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Référence Department.
THIS BOOK MUST NOT BE. TAKEN OUT OF THE ROOM.
lÂV 2 2 1922
I
POLYBIBLION
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
Janvier i 91 9. T. CXLV. 1,
LUÇON
Imprimerie S. Pacteau
POLYBIBLION
REVUE
BIBLIOGRAPinOUE UNIVERSELLE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
PARTIE LITTERAIRE
DEUXIÈME SÉRIE. - TOME OUATKE-VI\GT-IIL ITIÈME
(cent quarante-cinquième de la collect:on)
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PARIS (T*^)
AUX BUREAUX DU POLYBIBLION
5, RUE DE SAINT-SIMON, 5
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MAY 2 2 1922
POLYBIBLION
ni: VUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS
HELATIVES A L\ r.LKRRE EUKOPÉENNE
I^a l-"raiice héroïque et ses alliés, par Gustave Geffkov, Léo^-olu-
l>ACOUR, Louis Ll'mkt. t. i. Paris, Larousse, s. d., gr. ir)-4 de viii-316 p.,
avec u>S7 grav. photographiques, 26 hors texte en noir et en couleurs et
J2 caries en noir et en couleurs. — ' Prix : Broche, 26 fr. ; relie demi
chagrin, 36 fr.
C'est dans les premières semaines de la guerre, dès la fin du mois
d'août 11H4, que MM. Gefrrov. Léopold-Lacour et Lumet conçurent
« l'idée, bientôt admise parles directeurs de la maison Larousse, do
consigner, par l'écrit et par l'image, la signification des mouvements
redoutables et grandioses qui commençaient leur immense dévelop-
pement historique. On trouvera donc. 'dans la France héroïque el ses
alliés, l'histoire de la guerre depuis les préliminaires diplomatiques de
juillet 1914, l'histoire de la guerre telle qu'elle peut s'écrire actuelle-
ment, par le résumé fidèle, critique, contrôlé des faits visibles, désor-
mais acquis. » L'histoire, telle qu'elle peut s'écrire « dans ratmQs|ihère
même des événements et sous leur poussée impérieuse, » n'est sans
doute pas l'histoire définitive, telle que permettra de l'établir dans
ses détails la connaissance des documents d'archives. Mais les auteurs
ont raison ; il y a suffisamment de faits acquis pour qu'on puisse
donner au lecteur une image de la guerre, vraie dans son ensemble, et
faire passer sous ses yeux des tableaux exacts et vivants du granddrame
que nous avons vécu. Sans se laisser dominer el troubler par la fièvre
patriotique, les auteurs ont voulu — et ils y ont réussi, — composer
un récit aussi impartial que possible. Vingt-huit chapitres qui forment
■CQ premier volume nous racontent l'invasion de la Belgique, la marche
sur Paris, la victoire de la Marne, la poursuite des troupes allemandes,
la guerre de tranchées, l'Yser, les combats dans l'Argonne et les
Vosges, les offensives de Champagne et d'Artois en 1915. puis les
événements qui se sont déroulés sur le théâtre oriental de la guerre,
J'entrée en guerre de l'Italie et, sans parler de l'offensive allemande
contre Verdun au début de 191 G, réservée pour im prochain volume,
le récit s'arrête à la décision des Alliés des 27-28 mars 19 16 qui >isait à
établir l'unité d'action et de Front. Deux chapitres sont consacrés à la
guerre sur mer et à la guerre de l'air. Une « chronologie des princi-
paux événements relatés dans ce volume <> en rendra plus aisée l'uti-
lisation.
Est-il besoin de dire que, composé par trois écrivains d'un incon-
testable talent, louvrage ne se présente pas comme un simple et .sec
•exposé de faits, mais offre une lecture des plus attachantes ? Une
— (1 —
quinzaine de caries, 1res nettes et bien détaillées, permettent de suivre-
les opérations. Une illustration abondante : portraits, croquis, faits-
(le guerre, ruines — hélas ! ruines multiples — d'une exécution
f>xcellente, ajoutent à la fois au cliarme de ce beau livre et à son inté-
rêt documentaire. Un index des gravures et des portraits permet
de se retrouver aisément dans ce musée.
En attendant la suite de ce monument élevé à la France héroïque
et à ses alliés, félicitons les auteurs de l'avoir conçu et la maison
Larousse de leur avoir prêté pour l'exécution son puissant concours.
E.-G. Ledos.
Les Monuments français détruits par TAIleinayne, par Auskne
Ai.F.XANDUE. l\iris. Bcrger-Levraulf. 191S. in-4 do 2KS p., avoc47 planclies
tiors texte contenant 242 photographies. — l^rix : 24 fr.
Chargé, dès les premiers mois de la guerre, par le ministre de
l'instruction publique, de conduire une enquête sur les dévastations
organisées dans notre pays par les armées ennemies, M. Arsène
Alexandre, l'éminent critique d'art, inspecteur général des Musées, a
fait de son rapport une publication qui est le plus dramatique réqui-
sitoire contre la barbarie allemande. 11 nous est apporté à l'heure où
cette barbarie va recevoir son châtiment, à l'heure des réparations et
des sanctions. Ce n'est pas seulement le douloureux pèlerinage d'un
artiste, ce sont les conclusions implacal^les d'un justicier. La rigueur
de sa documentation met délînitivement à néant les plaidoyers men-
teurs des « avocats de la destruction ». Ville par ville et monument
par monument, le témoin véridique a dressé son inventaire, dont les
déclarations sont confirmées par les photographies les plus précises
et les plus nombreuses : il y en a près de deux cent cinquante. Rien
de plus poignant (|ne cette illustration du livre ; c'est le cri même et
la protestation des pierres. .\uprès d'.\rras, de Péronne, deBapaume,
de Soissons, de Reims, de Verdun, des centaines de villages ont ago-
nisé sous les bombardements féroces, des merveilles de notre archi-
tecture et de notre sculpluie ont péri. Ou'est-ce qui peut payer, ou
plutôt compenser, les ravages de la furevir bestiale ? Quels sont le»
trésors d'art, aux mains de nos ermemis. dont il sera juste que la
jouissance vienne réparer nos deuils ? Qu'on lise donc et que Ion
répande le plus loin possible, et chez les alliés, et chez les neutres,
ces pages de Hamme et d'amerttimc ; qu'elles pénètrent au fond des
consciences ! Encore faut-il dire que le réquisitoire est forcément
iiHom|)let ; il est publié aujourd'hui, mais il a été arrêté aux piemiers
mois de IIMH. Que de ruines depuis, et dans l'avance un moment
victorieuse des Vandales, et dans leur retraite farourli(> et précipitée !
M. Alexandre nous doit un supplément, avant que soient terminées-
— 7 —
l.sT.é^ocialionsde paix, cl fixée la.nende que paieront les criminels
D toulc façon, ce g' and liv.e. avec ses accents -f'«"-; ^^^'^ ^^
cœur, tén.oi^-nera pour nous dans l'avenir, Axdrb Perati..
/«o i..in ^<il'Z\ Éludes sur leaorigiiieg de
''^\^",';'t:'ir"C" '1" ?:'B^-a"'<o-- in..» .. m i /v.
1 carie. - l'i ix : 2 fr. 40. ...
Dans ce pe.il livre. M. Jules Chopin, anleur d'ouvrages apprécies
sur les quLions autrichiennes, tchèques et jougo-slaves, s efforce
de d n,„nlrer la fausseté des accusations portées par le gouvernement
a ,tHc",ien contre la Serbie au sujet de l'attentat de Sarajevo : ques-
tion dune énorme nnportance, puiscp.e lassassmat de 1 arch.dnc
Fe dinan,l fut la cause déterminante qui ht éclater la Jerr.ble guerr
préparée par lA.lemagne. dont la menace pesai, sur 1 Europe et sur
le inonde depuis si longtemps. , , , r
D- illeurs d ne partage pas l'opinion de M. 11. N\ . S.eed. le fameux
directeur delà politique étrangère au Times, ennem, passionne de
1 idie-Hongrie. d'après lequel le meurtre de F.ançois-lerdinand
erait du à des inlrignes de Cour, 11 lui donne pour cause réelle
-, ambition même du prince, décidé à faire la guerre contre a Seri^^o
pour assurer le triomphe de ses visées personnel es Le pl"" «""> ^
lié arrêté dins l'entrevue du Konopisoht, ou d rencontra, e
r> juin 1914, l'empereur d'.Ulemagne et le roi de Suéde : pourque la
kiVie paru la provocatrice, il sumsait de simuler nn attentat con re
larchiJuc lors du voyage qu'il allait faire en Bo--»»"?»-'" ;_
Les documents présentés tendent à prouver que Princ.p 1 assassin,
a aci indépendamment de Cabrinovitch, qui avait lance les bombes
11 est certain qu'il y a là bien des obscurités, et c'est justement que
M Chopin nelrit les procédés abominables delà justice autrichienne
Taux témoignages et falsifications de documents. On peut donc
d ettre que l'affaire des bombes résulte d'un comp ot. qui ut peut-
être monté par la police autrichienne. Mais, cela même établi, .1 ne
XI suit pas'que Princip, que l'auteur lui-même nous niontre comme
un natioiialiste exailé, n'ait pas agi sous l'innuence directe ou indi-
recte de la « Narodna Odbrana. » . . , ,
Tous conclurons que ce livre apporte une contribution intéressante
. .à l'élude d'un fait historique très important, mais la pleine^li.miere
n'est pas encore faite.
et 14 cartes. — Prix : 13 fr.
Ainsi qu'il arrive souvent aux œuvres puissantes, il s'est formé sur
— 8 —
le livre de M. Engcrand iiuc légende, et incine plusieurs légendes : qu'il
aurait été inspiré par un général mécontent, que ce serait une arme
(le guerre, etc. Nous laisserons de côté, bien entendu, ces \agues
racontars, pour ne prendre que l'ouvrage en lui-même, replacé à sa
date ; il en \aul la peine : outre un travail prodigieux comme éten-
due et comnu^ profondeur, il apporte, ou veut apporter, des réponses
à un certain nombre de questions tpie la France s'est posées a\ec
angoisse. 11 y a, sur le début de la guerre, des problèmes qui atten-
dent encore leur solution : un officier, fort bien documenté, a dil,
dans une revue, le iO octobre 1918 : « l'énigme de Charleroi est loin
d'être résolue. L'histoire parvieudra-t-elle à l'élucider ? 11 est permis
d'en douter. » M. Engerand. sans attendre le recul du temps et les
publications des grands états-majors, a voulu trouver dès maintenant
le mot de l'énigme, et nous le révéler. Jusqu'à l'armistice, on
pouvait se demander si l'heure était bien venue d'aborder une aussi
redoutable question, s'il était possible de s'élever au dessus des polé-
micpies journalières, de traiter le problème en historien. Sans doute
l'auteur a tracé, avec beaucoup de ])rudence, la limite de son ambi-
tion : il nous dit qu'il veut donner a non l'histoire (l'heure n'est pas
encore vernie, et il faut se garder des jugements précipités comme
des apothéoses brustjuées), mais une explication du drame de Char-
leroi. » Cette explication a tout d'abord paru sévère. Bien entendu
M. Engerand se défend de prononcer un réquisitoire. C'est générale-
ment ce qu'on dil quand, justement, on-vient de requérir. Du reste
il suffit d'étudier la table des matières : elle est d'une clarté émou-
vante, comme le plan d'un réquisitoire fort bien fait. Il y a notam-
ment un portrait du maréchal Jolt're. qui n'est pas caressé par l'ar-
tiste. Il est peut-être très ressemblât)!, nous disions-nous, toujours
av/mt le 11 novembre, mais est ce bien le moment de substituer une
eau-forte à une image d'Épinal 'î> — On était encore inquiet de voir
mettre en cause l'état-major. c'est-à-dire l'intelligence collective, la
tète de ce grand corps qu'est l'armée, l'état-major qui, avant la
guerre, aurait réclamé le démantèlement de la fi'onlière du nord, ou
nième rÉcole de guerre, alors que justement la fin victorieuse de la
lutte allait ikius révéler (|ue c'était bien l'Ecole de guerre qui avait
raison, et (jue sa doctrine triomphait avec Foch.
Et vr)ici au contraire (|ue. à partir du redressement des armées d»'
l'Enlfiile, un phénoiuèiic concomitant se produit pour l'œuvre de
M. P^ngerand : ce li\ ic, jiiscpie-là sombre, et op|>rrssaut le cœur, se
révèle tout à coup comme une œuvre île lumière et de salut. (Juand
on \r r»'lil à la clarté de la victoire, on le comprend enfin, surtout si le
li'ctrur pi'ul l'étudier sans rougir, n'ayant été. avant la guerre, ni un
pacifiste, ni un arriviste, ni un naïf croyant à la vertueuse Allemagjie.
— 9 —
Dans la riiiiéliule (|n(' (l(»niio. le succès, cl n'étant plus nblij^'é do s'en
tenir à l'opliniisme à loiit piix. nécessaire pendaiil la lutte, on doniu',
raison à l'anteiir, quand il signale les grosses fautes qui iml fiiilli
causer notre défaite, c'est-à-dire la mort de la France. Oui, depuis la
sinistre adaire Dreyfus, notre espionnage, notre contrc-espionnagef
étaient absolument désorganisés. Oui, Je cominandeinent au débtil a
commis deux fautes capitales : il n'a pas pourvu à la défense du nord,
<il Ion sait ce qu'il en est résulté : souffrances indicibles de tout ce
peuple, ruines difficiles à réparer, accroissement des ressources de
l'Allemagne, l.e coinmandement n'a pas non plus défendu le bassin
<le Briey dont les minerais de fer. seuls, ont permis à lennemi de
prolonger la guerre de deux ans. L'Etat-Major a méconnu l'impor-
lance de Hriey ; son excuse, c'est qu'il n'était pas le seul à l'ignorer.
<}m donc la connaissait, ou l'a fait connaître, avant la guerre ? C'est
M. Engerand lui-même qui nous en a révélé l'importance, dans des
<'tudes qui, au cours de la lutte, ont fait sensation. Ce livre-ci fera
mieux ; il fera époque. 11 ne contient pas seulement des critiques du
passé, très serrées, très rigoureuses, il renferme surtout des ensei-
gnements pour les temps à venir. 11 est vital, pour l'existence même
^lu pays, que l'on sache pourquoi Lille n'a pas été défendu ; ((ue l'on
*>ncbe au.'^si combien, avant la guerre, on a découragé, disgracié, les
hommes de valeur dans l'armée, mesurant chichement ou refusant
l'avancement aux plus dignes : lisez l'histoire du colonel Grouard, du
général Herment. On a le cœur douloureusement serré en entendant
■<les soldats éminents pousser de véritables cris d'alarme, et ces cris
:sonf couverts par les piaillements des politiciens ! Le livre de M. En-
gerand. parmi ses autres mérites, en a un fort considérable : il
montre nettement le tort immense que l'on a fait au pays avant
août 1914, en décourageant tant d'excellents Français, tant d'espr'its
.supérieurs, parce qu'ils ne montraient point patte rouge. On a ainsi
diminué le rendement intellectuel ,du pays, compromis même son
existence, sans profit pour per-sonne, mais à la plus grande joie des
jalousies mesquines et féroces.
Ce livre est d'une lecture amère, et salubre. comme la vérité. Je
fais le vœiî, tout d'abord, que, dans le traité de paix, nos plénipoteir-
liaires. et nos alliés, s'en inspirent pour le tracé de notre frontière.
Je souhaite aussi que, à l'avenir, dans les discussions du Parlement
sur l'armée, nul n'ose prendre la parole sans avoir lu, et compr-isL.
l'œuvre de M. En?erarrd. M.vlrige Solriac.
IKAlMuce à la Cerna, noies el impressions d'an officier de l'armée d'Orienl
(oclobre l9(Jrj-aoùl 1916), par .Ikax Saisos. Paris. Plon-Nourrit. iu-l6 de
li2o p. avec 2 cartes. — Prix : i fr. oO.
Les éloges les plus courts sont, dit-on, les meilleurs et les plus sin-
— iO —
cèies, aussi, scrons-iious très bref. D'ailleurs, louvrage si remar-
<îuable. par lequel le brillant oiricier qui se cache sous le pseudonyme
de Jean Saison fait connaîtra au public ses notes et impressions à
l'arniée d'Orient, d'cfclobrc 1915 à août 1916, ne peut pas se résumer :
il se litet se relit. Naiv sans angoisse et sans que le cœur nesaig.ne, car
il n'y a rien de doulouieux comme cette retraite de Serbie, pendant
l'hiver iyi;)-l'J16. L'auteur était bien renseigné, il se trouvait sur
place, savait voir et raconter ; les fautes ne lui échappaient pas, il les-
signale donc et Dieu sait s'il en a été commis de ^lourdes, de cri-
minelles, sur les bords du Vardar ! Que de tristesses dans tout
cela, mais aussi, (pie de fierté, en lisan-t. à chaque page, combien nos
troupes ont été braves, héroïques, endurantes ! Les soldats montrent
vraiment au cours des retraites ce qu'ils valent, et, en Serbie, ils ont
prouvé une fuis de plus qu'ils savaient être toujours les premiers com-
battants du monde.
Le souci de raconter les opéiations militaires, les marches et contre-
marches, les combats et les manœuvres, n'empêche pas l'auteur de
ces pages captivantes de voir et de regarder autour de lui, de noter
les mœurs des populations, de s'enthousi-asmer devant un beau
paysage, surtout si, par les herbes des champs et les oiseaux du ciel,
il lui fait souvenir du sol de France, , de s'intéresser à tout ce qui
l'environne, aux coutumes religieusjes, aux costuines, de décrire mi-
nutieusement un détail qui l'a frappé la robed'un cheval par exemple.
11 résulte de cet ensemble un volume -singulièremenl vivant et var^é
qui fait du livre de Jean Saison un des meilleurs et des plus intéres-
sants ouvragres de la guerre. J. C. T.
Pour eu liiiir avec les sous-marins, [)0r l'amiral Dugouv. l*aris,
l^iyol. 1918, in-15 de 302 p., avec 4 cartes. — Prix : 4 fr. 50.
Grâce à Dieu, à nos marins et à nos soldats, nous en avons lini
avec les sous-niarins ! Ce ne fut peut-être pas selon les n)éthodes
préconisées ou prévues par l'amiral Degouy, mais le résultat n'en
est pas moins accpiis. Nous les avons vus, ces pirates de la mer,
entrer dans nos ports et dans ceux de l'Angleterre, le pavillon trico-
colore ou celui de la marine britanni(iue flottant fièrement et gaie-
ment au-dessus du pavillon allemand. C'est ainsi qu'autrefois, nos
^aillants corsaires ramenaient leurs prises, mais, alors, les vaincus
étaient souvent près de couler bas, ils portaient au moins de nobles
blessures, tandis que, de nos jours, renucmi défait, à bout de souille,,
se rend sans combattre ! Non, vraiment, cela n'est pas français et oik
aurait attendu mieux de la nation dont l'avenir était sur mer, pré-
tendait s(»n empereur. Mais, cette vision réconfortante et en même^
temps d(juloureuse, en un certain sens, pour un cœur de marin, nous
— Il —
a fait ppidrc Ho vue la fiernièrc œuvre de l'amiral Degouy qui vaut
bien, cependant, qu'on s'y arrête et qu'on la lise. On y trouvera une
étude approfondie, traitée un peu comme le bilan d'une société in-
dustrielle, sur les moyens employés et leur prix de revient, puis sur
les moyens à employer pour détruire les sous-marins et le yirix (fo
revient de la mélhodc raliormelle ((ue propose l'auteur. La descrip-
tion des moyens employés aura toujours un intérêt historique. Quant
à lexposé des moyens à employer, il est séduisant, mais il y man-
quera — espérons-le — la sanction de l'épreuve. Ces chapitres sont
traités, il est inutile de le rappeler, avec la haute compétence que
possède, à tant de titres, l'amiral Degouy.
Le volume est heureusement complété par des études, dont quel-
ques-unes ont déjà été lues, sur la phase finale de la guerre sous-
marine, le transport submersible, l'organisation des convois, le siège
liypothélique d'IIelgoland par les Anglais, le rôle de la njarine ita-
lienne et de la marine alliée dans la Méditerranée, enfin, sur la côte
mourmane. J. C. T.
Le Premier « As » I*é<|Oud, par I^aul Bon.vefo.v. Pnrts, Berger-
Levranit. 1918, in-12 dexui-li3 p.. avec 16 photographies hors texte. —
l^rix : 3 fr. 50.
L'aviateur Pégoud n'est comparable à aucun de ses émules de la
guerre. 11 n'est pas au-dessus d'eux, mais il est avant eux. II est l'ini-
tiateur, le maître, l'inventeur. Sans lui, les Guynemer, les Fonck et
tant d'autres n'auraient pas été ce qu'ils furent. Pégoud est célèbre,
dans le monde entier, pour avoir, le premier, tenté et réussi le loo-
ping, et, ainsi qu'il a été dit, l'aviateur qui, le premier, osa faire le
looping, a sa part posthume dans toutes nos victoires aériennes. Or,
si Pégoud a voulu tracer dans les airs un cercle vertical complet, ce
n'est pas par gloriole, par amour de la difficulté vaincue, mais bien
pour montrer tout ce qu'on pouvait attendre des aéroplanes, tout ce
qu'il était possible de leur demander, bref, pour donner confiance.
C'est Pégoud qui a ainsi prouvé expérimentalement la nécessité de
l'acrobatie aérienne et. sans cette acrobatie, la guerre dans les airg
aurait été aytre et l'aviation n'aurait pas eu une part aussi grande
dans la victoire.
Il était donc juste que Pégoud trouvât un biographe. Celui-ci s'est
acquitté excellemment de sa tâche, suivant successivement le célèbre
aviateur dans sa carrière sportive, puis dans sa carrière militaire, à
laquelle une balle allemande mit fin brusquement le 31 août 1915.
L'auteur montre dans Pégoud, l'homme simple, droit, robuste, cou-
rageux et tenace, persévérant et intrépide, bon garçon, aimé et estimé
<iê tous. H déduit ensuite des pages qui précèdent l'exemple et les
— 12 -
leçons se dégageant d une existence qui fui courte mais bien remplie.
Au cours de ces pages intéressantes et si vivantes, on ne peut regret-
ter qu'une lacune : on aimerait connaître quelles fuient les croyances
religieuses de Pégoud, que son biographe compare à Bayard sans peur
et sans reproche. Les sentiments religieux pénètrent en général si
profondément la mentalité de chacun de nous, ont une iiilluencc si
dominante sur nos pensées et nos actions, que l'on ne saurait pré-
tendre cotmaître un homme si l'on ignore dans quelles mesures les
problèmes de l'au-delà lont préoccupé et quelles sont les solutions
qui! leur a données. Or, Pégoud est une personnalité assez en vedette
pour ({ue nous puissions désirer être renseignés sur ce point.
.1. C. T.
I/Kscadrîlle des Eperviers, imprei^nioiis t'éciies de (jnern' aérienne, par
Chaklks Dei-acommum;. Paiis, IMoii iSourrii, 1918, iii-16 de ii-.ilO p. —
Prix : 4 fr. 50. '
.Ainsi que l'exprime si bien Maurice Barrés dans une courte Préface,
nous devons remercier le sergent aviateur Charles Delacommune de
nous raconter clairement, gaiement, avec un charmant génie de lu-
mière et de rapidité, la vie (hélas ! et la mort) des oiseaux de guerre.
On ne saurait mieux dire et ces quelques lignes résument fort bien et
complètement cet intéressant volume, au cours duquel l'auteur nous
promène à Nancy, sur la Som/ne, en Champagne et à \ erdun. C'est
une aimée fie guérie, de juillet l'JIti à août UH7, qui défile sous nos
yeux. Pendant ces douze mois, l'auteur nous initie à l'existence des
aviateurs dans les camps. 11 nous fait connaître la gaieté, parfois un
peu bruyante, toujours spirituelle, qui y règne, gaieté qui semble for-
cée et (|ui ICst parfois, en effet, car il faut non seulement se distraire,
mais alls^i selforcer d'oublier les heures douloureuses où, le soir, on
s'apeiroil qu'une place, à table, reste vide... Avec lui, l'auteur con-
duit également le lecteur dans les airs, le faisant assister à des vols
impressionnants, à des combats, à des victoires, à des chutes mor-
telles. Tous ces épisodes sont écrits d'une plume alerte, facile, bien
française et ce nouveau volume consacré à la gloire de l'aviation sou-
tient facih'ment la comparaison avec les meilleures impressions
\écues de gueire aéiiorine déjà publiées. J. C. T.
'l'Iiomiis Itiirtiott en France. L'Anfilais l<»l «|u'il est, par Casion
Hai.iot. l'aris, Hcrger-Levraull, 1918, in-t()do 03 p. — Prix : 0 fr. HO.
« Tliomas Barlletl, quand je l'ai rencontré, ne connaissait pas l'Ku-
rope. à peine l'Angleterre, pas du tout la France, et ne soupçonnait
rien de rAlIrmagne. » Quand il meurt, on défendant le sol fie Picar-
— i:^ —
(lie contre la ruée allernando do mars 1018. trois années de combats
(•(Me à côte avec nous lui ont fait comprendre la nécessité, pour l'An-
j^leterre, d aider à sauver la France. Le livre de M. Gaston Rageot
nous montre précisément comment l'évolution s'est faite dans cet es-
prit britannique. Livre comme il en faut de nos jours pour dévelop-
per entre alliés la sympathie qui naît d'une meilleure connaissance
rnuluelio. A. T.
I)}«1 Carso al Piave, la ritirata délia 3' arinala nelle noie d'un combatlenle.
da Makio Plccim. (/ l.ibri d'uijgi.) Firen/.e. R. Bemporad e figlio, 1918.
in-i de 133 p., (ig. et pi. — Prix : i fr. 90.
M. Mario Puccini a pris paît, en qualité d'ofllcier, k la retraite des
troupes italiennes, lors de l'otrensive autrichienne qui. à l'automne
de l^tT. a mis nos alliés d'au-delà les -\lpes dans nne si pénible et
si périlleuse situation. Uetraile particulièrement douloureuse pour
des corps d'armée qui, comme celui dont faisait partie M. Puccini,
n'avaient pas été battus par l'ennemi et se voyaient obligés, par la
défaillance inattendue d'autres troupes, de céder presque sans com-
battre lin terrain conquis par eux au prix de tant d'efforts.
Il se dégage une impression de poignante tristesse des pages dans
lesquelles M. Puccini nous fait le récit de cette retraite ; il y a une
émotion profonde dans le tableau de ces soldats, naguère si fiers,
aujourd'hui harassés, abattus, découragés, prêts à se débander, de
ces populations fuyant éperdues devant l'envahisseur, de ces paysans
regardant avec une sorte de mépris ironique ces guerriers dont la
retraite leur paraît une fuite, l'abandon sans combat des terres qu'ils
délaissent une lâcheté.
Mais aussi de ci de là rayonnent quelques traits d'espérance : la
figure énergique et paternelle tout ensemble du général se détache
dans une belle lumière, gage d'un prochain retour de fortune ; et le
livre en effet ne se termine pas avant que la nomination de Diaz comme
chef d'état-major général ait rendu aux troupes l'espérance, pas avant
que la défense du Piave ait averti l'ennemi que la reculade était ter-
minée, que l'armée italienne s'était ressaisie, que l'offensive allait
reprendre pour ne plus cesser avant la débâcle définitive de l'Autriche.
La censure a fait quelques coupures dans le livre de M. Puccini ;
nous le regrettons ; mais ces mutilations n'empêchent pas son récit de
nous faire vivre avec intensité la fièvre de ces journées tragiques.
E,-G. Ledos.
La Dalaiatie, l'Italie et l'L'nité yougoslave, par le comte Louis
VoisoviTCH. Genève, Bàle et Lyon, Georg, 19t7. in-16 de cix-3S0 p.
La Qaestion yougoslave, par Auguste Gauvain. Paris, Bossard, 1918,
in-16 de 107 p., avec une carte. — Prix : 2 fr. 40.
— 14 —
Les Problèmes iialioiiaux «le rAutriclie-IIoii«jrie. Les Yougo-
slaves, par FiiANo CviF.TiSA. Paris, IJossard. 191S. iii-lG de 148 p.. avec
deux cartes. — Prix : 3 fr. 60.
Yougoslavie et Autriche, par le comte Voi.Novir.rn. Paris. Bloud et
(lay, iti-lC de 48 p. (Collection Payes actuelles). — Prix : 0 fr. 00;
l..e Monténégro, son passé et son avenir, par \\DnnA P»adovitch.
I^aiis, Blond et (!ay. i!H8, in-lG de 48 p. (Collection Pages achicUes): —
Prix : 0 fr. 60.
La Dalniiilie, par Ciusei'i-e Piu:zzoi.im ; traduit de l'italien par LjLbO
Rauic. Paris, .\lcan, 1017, in-8 de ni-60 p. -^ Prix : 1 fr.
La question yougoslave, demeurée trop longtemps dans le brouil-
lard des à peu près, tend à se préciser à mesure que la marche des
événements nous achemine vers la fin de la crise. L'union de tous les
Slaves du sud, Serbes, Croa-tes et Slovènes paraît consommée depuis
que l'écroulement de la monarchie habsbourgeoise a fait évanouir les
obstacles qui longtemps avaient paru rendre le problème insoluble.
Les trois peuples frères sont à la veille de n'en plus former qu'un.
— En un temps qui paraît déjà lointain, puisqu'il s'agit de l'an
dernier, M. le comte Voinovitch a consacré un gros volume à l'expoâé
théorique de la question yougoslave. Dans la première partie, il en
retrace les origines historiennes ; puis, dans quatre chapitres bourrés
de faits et de chiffres, il développe longuement les revendications de
ses compatriotes en s'appuyant non plus seulement sur l'histoire,
mais sur des considérations d'ordre divers, géographiques, statis-
tiques, économiques et linguistiques. Il examine les prétentions ita-
liennes sur une partie du littoral daliiîale et s'efforce de prouver
combien peu elles Sont fondées.
— L'année 1918 a vu paraître deux études qui, pour être moins
volumineuses, n'en apportent pas moins quelques précisions nouvelles
dans l'exposé des faits et' des principes. Un journaliste français,
M. Auguste Gauvain, met au service de la cause yougoslave son indiè-
cutable compétence en matière de politique étrangère et un Slave du
sud, M. Frano Gvietisa, reprend le même sujet en y ajoutant là
flamme (le ses convictions patriotiques. Les'deux avocats savent être
persuasifs, mais, depuis qu'ils ont écrit, un coin du voile qui cachait
l'avenir s'est déchiré et une aurore s'est levée sur les Balkans, plus
-radieuse encore que les [)lus optimistes ne l'avaient rèvéc.
— Deux points noirs subsistent toutefois : l'un du côté du Monté-
négro, l'autre dii côté de rilalie. M. Andriya Radovitch, ancien mi-
nisti,c des affaires étrangères du Monténégro et actuellement président
du comité de « l'Union nationale », démontre l'impossibilité pour
l'Ktat njonlénégrin de vivre dans des conditions économitpics nor-
males ; la pauvreté de. son sol cl. l'absence de . toute industrie le ren-
daient tiibutairc des pays étrangers et, pour payer ses importations.
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il avait dû établir des impôts écrasants; seuls, les subsides de la
Russie lui avaieut permis de soutenir sou crédit. Or. le reuduvelle-
ïuènt de ces subsides après la paix ne paraît à M. liadovitch ni pro-
bable ni désirable. 11 conclut donc à la nécessité d'une réunion des
Serbes du Monténégro à ceux de la' Grande Yougoslavie et l'altitude
quelque peu suspecte de certains nicuibres de la famille princière a*
contribué à désafîectionuer les Monténégrins de la dynastie des Nié-
gosch.
— Dans l'accord conclu, en 1915, entre l'Italie et les Alliés, il avait
été stipulé qu'une partie de la Dalmatie et l'istrie seraient attribuées,
après la victoire, au royaume d'Italie. G était un cadeau fait d'autant
plus facilement qu'il était offert aux dépens du voisin. Les Yougo-
slaves, qui, dans ces régions, forment presque partout l'énorme majo-
rité de la population," se sont pourvus contre cette cession en se
réclamant des principes énoncés par le président Wilson en faveuf
du droit des peuples à disposer eux-mêmes de leur sort. M. Prez/o-
lini est un journaliste florentin qui, dès 1915, alors que la fortune
souriait à l'Italie, a eu le courage de signalera ses compatriotes le
danger auquel ils s'exposaient en revendiciuant comme italiennes les
côtes slaves de l'Adriatique. Les arguments qu'il présente n'ont rien
de bien neuf, mais, faite par un Italien qui n'est pas le premier venu,
la démonstration n'en est que plus concluante et la liardiesse avec
laquelle M. Prezzolini se lance dans un plaidoyer qui n'est pas pro
domo sua lui donne une vigueur et un coloris qui le rendent plus
intéressant. Écrite en italien, cette brochure devait être aussitôt tra-
duite eu français, mais des considérations d'ordre diplomatique eu
ont retarde la mise en vente.
— M. le comte Voinovitch a fait, en janvier 1918, au collège des
.sciences sociales une excellente conférence qui paraît dans la collec-
tion des Pages actuelles et qui, en résumant les parties les plus im-
portantes de son savant ouvrage, mentionné plus haut, fera, par sa
précision, une impression plus efficace sur les incompétents qui
demandent à être instruits par un homme bien placé pour le faire
avec autorité. P. Pisani.
La Nouvelle Serbie, par Georges-Y. Devas. Paris. Berger-Levrault^
1918, in-8 de xiv-470 p., avec 6 cartes, dont 2 hors texte en couleurs. —
Prix : 15 fr.
Ce gros ouvrage est un monument élevé en l'honneur des peuples
serbes et yougo-slaves,et, en même temps, l'exposé des raisons qui
militent à leurs yeuxén faveur de leur réunion en un seul État. Dars
son Introduction, l'auteur montre d'abord la distribution géogra*
phique de ces- peuples et leur unité réelle, malgré la division qu'ils
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subirent au moyen âge. Puis, une série de cliapilies nous font passer
on revue l'histoire du peuple serbe et son émancipation progr^essivc
jusqu'aux événements contemporains. La conclusion expose les ques-
tions nationales qui étaient à l'ordre du jour quand le livre fut écrit,
c'est-à-dire au commencement de 11)18. L'union en un seul État do
tous les peuples yougo-slaves, accomplie grâce aux victoires de l'En-
tente, donne satisfaction aux aspirations de la Serbie : la voilà payée
de ses souffrances séculaires.
Ce livre est intéressant par son abondante documentation. Mais
nous reprocherons à cette documentation d'être unilatérale, si biert
que. ])arfois, on croit lire un livre de propagande plutôt qu'un ouvrage
historique. La question macédonienne notamment est bien plus
complexe que ne 1 indique-M. Georges-Y. Devas. Les caractères ethno-
grapliiques et linguistiques invoqués pour rattacher à la Serbie cer-
taines parties de la « Macédoine vardarienne » sont assez indécis pour
que les Bulgares puissent en faire valoir à leur profit d'équivalents,
(^uant aux aspirations de la population elle-même, les armées alliées
ont constaté, au cours de leur occupation de la Macédoine, que les
habitants se disaient Turcs, Grecs ou Bulgares, surtout Macédoniens,
mais jamais Serbes. D'ailleurs les nombreuses exécutions auxquelles
les Serbes ont procédé contre eux indiquent bien qu'ils ne les
regardaient pas comme des nationaux fidèles.
La bibliographie est incomplète, parce qu'elle élimine les ouvrages
à tendance bulgare.
Signalons enfin la Lettre-dédicace, par laquelle l'auteur dédie son
œuvre « à la France immortelle et généreuse » sous les auspices de
M. Aristide Briand. L'énumération qu'il y fait de nos grands hommes
est déconcertante : n'y met-il pas entre autres Renaudel, Cachin et
Moutet, à côté de Denys Cochin ! Heureusement qu'il connaît mieux
son pays que le nôtre. Sachons-lui gré néanmoins de l'affection et de
l'admiration qu'il exprime pour la France. A. T.
I.M Pairie serbe, par Madeleine de Benoit-Sigotbr. Paris, .Touve, s. d..
in-12 de io!) p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce livre, doht les chapitres ne sont pas numérotés, et qui n'a pas
de table des matières, peut être divisé en trois parties, sans compter
la préface (14 pages). De la page 15 à la page 5(5, revision sommaire
de l'histoire de la Serbie jusqu'en 1912. De la page 56 à "la page i:^6.
notes sur la géographie, les mœurs, les traditions serbes. De la page
130 à la fin, récit de la participation de la Serbie aux guerres balka-
niques de r.)l2 et 1'.H.3 et à la guerre européenne. Les deux parties
«xlrênif's ne sont (jue des compilations ; le résumé des guerres bal-
kaniques est fait d'après les livres de Barby et divers articles de /'//-
— 47 —
iuslralion et Hes Lectures pour tous. Le dernier chapitre : La Cruelle
Albanie, donne un récit de la retraite de décembre 1915, dont l'hor-
reiir atteignit tout ce que la guerre a vu de plus atroce dans le cours
<les siècles. On lira avec plus d'intérêt tout ce qui concerne la vie
intime du peuple serbe, ses légendes, ses tendances artistiques et
littéraires. Lauteur parle avec complaisance des sentiments idéa-#
listes et religieux des Serbes, de leur jeunesse de cœur, de leur mys-
ticisme ; il trouve à l'âme serbe de grandes ressemblances avec l'âme
provençale, « qui na pas encore accepté le scepticisme moderne. )>
Dans cet ordre d'idées, son livre peut faire du bien à la cause serbe,
-en attirant l'attention du public français sur certaines qualités de ce
peuple, qui sont capables d'augmenter notre sympathie pour lui.
A. T.
Histoire des relations entre la France et les Itoumains, par N.
JoRGA. Paris, Pavot. 1918, in-t6. xvi-282 p. — Prix : 4 fr.
Le Mystère roumain et la Défection russe, par Charles Stiénon.
Paris, Plon-Nourrit. 1918, in-lC de vii-340 p., avec 9 cartes. — Prix:
4 fr. 50.
— En rendant compte des Relations entre la France et les Houmains,
-ce m'est un plaisir d'évoquer tout d'abord le temps déjà lointain —
trente ans — où j'avais Jorga pour camarade à notre école des Hautes-
Études sous les vieux lambris de l'antique Sorbonne. Depuis, Jorga
est devenu un maître ; professeur à l'Université de Bucarest, membre
de l'Académie roumaine et député de Jassy, son influence en^Kouma-
nie est grande. Jamais, il n'a oublié ce qu'il devait à la France.
11 avait commencé sa vie scientifique par l'histoire d'un chevalier
picard familier avec l'Orient, Philippe de Mézières, qui écrivait sa
Chevalerie de la Passion et préconisait une nouvelle croisade au len-
demain de la catastrophe subie par les chrétiens à Nicopolis. Cin-
quante ans après, en 1445, les troupes bourguignonnes de Valerand
de Wavrin retournaient sur les bords du Danube pour combattre
l'Islam aux côtés des fils de Valachie.
Je ne passerai point en revue tous les Français qui nous ont appris
^ connaître les descendants des colons latins établis en Dacie, ni les
Roumains qui chez nous ont fait souche. Mais quelques-uns d'entre
eux méritent une mention particulière. Une des meilleures descrip-
tions des principautés roumaines est d'un attaclié de l'ambassade de
France à Constantinople en 1780, l'abbé d'Haulerive : singulier abbé
que ce jeune homme habillé à la turque, un chàle à la ceinture et une
pelisse sur les épaules, qui se fixa en qualité de secrétaire du prince
de Moldavie dans la ville de Jassy. En 1844, une autre publication,
la Roumanie, popularisait à Paris la cause roumaine : elle était d'un
littérateur nommé Vaillant, dont la femme avait dirigé en Valachie
Janviek 1919. T. CXLV. 2.
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un clablisssemenl d'cducalion pour jeunes filles. Puis vinrent Charles
Doussaull, u celui qui connut le mieux la terre et la société de ccs^
pays, qui l'apprécia avpc le plus de sens artistique, qui l'aima avec
le plus de sincérité », et Ubicini, l'ami de Quicherat, l'auteur dune-
belle étude sur les ballades et les chants populaires de la Houmanie.
Cependant qu'à l'école supérieure grecque, fondée par les princes
phanariotes, les boïars apprenaient le français et que Delille trouvait
un imitateur dans le boïar Constantin Conachi, Florian dans Geor<(es
Asachi, Bernardin de Saint-Pierre dans Jean liii/nea... En 1834 à
Berlin, paraissait en français une Histoire des Roaiiiains par Michel
Kogalniceanu. Vingt ans plus tard, les Golesco, les Roselli deman-
daient à combattre à nos côtés dans la guerre de Crimée. Leurs offres
furent repoussées. Alais un. vif sentiment de sympathie se dessinait
de plus en plus en Uoumanie pour la France qui était considérée
comme une sœur. Les étudiants roumains se succédaient par milliers
sur les bancs de nos Universités. A l'École des langues orientales, le
regretté M. Emile Picot donnait un nouvel essor aux études rou-
maines. — Mais il était un autre terrain où les descendants des Gaulois
et des Daces allaient se retrouver côte à côte. La Grande Guerre, où
les Roumains eurent des instructeurs français, allait faire des deux
peuples des frères d'armes. En 1910, au moment de l'offensive fou-
droyante des Russes en Galicic, la Roumanie sortait de la neutralité
pour prendre rang aux côtés de l'Entente.
— Si la Russie avait prêté d emblée son concours, au lieu de n'agir
que dans dos conditions de volontaire inciricacité, les consécpiences
en auraient été incalculables. Au lieu de perdre riniliati\c straté-
gicpie fju'ils ne retrouveront plus jamais ici, les Alliés auraient enga-
gé, dès septembre rJllj, des opérations décisives contre la Bulgarie.
Cette initiative, Mackensen la leur enleva dans la Dobroudja aNCC
l'appui (les Bulgares et des Turcs, et Falkenhayn en Transylvanie
avec l'ajjpui des Autrichiens. Forcés de faire face sur ui\ front im-
mense, n'ayant guère que de l'artillerie légère, 800 canoiis, 400 mi-
trailleuses et point d'avions, les lioumains combattirent ilans l'ordre
dispersé, en désespérés.
H faut lire, dans l'ouvrage de M. Charles Stiénon, les admirables
.exploits de ces braves, aidés à Silistrie et Constandza par une divi-
sion serbe et un corps tchéco-slovaque qu'enfin rallièrent deux di-
visions russes. \ llermannstadt, Falkenhayn, cherchant une revanche
à son cuisant échec tievant Verdun, encercle le premier corps rou-
main qui, tourné et enveloppé, se fraie héro'ïquement un passage
pour rentrer en \alachie... avec des prisonniers. A l'ouest, le succès
.semble se dessiner. Des troupes ennemies qui débouchent en Valachic
du côté du \ ulkan, sont piises de liane et subissent la défaite de
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Jiul. Les Houmains avaiicont au milieu tlurK' véritable nécropole.
€'est une forêt de croix bavaroises poussées en lespace d'une semaine
à la fin d'octobre 1916 (p. 13'7). Les cosaques du comte Keller arrivent :
des aéroplanes anglo-français paraissent. Mais qu'est-ce devant les
flots de l'invasion germano-austro-bulgaro-turque qi]i déferle du
Danube et de la montagne vers Bucarest, u La supériorité nuniéri(iuP,
matérielle et morale de Falkenhayn et de Mackensen sur l'armée
roumaine est telle que. semble-t-il, nos alliés ne peuvent échapper »
(p. 183). Un général français, le général Bertlielot et son état-major,
— (( ceux que nous n oublierons jamais », écrit l'historien Jorga, —
mettent leur expérience au service de nos alliés. Déjà, Presan a pris
3.000 hommes, 30 canons ; il force Rosch à reculer, quand une masse
de cavalerie prussienne fonce sur le train des équipages du général
Socesc et jette la panique dans ses deux divisions qui se précipitent
-vers la capitale : la bataille pour Bucarest est perdue (p. 2U0). Deu.x
corps d'armée russes, à proximité immédiate du champ de bataille,
ne sont point intervenus !
Et ici,, M. Stiénon, étudiant les causes et les modalités de la défec-
tion russe, projette des clartés saisissantes sur le mystère roumain.
Un document divulgué par l'étrange ministre des affaires étrangères
qui sévit à Saint-Pétersbourg, par ïrotsky, et daté du 7/20 novembre
1916. confirme bien les déductions de l'auteur que la Russie n'agis-
sait point en franc allié. « Nous avons ordre, disaient les otficiers
russes à leurs camarades roumains, de protéger votre retraite derrière
le Sereth. mais non pol?it de nous battre contre les Allemands »
(p. 232). Deux des meilleurs généraux russes, Lechitsky et Sakharof,
vont cette fois coopérer à défendre ce qui reste de la Roumanie, la
frontière moldave. Mais quand, en juillet 1917, les Roumains entre
prennent l'offensive et commencent à enfoncer vers Focsani les trou-
pes de Mackensen, une dépêche parvient au roi Ferdinand et au
quartier général, u Les IV^ et Vl" armées russes ont reçu du gou-
vernement provisoire l'ordre d'arrêter immédiatement toutes les
opérations... Pour la seconde fois, la Roumanie était trahie » (p. :i!>Oj-
Elle avait mis hors de combat 150.000 adversaires. Le froid, la faim
et le typhus aidant, elle avait perdu deux fois plus de soldats et
300.000 civils. Peu de pays avaient autant souffert pour la cause
commune. Ch. de la Ro:yGiÈRE.
La Paix de Bucarest (7 mai 1918), par D. Ia>c.ovici. Paris, Pavot,
1918, in-i6 de 218 p. — Prix : 4 fr. 30.
Si l'on avait jamais douté que la guerre voulue par les Allemands
en 1914 était due à des motifs d'impérialisme économique, les traités
qu'ils ont conclus avec la République russe des soviets, l'Ukraine, la
— 20 —
Finlande el la Roumanie, au printemps de 1918, sont là pour mettre
<;e fait en pleine évidence. Rien de plus instructif à cet égard que la
paix de Bucarest (7 mai 1918) : elle ne visait rien moins qu'à l'eutici'
assujettissement économique de la Roumanie.
Un mot d'abord des cessions territoriales. Non seulement, la Rou-
manie restituait à la Bulgarie la partie de la Dobroudja qu'elle lui
avait prise en 1913, mais elle cédait aux empires centraux le reste de
la province, telle qu'elle avait été délimitée en 1878. L'intérêt de l'Al-
lemagne dans cette cession était de s'approprier le grand port de
Consianza, dont l'avenir est si important pour concurrencer Odessa
comme point de transit entre l'Europe et l'Asie.
L'Allemagne et l'Autriche-Hougrie s'obtenaient le contrôle de la
navigation du Danube, en éliminantde la commission européenne le^
puissances non riveraines, ce qui assurait leur prédominance. Elles
obtenaient en outre, pour la navigation, les mêmes droits que ceux
<lont jouissaient les Roumains. D'ailleurs, pour tout ce qui concernait
les transports, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie obtenaient le traite-
ment de la nation la plus favorisée. Un Allemand et un Autrichien
étaient délégués auprès de la direction générale des chemins de fer
roumains, pour en assurer l'exploitation dans le sens le plus conforme
aux intérêts de l'Allemagne et de r.\ulriche-Hongrie. Les empires
centraux acquéraient même des droits sur le territoire roumain, par
la concession à bail des chantiers de constructions navales de Turnu-
Séverin et de Giurgevo. Une convention spéciale mettait entre leurs
mains, non seulement la production du sol roumain, mais encore
le sol lui-même, par la facilité qu'obtenaient les sociétés commer-
ciales, industrielles ou financières allemandes de prendre à bail des
biens immobiliers et d'exercer tout commerce ou entreprise de trans-
port. — L'Allemagne prenait aussi en main l'exploitation du pétrole.
En un mot, elle se substituait en Roumanie à toutes les entreprises
nationales. Tout en maintenant à sa \ictime les apparences d'un
État indépendant, elle lui supprimait toutes les possibilités de vie, si
bien que M. .Take Jonesco a pu dire que la Roumanie se trouvait ainsi
« africanisée. » Ne parlons pas des indemnités indirectes que ce mal-
heureux pays devait payera ses vainqueurs sous des formes diverses.
L'armistice du 11 novembre a abrogé le traité de Bucarest. Mais au
moment où vont se discuter les conditions do la paix, nous ne sau-
rions lro[) étudier colles (|ue les Allemands avaient aitjsi im|K)séos à
la Roiiinaiiie, pour nous en inspirer nous-mêmes dans les clauses
écononii(pios que nous leur dicterons. C'est pour(juoi le livre do
M. I). lancovici vient à son heure. Nous y trouvons, présenté sous
une loruic claire et vivante, tout ce cju'il faut savoir sur la manière
dont l'ennemi enteiulait ce qu'il osait appeler une « paix do concilia-
— 21 -
lion. » Molfoiis la leçon ;"i [>rr)IU pour les n'paratioii!» ol los ^'aranlics
que nous dovons exiger de lui. Le Traité de Uucarcsl est un des meil-
leurs et des plus opportuns parmi les ouvrages de la BihiioLhcque poll-
Uque et économique, qui en a déjà donné de si utiles, apportant ainsi
une contribiilioij essentielle à l'œuvre de notre reconstitution écono-
mitpie. A. T.
Tiitta la {luevra,, anlologia (lel popolo ilaliano sul fronie e nel paese, da
. (iitJSEPPE PHEzzoL(Nt. Fircnzc, R. Bcmporad e figlio, 1918, in-lQ de xv-
3S7 p. — Prix : 4 fr. 50.
Nous ne chicanerons pas M. Prezzolini sur le titre un peu ambi-
tieux et trop compréhensif qn il a donné à ce volume, nous le félici-
Icrons au contraire de la pensée qu'il a heureusement réalisée de nous
présenter un recueil de quelques-unes des pages les plus belles et les
]j1us suggestives écrites sur la guerre italienne ; que le recueil eût
pu être augmenté, que le choix eût pu porter sur tel ou tel morceau
que l'on ne retrouve pas ici, qui s'en étonnerait ? En Italie, comme
on France, la guerre a suscité toute une littérature, qu'il n est pas
toujours aisé de se procurer et dans laquelle non plus un choix qui
s'impose n'est pas toujours facile à faire. Celui de M. Prezzolini est
bon et offre bien la représentation de l'âme et de l'esprit du soldat et
du peuple d'Italie pendant la guerre. Bulletins et communiqués de
l'état-major. lettres, journaux de guerre, testaments de soldats, poé-
sies et chansons militaires, observations faites sur les blessés et dans
les hôpitaux, inscriptions funéraires, actes diplomatiques, discours
<l' hommes politiques, écrits de correspondants de guerre, d'histo-
riens, de savants, ont fourni à M. Prezzolini une abondante moisson
<ic pages gaies ou tristes, souvent émouvantes, toujours instructives.
Toutes les classes sociales et tous les états intellectuels délîlent ici
devant nous, mêlés comme ils l'ont été dans la tranchée et sur la
ligne de feu. Il y a des âmes simples et naïves, il y a des écrivains de
métier, quelques-uns célèbres comme d'Annunzio, il y a des jeunes
qui visent à la littérature et qui, jusque dans leur testament, font les
pompeux et les grandiloquents.
Sur chacun des auteurs qui entrent dans ce recueil, M. Prezzolini
nous fournit, soit de sa main soit d'ailleurs, quelques lignes de pré-
.sentation et d'appréciation, qui elles aussi ajoutent à l'intérêt et à la
valeur de son livre.
Nous voudrions indiquer quelques-unes des pages qui nous ont le
plus frappé, mais comment faire un choix dans ce choix ? Signalons
du moins de Piero Jahier le curieux portrait du soldat alpin Luigi
.Somacal « crétin de naissance et manœuvre jusqu'au jour de la
levée » et qui trouve moyen de devenir un bon soldat ; — les pages
•)0
de (jiielfo Civitiiiii sur les faolassins, si caiacléiisliquesde l'admirable
état, d'esprit de certaines recrues illettrées : — les observations de
M"" Evelina Ririaldi, institutrice, sur les lectures des soldats dans un
hôpital de la Croix-Rouge. E.-G. Licnos.
Vers rF-yypte peiulant la yuerro, par h'..\y IIeumanovits. Paris, So-
cit'-lé frariçiùso diinpriinorie ot de librairie. 11)18, in-18 de 212 p. — Prix :
•S fr. .oO.
Traverser les mers, pendant la guerre, q\iand on n'est ni marin ni
soldat, mais sim[)le civil, est une affaire trimportance. 11 faut tout
d'abord se livrer à des démarches longues et désagiéables, faire
signer de multiples papiers, puis, une fois à bord, se soumettre à
mille exigences, à de minutieuses nécessités : ne pas allumer la
moindre cigarette sur le pont ; vivre, malgré la chaleur, les Iniblots
hermétiquement clos, après le coucher du soleil ; ne pas se séparer
de sa ceinture de sauvetage ; répondre jour et nuit à des appels, à
des exercices d'évacuation ; à chaque relâche, se prêter à des interro-
gatoires, à des inquisitions, à des fouilles parfois indiscrètes. Enfin,
la vie à bord est dominée par la crainte constante de voir un sous-ma-
rin surgir brusquement, parcelle, plus grande encore, d'être frappé par
une torpille que nul n'a aperçue, ou, ce qui est plus terrible, car l'avarie
est alors plus grave, par la peur de heurter une mine qui se balance
«ntre deux eaux. Tout cela crée à bord une atmosphère spéciale, an-
goissée, se traduisant par des regards anxieux, des gestes brusques,
des conversations décousues, soudain interrompues, dans lesquelles
on sent, au fond, que la même pensée domine, bien que souvent
inexprimée : celle du sous-marin.
C'est tout cela que l'auteur de « Vers l'Egypte pendant la guerre »
a lente de faire connaître au lecteur. A-t-il réussi "? On n'ose l'affir-
mer. A côté de détails intéressants, mais clairsemés, on trouve en
effet dans ces pages de longues tirades insipides, des réflexions dépla-
cées et déplaisantes, des traits d'esprit qui portent à faux, bref, de mul-
tiples hors d'oeuvre, des remplissages inutiles ipii n'ont d'autre but,
en apparence, que de permettre d'imprimer un volume, là où un
xahier serait suîTisant. Espérons qu'un autre voyageur sera plus
habile, car le sujet mérite d'être bien traité. Il serait regrettable que
celte page anccdotique de la Grande (ùierre ne fut pas écrite et bien
■fkrite. j. C. T.
.I,..a LiilV*ratiir4> <l<* ()iiori-«*. rrcneil inrlhoiiiqiie cl criliqne des publica-
lioits (If Intii/ue française (aaiU titl/4-aoùl l'.UG), par Jean Vie. T. H. Paris,
Pa.Yol. PJbS. in-iti, paginé 373-810 et 1 feuillet d'errata. — Prix : 8 fr.
La s.'.iHide partie du travail de M. .lean Vie confirme pleinement
— 23 —
"la bonne iniprossioii que iioiis avait laissée la première : c'csl bien h\
non point une simple liste d'ouvrages, plus ou moins indigeste et
dont raulcur n'a d autre souci que de paraître aussi complet (jue pos-
sible, de ne rien oublier, si insignifiant fùt-il, mais un répertoire cri-
tique, un véritable guide, dont l'auteur s'est efforcé de signaler tout
ce (jui, à sa connaissance, a quelque valeur, omettant et négligeant
très volontairement des livres ou brochures qui ne font qu'encom-
brer la littérature de guerre. Peut-être en épluchant son travail pour-
rait-on signaler quelque lacune, regretter l'absence de quelque
ouvrage intéressant ; l'important c'est que son recueil offre un
ensemble remarquable, et que le lecteur peut se fier à son choix
dressé d'une façon objective et critique et, d'une manière générale,
à ses jugements. Nous disons : « d'une manière générale », parce
que nous devons formuler quelques réserves, notamment en ce qui
concerne Benoît XV : M. Vie semble partager les sentiments de ceux
qui ont jugé son altitude, en la déformant, d'une manière peu con-
forme à la stricte justice.
Dans ce second volume on trouvera les chapitres V à X de la
seconde partie (V. La Guerre en Russie ; VI. La Guerre en Italie ; VII.
La Guerre dans les Balkans et en Orient ; VIII. Les Campagnes colo-
niales ; la guerre sur nier ; la guerre aérienne ; IX. L'Angleterre et la
guerre ; X. L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie en guerre, avec un
supplément : L'Alsace-Lorraine pendant la guerre) ; un appendice à
la 2" partie : Les États neutres et la guerre (Suisse, Hollande, Pays
Scandinaves, Espagne, Amérique latine, États-Unis de l'Amériq-ue du
nord, Saint-Siège) ; la troisième partie : Les Conséquences de la
guerre (I. Conséquences présentes ; II. Conditions de la paix ; III.
L'Avenir), à laquelle M. Vie a joint un appendice qui semblait plutôt
devoir être traité isolément : Ouvrages d'imagination.
Une table méthodique des matières et deux index alphabétiques
(l'un des auteurs, l'autre des matières) ajoutent, malgré quelques
lacunes peu importantes, à l'utilité pratique de cet excellent réper-
toire, que, nous l'espérons bien. M. Vie et la librairie Pavot auront à
cœur de compléter par un guide analogue pour la littérature parue
depuis 1016 jusqu'à la paix prochaine. Répétons aussi que nous sou-
haiterions un travail semblable pour la littérature de langue étian-
^ère. E.-G. Ledos.
ï^'Arbitrato pontificio. da Marixo Canclim, con prefazione del marchese
FiLippo Chispolti. Como, scuola tipograficaCasa Divina Provvidenza, 1917,
gr. in-8 de 399 p — Prix : 4 fr. oO."
j Nous avons parlé en son temps (t. CXL, p. 84-83) d'un ouvrage du
>même auteur sur le Pape dans la guerre et pour la paix. L'étude con-
— 24 —
sidcrable qti'il uous offre aujourd'hui sur l'arbitrage pontifical a pour
objet de nous montrer l'utilité, la nécessité plutôt de cet arbitrage
comnne le moyen le plus etricace de maintenir la paix, de faire valoir
l'avantage singulier, au point de vue de cette institution, que pré-
sente la Papauté d'être le seul pouvoir désintéressé, planant au-dessus,
des ambitions et des appétits nationaux, aspirant par ses origines et
par principe à instituer la paix dans le monde, de réfuter les objec-
tions, de dissiper les méfiances, d'éclaircir les malentendus qui
peuvent s'opposer à cette solution. Toute autre espèce d'arbitrage,
déclare M. Crispolti dans sa Préface, est une institution impossible
ou superflue.
M. Canclini expose donc les raisons qui ont fait échouer jusqu'ici
toutes les tentatives, si généreuses fussent-elles, d'empêcher laguerre ;
montre dans l'arbitrage la meilleure solution et dans le Pape le plus
qualifié des arbitres. 11 rappelle le rôle de la Papauté au moyen âge.
les causes qui ont battu en brèche l'autorité des Pontifes et détruit-
l'unité de la chrétienté, les raisons d'espérer un retour vers cette unité.
11 groupe les témoignages concordants d'auteurs catholiques et hété-
rodoxes en faveur de l'arbitrage pontifical. Une grosse partie de son
livre est consacrée à étudier, à discuter, à réfuter les objections qui se
dressent contre ce rôle pacificateur de la sain te Église romaine. 11 montre
notamment combien sont mal fondées et injustes les méfiances des-
gouvernements ; met en garde contre l'hostilité des sectes et surtojil de-
la raaçoimorie ; insiste sur la nt-cessité du désarmement, qu'il estime
difficile peut-être, mais non impossible et nécessaire ; rappelle aux
catlioliques le devoir qui leur incombe de préparer un avenir de paix
et n'oublie pas de leur insinuer les motifs qu'ils ont d'espérer dans,
la réussite. E.-G. Ledos.
Les Kuf s de guerre de la Providence, par Antonin Eïmieu. Paris,.
Penin. 1918, iu-10 de vi-236 p. — Prix : 3 fr. 50.
« Dieu lient école en Europe, disait Joseph de Maistre pendant la
Hévolution. 11 tient en ce moment école dans le monde. » Tel est le
point de vue élevé d'où se place le 11. P. Antonin Eymieu, l'auteur
déjà de deux beaux ouvrages qui ont obtenu un large succès : Le
(iouvernenient de soi-même et la Providence et la Guerre. L'auteur
s'attache, dans son nouveau volume, à démontrer que les terribles
réalités de la guerre ont rendu manifeste le néant ou la fausseté de
(juelques-unes des superstitions les plus révérées de la civilisation
( onlemporaine. Qu'il s'agisse du scientisme, de l'argent, du progrès,
(lu tliiettantisnift, de l'égalitarisme. du laïcisine : une expérience tra-
gique atteste la fragilité de l'idole, la faillite de ses promesses men-
teuses, la nécessité iriéme de la fouler aux pieds pour répondre aux.
\ — 25 -
exigences du péril public comme aux enseignements de la nature de
l'homme et de la nature des choses. Que celui qui a des yeux pour
voir, des oreilles pour entendre, une intelligence pour rélléchir sache
réprouver les faux dogmes et- revenir loyalement à la vérité qui
délivre. Ainsi nous aurons discerné, pour notre salut, « les buts de
guerre de la Providence. » Que la leçon ne demeure pas désormais'
inféconde, conclut l'éminent religieux, observateur si pénétrant des
tares de la société moderne. « Profitons-en [de la leçon] .issez pour
que cette éducation soit finie et que nous ne soyons pas condamnés à
retomber sous leur férule [celle de nos idoles elles-mêmes], dont les
coups risqueraient de se faire encore plus durs. » Noble enseigne-
ment d'un viai moraliste ciuétien. Yvts dm. la Bkièbe.
Pour ceux qui pleureut. Imprécisions et pensées de yuerre, par
PiEURE .\guét\nt. Paris, Ploii->ourril. i!MS, i(i-I6 de 13ti p. — Prix :
4 fr. 50.
Dans ce joli polit volume, d'impression soignée, sont recueillis des
réflexions qui s'adressent plus particulièrement aux mères, aux
fiancées, aux veuves héroïques et dolentes, des traits qui notent une
journée de mobilisation, une heure de guerre, un épisode émouvant,
et des prières telles qu'en disent les enfants apeurés, les pères com-
battants, les mères inquiètes. « La valeur des peuples est en fonction
de la qualité de leurs morts ». y lisons^nous entre autres, et cette
I)ensée révèle la qualité de l'iUne qui s'exprime ici. Les autres sont
apparentées à celle-là. et elles plairont de uiême à ceux qui estiment,
comme M"" de Sévigné. que « lien n'est bon,que d'avoir une belle et
bonne âme. » Ch. Landry.
— M. F. Lebeit contimie la série de ses intéressantes monographies
sur l'Invasion dans le nord de Seine-et-Marne 191'i (Meaux, Lepillef.
1918, in-8 de 53 et 28 p., avec fig. et planches). H nous donne aujour-
d'hui : Trilport, Montceaux, Gerniigny et Elrépilly. A Trilport. les
populations belges arriverjt le 30 août. « De village en village, elles
allaient dans l'inconnu, vers le sud. Leurs chariots, chargés de débris
de leurs ménages, grinçaient lugubrement sur les routes... » Puis
c'est l'arrivée des uhlans, à Trilport. dans 1;\ matinée du 4 sep-
tembre, le dévouement du maire de la commune. M. .\ugue. qui, à
force d'énergie, réussit à préserver en grande partie les biens de ses
administrés, malgré le pillage éhonté des Allemands et à sauver la
vie de quatre Français prisonniers, parmi lesquels M. Dhuicque.
adjoint d'Etrépilly. Grâce à M. ?iugue. le désastre fut moins grand
à Trilport qu'à Montceaux, Gerniigny et Elrépilly. Germigny, encore
— 2() —
lonl lompli tic rilliistn; souvenir de Bossnet, a été particulièrement
éprouvé. A Elrépilly, qui lait le sujet de la seconde brochure de
M. Lebert. nous vivons, grâce à lui, l'héroïque et inutile charge des
zouaves snr\ivaiits du 2« régiment de marche, et la mort superbe du
colonel Dnbiijadoux, qui les commandait, criblé de blessures et résis-
tant jusqu'à son dernier soupir.
— Le succès de la Cloche Roland, dont les éditions se sont succédé
rapidement en Danemark portant partout la flétrissure infligée par
Johannes Jorgensen aux crimes des Allemands en Belgique, a irrité
contre l'illustre écrivain danois ses compatriotes germanophiles : un
collaborateur du Politiken, M. Anker Kirkeby. l'a pris notamment à
partie en termes aigres et injurieux, dans un feuilleton intitulé : L^ne
bonne cause et son maucais sercUeiir. Sans s'airèter aux simples
insultes, M. .btrgensen n'a pas cru devoir laisser passer les accusations
de mauvaise foi et de falsification, cl il a publié la Réponse du mau-
vais serrilenr (Traduction du danois par Jactpies de Coussange. Paris,
Blond et (iay, 1918, in-16 de 83 p.). cpii est péremptoire et qui laisse
mal en point le pauvre M. Rirkeby. Pourquoi M. de Coussange s'obs-
tine-l-il à écrire : convalncl (p. 57, 05) ?
— C'est un travail très intéressant et bien au courant des faits sur
lesquels il s'appuie que l'opuscule de M. Charles Dapremont sur
les Déceptions de l' Allemagne, qui forme le n° 15 de la « Petite Biblio-
thèque de la guerre » et où l'auteur étudie en premier lieu : /. Les
Déceptions militaires et politiques (Paris, Attinger, s. d., in-12 de
4'8 p. Prix : i fr. 50) en réservant pour un opuscule ultérieur les
« décej)tions économiques et morales. » Si l'heureuse issue de la
Crande Guerre donne uiî aspect un peu arriéré à quelques-unes des in-
ilicalions de l'auteur, elle justifie pleinement son opinion générale. Le
Ir.-ivail. dans son ensemble, n'en est point démodé cl demeure fort
utile.
— La (picslion de la Syrie et de la Palestine est une de celles ({ui
préoccupent le plus justement tous les patriotes soucieux de l'ave-
nir (le la France : il y a là une véritable question dintérèl national ;
la connaissance dos accords conclus en 101 G avec la Crande-Bretagne
<'t (jui, méconuiiissant nos droits histi)riques, ne faisaient à nos légi-
' limes revendications (prune j>ait amoindrie, avait justement ému
les personnels éclairées sur ces matières. La nouvelle que ces accords
n'étaient pas délinitifs, qu'ils sont sujets à revision et tpie la ques-
tion sera reprise diuis toute son ampleur aux négociations de paix,
;i été [)()ur elles un \éri table soulagement. Mais il est urgent de don-
ner ré\eil à l'opinion publi(pie en Kjance et de créer dans cette opi-
nion un ctiui.inl assez loit pour appuyer cl pousîjer au Ijcsoin nos
liomiiHs (l'i;i,ii. \ ce liiic iKius recommandons bien sp('?cialemcnt
<<lciix pnlits Iracls publiés par le hmcaii callicjUcpie tle presse et qui
•s'adressent à tous ceux qui, par la plume, soiil en mesure d agir sur
île public : Une grave Oueslion d'inlércl nalioiud. France et Syrie
:(Paris, impr. de F. Dumoulin, in-4 de '.\ p., avec une carie), qui
montre précisément le danger pour la France des accords de lOUj ;
— et ine grave Oueslion d'intérêt religieux : le statut religieux de la
Palestine (Ibid., in-4 de 4 p.), dans lequel est attirée l'atlenlion sur le
danger sioniste.
- Dans Comment faire la Société des nations '} de la race à la natio-
.tionalité (Édition de la Bévue contemporaine. Paris, 53, boulevard du
Montparnasse, 1018, in-8 de 27 p ), un Polonais. M. Mioczyslaw (Jen-
;yusz. s'efîorce de préciser le sens du mot nation : « LKtat natio-
nal implique l'expansion de l'individualité et son sacrifice volontaire
■et désintéressé au profit du bien général. » Inconnu à l'antiquité, il
n'a été rendu possible que par le cbristianisme. La guerre présente
est un (( conflit entre races et nations »> ; et dans la Société des nations
<5ui ne pourra s'établir qu'après qu'on aura défini les devoirs comme
les droits des nations, l'on ne saurait faire place actuellement à des
« individualités collectives » telles que l'Allemagne, tant quelles ne
«e seront pas transformées en nations, pas plus qu'on n'accorde « les
«droits de l'homme et du citoyen... k des mineurs à des criminels
■et à des individus atteints d'insanité morale et intellectuelle. »
Livres ROSES fouR la. jeunesse. — Les 2i petits volumes formant la
\0^ série des Livres roses pour la jeunesse (Guerre de I9l't-I9l8,
publiés par la librairie Larousse dans le format in-12, viennent de
noiis être remis. Réunis dans un joli étui en carton, ces fascicules
•représentent, en apparence, un gros volume (Prix : 6 fr. ; 0 fr-, 20
l'unité). Chaque fascicule, de 32 p., abondamment illustré, renferme
«n récit dramatique, héroïque, où toujours des enfanjs jouent leur
rôle : c'est assez dire que l'ensemble plaira beaucoup aux petits.
Voici les titres de ces 24 nouveaux venus dans la collection qui compte
aujourd'hui 240 n"" : une petite bibliothèque : N" 217. Hors des serres
de l'Aigle (l'Alsace et la Lorraine), par le capitaine L. (14 grav.). . —
iS" 2r^. Guynemer, par l'aspirant Georges Thomas (\2 grav.). — N"
-210. Le Serment des trois Hindous, par M. Henri Pellier (I I grav.). —
N" 220. Les Exploits d'une petite Roumaine, réc'tt de la guerre des Ccr-
pal/ies, par M. Charles Guyon (12 grav.). — N'^ 221. Perdu dans Neir
York, par M. II. -Pierre Linel (12 grav.). — N'^ 222. Aventures dedeux
petits Français en Hongrie, par M. Charles Guyon (1 1 grav.). N° 223.
La Jeune Infirmière, par M. Henri Pellier (12 grav.). - N' 224.. Le Ca-
pitaine du a Lanvéoc », par le capitaine de vaisseau Poidlou€ (12 grav.).
— >'° 223. Le Petit Écolier de Reims, d'après te journal de l'édfileDiibail,
par M"" Jeanne Benita Aza'is (11 grav.). — N" 22(i. La Tirelire mer-
— 28 —
veilleuse, \nii M. M. -Pierre Linel (12 grav.). — \" 2i'i. Le. Vaillant
petit Napolitain, scènes de la guerre sur les Alpes, par M. Cliaric*
Gnyon (11 grav.). — N" 228. Le Petit Prisonnier, par M. Louis Dorey
rl2grav.). — N" 221). L'Ami du grand blessé, par M. Henri l*ellier
il2g-rav.). — N" 230. Les Petits Émigrés belges en France, par M.
(îérard Ilarry (10 grav.). — N" 231. L'Invention du docteur Bonibilius,^
par M. If. -Pierre Linel (12 grav.). - N° 232. Les Héros de la forets
il' ArUenne, par M. Charles Guyon (12 grav.). — N° 233. Les Petits:
Uohinsons, par M. Georges Desroches (12 grav.). — N" 234. L'Attaquer
de Xeebruggc, par M. Henri Pellier (10 grav.). — N" 23?i. Vers les:
rires du Congo, épisode colonial, par M. Charles Guyon (il grav.). —
\" 236. Le Vaillant petit Américain, par M. Louis Dorey (12 grav.).
— .N" 237. Les Deux Alertes. Dans une cave de Paris, par M. H. -Pierre:
Linel (10 grav.). — N' 238. Deux Petits Alliés chez les Turcs, par
M. (Charles Guyon (12 grav.). — ?J'^ 239. Les Malheurs de Potiron,.
j)iècc en un acte, par M. Henri Pellier (14 grav.). — N" 240. Nol'l (/<:
•juerre, par M. Pierre Hellin (12 grav.). Viscnot.
ROi\lA^S, COMES ET NOUVELLES
ÎIcMvNS SCR i.A f.LEKRE. — I. Ilisloirc dc Golloit Coiinixloo. suivie Je l'Ottblirc, par
(^.vMii.i.B Maïu\?;. Paris, Plon-Nourrit, lUlS, in-16 de 282 p., 4 fr. — 2. I.'.iin- de-,
lu iHctoirc, par Jkas Nesmï. Pari», GrasKek, 1918, in-18 de 2-57 [)., 3 fr. 30 — :{.
l'.hnntul Duuiioy, par Isabki.le Sasdï. Paris, Pion Nourrit, 1017, in l(i d(^ vi-27:5 p.,
:( fr. 50. — 4. Alteniund d'Amérique, par \. dk Vii.i.îole. Pari», Perriii. I!J18, iiilfi^
lie ;tO(> p.. -5 t'r. ,■)(). — 5. I.e Mariage de Llson. par A.moise Rediek. l'aris;, PayoU.
11)18, in-i(i de 24:< p., 4 Ir. — 6. Sa Veuw. par Jean Voliî. l'aris, l'crriii, I'.)I8.
in-Ki, de 28:i p., 3 t'r. 50. — 7. La Mort du .soldat, par Emile-Fhasçois Jui.ia. Paris..
l'iTriii, I'.)18, in 16 de 2.")8 p.. 'i fr. 50. — 8. (Jasurs t'rançaL's. conscieitrcs anglutses,
pur J. IlKNot.AKi). Paris, l'erriii, 1918, in-IG de 277 |i., ;t fr. 50. — ft. La Forêt Ira-
<ji<iue., par .Ai.iiiiur (jaukm.\e. Paris, Plon-Nourril, 11J18. iii-16 de 374 [>., 4 fr. — 10^
Itluel d'Alsace, par Ja.n'b diî Cakuikuiis. Paris, Jouve, 1918, iii-16 de 355 p., 3 fr. 50.
- - II. Le houblc lîxil d'au solitaire, par Guiki-ki'; u'Evol. l'aris, Jouve, lOIS, in-12,-
de 270 p., 4 fr. — 12. L'liiip'rien:£ Amour, par .1. Uei.oume-Jli.ks Si.vion. Paris,
l'errin, 1918. iii-Hi de 243 p., 3 fr. 50. — 13. Ficricndra t il '.'. par Jkan.Ms 15koi^*-
s vN-CjAUHEiir. Paris, (Irès, l'JI7, iu-Ki de 302 p., 4 fr. — 14. La Tndesquite, p;ir
1'. Rdouahi» ix: MtMEuv. l'arit*. Jouve. 1017, iii 10 de 317 p., 3 fr. 50.
HoMANs nivKns. — 15. iS'tUm'gUi, par I'aci. Boi;Kr.Kr. l'aris. Ploii-Mourrit, HMS. in-ltW
de 3'(3 p., 4 fr. 50. — 1(5. Le Lac noir, par Hem<y Iîori>i:aux. Paris, K. de Boeoaiil,
iii-l(j de 311 p., 3 fr. 50. — 17. Fauqueboi^, par Pu:uhk ÏSo'iuomb. Paris. Plou
Nourrit. 19IS, iii-KJ de :iO0 p.. 4 fr. 50. — 18. Entre dewr. rive.i. par PAur. .Xckeu
Paris, Plon-Nourril, 1017. iii l() de 200 p., 3 fr. 50. - 1U. Le Hêve ri lu Vie. par
Jkan Mour.AN. Paris, Plon-Nourrit. 1017, in-lO de 298 p., 4 fr. -- 20. in Caruclèn-
dr Française, par Juan nii i.a IJni^TE. Paris, Plon-Nourrit, 1017, in 115 de 3i:{ p^
3 fr. ïti). —21 Plein Été, par Hi>irii Waiitho.'s. l'aris, Plou-.\oiirrit, 1018. iii-KW
do 32ti p., 4 fr. - 22. L' F.chiqnier, par la couile.>se nii Chaubiu n. Paris, C.rès,
l'.)I.S, iii-lt) de 3U0 p., 3 Ir. 50. — 23. Les Fantaisies du destin, par Ko(;aiii> Hi.osni'.
l'arift, Jouve, 1018, iu-lii de 202 p., 3 fr. 50. — 24. Glèbe gasconne. [)ar Ktiknmc
iiAWiiv. Paris, Joiire, 1017. in-10 de 107 p., 3 fr. 50. ~ 25. La liellf t'nfant. oif
I' intunr à M an.t, par KuuhiiE MoMrrouT. Paris, Hayard, iiilO de 28! p., 3 fr. 50.
— 2'i... FI C', par Jh*M Hiciiaho lii.ocu. Paris, u Nouvelle Revue fr(iu(,;ais<' »,
— 21> —
I'.)l7, in 10 <lo 36:5 p.. 3 fr. 50. _ 27. Les Enfant.'i du (jhetto, par Ishaki, Za>«;hii.i. ;
traduction Irançaise fie Piehuk Mille. Paris, Grès, lîJl", iii-10 de 36:3 p.. 3 fr. ")0.
— 28. Rcni'c. par A>uitÉ Baruch. Paris,' .lonvc. lUIS, in 12 de 3ir) p., 4 fr. — 2'.(.
1,'Hntnmi' fort, par Paul Ilc; ; traduit par Jcles Hr<j<:heh. Paris, Payol, 1917.
in-l(i de 310 p., 3 fr. 30.
Contes i:t nouvei-lfs sun la gukriie. — 30. Les Ixtiip.", par lJii\.i\MiN Valloton.
Paris, Payot, 1918, in-IG de 223 p.. 4 fr. 50. — 31. C'est lu guerre ! par le lient'
m" S.-J.-L. HE Kaiiusi Paris, Jouve, 1918, in-lC de 217 p., 3 fr. 50. — 32. Les
Silcnees diieolonel lirumble, par André Maurois. Paris, Grasset, l!)1S. in-i6 de 2o() p.,
3 fr. ")(!. — 33. KLn Contes et lUnuc rêves, par Lonsu Kaijre-Fa vieil Paris. Fif^niére,
1918. iuHi de 215 p.. 3 fr. 50. — 34. Trois Histoires nincédnnieniies. par Je\n il.
Prat. Paris. Figuière, 1918, in-12 de 83 p., 2 fr. — 35. L'Indiscret de Parante, par
le D' IIauuy Marceau. Paris. Jouve, 1918. in-12 de 109 p., 2 fr. 5U.
Contes et nouvelles divehs. — 30. Enfantine, par Valéry Lariîai;i>. Paris, « Nouvelle
Hevuc française », 1918, polit in 8 de 225 p , 3 fr. 50. — 37. La lionne Madeleine
et la pauvre Marie. Quatre Histoires de pauvre amour, par Charles-Louis Philippe.
Paris, « Nouvelle Revue française ». 1917, in-16 de 222 p.. 3 fr 50. — 38. Monstres
'•moisis, par .André Salmon. Paris, (( Nouvelle Revue française », 1918. in-l(> de
246 p., 3 fr. 50.
Romans slk la gueuue. — 1. — Le mérite de Gollon Co/iiiixloo cl <le
l'Oitbliée, par M. Camille Mayran, coiisi.sle dans la force de l'expres-
sion, émanant d'un profond talent d'analyse. Qu'il y ait certaines
réserves à formuler, cela n'empêche point qu'un tel livre n'évoque
avec puissance et haut relief deux histoires douloureuses, poignantes,
où la vie abonde : çlmte, soumission, désolation, voilà l'histoire de
Cotton, en ce décor triste de guerre, dans la Belgique meurtrie.
Hapalriement d'une fiancée exemplairement fidèle, qui ne retrouve
au pays que l'oubli de celui qu'elle attendait toujours, au point (pi'ello
se dévouera maternellement à quelque pauvre enfant (|ui l'aime, pour
tromper lamerlume de son àme et faire quand même œuvre de
vie : c'est l'Ouhitée. Si l'on se souvient que le pseudonyme de l'auteur
s'apparente doublement à Taine, on appréciera la valeur d'une telle
parenté, l'on ne manquera pas de reconnaître sous une plume, dit-on,
féminine, les dons robustes, le talent d'aquafortiste littéraire du
maître dont l'art est ici évoqué.
2. — C'est déjà presque un maître que M. Jean Nesmy. La couleur
et la limpidité rivalisent dans son style vif et imagé : l'intention
morale y est toujours manifeste, avec une discrétion (\m n exclut
pas la vigueur. L'Ame de la victoire c'est l'essor d'une àme ; d'abord
modeste, imprégné d'humble vie quotidienne, il se hausse peu à peu.
il s'élance et les sacrifices, requis par la guerre, entraînent le vol
assuré de l'àme courageuse veis les horizons de la plus haute morale,
dont la luniièie pure doit baigner toute vie. Hélas î comme beaucoup,
le héros du livre succombe à la blessure de guerre, mais son âme et
son exemple vivent à jamais.
3. — 11 y a pourtant des survivants de la mêlée qui voudraient ne
plus vivre, ou, du moins, qui n'espèrent plus rien delà vie. Elle leur
avait été souriante, cependant, comme à ce Jean Verlet que Chantai
— 30 —
Daiinoy avait su conqnéiir. Ils sont liancés ; fiançailles de guerre^
trislQS et vaillaiitos. d'une joie grave dans la plénitude de l'espoir.
Mais Jean X'erlet finit par être gravement blessé ; sa vue est compro-
mise. Qu'espérer du bonheur attendu ? Mieux vaut désabuser la
fiancée, toujours fidèle jusqu'à l'héioïsme, jusqu'à la fin. Où
l'amour seul de la fiancée échouera, la collaboration dune visite au
paysage histoiique delà « Marne » aura finalement raison de l'obscur
désenchantement du glorieux pessimiste, et il acceptera la vie,
l'amour, l'espoir mesuré, la réalisation d^iii noble rêve. On conçoit
que M. Le GolTic ait goûté la valeur de ce roman. 11 témoigne, eii
effet, d'un sentiment très fort. L'auteur s'y révèle une cérébrale.
D'une intelligence aigui'. elle fouille les replis de ce sentiment, qu'elle
excelle à sit'KM- en (h\s i^aysages variés et vivants : l'Ariège, Toulouse,
Paris, la Marne, Oserail-on signaler à ce conteur expert quelques-
longueurs dans le récit et, parfois, un art ([(^ la composition qui peut
sembler un peu hésitant ? La lecture de ce roman confiiniera tout
lecteur, justement conquis j)ar l'intérêt d'une belle trame, dans la
pensée qu'a\ec j)Ius d'assouplissement dans l'art, une note quelque-
fois liioins tendue et d'une intimité plus pure dans le sentiment,
M""" Isabelle Sandy, iie tardera pas sans doute à nous df)nner une
œuvre pleinement réalisatrice des rares piomesses que celle-ci con-
tient et tient jircsque déjà.
4. — \jn homnie auquel il n'en coûtait pas de s'adapter aux circons-
tances, fût-ce lourdement et délibérément, c'est l' Allemand d'Ainè-
ri(]ue, Marshall, lichement établi au Nouveau Monde, marié à une
Française que les nécessités de l'existence exilèrent de son l)ays. La
guerre survient. Ils ne se comprennent pas, et Marshall, à l'ordinaire
généreux mais absolu, maïupie pleinement de délicatesse, voire do
justice, nuiis avec tant d'assurance, à roccasion des épreuves de la
France aux premiers temps des hoslililcs. iVllemand avant tout, il en
arrive à Iruipier tles lettres d'un frère de sa femme, ollicier français,
pour leur faire témoigner, dans la presse boche, de l'extième lassitude
(le la résistance française. A ce coup, la femme veut fuir, mais Mai-
>\\;\\\ a toujours été excellent pour elle et ce procédé n'est, aux yeux
du mari, (|ue métier de bon Allemand. Ils ne se comprennent plus.
Klle luirait. M;iis il veut sauver l'existence de celle qu'il jilaint ; (piant
à ell(\ voici (pie l'entrée en guerre des Étals-Unis lui trace un devoir
singulier auprès de cet Allemand d'Améri(pie, enfin démasqué, mais,
à présent, malheureux et malade. En lui rendant ses bons procédés
d'autrefois, elle aura conscience de ne j)oint s'avilir mais de s'accpiit-
ler humblement, le cœur brisé mais fidèle, du plus poignant devoir.
Ce livre est donc le sujet d'une très complexe analyse ; elle est traitéfr
avec aisance et connaissance de la situation, cadre et fond. M. de Vil-
— 31 —
lèle n'a poiiil (''cril là une œuvre banale, et c'est beaucoup, parce Iciiips
de littérulurc de guerre, où n'abonde pas la variété de l'inspiration.
5. — 11 faut cependant faire exception pour une autre œuvre
encore, et c'est /<• Mariage de Lison, — « à l'usage des comballanls et
des jeunes filles sans dot. » Le titre est d'une grâce un peu cavalière
et le sous-litre, d'une combinaison inattendue. M. Antoine Hedier a^
tout de même fait, là, quelque cbose comme une bonne action. Je
crois qu'il ne s'en défend point et même qu'il l'espère. Mais peut-
èlre a t-il mieux réussi qu'il ne l'espérait. Je veuv bien que son livre
ne soit pas pour les fillettes. 11 est salubre, en tout cas. de voir, •
d'observer, d'admirer un courageux devant la vie, dont l'entrain réllé-
chi va finir par émouvoir les embourgeoisés dont les yeux s'ouvrent.
Kéclamer de courir le risque de quelque gène en se mariant selon son
cœur, son co3ur raisonnable du reste, est un peu plus élégant et beau-
coup plus vrai (jue de courir, les veux bandés, tous les autres risques,
sauf celui d'un peu de gène possible, parce qu'on aura songé à l'ar-
gent avant tout. Dire cela nettement, mais avec humour, d'cm ton
qui n'a pas l'air de se prendre au sérieux, mais qui n'ignore pas le
sérieux de la \ie et où est sa racine, c'est le fait de M. Hedier, et de ce
fait nous le complimentons. L'actualité veut que paysage et milieu
soient le plus souvent militaires ; le récit n'y gagne qu'en relief.
6. — De ce relief une femme n'a cure, .S'a Veuve, la veuve d'une
victime de la guerre, qui a failli épouser quelque fade u embusqué. »
Une amie l'en sauve. Dans cette œuvre de M. Jean Yole, il y a de la
verve, un peu de charge, une alerte ironie.
7. — F'ius prenant que tous les autres, dans la littérature de guerre,
sera l'accent de vérité. C'est lui que nous percevons, énergiipie. mais,
avec cela, exceptionnellement mesuré, dans la Mort du soldat, de
M, E.-F. Julia. Voici, bien, du vécu ; on le sent, et les combattants
qui ont lu ce livre témoignent qu'il dit vrai. C'est un éloge simple,
qui a son poids.
8. — Plus complexe est le cas évoqué par M. J. Hénouard dans
Cœurs français, consciences anglaises. Un Anglais, mari d'une
Française, éprouve d'abord un sentiment quelque peu platonique à
l'égard de larmée française ; mais il en vient, afin de correspondre au
souhait de sa femme, à s'engager dans l'armée anglaise pour défendre
la cause des .Alliés. Plus de banalité que de profondeur en cet ouvrage
aux louables intentions.
9. — La guerre est vue de loin, dans la Foret tragique, de M. Al-
bert Garenne, chef de bataillon d'infanterie coloniale, du moins la
guerre d'Europe, mais c'est la guerre encore, et tragique, elle aussi,
et pour la France, dans ces régions du Pacifique dont ce « récit authen-
tique » nous conte les péripéties.
— 32 —
\0_ — Avec Btuel ft Alsace, par M'"* Jane de Carrières, nous retrou-
vons un nom de province cher à nos cœurs et des paysages plus
proches. C'est ici toute une correspondance échangée de 1880 à 1917,
où s'évoque le récit des grandes émotions, variées, du problème l'ranco-
alsacien. heureusement résolu aujourd'hui dans l'honneur de la
victoire.
11. — Nous revenons aux pays lointains avec le Double Exil d'an
solitaire, par M. GuifFre d'Evol. Un officier colonial qu'une l)lessurc
retient au centre de l'Afrique et prive du périlleux honneur du Front,
s'en console bien singulièrement dans l'existence voluptueuse, inutile
cl désenchantée d'un prince exotique.
12. — C'est d'une autre manière que M. J. Delorme-.Iules Simon
comprend l'Impérieux Amour de la patrie. Une jeune fille se
livre à des hésitations sentimentales entre un fiancé que le devoir
retient à l'arrière et un soupirant que le devoir maintient au Front.
Le style est quelconque ; les intentions valent mieux.
13. — M"" Jeanne Broussan-Gaubert pose, par son litre, la question
importante pour chacun et pour tous : Reviendra-t-il ? C'est bien un
rescaj^é du péril qui apparaît heureusement vers la fin du livre, mais
ce sont d'abord des scènes d'une crudité relevant de 1 école de Médan.
On se demande ce que l'art peut éprouver d'intérêt à se commettre
en pareil milieu et si même c'est un art, d'exprimer des visions d'une
atroce laideur morale, sans parler des autres ?
14. — La Tudesquile y va plus rondement, mais M. P. Edouard de
Ménieux ne se pique pas de solennité. Sa plume cavalière /chevauche
en divers sens ; c'est sa manière à lui de ridiculiser la manie funeste
qui poussait trop, avant la guerre, à prendre au sérieux le prestige
allemand.
UoMANs DivKRs. — lo. — La liautc jouissaiice intcllcctuelle <j u'ou
éprouve toujours à lire un nouveau roman de M. Paul Bourgel se
trouve, en un sens, infirmée dès que vous incombe le redoutable
office d'expliquer la portée de l'œuvre à un public justement difficile,
[..'hésitation du commentateur s'avère plus embarrassante (juand il
s'agit de Nétncsis. C'est, en effet, un roman ([ui ne ressemble pas à
ceux auxquels nous accoutumait la manière du maître psychologue,
<lont l'art s'incline de préférence vers les drames intérieurs. ÎVon
point ((u'il dédaigne l(> cadre, dans la ciselure duquel il excelle, mais
il préfère le labli'au. Or, ici, le cadre atteint d'immenses proportions
et le tableau, lui-même, accuse un relief et un coloris d'une viva-
cité inaccoutumée sous son pinceau. Tout l'art déployé en cette
• iMJvre, art de profondeur et art d'effet, n'ôtc pas de l'esprit la «pies-
tion un [)eu libre si elle était sérieuse : est-ce luie gageure ? Je me
hàl<' (le iir(\|)li(|uer. Ouc le maître des études les plus fouillées
- 33 -
fiur lame et sur le cœur de l'homme el de la femme ait voulu
écrire une histoire dont les traits, les détails, la mise eu scène, les
caricatures autant que les portraits font songer à Dumas père,
relèvent, pour les procédés sinon pour le style et l'art qui sauvent
tout, du grand roman-feuilleton, voilà qui déconcerte. Et, pourtant,
on n a pas le loisir d'être sans (in déconcerté, parce que l'action est si,
prenante et les peintures si poussées qu'on reconnaît encore et tou-
jours le maître, consciencieux et puissant, là où on craignait qu'il se
fut mué. pour sa distraction et la nôtie. eu fantaisiste, jouant avec
son art. Mais ne diiait-on pas vraiment, tout de même, que M. Bour-
get a voulu montrer (pi'il lui était aisé d'aijoider un genre qui n'était
pas le sien, sans renoncer à être lui-même et que la souplesse de son
talent })eut dominer n'importe quel sujet, du moment qu'il en em-
brasse les perspectives complexes dans le champ de sa vision aiguë ?
— Autre gageure, si Ion ose encore s'exprimer ainsi : l'érudition
abonde en ces pages ; elle y abonde presque démesurément ; mais
elle y est traitée par un spécialiste et, comme l'artiste n'abdiqua ja-
mais, il se trouve que le lecteur n'éprouve aucune lassitude ni aucune
gêne à la rencontrer dans une liction. \ ce propos, la haute probité
de M. Bourget n'a pas manqué de rendre à M. Pératé l'hommage du
à son concours, et cette précision est intéressante à retenir sous la
j)lume du romancier dont la célébrité n'a jamais pu obscurcir la plus
noble loyauté professionnelle. On est heureux aussi de lire la dédi-
cace du volume, offerte à M. Louis Bertrand, et l'on veut comprendre
toute l'actuelle portée d'un geste, aussi énergique et aussi délicat.
Après cela, faut-il raconter l'aventure? De tels romans sont supposés
lus ou à lire. Relevons néanmoins la beauté du rôle complexe de l'of-
ficier français, autour duquel évoluent les fantasmagories de l'art
italien, de l'aristocratie européenne, et du nihilisme moscovite. La
î;cène, vers la fin, où il recule, animé d'un sentiment de fierté et mû
par le réveil de sa plus haute conscience chrétienne, devant la femme
vis-à-vis de laquelle so!i attitude a été si différente autrefois, est une
scène qui n'atteint pas seulement au sublime de l'art mais à la splen-
<leur de la pensée qui gouverne l'acte humain frémissant de vie. Une
troisième difficulté, abordée par M. Bourget en cette œuvre singu-
lière, fut celle de travailler au service laborieux de la plus haute
morale sans se priver des ressources inattendues et périlleuses de la
peinture la plus accentuée. Que l'art y ait toujours gagné, c'est pos-
sible, mais parfois peut être un peu discutable ; que cette morale
elle-même, qu'il s'agissait de servie, ne l'ait pas été par des moyens
dont l'harmonie avec le but est quelquefois loin d'être manifeste,
c'est ce qui, trop souvent, dans cette œuvie fort différente des autres
à ce point de vue là aussi, ressort trop clairement de certains passa-
Janvier 1919. T. CXLV. 3.
— 34 —
ges et de certaines descriptions. On juge bien que nous ne prétendons
nidlcment reslroindro, par l'expression de celte réserve, la lijjerlé
nécessaire du grand lomancier, d'ailleurs supérieurement conscien-
cieux. Mais, si libre que soit le champ de son action évocatrico, ne
se doit-elle pas de reconnaître qu'elle peut avoir, au moins pour limi-
te, et en fin de compte, ce que nous appellerons d'un. mot cjui ne
sera incompris de personne et surtout, le croyons-nous, du maître
lui-même, sa fonction éducatrice ? C'est parce qu'à l'ordinaire et
parfois ici même, M. Bourget s'est appliqué à résoudre le difficile
problème d'être un moraliste et un romancier et aussi parfaitement
l'un que l'autre, qu'en terminant ces quelques lignes d'hommage
à son nouveau roman, nous avons eu l'audace de nous permettre,
en l'admirant, d'y signalcr'quelques hésitations dans l'action mora-
lisatrice, dont nous ne méconnaissons pas, au reste, les diiricullés et
les mérites, la valeur surtout et la portée.
16. — C'est un autre maître du loman que nous letrouvotis avec
M. Henry Bordeaux que ses importantes fonctions militaires n'ont
pu empêcher de rester et de continuer à être, par de nouvelles œuvres,
le grand écrivain, goûlé de l'élite française, orientée par son goût
aussi charmant qu'élevé, vers les sommets de l'art bienfaisant à
l'àme, à la race, au pays. Il ne s'agit, cette fois, que d'une réédition
(( définitive » du Lac noir, ce petit chef-d'œuvre,' et on regielle le
qualificatif dès qu'on l'a écrit, ce petit chef-d'œuvre d'esprit et de
narration entraînante, qui prouve à quel point l'on peut, avec un art
vrai, intéresser le public à autre chose qu'aux banales aventures,
constituant le fond de la plupart des romans.
17. — La banalité n'est point le fait du roman de M. Pierre No-
Ihomb : Faiiquebois. Ce nom de lieu est.glorieusement douloureux et
.sacré, depuis la guerre II n'est auparavant que la rustique appella-
tion d'une charmante résidence de la paisible et prospère Belgique.
Là se déroule élégamment une histoire bien contée où les replis du
cœur trouvent leur i n te rprè te. FatK/Ufèo /s est une œu\re qu'on lit
avec charme, im charme souriant, un peu grave et distingué. Son au-
teur est poète, on le sent vite ; homme du monde, et du meilleur, ou
réprouve jusqu'au bout.' Peut-être un jieu plus de force <lans le senli-
• ment et dans sa noblesse eut-il élevé davantage encore re\])iession
morale dont ce livre témoigne et accru la douce influence (pii émane
de lui.
\t*>. — (l'est une (euvre où il y a aussi des notations cuiieuses et dé-
licales. dont nous sommes redevables au talent, hélas! posthume, de
Paul ,\cker." Glorieuse victime- de la Grande Guerre,' il nous a laissé
iin ronlan qui s'achève en esquisse. Sa mort nous a ravi si tôt celui
qui aurait pu être un maître de demain. Entre deux rives, pénible
— :}5 —
lîisloiro. et pourlniit si allôgremenl narrée, d'une siliialion rlcllcalo,
émouvarile et laiissse, illiislranl. fùl-ce avec des tableaux un pou sca-
breux, la nécessilc de l'ordre et de la soumission consentie à sa loi.
Un savant, qui méritait mieux, voit sa femme sombrer dans la folie
-et n'en p.» mourir. Il a le tort de s'éprendre d'une autre femme, d'en
faire comme la sienne. Un enfani leur naît. Il n'en avait pas eu do
l'autre. Mais celte autre guérit (>t la remplaçante se sacrifie, laissant
à son f)én' l'enfant qu'elle lui a donné... On voit combien émou-
vante ot la trame de ce récit, la morale qui s'en dégage, mais sans
que les d/lails du livre soient toujours d'une moralité exemplaire, il
s'en finit de beaucoup.
lu. - Ainsi vont le Hère et la Vie : joli titre du roman peu banal
de M. Jean Morgan. Une jeune provinciale, n'écoutant que son cœur,
s'éprend d'un peintre médiocre et, en somme, d'un caractère peu
«levé. Elfe est malheureuse, à fond, et reste digne. 11 le faut d'autant
plus quelle a résisté autrefois à son entourage, fort terre à terre, pour
épouser le peintre aimé dont elle a fini par devenir veuve. Heureuse-
ment un second mariage sera pour elle une bienfaisante revanche ;
«lie y trouvera fortune et bonheur. Est-ce à dire que l'idéal est le pot
au feu .5 Si le livre voulait, raôjne indirectement, prouver cela, il
prouverait trop. Bien choisir, oui, mais cingler au large. Et la dignité
dans répreuve vaudrait mieux, enfin, que le tout repos dans la pla-
titude.
20. — Cet engourdissement ne conviendrait pas du tout à iin'Ca-
racU'i'c de Française. Dans le roman que M. Jean de la Brète intitule
ainsi nous retrouvons l'esprit, le sourire, la séduisante élévation qu'un
public, toujours plus nombreux, goûte aux ouvrages du célèbre au-
teur. M"' de Kerdivo, nature aussi noble que généreuse, met tout en
oeuvre pour retrouver un frère disparu dans des circonstances roma-
nesques. Elle y parvient à travers les plus variés épisodes, mais la
trame fort mouvementée du récit ne lui ôte rien de sou aisance toute
française et de son intérêt entraînant.
21. — 11 faut changer d'allure avec Plein Eté, par M"" Edith Whar-
ton, autant vaudrait dire de climat. Ce volume compact, et qui nous
déconcerte un peu en nous transportant en plein milieu américain,
narre l'aventure d'une pauvre jeune femme à laquelle ne réussit point
l'indépendance qu'elle a cru devoir prendre vis-à-vis d'un Lon protec-
teur et tuteur vers lequel elle est tout heureuse de revenir et chez qui
elle trouve enfin le refuge et l'apaisement.
--■ — C'est, au contraire, l'Amérique en France; ou du moins
quelques amateurs américains du Paris où l'on s'amuse, que nous
rencontrons dans l'Échiquier de M"" la comtesse de Chambrun. Dia-
logues de cafés-concert et autres lieux moins relevés. Voilà ce que
— 36 —
nous trouvons sous une plume délibérément boulevardière. Il serait
au moins fâcheux que nos amis d'Amérique ne trouvassent pas autro
chose en France, en fait de modèle et d'exemple, que ceux dont la sil-
houette se profile ici.
23. — 'Falote est la silhouette du singulier désemparé que nous pré-
sente M. Edgard Blosde dans les Fantaisies du destin. D'ennuyeuses
expériences finissent par enrichir celle de son personnage et lui donner
même de l'esprit, sans lui départir jusqu'au bout en partage la jus-
tesse d'appréciation.
24. — On voudrait ne pas manquer de cette justesse pour apprécier
exactement Glèbe gasconne de M. Etienne Garry. Il a dû lire, l'admi-
rable Pouvillon et s'en souvenir, mais l'imitation est difficile et le
risque de glisser dans quelque vulgarité n'est peut-être pas chimé-
rique en la description familière et un peu crue du paysgaronnais.
25. — En fait de crudité, M. Eugène Montfort se met à l'aise,,
et n'y mettrait guère un lecteur sérieux, avec la Belle Enfant, our
L'Amour à UO ans.
26. — Une aisance du même genre règne aussi bien dans le ro-
man :... Et C'^, de M. Jean-Richard Bloch. Mais, ici, la matière du^
récit est plus ample ; elle est même compacte ; l'affabulation est
abondante et le style travaillé.
27. — Non moins copieux est le volume de M. Israël Zangwill :
_Les Enfants du ghetto. 11 nous initie, à sa manière, aux mœur.s par-
ticulières et compliquées d'un judaïsme teinté de germanisme. La
traduction de M. Pierre Mille paraît fort bonne et ne doit pas nuire à
l'intérêt du récit.
28. — Du féminisme, du sentiment, de l'amour libre et tout ce qui
se peut broder autour, c'est ce que nous apercevons en de multiples-
pages, peu éclairées par la typographie, dans Renée, de M. André
Baruch.
29. — Terminons par le titre plus imposant de l' Homme fort, dcr
M. Paul 11g. Gela doit se passer en Suisse, où un officier pro-allemand
se déclasse, sans succès comme sans bonheur. La manière forte pour
aboutir et s'imposer ne réussit pas longtemps.
Co>i'rt:s ET NOLVELLES suu LA GUEKKE. — 30. — M. Bonjauiiu Vallot-
ton a un style énergique et il en est maître. Du réalisme, mais, eit
somme, du bon. Un épisode émouvant de l'occupation allemande, un
aïitre, émouvant par lui-même, où elle n'est pas étrangère, un troi-
sième relatant le congrès des animaux sauvages (on comprend l'allé-
gorie), tels sont peut-être les fragments les plus impressionnants de^
ce recueil assez tragique et qui a nom : Les Loups.
31. — M. le lieutenant marquis de Farusi nous conle: C'est la
guerre, et ce lui est une occasion de peindre sans apprêts, autant
.<
— 37 —
<lire sans façon, de multiples aspects de la vie niililaiic dont tous ne
«ont pas d'un goût achevé.
32. — Nuance de milieu avec les Silences du colonel Brarnhle, de
M. André Maurois ; on passe chez les Britanniques. Ce colonel fleg-
matique écoute, non sans humour et avec indulgence, raisonner ou
-déraisonner autour de lui, officiers anglais et gens des villag<fs
traversés.
33. — 11 nous arrive de ne pas quitter les pays éprouvés en feuille-
tant les Six Contes et deux rêves, de M""' Louise Faure-Favier. On y
trouve même un épisode qui a de la noblesse, mais le recueil est
malheureusement hospitalier à des libertés sans mesure dans les
moins honnêtes descriptions
34. — Ce genre de liberté ne serait peut-être pas pour effrayer tout
à fait l'auteur de Trois Histoires macédoniennes, M. Jean-H. Pral.
Mais il faut, en plus et surtout, reconnaître chez lui de la vigueur et
le sens du récit. On ne lit pas sans intérêt plusieurs de ces pages
<^vocatrices d'une région lointaine où notre guerre s'est aussi déroulée.
35. — C'est sur une jolie plage française que l'Indiscret de Paramé,
dont M. le D' Harry Marceau tient la plume, observe les manigances,
h l'ordinaire peu édifiantes, des oisifs et surtout des oisives, parasites
du paysage recherché. On y parle de la guerre. On y va. On en
revient, l.e flirt ou le mariage provoquent des commentaires plutôt
iestes ou désabusés, avec des grains de parfait bon sens, quelquefois,
-à travers tout. Et puis cela est écrit. M^is pour quoi dire ?
Contes et nouvelles divers. — 36. — M. Valéry Larbaud, en des
Enfantines assez observées, — mais de quel point de vue ! — nous
fait, à sa façon, la psychologie de petits milieux montés en graine, qui
auraient plutôt besoin de quelques bons conseils.
37. — Quant à M. Charles- Louis Philippe, — avec la Bonne Madeleine
et la pauvre Marie. Quatre Histoires de pauvre amour, — 11 nous fait
assister sans gêne aux moins élégants déshabillés et il promène son
lecteur dans le monde que l'on devine, avec une complaisance qui
révèle l'oubli du plus élémentaire sens moral.
38. — Autant et plus faut-il écrire au sujet des Monstres choisis de
M. André Salomon. Le titre est suffisamment expressif. Le texte
ne manque pas de tenir, et bien au-delà, s'il se peut, la promesse
du titre.
Les éditions de ces trois derniers volumes sont fort soignées et pré-
sentées avec recherche. Malheureusement ces trois livres sont carac-
térisés, non seulement par l'absence du souci moral, mais par l'ob-
session du souci contraire. On le regrette d'autant plus, à l'heure des
reconstructions françaises. Louis ïhébon de Montaugé.
— 38 —
THÉOLOGIE
Le Sons du chi-isliaiiisme d'après l'exégèse allemande, par le-
I'. M.-.I. LAfjRANGE. Paris. Lecofl'rc, Gabalda, IWIS, in-12 de xx-337 p. —
l'rix : 4 fr.
Les dix leçons (|ui composent ce volume ont été données à l'Inslitut
calholique de Paris à la fin de 1917 et au commencement de 1918.
Elles ont pour objet, non pas l'essence du christianisme, c'est-à-dire
nnc sorte de résidu de doctrines à garder, mais le sens du christia-
nisme, c'est-à-dire l'origine, les conceptions primitives de la leligion
chrétienne et l'idée qu'en ont eue ses premiers adhérents, le tout
d'après l'exégèse allemande non catholique depuis Luther. La pre-
mière expose les bonnes conditions dans lescjuelles l'Eglise catliolique
d'aujourd'hui se trouve pour bien comprendre le sens du christia-
nisme primitif. Assistée du Saint-Esprit pour cela, elle estdans l'état
d'esprit qui convient, puisqu'elle est profondément imbue du surna-
turel dans lequel tout le Nouveau Testament est conçu ; sa méthode
sappuie sur la tradition qu'elle conserve et continue et sur l'ensemble
des éléments doctrinaux du Nouveau Testament tout entier ; elle pra-
tique l'exégèse du bon sens et de la clarté, qui est aussi l'exégèse du
sens commun ; enfin elle représente une sagesse collective et accu-
mulée au cours des siècles. Les huit leçons suivantes exposent le
pseudo-mysticisme de Luther, qui est le véritable point de départ de
toute l'exégèse allemande; l'accusation d'imposture que les déistes
allemands, dépassant leurs précurseurs anglais et français, ont portée,
contre les évangélislcs avec Rcimarus et Lessing ; les explications
naturalistes des miracles par le rationalisme éclairé, r/4a//i7a/'M/ïf7 du
xviir siècle, dont le principal représentant, au siècle suivant, fut
l'aulus ; l'interprétation mythique de Strauss ; la critique des origines
chrétiennes par l'école de Tubingue, dont Baur fut le chef : le com-
promis des libéraux luthériens, qui chercha à concilier l'ancienne
orthodoxie pi^otestante avec le radicalisme de Strauss et de BauT, et
«jui, tout en écartant le surnaturel, retraçait l'image historicpie de
Jésus selon l'Evangile île saint Marc ; la découverte par Jean Weiss.
eti 1892. du messianisme eschatologique, d'après lequel Jésus, con-
centrant en sa personne les espérances de ses contemporains, se serait
fnéscnté comme le juge des bons et des méchants et comme le fon-
dateur, à brève échéance, du règne glorieux de Dieu ; l'école du syn-
crétisme judéo-païen, qui expEupie la fondation du christianisme
par une fusion déléments chrétiens avec des éléments païens, em-
pruntés aux religions à mystères. Toutes ces phases diverses et suc-
<-,cssives de l'exégèse allemande étaient connues du public français ;
elles avaient été exposées par M. Fillion dans ses Étapes du raliona-
hsme, à laide de l'ouvrage d'Albert Schweitzer : De Luther à licirnarus.
Ji>.
— 31» _
Le P. Lagitriige. sans connaître le livre du siilpicien, a rc[Jris, en sui-
vant le même guide, la maiclie de i'c.xégèse allemande. Il a nionlrô
en plus quelles consliiiclions religieuses les lliéologiens allemands
ont tenté d'élever sur. les ruines du surnaturel; il a aussi joint à
l'impression de répulsion (inc provoipie leur dévergoridage, des rai-
sons positives (|ui réfulcnt Ifs systèmes élaborés par ces novateurs.
C'est le cas surtout pour la critique des origines chrétiennes, le mes-
siaiiisnie csclialologiqdc et \v syncrétisme, (jui garilent encoie (pielque-
attrait. On trouvera dans ces trois leçons des pages très fortes, qui-
sont une réfutation solide des principales erreurs allemandes. La
dixième leçon contient, après l'exposé du no:;veau mythisme, qui nie
l'existence même de .lésus et qui a soulevé l'opposition de tous le»
exégètes allemands, les conclusions de l'enquête; Elles sont que les-
théologiens de l'Allemagne n'ont abouti à aucune explication satisfai-
sante des origines du christianisme et qu'ils se sont réfutés l'un
l'autre ; que leurs explications sont toutes partielles, bornées, super-
ficielles, systéniafiques. Chaque école cependant a mis en lumière
quel(}ues points de doctrine, que les catholiques admettent en les
perfectionnant et en les conciliant tous. La lecture de ces conférences
ne peut que détourner les Français et les Anglais de tout engouement
irréfléchi pour les constructions systématiques de l'exégèse allemande.
E. Mange.not.
Le Mystère «le rKçjlîse, par le l\. P. Ht mise ht Cléuissac. Paris, dès,,
1018. iii-U! dç« xxu-3t)S p., avec portrait. — Prix : .3 fr. 50.
La Préface placée eu tête de ce volume par M. Jacques Maritaiu
nous dit combien sainte et féconde fut la carrière religieuse du
U. P. Humbert Clérissac. Elle nous dit surtout, et dans un langage
émouvant de piété filiale, combien ardent était le loyalisme de l'élo-
quent Frère Prêcheur envers la sainte Église romaine et avec quelle
profondeur il scrutait le Mystère de l'Église. Ce (( mystère » était pré^
cisément l'objet d'un ouvrage que la mort a interrompu et dans
le(piel le II. P. Clérissac voulait nous communiquer le fruit de se-v
longues méditations sur la grandeur surnaturelle et les bienfaits
divins de l'imujortelle Épouse de Jésus-Christ. M. Maritain a eu rai-
son de croire que l'ouvrage inachevé méritait, tel quel, de voir le jour,
car le développement était déjà poussé assez loin pour que l'on y
trouvât en plein relief les idées maîtresses de l'auteur, qui fourniront
matière à des réflexions vraiment fécondes.
Le texte des deux derniers chapitres n'a pourtant que la valeur
d'une esquisse ou d'un premier brouillon. Il réclamerait d'amples^
•compléments et parfois une meilleure mise au poinL D'autre part.
Mi Maritain a voulu compléter l'ouvrage du E. P. Clérissac par le
— 40 —
lexlo inléginl ilii projet de conslitulioi) De Ecclcsia (iiravaicnt rlahoié
les IhcoJoijiens du concile du Vatican : soit une vingtaine de pagf«»
on latin avec traduction française. Le document est de grande valeur,
mais ne nous paraît pas avoir ufi rapport assez direct avec la personne
du R. P. Clérissac ni avec l'objet spécial du volume : Le « Myslcre »
de l'Église.
En revanche, que d'aperçus pleins de richesse et de beauté dans
chacun des premiers chapitres du volume! Peu de docteurs catho-
liques auront parlé d'une manière plus pénétrante, plus surnalurelle,
et, en même temps, plus rigoureusement théologique, que le pieux
auteur des pages avant pour titre : L'Église dans la })ensée de Dieu, le
Christ dans l'Église et l'Église dans le Christ, la persannaliié de l'Église,
la vie hiératique de l'Eglise:
C'est là une lecture profondément édifianle, el où l'édificalion jail-
lit des sources les plus anlhentiques et les plus pures de la doctrine.
\ VES. L)K I.A BrIÈIU;:.
SCIENCES ET ARTS
L.ti Merveilleux spirîte, par Lur.icK Houue. Paris. Ht-aiichesne. 1917,
in-16 de vui-398 p. — Prix : 3 fr. 50.
Aux heures d'angoisse et de deuil, beaucoup d'âmes ne sont que
trop accessibles à des crédulités ou à des curiosités, malsaines autant
qu'illusoires, à propos du monde invisible.
D'où la recrudescencf^ du spiritisme, de loccullisme, de la magie^
de la théosophie, bref de toutes les croyances ou pratiques supersti-
tieuses et troublantes qui flattent notre besoin]maladif du mystérieux
et du merveilleux.
L'existence indéniable de cette contagion donne une véritable
acliialité, tlisons mieux, ime précieuse utilité,, à un volume de docu-
mentation sérieuse, de critique perspicace, tel que celui dont nous
sommes aujourd'hui redevables à un philosophe de renom, le
H. V. I.,ucien Roure, depuis de longues années rédacteur à la revue
les Ulules. Son volume, intitulé : Ia' Merveilleux spirile, est le fruit
d'une patiente enquête, conduite avec le souci constant de discerner
4mparlialenu;nt le vrai du faux. Là où fleuri! généralement le racon-
tar, voici des faits. Là où régnent luescpie toujours les généralisations
somfuaires. les enthousiasmes intempérants, voici une discussion
réfléchie dont aucun esprit équitable ne saurait récuser la valeur.
Allan kardec, Agénor de (iasparin. William Crookes, le photo-
graphe Hugucl. Kus;q)i;i Paladiuo. Haraduc, Mlle Coue.sdon. LécMj
Denis et autres initiateurs ou opérateurs spirites sont l'objet d'études
curieuses el attachantes. De même, les philosophes qui ont tenté une
— 41 —
svslt'inalisalion scieiitiU(}ii«; (\rs |tlit''iiiiiiii'-nos du spiritisme : Max-
•\v('ll, lioitac, Grasset. Le I'. Home discute chacune des maiiifeslaliotis
^piiiles (|ui ont retenu ralteiiliou du public, puis dc'-crit la relijijjifru
vl la morale du spiritisme. Après quoi, il expose et inolive avec force
la réprobation de l'ÉjLîlise catholique à l'éjrard des cioyances spirite^.
^•ontraircs au dogme chrétien, et des pratiques spiiiles. où Ton peut
<;iaiiiilre parfois quelque influence diabolique et où Ion doit toujours
îsignaler un grave péiil pour la morale et le sens commun.
(Jrave péril aussi [)our le sens historique : car l'immense majorité
xles « faits merveilleux » agrées comme tels par les croyants du spi-
ritisme reposent sur la plus complaisante des crédulités supersti-
tieuses. Le P. Roure n'a pas tort de citer l'anecdote de Fontenellc à
})iopos d'une dent d'or qui serait poussée (en 159.3) à un jeune enfant
*le Silésie et qui donna lieu à de savantes controverses entre docteurs
des Universités germaniques. La dent d'or passa pour avoir été
envoyée de Dieu afin de consoler les chrétiens afïligés pai- les Turcs
v(.<tc). « Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages sinon
<iu'il fût vrai que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eût examinée,
il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beau-
<.-oup d'adresse. Mais on commença par faire des livres, et puis on
•«consulta l'orfèvre... » Lauleur du Merveilleux spirite paraît être ce
judicieux orfèvre. C'est avec profit que chacuii le consultera.
YVKS DE LA BhIBUE.
Cîours de yéométi'ie analvtique à l'usage de la classe, de saathé-
matiques spéciales et des candidats aux écoles du gouverne-
ment, par Georges Milhalid et Éuolard Pouget. T. l. Géoinélrie à deux
dimensions. Paris. Alcan, 1914, gr. in-S de ui-478 p., avec 13i fife'. et
■238 exercices et problèmes proposés. — Prix : 12 fr.
c( Les programmes par lesquels l'enseignement des mathématiques
spéciales a été rendu plus moderne, ont déjà duré assez longteni[)s
pour que l'adaptation de l'enseignement aux modifications qu'ils ont
-apportées puisse être réalisée dans les meilleures conditions. »
Cette remarque de M. Borel nous explique la floraison naissante^
««l'une foule d'ouvrages sur les mathématiques spéciales. Le but pour-
suivi par tous les auteurs est double : fournir une base sérieuse aux
lectures et aux études ultérieures, et surtout mettre en lumière les
4^léments nécessaires à la résolution des problèmes.
Le problème, en effet, joue un rrjle capital dans l'enseignement des
sciences exactes. Par lui, l'intelligence s'assouplit, car il faut appli-
4]uer les théories générales à des cas particuliers : l'esprit de synthèse^
se iléveloppe, puisqu'on doit, pour traiter une même question, coor-
donner des notions très éparses dans le cours. Et cependant, lorigi-
— 42 —
nalitc des tempcramenfcs^e conservé; car, en géométrie surtout, nom-
breuses sont les méthodes qui peuvent conduire au résultat.
Le cours de MM. Milhaud et Pouget répond parfaileinent à ce^
double objet. Des exercices nombreux etvariés terminent les cha-
pitres dont voici la distribution générale : Systèmes de coordonnées.
— Ligne droite, éléments imaginaires et à^l'infini. — Ra[)porl aniiar-
monique, homograpliie et iuvolution. — Cercle. — - Construction de
courbes (4 chapitres), les auteurs s'étendent avec complaisance sur
les points de rebroussemeiit, les' droites et les courbes asymptotes.
— Courbes délinies par des conditions géométri(iues, enveloppes. —
Propriétés intrinsèques des courbes planes, arc et courbure. — Étude
des courbes du second degré (^G chapitres dont le dernier a trait à
l'houjographie et l'involufion sur une conique).
L'exposition est précise et concise. Les élèves ne seront pas noyés
dans le détail ; ils trouveront, mises en relief, les notions fondamen-
tales et certaiives esquisses. pi<pianl la curiosité des meilleurs d'entre
eux, leur feront pressentir d'importantes généralisations, liiutilo
d'ajouter que les auteurs ont eu tous les scrupules du professeur de
mathématiques, pour qui la rigueur absolue est un dogme intangible.
Conformément au programme, ils ont signalé loyalement les théo-
rèmes qu'ils supposent établis et dont la démonstration, parfois
subtile, rebuterait de jeunes esprits, préoccupés avant tout d'action
ra[)i(ie et de marche en avant.
Soigneusement et clairement édité, cet ouvrage rendra de grands-
services aux. élèves et sera consulté avec ffuit par les professeurs.
. , - -: . , . . . •;, . , - . . . G. Bertra^id.
Conférences de eliiinie minérale fnîles à la Sorboiiiie. Métaux,
par Maiickl r.uiciiAKD. l*aris, (jaiiUiier-Villius. 1910, gr. in-8 de ix-i21 p.
— Prix : iï> fr.
Il y a peu d'ouvrages français sur les métaux destinés aux étudiants
de l'Université ; M-'Guicliard a pris l'initiative de combler cette la-
cune en publiant sos conférences de chimie à la Sorbonne. L'auteur
expo.so tout d'abord les généralilés indispensables sur les sels, les
oxydes, les hydrates, l'élcctroiyse des solutions île. sels, l'hypothèse
des ions... etc. ; il aborde ensuite la monographie des principaux ■
métaux. Laissant de côté les détails qui font déjà partie du pro-
gramme de l'enseignement secondaire, il insiste uniquement sur les
combinaisons caiactéristiques de chacjue élément ou qui ont servi à
a[)puyer quokpie loi de la chimie. Dans l'histoire il'im élément, M. •
(juichnrd s'atUK'he à recherclior une liaison entre tous les corps qui
contiennent un inf'îme métal e.t à mettre en évidence les réactions-
<le Iranslurmatiou. L'ordre adopté est le suivaat : les métaux.
— 4-3 —
alcalins, alcaliiio-tcrreiiv, magnésiens et ceux du groupe du for
foiineiit utic suite iniporl.uite où l'on voit se modifier piogiessive-
iiient les caractères ; vienneut ensuite les métaux plus dilïiciles à
classer : le groupe du cuivre, le plomb, les métaux du platine, l'or ;
enfin les mélaux métalloïdes tels (pie le bismuth, le vanadium, l'étain
dont l'étude ne se trouve pas toujours développée dans les ouvrages
sur les métalloïdes. La classification de MendeleelT, de l'avis de M.
Guichard, ne peut être suivie dans l'enseignement, son pi incipe étant
trop incertain. II. Coi.in.
I.a (*éolo(|ie bîoloijique, par Stanislas MELNir.n. Paris, Alcan. 1914,
in-8 de vii-328 p.. avec :20 grav. — Prix : 5 fr. oU.
Dans ce remarquable ouvrage, le professeur du Muséum, s'ap-
puyant exclusivement sur les méthodes géologiques, examine le
caractère de l'activité biologique, qui est en général un procédé de
synthèse fort différent des procédés de la chimie inorganique. L'être
vivant agit et par sa substance et par l'énergie dont il est le foyer.
De telles actions multipliées donnent aux produits de la chimie bio-
logique un volume prodigieux et modifient considérablement les
roches les plus communes de l'écorce terrestre : calcaire, silice, alu-
mine, fer, manganèse, soufre, carbonne, phosphore, azote, etc.
Actuellement, ces modifications se produisent dans trois milieux :
l'atmosphère, l'hydrosphère et la zoosphère et M. Meunier les recon-
naît dans les temps passés. De même, après avoir analysé la fonction
biologique dans l'époque actuelle, il reconstitue cette fonction au
cours des temps sédimentaires antérieurs. Après avoir insisté sur la
continuité du phénomène biologique depuis son apparition, il se
demande comment les flores et les faunes se sont succédé et finale-
ment comment la vie est apparue. D'après l'auteur, qui compare la
vie à la cristallisation « subitement, les entités dynamiques, homo-
logues de la force cristallogénique. mais relative aux agencements
physiologiques, sont sorties de leur inertie et elles ont produit des
êtres vivants comme les centres d'activité cristalline ont produit les
minéraux. » (p. 311). En somme la vie a déterminé la production de
masses rocheuses sans analogues antérieurs ; elle s'est développée au
milieu de conditions généralement constantes, sans changements
successifs de l'ambiance, conformément à une harmonie souveraine
qui domine toute l'histoire de l'Univers physique et qui est bien faite
« poiu- nous rassurer sur la finalité des choses et des êtres. » Ces
conclusions sont en grande partie nouvelles et l'auteur avertit qu'elles
sont plus ou moins opposées aux vues généralement admises par les
naturalistes ; elles n'en sont que plus intéressantes pour cela, car
elles détermineront un examen plus serré et une interprétation plus
_ 44 —
précise (les fjiils (\(' I;i géologie biologique et par suite un nouveau
])rogrés vers la connaissance de la vérité.
Il est regrettable (pie de nombreuses fautes d'impression déparent
cetcuvrage; en voici(]uel(pies-unes:corboniquepourcarbonique,p.5 ;
accariens pour acariens, p. 53 ; mycliorhizes, pour mycorhizes ; notre
pour nature, p. 70 ; préposition à manque, p. 85 ; gaslornis pour gas-
trornis. p. 95 ; tliales pour thalles, p. 90; cupule pour cupules, p. 147 ;
d'abrès pour d'après, p. 149 ; atuels pour actuels, p. 157 ; sembable
pour semblable, p. 158 ; accu-Dulation pour accu-mulation, p. 106 ;
épaisses pour épais, p. 167 ; Schlnba:achia pour Schloenbachia, p.
168 ; et pour est, p. 181 ; licllovocensis pour Bellovacensis, p. 183 ;
intimes pour intime, p. 187 ; tortorien pour lortonien, p, 203 ; em-
brogénie pour embryogénie, p. 210 ; dinanlion pour dinantien,
p. 221 ; races pour traces, p. 220 ; 'lœnipoleris pour Teniopteris,
p. 230 ; Stigmiara pour Sligmaira. p. 239 ; déterminant pour déter-
mine, p. 204 ; Ignanodo pour Iguanodon, p. 274 ; es pour est,
p. 281 ; chyastolitho pour cliiastolile, Dalamanites pour Dalmanites,
p. 292 ; 1980 pour 1906. p. 300. J.-B. Martin.
I^es Kaux-fortes de Kcmbrandt. I,' Ensemble de l'icnvre. La Technique
des « Ce.nl Jlorins >>. Les Caivres (ji-arés, par Andué-Charles Goi'I'IER.
Taris, Berger-Levrault, 1917, in-4 de vnt-138 p., avec 127 grav. — Prix :
40 fr.
Lorsque l'cTeuvie d'un artiste est jugée par un homme du métier,
on peut être assuré d'avoir grand profil à en lire la critique ; si l'ar-
tiste est Rembrandt, et si le graveur (jui l'étudié se trouve être, par
surcroît, un érudil et un écrixain, il \ a toutes les chances du monde
pour (pie le travail soit non senleuient profitable mais durable, et
sur certains points définitif. Tel est le cas du beau livre de M. André-
Charles Coppier sur Les Eaux-fuiies de RembraïuU. Bien des volumes
ont été publiés sur Rembrandt ; toutes ses œuvres connues, peintes
ou gravées, ont fait l'objet de nombreuses reproductions ; et cepen-
dant que de mystères encore dans l'histoire du plus surprenant des
maîtres ! Que de catalogues contradictoires, où, par ordre alphabé-
tique, les 373 pièces que lui attribue Charles Blan^ sont jetées pélc-
méle, sans le moindre souci de l'ordre chronologique, à moins
qu'elles ne soient classées, comme on faisait jadis, par séries de
sujets ! Au milieu des œuvres les plus sûres des faux se sont glissés,
introduits [tar la comf)laisance des marchands et des amateurs ; et
comment les expulser, sinon par une étude minutieuse de la tech-
iTnpie du iii,iîlre aux diverses périodes de sa vie ? Dcyà le graveur
anglais Seyiuuui-lladen s'y était essayé, mais avec un zèle si impru-
tlenl (ju'il léduisait presciue des quatre cin(piièmes le total générale-
— 4r, —
ment admis, et cela sur des considérations fort arbitraires de senti-
ment tout personnel. M. Coppier, tout au contraire, a inauguré tme
uiélliode que nous {)ourrions appeler d'expérimentation scienli(i(pje ;
car il procède, non seulement par un examen de la tecliriiqiie, du
maniement de l'outil, où son œil infiniment sensible lui découvre les
liabitndes prises et le retour des mêmes procédés, mais encore par
une analyse des matériaux eux-mêmes dont Uembrandl s'est servi ; il
a eu l'heureuse fortune de tenir en mains une partie des cuivres origi-
naux, qui, après les plus singulières aventures, ont survécu jusqu'à
nos jours. .Avec ces cuivres il a fait des essais de tirages aussi |)artaits
(jiio ceux d'autrefois, et il nous donne de précieux agrandissements
(jui sont pour l'étude du génie de Rembrandt des documents vraiment
révélateurs. Son analyse, ainsi conduite, de la célèbre pièce « aux
Cent llorins » est un chef-d'œuvre de méthode, et servira désormais
de hase aux éludes à venir. La superbe présentation du livre, où les
eaux-fortes les plus fameuses sont fidèlement reproduites dans leurs
dimensions d'origine, fait le plus grand honneur à la maison Berger-
Levrault ; et je ne saurais trop louer le goût et la passion sincère qui
soutiennent et réchauffent d'un bout à l'autre ce minutieux travail
d'investigation. M. Coppier fait mieux que de connaître tout l'œuvre
de Komhrandt ; son amour le vivifie et le ressuscite à nos yeux.
André Pér.\té.
LITTÉRATURE
Pierre Corneille, par \uguste Dorchain. Paris, Garnier, 1918, in-16 de
i,-;i!»4 p. — I^rix : 3 fr. 50.
On a certes beaucoup écrit sur Corneille. La matière pourtant
n'était pas épuisée, car M. Auguste Dorchaiu y a trouvé le sujet d'un
très bon livre. Douze chapitres le composent, intitulés : I. L'Enfance
et la Jeunesse, — Les Premiers Vers. — II. Premier Amour et pre-
mière pièce. — (( Mélite ». — III. Le Théâtre en 162Î). — « Cli-
laiiiire ». — « La Veuve ■-. — « La Galerie du Palais ». — IV. u La
Suivante ». — « La Place Royale ». — Une Collaboration avec Riche-
lieu. - V. (( Médée ». — « Llllusioii comique ». — Le Triomphe du
« Cid. » — VI. La Querelle du « Cid ». — « Horace. » — VU. « Cinna ».
— Le Mariage de Corneille. — « Polyeucte «. — VllI. « Pompée ».
' — « Le Menteur ». — « La Suite du Mentenr ». — IX. Corneille et
le nouveau règne. — De a Rodogune » à c Iléraclius ». — X. Cor-
iieille et la Fronde. — D* « Andromède » h « Perthsarite ». — Années
de retraite, — Le Poète de « L'Imitation ». — XL Vie intime. —
Molière à Rouen. — Retour au théâtre. — « Œdipe ». — <( La Toi-
son d'or ». — « Sertorius ». — XII. Corneille à Paris. — La Rivalité
avec Racine. — Une Collaboration avec Molière. — Dernières Année*
cl deniicies œuvres. — Conclusion. — L'un des caractères et des
mciitcs particuliers de l'ouvrage est l'abondance des détails histo-
riques, biograpiiiques et topograpliiqucs que l'on y trouve. Les cir-
constances et les milieux où a vécu Corneille et où son œuvre s'est
produite y sont étudiés de près et présentés avec une exactitude tou-
jours instructive, souvent pittoresque. L'auteur a perçu, quelquefois
pcut-éiro imaginé des rapprochements neufs et ingénieux. L'étude
morale et littéraire de l'œuvre du grand tragique n'a pas d'ailleurs
été sacrifiée à l'allure narrative et anecdotiquc du livre. Elle a été, au
-contraire, autant (jiie possible, poussée à fond. Le style se ressent du
voisinage de Corneille, mais aussi, moins heureusement, d'habitudes
romantiques. L'ouvrage mérite de durer. M. S.
Frédéric Mistral, poète, moraliste, citoyen, par Pieure Lassekhe.
Paris. Payot, IDl.S, in-16 de 286 p. — Prix : 4 Ir. ;JU.
Frédéric Mistral est un grand poète. 11 serait, croyons-nous, diffi-
cile de mieux comprendre la nature et le caractère de son talent et de
ses idées dirigeantes que ne l'a fait M. l'ierre Lasserre. Il a étudié de
façon précise et avec une vue pénétrante ses œuvres d'une part et de
l'autre ses doctrines, mais en mêlant et en fondant l'une dans l'autre
ces deux études en douze chapitres, savoir : 1. Mistral, poète de lu
patrie. — IL La Vocation du poète. — III. Les Influences : I Le
Mouvement des nationalités. — IV'. Les Influences MI. Le Jacobi-
nisme centralisateur. — V. Fondation du félibrige. — VI. Mireille. —
VIL Calendal ; I. L'Idée générale. — ^'1II. Calendal : IL Les Épisodes.
— IX. Nerte. — X. Le Poème du Rhône. — XL L'Œuvre lyrique. —
Xll. Vue d'ensemble. Dans l'examen des œuvres M. Lasserre a déve-
loppé de justes et perspicaces considérations d'esthétique et de goût,
de style et de versification. Telles sont, par exemple, ses réflexions
^ur la littérature prétendue primitive (p.- 22) et sur le fens du par-
fait dans les lettres (p. 26o et suiv ) ; telles ses observations sur les
mètres et les rythmes employés par Mistral. Ses analyses sont senties,
vivantes, passionnées, qiieUpicfois' un peu obscures ; ses cilalions
bien choisies. Sa traduction rythmique de la Chanson deSiiffrcn (p. \)i}
est particulièrement remarquable. Dans l'examen des iloctrines du
poète, M. Lasserre a introduit l'exposé des siennes propres, très inté-
ressantes. Il a touché aux points suivants, indiqués, encadrés sur la
couverture même do son livre et la page du litre : La Nationalité, les
Provinces, la Décentralisation, ridéelatine, la Civilisation catholicpie,
rilunanisme moderne. C'est donc un ouvrage de politique et de
[)liilosophie en mèiuo leujps- que de littérature. L'histoire aussi y
• lient \\\\Q place. Nous signalerons à cet égard la distinction exacte et
■^ fine établie cnlrc la cenlralisation monaichiquc des derniers temps de
— 47 —
l'aiiciciine France et la centralisation actuelle, issue rie la Révolution
<^t(io l'Enipire (p. 59 et suivj. Nous citerons encore les observations
judicieuses et perspicaces sur la guerre des Albigeois (p. liO et suiv.).
Nous relèverons à ce propos un léger la/)S(is. Ce n'est pas le clief do
<3etle terrible croisade, Simon de Montfort, mais bien son lils. de même
nom. qui fut comte de Leicesler (p. 147). Une autre erreur est d'attri-
buer à notre Bretagne l'origine du cycle des romansde la Table ronde
(p. 41). C'est de Grande-Bretagne qu'il vient. M. Lasserre est i^ vi-
goureux penseur et son style est digne de sa pensée,, dru, ^|ré,
un p('u tendu, avec un éclat pour aitisi dire métallique. L'élé^ffice
ne lui est pourtant pas toujours étrangère et nous avons cru remar-
(luer comme un heureux écho de Racine dans son chapitre sur A'cr/g.
Quoi qu'il en soit c'est un écrivain qui laisse dans l'esprit du lecteur
une forte trace. La gloire de Mistral se trouvera bien de son livre.
Mahius Sepet.
Payes choisies de Rubén Daiuo. Choix et préface de Ventuka Garcia.
CAr.DKuÔN. Traductions de Marils Anuré, G. Jean Albky, Alfred de
BenuoeghIîa, Jean Cas.soii, Max Daireaux, Georges Hérei.u;. M""" 13. M.
MouENO, Georges Pu-lemext, (jabriel Soulages et André Wurmser.
Paris. Alcan, 1918, iu-8 de xl-149 p.,,aveç poitiait. — Prix : 3 fr. 50.
Né à Chocoyos en Nicaragua le 8 janvier 18G7, mort le 6 fé-
vrier li)iO, Félix Rubén Garcia Sarmiento, qui s'est illustré comme
écrivain sous le nom de Rubén Dario, emprunté à l'un de ses aïeux,
est une des gloires de la littérature espagnole contemporaine. Il a
exercé sur toute la jeune école de l'Amérique du sud et même de
l'Espagne une influence considérable. Lui-même s'est formé en partie
à l'école d'un de nos compatriotes, Paul Groussac, qui a joué dans
l'Argentine un rôle littéraire assez important : « Il m'apprit à penser
en français », a-t-il dit lui-même. Et, en effet, Dario a toujours eu
pour la France et pour sa littérature un véritable culte ; si l'Espagne
est demeurée pour lui « la mère patrie », il a salué dans la France
« la Patrie universelle. » Et quelques jours avant le déchaînement de
la guerre actuelle, il écrivait en français pour le 5'' anniversaire du
Comité France-Amérique, le 25 juin 1914. cette belle Ode à- la 'France,
qu'il faut remercier M. Garcia Calderon d'avoir insérée dans le choix
qu'il nous offre des œuvres du grand poète : les pages que l'on trou-
vera ici, dans des traductions , dues « à qiïelques écrivains d'élite,
choisis parmi ceux qui connaissent le mieux. les littératures d'Espagne
et d'Amérique », écrites les unes en prose, les autres en vers, donne
ront une idée du" beau et souple talent de l'illustre écrivain dont la
mort prématurée est due, en partie au moins, à l'horreur de laguerre.
Peut-être eussions-nous- préféré ^'au' lieu de nous présenter de
— 48 —
<|iiflques morceaux deux traductions dilTérenles. l'une en prose et
l'autre eu vers, on augmentai le nombre des pièces traduites, que
Ton nous donnât par exemple dans son intégrité l'Hymne a l' Argen-
tine. Mais, tel qu'il a été fait, le choix nous semble excellent; il y a
là des pages vraiment belles et éloquentes, dignes de figurer dans la.
« Bibliollièque France-Amérique » et de se fixer dans la mémoiie de
tout homme de goût.
Il est fâcheux seulement que trop de fautes déparent ce petit
vohAe. si propre à faire comprendre cl goûter la littérature sud-
américaif.c. E.-G. Ledos.
Mon Journal lîll». Paris, Ilaclietle. gr. in-S do 832 p., illustré de
nombreuses gravures on- noir et ou coulem-.s. Abonnement annuel :
Franco, 1(J fr. ; Union postale, i2 fr. Prix du volume reliure toile,.
Il-, rouges : 1 i tV.
<|ui *.* I*otirqiioi '.* (Comment '.* L'Encyclopédie de la jeunesse,
ToMio [V l'jiiis, Larousse, s. d. (1918), gr. in-8 carré paginé 129 —
200 + 21G1 — 2880 -f iv, avec 700 grav., 9 hors loxie en couleur et ut»
Supplômont illustré : Les IiiKu/es de la guerre. — Aboiuienient à 9 n"
couslituant un tome : Fianoo, 10 fr. ; Étranger, 12. Prix du volume
reliure toile, tèfe dorée : 12 fr.
Histoire d'un casse-noisette, par Af.exandiie Dcmas. Paris. Hachette,
19IS. in-ltl de xi-227 p.. illustré do 1231 vigneltcs pnr Bortall {LiibUolhcqae
rose illustrée). — Prix : Broché, 3 fr. ; cartonné, tr. dorées, 4 fr. 50.
— L'année de dure épreuve 1918, qui devait être celle de la vic-
toire, a. comme les précédentes, trouvé Mon Journal sur la brèche.
Avec quelle allure militaire et patriotique ! Avant même d'ouvrir
le volume, on en a l'impression en regardant le premier plaides cou-
vertures où l'on voit trois adolescents anglais, américain et français
— ce dernier au bout de la légendaire pipe du « Poilu » — se serrer
cordialement la main. 11 convient donc, en premier lieu, de men-
tionner des récits de guerre ; non pas tous — ils sont trop — mais
<eux qui ont le plus i)arliculièrement retenu notre attention. Voici
lEcadé : M. Marc Saunier a écrit sous ce titre une nouvelle que nul
ne pourra lire les veux secs. Le même écrivain nous donne aussi :
Ix Mar(]uis de la Boarse plate : noie gaie. M. Norbert Seveslrc, à son
tour, laconte comment l'un des six Petits l'Jiasxears d'œiij's ronges.
qu'il nous j)réseute, fait arrêter urt Hoche, cpii fut naguère le bour-
r<'au (\v son père caj)lif eu Allemagne. Citons eu courant : Fcrnand
de liohden, par M. Auguste Hailly ; Deux Cœurs d'or, par .M. Marc
'Saunier ; L'Auberge des « Trois Obus >» et la Maison mystérieuse, par
le même ; Le Moulin, par M'"" Andrée Dalny, etc. Dans un genre plus
.sérieux, enregistrons : (Uiez tes aveugles de la guerre (article signé
M. G.) et le Canon gui tire sur l'aris, par M. Maxime Vuillaun)e, —
— 49 —
rarini les sujets qui ne se rapportent pas à la Grande Guerre, nons
-iwons remarqué : Le Voltigeur hollandais, inléressanle légende mari-
time. ])ar M. Maurice Couallier ; Extraordinaire Vocation, où M. René
Miguel, avec beaucoup d'entrain, montre par quelle circonstance l'il-
lustre peintre Murillo s'aperçut, un beau matin, qu'il avait un élève
inconnu, bientôt découvert, auquel il prédit lo succès et la gloire.
On trouve aussi ilans Mon Journal, sans compter ce que nous passons
15OUS silence, trois romans d'assez longue lialeine : La Coupe des
Minimes, par M. Norbert Sevestre : Mallie Briggs et liosc Crillon, i)ar
M. M. du Genesloux et enfin les Sous-Mari/tsJ'a/ilônies, par M. Georges-
<î. Tondouze, récit qui plaira à tous les âges, car, par ses aventures
•extraordinaires, il reflète la manière de Jules Verne.
— Pour la j)remière fois, nous avons à parler du gracieux pério-
-dique mensuel que pul)lie la liljrairie Larousse sous le titre : Qui ?
Pounfuoi ? Comment ? L'Encyclopédie de la jeunesse. Le tome 1\ de
la collection, dont la matière a paru en 1918, est un énorme volume
de près de 800 pages, illustré à profusion et habillé d'un cartonnage
î;imple, mais solide. Ce qui frappe tout de suite, c'est la grande
variété des sujets, catalogués à la table en douze sections dont la
seule indication évoque des idées et excite la curiosité, savoir : i. La
Terre et son histoire ; 2. Le Livre de la nature ; 3. Tons les pays ; 4.
Les Grands Voyages ; 0. Histoires, contes et récits ; 6. Oui? Pourquoi?
Comment ? 7. Choses qu'il faut connaître ; 8. Hommes et femmes
célèbres ; 9. Pages à lire et à retenir : 10. La Vie et la Santé ; 1 1. Jeux,
travaux et occupations ; \2. La Guerre libératrice. Ajoutez à cet en-
semble un Supplément illustré : Les Images de la guerre dont les
72 jiages sont placées en tète du volume. Ces « images >>, au nombre
de 150 environ, représentent des scènes maritimes, terrestres ou
aériennes : c'est un kaléidoscope des plus intéressants. Impossible de
citer, même en choisissant, tout ce qui mériterait de l'être. Notons
cependant, dans la .o^ section, un conte amusant : Alice au pays des
merveilles et dans la 8'^ : Sainte Geneviève et les Huns. Enfants et
parents prendront plaisir à ces lectures où la science en ses diverses
manifestations, la littérature et l'histoire sont largement représentées,
sans prétention, d'une manière aimable.
— Qui aurait supposé qu'.\Iexandre Dumas, conteur si français
dallure, aurait marché, certain jour, sur les traces — j'allais dire les
j)lale-bandes — d'Hoffmann '? Son Histoire d'un casse-tioisette, que
nous donne la « Bibliothèque rose », est renversante. Sachez d'abord
que ce casse-noisette, à figure grotesque, n'est autre que le neveu
d'un vieux savant de Nuremberg, rapetissé et figé en quelque sorte
{)ar ensorcellement. D'apparence, il est en bois. Le savant offre l'ob-
jet à l'une de ses petites nièces qui se sent prise aussitôt d'une
Janvieiv19I9. T. CXLV. 4.
— 30 —
extraordinaire sympalhic pour la monstrueuse figure. Dans ce conte-
fantastique l'on voit s'agiter — il faut voir comment ! — un roi, une-
reine, des princes, des princesses, de malfaisantes souris, des enfants,
leurs parents, et j'en passe ! liref, d'aventure en aventure, de protlige
en prodige, le casse-noisette finit par reprendre sa forme humaine et
par épouser sa charmante cousine qui l'a toujours soigné et protégé
quand il était en bois. Illustration abondante et amusante.
E.-A. Chapcis.
Les Contes de fées de la guerre. La Petite Reine \oble de Bei-
<|iqiie, par M"'' A. Galandy. Paris, Delagrave, liJlS. album petit in-4 de
'.\2 p.. iliuslialions de A. Raynolt. — Piix. cartonné : 2 fr. 25.
La Première Chasse de l'oum, toxte et dessins de Mad Hijumet. Paris,
Haclietle. s. d. (1018). albiun in-4 de 25 p. — Prix, cartonné : 2 fr.
Les Campajjaes de M. Trouvé-Tout sur terre, par H. Lanos. Paris,
Hachette, s", d. (1918), album in-4 de 12 p. — Prix, cartonné : 2 fr.
Les Campayiies de M. Trouvé-Tout sur mer, par le même. Paris,
Ilaciiette, s. d. (liJhS), al-I)uin in-4 de 12 p. — Prix, cartonné : 2 fr.
Les Oiseaux chantent, par R. de la INézikkf,. Paris, Hachette, s. d.
(IIMS), album in-4 de 12 p. — Prix, cartoiuié : 2 fr.
Nos Animaux, par le même. r\Tris. Haclielte, s. d. (1918). album in-4
de '12 p. — Prix, cartoiuié : 2 fr.
— Dans sa dernière livraison, le Polyhiblton (novembre-dé-
cembre 1918, t. CXLllI, p. 3(11) a présenté à ses lecteurs les deux
albums de M"" A. Galandy. ilbislré par A. Uaynolt : La Petite Serbie
q\ la Princesse llalia. En voici un troisième : La Pclile Reine Noble de
HcUjiqite. C'est, cela se devine (lisément, l'histoire, à l'usage de l'en-
fance, de l'odieuse agression allemande dont la Belgi(pic a tant souf-
fert pendant plus de quatre années. Là, nous retrouvons, agissant
comme les personnages de contes de fées, l'Ogre Boche, le Hull-dog
anglais le Coq gaulois, plus le Génie de l'Honneur (le roi Albert) et
la Fée de la Bonté (la reine Elisabeth) et si l'on n'assiste pas encore
à la punition de l'Ogre Boche et au triomphe de ses adversaires, on
pressent ce triomphe et cette juste punition. Cet album de la librai-
rie Delagrave est le digne pendant des deux précédents.
— La Première (lliasse de Poum est le seul des cinq albums de la
librairie Ihichette (pii soit accouipagné d'un texte formant récit. Mad
llerniet nous apprend là comment le jeune Poum et son chat Mimi
nouent des relations hostiles d'abord, puis très cordiales, avec la
girah? Arabella. l'éléphant Boby. l'ours Joë et la tortue Milady, pen-
sionnaires d'un circpie en libre promenade, et ce (pii s'ensuivit.
— Les Campagnes de }L Trouve-Toul xa/'/c/vc débutent bien : grâce
à sf)n dirigeable, notre inventeur captuie deux généraux allemands.
Mais certain soir, il est assailli par une allreusc hèle : c'était le pre-
— 51 —
?uier tank ! — Sur mer, M. Tiouve-Toul (;.4 le Jjéioà d'aveuluresi^pp
pareilles. Entre autres exploits, d'un jet de son liquide glace-mer, il
transforme presque aussitôt un sous-marin en bloc de glace. Si vous
voulez en savoir davantage, voyez ces deux albums dûs à la haute
fantaisie de M. H. Lanos.
— Avec M. il. de la Nézière, les enfants, en ouvrant raibum inti-
tule : Les Oiseaux chanlenl, s'amuseront beaucoup en regardant les
douze grandes scènes de « chant » où figurent autant d'espèces d'oi-
seaux, depuis le perroquet jusqu'au dindon, en passant par la pie. le
rossignol, le coq et plusieurs autres. — Du même M. de la >«ézière,
voici l'album qu'il consacre à Ao.s Animaux, rangés par ordre alpiia-
bétique, en commençant par l'Aigle et finissant par la Zibeline. Cet
album servira utilement aux mamans qui, de façon agréable pourles
tout petits, voudront initier ceux-ci aux premiers mystères de la lec-
ture.
Les images en couleurs des cinq albums de la librairie Ilacliclte
sont très attrayantes. E.-A. C.
HISTOIRE
Dans l'Orient byzantin, par Ciiarlks Dieih,. Paris, de Boccard, l'.JIT,
in-lG de vn-3.31 p. — Prix : 3 fr. 30.
Gomme dans tout ce qu'il écrit, .M. Diehl a su joindre l'agrément
d'une forme piquante à la solide érudition du fond. Toutes ces
matières byzantines lui sont si familières qu'il semble s'y jouer, et
son art consiste précisément en ceci que. disposant d'une masse de
matériaux dont un esprit moins avisé et moins soucieux de plaire
j)Ourrait sans peine nous accabler, il sait, tout en instruisant, ne
nous en donner que la fleur. Recueil d'articles et de conférences, quel-
ques-unes de ces pages prennent un caractère d'actualité sur lequel
n'avait pas compté leur auteur. A part une étude sur la si curieuse
église de Sainte-Marie- Antique, retrouvée il y a quelque vingt ans au
pied du Palatin, et un rapide et lumineux essai sur Rome, reliquaire
d'histoire, c'est à travers les monuments, l'histoire, et les honjnies
de l'Orient byzantin que nous promène l'auteur : sanctuaires chré-
tiens d'Egypte, aimables souvenirs de la belle excursion que fut Le
deuxième congrès archéologique ; Bethléem et le sanctuaire de la
Nativité, à propos du beau livre des P. dominicains Vincent et Abel ;
Salonique, sortie soudain de sa |)énombre, nom qu'indépendammet» L
des grands intérêts qui y sont en jeu, la présence de tant d'êtres chers
retient sans cesse dans la pensée d'un grand nombre d'entre nous,
Salonique dont, hélas ! l'auteur de ces pages aura l'un des derniers
parmi les savants, contemplé les nobles basiliques et les splenoides
•;o
mosaïques ; Conslanlinople, devenue hostile, et Saiiilo-Sf>pliie. et les
souvenirs byzantins dabord, puis la métropole islaMiicpio avec soa
pittoresque somptueux, depuis longtenjps atténué, presrpie effacé ;
Chypre, où nous ramène le beau drame lyrique de. J. d'Vnnunzio,
la Pisanelle. De belles pages d'histoire : l'œuvre de Byzance dans
l'Italie méridionale ; l'empire latin de Conslanlinople : l'érudition
soutenue par une fine critique d'art: iillnsLraUon du Psautier dans
l'art byzantin. Enfin, car les hommes retiennent le subtil écrivain
aon moins que les faits et les monuments, deux portraits : l'un du
^;age et praticjue seigneur Caucomenos, l'autre de la pitoyable et
douloureuse princesse de Trébizonde, l'héroïne aux destinées roma-
nesques. Pyschologie, paysages enlevés avec un art exquis, discus-
sions serrées, larges tableaux d'histoire, on trouvera tout cela dans
cet aimable et savant volume, qui, comme chacun de ses prédéces-
seurs, fera vivement désirer le suivant. André BAUimiLi,.4UT.
Les Collections canoniques romaines de Tépoqne «le <ilré-
goire VII, par Paul Foukmkr. Paris, C. Klincksieck, l'JttS, in-i, de 131 p.
— Prix : 5 fr. 50.
Cet important mémoire éclaire un des aspects les plus intéressants
de la réforme grégorienne. Celle-ci prétendait, à tort ou à raison,
restaurer la discipline des premiers siècles. Elle sentait le besoin de
s'appuyer sur des textes. Les collections antérieures ne pouvaient
sullire. Elles étaient encombrées de textes douteux, oiseux, en con-
tradiction avec des principes essentiels, empruntés à des sources
anglo-saxonnes, franques, germaniques, qui avaient toujours éveillé
les défiances de Home. 11 fallait revenir à la tradition purement
romaine, et remettre en honneur les titres de ce Siège apostolique,
seul capable de faire la réforme. A ime époque où l'art de manier
les idées générales était dans l'enfance, on aimait procéder par des
recueils de textes choisis, groupés, au besoin interpolés, de manière
à faire masse et à servir d'instruments de propagande. C'est ainsi que
Grégoire VII a été l'inspirateur d'un véritable mouvement d'érudi-
dilion et de recherche de documents. L'œu\re (pi'il avait vainement
, demandée à saint Pierre Damien, d'autres l'accomplirent, de son
temps, et notamment les auteurs des (piatre recueils (pi'étudie
M. Kournier : la collection des 74 titres, Xcdapitulare du lardinal Altnn.
les collections d'.Vnselme de Lucques et de Deusdedit. M. Fournicr
rend plus (pic vraisemblable que ces compilateurs ont utilisé une ou
[)lusi(urs sources communes, des collections antérieures, classées
par ordre chionologique. intei'médiaiies entre leurs lecueils méllio-
(li<p)i's et les oi igiiiaux. Il énicl.cn Ici iiiiiiaiil . une 11 ypolhrscî très
séduis.iiil»' : ec seraient les d chasseurs de textes» de (irégoiie \ll
<jui amaioiit remis an jour, ikhi soulomcr)! \'.\ul/tciilit/i(('. ro (\m est
■c.crlHin, mais los Pandecles. « Lu reiiaissiuiti; du droit rouiaiii... se
lallaclie par ce lien étroit à la transformation du droit canonique qui
i'nl la cons('(]ucnce de la réforme de Grégoire VII. »
K. JOKDAN.
I^cçoiiH (l*hi»4toire franciscaine, par le i{. ['. l'iH\\.\> ij'Ai.i::nço>. Coris,
Librairie Salnt-Krançois, 11)18, it)-16 de vi-31)6 p. — Prix : 4 fr.
Ce n'est pas rigoureusement l'ordre chronologique que suit l'auteur
dans ce résumé de sept siècles d'histoire franciscaine. Après avoir
«squissé la pliysionomie du Poverello — les deux âmes les plus francis-
caines, depuis le maître, lui paraissant sainte Claire et sainte Colette,
il étudie successivenient, la spiritualité des disciples de saint Kran-
<^is. leur philosophie et leur théologie, leur prédication, la lutte
<prih ont menée, contre le protestantisme et contre le jansénisme,
leurs missions, leur rôle aux armées, le rayonnement franciscain sur
l'art. 11 fallait èlre^aussi érudit que le l\. V. Lhald pour traiter un
aussi vaste programme sans demeurer ilans les vagues généralités,
ou bien sans se perdre dans les détails et s'exposer à de nombreuses
inexactitudes. Je n'en ai relevé qu'une seule, une sorte de faute d'im-
pression : Jean de Bernitres. l'ami du 1*. Eudes, est qualifié (p. 60)
iV intendant de Caen, alors qu'il y fut seulement trésorier des
financées. (Uiaque chapitre est suivi d'une bibliographie sommaire,
mais très judicieuse. L'auteur n'a pu faire autrement que de renvoyer
f)lus fl'une fois à ses propres ouvrages. Et, même sans ces, renvois,
on sentirait souvent que des matières qu'il résume il a une connais-
sance approfondie. On sent aussi qu'il a bien vu et goûté le paysage
assisien. Ces léchons méritent de trouver auprès des lecteurs le môme
succès qu'elles ont obtenu auprès des nombreux auditeurs qui les
ont écoulées à l'inslilut catholiqtie de Paris.
Baron A?it;oT ues HoroLns.
f*es Survivances françaises dans IWlIeaiagne napoléonienne
depui.s IHIo, par Jui.m;^ I'iovf.ue. Paris, Aican, 1918, in-iS de vuf-iJ5 |).
— Prix : 7 fr.
Considérable depuis Louis \IV". l'inlluence française en Allemagne
<Ievint prépondérante avec les victoires et les conquêtes de Napoléon .
Elle lui survécut. « Nous avons, dit M. Julien Hovère dans l'Avant-
Propos de son bel ouvrage, trop bénévolement adopté en France celle
thèse prussienne, devenue plus tard allemande, selon laquelle notre
<lominalion avait élé funeste à l'.AJlemagne et n'y avait laissé que des
haines... Or c'est à peu piès le contraire qui est la vérité. » Cette
■N'érilé, M. Hovère s'est attaché à la mellre en lumière par une abon-
— u —
tlaufp (\f faits précis, irciieillis à des sources sûres, pourj la plupart
allemandes, et qu'il a gt-oiipés aiusi qu'il suit : Première partie. De
/^/f) à 1S50. Chapitre I. L'EITorl des gouvernements sur la rive
gauche du Rhin. Cet efFort avait pour objet d'y effacer la trace pro-
fonde et chère du régime français. II. L'Hostilité des populations rhé-
nanes (contre le régime prussien). 111. La Lutte de Napoléon. L'auteur
éftablit par des preuves multiples l'existence vivace et prolongée
d'un (( bonapartisme allemand. » — « Pendant de longues années,
fVit-il, rKmprreur déchu resta un personnage populaire, et la France
participa de son prestige, n — IV. Les libéraux et la France C'est
vers la France qne, du moins en très grand nombre, les libéraux alle-
man<is. courbés à contre-cœur sous des gouvernements .autoritaires
et même arbitraires, toiirncrent leurs regiirds et leurs espérances,
notamment dans la vallée du Rhin et dans les États du sud. La révo-
lution de 18:^0 dé\c.loppa"ces dispositions francophiles, très vives à la
veille de la révolution de 1848. A ce moment, dit M. Rovère, « c'est
nous qui sommes l'espoir des libéraux allemands, abstraction faite
de quelques teiitomanes irréductibles dans leur germanisme. Les popu-
lations du sut\ sont i)rèles à se ranger sous notre alliance et à nous
abandonner la rive gauche du Rliin fpourvu que nous les délivrions
delà réaction austro-prussienne. La rive gauche du Rhin elle-même
désire ardemment secouer le joug qui pèse depuis si longtemps siir
elle, n V. La Révolution de 1848. Tableau très remarquable du contre-
coup de celte révolution en Allemagne, dans lequel l'auteur a fait
particulièrement ressoitir « tout ce qui manifeste l'intensité de l'in-
fluence française dans les pays que noiis avons désignés sous le nom
d'Allemagne napoléonienne. )> — Deuxième partie. De i6'âO à 1870.
Chapitre VI. La Rive gauche du Rhin. L'auteur expose ici les progrès
de l'assimilation prtissienne, dûs notamment à l'essor industriel et
commercial, favorisé, pi'ovoqué même par le gouvernement de Ber-
lin, et constate néanmoins la persistance de l'anliprussianisme rhé-
Tian. V'II. Napoléon 111 et l'Allemagne française. L'Apogée. Chapitre
trèsnenf,,. trè:? imnortant à la fois pou i; l'histoire contemporaine de
l'AMeimagne et ])our celle du second Empire. « Napoléon III, dit
M. Rovère, a exercé sur la plupart des Allemands une fascination
• dont l'histoire offre peu d'exemples. Avant d'être le vaincu, il a
presque été un maître ardemment souhaité, et, s'il est vrai que les
fautes de sa politique aient entraîné la France dans im désastre, du
moins esl-il exact de dire (pi'il .s'est acheminé à la catastrophe par
une route triomphale. Nous allons montrer que lAllenuigne française,
éblouie par la ))ersonne du second enipereur^ s'c>lTiait à lui avec
.<*nth<Misiasme. et (pi'il occupait au-delà du Rhin une situation- morale
.*;ans piécédcnl ditnJjj <•<.{ h jamais regrettable (pi'il n'ait pas su pro-
— .);) —
Titer. )) — Vni. L'Ofleiisivc pnissicniio (186i-l8(iG). Exposé de la
politique inau^'uiée par Ijisrnarck en Allemagne, des résislauces
qu'elle y i-encontra, de lasceudant qu'elle y conquit et des funestes
égarements de la politique française, dirigée à contre-sens par les illu-
sions et les chimères de Napoléon 111. — 1\. D'une guerre à l'autre
(!8tl(.>-lH7(>). Invasion croissante de l'Allemagne par rinducnce prus-
sienne et alfaiblissemcnt correspondant du prestige français. M. Ro-
"vère consacre surtout ce chapitre à exposer en détail ce qui subsiste
néanmoins de contraire à cette fâcheuse évoliation. « Nous allons,
dit-il, exposer, contrée par contrée, quels éléments de résistance
forment encore rempart contre la monarchie des Hohenzollern, et
nous distinguerons, eu tenant compte à la fois de l'indépendance qui
leur reste et du degré de francisation qui est le leur, plusieurs groupes :
d'abord les territoires annexés en 1866 ou soumis à la politique ber-
linoise, ensuite ceux qui sont restés totalement ou partiellement en
dehors de la Confédération du nord, enfin nos quatre départements
de la rive gauche du Hhin. » — Troisième partie. De iSlO à 191^.
Chapitre X. La Guerre de 1870-1871. Triomphe, mais non pas sans
difficultés, de la politique prussienne. Sympathies qu'eût encore trou-
vée une victoire française. XI. Le Kulturkampf, Chapitre remar-
quable, plein de détails curieux. Selon M. Rovère, la pensée de Bis-
marck, consistant à identifier les intérêts de la France avec ceux de
l'Église romaine, reposait sur une vue juste. D'où l'absurdité du
Kulturkampf français. XII. L'Acceptation et les dernières survivances.
L'Empire prussien est devenu maître de l'Allemagne et même de
l'opinion allemande, non sans laisser quelques vestiges de l'état d'es-
prit antérieur. Celte domination reconnue et acceptée est surtout le
résultat du « prodigieux développement économique du pays tout
entier. » Mais, selon M. Rovère, elle n'est pas sûre del'avenir. u Tous
les États, dit-il pour conclure, qui composent l'Allemagne actuelle,
pris un à un, sont solides, y compris et surtout la Vieille-Prusse,
c'est à-dire celle qui s'étend à l'est de l'Elbe. C'est l'Empire au con-
traire qui ne lest pas. Il est né de succès militaires ; il a subsisté en
tant que coalition d'intérêts ; il ne doit pas smvivre à la défaite,
pourvu que celle-ci soit totale et que nous pénétrions chez nos enne-
mis. Alors, après l'écrasement du bloc germanique, quand nous
aurons retrouvé aux bords du Rhin la place que nous assignent l'his-
toire et la nature, le champ restera ouvert, à l'ouest et au sud de
l'Allemagne, pour une grande politique française. » Quoi que l'on
pense de cette vue, elle est la conclusion d'un ouvrage de forte et
solide valeur. M.iRïus Sepet.
— 56 —
HiMtoirc de trois générations 1815-101», par Jacques Bainvili.k^
Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1918, in-16 de 287 p. — Prix : 3 fr. 50.
Kn lisanl le volume j'ai noté sur les marges les passages qui me-
semblaient à retenir par leur forme lieureuse, claiie, pénétrante ;
et en le fermant j'avais donné plus de cent coups de crayon. C'est-
dire mon opinion et déclarer l'agrément de l'étude. Exprimer aussi
i'impossibililé de reproduire ces phrases parfois lapidaires. La forme-
est originale sur laquelle le fond se développe : les titres des douze-
chapitres présentant leur saveur inattendue dont on ne saurait non.
plus résumer le to«ir humoristique. M. Jacques Bainville reprend
d'une plume large et acérée toute la politique extérieure delà France
au xix" siècle, il en souligne l'inanilé u romantique », dont les révo-
lutions de 1830 et de 1848. les rêveries humanitaires du second
Empire et les abaissements- pacifistes de la troisième République ont
été les instruments inconscients, ou coupables et maladroits, vis-à-vis-
du militarisme prussien. Le courage guerrier du vieux sang français-
iious a sauvés de la catastrophe. En cours de route on voilcecjue valeriL
pratiquement le principe des nationalités, la Société des nations,,
et autres grandes formules un peu chimériques.
Ces chimères le bon sens français de Jacques Bainville les saisit et
les combat, les déplore et les réduit à rien. Son raccourci de la Hes-
tauration, son tableau d'une famille de la petite bourgeoisie s'impré-
gnant alors de « l'Évangile de Sainte-Hélène », son récit de la mort
de Baudin sur les barricades en lSf>\, ses vues sur la guerre de Cri-
mée (p. 130 à 141), les débuts du rôle de Bismarck (p. 152). sa poli-
tique en Allemagne (p. 180), les désillusions des rêveries révolution-
naires internationales après la Commune faisant suite aux désillusion.s.
sociales après les journées de juin (p. 101), les extraordinaires motifs-
de l'alliance franco-russe en 1897 ([>. 253), les misères du parlementa-
risme au début du xx« siècle (p. 259), tous ces points d'histoire sont
touchés avec une verve qui fait de ce livre une œuvre personnelle et
particulièrement attachante. G. G.
Les Précurseurs. Histoire de la Kévolution, de 184}J, par Gas-
ton Boi;.Nioi,s. Paris, Delagrave, 1918, in-18 de 448 p. — Prix : i fr.
On possède deux bonnes histoires générales de la Révolution dfr
1848, tout "S deux en deux volumes : celle de N'ictor Pierre et celle de
M. de la Gorce. Voici un travail d'ensenthle plus circonscrit et ((ui
s'attache davantage aux idées qu'aux événements. Il en tire le-
suc plus qu'il n'en conte les épisodes. Travail très bien fait, inté-
ressant, instructif, utile à tous, dont le style sobre, correct, facile,
clair, possède les qualités rares et essentielles d'un ouvrage de vulga-
risation. L'auleur a bien compris la portée et l'iujporlance capitalct
— o7 —
(If's (jneslions sociales. Dans ses Noies il souligne des analogies ins-
Iriiclives, il luit des rapproclicnierils avec les évciiemenls corïlempo-
lairis et postérieins ; quelques anecdotes bien choisies, parfois iné-
dites, et curieusement recherchées, soutiennent lés récits. Ces récits
sont divisés en chapitres qui f^roupent les faits et dont les titres
résument les conséquences historiques : « La Veille d'une Kévolu-
lion. » « ha Naissance d'(m nouveau régime, o « L'Œuvre du suffrage
universel. >• « L'Insurrection de Juin. » « La République bourgeoise. »
« La Conslilulion du 4 novembre. » « L'Entrée en scène de Louis Bo-
naparte » — M. Gaston Bouniols conclut que la » Révolution de Février
a échoué » et que cependant « elle n'a pas été stérile » ; il y a plaisir
h le suivre dans cette démonsiralion. Ou'il me permette de rectifier
une expression inexacte : le 22 juillet 1836. .\rmand Carrel n'a pas
été tué par « l'épée » d'Emile de Girardin, mais par une balle : le
duel eut liou à Vincennes, au pistolet.
Geoki-koï u\: Gi»axum.\iso.>.
I. a Politique extérieure de IWutriehe-Honyrie ( 11575- IÎM4),
p;u- Jf.a.n L\K4n:i!OLX. Tonio II. La Polititjiie d'asservissement. 190S-l'Jli~
l'ariï,. Ploii-Nonnit. 1018, iii-!S de 476 p. — Prix : lu fr.
Le secoiul Milume de l'ouvrage de M. Larmeroux nous ofl're les
mêmes qualités, les mêmes mérites que le premier (Cf. Polybiblion
d'aoïit-septembre 1918, t. CXLIII, p. 139). Le titre en est un peu obs-
cur, mais la matière en est clairr. L'auteur l'a développée en cinq cha-
pitres, subdivisés en paragraphes, savoir : l. Annexion de la Bosnie-
Herzégovine 1908. (l. Administration de la Bosnie-Herzégovine depuis
1883. 2. La Révolution eu Turquie. 3. L'Annexion delà Bosnie-Herzé-
govine. — ""Le Régime établi). Il Les Conséquences de l'annexion
de la Bosnie-Herzégovine. (1. L'Indépendance delà Bulgarie. 2. La
Guerre italo-turque. 3. L'Obstacle serbe ; A. Les Serbo-Croates. B.
L'.\utriche-Hongrie et le Serbisme. 4. Le Royaume de Monténégro.
;'). La Politique russe). III. Les Guerres balkaniqi:es 1912-1913. (1.
L'Alliance balkanique. 2. Les Grandes Puissances et la Ligue des
petits États. 3. La Diplomatie de l'Autriclie-Hongrie. 4. La Crise du
Slavisme. 5. La Roumanie et les Puissances. 0. La Deuxième Guerre
balkanique. 7. Traité de Bucarest). IV. La Diplomatie autrichienne
et l'Albanie, (i. L'Autriche-Hongrie et l'Albanie. 2. La Révolte alba-
naise. 3. Le Souverain-jde l'Albaniei. V. Avant l'orage, (i. Nouvelles
ditricuUés austio-serbes. 2. La Diphjmatie autrichiennne et l'Italie.
3. L'Entrevue de Konopischt, 12 juin 1914. 4. Le Drame de Sarajevo.
28 juin 1914). VI. Conclusion. — 11 résulte de celte érmméralion et
de ces titres que l'ouvrage de M. Larmeroux déborde de beaucoup le
sujet principal et constitue en réalité une hi>toire de l'Europe orien-
— ;i.S —
t;iIo dans la période (|n'il embrasse. Celle liisloiic s'appuie sur une
iiiformaliou solide, une coiiiiaissauce bien établie des bouimes et des
choses, une pratique familière des documents diplomatiques. On y
remarque dts portraits \ivement esquissés : le baron, puis comte
d'.EreiiUial (p. 57 et suiv.), l'arcbiduc Franif;ois-Ferditjand (p. 61 et
suiv., 433. 434), le roi Ferdinand de Bulgarie (p. 108 et suiv.), M. Veni-
zelos (p. 227 et suiv.), le comte Berchtold (p. 235 ). Parmi les exposés ou
développements d'un intérêt ou d'une valeur particulière nous avons
noté ceux qui se rapportent aux Slaves aulrichiensfp. 72 et suiv.). aux
origines yougo-slaves (p. 120 et suiv.), aux différends des Serbo-Croa-
tes et des Magyars (p. 136 et suiv.), aux négociations relatives à une
entente serbo-bulgare (p. 202 et suiv.), à la situation politique de
la lloumanie (p. 336 et suiv.), à l'Albanie et à la question albanaise
{p. 281 et suiv.), à la rivalité de l'Autriche et de l'Italie dans celte
région et à leur politique respective (p. 382 et suiv., 386 et suiv.). Un
bon résume se trouve à la fin de l'ouvrage dans le chapitre intitulé :
Conclusion. Dans ce volume comme dans le précédent on est un peu
surpris de quelques brusques élans poétiques, même lyriques, qui
contrastent avec le style général du livre, lequel est plutôt celui d'un
bon mémoire politique ou judiciaire et n'est pas exempt de quelque
négligence, voire çà et là de quelque incorrection. Dans son ensemble
l'ouvrage de M. Larmeroux est très méritoire. C'est une très utile
contribution à l'histoire contemporaine. M. S.
Huui'ille. Moles puucaul servir à l'hisloire de relie coniniiiiie, par l'abbé
Paul Eudkline. Évreux. inip. de l'Eure ; Rouen, Leslringant, 1918, in-4
de XV 395 p., avec 1 carte, 18 planclies et 23 fi g., dans le texte. — Prix :
20 fr.
L'histoire des provinces françaises serait écrite si chaque paroisse
savait faire l'inventaire de ses vieux papiers et recueillir les traditions
locales. Ces enquêtes ont été souvent recommandées dans nos dio-
cèses à nos curés : ceux qui s'en sont sentis le goût et le talent ont
bie:i mérité de l'Kglise de France. Désormais il faudia ranger M. le
chanoine Eudeline au premier rang dans ce bataillon de bons tra-
vailleurs. De la paroisse normande où il a exercé pendant dix ans son
ministèTC (I89j-1'.I06) il donne une monographie vaste, abondante,
fouillée, minutieuse ; les archives de la commune, du presbytère, du
département lui ont fourni les renseignements qu'il a su mettre eu
œuvre avec bcauciuip de persévérance. Uaiirilli\ bourg d'un millier
<rhabitants, sur 150J hectares, du canton de Routot. de l'arrondisse-
ment de Pont Audemer, dans le départenlent de l'Eure, était jadis
paroisse du diocèse de Ui^u<mi cl a[)parlient aujourd'hui ;^ lévêché
«l'ftvreux. L'hisloiie de ce petit coin de terre de Normandie se con-
— 59 —■
■fond, pour les ^Mandos liji^iies, avec collf do rilloslrc piovinro cl, ello
jîtôsonle un rcsiimé 1res simple de la vie champêtre de nos uienx. Kn
irentiontanl aux origines, or> apporte aux lect<.Mirs des rensei^nonients
^iir les noms, les (iefs, les seigneurs, les familles, les habitants de la
localité.; sa constitution administrative, sa géographie, sa culture ;
les professions, le caractère, le langage, le costume de ses habitants.
J^a paroisse, avec son église de Saint-Paterne, ses coutumes, ses fêtes,
son cirnelièi'c, ses dévotions, sa piété, ses confréries, ses prêtres, ses
■établissements charitables tiennent naturellement la première place.
Après viennent les écoles, les œuvres. Enfin ses « Annales » : parti-
cularités locales, événements pendant la lié\olution et au cours du
xix"- siècle, la généalogie des familles, des notices sur les « person-
nages » du pays. Pour donner à cette vaste enquête sa sécurité, une
■copieuse bibliographie : et des tables précises (noms de personnes,
noms de lienx) pour faciliter les recherches ; et enfin 18 planches et
'^S figures dans le texte pour lui apporter de l'agrément. Gel ensemble
est très louable, c'est une contribution tout à fait méritoire, et digne
<l'ètrc remarquée, à l'histoire du déparlement de l'Eure. On ne saurait
trop proposer en exemple un semblable travail ; ce très beau volume
par le fond l'est aussi par la forme. 11 a été « achevé d'imprimer le
20 août 1018 » à l'imprimerie de l'Eure avec un luxe qui en double
le mérite en ces temps de difficultés matérielles de lédilion. Par sa
méthode (à laquelle l'on n'aurait jieut-être à reprocher qu'une trop
grande richesse de détails), il peut servir de modèle à des érudits et
«era particulièrement apprécié des amateurs normands. Ils lui donne-
ront une place de choix dans leur bibliothèque.
Geoffmov de Gh\>dmaison.
Tàckes idéales, religieuses, éducatrices, patriotiques, par
Mgr TissiKR. Paris, Téqui. 19JS. iii-12.de vi-383 p. — Prix : 3 fr. 30.
D'une ardeur inlassable, l'évcque de Chàlons est lun des chefs de
qui nous recevons le plus volontiers consignes et mots d'ordre. Son
_zèle, toujours entraînant, ne perd pas de vue la réalité : il connaît les
besoins de l'heure, et lire parti descirco-nstances. Les lâches à l'accom-
plissement desquelles il 'convie cette fois les fidèles sont, les unes
religieuses, les autres éducatrices. les dernières patriotiques. On ai-
mera à lire les avertissements, les enseignements, les encouragements
■qu'il prodigue avec autant de clairvoyance que de sollicitude, et on
admirera comment sa parole, toujours empreinte de la plus sûre au-
torité, sait s'assouplir et varier de ton selon qu'elle critique les travers
féminins, qu'elle expose, commerjt la charité devrait être construc-
tive et pas seulement médicinale, qu'elle rappelle. (c que l'heure du Te
— GO —
Dcutn pourrail bien être relardée, dnns les secrets divins, jiisqu'nprès.
le chant du Credo dos aïeux ». qu'elle enseigne auxcnfanis à s'épa-
nouir comme des fleurs, qu'elle entraîne les fidèles à unopricre plus
intense, ou qu'elle exalte les héros devenus des victimes. Dans tous les-
tas, ou aura grand profit à l'entendre et h la méditer. Çh. Lanory^
Par les chemins japonais. Essais sur le vieux et le jeune Japou,-
par I'haxçois i)K Tkssan. l'firis, Plon-INourrit. 1918, in-lt) (le vni-297 p. —
Prix : 4 fr. 50.
Si vous n'avez plusieurs heures de loisir devant vous, n'ouvrez pas-
<'e volume, car, l'ayant ouvert, vous ne pourrez le iernier qu'après,
eii avoir lu la dernière ligne. Ceci dit, je pourrais poser la plume,,
mais ce serait me priver- du plaisir d'errer de nouveau « par les che-
mins japonais. » Je ferai donc un court résume de ce livre si capti-
vant, résultat d'une enquête menée par l'auteur au Japon, à la veille
de la guerre et dont la partie politique et économique a été soigneu-
sement [mise à jour. Un chapitre sur l'intervention japonaise y ar
également été ajouté et ainsi, le volume dontie une idée d'ensemble
tiès complète sur la vie matérielle et morale du Japon contempo-
rain.
L'auteur promène le lecteur dans tout le Japon, du sud au nord et
de lest à l'ouest, à Tokio, à Osaka, à Kyoto et jusque dans le loin-
tain Yeso. Chemin faisant, au hasard des promenades, il s'arrête dan»-
iine foire, devant un temple, un palais ou un pittoresque paysage^
prétextes à de charmantes descriptions, pleines de vie et de couleur.
Il pénètre dans tous les milieux, toutes les sociétés, auprès de l'Km-
penjur et des soldats, des femmes nouvelles et des femmes anciennes,.
<liez les délicieuses geishas, comme chez les moines, les journalistes,.
les poissonniers ou le marchand de poupées. Les sports, la politesse,,
l'âme paysagiste, forment le sujet de curieux chapitres. Le théâtre, dont
l'importance est considérable au Japon, n'est pas oublié : les « No ».
cette manifestation si spéciale de l'art japonais, les « yo.«e ». sortes d»
•conférences populaires, si goûtées des Japonais, les amusantes ma-
rionnettes, sont passées en revue. Enfin, la religion elle-même est
-t'-.tudiée, tout au moins dans ses manifestations bouddhifiues et shin-
lo'ïsles, car l'auteur paraît ne pas avoir remarqué l'inlliience tléjÀ
appréciable et bientôt très importante, que piend le catholicisme ait
Japf)n, grâce aux missionnaires français. Il y aurait un chapitre bieu
<;iirieux à écrire sur l'établissement du catholicisme au Japon, sa dis-
|)aiition presque totale, sa survivance occulte et enfin sa résurtec-
lion et son dévelopj)ement actuel. Nous regrettons que M. Fran(,-oi*
de Tessan n'ait pas ajouté ces pagrs à ce volume par ailleurs si com-
plot et d'un inlérôt si soutenu. J. C. T.
— 01 _
l^e \ouveau .lapon, |)ar Amusk Hkm.kssoht. l'aiis, IVniii, l'JIS, in-id de
312 p. — Prix : H f i . 'M).
Le Chili. Je Pérou, la Roumanie, la Suède, ont vu successivemetit
M. André Bellessort, mais le Japon a eu. pour ce globe-lrotler infali-
gable, un attrait particulier. (^)uinze ans après son j)reinier séjour dans
i'empirc du Soleil levant, il y est revenu ; c'était à la \ieillc de la
guerre. D'autres préoccupalions l'absorbant, il a mis de côté les notes
prises au cours de ce dernier séjour, et aujourd'hui seulement, après
J)ien des hésitations. -il se décide à les livrer au public. Il serait regret-
tables (]u'il ne l'eût pas fait. Les circonstances donnent en eflel un
attrait d'actualité à tout ce qui nous aide à mieux connaître notre
ollié oriental et il n'était pas inutile de fixer la ])hysiorii)rnie du peu[)ie
japonais au moment où, pf)ur la première fois, il prenait part aux
«■ontlits européens, cessant ainsi d'être exclusivement une puissance
asiatique. Os notes présentent donc un intérêt tout particulier, et
prennent une place nécessaire dans la littérature de guerre, bien
qu'elles aient été écrites à un moment où bien peu d'esprits pré-
voyaient le conflit actuel. L'auteur, avec logique, nous conduit tout
il'abord parmi les héros et les dieux du Japon et nous expose l'éclosion
et le développement de la nouvelle religion, le Bushido qui suscite
des prodiges d'héroïsme, s'auréole de la gloire des champsde bataille
eX s'identifie avec l'orgueil national. Les pages suivantes, peut-êlre les
})lus curieuses du volume, promènent le lecteur à travers le théâtre
et le roman, montrant à côté des œuvres littéraires proprement japo-
naises, la transformation bizarre que doivent subir les écrits de nos
auteurs pour être mis au goût du public nippon. Quelques lignes,
que l'on trouvera trop courtes, sont consacrées aux .Vo. L'aventure
de Lafcadio Ilearn. cet Anglais naturalisé Japonais et qui cesse d'être
Anglais sans pouvoir être adopté par ses nouveaux concitoyens, nous
fait pénétrer dans la société japonaise. Une étude tro[) succincte,
mais substantielle sur la Corée, suivie de très curieuses <( pages japo-
naises ») termine cet intéressant volume, rempli d'enseignements,
d'aperçus nouveaux, de remarques originales. J. C. T.
IJbrary of Coiicjress. Guide to the laAv and légal lîterature of
.\i*<jeniina, lirazil and t:hile. by Edwin M. Borciiaiu). Wasliington,
Govornnii'nt prinling office. 4917, gr. iii-8 de 523 p. — l'rix ; '6 fr.
Professeur de droit à l'Université Yale, M. E. .M. Borchard a été
pendant quelques années attaché à la section juridique de la Biblio-
thèque du Congrès : c'est dire qu'à la connaissance du droit il joint la
pratique de la bibliographie et qu'il réunit dans sa personne la triple
compétence d'un bibliographe, d'ua juriste et d'un professeur. Aussi
— 02 —
le guide qu'il nous od're ici est-il l'un des plus clairs, des plus com-
plels et des mieux informés que l'on puisse imaj^iner. Et ce n'est pas
une tâche aisée qua entreprise là M. Borcliard. La littérature juridi-
que des trois républiques est assez abondante, mais elle n'est pas
toujours d'un accès facile : aux ressources qu'offre la Bibliothèque du
Congrès, M. Borchard a du suppléer par des recherches personnelles
en Argentine, au Brésil et au Chili.
Le but que se propose la Bibliothèque du Congrès par la publica='
tion de la collection de guides, dont celui-ci fait partie, c'est de ser-
vir tout à la fois les intérêts des juristes, des hommes d'affaires et
des historiens. Nous n'avons pas ici de simples listes bibliographiques
plus ou moins complètes, mais, avec l'indication des ouvrages - au
moins de ceux qui offre'nt quelque importance, — publiés sur des
matières juridiques, des notions succinctes mais précises surlacons--
titution et la législation des différents États.
M. Borchard fait remarquer que les trois pays dont il s'occupe ici
ont ces traits communs que leur droit constitutionnel a été plus ou
moins fortement influencé par la constitution des États-Unis, tartdis.
que pour leur législation et leurs institutions, c'est plutôt à l'Europe,
— à la France et à l'Espagne surtout — qu'ils ont fait des emprunts,
et que. d'autre part, tous trois ont eu la chance de rencontrer des légis-
tes éminenls qui les ont dotés de codes remarquables : c'est ainsi
que le code civil du Brésil, promulgué seulement eu l'JlG. est
regardé comme une œuvre d'une haute portée scientiti(iue.
Pour cha({ue Etat, le cadre adopté par l'auteur est le même : Biblio-
graphie ; — Législation ; — Becueils d'arrêts des tribunaux ; —
Travaux généraux ; — Enseignement du droit ; — Jurisprudence et
philoso|)hie du droit ; — Histoire du droit ; — Code civil ; — Code
commercial ; — Organisation judiciaire et procédure civile ; — Code
criminel ; — Procétlure criminelle ; — Droit constitutionel ; Droit
administratif ; — Droit militaire ; — Droit ecclésiastique ; — Droit
international.
Nous devons signaler que dans la section : Bibliographie, M. Bor-
chard ne se borne pas à donner rindicalion des bibliographies spé-
cialement juridiciues, mais (ju'il nous fournit des irulications pré-
cieuses sur la bibliographie générale des trois grandes républiques
de l'Amérifine (lu sud.
Comme nous ilevons souhaiter et pouvons espérer que les rela-
tions de la France avec rAméri((ue du sud prendront l'extension
qu'elles auraient dû prendre depuis longtemps, l'ouvrage de M. Bor-
chard est de c(;u\ (jui s'imposent à l'attention de nos concitoyens.
E.-Vt. Leuos.
! - 03 -
BULLETFiN
La FeiniiK' palriol*' tra|>ré!!i la Itiith', ()arG. Bontolx. Avignon, Aultauel
s. d. (lOIS^, in 11» lie vui-KJri p. — Prix : 1 fr. 2.;.
Dans ce pclit volume, M. le clianoine Bontoux préscnlo à ses lecteurs la
;:aleiie des rctiinies patriotes de la lîible comme types on modèles du
patriotisme. Il les raiijïe en deux catégories ; celles qui parlent, chantent et
pleurent, celles (jui agissent, comballent et meurent. I)aus la première,
nous voyous successivemenl. parmi les femmes qui parlent, la patiiolc
avocate- : la veuve de Thécna qui plaide devant David la cause d'Ab^a-
lon, la patriote parlementaire ; la lemme d'.\béla-I3eth-.\laaclia, (pii
délivre sa ville eu livrant le traître Séba, la patriote suppliante . Estlier.
I>c celles qui chantent, luneest lyrique : Marie, sœur de Moïse et dWaron,
l'autre inspir.'e : la propliétesse Débora. Celles qui pleurent sont une
pauvre émigrée : EUith, une épouse captive : Achinoam de .lezraël, et une
mère endeuillée : Uespha. Dans le second groupe, nous trouvons d'abord
celles qui agissent en sauveurs : Abigaïl, qui écarte de sa maison de ter-
ribles représailles de guerre ; la femme de Bahurim. qui sauve de la mort
deux messagers de David ; .Tosabeth. qui soustrait à la fureur d'Alhalio le
jeune roi Joas. Les trois femmes soldats sont .lahel. qui perce Sisara d'un
pieu, la femme de Thébès. qui brise le crâne d'Abimélech, en* jetant une
meule de moulin. .ludith, qui coupe la tète d'Ilolopherne. Les femmes qui
meurent'sont la fille de Jephté, victime qui accepte la mort comme rançon
de victoire, la mère des sept Machabées, martyre de la fidélité aux lois de
son pays, et la reine des martyrs, la Vierge Marie, qui contemple son divin
Fils sur la croix et s'immole avec lui pour le salut de tous les hommes.
Sur chacune de ces héroïnes, dont plusieurs ne sont guère connues du
grand public, ^L Bontoux cite textuellement, sauf pour la Sainte Vierge.
les passages bibliques, qui racontent leurs belles actions. En les proposant
comme modèles, dans l'épilogue, il aurait dû insister davantage sur la
moralité des actes de quelques-unes d'entre elles, et montrer que certains
moyens d'action, justifiables en ces temps reculés, ne sont pas imitables
pour des chrétiens, disciples du prince de la paix. E. Ma.ngknot.
ï
Facts about France, par E. S.vir.r.Ess. Pari>, llacliflte, 1918, petit in-IG car-
tonné (le xn-:5U8 p.. avec tiO illustrations, plans et cartes. — Prix : 3 fr. .^U.
Dans un petit livre anglais bien connu, les Things .lapnnese de Chamber-
lain, l'Européen qui visite le Japon trouve habilement et agréablement ré-
sumé à peu près tout ce qu'il peut avoir le besoin ou le désir de savoir sur
cette contrée, son aspect, ses productions, ses habitants, son histoire, ses
mœurs. Rédigés probablement sur ce modèle, les Facls ahonl France de
M. Saillens présentent à nos alliés de langue anglaise à qui ils sont spécia-
lement destinés une petite encyclopédie des choses françaises qui condense
efi quelque trois cetits pages les principales notions nécessaires à un
étranger, particulièrement à un étranger britannique ou américain, pour
connaître et comprendre notre pays. I/auteur. présentement et depuis
plusieurs années déjà interprète auprès des armées britanniques, a entendu
lui-même les mille questions de tout ordre que se posent et que posent
sans cosse à notre sujet les soldats amis qui foulent notre sol ; une expé-
rience antérieure et étendue du monde anglo-saxon lui avait d'ailleurs ap-
pris dès longtemps ce qui peut surprendre et ce qui parfois prévient contre
- Hi - '
nous Améi-icains et Anglais. 11 a donc pu. en peignant la France, choisir
les traits de son tableau et le placer dans la perspectiye qui convient à son
public. Une niasse presque incroyable d'informations est condensée dans
un mince volume qui reste pourtant facile à consulter et à parcourir. On
y découvrira sans doute çà et là, comme il était inévitable, des inexacti-
tudes et des erreurs, mais elles sont vraiment très peu nombreuses ; l'ar-
ticle des races et des nationalités en France pourrait être allégé de détails
dont quelques-uns sont de pure curiosité (n'est-il pas permis à des .an-
glais, et même à la plupart des Français d'ignorer l'origine ou niênie la
simple existence des Bigoudens de Bretagne), et dont les autres sont encore
plus douteux que supertlus (par exemple ce qui concerne la prétendue des-
ccr)dancc asiaticiue, lévélée par son type physique, d'un de nos présents
ministres:* Sur les matières sujettes à débat, M. Saillens s'est appliqué à don-
ner des opinions modérées et moyennes : dans larticle de la ReAigion, di-
verses considérations historifjues ou autres ne seront pourtant ))as admises
par les catholiques. Notons à l'éloge de l'auteur français que son anglais
correct et élégant ne décèle nulle part une plume étrangère.
A. Baiîbeal".
Le Statut cl«' la terre et le Parlement,* par Bouilloux-Lakont. Paris,
Grasset, 11)18. iti-KJ de 59 p. (Collection le Fait de In semaine, 11 mai 1918). — Prix :
0 fr. 75.
L'auteur aurait i)u intituler son opuscule : « Comment faciliter le re-
membrement de la propriété rurale ? » Voilà bien, en etTet. le sujet qu'il
liaite. N^n seulement dans les légions dévastées qu'il faut se hâter de re-
mettre en valeur, mais dans toutes celles où l'éparpillement des parcelles
entrave la culture rationnelle et notamment l'emploi des moteurs méca-
niques, les opérations de cette nature s'imposent. Un grand nombre de
projets législatifs qui tendent à les favoriser sont soigneusement analysés
par M. liouilloux-Lafont, qui a lui-même déposé le sien. Très judicieuse-
ment, il se préoccupe, le remembrement fait, de prévenir une nouvelle
multiplication et un nouvel éparpillement des parcelles : il réclame que
l'on abroge, dans le code civil, la seconde partie de l'article 832, prescri-
vant de faire entrer dans chaque lot successoral la même quantité de
meubles, d'immeubles, de droits ou de créances de même nature et va-
leur. Bauoîs .\ngot des Rotouhs.
Veri|eniies el IM ndepiMidaiiee ainérieaiiie. Ver<|eiinej« el VVil^4on,
|i.Tr II,' baron IIknsei' di: (ioLiiit.. Paris, lùlilioiis ilc la << Nouvelle Uevuc nalio-
uale », 1918. in-8 de 'i i (i., avee portrait de N'erf^eiines. — Prix : I l'r. 2'].
Vergennes et Wilson. le ra[)prochement des deux noms ne parait pas
injustifié apiès lecture de cette élude. Le langage que tient aujourd'hui le
Président américain rappelle souvent celui que tenait le ministre qui, avec
Louis \\ I. décida, en I77S, rinteivention armée de la Fiance en faveur
des insitnjc-nls d' \inéri(jue. Le grand honnête homme qui, de 1774 à I7S7.
dirigea notre |)oiili(pie <!xléiieure, n'avait jias de peine à persuader son roi
loiscpi'il lui conseillait « d'asseoir la gloiic de son règne sur la justice et
sur la |)aix ». de contenir ce (pie nous appellerions aujourd'hui l'impi ria-
lisine et de réprimer les abus de la foi"tie. mais de ne vouloir que ce cpii
esl juste. « Si Votre Majesté, disail-il (12 avril 1777) dirige sa politique à
établir l'opinion (pTeile ne veut que l'ordre et la justice, ses arrêts seront
respe» lés, son e\ein|)le fera plus(|ue ses armes. La justice et la paix régne-
— 05 —
ronl partout. » Louis XVt et Vcrgennes furent compris par les Étals-Unis
H lorsque leur Congrès ratifia l'alliance, leur comité des afTaircs étrangères
écrivit : « La P'rance, par sa candeur et sa franchise, nous a plus gagnés
cl attachés à elle que les traités secrets n'auraient pu faire, et a jeté entre
nous les semences d'une alliance éternelle. » Cet intéressant opuscule est
précédé d'une reproduction du beau portrait de Yergennes par Callel.
Bakox A.ngot ues Rotours.
Un I>v«4 bris»*, par le chanoine Max Caros. Paris, Ilalon, 1918, in-12 de 300 p.
— Piix : 4 fr. 50.
Qu'on ne s'effraie pas du litre ! Il ne sert pas de couverture, comme
tant d'autres similaires, à d'insignifiantes mièvreries sentimentales teintées
d'une vague piété. Ce qu il annonce, c'est la brève biographie et les lettres
d'un séminariste de Versailles, qui portait un nom cher aux artistes chré-
tiens. Bernard Lavergne, et qui fut tué à l'assaut le 26 septembre 19 Hi. Les
<jualil<s exquises qui s'y révèlent, l'esprit vif et primesautier, le sens du
pitlllI•(•^que, le cœur aimant et délicat, le talent littéraire et surtout la vail-
Janlr et simple générosité devant les tâches pénibles comme devant la mort
prochaine, provoquent l'émotion, l'admiration, et aussi, jusque parmi les
lariiu^. la joie de voir combien Dieu est aimé des cœurs purs. Quel bien-
fait ^i ces pages suscitaient des imitateurs de cette belle ardeur juvénile !
Gh. Lakdry.
Paul S(apfer (1840-1917), par Henry Dartigue. Paris, Fischbacher, 1913,
in -■■-; de 72 p., avec un portrait
P.iiii Stapfer, écrivain et critique très distingué, ancien doyen de la
Faculté des lettres de Bordeaux, n'a pas eu. au moment de son décès, sur-
\enu pendant la Grande Guerre, le tribut de regrets que mérilait sa
mémoire. G est dans le dessein de réparer cette injustice, née des circons-
tances que M Henry Dartigue lui a cot)sacré une notice étendue dans la
Revue chrétienne (année 1917) et publie aujourd'hui cette étude à paît. La
vie et l'œuvre de Paul Stapfer y sont exposées et appréciées en trois cha-
pitres : l. Sa famille et sa carrière. — 11. Le Critique. — 111 Le Philosophe
et l'Ecrivain Deux appendices complètent l'étude. Le premier consiste
dans une Bibliographie des écrits de Stapfer ; le second est consacré à la
publication de quelques pages inédites, sorte d'examen de conscience (|ui
honore son auteur. Bien informée et bien écrite, la notice de M. Dartigue
!)on seulemeiit remplit son objet, mais est une contribution utile à noire
liistoire littéraire. >ous devons ajouter que, protestant comme l'était Sta|>-
fer lui-même, l'auteur, dans ce qui touche à la religion et à la philosophie,
s'écarte tout naturellement de la saine doctrine. M. S.
CHHONIQUE
Nécrologie. — M. Edmond Rosta.nd vient de mourir ; c'est une perle
considérable pour les lettres françaises. Fils de l'i-conomiste Eugène iSos-
land, membre de lAcadémie des sciences morales et politiques, il naquit
le 1" avril 1868, fit de brillantes études au lycée de Marseille, puis à P.. ris
au collège Stanislas. Les leçons de M. René Doumic développèrent en lui
l'amour des lettres et l'aisance de sa situation lui permit de se consacrer
Janvier 1919. T. CXLV. 5.
— m —
loul entier à l'art dramatique : il débuta à vingt ans avec le (ianl rouge
(Paris, i888, in-8), vaudeville écrit en collaboration avec M. Lee et joué au
théâtre de Cluny. La réussite lui vint avec les Romanesques, comédie en trois
flcles, représentée au Théâtre P'rançais et pour laquelle lAcadémie française
lui décerna le prix Toirac. Désormais le chemin delà gloire souvrit devant
lui. Le succès extraordinaire de Cyrano de Bergerac, joué à la Porte Saint-
Martin, fut son apothéose ; l'Acadéniie française lui ouvrit ses portes ; il
n'avait que trente-trois ans. Voici la liste de ses principaux ouvrages : Les
Mnsanlises, poésies (Paris, 1890. in-8) ; — Les Romanesques, drame (Paris,
d89i, in-S) ; — La Princesse lointaine, drame (Paris. 1895, in-S) ; — La
Samaritaine, drame (Paris. 1897, in-8) ; — Pour la Grèce, poésie (Paris, 1897,
in-8) ; — Cyrano de Bergerac, drame (Paris, 1«98, in-8; ; — //.-Ity/o/t (Paris,
l!>00, in-8) ; — Discours de réception à l' Académie J'rançaise (Paris, 1903. in-8) ;
— Les Conséquences économiques des mesures légales contre les congrégations
{Paris, 1908, iii-8) ; — Chantecler (Paris, 1910, "in-8).
— Un romancif^r d'un certain talent et dont les œuvres sont assez ])opu-
laires. M. (laslon Basclk de Lagkèze, connu sous le pseudonyme de
CuAMpOL, est mort le 14 décembieà Billière, près de Pau. Fils d'un magistrat
auquel on doit des écrits juridiques et historiques estimés, il suivit quekjue
temps la carrière administrative et devint sous-préfet, mais il ne larda pas
à se livrer exclusivement à son goût pour les lettres. 11 collabora au Cor-
respondant, à l'Ouvrier, aux Veillées des chaumières, à r Illustration européenne.
Wous citerons de lui : Un Coup de patte (Paris, 1891, in-l8) ; — Noëlle
(Paris, 1891, in-18) ; — Madame Melchior (Paris, 1891, in-18) ; — L'Argenl
des autres (Paris, 1893, in-18) ; — En deux mois. Par devant n^aitre... La
Bataille d'Eylau (Paris, 18'.)3, in-lG) ; — Anaïs Evrard. Réconciliation. Belzé-
huth. Le Savant Baudegrain... (Paris, 1895, in-18) ; — Le Roman d'un égoïste
(Paris, 1895, in-18) ; — Le Duc Jean (Tours. 189tj, iii-8) ; — Le Mari de
Simone (Paris, 1896, in-18) ; — Le V(eu d'André (Paris, 189tj, in-lO) ; — Le
plus Forl (Tours, 1S97, in-8) ; — L'Héritier du duc Jean (Tours, 1897, in-8) ;
— La Conquête du bonheur (Paris, 1897, in-18) ; — Amour d'anlan (Tours.
1898, in-18) ; — L'Homme blanc (Paris, 1898, in-18) : — Le Droit d'aînesse
(Paris, 1899. in-18) ; — Les Justes (Paris. 1899, in-16) ; — Cadette de Gas-
cogne (Tours, 1900. in-18) ; — Les Fleurs d'or (Paris, 1901, in-16) ; — Cas
de conscience (Paris, 1902, in-16) ; — L'Heureux Dominique (Paris, 190:2,
in-18) ; — La Lune rousse (Tours, 1903, in-18) ; — La Rivale (Paris, 1903,
in-10) ; — Sœur Alexandrine (Paris, 1904, in-16) ; — Les Revenantes (Paris,
1905. in-16) ; — L'Idéal de l'oncle Caillou (Paris. 1905. in-18) ; — Autre
Temps (Paris, 1906. in-8) ; - Les Deux Marquises (Paris, 1908, in-18).
— M"" la comtesse d'\rmaii.i.é s'est éteinte le 7 décembre dans sa 89" an-
née. Née Marie-Célestine-Amélie de Ségur, elle tenait de son père le général
comte Philippe de Ségur, membre de r.\cadémie française, le génie des
travaux historiques et un vrai talent d'écrivain. Les principaux ouvrages
sortis de sa plume sont les suivants : La Reine Marie Leczin.'tka. étude his-
ior'ique (Paris. 1864, in-18); — Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV
( I'k)9-16(>'4), étude historique (Paris. 1865, in-18) ; — Marie-Thérèse et .Marie-
Atdoinettf (l'aris, 1870. in-18) ; — M'"' Elisabeth sœur de Louis A 17 (Paris,
1886, in-16) ; — La Comtesse d'Egmont, fille du maréchal de Richelieu [il'iO-
llT.i) d'après des lettres inédites à Gustave RI (Paris, 1890. in-16) ; — Unt:
Fiancée de Napoléon : Désirée Clary, reine de Suède {1777-lSGO) (Paris. 1897.
in-16).
— L'Église catholique d Angleterre vient d'éprouver une grande perle eu
— f)7 -
la personne de Mgr William Coi.or.AN. niorl à la (în de lîMS. Ni; à (iorrou le
8 déccinhic IS40, il se destina d'abord à la vie politique el consulaire ; tnai> il
éprouva bientôt un si vif désir du sacerdoce, qu'il ne j)ul résislei ;i i'apijcl
de sa vocation el il fut envoyé à 1' « English Collège » fondé à Bru;:<'s [wr
Sir John Sullon, où il reçut la prêtrise des niair)» de rarrlicvêquc (plus
tard cardinal) Manning. Il fut d'abord envoyé dans un hn|)ilal roniino
•chapelain ; puis, en octobre 1S7T. à Stocli. 'comme clief de la mission, d'est '
là qu'il fonda la C. T. S. {CallioUc Trtilk Sociely}. Comme orateur, il n'avait
rien de remarquable ; il excellait surtout dans les instructions familières.
IJ se distingua par un goût tout si)rcial pour la botanique auquel il lui était
facile de s'adonner, les campagnes qui environnaient la mission lui four-
nissant des spécimens. En l'JUi), il fut élevé à la dignité de prélat romain.
Ce fut un saint prêtre plein de zèle pour le salut des âmes et tout dévoué à
tson œuvre. Voici les titres de (juclques-uns de ses écrits : The CalkoUc tem-
pérance reader, en collaboration avec Sir Francis Cruisc ; — Teiiijierancc
calechism, composé pour la C. T. S. ; — Total abstinence, a cnlholic jmnl 0/
vlew ; — iVolly's prayer ; — .1 scriptural life of the Blessed Virrjin : — The
Ufe and writin(js of SI. Peler : — The Affections in mental prayer ; — The
Lasl sacranu'ids ; — Simple prayer book.
— En (Jiuseppe FiiACCAnoLi. mort récemment, l'Ilalie perd un de ses hellé-
nistes les plus distingués el de ses meilleurs critiques. Né à Vérone le
5 mai 18i9, il songea d'abord à faire du droit sa carrière et se fit recevoir
docteur en l'Université de Padoue. Mais ses goùls littéraires, l'esprit criticpae
qui se manifesta en lui, les travaux qu'il publia sur la littérature antique
l'entraînèrent vers une tout autre destinée. Il fut appelé à professer la lit-
térature grecque à l'Université de Messine, dont il devint le recteur (1S03).
Puis il prit la chaire de littérature grecque à l'Université de Turin (1897-
1906). Les questions d'enseignement ne cessèrent de le préoccuper, et l'on
a de lui sur la matière plusieurs travaux, parmi lesquels l'un des plus con-
sidérables est le dernier livre sorti de sa plume. Le culte de la petite patrie,
-sans jamais nuire au culte de la grande, était très vif chez lui : il se plai-
sait au dialecte de son pays et il s'est amusé à s'en servir pour une traduc-
tion d'Aristophane. Voici la liste des principaux ouvrages de ce laborieux
érudit et de ce maître distingué : \crsL (Verona, 1874, in-8) ; — / Persiani,
traduction d'Eschyle (Torino, 1870, in-8) ; — Le due Odi di Saffo (Verona,
1878, in-16) ; — Saggio sopra la genesi délia melrica classica (Verona, 1881.
in-8) ; — Lo Sciillore Innocenzo Fraccaroti (Verona, 1883, in-8) : — De Eari-
pldis scribe ndi artificio (Augustae Taurinorum, 1884, in-8) ; — L'Ode pitia
XI di Pindaro (Verona, 1880, in-10) ; — Fer gli umoristi deli antichilà (Ve-
rona, 1880, in-10) ; ^ Teoria raziunate di melrica italiana (Torino, 1887,
in-8) ; — Del realismo nella poesia greca (Verona, 1887. in-8) ; — Odi (Bolo-
gna, 1887, in-lO) ; — Parole pronunziate neli inaugurazione delV anno acca-
demico t893-189U (Messina, 1893, in-8) ; — Le Odi di Pindaro (Verona, 1894,
in-8, nouvelle édition Milano, 1914, in-8) ; — Parole pronunziate neW inau-
(jurazione delV anno accademica 189U-IS9Ô (Messina, 1894, in-8} : — Thucyd.
VI, 61, 6 ; ///, 8^, 1 (Firenze, 1890, in-8) ; — Calalogo dei manoscrilti greci
délia biblioteca universitaria di Messina (Firenze, 1897, in-8) ; — Dei codici
greci dei monaslero dei ss. Saluatore di Messina (Kiren.4e, 1897, in-8) ; — Il
metodo criiico dei professore Vitelli (Torino, -1900, in-8) ; — VIrrazionale
nellaletterntura[Toi\noA^O?>M-'i) ; — /Z TmieocZz'P/a^one (Torino, 1903, in-8 > ;
— / Lirici greci (Torino, 1910-1913, in-8) ; — L'Uomo polilico di Platone (To-
rino, 1911, in-8) ; — // Sofista di Platone (Torino, 1911, in-8) ; — LEdaca-
zione nazionale (Bologaa, 1918, in-16}.
— 68 —
— Des avis de Hollande confirment définitivement la nouvelle de I»
mort dcTabbé Hugo Vehiuesï, membre de l'Académie flamande et l'undes-
cliefs de l'école flamingante catholique. Pupille de l'illustre Guido Gczellc^
dont le nevcn, un autre flamingant distingué, Stijn Streuvels, était son
ami intime, il entra comme son maître dans les rangs du clergé, cl^
comme lui se distingua par son talent poétique. ComiTie lui aussi, il fut-
envoyé. — relégué, disent les langues malignes, — dans une humble pa-
roisse des Flandres, Ingoyghem. Un de ses premiers ouvrages : Leven en
dood (1877, in-8) a pris place plus tard dans un recueil de Voordrachlen. I^e
curé d'Ingoyghem n'était pas seulement un poète, mais un orateur, l'ora-
teur le plus populaire de la Flandre ; et il n'était guère de fête dans laquelle
ne retentit sa parole. Au recueil de conférences que nous venons de citer..
il faut ajouter les trois discours spirituels sur la lumière, la force et la^^
piété qu'il a réunis sous le litre : Drij (jeeslelijlce voordrachlen (19D5, in-S).
Nous citerons encore du maître Op woiidel (1903, in-8) et Regenbuog uiL an-
dere klearen (1904, in-8) et un olivrage en deux volumes sur vingt écrivains^
flamands {Twinlig vlaainsche Koppen), dans lesquels il a fait place notani-
ment à son maître Guido Gezelle et à son ami Stijn Streuvels. L'abbé Ver-
riest était né à Deerlijk en 1840.
— M. Domenico Orano, mort récemment âgé de 45 ans, était né à
Rome, le 14 février 1873. Il fit ses études dans sa ville natale et son esprit
largement ouvert lui permit de se faire recevoir docteur en droit et doc-
teur es lettres. 11 se fit attacher à la Bibliothèque Casanatense, enseigna
dans divers établissements et donna une active collaboration à plusieurs-
publications périodiques. Tout en regrettant ses attaches maçonniques,
dans un pays où, comme en France, la maçonnerie est si sectaire, on doit
rendre justice à ses belles qualités intellectuelles. N'ous citerons de lui :
Marcello Alberini e il sacco di Roma del l.'/27 (Koma, 1895 in-8) ; — 7/ diario
di Marcello Alberini (lo2l-lo25J (Roma 1896, in-8) ; — Il sacco di Roma del
1527 (Roma, 1901) ; — Lellere di Pier Cnndido [)ecend>rio, fraie Simone da
Canierino e Lodrisio CriveUi a Fraiicesco Sf()r:(t (Roma, 1901, in-8) ; — Lellera
di Guiniforle Barzizza alla ducliessa liianca Marin SJ'orza, 12 ngoslo lUb7 (Roma,
1900. in-8) ; — I suggeri/tienli di haon vivere déliait da Francesco SJbrza pel
jigliuolo Galeazzo Maria (Roma, 1!)01, in-8) ; — Due atdografi inedili di
Francesco FilelJ'o (Roma, 19'.)1, in-8) ; — Un'adananza inassonica in Roma
nel 1810 (Roma, 1902, in-8) ; — Lllalianilà e la modernilà di Leone XllI
(Roma, 191)3, in-8) ; — L'Instnllazione di nna loggia massonica in Francia
soUo Luigi XVI (Roma, 1903, in-8) ; — Liberi pcnsalori braciali in Roma
dal XVI al XVIII secolo (Roma. 1904, in-8) ; — Il Teslaccio : il monte e il
quarliere (Pescara, 1910. in-8) ; — L'Inchiesla sidle abilazioni operaie : il
Teslaccio (Pescara, 1911, in-8) ; — Pttgine criiiche (Pescara, 1912, in-8) ; —
Corne vive il popolo a Roma (Roma, 1912, in-8) ; — L'Anima poelica di
Giuseppe (iioacchino Belli (Roma, 1913, in-8).
' — On annonce encore^ la mort de MM. : Louis Andhk, président de
chambre à la cour d'apjjel de Paris, mort le 14 novembre, auteur de plu-
sieur.s ouvrages notamment : Deux mémoires historiques de Claude Lepelle-
(ier (Paris, 1900) ; Michel Le Tellier, l'organisation de l'armée monarchique
(Paris, 1906, in-8) ; Les Accidents du travail, régime du risque professionnel
(Paris, 1907, in-8) ; — llisloire économique depuis l'antiqinté jusqu'à nos Jours
(Paris, 1908, in-18) ; Louis Rkssk, collaborateur de /'//(/rri^Lf/j/fa/i/, qui avait
collaboré autrefois à la Ridrie et à la Presse et a publié divers romans de
mœurs, romans sociaux, contes et nouvelles, mort le 2:i novembre ; —
I
— 60 —
M. Joseph BoucAiin, rédacteur en chef des Tablettes des Deux Charentes, qui a
collaboré à laGazellede France, cl laisse les ouvrages suivantes : SceurCalhe-
j'ine Labouré et la médaille miraculeuse (Paris, 1007, i n-12) ; Vie et mi-
racles de sainl Benoit, moine et fondateur de l'ordre des bénédiclins (Paris,
-1909, in-12) ; Sainl Antoine de Padoue, sa vie et ses miracles (Paris, 1917. in-12),
mort à 41 ans, le 16 décembre, à Rochcforl-sur-Mcr ; — Lucien BouncERET,
K;ollaboratcur de l'Agence Havas, mort le 30 novembre ; — le D' Edouard
Bureau, membre de l'Académie de médecine, ancien professeur au Muséum
<l'hisloire naturelle, botaniste distingué, auquel on doit entre autres
ouvrages, une importante A/o/io^rap/i/e des Bignoniacées (Paris, 1864, 2 vol.,
in-4) ; un aperçu sur les Collections de botanique fossile du Muséum (Paris.
1893, in-fol.). mort en décembre, à 88 ans ; — Claude Coutuiuer. auteur
■de nombreux romans et de recueils de vers, parmi lesquels nous citerons :
Chanson pour toi (Paris, 1889, in-12) ; L'Inespéré (Paris. 1892, in-18) ; —
Le LU de celte personne (Paris, 1895, in-16) ; Trop Biche (Paris, 1901,
in-i6) ; mort en décembre ; — Georges Daumet, archiviste paléographe,
-ancien membre de l'École française de Rome, ancien archiviste aux
Archives nationales, à qui l'on doit ; Étude sur l'alliance de la France et de
la Caslille au XIV et an XV^ siècles (Paris, 1898, in-8; ; Innocent Vf et
Blanche de Bourbon (Paris, 1899, in -8) ; Lettres closes, patentes el curiales
■de Benoit Xll se rapportant à la France (Paris, 1899, in-4) ; Calais sous la
■domination anglaise {Xrr as, 1902, in-8) : — Notice sur les établissements reli-
gieux anglais, écossais et irlandais fondés à Paris avant la Révolution (Paris,
1912, in-8) ; Mémoire sur les relations de la France el de la Caslille de
1255 à 1320 (Paris, 1913, in-8), mort subitement à 48 ans, à Paris,
le 10 décembre ; — Joseph-Marie-Edmond Drouet, professeur d'histoire,
docteur es lettres, auteur d'une étude sur l'Abbé de Saint-Pierre, l'homme
■el l'œuvre (Paris, 1912, in-8), mort dans sa 34' année, le 2 décembre, à
l'hôpital militaire de Rennes ; — A. -Michel Duchesxe, rédacteur militaire
•du Journal, mort à 47 ans, en décembre ; — Ernest Dupont, conseiller à
la cour de cassation, auteur d'un Manuel élémentaire de droit criminel, en
-«ollaboration avec M. René Foignet (Paris, 1907, in-18). mort en décembre ;
— François É.\ault, artiste peintre, rédacteur en chef de la France illustrée,
mort le 1" décembi-e ; ^ — le chanoine Joseph Gindre, curé-doyen des
Cordeliers, à Lons-le-Saunier, qui a publié un Panégyrique de saint Claude
(Lons-lc-Saunier, 1903, in-12), mort en cette ville le 19 septembre 1918'
■dans sa 63' année ; — Albert Golllé, ancien collahorateur du Cri da
peuple, de la Petite République, de l'Autorité et du Rappel, mort le 4 décem-
rbre, à 74 ans ; — Georges Guilaine, rédacteur au Daily Mail et à l'Agence
Radio, qui avait collaboré à de tiombreux journaux parisiens cù il avait
su faire apprécier sa valeur professionnelle, mort le l^"^ décembre ; —
D"^ Gaston Humbert, qui a traduit les Éléments de l'esthétique musicale par
G. Riemann (Paris. 1907, in-8), mort à Paris, le lo novembre; — Georges
Jeannel, collaborateur parlementaire de l'Agence télégraphique républicaine,
«tjui avait aussi fait partie de la rédaction parisienne de la Petite Gironde,
iTiort à 58 ans, le 14 décembre : — Pierre Jollivet. ancien frère bernar-
•ëin, professeur à Ifîendic, diocèse de Rennes, mort le 2 décembre ; —
■Charles Lalou, ancien directeur du Journal de la France, mort à Paris,
le 29 novembre : — Auguste Lepj:re, peintre et graveur, l'un des maîtres
qui ont le plus contribué à la renaissance du livre par le caractère et la
largeur de ses compositions et à la résurrection de la gravure sur bois,
i«ort le 20 novembre, à Domme (Dordogne) ; — Charles Lefèvre-Clérem- '
— 70 -
BRAY, qui a t'cril do nombreuses noticos sur la région et sur le pays de-
lîray et public un travail considérable : La Terreur à Rouen {1703-1796),
ainsi qu'une curieuse élude : Bovarisme el Jlauberlisme, mort le 3 décem-
bre' ; — Henri Leouand, professeur d'agriculture à l'école primaire supé-
rieure de Bapanme. emmené à Valenciennes et fusillé par les Allemands
en février dernier ; — Mgr Hector Léveillé, prélat de S S., directeur de
l'œuvre dominicaine du Mans et de l'Académie internationale de botanique,
collaborateur du Cosmos, mort le 29 novembre, à qui l'on doit, entre
autres ouvrages ; Esi^ai sur la géographie botanique du nord-ouesl de la
France {Le Mans. 1906, in-8) ; Glanes sino-Japonaises (Le Mans, i%6,
in-8) ; Tableau analytique de la flore française (Le Mans, 1906, in-16 v
Les Vignes de la Chine (Le Mans, 1906, in-8) : — Josepb Periun. de la mai-
son Perrin cl C'% qui avait succédé à M. Didier dans la direction de la
Librairie académique, mort à 53 ans, le 3 décembre ; — M. r«aston Pinet,
chef d'escadron d'artillerie en retraite, ancien bibliothécaire de l'École-
pol> lechnic[ue, écrivain d'une grande érudition, qui, outre une ///.s/o/re
1res complète de l'École polytechnique (Paris, 1887, gr. in-8), qui fait auto-
rité et des travaux documentés sur le siège de Iluningue, le Siège de Bilche,
les Lignes de Wissembourg, Landau, Belfort, etc., laisse un grand nombre
d'études fines et gaies ; L'Argot de l'X polytechnique (Paris, 1894, in-8);
f.es Roslots, les Pouyades, liousca, Un Chic à Merca, etc., mort à la fin
de novembre ; — Joël Raynaud, correspondant du Temps à Privas, mort
en octobre ; — Emmanuel Rivikhe, ingénieur des arts .et manufactures,
directeur de l'Écho du Centre et de la Croix du Centre, mort âgé de 63 ans,
le p' décembre, à Blois ; — le chanoine Rousseau, curé de Bourdeilles,.
diocèse de Périgueux, collaborateur des Contemporains, mort le 10 décem-
bre ; — le R. P. SicAUD, des Frères Prêcheurs, aumônier des Dominicaines
de Saint-Maximin, auteur notamment d'un ouvrage sur Sainte Marie-Made-
leine, mort à Marseille, le 1" novembre ; — l'abbé Antoine-Ernest Terrasse,
auteur d'une Histoire de l'Église, d'un Cours complet d'enseignement reli-
gieux (1!)0I, 5 vol., in-12) et d'une étude sur l'Ignorance religieuse au XX'' siè-
cle (1912. in-12). moit à 70 ans, à Paris, le 8 octobre ; — l'abbé Armand
Vam:s. professeur à IS.-D. de Mende, mort on décembre ; — Bernard Van-
DKMiKOAQUE, liommc dc lettres, mort à Bourg-la-Reine, lc6 décembre : —
le 1)"^ A loouROux. médecin en chef des asiles de la Seiiue, auteur d'ui»
traité de médecine à l'usage des familles, mort le 13 décembre, à Paris ;.
— Louis Woi.F, collaborateur du Rappel et du Pays, directeur de la Tri-
bune parlementaire, mort à la fin de novembre, à Paris ; — le baron
o'YvoiRE, collaborateur du Français et du Journal de Rome, qui fut le prc-
niier directeur de la Défense, le grand journal callioliqne fondé par
Mgr Dupanloup, mort à 85 ans, en Haute-Savoie, le 20 novembre.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM : Auguslo Acahiti. secrétaire-
delà bibliothèque de la Chambre des députés d'Italie, collaborateur de la
Rnssegna nazion/de, à qui l'on doit entre autres ouvrages : La Sovranità
délia società : Il Proldema delta virisezione. La Religione e la leosojia degli
Arabi : La Sainte detl' Europa e iiideruento iialinno. n)ort à Rome, le 5 oc-
tobre, dans sa trente-neuvième année, d'une maladie contractée au Front;
— Francisco Ai.e.many, écrivain espagnol, mort à Alicanle, en novembre ;
— Julio CAl.CA^o. un des représentants les plus notables de la littérature-
hispano-américaine, secrétaire perpétuel de l'Académie vénézuélienne»
correspondante de celle dc Madrid, auteur de poésies, de coules, de ro-
jnniis exotiques et historiques (tel que Letly Somers qui contient une pein-
— 71 —
tiive ciiiieuso des révolutions auxqtiplle.s il sc.inèla comme acteur), et dont,
iious citerons pins s|)écialenjent ont* liesena hislorica de la lilerniura vene-
:()liina (ISSU, in-S) et \in livre intéressant sur la langue espaj^nole an Ver)e-
znela ( El aixlellano en Vcnezuelu, l.S'JT. in-8), mort à flaracas dans le cou-
rant de novembre ; — Hobcrt .1. C^ollikh, directeur de la grande firme dp
ce nom et <klileur du Colliers Weekly. mort le S novembre ; — Angel Dkl-
■OADO. membre correspondant de l.Vcadémie dhisloire de Madrid, mort
au début de novembre à Helaluazar, en Andalousie ; — le D'' KiiHNAi,, édi-
teur du .S7an(/ani f/(C<(o/i/trv. auteur de nombreux ouvrages, dont le plus
récent a pour titre Expressive Eiiçflish, mort le 10 novembre à New York ;
— Laurence Jkukolu, directeur parisien du Daily lelefjrnph, auteur de :
Tlte Real France (1911. iu-8) ; The Erench and ihe Eiujlisli (1913, in-8) ;
France h ikiy (I91t), in-18), mort le 1" noveuibrc à 45 ans ; — \lbert Keï-
/EI5, critique dramatique du Daily Mail, moit le 10 décembre à Paris ; —
Francis Ellington Lkui'p, ancien correspondant de VEvening post. qui fut
un moment commissioner of Indian atTairs pendant la présidence de
Roosevelt. auteur, entre autres ouvrages, de The Indian and liis probleni
<1910). liiography of William II. TaJÏ (1914). Wallis aboul Washinglon (l915).
mori à Tvringham (Massachusetts), le 19 novembre, âgé de 69 ans ; — Pie-
tro MoscATELLO, uotairc. fondateur de la revue // Xotarialo ilatiano, aute^ir
<rouvrages juridiques estimés, mort en décembre, à Palerme ; — Federico
PiMF>TKL. écrivain vénézuélien, inort en novembre à Caracas ; — Willard
Dicke.rman Straight. attaché à la mission de paix américaine, corres-
pondant de lagence Reuter. puis de VAssocialed Press, à Séoul. Tokio.
puis en Mandchourie. mort à 38 ans, le 2 décembre ; — Charles Richard
A AN HisE. de 1 Université de ^^ isconsin. à qui l'on doit notamment un
important Trealise on melan}C)rp/iism (1904; ; Conservation o/ ntdnral resotir-
ces in Ihe Uniled States (1910) ; Concentration of indnstry in the United
Slales of America (1914). mort à Mihvaiikee, le 19 novembre, dans sa
61' année.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. — Le
6 décembre 1918, M. Héron de Villefosse communique à l'Académie lo
texte d'une inscription votive de l'époque romaine, découverte aux envi-
rons de la Rochefoucauld (Charente). Cette inscription mentionne la déesse
gauloise Damona. compagne d'ApoUo Borvo, le dieu des eaux salutaires
à Bourbonne-les-Bains et à Bourbon-Lancy — Le 13, M. Diehl commu-
nique un télégramme adressé à la légation de Grèce par la Société des
études byzantines d'Athènes, qui fait connaître les vols et la destruction
de nombreux objets d'art byzantin commis par les troupes bulgares dans
plusieurs monastères de la Macédoine orientale. — Le 20, M. Babelon
donne lecture d'un mémoire sur la devise a Fert ». qui figure, comme cha-
cun sait, sur la tranche des monnaies d'argent d'Italie et remonte au
XIV' siècle, sans être toutefois antérieure à Amédée VI, comte de Savoie
(1343-1383). Il s'agit très vraisemblablement du verbe latin, Fert, « II
porte. »
Lectures faites a l'Académie des sciesces morales et politiques. — Le
7 décembre 1918, M. de Guichen donne lecture d'une communication inli-
lée : Les Relations commerciales russo-allemandes da xiv au xx' siècle ei le
Problème agricole allemand. — Le 13, M. Albert Vaunois. avocat à la cour
dappel de Paris, lit une étude relative à l'Abrogation récente de la loi du
16 mai 1866 sur les instruments de musique mi/canique et la propriété liltéraire^
et arlislique.
Pnix. — L'Académie de médecine vient d'allribuer le prix Saintoilr.
<le 4.400 fr. au docteur Cabanes pour son important ouvrage : CJiintniiens
■el blessés à travers l'hisloire, des origines à la Croix-Rouge, dont le Polybi-
blion a rendu compte dans sa précédente livraison (novembre-décem-
bre 191X, t. CXLIII. p. 2S!>-292). — Des mentions très honorables ont été
accordées à : M. le D' L. Camus : Elude de la vaccine généralisée ; M. le D' l'aul
Codin : La Croissance pendant l'âge scolaire ; applications éducatives. I.a For-
mule individuelle de croissance ; M. le D^ Charles Perri«r : Le Crâne el ses
rapports avec la taille, la grande envergure, le buste, le pied chez les crimi-
nels ; M. le D"^ Mauclaire : Chirurgie de guerre, cliirurgie d'urgence, chinit -
gie réparatrice et orthopèd'ique .
— Dans sa séance du 17 décembre dernier, la Société îles gens de Icllrcs
a décerné le prix Charles Richet, destiné au médecin honuiie de lettres
dont l'œuvre est reconnue la plus mérilanle, au D' Cabanes, rédacteur en
chef de la Chronique médicale dont la parlic technique du Polyhiblion public
régulièrement les sommaires.
Index. — Un décret du Saint Office, en date du 27 novembre, 7net h l'in-
dex deux ouvrages de M. Ernesto Benaiuti : La Genesi délia dottnna agosli-
niana inlorno al peccalo originale (Roma. Tipogr. del Senalo, 1916) ; —
Sant'Agoslino (Homa, A. Formiggiani, 1917).
L'Inquisitio.n. — Tandis que, deptiis un demi siècle, les travaux se sont
multipliés sur linquisition dans le midi de la France au point d'en éclai-
rer les origines, il règne encore; sur l'établissement de cetle institution
dans nos régions du nord une certaine obscurité. L'étude que M. Emile
Chénon, le savant ])rofesseur de la Faculté de droit de Paris, publie sur
l'Hérésie à la Charité-sur- La ire et les débuts de l'inquisition monustiquf
dans la France au xui^^ siècle (extrait de la Nouvelle liecue historique
de droit français et étranç/er. Paris, librairie de la Société du recueil
Sirey, 1917, in-8 de 33 p.) nous apporte sur ce point des lumières nou-
velles ; il montre les progrès et l'extension de l'hérésie à la (]harilé-sur-
Loirc; expose les cITorts tentés en vain pour l'enrayer par Hugues des
Noyers, cvéquc d'Auxerre, et ses successeurs ; précise le rôle des domini-
cains cl du fameux Robert le Bougre, donl il nous dévoile un aulre sur-
nom : le Petit.
Analect.\ MoiVTSEHRATEUsiA. — Lcs moincs bénédictins de l'antique et
célèbre abbaye de N.-D. de Montserral, en Catalogne, entreprennent
sous ce titre la publication d'un recueil qui promet d'être intéressaiit à
en juger par le premier volume, qui s'applique à l'année 1917 (Monastère
de Montserrat ; Rarcclone, impr. Nerdaguer, 1918, in-4 de 400 p.). La des-
truction, au début du xix' siècle, des riches archives de l'abbaye obligera à
de longues et pénibles recherches le futur historien du monastère. C'est
pour lui préparer sa tâche (pic les Analecta ont été fondés. O premier
volume contient : 1. Le (Catalogue, par Dom .\nselm M. .\lbareda. des
72 manuscrits de la Bibliothèque ; II. Une étude de Dom Cregori M. Sunol
sur les chants des jjèlcrlns au xiV siècle : 3. Une note de M. .laume (Po-
llen qui met hors de doute (pie des moines du .Mont-Cassin sont ven<is au
XV' siècle réformer le couvent ; i. La reproduction, par l'archiviste do
l'abbaye, des textes catalans contenus dans le « Livre vermeil », l'un des
plus précieux manu.scrils de la Bibliothèque; 3. Quelques documents par-
mi lesquels nous noierons une liste de manuscrits jadis conservés à l'ab-
hayc el un catalogue des reliques et joyaux ; 0. Enfin la chronique du
^anctuaire en 1917. Nous ne pouvons que souhaiter longue vie au nou-
veau recueil.
AiMANATH*;. — l'oiir so conrofirior aux prescriptions du décret du
X mars tOlS. VMinanadi Jlachelle (in-16 de 252 + Oi p.. avec un grand
nombre de plans, cartes et pians. Prix : broché, 2 fr. ; cartonné, 2 fr. !)0)
^1 dû, pour l'année 11(19, comme d'ailleurs toutes les publications simi-
laires, dimiiHjer très sensiblement son importance matérielle. Mais la
réduction porte surtout sur la partie dite « Agenda » qui a été condensée
4out en conservant les renseignements essentiels. Ce qui forme, comme les
4innées précédentes, la partie la plus attachante de VAlinanach Jlarhr.llc,
r'est indiscutablement VHisloirc de la guerre, que nous raconte M. Pierre
Dau/et pour la période allant du mois d'octobre 1917 au 11 novembre 1918.
Dans ce texte, mais bien distincts et séparés, on trouvera intercalés des
renseignements intéressants, appuyés de figures qui les éclairent, sur
l'artillerie lourde française et allemande, l'évaluation des forces ennemies
^"i quatre époques différentes, la répartition des forces allemandes sur le
Front occidental au lo mai 1918. — \ noter aussi : Pelile Encyclopédie de
/a tjuerre, où il est question des chars d'assaut allemands, des gros canons
•ïiyant bombardé Paris, de l'aviation, de l'armée japonaise, des merveilles
cle la chirurgie pendant la guerre ; — l'Histoire illuslrée de l'année, aux
•divers points de vue politique, diplomatique, religieux, économique, agri-
<:ole, maritime, géographique et colonial, industriel, médical. Quantité
-d'autres sujets sont également traités, avec plus ou moins de détails. Eu
«omme, VMmanach Hacheile, quoique amaigri « par ordre ». justifie tou-
jours pleinement son sous-titre : Petite Encyclopédie populaire de la vie pra-
lique.
— Rien de banal dans V Almanaclt-Guide des « Erèrfs d'armes » pour 1919,
pas même le calendrier, qui offre beaucoup de détails intéressants, ins-
tructifs, édifiants (Paris, VP, 14. rue d'Assas, édition de Frères d'armes,
in-18 de 141 p., illustré. Prix : 1 fr. 2-5). Outre d'excellents conseils à la
jeunesse, donnés sous les formes les plus variées, cet almanach renferme
<les articles parmi lesquels nous avons particulièrement remarqué : i\'otre
I^ays : la France ; — Nés bonnes vieilles Provinces (texte illustré des armoi-
ries de tous les chefs-lieux de département) ; — En Guerre. Comment et
pourquoi nous sommes en guerre ; — La Guerre et la Chanson. La Chanson
militaire ; — Chansons de route ; — Pour l'Après-Guerre : — Parlons un peu
die la famille ; — La Terre nourricière ; — Notre grand ennemi : V Alcool.
.Pauls. — Dans une communication faite le 26 mai 1917 à l'Académie des
sciences morales et politiques, M. Paul Meuriot a recherché Pourquoi et
comment furent dénommées nos circonscriptions départementales (Extrait de-s
.séances ci travaux de l'Académie des sciences morales et politiques. Paris,
Auguste Picard, 1917, in-§ de 37 p.). 11 montre que ce n'est pas du premier
<;oup que la Constituante en est venue à substituer aux noms des anciennes
provinces ceux des départements actuels. Il fournit des renseignements
•curieux sur les projets de redistribution territoriale éclos sous la Conven-
tion. M. Meuriot a voulu donner à son travail un intérêt pratique et il en
tire argument contre les projets de reconstitution des anciennes provinces ;
jjous nous contentons de signaler ce point de vue, dont la discussion nous
•entraînerait trop loin. Il n'est pas tout à fait exact de dire que « le terme
•de département dans le sens de subdivision territoriale semble avoir été
•employé pour la première fois dans la seconde moitié du xviu' siècle, d'abord
par Expilly (1762) » (p. 5). Le Dictionnaire de Richelet donne du mot cette
définition, entre autres : « C'est une étendue de pais sur laquelle on a
quelque pouvoir conformément à la charge. »
— /4 —
— M. Paul Mcuriot, en même temps que le liavail précédent, nous er»>
offre un autre sur le liecensement de l'an II (Paris, Berger-Levrault, 191'8^
gr. iii-8 de 48 p.). Il s'agit du recensement ordonné par le Comité de divi-
sion pour servir de base à la répartition des sièges électoraux entre les-
dépai teinents d'après le nombre des volants. Les décrets cpii ont ordonné
le rerensenjent. la manière dont il a été exécuté, les résultats qu'il présente
aux points de vue démographique, politique, adminislralif etjudiciairesonl
tour à tour passés en revue [)ar M. Meuriot, qui a fait d'intéressantes com-
paraisons avec les recensements de 1790 et de 1795. Naturellement les
données de ces recensements, dont l'exécution ne laisse pas que d'avoir
été défectueuse, ne sont point d'une certitude indiscutable : mais à condi-
tion de manier ces chiffres avec une certaine prudence, — et c'est ce qu'a
fait M. Meuriot. — on obtient des résultats intéressants.
— Dans les fêtes dont fut l'occasion le mariage de jNapoléon I" avec
Marie-Louise, l'ambassade .d'Autriche se devait naturellement de se distin-
guer de façon particulière et le prince Schwartzenberg, qui représentait alors
son pays auprès de la cour de France, prit toutes les dispositions pour
donner de l'éclat au bal qu'il offrit le 1" juillet 18,10. Malheureusement là
fête s'acheva en catastrophe ; un incendie que l'on ne put maîtriser assez
tôt et qui rappelle l'incendie du lîazar de la Charité vint assombrir la joie
des fêtes. La curiosité érudite de M. Léonce Grasilier nous en fait la rela-
tion détaillée d'après des documents en partie inédits : L'Incendie de
l'hôtel de l'ambassade d' Autriche, rue du }tont-lilanc (chaussée d'Antin),
l^"^ juillet 1810 (Alençon. Imp. alençonnaise. 1918, in-8 de 37 p.). Il nous
raconte le sinistre, les mesures prises pour l'enrayer, les sauvetages opérés ;
il recherche le nombre des victin)es, les responsabilités, les sanctions ; un
chapitre spécial est consacré à « un réciiappé « : le prince Konrakin, ambas-
sadeur de Russie. Deux portraits de Kourakin, un de la princesse de-
Scliwartzenberg et un du {préfet de police Dubois ornent cette curieuse-
brochure.
— .\ux beaux Discours prononcés aux obsèques de M. Emile Picot le 27 sep-
teinbre l9IS,\}nr M. Henri Omont, qui a mis en lumière son activité scien-
tifique, et par M. le comte Alexandre de Lîborde. qui l'a montré dans son
rôle à la Société des bibliophiles français, M. Georges Vicaire a joint
quelques lignes précises sur la collaboration (ju'il donnait depuis près de-
trente ans au linUelin du bihliopliile (Extrait du Bulletin de septembre-
octobre 1918. Paris, Henri Leclerc, 1918. in-4 de 10 p.).
— Dans le même Bulletin du bibliophile, un collaborateur plus ancien
encore, jjuistpie ses premiers articles y remontent à 1872, M. Maurice
Tourneux s'est vu consacrer une notice par notre .savant ami .M. Paul
Lacombc : \î((urice Tourneux {12 juillel I8VJ- 13 janvier 1917) (Tirage à part.
Paris. Henri Loderc, 1918. in-i de 30 p., avec portrait). 11 n'est guère
besoin de dire que, due à une telle plume, la notice fait connaître avec
luie impeccable précision l'ccuvre scientifique de cet éminent bibliographe.
— On trouvera la bibliographie des œuvres de M. Ernest .lovy. l'auteur
bien connu de Pascal inédit et de Fénelon inédit, dans une élégante
plaquette intitulée :yote sur les travaua- d'Krnest Jor;/ (Chartres, imp.
Duratul, 1918, in-8 de 10 p.). Cette bibliographie méthodique est répartie
4'n on/.e sections : \. Sur l'histoire d'Orléans et de LOrléanais ; — H. Sur
J'histoire de Louduii et du Loudunais ; — HI. Sur l'histoire de Vitry-lc-
François et de la (Champagne ; — IV. Sur l'Iiisloire des éludes grecques ;
— V. Sur l'histoire poiilirpie et littéraiie des xvn', xviu' et mx' siècles ;.
— i:\ —
— V[. Sui: le jaiisi'-iusmc ; — \ II. Sur Piisc;il ol autour do Pascal ; —
VllI. Sur Bossuot : — l\. Sur rénclon ; — X. Discours ; — XI. Confé-
lenccs. — l,a broclmro poitc (■elle ('pijfrapiie : « In recof/nitiofiem pffecLi
fahoris. In s})Pih /ler/icie/itii. » Nous souhaitons au laborieux érudit que la
\ie lui porincltc d'accroître longuement la liste de .ses travaux.
— M. (Jeorges Héuinn, bibliothécaire à la Bibliothèque Korney, est un
des meilleurs et des plus actifs collaborateurs de M. Ernest Coyccque dans
l'œuvre qu'il a entreprise du catalogagc des bibliothèques municipales de
la ville de l'aris. \ oici un nouveau travail dû à ses soins : Ville de Paris.
Dihliol/iè(/ue municipale du x' a?'rondissement .. Fo7ids de lecture sur
place ou section no 2. Catalogue (l'aris, imp. de Hemmcrlé, 1918, in-32
de xxiv-243 p.). La section n" 2 dans les bibliothèques municipales com-
prenait les livres dont le prêt à domicile n'était pas autorisé et que l'on ne
pouvait consulter que sur place. Une mesure du 20 janvier 1910 a décidé
l'extension du prêt à domicile aux volumes de cette section, sous réserve
d€s ouvrages de référence (dictionnaires, annuaires, etc.), qui continueront
assez naturellement à ne pouvoir être consultés que sur place. Et c'est la
lu'emièrc fois depuis 37 ans. nous dit M. Coyecquc dans son .\vant-l'ropos,
qu'on piiblie le catalogue de la section dite de lecture sur place d'une
bibliothèque d'arrondissement. M. Georges Rémon, dans ce travail, a suivi
le classement adopté dans les bibliothèques municipales parisiennes. Quant
à la composition de ce fonds, M. Rémon, dans son Introduction, dit juste-
ment que « très composite ». il nous « renseigne sur le genre d ouvrages
qu'un amateur de livres aimait à réunir entre 1840 et 1870. » L'histoire et
la littérature y tiennent les premières places (675 et 433 volumes sur un
total de 2295). Il sy trouve de bons [ouvrages d'étude ; mais la collection
se sent de son origine et il y manque bien des livres que l'on devrait
trouver dans des bibliothèques de ce genre.
— C'est à litre purement bibliographifjue que nous signalons la bro-
chure de M. Urbain Gohier : Réponse auœ socialistes du Kaiser. Comment
Je n'ai pas tw! le traître Jaurès (Paris, Vfl% 3, rue du Prc-aux-Clercs. in-8^
de 49 p. et 1 fig.).
— Avec la livraison d'octobre 1918. portant le no 68 de la collection, se
termine la l""^ année du Bidleliii iriineslriel de la Société historique elarchco-
l(>(li<iue du IV' arrondisseiueiU de Paris, la Cité (Paris, mairie de l'hôtel de
ville, et Champion, in-S paginé 249-328, avec 7 grav., 2 portraits et un
l^lan). M. A. Callet poursuit son étude sur Un Habitant de l'ile Saint-Louis,
le peintre Fr. Monchel, commencée dans la livraison précédente du Bulletin
(p. 249-264, avec 3 grav.). — L'histoire des Hospitalières de la place Uoyale
est retracée avec de très utiles précisions par M. Marcel Fosseyeux (p. 26S-
279), qui a illustré son texte par un beau portrait de M"" de Bullion, bien-
faitrice des hospitalières (xviie siècle), une petite vue du couvent et de
l'église des Minimes et 2 reproductions de gravures (1741) rappelant la
guérison miraculeuse de Marie-Anne Follet. — MM. Louis Bonnier et L.
Tesson fournissent des détails intéressants sur « le casier archéologique et
artistique » du Hl^ Arrondissement. Commission du Vieux-Paris. M. L. Tes-
son donnant spécialement une assez longue m Note historique au sujet des
llaudriettes » (p. 280-300, avec un plan du quartier de la Grève et une gra-
"\ure). — Pour finir, M. A. L'Esprit fait revivre la figure bien connue, mais
im peu oubliée, de Champion, l'homme au petit manteau bleu (p. 301-311^
«avec portrait).
Alsace et Lorraine. — Sous le titre : 10^8-19 IS. L'Alsace et la Lorrcdne
— 76 —
DeaUnt el doivent rester françaises (Paris, Fischbachcr, i918, gr. în-4 de
-106 p., avec planches et cartes. Prix : 12 fr.), a tout dernièrement paru un
recueil des plus suggestifs concernant nos deux chères provinces enfin
rentrées dans l'unité nationale. Mais quand ce vokime se préparait, les
faits n'étaient pas encore accomplis. Ce recueil s'ouvre par un Avant-Pro-
pos. Pour iAisnce et pour la Lorraine. L'Œuvre du comité « VEJforl de la
France et de ses alliés ». par M. Paul Labbé (p. 7-9). Suivent quatre étudy
historiques de véritable valeur : la première, intitulée simplement : Intro-
duction (p. 11-20) est une analyse de tout ce qui touche à nos provinces
perdues en 1871 aussi bien an point de vue historique que sous le rapport
psychologique ; son auteur, M. Jacques Flach, de l'Institut, a fait œuvre,
a la fois, de savant et de bon^Français. — Les trois autres éludes, sont, à
tous égards, fort remarquables, savoir : Les Prétentions des Allemands sur
VAlsace el la Lorraine, par M. V.-H. Friedel (p. 21-28); — Le Retour de
l'Alsace à la France sou^ Louis XIV, par M. Jacques Flach (p. 29-39) ; —
16^18-1789- I8à8, par M. Rodolphe Heuss (p. 41-47). — De la page 49 à la fin
du recueil, ont pris place, dans l'ordre chronologique, les divers docu-
ments alsaciens-lorrains ou français qui, pour ainsi dire sans arrêt, en
1871. 1874, 1897 et depuis 1914 à ces derniers temps, ont affirmé les reven-
dications de nos frères courbés sous le joug allemand et celles des autres
Français. Depuis la Déclaration de Bordeaux (17 février 1871) jusqu'au
discours de M. Laurent Hartman (Nancy, l'"'' mars 1918), nous comptons
28 documents (déclarations, prolestalions, conférences, discours) émanant
de personnalités qualifiées à litres divers et qui, tous, visent au but unique
de revendiquer les pays arrachés à la France par la Prusse aux j»urs
néfastes de 1871. De ci, de là, il y aurait bien quelques réservés à faire ;
mais l'heure n'est pas aux chicanes d'opinions quand le patriotisme seul
a la parole.
Maisiî. — Nous recevons le 4' fascicule des années réunies 1917 et 1918
du Bulletin de la Société d'agricidture, sciences et arts de la Sarlhe, qui clôt le
tome XXXVIII" de la 2' série, correspondant au tome XLVI' de la collection
(Le Mans, imp. Monnoyer, 1918, in-8 paginé 273-356, avec un portrait hors
texte, 3 planches et des figures dans le texte). Ce fascicule renferme la fin
de l'intéressante Monographie du facteur des postes, par M. Rozé, qui, ayant
«lé receveur principal des postes, parle avec une compétence que nul ne
contestera (p. 273-304). — - M, (icrbault fait ensuite connaître le résultat de
ses Uecherckes sur la constitution du phénotype linnéen « Ranunculns repens »
4lans la province du Maine et ta Basse-Normandie (p. 305-347. avec 3 plan-
ches et des figures dans le texte). Les dernières pages du fascicule (p. 340-
350) sont remplies par trois poésies : Vieux Châteaux, par M. Simon, Les
Soirs, par M. (îralfin et Bonjour, les vieux !, par M. Renard, pièce qui met
en scène, de façon très originale, un « Poilu », revenu au pays, et ses
vieux parents : ces trois pages valent mieux, certes, que plus d'un long
poème de notre connaissance.
MoRMANDiK. — Le fascicule de juillel-octobre 1918, qui forme le 3'^ et le
4' Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne dot le tome
XXXVIl de cette publication (Alençon, Impr. alençonnaiso. in-8 paginé
<;cLxxxni-cc.t;xx et 177-237). Les pages numérotées en chiffres romains sont
remplies par l'Analyse de la correspondance générale (additions et corrections)
<lu (joniité ecclésiastique (documents relatifs au département de l'Orne). A. la
suite l'on trouve trois mémoires intitulés : Le Diamant d' Alençon, par
M. l'abbé Letacij (p. 197-214) ; — Deux Anciens Documents de guerre. /. Une
— 77 —
f.etlrc de passe d'tm prisonnier de (juern; de 1707. Messire Lonis-Claade-Pierre
de lu Boussardièrc, par M. l'abbi» L. Tabourier (p. 21îj-244) ; — La Confrérie
de Noire-Dame en l'église de Moidperroux (1772), par M. Jean P(jr(;licr
(p. 245-2554).
— Il est rendu compte dans la présente livraison (p. 5S-5'.)) du
beau livre de M. chanoine Eudelirie sur la paroisse d'IIauville. Disons ici
que cet ouvrage, tiré à 300 exemplaires, a été presque épuisé par les sous-
cripteurs (Évrenx, impr. de l'Eure ; et Rouen, Lestringant,i n-4 de xv-595 p.,
jivec 42 gravures sur papier de luxe. Prix : 20 fr.). C est une excellente
monographie d'une intéressante paroisse du diocèse d'Evreux.
Poitou. — Rome a évocjué. devant le tribunal du Saint-Olïice, la cause
(le ce qu'on a appelé « le fait de Loublande. » Remettons-nous donc en toute
confiance et toute sécurité à la décision du Saint-Siège. En attendant, signa-
lons, sur le sujet, ou s y rapportant, une brochure de M. Emile Marsac :
Al? Pai/s de Claire Ferrhaud (Fontenay-le- Comte, bureaux de la Vendée,
1018, petit-in-8 de 23 p.). où l'auteur, en pleine soumission aux décisions
ecclésiastiques, rappelle en excellents termes, les faits historiques qui
peuvent expliquer les préférences du Sacré-Cœur pour la Vendée, terre de
souffrance et de sacrifice s'il en fût. dont les fils arboraient, en 1793, linsigne
du Cœur divin.
Angleterre. - Sir Bazil Zaharov. un philanthrope connu, vient de fon-
der à l'Université d'Oxford une chaire de littérature française qui prendra
le nom du maréchal Eoch. Il a donné à l'Université 625.000 francs pour
assurer cette fondation. Nous sommes heureux d'enregistrer cet acte géné-
reux qui, en même temps qu'il est un hommage au grand homme de
guerre, aidera à la connaissance et au développement de la langue et de
l'influence française chez nos alliés d'Outre-Manche.
FiNLAiNDE. — Nous avous BU l'occasiou de signaler ici le beau travail dans
le(|uel M. Arthur Langfors nous faisait connaître le manuscrit français
12483êie la Bibliothèque nationale, contenant un recueil en l'honneur de
la Sainte Vierge, œuvre d'un dominicain du Soissonnais qui écrivait dans
le premier tiers du xiV siècle. Le même érudit tire de cette composition
quelques renseignements sur la Soci-Hé française vers 1330 vue par un
Frère prêcheur du Soissonnais (extrait des Finska velenskaps-Mociflftens
forhandfingar, t. LX, 1917 1918. section B, n^ 1, kelsingfors. Centraltry-
ckeri. 1918, in-8 de 23 p.) Naturellement lui recueil de ce genre ne sau-
rait fournir les éléments d'un tabh-au complet de la vie sociale ; et par
ailleurs il ne faut pas oublier qu'un écrivain qui poursuit une œuvre
d'éditication et de moralisation est porté à charger les traits de sa pein-
ture et à faire voir surtout les vilains côtés d'une société, ceux que précisé-
ment il entend réformer. \ côte de généralités un peu vagues, quelques^
traits plus particuliers aideront à préciser notre connaissance du coslume
et des coutumes au début du règne de Philippe de Valois.
Suisse. — Nous sommes en retard avec le BuUelin de la Société fribour-
(feoise des sciences naturelles. Le volume XXI (Kribourg. impr. Fragnière,
1913, in-8 de 112 p., avec 3 graphiques et I portrait Prix : 2 fr. 50), con-
tient, avec des résumés inti-ressant l'activité de la société, des articles origi-
naux tels que la Neuje et Ifs (jlaciers en Savoie en t9t-J. de M. le proL P.
Girardin et la Néplirile dti Val l'aller, par M. le prof. M. Musy. — Le
volume XXII (Fribourg. impr. Fragnière. 1914. in-8 de 96 p.. avec 2 gra-
phiques et 2 portraits. Prix : 2 fr.;. renferme, entre autres articles, un
excellent résumé où M. le prof. Plancherel fait connaître les diverses hypo-
Ihèseacosmogoniques, et queltjues pages substantielles où M. Rothey nous^
— 78 -
cnlrelieiil de la géographie humaine dans le Jura bernois. — La Société
fribourgeoise des sciences naturelles no se contente pas de publier sou
Bulletin annuel : elle édile encore des mémoires originaux. Dans le
volume IV de la série consacrée à la géologie et à la géographie, le fasci-
cule 4 reproduit une conférence du professeur D' D. Schruler sur le Désert
el sa véyélaiion (Fribourg. impr. Fragnière, 11)14, gr. in-8 de 22 p.. avec
4 planches. Prix : 2 fr.). I/auleur expose; avec clarté les caractéristiques
du désert : sécheresse, précipitations irrégulières, températures excessives à
grandes oscillations journalières, vents violents, évaporalion dépassant de
beaucoup la précipitation ; ])uis il décrit les diflerenls types de la végéta-
lion qui comprend surtout des plantes annuelles, des plantes grasses, des
halophytes, des buissons épineux à feuilles petites, nulles ou poilues, des
graminées à feuilles enroulées. Il y a très peu d'arbres, de plantes griHi-
pantes, d'épiphytes et de cryptogames. Olte flore, pauvre en espèces,
riche en formes localisées se défend par des adaptations fort ditîércntes
contre ses ennemis, la sécheresse et le broutage. Cette conférence est une
«!uvre de haute vulgarisation qui intéressera tous ceux qui s'occupent
de géographie botanique. — Le troisième volume de la série « Mathéma-
tiques et physique » contient une Conlribalioii à l'étude des terres rares et à
quelques-unes de leurs propriétés optupies, par le D" Charles Garnier (Fri-
bourg, impr. Fragnière. 1!H5, gr. in-8 de 136 p. Prix : 2 fr. 50). Tout en
faisant l'historique de la découverte des terres rares, le D"^ Garnier
indique les propriétés les plus importantes des terres cériques et yttriques
ainsi que le point où en sont restées les recherches des chimistes s'occupant
de ces terres précieuses. Il insiste sur la méthode de séparation du néo-
dyme, du praséodyme, du samarium et de l'erbium : l'électrolyse et la
capillarité fractionnent le didyme, mais l'auteur préfère à ces procédés
physiques la méthode chimique d'ilolmberg qui permet un travail plue
économique, plus rapide, plus sûr. La seconde partie de l'ouvrage est con-
sacrée à la phosphorescence des terres rares. Tout d'abord il faut '•bavoir
préparer les sulfures luminescents cl connaître les procédés généraux de
fabrication. C'est alors qu'interviennent des études nouvelles sur les sul-
fures alcalino-terrcux de Ca, Sr, Ba, contenant des terres rares et plus
particulièrement du samarium. Ces recherches, conduites avec méthode et
ingéniosité, confirment les théories de M. de Kowalski sur la phosphores-
cence.
Etats-Unis. — Le Déparlement du travail aux États-Unis nous donne
une bibliographie du travail des enfants, (pii est la refonte d'un réper-
toire analogue dressé par M. A. P. C. Grilhn et publié en 1000. Cette oou-
velle édition, mise au point sous la direction de M. II. II. B. Meyer avec
l'active collaboration de .Miss Lama A. Thompson, bibliothécaire du bti-
reau des enfants: List of références o/i child /ahonr {W'Ashmglon, Govorn-
ment printing press, 1916, in 8 de 161 p. — Prix : 1 fr.), ne renferme pas
moins de 1828 numéros (livres ou articles de revues) répartis entre les
rubricpies suivantes : Bibliographies ; — États-Unis ; — Pays étrangers ;
— Ifidustries ; - Éducation ; — Occupations juvéniles ; — Santé des en-
fants employés au travail. Des index, par noms d'auteurs et par ordre
alphabétique des matières, lacilitent la consultation de ce répertoire, riche
.surtout, naturellement, en ce qui concerne les publications américaines.
— Les ouvrages publiés sur les Foraminifères qui ont été trouvés sur
les côtes européennes de l'Océan Atlantique sont vraiment considérables,
mais il n'en est pas de même de ceux concernant ces inÎMnes animaux
— 79 —
\'iv,'inl sur les côtes des Ktits-Lnis. MoHanl à pi ofil les inipoi taiils inatériiitix
rappoilt's par les diiréreiits bateaux du Bureau des pêcheries des F'Uals-
iJnis et surtout ceux recueillis dans ses dragages et ses snudag»-» tiydro-
graphicpies par le steamer Albatros, (^^l même Bureau, M. Joseph. \u^
guste (]ushman. dotjt nous avons à plusieurs reprises analysé dans celle
Revue les importants travaux sur les Foraminifères de l'Océan Pacifiqtie.
•entreprend l'étude de ces mêmes animaux appartenant à la famille des
Aslrorhizidae et habitant principalement les côtes des États-Uriis. du golfe,
■du Mexique et des localités adjacentes, dans : The Foraminifei a of the
Atlanlic Océan. Part 1. Astrorhicidap {Smithsonian Iit.siitnti»n . United
States National Muséum. Bulleti?i 104. Washington, (jovernmenl piin-
ting office, 1918. in-8 de 111 p.. 39 pi.). 9o espèces et 5 variétés ré[)aities en
33 génies sont décrites dans ce volume et, parmi ces dilTérentes formes,
i espèces et 2 variétés sont nouvelles. Les 39 pi. qui accompagnent cet
important mémoire représentent la presque totalité des espèces mention-
nées avec une exactitude et une netteté vraiment remarquables.
Publications nouvelles. — Le Fait divin du Christ e.c/jliqu' nuœ ijens
du ?}ionde. par Mgr Tissier (in-12, Téquii. — Leçons sur la messe, par
Mgr P. BatifloI (in-12. LecotTre, Gabalda). — Cours sup 'rieur de l'eligion,
par L. Prunel. III. Les Mi/.^téres. IV. La Grâce (2 vol. in-I8. Beauchesne).
— La Grâce, essai de psycholoyie religieuse, par G. Truc (in-16. Aicaii).
— Lettres sur la souff'rance, par É. Leseur (in-ltî, J. de Gigord). —
Retraite sur les grandes vérités, par J. Millot (in-i2, Téquî). — Kpis de
éon grain, paroles de lumière et de paix, par .\. Bernard (petit in-8,
Beauchesne). — Dieu, V invisible Roi, par H. -G. Wells (in-16. Pavot). —
Introduction à l'étude du code canonique, par Mgr A. Pillet (in-16. Vitte).
— Education. Un Essai d'organisation démocratique, par L. Zoretti
(in-16, Plon-Nourrit). — Les Confidences d'un tréponème pâle, par M. Boi-
gey (in-16. Payot). — L'Ether, moteur unique des forces matérielles, par
J. Le Ilardonier (in-16. Plon-Nourrit). — La Parole. Comment on parle.
Comvient on téléphone, par L. Fournier (in-8, Bonne Presse). — L Indus-
trie du fer, par L. Férasson (in-16, Payot). — Sa Majesté le Fer, par .T. et
H. Roussel (in-8. Bonne Pressei. — L' Aviation de demain, son avenir
industriel et comm'-rcial, par J. Dargon (in-8, Berger-Levrault). — Tra-
vaux de dames, par .M. de Saint-Genès (in-12. Bonne Presse). — Un Demi-
siècle de ?nusique française. Entre les deux guerres (1870-1917), par J.
Tiersot (petit in-8, Wcan). — Ainsi chantait Thijl (1914-1918). par M. Gau-
chez (in-16. Grès). — La Médecine dans notre théâtre comique, par le D"^
M. Bontarel (in-8, Champion ; Fauteur, 89. rue de Rennes, Paris. VI«). —
Paul Claudel, essai critique, par L. Richard-Mounet (in-18, Figuière). —
Les Pierres du foger, essai sur l'histoire littéraire de la famille fran-
çaise, par H. Bordeaux^(in-16, Plon-Nourrit). — Xotre-Dam" du Faubourg,
par J. Morgan (in-16, Plon-Nourrit). — L'Immaculée, par É. Schneider
(in-16, Albin Michel). — Simon le pathétique, par J. Giraudoux (in-18,
Grasset). — Scènes de la vie littéraire à Paris, par .\. Billy (in-18, La
Renaissance du livre). — Moll Flanders, par D. de Foc ; trad. française de
M. Schwob (in-i8, Grès). — L'Intrus, par R. Dombre (in-16. Bonne Presse).
— Olivette et Miguelito. par M. Colomban (in-S, Bonne Presse). — Ré-
demptrice, par J.-P. Bonnet (in-12. Bonne Presse). — Des Fleurs sur la
route, par J. Vézère lin-8. Bonne Presse). — Les Collections canoniques
romaines de l'époque de Grégoire VII, par P. Fournier (in-4, G. Klinc-
sieck). — Correspondances du dernier siècle (1836-1864), par L. de Lan-
— 80 —
zac de Laboric (in-lC, Beauchesnc). — Les Prpcur.teurs. Histoire de la
/{évolution de i848, par G. liouniols (in-18, Delagrave). — Histoire de^
trois générations, 1815-1918, par J. Bainville (in-iO. Nowvelle Librairie
nationale). — Les Intellectuels dans la société française, de iancicn
régime à la démocratie, par R. Lote {in-16, Alcan). — La Politique exté-
rieure de i Autriche-Hongrie, 1875-1914, par J. Larmeroux. II. La Poli-
tique d' assenai ssement , 1908-1914 (in-8, Plon-Nourrit). — Notre Clemen-
ceau jugé par un catholique, par J. Raymond (in-12, Jouyc). — La Pénin-
suie hdllcanique, géographie humaine, par J. Cvijic (gr. in-8, Colin). —
La Patrie serbe, par M. de Benoît-Sigoyer (iti-I2, Jouve). — Les Pêche.<
maritimes. Un Tour sur le iJogger-liank, par II. Malo (in-t6, Bossard). —
Au Ma -oc. Marrakech et les /torts du sud. par le comte M. de Périgny
(petil in-8. Pierre Roger). — La France au Maroc, par \. Liclitenberger
(in-iO, Berger-Levraull). — L État et la Natalité, p.ir le marqui.s de Roux
Tm-IG, Nouvelle Librairie nationale). — La Politique internatioiiale dic
)nar.jcism>'. Karl Marx ''t la France, p.ir J. Longuet (in-8. Alcan). —
L'Euro'ie au jour le jour, pnr A. Gauvain. T. II à IV (4 vol. in-8, Bossard).
— Art /{épouse du mauvais serviteur, par J. Jorgensen ; trad. du danoi*
par .L de (Joussange (in 16, Bloud et Gay). — Près des combattants, par
A. Cheviillon (in-10, Hachette). - Verdun (mars-avril-mai 1916), par
R. Jubert (in-16. Fayot). — La Grande Guerre. I^e Martyre de Soissons^
août 1 91 1-juillet 1918. par Mgr P.-L. Péchenard (in-8, Beauchesne). —
If A t <(i'-e à la Cerna, notes et impressions d Un officier de l'année d'Orient
{octobre 1915-aoiU 1916), par J. Saison (in-16, Pion-Nourrit). — Sous la
rafale. Au service de V infanterie. Souvenirs d'un dragon pendant la
Gramle Guerre, par A. Sclimitz (in-16, Bloud et Gay). — Le Travail invin-
cibli', par P. Ilamp (petit in 8. Éditions de la « Nouvelle Revue française »).
— Le Mavtgre de Lens Trois Années de captivité, par É. Basly (in-16,.
Plon-Nourril). — En représailles, par E.-L. Blanchet (in-16, Payot) —
Noti^.< d'une internée française en .Allemagne, par G. Fallet (in 8, Berger-
Levratilt). — Le Poing allemand en Lorraine et en. Alsace, 187 1 19 14-
191S, par .\. Fribourg (gr. in 8, Floury) — Essai sur le sentiment fran-
çais en Alsace, par P. Pilant (in-16, Bossard). — Traditions française.'^ au
Liban, par R. Ristelhueber (in-8, Alcan). — La Guerre vue par les rom-
batiants allemands, par \. Pingaud (in-16. Pcrrin). — l^es Intrigues
germaniques en Grèce, par D Vaka (in-16. Plon-Nourril). — Les Vii (oires^
Serbf's de 1916, par E. (îascain (in-8. Bossard). — La Révolution )-iisse ^
j)ar (-. .\net. Il (in-16, Payoti. Magyars et pangermanistes, par S>
Osusky et J. Chopin (in-16. Bossard). — La Paix de Bucarest '7 mai
19lX\. par n. lancovici (in-16. Payot). — Les Deux Fléaux du mondr. Lp.f
Bolclievicks et l'impérialisme Kllemand. par V. Bourtzefl" (in-16. Payot).
— Ln Guerre allemande et la Conscience universelle, par Albert, prince
*le MiMiaco (in-16, Payot).
ViSKNOT
Le GéraiU : CII.M'UI.S
iiupriiiK-ric S. l'aclcau. I.iiçon.
POLYBIBLION
Î^EVUE BIBLIOGKAIMIIOUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS
RELATIVES A LA GUERRE EUROPÉENNE
I.a Guerre vue par les combatlaiits allemands, par Albert Pin-
GAUD. Paris, Perrin, 1918, in-i6 de vi-:33U p. — Prix : 3 fr. 50.
Une première étude sur le sujet ayant été donnée par M. Albert Piri-
gaud à la Revue des Deux Mondes, l'idée lui est venue de « la reprendre
sur des bases plus larges et de la faire porter sur une période plus
longue. » L'enquête est conduite « jusqu'à la troisième année de
guerre. » — <( La méthode documentaire, dit justement M. A. Pin-
gaud dans son bref Avant-Propos, étant la seule qui convînt à un tra-
vail de ce genre, je n'ai eu garde de m'en écarter. J'ai donc laissé le
plus souvent possible la parole aux auteurs de lettres et de souvenirs
du Front allemand, et je n'ai pas craint, pour dépeindre leur état
d'esprit, de multiplier les citations que je me suis borné à commenter
et à classer. »
Ce travail, nouveau en l'espèce, est divisé en trois « Livres n :
I. Les Ouvrages et les auteurs ; II. Les Prétentions et les illusions ;
111, Les Réalités et les aveux. Dans le Livre I", M. Albert Pingaud,
examinant certains volumes parus en Allemagne depuis le début des
hostilités, esquisse les impressions d'officiers de carrière, de réser-
vistes et de publicistes, ainsi que la mentalité des masses, et plus
spécialement des étudiants. Il ne dédaigne pas de faire une excursion
rapide parmi les « livres d'aventures ■», et cela nest pas sans utilité
pour mieux comprendre l'esprit public d'outre-Rhin. — Le Livre II
est un tableau remarquablement brossé de l'Allemagne depuis son
entrée en campagne. L'état moral de la nation et l'organisation de
l'armée aux points de vue les plus divers sont exposés par nos adver-
saires eux-mêmes, toujours très infatués de leurs mérites. Il va de
soi qu'ils témoignent le plus parfait mépris aux Belges et aux Pvusses,
trop rapidement écrasés par eux, et c'est à peine s'ils accordent un
peu plus d'estime aux Français qui, cependant, les ont si bien étril-
lés sur la Marne. Quant à leur rage antianglaise, elle les aveugle d'une
façon ridicule.
Mais, le temps aidant, le fol optimisme germanique ne tarde pas
à subir des éclipses, et les écrivains de toutes sortes mis à contribu-
tion par M. Albert Pingaud rendent plus volontiers justice à leurs
ennemis : la résistance belge et russe, la ténacité anglaise et les
(( vertus françaises » ont fait réfléchir l'envahisseur qui. passant en
ouragan sur la petite Belgique, s'imaginait atteindre Paris d'un seul
bond et faire capituler la France. Ces gens du « peuple élu » conti-
Février1919. t. CXLV. 6.
— 82 —
nuent à haïr certes, mais ils admirent le courage et l'endurance de
troupes qu'ils croyaient d'abord, parce qu'on le leur avait affirmé en
haut lieu, ne pas pouvoir tenir devant leur force et leur organisation.
Et si les responsabilités du cataclysme devaient être établies unique-
ment par certaines publications ne cessant de parler de conquêtes et
d'envisager la domination universelle, la preuve serait faite que l'Al-
lemagne, son empereur, son parti militaire, l'immense majorité de
son peuple même ont prémédité et voulu la guerre. Mais cette preuve
existe autrement, et solide !
A l'heure où enquêtait M. A, Pingaud, il semble que la formidable
machine agressive montée par In Prusse annonçait déjà des craque-
ments : l'usure morale et matérielle n'échappait pas aux écrivains
clairvoyants ; de là. toutefois, à désespérer, la marge était grande
encore.
En ce qui concerne les dévastations inutiles et les atrocités si sou-
vent reprochées aux Allemands, M. A. Pingaud invoque les témoi-
gnages de certains acteurs ou témoins ; on en trouvera d'autres
quand le calme qui suit les grandes perturbations sera revenu. Les
dernières pages de ce livre particulièrement suggestif sont consa-
crées à l'attitude des Alsaciens-Lorrains pendant la guerre ; les dé-
tails, empruntés à des publicistes allemands, amènent l'auteur à
conclure que nous avons « dès maintenant des raisons d'espérer. »
Cette espérance est aujourd'hui pleinement réalisée : nos deux pro-
vinces volées en 1871 et contaminées sans arrêt, depuis près d'un
demi-siècle, par la Germanie, nous sont revenues. Nous les garde-
rons — et mieux sans doute que notre ennemie héréditaire n'a
gardé son fameux Rhin allemand. E.-A. Chapuis.
Avec les alpins, par F. -A. Vuillermet. Paris, Lethielleux, s. d. (ISiS),.
in-16 de 217 p. — Prix : 3 fr.
Aumônier militaire à la belle division surnommée» l'Alsacienne »,
l'auteur s'est fait l'annaliste de ses exploits. Après s'être illustrés dans
les Vosges, les alpins, sous les ordres du général Brissaud-Dc^maillets,
ont combattu sur l'Aisne, dans le bois de Beaumarais. à Graonne, sur
le plateau de Galifornie, à la Malmaison. Le 25 octobre 1917, leur
attaque est foudroyante. Ils emportent le village de Pargny-Filain, et
leur ardeur d'avancer est telle qu'à l'heure même on devait commen-
cer l'attaque, ils ont déjà dépassé leurs objectifs et poussé les lignes
jusqu'au bassin d'alinientatiotr du canal de l'Ailetto. Origijiaires ])Our
la plupart de la Franche-Gomté et du territoire de Belfort, les alpins
ont en général des sentiments religieux, et leur foi s'ajoute à leur
esprit de corps pour aviver leur courage et susciter chez nombre
— 83 —
d'entre eux des actes vraiment héroïques que le P. Vuillorrnet a rap-
portés avec une coinmunicative émotion. Mais combien d'onicicrs et
de chasseurs ont payé de leur sang le succès de nos armes ! On peut
leur appliquer les vers de Victor Hugo gravés sur le monument de
Montmirail :
La gloire, aube toujours nouvelle.
Fait luire leur mémoire et redore leur nom.
Parmi les épisodes les plus touchants de ce livre, il faut noter les
derniers moments du commandant Hubert de Castex qui incarnait
noblement lame du 24" alpins et dont la pensée, s'élevant au-dessus
des souffrances de ses blessures, (t s'en allait de Dieu, qu'il invoquait,
à ceux qu'il laissait, sa femme, ses enfants, son bataillon. » En un
dernier chapitre, le P. Vuillermet a transcrit les citations à l'ordre de
l'armée recueillies, durant la bataille de l'Aisne, par les bataillons de
la division et dont lecture avait été donnée au cours d'une émouvante
revue passée par le général Pélain. P»oger Lambelin.
From Bapaume to Passchendaele, 1917, by Pnti.ip G<bbs. Loiidon,
William Heinemann, 1918. in-8 de vii-384 p., avec cartes. — Prix : 7 fr. 50.
M. Philip Gibbs est, à tous égards, l'un des meilleurs correspon-
dants de guerre : non sans risques pour sa personne, il voit de près
les engagements dont il parle ; il observe les faits, il écoute les récits
des soldats, il interroge les prisonniers de guerre et il compose avec
tout cela des tableaux clairs, vivants, colorés des batailles que les
troupes anglaises ont menées avec une indomptable énergie, avec
une inlassable ténacité, avec un courage et un esprit de sacrifice
admirables contre les troupes allemandes retranchées dans de solides
positions. Dans ses relations qu'éclairent d'excellentes rartes, il fixe
les points essentiels de Pavance anglaise, précise le sens des opéra-
tions, en même temps que des épisodes bien choisis fixent la physio-
nomie des combats et mettent dans le meilleur jour l'état d'esprit
des combattants de l'une et de l'autre partie et, à Poccasion, celui des
populations qui vivent près de la ligne de feu et qui ont subi la domi-
nation germanique. Sans doute, ce n'est point là le récit définitif des
campagnes de 1917, c'en est une esquisse qui semble fort exacte et
l'on se rend bien compte en lisant ces pages animées que déjà les
Allemands étaient sur leur déclin, que, malgré l'énergie qu'ils
déployaient, malgré leur ingéniosité à multiplier leurs moyens de
défense, leurs ressources en hommes et en matériel diminuaient,
leur confiance s'ébranlait, leur mcfral s'amoindrissait, au lieu que les
combattants anglais, à quelque partie de Pempire britannique qu'ils
appartinssent, croissaient chaque jour en audace, en vigueur, en
volonté de vaincre.
— 84 —
Les soixanlc-qnatrc chapitres de ce beau livre, d'une lecture si
instructive et si réconfortante, se répartissent entre cinq parties : I.
La Retraite de la Somme (janvier-mars 1917) ; IL A la poursuite de
l'ennemi (mars-avril 1917) ; 111. La Bataille d'Arras (avril-mai 1917) ;
IV. La Bataille de Messines (juin-juillet 1917) ; V. La Bataille des
Flandres (juin-novembre 1917). E.-G. Ledos.
La Gesta de la Légion, par E. Gômkz Carrlllo. Madrid, sucosores de
Hernando. 19i8, in-16 de 261 p., avec une lettre autographe du lieutc-
nanl-colonel Cot. — Prix : 3 fr. 50.
Ce nouveau volume du grand écrivain ne le cède en rien en intérêt
aux. volumes que nous avons eu la joie précédemment de signaler à
nos lecteurs. Après les pages consacrées aux Français, aux Anglais,
aux Belges, c'est la geste héroïque de la Légion étrangère qu'il nous
retrace ici. Et son affection pour la France, son dévouement généreux
pour la cause de la liberté et du droit que nous défendons se doublent
ici d'un sentiment plus intime encore, d une sorte de tendresse pa-
triotique qu'explique assez la grande, la belle part prise par les volon-
taires de l'Espagne et de l'Amérique espagnole aux exploits qui ont
rendu fameuse la Légion étrangère et qui doivent en rendre le nom
cher et sacré à tous les fils de la France* à tous les amis de la civili-
sation latine, à tous ceux qui ont senti que, dans celte longue guerre,
se jouaient les destins de l'humanité.
Dans les campements de la Légion étrangère, M. Gômez Carrillo
n'a pas seulement approché ses compatriotes d'Amérique et d'Europe,
il a vu de près aussi les Polonais, les Russes, les Américains ; est-il
besoin de répéter à nos lecteurs que son sens psychologique si fin et
son merveilleux talent d'écrivain ont su fixer en quelques traits ineffa-
vables la physionomie physique et morale, le caractère particulier qui
les distinguent les uns des autres. Ce ne sont là d'ailleurs que quelques
parties du grand tout que forme la Légion étrangère ; car, observe
fort justement l'auteur, il serait plus facile et plus prompt d'énumé-
rer les nations qui n'y sont pas représentées que celles qui y ont
envoyé quelques-uns de leurs enfants. Et ce qui fond dans une unité
harmonieuse tous ces hommes si divers de races, de tempéraments,
de conditions sociales, ce n'est pas assurément le goût des aventures,
à lui seul ; car, observe encore notre auteur, pourquoi, dans ce cas,
la France serait-elle seule à posséder une légion étrangère:* Non, il y
a parmi eux une nanirne d'idéal, ils sont tous animés d'un amour
un peu mystique j)our la l-'rance : la plupart de ces volontaires, les
plus nombreux, les plus sinij)les, n'ont vu (pie le danger qui menaçait
la l'rance et ils sont acco\irus la défendre, vl le merveilleux, c'est que
la l'^uncc ne représente pas pour chacun le même idéal : pour l'un,
— 85 —
c'est la France de saint Louis, la France chrétienne et calliolique ;
pour un autre, c'est la France de la Révolution ; pour d'autres, c'est
la France des gloiies militaires et des exploits guerriers ; pour d'autres
encore la France intellectuelle, la France des grands poètes, la France
des grâces latines qui remplit leur âme d'enthousiasme et leur fait
verser pour elle leur sang avec nue sorte d'ivresse généreuse.
Et l'hymne à la Légion étrangère que nous chante M. Gômez Car-
rillo se fond en un hymne à la France immortelle. Et l'on peut, l'on
doit se dire avec le lieutenant-colonel Cot, que le concours du maître
espagnol « sera aussi précieux pour la cause que nous défendons que
celui des braves qui généreusement versent leur sang sur le champ
de bataille. »
A la geste de la Légion. M. Gômez Carrillo a joint quelques pages,
non moins exquises, sur l'âme des prêtres-soldats. Et là encore, en
pénétrant cette âme et en la faisant pénétrer à ses lecteurs, il rend à
la cause française un nouveau service.
Et à la joie intellectuelle que procurera à tout homme de goût la
lecture de ces pages prestigieuses, s'ajoute pour nous, Français, la
joie morale, l'orgueil légitime de voir notre pays s'assurer de telles
sympathies. E.-G. Ledos.
L'Europe dévastée, par Wilhelm Mlehlos, noies prises pendant les pre-
miers mois de la guerre : traduit par J de la Harpe. Lausanne et Paris,
Pavot. 1918. in-l.S de 261 p. — Prix : 4 fr. oO.
Nous avons parlé assez longuement {Polybiblion d'octobre 1918.
t. CXLIII, p. 172-174) de l'édition allemaiide de cet ouvrage pour
qu'il soit inutile de nous attarder sur la traduction que nous en
donne M. de la Harpe. Mais l'on peut rappeler que la personnalité de
l'auteur, son indiscutable sincérité, l'importance de son témoignage
sur les responsabilités de la guerre et sur l'état de l'opinion alle-
mande dans les premières semaines qui en ont suivi l'éclosion font
de ce mémoire un document de premier ordre. Des publications l'ont
déjà fait connaître plus ou moins complètement au lecteur français.
Mais là bonne traduction que nous en présente ici M. de la Harpe et
que la maison Pavot édite dans un volume de format commode, bien
et élégamment imprimé, n'est pas superflue. C'est elle que consulte-
ront avec le plus de profit ceux qui ne peuvent recourir au texte
même ; et dans ces jours où chez les Alliés quelques esprits faibles
qu'on peut regarder comme des minus habentes, n'hésitent pas à faire
passer au second plan la question des responsabilités, il est utile, il
est nécessaire de répandre des livres qui, comme celui-ci, aident à
la mettre en pleine clarté. E.-G. Ledos.
— 86 —
La Belgique nouvelle. A travers quatre ans de guerre (1914-
1918), par Fernand NEtJRAY. Paris, Van Oest, 1918. 2 vol. in-i6 de 342
cl 352 p. — Prix : 8 fr.
M. F. Neuray, qui a été pendant la guerre le brillant écrivain du
XY* siècle et dirige maintenant la IVation belge, a très bien fait de
réunir les articles épars dans des feuilles volantes vouées fatalement
à la dispersion matérielle.
Les campagnes qu'il a menées pour la défense de son pays et
l'honneur des grandes causes patriotiques, catholiques et sociales
qu'il soutient méritaient de ne pas être oubliées. Les dates extrêmes
de ces deux volumes vont de novembre 1914 à mars 1918. C'est la
vie fourmillante et diverse des Belges dans les épisodes de ces années
tragiques où ils figurent- comme soldats, exilés, citoyens, envahis,
persécutés, etc.
La question militaire est traitée amplement et toujours ramenée à
l'éloge de la prévoyance du roi Léopold II qui prononçait à Bruges,
dès 1887, ces paroles : u Les peuples qui ne savent pas ou ne veulent
pas défendre leur indépendance ne sont pas dignes d'être libres. »
C'est lui qui inspirait en même temps les articles prophétiques de
Banning sur la nécessité du service militai-re (1., p. 95). — Touchant la
question sociale maints passages de ce livre ont leur importance : en
particulier ceux qui ont trait à Vandervelde et à ses dangereuses con-
cessions, à l'esprit anarchique de son parti. — Questions politiques
avec la neutralité belge qui doit disparaître et la liberté de l'Escaut
qui doit être acquise. — Question allemande où l'on montre trois
genres spéciaux de danger qui en dérivent ; le socialisme allemand
avec rinlernationale ; le faux catholicisme d'Outre-Rhin tout impré-
gné d'esprit protestant ; la main mise sur les justes revendications
flamandes transformées en divisions séparatistes." — Je remarque cette
phrase : « L'Allemagne a moins étonné l'univers par les crimes
de ses soldats que par l'apologie que ses penseurs en ont faite. »
— Question religieuse, avec le rôle du Saint-Siège à propos de
l'invasion de la Belgique. Le patriotisme de M. Neuray dit verte-
ment des choses justes qui le conduisent à une critique très vive de
l'Osservatore romano ; il proclame la grandeur du cardinal Mer-
cier, commente son voyage à Rome en janvier 1916 et, en face de
certaines influences germaniques aujourd'hui évincées, il résume sa
pensée en déclarant ne pas vouloir « confondre l'anlichanibic du
Vatican avec le siège de Saint-Pierre. » — Mot de journaliste.
A souligner un joli chapitre sur le règne des irresponsables : (< L'État
moderne, l'fitat démocrali(nie a organisé la hiérarchie des parapluies,
tout le monde dans les administrations est couvert par tout le monde. »
A retenir également l'impartial éloge des travaux du Congrès de
— 87 —
Vifinne et la justice rendue à Louis XVIII comme à Talleyrand, tout
à riionneur de la iwlilique française. A retenir enfin des « portraits »
crayonnés d'une main ferme ; celui de M. de Broqueville et surtout
de fines remarques sur Godefroid Kurth (II., p. 41 à 42 ; p. 302) que
M. Neuray a bien raison de s'honorer d'avoir eu pour maître. En
parcourant ces pages alertes, l'ensemble des choses de Belgique pen-
dant ces quatre années s'éclaire aux yeux du lecteur. Voilà sans doute
un agréable et judicieux résumé au jour le jour d'une époque qui fut
pour nos alliés, délicate, difficile, épineuse, glorieuse et tragique. Le
sens de l'histoire, l'amour de l'ordre, le culte de la patrie, la sagesse
de l'esprit, le respect de l'Église ont inspiré tour à tour celui qui
a tenu la plume. G. de G.
.Les Intrigues germaniques en Grèce, par Dkmetra. Vaka (Mrs. Ken-
NKTH Brown). Paris, Plon-Nourrit, 1918, in-16 de 279 p. — Prix : 4 fr. .oO.
Ce très intéressant ouvrage, traduit de l'anglais, pourrait porter en
sous-titre : « Les Étapes d'une conversion politique. » Mrs. Kenneth
Brown, devenue Américaine par son mariage, était, en effet. Grecque
de naissance. Patriote et royaliste, elle a souffert cruellement des
nouvelles qu'elle recevait de Grèce et qu'elle qualifiait de calomnies,
ne pouvant croire à la félonie du roi Constantin. Poussée par l'amour
de son pays, par son désir de dissiper ce qu'elle croyait être des malen-
tendus, elle n'a pas hésité à venir des États-Unis en Grèce, avec son mari,
pour tenter d'éclaircir la situation et d'opérer un rapprochement entre
Vénizelos et le Roi, afin de faire la Grèce plus grande et plus forte, sous
l'autorité de son souverain. Dans ce but, elle a interrogé, à .Vthènes, le
Koi et les princes royaux, les ministres et les généraux, enfin tous les
soutiens et les partisans du trône et de la politique de Constantin.
Ame juste et droite, enthousiaste pour son roi, mais, par-dessus
tout, passionnée pour la vérité, Mrs. Brown, à. Athènes même, a
senti son royalisme chanceler. A Salonique. elle s'est entretenue avec
Vénizelos et avec ceux qui l'entourent, et là, la lumière s'est faite
complètement dans son esprit désabusé. Bref, arrivée en Grèce roya-
liste convaincue, elle en est partie venizeliste ardente, et rien n'est
plus passionnant que de la suivre dans les étapes de cette transfor-
mation, dont l'aboutissement est le plus bel éloge que l'on puisse
faire de la justice de la cause si brillamment défendue et représentée
par le grand patriote grec qu'est Vénizelos. C'est le récit, presque
sténographié, des nombreuses interviews qui ont amené Mrs. Brown
à la connaissance de la vérité, qui formé ce volume, d'une lecture
singulièrement captivante et instructive. Bien des voiles sont soulevés
sur la politique germanique de Constantin, bien des explications
— 88 —
sont données à des incidents souvent dramatiques restés jusqu'à ce
jour mystérieux. Nous avons ainsi une précieuse contribution à l'his-
toire politique de la guerre.^ J. C. T.
L'Irlande ennemie '.*, par R.-C. Escoufi.aire. Paris, Payot, 1918, in-lG
de 272 p. — Prix : 4 fr. 30.
La question irlandaise a pris à nouveau un caractère aigu. Aux_
élections générales du mois de décembre dernier, les candidats du Sinn
Fein ont emporté des succès écrasants qui ont dépassé les espérances
de ce parti. Or, comme le Sinn Fein a, dès avant la guerre, conclu
avec l'Allemagne une étroite alliance, comme ses chefs ont été les
auxiliaires et les agents de la Wilhemstrasse, comme la rébel-
lion de Pâques 1916 à Dublin, fut accompagnée d'une démonstra-
tion navale et d'un bombardement aérien des côtes anglaises, il est
difficile de contester qu'à l'heure actuelle l'Irlande peut être considé-
rée comme une ennemie non seulement de l'Angleterre mais aussi des-
États de l'Entente.
M. Escouflaire a posé avec une grande netteté les termes de la
question irlandaise telle qu'elle se présente aujourd'hui, et, pour que
ces termes fussent bien compréhensibles, il a fait appel à l'histoire
ancienne et à l'histoire moderne. 11 a retracé les phases multiples des
réformes religieuses, agraires, scolaires, judiciaires successivement
réalisées dans l'intérêt des Irlandais depuis le commencement du dix-
neuvième siècle. Il a rendu hommage aux grands patriotes, que
furent Grattan, O'Connell, mais a apprécié avec une juste sévérité
l'œuvre de Parnell, de Dillon et les combinaisons parlementaires dont
furentles initiateurs des hommes d'État britanniques tels que Glads-
tone et Âsquith.
Il est utile de connaître les agissements de Sir Roger Casement. de
Kuno Meyer. agissements sur lesquels la publication des correspon-
dances du comte BernstorfF a projeté une vive lumière. Il faut aussi
lire les procès verbaux de la « Société germano-irlandaise » fondée à
Berlin depuis la guerre sous les auspices du chancelier von Bethmann
Holweg et avec le concours des chefs du Sinn Fein.
Au maréchal Hindenburg, la Société adressait en mars 1018 un té-
légramme ainsi conçu : « Convaincus qu'une Irlande libre, indépen-
dante de l'Angleterre, garantira la liberté des mers et par là libérera
le monde de la tyrannie maritime anglaise, nous espérons nnc paix
allemande... » Les Irlandais acceptaient donc gaîment la perspective,
pour se séparer de l'Anglolerre, de s'inféoder à l'Allemagne, comme
si le sort de l'Alsace-Lorraine, de la Pologne prussienne était si digne
d'envie T
— 89 —
L'ouvrage de M. Escouflaire redresse certaines idées erronées et
éclaire des coins restés longtemps obscurs de l'histoire contempo-
raine de l'Irlande. Rogek Lambeun.
La Ciuerra, leltere tli un socialiste ai suoi Bgli, da Pieho Domkm-
CHELLi. Fiienze, H. Reniporad e figlio. 1918. iii-lG de 318 p. — Prix : 3 (r.
Avant la guerre, M. Piero Domenichelti était socialiste et anliniili-
tariste ; et sou antimilitarisme l'obligea même de dormer sa démis-
sion d'ofBcier. Mais il était aussi poète et par là même idéaliste ; la
guerre a réveillé ou exalté son patriotisme et, à l'encontre de plus d'un
parmi ses coreligionnaires politiques, il a refusé de faire cause com-
mune avec les neutralistes, il a rejeté ses illusions sur la fraternité
des socialistes allemands, il a reconnu la justice de l'intervention ita-
lienne, la nécessité de lutter jusqu'au bout contre l'hégémonie des
empires centraux et il a tenu à prendre sa part dans cette lutte d'abord
comme simple soldat puis comme officier. Aussi la défaillance de
troupes italiennes à Caporetto a-t-elle été pour lui un coup doulou-
reux, d'autant plus douloureux qu'elle était due en partie au moins
à un manque de patriotisme ; il cite avec une légitime indignation le
cri de soldats répondant : « X bas l'Italie ! » aux acclamations des
camarades français et anglais qui accouraient au secours des Italiens
en criant : « Vive l'Italie ! » — Dans ces pages qu'il a écrites au jour le
jour pour ses enfants, il raconte ses impressions, il exprime ses sen-
timents avec la franchise et la vivacité d'une causerie intime. Sans
doute son idéalisme le laisse tomber parfois dans l'idéologie ; et ses
vieux préjugés socialistes ne l'ont pas abandonné : il témoigne notam-
ment vis-à-vis du Souverain Pontife d'une aveugle et regrettable par-
tialité ; et sa méfiance — pour ne pas dire plus — vis-à-vis des
classes dites supérieures obscurcit parfois son jugement. Mais com-
ment nous en étonnerions-nous? Le surprenant serait qu'il se fût
totalement transformé d'un seul coup : il est déjà bien beau qu'il ait
pu se dégager des liens qui retiennent captifs tant de ses coreligion-
naires politiques et qu'il n'hésite pas à rendre un hommage ému à
des adversaires de la veille.
11 ne faut pas s'attendre à trouver ici d'amples et pittoresques
détails sur les faits de la guerre ; les fonctions qu'a remplies M. Dome-
nichelli ne l'ont guère mis à même d'observer le Front de très près ;
mais on y rencontrera, à côté des impressions très personnelles de
l'auteur, quelques faits de la vie des troupes et du pays, des rensei-
gnements sur létat des esprits, des considérations philosophiques et
politiques. Et dans tout cela il y aura certainement à puiser pour
l'histoire et la psychologie de la guerre. E -G. Ledos.
— 90 —
Nous, soldats ! par Jean Tourmassus. Paris et Lyon, Vitte, 1918, in-16 de
vii-182 p. — Prix : 3 fr. 25.
Parti en août 1914, arrivé en janvier 1915 sur le Front de Lorraine,
blessé devant Verdun en juin 1916, transporté à Orléans puis au
Mont-des-Oiseaux, le jeune officier qui a écrit ces pages a connu assez
d'heures tragiques, héroïques, angoissées ou fiévreuses pour que son
récit nous intéresse et nous émeuve. D'une sensibilité que l'on devine
aiguë et délicate, sachant voir et habile à rendre ce qu'il a vu. il
donne l'impression qu'on l'accompagne, qu'on marche à son côté,
qu'on partage ses périls, qu'on répond à ses propos, qu'on s'égaie
comme lui d'un rayon de soleil avant de s'enfoncer dans la boue des
tranchées, qu'on interroge avec lui le regard de ses compagnons ou
la silhouette d'un factionnaire, qu'on avance près de lui dans le
brouillard de feu...
Dans la Préface par laquelle s'ouvre le livre. M. Maurice Barres se
félicite qu'il y ait un si grand nombre de soldats écrivains qui
racontent « pour l'univers et pour les siècles les grandes choses dont
ils furent une part », et il ajoute que des livres comme celui-ci h nous
rendent intelligibles les forces qui viennent de nous donner la vic-
toire ». « A chaque page, dit-il à l'auteur, on vous remercie, et l'on
remercie, l'on aime en vous tous vos frères d'armes ».
Tenons-nous-en à ce jugement d'un maître. Ch. Landry.
Essai sur le sentiment français en Alsace. Comment il s'est
formé, comment il s'est maintenu, par Pall Pilant. Paris, Bos-
sard, 1918, in-16 de 136 p. — Prix : 3 fr.
Excellent petit volume oii sont exposées très clairement, très sim-
plement, mais avec une entière sincérité, les raisons qui ont amené
les Alsaciens à aimer la France après la réunion de la province au
royaume, puis à lui garder cette affection quand l'Alsace en fut de
nouveau séparée pour être soumise à l'empire allemand. L'auteur
connaît parfaitement, et l'histoire de l'Alsace et surtout le cœur de
cette province. Son ouvrage mérite d'être lu et répandu car il est bien
documenté et contient, en peu de pages, un bon résumé de la question,
si intéressante à l'heure présente où l'Alsace est revenue à la France
avec un entliousiasme magnifique. 11 sera bon surtout que ceux qui
seront appelés à se rendre en Alsace, à y détenir (juelque part d'auto-
rité, puisent dans ces quelques pages faciles à lire, de bonnes direc-
tions pour la conduite à tenir envers les Alsaciens. Il faut se souvenir
que ce peuple, ayant beaucoup soulTert, a l'àme très sensible ; il faut
se garder de la froisser. M. Pilant a divisé son travail on trois parties :
r.Msace dans la famille française, l'Alsace allemande et IWlsace pen-
dant la (Jrande (juerre. 11 est précédé d'un Avant-Propos où il est fait
— 91 —
justice, en quelques lignes, des arguments historiques employés par
les Allemands pour revendiquer la possession de l'Alsace. Quelques
fragments en note rapportent, à la fin, diverses opinions sur la ques-
tion ; quelques documents sur Tesprit des Alsaciens-Lorrains sous le
joug, forment des annexes, avec une table des noms cités.
A. Gasser.
I^e Poing allemand en Lorraine et en Alsace, lïtTI, 1014,
lOlit, par André Fribourg. Paris, éditions d'Alsace et de Lorraine,
Floury, 1918, in-8 de 223 p. — Prix : 4 fr.
L'auteur, déjà avantageusement connu par ses publications histo-
riques, nous avait donné en 1916 un petit volume intitulé : Les Mar-
tyrs (f Alsace et de Lorraine. Reprenant le même sujet, le complétant
et l'étendant, M. Fribourg, nous offre dans le présent ouvrage un
corps de documents sur les véritables sentiments de l'Alsace. Ce sont
en quelque sorte, et pour la période du joug allemand, les pièces jus-
tificatives du volume précédent de M. Paul 'Pilant. Composé unique-
ment de documents allemands, les faits y parlent seuls. Le livre se
compose de deux parties d'inégale étendue. La première, sous le titre
de : La Préparation au martyre, comprend la période de 1870 à 1914,
^ien qu'elle soit la plus courte, les deux protestations de 1871, la
ligue d'Alsace, les conseils de guerre et l'exode au début de l'an-
nexion, puis les deux protestations au Reichstag et enfin les persécu-
tions allemandes à la veille de la guerre. Je signalerai à lauteur une
lacune à combler dans une prochaine édition : ce sont les nombreuses
condamnations prononcées par les tribunaux ordinaires, pour mani-
festations antiallemandes, les expulsions, les tracasseries sur l'em-
ploi de la langue française, qui ont sévi pendant toute la période de
l'annexion avec des phases plus violentes à certains moments.
La seconde partie, intitulée : Les Martyrs, se rapporte à la période
de guerre de 1914 à 1918. Nous y voyons défiler successivement toutes
les catégories d'individus, de classes sociales, de professions et de
métiers, toutes les victimes de la haine allemande et de l'amour pour
la France. Quelques vignettes illustrent fort agréablement le volume.
A. Gasser.
En représailles, par Eugène-Louis Blanchet. Paris. Payot. 1918. in-16
de 201 p., illustré par l'auteur et Pierre Laurens. — Prix : 4 fr. 50.
Sans violence inutile dans l'expression, laissant surtout parler les
faits, M. Blanchet, captif en Allemagne depuis octobre 1914 jusqu'au
25 décembre 1916, date à laquelle il fut, pour cause de maladie et
d'épuisement, expédié en Suisse, nous raconte ses souffrances de
toutes sortes et celles de ses compagnons de bagne. Car. c'est trop
— 92 —
souvent à un véritable bagne que nos ennemis ont condamné leurs
piisotmiers français, anglais, belges, russes, italiens, roumains, etc.
Tous ceux de nos martyrs revenus de l'enfer teuton sont d'accord
dans leurs dépositions en ce sens que si les Français ont été victimes
de cruautés variées, le sort des prisonniers des autres nationalités a
été généralement pire. Plus tard, les témoignages de ces derniers
viendront s'ajouter à ceux de nos compatriotes, et l'on apprendra
alors d'odieuses choses. Dès à présent, nous sommes fixés sur la
façon dont se sont comportés les gradés de tous ordres de l'armée du
Kaiser : c'était à qui, sauf d'infimes exceptions, s'ingéniait à tortu-
rer les pauvres gens que les circonstances leur avaient livrés. Aussi
l'auteur a-t-il été chargé par les malheureux restés entre les mains
de l'ennemi d'être l'écho de leurs plaintes : « Tu sais ce que nous
souffrons, lui ont-ils dit. Il faut qu'on les connaisse tels qu'ils sont.
Raconte ce que tu as enduré, ce qu'on nous a fait, comment beau-
coup sont morts. Parle !... Et ce sera pour les nôtres une raison de
plus de tenir jusqu'à la victoire. »
M. Blanchet s'y est engagé et il a bien rempli sa promesse. Non
seulement il a parlé — et parlé éloquemment — mais il a recueilli
les témoignages de plusieurs de ses camarades, entre autres du poète
jurassien Alphonse Gaillard dont le PolybibUon a parlé autrefois. Ces
témoignages sont accablants pour les suppôts de la « Kultur. )>
Pour finir, je crois bon de citer quelques lignes de ce livre ter-
rible : (( Le sort, dont nous avons souvent maudit la cruauté, a voulu
que nous souffrions dans un grand nombre de camps. 11 a fait de
nous un témoin dont l'élémentaire devoir est de dénoncer l'affreux
traitement infligé, sous prétexte de représailles, à des milliers de
prisonniers français, à trente mille à la fois, à un moment donné,
sur le seul Front russe, à d'autres milliers sur le Front français, au
bord de la Balti(jue, ailleurs encore (p. 40)... Des milliers de cama-
rades, morts d'épuisement, de tuberculose, ont été descendus dans
les fosses allemandes. Avant de fermer les yeux pour toujours, ils
ont connu la mort lente, tous les tourments physiques, toutes les
détresses morales. Pour les « représailles », ces tourments furent
moins le fait de la guerre que d'un système soigneusement élaboré,
mis en œuvre jusque dans les moindres détails... Enfants, vous
seriez de mauvais fils si vous oubliiez un jour les souffrances de vos
pères. » (p. 204).
M. Vallotton a écrit une Préface vigoureuse pour ce volume, qui
renferme quelques portraits ou croquis très originaux. 11 y a là,
notamment (et aussi sur la couverture) un prisonnier debout derrière
une clôture de fil de fer barbelé, physionomie douloureusement pen-
sive, qui pourrait bien être l'auteur lui-même. E.-A. Chapuis.
— 93 —
Eiiglishman, Kamerail î ri<jkl of Ihe Brilisk Une, by cnplnin Gilbert
NoiiHs. Loiulori. \Nilli;nii Heiiioinann, 1918. in-16 do xii-2H p.. avec
portrait do l'autour. — Prix : 4 fr. 33.
Le capitaine Nobbs servait dans les troupes canadiennes avant la
guerre. Il vint sur le Front de France en IIMO avec des troupes de
renfort et fut attaché à un régiment de Londres. C'est dans les com-
bats de la Somme, pendant lautomne 1910, qu'il reçut la blessure
qui lui fit perdre l'usage de la vue et que, demeuré sans connaissance
dans un trou d'obus, il fut fait prisonnier par les Allemands, resta
assez de temps sans pouvoir donner de nouvelles en Angleterre, et
fut ainsi oflîciellement porté au nombre des morts.
Ce sont ses souvenirs du Front et de captivité qu'il nous offre dans
ce volume très intéressant et qui témoigne d'une sérénité d'âme que
n'a pu abattre le malheur qui l'a frappé. Il s'y trouve plus d'un
détail pittoresque sur la vie des troupes britanniques ; il s'y trouve
des détails précis, qui s'ajoutent à ceux que nous possédons par
ailleurs, sur le traitement des prisonniers en Allemagne, détails que
l'auteur emprunte tant à son expérience personnelle! qu'aux récits
que lui ont faits d'autres prisonniers ; et, bien que sa loyauté se fasse
un devoir de ne dissimuler pas ce qui peut être à l'avantage des
Allemands, il ne reste que trop de traits qui viennent grossir le réqui-
sitoire contre leur barbarie.
Il y a des pages éloquentes et émues sur la belle conduite, sur le
moral admirable de ces soldats de Londres qu'il a conduits au feu,
de ces humbles civils que rien n'avait préparés à la guerre, de ces
modestes territoriaux que l'on était un peu habitué à traiter avec
quelque dédain, et qui ont fait si magnifiquement leur devoir, qui
se sont sacrifiés sans une plainte, sans une hésitation et dont l'in-
domptable volonté a fini par triompher des troupes entraînées du
Kaiser. D'ailleurs, même chez les Allemands, M. le capitaine Nobbs
croit pouvoir noter une modification dans la mentalité des combat-
tants, à mesure que les vides multipliés par la mort dans les rangs
germaniques a substitué aux soldats de carrière de simples civils.
L'auteur, qui ne recule jamais devant les considérations morales,
ne se fait pas faute de flétrir ceux qui. parmi les gens de l'arrière,
perdant de vue les hommes qui versent généreusement leur sang
pour la patrie, n'ont d'autre souci que de vivre bien et de rechercher
les plaisirs. Il ne s'indigne pas moins contre les ouvriers des usines
qui n'ont point honte, en se mettant en grève, de compromettre le
succès de la guerre et de rendre plus difficile el plus meurtrière la
tâche des combattants ; il estime que si l'on considère comme un
traître le soldat qui lâche pied devant l'ennemi, l'on devrait traiter
avec la même sévérité l'ouvrier qui abandonne le travail de l'usine
où se forgent les armes du soldat.
— 94 —
Les noms des personnages, dont nous parle M. le capitaine Nobbs
au cours de son récit, sont imaginaires, il nous en prévient ; mais
les faits sont réels, sauf dans un cas où il a laissé la bride à son imagi-
nation. Il est un des personnages cependant dont le nom, nous dit-
il, est réel, et c'est un Français ; et ce n'est pas l'un des épisodes les
moins intéressants de son livre que celui de ce Saniez, qui se fait
l'infirmier de ses camarades d'infortune, qui s'empresse autour d'eux
avec une sollicitude touchante pour adoucir leurs chagrins et dont le
bel optimisme n'est pas abattu par de longs mois de captivité.
Un trait encore que je relève dans le livre du capitaine Nobbs ;
c'est la haine que les prisonniers anglais en Allemagne emportent
chez eux contre leurs persécuteurs : plus d'un se déclare décidé à se
venger sur les Boches qu'il pourrait rencontrer en Angleterre sur
sa route. Ce trait seul 'suffit à souligner l'indignité du traitement
que nos ennemis n'ont que trop souvent infligé à leurs captifs.
E.-G. Ledos.
La Bessarabie et le Droit des peuples, par D. Duaghicesco. Paris .^
Alcan, 1918, in-16 de 52 p., avec une carte coloriée hors texte. — Prix :
i fr.
Il est important, dit la préface de M. Fournol, que les Français
cultivés soient instruits de la question de la Bessarabie. La présente
brochure répond à cette pensée.
Rien n'est plus vrai. Nous devrions être au courant de la question
de la Bessarabie, comme de bien d'autres, hélas ! que nous ignorons.
Notre méconnaissance des pays étrangers est pour la France une réelle
cause d'infériorité et nous devons être reconnaissants aux auteurs qui
s'efforcent de combler les lacunes de notre instruction.
Dans cette brochure, le sénateur Draghicesco montre le droit que
l'histoire et la statistique donnent à la Roumanie de posséder la Bes-
sarabie, terre peuplée de Moldaves et qui, pendant plus de cinq siècles,
fit partie de la principauté moldave. D'ailleurs, un événement récent
prouve l'exactitude des conclusions de cet ouvrage, modeste dans son
aspect, mais en réalité important et fort intéressant : la Bessarabie.
le 9 avril 1918, a voté librement son union à la Roumanie.
J. C. T.
Le Droit au-dessus de la race, par Otto H. Kaun ; traduit de l'an-
glais par le lieutenant Louis Thomas. Paris, Pcrrin, 1919, in-16 de xxi-
167 p. — Prix : 3 fr.
L'auteur de ces pages est un .\llemand d'origine. Fils d'un ban-
quier de Mannheim, il s'intéressa à la musique, aux beaux-arts, sans
négliger les affaires financières pour lesquelles il semble avoir été
— 95 —
parliculièrement doué. S'étant rendu aux États-Unis comme ropré-
seutaiit d'une maison anglaise, il y épousa la fille d'un des fondateurs
de la banque Kuhn et Lœb et, en 1897, devint citoyen américain. Son
rôle dans la haute banque ne fut pas négligeable. 11 réorganisa et
amalgama diverses compagnies de chemin de fer ; il dirigea les négo-
ciations qui firent admettre à la Bourse de Paris 50 millions de dol-
lars d'obligations de la Pennsylvania.
Le président Roosevelt avait apprécié le concours donné par cet an-
cien Allemand à la cause interventionniste lorsqu'il fit campagne pour
démontrer que tout bon Américain, « en fidèle ami de la liberté et de
la civilisation », devait être « de cœur et d'âme contre l'Allemagne »
et c'est pourquoi il honora d'une Préface, peu de temps avant sa
mort, la publication des lettres et discours de M. Otto H. Kahn.
Dès le mois de juin 1915, ce banquier originaire de Mannheim
expliquait à un Allemand de ses amis les causes et les vraies respon-
sabilités de la guerre ; il incriminait la politique maritime du Kaiser.
Dans une allocution prononcée devant l'Association des négociants de
New York, à l'occasion de l'emprunt « de la Liberté » il reprochait à
la Prusse de s'être écartée de ce qui fut « l'idéal de Luther (!) de
Goethe, de Schiller, de Kant » et affirmait que plus les ^Américains
d'origine allemande participeraient à la guerre avec les Alliés, « mieux
ils protégeraient et serviraient l'antique renommée de la vieille xAlle-
magne et les vrais intérêts du peuple allemand. » (p. 61). Et dans
une conférence faite plus tard à Milwaukee, le financier développait
cette pensée : « Nous ne permettrons pas au sang qui coule dans nos
veines d'étouffer la voix de la conscience dans nos cœurs. Nous enten-
drons l'appel de l'honneur avant d'écouter l'appel de la race. » (p. 91).
Cette pensée est assurément d'ordre très élevé, mais M. Otto Kahn
me semble appartenir à une race bien plus ancienne que la race alle-
mande et ceci expliquerait le patriotisme germano-américain, un
peu spécial, dont il est animé. Roger Lambelin.
L'Arme économique des Alliés, par le commandant M. Paris, Gras-
set, iii-lt> de 62 p. {Le Fait de la semaine, n° 14, 19 mars 1918). — Prix :
0 fr. 73.
Bien que cet opuscule date du commencement de 1918, il est encore
utile à lire. 11 montre que les Alliés, doivent, la guerre finie, se con-
certer et se soutenir encore les uns les autres sur le terrain écono-
mique, contrôlant la répartition des matières premières, s'entendant
pour refuser, dans leurs traités douaniers, aux anciens empires cen-
traux le régime de la nation la plus favorisée, prenant des mesures
énergiques pour obtenir réparation des dommages causés par nos
agresseurs. Les troubles présents de la Germanie tendent à faire ou-
— 96 —
blier la prodigieuse puissance d'expansion industrielle et commer-
ciale qu'elle a déployée jusqu'à ces derniers temps. Mais est-il cer-
tain que cette puissance soit complètement abolie ? Ce qui la carac-
térisait, avec la concentration des entreprises et l'esprit de labeur
discipliné, c'était, assure notre auteur, une admirable et féconde asso-
ciation de l'État avec les individus isolés ou groupés ; c'est parce que
tout était combiné pour mettre les forces de l'État, au service des ef-
forts individuels que l'Allemagne était en train de devenir avant la
guerre la première puissance industrielle et commerciale du monde.
Baron Angot des Rotours.
Dia por dia de mî calendario, mémorandum de la vida espa-
iiola en 1918, por Manuel Machado. Madrid, inipr. deJ. Pucyo, 1918,
in-d6 de 180 p. — Prix :' 3 fr.
M. Manuel Macbado, qui a un nom en Espagne comme poète et
comme critique artistique et littéraire, nous donne ici les pages de
son carnet où il a relevé jour par jour les faits de la vie espagnole
pendant les six premiers mois de 1918.
Nous trouvons à la date du 4 mai ces quelques lignes qui caracté-
risent fort bien ce qu'il a voulu faire : « chroniqueur rapide et sen-
timental de toutes les dates de cette année, préoccupé de trouver à
chaque journée sa physionomie spéciale et à l'esquisser en une
ligne ».
La politique tient une place dans l'œuvre de M. Machado ; nous y
notons quelques passages où, d'un trait léger mais acéré, il frappe
les germanophiles. Nous y sentons, non sans fierté, son cœur palpi-
ter à l'unisson du nôtre, dans le dernier grand effort tenté par les
Allemands contre notre Front. Mais la politique n'y tient pas toute la
place : l'art, la littérature, et toute la vie de l'Espagne pendant ces
quelques mois s'y reflètent d'une manière vive et agréable. Et en
notant ces faits d'un jour, ces faits qui passent et qui s oublient,
M. Machado les assaisonne de réflexions sages ou piquantes, d'idées
qui appellent la médilation, de pensées qui demeurent et se fixent
dans l'esprit. E.-G. Ledos.
Ma douleur s^endorl..., par Lkon Guy. Paris cl Lvon, Vitte, 1918. in-i6
de 77 p. — Prix : 1 fr. 50.
Lm blessé est apporté à l'hôpital ; il s'abandonne à ses réflexions,
se rajipelant les derniers épisodes du combat, éprouvant tour à tour
un bien-être inconnu et de nouvelles craintes, essayant de lectures
qui le déçoivent, songeant à ses proches, se posant à lui-même des
questions relatives à la souffrance, au pourquoi de la vie, interrogeant
l'aumônier.... Ce sont ces réflexions d'une journée d'hôpilnl cpii sont
— 97 —
-exprimées dans cet opuscule, et qui amènent comme conclusion
logique et bien inspirée des extraits des psaumes, de rfivangile, des
épîlres apostoliques judicieusement choisis. Cu. La>duy.
L'Argot des Poilus. Dictionnaire humoristique et philologique du langage
des soldats de la (îranile Guerre de l'JtU, par Fhançois Déchklette. Paris,
Jouve. 1918, in-12 de xi-258 p. — Prix : 3 fr.
Nous avons déjà signalé à nos lecteurs plusieurs ouvrages du genre.
Celui-ci. pour lequel M. G. Lenotre a écrit une Préface spirituelle et
amusante, contient plus de mille mots. L'auteur, « poihi de 2' classe »,
qui joint à ce titre, assurément très honorable, celui, qui mérite bien
aussi quelque considération, de licencié ès-leltres, déclare avoir
« voulu faire un travail philologique et un tableau pittoresque de la
vie du Front. Il a non seulement étudié les mots, mais aussi, dans
beaucoup d'articles, sous forme de commentaires humoristiques, la
vie intime du poilu. Commencé en 1914 dans la tranchée, ce diction-
naire parut en partie dans le Journal de Roanne. 11 fut composé au
hasard des loisirs du Front et enfin complété pendant une convales-
cence. C'est dire que les éléments en sont puisés directement dans
l'usage. L'auteur n'a pas étudié l'argot des poilus comme une langue
morte ; il l'a parlé ; il a vécu dans le pays où on le parle et il a pu
contrôler lui-même les significations qu'il indique ».
Ces quelques lignes expliquent bien l'intéressant et très vivant
livre de M. François Déchelette, terminé par un fort utile Tableau des
abréviations militaires, dont un petit nombre seulement sont connues.
Il n'a pas fallu moins de 19 pages pour recueillir toutes ces lettres,
cabalistiques si j'ose dire. Parcourez l'ensemble et, par exemple,
arrêtez-vous devant 1. P. S. A. R. E. Ces mystérieuses initiales vous
auraient vraisemblablement paru intraduisibles sans le secours de
M. Déchelette : elles signifient : « Inspection permanente des services
automobiles de la région de l'est. » Sachez en outre que les poilus,
qui savent ce qu'ils veulent dire, prononcent : Ipsaré.
Tout de même, grâce à la guerre, nous aurons tous appris des
choses moult extraordinaires. E.-A. Ghaplis.
Collection Henri Leblanc donnée à l'État. La Grande Guerre,
iconographie, bibliographie, documents divers. T. V. Catalogue raisonné des
estampes, originaux, affiches illustrées, imageries, vignettes... etc. 2' volume
de l'Iconographie. Paris, Émile-Paul, 1918, gr. in-8 de lxu-39Û p.
M. et M"" Henri Leblanc poursuivent l'impression du luxueux ca-
talogue de la riche collection qu'ils ont réunie sur la Grande
Guerre et dont ils se sont dessaisis en faveur de l'État. Ce cinquième
Février 1919. T. CXLV. 7.
— 1)8 —
volume est le second de l'iconographie et l'on nous en annonce un
troisième, actuellement sous presse, pour les documents français et
alliés et un quatrième où l'on trouvera les pièces d'origine germa-
nique. Et cela seul suffit à montrer l'importance de cette collection^
dont la constitution a exigé chez ceux qui l'ont établie non pas seule-
ment de larges ressources pécuniaires, mais une intellis^'ence toujotirs
eu éveil et la contiimité d'un effort persévérant.
De légères modifications, d'ailleurs heureuses, ont été apportées
par M. Callet dans ce nouveau volume à la disposition des chapitres.
11 y a des sections qui se sont considérablement développées : nous
signalerons,fpar exemple, les documents sur les camps de prisonniers
en Allemagne, les albums et autres pièces pour la propagande. Dans
l'imagerie une place spéciale a été faite à l'imagerie russe. Pour les
affiches illustrées, seules l'Angletere et l'Italie étaient représentées,
avec la France, dans le premier volume ; ici nous trouvons en plus,
le Canada, le Danemark, les États-Unis, la Grèce, la Russie, la Ser-
bie, la Suisse. Une section entièrement nouvelle est celle des mé-
dailles. Dans la série des bons de monnaie .nous signalerons les bons
pour prisonniers internés en France, les camps de concentration, les
cartes d'alimentation. Enfin notons ce qui a trait à l'industrie pen-
dant la guerre : modes, bijoux, étoffes, objets fabriqués par es sol-
dats, etc. et les armes et engins de guerre.
On le voit, en parcourant ce volume qu'ornent douze belles illus-
trations hors texte, et plus encore eu parcourant les salles mêmes du
Musée, il y a de quoi s'instruire... et s'amuser. E.-G. Lkdos.
— M. Jean-Bernard continue la publication de son Histoire géné-
rale et anecdotique de la guerre de 191U remplie de détails de toutes
sortes. Les 23" et 2i« livraisons que nous recevons font partie du
tome III et renferment presque en entier les chapitres IX à Xll de
ce tome (Paris. Berger-Levrault, in-8. paginé 193-288, avec de nom-
breuses illustrations. Prix de la livraison : 0 fr. 7o). Les sommaires
de ces deux fascicules résument très brièvement les' indications des
chapitres. Nous les relevons ci après, en notant (pie les faits auxquels
ils se rapportent s'échelonnent entre le début d'octobre et la fin de
novembre 1ijl4 : Fascicule 23 : De la Bassée à Lassigny. Les Vuto-mi-
Iraillcuses. La Guerre souterraine. La Lettre d'une femme allemande
(qui demandait à son mari de n'épargner ni les femmes, ni les en-
fants). Balles explosives et balles dum-dum. Arras sous les obus. La
Prise du premier 420 (avec une équipe d'ingénieurs de la maison
Krupp). Un Poilu de seize ans. Le Rôle glorieux de la cavalerie fran-
çaise. Le Procureur et braconnier (anecdote très amusante). — Fas-
— 99 —
cicule 24 : Un Escroc, officier allemand. Drtioiisseur de cadavres.
Madame Mâcherez, « maire » de Soissons. Le prince de Monaco,
(( imposé » par les Allemands. Les Allemands flétris par un neutre.
L'Odyssée d'un soldat allemand. Au Camp des Romains. La Guerre
à l'allomande. Il convient de remarquer que l'auteur fait ici, fréquem-
ment, réloge du clergé catholique.
— L'Action de Benoît XV pendant la guerre a fait dans la revue
Civiltà caltoUca l'objet d'une étude du P. Giuseppe Quirico, S. J.,
auquel la secrétairerie d'État a largement ouvert ses archives. Il
était bon que les résultats de ce travail fussent connus en France,
où subsistent contre le S;ii[it-Père tant de préventions injustes, même
parmi les calholiciues. C'est le travail dont s'est chargé le H. P. Paul
Dudon dans une brochure à laquelle nous souhaitons la plus grande
diffusion, et où « les faits » sont présentés '( dans un autre ordre que
celui du texte italien, et avec quelques suppressions ou additions »
(Paris, Beauchesne, 1918, in-8 de 64 p. Prix : 1 fr.). Les « faits »
sont classés sous cinq rubriques : 1. Initiatives religieuses ; 2. Initia-
tives charitables ; 3. Initiatives pour la protection du droit ; 4. Pro-
clamation des principes de justice : o. Caractère de la paix voulue
par le Pape. L'auteur a fait précéder son travail d'une magistrale
Introduction dans laquelle il met impitoyablement à nu la pauvreté,
la vanité, le néant du réquisitoire inséré contre le Pape dans la Revue
de Paris par un prétendu catholique qui signe honteusement son
factum de XXX.
— A son tour, avec l'autorité qui s'attache à sa parole, M. l'abbé
Thellier de Poncheville expose l'Action du Pape pendant la guerre
(Paris, « Frères d'armes », 14, rue d'Assas, 1919, in-16 de 52 p.
Prix : 1 fr.), faisant ressortir l'injustice et l'inanité des accusations
portées contre Benoît XV' par des publicistes malveillants ou par des
patriotes inquiets et soupçonneux. Après avoir montré pourquoi
« Benoît XY ne pouvait pas être notre juge », il expose « son œuvre
de justice et de charité », puis « son action en faveur de la paix » ;
il rappelle « ce que nous aurions dû faire » et il termine par l'espoir
que la France, quand elle aura compris la pensée de Benoît XV et
rendu justice à son dévouement, sera heureuse de s'associer à lui
pour réaliser l'oeuvre de paix qui sera un jour Thonneur de son pon-
tificat et de notre patrie ».
— La librairie Grasset vient d'éditer une brochure particulièrement
édifiante : L'Allemagne peut payer. Tableau de la richesse allemande
présenté par la « Dresdner Bank », Berlin le i" janvier 1913. Com-
menté par M. Lucien Hubert, sénateur, rapporteur du budget des
Affaires étrangères (in-16 de 64 p. Prix : 1 fr. 50). Le document de
la (( Dresdner Bank », cliché dans la présente brochure sur l'original.
— 100 —
a été rédigé en langue française, sans doute pour impressionner sur-
tout la France et la dissuader de toute lutte économique ou autre.
(( Les cliinVes de sa puissance qu'elle étalait orgueilleusement pour
l'effroi du monde, observe M. L. Hubert, le monde aujourd'hui les
retiendra pour fixer le tribut du vaincu. » Rien n'est plus juste. En
14 pages de commentaire, l'auteur établit que « l'Allemagne est sol-
vable, mais habile dans l'art de dissimuler et de feindre ». Son avis
final est ainsi formulé : « Craignons les airs d'humilité et le ton lar-
moyant quelle s'entend si bien à prendre et dont Napoléon, lui-
même, fut dupe jadis. 11 est certain, et chaque Français pourra s'en
convaincre à 1 examen de cet opuscule, que, quelles que soient les
charges écrasantes de la guerre, la créance est bonne ». Oui, l'Alle-
magne peut payer ; elle criera, se lamentera, menacera peut-être.
Finalement elle se soumettra, et elle paiera. Elle y mettra sans doute
de nombreuses années : cela n'empêchera pas le compte, dont a si
bien parlé M. Clemenceau un peu avant le fléchissement germanique,
d'être réglé.
— La prolongation de la guerre a suggéré à M. Paul Bornet l'idée
que l'armée, qui a absorbé toutes les forces vives du pays, a un autre
rôle à remplir que celui do vaincre l'ennemi : elle doit avoir une mis-
sion complémentaire, celle de rééduquer les masses et de cons-
truire un édifice social approprié aux besoins du pays. Les considéra-
tions à l'appui de cette idée forment l'objet d'une plaquette dédiée
par M. Paul Bornet à son fils, caporal d'infanterie, « son meilleur
âmi et compagnon d'armes », laquelle est intitulée : Le Rôle cons-
inictear de l'année (Paris, Figuière. 1918. petit in-12 de 44 p. Prix :
1 fr. 25).
— Sous ce titre : A ceux qui disent : « S'il y avait un bon Dieu, on
ne verrait pas des horreurs pareilles ! » (Paris, 14, rue d'Assas. s. d.
(1918), l'excellente revue Frères d'Armes édite deux publications
diirérentes : l'une est un tract de 4 pages (0 fr. 10 l'exemplaire,
0 fr. 75 la douzaine, 5 francs le cent) qui réplique en termes pitto-
resques, intelligibles pour tous, à la vieille objection tiiée des maux
humains ; l'autre est une brochure de 34 pages (0 fr. 30 l'exemplaire.
20 francs le cent) qui traite la question plus à fond en présentant des
considérations extraites des meilleurs auteurs. L'une et l'autre ont
d('jà fait <'t fercjut beaucoup de bien. F>lles méritent qu'on les propage
le plus possible.
— Les (jmsKjnes du soldat chrétien (Paris, édité par la revue Frbres
d'armes, 14. rue d'Assas. VI" arr., l'.HiK in-18 de 10.S p. Prix : 2 fr.),
écrilesau soir des batailles par ceux qui assumaient la charge d'affer-
mir le moral du soldat, sont toutes pénétrées de la grandeur et de la
responsabilité de cette tâche diilicilo. Cela ea explique sullisamment
— 101 —
la iioltelr. la vi;:iipiir. et. pour tout dire, le « nioidant. » C'est un
pelil manuel coriiplel de la vie chrétienne : prière, messe, sacrements,
dévotions, vertus, tout s'y trouve et d'une application non moins
évidente en temps de paix qu'en temps de f,Mierre. Une Préface de
Mgr Ruch, coadjuleur de l'évêque de Nancy, conclut : d Prends et
lis : tu deviendras meilleur Français, meilleur soldat, meilleur
chrétien. »
M. Lucien Uescaves nous offre dans la Collection France dewx
tableaux terribles : mais si le premier est d'aspect uniformément
noir, le second, après s'être montré assez sombre, a fini par s'éclairer,
presque brusquement, et de quelle lumière ! Dans Paris bombardé
{iSH-l9iU-i9i8) (Paris. Berger-Lcvrault, 1918. in-1(j de 64 p. Prix :
a fr. 90), l'auteur nous rappelle d'abord les principales péripéties du
siège de Paris par les Prussiens de Guillaume 1", puis il résume les
trop fréquentes épreuves de la grande ville pendant les quatre longues
années de la guerre européenne. Le tragique n'exclut pas ici le
comique ; et dans ce dernier ordre de choses, l'auteur eAt pu faire
une place à cette bouffonnerie bien parisienne, qui se chantait, sur-
tout dans les quartiers populaires, sur l'air des Vitriers :
Encore un carreau de cassé
V'ià les gothas qui passent ;
Encore un carreau de cassé
V"là les gothas passés.
V'Ià les gogos (bis)
V'ià les gothas passés.
— Le très suggestif petit livre que M. Daniel Mornet a composé
pour la Collecllon France sous le titre de : Tranchées de Verdun, juil-
let 191G-niai 1917 (Paris. T3erger-Levrault, 1918, in-!6 de 61 p. Prix :
0 fr. 90) u ne décrit pas les élans héroïques des assauts. » Ce qu'il
nous raconte est le fruit dune longue pratique et d'une observation
patiente. « 11 m'a semblé, dit il justement, qu'on n'avait pas assez
fait connaître les longues misères et les courts plaisirs de ces semaines,
de ces mois, de ces années où presque toutes les troupes ont dû se
contenter de « tenir o obscurément. Nos pères écrivaient des livres
pour décrire le « ménage » des champs, la conduite de la vie rus-
tique. Je ne raconte dans cette brochure que l'humble et tragique
ménage de nos tranchées ». Et cela en un style simple, clair, imagé,
sans nulle grossièreté, avec une bonne humeur qui ne se dément
jamais.
— Dans l'Amérique en guerre, par M. Emmanuel Bourcier (Paris.
Berger-Levrault, 1918, in-16 de 63 p. Prix : 0 fr. 90), tel est le titre des
souvenirs rapportés d'Amérique par un Français faisant partie de la
mission militaire. Si le lecteur pense y trouver des observations
curieuses et originales sur les Américains, il sera déçu.
— 102 —
— Les Six Petits Contes de M. Antonin Lavergne (Paris. Berger-
Levrault, 1918, in-16 de 64 p. Prix : 0 fr. 90) sont des récits du temps
de guerre. Très courts et écrits sans prétention, ils ne sont pas
dénués d'intérêt.
— Un de nos marins. Le Récit de Jean Le Gwen, par M. Eugène Le
Moucl (Paris. Berger-Levrault. 1918, in-16 de 60 p. Prix : 0 fr. 90)
nous présente le quartier-maître Jean Le Gwen dans un comparti-
ment de chemin de fer, en route pour l'île de Bréhat, où il va passer
sa permission de quarante-cinq jours et retrouver son père, sa mère
et sa fiancée. C'est plaisir d'entendre le brave marin raconter ses
aventures de guerre de Dixmude aux Dardanelles.
— Deux ans avec les Sénégalais (Paris, Berger-Levrault, 1918, in-16
de 64 p. Prix : 0 fr. 90). M. Léon Gaillet, sous-lieutenant d'infan-
terie coloniale, relate ses impressions parmi les tirailleurs séné-
galais, tant au camp de Saint-Raphaël que sur le Front et dans les
tranchées. Elles intéresseront le lecteur en luipeignant d'après nature
ces simples et vaillants soldats qui ont combattu si héroïquement
pour la France.
— Fleurs de guerre (Paris, Haton, s. d. (1918), in 12 de x-3!2 p.
Prix : 4 fr.) est un ouvrage de compilation. M. Joseph Baeteman, mis-
sionnaire apostolique en Abyssinie, a réuni les traits édifiants ou hé-
roïques, fournis par la guerre actuelle, qu'il a pu recueillir de diverses
parts, et les a classés par chapitres, sans omettre d'en indiquer les
sources. Ce volume n'est pas de ceux qui se lisent d'un bout à l'autre
sans interruption ; on ne doit l'absorber qu'à petites doses ; mais il
constitue un manuel utile à consulter si l'on veut se rendre compte
de la mentalité morale et religieuse de nos soldats.
— Entre 1914 et 1918 (la dernière pièce : Strasbourg remonte tou-
tefois à 1913), M. Ernest de Ganay a corrrposé dix poésies qu'il ras-
semble aujourd'hui en une élégante plaquette : Le Vol de la Victoire
(Se trouve à la Belle Édition, 71, rue des Saints Pères, h. Paris, in-8 de
16.p.). M. de Ganay chante tour à tour Paris, Reims, Arras, Verdun, la
Française, les oeuvres d'art mutilées par l'ennemi, les Captives (nos
provinces volées en 1871), Versailles. A propos de la Croix de fer
(1813) et la Croix de guerre (1914), nous citerons ces quelques vers :
11 mont, votre symbole, cl ces « rameaux de chêne »
Ne sauraient plus penser à forger notre chaîne —
Nos <' glaives » suiruont à vous rendre à nos lois.
C'est (iiMiid l'Aigle français entrait eu agonie
Que votre croix est née. — A ton tour, Germanie !
La nôtre est le réveil de notre Coq gaulois !
Le poète s'exprime avec une vigueur (pii n'a d'égale que sa foi
patriotique.
— 103 —
— Le court poème que M. Redon de la Molhe consacre à Gainemer
< Paris, Haton, s. d., in-12 de 8 p. Prix : 0 fr. 75) mérite une mention
honorable. Il débute ainsi :
Pour chanter ce héros, avons-nous une lyre ?
Mais prononcer son nom, maintenant c est assez.
Ce nom de Guynemer, il suffît de le dire.
Pour que jaillisse à flots débordants et pressés.
Un immense Océan d'incomparable gloire.
Oui. ce nom, désormais, tout couronné d'azur.
Brillera radieux, dans le ciel de l'histoire.
Ainsi que le soleil dans un firmament pur.
— Simples feuilles volantes \ .3 pages). les poésies de Mgr Félix
Périé arriveront ainsi plus aisément à destination, c'est-à-dire aux
masses qu'elles semblent, viser spécialement. Elles sont intitulées :
\ . La Marne française : — 2. Honneur aux marsouins ; — 3. Donnez-
nous des prêtres ! ; — 4. Le Curés au Front CParis, Haton, petit in 8.
Prix de chaque feuille : 0 fr. 50). De cette pièce, qui serait comme
les trois autres, du reste, utilement distribuée dans les patronages,
nous reproduisons ici la dernière strophe, qui forme conclusion :
IN'oublions pas que sous le feu.
L'homme noir fut le soldat bleu.
Qu'il fut le compagnon, le frère
Du bourgeois et du prolétaire ;
Qu'il affronta le corps-à-corps.
Qu'il a sa part parmi les morts ;
Et disons : Gloire à la Prètraille.
Qu'admira le champ de bataille !
Albi M. — Sans compter les deux images figurant sur les couver-
tures, l'album intitulé : Prisonniers de guerre, dû à M. Jean-Pierre
Laurens (Paris, Berger-Levrault. gr. in-4 oblong, mesurant 32 centi-
mètres sur 44. Prix : 10 fr.), se compose de 16 planches retraçant
diverses scènes de la vie des prisonniers en Allemagne. La plupart sont
d'un odieux achevé ; l'une d'elles est un chef-d'œuvre de grotesque :
Les Curieux, dimanche après midi, à Wittenherg . 1915 : spécimens de
vilains Boches, de leurs femmes plus laides encore, si possible, ridi-
culement accoutrées et accompagnés de leur progéniture. Arrêtés
devant une clôture en fils de fer barbelés, ils regardent les prisonniers.
Une page, placée en tête de l'album, divisée en quatre colonnes com-
pactes, et datée du 16 juillet 1918, fournit, sans aucune explosion de
colère, des détails précis sur la cruauté germanique. L'auteur a ré-
parti ses « Notes ») eu six titres : Péronne. Les Civils. La Schlague. Le
Typhus. L'Alerte. Le Feldwebel. Ce document — car c'en est un —
qui mérite une large diffusion dans les familles françaises, s ouvre
par ces mots : - A la mémoire des compagnons morts entre les mains
^ 104 —
ennemies, sont dédiées ces images, tracées avec le seul souci d'un té-
moigTiage fidèle. >) Visenot.
PUBLICATIONS AYANT TRAIT A LA RUSSIE
1. Histoire de la fitissie depuis les origines jusqu'à nos jours, par Alfred Rambaud.
7« édition renforroiitit un Supplément jusqu'en mars l'JU , par Emile IIal'maht. Paris,.
Hachette, 1918, in-16 de lOli p.. 7 fr. — 2. Les Bases conventionnelles des relations^
modernes entre la Chine et la Russie, par Hoo Ghi T.saï. Paris, Jouve, 1918, iii-4 de
VIII-5Û9 p., avec une carte de la frontière sino-russe. 17 fr. 50. — 'i. Joscpli-?iicolas
Deltsle, sa biographie et sa collection de cartes à la Bibliothèque nationale, par Albert
IsNARD. Paris, Imprimerie nationale. 1915, in-4 de 135 p.. 3 fr. — 4. Les Éléments
de la population orientale en France. Les Busses en France du xi= au xvin' siècle, par
J. Mathore/.. Paris, Picard, 1918, in-4 de 26 p. ,2 fr. — 5. Un Témoin de la campagne
de /lussie. L'Abbé Adrien Sarugue {1753-1812), curé de Saint-Louis-des-Français de
Moscou, par LÉos Mirot. Paris. Champion, 1914, in-4 de 43 p.. 3 fr. — 6. Les
Études de la guerre, puhliées sous la direction de Re!<é' Puaux. Cahiers 2, 3, 6 et
7. Paris, Fayot, septemhre-octobre 1917, février 1918, in-8, paginés 4U3-640.
1 fr. 50 le cahier. (Les cahiers 6 et 7 sont rénnis en un seul fascicule 3 fr.). —
7. La Bussie en 191ft-î9l7 , par Ossip-Lourié. Paris, Alcan, 1918, in-16 de 271 p.;
3 fr. 50. — 8. Baspoutine. La Fin d'un régime, par J. W. Bienstock. Nouvelle édi-
tion. Paris, Albin Michel, s. d. (1918), in-lG de 351 p., 4 fr. 50. — 9. La Béuolu-
tion russe, par Claude Anet. Deuxième série. Juin-novembre 1917. Paris, Payot,
1918, in-16 de 281 p., 4 fr. 50. — 10. Les Deux Fléaux du monde. Les Bolcheviks et
l'impérialisme allemand, par Vladimir Ijouktzeff. Paris, Payot, 1918, in-16 de 02 p.,
avec un portrait de l'auteur, 1 fr. 50!
1. — Voici la septième édition de l'Histoire de la Russie, d'Alfred
Rambaud. Il n'y a sans doute plus à faire ni l'éloge ni la critique de
ce consciencieux ouvrage, dont l'utilité est démontrée. Il serait seule-
ment à souhaiter que la prochaine édition en fût une revision et non
une réimposition. La main pieuse de M. Haumant, qui a continué
cette ///^/oiVc jusqu'en mars 1917, en ferait aisément disparaître cer-
taines petites erreurs qui s'invétèrent. Ainsi, page 448, Cyrille Razou-
movski, président de l'Académie des sciences, est dit « fils d'un ancien
favori d'Elisabeth », alors qu'il en était le frère; Lamartine sur ce
point là était mieux renseigné (Histoire de la Hassie, t. I., p. 218.
18551)11 serait bon aussi, ennotre t(Mnps de scientifisme, si j'ose dire,
et conformément aux Observations de la page 97*.l. d'ai)pclcr. à la façon
russe, l'impératrice Anne, Anna loannovna au lieu d'Anna Ivanovna,
page 243 et passirp. L'usage est de désigner le père des impératrices et
empereurs par une forme solennelle de leur prénom au lieu de la
forme courante. On pourrait au reste adresser de luenues crili(iuesdu
même genre à M. Ilaumant dans ses deux derniers chapitres : La Rus-
sie de 1000 à 19 lU et la Guerre et la Révolution. 11 est superflu d'y
avoir deux orthographes pour un même mot ; il faudrait opter entre
Dalny ou Dalni. Cioremykine ou Gorémouikine, Hukharcst ou Moukha-
resl, les Kurdes ou les Kourdes. etc., pages 862, 88 i, 880 ; 890, 931 ;
926, 932 ; 882, 849.
2. — Alors que dans la première période de leurs relations, du mi-
— 105 —
lieu du xvii« siècle à celui du iix«, la Chine et la Russie ne signèrent
que les trois traités do Nertchinsk. de Khiakta et de kouldja (celui-ci
en ISnn, les deux pays ont au contraire signé une dizaine de conven-
tions jusqu'au début du xi« siècle. Ce sont les premiers traités con-
clus au début de cette seconde période, de 1858 à 1881. qui servent
de base aux relations sino-russes modernes. Ce sont les traités dWï-
goun. de Tientsin et de Peking, d'une part, et ceux de Livadia et de
Saint-Pétersbourg, de l'autre, qu'étudie successivement M. Hoo Clii-
Tsaï (Les Bases conventionnelles des rclalions modernes entre la Chine
et la Russie). L'auteur remarque que, malgré l'étendue de leur fron-
tière commune, les deux pays sont toujours demeurés en paix et que
les avantages obtenus par la Russie en Chine ou sur la Chine le furent
à la faveur des expéditions franco-anglaises et de l'insurrection doun-
gane. D'autre part, tandis qu'au début de leurs relations, la Chine et
la Russie contractaient seules et. pour ainsi dire, en toute tranquil-
lité, elles eurent à compter ensuite avec les puissances européennes,
américaine et nippone : l'objet de leurs concessions, cessant d'être
étroitement bilatéral, devint mondial. Fils de l'ambassadeur actuel
de Chine à Paris, M. Hoo Chi-Tsaï, diplômé de l'École libre de»
sciences politiques, était d'autant mieux préparé à traiter le sujet
qu'il a choisi pour sa thèse de doctorat en droit, qu'il connaît aussi
parfaitement le russe que le français et l'anglais. M. Henri Cordier lui
a accordé une préface.
i. - Entré en relations avec Pierre le Grand à Paris, et appelé
ensuite par lui en Russie en 1725. l'astronome Joseph-Nicolas Delisle,
demeura à Pétersbourgjusquen 1747. En ce long espace de temps, il
multiplia non seulement les observations astronomiques, dans l'Ob-
servatoire qu'il installa, mais mit sur pied l'étude scientifique de la
géographie de la Russie. S'il ne put terminer la carte générale de
Russie, ce ne fut qu'en raison de l'hostilité déclarée de l'élément alle-
mand de l'Académie des sciences. II avait du moins dressé ou trans-
crit 190 cartes particulières, dont une copie fut vendue au Roi à son
retour en France. Remises à la Bibliothèque royale et oubliées au
Cabinet des estampes, elles n'ont été cédées à la section géographique
de la Nationale qu'en 1915. C'est à cette occasion que M. Albert
Isnard, bibliothécaire principal, en a établi le Catalogue en y ajoutant
un État des cartes, presque aussi nombreuses, remises par Delisle axi
Dépôt de la marine en 1754. 11 a fait précéder son travail d'une bio-
graphie de Delisle (J.-N. Delisle, sa biographie et sa collection de cartes
géographiques à la Bibliothèque nationale). Occupé de Delisle à un
autre point de vue que M. Isnard et ayant eu le plaisir de travailler à
côté de lui en tel dépôt d'archives, nous pouvons dire autrement que
par la lecture, avec quelle attention son travail fut fait.
— 106 —
4. — Dans le grand ouvrage que prépare M. Mathorez sur la popu-
lation étrangère en France, et dont maintes revues ont déjà publié des
chapitres, une place devait naturellement être donnée aux Russes
(Les Russes en France du xi' au xviii" siècle). Ce n'est pas à dire que
l'élément russe soit un de ceux qui aient le plus influé sur cette popu-
lation ; tout au contraire, c'est peut-être le moins important de tous.
Dans les « actes de naturalité » qu'il a compulsés aux Archives natio-
nales, M. Mathorez a remarqué avec surprise qu'aucun ne concerne
un Russe, et donc qu'aucun Russe n'a été naturalisé en France sous
l'ancien régime. De même, empêchés par la religion, la culture et la
politique, qui fut rarement une politique de « correspondance » entre
les deux Cours, les mariages furent très rares. Toutefois un peu de
sang russe fut anciennement mêlé au sang royal de France par le
mariage d'Henri I" avec Anne de laroslavl. On a aussi relevé l'exis-
tence de quelques esclaves russes en Roussillon au xiii' siècle parmi
des esclaves grecs, tatares ou circassiens. Un peu moins épisodiques
furent les relations entre Français et Russes après le règne de Pierre
le Grand. Si diligent qu'ait été l'auteur à recueillir tout ce qui con-
cerne son sujet, il est contraint de déduire l'apport de sang russe dans
la population française plus qu'à le constater ; il le déduit des ren-
contres galantes des Russes en France ; mais ces rencontres-là ne sont
pas des plus fécondes. Il ne faut pas que M. Mathorez oublie, tant la
matière est peu riche, les quelques agents français qui prirent femme
en Russie et rentrèrent ensuite dans l£ur pays ; tel fut le cas de Dupré.
secrétaire du marquis de la Chétardie.
5. — M. Léon Mirot apporte plusieurs documents intéressants à la
biographie de l'abbé Adrien Surugue, curé de Saint-Louis des Fran-
çais, à Moscou en *812 (Un Témoin de la campagne de Russie). L'au-
teur a retrouvé aux archives de Clamecy, le baptistaire de l'abbé et
plusieurs actes concernant sa famille et aussi la transcription d'une
lettre de l'abbé Nicole en 1820, témoignant de la belle conduite de
son confrère. Sur un ordre administratif, cette lettre fut alors consi-
gnée dans les registres de la sous-préfecture. M. Mirot a également
suivi la carrière de l'abbé Surugue avant son émigration, à Sainte-
Rarbe et au collège royal de Toulouseoù il fut respectivement préfet des
études et principal. Longtemps précepteur dans la famille Moussine-
Pouchkine, labbé ne la quitta que par devoir, pour assumer la res-
ponsabilité de la cure de Moscou. Il fut à la hauteur de sa tache aux
heures difficiles de l'occupation et de Pincendie de la ville. Les con-
versions qu'il a opérées, presque malgré lui. furent nombreuses.
Dans la brochure dont nous rendons compte, il est fâcheux seulement
f't très cuiieux (pie plusieurs noms, fort connus, des meuil)res des
— 107 —
/
colonies françaises de Russie que rappelle l'auteur d'après le livre
de Tasteviu, soient défigurés par des fautes d'impression.
6. — C'est surtout des critiques de forme qui peuvent être faites
aux Études de la guerre publiées sous la direction de M. René Puaux.
Il faut, même à des publications de temps de guerre, des titres coju-
r.ints, des sommaires indiquant à quelle' page commencent les articles,
et des articles correspondant au titre que leur donne le sommaire.
Ainsi seulement une publication devient maniable, évite des pertes
de temps au lecteur, reste utile, en dehors de l'actualité immédiate,
•el ne s'approche en rien du désordre, nullement enviable, de certaines
publications étrangères, les publications russes, par exemple. Le pre-
mier cahier analysé contient une étude sur le procès Soukhomlinov
<'t la mobilisation russe. Le troisième cahier reproduit des télé-
grammes inconnus de Guillaume II et de Nicolas II, éclairant le
Secret de la soirée du 29 Juillet 19 lU. Les cahiers 6 et 7 renferment
Ja Correspondance secrète de Guillaume II et de Nicolas II, de I90i à
1907. 11 s'agit des quatorze télégrammes publiés le 2 et le .3 septem
bre 1917 par le New York Herald, de Paris, et que suit une traduction
française. Ces télégrammes, échangés en anglais par les deux souve-
rains, qui signent Willy et Nicky, sont la preuve la plus tangible que
nous connaissions de l'insolence, de la duplicité de Guillaume II et
des embûches perpétuelles qu'il tendait à l'empereur de Russie.
7. — Le nouveau livre de M. Ossip-Lourié : La Russie en 19 1^4- 19 17
€st un recueil de chroniques trimestrielles publiées, de juillet 1914 à
janvier 1918, dans la Bibliothèque universelle de Lausanne. Les « chro-
niques » sont^ par définition, des causeries à bâtons rompus sur les
<' faits du moment », décès, anniversaires d'écrivains, gros événe-
ments politiques, etc. Celles de M. Ossip-Lourié. écrites de France
par un Russe qui y habite, répondent entièrement à cette formule.
Toutefois la causerie est assez languissante ; on dirait de très vagues
articles de dictionnaire encyclopédique péniblement mis bout à bout.
Il est remarquable — mais pas étonnant — combien tous ces écri-
vains russes de langue française, n'usant que de « clichés », sont
merveilleusement impersonnels 1 Clichés de pensée (ici du genre dit
« libérale »>. clichés de plaisanteries, alourdies jusqu'à sembler alle-
mandes, clichés verbaux ! Un seul point semble personnel à M. Lôurié.
c'est la conviction juste ou erronée, que la question juive est pour la
Russie, comme pour le reste du monde, la question centrale. Il nest
aucune chronique où il ne parle abondamment des mauvais traite-
ments faits aux juifs en Russie, des services qu'ils rendent à la patrie
russe et de l'ingratitude des Russes à leur égard. L'état présent de la
révolution peut faire douter de ces aperçus.
8. — Les 91 premières pages de Raspoutine. La Fin d'un régime.
— 108 —
par M. J. W. Bienstock, retracent, en une fa<:on d'Avant-Propos, le
règne de Nicolas II, d'après un de ces livres, publiés à Berlin, qui at-
tendaient les voyageurs russes dans toutes les gares par lesquelles ils
entraient en Allemagne. Intitulé : Le Dernier Autocrate, ce livre connu
est l'œuvre, dit-on, d'un député de la première Douma, Obninski. Au
centre du volume, la figure de Raspoutine est dessinée, d'après le
journal du moine Héliodorc et le témoignage de l'évêque Hermogènc,^
ses anciens amis, qui rapportent un grand nombre de ses conversa-
tions. C'est donc, en quelque manière, un portrait parlé. Propos de
très « haulte gresse » au cours desquels le surnom du Débauché
(Raspoutine) trouve sa plus ample justification ! Il faut remarquer
malgré tout qu'en ces discours si accablants pour « marna » et
(( papa », (l'Impératrice et l'Empereur), il est actuellement impossible
de séparer la vérité des racontars singulièrement abondants d'un
homme qui avait conscience d'augmenter son crédit par leur énormité
même. Et de quelles vantardises, de quelles exhibitions en tout genre
n'était pas capable, après boire, après le bain, ou après ses transes
mystiques. l'efFronté personnage ! En 1789, Catherine II, à qui Léon
Narychkine parlait de deux livres nouvellement parus à Paris : La
Vie privée d Antoinette de France et l'Histoire de ta Bastille, ne fit que
cette réponse : « Ce sont des libelles, et je ne les souffre pas. » Nous
n'en sommes, que nous le voulions ou non, qu'à l'époque des libelles.
M. Bienstock, de qui on n'attendait apparemment qu'une lecture facile
et croustillante, paraît avoir eu pourtant une ambition plus haute. Il
hésite souvent entre ses deux sujets: l'épisode Raspoutine et la carac-
térisation du régime. A la fin, il est en somme discret et court sur
l'exécution du sectaire, sur la recherche de son cadavre, sur sa toi-
lette funèbre, son inhumation, etc. Faute des références et de préci-
sion, l'auteur donne parfois des allures de rapports à de simples
reportages ; on ne saurait de quoi il s'agit si l'on n'avait lu par hasard
les journaux dans lesquels ces pages parurent en Russie, aux tout
premiers jours de la révolution.
9. — Le second volume de la Révolution russe, de M. Claude .\net.
est aussi intéressant que le premier, dont nous avons rendu
compte. 11 embrasse la période juin-novembre 1917 ; ses trois sous-
titres en indiquent clairement la matière: Grandeur et décadence
d'Alexandre Féodorovilch Kérenski (grandeur est pris apparemment ici
dans le sens de fortune), l Affaire Kornilov et enfin le (irand Jour et le
Coup d'Etat maximaliste. Discours, discours et discours, promesses de
« mesures énergicjues », dont aucune ne fut jamais prise, c'est toute
l'histoire des six mois du proconsulat de Kérenski ; M. Cl. Anet, notant
impartialement la légèreté, la griserie du premier ministre, lui rend
néanmoins la justice d'être resté un allié fidèle et d'avoir voulu la con-
— 109 —
tinualion de la guerre. Ayant auprès de lui des collaborateurs détermi-
nés comme BorisSavinkov et le général Kornilov, Kérenski eut la fai-
blesse de prendre ombrage de l'un et de l'autre et de n'oser appliquer
jamais le rétablissement de la peine de mort que le premier lui avait
arraché. M. .\net reproduit in extenso le célèbre document que Kor-
nilov tint à lui remettre pour sa justification et qui fut télégraphié
de Stockholm à un journal de Paris. Après tout le mal créé en Russie
par le verbiage et l'inaction, l'auteur, par joie ironique et par con-
traste, vit arriver avec une certaine satisfaction les bolcheviks. Il raille
avec justesse l'illusion de nos gouvernants envoyant en Russie des
socialistes français pour mettre à la raison les socialistes russes,
pleins d'un « orgueil incommensurable » et de mépris « pour leurs
timides frères d'Occident » (p. 277).
10. — Courageux dans sa poursuite des policiers provocateurs de
l'ancien régime, M. Vladimir Bourtsév le demeure dans sa condam-
nation documentée des bolcheviks. Sa brochure : Les Deux Fléaux du
monde, dans laquelle sont réunis cinq articles parus sans doute dans
le journal qu'il édite à Paris, la Cause commune, porte ce net sous-
titre explicatif : Les Bolcheviks et l'impérialisme allemand. « Ce que
les bolcheviks accomplissaient en Russie en 1917 avant leur coup
d'État, et ce que Rerensky laissait faire n'a qu'un seul nom dans
toutes les langues, celui de trahison. » La Russie, et avec elle la
cause des Alliés, ont été vendues, trahies par le bolchevisme russe
et par tous les socialistes qui se sont solidarisés avec lui, les zimerwal-
diens en particulier » (p. 16). Aux tables de Biest-Lilovsk étaient
assis des hommes qui ne visaient qu'à se surpasser en ruse et en ma-
chiavélisme : lofTe, Kamenév et consorts, que Léopold de Bavière
« méprisait au fond de son âme et ne traitait jamais autrement que de
sales youpins » (p. 41), et eux qui méprisaient les impérialistes.
« Des deux côtés, on se rendait bien compte que c'était surtout de la
vente de la Russie qu'il s'agissait et que c'étaient des acheteurs et
des vendeurs qui se faisaient face. >> Emprisonné par les bolcheviks
comme il le fut par les agents du tsarisme. Bourtsév a écrit à ses
derniers geôliers sa célèbre lettre ouverte : Soyez maudits, bolcheviks !
Il leur donne rendez-vous au seul endroit où l'on puisse se rencon-
trer avec eux .* le tribunal. On comprend que Bourtsév fut de ceux
que surprit le plus la marque de faiblesse de la Conférence de
Paris songeant à réunir à Prinkipo les représentants des différents
(( partis «russes. ■ lustrumentspour disloquer les armées des Alliés ».
les Alliés disait-il aux bolcheviks. « ne pourront jamais vous consi-
dérer autrement que comme un fléau, un mal universel... » (p. 46).
Dexis Roche.
• — HO —
THÉOLOGIE
Questions théologiques du temps présent. I. Quesdons de guerre
d'après sainL Thuinas d'Aquin, par A. Michel. Paris, Beauchesne, 1918,
in-16 de xiv-289 p. — Prix : 4 fr. 20.
Neuf questions dogmatiques et morales, soulevées par la guerre,
sont ici traitées : 1° Le Droit chrétien et la Guerre ; 2° La Vengeance
et les Représailles ; 3° Le Culte de la patrie ; 4° L'Unité de l'Église et
la Guerre ; 5° La Guerre et le Martyre ; 6° Le Clergé et la Guerre ;
7° Le Culte divin et la Guerre ; 8° Prophéties de guerre ; 9° La Notion
théologique de la paix. Elles sont résolues d'après les principes for-
mulés par saint Thomas dans Isi Somme ihéologigue. M. Michel a sui\i
une méthode, « un peu archaïque peut-être », avoue-t-il, qui s'attache
aux procédés dialectiques et aux termes mêmes du théologien du
xm" siècle. 11 justifie sa méthode, qui lui a permis d'expliquer le
texte plus littéralement et d'analyser plus exactement la pensée de
l'Ange de l'Lcole. Dans ce commentaire on verra que les représailles
peuvent s'exercer comme châtiment sur les coupables, mais non sur
les innocents, les civils par exemple ; que le culte de la patrie rentre
dans l'objet de la vertu de piété ; que la charité ne permet pas d'ai-
mer la culpabilité de ses ennemis ; que le soldat, mourant pour son
pays, n'est pas un martyr, mais que la mort, acceptée surnaturelle-
ment, lui mérite des grâces divines qui l'amènent, s'il est nécessaire,
à la justification. Je ferais quelques réserves sur le rôle que M. Michel
assigne aux prêtres dans la guerre. 11 n"a eu en vue que la Ihèse, et il
n'a pas suffisamment tenu compte de l'hypothèse de toute une nation
armée. En décrivant la position des prêtres-soldats, il a trop assombri
le tableau. 11 n'a vu non plus que les inconvénients, résultant de
l'appel des prêtres aux armées, relativement au culte public, et ici
encore il n'a pas envisagé les sociétés modernes dans leur état actuel ;
il suppose toujours une société parfaitement chrétienne et un gou-
vernement semblable à celui de saint Louis. Aussi quelques-unes de
ses solutions pratiques me paraissent trop sévères. On remarquera
sans doute l'application que M. Michel fait de la notion thomiste de la
prophétie à la célèbre promesse concernant le drapeau du Sacré-Cœur.
Sa longue note s'inspire visiblement de la lettre du cardinal Billot au
P. Lemius ; elle en reproduit les termes ; l'auteur a dû en posséder
le texte authentique. Il y répète avec raison que l'adoption de ce dra-
peau ne j)eut être qu'un aboutissement, quand la société française sera
redevcrme clirétieiine. Dans ce cas, il se met en face de la situation
présente de la France. L'ouvrage est foncièrement doctrinal, digue
d'un professeur à la Faculté de théologie de Lille. Nous lui souhai-
tons un plein succès. E. Mangenot
— m —
La Spiritualité chrétienne. Des Origines de l'Kglise au moyen
âge, par P. PoinnAT. Paris, LoconVe, Gabalda, 1918, iii-i2 de vni-rjU2 p.
— Prix : 6 fr.
Nous avons à faire le plus grand éloge de ce volume où M. Pourrai,
supérieur sulpicicn du grand séminaire de Lyon, résume l'histoire
de la Spiritualité chrétienne durant les sept premiers siècles de l'Église.
L'œuvre est conduite avec compétence et avec clarté. Mérite d'autant
plus sérieux que le sujet, très complexe, n'avait jamais été, jusqu'à
ce jour, Tobjet d'une enquête distincte ni d'une synthèse méthodique.
On peut donc dire, sans forcer la note, que M. Pourrat, dans son
nouvel ouvrage, aura trouvé moyen de dire du neuf sur une matière
très ancienne et dont tous les éléments étaient déjà connus, mais
connus d'une manière éparse et fragmentaire.
Après une étude de la doctrine ascétique des quatre Évangiles et
des Épîtres apostoliques, puis un exposé des théories de l'ascèse
orthodoxe ou hétérodoxe des trois premiers siècles, vient un ample
tableau du mcnachisme en Orient et en Occident. L'auteur décrit
ensuite l'influence de l'augustinianisme (opposé à toutes les formes de
pélagianisme) sur la piété chrétienne, l'ascèse, la mystique. Un fort
bon chapitre est consacré à la contemplation mystique d'après saint
Augustin et d'après le pseudo-Denys l'Aréopagite. L'histoire du déve-
loppement monastique durant la période qui succède à l'effondre-
ment de l'empire romain d'Occident amène l'auteur à détailler le
rôle dévolu dans la spiritualité chrétienne à la personne même du
Christ, à l'Eucharistie, à la Vierge Marie Mère de Dieu.
Ce sont des pages qui instruisent, qui édifient et qui charment.
Yves de la Brière.
•
SCIENCES ET ARTS
L'Education religieuse. Entretiens à des mères chrétiennes^
par l'abbé Claude Bouvier. Paris, Lecofîre, Gabalda, 1916, in-12 de xxiv-
331 p. — Prix : 3 fr. 50.
Les ouvrages pédagogiques ne manquent pas. Mais y en a-t-il beau-
coup qui se préoccupent exclusivement de la formation chrétienne de
l'enfant, qui songent, par exemple, à développer en lui le sens du
mystère, qui marquent leurs chapitres de titres comme ceux-ci : édu-
cation de la prière, éducation de la foi, éducation du repentir, éduca-
tion du travail, éducation de la science, éducation du sacrifice, édu-
cation du zèle, péchés de mères ? Si élevés que soient ces sujets, ils
sont traités ici avec une simplicité et une justesse qui en rendent
l'intelligence facile ; des traits, empruntés au courant de la vie quo-
tidienne, illustrent d'exemples familiers et caractérisques les ensei-
gnements les plus graves. Que de réflexions s'imposeront aux mères
— H2 —
qui liront ces pages ! Gomme elles apprendront à observer leurs fils
et leurs filles, à calculer les conséquences de leurs actes, de leurs pro-
j)os et de leurs attitudes, à comprendre la noblesse de leur tâche édu-
catrice et à s'orienter dans la complexité des devoirs qu'elle impose !
Le prêtre qui leur adresse des conseils d'une si haute portéejoignait
à nn esprit d'observation aiguisé un zèle d'apôtre et une expérience
peu commune. Il voua sa vie à l'éducation. On voit quelle confiance
mérite un tel maître, et on est reconnaissant à M. Audolleut, vicaire
général de Paris, d'avoir retracé en traits émus, dans la Préface, sa
fine et noble physionomie. Le connaître est une joie et presque une
fierté : l'entendre sera un profit pour tous ceux à qui parviendront
ses enseignements. Ch. Landry.
L'Autorité «hïiis la famille et à l'école, par F. Kikkfe». Paris, Beau-
chesnc, 1917, in-iS de n-489 p. — Prix : 5 fr.
<( Herbert Spencer exprime son éloniipment de ce qu'on n'hésite
pas à faire faire des études de comptabilité au jeune homme dont on
veut faire un commerçant, alors qu'on se préoccupe si peu de faire
connaître l'art de l'éducation à ceux qui, par la force des choses, se-
ront des éducateurs. » l'artageant cet étonnement, muni d'ailleuis
d'observations multiples par une longue expérience personnelle.
M. Kieffer a cru qu'il ferait œuvre utile en apportant sa contribulifui
au problème si complexe del'éducation. Il ne s'est pas trompé, lise dé-
fend d'écrire un traité savant ou même complet. Le terrain spécial sur
lequel il se tient, u c'est celui de l'exercice de l'autorité. » Mais quand
il a étudié la nature de l'autorité, expliqué à quelles conditions elle
se fait accepter et bénir, comment elle grandit ou se dissout, de quels
moyens elle dispose, de quels excès elle doit se garder, à (jucl but
«lie doit tendre, il a vraiment embrassé l'ensemble des questions qui
préoccupent le plus l'éducateur. Et comme il a surtout <( visé à être
pratique », il ne se cantonne pas dans la région des théories : il mul-
tiplie les exemples (certains même sont cités deux et trois fois, sans
doute pour qu'on ne les oublie pas) ; il sait comment on remédie à
certains défauts ennemis de l'autorité ; il formule des « règles d'une
application facile et immédiate » ; il développe les dispositions d'ànie
qui font les éducateurs. Quedirede plus pour témoignerdes services
que peut rendre son livre ? Ce. La-sdry
I..e SooialiNme contre Ti-^tat, par Emile VANUEUvr.LDK. Paris. Bergcr-
Levrnult. l'JlS, in-lli de i.vi 174 p. — Prix: 3 fr.
L'Individu a\ec TiCtat, par C. Léouzon Le Duc. Paris. Pion Nourrit.
i'Jl.S, in-lG de vin-318 p. — Prix : 3 fr. 50.
Les titres mêmes de ces deux ouvrages, qui ont pour sous-titres, le
— 113 —
premier : Problèmes d après-guerre, le second : Les Leçons de la guerre,
témoignent qu'un livre d'Herbert Spencer paru il y a quelque trente
ans, l'un de ses meilleurs et des moins longs : L'Individu contre l'État,
n'est pas oublié et traite une question plus actuelle que jamais.
— Demeurant convaincu que, pour qui ne donne pas aux mots un
sens arbitraire et pour qui ne veut pas s'aveugler d'illusoires chi-
mères, le socialisme est foncièrement à base d'étatisme. comme il est
à base de haine, de guerre de classes, je paraîtrai à M. Emile Vander-
velde avoir un esprit incurablement bourgeois. Je ne méconnais
pourtant pas l'intérêt des efforts qu'il tente pour distinguer et sépa-
rer socialisme d'étatisme. Sans doute, il ne défend pas, comme font
certains doctrinaires intransigeants, de se servir opportunément de
l'action de l'État ; il ne juge pas que les socialistes doivent dédai-
gner la conquête du pouvoir politique ; il est d'ailleurs extrêmement
loin d'admirer le jeu actuel du suffrage universel, du gouvernement
de parti et du parlementarisme. Mais, dans la socialisation progres-
sive des moyens de production qu'il préconise, il veut que l'on se
préoccupe beaucoup de préparer à se gouverner elles-mêmes les
petites républiques ouvrières entre lesquelles se partagera la régie
des divers départements du travail social. C'est donc une sorte de
socialisme décentralisé qu'il professe, et il croit ainsi éviter l'étatisme,
qui d'ailleurs ne lui paraît plus à craindre, si l'État n'est plus qu'un
organe de gestion, au lieu d'être un organe d'autorité. C'est peu clair.
Ce qui malheureusement l'est davantage, ce sont les antagonismes de
classes et les convulsions sociales inouïes que l'on nous annonce pour
l'après-guerre. Bien lourde est la responsabilité de ceux qui pré-
parent ou propagent cette guerre-là.
— Pour .M. Léouzon Le Duc, notre excès d'individualisme est res-
ponsable, dans une large mesure, de notre impréparation à soutenir
la guerre que les Allemands, eux, avaient si bien préparée et prémé-
ditée. Ce sont donc des questions d'importance vitale sur lesquelles
a travaillé sa pensée, en s'aidant des écrits d'Herbert Spencer, de
Taine. de Gustave Le Bon, d'André Lalande, d'Espinas. La complexité
de la nature humaine, le besoin de sécurité et le besoin d'expansion,
le rapprochement croissant et la différence croissante des nations, la
représentation des besoins, la doctrine individualiste et la doctrine
nationale, voilà les principales étapes de sa vaste exploration. Au
fond, il n'y a antagonisme entre l'individu et l'État que si l'un ou
l'outre s'abuse et s'égare. A chaque époque, pour chaque nation, un
point d'équilibre stable doit se trouver entre la force centripète de
l'instinct de conservation collpclivc. qui pousse les hommes à se con-
centrer, et la force centrifuge de leur instinct individualiste qui les
pousse à se séparer. Souhaitons avec l'auteur que notre organisation
FÉviuEK 1019. T. CXLV. 8.
— \\i —
se réalise, non par iin asservissement déprimant, mais par un esprit
de discipline acceptée, qui fera reconnaître l'utilité de la subordina-
tion et la puissance de l'action commune.
Babon Angot des Rotours.
Œuvres de G. -H. Halphen, publiées par les soins de C. Jordan, H. Poin-
CARÉ et E. Picard. T. I. Paris, (îauthier-\ illars, 1910, in-8 do xlih-uTO p.
— Prix : 20 fr.
Les mathématiciens accueilleront avec faveur cet ouvrage où se
trouvent réunis des notes, des communications, des articles épars
dans les publications les plus diverses et qui s'échelonnent depuis 1864
jusqu'en 1876. — Ainsi, l'on peut suivre pas à pas le développement
logique des idées d'Halphen et constater, non sans surprise, que des
travaux en apparence extrêmement dissemblables sont dans la réalité
en relations étroites et intimes les uns avec les autres.
Voici en particulier le titre des mémoires de plus longue haleine.
— I. Sur l'intégration des équations linéaires. — II. Sur la détermi-
nation des coniques et des surfaces du second ordre. — III. Recher-
ches de géométrie à n dimensions. — IV. Sur les points singuliers
des courbes algébriques planes. — V. Sur les contacts des surfaces.
— - VI. Sur une question d'élimination ou sur l'intersection de deux
courbes en un point singulier. — VII. Sur le genre des courbes algé-
briques. — VIII. Sur le contact des courbes planes avec les coniques
et les courbes du troisième degré. — IX. Sur une série de courbes
analogues aux développées. — X. Sur la recherche des points d'une
courbe algébrique plane, qui satisfont à une condition exprimée par
une équation différentielle algébrique, et sur les questions analogues
dans l'espace.
Dans une remarquable notice de cinquante pages rédigée à l'occa-
sion de sa candidature à l'Académie des sciences, Halphen a pris soin
de nous initier au secret de ses profondes recherches, et de mettre en
lumière les résultats auxquels il attachait le plus de prix. Le lecteur
saitdonc à l'avance où il va, et d'autant mieux ({ue M. H. Poincaréde sa
plume nerveuse et précise nous fait connaître en détail la carrière
d'Halphen et que M. Emile Picard, en quelques pages élégantes et
pleines d'intéressants aperçus, étudie la manière et la psychologie de-
l'auteur. G. Bertrand.
L'Aviation de demain, par Jean Dargon. Paris, Bergcr-Levrault. 1919, j
iii-8 de XX-1H3 p., avec 46 grav. ou photographies dans le texte et hors
texte. — Prix : 8 fr.
Est-ce un rêve ou une réalité? Probablement un rêve d'aujourd'hui
et une réalité de demain : c'est ce qu'exprime, dans une Préface ma-
I
— ii5 —
gistrale. le regretté Élicnne Lamy. Dans ce volume, consacré à l'étude
de lulilisalion après guerre de ^aviation, dont les progrès, au cours
de la lulle, out eu une part si prépondérante dans la victoire, M.Jean
Dargon, avec une compétence rare, s'efforce de mettre au point, dans
ses moindres détails, les projets de navigation aérienne en temps de
paix. 11 voit tous les obstacles qui se dressent sur sa route, mais sa
confiance est telle, ses arguments si persuasifs, qu'il sait faire paraître
non comme réalisables, mais comme accomplis, les voyages aériens
les plus longs, les plus difficiles. Il en trace avec précision les itiné-
néraires. les points de relâche, établit le prix de revient de chaque
voyageur, de chaque tonne transportée. On croirait vraiment, à le
lire, qu'il n'y a plus que son billet à prendre pour se rendre, par la
voie des aiis, à Tombouctou ou à Bombay, mais, hélas ! il y a encore
loin de la coupe aux lèvres. Bien des difficultés se soulèvent, prove-
nant principalement des moteurs et ensuite de l'appareil lui-même,
puis, des conditions atmospliériques, mais M. Jean Dargon a réponse à
tout, et, pour tout, il présente une solution satisfaisante. C'est ainsi
qu'après avoir fait connaître l'état actuel de l'aviation et ses derniers
progrès, il expose les méthodes de faire le point, de se rendre compte
des courants aériens, puis, successivement, il montre ce que pourrait
être le tourisme aérien et ce que doit devenir l'aviation coloniale et
l'aéronautique maritime. Il lance ses itinéraires sur tout le globe
comme les fils d'une gigantesque toile daraignée et, sur chacun de
ces itinéraires, il fait voir au lecteur émerveillé les avions transpor-
tant dépêches, marchandises et passagers. Il faut souhaiter que ce
rêve soit bientôt réalité et que l'étalisme rongeur et paralysant ne
vienne pas couper les ailes à l'essor de l'aviation de demain.
J. C. T.
Les Grands Graveurs. Andréa Mantegna et les graveurs pré-
raphaélites italiens. Paris, Hacliette, 1014, in-8 de 15 p. de texte,
avec 75 ptiotogravures. — Prix, cartonné : 4 fr.
Les Grands Graveurs. Marcantonîo et les graveurs de l'école
italienne du xvi* siècle. Paris, Hachette, 191i, in-S de io p. de texte»
avec 66 photogravures. — Prix, cartonné : 4 fr.
Les Grands Graveurs. Fragonard, Moreau le Jeune et les gra-
veurs frauçais de la fin du xviu' siècle. Paris. Hachette. 1914,
in-8 de 15 p. de texte, avec 65 photogravures. — Prix, cartonné : 4 fr.
Les Grands Graveurs. Bartolozzi et les graveurs au pointillé
en Angleterre à la fin da xviu* siècle. Paris, Hachette, 1914. in-8
de 15 p. de texte, avec 65 photogravures. — Prix, cartonné : 4 fr.
C'est une précieuse ressource pour les éditeurs de livres d'art que
la possibilité de s'associer, d'un pays à l'autre, pour publier des
recueils d'images, dont les frais se trouvent ainsi diminués. La mai-
— H6 —
son Hachette, avant la guerre, nous a montré, par son admirable
petite collection Ars una, quels résultats on pouvait atteindre par
cette division du travail, et nous avons, ici même, loué comme il
convenait les débuts d'une charmante collection des Grands Graveurs.
Voici, de cette même série si ingénieusement et pratiquement com-
prise, quatre volumes nouveaux tout à fait dignes de leurs aînés.
Chacun se compose d'environ 70 photogravures qui reproduisent, en
format la plupart du temps réduit, les chefs-d'œuvre d'un graveur
ou plutôt d'une école de graveurs. Une très bonne Préface, avec
toutes les indications bibliograpliiques désirables, accompagne cet
album, très élégamment présenté sous un joli cartonnage, et du prix
lé plus modique, certes, si l'on songe à ce qui nous est généralement
donné aujourd'hui pour quelques francs.
— Le premier de ces volumes est consacré aux plus anciens essais
de la gravure sur cuivre en Italie ; on y trouvera rassemblées et clas-
sées des œuvres délicieuses et rares entre toutes, dont il fallait jus-
qu'ici chercher les reproductions dans des recueils de format et de
prix peu accessibles : estampes où revit la grâce des primitifs floren-
tins, d'un Botticelli, d'un Baldovinetti, d'un Vinci, auprès du mer-
veilleux sentiment de l'antique d'un Mantegna et de la chaude enve-
loppe vénitienne d'un Bellini ou d'un Giorgione.
— Dans le volume suivant, c'est Marc-Antoine qui triomphe, c'est-
à-dire la noblesse et l'harmonie incomparables de Raphaël, qui a
rencontré dans le graveur bolonais le plus parfait des interprètes.
Tout l'essentiel de son œuvre est là, dcpuiF les essais naïfs et frustes
du début jusqu'à la plénitude de la maturité. Y a-t-il rien de plus
noble au inonde que le Jugement de Paris ou le Parnasse, si ce n'est
la Sainte Cécile ou l'Apparition de Dieu à Noé ?
— D'un bond rapide, nous passons au wiii^ siècle français, à l'es-
prit voluptueux de Fragonard, de Greuze, de Baudouin, de Lavreince.
11 y a dans ce petit volume un choix des plus célèbres de ces estampes,
dont les originaux sont aujourd'hui si recherchés. Le Monument du
Costume, de Moreau le Jeune, apparaît, très réduit mais fort net en-
encore, dans ses plus fameuses planches, et l'on finit avec Debucourt,
dont les gravures en couleurs sont comparables aux chefs-d'œuvre
anglais que nous fait connaître le quatrième volume.
Là,c'estla suite étonnante de ccsgravures au pointillé dont Bartolozzi
a donné les plus beaux modèles dans ses interprétations de Ueynolds.
On sait quels prix fantastiques atteignent les bonnes épreuves,
d'ailleurs infiniment rares, de ces portraits d'une séduction intense,
<|ui ont immortalisé raristocralic. anglaise du xviii" siècle. Les jeux
(le 1 ombre et de la lumière, dans les noirs veloutés dont s'envc-
lo])pciil ces idéales images, égalent presque les effets de couleurs les
— \n —
plus surprenants d'un Reynolds, d'un Raeburn. d'un Ronniey, d'un
(Jainsborough. Heureux les amateurs débutants qui auront dans ces
aimables albums le plus instructif des répertoires !
A^DHÉ PÉRATÉ.
LITTÉRATURE
Anthologie des écrivains belges, poètes et prosateurs, recueillie
et publiée par L. Dlmont-Wildk.n. Paris, Crès, 1918, 2 vol. in-lG de xxix-
292 et 323 p., avec 5 portraits. — Prix : 7 fr.
Les pays dont la réunion forme le royaume de Belgique ont de
tout temps donné des écrivains à la littérature française. Il en a été
de même, à plus forte raison, depuis que ce royaume constitue un
État autonome et indépendant. Mais depuis une quarantaine d'années
(vers 1880) la littérature belge de langue française a tendu de jour en
jour davantage à prendre sa part de cette autonomie, sinon de cette
indépendance. Elle s'est efforcée de se donner des caFactères spéciaux,
des qualités nationales. C'est ce mouvement qu'a cherché à mettre en
relief M. L. Dumont-Wilden par une anthologie composée à ce point
de vue. La Préface, notice étendue, écrite avec une élégante précision,
analyse et détermine cette évolution intéressante et nous offre un bon
tableau de la littérature belge contemporaine. Le recueil renferme
des morceaux choisis dans les auteurs suivants :
Tome 1. Charles Decpster. « Né à Munich (de parents belges)
en 1827, mort à Bruxelles en 1879..., est considéré comme le véri-
table précurseur de la littérature belge contemporaine. » — Octave
Pirmez. « Né à Châtelet (Hainaut) en 1834, mort à Acoz (province de
Namur) en 1883.... fut considéré parles écr'naUis delà Jeune Belgique
comme un précurseur. » — Edmond Picard. « Né à Bruxelles
en 1836... Il a été dans son pays le principal théoricien et le premier
propagandiste du nationalisme littéraire. » — Camille Lemonnier.
« Né à Bruxelles en 1845, mort à Bruxelles en 1913... Romancier,
conteur, critique d'art, est peut-être la figure la plus caractéristique
de la littérature belge contemporaine. » — Georges Eekhoud. « Né à
Anvers en 1854... Romancier et conteur..., il a décrit avec un filial
enthousiasme les mœurs et les paysages de son pays natal. » —
Georges Rodenbach. « Né à Tournay en 1835, mort à Paris en 1898...
C'est le poète de « Bruges la Morte » ; une sensualité mystique et
raffinée imprègne ses meilleurs vers. » — Emile Verhaeren. « Né à
Saint-Araand-sur-Escaut (province d'Anvers) en 1853. Mort acciden-
tellement en 1916... Il a transporté dans la littérature française des
façons (le sentir propres à son pays natal, et c'est là un des éléments
les plus importants de sa puissante originalité. » — hvan Gilkin.
— H8 —
(( \é à Bruxelles en 1858..., a été fortement impressionné par Bau-
delaire. Poète pessimiste, il a chanté dans ses premiers recueils le
cliarme morbide de la décadence et des sentiments anormaux, de
l'art artificiel et des curiosités interdites... 11 devait plus tard évoluer
vers une poésie plus large et plus humaine. » — Max Waller. « Pseu-
donyme de Maurice Warlomont. Né à Bruxelles en 1860, mort
en 1889... Il fut le véritable chef du mouvement littéraire dont sa
revue (la .Jeune Belgique) fut le centre et le lieu de ralliement. Ses
vers, d'une juvénile impertinence, ont quelque chose de tendre,
d'ironique et de voluptueux. « — Albert Giraud. « Pseudonyme de
M. Albert Keyenberg, né à Louvain en 1860..., parfait artiste du vers,
pur poète parnassien. » — Léopold Cou rouble. « Né à Bruxelles
en 1861. » Auteur de (t toute une série de nouvelles et d'impressions
de voyage dont l'ensemble constitue un tableau très pittoresque de la
colonisation belge en Afrique. Mais, ce qui fil sa réputation, c'est la
série de romans où il met en scène la petite bourgeoisie de Bruxelles. »
— • Eugène Demolder. « Né à Bruxelles en 1862. Conteur et roman-
cier. » — Max Elskamp. c Né à Anvers en 1862..., a exprimé dans
ses vers d'une naïveté recherchée et d'un art très subtil en sa bizarre-
rie, certaines nuances particulières du mysticisme flamand. >> —
Hubert Krains. ^ Né à Waleffe (province de Liège) en 1862... Roman-
cier et conteur. C'est un réaliste » qui s'est surtout consacré « à dé-
crire les mœurs des paysans et des petits bourgeois. » — Maurice
^^aele^linck. <( Né à Gand en 1862... C'est un écrivain européen, et le
prix Nobel qui lui fut décerné en [{)[?> a consacré sa gloire. » —
Henry Maubel. « Pseudonyme de M. Maurice Belval, né à Bruxelles
on 1862... C'est un psychologue qui se plaît à décrire en une prose
très travaillée et qui n'exclut pas toujours la manière, ces mouve-
ments d'Ame que d'ordinaire on juge presque imperceptibles. » —
Charles van Lerbcrghc. u Né à Gand en 186:2, mort à Bruxelles
en 1907..., est une personnalité exceptionnelle dans la littérature
belge..., il échappe au classement. » On a dit de lui qu'il est « le poète
de rinefFablc. » — Grégoire Le Roy. « Né à Gand en 1862. » Poète
symboliste. — Hector Chainaye. (( Né à Liège en 1863, mort à
Bruxelles en 1912. » Poète en prose. « Une des personnalités les plus
importantes du mouvement wallon. » — Jules Destrée. « Né à Mai-
cinellc (llainaul) en 1863..., chef incontesté du mouvement wallon...
Ses ouvrages de littérature sont consacrés à des sensations d'art ou à
l'exaltation du pays wallon. » — Dom Bruno Destrée. « Né à Marci-
ncUc (Hainaul en 1865. » Frère du précédent. Bénédictin. Auteur de
(' délicates éludes d'art et de poèmes en prose. » — Yalèro (ulle. « Né
à Bruxelles en 1867. » Poète parnassien.
Tome 11. Albert Mockel. o Né à Liège en 1866. » Poêle syniboli>t('.
— 110 —
« 11 a a[)porU' dans la poôsic française certaines nuances particulières
<le l'àrae wallonne. » — Firmin van den Bosch. « Né à Pecr (Lim-
l)Ourg) en 18G6..., représente en Belgique la critique catholique. ».
-- Auguste \'ierset. « Né à Nanuir on 1866. » Poète parnassien. —
l'ernand Séverin. « Né à Grand-Manil (province de Nainur) en 1867...
î>a poésie a presque toujours quelque chose de lamartinien. » —
George Garnir, u Né à Mons en 1868. » Romancier et conteur. S'est
surtout attaché à la <( contrée rncusienne » et aux « milieux bruxel-
lois. )) — Maurice des Ombiaux. « Né à Beauraing en 1868..., conteur
et romancier... Son œuvre est un tableau vivant et coloré de la Wal-
lonie. » — Henry Carton de Wiart. (( Né à Bruxelles en 1869..., avocat,
député, ministre, a su mener de pair une carrière littéraire et sa car-
rière politique. » Auteur de « romans historiques et nationaux. » —
Georges Virrès. « Pseudonyme de M. Henri Briers, né à Tongres
<?n 1869. » Romancier. Son oeuvre est surtout consacrée à décrire lés
mœurs des paysans de « l'âpre et poétique bruyère campinoise. » —
Louis Delattre. « Né à Fontaine-lÉvêque (Hainaut)en 1870. » Conteur
« dont le talent fait vivre avec autant d'exactitude que d'intensité tout
le pays wallon, personnages et paysages. .) — Paul Gérardy. a Né à
Malrhédy en 1870. » Poète symboliste. « Ses vers expriment certaines
nuances particulières de l'âme wallonne. » — Gustave van Zype. « Né
à Bruxelles en 1870, journaliste, auteur dramatique, romancier, cri-
tique d'art. )) — Charles Delchevalerie. « Né à Charleroi en 1872. vit
à Liège où il a ses origines... La plus grande partie de son œuvre est
faite de croquis » liégeois. — Georges Marlow. « Né à Malines
en 1872. » Médecin et poète, u Rien dans ses œuvres poétiques n'est
négligeable. » — Victor Rinon. « Né à Tirlemonten 187.3. » Poète
catholique. « Sa poésie a sa source principale dans le mysticisme
populaire. » — Paul André, c Né à Nivelles en 1873. » Polygraphe.
« Il a abordé tous les genres avec une égale facilité. » — Abel Torcy.
(( Pseudonyriie de M. Max Blieck. Né à Wervicq (Flandre occidentale)
en 1873. » Romancier. — Edmond Glesener. « Né à Liège en 1874. »
Romancier. — Roland de Mares. « Né à Hasselt en 1874. » Journa-
liste très distingué. Poète symboliste. — Jean Dominique, o Pseudo-
nyme de M"' Marie Closset, née à Bruxelles en 1875. » Poète symbo-
liste. — Edmond de Bruyn. « Né à Anvers en 1875. » Fondateur et
directeur de la revue le Spectateur catholique. « Ses rares écrits sont
d'une originalité de forme et de pensée qui lui font une place impor-
tante dans le mouvement littéraire belge. » — Louis Dumont-Wilden.
« Né à Gand en 1875. » C'est l'auteur même de V Anthologie. 11 y est
représenté par quelques pages, très fines et très jolies, sur « le Prince
de Ligne. » — Blanche Rousseau. « Pseudonyme de M"" Maurice Bel-
"val, née à Bruxelles en 1875..., une des personnalités les plus origi-
— 120 —
nales de la jeune littérature belge. » — Georges Raemackers. « Né à
Bruxelles en 1875..., une des figures marquantes de la littérature
catholique belge. La plupart de ses poèmes ont une tendance apolo-
gétique et mystique. » — Georges Rency. « Pseudonyme de -M. Albert
Stassart, né à Bruxelles en 1875. » Conteur, romancier, critique
littéraire. — Cliarles Bernard, u Né à Anvers en 187(j. » Romancier
et critique d'art. — Emile Cammaerts. « Né à Bruxelles en 1877. »>•
Poète patriote. — Isi Collin. « Né à Liège en 1878. » Poète symbo-
liste. — Horace van OfTel. (( Né à Anvers en 1878..., a fait, en qualité
de sous-lieutenant, la campagne de 1914-1915. » Conteur et auteur
dramatique. A composé récemment des u Récits de guerre », dont
quelques pages inédites ont été confiées à l'Anthologie. — Henri
Davignon. « Né à Bruxelles en 1879. » Romancier et conteur. On lui
doit aussi un ouvrage de critique : Molière et la Vie. - Pierre Nothomb.
« Né à Bruxelles en 1880..., une des personnalités les plus intéres-
santes de la jeune littérature catholique belge. » Poète et publiciste.
Auteur d'un u vivant récit de la bataille de l'Yser. » — Franz Hellens.
(( Pseudonyme de M. Franz van Ermengen, né à Gand en 1881. »
Auteur de « contes d'allure symbolique, imprégnés d'une sorte de
fantastique flamand. » — Jules Delacre. « Né à Vilvorde en 1882. )>
Poète symboliste. — Maurice Gauchez. « Pseudonyme de M. Maurice
Gilles, né à Chimay en 1883. » Poète et critique. Auteur de « Récits
de guerre. » — Lucien Christophe. « Né à Bruxelles en 1886..., un
des plus jeunes poètes du mouvement littéraire belge. » — Louis
Piérard. « Né à Frameries (Hainaut) en 1886.... a célébré dans son
œuvre poétique le charme particulier de la Wallonie industrielle. » —
Marcel Wyseur. « Né à Comines (Flandre occidentale) en 1886..., un
jeune poète que la guerre a révélé. »
Pour chacun de ces auteurs M. Dumont-Wilden nous donne, en
tête des pages qu'il leur emprunte, une notice brève et pleine, dont
nous avons profité. Elle consiste en une bibliographie et eh une appré-
ciation, plutôt indulgente, mais précise et significative. L'ouvrage e.-t
orné de cinq portraits hors texte, ceux de MM. Emile Verhaeren.
Camille Lemonnier, Eugène Demolder, Maurice Maeterlinck. Charles
van Lerberghe. L'Anthologie est un vrai service rendu aux lettres.
M. S.
Le Joueur de Nambuque, par Jkan Nostos. Paris, Leroux, 1018, in-16
de 134 p.
L'auteur qui se dissimule sous ce pseudonyme mélancolique, fils
d'un des savants qui font le plus d'honneur à l'érudition française,
et cjui lui-même, avant la guerre, s'était fait connaître par des tra-
vaux érudils pleins de promesses, a subi au pays des Barbares de
— 121 —
lon"s mois de captivité. Il e>l de ceux qui ont su trouver dans les
travaux de l'esprit un adoucissement à l'amertume de l'exil, un sou-
tien dans leurs peines et une diversion à leurs ennuis. Comme le
joueur antique, il a accordé sa sambuque et il en a lire des sons
liarmonieux, qui font vibrer dans l'âme du lecteur plus d'une corde
sympathique. 11 y a de fort beaux vers et souvent de hautes et fortes
pensées dans celle cinquantaine de poésies, d'une facture générale-
ment classique, bien que l'auteur ne dédaigne pas parfois de recourir
aux procédés les plus modernes. Et l'on ne peut que souhaiter que le
talent qui s'affirme dans ces « rythmes » dédiés « à tous ceux qui,
captifs, tiennent d'une main ferme la coupe des peines sans gloire »,
soit cultivé par son auteur et que, sans négliger les travaux plus aus-
tères de l'érudition, il prenne de temps à autre sa sambuque et en
tire de nouveaux accords pour sa satisfaction et pour la nôtre.
E.-G. L.
Ugo Foscolo in Inghilterra. Sajjr/j da Fra>cesco Viglione. Catania,
Vincenzo Muglia, s. d., in-8 de vi-333 p.
La matière de ce livre est tirée, en très grande partie, des papiers de
Foscolo conservés à la bibliothèque Labronica, de Livourne, papiers
dont il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que M. Viglione a
donné un catalogue détaillé, en 1909, dans le Dolletuio délia Socieià
pavese di storia patria.
L'ouvrage se divise en trois parties : Contributions à la biographie
de Foscolo pendant son séjour en Angleterre, — Histoire de ses écrits
littéraires. — Histoire de ses écrits politiques.
La première partie est toute pleine des tribulations qui attendaient
sur la terre anglaise l'illustre exilé volontaire, tribulations dues, pour
une bonne part, à ses imprudences, et aussi à certains traits de son
caractère. Innombrables furent ses démêlés avec ses traducteurs et
ses éditeurs, particulièrement avec Pickering, dont la conduite à son
égard fut totalement dénuée de scrupules. Les folles dépenses dans
lesquelles s'engagea Foscolo pour orner sa villa de Digamma Cottage^
firent bientôt du malheureux écrivain, harcelé par ses créanciers, la
proie des hommes de loi. C'est là l'un des épisodes les plus lamen-
tables de cette histoire.
Foscolo mena en Angleterre une vie extrêmement laborieuse. Il
commença beaucoup de travaux, dont bien peu furent conduits à
bonne fin. De la séduisante entreprise d'une grande collection des prin-
cipaux classiques italiens, il ne sortit, comme on sait, qu'une édition
de la Divine Comédie, publiée d'ailleurs longtemps après la mort de
Focsolo, par les soins de Mazzini ; seul, le célèbre Discorso sui Testo
délia Divina Commedia, sorte d'Introduction à cette édition, parut du
^22
vivant de l'auteur. Les correspondances conservées dans les porte-
feuilles de la Labronica renferment une foule de détails curieux sur
ces projets de travaux, sur la collaboration de Foscolo à diverses
revues anglaises, sur ses rapports avec les directeurs de ces revues.
La grande réputation de l'auteur des Ultime lettere de Jacopo Ortis
et des Sepolcri lui avait, dès son arrivée en Angleterre, ouvert bien
des portes. La haute société lui avait fait le meilleur accueil. Particu-
lièrement intéressantes, à ce point de vue, sont les pages consacrées
aux relations de l'exilé italien avec John Gam Hobhouse, plus tard
Lord Broughton, et avec Henry Russell et sa famille. C'est son amour.
non partagé, pour Carolina Russell qui lui a inspiré ses Saggi sul
Petrarca. « indubitablement l'un des plus beaux fragments de la
production critique de Foscolo » pendant cette période de sa vie.
La troisième et dernière partie du livre a pour objet quelques écrits
politiques de Foscolo, qui parurent sous forme d'articles dans la
Revue d Edimbourg . Les matériaux du premier de ces articles, sur
Pie VI, avaient été fournis à Fauteur par un certain Nicolo Pornice.
dont la personnalité était restée assez mystérieuse. M. Viglione a eu
le mérite de découvrir que, sous ce pseudonyme, se cachait un
homme assez au courant des choses de Rome, F. Mami. Mais ce qui
est dit de Pie VI dans ce chapitre appellerait plus d'une réserve.
On trouvera, à la fin du volume, une utile table des articles de
Foscolo insérés dans des revues anglaises ; sept périodiques d'Outre-
Manche ont pu s'honorer de sa collaboration.
Ce livre, un peu touffu, où sont reproduits de très nombreux frag-
ments de la correspondance de Foscolo, en italien, en français ou en
anglais, abonde en renseignements nouveaux ou peu connus, non
seulement sur Foscolo lui-même, mais sur le milieu dans lequel il a
vécu pendant onze années ; et les historiens de la société anglaise au
commencement du xix* siècle pourront en tirer grand profit.
L. ÂUVKAY.
I..a PôniuKule balkanique. Géographie humaine, par Jovan Cvi.tu':.
Paris, Colin, l!)18, gr. in-8 de vni-530 p., avec 31 caries et croquis dans
le texte et 9 cartes hors texte. — Prix : 17 fr.
Après tant de livres de propagande sur les questions balkaniques,
on est heureux de pouvoir saluer enfin un ouvrage sérieux où les faits
sont présentés sans la préoccupation d'une thèse à établir et où le
laisonnement s'appuie sur des arguments purement scientifiques,
<lr)nnanl loule satisfaction à l'esprit. M. Cvijic, tout en ne sedissimu-
lanl pas qu'il est difficile en ce moment de parler de toutes questions
;»vec impartialité, annonce dans sa Préface qu'il s'est efforcé de rester
toujours dans hi vérité scionUfique. Il y a réussi, et celle objectivité.
— 123 — .
jointe à la valeur propre de son travail, en fait une œuvre des plus
intéressantes. II s'est proposé l'étude de la géographie humaine de la
péninsule balkanique, en y faisant une part très large aux questions
relevant de la sociologie. S'il est une région à la connais.sance de
ia([uelle une pareille étude soit indispensable, c'est bien celle qui
.s'étend de la Save et du Danube à l'Adriatique et à la mer Egée, et
qui s'appela péninsule hellénique, byzantine, illvrienne, jusqu'au
jour où un géographe allemand, s'inspirant de la conception fausse
d'une chaîne centrale qui en formait en quelque sorte l'ossature, lui
donna, en 1808, le nom de péninsule des Balkans, sous lequel elle
est aujourd'hui désignée.
Le Livre premier est consacré au milieu géographique et à l'homme.
Il passe en revue les principaux caractères géographiques du pays, sa
division en régions naturelles, les influences géographiques et les
événements historiques qui ont déterminé la formation sociale des
populations. Il s'étend longuement sur les migrations. L'auteur intro-
duit à ce propos un terme spécial et les désigne sous le nom de mou-
vements me/a/msas/Zr/ae^ ('du grec 'j.E'.ava'T'.a':'.: qui signifie changement
d'habitat). Question des plus importantes en effet. Elle a été étudiée
en détail par M. Cvijic, qui. avec l'aide de nombreux collaborateurs,
a poursuivi non seulement en Serbie et en Macédoine, mais dans les
pays yougo-slaves de l'Autriche-Hongrie une grande enquête sur les
migrations, si bien qu'il a pu dresser une carte de 200.000° montrant
l'origine de chaque famille, dans presque tous les villages de Serbie.
Un des chapitres les plus intéressants est celui où sont exposées les
conséquences des migrations, l'adaptation sociale des nouveaux arri-
vants, la formation de groupes, de variétés et de types psychiques
nouveaux. Il n'est pas consacré moins de six chapitres à l'examen
des principaux faits sociologiques : propriété rurale, occupations
et genre de vie, emplacement et types des installations humaines,
urbaines et rurales, types des maisons qui varient avec les régions.
Dans toute cette partie. le texte est illustré par des croquis donnant
l'aspect spécial de chaque genre d'habitations.
Le Livre second étudie les caractères psychiques des Yougoslaves,
montre leur unité ethnique, puis passe en' revue les différents types.
L'auteur les classe en quatre groupes : type dinarique, type central,
type balkanique oriental, type pannonique. Cette classification est
fondée surtout sur les caractères psycho-physiologiques, reconnus par
l'observation directe et indirecte.
Il a raison de dire à ce propos que la valeur de cette méthode dé-
pend des qualités de l'observateur et surtout de sa justesse d'esprit.
Les résultats obtenus nous donnent tout lieu d'admettre qu'il était
parfaitement qualifié pour se tirer heureusement de cette tâche extrè-
— 124 —
memeut délicate. Il a utilisé aussi dans les meilleures conditions le
folklore, la méthode historique, les études linguistiques et anthropo-
logiques. Tous ceux des lecteurs de M. Cvijic qui connaissent les
questions balkaniques pour les avoir étudiées sur place rendront
hommage à la conscience et à la sincérité de son travail, comme à
l'exactitude des conclusions qu'il en tire.
Signalons particulièrement dans cette partie les chapitres con- a-
crés aux types central et oriental, à leurs caractères psychiques, aux
courants spéciaux de pensées et de sentiments qui s'y produisent.
Nous y trouverons les indications les plus précieuses pour mieux
comprendre la question macédonienne, qu'il faudra pourtant bien se
décider à aborder en face au congrès de la paix, pour la régler dans
un sens conforme aux réalités. Gomme nous l'avons dit, M. Cvijic a
su se garder du parti pris. Dans le portrait qu'il trace du Bulgare,
il insiste surtout, très justement, croyons-nous, sur son caractère
positif et réaliste, qui le distingue du Serbe idéaliste et même mys-
tique. 11 n'hésite pas d'ailleurs à rattacher les Bulgares à la grande
famille yougoslave, malgré leurs mélanges avec divers peuples d'ori-
gine toiiranienne.
Ajoutons enfin que ce livre n'est pas seulement un utile et solide
instrument de travail ; il plaira encore aux lecteurs curieux d'une
documentation sérieuse, mais agréablement présentée.
Les cartes sont parfaitement claires. Il manque une table des noms
propres pour faciliter les recherches. A. T.
Histoire anoieiiiie de l'Afrique du nord, par Stéphane Gsell. T. II.
L'Étal curlliagiiiuLs. T. III. Ulsloire militaire de Carthage. Paris, Hachette,
1918, 2 vol., gr. in-8 de 475 et 424 p. — Prix du volume : 10 fr.
Après la description géographique de l'Africjue du nord dans l'an-
tiquité, un essai sur les temps primitifs dans cette contrée, l'histoire
critique de la colonisation phénicienne en Afrique et de la fondation
de Carthage, qui formaient la matière du tome premier, l'auteur
consacre les deux volumes récemment parus à la Carthage punique.
Le tome deuxième traite de la ville de Carthage, de ses possessions
en Afrique, du gouvernement carthaginois et de l'histoire intérieure
de Carthage, de l'armée et de la marine de guerre. Le troisième de
l'histoire militaire jusqu'à, et y compris, la destruction de Carthage.
S'il nous est permis de risquer une critique au sujet du plan d'un
ouvrage composé avec autant de soin que de science, il nous semble
que. au lieu d'être intercalée entre la description des institutions
politi(jues et celle de l'armée, l'histoire intérieure eût été mieux à sa
place après un exposé complet des institutions, Évidemment, le plan
ne muiupic pas de logicjue, l'histoire intérieure étant plus parliculiè-
— 125 —
rement liée aux institutions politiques, l'iiisloire militaire aux insti-
tutions militaires, et c'est là sans doute le motif qui a détermine
M. Gseli. Néanmoins cette partie historique, outre qu'elle coupe
l'exposé des institutions, ne paraît pas assez mise en valeur. En tout
cas, par sa nature et par son importance, elle eût mérité de constituer
un livre à part. Critique légère, au demeurant, puisque le parti adopté
peut se soutenir. Nous regrettons aussi que l'auteur n'ait pas cru
devoir terminer chacun de ses chapitres sur la topographie et les ins-
titutions par un court résumé des conclusions. L'ouvrage, toufTu, y
eût certainement gagné en clarté. Et puis c'est charité aux savants
que d'épargner aux professeurs pressés, pour qui un travail de cette
importance est destiné à devenir un guide, la recherche minutieuse
de conclusions éparses — et même charité bien ordonnée, selon le
proverbe, de ne pas trop négliger le lecteur un peu nonchalant. Tant
d'hypothèses ont été produites, qui sont ici discutées, tant d'obscu-
rités, de lacunes subsistent, dont le critique rigoureux et prudent
qu'est M. Gsell. ne fait pas mystère !
La topographie de la ville est mal connue. On s'accorde à placer la
citadelle sur la colline de Saint-Louis et c'est à peu près tout ce qu'on
peut affirmer. Une triple ligne de défense protégeait toute la largeur
de l'isthme. Une simple ligne partout ailleurs. Il y avait deux ports,
l'un marchand, l'autre militaire, et le nom de Colhoii s'applique à
l'ensemble. M. Gsell en détermine l'emplacement. Il est vraisemblable
qu'il en existait d'autres. L'alimentation de la ville en eau paraît avoir
été insuffisante. Le nombre des habitants, 700.000 selon Polybe, au
début de la troisième guerre punique, est invéïifiable. On ignore les
limites du territoire que s'était constitué Carthage au v' siècle. Des
habitants de l'empire, les uns étaient appelés Lybiens, c'étaient les
sujets vivant en territoire annexé, les autres, Numides, non sujets,
plus ou moins soumis ou alliés. Carthage eut des colonies sur les
côtes mêmes de l'Atlantique. En eut-elle à l'intérieur .^
On n'a sur le gouvernement de Carthage que de maigres rensei-
gnements. Les Anciens s'accordaient à le louer. Il se rapprochait de
ceux de la Grèce, de celui de Sparte notamment, et de Rome. C'était
un gouvernement mixte. Cependant l'aristocratie y était prépondé-
rante, la richesse, fondée sur le commerce, l'industrie, la propriété
foncière, puissante. Les Carthaginois semblent avoir été en somme
satisfaits de leur sort. Mais l'aristocralie était jalouse, redoutait sur-
tout les ambitions personnelles, ce qui causa souvent du malaise. La
cupidité des nobles, maîtres de l'administration, nuisait aux finances.
La crainte de compromettre la richesse privée imprima une certaine
timidité à la politique carthaginoise.
Il y avait deux rois annuels. Ce sont les sufèles, terme qui s'ap-
— 126 —
plique aussi à d'autres magistrats. On peut les comparer aux consuls.
Ils étaient élus sans doute par l'Assemblée du peuple. Les autres
magistrats sont mal connus. Les juges constituaient un ordre très
puissant. Il y avait un Sénat, et puis dans le Sénat, un Conseil. Sa
compétence paraît avoir été illimitée. Beaucoup d'incertitudes sub-
sistent pour le détail. L'Assemblée du peuple tranchait en dernier
ressort et délibérait, mais seulement des questions qui lui étaient
soumises par les Sufètes et le Sénat.
(( Comme Rome avant les Césars. Carthage avec un empire garda
les institutions d'une Cité. » Elle fit peu de frais pour Ladministra-
tion de l'empire, la restreignit aux mesures nécessaires pour mainte-
nir sa domination, assurer la rentrée des impôts, la levée des con-
tingents. Égoïste et dure, elle se fit détester. Les colonies phéniciennes
elles-mêmes ne lui furent fidèles que lorsqu'elles croyaient à son
succès. Les Numides la haïssaient.
M. Gsell justifie le système des mercenaires par le petit nombre
des citoyens et la nécessité d'assurer les sources de la richesse et le
fonctionnement de la domination.
Avec le tome troisième, nous sommes en plein dans l'histoire pro-
prement dite. Mais l'auteur n'oublie pas qu'il est l'historien de
l'Afrique du nord. C'est pourquoi, des guerres puniques, par exemple,
il insiste surtout sur la partie de la seconde qui a pour théâtre
l'Afrique, et sur la troisième.
Nous ne pouvons que signaler la valeur et le très vif intérêt des
chapitres consacrés à Agathocle, à la guerre des mercenaires, à Sci-
pion et Annibal, à Carthage, Rome et Masinissa. Dans ces pages dra-
matiques, la manière de lérudit s'élève au style de la grande histoire
et l'écrivain s'affirme.
Nous attirerons, pour terminer, l'attention du lecteur sur la sûreté
que doit l'historien à l'archéologue, familier autant que qui que ce
soit avec les lieux dont il parle et les vestiges antiques.
André Baudrillart.
La Uéforme à Moiitpellier,i par M"" L. Guihaud. Montpellier. Inipr.
gcm'Talc du Midi. 1918. 2 vo!. in-8 de SIC cl Go8 p., avec planches et
cartes. (T. M et VII des Mémoires de la Société archéologique de Montpel-
lier. 2' série).
M"* L. Guiraud, qui était déjà connue par des travaux historiciues
estimés, a pu. avant de mourir, terminer le grand ouvrage qui avait
occupé une partie de sa vie : l'histoire de la Ré/orme à Montpellier.
C'est une publication très considérable, faite avec une grande sûreté
de méthode, une connaissance approfondie des sources imprimées et
inédites et qui s'appuie sur un volume entier de pièces justificatives.
— 127 —
de chroniques, dont la principale est l'Histoire des troubles du Lan-
^ae'ïoc de Jean Philippi, imparfaitement connue, et sur l'auteur de
laquelle M"- Guiraud a donné une très complète notice. L ac table
([('taillée des documents publiés se trouve à la fin du second volume.
(^)uant au premier, le plus important, c'est l'iiistoire du pays mont-
pellicrain pendant près de deux siècles, tout remplis de luttes intes-
tines, d'excès et de crimes, d'autant plus multipliés que les deux
partis sont successivement vaincus ou triomphants. Toute cette ré-
gion du Bas-Languedoc a été, eu efîet, envahie de bonne heure par
les doctrines protestantes, qui trouvaient un appui très solide à
Nîmes, à Uzès, à .\lais, dans les Cévennes, et dont les adeptes ne ces-
sèrent d'être en rapport avec Genève et Calvin.
L'origine en a été tout intellectuelle ; c'est la fameuse école de mé-
decine de Montpellier où l'hérésie prit en quelque sorte naissance ;
ce sont les étudiants de toutes sortes qui l'ont développée ; c'est le
clergé même qui l'a un moment favorisée, non pour changer le
dogme, mais dans la pensée de détruire les abus considérables intro-
duits particulièrement dans les couvents d'hommes et de femmes,
qui semblent avoir été peu populaires. Il y eut chez les protestants
des chefs habiles, comme ce Claude Baduel. Il se trouva un évêque,
très intellectuel et assez débauché, qui sembla d'abord favoriser la
Réforme, pour redevenir bientôt un habile soutien du catholicisme,
comme il avait été un remarquable ambassadeur de France à Venise,
Guillaume Pellicier, dont M"° Guiraud avait déjà écrit la singulière
histoire. 11 y eut des gouverneurs maladroits et violents, comme le
marquis de Yillars ; il y en eut d'avisés et de modérés comme Guil-
laume de Joyeuse, grâce auquel la Saint-Barlhélemy ne fit aucune
victime à Montpellier. Il est impossible de rappeler toutes les vicis-
situdes des guerres de religion dans ces pays de fanatisme et de vio-
lences, où la religion n'était de part et d'autre qu'un prétexte pour se
venger de ses ennemis. Ce sont du reste les protestants qui commirent
les plus grands excès ; et les catholiques eurent le rare mérite de se
reconstituer avec persévérance et courage, en opérant sur eux-mêmes
une vraie réforme, dont le tableau détaillé est une des parties les plus
intéressantes de l'ouvrage.
Ajoutons que ces deux gros volumes se terminent par deux ipdex
qui n'occupent pas moins de cent cinquante pages et qui donnent sur
les personnes et les lieux toutes les identifications désirables. Comme
l'histoire générale est constamment mêlée aux événements locaux et
que les grands personnages du xvi^ siècle sont fréquemment cités
dans ces pages, on peut comprendre l'intérêt qu'il y a à consulter un
semblable répertoire, tout provincial qu'il soit.
G. BAGUENA.ULT DE PlGHESSE.
— 128 —
Tie et œuvres de la bienheureuse Marcjuerîte-Marîe Alacoque.
Publication du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. 3° édition
totalement refondue et notablement augmentée, par les soins de Mgr
Gauthi:\, archevêque de Besançon. Paris, J. de Gigord,' 1915, 3 vol.
in-8 de 640. 861 et 7:20 p. — Prix ; 22 fr. 50.
Cet ouvrage porte un titre qui, au premier abord, peut induire en
erreur, en laissant croire qu'il contient une biographie de Marguerite-
Marie Alacoque écrite par Mgr Gauthey. En réalité par « Vie » il
faut entendre : 1° une « Vie de notre vénérable sœur Marguerite-Ma-
rie Alacoque composée par deux religieuses ses contemporaines » ;
2" une « Vie de la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque écrite par
elle-même » ; 3° une longue série de documents les plus divers renfer-
mant tous les éléments d'une histoire très complète et très détaillée
•de la bienheureuse. Du reste Mgr Gauthey n'est l'auteur que de cette
troisième édition. Les deux précédentes avaient été publiées, en 1867
et en 1876, par les religieuses de la Visitation de Paray. C'est pour
remplacer celles-ci, qui sont complètement épuisées et qui d'ailleurs
sont loin de répondre aux exigences de la critique moderne, que
l'éminent prélat a entrepris une refonte de ce recueil et en a fait, par
les très nombreuses additions dont il Ta enrichi, une véritable somme
de tous les documents à l'aide desquels on peut se faire une idée
exacte de ce que fut Marguerite-Marie Alacoque et du rôle considéra-
ble qu'elle a joué dans la diffusion de la dévotion au cœur de Jésus.
On ne devra donc pas chercher dans cet ouvrage l'opinion de Mgr
Gauthey sur des questions si discutées actuellement, telles que la
grande Promesse et le drapeau du Sacré-Cœur, mais on y trouvera,
sous une forme absolument authentique, tous les textes qui ont été le
point de départ de ces discussions. C'est vers 1904 que Mgr Gauthey,
alors vicaire général d'Autun, a commencé ce travail considérable,
que ses écrasantes occupations, lorsqu'il fut devenu évèque de Nevers,
puis archevêque de Besançon, ne lui ont permis de terminer qu'en
1915. Combien de fois le P. llamon, de la Compagnie de Jésus, qui
nous a donné en 1907 une excellente Vie de la bienheureuse Margue-
rile-Marie, n'a-l-il pas regretté que l'ouvrage de Mgr Gauthey ne fût
pas achevé plus tôt! Sil l'avait eu entre les mains, combien de
pages de son livre il aurait pu écrire autrement ! A l'avenir personne
ne pourra rédiger quoi que ce soit de sérieux sur Marguerite-Marie Ala-
coque ni sur la dévotion au Sacré-Cœur, sans avoir recours à l'œuvre
que le savant archevêque de Besançon a pu enfin, nous devons en
remercier la Prf)vi(loiice, faire paraître peu de temps avant sa mort.
L'indication sui\aiilc du contenu de ces trois gros volumes en dé-
montrera l'extrême importance. Le premier renferme tous les écrits
sur la bienheureuse ayant pour auteurs des religieuses ses contem-
jjuraines, ainsi (jue toutes les informations faites eu 1715 pour servir
- i;i9 -
'de base à la cause de sa béatification. Dans le deuxième sont réunies
toutes les œuvres de Marguerite- Marie, c'est-à-dire son autobiogra-
phie, un mémoire composé par ordre d'une de ses supérieures, toutes
ses lettres, des avis aux novices placées sous sa direction, des prières,
des cantiques, des fragments divers, etc. Enfin on trouve dans le
troisième toutes les pièces concernant la cause de béatification et de
canonisation de la servante de Dieu, de nombreuses notices sur le
monastère de Paray où elle a vécu, ainsi que sur ses supérieures, ses
•compagnes et ses correspondantes, et, pour clore, une longue série
-de précieux renseignements sur sa famille et sur son pays.
Léon Clugnet.
Mémoires authentiques du maréclial de Richelieu (1725-
1757), publiés d'après le manuscrit original pour la Sociétf de l'his-
toire de France, par A. deBoislisle. Paris, Société de l'histoire de France,
1918, in-8 de xcv-260 p. — Prix : 12 fr.
« On ne connaissait », jusqu'à présent, de ces « fragments » de
mémoires, que des passages défigurés par les maquillages déloyaux
de Soulavie et d'autres écrivains de sa sorte ». M. Arthur de Boislisle
avait, dès 4868, pris copie, dans les archives des héritiers du maré-
chal de Richelieu, du document authentique publié aujourd'hui par
MM. Jean de Boislisle et Léon Lecestre avec les soins qu'on peut tou-
jours attendre, d'eux. Le savant éditeur, quoique détourné depuis
lors, par les grands travaux connus de tout le monde érudit, d'un
sujet qui l'avait particulièrement intéressé tout d'abord, ne l'avait
jamais perdu de vue, et il s'en était occupé de nouveau dans ses der-
nières années. 11 avait revisé l'Introduction, écrite en 1873. qui com-
prend quatre importants chapitres bibliographiques : I. Soulavie et
ses publications historiques ; II. Soulavie et les Mémoires du maré-
-chal de Richelieu ; III. La Vie privée du maréchal de Richelieu [par
Jean-Benjamin de Laborde] ; IV. Les Papiers du maréchal de Riche-
lieu et le manuscrit des Mémoires authentiques.
Les fragments de ces Mémoires authentiques ont pour titres : Le
duc de Richelieu ambassadeur à Vienne (1725) ; Commandement en
Languedoc (1738) ; Mesdames de Mailly, de Vintimille et de Château-
roux (1740-1744) ; Négociation secrète avec la Prusse (1744) ; Le Roi
■à Metz : sa maladie (1744) ; Bataille de Fontenoy (1745) ; Mission à
Dresde (1746-1747) ; Commandement à Gènes (1748) ; Expédition de
Minorque (lloQ) ; Ditgrâce du comte d'Argenson (I757j ; L'Abbé de
Bernis (1757) ; Closter-Seven (1757) ; Note autographe biographique
du maréchal.
Suivent ces Appendices : Le Duc de Richelieu et l'Alchimie. Deux
lettres du duc de Richelieu. Le Duc de Richelieu à Gênes. Letires du
Février 1919. T. CXLV. 9.
-- 130 --
maréchal de Belle-lsle au duc de Richelieu. Inslruclion relative auj^
protestants. Lettre de Soulavie à Necker.
On jugera peut-être comme nous que ce quia trait aux rapports
intimes de l'auteur avec le cardinal de Fleury, puis avec le roi
Louis XV et ses favorites, est ce qui offre le plus d'intérêt dans ces
Mémoires, avec les précieuses annotations dont le savant éditeur les
a accompagnés. H. i>e L.
La Jeunesse de Joseph Joubert, par André Beaunieu. Paris, Perrin,
1918, in-16 de xi-349 p. — Prix : 3 fr. 50.
• Joubert a laissé peu de chose en somme, ses écrits sont courts et
c'est derrière lui qu'on a recueilli ses « Pensées. » Sa juste réputation
est acquise par quelques traits remplis de finesse, d'élévation morale,
de sensibilité et de délicate rêverie. C'est du dilettantisme et de la
quintessence. Il reste un moraliste sobre et raffmé. On penserait donc
volontiers que sa vie littéraire et c spirituelle » serait facilement résu-
mée en quelques pages- En l'étudiant, M. Beaunier, par ses recherches
personnelles et ses broderies, nous donne au contraire et nous don-
nera — il le promet — d'abondantes digressions. On peut dire dès
maintenant que nous en éprouvons une certaine surprise, qu'il y a
là un manque de proportions, par suite desapparences de longueurs,
des inutilités sans doute. Dès la Préface, l'auteur nous prévient qu'il
marchera à u petits pas », qu'il rédige une « biographie attentive »
où il peindra « non Joubert tout seul, mais son temps et ses amis. »
Il tient sa promesse avec abondance, au prix de lectures multipliées
et à la suite de recherches patientes, contrôlées sans épargner ses
soins. C'est un fourmillement de personnages évoqués, identifiés,
une nomenclature sortie de l'oubli où s'il se rencontre çà et là quelques
dates faussées, quelques noms estropiés, c'est par de simples erreurs
d'impression. Le premier chapitre sur « l'Enfance et l'adolescence »
dans ce pays du Sarladais qui est devenu le département de la Dor-
dogne offre une charmante peinture de la vie provinciale de la petite^
bourgeoisie à la fin du règne de Louis XV. Les autres chapitres sont
moins agréables à lire, et dès quele jeune Joubert arrive à Paris })()iir
chercher fortune littéraire, il entre dans un monde assez interlope
où M. Beaunier nous promène avec une complaisance pitlorescpie
d'abord, bientôt monotone, car tous ces gens sont quelque peu cra-'
puleux et plusieurs beaucoup. Restif de la Bretonne est le guide, le
centre, le trait d'union de cette société polissonne et bohème. L'im-
pression en demeure pénible, on ne se figurait pas Joubert parla. De
Diderot qui lui fait accueil, on nous donne une image très flattée,
par contre Fontanes, son intime ami, nous apparaît comme un
« jouvenceau » fort différent du personnage représentatif et décoratif
— 131 —
qu'il sera aux temps de TEmpiie ou de la Restauration. Le sage Jou-
bert lui aussi poursuit en leur compagnies d'étranges amours. Eu
somme toutes ces révélations d'infinis détails sont curieuses, mai5
on ne peut se demander ce qu'elles prouvent et où elles conduisent,
sinon à nous enlever des illusions. Geoffroy de Ghandmaisov.
The Dntch Repablic and the American ReTolntion, by Friedkicu
Edleh. Baltimore, the Johns Hopkins Press, s. d., in-8 de 252 p.
Faire l'histoire des rapports qui ont existé entre la république des
Frovinces-Unies des Pays-Bas et les États-Unis à l'époque de la guerre
do la Révolution d'.\mérique, c'est en réalité envisager sous un aspect
tout particulier l'histoire de cette même guerre, et d'un point de
vue auquel on ne s'est guère placé d'habitude. Seuls quelques histo-
riens néerlandais, Colenbrander et Blok entre autres, l'ont fait eo
quelque manière ; mais personne en Amérique n'avait même effleuré
la question avant M. Friedrich Edler. Celui-ci. sans négliger les côtés
militaires et économiques du sujet, a d'ailleurs porté surtout son
attention sur les côtés diplomatiques ; à l'aide des documents tirés
des différentes archives d'Europe dont les copies se trouvent aux
États-Unis, il a composé un travail très intéressant et qui permet de
bien comprendre la réelle valeur de l'aide donnée par les Provinces-
Unies aux Américains, encore que cette aide ait été surtoulclandestine
ouindirecte, encorequelle ait été souvent basée sur des principesabsa-
lument égoïstes. — Dans son livre (qui forme le fascicule 2 du
tome XXIX des Johns Hopkins l'niversily sludies in historical ana
politicat science), M. Edler suit minutieusement l'évolution des rap-
ports entre les deux pays ; il montre comment, par suite surtout des
agissements de l'.Angleterre, les Provinces-Unies, après avoir gardé
la neutralité, priis manifesté une légitime défiance à l'égard de l'An-
gleterre, furent amenées à devenir ses adversaires déclarés. Il insiste,
comme il est naturel, sur la Déclaration des neutres du 26 février 1780
et sur ses conséquences pour les Provinces-Unies, mais il fait plus et
mieux en expliquant comment ce fut en quelque sorte la dernière
goutte qui fit déborder le vase. Les Anglais étaient furieux de voir
que leur politique d'agression à l'égard des Néerlandais ne les avait
pas intimidés, et qu'au lieu d'amener la cessation des rapports entre
la république des Provinces-Unies et la France, elle leur avait donné
plus de force ; on sait comment ils s'en vengèrent et ce qui en résulta.
— Faut-il. avec M. Edler (p. 246), considérer les Néerlandais comme
« les bienfaiteurs des États-Unis et de la France », comme « les véri-
tables et les seules victimes de la Révolution américaine » ? Ce sont
là des conclusions exagérées l'une et l'autre ; nul ne pourra jamais
dire, en particulier, combien fut néfaste, au point de vue de révolu-
— 132 -
tion intérieure de la France, sa coopération de 1778 avec les Améri'-
cains du nord. Constatons la chose, sans perdre notre temps à le déplo-
rer et félicitons M. Edler de son travail. Son livre est plein de faits,
de renseignements nouveaux, d'indications précises (sur les pamphlets
néerlandais de 1780-1782, sur l'auteur du célèbre pamphlet Aan het
volk van Nederland, par exemple). La manière dont l'auteur a traité
son sujet fait de son livre un ouvrage qui, même en dehors des États-
Unis, sera consulté et utilisé avec fruit par les historiens de la guerre
de l'Indépendance américaiûe. Hbnri FROiDEvi.ux.
Nos Ancien» à Corfou. SouTenlrs de l'alde-major Lamare Pic-
QuoT (1 707-1814), publiés et annotés par Hubebt Pernot. Paris,
Alcan, 1918. in-18 de x.256 p. — Prix : 4 fr. 55.
M. Hubert Pernot a été très heureusement inspiré en publiant les
Mémoires manuscrits d'un chirurgien aide-major du premier Empire,
se référant à l'occupation française des îles Ioniennes. On n'avait
guère, sur cette occupation, en dehors des traités historiques que les
souvenirs, tirés d'ailleurs à très petit nombre, du sous-lieutenant
Remy d'IIauteroche. Lamare Picquot avait dix-neuf ans quand, étu-
diant en médecine de deuxième année, il prit le chemin d'Italie, avec
sa commission de sous-aide-major ; mais il ne tarda pas à entrer
dans l'armée des îles Ioniennes, avec Corfou comme destination. Il
devait y rester jusqu'au moment de la reddition dé l'île aux Anglais,
après le retour des Bourbons sur le trône de France. Il a laissé de son
s<\jour dans Corfou et de son passage relativement court à l'armée
d'Italie des Souvenirs dont M. Pernot nous donne les parties essen-
tielles et en même temps les plus anciennes ; car ces Mémoires ne
paraissent pas avoir été rédigés au jour le jour mais seulement à une
époque postérieure à l'occupation de Corfou et à titre de mémoran-
dum. Les événements présents augmentent l'intérêt déjà très vif
qu'ils offrent par eux-mêmes à divers égards ; ils seront plus spécia-
lement encore appréciés par ceux que les hasards de la mobilisation
ont fait séjourner dans l'île enchanteresse qu'est Corfou.
J.-L. DE Sainte-Marie.
Correspondances du siècle dernier. Un Projet de mariage du duc
d'Orléans (I83G). Lettres de Léopold /er de Belgique à Adolphe Thiers (1S30-
180^4). Documents inédits publiés avec des Avertissements et des notes
par I^. UE Lanzac de Laboiue. Paris, Bcauchesne. 1918, in-16 de 345 p. —
Prix : 4 fr.
Les papiers de Thiers, légués par M"' Dosne à la Bibliothèque
nationale et mis depuis quelque temps à la disposition dos travail-
leurs; sorit une précieuse mine pour l'histoire çontemporainç,, M,, .de
\
— 133 —
Lanzac de Lal^orio en a extrait pour le Correspondant deux séries de
lettres qu'il reproduit aujourd'hui en un \olurnc. L'une se rapporte
au projet de niaria^^o du duc dOrléans, fils de Louis-Philippe, avec
une archiduchesse d'Autriche et comprend la correspondance échangée
sur ce sujet en 1836 entre Thiers, alors président du Conseil et ministre
des affaires étrangères, et le comte de Sainte-Aulaire, ambassadeur
de France à Vienne. Elle a été complétée par une collection de lettres
de la reine Marie-Amélie et du duc d'Orléans, communiquée par
M. le vicomte d'Harcourt. L'autre série consiste dans les lettres
adressées à Thiers de 1836 à 1864 par Léopold I", roi des Belges.
L'une et l'autre sont j)récédées à' Avertissements destinés à éclairer le
lecteur de ces documents et à en replacer les auteurs dans leur cadre
historique et biographique. On remarquera dans la seconde série les
vues et jugements sur la question de la Succession d'Espagne (p. 242
et suiv.), sur la question d'Orient (p. 253 et suiv.), sur les affaires
d'Italie (p. 284 et suiv.l. sur les affaires d'Allemagne (p. 295 et suiv.)
Un « Index alphabétique des noms de personnes d augmente l'utilité
de cette publication, nouveau titre de M. de Lanzac de Laborie à la
gratitude du public lettré. ^ M. S.
R. W. Emerson. Autobiographie d'après son « Journal intime. « Traduc-
tion, Introduction et notes, par Régis Michald. T. II. 18âl-lS76. Paris,
Colin. 1918, in-16 de vin-320 p. —-Prix : 3 fr. 50.
Ce deuxième volume complète l'autobiographie extraite et traduite
par M. Michaud du long Journal intime d'Emerson. Comme le pre-
mier, il se compose principalement de pensées et réflexions notées
au jour le jour, la plupart assez courtes et portant sur des sujets très
divers, mais généralement liées de façon plus ou moins lâche ou
étroite avec cette philosophie à la fois naturaliste et mystique qu'on
trouve exprimée de façon plus suivie dans les séries successives des
Essais, dans les Hommes représentatifs, dans la Conduite de la vie,
tous ouvrages publiés entre 1841 et 1860. Comme dans le premier
volume, on peut suivre ici le développement graduel des idées bien
connues sur lesquelles Emerson a fondé sa métaphysique et sa mo-
rale ; en matière religieuse, les plus hétérodoxes de ces idées s'ex-
priment plus franchement que dans les écrits et les discours où le
philosophe avait à ménager jusqu'à un certain point les sentiments
chrétiens de ses lecteurs ou de son auditoire. Quelques traits assez
curieux se rencontrent dans les brèves notes de voyage en Angleterre
et en France. La traduction de M. Michaud, faite avec soin, est exacte
et bien écrite. A. Barbeau.
— 134 —
Une Famille au dix-neuvième siècle. 1870-1 900. Notes pour
servir à l'élude de la bourgeoisie, par A.-J.-.\. Lobrt. Paris, Berger-Lo-
vrault, 1918. in-i6 de x-182 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce livre est dédié, comme à un maître, à Maupassant. Et c'est bica
un disciple, personnel au reste, du maître romancier, du maître
novelliste, si délié, qui a écrit les pages que nous tenons là. L'ironie
du maître est, me semble-t-il, doucement atténuée et la pensée me
semble autrement droite qu'elle ne l'est assez souvent chez Maupas-
sant.
Que le sous-titre soit un peu important, cela est possible ; mais, si
la couverture eût pu gagner en simplicité à ne pas le formuler, nous
conviendrons, à la lecture de l'ouvrage, que cette histoire d'un mi-
lieu moyen, où, avec plus de vivacité, se retrouve le charme d'un
René Bazin autant et plus que d'un Maupassant, est bien la chronique
d'une famille française, de la famille française, observée finement à
une époque assez intermédiaire, un peu terne, mais caractéristique
cependant dxi génie, prudent et avisé, d'un compartiment, et non des
moins actifs, de notre société française discrète et variée, courageuse
jusque dans la résignation.
Il y a peut-être des traits ou appréciations demandant quelques
réserves, mais combien l'ensemble est aisé à lire et a d'esprit!
Louis Théron de Montaugé.
/
L'État et la Xatalité, par le marquis de Roux. Paris, Nouvelle Librai-
rie nationale, 1918, in-16 de 288 p. — Prix: 3 fr. 50.
Que peut l'État, pour relever la natalité? Beaucoup de choses; et
M. de Roux passe en revue les réformes proposées et les discute avec
beaucoup de mesure et de bon sens. Nous sommes obligés de nous
borner à signaler les plus importants des points où nous avons le
plaisir de nous trouver d'accord avec lui, ou bien au contraire où
nous ferions des réserves. A propos de la correctionnalisalion de l'avor-
lement, M. de Roux veut bien faire allusion à notre brochure Contre
la dépopulation, mais rend un peu inexactement notre pensée. La
correctionnalisalion nous paraît fâcheuse, non pas parce que la peine
en serait abaissée, mais parce qu'à notre avis la peine légèi'e ne serait
pas plus appliquée en fait qu'aujourd'hui la peine rigoureuse. 11 y
aurait un peu de naïveté à compter sur la sévérité des juges et le zèle
des parquets. Eux aussi subissent l'influence de l'ambiance. — Pour
le secret professionnel du médecin, nous y aurions moins égard que
M. de Roux. — En fait d'encouragement aux familles nombreuses.
M. de Roux rejette avec raison le système de la pure et simple {)rime ;
la jjrime ne lui [)araît acceptable que sous forme d'assurance. — 11
est bien bref sur le chapitre des fonctionnaires. Étant donné leur
— 135 -
îioinbre, la valeur d'exemple de leur conduite, la valeur d'exemple
aussi de la conduite de l'État à leur égard, tout ce que l'État ferait
pour eux serait fort important. — Des pages judicieuses sont consa-
crées au féminisme, inévitable" et si dangereux : aux inconvénients
(]cs lois sur le travail des enfants et sur l'instruction. — Le chapitre
le plus développé du livre et qui abonde en remarques pénétrantes
est consacré aux lois successorales. M. de Roux est partisan d'tine
large extension de la liberté de tester. Et nous accordons volontiers
qu'il a raison en théorie, tout en nous demandant si en fait on use-
rait beaucoup de cette liberté. Lui-même fait une remarque décisive :
au fond de l'esprit d'égalité, il y a l'idée qu'un père doit l'aisance à
ses enfants. Cette idée empêchera toujours, les uns de déshériter les
cadets, les autres d'en mettre au monde. Il n'y a d'ailleurs sur ce
point aucune chance d'obtenir une réforme profonde. Mais la juris-
prudence en matière d'assurances sur la vie fournit déjà une pré-
■cieuse ressource aux pères qui ont des raisons d'avantager un de leurs
«nfants. Nous n'avons pas été surpris de voir M. de Roux repousser
nettement les divers projets qui tendent à confisquer les héritages
•qui ne seraient pas dévolus à un nombre suffisant d'enfants. Ces me-
sures se retourneraient contre les familles nombreuses et par consé-
quent contre la natalité. — Sur le vote familial, M. de Roux réserve en
somme son jugement. — Nous nous félicitons de le voir s'élever à bien
des reprises contre la fausse et dangereuse tendance à favoriser la
famille dite normale, en négligeant la famille nombreuse. Il est bien
éloigné de croire ni que l'État puisse tout (la prospérité générale et la
confiance dans la vie qui en résulte encouragent la natalité, bien plus
que ne pourraient le faire les mesures spécialement calculées à cet
effet) ; ni que tout ce que l'État pourrait faire soit bon (que de
mesures maladroites parmi toutes celles qu'on propose !) Hélas ! si
au lieu d'un simple exposé il avait voulu faire des pronostics, il aurait
dû conclure que ce sont justement les plus contestables qui ont le
plus de chances de passer. Les autres, le Parlement les écartera tou-
jours, parce qu'elles avantageraient la minorité indépendamment ou
même au détriment de la masse des électeurs. Comment demander
■cela à un politicien de droite ou de gauche ?
Il serait fort intéressant de donner à ce livre une contre-partie sur
-ce que peut faire l'initiative privée. E. Jordan.
l-'Evolution régionaliste. Du Félibrige au fédéralime, par F.-
Jean Desthieux. Paris. Bossard, 191S, in-16 de xv-239 p.. avec 4 cartes.
— Prix : 3 fr. 60.
tLe Régionalisme et la France de demain, par le marquis de l'Es-
TOURBEiLLO.H. Parls. Édition de la « Revue contemporaine », 1918, in-12
de 49 p. — Prix : 1 fr. 50.
— Le mouvement de renaissance de nos provinces ne dérive pas uni-
— ne —
quement du félibrige. Celui-ci a eu pourtant sa part réelle d'influence-
dans la formation et le succès du régionalisme. On ne s'étonnera
point qu'elle n'ait pas été minimisée — au contraire — par M. F^
Jean-Desthieux, qui est poète. Mais l'objet propre de son livre,
me semble t-il, et ce qui lui donne sa principale valeur, c'est d'expo-
ser quel chemin ces idées ont fait au cours de la guerre. Le lecteur
retiendra qu'elles ont obtenu des pouvoirs publics trois essais de-
réalisation. En octobre 1915, les régions militaires ont été pourvues
de comités consultatifs économiques. Le ministre du commerce, M.
Clémentel, a, en juin 1917, annoncé son intention de grouper les
Chambres de commerce en régions économiques dont plusieurs sont
déjà constituées. Enfin des comités régionaux des arts appliqués
viennent d'être instituéspar le ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts. Voilà de petites victoires. M. Jean Desthieux ne se
borne pas à les relever. Il nous renseigne, avec une curiosité très ou-
verte, sur les multiples problèmes que soulèvent la délimination et
l'organisation de nos régions, abordant même des problèmes simi-
laires qui se posent hors de nos frontières, régionalisme catalan, ré-
gionalisme wallon, et jusqu'à cette Société des nations, dont les pro-
messes millénarestes ne lui inspirent pas une foi aveugle.
— Le marquis de l'Estourbeillon, député du Morbihan, est hardi-
ment et ardemment décentralisateur. Il réclame la pleine libération
de nos provinces ; il montre qu'elle eit nécessaire à la réorganisation
de la France d'après-guerre. Si l'on se souvient qu'il est l'auteur
d'une étude sur le Régionalisme dans l'école primaire (Rennes, 1912),
et qu'il a récemment rédigé un projet de loi sur une réforme régio-
nalistc de l'enseignement des beaux-arts, on ne sera pas surpris qu'il
insiste parliculièremeut sur la nécessité d'une éducation régionaliste.
Baron Angot des Rotou&s.
Lettres d'un vieil Américain à un Français, traduites de l'an-
glais par J.-L. DcPLAN. Paris^ Payot, 1917. in-l6 de 271 p. — Prix : 4 fr.
Voilà un ouvrage qu'il ne faut pas prendre pour un livre composé^
par un artifice littéraire très usité, sous forme épislolaire ; ce sont de
vraies lettres, qui ont pour auteur un grand industriel américain,
très ami de la P'rance, où, depuis vingt-cinq ans, il passe une bonne
partie de son temps, et qui ont été réunies en volume sur les ins-
tances d'un éditeur intelligent, ainsi que nous l'apprend la Préface
de Lysis. Vous devinez, au seul nom du préfacier, quelle morale y
est faite aux Français, qui compromettraient gravement l'avenir de
leur patrie, s'ils continuaient à se laisser distancer sur le terrain de
la production. Pour se guérir de leur routine paresseuse et de leur
excès d'individualisme, qu'ils aillent aux Étals-Unis ! Ils verront ce
— f37 —
que l'on obtient par le machinisme, la spécialisation, la production
intense et en grand. 11 y a beaucoup à retenir dans les conseils qui
nous sont ainsi donnés, sans pourtant accepter comme des vérités-
assurées toutes les saillies de cette vive causerie. Nos notaires méri-
tent-ils toutes les boutades dont ils sont 1 objet ? Serait-ce un moyen
très bien trouvé de gagner du temps que de faire conduire nos
morts, de l'Église au cimetière, en auto-corbillard, à l'allure des
autres véhicules ? La petite propriété est-elle sûrement une erreur
économique ? Faut-il en faire son deuil partout, ainsi que du
petit commerce, de la petite industrie et des petites nations ? On
pourrait allonger la liste de ces points d'interrogation. Mais, avec
son franc-parler, le vieil Américain nous aime bien. S'il reproche
au vicomte de Vogué et à M. Paul Bourget de nous avoir fait
méconnaître plutôt que connaître ses compatriotes, c'est parce
qu'il désire un rapprochement plus intense entre les deux peuples.
Après avoir critiqué, un peu comme s'il n'avait lu que le titre, le
livre d'Edmond Demolins : A quoi tient la supériorité des Anglo-
Saxons, il ajoute : « La seule infériorité du Français, si elle existait,
serait l'ignorance de sa propre valeur, sa résistance à l'association et
son indifférence à exploiter les pays qu'il a découverts ou les inven-
tions qu'il a réalisées. » Baro?< Angot des Rotours.
The Standard of livlng in Japan, by Kokichi Morimoto. Baltimore,
the Johns Hopkins Press, 1918, in-8 de vii-15Û p.
L'auteur de ces pages, où les faits, les statistiques, les chiffres
abondent, est docteur en philosophie, professeur d'économie politique
à l'Université impériale de Tohoku. 11 s'est proposé d'étudier le coût
moyen de la vie au Japon et, laissant de côté les dépenses somp-
luaires, qui échappent à toute règle, il a passé en revue la manière
de vivre de ses compatriotes, dans les classes les moins fortunées et
moyennes de la population, en ce qui concerne la nourriture, le vête-
ment et le logement. Une dernière partie est consacrée au prix de la
vie au Japon, considérée dans son ensemble et au prix mininum de
l'existence. Un glossaire termine le volume. Nous avons ainsi une
contribution fort importante, tout à fait nouvelle, remarquablemeut
établie, à l'étude d'une des familles orientales de l'humanité les
moins connues en Occident. C'est dire tout l'intérêt que présente le
volume sur lequel il n'y aurait aucune critique à formuler, si le lec-
teur français n'avait l'occasion de constater avec tristesse à quel point
l'auteur, comme la majorité de ses compatriotes, est pénétré de l'es-
prit allemand, des méthodes allemandes. On le reconnaît à l'abon-
dance des détails souvent inutiles, à la répétition des mêmes idées
— 138 —
sous des formes difTérentes, à l'cuoncialiori complaisante de conclu-
sions évidentes, enfin et surtout, au fait que, parmi les auteurs cités
en référence, on ne trouve aucun nom français, pas même celui de
Lg Play, mais seulement des noms anglais et allemands. Bien plus,
l'auteur, s'imaginant donner par là plus de précision à sa pensée, se
j)lait à donner, entre parenthèses, la traduction allemande de termes
anglais dont la signification est cependant évidente : à côté de closed
economy, par exemple, il écrit : {geschlossenwirischa/t) ! Par contre,
jamais un terme français n'est mentionné... On peut également
regretter que les unités de mesure soient empruntées tantôt aux sys-
tèmes japonais ou anglais et tantôt au système métrique, ce qui rend
les comparaisons peu aisées. Tel qu'il est, cet ouvrage, qui repré-
sente une somme de travail considérable, n'en est pas moins précieux
et d'une utilité incontestable pour la connaissance des conditions de
>ie au Japon. J, C. T.
L.*Alleniagne et l'Amérique latine. Souvenirs d'an voyageur naluralitte,
par Émile-R. Wagnek. Paris, Alcan, 4917. in-8 de xxi-323 p., avec une
carte. — Prix : 3 fr. 50.
Pendant près de quarante années, M. Émile-R. Wagner a vécu dans
l'Amérique du sud, et, pendant la majeure partie de ce long espace de
temps, il a fait à travers ce vaste continent de grands voyages et de
minutieuses explorations. Poussé par l'amour des choses de la nature,
il a réuni par les monts et par les plaines, à travers la Pampa et sous
les hautes cîmes des arbres de la forêt vierge, de superbes collections
dont il a fait bénéficier notre Muséum d'histoire naturelle ; mais il a
aussi étudié les hommes et la politique, et avec autant de soin que
les insectes et les plantes. Comment s'en étormer ? « Bon sang ne
peut mentir », et M. Wagner appartient à une famille où on n'a ja-
mais négligé de suivre avec le plus grand soin les progrès de l'action
du civilisé dans les pays neufs. Il a donc fait comme on faisait autour
de lui. Le volume qu'il vient de publier dans la a Bibliothèque France-
Amérique », en est un témoignage, et, en même temps, un livre
dont on ne saurait trop montrer l'intérêt politique actuel. On
sait quel en est le titre : l'Allemagne et l'Amérique latine. C'est en
effet, avant tout, une étude très pénétrante de la manière dont les
gens d'outre-Khin s'imposent aujourd'hui aux simples et naïves po-
pulations do certains pays de l'Amérique méridionale, à celles du
sud du Brésil en particulier. Là, les Allemands ont fondé des a colo-
nies sans drapeau » dans lesquelles ils voient les pierres angulaires
de l'immense édifice colonial que les pangermanistes rêvent de
fonder dans les pays latins du Nouveau Monde, au Brésil, en Uru-
guay, en Argentine, au Paraguay. Cette étude, M. Émile-R. Wagner
— 139 —
la faite sur place, au début du xx* siècle, au cours d'un voyage qui
l'a mené en plein cœur des pays où s'exerce l'emprise allemande,
au milieu de ces établissements dont il serait intéressant (et très ins-
tructif) de montrer l'emplacement sur une carte de l'Amérique du
sud. Rien ne prouverait mieux comment, à l'heure actuelle, l'Allemand
i\ su s'insinuer partout, depuis les pentes des plateaux qui. à peu do
distance de l'Atlantique, couvrent les contrées du sud du Brésil jus-
qu'aux rives du Parana et du Paraguay, puis, à travers les plaines fer-
tiles de la République Argentine, jusqu'aux lointaines vallées du Chili.
Si le livre de M. Wagner ne contient pas cette carte, il fournit par
contre, tous les renseignements désirables sur l'aspect extérieur et la
vie intérieure de ces colonies, sur la persistance des costumes, de la
langue et des usages delà mère patrie, et surtout sur les agissements
des Allemands, sur la manière dont ils se comportent à l'égard des
habitants de la contrée — autres colons venus d'Europe ou caboclos
brésiliens — sur la façon dont ils les exploitent, les font travailler
pour eux, puis les dépouillent sans pitié et les chassent plus loin,
sur la façon aussi dont procèdent les agents des compagnies commer-
ciales et coloniales allemandes qui prétendent mettre en valeur ces
pays. Rien de plus curieux, de plus intructif etde plus triste à la fois
que d'entendre parler ce Rathbaum qui accompagne une partie du
temps M. Wagner et qui est, sous un nom d'emprunt, un homme
bien vivant ; on ne saurait imaginer pareil mélange de fatuité, d'im-
moralité, de bassesse et de lâcheté... — Quelque passionnante, et
attristante aussi, qu'ait pu être pour M. Wagner cette étude de l'em-
prise germanique dans le sud du Brésil, elle n'a pas absorbé toute
son attention ; elle ne l'a pas empêché de voir — et de bien voir —
les contrées qu'il visitait, ces paysages de la zone sud-tropicale du
Nouveau-Monde où, dit-il, la nature a prodigué ses enchantements
et multiplié ses rares merveilles. Il les décrit dans son livre en artiste
épris des beautés qui défilent sous ses yeux et en savant attentif et
averti tout à la fois, insistant sur les spectacles de la nature, sur les
particularités les plus frappantes de la faune et de la flore de ces ré-
gions aux mille tableaux splendides. Ainsi se légitime parfaitement
le second titre donné par M. Wagner à son livre ; les « Souvenirs d'un
naturaliste » s'y mêlent aux études du politique, et. parfois, des ré-
miniscences du folk-lore indigène viennent y ajouter une note nou-
velle, pittoresque, elle aussi, et souligner d'un trait imprévu les leçons
qui se dégagent d'un minutieux exposé des faits. — Tout cela cons-
titue un ensemble très agréable, très facile à lire et très instructif à
la fois, où M. Wagner a prouvé qu'il demeurait, malgré ses préoccu-
pations actuelles, toujours fidèle aux leçons des auteurs classiques et
qu'il savait, comme eux, miscere utile dulci.
He>ri Froidevaux.
— 140 —
Les Anciens Symboles héraldiques des villes de France. Ver-
dun, par Jacques Meurget, avec des armoiries dessinées et gravées par
Henry André. Paris, Champion, 1918, in-8 de 51 p. — Prix : 4 fr.
L.es Armoiries du pays basque. Étude historique, critique et anecdo-
tique sur les différents écus qui ont formé le blason du pays basque, lex
particularités et les analogies qu'ils présentent, les légendes et les traditions
quils évoquent, par le môme. Paris, Champion, 1918, in-8 de 78 p., avec
1 planche. — Prix : 4 fr.
— Depuis le xvn« siècle, la ville de Verdun avait un blason d'azur
à la fleur de lis d'or, surmontée d'une couronne royale du même.
En 1898, le conseil municipal, sur la proposition du maire, M. Maury,
a répudié ces armoiries, jugées sans doute compromettantes, et leur
a substitué un nouvel emblème, emprunté au décor d'un sceau du
XIII* siècle : l'image siipplifiée de la ville, avec la cathédrale et une
tour que l'on a prise pour un beffroi. Comme le remarque M. Meur-
gey, le nouveau blason est d'une composition décorative très mé-
diocre.
Après avoir parlé des armoiries de Verdun, l'auteur fait connaître
les distinctions honorifiques qui ont été conférées à cette ville, en
mémoire des glorieux événements de 1916. Ce sont, avec l'insigne de
la légion d'honneur et la croix de guerre, des croix et médailles,,
décernées par la Russie, l'Angleterre, l'Italie, la Belgique, le Portu-
gal, le Monténégro et la Serbie, plus un sabre d'honneur, envoyé par
l'empereur du Japon.
En appendice, M. Meurgey décrit les armoiries des communautés
religieuses et laïques de Verdun, telles qu'elles se trouvent dans
l'Armoriai officiel, rédigé en vertu de l'éditde 1696. Ces blasons sont
presque tous de fantaisie ; quarante et un sur quarante-sept ont été
imposés arbitrairement aux communautés par les commis chargés
de la rédaction de l'Armoriai, les dites communautés ayant négligé
de faire la déclaration, prescrite par l'édit, de leurs armoiries, ou
ayant fait cette déclaration en des termes insuffisamment clairs. Il
aurait été bon d'en avertir le lecteur.
— Quant aux armoiries du pays basque, elles ont été créées, il y
a quelques années, par M. de Jaurgain. Cet érudit les a composées
en réunissant, dans un seul écu, les blasons de Navarre, de Guipuz-
coa, de Biscaya, d'.\lava, de Labourd et de Soûle, c'est-à-dire les
emblèmes de tous les pays basques de France et d'Espagne. Ces
armoiries collectives renferment six quartiers dont l'un est divisé en
deux et un autre en trois compartiments ; elles ont le grave défaut
de n'être lisibles que si elles sont représentées à grande échelle et si
on les regarde de près.
De chacun des éléments que l'on a fait entrer dans ce blason,
M. Meurgey a tente de reconnaître la signification symbolique. Pour
— 141 —
cela, il a consulté les auteurs anciens et modernes ; il a recueilli les
opinions diverses de nombreux écrivains dont bien peu étaient doués
d'esprit critique. Il a ainsi rassemblé, avec quelques légendes cu-
rieuses, une foule d'hypothèses, ingénieuses parfois, qui restent à
■vérifier. Mai Trinet.
BULLETIN
P«5Ut-on se passer de Dieu ? Critique scientifique populaire, par J. Ledw.
Pari». Tcqui, 1918, in-i2 de viii-55 p. — Prix : 0 fr. 50.
Habitué aux méthodes scientifiques, convaincu de rimporlatice primor-
diale de la question qu'il aborde, l'auteur de cette brochure n'a pas la
prétention d'épuiser en quelques pages le sujet le plus vaste. Il se borne à
présenter des observations et des arguments que tout esprit peut saisir.
Son langage est net, précis, direct. Sans faire étalage d érudition, il laisse
assez voir qu'il n'ignore rien des découvertes les plus récentes. On peut
donc se fier à lui comme à un guide sûr et serviable. Beaucoup lui devront
d'aborder et de s'avancer sans péril dans des régions de la pensée qu'ils
ne fréquentaient guère. Ce sera certainement pour leur plus grand bien.
C. L.
L.a Lilturgie dans le roman. Pages de littérature catholique, par .\lphonse
MoRTiBR. Paris, Beauchesne, 1918, in-8 de 37 p. — Prix : 2 fr.
L'essayiste catholique dont la plume, entre deux étapes, s'est appliquée
à écrire ces pages nourries de hauts sentiments exprimés avec un art soi-
gné, dédie, en disciple, cette publication à la mémoire de Georges Dumes-
nil. l'initiateur, au bien, déjeunes intelligences, épiises du vrai par le beau.
La dédicace est de bon augure et donne, à tous égards, la note du mor-
ceau.
Après des critiques adressées et des hommages rendus aux maîtres
d'hier et d'aujourd'hui, l'auteur évoque^ l'homme vêtu de lin, celui qui
viendra répandre les braises ardentes, autrement dit l'arliste assez puis-
sant pour servir efficacement par l'art la religion. Belles fresques évoca-
trices. Mais la mesure et même la réalité s'accommodent-elles d'un juge-
ment comme celui-ci : « Depuis les Confessions de saint Augustin, la litté-
rature proprement catholique ne peut guère témoigner d'une réelle
activité » et comme celui-ci encore : « Le xvii' siècle, qu'illustrèrent tant
de mystiques, ne sut pas instaurer la littérature vraiment ca//io/iqfue, c'est-
à-dire la seule humaine. » (?)
Quelle sera l'apologétique de l'art? Une lettre de l'auteur à M. le direc-
teur de la Revue du clergé français, et, publiée ici. nous assure excellem-
ment qu'elle ne saurait agir à la façon d'un traité de théologie, mais par
les multiples ressources de l'esthétique, en nous imprégnant de divin.
Louis Théron de Monta cgé.
li'Ëducation physique obligation nationale, par le docteur Bellin du
GoTEAC. Paris, Bersrer-Levrauit, 1918, petit iii-8 de xx-41 p., avec 10 photogra-
phies. — Prix : 2 fr.
L.a Course à pied. Les Courses de liaies, par le docteur .Bbllin du
Coteau. Paris, Berger-Leyrault, 1918, petit in-8 de xi-39 p., avec 24 photographies.
— Prix : 1 fr. 50.
. L'éducation physique a pour objet d'augmenter le coefficient de Fobusti-
-_ 142 —
cité de l'individu. Le docteur Bellin du Coteau, laissant de côté les formule*
mathématiqwes de la robuslicilé, cheichc à en donner une formule physio-
logique. Il critiqvie, non sans raison, les procédés Pignet (fondé sur le
principe que le périmètre thoracique et le poids s'élèvent proportionnelle-
ment à la taille) et Broca (reposant sur l'axiome que le poids d'un homme
en kilogrammes doit égaler les décimales de la taille au-dessus du mètre)
et estime que la robusticilé complète est fonction de la robusticilé pulmo-
naire, dont la spiromélrie peut graduer la force, et de la robnsticité car-
diaque, que la radioscopie et certains procédés permettent d'évaluer. Ces
bases établies, il faut, dans l'intérêt de la race, rechercher les moyens sus-
ceptibles de généraliser et d'étendre la culture physique.
— La course à pied mérite d'être placée au premier rang des exercices
athlétiques. L'auteur évoque le souvenir des courses olympiques qui
tenaient une si large, place dans la vie de l'ancienne Grèce. 11 étudie la
technique de la course à pied ; ses démonstrations sont illustrées par des^
photogravures. On voit nettement par exemple dans la reproduction
dune « foulée ». combien l'allure de la course diffère de celle toute con-
ventionnelle du pas gymnasti(jue. Le docteur Bellin du Coteau termine son
étude par la description dune modalité des épreuves pédestres : la course
des haies, d'une longueur de 110 mètres, avec 10 obstacles d'une hauteur
de 1 m. 06. Pour cette course classique, où triompha l'américain Simpson,
la vitesse moyenne est de 7 m. 50 à la seconde. R. L.
'l'ravaux de damei», par Mauglerite de Sai>t-Genès. Paris, Maison de la Benne
Presse, s. d. (1918), in-\'2 allongé de 240 p., avec 147 figures. — Prix : 1 lï. 30.
Voici le no 5 des Petils Guides pratiques du foyer. Il comprend trois par-
ties. La première est relative à la Couture, où l'auteur s'occupe des choses
les plus variées, depuis les points de différentes sortes et le raccommodage
jusqu'aux vêtements sacerdotaux et linges d'autel que les personnes pieuses
peuvent avoir le désir de confectionner une fois satisfaites les obligations
du ménage. La deuxième partie a trait à la Broderie et la deuxième con-
cerne la Décoration de la maison : peinture, photographies, fleurs artifi-
cielles, ameublement de campagne, décoration de table, etc. On trouve
dans ces pages simplement et clairement écrites beaucoup de détails pra-
tiques que de nombreuses figures rendent plus compréhensifs encore.
E. A. C.
Le« IVoms juifs^, par Georges Massoltié. Mâcon, Protat, 1917. in-lG de 17 p.
— Prix : 0 Ir. (>U.
Travail sommaire, mais intéressant et utile, sur l'onomastique juive. .\
signaler, en particulier, le dernier paragraphe sur les noms formés par la
réunion de consonnes initiales de plusieurs mots hébreux réliées, bien
entendu, par des voyelles. Ex : Kalz qui représente Kohen Tzédek (Zadok
Kahn, prêtre juste).
Pourquoi, au sujet des transcriptions allemandes (Chajjim pour Hayyim,
par exemple), n'avoir pas fait remarquer que la prononciation gutturale
du c/i était, Outre-Rhin, la cause de déformations écrites bien regrettables ?
H. GuÉum.
MonHÏPiir « Sidi ». Mi'inoîres d'un eliat, par Côte-Dault. Paris, Édition
du livre men.suel, ."59, boulevard des Balignolles, 1918, in-12 de 212 p. — Prix :
5 fr.
On a beaucoup écrit sur les chats, en prose et en vers ; des artistes —
— U3 —
nombreux — se sont plu à saisir leurs attitudes et à fixer leurs physiono-
mies si ondoyantes, si diverses. On aime ou on n'aime pas les cliats. Ceux
qui ont découvert chez eux autre chose que de l'égoïsme liront avec un
vif plaisir le petit volume de M. Côte-Darly. Ils y verront comment Sidi,
fils de Minouche, chat de Paris, adulé par ses maîtres, qu'il appelle <i son
père » et « sa mère », a passé ses piemièrrs années et en quoi consistaient
ses jeux. Sidi nous raconte ses villégiatures, d'abord dans une localité
éloignée de la capitale, puis dans la banlieue, ainsi que ses relations avec
toutes sortes d'individus de son espèce, bien ou mal élevés, dont les con-
seils, suivis parfois, tournent généralement à son désavantage. Sidi, du
reste, n'a pas à se plaindre du sort : il le dit et même l'écrit. Et c'est ainsi
qu'il arrive à cette conclusion : « Que les petits des hommes — il y en a
tant de barbares ! — lisent cette histoire d'un bon chat pour qui la desti-
née fut maternelle, et qui leur tend à tous, aux bienveillants et à ceux qui
le deviendront, une affectueuse patte de velours. »
Aimable petit livre qui fera la joie des « chatophiles », parmi lesquels je
compte. E.-A. Chapuis.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Les lettres chrétiennes et françaises sont bien doulou-
reusement éprouvées par la mort de M. Etienne Lamt, secrétaire perpétuel
de l'Académie française, mort à Paris, le 9 janvier 1919. >'é à Cize, dans le
Jura, le 2 juin 1843, M. Etienne-Marie-Victor Lamy fit à l'École de Sorèze
d'excellentes études classiques qu'il termina au Collège Stanislas. A Sorèze,
il connut le P. Lacordaire et ce maître éducateur contribua à lui donner
cette dignité et cette fermeté de caractère qui ne sont pas communes à
notre époque. Entré dans le barreau parisien, M. Lamy se fît recevoir doc-
teur en dioit en 1869 ; il avait d'abord choisi comme sujet de thèse les
rapports ds l'Église et de l'État ; la Faculté de Paris ne voulut pas accepter
ce thème trop brûlant et le jeune avocat se rejeta sur l'étude des Opérations
de bourse chez les anciens, au moyen âge et ctiez les modernes. Après la chute
de l'Empire, il se présenta aux élections et fut envoyé à l'Assemblée natio-
nale, le 2 février 1871. par le département du Jura. Il était du nombre,
alors assez petit, des catholiques franchement républicains ; et c'est à ce
titre, qu'après le vote de la Constitution de 1873, il fut élu député à la
Chambre par l'arrondissement de Saint-Claude. Mais sa foi catholique, non
moins ferme et ardente que sa foi politique, ne lui permettait pas de s'ac-
commoder des lois sectaires. La vigueur avec laquelle il combattit le fameux
article 7. notamment, brisa sa carrière politique. C'est par le journal, par
le livre, par la parole qu'il exerça désormais une influence sur l'esprit
public. Quelques-uns de ses ouvrages, comme la Femme de demain ou la
France du Levant ont une haute portée politique ou morale. .\ppeléen 1905
à occuper à l'Académie française le fauteuil laissé vacant par la mort de
Guillaume, il ne tarda pas à conquérir auprès de ses confrères une telle
autorité qu'il fut tout naturellement désigné pour recueillir la succession
de M. Thureau-Dangin, secrétaire perpétuel, en 1913. Il n'aura pas long-
temps rempli, hélas ! ces hautes et délicates fonctions, dans lesquelles il
apporta, avec sa courtoisie parfaite, cette élévation morale et cette délica-
tesse de conscience qui le distinguaient. Nous citerons de lui les œuvres
suivantes : Le Juif de Vérone, ou les Sociétés secrètes en Italie, traduit cl
— 144 —
abrégé (Paris. 4867, in-12) ; — Mathilde de Canossa. traduit de l'italien
(Paris, 1867, in-12) ; — Le Tiers Parti (Paris. 1868. in-8) ; — L'Assemblée
nationale et la Dissolution (Paris, 1872. in-46) ; — La République en 1883
(Paris, 1883, in-8) ; — Études sur le second Empire (Paris, 1895, in-8) ; ^-
L Œuvre sociale. Les Seltlements anglais et américains (Paris, 1897, in-8) ; —
La Femme de demain (Paris. 1901, in-12) ; — La France du Levant (Paris.
1902, in-8) ; — Témoins de jours passés (Paris, 1907, in-12) ; — Au service
des idées et des lettres (Paris, 1909, in-12) ; — Catholiques el socialistes
{Paris. 1909, in-12) ; — La Langue française (Paris, 1912, in-12) ; —
Quelques Œuvres et quelques ouvriers (Paris, 1912, in-16).
— Le célèbre romancier Paul Margueritte est mort le 31 décembre 1918 ;
c'est une grande perte pour les lettres françaises. Né à Laghouat (Algérie)
le 20 février 1860, fils du général Margueritte. qui tomba glorieusement
pour la France, à la tête de ses escadrons, en 1870, il commença ses études
au lycée d'Alger, puis les poursuivit au Prytanée de la Flèche. Il fut atta-
ché au ministère de l'instruction publique jusqu'en 1887, mais depuis
longtemps (h^jà il s'adonnait aux lettres avec passion. Il commença sa car-
rière par un hommage ému à la mémoire de son père dans le livre inti-
tulé : Mon Père, qu'il fit paraître en 1884. Ses premiers maîtres littéraires
furent Emile Zola et Edmond de Concourt, puis le poète Stéphane Mal-
l.irmé dont il goûtait l'art raffiné. Il fit partie, dès l'origine, de l'Académie
des Concourt. Bientôt Paul Margueritte quitta le naturalisme pour mar-
cher sur les traces de Guy de Maupassant. Cet écrivain fut l'un des fonda-
teurs du roman psychologique ; il collabora à la plupart des revues litté-
raires de cette époque et particulièrement à la Revue contemporaine. Le
théâtre le tenta aussi et il y parut même comme auteur et acteur dans
une remarquable scène mimée : Pierrot assassin. En 1885, il publiait son
premier roman : Tous quatre, qui obtint un grand succès ; l'année sui-
vante, il donna Confessions posthumes, puis toute une suite de romans
toujours très goûtés du public. Paul Margueritte a publié : Mon Père (Pa-
ris. 1884, in-18) ; — Tous quatre (Paris, 1885, in-18) ; — Pierrot assas.^in de
sa femme (Paris. 1886, in-18) ; — La Confession posthume (Paris. 1886. in-18) ;
— Maison ouverte (Paris, 1889, in-18) ; —Pascal Gêfosse (Paris. 1888, in-8) ;
— Jours d'épreuves (Paris, 1889. in-18) ; — A/na/Us (Paris, 1890, in-18) ; —
Alger d'hiver (Paris, 1891, in-18) ; — La Force des choses (Paris. 1891. in-18) ;
— Sur le Retour (Paris, 1892, in-18) ; — Mo Grande (Paris, 1892. in-8) ; —
Le Cuirassier blanc, Farfaria, la Dame aux yeux violets, l'Insecte (Paris,
1892. in-18); — La Tourmente (Paris, 1893. in-18); - La Mouche (Paris.
1893, in-18) ; — L'Avril (Paris, 1893, in-18) ; — Ame d'enfant (Paris, 1894,
in-8) ; — Fors l'honneur (Paris, 1895, in-18) ; — Le Jardin du passé (Paris,
189;), in-8) ; — Simple Histoire (Paris, 1895, in-18) ; — L'Eau qui dort (Paris,
1896. in-18) ; — L'Essor (Paris, 1896, in-18). Depuis 1896, Paul Margueritte
travailla on collaboration avec son jeune frère Victor, qui s'était déjà fait
connaître comme poète ; tous deux se signalèrent dans les domaines de la
littérature, de la morale, delà politique, de l'histoire. De leur œuvre com-
mune, nous rappellerons : Le Pariétaire (Paris. 1896, in-18i; — Poum.
Aventures d'un petit garçon (Paris, 1897, in-18) ; — Le Carnaval de yice
(Paris, 1897, in-18);— Une Époque : Le Désastre (Met: 1870) (Paris, 1898,
in-18) ; — Femmes nouvelles (Paris, 1899, in-18) ; — Le Poste des neiges (Paris,
1899. in-18) ; — Mariage el divorce (Paris. 1900. in-18) ; — Une Épopée. Les
Braves Gens (Paris, 1900, in-18); — Une Épopée. Les Tronçons du glaive
(Paris, 19U1, in-18); — Les Deux Vies (Paris. 1902, in-18); — L'Élargisse-
— Mlj -
'menl du divorce (Paris, 1902, in-8) ; — Le Jardin du Roi CParis, 1002, in-18) ;
— Vers In lumière (Paris, 1902. in-18) ; — Hixloire de la (jnerre de 1870
(Paris. 1902. in-18); — Helie (Paris. 1903. in-18) ; — Une Époque : Ln Com-
mune (Paris, l'tOi, in-18); — Le Cœur el la loi (Paris, 1903, in-18) ; — Le
l'rixme (Paris. 1905, in-18) ; — Quelques idées ( Paris, 1905, in-18) ; — .Sur le
(•//(Paris, 190G. in-18) ; — Vanité (Paris, 1907, in-lSj ; — L'Autre, pièce en
'.i actes rParis. 1907. in-8). Puis les frères reprirent leur indépendance.
Paul publia depuis lors : Souvenirs de jeunesse (Paris, 190S. in-18) : — La
Lanterne magique (Paris. 1909, in-18) ; — La FailAesse humaine (Paris, 1910,
in-18) ; — Les Fahrecé (Paris, 1912. in-18) ; — La Maison brûle (Paris, 1913.
in-18); — Nous les mères (Paris, 1914, in-18). Il y a de fortes réserves à
faire sur les œuvres de cet écrivain au point de vue de la morale chré-
tienne.
— Mgr Antolin Lopez Pf.lâez, archevêque de Tarragone, inort le 22 dé-
cembre, était un des prélats les plus actifs et les plus éminents de la pénin-
sule hispanique. Né à Manzonal dcl Puerto (prov. de Léon), le 31 aoiît 1866,
■ de parents assez modestes, il fut élevé au séminaire d'Astorga, et les qua-
lités qu'il Y manifesta de bonne heure décidèrent son évèqne à lui confier,
simple étudiant, la rédaction de El Crilerio tridenlino. Admis â la prêtrise
avant l'âge canonique, il fut nommé à 23 ans clianoine de Lngo, et il
coinmença aussitôt sa féconde carrière littéraire ; l'idée qu'il se faisait de
l'importance de la presse à notre époque lui lit donner sa collaboration à
de nombreux journaux, et l'on verra, dans la liste de ses œuvres que nous
donnons plus loin, quelle place la presse ne cessa do tenir dans ses préoc-
cupations. Sur la proposition de S. E. le cardinal Aguirre, qui l'estimait
liarticulièremcnt. il fut appelé en 1904 au siège épiscopal de .Taca. Il y
déploya une grande activité ; nous indiquerons seulement ici la réforme
de l'enseignement des séminaires : la volonté de rendre son clergé mieux
apdaté au rôle qu'il doit jouer dans la vie moderne le conduisit à créer au
séminaire des chaires d'agriculture, de droit naturel, d'économie sociale ;
deux autres créations à noter ici sont celles d'une chaire d'archéologie et
d'une chaire de langue française. 11 voulut aussi que la bibliothèque du
séminaire, qu'il s'efforça de pourvoir de bons livres, fût ouverte au public.
Appelé en 1907 à siéger au Sénat, il y prit souvent la parole avec talent et
avec éclat, notamment dans les questions de presse, d'enseignement et des
relations entre l'Église et l'Etat. Transféré en 1913 sur le siège archiépis-
copal de Tarragone, et désireux de se mettre à l'unisson de son nouveau
troupeau, il apprit le catalan et sut prêcher correciement dans cette lan-
gue ; et il prit soin de créer au séminaire des ch.iires de langue et de lit-
térature catalanes et d'histoire de la Catalogne, en même temps qu'il orga-
nisait renseignement de l'économie sociale. C'est par son initiative que
fut réuni à Montserrat le premier Congrès liturgique. Il avait aussi orga-
nisé une Agence catholique d'informations. Nous ne saurions oublier que, -
pendant la guerre, à un moment où tant de membres du clergé espagnol
manifestaient contre l'Entente des sentiments de méfiance sinon d'hosti-
lité. Mgr Lopez Pelâez n'hésita pas au contraire à témoigner pour nous de
ses vives et précieuses sympathies. L'Académie espagnole, l'Académie d'his-
toire et celle des sciences morales le comptaient au nombre de leurs cor-
respondants. Parmi les compagnies savantes de l'étranger qui lui avaient
décerné le même titre, nous noierons l'Institut de Coimbre, l'Académie
des Arcades de Rome et la Société historique et archéologique du Limousin.
Voici la liste des principales publications de l'éminent prélat : La Expo-
FtcvujKH 1919, T. CXLV. 10.
— ne —
xicion continua del Sanlisimo (Lngo, 189:2, ii)-8) ; — Las Aras de In
caledral de Liujo (Lugo, 1892, in-8) ; — El Ponlificado (La Coruna^
1893, in-8) ; — El Darvinismo y la ciencia (Lngo, 1893, in-8) ; — flisto-
ria del cuUo eucarislice en Lwjo (Madrid, 1894, in-8) ; — El Gran Gn-
Ueijo (La Coruna, 1894, in-8) ; — El Monaslerio de Samos (Lugo. 1894, in-8) ;
— Ilisloria de la ensenanza en fjKjo (Lngo. 1894, in-8) ; — Los Benedictinos
de Monforle (Lngo, 1895, in-8) ; — De la Région gallega (Lugo, 1897. in-8) ;
— El Senorio iemporal de los obispos de Lngo (Lugo, 1897, in-8) ; — La
Accion del sacerdole en la prensa (Lugo, 1898, in-8) ; — Im Mnjcr y la prensa
(Lugo, 1899, in-8) ; — Los Poeslas del P. Feyjoo (Madrid, 1899, in-8) ;
— Sacerdoles al periodico (1900, in-8) ; — Una limosna para la prensa
(1902, in-8) ; — Los Escritos de Sannienlo (M;idrid, 1904, in-8) ; — -
Argos divina (1902, in-8); — l'H Derccho espanol en sus relaciones cou
la Iglesia (Madrid, 1902, in-8 ; 3e cd. en 19M) ; — El Obispo san Cnpilan
(Bnrgos, 1903, in-12) ; — La Censura eclesiaslica (Madrid, 1904, in-8) ; —
Las Asambleas de la prensa (Madrid, 1904, in-8) ; — Los Danos del libro (Jaca,
1903, in-8) ; — Estudios cànonicos (Madrid, 1906, in-8) ; — La Importancia
de la prensa (Madrid, 1906, in-8) ; — De la Diocesis del Sacramento (Jaca,
1907, in-8) ; — Ser/no/ies (Madrid, 1908, in-8) ; — Gralilud a los periodistas
(Jaca, 1908, in-8) ; — La Pairona del periodismo (Jaca, 1909, in-8) ; — La
Cruzada de la Duena prensa (Jaca, 1909, in-8) ; — Injuslicias del Eslado espa-
nol (Jaca, 1909, in-8) ; — El Clero en la polilica (Jaca, 1909. in-8) ; — El
i'ri'supaeslo del clero (Jaca, 1!)10, in-8) ; — San Froilan de Lugo (Lugo, 1910.
in-8) ; — La Prensa coma arma de combale (Jaca, 1910, in-8) ; — La Pluma
del periodisla (Jaca, 1911, in-8) ; — Vida posUuna de un Sfuilo (Madrid, 191 1,
in-8) ; — Discursos pronunciados en Lugo (Lugo, 19H, in-8) ; — Los Si e le
pecados capildles (Jaca, 1911. in-8) ; — Sadaba y su Crislo (Jaca, 1912. in-8) ;
— La Agenda cniolica de informacion (Jaca, 1912, in-8) ; — Onien sepa
escribir escriba (Jaca, 1912, in-8) ; — El Gran rolaliuo calolico (Jaca, 1912,
in-8) ; — El Alcoliolismo (Jaca, 1913, in-8) ; — Por la Iglesia espanola (Tar-
ragona, 1913, in-8) ; — Los Trabajadores en el periodico calolico (Tarragona,
1914, in-8) ; — La Nolaria (Barcelona. 1914. in-8) ; — La VUalidad de la
prensa no diaria (Tarragona, 1915, in-8) ; — La Mislica doclora sanla Teresn
de Jésus (Reus, 1915, in-8) ; — Mnseos diocesanos (Tarragona, 1915, in-8) ;
— Los Fieslas de la Virgen (Tarragona, 1915, in-8).
— .\vcc M. Thcodore Roosevelt, mort le 6 janvier, dans sa maison.
d'Oyster Bay (New York), disparaît une figure originale et puissante. >é
à New York, le 27 octobre 1852, d'une famille de souche hollandaise,
établie depuis longtemps aux États-Unis, il fit nne partie de ses études en
Allemagne, mais c'est à l'Université Harvard, l'une des plus célèbres
d'.\mérique, puis à celle de Philadelphie, qu'il les acheva. Il se lança de
bonne heure dans la politique, se fil élire er. 1882 au Congrès de .Ni \v
York, dans lequel il se fit remarcjucr par son attitude énergique contre la
corruption administrative. Chef de la police de New York {lN9ii-l897),
appelé par Mac Kinley au ministère de la marine (1897), qu'il quitta pour
prendre une part active à la guerre hispano-américaine, puis gouverneur
de rÉtat de New York, il fut appelé en 1900 à la vice-présidence des Eials-
Unis. L'assassinat de Mac Kinley en 1901 lui fit assumer la présidence, et
il fui confirmé en 1904 dans ce poste par le verdict populaire. M. Roo-
sevelt n'était pas seulement un homme d'action, il sest aussi fait con-
naître comme journaliste et comme écrivain. Nous citerons de lui les ou-
vrages suivants : Naval war of 1S12 (New York, 1881, in-8) ; — Ilunling
- 147 —
fri/jx nf n rnnchmnn (London, 1880. in-8) ; — Life of Tlionirts If. Benlon
(Bostot). 1887. iii-H)) ; — Life o/ Gonvernenr Morris (Hoslon. 1888. in-S) : —
/';vj(/((V(/ /Kj/i7/c.<r (New York, 1888. iti-J2) : — fianch. Life nnd llif Imnlinr/
Irnil (I.oiidon. 1888, in-4) ; — WinniiKj of Ihe Wesl (?i(t\\ York. 18.Stl-|Sl)(i,
t vol. iii-8) ; — Neiv York (Londoii. l89l, in-8) ; — American idcah (\c\\-
Yorlv, I8!»7. iii-12) ; — Wilderness hunier, big gnme, liorse, honnd and rifle
(New Yoïk. 1893, in-S) ; — Ilero taies froni American hislory (J^cw \ovk
1898. in-8), en collaboration avec H. G. Lodgc ; -- The Rough riders
(London, 1899, in-8) ; — Olirer Cromwell (London, 1900, in-8) ; - Tlie
Sirennons bife (New York, 1900, in-12) ; — The Deer faniily (.New York,
1902, in-8) ; — Addresses and presidential messages, lOOQ-lOO'i (New York,
l'.)04, iti-8) : — Ontdoor paslimes of an American hunier (New York, 190r),
in-8) ; — fiood hunling in [)nr.';uU of big gam in Ihe Wesl (New York. 1907,
in-8) ; — African and Européen nddres.^és 'New York, 1910, in-8) ; — Afri-
i-'Ui gaine Irnils (London, 1910, in-8) ; — Bioloyical analogies in hishry
lOxfoid, 1910, in-8) : — The IKaval opérations of tlie war belween Grf^nt
Bntnin and Ihe United S/nlp. lRl2-lSlb (London, 1910, \n-9,) ; — Stories
of Ihe Repnblic (New York, 1911, in-8). en collaboration ; — An Autobio-
5/ra/>/(y (New York, 1913, in-8) ; — Progressive principles (New York, 1913,
in-8) ; — Throagli the Brazilian u)ilderness (London. 19l4, in-8) ; — llistory
in lileralu're and other essays (London, 1914, in 8) ; — America and tlie
world war (London, 1915. in-S) ; — Why America should join the allies (New
York. 1915, in-8) ; — Life historiés of American gam a/u/Ha/s (London. 1h15,
"1 vol. in-8) : — Booklover's holidays in the open (London, 1916, in-8) ; -
Fear God and take your own part (New York, 1916, in-16). Parmi les tra-
ductions françaises qui ont été données des ouvrages du célèbre écrivain,
nous citerons : Chasses et parties de chasse, traduction d'Albert Savine,
(Paris. 1903, in-18) ; — Lldéal américain {Parh, l^Oi, in-16), Iraduit par
A. et E. de Ronsiers : — L'Idéal d'Amérique, la vie intense, traduit par la
princesse Ferdinand de Fancignv-Lucinge et M. Jean Groulet ; — L'E.ci)ro-
priation des races incompétentes (Paris, 1904, in-12) ; — La Conquête île
/'ouest, des AUé(jhanys au Mississipi (1769-1776) (Paris, 1904, in-18; ; — Le
Citoyen d'une république (Paris, 1910. in-16) ; — Mes Chasses en Afrique,
traduction de Norbert Sevestre (Paris, 1910. in-8) ; — La Vie a/i rancho,
traduction d'Albert Savine (Paris, 1903. in-18).
— Le baron, puis comte Georg vo^^ Hertling est mort le 5 janvier. Né à
Darmstadt. le 31 août 1843. il fit ses études aux Universités de Munster, de
Munich et de Berlin. D'abord privatdozenl à Bonn, il fut nommé en 18S0
professeur extraordinaire à cette Université, d'où il passa deux ans plus
tard comme professeur ordinaire de philosophie à l'Université de Munich.
La spéculation philosophique ne l'absorbait pas tout entier, et, dès S873,
il avait été envoyé comme député au Reichstag, et avait pris dans le Centre
une influence prépondérante. Sauf pendant la période 1890-1896, il ne
cessa de siéger au Reichstag. 11 joua également un rôle important dans la
politique de la Bavière ; il était président du Conseil quand éclata la guerre
et l'on na pas oublié que Guillaume II fit un moment appel à lui pour
les fonctions de chancelier de l'Empire. Mais ce n'est pas par son action poli-
tique, mais par son action intellectuelle qu'il appartient à cette chronique.
Il fut en 1876 l'un des fondateurs de la Gorresgesellschaft, la grande société
catholique allemande, dont il demeura jusqu'à la fin le président. II contri-
bua également à la fondation de la Société germanique d'art chrétien,
dont il fut le président de 1892 à 1909. Il était depuis 1899 membre de
— 148 -
l'Académie des sciences de Bavière. Il dirigeait avec M. Clemens Baumker
l'importante collection des lieitrage ziir Geschicide der Philosophie der Miltel-
alhii's, fondée en 18i^»2. Nous citerons de lui les ouvrages suivants : De
Arislolelix nolione aniiis coininentalio (F'riburgi Br., 1864, in-8) ; — ■ Malerie
und Forr.i and die Defifulion der Seele bel A ristoieles (Roan, 1871, in-8) : — Zur
Erinnerung an Friedrich Overbeck (Koln, 187o, in-S) ; — IJeber die Grcnzen
der mechafuschen Nnlurerhinrnng (Bonn, 1875, in-8) ; — Die Hypothèse
Darwins (Wûrzburg, 1870 in-8) ; — Darwin^ Haeckel und Virchoio (Kôln, 1878,
in-8) ; — Der Darwiinsmus eine geislige Epidémie (Frankfurt. 1871», in-8) ; —
Alberlus Mdgniis (Koln. 1880, in-8) ; — Aufsalze und Reden so:i(dpolilischen
Inhalls (Frciburg, 1884, in-8) ; — Zur Beanlwortung der (j'ollinger Jubl-
Jaumsrede, ojjener Briefan Herrn Albert Ritschl (Paderborn, 1887, in-8) ; —
John Locke und die Schute von Cambridge (Freiburg, 1892, in-8) ; — Natur-
recht and Socialpolitik (Ivoln, 1893, in-8)'; — Kleine Schriflen zur zeitge
.<chichle und Polilik (Frciburg, 1897, in-8) ; — Dus Princip des Kalholicismus
und der Wissenschafl (Freiburg, 1899, in-8j ; — Augustin, der Untergang
der anliken Kullur (Mainz, 1902, gr. iti-8) ; — Wissenschaflliche Hichlungen
und pliilosopfdsche Problème im 13. Jahrhunderl {Mûnchen. 1910, gr. in-18) ;
— Augustinus-Citate bei Thomas von Aquin (Mûnchen, 1904, in-8) ; — Recld,
Skud und GesellschaJÏ (Rempten, 1906 in-16).
— lin romancier italien très populaire et dont l'œuvre délicate^ d'une
observation fort juste, a rencontré un accueil sympathique non seulement
en Italie, mais à l'étranger et notamment en France, M. Salvatore Farina
est mort récemment. Né à Sorio, en Sardaigne, le 10 janvier 1846^ reçu
docteur en 1868 à Turin où il acheva des études commencées à Casai et
poursuivies à Paris, il s'établit à Milan et se livra entièrement à son goût
littéraire. Ses récits, nouvelles, romans obtinrent vite la faveur du public.
La ])lupint ont eu les honneurs de plusieurs éditions ; un certain nombre
ont été traduits. Les tournées de conférences que M. Farina entreprit à l'étran-
ger contribuèrent aussi à assurer son succès. Nous citerons de lui : Tre
amori (Milano, 1869, 2 vol. in-32) ; — {//i segre^o (Milano, 1869, 2 vol.in-:i>4) ;
— Il Romanzo d'un vedouo (Milano, 1871, 3 vol. in-24) ; — Frulti proibiti.
Jia/nma vagabonda (Milano, 1872, 2 vol. in-24) ; — Faute di picche (Alilano,
1874. in-16) ; — // Tesoro di Donnino (Milano, 1874. in-16) ; — Cappelli
biondi (Milano, 1876, in-16) ; — Dalla spuma del mare (Milano, 1876, in-16) :
— Un liranno ai bagni di mare (Milano, 1877, in-16) ; — Amore bendato
(Torino, 1877, in-16) ; — Oro nascosto (Roma, 1878. in-8) ; — Il.Merlo bianco
(Koma, 1879, in-8) ; — Le Tre nnlrici (Torino, 1879, in-16) ; — Prima che nas-
cesse (Torino, 1879, in-16) ; — Miojlglio studia (Torino, 1879, in-16) ; t— Mio
Jiglio s'innamora (Torino, 1880. in-16) ; — Coraggio e avanti (Torino, 1880,
in-Ki) ; — IS'onno ! (Torino, 1881, in-16) ; — // Manlo di Laurina (Torino,
1881, in-16) ; — L' Intermezzo e la pagina nera (Torino, 1881, in-16) ; —
Mio figlio (Torino, 1882, in-16) ; — // signor lo (Torino, 1882, in-16) ; —
Amore a ceid'ocçhi (Milano, 1883, in-16) ; — Fra le corde di un contrabbasso
(Milano, 188-4. in-16) ; — Uim separazione di lelto e di mensa. La Fauuglia del
signor Onondo. Un uomo felice (Milano, 1885, in-16) ; — Pp'belli occlii delta
gloria (.Milano, 1887, in-16) ; — L'Ullima battaglin di prête Agoslino (Milano,
1888. in-16) ; — Caporal Silveslro (Milano, 1888, in-16) ; — Don Chisciottino
(Milaim, 1890, in-16) ; — / Due desideri (Milano, 1889, in-16) : — Amené
lellure (Beilino, 1891, in-17) ; — Vivere per amore (Milano, 1891, in-16) ;
— Piu forte dell'amore (Milano, 1891, in-16) ; — Per la vita e per la morte
(Milano, 1891, in-16) ; — Perché ho risposlo no? (Milano, 1892, in-16) ; —
— 149 —
\more fnujhirdo (.Mil.'irio, lSfl3. iii-lf)) ; — C/tf dira il inondo? fMilano, IS93,
i,,.l»;) ; — Carlo boUnin (Milano, IHOi, in-lfi) ; — // numéro 13 (Milano,
1S93. in-l6) ; — Madonninn Brianca {]'niiilns) (Milat»o. 18117. iti-16); — Fino
alla morle (Milano. 1!)02, iri-lOj ; —Le Ire cominedie délia vila (Milano. 1903,
il, .16) ; — H y,egrelo del nevaio (Toiino. 1900. iii-lS) ; — La Mia fjiornala
(Torino, 1910, iii-16) ; — Il Libro degli amori (Torino, 1911, in-IG) ; — Il
secondo Libro degli amori (Torino, 1912. in-16) ; — La Più bella fauciulla
dell'iiniversa (Torino, 1912. in-16) La Soclelà tipografica éditrice nazionale
do Turin a entrepris une édition de ses œuvres complètes. Nous citerons
encore les traductions françaises de quelques-unes de «tes œuvres ; Bou-
rasqiie conjugales. Un Homme heureux. Valel de pique, traduit de l'italien
par S. lilandy (Paris. 1880. in-16) ; — Les Cenl Yeux de l'amour, traduit
par L. Dieu (Paris 1883. in-18) ; — Le Trésor de Donnino, traduit par S.
Blandy (Paris. 1883, in-16) ; — L'Écume de la mer, traduit par S. Riandy
(Paris! 1»88, in-16) ; — Pour la gloire, traduit par F. Heynard (Paris. i8S9,
in-16).
— M. Claudc-Édouard-Denys-Marie Cochin. député du Nord, né à Évry-
Petit-Bourg iSeine-et-Oise). est mort h Paris, le 31 décembre 1918, à So ans.
Il était fils de M. Henry Cocliin et neveu de M. Denys Cochin. Il entra de
bonne heure dans la voie politique et continua les traditions de libéra-
lisme et de dévouement aux all'aires publiques, qui étaient les vertus de sa
race. Après de sérieuses études à l'École des chartes et à l'École française
de Rome, il fit paraître des Essais qu'il a publiés dans la Revue hebdoma-
daire, dans la Bibliolhèque de l'École des Charles, dans le Bullelin de la Sociélé
d'histoire de France, dans la Revue des questions historiques et le Journal des
débats. Le jansénisme l'occupa et particulièrement Henry Arnaud, évéque
d'Angers, sur lequel il fît une thèse très remarqu'ée. Il avait découvert une
intéressante série de lettres du cardinal de Retz, provenant en partie des
archives de la famille de Gondi.
— Le D"^ Lucien Butte, mort à la fin de décembre 1918. était né à Con-
flans (Moselle), le 8 janvier 1856. Docteur eu médecine de la Faculté de
"Paris en 1883 il devint chef de laboratoire de l'hôpital Saint-Louis. Membre
de diverses sociétés savantes, président de la Société de médecine de Paris
et de l'Association centrale des médecins de France, il a publié de nom-
breux et importants travaux, insérés notamment dans les .l/i/i«/^s (rh>Y/(è«t?
et dans les Mémoires de la Sociélé de biologie. Nous citerons particulière-
ment : Élude de physiologie expérimentale. Rechercfies sur les varialions de
iexhalalion pulmonaire de l'acide carbonique, influence de quelques médica-
ments et de certains étals déterminés expérimentalement (Paris, 1883, in-8) ;
— Du Sublimé comme antiseptique, étude critique et clinique sur l'intoxication
par le bichtorure de mercure employé comme agent d'antisepsie (Paris, 1886,
iu-8) ; — Recherches expérimentales sur la vitalité du fœtus, action de cer-
taines modifications du milieu intérieur de la mère (Paris. 1888. in-8) ; — L'As-
sistance, bullelin officiel de la policlinique de Paris (Paris, 1891-1896, in-8) ;
— L'Urée du sang à l'état pathologique et en particulier dans les affections
cutanées (Paris, 1892, in-8) ; — Du nerf pneumogastrique {physiologie normale
et pathologique. Diabète, albuminuries névropathiques (asthme, névropalhie,
cérébro-cardiaque) etc.. avec le D' G. Arthaud (Paris, 1892, in-8) ; — Les
Teignes (favus, tondantes, pelade (Paris, 1893, in-18) ; — Recherches sur la
fonction glycogénique du foie (Paris, 1894, in-8) ; — .\nnales de thérapeutique
dermatologique et syphiligraphique (Paris. 1901-1903, in-8) ; — L' Aliinenla-
iion lactée chez le nouveau-né (Paris, 1903. in-18).
- 150 -
— On annonce encore la mort de MM. : Charles Ballle, ancien magis-
trat, qui a donné à la Revue hebdomadaire divers travaux, entre autres :
Six mois d'invaxion prussienne fjanvier-aoàl 1871), et qui, indépendamment
de nombreux articles et études insérés dans la revue Annales franc-com-
toises, dans les Mémoires de l'Académie de Besançon et les Mémoires de In
Société d'émulation du Douhs, a publié : Le Comté de Bourgogne de 1595
à 167-^1 (in-8, Besançon, 1881), deux intéressantes biographies du Poète
Edouard Grenier (?i\vis, 1002, petit in-8) et du Comte de Laubespin (ISIO-ISOG)
(Paris, 1902, petit in-8) ainsi qu'un imi^ortant ouvrage intitulé : f'/i Prélat
d'ancien régime au xixe siècle, sa famille et son groupe. Le Cardinal de Rotian,
arclievêque de Besançon {1788-1833) (Paris, l'JUG, petit in-8), mort à Pari^,
le 22 janvier, à l'âge de 87 ans ; — André Beaussieh, collaborateur de
VÉcho de Paris, mort le 29 décembre 1918 ; — Félix Bonnet, avocat au
Conseil d'État et à la Cour de cassation, qui a collaboré activement au
Bnlleliii de la Société d'éducation et d'enseignement, mort dernièrement à
Paris ; — Léon Bouger, avocat, collaborateur de V Intermédiaire des cher-
cheurs et curieux, où il signait du pseudonyme Champvolant, qui laisse un
volume de poésies : Les Cyclades (Paris, 1904, in-18)et a terminé dernière-
ment une importante étude historique que publie actuellement la Nouvelle
Revue sous le titre : Une Intrigante et son mari au xvni' siècle. La Marquise
et le marquis de Monconseil, mort récemment à Saintes, à Tàge de 53 ans ;
— Emile BuEiTLiNG, proviseur du lycée BufTon, mort à Paris, le 30 décem-
bre ; — le D' Buffet-Delmas, professeur d'anatomie à l'École de médecine,
mort le 4 janvier, là Poitiers ; — Raphaël Chaigneau, ancien collaborateur
du Petit .lournal, mort à 52 ans, le 23 décembre ; — André Chanot, connu
sous le pseudonyme Max Rivera, rédacteur au journal le Temps, mort à
29 ans. le 27 décembre ; — Jean-Édouard CnAPEYiiOux, en littérature Clé-
ment ftochel, auteur de travaux sur les manuscrits inédits de Proudhon
relatifs à ,Tésuset aux origines du christianisme, à Napoléon 1". qui a écrit
aussi des ouvrages sur les Mémoires de Fouché et sur ceux de la comtesse
D ash, des Contes à Suzon, quelques pièces de théâtre, etc.. mort le
7 janvier, à 54 ans ; — M. Cugfa, astronome, qui appartint pendant 50 ans
à l'Observatoire de Marseille, dont deux découvertes particulièrement
remarquables de petites planètes provoquèrent un vif intérêt parmi les
astronomes, mort le 17 janvier : — le D'' E. Destot, qui s'est spécialisé
depuis plusieurs années dans les recherches sur l'électricité médicale et les
rayons X et qui a publié de nombreux travaux, notamment sur les troubles
l)hysiologi([ues et les cas d'atrophie dus à ces rayons, et un Essai de stéréos-
copie rationnelle (Paris, 1903, in-8), mort à 54 ans, le 4 janvier, à Chàtillon-
sur-Seine ; — François Dlmahdin-Beaijmetz, administrateur du Petit Joui^
nal, moit à Paris, le 6 janvier ; — Ambroise Dumont, rédacteur en chef
de l'Avenir du Puy-de-Dôme, auteur de ; La Monde basée sur la démogra-
phie (Paris, 1901, in-12) el ,Ja Xntalilé à Snint-Pierre-de-Clairac {Lot-
fl-Garonne (Paris, 1902, in-8), mort à Clermont-Fcrrand, le 22 janvier ; --
Max Eggeh, ancien professeur de l'Université qui a publié : Denys d'IIali-
carnasse (Paris, 1902, in-8), n)ort à Arcachon, à 57 ans, le 14 janvier; —
le Dr Paul Fap.iie, auteur de nombreux travaux scientifiques, entre autres :
Sur les mélanodermles phliriasiques (Paris, 1902, in-8) et Une Epidémie
d'oreillons à Commenlry (1002) (Paris, 1903, in-8), mort à Commentiy, le
10 janvier, à 76 ans; — Jules François, diiecteur du Juui-nal du notariat,
mort le 30 décembre ; - Alphonse GnvAUn, professeur au Ijcée de Bor-
deaux, auteur d'une lîisloire de la guerre de 1870-7 1 qui compte parmi les
— :iM —
incilliMirs ouvrages classiques de nos écoles, mort à 'ôl ans, en (lécembre ;
— Alain df. (iouK, collabora lenr de la Revue du Bas-Poiloa, lui- à l'ennemi,
io S octobre 191S ; — l'abbé IIkumkmm:. professeur à l'Institut catho-
lique de Paris, diierteur de l'Kcole dioci'-saine Sainte-Croix ; — Fritz Moli..
correspondant du Temps a Strasbourg depuis de nombreuses années, mort
à Strasbourg, le 7 janvier ; — le l)'" ,1eannel. doyen de la Faculté de méde-
cine de Toulouse, mort à Paris, à l'âge de 68 ans, le 13 janvier ; — Jean
Laffite, collaborateur de l'Éc/io de Pans, de la Petite (Jiroiide ci de Y Afjence
républicaine, qui a publié : Le Lilas blanc, ou la Jeune Débutante (Paris, 1902,
in-16), moi t en janvier ; — le chanoine Lemoine. supérieur de l'École
Sainte-Croix à Orléans, mort à 58 ans, le 19 janvier; — le Df Lesiel»,
professeur à la Faculté de médecine, qui a donné entre autres, en collabo-
ration avec le D'^Courmont, la partie relative à l'atmosphère et aux climats
dans le Traité d'hygiène de Chantemesse et Mosny (1903, gr. in-8), mort le
l'6 janvier ; — .Toseph Linyeu de la Ciievallerée, qui a publié des Essais
poétiques dans la Revue du Bas-Poitou, tué à l'ennemi, en août 1918, à l'âge
<Jc 20 ans : — le chanoine Poey, aumônier des dominicains de Pau, auteur
d'un catéchisme fort apprécié et d'Études sur les origines du christianisme et
i histoire de V Église durant les trois premiers siècles (Paris, 1903, in-16), mort
le 9 janvier ; — M°" G.-C Robert, auteur de nombreuses publications
pour la jeunesse, notamment : .lean et Françoise (Toulouse, 1901, in-12) ;
Le Meilleur Tour de cabriole (Paris. 1902. in-18) ; Les Trois Cousins (Paris,
1902. in-Ki) ; Perdu dans les ténèbres (Toulouse. 1903, in-12), morte à Tor-
uac (Gard), le 29 décembre, à l'âge de 85 ans ; — Albert Sola>et. directeur
du Bulletin de l'enseignement chrétien du diocèse de Mende, professeur au
grand séminaire de ce diocèse, qui laisse, outre un Traité de chimie agri-
cole très apprécié, une Monographie de JSotre-Dame de Quézac et diverses
biograpliies dans la collection des Contemporains, mort à Mende, le 28 sep-
tembre 1918, à l'âge de 56 ans ; — le D"^ Tanton, ancien professeur agrégé
du Val-de-Giâce. mort à l'ambulance du Mont-Frenet, le 26 décembre ; —
— François-Edmond Thiéry, ancien professeur à l'Ecole nationale des
eaux et forêts, qui a consacré à cette école près de 33 années de sa vie et
laisse de nombreux ouvrages parmi lesquels nous devons rappeler : Traité
de mathématiques appliquées aux scieries et aux constructions ; Xolices sur les
instruments stadimétriques et les barrages curvilignes ; Restauration des mon-
tagnes, correction des torrents et reboisement et Élude sur les petits chemins de
fer forestiers, mort à Dijon, le 16 novembre 1918, à l'âge de 78 ans ; — le D'
Albert Weil, chef des laboratoires d'électro-radiologie de Ihôpital Trousseau
et de l'hôpilal auxiliaire n" 1, auteur de nombreux ouvrages de tliérapeu-
tique, notamment ù' Éléments de radiologie et de : Guide pratique d'électro-
thérapie gynécologique (Paris, 1900, in-18) ; Le Sang et les réactions défensives
de l'hématopoièse dans l'infection variolique (Paris, H 901, in-8); Manuel
d'électrolhérapie et d' électro-diagnostic (Paris, 1902, in-16), mort le 21 jan-
vier, à Paris.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. Randolph Bourne, collabo-
rateur de The Xew Republic, auteur de : Youth and life (1913, in-8) ; Educa-
tion and living (1917, in-8). mort âgé de 32 ans. à New York, le 22 dé-
cembre ; — Angiolo Celum. imprimeur florentin et secrétaire de l'admi-
nistration de la Rassegna nazionale, mort en décembre 1918 : — Emile
FÉRON. fondateur du journal la Réforme, député de Bruxelles, qui fut
pendant de longues années, avec M. Janson, le leader du parti libéral
belge, qui jou I, il y a une vingtaine d'années, un rôle important dans
— 152 —
l'évolution du parti libéral belgo, mort en décembre, à Brnxolies ; —
George Burman Fostkh, théologien baptiste. né le 2 avril dS'iS. à Aider-
son, professeur de philosophie de la religion à l'Université de Chicago,
depuis 1905, auleur. entre autres ouvrages, de : FiimlUy of Ihe Christian
(1906, in-8) ; The Fanclion of religion in man's strugyle for existence {i90'^,
in-8) ; — Nathaniel Clark Fowlek, qui, dès ses jiremières années, se consacra
au journalisme, auteur de : lUiildinij Business (1893) \ Dollars and Sensé
(1S95) ; l'ractical Pnblicily (1896) ; « Fowler's Pablicity » a Cyclopedia oj"
Advertising and Printiny (1897) ; The Boy, hoiu to help hiin siicceede. en col-
laboration (1902) ; Slarling in Life (1900) ; IIow lo gel andkeepajob (1907) ;
Practical Salesmanship (1911) ; lIow to save money (1912) ; How lo gel your
pay ra/sed (1912) ; Art of le lier wriling (1913) ; Art oJ slory icriling {idl3) ;
Handbook of journalism (1913) ; How to oblain citizenship (1913) ; Knockers
Club (1913) ; One thonsand thing ivorlh knoiving (1913) ; Art of speech ma-
king (1915) ; How to sell (1915) ; Beginning right (1916) ; Principles of sCtf-
Jrage (1916) ; Grasping èpportunity (1917) ; Principles of selling (1918),
mort récemment à Boston, âgé de 60 ans ; — William EUerby Green,
l'un des chefs de la maison londonienne d'édition Longmans, Green and
Co., mort à 86 ans, le 25 novembre ; — Ivar H^ggstrôm. imprimeur et
libraire suédois, mort à 81 ans, à Stockholm, en décembre 1918 : — Jacob
Hegel, l'un des directeurs de la grande maison d'édition Gyidendal, à
laquelle il donna une vigoureuse impulsion, collectionneur d'objets dart,
mort à 67 ans, le 20 décembre, à Copenhague ; — Ejnar Jespeusen, qui
dirigea pendant plusieurs années le « Nordisk Musikforlag » de Coijen-
hague et qui fut un des membres actifs de l'Alliance française en Dane-
mark, mort à Paris, le 16 novembre, dans sa 56" année ; — Axel Lausen,
libraire notable de Copenhague, mort à 32 ans, le 19 novembre ; — Cari
Liebknecht, fils du célèbre socialiste Wilhelm Liebknecht, qui, sans jouer
dans l'histoire du parti socialiste allemand un rôle aussi considérable
que son père, exerça cependar^ une certaine influence, collaborateur des
journaux du parti, auteur entre autres ouvrages^ de : Militarisnius iind Anti-
miliarisnius unter besonderer lieriicksichtigiing der internationalen Jiigendbe-
wegiing (Leipzig, 1907, in-8), tué à Berlin, le ISjanvier ; — Gustav Alexander
LuNDSTROEM, directeur du Finsk bokhandelstidning , mort à 59 ans, le 2!>
novembre ; — Rosa Luxemburg, la célèbre agitatrice socialiste, collabo-
ratrice assidue de la A'eue Zeit et de la Leipziger Volkszeitnng à qui l'on doit
notamment : Die industrielle Entwicktnng Polens (Leipzig. 1898, in-8) ;
Sozialreforni oder Révolution? (Leipzig, 1898, in-8 ; 2' édil. en 1!»08). tuée a
Berlin, le 15 janvier ; — Ole Henrik Mirkelsen, membre de la maison
d'édition C. A. Reilzel, mort à 64 ans, à Copenhague, le 2;{ décembre ; —
Solone MoNTi, journaliste, écrivain, l'un des dirigeants de la nouvelle
croisade catholique italienne, dont nous pouvons citer : // Vincitore delta
morte (Milano, 1902, in-I6), [poème sur la vie et la passion de >'.-S. J.-C,
mort le 17 décembre, à moins de 40 ans ; — Walter Hines P.\ge, l'un des
membres de la grande maison d'édition Doubleday, Page and Co., ce qui
ne l'empêcha pas d'aller représenter les Etats-Unis à Londres, comme am-
bassadeur en 1913, directeur du Forum (1890-1895), de l'/U/rt/i//c (18901900),.
auteur, entre autree ouvrages, de : Rebuilding Ihe old commonweallhs (1902.
in-8) ; The Southerner, roman (1909, in-8). né à Cary, dans la Caroline du
Nord, le 15 août 1855, mort à Pinehurst, N. C, le 21 décembre : — Wil-
liam Agnhw Paton, collaborateur du \ew York World de 1877 à 1881 et
fondu t«ur du Scribner's Magazine (1885-1887), à qui l'on doit : Down ther
— 153 — ^
Jshnds, a Voyage in the Cnrihbees (1887) : Pictnresqiie Sicily (I.S97) ; The
First LandfiiUofColomlms {{901) : Home Unie Ballads (1907), n)ort à New
"Nork. le 11 décembre, âgé de 70 ans ; — William G. Pukston, avocat à
lUilTalo, puis altaclié successivcnioiil an Bookman et à la A'olion de .New
York, mort le 18 décembre, à 52 atis ; — Emile Staïco, professeur rou-
main, qui laisse des éludes très appréciées sur le monde balkanique,
divers mémoires communiqués aux Académies de Paris et de Bucarest,
un essai sur une nouvelle étude de thermométrie en collaboration avec
M. Ch. Guillaume, mort à 39 ans, le 2 janvier ; — le Dr Tanneh, célèbre
par le jeûne de 40 jours auc|uel il se soumit en 1880, sous la surveillance
de plusieurs médecins, mort en janvier, à San-Diégo (Californie), à l'âge
de 91 ans ; — Sir Donald Mackenzie Wallace, né le 11 novembre 1841, à
Boghead, Dumbartonshiro, qui, après do solides études aux Universités de
Glasgow, d'Edimbourg, de Berlin, d'Heidelberg et à l'Ecole de droit de
Paris et après d'assez longs séjours et voyages en Franco, en Allemagne,
en Russie, en Turquie (1863-1 884 1, devint secrétaire du marquis de Dulîe-
rin et du marquis de Lansdowne, vice-roi des Indes (1884-1889), fut atta-
ché au tsarévitch pendant son voyage dans les Indes et à Ceyian (1890-
1891), se vit chargé de la politique extérieure du Times (1891-1899), devint
chambellan d'Edouard VU. puis de Georges V. et auquel on doit, outre
la 10" édition de ÏEncyclopaedin brilannica, des ouvrages importants :
Bassin (1877. 2 vol. in-8) ; Egyptand the Egyptian question {[SS3. in-8) ; IVeb
of Empire ; Dinry of the Impérial tour of their Royal Highnesses the Duke and
Duchess of Corniuall and York in 1901 (1902, gr. in-8) ; Oar Bussian ally
(1914, in-8), mort le 13 janvier, à Londres.
Leijtlres faites a l'Académie des insciuptions et belles-lettres. — Le
10 janvier 1919. M. Dioulafoy donne lecture d'une communication sur
certaines données mathématiques de l'architecture orientale, communica-
tion intitulée : Quarante. — Le 17, M. Salomon Roinach commence la lec-
ture d'un mémoire sur un groupe de peintures relatif à Diane de Poitiers.
— M. Svoronos, archéologue grec, lit une communication sur certaines
découvertes archéologiques et numismaliques faites récemment en Grèce,
notamment le grand atelier monétaire créé avec l'autorisation de Louis IX
par Guillaume de A illehardouin, dans le Péloponèse et l'atelier monétaire
do l'ancienne Athènes. — MM. Babelon, Homolle, Salomon Reinach et le
comte Durrieu présentent quelques observations. — Le 24, M. S. Reinach
appelle l'attention sur un grand tableau du musée de Varsovie, qui, selon
lui. représente Catherine de Médicis, quatre de ses enfants et Marie Stuart.
rendant visite à Diane de Poitiers au printemps de 1556. Ce tableau, que
Vitet et Léon de Laborde virent à Paris en 1863. fut attribué par eux à
Clouet. M. Reinach essaye d'établir que les connaisseurs de 1833 avaient
raison et insiste sur l'intérêt que présente le tableau de Varsovie, notam-
ment pour l'iconographie de Marie Stuart. — M. Durrieu présente quel-
ques observations.
Lectures faites a l'Académie des sciences moh.^les et politiques. — Le
4 janvier 1919, M. Lyon-Caen lit une communication de M. Bonet-Maui y
intitulée : Les Projets de Bismarck sur l'hégémonie de la Prusse en Allemagne
avoués en IS6U.
Prix. — L'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance du
31 janvier, a partagé le prix Chénier, destiné à récompenser la meilleure
méthode pour l'enseignement de la langue grecque, entre >IM. Mason,
professeur à la Faculté des lettres de Paris (1300 fr.) et Pernot, pour l'en-
semble de ses travaux sur la philologie grecque (500 fr.).
— 154 —
Paris. — Lp nouveau volume, qui vient de paraître, du Cnlalogne général
(Ifs inanuscrils des bihliolhèqiies publiques de France se rapporte à rr///?'er-
.s;7é de Paria et aux Uiiiversilés des déparlements (Paris, Plon-Nourrit. 1918.
iii-8 de X-S03 p.). M. Charles Bcaulieux, à qui l'on doit drjà notaninient un
bon répertoire des impressions anciennes de la Bibliothèque de l'Univer-
î^ité de Paris, nous fait connaître les 1590 juanuscrifs qu'elle possède, en
nième temj)s que les 106 registres et 27 cartons de pièces qui foiinenl les
Archives de l'Université. C'est à lui aussi qu'est due la table géni-rale du
volume. La Bibliothèque de l'Université ayant hérité des anciens « collèges »
-(Je Pai'is : Cholets, M. Gervais Chrétien, etc., on comprendra qu'elle offre
des ressources particulières pour l'histoire de l'ancienne Université. On y
trouve aussi nombre de documents sur l'histoiie religieuse et notamment
sur celle du jansénisme. Les manuscrits d'intérêt historique général n y
font pas défaut : nous signalerons seulement les papiers de Duplessis-
Mornay (n" 359 et suiv.), la correspondance de Dinteville de 1580 à 1580
in" 377), celle du marqilis de Crenolle au wni» siècle (n"' 977-980, 985-989).
k la Bibliothèque de l'Université de Paris se rattache, bien qu'indépen-
dante, la Bibliothèque de Victor Cousin dont le catalogue a été dressé par
M. Paul Deschamps et qui. avec les papiers du célèbre philosophe, contient
ceux de MM. Barthélémy Saint Hilaire et Paul .Tanet. II s'y trouve notam-
ment des lettres intéressantes d'hommes plus ou moins célèbres. La Biblio-
thèque de la Faculté de droit possède aussi quelques manuscrits et des
archives dont l'inventaire a été dressé par le regretté Paul VioUct. Quel-
ques Universités de province ne possèdent aucim manuscrit : celles qui
sont représentées ici sont : Aix-Marseille (catalogue par MM. G. Fleury et
M. Godefroy) ; Besançon (D^^ F. Prieur) ; Bordeaux (M. E. Bouvy) ; Caen
(M. D. Bonnet) ; Dijon (M. L. Balland) ; Grenoble (M. V. Nicaud) : Lyon
(MM. M. Dreyfus et E. Gaillard) ; Montpellier (MM. IL Bel et L. Girard) ;
Poitiers (M. G. Vacher de la Pouge) ; Hennés (M. IN. Teulié) : Toulouse
(AIM. G. Ducos et L. Vie). De ces bibliothèques départementales, la plus
importante est celle de Montpellier, et les manuscrits en avaient été réper-
toriés dans le t. 1 de la série in-4 du catalogue ; ici l'on ne nous donne
qu'un supplément. La Bibliothèque de Rennes offre un intérêt tout parti-
culier par son fonds celte et breton.
— La bibliothèque du X' arrondissement, dont M"'° Alice Darrican a
remis au point et publié le catalogue (Ville de Paris. Bibliolhèque munici-
pale de prêt (/raluit à domicile. Mairie du X' arroudissemeid... Calidoijue. Pa-
ris, impr. de C. Pailhé, septembre 1918, in-12 agenda d(> xxxvni-41G p.).
tient le premier rang parmi les bibliothèques municipales pour la sociolo-
gie et la géographie et le dernier pour les romans. Elle se distingue aussi
de ses congénères parce qu'elle contient, à ce qu'il nous a semblé, un plus
grand nombre de livres en langues étrangères. A la partie de l'Introduc-
tion de .M. (]oyecque qui est spéciale à la Bibliothèque du X", nous emprvm-
lerous (pielques considérations intéressantes. S'atlristant delà « condition
vraiment trop itisnirisanle et arriérée de la bibliothèque publique en
France», il insiste sur la nécessité pour un bibliothécaire de tenir le dépôt
dont il est chargé au courant des publications capables de renseigner « la
cin-iosité intelligente du public » sur les questions intéressantes « L'heure
est venue, ajoule-t-il, d'organiser le service public d? la lecture. »
— Dans une luxueuse brochure, tirée sur papier de choix, admirable-
ment imprimée par Devamhez et intitulée : La « Salle de ijarde ». hishire
■'niecdoliipu' des salles de (jardf des bopilaa.r de I^aris (Paris, cliez Montagn.
— 155 —
l'.». boulevard du Porl-Royal, lOlS, in-8 carré de 131 p., avec 4 pi. en cou-
leurs. r> pi. en noir et de nombreuses gravures documentaires dans le
Icxle), le D' Cabanes fait un tableau curieux de ces salles « où, dit-il gnie-
miMit. l'on mange, l'on cause, l'on chante, l'on fume... » .\près avoir rap-
pelé ce que furent les « ancêtres de 1 interriat » dans les hôpitaux depuis
l.duis XllI. l'auteur donne quelques indications sur la manière de vivre
dos internes, puis il passe en revue certaines œuvres littéraire^ conçues
|),M- les hôtes les plus célèbres de la salle de garde. Là nous apparaissent
les Goncourt. Alphonse Daudet. Paul Bourget. Michelel, Gamhetta, le mu-
sicien Hervé (de son vrai nom Florimond Ronger), d'autres encore, sans
compter l'aventurier peu banal qui sest appelé Cornélius Herz. Avec le
D"" Cabanes, l'on visite lîicèlre. la Charité, la Salpèlrière. Necker. Laen-
riec. etc.. dont les salles de garde sont décrites sous divers rapports, mais
principalement au point de vue artistique. Dans les deux derniers chapi-
tres de ce petit livre, il est question des internes, acteurs et aiiteurs d'un
« opéra polymorphe » à l'hôpital Saint-Louis et de Ihumour à la salle de
garde, avec les_ bals de l'internat et les drôleries et mystifications de nos
futurs médecins graves et austères. Il faut dire que nous sommes ici en
I)résence d'un « recueil de souvenirs d'autrefois, réuni pour les médecins
d'aujourd'hui, auxquels il rappellera les heures de jeunesse des salles de
garde ». Ces pages ne s'adressent donc pas au grand public, que certains
•détails ou diverses anecdotes et aussi plusieurs images pourraient quelque
peu déconcerter ; mais les écrivains et les artistes, tout comme les méde-
cins, y trouveront leur compte.
Anjou. — M l'abbé Uzureau continue — et avec quelle ardeur au tra-
vail ! — la série, très variée, de ses publications. Dans Quelques Lettres de
soldats républicains en Vendée, en I793-I79i {Revue historique de la Rérolu-
lioa française, de juillet septembre 1918, et tirage à part. Largentière,
impr. Mazel et Plancher, 1918, in-8 de 111 p.), il apporte une nouvelle
contribution de détails utiles à divers événements connus de la guerre de
"V ondée ; déroutes des troupes républicaines à Fontenay-le-Comte (25 mai
1793), à Chantonnay (3 sepembre) ; défense d'Angers (3-4 décembre) ; le
régime de la Terreur qui fut aussitôt apiès instauré dans cette ville; exac-
tions des colonnes infernales (1794) ; etc.
— Si M. l'abbé Uzureau donne bien les noms des Quatre Connuissaires
■du conseil exécutif à Anijers (179^) (Mémoires de la Société nationale d'agri-
culture, sciences et arls d'Angers et tirage à part. Angers. Grassin. 1918,
in-8 de 10 p.). il nous entretient presque exclusivement de l'un d'eux.
Philippe Baudin, célèbre surtout par son énergie à défendie les éléments
modérés des administrations et des sociétés populaires angevines contre
les terroristes du crû, marchant à la remorque des abominables assassins
Francastel et Hentz. commissaires de la Convention. Baudin paya de sa
liberté sa courageuse intervention ; même il faillit porter sa tète sur l'écha-
faud. M. Uzureau a été heureusement inspiré en rééditant ici le discours
de Baudin. dont il a retrouvé un exemplaire rarissime à la Bibliothèque
de la ville d'Angers. Mais la mission des commissaires du conseil exécutif
était. olTiciellement. d ordre purement économique. Il s'agissait de dresser
l'évaluation des pertes causées aux habitants du département de .Maine-et-
Loire par la guerre des Vendéens et les documents de ce genre reproduits
dans la brochure qui nous occupe sont particulièrement intéressants.
— La Fondation de là Société d'agriculture, sciences et arls d'Angers, telle
qu'elle fonctionne encore aujouid'hui, date du 18 janvier 1828, nous dit
- 156 —
M. l'abbé L'zuroau (Angers, Grassiii, 1918^ in-8 de 25 p.). Autorisée par
dépèclie niinisférielle du 25 juin 1831, elle a été reconnue comme établis-
sement d'utilité publique par ordonnance royale du 5 mai 1833 et n'a pas
cessé depuis de contribuer utilement au développement des travaux agri-
coles, liorticoles, industriels et historiques en Anjou. La brochure qui
nous occupe donne d'intéressants renseignements sur cette importante
société savante. Regrettons seulement que l'auteur n'ait pas songé à rappe-
ler que, sous ce nom relativement nouveau, elle n'est que la reconstitution,
par voie de fusion, de l'antique Académie des belles-lettres d'Angers, créée
le 31 mai 1G84 et du Bureau d'agriculture datant du 24 fructidor, an VI
(10 septembre 1798).
Bretagne. — . La l^e série des Cahiers bretons dont nous sont parvenus
les n"^ 2 et 3, avec pour directeur littéraire M. Yves Le Febvre et pour rédac-
teurs, l'un Louise Bodin (En Bretagne: des livres, des voyages, des impressions
des opinions (Lannion. 1918, petit in-8 de 72 p.) et l'autre. André Suarès-
{André Suarès et la Bretagne (Lannion, 1918, in-8 de 64 p.) s'applique à dé-
crire une province et un peuple qui, pour le pittoresque et les coutumes,
attirent toujours la curiosité du lecteur. 11 ne s'agit, bien entendu, que de
la Bretagne bretonnante, la vraie, l'autre étant depuis longtemps francisée.
M. Le Febvre a réuni pour la rédaction des cahiers de cette série, dite « de
guerre », un groupe de jeunes écrivains pleins de bonne volonté qui tien-
dront à sortir de la banalité de ce genre de descriptions, en nous donnant
quelque chose de nouveau, sans sortir de l'exactitude et de la sincérité,
double condition qui s'impose tout d'abord. Il faut attendre les autres-
cahiers avant de se prononcer sur la valeur réelle de la série.
Languedoc. — L'Acadéinie des Jeux-Floraux, qui avait perdu cinq de se*
membres pendant la guerre, vient de procéder à des élections. Elle a
nommé « mainteneurs » : le général de Castelnau, que des liens étroits
rattachent à Toulouse et aux Jeux-Floraux, et qui a accepté par une longue
et aimable lettre adressée au marquis de Suffren, secrétaire perpétuel ; le
comte Henri Bégoueu ; MM. Robert d Welles, Roger de Vivie de Régie et
Auguste Puis. L'Académie toulousaine, ayant perdu MM. Etienne Lainy et
Edmond Rostand, maîtres ès-Jeux-Floraux, a élu à ce titre S. E. le cardi-
nal Mercier, les maréchaux Jolfre et Foch.
Saintonge. — Nous recevons la 6° livraison du tome XIX du Recneil de
la Commission des arts et monuments historiques de ia Charente- Inférieure et
Société d'archéologie de Saintes {avril l'JUi-octobre 1918) (Saintes, au siège de
la Commission, 1918, in-8 paginé 273-340, avec 3 figures). On trouve dans
ce fascicule : Note sur un cadran solaire en étain et plomb, par Jean Pom-
mier, 16 7, découvert à Ghallaux en 1883, par le D' Ch. Vigen (p. 282-283) ;
— Vers 1868. Critique de la guerre de la ligue d'Augsbourg contre Louis XIV et
de l'altitude des puissances européennes figurées comme jouant à l'homhre, do-
cument trouvé à Ghallaux en 1870. Texte, commentaires, annexe et essai
d'explication, par le D' Ch. Vigen (p. 283-288) ; — Jussac et Corignac.
2/y confessions pascales en {770, fixation des jours par le curé. Le dernier
jour réservé aux seuls nieuniers. Notes et observations par le D'oeil. Vigen
(p. 288-290) ; — Les Arnuuis, Allemands, en Roch et Saint-Pidais. Origine du
nom, par le même (p. 291-292); — L'Ile d'Oléron, par M. Paul Énard
(p. 302-305, avec 3 fig.) ; — Brouage pendant la Rérolulion (lirouage prison),
par le D' Mncenl (p. 300-324) ; — Le Lieu d'origine du miniaturiste Philippe
dit de Mn:erolles, par M. Ch. Dangibeaud (p. 292-301). M. Dangibeaud dis-
cute non seulement sur l'origine tourangelle ou saintongeaise de cet
— io7 — .■*-
>.
îiitistf, ni;ii^ aussi sur son vt-ritablc nom, cl cela sans arriver à une ron-
<-liision. Étant donn»'* que ce Philippe, d'il de Mazerolles. avait travaillé
pour Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, que les États de ce prince
■conipreiraicnlla Franche-Comté ou Comté de Bourgogne, que lesoriginaires
■de cette province étaient particulièrement appréciés à la Cour de Bonr-
gcne et qn il existe un village du nom de Mazerolles non loin de Besan-
■con, peut-être les recherches pourraient-elles être dirigées de ce côté.
Simple suggestion, d'ailleurs.
Angleterre. — Le 1" février, a paru à Londres, le premier tmméro
d"une nouvelle revue artistique et littéraiie. J\ie Arl (jazelle (Londres, G.
Duke Street ; hebdomadaire, lo fr. 60 par an) s'occupera des»ouvrages
dramatiques de musique, d'art et de littérature, sous la direction de M. .1.
T. Green et L. Danton Green.
Belgique. — M. l'abbé Paul Ilalflants. à qui l'on doit notan)ment \ine
•excellente histoire de la LiUéraUire française au xix« siècle, nous dotuie
«DUS le titre : Livres de chevel, une liste pratique dédiée aux honnêtes gens
de bon vouloir qui désirent entretenir la culture générale d^ leur esprit
(Bruxelles, I. de Lannoy. 1919, in-16 de 4i p. Prix : 1 fr. 50). Dix-sept cha-
pitres nous font connaître tour à tour, non point simplemenl par leur
titre, mais par une appréciation raisonnée, les « Livres de chevet » (sur
<;haque sujet l'auteur s'est appliqué à ne signaler qu'un livre, le meilleur
selon lui) que l'on doit avoir, lire et relire sur les matières suivantes : 1.
L'Écriture sainte ; IL Théologie dogmatique et morale ; ïll. Liturgie : IV.
Apologétique : V. Vie intérieure ; VI. Histoire de l'Église ; VIL Histoire
profane : VlII. Philosophie ; IX. Économie politique ; X. Littérature fran-
■çaise : XL Littérature néerlandaise ; XII. Littérature étrangère ; XHI. For-
mation personnelle, éducalion : XIV. Histoire de l'art ; XV. Géographie ;
X^ L Sciences naturelles : XVIL Ouvrages à consulter pour les lectures. Kcrit
à l'usage des Belges, ce petit volume sera consulté avec profit par d'autres
que des Belges et mutadis inutantis sera un guide excellent pour tous les
lecteurs de langue française.
Macédoine. — Le 12 décembre 1917, M. V. Djcric, professeur à l'Univer-
sité de Belgrade, a fait au Collège libre des sciences sociales à Paris, une
■conférence où il a parlé de l'Elhnograpfiie des Slaves de Macédoine, laquelle,
insérée d'abord dans la Patrie serbe, a été ensuite tirée à part (Paris, édi-
tion de la « Yougoslavie », 1918. in-8 de iS p.). L'auteur discute les asser-
tions de certains linguistes bulgares, Tsonev notamment, et allemands
{Oblatij. prétendant que les Slaves de Macédoine, au sud de la ligne Kra-
iovo. Skoplié, Tctovo, parlent bulgare. Il prouve que le diîflecte macédo-
nien tient autant du serbe que du bulgare et cite des textes du xiv^ au
xix"' siècle, qui donnent aux habitants de la Macédoine le nom de Serbes.
Savante contribution à l'étude d'une question très complexe. Mais nous
opposerons aux témoignages apportés par M. Djeric, celui de nos consuls
à Salonique, au xvui'' et au commencement du xix' siècle. Cousinery spé-
cifie que « les archevêques qui se succèdent à Vodena, quoique Grecs de
nation, sont dans l'obligation d'apprendre la langue bulgare : leur dio-
<;èse se compose de plus de cent villages, dont les habitants ne parlent que
cette langue. » De son côté, Pouqueville a noté que le pays entre Kastoria et
Monastir est exclusivement peuplé de Bulgares et qu'on ne parle que leur
langue. Or l'un et l'autre ont une autorité incontestable en la matière.
Faudrait-il en conclure que les populations slaves de la Macédoine étaient
jadis appelées indifféremment serbes ou bulgares .'' Aujourd'hui elles se
<lisent surtout « macédoniennes. »
— lo8 —
États-Unis. — Nous avons donné piécédcni nient l'analyse des mémoires
de MM. Paul Baitsch, William Ilealey Dali. Olivier P. Ilay. Wendell C.
Mansfield, Victor Sterki et Henry Shaier Williams, mémoires extraits du
vol. 51 des Proceedings of llie United Slales National Muséum (Wasliinglon
Government prinling olTice, 1917, in-.S. 676 p. 121 pi.). Ce volume, (pii
vient de nous parvenir, contient encore les travaux suivants : — Report on
Aniclmida collectcd by Messrs Curie Caudell and Dyar in Britiali Columfiin,
par Nathan Bonks (6 p.) ; — New and Uttle-known heferopteronx hemiptera
in the United States National Muséum, par E. Bergroth (:25 p. 4 genres nini-
veaux et 16 pièces nouvelles) ; — A generic synopsis oj the CoccinelUd larme
in the United States National 3/useum, with a description of ihe larva oj
llypersaspis binotata Say, par Adam Bôving (30 p. 4 pi.); — Paraphernalia
of a Korean sorceress in llie United States N'dional Muséum, par 1. AI. Casa-
iiorviez (7 p. 5 pi.) ; — Some American fossil insects, par T. D. A. Cockerell
(IS p. 1 pi. ; 4 genres nouveaux et 20 espèces nouvelles); — Neiv species
and vnricties of foraminifera from the Philippines and adjacent walers, par
Joseph A. Cushman (12 ; 53 espèces ou variétés nouvelles) ; — Descriptions
of new lepidoptera from Mexico, par Harrison G. Dyar (37 p. ; 7 genres
nouveaux J14 espèces ou sous-espèces nouvelles); — Report on the Japa-
iiese Macrouroid Jlshes collected by ihe United States Fisheries steamer « Alba-
tross » in I0(l<>. luilli a synopsis of the (jenera, par Cliailes-llenry Gilbert and
Char. L. Ilnbbs (80 p. 4 pi. ; 1 genre nouveau et 8 espèces nouvelles) ; —
Descriptions of niiscellaneous North American Chalcidoid hymenoplera of tlie
J'amily Eulophidœ, par A. -A. Girault (14 p. : 3 genres nouveaux. 20 espèces
nouvelles) ; — New Javaiiese Chalcidoid hymenoplera, par .\.-.\. Girault
(7 p. ; 2 genres nouveaux, 11 espèces ou vaiiétés nouvelles).; — Ne.v Norlh
.America hymenoplera of the family Ealophidce, par A. -A. Girault (9 p. ;
2 genres nouveaux et 11 espèces nouvelles) ; — A revision of the rolatorian
(jenera Lepadella and Lophocharis irith descriptions of five new species, par
Harry. K. Ilarring (12 p. 9 pi.) ; — .1 neir genus and three neic species of
parasilic isopod cruslaceans, par W. P. Hay (6 p. 3 pi.) ; — A Loirer Jurassic
Jlora from llie Upper Matanuska Valley, Alaska, par F. H. Knowllon (10 p.
4 pi.) ; — A review of Ihe fossil plants in the United States National Mufcum
from tfie Florissant Lake beds ai Florissant, Colorado, with descriptims
of new species (uid lisl of type-specimens, par V. H. Knowlton (57 p. 16 pi. ;
2 genres nouveaux et 20 espèces nouvelles) ; — Descriptions of seven neic
species of red spiders, par E. A. Me. Gregor (10 p. 7 pi. ; 7 espèces nou-
velles) ; — On the geoyraphical forms of the Philippine élégant titmouse, Par-
daliparus elegans {Lessonjwith descriptions of three neio suhspecies,piiv Edgard
Alexander Mearns (9 p.) ; — A newly found meteoric slone from Lake Oke-
chobee, Florida, par George P. Merrill (2 p.) ; — A récent ty found iron météo-
rite from Cookeville, Ptdmun Counly, Tennessee, par George P. Merrill (2 p..
I pi.) ; — Notes ou the Whitfield Counly, Gjorgia, meleoric irons, irilh nein
analyses, par George Merril (3 pi. 1 pi.) ; — Sludies of iveevils (Rhyncho-
phora, ivith descriptions of new gênera and species, par W. Dvvighl Picrce
(13 p. ; 15 superfa milles, familles ou subfamilles nouvelles, 1 nouveau
genre et 2 es|)èces nouvelles) ; — A contribution to our knowledge <»/'
the ivliite flies of Ihe subfamity Aleyrodinae (Aleyrodidie), par .\. L. Quaiu-
lance et A.-C. Baker (11 p. 40 pi. ; 10 sous-genres nouveaux, et 36 espèces
nouvelles) ; — Neiv gênera and species of Muscoid Jlies, par Charles H. T.
Towensend (25 p. ; 28 geiues nouveaux et 27 esj)èces nouvelles) ; — Notes on
Alunite, PsilomeUudte, and Titanite, par Edgar T. Wlierry (S p.); — Tiro
— l.'ill —
lu'ir fossil pldnls ffoin Ihc Trinssic of Penitsylraiiid, p.ir Edgar T. Wherry
(3 p. 2 pi. ; 1 yenrc nouveau, 2 espèces nouvelles).
l'uiti-iCATiONs NOUVELLES. — // Piiitialo (il S. Pielro e de' suoi sticcessori
tu Sun (j'iovanni Crisoslonio, da Mccolô caïd. Marini (gr. in-.S, Koina, li-
pogi . ponlificia iiell Islitulo. Pio IX). — Eludes de liltmjie el d'nrcltcolo<jie
cliri-lienne. par I'. liullillol (in-12, (îahaldn : Auguste Picard). — Exposilioii
lie lu morale cathuluiue. Morale spéciale. VIH. La JusUce el le Droil. (Jaréine
l'JI>^ (par le K. P M.-.\. Janvier (in-8, Lelhielleux). — Cours populaire de
cfdéchisme, par l'abbé E. Barbier (3 vol. in-12, Lethielleux). — Religion,
Famille, Pairie. Pairie, par Mgr Gibier (Tn-li, Téqui;. — Théorie yénétique
de inréalilé. Le Pancalisme, par J. .M. Baldwin ; trad. par E. Pliilippi (in-8,
\lcan). — Penser pour agir, par G. Deliernie (in-l8, Grasset;. — La Psy-
thologie de Slendhal, pav U Ueiacroi.x (in-8, Alcan). — Manuel d'économie
commerciale (La Technique de l'exporlalion), par W Clerget (in-18, Colin). —
La Pliilosophie sociale de Ernesl Solvay, par A. Detillicux (in- 16, Bruxelles,
Lebègue). — Chez les propiièles socialisles, par C. Beuglé (in-16, Alcan). —
Inlrodnclion à la chimie générale, par K. Gopaux (in-12, Gautliior-Villars).
— Commenl devenir ingénieur, par l'école ou par l'usine? par É. Elagey (in-
J6, Payot). — La France agricole el la Guerre, par le D"^ G. Ghauveau.
T. Il (in-10^ Baillière). — Œuvre de G.-H. Halphen, publiées par G. Jordan,
II. Poincaré, K. Picard. T. Il (gr. in-'^. Gauthier-Villars). — L'Origine des
formes de la lerre el des planèles, par E. Belot (gr. in-8, Gauthier-Villars).
^ La Face de la lerre {Dus Anllilz der Erde), par E. Suess ; trad. de E. de
Margerie. T. III. 4^ partie (fin) et Tables générales (2 vol. gr. in-8, Golin).
— De la Criplographie. élude sur les écrilares secrèles, par A. Langie (in-16.
Payot). — Œuvres de Virgile, texte latin, publiées avec une Introduction et
des notes, par F. Plessis et P. Lejay (in-16 cartonné, Hachette). — Gloires et
deuils de France, in-16, Hachette). — Les Rimes sanglaides, suivies de Terre
d'Alsace, par E. H. Verdier (in-16. Figuière). — La Meuse, vers el sonnels^
par H. Dacremont (in-16, Figuière). — L'Impossible Rêve, par E. Pellerin
et J. Bollery (in-lG, Figuière). — Musiques éparses, par G. Duboscq (in-.S,
Figuière). — Poèmes. Sous les yeux de la morl. La Source el le ciel, par G.
Audibert (in-t6 carré. Grès). — Las cien mejores poesias (liricas) de la len-
gua porlugaesa : trad. directamente en verso por F. Maristany (in-16, Edi-
torial Gervantes). — Conférences de l'Odéon, par G. Gavault. 3" série (in-16.
Hachette). — Le Tragique quotidien. Pensées, drames, nouvelle, par le P. Le
Perroy ( in-12. Lethielleux). — La Fin de Claude, par M. Roynès-Monlaur
(in-16, Plon-Nourritj. — La Faiblesse des for Is, par G. Rageot (in-16, Pion-
Nourrit). — Sous le masque, par Delly (in-16, Plon-Nourrit). — César-Xa-
poléon Gaillard à la conquéle de l'Amérique, par J. Farmer f in-16. Payot !. — -
César Capéran, ou la Tradition, par L. Godet (petit in-16. Gallimard). —
Jacqueline Lavernel, par É. Garry (in-16, Jouve). — Les Pelils .\eulres, par
G. Manccy (in-8, Lethielleux). — Le Mexique moderne, par R. Bigot (in-8,
P. Roger). — Les Pèches maritimes. Un Tour sur le Dogger Bank, par H.
Malo (in-16, Bossard). — Manuel des études grecques et latines, par L. Lau-
rand (fasc. I et VI), (2 fasc. in-8, Auguste Picard). — Y'ie de sainte Zile. pa-
tronne et modèle des personnes de service, par Mgr A. Saint-Glair (in-12. Té-
quij. — Sous le masque de « William 'Shakespeare. <> William Slanley. VP
comte de Derby (2 vol. in-16, Payot;. — French Prolestantism, lo59 1')G-J. by
C. G. Kelly (in-8, Baltimore, Johns Hopkins Press). — Le Message du Sacré-
Cceur à Louis XIV, à la France, par .\.. Hamon (in-16, Beauchesne) —
Soufflol, sa vie, son œuvre, son esthétique f 17 13-1780), par J. Monval (gr. in-8
— 160 —
Lemerre). — Correspondance de SonJJlot avec les direcleurs des hdliments
concernant la mannj'aciure des Gobelins (l/ôG-irSO), publiés par .1. Moiidain-
Monval (gv. in-8. Lemerre). — Le Cardinal Collier, par J. Munier-Jolain
(in-16, Payot). — Éludes robespierrisles. La Conspiralion de l'élrantjer, par
A.- Mathiez (in-t8, Colin).— Le Morbihan et la Chouannerie morbUiannaise
sous le Consulid, par É. Sagerct (i vol. in-8, A. Picard et llis). — Les Ori-
gines du pangermanisme (1800 à /888) ; textes traduits do Tallemand par
divers, avec une Préface de G. Andier {in-8, Conard). — La Mission du
comte dé Saint-Vallier (décembre 1877-décembre 1881, par E. Daudet (in-16,
Plon-Nourrit). — L'Affaire de Saverne, par J. Révère (in-16, Bossard). —
Treinla anos de mi vida, por E. Gômez Carrillo. Libro I (in-16, Madrid, So-
ciedad gênerai espanola de libreria). — La Ensenanza de la historia en la
Universidad espanola y su reforma posible, por J. Deleito y Pinuela (gr.
in-8, Valcncia, Miguel Gimeno). — La Conversion de Magdeleine. par G.
Issandon (in-16, Boauchesne). — La Française dans ses quatre âges, par G.
Guillou (iii-16. Société d'éditions Levé). — L'Université /io(n'e//t;. par « les
Compagnons » (in-12, Fisciibacher;. — Le Problème de la compétence dans
la démocralie, par Joseph-Barthéleniy (in-8, Alcan). — Demain, par Lysis
(iM-16, Pavot). — Mémoires de l'ambassadeur Gérard. IL Face à face avec le
Kaiserisme (in-H, Payot). — Aspects politiques de la guerre mondiale, par Paul
Louis (in-16, Alcan). — L'Europe an jour le jour, par A. Gauvain. T. 11 à
^ [ (0 vol. in-8). — L'Europe dévastée, par W. Muehion (in-16, Payot). — La
l'iuerra suprema, por el capitan Araiîa (Zaragoza, Heialdo de Aragon). —
Le Dilemme de la guerre, par G. Calderon (in-18, Grasset). — Clemenceau.
par C. Ducray (in-16, Payot). — David Lloyd George, étude biographique,
par H. Spénder ; trad. de R. L. Cru (in-18, Colin). — Quelques Guides de
l'opinion en France pendant la Grande Guerre 191^-1918, par A. de Cliam-
bui:e(in-l(), Celin, Mary, Elen). — Au Vieil-Armand. Lettres de Henri Vola-
tier, chasseur au 5" bataillon alpin, à sa fiancée, publiées par G. Moulerdc.
S. .1. (in-16, Beauchesne). — Vingt Jours de guerre aux temps Jiéroïques, par
le coni' A. Grasset (in-16, Berger-Levrault). — Les Gars de la flotte, par A.
Galopin (in-16, Albin .Michel). — Vue générale d'Alsace-Lorraine, par J.
Duheni (in-16, Bossard). — L'Alsace sous la domiiKdion allemande, par F.
Eccard (in-18, Colin). — L'Alsace telle qu'elle est, par Mgr Herscher (in-l:2.
LelliiclUeux). — Au Pays de la Sarre. III. Sarrelouis el Harrebriick. par E.
Babelon (gr. in-8, Leroux). — La Bélgica que yo vi, por J. Subira (in-16,
Valencia, Edilorial Cervantes). — L'Aïujleterre avant et après la guerre, par
P. Ueynaud iin-18, Grassetj. — L'Irlande ennemie, par R.-C. EscouHaire
(in-16, Payot). — Allemands d'hier et d'aujourd'hui, par A. Chuquet (in-16.
de Boccard). — L'Allemand, souvenirs el réflexions d'un prisonnier de t/uerre,
j)ar J. Hivière (in-16, « Nouvelle Revue française »). — En captivité...
1 1 juillet 1916-1" novembre 1917, par A. Limagne (in-12. Lethielleux. —
Les Captifs, par le capitaine R. Ghrislian-Frogé (in-16, Berger-Levrault). —
Lettres à un converti de la guerre, par G. Letourneau. 2' série (petit in-lG,
Locoll're. Gabalda). — Une Ame de séminarisie sold(d. Le Sergent Pierre IJa-
bouard. du P2.'r' d'infanterie, par P. Vigué (in-16, Beauchesne). — \ous. sui-
dais ! par J. Tournassus (in-16. Ville). — liresl-Litinvsk, jiar S. (iiunibacli
(in-Ki. Payot). — La liussie bolcliévisttï, par E: .\ntonelii (in-lti, Grasset). —
La Pologne inconruie, par K. Waliszewski (in-18. Colin). — Le Rapport secret
du I)' .lohannès Lepsius sur les nïassacrfs d'.\rménie. publié par IL Pinon
(in-16, Payot). — Le Maroc de 1918. par H. Dugard (in-16, Payot).
/.<• C'ranl : CII.M'UI.S.
Imprimerie S. Pacteau. Luçon.
POLYBIBLTON
T{EVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PÏJBLICAÏIONS
RELATIVES A LA GUERRE EUROPÉENNE
'Les OriyiiM's ilu païKjerinanisine ( I JÎOO à IltJMt). textes traduits
de l'allemand par P. -II. Michel, A. (jivelet, J. Momek, K. Falquenot,
R. Lambert, M. Chrétien. H. Cattanks, M"" Leseuk, G. Mendel. M.-J.
JeaNNIN. J. DtTlLLELL, l\. SeUREAU, M. (ÎALLAND, S. Ma.NZAGOL. C. BoUDET,
A. Chevallier, L. Lévy-Dispeker, Tu. Brûlé, M. Dems, S. Charlot, M.
Faure, avec une Préface par Chaules Andler. Paris, Couard, 1915, iii-8
de 33o p. — Prix : 5 fr.
Parmi les nombreuses publications auxquelles a donné lieu le
besoin que nous avons ressenti depuis la guerre de nous expliquer à
nous-mêmes cet état d'esprit du peuple allemand dont nous éprr)u-
vions les terribles effets, peu ont une portée aussi grande que la Col-
leclion des documents sur le pangermanisme traduits de l'allemand et
publiés sous la direction de M. Charles Andler. La méthode con-
sistant à mettre sous les yeux du lecteur les textes mêmes est excel-
lente. Elle nous permet de constater comment les idées, dont le gou-
vernement allemand a poursuivi la réalisation en déchaînant sur le
inonde la plus atroce des guerres, sont le fruit d'une prédication
vieille d'un siècle, qui les a profondément inculquées à tout le peuple
allemand. 11 n'en faut pas davantage pour expliquer avec quel entrain
il s'est jeté, à la suite de ses maîtres, dans cette entreprise.
Dans sa Préface, M. Charles Wndler nous fait suivre révolution du
pangermanisme depuis les contemporains de Goethe, jusqu'à Bis-
marck. Il nous montre à son origine quatre mirages de grandeur
passée : deux de tradition prussienne, le souvenir de l'Ordre tcuto-
nique et celui de la grandeur militaire prussienne ; deux de tradition
allemande, le prestige du Saint-Empire et l'œuvre de la Ligue han-
séalique. Puis, en exposant successivement les idées de Dietrich von
Biilow, Arndt, Jahn, List, Moltke, Bismarck. ïreitschke, Lagarde,
Frantz, il fait ressortir les nuanres qui les distinguent les uns des
antres et met en évidence l'unité de leur doctrine sous la diversité
des apparences. Si brutales que nous paraissent les conceptions bis-
marckienues,. elles furent jugées trop timides par Paul de Lagarde et
Constantin Frantz, qui rêvent d'un empire d'Allemagne étendu jus-
qu'à l'Orient d'un côté, jusqu'à l'Argonne de l'autre. Grande œuvre
qui vaut bien une guerre, disent-ils, mais, cette guerre serait la der-
nière. Cette œuvre serait aussi l'anéantissement de la Prusse, car,
dans l'esprit de Constantin Frantz, l'Allemagne doit se soustraire à la
domination de la Prusse ; il condamne le principe prussien de la force
pure. , ; ,
M.\Rs-AvRiL 19 J 9. T. CXLV. II,
— ii>-2 —
Impossible d'indiquer un choix parmi les morceaux tiadiiils. plus;
intéressants les uns que les autres, et parfaitement choisis pour cioti-
ner une vue d'ensemble de la doctrine pangermaniste. On pourrait
s'étonner de ne pas trouver dans ce livre les figures si icmanniables
de Fichte et de Hegel qui en furent les premiers théoriciens et préten-
dirent étayer ses ambitions par des raisons idéologiques. M. Chailes'
ÂTjdler les a mis en tête du volume qu'il a consacré, dans la n)èin«v
collection, au Pangerma/iisme philosophique et qui ne peut guère ►e
séparer de celui dont nous venons de parler. Pour que le pangerma-
nisme fût possible, il fallait que le peuple allemand fût convaincu de
sa prédestination et de la nécessité, qui ne le laissait |);is libre de
renoncer à ses grandes destinées.
La puissance militaire de l'Allemagne s'est effondrée sous les rudes-
coups que lui a portés le maréchal Foch ; le désordre issu de la révo-
lution retardera son relèvement économique. Mais le peuple allemand,
du haut en bas de l'échelle sociale, n'en reste pas moins pénétré des-
idées dont il a été saturé sous toutes les formes. Voilà pourquoi les
livres de M. Charles A ndler doivent être l'objet de notre étude la plus
attentive : tous les Français doivent savoir comment a été formé l'es-
prit allemand. A ce propos on ne saurait trop regretter qu'à part
M. Andler, dont on se rappelle les polémiques retentissantes, les
maîtres officiels de la jeunesse française aient attendu l'agression alle-
mande pour montrer l'Allemagne sous ses traits véritables. Eux qui
la connaissaient si bien se devaient d'éclairer leurs élèves, le pu-
blic..., et même le gouvernement. A. T.
Mémoires de rambas.sadeur Gerahu. II. Face à face avec le Icuitêrisnic.
(Colleclion des Mémoires pour servir à l'hisloire de la guerre mondiale.) l^aris,
Payot, 1919, iii-8 de 334 p., avec 8 planches hors Icxle. — Prix : 10 fr.
Ce nouveau volume des Mémoire.'; de M.James W. Gérard n'est
pas moins intéressant ni moins important que le précédent: Mi s
quatre années en Allemagne que nous avons signalé à nos lecteuis
il y a quelques mois (Polybihliun, t. CXLIl, p. 5) et qui a si fort indi-
gné les Allemands ; M. de Betlimann-Ilolhveg est allé juscpi'à taxer
d'immoralité l'ambassadeur américain ; celui-ci se moque agréablr-
mcnt de cette prétention d'un Alhnuand à parler de moralité et il n'a
pas de peine à montrer la légitimité de sa publication.
Face à face avec le kaisérisme comporte vingt sept chapitres : i.
La Personnalité du Kaiser ; II. Qui inspire le Kaiser et qui décida la
rupture avec l'Amérique ? 111. Qui coula le « Lusitania » ? IV. Le
Kaiser et le Crime de lèse-majesté ; V. Quand le Kaiser croyait rpjc
nous faisions du blull' ; VI. Les Coulisses de la diplomatie al!<^-
mande ; VIL Le Plan d'attaque de l'.Mlemagne contre l'Américjue ;.
— 103 —
VIII. Les Premiers Complots de l'Allemagne au Mexique ; IX. La
(( Kultnr )) du kaisérisrne. L'.Vriie allemande ; X. Les Petits Kaisers ;
XI. Récréation de princes ; XII. L'fiternel Féminin ; XIII. La Vie
domestique et la brutalité du peuple ; XIV. Les Buts de l'autocratie ;
\V, L'Autriche-Ilongrie, État vassal du Kaiser ; XVI. L'Influence
allemande sur les neutres du Nord ; XVIL La Suisse, autre puissance
neutre ; XVIII. La France entrevue ; XIX. Mon entrevue avec le roi
d'Espagne ; XX. Les Empires allemands et leur méthode ; XXI. Le
Retour au pays ; le kaisérisme en Amérique ; XXII. L'Entrevue avec
le Kaiser ; XXIII. Le Futur Kaiser; le Kronpriuz et ses frères ; XXIV.
Quand l'.Mlemagne s'eUbndrera ; XXV. Les Erreurs de l'Allemagne ;
XXVI. Le Président Wilson et la Paix ; XXVII. Après la guerre ?
M. Gérard n'est pas systématiquement hostile à l'.Ulemagne. ni
même au Kaiser et à son entourage ; il reconnaît à Guillaume II et h
ses enfants de grandes qualités; il juge le Kronprinz plus favorable-
ment qu'on ne le fait d'habitude et il semble même sceptique vis-
à-vis des accusations dirigées contre lui sur sa conduite pendant la
guerre (sur ce point les témoignages que l'on a par ailleurs ne per-
mettent pas d'être aussi indulgent) ; il manifeste à l'égard de
M. de Bethmann-Hohveg des sentiments d'estime et presque de sym-
pathie. Ce qu'il accuse, ce contre quoi il a voulu dresser ses compa-
triotes, c'est le régime politique de l'Allemagne, c'est ce qu'il appelle
le kaisérisme, cette autocratie militariste qui dominait tout et qui
a jeté r.Mlemagne contre l'humanité entière, .\ussi son indignation
s'oxalte-t-elle contre les propagandistes de l'.Ulemagne aux États-
Unis, qui ne reculent devant aucun moyen pour amener la grande
république américaine dans l'orbite du germanisme ; même à ce
point de vue spécial son livre contient des révélations aussi surpre-
nantes qu'aflligeantes ; des livres d'enseignement, acceptés, soutenus
par les autorités scolaires imprègnent l'esprit des écoliers d'idées
mensongères et leur inculquent de la constitution allemande une
conception fausse, contraire aux faits, made in Gennany.
Aux faits observés directement par M. Gérard s'ajoutent les infoi-
mations et les renseignements qui lui sont parvenus par diverses voies
et aussi ses opinions personnelles, les conclusions qu'il croit pouvoir
tirer de ce quil a vu ou entendu ; tout n'offre pas par conséquent le
même degré de certitude ; mais comme l'ambassadeur se montre un
homme avisé et prudent et qui ne se paie pas de mots, son livre est
pour nous plein d'enseignements précieux. Sur la personne du Kai-
ser, sur sa duplicité, sur sa responsabilité, sur le caractère de ses^
enfants et des hommes d'État de r.\llemagne, sur les conditions^
matérielles et morales du peuple allemand, sur la mentalité germa-
nique, sur la situation économique et sur la difficulté — pour ne pas
— 104 —
dire l'impossibilité — de réduire l'Allemagne par la famine ; sur la
possibilité d'une révolution ou d'une évolution politique, sur les sen-
timents et les vues de la politique impériale vis-à-vis de l'Autriche-
Hongrie, sur les relations des empires centraux avec la Scandinavie
■et la Suisse, il y a dans ce volume nombre d'indications précises et
précieuses à retenir. Le passage en France de M. Gérard lui inspire
pour notre pays quelques paroles sympa tbiques dont nous lui savons
gré et une opposition, tout à notre avantage, entre ce qu'il a vu chez
nous et ce qu'il a observé en Allemagne. De son entrevue avec le roi
d'Espagne, nous ne noterons ici qu'un point qui a son importance :
Alphonse Xlll, qui cependant s'est montré personnellement sympa-
lliique à la France, a rappelé à l'ambassadeur qu'en même temps que
roi d'Espagne, il était ((,arcliiihic aulricbien. »
Nous attirerons aussi l'attention particulière du lecteur sur les
deux chapitres intitulés : Oiia/id l'Alleniagne s'ejfondrera et Après
la guerre. En n'oubliant pas que la Préface de M. Gérard est datée
de mars 1918, il y a là des pensées à méditer, et qui ne doivent
pas être perdues de vue par ceux qui sont appelés à rédiger les con-
<lilions de la paix. E.-G. Ledos.
L'Opinion alleinainîo pendant lu guerre 1914- lî)lî{, par Andbé
Hallavs. Paris, Perrin. 1919, iii-16 de n-268 p. — l^rix : 3 fr. 50.
Connaître l'état de l'opinion allemande pendant la guerre n'est pas
assurément chose facile. L'Allemagne ne laissait guère transpirer au
dehors ce qui se passait à l'intérieur de ses frontières, les rares neutres
admis à voir l'Allemagne n'étaient guère que des germanophiles, dont
on était sûr, que l'on cuisinait et qui, de retour dans leur pays, étaient
surveillés de près par les agents de l'Allemagne ; ici même nous
avons eu à parler de deux bons Espagnols, partis pour faire en Ger-
manie leur petite enquête, sans guère savoir un mot d'allemand.
(Juant à la presse, la façon dont elle était muselée par une censure
.sévère, ne permet de s'en servir qu'avec beaucoup de précaution.
Le livre excellent de M. André Ilallays nous apporte la preuve
<|u'un esprit crilitpie qui sait utiliser les doruments, les rapprochci-
et les comparer, (îst en mesure de reconstituer, du moins ilaus ses
grandes lignes, les nuctualions de l'opinion. C'est ainsi (pie les jour-
naux publiaient des articles iiisjiirés par le gouvernement et destinés
à remonter le moial du public ou à lui insuflhM" tels ou tels senli-
juents, et de ces elTorts du gouvernement il est légitime d'induire
<]ue ce moral était alTecté de telle ou telle façon, et (pie les sentiments
cojilraires à ceux (pu; l'on désiiait iis(]uaienl de pénétrer dans la
j)opuIation gennani(pie.
M. André Ilallays dislingue quatre périodes : I. Les Premiers
— 165 —
Enthousiasmes et les premières espérances (aoûH 01 4-décembre 1915):
1. Avant la finerre : 2. f,a déclaration de guerre ; "i. La forinatiori des
dogmes ; 4. Les haines de rAlleinagne ; 5. Les grands entlioiisiasrnp<>
de 1U15 ; 0. Le parti de la guerre et le parti de la paix ; — II. Les
Déceptions, la nostalgie de la paix et le désarroi (janvier lOlo-juil-
let 1917) : 1. La déception de Verdun ; 2. La guerre sous-marine, les
notes du président Wilson, la poliquo intérieure ; 3. La crise écono-
mique, la lassitude et le mécontentement ; 4. La foien Ilindenbourg;
5. Les victoires eu Roumanie, la proposition de paix ; 6. La guerre
sous-ui.irine à outrance et la rupture avec les États-Unis ; 7. Le repli
(( stratégique » de llitidenburg ; 8. Désarroi de l'opinion (avril-
juillet 1917) ; — III. Le Réveil des espérances et des convoitises ;
1. Les premiers mois de la dictature militaire ; 2. Caporetto ; 3. Le
maximalisnie en Russie : 4. Brest-Litowsk ; o. Les projets d'offensive
sur le Front occidental : (i. Les grèves de janvier 1918 ; 7. .Nervosité
de l'opinion à la veille de la grande odensive ; 8. \ ictoire et enthou-
siasme; 9. Nouvelles inquiétudes : — IV. La Suprême Désillusion, le
désespoir (15 juillet-11 novembre 1918) : 1. L'offensive française ; 2. Le
sentiment de la défaite ; 3. La défection de la Bulgarie ; 4. L'effon-
drement.
Sans doute l'on ne peut considérer ce travail comme définitif;
lorsque nous aurons entre les mains des renseignements et des sources
qui ont manqué à M. Hallays, il y aura des retouches à faire au
tableau. Je crois cependant que dans l'ensemble il est exact.
La conclusion de M. Hallays est sévère — ce qui ne veut pas dye
qu elle ne soit pas juste. Comme M. Maurice Muret, il nous répète :
« Pas d'illusion sur l'Allemagne... C'est afin de se préparer à la pro-
chaine guerre que l'Allemagne recourt au stratagème de la « démo-
cratisation », pousse son Empereur hors de l'Empire et accepte, les
yeux fermés, les conditions les plus avilissantes. La paix qu'on lui
imposera ne sera jamais ni trop dure ni trop lourde. Toutes les
rigueurs sont justes, tous les scrupules absurdes devant tant de mau-
vaise foi unie à tant de lâcheté. » E.-G. Ledos.
La Guerre allemande et la Couseience universelle, par Albert,
PRINCE DE Monaco. Paris, i'ayot, 1919, in-i6 de 170 p. — Prix : 3 fr.
Malgré ses 170 pages, le livre du prince de Monaco est un peu
court, si l'on regarde au titre : « la Guerre allemande et la Conscience
universelle. » Pourtant il est trop long d'une bonne moitié, car nous
y lisons, sans grand intérêt, des extraits de publications connues,
voire les réflexions personnelles de l'auteur sur la philosophie sociale,
la religion et le rôle de la Papauté dans cette guerre. Allégé de tout
cela, le livre prend une bien autre valeur, car c'est la déposition
— 166 —
solennelle que le prince a voulu faire, racontant, en témoin impar-
tial, ce qu'il a entendu avant août 1914, ce qu'il a vu pendant la
guerre.
Ami personnel de l'empereur Giiillaume, il fréquente assez souvent
l'Allemagne et la famille impériale pour pouvoir nous donner, sur
les mœurs des Prussiens notoires, des détails discrètement indiqués,
mais édifiants, ou encore sur l'état d'esprit du Kronprinz, blâmant
an d908 son père d'accepter le tribunal de La Haye pour un litige
avec nous : « Quoique, dil-il, les Français aient raison dans cette
affaire, un État puissant ne doit point, sous peine de perdre son
prestige, reculer, même s'il a tort, devant les probabilités d'une
guerre. »
Non moins documentaires sont les confidences que fait au prince
Albert le Kaiser, plein d'indulgence pour les Turcs qui massacrent
les Arméniens, jouant au bon apôtre'et prétendant que son armée
est surtout une école sportive destinée à dégrossir l'Allemand engoncé
et fruste. Notons surtout les paroles écbappées à l'Empereur, à bord
du Meteor ou du HohenzoUern, à Kiel, en juin 1914 : le 28, apprenant
l'assassinat de l'archiduc Ferdinand. Guillaume s'exclame : « Main-
tenant, je dois tout recommencer! » C'est déjà assez clair; et voici
un autre aveu, plus précieux : regardant avec irritation l'escadre
anglaise venue pour le saluer, Guillaume dit à son liôle que, si la
guerre éclate, (( le monde verra ce qu'il n'a jamais connu ! »
Kemercions le prince de Monaco d'avoii' bien voulu nous faire con-
naître ces conversations, moitié al)andonnées. moitié calculées, où
éclatent à la fois l'hypocrisie et la férocité du monstre.
Ce témoin, dont tout le monde connaît la probité scientifique, a
constaté aussi des choses que le monde n'avait jamais connues : tan-
dis que les aimées alliées, marchant de l'avant, respectaient les
tombes allemandes, il a vu nos cimetières profanés, des caveaux
violés, volés, puis souillés d'excréments. Pour punir le prince de ses
protestations contre ces crimes, le lîoche pille ses propriétés de
France et saccage le château d'Avricourt appartenant au ministre de
Monaco; on le fait sauter, naturellement après lavoir vidé de fond
€n comble, et le voleur c'est le prince Eitel Fritz von Ilohenzollcrn,
parti trop précipitamment pour avoir pu emporter Ions ses paquets,
soigneusement étiquetés par sa Maison.
Puisque le prince Albert a bien voulu être si net sur ces j)()ints,
pourquoi ces lujagessur d'autres coins qui nous intéressent an moins
.lulanl '} Pourquoi, avant la guerre, le prince de Monaco semble-t-il
< hcjcher un rapprochement entre la France et l'Allemagne, au nom
<le (' la majorité des l'ranrais!' » Qui donc l'avait prié de servir d'in-
termédiaire? Et surtout que veut dire, à la j^agc 9('>, cette révélation
— 167 —
Irop mystérieuse : « ... Un jour je vous avais transmis, dit le prince
h l'Kmpereur. une parole autorisée qui venait de l'rance, et qui affir-
mait la certitude d'une paix durable en Europe si vous tranquillisiez
le monde par une simple démonstration d'équité envers l'Alsace-
f.orraîne »? ? Maurice Souriau.
JLa Guerra suprema, por cl capitân Arana, ailiculos j)iiblicado5 du-
rante cuatroanos de jjuorra en el « lleialdo de Aragon. » Zaragoza, lip.
del « Heiaido ». 1918. in-16 de iv-20() p. — Prix : :} fr.
Étant de ceux qui, dès la première heure, u ont eu foi dans la
cause de la justice et de la dignité humaine », le vaillant collabora-
teur de El Ileraldo de Aragon est demeuré sur la brèche, poursuivant
•des traits légers et acérés de sa critique les germanophiles avoués ou
honteux qui n'ont reculé devant aucun moyen pour gagner les sym-
pathies de l'Espagne à la cause du kaisérisme et qui y ont employé
des procédés aussi peu habiles parfois que déloyaux. En réunissant
ici quelques-uns des articles que de 1914 à 1918 il a publiés dans El
Ileraldo, il a bien soin de nous prévenir que ce sont là des pages
•éphémères et qu'il ne s'attend pas à les voir prises en considération
par la postérité. Ces articles courts, vifs, alertes, n'ont pas seulement,
me paraît-il cependant, le caractère d'une lecture agréable, pleine de
considérations justes et de réflexions piquantes ; mais on y puisera
plus dun renseignement sur la lutte d'influences qui a divisé l'Es-
pagne, plus d'un trait de la psychologie espagnole pendant la guerre.
Les articles recueillis par l'auteur s'étendent du 21 septembre 1914
au 18 juin 1918. Mais la Préface est datée d'octobre et dans l'épilogue :
Hacia el final, fauteur voit clairement que nous sommes à la veille
de la paix, mais d'une paix tout autre que celle que rêvaient les Alle-
mands, d'une paix dans laquelle la France reçoit « la récompense de
ses grandes vertus » et dans laquelle la Belgique retrouvera son indé-
pendance et son bonheur.
Sans partager toutes les idées de l'auteur — je crois, par exemple,
qu il s'illusionne en disant que si Bebel et Jaurès n'étaient pas morts,
ils auraient empêché la guerre d'éclater ! — je répète que j'ai lu son
livre avec intérêt, plaisir et profit. E.-G. Ledos.
My war dîary, by Maky Ring Waddi>gto>. London, John Murray. 1918,
in-8 de vi-3()4 p.
Anglaise de naissance, veuve de l'archéologue distingué qui repré-
senta la France au Congrès de Berlin et qui, après avoir été ministre
des affaires étrangères, remplit avec éclat les fonctions de notre am-
bassadeur en Grande-Bretagne, M"" Waddington s'est fait avantageuse-
— 168 —
menl connaître dans les pays de langue anglaise par ses souvenirs de-
femme de diplomate et par ses tableaux delà vie de château en France.
Le nouveau volume où elle nous raconte les incidents de sa vie*
tant à Paris qu'à Marcuil et aux Aulneaux pendant les dix-huit pre-
miers mois de la guerre, ne sera pas moins bien accueilli du public,
croyons-nous. Ses relations mondaines lui ont permis de voir beau-
coup de choses; ils lui ont fait aussi entendre bien des bruits dont
elle se fait l'écho dans ces pages et qui, s'ils ne répondent pas tou-
jours à des réalités certaines, aident du moins à comprendre l'état
de l'opinion en France dans certaines sphères influentes, ses mouve-
ments et ses nervosités. M'"' Waddington nous apporte un témoi-
gnage relatif au fameux passage des Cosaques par l'Angleterre au
début de la guerre; il- aidera à refaire l'histoire de cette curieuse
légende dont tous nous avons entendu quelque chose. Naturellement,
il n'est guère possible d'analyser brièvement un livre de ce genre ; il
vaut par l'accumulation des détails : les mille incidents menus qu'il
nous relate contribueront à reconstituer la physionomie si intéres-
sante de notre pays de France pendant la guerre ; et s'il y a de ci. de
là, des taches dans cette physionomie, il n'en est pas moins vrai que
l'ensemble en demeure, dans le livre de M"" Waddington comme dans
la réalité, infiniment beau et touchant.
Dans une sorte d'appendice, l'auteur nous raconte sa vie au milieu
des Britanniques, à Ilazebrouck, où elle vécut d "octobre 1916 à
juin 1917, auprès d'un de ses petits-fils gravement malade. Elle aussi
elle a l'occasion de rendre hommage à l'organisation de nos alliés et
à leurs grandes qualités. El elle nous fournit plus d'un trait, non
négligeable, de la physionomie qu'ils ont donnée aux pays occupés
par eux.
Avouons que nous avons fermé le livre avec le regret que M"' Wad-
dington ne l'ait pas continué plus loin et l'espérance qu'elle voudra
bien nous donner un nouveau journal jusqu'à la victoire.
E.-G. Ledos.
Notes ifiiiio iiileriiôe française en Allemayiie, par Céline Fali.et.
Paris et Nancy, licrgcr-I.evrault, 191S, pclH in-S de 04 p., avec 12 gra-
vures liors texte. — l'rix : 3 IV.
M"" Fallet n'est pas restée longtemps sons la férule germanique,
mais sa pénible odyssée, — qui commence à la déclaration de guerre
alors que, partie de France le 3(1 juillet 1914, elle essayait de regagn<>r
Uadom, en l*(»li)gne russe, où elle était institutrice, jusqu'au 2i sep-
liTubre, date à la<iuelle elle était enlin autoiisée à gagner la Suisse
hospitalière, — • nien est pas moins une curieuse contribution à kh
psychologie des foules allemandes au début des hostilités.
— 169 —
Arrivée en terre française, à Évian, M"' Fallet y retrouva, parmi
les rtfiigiés de la rég/bn nieusienne, sa vieille mère qui lui fit le
navrant récit des épreuves de toutes sortes subies par elle du fait
d'Allemands brutaux, brutaux comme ils le furent partout sur notre
sol envahi. E.-A. Chapuis.
Le Mui'lyre de Leiis. Tfois Années de capliv'dè, par FImm^e Basly. Paris.
Plon-Nourrit. i!)IS, in-16 de iv-279 p. — Prix : 4 fr. 50.
Député-maire de Lens, la « ville noire », M. Basly est un témoin à
charge dans le grand procès ouvert depuis plus de quatre ans contre
l'Allem^igne, comme tous ceux d'ailleurs qui ont écrit ou écriront
leurs souvenirs de la Grande Guerre.
Les trois années de captivité de l'auteur doivent s'entendre, sauf
les derniers temps passés en exil en Belgique (avril 1917), de la très
pénible co-habitation avec les envahisseurs dans l'infortunée ville de
Lens, que ceux ci finirent par détruire totalement, de propos délibéré,
après avoir, selon l'expression de l'ancien mineur, « assassiné la
mine », afin de ruiner le pays.
En restant à son poste de premier magistrat de la cité, M. Basly a
fait simplement son devoir ; il le déclare lui-même ; mais il l'a rem-
pli avec un zèle, une énergie extraordinaires, et surtout une sollici-
tude ingénieuse à l'égard de ses adminitrés. Toujours sur la brèche,
peut-on dire, il s'est elforcé d'adoucir l'horrible misère d'une popula-
tion molestée, insultée, rançonnée par le plus implacable, le plus
haineux des ennemis, et, pour y parvenir, il a eu recours aux moyens
les plus variés. Son livre nous apparaît comme un roman d'une vie
intense, où le pittoresque, l'atroce, l'héroïque et parfois — et malgré
tout — le comique, donnent leur note tour à tour.
Le député socialiste, qui se montre en toutes circonstances un
excellent, un courageux Français, rend justice à tout le monde, amis
ou adversaires politiques. Pour lui, l'union sacrée dans une patrie
souillée par l'étranger n'est pas un vain mot : il le dit très haut, et
nous somnîies persuadé, tant son récit respire la simplicité et la fran-
chise, que ses actes se sont mis en harmonie avec ses principes de
l'heure.
M. Basly pourrait peut-être offrir son livre aux méditations de
ceux de ses collègues qui sont allés à Kienthal et autres lieux frater-
niser avec les Allemands ; mais, à bien réfléchir, à quoi cela servirait-
il ? 11 n'y a de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.
E.-A. Chaplis.
Près des comBattauts, par André Chevrillo. Paris, Haclietle, J918,
in-16 de xi-269 p. — Pi,ix : 3 fr. 50.
Ce que nous donne en ce volume M. André Chevrillon, ce sont
— 170 -
t( les notes et croquis qu'il a rapportés de quelques voyages au
Front. » Sous ce titre : La France qui s'est levée, il a placé en tête
quelques pages où revit l'émotion résolue avec laquelle la nation
iaccueillit la guerre. 11 a ensuite groupé ses notes en quatre récits :
l.Aii Front d'Argonne et de Champagne (mai 1916). — II. Sur le Front
anglais (Juin 1U!6). — III. Les Champs de bataille de l'Ancre (avril
1917). — Faror tcutonicus. — 11 a été à même de bien voir ce qu'il nous
décrit. Il s'est de plus et surtout préoccupé de réfléchir et de nous faire
réfléchir sur ce qu'il a vu. « C'est, je crois, dit-il, le point de vue psy-
chologique qui domine dans les notes que l'on présente ici au lecteur.
Chez les Anglais, on s'est préoccupé de répondre à des questions que
nous nous sommes posées de bonne heure, en France, au sujet de
tios alliés, de leurs habitudes, besoins, disciplines, méthodes — d'ai-
der à comprendre des traits qui ont paru singuliers. A Péronne, à
Nesles, devant l'une des œuvres caractéristiques de l'ennemi, on a
brièvement évoqué les directions d'âme et d'esprit, les idées, la doc-
trine, qui opposent la Kultur à la civilisation, et l'Allemague au
reste de l'humanité. — Au Front d'Argonne et de Champagne, il
s'agissait de nos soldats, de nos enfants, de notre chair. Pouvait-oti
froidement raisonner, comparer ? Une ou deux questions dominaient
toutes les autres, et revenaient toujours. Qu'est-ce qui les anime,
les inspire, qu'est-ce qui les fait si beaux ? Qu'est-ce que cette âme
collective et nouvelle qui s'est mise à vivre en chacun, en l'assem-
blant à tous les autres? Quel mystérieux changement spirituel a fait,
<les individus séparés et différents, les parcelles homogènes de l'être
collectif le plus organiquement lié qui soit ? » Les pages sur la vie
militaire composent un bien vivant tableau (p. 47 et suiv.). C'est une
belle peinture que celle du spectre de la cathédrale de lleims (p. 101
-et suiv.). Voici une définition remarquable : « Un empire qui ne se
fonde pas sur la force militaire, mais sur le sentiment d'un lien spiri-
tuel et sur une certaine idée de liberté, un empire où le sentiment, par
les méthodes de la liberté, peut susciter la force militaire, • — il n'est
pas besoin d'être Anglais pour souhaiter au monde la durée d'un tel
empire. » (p. 111). Un contraste intéressant est celui qui se présente
ncluellemenl sur notre sol en maint endroit entre deux mondes bien
<listincts : la vieille France provinciale et l'Angleterre armée en guerre
(p. 112, li;-{). Un autre contraste est peut-être encore jilns frappant,
celui que signale M. Chevrillon entre les façons de faire habituelle*
des deux civilisations (p. 110 et suiv.). Un curieux exemiile de la
transplantation chez nous des sentiments et des habitudes anglaises
nous est donné jiar l'auteur dans les pages intitulées : Coiintry house
.'|). 12i et suiv.), auxquelles sert de cadre la transformation momen-
tanée en manoir d'Angleterre d'un château du vieux temps français.
- \H —
'Relevons encore les remarques de M. Chevrillon sur le sloïcisnie
anglais rt reuphémismc qui l'accompagne (p. 156, 157) ; sur « quel-
<iuos méthodes » particulièies aux Anglais (p. 163 et suiv.) et, à ce
[tropos, la description d'une boulangerie militaire (p. 166 et suiv.) ;
sur Vefjîciency caractéristique du labeur anglais. laquelle consiste à
t( tout sul)ordonner à cette fin pratique : le succès du travail » (p. 160);
sur le sentiment anglais du devoir (p. 176 et suiv.). — C'est sur un
tout autre ton qu'à bon droit M. Chevrillon définit et stigmatise cette
perversité d'un peuple qu'il qualifie de/a/'or ieutonicus. On remar-
quera dans cette peinture vengeresse un trait caractéristique de l'Alle-
Miagne actuelle, u C'est la dualité des âmes, qui vient de leur doci-
lité. C'est l'opposition, dans l'Allemand d'aujourd'hui, de deux êtres :
l'individu particulier, personnel, le'quel, on peut le supposer, parti-
cipe du fond général à toute Ihumanité, et du fond commun à tous
les peuples de civilisation européenne (nous n'apercevions guère que
-cet Allemand-là quand nous voyagions en Allemagne) — et, d'autre
part, la créature d'État, celle que l'État a fabriquée, dressée, possède,
et qui apparaît à son commandement, pour se subordonner, âme et
corps, à ses deux principes essentiels : égoïsme et volonté de puis-
sance. » (p. 265, 266). — Le livre de M. Chevrillon est écrit d'un
style vigoureux, imagé, plein de détails pittoresques, trop cherchés
parfois et qui ne sont pas toujours parfaitement intelligibles.
Mahius Skpet.
Au Vieil- Armand. Lettres de Henri Volatîer, chasseur au 5'
bataillon alpin, à sa iiancée, publiées par (i. Mouteroe, S. J. Pa-
ris, Bcaucliesne, 1918. in-l« de 193 p. — l^rix : 3 fr.
Le petit soldat qui a écrit ces lettres pleines de cœur et de sponta-
néité, pittoresques parfois, toujours débordantes de sentiments reli-
gieux, était un simple paysan de la Bresse, devenu garçon boucher à
Crançot, dans le Jura. C'est là que, juste au moment où la guerre
éclatait, il venait de se fiancer à une jeune sœur de son patron.
On voit que Henri Volatier est de fort modeste origine, mais sa
correspondance (1"' juillet 1915-3 mai 1916j avec le digne prêtre qui
l'avait formé, avec sa fiancée et la famille de celle-ci révèle une na-
ture délicate et foncièrement chrétienne. .Nul doute que, s'il eût vécu,
il eût fondé une famille honorable à tous égards. Mais la Providence
■en avait autrement décidé : il fut tué au sommet du Vieil-Armand,
le 4 mai 1916.
M. le chanoine Mouterde, à qui l'on doit la publication de ces
pages vraiment édifiantes, a relié ces lettres entre elles par des dé-
tails biographiques, anecdotiques et descriptifs qui les expliquent
ou les complètent. E.-A. C.
— 172 —
Guerre de lîH ■5-lî)I(». Réponse au Livre blanc allemand du
lO mai I ÎH 5. « Die volkerrechtsA%idriye P'ûhrunçj des bel-
«lischen Volkskrîe<js. » (Royaume de Delg'uiue. Minislère de Idjuslicti-
el ministère des affaires élraïujères). Paris, Hciger-Lovrault, 1916, gr.
in 8 de viri-517 p., avec une carie.
L'Armée allemande à Louvain en août 1014 et le Livre blaue>
allemand du lO mai 11)15. Deux Mémoires publiée par les soins du.
r/oavernement belge. Poit-Villez (Seine el-Oise). armée belge, Imprimerio
de i Institut militaire des invalides et orphelins de la guerre, l'JlT, gr.
in-8 de lt)9 p., avec gravures et fac-similés.
Autour d'Anvers, souvenirs et récits, août-octobre 1914, par
William Speth. Paris. Crès, 1918, in-16 de vii-:2(j3 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le Cardinal Mercier, par Mgr Hekscher. Paris, Lethielleux, 1918, petit
in-8 de 50 p., avec portrait. — Prix : 1 fr.
— Les Allemands ont publié lé 10 mai 1915, par les soins d'un
Bureau militaire à Berlin, un Livre blanc sur la « Guerre populaire
belge » en 11)14. A cet audacieux défi à la vérité travestissant les faits
au point de changer en coupables les victimes de celte cynique inva-
sion, le gouvernement belge a opposé la protestation dun long
mémoire qui réfute point par point les assertions intéressées de l'Al-
lemagne, montrant l'iniquité et la non valeur de cette soi-disant
enquête unilatérale. La Réponse au Livre blanc allemand passe en
revue les accusations générales portées : 1" contre le gouvernement
belge ; 2" contre la population belge ; 3° contre la commission d'en-
quête belge qui fonctionna sur place en août-septembre 1!I14, lorsque
les événements étaient tout récents et susceptibles d'examen sérieux.
Dans une seconde partie ^ont méthodiquement exposés les faits niés
par les Allemands : destructions et brutalités dans les différentes
localités envahies, spécialement le sac et le massacre des quatre villes
d'Aerschot, d'Andenne, de Dinant, de Louvain. Noms, précisions,
témoignages, documents abondent. En Appendice : les cfirculaires-
ofTicicUes, les lettres de l'évêque de Namur, celles de l'évêque de-
Liège, la correspondance du cardinal Mercier, l'énumération des
localités belges dans lesquelles l'armée allemande s'est livrée à des
violences ; avec les dates, les chiffres, les faits, toutes ces pièces éta-
blissent la véracité de crimes atroces et le scandale de leur négation
intéressée.
— A côté de ce rapport d'ordre général sur toute l'invasion de la
Belgique, voici un cha[)itrc spécial consacré au rôle de l' Année alle-
mande à Louvain en août 191U. Deux « mémoires » d'un récit plus
circonstancié dans une forme plus littéraire réfutent ici les mêmes
mensonges et les mêmes attentats au droit des gens, à l'honneur,
aux règles de la guerre civilisée. Ce travail est du mois de décembre
1015. L'uniformité de la barbarie et de l'aberration d'esprit chez tous
les Allemands apparaît quand on voit les prêtres catholiques aussi,
— 473 -
bien que les francs-maçons (l'Outre-UIiin se refuser à répondre à
J'appel à la justice que leur adressaient, ciiacun de son coté, les
évêques et les loges de Belgique. Le texte de ces deux mémoires est
corroboré par une liste nécrologique funèbre, une carte intéressante
<le l'invasion (août septembre) et un certain nombre de reproduc-
tions pliotogiaphiques des avis, proclamations, édifices, etc. inté-
ressant la tragédie de Louvain.
— A la même époque un drame analogue se jouait Autour d'An-
vers. William Speth, un Anglais, a noté ses souvenirs personnels. Ils
sont animés, vivants, bien groupés et parlent à l'imagination ; leur
■lecture est impressionnante, encore que certains passages demeurent
crus et grossiers ; tableau brossé un peu trop à la Téniers. 11 y a bien
quelques fantaisies probablement dans ces anecdotes, mais elles cap-
tivent l'attention du lecteur. C'est un mérite.
— Et au-dessus de tous ces souvenirs tristes, glorieux, émouvants,
lugubres, patriotiques, chrétiens plane et planera toujours la belle
figure du Cardinal Mercier si digne, si fort, si réservé, si courageux,
si habile ; évèque, en un mot, protecteur et serviteur de son pays.
Luc conférence de Mgr Herscher rappelle ces grands traits d'une
physionomie si belle avec un vrai bonheur d'expression et une heu-
reuse simplicité. Cfoffroy de Graxdmaison.
Quelques (iiiides de l'opinion en France pendant la Grande
Guerre, Il> 1 4- I Î>I ÎJ, par A. ue Ch.vmblke. Paris, Celiii, Mary. Elen,
1918, in-lG de xxvu-l>:2:', p. — Prix : 4 fr. 50.
Ce livre est « dédié à la presse française. » Rien de plus exact, ni
de plu§ juste, car c'est à étudier l'action même de la presse et de ses
principaux rédacteurs que l'ouvrage est strictement consacré. Le
voici, du reste, amené fort naturellement à évoquer maint aspect de
la vaste guerre et des événements qui s'y greffèrent, tandis qu'une
plume alerte campe à nos yeux la silhouette des journalistes en vue
durant ces jours d'émotion.
D'abord, il est question des Commentateurs du communiqué, puis
des Hommes de lettres et journalistes proprement dits, enfin de la
Grande Presse d'information.
Un Avant-Propos vif et substantiel nous renseigne déjà sur l'allure,
plutôt objective de l'ouvrage dont les divi.sions sont indiquées, dès
la premièie page. A la fin, une table alphabétique des noms aide à
feuilleter le volume et lui imprime un certain cachet d'œuvre sérieuse
et presque d'érudition. Ici, le ton n'y vise pas. L'auteur s'efforce d'être
impartial autant que renseigné dans son information. On pourra
trouver que certaines appréciations manquent d'originalité ou de
relief, mais on lira, non sans profit, dans ces pages, l'exposé d'une
— 174 —
documentalion fidèle et une mise au point, appréciable, des juge-
ments épais, formulés au jour le jour, à l'occasion des événements
de la guerre. Louis Théron de Momtaugé.
Allemands d'hier et d'aujourd'hui, esquisses hislorifiiies, pnr Authuu
(^HLQUKT. I. Paris, E. do Boccard, s. d., in-16 de 249 p. — Prix : 3 fr. 5('.
La guerre qui vient de peser sur l'Europe occupe une place — mais
pas toute la place, loin de là, — dans le nouveau volume que nous
devons à la plume alerte et féconde de M. Arthur Chuquet.
Des dix-sept morceaux qui le composent, cinq seulement traitent
des événements d'aujourd'hui: La Première Prise de Mulhouseen 191^ ;
— Les Allemands à Vouziers (à propos du prince Max de Bade) ; — De
nouveau à Sedan, d'après un journal allemand de 1915 ; — Trois
(]arncLs allemands ; — Les Normaliens morts pour la France. On peut
y rattacher indirectement trois autres articles : Les Pressentiments dit
Wildenbruch ; — Guillaume II et l'archiduc Rodolphe ; Bismarck et les
Allemands.
Tout le reste est historique. Voici les titres des morceaux, phis on
moins développés, recueillis par l'éminent académicien : Verdun-
en 1792 ; — Les Prussiens et le Musée du Louvre en JS15 (M. Gluiquet
y signale quelques-unes des reprises que nous pourrons faire utile-
ment sur les objets volés par les Prussiens — Blûcher ne reculait pas
(levant l'expression — à cette époque) ; — La Guerre de tranchéeir
en I85r) ; — Doudan et la Prusse ; — Thiers et Ranke en iSlO ; —
Moltke ; — Oh ! les braves gens (M. Chuquet y défend l'authenticité
du mot attribué à l'empereur Guillaume) ; — L' Aide-major Belval ;
— - Les Glorieux Camarades.
On ne voit pas bien à quel titre figurent dans un volume sur « les
Allemands » des articles comme celui sur la Guerre de tranchées-
en 1855 où il n'y a pas un mot sur les Allemands, et comme deux ou
trois autres qui ont pris place ici.
Mais cette réserve faitej, reconnaissons que. dans ce vokime agréable
et instructif, l'on se rendra compte une fois de plus, hélas ! que la
mentalité germanique d'aujourd'hui est assez semblable à celle d'hier.
Et cela nest pas fait pour rendre sympathiques ceux que nous avons
vaincus. E.-G. Lkuos.
Front liiies, by Boyd Cablk. London, J. Murray, 1918, iii-8 do xiv-
306 p.
Dédiés au Front dont ils parlent et sur lequel ils ont été écrits, les
vingt-un récits que nous présente ici M. Boyd Cable me paraissent
cire un des meilleurs livres dans lesquels le lecteur puisse prendre
— W) -
conlact avec les troupes btitanniqncs, en comprendre la vie et le>f
labours quotidiens, mesurer les dilïiciillés de leur tâche, apprécier les
soucis et les préoccupations qui pesaient sur elle, comprendre l'esprit
fini les aninrie et pénétrer les secrets de leur àme. Et peu importe que
( liacun de ces récits ne soit pas la relation d'un événement réellement
arrivé ; si l'on peut parler de romans vécus, il n'est point de récits
auxquels ce terme s'aj)plique mieux qu'à ceux-ci : il y règne une
intensité de vie, un réalisme simple et vrai' qui vous saisissent et qui
apparaissent non comme un produit de l'imagination, mais comme
les impressions d'un homme qui a vécu de la vie des tranchées et qui
en est tout pénétré. Une pointe d'humour rehausse ces récits pleins
de couleur et dont la variété nous fait connaître les divers aspects de
la vie en campagne pendant ces tciribles années ; les hommes ne se
montrent pas à nous comme des héros de la fable ; ils nous appa-
raissent avec leurs faiblesses d'hommes, même avec leurs terreurs
momentanées, mais aussi avec celte volonté qui les fait triompher de
ces petits côtés de leur nature et qui les rend malgré tout si grands et
si héroïques.
11 ne peut être question ici danalyser tous ces récits, ni même de
les énumérer ; citons du moins, parmi ceux qui nous ont le plus
frappé à un titre ou à un autre : The suicide club, In Ihe mist ; Home,
Oiir ballery's prisoner, According to plan, E.-G. Ledos.
L'Aii«|leterre avant et après la çjuerre, par Pacl Rey.naud. Paris,
firasset, 15)19, in-18 de 127 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Paul Reynaud a été bien inspiré en réunissant en un volume le
texte des trois conférences qu'il fit en février 1918 à lÉcole d'artille-
rie de Fontainebleau, car elles présentent un tableau bien brossé et
fortement documenté de « l'Effort anglais » pendant la guerre.
Les ministères radicaux qui gouvernaient le Royaume-Uni depuis
la chute du cabinet de M. A. Balfour, avaient peu à peu orienté les
esprits vers un pacifisme qui prédisposait à un rapprochement avec
l'Allemagne ; la crise irlandaise battait son plein en 1914 et une agi-
tation profonde se manifestait dans le monde du travail. C'est pour-
quoi la Wilhelmstrasse pouvait espérer que l'Angleterre serait réduite
à l'impuissance, sinon à la neutralité, quand surgirait la guerre depuis
longtemps préparée. Il n'en fut pas ainsi. La violation de la Belgique
éclaira comme un puissant rayon la conscience britannique ; et, si
trois ministres démissionnèrent pour ne pas avoir de responsabilité
dans le drame, le pays, dans son ensemble, suivit patriotiquement
son souverain et son gouvernement.
L'armée anglaise était peu nombreuse ; elle succomba presque en
totalité sur les champs de bataille de Mons, de la Marne, des
— 176 —
Flandres ; une seconde armée, formée de volontiires du royaume et
des Dominions la remplaça, et une troisième, recrutée après le vote de
la loi sur le service obligatoire, vint en combler les vides et la renfor-
cer. En 1918, 3 millions de soldats de l'empire britannique combat-
taient sur le Front de France, et l'on sait l'importance des effectifs
qui luttaient victorieusement en Palestine, en Mésopotamie, dans
l'Est-Africain allemand.
L'effort maritime fut admirable et progressif. A la lutte contre les
escadres ennemies succédèrent la lutte contre les mines et les sous-
marins, les audacieuses expéditionscontreZeebruggeetOstende. Il n'y
-eut pas moins de 4.000 navires de tous formats battant pavillon bri-
tannique et montes par 400.000 marins.
L'eiTort économique et financier ne fut pas moins remarquable, et
c'est à Lloyd George -^ le radical sectaire, l'ennemi des Lords — que
revint le mérke d'avoir intensifié et harmonisé toutes les activités du
pays dans l'unique pensée de gagner la guerre. M. Paul Reynaud a
fort bien mis en relief les deux évolu-tions réalisées : l'action de l'An-
gleterre sur la guerre et la réaction de la guerr#sur l'Angleterre au
point de vue politique, et l'on ne peut que ratifier son jugement final :
L'Empire britannique a largement fait son devoir au cours de la
Grande Guerre et a donné aux Alliés le plus loyal et dévoué concours.
Roger LambilLI^.
L'Alsace i^^ous la doiniiiatiun alleniande, par Frédkiuc Eccaru.
Paris, Colin, 1919, in-16 de xviu-3t)9 p. — l^rix : 4 fr.
L'auteur était avocat au triJDunal de Strasbourg avant la guerre. Il a
lutté pour défendre, contre les maîtres du moment, la langue, la
culture et la mentalité françaises. Dans la lutte entre l'Alsace et r.\l-
lemagne, les puissances enjeu ne sont pas seulement un petit peuple
■ et un grand empire, mais deux principes : celui de l'absolutisme et
celui de la liberté. Ce conflit a été particulièrement aigu aii moment
de la réforme constitutionnelle en 1911. Il importail (Ven étudier
l'origine, le développement et les perspectives d'avenir. A ce point de
vue, l'histoire de la domination allemande en Alsace devait acquérir
imc importance générale, dépassant de beaucoup son cadre territo-
rial. L'auteur a entrepris ce travail et l'avait presque entièrement
achevé, lorsque la guerre a éclaté, il a pensé que son ouvrage \\cn-
•drait maintenant à son heure, pour contribuer à fixer la \érité histo-
rique. 11 a fait œuvre d'historien avec un grand souci d'impartialité,
recourant très souvent au témoignage des Allemaixls eux-mêmes,
l'outefojs il sem])le qu'il n'ait pas su se garder d'un certain esprit de
partialité dans l'examen des «piestions religieuses. Le lecteur jiourra
suivre pas à pas, dans ce volume, les péiipélies émouvantes de la lutte
— 177 —
Hc l'Alsace contre ses dominateurs. C'est la protestation dans le cours
des vingt-cinq |)remières annéos, iV-loquenl silence d'un peuple
courbé mais non asservi, puis le réveil de la jeune génération alsa-
cienne. La germanisation a fait faillite. L'impérialisme militaire de la
Prusse a été un fléau pour l'Alsace, il a constitué une menace pour
toutes les nations, et il est devenu néfaste pour l'Allemagne elle-
même. La chute de cet impérialisme et des organes qui le constituent
est la condition essentielle de toute pai.x future. Le gouvernement
impérial a agi en Alsace comme à Brest-Litovsk et il aurait agi de
même partout, s'il en avait eu le pouvoir. Telles sont les conclusions
de l'ouvrage. 11 mérite d'être lu attentivement. A. Casser.
!>' Alsace telle qu'elle est, par Mgr IIerscher. Paris, LcthicUcux. 1918,
in-12 de 143 p. — Prix : 2 fr. 50.
Ce livre contient des articles qui ont paru en 1917 et 1918 dans
les Annale.< politiques et littéraires. Ils ont beaucoup gagné en force
d'être ainsi réunis en volume. C'est à tort que l'on a reproché à l'émi-
Tient prélat d'avoir fait par ces articles le jeu de l'Allemagne, ou
d'avoir rompu l'union sacrée. 11 fallait que ces choses soient connues
pouréviter autantque possible de regrettables malentendus. Mgr Hers-
cher les a exposées du reste avec tout son cœur de patriote français
et avec une connaissance parfaite de son pays natal. L'Allemagne
avait élevé entre l'Alsace et la France une telle barrière que les deux
pays ont forcément évolué séparément. Ne pouvant être française et ne
voulant pasêtre allemande, l'Alsace a évolué dans unsensparticulariste.
Il faut en tenir compte dans les nouveaux rapports qui s'établissent
maintenant que l'Alsace a fait retour à la France. Il y a une Alsace
inconnue des Français. Pourquoi et comment? Il y a aussi plusieurs
sortes d Alsaciens et notamment ce que l'auteur appelle juste-
ment des Alsaciens de contrebande. C'est ce qu'il expose dans les trois
premiers chapitres. Les trois suivants dépeignent, avec une vérité sai-
sissante, l'âme, le caractère et l'esprit des Alsaciens. Puis il fait une
statistique de l'Alsace catholique et montre l'influence que le clergé a
acquis en Alsace, influence qu'il a exercée en faveur de la France mal-
gré la campagne religieuse qui fut entreprise contre elle, malgré le
machiavélisme boche dans l'érection d'une Faculté de théologie catho-
lique à l'Université de Strasbourg. Aussitôt l'armistice, les cours de
théologie catholique ont été repris au grand séminaire, c'était un pas
de fait vers la séparation de l'Église et de l'État en Alsace ; aussi
a-t-on été surpris de voir réinstaller, par ordre supérieur, la Facidtc
catholique à l'Université. Les deux derniers chapitres étudient le rôle
de l'école dans la germanisation, combattu par le clergé, et le rôle de
l'élite alsacienne, dernier rempart de l'esprit français. A. GasserI
Mars-Avrtl 1919. T. CXLV. 12.
— 178 —
L'Affiiire de Saverne. novembre lîMS-janvier IÎM4, par Jii.iiv
RovKRK. Paris, Bossard, l'.lli». in-lG di- 74 p. — Piix : ! fi . SO.
Lorsque cette affaire se produisit, le public français, les jouruauv.
même ue lui accordèrent pas toute l'attention qu'elle méritait. On.
n'y vit qu'un incident burlesque ; en réalité c'était la préface de la
guerre. Les mobiles y apparaissent qui l'ont fait éclater et conduire
avec toute la barbarie que l'on sait. 11 faut savoir gré à M. J. Rovère
d'avoir écrit cette page d'histoire où' le parti militaire allemand se
montre sous un jour cru, tel qu'il est, tel qu'il s'est montré ensuite
dans cette guerre à laquelle il a poussé toute l'Allemagne, las qu'il
était de tirer à blanc. C'est en vain que l'élément civil, administra-
teurs et magistrats, a essayé de réagir contre l'absolutisme militaire ;
celui-ci, appuyé par la cour impériale, le gouvernement d'empire et le
pangermanisme, triomphe, submerge toute réaction, tout esprit de
droit et de justice. L'emprise de la Prusse sur toute l'Allemagne se
manifeste ouvertement. Quant aux Alsaciens ils nous apparaissent-
dans cette affaire aussi irréductibles qu'après l'annexion. Les événe-
ments de Saverne, insignifiants en apparence, mais pleins de subs-
tance en leur fond, nous présentent comme en un raccourci saisissant
le long martyr qu'ont subi pendant 44 années nos frères d'Alsace-Loi -
raine. Il est avéré que le traité de Francfort a inauguré un régime de
\iolence et d'injustice dans deux provinces ravies à la France et de
sentiments français. Il est avéré que l'Allemagne n'a pu y maintenir
sa domination que contre le vœu des habitants. Au jour où la guérie
qui vient de finir a commencé, ces deux provinces, fortes de leur bo!i
droit, indignement traitées par ceux qui les avaient conquises, atten-
daient de la France leiii- liljéialion. A. Ciassi;k.
"Vue yénéralesur la question d'Alsace-Lorraitie, par .Iules Duiiem.
Paris, Bossard, 1918, in-16 de 137 p., avec une carte. — Prix : 3 fr. 60.
A dater du jour où les armées allemandes se sont ébranlées contre
la France, le traité de Francfort a été déchiré. L'Alsace et la Lorraine,
unités provinciales définies géographiquement. liistori(|uenient et po-
litiquement, mutilées par les traités et dont la mission était d'être l'in-
termédiaire Conciliatrice entre deux races, selon Michelel, devinrent
trop souvent la rançoii des guerres qu'elles ne désiraient pas. .\ la veille
d'un nouveau règlement du statut de ces province.s, il était utile
d'étudier à nouveau la (jnestion. M. Duhem l'a fait dans une vue
d'ensemble à la fois concise et suffisamment complète, rassemblant et
analysant les traits, les faits et les témoignages essentiels.
Cette étude est faite en trois sens : 1" le sens géographique qui se
dégage des conditions stratégiques, de la vie économique, de la race,^
des moeurs, de l'esprit national et des instincts natifs du peuple, et.
- I7i) —
(lui Iraceiil la viiiic limite des deux provinces ; 2" le seii> lii^iui ifjin'
où l'auteur oppose la réalité aux subtilités d'histoire diplomatique
exploitées par tous les auteurs allemands ; 3'^ le sens juridique rigou-
reux qu'il était indispensable de définir au moment où k gouverne-
ment alleniand discute sur la procédure de restitution, exige l'envoi
de députés alsaciens-lorrains à l'Assemblée nationale allemande et
réclame un plébiscite, qu'il tiendra d'ailleurs pour nul s'il est défavo-
rable à l'empire. Cette dernière partie est traitée d'une manière par-
ticulièrement neuve et mérite toute l'attention du lecteur.
.\. Gassf.k.
Le Gendarme Sehneidly et se.s mésaventures en .\lsaee, par
.\i.Bi:i(T (iicis ; Iradiiil de ralsacieii par Jui-is Fi'.(n;i,i(;ii. l'aris, Hergor-
LevrauH. 191!), iii-IC) do 107 p., illustré par H. Zisliii. — Prix : 3 fr. 50.
Nous avons rendu compte en son temps de 1 ouvrage original en
dialecte alsacien. Il a perdu quelque peu de sa saveur à la traduction,
mais M. J. Frœlich l'a écrite dans un style Erckmann-Chatrian, dont
la simple bonhomie a bien aussi son charme et répond au français
provincial d'Alsace. Du moins les Français et ceux qui ne possèdent
pas le dialecte alsacien, trouveront dans cette amusante histoire une
démoustralion directe du véritablecaractère alsacien. L'amour de la pa-
trie française, la haine la plus farouche de tout ce qui vient d'Outre-Rhin ,
pour s'exprimer dans un dialecte germanique, n'en est pas le moins
du monde attéimé. De plus c'est l'image vécue de lAlsace pendant le
régime allemand. Les incidents qui s'y succèdent ne sont nullement
inventés, je lai déjà dit ; l'auteur a imputé seulement au gendarme
Schneidig les exploits de plusieurs autres Boches, non moins
(( schneidig » que lui. Dans la Préface du traducteur, M. Frœlich nous
présente l'auteur, Albert Geis, littérateur alsacien de grand mérite
et collaborateur de l'artiste Zisliii au Cercle théâtral de Mulhouse,
comme à la revue satirique Dur's Elsass. A. Casser.
L" Allemand, souvenirs el réflexions d'an prisonnier de yuerre, par Jacques-
Rivii;RE. Paris, Éditions «le la « Nouvelle Revue française », 1918, in-16
de 253 p. — Prix : 3 fr. 50.
Deux parties : la première (D'ap/vs nature) nous montre r.\llemand
tel qu'il est apparu à l'auteur. Cette partie est claire, généralement
bien étudiée, quoique souvent un peu subtile : elle est d'inspiration
très française ; l'autre (.4 l'en croire), en dépit des efforts visibles
de M. Rivière, reste lourde et d'une digestion particulièrement labo-
rieuse : nous subissons ici la pleine influence d'Outre-Rhin.
M Je fus fait prisonnier dans les derniers jours d'août 1914, dit
l'auteur dans son Avant-Propos. Je suis resté près de trois ans en
- 180 —
Alleniague. Ce n'est qu'en 1917 que j'ai été interné en Suisse. » —
Connaissant parfaitement la langue allemande, il fut désigné comme
interprète dans les camps de prisonniers.
M. Jacques Rivière a visé loyalement à l'impartialité. En captivité,
il lisait assidûment les journaux du pays. Est-ce à cette circonstance,
(on simprègne parfois à son insu du suc des mauvaises lectures),
qu'il doit d'émettre des appréciations contestables comme celles des
pages 112 et suivantes où nous voyons que u les Allemands n'ont pas
lancé dans celte guerre de véritables mensonges, de nouvelles entiè-
rement fabriquées » ? Et cependant le chapitre où l'on relève cette
manière de voir est intitulé : « La vérité, c'est tout ce que Ion peut
faire croire » (idée allemande, d'après M. Rivière).
La présente étude est tellement fouillée et complexe que je me
garderai bien de suivre l'auteur pas à pas. Je me bornerai donc à
cueillir ces quelques appréciations : « L'Allemand est incapable de
rien faire sans s'y être préablablement obligé. Et pas même le mal.
Mais il s'y oblige fort bien. J'ai déjà montré dans quel esprit presque
paisible et comme ouvrier il allait au combat. Tous les excès que je
lui ai vu commettre après la bataille étaient empreints de la même
application, portait de même la marque du devoir » (p. 136-137). —
(Quelle mentalité !
Après nous avoir (( portraituré » l'Allemand D'après iialure, l'au-
teur nous le présente selon la formule de Paul Natorp, publiciste
germanique, très touffu, parfois obscur, que peu de lecteurs com-
j)rendront du premier coup. M. J. Rivière analyse copieusement un
écrit de cet Allemand ; il le discute avec patience, sans aucune irri-
tation, mais, tout de même (p. ^27), il finit par s'écrier : « On a pu
voir dans tout ce qui précèdeque je n'aimais pas beaucoup les injures.
J'ai spécialement pris soin de retenir le plus longtemps possible le
gros mot de barbarie. J'ai môme condamné l'emploi qu'on en fait
couramment pour stigmatiser certains défauts allemands que je crois
avoir montré de qualité (.su:) toute différente. Mais enfin voici le
moment arrivé où je ne puis plus m'empêcher de le lâcher. Oui, tout
bien réfléchi, même si le triomphe de 1 Allemagne, même si la « ré-
volution » du monde par l'Allemagne devaient représenter un pro-
grès matériel positif, je prétends que ce ne pourrait être qu'au prix
d'un retour à la plus effrayante barbarie intellectuelle. » Opinion
longuement motivée ensuite, avec l'appui de Goethe, et complétée
enfin par ces quelques lignes des pages 2.32-233 : « Dans l'ordre so-
cial qu'inaugureraient les Allemands, sans doute une inflexible dis-
cipline matérielle régnerait qu'il serait fou de songer à enfreindre.
Certes, on ne se gourmorait pas dans les rues ; cela deviendrait pro-
bablement un impossible, un invraisemblable dérèglement. Mais sous
- \H\ —
cette enveloppe rigide, on serait en pleine barbarie, cri pleine anar-
chie. » Suit un tableau peu réjouissant des consL'(jiierices.
Décidément, la Germanie n'est pas et ne sera peut-être jamais bille
ni séduisante ; et, pour obtenir les sympathies du inonde civilisé, les
gens de la Kultur auront jilus d'une étape à franchir.
E.-A. (^UAi'uis.
Mîiyvars et paiiçiermaiiistes, par Stéphen OsLSk\ et Jli.ks Choimn.
Paris, liossard, l!tlS. in-Ift de vni-101 p., avec 2 cartes liors texte. —
Prix : 3 fr. 60.
M. Stéphen Osusky est un de ces patriotes slovaques qui, chassés
de leur pays par les persécutions magyares, n'ont pas cessé de lutter
pour l'émancipation de leurs frères opprimés. Notre compatriote
M. Chopin a été pendant dix-sept ans chargé d'un cours à l'Univer-
sité de Prague. Il a traduit en français le travail de M. Osusky, qui
avait paru d'abord en anglais ; il la de plus adapté, complété et
mis au point, dans la mesure où on le peut en un temps où les
événements se succèdent avec la rapidité d'un film cinéiriatogra-
phique.
De cette collaboration est sortie une étude très solide sur les con-
vulsions qui ont précédé l'effondrement de la monarchie des Habs-
bourg ; les auteurs indiquent les grandes lignes du projet de la Mil-
tel-Europa, qui eût fait peser sa lourde domination militaire,
politique et économique sur le reste du monde. En particulier, les
Magyars, très jaloux de leur prépondérance, avaient mis à prix leur
concours à une entreprise dont ils attendaient un accroissement de
pouvoir et de richesse. La politique astucieuse des hommes d'État
hongrois est présentée avec beaucoup de précision et nous ouvre des
perspectives impressionnantes sur le sort que nous réservaient les
Centraux si la victoire n'était venu trahir leurs convoitises.
P. PlSA.NI.
L'Aube de la revanche. Les Victoires serbes de 1916, par Ki-
GÈNE GAScoir^. Paris, liossard, J919. in-8 de 152 p., avec:20 photographies
et une carte hors texte. — Prix : 4 fr. SO.
Plusieurs livres nous ont déjà raconté les malheurs de la Serbie et
l'effroyable retraite de l'armée et de la population à travers les mon-
tagnes glacées de l'Albanie. Celui-ci est consacré à la revanche des
Serbes. 11 les prend à Corfou, halte bienfaisante après l'épreuve ;
nous fait suivre les phases de leur réorganisation, avec de vivants
portraits de leurs chefs : le prince régent, les voïvodes Michilch et
Stépanovitch, le général Vassitch ; les amène en ligne à la gauche de
larmée française dOrieut (août 1916). D'abord violemment refoulés
— 182 —
par los Bulgares, ils reprennent l'offensive ; ce sont les victoires de
Gornitchevo, du Kaïmatchalan, et la progression dans la montagne
qui détermine la chute de Monastir. Le récit des événements militai-
-res s'enchaîne bien et est mené clairement ; quelques anecdotes le
rendent vivant. L'auteur insiste justement sur l'effort considérable
fourni par les Serbes dans toute cette période, et sur la part que prit
à leurs succès notre 2« bis de zouaves. Mais sa thèse, qui veut faire de
Monastir une ville serbe, est contestée à la fois par les Grecs et par
les Bulgares, avec des arguments qui mériteraient tout au moins
d'être discutés. Quelques-unes des 20 illustrations photographiques
sont intéressantes par l'idée qu'elles donnent du terrain et des
■champs de bataille. A. T.
Les Frontières historiques de la Serbie, par Gaston Gravieu. Pa-
ris, Colin, 1919, in-8 de 164 p., avec 3 cartes dans le texte et 3 cartes hors
texte. — Prix : 4 fr.
L'auteur de ce livre, glorieusement tombé, le 10 juin 1915, à Ablain-
îSaint-Nazaire, a été l'élève, à l'Université de Belgrade, de M. lovan
Gvijié. C'est dire que nous trouverons son œuvre marquée à l'em-
preinte des méthodes de ce maître, dont nous avons parlé dans le Po-
lybiblion de février dernier (t. CXLV, p. 122-124) à l'occasion de sa géo-
graphie humaine de la Péninsule balkanique. L'ouvrage de M. Gaston
Gravier tire un intérêt particulier de ce qu'il fut écrit en 1913, alors que
la question yougo-slave n'était pas encore ouvertement posée. Il y fait
une simple allusion en écrivant, aux dernières lignes de sa Conclusion,
<|ue les Serbes, un jour ou l'autre, porteront leurs regards vers les pro-
vinces serbes de l'Autriche qui deviendra pour eux une sorte de nou-
A'elle Turquie. Son étude vise le développement de la Serbie au couis
■du dernier siècle. 11 voit dans ce pays « le type peut-être le plus re-
présentatif de ces Etats qui naissent et se développent dans la zone
longtemps indécise et mal différenciée où le contact s'établit entre
lieux mondes profondément différents de race et de civilisation. » La
poussée serbe, surtout dirigée vers le sud, présente un double carac-
tère de contirmité et de rythme très remarquable. La Serbie est ainsi
arrivée à garder, jusqu'à son dernier agrandissement de 1913, une
homogénéité des plus précieuses. Souhaitons-lui de la conserver dans
l'avenir. Livre excellent, où le lecteur sera heureux de trouver trois
intéressantes reproductions des caries anciennes de Witt(xvii'^ siècle),
Anlonia Zatta M78I) et d'une carte serbe de 1805. Il vient à son heure
au moment où le Congrès de la paix met les questions territoriales au
premier plan. Mais sa valeur historique et documentaire lui assure
une durée supérieure à celle de l'actualité. A. T.
— 183 —
l'i>:uIilionN fr»in,*nîsps au I^iban, par Hknk RisTEi.iiuFinF.n. Paris,
\l( an, 1918. in-X do viii-.'il4 p., avoc ± caitos dans Ir texte ci 'l fac-simil«
hors texte. — l'iix : 6 fi .
La nation maronite est fière de se réclamer de Tamitié de la France;
des liens millénaires la rattachent à notre patrie. Sans remonter jtis-
(jn'à Cliarlemagne dont les relations avec le Liban paraissent problé-
fnatiqnes. la tradition française s'établit authenliquement dès le
temps des premières croisades et ce sont les croisés qni sont les pré-
■<Mirse»irs de cette tradition ; nos missionnaires, nos négociants, nos
pèlerins et nos voyageurs en sont les fondateurs ; nos rois en ont été
les protecteurs et nos agents diplomatiques et consulaires ont su
l'entretenir avec une continuité de vues qui ne s'est jamais interrom-
pue, même pendant la grande Révolution. Nous sommes à la veille du
jour où la protection française sur la Syrie va prendre une forme nou-
velle et, espérons-io, définitive.
M. Ristelhueber développe son exposé en utilisant de curieux docu-
ments tirés pour la plupart des archives des Affaires étrangères. Des
épisodes caractéristiques interrompent le récit sans en diminuer l'in-
térêt. Telle la touchante histoire de la noble famille des Khazen.dont
quatre membres ont exercé les fonctions consulaires en Syrie, de 1653
à 1758. Deux de leurs descendants étaient encore, en l'Jli, attachés
au consulat de Beyrouth, et, victimes de leur attachement à la France,
ils ont été pendus par les Turcs. Combien de Maronites ont payé de
/jeur vie leur traditionnelle amitié pour nous ! Quelle reconnaissance
devons-nous à l'historien qui nous rappelle ces glorieux souvenirs !
P. PiSANI.
Le Rapport secret du D"^ .Johannès Lepsius, président delà
Deutsche Orient-Mission et de la Société germano-armé-
nienne, sur les massacres dWrménie, publié avec une Préface de
Uené Pino.n. Paris, Pavot, 1919, iti-16 de xx-.332 p. — Prix : .o fr.
Le monde civilisé a frémi d'indignation en 1890 au récit des épou-
vantables tueries ordonnées en Arménie par Abd-ul-Hamid, « le sultan
rouge » ; mais ce n'était que jeu de prince auprès des exterminations
organisées en 1915 par les sinistres gredins qui composaient le comité
« Union et Progrès, m De la Méditerranée aux frontières persanes, la
population arménienne a été arrachée à ses foyers et à peu près
anéantie ; il n'était question officiellement que de transporter dans
des provinces lointaines des sujets remuant* et soupçonnés de sym-
pathies pour l'envahisseur moscovite, mais cette prétendue déporta-
tion n'était qu'un mensonge : sur deux millions d'Arméniens, les trois
quarts au moins, sinon les sept huitièmes ont été victimes des assas-
sins ; tués par leur escorte dûment stylée, morts de misère dans les
— 184 —
déserts où ils étaient parqués sans vivres ; les femmes et les enfants
survivants étaient réduits en esclavage et convertis de force à l'isla-
misme ; on pensait résoudre la question arménienne en fafsant dis-
paraître toute la race.
Quelle part de responsabilité revient aux Allemands dans ces abo-
minations ? Les perfides communiqués de l'Agence Wolf essayaient
de donner le change et de justifier le crime ; des écrivain^, comme le
D'" Stuermer ont laissé percer une partie de la vérité et le présent vo-
lume dévoile l'affreux mystère.
Le D' Lepsius, président de la Société des Missions protestantes
d'Orient, est allé faire, dès la fin de 1915, une enquête, dont les résul-
tats accablants ont été consignés dans un rapport minutieusement
documenté ; ce rapport a été lu dans une assemblée de pasteurs et de
missionnaires, puis imprimé, mais seulement en épreuves, et com-
muniqué confidentiellement à quelques amis ; des démarches ont été
tentées en kaut lieu pour arrêter les massacres et se sont lieurlées à
l'indifférence officielle. La sévérité avec laquelle ces courageuses pro-
testations ont été étouffées montre à quel degré le Kaiser et ses com-
plices se sentaient impliqués dans cette sanglante histoire. 11 a fallu
l'effondrement du pouvoir impérial pour qu'on puisse enfin divul-
guer ces accusations écrasantes pour les Jeunes-Turcs et pour ceux qui
les ont couverts de leur appui. P. Pis.vm.
Le Dilemme de la guerre, p;ir Gabcia Calderon. Paris, Grasset, 1919,
in-t8 de 307 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce n'est pas une œuvre de peu d'importance que d'opposer l'une et
l'autre, en un raccourci puissant, sans tomber dans l'abstrait, les deux
conceptions du monde, la germanique et loccidenlale. M. Garcia
Calderon y était préparé par lé livre de valeur qu'il avait écrit, avant
la guerre, sur les Démocraties lalliies de l'Amérique, étude concrète
des conditions de vie de ces jeunes États démocratiques. ^< Un dilemme
que vont résoudre des batailles », tel est, pour lui, le sens profond
de la Grande Guerre ; entre les empires centraux et les démocraties
de l'Occident, l'antagonisme était devenu si aigu, que seul un cori-
llit sanglant pouvait le résoudre. La lutte est entre deux systèmes,
sans conciliation possible. D'un côté, l'Empire ; de l'autre, les na-
tions ; une race supérieure qui se targue de régénérer le monde ou
des États divers qui suivent librement leurs destinées ; l'ordre uni-
forme imposé par l'autorité ou la diversité féconde ; la force brutale
ou la pitié. Le triomphe du premier système représenterait le plus
grand recul moral qui ait menacé la civilisation. On voit rinli'rèt qui
s'attache au sujet. Au cours de son développement, M. (iarcia Cal-
deron est ampné à envisager les questions philosophiques et liistori-
- iSo —
(jues les plus importantes : rôle de la guerre et de la paix, valeur
relative des diverses formes de gouveriiemeut, impérialisme eu
général, pangermanisme. Signalons particulièrement le ciiapitrc \ :
K La Kace tutéiaire » où se trouve condensé le meilleur de ce qui
a été écrit sur la race allemande et sa prétendue prédestination. Le
chapitre des « Deux Testaments » est aussi très remarquable par la
manière dont il montre lopposition irréductible entre les deux con-
ceptions de la vie. la germanique et l'occidentale.
L'auteur conclut que la conception occidentale doit prévaloir, mais
qu'elle sera rectifiée par les leçons de la guerre. Un Appendice donne
l'éloquent discours qu'il a prononcé à la Sorbonne le 21 novem-
bre 1917, pour expliquer comment, malgré l'effort allemand, l'Amé-
rique espagnole et le Brésil restent profondément attachés à la Fiance.
Bon livre, débordant d'idées, très justes le plus souvent, toujours
étayées par une riche et solide documentation et présentées avec un
souci de l'objectivité qui fait le plus grand honneur à l'auteur. Il a
d'autant plus de mérite à rendre une pleine justice aux qualités incon-
testables des Allemands qu'il nourrit à l'égard de la France d'autre-
fois et d'aujourd'hui une vive sympathie, qui lui inspire les termes
les plus heureux pour célébrer notre pays entre tous les autres. Un
rapprochement s'impose entre ses idées et celles que G. Ferrero a
développées dans ses deux livres : La Guerre earopêenne et Le Génie
laLin et le Monde moderne. 11 est fort intéressant de voir ces deux
Latins, partis du Janiculeet de la Cordillère des Andes, se rencontrer
à Paris sur les mêmes conclusions : impuissance du seul progrès
scientifique à nous faire atteindre un idéal de perfection et supério-
rité de l'esprit sur la matière. Voilà ce qui distinguera toujours la
civilisation latine de la civilisation germanique et pourquoi il fallait
que nous sortions victorieux de la guerre. A. T.
Vertus guerrières, parle capitaine Z... Paris, Payot. 1918, in-16 de :2oO p.
— Prix: 4 fr. 50.
On doit au capitaine Z. plusieurs études pleines d'intérêt et d'origi-
nalité sur Y Armée de la guerre, sur X'OfJicier et le soldat français. Sous
le titre : Vertus guerrières, il a groupé une série d'observations per-
sonnelles, de réflexions suggérées par les opérations auxquelles il a
'I pris part, par les récits qu'il a recueillis.
Officier de complément, le capitaine .Z. apprécie à leur valeur les
officiers de carrière et par là il entend ceux d'avant la guerre et non
tous les sous-oificiers parfois trop rapidement promus ; etaprès avoir
sévèrement jugé ces soldats de M. Barbusse, ces hallucinés sortis de
l'imagination de l'auteur du Feu, il rappelle la belle leçon militaire
donnée par le général de Castelnau, au camp de Mailly, dans les pre-
— 18G —
iniers jours de juillet 1914. Le Mercure de France du 1" janvier 1917
l'avait publiée et elle est caractérisée par la question adressée par le
général au colonel de Cissey, à l'issue de la manœuvre : « Où vouliez-
vous mourir ? » C'est bien la suprême vertu guerrière : Mourir puis-
samment pour mourir utilement.
L'idée de fidélité est aussi un facteur de victoire. Le soldat doit être
fidèle aux chefs, à la patrie, au drapeau, fidèle aux traditions de son
corps, fidèle aux morts. Parmi les qualités qu'il doit acquérir et.déve-
lopper figurent : le dévouement, le sacrifice, le goût des responsabi-
lités, l'esprit d'initiative et d'activité, l'opiniâtreté, la foi dans le succès.
A l'appui de chacune de ces vertus militaires, le capitaine Z. cite des
exemples empruntés aux faits dont il fut témoin, aux citations qu'il
a relevées. Il a lui-même foi dans l'avenir de la France, après la paix,
mais il estime que la victoire eût été obtenue plus aisément, avec des
sacrifices infiniment moindres : « Si nous avions été tous et de tous
les temps loyalistes et unis par un commun idéal sous un chef véri-
table, avec un régulateur national (p. 62). « Il va de soi qu'avec un
bon gouvernement on a les meilleures chances d'avoir une excellente
armée. H. L.
Clemenceau, par Camille Ducray. Paris, Payof, 1918, in-16 de 122 p..
avec 3 portraits et 1 autographe. — Prix : 2 fr. 50.
Les panégyristes de M. Clemenceau' ont beau jeu en ce moment à
nous présenter de sa vie seulement le beau côté. L'opinion publique,
reconnaissante à leur héros delà part qu'il a prise à la victoire, leur sau-
rait peut-être mauvais gré d'insister stir ce qui n'est pas à son honneur
-dans sa carrière passée. M. Camille Ducray a usé de cette facilité pour
nous donner un Clemenceau où « l'homme politiquç » ne tient qu'une
toute petite place entre u l'étudiant » et (( le médecin » d'une part ;
« le journaliste », (( l'écrivain » et le (( grand citoyen » d'autre part
(25 pages sur 121). Du terribledémolisseur que fut Clemenceau, qui n'a
jamais cessé toute sa vie de poursuivre de sa haine et de ses sarcasmes
tant de choses respectables, sacrées même : du Clemenceau que nous
trouvons dans le recueil d'articles de l'Homme libre réuni sous le
litre : Dans les champs du pouvoir, il n'est presque rien dit. Mieux vaut
<uijourd'hui insister sur le Clemenceau de la France devant l'Alle-
magne, animé d'une foi ardente dans les destinées de la patrie. Les
citations de quelques passages des discours qu'il a prononcés à la
<;hambre, au cours de celte période tragique, vibrants comme des
<'oups de clairon, sont bien faites pour nous donner la plus juste idée
tle son patriotisme et de la qualité particulière de son éloquence, toute
proche de celle des orateurs de la Convejilion, (ju*Tnd ils proclamaient
la pairie en danger.
— 187 —
Signalons (p. 83) les quelques lignes, heureusement mises en évi-
«lenre par M. Diicray, où Clemenceau exprime ses ambitions de
journaliste au sujet de l'action qu'il prétend exercer sur <( le passant
inconnu. >> A. T.
Xotre Clemenceau juyé par un catholique, par J. Haymond. Paris,
Jouve, s. d., (191S) in 16 de 159 p. — Prix : 3 fr.
Cet opuscule que l'auteur appelle un a recueil de faits, de pensées
et de jugements » (p. .35) constitue non seulement une apologie, mais
4ine véritable apothéose de l'éminent homme d"Élat qui préside actuel-
lement de si belle façon aux destinées de notre pays. Le nom de
(( catholique >->, spécialement réclamé par M. J. Raymond, ne se jus-
tifie dans son ouvrage à peu près par rien. Cet écrit d'ailleurs ne se
ilistingue pas par la précision. Les quinze chapitres dont il se com-
pose sont des amas successifs de louanges méritées, mais incohé-
rentes. Le principal intérêt qu'ils offrent sont de nombreuses et
longues citations des plus récents discours de M. Clemenceau. Cela
aide à feuilleter jusqu'au bout le dithyrambe de M. Raymond. On
y trouve un lapsus bien singulier. « L'Autriche-Hongrie, fatiguée de
la guerre, subie sous le joug de l'Allemagne, nous dit l'auteur, s'était
adressée secrètement au pape Léon XIII (sic), qui avait fait appel aux
Jjelligérants, pour obtenir la cessation des hostilités. » Voilà du coup
supprimés, non seulement les débuts du pontificat de Benoît XV,
mais le rèsrne entier de Pie X. M. S.
David Lloyil Georye. élude biofjrnphiqne, par Harold Spender ; traduc-
tion de Robert L. Cru. Paris, Colin, 1919, in-l8 de 362 p. — Prix : 4 fr.
Voilà un ouvrage que liront avec profit et non sans agrément ceux
qui seraient curieux de connaître la formation et la mentalité du
Premier britannique. Évidemment c'est un livre d'ami, et d'ami en-
thousiaste. On ne saurait lui demander de critiquer. On aurait pu seu-
lement souhaiter que sur certaines questions de politique intérieure il
nous eût renseignés avec un peu plus de précision. Mais ce qu'il met en
pleine lumière, c'est le rôle joué par son héros durant la guerre mon-
diale, un rôle de premier plan, que notre reconnaissance ne saurait
oublier. Chancelier de l'Échiquier lors de l'ouverture des hostilités, et
occupant ce poste depuis six ans, M. Lloyd George devint, en mai 1915.
ministre des munitions ; en juin 1916, ministre de la guerre, à la
suihe de la mort tragique de Lord Kitchener ; en décembre 1916,
premier ministre, concentrant tout de suite les pouvoirs dans un cabi-
net de guerre très peu nombreux, et se faisant l'un des plus actifs,
l'un des plus décidés préparateurs de l'unité de direction et de com-
•mandement pour l'ensemble des armées alliées. Nul pourtant n'est
— 188 —
moins suspect de militarisme chauvin. Il avait combattu la guerre con-
tre les Boers. et crânement, sans craindre d'affronter les huées, les vio-
lences. Contre l'Allemagne, il ne se décida pour la guerre que le 4 août,
mais résolument alors. « Je puis comprendre, a-t-ildit, qu'un homme
s'oppose à une guerre, mais je ne peux comprendre un homme qui
fait la guerre d'un cœur hésitant. »
Lorsqueri avril 1890 fut laborieusement élu à la Chambre des com-
munes le modeste avoué-avocat {allorney) du pays de Galles qu'était
alors le premier ministre d'aujourd'hui, et qui n'avait que vingt-
sept ans, étant né le 17 janvier 186.3 à Manchester, il s'était déjà
révélé d'un vigoureux tempérament, d'une ardente éloquence. 11 s'est
formé et il a pris de l'ascendant eu se révoltant ou en poussant à la
révolte non-conformis-te contre l'Église établie, enfant du peuple
contre les squU-es de son comté, en attendant qu'il menât ses cam-
pagnes passionnées contre les landlords et contre la Chambre des
pairs. Révolutionnaire, il l'a été beaucoup et trop. Mais entre le roi
Georges V et lui, l'estime et môme l'amitié sont aujourd'hui pro-
fondes et réciproques. Au premier rang des hommes d'État qu'il
admire et qu'il aime, ce révolutionnaire place Edmond Burke. Il e.st
pieusement attaché à sa petite patrie, le pays de Galles, pour lequel il
réclame le home riile, fervent de sa langue, de sa poésie, de ses chants. Il
a l'intelligence trop ouverte pour être prisonnier des mots et des for-
mules : il a le sens du réel. Souhaitons qu'il nous en donne de nou-
velles preuves tant à la conférence de la paix qu'en face des troubles
ouvriers qui menacent la Grande-Bretagne.
Babon .\>'got des Rotours.
Le Colonel Driant, par Gaston Jollivet l^aiis, Delagravc, 1918, in-lS
de 264 p., avec un autographe du niaréclial Foch. — Prix : 3 fr. 50.
Ce nom sonne comme un coup de clairon de la guerre. Sous son
pseudonyme de « Datait » l'officier qui le porta était connu de toute
une génération de jeunes lecteurs qui s'étaient enthousiasmés aux ré-
cits aventureux et pittoresques de ses romans militaires : Robinsons
sous-marins, Robinsons de l'air, la Gderre de demain. Histoire d'une
famille de soldais, etc.. Maintenant le colonel Driant est entré dans
la renommée guerrière, depuis son trépas glorieux au bois des Caures.
au début de la terrible oll'ensive contre Verdun, au mois de février
191G.
M. Gaston JoUivet, d'une plume alerte et familière, a puisé direc-
tement à d'excellentes sources: lettres, papiers de famille, archives
régimentaires, pour conter la carrière essentiellement militaire de ce
jeune officier d'Afrique, instructeur à Saiut-Cyr, commamlant de
chasseurs en Lorraine, dont l'épée fut brisée par les ministres ])oliti-
— 189 —
rions qui failliront, de 1000 à l!)10, rotiHuire l'armée française à la
mine. On faisait payer à Driant le (( inallieiir » d'être le gendre du gé-
néral Boulanger. Il utilisa alors son inaction forcée en écrivant dans les
jourtianx et en entrant à la Channbre comme député de Nancy. La
(irande Guerre le rendit à son rôle de soldat. Il s'y conduisit en héros.
Toutes ses paroles, tous ses actes, tous les détails de son existence de
combattant et de chef méritaient d'être recueillis. L'admiration de ses
camarades, l'afFection respectueuse de ses hommes lui donnaient une
influence paiticulicre. Sa perte est une des plus sensibles qui aient
atteint l'artnée et la France. La lecture de ce livre est faite pour nour-
rir le patriotisme. Geoffroy de Grandmaison.
Une Ame de séminariste soldat. Le Seryeiit Pierre Bakouard,
du 125' d'infanterie, par I'aul Viglé. Paris, Beauchesne. 1918, in-16
de 220 p.. avec 2 portraits. — Prix : 3 fr. l'A).
Né le 30 juin 1892, à Loudun, Pierre Babouard fut tué d'une balle
au front devant Verdun, le dimanche 7 mai 1916. Il avait, comme
tant d'autres, quitté le séminaire pour le régiment. Comme beaucoup
d'autres, il s'appliquait par esprit de devoir à exceller dans des obli-
gations pour lesquelles il n'était pas fait. Plus et mieux que d'autres,
grâce aux ressources multiples de sa riche nature, il s'imposa par son
exemple et rayonna par sa parole. Il a>j)irait au sacerdoce de toutes
les énergies de son âme d'apôtre, mais il accepta vaillamment le
f^acrifice qu'il avait envisagé et, semble-t-il, pressenti. « Il ne s'agit
pas de vivre longtemps, disait-il, mais de bien vivre, et ce n'est pas
gâcher sa vie que de la sacrifier librement, dans l'acceptation géné-
reuse de la mort pour le salut du pays. » Ses élans vers Dieu réle-
vaient sans cesse au-dessus des médiocrités oii tant d'autres se com-
plaisent. En même temps il s'évertuait à alléger son âme, à la dégager
de tout ce qui pouvait alourdir son vol. Son biographe ne nous cache
pas qu'il eut ainsi à veiller constamment contre les reprises d'une
nature où certaines tendances d'amour-propre, en particulier, auraient
pu faire échec à de belles qualités, et je ne sais rien d'émouvant
comme le spectacle de ce jeune homme qui n'a rien de plus à cœur
•que de s'amender par amour de Dieu. A ce titre, son exemple sera
utile non seulement aux lévites ses confrères, mais à tous les hommes
qui se préoccupent d'ascension morale. Ch. Landry.
Lettres à un converti de la guerre, par G. Letouhneau, 2' série.
Paris, Gabalda, 1919, petit in-12 de vni-353 p. — Prix : 2 fr. 50.
Encouragé par le succès si légitime qui a accueilli ses première.s.
lettres, et qui avait été à la fois souhaité et prévu ici même {Polybi-
• blion d'août-septembre 1918, t. GXLIIl, p. 97-98). M. le curé de Saint-
— 190 —
Sulpice pul)lie un second volume, tlonl l'utilité ne sera pas moindre..
11 serait difficile de trouver ailleurs en si peu de mots des conseils
plus précis et pltis variés. Qu'il s'agisse d'orienter vers la révélation
chrétienne un ingénieur athée désireux de s'instruire, qu'il faille
répondre à des questions posées au sein d'un comité soit par un
avocat à tendances modernistes soit par des partisans de la foi du
charbonnier, que l'occasion se présente de rappeler les règles de la
spiritualité chrétienne ou la nécessité de l'apostolat et de l'action
sociale, toujours on entend, à point nommé, la parole la plus nette.
11 n'est guère dans la manière de iM. Letourneau de multiplier les
longues phrases et les développements. 11 procède par traits rapides,
avec une sûreté de main qui révèle autant d'expérience personnelle
que de savoir. Ce qu'il ne dit pas, il indique où on le trouvera : les
références bibliographiques qui suivent chaque lettre complètent
ainsi son enseignement. Les chrétiens attentifs à le suivre admireront
chaque jour davantage les beautés de leur foi et la vivront en pléni-
tude avec une logique mieux avertie. Il faut souhaiter que le nombre
en soit grand. Ch. Landuy.
Les Consolations. Pour les coeurs dévastés, par Edavau MoNTiicn,
Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1918, in-16 de
306 p. — Prix : 3 fr. 50.
Si l'enseignement de l'Église catholique, qui prête à chaque desti-
née humaine tant de sérieux et de grandeur, peut terrifier, par cer-
tain côté, les perspectives qu'il ouvre, d'autre côté, sont d'une spletj-
deur incomparable, et c'est bien dans ces perspectives que doivent
nous apparaître les morts qui viennent de donner leur vie pour la
France. Us sont beaux ; ils sont purs ; ils sont en sécurité ; ils sont
heureux ; ils sont meilleurs ; ils vous voient ; ils sont tout près ; ils
vous aiment ; ils vous comprennent ; ils sont à vous ; ils vous at-
tendent ; ils vous recevront : tels sont les titres que M. Edward Mon-
tier donne aux chapitres de son livre en l'honneur de nos morts, je
dirais volontiers aux chants de son poème, poème en prose, sauf la
prière finale, mais dans lequel on sent constamment une àme ardente
de noble poète. Œuvre de penseur aussi, et de fin moraliste, et de
ferme chrétien. J'aurais aimé qu'il nous ])résenl;U davantage la justi-
fication théologique de ses affirmations. Maisjene veux nullement in-
sinuer qu'elles ne sont pas justifiées théologiquement. Entre l(>s nom-
breux ouvrages qui ont été composés récemment pour olVrir des
consolations, celui-ci a été déclaré supérieur à beaucoup d'autres par
Mgr lîaudrillart. dans sa récente allocution (décembre 1018) à l'As-
semblée générale de l'Assistance mutuelle des veuves de la guerre.
Baron .\>got des Rorouns.
— 191 —
La Cité «le demain «laiiH Ie« r«';|i<»iis dévaMléi'is. par .1. MAUcrr.
AiiuHTiN ri llr.MU IW.am iiaud. l'iiris. Colin. 11117, i^r. iii-8 do \ii-317 p.
— l'iix : 6 fr.
L'un des auteurs de ce livre, .M. J.-M. AuLui lin, avait collaboié à
un précédent ouvrage intitulé : « Comnicnl reconstruire nos cités dc-
Irailes. Mais, depuis lors, les questions de cet ordre n'ont cessé de se
renouveler, de s'élargir. Pour montrer que le présetit volume les en-
visage dans toute leur ampleur, il sufïîra de faire connaître ses-
grandes divisions : 1" partie, exposé des principaux travaux anté-
rieurs sur la reconstitution des cités détruites ; 2*^ partie, conceptiou
des cités à recoritruire ; S*" partie, l'exécution des travaux ; 4" par-
tie, législation et réglementation. En divers points de ces études, il
y aurait sans doute lieu de les compléter par la mention des faits ou
de documents postérieurs à leur publication. Mais il y aura toujours
profit à les consulter. Avec des indications abondantes et surabon-
dantes de projets parlementaires et autres, les auteurs, quand ils
expriment leurs idées personnelles, en pioposent souvent de justes-
ou d'intéressantes. Ils souhaitent par exemple (p. 96) qu'à l'avenir on
préfère aux monuments commémoratifs, dont on a tant abusé, des
œuvres commémoratives bellement conçues, telles que places, grou-
pements d'édifices. Ils recommandent de confier l'établissement des
plans régulateurs (p. 106) à des architectes compétents, et non pas
aux agents de second ordre auxquels s'adressent souvent les autorités
locales. Ils font des vœux (p. 222) pour que la pratique se répande
de contrats collectifs de travail, obligatoires pour les deux parties. Ils
conseillent judicieusement d'utiliser davantage l'arrondissement eu
tirant meilleur parti des commissions sanitaires qui déjà y sont ins-
tituées, et en y créant des agences temporaires pour coordonner
l'œuvre de reconstruction. Il doit être entendu que ce n'est pas seule-
ment aux villes, c'est à tout groupement de population, que s'ap-
plique, en ces pages, le mot de cité, et il en est ainsi du terme, qui
n'est pas très bien choisi, mais dont l'usage va se généralisant, d'iir-
Ijanisme. Baron Angot des Roxoras.
L'Alimentation en temps de guerre, avec recettes et menus, par
M""^ Aie. Moll-Weiss. Paris et Nancy, 1919, in-12 de xv-203 p. — Prix :
3 fr. oU.
Les 1 18 premières pages de ce livre, qui en forment la première par-
tie peuvent être considérées, à beaucoup d'égards, comme une his-
toire de l'alimentation pendant la longue guerre dont nous sortons à
peine et de façon si laborieuse. M^'MolI-Weiss, qui fait autorité pour
tout ce qui concerne le sujet, a divisé cette première partie en dix
chapitres, savoir : I. Les Économies et l'Alimentation en temps de
— 192 —
guerre ; II. Il faut manger pour vivre ; III. L'Aliment carne en temps
de guerre ; lY. Les Succédanés de la viande. V. Le Pain et ses suc-
cédanés ; VI. La Consommation des corps gras ; VII. Légumes frais
cl fruits frais ; VIII. Le Sucre ; IX. Nos Boissons ; X. Le Chauffage
et l'éclairage en temps de guerre. — Quant à la deuxième partie :
liecetles et menus de guerre, elle comprend neuf chapitres très détaillés,
dont les ménagères feront bien de s'inspirer le plus possible actuelle-
ment et aussi, dans une certaine mesure, quand luiront des jours
plus heureux ; car l'économie, sous toutes ses formes, devra, après la
terrible crise dont la fin n'apparaît pas encore, être longtemps prati-
quée dans les familles.
Transmettons maintenant à qui de droit ce desideratum de l'auteur :
« A celles qui liront ces pages, nous demandons de nous faire l'hon-
neur de devenir nos collaboratrices. Elles le seront en nous faisant
parvenir leurs observations, leurs réflexions, les données pratiques
intéressantes qu'elles possèdent et les recettes qu'elles ont éprouvées. »
E.-A. Chapuis.
Lies Gars de la flotte, par Abnould Galopin. Paris, Albin Michel, s. d.,
in-16 de 396 p. — Prix : 4 fr. 50.
Le fécond écrivain qu'est M. Arnould Galopin nous avait récemment
donné dans Sur le Front de mer un mémorial authentique des héros
de la marine marchande. Aujourd'hui, daiis les Gars de la Jlolte,
l'auteur redevient romancier et se plaît à écrire, sous forme de roman,
une sorte de livre de bord, en nous prévenant que l'imagination n'y
joue qu'un rôle insignifiant. Ce journal contient, à certaines pages,
des situations et des scènes réellement impressionnantes, mais, bien
qu'elles soient peut-être au-dessous de la vérité, elles ne nous touchent
pas autant que le récit très simple de faits tous véridiques. L'en-
semble est cependant intéressant et plaira surtout aux jeunes lecteurs
<pii, sans chercher à faire la part du vrai et du faux, prendront un
grand plaisir aux aventures dramatiques de nos marins delà brigade
et à l'amour qu'inspire à l'un d'eux la jeune Louise. J. C. T.
— L'Allemagne, tout comme ses alliés, étant bel et hier» vaincue,
([uoi qu'elle en dise, puisque les Alliés occupent une partie de son terri-
toire et qu'elle a dû livrer sa flotte de guerre sans combat, fait unique
dans les annales du monde, c'est avec une véritable satisfaction que
chacun lira Vllisluire sommaire de la guerre de quatre ans. que, sous
la signature S. H., membre de plusieurs sociétés savantes, vient de
publier la librairie llaclietle (in-IG de 42 p. Prix : 0 fr. 75). Celte bro-
chure se compose de sept chapitres : I. Les Causes immédiates de la
— 19:{ — •
guerre. II. La riuerrc en 11)1 i. III. La Guerre en lOlo. IV. La Guerre
cri 1916. V. La Guerre en 11)17. VI. La Guerre en 1918 (jusqu'au
4 novembre). \l\. L'.\rniislice. La ViclDire fie l'Entente et du droit'.
On a là une vue d'ensemble, claire, rapide, précise, qui restera sanH
elTort dans toutes les mémoires.
— Bien que la librairie Berger-Levrault ait mis à la disposition
de sa clientèle des cartons d'emboîtage^ dont il est question plus
loin, pour les nombreux volumes des Pages d'histoire, cela ne signi-
fie nullement que cette collection soit terminée. A telles enseignes
que voici encore six nouveaux fascicules : N" lofî. Les Communiqués
officiels depuis la déclaration de guerre. XXXVII. Avril-juin 1018 (suite
chronologique des dépêches du gouvernement français) (in-I2 de
232 p. Prix : 2 fr. 50). — N" 157. Dans sa livraison d'avril 1915, le
Polybiblion (t. CXXXIII, p. 168-169) a signalé le n" 39 de la collection
relatif au Front, qui, au moyen de 32 cartes, donnait la situation qui
varia si fréquemment du 10 août au 30 décembre 1914. Aujourd'hui
nous avons à mentionner 16 autres cartes en six couleurs faisant suite à
celles publiées il y a quatre années sous le même titre : Le Front (in-
12, 4 pages de texte précédant les cartes. Prix : t fr. 50). Mais, cette
fois, il s'agit des a Étapes de la délivrance » par lesquelles sont mar-
qués les Fronts successifs du 1'"'' janvier 1915 au 15 octobre 1918. Ce
petit atlas, qui parle si bien et si agréablement aux yeux, sera com-
plété plus tard — espérons que ce sera bientôt — par un nouveau
fascicule qui « nous permettra de suivre les armées alliées au travers
de l'Allemagne vaincue. » — N° 158. M. Keble Howard a intervviewé
les officiers et surtout le capitaine Carpenter, qui dirigea l'expédition
navale britannique contre Zeebrugge et rendit inutilisable par les Alle-
mands (les « Boches », comme dit invariablement l'écrivain anglais)
ce port belge transformé par eux en un repaire de sous-marins. Et de
ce qu'il a appris de la sorte, il nous présente un résumé très vivant,
qu'il intitule : L'Épopée de Zeebrugge et le « Vindictive » (in-12 de 87 p.,
avec 17 gravures. Prix : 2 fr.). Les pages 55 à 84 sont remplies par-
les comptes rendus officiels des opérations de Zeebrugge et d'Ostende
24 avril-ll mai 1918). — N^ 159. Le Troisième Livre jaune françaù;
concerne l'Alliance franco-russe (in-12 de 216 p. Prix : 2 fr. 50). Les
documents réunis ici sont très importants ; ils exciteront certaine-
ment la curiosité générale. Au nombre de 107. d'étendue fort inégale,
ils se répartissent ainsi : les 27 premiers expliquent les origines de
l'alliance (24 août 1890-30 janvier 1892) ; les suivants (n°» 28 à 81)
nous montrent comment s'élabora la convention militaire entre les
deux pays (4 février-novembre 1912) ; les n^s 82 à 95 ont trait à la
conclusion de la convention militaire (20 mai 1893-12 août 1899) ;
•enfin les n°^ 96 à 107 règlent la convention navale, qui intervint beau-
M.vRs-AvRTL 1919. ï. CXLV. 13.
— 19t —
coup plus tard (6 févriei-16 août 1912) ; — ^° i&). Voici le huitième
volume de la Chronologie de la guerre, par S. R. (in-l2 de 265 j).
Prix : 3 fr.). qui embrasse une époque particulièrement mouvemen-
tée et angoissante de la Grande Guerre : 1" janvier-HO juin 1918.
Combien cette division des Pages d'histoire comptera-t-elle encore
de volumes ? Deux au plus, vraisemblablement. — N° 161. Le fasci-
cule, qui a pour titre : 1918. Les Glorieuses Journées de Lorraine et
d'Alsace (in-12 de 78 p. Prix : 1 fr.), réunit, dit M. R. Sleinheil dans
une brève Introduction, classés dans l'ordie chronologique, d'abord
dans une première partie : le compte rendu stéuographique de l'émou-
vante séance de la Chambre des députés du 11 novembre, le discours
du président Poincaré, consacré à l'Alsace-Lorraine, le 11 novembre.
les proclamations et ordres du jour des maréchaux Foch et Pétain,
des généraux Mangin, Gouraud, Gérard ; en deuxième partie : le triom-
phal voyage des présidents en Lorraine et en Alsace redevenues fran-
çaises ; les discours de Metz, de Strasbourg, de Colmar et de Mul-
house ; enfin, comme couronnement, les magnifiques paroles pro-
noncées à la Chambre des députés par les présidents Deschanel et
Clemenceau, et au Sénat par le président Dubost et M. le ministre
des affaires étrangères Pichon. » Ce petit livre pourra bien appeler
une suite avant qu'il soit longtemps, car il est probable que d'autres
événements dignes de mémoire se produiront encore avant que l'ordre
nouveau ait mis toutes choses au point.
Voici maintenant en quoi consistent les cartons méthodiques d'em-
boîtage, permettant de relier soi-même les 13 séries actuelles des
Pages d'histoire, que la maison Berger-Levrault a fait établir avec
un goût et un soin tout particuliers. Très élégants, en demi-perca-
line, de couleurs variées pour distinguer les séries, ces emboîtages
qui mesurent 28 centimètres de développement en largeur pour les
deux plats sur 17 et demi de hauteur, sont pourvus de caoutchoucs
intérieurs destinés à fixer les fascicules. Ils portent au dos, gaufrés en
or, les titres des séries et l'énumération, le nom d'auteur, le titre des
fascicules entrant dans chaque emboîtage. Le classement mélhodiquc
des fascicules obtenu comme il vient d'être dit, outre qu'il donnera
à la collection un aspect agréable, assurera la rapidité et la facilité
des recherches. — Ainsi les fascicules intitulés : « Communiqués
officiels sont répartis en 7 emboîtages ; ceux A l'ordre du jour en ont
3 ; les Pourparlers diplomatiques, 4 ; les Opérations militaires, l ; la
Techn'ujue de guerre, 1 ; les Paroles françaises, 1 ; l' Allemagne cl la ■
Guerre, 3 ; Voix américaines, \ ; Voix de neutres, 1 ; Oueslions éco-
nomiques, 2 ; Poèmes et chansons de guerre, 1 ; Histoire de la guerre.
3 ; les Journées historiques, 1. — Cet ensemble ne vise que les vo-
lumes parus à ce jour ; des emboîtages complémentaires seront cou-
— 195 —
fectionnés au fur el à mesure des besoins. Chaque emboîtage coule
1 fr. 25.
— Pour mener à bonne fin la guerre, sinon dans les opérations
militaires, du moins dans l'encerclement économique et politique de
l'Allemagne, nécessaire à la victoire totale des Alliés, il fallait que les
républiques latines de l'Amérique du sud vinssent se ranger à nos
côtés. Presque toutes y sont arrivées, malgré les efforts de l'ennemi
pour les maintenir dans la neutralité. Pour estimer à leur juste
valeur les appuis que nous avons rencontrés au Brésil dans la lutte
contre la propagande germanique, il suffit de lire des conférences
comme celle que faisait, dès l'Jlo, au Cercle français de Rio de
Janeiro, M. Antonio dos Reis Carvalho. Sous le titre : La Guerre et la
Grande Guerre (Rio de Janeiro, lyp. Besnard. iri-12 de 27 p. Trad.
par M. Aug. de Aranjo Gonsalves), il explique comment les Alle-
mands ont dépassé en atrocité les forfaits des plus cruels conquérants
de tous les temps, et comment la nation allemande, toute entière
intoxiquée, forme une odieuse exeptiori dans le monde civilisé. Ren-
dant à la France et à Paris un juste hommage, il montre notre capi-
tale devenant le siège de l'Assemblée de toutes les nations, pour ins-
tituer une paix durable. C'est ce qui se réalise aujourd'hui, après la
défaite et la révolution allemande, prédites aussi, plus de trois ans à
l'avance, par M. dos Reis Carvalho.
— La guerre qui finit est pour M. René Lavollée « la fin d'un
monde » : « Une ère nouvelle commence qui peut être, pour le genre
humain, le point de départ d'une ascension merveilleuse vers l'idéal
de justice et de concorde rêvé par les plus nobles cœurs de tous les
temps, » et il ajoute que, « si nous voulons que la France survive à
l'effroyable secousse n, il faut qu'elle sache comprendre, se souve-
nir, s'organiser, conserver et tout à la fois réformer hardiment, cou-
rageusement, a Et c'est ce programme d'organisation intérieure et
de réforme qu'il expose en quelques pages qui provoquent à la
réflexion. A l'organisation intérieure doit se superposer une certaine ç
organisation extérieure et internationale, et M. R. Lavollée salue ia
Société des nations, ou, pour parler plus exactement, une société des
nations, une sorte de coalition des puissances de l'Entente et de
quelques autres, mais dont seraient impitoyablement exclues les
puissances centrales. Il n'est pas possible, dans le peu de place dont
nous disposons ici, d'exposer, moins encore de discuter, les idées
émises par l'éminent écrivain dans cette brochure qui se recommande
à l'attention: La Fin d'un monde el la Sociélé des nations PariSy
Alcan. 1919, in-I6 de 80 p.i.
— Déjà, le R. P. Dudon. S. J., dans un travail que nous avons
signalé ici, avait dit son fait à l'auteur anonyme et prétendument
— [M —
calholiquo des atiicles parus dans la ncoae de Paris sur la PolUùjuc
de Beiioil XV. Voici que, sous ce même titre, le I\. P. Henri l.e Kloch,
recteur du s(''miiiaire français de Rome, nous donne une réponse en
rèyle et point par point li ces articles déplorables (pii. si l'auteur est
CQ effet catholique, comme il l'afTidje, manifestent chez lui un cœur
^âlé dans ce prurit de chercher les pires interprétations aux paroles
v[ aux actes du Père commuh des fidèles et en même temps une
intelligence mal faite ou déformée dans la façon dont il exerce la
€ritique (Paris, Pierre Téqui, 1919, in-8 de 71 p.). Le P. Le Floch ne
laisse rien subsister de l'édifice laborieusement construit par l'ano-
nyme, qui « substituant... l'exploiation de larrière-pensée mysté-
jieuse du Saint-Siège à l'élude loyale et directe des faits et des docu-
ments incontestables,.'., met à tout instant sa propre pensée fixe et
préconçue à la place de l'idée vraie du Saint-Siège. » Quatre chapitres
étudient : 1. Les Intérêts du Saint-Siège et les deux coalitions ; II. Les
Sources ; III. La Sentence pontificale : 1. La violation de la neutra-
lité belge; 2. La restauration de la justice; 3. Les méthodes de
guerre; IV. La Garde autour du champ clos : 1. Mettre obstacle à
notre ravitaillement; 2. Dissuader les neutres de se joindre à notre
parti ; 3. Briser le lien qui tient l'Entente assemblée. En terminant,
tious regrettons que la nevue de Paris, qui avait fait place à l'attaque
déloyale, n'ait pas voulu accepter celte réponse; cela prouve, sinon
une fâcheuse complicité avec l'auteur anonyme, à tout le moins un
iiveuglement intellectuel et moral étonnant dans un recueil qui
compte parmi ses directeurs un historien éminent.
— Un avocat à la cour de Paris, M. Jacques Desbleumortiers,
reprend à son compte, en les développant et en y ajoutant quelques
considérations nouvelles, les arguments de MM. L. Weiller et de
Monzie pour la reprise des relations entre le gouvernement français
et la cour pontificale : France et Vatican (les exigences de l'intérêt
national) (Paris, Delalain, 1918, in-16 de 127 p.). Ce n'est pas une
politique idéaliste que poursuit l'auteur, mais une politique d'inté-
rêt ; il n'est guidé ni par des sympathies pour le Saint-Siège ni par
la reconnaissance des droits et des besoins des catholiques de France.
tion histoire de la rupture diplomatique est extrêmement partiale et
donne raison sur toutes les questions de fond au gouvernement. II
est imbu au plus haut degré du dogmatisme laïcisateur: et. comme
M. de Monzie, dans une (jneslion nécessairement bilatérale, il veut
rester unilatéral. Tout en tiouvanl qu'il y a à prendre dans sa brochure
<'t qu'elle peut amener (juelques esprits à la reprise des relations que
nous désirons, nous ne pouvons souhaiter que ceux qui les repren-
<lront se laissent uuiipiement guider par des princi])es aussi terre à
trViV..
— S(ir le tùlr (lu .Saiiil-Sii;;,M; pcMiiléiiit la j,Mi(;ire, la (Àvitlà caUoli( u
a piihlir mie hrociiuic ^\^n^ le I*. Oudoii a adaptée on l'ranrais cl duut
[io«is avons parlé à ce litre. Nous avoris sous les yeux une I Liducliuii
espagnole de roriginal ilalien que nous signalons bien \olonlicrs à
nos lectents : llecho y nu palabras : iniciaLœas de caridad de S. S. el
papa Benediclo XI' duraide la (juerra êuropca de l'Jl'i-lVlS (Madiid,
lip. d(; h\ Recisla de archivas, bibliolecas y museo, lîjlîj, in-l6de 08 p. i.
— M. .NiJiizio Nasi qui, au lenips où' il s'élail fourvoyé dan> lu
politi(pje, fut nielé, Ton s'en souvient, à un procès relenlis.^aiil. a
ouvcll le cours de philosophie du droit de l'année lÛlo-lOlti à TLiii-
versité de Rouie par une intéressante leçon sur le dioit et là guerre :
Il Diritlu é la Gnerra (Collana (loUlii di conferenze e discorsi, o4. Cani-
pobasso, Colitti, lOlO, in-8 de 2ti p. Prix : i fr.i. L'auteur, qui déclaro
que la science voit plus loin et plus haut que la -politique, luais
qui ne croit pas qu'elle doive s'abstraire des faits et des réalités, com-
bat les impérialismes, l'inipéralisirjc colonial comme les autres,
repousse le militarisme au sens piéjoratif du mot, niais non pas
l'emploi et le maintien des armées, rejette la diplomatie secrète et
aspire à un accord des puissances qui, s'il ne réalise pas l'utopie de
la paix perpétuelle, mette du moins la force au service du droit.
— Nous avons signalé eu son temps (Polyhiblloii de mai-juin IU!T.
t. CXXXIX, p. 24o) l'opuscule dans lequel M. V. Elighetti repoussait
l'accusation dirigée contre Nietzsche d'être un des pères du panger-
manisme ; c'est la même thèse que reprend M. Camille Spiess dans
une élude sur Slelzsche contre la barbarie allemande (éditions de la
Revue conlemporaine, Paris, 53, boulevard du Montparnasse, 1919,
in-8 de 25 p. Prix : 2 fr.), auquel il a donné pour épigraphe ces mots
du philosophe allemand : « Partout où atteint l'Allemagne, elle cor-
rompt la culture, n
— M. Albert Mousset, qui est actuellement un des Français qui
connaissent le mieux l'Espagne et l'un de ceux qui ont travaillé le plus
profilablement dans ce pays pour la France, nous donne de très utiles
Élémcids d'une bibliographie des livres, brochures et tracts imprimés'
ou publiés en Espagne de 19 lU à 1918 et relatifs à la guerre mondiale
(Madrid, hijos de Tellos ; Paris, Collemant, 1919, in-IG de 108 p.).
« Une bibliographie, dit l'auteur, est incomplète par nécessité » et il
explique que « celle-ci échappe d'autant moins à la règle qu'elle
cherche à saisir non seulement des ouvrages mis dans le commerce...
mais encore des feuilles de propagande ayant une circulation limitée
et parfois clandestine. » Les Allemands et les germanophiles ne s»
sont pas fait faute de lancer des pamphlets sans nom d'imprimeur et
parla même échappant aux poursuites que l'on aurait pu diriger
contre eux ; et cependant, M. Mousset nous fait remarquer — et cela
— 198 —
surprendra bien des lecteurs — que « les ouvrages favorables aux
alliés... l'emportent numériquement sur les productions germano-
philes. » M. Mousset nous annonce qu' « un second fascicule présen-
tera... avec un supplément à la présente bibliographie, un dépouille-
ment aussi complet que possible de la presse périodique et un cata-
logue des affiches, gravures et cartes postales éditées en Espagne à
propos de la guerre. » Nous l'attendons avec impatience et nous ne
doutons pas que la consultation en sera aussi profitable.
Albcm. — A l'usage des enfants, la librairie Berger-Levrault vient
^l'éditer un album aussi intéressant qu'original, lequel a pour titre :
Beims. Sept Siècles d'histoire devant la cathédrale (in-4 allongé, de
42 p., mesurant 3i centimètres en longueur sur 28 de hauteur. Prix :
^0 fr.j. Le texte est dû à M. R. Burnand ; les images en couleurs
t^ônt l'oeuvre de M. E.-G. Benito. M. Burnand nous présente un petit
soldat « comme il y en a des milliers qui sont partis pour la guerre
en chantant et qui, jour et nuit, se battent de toutes leurs forces pour
la France. » Ce petit soldat regardait la cathédrale subissant l'odieux
bombardement des Allemands, quand, saisi d'une sainte colère, n'y
tenant plus, « sans hésiter, la tète haute, il sortit de sa tranchée pour
marcher à l'ennemi et venger la cathédrale. » C'est alors que, frappé
d'une balle, « il tomba, les bras en croix, la face vers le ciel, avec un
petit trou rouge sur son front d'enfant. » Transporté loin du champ
de bataille, des infirmiers le déposent sur le parvis de la cathédrale.
Aussitôt, (( un des anges du portail de l'Annonciation... descendit de
son piédestal et s'avança vers le petit soldat. » Et « pendant que de
lumineuses visions passaient devant les yeux du blessé », l'ange, qui
se dit« l'âme de la cathédrale, l'âme toujours jeune, lame éternelle
de cette vieille et divine maison », lui fait le bref récit de tout ce qu'a
vu l'illustre monument'à travers les siècles, en remontant même un
peu avant (par exemple, l'invasion des Huns et le baptême de Clovis).
Après sa construction, son histoire, qui est celle de la France d'au-
trefois, évoque Charles Vil et Jeanne d'Arc, Louis Xï, Louis XIV, la
■Révolution et l'Empire, le retour des Rois, la guerre de 1870-1871.
Et l'ange, en terminant, s'écrie : « Petit soldat, réveille-toi, déjà
l'aube de la victoire illumine le ciel. » Le blessé se réveille en effet
sur un lit d'hôpital, soigné par une «jolie infirmière, toute rose dans
SOS voiles blancs. » Histoire et poésie mêlées, envolée religieuse aussi,
tel est le fond de cet album dont les images en couleurs rappelant
souvent le genr'» « vieil Épinal », est d'inspiration très artistique,
sans qu'il y veuille prétendre en apparence. En autres planches sug-
gestives, nous signalerons celles qui représentent : l'entrée de Charles
Vil dans sa bonne ville de Reims ; Napoléon I'"" passant devant la
<:athédrale au milieu de la Grande Armée victorieuse et la cathédrale.
— 199 --
rostanréo dominant la plaine champenoise rendue a à la paix bien-
'i.iisante. » Ces trois planches se développent sur toute la longueur de
'l'album et produisent beaucoup d'effet. — A recommander spéciale-
ment à nos lecteurs, surtout quand ils auront, à la fin de la présenté
-année, à se préoccuper des cadeaux d'étrennes pour les tout jeunes
irens des deux sexes. Visepcot.
THÉOLOGIE
•Leçons sur la messe, par Mgr Pierre Batiffol. Paris, LecofTre, Gabal-
da, 1919, in-12 de xii-330 p. — Prix : 4 fr. 50.
(( Retrouver la date de chaque chose et demander la signification
• des choses à leur origine », tel est le programme de la méthode his-
torique. Cette méthode Mgr BatifTol l'avait appliquée, on sait avec
■ quel succès, à l'étude du Bréviaire romain ; les « Leçons » sur la
messe répondent au désir souvent exprimé de voir la science de l'au-
teur appliquer le même programme à la messe romaine.
En une série de conférences données à l'Institut catholique de
Paris, un auditoire d'élite vint témoigner du puissant intérêt qu'il
prenait à l'enseignement du maître. Ces leçons, heureusement réu-
nies en un volume, atteindront un public plus nombreux.
L'auteur précise d'abord Tétat de la question en élaguant de la
messe actuelle tous les éléments ajoutés depuis le x« siècle, en vue
d'adapter la messe solennelle aux convenances de la messe privée.
H donne ensuite tout son relief au cadre de la messe antique et au
• cérémonial de la célébration papale au viii° siècle. Les leçons sui-
vantes s'attachent à l'étude des diverses parties de la messe. La messe
des catéchumènes s'éclaire de la tradition africaine connue par les
fréquentes allusions qu'y l'ont les écrits et les discours de saint
Augustin.
Les noms donnés au Saint Sacrifice aident à en dégager les traits
■ essentiels mis en œuvre au canon, texte de sa célébration ; l'auteur en
étudie la progression historique et aussi celle de la communion. La
dernière leçon est surtout d'ordre pratique : elle fait tourner au pro-
fit de la piété les connaissances acquises dans les études précédentes.
Signalons les recherches personnelles et délicates qui révèlent le
rôle du pape Symmaqvie dans la fixation de la nomenclature des
saints au canon romain. Mgr Batiffol ne remonte pas dans la genèse
de la messe jusqu'à ce qu'on a appelé sa préhistoire. Espérons voir
bientôt les travaux en cours aboutir à élever cette préhistoire à la
dignité de faits dûment établis, grâce à des documents plus précis et
• définitivement datés. A. Vigourel.
^ 200 —
La Doctrine de vie, par M. -S. Gii.let. Paris, (^ibalda. 1918, in-12 de
' xi-264 p. — Prix : .'^ fr. 60.
L'agtbur constate (ju'uiie évoliilion s'est produite au point de vue
religieux dans la jeunesse contemporaine. Du dilettantisme où elle
se complaisait avant la guerre, elle est en train de passer à l'action.
Sur ce « revirement », une sorte d'Introduction contient de bonnes
et sages réflexions.
Mais précisément parce qr.e la, génération qui monte veut se don-
ner à l'action, il lui faut une doctrine directrice, sinon une doctrine
analytique, au moins et surtout une doctrine de synthèse. C'est cette
doctrine de vie que ce livre veut présenter. L'idée, à coup sûr, est
excellente. Mais peut-être une pareille exposition synthétique deman-
dait-elle plus de précision dans la conception générale et dans les
formules de détail.
Sur nos principaux dogmes et sur plusieurs points de la morale.^
on trouve des idées très justes, parfois même assez originales, indi-
quées d'ailleurs plutôt qu'exposées et qu'on parcourra avec un cer-
tain intérêt.
Ce sont là de précieuses semences. Puissent-elles tomber dans une
bonne terre ! Après avoir éclairé les intelligences avides de vérité,
qu'elles dirigent et soutiennent les volontés dans la pratique du
devoir et dans le dévouement de l'apostolat ! Christophe Simon.
Lettres sur la souffrance, par Elisabeth Lesixh. Paris, J. de (ji-
gord, 1918, in-12 de \Ln-3io p., avec un portrait et un fac-similé d'écri-
ture. — Prix : 3 fr. 50.
11 est réconfortant de constater que les grands succès de librairie
ne vont pas seulement aux œuvres légères ou déshonnètes, et les
étrangers qui affectent parfois de nous reprocher la futilité de nos
publications prouvent qu'ils ne savent pas ou ne veulent pas se len-
seigner. Qu'un ouvrage comme le Journal et pensées de chaque jour,
dont il a été rendu compte ici même (Polybiblion de juillet 1917,
t. C\L, p. 45-46), ait atteint le trentièn)e mille en dix-huit mois et
dans le temps le moins favorable à la lecture, c'est une preuve entre
plusieurs autres qu'il y a en France un nombreux public qui goule
les pensées les plus hautes et la fréquentation des nobles âmes. Celte
diffusion si rapide et si étendue donne lieu de croire que d'autres
écrits du même auteur ne seront ni moins bien accueillis ni moins
profitables. M"" Leseur n'écrivait pas seulement pour elle et sur
des feuillets enclos dans son secrétaire. Elle était eu correspondance
intime avec diverses personnes, notamment avec une religieuse
rencoulrée au cours d'un voyage, en des circonstances détaillés ilans
l'Introduction. Ce sont les lettres adressées à cette religieuse qui
— 201 —
forment lo picsenl volume. Les conseils les plus sûrs s'y expriment
parmi les élans de cœur les plus afîcctueux et dans un langage d'une
simplicité charmante. Comment une âme toute à Dieu peut-elle tire
aussi primosautière ? diront certaines personnes enclines à s'imagi-
ner que la contrainte est la caractéristique de la sainteté. Le R. P.
Hébert, qui fut le directeur de M"" Leseur pendant les onze der-
nières années de sa vie. trace en quelques lignes, dans la Préface, le
portrait de celte àme si attachante, et peut-être ses lecteurs mettront-
ils toute leur ambition à sotihaiter d'appartenir, comme elle, « à la
lignée de ceux pour qui la perfection chrétienne est un idéal elTicacc.
non un mot vide ». Ch. La.nukï.
SCIENCES ET ARTS
Les Vrais Principes de l'éducation chrétienne rappelés aux
maîtres et aux familles, par le P. A. Monfat. Nouvelle édition. Pa-
fis, Téqui, 1918, in-18 de xlv-424 p. — Prix : 4 fr.
Le livre du P. Monfat « arrive à une heure de transformation où
nous croyons fermement, dit Mgr Lavallée dans la Préface écrite j)ar
lui pour ce volume, qu'il n'y a d'avenir pour notre pays que dans le
christianisme. » 11 apporte les conseils les plus expérimentés aux
maîtres et aux parents, à tous ceux qui sentent « le besoin de régé-
jaération morale plus vivement que tout autre », et qui se demandent
à quelle condition l'éducation chrétienne peut « exercer sa vertu chré-
tienne de rénovation. » Cette réédilion paraît donc avec un tragique
à-propos. .\ lire ces pages fortement pensées, inspirées par le plus
pur esprit de foi, rédigées avec la sérénité du maître qui a su profi-
ter de tout et qui pourrait corroborer de faits probants chacune de
ses remarques, on se sent envahi par les réflexions les plus graves.
■C'est devenu une banalité de parler de l'immense déchet de l'éduca-
tion chrétienne. Le P. Monfat aide à comprendre les causes de ce
fait. Il en est qui ne dépendent pas des éducateurs chrétiens. Mais
celles dont ils ont la responsabilité sont exposées aussi, et eu même
temps les moyens de les combattre en agissant autrement — et
mieux. Ch. Lvxort.
Calcul des systèmes élastiques de la construction, par Ernkst
Flamard. Paris, Gauthier-Villars, 1918, gr. in-8 de vi-2Û0 p., avec 171 fi-
gures. — Prix : 12 fr.
Cet ouvrage fait partie de l'encyclopédie industrielle, dont chaque
traité a un objet délimité et concerne l'art de l'ingénieur. Aussi l'au-
teur entre-t-il immédiatement dans le vif du sujet. Mais, en mathé-
maticien scrupuleux, il a le souci d'asseoir ses calculs sur une base
— 202 —
.'indiscutable. Cette base, c'est le théorème de Casligliano sur le travail
de déformation. Il est établi dans toute sa généralité par une méthode
précise et élégante, et même il est étendu au cas encore plus général
où la température varie. De ce théorème qui concerne les systèmes
élastiques quelconques, on passe aisément aux applications très spé-
ciales qui sont ici en vue.
D'abord les poutres droites à section variable reposant sur un cer-
tain nombre d'appuis à dilatation ou à encastrement ; ces poutres
sont soumises à des charges qui peuvent être uniformément réparties
ou distribuées d'une manière discontinue. Dans chaque cas, l'auteur
pousse les calculs jusqu'au bout et détermine les réactions statiques
des appuis, les déplacements linéaires verticaux et les rotations su-
bies par une section particulière de la poutre. — L'étude des poutres
■ courbes est conduite d'après une méthode rigoureusement parallèle ;
et l'ouvrage se termine par le calcul des systèmes articulés, qui se di-
visent en systèmes hyperstatiques, soit extérieurement, soit intérieu-
rement, soit des deux manières à la fois.
On le voit donc, tout en restant fidèle à son but qui est d'établir
certaines formules fondamentales nécessaires au constructeur, M. Fla-
mard a la préoccupation constante d'être un modèle de rigueur et de
logique. Il y a d'ailleurs admirablement réussi, et sa manière remar-
quable d'appliquer les théorèmes généraux et les plus abstraits à des
cas d'une pratique courante montre péremptoirement que l'ingénieur
doué d'une formation mathématique élevée sera toujours hors de
pair. G. Bertrand.
De la Cryptographie, élude sur les écrilnres secrètes, par ândué Langie.
Paris. Payot, 1918, in-t6 de 254 p. — Prix : 4 fr. 50.
Pendant les périodes de guerre, de tensions diplomatiques, le besoin
de correspondre à l'abri des indiscrétions s'alTirme, se développe et
les circonstances donnent un intérêt d'actualité aux ouvrages traitant
De la Cryptographie.
M. André Langie a d'abord fait un exposé sommaire des principaux
systèmes d'écriture secrète pratiqués dans l'histoire, puis, par une
séiie d'exemples, il a montré comment il avait réussi à déchiffrer un
«ertain nombre de cryptogrammes de diverses sortes, et le livre se
termine par des tableaux et formules utiles à consulter, qui donnent
l'ordre «le fréquence des lettres, des initiales et des finales des mots,
<les redoublements, non seulement en français, mais aussi en anglais,
en allemand, en italien, en espagnol, en russe.
Les systèmes cryptographiqiies peuvent se ramener à deux caté-
gories : les combinaisons à interversion, où les lettres réelles d'un
texte sont remplacées par d'autres lettres ou par deschilTrcs ou sig:nes
— 203 —
j|uolconqiies ; les systèmes à transposilion qui conservent les lettres
K-elles en les brouillant complètement.
Mais les clefs de ces deux combinaisons finissent par être décou-
vertes par des observateurs sagaces et expérimentés et c'est potirquoi
les dictionnaires spéciaux, dans lesquels des groupes de '.\ à iicliifiVfs
représentent des lettres, des syllabes ou des mots sont généralement
employés, notamment dans les états-majors. La correspondance de-
\ lent alors indéchiffrable, surtout si la même syllabe et le même
mot sont traduits de temps à autre par des groupes différents.
Le seul inconvénient est que ces dictionnaires doivent être impri-
més et tirés à un certain nombre d'exemplaires et que, de la part des
typographes, des brocheurs, des détenteurs de livres, des indiscré-
tions, des fuites partielles ou totales sont possibles.
Dans son étude sur la Cryptographie M. André Langie n'a pas traité
la question des dictionnaires qui eût constitué un élément complé-
mentaire utile de son intéressant ouvrage. R. L.
I
LITTÉRATURE
tes Pierres du foyer. Essai sur Thistoire littéraire de la
famille française, par Henhy Bordeaux. Paris, Plon-Nourrit, s. d.,
(1918), in-16 de xvi-339 p. — Prix : 3 fr. 50.
Avant la Grande Guerre, à laquelle il a si vaillamment pris part,
M. Henry Bordeaux avait donné au groupement bien connu du Foyer,
dont la direction lui était confiée, une série de lectures ou de confé-
rences sur « la Famille à travers la littérature française. » Il les réu-
nit aujourd'hui en un volume, groupées dans l'ordre chronologique
•et sous les titres suivants : I. L'Art et la Famille. On y remarque l'in-
téressant emprunt à Rétif de la Bretonne du tableau tracé par lui
"dans sa Vie de mon père (p. 27 et suiv.). II. Les Andromaques fran-
■çaises. Louables et saisissantes peintures de la société et en particu-
lier des héroïnes épiques du moyen âge d'après Gaston Paris et Léon
■Gautier. Nous signalerons les pages sur la dévotion à la Sainte Vierge
•à cette époque, dévotion « qui porte en elle une vertu de civilisation
^t de politesse » (p. 35). 111. La Mère de François Villon. Nous y
notons le résumé, d'après M. Ch.-V. Langlois, des <( attaques diri-
.^ées déjà (au treizième et quatorzième siècles) contre le foyer et la
famille » (p. 79 et suiv.). Le portrait de Villon est vivement tracé
d'après G. Paris (p. 92 et suiv.). IV. La Jeunesse de Ronsard. Très
-agréable esquisse d'après M. Henri Longnon et M. André Bellessort.
Nous signalerons la jolie anecdote sur la fête du printemps à Saint-
Moriktz en Engadine (p. 129). Y. La Leçon de Gargantua à son fils
«étudiant à Paris. On lit avec intérêt les détails donnés sur la vie uni-
— ■ 204 —
veisilairc au moyen âge (p. 143 et suiv ). VI. La Palciriilé et l'éduca-
tior» dans Montaigne. A noter de judicieuses oLsetvalions d'après
M. Pierre Villey stir l'inHuence des auteurs italiens au seizième siècle
(p. 172 et suiv). Très bonne analyse de l'esprit de Montaigne (p. 181
et suiv.). VII. Madame de Sévigné et l'Amour maternel. Excellente
étude sur un sujet tant de fois traité. VIII. Les Poètes du foyer. IX.
La Maison. Très belle anecdote du soldat sparliale (p. 275-:276). Très
belle page sur les fresques de Puvis de Chavannes au Panthéon
(p. 278-279). Curieuse et instructive histoire de la famille Mélouga
(p. 284 et suiv.). X. Une Famille d'aujourd'hui. Notice sur la famille
Gaunaz, à laquelle a été attribuée la moitié du prix fondé par
M. Etienne Lamy en faveur des familles nombreuses. Le volume se
termine par deux « Notes » développées : I. L'Habitation de famille.
IL La Voix de la maison. L'auteur a reproduit en tête de ses confé-
rences le discours inaugural de M. Paul Bourget et fait précéder le
tout d'une très agréable, touchante et patriotique Préface. Les Pierre.^
rfa/oye/' accroîtront d'une façon sensible le beau et juste renom de
M. Henry Bordeaux. Makils Sepet.
■Les Intellectuels dans la société française. De l'Ancien Ré<|i-
me à la démocratie. Ouvrage suivi d'une étude sur t'élix Le Dantec.
par Hemî Lote. Paris, Alcan, I91.S. in-8 de vi-21S p. — Prix : 3 fr. tiU.
Ce nouveau livre de M. René Lote est un ouvrage singulier, mais
d'une réelle valeur. C'est une étude d'histoire des idées dans leurs
rapports avec les faits de la politique et les œuvres de la littérature
depuis le dix-septième siècle jusqu'à nos jours. Elle est partagée en
trois chapitres correspondant à trois époques, savoir : 1. Première
époque. L'Autorité du classicisme. Une discipline intellectuelle dans
la société française. Admirateur déterminé du grand siècle, M. Lote
s'attache à en définir les caractères et à bien montrer les leçons qui eu
résultent, non seulement au point de vue littéraire, mais au point de
vue social. On lit avec intérêt son appréciation de Corneille (p. B'J),.
de Descartes (p. 42), de Molière ip. 07), de Boileau (p. 01), de Racine
(p. f).3), de La Fontaine (p. 60), de La Bruyère (p. 67), de Bossuet
(p. OU), de Fénelon (p. 71). On adhère volontiers à la réponse ilonnée
à cette question qu'il pose : » Qu'en reste-t-ii de ce classicisme ?...
ce qu'il en reste ? Mais rien de moins que le principe et la conditiort
même de tout prt^giès : une discipline intellectuelle... (ju'il ne vous
a manqué que d'appliquer à des sujets plus divers, à l'intelligence de
l'Europe nouvelle, à une science élargie, et, — comme le dix-sep-
tième siècle — à la domination spirituelle de votre temps, pour
maintenir la Franc(î aussi clairvoyante, aussi forte, aussi respectée
entre les nations. » (p. 24). — II. Deuxième éj)oque. La ru[)tur(' des-
— 2or, -
intellectuels avec l'Ancien Régime. Du niôconlentement à l'utopie.
Il s'agit surtout ici. de l'œuvre accomplie par les philosophes du dix-
huitième siècle. M. Lote, qui l'analyse avec perspicacité, dans ses cau-
ses et ses conséquences, n'estime pas que son influence, si grande non
seulement en France, mais dans l'Europe entière, ait été heureuse pour
notre pays soit au dedans, soit au dehors. Ses jugements sur Voltaire et
sur Rousseau (p. 83, 87, lit, tl2) sont remarfjuables. — III. Troisiè-
me époque. De la Révolution -à nos jours. Les intellectuels sous le régi-
me de l'opinion publique. Entre l'idéologie et l'empirisme. Ce cha-
pitre, d'une extrême complexité, contient beaucoup de vues justes et
fines, d'idées originales et ingénieuses dont il y a lieu de tenir compte.
Nous signalerons, un peu au hasard, un bon jugement sur Chateau-
briand (p. 145). de jolies pages sur Victor Hugo (p. 148 et suiv.). de
judicieuses réflexions sur l'empirisme politique (p. 162 et suiv ), de
justes observations sur le théâtre contemporain (p. 182). — La con-
clusion générale de l'auteur, c'est que (( la sagesse classique » est
<i toujours utile aux modernes ». — « Savoir pour prévoir », dit-il,
comme cette définition du but de la science exprime bien ce que chez
nous on n'a pas fait ! Des faits d'où l'on tire des idées justes : voilà le
réalisme complet, celui des bons esprits du dix-septième siècle ; celui-
là est classique et à la hauteur de toutes les époques, de toutes les
nécessités. » — M. René Lote a joint à son livre un morceau un peu
obscur de fond et de forme, auquel il a donné pour titre : Méditation
sur la mort d'un sage. A la mémoire de Félix Le Dantec. M. S.
Fogazzaro, par Lucien Gennari. Paris, Beauchesne, 1918, in-16 de 212 p.,
avec portrait et fac-similé. — Prix : 3 fr. 50.
M. Lucien Gennari, Parisien de naissance, mais « Italien par la
race et par l'âme, » s'était déjà fait avantageusement connaître par
un volume de « Notes de littérature française très récente, » écrit
en italien et intitulé : Poesiadifede e pensieri divittoria ;\\nous donne
aujourd'hui, sur l'illustre romancier italien Fogazzaro un petit livre
écrit en français, et qui porte la marque d'un talent vraiment origi-
nal.
Deux chapitres, consacrés le premier à l'Homme, le second à l'Ar-
tiste, précédés d'une Introduction « éloquente, passionnée, pleine
d'idées, » inspirée par la guerre mondiale.
Un sentiment catholique se superposant, ou plutôt intimement lié
à une pensée romantique, telle est, d'après M. Gennari, la caracté-
ristique de Fogazzaro ; et dans la première partie, plus synthétique
et théorique de son livre, il s'est proposé principalement d' « étudier
la cause et les effets de cette contradiction, » qui apparaît dans toute
l'œuvre du maître.
— 206 —
Sensuel et mystique à la fois, imbu des doctrines évolutionnistes
et « scientistes » de son temps, Fogazzaro, — et c'est là le principal
reproche que lui adresse M. Gennari, tout en l'admirant profondé-
ment, — n'a pas tenu un compte suffisant du côté rationnel du catho-
licisme.
Dans la seconde partie, M. Gennari nous fait suivre, d'une manière
extrêment attachante, tout le développement de l'œuvre de Fogazzaro,
dont les sept romans font l'objet d'autant d'études particulières :
analyses pénétrantes, où la critique, qui se mêle souvent à l'éloge,
s'appuie sur une solide doctrine.
Il faut reconnaître, conclut-il, que, « dans son désir de servir la
cause catholique, Fogazzaro s'est trompé » ; mais il faut reconnaître
aussi, s'empresse-t-il d'ajouter, que « le poète, fidèle au sentiment
catholique qui persista en lui », a accompli une œuvre bienfaisante.
Ce volume, qui s'ouvre par unecharrnante Lettre-préface de M. Henry
Cochin, est dédié « à Georges Goyau et à Paolo Arcari, pour l'amitié
franco-italienne, dans une pensée catholique et latine. » De tels patrt -
nages suffiraient à le recommar^der. L. A.
HISTOIRE
La Roumanie. "Valachie, Moldavie, Dobroudja, par Eugkne Pittard.
Paris, Bossard, 1917, in-8 de 327 p., avec 50 illustrations dont 35 hors
texte. — Prix : 9 fr.
M. Pittard se défend de faire œuvre d'historien ou d'érudit. De ses
voyages en Roumanie, il tire « une synthèse rapide de tous les élé-
ments qui forment le pays roumain, » traditions, coutumes, vie éco-
nomique. 11 n'a pas voulu, dit-il, écrire un livre d'anthropologie et
d'ethnographie. Mais presque toutes ses illustrations s'y rapportent,
en faisant défiler sous nos yeux tous les types ethniques de la Vala-
chie, de la Moldavie et de la Dobroudja, les montagnards de
Sucéava, les gens de la steppe du Baragan, les bergers mocanes...
Tour à tour, il nous fait visiter Bucarest, la cité des jardins, aux
maisons basses ensevelies dans la verdure, Jassy, la ville mélanco-
lique et sainte, peuplée d'églises aux joailleries de pierres, et ces
monastères ignorés des touristes et cachés au creux des vallons car-
pathiques qui furent les asiles de l'art roumain tout imprégné d'in-
fluences byzantines. Ou bien nous voici lancés à travers les plaines sur
la carroulza toute en bois cl sans ressorts ([uc conduit un paysan rou-
main au magnifuiue gilet en peau d'agneau, brodé et incrusté de
cuirs multicolores.
Plus que toute autre province, la Dobroudja a séduit l'ethnographe.
C'est que «. la Dobroudja est une extraordinaire mosaïque de races. »
— 207 —
Groupes en villages elliniqiiement compacts, les Turcs et les Tartares-
y coudoient les Houmains et les Bulgares ; des colons allemands aux
yeux bleus et aux cheveux clairs y voisinent avec des Tcherkesses
bannis de Russie, des Grecs avec des Arméniens, des Juifs avec des
Lipovans. « Et la lumière d'Orient avive toutes les couleurs, les cos-
tumes blancs des Roumains, les fez rouges et les ceintures voyantes
des musulmans, les costumes sombres des Bulgares et les tabliers
multicolores de leurs femmes, les haillons éclatants des Tziganes. »
(p. 237).
(( Dans quel état, sous quel aspect retrouverai-je ce pays dobroud-
jieu, écrivait M. Pitlard, — et aussi ces pays valaques — lorsque j'y
reviendrai? Devant quelles ruines et devant quelles tristesses devrai-
je m'arrêter ? » (p. 319). A cette question angoissante la réponse est
aujourd'hui faite. S'il y a des ruines, la victoire de ses alliés va per-
mettre à la Roumanie ae les réparer. Ch. de la Ro?(cikre.
Les Hérésies pendant le moyen âge et la Réforme dans la
région de Douai, d'Arras et au pays d'Alleu, par Paul Beuzart.
Paris, Champion, s. d., gr. in-8 de xi-576 p. — Prix : 8 fr.
C'est un travail considérable que celui que M. Beuzart a entrepris
pour raconter l'histoire de la Réforme dans une partie de la Flandre
et de la Picardie soumise au xvi' siècle à la domination espagnole.
Ses recherches dans les vieilles chroniques, dans les archives des
villessont méritoires et présentées d'ordinaireavec impartialité etexac-
titude. 11 n'en est pas de même de ses théories religieuses. Très pro-
testant, l'auteur ne voit dans la Réforme que la dernière des hérésies
entreprises contre ce qu'il appelle la religion romaine, ou plutôt
l'interprétation que les papes ont donnée à l'Évangile. Sous ce rapport,
la Réforme ne procède pas de la Renaissance, elle ne fait que conti-
nuer les hérésies du moyen âge qui avaient lutté sans succès contre
les abus de Rome. Il rend hommage au Christ et à ses divins ensei-
gnements, mais il voudrait laissera chacun le droit de les interpréter
à sa guise.
Le violent despotisme que Philippe II a exercé dans les Pays-Bas
par la fourberie et la cruauté de ses agents lui semble l'attentat le
plus abominable à la liberté de conscience. Il ne nie pas les saccage-
ments d'églises, les destructions d'images et de statues de saints com-
mises par les foules protestantes ; mais il prétend qu'elles sont aussi
naturelles que les renversements des temples païens et des idoles que
se permirent les chrétiens quand Constantin converti leur en laissa
le loisir. Et il observe que les persécutions des premiers siècles, même
celle de Dioclétien, firent beaucoup moins de victimes que les exécu-
tions sanglantes du duc d'Albe. 11 reconnaît cependant que la dure
— 208 —
politique de Philippe II sauva le catholicisme en Espagne et dans les
Flandres.
Nous nous serions contentés de son érudition très réelle. Mais. pour-
quoi, dans son livre et jusqu'à trois fois à une même page, s'obstiue-
t-il à écrire patriots au lieu de patriotes ? G. B. de P.
Études robespîeiTÎsles. II. La Conspiration de l'étranger, par
Albert Matiufz. Paris, Colin, 1918, in-8 de :M5 p. - Prix : 3 fr. 50.
M. Mailliez a réuni en volume une nouvelle série de douze articles
parus de 1913 à 1918 dans diverses revues^ mais surtout dans les
Annales révolutionnaires dont il est le directeur. Le premier chapitre
seul a trait à cette fameuse « conspiration de l'étranger » que Fabre
d'Églantine et ses suppôts inventèrent ou exploitèrent comme une
diversion, afin de pouvoir continuer en paix leurs opérations mal-
l)ropres ; ce n'est pas d'aujourd'hui, on le sait, que les profiteurs et
les traîtres se couvrent du manteau du plus ardent patriotisme.
Les autres études se rapportent, pour la plupart, à des épisodes
des luttes impitoyables qui déchirèrent le parti révolutionnaire ; la
conclusion générale est l'apologie de Robespierre basée sur la flétris-
sure de Danton qui représente, aux yeux de M. Mathiez, le type du
jouisseur corrompu et du faux patriote. Au service de cette thèse,
l'auteur a mis son infatigable ténacité et son érudition peu commune :
il n'est aucun des hommes ayant joué un rôle, môme secondaire,
dans la tragédie révolutionnaire dont il ne connaisse par le menu les
actes, les paroles et les écrits et au sujet duquel il ne soit en mesure
d'apporter quelque précision documentaire.
Généralement dur pour ses contradicteurs, l'historien s'en prend à
quelques-uns avec une particulière âpreté et ne néglige aucune occa-
sion de les accuser d'ignorance ou de mauvaise foi, à quelque parti
qu'ils appartiennent. 11 ne faut pas en conclure cependant que
M. Mathiez soit un pamphlétaire poursuivant la satisfaction de
quelque inimitié parlicxilière. Non ! c'est un homme qui sait beau-
coup et qui s'indigne contre l'erreur partout où il croit la découvrir ;
il ne serait plus lui-même s'il le faisait avec mansuétude et sans
oublier de temps à autre qu'il s'est imposé le devoir de demeurer
toujours impassible. Quoi qu'il en soit, tout ce que publie M. Mathiez
doit être pris en sérieuse considération et servira souvent à redresser
plus d'un jugement erroné. P. Pisani.
Histoire de la Uévolution dans la Mayenne, par l'abbé Ferdinand
(iAUGAiN. Laval. (Jliailljuid, s. d. (I!)l!)), in-8 de 587 p., avec 18 gravures
hors texte. — Prix : 7 fr. 50.
.l'ai parlé récemment du premier volume de cet ouvrage (^Polybi-
k
— 200 —
llion de noveinbe-décembre 1918, t. CXLIII, p. 292-292) et voici
qu'en dépit de la crise du papier et de celle de la main-d'œuvre, un
second volume a suivi le premier. Il prend les événements au début
<le la période terroriste et nous amène au Concordat.
Je ne saurais trop louer l'auteur qui, après avoir réuni des maté-
riaux de premier ordre, a su en donner une synthèse bien équilibrée,
d'où sont éliminés ces hors-d'œuvre que d'autres historiens n'ont pas
le courage, ou l'iulelligence, de sacrifier. Pas de phraséologie ! pas
d'appréciations personnelles, mais des faits présentés avec calme et
sincérité.
Peut-être po»irrait-on dire que les derniers chapitres sont un peu
succincts en comparaison de ceux du début : la persécution fructido-
rienne, l'époque consulaire et l'établissement du régime concorda-
taire ne sont pas aussi développés que les récits bourrés de faits et
de noms qui se rapportent aux années 1793 et 1794. On regrettera
(^ue des listes publiées ailleurs soient simplement rappelées alors
que le lecteur aurait préféré les avoir sous la main. Une carte du
département de la Mayenne serait d'une grande utilité surtout si elle
indiquait l'ancienne délimitation des diocèses. Il faudrait aussi une
table alphabétique des noms propres, mais les deux volumes men-
tionnés ne forment que la première partie (histoire politique et reli-
..iriouse) d'un tout qui paraîtra plus tard et qui, espérons-le, se termi-
iiota par la table désirée. P. Pis.^m.
Documents relatifs à la vente des biens nationaux du dépar-
tement de la Haute-Garonne. Dislricl de Toulouse, publiés par
Henri Martin. Toulouse, Privai, 1916, in-8 de lxxxvi-648 p. — Prix :
7 fr. 5iJ.
Dans la collection, publiée par le ministère de l'instruction pu-
'blique, de Documents inédits sur l'histoire économique de la Révolution
française, le nouveau volume que donne l'archiviste départemental
adjoint de la Haute-Garonne doit être rapproché des études analogues
déjà éditées pour le district de Remiremont (Vosges) par M. Léon
Schwab, pour le district de Sens (Yonne) par M. Charles Porée. Les
documents diligemment recueillis par M. Henri Martin sont présen-
tés avec ordre, en près de six cents pages, et suivis d'une longue
table alphabétique des matières. Sans doute il ne faut pas générali-
ser outre mesure les conclusions que l'on peut tirer de la monogra-
phie d'un district : l'auteur s'en garde bien dans sa judicieuse Intro-
duction. Il y consigne pourtant des constatations qui ont bien leur
intérêt. Sur 1.360 acquéreurs, 933, soit 60 0/0, sont des habitants de
Toulouse, et sur 3.-20i lots. :2.613, ou 81 0/0, furent adjugés à ces
«-•■derniers. Ces 2.613 lots repiésentent, à eux seuls, une superficie de
M.4Rs-AvniL 1919, T. CXLV. 14.
— 210 —
près de 10.240 hectares, ou une proportion de 8G 0/0 sur l'enseinbU
des superficies aliénées dans tout le district. Parmi ces acquéreurs
figurent une dizaine de prêtres, probablement, mais on ne nous le
dit pas, du clergé constitutionnel, une vingtaine de nobles. 355 culti-
vateurs, mais surtout des commerçants, petits bourgeois et artisans
urbains. Certains membres des sociétés populaires, sociétés de sur-
veillance et clubs divers paraissent s'être intéressés particulièrement
à ces achats. La plupart de ces biens furent acquis à des prix très
inférieurs à leur valeur réelle, et ils restèrent longtemps quelque peu
dépréciés par suite de l'origine de cette possession. On vit de nom-
breux acquéreurs entrer en pourparlers avec les anciens proprié-
taires, ou avec leurs familles, pour obtenir, moyennant une indem-
nité convenue, la ratification complète des ventes et la renonciation
à toute revendication ultérieure. Baron Angot des Rotours.
La France et rAllemagiie après le congrès de Berlin. La Mis-
sion du comte de Sainl-Vallier (décembre lîî77-décem-
bre 1881), par Ehnest Daudet. Paris, Plon-Nourrit, 1918, in-16 de
v-316 p. — Prix : 3 fr. 50.
Après la guerre de 1870, la situation de la diplomatie française eu
Allemagne était particulièrement délicate et difficile par suite de la
vanité pédante et lourde des vainqueurs de Sedan. Ce n'étaient pas
des hommes de nuance dans lart des relations étrangères, qui eu
exige beaucoup. A Berlin donc la position de nos ambassadeurs fut
très épineuse. Le marquis de Gabriac, notre chargé d'affaires, tra-
versa une période de défiance; après lui, le vicomte de.Gontaut-
Biron, une période d'irritabilité. Son successeur, le comte de Saint-
Yallier eut la bonne fortune de venir pendant une période deilélente.
Les deux premiers de ces diplomates ont laissé sur leurs missions de
très intéressants Souvenirs. M. Ernest Daudet reconstitue, avec des
documents en partie inédits, le rôle de M. de Saint- Vallier. rôle éga-
lement malaisé auprès de la Prusse qui le recevait que vis-à-vis du
gouvernement de la France républicaine qui l'envoyait. La .figure
imposante de Bismarck domiile tout le récit et elle apparaît avec une
certaine bonhomie astucieuse, car c'était pour lui l'heure de nous
endormir, de nous distraire d'une pensée de revanche et de nous
faire entrer, en détournant nos yeux du Rhin, dans l'engrenage d'une
politique coloniale et méditerranéenne qui absorberait nos moyens
militaires, nos fonds économiques, nos espoirs patrioticpies. M. VVad-
dinglon, ministre des affaires étrangères au quai d'Orsay. M. de Saint-
Vallier à Berlin, le général Chanzy à Saint-Pétersbourg sont, avec
l'empereur Guillaume I" et le chancelier, les personnages de ces
scènes captivantes. C'est bien l'heure de connaître les antécédents de-
— 211 —
cette politique, tantôt brutale, tantôt captieuse de l'Allcniagne ; des^
portraits en quelques coups de plume niontrent la cour de Prusse,
celle de Russie ; de larges citations de dépêches et de rapports offi-
ciels, soulèvent le voile de beaucoup des tractations d'alors, et indi-
(juent discrètement les premiers dangers du socialisme international
en Europe. Le lecteur fera aisément le rapprochement de cette « His-
toire » avec les événements d'aujourd'hui pour goûter l'intérêt et
l'à-propos de ce volume dont la suite lui est promise avec le récit de
la mission du baron de Courcel, successeur de M. de Saint-Vallier.
G. G.
La Bélgica que yo vi, por Josi'; Sluirà. Valcncia, cdilorial Cervantes,,
1919, 111-16 de 224^p. — Prix : 2 fr. 50.
La Belgique qu'a vue M. Subira et dont il nous parle dans ce
volume, ce n'est pas la Belgique palpitante et souffrante sous la botte
germanique, c'est la Belgique d'avant la guerre, c'est la Belgique
telle (ju'elle se présentait à l'étranger curieux il y a une dizaine d'an-
nées. Ce sont les impressions qu'il a ressenties à Bruxelles, à Anvers,
à Liège, à Malines, à Louvain, à Oslende, à Gand, à Bruges, dans les
grottes de Han, à Namur, à Lierre, à Teivueren.
Écrit avec agrément, d'une plume vive et légère, ce petit volume
ne se lit pas seulement avec plaisir : les observations personnelles,
les réflexions judicieuses, les traits piquants n'y manquent pas.
M. Subira y va, lui aussi, de sa malédiction contre les barbares qui
ont causé tant de destructions que l'auteur peut dire que la Belgique
n'existe plus.
Nous noterons, chemin faisant, page 184, une critique malicieuse
et bien justifiée de l'érudition germanique et du Baedeker « auteur
fameux et mensonger dont on ne peut dire ce que le P. Ripalda dit
du Fabricatcur souverain : qu'il ne peut ni se tromper ni nous trom-
per. » E.-G. Ledos.
Louis Veuillol à Rome, par D. Roland-Gosselin. Paris, Bonne Presse,.
s. d. (1919), in-8 de 111 p., avec 109 grav. — Prix : 2 fr.
Il semblera tout naturel qu'on ait fait un rapprochement entre ces
deux noms et donné ce cadre au grand écrivain catholique qui toute
sa vie servit le Pape et défendit la Papauté. Les illustrations très
nombreuses qui accompagnent le texte sont toutes empruntés à des
sites, des monuments, des œuvres d'art, des personnages romains ;
elles ne sont peut-être pas d'une reproduction toujours très artis-
tique, mais elles sont choisies avec intellfgence et abondance. Elles
pâlissent naturellement devant l'éclat des pages étincelautes pour
lesquelles on les a évoquées. Louis Veuillot fit à Rome ouze voyages.
— 212 —
An premier séjour, en 1838, il ouvrit son âme, son esprit et son cœur
il la vérité religieuse et dès lors sa reconnaissance comme son amour
et sa fidélité demeurèrent acquis à l'Élglise. Le plus important de ses
séjours fut pendant le concile du Vatican. La bonté paternelle de
Pie IX Ty accueillit toujours avec empressement, même aux heures
les plus délicates de sa carrière et lorsqu'il était en butte aux plus
calomnieuses attaques. En des chapitres successifs, on nous montre,
par des passages choisis de ses articles, de ses lettres, de ses livres :
son amour de Rome, sa philosophie de l'art, ses sentiments sur l'an-
tiquité païenne, sur la campagne romaine. Des citations empruntées
surtout à sa correspondance nous donnent les récits de ses voyages
<^n 185.3. 1860, 1862. celui de 1870-1871. Plus d'un passage du Par-
J'iini de Rome, naturellement, est cité. Toutes les notes de ce talent si
français à la fois et si romain vibrent ainsi et résonnent : émotion,
enthousiasme, verve, rire, satire, indignation, pittoresque, sens chré-
tien, foi vive et indomptable énergie. On comprend très bien l'unité
littéraire d'une existence vouée exclusivement à la défense de la vérité,
contre ses adversaires, ses détracteurs, ou les défaillances dangereuses
de quelques-uns de ses soldats. En parcourant ces pages, le lecteur
prendra goût à la façon charmante dont est servie une cause impé-
rissable, il voudra en connaître davantage, se reporter aux livres
mêmes de Louis Veuillot ; et ceux qui sont déjà familiers avec ce
maître de la prose française au xix' siècle auroQJ. plaisir à posséder,
groupés sous un titre heureux, les principaux éléments de sa pensée
militante, courageuse et fidèle. Geoffroy de Granomaison.
L,es Amours d'un poète. Documenls inédits sur Victor Hugo, par Lotis
Bautjiou. Paris, Conard, 1919, in-i6 de vu-387 p. — Prix : 4 fr. 50.
Pour qualifier le volage, l'inconstant, l'infidèle, le populaire emploie
^^ne expression imagée: « Il a un cœur d'artichaut. » Victor Hugo
■eut ce cœur là du jour où, s'éloignant de la mère de ses quatre enfants,
il dérailla sur les voies de la galanterie.
La première sirène dont il subit le charme fut Juliette Gauvain, dite
Drouct. Cette petite actrice, vainement protégée par Victor Hugo, qui
lui avait attribué un rôle dans l'un de ses drames, dut abandonner le
théâtre après un fort échec ; mais elle s'en consola en attachant le
poète à son char. .\vec beaucoup de tact, mais non sans indulgence.
M. Louis Barthou nous raconte l'histoire desrelationsdes deux amants,
bien connue, mais renouvelée et complétée ici au moyen de documents
inédits, très intéressantes trouvailles littéraires et psychologigues que
leur possesseur eût eu grand tort de garder pour lui seul. Ces nom-
bicuses pièces de prose et de vers ainsi que diverses lettres de Juliette
montrent que celle-ci fut loin dêlrc une créature insignifiante, n'ayant
— 2i:j —
pour elle que sa beauté. Assurément son passé était très chargé d'aven-
tures ; aussi Victor, dans les premiers temps surtout, s'en montra-
t-il férocement jaloux. D'ailleurs, si l'on compare la femme légitime
avec la maîtresse, il n'est pas douteux que cette dernière, à tous les
points de vue, l'emporte sur sa nonchalante rivaîç : la douce Adèle
n'était pas, au fond, la compagne qui convînt à Jupiter Hugo : leur
union avait été celle de l'aigle et de la colombe.
Sur la question, si souvent agitée, de savoir qui, de Victor on
d'Adèle avait le premier bifurqué, M. Barthou établit nettement,
par des documents et des dates, que, endoctrinée par le vilain Sainte-
Beuve, Adèle Hugo, dès 18.32, accordait des rendez-vous au faux anit
de son mari, alors que celui-ci ne se lia avec Juliette Drouet qu'en
février 183.3. — Concluez.
Si grande que fût l'influence de Juliette sur Victor Hugo, il s'en faut
(ju'une parfaite entente régnât dans leur libre ménage : querelles^
injures, ruptures, réconciliations, etc., rien n'y manqua ; et la poésie
.se greffa là-dessus, — émouvante ou superbe !
Donc, Victor était jaloux de Juliette ; mais Juliette l'était
également de Victor. De là une surveillance qu'Olympio savait dérou-
ter; et, (( cœur d'artichaut », il distribuait ses feuilles à toutes venantes.
Inutile d'entrer dans les détails...
En résumé, ce livre, tout en nous montrant l'homme et ses fai-
blesses, explique une fois de plus, et de façon précise, nouvelle même
à différents égards, les rapports entre le poète et son œuvre.
Certains ont reproché à M. Barthou d'avoir rapetissé l'idole Hugo,
Pourquoi ? Est-ce que les grands hommes disparus n'ont pas tous été
interrogés, plus ou moins, par une postérité prochaine ou éloignée, au
sujet de leurs affections, de leurs haines, de leurs ambitions, de leur
vie privée intégrale enfin ? Et, pour ne parler que de quelques illustres
contemporains de Hugo, que n'a-t-on pas imprimé sur Alfred de
Musset, George Sand, Balzac, etc. ! Dans le cas particulier, ces demi-
pharisaïsmes tombent à plat : page 157, l'auteur s'était borné, avec
une discrétion voulue, à rappeler une scène entre le poète et Juliette
donnant l'impression que Victor Hugo n'envisageait pas d'un mau-
vais œil que l'on connût plus tard les choses intimes de son histoire
amoureuse. Mais, sans doute pour répondre aux attaques dont son
étude, publiée d'abord dans la lievue de Paris, fut l'objet, il n'hésite
pas à insérer dans sa Préface (p. vi-vii) un billet inédit de V. Hugo^
tenu diplomatiquement en réserve, semble t-il, par lequel le futur
panthéonisé veut que ses lettres à sa maîtresse ne soient pas détruites
et que l'on en retrouve la trace un jour <( quand nous ne serons plus
que cendre tous les deux n (Elle et Lui).
Gela dit, n'est-il pas piquant de constater que M. Louis Barthou
— 214 —
^'est en quelque sorte institué l'exécuteur testamentaire spécial de
Hugo ? — Que reste-t-il alors des critiques qui lui ont été décochées?
E.-A. Ghapuis.
BULLETIN
Encyclique « Ifiimani çicncris » de S. S. Itenolt XV' sur la pré-
dication et Itéjjles pour la prédication sacrée édictées par la
S. Congréyation consistoriale. Paris, Bonne l'resse, 1917, in-8 de 45 p.
Après Léon XIII et Pie X, Benoît XV a voulu, dès le début de son ponti-
ficat, rappeler les grandes lois de la prédication chrétienne. Dans son
encyclique Hiimani generis, il expose le but et les conditions d'une prédica-
tion vraiment évangélique. L'encyclique est suivie d'une constitution de la
S. Congrégation consistoriale contenant les règles à observer pour la pré-
sentation, l'examen et l'approbation des prédicateurs, des directions sur
la manière d'annoncer la parole de Dieu et sur la préparation éloignée
qu'exige ce grave ministère.
Ces documents doivent être entre les mains de ceux qui ont à distribue)-
aux fidèles l'enseignement chrétien ; ils ont été immédiatement édités par
la Bonne Presse. Dans cette édition, une traduction française accompagne
le texte original. Christophe Simon.
l*our abolir la souffrance humaine, par Lucien Deslinières. Paris, GiarJ
et Brière, 1918, petit in-8 de 127 p. — Prix : 3 fr.
« Les maux dont soutire l'humanité sont dus, povu' la plus grande part,
aux vices de l'organisation sociale. Cette organisation repose sur le prin-
cipe fondamental de la lutte. pour la vie entre les hommes. La lutte pour
la vie est due à l'insuffisance alimentaire. » Que l'on substitue à la lutte
pour la vie l'association pour la vie, et tout sera changé ! Plus de rivalité !
plus de concurrence ! la fraternité entre tous, chacun content de son sort :
plus de vols, plus de crimes, plus d'excès, plus de dégénérés, presque jjlus
de maladies ! plus de lieux insalubres ! Telles sont, avec quelques auties,
les édéniques perspectives que l'auteur découvre à ses lecteurs émerveillés.
II se trouvera certainement des gens pour se lais.ser prendre à ces vues de
lanterne magique. Elles présentent juste «assez de traits réels pour donner
;a]x esprits simples l'impression du vraisemblable. Ainsi les contes de fée
et les images dÉpinal. Gn. Landby.
I/IC<!u<'jilion pliysiqiu' modem*' d<' la jeunessi' pai' la niétliod*-
natur«'!l4>, siaipl*', a«|i-éiible et l'apide du lîeiilenant d*" vais-
seau Ci. llélj*»rl, par OcTAviî 1''orsakt. Paris, liacliette. 11)19, in-12 de 48 p..
avec fiiiiiro. — l^rix : 1 fr.
Inspecteur de l'enseignement primaire, M. O. Forsanl a fait ])ratiquer
dans les écoles de la ville de Reims la méthode d'éducation [)hysique du
lieutenant de vaisseau Hébert et en a constaté les excellents résultats. On
connait les caractéristiques de cette méthode. Elle est fondée svu' le retour
aux mouvements naturels que les êtres primitifs exécutent d'instinct. Elle
réclame eu conséquence peu d'agrès et ses exercices rentrent dans huit
«alégories ayant trait à : la marche, la course, le saul, le (jriiniH'r, le lener.
Je lancer, la défense nalurelle (boxe et lutte) et la nataiion. Dès avant lOi'i-
Ja méthode Hébert avait réuni de nombreux adeptes ; renseignement
f
— 2lo —
-injoiird'liui suivi à l'École de Joinvilie on découle, et de la Grande Guerre
>c sont dégagés de façon fort nette deux axiomes d'ordre physique : la
nécessité de l'éducation sportive de la jeunesse et la puissance régénératrice
(le la vie au grand air. Il faut donc savoir gré à M. Octave Forsant d'avoir
lésumé, à l'usage des maîtres et maîtresses des écoles, les principes et les
règles d'un enseignen)et)t rationnel, dont la diffusion est désirable.
R. L.
In Cli«.'f «rÉtat qui gouverii*^, par Un dorteur ès-sciences politiques. Paris,
Bureau calliolique de presse, 87, rue Lauriston. l'JlS, in-12 de 18 p. — Prix :
0 fr. '2o.
Beaucoup didées sensées el de bonnes intentions d;ins ce tract, qui évi-
fleniment n'épuise pas le grand sujet quil aborde. Pour donner à notre
T'résident la hardiesse d'user des prérogatives que lui reconnaît dès main-
tenant la Constitution, et d'autres encore qu'il pourrait être désirable de
lui attribuer, l'auteur a confiance dans une modification de son mode de
désignation. On nous propose de le faire élire par un collège électoral
composé principalement de nos conseils généraux. Est-ce suffisant pour
assurer au chef de l'État une autorité indépendante, en face d'une Chambre
souverainement maîtresse de lui couper les vivres ?
Bauon Axgot des Rotours.
I..a Conv«'rsion de .\Iagdeleine, par G. Iss.vndox. Paris, Beauchesnc, 1918,
in-lO de \o'-i p. — l'rix : -i l'r
Lu Conversion de Madeleine n'est ni un roman, ni, à proprement parler,
un livre de guerre, bien que la guerre l'ait inspiré. C'est un recueil d'idées,
(le conseils, de réflexions, qui portent sur l'éducation des jeunes filles. Un
mobilisé, M. X., philosophe chrétien et moraliste par vocation, soldat par
ilevoir, est cantonné dans une famille de province, où se trouve la a Magde-
leine. » qui donne son nom au volume. Entre lui et ses hôtesses s'échan-
gent des vues sur mille sujets et l'influence un peu austère, mais bien-
faisante, du philosophe soldat laisse sur ses jeunes amies une empreinte
profonde, rendue encore plus durable par sa mort héroïque au champ
(i'iionneur. Bien écrit, ce livre renferme des idées saines et justes
Comtesse de Courson.
I^"<>r»|anisation de la démocratie, par Probus. Paris. Bossard, I!jl9, in 16
di; 44 p. — Prix : 1 fr. -20.
Reprenant et résumant des idées exposées en de précédents ouvrages
{La plus Grande France (1916) et Construire flOlS)). des idées dont plusieurs
font leur chemin et que propagent aussi des initiatives parallèles à la
sienne, Probus nous presse de nous unir, au-dessus des partis, pour assu-
rer à la patrie les conditions indispensables à sa vitalité. Rapprochement
des syndicats ouvriers et des syndicats patronaux en des conseils mixtes,
réfection méthodique de l'outillage national ; relèvement de la natalité,
lépression de l'alcoolisme, réformes politiques nous donnant un pouvoir
exécutif pkis fort et un pouvoir judiciaire indépendant, reconnaissance et
alfrancliissement de nos régions, voilà les principaux articles de ce pro-
gramme d'organisation française, d'ordre français. Pour le faire triom-
plier, l'auteur croit pouvoir trouver appui chez tous les patriotes, même
fhez les partisans du collectivisme absolu, pourvu que ceux-ci ne soient
; point des réalisateurs par trop pressés. Baron Angot des Rotours.
— 2i6 —
CHRONIQUE
Nécrologie. — Le Polybiblion ressent vivement la perte qu'il vient
d'éprouver par la mort de M. Joseph Rambaud, l'éminent professeur an\
Facultés catholiques de Lyon qui, à la mort du regretté Claudio Jannet
(1894), avait assumé dans notre revue la tâche de lendre compte des
ouvrages d'économie politique. INéà Lyon, le iH août 1841), M. Joseph Ram-
baud couronna de bonnes éludes classiques par l'oblention de la licence
ès-lettres. Puis il se tourna vers l'étude du droit, se fit recevoir docteur,
devint professeur aux Facultés catholiques de Lyon dès l'origine et donna
tous ses soins à la science économique. Tenant de l'école classique, il se
montrait sévère el parfois assez âpre dans la discussion des travaux de ses
adversaires. Il avait notamment une antipathie non dissimulée, el que nos
lecteurs ont pu remarquer, pour les doctrines des calholiques sociaux.
ISous citerons de lui les ouvrages suivants : L'Aumône et le ralionalistne
économique (Lyon, 1889, in-8) ; — La Banqueroute de l'ancien régime de 17(KJ
à 1789 (Lyon, 1890, in-8) ; — Sommaire délaillé du cours d'économie politique
(Lyon, 1892, in-8) ; — Traité élémentaire raisonné d'écononne politique {\:'ariè,
1892. in-18) ; — Histoire des doctrines économiques (Paris, 1899, 2 vol. in-8 ;
3' éd. en 1909) ; — Christianisme el solidarité (Lyon, 1906, in-8) ; — Le
Droit criminel romain dans les actes des martyrs (Lyon, 1907, in-8)
— M. Adrien Mithouard est mort le 30 mars à Paris ; et celle mort n'est
pas seulement un deuil pour le conseil municipal qu'il présidait et pour la
cité qu'il administrait avec tant de zèle et de compétence, mais aussi pour
les lettres françaises et pour la pensée chrétienne : car c'est précisément
parce qu'il était un homme de foi solide et aux convictions ardentes et
profondes, qu'il se donnait tout entier à l'exercice de ses fonctions. Né à
Paris, le 18 janvier 1864, M. Adrien Mithouard fit de brillantes éludes lit-
téraires qu'il couronna en demandant à la Faculté de droit de Paris les
notions juridiques qui devaient lui servir dans ses futures fonctions. C'est
en 1898 qu'il brigua le mandat de conseiller municipal dans le quartier
de l'Ecole militaire, et il acquit au conseil, par sa courtoisie comme par sa
diligence pour toutes les affaires qui lui furent confiées, une place bientôt
prépondérante. Et c'est ainsi qu'il devint président de cette assemblée en
1914 et fut depuis maintenu à ces hautes fonctions par l'eslime de ses col-
lègues. Cràce à sa tournure d'esprit très littéraire, lesdiscours qu'il eut occa-
sion de prononcer en diverses circonstances, au nom de la ville de Paris,
étaient extrêmementgoûtés. Dès le débutdela guerre, il sedévoua à ladéfensc
des intérêts de la grande cité, et notamment aux questions de ravitaillement
et le surmenage auquel il se livra dans ces conjonctures pénibles détermina
la maladie qui le conduisit à la mort. Son beau talent, qui s'était aflirméde
bonne heure par des publications remarquées de la critique et goûtées du
public, l'avait poussé à briguer un fauteuil à l'Académie française ; et
l'accueil honorable fait une première fois à sa candidature lui laissait de
légitimes espérances. Nous citerons de lui : Bigalume (Paris. 1888, in-16) ;
— Liécital mysti<iue (Paris, 1893, in-18) ; — L'Iris exaspéré (Paris, lS!».'i.
in-12) ; — Les Impossibles Noces. Les Deux l'ouïes. La Complète de l'aube
(Paris, 1896, in-12) ; — Le Tourment de l'unité (Paris. 1901. in-lS) ; — La
Coupole de Notre-Dame de C««« (Paris, 1902, in-16) ; — Les Frères niarcheitrs -
(Paris. 1902, gr. in-8) ; — Traité de l'Occident (Paris, 1904, in-16) ; — La
Perdition de la Bièvre (Paris, 1906, in-18); — Les Pas sur fa terre (Paris. .
1908, in-lG) ; — Les Marcltes de l'Occident : Venise, Grenade (Paiis, 1910. in-12). .
— 217 -
— M. Charles Moiuce, qui vient de mourir à Menton, fut une des per-
sonnalités les plus éminentes du mouvement symboliste. Né à Saint-Étienne
en 1863. il vint à Paris pour se livrer aux éludes littéraires, se lia bientôt
avec Verlaine et Mallarmé et publia en 1890 un livre de critique : La Lit-
térature de tout à l'heure, qui fut extrêmement remarqué, particulièrement
de M. Jules Huret qui ouvrit alors une enquête sur 1' « Évolution litté-
raire. » M. Morice fit dès lors de la critique littéraire qu'il étendit aux arts
et fut pendant de longues années le critique artistique du Mercure de
France. Il a publié A'oa-A'oa en collaboration avec M. Gauguin et des tra-
ductions do Dostoïewsky avec Halpérine Kaminski. Il a aussi publié un
ouvrage sur Eugène Carrière et fait paraître des études très remarquables
sur l'art de nos cathédrales. Dans les derniers temps de sa vie il s'était
singulièrement rapproché des croyances catholiques ; il écrivit alors: Hesl
ressuscité (Paris, 1911, in-16) et Raisons de croire. Cette année il avait fait à
l'Institut catholique toute une série de conférences sur la renaissance de
l'art religieux. On peut citer de lui : Paul Verlaine (Paris, 1887, in-12) ; —
Demain. Question d'esthétique (Paris, 1887, in-18) ; — La Littérature de tout
à r/zeure (Paris, 1889, in-16);— Chérubin, drame {PaT\s, 1891, in-8) ; —
Portrait d'un prochain siècZe (Paris, 1894, in-12) ; — Opinions (Paris, 1895,
in-18) ; — Paris-Almanach. Sagot (Paris, 1896, in-18) ; — L'Alliance franco-
russe (Bruxelles, 1897, in-8) ; — Almanach de prose et de vers pour 1897
(Paris, 1897, in-18) ; — L'Esprit belge (Paris, 1898, in-12) ; — Du Sens reli-
gieux de la poésie. Sur le mot poésie. Le Principe social de la beauté (Paris,
1898. in-8); — Paul Bovy. Un peintre de la montagne (Genève, 1899) : — Le
Christ de Carrière (Bruxelles, 1899) : — Rodin. Flo (1899) ; — Le Rêve de
vivre (1900) ; — Les Textes de Rabelais et la Critique contemporaine (Poi-
tiers, 1905) ; — Eugène Carrière, 2' édition (Paris, 1906, in-18) ; — Pour-
quoi et comment visiter les musées (Paris, 1910. in-8) ; — Œuvres complètes
de Paul Verlaine (Paris, 1911, in-8) : — Théodore de Banville. Choix de
poésies (Paris, 1912, in-18).
— La mort de M. le professeur Raphaël Blanchard est une perte consi-
dérable pour la science' française. Né à Saint-Christophe (Indre-et-Loire),
le 29 février 1857, d'une famille illustrée par le célèbre aéronaute Pierre
Blanchard, Raphaël-Anatole-Émile Blanchard fit ses études aux lycées de
Vendôme et d'Alençon. Préparateur de physiologie, à la Faculté des sciences
de Paris, d'abord de Georges Pouchet. puis de Paul Bert (1878-1883). en
même temps qu'il exerçait à l'Institut agronomique les fonctions de répéti-
teur de physiologie (1879-1S95), il prit en 1880 son doctorat en médecine.
La science et les hautes qualités qu'il manifestait dans ses fonctions le firent
appeler en 1883 à succéder à Bâillon dans la chaire d'histoire naturelle de
la Faculté de médecine, à titre de professeur agrégé ; il fut titularisé en
1895 et en 1907 il fit transformer la chaire en chaire de parasitologie. Il
s'était acquis en effet une compétence toute particulière et la plus belle
notoriété par ses travaux de parasitologie humaine. Son activité débor-
dante ne négligeait aucun moyen de promouvoir les études qui lui étaient
chères : il n'avait pas vingt ans quand il fut l'un des fondateurs de la So-
ciété zoologique, dont il devint secrétaire (1879), puis secrétaire général
(1880-1902), à laquelle il se dévoua sans compter et qui lui doit d'avoir pu
traverser des crises dilïîciles et d'être arrivée à un haut degré de prospérité.
Il fut aussi parmi les fondateurs de la Société de spéléologie (1894), de la
Société d'histoire de la médecine (1902), de l'Institut de médecine coloniale
(1912). C'est à son impulsion qu'est due l'organisation des Congrès inter-
— 218 —
nationaux de zoologie (1899) et il demeura le secrétaire général du Co-
mité permanent de ces congrès. Sa courtoisie et ses connaissances lin-
guistiques qui lui rendaient facile de s'exprimer dans la plupart des
langues européennes lui ont permis d'exercer dans les congrès une
grande influence pour le plus grand bien de la science française. I/.\ca-
démie de médecine, qui l'avait appelé en 1894 à siéger parmi ses membres,
lui avait confié en 1911 les fonctions de secrétaire perpétuel. Le Dr Blan-
chard collaborait à de nombreux recueils scientifiques et la liste de ses
publications est fort longue. Nous citerons ici les suivantes : De l'Anesthê-
sie par le proloxyde d'azole d'après la méthode de Paul Berl (Paris, 1880,
in-8) ; — Les Universilés allemandes (Paris, 1883, in-8) ; — Les Coccides
utiles (Paris, 1883, in-8) ; — Éléments de zoologie par Paul Bert... et R.
Blanchard (Paris, 1885. in-16) ; — Traité de zoologie médicale. T. [. Proto-
zoaires, histoire de l'œuf, cœlentérés, échinodermes, vers... (Paris, 1889. in-8) :
— Les Animaux parasites introduits par l'eau dans l'organisme (Paris, 1890,
in-8) ; — Congrès inierimtional de zoologie. Paris, 8-10 août 1889. Documents
relatifs à la nomenclature des êtres organisés (Paris, 1890, in-8) ; — Congrès
international de zoologie tenu à Paris du 5 au 10 août 1889. Compte rendu soni-
maire (Paris. 1890, in-8) ; — Histoire zoologiqne et médicale des léniadés du
genre Hymenolepis Weinland (Paris, 1891, in-8); — Sur les végétaux parasites
non microbiens transmissibles des animaux à l'homme et réciproquement (Paris,
1892. in-8) ; — Revision des hirudinées du musée de Dresde (Berlin. 1894,
in-fol.j ; — L'Art populaire dans le Briançonnais. Les Cadrans solaires (Pa-
ris, 1895, in-8) ; — Règles de la nomenclature des êtres organisés (Paris,
1895, in-8) ; — I^es Hématozoaires de l'homn\e et des animaux, par les D"
Laveran et Blanchard (Paris. 1895. 2 vol. in-10) ; — La Claque des oiseaux
(Sarcopsylla gallinacea Westirood (Paris, 1897, in-8) ; — Hirudinées des Indes
néerlandaises (Lciden, 1897. in-4) ; — Quelques cas anciens d'aclinomycose
(Paris, 1899. in-8) ; - Archives de parasilologie. T. I. (-IV), 1898 (-1901)
Paris, in-8) ; — Les Coccides et leur rôle pathogène (Paris, 1900, in-8) ; —
Instructions à l'usage des médecins, des naturalistes et des voyageurs, rédigées
au nom de la Commission du paludisme (Paris, 1900, in-8) ; — Notes histo-
riques sur la peste (Paris, 1990, in-8) ; — Transmission de la filariose par les
moustiques (Paris. 1900. in-8) ; — A propos de l'élépliantiasis du scrolnni (Paris,
1901. in-8) ; — Les Moustiques de Paris, leurs nicj'ails. mesures de préserva-
tion (Paris. 1901, in-8) ; — Notes sur les ténias noirs (Paris, 1901, in-8; ; —
Congrès international de médecine. Section de bactériologie et de parasilologie.
(Compte rendu (Paris, 1901, in-8) ; — L'Institut de médecine coloniale. Histoire
de sa fondation (Paris. 1902. in-8) ; — Madagascar au débul du xx' siècle. Cli-
mat, hygiène, maladies (Paris, 1902, in-8) ; — Nouvelles observations sur le pseu-
do-parasitisme des myriapodes chez l'homme (Paris, 1902, in-8) ; — Sur la pi-
(jùre de quelques hémiptères TParis, 1902. in-8); — Les Moustiques, histoire
iialarelle médicale (Paris, 190"), in-8) ; — Règles internationales de la nomen-
clature zoologique adoptée par les con(jrès internationaux de zoologie {Vi\r'\»,
1905. in-8) ; — - Glossaire allemand-français des termes d'aimtomie et de
:oologie (Paris, 1908, in-8) ; — L'Insecte et l'infection, histoire nalurelte et
médicale des artliropodes pathogènes (Paris. 1909, in-8) ; — La Mimopitonie,
son râle dans la fornialion des langues (Paris. I!)|4, in-8); — Epigrapltic n)ê-
dicale. Corpus inscrq)tionum ad medicinum biologuunque spectantium ; t. I.
(Paris, 1915. in-8) i — La Lutte contre la moHc/ie (Paris. lOl.i, in-8) ; — La
Lutte coidre les pou.T (Paris, 1915. in-S) : — Instruction pour l'hygiène et la
désinfection en lenq)s di' guerre (Paris, 1915, iri-8).
— 219 —
— Les sciences médicales ont encore fait en France trois perles particu-
lièrement douloureuses par la mort de MM. les D" Hallopeau. Ctiantemesse
et Choquet. M. le D' François Hai.i-opeau. qui est mort à Paris le 23 mars,
•ëtait un des plus éminents représentants en France de la dermatologie. Né
aux Airelles, en Haute-Savoie, le 17 janvier 1842, il fit au lycée Bonaparte
à Paris de bonnes études après lesquelles il se consacra à la médecine. .Sa
thèse de doctorat (1871) portait sur les accidents convulsifs dans les mala-
dies de la moelle épinière ; 4 ans plus tard (1875) il se faisait recevoir
agrégé avec une thèse sur les paralysies bulbaires. Nommé médecin des
hôpitaux en 1877. il devint en 1880 médecin de Ihôpital Tenon, d'où il
passa en 1881 à Ihôpital Saint-Antoine et de là en 1884 à Ihôpital Saint-
Louis, où il se livra tout entier aux travaux dermatologiques qui ont fait
sa gloire, et où il donna un enseignement clinique des plus suivis et des
plus appréciés. Longtemps secrétaire général de la Société de dermatologie
et de syphiligraphie. il en devint plus tard vice-président. 11 joua égale-
ment un rôle considérable dans les congrès spéciaux et dans les sections
•dermatologiques des congrès médicaux. L'Académie de médecine lui avait
■donné (1803) l'un de ses fauteuils ; et nombre de sociétés tant de France
•que de l'étranger s'étaient fait un honneur de le compter parmi leurs
membres. De ses multiples publications, dont la plupart ont paru dans les
revues spéciales, nous ne retiendrons ici que les suivantes : Des Accidents
convulsifs dans les maladies de la moelle épinière (Paris. 1871, in-8) ; — Con-
Iribation à Véliide de la sclérose diffuse péry-épendymaire (Paris, 1870. in-8) ;
— Élude sur les myélites chroniques diffuses (Paris. 1871, in-8) : — UUectine,
<iu 006 dans le traitement abortif de la syphilis (Paris, s. d., in-8) ; — Du
Mercure, action physiologique et thérapeutique (Paris, 1878, in-8) ; — Du Trai-
:ienient de iérysipèle par le salycilate de soude ad ministri intus et extra... (Va-
•ris, 1881, in-8) : — Du Traitement de la fièvre typhoïde par le caloniel, le
salycilate de soude et le sulfate de quinine (Paris, s. d.. in-8) : — Traite élé-
.mentaire de pathologie générale comprenant la pathogénie et la physiologie
.pathologique i Paris. 1884, in-8) ; — Leçons sur les maladies cutanées et syphi-
litiques. Les Xaevi (Paris. 1891, in-18) : — Sur les rapports de lu tuberculose
arec les maladies de la peau autres que le lupus vulgaire (Paris, 1896. in-8) :
— Les Lépreux à Paris i communication à la Conférence pour l'étude de la
lèpre. Berlin, octobre 1897). (Paris. 1897, in-8) ; — Les Toxines en dermatolo-
• gie. Communication au Congrès international de médecine (Moscou, août 1897)
-.(Paris. 1897, in-8) : — Traité pratique de dermatologie (Paris. 1900, in-8) ;
— Principes fondamentaux du traitement de la syphilis (Paris. 1904. in-8) : —
.De la spécificité en dermatologie (Clermont. in-S) ; — Les Substances toxi-
ques et immunisantes dans la syphilis (Paris. 1904, in-8) ; — Proliférations
locales in sua et à distance de l'agent infectieux de la syphilis pendant toute la
■durée de son évolution. Communication au Congrès de médecine de Liège (Cler-
mont. 1903, in-8) ; — Le Traitement abortif de la syphilis 'Paris. 1911, in-8) ;
— Traité de la syphilis (en collaboration avec C. Fouquet) (Paris, 1911, in-8).
— M. le D"^ André Chantemesse appartenait aussi à l'Académie de méde-
•cine où il avait été élu en 1901. Né au Puy, le 13 octobre 1831, c'est au
lycée de sa ville natale qu'il avait fait ses études classiques. Docteur de la
Faculté de médecine de Paris en 1884 avec une thèse sur la méningite
tuberculeuse de l'adulte, il fit porter principalement ses recherches sur les
questions d'hygiène et il y acquit assez de notoriété pour être désigné
en 1894 comme chef de la délégation française au Congrès international
d'hygiène de Budapest. Professeur de pathologie comparée expérimentale
- 220 —
à la Faculté de médecine de Paris depuis 1896, il fut appelé en 1903 à I.i
chaire d'hygiène en remplacement du D" Proust. Nous cilerons de lui les
ouvrages suivants : Elude sur In nténingile tuberculeuse de l'adulte, lesforuies •
anormales en ixuiiculier (Paris, 1884, in-8) ; — Fièvre typhoïde (dans le Truite-
de médecine publié sous la direction de Charcol. Bouchard et lirissaud>
(Paris, 1891, in-8) ; — Pathologie ijénérale el expérimentale. Les Processus
généraux (Paris, 1901-1905, 2 vol. gr. in-8) ; — Les Actualités médicales.
Mouches el choléra, en collaboration avec le D"^ Frédéric Borel (Paris, 190(5,
in-16) ; — Mouches et fièvre jaune (Paris, 1906, in-16), avec le même ; —
Hygiène internationale : frontière et prophylaxie (Paris, 1907, in-8), avec le
même ; — Traité d'hygiène maritime (Paris, 1909, in-8), avec les D" Boitl
et Dupuy ; — Pleurésies tuberculeuses (Paris, 1913, in-16), avec le D' Cour-
coux.
— M. le Dr Chaput, qui est mort le 27 février, n'appartenait ni à l'Aca-
-démie ni à la Faculté de médecine de Paris, mais il s'était acquis une haute
réputation comme chirurgien de l'hôpital Lariboisière. Né à Tonnerie,
en 1857, c'est à Paris que M. Henri Chaput poursuivit ses études médicales.
Interne des hôpitaux (1881-1884), prosecteur à la Faculté (1885-1888), il fut
nommé en 1888 chirurgien des hôpitaux et fut, de 1889 à 1895, l'assis-
tant du Dr Terrillon. C'est alors qu'il devint chirurgien de Lariboisière.
C'est surtout dans les questions relatives à la chirurgie de l'estomac et d<»
rintestin qu'il avait ac(juis une compétence particulière. Parmi les travaux
dûs à sa plume savante, nous devons citer : La Suture des nerfs (Paris,
1884. in-8) ; — De t Entéro-anaslomose. ou opération de Maisonneuve, procédés
opératoires, indications, résultats (Paris, 1891, in-8) ; — Technique et indica-
tions des opérations sur V intestin, l'estomac et les voie biliaires (Paris, 1892,.
in-18) ; — Asepsie el antisepsie chirurgicales en collaboration avec le D' Terril-
Ion (Paris, 1893, in-18) ; — Les Conditions de succès des grandes opérations
sur l'intestin (Paris, 1893, in-8) ; — Thérapeutique chirurgicale des affections
de rintestin, du rectum et du péritoine (Paris. 1896, in-18) ; — Les Différents
Procédés d'anesthésie chirurgicale féther, chloroforme, chloréthyle. cocn'ine lo-
cale et lombaire (Paris, 1902, in-8) ; — Les Fractions matléolaires du cou-de-
pied et les accidents du travail (Paris, 1908, in-Ki).
— Ce n'est pas seulement le Parlement, où il soutint les causes juste:»--
avec autant de lucidité dans la pensée et dans l'expression que de fermeté •
dans la discussion, mais c'est le monde économique et juridique qui est
éprouvé par la mort de M. Paul Bkaurkgauu, mort le 23 mars, à Paris. Né
au Havre, le 13 octobre 1853, il se fit recevoir docteur en droit à la Faculté-
de Paris (1875). A 23 ans, il devenait agrégé. Après avoir professé à la
Faculté de Douai, il fut appelé à celle de Paris. 11 enseigna aussi au Con-
servatoire des arts et métiers. C'est surtout comme économiste qu'il se lit
connaître. Il avait fondé en 1891 le Monde économique. Il était député de
Paris depuis 1S98. Voici la liste de ses principaux ouvrages : Du Paieuu-id
avec subrogation, ses origines en droit romain, sa nature el ses effets dans le
droit français. Thèse pour le doctorat (Paris. 1876, in-8) ; — Essai sur la
théorie ilu sa/aire, la main-d'œuvre et son prix (Paris, 1887, in-8) ; — Elêmenls-
d'économie politique (Paris. 1889, in-16) ; — La Théorie de ta rente foncière,
en collaboration avec M. Coste (Paris. 1891, in-8) ; — Le Monde rconomùiutf
CParis, 1891 et s., in-fol.) ; — La Question des associ<dions (Paris, 1892, in-«S) ;
— (Conférence faite au Havre le 10 octobre 189',) sur la défense du commerce^
français d'exportation (Paris, 1900, in-8) ; — iSotice sur la vie el les IravaiLe--
de M. Clément Juglar (Paris, 1908, in-4).
221
— Un jurisconsulte éminent, M. Ernest LEim, est mort à Lausanne In
:^8 février. Né à Saint-Dié, dans les Vosges, en 1835, il exerçait à Strasbourg
les fonctions d'avocat quand éclata la guerre de 1870. Il prit part à la
«défense de la cité alsacienne comme commandant de la garde nationale et
'quand Strasbourg eut capitulé, il se retira en Suisse. C'est ainsi qu'il fut
itttaché à l'Université de Lausanne où il occupa jusqu'en 1884 la chaire de
législation comparée. Il renonça alors à l'enseignement pour se consacrer à
ses travaux juridiques. Tl devint en 1892 le secrétaire de l'Institut de droit
'international. Nous citerons de lui : MnUiieu Zoll, le premier pasteur évan-
()êlique de Strasbourg (tU77-l;)^8) et sa femme Catherine Schutz (Paris, 1861,
iri-12) ; — Voyages et découvertes dans la maison et aux alentours, traduit de
Hcrmann Wagner (Paris, 1866. 4 vol. in-12) ; — Études sur l'fiisloire et la
généalogie de quelques-unes des principales maisons souveraines de l'Europe
^ Paris, 1866, in-4) ; — Dictionnaire d'administration ecclésiastique (Paris,
1869, in-8) ; — L'Alsace noble (Paris, 1870, 3 vol. in-4) ; — Les Écus de cinq
francs au point de vue de la numismatique et de l'histoire (Paris, 1870, iii-8) ;
— Mélanges de littérature et d'histoire alsacienne (Strasbourg, 1870. in-8) ;
— Scènes de mœurs et récils de voyages dans les cinq parties du monde (Paris,
'1870-1873, 4 vol. in-8) ; — Élénients de droit civil germanique (Lausanne, 1873,
• tn-8) ; — Essai sur la numismatique suisse (Lausanne, 1875, in-8) ; — La IS'ou-
velle Organisation judiciaire de la Russie (Paris, 1875, in-8) ; — Des Divers
Régimes hypothécaires de la Suisse (Genève, 1876, in-8): — La Nouvelle Légis-
iation pénale de Russie (Paris, 1876, in-8) ; — Éléments du droit civil russe
(Paris, 1877-1890, 2 vol. in-8) ; — De l'Institution du notariat dans l'empire
'^russe (Lausanne, 1877, in-8) ; — Éléntenls de droit civil espagnol (Paris, 1880-
'1890, in-8) ; — Éléments de droit civil anglais (Paris, 1885-1899, 2 vol. in-8) ;
— Les Nouveaux Projets de code pénal espagnol de ISS^t et 1885 (Paris, 1886.
•gr. in-8) ; — Répertoire général alphabétique du droit français, avec Fuzier-
Herman (Paris, 1886. et su;v.. in-4) ; — Cours de droit international public,
'de A. Âlcorta, édition française (Paris, 1887 et suiv., 3 vol. in-8) ; —
Manuel des actes de l'état civil en droit français et étranger, avec J. Crépon.
{Paris, 1887, in-12) ; — Numismatique de l'Alsace, avec A. Engel (Paris, 1887,
in-4) ; — Principes de la politique, traduits de F. Holtzendorf (Hambourg.
1887, in-8) ; — Code de commerce portugais de 1888. traduit (Paris, 1889,
in-8) ; — Le Nouveau Droit pénal portugais (Paris, 1888, gr. in-8) ; — Le Nou-
veau Code de commerce portugais (Paris. 1888, in-8) ; — Manuel théorique et
pratique des agents diplomatiques et consulaires (Paris, 1888, in-12) ; — Code
■eivil du canton de Zurich, traduit et annoté (Paris, 1891, in-8) ; — Traité élé-
mentaire de droit civil germanique (Par'is, 1892. 2 vol. in-8) ; — Tableau géné-
ral de l'organisalioh des travaux et du personnel de l'Institut de droit internatio-
nal (Paris. 1893. in-8) ; — Les Monnaies des landgraves autrichiens de la Haute-
Alsace (Paris, 1896, gr. in-8) ; — Le Mariage, le divorce et la séparation de
■^orps dans les principaux États civilisés (Paris, 1899, in-8) ; — Éléments de
•droit civil Scandinave (Paris, 1901. in-8) ; — Éludes sur le droit civil des Élats-
' (mis de l'Amérique du nord (Paris. 1906, in-8) ; — La Nationalité dans les
jtrincipaux États du globe (Paris, 1909, in-8).
— Un értiinent chimiste français, M. Jean-Jacques-Théophile Schlcesing.
■est mort à Paris, le 13 février. Né à Marseille, le 9 février 1824, il devint
■dès 1841 élève de l'École polytechnique. Après être entré dans l'adminis-
tration des tabacs, il devint directeur de l'École d application annexée à fti
Manufacture. Il fut plus tard également pourvu de chaires au Conserva-
'toire des arts et métiers et à l'Institut agronomique, ce qui explique le genre
é
ooo
de ses travaux qui regardent surtout l'application de la chimie à l'agricul-
ture et remploi des engrais. L'Académie des sciences l'avait appelé en '\S%t
à venir occuper le fauteuil vacant par la mort de Decaisne. Parmi ses mul-
tiples publications nous citerons ici dans les Annales, de chimie : La Nicotine
(1841) ; — Dosaye de i ammoniaque (1851) ; — Fabrication du carbonate de
sonde (1868), avec M. Rolland ; — Terre végétale (1874) ; — dans les Comptes
rendu de l'Académie des sciences : Le Tabac (1860) ; — Dosage de l'acide
phosphorique (1864-1867 et 1868) ; — Production de températures élevées par
le gaz d'éclairage et l'air (1865-1866) ; — Constitution des argiles (1874) ; —
Échange d'ammoniaque entre les eaux, l'atmosphère et les continents (1875 et
•1876) ; — Absorption de corps volatils à l'aide de la chaleur (1882) ; —
Influence de la tempéralure sur l'hygroscopicité de la terre végétale (1884) ;
— Industrie de la magnésie (1885) ; — Ammoniaque dans les sols (1886) ; —
Dosage de l'ammoniaque (1886) ; — Ftelation de l'atmosphère avec la terre végé-
tale (1888 et 1889) ; — Absorption de l'ammoinaque de /'atmosphère par ta
terre végétale (1890) ; -^ Congélation de la viande par les liquides froids (1890) ;
— Influence de la répartition des engrais dans le sol sur leur utilisation
(1892) ; — Quantités d'acide nitrique dans les eaux de la Seine et de ses prin-
cipatix affluents (1895) ; — Nitrates dans les eaux potables (1896) : — Éludes
sur la terre vf'gétale (1902) ; — Sur l'Analyse mécanique des sols (1903) ; —
Contribution à l'élude de chimique des eaux marines (1906) ; — Sur les Eaux
mères des marais salants (1911) ; — Jaug/^age de cours d'eau par l'analyse
chimique (1913).
— M. Georges Gain, qui vient de mourir des suites d'une longue mala-
die, était un artiste de talent en même temps qu'un écrivain distingué.
Né à Paris en 1856, fils d'un sculpteur, Auguste Gain, qui s'acquit une
belle renommée, il hérita de ses goûts artistiques et. une fois achevées
ses études classiques au lycée Louis-le-Graiid, il s'adonna à la peinture,
tandis que son frère pratiquait comme son père l'art de la statuaire. En
même temps que peintre. Georges Gain était un aquafortiste remar-
quable et les livres qu'en Parisien passionné il a consacrés à sa ville natale.
ses Croquis du vieux Paris, ses Coins de Paris, ses Pierres de Paris, ses Pro-
menades le long des rues sont de sa main aussi bien pour 1 illustration que
pour le texte. Le goût même qu'il avait pour le passé de Paris le désignait
assez légitimement aux fonctions de conservateur du inusée Garnavalet et
des collections historiques de la vieille cité. Il doima du musée un Guide
explicatif {Par'ia, 1903, in-16), écrit en collaboration avec MM. Sellier et
Dorbec. Pendant la guerre il avait consacré une partie de son temps au
soin des blessés et c'est à leur chevet et de leur bouche qu'il recueillit les
quelques Croquis de guerre qu'il a publiés. Il avait rêvé»de conter en anec-
doctes familières les exploits de la France.
— M. Xaxier-llenry-Napoléon Lkroi'x, le compositeur de musique bien
connu, vient de mourir. Mé le 11 octobre 1863. il se révéla de bonne heure
musicien. Hrillanl élève au Gonservaloire, il fut nommé 2' prix de Rome
en 1884, puis 1«'' prix en 1885 avec sa cantate Endymion. 11 était professeur
d'harmonie au Gonservaloire depuis 1876. On peut citer parmi ses œuvres
dans les opéras : llarold (1895) ; — Evangélina (1895) ; — Astarté (1900)
Le Chemineau (1902) ; — La Heine Fiamette (1903) ; — dans les diames :
Les Perses, tragédie antique (1903) ; — William Wtlcliff. tragédie (1906) ;
— TUéodora, drame musical (1907) ; — Cléopàtre, nuisique de scène (1890) ;
— Vénus et Adonis, scène lyrique (1897) ; — parmi les poésies : Le Nil, chan--
son persane (1890) ; — La Nuil, poésie (18y0) ; — Hecuedlement (1892) ;
_. 223
Simple VîUaneîle (1892) ; — Hondenu archaïque (1894) ; — Le Flnmhenn
vivanl (1897) ; — Les Cerises (1898) : — Vieilles Choses et jt-nne amour
(1899) ; — Les Enfants pauvres (1902) ; — Par les chemins de France (1903; ;
— Sérénade (\UOZ) ; — La Manjnerile (1905). On remarque parmi ses mélodies
et morceaux de musique ; Scherzo fantastique pour piano (1884) ; — Ave
Maria (1890) ; — Chrysanthème (1894) ; — Le Jour (1894) ; — A un enfant
(1894) ; — Pensée de printemps (1894) ; — Sonate pour cor à piston et piano
(1894) ; — Les Anges gardiens (1895) ; — Panis angelicus (1895) ; — Rêve
hlpu (1896) ; — Les Estampes, dix mélodies (1896) ; — Les Ailes inutiles
(1897) ; — Salutation angélique (1897) ; — Rosier d'amour (1898) ; — Ton
dwt'(1903).
— Le grand duc Nicolas Mikhaïlovicii, que les bolcheviks ont sacrifié
le 28 janvier à leur haine sanguinaire, était un historien de valeur. iS'é à
Pétrograd, où il est mort, en 1839. ce n'est guère qu'après 1900 qu'il com-
mença de publier les travaux, fruit de ses longues et patientes recherches
dans les archives et les bibliotiièqucs ; travaux qui furent vite appréciés
du public, dont quelques-uns ont été traduits en français et qui détermi-
nèrent notre académie des sciences morales et politiques à lui donner un
fauteuil d'associé étranger. Ses livres relatifs surtout à l'époque napoléo-
nienne le mirent en relations avec M. Frédéric Masson qui demeura son
ami et son confident de la dernière heure. Il aimait beaucoup la France et
c'est à elle qu'il avait légué ses belles collections artistiques, dont \l dési-
rait voir se grossir les trésors de la Malmaison. Nous pouvons citer de
lui : Kniazia Dolgorukie, spodvijinki imperatora Aleksandra I v pervye gody
ego tsarstvovaniia (Saint-Pétersbourg, 1901, in-4) ; — Louis de Saint-Aubin,
trente neuf portraits (Saint-Pétersbourg. 1902, in-fol.) ; — Graf Pavel Aleli-
sandrovilch Slroganov (y774(-/8/7) (Saint-Pétersbourg, 1903, 3 vol. gr. in-8),
traduit en français par M. F. Billecocq (Paris, 1903, 3 vol. gr. in-8) ; —
Diplomalitcfieskiia snocheniia Rossii i Frantsii po doneseniiam poslov impera-
torov Aleksandra i Napoleona. 180S-I812 (Saint-Pétersbourg. 1905-1906,
4 vol. in-4) ; — L'Impératrice Elisabeth, épouse d' .Alexandre l" (Saint-Péters-
bourg, 1908-1909, 3 vol. in-4) ; — L'Empereur Alexandre I" (Saint-Péters-
bourg, 1912, 2 vol. in-4) ; — Les Rapports diplomatiques de Lebzeltern,
ministre dWulriche à la cour de Russie (Saint-Pétersbourg, 1913, in-4) : —
Notice sur la vie et les travaux de Beernaert, son prédécesseur à l'Académie
des sciences morales (Paris, 1913, in-4).
— M. Paul A. Carus, mort à la Salle (Illinois), le 11 février, était né à
llsenburg, dans le Harz, le 18 juillet 1852. Après avoir suivi les cours des
Universités de Tubingiie, de Greifswald et de Strasbourg, il fut attaché
quelque temps à l'Institut du corps des cadets de Dresde, mais il passa
en 1881 dans l'Amérique du nord, y enseigna quelque temps, puis s'adonna
exclusivement à ses travaux littéraires : la philosophie et l'histoire des
religions étaient le principal thème de ses études. Il avait fondé The Open
Court et Tlie Monist et le titre de ce dernier recueil indique suffisamment
quelles étaient ses tendances ; ses livres sur le bouddhisme étaient clas-
siques. Il faisait partie de nombreuses sociétés savantes parmi lesquelles
nous rappellerons VAmerican Oriental Society, la British Association for
aduancement science, VAmerican Association for advancemenl of science et la
Society of Biblical researches de Chicago. Nous citerons parmi ses publica-
cations : Helgi and Sigrun, poème épique (Dresde, 1880, in-16) ; — Mela-
physik in Wissenschafl, Etlirik und Religion (Dresde, 1881, in-8'i : — Agenor
<Dresde, 1882. in-12) ; — Gedichle (Dresde, 1882, in-12) : — Lieder' eines-
224
■fiuddUislen (Dresde, 1882, in-12) ; — Ursachc, Griind vnd Zweck (Dresde, 1883,
in-8) ; — Aus dem Exil (Dresde, i884, in-8) ; — Fundainental problems (Lon-
don, 1880, in-8) : — Sonl oj man (Chicago, 1891, in-12) : — Homilies of
science (Chicago, 1892, in-12) ; — Primer of philosophy (Cliicago, 1893,
in-16) ; — Gospel of Baddha (London, 1893, in-8) ; — Karma, slory of early
Buddhism (London, 1898, in-8) ; — Buddhism and ils Christian crilics (Lon-
don. 1898, in-8) ; - Lao Tzes Tao-Teh-King (London, 1898, in-8) ; - Nir-
vana (London, 1898. in-8) ; — Sacred tunes for consécration of life (London,
1899, in-8) ; — Godward (London, 1899, in-8) ; — Hislory of Ihe devil and
idea of euil (London, 1900, in-8) ; — Kanl and Spencer (London, 1900,
in-8) ; — The Surd of melaphysics {London, 1903, in-8) ; — Amitabha, slory
of Buddhisl Iheology (London, 1906, in-8) ; — Frederick Schiller (London,
1906, in-8) ; — Chinese life and cusloms (London. 1907, in-8) : — Chinese
thoughl (London, 1907, in-8) ; — Our children (London, 1907. in-8) ; — The
.Philosopher s marlyrdom (London, 1907, in-8) ; — The Dharma (London.
1908, in-8) ; — The Rise of man (London, 1907, in-8) ; — The Slory of Sam-
son (London. 1907. in-8) ; — The Bride of Christ (London, 1909, in-8) ; —
The Pleromn, an essny on Ihe origin of chrislianily (London, 1910. in-8) ; —
The Biiddha, a drania (London, 1911, in-8) ; — Personality (London, 1911,
in-8) ; — Trnth on Irial (London. 1911, in-8) ; — Canon of reason and virlne,
de Lao Tseu (London, 1913, in-8) ; — The mechanistic principle and the non-
mechanical (Chicago, 1913, in-8) ; — The Principle of relativity {Chicago,
1913, in-8) ; — Nietsche and other exponents of personality (Chicago, 1914.
in-8).
— On annonce encore la mort de MM. : l'abbé âllard, curé-doyen de
Chàtillon, auteur d'un Cours d'histoire de l'Église et d'une Exposition théolo-
gique de la doctrine chrétienne, mort à 75 ans, le 10 mars ; — l'abbé Pierre-
.\ndrc-Félix Allemand, auteur de nombreuses monographies sur des loca-
lités alpines parues dans le Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes
et qui a publié, outre plusieurs volumes de poésies, divers ouvrages parmi
lesquels ot) peut citer : Notice sur les ecclésiastiques de la commune de Saint-
Michel-de-Chaitlol confesseurs de la foi pendant la Résolution ; Mois de Marie
lia Laus (1886) ; Les Chants du L<ms (1895) ; Dictionnaire biographique des
Hautes-Alpes (1911), mort à Meyères, hameau de Gap (Hautes-Alpes), le
5 novembre 1918, dans sa 75= année ; — Léo Archer, rédacteur au Jour-
nal des Débats et au Gaulois, mort en février, à l'hôpital d'Épernay ; —
Adolphe AuBERT, inspecteur honoraire de l'Université, mort à Rosay
(Seinc-et-Oise), le 10 février ; — Henri d".\i;bigny, collaborateur à l'Homme
libre et à l'Intransigeant, qui laisse un roman sur le point de paraître :
Victor Richard munitionnaire, mort le 6 mars ; — le D' Henri Barnsby. pro-
fesseur à l'École de médecine de Tours, auteur de travaux parmi lesquels
on peut citer : Appendicite et annexite. Coexistence des deux affections,
pathogénie, symptômes, traitement (Paris, 1898, in-8), mort le 10 février ; —
Fiançois Bazin, directeur du journal le Salut, correspondant du Figaro,
mort à Saint Malo le 25 février ; — le D' Beni-Barde. hydropathe, profes-
seur à l'École de médecine de Toulouse, auteur d'un Exposé de la méthode
hydrothérapique (Paris, 1905, in-8). mort le 23 février à .^auveterre-de-
Béarn ; — Hippolyte Bernheim, professeur honoraire de la Faculté de
Nancy, mort le 4 février ; — Paul Bonhomme, rédacteur au Soleil et direc-
teur du Soleil du Dimanclie qtii a publié, entre autres ouvrages : La Dame
an peignoir bleu (Paris, 1883, in-18) ; Charades en action pour salon (Paris.
1885-1880, 2 vol. in-18) ; La Demoiselle en rose (Paris, 1886, in-16) ; Deux
225
"^Inriages (Paris, 1S86, in-18) : Le Grand Frère (Paris, 1887. in-8) : L'Af-
faire de Jeufosse (Paris. 1890, in-16) ; Prisme d'amour (Paris. 18%,
iii-16) ; Mademoiselle Paimclw (Paris, 1901, in-12), mort le 22 ftWrier ; —
Léon BuÉsiL, collaborateur du Figaro et du Gaulois, mort en février ; —
H. Cats. piibliciste, correspondant en Belgique du Journal des Débals,
mort le 16 février ; — Joseph-Léon Cavène, professeur honoraire de l'Uni-
versité, auteur du Miracle de sainl Janvier et du Mirarle d'Aiidria, mort le
16 mars ; — le D"" Henri Ghéron. chef de clinique à la Faculté de méde-
• cine de Paris, mort à 52 ans le 7 février ; — Raoul de Cisteknes dé
Veili.ES, qui a collaboré à la Revue des ([uestions liistoriques et au BulleUn
de la Société hislorique. archéologique et artistique « le Vieux Papier », a
publié avec des annotations le Journal de marche du grenadier Pils (tSOi-
iRlU) (Paris, 1895, in-8) ; Le Duc de Richelieu (1898) ; [m Campagne de
Minorque (1899) et laisse en manuscrit un ouvrage assez considérable sur
la duchesse dWiguilIon, intitulé : Un Coin de la société au xvui" siècle,
mort à Saint-Quay (Côtes-du-!N'ord), le 13 févriei-, à l'âge de <S2 ans ; - —
Dalaise, rédacteur au Petit Parisien, moi t le 20 février ; — Arthur-Louis
Dardel, professeur au collège de Montargis, mort dans cette ville le
fi mars : — Camille Debans. rédacteur au Moniteur universel, au Journal
des voyages, au Temps, qui a publié Octave Kellner ; V Aiguilleur ; La Caba-
nette ; Au coin d'un bois ; Guy de Saint-Guy ; l'Homme aux deux âmes, roman
psychique, mort à 85 ans, à Nice, le lo février ; — Joseph Degalvés,
rédacteur au Petit Parisien, mort le 17 mars ; — Paul Delay, rédacteur à
l'Écho de Paris, collaborateur de la Liberté auteur, avec M. Franc-Nohain,
dune Histoire anecdotique de la guerre, eu cours de publication, mort le
26 février ; — l'abbé Louis Dewaulle, vice-recteur honoraire des Facultés
catholiques de Lille, mort le 21 février 1916 : — M. Dlmo.nt. directeur de
l'Avenir du Puy-de-Dôme, mort le 23 janvier ; — Edmond Du Roure de
Paulin, collaborateur de plusieurs revues, et membre de diverses sociétés
savantes, qui laisse de nombreuses études historiques et surtout généalo-
giques, mort le 12 février : — Charles Engel, archiviste municipal à Stras-
bourg, à qui l'on doit notamment ce qui concerne l'Université de Stras-
bourg au t. IV des Statuts et privilèges des Universités françaises de M. Four-
nier (Paris. 1894, in-fol.) et une importante étude sur l'Ecole latine et l'An-
cienne Académie de Strasimurg (Strasbouig. 1900, in-16), mort en février ;
— Edmond Fabre, auteur de divers ouvrages publiés sous le pseudonyme
de Jean Madeline : Contes sur porcelaine (1893, in-18) ; La Conquête (1897.
in-18;) ; Luce Mngali (1902, in-12) ; Le Détroit (1904i in-16), etc., mort le
12 février ; - Clément Forissier. rédacteur en chef de la Loire républi-
caine, président de l'Association de la presse stéphanoise, mort à Paris le
9 février : — l'abbé Fournereau, ancien professeur des Chartreux de Lyon,
mort à 88 ans, le 5 mars ; — Gazeau, professeur à Evreux et à Orléans
puis à Paris, proviseur honoraire du lycée Condorcet, mort le 11 février ;
— Joseph GiROT. professeur de mathématiques au lycée Gharlemagne.
mort le 2o janvier, à Paris ; — Henri Grassin. poète, mort à Barbezieux.
• à l'âge de 80 ans, le o février ; — M. Edmond Le Roy, collaborateur du
Gaulois, de la Presse, du Journal, auteur de plusieurs pièces de théâtre,
mort à l'âge de 55 ans, le 21 février ; — l'abbé Maiuon, auteur d'un
Manuel d'histoire de l'Eglise bien connu, directeur au grand séminaire du
• diocèse de Viviers, mort le 20 mars ; — le comte Massougues des Fon-
taines, auteur d'ouvrages sur Berlioz et divers musiciens, mort à 76 ans,
- à Angoulême, le 3 février ; — Ferdinand Massy, collaborateur à la Peliie
Mars- Avril 1919. T. CXLV. 15.
République ol poèlc, mort le 13 février ; — ,1. Mkislam-, professeur à la
Faculté des lettres de Montpellier, mort h 43 ans, le 3 février ; — Henri
MiCAiJLT, agrégé de l'Université, professeur de pliilosophic au lycée de Har-
le-Duc, inort en cette ville à l'âge de 46 ans, le !23 janvier ; — le D'" Hippo-
lyte MoRESTiN, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, à qui
l'on doit, entre autres travaux de médecine chirurgicale : Des Opérdlions
par la voie sacrée (1894, in-8) ; Le Goîlre basedoivifiê (1901, in-<S) ; Trauinn-
tisines arliculnires (1904. in-18) ; Chirurgie générale des arliculalions (1907.
in-18) : AJfeclions ckirurgicales de la face (1911, in-8), mort à 48 ans le
13 février ; — le chanoine Pahmentieh, ancien directeur de la Croix des
Pyrénées-Orienlales et du Comité de la Bonne Presse de Perpignan, niorl à
63 ans, le 17 mars ; — l'abbé Georges Piétin, professeur à llnslitution
Saint-Vincent de Sentis, mort le 3 mars ; — M. V. Pretot-Fueire. auteur
d'un ouvrage contre l'Allemagne, qui eut un grand lelentissement au
Chili, mort à Pau, le 18 février ; — D'" G. Saratier, médecin en chef d)i
service de l'hôpital con>plémentaire de l'Ecole polytechnicjue, auteur de :
Médecine et imdualilé (1906, in-8), mort le 26 janvier ; — le baron Fernand
DE Schickler, président de la Société de l'histoire du protestantisme fran-
çais, auteur d'un ouvrage important sur les Églises du Refuge en Angleterre
(1892, 3 vol. gr. in-8), mort le 8 février, à Paris, à 84 ans ; — Guillaume
Séverin, professeur d'histoire au lycée de Tourcoing, mort le 25 février ;
— l'abbé Jacques Taurijjga, professeur à l'institution du Sacré-Cœur à
Perpignan, mort à Perpignan, le 4 février ; — labbé Léon Vasseur, ancieit
directeur au collège Saint-Berlin, mort le 18 mars.
— A l'étranger, on annonce la mort de iMM. : Odon de Aprâiz, correspon-
dant de l'Académie royale d'histoire de iNIadrid, mort en février, à Alava :
— Franscisco Aznar \ Garcia, membre de l'Académie des beaux-arts de
San-Fernando, correspondant de l'Académie d'histoire de Madrid, profes-
seur au Conservatoire des arts et métiers de cette ville, mort en février ; —
Julio, vicomte de Castilho, membre de l'Académie de sciences de Lisbonne,
associé ou correspondant de nombreuses sociétés savantes, auteur, entre
autres ouvrages, de : 0 seiihor Antonio Feliciano de Castilho e o senhor Anlhero
de Quenthal (1863, gr. in-8) ; Meniorias dos vinte annos (1866, gr. in-8) ;
Primeiros versos (1867, in-8) ; Antonio Ferreira poêla quinhentisla {\S~i-^,
in-8) ; 0 Erniilerio (1876, in-8) ; -Lisboa anliga (1879-1885. 4 vol. in-8) :
Memorias de Castilho (1884,2 vol. in-8), né à Lisbonne, le 30 avril 1840, mort
en février dans [la même ville ; — Dumitrus Co.msa, professeur à
l'École des sciences politiques de Roumanie, mort le 16 janvier, dans le
naufrage de la Chaouïa, lequel s'était fait recevoir docteiu- à Paris, en
1896. avec une thèse : De la nécessité de l'intervention de l'Hlat en matière
écononiifiue (in-8), auteur de Criterinl intervcnlionisinidni (1899. in-8) ; Cou-
lentiosid administrativ (\'.)00, in-S) : linposilul global pe vend (1901. in-8):
AgricuUnra si induslria nntionala (1903, in-8) ; — le capitaine Tlu'odore De
Boy, archéologue et explorateur, auquel on doit notamment The neiflv
acquired virgin lands oj'lhe United St<des and the BrUish virgin lands ^1919.
mort à Yonkers, N. Y. ; — Henri E. J. G. Du Bois, connu par ses travaux
sur la magnéto-optique, le circuit magnétique et sujets analogues, mort
à Utrechl, le 21 octobre, à 33 ans ; — Curt Eisner, président de la Uépu-
blique bavaroise, l'un des chefs les plus écoutés du socialisme dans ce
pays et qui collaborait aux organes de son parti, assassiné le 21 février, à
Munich ; — Roswell Martin Fiei.d, publicisle, auteur entre autres ouvrages,-
de : In siinjlower land (1892). The Tiomance of an old Jool (1902), Lillle. misS'-
-)•)"
Dee {\{)0't), Madelin c (1900). mort à 07 ans. ;i Morrislown, N. Y., le 10 jan-
vier ; — Ir Dr Iloraco FLr.TfiiF.R, à qui l'on doit lo fleUhcrisinc ou mrlhode
de mastication dos aliments, auteur de : WIkiI sriixe or économie imlrilioii^
I\'alure's J'oot filter. Ghdlon or Epicnre. etc.. mort à Copenhague, le 13 jan-
vier ; — l'cdro (io^NzÂLEz Maskda, correspondant de l'Académie royale d'his-
toire, mort en février, à Lugo ; — Francisco J. Mkjia, publiclste et minislru
de rinlérieur du Honduras, mort à Tégucigalpa, le 1" février ; — M"'" Har-
rietMiLLEit, morteà Los Angeles dans sa 8S" année, particulièrement connue
par ses études sur les oiseaux : I\lnipo's Troubles (1879) ; lÂlUe Folks in Fea-
Ihers and Fur (1879) ; Queer pels al Marcy's (1889) ; Lillle People of Asia
(1882) ; Birdplays (1885; ; In A-esliny Time (I888j ; Four handed folk (1890) ;
Birdlover in Uie Wesl (1894) ; Upon the Iree laps (1890) ; Tlie First Book o/
birds (1899) ; The Second Book of birds (1901) ; Wilh the birds in Maine-
('1904) : Krisly's surpri.^e parly (1905) ; Whal hnppened io Barbara (1907) ; Thr
Bird our brolher (i908) ; The Child's Book of birds (1915) ; — Newman
Mn.LEii, directeur de limpriinerie de lUniversité de Chicago, mort dans
cette ville, le 8 janvier, à 48 ans ; — Edward Charles Piokeiung, directeur
depuis 1870 de l'Observatoire de Harvard Collège (Massachusetts États-
Unis), dont il publia plus de 70 volumes dWnnals, auteur d'Elemenls fort
estimés of physicd manipulalioiis (1874-1880. 2 vol. in-8), l'un des astro-
nomes les plus éminents de l'époque contemporaine, correspondant de-
l'Institut de France et de multiples compagniQs savantes du monde entier,
mort à 72 ans. au début de février ; — William Michael Rossetti, à qui
l'on doit entre autres ouvrages : Lives of famoas poets (1878, in-8) ; Me-
moir of Shelley (1880. in-8) ; Life of Kea{s (1887, in-8) : Dante Gabriel
Rossetti as designer and ivriter (1889, in-8), ouvrage sur son père, le célèbre
écrivain anglais, dont il avait publié trois ans auparavant les Collected
irorks (1886, 2 vol. in-8) ; Ruskiii, Rossetti, Preraphaelilism (1899, in-8) ; Pré-
raphaélite diaries aiid lelters (1900, in-8), mort 'a Londres, le 0 février ; —
Arthur J. Saalfied, directeur de la maison d'édition qui porte son nom
à Akron, Ohio. mort le 10 janvier, à 55 ans ; — AVillkim Spon. l'un des
fondateurs de la maison d'édition bien connue, mort à Sussex, le 10 jan-
vier, à 80 ans ; — Emilio Tapia y Ribas. correspondant de l'Académie
royale d'histoire de Madrid, mort à Lugo, au mois de février ; — Arthur
Taylor. du Times book club, mort à Londres, à 02 ans, le 25 décembre ;
— E. C. Tedeschi, rédateur en chef de V Epoca de Rome, mort à Paris, le
15 février ; — Félix Van deb Elst. représentant général en Belgique, de
la Société des auteurs dramatiques de Paris, mort le 5 février, à Bruxelles ;
— Charles Emmet \ an Loan, humoriste américain, auteur, entre autres
ouvrages, de The Bir/ Learjue (1911), The Ten thousand dollar ami {iQl±).
The lucky seventh (l913), Old nian cnrry (1910), mort à Arlington (Pensyl-
valnie), le 2 mars, âgé de 42 ans ; — Manuel ViEmA iNATivruADE, érudit
portugais, mort en février, à Alcobaga ; William Marshall Watts chi-
miste distingué, né à Boston (Lincolnshire), en 1884, à qui l'on doit, outre
une collaboration aux revues scientifiques (Journal of chemical sociely. .\a-
ture, Philosophical magazine, Quarlerty journal of science, etc.) : An Index of
spectra (1872, in-8) ; Organic chi^misfry (1873, in-8) ; Eléments oj chemisiry
(1891, in-8) ; Introduction to the sludy of spectral analysis (1904. in-8), mort
à 75 ans, le 13 janvier ; — Samuel Wendell Williston, professeur de pa-
léontologie à l'Université de Chicago, mort récemment.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. — Le
15 février, M. René Gagnât analyse une lettre du lieutenant .\lbertini qui,.
— 228 —
^ur la chaussée Bninehaiil, allant do Senlis à Soissons, a découvert unp
borne milliaire à Bétheny-Saint-Martin (Oise). laquelle apporte ainsi la
preuve que la chaussée Brunchaut était une voie romaine, chose contestée
jusqu'à ce jour. — M. Glolz commence la lecture d'une étude sur les Fêtes
dWdonis au leinps de Tltéocrile d'après un papyrus gréco-éf/yptien. ■ — M. le
comte Durrieu, en commençant la lecture d'un travail intitulé : Tableaux
■des collections du duc Jean de Berry, frère du roi Charles V, bien coninj potir
ises goûts artistiques, signale d'abord un petit tableau du musée de Troyes,
qui représente ce que Ion appelait une « Pitié de Notre-Seigncur », c est-
à-dire le Christ mort soutenu par la Vierge avec l'aide de saint Jean et de
•deux anges. — M. Eudes lit une étude ayant pour titre : A propos des
uiosaïipies de Ravenne. — Le 22, le directeur de l'enseignement supérieur
communique à la Compagnie un rapport où M. Millet expose l'état de la
mission qui lui a été confiée à l'effet de relever les monuments byzantins
du mont Âthos. — Le 28. M. le comte Durrieu continue sa communica-
tion sur les tableaux encore existants qui ont pu faire partie des collections
du duc Jean de Berry. Tl signale, comme pouvant répondre à un article
de l'inventaire après décès des biens de ce prince, dressé en 1416, un admi-
rable dyptique qui se trouve au musée de l'Ermitage et semble être une
œuvre de jeunesse de Van Eyck. — M. Salomon Reinach présente quelques
observations. — Le 7 mars, M. le comte Alexandre de Laborde lit une
notice sur la vie et les travaux de M. Joret, son prédécesseur. — Le 14,
M. Babelon parle de la Collection de Vogué au Cabinet des médailles, qui
<;omprend 800 monnaies antiques et autant de monnaies modernes. —
M. Pottier fait une communication sur une statuette d'albâtre qui repro-
duit les traits et l'attitude de là célèbre Vénus de Médicis. — Le 21, M. Cler-
mont-Ganncau commente le texte dune inscription hébraï(iue sur mosaïque,
découverte près de Jéricho par des officiers du corps expéditionnaire
anglais. — Le 28, \L le comte Durrieu, d après des indications de M. V I-'ris.
archiviste de la ville de Gand, expose qu'un certain Guillebert de Mets et
non de Metz (« de Mets » en flamand, signifiant « Le Maçon » en français)
a composé en notre langue une description de la ville de Paris sous
<]harles VI. Or, cet auteur était un pur Flamand, qui fut échevin, receveur
communal et tenancier d'une hôtellerie à l'enseigne de l'Ecu de France, à
Grammont en' Belgique : ceci montre qu'il y a cinq siècles le français était
-déjà, concurremment avec le flamand, la langue des lettrés flamands. —
M. Camille JuUian commence la lecture d'une étude intitulée : Les Origines
lopograpliiques de Strasbourg.
Lkctuhes faites a l'Académie des scm^nces mobai.es et politiques. —
Le !•"■ février. M. Georges Teissier donne lecture d'une notice sur lîi vie et
les travaux de M. Bétolaud, son prédécesseur dans la section de législation.
— Le lï), M. Lefebvre, professeur à la Faculté de droit de Paris, lit une
communicalion intitulée : (Juelques Procédés financiers des Allenuinds d(uis
hi régions du nord de la France — M. Henri Lorin, professeur à la Faculté
<lc droit de Bordeaux, fait une communication relative aux Grandes Lignes
transeuropéennes après la guerre. — Le 22, M. Charles Dupuis donne lec-
lurc d'un travail sur l'Organisation internationale et la notion de souveraineté.
— Le 28, M. Emmanuel Vidal, secrétaire de la Société d'économie poli-
li(jue, lit une communication intitulée ; Les Jours noirs de la Bourse de
Paris {'J^i juillet-? décembre iOlà). — Le 14 mars, M. Arnauné donne lec-
ture d'une communication sur les Causes de la cherté actuelle de la vie aux
États-Vids, en Angleterre et en France. — Le 22. M. Jacques Flach lit un
— 229 —
travail ayant pour tilio : La Prusse conquérante de V Allemagne et doniina-
Irice de lu Pologne.
Pmx. — Dans sa séarirp dn 28 mars iU\9, rAcadéniip dfs inscriptions-
et belles-lettres a distribué comme suit le prix Saintour : 150(1 fr. a
M. Edmond Courbaud pour les Procédés d'aride Tacite dans les « liisloirt-x »
et loOO fr. à M. François Villeneuve pour ses Essai sur Perse.
La Santa Casa de Lorette. — Une biocliure malencontreuse du
R. P. F.schbach amène notre ancien collaborateur et savant ami, M. le cha-
noine Ulysse Chevalier, à revenir sur la question de Lorette. sur laquelle
depuis plusieurs années il avait gardé le silence par « déférence euxcrs
l'autorité suprême ecclésiastique. » 11 y revient pour répondre à la bn)-
chure dans lequel le bon religieux pensait réfuter un article paru en 1907
.sur Un document nouveau en faveur de Lorette (une bulle fausse de Clé-
ment V). La réponse se présente sous forme de deux opuscules, intitulés
• l'un et l'autre : La Santa Casa de Lorette. le premier avec le sous-titre :
liéfjonse au H. P. Alphonse Eschback (Extrait de la <lroix. Paris, Auguste
Picard, 191y, in-iO de 8 p.), le second avec le sous-titre : Sur un document
allégué en sa faveur (ExUnM des Mélangea d'archéologie et d'histoire pvh\'\é^
par l'École française de Rome. t. XXXVH. 1918-1919. S. 1. n. d.. in-8.
paginé 103-106). Lérudit auteur n'a pas de peine à maintenir le bien fondé
de la condamnation portée par lui contre la prétendue bulle de 1310.
Pahis. — L'on a tiré à part le récit de la visite que S. M. Victor Emma-
nuel 111 a faite à l'Académie des inscriptions : Académie des inscriptions
et belles-lettres. Compte rendu de la séance du W décembre 1918. Visite de
S. M. ]'iclor Emmanuel IH, roi d'Italie (Paris. Auguste Picard, t918, in-8 de
12 p.). On y trouvera avec l'allocution au roi de M. Paul Girard et la
réponse de S. M., la lecture, toute de circonstance, faite par M. Ernest
Babelon sur l'origine et le sens du mot « Fert » qui figure comme devise
sur les monnaies italiennes.
— Bien curieux, bien amusant et en même temps bien instructif rEss"[
sur la physiologie et la psychologie de la carte de visite, dont M. Léonce Gra-
silier a fait l'objet d'une spirituelle et érudite causerie à la société historique
« Le Vieux Papier » 12 février 1918 (Alençon, Impr. alençonnaise, 1919, gr-
in-8 de 29 p., avec fig. et 1 planche. Tiré à 100 ex. non mis dans le com-
merce). Les dimensions, la matière de la carte de visite, la disposition et
la forme des caractères qui y sont employés prêtent déjà à des observations
curieuses ; les titres dont s'accompagne le nom du propriétaire, les men-
tions plus ou moins singulières, plus ou moins saugrenues parfois qu'il y
ajoute nous apportent sur son état psychologique des révélations que de
prime abord on ne s'attendrait pas à y trouver. Lisez YEssai, s'il vous
tombe sous la main, et il vous inspirera la pensée de poursuivre vous
aussi une enquête personnelle sur les cartes que vous recevez.
— L actif et dévoué secrétaire de la Société générale d'éducation, M. Féne-
lon Giban, attire notre attention sur le Fléau du taudis (Paris, l'auteur,
14 bis, rue d'Assas, 1919, in-16 de 80 p. — Prix : 0 fr. 60). dont il indique
les causes : déracinement, surpeuplement, renchérissement des loyers, et
les dangers tant pour la santé et la moralité des habitants que pour la
santé et la sécurité publiques. Comme remède principal, il prêche le déve-
loppement des habitations ouvrières, cette belle œuvre qui, à Paris et dans^
quelques villes, a déjà donné d'excellents résultats.
— Nous avons déjà signalé (Po/y6f6//o:i de janvier 1915, t. CXXXIIl, p. 56;
l'opuscule de M. Joseph Méjasson : Ce que tout Français doit savoir cCalle-
— 230 —
mand. petit (juide frnnrnix-nlleinnnd. Le succès qu'il a obtenu décide Taulcur
il nous en donner une li" édition ce revue et augmentée pour nos troupes
d'occupation en Allemagne » (Lyon et Paris^ Vilte, 1919, in-12 de 88 p.).
La mention « augmentée » correspond bien ici à la réalité : l'opuscule est
presque doublé, puisque la 1" édition n'avait que 47 p.
— Quittant un moment ses travaux d'érudition bislorique, M. le cba-
iioine Ulysse Chevalier nous donne sur le Cœur et ses pnlsalions une étude
de physiologie (Valence Impr. valentinoise. 1919, in-16 de 20 p. Extrait du
Messager de Valence). Notons-en la conclusion : « Les cœurs continueront sans
trêve de battre, sans qu'on puisse préciser ce qui les met en mouvement. »
— Avec la livraison de janvier 1919, la Cité, bulletin trimestriel de la
Société historique et archéologique du IV^ arrondissement de Paris (Paris,
Mairie de l'hôtel de ville ; Champion, in-8 de 88 p.. avec 12 grav.) com-
mence la 18'î année de son existence. On trouve là : Mémoire du Chapitre de
Notre-Dame concernard l'affaire des Isles Nostre-Dame {16^3} publié par Mgr
BatifTol (p. 1-7, avec une grav.), lequel mémoire indique les griefs des cha-
noines contre l'élévation de construction sur les terrains de l'île Notre-
Dame (actuellement île Saint-Louis) ; — Contrif)ution à Vhisloire de Vile
Notre-Dame {actuellement île .Saint-Louis). Les Premiers Propriétaires des mai-
sons de Vile (au temps de Louis XIII), par M. -A. Boulanger (p. 8-14, avec
2 plans et une gravure) ; — Saint-Gervais, Véglise de Paris bombardée le ven-
dredi saint l9tS, par M. l'abbé Gauthier, curé de Saint-Gervais (p. lo-27.
-et 4 grav., avec deux notices complémentaires, p. 28-31 signées des ini-
tiales G. T. et P. D.) ; — la fin de de l'intéressante étude biographique de
M. -A. Callet sur Un Habitant de Vile Saint-Louis. Le Peintre Fr. Mouchet (p.
32-54, avec 4 grav.) ; — une note sur les domiciles d'Adolphe filanqui, il y
)t cent ans. par M. P. d'Estrée (p. 55) ; — Le III' Arrondissement à la Commis-
-sjo/t du Vieux Paris : deux notices : la première sur la Fontaine de Joyeuse.
par M. L. Tesson ; la seconde sur l'Église Saiid^Jean-Saint-François, par
M. Lucien Lamlieau (p. 56-65).
— La Société historique d'Auleuil et de Passy nous a envoyé son XCVIII"
Jiulletin (2" trimestre 1918) (Paris, secrétariat général, avenue des Peupliers.
i), villa Montmorency, in-4 paginé 184-228; dont la presque totalité est
occupée par les Cahiers des griefs du tiers-état des paroisses d'Auleuil, de
Boulogne et de Passy (1789), publiés par M. Louis Batcave. avec une
Introduction et des « Notes explicatives » intéressantes, plus étendues (jue
les textes reproduits. Très utile contribution à l'histoire de la période
révolutionnaire dans la banlieue de Paris. — Ce Bulletin se termine par
quelques détails curieux donnés par M. G. Vauthier en ce qui concerne
la Croix de Victor Hugo accordée par le Roi, en 1825, à la requête du
général comte Hugo, père du poète, et par un extrait d'un livre de François
\lignet décrivant « la société célèbre d'Auteuil. »
— La revue Renaissance du tourisme, qui formait un supplément men-
suel à la lienaissance politiijue, littéraire, économi<pie. vient de se transfor-
mer, après trois années d'existence, en un très beau périoditpie illustré,
de format grand in-4, qui a poiu* titre : La lienaissance. Sports et tourisme,
hygiène sociale. Dans son premier n" (mars 1919). la direction s'adresse
ainsi aux lectiMirs : <■ Le totirisme ne pouvait être malgré tout qu au second
plan des piéoccupalions d'hier. Il fallait d abord que la France vécût ; il
faut maintenant qu'elle vive plus prospère. Le tourisme, mol magitpie.
évncaleur de féeriques chevauchées, le tourisme, cham]) oITerl aussi aux
plus vastes conceptions industrielles cl commerciales, merveilleux instru-
— 2:J1 —
.nient de travail et d'enrichissement nationaux, le tourisme redeviendra
j)lus que jamais notre sollicitude passionnée. S'étonnera-ton de nous voir
l'Iargir notre cadre primitif ? Loin de nous la prétention de découvrir
aujourd hui le sport 1 Simplement, nous lui apportons le renfort d'un
j:rand organe illustré... Mais le sport a ses détracteurs, comme ses exagé-
lations. .\ nous de désarmer ceux-là. en nous gardant de celles-ci. Sport
rationnel, dirons-nous donc. Et nous voilà amenés à cette rubrique Hygiène
xociale, si riche elle-même que de bons esprits souhaitaient de la voir au
])remier plan. » Nous saluotis synipathiquement ce périodique, imprimé
avec soin sur papier de luxe (chose rare aux temps présents) et remarqua-
blement illustré. Les sommaires en seront publiés régulièrement dans la
Partie technique du Polybiblion (Rédaction et administiation : 10, rue
Royale, Paris. VHP arr. Abonnement : France. 20 fr. ; Etranger^ 30 fr.).
.\njou. — La vingtième série des Ande<javiaiia de M. l'abbé Uzureau vient
de nous parvenir (.\ngers, Siramleau ; Paris. Auguste Picard, 1918, in-8 de
332 p.). aussi copieuse et nourrie de documents et de notices, aussi touffue
([ue ses devancières. Outre l'étude sur l'Abbé Daboys, curé de La Poinme-
ray. procureur-syndic dn'dislrict de Saint-Florenl-le-Vieil, que le Polybiblion
de juillet 1917 (p. 6o) a signalée lors de l'apparition du tirage à part, il faut
mentionner spécialement un cf>rtain nombre de documents sur les évêques
d'Angers et qui s'espacent depuis Defensor, l'apôtre de l'Anjou au u' siècle,
jusqu'à réminent titulaire actuel du siège : Les Évêques d'Angers jus-
Hunu xin' siècle : Henri Arnauld, évéque d'Angers et l'affaire des réguliers
(1654-165'^); Une I\'oniinalion ecclésiaslique à Angers au xvuie s/èc/e, faite
])ar Mgr de Vaugirault, en 17oo, dans des conditions particulières, puisque
l'évèquc nommait à la fois trois titulaires pour le doyenné de la collégiale
de Saint-Pierre d'Angers ; Nominalion de l'abbé Freppel à l'évéché d'Angers
(fin 1S60) ; Inslallalion de Mgr Rameau, évéque d'Angers, le 27 février 1899.
Notons encore plusieurs chapitres importants concernant l'Université
d'Angers et ses professeurs, depuis Bernard I". maVre-écols. aux environs
de r.\n Mil, jusqu'à la création impériale de 1S09 établissant à Angers le
.siège d'un ressort d'Académie, supprimé en 1834. Deux études sur l'abbaye
du Ronceray : Foni/alion de l'abbaye du Ronceray. à Angers, en 1028, par
Foulques Nerra, comte d'Anjou, et Les Chanoines de la Trinité d'Angers et
l'nbbesse du Ronceray. curieux documents datant de 1781 et relatifs aux
ditllcultés existant entre le chapitre et les religieuses. Comme toujours, les
documents de la période révolutionnaire abondent et sont presque tous
de valeur, par exemple : Les Administrateurs du déparlement de Maine-et-
Loire et les prêtres insermentés f 1701-1792). Les Constilatims de 1793 et 1795
jugées par un patriote angevin, Papin, professeur aux écoles centrales de
Maine-et-Loire et de la Corrèze ; 3/""= Révellière, de Cholet.Jusillée au Chainp-
cles-Martyrs d'Angers, le \"é février 1794 ; Situation lamenlal)le du district
'd'Angers en 179U ; La Vendée angevine en octobre 1797, rapport du général
A idalot-Dusirat. après le coup d'État du dix-huit fructidoi-. qui vint remettre
on question toute la pacification réalisée deux ans auparavant par le génie
de Hoche, etc.. etc. Ce sommaire déjà long et pourtant beaucoup trop suc-
cinct, ne peut donner qu'une bien faible idée de l'importance de ce nou-
veau volume. Mais quand donc M. Uzureau nous donnera-t-il enfin une
bonne table générale et complète ?
Bourgogne. — Nous mentionnons avec plaisir le 2^ semestre de l'an-
Jiée 1917 du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de^
J'Yonne (71e volume. 1" de la 5« série, .\uxerre. secrétariat de la Société,
— 232 —
1919, in-8 paginé 179-415 et 13-S3, i)lu.s, pour les procès-verbaux des
séances et les tables lxvh-ccii, avec vin plan hors texte et une vignette). Ce
volume n'est en rien inférieur à ceux que rtous avons précédemment enre-
gistrés. Divisé en deux sections comportant une pagination distincte,
comme il est dit plus haut, il se compose ainsi : La Grande Diselle de 1817
à Sens, par M. Victor Guimard (p. 179-235). L'auteur raconte en détail
tout ce qui sest passé à Sens et aux environs pendant la (( chère année «
«lui a suivi les deux invasions de 1814 et de 1813, particulièrement les
troubles que la misère occasionna dans le pays et la répression vraiment
excessive qu'ils provoquèrent : entre autres châtiments, il y eut trois con-
damnations à mort, suivies d'exécution ; — Notices archéologiques villa-
geoises, par M. l'abbé A. Parât (p. 257-281, avec un plan). Il s'agit ici de la
seule commune de Pontaubert ; — Les Conininnaulés de métiers dans l<t
région de l'Yonne, élude suivie du lexle des statuts des corporations et de divers
autres documents, par M. Ch. Porée (p. 283-386). intéressante étude ap()uyée
de nombreuses pièces justificatives, princi})aleitient des statuts de diverses
corporations de Sens, Tonnerre, Auxerre et Avallon ; — Note sur un vieux
bénitier sénonais, par M"" Augusta Hure (p. 387-3'9l. avec une vignette) : —
Les Foires anciennes dans VAi^allonnais. par M. l'abbé A. Parât (p. 393-407).
curieux travail où les historiens des mœurs et des coutumes françaises
trouveront à glaner ; — Notice nécrologique sur M. Maurice Bernard, par
M. Peigné (p. 409-411); — Notice nécrologique sur M. Ctiarles Joly, par
M. Georges Lemoine (p. 413-415). — Enfin, dans la deuxième partie du
recueil réservée aux sciences naturelles, nous relevons une élude très
actuelle : La Situation agricole et économique dans l'Yonne pendant In guerre,
par M. Gabriel Letainturier, préfet de l'Yonne, bien placé pour être par-
faitement renseigné (p. 13-53).
Franche-Comté. — Notre très distingué collaborateur M. Paul Laconibe
a tiré à part du lUbliographe moderne, 1910-1917, n° 2, un savant travail
sur les Origines de l'imprimerie à Besancon. L'Imprimeur de /' « .\rbolayre »
(Paris, Société française de bibliographie, in-8 de 19 p., avec 4 planches et
7 figures). Le texte de cette luxueuse brochure est extrait de l'Histoire de
l'imprimerie en France au xv" el au \\\' siècle, par feu A. Claudin, t. IV.
publié sous la direction de M. Léopold l~)elisle par M. Paul Lacombe. Déjà
imprimé, « ce volume paraîtra aussitôt que le permettront les circons-
tances. » Les recherches de Claudin l'avaient porté à croire que VArbotayre
— « traduction, ou plutôt adaptation française de VHerharius imprimé par
Pierre SchoelTer à Mayence en 1484, et de ÏOrlus sanitalis que le même
typographe imprima en 1485 » — avait été exécuté à Lyon par Mathieu
Husz, vers 1487-1488. Mais en 1-905, deux pièces faisant partie d'un recueil
acquis pour la Bibliothèque nationale vinrent « détruire toutes les conjec-
tures admises jusqu'à ce moment sur les oéigines de l'Arbolayre », fii
prouvant <( d'une façon définitive « (jue ce livre curieux provient des -
presses bisontines. Un peu avant sa mort, Claudin avait reconnu son
erreur ; mais c'est à M. Paul Lacombe qu'était réservée la tâche dediscutei
les choses et d'établir le fait, sans pouvoir toutefois déterminer absolu-
ment le nom de l'imprimeur, qui semble cependant devoir être Pieri-e
Mellinger, lequel exerça à Besançon au xv»; siècle « après qu'il eût quilh'^
Vugsbourg et avant (juil allât s'établir a Dole, puis à Dijon (I4!l0-149l ) »
— .M. Léon Sabler a consacré au l'eintre Louis Jupy une plaijuette luxueu^e-
nient imprimée sur beau papier (Monibéliard. Impr. montbéliardaise, li^l'.'.
j)elit in-S de 15 p., avec une reproduction de tableau el 1 planche hors
— 233 —
texte). Né à Berne, conimune de Seloncourt (Doubs), le 19 octobre 1839,
Louis Japy semblait, pour des raisons de famille, devoir orienter sa vie
vers la pratique des sciences exactes, mais ses goût en décidèrent difTérem-
ment et il abandonna avec joie les mathématiques, où il n'excellait pas^
pour les beaux-arts où plus tard il devait briller. Élève de Corot et surtout-
dc Français, il envoya des toiles à divers Salons et remporta ainsi de
nombreux succès. Hors concours en 187S, il obtint la croix de la Légion
d'honneur en 1906. Une très belle photographie représente Louis Japy
devant un petit tableau aucjuel il travaille. Cet excellent artiste est mort ;»
Paris le 3 janvier 191t).
Languedoc. — En attendant une prochaine Dibliog rapide sommaire de
l'ancien provençal par M. Jeanroy. le savant romaniste, et une bibliographie
complète de notre ancienne littérature, par M. Anglade, professeur à
l'Université de Toulouse, ce dernier, mainteneur de l'Académie des Jeux-
Floraux, offre aux étudiants et au public éclairé un précieux guide : Pour
éludier les Irouhadours, notice bibliographique (Toulouse, Privât, in-8 de
10 p.). On remarquera qu'il y a beaucoup d'ouvrages allemands cités dans
cette bibliographie ; preuve que nous avons trop laissé à l'étranger le tra-
vail de notre sol ; motif de remords et de zèle pour l'avenir. Le catalogue,
des plus méthodiques, ne confond pas la limpidité sobre et la sécheresse.
C'est fort souvent qu'un très bref commentaire précise à souhait la valeur
et le sens de l'ouvrage. On sent qu'un maître, aussi érudit que bienveillant,
a rédigé, pour le profit de son lecteur, ces notes utiles.
— Une figure éminemment toulousaine et hautement religieuse a dis-
paru en la personne de Mgr Delpech. prélat de la maison de Sa Sainteté
Benoit XV. chanoine archiprêtre de la Métropole Saint-Etienne de Tou-
louse, chanoine d'honneur de Montauban et de Pamiers, aumônier militaire
en 1870, chevalier de la Légion d'honneur. Son ami, M. le chanoine Valentiu,
doyen de la Faculté libre des lettres, mainteneur de l'Académie des Jeux
Floraux, a fait revivre celte physionomie supérieurement attachante et
d'une valeur si exemplaire, en des pages toutes débordantes d'émotion cor-
diale et d esprit de foi [Monseigneur Xavier Delpech, Is^'2-I0l9. Toulouse. Pri-
vât, in-8 de "20 p., avec portraits. Prix ; 0 fr. 50). M. Valentin. a su grouper
là des souvenirs personnels variés et précis, qui font de cet hommage à-
une mémoire chère et vénérée, une biographie abondante, malgré sa biiè-
veté relative et, par plus d'une esquisse bien nuancée à propos de la vie
pastorale ou intime de Mgr Delpech, un fragment de vie de saint.
Limousin. — On travaille ferme à Limoges, en dépit des terribles jours
écoulés et des préoccupations quand même de l'heure présente. El la
preuve résulte des deux volumes compacts que vient de nous envoyer la
Société archéologique et historique du Limousin, lesquels forment la 2' li-
vraison du tome LXVl et le tome I.XVII de son remarquable Bulletin (Li-
moges, Ducourtieux et Goût, 1918, in-8 paginé 251-482, avec une carte,
4 planches et 3 armoiries dans le texte pour la 2' livr. de t. LXVl ; et 191'.i.
in-8 de 28:2 p., avec 1 plan, 3 planches, 1 gravure et 6 armoiries dans :e
texte pour le t. LXVIlj. Dans le premier de ces volumes, on trouvera les
études suivantes : La Crise des subsistances dans le dislricl de Dorai pendant
la Révolution, par M. Roger Drouault (1" partie, p. 251-274), travail auquel
la situation actuelle donne un intérêt particulier ; — A'o/e sur quatre
lombes de l'œuvre de Limoges (I3'27j, par M. Franck Delage (p. 275-281) ; —
Notice sur l'origine du mot Limousin, par M. P. Deffontaiues (p. 282-288; ;
— Noies sur quelques outils palêolilhiques de l'arrondissement de Limoges, par
-^ 234 -
le même (p. 289-291) ; — Hisloire de l'Église el de la paroisse de Saiid-Mi-
chel-des- Lions à Limoges (suite), par M. le chanoine A. Lecler (p. 292-330) : —
Les Grands Chemins du Limousin (suite), par M. Paul Ducourlieux (p. 331-
369, avce une carte), étude considérable et très fouillée ; — Le Vitrail de
la chapelle de Notre-Dame de la Borne, par M. Louis Lacrocq (p. 370-379,
avec 3 planches); — La Seigneurie du Muraud en Limousin, notes et docu-
ments par M. Joseph Boulaud (p. 380-396, avec 1 planche et 3 armoiries
dans le texte) : — Établissement des cannes déchaussés à Limoges, par M. A.
Petit (p. 397-406) ; — Une Procédure de moniioires au xvuie siècle, par M.
Louis Lacrocq (p 407-414), — Le tome LX.VII renfermeles travaux ci-après
dont trois forment la continuation d'études mentionnées précédemment :
Les Communes limousines et les Anglais au moyen âge, par M. Paul Ducour-
tieux (p. 5-28) ; — La Crise des subsistances dans le district de Dorai pendant
la Révolidion, par M. Roger Drouault (suite), (p, 29-49) ; — Histoire de l'église
et de la paroisse de Saint~Michel-des- Lions à Limoges, par M. A. Lecler (suite)
(p. 50-92) ; — Les Grands Chemins du Limousin (la grande voirie), par M. Paul
Ducourtieux (suite) (p. 93-120); — Catalogue sommaire des peintures, dessins
et sculptures intéressant l'iconographie locale conservés au musée Adrien
Dubouché à Limoges, par M. Louis Lacrocq (p. 121-128. avec 2 planches) ; —
Deux nouveau,x Dolmens dans la région des monts de Blond, par M. P. Defl'on-
taines (p. 129-13-4. rvec figures): — Un nouveau Dolmen en Haute Vienne, par
le même (p. 135-143) ; — Le Mas de Gigondas, paroisse d'Isle, par M. Joseph
Boulaud (p. 144-170, avec une gravure et 6 armoiries dans le texte) : — La
Prescription des Girondins originaires du Limousin, par MM. L de Mussac et
F. Delage (p. 171-185) ; — Lettres de Dom Vergniaud (oncle du fameux gi-
rondin) à François AUaaud 1778-1781, publiées et annotées par M. Louis
Lacrocq (p. 186-193) ; — Documents (au nombre de sept) relatifs à des con-
trats, un partage, un règlement de compte et des pétitions, échelonnés
entre 1520 et 1791, communiqués par MM. A. Petit, R. Drouault, Boulaud
et Lacrocq (p. 194-218). — Nous ne dirons rien des procès-verbaux des
séances de la Société, lesquels cependant contiennent toutes sortes d'indi-
■cations utiles jjour l'histoire du Limousin.
Normandie. — Le premier Bulletin du tome XXXVIII du recueil trimes-
triel de la Société historique et archéologique de l'Orne (Alençon, Impr. alen-
çonnaise, janvier 4919, in-S de xxv(i-99 p.) est occupé presque entièrement
par y Histoire généalogique de la maison de Prie, due à notre regretté colla-
borateur feu M. B. de la Garanderie. De ce travail, il a été fait un tirage à
25 exemplaires numérotés (Alençon, Impr. alençonnaise, 1919, in-8 de 87 p..
avec 3 tableaux généalogiques). Quelques passages empruntés aux pre-
mières pages de ce travail le feront sulfisamment connaître. « Cette illustre
maison, dit M. B. de la Garanderie, dont le nom est aujourd'hui éteint et
dont il ne reste de descendants que par les femmes, a tenu dans l'histoire
une place si importante qu'il m'a paru intéressant d'en rappeler le souve-
nir. Les fonctions dont ses membres ont été chargés, les fiefs qu'ils ont
possédés, les brillantes alliances qu'ils ont contractées les ont toujours mis
à la tête de la noblesse... L histoire de la famille de Prie n'intéresse pas
seulement la Normandie. Originaire du NMvernais, cette famille s'étendit
<>n Bourgogne, où l'on voit dans une chapelle de I église de Beaujeu-sur-
Saône, une épila|)he où sont représentées les armes de Beaujeu et autour
celles des de Prie, de la Baume-Montrevel, etc. ; en Berry, où elle posséda
<le nombreuses seigneuries, entre autres celles de M(Milpoupon, Molins ou
Moulins. I')uz;ui(;us ; en Tonraine. i'A\ fut seulement au début du xvu" siècle
— 2.S5 —
inVIIo s'('tablit on Normandie par le mariage d'Aymard du Prie avec
I.i>uise de Hautemer, dame de Fervacques, fille du fameux maréchal do
llaulemer, prolestant farouche dont les cruautés sont restées légendaires. »
haris cette étude, M. B. de la (îaranderie passe en revue tous les de Prie
depuis le xii' siècle jusqu'aux années ayant itninédialemenl précédé la
{{évolution. Il ne s'agit pas ici d'une simple esquisse généalogique, mais
dune biographie de chaque personnage, relevée parfois d'anecdotes inté-
ressantes. Bonne contribution à l'histoire de la noblesse française, établie
non seulement d'après d'importants ouvrages connus ou des mémoires qui
lo sont moins, mais aussi à l'aide de nombreux documents inédits existant
dans les archives du père de l'auteur.
— D'après les documents inédits laissés par M. Alphonse Chassant,
archiviste paléographe, bibliothécaire d'Evreux. M. Albert Doucerain, l'un
des membres éminents du barreau de cette même ville et secrétaire perpé-
tuel de la .Société libre de l'Eure, publie une notice sur Jean-François Cor-
neille, cousin du grand Corneille. 11 vécut, lui aussi, à Évreux (1714-1783)
flans la condition la plus modeste et usa de son nom illustre pour obtenii-
des comédiens du Théâtre-Français des représentations à son profit. La
précision de ces détails est curieuse. Un des agréments de cette plaqviette
de 19 pages publiée à Rouen (Édition de la Revue normande) est d'être
imprimée à 100 exemplaires sur un papier de luxe, et par les temps
actuels cela iirocure (sans jeu de mots) une impression charmante et déli-
cieuse aux yeux desNt)ibliophiles. ,
Angleterre. — Sous les auspices de 1' « Anglo-French Society », une
exposition du Livre français, actuellement en préparation avec divers
patronages et concours importants, s'ouvrira à Londres vers la fin de mai.
Les ouvrages, journaux et périodiques qui figureront à cette exposition
seront enregistrés sur un Catalogue qui, ainsi que l'exposition elle-même,
ne pourra nianqiier de produire des résultats avantageux pour la Presse
et le Livre français II faut que Ion sache bien que le public anglais est
animé du désir de se familiariser avec la littérature française, désir qui
\a jusqu'à lengoueinent dans les classes élevées de la société. On sait
d'ailleurs que le gouvernement britannique a pris des mesures pour favo-
riser et développer l'étude de la langue française dans les écoles du
Royaume-Uni, afin de combattre l'influence germanique qui prévalait
avant la guerre. L'exposition de l'Anglo-French Society s'annonce donc
au moment le plus propice et nous faisons des vœux pour que, de tous
côtés, les éditeurs et les directeurs de journaux et de périodiques français
répondent à l'appel qui leur est adressé. Pour obtenir tous renseignements,
écrire à M. Henry Davray, secrétaire de l'Anglo-French Society, Scala House,
Tottenham Street, W. L, Londres.
Esp-AGNE. — En nous donnant une traduction de Las cien mejores poesias
(liricas) de la lenrjua porhigiiesa (Valencia. editorial Cervantes, 1918, in-16
.-de 208 p. Prix ; 2 fr.). M. Fernando Maristany veut contribuer pour sa
part au rapprochement intellectuel entre les trois grands peuples latins de
la péninsule it)érique : Espagnols, Catalans et Portugais. Dans la Préface
-dont il a honoré l'ouvrage. M. I. Ribcra-Rovira, qui lui-même s'est appli-
xjué à faire connaître à ses compatriotes catalans les œuvres de la littéra-
ture lusitanienne, montre bien à quel point pourrait être fécond ce rap-
/ prochement, cette compénétration qui n'a rien à voir avec les rêves d'uni-
fication absolue que forment quelques Espagnols. M. Maristany s'est déjà
.fait la main aux traductions ; il a notamment donné à ses compatriotes
■■■Si-,
— 236 —
des choix de poésies anglaises et françaises. Le présent recueil, où figurenfc.
les grands noms de la littérature portugaise et dans lequel une large et-
juste place est faite à la renaissance, à ri-fllorescencè si remarquable du
xix« siècle, est vraiment intéressant ; l'on ne sent guère nulle part lelTurt
et, plus que d'une traduction, le livre produit l'efl'et d'une œuvre originale
Et c'est là peut-être le meilleur éloge que l'on i)uisse en faire.
— C'est une liste commode et qui ne servira pas seulement aux élèves
de l'Institution auxquels elle est destinée qui nous est présentée sons le
titre : Excuela sixperior del magislerio. Nolicia de nhjnnas rerislas cuya h-i-.-
lura piiede inleresar à los alainnos y alumnas de dicha escueta (Madrid, tip. .
de la Revisla de archiuos, bibiiolecas y museos. 1919, in-32 de 16 p.). On y
trouve la mention courte et précise de plus de 100 revues espagnoles oij.=
étrangères dont la plupart se peuvent consulter dans quelqu'une des biblio--
Ihèques publiques de Madrid. L'on peut espérer que pour celles de ces-
revues (le choix nous en paraît judicieux) qui ne se rencontrent pas à^
Madrid, il sulïîra qu'elles aient été signalées par cette liste pour que 1 un-
ou l'autre des établissements publics madrilènes prenne à cœur de se les
procurer.
Suisse. — Le Voyage d'un l'eligieux d'IIaiiterive à Akinles en Bretagne et
retour par Paris, en 1788, par le P. Basile Droux, capucin (Extrait des
Annales fribourgeoises. Fribourg, Fragnière, 1918, in-8 de 01 p. Prix :
1 fr. 50), accompli à la veille de la Révolution, nous renseigne sur l'état
des nombreux couvents cisterciens et autres que visita son auteur. La note
pittoresque y surabonde. Ce religieux que labbé Ducret, le savant direc-
teur de la Bibliothèque universitaire et cantonale de Fribourg, croit pou-
voir identifier dans la personne du P. Boniface Tliorin. ne manque jamais
de décrire les pays qu'il traverse, d'indiquer ce qu'ils ont de remarquable.
Partout il relève soigneusement les ressources financières de ces établisse-
ments religieux, leur personnel, leurs us et coutumes, etc.. etc. Le port
de Nantes, terme ultime de son voyage, attire tout particulièrement son
attention. Il allait y visiter un sien cousin qui avait établi avec l'Amérique
un conunerce de fromages de Gruyère. Ce qui fait l'intérêt de ce voyage,."
c'est rénumération du grand nombre des abbayes cisterciennes qui exis-
taient alors en France et qui devaient sitôt disparaître, emportées par i.t
tourmente révolutionnaire. L'édition est très soignée, comme d'ailleurs-
toutes celles qui sortent des presses de MM. Fragnière.
États-Ums. — La Smithsonian Institution United States National Museunt
dans son Bulletin N^ 103 (Washington, Government printing oflice. 1918)-
publie des études paléontologiques et géologiques sur l'Améiique centrale
et les Indes occidentales : Contribalions la Ihe Geology and Puteonlology of
Ihe Canal Zone, Panama, and geologically related areas in Central Aniericd
and Ihe West Indies. Des divers travaux que comportent ces études, nous-
avons reçu les tirages à part suivants : 5 espèces de Bryozoaires, dont 2.
provienneiit de la zone du canal de Panama et 3 de Cosla-llica sont étu-
diées par MM. Ferdinand Canu et Uay S. Bassler, dans Bryo:oa of Ihe Canal
lone and related areas (G p.. 1 pi.). — M. Joseph ■ Augusiine (Aishman.
dans The larger l'\)ssil Foraniinifera of Ihe Panama Cantd Zone {W p., \-2 |)l.)
nous donne la description de 12 espèces de Foraminifères appartenant aux
familles des Nunnnulitidae et Miliolidae ; presque toutes ces espèces sont
nouvelles et 0 sont comj)rises dans le genre Lepidocyclina dont lautcui*-
fait VHie intéressante étude. — Les Cirripèdes trouvés dans les mêmes-
régions et comprenant 5 es])èces réparties dans les genres Balanus et.
— 237 —
'Lopas sodI ('tudi('s par M. Henry A. l'ilsbry : Cirripedia Jroin llie Panama
'Canal Zone (I p., 1 pi.). — M. Mary J Ratlibiin s'ost chargé do l'étiiflf des
• crustacés Décapodes.* L'auleur, dans son Introduction, après avoir indiqué
les ouvrages traitant des Décapodes tertiaires de Panama, nous donne la
•«Jescription détaillée des diverses stations où ont été recueillies les espèces
-qu'il décrit dans son ouvrage : Decapod Criislaceous from Ihe Panama région
ti2 p., t3 pi.). Parmi les espèces citées, dont le total s'élève à ")8, plu-
sieurs appartiennent à des genres nouveaux et un grand nombre sont
■olles-mêmes nouvelles ; nous citerons, entre autres, un magniliquc échan-
tillon d'un nouveau Crabe, le (iatunia proavita, figuré sous ses différents
.aspects sur les planches 54, 5o et 56.
— Nous avons reçu également les extraits suivants du volume 5i des
Proceedings of Ihe United Slales National Muséum (Washington, Government
Printing Office, i918, in-8). Durant l'expédition au nord-ouest du Pacifique,
•<hi steamer « Albatros ». 45 spt'cimens de Chilonidae furent recueillis ; ces
mollusques sont étudiés par M. S. Stillman Berry, dans (Jliilons ta/cen by Ihe
United States Fisheries Steamer «; Albatros » in Ihe Northivesl Pacific in 1006
nS p. 10 pi.) ; ils appartiennent à 11 espèces, dont 4 sont décrites comme
nouvelles. — M. William Healey Dali nous donne deux mémoires, sur deux
familles de mollusques: le premier, Notes on Chrysodomus and ollier Mollusks
Jfrom the .\orlh Pacific Océan (28 p.), comprend l'étude <lc la famille des
Chrysomidae Les difl'érentes divisions dont est formé celte famille seraient,
•d'après M. H. Dali, au nombre de 21. Ces groupes sont décrits avec le plus
grand soin, dans la première partie de l'ouvrage, et nous trouvons dans
les dernières pages la description d'une vingtaine d'espèces de coquilles
provenant presque toutes des mers du .?apon. — Dans son second mémoire.
Notes of Ihe Family Turriiidae (21 p.) l'auteur décrit les 17 genres qui d'après
lui forment la famille des Turritidae; il donne ensuite une liste prélimi-
naire des noms de genres anciennement rapportés à cette division ; ces
noms classés par ordre alphabétique et suivis de quelques références,
remplissent à eux seuls les 12 dernières pages du mémoire. — Les insectes
fossiles de Pcnsylvanie et du Colorado décrits par M. T. D. A. Cockerell :
Neiv species of North American Fossil Beetles Cockroacher, and Tsetse Flies
(Il p. 2 pi.) sont représentés par 12 espèces presque toutes nouvelles, et
pour lesquelles deax genres nouveaux ont été créés. — Dernièrement.
rUnited States National Muséum a ajouté à sa collection des vertébrés fos-
.siles un magnifique squelette de l'extraordinaire Stegosaurus stenops ;
dans son mémoire : A Newly Mounled Skeleton of Ihe armored Dinosaur
Stegosaurus stenops, in the United States National Muséum (18 p., 7 pi.)
par M. Charles W. Gilmore nous donne do nombreux détails sur les
•différentes parties de ce squelette, et reproduit sur la dertiière planche
la reconstitution de ce bizarre animal. — Trois fascicules de M. Paul
Bartsch sont consacrés à la description de coquilles ; le premier,
Two new Land Shells of the Epiphragmophora Taskii firoup (21 p. 1 pi.)
contient la description de deux espèces delà frontière .Mexicaine ; 3 espèces
marines des environs de Panama, sont décrites dans le second New ma-
rine Shells from Panama (5 p. 1 pi.) ; et dans le troisième, A new West In-
dinn Fossil Land Shells [2 p. 1 pi.) l'auteur décrit une espèce fossile prove-
nant de Sainte-Croix.
— Sous le titre : New or noleworthy plants from Colonibia and Central Ame-
rica, n° 7 (p. 93 à 132, 1 planche et 19 fig.), M.Henry Pittier a publié dans
les Contributions from the United States National Herbarium (vol. 20, part. 3,
— 238 —
Smithsonian Inslilulion, Washington, 1918) une note dont nous avon-
reçu un tiré à part. Il y donne la suite de ses étudQs sur la flore de la
Colombie et de l'Amérique centrale. Gomme dans les six séries précédentes.
Tauleur passe en revue plusieurs familles, en complétant la description
d'arbres appartenant à des genres et à des espèces anciennement mais
insulTisamment connus et en décrivant un certain nombre d'espèces nou-
velles Les fa^nilles examinées cette fois sont les suivantes : Artocarpées.
Magnoliacées, Grossulariacées, Rosacées, Légumineuses, Euphorbiacées,
Sapindacécs, Lécythidacées, Théophrastacées. Les genres Pircdiiieta et />/o-
sirnuin (Artocarpées) sont redécrils, comme étant distincts. On sait qui'
c'est à de dernier qu'appartient 1' « Arbre à la vache » ou « Arbre à lait
(Cow tree, paie de vaca. arbol del lèche, palo de lèche, avichuri). Brosimiiiit
utile ï'ittier {Galnclodendroti utile H. B. R.), sur lequel de nouveaux rensei-
gnements sont fournis, avec des notes sur son importance économique.
— Un autre brochure extraite du même recueil, même année (vol. 2(J,
part 4) : The norlh American species of Aqiiilefjia, a pour auteur M. Edwin
Blake Payson ; elle comprend 25 pages (pp. 133 à 157) et 14 planches. Ou
y trouve une revision des espèces d'Aquilegia originaires de rAmériqui»-
septentrionale étudiées sur des échantillons conservés dans plusieurs
grands herbiers américains ou sur des plantes vivantes observées à létjit
sauvage. Ce genre de Renonculacées comprend des plantes très recherchées'
pour lornement des jardins sous le nom d' (( Ancolies » et les plus belles,
d'entre-elles ont précisément pour patrie les États-Unis. On peut citer au
premier rang VA. caeralea. des Montagnes rocheuses, qui a été adopté par
l'Etat du Colorado comme son emblème floral. Les A. oanadensis, chrysan-
fha, fonnosn, riihicanda, Skinneri, sont aussi très connus en horticulture,
ainsi que leurs variétés et les hybrides auxquels ils ont donné naissancf,
soit entre-eux, soit avec notre .\ncolie de France {A. vidgaris). A côté dos
descriptions de plantes anciennement coimues on trouve celles d'un cor-
tain nombre d'espèces et de variétés nouvelles et des clefs analytiques pour
faciliter les identifications.
— Une troisième bi'ochure : The Allies ofSelaginella riipeslris in Ihe Southern
United S Inles, par M. G. P. Van Eseltine. tirée du même recueil, mèmi'
année (vol. 20, part. 5), p. 159 à 172, 7 planches et 8 figures noires, est la
première d'une série projetée sur les espèces appartenant au groupe du
Selaginella rapeslris, encore mal délimitées et dont la revision critique est
nécessaire. .\vec les matériaux d'études dont il disposait, l'auteur a pu pas-
ser en revue celles qui croissent dans le sud-est des États-Unis, comph'-
tant la description de certaines d'entre elles et en en faisant connaîtio
quelques autres, nouvelles pour la science.
Publications nouvelles. — Sancli Thomae Aqninatis docloris angelici
Opéra omnia. T. XllI (in-folio, Romae, typ. Garroni). — La Vie religieuse.
par le chanoine Millot (iM-l:2, Téqui). — Une Heure d'adoralion par mois.
par .M. L. F. (in-32, Yitto). — A ceux qui souffrent. Le Livre de tons, par P.
Lejeuno (in-12, (îabalda ; Desclce, de Brouwei). — Les Trois Phases du
droit des gens, par C. Van Vollenhoven (in-12, La Haye. Nijliotr). — L('
Retour à la scliolaslique, par G. Truc (in-12, La Renaissance du Livre). —
Critique néo-scotisie du thomisme, par .1. Compagnon (in-18, Berche et Tra-
lin). — L Education de l'iidelligence et du cœur, par G. Méra (in-18 carré.
Lethielleux). — // iJolore nell'educazione délia giovenlù. du L. Lelo (in-18,
Calania, Giannotta). — Les Problèmes du crédit en France, p.ir G. Martin
(in-16, Payol). — Ruses légales et roueries financières, par F. Mcolay (in-lO,
— 239 —
Pcnin). — La Trinité sociale ; élude sociale, èconoiniijiie et politique, par IV
Dugavc (pplil in-8, Bcrgcr-Lcvraiill). — Unemploymenl and American Irade
Unions, by D. P. Smelser (iii-8, Baltimore, tlic Joliiis Ilopkins Press). —
Vérité sociologi<ine, (jonvernementale et religieuse, par J.-A. Alhaiza (in-12,
Daiagoii). — Le Socialisme intpérialiste dans IWllemayne contemporaine, par
C. Aiidlcr (in-12, Bossard). — Le Système Taylor, par G. Bertrand Thomp-
son (in-16, l^ayot). — Mollusran faunafrom San Francisco Bay.hyE. L. Pac-
iiard (ii)-8, Berkeley, Unisersity of California l'ress). — La fienèse de la
science des cristaux, par II. Mctzger (in-8, Alcah). — Le Problème de la
guerre, par le colonel F. Feyier (in-8, Payot). — Préceptes et jugements du
maréchal Foch. par le coin' A. Grasset (in-lG. Berger-Levrault). — Les
Amours, par P. de Ronsard, texte rtabli et publié avec des additions de
l'auteur, des notes et des commentaires, par A. Van Bever (2 vol. in-16.
Grès). — Le Dit de sainte Odile, poème de A. -P. Garnier (petit in-8, Garnier).
— Fleurs d'Alsace et Jleurs de rêve, par E. Lagarde (in-12, Jouve). — Les
Carillons de demidn, par L. Van (>aloen (petit, in-8, Jouve;. — L'Alibi, par
J. Le Meur (petit in-12, Figuière). — Primevères et coquelicots, par P. Clerc
(in-12, Figuièie). — Les Calmes Brises, par L. Preslefont (in-18 carré, De.»--
clée, de Brouvver). — Cantilènes et pensers, par R. Preslefont (in-18. Gand.
Sifler). — Les Cordes d'acier (i9Ui-PJlSj, par L. Halleux (in-12, Gand. Van-
derpoorlen). — Le Sang des gloires, poèmes de guerre et de captivité, par L.
Bazin (in-12, Téqui). — Le Mystère de la chair et du sang, évangile en cinq
actes, en vers, par A. Barthe (in-l5, Jouve). — Le Justicier, par P. Bourget
(in-16, Plon-Nourrit). — Le Secret du Kou-kou noor, par Delly (in-16, Ploii-
Nourrit). — Pomponius, le dernier des chevaliers, par L. Arraou (in^l6,Plon-
Nourrit). — Le Capitaine, par A. Redier (in-16, Payot). — La Vie des âmes,
par M'"^ Adam (Juliette Lamber) (in-18. Grasset). — Histoire d'une société.
Si jeunesse savait..., par R. Béliaine (in-18, Grasset). — La Roue, par E.
Faure (in-16. Grès). — Filles de Metz, par J. d'Urville (in-18, la Renaissance
du Livre). — L'Immolation, par L. Grégoire (in-12. Jouve). — Dans l'ivraie....
par M. R. Dassise (in-12, Jouve). — Mon Brigadier Triboulère. par E. Mont-
fort (in-12, Société littéraire de France). - L'Hôtel Le Tellemont, pur M.
Maryan (in-12, Gautier et Languereau;. — La Primeneige du lointain donjon.
par B. de Buxy (in-12. Gautier et Languereau). — Le Grand Choc, par M.
Le Mière (in-12, Gautier et Languereau). — Les Grands Écrivains de la
France. Mémoires de Saint-Simon, édités par A. de Boislisle, L. Lecestre et J.
de Boislisle. T. XXIX, in-8. Hachette). — La Littérature française au dix-
neuvième siècle. III. Romanciers (18^)0-1900), par P. Halflants (in-12.
Bruxelles, de Lannoy). — François Buloz et ses amis. La Vie littéraire sous
Louis-Philippe, par M.-L. Pailleron (in-8, Caïman n-Lévy). — Pèlerinages
passionnés, par G. Faure (in- 18. Fasquelle). — Voyage au Goundafa et au
Sous, par L. Thomas (in-lC. Pavot). — .Madame sainrte Anne et son culte au
moyen âge, par P.-V. Charland (gr. in-8, A. Picard et fils). — Paul Cézanne,
par A. Voilard .(in-16, Crès). — Mystiques et réalistes anglo-saxons, d'Émer-
son à Bernard Shaïc (in-18. Colin). — L'Amiral de Grasse, par le chanoine
M. Caron (in-12, Téqui). — Le Général de Charette, par J. de la Faye (petit
in-8, Bloud). — Quelques âmes d'élite ( ÏSO^-1912}, esquisses et souvenirs, par
E. d'Eiclital (in-16. Hachette). — Une Femme de diplomate au Mexique pen-
dant la dramatique période du 8 octobre 1913 au 23 avril 191U, par E. O"
Shaughnessy ; trad. de E. Altiar (in-16, Plon-Nourrit). — Vincenzo Monti,
da M. Cerini (in-8, Catania, Giannotta). — La Grande Revanche. Campagnes
de France .{1870-1871), (191U-1919), par le com' Leroux (in-18, cartonné.
— 240 —
'(^liarles-Lavauzelle). — Dunkfrque, ville héroïque. Dans le passé, dans le
présent, par H. Malo (in-16, Perrin). — L' Avant-Guerre comparée en
Allemagne et en Frunce, par J. Civray (in-iô. Perrin). — Histoire delà
Grande Guerre, par V. Giraud. Première partie (in-8, Hachette). — La
Vérité sur le siège de Maubeuge. par le com' P. Gassou (in-i2, Berger-
Levrault). — Sous le poing de fer. Quatre ans dans un faubourg de
Lille, par A. Droiilers (in-lG, Bloud et Gay). — Quand « ils i> étaient à
Saint-Quentin (in- 16, Bloud et Gay). — Les Vagabonds de la gloire. III-
Les Matelots aériens, par P. Milati (in-16, Plon-Nourrit). — Prisonnier
-(•ivil, ou Histoire d'unprètre français, docteur allemand, interné 59 7nois
en Allemagne, par D. de Lagardette (petit in-8, Bloud et Gay). — Autour
d'Anvers, souvenirs et récits, aoilt-octobre 1917, par W. Speth (in-16.
Crès). — Bans la mêlée, par É. Vandervelde (in-12. Berger-Levrault). —
Paysages et souvenirs de Belgique, par A. Fontainas (in-12, Grès;. — Nostro
Purgatorio (1915-1917), da A. Baldini (in-12, .Milano. Trêves). — Voli
diguerra, impressioni dinn giornalista pilota.às. O. Cavarafin-lS. Milano,
Trêves). — Souvenirs, par Take Jonesco (in-16, Payot!. — Les Étapes de la
crise grecque, 1915-1918. par G. Frégier (in-12, Bossard). — De Nicolas II
à Lénine 1917-1918. par S. Persky (in-16, Payot). — La Première Année de
la Révolution russe [mars 1917-mars 1918), sous la rédaction de V. Vic-
torofî-Toporolî (in-8, Berne, agence de presse russe ; Grès). — Au Pays de
la démence rouge. La Révolution rusxe [1917-1918). par S. de Ghessin
(in-i6, Plon-Nourrit). — La Révolutinn russe, par G. Anel. T. III (in-16.
Payot). — L'Enfer bolchevik à Petrograd. Sous la coinmune et la Terreur
rouge, par R. Yaucher (in-16, Perrin). — Le Japon pendatit la guerre
européenne, 1914-1918. \)av M. Ribaud (in-12, Lcthielleux). —Intrigues
et diplomaties à Washington (1914-1917), par G. Lechartier (in-16. Plon-
Nourrit). — Les États-Unis, par P. Delay (in-8, Lethielleux^. — Le Chili
t't la France, par F. Gontreras (in-12, Bossard). — En guerre. De l'ambu-
lance à r hôpital, par le D"" M. Limousi (in-12, Figuière). — L' Apostolat
d'un malade. Louis Peyrot (1888-1916), par J.-P. Belin (in-16. Bloud et
Gay). — Edouard Junod, capitaine de la Légion étrangère (1875-1915).
lettres et souvenirs (in-16, Grès). — La Guerre et la Vie de l'esprit, par
M. Logendre (in-16, Bloud et Gay). — Les Guerres d'enfer, par A. Séché
(in-16, Payot). — Vertus guerrières, par le capitaine Z... (in-16. Payot). —
La Dimension nouvelle, par L.-A. Daudet (in-12. Grès). — Le Bon Combat,
par Tabbé E. Griselle. in-16, Bloud et Gay). — L'Europe libérée, no-
vembre 1918, par P. Seippel (petit in-12. Grès). — L'Encerclement de
V Allemagne, par A. Gauvain (in-12. Bossard). — La Prusse et la Rive
gauche du Rhin. Le Traité de Bdle, 1794-1795, par E. de Marcère (in-16.
-Vlcan). — La Paix prochaine et la ^fission des Alliés, par M. Legendre
(in-16, Bloud et Gay). — Les Garanties de la paix, par Yves-Guyot. 2"^ par-
tie. Examen critique (in-16. Alcan). — La Paix qu'il faut à la France,
par le général Maitrot (in-16, Berger-Levrault). — Notre Force future, par
J. Dybowski (in-16, Payot). — Réorganisation administrative de la France,
par J. Hennessy (in-12. Berger-Levrault) — Pour relever les ruines. Pro-\
blêmes de demain, par J. Dassonville (in-16, Perrin). — La France en ordre,
par H. Pineau (petit in-8. Hieder). — Les Catholiques français et l'Après-'i
Guerre, par l'abbé \. Beanpin (iti-16. Bloud et llay). — La Femme devant^
les urnes, par M.-\. Kéraud (in-16, Perrin). Visenot.
r.e G<'r<ml: CIlAIMJIs.
Luçon. imprimerie S. Pacteau.
POLYBIBLION
PMVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PLIiLICATlONS
RELATIVES A LA GLERHlî EUROPÉENNE
Mt'nioires de rambassadeur Mohgf.nthau. VtiujI-si.r inoix en Titrfiiiie
• I ('.ollcflioii (te Ménioirfs pour servir à l'élude de la ijucrre iiiotutiale J. l'aiis,
l'iiyol, 191i>, in-8 de ;{4.S p. — Prix : 10 fr.
\nivé en Tiiifniio à la lin de 1913 pour y ropK'senter les Élats-
Luis, M. Henri Mor^^entliau y est resté jusqu'au tléljul de llJU» ; le
déiroiiL rindignatioii ({ue lui ont inspirés les massacres d'Arménie et
la cer litude de son impuissance à les empêcher, en môme temps que
le désir de travailler à la réélection du président \\'ilson, l'ont décidé
à celle époque à demander un congé. Les virjgl-six mois qu'il a pas-
sés en Turquie lui ont permis de voir beaucoup de choses, grâce aux
relations actives et cordiales — en dépit de moments de tension —
qu'il a eues non seulement avec le ministre des allaires étrangères,
pcisoiinage insignifiant et elTacé, mais avec les membres influents
tlu g()U\ernement jeune-turc : Talaat, Enver, Djemal, et avec les repré-
sentants des autres puissances, notamment les ambassadeurs d'Alle-
iii;i;^iie et d'Autriche, Wangcnheim et Pallavicini.
Il nous donne de ces personnages des portraits vivants et burinés
a\cc une incomparable maîtrise ; il nous montre le rôle que chacun
d'(Mi\ a joué. Wangenheim dirigeant tout et maître incontestable de
la TuKiuie. bien que tel ministre turc ait donné à entendre — et c'est
[)r()l)Mblement vrai — qu'il comptait simplement se servir de l'Alle-
ma^Mie pour restaurer l'empire turc, f[uitte à la planter là quand il se
sei, lirait assez fort.
Ce n'est pas d'ailleurs simplement sur les mobiles de la pdilique
tnr(pio qu'il nous apporte des renseignements (pii sont, en partie au
moins et pour beaucoup, des révélations : il fait bien ressortir l'im-
poitance du rôle de la Turquie dans la guerre mondiale ; il donne des
détails curieux sur la façon dont Allemands et Turcs considéraient l'ex-
pétlilion des Dartianelles, sur le peu d'eiforts qu'il aurait fallu faire
pour la mènera terme. Sur les massacres d'Armétiie, sur les buts que
visaient les maîtres delà Tur({uie en les exécutant, sur la responsabilité
des Allemands dans cette opération, son témoignage est d'un grand
poids. Juif d'origine et de religion, Allemand de naissance, M. Morgen-
tliau ïi'en a pas moins déployé la plus belle et la plus noble énergie et
une habileté qui a obtenu des résultats à défendre les intérêts des
populations chrétiennes et notamment des résidents français et
anglais ; il n'hésite pas non plus à stigmatiser comme elles le méri-
tent les menées germaniques.
M.U-JLIN 1910. T. CXLV. IC.
. 242
Deux points encore où son témoignage prcjcise, les origines et U
responsabililé de la guerre, c'est d'une pari ce qu'il raconte, d'après
las déclarations que lui a faites Wangenheim, du fameux conseil du
5 juillet 1914 dans lequel le Kaiser a décidé la guerre, et d autre part
ce qu il nous dit sur la volonté de François-Joseph de déchaîner —
et ro]r{ un an avaiil quelle ait éclaté — cette guerre ujondiale qui a
jeté l'Europe et le monde dans un tel abîme de calamités.
Nous signalerons encore des pages intéressantes sur la Bulgarie et
nous invitons ceux qui persistent à croire à une régénération de la
Tur(]uie, à lire et à méditer les considérations remarquables que
M. Morgenthau a écrites sur la mentalité turque.
Son livre me paraît être un des documents les plus précieux pour
l'étude de la Grande Guerre. E.-G. Ledos.
liitrûjues et diplomaties à Washiiitjton ( 1 914- 1917), par G.
Lechaktieu. Paris, l'Ion-ÎN'ourrit, tOii), in-lG de viu-303 p., avec portraits
et facsimilés. — Prix : 4 ir.
A plusieurs reprises déjà nous avons signalé ici des éludes sur la
propagande germanique aux États-Unis, sur les procédés d'insinua-
tion ou d'intimidation, sur les ruses, les mensonges et les violences
dont les Allemands ont usé pour amener la grande république amé-
ricaine sinon à se joindre à eux, du moins à ne pas aider leurs adver-
saires et à se faire plus ou moins sciemment leur complice et leur
servante. Nulle part en français toute celle campagne n'avait été mise
en lumière comme elle l'est dans l'ouvrage de M. G. Lecharlier. Les
documents saisis sur les agents de l'Allemagne par le gouvernement
lies États-Unis et publiés par lui — partiellement, car ses archives
lenferment encore, semblo-l-il, bien des pièces — ont fourni à
M. Lecharlier d'an)ples matériaux. 11 y a joint les on-dil, les biuits
qui circulaient dans les salons et dans les milieux diplomatiques, et
qui naturellemenl ne peuvent être acceptés que sous bénéfice d'in-
\entaire ; et de tout cela il a composé un volume très vivant, très
intéressant. Il oppose l'un à l'autre les deux personnages du prési-
dent Wilson et de l'ambassadeur alleniand Bernslorll' qu'il nous
montre luttant l'un contre l'autre dans un duel tragique, où'la défaite
du dernier est due n)oins à ses propres fautes qu'aux maladresses et
aux sottises de son gouvernement en même temps qu'à la maîtrise
du Président.
Douze chapitres marquent les préliminaires et h^s étapes de ce
duel : I . Le Comte von Hernstorff à Washington avant la guerre ; 2.
M. le Président Wilson, l'homme et l'œuvre avant la guerre ; ,3. Les
Premiers Mois de guerre ; 4. Les États-Unis el la Cour des belligé-
rants ; 0. L'AlTairc de la « Lusitania » ; 6. Les Cotons américains et
— 243 —
la contrebande <le guerre ; 7. Les Kévélalions du joiirfial The World
el le coulage de l'Arabie ; 8. IJcrrisloiff f-l les Complols alloinands ;
9. Pendant la campagne {)résidentielle ; iO. Les Signes précurseurs
de la rupture ; 1!. La Huplure ; 12. La Uenaissance d'une grande
nation.
Si. dans ce tableau, le premier plan est tout entier occupé par
MM. Wilson et Bernstorir. on y trouve cependant d'autres figures,
du moins esquissées en quelques traits, telle celle du S) tupatliique
et iiabile ambassadeur de France, M. Jusserand, aucjiiel M. Lechartier
rend un liornmage discret. E.-G. Ledos.
^souvenirs, par Takk Jo.nesco. Paris, Payot, 1910, in-i(i de 250 p. —
Prix : 4 fr. 50.
<( L'histoire définitive de la guerre moniiale ne peut pas être écrite
par les contemporains... Mais tout contemporain qui a eu le privilège
de connaître personnellement une partie, quelque minime qu'elle fût,
de ce qui s'est passé dans les coulisses, doit faire une déposition
devant le tribunal de la conscience universelle. » Ces quelques lignes
de la Préface de M. Take Jonesco indiquent à quel sentiment a obéi
réminent homme d'État roumain en écrivant les articles qu'il réunit
ici et qui ne sont eux-mêmes — il nous le dit — qu' u une simple
préface » à des Mémoires sur les origines et les événements de la
guerre, dont il nous fait espérer la prochaine publication. Il y a
vingt-sept morceaux, dont le dernier est la reproduction partielle du
beau et éloquent discours prononcé par lui é'i la Chambre roumaine
les lo et 10 décembre IU1;J sur la PolUiijdc de liiisiuict national.
11 y a beaucoup à prendre dans ces pages singulièrement instruc-
tives pour la connaissance, soit des événements, soit des tendances
de la politique roumaine (on notera l'énergie avec laquelle M. Take
Jonesco n'a cessé d'affirmer que jamais personne ne pourrait entraî-
ner la Roumanie à marcher contre les races latines), soit des person-
nages politiques, allemands surtout, qui ont joué un rôle dans la
guerre mondiale ou dans sa préparation immédiate ou lointaine. Les
diplomates et les hommes d'État de l'empire austro-IiOTigrois sont
traités par M. Jonesco d'une manière particulièrement sévère. Il mani-
feste au contraire pour Riderlen Wachter des sentiments d'estime et
même de sympathie, qui ne l'empêchent pas d'ailleurs de reconnaître
aussi ses défauts. Sur le rôle du roi Carol, sur ses efforts pour entraî-
ner la Roumanie dans la guerre aux côtés des empires centraux, sur
lattitude très nette qu'il a prise personnellement en face de ce projet
et qui a contribué à le faire échouer, il y a dans ce livre des pages
d'un haut intérêt et particulièrement dramatiques. INous signalons
-aussi dans l'article consacré à Talaat Pacha ce que M. Jonesco nous
— 244 —
précise de son irilerventioii pour empêcher le Turc de provoquer les
Grecs à Bucarest.
Tout d'ailleurs mérite d'être lu et médité dans ces vingt-sept
articles dont voici les titres : Déclaration à M. Poincaré ; — Le Prince
Lichnovvsky ; — Le Comte Bcrchtold ; — Le Marquis Pallavicini ; —
Le Comte Goluchowsky; — 2 août 1914 ; — Kiderlen-Wacchter ; — Le
Comte Aerenlhal ; — Le Comte Gzernin ; — Le Comte Mensdorf ; —
Pacjisme de l'Angleterre ; — Le Prince de Fiir.^tenberg ; — Ilerr Riedl ;
— Le Comte Szeczen ; — Sir Donald Mackenzie Wallace ; — Le Baron
Banfy ; — La Politique roumaine ; — Des larmes ; Un Cousin de
Tisza ; — Le Comte Tisza ; — Taiaat Pacha; — Le Prince de Biilow ;
— TatichefF; — Français et Teutons ; — La Nouvelle Italie ; — Eleu-
therios Vcnizelos ; — La Politique de l'instinct national.
Quiconque lira ce volume sera mis en goût et souhaitera de voir
l'auteur nous donner sans trop tarder les Mémoires qu'il nous pro-
met. E.-G. Leuos.
Diai'io tlella yiierra d'italiu, roccolia dei bnlleilini ujficiali c di allri
documenli, série XXIV-XXXI. {Qaaderni délia guerra, n. 85, 8(5, 88, 89, 91,
9-2, 94.) Milano, fratclli Trêves, 1917-1919, in-16 paginé 477-1476, avec
16 grav. et 5 caries. — l^rix : 1 l'r. 20 le fasc.
Ces huit nouvelles séries de cette publication si utile et si bien con-
çue nous conduisent du 21 septembre 1917 au 20 mars 1918 ; c'est
dire qu'elles comprennent l'époque douloureuse de Caporetto et de
la retraite sur le Piave, les changements dans le haut commande,
ment où Diaz prit la place de Cadorna, le concours fralernal prêté
par les troupes françaises et anglaises à leurs camarades d'Italie,
l'arrêt de la redoutable offensive autiichienne, et, par ailleurs, la
honteuse défaillance de la Russie et la douloureuse obligation pour
la Roumanie de subir un traité de paix, imposé par l'avance mena-
çante des forces des empires centraux. A l'intérieur, ce sont les
menées tortueuses du défaitisme, les mesures énergi(iues à prendre
contre ces tentatives criminelles, l'aclioji louche du socialisme et
même du gioliltismc qui tendent phis ou moins directement à éner-
ver la force de résistance du pays ; la réaction contre les intrigues
des (^avallini et autres amis de Bolo et de Caillaux ; c'est aussi l'en-
tente (le i)lus en plus grande entre les alliés sur tous les terrains, la
cohésion de plus en plus ferme, la collaboration de plus en plus
féconde.
Parmi les informations et ducuiuents cpii, en outre des bulielins
des autorités suprêmes militaire et navale, remplissentces fascicules,
nous noierons les débats à la Chambre et au Sénat d'Italie, rpii, après
la chute de Boselli, n'ont cessé de soutenir dans renscmble le nou-
— 245 —
veau ministère Orlando. soumis là-bas à des attaques analoi^ues à
celles qui, chez nous, ont essayé d'entraver et de faire trébucher le
gouvernement de M. Clemenceau ; les discours et déclarations des
Michaëlis, des Kiihlinonn, des Czcrnin, des Ilortling d'une part,
celles de Lloyd George, dAsquith, de Wilson, d'Orlando de l'autre ;
les débats à la Chambre italienne sur le traité de Londres publié par
les bolcheviks et sur l'article 15 dirigé contre le Souverain Pontife.
Seize gravures ou portraits (dont celui du général Diaz) et cinq
caries illustrent ces fascicules et permettent de suivre la marche des
opérations. Pourquoi le portrait du général Papa est-il donné deux
fois (p. 540 et 807) ? E.-G. Ledos.
A'iuçjt Jours de guerre aux Icmj»* héroïques. Oinwt de roule dun
rommnndani de compncjnie (août i91U), par le conitnandanl A. Ghasset.
Paris-Nancy, licrger-i.evrault. s. d. (l'-^'^)^ in-lfi de :2S0 p., avec une carte
et un croquis. — Prix : 3 fr. 50.
M. le commandant Grasset, dont nous avons analysé naguère un
intéressant volume sur la guerre d'Espagne — celle de 1808 — a dû,
comme beaucoup d'autres, interrompre ses études du temps de paix
et I éprendre, au début d'août 1914, l'épée un moment abandonnée
pour la plume. Le volume qu'il public aujourd'hui sous le titre que
nous venons d'inscrire en tète de celte courte notice, nous prouve que
chez M. Grasset le soldat n'a pas été inférieur à l'écrivain et on lira
avec wn intérêt soutenu, la plupart du temps avec une émotion poi-
gnante, le récit de ces Vin(il Jours de guerre, les premiers vingt jours
de 1914 où la fortune des armes parut vouloir se déclarer en faveur
des barbares contre les champions du droit et de la civilisation. Ces
Vingt Jours de guerre aux temps liéroiques nous donnent le détail des
opérations menées par le 4" corps, spécialement par le 103' régiment
d'infanterie au nord de Verdun, sur la route de Grémilly à Virton en
Belgique, et en particulier la narration des combats de Belmont et
d'Etlie. Le récit de ces journées d'âpre lutte, où nos soldats écrasés
par le nombre durent momentanément se replier, est un des plus
passionnants qu'il nous ait été donné de lire sur ces débuts sanglants
etacharnés delà présente guerre. Toutefois, le morceau capitaldu livre,
celui qui fait du travail de M. Grasset non seulement un document
vécumaisune pièce historique de première valeurest le derniercliapitre
de l'ouvrage, celui qui porte le titre : <( Les atrocités allemandes. —
Les Massacres d'Elhe et de Gomery. » Dans la liste infiniment longue
des actes de cruauté, d'orgies sanglantes, de barbarie raffinée commis
sur 1p sol de notre patrie par les soldats de Guillaume II. les massacres
d'Ethe et de Gomery ont droit à une place particulièrement en vue,
à une place privilégiée par l'horreur, le raffinement des crimes com-
— 210 —
mis par nos advoisaires sur les mallieiireiix habitants de ces deux
villages, eu particulier sur des vieillards, des femmes, des enfants,
des blessés à dciui-mourauts. Des chapitres comme ceux qu'a écrits
sur ce sujet M. le commandant Grasset dans Vi/ir/t Jours 'le guerre
aux temps héroïques contribueront à entretenir dans nos cœurs, dans
celui des jeunes générations qui nous survivront, le souvenir des
procédés de lutte d'un peuple qui a dépassé de propos délibéré les
limites connues jusqu'ici delà barbarie, de la cruauté, du sadisme
le plus éhonté, le plus abominable. C'est dans ce sens et dans ce but
(jue le livre du commandant Grasset est à lire et à recommander.
Comte de Sérignax.
Verdun (mars-avi'îl-mui 1 ÎH Cî), par 1^\ymo>d Jubert. Paris, Payot,
1918, in-10 do :>iO p. — Prix: 4 fr. 50.
Le 26 août !ÎJ16, sous Verdun, la section du sous-lieutenant Ray-
mond Jubert avait reçu l'ordre d'attaquer. C'est à l'aube, à cinq heures
du matin, que nos soldats doivent s'élancer hors de la tranchée. A
quatre heures quarante-cinq, Jubert donne ses dernières instructions
à ses hommes. leur fait ses dernières recommandations et à l'heure
précise, il s'élance, lui en tète, vers la tranchée allemande du
Chaume qui est son objectif. En un quart d"heure, cet objectif est
atteint, mais au moment où Jubert y parvient et que, debout sur le
paiapet ennemi, il fait le geste d'avancer encore, il chancelé, bat l'air
de ses mains, et s'écroule frappé d'une balle en plein front. 'Quantité
de nos soldats, de nos oHlciers sont tombés sur le champ de bataille
dans des conditions identiques et nous n'aurions pas à enregistrer
spécialement ici la mort héroïque de Jubert, si la personnalité de ce
combattant d'occasion n'éveillait un intérêt spécial. 11 appartenait,
en elTet, à cette pléiade déjeunes hommes pour lesquels la servitude
militaire n'était qu'un épisode passager, qui avaient grandi et s'étaient
développés dans toutes les libertés du travail civil : avocats, ingénieurs,
savants, gensdelettres, professeurs, artistes, commerçants, industriels,
les uns et les autres menant, la veille de leur appel, l'oxislenee déten-
due et comblée qu'une civilisation i)lusieurs fois séculaire procure
à ses héritiers, et passant tout d'un coup, sans liansition, du bieii-
<*tre, de l'indépendance, de la sécurité, au besoin et à l'ell'ort physifjue.
à l'obéissance passive et au danger. Dans la récente et imposante
cérémonie par laquelle la Société des gens de lettre a célébré naguère
la mémoire de ceux de ses mend)res tombés glorieusement au cham|)
<rhonneur, on a pioclamc bien des noms, on a fait revivre bien des
souvenirs. Celui de Raymond Jubert est l'un des plus sympathiques,
des j)lus dignes d'èlre remémoré (pi'il puisse être. Ses travaux litté-
raires le signalaient à ralleulion des letliés comme un esprit d'élite
— 247 —
MiKjnel lAgc et le travail ne pouvaient in.inquer de tlonrier un niagni-
lî(|ue épanouissement. Cependant, l'agression allemande le surprenant
nu milieu de ses études du temps de paix, il n'hésite pas à tout aban-
donner pour s'élancer à la frontière ot, quoique e\em[)lé de tout sei-
vice militaire, il contracte un engagement volontaire i)our la durée
des iiostilités et combat dans les rangs dii'Jl'', en Argonne. en Cham-
pagne, à N'erduti, en Lorraine, sur la Somme, sur l'Aisne, de nouveau
à Verdun, où la mort (jui le guette finit par n)eltre définilivenient la
main sur lui. .Iiibort avjiit non pas seulement le courage du champ
de bataille, mais la volonté raisonnée fie sacrifier sa vie à son pays
et de la lui lionner sans marchander, pour l'obtention du triomphe
final. Sa belle pièce de vers à François Coppée, écrite en 1!)U4, en fait
foi :
Marctions donc au cornljat .*ans crainte et sans faiblesse —
Et portant lièreinent le drapeau, nous irons
Défendre notre foi. noire pays, nos frères,
El s'il le faut nous périrons
Ce lettré, ce poète, ce patriote était un chrétien fervent, un catho-
lique pratiquant plein de foi ; à bien des titres la perte de Jubert est
un deuil cruel à la fois pour sa famille, ses amis, son pays tout entier.
Comte de Sérignan.
Sous la rafale. Au service de l'infanterie. Souvenirs tl'un dra-
(jon pendant la Grande (iui»rre, par A.ndrl: Schmitz. Paris, Bloud
cl Gay, 1918, in-16 de 2H1 p. — l'rix : 3 fr. 50.
La cavalerie n'a pas eu, dans la guerre qui vient de finir, l'occasion
de tenir le rôle que depuis de longues années, c'est-à-dire depuis 1870,
elle avait rêvé remplir dans une lutte contre l'Allemagne. \ part
les trois premiers mois de l'Jt-i, nos troupes à cheval n'ont été char-
gées que de services très éloignés, de ceux auxquels la lactique spé-
ciale de leur arme les avait préparés et la faute en a été, comme on
sait, aux conditions nouvelles d'une lutte qui, piesque jusqu'à son ter-
me, s'est déroulée davantage comme une guérie de siège que comme
une guerre de mouvement. Celte inaction imposée par la force des
choses aux cavaliers, n'a pas été du goût de beaucoup d'entre eux et
un grand nombre n'ont pas hésité à abandonner la carrière de leur
choix, désormais trop traiirpiille à leur gré. pour permuter dans les
armes où il y avait léellement des coups à donneretà recevoir, c'est-
à-dire dans l'infanterie, le génie, l'artillerie, surtout dans l'infanterie.
M. le lieutenant Schmitz a été de ceux-là et son livre est le récit des
divers épisodes de guerre auxquels il a pris part dans les rangs du
31* d'infanterie, régiment auquel, en quittant les dragons, il avait
été affecté. On lira avec intérêt ces pages vécues ou l'auteur fait
preuve d'une observation très avisée, d'un cœur ardent, d'une foi en
— 248 —
V
la victoire qui ne se déinenlit jamais, même aux heures où les plus
vaillants j)Ouvaient avoir quelques doutes. Très bonne contribution à
l'histoire cpisodi(}uc de la Grande Guerre.
Comte de Sérig?<a>.
Quanti « ils » étaient à Saint-0"e"tin, par llicMUETTii Clri.Aun';.
Paris, Bloud et Gay, 1918, in-16 de 238 p. - Prix : 4 fr. 50.
Sous le pointj de fer. Quatre ans dans un faubourg de Lille,
par Albert Dkoulehs. Paris, Bloud cl Gay J9l9, in-i6 de 24S p. —
Prix : 4 fr. oO.
Les témoignages sont singulièrement concordants qui émanent
des populations restées sous le joug germanique dans les départe-
ments envahis. Les brutalités, les exactions, les actes de cruauté, de
sadisme, les plus ignobles grossièretés furent constatées sur tous les
points du territoire occupé par l'ennemi. C'est avec une implacable
méthode que les habitants étaient molestés, rançonnés, terroiisés et
bien rares furent les chefs militaires qui tentèrent d'introduire un
peu d'iiumanité ou de justice dans l'exécution des ordres émanant de
l'autorité supérieure allemande.
M'"" Henriette Célarié a conté les douleurs, les angoisses, les
privations des populations de l'Aisne Quand « ils » claient à Saiid-
Queniin.
Les troupes anglaises battant en retraite avaient traversé la \ille
le 2() et le 27 août. Le lendemain soir, des cavaliers et cyclistes
ennemis débouchaient sur la place par la rue de la Sellerie et la
rue Croix-Belle-Porte. Des troupes d'infanterie les suivaient. L'ins-
tallation des Allemands s'opéra avec ordre, mais chacun des olTi-
ciers qui se succédèrent à la Rommandanlur marqua sou lègne
par des ordonnances dont les menaces allaient en s'accentiianl. Les
blessés étaient fort nombreux à l'ambulance de Fervaques, et, dans
les premiers temps, si les Allemands étaient convenablement cou-
chés et pansés, il n'en était pas de niéiiie de nos compatriotes. Des
amputés, au sortir de la salle d'opérations étaient jetés dans des
sous-sols où la légère ct)uchc de paille n'était jamais renouvelée, l'iie
n<iée de femmes allemandes lejoignirent les linupes d'occupation.
Ces (( tilles île la guerre » portant le costume d'infirmières, armées
de revolvers, causèrent constamment des scandales dans la ville. j)ar
leurs l)euveries et leur conduite. Les dé|)orlations de ci\ ils marcpiè-
renl la période la plus douloureuse de l'occupation. Ajoutons (pie
le maire de Saint-(^>uentin montra une fermeté et une dignité qui en
imposèrent parfois à l'ennomi et <]ne les localaiies de la ville pous-
sèrent le sentiment du devoir jusqu'à refuser d'useï-, à l'égard des
])ropriétaires, des dispositions du rnoratorium.
— 240 —
M"" Ilcnriclle Cclarif'; a fiiicmcnl coulé de quelle façon un sous-
olïicier boche, le sergent Millier, concevait l'amour et comniciil il
courtisa la jeune lille dont il était épris. Celle-ci, accorle et gracieuse,
travaillait dans les champs avec une équipe de femmes déportées.
Muller venait tous les jours dans une charrette anglaise inspecter les
travaux. Parfumé à l'eau de Cologne, souriant, il s'approchait de
Marthe, lui faisait des signes amicau.x, et en s'en allant lui envoyait
des baisers. H n'était rien répondu à ses avances. Alors le sergent la
fit maltraiter par les soldats chargés de la surveillance des déportées,
[)uis il la fit conduire chez lui, lui offrant friandises et bijoux (volés)
si elle voulait couronner sa llaninie. Encore écondtiil. il la signala
connue refusant de travailler et la fit condamner à 15 jours de cellule,
et, chaque soir, il passait devant le judas de la porte pour la narguer
et lui dire que, si elle ne faisait plus la mauvaise tète, son supplice
cesserait. Enfin, la retrouvant dans un champ, au moment de la fe-
naison — il était ivre d'ailleurs — il la prit par la taille, et, comme
elle se mettait à crier, il lui envoya un coup de poiug terrible qui
mit son visage en sang et lui cassa plusieurs dents. Quand Muller
comprit qu'il était allé trop loin et qu'une plainte à la Komman-
danlur lui ferait perdre le poste de tout repos qu'il occupait, il sup-
j)lia sa victime de ne pas se plaindre : « Vous bonne, moi envoyé au
Front, moi tué » et il eut l'aplomb de lui promettre beaucoup d'ar-
gent si elle se taisait. Cette simple histoire révèle toute la mentalité
du Prussien.
— C'Qst dans un faubourg de Lille dont il était vicaire que l'abbé
Albert Droulers a passé, Sous le poing de fer, les quatre années de l'oc-
cupation allemande. 11 semble que la tyrannie de nos ennemis se soit
exercée encore avec plus de cruauté et de sauvagerie dans le' Nord
que dans la région de Saint-Quentin. Le vol y est pratiqué ouverte-
ment ; les perquisitions y sont continues et particulièrement vexa-
toires ; le régime alimentaire y est déplorable ; les amendes pieu-
vent sous les moindres j)rétextes ef. les plus légères infractions aux
ordres affichés sont punies de prison. On fusille des gens qui, cau-
sant entre eux, ont parlé dune offensive sur Paris ou Calais, on fusille
un jardinier qui. muni de son sécateur, a regardé en riant un fil
télé})honique tombé sur une route. Ou procède à des enlèvements en
masse d'habitants des deux sexes qu'on veut contraindre à travailler
à la pose de réseaux de fil de fer, à la confection de sacs à terre.
Comme le dit à bon droit l'abbé Droulers : « au nom de la justice,
l'Allemagne doit être punie et elle doit réparer. » Et le prince Max
de Saxe en a fait déjà l'aveu, à propos des crimes commis en Belgi-
que, quand il a dit : « Ce qu'on a fait crie vengeance au Ciel ! »
♦ R. L.
— 2?)0 —
Pour la terre de France par la douleur et la mort (La Colline de
LoreUe), l'Jl^tl'JL'), par Pasteur Valleky-Kadot. Paris, Plon-Nounit, 1919,
in-i6dc 219 p., avec 2 grav. hors texlc. — Prix : '.l fr. ijO.
Les 26 lignes d'Avant- Propos par lesquelles M. René Vallery-Radot.
préseiile le livre de son fils forment, à mon avis, dans sa sobriété
voulue, le meilleur compte rendu qu'il soit possible d'en faire. Je
vais donc écrire quelque chose d'inférieur. Je m'en console en pensant
que je ne serai pas le seul dans mon cas.
Le volume s'ouvre par trois pages empreintes de tristesse et de pro-
fonde affection composées à la mémoire d'un ami très cher, M. Jean
Dubois, interne des hôpitaux de Paris, médecin aide-major, tué
devant Verdun le 11 juillet 1916. Suit une page de citations des pro-
phètes Jérémie, Amos et Isaïe, s'appliquant à merveille, tout antiques
qu'elles soient, à l'horreur des trop longues années de la guerre déchaînée
par la volonté réfléchie de l'Allemagne. Une fois de plus, c'est bien
le cas de répéter qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
M. Pasteur Vallery-Radot entre alors dans le vif de son sujet avec
la mentalité d'un excellent Français, qui est aussi un poète, un artiste
et parfois même un philosophe. Il trace d'abord des esquisses rapide.s
et singulièrement prenantes des faits dont il a été l'un des acteurs ou
des témoins, un peu avant la première bataille de la Marne, puis au
cours de la victoire. Un médecin voit plutôt, en général, les navrances
résultant de l'action que l'action elle-même. Ce fut le cas de l'auteuç,
médecin auxiliaire de l'armée, qui ne courut pas moins, très large-
ment, les risques des médecins, dont l'héroïsme, le plus souvent à
froid, n'est pas inférieur à celui des braves s'élançant à l'assaut, car
il n'a pas pour le sonleiiir ou l'exciter la chaleur de la lutte. Pour
garder ainsi la maîtrise de soi, sous les obus ou au milieu des mitrail-
lades et de la fusillade, il faut un autre genre de courage, simple-
ment, et (jui n'est pas le fait du premier venu.
Kt tout en accomplissant son devoir, M. Pasteur Vallery-Radot
notait séance tenante, dans les tranchées, au fond des abris souterrains
ou en pleins champs, sous le feu de l'ennemi, depuis août 1014 jus-
qu'en décembre 1913, ce qu'il voyait ou ce qu'il entendait de plus
suggestif: l'occasion, malheureusement, était fréquente. Est-ce parce
que ces mtdliplos petits tableaux, peints de couleurs vives et repré-
sentant surtout limmensité et la variété des souffran^ces endurées et
des sacrifices généreusement consentis par nos soldats, que la Cen-
sure, en novembre 1910, a interdit la publicalioîi tle ces pages ter-
ribles ? Je supj)ose que l'on craignait, à ce moment, qu'elles n'intluen-
çassenl l'ariière trop dcMildureusement ; et cependant si ces tableaux
sont alïligeants, certes, il s'en dégage aussi une foi iiuléfectible en
celte victoire finale île laquelle la France et ses lils sur le Front
— 251 —
n'ont jamais vonlti doulrr, même aux heures les plus critiques.
Pour un beau livre, oui. l'ouvrage de M. Pasteur Vallery-Hadot est
un beau livre, qui mérite de nombreux lecteurs. E.-A. Chaplis.
Xosti'O Vuviiulovio, f ail i personali dd Icmpo délia gnerra ilaliana (lOI'j-
l'JIÎ). da Amomo Baldim. Milano, fratelli Tn'vcs, 1918, iti-lG de 2fj6 p.
— Piix : 4 fr.
Mobilisé dès le début de la guerre italienne, d'abord simple sol-
dat, puis devenu sous-lie»itenant, atteint d'une blessure qui le mit
hors d'état de servir désormais, M. Baidiui retourna sur le Front
comme journaliste. Il a vu et observé et ce sont ces impressions per-
sonnelles dont il nous fait part dans cet élégant petit volume.
(( Dépourvu, nous dit-il lui-même, d'idées générales, de raison poli-
tique, de sens historique », cela même imprime aux pages qu'il nous
donne un cachet particulier ; on y peut voir comment la guerre a dû
apparaître à beaucoup déjeunes Italiens. Il n'y faut pas chercher des
renseignements techniques sur les événements militaires, des préci-
sions sur les opérations, des détails qui permettent de reconstituer
l'histoire du grand drame ; mais la vie des hommes et des officiers
en campagne, leurs relations entre eux, l'effet produit par la guerre
sur leur intelligence et sur leur moral, les sensations et les senti-
ments que l'on peut éprouver au contact des douleurs et des hor-
reurs que provoque le cataclysme, voilà des points sur lesquels l'ou-
vrage de M. Baldini est instructif.
Il y a là de petits tableaux pittoresques, des observations curieuses,
des traits psychologiques, qui font que le livre se lit avec plaisir et
qu'il en demeure quelque chose. E.-G. L.
Le Capitaine aviateur Didier Le Cour Grandmaison, par Charles
François Saint-.Mauu. Paris, Bloud et Gay, 1918, iu-lG de 78 p. — Prix :
i fr. SO.
Le vaillant officier qui est mort glorieusement, tué dans son avion
le 10 mai 1917, a ajouté un lustre de plus au nom de sa famille si
respecté dans le pays nantais et au Parlement. Il se présente eritouré
de ses huit frères et cousins, tous également soldats d'élite, patriotes
et chrétiens. C'est son oncle qui retrace sa courte et vaillante existence
doîit la modestie est la caractéristique. Lieutenant de cavalerie passé
par devoir dans l'aviation, il meurt, à vingt-sept ans, chevalier de la
légion d'honneur avec cinq palmes sur sa croix de guerre. Le senti-
ment du devoir avant tout, né du sens catholique le plus pur, le
guide dans la vie, le soutient dans sa carrière et le porte, à sa mort,
jusqu'au ciel. Quelques fragments de son « journal » nous font péné-
— 252 —
irer dans le secrcl d'une âme si belle. Les pages qu'il traçait peu
d'heures avant d'accomplir le dernier vol où il allait trouver la mort
sont d'une poignante beauté. Didier Le Cour Grand maison apparte-
nait à ces races qui font la force et l'honneur de la France et il a
ajouté encore à ce j)atrimoine ancestral. Ce petit volume devrait être
le (( bréviaire » do tous nos jeunes officiers. Quel exemple admirable 1
G. G.
Yoli di <|uerra, impressioni di un «jiornalisla pilota, da Otf.i.lo
Cavara. Milano, fratelli Trêves, d918, in-16 de 211 p. — Prix : 3 fr.
Journaliste de son métier, M. Cavara a été jeté dans l'aviation par
la guerre. Devenu pilote dhydroplane, il a été attaché à ce que d'An-
nunzio a dénommé laile extrême de l'Italie. Quand l'affaire de Capo-
rollo cul obligé les Italiens de se retirer sur le Piave, l'escadrille
dut quitter Gradoà son tour, et M. Cavara passa dans les avions de
chasse ; et l'expérience qu'il a pu acquérir de cette manière, il nous
en fait profiter dans un volume où il met au ser\ice de ses connais-
sances techniques un talent d'exposition accpiis dans l'habitude du
journalisme. Neuf chapitres forment la charpente de ce volume et il
suffira d'en donner les titres jwur indiquer ce que l'on trouvera dans
ce volume « d'impressions )i intéressantes surtout par ce qu'elles nous
ap])rennent sur la mentalité des aviateurs : i . Du Journalisne à l'avia-
tion ; 2. Comment on devient pilote ; 3. La Conquête du brevet ;
4. L'Aile extrême d'Italie ; 5. L'Escadrille exilée ; 0. Combats sur
l'Adriatique ; 7. Observateurs et pilotes ; 8. Les Premières Acrobaties
sur l'avion de chasse ; 9. Sur le Piave et à Pola.
E.-G. Le nos.
Kdouard Juiiod, capitaine à la Légion étraiM|èi'<» ( 1 875-1 91 5).
lii'ttres et Souvenirs. Paris, Crès ; Genève, Kuiidig, I9iS. in-16
de XI.-206 p. — Prix : 5 fr.
(^cst un singidier mais très atlachanl tyj)e de soUlal, cet officier
suisse, engagé dans la Légion étrangère et qui, après avoir servi et
combattu en Grèce, en Algérie, au Maroc, à Madagascar, au Tonkin.
trouva près de Sbuain une mort glorieuse eu eiiliaîuant sa compa-
gnie à l'assaut des tranchées allemandes.
Sa vocation militaire fut irrésistible. Dans ses veines coulait le
sang de ses vaillants ancêtres qui s'illustrèrent à Fontenoy. à Malpla-
quet, mais qui, tout en comballant pour la France, prétendaient ie>ler
fidèles à leur pays natal, à leur canton montagneux. Dès son enfince
il cultivait les sports. A dix-huit ans il élail excellent nageur, hardi
cavalier, escrimeur émérite. 11 éprouva quelques désillusions au début
<le sa carrière. La routine des exercices en garnison lui pesait. Son
— 25:i —
ardont protestantisme l'ayant amené à considérer Drevlns comme un
juif persécuté pour sa religion, il eut, au temps « de l'AIFairc », cer-
tains démêlés avec ses camarades et ses chefs. Mais tout cela s'atté-
nua et finit i)ar s'évanouir quand son bataillon fit colonne et que
commencèrent les expéditions de guerre.
Les lettres d'Edouard Junod (pour la plupart adressées à son pèrei,
tout en donnant des détails précis sur ses faits et gestes militaires,
sur la joie fju'il éprouve à commander des soldats, à parfaire son
instrucliofi tie chef, révèlent un profond amour de son pays et un
souci constant des choses religieuses.
Comme re\pli([ue fort bleu M. l'aul Seippel, dans son Introduction :
(( Junod avait une vie secrète qu'il gardait jalousement >> et ne con-
fiait qu'aux siens dans des billets tout intimes. Dans ses rapports
avec ses commensaux et ses camarades, il se montrait fort réservé,
comme s'il voulait s inspirer du vers d'Alfred île V igny :
Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse.
Il recevait régulièrement le Journal de Genève, qu'il lisait avec
piété du titre aux annonces, car c'était pour lui « presque un petit
morceau de la patrie. » Voyait-il mentionner des conférences à
l'Atliéjiée ? Il demandait à, ses sœurs de lui en adresser un compte
rendu détaillé. Les débals politiipies qui agitaient la Confédération
et le canton le passionnaient.
De Casablanca, il écrivait à son père pour lui demander ce qu'était
le problème philologique du quatrième évangile. — 11 est vraisem-
blable que cette question posée aux officiers du mess n'y eut pas été
longuement ni savamment débattue. — En bon huguenot genevois, il
est hanté par les dangers que la propagande catholique pouvait faire
courir à sa cité protestante, mais si son tempérament le poussait
vers la pédagogie, il était réfractaire au mysticisme. En tous cas, s'il
aimait les controverses, il pratiquait en matière religieuse une tolé-
rance, une sorte d'impartialité qui allèrent en s'élargissant.
Aimé de ses soldats, dofit il partageait les fatigues, auxquels il
s'intéressait constamment, il était vile devenu un officier modèle.
Les grades de lieutenant et de capitaine, la croix de la légion d'hon-
neur, récompensèrent ses services ; son avancement eût été plus ra-
pide s'il s'était fait naturaliser Français. Mais il tenait, suivant la
tradition ancestrale, à servir la France tout en restant Suisse.
Dans la nuit qui précéda sa mort, comme s'il avait le pressenti-
ment que sa dernière heure était proche, il voulut communier, et, en
l'absence d'un aumônier protestant, c'est un prêtre catholique, un
brancardier dont il avait admiré la bravoure et l'inlassable dévoue-
ment qui, sur sa demande, administra la communion à l'officier
. — 2o4 —
qui avait été un huguenot rigide : « Nous n'avons pas la même reli-
gion, lui dit le capilaiue, mais nous avons le même Dieu. »
Roger Lambelin.
Prisonnier civil, ou Ilisloiie d'an prélre français, docteur allemand,
inlerné 50 mois en Allemaijnf (/" noùl I9lù-l" octobre lOlfi), par Domi-
TsiQUK DE Lagardi;ïte. Paris, Bloud et Gay, 1919, in-16 de 119 p. — Prix ;
2 fr.
ÏM labbé Marcellin Pradels avait fait une partie de ses études en
Allemagne, il y avait passé brillamment son doctorat à l'Université
de Miinster en 1904, avec une thèse sur Emmanuel (ieibei et la
lyrique française, il y avait exercé les fonctions de vicaire dans la
pari)isse de Ilavixbeck, dans le diocèse de Munster ; il s'y était créé
des relations et des 'amitiés. Il avait fondé en 1007, à Cologne, un
Institut français pour les jeunes gens de Fiance venus dans le pays
pour étudier et se former à la pratique de l'allemand ; patronné par
le cardinal Fischer, cet Institut avait étéapprouvé en 1911 par legou-
\ernement allemand qui FaAait pris sous son contrôle.
Comment un homme qui offrait de telles garanties à l'Allemagne,
qui ne lui avait témoigné que des svmpalhies, a-t-il pu être arrêté
avant même la déclaralion de guerre, comment a-t-il pu être retenu
en prison, puis dans des camps de concentration pendant de si longs
mois? Voilà qui n est pas pour rendre l'Allemagne i)lus sympa-
thique.
Un de ses compagnons de captivité au camp d'Holzminden a pensé
que celte histoire édifiante pourrait intéresser singulièrement le lec-
teur et quelle jetterait une lumière nouvelle sur la mentalité de nos
voisins d'Outre-Rhin ; et il a obtenu de M. l'abbé Pradels, avec tous IJ
les papiers concernant sa captivité, l'autorisation de les utiliser; et
c'est cette relation fort instructive que nous avons ici.
Plus encore que par les renseignements qu'il nous apporte sur
l'œuvre de la police allemande, sur la justice militaire, sur l'organi-
sation militaire et aussi, hélas ! sur la façon dont les autorités suisses
poursuivaient l'espionnage... quand elles le croyaient exercé contre
1 Allemagne, le livre est intéressant, tristement intéressant, parce qu'il
nous révèle sur les catholiques allemands : nulle feuille n'a été plus
bassement acharnée contre nous (pie la soi-disant très catholique
« Gazette pof)ulairede Cologne » ; et les amis que M. Pradels comptait
parmi les ralholiijues iiinuents, même dans le haut tieigé, eurent à
son égard une conduite à lacpielle on ne prut donner d inlerj)rélali()n
plus favorable (pie celle d'une insigne làclieté.
Ce n'est pas là ce qui ()eul rehausser dans le monde le prestige des
catholiques allemands. Puisse la lecture de ce livre ouvrir tant d'yeux
— 255 —
neutres qui se sont >oloataireineiit fermôs et éveiller tant d.' rons-
cieiicrs (jiii sont volonlaircinriit {loiiioutées dans un sommeil indul-
gent ! K.-(j. LiiDos.
En Cuptivité... 11 juillet 1Î>1(>-1" novembre lî)I7, par A. Li-
magm;. Paris. Lclliioll-'ux. s. d. (l'JIS). iri-hi de 247 p. I^rix : 3 fr. 30.
Un Séminaire franvais... en Alieniaijne, soureiiirs de cupliinlp. par
A. LiMAGNE. Paris, LellMelloux, s. d. (I'.U.Sk iri-l:2 d(ï <ji) p.. avec une
plioto<,M-aviire. — Prix : 0 fr. 80.
Le Séminaire de X.-D. de la Merci à .Munster et Limbourçj.
Histoire d'un séminaire de prisonniers français en ca[)livilé pendunl. la
guerre 10I^-19IS. par le R. P. RocnrKEAC. Pari.s, Téqui, 1919, in-12 de
191 p.. avec 8 photogravures. — Prix : "2 fr.
Nous avons déjà rendu compte d'un certain nombre de souvenirs
de prisonniers en .Allemagne, soldats ou déportés civils ; nous avons
aussi présenté à nos lecteurs le livre poignant de M. l'abbé Aubry :
Ma Caplivité en Allemagne {Polybihlion de mars lljHJ, t. CXXW I,
p. 153). .Aujourd'hui, sur pareil sujet, nous allons donner la parole à
deux autres prêtres Irançai:^.
— Voici d'abord M. A. Limagne. aumônier militaire, qui, au début
<les hostilités, était supérieur du collège de Montlu(;on. 11 a vécu En
CapliiHlé du 11 juillet l!jl(j au 11 novembre 1917. u Je suis à l'aise,
dit-il. pour parler des Allemands, je n'ai ni vengeance à exercer ni
services à reconnaître... .l'en parlerai avec connaissance de cause. »
On peut dire que le volume de M. Limagne, rapport solide, constitue
un véritable martyrologe des infortunés, militaires ou civils, qui sont
tombés au pouvoir d'une nation sans cœur et sans scrupules, dont la
duplicité égale l'hypocrisie. La \igueur de l'écrivain est souvent dou-
blée d'une pointe d'humour qui ne gâte rien. Pages 109-1 10^ il nous
met en face d'une « vision d'Apocalypse. » Je cite, en abrégeant : il
s'agit de civils belges, « des ombres », de « douloureux squelettes »
arrivant au camp et incarnant (i à un degré effrayant l'extrémité de
la souffrance humaine et la surhumaine férocité allemande ? .Au
nombre de onze cents. « ces figures pâles sont trouées de grands
yeux enfoncés, qui dardent un feu de fièvre, les bras pendant sans
vie, avec des mains exangues, les jambes flageollent comme si une
ivresse locale avait dissocié des os les muscles, paralysé les nerfs.
C'est à crier de pitié, d'horreur, de haine. » Tout à coup ces mou-
rants voient, passer des tonneaux remplis de résidus de cuisine,
déchets de végétaux putrides, restes de poissons gâtés ; aussitôt, cul-
butant les gardiens, ils s'en emparent et en boivent le contenu jusqu'à
la dernière goutte, u Le soir même, dix étaient morts. » Et les autres,
jusqu'à concurrence de 80 pour cent, succombaient peu'après. A oyez
aussi (p. 19G-199)comment les Teutons, sous prétexte de représailles.
— 2o6 —
envoyaient de nombreux F^rançais, travailler sous les bombes derrière
les premières lignes allemandes, face aux Anglais et à leurs propres
compatriotes. (( Les tués furent rares dans la Somme ; derrière Ver-
dun des effectifs furent réduits d'un tiers. » Et, indigné, M. Limagnc
s'écrie : <t Gazouillez de bienveillance pour les Allemands, pbilau
tbropes de brasserie ou de salle de rédaction : voilà ce qu'ils ont fait
de vos frères ! » Puis, ayant constaté que nos ennemis ont dépassé
en sauvagerie les tyrans de Home, de Babylone et d'Egypte, il réca-
pitule les tourments de toutes sortes infligés aux prisonniers français
et autres. Livre terrible qui appelle linj^jlacable justice. Elle \ient...
— Dans le cbapitre IV de l'ouvrage -précédent. M. A. Limagne
raconte son r(Me au Séminaire fra/taiis en Allcinag/ie. Tiré à part, ce
chapitre a formé une biochure spéciale. L'auteur avait été, pour
enseigner dans ce sén'iinaire par le professeur Schmidlin, signataire
du fameux Manifeste des 93 intellectuels allemands, mais qiii valait
cependant un peu mieux que ses antécédents, comme on le verra
plus loin. Justement méfiant, M. Limagne avait refusé ; on n'insista
pas autrement ; mais un beau jour il dut piéparer ses paquets afin
de rentrer en France, espérait-il. Or. c'est à Munster, en Westphalie,
que le digne aumônier était expédié pour remplir quand même les
fonctions refusées, en collaboration avec trois autres prêtres, dont le
P. Hochereau. L'auteur raconte tout ce qu'il fit. \it, enlendit,
juscpi'au jour où l'établissement, trop (( chauvin », fut sup|)riu)é et
les étudiants dispersés. A noter que le séminaire se reforma i)lus
lard, à Limbouig.
— M. Limagne a esquissé partiellement l'histoire du séminaire fran-
çais de Munster, c'est-à-dire la période qu'il a vécue; le H. P. Hoche-
reau. lui, la fixe en son entier avec son volume : Le Séminaire de
N.-I). de la Merci à MCl/isler et Limbourg. Encore un énergique,' le
P. liochereau. Directeur au séminaire lie N. Pam[)lona, à Bogota, en
Colombie, il accourut au premier appel de la France et se rendit au
50'^ d'artillerie où il était lieutenant. Tombé sur le champ de bataille
le 23 avril l!)15 avec quatre blessures graves, il fut fait prisonnier et
interné au camp de Kattenvenne, près de Miinsler. Là il se renconlia
avec l'aumônier allemand; le professeur Schmidlin, plus haut nommé.
Alsacien et professeur d'Université allemande. Ce prêtre, « C(pur
excellent et droit, cassant tout sur son chemin pour atteindre son but,
de\ait faire aboutir, en dépit des plus invraisemblables dinîcultés.
l'œuvre d'un séminaire français en .\llemagne. » Type peu ordinaiie,
ou véiilé, ce Schmidlin ! .\vcc le P. Leveugle, maître des . novices
d'une province canadienne de franciscains et l'abbé Lanselle, jeune
licencié eu histoire de la Facullé de Lille, le P. Hochereau procéda
rapidemenl à rorganisalion île l'élablissement dont les ilébuts furent
— 257 —
satisfaisants. Mais le manque de souplesse de M. Schmidlin amena
(les désaccords avec les autorités allemandes ; puis, des tentatives
d'évasion, dont deux réussirent, provoquèrent des mesures de rigueur
décorées du litre de représailles, qui durèrent trois semaines. Surces
eiitrefailes, le P. Leveugle et deux autres directeurs étant rentrés en
France, d'autres recrues devinrent nécessaires, et c'est alors qu'arriva
lechatioiiic Limagiie, qui, d'ailleurs, devaitparlir fjuand on supprima
le séminaire sous l'accusation de sabotages réitérés. Quant au 1'. Ilo-
clicreau, il fut enfermé finalement à la forteresse de Magdebourg.
Bientôt, sur la demande de Rome, le séminaire fut reconstitué à
1. imbourg en février 1918, et comme il lui fallait une direction cxpé-
liinentée, le P. liochcreau fut désigné. Il resta en fonctions jusqu'à
l'armistice. A propos de sa libération, il rapporte des faits bizarres et
amusants, à la charge des Allemands. Le volume se termine par les
détails de la rentrée en France, qui fut laborieuse. M. Limagne est
un patriote de premier ordre ; le P. Hochereau l'est autant, pour le
moins, et tous deux font preuve, malgré tout, d'une bonne humeur
(pii le dispute à l'esprit le plus pétillant. E-A. Chaplis.
La Guerre et la Vie de l'esprit, par Mauiuce Legendre. Paris, lîlond
cl Gay, d'JlS, in-16 de 19o p. — Prix : 2 fr. 50.
Je ne connais pas l'auteur ni son grade ni ce que la guerre en a
fait depuis qu'il a écrit, en 1917, ce livre, ce beau livre. Je suis d'au-
tant plus à mon aise pour dire mon admiration. Ce n'est pas, bien
entendu, que. devant celte explication philosophique de la guerre,
nous soyons toujours parfaitement de l'avis de l'auteur. Ainsi, pages
153-154:, nous trouvons sa thèse sur les crimes envers les non-combat-
tants un peu trop indulgente, si nous songeons que les Boches ont
voulu tout simplement anéantir notre race, per f as et ne/as. 11 y a
encore, page 135, tout un développement qu'on aimerait mieux n'y
plus voir, sur les sous-olïîciers parvenus et les officiers hobereaux.
Ccs'^leux réserves faites, il ne me reste plus qu'à suivre avec plai-
sir ce philosophe indulgent, à l'esprit large, essayant d'expliquer au
mieux les fautes d'avant-guerre, exposant à merveille, dans un cu-
rieux chapitre intitulé : De la sensation au sentiment, la paternité du
chef pour ses soldats, lés différentes nuances du courage, et même ce
sentiment inexplicable pour nous : la longanimité de nos soldats
pour les Allemands. M. Legendre pense que c'est aux civils à éprou-
ver la haine du Boche et à l'entretenir chez les autres. C'est tout à
fait ma conviction, et je connais un professeur de Faculté qui, pen-
dant toute la guerre, à l'arrivée des jeunes classes à la caserne, faisait
aux bleus des conférences documentées sur l'ennemi qu'ils allaient
bientôt affronter.
Mai-Juin 1919. T. CXLV. 17.
— 258 —
Ce beau livre est la synthèse (ruiie infinité dV)bser\alions. On sent
la réalité de la guerre derrière ces théories ; parfois elle apparaît,
énriouvaiite, comme dans l'histoire du coureur de Verdun. Un té-
moin me l'avait déjà racontée : un agent de liaison es! frappé à mort
pendant qu'il porte- un ordre écrit. 11 meurt dans un trou d'obus,
mais son bras raidi tend toujours en l'air l'ordre qu'il emportait :
même pendant son agonie, le brave avait voulu qu'utj camarade pût
voir le papier, et continuer la mission interrompue par la mort.
Livre à lire, et à garder. Tour ceux qui classent leur bibliothèque
par affinité entre les écrivains, ils doivent le mettre sur le lavon où
figurent, à côté de Servitude et Grandeur niililatres. les livres d'Art
Roë, de Psichari et du capitaine de Belmont.
M Al lUCE SoLlUAl.
La France agricole et la Guerre, par le L)' C;. Ciialvfac. '!'. II. P;ii i<,
Baillière, 1918, in-H> de vii-3i;2 p. — l^ix : 3 fr. 50.
Dans le tome P'" de cet ouvrage, paru en 19l(i, le D' Chauveau
examinait un certain nombre de questions dansl étude desquelles il s'est
particulièrement spécialisé et qui intéressentau plus haut degré notre
agriculture : amélioialions foncières (remembrement de la propriété
foncière), culture mécanique,, exj)loitation des forêts métropolitaines
et coloniales. Ce sont ces mêmes sujets (jn'il reprend en les dévelop-
pant pour les rapporter aux idées et aux choses nouvelles suscitées
par les circonstances présenCes.
On sait que la question du lemembrcment, dans son ensemble, (•-•(
maintenant virtuellement résolue, une proposition de loi votée par
le Sénat le 29 septembre 1917 ayant été renvoyée à la Chambre des
députés avec l'avis favorable de la Commission d'agriculture t t
l'appui du gouvernement. C'est avec intérêt qu'on liia dans rouvrag(>
du 1)'' Chauveau rhistori([ue de cette importante cpieslion.
Dans la deuxième partie du livre, l'auteur étudie les problèmes t\c.
la culture mécanique, que solutionneront, on peut l'es^iérer, les
expériences <rap|)lication pratique actuellement ])()ursuivies. La raié-
faction de la main-d'œuvre et des animaux de tr.iit rend absolument
nécessaire le recours à la culture mécanique, surtout pour les
labours, si l'on veut intensifier la production agricole, en particulier
celle des céréales, si désirable. Il semble que la viticulture possédera,
elle aussi, des appareils adaptés à ses besoins, comme cela paraît
résulter des essais tentés, qui ont permis de réaliser de sensibles
améliorations.
Une troisième partie est consacrée à l'exanuMi du projt-t de loi sur
l'enseignement professioniicl cl j)ui)lic lie l';igrit ulluif volé par le
Sénat après son adoption i)ar la Cliambie des tiéputes. La nouvelle
— 2')0 —
loi place au sommet do colle organisation rinstilul riation.il a^rrono-
miiiiie, puis les Kcolcs nationales, les hxoles (la^ricnltnrc, les Kcoles
(l'hiver et saisonnières et enfin l'enseignement post-scolaire, celui-ci
s'adressant à la grande masse de la jeunesse rurale. L'enseignement
tic la partie féminine de la population sera donné dans les Kcolcs
supérieures d'enseignement agricole ménager, les Kcoles agricoles
fixes ou temporaires, les cours d'enseigner))enl ménager post-scolaire.
Avec l'auteur, formons des vœux pour que les résultats répondent
aux espérances et aux sacrifices que s'impose la nation ; souhaitons
que les jeiines gens des deux sexes, de nos campagnes, arrivent ainsi
à mieux connaître et à aimer la vie des champs où les retiendra une
vocation allègrement embrassée.
La quatrième partie est la reproduction d'articles de propagande
publiés par l'auteur dans divers journaux, et consacrés aux ques-
tions que nous venons d'examinçr puis à un certain nombre d'autres
concernant l'exploitation et le commerce des bois coloniaux et mé-
tropolilains ; aux avantages que les agriculteurs peuvent tirer des
transports automobiles ; à l'organisation pratique et rationnelle de
la chasse et de la pèche pour augmenter nos ressources alimentaiies ;
on y trouve aussi la reproduction d'une lettre ouverte adressée par
Lauleur au minisfre de ragiiculture, signalant le danger de la pro-
pagation de certaines épizooties par insuffisance de précautions de
la |)art des services chargés de la police sanitaire des animaux, des
dépôts de cbcNaux malades ayant été établis par l'autorité militaire,
au hasard des lieux et des locaux disponibles, dans les fermes et dans
les haiji talions de certains villages. D. B.
L'EuropB lih<»r<^e, novembre 1018, par Paul Seippix. Paris, Crès ;
rienèvo. Kinidig, IIM:». pclit iii-12 de 99 p. — Prix : 2 fr. 10.
Recueil d'articles parus dans le Journal de Genève, dans la seconde
quinzaine de novembre 1918, où M. Paul Seippel traite de quelques-
uns des pays libérés : Alsace-Lorraine, Grande-Serbie, Bohème. 11
rappelle aussi les témoignages de sympathie donnés par la Suisse à
la Belgicpie, dès le mois d'août 1914. Un article est consacré à la
République allemande, un autre au Tsarisme rouge. Un autre enfin
est la reproduction d'un discours prononcé le 28 novembre 1918, au
banquet de l'Alliance française à Zurich. Le talent de M. Seippel et sa
vive sympathie pour la France sont connus ; signaloiis, comme très
intéressants, au point de vue historique et documentaire, les extraits
qu'il donne de journaux et de revues suisses concernant l'attitude
de son pays au début de la Grande Guerre. A. T.
200
I^a l*;iîx «jii'îl faut à la France, par le général MArriiOT. Paris, Berger-
Lcvraull. lUli), in IG de 144 p., avec 2 cartes.— Prix : 3 fr.
« 11 reste aux vivants à parachever l'œuvre des uiorts. » Le géné-
ral Maîlrot nous dit quelles sont les conditions de paix que nous
devons obtenir à cet effet. Nul n'est mieux qualifié pour les formuler
que lui, qui, dès 1914, avait commencé dans /e Correspondant, la
publication d'articles prophétiques sur la guerre prochaine. On sait
à quel point les événements lui ont donné raison, ainsi qu'à d'autres
collaborateurs de la grande revue catholique, qui ont alors essayé,
avec aussi peu de succès que le général Maîtrot, d'attirer l'attention
sur certaines lacunes de notre préparation militaire et diplomatique.
I.a pieuve que les Allemands ont sefriti le danger que présentaient pour
eux ces études si documentées, c'est la rancune dont ils ont pour-
.suivi leur auteur. L'Avanl-Propos contient à ce sujet des révélations
bien intéressantes. On trouvera dans- ce petit livre un excellent résume
des garanties nécessaires à la France pour remplir son rôle de gar-
dienne de la civilisation contre le germanisme, 'ainsi que des répara-
tions et dédommagements qui lui sont dus, et de la reconnaissance
de ses droits sur la Syrie. La Belgi(jue n'est pas oubliée non plus.
A. DE Tarlé.
Lo lîoii Combat, par l'abbé Eugk.ne Gnisr.hLB {Publiedlion du Coinilt' calIiQ-
Uiinf du in'tijKKjdiiile j'rdiirdise à l'étranger). Paris, Bioud et (iay, 1918, in-18
de 2:3(5 p. — Prix : 3 fr. 50.
Secrétaire du Comité catholique de propagande française à l'étran-
ger, M. I'al)bé Eugène Griselle en a été l'un des membres les plus
actifs ; il n'écrivait pas moins dç deux articles par semaine pour
défendre notre cause, et c'est» un choix de ces notes fugitives » (pi'il
nous olfre aujourd'hui sous forme de volume. Inspirés tantôt par les
faits du jour, tantôt |)ar l'apjiarition de livres ou d'articles nouxeaux,
tantôt par les recherches qu'avec son tempérament d'érudit, il est allé
furetant partout, les trente et un articles réunis ici ont toujours j)Our
objet d'opposer le bon droit de la France aux méfaits de l'Allemagne
et (I(^ mettre en lumière la mentalité gern)anique vis-à-vis de la nôtre.
fonl peut-être n'est pas également o|jj)orlun dans celte publica-
tion ( pai' ex. ce (pii est cité p. 80 et s. sur la rive gauche du lihin).
Ponrcpioi l'auteur qui reproche avec raison au général Jung d'avoir
« maladroitement imprimé d Won de GoKz le nom du fameux Vonder
(#'o//: s'obstine-l-il lui-même à appeler jusqu'à six fois (p. 1)3, deux
fois, |). 9i, p. 97. p. 1(11, deux fois), Glaslone l'illuslre homme iFFlat
anglais 6'/ti'/i7o/u' !'* F. -G. Leuos.
- 261 —
Ia'.h (iuorrcs d'enfer, p.ir Alphonsk Skcmk. Paris, l'iiyol, 191'.). iii-IO de
302 p. — Prix : 4 fr. 50.
Ce titre romaiitif|ne : Les Guerres d'enfer, cache les considérations
les plus réalistes cpie la guerre ait inspirées. M. Alphonse Séché y
montre une pénétration singulière, qui lui fait découvrir le fond des
choses sous la surface des apparences. Quelquefois nnênie il a fait
preuve de divination, car son livre, écrit en 1915, annonce et recom-
mande des perfectionnements techniques qui n'ont été réalisés que
plus tard. Eu expliquant comment la guerre évolue avec la société,
il insiste sur ce fait essentiel qu'elle est entrée aujourd'hui dans le
domaine des sciences exactes. Toute la troisième partie : Ce qu'on
fera, est consacré à l'utilisation des nouveaux moyens matériels, avec
citations de Wells à l'appui.
Si intéressantes que soient ces vues, nous préférons les deux pre-
mières parties, où M. Alphonse Séché dénonce notre défaut de pré-
paration intellectuelle, qui nous a été presque aussi nuisible fine
notre infériorité matérielle. II raille l'étonnement qu'ont provoqué
chez nous les méthodes de guerre allemandes et ajoute que, pour les
prévoir, il suffisait de lire les ouvrages des théoriciens militaires
d'outre-Kliin. C'est absolument juste : les Allemands n'ont rien fait
(ju'ils n'aient annoncé ouvertement. Allons plus loin. De notre côté,
hypnotisés par les méthodes de iNapoléon, que Mollke avait reprises
pour son compte et appliquées avec tant de succès en 1870-71, nous
avioTis perdu de vue l'essentiel, que la guerre est une chose sérieuse,
où non seulement s'édifie la gloire d'un grand capitaine, mais où se
joue la vie des peuples et qu'elle doit mettre en œuvre toutes les
forces économiques du pays. Napoléon a fait la guerre en artiste et
s'est contente de battre les armées ennemies par des manœuvres fou-
droyantes ou à longue échéance, toujours impeccables, qui lui don-
naient des succès militaires si complets qu'il s"en tenait cà la destruc-
tion des forces adverses et lâchait l'ennemi après lavoir mis par
terre. Les Allemands n'ont pas dédaigné l'élément purement mili-
taire de la guerre. Mais, convaincus qug les armes modernes rendent
la décision plus incertaine et, sur ce point comme sur beaucoup
d'autres, imitateurs des méthodes de la Piépublique romaine, ils
n'ont fait que revenir à la vieille manière de faire la guerre, celle (jui
consistait à ruiner et asservir le vaincu : rappelons-nous les guerres
de Macédoine et les guerres puniques. C'est le propre de tous les
peuples impérialistes. Les Anglais ont agi de même au Transvaal, où
ils ont mené la guerre autant contre la population civile que contre
les commandos boers, par l'incendie systématique des fermes et les
camps de concentration, où périrent de misère tant de femmes et
d'enfants. Ces idées avaient été entièrement perdues de vue chez
— 2(i2 —
nous ; M. Alphonse Séché a eu raison de les rappeler. Signalons
encore la note excellente de la })age 202, où il dénonce quelques-unes
des erreurs qui n'ont pas cessé de traîner dans la presse depuis quatre
ans ; les sages réflexions de l'Appendice sur les illusions de ceux qui
croient à la paix perpétuelle ; et la justice rendue à la force, « créa-
trice du bien et du mal. » jNous sommes entin revenus des billevesées
funestes de Jules Simon.
Les idées originales abondent dans ce livre ; elles sont presque
toujours justes et mériteraient de longs commentaires. Souhaitons-
lui de nombreux lecteurs. Ils y retrouveront les qualités qm ont fail
goûter les œuvres de critique littéraire et sociale de JM. Alphonse
Séché, car il est un de ces auteurs qui donnent un éclatant démenti
aux cuistres qui prétendent enfermer un écrivain dans un rayon
déterminé de la production littéraire. A. de Tarlé.
.\otre Force future, par Jiîan Dyhowsm. i^>iri.s, Piiyol, l'.UO, in-lG di>
271 p. — Prix : 4 fr. IJO.
, ÎNous sommes victorieux, mais l'effort que nous avons du soutenir,
nos tenibles pertes en hommes, la dévastation sauAage dont nolie
territoire a soulferl, nous mettent dans une situation difficile pour la.
reprise de la lutte économique. .Nous ne pourrons nous en tirer qu'en
faisant appel à des forces nouvelles. Ces forces nous les avons à notre
disposition dans nos admirables possessions d'outre-mer. Telle est la
thèse développée i)ar l'auteur avec la compétence toute particulière
qu'il possède pour les questions agricoles et coloniales, ^os colonies
peuvent nous donner la plupart des matières premières nécessaires à
l'industrie et à l'alimentation, source inépuisable de richesses dont
M. Dybowski a très justement signalé l'importance. Les deux derniers
chapilies indiquent des réformes d'ordre pratique à réaliser pour
tirer un meilleur parti de notre immense domaine colonial. Oh voit
l'intérêt (pje peuNcnt trouver à ce livre non seulement les spécialistes
de la colonisation mais tous les Français soucieux de l'avenir natio-
nal. Souhaitons notamment de le voir abondaujuient répandu dans
les milieux scolaires et poslscolaires. A. de Taulé.
— Il est jjrobabh'. les opérations mililaires étant terminées, au
moins sur U' théâtre occidenlal. (pie VUisloire (/cnérale cl (uiecdiili(/ue
de la (/ lierre (le lUI'é, île M. .lean Hernard, \a accélérer sa marche.
Hécemmenl, cin(| nouxelles liviaisons (n"' '1-.S à ;29) nous ont été re-
mises, au moyen desquelles le tome 111 est achevé et le lome IV
commence (Nancy-Paris-Strasbouig, Berger-Levrault, in-8 paginé 289-
4(17 poiii- la lin du lome III. et, pour le commencement du lome IV,
à
— 2(i:i —
1-112). Kn rappelant que ces livraisons sont abondamment illustrées
(portiaits. vues, scènes, cartes et plans) et ([ue M. Jean-Bernard sait
à rricrvcille soutenir l'inlcrêt, nous nous bornerons à Oxcr, par la re-
production du sommaire, la pbysionomic de cbaquc fascicule :
N'^ 25. Les Hrutes s'dmu.>ent. La LAcliflé d'un olTicier- saxon. Au Hois
Le Prêtre. Les Allemands à Saint Die. Femmes Tiançaises. La Mort
de M. de .\!un. La Vie à Bordeauv. Le Sénateur Beymotifl tombe au
ciiamp d'honneur. L'Ambassadeur de Turquie et la Guerre. Au Bar-
reau paii>icn. La \ le intellectuelle à Paiis. Les Théâtres et la Guerre.
Saint-Saens et les Allfuiautls. — N'^ 2(j. Dans la rue, à l'aris. Les Pri-
sonniers allemands chez nous. Ivro^^rnes à particule. Le Manifeste des
1J3. Quelques preuves de Pagression allemande. Les' Femmes alle-
mandes ig-norent la pitié. Nos Villages sous le joug Le « Chant de
haine » — N" "11. Le Chanl de guerre des étudiants allemands. La
Clémence (!) allemande. Le « Vorwarls enchaîné ». Les Propositions
de paix allemandes. La Prusse de Frédéric-Guillaume 111. Un Impé-
rial Poltron. — N" 28. La Belgique accusée par r.\llemagne. L'An-
gleterre accueille la Belgique exilée. Au Transvaal. Le Japon et la
Guerre. La Propagaiictc allemande chez les neutres. Le Courant enten-
tophilc au Portugal. L'Espionnage allemaTid au Danemark. La Cour
de Suède aux ordres du Kaiser. Les Etats Unis sont indécis. — j\"29.
Pillards et inverti.-;. La Turquie, colonie allemandH. La Guerre sur
mer. Sur le Front belge. La Mai.sou du Passeur. Le Clairon muet.
Sur l'user. Les Allemands inaugurent les gaz asphyxiants. Les Pre-
mières Grenades à main. Noël aux tranchées.
— Le petit volume «pie M. le capitaine G.-J. Gordon nous donne
sous le titre : Moiu and Ihc reircat (London, Constable, 1018, in-16
de ix-04 p. et carte. — Prix : 2 fr.) et qui fait partie d'une série
d'opuscules : The Opérations of Ihe Drltlsh army in Ihe présent war,
est. comme le ditle maréchal French dont la Préface dotit il l'a honoré,
(( moins une histoire qu'un intéressant résumé chronologique des
événements principaux » Rédigé sans prétention, avec beaucoup de
clarté, il met bien en lumière le rôle magnifique joué au début de la
guerre par les forces expéditionnaires que nous avaient envoyées nos
amis d'Outre Manche, « petite armée », certes, mais non u mépri-
sable », car la qualité y compensait la quantité.
— Nous signalons avec plaisir le 3* volume des Guides Michelin
pour la visite des champs de bataille, qui concerne la "^irouée de Revi(/ny
(Paris, Berger-Levrault, s. d. [1910J. petit in-8 de 112 p.. avec 1 plan
de ChaloHS-sur-Mairie en couleur, 1 carte-itinéraire de la « trouée »,
2 plans en noir de Vilry-le-François et de Bar-le-Duc et de nombreuses
photogravures dans le texte. Prix, cartonné ; 3 fr. 50). Les H5 pre-
mières pages qui renferment la a Partie historique », rappellent le rôle
— 204 —
des 4» et 3« armées formant la droite française pendant la bataille de
la Marne, du 5 au 14 septembre 1914, avec schémas et portraits de
généraux. Ici s'achève le récit de la bataille de la Marne, commencé
dans les deux volumes précédemment parus et que nous avons men-
tionnés : L'Oiircq et les Marais de Saint-Gond. La « Partie touriste »,
qui vient ensuite, nous fait parcourir, en suivant une immense ligne
brisée, la région qui va de Chùlons-sur-Marne à Vitry-le-François et
Bar-le-Duc jusqu'au hameau du Moulin-Brûlé, en direction de Ver-
dun D'autres « Guides )> sont en préparation ; nous les attendons
impatiemment.
— Le projet de Société des nations mis sur pied par MM. Wilson
et Clemenceau n'a pas l'approbation de M. S. Van llouten, qui le
regarde comme non viable. Dans des propositions qu'il soumet au
président des États-Unis : The \\ ay oui. proposais subniilted lo prési-
dent Wilson (The Ilague, Martinus Nijhoff, 1919. in 8 de 13 p.), il
estime que la Société des nations ne peut posséder qu'un pouvoir
d'ordre n)oral et qu'il faut distraire du projet de constitution de cet
organisme tout appel à la force physique. Il juge que l'on a vouhi
à tort faire servir la ligue aux intérêts temporaires de l'Entente.
— On sait l'émotion qu'a soulevée dans beaucoup de cercles fran-
çais la Letlre aux Dalmales de Gabriele d'Annunzio et ce qu'on y
croyait voir d'injurieux et d'outrageant pour la France. Peut-être
avait-on trop oublié que l'illustre écrivain est un poète et à ce litre
d'une sensibilité qui va jusqu'à la passion : rjenus irritabile vatum.
Dans les yli'6'ux de l'ingrat (Paris, Bernard Grasset, 1919, in-lG de
95 p.), d'Annunzio, sans rien renier de ce qu'il a écrit, mais en en
précisant le sens, en rappelant comment les incidents de la Dalmatie.
qu'il regarde avec tant de ses compatriotes comme une terre ita-
lierme, ont exaspéré son âme de patriote, redit son amour pour hi
France. <( tout son amour d'hier, moindre que celui de demain. Vive
la France toujours et quand môme, de loin comme de près ! » Et il y
a dans ces pages ardentes, dans cet a[)pel à l'union inlihie, frateriiello
delà France et de l'Italie, quelque chose d'infiniment louchant cl
([ui réconciliera le poète avec beaucoup de ceux que son attitude mal
interprétée avait violemment émus.
M. John Uggla, membre de la Commission permanente des lois
de Finlande, nous expose la Question d'Aland, au point de vue iiidan-
dais (Ilelsingfois, impr. Ilolger Schildl, 191!». in-8 de 41 p., avec
carte). Par la géographie, par l'histoire, par hi discussion dos préten
tions suédoises, M. Lggla s'efforce de démontrer que le grbupe d'îles
fait partie intégrante de la Finlande. Et quant à l'agitation séparatiste
{{ui s'est développée en Aland depuis la fin de 1917, l'auteur y voit
un mouvement partiel, et non général, provo([ué par un état de choses
— 265 —
passager, sans foncicmonl ri'ol. — De son côté, .M. M. fi. Scliybergson,
professeur d'histoire à l'Universitr (i'FIelsingfors, éliidie la Posilion
d' Aland pcndanl t'àgc /</,s/o/7V/ut' f Helsiiigfors, iriipr. Holger Scliiliit,
1019, in-8 de 20 p.), cl si la pauvreté des documents ne permet pas
(II) faire la pleine clarté sur répoipie primitive, il n'en semble pas
moins ressortir de l'étude de M. Schybergson que les îles, depuis une
l'poque fort ancienne, ont été rattachées à la Finlande. La mauvaise
humeur des Alandais, qui a fait naître chez eux des tendances sépa-
tatistes, provient surtout, selon l'auteur, des maladresses et de la
réserve du nouveau gouvernement finlandais.
— Né à Plaisance en décembre 1895, sorti en novembre 1915 sous-
licutenant de l'Ecole militaire de Modène, Cesare-Giulio Grandi
apporta toute la fougue de ses vingt ans, toute la générosité de son
patriotisme à la défense de l'Italie et il tomba glorieusement le
2;{ septembre 1916 en entraînant ses troupes à l'assaut. L'affection
pieuse de ses parents nous donne dans un petit volume qu'orne son
portrait : L'Anima di un valoroso (Piacenza. Bosi, 1919, in-16 de
101 p.), quelques extraits de son journal et de ses lettres, auxquels
on a joint des pages prises dans un volume de M. Giovanni (juzzardL
dont nous avons parlé ici et des lettres de ses supérieurs et de ses
camarades. Dans ces lettres inliuics et dans son journal, le jeune
sous-lieutenant ne donne que peu de renseignements sur la guerre et
même sur la vie de campagne.
^ — La plaquette de M. Jean Vital intitulée : Les Curés « sac au dos. »
Oui ou non, yen a-l-il? Propos d'u/i coniballanl (Paris, Édition de
(( l'Ame française », s. d. rl919), in-32dc 31 p. Prix : 0 fr. 40), répond
par des documents irréfutables aux calomnies que l'on sait. Les faits
les plus certains y sont exposés avec une verve fière qui entraîne le
lecteur et force la coif\ iction la plus hésitante. Ce sont des pages à
propager.
— Le capitaine G. Flutet a, sous le titre : Le Pécule des Poilus de la
Grande Guerre (Paris, Charles-Lavauzelle. 1919, in-12 de 44 p.),
publié un guide pratique sur l'application de la loi du 31 mars 1917
On sait que cette loi a fait bénéficier les combattants d'une haute paye
de guerre attribuée aux mobilisés qui sont sous les drapeaux depuis
un temps supérieur à la durée légale du service militaire et d'une
indemnité spéciale dite de « combat. » La moitié de ces primes et
hautes payes est consacrée à la constitution d'un pécule à payer aux
intéressés à leur retour dans leurs foyers. Une loi du 9 avril 1918 a
élevé le taux de lindemnilé de combat et a précisé les droits des
, familles. Des décrets sont intervenus en 1919 pour régler l'applica-
tion de ces lois, mais les questions nées de la publication de ces
décrets et des instructions ministérielles sont fort complexes, les cas
— 26(J —
])arliculieis sont nombreux cl le guide, les expliquant, indiquant les
lormalilés à leniplir par les démobilisés ])our faire valoir leurs
droits, est appelé à rendre d'utiles services.
— Qu'il écrive ou qu'il prenne la parole en public, M. Andié Lebon
ne mancpie jamais d'exprimer des idées qui sont justes et d'une réa-
lisation pratique. Comme tout le monde ne peut pas entendre ses
discours, il faut souhaiter une large diffusion à des brochures comme
celle des Condiiioiis économiques de la paix qui reproduit une confé-
rence faite le 13 décembre dernier à la Ligue française (Paris, impr.
Pigelet, 1019, in-8 de 16 p.). La Conférence de la paix ne saurait
mieux faire (jue de s'inspirer de ses suggestions, car, si elles étaient
suivies, la France serait assurée, d'une leconstitution économique
prompte et complète, (pii lui est bien due, apiès de si lourdes
épreuves subies pour la cause commune.
— Prussiens des Balkans : c'est ainsi que. j)endaiit la })ériode delà
guerre qui leur fut favorable, aimaient à se qualihcr les sujets du
Cobourg de Sofia. De fait, ils ont mérité ce litre, surtout dans le sens
péjoratif. Peut-être même, si possible, les atrocités qu'ils ont accom-
plies ont dépassé celles par lesquelles leurs modèles se sont à jamais
déshonorés. Aussi l'ignomonie qui s'attachera dans l'histoire au nom
bulgare durera-t-elle aussi longtemps qu'il existera une Bulgarie. Cha-
cun le sait déjà ; mais quand on aura pris connaissance du Hcquisi-
toire contre la Bulgarie (Vans, Grasset, 1919, petit in-18 de 04 p. Prix :
1 fr.), que publient en collaboration M. R.-A. Reiss, professeur à
l'Université de Lausanne, et M. A. Bonnassieux, substitut du procu-
reur de la République à Lyon, on sera mieux fixéencore. M. Reiss, de
nationalité suisse, neutre par conséquent, a voulu, comme (( ciiam-
pion du droit », accompagner l'armée serbe pendant l'ofTensive vic-
torieuse de 19 IS, « afin de constater, et de rtlever les traces encore
fraîciies des crimes sans nombie commis par les Bulgares cl de
recueillir les premières plaintes des victimes » : quant à M. Bonnas-
sieux, il a été « désigné par le gouvernement français pour faire par-
tie, à titre de délégué français, d'une commission interalliée chaigée
d'eiKpiôter sur les \iolations du dioit des gens commises par les Bul-
gaics en 8(Mbie. » Et ces deux juges se sont entendus, après un
exjxisé comjjlel. pour deniander que « les crimes soient jtunis et les
bourieaux frappés comme ils le méritent. » S il en de\ail être aulre-
ment, déclarent-ils linalemeiit, « il ne nous resterait plus qu'à brûler
noscodes pénaux, car nous n'aurions plus le droit dechàlier ni le plus
petit voleur ni le plus grand assassin. »
Les EstampÎes, images Er affiches de la cueure./ — îSous ce titre
même cl la signature de M. Clément-Janin, vient de paraître, tiré sur
paj)ier de luxe, un ouvrage du plus grand intérêt (Paris, « Gazette des
— 267 —
heaiix-ails d, 106, boulevard Saiiit-(iormaiii », Vl", 1919, gr. in-8 de
\i-9li p., avec 4i illiislralions el 0 plunclies hors tcxle. Prix : 12 fr.).
I, ItUrodiiclioii débute ainsi : u 'ioules les fois que rémolion popii-
laire a été surexciléc, l'ait a jailli plus iuipélueusemenl. Non pas
1 art dans sa formule la plus liante, mais l'art dans sa formule la plus
ji(i[)ulaire : limage. » l\ien n'est plus vrai, u A l'iicurc présente, cons-
lile l'aulcur, les estampes suscitées par la guerre, sorties d'un dessin
lie journal (il y en a beaucoup) ou entièreujent originalesfil n'yena pas
moins) ferment, gravures, alliches, programmes, diplômes, albums,
imagerie, un total de plus de huit mille pièces ! Jamais tel chiffre ne
lut atteint dans un temps si court. C'est tout un monde à part qui ré-
lame une étude à paît. » — Nos lecteurs se souviennent (juele Poly-
ihlion, dans les premiers temps de la guerre, a examiné un nombre
important de ces productions ; mais, en présence de la marée mon-
tante des images de toutes sortes (cartes postales comprises) il a «lu
s'arrêter, faute de place, car le livre, lui aussi; tendait, sur l'angois-
sant sujet, à devenir envahissant. — « Il faut, continue M. Clément-
Janin, pieusement recueillir ces images de la guerre : elles sont des
témoins de moralilé. Leur étude s'imposera à l'historien frappé de
leur utilité merveilleuse... L'union sacrée ne fut pas un vain mot.
Toutes lès volontés furent dressées contre l'envahisseur, contre lui
seul, soit que l'on montrât ses dévastations et ses crimes, soit que
l'on décrivît nos permissionnaires pittoresques, nos infirmières tou-
chantes, nos « poilus 1) intrépides, nos généraux, nos homjnes d'État,
nos alliés. Tout servit à la même fin. » L'auteur a divisé son travail
en quatre sections d importance inégale : I. Les Estampes (p. 1-44) ;
H. Les Images (p. 43-54); lll. Les Affiches (p. 55-72); IV. Appendice
(p. 73-84). L'ensemble, pour plus de clarté, a été groupé comme suit :
« Ici, les aclaalisk'S, (pii sont, avant tous autres, les journalistes du
crayon ; là, les documenlaires, voisifiant avec Xcs paysagistes, qui évo-
((uent les lieux, les portraitistes, les peintres de batailles, les al^go-
risles, qui échappent à toute classification, les imagiers, variété sinon
nouvelle, du moins renouvelée, enfin les artiste's de l'estampe murale :
lesafjichistes. » Sans doute, M.Clément-Janin a voulu faire surtout une
œuvredocumentaireoù lestravailleursetlesamateurs pourront trouver
d'utilesindications;ce but principal ne l'a pas empêché — il s'en faut! —
de donner un livre attachant et très vivant, malgré l'apparente ari-
dité du sujet. Outre les reproductions dont le texte est enrichi, on re-
marquera, parmi lés six planches hors texte, deux eaux-fortes origi-
nales : Les Évacués, par M. Louis Jou et Cantonnement à Bras
{Meuse), par M. Renefer. Les recherches sont grandement facilitées
par une Table des noms cités, qui ne compte pas moins de 5 pages à
<leux colonnes et dune Table des gravures. \ isenot.
— 268 —
POÉSIE. — THEATRE
Poésie. — Poèmes relatifs a. ia guerre. — 1. Avant et pendant la Grande Guerre.
Les Voix profondes, par Emmanuel Vitte. 2« éd. PariK, Plon-Nourrit, 1917, in-16
de 284 p.. 3 fr. 50. — 2. Croix de guerre et Croix Houge, par He>ri Curé. Lyon-
Paris, Ville, li)l7, in-16 de 303 p.. avec grav., 3 fr. 75. — 3. La Cltnnson du Poilu,
par Albert Fi.ory. Paris, Jouve, 1917, in-18 de 32 p. — 4. Les Chevauchées, par
Clalde Ha:vin. Paris, Figuièro, 1917, in-18 de 216 p.. 3 fr. 50. — 5. Dans les
tranchées crayeuses L'Attente prolongée (1916-1917), par Philippe Lecasble. Paris,
Jouve, petit iu-16 de 137 p., 2 fr. 50. — 6. Chants épiques, par I'ierre-^Xavieu
Mateur. Paris, Jouve, 1917, in-16 de 120 p., 2 fr. — 1. A la France, par Pai i.
RouGiER. 2" éd. l'aris, Pcrrin, 1918, in-16 de 15 p.. 0 fr. 50. — 8. L'Ame fran-
çaise, par J. Vassivu-re. l'aris, Lemerre, 1918, in-8 carré de 15 p., 2 fr. — 9. "Les
Voix de la Patrie {t01't-i9t7), par Jacques Feschotte. Paris, Stock, 1918, in-12 de
x-t72 p., 3 fr. — 10. Ainsi chantait Thyl, par Maliuce Galchez. Paris, Crès, 1918,
in-18 de 244 p., 3 fr. 50. — 11. La France éternelle, par Pierre de Boichaid.
Paris, Grasset, 1918, in-r2 de 102 p., 2 fr. 50. — 12. La Terre pourpre, par Étienke
Levrat. Toulouse, Pri\'at, 1918. in-16 de 65 p. — 13. Une Voix dans la mêlée, par
Fb.\nçois-Lohs Bertrand. Paris, Henri Didier, 1918, in-18 de vn-157 p.. 4 fr. 50.
— 14. Visions de la guerre. Au Pays des marmites. L'Arrière, par Paul Costel.
Paris, Figiiière, 1918, iii-16 de 100 p., 4 fr. — 15. Chants d'aniour et clianls de
guerre. Souvenirs d'un scmilairc au Front, par le D' Victor Colhdolx. Paris, de
lioccard, 1918, in-16 de 134 p. — 16. Amour et Guerre, par Sizanbe Fulrnier.
Pari.s, Figuière, 1918, in-18 de 215 p., 4 fr. — 1'. Chants d'un colonial, par I.a
NoMiA. Paris, Jouve, 1918, in-12 de 112 p., 1 fr. 50. — 18. Guillaume Gucu.r.
Impressions sur la guerre, par Auguste Prieur. Paris, Jouve, 1918, iii-16 de 64 p.,
1 fr. — 19. La Lyre d'airain du vieux barde. Poèmes patriotiques et stances sur les
peuples engagés dans la guerre mondiale, par EuGÈ^■E Révkillaud. Paris et Nancy,
Berger-Levraiilt. 1918, in-12 de xv-210 p., 3 fr. 50. — 20. Les Cordes d'acier {I9l'i-
1918), par Louis Halleux. Gand, Vandcrpoorten, 1919, in-16 de 224 p. — 21. Là-
Ilaut, par Jean Rieux. Paris, Figuière, 1918, in-16 de 102 p., 3 fr. 50. — 22.
L'Homme et la Brute, i)ar Albert Lafaugue. Paris. Figuière, s. d., in-12 de 280 [>.,
3 fr. 50. — 23. La Meuse, par He.>ri Dacremont. Paris, Figuière, s. d. (1918),
in-18 de 80 [>., 3 fr. — 24. Voix entendues au champ de balaille, pan René du Laz.
Paris, Figuière, s. d. (1918), in-18 de 64 p.
PofniES DIVERS. — 25. Les Horizons noirs. Les Beaux Dimanches. Fêtes, par Paul Cos-
tel. Paris, Figuière, 1915, in-18 de 103 p., 2 fr. 50. — 26. La Claire Fontaine de
la vie, par Edouard Schikfmaciier. Paris, Bibliollièque de PFcole de l'aiialogic
universelle, 1917, iii-12 de x-S7 p., 2 fr. — 27. En majeur et en mineur, par (]i.audb
DunosQ. Paris, Figuière, 1917, in-18 carré de 149 [)., 3 fr. 50. 28. Musiques
éparscs, par le même. Même éditeur, s. d. (1918). in-8 carré de 144 p., 3 fr. 50.
— 29. Les Buccins d'or (chanls d'avant l'aube), par Jean Garrèue. Paris, Perrin,
1918, in-16 de 11-8O p., 2 fr. — 30. La Statue sans visage, par Roger Gaillard;
Pari.*, Figuière, 1918, in-12 de 224 p., 3 fr. 50. — 31. Poèmes. Sous les yeu.r de
la mort. La Source et le Ciel, par Georges Audibert. Paris, Crès, 1918, in-18 carré
de IX- 129 p., 3 fr. 50. — 32. Au Bythnw du cœur, par .Xntomte Choli.ier. Paris,
Jouve, 1918, in-12 de 163 p., 3 fr. 50. — 33. L'Araignade, par Pierre Coutras.
Paris, éd. de la lievue des indépendants, 1918, in-12 de 47 |)., 1 fr. 50. — 34. L'An-
goisrie éternelle, par André iMAiLi.Er. Paris, Jouve, 1918, in 12 de 157 p., 4 fr. —
35. Préludes, par Danvl-IIelm Paris, Grasset, 1918, in-18 de xx 299 p., 3 fr. 50.
— 36. Dans les ruines d'.impurias, par .■Andrée Bruguièrb de Gorgot. Paris, Seii-
garad, 1918, in-8 carré de 1 17 p., 5 fr. — 37. La Folle du logis, par L. Guillet. Parus,
Figuière, 1919, in-16 de 195 p., 3 fr. '60. — 38. Les Calmes Brises, par René Phks-
lkfost. Paris, Desclée, de Brouwer, 1919, in-8 carré de 100 p. — ^ 39. I^'lmpos-
sible Béve, \t;ir Kmma Pei.i.ehin et Joseph Roilkky. l'aris, Figuière, s. d. (1918),
in-18 de 171 p., 3 fr. 50. — 40. Destinée):, par Augiste (!Al.^;^B. Paris, Jouve, s. d.,
iii-16 de 282 p., avec portrait, 3 fr. 50. — 41. Péchés de jeuues.ie, par Gabriel
P:si>ai.lac. l'aris, Jouxe. s. d. (1918), iii-12 do 177 p.. 3 fr. 50. — 42. Brumes et
roseaux, par Jacques Lefebvrb. Paris, Figuière, s. d. (1918), in-18 de 62 p ,
— 2(i9 —
(
2 fr. 50. — 43. Canlilènes et pensers. par Heik Presi.efout. Gand. SiOtr, s. d ,
in 10 carré de 145 p — 44 /.«* Dit de sninU Odile. i)ar .A. P. G.vrnieh. l'ari.s. (Jar-
nicr, l'JIO, in 18 de 87 p., 2 fr.
Théathe. — 1. Poèmes du temps de ijnerre, par Oi.ivieh de Uol(;é. Paris. Grasset.
l'.)17, in-i8 de 181 p , 3 fr. 50 — 2. Pour l'Alsare, par Mauhice Bot <;non. Pari».,
Kiscliljaclier, 1!)I8, in-l2 de 51 p. — 3. Attila, par .Urm h Sambon. Paris, l>lon-
Noiirrit. 1918. in 8 de 95 p., 2 fr. 50. - 4. Hélène enchaînée, par M*iir;tEitiTE
CoMiiEs. Paris, Plon-Nourrit. s d , in-10 de xn-TG p.. 2 fr. — 5. Lueurs et reflets
de la guerre. i>ar Gaston SonBKTS. Paris, l'Édition française illustrée, s. d., in-lC
de :ilO p., 3 fr. 5i). — 6. Les Kiines sanijlantes, suivies de Terre d'Abace. par
E.-IlEMU Verdier. Paris. Figiiière, s. d.(l9IS). in-18 de IfiO p., 4 fr. 50. —7. Le
Trafique quotidien, par le P. Lolis Pëhuoy Paris. Letliiilleux, s. d. (1918). in-12
de 393 p., 4 fr. — 8. Le Rayon, par .M"* Démians d'Arcjiimiiaud. Lyon-Paris, Vilte.
s. d., in-12 de 80 p., 1 fr. 50. — 9. Les Perses de l'Occident, par Sorinis Smcis
(trad. du néo-grec par rauteur et Philéas LEnESCLE). Paris, Figuièrc. 1917, in-12
de 133 p., 3 fr. — 10. Le Mystère de lu chair et du sang, évangile en cinq actes
en vers, par .\rmand Bahtiie. Paris, Jotivc, 1919, in 12 de 190 p.. 4 fr. 50.
Poésie. — Poèmes hel.\tifs a I,.^. glehue. — 1. — M. Emmanuel
Yitte ouvre son sympathique recueil par une déclaration bien
humble :
0 leclenr bénévole, en ce modeste livre
Où ma muse voulait dignement célébrer
Les rêves de beauté dont mon âme s'enivre.
Tu ne trouveras rien qui se puii^se admirer.
Le lecteur sera certainement d'un avis difTérent quand il aura
écouté les ]'oix des choses, les Voix du cœur et de l'âme et les l'o/x
tragiques, toutes ces Voix profondes, évoquées par le poète, et qui
chantent tour à tour les joies de la famille et du foyer et les grandes
émotions patriotiques de la guerre.
2. — Du même terroir lyonnais nous arrive un trèsxurieux ou-
vrage : Croix de guerre et Croix Rouge, livre doublement ecclésias-
tique, puisqu'il a pour auteur M. Henri Curé, archiprêtre de Saint-
Philibert-de-ïournus. Ce volume ofire ceci de particulier que le verso
de toutes les pages est occupé, à peu près, par des « Sonnets d'hôpi-
tal » de M. l'archiprêtre Curé, et le recto par des citations judicieuse-
ment extraites des œuvres d'une foule d'hommes célèbres, de
M. Wilson à Alfred de Tarde, voire de feuilles publiques comme le
Pelil Parisien ou la Semaine religieusf de Bourges A travers tout cela,
de jolies illustrations de l'abbaye célèbre de Saint-Pliilibert-de-Tour-
nus et d'émouvants récits de guerre. De cette manière, même ceux
qui n'aimeraient pas les vers, trouveraient à glaner abondamment
dans ce livre très varié.
3 à 6. — Moins originaux, la Chanson du Poilu, où M. Albert
Flory, qui adresse de jolies stances à M"" de Séxigué, refait inutile-
ment le chapitre célèbre de Hugo sur Cambronne ; les Chevauchées,
poèmes d'un soldat, où M. Claude Hanin nous présente (p. 77) un
étrange Louis XIII. ivrogne et libidineux ; Da/is les tranchées
crayeuses, où M. Philippe Lecasble a groupé quelques poèmes qui ne
— 270 —
réclamaient pas impérieusement la publicité; elles Chanls épiques,
où M. Piorre-Xav.ier Maycur a suivi de l)eaucoup plus près les procédés
de Victor Hugo que les événements de la guerre, témoignent cepen-
dant de qualités plus personnelles.
7, 8. — Et nous voici en présence d'un procès littéraire : au con-
cours de poésie de l'Académie française, en 11J17, M. Paul Rougiei,
professeur au Conservatoire de Lyon, a obtenu un prix de 3000 fr..
avec une pièce intitulée : A la France, tandis que M. J. Vassivière,
avec son ode grandiloquente : L'Ame française, n'obtenait rien du
tout. M. Vassivière n'est pas content. A la vérité, on se demande si
le récit en vers de M. Rougier, ([ui s'orne d'iine allégorie extraordi-
naire, la Frontière de France, et qui est quelque peu bousculé par
une syntaxe imprévue et des images déconcertantes, méritait pleine-
ment l'honneur qu'on lui a fait : mais ceci ne prouve pas du tout que
M. Vassivière. qui rn'a lair de compter ses pieds sur ses doigts (les
pieds de ses vers, évidemment), eût dû être couronné à sa place.
9. — Enfin, voici un poète, un vrai : M. Jacques Feschotte, dont
c'est, je crois bien la première œuvre, nous fait entendre les Voix de
la Pairie, en des vers extièmement variés, qui vont de l'alexandrin
vigoureux et souple de ^ iclor Hugo au vers libre fluide et musical
d'Henri de Régnier. Ces « vr)ix de lo Patrie », ce sont d'abord celles
de nos morts de la Grande Guerre, puis les voix de nos pierres histo-
riques, puis les voix de notre terre, et enfin la voix de la grande
France idéaliste. afTirmant, malgté les horribles crimes des liociie^.
que l'humanité retrouvera la route de justice et de fraternité. Lais-
sons décote une fantaisie moitié lyrique, moitié dramatique, (pii fait
intervenir bien inutilement, à la iiu du vohime, l'F^spagne île Don
Quichotte et de Sancho Pan(;a ; laissons aussi (pielques exagérations,
quelques fioritures à la Rostand : il restera encore assez de très beau
dans ce livre, avec les Ombres </lorien>:es. magnifique évocation de la
camjîagne d'Orient. Plei/t ciel (juanil même, où les criminels exploits
des gotlias sont vigoureusement stigmatisés, et surtout les huis
poèmes consacrés aux cathédrales : Soissons, Noyon, Reims. M. Ed-
mond Haraucourt ne s'y est pas trompé, et, dans la magistrale pri'-
face qu'il a écrite pour les Voi.r de la Pairie, il insiste tout particuliè-
rement sur Reims, auquel il consacre des pages admirables. Les vers
de M. Feschotte méritaient bien ce prélude, ils n'en j)aiaissent que
plus nobles et j)lus purs.
10. — .Avec M. Maurice (iauchcz. et son volume : Ainsi chanlail
Thyl, nous descendons à un niveau inférieur. .Non point que
M. Gauchez manque de talent. Il déiive de Verhaeren. son compa-
triote, dont il a la puissance. a\<'c moins de soufile |)eut-ètre, mais
plus de mesure et d'é(iuilibre. Mais il est loin d'avoir la fraîcheur
4
— 271 —
d'àriio, la haiileiir de seiilirripnts de M. Fescholtc*. II butte fr<'T{iiem-
metil à des prosaïsmes regrettables :
Les chovaiix. les miilels, les pigeons ol les chiens
Font la gi\ciT<; à la ^iierri; et la l'ont vraiment bien (p. .'i'.l).
'D'autres fois, c'est pbis fâcheux encore. I.e souvenir des Flamandes
de son maître le banle au point cpie toute une partie do son livre,
Ftamboienit'fils d'clreinles {?), est à peu près illisible, et une pièce au
moiris, hu-esses J'allacieiiscs, impardonnable. C'est vraiment dom-
mage, car ce Thyl, où vibre la voix des Flandres, chante de beaux
rythmes.
II. — M. Pierre de Bouciiaud est beaucoup plus correct. Il a cofi-
sacré à In France éternelle un recueil, qui a dû lui coûter bien des
efTorts, car son ame mélodieuse et rêveuse de poète a dû se faire vio-
lence pour contempler et traduite, comme il l'a fait, toutes le^ lK>r-
reurs dé la guerre. Cela se devine un peu trop.
1:2. — De même pour M. Etienne Levrat, un bon poète régiona-
liste, qui, dans la Terre pourpre, ne se retrouve pleinement que dans
les pièces d'inspiration terrienne et familiale. Il est comme cela d'ex-
cellents écrivains que les émotions de la guerre ont violemment sollici-
tés, mais qui ne donneront leur {)leine mesure que lorstpi'ils retrou-
\eront les sources éternelles de la foi. de la tradition, de l'amour, du
I)ays natal.
13 à 18. — Il faut en espérer de même, à des degrés divers, de
M. François-Louis Bertrand, dont les « poèmes de la guerre », Une
Voix dans la mêlée, souffrent encore trop de vulgarités ; de M. Paul
Costel, qui, dans ses ]isions de la r/iierre, que ce soit Au Pays des
marmites ou bien à l'Arrière, s'abandonne à ime sorte de style futu-
riste ; de M. le docteur Victor Courdoux, qui a eu le tort de croire
que des pièces de circonstance, fort applaudies dans les popotes,
pouvaient composer un recueil ; de M"^ Suzanne Fournier, que
M. Paul .Adam déclare u légale de poètes estimés », mais dont le
volume. Amour et Guerre, nous prouverait que M. Paul Adam est un
terrible pince-sans-rire ; du mystérieux La Nomia, dont les Chants
d'un colonial essaient péniblement d'évoquer l'ombre du bon François
Coppée ; enfin de M. Auguste Prieur, qui appelle Guillaume 11 Guil-
laume Gueux, et nous rend parfois dans ses Impressions de guerre
l'écho affaibli de Déroulède.
19. — On n'a pas de souhaits à adresser à M. Eugène Réveillaud,
dont l'orientation est irrévocable. Dans ses Poèmes patriotiques, où,
bien à tort, il se proclame classique, on sent à chaque vers, à chaque
pensée, l'influence absorbante de Victor Hugo. Dans sa Préface, il
nous dit :
J"embiasse les curés en chantant : ca ira !
— 272 —
mais, en réalité, il ne les aime guère, et leur préfère le maître d'école
ou le « (ioclcur » huguenot (p. 18). Il célèbre Garibaldi, hait les rois,
excursion lie à Palhmos, et cultive les rejets amusants :
Depuis dix-neuf cents ans, iTiglise a pour réponse
\u mensonge de l'un : « Jésus est mort sous Ponce
Pilato....
Ce quil y a de plus curieux dans ce livre, c'est le nombre des dédi-
caces. M. Ucveillaud a beaucoup d'amis, et comme son volume ne
contient que 46 pièces, il est obligé de les dédier quand même à
10G personnes : ce qui fait, si je compte bien, que chacune d'elles n'a
que 0,444 de pièce. C'est un peu court, quand on s'appelle M. Ray-
mond Poincaré....
20. — M. Louis Halleux (que nous retrouverons plus loin sous son
pseudonyme de RenéTreslefont) est un conseiller à la cour de Gand,
auquel l'étude des lois a donné une inspiration poétique plus grave,
plus forte, plus mâle. Ce sera peut-être sa caractéristique. En tout
cas, son livre : Les Cordes d'acier, où nous trouvons la Belgique en
guerre, est soutenu par une puissante indignation contre les légistes
et les soudards d'Outre-Hhin, par des sentiments traditionalistes et
chrétiens d'une belle sincérité. Malgré le défaut de place, je ne puis
me tenir de citer la lin duii sonnet intitulé : L'Ame, où Ihéroïsme
patriotique dessille les yeux d'un déterministe invétéré :
L'héroïsme sacré lui révèle son àrac.
Et, debout pour mourir, si la mort le réclame,
A l'émoi de son cœur il sent sa liberté.
Par sa hauteur d'àme. son habile maîtrise qui se joue des rythmes
les plus variés, par son art volontaire et appliqué comme par ses
fortes pensées, M. Louis llalleux est un poète qui fait honneur à la
Belgique.
21. — Pourquoi ne puis-je en dire autant de M. Jean Rieux, pour
notre Languedoc ? Certes, son petit volume intitulé : Là-llaiil est
l'un des plus sincères, des plus exacts, des plus saisissants (pie l'on
ait composés sur la guerre. L'auteur nous dit qu'il l'a écrit dans les tran-
chées de Quennevières, de l'Yser, d'Arras, et clans les cantonnements
de Champagne, de l'Aisne et de Lorraine. Je n'en doute pas un seul
instant. Le poète a vu, et il a su nous faire voir. C'est très renia rcpia-
ble. Mais pourquoi M.Jean Rieux mêle-t-il à tout cela trinuliles cru-
dités de caserne et de grossières insultes au Souverain PtMitife. que
son homonyme, le maire socialiste de Toulouse, hésilerailà signer ?
22. — Beaucoup j)lus nioiiéré, loul au nioiiis dans la loiinc,
M. Albert Lafargue nous doiuie dans l'Ilonuiie el la lirule (titre fiu-t
bien choisi) un énorme poème, couru selon la formule de Sully-
l'i udhoniiiie. Il \ a dans ces G. 000 \ers beaucou]! de bonnes clio>rs.
27:{ —
qi]tl«|iit - idros et ifujuahlrs. des riifurs do f;iil, (•[. ('.itiÉleiiicnt, dans
ijfif! œu\io d'uiio parcilln amploiir. bcaiiC()ii|) de bavures. Les [)i('ces
de ce recueil, qui suit tous les friands évéïicmeiils de la gueire. ne
soiil pas foilenietil composées ; il semble (pTclles pourraient se pour-
suis re indéfinimeut. La facilité d'amplifit alioii ne doit pas être con-
fondue avec l'inspiration.
2'.\ à -25. — On peut faire la même remarque à propos de la Meuse,
où M. Henri Dacremont, sous le patronage de M. Jean Aicard, fait
chanter par une alouette la fjloire des héros de Verdun sur l'air de
(ladot-l^jusselle, on encore sur l'aie du P'iil Grégoire, des choses dans
ce goût :
N'ôcoiile pas, petit rat.
N'écoule pas ça...
l\ propos des Voix cnlendues au champ de halaille. où .M. Kené du
Laz. sous le patronage d'Edmond Uostand. multiplie des bizarreries
toilement fortes qu il faut sans doute en accuser le typographe ; à
])ioi)Os des Horizons noirs, des Beaux Dimanches et des Fêles, où
M Paul Costel rivalise avec le précédent.
l'oÈMES DIVERS. — 26. — Faisous halte auprès de la Claire Fontaine
de la vie, où M. Edouard Schiffmacher «encore un disciple de Sully-
l'rndhomme), célèbre, en des vers sobreset purs, les grands mystères
(le l'Incarnation et de la virginité de Marie Comme le résume
M. Henri Joly dans une belle Préface, llncarnation, dans le poème
de M. Schiffmacher, n'apparaît pas comme un simple moment de
l'histoire du monde : a c'est un fait éternel ; ce n'est ai une abstrac-
tion ni un pur symbole, c'est la réalité fondamentale, c'est le point
central de l'action, où toutes les énergies constitutives du cosmos et
des sociétés humaines ont préparé la chair à laquelle le Verbe s'est
utii. A cette Incarnation est unie aussi la Mère du Sauveur : en elle
est la claire fontaine de la Vie et de la vie universelle ; car la pureté
de la Vierge par excellence était déjà, est encore, sera toujours repré-
sentée dans ce que la vie du monde nous offre de vaillance et de ten-
dresse, d'esprit de sacrifice et d'esprit d'amour » Ces quelques lignes
d'analyse montrent quelle est la hauteur de ce poème métaphysique,
qu'il serait vain de recommander aux esprits futiles.
27, 28. — Beaucoup moins haut est M. Claude Dubosq. Lorsqu'il
aborde. En majeur et en mineur, les sujets religieux, il est tout de
suite embarrassé, et, en général, ce premier volume est assez enfan-
tin ; cependant l'auteur a le goût de la poésie et de l'art, et déjà son
second volume : Musiques éparses. est en sérieux progrès Son Do-
mine, non sum dignus le montre nettement. Que M. Claude Dubosq
laisse de côté les chinoiseries chères à M. de Montesquiou, qu'il
renonce à faire voisiner avec ses poésies mystiques des boutades
Mai-Jlim 1910. ï. CXLV. 18.
— 274 —
pénibles comme Turpitude et Chanson, et il deviendra un bon poète
de la lignée de Verlaine et de Hodenbach.
29. — M. Jean Garrère est déjà, et depuis longtemps, un poète de
premier ordre. Certes, son œuvre est brève et ses Buccins d'or, qui
résument une carrière déjà longue, ne dépassent pas les proportions
d'une pl'quetle ; mais il estime, avec assez de raison, que « le poète
moderne, vivant et agissant parmi les hommes, doit borner son œuvre
à quelques accenis lyriques, joyeux ou douloureux, vraiment jaillis
du fond de lui-même, et condensés, en poèmes essentiels. » A-t-il
vraiment atteint son but? Répondons oui sans hésiter si nous aimons,
comme il se doit, la poésie saine, joyeuse, claire et puissante, ennemie
des décadences et des neurasthénies. Et comme je suis heureux de
tenir là, comme en un lîréviaire, ces beaux vers dont certains, depuis
plus de vingt ans, chantaient dans ma mémoire !
Fuyons le rêve làclie et la tristesse impure !
...Plus (le harpe enjôleuse aux soupirs de sirène.
Ni de lutli éperdu j)leuranl sur les toinijeaux I
I.a strophe est un appel dans la bataille humaine
Et les plus vigoureux sont les chants les plus beaux.
Cela soulage d'entendre de pareils accents, qui prennent parfois
une allure prophétique, lorsque M. Jean Carrère, dans son Hymne des
hirondelles, dit à la France :
.Sois le champ d'aventure où monte à grands coups d'ailes
L'efl'ort de tout un peuple au bien du inonde entier.
Et tu verras, un jour, les libres hirondelles
Porter à l'univers tes rameaiix d'olivier.
Disciple et admirateur de Mistral, de Verdaguer, de Carducci, de
Moiéas, 'M. Jean Carrère est digne de suivre ses maîtres ; il est,
comme eux, un « porteur de flambeau. »
30. — M. Hoger Gaillard, le jeune pensionnaire de la Comédie
Française, n'a pas encore atteint un tel faîte; mais il y vise, et son
livre, la Statue sans visage, pour lequel IM. Maurice Magre a écrit une
jolie Piéface, contient un peu plus que des promesses. Le beati titre,
d'ailleurs ! (( Peut-être longtemps encore, dit M. Magre, la statue n'auia
plus de visage ; les poètes ne verront plus la beauté, ou, du moins, la
beauté ne leur apjiaraîtra plus qu'insultée, souillée, défigurée... »
Gloiie aux artistes qui lui restent fidèles ! M. Roger Gaillard est de
ceux-là ; il n'a pas « brodé sur des thèmes faciles », ni « cherché une
source d'émotion dans l'actualité sanglante », et cependant l'horiible
chose apparjiît à travers s(>s Coinplainles du temps saura(je :
Voici venir les temps maudits
Du sanj;:, de l'ortie et du liel...
l">idemmeiil. tout cela ne va i)as sans quelque artifice ni quelque
exagération ; mais, malgré tout, comme ces poèmes de n)usi(pie et
I
— '^r.^ —
légende sont plus sincères que la toiiilrunnfe rliéloi ifine dont on
abuse lanl aujourd'liiii !
31. — C'est la niênne note, niélaticnlique et nostalgique, qui (k)tnine
dans les Poèmes de M. Georges Audibert, tué à la guerre le 28 sep-
tembre lOlo. dans sa trentième année. Comme elle est impression-
nante cette bantise de la mort «pii obsède certains jeunes poètes,
désignés par le destin ! Nous la retr(»uvioi>s déjà naguère ciiez Olivier
de la Fayette, cbez Pierre Fons, cbez d'autres encore ; mais ici elle
est encore plus pénible, car elle ne s'éclaire d'aucune espéiance. Je ne
sais rien de plus navrant.
32 à 3"). — Passons rapidement sur An Rythme du cœur, volume
inégal et souvent incorrcclde M. Antoine Cliollier; l'Araif/nailt', simple
fumisteiie de M. Pierre Coutras, et l'Ary/oisse éler/ielle. un recueil
bésilant, mi-prose et mi-vers, de M. André Maillet, pour arriver aux
Prélu'lcs, tle Danyl-Helm. Ce qu'il y a tle mieux dans ce recueil, c'est
le titre. M"' Danyl-Helm a beaucoup lu. un peu au hasard :
.rai tout compris, j'ai tout rêvé, j'ai tout aimé,
Courteline et Hostanil, Wagner cl Flerlholot,
Bergson comme Rodin
l'A Monet comme Carpenlier (?)
Aussi a-t-elle écrit un peu de tout, des poèmes apocalyplicpies, des
vers libres, d.es sonnets (pii se croient parnassiens, des petits verstde
circonstance, des soliloques à la Jehan Rictus, des vers sur la guerre,
qui sont naturellement les plus mauvais du livre, et des vers d'amour,
qui. non moins naturellement, sont les meilleurs. Mais, dans tout
cela, rien n'est achevé... Préludes... .\près coup. M'"" Danyl-Helna a
essayé d'en faire un grand ouvrage, dont elle nous fiotuie même Jte
plan ; malheureusement, ce n'est pas avec des Prélude.'i (pie l'on peut
faire une grandiose symphonie, quoi qu'en puisse penser M. Anatole
France, préfacier indulgent et énigmatiquc.
3G. — Plus modérée dans ses ambitions, \P'° Andrée Bruguière fie
Gorgot nous offre Sur les ruines d'Ampurias une série de sonnet*,
conçus d'après Hérédia, et présentés dans une somptueuse édition
ornée d'une traduction en vers catalans de M"' Maiia-Antonia Salvfl,
d'une Préface de M. Josep Carner, d'un élégant frontispice de Dara-
gnès et d'impeccables photographies de M. de Tarde.
37, 38. — Signalons simplement le livre de M. L. Guillet. la Folle
du lofjis. qui se contente de justifier son titre, et saluons un second
recueil de M. Louis Halleux, les Calmes Brises, mais signé, cette fois,
de son pseudonyme, René Preslei'ont. Je voudrais pouvoir m'attarder'
à ces beaux vers qui rappellent l'inspiration de Sully-Prudhomme et
-de Poniairols. Je ne puis que noter la belle sérénité grave de ce recueil,
•que ilépare seulement un badinage de salon (Pax). ■ ;
— 270 —
39. — D'une note bien différente, l'Impossible Rêve, ouvrage écrit
en collaboration par M"" Emma Pellerin et M. Joseph Bollery. Il s'en
dégage un goût de solitude, de tristesse, de pessimisme, qui heureu-
sement paraît déjà périmé. Souhaitons aux auteurs de se libérer de
l'influence de Baudelaire, et de suivre le lumineux chemin qu'ils ont
entrevu déjà dans leur sonnet à la Vierge Marie. Ils le méritent, car
leur recueil, trop encombré de réminiscences, dénote cependant un
vif sentiment de l'art et de la poésie.
40 à 43. • — Citons les Destinées, de M. /Vuguste Galène, chef d'es-
cadron à la Garde républicaine, livre qui ne rappelle que de très loin
les Destinées dun certain officier de gendarmes rouges sous la Restau-
ration, les Péchés de jeunesse de M. Gabriel Espallac (triste ! triste !),
les Brumes et roseaux-àe M. Jacques Lefebvre, un verlainien sympa-
thique, et terminons par le troisième volume de M . René Preslefont
(alias Louis Ilalleux) : Cantilènes et pensers. Ce dernier recueil, moins
homogène que les précédents, contient toutefois une partie extrême-
mcnloriginale, le Poèniej adiciaire. Je crois bien que. sauf le pauvre hère
qui s'&xténua à mettre le code civil en vers, nul n'avait songé à écrire
des poèmes sur l'usufruit, la loi, le pouvoir des magistrats et des
huissiers ; M. le conseiller Ilalleux a senti le tragique, la grandeur de
la procédure et de la basoche, et il les a chantés d'une façon neuve et
saisissante.
44. — A la dernière iieure, me parvient un ouvrage dont je
ne puis renvoyer l'examen au semestre prochain. C'est le Dit de.
sainte Odile, délicieux petit missel d'art, de patriotisme- et de foi,
par lequel M. A. -P. Garnier complète le tryptique si heureusement
commencé par la Geste de Jehanne d'Arc et le Mystère de sainte Gene-
viève. Tiré sur papier vergé pur fil, avec le goût le plus éclairé des
belles éditions, il se divise en trois dizains de sonnets consacrés à la
légende merveilleuse de la sainte patronne de l'Alsace : La Fille de la
Lumière, la Coupe d'amertume et de joie, la Fontaine mystique ; cha-
cun de ces groupes est précédé d'un sixain et l'ensemble est encoie
encadré de deux sonnets cl de deux rondeaux : le premier, u en un
vitrail », où le poète s'anime des plus généreuses ambitions, tout on
se déclarant, beaucoup trop modestement à notre avis, « pa'icn mys-
tique et songeur peu dévot » ; le dernier, où il fait un charmant
aveu, tout plein encore d'humilité :
... Mais, ;i dc'faut île granJ lalcnl. j'ai mis,
Profano aux yeux de la Musc sarne,
Toiitf mon ,'11110 an livre que je crée,
l'-lanl lihrairc.
El voilà pourquoi M. A. -P. Garnier a pleinenient réussi. Une ode-
lette exquise à sa fillette, « Annie aux yeux couleur de miel », achève
— 277 —
(le cloniior lont son cachet dï-niolion conletiue et délicate à ce livre
oppoitiiii. dont nous avions déjà goûté de beaux fragments dans le
Corrcsijo/idaul, et qui touchera tous les cœurs français ; car, ainsi
(jiic le dit le poète :
Ce soir, brille une éloile au ciel clair de l'Alsace.
Il serait à souhaiter que les écrivains qu'inspirent aujourd'hui nos
traditions religieuses et nationales aient tous au même degré que
M. Gariiior le respect de l'art et de la poésie. Rien, en effet, dans ces
poèmes à forme fixe, si habilement et régulièrement groupés, qui
sente Iclfort, la vulgarité, l'outrance, ou tombe dans le prosaïsme ;
mais une suite apaisante et fleurie d'enluminures, où la naïveté ne
tourne jamais à la niaiserie, comme il arrive, hélas ! trop souvent.
Nous revoyons ainsi passer sous jios veux ravis l'enfance de la petite
sainte aveugle, puis guérie par le baptême ; sa vocation céleste :
Les g-iierricrs à l'cntoiir et les letidcs écoutent.
Des chevaux ont henni dans l'herbe, au bord des roules.
Un vol de ramiers blancs passe dans le ciel bleu...
C'est ensuite la vie de la grande abbesse. jusqu'aux jours du déclin,
où.
Simple comme un vieillard, pure comme un enfant,
elle meurt pendant l'olfice.
Et dans la mort s'endort au chant divin des psaumes.
Nul archaïsme de commande en tout cela ; un très fin parfum de
jadis cependant, quelque chose de très français ; et l'on sent que
sainte Odile a exaucé, et dans le sens le plus direct, la prière que lui
adresse son poète :
Inspire-nous, ayant beaucoup aimé tes cieux.
Tes vignes, les coteaux et le sol des aïeux.
l>'amour de la Patrie aux généreuses fièvres.
TnÉ.\TRE. — 1. — ■ J'ai rangé sous cette rubrique plusieurs volumes
lyriques, où le théâtre a sa place par une ou plusieurs œuvres. Ainsi
en est-il des Poèmes du temps de guerre, par M. Olivier de Rougé, où
une sétie de poèmes assez faciles se termine par un drame en un acte
intitulé ta Cave. La violonce et l'invraisemblance n'y manquent pas ;
mais cela produirait certainement un gros effet.
2, 3. — Beaucoup plus anodine, la petite saynète de M. Maurice
Bouchor sur l'Accent alsacien, e.-^t le meilleur morceau de son recueil
Pour l'Alsace, où le conte en prose des Géants est bien dangereux :
on pourrait y retrouver aisément le principe du bolchevisme ; mais,
à tout prendre, cela vaut mieux que les pauvretés de VAltita, de
M. Arthur Sanibon, qui amène aussitôt la rime chère à Boileau.
4. — Hélène encliaînée, de M""' Marguerite Combes, est d'une inspira-
lion plus forte. C'est une sorte de conclusion harmonieuse du Second
— 278 ~
Fa//5/, où apparaissent de saisissantes allusions au drame tilanique
d'aujourd'hui. M. l*aul Adatn loue, comme il convient, l'œuvre et
l'auteur ; avoir pu lire, pénétrer et méditer le Second Faust serait
déjà pour M"" Combes un motif sérieux à nos louanges.
5. — C'est encore une pièce de théâtre, d'un puissant effet drama-
tique, la Saloe, qui est le morceau principal du livre mêlé de prose et
de vers que M. Gaston Sorbets a intitulé : Lueurs et rcjlels de la guerre ;
ce drame en trois actes et en prose a été écrit, paraît-il, avant le
2 août 1914, mais lévéncment la pleinement justifié; en lout cas,
nous souhaitons vivement qu'il soil joué, car il relèverait le niveau si
bas, si bas, de notre théâtre. Quant au reste du vohime, il se divise
en cinq parties très variées. L'auteur fait justement remarquer, d'ail-
leurs (( qu'une constante unité de pensée, une certaine égalité de tenue
relient ces pages entre elles sous une apparente diversité qui peut
avoir pour effet de les préserver de toute monotonie. » On lira donc
avec intérêt les Notes et croquis, très exacts, sans aucune giossièrelé ;
l'Offrande, où toutes les classes s'unissent pour sauver la France ;
Quatre Chants sans musique ; Eaux fortes et pointes sèches, où l'on
remarquera des vues très judicieuses, et enfin Lueurs et reflets, où,
notamment, l'auteur donne ce conseil perspicace à la France luttant
contre le Dragon germanique :
...Puisqu'il faut tuer, que rien ne t'en dispense,
Pour le coup décisif ne ciierclie pas le cœur.
Tu ne trouverais pas... Plus bas I Frappe à la panse !
6. 7. — Les Rimes sanglantes, de M. E. -Henri Yerdier, n'ont pas
cette précision, et sa petite pièce Terre d'Alsace, un acte en vers, dont
un prologue (?), créée à Montpellier le 26 avril l915, manifeste sur-
tout d'excellentes intentions ; je préfère les pièces plus modestes
d'allure que le P. Louis Perroy a groupées dans le livre de mosa'ique
littéraire qu'il a intitulé : Le Tragique quotidien, et qui contient aussi
des pensées, des poésies et une longue nouvelle : De l autre côté du
nuir. Cependant le théâtre y occupe la plus grosse part avec Pastel
effacé, deux actes en prose ; le Tournant, trois actes en prose; et les
Locli Maria, trois actes en vers, sujet déjà traité, sous la même forme,
par- le legretté P. Delaporte, mais que le P. Perroy a adroitement
renouvelé. Maintenant, ces histoires lamentables de Quiberon, est-ce
l'heure de les rappeler ? J'hésite un j)eu. Quoiqu'il en soit, on trouvera
largement à cueillir dans le beau volume du P. Perroy, et nos théâtres
déjeunes gens devront y recourir souvent.
8, 9. — Après avoir mentionné l'adaptation scéni(|ue. (pielquefois
audacieuse, que M"" Démians d'Archinibaud a faite du célèbre /?ayo/i
de M"" Ueynès-Monllaur, arrêtons-nous avec les Perses de l'Occident,
<lr;uneen trois actes de M.Sotiris Skipis, que nous présente une Préface
— 270 —
dp M. Paul Fort. D'origirio épirolc cl ni»*mf alhanaisp, iiiarit'à iiiie Pro-
\ofi(;alc. oiilliousiaslc acliriiraleuc de Moréas, d'Ilfiiri dn Hé^niicr, de
Mi.slial, M. Skipis a entrepris de nous montrer les Allemands chez
enx pendant la ^Mierre, supportant le conlie-conp de nos vicloircs et
sentant venir l'edondrenient, comme le f>iand Kschyle avait moniré
les Perses se lamenlanlde leur dt-laitc. Le jiublic français supporterait
encore dilficilement les Boches sur la scène ; mais bientôt, espérons-
le. ce drame vigoureux OÙ le soiiVenir d'Ibsen rejoint celui des vieux
tragicpies grecs, pourra être joué : il produira certainement une
énorme impression.
10. — OeM. Armand Barihe : Le Mystère de lac/iairel du s(i/i(/« évangile
en cinq actes. » 11 n'est pas malaisé de deviner chez la n leur une ad mi ra-
tion peut-être exagérée pour les dramaturges romantiques, et parlicu-
lièiement pour le dernier de tons, M. p]dmond Rostand : maître un peu
dangereux, (juand on a rand)ilion de portera la scène l'adorable mys-
tère de l'Eucharistie. Mgr Baudrillart a, d'ailleurs, écrit justement à
M. liarthe : « C'était une idée bien hardie que de vous attaquer à
rinslitntion la plus prodigieuse, la plus étonnante pour la raison,
mais aussi la plus sensible aux cœurs aimants, du Maître divin... Il
n'y avait pas là, à première vue, de drame proprement dit. >) En
eflet, r (( évangile » de M. Barthe nest pas un drame ; c'est une série
de tableaux, où paraissent en giande majorité des personnages dilTé-
renls : aux deux premiers actes, deux fiancés, Doëg el Naïs, dont on
saisit assez mal les intentions ; au troisième et au quatrième, la tra-
hison et le désespoir de Judas : au cinquième, Longin qui fait véné-
rer à la foule la robe sans couture teinte du précieux Sang, et Pierre
qui consacre des pains pour la communion des premiers fidèles.
Deux personnages seuls essaient de relier ces épisodes : sainte Marie-
Madeleine et le prêtre juif Aboghar. l'un symbolisant l'Amour et
l'autre la Haine, mais l'œuvre n'en demeure pas moins incohérente
au sens le plus littéral du mot. L'auteur lui-même semble le recon-
naître, en nous avertissant que le quatrième acte peut être supprimé
à la représentation ; ainsi en usait-on, en province, pour Riiy-Blas ou
Marion Delorme, et nul ne s'apercevait de rien ; mais je doute que
l'on puisse pratiquer pareille amputation sur Brilanniciis.
Armand Pk.wiel.
OUVRAGES POUR LA JEUNESSE
1. Pt-re et fils, par Auglste B.\illy. Paris, Berger Levrault, 1918, in-IG de 56 p.,
0 fr. flO. — 2. L'Orphelin, par E. Maynial. Vztis, Ber«rer-Levraiilt, 1018. in-16 de
64 p., 0 fr. 90. — 3. Jeunes Classes, par Pwl Roume. Paris. Berger-Lcvraull, 1918,
in-10 de 00 p., 0 fr. 90. — 4. Lettres sans réponses, par He>riettede Vismes. Paris
Bonne Presse, s. d., in-8 de 118 p., illustré, 2 fr. 50. — o. Le Diadème de cmiaZ, par
Pall Heuzé. Paris, Bonne Presse, s. d., in-8 de 95 p., illustré, 2 fr. — 6. Olivette
— 280 —
el Miguelilo, par Max Colomban. Paris. Bonne Presse, s. d., in-8 de 128 p.. illustré,
2 fr. — l.Des Fleurs sur la roule, par Jean V kzkre. Paris. Bonne Presse, s. d.,
in-8, de Hop., illustré, 2 fr. — 8 La Tour Vu^e. par Georges Thierry. Paris,
Bonne Presse, s. d , in 12 de 341 p., 1 fr. — 9. Les Secrets de Vandeure, par Marie
Le MiiiHE. l'aris. Bonne Presse, s. d., in-12 de 344 p., 1 fr. — 10. AJarquise de
Maulijrand, par M. Maryan. Paris. Gautiir el Langueteau, d918, iii-12 de 318 p.,
3 fr. .^)0. — i\. Une Barrière invisible, par M. Maryan. Paris, Gautier et Lani,'iie-
reau, 1918, in-12 de 321 p., 3 fr. 3(t. — 12. Les IlériUujesde P<7k/«/(vn. parM. Maryan.
Paris, (Jautier et Languenan, 1918, iii-12 de 3(J9 p., 3 fr. 30. — 13. Ln Cité de la
paix, par Jeanne de Coulomb. Paris, Gauliei- el l.anguereaii, 1918, in-12 de 320 p.,
3 fr. 30. — 14. Le Jardin fermé, par Em.maxlel Soy. Paris, Gantier et Languen-aii,
1918. in-12 de 319 p., 3 fr. 30. — ln. Autour d'un nom, par Emmanuel Soy. Paris.
Gautier et Languerean, 1918, in-1'? de 286 p., 3 fr. 30 — 10. La Primenei'je du
lointain donjon, par B. de Buxy. Paris. Gautier et l.anguereaii, 1918, in-12 de
316 p.. 3 fr. 30. — 17. Le Poison, par Adole Farnoh. Paris, Bonne Presse, s. d , in-
12 de 9i> p.. 0 fr. 40. — 18. Heureux les justes, par Mario Donal. Paris, Bonne Presse,
s. d., in 12 de 96 p., 0 fr. 40. - 19. Le Drame d'Orsaizé, par Pierre Gouudon.
Paris. Bonne Presse, s. d., iri-12 de 95 p.. 0 t'r. 40 — 20. Mathias Bernoude, par
Florence O ÎSoll. Paris, Bonne Presse, s. d., inl2 de 95 p., 0 fr. 40. — 21 L'Am-
biance, par Klcien Darville. Paris, Bonne Presse, s. d., in-12 de 96 p., 0 fr. 40.
— 22. L'Intrus, par Boger Dojibre. Paris. Bonne Presse, s. d., in-12 de 95 p..
0 fr. 40. — 23. Rédemptrice, par J.-Paul Bonnet. Paris, Bonne Presse, s. d., in-12
de 80 p., 0 fr. 40. — 2i. Le Martyre d'un curé, par M. Dabaumoret. Paris, Bonne
Presse, s. d., in-12 de 96 p. 0 fr. 40. — 25. Les Petits Neutres, parCLAioE Mancey.
Paris. Lctiiielleux, s. d (1918). in 8 de 191 p. illustre. 2 fr. 50.
1. — Il est difficile de souhaiter une nouvelle de guerre plus émou-
\ante dans sa simplicité que Père et fils, de M. Auguste Bailly. Il
s'agit d'un jeune homme qui, au début des hostilités, s'est soustiait
à son devoir militaire, et dont le père s'engage pour payer à sa place
la dette à la France.
2. — Dans I Orphelin, M. E. Maynial nous oITre trois petits contes
intéressants et bien composés dont les héros sont, pour le premier,
un orphelin de la guerre, pour le deuxième un mutilé et pour le troi-
sième un jeune soldat aveugle.
.S. — Grandgeorges, lehérosdu joli récit de M. Paul Houme, iiililu-
lé : Jeunes Classes, est un jeune soldat qui se rend coupable dunegrave
faute militaire en abandonnant son poste sans permission pour aller
voir sa mère dans un village voisin du Front. Cettefautc. il ne t'aidera
pas à la racheter en se faisant tuer pour sauver son lieutenant.
4. — Les Leïlres sans réponses, auxquelles le livre de ^1""" Ilenridle
de Vismes doit son titre, sont adressées à un officier de réserve en-
voyé au Front. Elles provoquent un intérêt douloureux chez le lecteur
qui sait que le destinataire n'a pas tardé' à y trouver la mort, et que
l'optimisme opiniâtre de sa jeune femme va s'effondrer, d'un mo-
ment à l'autre, devant la cruelle réalilé.
•'). — Le Diadhnc de crisidl. de .M. Paul Ihni/.é, nous tr;ui>porlo à
Venise. Ce roman d'aventures, dont le héros est un jeune artiste ver-
lier, intéressera le lecteur et l'initiera aux mo'urs et coutumes véni-
tiennes du début du xvi« siècle.
— 281 -
(]. — Le volume de M. Max Coloniijaii : OUvelle el Miguelilo con-
li(Mil deux rornaiis qui se déioulenl, l'dti {OUvelle) en Provence, au
ttinps dos croisades, l'autre (Miguelilo) en Espagne, sous le règne
(I Isabelle la Catholique. Les aventures terrifiantes ne manquent dans
aucun d'eux et ne sont pas laites pour déplaire aux jeunes lecteurs.
7. — Des Fleurs sur la route, de M. Jean Vézère, est un recueil de
vingt-neuf récits variés, intéressants et moraux, dont quelques-uns
sont réellement pathétiques.
H. — Un enlèvement et une substitution d'enfant, telle est la donnée
sur laquelle M. Georges Thierry a construit son roman : La Tour-
Vive, écrit dans un excellent esprit. On peut reprocher à cet ouvrage
des longueurs (jui, vers la fin surtout, alourdissent le récit, mais les
pages émouvantes y abondent et ne laisseront pas le lecteur indif-
férent.
U. — Espionnage avant la guerre, trahison à l'ouverture des hosti-
lités, tels sont les Secrets de Vandeure, et l'on ne s'en étonnera pas si
l'on songe que, par suite de la légèreté et de l'aveuglement des
maîtres, le personnel employé dans le château est presque exclusive-
ment allemand. M"' Marie Le Mière a imprimé à son roman un
cachet moral et religieux très marqué.
10. — En se laissant ébhiuir par l'éclat d'un brillant mariage,
M"" Bégard a négligé de prendre sur son futur gendre des renseigne-
ments sérieux et a causé ainsi le malheur de sa fille Pascale ; et
cependant, lorsque le marquis de Maulgrand se sera ruiné et aura
compromis l'honneur de son nom dans une affaire véreuse, elle se
montrera implacable et refusera de recevoir la pauvre femme si elle ne
rompt pas toutes relations avec son mari. Pascale préférera demeurer
fidèle à ses devoirs d'épouse et se mettra au travail pour gagner sa
vie et élever ses enfants. Au milieu des difficultés, des tristesses, des
angoisses et des humiliations, jamais son courage ne faiblira et,
avec l'aide de Dieu, elle mènera à bien la tâche qu'elle a entreprise.
La Marquise de Mauhjrand se recommande par le talent de composi-
tion et l'exactitude dans la peinture des caractères ; il peut compter
parmi les meilleures œuvres de M"° Maryan.
11. — A son lit de mort, M. Xorans a avoué à sa femme qu'acculé
à la luine il avait refait sa fortune par des moyens déshonnêtes et
M'"' iNorans lui a promis de réparer sa faute. Se débarrasser de l'ar-
gent mal acquis et conserver intacte la réputation de son mari, telle
fut la double tâche à laquelle elle se voua On comprend dès lors la
tristesse qui assombrit son existence ; ce qui ne saurait se justifier et
provoque chez le lecteur un malaise qui diminue sa sympathie pour
elle, c'est la froideur persévérante qu'elle témoigne à sa fille Suzie et
qui rend celle-ci très malheureuse. Que dire sinon que dans Une
— 282 -
Barrière invisible, M""' Maryan a tiré d'une donnée anormale le meil-
leur parti possible ?
\2. — Dans Les héritages de Peiidally/t, le môme auteur nous
raconte l'histoire d'un jeune orphelin (jui, à la mort de sa mère, est
recueilli par des parents dans le vieux château breton qui serait le
sien si son frère n'avait pas été déshérité pour s'être marié contre le
gié du chef de famille. Comment un jour apparaîtra un nouveau
testament et quels seront les résultats de cette découverte inattendue,
c'est ce ([lie le lecteur apprendra en lisant ce roman vibrant d'émotion
et animé des sentiments les plus élevés.
13. — C'est un roman cruellement pathétique que la Cité de la
paix, de M"" Jeanne de Coulomb. Que l'on se représente une jeune
femme découvrant, aux premiers jours de la guerre, que le brillant
ingénieur qu'elle a épousé par amour et qui se disait Alsacien, est en
réalité un officier allemand qui, depuis de longues années, traliit la
France ! et ce ne sont encore là que les préliminaires de ses
épreuves !
14. — Des deux fiancées que M. E. Soy a placées dans le Jardin
fermé, l'une perd son futur à la guerre, l'autre se voit abandonnée par
le sien lorsqu'il apprend qu'elle n'a plus à compter sur l'héritage de
sa tante. C'est dire que la note gaie ne domine pas dans ce récit ;
mais il se recommande par beaucoup d'autres qualités que le lecteur
appréciera.
15. — Elevé loin de sa patrie, le héros d'Aulonr d'un nom, du
même auteur, ne retourne aux pays Scandinaves qu'à l'âge d'homme
et lorsque la mort de son frère aîné a fait de lui l'ultime rejeton d'ime
antique maison. Mais les soupçons naissent au sujet de son identité
et un doute cruel pour tous les deux étreint le cœur de son père. Le
lecteur passe par bien des émotions avant de voir s'éclaircir la situa-
tion.
16. — La Primeneige du lointain donjon, de M"" B. de Buxy, est un
roman franc-comtois qui nous présente des tableaux variés, des types
curieux, des scènes émouvantes et parfois douloureuses. La note
religieuse n'y est pas oubliée : loin de là.
17. — En apprenant que son père a commis un vol et un meurtre,
llyacintijc Madin, qui a perdu la fol, se tire un coup de revolver; il
survit néanmoins à sa blessure et revient aux pratiques religieuses de
son enfance. Le roman se termine par son mariage avec une jeune,
personne dont la famille a eu sur lui une heureuse influence. Que les
parents aient passé sur la tentative de suicide en raison de la conver-
sion, nous pouvons à la rigueur le comprendre; nuiis dotmer la
main de leur lillc au fils d'iiii voleur et d'un assassin, c'est ce que
l'on ne saurait admettre. Nous pensons aussi qu'il eut été préférable
— 283 —
d'i-parfirnor an lorleiir la sccnie où, pour sauver la vie d'un inuncodt,
Hyacinthe eléiiotue liii-incine son père à la justice. Ces réserves (ailes,
nous constatons rpie dans le Poison il y a beaucoup de bon et (pie
M. Adole P^unoh (iisli^uî de main de maître les écrivains fjui ne
(laifjnent pas de pervertir la jeunesse par de mauvais livres.
18. — En intitulant son livre: Heureux les Justes, .M. Mario Dori'ti
> t'st placé au point de vue surnaturel car, humainement parlant, les
cjireuves n'ont pas manqué à la famille Pottier, mais elle a toujours
>ii les supporter courageusement. Le récit est mouvementé et se
recommande par sa moralité.
19. — Le Drame d'Orsaizé est un assassinat sur lequel- on n'a pas
pu faire la lumière: l'auteur du crime et la victime ont disparu.
M. Pierre Gourdon se sert de celte énigme pour aiguiser la curiosité
du lecteur, au cours d'un roman qui u'est pas dénué d'intérêt.
20. — Malhlas Bernoude, de M'"° Florence O'Noll, est un roman
écrit dans un bon esprit, mais bien bizarre. A côtéde la famille Lau-
san, modèle de simplicité et de \erlu. la famille Bernoude, assem-
blage étrange de personnages excentriques, fait singulière figure ;
mais elle subira peu à peu l'Influence de ses excellents voisins et le
lecteur finira par avoir la clef d'un mystère qui explique nombre de
choses longtemps incompréhensibles.
21. — Anticlérical et sectaire, le banquier Deligny est le chef de la
famille dépeinte et mise en scène dans l'Ambiance, roman intéressant
et moral tout à la fois, au cours duquel M. Lucien Darville nous fait
toucher du doigt les fruits amers d'une éducation sans principes et
sans religion.
22. — Comment Maurice Barrange s'est trouvé revêtu de la per-
sonnalité de son ami Guy de Chàtriant, qui a perdu momentanément
la raison, comment cette situation s'est prolongée et dénouée, voilà
ce que le lecteur apprendra en lisant l'Intrus. 11 pensera que de cette
donnée. M"' Roger Dorabre a su tirer un très bon paiti.
;23. — Un souffle moral et religieux puissant anime /iédemplrice, de
M. J.-Paul Bonnet. 11 s'agit d'une jeune fille, orpheline de père et de
mère, dont les exemples, les vertus et l'inlassable dévouement ont
une salutaire influence sur l'oncle qu'elle entoure d'une afl'ection
filiale, et la jeune sœur envers laquelle elle a assuirié le rôle de mère.
Le premier lui doit une fin .chrétienne, la deuxième un mariage bien
assorti alors qu'elle avait failli, par légèreté, se laisser entraîner à en
contracter un tout difTérent.
24. — C'est avec raison que M. Dabaumoret a intitulé son roman
le Martyre d'un curé. Peut-on imaginer, en efl^et, supplice plus afTreux
que celui d'un malheureux prêtre qui sait que l'homme que sa sœur
"Va épouser est un voleur et un assassin, ayant dérobé l'état civil de
— 284 —
sa victime, mais qui ne le sait que parce que, pour lui clore la bouche,
le misérable le lui a déclaré en confession?
25. — Ouvrez les Petits Neutres, de M"" Claude Mancey : ce sont des
scènes pour divertir les enfants. Parcourez-le : c'est une étude qui ne
manque ni de finesse, ni d'exactitude, de la mentalité suisse pendant
la guerre, avec ses origines, ses causes, ses divergences et son
évolution. Co.mte C. ue Brissag.
THÉOLOGIE
Poljsema sunt sacra Biblia. Dispulatio in illam hcrmeneulicam le-
goni oliin receptissiniam sod et recipicudam qna moneniur quod saepius
etiarn sccundum litteraleni seusum in uiia liltera Scripturau plures sint
sensus. auctoro Fr. Nicolao Assouad. S. Mauritii in Helvetia, I9l7, in-8 de
84 p.
Ce titre hybride, dont le premier mot, fabriqué de deux mots
grecs par l'auteur, a exigé la longue explication qui le suit, couvre
la première partie seulement, propaedeiiiico, c'est-à-dire introduc-
tive, d'une dissertation dans laquelle le Père Nicolas d'Alep, francis-
cain, se propose d'établir théologiquement et historiquement la plu-
ralité des sens littéraux de l'Écriture, rejetée unanimement par les
théologiens et les exégètes catholiques du xix' siècle. Cette première
partie comprend trois chapitres. Le premier, qui est très court,
traite scolastiquement du sens littéral, piopre et métaphorique de la
sainte Écriture. Le deuxième est consacré au sens mystique ou
typique, que l'auteur appelle « la métaphore divine. » De ce que ce
sens ne résulte pas directement des mots de l'Écriture, mais des
choses exprimées par ces mots, il conclut trop rigoureusement que
seuls les textes historiques de la Bible peuvent fournir des types
bibliques et être la base d'un sens mystique. 11 n'a pas vu que le mot
choses doit être pris dans une très laige compréhension et être appli-
qué, si! y a lieu, aux choses dites par les écrivains sacrés dans des
livres non historiques, comme l'entend, du reste, le Souverain Pon-
tife dans l'encyclique Pivridentissunus Dens. Cette conclusion trop
rigoureuse lui sert de point de départ pour mettre en contradiction
avec eux-mêmes ou accuser d'inexactitude onze exégètes caliiolifpies,
qui sont tombés dans ces erreurs parce qu'ils repoussaient la plura-
lité des sens littéraux de la Bible. 11 y aurait beaucoup à dire sur
cette critique, acerbe de ton et pleine d'insinuations malveillantes
même au point de vue de l'orthodoxie. Remarquons seulenient
qu'elle ne suit pis l'ordre rhronoiogifpie. iMiisqu'elle part de M. Le-
sclie pour aboutir à Estius ; q\i'elle alliibue à M. Lesèlre une déliiii-
lion du type, qui est de M. Trochon, comme à M. Vigouroux, dans
— 28r, _
sa Bible polyr/lolle, des interprétations qui sont do l'abb*; Glniif ; que
r.iiiteiir n'a pas compris la théorie, contestable d'ailleurs', niais [jour
d'antres raisons, du passage du type à l'anlilvpcî dans certaines pro-
phéties messianiques ; qu'enfin toutes les critiques faites pourraient
être justes, sans que lapolyséniic, ou la pluralité des sens littéraux dans
la Bible, en fût démontrée. Le chapitre troisième expose la véritable
raison d'être de Va polysémie, fondée sur la doctrine de saint Augustin
et de saint Thomas. L'auteur s'élève avec véhémence contre les appré-
ciations, portées récemment par trois jésuites français, sur la théorie de
la pluralité du sens littéral, imaginée par révè({ue d'Ilippone pour jus-
tifier, comme prévues et voulues par Dieu, les différentes explica-
tions qu'il avait données du prengiier chapitre de la Genèse. 11 écarte
le danger de subjeclivisme, en restreignant la pluralité des sens litté-
raux aux vérités qui peuvent s'adapter à l'Écriture, en sauvegardant
le sens littéral. Mais tout lecteur s'imaginera que la vérité, qu'il voit
dans l'Écriture, peut s'adapter et s'adapte exactement à la lettre. Quel
sera le critère (jui permettra de décider si cette vérité, même s'adap-
tant très bien à la lettre, a été voulue par leSaint-Esprit et est un sens
de l'Écriture ? Les règles catholiques d'interprétation, à savoir la dé-
claration des auteurs sacrés, la définition de l'Église, l'interpréta-
tion unanime des Pères, font ici défaut, et la simple analogie de la
foi ne suffit pas. Les règles d'interprétation communément reçues,
que Léon XIll recommande aux exégètes de suivre et d'observer pour
scruteret exposer le sens de l'Écriture, tendent plutôt à exclure qu'à
reconnaître la pluralité des sens littéraux, car l'Écriture, quoique
obscure parfois, n'est ni ambigiie, ni équivoque. Et c'est pourquoi
les exégètes modernes, malgré l'autorité de saint Augustin et de saint
Thomas, s'en tiennent à l'unique sens obvie de la lettre. Enfin les
exemples de sens multiples, proposés par le Père Assouad, ne sont
que des interprétations diverses données à un même passage. L'au-
teur en prend occasion de critiquer certains commentateurs catho-
liques. C'est une très mauvaise méthode de prendre comme norme
de doctrine le point qui est précisément en question. Ce défaut est à
la base de toute la démonstration du Père Assouad.
E. Mangenot.
Études de liturgie et d'archéologie chrétienne, par Pierre
Batiffol. Paris, Gabalda ; Auguste Picard, 1919. in-12 de vi-329 p. —
Prix : 4 fr.
Le nouvel ouvrage de Mgr Batiffol est un recueil d'études où l'ar-
chéologie confine à la liturgie. Plusieurs furent publiées en diverses
revues, d'autres sont originales, toutes sont pleines d'intérêt autant
que d'érudition du meilleur aloi.
— 28(1 —
L'Introduction au Pontifical romain éclaire définitivenient le pro-
blème (le sa distribution actuelle et de son auteur, le célèbre Durand
de Mende, vers t2!)o. — Notre costume liturgique dérive du costume
en usage dans le monde romain. On réservait sans doute pour les
cérémonies sacrées des vêtements plus précieux afin d en lelever les
fondions. — Des usages romains nous voyons aussi émerger le règle-
ment des conciles. C'est l'objet d'une démonstration très fouillée. —
Les deux monographies suivantes sont d'intérêt moins général. Il est
question d'abord des présents oll'erts par S. Cyrille d'Alexandrie à
des personnages d& Constantinople rendus ainsi plus favorables <à la
cause de la foi compromise par Nestorius. — L'ancien recteur de
Toulouse se complaît ensuite à mettre en lumière une messe moza-
rabe en l'honneur de saint Saturnin. — Ouest heureux de voir la
procession de la Chandeleur inspirée par le mystère lui-même honoré
le 2 février, an lieu de se rattacher à la fête païenne des Lupercales,
suivant une opinion trop accréditée Les Parisiens seront très
reconnaissants des précisions apportées à l'histoire de leur cathédrale
du vi° siècle. — Elle fut témoin des cérémonies de la liturgie galli-
caup connues surtout par l'Exposition attribuée à saint Germain de
Paris. Enfin des documents, jusque-là inédits, révèlent le péril couru
par le bréviaire parisien de M. de Vinlimille, édité en 1736, d'être
condamné par Clément XIL
On voit par ces indications sommaires l'utilité et l'intérêt de ces
neuf monographies. A. Vigolrki..
JURISPRUDENCE
Manuel pratique des lois sociales et ouvrières. Paris, Beauchesne,
liîlS, in- 12 de 330 p. — Prix : 4 fr. 20.
La Société de Saint-Vincent de Paul vient de rendre un nouveau
service à la grande cause de la charité en publiant le manuel que
nous nous pjaisons à reconimander à nos lecteurs. On peut trouver
là, condensé dans un volume de dimension restreinte, tout l'ensemble
de la législation si complexe qui tend à améliorer le sort du plus
grand nombre. Notre temps a vu se multiplier les lois ayant cet ob-
jet. Los personnes s'intéressant aux œuvres populaires ont besoin de
connaître ces lois; au moins sommairement, pour pouvoir donner
des indications utiles, des conseils autorisés à tous ceux dont elles
s'occupent. Dans un cailre bien délimité, sous une forme très simple
et très claire, sans développements superllus, mais avec le souci cons-
tant de dire tout l'essentiel, le manuel tel que l'a conçu la Société de
Saint-Vincent de Paul répond à ce besoin. En le prenant pour guide,
on sera tenu au courant des solutions principales données par la loi
— 2.S7 —
aux ((iieslioiis de piotoclioii de la famille, do. iDgeinciil d (rii>;.'i( ne.
(le |)i()l<'ctioii (le reiirance, de pioleclioii du travail, de prt'vfjyauc c,
de iniitualilés, de coopéialivos. d assistance aux vieillatcls. Il laudiail
toule une iini)oi'lante ljil)li()llir(|ue |)our trouver Ifs tiolioiis <pii sont
léntiies et rrsumées dans ces trois cent et c|nel(|Ufs j)aj(es. Ajoutons
(ju'uno bibliographie soignée complète cliaciuc grande division et per-
met à ceux qui voudraient étudier plus à fond un sujet de recourir
aux ouvrages qui l'ont traité. C. J.
SCIENCES ET ARTS
A travers le prlsinj> du temps, par C. Wagner Paris, Hachette, s d.,
in 16 de ix-304 p. — l^rix : 3 lY. ",0.
M. C. Wagner continue ses « causeries scolaires » par un nouveau
volume dans lequel il considère l'œuvre et la vie des hommes dans
le temps. Le volume se divise en trois parties : Le Passé, le Présent,
et l'Avenir, qui expliquent pour nous la notion du temps. Les vieilles
gens comme les vieilles pierres et les vieilles demeures représentent
pour nous le passé. Il faut en apprendre l'histoire afin de profiter de
leurs enseignements. C'est surtout dans la tradition, et en particulier
dans celle de la famille, la première de toutes, que se rencontTe lidée
du jiassé. Il faut honorer ses parents, car en le faisant « vous ne
faiti's pas seulement un acte individuel de reconnaissance et d'affec-
tion, vous vous joignez à l'âme universelle de l'humanité. » C'est dans
la famille, d'ailleurs, que se forme le bon citoyen, le bon patriote.
Le piésent est le temps dont nous disposons ; il faut en faire boa
emploi. Nous ne pouvons avoir de relation qu'avec les vivants ; nous
devons en tirer le meilleur parti possible et nous montrer toujours
bienveillants et aimables pour nos contemporains. Traitons choses et
gens selon les idées que nous nous en faisons, mais n'employons vis-
à-vis de nos semblables que la douceur et la persuasion Acceptons
toujours la responsabilité de nos actes et respectons la propiiété
d'autrui tant dans ses biens que dans ses idées. L'échange des idées
se fait par la conversation qu'il ne faut pas confondie avec le bavar-
dage et par la discussion qui doit toujours rester courtoise et ne pas
dégénérer en dispute. Un juste milieu doit être gardé entre les gens
-agit(?s et ceux qui ne le sont pas, comme entre les gens pressés et ceux
qui ne le sont jamais. Le passé, le présent et l'avenir se tiennent.
Les enfants préparent eux-mêmes leur av.enir dès l'école ; et s ils
sont réprimandés par leurs parents ou leurs maîtres, c'est eu vue de
leur avenir et de leur intérêt. La sagesse recommande de pré\oir
l'avenir et de « ne pas manger son blé en herbe» ni « son pain
blanc le premier », car si alors on se plaint, il ne faut s'en prendre
— 288 —
qu'à soi et ne pas accuser le sort d'èlre injuste. Ce livre contient
d'excellentes choses et de tiès bons conseils ; les exemples qui
viennent expliquer les idées sont clioisis autour de nous et faciles à
comprendre par les jeunes lecteurs auxquels il est destiné. Il est
regrettable seulement qu'aucune idée religieuse n'appuie sa morale.
B. DE LA G.
La Française dans ses quatre à<)es, par René Guillou. Paris,
Société d'éditions Levé, 1919, in-16 de 254 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le présent livre devrait orner toutes les bibliothèques féminines,
car M. Robert Guillou, dans sa lumineuse élude suv la Française dans
ses quatre âges, s'adresse tout directement à la femme.
En un style très clair, enrichi de mots heureux, de citations tiom-
breuses qui, sans recherche, justifient les appréciations personnelles
de l'auteur, ce dernier fait vivre à son lecteur toute une vie fémi-
nine, qui commence avec l'Enfance, ses rêves et ses jeux innocents,
pour s'épanouir à la Jeunesse, l'âge décisif où se dessine le contour
que prendra la vie. Avec le troisième chapitre, un des plus émou-
vants, la Maturité, nous arrivons au cœur de l'existence de la femme.
N'est-ce pas, en effet, cette noble fonction de la maternité qui est
incontestablement le plus beau moment de sa vie ?
M. Etienne Lamy, dans une judicieuse l'rcface où il exprime à
M. Robert Guillou une admiration bien méritée, le loue tout spécia-
lement de s'être surtout adressé à la femme française, souhaitant
qu'elle reste (( la femme d'un seul homme et de nombreux enfants
et non la femme de plusieurs hommes et d'un seul enfant. » Cette
dernière unicité ne serait pas pour relever notre race décroissante, im-
bue depuis trop d'années de faux préjugés égoïstes, d'une économie
mal entendue. Notre infériorité du nombre a été mise au grand jour
pendant cette guerre ! Que les femmes françaises se ressaisissent
donc, qu'elles lisent avec profit cette étude, car elles n'ignorent pas
que la femme vit pour donner la vie !
Nous glisserons sur le dernier chapitre : La Vieillesse ; leur coquet-
terie nous en saura gré. Accepter de vieillir est un art, et cependant
un visage fané, mais éclairé d'un sourire, n'a-t-il pas encore son
charme ? Puis la couronne des petits enfants est là. récompense
vivante, d'une vie bien remplie. Simone Tuéron de Montalgé.
Œuvres de Charles Ilermite, publiées par Kmu.k Picaud. I'. IV. Paris,
Gaulliicr-Vill;us. 1917, iti S ch; vi-;)9i p. — Prix : 2") fr.
L'éminent secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, nous
donne le (piatrième et dernier volume des œuvres d'IIermite. recueil-
lies dans les publications les plus diverses du monde entier. Un
- 289 —
pareil ouvrage se refuse presque à rnnalysc, tant est grande la variété
des sujets traités. En général, ce ne sont pas de longs mémoires, mais
de courtes notes ayant un objet parfaitement déterminé. Exception
doit être faite cependant, toutes les fois que l'auteur aborde la théo-
rie des fonctions elliptiques. En dépit de la rigidité du langage
matiiématiquc, on sent alors toute la complaisance qu'il met à déve-
lopper ses idées et ses découvertes personnelles. Dans ce domaine
captivant il fut longtemps, en effet, le maître incontesté. Citons en
particulier : Sur quelques conséquences arithmétiques des formules
de la théorie des fonctions elliptiques. — Hemarcjues sur la décom-
position en éléments simples des fonctions doublement périodiques.
— Sur la transformation des fonctions elliptiques. — Sur quelques
propositions fondamentales de la théorie. — Sur quelques dévelop-
pements, en série des mêmes fonctions.
A côté de ces travaux dont la pleine intelligence est réservée aux
seuls initiés, on lira avec un très grand intérêt les discours, les
notices biographiques, les lettres qui <( jettent quehpie jour sur la
personnalité si curieuse d'Hermite », pour reprendre l'expression
• même de M. Picard. Il semble en effet qu'Hermite se faisait de la
science une idée mystique. Cette science mystérieuse serait réalisée
pleinement et intégralement dans le monde de l'invisible, et se
dévoilerait peu à peu à ses serviteurs fidèles et dévoués. Ainsi s'expli-
querait la marche parfois extraoïdinaire du progrès mathématique,
et surtout « le lien très étroit qui tout d'un coup est découvert entre
les théories en apparence les plus différentes, d
Dans des rapports académiques, à sujet et à objet froidement déli-
mités, ces idées ne pouvaient pas être développées avec ampleur ;
elles percent cependant. Lisez, par exemple, le magistral discours
prononcé à l'inauguration de la nouvelle Sorbonne où Hermite fait
1 historique de l'activité scientifique des professeurs ses devanciers ;
et vous noterez avec quelle complaisance marquée il cite cette phrase
du mathématicien Jacobi : « Habemus hic praeclaram exemplum, nisl
anima praeformala sinl problemala, Jleri posse iil vel ante ociilos
posita gravissima inventa non vidcamas. »
Pour le philosophe et pour le savant qui s'intéressent à l'histoire
et à révolution des idées, les quatre Aolumes des œuvres d'Hermite
seront une mine de documents de premier ordre, et tous sauront le
plus grand gré à M. Emile Picard d'avoir mené à excellent terme
cette précieuse publication. G. Bertrand.
LITTÉRATURE
François Btiloz et ses amis. La Vie littéraire sous Louis-Phi-
lippe. Correspondances inédiles de F. Bulo:, Alfred de i'igny, Brizeux,
M.u-Jcn 1019. T. CXLV. 19.
— 290 —
Sainle-Beiive, Mérimée, George Sand, Alfred de Mussel. elc, par Marie-
Louise Paim.euon. Paris, Calmann-Lévy, s d. (1919), in-8 de ii-4(Jl p.,
avec plusieurs illustrations. — Prix : 7 fr. 50.
M. de Pontuiaiiin et Edmond Biré, — Edmond Biié surtout, —
auraient été charmés en lisant ces Souvenirs de « \ie littéraire » ; ces
<( Correspondances inédites )> auraient excité leur critique, animé
leur verve et enrichi leur documentation sur une époque qui les pas-
sionnait. Sans posséder les qualités de ces maîtres, le modeste lec-
teur peut, lui aussi, glaner dans ces pages abondantes en détails,
curieuses, souvent caractéiistiques, toujours instructives parfois
même au détriment de ces écrivains chez qui la valeur morale était
rarement au niveau du mérite intellectuel. M"' Maiie-Louise Paille-
ron ouvre à notre profit, au profit de la vérité histoi ique, ses archives
de famille, les papiers de son grand-père François Hido/, fondateur,
directeur et inspirateur de la licriic drs Deux Mondes. Nous aurons
trois ou quatre volumes de ces récits où les documents senchassent,
et à l'avance nous nous en réjouissons fort, ayant piis grand intérêt
au tome premier. N'exagérons pas. ce sont les petits côtés, parfois
inélégants, de toute celte liltciature sémillante, l'envers du théâtre
où brillèrent les grands acteurs de ces temps-là. Les confidences
les plus intimes, les plus typiques concernent Edgard Quinct,
Gustave Planche, Sainte-Beuve ; le premier apparaît plus sympa-
thique à ses débuts qu'on ne le jugera plus tard ; le portrait de
Sainte-Beuve demeure assez flatté ; de Mérimée, figure égoïste
et sceptique, on nous donne une lettre (décembre 1832) très cu-
rieusement amusante (p. 254) ; de l'intérieur de sa mère une des-
cription très pittoresque (p. 26l>), peut-être la meilleure page de ce
volume ; de Cousin, un portrait à l'cm porte-pièce par la princesse
Belgiojoso (p. 312) ; l'affaire de ce Libri, savant peut-être, grand
homme de la libre-pensée, et en somme détrousseur des biblio-
thèques publiques confiées à sa garde, est présentée sous des couleurs
relativement favorables ; des aventures passionnelles de George Sand
avec Alfred de Musset, le récit nous est donné tine fois de plus, avec
des lettres inédites adressées à Buloz, le grand bailleur de fonds,
généreux et confiant, de ces bohèmes de la vie romantique. Vingt
autres noms nous apparaissent dans ce cercle de la liei'iie à ses dé-
buts et bientôt dans son plein succès ; il y en a plusieurs d'oubliés,
aujourd'hui ; tous sont intéressants à retrouver, à suivre, à connaître.
G. nu G.
HISTOIRE
1..C l*i'^trc-sol*la! «huis l'hisloiro, par Oscau IIavard. Paris, Blond ot
(îay, 19KS, iii-Ki <le vni-i4S p. — Prix : G fr. îiO
l'u beau sujet dont ranipleur domine les coïncidences du temps
— 2'.»l —
acfdol ; M. Osrar Ilavard l'a traitt- amplomeiil. Il tracn un vaste
tableati d'onsornblo dopuis le temps des Césars juscjuà nos jours ; il
y expose la doctrine de l'Kfîlise sur la guerre et le service des clercs,
en montrant (on aurait facilement cru tout le contraire) combien
souvetit et utilement les minisires de Dieu ont pris et tlû prendre
paît aux choses guerrières. Luttes contre les Barbares et 1 Islam,
contre les Normands, les Sarrasins ; l'évêque defensor civilalis, sou-
lien par les armes de la paix publi(jue ; les expéditions du xi*' siècle
commandées par le Pape ou un cvèque en perscimc ; les croisades
coFiire Turcs. Mbigeois, héréli(pies; le clergé défenseur du sol natio-
nal j)endant la guerre de Cent Ans ; etc. Divers chapitres forment
des morceaux d'ensemble sur des points particuliers : la Chevalerie,
la l'apaufé et la Turquie, la Ligue en Frarice, les luttes fratricides
inaugurées. par la Réforme et les révoltes protestantes. — A signaler
des développements curieux, peu connus, sur tout ce groupe
« d évêques-généraux » du temps de Richelieu. Le raccourci de l'ac-
tion du prêtre aux armées pendant les guerres de la Révolution et
de l'Empire toiirne un peu brusquement ; la matière était moi.Ts
rici"^. Il Y a des pages à retenir sur la chouannerie (aussi bien en
ISlri qu'en 179.3); sur la glorieuse petite armée pontificale réunie
pour la défense de Pie IX. Ce qui a trait à la guerre de 1870 aurait pu
être dévelopi)é ; on a indiqué les points principaux des luttes soute-
nues dans nos colonies au nom de la civilisation chrétiennepar nosmis-
sionnaires. Naturellement le livre se termine par une vue d'ensemble
à propos de nos « prêtres-soldats » de la guerre actuelle ; des noms
glorieux sont ici cités. L'auteur n'a pas cru devoir aborder, dans la
crainte de l'écourter, le chapitre capital du rôle de nos aumôniers
militaires. C'est en effet un sujet qui mérite une étude spéciale. Pour
la forme on ne peut s'empêcher de remarquer une certaine préten-
tion de style. Pour le fond, je ne doute pas de l'ortliodoxie rigou-
reuse de l'auteur qui a pris la plume en historien non en théologien.
J'ajouterai, pour finir, un compliment doublé un regret : les sources
histoiiques indiquées en note sont nombreuses ; pourquoi n'en avoir
pas dressé à la fin une bibliographie générale ? Elle eût été pré-
cieuse et eût ajouté à l'utilité d'un grand travail qui restera toujours
à consulter. Geoffroy de Grandmaiso.n.
Lu France aa Maroc, par'AxnRÉ Liciitenbkrgeh. Paris et Nancy, Ber-
ger-!.evrault, 1918. in-lG de 64 p., avec ime carte. — Prix : 0 fr. 90.
Le Maroc de 1Î)1ÎJ, par Hem»y Dcgard. Paris, Payot, 1918, ln-16 de
-1S[\ p. — Prix : 4 fr. oO.
Au Maroc. Marakcch et les ports du sud, par le comte Macrice db
Péiugny. Paris, Pierre Roger, s. d. (1918), petit in-8 de 235 p., avfc
23 photogravures hors texte et 2 cartes. — Prix : 4 fr.
202
Les Knergies françaises au Maroc, éludes économiques et sociales, par
Je comle ue l\ Hevklikre. Paris, Plon-Nourrit, 1917, iii-8 de xiv-563 p.,
avec 15 cartes et plans. — Prix : 15 fr.
Voici quatre livres sur le Maroc, quatre livres très différents les
uns des autres, mais qui n'en méritent pas moins, à des titres divers,
de retenir l'attention. Il importe de les examiner successivement.
— Le premier, la France au Maroc, de M. André Lichtenberger, ne
fait que courir sur les sommets. C'est un aperçu d'ensemble, plein
d'expressions heureuses et de faits topiques, de l'œuvre accomplie
par notre patrie depuis le jour où elle a placé le Maghreb el Aksa
sous son autorité jusqu'à l'heure présente. Comme introduction
générale à des lectures plus développées, comme cadre où faire entrer
graduellement des. notions plus complètes et plus précises, on ne
saurait souhaiter mieux ; par la clarté de son exposition, par l'heureuse
proportion de ses différentes parties, parleur rigoureux enchaînement,
M. André Lichtenberger a su faire un travail vraim.ent lumineux,
très intéressant et très instructif à la fois. Ceux qui savent s'en ser-
viront comme d'un mémento ; pour les autres, ce sera une révélation.
— M. André Lichtenberger prévoit que, dans quelques années, « le
Maroc sera le joyau incontesté de notre empire » ; M. Henry Dugard
pense de même, et c'est pourquoi il s'efforce d'appeler sans relâche
l'attention sur ce pays, d'en faire chaque année connaître lesprogics.
d'y entraîner les hommes d'action, « en particulier — dit-il — ces
jeunes gens énergiques qui veulent, après la guerre, venir faire for-
tune dans nos colonies et nos pays de protectorat. » Mais commeiit
M. Henry Dugard entend-il les convaincre ? En leur montrant les
choses telles qu'elles sont, en leur en donnant une idée exacte, en en
suivant l'évolution au jour le jour. Voilà précisément ce qu'il avait
commencé de faire dans /e Maroc de 1917; voilà ce qu'il continue
dans le Maroc de 1918, dont l'esprit et le but demeurent invariable-
ment les mêmes : .M. Dugard ne quitte pas un seul instant le terrain
sur lequel il s'est placé d'abord, celui du développement économique,
agricole, commercial et industriel de « notre jeune et alerte Maroc. «
Des bibliographies infra-paginales et des appendices précis ajoutent
à l'intérêt de ce volume, où d'autres que les hommes d'action trouve-
ront à butiner; les historiens y relèveront, par exemple, syr l'inler-
vention des Allemands au Maroc, des détails très dignes d'être rete-
nus et que, pour ma part, je n'avais encore jamais vus signalés.
Ou trouve également quelques détails de ce genre dans le volunu
(juc le comte .Maurice de Périguy >ieiit d'écrire sur Marrakech el les:
l'orls <//t .sa</ du Maroc. Après nous avoir parlé l'année dernière df
Fèa, la capUale du //o/v/ de la contrée, ce voyageur devait naturelle-
ment s'occuper de Marraivcch ; il n'y a pas mantiué, pour noire [>lu.'
— 2Q3 —
^grand agrément cl pour riolic instruction tout à la fois. Chargé en
efTct, à Marrakech, par le général Lyautcy, dune mission analogue k
celle qu'il avait si bien remplie précédemment dans la capitale du
nord, le comte Maurice de Pcrigny a recueilli sur le commerce et les
industries de celle ville, comme aussi sur les ressources de la région,
les renseignemetils les plus précis ; il en fait bénéficier son lecteur,
el de même fait-il pour ses observations sur les populations diverses
qui contribuent à rendre Marrakech une ville capitale, et pour ses
remarques sur les transformations de cette cité. Deux chapitres con-
sacrés, le premier à un aperçu historique et le second à la politique
des grands caïds, précèdent celle consciencieuse étude sur Marrakech,
à laquelle font suite une description de la région dont cette ville est
le centre et une rapide esquisse historique et économique des trois
ports par où s'écoulent les produits de celte même région : Mogador,
Saffi el Mazagan. De bonnes photogravures et deux cartes uccom-
pagricnt ce nouveau travail du comte Maurice de Périgny.
— Peut-être trouvera- t-on dans Marrakech et les ports du sud un ou
deux passages où le comte M. de Périgny a uti peu dépassé sa pensée
(cf., en parliculier. à la p. 23, la phrase relative aux belles statues
qui ornaient jadis le palais du Bedi, bâti par El Mançour) ; rien de
tel dans les Énergies françaises au Maroc, du comte de la Revelière.
Ici nous ne sommes plus en présence d'une esquisse d'ensemble, ni
d'études de détail, ni d'articles de vulgarisation constituant autant
de chapitres d'un agréable volume ; voici un gros ouvrage très tra-
vaillé, bourré de chiffres et de faits, rédigé à la suite d'enquêtes et
d'observations sur place, contrôlées et complétées par de minutieuses
recherches dans les livres. Est-ce. à proprement parler, avec ses
tableaux statistiques, avec ses renseignements précis de toute nature,
un ouvrage de vulgarisation ? — Nous sommes bien plutôt tenté de
voir dans les Énergies françaises au Maroc un rapport d'homme d'af-
faires, un rapport d'ensemble ou, si l'on préfère, un « état de situa-
tion », très travaillé et très exact, mais destiné à être complété, sur
chaque région géographique ou dans chaque ordre d'idées, par des
travaux de détail plus étudiés encore ; tels — pour n'en citer qu'un
exemple, — le volume de M. J. Goulven sur le Pays des Doakkala,
ou encore les monographies du comte M. de Périgny dont il vient
d'être question. Ce rapport, qu'accompagnent des annexes, des plans,
des statistiques en très grand nombre, traite successivement de la
propiiété, des villes principales, des voies de communication et des
fleuves, puis de l'agriculture, de l'industrie et du commerce. Sa con-
clusion est qu' « au Maroc, plus que partout ailleurs, il ne suffit pas
d'avoir des idées et de les remuer au hasard : il faut les réaliser avec
I méthode et esprit de suite, sans défaillances ni dispersion. » Rien de
— 294 —
pins exact ; aucun conseil ne saurait être plus profitable, surtout
pour qui veut réussir là-bas... Lisez donc, vous tous qui voulez con-
naître le Maroc, le gros volume du comte de la Revclière, vous y
apprendrez beaucoup, et des choses utiles, et des laits précis.
Hemii Froiuevalx.
Les FcVrhes muritimes. Un tour sur le Ïtoyger-Bank, par Henmu
Malo. l*aris, Bossard, IHI.S, iii-lG de 1^7 p., avec une carto cl 8 photogra-
phies. — Prix : H fr. 90.
Le « Dogger-Bank » n'est connu, pour beaucoup de Français, que par
l'attaque, née dans l'imagination slave, de la flotte russe par des tor-
pilleurs japonais, et qui se serait produite en mer du Nord, dans le
voisinage de ce banc. En réalité, cet épisode n'est (pi'une page, sans
importance réelle, de l'histoire de ce célèbre lieu de pèche, où,
chaque jour, des centaines, des milliers peut-être, de chalutiers
viennent récolter de quoi assurer l'exitence de populations entières.
M. Henri Malo, qui connaît et aime la mer et les marins, a été faire
un tour sur le « Dogger-Bank » et raconte simplement ce qu'il a vu, ce
qu'il a appris, en l'illustrant d'excellentes photographies. Ces pages
ne seraient qu'un récit vivant et d'ailleurs fort intéressant, si elles
n'étaient complétées par un chapitre où l'auteur compare les pro-
cédés de pêche français, les mœurs de nos pêcheurs et de nos arma-
teurs, avec ce qui se fait chez nos voisins, Anglais, Belges ou Alle-
mands. Et, vraiment, les conclusions de ces études sont navrantes.
Elles prouvent que dans le domaine de la pêche, comme, hélas !dans
bien d'autres, la routine, la mauvaise volonté, régnent en maîtresses
et paralysent tous les efforts, toutes les initiatives. Une phrase qui en
dit long, résume les réflexions terminant cet excellent volume :
i( Notre production en poissons est moilié moindre que celle de la
Grande-Bretagne, avec un chiffre de pêcheurs sensiblement égal. »
Dieu veuille que les leçons (pii se dégagent du petit livre de M. Henri
Malo soient comprises et mises à profit. J. C. T.
A'i." de .M()r .liilien Lotli, protoiiotaire apostolique, <*uré «le
Saiiit-Maelou, par (]i:oiu;i;s Loth. lîouoii, Laine ; Paris, Técpii ; Ilalon.
1910. in-S de xvi-787 p., avec 2 planches.
,!Mgr Julien Loth. prolonotaire apostolique et curé de Sainf-Maclou
de Boucn. aurait iMobablement occupé une chaire épiscopale, si ses
opinions politiques et ses relations avec la famille d'Orléans ne l'en
avaient écarté sous le régime du concordat si néfaste pour le bon
choix des évêquos. Il fut un éminent professeur, un orateur éloquent
et un écrivain dislingué. Prêtre d'une grande piété, il s'acquitta pen-
dant de longues années a\cc un zèle iid'aligable et un succès des plus
— 295 —
heureux du iiiiiiislère dont il fut chargé dans son diocèse. Et cepen-
dant ou ne peut [)as voir or» lui une de ses grandes figures qui jalon-
nent riiisloire de l'Kglise de France. Aussi M. Georges Lotli, son
frère et son historien, s'eflbrce-t-il de justifier une biographie dont
certaines personnes pourraient mettre en doute l'oppoitunité. De
pareils scrupules font lionncur à M. Georges Lolh, mais qu'il se ras-
sure ; il aura l'approbation non seulement.des Normands cpii tenaient
en si grande estime le curé de Saint-Maclou, mais ég^alement de tous
ceux qui. en dehors de la Normandie, pensent qu'on ne doit pas lais-
ser périr la mémoire des hommes qui. sans s'être imposés à l'atten-
tion de tout un pays par des actions extraordinaires, ont honoré le
milieu plus restreint où ils ont vécu par toute une série d'oeuvres
de grande valeur. Du reste, nombreux sont les lecteurs qui éprouvent
un charme plus grand à parcourir l'histoire de personnes plus rap-
prochées d'eux par la simplicité de leur vie (]ue celle des personnages
(]ui les domit)ent de toute la hauteur où ils se sont placés et (pi'on
appelle les grands hommes. M. G. Loth a d'ailleurs adopté pour cette
biographie uu plan excellent. S'effaçant lui-même le plus possible,
il laisse parler les faits. Très simplement il expose les détails de la
vie du vénéré prélat et met sous nos yeux les jugements portés sur
eux par les personnes que leur situation autorisait à les apprécier.
Mgr Loth avait écrit une cinquantaine d'ouvrages historiques. Or, la
plupart d'entre eux nous deviennent presque familiers, grâce aux
extraits bien choisis qui nous en sont donnés. Mais son œuvre litté-
raire la plus importante sans contredit fut la Semaine religieuse du
diocèse de Houcn qu'il fonda eu 18(57 et dans laquelle il publia d'in-
iiombrables articles jusqu'au jour où elle disparut en lUOI. Les détails
(jui nous sont donnés sur ce périodique si apprécié, dont il fut l'âme
pendant trente-quatre ans, nous apprennent qu'on ne peut se dis-
penser de le consulter, lorsqu'on veut étudier le passé historique et
littéraire du diocèse de Rouen. Eu somme, l'intérêt que nous prenons
à étudier la vie si active de Mgr Loth est doublé par ce qu'elle nous
fait connaître des hommes et des choses de la région où elle s'est
déroulée, c'est-à-dire de la Normandie. Nous sommes persuadé que
tel sera l'avis de tous ceux qui liront cette biographie écrite, nous
sommes heureux de le dire, dans un style très simple, très clair, en
résumé des plus agréables. Léon Cllgnet.
BULLETIN
l.'Exi«l«'nce de Dieu, par l'ablic Klclse Diplessy. Paris:, Bonne Presse, s. d.,
'\n-i-2 de 7!» j». — Prix : (I fr. OU,
M. l'abbé Diiplessy se propose de publier un Cours supérieur de religion.
Les premiers feuillets, que nous avons ici réunis dans un opuscule à part.
— 290
répondent à cette question : Dieu est-il ? L'auteur y expose les arguments
traditionnels à sa manière personnelle qui est laite de clarté, de bonne foi,
de méthode rigoureuse, d'argumentation pressante, sans rien d'encom-
brant, d'inutile ou d'inexpliqué, dans un langage d'homme à homme,
aussi direct et actuel que possible, pailleté de traits rapides et de réflexions
lumineuses d'où jaillit un éclair. 11 serait diflicile de parler avec plus d'ai-
sance et d'à-propos des plus hautes questions. Souhaitons d'avoir à cons-
tater au plus tôt, dans la suite du Cours, ces belles qualités. (]. !..
r]pi«i de bon «iraiii, paroles de lumière cl de pui.r, par Alfueu Bernard, ^•ariî^,
Bcauclicsiic. 1018, in-18 carré de 262 p. — Prix : 3 fr.
Il n'y a pas d'ivraie parmi ces épis. Tous sont chargés de grain, et ce
grain, répandu dans une tene bien préparée, y fructifiera comme une
semence bienfaisante, favorisant la germination des idées les plus fécondes
sur Dieu, la fin de l'homme et le but de la vie, llncarnation et l'Eucharis-
tie, la vie chrétienne et l'espiit moderne, les œuvres de charité, la prière
et la mort.
On ne saurait trop réfléchir sur ces grands sujets. On se félicitera d'y
être aidé par les indications d un esprit à qui ce travail est familier.
L.a Mystique d'.\l-<iazzali, jinr le D' !Mi(.ikl Asi.-s P.\i..\cios. Bcyroiilli (Sy-
rie), 1914, in-4 de '.il p.
Le Mémoire de M Asin Palacios, lu en partie à la Semaine d ethnologie
religieuse de Louvain, le 3 septembre 1913. et publié dans le tome ^ Il
(p. G7-10i) des Mélanges de la Facullé orientale de Beyroidfi. expose la doc-
trine mystique d'un des plus célèbres théologiens de l'Islam, Gazzali ou
Ghazali, surtout d'après la quatrième partie de son ceuvre maîtresse inti-
tulée : Vivijlcalion des sciences religieuses. On ne saurait trop féliciter l'au-
teur de ec travail, la matière étant, comme il le dit bii-méme, difficile à
résumer « à cause de la subtilité des concepts et de ram[)leur brillante de
la forme. »
Après avoir énuméré les treize degrés par lesquels Tàme s'élève sans
cesse vers Dieu : pénitence, patience, gratitude, crainte et espérance, pau-
vreté, renoncement au monde, abnégation de la volonh-, amour divin,
pureté et sincérité d'intention, examen de conscience, médilation, extase,
il cor)clut en donnant un aperçu des sources et de l'influence de cette
remarquable synthèse philosophico-Ihéologique. Lmprinitéc à la fois à l'is-
lamisme, au chrislianisme. à la doctrine des Yoghis, au juda'ismeessénien,
et aux réminiscences plotiniei^nes, elle a joué, depuis le w' siècle, un giand
rôle dans la vie de l'Islaïu. Elle est toujours en honneur à la Mecque, au
Caire, à Fez et aux Indes. Elle est à la base de tous les livres soufis dont
se servent les dévots musulmans. Elle a passé en partie, au moyen âge,
dans le rabbinisme es])agMol et provençal et, par lui, dans certaines
(euvies scolaslitpies telles que le Pngio Jidei du dominicain catalan Uay-
mon .Martin. 11. (îniux.
A X«'vv l>i4-lioiiai*y l']ngli*<li-Fi>eneli aiid Fr«'iieh-I]ii«|li!»li. M iV /i;/(/»Y(/
proiiuiicialion. l'aris, |)i<licr, l'.)l!S. ni ;J2 carlotuir Jo n i(l.)-t-i-2li!> p. — i'ri\ :
4 II-, no.
(le dicliotMiaire, é\idemment destiné à junivoir se placer dans la poche,
iéunilen moins de cinq cent quarante jx'liles pages le double vocabulaire-
— 2a7 —
ariRlais-fr.'inçais ol français-anglais ; on ne sora donc pas siii|tris si le ca-
ractère en est un peu fin, quoique suiTisammenl dislincl, el si le papicrcn
est un peu mince. Pour ses dimensions, il est fort complet, plus coniplet
môme, en ce point, que de plus gros lexiques; il contient en eflel nombre
de vocables tecbniques et de termes de langage et môme de l'argot mi-
litaire, mis en circulation parla guerre. La prononciation des mots est li-
gurée avec soin ; deux listes d'abréviations anglaises et françaises, dont
beaucoup sont d'usage assez récetit, forment un appendice utile, que suit
un tableau com])aralif des poids, mesures et monnaies de France, de la
('■rando-Hietagiie et des États-Unis. L'ouvrage est estimable el commode :
il rendra des services. A. Baiibk.ai;.
I„«' l>«'i*iiiei' Pt'leriaaçje <!«' « rtloile o on 'l'orre-Sainlt-, par
B. IJÉDAOi I. Paris, lionne i'resse. s. d. (I'JI8) gr. in-8 de O'i p., avec gravures. —
Prix : 2 fr.
La fin d'un bateau est une chose triste, lamentable, pénible au r.œnr
d un marin. Or, quel bateau fut plus aimé et, par suite, plus regretté que
u l'Étoile, » si cber à tant de pèlerins ? Il était donc juste qu'avant d'ètie
livrée aux démolisseurs, <( i'Kloile » fût célébrée dignement. C'est la tàclie
(jue se donna M. E. Bédaoui, en racontant le dernier pèlerinage de '< l'Etoile »
qui, s'il ne fut peut être pas le plus beau de tous, fut presque certaine-
ment le plus complet et le plus réussi. Les pèlerins de 1913 ont lait, en
efTel, un merveilleux voyage dans la Méditerranée orientale. Ils ont vu
Corintbe, Atliènes, le Mont Âthos, Gonstantinople. la Syrie et la Palestine,
l'Egypte, Messine et Naples. Ce long périple est raconté dans un style sim-
])!e, naturel, très vivant. Il est émaillé d'agréables réflexions philoso|)liiques,
de léininiscences historiques, de jolies descriptions et l'ensemble forme un
volume intéressant, dune lecture très facile. J. C. T.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Avec M. Maurice:Br;LLOM, la science perd un érudit de
premier ordre ; il s'est éteint le 5 mai dernier. Né à Fontainebleau, le
10 août 1863, il fut élevé au lycée du Puy, continua successivement ses
études au collège de Beauvais et au Collège Stanislas, entra à l'École des
mines, puis, élève de lÉcoIe polytechnique, il sortit dans la promotion de
18Si, prit sa licence en droit el fut nommé en 1906 professeur à l'École
des mines (section d économie industrielle) et ingénieur en chef de
première classe en l'911. Membre des Sociétés d'économie politique, de
statistique, d'économie sociale, de législation comparée, etc., il prit part à
de nombreux congrès. Parmi les travaux qu'il a publiés on peut citer : Les
Caisses de secours el d'assurance pour les ouvriers mineurs du dislricl de Frei-
berg fSnxe royale) Vaix-s, 1890. in-8); — De l'Élal actuel de la léijislalion
élrangère relative à la réglementation du travail des adultes, des Jemmes el des
enfants (Paris, 1890, in-8) ; — Élude de la législation allemande en matière
d'assurance contre la maladie d'après le projet de loi du 2? novembre tS90
(Paris, 1891, in-8); — Élude des coefficients de risques adoptés en Autriche
en matière d'accidents du travail (Paris, 1890, in-8) ; — Étude des clahlisse-
menls d'assurance contre les accidents, inslilués en Aulriclte par la lui du
28 décembre 1887 (Paris, 1891, in-8i ; — Élude sur la loi allemande relative à
— 298 -■
l'industrie et sur les projets de modification dont elle a été l'objet (Paris, 1891,
iii-8) ; — Élude sur les tribunaux indut^lriels allemands (Paris, J89I, iii-8) ;
— Note sur le projet portant modification de la loi allemande relative à l'in-
dustrie (l^aiis, 1801, in-8) ; - De l'Organisation des caisses de secours pour
les ouvriers mineurs en Autriche (Paris, 1891, in-8) ; — La Statistique de ta
morbidité en Allemagne et en Autriche (Pitris, 1891. in-8) ; — Le Verrier
d'Hirschtierg, élude monographique de la population ouvrière d'une vallée du
Riesengebirge (Basse-Silésie) (Paris. 1891. ir)-8) : — Elude de l'assurance
contre In maladie, orf/anisée en Autriche par les lois du 30 murs ISSts et du
■I avril IS89 (Paris. 1891, in-8) ; — Congrès des Sociétés savantes à ta Sor-
tionne en 1891. Section des sciences économiques et sociales. Des organes insti-
tués à iétr(uiger en vue de faciliter la conciliation et l'arbitrage entre patrons
)'i ouvriers (Piiris, 1892. in-4) ; — La Législation des sociétés de sec(mrs mu-
Uiels devant le Parlement français (Paris, 1895, in-8) ; — La Question des
retraites ouvrières dans les pays étrangers (Paris, 1897, in-8) ; — Études sur
la statislique des accidents dans les mines allemandes (Paris, 1898, in-8) ; —
De la responsabilité en matière d'accidents du travail, commentaire de la loi du
'J avril 1898 et des décrets du 28 Jévrier 1899, portant règlement d'adminislra-
iion publique pour l'exécution de celte loi (Paris, 1899, in-S); — Note sur des
accidents survenus dans l'emploi des récipients de vapeur (Paris, 1900. in-8) :
— Les nésullats de l'assurance ouvrière à la fin du mx" siècle CSnncy, 1901,
in-8).
— Lo folklore fait on France la pins donlonrense dos portos avec la mort
<le M. Emmanuel Cosquin, décédé le 18 avril, à Vilry-Io-François. dans sa
78° année. Né en 1841 dans la même ville, il resta toujours lidèlement
attaché à son lieu de naissance, comme il montra la même fidélité ferme
et éclairée à sa foi religieuse et à sa foi monarchic|ue. Il avait fait ses
études juridiques, mais il ne tarda pas à se consacrer entièrement et
exclusivement à la recherche et à roxamon des traditions populaires dans
lesquelles il ne tarda pas à devenir un maître incontesté, aussi estimé à
l'étranger qu'en France. La consultation des bibliothè([nes et les relations
<îpistolaires qu'il entretenait avec de nombreux érudils lui fournissaient
les éléments des beaux et nuiltiples travaux qu'il exécutait dans le calme
tle sa retraite provinciale. La Société des sciences de Vitry-lo-François le
comptait naturellement an nombre de ses associés. Dès 1886 l'Académie
française avait couronné ses Contes de Lorraine ; en 190^ l'Académie des
inscriptions lélut correspondant. De bonne heure dos liens l'avaient atta-
ché à la Sociél('' biblf()ii;ra|)hi(pio ; et la Revue des (piestions historiques eut à
honneur de |)ublier t|uelqucs-uns de ses mémoires toujours si érudils, si
ingénieux et d'une science si sûre, si hardie et si prudente à la fois. Nous
<:iterons de lui les ouvrages suivants : Les Coules populaires européens et
leur origine (Paris, 1873, in-8) ; — La ]'raie et la fausse Infaillibilité du
Pape (Paris, 1873, in-18) ; — Les Contes populaires et leur origine, dernier
élut de la ipieslion (Bruxelles, 1875. in-8) ; — Contes popula'ires lorrains
recueillis dans un village du liarrois, à Mouliers-sur-Saut,v [Meuse), avec des
remanpies (iNogent-le-Hotrou. 187(5, in-8) ; — Le Concile du \atican, son
caractère, ses actes (Paris, 1877, in-18) ; — Un Problème historique. A propos
(tu conte égyptien des Deux Frères (Le Mans, 1877, in-8) ; — Contes popu-
la'ires de l^orraine comparés avec les contes des autres provinces de France et
(les pays étrangers et précédés d'un essai sur l'origine et la propagation des
contes populaires européens (Paris, 1886, 2 vol. in-8) ; — Congrès inlernatio-
nal des traditions populaires en Î889. L'Origine des contes populaires euro-
I
r
i
— 299 —
péeiis et les Uièories de M. Long, mémoire présenté an Congrès des Iradiliong
populaires de I8S9 (Paris, i891, in-8) ; — La Légende du page de sainte Éli-
snbe.Ui de Portugal et le Conte indien des fions Conseils n'ans, iW.i, \n-H) :
— La Légende du page de sainte Elisabeth de Portngal et les Contes orienlanx
{posl-srriplnm) (Paris, MiO'i. iii-8) : — l'nntaisies fjibUco-inylhologigiies d'un
chef d'école, Edmond Stitchen, et le Polk-Lore (Paris, s. d., iii-8).
— ho doclctir (>iiarlos I'huïset, qui vient de mourir a S2 ans. laisse une
ipuvre considérable. Il naquit à Paris le 8 février J83S. Ai)rès de sérieuses
études, il fut inlerne dans les hôpitaux de 1S6I à 18G6. soutint brillam-
ment sa thèse en ■JHOo. fut agrégé à !a Faculté de médecine, et, en 1872.
devint médecin des hôpitaux en même temps qu'il était nomme professeur
à la l'acuité de médecine. Lu 1897 il fut élu membre de l'Académie de
médecine (section de pathologie médicale). Citons parmi ses ouvrages :
Du lilinmatisme aign et de ses diverses manifestations (Paris, 186o. in-8) ; —
De l'Oligurie et de Vanarie hystériques et des vomissements qui les accom-
pagnent, note lue à la Société médicale des hopilaux de Paris, dans la séance
du lli mars ifil'i (Paris, 1873, iri-8) ; — De la Pneumonie aiguë et de ta
névrite du pneumo-gnstrigue, pathogénie de la pneumonie (Paris, 1878. in-8) ;
— De ta Scialique et de sa nature (Paris, 1878, in-S) ; — Des Matdfestations
rérébro-spinales de la fièvre typhoïde, en collaboration avec le docteur Mau-
rice LetuUe (Paris, 1879, in-Sj: — De la Pneumonie franche aiguë, de son
évolution et de sa crise (Paris, 1881, in-8) ; — De ta Digihde dans les maladies
du cœur (Paris, 1882. in-8) ; — L>e In Tuberculose périlonéopleurale subaiguë
(Paris, 1884, in-8;: — Notice sur la vie et les œuvres de Xoël (iueneau de
Mussy, médecin honoraire de l'Hôtel Dieu (Paris, 188ô, in-8) ; — Note sur un
cas d'endocardite ulcéreuse (Paris. 1883, in-8) : — Sur une épidémie de fievrif
typhoïde qui a sévi à Pier refonds en 1880 (Paris. 18S7, in-8) ; — Des Séries
iiiorl)ides parallèles (Paris, 189;i, in-8) ; — Exposé des titres et travaux scien-
tifiques du D' Cliarles Fernet (Paris, ■fSgS, in-8) ; — Rapport général à Mon-
sieur le ministre de l'intérieur sur tes épidémies qui ont régné en Erance pen-
dant l'année 1898, fait au nom de la Commission permanente des épidémies de
l'Académie de médecine (Melun, 1900, in-4) ; — De la (empresse hydrolhéra-
plque appliquée sur la poitrine (l*aris, 1903. in-8) : — Les Satellites de l'al-
coolisme (Paris, 1906. in-8) ; — De la Propreté, étude d'Iiygiène (Paris, 1909,
in-8) : — Sur l'herpès de la peau et des membranes muqueuses (Paris, 1910,
in-8) ; — De la Gymnastique auriculaire et de son application au traitement de
ta surdité (Paris, 1911, in-8) ; — De la Créosote dans le traitement de ta tuber-
culose pulmona'ire (Paris, s. d.. in-8) ; — Deux cas de pleurésie médifvitine.
l'une purulente, l'autre gangreneuse, traités et guéris par la thoracotomie
(Paris, s. d., in-8) ; — De la Gymnastique abdomincde appliquée au traitement
de ht constipation habituelle (Paris, s. d., in-8; ; — De l'Infection tuberculeuse
par ta voie génitale (Paris, s. d.. in-8) : — Des Injections intrapleurales anti-
septiques dans les pleurésies infectieuses (Paris, s. d., in-8) ; — Des Injections
intr a- pulmonaires antiseptiques dans le traitement de la phtisie pulmonaire
(Paris, s. d., .in-8); — Paludisme et lympliome (Paris, s. d., in-8) ; — Des
Pleurésies séro-fibrineuses {classification, diagnostic, pronostic) (Pans, s. d.,
in-8) ; — Du Traitement antiseptique direct des maladies inj'eclieases des cavi-
tés séreuses (pleurésies, péritonites, arthrites) (Paris, s. d., in-8) ; — Du
Traitement des pleurésies purulentes et infectieuses par les injections intrapleu-
rales (Paris, s. d., in-8).
— Sir John Pentland Mah.\ffv. prévôt du Trinity Collège de Dublin, est
anort dans cette ville le 30 avril, âgé de 80 ans. Né en Suisse, à Chappo-
1
— 300 —
iiaîro, où résidaionl ses parents, le 26 février 1839, c'est là et en Allemagne
qu'il commença ses études, dans la maison de sa famille. Il les acheva au
Trinity Collogo de Dublin, où il fit toute sa carrière. Il y devint en f871
jirofesseur d'histoire ancienne L'histoire ne fut d'ailleurs pas seule ;i l'oc-
cuper et il a donné quelques études philosophiques remarquées. Son pre-
mier livre fut même une traduction d'un morceau de Kuno Fischer sur
Kant : A coinmenlnry on Knnl's crilick of Ihe pure reason (London, 1X66,
in-S). Ses principales publications sont les suivantes : Twelue leclures on
primitive civHi:cdion (London, 1808, in-8) ; — Prolegomena lo ancient liislory
(London, 1871, in-8); — Knnt's crUicnl phitosopliy (London, 1872-1874,
3 vol. in-8) ; — Social life in Greece (London. 1874. in-8). souvent réim-
primé ; — Greek antiquilies (London, 1876, in-8) ; — linmbles and slndicf in
Greece (London. 1876, in-8) ; — The Allie oralor (London, 1870, in-S) ; — A
liislory of classical Greek lileralure (London, 1880. 2 vol. in-8) ; — Descaries
(Edinburgh. 1880, in-12) ; — OUI Greek educalion (London, 1881, in-8) ; —
The Ih'cay of modem preaehing (London, 1882, in-8) ; — Alexander's empire
(London, 1887. in-8) ; — Greek life and Ihougld, from Ihe âge of Alexander
to Ihe Uoman compiesl (London, 1887, in-8) ; — The principle of Ihe nrl oj
coni.'crsalion (London, 1887, in-8); — Skelches from tour throngh Ilolland
and Germany (London, 1888, in-8) ; — Greek piclures (London. 1890, in-8) ;
— Greek world under Roman Sway (London, 1890, in-8); — Problems in
Greek hislory (London, 1892. in-8); — Empire of Ihe Plolemies (l.oudon,
189ÎJ, in-8) ; — A Snrvey of Greek civilisalion (London. 1897, in-8) ; — His-
iury ofEgypl under Ihe Ptolemaic dynasiy (London, 1899, in-8) ; — An epocli
in Irish hislory : Trinily Collège (London, 1903, in-8) ; — Progress of Ilelle-
insin in Alerander's empire (London. 1905. in-8) ; — Silver âge of Ihe Greek
world (London. 1900, in-8) ; — Whal hâve Ihe Greeks clone for modem
civilizalion (London, 1909, in-8). C'est sous sa direction qu'a été faite la
traduction anglaise de ïlJisluire des Romains de V. Duruy.
— M. Ludwig CiKir.ER, qui est mort en janvier, était le fils d'un rabbin
juif bien connu, Abraham Geiger. Né à Breslau le 5 juin 1848, il suivit les
cours des universités d'Heidelberg, dcGoettingen et de Bonn. Privât docent
de littérature allemande à l'Université de Berlin (1873). il y devint profes-
seur en 1880. C'est surtout l'histoire de littérature française et allemande
depuis le XVI'' siècle qui l'occupa. De 1882 jusqu'à sa mort, il dirigea le Giclhe-
Jahrliiu'.h. Il fut aussi le direcleui- et le fondateur de la Vierleljahrschrifl
fiir Kullur uiid Lillercûur der Renaissance (I880-I886). puis de la Zcilschrifl
fiir vergleirhende lJller(dur-Gescliiclile ( 1887-1 8!» 1). Il ne négligeait pas non
plus les études juives et il fut un des collaborateurs de la Zeitsdtrifl fiir
die Geschiclile der Juilen in Deuischhmd et de l'Allgemeine ZeiUmg der Juden
qu'il dirigeait. ^ oici ses principaux ouvrages : Veber Melanlhons Oruliocon-
iinens hisluriiun Capnionis (V\i\uV.Uir[, 1868. in-8) ; — Dus Sludium der hehrai-
schen Sprnche in Deutscliland vont Fnde des /.O. his zur Mille des 16. Jahrh
(Breslau, 1870, in-8) : — Johann Renchlin (Leipzig. 1871. in-8) ; — (Jeschichte
der Juden in Berlin (Berlin, 1871, in-8j ; — Q'uid de Judaeorum morihus aiipie
inslitulis scrijiloribus romanis persiutsum fueril (Berlin, 1873. in-8) ; — Pelrarka
(Leipzig, 1874, in-8) ; — Millheilungen ans Uandschriflen (Leipzig, 1876,
in-8) ; — Johann Rucheins Bilfrechseu) (Stuttgart, 187i5, in-8) ; — Deutsche
Saliriker des xv. Jahrhs (Berlin, 1877, in-8) ; — Zur Enlunckelungs geschichle
der Menschheil (Stnllgart, 1878. in-8) : — Der Ursprung der Sprache (SiwH-
garl, 1878, in-8) ; - Renaissance und llumanismus in Italien und Deulschland
(Berlin, 1882, in-8) ; — Firlijinnni (Berlin, 188;», in-8) ; — Goethe und dier
301 —
Renaissance (Berlin, i8.S7, in-8) ; — Vor humlerl Jahre (Braiiiisrhwpig, lS8î),
iii-.S) ; — Vorlnuje tind l>r.sHc/j<; (Drcsdori. 1890, in-8) ; — Augustin, l^rlntrca,
Rousseau (Berlin, l.S!i3 in-8); — Berlin lOSn-lnW (Berlin, i8•^■3-t^îto. 2 vol.
in-8); Karoline von Gûnde rode uiid iliie Freunde (Stuttgart. 1895. iii-S);
— Dirhler und Franen (Berlin, 1896-1899, 2 vol. in-«) ; — Ans All-Weimar
(Berlin, l897, in-8) ; — i)ie Cullur der Renaissance in llnlien M--' éd. de Tou-
vr.'igc de Jakob Burrkliardt 'Leipzig, 1898, :2 vol. iri-8) ; — Goellie in
Frankfurt a M. I7V7 (Frankfurt, IS94, in-8): — Das junge l)entschlan<l iind
die preussische Censur (Berlin, 1900. in-8) ;. — Thérèse lluher {Siullgmi,
19UI, in-8) ; — Belline von Arnim nnd Friedrich Wilhelni /F (FrankfnrI.
1902, in-8) ; — Ans CJiamissos Frûhzeil (Berlin, 1905, in-8) ; — Ludwig
Borne 's Berliner Briefe, IS2S (Berlin, l!)0o,in-8j ; — Briefwechsel des jnngeii
Borne nnd der flenrielte Ilerz (Oldenbnrg, 1903, in-8) ; — IJ'Jland 's Briefe
(Berlin, 1904-1905, 2 vol. in-8) ; — Das junge Deutschland(Rcrnn, I9U7, in-8) ;
— Goethe und die .S'etre/i (Leipzig. 1908, iii-8) : — Goethe, sein Lehen nnd
Schajfen (Berlin, 1910. in-8) ; — Die deutsche Lileratur und die Judfn (Ber-
lin, 1910, in-8) ; — Goethe 's Briefweclisel mil Wilhelui und Alexandfr von
Uninboldl (Berlin, 19(l9, in-8); — Abaham Geiger (Berlin, 1910, iii-4) : —
Goethe und Pustkuchen (Berlin, 1914, in-S).
— M. Georges Lafenestre, membre libre de l'Académie des beaux-arts
et l'un de nos plus actifs écrivains d'art, est mort dans le courant de mai,
à Paris. Né le 5 mai 1837 à Orléans, il entra, une fois achevées ses études
classiques dans 1 administration des beaux-arts, où il devait parcourir une
carrière assez brillante. Chef de bureau en 1876, inspecteur des beanx-arls
en 1879, il prit une part active à l'organisation de la section française aux
expositions de Munich (1879). de Vienne (1881), d'Amsterdam (1883). d'An-
vers (1885). Il fut appelé en 1886 aux fonctions de conservateur de la sec-
tion de peinture du musée du Louvre et de professeur à cet établissement.
Un peu plus tard (1889). Guillaume lui confia la suppléance de son cours
au Collège de France. C'est en 1892 que l'Académie des beaux arts lui
donna l'un de ses fauteuils de membre libre. Ses travaux de criii{|ue artis-
tique n'empêchèrent pas M. Lafenestre de se livrer au culte des Mu.*ies.
Nous citerons de lui, sans nous arrêter à sa collaboration à de nombreuses
revues et journaux {Revue contemporaine. Revue des Deux Mondes, Moniteur
universel, etc.). les ouvrages suivants : Les Espérances (Paris, 1863. in-12) ;
— Idylles et chansons (Paris, 1873, in-12) ; — Le Livre d'or du Salon (Paris,
1879-1890, in-4) ; — L'Art vivant, la peinture el la sculpture aux Salons de
18G8 à 1877 (Paris 1881, in-12); — Bartolomeo (Paris, 1882, in-1-2) : —
Maîtres anciens, études d'histoire et d'art (Paris. 1882, irj-8) ; — Histoire et
description du Musée de Montpellier, avec Ernest Michel (Paris, 1884, gr. in-8) ;
— La Peinture italienne (Paris, 1885. in-8) ; — La Vie el l'œuvre de Titien
(Paris, 1886, in-fol.) ; — Exposition universelle des beaux-arts, dix années de
Salon {1879-I8S8} (Paris, 1889, gr. in-8) ; — Poésies (Paris, 1889, in-16, ; -
Salon de IS87 (Paris, 1889, in-4) ; - La Peinture en Europe, avec Eugène
Richemberger (Paris, 1893-1905, in-\Q) ; — La Fontaine (Paris, 1895, in-16).
— La Tradition dans la peinture française (Paris, 1898. in-12) ; — Artistes et
anmtears (Paris, 1899, in-8); — Images fuyantes (Paris, 1902, in-l:2) : -
L'Exposition des primitifs françjis (Paris, 1904, in-4) ; — Jehan Fourpiet
(Paris, 1904, in-4) ; — Les Primitifs à Bruges et à Paris (Paris. 190i. in-8) ;
— ;Uo;/èr«; (Paris, 1905, in-16) ; — La Vie et l'œuvre de THien (Paris. 1905,
in-12); — ÔO Dessins de Walleau (Paris. 1907. in-4) ; — Saint François
d'Assise el Saronarole (Paris. 1911. in-J2) ; — La Légende de saint François
— 302 —
<f/lsstse (Paris, 1012. in-12) : — Le Musée Jacquemart- André (Paris. 1914,
gr. in-8).
— Avec M. Paul Mansion, mort à Gaen le 2n avril, disparaît nii des
représontaiils les i)lus brillants des sciences mathématiques en Belgique.
iN'é le 3 juin 1S44 à Marchin-les-lluy, aussitôt après qu'il eut passé eu l<S(i7
son doctoral ès-scicnces physiques et mathématiques, il fut appelé à 1 Uni-
versité de Gand (1867) d'abord comme chargé de cours, puis (1870) comme
professeur extraordinaire et cnTin (1874) comme professeur ordinaire.
L'Académie de Belgique, après l'avoir nommé correspondant (1882) lui
donna l'un de ses fauteuils de membres ordinaires (1887). M. Mansion
qui, en même temps qu'un savant distingué, était un homme de foi. avait
été l'un des créateurs de la Société scieulific(ue de Bruxelles ; il en est resté
jusqu'au bout secrétaire général, et à ce titre il entretint de cordiales
relations avec la Société bibliographique. Voici la liste de ses principaux
ouvrages: Théorie de la nmUiplicalioit el de la Ira/tsjorinalion des fuiicl ions
ellipluines (Paris, 1870, in-8) ; — Théorie des eqindions aux dérivées par-
lieUes du I" ordre (Paris, 1875, in-8) ; — Élénieids de la théorie des déler-
niinaitls (Mons, 1X75, in-8 ; — 3e éd. en 188;2) : — Inlrodnclion à la théorie
des déterininanis (Mons, 1876, in-8) : — Leçons d'analyse infinitésimale (Mons,
1877, in-8) ; — Tables de logarithmes à douze décimales (Bruxelles, 1877,
in-8) ; — Résumé du cours d'analyse infinitésimale (Gand, 1877, in-8) ; — •
Théorie des nombres (Gand, 1878, in-8) ; - Application (/éométricjue du cal-
cul différentiel (Gand, 1881, in-8) ; — ('.ours d'analyse infinitésimale (Gand,
1882, in 4) ; — Mélanges mathématiques (Gand, 1882, in-8) ; — Calcul inté-
gral (Gand, 1883, in-8) ; — Tliéorie de l' êlimiiKdion entre deux équations
(d(]ébriqaes au moyen des déterminants (Paris, 1884. in-8) ; — Esquisses de
l'histoire du calcul infinitésimal (Paris, 18S7, in-8) ; — Le Graduai (Gand,
1889, in-8), avec M. de Ceuleneer ; — Notes sur la géométrie euclidienne et
la géométrie non euclidienne (Gand, 1891. in-8) ; — Travaux scientifiques de
L. Ch. (îilbert (Paris, 1893, in-8) ; — Les Principes fondamentaux de la géo-
métrie, de la mécanique et de l'astronomie (Paris, 1893, in-8) : — Précis de
la théorie des fondions hyperboliques (Paris, 1884, in-8) : — Premiers Prin-
cipes de ta métagéométrie (Paris, 1896, in-8) ; — Travaux géomélri<iues de
/'.'. Ch. Catalan (Bruxelles, 189tj, in-8) ; — Mélanges mathématiques (Paris,
1898, in-8) , — La Réforme du programme de l'enseignement moyen (Tour-
nay, 1902. in-8) ; — La Légende de Pascal (Gand, 1903, in-12) ; — C>dcul
des probabilités (Paris, 1906, iii-8;. Eu outre ce savant a donné une
collaboration active à plusieurs recueils scientificpies : à la Malhesis, fon-
dée par lui en 1881, aux Bulletins de l'Acadénue de Belgique, aux Annales
de la Société scientifique de Bruxelles, aux Comptes rendus de l'Académie des
sciences de Paris, à la Revue des questions scientifiques, aux Acla malhema-
tica, au /iultellino di bibliografia e d'isl.or'ia dette scienze matenudiche. de
Boncompagni, etc.
— Avec Sir William (Jrookts, mort dans les premiers jours d'avril à
Londres, disparaît un des maîtres des sciences chiinicpies en Angleterre.
iN'é le 17 juin 1832, entré en 1818 au Gollege of chemislry, où il fut de 1850
à 1854 l'assislant âo \. W. H()fina:«n, il devint en 1855 professeui' de chi-
mie au Trainiug collège d(; Gliester. En 185!> il revint à Londres oi'i il fonda
les Chemical neivs. dont il ne cessa de garder la direction. Il fut aussi à
partir de 1864 le directeur du (hiarlerly Jourufd of science. Kn 1855 il avait
découvert les sélénocyanides, eu 1861 le thallium ; en 1875 il inventa le
jadioinèlrc ; en 1898 il fixa l'azote aluio>[)iiéri([uc. Le s[)inlhariscope, cous-
— w.s —
triiit par lui en 1903, perinol do se rendre coiiiplo visuollcinciil df 1,1 désji-
gM'^falion du radium. L'analyse spoclraie. la spcctroscopic. les radiations
iiiniiiieiises ont ('té de sa part I objet de beaux travaux. C'est lui aus>i cpji
délerniina un quatrième état de la matière, l'état exlra^razeux où la matière
est radiante, l'armi les nombreuses récompenses (jui ont reconiui les
nn'-riles de ses travaux, nous citerons la médaille d'or de nolie Académie
des sciences (IS.S(J). qui se l'associa plus tard commecorrespondant, et celle
de la Society for cliemical industry ( li)l^). La iloyal Society de Londres, la
Britisti Association for advancement of sciences, la Chemical Society s'ho-
noièrtiit de lavoir connue président et un grand nombie de sociétés
scieiitiliques de tous pays le comptèrent parmi leurs membres. On sait
lintcrèt qu'il portait aux recherclies psychiques et la part considérable
qu'il y a prise. Parmi se.-> publications, nous mentionnerons : PracUcnl
Irealixe on melallurfjy , avec E. Robrig (London, IStiO. 3 vol. in-8) ; — Select
melliods in chemical analysis (London, 1871, in-8, plusieurs fois réimprimé) ;
— Mamifaclure of beei root siujar in England (London. 1870, in-8;; —
fieseurches on Ihe plienomena oj siiiiiiualisnt (London, IST'i, iri-8) ; — lland-
boolc of dyeiiKj and calico pviniiiuj (London. IS8^, in-8) ; — Dyeimj and lissue
prinlinfj (London. 188:2. in-8) ; — Wlieal ijrohlem (London, 1890. in-8j ; —
Solulion of llie seivaiie question (London, 1800. in-S) ; — On scandinni (Lon-
don, 1008-1910. 2 vol. in-4) : - Diamonds (London. 1909, in-12); —On
acquired radioaclivily (London, 101 i, in-8): — The préparation of eyepre-
servinq (ila.fs for spectuctes (London, 1014, in-4). De ses innombrables com-
munications aux recueils savants, nous signalerons les suivantes : dans
les Chemical neirs : Opacily of Ihe yellow sodajlame lo eiglil of ils own colonr
(1863) ; Application of désinfectants in arresting the spread of Ihe callle-
phmtjne (1800) ; Radioactivity and Ihe electrontheory (1885;,- — dans les
Philosopitical transactions de Londres : On llialtiiun (1803) ; Atom icéighl of
thalliuni (1873) ; Attraction and repidsion resulling froni radiation (1874-
d879) ; The trajectory of molécules (1879) ; \ iscosily of gases al high exhaus-
lion (1881); Radiant mal ter spectroscopy (18So) ; Supposed new force of
M. J. Tliore (1887) ; Spectra of Argon (1805) : — dans les Proceedings of the
Royal Society de Londres : Photography of the moon (18.')7) ; Measurement oJ
the luininous intcsHy of lighl (1809); Repulsion resulling froni radiation
(1876-1870) ; Expérimental contribution lo arc theory of Ihe radiomeier {ISlèj :
On a fonrlh slate of malle r (1880;; Radiant matler spectroscopy (1883) ; P-ysi-
tion of hélium, argon and kryplo/t in the scheme of éléments (1898) ; Victorium
a new élément (1800) ; — dans le Philosophical magazine : \eu^ élément (1861) ;
Al traction and repulsion accompanying radiation (1874) ; — dans le Quarterly
journal of science : The Atlantic cable and ils teachings (1864): Expérimental
investigation of a neiu psy chic force (1871) ; .\oles on an enquiry inlo Ihe phe-
nomena catled spiritual (1874) ; — dans les Proceedings of the Royal Instilute
de Londres : Genesis of Ihe éléments (1887) : Diamonds (1897) ; — dans les
Annales de chimie : Sur la matière radiante (1880) ; Études spectroscopiques
sur la matière radiante (1S84) ; — dans les Comptes rendus de IWcadèmie des
sciences de Paris : Projection des omb'-es moléculaires (1879); Foyer de In
chaleur des chocs moléculaires (1879) ; Contribution de la matière à l'état
ultragazeux (1880) ; Speclroscopie par la matière radiante (1885) ; Spectres de
l'erbine (1886); Présence d'un nouvel élément dans la samarskite (1886);
Source de l'énergie dans les corps radioactifs (ISt^O) ; — dans les Proceedings
of ihe Society j'or psycliical rescarch : \oies of séances with D. D. Home
(1889-1890) ; Presidenlial address lo ihe British association (1898-1899). On a
— 304 —
trniluit on français : La Genèse des èlèinenls (Paris, 1887. in-I8) ; — Élé~
mciûs el mélaélêmenls (T'aris. 1888, in-18) ; — Recherclies sur les phénomènes
du spiriinalisme (Paris, 187S, in- 18); — Discoun récents sur les recherches
psychhines (Paris. 1903, in-18).
— Lo général Stefanik, qui a élc l'un des artisans les plus actifs de la
foiinalion de la Tchécoslovaquie et qui est mort si malheurousenient et si
prénialuiéinent le 4 mai à Presbourg, dans un accident d'aviation, n'était
pas seulement un brillant et ardent oflîcier ; c'était aussi un savant de
valeur. Né en 1889, fils d'un pasteur slovaque, élève de lUniversilé tchèque
de Prague, où, sous la direction de Zanker. il s'était formé aux études
astronomiques, il était venu se perfectionner à Paris et avait eu l'honneur
de se voir associé par Jansen à ses" travaux de lObservaloirc de .Meudon.
Après des voyages scientifiques au Tibet, aux Antilles, au Cap Horn, et
ailleurs, il était devenu en 1907 le successeur de Jansen à l'Observatoire
du Mont Blanc. L'Académie des sciences, qui reçut à diverses reprises
l'exposé de ses travaux, en consacra la valeur par ses n-compenses Les
Académies et sociétés savantes étrangères s'honoraient de le compter
parmi leurs membres. Quand la guerre éclata, il s'engagea el rendit à sa
patrie d'adoption des services même d'ordre scientifique. .Mtachéà l'aviation
dans le nord de la France, il passa de là en Serbie et, après un premier
accident, il ne tarda pa>^ à se faire l'apôtre de la Tchécoslovaquie. En Rus-
sie le généralissime Alexeief lui donna des pouvoirs pour la constilulion
d'une armée tchécoslovaque Parti simple soldat au début de la guerre, il
était général en juin 1918. Nommé ministre de la guerre lors de la créa-
tion de l'État tclié('oslovaque, il se disposait à rentrer dans son pays quand
il fut victime de l'accident qui, en mettant fin à sa couile et glorieuse car
rière, priva son pays d'un de ses plus utiles serviteurs
— M. Ernest-Charles-Edmond Dumont, qui est mort le 10 mai dans sa
72e année, n'était pas seulement un libraire antiquaire bien connu des
amateurs, de ceux surtout qui s'intéressaient aux choses de Normandie.
C'était aussi un érudit et un curieux, passionné pour les vieux ovnrages,
pour les recherches anciennes, pour l'histoire du passé. 11 connaissait les
livres et ne les aimait pas seulement pour leur valeur marchande et pour
le profit matériel qu'il en pouvait retirer, mais aussi pour ievu' coiilenu et
pour la science que l'on y peut pvùser. C'était» un bibliophile normand »,
comme il sétait appelé lui-même dans ces Flâneries anonymes publiées
en 1879 el années suivantes. Membre de sociétés savantes de Normandie,
il a publié quelques ouvrages intéressants, parmi lesquels nous signale-
rons : Histoire de la ville d'IIarJlenr, en collaboration avec M. Alfred Léger
(Rouen, 1868, in-8) ; — L'Abl)aye de Monlirilliers (Rouen, 187^, in-8) ; —
Frniinients hlsloruines. Nouvelles el légendes du pays de Caux {]-G Havre, 1879,
in-K») ; — Hisloire de la ville de Montivilliers, en collaboration avec
M. Alphonse Martin (Fécamp, 1880, 2 vol. in-lG) ; — LU Acte de piraterie
sur remplacement du Havre en /.5.'>J (Paris, l8!)i, in-8); — Xulice sur la vie
et les écrits de Louis-Georges-Ouilard Feudrix de Bréquigny. membre de l' Aca-
démie des inscriptions et de ï" Académie française, né à Moidivittiers en 1715
(Rouen, 1897, in-X).
— M. .lean .Maktin, bibliothécaire archi\isle de la ville de Touriuis. l'un
des fondateurs de la Société des .\mis des aris et des sciences de Tournus,
vice-président de la Société d'histoireel darchéologie de Chalon-sur-Saône,
conseivaleur du Musée (îreuze, corresjjondanl du Comité des beaux-arts,
rvl rnorl à Tournus (Saône et-Loire), le 2:2 avril, à l'âge de près de 80 ans.
— :u):; —
(■■Liiil m- on celle \illi' le ^ii juillet 1S3'.I On doit a M. Jean Marlin. .1 luJit
et aiTliéoln<ïnc (li^lin^MH'^ fie nombreux liavaux d'Iiisfoiie et d archéologie
locales parmi lesquels il eonvionl de rappeler : SépuUiifex barbares sous
ilallex braies des entnroiis de Toariiiis (Màcon, 18!)8); — Pierres tombales de
l'éf/lise de l'abbaye de Tonrnus (Clialori-sur-Saôiie. 190l) ; — Uécnarerlrs
archéolo(ji<iaes dans les dépeivlances de l'église abbatiale de Tournas (Màcon.
1901) ; — Influence de bi dévotion popnburc sur le monnayage de l'abbaye de
Tonrnus (Congrès arcliôologique de Màcon. 1901 j ; — Aouvellea Dècouverles
de sépultures barbares aux environs de Tourims (Chalon-sur-Saône, 1905; ; —
l'ierres toudmles et inscriptions archéologiques de Chaton (Chalon, 190G) ; —
Votre- Dame de Consolation de l'église de Brienne (Paris, 1907) ; — Le Cliàtean
(l'IJxelles et ses seigneurs, en collaboration avec M. C. .leanton (Màcon,
1 90S) ; — Elude sur une Victoire sfuis ailes, statuette bronze trouvée à Lacrosl
! Tournus. 1908) ; — Œuvre de J.-B. Greuze, catalogue raisonné de ses <euvres
(Paris, 1908) ; — La BUdiothèque de Tournus (Tournus, 1909) ; — Les Pierres
louibales figurées du déparlement de Haone-et-Loirp, en collaboration avec
M. G. Jeanton (Paris, 1909) ; — Les Pierres tombales de la Bourgogne (1910 :
— Catalogue du Musée de Tournus (Tournus. 1910) ; — . Nouvelles Découvertes
archéologiques faites en 1910 autour de l'église abl)atiale de Tournus (Màcon,
1911); — Devenet, sculpteur lournusien (Tournus, 1912); — Répertoire des
Jamilles notables/ de Tournus et de sa région, en collaboration avec M. C.
Jeanton (Màcon, 1913).
— On annonce encore la mort de MM. : Henri Bkauclair, ancien r(»dac-
teur en chef du Petit Journal. i\u{Quv de plusieurs volumes de poésies;
L'Éternelle Chanson, les Horizontales. Pentecôte, les Déliquescences en colla-
boration avec le poète Gabriel Vicaire sous le pseudonyme d'Adorée Flou-
pelle, mort à SS ans. le 13 mai ; — le D'^ Pierre-Paulin Carles, professeur
à la Faculté de médecine de Bordeaux, auteur de : Étude sur les quinquinas
(Paris, 1871, in-S) ; Sur la coloration artificielle des vins et sur les moyens de
la déceler (Bordeaux. 1873, in-8) ; Étude chimique et hygiénique du vin en
général et du vin de Bordeaux en particulier (Bordeaux. 1880, in-8) ; Les
Cahiers du laboratoire et de l'officine (Bordeaux, 1887, in-8) ; La Diète lactée
iBordeaux, 1891. iu-8/ ; Le Pain des diabétiques (Bordeaux. 1891, in-8) ; /.e.s-
/)érivés larlriques du vin (Bordeaux. 1892, in-8) ; De l'Extrait sec des vins,
son rôle alimentaire, son influence sur la conservation du vin, sa valeur com-
merciale (Bordeaux-, ls93, in 8), etc., mort le 5 mai ; — François-Henri
(Jastkts, membre de l'Association des journalistes parisiens, mort à
88 ans, le 12 avril ; — Armand Cazaux, directeur du journal le Monde
thermal, membre de l'Association des journalistes parisiens, mort le
20 mars ; - le D"" Joseph Charles, professeur à la Faculté de méilecine
de Bordeaux, auteur de divers ouvrages, entre autres : De la Commotion
labyrinthique (Bordeaux 1899, iu-8; ; Sur une forme d'hypérémie pharyngée
chronique permettant de dépister l'albuminurie ou la glycosurie, contribution
à l'étude des petits signes de ces deux affections (Lyon, 1899,. in-8) ; Pemplii-
gus des. muqueuses, forme aiguë et forme clironique récidivante {BovAomw,
1902, in-8), mort le 30 avril ; — Xavier Charmes, membre de l'Institut,
directeur honoraire au ministère de l'instruction publique et des beaux-
arts, où il avait longtemps dirigé le comité des études historiques, auteur
de : Le Comité des travaux hisiorhiues et scientifiques (Paris, 1886, 3 vol.
in-4) ; Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts. Rapport au minis-
tre sur la situation des archives nationales, départementales, communales et
hospitalières pendant l'année 18S6 (1887, 1888 et 1889; (Lille. 1887-1890.
Mai-Juin 1919. T. CXLV. 20.
— 306 —
4 fasc. in-8), morl le I'' mai ; — Auguste Dflage, professeur à la Faculté
des sciences de Montpellier, mort à 68 ans, le 12 mai ; — leD' Henri Domi-
Nici, à qui l'on doit les notions les plus précieuses en radivimlhérapie.
mort le 23 mai ; — Caniiile Dugas, chroniqueur judiciaire du XIX' Siècle
et du Malin, mort à 1 âge de 60 ans, le 29 mars ; — l'acteur Duquiîsnk, qui
laisse un recueil de vers où le poète chante le pays angevin, mort derniè-
rement à Angers à l'âge de 69 ans ; — Ch. FisciiBAcnKR, l'éditeur bien
connu, mort le 11 mai, à 79 ans ; — (iustave Gjksvu.lkr. auteur de
romans et de nombreux contes, entre autres : Le Droil cheiiiin (l\Tris, 1900,
in-18) mort le 14 avril ; — Henri Hua, professeur au Muséum d'histoire
naturelle, auteur du \onveau Manuel coinplel de la dislillalion de la belle-
rave en collaboration avec M. F. Malepcyre (Paris, 1901, in-8), mort dans
le courant de mai ; — l'abbé Hy, professeur à la Faculté des sciences de
l'Université catholique de l'Ouest, qui a collaboré an Diclionnaire de la
Bible de l'abbé Vigoureux, pour lequel il a écrit de nombreux articles con-
cernant la botanique, mort récemment à Angers ; — Mgr Edmond-Henri
.Iaspaiî, prélat de la maison de Sa Sainteté, l'un des fondateurs de la Croix
du Nord, mort dans sa 83" année, à Bon Secours (Nord), le 21 mai ; —
Guillaume Livet, journaliste, auteur dramatique, mort le 46 avril ; —
Charles de Mestre, connu sous le pseudonyme de Charles Martel, collabo-
rateur â la Juslice ainsi qu'au journal l'Aurore et au journal la Vicloire,
auteur de : Les Singes représenté au théâtre Antoine, mort subitement à
61 ans. le 13 mai ; — l'abbé Paulin Momquet, auteur de la Divine Hisloire
de Noire-Dame de lourdes, mort à Bagnères-de-Bigone le 9 mai ; — Mous-
set, doyen des journalistes sportifs, mort à Mce le 20 mai ; — Julien i>e
NahfOiN, collaborateur au Figaro, au Gaulois (sous le pseudonyme d'.Wi-
guste Diues), à la Revue hebdomadaire, à ï Éclair, au Journal de Genève, etc.,
auteur de : Léon XUL Pie X intime. Vers l'Église libre, la Séparalion, M m-
lalemberl. Louis Veuillol, mort le 4 mai ; — Charles Plésent. professeur
au lycée I,ouis-le-Grand, mort le 23 mai ; — l'abbé Etienne Poui.oux.
directeur au séminaire d'Issy, mort à 39 ans, le \" mai ; — Fernand
PiuEM. professeur honoraire au lycée Henri IV, corresponilant du Muséum,
à qui l'on doit une Élude des poissons fossiles dn bassin parisien (Paris, 1908.
in-i), mort le 4 avril : — Paul Rigom,et, rédacteur à l'Information, morl
en avril ; — Benjamin Sax. directeur du Mémorial diplomatique, mort le
17 avril ; — le chanoine Charles Selleteii, professeur au petit séminaire
de Felletin, puis à l'École de IN.-D. de Guéret, mort à 08 ans, le 11 a\ril :
— M. L. Vincent, professeur de l'Université, mort à 7;") ans, le 7 mai.
— A l'étranger ou annonce la mort de : Mrs. Amelia E. Bahr, romancière
américaine, auteur de ./a/t red(7t'/-'.s/r//'c' (1884), The Bow of orange ribbon
(lKS8),'/'/?x' Slrawberry hand Kerchief' (i'M)^), Playing wilh fire {i9\^). An
Urknay mald (1917). etc., morte le 10 mars à Richmond Hill, L. S., âgée
de 88 ans ; — du Hév. H. C. Beecuing. doyen de NorSvich. auteur notamment
<le Pages from a privide diary, mort le 26 février, et de MM. : Henry Martin
Bi.ossoM, romancier et auteur dramatique, qui s'est fait connaître par
ses romans . The Document in évidence. The Brother of Chuck Me Cann, et
j)ar une série d'opéras populaires, né le 10 mai 1866, mort à New York
le 2'i mars ; — Robert Bowes, libraire antiquaire de Londres, docteur
honoris causa de l'Université de Cambridge, mort le 9 février, à 84 ans ; —
Kenyon Cox, peintre et critique d'art, doni nous citerons : Old masiers
4ind neui (1905); Painlers and scnlplors (1!»07) ; The Classic point of riew
(191!) ; l;7(,s/ and public (1914) mort dans sa Oo" année, le 17 mars, à New'
— :i07 —
Voik, dune .Ttta(|iio de pneumonie : — le D' Duagiiikscou, piorcsseiir de
la l'\i(nllé de médecine de Bucare>l, (|ui a pris paît à plusieurs congrès de-
médecinc à Londres et à Paris, mort le 29 mars, a Paris ; — Knriquc
EsTEBAN Santos, érudH espagnol, mort le lo mars à Salamaiiquc ; — Her-
bert lluiitinj^lon Smith, naturaliste, conservateur du Muséum de l'Uni-
versité d'\lal)ama. n»ort le 22 mars, dans sa OS' année ; — D' Etciif.rninc.
prf)fcsseur de chiruigie à Copenhague, mort à GS ans. le 17 mai ; — (iud-
mund (;i;nMt"MissoN, poète islandais, mort en mars ; — Henry Hill Hoix;-
SON, le libraire bien connu de Londres, mort à 81 ans, le J.S février ; —
Livio Makchktti, historien d'avenir, auteur, entre autres ouvrages, de //
TrenUiU) net rlxoiyiinenlo (IU\?,. 2 vol. in-S), mort récemment à Rome : —
(jino Om;sti.m;hicl, l'un des représentants de la culture italienne dans le
Trcntin, collaborateur de l'Arcliiuio per iallo Adige, dont on cite notam-
ment une étude sur bi Giierra Ira Sitjismondo corde de l Tirolo e la repabblica
(H Vene:ia iiel l'r27 (1903-1900, dans la revue TridenUiin), mort le 11 janvier,
à Trente, âgé de 38 ans ; — Victor Sâi.nz de Robi.ks. correspondant de
l'Académie d'histoire de Madrid, mort à Viaria (Navarre), en mars ; — John
South SiiiiDLOCR, longtemps critique musical de Tke Acadeniy. puis de The
Allieiiaenin, auteur, entre autres ouvrages, de : l'ianofurle sotiala, ils origiii
and derelopinenl (18 'o, in-8) ; Beelhouen (1903. in-12), mort le 9 janvier, à
76 ans ; - William Spon. l'un des fondateurs de la grand firme de librairie
.inglaise, mort le Iti janvier, à Aldwick. Bagnor (Sussex) ; — Ludwig
Sylovv. éminent mathématicien norvégien, mort en septembre, dans sa
riS' année ; — Prolvopie Vkkovitch. publiciste. mort à Paris le 18 avril ; —
William W atson, professeur de physique au Collège impérial de science
et de technologie de Londres, auteur d'un ouvrage de physique très
apprécié, à qui 1 on doit d'importantes recherches sar le magnétisme et
([ui, directeur du Laboratoire central en 1915, s'est fait remarquer pour ses
recherches contre les gaz asphyxiants, mort le 3 mars dans sa 50" année.
Lectures faites a. l'Académie des inscriptions et belles-lettres. — Le
4 avril, M. llomolle communique un rapport sur les tumuli de Macédoine
rédigé par le sergent Key. archiviste paléographe, chargé de la direction
du service archéologique de l'armée de Macédoine, à qui la commission
Piot avait attribué une subvention de 2000 francs. — M. Omont donne
lecture d'une note du P. Delehaye, bollaudistc, sur le mot grec iniereus,
inconnu aux classiques, et que l'on trouve dans de nombreux textes hagio-
graphiques. Le P Uelehaye établit, par une suite de passages empruntés à
diverses vies de saints, que ce mot;5ignifie : « prêtre indigné ou sacrilège».
— M. le chanoine Van deu Gheyn, président de la Société d histoire et
d'archéologie de Gand, expose de quelle façon il a pu soustraire à tous les
dangers, pendant l'occupation de Gand par les Vllemands. le merveilleux
retable de a l'Agneau 'mystique » peint par Van Kyck et conservé à la
cathédrale de Sainl-Havon. — M. Paul Monceaux communique une ins-
cri[)lion inédite de Madaiire, récemment découverte par M. Joly dans les
fouilles du service des monuments historiques de l'Algérie, inscription
qui. datant du iV siècle, figurait sur le tombeau d'un vétéran chrétien. —
M. .\drien lîlanchet étudie un passage de Suétone d'après lequel Auguste
avait reçu, dans son enfance, le surnom de Thurinus, tiré du nom de
Thurium. ville d'où sa famille était peut-être originaire. — Le 11 avril. M.
l'oucart éludie le décret par lequel les combattants de Phylé, au nombre
d'une centaine, selon Eschyle, furent gratifiés dune somme d'argent et
d'une couronne de feuillage en même temps qu'une inscription collective
— 308 -
fut gravée on leur lionncur. — M. Théodore Reinach présenlc quelques
observalions sur celle communication- — Le prince Michel Slourdza donne
lecture d'iuie étude sur les origines et les rapports de quelques poids
assyro-chaldéens. — Le 10. M. Paul Foucart lit un mémoire sur un décret
athénien de l'année 401 qui statuait sur les récompenses à décerner aux
métèques et aux étrangers ayant concouru au renversement des Trente et
à la restauration de la démocratie. — MM. Maurice Croiset et Théodore
Reinach présentent quelques observations. — Le 23 mai, M. Edmond l'ot-
tier communique une lettre par laquelle M. Mouret fournit des indica-
tions complémentaires sur les fouilles qu'il poursuit à Eusérune, près de
Béziers, sur l'emplacement dune nécropole ibérique du v^ siècleavant J.-d.
— M. Babelon présente à l'Académie les comptes rendus du congrè>
français de la Syrie, qui s'est tenu à Marseille, eu janvier dernier : il insiste
sur l'importance de la tradition française en Syrie et sur lu nécessité de
défendre dans ce pays nos intérêts scientifiques
Lectures i aites a l'Acauémie des sciences morales et pOLniouES. — Le
•4 Avril, le commandant Weil lit une communication intitulée : Melleriiich
et VEnlenle cordiale. Une Dépêche inédile, les inamenvres et les inquiétudes du
chancelier. — Le 10 mai, M. Henri Welschinger donne lecture d'une étude
historique sur Bonaparte el Washington. — Le i7. M. Wincenty Luloslawski.
membre de la Commission scieutificjue de la délégation polonaise à la Con-
férence de la paix, lit une communication intitulée : La Conscience -na-
tionale el la Ligue des nations — Le 23, M. Marcel Marion^ professeur au
Collège de France, lit un travail sur le Retour aux prix normaux sous la
Révolution après la disparition du papier-monnaie.
Prix. — La Commission des antiquités nationales, dans la séance tenue
le 4 avril par l'Académie des incriptions et belles-lettres, sans décerner sa
première médaille, a attribué la seconde à M. le chanoine Deslandes
{Etude sur l'église de Bayeux) et la troisième médaille à M. l'abbé Galabert
(Moidpezat de Ouercy. Une première mention a été ensuite accordée à M.
Henri Steiu (Pierre Tristan, chambellan de Philippe-Auguste ; Conjectures
*-«r l'auteur du Livre de Justice el de plet ; Recherches sur quelques fonclion-
naires royaux du Gatinai.'f). La deuxième mention à M. l'abbé Dume (Me-
mento des sources hagiographies de l'histoire de Bretagne). La troisième men-
tion à M. H. Morel {Le Croisic, précis historique sur la presqu'ile crosicaire).
— Pour la premièi'e fois, le prix 11. A. (îiles de Cambridge est décerné
comme suit : 600 fr. à M. Georges Maspero {(irammaire de la langue cam-
bodgienne) et 200 fr. au capitaine André Sylvestre, de l'infanterie-colo-
niale, disparu dans le naufrage de « l'Athos », torpillé le 17 février l'.)17,
pour ses recherches sur les Thaï blancs.
— Dans sa séance du 11 avril, l'Académie des inscriptions et belles-
lettres a partagé le prix du marquis de la Grange entre M. Glovis Hriinel.
pour .son édition de la 17e de la sainte Énimie en ancien provençal (600 (i.)
et M'"' ÎNicod. [)Our son édition des Jeux partis, en ancien français dA-
dam de la Halle (400 fr.).
— Le 10 mai. l'.Xcadémie a partagé le prix Bordin : 2.000 fr. à M. Weil
{l^e Moyen En^pire égyptien) et 1.000 fr. à M. Conti Kossini. j)Our sa notice
sur les manuscrits édiiopiens de la collection d'Abbadie.
— L'Académie, dans sa séance du 23 mai, a attriliué le prix Le Senne,
de 2.000 fr. à M. llonbauer et le prix Prost; de 1.200 fr., à M. Davillé,
pour son étude sur Rar-le-Duc à la fin du xvi* siècle.
Paris. — L'un des derniers travaux de M. Emile Picot a paru dans le
— 301) —
I. XLIV (lîIlT) (les Mrinnirrs (h. la Sociéh! de l'hisloirc de l^arix el de Vile de
France sous ce litre : I.a (Querelle des daines de Paris, de Houeii, de MUnn et
de Lyon au commencement du xvi" siècle (Paris, impr. Pli. Konounrd, 1!)17,
iii-S de (10 p.). Quand, après avoir fait en 1508 sor) entrée solennelle à
Honen, Louis \II revint à Paris, les dames de la capitale s'entendirent
poiu- lui faire une réception si brillante et si empressée (pic le Roi n'aurait
pas caché que les Parisiennes lui plaisaient plus que les Houennaiscs, d'où
profond dé|)it des Normandes dont un poêle po[)ulaire, Maxiniien, se fit
rct:lio dans le Débal des dames de Paris cl de Rouen sur l'entrée du fioy Un
peu plus lard un Milanais, Simcone Litta, prit la parole au nom des
(lames de Milan, désireuses de se hausser au-dessus des Parisiennes et des
Houennaiscs ; Maximien se fit le traducteur de cette Uescriptioa des dames
lie Millau à celles de Paris et de Rouen. Les dames de Lyon s'en mêlèrent à
leur tour et nous avons ainsi la Rescription des femmes de Paris aux femmes
de Lyon, la Réformation des dames de Paris faicle par les Lyonnaises et la
Heplicque faicle par les dames de Paris contre celles de Lyon. Ce sont ces
r\iH\ pelils poèmes, dont M. Picot nous donne une édition collective ;\
ia(pielle il a joint une description biblioirraphiquo précise des éditions
connues de ces plaquettes.
— Dans son élude sur le Prince de Bismaixk et F Expansion de la France
en /1fri<iue (Paris, i^edonc ; Gamber, 1918, in-8 de 40 p ), M. E. Rouard de
Card a montré comment Bismarck a témoigné jusqu'au moment de sa
disgrâce, en matière coloniale, d'intentions pacifiques à l'égard de la
France. Grâce à sa politique conciliante et modérée, quels qii^en pussent
être les mobiles secrets, ont été réglées sans grande dilïicuH^ plusieurs
(juestions plus ou moins importantes, mais toujours délicates : les affaires
du Maroc en 1878-1880 et les affaires de Tunisie en 1878-1S80. puis celles
(iu Congo et de l'Afrique occidentale en 1884-1885.
- \ tous les points de vue, le tome I" des Travau.x et notices publiés par
I'. Académie d'agriculture de France (Paris, 18, rue de Bellecliasse, VU", 1918,
in-8 de 322 p., avec portraits; est des plus remarquables. Il est ainsi
composé : Hommage à la mémoire de Charles Sébline. par MM. Jules DcvcUe,
Jules Méline et Henry Sagnier (p. 11-20, avec portrait et planche). La
planche accompagnant le portrait reproduit une plaque commémorativc
destinée à figurer dans la salle des séances de l'Académie ; elle porte cette
inscription : « A la mémoire de Charles Sébline. membre de l'Académie,
mort le 10 février 1917, martyr de la barbarie allemande » ; — Notice bio-
graphique sur Jules Bénard (né en 1842 à Ferrières, dans la Brie, mort le
15 avril 1913), par M. Henry Sagnier (p. 21-36. avec portrait) ; — Xotice
l)iographique sur ./. H. Fabre (1' « Homère des insectes », selon l'expression
de Victor Hugo), par M. E.-L. Bouvier (p. 37-54) ; — Notice sur la vie et les
travaux de René Zeiller (le maître de la paléontologie végétale française, né
-à Nancy en 1847, mort le 27 novembre 19l5), par M. Gaston Bonnier
(p. 53-103) ; Xotice biographique sur François Berthault (9 février 1857-
12 février 1916). par M. Henry Sagnier (p. 107 121, avec un portrait) : —
Notice sur la vie et les travaux d'Edouard Portier (18 août 1826-1 1 août 1915),
par M. René Berge (p. 123-139, avec un portrait) ; — La Vie et les travaux
d'Achille MiiiUz (le célèbre chimiste et agronome, né à Soulz-sous-Forêts
(Bas-Rhin)^ le 10 août 1846, mort à Paris le 20 février 1917), par M. A.-Ch.
Girard (p. 141-184. avec portrait) ; — .4. Chauveau, sa vie et ses travaux
(24 novembre 1827-4 janvier 1917). par ^I. G. Moussu (p. 185-206, avec un
portrait) : — Recherches sur l'emploi des plants de pommes de terre impar-
— 310 —
failemeni mûrs, par M. l'Iiilippc-L. de \ iliuorin (p. 207-200) ; — ProdiicUon
intense de In viande de boucherie, par MAI. André Gouin et Pierre Aiidouard
(p. 267-284) : — La Silualion de l'aririciillure en pays envahi (nord de la
France et Bet<jiqne), août 19î^i-niars 1917, par M. H. Lecq (p. 285-315) ; —
L' Agriculture et la situation agricole dans le département de la Corrèze avant
la guerre (juillet lOl^iJ, par M. IMorre Berlliault (p. 317-300) ; — L'Applica-
tion de l'électricité à l'agriculture, \ynv M. L. Dabat (p. 371-419) ; — La Mala-
die du chêne, ses causes et son remède, par M. Lucien Daniel (p. 421-440) ;
— La Vie et les travaux de Ferdinand .Jatnin, par M Maurice Lcvèque de
\ iliuorin (p. 441-443); — Hommage à Maurice Lévêque de Vilmorin, par
M. Albin Haller (j). 445-448, avec . portrait) : — Notices nécrologii^ues, par
M. Henry Sagnior (Henri Joulie, Edouard Prillieux, Arthur IJébaut,
Edmond Eavalard, le marquis Melchior de Vogtié, Paul Leroy-Heaulieu.
hidouard de Monitault, Oscar Linder, Philippe-E. de Ailmorin, Honoré
AudinVed. Léon Martin) (p. 449-484) ; — Notice sur Alfred Mallèvre, par
M. G. Wery (p. 485-489) ; — Notice sur le général William G. Le Duc. par
M. L.-O. Howard (p. 48N492) : — L'Agriculture française et la Guerre, par
M. Henry Sagnier (p. 493-520).
— En tôte du numéro de juillel-décembie 1918 du Ihdlctin ilalicn. revue
formaul, depuis '1901,1a troisième section des Annales de la Facullé des lettres
de Bordeaux, M. Georges Radet. doyen de la Faculté, annonçait la pro-
chaine transformation de ce périodique, qui comptait dix-huit années d'une
existence active et féconde. « La revue (|ue nous avions fondée, écrivail-il, ne
disparaît ])as ; elle va renaître sous le titre d'Fludes italiennes, publiées par
riJinon intellectuelle franco-italienne >■>■ — Le premier fascicule (janvier 1919)
de ces Études italiennes a paru à la maison parisienne d'éditions Ernest
Leroux, par les soins d'un comité de rédaction de tiois membres, qui
sont: M. Eugène P>ouvy, M. Henry Hauvette et son collègue à la Sorbonne
et notre très distingué collaborateur M. Edouard Jordan. Ces trois noms
sont une garantie de succès. Le programme des Éludes est le même que
celui du Bulletin, un peu élargi. « Notre ambition, lit-on dans VAvis aux
lecteurs, serait de fournir au public français la revue qui le renseignerait
sur le plus grand nombre possible de points touchant à l'histoire de la
civilisation italienne ancienne et moderne. » — Voici quelle est la compo-
sition de ce premier numéro. Trois articles de fond : Claude Lorrain et le
paysage romain, avec 3 pi., par Pierre de Nolhac ; Noterelle concernenli A.
de Vigny, par Guido Mazzoni ; Giovanni Cena, par CharloHe Ilenauld. Suivent
deux aiticles de ]ariétés : « Les Bomains sont sots et les liavnrois sont fins ».
par H. Cochin ; La Piave ou le Piave? par Hfauvelte). Enfin, une vingtaine
de pages de Ouestions universitaires, de Bibltugrapliie (c\u(\ com|)tes rendus)
et de Glironi'jue. La seconde livraison, qui vient de paraître, contient, en
outre, un Dépouillement de Périodiques, qui est une très heiueuse inno-
va lion.
— La revue bien comme \ ie à la cnutpagne. qui avait interrompu sa |)ubli-
«ation pendant la guerre, reparaît mensuellement depuis avril. Le pério-
dique {''erutes et châteaux ayant Hisioruié avec la publication si richement
ot si abondamment illustrée de la tnaison Hachette,, le titre sera désormais :
Vie à la campagne et Fermes et châteaux réunis, (j'ommepar le passé, la revue
s'efforcera d'être « pratujuc avant tout », s'adressant donc plus spéciale-
ment aux propriétaires, fermiers, éleveurs et cullivaleurs, ce qui n'empé-
<'hera pas les gens de goût de l'apprécier à sa valeur. Nous avons reçu le»
livraisons d'avril et de mai, tout aussi luxueuses et intéressantes que leurs-i
— AM —
deviincicrcs (ia\;ml-mifrio ; on en Iroiivcrii le sominaiic dans nolio l'.iilio
loclini(|iR'. Ajouloris (|ih', provisoiieiiicnl, If prix de l'aboiiricmcril aiirxirl
rvi-U' fixé à 20 Ir. pour la l'ranci' ot 2."> fr. pour IKtraiigfr (Paris, librairie
Hachelto).
— A la luriiK" librairie, le [xm iodi(ju(' illii^lré inlitiib' : J'irdiii.s el Ijnsses-
cours, (ioveini très vile populaire pour ses nombreux conseils piatiipies
et sou |)rix modique, reparaît aussi deux fois par mois. Ses sommaires
ligurenl éfralemeiit dans notre Partie technique. Abonnement annuel :
Fiance f3 fr. ; Etranger. 8 fr.
— Les Editions-pratiques el documentaires (;iG. rue d"Aboukir. à Paris)
nous envoient neuf opuscules nouveaux de chacun 10 pages, format petit
in-10, savoir: I. BihlioUihiue « \ic pratique : Droils eiobluidiions des palroiia
el des commis, employés, ouvriers, par M. P -(]. liobert. avocat ; — Pour
ncipiérir, pour développer chez soi el chez les autres la volonté, Vntlenlion, le
Jufiemenl, l'éuerijie, la nudlrise de soi. la perséuerance. la mémoire, l'esprit
jtrnlitpie el toutes les r/ualilés permetla/d « d'arriver », par M. J. Mac I3urns ;
— Pour réussir dans tous les arts, par .M. P. -II. Delhy ; — Un Million parait
pour récompenser vos mérites fprix académiques et de diverses sociétés) par
M. J.-B. Mailly ; — Comnwnt fpupier de l'ànjenl en collectionnant les timbres-
poste (anonyme) ; — La Santé par les plantes de voire jardin, par le. D'' J.-H.
Sainl-(^lair. — II. liihliolliè(/ue pratique de la femme : Ijes Plats français de
nos provinces les plus succulents, les plus délicieux, les plus économiques, pai-
M. 1'. Savarin ; — Ia's [{émîmes el la préparation de leurs aliments, par M.
M.-A. (iillin. — III. Bibliothèque moderne du village : Pour lutter efjicacemenl
contre les celées prinlanières par des moyens préventifs, certains, peu coû-
teux, faciles à réaliser, par M. J.-P. Gamp-Bell. météorologiste. — Le prix
de chacune de ces brochurettes est de U fr. 2").
liRiiTAGNE. — M. le vicomtc Hippolyte Le (iouvello, auteur déjà de plu-
sieurs ouvrages d'édilicatiot), publie les .lpprjrf//o/is d'une âme du Purgatoire
en /{retagne (Pnr'is. Téqui, 1919, in-l2 de îJO p. Prix: 0 fr. 50). L'apprécia-
tion des faits de ce genre relève de l'autorité ecclésiastique ; nous ne pou-
vons que les signaler.
— Dans le i*" Cahier breton, intilulé : \ouvelles léonaises (Lannion, mars
1919, in-I2 de 77 p.), M. Yves Le Febvre raconte l'histoire d'un ivrogne de
neuf ans, d'une fdle-mère et d'un viol accompagné d'un meurtre et
suivi d un suicide. Ce sont, paraît-il. les mœurs actuelles de la Basse-Bre-
tagne athée. Un éloge dithyrambique de Jaurès, qualifie de géant, de colosse,.
lui dont les rêves follement humanitaires ont risqué de perdre à jamais
la France en la livrant désarmée à ses ennemis, rachète mal ces hideurs.
Franche-Comté. — D'une de nos lointaines colonies nous arrive une
étude intéressante sur un officier franc-comtois, qui tint garnison à plu-
sieurs reprises en Annam et au Tonkin et qui trouva la mort dans la
région de Verdun le 8 août 1916: Les Poètes français d'Indochine. Ilenlor
Ponsol {Revue indochinoise de mai I9I8 (p. 471-509, avec un portrait). Né ii
Beaufort (Jura) en 1882, Hettor Ponsot ne fut pas seulement un excellent
oHuier sorti en bon rang de Sainl-Cyr, un soldat de « courage parfois
téméraire », selon l'expression de ses chefs, mais aussi un poète qui s'an-
non(,;ait on ne peut mieux. Sous le pseudonyme de Mat-Giang, M. René
Crayssac, haut fonctionnaire français à Hanoï, poète lui aussi, a écrit sur
le lieutenant, depuis capitaine Ponsot, des pages très attachantes. U
raconte d'abord, de façon humoristique, comment il fit connaissance avec
l'officier-poète et comment celui-ci débuta à la Revue indochinoise, puis
- 312
donna sa collaboration à la Plume iiidorJt [noise, aulro péiiodiqiio d'Hanoi.
Lauleur, cuire (lu'il reproduit dans son travail de nombreuses pièces
dlleclor Ponsot, qui le méritent amplement, fait connaître aussi un cer-
tain nombre de poésies inédites qui ne le cèdent en rien à celles ayant
déjà vu le jour. .loune talent fauclié dans sa fleur, comme tani d'autres,
hélas ! par l'horrible f^uerre qui a si justement fini par rdlondrement d*^
ceux qui l'avaiciil préparée et déchaînée.
Languedoc. — l'nc sacristie de la basilique Saint-Scrnin, à Toulouse, —
exemplaire, admirable entre tous, du slyle roman, — conlic-nt des fresques
d'un art aussi curieux pour l'histoire de la piété que pour celle du symbo-
lisme religieux. C'est à rechercher les dates d'origine et à traduire le sen^-
de ces peintures murales que s'applique, dans une élude érnditc et nuan
cée, le membre actif et averti de la Société archéologique du Midi de la
France, M. l'abbé Auriol : l.es Fresques de la sacisiie de Saint-Serinii à Tou-
louse. (Toulouse, Privai, in-8 de 15 p., avec reproductions photogra-
phiques). L'histoire de sainte Catherin(;, vierge et inarlyre, patroime des
philosophes, est contée dans ces fresques, et M. l'abbé Auriol la reconsti-
tue, s'aidant, au besoin, des indications de la Légende dorée. Il y aussi un
Crucifiement et un Couronnement de la Vierge où se lévèle une facture
spéciale à la fin du moyen âge, ainsi que nous permet de le conjecturer
avec une prudente sagacité la critique pénétrante de M. l'abbé Auriol.
Lyonnais. — V Agenda a(jricole el vilicole, que M. V. Vermorel, un maître,
publie depuis trente-quatre ans, est toujours, par excellence, le vade-inecuni
du cultivateur et du viticulteur, ainsi (juc le prouve aisément l'exemplaire
reçu par nous dernièrement et qui porte la date de lUiO (\ iliefranche-du-
Khône, librairie du Progrès agricole et vilicole, petit in-!0 cartonné toile,
de 335 p., y compris les pages destinées à recevoir les notes journalières,
i'rix : 2 fr. 80). Les renseignements que l'on trouve dans ce recueil s'ap-
jjli(pient à tout ( c qui peut intéresser pratiquement, de façon directe ou
indirecte, ceux qui dirigent une exploitation et aussi les simples traxail-
lenrs des champs. En somme, guide précieux qu'un format commode |)er-
mel de glisser dans sa poche pour être consulté à riieurc même où le
besoin se produit.
NivEiiiSAis. — A lui seul, M. le colonel du Marlray a fourni la matière
qui a composé le o' fascicule du tome XXV"^ du Bullelin de la Sociélé nirer-
aaise des lellres, sciences et arts (Ncvers, Gremion ; Paris, Champion, 1!)IU,
in-8 paginé 509-567, /ivec 5 planches). Deux études : Les Équipages de
Marie-Josèphe de Saxe, Dauphine de France. Étienne-Denis de Pampelune de
(jenouilly, chevau-léger de la garde du Roi, gouverneur de Vézelay. etc.
(p. 509-548, avec 5 planch(îs). « Ce ne sont pas, dit l'auteur, des documents
pour la grar)de histoire ; ils dévoilent seulement une des splendeurs encore
inconnues de cette cour de Versailles, (jni, imitée avec jalousie dans toute
l'Europe, eut une influence si considérable sur le progrès des arts et de
la civilisation » ; — Correspondance d'un procureur génénd de la Cour impé-
riale de La Haye ( ISI2). ,lac(piinot de Pampelune (p. oi'^-lHJ'l). Los pai>iers
de la famille .lacquiuot, conservés au château du Marlray, « répondent à
une existence des temps troublés de la dévolution, de l'Lmpirc et de la
Hcstauralion, é|)Ofpie peu documentée sur les situations privées de nos
provinces. »
MoHMANOïK. — De l'active Société historique et archéologique de l'Orne
nous devons signalei- le deuxième /.'/j//t;/(/t du tome \\\\ II! de sa publica-
tion trimestrielle (Mençon. imprimerie alceiçonnaise, avril 1!>19, in-S
— 3i:j —
pigiiii- c(;f\xiii-( I (xwxiii-)- 101-190, nvoc 2 portraits). I,osi)agosmini(TOtôos
et) chillVcs roinains sont remplies par des hoctuneidx conccrtuuil. le " Thrc-
aor on Exijlixe de !\'<)slre-l)aine » il Aleiiron, publiés par MM. H. -M. Lef^ros et
II. roiirnoiier. I.e roslo de ce Bulletin est composé comme suit : La Société
hi&ioriiine cl archénloiiique de l'Orne de lOt'i à l'JI'J. S<i lâche d'après (juerre,
par M. Tounioiicr (p. 113-1 2;>) ; — lUsloire de la lélégraidiie à Argenlnn, pai-
M. Louis Barbay (p. i20-'lo7) ; — et troisliotices biograpbiqucs plus ou
moins importantes: la premicre sur M.. Emile Picol, membre de l'tnxlilut,
par M. l'abbé C. (Juéry (p. Ii38-177, avec portrait) ; la deuxième, sur
M. Tomerel {IS39-10I8), membre de la Société, par M. P. (lermain-Beaupré
(p. 178-186, avec portrait; ; la troisième sur M. Albert Cliollel, vice-présidenl
de la Soc'iélé, par M. le vicomte du Motey (p. 187-190).
— Nous avons eu déjà l'occasion de signaler les discours prononcés aux
obsèques du regretté Kmilc Picot par MM. Omont Girard et de Laborde.
On les retrouvera dans la notice ([ue consacre M. l'abbé Charles (îuéry,
aumônier du lycée d'Evreux, à l'ancien président de la Société libre de
l'Eure, et dans laquelle naturellement une large part est faite au côté nor-
mand de la vie et des travaux du grand érudit et bibliophile : Société libre
d'agr'icuHure, sciences, arls et belles-lcUres de l'Bnre. M. Emile Picot, membre
de ilnslitnl. ancien président de la Société (Evreux, Impr. de l'Eure, 1919.
in-X de M p., avec un beau portrait et une planche), M. Paul Lacombe
avait joint aux MéUuujes Emile Picol, publiés en i913, la liste des travaux
de son savant ami. On en trouvera ici le complément qui comprend 13 ar-
licles nouveaux (n"' 222-234). En outre. M. l'abbé Guéry a joint à sa notice,
en partie du moins, les lignes consacrés à M. Emile Picot par M. E. Denis
dans le Monde slave et par M. J. Ursu dans la Houmanie.
Orléanais. — Pour une société savante, mieux vaut être fortement eu
1 etard dans la publication de ses travaux que d'avoir disparu dans la tour-
mente dont les elîets se font encore trop sentir. C'est le cas de la Société
archéologique et historique de l'Orléanais qui a dernièrement distribué un
fascicule s'appli(iuanl aux premier et deuxième trimestres de 1918 lic son
Bulletin (Orléans. Marron ; Paris, Lechevalier, 1919, in-8 paginé 161-216).
On trouve dans ce fascicule : Sceau cl contre-sceau d'Él'ienne Tastesaueur,
prévol d'Orléans. ■])uis bailli de Sens, par notre distingué collaborateur
M. Max Prinet (p. 176-181) ; — Nouveau Trésor romain de Chilleurs, trouvé
par un fermier en creusant un silo près de sa maison, par M. Jules Baillet
(p. 182-189) ; — Xotes pour servir à l'histoire littéraire. Du succès de la pré-
dication de Prère Olivier Maillarl, à Orléans, en 1^85, jjar M. Jacques Soyer
(p. 190-193) ; — Monnaies romaines trouvées au Temple de Craon fMonlbouy),
par M. Jules Baillet (p. 194) : — Le Sculpteur des portes du transept de
la cathédrale d'Orléans, par M. Jacques Soyer (p. 193-197). — Germain Vail-
lant de Guélis, évéqae d'Orléans {1,'j 10-1087), par notre très distingué colla-
borateur M. G. Baguenault de Puchessc (p. 198-209) ; — Musée de peinture
d Orléans. Cabinet des estampes. Rapport sur la situation du cabinet au
31 décembre 1917. par le conservateur, M. A. Pommier (p. 210-216).
Poitou. — Depuis le début de la guerre, M. René Valletle a consacré une
série de notices aux Héros et martyrs de la Grande Guerre (Revue du fJas-Poi-
tou et tirage à part, Fontenay-le-Comte^ impr. H. Eussaud. avec portraits;.
Aujourd'hui, il nous parle de quatre jeunes Vendéens tombés pour la
France, comme leurs devanciers dont il avait, antérieurement, célébré le
sacrifice : le lieutenant Auvcrt, blessé grièvement une première fois à la
Marne, le 8 septembre 1914, une seconde fois en Belgique, le 4 février 1913 ;
— 314 —
onsevcli sous une oxplosion causée par une bombe, le 2 avril 1910. à
laltaque pour la reprise du fort de Vaux ; inorlcllenient frapi)c à la Mal-
maison, le 23 octobre 1917 : quatre fois cité à l'ordre, de rarn)ée. l,e sous-
lieulenanl Yves de Veillechèze de la Mardière. candidat à l'agrégation des
Facultés de droit, plusieurs fois cité, tué à la tèle de sa troupe, entre
Aubervillers cl Grivesnes (Somme), le 5 avril 1918. Conférenci«'r de mérite,
il avait collaboré notamment à la fievne critique des idées el des lirres.
L'aspirant Jean de Chasleigner. aussi plusieurs fois cilé, tombé à la tête
de sa compagnie de tirailleurs algériens, le 19 juillet 1918 en marchant à
1 attaque du village de Parcy-Tigny (Aisne). « Digne héritier des hautes
vertus des siens, il est le troisième du nom qui donne sa jeune el belle vie
pour la France. Les Chasleigner se sont toujours trouvés là, aux jours
de péril national, pour défendre le sol de la patrie. » Enfin le caporal
pilote-aviateur Guillaume Rampillon des Magnils, entré, après deux de
ses frères, dans l'aviation ; tué, en 1917. dans un combat aérien contre six
monoplans ennemis, aux environs de Compiègne. « Pilole très énergique »,
a proclamé le général Humberl. commandant la 3' armée, dans la belle
citation posthume qu'il lui a décernée.
Itai.ik. — Bon nombre des publications composant à ce jour la Collnna
Colitii di conferenze e discorsi, ont été annoncées dans celte Revue. Le 53"
fascicule de la collection, œuvre de M. Germaro di ÎViscia, a pour titre : //
Fascino di Danle (Clampobasso, Colitii. 1919, in-8 de 38 p. Prix : 1 fr.). « Le
prestige que Dante exerce sur nous, dit l'auteur, commence avec sa vie
même ; la vie d'aucun poète n'a une valeur éducatrice comparable à celle-
là. » En somme, morceau brillant, encore qu'un peu incohérent et dans
lequel on ne devra pas chercher quelque chose de bien nouveau.
— Dans le langage métaphorique des « Cruscanti », la « tramoggia »,
ou trémie des meuniers, figurait l'urne oi^i élaienl déposées les œuvres sou-
mises à l'examen des académiciens. Sous le litre pittoresque Dalla « Ira-
motjyia » (Rocca S. Casciano, Slabilimento tipografico L. Ciappelli, 1918.
in-12 de 33 p. Prix : I fr. 50), M. Carlesio Marcoucini, à qui l'on doit un
important volume sur l'histoire de l'Académie de la Crusca, pendant la
période de ses origines, publie et commente ({uelques pièces de vers (ma-
drigaux, sonnets, etc.), de la fin du xvif siècle, tirées des archives de l'il-
lustre compagnie. Il insiste parliculièrement sur des madrigaux bachi-
ques de « rimpaslalo 1), c'est-à-dire de Miclielangelo Buonarolli le .leune,
qui se trouva êlre, eu quelque sorte, le précurseur de Francesco Redi.
Macéuoim:. — Quand il servait sur U' Front de Salonique, où il était com-
mandant d'infanterie, notre distingué collaborateur M. de Tarlé a publié
dans la lieinie franco-macédonienne une élude inlilulée : Soldais romains et
consids français en Macédoine (Salonique. l.v|). « Avenir », 1917, iu-10 carré
de 28 p.). C'est Tile-Live qui a fourni à l'auleur les principales indications
données ici sur le rôle des Romains en .Macédoine jusqu'à la réduction de
ce i)ays en quatre provinces de l'empire. Quanl aux consuls franvais dans
cellr même région à la fin du xvui" siècle, c'est surtout en les faisant par-
ler eux-mêmes que M. de Tarlé sait intéresser le lecteur. » Trois d'entre
eux, dil-il, Charles Pouqueville, Félix de Reaujour, E.-M. t'ousinory, après
avoir j>arcouru dans tous les sens la Grèce el la Macédoine, oui laissé des
livres sur ces pays, ils y montrent une culture générale étendue, une éru-
dition sûre, une profonde connaissance des hommes el des choses de
l'Orient, si bien qu'après un siècle ces ouvrages sont encore lus avec plai-
sii- el piofit par ceux cjui s'inléresscnl aux choses de Macédoine. » Pages,
inslruclives el amusantes loul à la fois.
— ai5 —
États-Ums. — 1,0 vf)liinic ;j2 (Jo 603 p. ci 47 pi, cl le \olntiic 53 de
fi(i'.) p. ot 79 pi, (les l*n>cee(tiitii.s i>f llte (uili'il Slntrs I^alinnal Muséum (Was-
hitiglori, ('■ovprninciil prinlinfi: Ollice. l'.M 7) viennent de nous [jiTi venir.
En plus dos mémoires de MM. Pan! Bartsch, T. IJ A. (iockereii, William
Hcaley I^all. Charles W. Kastnian, James VNiiliaiiis (iidley. II. V. Wickliam,
figurant dans le premier de ces \olumes, et de ceux de .MM. Paul liartscli,
T. D. \ Cockcrell. William Hcaley Dali, Olivier P. Hay. Mobcrt Tracy Sou-
kson, William B. .Marshall. Mary J. Rathbun et It. W. Sliuleldt. qui so
trouvent dans le second et dont nous avons déjà donné une analyse dans
notre revue, d'après les tirages à part, nous trouvons encore: dans le
volume 52, Tropliodisciis, a new sea slar J'roni Kamclinlkn, par Walter R.
l'isher (5 p. 3 pi. ; 1 genre nouveau, 1 espèce nouvelle); Field noies on Vir-
n'inin orthoplern. par Henry Fox (30 p ) ; I\'oles on Ike life hislory and ecology
iif llie flirKjonJlies (Odonnlaf of central Californin and Xevada, par Clarence
llamilton Kennedy (l.')3 p. 403 (ig : 3 genres nouveaux, 3 espèces, 3 variétés
nouvelles) ; Mun^nials collecled by Dr. W. L. Abboll on Ihe chain of islands
lyin of Ihe Western coast of Suntalra, wilh descriptions of lioenty-i'iotil neiv
species and siil>species. par Marcus Ward Fr. Lyon {"li\ p.) ; A new find oj'
icleoric slones nearc IHninview. Haie Connty, Texas, par George P. Merrill
1 p. 2 pi.) ; Momxjraph of ilie i\earctic hyinenoplera of Ihe (jenus Hracon
l'abricius, par llarold .Morrison (39 p. 4 pi. : 9 espèces nouvelles) ; /{olaloria
nf Los Angeles, California, and vicinily, irith descriptions of a neio si>ecies,
par Frank J. Myers (G p. 2 pi. : I espèce nouvelle) ; The birds of Baurean
Island. Java Sea. par Harry G. Oberholser (16 p. : 1 espèce et 6 sous-espèces
nouvelles) ; A revision of Ihe Bembicine wasps of America norlh of Mexico,
par .lohn Bernard Parker (155 p. 230 fig. : 1 genre nouveau, 21 espèces
nouvelles) ; Description oJ a new Goby. Garmannia spomjicola froni .\'orth
c.nroiina, par Lewis RadcliiTc (3 p. 1 fig.) ; New species of South Daliota cre-
laceotis crabs, par Mary J. Ralhbiin (7 p. 2 pi. : 1 superfamille, 1 famille
nouvelle. 1 genre nouveau et 3 espèces nouvelles) ; \orth American
earlhivorms of the faniily Lumbricuhie in the collection of the United Slales
\'rdional Muséum, par Franck Smith (26 p.) ; The variation exhibiled by
Thamnophis ordinoides {Baird and Girard), a garler snake inhabiliny llie .San
Francisco Peninsula, par Joseph G. Thompson (:22 p.) : .1 new species of
polychaelous anelid from Panama, nul h notes on a Haicaiian form, par .\aron
L. Treadwell (i p. 4 fîg.) ; On certain secondary sexual charade rs in the male-
ruddy ductc. Erismatara jamaicensis ((ïmelinj, par Alexander Wetmore (4 p.
1 lig.). Dans le volume 53: Gomplais parvidens. a neir species of dragonjly
from Maryland, par Bertha P. Curric (4 p. 2 pi.) ; A revision of hymenopte-
roas insects of the Iribe Cremaslini of America north of Mexico, par R. A.
Cushman (49 p.) ; Eighl new species of reared Ichnenmonjlies icilh notes on
some olher species. par R. A. Cushman (13 p.) ; The snlamanders of Ihe gênera
Desmognathus and Leurognalhus, par Emmctt R. Dunn (41 p. 15 fig.) ; Norlh
American collemboloas insects of Ihe subfamily Onyciiiurinae, par Justus W.
Folsom (i'S p. 12 pi. : 6 espèces nouvelles) ; Descriptions of some new para-
sitic hymenoptera, par .\. B. Gahan (23 p.. 1 sous-famille nouvelle, 1 genre
nouveau. 25 espèces et 1 variété nouvelles) ; Notes and descriptions o/' mis-
cellaneous Chaleid jUes {Hymenoptera), par A. A. Girault (6 p. : 12 espèces
nouvelles) : .1 new species of bear-animalcule from the coast of Norih Caro-
lina. par W. P. Hay (4 p. 1 pi.) ; .Some ejfects of environment and liabii on
captive lions, par ^'. HoUister (17 p. 4 pi.) ; An America i species nftfie hyme-
nopterous genus Wesmaelia of Foersler, par P. R. Myers (3 p. : 1 espèce nou-
— 3 M) —
vello) ; .1 ne.r Americin parnsile oflhe Ilcsaian fly (Mayeliola <L'slruclor Say).
par P. l\. Myors (3 p. : J cspcco nonvollc) ; An asymmelr'wnl binl-lonse fonnd
on ihree dijferetil specics of Iroiipinls, pur John llo^vard Paine (2 j). 1 j)!.) ;
Oeneric naines applii-d lo blrds during Ifie years 1906 io t'Jlô, inclusive, ivilli
addilions and corredions lo Waterkouse « Index Genernni Avium ». par Charles
W. Uichtnond (72 p.i ; Descriplions of lliiiiy-one new species ofhymenoplera,
par S A. Rohwer {'IW p. 1 fîg.) : A report on a colleclion of hymenoplcm
(nioslly froni California) made by W. M. (îiffard, par S. A. Rohwer (17 p.) :
The lype-species of Ihe gênera of Ihe Cynipoidea, orlfie gall rvasps and parasiin-
Cynipoids. par S A. Rohwer et Margarcl Fagan (24 p.) ; Caban ampliibiati
and repUles collecled for Ihe United Slales National Muséum from 1899 lo J90'J.
par Leonliard Stejneger (33 p. 128 (ig ) : The color of ameUtyst, rose, ami
Mue varieties of quart:, par Thomas L. Walson el R. E. Beard (Il p.) ; l
remarkable occurence of calcite in silicificd wod, par Edgar T. W hcrry(4 p.
3 pi.) ; Norlh American parasilic copepods belonging lo Ihe Lernacidae, ivilh a
revision of the entire family, par Charles Branch Wilson (150 p. 21 pi.,
3 s(nis-familles nouvelles, 3 genres nouveaux et 12 espèces nouvelles).
l'ubticATiONS NOUVELLES. — Lcs Ecritiues manichéennes, par P. Alfaric
(2 vol. in-8, É. Nourrit). — V Évolution intellpctuMe de saint Augustin,
par P. Alfaric. I. Du Manichéisme au néoplatonisme (gr. in-8. Emile
Nourry). — Elévations, prières et pensées de saint Aufiustin (in-12. de
Gigord). — Manuel ascétique et canonique de la vie religieuse, par l(>
chanoine E. Thévenot (in-12. Haton). — Pour avoir des prêtres, par le
P.-J. Delbrcl (petit in-8, de Gigord). — Dieu en 7ious. par R. Plus (Tou-
louse. Messager du Cœur de Jésus, in-8). — La Rogauté du Christ, la
vocation de lo France et le drapeau du Sacré-Cœur, par É. Poulain
(in-12, Nantes, imp. « Unie »). — La Mère de la divine grâce, par le cha-
noine J. Millot (in-12, Lelhielleux). — Petit Catéchisme du mariage, par
le P. J. Iloppcnot (in-32, Bonne Presse). — La Conversion, par J Huby
(iri-lS, Beauchesne). — Paradoxes du cathoUcisme. par Mgr R. Hugh
Benson ; Irad. de l'anglais par C. (jrolleau (in-12. Grès). — Une Esquisse
de la th'osophie, par G. W. Leadbealer ; trad. de l'anglais par F. T. N.
(Paris, Publications théosophiques). — V Enseignement du droit comparé.
par E. Lambert (in-8. Lyon, Rey ; Paris, Rousseau). — Des Peprésailles c/i.
temps de guerre, par L. Le Fur (in-8, Libr. du Recueil Sirey). — Mémento
du d:'mobilisé (petit in-8, Gharles-Lavauzelle). — I,es Pensions des vic-
times de la guerre, par E. Obcllianne (in-12. Gharles-Lavauzelle). — Etudes
sur In signification et la place de la physique dans la philosophie de
Platon, par L. Robin (in-8, Alcan). — La Philosophie contemporaine en
France, essai de classification des doctrines, par D. Parodi (in-8, .\lcan).
— De l'Inconscient au conscient, par le D'G. Geley (in-8, .\lcan). - L'Idée
de finalité, par A. de Gramout-Lesparrc (in-10. Alcan). — Certitudes.
Liberté. Dieu. Justice, par L. Mirman (in-16, Berger-Levrault). — La
Sélection humaine, par G. Richet (in-8, cartonné, .\lcati). — La Psycholo-
gie du soldat, par les D'* L. Iluot et P. Voivenel (in-18, la Renaissance du
I-ivre). — L'Ecole primaire et les Leçons de la guerre, par E. Bu gnon
(in-12, lîerger-Levrault). — Vers la Constituanle, par P. Gruet (in-8.
Plon-Nourril). — Aujourd'hui, étude pour l'après-guerre économique, par
\. DevèzG (in-16, Berger-LevrauM). — Autour du mariage. Trois Pro-
blèmes moranv, par P. Gastillon (in-18, B(>auchcsne). — L'Armature
sociale, par E. Amanicux (in-lG, .\lbin Michel). — Marxisme contre socia-
iisme. par V. G. Simkhovilch ; trad. de R. Picard (in-KV Pavot). — Le
— 317 —
Salut par la terre, par J. Méliiio (in-S, Ilachcllc). — Athiihiislratims pt
/nhuinistrés, par A.-'rhiers (in-lS, (Ir.issot). — Comment éviter Ipx impôts
mortels, par A. Chéradanic (iii-IG. l.ibrairio do la l'cnsro française). —
l'Art populaire dans le liriaiirininais. Le Ba'cuherl, par H. BlaiicliaKi
(in-8. Champion). — LWrt pendant la f/uerre, 1911-1918, par \\. de la
Sizeranne (iii-1(i, IlaclieHc). — l.es Artistes morts pour la patrie, par I'.
Ciinisly. 2« sério (in-S, Alcan) — ]. étires de Paul (iaiirjain à (jeorrfes-
Daniel de Monfreid (in-12, Crès). — Cualro Confereiwias, por L. dp Eici-
zaidc (petit in-8, liilhao. Edilorial vasca cuzko-argitaldaria). — Des Hoseaux
sous le vent, par (i. Dcledda ; trad. de l'italien par .M. llélys Hn-IH, Gras-
set). — De la boue sous le ciel, esf/uii-ses d'un blessé, par P. Vcriet (in-10,
Pion-Nourrit). — Vers d'un soldat {19/4-1918), pnv I*. Teissonnière (in-12.
.louve). — Feuillets refrourés, suivis de Permissions, par L. Cornil (in-12.
Grès). — Fleurons r/ot/iii/ues. par (;. Patris (in-16, Figuièrc). — Albert.
|)ar J. Poinié (in-32, l'iguière). — Quelques sourires et quelques larmes,
par .\. Tète (in-12, l.eclerc). — La Terre en folie. i)ar J. Hernianovits
(in-16, Société française d'imprimerie et do liljrairie). — liimiaux d' Anjou.
par M. Loclerc (|)ctit in-8, Atigers. librairie Sainte-Croix). — L'Aéronaute.
drame contemporain, par M. Gervais (in-16, Jouve). — Cinéma et C".
confidences d'un spectateur, par L. Delluc (in-18. Grasset). — Les Litur-
gies populaires, par P. Saint-\ves (in-12, Édition du Livre mensuel). —
Monsieur le curé d'Oc eron, par F. Jammes (in-16. Mercure de France). —
Sœur Anselme, par J. Psichari (in-16, Plon-Nourrit). — Le Baiser de l'An-
térhrist. conte en marge de l'histoire, par Lévis Mirepoix (in-16, Plon-
Aourrit). — Le Cœur est le même, par A. Lichtenberger (in-16. Plon-
A'ourrit). — Jjes lioses 7'e fleurissent, par M. Âlanic (in-16, Plon-Nourrit).
— Le Rêve de Sucy, par H. Ardel (in-16, Plon-Nourrit). — L.e Retour à la
terre, par G. Stengcr (in-16, Pcrrin). — Passion, par P. de Va!ro.se (in-16,
Perrin). — Le Fléau, roman social du temps de ijuerre, par A. Godard
(in-i6, Perrin). — Les Croix de bois, par R. Dorgelès nn-16, Albin Michel).
— Claxwl soldat, par I^. Werth (in-lG. Albin Michel). — Filles d'Alsace,
par J. Hoche (in-Ki, Albin Michel). — Un Doigt de la lune, conte d'amour
indou, par F. \\ . Bain ; trad. de l'anglais par S. Karpelcs (in-18, Grasset).
— Le Secret, par A. Spire (in-16. Edition de la « iNouvelle Revue illustrée).
— Marins d'eau douce. Un Récit et quelques paysages, par G. de Pourta-
lès (in-12, Société littéraire de France). — La Ronde des bleuets, par R.
Leguy (in-12, Figuière). — Le Bombardier Camus, par E. Bourcier (in-16,
Berger-Levrault). — Manuel des études grecqu"s et latines, par L. Lau-
rand. F^asc. H Littérature gr'ecque {in-H, Auguste Picard). —Louis Veuil-
lot et les mauvais maîtres des xvi% xvn° et wiu' siècles, par G. Bontoiix
(in-16, Perrin). — Paul Hervieu, contetir, motnliste et dramaturge, par
E. Estève (gr. in-8, Berger-Levrault). — Emile Clermont, sa rie. son
œuvre, par L. Clermont (in-18. Grasset). — Du Théâtre à i tlvangile. Les
Etapes d'mie conversion {1850-1917), par J. Odelin (in-18, Beauchcsnei.
— Les tîrandes Heures de Ribeaupierre, évocation dramatique par J. Va-
riot (in-S. Société littéraire de France». — Etudes de cartographie histo-
rique sur VAlemanie, par J.-M. Tournour-Aumont (gr. in-8. Colin). —
Atlas de géographie historique de la Belgique, publié par-L. Van der
Esscn, L. Ganshof, ,1. Maury et P. ISothomb. Carte \. La Belgique en
1786 {Les Pays-Bas autrichiens) (gr. in-4. Van Oost). — Les Iles d'Ryères,
par E. Jaliandiez (in-12. Édition du Livré mensuel). — Lettres sur la
jeune Italie, par L. Corpechot (in-16, Berger-Levrault). — Le Sacrement de
— 318 —
Jenisahm, par lo H. P. V. Poticel (in-14. Librairie de 1 aii catholique). —
i'oi/fif/^ au (îoiuu/ti/a et au Sous, par L. Thomas (in- 1(3, Payot). — J/ix-
toire de la Confédi'ra/ion suisse, par J. Dierauor ; Irad. de i'alieiiiand par
A. Royinond. V. De 1798 à 1848. ■l'« partie : de 1798 à 1813 (iii-8, Lau-
sanne, Payot). — Don Juan de Pala/'rKC y Mendosa, ohispo de Paehla y
Osiua, por G. Garcia (ia-S, Mexico, Bouret). — Les Dernières Années de
Turenne (1660-1675). par G. -G. ïMcavel (in-S, Calniann-Lévy). — Danie.-i
du grand siècle, par E. Angot (in-16, Éinile-Paul}. — Les Partages de la
Pologne et la Lutte pour l'indépendance, par K. Lulostanski (gr. in-4,
Payot et Bureau polonais d'études et do publications politi(iues). — La Vie
économique de la l'ologne (gr in-8, Fribourg-Lausaïuie, Comité des publi-
cations encyclopédiques de la I^ologne). — La Pecolufion française et le
Régime féodal, par A. Aulard (in-16, Alcan). — Les Questions religieuses
dans les Cahiers de 1789. par A. Detiys-Buirette (gr. in-8. de Boccard).
— Histoire religieuse de la Révolution fr-ançaise, par P. de la Gorce.
T. III (in-16. Plon-Xourrit). — f'n Lm pot sur le revenu sous la Révolution.
Histoire de la « contribution patriotique » dans le lias-Languedoc, par
P.-E. Hugues (gr. in-8. (Champion). — Soxtceniis militaires d'Ortai^e
Levavas.-^eur, officier d artillerie, aide de ranip du maréchal Ney, publiés
par le com' Besley (in-16, Plon-JNourrit) — Histoire, des Étals- Unis de
1787 à 1917 , par G. Weill (gr. in-8, Alcan). — Le Rapport secret sur le
Congrès de Berlin adressé à la S. Porte par Carathéodory Pacha, par
B. Bareities (in-16, Bossard). — Soixante Années du règne des Romanoff.
Nicolas prêt Alexandre If, par E. Daudet (in-16, Hachette). — U?i .Jour-
nal d'ouvriers. « L'Atelier » (1840-1850), par A. Cuvillier (in-16, Alcan).
— Etudes et fantaisies /listoj-iqiies, par E. Rodocanachi. 2"* série (in-16.
Hachette). — Etudes historiques et Figures alsaciennes, par A. Bosserl
(in-16. Hachette). — Auprès de Victor Hugo, par M.-C. l'oinsot (in-IS,
Garnier). — {/Avant-Guerre comparée en Allemagne et en France, par
.1. Civray (in-16, Pcrrin). — Manuel des origines de la guerre, par F.
Roches (in-16, Bossard). — La Guerre de libération, par le général Ziu-
linden (2 vol. in-16, Hachette). — Petite Histoire de la Grande Guerre,
par il. \ ast (in-I8, Delagrave). — Souvenirs des premiers temps de la
guerri', par le cap. J. Merlant (in-16, Bcrger-Levrault). — Six Mois en
Lorraine, par Gabé de Champvert (in-12 Berger-Levrault). — La Lor-
raine dévastée, par M. Barrés (in-16, .\lcan). — Mons and the retreat. by
caj). G. S. (jordon (in-12, London. (lonstable). — Souvenirs d'un chasseur-
(août 1914-inars 1916). par L. Thomas (in-16, Perrin). — Les Crimes de
V Allemagne. Dinanl. Massacre et destruction, par G. Sotnville (in-1»>,
Perrin). — Fn France et en Belgique envahies, i)ar M"" Sainl-René
Tallandicr (in-16, Alcan). — L' fmmortelle Mêlée, essai sur l'épopée mili-
taire belge, par P. (^rokacrt (in-16, Perrin). — Sedan sous la domination
allemande, 1914-1918, par P. Sléphani (in-18, (j'rasset). — Dix Mois à
Verdun, par l'abbé Thellier de Ponchcvillo (in-12, de Gigord). — Verdun !
Paroles de guerre, 1914-1918, par .VIgr (iinisty (in-12, Téqui). — La
56' Division, au feu. souvenirs de son commandant, i)ar le général V. de
Dartein (in-l6, Berger-Leviault). — Avec les chars d'assaut, par le cap"''
M. (Jagncur et le lieuP M. Fourier (in-Ki, Hachette). — En batterie!, |)ar
le lieul^ Fonsagrixe (in-l.S, l)elagr;i\e). — L'Homme né de la gwrre.
Témoignage d'un converti (Yser-.irtois, 1915), par H. Ghéon (in-16,
lldi lions de la « Nouvelle Revue; française »). — Nos Marins en guerre.
morceaux choisis par le cap'" H. Bornccquc et le lieul' G. Drouilly (in-16,
— :îI9 —
IJi'rgor L('\ i;mll ). — l,i' Médecin (tu fi'U. Le Mederiii t/iri.sio/iiiaire, pur le
\)' G. 8;iii)l-l*iiiil (iii-lG. AlcTtit. — La (îiierre et la Condition /irivi-'e de ta
France, par A. Isoré (gr. in-8, do Hoccardj. — La Question relif/ieiise e/t
Fiance pendant la f/uerre de IVi 1-1918. Documents, par le \ " M. de l.os-
trang(>. i« si'iic (avril-dc'ccmbrc l!H5) (in-12, Lelhiellovix). — L'HfJ'ort colo-
nial dr.s Allies, par P. Perreau Pradier et .M. Besson (gr in-8, lierger-
I,evrault). — Rapatries (1915-1918), par M"" Cliaplal (iii-16, Alcau). —
Remarques sur la dernière inrasion des Barbares, par ¥. Cliovassu (iii-16,
l'crriii). ' — Messaçfes, discours, dfjcumenCs diplomatiques relatifs à la
f/uerre mondiale, l8 août L9 14-8 janvier 1918, du président W. Wilson
(2 vol iii-8, Boss.ird). — Les Temps nouveaux. 1914-1918. Paroles de la
guerre, par Mgr Gibier iiii-l2, Téqui). — Le Fer sur une frontière. La
Politique nirtallurf/ique de l Etat allemand, par V. Engeraiid (iii-8, Bos-
sard). — L'Ame allenutnde juijee par un Anglais, par T. K. A. Snntli ;
Irad. de l'anglais par M""^ .1 Périer (in-18, Belin). — L' Allemagne et le
Ballikum, par G. (iaillard (gr in-H. (Jhapelot). — Que faire de l Est euro-
péen? par lanteur des « Dangers mortels » de la Bévolulion russe (in- 10,
Payot). — Sur le Rhin, par H. Bordeaux (in-16, Plon-.Nouiril). — L'()pi-
nion /luhl^qiie dans les /irovinres rh,''nanes et en Belgique, 1789-1815.
par L. Engerand (iri-8. Bossard). — La Préparation de la lutte écono-
mique par l Allemagne, par A. de Tarlé (in-l6, Payot). — Notre nouvelle
amie r Angleterre, par J. Charpentier (in-lt>, Hachette). — Les Austro-
Bulgaro-Allemandi en Serbie envahie. Documents de l'ennemi (albums
in-8 oblong, Grasset). — La République tchécoslovaque, par L. Weiss
(in-16. Payot). — Les Serbes, Croates et Slovènes, par A. Chaboseau (in-16,
Bossard). — En Yougoslaire, par C. Rivet (in-16, Perrin). — La. Question-
yougoslave, par J. Duliejii (in 16, Alcan). — L' Internationale à Berne,
par P. Renandel (in-18. Grasse!) — Et la Suisse?..., par B. Vallolton
|in-l6. Berger-Levrault). — Les États-Unis d'Amérique et le Conflit euro-
péen, par A. Viallatc (in-16, Alcan). — De la Sgtnpat/iie à la fralernité
d'armes. Les États-Unis dans la guerre, par M. Barres (in-8, .\Ican). —
Les Etats-Unis et la Guerre. De la neutralité à la croisade, par É. Hove-
laque (in-8, Alcan). — Au Seuil de la paix, par le comte de Fels (in-16,
Plon-Nourrit). — Les Problèmes itt ter nationaux et le Congrès delà jiaix,
par A. Lugan (in-8, Bossardl. — Vers la Soci'-té nations, par F. Buisson,
J. Brunhes, Aulard. etc. (in 8, (iiard et Brière). — Préliminaires à la
Société des nations, par F. (]osentini (in-16, Alcan). — Donnez des terres
aux soldats. L'Exemple de l' Angleteii^e, par E. Buron (in-i6, Bossard).
— La Renaissance de notre marine marchande^ par P. Cloarec (in-16,
Plon-Nourrit). — L'Ame paysanne. La Terre, la rare, l'école, par le Dr E.
Labat (in-18, D'elagrave). — Monsieur Lebureau et Monsieur Lepctrlement,
par .lustin (in-16. Bossard) — La Pensée alletnande dans l'ordre juridique,
par J. Signorel (in-8, Berger-Lcvrault). — L'Unité de lu politique ita-
lienne, par J. Ghopin (in-16, Bossanlj. — La Guerre absolue, essai de
philosophie; de l'histoire, par G. Balault (in-16, Payot). — L'Anarchie
dans le monde moderne, par G. de Lamarzelle (in-18, Beauchesne).
ViSENOT.
— 320
TABLE MÉTHODIQUE
DES OUVRAGES ANALYSES
THÉOLOGIE
KcritiiiM» !!iaiiif e. Exégèse. Polvsema snnt sacra Biltlia [Fr. A'ico-
faus Assouad) .- 2S4
l,a Foinine patriote d'après la Bible {G. Bonioux) 01»
Le Sens du christianisme d'après l'exégèse allemande (h' I'. M.-
J. Laffraïu/e) ' oS
Liturgie. Leçons sur la messe {Mgr Pierre Batiff'ol) 1!H>
Eludes de liturgie et d'archéologie chrétienne (Pierre Batiffol). 285
La Liturgie dans le roman. Pa;ges de littérature catholique (/!/-
pho/ise Mortier) ■! 41
Tliéologie dogmatique. Apologétique. L'Existence de Dieu
[l'ubhé Euffène Duplessy) 21»r>
Le Mystère de l'Église (le R. P. Humhert Clerissac) 3;>
Peut-on se passer de Dieu ? (a'iti(|ue scientifKiue |iopulairc (7. Le-
day) 141
Théologie morale. Prédicatiou. Quesiions tliéologiques du
temps présent. 1. Questions de euerre d'après saint Thomas
d'Aquin {A. Michel) .' IIU
La Doctrine de vie [M. -S. Gillet) 201)
Encyclique « Humani generis » de .S'. S. Benoît XV sur la pré-
dication et Fiègles pour la prédication sacrée édictées par la
S. Congrégation con.sisloriale 214
A»>cétisme. Piété. La Spiritualité chrétienne. Des Origines de
l'Eglise au moyen âge ( P. Pourrai) 111
Lettres sur la souffrance {Elisabeth Leseur) 200
Mahomet ii^me. La Mystique d'.\l-Gazzali {le />'■ Miguel Asiii Pa-
lacios) ". 2î»i;
JURISPRUDENCE
Droit canonique. Les Collections canoni(|ues romaines de l'époqiu^
de (irégoire \"l I {Paul Fournier) Tii
I^égi^ilatioii ouvriéi-e. Manmd pratique des lois sociales cl ou-
vrières 28t)
SCI ENGINS i-:t arts
Morale. I'!|ii« de hon grain, paroles de lumière el de piiix ^ Alfred
lieriuird) 2'.K>
A travers le prisme du temps (/,'. Wai/ivr) 2S7.
— 321 —
Itlducalioii. Kiisei«jiioin«iil. Les Vrais Prinripes de l'éiiucation
(•lir''lit'inio iM|)|telcs aux iiiailres el aux fani il les (/«?/'. ^ . Mon-
f(il) i»(ll
li'Kducation reliifieuse. Entretiens à des mères chrétiennes
{l'iibbé Cldiit/f Bnuvipr) Ml
F/Àiilorilé rians la la mille et à l'école {F. Kieff'cr) 112
La Conversion de .Magdcleine ((/'. hsandon) . 2l;i
Féminisme. La Française dans ses quatre âges {René Guillou) 28S
Siences politiques, économiques et sociales. Un Chef d'Elal
<pii youverno (l'a (iocteur ès-scienres politi(jues) 21.">
L'Organisali'in de la démocratie (ProOus) 215
l/lndividu avec llUat (Ç. Léoiison Le Duc) 113
Le Socialisme coutix* l'Klal {Einiie Vandervelde) 113
Pour abolir la soiilTrance humaine (Lucien Deslinières) 214
Sciences chimiques. Conlérencos do chimie minéi'ale faites à la
Sorhonne. Métaux [Marcel Guic/tard) 42
Sciences psychiques. Le Merveilleux spirile (Lucien Roure). ... ^0
Sciences mathématiques. Cours de géométrie analytique à i"u-
sagc de la classe de mathématiques spéciales et des candidats
aux écoles du gouvernement [Georges Milhaud et Edouard
Pouget). T. L Géométrie à deux dimensions il
Calcul des systèmes élastiques de la construction [Ernest Fla-
mard) . . .\ . . . : 201
OEuvres de Charles ff ermite, publiées par Emile Picard 28.S
OEuvres de G.-If. Halphen, publiées par les soins de C. Jordan,
II. Poincaré et E. Picard. T. 1. . Mi
Géologie. La Géologie biologique [Stanislas Meunier) 43
Aviation. L'Aviation de demain (Jean Dargon) Mi
I*èche. Sports. Les Pêches maritimes. Un tour sur le Dogger-Bank
[Henri Malo). 294
La Course à pied. Les Courses de haies [le Z>'' Dell in du Co-
teau) 142
L'Education physique obligation nationale [le D" Bellin du Co-
teau) 1 il
L'Éducation physique moderne de la jeunesse par la méthode
naturelle, simple, agréable et rapide du lieutenant de vais-
seau G. Hébert [Octave Forsant) 214
lîeaux-Arts. Les Grands Graveurs. Andréa Mantegna et les gra-
veurs préraphaélites italiens .' IKi
Les Grands Graveui-s. Marcantonio et les graveurs de l'école ita-
lienne du xvie siècle 110
Les Grands Graveurs. Fragonard, Moreau le .Jeune et les gra-
veurs français de la fin du xvuic siècle 116
Les Grands Graveurs. Bartolozzi et les graveui's au pointillé en
Angleterre à la fin du xviue siècle 1 1<»
Les Eaux-fortes de Rembrandt. L'Ensemble de l'œuvre. La
Technique des « Cent florins. » Les Cuivres gravés [André-
Charles Coppier) 44
Mélanges. De la Cryptographie, étude sur les écx"itui"es secrètes
[A ndré Langie) 202
Travaux de dames [Marguerite de Saint-Genès) 142
Mai-Jlin 1919. T. CXLV. 21.
— 322 —
LITÏKRATURE
(âiiciuistique. IMiiloloiiie. A New Diclionary Englisli-Freneh and
Frencli-Englisli. VVilh figured prominciation 290
Les Noms juiïs {Georges Massoutié) 1 42
Poésie Les Horizons noirs. Los Heaux Dimanches. Fêtes (Paul Cos-
tel) ■ ^"'^
La Claire Fonlaine de la vie [Eihnuird Sclu/J'inacher) 273
En majeur et en mineur [Claude Dubosq) 273
Musiques éparses {le même). 273
Les Buccins d'or (chants davant l'aube) {Jean Carrère) 274
La Statue sans visage {Roger Gaillard) 274
Poèmes. Sous les yeux de la mort. l>a Soiiive et le Ciel {Geor-
qes Audibert) • 27o
Ali Rythme du cœur {Antoine Ckollier) TIJ\
L'Araignade {Pie>re Courras) 275
L'Ani,^oisse éternelie'(.4;trfre Maillet) 27ri
Préludes [Danyl-IIplm) 275
Dans les ruines d'Ampurias {André: Bruguière de Gorgot) 27.'»
La Folle du logis (A. Guillet) 275
Les Calmes Brises (René Preslefont) 27,-»
L'Impossible Rêve {Emma Peilerin et Joseph Bollery) 27(1
Destinées {A uguste Galène) 270
Péchés de jeunessse {Gabriel Espallac) 27(i
Brumes et roseaux {Jarqufs Léfehrve) 270
Cantilènes et pensers {René Preslefont) 270
Le Dit de Sainte Odile {A. -P. Garnier) 276
Le Joueur de sambiique {Jean Nostos) 120
Poésie de querre. Cuinemer (Redon de la Mothe) 103
Avant et pendant la Grande Guerre. Les Voix profondes {Em-
manuel Vitte) 209
Croix de guerre et Croix Rouge {Henri Cure) 269
La Chanson du Poilu {A Ibert Flory) 269
Les Chevauchées [Claude Haniii) 269
Dans les tranchées crayeuses. I/Altente prolongée (1916-1917)
(Philippe Lecasble). 269
Chants épiques (Pierre-Xavier Mayeur) 269
A la France {Paul liougier) 270
L'Ame française {J. Vassivière) 270
Les Voix de la Patrie (1914-1917) (Jacques Feschotte) 270
Ainsi chantait Tliyl (Maurice Gauches) 270
La l'rance éterneile (P/V/vr de Rouchaud) 271
• La Terre pourpre (Etienne Lerrat) 271
Une Voix dans la nuMée (François- Louis Bertrand) 271
Visions de la guerre. Au pays des marmites. L'Arrière (Paul
Costel) 271
Chants d'amour et chants de guerre. Souvenii"s d'un sanitaire
au Front (le D' Victor Courdoux) 271
.\mour et (iuerre (Suzanne Fournier) 271
Chants dun colonial (La Xomia) ^"^
(iuillaiime Gueux. Impressions sur la guerre (Auguste Prieur). 271
La Lyre d'airain du vieux barde. Poèmes patriolicpies et stances 271
sur les peuples engagés dans la guerre mondiale (Eugène Ré-
veillaud) 2/1
Les Cordes d'acier {1914- 1918) (Louis ifaUeux) 272
Là-llaul (Jean Rieux) 272
L'Homme et la Brulc (Albert La/arque) 2/2
— 32;i —
La MtMise {//enri Docrpmnnt) 27'»
Voix enlendiics au champ «le hataille (liené du L(tz) 2J73
Le \'ol (le la Victoire [Ernest de (iaïuty) tUZ
Théùtri'ï Le Mystère tle la rliair et du sang, évangile en cinq actes
en vers {A rmnnd /lart/ie) 279
F-e Tragi(jiie (luotiilieri {le I'. Louis Pfrroy) 278
L(; l5:iyon (M'"'' Déuiians d' Archimb(iud) 278
lli'lérie eneliaini e {Mait/iicritc Comhes) 277
Pièces nlatircs à la (fuerre. Poèmes «lu temps de guerre [Olivier
df lioufi'') . . . 277
Pour l'Alsare {Maurice Bouchor) 277
Altila (Arthur Samfion) . 277
Lueuis et reflets de la guerre [daston Sorbets) 278
Les liimes sanglauies, suivies de Terre d'Alsace (E.-Henri Ver-
dier) 278
Les Perses de l'Occident (Sotiris Skipis) (trad. du néo-grec par
l'auteur et Pkiléas Lehesr^ue) 278
Itomaiis, contes et nouvelles. Némésis (Paul Bowfjet) 32
Le La<- noir ( lleiinj /inrdeoujc) 34
Kaui|uehois {Pierre .\othomh) 34
Enl re deux rives ( Pmil A cker) 34
Le Hève et la Vie [Jeau Morgan) 35
Un (Caractère de Française (Jean de lu iJréte) 35
Plein Été (Edit/i Wurtlion) 35
L'Ivliiquier (la comtesse de Chambrun) 35
Les Fantaisies du destin (Edgard Blosde) 36
Glèbe gasconne (Étieiuie Garry) 36
Le Belle Enfant, ou l'Amour à iO ans (Eugène Mont fort) 3H
Et Cie {Jean-Richard Bloch) 36
Les Enfants du ghetto (Israël Zangwill) (trad. française de
Pierre Mille) ' 36
Renée (André Baruch) 36
L'Homme fort (Paul Ilg) ; trad. par Jules Brocher 36
Enfantine ( Valéry Larbaud) 37
La Bonne Madeleine et la pauvre Marie. Quatre Histoires de
pauvre amour (Charles-Louis Philippe) 37
Monstres choisis [André S al mon) 37
Romans de guerre. Les Gars de la flotte (Arnould dalopin) 192
Histoire de Gotlon Connixloo, suivie de VOnhWée (Camille May-
ran) 29
L'Ame de la victoire {Jean Nesmy) 29
Chantai Daunoy (Isabelle Saiidy) '29
.Allemand d'Amérique 1.4 . de Vilièle) 30
Le Mariage de Lison (Antoine Bedier) 31
Sa Veuve (Jean Yole) 31
La Mort du soldat (Émile-Prançois Julia) 31
Gœurs français, consf ience>î anglaises [J. Iléiiouard) 31
La Forêt tragique (Aiburt Garenne) 31
Hhiet d'Alsace (Jane de Carrières) 32
Le Double Exil d'un solitaire (Guiffre d' Evol) 32
L'Impérieux .Amour (Delorme-Jules Simon) 32
Beviendra-t il P (Jeanne Broussan-Gaubert) 32
La Tudesquite (P.-Edouard de Ménieux) 32
Les Loups (Benjamin Valloton) 36
C'est la guerre ! (le lieut^-mi^ S.-J.-L. de Farusi) 36
Les Silences du colonel Bi'amble (André Maurois) 37
Six Contes et deux rêves (Louise Fattre-Favier) 37
— 324 —
Trois Histoires maotMionipiines {Jean-If. Prnt) 37
L'Indiscret «le l'araiiK' [le />■ Harrij Marceau) 37
Ouvraflcs pour la jeunesse. Histoire «Inn casse-noiselle
( A le.ï andrc Damas) 4!»
Monsieur « Si«ii. » Mémoires <run chat (Côte-Darli/) 142
Le Diadème de cristal (l'aul lleuzé) : . . . 280
Olivette et Miguelito {Max Colomban) 281
Des Fleurs sur la route {Jean Vesère) 28t
La Tour-Vive {Georfjes Thierry) 281
Les Secrets de Vandeure {Marie Le Mière) 281
Marquise de Maulgrand {M. Maryan) 281
Une lîarrière invisible (.)/. Maryan) 281
Les Héritages de Pendallyn {M. Maryan) 28t>
La Cité de 'la paix {Jeanne de Coulomb) 281'
Le Jardin iermé {Emmanuel Soy) 28:i
Autour d'un nom (Emmanuel Soy) 28"2
La Primeneige du lointain donjon {B. de Buxy) 28:2
Le Poison {Àdole Farnoh) 282
Heureux les justes (Mario Donal) 28;>
Le Drame d'Orsaizé {Pierre Gourdon) 283
Mathias Hernoude \ Florence (J Noll) 283
L'Ambiance {Lucien Darrille) 283
J/Intrus {Royer Dombre) 283
Rédemptrice {J.-I'aul Bonnet) 283
Le Martyre d'un curé {M. Dabamnoret) 283
Six Petits Contes {Àntonin Laverytie) 102
Ouvrages inspirés par la guerre. Un de nos marins. Le Récit de
" Jean Le Gwen {Euf/ène Le Mouël) 1*^2
Père et fils ( .1 ufjuste Baillii) 280
LOrpbelin {E . Maynial) 280
Jeinies Classes {Paul Roume) 280
Lettres sans réponses {Henriette de Vismes) 280
Les Petits Neutres {Claude Maneey) 284
Livres roses pour la jeunesse (Guerre de 191-4-1918) 27
Périodiques illustrés et Albums. iMon Journal li»l8 48
Qui ? Pourquoi .^ Comment ? L'Encyclopédie de la jeunesse.
Tome IV ' f^
f,a Première Cliasse de Poum, texte et dessins de Mad llermet . 30
Les Oiseaux cbantent (//. de la Necière) '*\
Nos Animaux (le même) ■'^•1
Albums de querre. Reims. Sept Siècles d'histoire devant la cathé-
drale (/.'. Burnand et E.-G. Benito) 108
Prisonniers de guerre {Jean-Pierre Laurens) 103
Les Coules de fées de la guerre. La Petite Reine Noble île Bel-
gique ( J/ii'- A . GalandyQ{ A . Raynolt) 50
Les Campagnes de M. Trôuve-Tout sur terre (//. Lano.<) 50
Les Campagnes de M. Trouvé-Tout sur mer {le même) TU
I.iliértiture t'raiM;aise. Pierre Corneille [Auguste Dorchain). . . . 45
i,es liitclleclucls dans la société française. De l'Ancien Régime ù
la di-mncratie {René Lote) 201
Krançois Rulo/ et ses amis. La Vie lilti'raire sous Louis-Philippe.
Corres[)ondances inédites de V. Riiloz. .\lfred de Vigny. I$ri-
zeux, Sainte-Beuve, Mériu)ée. George Sand. Alfretl de Musset.
etc. (Marie-Louise Pailleron) 280
i,es Pierres du foyei'. Kssai sur l'histoire littéraire <lo la famille
française {Henry liordeauv) 203
Kn-tir-ric. .Mistral, poète, moraliste, citoyen {Pierre L(tsserre). . . 4<">
J..
— 32;) —
LilCératures étrangères. l',:.'o Koscoln io liigliiltoi'ra {h'ranccsn,
Viglionc) 121
Kogazzaro (Lucirn Geniiari) 205
l*4>ly<|i'aphe.s. .MélaiMies. l'apes choisies de Riihen iJario. Choix
el priMacc ilr l'cNtura (i'ircid (Uilderon Tivuhictions de
Marins Aiidif', d. Jean Auhri/, Alfred de /ieuf/oer/ica, Jean
Cassou. Max Uairenur, (leorffcs llérelle, M"" H. .)/. Moreno.
Georf/ps Pillemcnt, (îahriel Sonia f/es el'André Wiirmser . . . 47
Antlioloi,'ie ilcs écrivains bcli.'es. {lOéLfs et prosateurs (A. Durnont-
Wildfii) 117
mSTOlHK
<iiéo<|raphi<>. (Iai'lo(|raplii4v Voyages. \a Péninsule ijalkanique.
Gcogra|ihie humaine (Joraii Crijici 122
.losoph-NicoIns Dolisle, sa biographie et sa collection de cartes à
la P.iblintlièque nationale [Albert I.^nard) 105
l.e Dernier i'élerinage de " 1,'Ktoile •' en Terre-Sainte (/i. ISé-
daoui) 297
Histoire ancienne. Histoire ancienne de lAfrique du r\ovt\{Ste-
p/iani' Gse/l). T. II. I/Klat cai-lhaginois. T. III. Histoire mili-
taire de Cartilage ï2i
Oans 1 Orient byzantin {Charles Diehl ) 51
Histoire do ri-]glise et de.s <»i*dres religieux. Les Hérésies
pendant le moyen âge et la Hél'orme dans la région de Douai,
d'Arras et au pays d'Alleu {Paul Benzart) 207
La Héforme h Montpellier (J/'ie L. Guiraud) 120
Lei.ons rlhistoire franciscaine {le II. P. Ubald d'Alençon) 53
Hagiographie, liiographie ecclésiastique. Me et a-uvres de
la bienheureuse Marguerite-Marie .Vlacoque. Publication du
monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. 3« édition tota-
lement retondue et notablement augmentée, [tar les soins de
Mg? Gauthey 128
Vie de Mgr Julien Loth, protonotaire apostolique, curé de Sainl-
Macloii ^,V'o;'/7Ps Lotit) 204
l'uhHcations relatives à la guerre européenne 1ÎH4-
lîllîl (\o\v aussi plus haut : Poésie ; Théâtre : Roma/is :
Ouv)a(/es pour la jeûneuse : Albums, et ci-après : Histoire
étrangère.
Atlas et (généralités. Le Front (cartes), li^'' janvier 1015-l.j octo-
bre I91S ; ' 193
Le Seci-et de la frontière, 1815-1871-1914. Charleroi iVernand
Engeraud) 7
Les Communiqués officiels depuis la déclaration de guerre 193
Le Troisième Livre jaune français. L'Alliance franco-russe 193
Guerre de 1914-1910. fîéponse au Livre blanc allemand du
lu mai 19lo. « Die volkerrechtswidrige Fûhrung des belgischen
Volicskriegs. » 172
L'Action de Benoit XV pendant la guerre {le P. Giuseppe Qui-
rico) 99
I/Action du Pafie pendant la guerre {l'abbé Thellier de Pun-
chevilli') 99
La Politique de Henoit XV {le /,'. /'. Henri Lp l'iorh) 196
Hechos y no palabras . iniciativas de laridail de S. .S. el papa
Benedicto X\ durante la giierra europea de I9li-19l8 197
— 326 —
France el Vatican (les exigences de l'inléièl national) {Jacfjues
De.ifj/eii mortiers) 196
.. Chronologie de la guerre {S. R.) iOi
Histoire générale et anecdotique de lu guerre de J914 {Jean-
Bn^nard) 98,262
Intrigues et diplomaties à ^\'asllin^ton (1914-1917). {(î. Lechar-
tier) r 242
Mémoires de l'ambassadeur firrard. II. Face à face avec le kai-
sérisme 162
Mémoires de lambassadeur M(jrtjentli(in. N'ingt six mois en Tur-
quie 241
L'EurojJe dévastée ( Tr/7/<f/w Muehlon), notes prises pendant les
premiers mois de la guerre : trad. par ./. de In Haritc 8o
La France héroïque et ses alliés {(îiistdve Geff'ro}/, Léo/told-
Laconr, Louis Lumet). T. 1 5
La Belgique nouvelle. A travers quatre ans de guerre (1914-
1918f [Feriiand iXeuraij) 80
La Guerre su|)rema {el capitan Arana) MSI
Tutta la guerra, aniologia del popolo ilaliauo sul fronte e nel
paese {(jin>feppe l'reccolini) 21
La Ciuerra. lettere di un socialisla ai suoi llgli {Pievo Doineni-
rhelli) " 89
Diario délia guerra dltalia, raccolta dei hullettini ufficiali e di
altri dociimenti 244
L'Europe libérée, novembre 1918 (Paul Seippel) 239
Les Glorieuses Journées de Lorraine et d'Alsace 194
Biographies. Clemenceau [Camille Ducrai/) 186
Notre Clemenceau jugé par un catholique (./. Rai/mond) -187
David Llovd George, étude biographique {flarold Spender) ;
trad. de Robert L. Cru 187
Le Colonel Driant {Gaston Jollivet) 188
Le Cardinal Mercier (Mgr Herscher) 173
Le Premier « As y> Pégoud {Paul Bonne fon) 11
Le Capitaine aviateur Didier Le Cour Grandniaison [Charles-
François Saint-Maur) 231
Edouard Junod, ca[»itaine à la légion étrangère (1873-1915).
Lettres et Souvenirs 232
Une .Vme de séminariste soldat. Le Sergent Pierre Babouard,
du 1 23« d'infanterie {Paul Vigue) 189
Au Vieil-.Arrnand. Lettres de Henri Volatier, chasseur au 3'=
bataillon alpin, à sa fiancée, publiées par (r. i/ouiert/e. ... . 171
L'.Anima di un valoroso [Cesare Giulio Grandi) 263
Orifjines et causes de la guerre. Les Oi-ieines du pangermanisme
(1800 à 1888), textes Ira.iuits de l'aliemand par /*.-//. Michel,
A . Girellet, J. Monier, R. Fauquenot. li. Lambert, M. Chré-
tien, H Cattanès, .)/"'■ /yessi'Ui\ G. Mendel. M-..I. Jeannin,
./. f)utilleul , /{. Serreau, .U. Galland, S. Mancagol. C. Bou-
det, A. Chertilier. L. Lérg-IHsp''ker, Th. Brûlé, M. Denis,
S. C/iarloI, M. Faure, avec une l^rél'acc par Charles
Andler ICI
L'.MTaiie île Saverric. novembre 191."{-janvier 1914 [Julien Ro-
vére) 1 78
Le Complot de Sarajevo (28 juin l!H4). Etudes sur les origines
de la gin;rro {./ulfs Chnpin) 7
Souvenirs {Takf Jonesco) 24S
La («lierre allemande et la Conscience universelle (Albert,
prince de Monaco) 1 63
Les Etudes de la guerre, publié'es sous \<\ direction de René
Puaujc. Cahiers 2. ."L <> et 7 107
. — :i27 —
Fdit.-f particuliers. N ingl Jours de guerre aux teni[»s liéroïquos. Car-
net de route dim comniandanl de loinpaguic (aoiU 191 i),
(le comma/ulanf A . drassct) 24î}
Autour (l'Anvers, souvenirs cl réoils, aoùt-ottol>re lyii ( William
Siii'th) 1 7.'i
Mous and tlie retreat (le capitainp G. J. (iorrlon) :2G3
I/luvasion dans le nord de Seini>-el-Marne, lîH i. Tril|)0rl, Mont-
c.eaux. (ieruiiny el Ktrépillj (/''. Lubcrl) 2:»
Guides Miclielin pour la visite des eli.auips de bataille. I^a
Trouée de Uevignv '2.i).\
Dans Paris l)oml)ardè(1871-nU i-l'.HS) {Lucien Descares) . . 101
Pour la terre de Kranee par la douleur el la mort (La Colline
de LorcUe), 11)1 i-lDiri (Pasieiir \'allcr!/-/lailot) 2;)(i
D'Alsace k la Cerna, notes et ini|u'essions d"nn oHicier de l'ar-
mée d'Orient (octobre lî)Oo-aoiit l'.H6 (Jean Saison) il
L'Aube de la revanrlie. Les Victoires serbes de 1910 (Eugène
(jascoin) • . . 1"*^'
Nostro Puriratorio, fatti personali del tempo délia guerra ita-
liana ( I91>i-19l7) (Antonio lialdini). 2ol
Verdun (niars-avril-mai I91(i) {/lai/mond Juhert) Si*')
Trancliées de Verdun, juillet 191H-mai 1917 (Daniel Mornet). . 101
L'Escadrille des Éperviers. impressions vécues de guerre aérienne
(Jharlcs Delaconimune) 12
Froui Bapaunie to Passchendaele. 1917 (Philip (îibbs) 83
Front lines (Hoi/d Cable) 174
Sous la rafale. Au service de l'infanterie. Souvenirs d'un dra-
gon pendant la (Irande Guerre (André Schmits) 2-47
Voli di guerra, iiupressionni di un giornalisla pilota (Otello Ca-
vara). 252
Près ries combattants (Amlrë C/iecrillon) 169
Nous, soldats ! (Jean Tournassus) 90
La Gesta de la Légion (E. ConiPC Carrillo) 84
Deux ans avec les Sénégalais (Léon Gaillet) 102
Avec les alpins (F.-A . Vuillermet) 82
Dal Carso al Piave, la ritirala délia 3° armala nelle note d'un
çombattente (Mario Puccini) 13
L'Épopée de Zeebrugge et le « Vindiclive » (Keble Howard).. . . 193
Barbarie ijernuvnque, bulgare et turque. Nietzclie contre la barba-
rie allemande (Caniille Spiess) 197
Les Monuments français détruits par l'Allemagne [Arsène
A le.randre) J\
L'Alsace sous la domination allemande [Frédéric Eccard) 170
L'Arm'ée allemande à Louvain en août 1914 et le Livre blanc
allemand du 10 mai 1915. 172
Le Martyre de Lens. Trois Années de captivih; (Emile lîaslij)-. 169
Sous le poing de fer. Quatre ans dans un faubourg de Lille (Al-
bert Drouiers) 249
Quand « ils » étaient k Saint-Quentin (Henriette Celarié). 248
Prisonnier civil, ou Histoire d'un prêtre français, docteur alle-
mand. intern(' 50 mois en Allemagne (1er août 1914-1'-''' octo-
bre 1918) (Dominique de Lagardette) 254
En Captivité... 1 1 juillet 1916-lci- novembre 1917 (.1. Limagne). 2o5
Un Séminaire français... en Allemagne, souvenirs de captivité
(.4 . Limagne) 256
Le Séminaire de N.-D. de la Merci à Munster et Limbourg. His-
toire d'un séminaire de prisonniers français en captivité pen-
dant la guerre 1914-1918 (le R. P. Hochereau) 2o6
En représailles [Eugène- Louis Blanchet) 91
— 328 — .
Englishiiian, Kamerad ! riglil of tlic Hrilisli line {ca/ddin Gil-
bert A'ohbs) î>;^
Notes d'une internée française en Allemagne {Céline Fallet). . . 108
L'Allemand, souvenirs el réflexions d'un prisonnier de guerre
{JfiC(/ueft Uirière). ' 171)
Réquisitoire contre la Bulgarie {H. -A . lieiss et .1. boiniassiext.v) . 26()
Le Kapport secret du D' Jahannès Lepsius, président de la
Deutsche Orient-Mission et de la Société germano-arménienne,
sur les massacres d'Arménie, publié avec une Préface de René
Pinon is;^
L'Opinion et la Guerre. Le Droit au-dessus de la race {Otto II. Kahn) ;
trad. de l'anglais par le lieutenant Louis Thomas 94
Quelques Guides de l'opinion en l'rance pendant la Grande
fiuerre, 1914-1918 {A. de Cluwibure). 17:5
L'Opinion allemande pendant la gueri'c 19li-19l8 {André Ilal-
lai/s) 164
H Diritto et la Guerra {.\un:io Nasi) 197
Les Aveux de l'ingrat {Gabriele d' Annuncio) 204
La France pendant la (jnerre. Essai sur le sentiment français en Al-
sace. Gomment il s'est formi', comment il s'est maintenu
{Paul Pilant) 90
Le Poing allemand en Lorraine et en Alsace, 1871, 1914. 1918
{André Fribourg) 91
L'Alsace telle qu'elle est {Mi/r Herscher) 177
Vue générale sur la question d'Alsace-Lorraiue {.Jules Duliem).. 178
La France agricole et la Guerre {le />'' C. Gliauveau). T. 11. . . . 258
My war diarv {Mary King Waddiiif/ton) 107
Les Pays étrangers et la 6^«('r/r. L'Angleterre avant et api'cs la guerre
{Paul /{et/naud} 175
Thonias Bartlett en France. L'Anglais tel qu'il est {Gaston
Rageot) ." 12
L'Irlande ennemie !' (/»' -C. Fscouflaire) , 88
La Guerre vue par les combattants allemands {Alb'rt Pingaud). 81
Les Déceptions de l'Allemagne {Charles Daprcmont) 20
Allemands d'hier et d'aujourd'hui, esquisses historiques {Arthur
Chuquet) 1 74
Magjai-s et pangermanistes {Stéplwn Osuskij el .Jules Chopin). 181
Les Problèmes nationaux de FAutriclie-lIongrie. Les 'Yougo-
slaves {Fra/io Cvietisa) 15
Yougoslavie et Autriche {le comte Voinovitch) 15
La O'iestion yougoslave {Auguste Gaurain) 1 i
La Dalmatic, l'Italie et l'Unité yougoslave {le comte Louis
Voinovitch) 14
La Dalmalie {Giuseppe Preccolini) : traduit de l'italien [>ar
[jjufjo Itailic .' 15
La Patrie serbe {Madeleine de /ienoit-Sigoger< 16
l^es l'ronlicres hisloriiiues de la Serbie {Gaston Gravier) 182
Le Monténégro, son passé et son avenir {Andriga nadorifrh). 14
Les IntrigiKîs gcrnianicpies en (ircce (Petnelra Vaka [.)//>'. Ken-
net h Urou^n] 87
Le Mvstère roumain et la Didection russe {Charles Stiénon) .. . 18
Lfi Paix .le Bucarest (7 mai I!tl8) {/). fanrovici) 19
La Biissie en 1914-1917 {Gssip-Lourié) 107
La Kévoliition i-iisse {Claude A net}. Deuxième série. Juin-novem-
bre 1917 10s
Les Deux Flé-aux du momie. Les Bolcheviks et l'impcrialisuie
alb'inand ( Vladimir Jionrtzeff) 10!»
1.^1 Question d'Alaufl {.lohn t'ggla) 20 i
M
— 329 —
L;i Position il'Alaml |ii'n'i;iiil Inge liisloriiine (.)/. <i. Schi/ix-n/-
son) 2or;
Diii por (li;i de nii calencJHrio. iiiemoranrjiitn de la virla fspaùoiii
en d9IS {.Miinupl Muchodo) !>(i
La iléponsc du mauvais servileiii- {Jo/ifninès ./or//t'nsf'ii) 20
\ (;rs IK^ypIe pendant la iiucrre {Jean llermaiiovits) 22
Dans rAiiiéiiqne en giierrr {Hmmaniifl Houiciev) 101
La Guerre et la Grande (iiierre {Antonio dos /teis Carva/ho) ;
trad. par Aufj. de Aranjo Gonsalves 19.j
l.p.i Conditions de la paix. La Paix qu'il faut à la France {le fjeni'-
ral Maîlrol) 260
Les Conditions économiques de la pais {André Lehon) 2(»»)
The ^^'ay oui. proposais submilled lo président Wilson (.V.
Van lloutini) 2(54
L'.\rl)itrato ponlificio {Marino Camlini}. 2.'}
Lne grave (Jueslion d intérêt religieux : le statut religieux de
la Palestine 26
Une grave Question d'Intérêt national. France et Syrie 26
Traditions françaises au Liban {René lîistelhueher) ls;{
L'Allemagne peut payer, l'altlea» de la richesse allemande pré-
senté par la a Dresdnei' l'ank ». lîerlin le l*''' janvier l!(l."5.
commenté par Lucien llaljert 99
La Bessarabie et le Droit des peuples {D. Dra<jhi(:esco) 94
La Fin d'un monde et la So<iété des nations {[îené Lavollëc) . . 195
Comment faire la Société des nations ? de la race à la nationa-
lité (Mieczyslaw Genyus:) 27
La Cité de demain dans les régions dévastées {J.-Marcl Aulnir-
tin et Henri Htanchard) 191
Notre Force future {Jean DijboirsJd) 262
L L'Arme économique des Alliés {le commandant M.) 95
Mélant/es. Les Buts de guerre de la Proviilence {Antonin Eijmiea). . 24
À ceux qui disent : « S'il y avait un bon Dieu, on ne verrait jias -
des horreurs pareilles !» 100
Les Curés « sac au dos. » Oui ou non. y en a-l-il ? Propos d'un
combattant {Jean Vital) 265
Pour ceux qui pleurent. Impressions et pensées de guerre
{Pierre Afjiiétant) 25
Ma douleur s'endort... {Jéon tirij) 96
Les Consolations. Pour les cœurs dévastés {Edwar Montier). . . 190
Lettres à un converti de la guerre (G. Letourneau). 2e série. . . 189
Les Consignes du soldat chrélien 100
Fleurs de guerre {Joseph liaeteman) 102
Le Gendarme Sclineidig et ses mésaventures en Alsace {Albert
Geis) : traduit de l'alsacien par Jules Frœlicli 179
Les Guerres d'enfer {Alphonse Séch'') 261
Le Dilenune de la guerre {Garcia Calderon) 184
Vertus guerrières {le capitaine Z .) 185
La Guerre et la Vie de l'esprit {Maurice Legendre) 257
Le Bon (Combat {l'abbé Euf/ène Griselle) 260
La Marine française. Honneur aux marsouins. Donnez-nous des
prêtres ! Les Curés au Front (Myr Félix- Périé) I0:(
Pour en Unir avec les sous-marins {l'amiral Degouy) 10
L'Alimentation en temps de guerre, avec recettes et menus
(.l/me Any. Moll- Weiss) 191
Le Pécule dee Poilus de la Grande Guerre {le capitaine G. Flu-
tPt). 265
Le Rôle constructeur de l'armée {Paul l'omet \. . . .'. lOO
L'Argot des Poilus. Dictionnaire hunjoristique et [iliilologique
— 330 —
du langage des soldais de la (irande <iiierre de 1914 (Fran-
çois Dechelette) 5(7
Les Kslampes, images et afïiclies de la guerre {Clément Janin). . 2()(>
Hiblioffra/t/tip. Coileclion Henri Lohianc donnée à l'ÉlaL La Grande
Guerre, iconographie, bibliographie, doeumcnis divers. T. V.
Catalogue raisonné des estampes, originaux, ailiches illustrées,
imageries, vignettes... cic. 2>' volume de llconographie. .... t»7
La Littéralurc de guerre, recueil méthodique et criliquedes pu-
l)licalions de langue française (août 1914-aoiît 1916) {Jean
I '/>•). T. Il ;.... ^l-i
Éléments d'une bibliographie des livres, brochures et tracts
imprimés et publiés en Espagne de 191-i à 1918 et relatils à la
guerre mondiale {Albert Moussef) 197
Histoire <le France. Les ICIémenls de la population orientale en
Franco. Les Russes en France du xi" au xviii« siècle (/. Ma-
i/iores) KHi
Mémoires aidhentiques du maréchal de Rirlielien (172o-l757),
publiés par A. de Boislisle 1:2!)
Vergennes et l'Indépendance américaine. Vergennes et ^Vilson
{ic baron Hennet de Goutel) t)4
Etudes rohespierristes. IL La Conspiration de l'étranger {Albert
Mathiec) 208
Histoire de trois générations 1815-1918 {Jac<]Hes Baitirille). ... oO
Correspondances du siècle dernier. Un Projet de mariage du
(hic d'Orléans (1836). Lettres de Léojwld l'^-^de lielf/Ujue k
Adolphe Thiers (183G-1864). Documents inéiiils publiés avec des
Avertissements et des notes par L. de Lantac de Laborie. . . V.VÎ
Lfcs Précurseurs. Histoire de la Uévolulion de 18 i8 {Caston
Boun iols) •')(>
Histoire des institutions et «les mtears. Le Prétre-soldat
dans l'histoire (Oscar Ilavard) 290
Une Famille au dix-neuvième siècle. 1870-1900. Notes pour ser-
vir à l'étude de la bourgeoisie (A.-J.-A. Lobry) 134
Histoire (Hplomatique et militaire. La France et l'Allemagne
après le congrès de Berlin. La .Mission du comte de Saint-Val-
lier (décendjre 1877-décembre 1881) {Ernest Daudet) 210
Nos .\nciens à Corl'ou. Souvenirs de l'aide-major Laniare Pic-
tjiiot (1807-1814), publiés et annotés par Hubert Pernot 132
Histoire coloniale. La France nu Maroc {André Lichtenbenjer). 292
Le Maroc de 1918 {Henri Ihu/ard) " 292
Au .Maroc. Marakech et les ports du sud {le comte Maurice de
Périf/ni/) . 293
Les Energies franraises au Maroc, études économiques et socia-
les {le comte de la îtevelière) 293
Histoire provinciale et locale. Hauville. .Notes pouvant servir
H rbisi(jire de cette comniune {l'abbe Paul Euiteline). .''»8
Histoire de la Révolution dans la Mayenne {l'abbe Ferdinand
(/auf/ain) 208
Documents relatifs à la vente des biens nationaux du départe-
ment de la Haute-Garonne. District de Toulouse, publiés par
Henri Martin 209
<Juestîoii.s du jour. Tilches idéales, religieuses, éducatrices, patrio-
tiques (il////- Tissier) -W
L Etal et la Natalité (le nian/uis de Rinu:) 134
Le Statut de la terre et le Parlement {Bouilloujc-Lafonl) 04
I
— 331 —
I/l^voliilion régioiiiilislo. Du lY'librige au fédr-ralisme [F.-Ji'an
l)fst/nt-uv) ' •5"»
Lo lU'gionHlisrnc cl la France de demain {le marquis di; l'ICs-
loiirbeillon) ' i-'^'»
LeHres dun vieil Aniériciiin à uu Franrais, IraiJuil do l'anglais
par J.-l. . Duplfin 1 ■5''
Histoire éii-aiiyère. Les Survivances françaises dans lAlIcniagnc
napoli'onienno depuis 1815 (JulieH Rovère) .">:!
L'AlloMiagne t't IAmrii(iue latine. Souvenirs d'un voyageur nalu-
i-aiisie (Émile-lî. Waf/ner) ... I3.S
La l'olilique extérionu-e de rAuli-iche-IJongrie (lS7;J-l!ll.i) [Jean
Ldnncron.L-). Tome II. La Polilique d'asservissement, 1!J0«-
l!)li •>■?
La [jr"lgi(^a ([ue vo vi {José Sahird) 211
Histoire lies relations entre la Krame et les Roumains (.V. Jorç/a). 17
La Itoumanie. Valarliie. Moldavie, Dobroudja [Euf/ène Pitlard). 20t»
La Nouvelle Serbie; (deorf/es- Y. Deras) 1">
Histoire de la Hiis^ie depuis les origines jusqu'à nos jours {Alfred
Itnmhaud). '•'■ édition rt-nlermant un Supplément jusqu'en
mars I1M7. par Emile Hanmant. 10^
Raspoutinc. La Fin d'un régime (,/. 11'. Bienstock) 107
Les Hases convenlinnnelles des relations modernes enli-e la (Ihine
et la Russie (Hoo L'/ii T.<aï} lOi
Le Nouveau Japon {André Bfllessort) 61
Par les chemins japonais. Essais sur le vieux et le jeune Japon
(Fronçais de tessan) ■ '><>
The Standard of living in Japan {Kokichi Morlmoto) 137
The Dut cil Republic and thè American Révolution {Friedrich
Edter) 131
Biographie française et étrangère. La Jeunesse <le Joseph
Joubert {André Beannier) 130
Un Témoin de la campagne de Russie. L'Abbé Adrien Surugue
(1733-1812), curé de Saint-Louis-des-Français de Moscou {Léon
Mirot) ■ lOC
Louis Veuillot h Rome {D. Holand-Gosselin) il 1
Les Amours dun poète. Documents inédits sur Victor Hugo
( Louis Barthou) 212
Paid Stapier (1840-1917) iHfnrii Dartif/ae) 65
L'n Lvs brisé \lc chanoine Ma.r Caron) 63
R. W. Emerson. Autobiograpliie d'a|irès son a Journal intime. »
Traduction. lutroductiou et notes, par liéqis Michaud. T. II.
1841-1876.. 13^^
Héraldique. Les Anciens Symboles héraldiques des villes de France.
Verdun {Jacques Meurf/ei/) 1 40
Les Armoiries du pars basque {le même). 140
Mélanges. Facts about France {E. Saillens) 63
Bibliographie. Library of Gongress. Guide to the law and légal lite-
ralure ot Argentina. Rrazil and ('.bile {Eda-in M. Borchard). 61
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
AcKK» (Paul) 34
Aguktant (Pierre) 25
Albeht, prince de Monaco. . . . 1(55
Alençon (le P. UbaM d') 53
Alexandre (Arsène) <>
Andi.er (Charles). 161
Andrk (Mariiis) , 47
Anet (Claude) M)i<
Annunzio (Gabriele d') , 264
AuANA (el capilân) 167
Ap.aujo Gonsalves (Aug. de). . . 195
Akchambaud (M"'e iJÉwiANS d). . 278
AsLN Palacios (le D'' Miguel). . . 20C»
Assouad (Nicolaus) 2S4
AuHRY (G. -Jean) 47
Al'uurtin (.1. -Marcel) 191
AuuiBERT (Georges). 275
Haeteman (Joseph) 102
liAii.LY (Angusie) 280
lUiNvii-LE (Jacques) 56
lÎALDiNi (Antonio) 251
Bartme (Armand) 279
Bahtuou (Louis) 212
liAHUCu (Andréj 36
P>Asi.Y (Emile) 169
Datikjol (Mgr Pierre)... 199. 225
Hkaiinu:r (André) 130
BÉUAori (l{.) 297
Hei.i.essorï (André) 61
l>E.\(;oEGiiEA (AHVcd ok) 47
Uenito (E.-C;.) 198
P.ELUN nu CoTK.Ai; (le Dr). 141, 142
Benoit XV (S. S.) 214
Bknoît-Sigovek (Madeleine de). 16
Bernard (AHrcd) 296
Bertrand (Krançois-Louis). . . . 271
Beuzart fPaul) 207
BlENSTOCK (J . \N .) 107
Blanchard (Henri) 191
Bi.ANCiiKT (JMigène-Louis) 91
Bi.ocH (Jean-Bicliiird) 36
Bi.osDE (Edgard) 3(i
Boisi.isLE (A. de) 129
Boi.i.ERY (Joscfili) 276
BoNNASsuaix (A.) 266
BoNNEi'ON (Paul) 11
IW.NNET (J.-Paul) 283
BoNTuL'x ((;.) 6;{
BoRCHARD (Edwin M.) .' . . 61
Bordeaux (Henry) 203
BORNET (Paul)..' •. ... 100
Bouchaud (Pierre de') 271
BoucHOR (Maurice) 277
Boldet(C.) 161
Bouuj.oux-Lafont 64
BouNioLs (Gaston) 56
BouRcn<:R (Emmanuel). . 101
BouRGET (Paul) 32
Bourtzeff (Vladimir) 109
Bouvier (labbé Claude) 111
Brocher (Jules) 36
Brol ssan-Gaurert (Jeanne)... 32
Brown (Mrs. Kenneth) [Deme-
tra Vaka]. 87
Bri:gi;ière de Gorgot (Andrée). 275
Brûlé (Th.) 161
Burnand (B.) 198
BuxY (B. de) 282
Cable (Boyd) 174
Calderôn (Garcia). 184
Calderùn (Ventura Garcia)... 47
Canclini (Marino) 23
Gabon (le chanoine Max) 65
Carrère (Jean) 274
Carrières (Jane de) 32
Cahrillo (E Gômez). 84
Carvalho (Bels Antonio nos). . 195
Cassou (Jean) 47
Cattanès (11.) 161
Cavara (Olello) 252
CÉLARiÉ (Henriette) 248
Chambrun (la C"""' de) 35
Cha.mrure (A. de) 173
Charlot (S). 161
Chauveau (le 1)1- C.) 258
Chevallier (.\.) 161
Chevrillon (.\ndré) 1(>9
CiioLLiEit (Antoine) 275
Choi'in (Jides) 7. 181
Chrétien (.M.) 161
Chuqi'et (Arthur) 174
Clément-Janin 26('»
Clérissac (le B. P. llumberl). 3!»
Coi.oMiL\N (Max) 281
C.oMREs (Marguerite). 277
Coi'iMER (.\ndré-Cliarles) ii
— 333 —
CosTEi- (Paul) 271, 27:i
Coteau (le D' Bei.mn nu). UL 142
Côtk-Dari.y I i2
Coui.OMiî (Jeanne de) "2^2
CouHDoux (le Dr Victor) -"I
CoussANCE (Jacques de) 2*i
CoLTRAS (l'ien-e) '2~:j
Cru (Kobert-L.) 1«7
CuuK (Henri) ^^i'tii
CviKTisA (Franc) H
Cvijk: (Jovan) 122
Daraumoret (M.). 2S3
1)a<;rkmo\t (Henri) 273
Haikk.uv: (Max) 47
Danyi.-Helm 275
Uapre.mont (Charles) 20
Dakgon (Jean) 11^
' Dario (lîiibén) 47
Daktigl'e (Henry) 05
Darviij.e (Lucien) 283
Daldet (Ernest) 210
DÉCHELETTE (François) 97
Oegouv (raiiiiral) 10
Delacommuxe (Charles) 12
Dei.orme-Jcles Simon (J.) 32
Démia.ns d'Archambaud (M""'). ■ 278
Denis (M.) . . 1<JI
Deshi.eumoktiers (Jacques).... 100
. Descaves (Lucien). 101
Deslinières (Lucien) 214
Desthieux (F. -Jean) 13.^
Deva« (Ceorges-V.) 15
DiEHL (Charles) 51
Do.MBRE (Hoger) 283
Do.MENicHELLi ( Piero) 89
DoNAL (.Mario) 283
DoRCHAiN (.Auguste) 45
Draghicesco (D.) 94
Drollers (Alherl) 249
DoBoscQ (Claude) 273
DucRAY (Camille) 186
Dliîard (Henrj). 292
DuHEM (Jules) n8
Du LAZ(René) 273
Dumas (Alexandre) ' 49
Dumont-Wii.den (L). 1 J7
DURLAN (J.-L.) 130
DuPLESSY (labbé Eugène) 295
DuTiLLEUL (J.) loi
Dybowski (Jean) 262
Eccard (Frédéric) 176
Edler (Friedrich) 131
Emerson (R. W.)... 133
Engerand (Fernand) 7
ESCOUPLAIRE (Il.-C.) 88
Espallac (Gabriel) 276
EuDEi.iNE (rabbé-Paul) 58
EvoL (Cliffre d) 32
i:.yMiEU (.\ntonin) 24
Fallet (Céline) Di8
Farnoh (Adole) 282
Fauiiuenot (11.) loi
Faure (M.) 101
Faure-Favier (Louise) 37
Farusi lie lieul' marquis S.-J.-
L. de) 36
Feschotte (Jacques) 270
Fi.amard (Ernest) 201
Florv (Albert) 209
Flutet (le cap"" C.) 265
Forsant (Octave). 214
FouR.ME^. (Paul) 52
Fouknier (Suzanne) 271
Frirourg (.\ndré) 91
Froelich (Jules) 179
Gaillard (Roger) 274
(Imllet (Léon) 102
Galandy (Mlle A.) 50
Galène (Auguste) 276
G.VLLAND (Mj 161
Galopin (Arnould) 192
Ganay (Ernest de) 102
(iAHCiA (Calderôn) 184
Garenne (Albert) 31
Garnier,(A.-P.) 276
Garry (Etienne) 36
Gascoin (Eugène) 181
Gauchez (Maurice) 270
Gaugain (i'abbé Ferdinand). . . 208
Gauthey (Mgr) 128
Gauvain I A\igusle) 14
Geffroy (Gustave) 5
Geis (Albert)..... 179
Gennari (Lucien) 205
Genyusz (Mieczyslaw) 27
Gérard (l'ambassadeur). 162
GiBBs (Philip) 83
Gillet (M-S.)... 200
Givelkt(A.) 161
GÔMEZ Carrillo (E.). 84
Gordon (le cap"' G. J.) 263
GoRGOT (Andrée Bruguière de). 275
Gourdox (Pierre) 283
GocTEL (le baron Hennet de). . 64
GRA^DI (Cesare Giulio) 205
Grasset (coni' A.) 245
Gravier (Gaston) 182
Griselle (l'abbé Eugène) 260
Gry (Léon) r 96
GsELL (Stéphane) 124
Guichard (Marcel) 42
GuiFFRE d'Evoi 32
Guillet (L.) »75
GuiLLOU (René) 288
Guiraud (Mlle L.) 126
334 —
IIau.ays (Andi'é) iQi
Halleux (Louis) 272
Halphen (O-H.) M4
HANiN((:lau.le). : 26Î)
IIaimant (ÉinUe) 104
llAVAni) (Oscar) t\)0
Hen.net de CiOUiEi. (le baron). . 04
Hé.xolauo (J.) ^1
IIÉitKLi.E (Georges) ". . . il
Hehma.novits (Jean) 2f
llEu.MET(Mad) oO
Hehmite (Charles) 288
Hehschkh (Mgr) 173, r/7
Heuz.é (Paul) 280
HowAiU) (Keble) 193
HuBEHT (Lucien) 5^9
Ja>-kovici {]).) 19
li.G(Paul) : 36
isNAHD (Albert) 105
ISSANDON (G.)..... 215
Jean- Berna Rn 98, 262
Jeanmn(M..I.)... 161
JoujvET (Gas(on) 188
.Ionesco (Take) 243
.Iohijan (G.) 114
JoiuiA (N.) • 17
.I()R(;ensen (Johanncs) 26
.luBEHT, (Raymond) 246
Jl'lia (Kniile-François) 31
JuNOD (Kdouard) 252
Kahn (Ollo M.) 94
KlEFFEK (K.) 112
Larorie (L. de Lanzac de) .... 132
La Brète (Jean de) 35
Lafargue (Albert) 272
Lagardette (Dominique de). . . !!!54
Lagrange (le P. M.-J.) 38
La Hari'E (J. de) 85
Lamare Picquot (l'aide-major). 132
Lamhert (H.) 161
La Mothe (Hedon de) 103
La Nézière (K. dk) 51
Langie (André) 202
La Nomia 271
La.nos (IL) 50, 51
Lanzag de Larorie (L. de) .... 132
Laruald (Valéry) 37
La Hevki.ikre (le comte de) . . . 293
Lar.mehoix (Jean) 57
Lasserre (Pierre) 46
Laurens (Jean-Pierre) 103
Lavergnk (Anlonin) 102
Lavoluîe (Uené) 195
Ledkut (F ) ■• . 25
Leresgi'e (IMjiléas) 278
J.ERON (André) 266 '
Lecauble (Philippe) 269
Lechartier (G.) 242
Ledav (J.) 141
Lekebvre (Jacques) 276
Le Floch (le K. P. Henri) 196
Legendhe (Maurice) 257
Le Mière (Marie) 281
Le MoiËL (Kugène). 102
Léopold-Lacour 5
LÉouzoN Le Duc (G.) 113
Lep.^^ils (le D'" Johannès) 183
Leseur (Mlle) 161
Leseur (Elisabeth) 200
L'KsTOURBEiLLON (Ic Hiarquis
j.e) 136
Leïolrnkau (G.). 189
Levrat (Etienne). 271
LÉVY DlSPEKER (L.) 161
Lichtenberger (André) 292
LiMAGNE (A.) 255, 256
Lorry (A.-J.-A.). 134
l>OTE (Hené) 204
LoTH ((ieorges). 294
Li'MET (Louis) 5
Machado (Manuel) 9ô
Maim.et (André) 275
Maitrot (le général) 260
Mai.o (Henri) 294
Ma>cey (Claude) 284
Manzagoi, (S.) 161
Marceau (le 1)'' Harry) 37
Martin (Henri) .' 209
Mahyan (M.) 281, 282
Massoutié (Georges) 142
Mathiez (Albert).' 20S
Mathorez (J.) 106
Maurois (André) 37
Mayeur (Pierre-Xavier) 269
Mayniai, (K.)... 280
Mayran (Caaiiile). 29
Mendel ((;.) ., 161
Ménieux (P. Edouard de) ..... 32
Meunier (Stanislas) 43
Meurgey (Jacques) 140^
MiCHAUD (Kégis) 133
Michel (A.).': MO
Michel (P. -IL) 161
MiLHAUD (Georges) 41
Mille (Pierre) 3tV
MiRor (Léon) 106
Moll-Weiss (M'"'! Augusla) 191
Monaco (Albert prince de) 165
MoNFAT(le P. A.) 201
MONUCR (J.) 161
MoNTKOKT (Eugène) 36
MoNTiER (Fdwar) 190
MoRENo (M"'c IL M.) il
Morgan (Jean) 'i^>
— 33:; _
>1oiu;kmii.u' (l'arnbassadcui) . . ^41
Mom.MDTO (Kokiclii) l-i"
MoKNETi'Daniel) 101
.MoKTiKH (Alplionsi') 141
MoussKT (All)orl) ■!'•»"
MOUTKUDK (<;.) I"l
MiKHLON (Wilhelin) <S">
Xasi (Nunzio) l".*"
Nesmy (Jean) 2î)
Nkuuay (Kornaml) N'j
iNoBBS (caiitain (iilbert) î>3
NosTOs (Jean) l^O
NoTHOMU (l'ierre) '-H
O'NoLL (Kloi-ence) 28:^
OSSIP-I.OLIUK. 107
OsLSKY (Siéplien) 181
Paili.eron (Marie-Louise) 289
Palacios (Migiiol AsiN). 29(j
Pbi.i.kiu.n (Eiunia) 27tj
PÉHiÉ (Miri- l'élix) i03
PÉuui.NY (le comte Maurice de). 293
Pkh.not iliubcrt) 132
l'Eiir.i>Y (le P. Louis) 27»
Phujhpe ((_',liai-les-Louis) 37
i*iCAiii> (E.) 114
Picard (ICmile) 288
Pilant (Paul.. 90
PiLLEMENT (Georifes) 47
PiNGACD (Alberl) 81
Pi.No.N (René) 183
PiTTARD (Eugène) 206
POINCAKÉ (H.) 114
PoNCHKVii.LE (l'abbé Thelliek
DR)..., 99
PouGET (Éflouai'cl) 41
POLRRAT (P.) m
Prat (Jean-H.) 'ôl
Pre^lkfom (René) 275, 276
Prkzzmlim (Giuseppe) 13. 21
Prielr (Auguste). 271
Probus. 215
Puai X (René) 107
Pucci.M (Mario) 13
QuiKico (le P. Giuseppe) 99
Radîc (Ljiibo) 1.J
Radomtch (Amlriva) 14
Raceot ((laston) 12
Ramdaud (Alfred) 104
Raymo.nd (J.) 187
Ray.v<mt (A.) 30
Redu.r (Antoine) 31
Reijiiv de la Mothe 103
Reh ^m;valho (Antonio DOS) . 193
Reis'; m.-A.) 266
KÉvtiLLAiD (Eugène) 271
Rey.nal'd (l'aul) 173
Rh HKI.1EU (le maréchal de). . . . \iM
i{iEix(Jean) 272
lilSTELHLEHER (HeUV) \H'A
RiviKHE (Jacques; 179
Rmchereal- (le R. I'.) 2ri«;
ROLAMJ-GOSSELI.N (D.) 211
RoLGÉ (Olivier de) 277
RdUGiER (Paul).. 270
RoLME (Paul; 280
RoLHE (Lucien; 40
]^o\j\ (marquis de) 134
RovÈRE (Julien) 33, 178
Saille.n* (L.) 63
Sai.m-Ge.nks (.Marguerite de). . . 142
Sai.nt-Maur (Charles-François). 231
Saison (Jean) 9
Salmox (.\n(lré) 37
Sa-MBOX (Arthur) 277
Sandy (Isabelle» 29
ScHiFFMACHER (lùioiiard) 27:i
ScHMiTZ (.\ndré) 247
SCHYBERGSOX (M. G.) 263
Séché (Alphonse) 261
Seippel (Paul) 239
Serreat (R. I KM
Skipis (Sotiris). 278
Sorbets (Gaston) 278
Soulages (Gabriel) 47
SoY (Emmanuel) 282
Spexdkr (Harold) 187
Speth (William) \~'-j
Spiess (Camille) 197
SriÉxox (Charles) 18
Subira (.losé) 211
Tessan (François de; 60
Thkllier de Poxchevillk (l'abbé) 99
Thierry (Georges) 281
Thomas (Louis) 94
TissiER (Mgr; 59
TouRXASsus (Jean) 90
Ubald dAlexcox (le R. P.) ... 53
Uggla (John) ^ 264
Vaka (Demelra) [Mrs Kenneth
Brow-x] 87
Valery-Radot (Pasteur) 250
Vallotox (Benjamin) 36
Yaxdervelde (Emile) 113
Vax Houtex (S.) 264
Vassivière (J.) 270
Verdier (E. -Henri) 278
VÉZÈRE (Jean) 281
Vie (Jean)....' 22
ViGLioxE (Francesco) 121
ViGUÉfPaul) i89
ViLLÈLE (A. de) 30
33fi
Vis.MKs (llenrictle df.) :280
ViTAi- (Jean) 2Go
ViTTE (Kmnianuel) 269
VoiNoyiTCH (le comte Lonis). i i, 15
VoLATiKK (Henii) 171
VtIUJCU.MET (K.-A.) S2
W.M)DiNr,To\ (Marv Kiniï) I(»7
Wa(;.\er (C.) 287
WAfiNEH (Kmile-H.).. 138
VVakthon (Édi(h) 35
WuRMsER (André) 47
Yole (Jean) 31
Zangwuj, (Israël) oC»
TABLI^ DE LA CHRONIQUE
Nécrologie : Ah.maimjî: (la comtesse o"),
06. — Bascle de L.a(;rP;ze (Gaston),
(>(). — Buauhegahd (Paul). 220. —
lÎEi.LOM (Maurice), 297. — Blan-
chard (le professeur Uaphaël). 217.
— liuTTE (le D' LucJen);, 149. —
Gain (Georges), 222. — Cahus (Paul
A.), 223. — GiiA.MPOL. bb. — Ghan-
TE.MESSE (le I)r AniJré). 2J 19. — Cha
PUT (le 1)|' Henri), 220. — Cochin
(Claude - Edouard - Denvs- Marie) ,
149. — CoLOGAN(Mgr William). (37.
— CosQuiN (Emmanuel), 298. —
CiiOOKEs (William), 302. — Dlmont
(Ernest-Charles-Edmond), 304. —
Earina (Salvatore), 148. . — Fek.net
(le l)'' Charles), 2i)9. — Fraccakoli
(Giuseppe), 67. — Geiger (Ludwig),
300. — Ham.opeau (le D' François),
219. — Uertling (le comte Georg
von), 147. — Lafenestrk (Georges).
301. — Eamy (Etienne), 143': —
l.EHR (Ernest), 221. — I.eroux
(.Xavier-Henry-JNapoléon). 222.- —
Lôpez-Pelâez (Mgr Anfolin). 145.
.Mahaffy (John Ponlland), 299. —
.Ma.nsion (Paul), 302. — Margue-
RiTTE (Paul). 144. — Marti.n (Jean),
304. — MiKHAÏi.ovicH (le grand-
duc Nicolas)_, 223. — .MrrHOUARD
(Adrien), 216.— Morice (Charles),
217. — Orano (Domenico), 68. —
RA.\fiiAUD (Joseph), 216. — Uoosevei.t
(Théodore), 146. — Rosta.m) (Ed-
mond), ()5. — ScHLOESiXG (Jean-
Jacques-Théophile), 221. — Stefa-
MK (le général), 304. — Verriest
(l'atbé Hugo), 68.
Lectures laites à TAcadémie des ins-
criptions et belles-lettres, 71. 153,
227, 307.
Lectures faites à l'Académie des
sciences morales et jioliliques, 71.
153, 228, 307.
Prix, 72, 153, 229, 308.
Mélanges : Analecta montserraten-
sia, 72. — La Santa Casa de Lo-
rette, 229. — LTnquisilion, 72. —
Index. 72. — Almanachs, 73.
Nouvelles : Paris, 73, 154, 229, 308.
— Alsace, 75 — .\njou. 155. —
Bretagne, 156, 311. — Franche-
Comté, 232, 311. — Laneuedoc.
156, 233, 312. —Limousin,' 233.—
Lorraine, 75. — Lyonnais. 312. —
Maine, 76. — Nivernais, 312. —
Normandie, 76. 234, 312. — Orléa-
nais, 3 13. — Poitou, 77, 313. —
Sainlonge. 136. — .Angleterre. 77.
157, 235. — Belgique, 157. — Ks-
[lagne. 235. — Finlande, 77. — ■
Italie, 314. — Macédoine. 1.57, 314.
— Suisse, 77. 2)56. — États-l'nis,
78, 158, 315.
Publications nouvelles, 79, 159. 238,
316.
KHHATIJ.M
Page 132, ligne 11, au lieu df : 1707, /iscc : 1807.
/.f C'ninl : CIIAI'UIS.
Inipi'iinorio S. l'aclcuii. l,ii(,oii.
POLYBIBLIOX
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
Juillet 1019. T. CXLVI. 1.
LUÇON
liffPRIMEKIE S. PaCTEAU
y
POLYBIBLION
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
PARTIE LITTERAIRE
DEUXIÈME SÉRIE. — TOME QL ATRE-\ IXGT-]\EL'VIÈME
(CEST QUARANTE-SIXIÈME DE L\ COLLECTION)
PARIS (7^)
AUX BUREAUX DU POLYBIBLION
5, BUE DE SAINT-SIMON, 5
1919
POLYBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS
RELATIVES A LA GUERRE EUROPÉENNE
L'Kurope au jour le jour, par Auguste Gauvain. T. II à VI. Paris. Bos-
.sard, 1917-1918, 5 vol. in-8 de xi-498, xi-470, xi-416, ix-i06 et vii-418.
— Prix : tomes 2, 3 et 4 : 7 fr. 50 chacun ; et tomes 5 et 6 : 9 fr. chacun.
Le tome II de la grande histoire diplomatique et politique de l'Eu-
rope avant la guerre, que nous donne M. Auguste Gauvain, est fait
sur un autre plan que le premier : les articles du Journal des Débats,
au lieu d'être présentés par ordre chronologique, sont classés par
sujet. Il nous font passer en revue les crises diverses qui ont agité
l'Europe depuis la contre-révolution turque jusqu'au coup d'Agadir :
affaires d'Orient, révolution grecque, procès d'Agram, crise hon-
groise ; affaires d'Italie, de Belgique, d'Allemagne ; enfin affaires
marocaines. C'est un plaisir pour l'intelligence que de retrouver tous
ces événements exposés dans ces articles si vivants, où l'auteur,
quand il ne se laisse pas emporter par la passion, montre une péné-
tration si aiguë. Qu'on relise ce qu'il dit de l'attitude de l'Allemagne,
en juin 1911, au moment où il y avait en France un parti qui, nous
croyant les mains libres, voulait nous entraîner à la conquête mili-
taire du Maroc.
Avec le tome III : Le Coup d'Agadir, nous sommes au cœur de l'af
faire. Il comprend les articles parus du 2 juillet 1911 au 10 juil-
let 1912, publiés dans l'ordre chronologique, le seul qui convienne
pour cette période, tant la trame des événements est serrée. Ils nous
donnent le détail des négociations secrètes engagées à deux reprises
par M. Caillaux au sujet de l'Afrique. Retenons l'opinion émise par
M. Gauvain : « Sans aucun doute possible, les manigances avortées
de 19H ont contribué à créer l'état de choses d'où la Grande Guerre
est sortie. » 11 profite de l'occasion pour condamner la diplomatie se-
crète, pleine de périls. Signalons les deux notes jointes au projet de
chemins de fer Cameroun-Oubanghi, dont la seconde montre que
la convention projetée était la préface de l'annexion de l'Afrique
équatoriale française par l'Allemagne. A noter aussi l'article du
18 février 1912 (p. 360), qui dénonce la politique allemande dans les
préliminaires d'Agadir, « Ce sont les procédés bismarkiens à qua-
rante ans de distance. » Impossible de dire plus juste.
Le tome IV est consacré à l'histoire diplomatique de la première
guerre balkanique. Mais il faut lire d'abord l'histoire des négociations
serbo-bulgares et des autres conventions balkaniques dans un autre
livre de M. Gauvain élite chez Colin : L'Europe avant la guerre, qu
— 6 —
en est l'Introduction naturelle. Au cours de cette série d'articles,
M. Auguste Gauvain se laisse guider par l'idée essentielle que le désir
des empires centraux de jeter la perturbation dans l'Europe encou-
ragea les pays balkaniques à attaquer la Turquie. 11 y ajoute, il est
vrai, le correctif de l'impérialisme et des ambitions démesurées de la
Russie. Nous croyons que là il serre de plus près la vérité : jamais on
n'insistera assez sur les déplorables effets de la politique russe dans
les Balkans. D'ailleurs ni les Grecs, ni les Serbes, ni les Bulgares
n'avaient besoin d'encouragements pour poursuivre leur objectif, qui
était double : affranchir du joug ottoman les populations encore irré-
dimées, et s'agrandir au détriment de l'ennemi séculaire. A ce pro-
pos, le 31 octobre 1912, M. Gauvain combattait l'idée de M. Schie-
mann de créer une Macédoine autonome et recommandait comme
préférable la distribution entre les quatre alliés des territoires ar-
rachés à laTurquie, disant (( qu'elle répondaitau vœu des populations. »
L'expérience a montré qu'il s'est trompé sur ce point : quelle que
soit la répartition faite, les populations en seront toujours mécon-
tentes, parce qu'une partie d'entre elles tombera en la possession
d'un Etat qui, n'étant pas de leur race, les opprimera cruellement.
On sait comment Bulgares, Serbes et Grecs ont traité ceux des Macé-
doniens à eux attribués par la paix de Bucarest, qui ne parlaient
pas leur langue ou n'appartenaient pas à leur Élglise nationale. Une
Macédoine autonome, composée de cantons réunis par un lien fédé-
ral comme ceux de la Suisse, aurait donné au contraire satisfaction
aux habitants qui ne demandent qu'à s'entendre entre eux. C'était le
seul moyen d'éviter la seconde guerre balkanique, qui a eu pour cause
essentielle la contestation, entre Serbes et Bulgares, de certains terri-
toires, âprement revendiqués de part et d'autre. Certains de ces terri-
toires le sont même en plus par les Grecs !
C'est à cette seconde guerre balkanique que se rapporte le tome V.
Quelles pénibles réflexions nous inspire la revue rétrospective des né-
gociations de Londres, où trioniplia la politique d'expédients,! Les
grandes puissances commirent une faute grave en refusant à la Ser-
bie un débouché sur l'Adriatique et au Monténégro une capitale de
plaine. Il est vrai qu'alors l'Italie faisait bloc avec l'Autriche-Hongric
contre la Serbie et qtie l'Angleterre ne voulait que des solutions tran-
sactionnelles. A propos du traité de Bucarest, M. Gauvain montre un
optimisme excessif quand il parle de son (( heureuse conclusion »
(7 août 1913, p. 370) : ce traité laissait dans les Balkans des germes
de rancune dont nous avons cruellement pâti au cours de la présente
guerre. M. Gauvain a d'ailleurs raison quand il dit u que les Balka-
niques n'ont pas eu à se louer jusqu'ici de l'intérêt que certaines
puissances ont feint de leur porter. Ils savent qu'on prétendait se ser-
vlr d'eux plus qu'on ne les servait » (p. 381;. Mais puis(pi'il avoue
• que l'enchevêtrement des races en Macédoine ne permettait aucune
réparlilion conforme aux vœux de tous les intéressés, pourquoi reje-
ter l'idée d'une Macédoine autonome, où les habitants ne seraient
pas opprimés les uns par les autres ?
Mais les événements se précipitent. Le tome VI, qui nous mène de
la paix de Bucarest au 2G juin 1914, déroule devant nous les intrigues
de toute sorte qui accompagnèrent la négociation de la paix italo-
lurque ; l'envoi de la mission allemande à Constantinople, avec le
développement du mouvement paiigermaniste ; les dilTicullés créées
en Orient par le règlement de la question albanaise et de celle de*
îles. Au mois de mars, la situation se tend entre la Russie et l'Alle-
magne : pour qui sait lire entre les lignes, combien l'article du
12 mars de la Gazette de la Bourse de Saint-Pétersbourg , aurait du pa-
raître alarmant ! Puis viennent les provocations allemandes à propos
de la Légion étrangère, succédant aux incidents de Saverne. On parle
d'une troisième guerre balkanique comme inévitable. Enfin, la fameuse
entre vue de Konopischt, entre le Kaiser et l'archiduc François-Ferdinand
qui devait être suivie, à si bref délai, de l'assassinat de ce dernier. Nous
sommes ici eii plein mystère, car aujourd'hui même on n'arrive pas
à se mettre d'accord sur le fait de savoir si l'archiduc marchait avec
Guillaume II ou contre lui. Sur le moment, M. Gauvain note seule-
ment, d'après la Nouvelle Presse libre, « que la flotte austro-hongroise
est appelée à coopérer à des événements qui changeront la face de
l'Europe. »
L'œuvre que nous offre M. Auguste Gauvain dans les six tomes pa-
rus de son Europe au jour le jour est monumentale et bien digne de
retenir l'attention. Son titre répond parfaitement à ce qu'elle est, et
la simple présentation des faits, avec le commentaire du moment, est
riche en enseignements de toute sorte. Un fil conducteur les relie :ce
sont les idées personnelles que l'auteur se glorifie d'avoir en poli-
tique. '( J'ai suivi, dit-il, des lignes directrices sans m'en laisser dé-
tourner par aucune considération. » Il dénonce sans ménagements les
erreurs lourdes d'agents très élevés dans la hiérarchie diplomatique,
des ministres mêmes. Lui-même en a commis : ceux-là seuls ne se
trompent pas qui ne se prononcent jamais, et ce n'est pas le cas de
M. Gauvain, car il est impossible d'avoir des convictions plus arrêtées
et de les exprimer avec plus d'énergie. D'ailleurs sa parfaite loyauté,
sa science politique et sa riche documentation donnent un grand poids
à ce qu'il dit. Même en n'étant pas toujours de son avis, on ne le
louera jamais assez de soti indépendance d'esprit. A. de Tarlé.
L'Avaut-Guerre comparée en Allemagne et en France, par
Jacques Civray. Paris, Perrin, 1019, in-16 de xxi-165 p. — Prix : 3 fr.
Manuel des origines de la guerre. Causes lointaines. Cause-
immédiate, avec un tableau synoptique, par Fernand Roches. Paris,
Bossard, 1919, in-16 de 49G p. — Prix : 6 fr. 60.
Pendant quel' Allemagne, quaranteannéesdurant, préparait la grande
conflagration que son empereur et ses généraux devaient déclencher
en août 1914, que faisait la France ? Elle pérorait, observe M. Jacques
Givray. Toute à la paix, en dépit des provocations germaniques réité-
rées et dont les dernières — Tanger, Algésiras et Agadir — eussent
dû lui ouvrir les yeux, elle se livrait à un fol anticléricalisme et se
plongeait, comme à plaisir, dans un anlimilitarisme exaspéré.
A ce point que u le discrédit tomba vite sur le métier militaire »
(p. 103). L'officier, méprisé, « devint celui qui n'avait pu arriver à
rien » (même page). En 1904, le Parlement adopta la funeste loi de
deux ans, cause d'aggravation de notre faiblesse militaire ; mais nos
politiciens d'alors, aveugles et sourds, oubliant les intérêts vitaux
du pays, n'avaient en vue qu'une surenchère électorale. La France
devait payer chèrement cette faute criminelle. En 1913, toutefois, la
nation commença à se ressaisir : c'est quand se forma le ministère
Barthou. La loi du 18 juillet portant à trois ans le service militaire
fut votée, malgré l'opposition des radicaux et des socialistes, con-
duits par M. Caillaux et par Jaurès.
C'était quelque chose, certes. Mais combien peu en regard de ce
qu'avait accompli l'Allemagne ! Son budget de guerre, depuis 1875,
s'accroissait dans d'énormes proportions : de 444 millions à cette
époque, il était passé, en 1913, à près d'un milliard et demi. Natu-
rellement ses effectifs grossissaient à proportion. Quant à l'armement
de nos ennemis, il devenait formidable. Et si son canon de 77 était
inférieur à notre 7o, son artillerie lourde, ainsi que celle de son allié
autrichien, ne pouvait en rien être comparée avec la nôtre, qui exis-
tait à peine. Ajoutons que le service d'espionnage allemand, sur
notre propre sol, s'était singulièrement développé, alors que le nôtre
était désorganisé. La fameuse loi Delbriick, chef-d'œuvre de fourbe-
rie, dont nous n'ignorions rien d'ailleurs, n'empêchait pas de nom-
breuses naturalisations d'Allemands restant toujours Allemands de
cœur et de fait. Nos gouvernants ne voulaient rien comprendre.
Nous ne rappellerons pas les insolences, sans cesse renouvelées, de
ces (( indésirables, » supportées, avec quelle résignation 1 par l'auto-
rité française ; mais l'on peut s'étonner qu'à l'usage des pctifcB Boches,
il existât » à Paris une école bien allemande, où les professeurs étaient
Allemands, diplômés d'Universités allemandes, et où les cours se fai-
saient en allemand avec des livres de classe allemands d (p. 133).
Flagrante violation de la loi française.
i
— 9 —
Avant les hostilités, la France ctail largement envahie par des pro-
fesseurs, des employés, des chefs d'industrie allemands, etc. El
les pouvoirs publics ne faisaient rien contre cet inquiétant état de
choses, sans doute parce qu'ils redoutaient la poudre sèche, l'épée
aiguisée et l'armure étiiicelante du monarque berlinois !
C'est tout cela et bien d'autres détails encore, de grosse importance
parfois, que M. Jacques Civray expose dans l'Avant-Guerre comparée
en Allemagne et en France. Ce petit volume est à lire posément et à
méditer, car il porte en soi un enseignement pour l'avenir.
— Pareillement, il convient de faire son livre de chevet du Manuer
des origines de la guerre, de M. Fernand Roches. Ce mot de ManueT
semblerait plutôt s'appliquer à un bref volume ; or, il est considé-
rable : il compte près de 500 pages. Je suis loin de le reprocher à l'au-
teur, car, à mon avis, jamais l'on'ne dira trop, l'on ne répétera trop
souvent, comment et pourquoi le grand drame, qui a tenu l'Europe
haletante, le monde entier anxieux pendant plus de quatre ans, s'est
brusquement joué, alors que chacun croyait à la paix.
« Ce livre... déclare l'auteur dans son Inlroduction, ne contiendra
rien qui ne soit connu et prouvé. Aucune révélation ne doit y être
cherchée. Il repose uniquement sur des documents déjà publiés. Il
n'a considéré que les actes et n'a laissé parler que les textes officiels^
en ayant soin de ne leur faire dire que ce qu'ils veulent dire. Quand
il apprécie, c'est au moyen de citations garanties. Il tient compte des
pièces produites par les empires centraux, comme de celles émanant
des Alliés ; bien plus, soucieux de connaître tous les moyens de justi-
fication pouvant être invoqués par l'ennemi, il s'est attaché à interro-
ger les documents de Vienne et de Berlin, à noter leurs affirmations
avec un soin particulier. Tous les u on-dit, » tous les racontars, tous-
les u à peu-près )> ont été écartés. C'est une mise en place précise
qu'a voulu être ce travail, rien de plus. »
Voilà qui est dit exactement — et clairement.
Sans remonter à la guerre contre le Danemark et contre l'Autriche,,
l'auteur examine d'abord les Causes lointaines du cataclysme, qui,,
partant du traité de Francfort, aboutissent aux affaires du Maroc ;
puis, après avoir esquissé le portrait de Sir Edward Grey, en faisant
parler le prince Lichnowski, ambassadeur d'Allemagne à Londres,
celui de ce diplomate et celui du docteur Muelilon, ancien direc-
teur des usines Krupp, duquel l'on se rappelle les accusations indi-
gnées contre les dirigeants de son pays. Fauteur aborde la deuxième
partie, la plus importante, de son Manuel. Là sont résumés le
conflit austro-serbe, les négociations diplomatiques auxquelles ce
conflit a donné lieu et la parfaite inutilité de ces négociations
puisque la volonté de guerre de l'Austro-Allemagne a fini par l'en;-
— 10 —
porter sur la volonté de paix des puissances de l'Entente et de
l'Italie, fjui. elle aussi, désirait maintenir la paix. La catastrophe
éclata le l" août i9l4 par la déclaration de iruerre de l'Allemagne
à la Russie, par l'envahissement du Luxembourg et de la Bel-
gique, pays neutres, et du territoire français avant la rupture qui ne
devait être notifiée à Paris que le 3 août. L'auteur esquisse ensuite
ce qui s'est passé le 4 (déclaration de la guerre de la part de l'Angle-
terre) jusqu'au surlendemain.
La troisième partie du Manuel se compose de ce que M. Fernand
Roches appelle : Les A-côté da conflit, lesquels consistent principa-
lement en des documents divers tels que le Message de Guillaume 11
au président Wilson ; les deux lettres de Sir Edward Grey et de
M. Paul Cambon échangées en 1912 ; la lettre du baron de l'Escaille ;
le procès Soukhomlinov et la Mobilisation russe ; le Manifeste des 93,
etc.
L'auteur devait conclure, et sa conclusion est la suivante : « Le
peuple allemand n'a pas déchaîné la guerre, mais il l'a approuvée,
applaudie et il en espérait de grandes richesses... La cause des cause:<
est l'envie et l'orgueil allemands. Les populations allemandes d'Au-
triche et magyares de Hongrie participaient à cette tournure d'esprit.
L'orgueil des dirigeants s'était communiqué aux masses et c'est l'or-
gueil des masses qui a poussé les dirigeants à risquer le coup de l'hé-
gémonie mondiale. Aussi, pour répondre à la question des responsa-
bilités finales, devons-nous dire que, sans être injustes, nous avons
à tenir également responsables de la guerre de 1914-1918, les chef*
qui en ont ordonné, les horreurs et le peuple qui, sans murmurer.
les a exécutées. Les exécutants appartiennent à la même race que le**
ordonnateurs. Ceux-ci devaient pouvoir compter sur ceux-là. Au
xx" siècle, un peuple a le plus souvent les maîtres qu'il mérite »
(p. 451. 453 et 454).
Très juste appréciation. Et maintenant que la Germanie a « perdu
la guerre, » comme l'on dit sans élégance, elle n'a plus qu'une chose
à faire : exécuter le traité de Versailles — et régler le compte que
notre Premier a déclaré ouvert dans une inoubliable séance de la
Chambre française.
L'ouvrage est pourvu d'un utile « Index des noms de personne
cités )) et se termine par un « Tableau des négociations diplomatiques
et des préparatifs de guerre », aussi commode que précis.
E.-A. CiiviHis.
l'i'oblèmosde stratégie tirés «le la guerre européenne. Le Pro-
blème de la guerre, par le colonel V. Vkw.vm. i'aris. l^ayot. 101 1*.
in-S do :2.S2 p. - Prix : 9 fr.
Le colonel Fcylcr est un écrivain depuis longtemps apprécié par
— 11 —
l.i façon raisoniiée dont il traite depuis de longues années déjà, dans
la Gazette de Genève, tout ce qui a trait aux problèmes militaires. La
haute clairvoyance avec laquelle il a suivi, depuis le début, la san{,daiite
lutte dont le terme vient à peine d'être atteint, la sûreté desesappré-
-ciations, la conviction jamais ébranlée chez lui que le droit, soutenu
-chez les Alliés par une force de jour en jour mieux affirmée, finirait
par l'emporter sur les ambitions et la fourberie des empires de proie,
toutes ces causes permettaient de penser que le Problème de la guerre,
le volume que publie l'éminent officier sur le conflit mondial actuel,
serait un travail de haute portée, d'une valeur historique et morale
-caractérisée. Nous venons de lire avec soin et posément ce travail,
et nous n'avons pas été déçu dans nos prévisions. L'ouvrage est divisé
■en cinq titres dans lesquels, après avoir posé ce qu'il appelle les don-
nées générales du problème, le colonel Feyler étudie les débuts diplo-
matiques de la guerre, c'est-à-dire l'ultimatum de l'Autriche à la Ser-
bie, les essais de conciliation britanniques et français, les différentes
•déclarations de guerre, puis les opérations militaires, le plan de guerre
-allemand, les erreurs fondamentales de ce plan, les campagnes de 1914
-à 1919, l'évolution des buts de guerre des empires centraux, la défaite
finale, la demande d'armistice. Le.s' Problèmes de stratégie, tirés de
■la guerre européenne. Le Problème de la guerre sont en somme une
histoire résumée et puissamment raisonnée de la guerre actuelle, cor-
roborée de documents la plupart connus mais dont la juxtaposition
-éclaire d'un jour nouveau quantité de problèmes sur la solution des-
-quels l'opinion publique est encore mal renseignée. Le titre 11, spécia-
3ement, (Introduction diplomatique delà guerre) est, sous ce rapport,
d'un intérêt tout à fait captivant ; également le titre V (La Fin de la
guerre). En somme, après avoir lu le livre du colonel Feyler, on est
•convaincu que les fautes commises par l'Allemagne en déclarant
cette guerre funeste, avaient marqué, dès le début, cet empire de
proie pour la ruine, pour l'écroulement final auquel il a abouti.
•Un vent de folie et d'orgueil insensés aboutissait à l'annihilation des
forces très réelles, très puissantes, très variées de cette nation à
laquelle plus d? sagesse et de prudence chez ses dirigeants eussent pu
réserver un meilleur sort. C'est bien ici le cas de rappeler l'adage des
anciens : Quos vult perdere, Deus dementat.
Comte de Sérigx.vn.
I/Encerclementde rAIIemagiie, par|AuGi'STE Gauvain. Paris. Bossnrd,
i919, in-12 de 169 p. — Prix : 3 fr.
11 faut rendre à M. Auguste Gauvain le témoignage que la haine
qu'il a vouée à l'Allemagne, l' Au triche-Hongrie et la Bulgarie n'a
pas été désarmée par leur défaite, ni par la dislocation de la Double
— 12 —
Monarchie. Il les poursuit de ses écrits âpres, passionnés ; met à nu
leurs tares les plus secrètes, se plaît à enfoncer le scalpel au plus pro-
fond, et à le retourner dans la plaie. Sa connaissance de la politique
européenne lui donne des armes redoutables pour la discussion ; il
les manie en maître. Aujourd'hui, il prend les Allemands à partie au
sujet de leurs prétentions à soutenir qu'ils ont fait une guerre défen-
sive pour prévenir l'encerclement dont ils étaient menacés. 11 n'a pas
de peine à montrer qu'ils avaient des visées impérialistes et avaient
préparé la guerre aussi bien sur le terrain diplomatique que sur le
terrain militaire. Il analyse à ce propos le mémoire du prince
Lichnowsky et le mémorandum du D' Muehlon et renforce ces deux
documents des preuves contenues dans le Livre blanc grec. Ce serait
d'ailleurs une erreur de croire qu'en France, nous ne nous attendions
pas à la guerre ; on la savait inévitable, mais nous eûmes le tort, la
sachant certaine, de nous y être mal préparés. A. de Tablé.
La Grande Revanche. Campagnes de France (1870-1871 ) —
(1914- lî)lî>). Conférences morales et patriotiques, par le commandant
Leroux. Paris, Charles-LavauzeJle, 1919, in-18 cartonné de 219 p., avec
portraits et cartes dans le texte. — Prix : 3 fr. 50.
Le travail de M. le commandant Leroux se compose de dix confé-
rences consacrées successivement à la campagne de 1870-71, à la
guerre de 1914-1919, à l'éducation physique, au devoir qu'a notre
pays d'entretenir encore une armée puissante et disciplinée, à l'Alsace
et à la Lorraine, à la Révolution française, aux conquêtes coloniales
de la France, etc. Ces conférences, qui sont destinées à cette immense
majorité du peuple français qui n'aura jamais le loisir ni peut-être
même le désir de lire l'histoire savamment écrite de la guerre actuelle^
ni celle de beaucoup de questions intéressant le passé et l'avenir de
notre patrie, ces conférences sont dédiées spécialement par l'auteur,
à nos instituteurs qui ont charge d'âmes à l'école primaire et dont
le premier rôle, après l'horrible lutte qui vient de prendre fin, sera
d'apprendre à leurs jeunes élèves ce que les Français ont souffert à
la fois de la défaite de 1870 et de la victoire de 1919. Alors, dit M.
Leroux, connaissant les peines qu'a dû subir leur patrie, ils l'aime-
lont davantage et s'apprêteront mieux à la défendre. La Grande Re-
vancJic est un bon petit livre, qu'il y a lieu de recommander.
Comte de Séhignan.
La Vérité sur le sièye de Maubeu«|e, par le commandant Pall Cas-
sou. Paris-Nancy-Strasbourg, lîergor-LevrauIt, 1919, iii-IG de 112 p.,
avec une carie dans le texte. — Prix ; 3 fr. 50.
Comme beaucoup de nos places du nord et de l'et^t, Maubeugc, en
— 13 —
août 1914, n'était pas prête à soutenir un siège ni mônnc un inves-
lisseinent. En dépit des avertissements donnés par les juges les plus
compétents, le gouvernement n'avait rien fait pour mettre cette place
inipoitante en état de soutenir une résistance un peu longue. C'est
en vain que le général Lebon, pour ne citer que celui-là, avait écrit,
à la veille de la guerre que : « Maubeuge, dans son état actuel, risque-
rait de procurer à l'ennemi un succès ; qu'à ce point de vue, elle sérail
j)l(is nuisible qu'utile. » A la date du 2 août, la place était comman-
dée par le général Fournier, que, sur on ne sait quels faux rapports,
M. Messimy jugea à propos de remplacer, sans doute comme inca-
jiable de tenir un poste aussi important. La mesure, injuste autant
(|u'inopportune, fut rapportée deux jours après, mais l'efTet moral
était produit, en ce sens que la garnison avait commenté la disgrâce
ot discuté les mérites de son chef, ce qui était aussi dangereux que dé-
plorable. En réalité ce que reprochait le ministre au brave général
Fournier, c'était d'avoir signalé une fois de plus le danger que cou-
rnit Maubeuge en face d'une invasion imminente de la France par la
lîelgique, M. Messimy était cer/am « que les Prussiens ne devaient fias
passer par là. » On sait que cet aveuglement du ministre fut cause de
nos premiers échecs et on verra la preuve de cette allégation en lisant
le travail très consciencieux et fort intéressant de M. le commandant
(lassou. Comte de Sérignax.
Le Uôle de la cavalerie française à l'aile gauche de la pre-
mière bataille de la Marne, par J. Hétiiay. Paris, Perrin, 1919,
in-16 de Yii-28i p., avec 7 cartes. — Prix : .3 fr. 50. •
C'est une idée trop répandue que la cavalerie n'a pas eu de rôle
important pendant cette guerre, du moins en tant qu'arme distincte
et spéciale. Certes, nul ne conteste qu'elle n'ait été, à tous les degrés
de la hiérarchie, un réservoir admirable où les autres armes : infan-
terie, artillerie, aviation, ont trouvé les éléments les plus brillants et
les plus utiles et que ses fastes ne soient aussi glorieux que ceux de
l'infanterie, quand elle a été employée à pied ; mais son rôle à che-
val échappe. Il a existé pendant la première période de guerre et il a
été utile. 11 l'aurait été davantage s'il avait été plus complètement
tenu compte des renseignements fournis par le service d'exploration.
Le rôle de la cavalerie à l'aile gauche de l'armée française dans la
jiremière ba taille ide la Marne méritait d'être précisé et livré à l'his-
toire. Voilà qui est fait et de main de maître, sous le couvert d'un
modeste pseudonyme qui semble laisser souvent deviner la plume
et la pensée d'un chef.
Dès le 6 août 1914, au moment où l'armée allemande venait de
franchir les frontières du Luxembourg et de la Belgique, deux masses
— 14 —
importantes de cavalerie française furent lancées au devant de l'en-
vahisseur : Tune dans le Luxembourg belge, au nord de Montmédy,
l'autre un peu plus à l'ouest : c'était le corps de cavalerie du général
Sordet qui s'avança jusqu'à douze kilomètres de Liège. C'est à cette-
seconde fraction qu'appartenaient les éléments dont l'action est ra-
contée.
Les principaux épisodes qui font l'objet du récit sont les suivants :
1° Du 5 au 9 août, reconnaissance de l'escadron Lepic du 5^ chas-
seurs qui, en forçant les avant-postes ennemis et en faisant des pri-
sonniers dans la direction de Gouvy, recueillit les renseignements les
plus précis sur l'ensemble du plan stratégique des Allemands visant-
Paris par la Belgique.
2° Le 26 et le 27 août, au combat de Seranvillers, intervention du
corps de cavalerie à l'aide du 2^ corps d'armée anglais en retraite.
3° Le 29 août, formation dans le Santerre, aux environs de Fou-
quescourt, sousle commandement du général de Cornulier-Lucinière,
d'une division provisoire détachée du corps de cavalerie et compre-
nant trois brigades composées des éléments les moins fatigués des
trois divisions. 31 août, découverte du glissement des Allemands
vers le sud-est.
4° Le 1" septembre, combat de ^erberie et défense des abords de
la forêt d'Halatte.
5° Le 2 et le 3 septembre, opérations dans la région de Senlis-
Dammartin.
6° Le 5 septembre, arrêt de la retraite au moment où la division
provisoire venait de passer la Marne, à Chelles-Gournay. La division
provisoire reçoit l'ordre d'aller flanquer l'aile droite de la Vl* armée-
qui prenait l'offensive dans la direction de Château-Thierry.
7" Le 6 septembre, combat de Penchard, au nord de Meaux.
8° Le 8 septembre, la division provisoire est disloquée et ses élé-
ments reprennent leur place dans le corps de cavalerie. Mais, immé-
diatement, la 5" division placée sous les ordres du général de Cornu-
lier-Lucinière en est détachée et reçoit l'ordre de gagner les derrières'
de l'ennemi qui défend l'Ourcq. d'arriver le jour même, coûte que
coûte, sur la rive est de l'Ourcq dans la région de la Ferté-Milon et-
d'y faire entendre le canon pour aider à déterminer chez l'ennemi
un mouvement de retraite. L'exécution de ce raid audacieux dure
trois jours ; le récit en est palpitant ; le combat de Troesne, la des-
truction d'un parc d'aviation par l'héroïque de Gironde, le succès de
l'opération prescrite sont des faits de guerre aussi beaux que les
plus célèbres. Par le trouble qu'ils jetèrent subitement sur les der--
rières de l'armée de von Kluck, les escadrons de la 5* division ont-l
une part importante dans l'évolution de la bataille de laMariie.
i
— i:; —
Ce ne sont là que des tètes de chapitres dont les plus altaclianls
sont la découverte du plan général des armées allemandes au début
de l'invasion et l'incursion sur les derrières de l'armée de von Kluck
à la bataille de la Marne ; mais tout est à lire dans ce livre trop
court où chaque page apporte une précision et fournit un document
sur la période la plus critique de la guerre. Ajoutons (ce n'est pas en
diminuer l'intérêt) qu'à chaque ligne on sent que l'auteur a vécu ces
jours de patriotique angoisse et que, s'il a voulu en écrire le récit à
la gloire des cavaliers de France, sa plume, alerte et vive comme le'
pur sang d'un officier de légère, reste en même temps ]'esclave de la
vérité et du document. Ce récit est presque un journal de marche,
mais un journal de marche éloquent et pittoresque, qui laissera le
lecteur civil charmé et orgueilleux des héros qui l'ont si bien défendu,
et les cavaliers plus fiers de leurs camarades et d'eux-mêmes.
Eugène Godefrot.
La Lorraine dévastée, par Maurice Barrés. Paris, Alcan, 1919, in-16
de ui-177 p., avec S plar.chos et une carte hors texte. — Prix : 2 fr. 73.
Ce petit livre est Je premier né d'une collection que le comité
France-Amérique consacre à la gloire de nos provinces dévastées
pour servir de guides aux Français qui vont maintenant entreprendre
de visiter en pieux pèlerins les régions ravagées par l'ouragan dévas-
tateur. Cette fois. le guide est un maître, doublé d'un patriote ardent,
épris de la petite patrie non moins que de la grande, et qui éprouve
pour sa chère Lorraine un sentiment d'amour profond maintes fois
exhalé dans des œuvres antérieures ! Aussi comme on suit avec émo-
tion M. Maurice Barrés passant au travers de ces ruines que semèrent
comme à plaisir les Barbares au premier temps de l'invasion, et parmi
tous ces paysages qu'il nous décrit avec une tendresse et un charme
si particuliers! La Lorraine dévastée semble vraiment renaître sous
sa plume, tant il sait bien faire chanter l'âme de ses ruines.
F. L.
Le» Grandes Heures, par He>-ri Lavedan. 4' série (3 mars 1917-22 dé-
cembre 1017). Paris, Perrin, 1919, in-16 de 320 p. — Prix : 3 fr. 50.
Au point de vue historique, ces pages offrent un témoignage et au
point de vue littéraire un agrément. Le lecteur viendra les feuilleter
à ce double titre, sans y chercher une actualité maintenant passée
puisqu'elles furent éciites il y a deux années déi^. Que de souvenirs
elles évoquent pour beaucoup ! Cet été de 1917 a été tragique, émou-
vant, incertain, laissant poindre l'alarme dans les esprits, puis leur
ouvrant de larges espérances. — M. Henri Lavedan fut un des bons
écrivains qui surent soutenir le moral et saluer l'entrée en guerre de
— 16 —
l'Amérique à nos côtés. Son langage est sage, confiant, sans forfante-
rie, prudent, avisé. Tel le chapitre sur la « Société des nations » ;
-celui intitulé (( Autorité et Révolution » où à propos de la Russie il
caractérise d'un mot heureux (( la torche qui se croit flambeau » ;
«elui où il préconise la liberté pour les familles soit qu'elles veuillent
rapporter leurs morts ou les laisser à « leur vraie place. » Les der-
niers paragraphes du volume célèbrent avec une hauteur de vues bien
françaises la délivrance de Jérusalem. On voit l'ampleur des idées
-évoquées dans un cadre restreint où tout est résumé par un esprit fin
-et maître de lui-même. Geoffroy de Gkandmaison.
Meiii Kriegs-Tagebuch, von Dr Alfred H. Frikd. I. Das erste Kviegsjahr
{Î.Aurjust I91àbis28Juli 1915). Zurich, Max Rascher, 1918, in-i6 de xxiv-
472 p.
M. Fried est un des pacifistes les plus notoires ; il est à l'heure
actuelle le représentant le plus éminent du pacifisme en Autriche.
Et l'on peut penser que la guerre, qui l'a surpris au milieu des
préparatifs du 21' congrès de la paix convoqué à Vienne pour
septembre 191n, l'a frappé douloureusement. En écrivant « surpris ».
je n'emploie pas un terme parfaitement exact ; il nous affirme qu'il
ne se faisait pas d'illusion sur la probabilité d'une guerre prochaine.
Presque au début de ce terrible cataclysme, l'idée lui est venue de
noter au jour le jour les impressions produites sur lui par les événe-
ments et les réflexions qu'ils lui inspiraient. Et ce sont les pages de
ce journal, en partie publiées dans la Friedenswartc qu'il a réunies
dans ce volume.
M. Fried ne se fait pas faute, naturellement, de souligner l'horreur,
l'odieux, la folie de la guerre. Mais il y a dans son livre des passages
qui n'ont pas laissé que de nous surprendre. Nous sommes choqués
de voir un penseur si intimement convaincu que la guerre est un
-crime, juger inutile de rechercher et de préciser qui a déchaîné sur
le monde cette calamité: 11 est vrai que, un peu plus tard, la lecture
<ie J'ttfCuse et l'accumulation. d'autres preuves ont ouvert davantage
ses yeux sur l'incontestable culpabilité des empires centraux. Nous
nous étonnons également qu'un homme cultivé manifeste autant d'in-
différence à l'annonce de la destruction de ciiefs-d'ct?uvrc tels (juc la
cathédrale de' Reims ; il en prend bien gaillardement son parti et il
oublie trop les liens intimes et tout l'ensemble'de traditions qui lal-
tachcnt de tels monuments à la vie et à l'âme d'une nation. On est
plus peiné encore cjiand on l'entend déclarer que l'invasion de la Rcl-
:gique peut fort bien tfêtre pas Un crime, mais qu'elle est pis encore :
une faute (p. 143 : Es war vielleichl hein verbrcche/i, aber mclir als
<Iics : eiit Felilçr). Nous n'avons pas été niéilii)crenienl surpris, aussi,
— Î7 —
<le le voir rêver une entente de la France avec l'Allemagne pour faire
la guerre à la Kussie ! D'ailleurs M. Fried, qui semble convaincu qu'il
est impossible de vaincre l'Allemagne (voir notamment p. 28Gj, prèle
une oreille assez complaisante aux explications de ce pays pour excuser
ses crimes ; par contre l'attitude de l'Italie lui semble particulière-
ment odieuse et il est nettement hostile à l'irrédentisme. Son pacifisme
■hélas ! est matérialiste et réaliste, beaucoup plutôt qu'idéaliste. Kl
s'il entend parler de lenlhousiasme avec lequel s'enrôlent des volon-
taires, faisant généreusement le sacrifice de leur vie, il hausse les
épaules et se hâfte de dire que le volontaire court tout au plus le risque
d'être tué et qu'au fond il espère bien en réchapper. Son horizon ne
semble pas s'étendre beaucoup au delà de la vie présente, et il pour-
rait bien être de ceux qui regardent le martyre comme une dé-
mence.
Ces critifjues ou ces réserves que je no peux me dispenser de formu-
ler ne m'empêchent pas de reconnaître qu'il y a dans le volume de
M. Fried beaucoup de faits intéressants (je signalerai ce qui est rap-
porté, p. 18, sur M. d'Estournelles de Constant, p. 53 sur Lamprecht,
p. 277 et suiv. sur la présence à Berne d'un médecin anglais de Paris,
■venu pour sonder l'Allemagne sur les possibilités de paix, etc.;, qu'il
s'y rencontre beaucoup d'idées justes, ou qui, à tout le moins, mé-
ritent d'être étudiées et discutées. Est-il utile d'ajouter que l'on y
puisera d'utiles renseignements sur l'histoire du mouvement pacifiste
■pendant cette première année de guerre? E.-G. Ledos.
The German secret service iii America, by John Price Jones and
l^AUL Merrick Hollisteh. Boston, Small, Maynard and Co., 1919, in-12
de ix-340 p., avec 23 illustra lions hors texte. — Prix : 10 fr.
Voici sur l'œuvre vénéneuse accomplie aux États-Unis par les agents
«ecrets de l'Allemagne sous la haute -direction de l'ambassadeur
von BernstorfF et de ses dignes acolytes Albert, von Papen et Boy-Ed
le livre le plus complet et le mieux documenté, à notre connaissance.
qui ait paru jusqu'ici.
M. Jones, le principal auteur de l'ouvrage, a recueilli, d'abord
comme reporter au Neiv York Sun, puis à son propre compte, une
masse considérable de documents, et s'il a dû faire appel pour les
mettre en œuvre à la diligente collaboration de M. HoUister, c'est
•que l'empnmt de la Liberté a absorbé le meilleur de son temps dans
les six premiers mois de 1918.
Il campe devant nos yeux les figures sinistres de ces conspirateurs
qui n'ont pas reculé devant les crimes de tout genre pour servir les
ambitions du pangermanisme : les von der Goltz, les Tauscher, les
Juillet 191 9. T. CXLVl. -2.
— 18 —
Kœnig, les von Wedell, les von Rinlelen, les von Kleist, etc. ; il esP;
curieux de noter combien largement se recrutaient parmi la noblesse-
ces bandes de scélérats. L'on pourra se rendre compte aussi que la
police secrète américaine n'est point demeurée inactive et qu'elle a su
faire d'excellente besogne, sous un cbef habile et dévoué comme
M. Thomas J. ïunney. Et beaucoup estimeront (}ue les États-Unis-
ont fait preuve dans toutes ces affaires d'une loiiganiniilé poussée
jusqu'aux dernières limites.
Dix-huit chapitres forment la charpente de ce livre, dont la lecluie
est indispensable à qui veut connaître jusipie dans son tréfond la vi-
lenie de l'âme germanique : I. L'Organisation ; II. La Tâche des cons-
pirateurs ; III. Les Raids maritimes ; IV. La Télégraphie sans fil ; V.
Violence militaire ; VI. Paul Kœnig ; Vil. Les Faux Passeports ; YH!.
Les Menées incendiaires ; IX. Encore les bombes ; X. Franz von Riri-
telen ; XL Les Bombes sur les vaisseaux ; XII. Le Travail (il s'agit des
efforts pour soulever les travailleurs et fomenter les grèves) ; XIIL
Le Lasitania ; XIV. Aventures commerciales ; XV. L'Esprit public :
XVI. Les Conspirations germanohindoues ; XVII. Le Mexique, l'Ir-
lande et Bolo ; XVIII. L'Amérique entre en guerre.
L'illustration, toute documentaire, comprend notamment d'excel-
lents portraits des principaux acteurs de ces drames
E.-G. Ledos.
Shellproof Maek, an American s fighUng story, by Arthur Mack. Boston,
Small, Maynard and Co., 1918, in-16 de vm-224 p., avec 10 planches.
De son vrai nom Arthur James Macka\ (Mack est son nom de
théâtre), l'auteur de ce livre est né à New York, mais il fui élevé à
Northampton (Mass.) où ses parents s'élablii'ent quand il était tout
jeune enfant. Destiné par eux à l'état sacerdotal, il se mit en tête, par
esprit de contradiction, d'entrer dans la carrière militaire ; mais bien-
tôt le goût du théâtre lui fif quitter Norwich pour monter sur les
planches. La guerre mondiale rév(;illa ses ardeurs militaires et il vint
s'engager dans l'armée anglaise où il servit pendant plus de deux ans
s'acquérant la réputation d'être « à l'épreuve des balles » jusqu'au
moment où les gaz asphyxiants le firent renvoyer en Angleterre, puis
dans ses foyers.
Sans nous faire un récit suivi de sa vie militaire, il nous donne sur
les mois qu'il passa aux tranchées des détails pleins de vie et d'hu-
mour; il ne pose point au héros et il nous représente avec simplicité
et sincérité l'état d'esprit des Tommies au milieu des(jnels il a vécu.
C'est ainsi, — pour ne citer (pi'un exemple — qu'il dit très nettement
que les hommes ne s'offrent pas aussi volonliersqu'on l'airiiine paifois
pour accomplir des missions dangereuses, mais que d'ailleurs ils ne-
— lî) —
se dérobent pas quand on fait appel à eux et qu'ils exéculont coura-
geusement leur devoir. Cette franchise donne un attrait de plus à ces
souvenirs où l'on trouvera de quoi s'instruire sur la formaticin des
troupes, sur la vie des tranchées, sur les prétendus lieux de repos,
sur les habitudes et l'argot des soldats, sur la discipline anglaise, sur
l'action en cani[)agne, sur l'elTel des ga^ dont l'auteur fut victime, sur
les ambulances et hùpilaux. E,-G. Ledos.
Les <-;«pl ifs, par le capitaine R. Christian-Fhocé. Paris, Berger-Levrault,.
iOlli, iii-lS de 210 p., avec 8 photographies hors texte. — Prix : '.i fr. hO.
L'auteur dédie ce volume à son frère. « capitaine au 6<^ régiment
d'infanterie, blessé en pleirye bataille, puis torturé pendant trois ans
dans les geôles allemandes. »
Le présent lécit, très douloureux, n'est autre que l'histoire du mar-
tyre subi par ce frère dans l'empire barbare, aujourd'hui vaincu.
M. Christian-Frogé écrit en poète, poète vigoureux et justicier sévère.
Certaines pages, telles, par exemple, celles de la Gckenne et A Kœnig-
stein, renferment des détails horribles. En les lisant, l'on se demande
de quoi, vraiment, est pétrie l'âme teutonne. Et si l'auteur exprime
une haine ardente à l'égard des tortionnaires, il n'hésite pas, d'autre
part, à reconnaître qu'il s'est trouvé à Werl un commandant de camp
qui a traité' les prisonniers confiés à sa garde « avec tact et mansué-
tude. » C'est, ajoute-t-il, « le seul officier allemand que j'ai vu, dans
les camps de captifs, faire preuve de dignité humaine » (p. 85). Mais
à côté de ce quasi phénomène, il est des bourreaux, que nous voyons
agir ici, qui, espérons-le, n'échapperont pas au jugement du tribunal
international, appelé à les punir comme ils le méritent.
E.-A. Chapiis.
La France, les Alliés et l'Allemagne devant la doctrine chré-
tienne, par Mgr Chapon. Paris, Téqui, 1919, in-18 de x-lo.3p. — I^rix : 2 fr.
« Les pages reproduites et fixées dans ce recueil furent publiées en
articles dans le Correspondant, les premières au commencement de la
guerre, les dernières tout récemment. Ni les unes ni les autres n'ont
rien perdu de leur actualité, et, s'il en était besoin, elles la retrou-
veraient à la lumière des circonstances tragiques où se consomme
l'un des plus formidables drames de l'histoire humaine. » Ces paroles
par lesquelles s'ouvre l'Introduction de Mgr Chapon sont parfaitement
vraies et il faut remercier le vénérable prélat de nous permettre de re-
lire et de méditer ces pages dans lesquelles il nous aide à mieux con-
naître les Allemands, dans lesquelles il met en lumière que c'est bien
l'Allemagne tout entière qui est responsable de la guerre, que c'est
— 20 —
elle tout entière qui doit réparer et que. sil'on veut prévenir le retour
de ces sanglantes horreurs « c'est le peuple allemand tout entier qui
doit être transformé dans sa mentalité profonde. »
Le premier chapitre sur le Pangermanisme est une des études les
plus claires, les plus pondérées, et en même temps les plus sévères que
nous ayons lues sur ce chancre qui a rongé l'Allemagne et qui au fond
est u l'antichristianisme tout pur, l'antichristianisme systématisé et
armé de pied en cap.» A.u contraire, dans son chapitre II : la France et le
droit chrétien, Mgr l'évêque de Nice montre bien que, malgré son an-
ticléricalisme politique, la France est demeurée tout imprégnée de
christianisme et que si nous avons le devoir de regretter ses erreurs et
de les réparer dans la mesure où nous le pouvons, nous avons le
droit aussi de reconnaître et de proclamer ce qu'il y a en elle d'immor-
tellement idéal.
La deuxième partie du petit volume : La Guerre. et la Paix étudie
la Société des nations au point de vue de l'idéal chrétien ; et là en-
core nous avons des enseignements à méditer. Beau et bon livre que
tous devraient avoir et étudier. E.-G. Ledos.
L'Ame allemande jugée iiar un Anglais, par Thomas F. S.. SmIth ;
traduit de l'anglais par M™" Jean Périer. Paris, Belin, 1917, iii-18de 395 p.
- Prix : 3 fr. 50,
Malgré la date qu'il porte, ce n'est que tout récemment que ce volume
est arrivé à nos bureaux. Le sujet qu'il traite n'a d'ailleurs rien perdu
de son actualité et les douze années que l'auteur a passées en Alle-
magne, sa situation de professeur à l'Université d'Erlangen, les vo-
yages qu'il a faits dans différentes parties de l'empire, les relations
qu'il s'était créées là-bas, les facilités qu'il a eues d'étudier la menta-
lité germanique donnent à son témoignage une importance que l'on
ne saurait contester.
Sans doute, il ne faut point perdre de vue que l'auteur est foncière-
ment Anglais et trop porté peut-être à condamner ce qui s'écarte du
point de vue anglais ; il y a sous ce rapport dans son livre des ap-
préciations et des jugements sur lesquels on serait tenté de faire
quelques réserves. Mais elles ne porteraient que sur des détails ; tout
l'esscnliel demeure et il suffit, malheureusement pour l'Alleniagne, à
nous donner de la mentalité germanique la représentation la plus
fâcheuse et la |)lus déplaisante. « On goûtera vivement, dit avec rai-
son M. Emile Boulroux dans la Préface dont il a honoré la traduction
française, rcx])osition si documentée, si vivante, si sagace qu'offre
ce livre ; on aura constamment l'impression d'être en contact avecles
réalités et non avec des images élaborées par un esprit plus ou moins
ingénieux. »
— 21 —
Les dix-sept chapitres de ce livre sont intitulés : l. Le //o//je alle-
mand ; 11. Les Ecoles allemandes ; 111. Les Universités allemandes,
écoles de Kullur et de brutalité ; IV. La Religion en Allemagne ; V.
Le Caractère national de l'idéal allemand ; VI. L'Armée allemande et
les conseils de guerre ; YIl. Les Germes de l'esprit agressif de Kanl à
Nietzsche ; VlII. Treitschke, prophète et historien ; IX. L'I^tat rt
sa morale selon Treitschke ; X. Encore un peu de treitschkomanie ;
XL La Presse reptilienne ; XII. L'Envers de la Kullur ; XUl. Bauerii-
fangerei ; XIV. Le Kaiser de la Kullur ; XV. Le Crescendo naval ; XVI.
\ toute vapeur ; XVIl. La Paix, la guerre et l'arbitrage.
L'auteur , ajoute son témoignage à ceux qui nous montrent que
l'Allemagne, tout entière, hélas ! a été infectée de l'esprit pangerma-
niste et que, tout entière, elle est solidairement responsable du crime
de la guerre. 11 donne sur l'influence de Treistschke et sur les raisons
de cette influence des éclaircissements précieux. 11 met en lumière les
vices de l'enseignement germanique à ses divers degrés ; il détruira
chez bien des lecteuis des illusions trop tenaces sur le foyer allemand
et sur les vertus familiales des Allemands. E,-G. Ledos.
Préceptes et jugements du maréchal Foch, extraits de ses
ceuvres, précédés d'aneétudesiirla vie militaire du maréchal^
par leconimandant A. Grasset. Paris->"nncy-Strasbourg. Berger-LevrauH.
1019. in-t6 de Lxxni-255 p., avec 1 portrait et 4 cartes. — Prix: 6 fr.
Le maréchal Foch, qui s'est révélé à la grande majorité des Fran-
çais uniquement et pour la première fois au cours de la guerre actuelle,
était cependant apprécié depuis longtemps, par ceux qui avaient été à
même de l'approcher, comme un esprit de grande envergure, un
maître auquel seule l'occasion manquait de s'affirmer de façon géniale
à la façon d'un Turenne ou d'un Bonaparte. Comme professeur de
tactique et de stratégie à l'École supérieure de guerre, le colonel Foch
avait notamment produit une impression profonde sur tous ceux qui
avaient eu le privilège de l'entendre, et ses deux livres : De la Conduile
de la guerre. La Manœuvre pour la bataille et plus encore celui intitulé :
Des Principes de la guerre l'avaient marqué comme une intelligence
hors de pair, sachant approfondir, d'une manière aussi neuve que fer-
tile en enseignements, les problèmes les plus complexes de la stratégie
et de la grande tactique. Ces deux ouvrages, naturellement spéciaux,
ne peuvent être lus avec profit que par des esprits déjà au courant des
questions militaires les plus élevées, et c'est pour permettre aux pro-
fanes de prendre connaissance du fond, de la quintessence des doc-
trines du maréchal que le commandant Grasset, l'auteur apprécié de
travaux analysés ici, naguère, publie aujourd'hui les Préceptes et
Jugements du maréchal Foch. On lira ces Préceptes avec intérêt et avec
— 22 —
profil : ils contribueront à faire comprendre et à faire aimer l'homme
prédestiné auquel la France doit, pour la plus grande part, le triomphe
final de ses armées, et la reprise de sa prépondérance dans le monde.
Comte de Sékiginan.
La Grande Question d'Occident. Au pays de la Sarre. III. Sar-
relouis et Sarrebrûck, par Ernest Babelon. Paris, Leroux, 1918,
in 8 de xxvni-33D p., avec planches, vignettes et une carte hors texte. —
Prix : 15 fr.
Est-il aujourdliui, pour l'Europe occidentale, un sujet qui soit plus
d'actualité que la question de la Sarre? D'après les clauses du traité
de paix qui sont présentées à l'Allemagne vaincue, le territoire de la
Sarre, prêt à connaître un régime nouveau, comprend les cercles de
Sarrelouis, Sarrebrûck, Ottweiler, Saint-Ingbert, une partie des
cercles de Merzig, de Saint- Wendel, de Hombourg et de Deux-Ponts ;
il est borné, au sud et à l'ouest, par la nouvelle frontière de la France ;
au nord, par les limites administratives des cercles ou cantons incor-
porés audit territoire, suivant une ligne générale partant de la rivière
de la Sarre, à cinq kilomètres au nord de Mettlach, et rejoignant au
sud-est de Mettnich la frontière méridionale de la principauté de Bii-
kenfeld ; à l'est, par une ligne passant à 4 kilomètres au nord-est de
Saint-Wendel, laissant en dehors Breitenbach et Waldmohr. et rejoi-
gnant, par la ligne des crêtes de la rive orientale de la Blies, la fron-
tière française au sud de Hornbach. Ce nouveau territoire, peuplé de
647.000 habitants, a une superficie de 161.000 hectares. 11 comprend
toute une région qui a appartenu à la France avant 1814, et plus que
•cela encore ; il est limité à l'est par l'ancien département impérial du
Mont-Tonnerre.
Si l'on veut bien connaître ce pays, historiquement, géographique-
ment, économiquement, il n'est pas de guide plus sûr que celui de
M. Ernest Babelon, qui vient s'ajouter aux deux volumes publiés
naguère par lui sur « la Grande Question d'Occident ». Bien peu de
personnes savent qu'après le traité de Nimègue, cette vallée de la
Sarre, rattachée aux évêchés de Metz et de Verdun, fut gouvernée par
un intendant qui alla s'installer au château de Hombourg, sa rési-
dence officielle en attendant l'achèvement de la ville de Sarrelouis :
quelque* années après, la Diète du saint Empire germanique ratifia
les décisions prononcées par la Chambre de réunion du Parlement de
Metz. Sarrelouis fondé devint une place forte par les soins de Vauban ; '
Sarrelouis habité devint une ville très française, et malgré tout l'est
resté. Les princes de Nassau-Sarrebriick ont servi la France et vécu à
la cour de Versailles. Les régiments de Nassau se sont distingués
dans toutes les campagnes des règnes de Louis XV et de Louis \\\.
— 23 —
ISapoléon fut tics populaire à Sai rebriick ; les habitants de cette ville
lui restèrent fidèles même dans la mauvaise fortune ; ils durent subir
le 20 novembre 181") qui les fit Prussiens. Mais les survivances fran-
<;aises dans toute la région sont très évidentes (un livre a été consacré
à cette question), et, malgré l'immigration prussienne, malgré le
recul de la langue française pourchassée par le gouvernement prus-
sien, malgré la germanisation des noms de lieu devenus méconnais-
sables, ces populations ont plus d'atîinité avec la Lorraine qu'avec
l'Allemagne, et ne regretteront pas la tyrannie de l'oppresseur qui
s'est exercée pendant un siècle.
Voilà ce que M. Babelon nous raconte dans les plus grands détails.
On sera curieux de les lire, on éprouvera une grande joie à la pensée
que cette vallée de la Sarre, si elle ne redevient pas française, jouira
d'une autonomie où la prépondérance économique sera française ; nul
n'ignore en effet de quelle importance sont les minerais de fer et sur-
tout les gisements de houille qui font la richesse de cette vallée. Leur
exploitation nous est garantie en compensation des énormes pertes
que nos mines du nord de la France ont subies du fait de la guerre
et des destructions systématiques que les x\llemands leur ont volon-
tairement fait subir. L'heure de l'expiation a sonné, et les travaux de
M. Babelon nont sans doute pas été iimliles à la préparer.
H. S.
Take Jonesco, par D. Iancovici. l'aris, Payot, 1919, in-i6 de 160 p., avec
portrait. — Prix : 3 IV.
Aux Souvenirs que M. Take Jonesco vient de publier, le petit volume
de M. Iancovici sert à la fois d'iulroduclion, de commentaire et de
complément. Il met en pleine lumière le beau caractère de l'homme
d'État roumain, sa fidélité constante à ses opinions, son énergie, sa
clairvoyance, son sens politique, la grandeur de son rôle et l'éminence
des services qu'il a rendus à son pays.
Sans négliger ce qu'a fait ce grand Latin pour la prospérité inté-
rieure de son pays, il s'attache surtout à l'œuvre de sa politique exté-
rieure, qui a été intense depuis 1012. Trois chapitres forment les
divisions de ce petit volume : Take Jonesco, 1884 (date de son entrée
dans la vie politique)-1912 ; — Guerres balkaniques, 191:2-1913; —
Take Jonesco et la Grande Guerre.
Si M. Jonesco n'a pas fait en France ses études classiques comme
plusieurs de ses compatriotes, c'est en France qu'il s'est formé à
l'étude du droit, y passant ses examens de la manière la plus brillante.
Aussi est-il resté un ami fervent de notre pays, un partisan convaincu
de l'union de sa patrie avec la Triple Entente, à la fois parce qu'il
estimait que les intérêts de la Roumanie la portaient de ce côté et
~ 24 —
parce que — et cela est bien à son lionnenr — parce que l'Eiitcnte-
représentait à ses yeux le véritable idéal de la civilisation.
Cette esquisse biographique, dans sa brièveté, n'est pas seulement
intéressante, mais par moments passionnante. E.-G. Leuos.
La République ichéco-slovaque, par Louise Weiss. Paris, Payot,
1919, in-16 de 235 p., avec une carte hors texte. — Prix : 4 fr. 50.
Ce livre est vraiment instruclif, et mérite d'être recommandé aux
Français qui s'intéressent à la politique étrangère et aux questions
de reconstruction de l'Europe centrale. C'est im véritable dyptique,
constitué par la réunion, sous un même litre, de deux études consa-
crées l'une au problème tchéco-slovaque, tel qu'il se posait à la fin de
l'année 1917, l'autre aux moyens de réaliser à la suite de l'effondre-
ment de l'Austro-Hongrie et de la défaite de l'Allemagne, les assu-
rances obtenues des gouvernements alliés. De ces deux volets, le
second — l'ère des réalisations — si intéressant soit-il, nous plaît
moins que le précédent ; celui-ci nous semble mieux venu, plus
attrayant et plus instructif. Il est certain qu'il est plus facile de
montrer la survivance de la tradition nationale, en dépit de persécu-
tions et d'éclipsés passagères, que d'indiquer comment pourrait être
constituée la république tchéco-slovaque. Or, c'est là précisément le
sujet du second volet de notre dyptique, le plus développé de beau-
coup, et nous y relevons certaines propositions qui semblent diffici-
lement réalisables et mêmes peu légitimes (p. 210-213), sur la cons-
titution d'un couloir entre la nouvelle République tchéco-slovaque-
et le nouvel État yougo-slave. Du moins ne sont-elle pas de nature à
aliéner aux Ïchéco-Slovaques les sympathies que la préface de M. Bé-
nès et les études mêmes de M'"° Louise Weiss travaillent à gagner ù
une cause qu'il est de notre intérêt bien entendu, comme de notre
tradition historique, de soutenir et de faire triompher.
H. F.
Chambre de commerce de Marseille. Congrès français de la
Syrie (3, 4 et 5 janvier 1019). Séances et travaux. Fascicule
IL Section d'archéologie, liistoire, géographie et ethnographie. Paris,
Champion ; .Marseille, socrclarial de la Chanihro de coninierce, 1919^
gr. in-8 de 252 p., avec une carie en couleurs hors texte et clichés dans
Je texte. — Prix : 7 fr. 50.
Le Congrès français de la Syrie, qui s'est tenu à Marseille dans les
tout premiers jours de l'année d9l0, avait pour but principal de prou-
ver à tous, de la manière la plus évidente, que la France occupe en.
Syrie une place absolument prépondérante, que ses intérêts n'y sont
pas seulement des intérêts historiques, mais aussi des intérêts cou-
— 25 —
lemporains, des ordres les plus variés, économiques, scientifiques^
religieux. De toutes les façons, les différentes sections du Congrès-
ont fait cette démonstration, et non pas seulement pour quelques
districts, mais pour la Syrie intégrale, de la mer Méditerranée à l'Eu-
phrate et de la plaine d'Adana au sud de la Mer Morte. Voilà précisé-
ment ce dont on se rendra compte en lisant les différents fascicules
des travaux présentés au congrès. De ces. facicules, un seul a paru
jusqu'à présent, celui de la Section d'histoire qui, sous la présidence
de M. Babelon, de l'Institut, a tenu plusieurs séances très pleines à
tous égards. Ce n'est pas ici le lieu d'analyser ni même d'énumérer
les communications faites ni les mémoires résumés au cours de ces
séances ; il suffira de signaler en quelques mots deux ou trois des
plus importants de ces travaux. Telle, au point de vue archéolo-
gique, l'étude du président même de la section, M. Ernest Babelon,
sur trois voyageurs archéologues en Syrie (le duc de Luynes, Louis
de Clercq et le marquis de Vogué) dont chacun a rapporté du Levant
des collection^ dont on ne saurait exagérer l'importance ni l'intérêt
(p. 217-224). M. Louis Bréhier. professeur à l'Université de Clermont-
Ferrand, s'est occupé non pas d'archéologie, mais d'histoire propre-
ment dite. Il a montré, dans un remarquable travail sur les origines
des rapports entre la France et la Syrie, que le protectorat accordé sur
la Palestine par Haroun al Raschid à Charlemagne fut efficace durant
tout le ix« siècle et que de véritables capitulations furent négociées et
conclues entre les deux souverains entre 797 et 807 (p. 15-38). Non
moins curieuse est la note du comte Paul Durrieu, de l'Institut, sur la
possession par la France actuelle de droits historiques que notre pays
détient depuis six siècles déjà ((( La France et le titre de roi de Jérusa-
lem », aux p. 12-15 et 2i9-250) ; elle le cède cependant encore en inté-
rêt à la « note sommaire » de ^L Paul Masson, professeur à l'Univer-
sité d'Aix-Marseille « sur le rôle des Français en Syrie du xvi' au xix^
siècle ». si démonstrative de l'œuvre accomplie par nos nationaux,
et surtout par les Provençaux, dans les Échelles au cours des temps
modernes. Que l'on tienne compte aussi du travail du D"" A. Coury,
de Beirout, sur le martyre du Liban pendant la Grande Guerre et sur
l'attachement des Libanais à la cause française, de la note de-
M. Emmanuel.de Martonne sur l'unité géographique de la Syrie, de
vingt autres mémoires plus ou moins longs, plus ou moins docu-
mentés, contenant tous quelque fait ou quelque texte nouveau .
ou encore quelque complément ou quelque précision d'information,.
et l'on sera convaincu de l'intérêt présenté par le fascicule II des-
travaux du Congrès français de la Svrie. H. F.
— 26 —
l^a Guerre hors de France. Les Etats-Unis, par Paul Delay. Paris,
Lelhiclleux. s. d. [1918], in-8 de 400 p. - Prix : 7 fr. 50.
Eu Amérique : jadis et maintenant, par J.-.I. Jusskuamj. Paris, Ha-
chette, 1918, in-16 de xi-3G8 p. — Prix : 3 fr. 50.
On sait de reste que, dans tous les sens du mot. la Grande Guerre
■qui vient de se terminer à notre avantage s'est étendue sur toute la
surface du globe. Et non pas seulement la guerre par les armes, la
guerre militaire et maritime, mais aussi la guerre morale, et In
guerre économique et la guerre diplomatique. A mesure que le recul
se fait et que les documents sortent des archives, on voit mieux quel
effort considérable l'Allemagne a donné pour isoler, de toutes les
manières, la France dans le monde et pour s'acquérir à elle-même
toutes les sympathies, .on comprend mieux le rôle de sa diplomatie
<lans cet effort ; mais on est loin d'en bien saisir encore toute la
•complexité comme aussi toute la ténacité. C'est précisément ce que
pour les seuls Élais-Unis, permettra de réaliser le volume de M. Paul
Delay intitulé : La Guerre hors de France. Les ElaLs-Unis. Vohime
incomplet d'ailleurs, car il a été achevé dès décembre 1917, et
ne montre pas, par conséquent, les derniers efforts des Américains
pour venir à bout des intrigues allemandes ; volume embrassant
néanmoins l'ensemble de la guerre diplomatique et expliquant fort
bien avec quelle énergique volonté le peuple des États-Unis d'Amé-
rique est entré dans la lutte armée contre l'Allemagne, quels sacii-
■fices de tout genre il a consenti, à la voix du président Wilson, en
faveur des Alliés et pour le triomphe de la cause qu'il avait embrassée.
Il faut savoir gré à M. Paul Delay d'avoir pris la peine d'écrire ce
livre, car on le consultera utilement. C'est un travail de synthèse,
autour duquel viendront peu à peu se grouper des volumes spéciaux
comme celui de M. G. Lechartier sur les intrigues du comte Bern-
storff et sa lutte contre le président Wilson ; on y recourra comme
-au livre traçant les cadres généraux de ce vaste et important sujet.
Peut-être ne les y trouvera-t-on pas absolument tous ; mais on ne
saurait s'en étonner. N'y a-t-il pas, en diplomatie, à côté du travail
-apparent, un travail occulte qui a bien son importance et son effica-
■cité,lui aussi? et n'obtient-on pas souvent, par des moyens détournés
ou en ne négligeant aucun moyen, de très sérieux résultats ? On a
parfois, au cours de la guerre, et. en présence de l'activité allemande,
reproché à notre diplomatie de demeurer inactive ; ne travaillait-elle
pas, elle aussi ? Moins bruyamment, mais plus efficacement que la ,
propagande ennemie, elle remplissait son rôle, certaine, puisque le j
temps travaillait pour elle-, de l'efficacité de ses méthodes et du suc-
cès final. L'événement a prouvé qu'elle avait vu juste et qu'elle avait
Lien travaillé. On saura plus tard comment elle l'a fait de toutes les
— 27 —
manières ; contentons-nous pour anjouid'hui de signaler un dos pro-
cédés détournés dont s'est efficacement servi notre ambassadeur à
Washington, M. J.-J. Jusserand, pour soutenir la cause française. Il
a publié aux États-Unis, au début de 1916, un volume intitulé : En
Amérique : Jadis et maintenant, qui évoque les souvenirs les plus
chers aux Américains des États-Unis, leur montre sans y insister ce
que leur pays doit à la France, leur rappelle les liens d'amitié qui
ont dès le premier jour uni la grande républicpie américaine à notre
propre patrie. Bien entendu, c'est surtout sur les souvenirs de la
guerre de l'Indépendance qu'insiste M. Jusserand, soit quand, à l'aide
■de documents inédits, il raconte le rôle joué par Rochambeau en
Amérique, soit encore lorsqu'il montre quels rapports cordiaux
Washington n'a cessé d'entretenir avec les Français qui furent ses
collaborateurs durant la période héroïque des débuts. Mais il ne s'en
tient pas là : en retraçant la biographie du major Lenfant. il trouve
moyen de montrer aux citoyens des États-Unis qu'ils doivent
à un Français la conception complète et le plan de cette belle
ville de Washington, leur capitale fédérale dont ils sont si juste-
ment fiers ; à propos de Lincoln, il évoque les souvenirs de la
cession de la Louisiane par la France, de la participation de Fran-
<^ais (dans les rang des nordistes) à la guerre de Sécession, du tribut
d'admiration payé par notre pays au « président martyr. » Ainsi,
de toutes les manières. — mais sans jamais le dire - M. Jusserand
poussait ses lecteurs à une alliance avec la France ; c'était bien là la
conclusion latente de son livre, dans lequel nous devons voir un élo-
quent « témoin » de l'activité de notre propagande aux États-Unis
pendant la guerre (de là certaines pages inutiles pour des lecteurs
français) comme aussi un excellent livre d'histoire.
Henri Froidevalx.
L.a Paix prochaine et la Mission des Alliés, par Maurice Legexdke.
Paris, Bloud et Gay, 1918, in-16 de 240 p. —Prix ; 2 fr. 50.
Ce livre est dédié « aux chefs qui croient en Dieu, aux constructeurs
de la Société des nations m ; c'est dire quel en est l'esprit. M. Maurice
Legendre avait publié, au début de 1913, un livre intitulé : La Guerre
prochaine et la Mission de la France, où il avait le mérite de montrer
le caractère inéluctable de la guerre que l'Allemagne allait imposer
au monde. Dans celui-ci. écrit avant la signature de l'armistice, il
expose quelles doivent être les conditions de la paix et le rôle des
Alliés pour la réorganisation du monde dans le cadre de la Société
des nations : réorganisation non seulement politique, mais sociale et
économique. Ses idées sont toujours élevées, presque toujours justes.
Nous disons « presque toujours » parce que M. Maurice Legendre
— 28 —
parle (p. 178) « de l'essai malheureux » du pape Benoît XV, qu'il
qualifie ensuite de « triste épisode, d'où sortira diminué le prestige
•politique de la Papauté. » Puis, par une singulière inadvertance, il
prétend opposer au Saint-Père le cardinal Mercier, semblant ignorer
que celui-ci n'a jamais cessé de rendre un hommage éclatant aux
intentions et aux actes du Souverain Pontife, comme le gouvernement
belge lui-même l'a fait dans sa réponse au message pontifical du
13 août 1917. Que M. Legendre se reporte à l'article du P. de la Brière
dans les Éludes du 5 septembre 1917 : il y verra d'abord que l'acte de
Benoît XV fut absolument conforme aux règles du droit international
telles que les a fixées la convention de la Haye. Ensuite, que celte
offre de médiation diplomatique ne pouvait pas être rédigée sous la
forme d'un jugement doctrinal. Enfin, que les propositions pontifi-
cales se rapprochent singulièrement et des déclarations des Alliés dans
leur réponse officielle du 30 décembre 1916 aux ouvertures du prési-
dent Wilson, et, sur un des points qui ont été le plus reprochés au
Saint-Père, du fameux message du président Wilson du 22 janvier 1917.
Cette erreur de jugement devait être relevée parce qu'elle détone
dans le livre de M. Legendre. Mais nous ne pouvons que l'applaudir
quand il signale comme aussi bienfaisante que le désastre allemand
la décomposition de la Russie : elle était nécessaire pour permettre la
résurrection de la Pologne. On sait en effet que, tant que l'ancien gou-
vernement russe a subsisté, même sans le Tsar, jamais la France n'a.
soutenu contre la Russie, le plus brutal de ses trois oppresseurs, les
justes revendications de la Pologne.
Enfin, tous les honnêtes gens approuveront" les conclusions de
M. Maurice Legendre gur la nécessité d'écarter du pouvoir les hommes
véreux. Souhaitons que son vœu de voir arriver des hommes d'État
au grand esprit et au grand cœur pour consolider et étendre Tempire
de la paix soit promptement exaucé. .\. de Tarlé.
Par eux, essai sur la Société des uations, par Fernand Lointieu.^
Paris, éditions Publius, 35, boulevard Bonne-Nouvelle, 1919, in-4 de t32p..
— Prix : 4 fr. 50.
M. Lointier, comme beaucoup de Fran(;ais depuis la guerre, n'ai
guère de confiance dans les politiciens, et il ne croit guère au bienfait
d'une Société des nations, si c'est à eux qu'on en confie la construc-
tion. Non, la Société des nations doit être faite par les Poilus, comme
elle doit être faite pour eux, pour que les sacrifices qu'ils ont acceptés,
depuis cinq ans, les énergies qu'ils ont déployées, les fatigues et les-
douleurs qu'ils ont subies n'aient pasété en pure peite et qu'ils voient,
assurée pour le plus longtemps possible à leurs enfants la paix qui
remettra le monde ébranlé de ses secousses et de ses blessures.
i
- '-' -
Pour lui donc, lorgane de la Société des nations doit être une com-
mission internationale composée des délégations démocratiques natio-
'nales de tous les États participants, chaque délégation comprenai>t
Yingt-deux membres élus au suffrage majoritaire par onze catégories
d'électeurs : 1. Syndicats agricoles ; 2. Syndicats industriels ; 3. Syn-
dicats d'employés ; 4. Syndicats de fonctionnaires ; ">. Chambres do
■commerce ; H. Œuvres féminines ; 7. Académies et corps savants; 8.
Magistrature et corps annexes ; 9. Syndicats de la presse ; 10. Electeurs
ne faisant pas partie des groupes précédents. Et comme M. Lointier
estime que ce sont autant les mines et le libre passage des détroits
-qui rendent possibles les guerres, sa commission internationale aura
■pour principale mission de surveiller, de contrôler les mines et les
^détroits.
Telles sont les idées essentielles et maîtresses du projet de M. Loin-
tier. En entreprendre la discussion nous entraînerait bien au delà des
limites que nous ne pouvons dépasser. 11 suffît d'avoir signalé son
travail, précédé d'une Préface de M. Albert Thomas, à la curiosité de
nos lecteurs. E.-G. L.
— Situé à quelques kilomètres de Meaux, Varreddes marque à peu
près le point extrême de l'avance ennemie de ce côté. Les Alle-
mands y entrèrent le vendredi 4 septembre 1914. Ils durent s'en retirer
huit jours-plus tard. Mais Lis avaient eu le temps, dans ce court inter-
valle, d'accuser, de juger et d'exécuter le curé, M. Fossin, vieillard
-de soixante-quinze ans, qui avait prodigué à leurs blessés les secours
•de son ministère. Ce cruel épisode a donné son titre à la brochure de
TM. F. Martiu-Ginouvier : Le Martyre du curé de Vareddes (Paris,
Bloud et Gay. 1918, in-16 de 64 p. Prix : 0 fr. 60) et se joint à plu-
-sieurs autres pour en fournir la matière.
— La quatrième sériedes documents réunis par M. le vicomte Maurice
•de Lestrange sur la Question religieuse en France pendant la guerre
{Paris, Lethielleux, 1918, in-16 de 603 p. Prix : 5 fr.) nous conduit
d'avril à décembre 1915. Les questions qui y sont traitées et sur
lesquelles l'auteur nous fait connaître les articles de la presse tant
anticléricale que catholique sont : l'incident de Valence (conférence
de M. l'abbé Desgranges interdite par le préfet) ; — la journée du
20 juin (Orphelins de la guerre) ; — l'interview Latapie ; l'incinéra-
tion sur les champs de bataille ; — le Pape et la paix (la lettre aux
peuples belligérants) ; — les affaires du chanoine Lagardère et de
M.ontalière ; — les prêtres et le service armé (la campagne anticléri-
cale pour faire verser dans le service armé les ecclésiastiques affectés
légalement aux services d'infirmier) ; — la campagne antireligieuse
de la Dépêche de Toulouse ; — la question des emblèmes ; — la rumeur
— 30 -
infâme ; — les mémoires anonymes sur la situation religieuse en
France ; — le martyre du curé de Sompuis. Souhaitons que M. le
vicomte de Lestrange accélère la publication de la suite de ce recueil
utile et intéressant.
— Il est souhaitable que la difTusion se fasse largement, dans-le
pays de langue germanique, de la petite brochure dans laquell
M. Mirman, préfet de Meurthe-et-Moselle, et MM. G. Simon et G. Rel
1er, maires de Nancy et de Lunéville, ont fait un exposé sobre, mai
d'autant plus terrible qu'il est solidement documenté, des crime
perpétrés par les Allemands dans cette guerre sanglante dans laquell
les a jetés un orgueil démesuré : vols, incendies, meurtres, viols,^
atrocités de tout genre, auxquelles se sont ajoutés le mensonge et la
calomnie : Deiitsche.Verbrcchen (Kriegsblatler, 191^-1918 (ISancy-Pa-
ris-Strasbourg, Berger-Levrault, 1919, in-18 de 75 p. Prix : 1 fr. 50).
Et souhaitons qu'en ouvrant les yeux des vaincus, ces pages les amè-
nent à se convertir et à se transformer, pour qu'ils puissent reprendre
dans le monde civilisé la place d'où ils se sont eux-mêmes chassés.
— Sous le titre : De la sympathie à la fraternité d'armes : les États-
Unis dans la guerre (Varis, Alcan, 1919. in-8 de 96 p. Prix : 1 fr. 70),
M. Maurice Barrés a réuni pour la Bibliothèque France- Amérique
quelques articles donnés par lui à l'Écho de Paris de 1915 à 1918. On
y suivra les progrès de la pensée et du sentiment américains à 1 en-
droit de la France : on y verra comment les préjuges que beaucoup-
au début de la guerre avaient contre nous sont tombés, comment le»
yeux se sont dessillés, comment la sympathie s'est développée, com-
ment elle s'est fortifiée par l'estime, par le respect, par l'admiration,,
comment, lorsque les Etats-Unis sont entrés en guerre, ils se sont
donnés de tout leur cœur, comment ils sont devenus non seulement
des alliés mais de véritables frères d'armes, remplis du plus bel
enthousiasme et du plus touchant dévouement. Il y a dix chapitres*
dont quelques-uns sont la réunion de plusieurs articles : I La Cons-
cience américaine ; II. Ce que pensent de nous les Américains ; III
Ceux qui nous aiment en Amérique ; IV. La Nation américaine appa
raît ; V. Que peut nous donner l'Amérique ? VI. En regardant passer
les Américains ; VII. Une nouvelle Etape de M. Wilson ; VllI. Com-'
prendre les Américains c'est les aimer et les honorer ; I\. Le Secleui
américain de la bataille ; \. La Coopération américaine survivra à
la gueiTc.
— M. Paul Verrier est un des Français qui connaissent le mieux lef
affaires danoises et la petite brochure qu'il nous donne sur la Oues
lion du Slesvifj (Paris, Alcan, s. d., in-8 de 50 p., avec carte) est l'ex
posé le plus clair et le mieux informédu problème slesvigois. S'il fai
valoir les droits du Danemark sur le Slesvi^^ s'il met en liimièrd
— 31 —
rattachement lonace, plus fort que toutes les persécutions, qu'une
partie des habitants ont conservé à la mère-patrie, il ne dissimule pas-
non plus qu'une portion du pays s'est entièrement germanisée, peut-
être de surface plus que de fond ; mais c'est ce que l'on ne pourra
savoir que lorsque la volonté des habitants se sera librement expri-
mée, sans contrainte ni pression. Il est bien souhaitable que ce tra-
vail trouve beaucoup de lecteurs chez nous ; il aidera à dissiper l'igno-
rance trop fréquente et trop répandue en France de ce qui concerne
l'étranger.
— L'Italie et les Yougoslaves, avec un exposé des relations ifalo-you-
goslavcs pendant la guerre, par M. Zdenko Moravec (Paris, impr. Lang
et Blanchong, UM9, in-i2carréde 48p., avec5grav. et un fac-similé)-
forme un document de propagande yougoslave, lancé en réponse à
un document de propagande italienne. L'intérêt qu'il présente comme
contribution à l'histoire de la guerre est de montrer la manière dont
lés Italiens ont su tirer parti, pour les opérations militaires, du mou-
vement révolutionnaire yougoslave. Dès 1916, le haut commandement
autrichien signale que, si l'on n'emploie pas très rapidement des con-
tremesures efficaces, on ne pourra plus utiliser, sans courir de grands
risques, les régiments dalmates, d'ailleurs très braves. » Et, en 1018,.
ce sont les renseignements fournis par les déserteurs yougoslaves qui
ont permis aux Italiens et au\ Alliés de déjouer la grande offensive
autrichienne.
— Dans l'intéressante brochure : Après la bataille. Idées d'avant-
guerre. Événements de guerre (Paris-Nancy, Berger- Levrault, 1919,.
in-8 de 29 p. Prix : 2 fr.), M. le colonel G. Becker pose quelques pré-
ceptes principalement tirés de la guerre actuelle et montre combien
leur application ou leur abandon a valu aux Allemands leur défaite
définitive, à nos armées la victoire finale qui a couronné à la fois la
valeur, l'endurance de nos troupes, la maîtrise de notre haut com-
mandement, les conceptions géniales du maréchal Foch. L'ensemble est
divisé en quatre chapitres successivement intitulés : I. Réunion des
forces ; II. Kvohition : 111. Conduite de la bataille ; IV. Exécution de
la bataille, le tout terminé par lane conclusion qui résume clairement
les enseignements généraux ressortant de l'ensemble du travail.
— Ceux qui ont foi dans la démocratie et dans son avenir liront
sans doute avec intérêt la brochure de M. Marcel Berthellot : La
Démocratie et la Guerre. Après la paix (Paris, Grasset. 1919, in-18 de
63 p. Prix : 1 fr. oO), écrite dans l'enthousiasme de la victoire, à la
gloire du régime actuel. L'auteur, en effet, s'est proposé de démontrer
que la France a enfin trouvé le régime sous lequel elle doit vivre et
prospérer et que la guerre qui vient de se clore a définitivement con-
sacré la République française. Il le fait d'ailleurs avec chaleur et avec
— 32 —
-conviction et son plaidoyer est parfois éloquent. Mais, comme tous
les plaidoyers, ne dépasse-'t-il pas la mesure, quand il attribue au
régime démocratique le mérite d'avoir à lui seul sauvé la France, et
une supériorité décisive pour la solution des difTicultés à venir?
— La brochure de M. I. Grunberg intitulée : Les Juifs à la Confé-
rence de la Paix (Genève, Atar, 1919. \u-ii de 46 p.) qui contient le
texte d'une conférence faite en mai dernier à la société « Le Lien
d'Israël » de Genève, nous en dit long sur la puissance plus ou moins
occulte exercée par les représentants du peuple d'Israël sur certaines
•décisions de la conférence de la paix ! Avec l'auteur on peut recon-
naître volontiers que c'estun fait digne de remarque qu'à ce moment
capital de l'histoire du monde des nations chrétiennes aient confié la
défense de leurs intérê-ts nationaux lés plus sacrés à des Rlotz. à des
Baruch, à des Gompers, à des Sonnino et tutti quanti! Reste à savoir
■si elles ont lieu de s'en féliciter ? L'auteur n'en doute pas, pour sa
part, du moins en ce qui concerne la réalisation prochaine des espé-
rances qu'il entrevoit pour le sionisme bientôt triomphant. Et certes
il a beau jeu pour célébrer comme un triomphe de la cause d'Israël
les promesses faites par les voix les plus autorisées de reconstituer
-une patrie juive en Palestine sous le protectorat de la Grande-Bretagne.
"Nous autres Français nous n'avons pas lieu d'être aussi satisfaits !
— A la librairie Grasset a tout dernièrement paru : La Vie chère et
■la Santé (in-l6 de 104 p. Prix : I fr. 50). ouvrage écrit en collabora-
tion par les D" E. Janselme, professeur à la Faculté de médecine de
Paris ; Graham Lusk, professeur de physiologie, Cornell Univevsity.
médical collège, New York City ; Jules Renault, médecin des hôpi-
taux, conseiller technique sanitaire du ministère de l'intérieur; Mar-
cel Labbé, professeur agrégé à la Faculté de Paris, médecin de la
Charité et Maurice Mignon. Le D'' E. Janselme nous donne d'abord
un intéressant Aperçu historique et géographique sur le régime ali-
mentaire des races humaines (p. 7-24). Nous enregistrons ensuite les
études ci-après : Notions de physiologie de la nutrition, par le D' Gra-
ham Lusk (p. 25-34) ; — Les Restrictions alimentaires et la Santé
publique, par M. le D' Jules Renault (p. 35-41) ; — U Alimentation en
temps de guerre selon les conditions individuelles, professionnelles et
sociales, par le D'" Marcel Labbé (p. 42-04) ; — Composition et valeur
énergétique des aliments. Évolution scientifique et économique du pro-
blème alimentaire pendant la guerre, par le D' Maurice Mignon (p. 65-
i03). Dans une brève Lettre-Préface, M. V. Borct, ministre de l'ngri-
<îulture et du ravitaillement, émet l'avis justifié que cet ouvrage est
<( intéressant à la fois pour ceux qui veulent y chercher simplement
des rcnseignemonls pratiques sur l'alimentation, et pour tous ceux,
qu'attirent les questions hygiéniques, scientifiques et sociales. »
— Les circonstances actuelles ont inspiré à M. Paul Croiset deux
— :^3 —
^îelites pièces pour amaleiirs : 1" f.c Rcloiir du niulilé (Paris, Haton,
s. d., in-12 de 29 p. Prix : 1 fr.), drame eu uu acte pour trois jeunes
irens, qui montre dans la guerre une source de réliahilitatiou et de
réconciliation ; 2' Alcrlc au poule (Paris, Ilaton. 11jl8, in-12 d»* 30 p.
Prix : 1 fi.), comédie militaire en un acte à huit persotmages
(hommes) et plusieurs figurants, qu'un quiproquo rend divertissaule.
— lionnes fjms de la Grande Guerre, de M. Paul Wenz (Paris. Ber-
ger-LevrauIt, 1918, in-10 de 04 p. Prix: 0 fr. 90; est un recueil de
jolies nouvelles de guerre, ou du temps de guerre. Elles plairont au
lecteur qui regrettera toutefois que l'idée religieuse en soit absente
et pensera que la perspective de glisser doucement dans le néant
n'offre aux braves qu'un réconfort bien relatif.
— Français de la Moselle, des Vosfjes el du Rhin (Paris, Berger-
Levrault. 1918, in-10 de 04 p. Prix : 0 fr. 90) : tel est le titre que
M. Emile Hinzelin a donné à une série de petits récits alsaciens et
lorrains qui tirent des conjonctures présentes une saveur particulière.
— Dans le Massacre des innocents (Paris, l'Édition française illus-
trée, 1918, in-10 de 78 p., illustré de 47 dessins inédits de Poulbot.
"Prix : 2 fr. 50;. MM. Alfred Machard et Poulbot mettent en scène
principalement deux petits faubouriens parisiens et la sœur de l'un
d'eux. Une bombe de a gotha » les tuent d'un seul coup tous trois... et
voilà leurs âmes en route pour le Paradis. Innocentes, certes, ces
pauvres^victimes delà guerre ; cependant les deux garçonnets, qui ont
quelques peccadilles sur la conscience, restent un instant à compter
les clous de la porte céleste gardée par saint Pierre, alors que la
fillette la franchit sans aucune difficulté. Mais à la prière du prince
des apôtres et de la Sainte Vierge, ils ne tardent pas à être admis à
voir Dieu face à face. Tout cela est joli, touchant ; malheureusement
nos petits élus restent, au Paradis, un peu trop semblables à ce qu'ils
étaient sur la terre : et cela détonne. L'un d'eux, même un peu avant
d'entrer au ciel, va jusqu'à rééditer, à l'adresse de Guillaume, le mot
de Cambroiine à Waterloo. On serait en droit de désirer moins de
« réalisme » dans le cas particulier.
— «. Idylle de guerre » représentée au Théâtre des arts, les Gosses
■dans les raines (Paris, l'Édition française illustrée, 1919, in-10 de
•80 p.. avec 50 dessins de Poulbot. Prix : 2 fr. 50) nous sont montrés
par M^I. Gsell et Poulbot jouant aux soldats et imitant les Boches
mis en fuite par les Français et les Anglais. Fantaisie amusante,
-émouvante, très patriotique, mais dans laquelle nous relevons encore
-quelques jurons. Ce petit volume et le précédent peuvent être classés
parmi les curiosités inspirées par la guerre, principalement à cause
«de leur abondante illustration due à l'artiste original qu'est M. Poulbot.
ViSENOT.
JUILLET 1919. T. CXLVl. .3
— 34 —
RÉGENTES PUBLICATIONS CONCERNANT
LA BELGIQUE
i. Paysages ut souvenirs de Belgique, par AKoriÉ Foîstainas. Paris, Crps, I".)I9, iii-ISt
de 99 p., 3 fr. — 2. Dans la mêlée, par Ëmii.f, Vakderviîlde. Paris, Berper-Levraull,.
1919, in-12 de 188 p., 3 fr. 50. — 3. L'Immortelle Mêlée, essai sur l'épopée mililaire-
bclge {I9IU), par Paul C[iokaekt. Paris, l'errin, 1919, in-Itt de ii-327 p., 3 fr. 3u.
— 4. La Vie dans un couvent de la Belgique envahie (.'/ aoilt IUtfi-13 novembre 1917).
Belation sur la vie des gardiennes adoratrices de l'Eucharislie durant ces trois années.
Paris, Lethielleux, s d., in-12 de 91 p., 1 fr. 25. — 5. Les Crimes de l'Allemagne.
Dînant. Massacre et destruction, par Gustave Somville. Paris, Perriii, 1919. in-IO-
de 350 p., avec 3 planches. 3 fr. .'iO. — 6. Les Déportations de cirils belges en Alle-
magne et dar.s le nord de la France, par René Henmng. Bruxelles et Paris, Vromant,
1919, in-12 de 210 p., avec grav., fac-similés et une carte dans le texte, 3 fr. T.'i.
— 7. L'Opinion publique dans les pro^'inces rhénanes et en Belgique, 1789-1810, par
Louis Engerand. Paris, IJossard, 1919, in-8 de xi-185 p., 4 fr. 20. '
1. — En nous offrant ce qu'il a vu des Paysages de Belgiqtië el ce-
qu'il a retenu dans ses Souvenirs, M. A. Fontainas, qui doit être un
jeune littérateur amoureux de la forme, évoque en des pages d'une
poésie un peu alanguie, les jours de paix d'autrefois comme pour
contraster avec les temps de la dévastation actuelle.
2 — Recueillant ses divers articles publiés par différents journau.v
en 1917 et 1918, M. E. Vandervelde, socialiste collectiviste, actuelle-
ment (par l'ironie de l'Union sacrée) ministre de la justice dans le
gouvernement du Roi, M. Vandervelde, placé lui-même Da/js la mêlée
nous apporte ses impressions politiques pendant la guerre. 11 montre
les relations entre les socialistes belges et étrangers. 11 veut établir la
« supériorité des démocraties », il plaide pour l'existence nationale
de son pays, il fait un rapprochement historique entre la France. h\.
Belgique et l'Angleterre, il nourrit des illusions plus ou moins sin-
cères sur la Révolution russe, il dit pourquoi luttent les démocrates
belges. La personnalité de l'aulcnr caractérise assez les utopies et les
erreurs dangereuses des doctrines qu'il représente pour ne pas nous
conduire à leur réfutation. On peut deviner les points discutables de
ses thèses et de ses doctrines. C'est assez pour mettre en garde le
lecteur.
3. — Établi sur le terrain des faits militaires, M. P. Crokaert donne
un Essai sur l'épopée de 1914 : il a laison de l'appeler ilinmoricUe
Mêlée. 11 a peut-être tort de croire que son récit est tout à fait nou-
veau ; plusieurs écrivains ont déjà tenu la plume à ce propos. A son
tour, avec la chaleur indignée d'un patriotisme justement blessé, il
montre la surprise brutale et les coups de force des Allemands, la
défense de Liège, la bataille de Sambre.et Meuse, le siège d'Anvers,
les grands jours de l'Yser. Tableau d'ensemble intéressant, résumé
des faits principaux.
4. — Au contraire on entre dans les détails en lisant ce que fut
pendant trois ans la Vie dans un couvent en Belgique envahie. 11 s'agit
— :}5 —
des Sœurs de Saint-Aignan, d'Orléans, qui avjiicril une maison à Corn-
mines ; bionlôt traquées par les troupes allemandes, elles vécurent
sous le joug de la Konimatidantur, prisonnières d"abord dans leur
humble demeure jusqu'au jour de leur évacuation par la force. La
.courageuse bonne humeur de ces religieuses françaises fait plaisir à
voir, on trouve dans le récit de leur existence de misère, une foule
de traits caractéristiques de l'occupation des Allemands, de leur
lourde brutalité et de la résistance des Belges. Ce tout petit volume,
sur des événements d'apparence assez peu importants, apporte ainsi
des confirmations utiles et curieuses à l'histoire intérieure de la Bel-
gique sous la terreur des envahisseurs.
5. — Un chapitre spécial de ces Crimes de l'Allemagne, celui de
Dînant, est traité par M. G. Somville, qui relate les massacres des
habitants et les destructions de la ville ; des photographies éclairent
sa démonstration, des appendices (personnes assassinées, maisons
détruite.'s) la corroborent, une carte topographique l'accompagne.
L'auteur avait déjà publié un ouvrage sur les débuts de l'invasion en
1914 ; les notes historiques que voici représentent un épisode de cette
tragédie cynique et brutale, un noble sentiment patriotique domine
les réflexions de ce récit qui est une œuvre posthume, car celui qui
tient la plume est mort en 1916.
6. — L'invasion du royaume de Belgique ne fut pas plus cynique
que n'a été terrible son occupation. M. R. Henning, du comité de
secours aux déportés, n'était que trop bien placé pour connaître le
sort de ses compatriotes et il établit en connaissance de cause ce que
fut la Dépoiiation de civils 'belges en Allemagne et dans le nord de la
France. Il reprend la question à ses origines ; le chômage qui sévis-
sait en 1914 dans le monde ouvrier fut systématiquement étendu par
l'Allemagne parmi les travailleurs belges en même temps que l'enlè-
vement des matières premières anéantissait l'industrie du pays. Sous
prétexte d'utiliser ces chômeurs forcés, on voulut les arracher de leur
foyerpourlesconduirearbitrairementen Allemagne où la main d'œuvre
manquait ; ce sont ces départs avec leur fourberie, leur brutalité, ces
déportations avec leurs angoisses, leurs souffrances que relate M. Hen-
ning. Les preuves de ces horreurs abondent, il les donne avec une
indiscutable précision. Noms des localités, papiers officiels, ordres
administratifs, multiples photographies dont les plus impression-
nantes représentent les malheureux à leur retour de cette brutale cap-
tivité. Peu de témoignages aussi probants auront été fournis contre
la barbarie administrative des Allemands.
7. — Cette résistance morale contre l'envahisseur a été fortifiée par
ses crimes récents, mais elle était née d'une antipathie invétérée contre
les procédés, la mentalité, la culture des Allemands. L'histoire le
— 36 —
prouve et révèle par contre les sympathies facilement entretenues avec
l'esprit français quand il y a cent ans. nous occupâmes ces régions. Il
est donc instructif de connaître l'état de l'Opinion publique dans les
provinces rhénanes et en Belgique de 1789 à 1815, au moment où la
question de la rive gauche du Rhin se pose dans une actualité intense
et peut avoir de si grandes conséquences pour la sécurité de la France
■et la paix de l'Europe. M. Louis Engerand, érudit prématurément
«nlevé à la science, venait de consacrer ses derniers efforts à étudier
le problème selon la méthode scrupuleuse et indépendante de l'École
des chartes ; son travail expose les points de vue divers de l'histoire,
<le l'économie sociale et de la politique. Il remonte aux précédents,
cite de nombreux documents le plus souvent puisés à nos Archives
nationales, emprunte-aux meilleurs auteurs leurs conclusions et cons-
tate lui-môme, avec modération et prudence, que la domination fran-
<;aise fut appréciée et regrettée, après vingt-cinq années de fonction-
nement. Un appendice a trait aux houillières du bassin de la Sarre.
Les sujets sont indiqués par des sous-titres imprimés en marge. Une
table des matières plus détaillée eût été fort utile et rendu cette inté-
ressante étude d'un maniement plus aisé.
Geoffroy de Grandmaison,
PUBLICATIONS RELATIVES
A LA POLOGNE ET AUX ÉTATS SUD-SLAVES
i. — Un Prédicateur de la Cour de Pologne sous Sigismond U\. Pierre Skarga (1536-
1612), élude sur la Pologne du xvi' siècle el le protestantisme polonais, par A. Rer(;a.
Paris, Société française d'imprimerie et tie liJjrairie, 1916, in-8 de xvi-376 p.,
8 l'r. — 2. Les Sermrms politiques {Sermons de Diète, 1097), du P. Skarca, S. J.,
prédicateur du roi de Pologne Siijismond 111 ; trad. pour la première fois inlégrale-
menl du polonais en français et accompagnés d'une Introduction et de notes cri-
tiques par A. Herga ; Paris, Société française d'impr. et de liljr., 11)10, in-8 de
18i) [)., 4 fr. — 3. La Femme polonaise, esquisse historique, par Halka Dlcrai>e.
Paris. Perrin. 1918, in-d6 de vii-274 p , 3 fr. 50. — 4. Pilsudski et son rôle en
Pologne, par Stanislas Szi'otakski. Paris, Picard, 1919, in-8 de 3! p., avee portrait,
*■{ fr. — 5. Jean Pilsudzki el ses légions polonaises. Paris, revue « Polonia ». 1917,
in-16 carré de 32 p. — 6. Le Monténégro, pages d'histoire diplomatique, par Veritas.
Paris, Figuière. 1917, in-18 de 102 p., 2 fr. 50. — 7. Le Régime austro hongrois,
discours prononcé par M. Tresic-Pamok; et M. Vukotu;... au Parlement de
Vienne. Paris, impr., des Beaux-Arts, 1918, in-8 de IG p.
\. — Pierre Skarga, le plus illustre prédicateur polonais, que ses
compatriotes lappiochent de Bossuot, a trouvé en France un historien
digne de lui. C'est justice que l'Académie française ait récompensé
du prix Tli('i()ij;uiiie les deux volumes dont nous avons à rendre
conii)to. Par leur solidité, leur élégance, leur sobriété, ce sont des
modèles de thèse de doctorat ès-lettres, — thèses à la française, à
rancieniie mode, entièrement dilTérentes des indigestes thèses à
rallemande qui prévalaient de phis en plus avant la guerre el qui
— 37 —
\oiit, cspétoiis-Ie, définitivement disparaître! Nous eûtiies liop sou-
vent, à analyser ici des thèses du type contraire, appliquées à des
sujets russes, pour ne pas louer hatitetnent M. A. Berga de sa vaillante
originalité. Déjà nous eiinies naguère à signaler un petit livre, très
bien venu, consacré à la Pologne ; ce sont d'heureux augures pour
les études polonaises, à l'iieure où, de par les circonstances politiques,
elles peuvent avoir en France un renouveau très désirable. Devant,
de nécessité, faire connaître le milieu politique et religieux dans
lequel vécut Skarga, l'auteur a tracé un tableau documenté et très
vivant de la Pologne au \\i' siècle. Anarchie législative, faiblesse du
pouvoir exécutif, partialité de la justice, finances altérées, armée
insuffisante, c'est, d'une part, le bilan politique ; d'autre part, la
puissance des calvinistes, pourvus des plus hauts sièges, était à soi»
apogée, mais une réaction fort nette, favorisée par le Roi, se marquait
contre elle. Brûlant de charité, travailleur infatigable qui a laissé
180 sermons, Skarga eut toujours à lïn égal degré l'amour de l'Église
et l'amour de sa patrie et il fut un prédicateur national s'élevant
jusqu'à des menaces prophétiques que les Polonais relisent et reliront
sans doute longtemps avec terreur et admiration.
2. — Le second volume de M. Berga est une traduction de Sermons
de Skarga à l'occasion de la Diète de loiiT. Ils sont traduits d'après
un volume lariisime trouvé à Paris et à propos duquel se pose la
question de savoir s'ils furent vraiment prêches ou s'ils ne sont pas
des façons de conférences politico-religieuses, écrites sur les maladies
delà République. Ces « sermons » sont au nombre de huit. En bon
ouvrier consciencieux, le traducteur présente des remarques pleines
de sens sur la difficulté de traduire en français « analytique » les
brévdés impériales et les répétitions de mots, diversifiés par la
déclinaison, du polonais, — u synthétique », — non moins que le
latin, et que les autres langues slaves (p. 37-38).
3. — 11 semble qu'un peu plus de psychologie eût magnifiquement
convenu à ce livre, très piquant pour la curiosité, qui nous était
oIFert sur la femme polonaise par une Polonaise : La Femme polonaise ,
par M"' Ilalda Ducraine (M"* Hulewicz). L'auteur a borné son ambi-
tion à produire une Esquisse historique et même à u résumer, sans
aucune prétention d'historien, des matières réunies par ^on père »
(p. 159). Sachons nous contenter de ce qui nous est donné. En ces
pages si peu insistées, ce qui reste le mieux dans le souvenir, c'est le
constant hommage polonais au u sexe. blanc », — le mot blanc, en
Pologne, exprime l'idée de beauté; — c'est aussi le portrait (ou le
crayon) de la reine Hedwige, devenue une sainte nationale et qui
« revit dans chaque femme polonaise. » Ce sont ensuite les femmes
inspiratrices parmi lesquelles nous trouvons les noms de M""" Hanska
— 38 —
et de sa sœur, devenue M"'" Jules Lacroix. On eilt aimé trouver dans
ce chapitre quelques renseignements sur l'énigmatiqne princesse
Marie Misnick, l'amoureuse de B. de Saint-Pierre. Vient enfin, parmi
« les victimes de l'épopée », la touchante M""" Walewska. M"' H. Du-
craine n'a garde d'oublier en une heureuse indication la foule ano-
nyme des femmes gardiennes de la tradition, celles qui attendaient
<( l'Heure de Dieu », — l'heure de la résurrection, qui sonne enfin
pour la Pologne. Dans les chapitres consacrés à la littérature, au
théâtre et au féminisme sont citées un grand nombre de femmes
polonaises qui se sont distinguées en ces matières.
4. — Une longue biographie sera nécessaire pour faire connaître en
détail le rôle complexe de Pilsudski ; en attendant voici une brochure
qui en résume les péripéties principales : Pilsudski et son rôle en
Pologne. Le grand honneur du général sera sa foi tenace dans la réa-
lisation de l'indépendance de son pays et sa persévérance h organi-
ser, dès le temps de sa jeunesse, la lutte armée. C'est en Sibérie, où
il fut déporté sans culpabilité directe, que Pilsudski mûrit ses plans.
Devenu l'âme du parti socialiste polonais, il sut le rattacher au passé
et le rendre patriote. Son journal. l'Ouvrier, pénétra partout, malgré
îe gouvernement russe. Dès la guerre de Mandcbourie, il s'exerça à
empêcher la mobilisation, ce qu'il recommença en 1914, comme en
1916, après que les Allemands eurent conquis Varsovie. Prêt ta utili-
ser toutes les éventualités, comme le dit son biographe actuel.
M. Szpotanski, on sait sa campagne avec les Autrichiens, par lesquels
il refusa ensuite de laisser absorber ses troupes, les empêchant de
prêter serment et de porter le brassard austro-hongrois. La seconde
partie de son pronostic allait s'accomplir : u C'est contre la Russie
que je commence la guerre ; c'est contre l'Allemagne que je la fini-
rai. » Expulsé de Varsovie par les Allemands, il y rentra lorsqu'ils
eurent proclamé l'indépendance du « Royaume ». Au Conseil d'État,
Pilsudski continua sa politique d'opposition, empêchant toujours les
légions polonaises de prêter serment. Quand les Allemands sévirent,
Pilsudski fut arrêté et déporté à Magdebourg. Il y demeura jusqu'à
La révolution de Berlin. Rentré à ^^arsovie le 10 novembre 1916, il y
fut acclamé comme un chef et forma le ministère. 11 en dirigea les
destinées jusqu'à l'arrivée de Paderewski.
0 — La brochure de M. Smogorzewski ; Joseph Pilsndzki et ses
légions polonaises relate la carrière du général jusqu'à son arrestation
et son internement en Allemagne. Nous n'y relèverons que quelques
faits parmi les mieux établis. Les légions polonaises sortirent des
sociétés de tir dont les premières furent fondées par le parti socialiste
polonais en 1908. Lentes à se développer, ces sociétés ne prirent un
essor qu'après la gueire balkanique Les Polonais étaient naturelle-
— 30 —
«lent frappes d'horreur à l'idée de se battro dans les armées des trois
-co par ta géants de leur patrie. Au début de llj14, Pilsudzki était à
Paris, essayant de réveiller la question polojjaise (conférence à la
"Société de géographie) et de réaliser son idée. Dès les premiers jours
•de la Grande Guerre il entra en campagne contre la Russie, occupant
la ville de Kiev et guerroyant du côté autrichien si utilement qu'il
fut nommé général le 15 novembre par l'àrchiduc Frédéric. Il com-
battit dans ce camp jusqu'au 2!) août 1916, date à laquelle il retira
sa brigade de la ligne de feu malgré les ordres stricts de Bernhardi.
Il n'échappa au conseil de guerre que grâce aux Autrichiens et dut
démissionner. Quand les Centraux eurent déclaré 1' a indépendance »
delà Pologne russe, Pilsudzki entra au Conseil d'Etat de Varsovie. Il y
organisa avec tant de fermeté la résistance à l'organisation d'une armée
polonaise selon le projet allemand qu'un millier seulement de volon-
taires, plus ou moins aptes au service, s'enrôla, sur plus d'un million
d'hommes en âge de porter les armes. L'ancien général s'opposa
également, malgré les tendances du Conseil, à la prestation de serment
-à l'Allemagne que refusa, en effet, l'immense majorité des légion-
naires. Lorsque von Beseler ordonna d'arrêter les réfractaires Pil-
sudzki fut arrêté lui aussi (22 juillet 1917).
6. — <. Le Monténégro, meurtri, porte une croix telle qu'aucun
peuple n'en porta jamais. Mais l'histoire, qui aime les martyrs et les
"venge, honorera en ceux qui ont penché [ployé] sous cette croix,
i'exemple de la vertu et de la fidélité. » Cette parole, prise dans les
dernières pages, résume le sens et l'esprit du petit volume : Le Mon-
ténégro, pages d'histoire diplomatique, qui est signé Veritas. Ce livre
rappelle le rôle historique de la Sparte des Balkans, et sa partici-
pation à la guerre européenne sous l'égide de son vieux roi qui célé-
brait son 78° anniversaire à Neuilly, en octobre 1917. Loin d'objecter
son état d'affaiblissement au sortir de deux guerres et son manque
absolu de préparation, le ïchernogora, lié par un traité offensif et
défensif avec la Serbie, se lança crânement dans la guerre au premier
^ppel de son alliée. Il oubliait, ainsi faisant, les offres séduisantes de
l'Autriche, de même qu'il devait se dérober plus tard à sa proposi-
tion de paix séparée (p. 41). 'S'ictimes, d'une part, du manque de
moyens de transporte! de l'autre du manque d'unité de direction qui
paralysait alors les Alliés, les Monténégrins, malgré leurs prouesses
■et celles du détachement français qui le soutenait, les soldats monté-
négrins durent céder le mont Lovtchen. « Abondamment pourvu
■d'une artillerie préhistorique », écrivait M. Clemenceau, le monta at-
tendait tranquillement que quelqu'un vint le prendre. » Dans la
3« partie de l'ouvrage : Politique actuelle du Monténégro, il est traité
des rapports du pays avec les Serbes et des efforts qu'ils faisaient alors
— 40 —
pour amener sur le Front de Salonique le plus de nationaux possible
par un appel fait aux Monténégrins émigrés en Amérique.
7. — En publiant deux discours prononcés au Parlement de Vienne
par deux députés, l'un Croate et l'autre Serbe, le Bulletin yougoslave
eut pour but d'éclairer l'opinion française sur le Régime austro-
hongrois. M. Tresic-Pavicic, député des Iles dalmates, complétant un
discours antérieur qui avait fait sensation, établissait que la popula-
tion serbe du sandjak de Novi-Bazar avait été systématiquement ex-
terminée ; il demandait pourquoi une commission {parlementaire
n'avait pas été élue pour procéder à des enquêtes. Proclamant non
moins fortement que son collègue que les yougoslaves revendiquaient
unité et indépendance et ne se contenteraient pas de miettes, M. Vu-
kotic, député des Bouches-du-Cattaro, rapportait maints cas circons-
tanciés de violence atroce. Le fait que des quantités de Serbes avaient
été pris comme otages lui faisait remarquer que « jamais encore on
n'avait vu un État se servir de ses prcpres sujets comme otages. » Le
député lui-même eut d'ailleurs ce sort- là dès le 26 juillet 1914. Lors-
que la flotte française bombarda la forteresse de Mamula, il eut,
comme ses camarades, les mains et les pieds liés. Plus lard, ilfutincor-
poré, malgré son état de santé, dans la landwehr. Reconnu inapte
au service, il fut employé, comme d'autres suspects politiques, aux
travaux des champs. Le ministre de la Défense nationale prévenu,
ne fit rien ; c'est à peine si M. Vukotic put être licencié en mai 1917
pour l'ouverture du Parlement. Denis Hoche.
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
RoM.\NS RELATIFS \ LA GUERRE. — i. Les Croix de bois, par RoL.\iSD Dorgelès. Pari.<,
Albin Michel, 1919, in-16 de 384 p., 4 Ir. 50. — 2. CUwcl soldat, par Léon Wcertii.
Paris, même éd., s. d., in-16 de 447 p., 4 fr. 50. — 3. La Boue, par Élie Kauke.
Paris, Crès, 1919, in-16 de 271 p.. 3 fr. 50. — 4. Mon brigadier Triboulère, par
Eugène Montfort. Paris, Société littéraire de France, 1918, in-12 carré de 127 p.,
avec dessins, 3 fr. — 5. Le Capitaine, par Antoine Kedieu. Paris, Payot, 1919,
in-16 de 242 p., 4 fr. 50. — 6. Pomponius, le dernier des chevaliers, par Lolis
.\rraou. Paris, Plon-Noiirrit, 1919, in-16 de iv-288 p., 4 fr. 50. — 7. Henri h'r'
tnant. vie d'an peintre pendant la guerre, par A.-J.-A. Lobry. Paris-Nancy, Herger-
Levrault, 1917, petit in-8 de 146 p., 2 fr. 50. — 8. La Fin de Claude, par M. Ke\ni:s-
Mo.NTLAUK. Paris, Ploii-Nourrit, 1919, in-16 de 274 p., 4 fr. 50. — 9. La Faiblesse
des forts, par Gaston Rageot. Paris, même éd.. 1918. iii-16 de ii 276 p., 4 fr. 50.
— 10. Filles de Met:, par Jeanne d'Urville. Paris, la Renaissance du Livre, 1919,
in 16 de 320 p., 3 fr. 50. — 11. Filles d'Alsace, par .Iules Hoche, l'aris, Albiu
Micliol, s. d., in-16 de 381 p., 4 fr. 50. — 12. L'Immolation, par Léon GhÉ(;oire.
Paris. Jouve, 1919, in-16 de 255 p., 4 fr. 50.
Romans divers. — 13. Sanguis Martyruni, par Louis BEHTnA>D. Paris, Fayard, s. d\,
in-16 de 384 p., 3 fr. 50. — 14. Monsieur le curé d'0:eron, par Francis Jammes.
Paris, Mercure de France, 1918, in-16 de 285 p., 3 fr. 50. — 15. César Copéran, ou
la Tradition, par Louis Godet. Paris. Gallimard, 1918, in 12 de 153 p., 3 fr. —
16. J\otrel)aine du Faubourg, par Jean Morgan. Paris, Ploii-Nourrit, 1918, in 16 de
^J17 p., i fr. 50. — 17. Le Baiser de l' Antéchrist, conte en nmrge de l'histoire, pa^^
— 41 —
LÉvis-MiiiEPOix. Paris, même éd., 1019, in-IO de 319 p., 4 fr. 50. — 18. (Jsar-
Napoléon Gaillard à la conquête de l'Ainc'rique, par Jea.^ Fahmek. Paris, Payol, 1910^
iri-16 de 392 p., 4 fr. 50. — 19. L'Immarulée. par Edouard Schneiuer. Paris. Albin
Michel, s. d., in-16 de 440 p., 4 fr. 50. — 20. Histoire d'une Société. Si Jeunesse
savait..., par Kené Béuaine. Paris, Grasset. 1919, iii-18 de 311 p., 3 fr. 50. — 21.
Simon le Pathcliqnc. par Jean Giraudoux. Paris, même éd., 1919. in-10 de 251 p.,
3 fr. 50. — 22. Le Maître du silence. I. Sous le masque. II. /,e Secret de Kou-kou-
noor, par Dellï. Paris, Plon-Noiirrit. s. d , 2 vol. iii-16 de 295 et 292 p., 4 fr. oO
chacun. — 23. Le Rêve de Su:y, par Henri Ardel-. l'aris, même éd., 1919, in-U>
de 303 p., 4 fr. 50. — 24. Le Retour à la terre, par Gilbert Stenger. Paris, Per-
rin, 1919, in-16 de 331 p., 3 fr. 50. — 25. Jacqueline Lavernet, par Étif.nnf: Garry.
Paris, Jouve, s. d., in-12 de 240 p.. 4 fr. 50. — 26. Dans l'ivraie, par M.-K. Das-
sisE. Paris, même éd., 1918, in-12 de 190 p., 3 fr. 50. — 27. Scènes de la vie litté-
raire à Paris, par .\ndri'; Biliy. Paris, la Renaissance du Livre, s. d. (1918), in-lS
de 247 p., 3 fr. 50.
Contes et nouvelles. — 28. Le Justicier. Lu (Mctietle. Le Carré d'orties. Le fruit
juge l'arbre. L'.Apache. par Paul Bourget. Paris, Pion Nourrit, 1919. in-IO de 30î>
p., 4 fr. 50. — -9. La Vie des âmes,' par M"' Adam [Juliette Lamber]. Paris,
Grasset. 1919. in-16 de 268 p.. 3 fr. 50.— 30. Les lies des Bienheureux, par Phi-
lippe DE FÉL1CE. Paris, même éd., 1918. in-18 de 313 p., 3 fi". 50. — 31. Les Reliques
de Pierre de Rozières. Paris, Fifruière, 1917, 2 vol. in-18 carré de xxii-99 et
187 p., avec 2 portraits, 2 fr. 50 chacun.
Littérature étrangère. — 32 LJes Roseaux sous le vent, par Grazia Deledda ;
trad. de l'italien par Marc Hélys. Paris, Grasset, 1919, in-IO de 287 p., 3 fr. 50.
— 34. Un Doigt de la Lune, conte d'amour hindou, mis en anglais d'après un
manuscrit sanscrit par F.-W. Bain ; trad. par Suzanne Karpeles. Paris, même
éd., 1919, in 10 de 290 p., 3 fr. 50. — 34. Vers l'école de demain, souvenirs d'un
maître d'écoie ainér'ica'in, par .Angelo Patri ; trad. de l'anglais par L. Herr. Paris,
Hachette, 1919, in-16 de yiii-247 p., 3 fr. 50.
Romans relatifs a la gcekhe. — 1. — Grâce à la vogue déplorable
que lui ont donnée les snobs et les naïfs, le Feu est en train de faire
école. Nous retrouvons son reflet sur la plupart des « carnets de-
guerre », plus ou moins camouflés, qui encombrent encore les librai-
ries. C'est toujours le « journal d'une escouade » aux épisodes juxta-
posés, que chaque auteur accommode selon son histoire et soa
humeur. Heureux sommes-nous lorsque cet auteur se nomme M. Ro-
land Dorgelès, car celui-ci, dans ses Croix de bois, a rompu carrément
avec le paiti-pris de grossièreté, d'ordure, d'horreur, d'antimilita-
risme et de pessimisme, qui caractérise l'école de M. Barbusse. Il
a édulcoié autant que possible l'argot des poilus ; il a montré, à
côté des tristes et sombres choses, l'héroïsme, la gaîté un peu bru-
tale, le sens de l'honneur inséparables de toute peinture exacte de-
l'armée française ; et certains de ses chapitres, par exemple le Mou-
lin sa/is ailes, le Mont Calvaire, Victoire, sont des modèles d'émotion
contenue, de suggestion, et même de style, car nous ne pouvons con-
sidérer que comme une coquille la faute de la page 191 {prête d'être
Jinie). Il y a, dans ce volume, bien présenté, une double réaction
contre les récits ampoulés et inexacts d'un côté, et, de l'autre, contre
les immondices du naturalisme. A chaque instant, on a plaisir h
cueillir des notations comme celle-ci : « Le bonheur, mais cela tiei.t
— 42 —
•dans deux pages d'une lettre de chez soi, dans un fond de quart de
rhum... Un pavé, rien qu'un pavé, pour se poser dans un ruisseau de
boue, c'est encore du bonheur. Mais il faut avoir traversé la boue
pour le savoir. » — Une seule chose manqiie à cet ensemble : le sen-
timent religieux. Certes, le chapitre intitulé : Noire-Dame des Biffins
contient des notations précises et bien observées ; mais il y avait autre
chose à dire sur nos admirables aumôniers et sur la vie religieuse au
Front.
2. — 11 y aurait, hélas ! bien d'autres critiques à formuler au sujet
du Clavel soldat de M. Léon Woerth Ce Clavel — qui prend, je ne
-Sais pourquoi, le nom d'un excellent artiste, aujourd'hui planteur de
-choux, qui débuta jadis aux côtés de M. Edmund Dulac — est un
rédacteur au ministère de l'agriculture, qui professe les opinions
libertaires les plus épicées. Cependant, il se laisse mobiliser dans la
territoriale; mais, comme tout le rebute, que bientôt, en paroles, il
préfère les balles aux piqûres des moustiques, il part comme volon-
taire dans un régiment de réserve. Cet enthousiasme de mouton
enragé dure peu, et notre héros se hâte de passer à la C. 11. R. comme
téléphoniste. C'est là qu'il écrit son journal, inspiré encore de M. Bar-
busse, mais beaucoup moins ramassé, beaucoup moins « écrit »,
bourré de notations incohérentes dans ce goût : « Une chienne a fait
-cinq petits dans la maison du colonel. Le cuisinier en a tué quatre et
lui en a laissé un par principe, par usage. » En somme, ce Clavel
n'offre pas un intérêt passionnant. Ce qui est plus irritant, c'est que
ses « idées ». si l'on peut s'exprimer ainsi, s'enchevêtrent perpétuel-
lement avec celles^de M. Léon Wœrlh. et que tout le volume nous
apparaît par suite entaché de l'anticléralisme le plus périmé et de
l'humanitarisme le plus enfantin. Tout ce qui détient ou représente
une parcelle d'autorité quelconque y est ridiculisé, bafoué, caricaturé,
souvent avec la plus insigne mauvaise foi, par ce téléphoniste qui,
cependant, a été bien heureux de vivre à l'ombre du colonel et de son
petit état-major : tous les officiers — sauf deux ou trois, notamment
les (( généraux républicains » — sont des canailles ou des lâches ; si
un brave garçon est religieux, comme le lieutenant de Machard-Pas-
quier, c'est un imbécile ; les médecins sont des brutes ; les écrivains
nationalistes, des menteurs, et, pour le prouver, on prête des âncries
à M. Maurice Barrés ; quant aux curés, vous pensez bien qu'ils sont
responsables de la guerre, et il ne peut en apparaître un seul qu'il
n'ait aussitôt une tête de criminel ou de crétin... Ces fureurs gran-
<lissent à chaque page ; finalement Clavel professe la haine de tout
Français, qu'il soit bourgeois ou prolétaire, gouvernant ou gouverné ;
il réserve sa sympathie aux Boches, calomniés si vilainement par la
presse « boulangiste », et aux animaux, particulièrement aux pauvres
— 43 —
ïnulots. dont tout le monde connaît les qualités de co4ocataires. Et
toute cette mentalité d'avant-guerre serait dangereuse, si ce livre où
«Ile s'étale n'était gardé, grâce à Dieu, par le plus épouvantable
ennui.
.3. — L'ennui, voilà aussi ce qui se dégage du roman, puissant
-cependant et fortement écrit, de M. Élie Faure : La Roue. 11 y a là
encore un libertaire du genre de Glavel, Pierre Lethievent ; mais,
étant réformé, il va villégiaturer en Suisse et en Italie pendant la
g^uerre. 11 y est rejoint par la sœur aînée de sa fiancée, une certaine
M°" Clotilde Espérandieu, dont le mari, d'épicier, est devenu avia-
teur. Cette personne, qui rappelle la fameuse Lampitô. de Lysistrata.
s'ennuie ferme. « La vie n'a pas d'autre but que l'amour, déclare-
t-elle. et elle tâche à se distraire avec son futur beau-frère, ce que
M. Élie Faure déclare u innocent. » Mais, attention ! Voici que l'amour
rend à Pierre le goût du carnage ; il rentre en France, s'engage et
part au Front, non sans avoir réalisé son mariage avec son ancienne
fiancée, Elisabeth, qu'il aime toujours. Il meurt en brave, après lui
avoir donné un bébé, qui. au dernier chapitre, est déjà en train d'éven-
trer un pantin. Autour de cette intrigue, destinée à nous montrer sans
doute, sous l'image de la Roue, la force invincible de la nature fatale,
<jui domine, écrase et recommence inlassablement, s'agitent des per-
sonnages secondaires assez vivement croqués : M. Chambrun, le père
de Clotilde et d'Elisabeth, commissionnaire en marchandises et nou-
veau riche ; M"" Chambrun, une dévote ridicule ; Georges, leur fils,
jeune héros chrétien, mutilé, infirme ; et enfin, un soldat et un phar-
macien, dont le dialogue, parsemé de quelque scatologie, forme la
préface de ce livre bizarre, ayant pour épigraphe : « Plus on est de
fous, plus on rit. »
4 à 7. — Quelques auteurs n'ont pas adopté cette manière de voir,
ils se sont contentés d'étudier un seul type. Ce sont : M. Eugène
TVIontfort, qui. en quelques pages savoureuses, spirituellement illus-
trées par M. Albert Marquet. a buriné le portrait de son Brigadier
Triboulère, homme qui c voit haut et grand », qui « possède l'admi-
rable faculté de transformer les faits, les choses et les gens, et de les
embellir et de les ennoblir ; aussi tout d'abord le prendrait-on pour
un Gascon » ; — M. Antoine Redier, qui met de graves réflexions sur
l'autorité, la patrie, la famille dans la bouche d'un vieux Capitaine,
que tout d'abord on prend pour une parfaite brute ; — M. Louis
Arraou, qui nous raconte sous le titre de Pomponius, le dernier des
■chevaliers, l'histoire assez plate d'un brave homme issu d'un Bas-
Languedoc de fantaisie, où Carcassonne devient, de façon inatten-
due, un u bijou sarrazin » et Saint-Just de Narbonne ime « cathédrale
*\isigothe n ; — enfin, M. A.-J.-A. Labry, qui évoque les hésitations.
— u —
l'héroïsme et la mort du peintre Henri Brémant, que son âge dispen-
sait d'aller au feu. 11 y a, dans ce petit volume, une coquille bien
drôle. A propos du dîner d'adieu de Brémant, le typographe a im-
primé : H La chair était exquise. » A tant faire, il fallait, au moins,,
mettre « la viande ! »
8. — La Fin de Claude, de M"" Marthe Reynès-Montlaur, nous-
fournit matière à réflexions plus hautes. Dans ce troisième volume
de la belle série intitulée : Pages de deuil et d'héroïsme, l'auteur du
Rayon nous présente une jeune incroyante, convertie au catholi-
cisme, Claude, dont le fiancé, un jeune protestant, nommé Abrham,
a disparu. Elle finit par le retrouver, mais il est aveugle et, qui plus
est, phtisique. On devine la torture morale de la jeune fille. Elle n'a
plus qu'un espoir d'être unie à son fiancé, mais la réalisation de cet
espoir est conditionnée par la conversion d'Abrham. Si elle n'y arrive
pas, ils seront séparés pour léternité ! Cependant, elle se garde de le
presser : elle agit sur lui par l'exemple ; comme le dit sœur Claire,
une admirable figure de religieuse qui traverse le roman, elle lui fait
lire le seul livre qu'il lui faille ; « celui d'une àme qui communie
chaque jour... » Et Abrham revient, lui aussi, à la vérité. Le jour du
Vendredi-Saint 1918, les deux fiancés vont prier ensemble à Notre-
Dame, et, de là, ils se rendent ensemble au concert spirituel de Saint-
Gervais : la catastrophe inoubliable éclate alors, et c'est par elle que
ces deux âmes s'envolent vers l'éternelle paix. Tel est le schéma de cet
austère volume, où M"" Reynès n'a sacrifié à aucun efTet facile, et
qui est presque tout en dialogues de spiritualité : aussi plaira-t-il à
tous ceux qui cherchent dans la lecture des émotions nobles et hautes,
et un profit moral et religieux.
9. — D'inspiration moins élevée, mais pourtant d'une belle tenue,,
est le roman de M. Gaston Rageot : La Faiblesse des forts, qiii tend à
nous montrer les bouleversements causés par la guerre dans certaines
existences. Il met en scène deux frères, grands savants tous les deux,
MM. Lecordellier, qui se prénomment l'un FraïK^ois et l'autre assez:
bizarrement Marie. François épouse une jeune fille Lise-Reine, et tout
irait bien ; mais la guerre éclate. Blessé, puis convalescent, voilà
M. Marie qui touche le cœur de Lise-Reine ; François l'apprend, et c'est
une tragédie qui nous rappelle tour à tour Bérénice, ou encore les
Flambeaux ou même les Sépulcres bta/ichis. Finalement, tout le
inonde se sacrifie à l'œuvre de la famille, un giainl hôpital nommé
la Vassardière : François, qui est un type cornélien, pardonne aux
amants et offre même de céder sa femme à M. Marie, son frère ; mais-
Lise-Reine refuse, et elle va se faire torpiller en Oiieut, dans un
bateau-hôpital. Deux comparses, un certain Burley et une Irma lu
Polonaise, sont assez gauchement introduits dans ce livre qui porte
- 45 -
la marque (ruii talent vigoureux et la trace indéniable d'un gros
«fTort.
10. — \ous descendons d'un cran vers le roman romanesque, avec;
Jes Pailles de Mets, de M"' Jeanne d'Urville ; cetouvrage est une Colettr
Baudoche multipliée, généralisée, avec tous les épisodes désirables :
i'accident de bateau. l'orage, la fièvre cérébrale, la mort subite... Il n'y
maïKjue que la croix de ma mère. On voit là Lucie, qui donne sa main
.jiun Allemand malgré le désespoir deses parents, Charlotte, qui réussit
à épouser son cousin officier français, Anne, qui est horriblement
tentée d'aimer un uhlan. Maria, qui manque de perdre Vincent, parce
<\n"\\ a fait son service en Allemagne, et encore Frédérique, fille d'un
Français et d'une Bavaroise, femme d'un Lorrain : tous ces cas sont
<agréablement présentés, dans de jolis tableaux de Metz. A la fin,
encore la guerre, d'où va sortir la liberté d'aimer et de se marier
pour les gentilles Messines. Mais ce que nous ne pouvons accepter,
si patriotes soyons-nous, c'est que le vieux Galeron n'aille jamais à
i'église, de peur d'y rencontrer des Allemands... D'ailleurs. M'"'d'Ui-
\ille paraît peu renseignée sur les questions religieuses. Elle croit
que la grand'messe se termine par le Laudate...
11. — Cependant, nous descendrons encore d'un cran avec les
Filles d'Alsace, de M. Jules Hoche, qui ne dépassent pas le niveau du
feuilleton. Cela se déroule en Alsace, pendant la première année delà
guerre : assauts, batailles d'opérette, voyages, incursions d'avions,
bombardements, incendies, tout le cinéma désirable. Mais pourquoi
•cet excellent roman populaire, patriotique et moral, où les mœuis
€t le dialecte alsaciens sont congrûment évoqués, est-il intitulé :
Filles d'Alsace, alors qu'il n'est question que d'une seule, la char-
mante Lina ?
12. — Descendons enfin, pour en terminer avec ces romans de
^guerre, jusqu'à l'Immolation. M. Léon Grégoire a voulu retracer le
martyre de la Belgique ; mais il l'a fait avee un tel déploiement
d'horreurs monstrueuses, de détails répugnants, descènes de sadisme
€t d'affreux barbarismes, que la langue française, les mœurs et le
^oût y sont martyrisés également.
RoMVNs Divr^ns. — 1.3. — Loin de la guerre mondiale, M. Louis Ber-
trand nous a transportés, avec Sangiiis Martyrum. en Afrique, au
temps de la persécution de Valérien et de Gallien. où périrent saint
Cyprien et ses compagnons. Ce magnifique roman au nom latin rap-
pelle, à des titres divers, trois œuvres célèbres : Salammbô, Fabiola et
Quo vadis ? Salammbô, d'abord, car M. Louis Bertrand connaît à mer-
veille et le nord de l'Afrique et l'art de Flaubert. Bien qu'il se défende,
dans son prologue, d'avoir voulu tenter une '< résurrection historique»,
son œuvre comprend toute une partie descriptive, qui, à part quel-
— 46 —
ques répétitions de procédés, est vraiment remarquable. Les défilés
notamment, tel que celui de la chasse du légat de Numidie, ou de la
fête de Bacchus, sont merveilleusement réussis ; les différents décors^
les thermes, le (( coin du philosophe », l'église, les mines de Sigus,
le village rouge, le tribunal, sont brossés avec des couleurs intenses ;
mais, de plus, beaucoup mieux que dans Salammbô, partout circule
la vie, et ce n'est pas ici uniquement une œuvre de dilettante et d'é-
rudit. Gela nous vaut, par ci par là, quelques allusions un peu pla-
quées, quoique l'auteur en dise ; mais il y aurait plutôt à l'en félici-
ter. Son livre, en effet, n'est pas seulement humain et sincère, il est
chrétien. Nous y retrouvons le même souffle que dans l'admirable
Fabiola. Ce qui l'en distingue toutefois, c'est que Fabiola pullule
d'exquises silhouettes -féminines ; dans Sanguis Marlyrum, on croi-
rait que la femme, malgré le christianisme, est toujours esclave.
Elle ne joue aucun rôle dans la cité. Elle n'apparaît que dans le per-
sonnage de la capricieuse Laelia, dite Birzil, fille de Cécilius Natalis,
le grand avocat chrétien de Girta, tiraillé entre sa tendresse de père,
sa tiédeur d'âme, ses devoirs de citoyen et l'intégrité de sa foi, qui
doit le mener au martyre. Pour que l'œuvre prît toute son ampleur,
il semble qu'il aurait fallu à cette place une autre femme que cette
fillette bizarre et antipathique. De cette insuffisance vient encore
l'infériorité de l'intrigue dramatique du roman, qui ne peut étayer
sur ce personnage une charpente romanesque compliquée et savante
comme celle de Qiio vadis ? Heureusement que M. Louis Bertrand
regagne vite en profondeur d'émotion ce qu'il perd en mouvement et en
pittoresque faciles. Nul ne pourra lire ces pages sans se sentir élevé et
purifié ; et l'œuvre, absolument irréprochable, d'une décence de détails
parfaite — ce que Sienkiewicz dédaigna quelque peu — serait à mettre
entre toutes les mains, si l'auteur n'y avait ajouté, bien inutilement à
notre avis, l'histoire de la filiation adultérine de cette Birzil ; décidé-
ment, c'est le seul côté faible dé cet ouvrage, à propos duquel il n'est
pas exagéré de prononcer le nom de chef-d'œuvre.
14. — M. Francis Jammes, sans viser aussi haut, a néanmoins fait
œuvre utile et saine avec Monsieur le curé d'Ozeron. 11 a bien vu' que
la défense de la paroisse chrétienne é^ait le point important de la crise
religieuse actuelle, et il a entrepris, après Balzac, après Bazin, de
mettre en pleine lumière la figure héroïque et sainte de nos humbles
curés de campagne. Cela, il l'a fait avec ses moyens un peu particu-
liers, qui nous obligent à une analyse. — 11 y a plus de cent ans,
dans un château des Pyrénées, grandissait un enfant, élevé par son
père, et surtout par son grand-père, qui ne s'occupait que de religion
et de botanique. Cet enfant, devenu grand, s'éprend d'une jeune fille
nommée Cécile, et écrit à sa louange, en quinze mois, un poème
— 47 —
d'amour qu'il lui ofTre en l'épousant. Les parents meurent picu^ement^
et Cécile leur succède en donnant le jour à une fillette, Marie, qui,
en grandissant, devient bossue. Désespoir du jeune père, qui écrit
aussitôt, durant quatorze mois cette fois-ci, un second poème. Huit
jours après son achèvement, Marie meurt à l'âge de quatre ans. Le
père remet les deux poèmes à des gens très bien, entre au séminaire,
est ordonné prêtre et, après vingt mois de vicariat, est nommé curé
d'Abrecave, où il transporte la dépouille mortelle de son enfant. Or,
les gens très bien, qui avaient reçu en dépôt les deux poèmes, eurent
ime petite fille, qui grandit elle aussi dans un autre château des Pyré-
nées. A vingt ans. elle épouse un duc et part à la recherche de ce curé
d'Abrecave, dont les vers, toujours inédits, ont enchanté sa jeunesse ;
elle le retrouve 9 la ville, où il assiste le jeune séminariste Sylvain
qu'il a dirigé vers le sacerdoce. Elle lui demande de mettre un auto-
graphe sur la première page de son missel ; et le bon curé écrit urt
verset des Proverbes : <( Qui peut trouver une femme forte? Elle a
bien plus de prix que les perles. » Sur quoi, la duchesse Bénigne,
extrêmement touchée, lui donne en remerciement son collier de-
perles, qui vaut 40.000 francs. Le curé prélève une bonne moitié de
la somme pour sauver le meunier d'Abrecave « qui va être saisi »,
puis il expire, en laissant le reste à Sylvain son disciple. Ce Sylvain,
c'est enfin Monsieur le curé d'Ozeron, dont l'histoire se confond avec-
la précédente, ou plutôt la cwritinue. D'abord, le fils du meunier, qui
est parti pour Buenos-Ayres et y a fait fortune, lui rend ce que le
curé d'Abrecave avait donné à son père, plus les intérêts, ce qui arrive
à 44.000 francs. Avec cela, on va pouvoir faire beaucoup de bien. Le
fils du maire, en effet, s'est laissé « mettre le grappin dessus » parla
femme d'un pauvre homme du pays, qui avait filé en Amérique, où
son « séducteur » l'avait lâchée ; pour entretenir cette coquine ce gar-
çon a volé 10.000 francs à la » Caisse de l'Assurance. » M. le curé-
rembourse, ramène le jeune homme, lui confie 10.000 francs de plus
et l'envoie travailler outre-mer. avec une bonne recommandation du
meunier « américain » pour un de ses amis qui s'appelle Mateo,
comme dans Lazare-le-Pâtre. Le fils du maire est sauvé. A la fin, il
revient, paie ses dettes, rend l'argent à M. le curé, et entre chez les^^
bénédictins. — Mais voici bien autre chose : la duchesse Bénigne n'est
pas heureuse ; son mari Ta trompée avec une femme de chambre, ce
qui est vraiment bien peu élégant pour un duc. Il l'a abandonnée,.
avec une petite fille, Mimi, qui est muette. Ruine morale et maté-
rielle. La mère court les pèlerinages, notamment à la Dorade (qu'it
faudrait orthographier Daurade), vient prier sur la tombe du curé-
d'Abrecave, puis dans la grotte de Lourdes, le jour de l'Immaculée,
où il fait un bien beau soleil pour le 8 décembre ; là, elle rencontre
— 48 —
■un ange, déguisé en chemineau. qui lui dit en bénissant Mimi : « La
croix guérira la croix. Non pas ici, mais ailleurs, dans le doux mois
•de mai. » Au mois de mai, en effet, elle revient à Abrecave, avec
M. le curé d'Ozeron, et là Mimi est guérie miraculeusement. Le soir
■de la Fête-Dieu. M. le curé décide même la duchesse à recueillir son
mari, délaissé à son tour, paralysé et converti. Il les loge tous dans
une pension de Lourdes, dont il paiera les frais avec le produit de ce
qui reste encore du fameux collier. D'ailleurs, le duc débarrasse bien-
tôt les siens de sa présence. Marie, devenue une belle jeune fille, va
se marier au moment où s'achève ce roman, qui d'ailleurs, pourrait
tout aussi bien continuer. — Tel est l'essentiel de ce récit qui pour-
rait fournir un excellent feuilleton aux Veillées des Chaumières ou à
-l'Ouvrier. Seulement, il ne se présente pas du tout comme je viens
d'essayer de le résumer. A dessein, M. Francis Jammes l'a compliqué,
entortillé, rempli d'inversions, d'allusions, de mystères, et il en a
bourré la trame déjà serrée d'épisodes cocasses, de personnages bur-
lesques, où l'on retrouve vite le poète d'Existences : Zéphirin le save-
tier et son coq dénommé Faisan, Poli, le mauvais sujet, qui régularise
son union avec la veuve d'un Suisse de Toulouse, ce qui le met en
:.goût, une fois veuf, d'épouser Marthe l'avaricieuse, Véronique, la
«lère de M. le curé, le docteur, a la personne de la poste qui a une
perruque sans prétention, l'épicier qui possède un tout petit maga-
•sin », et qui « chausse de grosses lunettes d'or, dont se servait, dit-il,
le général Faidherbe », des curés doucementcomiques, et M. Francis
Jammes lui-même qui revient de la pêche. Je crois bien que c'est tout
cela qui donne au livre sa couleur d'image d'Épinal. Sa poésie lui
vient d'autre chose : cette longue intrigue a permis à l'autour d'évo-
quer tour à tour la Toussaint, Noël, le Mois de Marie, la Fête-Dieu,
avec des élans de piété, mêlés de conceptions originales et traduits
de façon plus originale encore. Gela fait un petit Génie du christianisme
quedominentles silhouettes des, bons curés d'Abrecave et d'Ozeron...
Et voilà une apologétique naïve qui plaira peut-être beaucoup aux
raffinés. '
\^. — C'est encore le Midi qui apparaît dans le petit ouvrage du
très regretté Louis Godet, tué à la guerre : César Capéran, ou la Tra-
dition. GeGésar Gapéran est un Gascon taciturne, rêveur, fainéant et
roublard, ce qui est beaucoup plus exact que le Gascon d'opérette
qu'on nous a fabriqué. Attaché au ministère de son ami Joachim,
Capéran est nommé conservateur du musée de Saint-Mauléon. qui a
■exactement la silhouette de Gimont (Gers) : il se marie et écrit
quelque temps après au sujet de son rejeton : u Mon petit Antonin va
prendre ses cinq ans. Il a déjà le front romain et le cœur gascon
«omme moi... » M. Doumic refusa pour la Revue des Deux Mondes ce
— 49 —
léger croquis, tlu moins à ce que raconte M. Eugène Montfort q"ui le
recueillit dans ses Marges. Je conipreucls bien M. Monlfort. Godet
était un spirituel et délicieux conteur ; et puis, ce César Capéran,
c'était notre compatriote : il était de Pibrac ! Et je retrouve dans ces
pages tout un petit pays charmant, sur la ligne de Toulouse à Auch,
avec la gare de l'Isle-Jourdain, où une petite fille monte dans le train
en disant : « Maman, j'ai l'estomac qui se mange ! » Comment voulez-
TQus que je ne sois pas recoimaissant envers M. Montfort ?
16. — N'ous revenons au clergé et à l'apostolat catholique avec
Nolre-Danie du Faubourg, de M. Jean Morgan ; mais ce ne sont plus
les bonnes paroisses ingénues dWbrecave et d'Ozeron qui forment
le décor ; ce sont nos paroisses grouillantes des faubourgs parisiens.
M. Morgan, qui ne cesse, me semble-t-il, de développer son talent, s'y
débrouille assez adroitement, et détache quelques types fort bien
venus : les prêtres surtout, et notamment un certain abbé Daniel,
qui n'est pas celui de M. Lavedan, mais qui est tout de même fort
sympathique ; puis les deux sœurs Bassoutre, Blanche, mariée civi-
lement à un « bistro » anticlérical, Jeanne, épouse légitime d'un
chapelier catholique, malheureusement rongé par la passion du jeu.
Le fils de ces derniers, Charles, représente exactement le petit « Pari-
got » bien élevé, mais trop affiné, tenté par la vie, et faible devant
elle. Enfin l'abbé Daniel parvient à le reclasser et à le marier avec sa
cousine germaine qui a failli le-faire mal tourner. Le brouhaha de la
mobilisation termine cet ouvrage bien observé et d'une haute mora-
lité, auquel on ne saurait reprocher qu'un style un peu lâche par
endroits.
17. — Du réalisme, M. le duc de Liyis-Mirepoix nous transporte
en pleine féerie avec son u conte en marge de l'histoire n, le Baiser
de l'Antéchrist. Le jeune et brillant auteur, qui cueillait à dix-sept
ans l'œillet d'argent de Clémence Isaure, n'a pas menti à ses pro-
messes et poursuit une carrière littéraire qui compte déjà de bril-
lants succès. Cette fois, il nous transporte dans une imaginaire
Volkovie, où règne le hospodar Stéphane XII, pauvre rêveur impuis-
sant, contre lequel gronde un mouvement révolutionnaire dirigé par
la jeune nihiliste Marie Bakouvine. Dans les conciliabules des cons-
pirateurs apparaît un personnage mystérieux, Yvan Meyereff, qui
subjugue Marie, l'éloigné d'un brave garçon qui l'aime, la lance à
corps perdu dans l'émeute, et en fait sa maîtresse ; puis il disparaît.
La guerre éclate entre la Volkovie et le Schwartzburg, son belliqueux
voisin, que gouverne le margrave Udon 111 ; la Volkovie passe de la
défaite à l'insurrection, et de l'insurrection à une épouvantable anar-
chie, toutes choses qui ne sont pas, hélas ! de la légende. Triomphe
facile du Schwartzburg. Marie et ses compagnons vont implorer la
Jlillet 1910. T. CXLVl. 4.
— 30 i—
clémence du vainqueur... et, dans Udon III, elle reconnaît Ivan?
Meyereff. Naturellement, elle n'obtient de lui aucune pitié, et comme-
il fait mine de la reprendre, elle le tue. Puis, elle s'enfuit... Elle tra-
verse d'immenses pays ; et, sur le Rhin, elle rencontre les armées
des Alliés, qui réprouvent également « les sujétions arbitraires et le
déchaînement de la brute en délire... Comprenant l'harmonieuse
nécessité des lois, ils ont construit de l'ordre avec des libertés, et
payé d'un sang magnifiquele droit de porter ces deux signes dévie
brodés sur le même drapeau. » Telles sont les grandes ligjies de cette
œuvre puissante, extrêmement originale et saisissante, qui aurait
demandé seulement à être plus patiemruent fouillée ; certaines invrai-
semblances auraient été atténuées, certaines descriptions auraient
pris un relief plus net : mais on ne saurait assez approuver l'idée-
initiale du roman, qui réunit en un seul personnage les deux fléaux
du germanisme et du bolchevisme, double face de la tyrannie.
18. — Après des pages aussi tragiques, on s'égaie en lisant le récit
ébouriffant de M. Jean Farmer : César-Napoléon Gaillard à la con-
quête de l'Amérique. Il est regrettable que ce livre, qui contient beau-
coup d'idées justes et opportunes sous des dehors bouffons, sacrifie
à un anticléricalisme et à un cynisme bien déplaisants ; mais le paral-
lèle entre la routine française et lessor américain y est poussé avec une
verve digne parfois de Gourteline. C'est l'histoire, en elfet, du fils d'un
fonctionnaire de Montélimar et d'uue Canadienne, qui part pour
l'Amérique, où il se trouve aux prises avec toutes les difficultés. « 11 est
plus difficile qu'on ne pourrait le croire pour un fils de famille, re-
marque-t-il justement, de trouver à gagner même simplement de quoi
subsister. Un terrassier arrive à la pièce de cent sous quotidienne
plus vite qu'un bachelier. Or, n'est pas terrassier (pii veut. » C'est
pour cela que nous voyons notre homme exeicer les professions les
plus diverses : danseur, pianiste, garçon d'hôtel, teinturier, «briseur
dégrèves », cow-boy, commis-voyageur ; il joue même le person-
nage de Napoléon chez Buffalo-Bill ! Mais sa fortune vient surtout
de la vente d'une extraordinaire a eau de Saint-(iuédone », grâce à
laquelle il triomphe des eflortsdes sociétés de tempérance, si funestes
à la vente des spiritueux. Cela se termine sur le projet, d'une énorme
cocasserie, qui consiste à installer à la fois en France la Monarchie
et la République, pour contenter tout le monde, entreprise funam-
bulesque, et qui fournit matière à des remarques très drôles. Aussi,
pourquoi n'avouerais-je pas que j'ai été tout à fait désarmé ?
19. — Nous revenons au sérieux avec le gros ouvrage de M. Schnei-
der : L'Immaculée. Tout dabord, qu'il nous soit permis de regretter
profondément que ce titre, qui évoque les choses les plus sacrées,.
ait été donné à ce livie, évidemment sincère, mais qui peut être très-
—^51 —
pernicieux. Jean Doaré, une espèce de Diirlal jeune, c'est-à-dire
d'eslliète un peu névrosé, sur lequel la littérature de Iluysrnans a
produit un gros effet, se croit attiré vers le cloître. Vivant dans le
rêve, en dehors des salubres nécessités de la vie, passant son temps
à''«t:'pouiller lame, mais ignorant ce qu'est le vrai catholicisme, il
consulte l'abbé de Ligugé, qui a l'idée, au moins extraordinaire, de
le confier à la direction d'une religieuse sécularisée, la Mère Domi-
nique de Jésus, femme encore très belle, âme ardente et exaltée et
dont un livre récent : La Vie mystique, vient d'être mis à l'Index !
Vraiment, ce R. P. abbé choisit aux jeiines gens de bizarres direc-
teurs de conscience ! Il s'ensuit naturellement des scènes d'un mys-
ticisme équivoque, qu'on ne peut lire sans être gêné. Un beau jour,
le vieux poète Boinard, auquel Jean aime à se confier, lui dit bruta-
lement : « Dominique tle Jésus ? J'ai appris à la connaître par vos
paroles, à travers votre silence. Elle porte en elle la certitude de son
idéal mystique, je le veux bien. Peut-être même, cache-t-elle sous sa
robe l'àme d'une sainte. Mais elle est femme aussi, plus que vous ne le
pensez. Elle est femme. Et elle vous aime ! Et vous l'aimez !... » Jean
est obligé de reconnaître la vérité de ces paroles. Il s'éloigne de Domi-
nique. — Le livre devrait finir là. II compte déjà 246 bonnes pages ; ce
serait un de ces livres de mysticisme sensuel, qui indignaient à si juste
titre notre regretté maître Charles de Pomairols ; mais enfin, ce
serait une œuvre curieuse, remarquablement écrite, et que les esprits
avertis auraient du plaisir à relire, en dépit de quelques erreurs de
détail (comme, par exemple, le mois de juin consacré au Très Saint
Sacrement, p. 199). Malheureusement, ce n'est là que la première
partie, de beaucoup la plus longue, mais enfin la première partie
de ce gros livre. Dans la deuxième et la troisième, M. Schneider
ne s'occupe qu'à brûler ce qu'il a adoré. Jean Doaré invective les
catholiques et son ancienne directrice de conscience, et il se laisse
aller à aimer une jeune fille sans religion, qu'il a rencontrée en Bre-
tagne, aussi facilement que, quelques mois auparavant, il voulait se
jeter dans un cloître. Il l'épouse, et le voilà heureux, ce qui ne le dis-
pense pas de parsemer çà et là les plus vilaines irrévérences contre
son passé de foi. Qu'était-ce donc que cette aspiration mystique, dont
l'étude remplit plus de la moitié de l'ouvrage ? Tout simplement un
peu de sensualité refrénée qui lui montait au cerveau ? Alors, c'est
bien pitoyable. En tout cas, il y a opposition absolue entre les deux
moitiés de ce livre ; la deuxième ruine la première ; elle semble jus-
tifier les objections que l'auteur a d'abord le plus vivement caricatu-
rées. II aurait fallu sentir cela, et si, en août 1915, M. Schneider ne
pensait plus de même qu'en août 1913, il aurait dû avoir le courage
de jeter le tout au feu.
— 52 —
20. — Je serai moins sévère avec M. Pierre Béhaine qui, dans son
livre Si Jeunesse savait... nous conte minutieusement une histoire
d'adolescence qui a tout l'air d'une autobiographie. Toutefois, ces
patientes analyses ne font pas oublier les curieux tableaux réalistes
du même auteur, les Survivants, qui font partie de la même sérié.
et que j'ai signalés ici même, en leur temps.
2i. — Autobiographie encore, sans doute, Simon le Pathétique, de
M. Jean Giraudoux. Toutefois, malgré son nom, ce Simon-là ne m'a
ni ému, ni touché, ni passionné, et son amie Anne a bien raison de
haïr (( sa manie de placer chacune de ses pensées, et la plus petite,
sous quelque pensée immense, comme un réveillon sous un globe ».
et de le juger u myope et emphatique ». M. Jean Giraudoux a beau-
coup de talent, certainement ; mais, de tous les genres, il a choisi le
moins bon.
22 à 27. — Terminons cette série eu citant rapidement : les deux
volumes du Maître du Silence, où M. Delly ambitionne la gloire desMy^-
tères de Neiv Yorlt ; le Rêve de Suzy, où M. Henri Ardel continue la série
de ses délicats romans mondains ; le Retour à la terre, où M. Gilbert
Stenger a traité une sorte de contre-partie de la Terre qui meurt sous
la forme plus spécialement romanesque : Jacqueline Lavernet. étude
un peu triviale sur l'indissolubilité du mariage, par M. Etienne Garry ;
Dans l'ivraie, où M. R. Dassise nous raconte, de façon naïve, une
conversion par amour ; et enfin les Scènes de la vie littéraire à Paris,
par M. André Billy, sorte de livre à clef, dont nous sommes heureu-
sement bien incapables ici de trouver le secret. Il semble seulement
que M. Billy, avant de traîner les écrivains dans la boue, ferait bien
d'apprendre à ne pas écrire des phrases comme celles-ci : « L'ancien
ministre à qui le bruit court qu'il doit une somme considérable... »
(p. 2). Et ce n'est pas la seule.
Contes f.t nouvelles. — 28. — Entre les publications de ses grands
romans, Al. Paul Bourget nous donne d'habitude un livre de ces
nouvelles, originales et dramatiques, dans lesquelles il excelle. Celui
qu'il vient de publier est intitulé : Le Justicier : mais comme ce récit
est accompagné de quatre autres presque aussi importants, leurs
titres figurent aussi sur la couverture ; ce sont : /m Cachette, le Carré
d'orties, le Fruit juge l'arbre, l'Apache. Ceci semble indiquer, de plus,
que M. Bourget n'a pas cherché à réunir là des œuvres ayant entre
elles un lien quelconque. Si, en effet, l'idée de la famille apparaît
dans le Justicier, la Cachette et même le Carré d'orties, elle est absente
(les autres nouvelles ; si, de la plupart d'entre elles se dégage la pensée
])rofondément humaine et chrétienne que, dans les âmes les plus
déchues, persiste toujours quelque bon sentiment qui fait espérer le
sailli el justifie la miséricorde, ceci n'a aucun rapport avec le thème
— Sa-
de la Cachette. Prenons donc ce livre pour un simple recueil, qui
nous proposera des méditations dissemblables, mais toutes de la
plus haute et de la plus saine moralité. Dans le Justicier, nous ver-
rons un homme implacable pour son frère tombé, faire un retour
sur lui-même, reconnaître les propres torts de sa sévérité, et par-
donner à son neveu ; dans la Cachette, se déroule une fort curieuse
histoire de trésor qu'un jeune archiviste et une institutrice descendant
d'une illustre famille abandonnent par délicatesse à un immonde
marchand de biens ; dans le Carré d'orties, dramatique épisode de la
Terreur en Normandie, une- demoiselle noble est sauvée par un
médecin jacobin qui l'aime et qu'elle a cravaché; il fait croire qu'elle
a la petite vérole en la faisant fouetter avec des orties ; le Fruit Juge
l'arbre met en scène un abbé Anceline (réplique du Fauchon, du
Démon de midi) qui est troublé dans son reniement en constatant le
pouvoir éternel de la confession ; enfin l'Apache nous montre un
chaufleur criminel, coupable de l'enlèvement d'un enfant, touché par
la confiance naïve de sa victime, comme le Tyrrell des Enfants
d'Edouard. A noter que. dans ce dernier conte, pmsse le souvenir du
regretté P. de Pascal, auquel M. Bourget rend hommage en passant.
Je n'ai pas besoin d'insister sur la valeur de ces beaux fragments;
les deux premiers, tout au moins, sont de véritables romans en rac-
courci, qui auraient fourni à bien d'autres l'argument de deux gros
volumes. Mais M. Paul Bourget est riche ; il dédaigne les trésors
d'imagination et d'affabulation qui feraient la fortune de beaucoup
de ses confrères. Gageons qu'avant qu'il soit bien longtemps, on y
aura puisé sans remords ; mais lui, d'ici là, nous aura donné d'autres
chefs-d'œuvre.
29. — La Vie des âmes, que nous devons à la grande Française
qu'est M"'° Adam, n'est pas un simple recueil de nouvelles. C'est un
livre où se coudoient divers genres : notes, impressions, souvenirs,
contes, récits, évocations de la guerre, le tout traversé de ce grand
souffle vivifiant que l'on respire auprès de Juliette Lamber. Lisez,
par exemple, cette merveille de sincérité, d'émotion, de foi, qui se
nomme Prières françaises et qui nous montre Paris à genoux, le
7 septembre 1914, à la veille de la Marne ; lisez le conte des Cigognes ;
lisez la nouvelle charmante : A la mobilisation, qui a comme une
allure biblique ; lisez sijrtout le défilé consacré aux âines alliées, où
M°" Adam fait si noblement amende honorable à l'Angleterre, et vous
direz ensuite si vous n'avez pas eu souvent les larmes aux yeux. Ce
n'est pas là un livre de prose ; c'est une effusion lyrique, enthousiaste,
poignante et prenante.
30. — Dans un milieu plus calme, nous appelle M. Philippe de
Félice. (( Réponds-moi, je te prie... Crois-tu à l'existence des Iles des
Bienheureux? » demande au philosophe Aristée son disciple Diodo-
tos. Et le maître répond : « Je crois à l'existence des îles des Bien-
heureux. S'il est vain de les chercher dans le monde extérieur, nous
pouvons les trouver dans ce monde intérieur que chacun de nous
recèle dans les profondeurs de son être, et dont les perspectives infi-
nies s'ouvrent à nos explorations, quelle que soit la patrie que nous
assignent les Immortels. » Tout ce volume, depuis sa jolie Préface,
En écoutant la roue du moa/m, jusqu'à son épilogue. Entre deux haies
de cyprès noirs, dont le symbolisme, peut-être un peu hétérodoxe
est assez subtil, est consacré à la gloire du rêve. Ce noble dessein
se poursuit à travers les légendes dorées du moyen âge, où nous
retrouvons le Chevalier au barillet et l'histoire de saint Christophe
largement interprétée; en passant par l'antiquité, les temps my-
thiques, l'Extrême-Orient et l'Islam. Tout cela est fort élégamment
conté, dans un style poétique et délicat. Mais pourquoi (p. 59) appe-
ler saint Saturnin u l'évangéliste de Toulouse » et le montrer a déchi-
queté par un taureau en face du Capitole? » Ce n'est pas tout à fait
exact. 11 est vrai que nous sommes, avec M. Philippe de Félice, en
pleine légende...
31. — Ce n'est plus de légende qu'il s'agit, mais d'histoire héroïque,
avec M. Pierre de Rozières, dont les Reliques ont été publiées avec un
soin pieux par M. Carlos Larronde. Pierre Fourier de Rozières, gen-
tilhomme de Laveline, né à Mirecourt (Vosges) le 4 juillet 1887. a été
tué d'un éclat d'obus le i" octobre 1915, près de Souchez. Collabora-
teur du Pays lorrain et messin, lauréat de l'Académie française et de
l'Académie lorraine de Stanislas, ce jeune homme, dont Maurice Bar-
rés nous dit l'âme admirable de héros et de saint, a laissé en prose et
en vers la matière de deux volumes : 1° L'Idylle sur la prairie, poème
de l'humble amour enrichi de soleil, à propos duquel on a parlé de
Virgile et de Lamartine ; c'est le poème de l'amonr sain et chaste,
intimement uni à la vie universelle ; il esta regretter qu'à ses grands
maîtres M. de Rozières ait joint parfois le Rostand de Chantecler.
2" Le Désir de la vie, histoire vraie d'une âme ardente, où l'auteur a
versé beaucoup de ses idées dans la biographie de Mathias Ringmann,
sorte de Pic de la Mirandole vosgien, mort à l'âge de vingt-neuf ans.
Le travail est incomplet. La 3" et la 4'" parties, absentes, sont rem-
placées j)ar le sonnet célèbre de Charles Guérin, qu'ignorait Emile
Faguet :
... Pauvre vie
Qu'on n'a pas dévouée au service de Dieu I
'i'' Les Ruines victorieuses, déd\ces au bon poète Alcide Marol. hom-
mage enflammé à la terre lorraine ; et enfin 4" Le Vcndangcoir aux
trois fontaines, jolie évocation du terroir, dont il ne reste que le pre-
— 55 —
rnier cha{)iltc. Tons ces fragments nous font déplorer davantage
•encore la perte tic ce jeune écrivain, sacrifié comme tant d'autres par
la sauvage barbarie de l'homme d'Amerongen !
Littérature étra?«gèbe. — 32. — « Nous sommes pareils à des
roseaux sous le vent.... Nous sommes les roseaux, la d(;stinée, c'est
'1» vent... » Ainsi s'explique, par la voix du vieux domestique Efix, le
titre du beau roman de M"" Grazia Deledda : Des Roseaux sous le vent.
Gela se passe dans un pauvre village de Sardaigne. Là, le seigneur
Zance avait quatre filles, mais comme il songeait beaucoup plus à
dilapider son bien (\na les doter, elles languissaient, et lune d'elles,
Lia, finit par s'enfuir. Fureur de Don Zance, qui devient tellement
odieux vis-à-vis de tous, qu'un matin on le retrouve, assommé d'un
coup de matraque. Ses trois filles, Ruth, Esther, Noémi, aidées du
vieil Efix, vivotent sur les débris de leur splendeur passée. Mais voilà
qu'un beau, jour arrive Giacinto, né de la fugitive Lia et d'un mar-
chand de bestiaux. Il est orphelin, il a eu de fâcheuses histoires, il
vient se réfugier chez ses tantes. Le malheur veut qu'il continue à n'y
rien faire de bon. Il s'éprend de la petite Griscenda, ce qui est un
gros sujet de chagrin pour Noémi, qui a senti s'éveiller son cœur de
fille déjà mûre auprès de ce beau garçon ; il dépense de l'argent qu'il
n'a pas. il joue, il emprunte en fabriquant des faux... Le pauvre Efix
essaie en vain de le ramener à la raison : mais Giacinto a deviné que
c'était lui qui avait tué Don Zance pour défendre le souvenir de Lia ;
il tient Efix par la peur. Les événements se précipitent : les huissiers
arrivent, le coupable s'enfuit, Ruth meurt de douleur. Que devenir ?
Il n'y a qu'une solution : c'est que Noémi accepte d'épouser son cou-
sin Don Prédu, qui rêve d'acquérir ainsi tout le domaine... Mais elle
refuse, car, secrètement, elle continue d'aimer Giacinto. Alors, Efix
se sacrifie ; il a soif d'expier. Il court les routes avec les mendiants ;
et le beau neveu, qui s'est réhabilité en travaillant courageusement
chez un meunier, épouse Griscenda. Noémi devient enfin raison-
nable. La maison est sauvée. Efix peut revenir, et il expire, heureux
et apaisé, le jour même du mariage. Tout ce récit, admirablement
conté, avec les nuances les plus délicates, se déroule dans le décorde
la petite vie sarde, qui rappelle étrangement celle de nos provinces
méridionales ; aussi ne s'étonnera-t-on pas du plaisir et de l'émotion
avec lequel j'ai lu ce délicieux volume, plein de couleur, de poésie,
de mouvement, de lumière et d'esprit. Cela rappelle Pouvillon. Al-
phonse Daudet. ^ et même, par endroits. Mistral. On entend bien
que je ne saurais adresser à M""" Grazia Deledda un plus bel éloge.
33. — Nous voici dans les pays fabuleux avec le conte hindou : Un
Doigt de la Lune, que M. F.-^^'. Bain a mis en anglais. C'est l'histoire
■du roi Suryakanta, qui devient amoureux delà princesse Anangaraga,
— 56 -
à laquelle, pour l'obtenir, il faut proposer une énigme qu'elle ne sauiaR
résoudre. Connme on a vingt jours pour l'interroger, voilà matière
pour vingt contes ingénieux, et quelquefois brutaux. La princesse
-devine tout. A la fin le roi, agacé, lui dit : « Quelle question devrai-
je donc te poser? — Tu as deviné ! » lui répond Anangaraga. Ce n'est
pas plus malin que cela. Et l'amour leur est si doux que Skiva les
fait mourir pour qu'ils n'aient point la tristesse de le voir diminuer.
.34. — Enfin, nous revenons à la réalité, pour finir, avec les Souve-
nirs d'un maître d'école américain, que M. Angelo Patri a intitulés :
Vers Fécole de demain. C'est un livre très adroit sous son apparente
simplicité. On y voit l'auteur débarquant d'Italie, souffrant dans les
anciennes écoles américaines, devenant professeur et enfin directeur
d'un de ces immenses établissements primaires de New York, où s'en-
tassent jusqu'à 4.000 élèves. Au jour le jour, nous apprenons ainsi
les idées pédagogiques de l'auteur, ses tendances, ses réformes, qui
se résument dans une lutte contre la vieille discipline, un appel à
l'initiative et une collaboration étroite avec les parents. Il dit avec
un de ses anciens maîtres : « Ce qui a du prix, ce n'est pas ce qiie
vous enseignez à ces petits. Ils oublieront presque tout ce qu'ils auront
appris. Ce qu'il leur faut, c'est l'habitude de la pensée libre, et le
goût, l'esprit et l'âme du travail. » M. Ferdinand Buisson, dans la
Préface, approuve naturellement tout cela sans réserves. Pour nous,
cet intéressant ouvrage a le défaut capital de remplacer par la ^ pensée
libre », dont les bambins n'ont que faire, les indispensables croyances
religieuses. L'enfance sans Dieu ! Comment peut-on concevoir cela ?
Cependant, dans les écoles de New York, la journée s'ouvre par une
« assemblée », à laquelle prennent part tous les écoliers et qui est
consacrée h la lecture de la Bible et à des exercices religieux et mo-
raux. Mais M. Patri ne nous parle de cette « assemblée » que comme
d'une corvée inutile. Et c'est un homme de chez nous, un Latin, qui.
a de semblables idées ? Je ne m'en consolerai pas.
Armand Praviel.
THÉOLOGIE
Cours supérieur de religion, par Louis PiaNFi,. H. L'ÉfjJise. III. /.es-
Mystères. IV. La Grâce, l^aris, Beauchesne. I91S. 3 vol. in-18 de vi-348.
xi-297 et vn-;284 p. — Prix : T. II, 3 fr. 50 ; t. III, 4 : t. IV. 3 Ir. SU.
M. l'abbé Prunel a pu heureusement continuer pendant la guerre-
son cours d'enseignement religieux, à l'inslilut catholique de Paris.
L'auditoire de jeunes filles instruites à qui ces leçons étaient desti-
nées, et que l'intérêt a groupé et ramené fidèlement autour du confé-
rencier, croyait sans doute entendre comme un écho adouci des graves-
— 57 —
leçons Ihéologiques données dans les chaires voisines aux candidats
du sacerdoce.
Nous avons déjà annoncé le premier volume, paru en 1916, et con-
sacré aux Fondements de la doctrine catholique. Chaque année, depuis
lors, nous a valu un nouveau volume, où sont traitées les dilîérentes
parties du dogme : l'Église, les Mystères, la Grâce.
Avec un don de clarté vraiment remarquable, l'auteur expose ces
grands sujets dans leur ensemble, mais en s'arrôlant d'une façon
spéciale sur les points qui lui paraissent ou plus importants, ou plus
intéressants, ou plus actuels.
Ces conférences ne contiennent et ne peuvent contenir qu'un
résumé des grands travaux de nos théologiens ; mais ce résumé n'est
point une simple nomenclature froide, sèche et décolorée ; c'est une-
exposition sobre, vivante et lumineuse. Maître d'un sujet qu'il
domine, le docte professeur sait mettre les principes en relief et sou-
ligner les conclusions qui méritent le plus d'attirer l'attention.
Impossible bien entendu de le suivre ici à travers ces trente-quatre
conférences, dont chacune demanderait une analyse où il y aurait pro-
fit à s'attarder. Signalons seulement, dans le volume sur l'Église, la
conférence sur les Congrégations romaines et la conférence sur les-
rapports de la société spirituelle avec la société temporelle ; dans le-
volume sur les Mystères, les leçons sur la Rédemption, le Sacré-Cœur
et la Vierge Marie.
En traitant de la Grâce, l'auteur rencontrait les problèmes les plus
épineux de la théologie catholique. Il a eu le talent d'en faire saisir
la signification et la portée, et la sagesse d'en proposer les solutions-
les plus autorisées, les plus sûres et les plus satisfaisantes. Nous fai-
sons allusion surtout aux conférences particulièrement intéressantes
sur le péché originel, sur la grâce sanctifiante et sur les rapports de
la grâce actuelle avec la liberté humaine.
L'auditoire distingué devant lequel ces conférences ont été pro-
noncées a dû les entendre avec autant de charme que de profit. Nous-
osons également promettre charme et profit aux nombreux lecteurs-
qui ne peuvent manquer de les parcourir et de les méditer, dans le-
texte qui leur est offert. Christophe Simon.
SCIENCES ET ARTS
L'Evolution des plantes, par Noël Bernard. Paris, Alcan, 1916, in-l(>
do xxx[i-314 p., avec 27 fig. — Prix : 3 fr. 50.
A lire cet ouvrage posthume du regretté professeur à la Faculté de
Poitiers, on a ^'impression de suivre un cours annuel de botanique.
Cette année, le maître envisage plus spécialement l'évolution de»
^ 58' -
plantes et divise ce sujet en trois parties. Il résume tout d'abord ce
que l'on sait de l'évolution individuelle, insiste sur les phénomènes
de sexualité, montre qu'il n'y a pas de critérium précis pour le choix
■des caractères spécifiques des espèces et donne les réponses actuelles
aux trois questions suivantes : Quels sont les degrés et les modes dé
la fixité héréditaire chez les plantes ? Quels caractères doit-on choisir
comme spécifiques ? Quelle est l'amplitude des variations donnant
naissance à des espèces nouvelles ? Il conclut cette première partie par
l'affirmation « qu'il apparaît actuellement à quelques esprits réfléchis
■que l'origine des espèces naturelles n'a pour explication aucun fait
expérimental précis » (p. 140) et qu'il y a lieu de suivre la voie indi-
quée par de Vries dans ses études sur les mutations. La seconde par-
tie, consacrée à l'examen de l'évolution florale dans les plantes supé^
rieures, permet de bien caractériser les Muscinées, les Cryptogames
vasculaires, les Gymnospermes et les Angiospermes. Chez ces der-
nières on peut distinguer des types primitifs tels que les Glumales à
fleurs nues et les Fluviales à périanthe et pièces florales en spirale et
indépendantes, et des types évolués tels que les Orchidées, les Légumi-
neuses et les Composées. Dans la troisième partie l'auteur montre par
des faits qu'au point de vue phylogénétique, les formes adultes et les
formes juvéniles n'ont pas une signification constante. Passant ensuite
-à la symbiose, il met en relief ses analogies avec les maladies causées
par les microorganismes et l'influence des champignons sur l'évolu-
tion des végétaux supérieurs.
Telles sont les grandes lignes de ce cours remarquable par sa
-clarté, son souci constant de présenter les faits sous leur vrai jour, de
les distinguer des hypothèses et d'évoquer des idées. La philosophie de
l'auteur, athée d'après la Préface de M. Costantin, ne se trahit que bien
légèrement dans un passage où l'on peut saisir la croyance à la possi-
bilité de l'origine interplanétaire de la vie. De rares fautes d'impres-
sion : oleuracens pour oleraceus (p. 37) etuberasum pour tuberosum
(p. 154) poranges pour sporanges (p. 219). 11 y a 29 figures très
claires, le titre n'en annonce que 27. J.-B. Martin.
HISTOIRE
Lie» Journaux du trésor de Charles IV le Bel, publics par Jui.es
ViARD. Paris, Impr. nationale, 1917, in-4 de cxi-1834 p.
Bien que la date portée par ce volume soit de beaucoup antérieure
ii la date réelle de sa publication, nous sommes fort en retard pour
•en parler à nos lecteurs et nous nous eu excusons. La distinction
d'ailleurs dont l'Académie des inscriptions a honoré ce monumental
ouvrage en lui décernant le grand prix Gobert, est par elle-même une
— 59 —
assez haute recommandation. Elle consacre la réputation fliiii excel-
lent érudit qui a dépensé de longs labeurs et apporté une critique
solide, consciencieuse, clairvoyante à nous mieux faire connaître l'his-
toire de la France et de ses institutions au xiv" siècle.
L'accueil fait il y a quelques années par le public érudit à la publi-
•cation des Jouriunix du trésor de Philippe VI de Valois a été pour
notre savant collaborateur et bien cher ami un encouragement à abor-
der la publication des Journaux du trésor de Charles IV.
Le principal intérêt de l'Introduction qu'il avait placée en tête de
son premier recueil avait été de mettre en lumière l'organisation du
trésor, de nous en faire connaître le personnel et le fonctionne-
ment. Les journaux de Philippe de Valois, tels qu'ils nous sont par-
venus, ne nous fournissant pas d'exercice complet, force avait été à
M. Viard de s'abstenir de nous présenter un tableau des recettes et
•des dépenses du trésor. Au contraire les journaux de Charles IV,
complets pour quatre exercices, lui ont permis de nous offrir ces
tableaux récapitulatifs.
De ces comptes M. Viard a extrait, pour son Introduction, les élé-
ments de chapitres d'un haut intérêt sur ce que rapportaient au tré-
-sor bailliages et sénéchaussées, monnaies, droits de chancellerie,
droits de traite et de douane, etc. Il a groupé aussi les renseignements
relatifs aux divers cliapitres des dépenses : hôtel, chapelle, argen-
•terie, etc.
Mais ce n'est pas seulement à ce point de vue que son Introduction
-est précieuse pour l'historien ; chemin faisant il nous donne, par
•exemple, une liste des receveurs ; il nous apporte sur l'organisation
de la chapelle des lumières nouvelles ; il nous fournit sur certains
^détails du commerce des précisions utiles ; il a des pages extrême-
•ment instructives sur le rôle considérable joué en France à l'époque
par les Italiens ; il constate que « la France était alors vis-à-vis d'eux
•dans une situation presque analogue à celle de l'empire ottoman,
.avant la guerre de 1914, vis-à-vis des grandes puissances occiden-
tales ; » il n'a garde de négliger ce qui intéresse les arts et il nous
•montre ce qu'on peut tirer des journaux sur l'influence exercée en
JFrance par les artistes italiens.
Ces quelques lignes, si incomplètes qu'elles soient, suffiront à donner
.au lecteur une idée du caractère hautement instructif des nouveaux
•documents mis par M. Viard à la disposition des historiens et de la
façon heureuse dont il a su en tirer parti. Nous ajouterons seule-
ment que les journaux sont édités avec le scrupule que l'on peut
attendre d'un érudit aussi consciencieux, pourvus d'une annotation
«obre mais excellente (telle note nous apporte de tel personnage une
biographie documentée et précise) et de tables copieuses qui répon-
dent à tous les besoins du lecteur. E.-G. Ledos.
— 60 —
Soiifflot ; sa vie, son œuvre, son esthétique (1713-1780), par
Jean Mondain-Monval. Paris, Lemerre^ 1918, gr. in-8 de iv-556 p., a^ec 6»
planches. — Prix : 25 fr.
Correspondance de Soufflot avec les directeurs des Bâtiments
concernant la manufacture des Gobelins (1756- 1780), publiée
par Jean Mondain-Monval. Paris, Lemerre, 1918, gr. in-8 de iv-324 p.
avec une planche. — Prix : 15 fr.
Originaire d'Irancy (Yonne), appartenant à une famille jouissant
d'une honnête aisance mais nombreuse, Soufflot a laissé la réputa-
tion d'un grand artiste et d'un homme d'une probité scrupuleuse, que
la dignité de sa vie et de son caractère ont fait grandement estimer.
Mais il n'avait pas encore trouvé de biographe. M. Mondain-Monval,,
ancien élève de l'École des chartes et de la Fondation Thiers, biblio-
thécaire-adjoint de la Comédie-Française, a obtenu récemment le
titre de docteur ès-letlres en lui consacrant les deux volumes dont
nous venons de transcrire les titres. L'un de ces volumes, simple
recueil de textes, nous montre l'activité que déploya l'artiste comme
directeur des manufactures royales des Gobelins et de la Savonnerie,
en qualité de contrôleur des bâtiments du Roi à Paris de 1756 à 1776 :
ce sont les matériaux, empruntés aux Archives nationales, d'une
histoire de ces manufactures pendant une assez longue période, his-
toire d'ailleurs lamentable faute de ressources suffisantes, que M. Mon-
dain-Monval a résumée dans une trentaine de pages. L'autre est un tra-
vail complet, définitif, sur l'architecte à qui nous devons la construc-
tion du Panthéon, ce grandiose monument auquel est attachée son
universelle et irrévocable réputation.
Mais il ne faut pas croire que là s'est bornée son activité. Il a
conçu de grands projets, qu'il n'a pas tenu à lui de faire exécuter.
Il chercha à achever les grands travaux de dégagement du Louvre, et
proposa la percée d'une voie triomphale dans la direction centrale de
la colonnade du Louvre jusqu'à l'arc de triomphe du Trône. Il ima-
gine des plans pour installer la Comédie-Française sur l'emplace-
ment des jardins de l'hôtel Conti, et pour établir au Louvre la biblio-
thèque du Roi. Il voulut créer un ensemble décoratif sur la rive gauche
de la Seine, avec l'Observatoire, l'Odéon et Ife jardin du Luxembourg ;
sur la rive droite, avec les Champs-Elysées et unegrande voie allant
par Neuilly jusqu'au château de Saint-Germain. Il envisagea la déco-
ration du terre-plein dxi Pont-Neuf, et l'adduction à Paris des eaux
des rivières avoisinantcs pour le service public. La plupart de ses-
idées futent contrariées par les guerres, par l'état des finances royales,,
et aussi par la résistance des privilégiés, des concessionnaires des
bâtiments royaux notamment. Mais on sera frappé de ce fait que, si:
ces projets n'ont pu aboutir du vivant de leur auteur, ils ont tous o\v
à peu près tous été repris et réalisés au xix'' siècle par des hommes-
— fil —
<jue l'on est trop enclin à considérer comme des novateurs et des
•créateurs. M. Mondain-Monval le démontre excellemment, et c'est là
une des thèses les plus significatives de sa magistrale étude. Il l'a
suivi en outre à Bordeaux, à Lyon, à Ueims, à Chatou, à Ménars,
partout où l'architecte a été appelé à donner des avis précieux et des
-conseils éclairés.
Mais M. Mondain-Monval ne s'est pas borné à nous tracer une
•excellente biographie du maître en le plaçant dans son milieu, en
nous racontant ses voyages, en nous faisant part des difTicullés et
•des déboires qu'il éprouva dans sa carrière administrative, en nous
exposant ses relations intimes avec Marigny son protecteur, avec
Vernet, Van Loo, Coustou, Pigalle, Cochin, Berlin, Tronchin, en
nous le montrant amateur passionné de musique et bourru bienfai-
.•sant. 11 a complété ce travail déjà considérable par un tableau com-
plet de la science d'ingénieur de Soufïlot dans la création de la nou-
velle église Sainte-Geneviève (le Panthéon), dans l'emploi des maté-
riaux et dans leur disposition nouvelle, qui en font un chef-d'œuvre
"d'ingéniosité et d'habileté technique malgré les critiques dont le mo-
nument fut l'objet ; il a surtout étudié l'esthétique de Soufflot, à la
fois scientifique et archéologique, basée sur le culte de Rome et de
l'Italie, sur 1 élude raisonnée des procédés de l'architecture gothique
•et sur une doctrine qui dérive du classicisme. « heureuse alliance de
la hardiesse gothique à la simplicité antique », suivant les propres
-expressions de l'artiste. Assurément cette conception présente des
défauts et de graves défauts ; M. Mondain-Monval ne méconnaît pas
•que la création de Soufflot est une illustration savante, mais abstraite
■et morne, d'études comparées sur les églises à coupole ; qu'il s'est
laissé entraîner vers un style lourd et colossal peu en harmonie avec
le génie de notre art national ; que l'aboutissement de théories aussi
bizarrement accouplées et de tendances aussi contraires a préparé
l'outrance classique des époques postérieures ; mais il est obligé de
reconnaître que l'art de Soufflot conserve malgré tout les qualités
bien françaises de mesure, de clarté et de sobriété. A ce titre, Souf-
flot demeure une des figures les plus dignes et les plus intéressantes
de ce xviii" siècle si fécond en artistes divers. H. S.
•Cîens de la vieille France. Rêveries pour le temps présent sur des thèmes
anciens, par G. Lenotre. Paris, Perrin, 1919, in-16 de 321 p. — Prix :
3 fr. 50.
On résumerait assez difficilement cette étude appuyée sur une vaste
lecture et de nombreux documents mis en valeur comme M. Lenotre
sait le faire, et ce livre, riche de détails, vaut plus encore par l'en-
/semble des déductions qu'il impose à tout espnt sincère et loyal. Je
— 62 —
dis que M. Lenôtre a fait là mieux qu'un beau travail, mais une belle
œuvre littéraire et surtout une bonne œuvre historique, en rendant
justice au passé de la France. Il écrit en sous-litre : « Rêveries pour
le temps présent sur des thèmes anciens » ; il est trop modeste, car
ce sont de très grandes et très utiles vérités qu'il met en valeur, un
service de premier ordre qu'il rend à notre pays en éclairant les intel-
ligences. C'est une bonne leçon qui ne perd rien à prendre une forme
attrayante. Jamais il n'aura écrit un livre plus utile. Aussi n'irons-
nous pas le chicaner sur le choix un peu fantaisiste de certains titrer
de chapitres : « Au printemps de nos bisaïeules, — Le Chemin des-
écoliers, — Les Mauvaises Fées, — Le Paradis des voyageurs. » Ils
donnent une impression romanesque inexacte des enseignements-
très graves contenus dans les pages très sérieuses qui les composent.
Ces renseignements multiples ont été puisés dans les Mémoires
contemporains, vieux amis que l'on a plaisir à retrouver. On eût pu
les multiplier encore, tous sont bien choisis. Une impression géné-
rale s'en dégage : la vie heureuse était chose fréquente autrefois parce
qu'elle était morale et sans envie. Avec beaucoup de difficultés, mal-
gré les peines attachées à la nature humaine, sans rêver cette niaise-
rie d'un bonheur sans limites et d'une Société de nations sans nuages,
nos aïeux étaient heureux parce qu'ils savaient se contenter et jouir
doucement des biens de la Providence ; pas égoïstes, ils n'étaient point
avides : donc ils restaient satisfaits. Ayant ainsi souligné la leçon
qui se dégage de ses récits, il suffira d'indiquer, très sommairement,
quelques points de particulier intérêt : une jolie riposte (p. 74) à la
sombre description, dont on a tant abusé, des paysans miséreux dans
La Bruyère ; l'exégèse du mot de Talleyrand sur la u douceur de
vivre » (p. 89) ; la bonne méthode pédagogique de nos pères, dans
les collèges des jésuites en particulier (p. 98) ; sur l'éducation deS'
femmes (p. 129) et- une charmante caricature de l'instruction à la
Genlis (p. 142) ; la mise en opposition de cetto bonne éducation d'au-
trefois (p. 147) avec l'éducation ridicule et souvent infâme découlant
des mœurs révolutionnaires (p. 160); jcli tableau delà locomotion
et des « diligences » de jadis (p. 218) ; une amusante description des-
mornes fêtes actuelles de sous-préfectures (p. 207) et la banalité de
l'hôtel au « confort moderne » (p. 2C8) ; combien était fort et doux
le respect qui attachait les Français à leurs princes comme aux aînés-
de la « famille » (p. 274) ; la grandeur du règne de Louis XVI (p. 297) ;
ce qu'était, à la fin de l'ancien régime, le « Tour de France » des com-
pagnons ouvriers (p. 299) ; etc.. Pour composer les meilleurs tableaux
qu'il fait passer sous nos yeux, M. Lenotre a été chercher parmi les
voyageurs du xviii" siècle qu'il interroge, trois guides très amusants-
et inconnus : un geiitilhommc breton, un jeune bourgeois lorrain^
— 63? —
un artisan provençal. Chacun a sa note spéciale et de l'ensciuLle de-
leurs remarques se dégage une impression commune de bonlieur
social et de paix publique. Ne pouvons-nous pas les envier?
Geoffuoy de Gra>dmaison.
BULLETIN
Les Condilions de la paix sociale, par le canJinal Amktti:. archevêque
de Paris. Paris. Maison de la Honiie Presse, s. d. (1919), iii-18de23 p. — Prix :0 Ir. 15..
Les leçons données en ce mandement de carême 1919 sont d'une oppor-
tunité sur laquelle il n'est pas besoin d'insister. Avec .son habituel souci de-
rallier toutes les âmes honnêtes et toutes les bonnes volontés, S. Ém. le-
cardinal Amctle expose que ce qui nous a fait gagner la guerre est néces-
saire aussi poiu' gagner la paix, cette paix intérieure qui est la première de
toutes, puisque la lutte des classes est la « pire de toutes les guerres. » Il rat-
tache heureusement lensembie des conditions de la paix sociale à ces trois
mots d'ordre ■.justice, esprit de sacrifice, union. Et ces enseignements bien-
faisants ne s'en tiennent pas à de vagues généralités ; à la vertu dejustice,
par exemple, est rattachée une ferme revendication de la répartition pro-
portioruieile scolaire et de la liberté des ordres religieux ; l'esprit chrétien
de sacrifice apparaît comme seul capable de modérer l'actuel débordement
des appétits Jouisseurs ; et, pour assurer l'union, la bienveillance est prè-
cliée, même entre catholiques. Baron Angot des Rotours.
La Semaine «le Su'/elle. 14' année, 2' semestre {t" août 1918-30 janvier 1919).
Paris, (iaiitier «t i.ariguereau. gr. in-8 de -326. p., avec de très nombreuses grav.
on noir et en couleurs. — Abonnement annuel ; France et Algérie, iO fr. ; Étran-
ger et colonies, 12 fr.
Il va de soi qu'un périodique qui s'adresse au jeune âge doit d'abord,
récréer, amuser. Mais sou but ne saurait s'arrêter là ; il faut aussi qu'il mo-
ralise et qu'il enseigne, sans être fatiguant, des choses utiles et pratiques.
Or. c'est le cas de la Semaine de Suzette qui, en outre, est d'inspiration chré-
tienne. Ces pages, aboudainmeut et agréablement illustrées d'images en.
couleurs et de gravures en noir, conviennent dotic absolument aux fillettes.
Du reste, quand celles-ci auront lu la Semaine, elles pourront la passer aux
petits frères, qui s'y intéresseront au même degré, ou peu s'en faut. Ro-
mans, contes, nouvelles, monologvies, saynètes, vers à dire, également des
« variétés y> telles que : Sous habillons Blcuelte (premières leçons de couture,
en somme), puis des Petits Travaux, des initiations au Langage des JJeurs,
des anecdotes et même la description de Jeux de plein air et d appartement ;
voilà ce que, notamment, 1 on trouve dans la Semaine de Suzette, sans
compter ce que nous passons sous silence, avec intention, afin de laisser
aux jeunes lectrices le plaisir de faire des découvertes. E.-A. C.
Portraits parisiens, par Andué Gekmain. Paris. Grès, 1918. in-16 de 243 p. —
Prix : 3 fr. 30.
Des papotages, mais surveillés, avec la recherche du piquant, le goût dit
risqué, le dosage dune certaine « rosserie », qui a le souci de l'informa-
tion et Ihuiueur. semble-t-il, de quelque rancune. Bien entendu, le point
de vue religieux y est traité de haut, avec une liberté d'irrévérence qui se
— 64 —
^nasque de protectrice sympathie. Si des <( snobs » sont crayonnés sans
pitié, le mal n'est pas grand, mais si des auteurs respectables sont carica-
turés sans esprit, cela passe la mesure et du goût et du bienséant. L'ironie
"est une arme délicate. Il ne suffît pas de se prendre au sérieux pour la ma-
nier avec aisance. Il est des sujets où elle n'est pas de mise et des maîtres
<ju'elle n atteint pas. Louis Théron de Mont.\ugé.
La Dimeiis^ion nouvelle, par Lucien-Alphonse Daudet. Paris, Crè?, 1919,
in-12de 142 p. — Prix : 3 fr.
Ce recuei de visions aiguës, intérieures ou extérieures, est écrit avec un
vrai talent. Il est dommage que le ton en soit désenchanté, parfois amer et
que la solitude au milieu du bruit n'inspire à un observateur d'une saga-
cité pénétrante que le goût du néant. L'observateur est doublé d'un poète,
dont la poésie est rude, quant au fond, mais d'une séduction de forme
prenante et vive. Il y a même de l'émotion, et de la plus profonde, mais
■qui s'étouffe dans la sécheresse. Peut-être une âme se dérobe sous l'émoi.
Louis Théron de Mont.\ugé.
La Banque de l'Alyérie, par Bernard Lavergne. Paris, Librairie de la Sociélé
du Recueil Sirey, 1919, in-8 de 54 p. — Prix : 2 fr. 50.
Comme tous les travaux dûs à la plume experte et consciencieuse de
M. B. Lavergne, cette étude, parue en articles dans la Revue d'économie poli-
'tiqae, est une contribution importante à l'histoire économique de notre
grande colonie de l'Afrique du nord. Fondée en 1851 pour remplir en Al-
gérie un rôle analogue à celui qu'a Joué si heureusement la Banque de
France dans la métropole, la Banque d'Algérie a été l'un des principaux
artisans du développement économique de l'immense région soumise à
notre action et OÙ s'étend son privilège d'émission. Le commerce et l'agri-
culture ont trouvé près d'elle, aux heures les plus critiques, un concours
des plus utiles, et pendant la guerre l'État français lui-même a été heureux
de faire largement appel à sa collaboration. Aussi son billet fùt-il, dans
toute l'Afrique du nord, d'une circulation facile et d'un crédit incontesté,
•en dépit de quelques erreurs de tactique que M. B. Lavergne ne cherche
point à dissimuler. Aussi les espoirs que l'auteur entrevoit pour l'avenir
de ce grand établissement de crédit, fortifié par le renouvellement récent de
son monojjole, paraîtront-ils pleinement justifiés à tous les lecteurs de
cette brochure aussi élégamment écrite que judicieusement ordonnée.
F. L.
.Armoriai d'Avallon et de r.Vvaliounais, ou Recueil des armoiries des villes
des corporalions civiles et relujieuses et des familles npparlenant à la réijion qui forme
aujourd'hui l'arrondissement d'Avallon. [['' partie], par M. X. Baudenet. Avallon.
impr. P. Grand, 1917, petit in-8 de 31 p., avec 4 plancties.
Dans ce premier fascicule de l'Armoriai de l'Avallonnais, M. Baudericl a
<jtudiéles armes municipales d'Avallon, de Vezelay et de Chàtel-Censoir.avec
un pseudo-blason attribué à Montréal. Il a décrit ensuite les armoiries des
corps d'offîciers du bailliage, de la prévôté et du grenier à sel d'Avallon,
celles du corps des ofiiciers de l'élection de Vezelay, puis celles des commu-
nautés de marchands et d'artisans de la région, enfin celles des monastères
<?t des chapitres.
Presque tous les blasons des communautés (laïques ou ecclésiastiques)
i
— 65 ~
•ont été tirés de l'Armoriai officiol. dressé on vortii rlo l'édit do 16%. Ce re-
cueil célèbre contient, à côté d'annoirios authenti(jues, présentées par les in-
téressés, des armes arbitrairement créées par les rédacteurs de l'Armoriai,
et par eux imposées aux personnes et aux communautés qui avaient né-
^^ligé de faire la déclaration proscrite, ou qui l'avaient faite en des termes
insufïîsammerit clairs. Les 2;^ blasons attribués aux communautés de
marchands et d'artisans sont de la mauvaise espèce. M. Baudenet aurait dû
«n avertir le lecteur. M. Prinet.
CHRONIQUE
ISÉcnoLOGiE. — .\vec M. Héron de Villefosse, mort le 13 juin, à 74 ans,
disparait un des plus éminents archéologues français. >'é à Paris, le
S décembre 184o, .Vntoine-Marie-Albert Héron de Villefosse, à la suite de
ses études classiques, se fit recevoir à l'École des chartes. Quand il en sor-
tit en 1869. il fut attaché à la section des antiques du Musée du Louvre, el
c'est là qu'il fit toute sa carrière. Conservateur adjoint en 1881 des anti-
quités grecques et romaines, il en devitit conservateur en 1886 ; et la
même année l'Académie des inscriptions et belles-lettres qui, peu aupara-
vant (1882), lui avait décerné l'une des médailles du Concours des antiqui-
tés nationales, lui donnait l'un de ses fauteuils. La même année aussi, il
devenait à l'École pratique des hautes études directeur pour les études
d'épigraphie latine et d'antiquités romaines. Les ennuis que lui causa
l'affaire de la fameuse tiare de Saïtaphernès ne sauraient ternir les mérites
qu'il s'est acquis par ses travaux ni rendre suspecte sa valeur d'archéologue ;
il suffît de rappeler qu'il a. entre autres choses, à son actif l'acquisition
du beau trésor de Boscoreale. Il a fourni une collaboration active aux
recueils scientifiques : BuUelin inonumenlal. Gazette archéologique. Mémoires
de la Société des antiquaires. Revue archéologique. Revue de i Afrique française.
Nous citerons de lui : Des Mesures en usage en Brie au xm' el au xiv siècles
(Paris, 1874, in-4) ; — Rapport sur une mission arcfiéologique en Algérie
(Paris. 1875, in-8) ; — Sur quelques briques romaines du Louvre, lettres à
Monsieur le directeur de l'École française de Rome (Paris, 1880, in-8) ; —
Les Antiquités d'Entrain fNièvreJ (Paris, 1881, in-8) ; — Cachets d'oculistes ro-
mains, en collaboration avec le P. Thédenat (Paris, 1882, tome I", in-8) ; —
Inscriptions romaines de Fréjus, en collaboration avec le P. Thédenat (Paris,
1884. in-8) ; — Le Trésor de Boscoreale (Paris, 1899, in-4) ; — L'Argenterie
el les bijoux d'or du trésor de Boscoreale. Description des pièces conservées au
Musée du Louvre (Paris, 1903, in-8).
— M. Gaston Bonet-Maury, qui est mort à Paris le 23 juin, était un des
membres distingués de l'Église réformée de France. Né à Paris en 1842,
il fit ses études au lycée Henri IV (à l'époque lycée Napoléon) et il prit
tour à tour sou doctorales lettres et son doctorat en théologie. Sous-direc-
teur du Musée pédagogique pendant quelques années (1883-1890), il pro-
fessa depuis l'histoire des religions à la Faculté libre de théologie protes-
tante. L'Académie des sciences morales et politiques lui avait donné en
1908 le titre d'un de ses correspondants dans la section de morale. Voici la
liste de ses principales publications : Les Origines de la Réforme à Beauvais,
l[>32-tô6S (Paris, 1874, in-8) ; — Gérard de Groole, un précurseur de la Ré-
Jorme au xive siècle, d'aprèsdes documents inédits (Paris, 1878, in-8) ; — Quae-
ritur e quibas nederlandicis fonlibus hauserit scriptor libri cui lalulus est « De
Juillet 1919. T. CXLVI. 5.
V
— 6fi —
Jinitaiione Christi » fl38^-i^6ù). Disserlalio cn/àvi (Paris. 1878, in-8) ; —
Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris le..^
7 novembre 1881. Allocution de M. le doyen Lichtenberger. Leçon d'ouverture de -
M. le professeur Bonet-Maury (Paris, 188i. in-8) ; — Les Origines du ehrislia-
nisme unitaire chez les Anglais (Paris, 1881, in-8) : — Musée pédngfrgique et'
bibliothèque centrale de renseignement primaire. Cnt(dogne des ouvrages et do-
cuments (Paris, 1886-1889, 3 vol. gr. in-8, dont un supplémentj ; — Rapports
présentés au Conseil d'administration du Musée pédagogique, le 5 mars 1888,
par M. le directeur A. Benrier et M. le bibliothécaire sous-directeur M. Bonel-
Maury (Paris, 1888, in-8) ; — G.-A. liurger et les Origines anglaises de lu bal-
lade littérnire en Allemagne, thèse (Paris. 1889, in-8) ; — De Opern scholnstica
Fratrum vitae commuais in Nederlandia, Ihesim projtonebat Facultati liltera-
rum parisiensi ad gradum doctor'is promovendus (l'aris, 1889. in-8) : — Le
Cardinal Maury, d'après ses Mémoires et sa correspondance inédits {17^6-1817) ; .
(Paris, 1892, in-8) ; — De l'Unité morale des grandes religions de la terre
représentées au Congrès religieux de Chicago (septembre /<S95) (Paris, I89i,.
in-8) ; — Le Parlement des religions à Chicago (Paris, 1894, in-8) ; — Expo-
sition universelle de Chicago (États-UnisJ. Congrès des religions. Rapport pré-
senté au congrès des églises unitaires dans sa séfutce du 10 septembre 1893.'
(Nîmes, 1894, in-8) ; — Le Congrèa^^des religions à Chicago en 1893 (Paris,.
1895, iii-16) ; — Dieu dans l'histoire (Paris, 1895, in-8) : — De la Signijkalion.
morale et religieuse des fêtes publiques dans les répuliliques modernes (Dole,
1896, in-8) ; — Kiefetla Conver.'iion des Russes au christianisme (Paris. 1897,
in-8) ; — Histoire de la liberté de conscience en France depuis ledit de Nanies
jusqu'à juillet 1870 (Paris, 1900, in-8) ; — Les Premiers Témo'ignages de l'in-
troduction du christ ianistne en Russie (Paris, 1901, in-8).
^ — M. le baron Alphonse de Courcel, membre libre de l'Académie des
sciences morales et politiques, qui est mort au début de juin à 84 ans,
était né à Paris le 30 juillet 1835. Il y avait fait ses études classiques et pris
sa licence en droit, et il était allé chercher en Allemagne le titre de doc-
teur en droit. Entré dans la carrière diplomatique, à laquelle le ratta-
chaient des traditions de fainille, après un court séjour à Bruxelles (1859),
puis à Saint-Pétersbourg (1861) comme atlaché d'ambassade, il revint à.
Paris où il fut attaché à la direction politique du ministère des affaires-
étrangères ; il en devint sous-directeur en 1869, directeur en 1880. Après-
avoir été ambassadeur à Berlin (1881-188G), il se fit mettre en di<i)onibilité
et il brigua en 1892 un siège au Sénat, où il ne cessa depuis lors d(> repré-
senter le département de Seine-et-Oise. Il siégeait au Centre gauche, dont
il devint le vice-président. Il reprit du service diplomatique pour aller re-
présenter la France à Londres (18:)4-1897), puis comme ambassadeur
extraordinaire aux funérailles de (lliristian l\ (1906). 1-^n même temps
qu'un diplomate et un homme politique le baron de Courcel était unliii
et aimable causeur et un érudit sans pédanlismc. La Société de l'histoire
de France, la Société d'histoire contemporaine, la Société d'histoire (lij)lo-
matique, entre autres, s'honorèrent de l'avoir comme président ou vice-
président. Nous citerons de lui : De mutalione l'ihertatis germanicae quoad
fundandam principum super'ioritatem in territoriis regni teutonici dissertatio
(1858, in-8) ; — Ministère des affaires étrangères. Rapport sur les tr(nutux de
In Commission des archives diplomatiques pendant les années IS9I et L'^99 (et'
1893 et 189^1) (Paris, 1893-18!)5. 2 fasc. in-8) : — Société d'histoire diploma-
tique. Notice sur M. le duc de Urogtie (Paris. 1901. in-8)'; — 'Notice sur la
vie et les travaux de Monsieur Louis Buffet (Paris, 1902, in-lG) : — Ministère-
— 67 -
des affaires élruru/ères. Rapport sur les travaux de la Commission des archives
diploinaliiiucs et sur le fonctionnement des services des archives et de la Inhlio-
thèqae, années 189U à l'JOU (Paris. 1904, in-8) ; — Or(jani.<ation des troupes
colordalrs (Paris, 1000, iti-i; ; — Rapports et notices sur les Mémoires dit car-
dinal de Hichelieii, préparés sous la direction de M. J. Lair et le baron de
Courcel (Paris, 1907. T- 1. in-8j.
— M. Pierre Paul-l'raiiçois Cunisset-Cah.not est mort dans les pieinicrs
jours de juin. Né à l'ouilly-eri-Auxois. le 10 mai 1849. il fut d'abord élève
au lycée de Dijou, puis vint à Paris où il fit de brillantes études et fut
reçu docteur. En 1872, il se fit inscrire comme avocat à la cour d'appel de
Paris, puis à celle de Dijon en 1878. Le 11 mai 188G, il était avocat général,.
le 1" décembre suivant procureur généial près la cour d'appel de Dijon.
Ayant épousé la fille du Président de la République Sadi Carnot, il joignit
à son nom celui de Carnot. Il a donné des articles fort estimés à la Revue
des Deux Mondes, à la Revue Bleue, à la Revue scieidifique etc., etc. Parmi
ses ouvrages on peut citer : De la Preuve littérale en droit romain, de la
preuve testimoniale en droit civil français (Paris. 1878, in-8) ; — La Querelle
du président de Brosses avec Voltaire (Dijon. 1888, in-lti) ; — Du Lièvre (Pa-
ris. 1888, in-lC) ; — Vocables dijonnais (Paris, 1889, in-32) ; — Le Petit
Agronome, prender livre d agriculture et d'horticulture (Paris, 1890, in-8) ; —
L'Avocat de tout le monde, guide pratique de législation usuelle... avec toutes les
formules et modèles d'actes» usités dans la pratique (Paris, 1891, in-8) ; — La
Conciliation des affaires, formulaire complet des lois et des actes usuels,... suivi
de : la comptabilité et les comptes faits par Mullaire (Pouilly-cn-Montagne,
1892, in-8) ; — Le Livre d'agriculture (Paris, 1893, in-12) ; — Étrange l'or-
lune (Paris, 1894, in-18) ; — Un Mouvement séparatiste sous Louis XUL
L'Émeute des Lanturelus à Dijon en /630 (Dijon, 1897, in-i6) ; — Conlepour le
jour de Xoel (Paris, 1903, in-16) ; — Flâneries d'un chasseur par les champs,
par les bois et ailleurs (Paris, 1905, in-18) ; — Pour les ch^s.<;eurs. Pailes bien
vos cartouches, calmez vos nerfs (Dijon, in-12). Il donnait au Temps des.
articles estimés sur la chasse et la vie à la campagne.
— Nous consacrerons encore quelques lignes à un des membres les plus
sympathiques du corps médical catholique. M. le D"^ Henri Dauchez, mort
vers le milieu de juin, était né à Paris le 23 juin 1853. Après ses études
classiques, il se tourna du côté de la médecine, fut interne des hôpitaux
de Paris et de l'hospice des Enfants malades et le dévouement qu'il y mon-
tra lui valut une médaille de bronze de l'Assistance publique II se fit rece-
voir docteur en 1883 avec une thèse sur les Éruptions vaccinales généralisées
(Paris, 1883. in-4). Gomme il n'était pas seulement un homme de science,
mais un homme de foi (il appartenait au tiers ordre de Saint-François), il
fut. avec notre regretté collaborateur le D' Ferrand, l'un des initiateurs de
la nouvelle Société de Saint-Luc, Saint-Côme et Saiut-Damien. qui groupe
les médecins chrétiens, et il en demeura jusqu'à sa mort l'actif, dévoué et
aimé secrétaire général. Nouspouvons citer de lui. en dehors de sa collabora-
tion aux revues médicales, les ouvrages suivants : Des Éruptions vaccinales
généralisées (vaccinides) et de quelques dermatoses suscitées ou rappelées par la
vaccination (Paris, 1883, in-8) ; — Notice fdstorique sur l'ancienne corporation
des chirurgiens, dite confrérie de Saint-Côme (Lille, 1884, in-8) ; — Du Diagnos-
tic de quelques accidents de croissance (Lille, 1887, in-8) ; — De la Crémation
et de l'inhumation comparées au point de vue hygiénique, social et sanitaire
(Lille. 1889, in-8) ; — De l'Amygdalite infectieuse et contagieuse (Paris, 1889,
in-8) ; — Des Diverses Variétés d'amygdalites et du caractère contagieux de
— 68 —
Vamygdalile grippale (Paris, 1890, in-8J ; — La Médecine au temps de sainl.
Luc (Lille, 1893. in-8) ; — Nouveau Formulaire magistral de consultations in-
Jantiles (Paris, 1898, in-8) ; — Vade-mecum de posologie et de Uiérapeutique
infaniiles (Paris, 1898, in-18) ; — L'Église Saint-Côme de Paris {1205-1236)
^t l'Amphithéâtre d'analomie de Saint-Cosme {i69t) (Paris, 1904, in-8).
— Le célèbre criininaliste Franz von Liszt, qui vient de mourir à Berlin,
était né à Vienne le 3 mars 1851. d'une famille apparentée au fameux
TOusicien. Il commença ses études dans sa ville natale et les poursuivit aux
Universités de Gœttingue et d'Heidelberg. Privatdozent de droit criminel à
Graz (1875), il fut bientôt appelé (1879) à Giessen comme professeur ordi-
naire ; il passa de là à Marburg (1882), à Halle (1889) et à Berlin (1899). Son
séminaire était l'un des plus recherchés parles étudiants. Gomme criinina-
liste, M. Liszt était l'un des représentants les plus notoires — et en Alle-
magne le plus éminent. — de la tendance qui voit dans la criminalité une
maladie sociale ; et c'est celte tendance que défendait la revue fondée par
lui et par Dochow en 1881 sous le titre de Zeitschrifl fiir die gesanile
Strafrechtsioissenschaft. 11 avait été l'un dos initiateurs et était demeuré
lesecrétaire de l'Association criminaliste internationale. Cela ne l'empêche
pas d'être l'un des signataires du fameux manifeste des 93. Nous citerons
de lui les ouvrages suivants : Meineid und falsclies Zeugnis (Wien, 1876, in-8) ;
— Die falscJie A ussage vor Gericht oder ojfentlicher Behorde nach deulschem und
osterreichischem Recht (Graz, 1877, in-8) ; — Lehrbuch des osier reichischen
Pressrechts (Leipzig, 1878, in-8) ; — Das deutsche ReichsPressrecht (Berlin,
1880, in-8) ; — Das deutsche Reichsstrafrecht (Berlin. 1881, in-8, souvent
réimprimé sous le titre : Lehrbuch des deulschen Slrafreclds) : — Die Reform
des juristischen Studium in Preussen (Berlin, 1886, in-8) ; — Der italienische
Strafgestzeniwarf von 1887, L Buch, allgemeiner Teil, kritisch tjesprochen
(Feiburg i. B., 1888, in-8) ; — Die Grenzgebiete zivischen Privalrechl und
Slraf recht •(lieilin, 1889, in-8) ; — Lasst das Zwangserziehungs-Gesetz Verbes-
serungen uninschenswerth erscheinen ? (Halle, 1892. in-8) ; — La législation pé-
nale comparée. Le droit criminel des états européens (Berlin, 1894, gr. in-S),
<Tvec B. Allmena, L. W. C. van den Berg, V. Berg et autres ; — Die Delikts-
obligalionen im System des biirgerlichen Gesetzbuclis (Berlin, 1898. in-8) ; —
Das Volkerrectil (Berlin, 1898, in-8) : — Das Verbrechen als sozialpnthologisch^
Ersctieing (Dreiden, 1899, in-8) ; — Die Gefnngnisarbeit (Berlin, 1900, in-8) ;
— DieZwangserzieliung{]iiprl\n, 1 901 , in-8), avec Frieda Duensing; — La Légis-
lation pénale comparée. Le droit criminel des États non européens (Berlin. 1902.
in-8) ; — Strafrechtliclie Aufntze und Foriraye (Berlin, 1905, 2 vol. in-8) ; —
Die Reform des Strafuerfahrens (Berlin. 1906. in-8); — Strafbemessung im
Vorentîvurf zu einem deutschen Slrafgesetzbuch (Berlin, 1910. in-8) ; — Die
Reform des Reiclisstrafgesetzbuchs (Berlin, 19l0. 2 vol. in-8). avec L. von Bar.
A. Graf zu Dolina, R. Frank, E. F. Archrott et autres. Son Traité de droit
pénal allemand i\ été traduit en français sur la 7* édition (Paris, 1911-1913,
2 vol. in-8).
— On annonce encore la mort de MM. : M. .\rlot, rédacteur à l'Agence
Ilavas, mort à Asfold (Ardennes). le 13 juin ; — Henri Boltkt, dessinateur,
graveur et illuslraleur de nombreux ouvrages, pour lesquels il avait gravé
ou litiiogiaphié divs compositions qui resteront coiume de curieux docu-
ments sur la vie et la mode féniinine de notre temps, parmi lesquels
f)uvriiges nous rappellerons : Les Modes féminines du xix" siècle (La PlumeJ
<Paris. 1900. in-4) ; Un Siècle de Parisiennex (Paris, 1900) ; Les Modes fémi-
nines au xix" siècle (100 pointes sèches aquarellées au poinçon) (Paris, 1902) ;
— 69 —
Dix dessins choisis d'Auguste Rodin (Paris, d90i), mort le 9 juin; ; — M. Biit-
i.Ani), professeur .-m lycée Charlemagne, mort cri juin ; — Claude Dai,-
GouTTE, doyen de la presse niçoise, fondateur du journal les Échos de A'ice,
mort à 93 ans, le 8 juin : — Lucien Dflaiirolssk. collaboraleiir du journal
le Temps, mort le 31 mai ; — Charles Giraldeau. rédaclcurau l'iynro, sous
le pseudonyme de Filz-Maurice, mort le 7 juin ; — Émilc Gratis, profes-
seur au collège d'Espalion. mort le 1" juin ; — le Dr Jean-Bapliste He.\-
ROT. professeur à l'Ecole de médecine de Reims, puis directeur de cetliv
école de 1896 à 1906, dont on se rappelle une communication récente lue
à l'Académie de médecine où il a décrit une maternité installée dans des-
bâtiments bombardés journellement et à heure fixe, mort dernièrement à
Heims. à làge de 80 ans ; — le K. P. Ange Le Doré, supérieur général
des eudistes, qui fut l'âme de la résistance aux lois contre les congréga-
tions et à qui l'on doit : Lé Vénérable Jean Eudes, premier apolre des Sacrés
Cœurs de Jésus et de Marie. Étude historique (Paris, 1875, in-12) ; Les Sacréa
Cœurs et le Vénérable Jean Eudes, premier apôtre de leur culte. Première
partie: Élude historique ; deuxième partie. Étude théorique (Paris, 1891,
2 vol. in-8) ; La Congrégation des eudistes devant le tribunal de la Seine
(^26 janvier /904r) (Paris, 1904, in-8) ; La Persécution. Devoir des catholiques
(Paris. 1905, in-16) ; Le Sacré-Cœur de Jésus. Son amour d'après la doctrine
du bienheureux Jean Eudes (Paris. 1910, in-12), mort le 10 juin ; — Pierre
Ménard. interne des hôpitaux de Paris, auteur de travaux importants sur
le bacille diphtérique, sur la tuberculose et sur la grippe, mort le 3 juin ;
— Jenn-Claude-Alfred Prost, qui a collaboré à la Revue franc-comtoise et a\i
Moniteur des arts et laisse un certain nombre d'ouvrages parmi lesquels on
peut citer : Le Marquis de JouJJroy dWbbans, inventeur de l'application de la
vapeur à la navigation (Paris, 1890, in-8) ; Le Comte de Ruolz-Montchal,
musicien (Paris. 1890, in-12) ; Fandlle d'artistes. Les Thénards (Paris, 1900.
gr. in-8) ; Deux Œuvres de Greuze. Madame Royale à la prison du Temple et
Mgr le Daupliin au musée de Besançon (Paris. 1903, in-8) : Souvenirs de Bel-
gique et de Hollande. TVi Dessin de Colyer Edouard (Paris, 1908. in-16), mort
dernièrement à Paris, à l'âge de 73 ans ; —t Charles Ravaisson-Mollien,
conservateur des sculptures grecques et romaines au Musée du Louvre,
auteur de différents ouvrages entre autres : Les Matiuscrils de Léonard de
Vinci. Tome VI (et dernier) manuscrit H. de la bibliothèque de l'Institut, A S If
2038 et 2037 de la Bibliothèque nationale, publiés en fac-similés phototypiques,
avec transcriptions littérales, traduction française. Avant-Propos et tables mé-
thodiques (Paris, 1891, in-folio; ; Conjectures à propos d'un buste en marbre
de Béatrix d'Esté au Musée du Louvre et Élude sur les connaissances botaniques
de Léonard de Vinci, mort le 30 mai ; — le général de division Paul Peigné,
lequel a écrit de nombreuses études militaires, notamment sur l'Artillerie
aériennf, puis : Métrographie internationale ("1867. in-18) : Formule pratique
des télémètres (1879. in-8) ; La Topographie automatique ( \SSi , in-4) et à qui
l'on doit la Boussole alidade qui d'ailleurs porte son nom, mort à 79 ans,
le 3 juin ; — l'abbé Charles Sellier, professeur au collège de Notre-Dame
à Guéret, mort le 16 juin.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : Oscar Fay Adams, auteur,
entre autres ouvrages, de : A Handbook of English authors et .4 Handbook of
American authors. mort le 31 avril, à Nortli ïruro iMassachusetts) ; —
John Wallace Baird, professeur de psychologie à Clark University, éditeur
de ï American journal of p.<:ycholugy, mort à Worcester (Massachusetts,!, à
47 ans ; — Cari von Bardeleben, professeur à l'Université d'Iéna, médecirk
— 70- .-
et anatomisle distingué, à qui l'on doit notamment un Atlas d'anatomie
topographique, maintes fois imprimé et un Lekrbuch der sysletnatischen
Analomie des Menschen (Wien, 1906, 3 vol. gr. in-8), éditeur de l'Aiialomi-
scher Anzeiyer, mort récemment ; — Joseph Barrell, géologue américain,
professeur à Yale TJniversity, mort le 4 mai, à 50 ans ; — Lyman Frank
Baum, auteur de livres pour la jeunesse fort populaires aux États-Unis,
mort âgé de 63 ans, le 6 mai, à Hollywood (Californie) ; — le I)'" George
HoDGKs, doyen de l'École épiscopale de théologie de Cambridge, Mass.,
auteur d'ouvrages estimés : Tlie Episcopal Chnrch (t889) ; In Ihis présent
U'orld (1896) ; William Penn (4899) ; The Parsuit of happiness (l906) ; Reli-
(jion in a luorld al war (1917), et -, mort à 63 ans, le 27 mai ; — Alexis Anas-
tay .Julien, géologue, membre de l'Académie des sciences de New York,
auteur de nombreux mémoires géologiques, mort à 79 ans. le 7 mai ; —
Lawrence Morris Lambe. paléontologue canadien, membre de la Société
royale du Canada, dans les Mémoires de laquelle il a publié ses principaux
travaux, mort à 56 ans ; — le D' George William Mould. ancien professeur
du cours des maladies mentales à l'Owen's collège, Manchester, président
de la Medico-psychological association, mort en mars, à 84 ans ; — Her-
miiio Olôriz, correspondant de l'Académie d'histoire de Madrid, auteur,
entre autres ouvrages, de : Fundaniento y defensa de los fiieros (1880, in-8) :
Rescimen historico del anligiie reino de Navarra (1887, in-8), mort en mai,
à Pampelune ; — Abraham Bewor Osborne, libraire antiquaire et généa-
logiste anglais, mort le 3 mai, à Hampstead, âgé de 72 ans ; — Jolm Tho-
mas Page, collaborateur des Noies and qiieries, et de The East London
Adverliser, collectionneur d'autographes, mort à Long Itchington, War-
wickshire, le 16 mars ; — Charles BrinckerhofT Richards, professeur du
agonie mécanique à Yale University de 1884 à 1909, mort à 87 ans, le
21 avril ; — Niels Christian Rom, éditeur connu, auteur de Den danske
Husjlid (1871) ; Haandgerningsboçj fœr Ungdomenen (1875), et de nombreux
ouvrages pour la jeunesse, très populaires en Danemark, mort à 80 ans,
le 26 avril, à Copenhague ; — Henry Morse Stephens, professeur tour
à tour à la Cornell University et à l'Université de Californie, auteur,
entre autres ouvrages, de : Hislory ofthe French Revohilion (1886-1892. 2 vol.
în-8) ; Principal speeches of the stalesmen and oralors of Ihe French Revohdion
(1892, in-8) ; The Slory of Portugal (1891, in-8) ; Allmquerque (1892, in-8) ;
Revolalionary Europe, 1789-18lb (1893, iu-8), mort à 61 ans, le 16 avril, à
San Francisco.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et bei.les-i.ettres. — Le
30 mai, M. Théodore Heinach communique et traduit un fragment d'un
dithyiambe de Pindare décrivant une sorte de carnaval de dieux olym-
piens, récemment découvert en Egypte et publié par MM. (Irenfell et Hunt.
Ce fragment prouve, contrairement à l'opinion des érudits allemands, que
les dithyrambes de Pindare avaient la structure en strophes. — MM Alfred
Croiset, Maurice Croiset et Clermont-Ganneau présentent quelques obser-
vations — Le 20 juin. M. Haussoullier communique à r.\cadémie la lettre
d'un correspondant faisant connaître que les bibliolhè(iues de l'Université
de Beyrouth n'ont pas été gravement éprouvées par les événements. —
M. Franlz Cumonl communique une lettre de M. Stéphane Gsell, qui a
revu récenjment à Madame rimi)ortante dédicace de fidèles de Mà-Bellone,
découverte en 1917. Il ressort de cette revision que l'inscription mentionne
non des haslij'eri ou « porte-lance, » mais des cisliferi ou « porto-ciste »
de la déesse. — M. le comte Durrieu commence la lecture d'une étude sur
— 71 —
■tes lieUiHoiis de. Léonard de Vinci avec le l'rnnrnix Jenn Perrral, qni fit
-peiiilic tM> lilrc des rois de France Cliarles \ III, Louis XII et Fiançois I".
L'existence de ces relations est établie par nne note autographe de Léonard
-de Vinci, conservée à Milan. — Le 27, M. Cncq donne lecture de la suite
de sa coninuinication sur Une Tablette à la cire du musée de Leeuwarden,
en Hollande, qui contient une inscripion en lettres cursives donnant le
texte d'un acte du I" siècle de notre ère, par lequel un paysan faisait une
convention pour la vente d'un bœuf à un citoyen romain. — M. H. de
Castries lit une communication intitulée ; Du nom d' Alhmnljra donné au
palais des souverains à Merrakech et à Grenade.
Lecturks kaitks a l'Académie des sciences morales et politiques. — Le
30 mai, M. Varagnac, conseiller d'État, donne lecture d'une communica-
tion sur les Vues mondiides d'Emilio Caslelar, le plus grand orateur de l'Es-
pagne et son plus célèbre écrivain au xix" siècle. — Le 7 juin, le D' Armand
Delille, médecin des hôpitaux de Paris, lit un travail où il expose le Rôle
moral des visiteuses dans les dispensaires d'hygiène sociale. — M. PouJc^y lit
une communication relative au Statut arménien du mariage et du divorce.
Prix. — L'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance du
•6 juin, a décerné le premier prix Gobert (900Q fr.) à M. Ferdinand Lot
{Lancelot en prose.) et le 2'' prix (1000 fr.) à. M. Philippe Barrey (Les Origines
de la colonisation fram'aise aux Antilles).
— Dans sa séance du 3 juillet, l'Académie française a décerné les ré-
compenses suivantes :
Prix du Budget (poésie) (4.000 fr.), à M. Jacques Debout : Les Morts
fécondes.
Prix Toirac (i.OOO fr.), à M. Marcel Girette : Le Joueur d'illusions.
Prix ;\iontyon. Deux prix de l.oOO fr. : à M^L Jean Giraudoux et Jean Sai-
son (ce dernier n'est autre que notre collaborateur M. A. de Tarlé).
Quatre prix de l.OOO Ir. : à M. de Caix de Saint-Aymour, M"" Henriette
Celarié, MM. Jean-Jules Dufour et de Gibon.
Quatorze prix do .")00 fr. : à MM. Arsène Alexandre : Les Monuments fran-
çais détruits par l'Allemagne ; Oscar Havard, notre collaborateur : Le Prê-
tre-soldat dans r histoire ; Louis Hourticq : Récits et réflexions d'un combattant ;
Edmond Sée : Va Cousin d'Alsace ; Marcel Bloch, le chanoine Alexis Cros-
nier. M"" J. Galzy, José Germain^ ÉmiJe Henriot, Pierre Lasserre. Henri
Malo. René Ristelhuebcr. Georges Gustave-Toudouze, Géo Vallis.
Quinze prix de 300 fr. : à MM. Arnould Galopin : Sur le Front de mer ;
:notre collaborateur Henri Froidevaux : La Grande Route de l'ancien monde ;
Gabriel Timmory : Les Kriehenrinckx ; M°"= Génina Clapier. MM. J. Donat
et J. Signorel. Martial Drouël, Jacques Fierre. le commandant .\. Grasset,
Georges Iloog. labbé Th. Mainage. Edward Montier, G. de Roux. M"« A.
de Villèle. M. Charles Weimann.
Prix Juteau-Duvigneaux (2.500 fr., morale). Deux prix de l.OOÛ fr : à
Mgr Pierre BatifTol et à M. l'abbé P. Pourrat. — Un prix de 300 fr. à Mgr
Kannengieser.
Prix Sobrier-Arnould (2.000 fr., littérature morale). Deux prix de
1.000 fr. : à MM. Jacques Lavoine, mort pour la France (1896-1917) et le
sous-lieutenant Eugène Pic.
Prix Furtalo (l.OOQ fr., littérature utile), à l'ouvrage intitulé : Un Soldai
de France. Lettres d'un médecin auxiliaire, 191^-1917 .
Prix Fabien (3.200 fr., amélioration de la situation morale;. Un prix de
1.700 fr. à M. Jean Vie. — Un prix de 1 000 fr. à M. A. Pinard. — Un prix
».dc 500 fr. à M. Alfred Krus.
— 72 —
Prix Charles Blanc (2.400 fr., questions d'art). Deux prix de 1.000 fr. z
à notre collaborateur M. André Pératé : Sienne, et à Mgr Landrieux. — Un^
prix de 400 fr. à M. Alfred Bel.
Prix Davaine (1.500 fr., prose), à M. Raymond Jubert : Verdun.
Prix Dodo (800 fr., actes de vertu ou de courage). Un prix de 600 fr. à-
M. J. .\ulneau. — Un prix de 200 fr. à M. de Montmorillon.
Prix de Jouy (1.400 fr., étude de mœurs actuelles). Deux prix de 500 fr.,
à M. Robert Guiilou : La Française dans ses quatre âges et à M"' Marguerite
Coniert. — Un prix de 400 fr. à M. Charles-Maurice Chenu.
Prix Jules Favre (1.000 fr., œuvre de haute littérature faite par une
femme), à M""' Marguerite Combes : Hélène enchaînée.
Prix de Joest (2.000 fr., ouvrage utile au bien public). Partagé également
entre MM. Albert Cassagne et Gabriel-Tristan Franconi.
Prix Thérouanne (4.000 fr., travaux historiques). Troix prix de 1 .000 fr. ;
à MM. Julien Rovère, l'abbé A. Sachet et Ph. Sagnac. - Deux prix de
500 fr. : à MM. l'abbé Ferdinand Gaugain et Marc de Viiliers.
Prix Tliiers (2.800 fr., littérature et travaux historiques). Un prix de
■1.800 fr. à M. A. Gérard ; un autre de 1.000 fr. à M. Frédéric Barbey.
Prix Bordin (3.000 fr., haute littérature). Partagé également entre
MM. Albert Cherel et Emile Ripert.
Prix Marcellin Guérin (5 000 fr., tous genres de littérature). Deux prix
de 1.000 fr. à MM. René Lote et Georges Maspero. — Six prix de 500 fr. :
à MM. ïh. Delmont, Albert Mahaut, l'abbé G. Mugnier, l'abbé J. Pasquier,
André Soulange-Bodin et Paul Vergnet.
Prix J.-J. Weiss (1.000 fr., ouvrage en prose de pur style classique), à
M. Camille Mauclair : Charles Baudelaire.
Prix Saintour (3.000 fr., étude de notre langue), à M. A. -M. Foulet : Le
Honian de Renart.
Prix Langlois (1.200 fr., traduction d'un ouvrage), à M""= Odette Rai-
mondi Matheron : .Alan Seeger, le poêle de la Légion étrangère.
Journées grégoriennes de Lourdes. — Le goût des chants liturgiques
se répand assez, grâce à Dieu, en France pour que l'on puisse espérer que
les « journées grégoriennes » qui sont organisées à Lourdes pour les 26, 27
et 28 août par la Société des amis du grégorien seront fréquentées et auront
un plein succès. Elles auront « un caractère d'enseignement et de démons-
tration avant tout pratiques et ne comporteront pas de discussion sur des
questions d'école ou d'ordre scienlifique. Le premier jour, Dom Lucien
David fera une conférence sur lart grégorien et la prière chantée et
M. l'abbé Los place une communication sur le chant grégorien, chant émi-
nemment populaire ; le 28, M. le chanoine Marty présentera un rapport sur
l'état présent du chant sacré en France. Des auditions de musique grégo-
rienne, une exposition des éditions françaises et belges de chant sacré
complètent le programme de cette intéressante réunion à laquelle on peut
obtenir une carte d'entrée pour 1 fr. 50. Le compte lendu sera publié en
octobre, au prix de souscription de 2 fr. (S'adresser à M. le chanoine Marty,
évêché de Perpignan).
Paris. — Les Vingt-sept lettres inédites de Callierlne de Médicis, que
M. Bagucnault de Puchesse vient d'imprimer dans le Bulletin philologique
et historique [jusqu'à il Ib] du Comité des travaux historiques, année 1917
(Paris, Inipr. nationale, 1919, in-8 de 32 p.), apportent un très utile com-
plément à rénorme correspondance de la Reine-Mère, dont notre très dis-
tingué collaborateur, après M. de La Fcrrière, a publié dans la Collection
— 73 —
de Documents inédits, les derniers volumes. Ces lettres, qui viennent de
sources bien diverses, tirées de collections publiques cl de collections pri-
vées, et qui se répartissent sur une période de trente-cinq ans. de <552 à
1587, ajoutent bien des détails intéressants sur des faits et des person-
nages jusqu'ici imparfaitement connus. Particulièrement importantes-
sont les quatre longues lettres adressées à Guillaume de l'Aubespine, baron
de Ghàteauneuf-sur-Gher, ambassadeur en Angleterre (n. 23 à 26 de cette
série). Ces nouvelles lettres de Catherine sont précédées de substantiels-
éclaircissements historiques, et accompagnées d'une annotation pleinement
satisfaisante dans sa sobriété.
— Nous avons signalé en son temps le travail considérable consacré par
M. Albert Isnard à J.-N. Delisle. M. Henry Omont a retrouvé au départe-
ment des manuscrits de la Bibliothèque nationale des lettres dans lesquelles-
l'illustre astronome et géographe donnait au comte de Maurepas et à
l'abbé Bignon des détails sur ses travaux en Bussie, qui complètent et pré-
cisent sur certains points ce que nous en connaissions par l'étude de
M. Isnard : Lettres de J.-.\. Delisle au comte de Maurepas et à l'abbé Bignon
sur ses travaux géographiques en Russie f 1726-1730). (Extrait du Bulletin de
la section de géographie du Comité des travaux historiques, 1917. Paris, Impri-
merie nationale. 1919, in-8, de 39 p.).
— Désireux d'étendre autant que possible le bénéfice de leur expérience,
des conférenciers maîtres en l'art de la parole ont réuni dans une courte
brochure intitulée : Pour parler en public (Paris, Berger-Levrault, s. d.,
petit in-12 de 28 p. Prix : 0 fr. 75) les conseils les plus pratiques elles plus
utiles à quiconque a le désir ou le devoir de conquérir, d'entretenir et d'in-
téresser un auditoire.
— Trop de fidèles, hélas ! croient pouvoir se dispenser de donner leur
cotisation au denier du culte, oubliant qu'il ne s'agit pas là dune aumône
surérogatoire, mais d'une dette et d'une stricte obligation de justice : on
ne saurait trop recommander par conséquent la difTusion du tract publié
sur ce sujet par M. Jean Guiraud : Le Denier du clergé, un devoir urgent
(Paris, Œuvre des tracts, 5. rue Bayard, 1919, gr. in-8de 2 p., 0 fr. 25 les 15 ;
t fr. 50 le cent : 10 fr. le mille).
— .\ux esprits préoccupés des reconstructions nécessaires, l'évêque de
Châlons, Mgr Tissier, montre que le Seigneur Jésus est le seul guide des
consciences et des vertus : c'est le sujet de sa lettre pastorale intitulée : Sur
les pas du Maître (Châlons-sur-Marne, impr. du Journal de la Marne. 1919,
in-8 de 30 p. i. On y retrouve l'éloquence et le sens de lopportunité qui dis-
tinguent les œuvres du zélé prélat et lui assurent l'audition de ses con-
temporains, même les moins attentifs.
— La librairie de la Bonne Presse fait paraître le 22* volume de r.4/i-
nuaire pontifical catholique rédigé par Mgr Albert Battandier (1919, in-8 de
872 p.. avec 17S illustrations. Prix : 10 fr.). Aux listes très détaillées
et très soigneusement mises à jour de cardinaux, archevêques, évèques et
prélats, on a joint des particularités intéressantes sur les diocèses et mis-
sions, sur les sanctuaires et pèlerinages, et sur l'état actuel des ordres re-
ligieux. Un article fort savant et très richement illustré est consacré aux
armoiries épiscopales. Enfin, comme les volumes précédents, celui-ci donne,
à la suite de l'article relatif à chacune des Congrégations romaines^ une
analyse des principales décisions rendues au cours de l'année écoulée. Cette
publication, dont l'éloge n'est plus à faire, rendra de grands services non
seulement aux prêtres, mais aux bons catholiques désireux de se tenir aii.
courant de la vie extérieure de l'Église,
— 74 -
— Depuis le 21 juin derniei-, trois grands périodiques : le Monde illuslré,
îla Hevue française et la Revue du Joyer ont fusionné, dans le but, dit un pro-
gramme que nous avons sous les yeux, « d'édifier une maison puissante.
Les familles françaises posséderont là une publication d'une irréprochable
tenue morale et d'une incomparable valeur artistique et littéraire. M Henry
Bordeaux, de l'Académie française, écrira, en tête de chaque numéro, une
chronique de la Vie française. M. Antoine Redier, qui conduisait au succès,
quand la guerre a éclaté, sa belle Revue française, donnera chaque semaine
un Courrier de Paris. Ce magnifique périodique, où l'actualité sera ample-
ment représentée par l'image et par des articles, publiera « in-extenso toutes
les conférences du Foyer. La Société du Foyer va prendre désormais une
immense extension et ses conférences dépassei'ont, par l'attrait des sujets,
léminente qualité des orateurs, la haute inspiration française du pro-
gramme, tout ce qui a été fait jusqu'ici. » Un soin extrême sera apporté au
choix des romans. Pour débuter, l'on a fait une place aux premières pages
d'une œuvre, captivante au plus haut point, de M. G. Lenotre : Im Femme
sans nom. Il serait vraiment trop long d'insister, par le détail, sur ce que
l'on trouve dans les six premiers numéros parus depuis la fusion. La Par-
tie technique du Polybiblion en insérera d'ailleurs régulièrement les som-
maires. — Le prix de labonncment annuel est de 72 fr. Toutefois des
abonnements de six mois (1" juillet-31 décembre 1919) seront acceptés, à
titre exceptionnel, pour les membres de la Société bibliographique, au
prix réduit de 30 fr. Dune manière générale, on peut demander un abon-
nement d'un an, de six mois ou de trois mois et même, si on le préfère,
souscrire un abonnement d'une année payable à raison de six francs par
mois (Paris, 13, quai Voltaire, VIP arr.) — Nous souhaitons cordialement
le plus grand succès, très légitime d'ailleurs, au nouveau Monde iUuslrr,
transformé, agrandi, complété par la Rinnie française et \e Foyer.
— La librairie Gauthier-Villars vient de lancer la 1" livraison d'un
périodique mensuel de grand format (32 centimètres sur 25 1/2), unique-
ment consacré aux choses de l'air et intitulé : L'Aéronautique. Publiée avec
la collaboration de la Direction aéronautique militaire et maritime, luxueu-
sement éditée, abondamment illustrée, elle contient une partie documen-
taire, une partie historique et une partie technique. De ÏAverlissemenl
placé en tète du premier no, nous extrayons les lignes suivantes : « La
revue l'Aéronautique s'adresse à tous. Les constructeurs, tous les ingénieurs
ont besoin d'être tenus sans cesse au courant des perfectionnements que
chaque jour apporte. Les pilotes ont besoin de savoir quels horizons nou-
veaux ils vont avoir à franchir Le public a besoin de comprendre à quelle
œuvre immense se dévouent victorieusement les ingénieurs, les aéronautes '
et les pilotes, et ce travail ne sera pas la moindre utilité de la revue de
l'Aéronautique (Paris, 55, rue des Grands-Augustins, VI' arr. — Abonne-
ments : France, 40 fr. ; Union postale : 50 fr. ; le n" 3 fr. 50).
— Toujours intéressant, le Bulletin de la Société historique dWuteuil et de
Passy. Voici son n" XCIX, n° 8 du tome IX (1er trimestre 1919, gr. in-8,
paginé 229-200, à 2 colonnes). Il renferme les articles ou études ci-après ;
Léon Lecerf, par M. Louis Batcavc (p. 229) ; — Marie-Antoinette à Bagatelle,
par M"" Marguerite de Saint-Gcnès (p. 230-236, avec 3 portraits) ; — Une
OEuvre militaire belge peu connue du xvP arrondissement, par M. A. L'Esprit
(p. 236-237) ; — Le Mesmérisme à Passy au xvui' siècle, par M. le D"" E. •
(îhatelain (p. 238-249) ; — Ce que coûtait un soldai de la milice au village
d'Auleuil (en 1690, sous le régime des milices provinciales), par M. Louis
— 75 —
Oîalcnvi' (p. 2i9-2")l) : — Le Grand Aduersaire de In mm'upie nlleinniide nu
XVIII" siècle. Piccinni, par M. C. Leroux-Cosbron (|). 251-260). A travers ce
numéro sont jetées dos notes curieuses ou instructives : Le Sens du mol
•« hôlcl » ; ]'eiUe après décès de M. Gruel, de Passy ; Maison d'éducation <( géo-
méiriqne » à Chnillol (1T!)1) ; Madrid et la Muelle ; Offre d'un valel de chambre
■d'sspèce rare (un Vileniand, 1780) : Horace et J. Janin : Tihur et Passy).
— La Bibliothèque de la mairie du Vile arrondissement avait publié son
«catalogue en 1904 ; elle y avait joint en 1908 un supplément, malheureu-
sement tiré à un nombre fort restreint d'exemplaires. Sous l'impulsion
réconde de M. Coyecque. le bibliothécaire actuel. M. J. Vacquier, a rédigé un
nouveau catalogue mis au point et d'après les nouveaux principes.
M. Vacquier indique la manière dont, à son sens, doit s'opérer peu à peu
ilc rajeunissement et le renouvellement de cette l)iblioUièque, dans laquelle
actuellement l'histoire et les romans tiennent la première place : llépn-
bliqne française. Mairie du Vll^ arrondissement flJG, me de Grenelle j. Biblio-
thèque municipale de prêt graluil à domicile. Catalogue (l'aris, impr. de C.
•Pailhé, 1918, in-12 agenda de xx-323 p.).
— La liste pour 1919 des nouvelles acquisitions des bibliothèques muni-
cipales ne comporte pas moins de 5:23 ouvrages, qui. d'une manière géné-
rale, nous paraissent assez bien choisis. Le catalogue en a été dressé par
M"' Louise-Marie Ferré : Préfecture de la Seine. Bibliothèques municipales de
Paris. Liste de nouvelles acquisitions année 1919 (Paris, impr. Plon->'ourril et
•€'% 1919. in-8 agenda de xiv p. et 127 pi. et la table paginée 128-135, avec
planche). M. Ernest Coyecque y a mis en guise d'Introduction, quelques
considérations jiidicieuses qui exposent une doctrine des achats, et M. G.-
!E. Berlin y a joint en guise d'appendice une Liste d'ouvrages de fond concer-
nant ta musique. L'auteur précise nettement que, sans prétendre dresser
■une liste critique il a voulu « seulement indiquer ce qui, à notre avis,
•constitue le nécessaire. » Et sa liste sera certainement pour le bibliothé-
caire un guide précieux.
Anjou. — S. É. le cardinal Luçon est un fils de la Vendée angevine, qui
-s'enorgueillit justement d'avoir donné le jour à l'éminent et courageux
prélat. .Notre collaborateur M. H. Baguenier Desormeaux, dans l'excellente
<'squisse qu'il nous ofl're de cette belle figure {Éludes vendéennes, notes d'un
vieu.r chercheur. Un grand Vendéen des temps présents : S. É. le cardinal
l,uçon, archevêque de Reims. Fontenay-le Comte. Lussaud. 1919. in-S de
i>2 p., avec portrait. Extrait de la Revue du Bas-Poitou) se plaît à souligner
les liens qui rattachent le grand cardinal à la petite patrie à laquelle il est
«demeuré attaché de tout son cœur, à laquelle il est fier d'appartenir et
dont il est bien un des types les plus représentatifs. Mais M. Baguenier
■Desormeaux n'oublie pas dans quel relief la guerre a mis cet humble
prêtre qui a toujours repoussé comme une charge trop lourde les hon-
aieurs dont on l'a comblé, mais que là grâce de Dieu a toujours élevé à la
"hauteur de toutes les tâches qu'il a dû assumer, et une bonne partie de
son mémoire est consacrée au rôle admirable de Mgr le. cardinal arche-
vêque de Reims pendant le cataclysme qui a trop longtemps bouleveisé
3a France.
Bretagne. — M. Le Guennec, malgré sa mobilisation, a continué à étu-
dier les localités du Finistère, leurs archives et ce qui leur reste d'anciens
souvenirs. Les Archives de Lesquifpion et l'archiviste breton Jean-François Le
Clech {Bulletin de la Société archéologique du Finistère et tirage à part, in-S
de 14 p.), donnent de très intéressants détails, malheureusement trop sou-
— 76 —
\ent émailJés d'erreurs typographiques qui en rendent la lecture diffîciie-
Une Excursion archéologique dans la commune de Guimaëc {Bullelin de lœ
Société archéologique du Finistère, tome XLV et tirage à part. Quimper, impr.
Cotonnec, 1918, in-8, de 66 p. avec carte) fournit une très sérieuse étude
archéologique et historique de cette commune, de ses vieux logis, même
de ceux qui sont aujourd'hui disparus et des familles qui les ont possé-
dés. C'est une contribution particulièrement utile à l'étude si attachante
de cette Bretagne que nous connaissons si mal encore. Souhaitons que-
Tauleur continue ses voyages de découverte.
Limousin. — Dans les Communes limousines et les Anglais au moyen âge
(Limoges, impr. Ducourtieux et Goût, 1918, in-8 de 28 p. Extrait du Bulle-
lin de la Société archéologique et historique du Limousin), M. Paul Ducour-
tieux, — estimant qu' « au moment où la France et l'Angleterre sont étroi-
tement unies, où leurs armées combattent ensemble pour chasser les Aus-
tro-Allemands, il peut paraître intéressant de montrer les excellents
rapports qui existaient entre les communes limousines et les Anglais, au
moyen âge ». — raconte ce qui s'est passé, dans cet ordre de choses, de 1 1 80
à 1372 dans diverses communes du Limousin, principalement à Limoges
(cité et château), à Saint-Léonard, Saint-Junien et Brive. Et il conclut que
les « communes limousines agissaient moins par patriotisme que par inté-
rêt dans leurs actes de soumission » et qu'enfin « le jour où l'idée de
patrie s'est développée chez ces communes, elles ont contribué à chasser
les Anglais avec la même fermeté qui leur avait fait repousser les offres de-
Charles V, lorsqu'elles étaient liées au roi d'Angleterre par leur serment
de fidélité. »
Maine — Les trois études qui composent le premier fascicule du tome
XXXIX de la deuxième série du Bulletin de ta Société d'agriculture, sciences
et arts de la Sarthe, qui correspond au tome XLVII de la collection (Le
Mans, impr. Monoyer, 1919, in-8 de 80 p.) se rapportent à des sujets scien-
tifiques. En voici l'indication : Note sur la flore du marais de Louzier, àAssé-
le-Boisne, par MM. l'abbé Letacq et Ed. GerbauU (p. 13-20) ; — • Excursions
mycologiqacs faites en 1917 et 1918 dans le nord du département de la Sarthe,
par M. Letacq (p. 2 1-46); — Guide paléontotoglque pour les terrains de la Sarthe.
Brachiopodes jurassiques, par M. de la Bouillcrie, (p. 49-80). A noter aussi
deux poésies : Le 75, par M. Renard et Chopin, par M. Bouvier.
Poitou — M. Edmond Béraud est un journaliste toujours sur la brèche-
depuis quarante années au moins, serviteur passionné de nos traditions-
nationales. « Avant de rejoindre ses aïeux dans la terre où ils reposent. »
il a voulu « fixer l'histoire de sa famille issue de cette vieille bourgeoisie
rochelaise dont l'empreinte a été ineffaçable. » Et, de fait, dans l'étude qui
nous occupe sur Une Famille rochelaise et bas-poitevine (Revue du Bas-Poi-
tou et tirage à part, Fontenay-le-Comte, H. Lussaud, 1919. in-8 de 51 p.}
nous trouvons une notice très suffisamment objective des lignées d'où il
est sorti. Los Alquier, qui de La Rochelle étaient venus se réfugier en Bas-
Poitou, en 1020, puis donnèrent à leur cité d'origine des maires, des magis-^
trats municipaux, un député de Versailles à la Cotivciilion, qui devint
un diplomate remarquable, un amiral. Les Béraud, originaires de Sijour-
nais, en Bas-Poitou, et dont le premier connu est ^Nicole Béraud. l'huma-
niste du début du xiv' siècle, le célèbre ennemi de la Sorbonne ; dont les-
descendants ont- gardé la belle vaillance dans la défense des conviclion*:
politiques et religieuses qui sont leur honneur. Il faut souhaiter que par^
tout voient le jour des monographies familiales comme celle-ci.
— 77 —
Espagne. - Professeur d'histoire k la Faculté de philosophie et lettres
de l'Université de Valence. M. José Deleito y Pinucla, dans le discours par
lequel il a ouvert les cours de l'année scolaire 1918-1919, a prononcé un
-véritable et éloquent réquisitoire contre renseignement de l'iiistoirc tel
(ju'il est formulé et imposé par les programmes universitaires espagnols :
Universidnd lilernria de Valencia. Disciirso innugurnl del ann ncndemicn de
tOtS à /9/9. La Ensenanza de la fiistoria en la Universidad espanola y su re-
forma posible (Najencia, tipografia moderna a cargo de Miguel (ïimeno,
1918, gr. in-8 de 167 p.). Le peu ou le manqué de préparation historique
des jeunes gens qui sortent des écoles secondaires, la façon incohérente
dont sont rédigés les programmes, l'obligation pour le professeur de faire
des cours tout à fait généraux lui ôtent à peu près toute possibilité de for-
mer ses élèves au travail scientifique et de donner à son enseignement ce
caractère d'enseignement supérieur qui convient à des cours dUnivcrsité.
M. Deleito y Pinuela, qui étudie le problème depuis des années, ne pense
pas cependant qu'il soit insoluble, et il propose tout un plan de réformes
■ qui permettraient de relever l'enseignement des Universités espagnoles, au
point de vue de l'histoire, à un niveau plus élevé. Livre à lire et à méditer.
— Avec l'année 1919 a commencé de paraître à Madrid une revue men-
suelle, dont le titre est celui même qu'a porté, il y a quelques années, un
recueil international dirigé par M. Paul Bourget. La Cosmopolis espagnole
/Madrid, Sociedad espanola de libreria. Prix : 24 fr. par an) a pour di-
recteur le maître écrivain Gômez Carrillo. Comme l'indique son titre même,
elle a un caractère cosmopolite, en ce sens que, par des traductions d'écri-
vains étrangers, elle ouvre largement l'esprit de ses lecteurs à la connais-
sance du monde extérieur. C'est là un de ces organes qui peuvent le mieux
contribuer à rai)procher les peuples parla compénétration mutuelle, et l'on
ne saurait trop en recommander la lecture à tous ceux qui comprennent
cette belle langue espagnole. En France particulièrement, dans ce pays
qui a contracté tant de liens intellectuels avec l'Espagne et dans lequel à
une époque où la plupart des hommes polis lisaient l'espagnol, il est sou-
haitable que Cosmopolis trouve beaucoup de lecteurs, et aide à faire revivre
"les traditions d'antan.
Italie. — Nous recevons de la librairie Colitti et fils, de Campobasso.
■deux nouveaux fascicules de la Collana di conferenze e discorsi (numéros 56
et 57). Le premier a pour auteur M. Giuseppe Magliano, et pour titre : La
Rinascita dell'anima (1919, in-8 de 28 p.). C'est là la reproduction d'une
conférence donnée à l'Université populaire de Campobasso. le 5 août 1917.
M. Magliano y analyse la crise actuelle de la conscience, dans toutes le.s
-classes de la société, il en recherche les causes et en note les effets dans
la poésie et dans les arts. A l'anarchie morale issue, d'après lui, du
romantisme, il oppose l'esprit de sacrifice individuel et collectif suscité
par la guerre mondiale. Quelques-unes des idées exprimées par l'auteur
appelleraient certaines réserves. — Avec M. le professeur Vittorio G. Gual-
•tieri, nous passons dans le domaine de la pure littérature. L'auteur traite
en 40 pages (1919i. du romantisme calabrais (.Su/ Romantismo calabrese).
•Commentant et, à l'occasion, rectifiant quelques passages de la Letleratara
ilaliana nel secolo XIX, de Fi'ancesco De Sanctis. M. Guaitieri définit le ca-
ractère particulièrement violent de ce romantisme, qui contraste avec le
romantisme conventionnel de l'école napolitaine, et qui n'a pas donné, pour
-des raisons exposées ici avec un certain développement, tous les fruits qu'on
.pouvait en attendre. Domenico Mauro, Campana, Padula, les principaux de
1
— -78 —
ces poètes calabrais, sont bien ignorés du public français ; on aurait sou-
haité trouver, flans la brochure de M. Gualtieri, un plus grand nombre de
renseignements précis les concernant.
États-Unis. — Nous avons reçu un mémoire de M. Ed. W. Berry. extrait
du Bulletin 103 de la Sniilhsonian. Inslilution United States National Mu-
séum, (Washington, Government printing ofïîce, 1918) intitulé : Contri-
butions to tlie geology and paleontology of the catial zone. Panama, and geo-
logically related areas in Central America and the West Indies (in-8, p. 1 5 à
40 et planches 12 à 18U M. E. W. Berry a pu étudier la flore fossile de la
zone du canal de Panama d'après des échantillons des espèces suivantes :
Palmoxylon paliuacites Stenzel (Palmiers) ; Ficus calebrensis, sp. nov. (Mora-
cées) ; Gualteria cnletjrensis, sp. nov. (Anonacées) ; Myrislicophyllum pana-
mense, sp. nov. (Myristicacécs) ; Taenioxyloii nmltiradialam Félix (Légumi-
neuses) ; Inga oligocenica, sp. nov. (Légumineuses) ; Cassia cidebrensis, sp.
nov. (Légumineuses) ; Hiraea otigocenica, sp. nov. (Malpighiacées) ; Banis-
teria praemunlia, sp. -nov. (Malpighiacées) ; Hieronymia Lehmanni Engel-
hardt ? (Eupliorbiacées) ; Schmidelia bejucensis, sp. nov. (Sapindacées) ; Mes-
pilodaphne calebrensis, sp. nov. (Lauracées) ; Calyptranthes gatunensis, sp.
nov. (Myrtacées) ; Melastomites miconioides, sp. nov. (Mélastomacées) ; Dios-
pyros Macdonaldi, sp. nov. (Ebénacées) ; Rondetetia Goldmani, sp. nov.
(Rubiacées) ; fiubiacites ixoreoides, sp. nov. (Rubiacées) ; plus quelques
fragments de Fougères et de Palmiers. Ce qui représente la détermination
de 14 espèces nouvelles. D'après cet ensemble et l'absence de plantes de
montagnes et de rivages bas et vaseux, l'auteur suppose que la flore ter-
tiaire de la légion de listhme de Panama devait avoir le caractère de la-
végétation tropicale humide et devait recouvrir un pays de basses collines.
Publications nouvelles. — A pologétiqtie chrétienne. La Révélation. L'E-
glise, par l'abbé L. Duflot {in-t2, Téqui). — La Saiîite L uc/iaristie, par ï ahhé
Jean Ramel (in-12, Téqui). — Aux pieds du Maître. Médirations eucharisti-
ques, pur A.-L. Masson (in-12, Vitte). — Le Maître est là et ilt'ap]ielle. Visites
an Saint Sacrement, par A.-L. Masson (in-12, Vitte). — Méthode d' interpré-
tation, et sources en droit privé positif, essai critique, par F. Geny (2 vol.
gr.in-8, liibrairie générale de droit et de jurisprudence. — Les Dommages
de guerre, guide pratique, par A. Pavie (in-8, Charles-Lavauzellc). — Le
Travail intellectuel et la volonté, par J. Payot (in-8, Alcan). — L Énergie
spirituelle, par H. Bergson (in-8, Alcan). — VIdéal moral du matéria-
lisme et la Guerre, par J.-L. de Lanessan (in-I6, Alcan). — Essai sur
l'évolution du règne anit?ial et la formation de la société, par M. Bedot.
(in-16, Alcan). — L' Émulation et son rôle dans l'éducation, étude de psy-
chologie appliquée, par F. Qiieyrat (in-16, Alcan). — Psychiatrie de
guerre, étude clinique, par A. Porot, et A. llesnard (in-16, Alcan). — La'
Femme chez les garçons, par J. Galzy (in-16, Payot). — Les Forces à
régler. L'Argent et la Richesse, par G. Deherme (in-18. Grasset). — Pro-
blèmes économiques d'après guerre, par L. de Launay (in-18. Colin). — Essai
sur la politique douanière de la France, par •** (in-16, Payot). — Contri-
bution à l'étude des blocus nouveaux, par J. Alessandri (iii-8, de Boccard)-
— Les Maladies de l'esprit et les asthénies, par le D"^ A. Descbamps (in-8,
Alcan). — Les Médications psychologiques, par le D' P. Janet. T. I (gr.
in-8, Alcan). — Cours d'enseignement ménager agricole, par M"' de Chè-
nek'tle (in-12 cartonné. Vitte). — L'Organisation scientifi</ues des usines,
par Lefort-Lavauzelle (in-12, Cliarics-Lavauzclle). — Les Maladies dU-
papier piqué, par P. Sée (gr. in-8, Doin). — Auguste Rod'in. Z,".l/7, entrer]
à\
— 79 —
tiens réunis par P. Gsell (in-16, Grasset). — La Chanson de RolatiU, trad,-
par H. Chamard (in-18, Colin). — Les /{onces du cœur, par E. l'asquicr
(in-12, Sansol;. — Néron, drame en 4 actes, en vers, par A. Grivot (in-lO,
Perrin). — Une Honnête Femme, par H. Bordeaux (in-16, de Bocrard). — La
liriilure, par A. Davcrne (in-18, Albin Michel). — Le Fléau, roman social
du temps de guerre, par A. Godard (in-H5, Perrin). — Jan Swalue, par
H. Davignon (in-i6, Plon-Nourrit). — Niiiette infirmièie, par T. Trilby
(in-16, Plon-lNourrit). — Titote, par M. .Morel (in-16, Plon-Nourrit). — La
Terre restauratrice, par le v'e de Hoquette- Buisson et Marcel-A. Hérubcl
(in-16, Pajot). — Pour marier Colette, par J. Nesmy (in-18, Grasset). —
Le Rhin hiftorique et léffi-ndaire, par A. Marty (in-18. Grasset). — Ni
ange, ni bête, par A. Maurois (in-18. Grasset). — Aphrodite couronnée,
par G. Mareschal de Bicvre (in-18, Grasset). — Le Sang, par C. Briand
(in-18. la Renaissance du Livre). — Contes de l'arrière, par R. Stoupan
(Maison française d'art et d'édition). — La Torpili; souterraine, par R.
Duny et M. Leieux (\x\-\2. Bonne Presse). — L'Œuvre poétique de Albert
Samain {1858-1900), par F. Gohin (petit in-8, Garnier). — Hors d'œuvre,
par G. de la Fouchardière (in-16, Payot). — De qui est-ce ? (in-16. Grès).
— Hebbel, sa personiialité et S07i œuvre lyrique, par L. Brun (in 8, Alcan).
— Le Culte des héros chez les Grecs, par M. P. Foucart (gr. in-4. C. Klinck-
sieck). — Les Luttes jyrésentes de l'Église, par Y. de la Brière. 4' série {jan-
vier 1916-décembre 1917) (in-8. Beauchesne). — Histoire de la Grande
Guerre, par Y. Giraud. 2' partie (in-8, Hachette). — Histoire de la guerre,
par les combattants (août 1914-juin 1916). par P. Ginisty et cap"' M. Ga-
gneur (2 vol. in-18, Garnier). — La Grande Guerre sur le Front occiden-
tal. IV. Les Batailles de Lorraine {23 août-13 septembre 1914), par le
général Palat (in-8, Chapelot). — Le Revers de 1914 et ses causes, par le
lieul'-coloiiel de Thomasson (in-12, Borger-Levraulti. — Foch le vainqueur
de la guerre, par R. Recouly (in-16, Hachette). — Un type d'officier fran-
çais. Louis de Clermont-Tonnerre, commandant de zouaves (1877-
1918). par L. Giilet (in-16. Perrin). — Dîc Séminaire au champ de ba-
taille. Yves de Joannis {1894-1914], par T. Catta (in-16. Plon-Nourrit).—
Trois Mois au premier corps de cavalerie, par E. Letard (in-16. Plon-Nour-
rit). — Le 201<i d'infanterie en campagne (1914-1918) (in-16, Jouve). —
Le Sang de France, récits de guerre d'un officier de troupe. 1914-1918,
par M. Laurentin (in-16, Bloud et Gay). — Le Chemin des Dames, carnet
d'un territorial, par A. Bessières (in-12, Bloud et Gay). — Mon Sac,
réflexions d'iui soldat de la Grande Guerre, par J. Fleurier rin-12. Édi-
tions de << Foi et Yie »). — Croix et cocarde, par M. de la Boulaye (in-16,
Plon-Noui rit). - — Dans un camp de prisonniers français en Allemagne,
par Une infirmière française (in-l6. Bloud et Gay). — Les Heures merveil-
leuses d'Alsace et de Lorraine, par L. Madelin (in-16. Hachette). — Terres
dévastées et cités mortes, par N. Roger (in-i2. Éditions de « Foi et Yie »).
— En ligne. IJ' Eglise de France pendant la Grande Guerre {1914-1918),
par F. Rouvier (petit in-8, Perrin). — Paroles françaises, par A -D. Ser-
tillanges (in-16. Bloud et Gay) — Témoignage d'un neutre. Les Allernands
en Belgique, 1914-1918, par F. Quiroya (in-16, Belin). — La Roumanie
dans la guerre et dans la paix, par N. Basilesco (2 vol. in-16. Alcan). —
La Révolution russe, par C. Anet. T. IV (in-16, Payot). — Les Partis poli-
tiques et la Révolurion russe, par G. Demorgny (in-16, Payot). — /.'Indus-
trie russe et la Révolution, par L. Labry (in-16, Payot). — Vers la catas-
trophe russe. Lettres de Pétrograd au journal « L' Humanité » {octobr
— 80 —
1917-février 19i8), par B Krilcliewsky (in-16, Alcan). — Histoire des
.Serbes de Eongrîp, par Y. Radonitch (in-16, Bloud et Gay). — Le Monde
oriental et le Problème df la paix, par Basiibeg de Dukagjin (in-16, Per-
Tin). — Le Japon petidant la guerre européenne, i9î4-i9i8, par M. Ri-
baud (in-12, Lethielleux). — Une Politique de la construction après la
guerre. Travaux publics et bâtiment, par G. Hersent (in-8, Payot). — La
Troisième Guerre punique. La Revanche de la Culture, par E.-R. Wagner
•(in-8, Alcan). — Un Grand Ministre de la marine. Colbert {1619-1683),
par G. de la Roncière (in-16, Plon-Nourrit). — Marie-Antoinette et l'Ago-
nie de la Royauté, par Imbert de Saint-Amand (in-12. Lethielleux). —
Danton et la paix, par A. Mathiez (in-18, la Renaissance du Livre). — His-
toire de Lorraine, par R. Parisot. T. I (in-8, Auguste Picard). — Jean-Jac-
ques Rousseau. De l'Ile de Saint-Pierre à Ermenonville [1765-1778), par
L. Ducros (gr. in-8, de Boccard). — Emile Ollivier, sa jeunesse, d'après
3on Jouryial et sa correspondance, par M. -T. Ollivier (in-18, Garnier). —
Le Gouvernement et le Parlement, par H. Leyret(in-16, Alcan). — Le Retiou-
veau catholique. I^es Jeunes avant la guerre, par L. Rouzic (in-12, Téqui).
Les Vies nécessaires, par G. Maze-Sencier (in-16, Marcel Rivière). — L'Ap-
pel de la terre {1915-1918), par François Leterrieii, par J.-H. Ricard
(in-8, Payot). — Créer, par É. Herriot (2 vol. in-16, Payot). — L'Allema-
gne des Hohensollern, 1415-1918, par J.-E. Spenlé (in-12, Berger-Levrault).
— Le Banat, par Y. Radonitch (in-16. Bloud et Gay). — La Batchka. par
Y. Radonitch (in-16, Bloud et Gay). — Histoire 7iatio7iale succincte des
Serbes, des Croates et des Slovènes, par S. Stanoyévitch (in-16, Bloud et
<iay). — L'Armée américaine dans le conflit européen, par le lient. -col''
de Chambrun et le cap"' de Marenches (in-8, Payot). — Histoire des Étals-
Unis d'Amérique {1765-1865), par E Channing ; trad. par G. Guillemot-
Magitot (petit in-8. Colin). — Notes de James Madison sur les débats de la
Convention fédérale de 1787 et leur relation à la plus parfaite Société
des nations, par J. Brown Scott ; trad. par A. de Lapradelle (in-8, Bossard).
— The Energy Resources of the United States : A field for Rec07xstruc-
tion, by G. G. Gilbert and .1. E. Pogue (in-8, Washington, Government
printing office). — The Labor Laiv of Maryland, by M. H. Lauchheimer
^in-8, Baltimore, Johns Hopkins Press). — Catalogue of 7naterials i7i the
archivo gênerai de hidias for the history of the Pacific Coast a7id the
A7nerican Southwest, by G. E. Chapman (Berkeley, University of Califo-
mia Press).
l.e Gcniitl : CHAl'UIS.
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AVIS A ^0S AMIS ET ABONNÉS
Jusqu'à ))ri'senl, le Polybiblioii. doul les frais s'étaient sensiblement
accrus depuis 191.'). avait pu, en réduisant de 12 à 8 le nombre de ses
Uvraiso/is annuelles, maintenir ses prix d'abo/inement ; mais une récente
et formidable augmentation du coût d'impression, résultat de loi dite
des S heures. <jui a frappe tant d'organisations, oblige V Administration
de la Revue à relever ces prix pour l'année i9'20. Assurément celle
augmentalio/i est bien loin d'être proportionnée aux charges nouvelles
auxquelles nous devons faire face ; mais le Polybiblion, qui est une
nécessité haulcnwnl reconnue pour les travailleurs intellectuels, ne compte
plus, depuis la guerre, ses sacrifices. Nul, parmi 410s abonnés, si fidèles
en tous temps, ne refusera de nous continuer ses sympathies et son
concours.
Voici donc les nouveaux tarifs d'abonnement, aussi modérés que
nous, avons pu les établir, qui seront appliqués à partir de 1920, avec
l'espoir qu'ils ne dureront pas.
Partie littéraire seule : France, 25 fr. ■ — Étranger, 26 fr.
Partie technique seule : — 20 fr. — — 21 fr.
Les 2 parties réunies : — 30 fr. — — 32 fr.
En ce qui concerne les membres de la Société bibliographique, qui
bénéficient d'un tarif de faveur, les prix d'abonnement sont les sui-
vants :
Partie littéraire seule : France. 22 fr. — Étranger, 23 fr.
Partie technique seule : — IS fr. — — 19 fr.
Les 2 parties réunies : — 27 fr. — — 29 fr.
En résumé, le suppplémeni temporaire demandé à chacun de nos
abonnés ne s'élève qu'à la somme modique de 10 fr. par catégorie
d'abonnement.
Août-Septembre 1919. T- CXLVI. 6.
— 82 -
PUBLICATIONS
RELATIVES A LA G l ERRE EUROPÉENNE
La Guerre de libération 1914-1918, par le général Zuiu.i?iDE.\.
Paris, Hachette, 1919, 2 vol. in-I6 de xiv-238 et 240 p. — Prix : 7 fr.
Nous avons dit ici même, à mainte reprise, combien il était
malaisé d'écrire l'histoire d'une guerre en cours, combien un récit
ainsi entrepris avant l'heure demeurait nécessairement tronqué et
incomplet, fatalement erroné, inexact faute de documents authen-
tiques, sincères, désintéressés. Si l'on songe que, pour les guerres du
premier Empire, la vérité entière n'est pas sortie encore des archives
historiques de notre ministère de la guerre, on peut juger de la part
d'authenticité, d'exactitude que peut présenter la narration des évé-
nements militaires de 1914-1918. Est-ce à dire que nous devions re-
noncer à voir paraître quelque bon récit d'ensemble des événements
militaires qui viennent de se dérouler, que nous soyions obligés d'at-
tendre un siècle et plus pour posséder le récit définitif de la dernière
guerre, récit qui, naturellemeivt, ne serait lu que par nos petits en-
fants ? Assurément nhn ; mais à condition que nos historiens con-
temporains se bornent a nous donner la narration sommaire des
événements, le récit des faits sur lesfjuels la lumière, la demi-lumière
tout au moins a été faite, sans essayer d'élucider quantité de points
controversés, sans entrer dans des discussions de personnes, de tac-
tique, de responsabilité, etc. C'est en ayant en vue cette méthode,
c'est en bornant sa tentative à cette perspective restreinte que M. le
général Zurlinden vient de publier les deux volumes qu'il a intitulés :
La Guerre de libération, résumé sommaire et analytique des opérations
militaires des cinq années dernières, mais lésumé suffisamment dé-
taillé cependant pour donner une idée d'ensemble exacte de la ter-
rible lutte dont nos sortons. L'ouvrage embrasse la totalité des opé-
rations menées en Europe, en Asie, en Afrique, s'étendant davantage,
comme il fallait s'y attendre, sur les mouvements effectués par les
armées sur le Front occidental, c'est-à-dire là où la lutte fut toujours
le plus dure, là où les deux adversaires sentaient que forcément de-
vait avoir lieu la « décision ». Ea attendant que des travaux de plus
longue haleine viennent éclaircir quantité de données encore mal con-
nus de la Grande Guerre, le résumé de M. le général Zurlinden rendra
d'excellents services ; on peut le recommander comme tel.
Comte de Sérigxan.
l*etite Hi.st«ire de la Grande Guerre, par H. Vast. S*" édition. Paris,.
Df'lagrave, 1919, in-18 de xvi -272 p., avec 12 cartes militaires et 7 cartes
politiques. — Prix : 5 fr.
Voici un excellent petit livre sur l'ensemble de la guerre. L'au-
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tour n'a pas eu d'autre ambition que de présenter au public, à notre
jeunesse, un aide-nnémoire qui permette aux uns et aux autres d'envi-
sager, dans leur suite logique, les grands événements des cinq der-
nières années. 11 y a parfaitement réussi. Convaincu que l'histoire
scientirKjiie de la guerre ne pourra èlre écrite que beaucoup plus tard,
prenant pour guides l'innombrable littérature de détail qu'a suscitée
la lutte sanglante d'hier, surtout les articles de grands pério-
diques, les communications et versions officielles diverses, M. Vast
s'est contenté d'évoquer les principaux personnages, les grands événe-
ments, les dates principales de notre glorieuse épopée. Une série de
19 cartes jointes au volume permet de suivre facilement les opération.s
militaires sans avoir à se reporter à un atlas encombrant, que le lec-
teur n'a pas toujours à sa portée. Très bonne publication, à répandre
et à vulgariser. Comte de Sérignan.
Histoire de la guerre par les combattants (août 1914-juiu
lîHO), par Paul (jimstv et le capitaine Macrice Gagneuk. Paiis, Gar-
nier, 1917-1918, 2 vol. in-16 de 562 et vi-.3o3 p. — Prix : 9 fr. 10.
E.xcellente idée qu'ont eue M. Paul Ginisty et le capitaine Gagneur
de recherclier dans les impressions de ceux qui ont fait la guerre des
récits racontant chronologiquement les événements. Ainsi, en lisant
ces passages divers, défilent sous nos yeux : la mobilisation, les
premiers engagements, l'attaque en Alsace et en Lorraine, le repli de
Belgique, la bataille de la Marne, la course à la mer, la bataille des
Flandres, le Front, la Bataille d'Artois. Puis (ici commence le second
volume), la suite de ces affaires en 1915, la bataille de Champagne,
l'expédition des Dardanelles, la campagne d'hiver 1915-1916. Ce ne
sont pas toujours des noms très célèbres ni des « gradés » très impor-
tants que l'on rencontre parmi ces quelques douzaines de bons té-
moins dont les citations sont choisies et groupées ; mais il règne dans
cespagesunsensvifetnetdeschosesetelles abondent en détailscurieux,
précieux, instructifs. Chaque épisode (il y en a plus de 150; est pré-
cédé d'une courte mise au point de l'événement dont il va être ques-
tion. On aurait peine plus tard à retrouver ces impressions éparses ;
il faut donc souhaiter la continuation et l'achèvement d'un travail
qui porte l'empreinte si importante pour l'iiistoire d'une véracité
sans apprêt et d'une loyauté sans conteste. G.
La Grande Guerre sur le Front occidental, par le général Palat.
IV. Les BnlaiU>'s de Lorraine r23 aont-13 septembre lOl'i. Paris. Chapelot,
1919, in-8 de 295 p.. avec un fascicule d'additions et errata au tome II
de 12 p. et 6 cartes. — Prix : 7 fr. 50.
M. le général Palat continue l'étude qu'il a entreprise de la Grande
— 84 —
Guerre sur le Front occide/ilal et nous donne, aujourd'hui, le tome IV
de son travail, consacré aux Balailles de Lorraine livrées du 23 août
au 13 septembre 1914 (région de Nancy et de la Meurthe). Nous avons
eu l'occasion de remarquer combien était périlleuse l'étude d'opéra-
tions militaiies presque en cours par suite de la difficulté où se trou-
vait l'écrivain de fonder son travail sur des renseigeraenls certains,
authentiques, exacts, même en se livrant aux recherches les plus
minutieuses. Comme preuve de la vérité de cette allégation nous pou-
vons citer le cas du général Palat qui n'hésite pas à nous donner, à
la suite du tome IV dont nous parlons ici, une feuille de 12 pages
d'errata et d'additions à son tome II (combats ou batailles de Liège,
Mulhouse, Sarrebourg, Morhange). Si l'on note que de tous les écri-
vains militaires ou civils qui ont entrepris une tâche identique à celle
assumée par le général Palat, le travail de ce dernier nous parait le
meilleur et le'^mieux documenté, que pensera-t-on des autres? Gomme
nous l'avons dit à propos des volumes précédemment publiés, la
valeur de cette nouvelle production du général Palat est celle d'une
œuvre consciencieuse, le plus solidement établie que l'on puisse sou-
haiter dans les circonstances présentes. Comte de Sérigna.:^.
Le Revers de llil'^ et ses causes, par le lieut*-colonel de Tiiomasson.
rsancy-Paris-Strasbourg? Borger-Levrault. 1919, in-12 de ix-:256 p., avec
3 croquis. — Prix : 3 fr. 50.
L'opinion caressée par quantité de gens, avant 1914, que la future
guerre serait courte a été, comme on le sait, cruellement démentie par
les fails. Il n'est pas moins vrai non seulement qu'elle était celle
d'esprits très avertis, mais qu'elle découlait de quantité de raisons
très plausibles, très fortement étayées. Comme en beaucoup d'évé-
nements humains, la réalité a démontré que tous ces arguments, bien
fondés en apparence, ne tenaient pas debout ; mais, est-ce un motif
pour narguer ceux qui se sont, sans doute, fortement trompés? Tout
de même — avant 1914 toujours — le principe prôné en tactique
était celui de l'ofl'ensive à outrance. Parce que pendant quatre ans,
nous avons vu se dérouler une guerre presque défensive, est on au-
torisé à dire que l'olîensivc n'a pas les mérites que lui attribuait le
Règlement du 28 octobre 1913 sur la Conduite des grandes unités ? Ce
règlen>ent, inspiré comme on sait, par le général Pau, nous venons
de le relire et il ne nous a pas paru si caduc qu'on voudrait nous le
faire croire. M. le lieutenant-colonel dcThomasson, n'est pas, lui, de
cet avis et sonvolurne sur le Revers de JOJ^iet ses causes est un procès,
assez injuste à notre avis, intenté à notre haut commandement pour
la manière dont il a compris et mené les premières opérations en *
191 '(. Assurément, l'écrivain a raison, mille fois raison quand il stig-
nialise les influences poliliqnes néf-'istes fjui conipioniiierit si ;j;iave-
nicnt la solidité do noire étal militaire, ce parlenieiitarisnie cri-
minel ({ui s'opposait par tons les moyens à la rcconslitnlion de notre
force armée au moment même où l'Allemagne doublait ses elfeclifs
et ses moyens matériels d'attaque. Mais M. de Tliomasson eût pu
s'en tenir là. D'ailleurs sommes-nous en situation de porter dès à
présent un jugement définitif sur des événements dont certains sont
à peine connus? Nous ne le croyons pas. Est-ce, d'autre part, le moment
de le faire? Le lecteur répondra après avoir lu le Revers de 191U et ses
causes. Comte de Sérigman.
La 50"" Division au feu. Souvenirs de son commandant. De
la Woëvre à l'Oureq, à l'Aisne et à l'Oise, du 1' août au
— octobre lî>il,par le général F. de Dartein. Naiicy-Paris-Strasbourg,
Bcrger-Lovrault l'JlO, in-lG de iv-20i p., avec 5 portraits et u cartes hors
texte. — Prix : G fr.
Le général de Dartein vivait en famille à Saint-Mihicl quand la
déclaration de guerre le rappela àractivitéet l'y maintint bien après
le 31 août, date à laquelle il devait passer dans le cadre de réserve.
Français et Lorrain, M. de Dartein ne pouvait accepter qu'avec satis-
faction un rappel qui lui permetlail d'entrevoir le retour à la France
de celte moitié de sa province d'origine ravie à notre patrie par l'Alle-
magne depuis quarante-quatre ans. Il partit donc presque avec joie
et prit part, à la tête dune brigade d'abord, puis de la .^6'- divi-
sion, aux opérations de la 6*^ armée, c'est-à-dire aux combats de
Clermont, de Senlis, Sainl-Souplets, à la bataille de LOurcq, à celle
de l'Aisne, etc. — Le travail du général de Dartein : La .56* Division au
feu, est un journal d'opérations remplis de détails précieux et de
renseignements vécus. A ce titre il constitue une bonne contribution
à l'histoire de la ifuerre de 1914-1918. Comte de Séhigxax.
Souvenirs d'un chasseur (août 1914-mars lï)Hi)« par Louis
Thomas. Paris, Perrin, 1919, in-I6 de 147 p. — Prix : 2 fr. 30.
M. Louis Thomas, lieutenant de chasseurs alpins, est un jeune écri-
vain que différentes publications estimées avaient fait connaître au
public lettré bien avant que la guerre fit apprécier en lui un vaillant
poilu. 11 tient un bon rang dans la série des jeunes auteurs que la
guerre a pris au dépourvu et qui s'y sont cependant lancés à corps
perdu. Exempt légalement de toute obligation militaire. Louis Thomas
voit, le 2 août 1914, partir nombre de ses jeunes amis ; tout aussitôt
la pensée de les suivre le hante : « Puisqu'ils vont se battre, pense-t-il,
j'y vais aussi. El puis, il faut avoir vu ça. » On sait le nombre, hors de
toute proportion, de nos jeunes écrivains tombés au champ d'hon-
neur dans cette sanglante guerre. Comme le tlit M. Louis Thomas
(( la corporation s'est bien tenue, les hommes de lettres ont su se
faire casser la figure avec distinction. » Le nouveau volume dû au
sympathique officier n'est pas un recueil d'événements militaires cons-
tituant un récit d'ensemble ; c'est une série de chapitres détachés, de
scènes vécues au Front, racontées avec un talent d'écrivain, d'une cou-
leur et d'une humour très caractérisques. Un patriotisme très vivant,
très entraînant donne à ces pages alertes, parfois gaies, parfois tristes
et impressionnantes, un caractère éducatif qui permet d'en recom-
mander la lecture comme celle d'une œuvre propre à fortifier l'esprit
et tout à la fois le conir. Comte de Sérignan.
Saint-Dié sous la botte. Une Mission imposée par les Alle-
mands en 1914, parEuNEST Colin. Paris, Berger-Levrault, 1919, in-lG
de xvu-81 p. — Prix : 3 fr.
En 1914, M. Ernest Colin faisait, comme adjoint, fonction de
maire de Saint-Dié, en l'absence de celui-ci. La ville ayant été occupée
par les Allemands le 27 août, le général von Knoerzer, qui les com-
mandait, invita aussitôt M. Colin à obtenir du gouvernement fran-
çais « la restitution des femmes et des enfants arrêtés comme suspects
parles troupes qui avaient occupé la vallée de la Bruche, et emmenés
dans l'intérieur du territoire. » Et cela sous des menaces comme en
savaient proférer nos adversaires tant qu'ils se crurent certains de la
victoire. Deux industriels de Saint-Dié accompagnèrent l'adjoint qui
dut, à travers une région battue par le canon des deux partis,
s'arranger pour atteindre le but imposé.
C'est donc, selon l'expression de M.Hinzelin, qui a préfacé ce petit
livre, la relation du a supplice d'un genre spécial » infligé à M. Ernest
Colin que celui-ci expose très simplement. Après des péripéties
variées, le digne adjoint, ayant réussi dans sa pénible' mission, rentra
à Saint-Dié, que les Allemands ne devaient pas tarder à évacuer. Mais
ceux-ci, trouvant que M. Colin ne leur avait pas procuré complète
satisfaction puisque certains prisonniers, retrouvés depuis, manquaient
à l'appel, s'étalent déjà saisis de M™^ Colin, qui fut transportée mys-
térieusement en Alsace comme otage. Ce ne fut pas sans peines ni
démarches aussi longues que difficiles que le mari eut enfin connais-
sance du lieu ovi sa femme était détenue et put obtenir (ju'elle lui fût
rendue.
Ces pages très vivantes serviront également à l'histoire particulière
de Saint-Dié et à celle de la Grande Guerre, dont elle forment un
épisode. E.-A. Ciiaim is.
— 87 —
>ie<Iaii sous la flomiiiaf ion allemuiide ( I fM 'H- 1 f)l 8), pnr Phimphr
Stki'Ham. Paris, (irasset, l'JH». iii-18 de iii-:*iO p. — l'iix : 3 fr. 50.
Les témoignages relatifs aux actes de cruauté, de brigandage, aux
vexations sans nombre imputables aux Allemands dans nos départe-
ments cnvaliis sont trop précis, trop concordants, pour ne pas révé-
ler une implacable méthode onlonnée par les autorités supérieures.
Le livre de M. Ph. Stéphani est bourré de documents ; la plupart
des affiches placardées sur les murs de Sedan y sont reproduites.
On sait que la Gazelle des Ardennes avait pour but de démoraliser
îes populations. M. Th. Stéphani s'étonne à bon droit que la Censure
française ait laissé paraître des articles du Bonnet Rouge, du Popu-
laire, du Pays, de l'Œuvre, susceptibles d'alimenter la rédaction du
journal ennemi. Il juge aussi avec une sévérité qui paraît justifiée le
préfet des Ardennes qui s'enfuit le 25 août i!Ji4, abandonnant ses
administrés après les avoir trompés, et eut l'aplomb de leur adresser
le 11 novembre 1918 une mirifique proclamation pour célébrer la
gloire de nos armes, leur apporter « son salut ému et, avec tout son
creur, sa collaboration la plus active et la plus entière (sicj. » R. L.
En buiferle ! Verdun fl9lG). La Somme. L'Aisne. Verdun (19Î7), par le
lieutenant Fonsagrive. Paris, Dclagrave, 1919, in-16 de 273 p. — Prix :
3 fr. 50.
Le lieutenant Fonsagrive fit son apprentissage de guerre aux abords
•de Verdun, au printemps de 1916. 11 s'initia vite à ses fonctions d'ar-
tilleur, apprit à choisir une position de batterie, à régler le tir, à
observer, et il fait amplement profiter le lecteur de son expérience per-
sonnelle. 11 explique comment s'établissent les abris et les sapes, com-
ment s'opèrent les ravitaillements en munitions. Assurément, pour
quiconque a vécu la vie du Front, même dans une autre arme que l'ar-
tMlerie, ces explications n'apporteront pas des renseignements nou-
veaux, mais ces souvenirs de campagne comportent une suite d'anec-
<lotes agréablement contées. Le jeune officiera servi dans les batteries
<le 75, de lOo et de loo Schneider qui jouèrent un rôle utile à Mau-
repas, à Berry-au-Bac, à Sailly-Sallisel, à Douaumont. II peut être
fier de son groupe, deux fois cité à l'ordre de l'armée et titulaire de la
fourragère aux couleurs de la croix de guerre. R. L.
Avec les chars d'assaut, par le capitaine Mauiuce Gagneur et le lieu-
tenant Marcel Fourmer. Paris. Hachette, 1919. in-16 de x-2U p. —
Prix : i fr. 50.
Le rôle des tanks a été assez important pendant la dernière période
delà Grande Guerre pour qu'un ouvrage relatant leurs gestes, transcri-
vant les impressions des chefs qui en exercèrent le commandement,
des équipages qui les montèieut, ne soit pas assuré d'intéresser au
plus haut point ses lecteurs.
Dès 1915, divers projets d'automobiles blindées capables de fran-
chir des tranchées et d'écraser des réseaux de fils de fer avaient été
mis à l'étude. Le premier tank réalisé, de grandes dimensions, mû
par une chaîne sans fin était dû au colonel Snintonet fut utilisé dans
la Somme par nos alliés en août 1016. Nos chars d'assaut, commandés
aux établissements Schneider et Saint-Chamond ne participèrent
qu'aux olTensives de 1917, et l'on ne tarda pas à leur préférer les
petits chars Kenault, légers et mobiles, dont le général Péfain avait
discerné le mérite. Les auteurs du livre s'initièrent, comme des collé-
giens émancipés, désireux de s'instruire mais aussi de s'amuser, aux
mystères de cette nouvelle arme ; les cours de Marly ne semblent pas
avoir été aussi sérieux qu'on eût pu le désirer, mais dès qu'un Saint-
Chamond leur fut confié, les jeunes officiers' eurent à cœur d'en con-
naître à fond le maniement et d'en tirer le meilleur parti possible
sur le champ de bataille. Les premiers essais donnèrent lieu à des^
mécomptes, et le récit de la manœuvre, exécutée sous les yeux du
commandant de Périnelle, au cours de laquelle un Saint-Chamond,
après avoir sorti d'embarras un Schneider en panne dans une tran-
chée, vient s'enlisera son tour en tentant un autre sauvetage, est
conté avec autant d'humour que de précision technique.
Mais aux expériences amusantes, aux rivalités d'appareils succèdent
les heures graves ; rien n'est tragique comme les aventures d'un char
participant à la bataille du 5 mai 1917, immobilisé à cinquante mètres
de mitrailleuses ennemies, avec ses armes enrayées, ses hommes
blessés, tandis que des explosions soulèvent la terre tout autour, qvie
l'électricité s'éteint et qu'à deux cents mètres de là, on aperçoit par
la fente du viseur un char d'une autre batterie flambant comme une
torche gigantesque.
L'auteur du récit se tira pourtant d'affaire avec de légères blessures,,
parvint à dégager son tank et à rentrer dans les lignes. Il ne s'est pas
borné à décrire ses impressions personnelles ; il esquisse les portraits,
les attitudes, montre le sang-froid, la bravoure du brigadier, du
mécanicien, du pointeur, des mitrailleurs qui formaient l'équipage
du char perdu dans les tranchées ennemies. C'est un des épisodes^
les plus dramatiques qu'on puisse concevoir de cette guerre d'enfer
et l'on sent (ju'il a été vécu. Rogeh Lamblun.
Le Chemin des Daines, carnet d'un Icrrilorial, par Alukut Bessièues.
Paris, Bloud et Gay, 1919, in-d2 de 140 p.
L'ancien « poilu » qui jette les yeux sur ce petit livre est tout
d'abord porté à sourire de dédain : un territorial ! Un « pépère » qui
— 8!) —
a fait la giiorre dans un train sanitaire, dans des iiôpitaux, sur des
chantiers de l'arrière, parmi des G. B. 1)., peuli !... Eh ! hien. pas du
tout ; cet humble prêtre fut bien l'un des tiens par soti aljnégation
totale, ses n)isères. et aussi les dangers courus, car lis-le et lu verras
si, au Chemin des Dames, dans la caverne du Dragon et sous les lafalrs
d'obus qui ne l'empêchaient point de charrier les blessés et les morts,
il fut un u embusqué ! »
M. l'abbé Bessières expose, en effet, quelle fut la vie du prêtre-sol-
dat qui, c( médecin des âmes » par vocation, fut transformé en ma-
nœuvre et en infirmier..., ce qui ne l'empêcha point d'exercer une
action morale profonde sur ses « camarades o de souffrance, et do
leur rendre les services spirituels les plus précieux. Ce Carnet esl
ainsi un document de premier ordre, pour l'histoire psychologique
de la guerre. Il est écrit, au surplus, avec un charme, une couleur,
un réalisme saisissant, mais de bon aloi, montrant ({u'on peut dé-
peindre la guerre et ses horreurs aussi fidèlement que M. Barbusse,
sans tomber dans les ignominies du u Journal d'une escouade. » Un
point pourtant de commun entre les deux auteurs : M. l'abbé Fies-
sières signale lui aussi que les officiers restaient à l'arrière ; mais il
s'agit ici d'officiers « gestionnaires » ou de certains médecins dont la
conduite n'eut rien de commun avec celle des officiers de troupes.
Gustave Gal therot.
Le Saiiy de France, récits de guerre d'un officier de troupe, IOli-1918,
par M. Laliîentin. Paris. I51oud et Gay, 1919, in-16 de 293 p., illustré
par l'auteur. — Prix : 3 fr. 50.
Sons ce titre, le capitaine Laurentin a publié des Souvenirs de
guerre où l'émotion le dispute à l'intérêt. Agréablement écrits, pré-
sentés d'une façon très heureuse, animés des sentiments les plus éle-
vés, ils mettent en pleine lumière l'héroïsme, l'endurance et l'abné-
gation de nos humbles troupiers et de leurs chefs dévoués. C'est bien
le « sang de France » qui coule dans leurs veines à tous et qui entre-
tient leur vaillance, en attendant, s'il le faut, de se répandre à flots
pour le salut de la patrie. Quel sujet de plus saine lecture peut-on
souhaiter? Où trouver de plus beaux exemples de vrai patriotisme,
de patriotisme désintéressé? L'auteur a lui-même illustré son œuvre
d'un certain nombre de dessins. Comte C. de Brissac.
Six mois en Lorraine, par M. Gabé de Champvert. Paris. Berger-
Levrault, 1919, in 16 de vm-113 p. — Prix : 2 fr. 75.
C'est au mois d'août 1918 que M. Gabé de Champvert commença
ses tournées en Lorraine. Notre offensive générale se poursuivait avec
— yo —
succès et l'on pouvait prévoir l'heure de la victoire, Nancy reçut tout
d'abord la visite de l'auteur. 11 s'étonna de ne pas trouver la belle
ville plus massacrée par les nombreux bombardements dont elle fut
l'objet. La place Stanislas, le palais ducal, l'église des Cordeliers sont
restés indemnes, et il semble acquis que c'est sur la demande de
l'empereur d'Autriche que furent respectées les résidences princières
des ducs de Lorraine et les églises où reposent Isabelle d'Autriche,
son fils le duc Raoul, Charles II et Marguerite de Bavière. M. Gabé
de Champvert parcourut aussi les petites villes martyres de Gerbé-
viller et de Nomény ; il recueillit les témoignages des habitants sur
la trahison de l'officier juif Wolf, sur l'héroïsme de la sœur Julie et
do M"' Simon; il séjourna à Metz à la fin de novembre, alors que
retentissait Ihosannali de la délivrance. Mais une pensée mélanco-
lique accompagne ses impressions de patriote. Il ne croit pas défini-
tive la paix issue « des utopies et des phraséologies dangereuses
venues d'outre-mer. » R. L.
Les Heures merveilleuses d'Alsace et del Lorraine, par Louis
Madelin. Paris. Hachette. 1919, in-16 de 248 p. — Prix : 4 fr. 50.
Avec sa maîtrise accoutumée, mais surtout avec son cœur de
patriote lorrain débordant d'enthousiasme, M. Louis Madelin nous
fait partager — jusqu'aux larmes — « le charme exaltant et presque
épuisant » des (( heures merveilleuses » au cours desquelles les deux
provinces captives reprirent leur place au foyer de la patrie et se
précipitèrent, folles d'amour, dans les bras de leurs libérateurs victo-
rieux.
Comment expliquer « la rapidité stupéfiante avec laquelle un
membre arraché, im demi-siècle, au corps d'une nation, s'y ressouda
«t derechef s'y incorpora »? Le chapitre préliminaire /'^iH/'ore après
la nuit, nous explique ce « miracle » : aux « jours sombres » d'avant-
guerre, l'Alsace ni la Lorraine n'avaient oublié ni ne s'étaient rési-
gnées ; les apôtres de la Revanche avaient raison contre les « débour-
reurs de crâne ». L'effroyable oppression que l'Allemagne en guerre
se crut obligée de faire peser sur l'Alsace-Lorraine — « langue arrachée,
cœurs murés vifs, têtes proscrites, corps entier ouvertement promis
au dépècement ». — fut la preuve indéniabh» de l'impuissance morale
des vaincpiours de 1870.
Knfin ont lui les (( Jours de gloire ». et du 17 novembre au 10 dé-
cembre 1918, à la vue des « poilus » el des grands chefs qui venaient
les rendre les Captives à la Patrie triomphante, ce fut une telle (( apo-
théose » qu'un des coinballants delà Grande Gueire put écrire : (( Cela
valait vraiment la peine de se batlrequatre ans ! » — n Cela vaut aussi,
ajoute l'auteur, de respecter avec un soin jaloux dans le présent et
— 01 —
dans raveiiir Tânio de ces provinces et les traditions mônics qui nous
les ont si nicrvoiliousenient gardées fidèles, u On connaît ces « tra-
ditions » : quiconque attenterait à leur liberté renierait la plus sacrée
de nos dettes nationales et commettrait un crime contre la volonté
tles millions de Français dont les flots de sang ont clfacé le « liseré
^crt. » Gustave GAuruEnoT.
Terres dévastées et cités mortes, par Noëlle Roger. Paris, Éditions
de « Foi ol ^ ie ». 1919, in 12 carré de 223 p., avec une grav. de Stein-
len. — Prix : 5 fr.
M'"' Noëlle Hoger a réuni, dans ce volume, les articles quelle a
publiés, de 1916 à 1919, dans la Revue hebdomadaire, le Journal de
(ienève, \a Semaine littéraire, Wisaen und Lehen, cl mon chez moi;
elle y a joint quelques études inédites.
Ce sont des descriptions de paysages de guerre : cités agonisantes
ou détruites (Reims. Soissons, Noyon). champs de bataille où ne
régnent plus que la mort et la gloire iLassigny, Mort-Homme, Vaux.
Douaumonl), pays reconquis où les populations fraternisent avec les
vainqueurs (Alsace). L'auteur, de nationalité suisse, se penche sur
tant de souffrances et de ruines avec un cœur frémissant, et elle sait
décrire ce qu'elle a vu avec un remarquable talent.
GlST.VVE GaL rMEUOÏ.
Foch. le vainqueur de la guerre, par Raymond Recoulv. Paris,
Hachette, s. d. (,1919) in-16 de 240 p. — Prix : 4 fr. 50.
Nous avons eu déjà l'occasion de signaler la façon dont, dans toutes
les grandes crises de notre histoire, dans les moments critiques où
1 avenir de notre patrie semblait compromis, la Providence avait
suscité spontanément le sauveur, le plus souvent inconnu la veille,
le libérateur cuiquelclle confiait, elle imposait la mission de restauier
notre fortune, d'arrêter l'envahisseur, de le fixer, de le contraindre
à la retraite. Charles Martel à Poitiers, Philippe-Auguste à Bouvines,
Jeanne d'Arc, à Orléans, Condé à Rocroy, Turenne en Alsace en 1774-
1775. Villarsà Denain, ont été jadis ces missi dominici militaires, les
artisans glorieux de notre rétablissement politique et militaire en
Europe. Sans doute, la France a connu des périodes d'affaissement et
d'insuccès, mais, toujours, elle s'est relevée, d'une façon souvent
miraculeuse, comme si sa mission dans le monde ne tolérait pas son
échec final. La guerre sanglante qui vient de prendre fin, demeurera
un nouvel exemple, et combien frappant, de celte intervention d'un
j ^ pouvoir extraordinaire, extra-humain dans le développement des
destinées de notre patrie. Après des tâtonnements aussi prolongés
— 92 —
que mal assurés dans notre façon de diriger la lutte, après trois
années de combats dont on n'entrevoyait pas la fin, un homme surgit
tout à coup, qui coupe court aux tergiversations, aux hésitations,
aux temporisations. 11 apparaît, il prend en main la direction supé-
rieure des armées et du jour au lendemain tout change. L'ennemi,
qui attaquait furieusement, avec des forces infiniment supérieures,
cet ennemi qui ne doutait pas du succès, est arrêté, stabilisé, bientôt
rejeté de position en position, de lignes de repli en lignes de repli,
finalement battu, écrasé, mis en déroute, contraint à s'avouer vaincu
et à implorer, à genoux, la cessation d'hostilités qui n'étaient plus pour
lui qu'une suite de débâcles. Ce sera l'éternel honneur du maré-
chal Foclî d'avoir été l'homme élu, dans les jours tragiques de juil-
let 1918, pour sauver son pays d'une invasion désastreuse, pour
convertir l'offensive ennemie en une retraite désespérée, pour chasser
l'envahisseur au delà de nos frontières, faire planer nos drapeaux
sur le Rhin, rendre à la France les provinces que lui avait arrachées
en 1871 la mégalomanie, la rapacité de Guillaume I«'et de Bismarck. 11
est bon que cette grande figure de soldat, qui s'est imposée non seu-
lement à l'admiration et à l'amour des Français mais à l'estime du
monde entier, soit popularisée et étudiée dans ses détails. On verra,
en l'examinant de près, que chez Foch, les grandes qualités du cœur
vont de pair avec les dons de l'esprit et de l'intelligence. Le livre de
M. Recouly, étude conciencieuse, intéressante à la fois par son sujet
et par la façon dont l'écrivain l'a traité, est un travail qu'il est utile
et patriotique de vulgariser. Comte de Sérignan.
Notre nouvelle Amie l'Augleterre, par John Charpentier, l^aris,
ïlaclietto, 19111, in-16 de 23o p. — Prix : 3 fr. 50.
L'union étroite de la Franoe et de l'Angleterre, cimentée sur tant
de champs de bataille au cours de la Grande Guerre se relàchera-t-elle
après la paix ? Les deux nations cesseront-elles de s'entendre, de
collaborer économiquement, de s'entr'aider amicalement ? 11 faut
espérer que non. M. John Charpentier, très averti de ce qui a trait
au Royaume-Uni, à ses annales, à ses habitants, à ses mœurs, s'est
attaché à rechercher dans l'histoire politique, littéraire, scientifique
des deux peuples les témoignages de sympathie qui, à diverses époques,
avaient amené des rapprochements entre la France et « notre nouvelle
amie l'Angleterre. » Ces témoignages, ces pénétrations littéraires et
sociales seront-ils assez puissants pour faire oublier les conflits natio-
naux, les luttes maritimes, terrestres, diplomatiques d'autan ? .le
n'oserais l'affirmer. En tout cas l'ouvrage de M. J. Ciiarpentier est
copieusement documenté et plein d'intérêt. L'auteur a montré tout
ce que nos écrivains devaient à Shal^espeare, à Byron, tout ce que les
_ ri3 —
lellrcs anglais devaient à Montaigne, à Rousseau. Du moyen Age à la
Révolution, il a évoque les relations intellectuelles écliangéesnu-dessus
du grand fossé de la Manche, cherchant avec soin ce (jui unissait et
écartant ce qui divisait.
Des considérations judicieuses sur la reHgion chez nos alliés, sur
leurnotion de l'amour, sur le « home » et une étude sur le mouvement
patriotique qui progressivement, sous laiguillon d'une guerre sans
précédents, amena le gouvernement britannique à instaurer le service
militaire obligatoire, complètent utilement ce livre. R. L.
L'Allemutjne des Ilohenzollern ( lîH 5-IÎ)lî{), par Jean-Édolaiid
Si'CM.K. Nancy-Paris-Strasbourg. Borger-Lcvrault, 11)18, in-16 de I-1.S3 p.
— Prix : 3 fr. %
« Bien imprudent... qui se flatterait de connaître rAUcmagnc,
même l'Allemagne de demain, s'il n'a d'abord étudié l'Alleniagne des
Hohenzollern. » Car u ce n'est pas impunément qu'un peuple a été
éduqué à l'école d'un Frédéric II et d'un Bismarck... On ne secoue pas
en quelques mois le poids d'un pareil héritage. » Ces paroles, qui ne
sont que trop vraies, expliquent pourquoi M. Spenlé a écrit ce petit
volume et en laissent soupçonner l'intérêt.
Sans doute l'auteur n'a pas entendu « retracer l'histoire, même
abrégée, de la Prusse et de l'Allemagne sous la domination des
« Hohenzollern. » Mais en quelques pages, qui s'appuient sur une con-
naissance profonde de cette histoire, il met dans un relief saisissant
quelques faits, quelques figures, quelques doctrines où s'est marquée
d'une manière plus nette l'empreinte du régime.
Cinq chapitres seulement : I. Du rocher à la mer ; II. Frédéric II
et l'esprit prussien ; III. léna ; IV. L'Œuvre de Bismarck ; V. La Sozial
demokratie ; mais ils contiennent tout ce qu'il y a d'essentiel pour
comprendre et pour juger « l'Allemagne des Hohenzollern. )> Bien
qu'il se lise aisément et sans fatigue, ce petit volume est plein d'une
moelle substantifique, et l'on ne saurait trop en recommander la lec-
ture, n est plein d'idées et de traits qui se graveront dans l'esprit.
Que l'on médite notamment les pages de la fin sur le socialisme alle-
mand, tout imprégné d'impérialisme et de pangermanisme, et si dif-
férent des systèmes de nos vieux socialistes français. Lisez, une fois
•encore, ce volume, et faites-le lire. E.-G. Ledos.
L'Allemagne et le Baltikum, par G.aston G.^illard. Paris, Chapelot,
1919, in-8 de 279 p., avec cartes dans le texte. — Prix : G fr.
L'un des objets de la politique pangermaniste était de faire de la
Baltique un lac allemand et de faire rentrer plus ou moins étroite-
— 94 —
ment dans l'orbite de la politique allemande les populations riveraines
decette mer. Pour appuyer ces prétentions, les Allemands ont fait appel
à des affinités ethniques et au rôle civilisateur que leurs ancêtres
auraient joué vis-à-vis de ces populations. M. Gaillard, dans un cha-
pitre préliminaire du livre que nous annonçons ici, s'efforce de
combattre ces prétentions. Ce qui est bien certain, c'est qu'en dépit
de l'influence exercée par les barons baltes d'origine germanique, ces
populations sont restées bien vivantes, ne se sont point laissé absor-
ber par le germanisme, ont maintenu jalousement leur langue, leurs
traditions particulières, leur esprit propre et que la désagrégation de
l'empire russe a donné chez elles l'essor ou un nouvel essor (en Fin-
lande par exemple) aux aspirations nationales distinctes.
Le rôle de l'Allemagne vis-à-vis des peuples baltiques pendant la
guerre, l'attitude que ceux-ci ont observée sont étudfés dans le second
chapitre — et le plus considérable (p. 35-244) — du livre de M. Gail-
lard. Les situations ne sont pas toujours claires et les documents qui
peuvent les écîaircir ne sont pas tous encore entre nos mains. La
tâche de l'auteur était donc particulièrement difficile ; il a eu le mérite
de surmonter en giande partie ces difficultés. Il a celui également de
montrer que, dans ces contrées, comme dans les Balkans, l'enchevê-
trement des races, les fusions qui se sont produites sont un grave
obstacle à une politique qui voudrait ne s'inspirer que de considéra-
tions ethniques. « Le prétendu droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes ne se présente pas dans les conditions actuelles de leur vie
d'une façon absolue; et précisément dans une Société des nations,
leur droit, comme celui des individus dans toute Société véritable, se
trouve limité par des considérations de sécurité réciproque, d'équi-
libre, se trouve restreint par des obligations sociales et reste soumis
à des règles de convenance et d'ordre ». E.-G. Lc^bs.
Les Magyars peints par eux-môines, par L-V. Papp et J. Erdélvi.
Nancy-l^aris-Sliasbourg, Berger-Levrault. 1919, in-lG de xiv-141 p. —
l^rix : 2 fr.
Les traducteurs des documents placés sous nos yeux n'ont' pu se
procurer tous les journaux magyars ayant fulminé contre les Alliés
et prôné l'Allemagne pendant la Grande Guerre. Du moins « les
quelques feuilles qui ont pu leur parvenir et qui leur ont servi de
documentation sont de nature à mettre en pleine lumière les senti-
ments et les pensées que le peuple magyar nourrit à l'égard do l'En-
tente. »
Ce volume, qui édifiera suffisaïunicnt les publics français et anglais,
pour ne parler que de ceux-là, ne peut manquer de faire revenir à
des idées plus nettes et plus saines les braves gens qui ont pu s'ima-
— 95 —
giner que les Hongrois n'étaient pa§ nos ennemis. Ils le furent, très
('■nergiquement ; ils le sont toujours': ils ne méritent donc aucun
ménagement de la part des vainqueurs.
Les nombreux extraits composant ce recueil ont été répartis, selon
leur genre et leur objectif, en six divisions ou chapitres d'inégale
importance, savoir : L'Entente. — France. — Auglelerre. — États-
Unis. — Italie. — Belgique. — Partout on y relève le mépris, l'injure,
une haine vivace. Les articles traduits portent le titre du journal et
leur date. Et cet ensemble s'échelonne entre le 2 septembre 1914 et
le .3 n)ai 1919.
Il serait intéressant que MM. Papp et Erdélyi pussent donner à leur
petit volume plus de développement quand la paix sera tout à fait
assise ; on serait curieux d'être renseigné plus amplement sur ce qui
a été écrit dans un plus grand nombre de périodiques hongrois non
seulement au cours de la lutte, mais aussi bien après la déconfiture
de la Quadruplice qui a uni si étroitement le Hohenzollern et le Habs-
Ijourg au triste Bulgare et au pauvre Turc dont la tête, en ce mo-
ment, est bien martelée.
En attendant, je recommande fort à l'attention la Préface vigou-
reuse et précise que « Pertinax », le rédacteur pour la politique
étrangère de l'Écho de Paris, a composée pour ce très suggestif
recueil. E.-A. Chapuis.
Comment éviter les impôts mortels, par A.ndué Ciiéradame. Paris,
Librairie de la « Pensée française -). 1919, in-16 de vi-lS4 p. — Prix : i fr.
Sujet passionnant, puisqu'il s'agit de la survie de la France \icto-
rieuse. M. Chéradame l'a traité avec sa fougue habituelle. Le système
financier qu'il nous propose aurait pour avantage d'augmenter consi-
dérablement les ressources mises à la disposition de notre ministre
des finances, du chef des annuités payées par les Allemands. En même
temps, il intéresserait personnellement tous nos alliés au paiement
effectif et intégral de ces annuités. Ces idées sont dans l'air. .\ux
Étals-Unis, l'opinion se passionne pour et contre. Nombreux sont
ceux qui comprennent que le Nouveau Monde est solidaire de l'An-
cien et que, si celui-ci vient à faire faillite, le désastre ne sera pas
facile à localiser. Pourtant la mise en commun des charges résultant
de la guerre rencontre encore de fortes oppositions. Des livres comme
celui de M. Chéradame sont faits pour les affaiblir. Mais nous ne
sommes pas aussi assuié que l'auteur de l'authenticité de la fameuse
lettre attribuée à Riihlniann, qui est arrivée l'hiver dernier si bien à
point et que l'on a fait ciiculer dans les riiinistères. les états-majors
et les salles de rédaction, juste avec ce qu'il fallait de mystère pour
en relever l'intérêt. A. de Taklé.
— 96 —
Aujourd'hui. Etude pour l'après-çiuerre économique, pax- Albert
Devkze. Paris. Berger-Lcvrault, M9HJ, in-12 de xxiv-3B7 p. — Prix :
4 fr.
Après la guerre. La Politique et les affaires, par Biaud d'Aunet.
Paris, Pavot, 1918, in-16 de 251 p. — Prix : 4 fr. «
Ces deux ouvrages étudient les problèmes économiques qui se
posent devant les nations épuisées par la guerre. Ils se rencontrent
sur plus d'un point. Celui de M. A. Devèze, député de Bruxelles,
plus didactique, est divisé en onze chapitres, subdivisés eux-mêmes
en de nombreux sous-chapitres avec des litres et sous-litres qui en
rendent la lecture très facile. Nous ne saurions trop la recommander
à ceux qui désirent prendre une vue d'ensemble des questions écono-
miques à l'ordre du jour : organisation, direction des alîaires, crédit,
politique douanière,, politique sociale. Us- y trouveront un exposé
méthodique et assez complet de toutes les idées qui sont agitées en
vue de l'après-guerre économique, d'après les meilleurs ouvrages des
techniciens et des spécialistes, parmi lesquels ceux de M. Biard d'Au-
ne t.
Ce dernier, dans cinq grandes éludes d'ensemble, examine les con-
ditions nouvelles du travail et du commerce international, l'organisa-
tion du travail national et la représentation des intérêts nationaux
dans les chambres législatives. 11 complète donc heureusement
M. Devèze, qui n'a fait qu'efïleurer, dans sa conclusion intitulée :
L'Étal économique, le problème si important du rôle de l'État dans
la vie économique du pays. Les deux auteurs sont d'accord pour ju-
ger que les Parlements, tels qu'ils sont présentement recrutés,
manquent des compétences nécessaires pour remplir leur rôle. D'ail-
leurs, dans cette partie, M. Devèze se borne à citer l'ouvrage de
M. Maxime Leroy : Pour gouverner.
Peut-être, parlementaire lui-même, se trouve-t-il embarrassé pour
proposer un remède. M. Biard d'Aunet en indique un : la représen-
tation des intérêts professionnels. D'ailleurs, qu'on le veuille ou
non, les problèmes économiques d'aujourd'hui ne seront pas résolus
sans l'intervention du parti socialiste. C'est ce qu'un collègue de
M. Devèze au Parlement belge a montré dans un livre qui s'impose
à l'attention {Le Socialisme contre l'Étal, par E. Vandervelde).
M. Vandervelde condamne le capitalisme, le parlement, la presse.
Mais c'est pour remettre tout aux mains du prolétariat organisé. A
cette organisation tout hypothétique, nous préférons les remèdes
d'application facile que propose M. Biard d'Atmct dans l'élude inti-
tulée : L'Organisation du travail national (p. 201) à 233). En tout cas,
jamais le procès du régime parlementaire, tel notamment qu'il fonc-
tionne en France, n'a été fait en des termes à la foisplus justes et plus
mesurés que dans cette excellente étude (p. 217). A. de Tauié.
- 97 —
Au seuil de la paix, par lo coiiito m: Fei.s. Paris, Plon-Nourril. 1019
in-l(J do ii-MMI p. — Prix : 4 fr. ."U).
Recvieil d'études dont les unes ont p;iru (huis / Europe nouvelle ; les
autres sont inédites. Toutes sont uiarquées au coin d'un réalisme de
\)(>n aloi et expriment, en des termes excellents, des idées justes et
modérées. Quel meilleur élo^-^e en faire, alors que, chc/ tant de publi-
cisles. les exafrérations de la pensée sont si souvent accentuées par
l'impropriété des mots, détournés de leur sens ! En l'.H7 et lt)l<S.
M. de Fels est un des rares qui ont toujours vu clair dans les âpres
discussions qu'ont soulevées les propositions de paix autrichiermes.
11 est bon de lui en rendre témoignage aujourd'hui que la lumièie
commence à se faire sur leur réelle valeur. Dans l'article (|u'il donne
en appendice (p. 294), M. de Fels se fait un titre de gloire de n'avoir
jamais regardé la question autrichienne que du point de vue français.
Nul doute qu'il n'ait absolument raison en cela et c'est encore ce
dont nous le félicitons. Il dit aussi que la destruction des trois grands
empires, allemand, autrichien, moscovite, n'écarte pas les risques de
guerre et que ceux-ci n'ont fait que changer de nature. Puisse l'ave-
nir ne pas justifier cette prévision trop vraisemblable !
A. DE Tablé.
Les Problèmes iateruatiouaux et le Cougrès de la paix, par
A. LuGAN. Paris, Bossard, 1919, in-18 de 119 p. — Prix ; 3 fr. 9(1.
î\Iettre à la disposition du lecteur un exposé clair, précis, métho-
dique des problèmes que doit résoudre le Congrès de la paix, tel est
l'objet de ce livre. C'est dire son utilité. Lecteurs ordinaires ou
publicistes devront s'y reporter toutes les fois que reviendront à
l'actualité les questions qui sont débattues depuis si longtemps, qui
rentrent dans l'ombre momentanément à la suite d'une solution
plus ou moins heureuse et quel tel incident fera ressortir un jour.
On trouvera dans l'étude consciencieuse de M. Lugan tous les éléments
nécessaires pour s'en faire une idée claire et juste. Il sait demeurer
impartial et se tenir à l'écart des thèses de parti-pris, qui rendent si
pénible la lecture des livres que les bureaux de propagande des natio-
nalités et pays divers ont édités en trop grand nombre en ces derniè-
res années. Pour juger le degré d'objectivité d'un auteur, il n'y a qu'à
regarder comment il traite la question de la Macédoine, par exemple,
ou celle du litige entre Italiens et \ougoslaves. pour la côte orientale
de l'Adriatique. M. Lugan se tire honorablement de l'épreuve. Citons,
comme intéressant entre tous, lechapitre IV : « Après l'effondrement
de la Russie » (p. 63 à 74). Il adopte à ce propos les idées si remar-
quables qui avaient été exprimées dans le Correspondant dès 1917 par
Août-Septembre 1919. T, CXLVI. 7.
— 98 —
l'auteur des Dangers mortels de la Révolution russe et Que faire de l'Est
européen ?
Le livre se termine par un exposé du programme wilsonien, oii
sont mises en évidence les diflicultés de toute sorte qui s'opposent à
la réalisation de cet idéal. Les plus fortes sont colles qui viennent de
l'égoïsme des individus et des nations. Idée très juste, que l'auteur
avait longuement développée dans son livre : L'Egoisme humain.
La conclusion, à propos de la Société des nations, est que le Pape
devrait v avoir une place, comme représentant de la plus grande
puissance morale de la terre. A. de Tarlé.
Préliminaires à la Société des nations, par 1'"ra>cesco (^osentim.
Paris, Alcan, 1919, in-16 de x-236 p. — Prix : 3 fr. .50.
M. F. Cosentini, de TL^niversité nouvelle de Bruxelles, est profes-
seur de philosophie du droit à l'Université de Turin. Légiste, il a
essayé de déterminer les conditions juridiques grâce auxqTielles la
conception de « la Société des nations » ne resterait pas une utopie.
Pour cela, il a étudié les conflits de race et de nations, les conflits
économiques et politiques, intérieurs et internationaux, l'organisa-
nisalion juridiqueinternationale etla Société des nations. On voit donc
l'immensité du sujet abordé. La synthèse qu'il nous donne est inté-
ressante. Quelques-unes des idées sont discutables. Page U7, il est
faux que ((le protectionnisme ait perdu beaucoup de terrain ces der-
niers temps >\ comme le dit M. Cosentini. C'est tout le contraire qui
est vrai pour le moment. Page W'I. il écrit que la guerre mondiale a
dû aboutir à la confirmation de ce principe international que même
les petits États ont droit à leui- pleine souveraineté. C'est peut-être
vrai-en principe, mais le traité de Versailles a montré qu'il n'en était
rien dans la pratique : les petits États ne le savent que trop. etc. Le
livre a été écrit avant larmistice, et l'expérience que nous venons de
faire de huit mois de négociations montre qu'il y a loin des idées à
leur réalisation. Il en sera de même pour la Société des nations.
D'ailleurs l'auteur ne se dissimule pas les difficultés qu'elle rencon-
trera. Ces diflicultés ne sont pas une raison pour que l'on n'essaye pas
de la mettre sur pied. Des livres comme celui de M. Cosentini, où
elles sont exposées et étudiées avec conscience, doivent y contribuer
heureusement. Mais, comme M. Yves Guyot le dit justement dans
son Intioduclion, c'est à la Société des nations que peut s'appliquer la
question de Tacite : Quid leges sine moribus? A. de Tarlé.
Vers la Soeiété des nations, leçons professées au Collège libre des-
scionccs sociales pendant l'année 1918, par .MM. FERDiiN.\i\D Buisson, Jean
— 91» —
Brumies, Aulard, J. (,'iiaiim:s Hrln. Maxime Lf.hov. J. Eknkst-Ciiakles,
Je\n IIknnessy, avec une Pivface de Léon Holhgf.ois. Paris. (Jiard et
Brière. lOlO. in-8 do rx-ISl p. — Prix : 6 fr.
Le trailé do paix qui viont dèlre signé entre l'Alleniagne et les
puissances de l'Entente a pioclanié l'acte de naissance de la Société
des nations et l'a fait entrer dans la voie des réalisations. Mais avant
(pi'elle ail pris sa forme définitive, avant qu'elle puisse fonctionner
régulièrement, avant qu'elle puisse exercer normalement son action
ot faire sentir d'une manière efficace son influence, bien des efforts
seront nécessaires, bien des tâtonnements inévitables. On ne peut
donc condamner comme inutiles et sans objet les travaux relatifs à
la Société des nations. Ils se sont multipliés pendant ces dernières
Mimées et il continue d'en paraître de nouveaux. Parmi ceux qui se re-
commandent le plus sérieusement à l'attention, celui dont nous ve-
nons de transcrire le litre mérite une mention particulière.
Il a peut-être fallu quelque courage aux auteurs de ces conférences
pour venir parler à un auditoire d'une organisation de paix au moment
même où la guerre battait son plein et où les bertlias déversaient leur
orage sur Paris. Les sept conférenciers ont pris tour à tour la parole
sur les sujets suivants : M. Ferdinand Buisson, Les Principes de la
Société des nations ; M. Jean Bruahes, Les Conditions de géographie
humaine de la Société des nations ; M. Aulard, La Société des nations
et la Révolution française ; M. J. Charles Roux, La Tradition fédéra-
liste française ; M. J. Ernesl-Cliarles, Vers la réalisation ; M. Maxime
Leroy, Les Sanctions et garanties ; M. Jean Hennessy, Mes raisons
d "adhérer.
L'on ne peut s'empêcher, en lisant ces lignes, de remarquer que les
auteurs ne s'entendent pas sur tous les points ; il y a entre eux des
divergences de vues parfois assez fortes et M. Léon Bourgeois, dans
Sd Préface, n'a pu se dispenser d'y faire allusion. D'autre part l'on se
doute bien que les idées et les assertions de tel ou tel des conféren-
ciers appelleraient de notre part des réserves, quand ce ne serait pas
des contradictions Voici par exemple M. Ernest-Charles qui nous
affirme (p. 114) que « le clergé » catholique « n'a point voulu songer
— pourquoi ? — qu'elle (la religion catholique) était une religion
<ie paix, d'amour et de fraternité entre tous les hommes » !
Mais il n'y en a pas moins dans ces articles bien des choses qui mé-
ritent de retenir lattention. La leçon de M. Jean Brunhes nous a paru
tout particulièrement remarquable : il y a là des pages pleines de
sens sur ce qu'il faut entendre par nationalités, nations et États et sur
le rôle que devra jouer la Société des nations vis-à-vis de ces entités.
E.-G. Ledos.
— 100 -
Les Xations et la Société des nations dans la politique mo-
derne, par .). TcHKKiNOFr. Paris, Alcan, 1919, in-l8 de xxvii-200 p. —
Prix : 3 fr. 50.
« Ce n'est pas seulement parce que les nations épuisées et lassées
par quatre années de guerre croient aujourd'hui trouver des garan-
ties contre de nouvelles catastrophes dans une organisation interna-
tionale que la Société des nations peut naître. C'est encore et c'est
surtout parce que toute l'évolution des idées et des faits depuis plus
d'un siècle achemine l'humanité vers cette organisation. » Ces
quelques lignes de la Préface de M. Albert Thomas indiquent la rai-
son d'être et marquent l'intérêt du volume que nous présente ici
M. Tchernofr.
Il cherche l'origine de l'idée dans l'histoire du' mouvement poli-
tique des démocraties en Angleterre, en France, en Amérique du
nord. Après avoir, dans un premier chapitre, esquissé l'évolution de
cette idée, il étudie, dans son chapitre 11, les nations et la Société des
nations dans la politique anglaise. Il montre dans l'idée de l'indé-
pendance nationale a la pierre angulaire de la politique anglaise. »
Liddignation contre l'annexion de l'.Vlsace-Lorraine prend son origine
non dans le désir de faire respecter le principe des nationalités, mais
dans la volonté de protester contre le démembrement d'une nation
déjà existante. M. Tchernofî cite des pages curieuses, et un peu
trop oubliées, dans lesquelles se manifestent d'ardentes sympathies
de l'Angleterre pour la cause de la France écrasée par l'Allemagne.
Il fait bien sentir aussi comment la politique anglaise s'est orientée
dans le sens du Commonwealth, avec ses colonies devenant des
nations autonomes ; et cela explique la tendance des hommes poli-
tiques anglais à organiser l'humanité en un Commonwealth des
nations.
Le chapitre III, consacré à la politique des nationalités et delà
Société des Tiations d'après la tradition républicaine en France, est
également riche en faits intéressants. Entre autres points à signaler,
il y a là des indications douloureuses sur l'erreur de trop d'hommes
politiques français, Giiizot compris, vis-à-vis de l'Allemagne et de la
Prusse.
Dans le chapitre IV sur la doctrine de Monroë et la libération des
peuples, on trouvera des observations judicieuses sur l'interprétation
exclusive et fausse que l'on donne trop souvent de la célèbre doc-
trine. On y verra aussi comment s'est formée la mentalité améri-
caine et comment une organisation politique dont ils sont fiers et à
laquelle ils sont très attachés a déterminé la forme sous laquelle ils
conçoivent la Société des nations.
Ce livre, dans lequel sont ainsi étudiés historiquement quelques
„il:
— 101 —
aspects de la doctrine de la Société des nations, est particulièrement
instructif. Il est fâcheux qu'il soit déparé par une singulière négli-
gence dans la correction des épreuves qui a laissé échapper de mul-
tiples fautes typographiques : p. VI, collision pour collusion ;
p. 18, 19 Castelreagh pour Casllereagh, p. 22, 23. liussel pour
liussell, p. 20 hjifjlisch pour Enr/lish, p. 31 \orlhen pour I^orlhern,
p. 32 Glasclslone pour Gladstone ; p. 40 Ziinker et Lanz-Knechl pour
Jiinker et Landsknechl ; p. 47 assure pour assume, etc., etc., etc.
E.-G. Ledos.
Fédérât ion européenne ou Ligue des nations ? par GoviA.NM Agnem.i
et Attu^io CABiATt. Paris, Giard et Bricre. 1919, iti-S de v-I3i p. —
Prix : 3 fr.
Deux auteurs, dont l'un est un industriel italien et le second un pro-
fesseur à l'École des hautes études commerciales de Gênes, nous font
connaître ici les résultats auxquels les ont conduits des études pour-
suivies en commun et des discussions amicales continuées pendant
des semaines sur le sujet si actuel de la Société des nations. L'idée
maîtresse de leur travail, c'est que la Société des nations ne pourra
être vraiment efficace, qu'elle ne pourra être l'instrument de paix au-
quel on aspire que si elle se constitue sous forme de « fédération des
États européens sous un pou voir central qui les régisse et les gouverne»,
gouvernement central ayant un pouvoir exécutif et un pouvoir légis-
latif, disposant d'un budget propre et ayant son armée ; tout en con-
servant leur self fjovernnienl. les nations faisant partie de la fédéra-
tion devraient abdiquer leur souveraineté. Si l'on ne peut se dissimu-
lerque ce système hardi se heurterait à bien des difficultés d'exécution,
si l'on peut croire qu'il n'est pas près d'entrer dans la voie des réalisa-
sations pratiques, l'on n'en lira pas moins avec intérêt les considéra^
tionset les arguments des auteurs italiens. Mais l'on esfporté à faire
de fortes réserves sur les opinions qu'ils émettent; tout en admettant
que le principe des nationalités ne peut pas résoudre toutes les ques-
tions, que l'application en est délicate et sujette à discussion, l'on
trouvera peut-être poussée à l'extrême la critique qu'ils en présentent.
L'on regrettera aussi une phrase sur les traités qui paraît une justifi-
cation de la théorie du « chitfon de papier. » E.-G. L.
Le Poilu tel qu'il se parle. Diclionnaire des Lerines popiibnres récenls el
neufs employés an:r années en I9Ï^-I91S, éliidiés dans leur élymologie. leur
développement el leur usage, par Gaston Esnault. Paris, Bossard. 1919. in-
16 de 603 p. — Prix: 7 fr. oO.
(( Combattant pendant trente-huit mois, dit M. G. Esnault dans sa
Préface, je me suis trouvé pendant ce temps à peu près borné à mon
secteur ; j'ai écouté, les oreilles grand ouvertes, dès les premiers jours
— 102 —
d'août \A ; mais deux oreilles suffisent mal à tout ce qui se ditde Bel-
fort à l'Yser et d'Oiiessaut aux Dardanelles » (p. 11).
Mais d'autres oreilles ont écouté pour lui : on en a la preuve ([>. "22-
23) dans la longue liste des a poilus » de toutes qualités et de prove-
nances diverses qui l'ont renseigné complémentairement. Donc l'au-
teur s'est trouvé bien documenté pour rédiger son copieux diction-
naire, duquel il a rejeté les mots de troupiers et de marins en usage
dans les casernes, les mots de bord ou de bas-langage ouvrier et cer-
taines expressions provinciales, qui, au fond, n'ont rien à voir avec le
langage « poilu ». né de la guerre.
Un petit papier joint au volume nous apprend que M. Esnaul*^
(pourquoi ne l'avoir pas noté dans la Préface ?), après avoir quitté le
Front, est passé à l'aviation. C'est alors qu'il a pu se rendre compte
du langage spécial des aviateurs, des marins, des coloniaux, avec les-
quels il s'est trouvé en relations.
Ce qu'il n'a pas entendu, il l'a contrôlé et, par surcroît, il a utilisé
certains textes (lettres de soldats ou imprimés spéciaux) non suspects.
(( J'ai donné, explique-t-il, le pas à ce que j'entendais sur ce qui
m'était témoigné, à l'oral sur l'écrit, aux lettres du Front sur les ré-
cits imprimés, aux bonhommes sur les lettrés, à l'usage de 1914-
1918 sur l'usage ancien témoigné par des lexiques » (p. 7-8). Bonne
méthode pour être exact et sincère.
L'auteur dit aussi : « J'intitule ce dictionnaire ; Le Poilu tel qu'il se
parle ; et je donne de nombreux exemples du poilu tel qu'il s'écrit.
Je livre au public plus de faits qu'il n'eu demande. J'entends bien :
il veut des faits vrais; aussi je ne me prive pas d'éliminer les textes ab-
surdes et de censurer les textes faux » (p. 11). — a 11 n'y a de vraie
langue humaine, observe-t-il ensuite, que ce quijtombe de la langue
que nous avons dans la bouclie ; mais un vieux tranchéien a le de-
voir de témoigner de la sincérité générale des écrivains. J'ai été trop
heureux de trouver dans mes lectures des termes savoureux vers les-
quels je portais ensuite mon enquête, et qui l'un après l'autre, comme
à plaisir, sont tombés dans mon observation auditive » (p. 13-14).
Nous avons déjà signalé ici divers travaux analogues, qui ont leur
mérite ; celui que nous avons sous les yeux, conçu difTéremment par
un agrégé de grammaire, s'impose autant que le meilleur, pour le
moins, à l'attention des curieux et des philologues.
E.-.\. CuAPuis.
Essai de bihIio<|ra|)hie méthodniiie de la ç|uei*rc de li>l4, par
Ch. Escalm:. (Jénérnlilés, mémoires, correspondances, biofiraphies. origines
de la ijuerre. Saint-Joan-de-Losnc (Côtc-d'or). l'auleur, 1918. in-iS do vm-
l'.M [)'. — l'rix : 8 fr.
)1 faut un singulier courage à quekju'un qui est éloigné des grands
— io:i —
«entres et à ([iii font par suite fléfaiit plusieurs moyens d'iiifnrmatiort.
pour tenter île dresser une bibliographie de la Grande Guerre. Et ce
nesl |>as un mince mérite à M. Cli. Esralle. ayarjt eu cette audace,
d'avoirréussi à rassembler tattt de matériaux et à nous olTrir une docu-
mentation aussi abondante.
La ])remière partie de son travail, rju'il nous présente aujourdliui.
ne comprend pas moins de 13(32 articles ; il y a. il est vrai, dcsdoubles
emplois, mais, d'autre part, il y a un certain nombre de numéros hia,
lei\ et jusqu'au delà de vingt fois répétés. Et cependant cette partie
ne comprend que les généralités, les origines et l'extrême début de la
guerre.
C'est dire que l'auteur n'a pas entendu faire une bibliographie pro-
j)remprit critique comme celle de M. Vie ; et d'ailleurs il ne s'est pas
borné, comme ce dernier l'a fait, à la bibliographie française de la
guerre ; au contraire, il a fait la part aussi large qu'il a pu à la pro-
duction étrangère. Les deux auteurs ne poursuivent pas le même
objet et chacun d'eux offre son utilité particulière. Le travail de
M. Escalle se distingue nettement aussi des catalogues de collections,
comme celle de Lyon ou de la Bibliothèque-musée Leblanc. Son des-
sein primitif était de rassembler le plus d'indications possible, à son
usage personnel, en vue d'études de la guerre. Les proportions que pre-
nait cette liste d'ouvrages — .en même temps qu'elles le dissuadaient de
plus en plus des études projetées — lui ont donné la pensée que son
recueil pourrait être utile à d'autres. Il se rend bien compte qu'il n'est
])as complet ; il n'hésite pas non plus à dire que son essai de classe-
ment est provisoire et qu'il peut subir des modifications.
En dépit de lacunes (que des suppléments d'ailleurs pourront com-
bler), bien que Ion puisse regretter que, sans même.s'astreindre à un
<^lassement rigoureux, l'auteur n'ait pas apporté un peu plus d'ordre
dans son travail fies biographies du maréchal Joffre par exemple
sont dispersées sans raison apparente et il ne suffit pas de nous' dire
que la table permet de les retrouver aisément), malgré des incorrec-
tions dans les mots étrangers (n" 36 Cederschiold, pour Cederskiold.
(iheriip pour Glecrup ; n° 00 Zurlinden pour Zurlindeii ; n'^ 67 Alcala
(ialiano. classé à son prénom _4/t'a/"o ; n" 292 wil pour with, etc.),
V Essai rendra de précieux services et on ne peut qu en désirer la con-
tinuation.
Signalons que. de ci de là. M. Escalle donne quelques jugements
sur les ouvrages cités, renvoie à des comptes rendus, précise le con-
teiui et qu'il n'hésite pas à renvoyer pour tel ou tel fait non seulement
aux livres qui en traitent spécialement, mais à des chapitresd'ouvrages
plus généraux. Enfin la table alphabétique (auteurs et matières) qui
termine ce fascicule en facilitera singulièrement l'usage.
E.-G. Ledos.
— 104 —
— M. F. Mauiette vieut de publier un très intéressant Allas de la
paix, 191U-1919 (Paris, Hachette, 1919, in-8 carré de 24 p. Prix :
2 fr. 50). Cet atlas comprend 38 cartes et cartons en couleurs, avec
des textes explicatifs détaillés à tous les points de vue. L'auteur pré-
sente ainsi son œuvre : « La guerre de 1914-1918 a changé la face du
monde. Le traité du 28 juin 1919 conclu avec lAUemagne a fixé les
traits essentiels du monde nouveau. Les principes énoncés dans ce
traité permettent de prévoir dans quel esprit la paix sera conclue
avec les autres puissances ennemies. Il nous a donc paru possible et
utile d'exprimer, en quelques cartes claires, les résultats acquis et
ceux qui restent à acquérir. Chaque région du globe touchée par la
guerre est figurée ici sur deux cartes en regard, dont l'une représente
la situation au l^r août 1914, l'autre la situation au 28 juin 1919. Les
comparaisons que cette série de cartes suggère aideront le lecteur à es-
timer les fruits déjà produits par notre victoire, et ceux qu'elle doit
produire encore, si les autres traités sont rédigés et conclus selon les
principes qui ont présidé à la rédaction du traité signé par notre
(( principal ennemi ». En somme, ce consciencieux travail fournit des
indications aussi complètes qu'on peut le souhaiter pour l'heure ac-
tuelle. Mais le dernier mot n'est pas dit à l'égard d'assez nombreuses
régions. Il sera donc curieux de comparer plus tard le présent atlas
avec les tracés définitifs de diverses frontières non seulement en Eu-
rope, mais aussi en Asie et en Afrique.
— Nous ne pouvons saluer qu'avec sympathie la bonne et claire
traduction allemande qu'un Suisse allemand, M. H. Secholzer, nous
donne des discours prononcés au cours de la guerre par M. Raymond
Poincaré : Prasident Poincaré, Ausgewahlle Reden, 191^-1919, aulori-
sierle i'ebertragung mit biographischer Skizze (Zurich, Orell Fûssli ;
Paris Fischbacher, s. d., in-8, de xl-H3 p., avec portrait). Les mor-
ceaux que Ion trouvera dans ce volume sont : le message aux
Chambres du 4 août 1914 ; le discours pour le transfert des cendres
de Rouget de Lisle aux Invalides, \i juillet 1915 ; le discours à la
mémoiredes soldats tombés pour la patrie, 14 juillet 1916; l'adresse
à l'armée, 1" août 1910; le discours pour la remise du drapeau aux
Polonais, 22 juin 191-8 ; le discours pour la fête de l'armistice, 17 no-
vembre 1918; les discours prononcés à Champigny, l*^"" décembre et
à Strasbourg, 9 décembre 1918; l'allocution du 18 janvier 1919 à
l'ouverture de la conférence de la paix ; enfin le toast d'adieu au pré-
sident Wilson, 26 juin 1919. L'Introduction biographique dont
M. Seehol/era fait précéder sa traduction n'est qu'une esquisse, mais
qui met dans une belle lumière la physionomie politique, morale et
intellectuelle de l'homme qui a présidé dans ces graves conjonctures
aux destinées de notre pays. Elle n'intéressera pas seulement les lec-
— lo:; —
leurs île langue germanique mais tous ceux de nos CKnipati ioles qui
.sa\enl lire rallcniaiul. Elle est détiiée à la nu iiioiie du legicllé Kmile
Lamy. sur lequel M. Seeholzei- avait déjà écrit (juel(|ues pages remar-
(juées, comme il en a consacré d'autres à nos cùm|)atriotes Albert de
Mun. Emile Ollivier, etc.
— Pour être tracé à grands traits, l'apcieu (jue M. le cohjiiel Juan
(iarcia Benîtez nous donne des opérations sur le Front occidental :
( )jeada sobre las operaciones en el Frenle occideiilal, confereiicia pro-
/lunciada en el Eslado mayor central del ejércUo, cl dia 7 de J'ebrero de
l'Jl9 (^Madrid, talleres del Depôsito de la guerra, IIHU, in-S de Uj p..
I carte et 4 croquis) n'en mérite pas moins de retenir l'attention.
L'esprit critique de l'auteur a su dégager de la masse des événemenl.s
les traits essentiels qui donnent à celte guerre sa [)liysioiioinie propre
et il en a tiré quelques précieux enseignements.
— Mobilisé dans l'armée territoriale, lecapitaine Joachim Merlant.
itdate sous la forme la plus attrayante une série de Souve.'tirs des prc-
////tVA- /t?m/« (/e r/ue/vt^ (Paris, Berger-Levrault, lyiy. in-lG de (il p.
Prix : 0 fr. 90) : c'est d'abord la mobilisation, puis la période d'at-
lente ; le départ pour le Front, la vie de tranchées. On regrettera
(ju'il n'ait pas jugé à propos de désigner le corps auquel il apparte-
nait ; les vaillants « pépères » qui ont l'ail si modestement, mais si
noblement leur devoir méritaient à coup sur de sortir de l'anonymat.
L'auteur se propose, si l'on goûte ces souvenirs, de leur donner une
suite ; nous prenons acte de la déclaration et nous nous préparons à
faire au deuxième volume aussi bon accueil qu'au premier.
— C'est en se plaçant au point de vue finlandais, c'est en mettant
en relief les arguments fort légitimes sur lesquels s'appuie le
gouvernement de la Finlande, que M. Jean Denier combat VAllribu-
iion des îles d'Aland k la Suède (Paris, inip. Chantenay, 1919. in-8 de
)')() p. Prix : 2 fr.). La prétention de rattacher à la Suède les îles d'A-
land, qui ne se justiOe pas historiquement, puisque les îles ont tou-
jours suivi le sort de la Finlande avec laquelle d'ailleurs elles ont ur>
lien géologique, ne trouve pas un fondement juridique solide dans la
récente pétition des Alaudais : l'on ne pourrait guère parler en
Finlande d'un irrédentisme suédois que s'il s'agissait de faire rentrer
sous la domination suédoise non seulement les 25.000 habitants de
l'Archipel, mais les 400.000 Suédois qui habitent les côtes de Finlande ;
c'est d'eux que les Alandais ont reçu, au moins depuis un quart de
siècle, toute leur civilisation suédoise, et il ne semble pas légitime de
séparer les uns des autres.
— Le manuel intitulé : Mémento du démobilisé (Paris, Charles-La-
vauzelle, 1919, in-8 de 1 12 p. Prix : 1 fr. oOj qui contient, en guise de
préface, le dernier communiqué français tlu 11 novembre 1918 et les
— 100 —
ordres du jour adressés le lendemain aux armées françaises et aux
armées alliée^ par le général Pétain et le maréchal Foch, est appelé
à rendre les plus précieux services aux démobilisés des armées de
terre et de mer. Il condense ou reproduit les circulaires, renseigne-
ments, conseils ayant trait à la législation sur les renvois dans les
foyers, majorations de classe, sursis, emplois pour démobilisés, pé-
cules. 11 cite et commente la loi du 22 mars 1919 relative à l'attribu-
tion des indemnités de démobilisation. En lisant ce mémento, le
démobilisé isolé saura quels sont exactement ses droits, les formali-
tés à accomplir pour les établir et pour toucher les montants de la
prime fixe et des primes supplémentaires.
— Mon sac, réflexions d'un soldat de la Grande Guerre, par M.
Jean Fleurier (Paris, édition de « Foi et Vie ». 1919, in-16 carré de
199 p. Prix : 4 fr. 50). Ces « grains de bon sens », ou jugés tels par
leur auteur, sont dédiés à Jacques de Chabanes, seigneur de la Palice
(1470-1525). Nous aurions mauvaise grâce à ne pas recoimaître. après
l'auteur, le bien fondé de la dédicace, en achevant de parcourir le
volume.
— Dans Rapatriés (Paris. Alcap, 1919, in-16 de 124 p., avec
7 planches. Prix : 2 fr. 7o), M"« Chaptal fait défiler devant nous les
lamentables théories d'évacués, de prisonniers civils et de rapatriés
qui, à travers la Suisse, regagnent la France. Que d'atrocités et de
tristesses, mais aussi que de sympathies et de dévouements évoquent
ces rapports d'un témoin oculaire !
— Écrites à un ami, de juillet à octobre 1916. et datées de Rome,
de Naples et de Milan, les Lettres sur la jeune Italie, de M. Lucien
€orpecliot (Paris, Berger-Levrault, 1919, in-16 de 61 p. Prix : 0 fr 90)
esquissent la physionomie de ce pays après son entrée en campagne
et révèlent chez une certaine catégorie d'Italiens des opinions et des
sentiments insoupçonnés en France.
— Si la Suisse romande nous accorda toute sa sympathie dès le dé-
but de la guerre, il n'en fut pas de même de la Suisse alémanique qui
réserva la sienne à l'Allemagne jusqu'au jour où, la lumière s'étant
faite, une réaction s'opéra. C'est ce que M. Benjamin Vallotton expose
dans El la Suisse ?... (Paris, Berger-Levrault, 1919, in-16 de 63 p.
Prix : 0 fr. 90) : il poursuit on rappelant l'accueil fait par la Suisse à
nos blessés, à nos prisonniers, à nos évacués, ainsi que les démarches
entreprises en leur faveur, et en constatant fpie six mille Suisses,
de toutes langues, sont venus combattre dans nos rangs, ce qui n'était
])ossible qu'avant d'avoir atteint l'âge fixé pour le service militaire
<lans leur pays, ou après libération. \'isenot.
— 107 —
01 \U\(iKS CONCERNANT LA VOIJGOSLA VIK
1 La Qii(:-<tiiiit ynuijDsknu', |iar Jii.es Duiiem. Paris, Alcan, 1918, iii-lt» de 27(1 p.,
■^ Ir. 50. — 2. Histoire nnlionale sucriwte des Serbes, des Croates et des Slovènes. |>;ir
St. Stanoïkvktii. !»aiis. Blond et (Jay, s. d. (1919), iri-10 de 147 p.. 2 fr. 50 —
.<. Le liùle des Serbes de lIoïKjrie dans la vie nationale du peuple serbe, par le iin-me.
Paris. Blond c» (iay, 11»I9, in-lO de 4S p.. 0 fr. 70. — 4. Histoire des Serl/es de
Honçirie, par Vova> H.^domtch. Paris, Uloud et Gay. 1919, in-Ki do xix-i95 p..
4 fr. — .). I.e liannt, par le même. Paris, Bloud et Gay, 1919, in-16 de >-1l9 y ,
2 fr. — 6. /." Halchka, par le mètne. Paris, Bloud et Gay. 1919, iii-lG de ii-SO p.,
1 fr. 50. — 7. Serbes, Croates et Slovènes, par A. Ghaboseau. Paris, Hossard, 1919,
iti-IG de 110 p.. 1 fr. 80. — 8. Le Happorl secret sur le coufjrès de lierlin adressé à
in S. Porte, par Caratheodoky I'acha, premier plénipotentiaire olloniaii, publié
par BeiiiuaM) Haheille?. Paris, Bossard, 1919, in-16 de 197 p., 2 fr. 90. — 9.
L'I'nité de ta politique italienne, par Jules Chopi.n. Paris, Bossard, 1919, in IG de
1)18 p., avec une carie en couleurs, 2 fr. 70. — 10. Chez les Slaoes libérés lin You
'joslavie, par (]u. Rivin. Paris, i'errin, 1919. in-16 de iv 265 p., 3 fr. 50. — 11.
Lu Situation arluelle de fiijeka (Fiumej. Conséqucnre d'un faux, par Ferdo i>r. Sisic.
Paris, itnpr. Lang et Blanclionjï, 1919, in 8 de 11 p. — 12. Le Parle df Jlniiw.
l'Italie et sa morale, par le D' Ivan Marija Cok. Paris, 1919, in-4 de 19 p. — 13.
J.ellre ouverte à Messieurs Wilcon, Clemenceau et Lloyd George. Ce que j'ai souffert.
Procédés des autorités italiennes dans les territoires yougoslaves occupés, par Autln
Fakcic. Pari<, inipr Lang et Blanchong. 1919, in 8 de 20 p.. avec fac-siinilc — 14.
Les Croates et les Sloxènes ont été les amis de l'Entente pendant la guerre. Quelques
documents officiels présentés par Fuasçois Barac. Paris, impr. Lang et Blanchong,
1919, in-8 de 128 p. — 15. Les Austro-Bulgaro- Allemands en Serbie envahie. Docu-
ments de l'ennemi. Paris, Grasset, s. d. (1919), album petit in-l'ol. non paginé, 5 fr.
1. — L'ouvrage de M. Dulieni a paru avant l'armistice ; il ne sera
pas moins lu avec autant d'intérêt que de profit parce qu'il fournit
un exposé très clair et très impartial des problèmes tionl la solution
est en train do s'élaborer. Je signalerai la seconde parlie du volume
où l'unité du peuple yougoslave est établie au quadruple point de vue
ethnographique, géographique, historique et moral. La troisième
partie résume l'histoire du peuple serbe de 1878 à 1914. L'auteur est
indubitablement favorable aux Slaves du sud et apporte un témoi-
gnage autorisé en faveur d'une cause qu'il sait rendre intéressante.
2 à 6. — Sous le titre général cVÉtitdes historiques et économiques
sur les Serbes de Hongrie, la librairie Bloud et Gay commence une
série de petits volumes qui se rapportent aux territoires serbes de la
rive droite du Danube. Les auteurs. MM. St. Stanoyévitch et \ovan
Radonitch, tous deux professeurs à l'Université de Belgrade, y expo-
sent avec compétence et clarté les divers aspects du sujet ; ils four-
nissent des renseignements très' précis sur le présent et le passé des
trois provinces qui formaient la Voiévodie serbe dans la monarchie
transleithane. Sur la couverture de chaque volume on trouvera d'ex-
cellentes petites cartes qui faciliteront l'intelligence du texte aux
lecteurs peu au courant de la géographie administrative de ces pays
mal connu des profanes.
7. — Dans une autre collection, celle des éditions Bossard. dont
j'ai déjà eu l'occasion de dire beaucoup de bien, paraissent trois
— 108 — .
volumes d'une agréable lecture. M. Chaboseau reprend, à grands
traits, riiisloire des provinces yougoslaves et proteste contre le projet
de dénieuibrement de ces territoires habités par une race ayant une
unité très accusée.
8. — iM. Bertrand Bareilles publie in extenso le rapport fort curieux
qui fut adressé à la Sublime Porte en 1878 par le pacha Carathéo-
dory, premier plénipotentiaire du Sultan avi Congrès de Berlin. Une
étude très pénétrante de la diplomatie ottomane, qui l'accompagne,
est de nature à provoquer des réflexions d'une portée tout actuelle.
'.)., — M. J. Chopin (alias Pichon) envisage la situation des pays
yougoslaves dans leurs relations avec leur entreprenant voisin de
l'ouest, qui, après avoir apitoyé l'Europe sur le sort malheureux de
ses compatriotes gém.issant sous la domination étrangère, réclame
aujourd'hui, et cotnbien impérieusement ! des provinces où l'élément
italien est assez clairsemé. 11 reste à savoir si le développement éco-
nomique de cette puissance maritime est une raison suffisante pour
créer une nouvelle Alsace-Lorraine sur les côtes de Dalmatie. L'ami-
tié sincère que l'auteur porte à nos alliés lui fait un devoir de les
mettre en garde contre une faute qui pourrait être grosse de consé-
quences. M. Chopin le fait avec une bonne grâce qui n'est pas
exempte d'une pointe d'ironie et d humour.
10. — Avec M. Rivet, nous entendons un autre son de cloche :
selon lui, tout ne serait pas encore pour le mieux dans la meilleure
des Yougoslavies. Il ne faut pas nier qu'entre des provinces qui ont
vécu une dizaine de siècles séparées, chez lestjuelles des despotes per-
fides essayaient d'entretenir des malentendus et des jalousies, l'amal"
game ne soit pas un peu difficile à réaliser du premier coup ; mais
les formules tranchantes de M. Rivet, la sévérité un peu rogne avec
laquelle il juge ses contradicteurs indisposent contre lui. La diploma-
tie européenne a pu commettre des erreurs, elle a obéi à certains pré-
jugés surannés, elle n'a pas toujours été bien inspirée (juand elle a
voulu agir et surtout quand elle a préféré temporiser, mais ce n'est
pas au moment où elle a contribué à nous procurer un traité glorieu-
sement réparateur qu'il semble bien à propos île lui reprocher d'avoir
mal servi la cause de la paix.
H. — La situation du territoire de Hijeka (Fiume) a été réglée par
des conventions de date relativement récente. L'accord conclu en 1808
entre les parlements magyar et croate laissait la question «mi suspens
et c'est grâce à une interpolation (jue la \ ille île Hijeka a été léunie au
royaume de Hongrie. On nous en fouiiiit la preu\e au moyen d'une
photographie du document original vsur leipiel on distingue nette-
ment l'addition que M. de Sisic appelle un i'anx.
12. — Bien authentique est le l'aele <k' Rome nivvlc entre les Slaves
- 101) -
ci les Italiens an moment où la fortnne semblait trahir la cause ila-
lienne. Ce parte était en contradiction avec celui de Londres el a perdn
>a valeur quand ont changé les conditions dans lesquelles il avait été
iicceplé.
\'i. — MaiiiLcnaiil. les patriotes yougosla\os sont liailés en suspects
€t même en criminels parleurs libérateurs. M. Farcie, instituteur
dalmale. à peine sorti des geôles aiilrichiennes, a été arrêté avec ses
parents, einbanpié pour Bari. conduit, les fers aux mains, à Potenza.
dans la Basilicale. il n'a échappé à la déportation en Sardaigne que
par une audacieuse évasion. De Paris, où il est réfugié, il adresse une
plainte suppliante aux chefs de la Conférence de la paix en rappelant
que beaucoup de ses compatriotes gémissent encore dans les cachots.
Cette histoire rappelle celle de l'infortuné Silvio Pellico : les hom uu-s
passent mais l'inhumanité est de tous les temps !
14. — Dans ([uelle mesure les Croates et les Slovènes ont-ils coo-
péré avec les Alliés, alors qu'ils étaient incorporés sous les drapeaux
autrichie[is ? C'est la question à laquelle répond le petit volume de
M. Barac. ancien recteur de l'Université de Zagreb (Agram). Ce
recueil de pièces ofQcielles montre les autorités impériales en face
des incertitudes que leur donnaient l'hostilité presque ouverte el
les défections continuelles des détachements yougoslaves incorporés
malgré eux dans une armée qui luttait pour étouifer leurs revendica-
tions légitimes. Ils ont contribué pour leur part à la débâcle finale
aiitricliienne et sont qualifiés pour le rappeler à ceux qui sont
aujourd'hui tentés de l'oublier.
15. — Il n'était d'ailleurs pas facile de faire preuve de tiédeur pour
la cause des Habsbourg, et l'album édité par la librairie Grasset nous
en donne des preuves indiscutables. Bulgares, Hongrois et Germains
ont rivalisé de férocité pour contenir des populations qui frémis-
saient sous un joug odieux. Ces reproductions photographiques de
fusillades el de pendaisons donnent un échantillon des procédés des
tortionnaires germano-touraniens. Ce sont des visions horribles et
qui restent comme un accablant réquisitoire contre la barbarie qui
s'était faite l'auxiliaire de la Kultiir boche. P. Pis.vm.
OUVRACîES SUR LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS
L' Accompniiiieinent du chant grégorien en cinq leçons, par l'abbé Jlles Carillios.
Paris, Bonne Presse, s. d., petit in-l2 de 32 p.. 0 fr. 30. — 2. Le Chant grégorien
restauré par Pie X. Principes traditionnels d'exécution d'après l'École de Solesmes, par
l'abbé Th. Lvrocue. Cbez l'auteur, curé de la Cheppe. par Suippe.s (Marne), 1916,
in-S de 110 p. Polycopie. 1 fr. — 3. Les Musiciens célèbres. La Musique grégorienne,
par Dom Auglstin Gat.vrd. Paris. Laurens, s. d.. in-8 de 128 p.. avec 12 repro-
ductions hors texte, 2 fr. 50. — 4. Les Maîtres de la musique. Mo:art, par Henhi
DE CcRzox. Paris, .\lcan, 1914. petit in-8 de 288 p., avec portrait. 3 fr. 50. — 5.
— 110 —
Les Maîtres de la musique. Victoria, par Henri Collei. Paris, Alcaii, 1914. petit iii-S
de 213 p., avec I pi., 3 fr. ôO.* — 6. Les Maîtres de la musique. Les Créateurs de
V opéra-comique français, par Georges Cuclel. Paris. Alcan, 1914, petit iii-8 de 245 p.,
avec i pi., '-i fr. 50. ■ — 7. Les Maîtres de la musique, t -i Demi-Sièrle de musi(iue fran-
çaise. Entre les deux guerres (1870-l'Jl7), par Julien Tierkit. Paris', .\lcari, 1918,
petit in-8 de 249 p., 3 fr. 50. — 8. Les Genres musicaux. Quelques mots sur la sonate
{Évolution du genre), par Blanche Selva. Paris, Delaplane, 1914, in-lO de 22.") p.,
2 fr. — 9. Études musicales, par Joseph -de Makliave. Paris, Alcan, 1917. iii-lO île
vi-229 p., 3 ff. 50. — 10. Le Cas Wagner, suivi de .\ietzsche contre Wagner, par
Frédéric Nietzsche ; trad. par Henri Albert. Paris, Mercure de France, 1914,
in-8 de lOb p., 1 l'r. — \\. La Trente-Deuxième Cantate de Bach, par Henri Malbel.
Paris, Fisbacher, 1914, petit in-4 de 52 p., 2 fr. — 12. Au courant de la vie, par
Ca.mille SAiNT-SAiiNs. Paris, Dorbon, aîné, 1914, gv. in-8, de 117 p., 7 fr. 50. —
13. L'Année musicale, publi.ée par Michel Brenet, J, Chantavoinr, L. Lalov, E. de
LA. Laukb.ncfe. :i* année, 1913. Paris, Alcan, in-8 de 358 p , 10 fr. — 14. Library of
Congress. Catalogue of earlj books on music (before 1>I00), by Jllia Ghegory, of tlie
catalogue division, prepared under tlie direction of 0. G. Sonneck. Wasliington,
Government printing office, 1913. gr. in-8 de 312 p,. cartonné. — 15. Histoire
de la musique, des origines à la mort de Beethoven. T. 11. Du ww siècle à la mort de
Beethoven, par J. Comhariel. Paris, Colin, 1913, in-8 de 703 p.. 8 fr.
1. — Sans pouvoir prétendre, en si peu de place, 32 ^^etites pages,
tenir lieu de maître ni d'un véritable traité d'harmonie, l'Accompa-
gnement du chant grégorien, par M. l'abbé Jules Carillion, pourrait, à
titre de première initiation, se recommander par son plan, sa clarté,
Tabondance de ses exemples et de ses exercices. Mais l'auteur ignore
le véritable rythme du plain-chant ; et les règles qu'il donne relative-
ment à la place des accords ne peuvent que détourner de la véritable
intelligence des mélodies grégoriennes.
2. — Dans ses Principes traditionnels d' exécution du chaid grégo-
rien, M. l'abbé Laroche a heureusement résumé en quelques pages,
sous forme catéchistique, la méthode de chant de Solesmcs. On trou-
vera dans ce petit livre, uniquement prati(|ue, écrit pour une mo-
deste « schola cantoruni » de paroisse, tout ce que les enfants ont
besoin de savoir pour bien interpréter le chant grégorien. Les
exemples abondent, tous tirés des morceaux usuels, et en notation
musicale moderne. Souhaitons que ce manuel obtienne un jour les
honneurs de l'impression.
o. — Cette Étude descriptive et historique, comme l'appelle Dom
Gatard dans son sous-titre, étudie d'abord la Musique grégorienne
dans sa tonalité, dans son rythme, le caractère de ses mélodies, et sa
notation ; suit l'historique de ce chant depuis ses origines jusqu'à
nos jours. C'est un résumé clair, substanliel, de l'enseignement de la
Paléographie musicale et du Nombre musical grégorien, dont il
reproduit fidèlement les doctrines. L'intérêt du volume est encore
augmenté par une collection do gravures reproduisant des illustra-
tions de manuscrits ou de livres imprimes, ou bien difTérenis spéci-
mens d'écriture musicale, depuis les neumes primitifs, ju-(pi'à la
notation sur la portée.
— 111 —
i. — (I Mozart est le plus grand f,fénie que l'nrt de la niu>i((iie ait
jamais fait naître. » Telle est la déclaration par laquelle débute le
Mozart de M. Henri de Curzon. Démontrer ce génie en suivant pas à
pas loGiivre de Mozart, voilà tout ce livre. Et quel génie ? L'auteur l'a
bien conipris. Génie simple, incoiiscieiil. miraculeux et naturel à la
fois, qui produit le miracle comme une chose ordinaire. Mozart ne
cherche ni le nouveau, ni la réforme ; mais l'éblouissante et féconde
flamme de son génie transforme tout, renouvelle tout. C'est un
enchantement. \u point de vue technique, tout lui est aisé, tout lui
est facile ; il semble qu'il invente la musique même, tant la difficulté
se fond aux rayons de son génie de lumière et de joie. Chez lui rien
n'est prodigieux parce que tout est prodige. Éclaircie de la sorte dès
les premiers pas. l'histoire de la vie de Mozart, de son développe-
ment, de sa carrière, se trouve singulièrement simplifiée. L'histoire,
l'anecdote, la biographie sont mises au second plan ; elles ne servent
qu'à éclairer l'étude chronologique des œuvres. Le caractère de Mozart
se dégage de cette description patiente et attentive de l'évolution
musicale, et sa vie elle-même est plus connue, « c.ar en réalité,
l'œuvre de Mozart, c'est sa vie elle-même. »
5. — Le Victoria de M. Henri Collet a le mérite d'être le premier
ouvrage que l'on consacre au génial musicien du xvi*' siècle, considéré
à bon droit comme le rival de Falestrina. L'Espagnol Victoria, appelé
le plus souvent jusqu'ici à l'italienne (( Vittoria », est déjà fort connu
et admiré du public français. Mais cette connaissance et cette admira-
lion se bornent souvent au charme goûté d'une première audition.
Nul mieux que le récent auteur du Mysticisme musical espagnol au
x\i' siècle n'était préparé pour parler de celui dans lequel est venu
se résumer en quelque sorte et s'épanouir tout ce magnifique mou-
vement. Dans la première partie de cet ouvrage nous avons trouvé
l'histoire documentée d'une carrière d'abord brillante qui se tour-
nait de plus en plus, et volontairement, vers le silence et les
pures aspirations de la foi. L'étude de l'œuvre qui fait suite nous ré-
vèle cette foi profonde qui orienta et finit par absorber la vie de Vic-
toria : « c'est dans la plus austère religion, voire dans le mysticisme
exalté qu'il faut reconnaître les sources de son inspiration. » Sa devise
Dec optimo clarissimo nous fera comprendre «. l'unité d'une vie d'ar-
tiste fondue en Dieu, objet exclusif et suprême de toutes les impres-
sions, de toutes les émotions à Lui rapportées d'une langue naturelle-
ment ecclésiastique, n La vraie cantilène ecclésiastique romaine ou
espagnole, unie à la propre mélodie de son âme heureuse ou blessée,
telles sont eu effet les sources très pures de la musique victorienne.
Et c'est ce qui en explique le style. Certes Victoria pensait vraiment
dans la langue musicale et la parlait avec une élégance déjà
— 112 —
raffinée, mais il no faut pas chercher chez hii ces pages d'nne écriture
modèle que Palestrina nous olfre si souvent. Le dramatisme expres-
sif du Castillan saura nous émouvoir par des accents, des cris, des
larmes plus louchantes que les contrepoints les mieux venus. Celte
prédominance de l'esprit sur la forme donne, scmble-t-il, à Victoria de
subtiles affinités avec les Primitifs dans les autres arts. Pourtant
l'analyse de passages hardis permet de noter des nouveautés d'écri-
ture qui révèlent 1 instinct du génie précurseur. A une heure où tout
semble s'orienter vers la réforme de l'art religieux et catholique,
Tious souhaitons fort de voir ce livre se répandre et, au contact de ce
(( Primitif » en musique, donner aux artistes le goût des deux vraies
sources d'inspiration de la musique religieuse, l'une intérieure : la
foi vivante et ardente, l'autie extérieure : la cantilène ecclésiastique,
le plain-chant, qui leur permettront de vivifier, Deo opL'imo clarissinio.
les matériaux incomparablement plus variés de la technique musicale
d'aujourd'hui.
6. — On peut lire en toute sécurité les Créateurs de l'opéra comique
français, de M. G. Cucuel : ce livre, aussi clair qu'il est nourri, est en-
tièrement appuyé sur les sources et les documents (voir ci-dessous
n° 13 : L'Année musicale de 1913). Des recherches de M. G. Cucuel, il
résulte que les premiers essais d'opéras comiques se rencontrent à la
comédie italienne avant 1697. Cependant trois influences se lisent
netternent daiis l'opéra comique français une fois constitué : le
théâtre de la Foire de 171^ à 1740, l'opéra bouffe italien vers 1752 et
au delà, enfin la symplionie allemande qui se fait connnaître en
France vers 1760. Tels sont les éléments disparates qui ont formé ce
genre « éminemment français » qui reflète avec exactitude les senti-
ments, les mœurs, les idées, le mélange de sensibilité et de légèreté
qui caractérisent le xviii* siècle.
7. — Le livre intitulé : in Demi-Siècle de musique française a été
écrit en pleine guerre. Les bouleversements qui se produisent pro-
voquetit à un examen de conscience : la musique ne saurait échapper
à cet examen. Où en sommes-nous ? se demande M. Julien Tiersot,
qu'avons nous fait depuis un demi-siècle P Le présent livre est une
réponse à cette question. L'École française a fait preuve, dans cette
période, d'une activité jusqu'alors insoupçonnée. M. J. Tiersot en étu-
die les manifestations avec sympathie et impartialité. Après un rapide
regard sur la musique avant 1870, l'auteur entre en plein dans son
sujet. Pour lui, l'événement capital dans l'histoire de l'art français,
est la constitution, le 2."i février 1871, de la u Société nationale de
musique » dont l'initiateur est M. Saint-Saëns. Paris venait à peine
d'être délivré du blocus prussien ! La grande ombre de Berlioz plane
sur la jeune société et l'inspire. De nouveaux compositeurs allinent
— 113 —
leur talent : Bizet, (iiiiiaud, Masseiiel, Heyer, etc.. ; bientôt deux
grandes Kcoles de dégagent : École de César Frank avec Vincent
dlndy, Kccile de Saint-Saëns avec Gabriel Fauré. Une troisième École,
celle du Conservatoire, a sa physionomie pat ticulière. Chacune est
étudiée dans ses principaux représentants. Enfin pour terminer le
volume, M. J. Tiersot esquisse les [lortraits d'Alfred Bruneau. de
(instave Charpcnliei- ; il s'étend plus longuement sur Claude Debussy.
Après 11)00, la jeune génération a déjà donné des preuves de son acti-
vité artistique, mais elle a été « violemment tirée de son rcve par
les sanglantes réalités de 1914. » Après cet expose historique. M. J.
Tiersot ne craint pas de conclure : « Désormais la musique fran(;aise
a le droit de réclamer dans le concert des nations, la place qui lui
appartient, et qui est, ne craignons pas de le dire, la première. »
8. — Quelfjiies mots sur la sonate, de M"' Blanche Sel va. est un
ouvrage destiné au grand public : il est extrait d'un livre très docu-
menté, très érudit : La Sonate, étude de son évolution technique his-
torique et expressive, en vue de r interprétation et de l'audition (Paris,
Kouard et Lerolle). Les origines de la sonate, la sonate pré-beetho-
vienne, la sonate de Beethoven, la sonate après Beethoven, la sonate
moderne : telles sont les étapes que l'auteur parcourt rapidement,
laissant voir partout la sûreté et léquilibre parfait de son jugement
en matière d'art. Le chapitre II sur l'interprétation, dont les principes
sont applicables à toute forme de musique, recommanderait à lui
t^eul la lecture de ce petit livre. Les artistes, compositeurs aussi bien
qu'interprètes, y trouveront, donnés par une artiste, le secret comme
le but de leur art : « Voir et aimer la Beauté et l'expliquer aux autres
pour le plus grand rayonnement de cette même Beauté. »
9. — Le capitaine Joseph de Marliave était l'un de nos musicologues
les plus érudits. Il a été tué glorieusement à l'ennemi dès le début
de la guerre. L'éditeur des présentes Études musicales a voulu être
utile en réunissant les articles publiés par M. J. de Marliave dans
diverses revues. Ce premier volume comprend les études d'un carac-
tère général. Je me borne à les énumérer, faute de place, en ajoutant
la date de leur composition : Gabriel Fauré, 1903 ; Musiciens russes,
1907 ; Musiciens anglais, 190G ; Isaac Albeniz, 1912 ; Musiciens alle-
mands, 1907-1910. Le volume se termine par quelques pages inédites
sur les quatuors de Beethoven ; elles sont en quelque sorte la préface
•de l'étude très importante qui sera publiée sur ce même sujet. Ce n'est
pas sans une impression douloureuse qu'on lira les pages de cette
victime de la guerre sur les musiciens allemands : sa critique a des
éloges sans doute, mais en présence de certaines œuvres de Richard
Strauss, il ne peut retenir sa plume et relève « l'orgueil kolossal »,
AoCT-SEPTEMIiRE 1919. T. CXLVl. 8.
— iu-
le « mépris féroce », (( la cltireté »> de cette race contre laquelle il a
lutté jusqu'à la mort.
10. — Nietzsche, après avoir été Tami, l'admirateur de Wagner, en
est devenu l'adversaire, le détracteur le plus déterminé. Le Cas
Wagner, sous une forme moitié plaisante, moitié séiieuse, ridendo
dicere sevenim, est une charge à fond contre le théâtre de Wagner,
contre le comédien qu'est Wagner, contre la musique de Wagner,
qui est un art de décadence et de mensonge. Dans l'Épilogue on lit
cette plirase : « Un philosophe éprouve le besoin de se laver les
mains, après s'être occupé si longtemps du Cas Wagner ! Le Nietzsche
contre Wagner est une série de chapitres choisis par Nietzsche dans
ses écrits précédents de 1877 à 1888. C'est un développement du cas
W^agner, sous une forme plus « sérieuse », c'est Nietzsche qui le dit
lui-même (p. 103). Au fond, toutes ces attaques ne le sont guère
« sérieuses. » Nietzsche, avec sa philosophie détestable, était inca-
pable de comprendre Wagner ; ce qui n'est, après tout, que demi
mal : mais ce qui clioque ici par-dessus tout, ce sont les doctrines
odieuses du philosophe.
i\. ~ Une longue Introduction (la moitié de la brochure) où l'au-
teur a la prétention de nous faire connaître le sujet de la Trente-Deu-
xième Cantate de Bach (« Jésus bien-aimé. mon désir »), et qui n'est
qu'une mièvre et inconvenante divagation sentimentale d'une reli-
giosité nouriie de Renan et de légendes sans naïveté ni fraîcheur.
Avec encore quelques vagabondages, une analyse, fantaisie verbale et
verbeuse, de cette œuvre si pure du grand et sincère J. S. Bach.
42. — Si vous voulez vous délasser d'un travail intellectuel îai'i-
gws^ni, \)v&x\ez Au courant de la vie, de M. C. Saint-Saëns. L'auteur
vous parlera dabord musique et musiciens ; sur ce sujet il excelle ;
puis il éveillera ses souvenirs, vous fera même quelques confidences
sur l'origine de telle ou telle de ses œuvres. Enfin, à propos de bctes.
il effleurera, — oh ! sans prétention. — la philosophie ; là, vous trou-
verez l'histoire de sa chienne Dalila. dont la photographie est en tête
du volume. Vous penserez peut-être que le philosophe n'est pas à la
hauteur du musicien, et vous n'aurez pas tort ; mais vous serez forcé
d'avouer quo l'un et l'autre sont agréables et reposants. L'édition est
très artistique, d^stiinl-e d'ailleurs aux bibliophiles.
13. — Le troisième tome de YAnnée musicale (1013) rencontrera
parmi les musicologues, la même faveur que les deux premières
années de cette savante publication. Cne importante Bibliographie
des hihliographies musicales, établie par M. Michel lîrenet. aj)portera
aux érudits \r j)lns utile instrument de travail pour les guider dans
leurs rechoiehes. La division en est bien comprise : I. Ouvrages gé-
néraux, classés par ordre alj)habéti(|ue de noms d'auteurs, et, pour
— 115 -
les anonymes, de titres ; H. Bibliographies iiulividuelles, par noms
(le musiciens : III. Catalogues de bibliothèques publiques ; IV. Cata-
logues de bibliothèques privées ; V. Catalogue d'éditeurs et de li-
braires. .\ussi utile est le Cataloyuc mclhodiijue des manuscrits musi-
caux du Tonds latin de la Bibliothèque nationale, dressée par
M. Louis Royer. L'auteur donne l'inclpit et les derniers mots de
chaque traité. On trouvera, à la fin, une liste alphabétique des au-
teurs et une table des iiicipil des traités anonymes, qui complètent
sur plusieurs points celui que Doin \'ivell a lourni dans Initia Irac-
luum musicae ex codicihus cditoriiin... Une étude de M. Lionel de la
Laurencie apporte des documents curieux sur la carrière d'Andic
Campra. musicien profane ; et M. Georges Cucuel, dans un mémoire
richement documenté, remonte aux sources de l'opéra comique fran-
çais, dont il s'est fait le sagace historien. M. Jean Chantavoine passe
en revue les nouveautés de la musique française en 1913. Enfin de
nombreux comptes rendus d'ouvrages terminent le volume.
14. — Le Catalogue of early books on nnisic [before 18S0) rendra
service aux musicistes américains qui ne peuvent se procurer ces
sortes d'ouvrages à cause de leur rareté et de leur prix exorbitant.
Il est dressé avec soin et intelligence, par ordre alphabétique de noms
d'auteurs ; il s'arrête à l'année 1800. On y trouve certains livres très
rares. L'Amérique a su s'enrichir des dépouilles de la vieille Europe.
La même bibliothèque a publié déjà : Orchestral Music Catalogue et
Dramatic Music, catalogue of full scores, en 1908, tous deux annoncés
en leur temps dans le Polybiblion.
15. — Le Polybiblion a déjà fait l'éloge du tome premier de l'His-
toire de la musique de M. J. Combarieu (t. CXXVIII. octobre 1913.
p. 31 1-312), Le touie deuxième, paru en 1913. n'est en rien inférieur
à son aîné : même méthode, même esprit général de travail, même
érudition, même abondance de bibliographie; en somme une véri-
table histoire de la musique à la fois complète et condensée eu une
forme qui la rend accessible à tous. Le nouveau volume nous conduit
du xvii« siècle à la mort de Beethoven (1825). Il achève l'histoire de
la Renaissance musicale en étudiant lopéra italien et son rayonne-
ment en Europe, l'opéra français, la musique d'église, bref toutes les
manifestations de l'art musical au xvii'' siècle, c'est-à-dire les œuvres
de Lulli, Rameau, Haendel, S. Bach, etc. Les temps modernes com-
mencent vers 1750, cette période va de Gluck et de Piccini à Beetho-
ven ; elle est coupée par la Révolution. Un troisième volume devait
conduire l'Histoire de la musique jusqu'à nos jours; nous espérons-
que la mort si regrettable de M. J. Combarieu n'empêchera pas la
réalisation de ce projet. 0. M. B.
— M(j —
THÉOLOGIE /
Paradoxes «lu catholicisme, par Mgr Robert Hugb Bekson ; traduc-
tion de l'anglais par Charles Guolleau. Paris, Crès, 1919, in-16 de xi[-
252 p. — Prix : 3 fr. 50.
La méthode suivie par le célèbre converti anglais, le regretté Mgr
Robert Hugb Benson, dans son carême de 1913. sur les Paradoxes du
catholicisme, prêché à Rome, en l'église San-Silvestro-in-Capite, con-
siste à mettre en relief et en contraste deux groupes d'objections con-
tradictoires dirigées contre le catholicisme, à propos d'un même pro-
blème moral ou doctrinal : paix et guerre, richesse et pauvreté, sainteté
et péché, joie et tristesse, amour de Dieu et amour de l'homme, foi et
raison, autorité et liberté, société et individualisme, douceur et vio-
lence, vie et mort. L'orateur ne se contente pas d'opposer l'un à
l'autre, comme pour les annuler, les deux groupes d'objections,
mais il dégage avec force celui des caractères complexes du catholi-
cisme que défigure ou méconnaît chacune des objections en pré-
sence. Dans cette complexité. Mgr Benson, loin de voir une faiblesse,
montre au contraire une richesse féconde de vérité. L'Église est à la
fois divine et humaine. L'objet de sa mission sur la terre requiert
pareille juxtaposition des éléments d'ordre divin et d'ordre humain
dans une synthèse compréhensive et une même réalité vivante. Image
lointaine de la dualité des natures divine et humaine dans l'un.ité
personnelle et substantielle du Verbe incarné. Dans le Christ comme
dans l'Église, il y a le paradoxe de la coexistence, que d'aucuns
auraient faussement cru contradictoire, de ce qui est divin et de ce
qui est humain. Le mystère de l'Église répond, non sans frappante
analogie, du mystère du Christ.
Le recueil se compose de courts sermons où la démonstration ne
saurait être creusée en profondeur, mais où l'argumentation vive et
topique du défenseur de l'Eglise laisse dans l'esprit de l'auditeur et
du lecteur une impression saisissante de vérité.
Le traducteur des Paradoxes du ralholicisine, M. Charles Grolleau,
est à la fois un spécialiste distingué des études anglaises et un
apôtre ardent des idées catholiques. Yves de la Brière.
JURISPRUDENCE
The Privileycs and Iinniunlties of State Citizeiiship, by Roger
Ho-vvELL. Halliinore. .lohns Ilopkins Univorsily Studies, 1918, in-S de
117 p. — Prix : 5 fr.
L'auteur, qui est maintenant oflicier dans l'armée des États-L^nis,
s'est elïbrcé, dans cet opuscule, de préciser la portée d'un article in-v
Iroduit dans la constitution en 1787 et qui est connu sous le nom de
i
- 117 —
Coinily Clause (dans la seconde section de l'article i de la constitu-
tion). Cette clause garantit aux citoyens de cliafjue Étal la jouissance
dans les autres États de tous les privilèges et ininiui»ités des citoyens.
Il interdit ainsi à chaque État de soumettre les citoyens des autres
États à une législation diflérente (discriminatory Icyi.stalion) de celle
qui s'ap[)lique à ses propres ressortissants. Cette interdiction vaut
incontestablement pour l'ensemble des droits privés ou civils. On ne
doit pas, explique notre auteur, la considérer comme absolue en
matière de droits politiques ou quasi-politiques, ni pour les mesures
de police, ni pour le régime des corporations n'avant pas leur siège
dans l'État. Certains juristes avaient essayé de présenter la Comity
Clause comme une sorte de sauvegarde conslitutioiuielle de l'en-
semble des droits naturels. Théorie séduisante à bien des égards :
M. R. Ho\vell la repousse pour des raisons juridiques. Même pour
ceux qui ne lui reconnaissent pas une telle portée, la clause en ques-
tion est bien l'une des assises de l'union américaine.
Ba^o.n Angot des Rotolrs.
SCIENCES ET ARTS
L'Éducation de rintelliyence et du cœur, par G. Méra. J'aris. Le-
thielleiix, iUl 4, in-12 de 216 p. — Prix : 3 fr. oO.
Dès la première page, l'auteur nous avertit qu'il a formé ce volume
d'articles publiés antérieurement dans m deux Revues très dignes
d intérêt. » On ne doit donc pas s'attendre à y trouver une rigoureuse
unité de composition. C'est l'unité d'inspiration qui fait le lien entre
les morceaux divers, et on en pourrait peut-être formuler un résume
assez exact en ces deux propositions : l'étude des auteurs classiques
élève l'intelligence, affine le goût, et nous prépare ainsi à mieux appré-
cier la vérité chrétienne ; mais il faut à Tàme qui veut réussir dans
cette tâche des dispositions d'ordre moral sans lesquelles son regard
serait plus ou moins obscurci.
Si ces pensées ne sont pas entièrement nouvelles, elles sont incul-
quées ici et développées par des observations judicieuses et de saga-
ces analyses, dont profiteront les éducateurs, et qui prouvent une fois
de plus que la valeur d'une œuvre ne dépend pas tant du sujet qui
en fait la matière que de la manière de le traiter. Ch. Landry.
Aperçu des importations principales dans les divers pavs,
de 1911 à 1913, avec indication des provenances françaises
et étrangères. Paris. Alcan. 1918, gr. in-S de xx\vi-l63 p. — Prix :
8 fr.
Cette publication de la statistique générale de la France (service
— 118 —
d'observation des prix) est tin document des plus utiles, dont le
besoin se faisait particulièrement sentir au moment où se multi-
plient les études concernant notre relèvement économique. 11 est vrai
que les chiffres qu'elle donne figurent dans les statistiques douanières
des divers pays. Mais tous ceux qui ont manié ces statistiques con-
naissent les tlifTicultés que l'on éprouve à les utiliser. Elles ne sont
pas comparables entre elles à cause de la diversité des nomenclatures,
de la différence des monnaies et des mesures — sans parler de leur
rédaction dans des langues étrangères.
Les auteurs de ce travail très important ont choisi justement les
chiffres du commerce spécial de préférence à ceux du commerce géné-
ral. Une Introduction, signée de M. Lucien Mardi, donne des vues
générales intéressantes sur le commerce extérieur de la France.
A. T.
Fl«ra of New Mexico, by E. 0. Wooton and Paul G. Standley. (Smith-
sonian Institution United States national Muséum.) Washington, Govern-
ment prinling ofiice, 1915, in-8 de 794 p.
Pour connaître la valeur de cette flore il est utile d'exposer les litres
de ses auteurs : M. AVooton appartient depuis vingt ans au Collège
d'agriculture du Nouveau-Mexique, ce qui lui a permis de faire de
nombreuses collections botaniques dans presque tous les comtés de
ce vaste État ; M. Standley, conservateur adjoint de l'Herbier national
des E. U. a participé trois ans aux travaux du Collège d'agriculture
du N. M. et, depuis lors, a parcouru l'Etat dans le but spécial d'en
approfondir la flore. C'est le résultat de ces fructueuses recherches
que nous présente le 19^ volume des Contributions à l'Herbier national
des E. U. ; inutile de dire que les auteurs y ont joint tout ce (pi'ils ont
pu tirer des ouvrages parus précédemment ainsi que de linspection
des nombreux herbiers qu'ils ont consultés.
La Flore du Nouveau-Mexique donne la description de 2.975 espèces
de phanérogames ou de cryptogames vasculaires ; toutefois les auteurs
présument avec raison que le N. M. renferme beaucoup plus de .3.000
espèces dans les 122.000 milles carrés de sa superficie. Il est assez
probable, en effet, qu'il existe encore de nombreux cantons qui n'ont
pas été visités par un botaniste et cela le long des frontières de l'État.
II importe en outre de signaler tout particulièrement le caractère
local de cette flore : les données concernant l'habitat et la distribution
en zone ne sont pas les seules à le posséder ; les descriptions géné-
riques elles-mêmes sont établies en envisageant seulement les espèces
néo-mexicaines et elles peuvent fort bien ne pas s'appliquer exacte-
ment aux espèces étrangères.
De plus, tout ce (jui concerne la pliytogéogtaphie fera l'objet d'un
— Ili> —
ti.ivilil spécial. 'IVlIe (iircllc est. lu Flore du Nouveau-Mexiquo est un
oiiNia^uî (jiii précise l'état des connaissances iiolaniqnes d'une partie
du S. 0. américain à la fin de l'année 1914 ; indispensable aux her-
horisations, il est en même temps une pierre nouvelle et fort impor-
tante de l'immense édifice consacré par le Muséum des E. U. aux
connaissances botarûques de l'Américpie du nord.
J.-B. Maktin.
LITTÉHATIJRE
Horace, sa A'ie et sa pensée ù Tépoque des Épîtres, élude xiir le
pre.Diicv Livre, par Edmond Couhbald. Paris, Hacliette, 1914, iti-16 de
vin-3t)8 p. — Prix : 3 fr. 50.
Tout est-il dit sur Horace ? M. Gourbaud ne le pense pas, et il a
raison de croire que les choses littéraires contiennent une part d'in-
terprétation, et que ces sortes de questions, comme d'ailleurs la plu-
part des questions qui intéressent les hommes, se renouvellent avec
l'esprit qui les envisage. Il est certain que les publications sur Horace
sont innombrables ; combien de lettrés, professeurs ou magistrats
en retraite, ont consacré à leur auteur préféré, les restes d'uiie ardeur
qui s'éteint, et d'une sagacité toujours en éveil ? M. Gourbaud con-
naît tout, il a tout lu, mais il a surtout lu et étudié Horace lui-même
•encore plus que ses nombreux commentateurs, a Pour comprendre
ce qu'un auteur a voulu dire, le mieux est encore de le lui deman-
der à lui-même, sans intermédiaire. Rien ne vaut, avec un maître
qui a su s'exprimer, l'étude directe, immédiate, de l'œuvre où il a
traduit sa pensée. »
Horace est à la fois poète lyrique, poète satirique et poète didac-
tique. M. Gourbaud laisse le poète satirique à M. Gartault, le poète
lyrique à MM. Plessis et Lejay ; il veut aborder une tâche plus res-
treinte, et n'étudie que le moraliste. 11 s'agit non pas d'Horace tout
entier, mais de ses Épîtres, non pas de toutes les Épîtres, mais de
vingt petites pièces du premier livre. Il essaie de les prendre une à
une, les analyse pour en saisir le sens et la portée exacte, et cherche
à interpréter ainsi directement la pensée d'Horace, à une époque dé-
cisive de sa carrière, à un moment où son caractère était formé et ses
idées arrêtées.
Dans un premier chapitre, l'auteur montre comment Horace est
arrivé à l'épître en passant d'abord par la satire, qui n'est pas pour
Horace un genre radicalement dilTéreut de l'épître, puisque l'élément
moral et didactique y est prépondérant et que l'élément agressif et
personnel qui est le propre de la satire, disparaît et s'efîace de plus
en plus. De même que l'épode avait mis Horace sur la voie de l'ode.
— 120 —
ainsi la satire l'a mené naturellement à l'épître : o Tout procède chez
lui par transitions et par degrés, régulièrement et avec ordre. » Du
reste, le poète semble être né pour l'épître. Il n'avait pas assez de
tempérament pour la satire, ni assez d'enthousiasme pour l'ode ;
l'émotion et l'élan lyrique lui font défaut; comme il le lui-même,
il a reçu des dieux un souille assez court :
spirilum tenuem
Parcax non menda dedil (6arm. h, 16, v. 38).
Puis, dans trois ou quatre chapitres, agréablement écrits, M. Cour-
baud étudie Horace lui-même d'après ses épîtres du premier livre, sa
conversion, son épicurisme ou son stoïcisme, l'influence de la cam-
pagne. Je signale en passant la fine analyse de l'Àp/'/re Wù Tihiille, et
l'ingénieux commentaire du mot un peu gros qui a scandalisé
quelques amis d'Horace
Cum ridere voles « Epicuri de gregc porcuni » (Ep. i. iv, vers 16)
et que M. Courbaud explique fort bien en disant : « Il y auiait quel-
que injustice à retenir contre le poète la plaisanterie de la fin, uu
peu forte évidemment, mais qui lui a été suggérée par l'intention
délicate de dérider un mélancolique invétéré, comme l'était Tibulle.
Que de charmants aperçus sur la société romaine, sur les voyages.
les repas, la liberté politique dans l'épître X à Fuscus, dans l'épître
XI à Bullalius, dans l'épître XII à Iccius.
Un des chapitres les plus intéressants de ce livre, est celui qui est
intitulé : Horace et les jeunes gens. A coup sûr, on l'eût fort
étonné, si on lui eût dit autrefois qu'il deviendrait un jour le con-
seiller intellectuel et le directeur moral des Florus, de LoUius, des
Celsus, des Scaeva, c'est-à-dire des jeunes gens qui appartenaient
aux plus grandes familles de Rome. Il s'irritait contre les importuns
qui venaient le solliciter en pleine voie sacrée
Ibam forte via Siicra
d'intervenir en leur faveur auprès de Mécène, dont il était, au su de
tout le monde, l'ami et le faïuilier ; mais il ne lui déplaisait pas
qu'on eût recours à lui pour sa grande expérience des choses de l'es-
prit et des choses de la vie. Il détestait, il est vrai, la mise en scène,
le ton doctoral de celui qui professe, mais il donnait volontiers à des
amis j)lus jeunes un conseil discret, un avertissement utile avec
toutes les précautions que sait prendre à cette occasion un homme
du monde. Cet enseignement était varié et s'adaptait à la nature
d'esprit, au caractère des disciples. M. Courbaud fait remarquer que
presque tous ces jeunes gens étaient possédés d'une inquiétante ma-
nie de littérature ; aussi Horace, pour les guérir de cette vanité, cher-
— 121 —
( liiiil diiiie pjtrt ù les drlfnii iipp de la poésie (|iii Ifur réserve des dé-
ceptions, parce qu'elle ne soullVe pas de niédiocriti-
Mediocribus esse poelis
Non lininiiies, non di. non concessere columnae (ad Pisoncs 372-3).
d'antre part il les poussait vers la philosophie, où ils trouveraient
plus de satisfactions vraies et de bonheur. Ainsi, dans l'épître II,
adressée à LoUius, il est un directeur de conscience, dans l'épître 111 à
i'iorus, dans l'épître VllI à Celsus, il est plutôt un conseiller littéraire.
Lesépîtres \VII1 à Scaeva, et X\II à Lollius contiennent des préceptes
('xcellents sur la manière de se conduire avec les grands ; il y con-
damne d'une manière discrète cette vie de servitude où cependant il
Y a du mérite, car comme il le dit lui-même
Principibus placuisse viris non ultiina laus est (Ep. I, 17, v. 35)
et à ce métier de courtisan il préfère la retraite avec la liberté. Plaire
aux premiers de ce monde, le résultat n'est pas médiocre ; vivre dans-
la retraite et manger son pain en liberté, le résultat est meilleur.
Ces idées nous les retrouvons développées sous une foiine plus
poignante dans le 1V<* chapitre, intitulé u Horace et les Grands. »
Étudiez les rapports d'Horace avecBrutus, Agrippa, Auguste, Mécène
ou Tibère, surtout lisez dans ce chapitre l'histoire de ses relations
avec Mécène, et vous conclurez avec M. Edmond Courbaud que c'est
par le tact, par une affection sans vile complaisance, par le respect
de soi jusque dans le désir de plaire, par iin mélange de familiarité
et de déférence, d'abandon et de retenue. qu'Horace, au milieu d'une
société qui n'était pas la sienne, sut conquérir une place enviée,
unique, et, — ce qui est plus rare — l'ayant conquise, parvint à la
garder. » On en peut juger spécialement par l'épître VII, adressée à
Mécène, qui définit exactement les relations d'Horace et de Mécène,
et leur étroite amitié, que la mort elle-même ne devait pas détruire:
Non ego perfidum
Dixi sacraniontuni. Ibimus, ibimus,
Utcumque praecedis, supiemum
Carpere lier comités parati (Carm. ii. 17. vers 9-12).
«
("e^t donc à tort que les écrivains de l'Empire se lamentaient en com-
parant leur fortune à la fortune d'Horace ; ils oubliaient que la plus
grande différence entre eux et lui résidait dans le caractère des hommes
et que, pour une amitié comme celle qui leur faisait envie, s'il faut
([u'il y ait des Mécène, il faut encore plus qu'il y ait des Horace,
c'est-à-dire des âmes capables de s'élever au-dessus d'elles-mêmes, et
qui ne soient pas u des âmes pétries de boue », comme dit La Bruyère.
Dans le premier livre des Épîtres, M. Courbaud a réservé pour la
fin de son étude, trois épîtres qui sont relatives à la publication ou à
la défense des ouvrages d'Horace ; ce sont des épîtres littéraires : l'une^
— 122 —
répîtreXIII, est adressée à \' in nius, qui doit présenter le recueil des trois
premiers livres de ses Odes à Auguste, Tautre, l'épître XIX, est adressée
à Mécène ; Horace se moque des imitateurs, et dédaigne les grammai-
riens critiques incapables de comprendre les modernes, enfin la troi-
^ième, l'épître XX, est adressée à son livre lui-même, et M. Courbaud
se plaît à montrer sous quelle foinje ingénieuse à la fois et ambiguë,
Horace accompagne de ses vœux, son livre, jeune homme aventureux,
qui est pressé de se lancer dans le monde.
... Fugo que descendere gestis ! »
Cette première étude, qui sera évidemment suivie d'une autre, sur
le second livre des Épîtres, se termine par un appendice chronolo-
>ïique, que les lettrés, c est à-dire les amis dHorace^ liront avec plai-
sir, et par une courte'conclusion sur la morale du poète, que d'au-
•cuns jugent médiocre, terne, vulgaire, sans idéal, capable tout au
plus de faire une vie tranquille et moyenne, mais non une vie noble,
grande et belle. Il est certain que la morale d'Horace n'a pas la hau-
teur de celle de Platon, ni même l'austérité des stoïciens, c'est
une sagesse à mi-côte, qui convient à la moyenne de l'humanité,
elle ressemble un peu à celle de Montaigne ou de La Fontaine. Horace
fut un homme heureux, et sa fin fut celle d'un sage : « c'est un beau
soir tranquille, dont la paix descend lentement, doucement dans
l'âme du lecteur. » Relisez 1 épître à Horace de Voltaire !
Que dirai je de la foime et du style de ce livre ? C'est d'un charme
élégant, c'est de l'érudition française dans sa fleur et qui couvre de
sa grâce légère les lourdes élucubrations germaniques. Le meilleur
éloge qu'il me soit permis d'en faire, c'est de dire qu'il m'a rappelé
sans désavantage les conférences que notre maître Gaston Boissier
nous faisait autrefois dans la petite salle du Collège de France, où se
pressaient tant d'amis pour l'écouter parler d'Horace et de la société
de son temps. (^)uelle finesse et quelle distinction ! 11 me semblait re-
trouver dans ces pages comme un écho de cette voix aimée, aujour-
d'hui à jamais éteinte. M. Courbaud doit s'en souvenir lui-même et
ce souvenir n'est pas sans doutospour lui déplaire.
L. Menscii.
I.oui^it V«*uillol «*t los mauvais niait pcs des XVl»', XVII'' et
W'III'^ siècles, par (i. Iîomolx. l^iris. Pcnin. I!M0, iii-l() do \i,iv-:277 |).
— l^rix : :i fr. T.O.
M. l'abbé Bonloux avait, en un pronii(M' volume, groupé de larges
extraits de Louis Veuillol |)(ilémi'<te, défondant la vérité catholique
contre ceux de ses conlomporains qui en étaient les principaux adver-
saires. Selon sa promesse. M. Bontoux poursuit sa tâche en remontant
la suite des temps et np[)C)rto dos passages concernant les « mauvais
— I2.S —
maîtres » d'atito'fois, coupables oiix aussi d'avoir servi la cause de
l'erreur et du mal. Une préface loi "pages) exj)ose les raisons des
choix qui concernent ici Luther. Calvin, Rabelais, Molière. Lesage,
BufTon, Beaumarchais, Voltaire, Rousseau, les Encyclopédistes. Voir
ces noms ne sur[)rend pas quand oh connaît les œuvres de ces trop
fameux écrivains. Molière, pour qui on eût aimé faire une exception
en le sortant de ce fâcheux entourage, figure sur la « liste noire »,
surtout an titre d'auteur du Tartufe ; on se souvient d'ailleurs que
pourrendiejustice à la morale chrétienne, au courage de ses serviteurs.
L. Veuillot a écrit, les mettant en opposition l'un à l'autre, sur « Mo-
lière et Bourdaloue » tout un livre ; les principaux passages rapportés
ici en sont tirés. La lecture de tant de pages vengeresses marquées
au coin de l'oiihodoxie religieuse et du bon sens français apporte au
lecteur un véritable réconfort. Le « comjiientateur » les enveloppe
de réflexions utiles ; toutefois nous eussions préféré un peu plus de
clarté dans cette présentation où le texte cité se dilue et s'enchevêtre
souvent dans les réflexions quil'accompagnent elles résumés qui le
suivent. Aux notes se référant à chaque extrait, il eut été bon d'ajou-
ter l'année où l'article a été écrit : cette indication de date aurait uti-
lement éclairé telle ou telle allusion, tel ou tel rapprochement. L'en-
semble constitue un recueil très curieux et très littéraire qui forme
une sorte d'arsenal plein d'armes excellentes contre les contempteurs
de l'Église dont les arguments d'ailleiiis n'ont pas changé ni rajeuni
depuis quatre cents ans et au delà. G.
HISTOIRE
l.a Face de la Terre (Das Antlitz der Erde), [far 1m>. Sless : traduit
et annoté sous la direction d'EMM.wuEL de Mahgeiue. Tome IFI. 4' Partie
(Fin) et Tables générales de l'ouvrage. Paris. Colin, 1918-1919. 2 vol. in-
8 de xvi-364 (p. 1361-1724) et 25S p. avec 2 cartes en couleur, 3 planches
hors texte et llo figures dans le texte. — Prix : 25 fr.
C'est vers 1800 que M. Emmanuel de Margerie conçut le projet de
traduire l'-l/îZ/i/r der Erde d'Edouard Suess ; il a consacré près de
trente ans de sa vie à réaliser ce beau dessein et à le mener à bonne
fin. Aujourd'hui, plus de vingt ans après la publication du premier
volume, nous voici en possession des deux derniers fascicules de l'ou-
vrage, et chacun peut, mieux qu'il ne l'avait fait jusqu'ici, se rendre
«ompte de l'importance de l'œuvre entreprise et des mérites de la tra-
duction française. Nous en avons déjà parlé naguère; contentons-nous,
pour ne pas nous répéter, de dire ici que, grâce à M. de Margerie et
à ses collaborateurs, VAntlilz der Erde est devenu accessible à
tous les lecteurs français qu'une lecture pénible du texte original eût
empêché d'en bien comprendre toutes les idées et eût rebuté d'en
— 124 —
jj^ursuivre l'étude. D'autre part, la masse de renseignements nou-
\eaux et de références bibhogr^iliiques, comme aussi de figures oii-
ginales, ajoutée par l'érudition de M. de Margerie au texte d'Ed. Suess
PU augmente singulièrement la valeur et les enseignements. C'est ce
que tout le monde a déjà pu remarquer dansles cinq fascicules (ou
plutôt dans les cinq volumes) déjà parus ; c'est ce que l'on constate
également dans cette 4" et dernière partie du tome III, que nous avons
aujourd'hui sous les yeux. Sur les 120 planches et figures qui illus-
trent le texte, 90, soit les trois-quarts, ont été spécialement exécutées
pour l'édition française. — Cette quatrième partie du tome III a été
traduite par MM. Emmanuel de Margerie, Albert Michel-Levy et Henri
Baulig ; elle contient vraiment la synthèse de toutes les recherches
faites antérieurement par Edouard Suess. C'est que ce que s'efforce à
donner particulièrement le chapitre XXIII, car « dans une foule de
régions d'une certaine étendue, les grands traits de la structure sont
]jien connus; un certain nombre d'unités peuvent y être discernées;
des comparaisons deviennent possibles ; des contrastes et des ressem-
blances apparaissent. » Malgré que de nombreux problèmes demeu-
rent encore sans solution, un exposé d'ensemble devientdonc possible ;
Suess l'entreprend sans hésiter, montre comment les unités dont il
a discerné l'existence sont distribuées dans l'espace, quelle est l'or-
donnance des arcs, et détermine, à l'aide de l'étude de coupes trans-
versales, certains points des continents où ont naguère existé des avant-
fosses, ou dont les montagnes ont été charriées par-dessus toute la
largeur du sillon correspondant. A ce chapitre d' « Analyses », les cha-
pitres suivants, qui traitent des profondeurs et de l'apparition et de
\s\ distribution des,volcans, ajoutent des traits nouveaux dont on ne
saurait exagérer l'importance ni l'intérêt, mais qui le cèdent cepen-
dant, à tous égards, au chapitre XXVI. Là, Suess étudie la lune en
tant que « morceau » de notre planète, il en compare les reliefs respec-
tifs, il en déduit une fouledeconséquences positives comme aussi de
problèmes dont seuls les savants de l'avenir pourront donner la solu-
tion. « Un grand nombre de doutes et de questions sont suspendus au
terme de cette tentative imparfaite pour jeter un coup d'oeil d'en-
semble sur la face de la Terre. comme les fils cpars d'un tissu inachevé ».
écrit Suess, non sans mélancolie (p. 1620). Non sans mélancolie, mais
non sans fierté aussi ; car que de doutes et de questions élucidés par
lui ! Voilà ce que montre le coup doMl d'ensemble des pages 1620-
16.'M, comparé à celui que Suess a tracé au début même de son ou-
vrage qui, dès lors, est complètement terminé. C'est, en efVet, m
quelque manière un appendice que ce cuiieux chapitre sur (( la \io »•
nù l'auteur recherche comment la vie s'adaj)le à la configuration de
1(1 Face de la Terre, en particulier sur- diiVérenls types de plages, ot
— 12;; —
montre coinincnt, d'asiles relaliveniciit immuables, des colonies iioii-
volles ont pu partir pour repeupler les espaces bouleversés des terres
avoisinantes et éloignées. Un épilogue, dans lequel M. Pierre 'Fermier
rend hommage à Suess et justice à son traducteur termine cette qua-
trième partie du tome 111 de la Face de la Terre. Mais il faut des
index pour manier utilement — et facilement — un tel ouvrage, un
ouvrage de plus de 3400 pages ! Aussi un fascicule complémentaire,
exclusivement consacré aux tables générales, s'ajoute t-il aux six pré-
<;édents. 11 contient une table sommaire des chapitres, la liste des tra-
ducteurs, une très importante Table générale des figures rédigée
dans l'ordre géographique et dans l'ordre systématique, enfin un
copieux index alphabétique des matières et des noms propres. Grâce
à ces excellents auxiliaires, la Face de la Terre achève d'être ce qu'elle
doit être, un livre auquel recourront sans cesse géologues et géo-
graphes, un instrument de travail indispensable à ceux qui savent,
un ouvrage évocateur d'idées nouvelles, un travail qui fait penser et
qui fera i comme il a déjà fait) progresser la science.
Henhi Fhoidevaux.
I^'Kylise des cordelîors ou mineurs conventuels devenue la
cathédrale de Chambéry. Son histoire abrégée de l'430 à 1803 ;
ses patrons el vocables successifs ; le triomphe de saint François de Sales
lors daConcordaide ISO t- 1802, par JulesGochon. Chambéry, impr. Gentil,
1918, in-8 de 105 p.. avec 1 planche
Dans l'opuscule de M Cochon il ne faut pas chercher un travail
approfondi sur la cathédrale de Chambéry ; l'auteur a voulu seule-
ment en donner une bonne description et en retracer sommairement
l'histoire. Cette église fut construite au xV siècle ; commencée proba-
bleblement en 1430, elle n'était pas encore complètement achevée le
l.'i juin 1488. jour de sa dédicace. Bâtie par les Frères mineurs, elle
offre le type d'une église complète, construite suivant les règles de
cet ordre ; aussi a-t-elle à ce point de vue un grand intérêt qui justi-
fie son classement comme monument historique. Vers le milieu du
wiiT siècle, la vieille église paroissiale de Saint-Léger menaçant
ruine dut être démo-lie et l'église des Frères mineurs fut affectée au
service paroissial. En 1779, le diocèse de Chambéry ayant été créé,
l'église Saint-François devint église cathédrale sous l'invocation de
l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie et du bienheureux
Amédée. Si pendant la Révolution l'église fut profanée, le monument
échappa du moins à la rage des démolisseurs et après le Concordat
les cérémonies du culte catholique purent y être célébrées à nouveau.
Le rétablissement de l'évêché de Chambéry eut lieu dans les années
■1801 à 1802 et cette fois un nouveau patron fut donné à son église
-cathédrale ; elle fut alors placée sous le vocable de saint François de
Sales. Jlles Viard.
— 12() —
Les Italiens en France au WI' siècle, par Emile Picot. Bordeaux,
impr. Gounouilhoii, IflOl-lOlS, in-S de MOI p.
Ce travail considérable ne devait lornier, dans la pensée de M. Emile
Picot, que « le premier livre dune Histoire de la lilléralure iialienne
en France au xvi" siècle. » Nous ne savons en quel point se trouve ce
travail, mais nous espérons que des mains pieuses nous en donne-
ront au moins les parties achevées. Il n'y a guère d'érudit en France
qui fût autant que M. Picot en mesure de bien exécuter et de mener
à bon terme une semblable tâche et il n'est pas besoin de longs dis-
cours pour établir l'utilité et l'intérêt que présenterait un ou\rage de
ce genre.
A lui seul, le livre premier que nous avons entre les mains nous
donne un avant-goût de l'ensemble, et il nous apporte des lumières
précieuses sur l'histoire de France au xvi' siècle. En groupant les faits
déjà connus, en les éclairant les uns par les autres, en y ajoutant
d'autres faits moins connus ou généralement ignorés, M. Picot a mis
en pleine clarté 1 influence exercée en France dans tous les domaines
par les Italiens. L'auteur a réparti sa matière en six chapitres : I. Les
princes, les grands seigneurs et les capitaines italiens au service de la
France ; II. Les diplomates italiens au service de la Fiance ; III. Les
banquiers italiens en France ; IV. Influence des Italiens à la cour de
France; V. Los artistes italiens en France ; VI. Les Italiens dans les
Universités françaises. Les Français dans les Universités italiennes.
Si au premier abord la seconde partie de ce dernier chapitre semble
sortir du cadre de l'auteur, la moindre réflexion montrera vile qu'il
n'en est rien ; car il n'est que trop évident que les étudiants français
qui sont allés chercher la science dans les Universités italiennes ont
contribué pour leur part à répandre et à fortifier en France l'influence
italienne.
Ce n'est pas du xvi' siècle que date en France le rôle des Italiens ;
des ouvrages comme ceux de M. Piton et de M. Gauthier ont, pour
une période plus ancienne, groupé sur certains points des relations
franco-italiennes des indications curieuses ; des publications de textes
comme les Journaux du trésor de Charles IV et de Philippe de Valois
par M. J. Viard jettent des faisceaux de lumière sur la question ; mais
au xvi« siècle l'influence italienne prend de plus amples proportions
encore ; et nulle part encore elle n'avait été mise en lumière comme
dans le livre de M. Picot.
Il est do ceux dont no so pourra plus passer (|uiconqno voudra con-
naitro et étudier le seizième siècle français. E.-G. L.
l^ne Ville-l''«jlise : («eiiève, 1 .">Î5.'>-1Î)07, par M. (ii oiicis C.ovai .
l'aris, Porriii. 11I10, 2 vol. in-l(i do xxi-216 ol viii-I^l" p. — i'rix : 7 Tr.
Genève, ville impériale, jouissait sous son prince-évêque d'une
— i-21 —
telle libellé qu'on peut dire avec rJouivaid « qu'il était bien vrai que
révoque était prince et que l'on obéissait à ce qu'il commandait,
mais que c'était sous condition (pi'il commandât ce que le peuple
voulait. «Après la révolution protestante de lîiSo, il en alla bien autrf-
ment. La plupartdesanciens Genevois eurent beau regimber. Monsieur
Cahin de Novon les mata en lesétoulfant sotisdes flots de réfugiés, ses
compatriotes en majeure partie, auxquels il les obligea à accorder
droit de bourgeoisie et qui, lui devant tout, se soumirent d'abord à
tout ce qu'il lui plut d'imposer, a 11 suscitait ainsi des fournées de
bourgeois, comme à d'autres époques les souverains feront des four-
I nées de pairs. » (I, l'.i). Il faut bien noter que ce sont des huguenots
français qui ont fini par dominer dans cette u Rome protestante ».
devemie la capitale du protestantisme radical dans le monde entier.
I Or, ce qu'il f)lut à Calvin d'imposer, ce fut une tyrannie à la fois
religieuse et politique inconnue avant lui daris la chrétienté, une
tyrannie jacobine, pourrait-on dire ; car les calvinistes ontétécomme^
les jacobins de la Révolution du xvi' siècle dont les luthériens fu-
rent comme les girondins.
Le régime se modifia considérablement pendant les trois siècles qui
Miivirent; de la doctrine de Calvin il ne resta presque rien, dès le dix-
septième siècle, et Voltaire n'a pointmenlienqualifiantdeparfaitssoci-
niens et de quasi-ariens les pasteurs genevois du dix-huitième : Genève
demeura pourtant la Ville-Église dont le livre que nous avons sous
les yeux nous retrace l'histoire jusqu'en 1907, date de la séparation
(' des Églises » et de l'État ; et aujourd'hui, depuis si longtemps qu'au-
cim Genevois ne professe plus la foi calvinienne, il subsiste chez la
plupart une sorte d'état d'esprit calviniste : jusque sur la physiono-
mie de plusieurs se voit même encore comme un curieux reflet de
ce « museau triste de Calvin » dont parlait drôlement le Lord Keith.
gouverneur de la principauté de Neufchàtel, à son maître Frédéric le
Grand-
Ce livre magistral de W. Goyau. si érudit. si complet, appuyé
sur la multitude d'ouvrages de valeur qu'il cite constamment,
accompagnés de commentaires en général si judicieux, forme une
page qui manquait véritablement à l'histoire religieuse et politique
des temps modernes. II doit donc exciter un vif intérêt dans le monde
savant, tout particulièrement chez l'intelligente et studieuse société
genevoise, et peut-être aidera-t-il certaines âmes inquiètes et avides
de vérité à obtenir, en rejoignant « l'unique troupeau », la paix pro-
mise dès cette vie terrestre « aux hommes de bonne volonté, o Ce
n'est pas le moindre fruit qu'un chrétien tel que l'auteur puisse sou-
haiter recueillir de son grand travail.
Nous nous bornerons à noter ici que M. Goyau fait sagement (I, 56)
k
_ 128 —
de marquer une réserve touchant la thèse de M. James Fazy selon
laquelle le calvinisme aurait exercé une influence prépondérante sur
le développement de l'aristocratie à Genève. Le calvinisme a pu fa\<>-
riser l'aristocratie ; mais l'aristocratie se développait, au temjjs
de Calvin, dans toutes les villes voisines des Hautes-Allemagnes, ot
■ce serait plutôt à Berne, croyons-nous, qu'il conviendrait de chercher
le modèle que Genève aurait été naturellement portée à imiter, en
raison de son alliance étroite avec une ville qui, précisément grâce à
une aristocratie fortement constituée, joua le principal rôle politique
dans ces parages. Hyrvoix de Lanoosle.
Un Trieeiiteiiaîre. Un tjraiid Ministre de la marine: Colherl,
par Cil. Di; la Roxgikue. Paris, IMon-Xoiirrit, 1919, in-lS de iv-311 p.,
avec portrait et planches. — Prix : 3 fr. 50.
Le 29 août 1919 ramène le troisième centenaire de la naissance de
Colbert et M. de la Roncière a pensé qu'il fallait profiter de cette
date pour rappeler l'œuvre grandiose du ministre et lui faire rendre
la justice que la France, dit-il, lui a refusée et de son temps et du
nôtre : u 11 l'avait sauvée d'une nouvelle Fronde, déclare-t-il, et per-
sonne n'en a jamais rien su. U l'avait sauvée de la ruine ; et il vécut
sous l'opprobre populaire, lll'avait dotée de la suprématie navale ; et
i iiidiflerence royale devant son œuvre le tua plus que les fatigues
d'un labeur écrasant. » Voilà la raison qui l'a décidé à tirer du t. ^
de son Histoire de la marine française la partie relative à Colbert.
C'est donc surtout l'œuvre navale de Colbert que M. de la Roncière
nous expose. 11 n'a pas d'ailleurs pour le grand homme une admira-
lion aveugle. 11 souligne le paradoxe qu'il y a de voir « le petit-fils
des drapiers rémois » ne confier les vaisseaux du Roi qu'à des « gens
de bonne famille. » Il ne fait pas difficulté d'avouer que la politique
économique de Colbert a fait faillite et que « il s'est trompé dans la
conception d'un impérialisme mercantile qui répondît à l'axiome
royal : L'État c'est moi. »
Il n'en a que plus d'autorité pour faire ressortir les mérites réels
du ministre : il met bien en lumière l'importance de l'inscription
maritime, les efforts de Colbert pour créer des arsenaux, pour pro-
mouvoir la réforme de la science nautique, pour doter la marine et
les colonies île ces beaux monuments législatifs que sont l'Ordon-
nance inaritiriH^ cl le Code noir. Il donne aussi leur valeur aux prin-
cij)es qui guident l'oeuvre ministérielle : ci pour une marine l'esprit
de suite et l'art de tirer de l'étranger d'utiles leçons, pour un ministre
la nécessité d'un apprentissage, pour un chef le devoir de se faire un
excitateur d'éiHMgies, pour des ofliciers l'esprit d'offensive, à tous les
degrés dv la hiérarchie la responsabilité et la discipline, l'horreur th's
— 12!) —
Teconitnatidalions et dos inlii^Mios. point do paporassnrio ni do frali-
matitis ;i(IiiiiMistiatii", voilà la doctrine collx-ititio. »
SiH' lin point où plnsiours liistoiicns. ol non dos inoindro<. ont
jugé sévt'ioniont la niônioiio de Colhort, M. do la Ronciôro prond sa
défonso avec la dornièio ('-nergie : il Ini fait gloire du procès de Fon-
(|uol ( t de la ténacité ((u'il a mise à le faire condaninor sévèrement.
Il no se laisse point loucher aux arguments mis on avant pour discul-
})er le surintendant d'avoir songé sérieusement à un plan de révolte ;
sans se laisser impressionner par le fait que les juges, poussés pour-
tant à la sévérité par la pression gouvernementale, ont refusé de s'ar-
rêter à ce chef d'acciisation. il groupe et il précise les indices do la
culpabilité; il trouve dans la conduite subséquente de quelques-uns
des complices éventuels des arguments nouveaux en faveur de la
thèse que le complot n'était pas un vain fantôme.
Les fêtes que le ministre a ordonnées pour célébrer l'anniversaire
du grand homme sont dues, pour une bonne part au moins, à l'ini-
tiative et aux efforts;de l'historien de la marine française. Mais que
son livre ne serve pas seulement à réveiller ou à éveiller la recon-
naissance pour le grand ministre ; qu'il serve aussi d'enseignement à
■notre marine actuelle. E.-G. Ledos.
Histoire de' la loiitlatioii'de la Xouvelle-Orléaiis ( 17 17-1 722 1,
pnr le baron Marc de Vrcurus. Paris. Imprimerie nationale. 1917, in-4
de xvr-1.30 p., avec 5 planches horsjtexte et gravures dans le texte.
Le Comité du souvenir franco-américain a voulu en 1017 commé-
■morer le second centenaire de la fondation de la Nouvelle-Orléans, et
'il a. dans ce dessein, publié avec luxe, en l'accompagnant d'illustra-
tions documentaires, un excellent travail du baron Marc de Villiers.
Naguère, celui-ci avait déjà fait paraître un gros volume sur les der-
niers jours de la Louisiane française ; il en raconte aujourd'hui les
■origines, ou plutôt il s'efTorce de déterminer à quelle date a vraiment
-commencé d'exister la Nouvelle-Orléans. Problème délicat, sur la
solution duquel les historiens ne sont pas d'accord — ils hésitent
entre une dos cinq années 1717 à 1722 — et qu'il n'e'st cependant pas
impossible de trancher. Le baron Marc de Villiers l'a prouvé; dès
1717, la (( Crescent City » reçoit son nom de Nouvelle-Orléans ; elle
commence de sortir de terre un pou j)lus tard, mais elle ne devient
qu'en 172:2 la capitale de la Louisiane. Ce sont là des faits précis, et
qu'il était intéressant de mettre en lumière ; le baron Marc de Villiers
n'a eu garde de négliger de le faire. Il a, en outre, bien montré la
part qui revient, dans l'œuvre de développement de la ville, à Jean-
Baptiste Le Moyne de Bienville, à l'ingénieur en chef Le Blond de la
Tour et à Adrien de Pauger ; c'est ce dernier qui a vraiment été la
Aout-Septembre 1919. T. CXLVI. 9.
— 130 —
cheville ouvrière de la fondation de la Nouvelle-Orléans. Enfin, com-
plétant le travail de M. Pierre Heinrich, M. de Yilliers a prouvé com-
bien grande était la part de l'histoire dans Manon Lescaut et raconté
ce que fut, en réalité, celle en qui il voit « la véritable Manon. )> Pour
les littérateurs comme pour les historiens, 1' « Histoire de la fondation
de la Nouvelle-Orléans» est donc un livre précieux; il l'est également
pour les bibliophiles, qui auront plaisir à en admirer la belle impres-
sion comme aussi les reproductions d'anciens documents et les jolis
entêtes, lettres ornées et culs-de-lampê, si finement composés par
M. Henri Guillaume. Henri Froidevaux.
Le Cardinal Collier, par J. Mcnier-Jolain. Paris, Payot, 1918, in-16 de
238 p. — Prix : 4 fr. 50.
L'auteur a traité ce sujet pendant la guerre mondiale devant un
auditoire cosmopolite, à Lausanne, et c'est « à ses auditeurs de Lau-
sanne » qu'il a dédié le présent volume, où il déclare « n'avoir pas
entendu refaire l'histoire de l'Affaire du collier après M. Funck-Bren-
tano. » Aussi bien semble-t-il s'être préoccupé de « se concilier »,
comme il le dit (p. 9), a les amis du romanesque » plutôt que d'offrir
au public aimant à s'instruire un véritable livre d'histoire. Les « amis
du romanesque » .peuvent trouver là leur satisfaction ; car le fond,
la manière, le style, tout y est d'un romantisme délibcrémeiil éche-
vêlé. M. Munier-Jolain — dont nous ne voulons^pas, au reste, contes-
ter ici le talent — prétend cependant à quelque chose de plus, car il
se croit en droit (p. 12) « dinsister sur le caractère d'actualité inat-
tendue » que présenterait, dit-il, son livre ; or, après l'avoir par-
couru, nous avouons humblement en être encore à attendre d'avoir
compris où pourrait, en vérité, résider cette « actualité inattendue «..^
Mais de quoi tant d'écrivains ne cherchent-ils pas aujourd'hui à faire
une aclualité !
Le fait le plus grave de Ihistoirc du collier a été le scandaleux
acquittement de cet indigne cardinal, éclatant témoignage du veni-
meux esprit des légistes parlementaires auxquels incombe la plus
grande responsabilité de la Révolution fiançaise ; mais c'est aussi la
faiblesse de notre pauvre roi Louis XVI qui a été la cause première
de ce scandaleux acquittement, comme elle l'a fait manquer à tous
ses principaux devoirs d'élat à travers tout sou règne. Il a commis
contre le droit de l'Eglise et du premier ordre du royaume une faute
dont il n'a que trop justement subi la peine en refusant à r.\ssemblée
du clergé la faculté de juger l'évêque do Strasbourg. M. Charles Gérin
a bien dit, à ce propos (dans la Revue des questions historiques de 1878,
t. XXIV, p. 407) : « ... Que gagna Louis XVI à violer l'immunité
ecclésiastique en la personne de l'indigne cardinal de Uohan et à le
i
— 131 —
traduire devant le Parlement de Paris, an lieu de le renr)cltrc atixf^
juges d'Église? Quel tribunal ecclésiastique aurait, comme fit le
Parlement, cherché dans l'AlTaire du collier le moyen de se venger,
de la Cour et se serait rendu coupable du scandalcuv acfjuittement •
qui fut si funeste à la réputation de la Reine et do la monarchie ? »
L'importance capitale de ce fait a échappé à M. Munier-Jolain dans
son chapitre intitulé : Le Prince veut être jugé par le Parlement.
La calomnie lancée à plaisir et à plusieurs reprises par Saint-Simon
contre la princesse de Soubise et son mari, au temps de Louis XIV,
est reproduite sans réserve, à la page 25 : l'auteur aurait pu consulter
avec profit MM. de Boislisie et Lecestre, à ce sujet.
1 IIyhvoix de Landosle.
Hii^toire religieuse «le la Révolution française, par Pikrue de i,a
GoncE. T. III. Paris, Plon-Nourrit, d919, in-8 de 598 p. — Prix : 12 fr.
La guerre avait interrompu la publication de cet ouvrage considé-
rable, et nous sonunes heureux de saluer l'apparition du troisième
volume, trop longtemps attendu. Il a été rendu compte ici des deux
premiers volumes et je n'ai rien à ajouter aux éloges bien mérités
qui ont été adressés à l'auteur.
La période étudiée s'étend des massacres de Septembre à la chute
de Robespierre. C'est la persécution qui s'étend petit à petit à l'Église
des constitutionnels et qui, après avoir déguisé sournoisement ses
projets, fait explosion en novembre 179.3 dans la déplorable crise de
la déchristianisation qui entasse les scandales sur les ruines. Le culte
de la Raison, la religion de l'Être suprême, conception éphémère du
cerveau mal équilibré de Robespierre, sont des incidents tragiques
par lesquels se corse le régime sanglant de la Terreur ; dans toute la
France, les échafauds sont dressés et l'Église tient bon devant ses
ennemis dont la rage impuissante s'épuise en violences et en calom-
nies sans lasser la constance des confesseurs de la foi. Le Neuf Ther-
midor mar(iuera \]i) tournant dans l'histoire religieuse de la Révolu-
tion et nous attendons avec impatience que M. de la Gorce nous en
raconte la suite.
Je n'aime pas beaucoup, je l'avoue, les deux chapitres consacrés
aux adaires de Vendée. Bien que le soulèvement de l'Ouest eût eu
pour principe premier la révolte des consciences opprimées, celte
guerre civile procède d'un état d'esprit tellement différent qu'il faut
faire effort pour passer d'un sujet à Pautre et que les épisodes
héroï(iues, dont le récit est loin d'être sans attrait, semblent former
hors-d'œuvre. Il eut été préférable, à mon humble avis, d'y consacrer
un ouvrage spécial qui, ayant plus d'unité, se serait lu avec plus
d'intérêt. P. Pisaxi.
— 132 —
T^es Questions relî<|ieuses duiis les cahiers de 1TÎ89, par A. De-
Ms-B.LiHKTTK. l'aiis, tl c Boccaid, J919, gr. in-S de 526 p. — Prix : 12 fr.
Quel était le sentiment général de la nation française louchant les
questions religieuses à la veille de la Révolution? M. Denys-Buirelte
a essayé de répondre à cette question dans une étude qui lui a coûté
un tiavail prolongé et lui a permis d'exercer un sens criti(}ue fort
averti. Les cahiers de 1789 présentent un ensemhle de témoignages
de valeur inégale mais dont la sincérité est rarement discutable;
l'auteur, par un dépouillement laborieux, a classé les réponses sous
un certain nombre de rubriques dont les principales sont : la pro-
priété eccléoiastique, la fiscalité, l'établissement des paroisses, évêchés
et communautés religieuses et enfin les relations de l'Église et de
l'État. 11 en a tiré des conclusions que son impartialité a rendues
assez réservées mais qui seront ratifiées par quiconque a quelque peu
étudié ces graves problèmes.
On pourrait dire que, pour tabler sur les cahiers de 1789, il faudrait
en posséder la collection complète et nous somme* loin d'en être là.
car on ne connaît qu'une fraction assez faible de ces publications. De
plus, les éditeurs n'en ont donné souvent que des analyses tronquées
et parfois un peu suspectes. 11 n'en est pas moins vrai que, d'après ce
qu'on sait exactement de ces vœux dans certaines régions, on est
autorisé à conjecturer ce qu'a pu être l'ensemble. Paris, des parties
plus ou moins étendues de la Flandre, de la Normandie, de la Bre-
tagne, du Berry, de la Saintonge, des Pyrénées, du Languedoc, de la
Franche-Comté parlent tour à tour à peu près dans le même sens et
il n'est pas invraisemblable que le reste de la France en pensait
autant.
La conclusion générale est qu'en dehors de minorités infimes, le
pays était profondément attaché à ses traditions religieuses, mais que
la mauvaise répartition des impôts provoquait un mécontentement
dont l'expression est unanime. Les privilégiés se défendaient molle-
ment et dun bout à l'autre de la France on réclamait des réformes
profondes. Les événements devaient marcher plus vite qu'on ne l'avait
prévu et la Constitution civile du clergé se trouve en germe dans les,
cahiers.
M. Denys-Buirette savait que, pour quelques historiens, il semblait
acquis (pie les cahiers n'avaient été établis que sur des modèles trans-
mis par des comités et ([ue les soi-disant vœux des populations man-
quaient tout à fait de spontanéité. L'examen attentif et la comparai-
son des pièces l'ont amené à une opinion dillérenlc : sans doute
certaines idées étaient dans l'air et quelques ambitieux essayaient de
se mettre en vue en les propageant; mais les assemblées ont très
rarement adopté les formules toutes faites et encore en y introdui-
i
— 133 —
saiil des modifications et acidilioiis qui leur doutu-nt (iri (-araclère
beaucoup plus individuel qu'on ne s'est plu à l'alïirtner.
Je résume mon appréciation en louant b(taucoup l'auteur d'avoir
conduit son enquête avec l'impassibilité qui convient à la justice et
on pourra se fier aux opinions qu'il asseoit sur une instruction des
plus consciencieuses. 1'. I'isam.
La Prussi» et la rive «laiiehedu Ithiii ; le trailé de Itàle ( 1794-
17î>5), (l'oprès des dociimenls inéilils lires des archives du ininislère des
(iffaircs î-lraiigères, par Ed. dk Maucèke. Paris. Alcati, JîiiS, in-lG de
11-2 U p. — Prix : 3 fr. 50.
Cette histoire des négociations du traité de Bâle, depuis les premiers
pourparlers jusqu'à la signature définitive, vient à son heure ; elle est
])l<ine d'enseignements. On y \erra dûment caractérisée la duplicité
de la diplomatie prussienne, telle qu'elle ressort des documents offi-
ciels ; on y verra avec quelle fermeté le Comité de salut public sut
exiger comme point de départ la reconnaissance des droits de la
France à ses frontières naturelles ; on y verra avec quelle facilité la
Prusse parut accepter l'établissement des Français sur la rive gauche
du Rhin ; on y verra les précautions qu'il fallut prendre eu vue d'jin
retour oITetisif des troupes prussiennes, et le peu de degré de con-
fiance qu'inspiraient les émissaires de l'un des maréchaux allemands
Moellendorfl". Ces négociations durèrent du 13 janvier au 3 avril 1795 ;
durant ces trois mois, il y eut des menaces de rupture, des ultima-
tums, des demandes de délais, des manifestations de mésintelligence
entre les puissances coalisées et une situation critique à Paris dont
l'obstination du diplomate Hardenberg espérait tirer parti. Ratifié
dès le li avril par la Convention, le traité ne contenta pas tout le
monde, et le diplomate français qui le signa au nom du gouverne-
ment, Barthélémy, fut bien mal récompensé des services qu'il avait
rendus à la nation. Le petit volume de M. de Marcèie. d'une lecture
agréable et attachante, se recommande de lui-même et n'a pas besoin
d'être loué davantag^e. H. S.
I.ia Poloi|iie inconnue. Pages d'histoire et d'aclualilé. p.ir K. ^^ aliszewski.
Paris, Colin, 1919, in-18 de 275 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ecrit par un Polonais qui a été élevé en France, ce livre se propose
de réfuter une erreur, généralement accréditée sur l'histoire de son
pays, que toutes les infortunes des Polonais ne sont im[)ulables qu'à
leurs propres défauts. Les historiens de l'Université de Cracovie, do-
ciles aux influences allemandes, se sont fait eux-mêmes les propaga-
teurs de cette thèse. M. AN'aliszevvski s'efforce de replacer dans leur jour
réelles faits ainsi dénaturés. Il est vrai que la Pologne du xviii^ siècle
— i34 —
a pratiqué des mœurs politiques déplorables. Mais il prétend qu'elles
ont été le produit des inllueuces ennemies qui se sont appliquées à
corrompre l'idéal national. Il insiste sur la manière dont les idées
libérales furent professées en Pologne plus tôt que dans le reste de
l'Europe. Il cite à ce propos des extraits bien curieux d'écrivains
polonais, parmi lesquels se trouve Stanislas Leczinski en personne,
« le roi philosophe. ^> Il est certain que les publicistes polonais du
\viii« siècle ont soutenu et contribué à répandre toutes les erreurs
sociales et politiques dont nous portons aujouid'imi le poids : exalta-
tion do l'individu, gouvernement de tout le monde par tout le monde,
pouvoir arbitraire des assemblées populaires, etc. M. Waliszewski
explique comment les circonstances ont empêché les Polonais de se
donner des institutions en rapport avec un goût très vif pour la
liberté, qui les rendait incapables de s'entendre avec leurs voisins de
l'est et de l'ouest. C'est un côté par lequel nous n'étions pas habi-
tués à regarder cette question polonaise, si complexe.
Livre agréable à lire, comme l'œuvre d'un homme qui connaît
beaucoup de choses et sait, pour en parler, se mettre à la portée de
ses auditeurs.
Après avoir rappelé l'abominable oppression russe, l'auteur conclut
que la fusion des deux peuples n'est ni réalisable ni même désirable.
Il paraît souhaiter un accord entre les nations sœurs du monde slave.
A. DE Tarlé.
L'Iialia otlierna ; due eccoU di lolle, di sladi e di lavoro per l'indipen-
denza e la grande: :a délia palria, da Michèle Rost. Tomo I. Torino,
Unione lipografica oditrico, 191S. iii-4 de xvi-H26 p.. avec 9 pi. liors texte,
4 cartes cl 450 fîg. — Prix : 36 fr.
Ce monumental ouvrage paraît par li\raiï(Mis. Les trente-six livrai-
sons dont la réunion forme le premier volume ont déjà été publiées-
L'auteur remonte au xvm" siècle, estimant avec raison que l'on y
voit naître et se former les idées qui ont préparé le Risorgimento. Le
prcniier livre étudie létat politique, social, intellectuel de la pénin-
sule de ITiT) à l'intervention française. Le deuxième est consacré à la
Révolution et à l'Empire ; le troisième à la Restauration, et à l'ère des
conspirations jusqu'en 1821. L'esprit qui anime l'ouvrage s'exprime
très bien dans la Préface. Pour le grand public, estime M. Rosi, le
Risorgimento, c'est trop souvent une espèce de résurrection merveil-
leuse, où. aidée par des « amis » étrangers, dont les noms et le nombre
varient au gré des sympathies et des circonstances, l'Italie se réveille
brusquement, à la voix d'un petit nombre d'hommes dont le rôle est
tout à fait prépondéiant. M. Rosi veut étudier la préparation de ce
miiacle. et icndic la place (}ni leur aj)[)artieiit aux collaborateurs de
— i:io —
-r.os protagonisles. C'est dire qu'une 1res grande importance est et
*;era donnée aux « liéros obscurs, » aux tentatives avortées mais carac-
téristiques ; une très grande aussi à la vie sociale et populaire.
M. Uosi est naturellement un chaud patriote italien, admirateur pas-
sionné du mouvement qui a fait l'unité de son pays. Mais il est en
même temps un esprit très modéré et très objectif. H ne cède nulle-
ment au désir de multiplier le nombre et d'exagérer la gloire des
précurseurs du Risorgirnento. Il n'exagère pas davantage les maux
<lont soufTrait et dont se plaignait l'Italie. Par exemple, sur les inten-
tions de Pie VII et de Consaivi, sur le gouvernement autrichien dans
le Lombard-Vénitien, sur des épisodes comme le procès de Silvio Pel-
lico, il a des pages d'une mesure à laquelle il faut rendre hommage.
11 se tient éloigné de toute déclamation ; de bons ouvrages italiens sur
ce sujet n'en sont pas exempts. L'annotation est abondante et rendra
service aux professionnels ; nous regrettons qu'elle soit rejetée à la
fin de chaque chapitre, ce qui est bien incommode. L'ouvrage est
ricliement illustré, d'images qui sont d'une exécution ordinaire, mais
intelligemment clioisies et d'un caractère documentaire.
E. Jordan.
Le Comte de Cavour et son eonfesseur^ élude fiisloriqiie d'après do-
cumenls iiiédils, par M. M.\z/iotti ; trad. de l'italien par le com' Weil.
Paris, Plon-Nourrit, 1010. in-16 de xxxvi-147 p., avec deux portraits. —
Prix : 3 fr.
L'excommunication frappant les auteurs des lois antireligieuses en
Piémont (1851) atteignait naturellement Cavour, président du Con-
seil des ministres. L'homme politique pouvait au dehors railler les
sanctions de l'Église ; au fond du cœur, la superstition, je ne dis pas
la piété, de l'Italien, prit peur. Et sa prévoyance, dès 1833, quand le
choléra régna à Turin, le conduisit à obtenir d'un moine fransciscain,
curé de sa paroisse, la promesse" de venir l'assister s'il était en danger
de mort. Une maladie subite atteignit Cavour en 1863 ; le prêtre choisi
à l'avance fut amené auprès du moribond et, selon qu'il était conve-
nu, donna l'absolution sans demander à ce singulier pénitent la
rétractation de ses erreurs et de ses actes contre l'Église. La scène fut
à la fois mystérieuse et publique, car pour la terminer on vint appor-
ter avec éclat au moribond le viatique ; ce fut donc un grand scan-
dale en Italie à une heure où la personnalité du ministre de Victor-
Emmanuel occupait l'Europe. Le moine franciscain, frère Jacques,
mandé à Rome, interrogé par Pie IX lui-même, ne semble avoir
fourni sur sa conduite que des explications assez misérables ; il fut
mis par son supérieur en quasi-pénitence, tandis que le gouverne-
ment de Turin le décorait. Sur lui un grand silence se fit après le
— 136 —
tapage qui, à cette époque, distinguait tout épisode exploité dans
la presse anticatholique contre le Saint-Siège. En somme, Cavour
mourut voulant « paraître » en communion avec l'Église, malgré elle
et contre elle. C'est là le point d histoire. Mais une absolution incom-
plète ou extorquée est insignifiante et les sentiments du pénitent lui
donnent sa valeur.
Cette étude du sénateur Mazziotti s'appuie sur quelques livres, les
journaux du temps et les archives d'un ami de Cavour. Elle vise à
l'apologie de celui-ci, à la critique de l'intransigeance de la Gurii'
iomaine, sans omettre d'attaquer Pie IX. Une lecture attentive
montre que ce fransciscain « aux idées libérales » se contenta (p. 2i
et 23) pour toute confession d'un « serrement de main » du ministrf
excommunié comme « usurpateur » des États pontificaux. Le volunu'
dans sa forme est très agréablement publié avec soin et élégance ; on
y trouve, avec le portrait de Cavour, celui de frère Jacques dont les
traits sont quelque peu vulgaires et durs, et qui ne fut d'ailleurs
qu'un comparse dans l'allaire. G. G.
I.,a Paix armée et le Problème d'Alsace dans ropiiiioii des nou-
velles yénéraiions françaises, par Marcei- Laurent, 1'hilippkNorahi>
et Alexandre Mercereau. l^aris, Figuière, s. d. (1914), in-8 de 130 p. —
Prix : 2 fr. 50.
Tout ce qu'on a dit pensé et écrit avant la guerre pour faire oublier
aux Français la question d'Alsace-Lorraine et pour amener le rappro-
chement de la France et de l'Allemagne est résumé dans ce livn^
qu'il serait trop cruel d'analyser aujourd'hui. Si la guerre ne m'avait
empêché d'en rendre compte à son heure, je n'aurais pas trouvé de
Termes assez sévères pour exprimer mon indignation des théories
qui y sont développées. Aujourd'hui je me borne à lui refuser le
bénéfice de l'oubli. De telles œuvres, que sans doute leurs auteurs, si
la guerre les a épargnés, rougissent d'avoir écrit, doivent rester à leur
place dans l'histoire des évolutions de la pensée contemporaine. Elles
marquent les tendances d'une école dont l'influence n'a été (pje trop
importante et qui porte la responsabilité du défaut de préparation
militaire que nous avons payé si cher. Eugène Godefuoy.
Voces popuSi, scènes de la vie anglaise, par F. Anstey ; traduit de l'an-
glais par (;. .1. M. F. Paris cl Nancy, Bergor-Lcvrauil, 191S, in-i'i de vi-
238 p. — Prix : 3 fr. r)0.
Il y a déjà une trentaine d'années que les Voces populi ont paru
dans Punch et ont été réiiiiics ensuite en volume. Mais ces jolis ta-
bleaux de la vie anglaise n'ont nullement vieilli ; ils ont garde tout
— 1.37 —
leur sel et toute leur vérité, et c'est ajuste titre qu'il a semble aux
préseuls traducteurs que ces « scènes prises un peu dans tous les
mondes, troussées avec une verve charmante et un sens admirable du
comique, et dans lesquelles, au milieu de dotalls très britaiinifiuo'^,
se retrouvent au fond bien des traits d'une vérité universelle, seraient
de nature à amuser nos compatriotes, peut-être aussi à leur faire
mieux connaître nos amis anglais. » ÎVon moins que du choix de
l'ouvrage à traduire, ces interprèles doivent être félicités de l'heu-
reuse façon dont ils se sont acquittés d'une tâche qui n'allait pas
sans difficultés ; ils y ont fait preuve (et c'est un éloge bien moins
banal qu'il ne semble) d'une parfaite connaissance de l'anglais de la
conversation, de la conversation à des étages très divers de la société.
Des dialogues du genre de ceux-ci perdent naturellement quelque
chose, et même beaucoup, à passer dans une autre langue, mais la
perte est ici aussi réduite que possible et la transposition est très
bien faite. Vaut-il la peine de remarquer que mieux eût valu peut-
être renoncer à rendre certaines ellipses et contractions moins natu-
relles en français qu'en anglais ; ou encore d'observer que Norlh Brit-
ish signifie Écossais et non Anglais du nord (p. 106), que hear ! hear !
serait mieux rendu par bravo ou très bien que par écoutez (p. 38), que
propilier (p. 27) n'est pins guère français et que tantaliser (p. 139) ne
l'a.sans doute jamais été? Plus regrettable que ces vétilles est l'ab-
sence de notes, qui seraient souvent nécessaires pour les lecteurs,
peu au fait des choses, gens et usages d'Angleterre (et c'est pour
ceux-là que sont faites les traductions, car les autres savent l'anglais et
lisent l'original). De ces notes, il n'y en a que deux ou trois, dont l'une
fp. 141) ne définit pas très exactement les Bank lloUdays, lesquels
sont les quatre jours annuels de fermeture légale des banques, devenus
jours de repos général et de réjouissances populaires. Notons enfin
que l'ordre des scènes n'est pas le même dans cette traduction et dans
l'édition anglaise que nous avons sous les yeux, et que la division en
deux séries ne s'y retrouve pas. Peut être y a-t-il des textes diffé-
rents ; la chose est du reste d'assez peu d'importance.
A. Barbeau.
Treînta aiios de mi vida, por E. Gômez Carrillo. Libro I. El Desper-
tar del aima. Madrid, Sociedad esi^anola de libreria, 1919, in-i6 de 231 p.
— Prix : 3 fr. .50.
A diverses reprises, dans les pages de cette Revue, nous avons signalé
à NOS lecteurs les beaux volumes dans lesquels M. Gômez Carrillo
nous narrait ses impressions de guerre : l'exquise sensibilité de
^'homrne, la générosité de ses sentiments, la finesse de son aiialyse
psychologique, la vie et le coloris des tableaux qu'il nous présentait.
- 138 —
îa magie de son style, tout assure à ses livres une place d'honneur
dans la littérature de guerre et les élève bien au-dessus de tant de
publications éphémères, destinées à tomber promptement dans l'ou-
l)li. Et ce que l'auteur met de lui-même dans ses ouvrages leur donne
je ne sais quoi de personnel, qui fait que le lecteur entre avec l'au-
teur en communication d'idées et de sentiments ; et cette sympathie
me semble devoir assurer le succès des Mémoires de sa vie dont
M. Gômez Carrillo nous présente le premier volume.
Il nous raconte, dans sa dédicace à D. Fernando Alvarez, le pre-
mier mouvement d'indignation qu'il ressentit quand un de ses amis,
^près la lecture des premiers chapitres de ce livre, lui dit : « Il v;i
bien, votre petit roman ; » mais il ne tarda point à accepter ces
paroles comme un hommage, peut-être involontaire, car, dit-il :
<( Qu'est-ce qu'une existence sinon un roman vécu ? et celle qui n'en
est pas un ne vaut guère la peine d'être écrite. »
Il y a, en effet, des épisodes bien romanesques dans ce début de la vie
du grand écrivain, petit diable qui aimait mieux courir les rues de
Guatemala en faisant mille tours pendables que de se livrer à l'étude :
qui se faisait mettre à la porte de tous les établissements d'instruc-
tion, même après les plus beaux serments et les plus siflcères désirs
-de se ranger et de se discipliner ; qui, avec un gamin de son âge. son-
geait à s'enfuir au San-Salvador pour s'y créer une position :qui. ramené
chez ses parents et devenu petit employé de magasin, voyait une belle et
riche dame étrangère, la femme du ministre de Danemark, s'énamou-
rer de ses quinze ans. Comment l'idylle tourna au tragique, mais com-
ment aussi elle transforma le jeune homme, lui donnant le goût de
la lecture, éveillant sa sentimentalité, éveillant, comme le porte le
sous-litre de ce premier volume, son âme ; comment, jeté dans la
littérature, devenu le collaborateur d'un journal de Guatemala, puis
enrôlé par le célèbre Ruben Dario dans un autre journal que celui-ci
voulait lancer et sur lequel il fondait les plus vives espérances, il
appela sur lui l'attention du Président de la République ; et comment
ce dernier, frappé de ses heureuses dispositions, lui donna une bourse
pour aller se former dans les Universités d'Europe, voilà ce que le
lecteur trouvera raconté dans ce premier volume, avec le même charme
<le style, la même émotion sentimentale, la même finesse psycholo-
gique auxquelles nous a habitués l'éminent écrivain. E.-G. L.
^iialitôs à acqin''rir, par Louis di: I.alnav. Paris, P;iy(^t. I!)IS, iii-16 do
248 p. — i^rix : 4 fr. .".(t.
Les questions (jue l'auteur aborde, avec un franc-parler dont
iiucun de ses lecteurs ne sera lenlé de lui faire grief, .sont trop mul-
tiples et trop complexes pour (|ue les sohitions ou les appréciations
i
— \m —
proposées lie prôtciil jamais à discussion. Pour ma part, je ne sous-
<;-irais pas absolument à toutes ; mais il y a profit et plaisir à suivre
tcttc sorte de vive causerie d'un homme d'esprit très ouvert et (]<'
i)oaucoup d'esprit. Pas plus que la républicpie parlementaire, qu'il
<léclare intangible, il ne répudie la devise si souvent inscrite sur nos
monuments : liberté, égalité, fraternité ; mais tout de même il en
préconise une nouvelle, dont tout son livre n'est que le dévoloppc-
luent et le commentaire : sens pratique, stabilité, discipline. Il insiste
principalement sur le sens pratique, entendez un réalisme de bon
aloi, à propaj^er dans nos habituelles manières de voir, dans nos
méthodes industrielles et commerciales, dans nos conceptions poli-
tiques. Il est sévère pour les socialistes, et ne se laisse point duper
par les promesses de paix qu'ils ont sans cesse à la bouche. » Leur
>ystème, écrit il (p. Hi-) a. pour une grande part, contribué à la
iruerre actuelle, avant d'être la cause principale de son prolongement
indéfini. » Et plus loin (p. 164) : « Nous avons mis quatre ans à ne
jtas chasser les Allemands de France, parce que nous avons toujours
eu peur d'avoir un chef et parce que nos alliés, animés d'un esprit
analogue, en avaient peut-être encore plus peur que nous. » On aura
bonne opinion de la perspicacité de M. de Launay en se reportant
(p. 19 et s.) aux prévisions qu'il se hasardait à formuler, dès le début
de 1918, sur l'après-guerre, prévisions bien éloignées de l'optimisme
naïf qui comptait sur un embrasscment général, dans une apothéose
aux feux de Bengale, pour célébrer la lin de la dernière des guerres.
Baron Angot des Rotolrs.
L'Université nouvelle, par « les Compagnons ». I. (Les Cahiers de.
Probns. l" cahier, novembre 1918). Paris» Fischbactier, 1918, in-Hi
de xi-189 p. — Prix :3 fr.
Le vent de régénération qui a soufllé en France depuis la guerre,
la réalisation de l'union sacrée, le rapprochement qui s'est fait au
Front entre les classes et les esprits, ont fait naître partout le désir et
l'espérance d'une transformation des choses qui amènerait la pacifi-
cation si désirable entre les fils d'une même patrie. C'est une pensée
de ce genre qui anime « les Compagnons » dans ce fascicule des Ca-
hiers de Probus où ils nous exposent leurs idées sur l'Université nou-
velle. Les Compagnons sont des membres des trois" ordres de l'ensei-
gnement qui ont mis en commun au Front leurs souvenirs, leurs
expériences, leurs opinions, pour examiner comment l'on pourrait in-,
fuser à l'Université une vie nouvelle, mieux adaptée aux conditions
et aux besoins de la France.
Deux parties : La Doctrine nouvelle ; — l'Institution nouvelle, com-
posent ce premier volume ; la première se scinde en deux chapitres :
— 140 —
i. La Tradition et la Réforme ; 2. La Doctrine nouvelle ; la i''- en 3 :
1. L'Ancienne Institution ; 2. Les Principes de la nouvelle institntiwi ;
3. L'Organisation intérieure de la corporation.
Il y a là beaucoup d'idées généreuses, un grand désir d'union et de
pacification, une sévérité peut-être extrême contre l'ancienne Univer-
sité, une volonté très ferme et bien justifiée de ne pas laisser les poli-
ticiens infester de leur esprit funeste toute la vie de la France. 11 y a
aussi quelques illusions, peut-être, et, certainement, quelques points
qui prêteraient matière à discussion.
Le désir qu'expriment les Compagnons d'abattre les barrières qui
séparent les divers ordres d'enseignement en France et de constituer
ce qu'ils appellent l'école unique — qui n'est pas « le local unique »,
mais qui fait que de l'école primaire à l'Université l'enseignement
s'élève graduellement, sans qu'il y ait de cloison étanche entre les di-
vers degrés — est, à mon sens, réalisable et désirable. Faire parti-
ciper l'enseignement libre à la vie universitaire, faire rentrer les
membres de cet enseignement dans la corporation qui sera chargée
d'organiser l'Université et d'en élaborer la doctrine, est assurément
une idée originale et qui méinte d'être examinée. Mais il ne faut pas
se dissimuler qu'il y a là des difficultés : l'enseignement libre catho-
lique manquerait à sa mission et oublierait sa raison d'être si, par
cette incorporation, il devait être absorbé et annihilé. Peut-être esli-
mera-t-on que lorsqu'ils préconisent une subvention de l'État à l'en-
seignement libre, les Compagnons manquent quelque peu à l'équité
dans la manière dont ils comprennent cette subvention. Mais les ca-
tholiques sont trop accommodants pour ne pas se contenter de peu,
qui serait d'ailleurs un progrès considérable sur l'état actuel. Quel-
ques uns ont déjà fait le meilleur accueil aux idées des Compagnons.
Bien que personnellement je pense que l'on pourrait envisager d'au-
tres solutions, faisant plus grande la jiart à la liberté, je n'en recom-
mande pas moins ce volume à la méditation et à l'examen sympa-
thique de tous les lecteurs que préoccupe l'avenir intellectuel et moral
de la France. E.-G. Ledos,
ISiblioijraphie historique du Itouertjue, par Camillk Coudekc. I.
A-lv. (Kasc. 1. Abbal-Causscs). I\iris. Clianipion. 191 S-i!»:20. in-8 de
168 p. — Prix : 8 fr.
(( Commencée pour les besoins de reclierclies personnelles, nous
dit l'auteur, la présente bibliographie a été reprise, étendue et com-
plétée dans l'espoir (pi'elle pourrait servir non seulement aux Roner-
gats qui voudront s'occuper de l'histoire de leur j)ays. mais à tous les
éiudits qui anrontà vérifier, dans cette hisloiie, des ntjms, des (Kiles ou
lies faits. » Et en elfet l'on peut s'en rendre conipte, en consultant tlans
— 141 -
(p premier fascicule la rubrique rhu.iogr vf'uie, les travaux con-
:jacrés jusqu'ici à la hihliograpliic du Houerguc, soit géuérplo soit
même partielle, sont peu nombreux et peu développés. On saluera
donc avec reconnaissance l'instrument (jue M. Couderc nous met entre
les mains.
Ce n'est pas une bibliographie méthodique de l'histoire du Rouer-
i:ue qu'il nous offre ici ; il a cru plus simple et plus avantageux au
lecteur de grouper les renseignements recueillis par lui dans une
seule liste alphabétique de personnages, de lieux et de matières : les
matières comportent des rubriques ou très générales (Agriculture,
Archéologie. Bibliographie, Botanique, etc.) ou plus spéciales (Assu-
rances mutuelles, par ex.), avec cependant une tendance à renvoyer des
rubriques très spéciales aux rubriques très générales : Bailliages ren-
voie à Justice ; Boucherie à Agriculture, Cabarets à Mœurs et coutu-
mes, et ainsi de suite.
Dans chaque article les ouvrages mentionnés sont classés par ordre
alphabétique d'auteurs, puis, pour les ouvrages anonymes, par titres.
En parcourant ce premier fascicule, on se rendra compte du labeur
considérable auquel s'est livré M. Couderc ; il ne s'est pas contenté
de signaler les ouvrages tout entiers consacrés à un sujet ; il 'a pris
la peine de rechercher et de relever les articles de périodiques ou de
dictionnaires, les chapitres d'ouvrages, voire de simples passages qui,
dans un livre, se rapportent à ce sujet. Il semble cependant avoir
écarté systématiquement certains recueils, par ex. la Gallia Christiana
et la Biographie Michaud. 11 aurait dû indiquer les raisons qui l'ont
déterminé à agir ainsi : sans doute a-t-il pensé que quiconque aurait
à s'occuper dun évêque rouerga.t n'oublierait pas de consulter le
grand recueil des bénédictins ; mais je ne comprends pas ]>ourquoi
la biographie Michaud est écartée, alors que place est faite et à la
biographie Didot et à la Grande encyclopédie ; je le comprends d'au-
tant moins qu'il est notoire que la partie bibliographique de la bio-
graphie Michaud a été généralement revisée par l'éminent bibliogra-
phe qu'était Beuchot. On pourra signaler sans doute à M. Couderc
des livres ou des recueils où se trouve un article ou un passage, rela-
tif à tel personnage ou à tel fait de l'histoire rouergate. 11 y au-
rait ])édantisme à lui faire grief de ne l'avoir pas connu et ingra-
titude à sembler vouloir diminuer par là le mérite d'un travail
qui lui a demandé de longues heures de recherches et qui rendra
■à ceux qui le consulteront les plus précieux services.
E.-G. Ledos.
— 142 —
BULLETIN
Cantiques «If Sioii, par H. Péren^ès. l'aris. Beaudiesne, 1919, iii-8 de ii-4b |).
— Prix : 1 fr. 75.
L"autcur de celte brochure, professeur au giand séminaire de Quimper,
applique le système de division stropliique, élaboré par le Dr H. Mûller,
professeur à Vienne, et consistant dans les trois procédés de responsio, con-
calenatio, iiicUisio (les initiés comprennent ces termes), aux plus anciens
poèmes delà Bible : l'hymne (?) delà création, la propliétie de Jacob, les
deux cantiques de Moïse, les maschais d'Hésebon et de Balaam, la bénédic-
tion de Moïse, et les cantiques de Débora, d'Anne, mère de Samuel, et de
David sur Saiïl et Jonathas. I/application du sysh'^me pourrait être faite
aux Odes de Victor Hugo et de Lamartine, en comptant le nombre de vers,
en les groupant symétriquement et en imprimant en caractères gras
les mots répétés. Ici, rinclusio est excessivement rare. Si le texte massoré-
tique est en mauvais état, le système, qui a besoin d'être prouvé, ne peut
servir de preuves dans be choix des variantes de la version des Septante ou
des autres versions anciennes Quelques leçons adoptées peuvent être bonnes
indépendamment de leur adaptation au système strophique. Il faudrait
prouver aussi que ces poèmes ont été chantés pendant des siècles en Israël.
Ils n'ont pas été composés pour l'usage liturgique, et l'alternance des
strophes n'est pas un indice qu'ils ont été chantés par deux chœurs. La
facture très soignée de ces poèmes est un effet de l'art poétique. Il n'est
pas démontré qu'elle comporte la responsio, la concalenalio et ïinclusio
comme procédés de rédaction. E. M.\ngenot.
La Tâ'iitité sociale. Élude sociale, économique cl politique, par Pu^rre Dugavij.
Paris, Bergpr-Levraiilt, 1919, petit in-8 de 89 p. — Prix : 3 fr. m.
Le monde social est-il comme le monde physique gouverné par des idées
intangibles auxquelles l'homme ne peut se soustraire impunément ? l'our
I auteur de cette lirocliure, la question ne saurait faire de doute et il la ré-
sout par l'affirmative en montrant la puissance des trois principes essentiels
qui régissent toute la vie sociale, savoir : la libci'té individuelle, la solida-
rité, le pouvoir régulateur. La réunion de ces trois principes forme ce qu il
appelle la « Trinilé sociale. » Leur jeu harmonique est indispensable au
bon fonctionnement et au progrès comme/au bonheur de toute société.
.Mais comment réaliser cet idéal ? (J'est ce que l'auteur recherche en exa-
juinant chacune des réformes que comporte ou des conditions que postule
l'organisation du suffrage universel, de l'instruction populaire, de la \ie
ouvrière, de l'impôt, l'exercice du droit de propriété et l'usage du caiDital.
On trouve ainsi dans ce petit livre, à côté d'aperçus personnels et souvent
ingénieux, des vues très justes sur les besoins immédiats des sociétés mo-
dernes. Il y a là un essai intéressant de synthèse sociologique, qui prê-
terait sans doute sur certains points à quelques réserves, mais qui, dans
l'ensemble, vaut d'être médité. V. L.
<Kuvr<'!i( «!«' Vii>«jil4> ('l"(^xle l:iliii). puljiiéfs, avec imc liilrodiulion ijiogra-
ijliiquc et littéraire, des notes ciiticiiies ut e.\plicatives des <<ravures, des cartes et
un Index, par I''. Pliîssis et P. Lkja'». Paris, Ilacliette, 1919, jtetit in-1(i cartonné,
de cxxxvii-DOi j). — Prix : 3 fr.
Au moment où M. Bellessort donne dans la UeiHielicbiluiiinilaire une série
d'études sur Virgile, c'est l'heure de relire dans son texte le poète de Man-
loue et voici justement que la librairie llachelle publie une nouvelle édi-
— U:3 —
lion cliissicjne de l'auteur des Gèorcj'uiues. Une longue Introduclion com-
prend la Vie de\ii{^ilc, des remarques historiques, litlrraires, artistiques,
bibliojjTiapliiques sur tous ses ouvrages ; un préambule critique est suivi
du texte latin annoté des dix Bncoluntes, des quatre livres des Géonjiriuex.
des douze livres de VÉnéide, chaque division précédée d'un sommaire. A la
fin, un Index des noms propres ; une soixantaine de petites illustrations,
dont plusieurs empruntées aux miniatures manuscrites, aux fresques
antiques, aux monnaies, aux camées ; deux cartes complètent cette docu-
mentation. Les notes sont multipliées au bas de chaque page : grammati-
cales, historiques, littéraires. Cette petite édition port;itive est donc très^
complète et très commode. G.
<:iii«'iiiii «'t C ', confidences d'un spectateur, par Locis Delluc. Paris, Grasset, I91U,
in-18 de 327 p., illustré. — l'rijt : 3 fr. 30.
Tout ce qu'on peut écrire sur le « cinéma. » Luxe de détails scéniques
adaptés au « film » ; connaissance approfondie des coulisses de l'écran ;
appréciation fouillée des scénarios, des artistes de l'art scénique ; critiques
abondantes, informées. .Mais les problèmes moraux que la question soulève
n'y bénéficient pas de la même sollicitude que la technique du métier ou
sa critique alerte. L. T. df, M.
La Hollande social**, par Hesrt Jolt. Paris, Blond, U)12. in-IO ilo G2 p. —
Prix : 0 fr. OU.
Bien superficiel serait le sentiment qui conduirait à rejeter comme
démodée et sans intérêt la littérature d'avant-guerre. Le rôle de la Hol-
lande pendant la guerre et celui qu'elle peut être appelée à jouer après la
paix oll'rent dans tous les ordres d'idées le plus grand intérêt. La brochure
de M. Joly est un exposé très complet de la situation sociale et psycholo-
<.âque de la Hollande contemporaine. La vie religieuse, la vie familiale, la
( liminalité, en un mot tout ce qui constitue la psychologie d'un peuple
l't par conséquent les causes de ses actes ou de ses abstentions politiques
y sont décrites avec une précision remarquable ainsi que les particulari-
t(''s des diirérentes provinces. C'est un ouvrage à recommander à ceux (et
il en existe) qui ayant quelque motif de faire acception du rôle de la Hol-
hinde dans les alTaires publiques ou privées, préféreront des précisions
raison nées à des idées préconçues dépourvues de bases sérieuses.
EUGKNE GODEFROY.
I^e Clhili cl la I-'rance, par Francisco Contrebas. Paris, liossard, 1919, in-Ift
de IG4 p., avec une carte. — Prix : 3 fr. 60.
Ce livre de M. Francisco Contreras a été rédigé pour contribuer à « l'élar-
gissement de l'influence française dans l'.\mérique du sud », et c'est en
effet un chaleureux plaidoyer en faveur de la formation de relations
étroites entre les deux pays. Mais l'auteur ne se contente pas d'expliquer
pourquoi ces relations doivent être nouées, ou maintenues — à cause des
sympatiiies des Chiliens envers la France, pour contrebattre efhcacement
les intrigues germaniques, pour maintenir une culture intellectuelle, et
surtout française, au Chili ; il montre encore dans le Chili un pays riche :
riche au point de vue minier, riche au point de vue agricole, et dont 1 in-
dustrie et le commerce prennent un véritable essor. Pour toutes ces rai-
sons et bien que, physiquement, le Chili lui tourne le dos, la Fratice n'aura
pas seulement profit moral, elle aura aussi bénéfice matériel à développer
— 144 —
ses Tolalions avec celle république hispano-américaine. — Telle est la thèse
soutenue par M. Contreras, et nous ne saurions trop y applaudir. Elle est
bien développt'e dans le Chili et la France, bien que, parfois, les chapitres
<le ce livre louriient court et ne soient pas (cf. le § u du chap. 11. sur le
salpêtre) très adroilenienl coupés. IIemu Fuoidevaux.
Li'Aposlolal d'un malade. Inouïs Peyrol (U{8ÎJ-1Î>1<»), par Jean-P.\li.
Belin. Paris, liloud et Gay. 1918, in-16, de"2r9 p. — Prix : :i fr. 50.
On dit souvent que l'épreuve grandit les âmes fortes ; mais il n'est pas
commun de suivre au jour le .jour les ascensions d'une âme d'élite aux
prises avec un mal cjui ne pardonne pas, denlendre ses plaintes furtives
^ux heures de dépression, d'assister à ses rétablissements généreux, de
Saisir dans le détail le travail minutieux et soutenu par lequel chaque
déception se transforme en dévouement, chaque défaillance provoque une
vaillance nouvelle, chaque cri de douleur s'achève en vui élan de confiance
et d'amour. (Test le spectacle que nous donne cette biographie. Louis Peyrot
se destinait à la carrière médicale ; il rêvait de se dévouer aux déshérités el
aux gagne-petit, à qui il avait déjà prodigué les preuves de sa sympathie. Une
grippe mal soignée pendant son service militaire dégénéra en congestion
pulmonaire ; la tuberculose se déclara. Il n'avait pas vingt ans, que déjà
commençait pour lui la vie de sanatorium. Il la rendit admirablement
féconde On en suit avec émotion les péripéties en admirant tout ensemble
et la doctrine qui s'avère en toute rencontre la plus eflicace, et l'àme qui
s'en inspira avec une si constante générosité. Ch. L.\ndry.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Le D' Jacques Bertillon, mort à Paris le 3 juillet, sétait
acquis une réputation mondiale par ses travaux de statistique et de crimi-
nologie. Né à Paris le 15 novembre I8S1, il fit de bonnes études médicales
et c'est sous les ordres de son père, statisticien et anthropologiste éminent
lui aussi, qu'il se forma aux disciplines dans lesquelles il devint bientôt
un maître. A la mort de son père, il lui succéda comme chef des travaux
statistiques de la ville de Paris. Dans le Dictionnaire encyclopédiqae des
sciences inédicdles, dans la Revue d'hygiène, dans les Annales de déinotirapliie
qu'il dirigeail, dans les publications du bureau à la tête duquel il se trou-
vait, dans d autres publications savantes, il multiplia les articles et les
mémoires avec une inlassable activité. Mais son noili restera surtout attaché
aux méthodes anthropométriques quil appliqua avec un si beau succès à
la justice criminelle. Voici la liste de ses principales publications : .S»;-
la Nuplialitê comparée des célibataires, des veufs el des divorcés (Paris, 1879,
in-<S) ; — La Sh^lislique humaine de la I-'rance, naissance, mariage, mort (Paris,
1S80, in-.32) ; — De la Fréquence de la fièvre typhoïde à Paris pendant la période
1860-82 (Paris, 1883, in-8) ; — Étude démographique du divorce el de la
séparation de corps dans les dijférents pays de l'Europe (Paris, 1883, in-8) :
— La Vie el les (cuvres du D' L.-A. Bertillon, professeur de démographie à
l'Ecole d'anthropologie, chef de la statistique municipale (Paris, 1883, in-8) ;
— Rapport présenté à la Commission permanente de slatistitpw. municipale de
la ville de l'aris sur les travaux de l'Institut i/dermdional de st(distique el sur
l'orf/anisalion de la direction générale des statisli<]nes en Italie (Paris, 1887,
gr. in-8) ; — Les Naissances illégitimes en France et dans quelques pays de
— 1 i;) —
VEnrope (Vienne 1SS7. gr. iti-8) ; — La Taille de. l'homme en France
(Nancy, 1<S8G, gr. in-8) ; — Calcul de la morlaidé des enfnnls du premier âge.
De la mèlhode à suivre el des documents à recueillir pour Calculer la morlalilé
des enfants en bas âge, et spécialement celle des enfants protégés par la loi du
24r décembre i87fi (Paris. 1887, gr. in-8) : — L'Étal sanitaire de Gennevilliers
(Paris. 1888, in-8} ; — Allas de stalislirpie graphique de la ville de Paris,
IRSS-S'j (Paris, 1889-1801, 1 vol. in-fol. et 1 vol in-4) ; - Congrès inlernn-
lional d'hygiène el de démographie à Paris en ÎSS9. 8" question. Statistique
des causes de décès dans les villes (Paris, 1889, iti-8) ; — Compte rendu som-
maire des travaux scientithpies du D' Jacques Bertillon (Paris, 1892, gr. in-8) ;
— De la Morhd'ité par âge avant la naissance (mortinnlalité, selon l'âge du
fœtus) (Nancy, 1893, gr. in-8) ; — Essai de slalislique comparée du surpeu-
plement des habitations de Paris et dans les grandes capitales européennes
(Paris, t89i. gr. in 8) ; — Cours élémentaires de statistique administrative
(Paris, 1895, in-8) ; — De la Dépopulation de la France et des remèdes à y
apporter (Nancy, 1896. gr. in-8) ; — ? La Gémellité (ou la fréquence des nais-
sances gémellaire^) selon l'âge de la mère el le rang chronologique de l'accou-
chement (Nancy, 1898, gr. in-8) ; — Note sur une taxe de remplacement de
l'octroi (Paris, 1898, in-8) ; — L'Alcoolisme el les moyens de le combattre
jugés par l'expérience (Paris, 1904, in-12) ; — Des Causes de l'abaissement de
la natalité en France et des remèdes à y apporter (Paris, 1910, In-8) ; — Sta-
tistique des successions en France et à l'étranger (Nancy, 1910, in-8) ; — La
Dépopulation de la France, ses conséquences, ses causes, mesures à prendre pour
la combattre (Paris, 19M, in-8).
— M. Paul Lacombe. qui est mort vers la fin de juillet à Lauzerte (Tarn-
et-Garonne) était né à Catiors en -1834. Le goût des études historiques le
poussa vers l'École des chartes. 11 en sortit à 25 ans, en 1859, avec une thèse
sur l'histoire du Consulat de Cahors. Assez mêlé sous lEmpire aux polé-
miques politiques, il n'en poursuivit pas moins ses recherches et ses tra-
vaux historiques sur des sujets assez variés. La méthodologie historique
attira particulièrement son attention et lun de ses ouvrages les plus con-
isidérables est celui qu'il a publié en 1894 sur l'Histoire considérée comme
science. Il avait été nommé en 1882 inspecteur général des archives, titre
qu il échangeait deux ans plus tard pour celui d'insoecteur général des
bibliothèques et arcliives. En 1886 il était décoré chevalier de la Légion
d'honneur. Voici la liste des principales publications de cet érudit, dont
les idées appelleraient de notre part d'assez fortes réserves : L'Angleterre,
géographie, climat, industrie, agriculture, commerce, gouvernement, société,
famille (Paris, 1877, in-16) ; — Petite Histoire d'Angleterre depuis les origines
jusqu'en Î650 (Paris, 1877, 2 vol. in-16) ; — La Musique en famille par un
père à ses enfaids (Paris, 1878. gr. in-l6) ; — Le Patriotisme (Paris, 1879,
in-12) ; — De l'Histoire considérée comme science (Paris, d898, in-8) ; —
Esquissi; d'un enseignement basé sur la psychologie de l'enjant (Paris, 1899,
in-12) ; — La Guerre et l homme (Paris, 1900, in 12) ; — L'Appropriation
du sol. Easai sur le passage de la propriété collective à la propriété privée
(Paris, 1912, in-8) ; — La Première Commune révolutionnaire de Paris et les
Assemblées nationales (Paris, 1911, in-8).
— L'illustre philanthrope Andrew Carnegie est mort le 12 août à
Shadewstrook. Il était né en novembre 1835 d'un modeste tisserand ; à
treize ans il fut placé dans une filature de coton oîi il gagnait cinq dollars
par mois. Le jeune homme, d'un caractère réfléchi, occupait ses quelques
instants de repos à lire et à penser. Plus tard il entra comme garçon dans
Août-Septembre 1919. T. CXLVI. 10.
— 140 —
les bureaux de l'Ohio TeUujraph Company, puis le hasard lui fit renconlrer
rinvenlciir des vagons-lits avec lequel il s'associa. En peu d'années son lia-
bilelé merveilleuse et son intelligence le conduisirent à la fortune ; deve-
nu administrateur de la Pennsylvània Road Company, il fonda les usines-
Keyslone Bridge el de l'Union Iron Works, où devaient travailler un jour
50.000 ouvriers ; d'autres entreprises métallurgiques se grefîèrent sur celles-
là. A dater de ce moment il devint le « roi de Vncier. » Sa fortune était im-
mense ; bon et généreux, il en consacra la plus grande partie à des œuvres
philanthropiques soit 1 miliard 753, 475.000 dollars employés à la création
de parcs, musées, bibliothèques, laboratoires, écoles, institutions diverses
tendant à améliorer le sort des classes ouvrières. 11 a écrit divers ouvrages
parmi lesquels on peut citer : American Four-in-IIand in Brilain (Ijondon,
1883-1884, in-8) ; — Ronnd tlie World (London, 1884. in-8) ; — Triamphanl
Demôcracy (London, 1886, in-8) ; — Tlte Gospel of ]VeaUh,nnd other essays
(New York, 1900, in-8) ; — A reclorial adress to the sInderUs in S' Andreujs
Universily (London, 1902, in-8); — Empire of Business (London, 1902, in-
8) ; James Wall (London, 1905, in-8) ; — Alderson (London. 1902, in-8 ) ;
— Problems of lo-day : Wealth. labour, socialism (London, 1908. in-8).
— Avec M™° Hedwig Dohm. dont en annonce la mort récente, disparaît
une des femmes écrivains les plus notables de l'Allemagne. Née à Berlin le
:iO septembre 1833, elle'iétait encore toute jeune quand elle épousa en 185J
Ihumoriste Ernsl Dohm, qui dirigea longtemjjs avec succès le Kladdera-
datsch et qui la laissa veuve en 1883. M""= Dohm débuta dans la carrière
littéraire par une histoire de la littérature nationale en Espagne : Die spa-
nisclie Nalionallileralur in ilirer (jeschichtliclie'n Enlioick/ung (Berlin, 1867,
gr. in-8). Mais ce qui attira l'attention sur elle et lui donna quelque célé-
brité, ce sont ses luttes pour l'émancipation de la femme. Elle s'est fait
connaître également par des romans et des pièces de théàlre. N'oici la liste
de SCS principales publications : llarle Sleine, farce en collaboration avec
Friedrich Kaiser (Berlin, 1866, in-i) ; — Was die Pasioren von den Frnuen
denken (Leipzig, 1872, in-J6) ; [ — Der Jesuitismus ini Hnusslande (Berlin.
1873, in-8) ; — Die wissenschaj'lliche Emanzipation der Frau [licvliu, 1874, iii-
8) ; — Der Frauen Nalar und Reclil (Berlin, 1876, in-8) ; — Der Seelenreller.
comédie (Wien, 1876, in-16) ; — Vom Slramm der ^/r«, comédie traduite de
.Tosé de Larra (Berlifi, 1876, in-8) ; — Lusl und Leid im Liede, neuere deutsclu:
Lyrik, en collaboralion avec F. Brunold (Leipzig, 1879, in-8); — Plein air,
roman (Stuttgart, 1891, in-8) ; — Wie Frauen werden. Werde die du bisl,
nouvelles (Brcslau, 189 i, in-8) ; — Silnlla Dalniar, roman (Berlin, 1896,
in-8) ; — Schicksale eincr Seelc,YonMin (Berlin, 1899, in-8) ; — Chrisla linland,
roman (Berlin, 1902, in-8) ;— Die Anlifendnislen [nciUu, 1902. in-8) : —
Die Miller (Berlin, 1903, in-8) : — Srhirancnlieder, nouvelles (Berlin. l!H)(i.
in-8) ; — Somnierlieben, nouvelles (Bciliii, lOOtl, in-8).
— M. Anders Nicolai Ki.\eu, qui csl mort le 16 avril à Chiistiania, était
l'un des statisticiens les plus éminenls de la ÎVorvcge, et la plupart des
sociétés de statistique de l'étranger s'honoraient de le compter parmi leurs
membres. 11 était né à Drammer» le la septembre 1838 et dès 1861 il était
entré à la section de statistique du département de l'inlérieur. Les qualités,
el lactivité qu'il y déploya lui valurent un avancement ra|)ide ; il devini
chef de la section en 1867. Quand en 1876 la section forma un organe in-
dépendant sous le titie de Bureau central de statislicpie M. Kia'r en devint
le direclenr et il contribua plus q\]e personne à en faire un établissement
modèle. Il fui en 188") Ivu) des fondateurs de l'Institut international de
— U7 —
^l.llisliqn(^ Il dirigo.iil l;i Slatsœkonomisk Tidsicrifl, oryanc do la Société
riorvégicniio de stalisliqiic. Parmi les travaux qu'on lui doit nous citerons :
Stalislisk H(Uidboij for l<onijeri<iel Norge (Krisliania, IS71, in-8) ; — Happorl
an CoïKjrès inlei'iinlioiiftl de slalislique de S'tinl-Pétershijurij sur l'élal de lu
stfdixliijiic oj'jicielle dn royaume de :\orvi'ge (Christiania, 1S72, in-H) ; — Bi-
drag lit lielysniixj of SliiljsfarU'tis (ekonotniske Furhold (Krisliania, 1877, in-8) ;
— Otn Scddelhenkcr (Kristiania, 1877. in-8) : — Livs-og fJfedxtrdieller for del
norsuke Folk efler Krfaringer Jva liaarel lS7l/2-l8m'\ (Kristiania. ISSS.
in-8) : — Den repra-senUdive Undersiegelses inetitod (Krisliania, 1897, in-4) ;
— Slalislisclie lieilntge zur lielencldnng der eliellclieu Frucfdharkeil (Chris-
tiania, 190:{, 3 fasc. In-lj ; — [iefolknings slalisUske i'ndersocgelser. Lande
hvor Folkelrclliiig mangler (Christiania, 11)04, in-8) ; — Slalislikenx Detyd-
ning for adrneligncdiisligfn (Kristiania. 1004. in-8) ; — Indl:fg Infor hold idai-
heidel lil briik for den deparlemenlalefolkeforsikringskoniilé (kristiania, 1907-
1010, in-4) ; — IndUegls og fornmes forhold : I\'orge (Kristiania, 1803, in-8).
— L'Académie royale d'histoire de .Madrid est doulourousenienl affectt'c
par la mort de son secrétaire perpétuel, don Eduardo de Hinojosa y Navicros,
mort le 10 mai à Madrid. Né à Alama (prov. de Grenade) le 25 novembre 1852,
( est là qu'il fit ses études, suivant à l'Université les cours de droit et ceux
de philosophie et lettres. Il vint prendre son doctorat à l'Université de
Madrid, entra dans le corps des archivistes bibliothécaires et futattaché au
Musée archéologique. Appelé à professer Thistoire ancienne et médicale de
lEspagne à lUniversilé de Madrid, c'est en 1834 qu'il fut élu membre de
I' académie d'histoire, dont il devint le secrétaire perpétuel en 1011. La
])aralysie qui l'avait frappé en l!U3 l'empêchait d'en remplir les fonctions.
"-ou œuvre scientifique et littéraire est assez considérable. Noiis citerons
jarmi ces publications : Ilisloria del ■dereclio romano (Madrid, 1880, in-8) ;
— Esladio sobre Felipe I! (Madrid, 1887, in-8) ; — Ilisloria gênerai del dere-
itto e.s/wno/ (Madrid. 1887, in-8) : — Discnrsos leidos anle la real Academia de la
Ilisloria [Francisco de Viloria] (Madrid, 1889, in-8): — Felipe II y et Con-
clave de jfôôO (Madrid, 1829, in-8) ; — Infliiencia que liwieron en et derecho
pnblico de su palria los filosofos y leologos espanoles (Madrid, 1890, in-8) ; —
Discursos leidos en la Real Academia de buenas lelras de Barcelona [Origen y
vicisiliides de la pagesia de remensa en Cataluùa] (Barcelona. 1002, gr.
in-8) ; — Esludios sobre la historia del derecho espanol (Madrid. 1903, in-8) ;
— El Régimen senorial y la cuesUon agraria en Calaluna duraide la edad
ledia (Madrid, dOOo. in-8) ; — llcroes y marlires gcdlegos, los Franciscanos
■ Galicia en la guerra de la Independencia (Santiago, 1912, in-8j ; — FJ
Elemenlo germanico cl dereclio espanol (Madrid, 1915, in-8V
— Avec l'ex-pasteur Friedrich Naumann, qui depuis 1907 représentait
lleilbronn au Heichstag allemand, disparaît l'un des plus fougueux cory-
l)hées du pangermanisme. L'auteur célèbre du Milleleuropa était né le
25 mars 18tj0 à Slorifithal, près de Leipzig C'est dans cette dernière ville
et à Erlangen qu'il avait fait ses études universitaires. Après avoir exercé
des fonctions ecclésiastiques en divers lieux luxiliaire près de Hambourg
de 1883-1885, puis pasteur à Langcnberg jusqu'en 1800 attaché à la mis-
sion intérieure à Fiancfort sur le Mein et dans l'Allemagne du sud), il
s'était lancé dans l'action sociale et dans la politique active. Il avait joué
un rôle assez considérable dans le parti social chrétien, avait fondé pour
la défense de ses idées Die Ililfe. revue hebdumadaire. Il avait également
créé un journal Die Zeil. à l'appui du parti national social dont il était
lun des fondateurs et. après relTondrement de ce parti, Die Zeil, trans-
— 148 —
formt'-e on liobdoiiiadairp. se fondit avec l>ie Nation de Th. BarUi. Voici la
liste des principaux ouvrages du fougueux pasteur : Die Kircliliche Versor-
giinq der i-vniujclischen Sludenlen (Stuttgart. 1883, iu-S) ; — Arbeiler-Kale-
cliisimis (Gaiw. 1888. in-8) ; — ArbeUer-Predigl (^Yilkau. 1888, in-8) ; — .!/■-
me Reisende (Neiisalza, 1888, in-8) ; — Was Ihnn ivir (jegen die (jlnnbenslose
Sozialdenwkralie :' (Leipzig, 1889, in-î<)- ; — Chrif.{licfie Volkserfioliincjen
((iotlia, 1890, in-8) ; — Der Wucher and seine lieknmpfung (Gotlia, 1890,
in-8) ; — Das soziale Proyrnnini der evangelischen Kirche (Leipzig, 1891.
in-8) ; — Die Milltilfe der Kirchengemeinden und ihrer Organe zur Losang der
sozialen h'rnge ((larisruhe, 1891, in-8) ; — Chrisleidhnni und Familie (Berlin.
1892, in-8) ; — Was Kann die innere Mission zar Belehiing der Gemeinden hei-
Iragen ? (Carlsrutie, 1893, in-8) ; — [Vas heissl Chrisllich-Soziali (Leipzig,
l89o et s., in-8) ; — Die soziale Bedeulung des christlichen Vereinsioesens
(Carlsruhe, 1893. in-8) ; — Gastav Arfo// (Frankfurt, 1894, in-8) ; — Ztnn
sozialdeniokralischen Landprogramm (Frankfurt, 1895, in-8) ; — Eihige
Gednnken iiber die Griindang chrisllich-socialer Vereine (Bern, 1896, in-8) ;
— GolleskilJ'e (Gotlingeh, 1896, in-8); — Nationalsoziaier Kalechismen (Ber-
lin, 1896, in-8) ; — Die (irandlagen unseres Glaubens (Franl<.furt, 1898,
in-8) ; — Asia (Berlin, 1899, in-8) : — Flolle and lieaklion (Berlin. 1899,
in-8) ; — Siaal and Familie (Berlin 1899. in-8) ; - Handelsverlrnge oder
Brod vacher (Berlin, 1900. in-8) ; — Deulschland and Oeslerreicfi (Berlin,
1900. in-8) ; — Demokralie andh'aisertam (Berlin, 1900, in-8) ; ~ Naiionnler
and inlernaliomder Sozialisnias (Berlin, 1901, in-8) ; — Kanst and Fo//v (Ber-
lin, 1902, in-8) ; — Neadeatsche Wirtschaflspolitik (Berlin, 1902. in-8) : —
BrieJ'e H6er/?6'/;>/to/i (Berlin, 1903, in-8) ; — Die politischen Aafgaben im Indaslrie-
zeilaller (Strassbnrg, 1904, in-8) ; — Die Erzielumg zar Personlichkeit im
Zeilaller des Grossbelriebes (Berlin, 1904, in-8) ; — Die Fran im Mascliinen-
zeitalter (Berlin, 1904, in-8) ; — Die xvilrschnfllichen und politischen Folgen
der Bevolkerangsvermehrang (Mûnchen, 191)4, in-8) ; — Die Kanst im Zeilaller
der Maschine (Berlin, 1904, in-8) : — Liberalismas, Zentrum and Sozialdemo-
kralie (Miinchen, 1904, in-8) ; — Die Polilik Kaiser WilhelmsU i^evlin, 1904,
in-8) ; — Der Streit der Konfession uni die Schule (Berlin, 1904, in-8) ; —
Die Potilik der Gegemvarl (Berlin, 1905, in-8) ; — Der Geist im Ilausgeslahl
(Drcsden, 1906, in-8) ; — Die Stellang der Gebildeten im politischen Leben
(Schôneberg, 1907, in-8) ; — Deutsche Gewerbekunst (Berlin. 1908, in-8) : —
Das Idéal der Freiheit (Berlin, 1908 in-8) : — Das Volk der Denker (Berlin,
1909, in-8) ; — Die Stellang des freien Prolestantismax zur Sozialpolitik
(Berlin, 1909, in-8) : — Aasstellangstreif {Bcrhn, 1909, in-8) ; — Form und
Farbe (Berlin. 1909, in-8) : — Die polilisclien Parteien (Berlin, 1909, in-8) : —
Die l{eichsn)arinefahrl (Berlin, 1910, in-8) ; — ■ Sonnenfalirten (Schôneberg.
1909, in-8) ; — Die elsass-lothringixche Verfassangsfrage (Berlin. 1910, in-8) :
— Mitteleuropa (Berlin, 1915, in-8).
— Le grand orientaliste russe Yasilii Vasilievitch Radi.ov, qui vient do
mourir victime du bolchevisme, était ne à Berlin le 17 janvier 1837. Il
suivit les cours des Universités de Halle et de Berlin, vint en 1858 à Saint-
Pétersbourg, au Musée asiatique, fut nommé professeur à l'Ecole des mines
de Barnaouli. L'ardeur et le succès avec lesquels il se livra à l'étude des lan-
gues et des lilléralures asiatiques le désignèrent pour remplir en 1871 les
fonctions d'inspecteur des écoles musulmanes du cercle de Kazan et quel-
ques années plus tard (1884) pour prendre la direction de ce Musi-e asiatique
où il avait fait ses débuts. I,a même année, il était nommé membre de
l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Les sociétés savantes de
— .140 —
rt'trangor.ct en pai liciilinr iiofro VcadfMiiic dos iiisci iplioiis, sr r.illaclii'iciit
soil coiiirnc correspondant soit comme associé. Parmi les |)ublications de
cet éminciil érndit, la pinpart écrites en allemand, rions citerons : l'rohen
Jer \'<illcslHler(ilur lier liirliisclien Slainme Si'ulsitnriens (Saint- l'élerslwnrg,
IhlOti-l DOS, 8 vol. in-.S) ; — Kur:er Bericlil ufjer eine im Sommer 1WJ imlenjenom-
inene lieise in die osU. Kirrjizen-Sleppe, dans le Bulleiin de l'Académie de Saint-
Pétersbourg, 1863 ; — Bericfit iiber eine im Sommer IR63 unie rfjenom mené
lieise in den osllichen Allai (ibid. 180'f) ; — Obserualionx sur les Kirykis (Pa-
ris, 1864. in-8) ; — Ueber die Formen der gelnindenen liede bel den allaischen
Tnlaren dans la Zeilsckifl fur Volkerj)sycholof)ie (I860-I866) ; — Worler-
huch der Kannï-Spniche (Saint-Pétersbourg, l87i.in-8) ; — Annli: bolijarskikk
cislUetkli linen vizoeliiakh .l/^e/i/-/ (Saint-Pétersbourg, 1878, in-8) ; — Venjlei-
chende (j'rnnii)uilik der nordlicken Tiirksprachen. I. (Leipzig. 1882-188.3. in-8) ;
— Mijhloijiia i mirosozercaniejitelei Allai (dansie Vost. Oboziiénie. 18S2-18S3| ;
— FliHxjrnphisciie IJcbersidd der Tiirkslamine Sibiriens und der Mo/ujolei (Lei[)-
zig. 1883. in-8) ; — Ans Sibirien (Leipzig. 1884. in-8) ; — Das Schnmanenlum
und seine Kuliur (Leipzig. 1883, in-8) ; — Versuch eines W'orlerbucbs des'
Tiirkd'Kdekl (Saint-Pétersbourg. I8S8, ^gr. in-8) : — Atlas der Allerli'imer der
MoïKjoki (Saint-Pétersbourg. 1892 et suiv.. in-fol.) : — D'ie altliïrk'ischen In-
schriflen der Mongotei (Saint-Pétersbourg, 1894 et suiv., iii-4) ; — • Die Sprachen
der nordlicken Turkslamme (Saint-Pétersbourg, lSi)6et^suiv., gr. in-8) ; — Das
Kudalku-Bilik des Jusuf chaes Hadschib (Leipzig, 1891. -1910, gr. in-4) : —
Die jakssische Sprache (Saint Pétersbourg, 1908, gr. in-8) ; — Kuansi-uut
P«i-ar (Saint Pétersbourg, 1911, in-8).
— John William Slrutt, baron R.^^ïleigh vient de mourir. Né le 1:2 no-
vembre 1S42, il fît ses études à Trinity Collège, à Cambridge. Ses facultés
I xtraordir'iaires pour les sciences lui firent étendre ses études à presque
toutes les brandies de la physique et de la chimie. De 1879 à 1884, il lit des
cours de physique expérimentale à l'Université de Cambridge, puis fut
nommé professeur de philosophie naturelle à la Royale Institution de 1887
à 1905 et secrétaire de la « Royal Society » de 1887 à 1896. Knfin la décou-
verte qui devait lui donner la célébrité et rendre son nom populaire est
celle d un nouveau gaz dans l'atmosphère : l'Argon. C'est en travaillant
avec Sir William Ramsay qu'il fit cette découverte; en collaboration avec
Uamsay. Morris et Travers, il découvrit encore dans l'atmosphère trois autres
uaz : le Néon, le Kripton et le Xénon. Parmi ses ouvrages on peut citer '•
II The Tlieory of sound » (Londres, 1877-78, in-8). 11 a publié aussi un grand
nombre de mémoires dans les Philosophical Iransaclions of the Royal Sociely
ei dans dauties revues scientifiques. Scf découverte de lArgon lui obtint
l'honneur d'être lauréat du prix >obel et l'Académie française lui décerna
le litre de membre correspondant et associé étranger de la section des
sciences. Ses recherches opiniâtres lui firent faire encore de précieuses dé-
couvertes sur l'électricité. le magnétisme et l'acoustique.
— Un éminent astronome anglais, le R. P. Walter SmcREAVEs, S. J.. est
mort le 12 juin au collège de Stonyhurst. dont il dirigeait l'observatoire de-
puis la mort du célèbre P. Parry dont il avait été l'auxiliaire. Il avait pris part
à des missions ofïicielles du gouvernement anglais (1874, à l'ile de Kergue-
len pour le passage de Vénus ; 1882, à Madagascar, etc.) et il avait fait des
observations remarquables; ses études sur les relations entre les taches du
soleil elle magnétisme terrestre avaient toutparticulièiementattiré l'atten-
tion. >é à Pieston, dans le Lancashire, le 4 octobre 1837, il fit ses études
à Stonyhurst, avantd'y être appelé comme professeur de physique en 1884-
— 150 —
La plupart do ses travaux ont paru dans les Monlhly /to/tces ou dans les Me-
inoirs de VAstronotnical socizly de Londres. Nous citerons dans le premier
de ces recueils: The Slonyhursl drawings oj Ihe solar spots and Jaculae (l. LU,
.J892) ; — Variable speclrurn of B Lyrae (t. LIV. LVII et LXIV, 1894, 1897 et
1904) : — Wilsonian theory and Ihe Slonyhursl drawings oJ Sun spols (l. L\ ,
1893) ; — Speclrurn of o Eeli pholographed (t. LVIL 1898) ; — Eclipse of Ihe
moon (t, LIX, 1899) ; — Speclr,- of y Cass et o Celi (t. LIX, 1899) ; — Partial
éclipse of Ihe Sun (t. LX, 1900) ; — Speclrurn of Nova Persci {t. LXIet LXII,
1901 et 1i^02) : — The Speclrurn of Mira Celi (t. LXVIIL 1907) ; — Noie on
cuniel c 1908 (t. LXIX, 1909) ; — Notes on cornet a 1910 (t. LXX, 1910) ; —
Suinniary of observations of Ihe solar éclipse of 1912 (t. LXXII, 1912) ; — dans
le 2e : Spectruin of Nova Aurignac (t. LT, 1895) ; — On Uie connexion bélween
solar spots and carth-magnetic slorms (t. LIV\ 1904). Mais, n.iturellement. le
meilleur de son activité littéraire a été donné aux Reports annuels de l'ob-
servatoire qu'il dirigeai! avec tant d'éclat, en dépit de sa grande modestie.
— On annonce encore la mort de MM. : Edouard Bakon, qui laisse des
ouvrages de philosophie sociiile, mort le lo avril, à Beauvoir-sur-Mort
(Deux-Sèvres), ta l'âge de 75 ans ; — Henri Bazire, publiciste, qui joua un
si grand rôle à la tête de l'As'sociation catholique de la jeunesse française,
mort le 24 juillet ; — le chanoine François Belleville, fondateur du
Petit Berriclion (Croix du GherJ, mort le 18 juillet; — Alfred BEROAru,
administrateur délégué du Petit Journal, mort le 25 août, à Verneuil-sur-
Seine ; — le D"^ F. Bhémono, longtemps rédacteur scientifique de l'Événe-
ment, du Voltaire, du Petit Marseillais, auteur de nombreux écrits parmi
lesquels on peut citer : Les Préjugés en médecine, Rabelais médecin, le Dic-
Uonnaire de la table, etc., mort au Lavaudan (Var), le 9 août, à 76 ans ; —
le D'" Cariueu, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier, au-
teur d'ouvrages parmi lesquels on peut citer : Des A/iiyolrophies spinales
secondaires, contributions à l'étude de la diffusion des lésions irritatives du
système nerveux (Montpellier, 1875, in-14) ; Aphasie avec hémiplégie dans le
cours d'une pneumonie, différence de température entre les deux cdiés du corps
(Montpellier, 1882, in-8) ; La Génisse et la vache laitière comme sources
de vaccin (Montpellier, 1882, in-12) ; — Joseph Chaumié, ancien grand-
maître de l'Université, mort le 18 juillet : — Gustave Demartres, profes-
seur à la Faculté des sciences de Lille, puis doyen honoraire, autour de
plusieurs ouvrages parmi lesquels on peut rappeler : Thèse présentée à la
l''aculté des sciences de Paris pour obtenir le grade de docteur es science mathé-
matiques... sur les surfaces à génératrice circulaire (Paris, 1885, in-4) ;
Cours d'analyse professé par M. Demartres et rédigé par M. E. Lemaire (Vavi»,
1892, in-i). moit le 11 juillet, à la Madeleine (Nord) ; — Lucien Dévot,
ancien secrétaire de la rédaction do l'Eclaireur de Nice et rédacteur au
Phare du littoral, mort en juillet ; — Gabriel Domergue. rédacteur à l'Echo
de Paris, mort le 4 août ; — Georges Do.nzei,, rédacteur à l'Agence Ihivas,
mort à 45 ans. le 23 juin; — ^ Roger Drocault, auteur de nombreuses
études historiques et archéologiques relatives au Poitou, mort à Aubusson
en février dernier ; — l'abbé .lohn DtriHi^NE, ancien professeur aux Corde-
liers de Dinan et aux <• Enfants nantais ». mort à Etables (Gùtes-du-Nord),
à 80 ans, le 1" août ; — le H. P. Louis Godard, des Missions étrangères,
\enu en'Indo-Cliine en 1870 et l'un des plus actifs auxiliaires de Francis
Garnicr au début de notre pénétration au Tonkin, mort le 26 février, à
Keso, près de ILinoï ; - le D' Albert GoutiET, professeur de pathologie et
de liiérapeuliipie générales à In Faculté de médecine de Paris, à qui l'on
— loi -
<loil : De l'Influence des maladies du foie sur iélul des reins (Paris, 189!),
îii-8) ; L'Insuffisance héi)nli(iue (Paris, 1900, iri-lG) ; Maladie des artères
■et de l'aorte, par G. Roger... A. Gougel... et Boinet (Varia, 1907, in-8). ouvrage
l'ormant le fascicule 24 du Nouveau Traité de médecine des D" Brouardel et
(iilbcrt ; Leçons de clinique médicale 1009-1910 (Paris, 1911. in-8) ; L'.\rtério-
sclérose et son traitement (Paris, 1912, iii-16), morl le 2i juillet ; — Caniille
(ÎLYMON, professeur d'histoire de l'art à l'Académie française de Rome et
collaborateur de l'Opinion nationale, mort le 20 août ; — Adolphe-Jean-
Haplisle Hugues, ancien élève de l'École des chartes, 'arcliivisle de Seine
et Marne, auteur entre autres ouvrages de : Le Département de Seine et
Marne, 1800-I89Ô (Mclun, 1895. in-8j ; Le Droit de champart en 1700 et la
révolle des paysans du Gatinais (Fontainebleau, 1790, in-S;, mort le 17 août.
il Marly-le-Hoi, âgé de oO ans ; — Christian Joseph, des frères de Saint-
.lean-iJaptiste de la Salle, ancien directeur du pensionnat de la .Madeleine,
à Nantes, mort le 14 août à 69 ans ; — le chanoine .Iouve, en littérature
« Lucien Donel ». ancien aumônier du lycée de Ghàteauroux, auteur de ;
l/'j sœur Anne (Paris. 190o, in-l(>) : Récits épisodiques tirés des Mémoires d'un
voyageur {Par'is, 1907, in-8). mort le 7 juillet ; — Robert de la Ville-Hervé,
disciple de Banville, qui laisse, entre autres ouvrages : Premières Poésies
(1877); La Cftanson des roses (1882j ; Toute la comédie (1889); Les Armes
fleuries (1892) ; Le (îars Perrier ; La Princesse pâle ; L'Ile enchantée, pièce
jouée à rOdéon ; Lysistrale, autre pièce jouée au Théâtre de Poètes, mort
le 14 août ; — Ernest Lesage, très connu comme illustrateur et caricatu-
I iste sous le pseudonyme de « Sahib », mort à Paris, dans le courant de
mai ; — J.-B.-M. LÉvèque, ancien directeur du conservatoire de musique
de Dijon, membre de l'Académie de cette ville, mort le 4 août ; — Alfred
Lévy, grand-rabbin de France, mort à Pau, le 22 juillet, à 79 ans ; — le
chanoine Auguste Limagive, supérieur de ITnstitulion Saint-Joseph de
Montiuçon, mort le 27 juillet : — le R. P. Jules LI^TELO. auteur notamment
liouvrages sur le culte eucharistique, mort à 56 ans. le 3 juillet ; — le R. P.
l'rosper .Malige, ancien supérieur du grand séminaire de Rouen, auteur du
Xouveau Mois de saint Joseph, du Xouveau Mois de Marie, du Nouveau Mois
du Sacré-Cœur et de la Vie spirituelle ou l'Itinéraire de l'âme à Dieu, mort le
22 juillet : — Mérodack-Jeaneau. artiste peintre, créateur et directeur
dune revue artistique aujourd'hui disparue, les Tendances nouvelles, mort
à Angers le 12 mars, dans sa 46e année ; — Georges Mitcuell, auteur
dramatique très goûté, à qui l'on doit, en autres œuvres : L'Amour quand
même, comédie en prose (Paris. 1899, in-l2) : L'Absent, pièce en U actes (Paris.
1904, in-16) ; L'Affaire Moncel, pièce (Paris, 1904, in-16) ; La Maison, pièce
(Paris, 1904, in-t2) ; Petite Sagesse (Paris, 1908, in-r2), mort le 12 août ; —
le R. P. Auguste Poulain, S. J., auteur des Grâces d'oraison, remarquable
ouvi-age mystique, mort à 83 ans ; — M. Gustave Pellet, éditeur d'art,
mort le 20 juillet ; — H. Quittard, publiciste, rédacteur au Malin et au
Figaro, rédacteur de la Critique musicale et la Situation mililaire, archiviste de
de l'Opéra depuis 1912, mort en juillet ; — le D"^ Paul Reymer, membre de
l'Académie de médecine, chirurgien honoraire des hôpitaux, mort à Ville-
Goudin (Loir-et-Cher) le 3 août ; — D' Robert Wu.lette, chef de clinique à
la Faculté de médecine de Paris, mort le l'"^ août.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : Joseph-Alexander Altshe-
LER. directeur du Thrice a week world et auteur d'ouvrages pour la jeunesse,
morl à New York, le 5 juin, âgé de 37 ans ; — le R. P. Albert Botty, ancien
professeur de philosophie, missionnaire en Mongolie, collaborateur des
— ]o2 —
Miasions cnlhoUques, mort le 14 mai, à Notre-Dame des Pins (Mongolie-
orientale), à 44 ans ; — Xavier Carvalho, correspondant de plusieurs jour-
naux portuguais et brésiliens, qui fonda en 1902 la Société des études por-
tuguaises, mort à S8 ans, le 2 août ; — M"" .Marie de Chambiuer, qui laisse-
un important ouvrage intitulé : Henri de Mirmand et les réftujiés de la
Révocalion de l'Édil de Nantes (16bO-l72lj (Neuchàlel. 1910. in-8). morte à
Ncuchàtel (Suisse), dans le courant de mai ; — William Gilson Farï^ow,
professeur de botanique cryplogamique à l'Université d'Harward, mort le-
3 juin, dans sa 65"- année; — Jobn Fox, romancier américain, auteur,
entre autres ouvrages de : A Mountain Europa (1894) ; A Cwnberland vendetta
(1895) ; The Kenluckians (1897) ; The Heart of the hills (1913), mort le 8 juil-
let, à 56 ans, à Big Stone Gap (Virginia) ; — Vibente Gonzalez de Ech\-
VAHRi, correspondant de l'Académie royale d'histoire de Madrid à Bilbao,
mort récemment; — Francisco de.Paula Gô^iGORA del Garpio, correspon-
dant de l'Académie royale d'histoire de Madrid^ mort à Grenade ; — Gon-
sAi.vES Guimaraès, profcsseuT à la Faculté des lettres de Lisbonne, moit le
10 août ; — Giuseppe Lanciarini, poêle et romancier italien, mort à Rome,
le 22 mai ; — Carlos de la Plaza y Salazau. correspondant de FAcadémie
royale d'histoire de Madrid à Bilbao. auteur de Elimologias ]'ascon(iadas det
Caslellano, mort récemment ; — le général Popovitch Lipovatz. poète
national serbe, mort au Val-de-Gràce à Paris, le 18 août ; — le H. P. Charles
Macksey, professeur à l'Université grégorienne, mort le 11 juillet; —
José Maria Marti, correspondant de FAcadémie royale d'histoire de Madrid,
mort à Gerona ; — Amado IVervo, poète argentin, dont nous citerons
Poemas (Paris, 1901, in-16), mort récemment ; — William Morton Patne,
critique littéraire, ancien bibliothécaire de la Bibliothèque publique de-
Chicago et professeur à l'Université de cette ville, membre de l'Institut
national des arts et lettres, auteur, entre autres ouvrages, de : The New
éducation (188i) ; The Greater Englisk poels of the Nineteenth century (1907) ;
Leading American essayists (1909). qui s'intéressait beaucoup aussi ànolre
littérature française et avait été quelque temps le président du French
club de Chicago, mort récemment dans celte ville, à Fàge de Cl ans : —
Richard Rathbun, géologue et zoologiste adjoint à la commission des
pêcheries sur les côtes de la INouvelle-Anglelerre de 1878 à 1890, puis secré-
taire adjoint de l'Institution smithsonienne. mort à Washington, le
10 juillet, à t)7 ans; — Gustave Retzilîs, professeur d'anatoniie, membre
des Sociétés royales de Londres et d'Edimbourg, correspondant de l'Aca-
démie des sciences de Paris, mort à Stockholm, à l'âge de 77 ans, le
21 juillet ; — Pedro Serrano y S vnchez, correspondant de FAcadémie royale
d'histoire de Madrid, mort à Lcôn, en juin : — Charles Solo, écrivain
belge, dont on peut citer : Mille ans après, ou Aventures prodigieuses de trois
Journalistes au xxx" siècle (Bruxelles, 1893, in-8) ; Cœur de femme (Bruxelles,
1891, in-IO) ; La Reine dés carrefours, ou la Belle Liégeoise, mort le 11 août ;
— Edouard Tavan. ancien professeur au collège de Genève, doyen des-
écrivains et poètes genevois, mort le 5 août, à 68 ans ;' — A. G. Veunon-
Harcouut, éminent chimiste anglais, auteur de travaux très importants
sur la chimie des gaz, mort le 20 août, à l'âge de 85 ans ; — Herbert Ward,
écrivain anglais de talent, dernier survivant de la mission de Stanley,
duquel nous rappellerons une suite de volumes, Souvenirs réunis d'un
long séjour en Afritiue et son dernier livre : !.e Poilu, hymne enthousiaste
à l'adresse du soldat de France, mort le 16 août, à Paris.
Lectures lArrKs a l'Académie des inscriptions et hkli.es-i.ettres. — Le
¥
— 153 —
4 juillet. M. Edmond Pollior revient sur la desciiptitin (|n il a fjiilo anli'-
rieurement de la lukropole datant du m'' ou du i\' siècle avant J.-C. et
découverte récemment par M. Mouret, aux environs de Béziers. A ce sujet,
il présente à lAcailémie une série de photographies reproduisant divers
ohjcls intéressants. — M. Prosper Alfaric lit un rapport- sur certains
fragments dun monument latin du \e siècle, récemment découvert eu
Algérie et montre qu"on doit y voir une apologie de manichéisme. —
.MM. Paul Monceaux, Salomon Reinach et Franz (]umont échangent tpielques
observations. — M. Maurice Besnier, professeur à ILiiiversilé de Caen.
examine les textes de Pline l'Ancien relatifs au travail des mines en Ita-
lie sous la République. — Le 11. M. Clermont-Ganneau décrit une mo-
saïque d'inscriptions juives qu'un obus a mis au jour l'année dernière dans
une tranchée anglaise, près de Jéricho, incriptions accompagnées d'une-
figurine mutilée qui semble représenter Daniel dans la fosse aux lions. —
M. Théodore Reinach fait, avec audition démonstrative, une communica-
tion sur de nouveaux fragments de nuisique grecque. — Le 18, les PP.
.Tanssen et Lavignac communiquent à l'Académie le résultat de la mission
à Palmyre qui leur avait été confiée en 1914. Ces deux savants qui, en
temps ordinaire, sont professeurs à l'École biblique de Saint-Étienne de
.lérusalem, et actuellement mobilisés tous deux, rapportent 230 estampes,
de nombreuses photographies, des dessins avec tout un ensemble de docu-
ments forts intéressants — M. Blondheim parle des gloses françaises
dans les œuvres de Raschi ; à son avis, les 2100 gloses françaises en carac-
tères hébreux renfermées dans les commentaires talmudiques du célèbre
rahbin Raschi, de Troyes (1040-1105) sont des plus utiles jjour l'étude de la
V ieille langue française. — Le 25, M. Léger montre que quelques grandes villes
allemandes ont un nom dont l'origine est purement slave : Berlin (la
ville entourée de piVux) ; Dresde (la ville où flottent des débris de bois) ;
Leipzig (la ville des lilleals) ; Lubeck fia ville aimable j. — Le ler août,
M. le commandant Espérandieu lit une note sur la Maison Carrée de
>imes, de laquelle il résulte que c'est par les soins d'Agrippa, gendre d'Au-
guste, que ce monument, commencé probablement en l'an 20 avant J.-C.
fut élevé pour être offert à la colonie des Mmois. — Le 8. il revient sur cette
communication. — M. Paul Monceaux commence la lecture d'un mémoire
intitulé : Douai de Caiihage. — M. Lefort, professeur à l'Université de
Louvaiu, lit une communication sur le texte original de la règle monas-
tique de saint Pachôme dont il a découvert des fragments importants
dans un manuscrit copte du \V siècle à la Bibliothèque nationale. Cette
règle n'était connue jusqu'à présent que par la traduction latine de saint
Jérôme. — Le 22, M. René Cagnat lit une lettre du consul de France à
Bassorah qui décrit les fouilles entreprises par les Anglais près de Our, où
ont été mis au jour des sarcophages, poteries, briques à inscriptions, si-
lex taillés, etc., que l'on estime remonter à environ 40 siècles avant notre
ère. — M. Paul Monceau continue la lecture de son Mémoire : Donat à Car-
tilage. - — M. S. Reinach cherche l'origine de la conception moderne, en-
tièrement étrangère à l'antiquité, qui fait de Pégase la monture des poètes
et s'occupe aussi de l'hippogriffe, création de l'Arioste. — Le 29, M. P.
Monceaux poursuit la lecture de son travail ; Douai à Carlliage et M. S Rei-
nach son mémoire sur Pégase el l'hippogriffe dans la lilléraiure moderne.
Lectures faites .v l'Académie des sciences morales et politiques. — Le
11 juillet, MM. Arnauné, Schelle et Delatour discutent successivement sur les
causes de la vie chère. — Le 18, M. Paul Vignon donne lecture d'un travail
intitulé : La Philosophie de i individu dans ses rappoHs avec la science claellea.
k
— 1154 —
c
— L'Académie conlinue la discussion des causes de la cherté de la vie. — Le
25.M.Iecoinled'Haussonvillelit une conimunication sur la nouvelle organi-
sation du ('onseil supérieur de l'Assistance jmblique. — M. Albert Wadding-
iion donne lecture d'une élude ayant pour titre : Le lioi de Prusse Frédé-
i-ic-GiHlln(it)ie l""^. son édncalion. son Icmpéranieid, son caractère. — Le {'" août,
M. Paul Fauchille, rédacteur en chef de la Revue du droit international public
lit une communication sur la Guerre de l'avenir et les moyens de l'empêcher.
— Le 22, M. Henri Welschinger lit la première partie d'une étude sur la
Crise actuelle de la morale et montre <( le mal causé à la société par le réta-
blissement du jeu. des courses et des casinos. » — Le 29, M. Welschinger
continue sa comiuunication sur la Crise actuelle de la niorn/e où il examine
les progrès de la corruption par le roman, l'image, les modes féminines,
la soif des gains scandaleux, etc. et préconise les remèdes nécessaires..
Prix. — Dans sa séance du 9 aoiat, l'Académie des sciences morales et
politiques a décerné les prix suivants :
Prix Carlier(i.OUU ir.J, à M. André Casiex. en sa qualité de président de
Ja société centrale d'éducation et d'assistance pour les sourds-muets ei\
France.
Prix Charles Lévèque (3.000 fi.). h M. doblet : Traité de logique.
Le 6 septembre, la même Académie a distribué le prix Lucien Reinach
1.500 fr. à M. \ ictor Demontels : Im Colonisation militaire sous le maréchal
Bufjeand ; l-.OOO fr. à M. Bruel : L'Afrique équatorinte française : ^00 fr. à-
M. Martineau : Urigines de Mahé. — Lîue mention très honorable a été ac-
cordée à MM. Regismanset, Georgs François et Fernand Rouget pour leur
livre : Ce que tout Français doit savoir de nos colonies.
Pauis. — Parmi les personnalités de la Presse française auxcfuelles le
gouvernement belge a conféré des distinctions dans les ordres nationaux
■en témoignage de l'amitié agissante manifestée ta la Belgique pendant la
guerre, nous sommes heureux de voir figurer le nom de notre très distin-
gué collaborateur M. GeotTroy de Grand maison, président de la Société biblio-
graphique, qui a été promu officier de l'ordre de la Couronne. De 1915 à
1919, M. (ieofTroy de Grandmaison s'est créé dans le PolybibUon une
spécialité en rendant compte de nombreux ouvrages relatifs à la Belgique.
De plus, il a dressé une importante liste détaillée des Ljyre.s- sur la Belgique
pendant la guerre, qui a été insérée dans le Bidletin de la Société bibliogra-
ph'ique (n" de Janvier 1919).
— Le document, récemment entré à la lîihliothèque nationale, qvic
M. Henri Omont nous fait connaître dans sa .Vo/c sur un inventaire du trésor
de la cathédrale de Metz daté de 1/63 (Extrait du Bulletin de la Société natio-
nale des antiquaires de France. 1917. Paris. Nogeiit-le-Rolrou, imp. de Dau-
peiey-Gouverneiuv. 1918, in-8 de 20 p.) difiere sur certains jjoints des
inventaires déjà publiés de 1682 et de 1775 et nous apporte des renseigne-
ments nouveaux.
— Voici le 70' numéro, daté avril 1919 de la très intéressante et érudite
publication qui a poui- titre : Fm Cité, bulletin trimestriel de la Sf.ciélé histo-
rirpie et arcliéotogique du VF arrondissement de /»«m (Paris. Mairie de IHôtel
<\c ville : flhampion. in-8 paginé 89-1H8 (avec 3 grav.. 1 plan et 2 por-
traits). Il renferme les travaux suivants : Gérard de yerval, Parisien de
Paris, par M. Ch. Fegdal (p. 89-119), avec un portrait et une vue de la rue
•de la Vieille Lanterne en 1S")5) ; — La Synagogue de la rue du lienard {1793-
ITO'i), par M. Paul d'Kslrée (p. 120-131. avec un plan) : — Les !ll' et IV«
arronilissenwnls à ta Commission du \ ieux Paris ; Place des Vosges ci-<levaid
Royale, par M. Lucien Lniibeau (p. |:VJ-I44. avec une vue de la place en
■ U M
— {dô
10")()) ot Les nomhardeiiienis de Paris dans les lU" ri /I> nrromlisseiDentx. par
M. (î. H. (p. 146) : — La Curie de pnin el la cnrle de vianie en 1S70, par
M. \. L'Esprit (p. 147-150) : — Les (iilherl, grands sonneurs de Xoire-ltame..
par M. A. L. (p. t5l-ir)2) ; — Le Mariage de Thérèse Cabnrrns el de M. Devin
■de Fonlenay (p. 132-1 o4) avec porlrait do la future M"' Tallien; ; —
*J0 mars I9i9. Service anniversaire pour les viclimes du bonibardemenl de
l'église Saint-Gervais, par M. I»aul Dubois (p. 155-loS avec une gravure) :
— Les Allemands à Paris en 1792. par M. d'E, [d'Estrée].
— Les élections prochaines, sénatoriales, législatives, départementales el
municipales, ajournées par la guerre, auront une telle importance que tout
<;itoyen français a le droit el le do voir d'être fixé sur la façon dont il convient do
s"y prendre pour, en remplissant personnellement ses obligations civiques,
-empêcher, s'il y a lieu, les fraudes, que les temps encore troublés où nous
vivons rendront plus facilement praticables qu'autrefois Dans ce but a
paru dernièrement une brochure aussi claire que pratique, due à M. Louis
Laya, avocat : La Revision des lisles éleclorales. Léyislalion et Jurisprudence
(Paris, édition de la a Documentation catholique », Bonne Presse, 3. rue
Bayard, mars 1919. in-12 de 48 p. Prix : 0 fr. 50). Nous recommandons
cette brochure, qui a déjà ateint son dix-huitième mille, aux intéressés,
c est-à-dire à tous les électeurs soucieux d assurer l'expression de la véri-
table volonté nationale.
Bretagne. — Dans le Cahier breton d'avril-mai !91<S intitulé : Deux éludes,
pélagiennes (Lannion (Côtes-du-Nord) et Paris. Emile-Paul, petit in-8 de
^4 p.). l'auteur, M. Yves Le P'ebvre. répudie la Bretagne catholique, la
vraie, pour adopter une Bretagne rationaliste. Aux vrais saints bretons
des \' et VI' siècles il substitue les apostats Renan et Lamennais, sans
•compter les Réveillera et les Le Danlec. En ce qui nous concerne, nous
nous en tenons à nos bons vieux sainls. ceux qui arraihèrent la Bretagne
<iu culte des idoles et à la barbarie, pour y introduire le christianisme, qui
continue et continuera longtemps eticore de faire son lionneur et sa féli-
<;ité. — Un autre Cahier breton (mai 1919. petit in-8 de 3i p.) est consacré
à la mémoire de l'amiral Réveillère, illustre inconnu qu'on nous donne
pour un « robuste athée. » On nous ledéclare : <■ Cetleétudc est signée par
Paul-Hyacinthe Loyson. C'est tout dire. » Dans ce cas, inutile de rien
ajouter. — Le fond des publications de ce genre est détestable, et. dans le
-cas présent, la forme ne vaut guère mieux.
Ç.'VMBRÉsis. — Le président de la Société d'émulalion de Cambrai nous
fait parvenir un exemplaire de la leltre circulaire qu'il a adressée à toutes
les Sociétés savantes de France et que nous reproduisons ici pour que ceux
•de nos lecteurs français et étrangers qui seraient à même de le faire vien-
nent en aide à cette Société si éprouvée par la guerre, au moyen d'un
envoi de livres (concernant la région du nord surtout), revues ou Mémoires
•de Sociétés : « La Société d'émulation de Cambrai se trouve dans
le dénuement le plus complet. Le local de ses réunions a été incendié.
Ses meubles, ses souvenirs, sa bibliothèque, tout a disparu. Elle
ne possède même plus un exemplaire de ses propres Mémoires. Pour
reformer sa bibliothèque, où figuraient en bonne place les volumes édités
par votre Compagnie, ne vous serait-il pas possible de nous en renvoyer
la collection même incomplète au besoin '? Nous vous serions particulière-
ments reconnaissants aussi si vous vouliez bien vous dessaisir en notre
faveur des Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai. Prière d'adresser
correspondance et envois au trésorier de la Société. M. J. Renaut. 23, rue
du Petit-Séminaire, à Cambrai. »
— 4 36 —
FiiANCHK-CoMTÉ. — M. Charles Léger — qui ne. lardera pas à publier un
livre curieux, dont il sera question dans le Polybihlion, sur Courbet et la
caricature (ce n'est sans doute pas le titre exact, mais c'est l'idée) — a donné
dans le Mercure de France du 10 juin dernier, un article intéressant : .1
prjpos du centenaire de Courbet. Deux petits chapitres :.le premier nous
entretient de la tombe du peintre à la Tour-de-Peilz, petite localité suisse
où il se réfugia en 1873 pour échapper aux conséquences du jugement qui
le condamnait à une grosse indemnité au sujet du renversement de la
colonne delà place Vendôme. A plusieurs reprises il a été question de ra-
mener les restes de Courbet dans son pays natal. Et cependant ils reposent
toujours à la Tour-de-Peilz ; mais M. Léger, produisant quelques docu-
ments, estime que le jour est proche, où la dépouille mortelle du maître
d'Ornans sera transférée en cette ville. Le deuxième chapitre a trait à
à la correspondance de Courbet, que certains de ses admirateurs voulaient
mettre au jour « en partie. » Mais sur l'avis de Champfleury que « ces
lettres n'étaient pas à publier », leurs possesseurs — Champfleury en tète
— n'ouvrirent point leurs portefeuilles et les choses en restèrent là. C'est
peut-être fâcheux au point de vue artistique ; toutefois l'on est bien
quelque peu en droit de se demander, par ce que Ion connaît de la prose
du peintre comtois, si la littérature française y a beaucoup perdu.
MoKMANDiE. — Dans un curieux Essai sur les débuts de V imprimerie à
Évreux ( 1600-1 GM) (Extrait du Bulletin philologique et historique, 1917.
Paris, Impr. nationale, 1918, in-8 de ;^8 p. et 8 planclies). M Henri Omont
établit que c'est l'évèque d'Évreul. Davy du Perron, le futur cardinal
d'Ossat, qui a introduit dans celle cité l'imprimerie, en y appelant l'im-
primeur parisien Antoine Le Marié, à l'occasion de sa dispute avec Duples-
sis iMornay. De 1600 à 1635, il a relevé et décrit 36 impressions sorties des
presses de Le Marié. 11 nous donne ensuite celles, bien moins nombreuses,
qui sont dues à un autre imprimeur établi à Évreux depuis 1631 au
moins. De 1631 à 1650, M. Omont n'a guère pu constater l'existence que
dune dizaine d'ouvrages dus aux presses d'Hamilton et de sa veuve. Le
savant auteur rappelle en quelques lignes que l'art typographique est
tombé en décadence à Évreux après Hamillon, pour ne renaître vraiment
qu'à la fin du xvni" siècle, et reprendre un nouvel essor et une juste répu-
tation avec les Hérissey.
Orléanais. — Le fascicule comprenant les 3e et le 1° trimestres de 19I.S-
du lUillelin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais (Orléans,
Mairon : Paris, Lechevalier, 1919. in-8 pagine 217-261, avec une planche et
une figure) renferme les travaux ci-après : Le Musée historique de l'Orléa-
nais. Rapport annuel (1918), par le D'' Garsonnin (p. 229-234) ; — Délivrance
des prisonniers par les éuêques d'Orléans lors de leur première entrée, procès-
verbal de l'entrée de Mgr de Varicourt à Orléansen 1920, constatant la mise
en liberté d'un détenu pour dettes (p. 235-237) ; — \oles sur tes trnvau.r
d'Ernest Jovy, par M. A. Pommier (p. 238-239) ; — La Première Pierre de
l'nbnttoir d'Orléans {\919}, par M. Albert Laville(p. 2i0-244) ; — Lm Golleclion
de laques (plaques dC cheminée) du musée d'Orléans, par le D' Garsonnin
(p. 245-261, avec une grande planche et une figure). — Dans sa séance du
27 décembre 1918, la Société archéologique et historique de l'Orléanais a
reproduit la très vive protestation de la municipalité d'Orléans contre « le
projet de création à Paris, où historiquement il ne pourrait être situé,
d'un Musée de .leanne d"Arc. »
Nki.ay. — En Velay, comniedans beaucoup d'iiulres [)rovinces. les éludes
locales ont été profondément tioubléespar la guérie. Nos sociétés savantes
— 157 —
qui avaient dû snspondro leurs séaiu'os c4 leurs bullcliris dès In iiiobili>;i-
liou, ont éprouve durant les hoslilili-s des perlosdoulouieuses pai mi leurs
membres les plus actifs et les plus marquatils. MM. Haubel cl François
Surrel sont tombés au champ d'hormeur et on a en à déplorer la dispa-
rition d'érudits et de lettrés tels que MM. Paul Le Blanc. A. Lascombe. A.
Pascal, Barthélémy Braud, Pierre Boyer, honneur de leur petite patrie a
laquelle ils avaient consacré le meilleur de leur intelligence et de leur
cœur. .Malgré les circonstances, des travaux importants ont cependant
-(Hé imprimés. De C. Fabre, nous citerons : Trois Docninenls inédils des
archives de l'hôpital du Puy-en-Velay écrits en Umffiie d'oc (Toulouse. Privât.
19i6, in-8 de 19 p.) et le Testament de Raymond de Snint-Reméze (1439) (Au-
benas, Habauzit, i918, in-S de 16 p.) ; — d'Anfos .Martin et .\. Boudon-
I.ashermes, les Dames d'Espinchal et la haronnie de Dunières (Aubenas,
Habauzit, 1918, in-8 de 78 p.) ; — d'Ulysse Bouchon, Un État de rentes en
langue populaire du Velay (1416) TParis. Imprimerie nationale, 1916, in-8 de
8 p.) et V Inventaire des joyaux d'une bourgeoise du Puy-en- \'elay ( 1 601 ) (Paris.
Imprimerie nationale, I9l7, in-8 de !(> p.) : — de l'abbé Emmanuel Rou-
gier, le Livre d'Or de la Uhute-Loire pour perpétuer la mémoire de ses en-
fants morts pour la patrie durant la Grande Guerre (2 vol. in-8, Brioude,
Watel) ; — de Louis de Bécourt, l'Histoire de Ceyssac (Le Puy, Peyriller,
Bouchon et Gamon, 1916, in-8 de 180 p.) ; — du vicomte Jourda de Vaux,
Les Châteaux historiques de la Haute-Loire, monographies et dessins. Tome I[
(Le Puy, Peyriller. Bouchon et Gamon, 1918, in-4 de 364 p.) ; et une étude
généalogique et héraldique sur la maison qui a donné le maréchal de
Vaux, conquérant de la Corse(Le Puy, mêmes éditeurs, 1918, in-4 de 80 p.) :
— de E. Rioufol, des Notices sur les familles Rioufol, de Gumperlz de Gus-
len, de Gilbert de Jansac, de Gnlbert, Badon, Galillon, Arnaud et Guigon
(Le Puy, mêmes éditeurs. 1918, in-8 de 118 p.) ; — enfin de Louis de
Romeuf une étude sur la vie publique de La Fayette (Le Puy, mêmes édi-
teurs, 1918, in 16 de 38 p.).
Espagne. — M. Fernando de Sagarra vient de consacrer une bonne
étude, documentée, à un prince de la maison d'Aragon, sur lequel on
n'avait jusqu'ici que des renseignements assez fragmentaires : Xoticins y
documentos inéditos referentes al infante D. Alfonso, primogénito de D. Jainie I
y de dona Leonor de Castilla (Extrait du Boletin de la real Academia de buenas
tétras de Barcelona. 68. Barcelona, Imp. de la Casa de Caridad, 1918, gr.
in-8 de 19 p.). L'auteur notamment, sans pouvoir déterminer la date exacte
de la mort du malheureux prince. Fa du moins précisée mieux que l'on
ne l'avait fait jusqu'ici, en montrant qu'il est décédé entre le 19 janvier et
le 26 mars 1260. Il établit aussi d'une manière indubitable que non seule-
ment il n'est pas mort avant d'avoir épousé dona Constanza de Béarn,
mais que ce mariage remontait au moins à 1256.
Italie. — M. Giuseppe La Mantia publie dans l'Archivio storico siciliano
(ann. XLII, fasc. 3-4) et en tirage à part (L'Archivio delta secretarin dei
ricerè di Sicilin e le « Islruzioni » date dal re Filippo III net lGi2. Paiermo,
tip. Boccone del povero, 1918, gr. in-8 de 24 p.) les instructions données
par Philippe III d'Espagnç à Francesco Quingles, lorsqu'il prit l'otïîce
d'archiviste de la secrétairerie des vice-rois de Sicile en 1642 : elles entrent
assez dans le détail des mesures à prendre pour assurer le classement et
la conservation des archives et pour en faciliter la consultation. M. La
Mantia a fait précéder le texte des instructions de renseignements précis
et intéressants sur les vicissitudes de ces iirchives jusqu'au début du
xvue siècle. C'est le duc d'Osuna à qui l'on doit l'heureuse réorganisation
de ces archives.
— 158 —
— On trouvera, dans le mémoire du professeur — a lors lieu tenant, — Pierre
Verrua, intitulé : Un Sepolcro anspicalo nei « Sepolcrl » del [•''oscolo (Tcramo,
Stab. lip. Alfredode Garolis, 1918, in-8 de 15 p. ; extr. delà Riuisla abriizzese,
ann. XXXIII, fasc. xi, novembre 1918), le commentaire, peut-être un peu
subtil, d'un passage du célèbre poème de Foscolo, qui n'aurait pas reçu jus-
qu'à présent d'interprétation satisfaisante. D'après M. Verrua, Foscolo,
dans ces vers, « exprime le vœu des jeunes filles anglaises, que les cendres
du grand Nelson ne soient ni dispersées au fond de la mer, ni confiées à
uoç terre étrangère, mais déposées dans un monument national digne
du héros ». Ce mémoire est daté d'un hôpital militaire de Milan.
Tchécoslovaquie. - Parmi les nombreux mémoires et lapporls susci-
tés par le congrès de la Paix, celui du Dr Rudolf Laun est relatif à un sujet
très délicat ; il étudie les Prélentionx des Tchécoslovaques à des lerritolres alle-
mands (La Haye, Mai tinus Mjhof, 1919, in-8 de 24 p., avec 2 cartes). Il les
combat, il défend les intérêts allemands et en demande le tiiomphe ;
mais les arguments invoqués avant la guerre n'ont pas changé, dans l'en-
semble, et ce sont toujours les chiffres de statistiques très discutables qui
servent de base à l'argumentation. Le Df Laun, qui est originaire de la
Bohême allemande, ne peut naturellement pas en admettre le mal fondé :
il ne peut pas non plus se résigner à accepter une application raisonnable
des principes du président Wilson et en deinande une application pous-
sée à l'extrême, disons plus : à l'absurde. Comme le point de vue change
avec les cas ! Et combien il serait intéressant d'avoir l'opinion du Dr Laun
sur le sort des Wendes de la Lusace !
Yougoslavie. — En une intéressante plaquette. M. Boguniil Vosnjak
[Vosniak] évoque l'Adminislraiion française dans les pays Yougoslaves (Paris.
Alcan, 1917, in-8 de 17 p. Extrait de la Bévue des sciences poliliques) Les
fils de l'ancien royaume d'illyrie, fondé par Napoléon P', gardent vivant
le souvenir de la France. Marche impériale contre l'Autriche, llllyriejona
le rôle qui sera destiné. à la Yougoslavie contre le pangermanisme ; avec
ses provinces civiles et militaires (Carniole, Carinthie, Istrie. Croatie, Dal-
matie) elle atteignait au moins les linutes de la Yougoslavie de demain ;
cependant sa population de d. 483. 000 âmes était presque dix fois plus
faible. Ses administrateurs français, Marmont, Junot, Las Cases, Chabrol.
Fouché, la coupèrent de routes, signalèrent ses richesses, ouvrirent une
chambre de commerce, instaurèrent le code civil, fondèrent l'instruction,
combattirent le féodalisme et créèrent l'égalité devant la loi. La retraite
de Russie fut le coup de mort pour la Yougoslavie française dont les Autri-
chiens gardèrent pourtant la forme jusqu'en 1848. Éveillée par le poète
Vodnik, francophile enthousiaste, ensuite par Preserin et par les roman-
tiques, (jaj(Gai)et Stanko Vraz, l'àme nationale survécut à la création im|)é-
riale ; l'idée illyrienne est devenue l'idée yougoslave. L'auteur rappelle les
œuvres de Nodier, dont les esquisses du paysage slovène sont i)eut-être
saos rivales.
Akuiquk. — Treize feuillets mutilés d'un manuscrit latin de l'Afrifjue du
nord sont entrés récemment à la Bihliolhèque nationale, et M. 11. Omont a
signalé à l'attention de ses collègues de l'Académie des inscriptions ces Frag-
ments d'un 1res ancien manuscrit latin provenaid de V Afrique du nord (Paris,
A. Picard, 1818, in-8 de 10 p., avec facsimilé. Extrait des Comptes rendus de
l'Académie). L'examen de ces fragments, d'une écriture du v' ou vi" siècle,
qu'il publie, lui permet de « hasarder... l'hypothèse » qu'ils « appartien-
draient à l'une des œuvres perdues d'un Père latin peu connu du iv siècle,
Nicetas de Reniesiana. »
États-Unis. — Les éludes géologiques cl paléonlologiques de la région du
— \:?j —
canal do l'iinania, (j)nlrihn(ions lo Ihe Geolotjy nnd l'itl.t'onloldijy nf llie Caïuil
zone, PdiimiKi, and (jcologicnlly relattd areas in Ci^nlral Amerii't and Ihe West
Indies, cotilinuciit à paraître dans lo Biiliolin n° 103 do la Sinillistiniati Inxti-
Inlion Uniled Slale.t \alii>nal Muséum (Washiiiglon. (jovornmorit prinliii r;of-
fice, l'JlîS) ; nous venons de recevoir un important fascicule de M. Joseph
Augnstine Cushnian sur les Foraniinifères de ces régions : Tlie snialler
fossil Foraminifera of Ihe Panama canal zone. Ce fascicule de i3 pages de texte
est accompagné de 15 pi. ; il contient la descrij)lion de 72 Ohpcces, répar-
ties en 28 genres et parmi lesquelles ii sont décrites coniiiie nouvelles.
Dans son Introduction, l'auteur nous indique que les malériaux qu'il a
étudiés apparlioniicnt aux terrains Oligocène, Miocène et IMeislocène.
— Doux fascicules extraits dos Pruceedinys of ihe i'niled Slales .Xalional
Muséum, vol. 55 (Washinglon, Government prinling ofTico. 1919;, nous
M)(il également parvenus. Dans le premier, M. Charles W. Gilmore nous
donne : A new restoration of Triceralops. ujilh noies on Ihe osleolor/y of
Ihe Genus. une description détaillée des diverses parties osseuses du Trice-
latops, et reproduit sur une des planches une reconstitution des plus in-
téressantes de cet animal. — Le second, de M. Paul Barlsch : ,\eir Land
Shells from the Philippine Islands (7 p., 3 pi.), est consacré à la description
de 7 sous-espèces de Mollusques des Philippines appartenant aux genres
Cochlostyla et Leplopoma ainsi qu'à la reproduction dune espèce rare :
ie Chlorea Gmeliniana de PfeiiTer.
PuBuc.xTioKs NOUVELLES. — Lcs Saiuts Evungiles de yotre-Seitpieur
Jésus-Chrit, trad. par T. de Wyzewa (in-16, Perrin). — Les Mystères de
la messe, par le R. P. W. Roche : trad. de l'anglais par .\. de Rotalier
(petit in-18, de Gigord). — Œui'res saintes. C/iuix de discours, notices et
entretiens de 1876 à 1913, par Mgr Baunard (in-iO, de Gigord). — Le
Rosaire de Marie-France, par J. Morian (in 16 carré, de Gigord). — Les
Fleurs de Fourcière, par l'abbé Grange (petit in-8. Mite). — Loi nouvelle
du 31 ?nars 1919 sur les pensions militaires. Etude /nedico-le'f/ale de la
condition et de la présomption d'orif/ine, par L. Prieur ipotil in-8, Charles-
Lavauzelle). — France et Alle/naf/ne. Le Droit cicil et la prééminence
juridique, par G. Aubéry (petit in-8. Librairie générale de droit et de
jurisprudence). — Intuition et amitié, par J. Segond (in-8. Vlcanj. —
Quand Odile saura lire..., par NP"' A. Daudet (in-l(i, Crès). — La lie
conjugale, lettres à de jeunes ménages, par E. Monlier (in-IG, Boivin). —
Midinette de France, études de démocratie féminine, par E. Montier,
(in-i6, Boivin). — La Question ouvrière dans le bassin de Briey, par le
comte de Canisy (in-15, Payol). — Walther Ilatlienau, ses idées et ses pro-
jets d'organisation économique, par G. Raphaël (in-16, Payot). — Essais
sur la chirurgie moderne, par J. FioUe (in-16. Alcan). — E. Gaucher,
professeur de clinique « spéciale » à la Faculté de Paris et la Protection
de la femme, par L. Fiaux (gr. in-8, Alcan). — Traité de mécanique
rationnelle, par P. Appell. 4e éd. entièrement refondue. T. V' (gr. in-8,
Gauthier-Viirars). — Anthologie (1899-1918), par S. Skipis : trad. du
néo-grec par P. Lebesgue et A. Castagnou (in-16. Figirière). — La Vie
: fervente, poèmes, par J. Feschotte (in-12. Stocka. — Le Cœur et la Tètf.
par É. Le Maire (in-i6. Plon-Nourrit). — Les Quatre Ans de Jacqueline,
par L.-A. Roze (in-16, Plon-Nourrit). — L'Amour sous les lauriers roses,
roman des lacs italiens, par G. Faure i,in-i6. Fasquelle). — Ladg Ro.cana,
par D. de Foë ; trad. par G. Garnier (in-16, Crès;. — Les Cloportes, par
J. Renard (in-lO, Crès). — Contes, par O. Henry : trad. de l'anglais par
M. Maury (in-16, Crès). — Le Portique de l'espoir, par J. Morian (in-12,
de Gigord). — Temps de guerre, par G. Gillet (in-16, Figuière). — « Les
— 160 —
Saints. » Les Martyrs de Septembre, par H. Welscliinger nn-12, LecofTie.
<labalda). — Motiseii/iteiir Hacqaard, des Pères Blancs (1860-190 1), par
labbé E. Marin (gr. iii-8. Bonne Presse). — Guerre des Balkans (1912-
1913). Kirk-Kilissé, Lule'-Burgas, Tchataldja, par le général Palat (in-8,
(Iharles-Lavauzelle). — 1914, par le maréchal Lord French ; trad. de H.
Burnand-(in-8, Berger-Levrault). — Rapports officiels du maréchal Sir
John French, commandant en chef de V armée britannique, 21 août-29 no-
vembre 1914; trad. de l'anglais par T. Reinach (in-8. Berger-Levrault). —
A la mémoire des cuirassiers à pied, par A. Duflos (in-12, Jouve). —
L'Abri 56-A-2, suivi de In speculo ?nortis. par .T. Azaïs (in-12, Publica-
tions « Art et Littérature »j. — Mes Soirées au Grand Quartier, par \.
Kellogg ; trad. de L. Petit (in-16, Payot). — Au Pays des fourbes, impres-
sions de captivité, par le général de Tournade (in-16, Plon-Nourrit). —
La Maiine française pendant la Grande Guerre (1914-1918), par G.
Clerc-Iiatnpal (in-8. Larousse). — Souvenirs de chasse aux sous-fjiarins
allemands. Les Patrouilles du contre-lorjyilleur « Fanion », par F. Darde
(in-16, Perrin). — L'Égéide, par R. Puaux (in-16, Payot). — La Course de
r Atnérique à la victoire. Exposé de l'effort militaire atnéricain de 1917
à 1918, par le lieut*-colonel Requin (petit in-8, Charles-Lavauzelle). —
Paroles de guerre d'un Américain, 1914-19 18, par J. M. Baldwin (in-8,
Alcan). — Notre Oncle d'Amérique, souvenirs et impressions d'une Pa-
risienne sur les travaux de la Croix-Rouge américaine, par P. Junka
(in-16, Perrin). — France et Pologne. La Paix française dans l'Europe
orioitale, par le général du Moriez (gr. in-8, Payot). — \'ers la catas-
trophe î'usse. Lettres de Petrograd au journal « L'Humanité », octobre
1917-février 1918, par B. Kritchewsky (in-16, Alcaii). — La Décomposi-
tion de l'armée russe, par le général N. de Monkévitz ; trad. de S. Persky
(in-16, Payot). — Le Moîiveme?it panrusse et les Allogènes, par G. Gail-
lard (in-8, Chapelot). — La Guerre roumaine, par M. Djuvara (in-8, Ber-
ger-Levrault). — Nos Frères roumains, par L. Clarctie (in-16, Berger-
Levrault). — A propos de doctrine. I^es Leçons du passé confii'mées par
relies de la Grande Guerre, par le lieut<-colonel E. Cholet (in-8, Charles-
Lavauzelle). — Le Ministère Fidicsc (essai d'anticipation a posteriori),
par le lieut'-colonel E. Mayer (in-16, Payot). — Heures d'une mère, 1914-
1918, par A. Cantegrive (in-16, Perrin). — Les A'ations et la Société des
nations dans la politique moderne, par J. Tchernofî (in-16, Alcan). —
Fédération européenne, ou Ligue des nations ?,». par G. Agnelli et A.
Cabiati (in-8, Giard et Brière). — La France éternelle, par G. Rodrigues
(in-16, Alcan). — Le Maréchal Foch, par le com' A. Grasset (in-12, Ber-
ger-Levrault). — Gustave Ador, par T. de Traz (in-16, Payot). — L'Alsace
et l'AllenuKpie, origine et place de la tradition germanique dans la
civilisation alsacienne (gr. in-8, Berger-Levrault). — La Nueva Revolu-
(iôn, por R. M. Turull (in-18, Barcelona, inipr. de Ilcnrich). — Six ans
de politique chinoise. La Fin des Mandchous, par Y. Rodes (in-16, Alcan).
— La Recherche de l'utile dans les temps préhistoriques.' Atsina, par
J.-L. Courcelle-Seneuil (in-16. Édition du Livre mensuel). Visenot.
Le G><rant: GII.MMJI6.
Luçon. Imprimerie S. Pacteau.
POLYBrBLION
îiEVUE BlBLIOdllAIMllOUE UNIVERSELLE
A\ IS A NOS AMIS KT ABONNÉS
Jusqu'à présent, le Polybiblion, dont les fnds s'étaient sensi-
itlement accrus depuis 1915, avait pu, en réduisant de 12 à 8 le
nombre de ses livraisons annuelles, maintenir ses prix d'abonne-
ment ; mais une récente et for/nidabte (UKjmcntat'ion du coût d'im-
pression, résultat de la loi dite des 8 heures, qui a frappé tant
d'organisations, oblige l'Administration de la Revue à relever ces
prix pour l'année 1920. Assurément cette augmentation est bien
loin d'être proportionnée aux charges nouvelles auxquelles nous
devons faire face ; nicds le Polybiblion, qui est une nécessité hau-
iement reconnue pour les travailleurs intellectuels, ne compte plus,
depuis ta guerre, ses sacrifices. l\ul, jjarmis nos abonnés, si fidèles
en tous temps, ne refusera de nous continuer ses sympathies et son
concours.
Voici donc les nouveaux tarifs d'abonnement, aussi modérés que
nous avons pu les établir, qui seront appliqués à partir de 1920,
•civec l espoir qu'ils ne dureront pas.
Partie littéraire seule : France, 25 fr. — Étranger, 26 fr.
Partie technique seule : — 20 fr. — — 21 Jr.
Les 2 parties réunies : — oO fr. — — 32 fr.
En ce qui concerne les membres de la Société bibliographique ,
-qui bénéficient d'un tarif de Javeur, les prix d'abonnement sont
les suivants :
Partie littéraire seule : France, 22 fr. — Étranger, 23 fr.
Partie technique seule : — IS f''- — — 19 fr.
Les 2 parties réunies : — 27 fr. — — 29 fr.
En résumé, le supplément temporaire demandé à chacun de nos
<ibonnés ne s'élève qu'à la somme modique de 10 fr. par catégo-
rie d'abonnement.
OcTOBHE 1919. T. CXLVI. 11
— 1(^2 —
PUBLICATIONS
RELATIVES A LA GUEKRE EUROPÉENNE
Histoire de la (îrande Guerre, par Victok Giracd. Première cf
deuxième parties. Paris, Haclielto, lillî), gr. iii-8 de xii-323 p., avec caries
et plans. — Prix : 8 fr.
La Glande Guerre a déjà ses historiens, plus ou moins heureux.
Parmi les livres de ce genre une place d'élite sera, ce semble, occupée
par l'ouvrage de M. Victor Giraud, eu cours de publication. Celle pu-
blication comprendra cinq fascicules, dont les deux premiers ont vu
le jour et dont, au moment où nous écrivons ces lignes, le troisième
ne doit pas tarder à les suivre. L'auteur n'ignore pas les difficultés
d'un tel travail. « Je sais fort bien, dit-il. qu'une Histoire, mêmeabré-
gée, mais suffisamment exacte et complète de la guerre, ne peut être
écrite aujourd'hui ; elle ne le sera probablement pas avant un demi-
siècle... Mais ce que l'on peut faiie dès maintenant, c'est résumer
avec conscience et clarté les faits, aujourd'hui connus et acquis, elles
piincipaux travaux déjà publiés. C est tout ce que j'ai essayé de faire :
un abrégé, \m « précis », tout provisoire assurément, mais qui fixera
les grandes lignes, et l'enchaînement delà prodigieuse « suite » d'évé-
nements auxquels nous sommesen train d'assister. » L'Avant-Propos,
d'où ces lignes sont tirées, est daté du 8 octobie 1918. La première
partie (premier fascicule) contient les quatre premiers chapitres :
Chapitre I. Les Origines tle la Guerre. (1. La Volonté de guerre alle-
mande. 11. La Situation générale à la veille du conflit. 111. Les Signes
précurseurs et les origines immédiates de la guerre). — Chapitre IL
La Semaine tragique (I. L'Ultimatum et ses suites diplomatiques. IL
Les Déclaraiions de guerre. 111. Les Mobilisations morales). — Cha-
pitre III. Avant la Marrie (1. Le Départ. IL Les Plans des étals-majors.
m. Les Premières Opérations de Belgique et d'Alsace. IV. Sarrebourg,
Morhange et Charleroi. V. Les Victoiies de la trouée de Charmes et
du Grand-Couronné. VI. La Hetraite). — Chapitre IV. La Marne (1.
La Situation morale. II. Dessein et caractères de la manœuvre fran-
çaise. IIl. Le Rythme de la bataille. IV. Quelques Episodes. V. Con-
séquences militaires et morales de la victoire). — La deuxième partie
(deuxième fascicule) contient les cliapitrcsVà VllI. Chapitre V. L'Yser
(L La Bataille de l'Aisne. IL La Course à la mer. 111. La Bataille des
Flandres. IV. Résultats et conséquences). — Chapitre VI. LaCiislalli-
sation des Fronts et les caractères de la guerre nouvelle. (I. La Guerre
de tranchées. IL L'Ame des combattants. IIL Le Front intéi ieur on
Allemagne et en France). — Chapitre VII. L'Effort allié en 1014-1915.
(L Hors d'Europe. IL Sur le Front d'Orient III. L'ElVort [anglais. IV.
L'Eilort f)elge, \'. L'Intervention italienne). — Chapitre VIII. De
rVserà \'ei(iun(I. La Preniière Campagne d'hiver. IL Les Campagnes
— \(\:] —
occidentales di- piitilenips et d'été l'Jli). III. |,a lUlmilo russe. IV.
L'Intervention hulgaie et la campagne de Serbie. V. L'011ensi\e de
Chanipagiic et d'Artois'. .\ la fin de chaque chapitre est placée une
liste d'ouvrages à consulter. Le texte est éclairé de cartes et de plans.
L'ouvrage de M. Victor Girand, de connposition forte et solide, est
plus qu'un docte exposé. C'est un récit. M. S.
Aspects politiques tl;^ la guerre mondiale, par Paul Louis. Paris,
.Vlcan. 1918, in-16de vi-26U p. — Prix : 3 fr. 50.
«J'ai réuni, dit l'auteur, dans ce volume des articles qui ontélé pu-
bliés dans la /{evne bleue. Ils se sont échelonnés de 11)17 à 1018. Ils
ont tous trait aux aspects politiques de la guerre, aspects qui
n'offrent pas moins d intérêt que les épisodes militaires du grand
conflit mondial. On trouvera dans ces pages des considérations, (|ui
peut-être ne paraîtront pas totalement périmées, sur les deux groupes
de belligérants, et aussi sur les États neutres. » Voici les sujets trai-
tés : I. La Valeur des faits politiques. L'auteur expose « quelques
idées générales, déduites tout naturellement de l'examen des faits po-
litiques qui se sont déroulés sous nos yeux depuis trois ans et demi. >
II. La Crise de juillet 1917 en Allemagne. 111. Le Mécanisme allemand.
IV. La Réforme du mécanisme allemand. L'auteur explique dans ces
trois études les institutions politiques de l'empire allemand et les
essais de transformation dont elles ont été l'objet dans les derniers
temps de la Grande Guerre. V. Le Congrès de Wurtzbourg. C'est
l'histoire d'une crise du socialisme allemand. VI. L'Autriche: désa-
grégation du fédéralisme. VII. L'Italie, les Slaves du sud et l'Autriche.
VIII. La Ruine d'un grand dessein. 11 s'agit du projet de la constitu-
tion d'une gigantesque puissance sous le nom de Mittel-Europa. !X.
Les Deux Empires. X. Les Rapports austro-allemands. XL Révélations
diplomatiques. XIL La Déconfiture de Constantin I" (roi de Grèce).
XIII. Sofia et la situation orientale. XIV. De Brest-Litowsk à Bucarest.
XV. Les Appétits bulgares. XVI. Les Paix inachevées. XVII. La Crise
dusiavisme. XVIIl. Les Idées wilsoniennes. XIX. Les Crises d'Espagne.
XX. L'Espagne après les élections. XXI. La Suède et la démocratie.
XXII. La Suisse et ses élections. — Livre sérieux, solide, utile à lire.
Bien que le style n'ait rien de romantique, nous y avons relevé cette .
bizarre image : Comment piétinerait-on les aspirations bruyantes de
quelques centaines de milliers d'hommes .^ (p. 79). Piétiner une aspi-
ration ! Voilà où le journalisme conduit même un bon écrivain.
M. S.
Dix Mois à Verdun, par l'abbé TiiELLiua de Ponchevh.le. PaiLs, de Gi-
gord, 1919, in-12 de 315 p., avec carte. — Prix : 3 fr. 75.
En ligne devant Verdun avec sa division de février à décembre 1916,
— IG4 —
M. l'abbé Thellier de Poncheville a nolé au jour le joui les incideuls
auxquels il fut mêlé pendant le grand drame qui tint le monde en
suspens. C'est ce journal qui est publié ici. On s'attend bien à ce que
les visions effroyables et tragiques y soient les plus nombreuses. Elles
n'excluent pas les scènes pittoresques, les dialogues émouvants, voire
les aperçus de douceur et de paix champêtre. Le ton est d'une entière
simplicité : on sent que l'auteur se serait fait scrupule de tout ce qui
ressemble à de l'affeclalion ou de l'enflure en un pareil sujet, ou plu-
tôt il n'y a même pas songé ; il rapporte tout uniment ce qu'il a vu
et entendu. On peut le croire sur parole sans chercher dans ses dires
la part de la littérature, et on aime à entendre un témoin aus.si sûr
noter qu'on trouverait ensevelis dans la terre de Damloup, à quelques
mètres de distance, trojs prêtres portant au col le numéro du même
régiment, ou bien décrire laffluence qui se pressait aux cérémonies
religieuses, ou encore rapporter les paroles d'un chef qui s'écrie :
(( Je suis dans l'enthousiasme de mes soldats... Le beau peuple que
le nôtre ! » 11 va effectivement, dans ce livre sincère, une autre allure
que dans tel roman de guerre bruyamment vanté pour son réalisme.
Gn. Landry.
Verdun ! Paroles de guerre, 1914-lî)18, par Mgr Ginisty. Paris,
Téqni, i919, in-12 de vu-291 p. — Prix : 3 fr. 50.
On sait quelle est l'activité et quelle est la vaillance de l'évêque de
Verdun. Pasteur d'un des diocèses les plus éprouvés par la guerre et
de la cité illustre entre toutes par son héro'isme, il sut répondre à tous
les besoins comme à tous les désirs de ses diocésains éprouvés, et se
montrer tel en toute rencontre qu'il est devenu pour ses fidèles, et
dans cette région glorieuse, un sujet de fierté. Non content d'organi-
ser les secours et de prêcher d'exemple aux heures les plus sombres,
il prit fréquemment la parole pour relever les courages, exposer les
enseignements chrétiens, retracer aussi devant des auditoires de
Paris, de Bordeaux, de Toulouse les souffrances, les luttes et le
triomphe de la ville martyre. Ce sont ces conférences, ces allocutions
et ces discours qui forment la matière du présent volume. On y trou-
vera, outre les scènes les plus émouvantes, les renseignements les
plus directs et les plus sûrs. Le sujet est si élevé, dit Mgr Ginisty
dans une cérémonie commémorative, que l'orateur est condamné à
être, malgré lui, éloquent. On estimera sans doute, à le lire, qu'il ne
paraît pas avoir eu tellement besoin d'une pareille condamnation.
Gn. Landry.
La Marine française pendant la Grande Guerre (août 1ÎM4-
noveniïire 11) Ut), par G. Ci.krc-IIanm'ai.. Paris, Larousse, s. d. (1919),
in-8 de 222 p., avec 9(1 grav. — Prix : 7 fr. 50.
L'enseigne de vaisseau de réserve G. Clerc-Rampal a écrit dans ce
— Ifio —
nouveau voliiiiie, une histoire complète (In rôle de la marine française
pcn(Jant la guerre, lii>toiie singulièrement attachante et conçue avec
beaucoup doriginalité. L'auteur ne s'est pas conlerjté, en eifet, do
citer des faits, avec phis ou moins de détails, de raconter désengage-
ments navals ou des incidents de la lutte, mais il a tenu à montrer
comment se relient dans la conduite de la guerre les faits d'ordre po-
litique et militaire, et, en outre, et c'est là le grand intérêt et l'origi-
nalité de l'ouvrage, il a étudié et décrit les bâtiments et les engins de
toute sorte, grenades, jnincs, filets, etc., utilisés au cours de la guerre,
suivant leurs perfectionnements, leur évolution, presque au jour le
jour. On trouve par suite dans ces pages des précisions, des renseigne-
ments, qui n'ont jamais été portés à la connaissance du public pen-
dant la guerre et qui ont ainsi, en dehors de l'intérêt réel qu'ils pré-
sentent, le mérite de l'inédit. Enfin, ce serait être incomplet, et laisser
inachevé l'éloge de ce volume, que de ne pas ajouter qu'il est pré-
senté avec le soin, l'élégance, le luxe même caractérisant les publica-
tions de la maison Larousse. J. C. T.
Aos Marins en guerre, par le capitaine H. BonNroQUK et le lieutenant
GriiMAiN Drouilly. Paris, Berger-Levrault, 19l9, in-16 de ix-161 p. —
Prix : 3 fr.
Ce devrait être une superfétalion que de répéter une fois de plus
quelle est la part glorieuse, capitale, qui appartient à la marine dans
la victoire. Et cependant, les hauts faits de l'armée de terre sont tel-
lement éclatants, qu'une partie importante du public en esl ébloui et
ne voit pas le travail épuisant, incessant, presque caché, et cependant
indispensable, de nos marins. Si la marine avait renoncé un jour trop
tôt à sa lutte continuelle, à sa bataille de tous les instants, sans trêve
ni repos, contre les éléments et contre l'ennemi, l'héroïsme do nos
soldats était condamné à être vain. Il est donc bon que, par tous les
moyens, la guerre sur mer soitexaltée ; c'estpourquoiil faut être recon-
naissant aux officiers, auteurs de .\os Marins en f/iierre. d'avoir glané
çà et là. dans les journaux et dans les ouvrages parus, parfois aussi,
mais trop rarement, dans les rapports officiels, les récils de quelques
exploits de nos marins, sur mer et sur l'Yser. H est difficile de faire
un choix parmi ces morceaux, dont chacun présente son intérêt et
son originalité, mais, cependant, on peut dire que les plus angoissants
sont peut-être le premier et le dernier. Le premier raconte le départ
de nos croiseurs de Cherbourg, allant, dans la mer du Nord, au devant
des Allemands, véritable suicide. l'Angleterre n'ayant pas encore fait
connaître ses intentions, et le dernier, saisissant tableau de la flotte
allemande abaissant son jiavillon sans combattre, ajoutant ainsi u?ie
jiage de honte au dossier de ses crimes. J. C. T.
— 166 —
Souvenirs do chasse aux sous-marins allemands. Les Pa-
trouilles du contre-torpilleur « Fanion », par le capitaine do
corvette Fernand Darde. Paris, Perriii, 1919, in-16 de xii-241 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Le lieutenant de vaisseau Fernand Darde nous a raconté, il y a près
de deux ans, ses vingt mois de guerre à bord du croiseur u Jeanne
d'Arc » ; devenu capitaine de corvette, il fait connaître au public,
dans ce nouveau volume, les Souvenirs de son commandement du
« Fanion », contre-torpilleur chargé, à l'entrée de la Manche, de sur-
veiller et d'escorter les convois. Au cours de cette dure besogne, le
vaillant petit bâtiment n'a pas eu la satisfaction de couler un sous-
marin ennemi, mais plusieurs fois, il a été le témoin impuissant de
torpillages, et, lui-même, il a été abordé par un grand cargo qu'il es-
cortait. Ce sont les péripéties de ces longues heures de surveillance
et de recherche que raconte, avec une simplicité souvent dramatique,
l'auteur de cet intéressant volume; mais, en outre, il ajoute à son
récit les incidents de mer, les rencontres, les destructions de sous-
marinsqui sont venus àlaconnaissance du commandant du « Fanion » ;
il dit tout ce qu'il sait de la mentalité, des méthodes, des ruses, de
l'attitude de l'ennemi. Ce ne sont pas là les pages les moins émou-
vants de ce livre vécu. J. C. T.
Les A'agaboiids de la gloire. III. Matelots aéi-iens (prin-
temps I91t»-automiie l*)!?), par René Milan. Paris, Ploii-Nourrit,
1919, iii-16 de 2S5 p. — Prix : 4 fr. 50,
Le brillant officier de marine, l'excellent écrivain, qui se cache
sous le pseudonyme de René Milan — ce n'est même pas un ana-
gramme — nous donne aujourd'hui le troisième et dernier volume
de ses remarquables récits de guerre groupés sous le titre de « Les
Vagabonds de la gloire. » Ces pages ne le cèdent en rien aux précé-
dentes. L'auteur, qui sillonne les airs, dominant les mers et les terres,
tantôt en avion, tantôt en dirigeable, conduit tout d'abord le lecteur
à Corfoi^, où se reconstitue l'armée serbe, qu'il s'agit de protéger
lorsqu'elle quitte l'île pour se rendre à Salonique préparer les victoires
de Macédoine Grâce à la surveillance de nos marins, ce transport
put s'effectuer sans qu'un seul soldat serbe se perdît.
De Corfou, l'auteur, après de courtes visites en Italie, est envoyé
dans le sud lunisien où. là aussi, par suite de la faiblesse de nos
alliés en Tripolilaiiie. la bataille est parfois rude. Puis, quittant le
ciel bleu, l'auteur fait une halte près de Paris, dont le ciel gris le pré-
pare aux brumes du nord de la France, de la Belgique, des Flandres.
Enfin, l'armistice trouve Kené Milan en Portugal. Le récit de ces
randonnées est jonché d'anecdotes, de descriptions, de renseigne-
— 107 —
ïiienls techniques, de n'-floxions psychologiques, qui font de ce
vohiiue l'ut) des plus variés et des plus intéressants de la littérature
<le guerre. J. C. T.
Un Type «l'offlcier ïranvais. LoiiIh de dermont-Toiiiierrc.
commaiidinii d« xoiiaves ( 1 1177- I ÎH Jî), par Louis Gm-let. Paris,
l'errin, 1919, in-16 de im-260, avec portrait. — Prix : 3 fr. 50
Monographie plus complète que les articles très remarqués parus
dans la Revue des Deux Mondes et cependant moins poussée que ne le
sera l'ouvrage d'ensemble qui nous est promis par M. Henry Bor-
deaux. Compagnon d'armes du héros dont il retrace la trop courte
existence, M. Gillet fait partager l'émolion. la sympathie, l'admira-
tion qu'il ressent. Peu de modèles d'un officier gentilhomme seront
plus complets et mieux significatifs que celui-ci. Louis de Clermont-
Tonnerre apparaît comme le reflet moral d'Albert de Mun avec qui
la comparaison nous est offerte à chaque page et dont il a été le dis-
ciple dans la vie publique. Cette ressemblance vient d'une parité
frappante sur certains points : la naissance, le rang social, la carrière
militaire, la générosité d'àme vis-à-vis des classes ouvrières, le sen-
timent des besoins du peuple, la compréhension de la nécessité d'une
transformation politique, l'amour de l'Église, le sens profond de ses
doctrines et de ses lois. Par tout cela et même parle rapprochement
de leurs alliances, Louis de Clermont-Tonnerre fut digne qu'on vît
en lui le successeur d'Albert de Mun. Mais venu dans l'Œuvre des
<'ercles aux derniers jours de son mouvement, avant la Grande Guerre,
alors qu'un peu de lassitude se faisait sentir dans son action, il n'est
pas tout à fait « représentatif » de la fraternité spéciale qui a uni ses
membres aux temps héroïques des débuts et des grands développe-
ments ; la meilleure preuve est qu'il sortit volontairement du cadre
des cercles et ({ue son tempérament s'accommodait davantage, ce qui
est bien naturel, de l'esprit de sa génération que des espérances des
survivants de 1870. Cette nuance n'est pas subtile, elle sera comprise
des contemporains qui sont le trait d'union par leur âge des soldats
des deux époques, cadets des premiers, aînés des seconds.
Le cœur de Louis de Clermont-Tonnerre s'enflammait pour les
grandes idées, les causes généreuses. De sa terre patrimoniale en
Picardie, il avait fait un centre d'activité rurale, économique, agri-
cole, domestique et la description que donne M. Gillet de cette c belle
demeure de famille », le château de Bertrangles, est charmante, pit-
toresque, instructive. C'est là que l'heure de la mobilisation sonna
pour M. de Clermout-ïonnerre le 1" août 1914 ; après un rude ser-
vice d'état-major au bord de l'Yser. il crut de son devoir d'aller
i^ffronter des périls plus grands encore dans un régiment, il choisit le
— 168 -
4« zouaves, il rejoignit à Verdun. Pour ses soldats il fut ce qu'il avait
été pour ses paysans, un exemple, un chef, un ami, un père. Son
influence devint immense. Faire plus que son devoir était la règle de
sa conduite, sa façon de justifier sa supériorité sociale ; ses actes, ses
paroles, ses vertus illustrent vraiment son rôle. On nous cite cent
traits de cette bravoure morale, de ce patriotisme ardent, de cette
soif de sacrifices couronnés par la mort du héros le .30 mars 1918,
quand l'armée soutenait le choc suprême des hordes allemandes.
De très grandes qualités littéraires inspirées par l'amour de son
sujet donnent à l'étude de M. Gillet im mérite pénétrant; il fut
témoin et acteur, il devient témoin narrateur et son livre comptera
parmi les meilleurs de celte époque chevaleresque où le nom de
Clermoiit-Tonnerre est doublement à sa place comme gentilhomme
français et comme soldat chrétien. Giiori-noY de Ghaindmaison.
La Uoiimaiiie dans la guerre et dans la paix, par Nicolas Basii.ksco.
Paris, Alcan. 1919, 2 vol. in-16 de 375 à 340 p. — Prix: 15 fr.
La Guerre roumaine, 1ÎH6-1Î)1Î5, par Miiîcea Djuvaba. Nancy-Paris-
Strasbourg, BLMgtM-Levrault, 1919, petit in-8 de xv-335 p. — Prix : lÛ fr.
La Question roumaine, par Thomas Jonesco. Paris, Payot, 1919, 2 voL
petit in-U) de i 19 et lOT p. — Prix : 5 fr.
îVos Frères roumains, par Léo Claretif.. Paris-Nancy-Strasbourg, s. d.-
(1919), in-16 de 63 p. — Prix : 0 fr. 90.
— 11 est intéressant de lire parallèlement trois ouvrages traitant le
même sujet, semblables quant à leur plan et à leurs conclusions,
mais dissemblables quant à la forme. Les trois auteurs, tous trois
hommes politiques éminents, se rencontrent dans une pensée com-
mune, un amour profond et touchant pour la France. Tous trois ex-
posent à peu près de la même manière les mêmes faits ; ils sont d'ac-
cord sur la politique roumaine au début de la Grande Guerre, sur les
modalités de lentrée de la Roumanie dans la lutte, sur les causes qui
ont amené la défaite de leur pays et l'ont contraint à accepter la paix
éphémère de Bucarest. Chacun de ces ouvrages donne la justification
de la marche si critiquée des Roumains sur la Transylvanie et prouve
que cette stratégie a été approuvée par l'Entente. On ne peut donc
rien reprocher à la Roumanie. Elle est entrée en guerre par amour du
droit, alors ([ue soii intérêt immédiat aurait pu la porter à prendre
les armes en faveur des empires centraux ; elle nous a donné son con-
cours au moment où nous l'avons réclamé, sauvant ainsi la Russie cl
l'armée de Salonique ; elle a couru vers l'ennemi alors qu'elle savait
combien son armemement était insuffisant, ses approvisionnenionts
incomplets, son isolement plein de menaces, car elle ne communiciuail
avec l'Enlente que par la Russi(>. I'".t rependaiil. malgré toutes ces-
— 1(51) —
causes (rinfirioriti-, mal^MC la défection, la lialiiscui des Kiisï>os, ht
Houinanift a liiUt' jiiscjiran bout, a fait son devoir, plus (juo son de-
voir, a niunlré (jne son armée pouvait rivaliser avec les meilleures, si-
bien (jnen août I1H7, trois mois avant l'armistice, elle arrêtait à Ma-
rasheslii les troupes de Mackensen et sauvait ainsi la Moldavie. En-
suite vint le traité de Bucarest, traité « sans annexion ni indenuiilé »
et qui, en fait, consacrait ou plutôt croyait consacrer la main-mise
absolue de l'Allemagne sur la Roumanie, l'accaparement de toutes les
richesses de ce beau pays, la fin de son indépendance. On sait com-
ment la victoire de l'Entente déchira ce traité ; on n'ignore pas que,
depuis, la Roumanie, continuant sa tâche, a donné à la pusillanime
Conférence de la paix, le pins bel exemple d'énergie, de décision,
d'action, dans sa lutte contre le bolche\isme. Ponrcjuoi cet exemple
n'est-il ni compris, ni suivi ? Quoi qu'il en soit, il faut remercier les
auteurs des trois ouvrages que nous avons sous les yeux, d'avoir si
bien contribué à faire connaître à la France son alliée roumaine, ses
vertus, son héroïsme, ses souffrances, de ne pas avoir caché les fautes
commises par tous les alliés à l'égard de la Roumanie, enfin, d'avoir
montré ce qu'est un traité imposé par l'Allemagne et combien, hélas î
il (lifTère d'un traité consenti à l'Allemagne. Ce sont là des choses
bonnes à dire, qui doivent être clamées, afin que nul ne les ignore.
Chacun de nos auteurs l'a fait avec son talent particulier, son tempé-
rament propre. — Le député Basilesco, dans le premier volume de la
Roumanie dans la guerre et dans la paix, ne ménage pas ses critiques
envers le roi Carol au sujet de la politique intérieure ; il complète et
justifie son récit de la guerre par de nombreuses et copieuses notes
renfermant les documents les plus divers, lettres, articles de jour-
naux, proclamations. Le second volume, qui ne le cède pas en inté-
rêt au premier, est un acte de foi dans l'avenir de la Roumanie ; l'au-
teur y esquisse les changements d'ordre divers que la grande Rouma-
nie doit accomplir, en franchissant le seuil delà nouvelle et brillante
vie qui s'ouvre devant elle.
— M. Mircea Djuvara paraît, dans la Guerre roumaine, être plus satis-
fait du rôle social du roi Carol que ne l'est M. Basilesco. mais, il est
d'accord avec celui-ci dans l'exposé de la guerre et de ses causes. Un
très important et très complet chapitre est consacré au traité de Bu-
carest.
— Le professeur et sénateur Thomas Jonesco a traité la Question
roumaine en deux petits volumes. Le premier résume en quelques
pages la guerre elle-même ; pour le reste, il présente une image fidèle
de la vie politique, sociale, intellectuelle, économique et financière
vécue par la Roumanie moderne, depuis MTyJ jusqu'à nos jours, et
de ses revendications nationales. Le second renferme tout d'abord ua
— 170 —
discours et deux articles, témoignages de la lutte soutenue par l'au-
teur pour l'entrée en guerre de la Roumanie ; les deux conférences qui
suivent résument l'une, l'histoire des Roumains de Transylvanie,
l'autre, les relations de la Roumanie avec la France, depuis des temps
immémoriaux. Enfin, le volume se termine par une description vivante
de la grande manifestation nationaliste d'Alba-Julia.
— C'est ensuite un Français, M. Léo Claretie, qui, à son tour, veut
nous faire connaître i\os Frères roiunaiiis dans une excellente bro-
chure qui se vend bon marché (0 fr. 90), ce qui est à signaler, par ces
temps de vie chère : l'auteur, prouvant tout d'abord la latinité des
Roumains, nous donne ainsi le motif de notre sympathie ; il montre
ensuite ce qu'a été la Roumanie dans le passé, ce qu'elle est actuel-
lement, ce qu'elle sera dans l'avenir ; enfin, de charmants chapitres,
bourrés d'anecdotes spirituelles ou pittoresques, finement racontées,
sont consacrés aux souverains, aux villes, aux paysans, aux paysages.
L'ensemble forme une plaquette fort intéressante, d'une excellente
tenue littéraire, digne de son auteur et de son sujet. J. C. T.
Les Etapes de la crise (jrecque, 1915-lî)l}{, par CiiAni.KS Fuégikr.
Paris, Bossard, 1911», in-lG de 294 p. — Prix : 3 fr. DU.
« Dans les petites boîtes, les bons onguents. » (^e qui est vrai des
boîtes l'est, souvent, des livres, et le contenu de ce petit ouvrage est
vraiment excellent. L'auteur a essayé, non sans succès, de ne pas se
laisser influencer par son philhellénisme, malgré tout transparent,
pour exposer, en toute liberté d'esprit et impartialité, les étapes de
la crise grecque. Mettant de côté tout sentiment qui risquerait d'in-
fluencer son jugement, il ne fait appel qu'à la raison, non pas pour
écrire une histoire suivie de la crise grecfpie, mais pour en noter au
jour le jour les étapes, les jalons principaux, en les ilhistranl de
documents, de discours, reproduits, quand il y a lieu, presque in-
extcnso. Cette méthode didacti(iue, qui oblige le lecteur à réfléchir et
l'amène à tirer lui-même des conclusions qui sont inéluctables parce
qu'elles sont évitlentes et s'imposent parce qu'elles sont vraies, a
conduit M. Charles Frégier à écrire des pages d'un intérêt singulier.
Est-ce à elle que tous les philhellènes — qui, souvent, connaissent
bien mal l'objet de leurs amours — seront satisfaits? Non pas; mais
tous les lecteurs qui. ont frécpienté les Grecs partageront les opinions
de ranteiir, en particulier lorsfpie celui-ci affirme que les Grecs de
l'f'xtérieur sont très difl'érents des (ùecs du royaume, en leur étant
très supérieurs, et demandent leur indépîndance, bien plu.s (jue leur
union à la Grèce. La présence do \'enizelos à la tète du gouvernement
peut, actuellement, faire illusion, mais le jour où le grand homme
d'Étal disparaîtra, on no l.irdcra j);>s à voir la scission des territoires
— 171 —
peuplés en plus ou moins grande rn.ijorilé (rilcllènes. el le royaume
grec rentrer ainsi dans les limites que lui injposc sa capacité politique
J. C T.
Notes Huv le Jsipoii. Le Japon pcndaul la guerre europ<^eiine
lîMl-lOl». par Michel Ribaud. Paris, Lelliicll.ux. 1910. iii-12 de
264 p. — Prix ; 3 fr. 50.
Ces Notes sur le Japo/i, dont la première Cst datée du 9 juillet 1915,
ont été écrites an jour le jour, inspirées par les événements japonais
dont l'auteur était le témoin averti, au cours de la guerre. Cette forme
de journal, si elle enlève quelque unité à ce volume destiné à faire
connaître l'effort généreux et loyal du Japon à nos côtés, lui donne
par contre beaucoup de vie. En outre, comme l'auteur ne s'est pas
borné à exposer le rôle de l'empire du Soleil levant pendant la
guerre, mais s'est laissé volontiers entraîner par l'actualité à tracer
des portraits fort réussis d'hommes d'I-^tat et de philosophes, des
croquis de paysages et de mœurs, des esquisses de littérature et d'art,
l'ouvrage forme un ensemble singulièrement attrayant et instructif.
L'intérêt en est encore accru par une Introduction substantielle, page
d'histoire remarquable, dans laquelle l'auteur jette un regret rétros-
pectif sur l'effort nippon depuis le début des hostilités jusqu'à
l'époque de la première de ces notes et même, pour rattacher l'effet à
ses causes, le récit remonte jusqu'en juillet 1012, date de l'événement
de Yoshi-Hito, l'empereur actuel.
Après avoir dit tout le bien que je pense de ce livre, M. Michel
Hibaud më pardonnera certainement d'exprimer le regret de ne pas
avoir trouvé dans ces pages un exposé de la situation des catholiques
au Japon, dont l'influence, au cours de la guerre, n'a pas été négli-
gealile. Quelques lignes sont seulement, ii]cidemment, consacrées au
catliolicisme, et c'est peu. Doit-on croire que la censure, dont les
coups de ciseaux ont laissé des traces visibles, s'est ici exercée ?
J. C. T.
Les Etats-Unis et la («uerre. De la iieulrallté ii la croisade, par
Emile IIovelaque. Paris. Alcan, 1919, in-S de 4u9 p. — Prix : 10 fr.
Les Etats-Unis d'Amérique et le Conflit européen (^ août 191U-
6 avril 1917), par Achille Viallate. Paris, Alcaii. 1910, in-16 de x-315 p.
— Prix : 3 fr. 50.
Messatjes, discours, documents diplomatiques relatifs à la
guerre mondiale, I Jî août 1914-8 Janvier 1918, du président
W. Wilson ; trad. confoniïe aux textes officiels publiée avec dos notes his-
toriques et un Index par Désiré Rovstan. Paris. Bossard. 1919. 2 vol.
in-8 ensemble de 524 p. — Prix : 9 fr.
— L'intérêt des études que M. Emile IIovelaque réunit dans son
livre : Les États-Lnis et la Guerre vient de ce qu'elles ont été écrites
— 172 —
ail jour le jour. Nous y trouvons l'apprécialioii des évéïiemetits avant
qu'ils aient pris leur orientation définitive. L'auteur se trouvait aux
lî;tats-Unis dans les premiers mois de la guerre et, connaissant parfai-
tement l'âme américaine, il nous explique quelques-unes des raisons
qui ont retardé si longtemps l'entrée des Américains dans la lutte ;
il nous fait comprendre l'extrême complexité de cette race et de ce
pays, qui nous déconcerte toujours par la manière dont il unit l'idéa-
lisme au réalisme. L'opinion publique y est encore plus malléable,
plus fluide que dans la vieille Europe. M. Ilovelaque a réussi assez
bien à saisir ce mouvement et à nous le montrer, à travers l'œuvre
des écrivains américains pendant la guerre comme dans les transports
populaiics qui, de l'est à l'ouest des États-Unis, ont accueilli la mis-
sion Joffre-V^iviani. Nous avons à ce propos l'occasion de faire une
remarque intéressante dans l'ordre psychologique, en notant l'effet
produit par l'éloquence de M. Viviani sur des gens qui ne compre-
naient pas le français, alors qu'à la lecture ses discours nous pa-
raissent si vides (voir notamment les phrases sonores et creuses citées-
p. 311). Pour M. Ilovelaque le mérite et la force du président Wilson
sont d'avoir parfaitement exprimé l'àme de son peuple : l'Amérique
voulant étendre à l'Europe et au montle la religion tle la solidarité
humaine a trouvé Wilson comme prophète. M. Hovelaque demande
aux gouvernements de l'Entente ci de reconnaître la grandeur de la
force qui s'oppose à leurs combinaisons intéressées. » 11 écrivait en
septembre 1918 : Dans quelle mesure cette force est-elle désintéressée
elle-même et quels objectifs a-t-elle poursuivis consciemment ou in-
consciemment derrière les bouleversements qu'elle a imposés à l'Eu-
rope centrale ? C'est ce que l'auteur ne dit pas.
— M. Achille Viallate, à la dernière page de son volume : Les Élals-
l'nls d'Amérique et le Conjïit européen, glisse aussi un simple mot sur
le double caractère réaliste et idéaliste des Américains. On aimerait
voir cette question, traitée à fond : il y a là un beau sujet d'étude,
aussi intéressant en ce qui concerne les Anglais que les Américains,
Rien d'amusant comme d'entendre les Anglais nous reprocher, à
nous, Français, notre affreux réali.uue et lui opposer le désintéresse-
ment britannique. Au coujmencement de iillT, le Supplément litté-
raire du Times avait amorcé sur ce sujet une discussion avec
M. Charles Maurras, à lacjnelle je ne sache pas que celui-ci ait jamais
répondu. La période étudiée par M. Achille Viallate — il devrait
bien nous donner la suite — j)rend lin le 0 avril 1917. Il complète
heureusement l'oux rage aux vues pénétrantes, mais un peu lhéori(iurs
de David Jaync Ilill : Iji drise de hi déntocralie aux Étals-l iiis.
Comme on pouvait l'attendre de sa part, il s'altache principalement
aux questions politiques, financières et économiciue^, dont il est ui\
— 17;{
des spécialistes les mieux informés. Son nom est la plus sûre garantie
<le la solidité de ces études. Le chapitre intitulé : a Les Conséquences
du conflit pour les États-Unis » est, pour l'étendue et la justesse des
vues, comparable aux fameux articles publiés par le Correspondant
dès 1916 et 1917, sous la signature •** qui. sur le moment, avaient
jaru si osés et dont l'événement a démontré le bien fondé.
Le livre de M. Viallate nous présente un président VVilson que l'on
•comparera utilement aux portraits que nous en ont donnés, dans des
-ouvrages qui demeureront classiques, Daniel Halévy et Sir Thomas
Barelay.
— Il ne dispensera pas de se reporter au texte même des Messages
-et Discours du Président ; c'est là seulement que l'on trouvera le fond
même de ses idées avec l'expression qu'il a cru devoir leur donner
suivant les moments et les circonstances. M. William Martin a dit
de Wilson (Journal de Genève du 18 juin 1919) : « Cet homme a un
talent unique d'exposition et d'argumentation. » C'est vrai. 11 ajoute :
-« sa pensée, cohérente et systématique, emporte la conviction et
l'adhésion. Seuls, ceux qui n'ont jamais lu ses discours j)euvent le
traiter de phraseur et de bavard. Chacune de ses paroles est au con-
■traire un acte par la force intense qu'elle contient. » Oui, sous la
réserve que sa pensée n'emporte pas toujours l'adhésion, car elle est
• quelquefois complètement fausse — il entremêle le faux au vrai
•comme le faisait Jaurès ; — il fait penser à un Jaurès sans l'éclat du
, verbe, un Jaurès qui ne serait pas du !Midi. — 11 est victime de ses illu-
sions. Certaines de ses assertions qui, sur le moment, choquaient à la
rfois la vérité historique et le bon sens, ont déjà reçu des faits d'éclatants
démentis. A côté, de belles envolées. C'est pourquoi le recueil publié
par M. Désiré Roustan mérite d'être accueilli avec reconnaissance. 11
-«st bien présenté ; une brève notice historique précède chaque docu-
ment, l'ouvrage est complété par un iïidex alphabétique. Mais puisque
le titre annonce aussi Documg/^/s diplomatiques, nous lui reprocherons
d'avoir complètement passé sous silence ceux des années 1914, 1915
et 1916 relatifs aux difficultés qui s'élevèrent entre les États-Unis et
la Grande-Bretagne, touchant la violation par celle-ci des conventions
maritimes internationales. Les protestations des États-Unis à ce sujet
sont pourtant d'un puissant intérêt et avaient leur place indiquée
dans un recueil de ce genre.
La traduction est bonne, comme on pouvait l'attendre de
M. D. Roustan. Pour la réponse du Président aux propositions du
Pape en faveur de la paix (27 août 1917), il s'est gardé de donner le
document triplement falsifié, par suppressions, additions et altéra-
tions de texte, que les agences avaient répandu dans le monde entier
et qui fit foi dans toute la presse française jusqu'à ce que l'Humanilé
- ni —
(18 septembre) et les Études (5 octobre) aient rétabli la vérité en jux-
taposant le texte réel et le texte sciemment dénaturé qu'avait authen-
tifié le Bureau de la Presse.
Le dernier document publié est le discours prononcé par le prési-
dent Wilson le 4 mars 1919 à la veille de son second départ pour l'Eu-
rope. Le traducteur et l'éditeur tious doivent un troisième et, s'il le
faut, un quatrième volume contenant les discours prononcés au Sénat
américain lors de la discussion du traité de paix. Que ne peuvent;ils
encore joindre à ses manifestations oratoires le texte exact de ses in-
terventions au cours des discussions tenues au Conseil des Cinq? La
figure extraordinaire du président Wilson, la place immense qu'il
tient aujourd'hui dans le monde méritent que l'on nous donne tous
les éléments capables de nous aider à nous faire »ine juste idée de son
rôle. A. DE Tarlé.
Le Monde oriental et le Problème de la paix. Le Présent à la
lumière du passé, par Basiubeg ni: Duragjin. Paris, Perrin, 1919,
in-16 do xxxvi-214 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le prince sociologue Basribeg de Diikagjin, président du gouverne-
meùt national albanais et chef du pouvoir exécutif, ancien député au
Parlement ottoman, musulman de religion, s'est proposé, dans ce très
curieux et fort intéressant volume, tout d'abord de faire le procès du
parti soi-disant jeune turc et du comité « Union et Progrès », fondé
par quelques juifs renégats francs-maçons. 11 étudie ensuite la crise
jeune-turque, puis la crise ottomane et essaie de démontrer que la
seule façon de résoudre la question d'Orient, de ramener le calme
dans les Balkans est de maintenir l'intégralité de l'empire ottoman et
le pouvoir du sultan-khalife. 11 est difficile de souscrire complète-
ment à celle conclusion, bien qu'il soit évident (ju'il serait pour le
moins prudent d'opposer un khalife turc au khalife arabe inventé
avec tant de légèreté par les Anglais pour le plus grand danger de la
civilisation et les plus graves ennuis pour la France, fidèle alliée de
l'Angleterre. Quoi qu'il en soit, la thèse de l'auteur est souterme avec
un talent si original qu'elle ne saurait passer inaperçue ; elle s'impose
d'autant plus à l'attention que l'influence du piince Basribeg de
Dukagjin est grande et que, par suite, ses idées doivent avoir une
grande diffusion.
C'est avec plaisir que l'on peut donner entièrement raison à l'au-
teur lorsqu'il affirme qu'il ne faut jias confonilre les États avec leurs
gouvernements, ou bien lorsqu'il répète, après tant d'autres, que
« ceux qui connaissent les Turcs (il faudrait ajouter: ceux de l'Ana-
tolie) sont toujours pour eux mais que dire de celle citation de
Claude Farrère, approuvée par l'auteur : « la défaite turque fut un
— I7r> —
recul pour la civilisation », ou de celle aulie, d'une revue japonaise :
« La religion, rcsle des âges barbares el incultes, ne saurait convenir
à une époque où l'esprit buniain est en pleine eirervcscence ? •> Celle
dernière citation, qui donne une idée exacte de l'esprit qui souffle
dans ce livre, nous surprend sous la jilunie d'un musulman. Il est
vrai que celui-ci se dit Européen, par son éducation, son instruction
et son origine... J. C. "^r.
Les Garanties de la paix. 2'' partie Examen c.rHuine. par YvEs-CitiOT.
Paris. Alcaii, l'JIS, in-l6 de x-287 p. — Prix : W fr. 50.
La Paix dostiiiéc à terminer la Giaiide Guerre n'est pas moins diili-
cile à fonder solidement (pie l'clait celte guerre même à conduire à
la victoire. C'est pourquoi les conditions en ont été discutées par le&
publicistes longtemps d'avance. M. Yves Gnyot y a consacré un
ouvrage intitulé : Les Garanties de la paix. Dans un premier volume :
Les Leçons dupasse, il avait étudié les faits les plus caractéristiques
[ de riiisloire des conceptions diplomatiques depuis le wu* -siècle. 11
a employé un second volume à un Examen critique des « programmes
; de paix opposés par les Alliés aux buts de guerre des empires <en-
Iraux » el a essayé de « déterminer les solutions qu'ils impliquent. »
f Cet examen est partagé en six livres : I. Les Buts de guerre et les pro-
grammes de paix. 11. La Question des nationalités. III. La Monarcliie
austro-bongroise et les nationalités. IV. La Dissolution de l'Empire
allemand. V. Autres solutions nécessaires. VI. La Société des nations.
Il peut être intéressant pour les diplomates elles publicistes de com-
parer les conditions de la Grande Paix proposées par M. Yves Guyot
à celles qui ont prévalu. M. S.
Les Temps nouveaux. 1 îi! 4- iî>lî}. Paroles de la yuerre, par
Mgr Gibier. Paris, Téqni, 1919, in-12 de xn-338 p. — Prix : 3 fr. 50.
Toujours prêt à consoler, à encourager, à instruire ses diocésains,
à orienter leurs cœurs vers Dieu el à discipliner leurs bonnes volon-
tés, l'évêque de Versailles a su aussi exaller magnifiquement la vail-
lance des héros pendant la guerre. On a bien fait de recueillir les
exborlalions, les allocutions et les discours qu'il a prononcés dans
les circonstances les plus diverses durant celte période épique. Le
livre qui en est composé vibre encore de sa parole ardente, pressée,
toujours pourvue de faits, étrangement experte à en dégager un ensei-
gnement, précise jusque dans l'émotion, incapable de s'arrêtera un
mirage ou de se complaire à des développements purement oratoires.
A l'entendre, on apprend beaucoup de choses : des âmes y révèlent
leur beauté, âmes de chefs ou de petits soldats, âmes de prêtres ou
— 176 —
-d'aspirants au sacerdoce; les vérités les plus consolantes et les plus
Ioniques y sont rappelées ; les exemples les plus entraînants y sont
exposés; des appels émouvants y retentissent. C'est dire qu'on est
pris à la fois par le cœur, par la sensibilité, par la réflexion, et qu'on
ne peut pas manquer d'en sortir meilleur. Ch. Landry.
La Psychologie «lu soldat, par L. Huot et P. Voivenel. Paris, La
Renaissance du livre, s. d. (1919), in-18 de xvi-167 p. — Prix : 2 fr. 50.
Les auteurs sont des spécialistes habitués à l'examen clinique du
système nerveux et la guerre les a mis pendant plusieurs années en
contact avec les combattants : personne ne pouvait mieux qu'eux
étudier la Psychologie du soldai.
Ils examinent d'abord les divers types de soldats : la mobilisation
ayant appelé tout le monde sous les armes, les unités combattantes,
surtout au début, comprenaient toutes les classes de la société, bour-
geois, aristocrates, prêtres, ouvriers, paysans, intellectuels et igno-
rants étaient confondus dans le môme moule, les mêmes dangers, les
mêmes fatigues et la même discipline. La première partie de l'ou-
vrage est consacrée à l'étude de chacun de ces éléments sociaux dont
est formée l'armée actuelle. Comment ont-ils réagi, chacun en parti-
culier et tous en général et comment ont-ils manifesté leurs réactions
psychologiques ; voilà tout l'intérêt de ce chapitre. Nous n'avons pas
l'intention de le suivre pas à pas ; ces descriptions sont intéressantes
bien que quelques unes nous aient paru refléter les préventions per-
sonnelles des observateurs contre certains types sociaux. II s'en dégage
cependant une conclusion générale très importante parce qu'elle est
contraire à l'opinion courante. On pensait généralement que la vie en
commun au milieu des dangers et surtout des souffrances avait un
peu transformé ces individualités venues de toutes les classes, les
avait un peu unifiées, en avait fait des soldats sinon identiques du
moins analogues ; oji espérait que l'influence des plus intellectuels se
serait exercée sur les autres et que de cette fusion des personnes résul-
terait une estime réciproriue et inie attéiuiation de la haine de classe.
Les auteurs sont d'un avis tout à fait opposé. La guerre, pour eux,
n'a pas transformé les individus. Le changement de vie a été trop
complet pour qu'il y ait eu transformation et les souffrances trop
grandes pour qu'il y ait adaptation. Chacun a subi son sort avec le
désir de le voir se terminer, mais a conservé ses idées, ses préjugés,
ses défauts et ses qualités sans en rien faire partager au voisin. Il eût
fallu pour une fusion des caractères une vie moins difFérente de la
vie normale. De tout cela restera seulement le fait d'avoir été u sol-
dat », ce qui pourra peiit-être servir de point de départ à des groupe-
ments dont les effets seront parfois inattendus.
^ 177 —
Donc, le soldai garde ses caractéristic|iies sociales essentielles sous
les iiiodificalioiis ajipoiiées par le milieu nouveau. D'ailleurs il n'est
vraiment « soldai » (lu'à la bataille, le reste du temps, c'est un « mi-
litaiie. » La caractéristique du soldat c'est l'enivrement dans la
bataille et au voisinage de la mort. Là fst le véritable miracle de la
guerre. Ce n'est pas en elfet sans surprise qu'on a vu les plus farouches
antimilitaristes et internationalistes mourir bravement pour un bout
de ruban !
La vie dans les tranchées n'a pas autrement modifié le soldat. Hir-
sute au début, mieux outillé et organisé par la suite, il est icsté figé
dans ses caractéristiques sociales.
Enfin les auteurs étudient quelques réactions psychologiques du
soldat en présence de la mort, de la gaieté, de l'amour. Le soldat
n'est ému par la mort « que quand il la revoit avec des yeux de
civil »; alors s'il revient sain et sauf d'une attaque dangereuse, le
premier moment de stupeur passé, c'est la joie qui domine, la joie
de vivre. Quant à la gaieté proverbiale du soldat français elle paraît
être surtout une consolation dans le malheur, une tentative de
l'homme pour s'évader de son métier et l'oublier un instant ; la dis-
traction est une diversion. Enfin le soldat pense peu à l'amour ;
l'amour et la mort (( c'est un vieux bateau littéraire » ; « l'amour
n'aime pas la mort, ni la gloire, sauf dans les livres. «
Ces conclusions sont un peu pessimistes ; elles sont cependant le
fruit du travail de ceux qui ont vu de près. C'est une déception pour
nous de penser que chaque classe reviendra comme elle est partie
sans avoir en rien profité des grandes leçons du cataclysme dont il ne
restera que des ruines.
Espérons que les auteurs se trompent et que, soldats eux-mêmes
par occasion, ils ont voulu observer uniquement en médecins, n'ont
rien perdu à la guerre de leurs qualités d'observateurs réalistes, mais
qu'ils n'ont pu y devenir aussi bons sociologues que bons médecins
et soldats courageux. D' Fehrand.
— La brochure de M. Valsenard, correspondant de guerre, qui a
pour titre : Les Héros de la Grande Guerre. Hurrah ! tes cols bleus !
(Royan, imprimerie royannaise, l'JlD. petit iu-8 de 46 p. Prix : i fr.)
est une bonne œuvre, une œuvre de justice. L'auteur, qui a vu de près
les équipages de la marine de commerce, et, en particulier, les pa-
trouilleurs, s'est créé le devoir de faire connaître le courage sublime
_ ^vec lequel ces obscurs serviteurs de la France ont rempli pendant
toute la guerre, sans répit, par tous les temps, la besogne la plus
rude, la plus pénible, la plus périlleuse, mais aussi, la plus uéces-
OcTOBRE 1019. T. CXLVl. 12.
— 178 —
saire, de toutes celles qui se sont imposées au cours de ces cinq an-
nées. Cette lAche qui pourrait paraître surhumaine aux terriens qui !ie
savent pas ce que l'on peut attendre de nos matelots, doit être connue,.
claironnée. On peut donc féliciter le correspondant de guerre qui se
cache sous le pseudonyme de Valsenard de l'avoir tenté, en réunis-
sant dans une trop courte iDrochure ces pages émouvantes qui avaient
paru en 1918 dans le Journal de Royaii.
— L'élégante plaquette intitulée : La France à Metz (Paris, de Gi-
gord, 1919, in-8 de 55 p.), de M. l'abhé Thellier de Poncheville, relate
ce que fut l'entrée triomphale à Metz le 15 décembre 1918, le discours
qu'il prononça quatre jours plus tard au service funèbre célébré
dans la cathédrale, l'émotion qui se dégagea de la célébration de la
messe de minuit le jour de Noël, les paroles par lesquelles il exalta
les héros, le 14 janvier Suivant, à la messe du souvenir. L'éloquence
s'y unit partout à l'information la plus directe.
— Dans sa dernière livraison (août-septembre 1919, t. CXLYI,
p. 91-92) le Polyblblion a rendu compte du livre de M. Edmond Re-
couly : Foch, le vainqueur de la guerre. L'exemplaire qui nous était
parvenu à cet effet se présentait en brochure ordinaire. Depuis, la
maison Hachette a mis en vente (au prix de 5 îr.) une édition exacte-
ment semblable, mi-reliure souple et solide dont les feuillets sont
tranchés à la machine, ce qui évite au lecteur la peine de les couper
lui-même. Ce n'est là qu'un début; la librairie Hachette se propose
de continuer cette formule d'édition, qui plaira certainement aux
gens pressés.
— Un peu tardivement se présente pour nous l'occasion de parler
ici de la livraison spéciale qne le Monde illustré, le 14 septembre 1918,
c'est-à dire avant sa récente réorganisation, a consacrée à l'Alsace
et à la Lorraine (in-folio de 50 p., avec de nombreuses illustration»
en couleurs et en noir. Prix : 4 fr.). A celte date, nul ne pouvait déjà
plus douter de l'issue de la lutte de l'Entente contre l'Allemagne
et ses alliés ; mais enfin personne n'eût osé allirmer qu'avant deux
mois l'ennemi serait à genoux. — Voici ce que l'on trouve dans ce
riche fascicule : en tête, placée dans un cartouche environné d'un fac-
similé des signatures, la fin de la Déclaration des députés d'Alsace-
Lorraine à l'Assemblée nationale (Bordeaux, 17 février 1871). Puis Ifs
articles suivants, d'importance variable : L'Alsace-Lorraine rédiniée cl
rédemptrice, par M. Louis Barthou (1 grav.) ; L'Avenir de l'Alsace— ^
Lorraine, par R. René Besnard (1 grav.); Les Souffrances de l'Alsace
pendant la (juerrc, par M. P.-.V. Helmer (1 grav.) ; 4 pages, avec
12 illustrations en couleurs dans le, texte, occupées par l'Alsace et la
Lorraine i)Htores<iues, d(; M. Emile Hinzelin ; L'Alsace-Lorraine et la
Guerre, par M. Anselme Laugol (18 grav.) ; Soldats d' Alsace et de Lor~
— 17'.»
raine, j»af M. (î. Loiio(reil') grav. i ; /:// Alsace fccofi'juisr. par le
coni' Alluiliti (13 grav.) ; L'Humour en Alsace-Lorraine, pai- M. Carlo»
Kischci- ( 11) grav. en couleurs); L'Alsace-Lorraine devant le droit et
l'histoire, par MINI. Ernest Lavisse et Clirisliau Pfister (16 grav.) ;
L'Écolier d'Alsace, par M. riustave Philippon (U grav.). Le resie de la
livraison a trait à l'Alsace érijnomujne (illustration copieuse). A noter
finalement fjue la j)reniière couverture donne une grande scène en
couleurs: En Alsace- Lorraine recon(juise. le Ut juillet et surtout que
l'on peut admirer là un hors texte en couleurs superbe, composition
de Hansi pour une affiche du 3' empiunt : Ll nos poilus rendront
Strasbourg à la France, image qui, au temps où elle parut dans nos
tues, fut une véritable prophétie. Ce n" spécial du Monde illustré
mérite de prendre place dans les collections de tous ceux qui s'oc-
cupent de nos provinces retrouvées. •
— Ufie élégante plaquette nous donne le poème que M. Pierre de
Bouchaud a publié sur les Fêles de la victoire fl^i juillet 1919). (Paris,
(( les Argonautes », 1919, in-18 de 14 p. Prix : 1 fr.).
— Si l'on veut s'édifier une fois de plus sur les procédés employés
par les Allemands dans les pays occupés par eux, qu'on lise le
Rapport succinct sur l'état du palais des Aocdémics [de Bruxelles]
après le départ des Allemands, par M. Louis Le Nain, secrétaire de la
Commission administralive(Bruxelles, impr. de Hayez, 1919, in-8de
7 p., et 24 pages de photographies avec texte). « Ni la plume ni le
pinceau ne peuvent donner une idée du tableau d'horreur que pré-
sentait notre local, « dit le rapporteur et il termine en remarquant
que (( il faudra du temps pour rendre le Palais habitable et dénom-
brer les objets perdus, A'olés ou déplacés, ainsi que pour effectuer les
réparations nécessaires aux bâtiments, o Les photographies, prises au
lendemain du départ des Barbares, permettent de se faire une idée
de ces dégâts.
Collection « France. » — Trente petits \olumes bien imprimés,
quelques-uns même illustrés de dessins originaux, forment à ce jour
la collection « France )>, de la librairie Berger-Levrault, inspirée par
des sujets ayant trait à la guerre : contes de toutes sortes où des réa-
lités se font jour tout naturellement ; épisodes variés, où le patrio-
tisme le dispute à l'humour ; récits de combats non pas scientifiques
mais imagés ; esquisses mettant en valeur nos principaux alliés ;
tableaux où s'agitent marins et aviateurs ; souvenirs historiques ;
détails sur l'Alsace-Lorraine, et, pour que l'ensemble soit aussi com-
plet que possible, un mémoire de prisonnier. — Le Polybiblion ayant
parlé de ces petits livres au fur et à mesure de leur apparition, nous
n'avons plus maintenant qu'à rappeler, -en vue d'élrennes à offrir
prochainement aux jeunes gens, les titres des volumes de la collée-
— 180 —
tion, que la librairie Berger-Levrault a eu l'iieureiise idée de réunir
par 5 unités dans un gracieux emboîtage dos toile bleue, avec titres
dorés, du même genre, en somnne, que celui décrit ici même à propos
des Pages d histoire de la même maison (Voyez PolybibUoa de mars-
avril 1919, t. GXLV, p. 194-195). Donc chaque emboîtage renferme
5 volumes (in-12 de 63 et 64 p.). savoir : I. Noël de soldai. La Frater-
nité du Front, par Jean Breton (avec 4 illustrations de Simone Bougie) ;
Mon Filleul, par André Fontaine (avec 8 dessins de Gustave Jacobs) ;
Jeunes Classes, par Paul Boume ; Territoriaux de France, par Fran-
cisque Vial ; La Bataille de l'air, par Daniel Vincent. — II. Père et
Jils, par Auguste Bailly ; Les Rapatriés, par Bené Benjamin ; La Terre
qui ne meurt pas, par Léon Deries ; L'Orphelin. Le Petit Canard bleu.
Le Retour, par Edouard Maynial ; Contes de guerre pour Jean-Pierre,
par Emile Moselly. — 111. Thomas Bartlctl en France. L'Anglais tel
qu'il est, par Gaston Bageot ; Avec les boys américains, par Daniel
Halévy ; Six petits Contes, par Antonin Lavergne ; Leur Calvaire !
Ceux de Cambrai, Noyon, Lille, Saint-Quentin..., par Benjamin Vallot-
ton ; Français de la Moselle, des Vosges et du Rhin, par Emile Hinze-
lin. — IV. Dans l'Amérique en guerre, par Emmanuel Bourcier ; Deux
Ans avec les Sénégalais, par Léon Gaillet ; Histoire d'un jeune Serbe,
par Paul Labbé ; La France au Maroc, par André Lichtenberger ;
Tranchées de Verdun, par Daniel Mornet. — \. Un de nos marins. Le
Récit de Jean Le Gwenn, par Eugène Le Mouël ; Bonnes Gens de la
Grande Guerre, par Paul Wenz ; Dans Paris bombardé (i87 l-l9L'h
1918), par Lucien Descaves ; La Soupe. La Montagne et la vallée, say-
nètes d'Alsace, par Maurice Bouchor ; Souvenirs des premiers temps
de la guerre, par le capitaine Joachim Merlant. — VI. Le Bombardier
Camus, par Emmanuel Bourcier ; Lettres sur la jeune Italie, par
Lucien Corpechot ; Ft la Suisse ?..., par Benjamin Vallotton ; Les
Présents de l' Alsace-Lorraine, par L. Houllevigue (avec dessins île
M. Houllevigue) ; Le Camp des représailles Fr. K. Ilî, par Mario Meu-
nier. — On sait que chaque volume de la collection coûte 0 fr. 90
broché. Le groupe de 5 vaut donc 4 fr. 50, et comme le prix de l'em-
boîlage est de 1 fr. 50, il eu résulte que le tout se présente agréable-
ment pour un total très modéré de 6 fr.
Un Album Zislin. — La librairie Berger-Levrault publie un album
des plus curieux et des plus attachants : Sourires d'Alsace 1907-191^,
par IL Zislin, le désopilant artiste mulhousien (in-lG de xiv-3il p.
Prix : 15 fr.), lequel compte 282 illustrations et 4 planches en cou-
leurs, avec, en plus, sur la première couverture, un sujet en couleurs
représentant une Alsacienne assise devant son rouet. En 1913, c'est-à-
dire à la veille de la guerre qui devait se terminer par reirondiement
de l'orgueilleuse et brutale Germanie, une première édition de cet
— I.SI —
;ill)iiin. \'\le épuisée, avait été publiée par /t' .s- Marches de l'Iîst. Aujunr-
fl'liiii, il se présente dans des conditions bien nicilleures. paice (pie,
augmenté d'un tiers, il contietil spécialement, au nombre des clirocs
nouvelles, l'odieuse et ridicule affaire de Saverne (13 images). Pour
la première édition, l'aiil Déroulède avait éciit une Préface que l'on
retrouve ici. S'adressantà M. Georges Ducrocq. directeur des .^arches
'le l'Est, le président de la Ligue des patriotes disait : « Vous avez su
tirer de Tœuvre considérable du spirituel et courageux protestataiie
de quoi faire connaître toiit son cœur et tout son esprit. Cette admi-
rable suite de petits tableaux dessinés de main de maître et commen-
tés par un texte bardi jusqu'à la témérité va être, pour la France, une
très profitable leçon de cboses. » Pour la présente édition « défini-
tive », l'auteur a, de son côté, donné une brève Préface de laquelle
nous extrayons CCS quelques lignes : <( Le moment me semble venu
de présenter à la France, à mes compatriotes d'Alsace et de Lorraine.
à nos alliés, sans oublier les neutres, l'édition complétée et définitive
des principaux dessins parus dans le Dai-'s Elsass (A travers l'Alsace)
depuis sa fondation, en 1007, jusqu'à la veille de la guerre. De ces
pages, composées sous l'étreinte du régime policier, militariste et du
teirorisme administratif, s'élèvent les cris d'angoisse du petit
peuple d'Alsace, l'appel vibrant à la justice; il s'y manifeste la foi
dans la réparation du viol de 1870 ; mais on y perçoit aussi le riie
sonore et vengeur d'une population qui méprisait le vainqueur et qui
avait eu le courage d'arraclier le masque de civilisé au barbare alle-
mand... Répandu dans tout le. pays, lu par les gens de Lorraine et
d'Alsace ; connu dans les villes et les campagnes, mon journal [Durs
Elsass] a été le lien moral grâce auquel les .alsaciens et les Lorrains
ont sauvegardé leur âme commune et sont restés unis dans l'espoir
d'une libération prochaine. » Ce bel album, dont les images sont
groupées sous 7 rubriques (Pangermanisme, Pacifisme, Les Deux
Cultures, Constitution et Autonomie, Vues d'Alsace. Politique géné-
rale, Saverne) pourra, très avantageusement, être ofi'ert à tout bon
Français, jeune ou vieux, quand sonnera l'heure des prochaines
étrennes. Visenot.
OUVRAGES D'ENSEIGNEMEiNT RELIGIEUX ET DE PIÉTÉ
Enseigneme:it. — 1. L'Évangile proposé à ceux qui souffrent^ par l'auteur des Avia
spirituels. !• édit. Paris, Téqui, l'.Mb. iii-12 de vn-CTC p., 3 fr. 25 — 2. L'Évangile
tous les jours, par Mgr de la Porte. Paris, Beaucliesne, 1917, iri-18 de 377 p..
3 fr. .ÏO. — 3. Les Sources d'eau vire. Serinons et allocutions, l'Jlô 1917. par le cha-
noine L. PouLiw. Paris, Téqui, I9t7, in-12 de xiv-.3f)2 p.. 3 fr. .")0. — 4. Pour les
Jours qui viennent... La /ieligion et la France. Sermons et notes, par M. l'abbé Lalasde-
Paris, Téqui, 1917, iii-12 de vi-lOS p.. 1 fr. .oO. — b. L'.imr de tout apostolat
par Dom J.-B. Chautard. G' édit. Lyon et Paris, Vittc, s. d , in-lli de 2i2 p.. 1 fr. 2li'
- m -
— 6. Jésus-Christ veut des prêtres, par J. Mn.t.or. Paris, Téqni, 1917, petit in-12 de
viii-275 p., 1 fr. 23.
SpiRiïUALnÉ. — 7. l!" Hetraite du pèlerinage national a Lourdes. Instructions et confc
renées, par le T. II. l'. Emmanuel Bailly. Paris, Bonne l'resse, s. d., in 12 de 383 p.,
2 fr. — 8. Retraite de jeunes filles, par J. Mir.r.or. l'aris, Téqui, 1917, in-12 de 2!)6 p.,
3 fr. — 9. Retruites de communion solennelle, par le chanoine .Iean Vaudon. \. L'Agneau
de Dieu. Pari.«, Téqui, 1917, in-12 de xxi-240 p., 2 fr. — 10. Veille: et prie:. Lectures
pour le tanips de la 1" communion solennelle, par l'abbé Maurice Bouvet. Paris, de
Gigord, 1917, in-8 de viii-328 p., 2 fr. 75. — 11. Les Saintes Voies de la Croix.
Réédition d'un opuscule de Henri-Marie Boudo^, par le chanoine A. Gonon. Paris,
Téqni, 1917, in-32 de vin-191 p., 1 fr. — 12. Douleur et résignation, par L. Roùzic.
Paris, Téqui. 1917, in 12 de 345 p., 3 fr. 50. — 13. A ceux qui souffrent. Les Fon-
dements de la joie chrétienne, par Pierre Germain. Avignon, Aubanel, s. d., in-lG
de xvin-lCO p., 1 fr. 25. — 14. Les Secrets de la vie religieuse dérouverts à une novice
fervente, par le R. P. F. Fressencourt. Paris, Téqui, 1917, iii-32 de 128 p., 0 fr. 50.
— 15. Lettres de saint Bernard les plus appropriées aux besoins des personnes pieuses
et des gens du monde, mises en ordre par le R. P. Melot. 3= édit. Paris, Téqui,
1917. petit in-12 de vi-280 p., 1 fr.
DÉvoTio.N-l'iÉTÉ. — 10. La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Doctrine, histoire, par J.-
V. Bainvei,. 4'^ édit. l'aris, Beauchesne, 1917, in-8 de xv-624 p., 5 fr. — 17. La
Très Sainte Royauté du Cœur adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par Mgr L.-A.
Lunfant. l'aris, de Gigord, s. d., in-16 de 208 p.. 2 fr. 50. — 18. Au Cœur de Jésus
■ agonisant. Notre Cœur compatissant. Dou:e .Méditations pour l'heure sainte, par J.
Dargaud. 7» édit. Paris, Téqui, 1917, in-12 de xxxii-171 p., 2 fr. — 19. Les Trois
Grands Privilèges de .Marie : Puissance, sagesse, miséricorde, par le P. Jean Chrtsos-
TOME. Toulouse, l.es « Voies franciscaines », s. d., in-10 de 496 p., 3 fr. — 20. Mois
de saint Joseph. Exposé doctrinal et historique de la dévotion à saint Joseph, par L.
Garriguet. Paris, Bioud et Gay, 1917, in-r2 de 304 p., 3 fr.
Œuvres de guerre. — 21. Quelques paroles à des soldats, par Anatole Moulard. Paris,
Bonne Presse, s. d., in-l:2 de 240 p.,. 1 fr. 20. — 22. Manuel du soldat catholique.
Conseils pratiques pour le temps de guerre, par Un aumônier luililaire. Paris, Bloud
et Gay, 1910, in-12 de 71 p., 0 fr. 80. — 23. Près de l'autre tranchée, par .\ndré
FoNTAGNÈREs. Parls, Lecoflre, Gabaida, 1917, in-12 de xx-2i0 p., 3 fr. — 24. Médi-
tations du prisonnier, par Dom Hébrard. Paris, Beauchesne, 1917, in 12 de 228 p.,
2 fr. 75. — 25. Pensées chrétiennes sur la guerre. Église et Patrie. Mors et Vita. par
Jules Lebreton. Paris, Beauchesne, 1916, in-8 de 79 p., 1 fr. — 26. A la lueur des
éclairs. Entretiens patriotiques et' religieux, par l'abbé Eue Blanc. Lyon et Paris,
Vitte, 1910, in-12 de 47 p. — 27. Pour la croisade du xs." siècle. Sermons et confé-
rences, par Th. Belmo.nt. Paris, Bloud et Gay, 1917, in 12 de 352 p. — 28. Du
Miserere à la Victoire, par Paul Deldant. Paris, Téqui, 1910, in-12 de xx-237 p.,
2 fr. — 29. Le Livre du blessé, par l'abbé Georges Ardakt. Paris, Bonne Presse,
s. d., in-12 de 158 p., 0 fr. 00. — 30. Il n'y a pas de morts .'... par Mgr A. Pons.
Paris, Bloud et Gay, s. d., in-12 die 282 p., 3 fr. 50. — 31. Corps blessés, cœurs
meurtris, âmes immortelles, par l'abbé Th. Paravy. Paris, Téqui, 1917, in-12 de
379 p., '■-> fr. 50. — 32. Nos morts. Séparation passagère. Revoir éternel, par L. Gar-
iu(;uet. 3" édit. l'aris, Bloud et Gay, 1916, in-16 de vi-312 p., 3 tr. 50. — 33. Le
Sens de la vie et de la mort, d'après la Bible, par G. Bontoux. Avignon. Aubanel,
s. d., in- 1 2 de xii-Sl ().
Enseigm;mknt. — 1-t>. — L'enseignemeiil leligieu.x a suitoiit pour
fondetneiit la Sainte Écriture, qui est la parole de Dieu, exprimant ce
(]ue nous devons croire et pratiquer. De la Sainte Écriture, l'auleur
des Avis sp'triUiels détache, poui' le proposer plus spécialement à ceux
qui soaJJ'reiil, t'Eva/igile distribué judicieusement entre tous les jours
de l'année liturgique. C'est donc une méditation qui nous estolFerte,
chaque jour, sur les exemples et les enseignements duclivin Maître ;
mais cette adaptation est faite en faveur des âmes affligées ou souf-
— 183 —
fiantes : « C'est l'Kvaiigilc lu à travers les larmes et médité sons la
pression de la croix ; on y puise, avec la résignation, une force qui
rond capable des plus généreux sacrifices. » Le pieux auteur a pour
but de nous obtenir principalement la grâce do soulTrir pour l'amour
do Dieu, huiuello. dit S. Liguori, est « le comble des faveurs divines
en ce monde. »
— C'est encore r l-A'fuu/ lie, tous les jours, que Mgr l'évêque du Mans
nous fait méditer, brièvement, mais en exprimant du Saint Livre
tout le suc qu'y a déposé l'auteur sacré, écrivant sous l'inspiration
du Saint-Esprit pour notre instruction et pour notre conduite ; ces
pages conviennent de préférence aux fidèles qui ont peu de temps à
donner à la méditation : le court développement qu'elles offrent suf-
fit pour éclairer l'esprit et toucher le cœur : Mgr de la Poite rappelle
avec à propos la parole que le P. Lacordaire dit de l'Evangile :
« C'est le seul- livre qui sache aimer. » Il est aussi viai de dire de ses
Méditations qu'elles forment un livre capable de faire bien connaître
et bien aimer l'Evangile.
— Sous ce titre : Les Sources d'eau vive, M. le chanoine Poulin
publie les Sermons et allocutions qu'il a prononcés pendant les
années de 1915 à 1917, — années de guerre où la parole du Pasteur
devait réconforter et consoler le troupeau confié à son zèle. Les su-
jets qu'il traite font partie, sans doute, de l'enseignement de la doc-
trine mais assaisonnés et relevés encore par les austères pensées dont
notre esprit était alors tout pénétré : il voulait amener toutes nos
âmes endolories aux pieds de la Mère des douleurs et du Christ expi-
rant par amour pour nous ; Mgr l'évêque de Cahors se plaît à décla-
rer que ces discours de M. le chanoine Poulin à ses paroissiens sont
« vraies paroles de chef et de père... portant la marque de ses solli-
citudes pastorales... » Même après la guerre, ils contitiueront à pro-
duire le même bienfait.
— C'est dans le même esprit qu'ont été prononcés les serinons et
qu'ont été écrites les notes, groupés dans le livre que M. l'abbé La-
lande publie sous le titre : La Religion et la France. Ce livre s'ouvre
par deux sermons sur le culte sacré du souvenir et sur la restaura-
tion chrétienne de la France, où l'auteur nous initie d'abord à ses
propres pensées, à son but surtout. Et ainsi fixés, nous pouvons avec
le plus grand fruit poursuivre notre lecture captivante sur la Religion
et la France, ces deux puissances et ces deux amours considérés au
triple point de vue moral, naturel et social ; puis la religion fonde-
ment de toute société et besoin naturel de l'âme française. Il termine
par de nombreux appendices où le lecteur est heureux de retrouver
■et de relire des documents qui rappellent les principaux événements
de ces grandes années.
— 184 —
— C'est un enseignement plus spécial que nous offre l'Ame de tout
apostolat, par Dom Chautard ; il convenait bien de mettre un peu en
relief celte vie intérieure qui nous est si nécessaire et que nous pou-
vons si parfaitement négliger ; on n'a rien omis pour permettre aux
prêtres et aux religieux d'être fidèles à leur sainte vocation ; les œuvres
se sont multipliées pour cet apostolat, mais, à côté des actes ou de la
pratique, il était bon et utile de rappeler la doctrine et Dom Chau-
tard a été loué d'avoir rempli cette mission. Le cardinal Sevin a dit
de ce livre « qu'il est un Livre d'or et qu'il la dévoré ». Un grand
nombre d'évêques ont rendu le même flatteur témoignage ; il a reçu
de S. S. Benoît XV « une affectueuse bénédiction )>.
— Jésus-Christ veut des prêtres, nous dit M. le vicaire général
Millot. Jamais aucune déclaration ne fut plus opportune. Les pertes
qu'a faites le clergé par l;i terrible guerre ont creusé un immense
vide dans ses rarigs : il sera difficile, longtemps, de le combler, mais
il importe d'y travailler et je ne m'étonne pas que des apôtres élèvent
la voix pour provoquer et encourager les vocations. 11 y a quelques
années déjà paraissait en Italie, sous ce titre : Procurons à l Église de
bons prêtres, un livre qui fut traduit en français par Mgr Constans.
Pie X l'avait béni et le Ciel voulut bien approuver cette bénédiction
en lui faisant produire les meilleurs fruits. Le livre que nous annon-
çons vient plus opportunément encore accentuer cet excellent apos-
tolat. N'oublions pas : Jésus-Christ veut des prêtres.
Spiitin AMTÉ. — 1 AW. — Le T. R. P. Em. Bailly, cpie Dieu à rap-
pelé à lui, revit encore parmi nous, non seulement par le souvenir
de sa parole, mais par l'écho même de sa voix qui nous est resté, grâce
à la reproduction intégrale de ses Instructions et conférences données
à Lourdes d'abord en 1915 et ensuite, en août 1916, celles-ci formant
le volume que nous annonçons, le second de cette série Le succès
de la première retraite amena aux pieds de la chaire de la basili-
que de Massabielie pourla deuxième une assistance encore plus nom-
breuse et plus sympathique :1e succèsn'en futpasmoinsgrand. L'émi-
nent orateur lui offrait à méditer les mystères du rosaire, nous révé-
lant comment Jésus-Christ doit régner soit dans l'individu, au foyer
danslavie publique età l'école, soit dans nos idées eldans nos mœurs,
soit enfin dans nos cœurs ; c'était répondre aux besoins du moment,
où le laïscisme sectaire renouvelait ses tentatives pour détrôner Jésus-
Christ.
— La Retraite de jeunes filles, par M. le vicaire général Millot
s'adresse à un auditoire moins considérable et moins mêlé ; les su-
jets traités en sont moins vastes et moins profonds, mais ils sont
mieux adaptés aux âmes pour lesquelles ils furent opportunément
exposés et développés. C'est une vraie reliaile : dispositions pour la»
— \h:\ —
Men faire, c'est riienie de la conversion ; (It'-pluraljles effels du péché ;
le(;oiis de la moi t ; conversations contre la charité, amour Je Jésus-
Christ ; la Très Sainte Vierge, la pureté, la réforme du caractère, la vi-
gilance. laposlolat.Ja vocalifin, le pain de vie. la persévérance. N'est-
ce point là le pro<,Manime dun règlement de vie chrélieniie {)Our une
jeune fille P 11 n y aurait aucun meilleur catleaii à offrir de la part
d'une mère qui veut achever la formation religieuse de son enfant.
— Avec les lietrailes de communion solennelle, par M. le chanoine
Jean Vaudon, nous rétrécissons le cadre de notre action, mais il faut
bien faire la part à toutes les catégories de fidèles. Nous voici main-
tenant au tour des chers petits, se préparant à letir première commu-
nion et ils sont bien servis. M. le chanoine Vaudon leur donne ce
(pi'il a de mieux ; ce n'est pas une retraite ordinaire ; dès l'ouverture,
il les met en face de l'.Agneau de Dieu qu'ils vont recevoir et les plonge
aussitôt dans la retraite qu'ils doivent faire avec piété ; mais, crainte
de les fatiguer, il les repose par deux histoires qui les intéressent vive-
ment : ceci occupe le premier jour et les deux autres lui seront sem-
blables ; prière de la retraite, la faim sacrée de l'hostie, et deux autres
histoires, la journée du crucifix, la grâce du repentir et le pardon,
enfin la fête du malin et du soir. C'est suffisant pour caractériser cette
prédication imprégnée d'une originalité de bon aloi et d'une piété
aimable autant que sympathique.
— M. l'abbé Maurice Bouvet se préoccupe du même grand objet :
son livre : Veillez et priez, est bien en effet une suite de Lectures pour
le temps de la première communion solennelle et les premières années de la
persévérance. Ces lectures sont toutes formées d'après le même plan
depuis le premier jour qui est sur le grand jour: c'est un entrelien, puis
un récit, un examen, des résolutions et une prière, le tout prenait à
peine quatre pages et c'est ainsi pendlant quarante jours ; le livre se
termine sur les grands jours avec toutes les cérémonies et les exhor-
tations qui les distinguent, mais la pensée de l'auteur a dépassé ces
limites ; elle a envisagé l'avenir, car. pour lui, par de là le jour de la
première communion solennelle, il y a toute la vie chrétienne qui se
découvre et qu'il faut préparer. » Rien ne finit en ce grand jour : tout
y commence. »
— Les Saintes Voies de la Croix, de M. Henri-Marie Boudon. nous
introduisent dans une sphère plus élevée ; nous sommes plus près de
Dieu et nous respirons un air plus pur ; sachons gré à M. le chanoine
Gonon d'avoir publié cet opuscule, petit par la taille, grand par l'ex-
posé clair et précis de la doctrine ascétique. L'auteur est connu pour
ses ouvrages qui respirent tous la piété la plus tendre : ses pages sur
la croix seront encore les mieux accueillies parce que c'est chaque
jour que s'offre l'occasion do soullVii- oMl importe de sa\oir comment
— 186 —
on peut profiter de la souffrance et quel est le moyen d'en adoucir
l'amertume.
— M. L. Ronzic ne croit pas que ce soit trop d'insister sur la Dou-
leur et la Résignation et il écrit des considérations, des encourage-
ments pour toutes les âmes affligées ; son livre est un véritable traité
sur la matière : Nature et formes de la douleur, ses causes et ses motifs,
son rôle ; comment accueillir la douleur ; la résignation ; la consola-
tion et ses causes, la consolation des chrétiens, la vocation à la dou-
leur. Et la dernière page résume tout le livre en rappelant cette parole
de l'apôtre S. Paul : Je me glorifierai dans mes infirmités afin que la
A^ertu du Christ habite en moi. L'apôtre n'est d'ailleurs ici que lécho
du Maître qui a souffert pour entrer dans sa gloire et qui nous pro-
met de nous y recevoir, en nous disant : « Bienheureux ceux qui
pleurent ! »
— Encore .4 ceux qui souffrent, de la part de M. Pierre Germain,
qui ûous fait connaître les Fondements de la joie chrétienne, opuscule
que préféreront quelques âmes, trop timides en présence ou dans la
perspective de la souffrance : il leur sera ulile en leur faisant du bien ;
il pourra rendre service aussi aux âmes qui pourraient ne pas savoir
jusqu'où celle joie nous est vraiment permise ; un chapitre est con-
sacré aux degrés de la joie.
— Les Secrets de la l'ie religieuse ne peuvent coa\etiir à beaucoup
de lecteurs au moins pour les pratiquer ; il est possible qu'ils inté-
ressent quelques personnes du monde auxquelles ils plairaient à titre
de curiosité ; ils sont réservés à ceux qui font profession de spiritua-
lité et à ceux-là nous devons déclarer que l'opuscule du R. P. Fres-
sencourt sera très efficace pour leur avancement spirituel.
— Plus grand profit encore pour l'âme profondément religieuse
dans la lecture des Lettres de saint Bernard. Cioirait-on qu'un opus-
cule si sérieux et si spécial put trouver dans notre monde contempo-
rain tant de sympathiques lecteurs ? 11 faut bien le reconnaître puisque
ce petit livre, édité par le R. P. Melot, en est à sa troisième édition :
ce succès est vraiment à l'éloge de notre génération ; nous voudrions
par notre publicité lui valoir encore plus de faveur, en lui donnant
plus de lecteurs. Et l'apostolat du saint docteur rcnouvcllorait ses
merveilles.
Dévotion. — Pii'rrii. — lG-20. — C'est un grand et beau travail que
celui (le; M. J.-V. Raitivel sur la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Doc-
trine, histoire : il réclamerait bien toute une page (juand nousn'avonsà
disposer en sa faveur que de quelques lignes. Mais il n'a besoin d'au-
cune réclame ; il a affronté, depuis longtemps, les périls de l'opinion
publique el il est sorti vainqueur de l'épreuve ; le voilà ilans le
triomphe d'une quatrième édition, même considérablement augmen-
— 187 -
tée. (Test que l'étude sur le Sacré-Cœur est vraiment traitée de main
de maître, l/auleur. dans sa première j)réface, se plaît, en rappelant
le récit de la Samaritaine, à regretter, pour ses lecteurs, qu'ils n'aient
pu être édifiés par Jésus lui-même. Mais, du moins, il a fait tout ce
fjuil pouvait : il s'est bien inspiré des sentiments de ce divin Cœur,
il s'est mis en contact parfait avec lui et l'on dirait que son livre a
été écrit sous In dictée du Maître. Il méritera donc toujours « de con-
tribuer au progrès de celte grande dévotion, en faisant mieux con-
naître ce précieux trésor où plus on prend plus il y a à prend le. »
— Les conférences de Mgr Lenfant, évèque de Digne, sur la Très
Saillie Royaulé du Cœur adorable de Solre Seigneur Jésus-Chrisl sont
an Tiond)re de neuf; elles furent prêchées en 101") dans l'église de
Notie-Dame de Montréal, mais elles nous teviennent. à notre très
-vive satisfaction, comme suite aux précédentes publications de l'émi-
nent conférencier sur le Cœur el ses richesses. Nous recevons d'au-
tant plus volontiers ce volume qu'il nous apparaît être un legs patrio-
tique du regretté évêque de Digne, rappelé à Dieu à peine rentré
dans sa patiie. Les neuf conférences tendent au même but : à nous
faire connaître les lois du Sacré-Cœur qui,>4jien observées, établi-
raient son règne parmi nous et opéreraient la résurrection de la
France. Mgr Lenfant a dédié ce volume u à ses excellents maîtres »
les Prêtres de Saint-Sulpice.
— Autre aspect du Cœur Sacré de Jésus. AL Dargaud consacre
Douze MédHalions pour l'heure sainte au Cœur de Jésus agonisant par
notre cœur compatissant. C'est la pratique de l'heure sainte, deve-
nue si populaire et qu'encouragent les évêques qui ont écrit à l'auteur
pour le féliciter. Ces méditations serviront très heureusement pour
soutenir et développer, dans notre ("œur, la compassion pour le Cœur
de Jésus. Mgr l'évêque de Belley les trouve « riches de pieuses, soli-
des et touchantes pensées » aidant « l'âme à remplir la tâche sainte
de réparation, d'expiation et de consolation que réclame le Sacré-
Cœur. » Les âmes pieuses en feront leurs délices.
— Après Jésus voici aussitôt Marie, sa divine Mère. Le R. P. Jean
Chrysostome nous la fait apparaître avec ses Trois Grands Privilè(/es :
sa puissance, sa sagesse, sa miséricorde : sujet inépuisable que le
pieux auteur approfondit à la lumière des Saintes Écritures, des Pères,
des docteurs de l'Église, des théologiens et des saints qui ont le
mieux parlé de la Très Sainte Vierge. Marie est Mère de la divine grâce
et elle en est la dispensatrice. — La Vierge-Prêtre. — Puissance de
Marie dans l'ordre de la nature. — Marie, Reine de l'Univers. — Sagesse
de Marie : science infuse et permanente, sa grandeur et sa sûreté. —
Miséricorde de Marie dans les tribulations de l'Église, à l'égard des pé-
cheurs et des pécheurs impénitents, envers les désespérés, Marie et la
.— 188 —
grâce d'une bonne mort, Marie au jour du jugement et en faveur des^
âmes du Purgatoire. Ainsi le R. P. Chrysostome par cette filiale théo-
logie attirera-t-ilplus facilement les cœurs à la Vierge qui est la Mère
toute puissante, toute sage et toute miséricordieuse.
— La trilogie de la Sainte Famille se complète par saint Joseph. En
se servant du mode ordinaire de la dévotion : Mois de saint Joseph, le
vénérable supérieur de grand séminaire, M. E. Garriguet, expose jour
par jour ce que l'Église nous autorise à enseigner sur le saint patri-
arche, père nourricier du Fils de Dieu, chaste époux de la Vierge. Il
s'est proposé de le faire connaître et de rappeler les principes théolo-
giques sur lesquels repose son culte ; il complète cette élude doctri-
nale par quelques notions historiques sur le développement d'une dé-
votion qui devient tous les jours plus populaire. 11 ne peut que réus-
sir à atteindre son but : faire mieux connaître saint Joseph, le faire
aimer davantage et le faire plus honorer. C'est un des meilleurs livres
de dévotion en l'honneur de ce grand saint.
Œuvres de glerre. — 21-33. — Ces œuvres, en perdant de leur ac-
tualité, semblent devoir être privées de tout intérêt. Nous ne le pen-
sons pas : elles sont les témoins autorisés d'un passé que nous avons
vécu avec elles et, en les fréquentant, il nous plaira de revivre ces ter-
ribles années dont le souvenir seul nous émeut profondément. C'est
d'abord un « prêtre brancafdier », M. Anatole Moulard, qui adresse
Quelques Paroles à ses soldats de la 59^ division : entretien fraternel
qui instruit et édifie, qui intéresse et réconforte. Énumérons quelques
sujets ; Les consolations de la foi, la charité, le courage, la tempérance,
la crainte de Dieu, la fidélité, la résignation, les devoirs des soldats^
catholiques, le patriotisme, l'Église et la guerre, la méditation du
soldat, panégyrique de saint Nicolas, Marie protectrice et consola-
trice, la passion de Notre-Seigneur, etc. Et le soldat aime ces paroles.
— ((Un aumônier militaire «s'attache plus directement à former l'Ame
(\n soldat catholique, par son Manuel bien rempli de Conseils pratiques
pour Je temps de guerre. Si cet opuscule n'a plus, iieureusement. à ser-
vir, il représente quelques-uns des efforts opérés pour rendre le soldat
capable de bien accomplir ses devoirs. Voilà bien l'œuvre de l'Église.
— Près de l'autre tranchée : un titre qui est bien style soldat; mais,
au témoignage du R. P. Sertillanges. nous devons recommander ce
livre, dont il dit sincèrement le mérite et qu'il considère comme une
(ïMjvre admirable « par tant de zèle et de si réelles beautés verbales. •>•
L'auteur. M. André Fontagnères. décrit, dans un style entraînant, cette
tranchée qui est la tranchée idéale, c'est-à-dire la France elle-même,
;ui labour, au labeur, la France qui consent la souffrance, qui achète
avec des efforts surhumains, des soupirs, dos larmes, comme ceux
de là-bas avec du sang, les récompenses surnaturelles d'aboid et aussi
— 181) —
«elle temporelle gloire future qui nous est promise. Sous vingl-ciinj
litres tout autant de considérations développées dans le même espiit
et aussi le même succès.
— Les Mi'dilalio/ts du prisonnier, par Dom Ilébrard, ont toutes pour
but la consolation du pauvre soldat en pleine captivité, c'est-à-dire
privé de tout appui, de tout conseil, de tout ami, du soldat seul avec
lui-même, mine parla tristesse, le découragement: il a grand besoin
du consolateur, et ce^yolume est une bonne fortune pour ce malheu-
reux. Les méditations si opportunes qu'on lui offre sont groupées
sous quatre titres : 1° Les épreuves ; 2° les colloques spirituels ; 3" les
voix, intérieures ; 4* l'appel de l'avenir ; elles se terminent par les
psaumes consolateurs et par quelques prières à diverses intentions.
— M. Jules Lebreton publie, dans un modeste opuscule des Pen-
sées chrétiennes sur la guerre, qui avaient paru en 1915 et 1910 dans
les Études sous ce double titre : Églises et Patrie. Mors et vila. Il a
pensé avec raison que ces quelques pages pourraient aujourdhui
encore apporter un peu de lumière et de force à beaucoup d'àmes
pour lesquelles nos grandes épreuves restent un mystère qui les dé-
concerte et les angoisse.
— C'est dans la même donnée, que M. l'abbé Élie Blanc nous offre
ses Entretiens patriotiques et religieux, sous ce titre : A la lueur des
éclairs. Premier entretien : Pour la famille française ; deuxième :
Où donc est le bien public ; troisième entretien : Il y a une Provi-
dence infiniment juste et miséricordieuse ; quatrième : De la guerre
infernale à la paix chrétienne. Ces indications suffisent à faire pres-
sentir quels féconds et intéressants développements leur donnent le
talent et le savoir de l'éminent prélat.
— Pour la croisade du xx' siècle, intitule son remarquable travail
Mgr Delmont. Ce titre, non, ne paraît pas trop hardi ; la croisade,
elle convient bien à l'égard de ce siècle si grand par les événements,
par les merveilles de la science, par les épouvantables bouleverse-
ments de tout l'univers ; le monde entier est à l'envers et ce n'est pas
trop d'une u croisade pour le redresser. Mgr Delmont mérite même
des félicitations pour avoir surenchéri, en publiant un volume, ce
qu'il avait prêché du haut de la chaire. C'est dire tout le bien qu'on
peut attendre de ses conférences, « tantôt apologétiques, tantôt doc-
trinales, tantôt expiatrices ou réconfortantes, toujours patriotiques. »
La série, l'auteur l'a ouverte, au 15 août 1914, en se mettant et en
mettant la France sous la protection maternelle de l'auguste protec-
trice des Francs. Même après la guerre, ces conférences et ces ser-
mons resteront d'une incontestable actualité.
— Mais ce n'est pas encore le triomphe : M. Paul Delbant veut
nous aider à aller du Miserere à la Victoire. U faut bien penser qu'il a
— 190 —
écrit d'étonnanles considérations, qui pouvaient compiometlre l'heu-
reux sort de nos armes : les ciseaux de la Censure se sont donné libre
cours sur le manuscrit de l'auteur jusqu'à effacer des pages ejitières.
A en juger par ce qui précède ou suit les passages censurés, on est
en peine à soupçonner de quel grand malheur nous a préservé celte
excessive vigilance. 11 n'en reste pas moins que la brochure de
M. Delbant a dû efficacement travailler à notre relèvement par la
réparation du péché et par la fuite des rechutes. La conclusion inté-
ressante est renfermée dans quelques pages qui exhalent le parfum
de l'action de grâces.
— M. l'abbé Georges Ardant dédie à ses « chers blessés » son
Livre du blessé, petite brochure de 180 pages, moitié considérations,
moitié prières et pratiques de piété. Celles ci sont bien adaptées à
leurs svijets, elles sont bien pour des soldats et des soldats blessés,
qui, en outre, se glorifient de respecter et de pratiquer la prière. Les
considérations qui précèdent sont divisées en deux parties : 1" le
présent, le champ de bataille, à l'ambulance, les heures noires, le re-
tour à la vie ; 2" l'avenir : que feras-lu de la vie ? Veux-tu être heu-
reux, être riche, être bon ? Veux-tu refaire la France ? Oui, il veut
tout cela ; ce sera l'œuvre du blessé et sa noblesse, car le blessé est
vrai prince du sang.
— Et au moment même où tombent par milliers les blessés et les
mourants, Mgr Pons nous fait entendre ce cri qui semble un anachro-
nisme puisque ce n'est pas et ne peut pas être un défi ni encore
moins une dérision : // n'y a pas de moiis ! et il dédie ce livre « aux
soldats tombés pour la patrie. Ah ! mais c'est que ces soldats tombés ne
sont pas morts ; ils ont touché terre, mais pour rebondir, se relever
et s'arracher à la mort. Aussi Mgr Pons ouvre-t-il son ouvrage par la
doctrine de la Survie et celte doctrine remplit tout par ces trois grands
chapitres : la survivance de l'homme sur terre, les âmes impérissables,
l'au delà. Et alors la conséquence logique, irréfutable est celle-ci : la
vie vaut la peine d'être vécue. Dans Pau delà, étude lumineuse et bien
doctrinale sur le spiritisme et ses pratiques, le dernier chapitre a
pour objet la résurrection des corps. Livre très actuel et digne de fixer
l'attention des esprits sérieux et de bonne foi.
— Corps blessés, cœurs meurtris, âmes immortelles : sous ces trois
désignations sont réunis tous les discours de circonstance et les allo-
cutions adressées à des blessés, par M. l'abbé Th. Paravy, au nombre
de dix-huit. Les trois mots du titre principal résument bien tous
les sujets traites par l'orateur qui devait intéresser et émouvoir son
auditoire, naturellement sympathique ; nous avons été édifié à la
lecture de ces pages dites ou prêchées en présence de blessés, glorieux
mais soulfants et avides de consolation. Il y avait aussi la part pour
— l'.ll —
les cœurs ineurtiis par li soiifîrance morale ; fnfin la visior» de
l'âme immortelle, qui planait snr ces corps et sur ces cœurs, était 1<^
a\issi luanifeslc pour ra[)peler les destinées de ces victimes appelées
à partager dans l'an delà la gloire et le bonheur des saints. Ces livres,
de la guerre légués à la paix nous font du bien : écrits à la lueur de»
éclairs ... du canon ou de la mitrailleuse, ils sont pour nous un salu-
taire héritage de sages conseils, et d'encourageants exemples.
— Nous retrouvons ici M. Garriguet avec la théologie de la mort,
toujours de très opportune actualité ; dans son livre : A'o.s- morfs. Sé-
paralion passar/ère. lievoir élernel. il s'est proposé il'inditpier les fon-
dements théologi(jues de notre es|)éranco (du revoir, dans l'au delà)
et d'exposer les puissants motifs de consolation tiuolfre la religion
dans les si pénibles séparations de la mort. On nous saura gré de
publier en quelques mots les sujets traités dans cet ouvrage si im-
portant, à tous les points de vue: La mort et le jugement, le nombre
des élus, félicité des bienheureux, de leur crédit au ciel, leur interces-
sion et médiation, le culte que nous leur rendons, les bienheureux
après la résurrection pour toujours au ciel.
— Même sujet dans la brochure de M. le chanoine Bontoux : Le
Sens de la vie et de la mort. Il n'y a rien d'étonnant à ce que les pen-
sées, en ces douloureuses années, se soient tournées plus que ja-
mais vers la mort. Et même c'est fort heureux, parce que c'est une
occasion pour nous de mieux comprendre le sens de la vie et de la
mort, surtout d'après l'enseignement de la Bible. M. Bontoux définit
la vie : un court pèlerinage, une dure milice, une coupe amère. Et
pour lui la mort est le salaire du péché, l'adieu aux vanités du
monde, le seuil de lune ou laufre éternité. Pensons donc souvent à
la mort, ce sera nous rendre la mort moins redoutable et nous mon-
trer plus sûrement l'éternel bonheur de l'au delà. F. Chapot.
THÉOLOGIE
II Primato dî S. Pîetro e de' suoi suceessori in San Giovanni
Crisosloino, da NiccoLÔ card. Mauim. Roma, tipografia pon-tificia nell'
Istiluto I^io IX. 1919, gr. in-8 ^ xvn-320 p.
Cet ouvrage sur la Primauté de S. Pierre et de ses successeurs chez
S. Jean Chrysostome est dédié à Benoît XV et il est divisé en deux
parties. La première a pour but de montfer la pensée du saint doc-
teur sur ce dogme important de notre foi, qui éloigne les Orientaux
schismatiques de l'union avec l'Église romaine, centre de la foi
catholique ; la seconde expose les actes de la Bouche d'or, conformes
à sa pensée. Parcourant successivement les témoignages que l'éloquent
prédicateur d'Autioche a rendus dans ses Homélies et ses autres
— 192 -
ouvrages à la primauté de saint Pierre et des papes. le cardinal Mariiii
expose avec netteté et force logique : 1° que le prince des apôtres
était le primat, le fondement, le pasteur et le maître universel de
l'Église ; 2° que sa prééminence n'était pas simplement une préémi-
nence d'honneur, qui le plaçait au premier rang des apôtres, mais
que Notre-Seigneur lui avait conféré une véritable autorité doctrinale
et une juridiction réelle sur toute l'Église ; 3° que la primauté de
saint Pierre était perpétuelle et devait se transmettre à ses successeurs.
L'éminent auteur a rencontré sur son chemin des difficultés d'inter-
prétation ou des objections des adversaires de la primauté qu'il n'a
pas éludées, qu'il a, au contraire, abordées de front et longuement
résolues. Telle l'objection que, selon Chrysostome, l'Église était
fondée, non sur la personne de saint Pierre, mais seulement sur sa
foi en la divinité de Jésus-Christ. Telle encore cette difficulté que les
évêques de Rome succédaient à Pierre uniquement sur sa chaire épis-
copale et non pas dans la cliarge de sa primauté. Telle entin la pré-
tention des schismatiques, d'attribuer à saint Paul une primauté
égale à celle de saint Pierre. Le cardinal Marini expose aussi la doc-
trine de saint Chrysostome sur la constitution de l'Église et en parti-
culier sur la principale de ses notes, l'unité. Sur plusieurs de ces
questions, l'auteur ne se borne pas à la seule pensée de Chrysostome ;
il'la confirme par celle des autres docteurs de l'Église grecque et par
la liturgie des Higlises orientales ; il en montre l'accord avec les prin-
cipes de l'Église catholique, en sorte qu'il nous donne une ébauche
d'un traité complet de la primauté pontificale. Quelques chapitres
pourraient paraître, à première vue, des hors-d'œuvre ; ils ont, au
fond, une cohésion étroite avec le sujet et ils répondent au but de
l'ouvrage, qui est d'éclairer et d'instruire les schismatiques Orientaux
sur la doctrine de l'Église romaine, nettement professée par saint
Jean Chrysostome. La question de la fondation de l'Eglise de Rome
n'est pas traitée au chapitre XVll avec toute l'acribiequ'exigerait la
critique historique : le témoignage de saint Irénée n'est pas pris suf-
fisamment en considération, et les données d'Eusèbe sur l'arrivée de
saint Pierre à Rome dans les premières années du règne de Claude
ne sont pas discutées comme il le faudrait. Saint Chrysostome con-
formait ses actes à son sentiment sur la primauté de l'évêque do
Rome, successeur de saint Pierre. Prêtre à Antiochc, il prêchait énei-
giquemcnt l'unité de l'Église, un des points principaux de la foi
catholique, durant le schisme qui régnait dans cette ville, et un de
ses {premiers actes, lorsqu'il fut devenu patriarche de Constantinople,
fut de réconcilier l'évêque Flavicn avec le Souverain Pontife. Injuste-
ment déposé lui-même de son siège par Théophile d'Alexandrie, il en
appela au pape Innocent I*"", qui excommunia Théophile et ses com-
— W)'.] —
plices. La pensée elles actes de Cluysostome sur la primauté do saint
Pierre et des évêqiies de Home sont ainsi solidement présentés pur le
rardiiial Marini, pn'IVl de la récente Congrégation des Églises orien-
tales. L'ouvrage répond aux vues de Benoît XV et justifie le clioix
que le Souverain Pontife a fait du cardinal pour travailler à l'iinion
dos Eglises schismatitiues. K. Mamgknot.
SCIENCES ET ARTS
Cours de géométrie pure et applitiuéede l'Ecole polytechnique,
par MAunicE d'Ocagne. T. II. Paris, Gauthier-Villars, I9i8, gr. in-8 de
iv-364 p., avec ilOfig. — Prix : 18 fr.
Voici un ouvragre qui sera pour beaucoup une révélation, et qui
rendra à tous les services les plus appréciés. Le mathématicien, le
géomètre ont souvent l'habitude de se confiner dans les régions les
plus abstraites de leur science préférée ; ils y travaillent en artistes,
dédaigneux la plupart du temps de ce qu'ils regardent comme le do-
maine des prosaïques réalités. Et pourtant l'on sait que l'union de la
théorie et de la pratique a été toujours merveilleusement féconde.
Comment en douter après la lecture du cours de M. d'Ocagne qui
traite des questions suivantes : Cinéniallqiie appliquée : théorie des
mécanismes et cinématique graphique. — Stéréotomie : voûtes en
berceau simples et composées, arches hiaises, voûtes diverses. —
Statique graphique : usage du dynamique et du funiculaire, détermi-
nation des forces élastiques dans les systèmes chargés. — Calcul gra-
phique : résolution graphique des équations, intégration graphique:
Calcul grapho-mécanique ; intégromètres et intégraphes. — iXomogra-
phie. Il s'agit d'abord des monogrammes à entrecroisement, puis des
monogrammes à alignement. Ici la contribution personnelle de l'au-
teur devient considérable, qu'il s'agisse des principes ou de leurs
multiples conséquences. C'est la méthode rapidement devenue clas-
sique et universellement adoptée des « points alignés, »
L'auteur, on le voit, a le souci constant des applications. Mais qu'on
ne s'imagine pas qu'en traitant ces questions pratiques, il ait sacrifié
la rigueur, la logique, la clarté que nous avons admirées dans ses
ouvrages antérieurs. Chacune des parties de son Cours est un petit
chef-d'œuvre d'élégance, où l'on sent un maître, dont plus d'un re-
grettera de n'avoir pu suivre les leçons. G. Bertrand.
Œuvres en prose de Richard ^^ agner ; trad. en français par J.-G.
Prod'uomme, F. HoLL. F. Caillé et L. Van Vassenhove. T. III à IX. Paris,
Delagrave, s. d., 7 vol. ia-18 de 275, xi-276, 292, xi-232, 320, 2oo et 288 p.
— Prix du vol. : 3 fr. 50.
Les deux premiers volumes de cette traduction àesŒuvres en prose
Octobre 1919. T. CXLVI. 13.
- 1U4 —
de Richard Wagner ont été annoncées en leur temps dans le Polybi-
hlion. Voici sept nouveaux volumes. Énumérons brièvement ce qu'ils-
contiennent.
T. 111. — L'Art et la Révolution (1849) est une brochure toute vi-
brante de luttes récentes de la Révolution de 1848, et tout imprégnée
de la lecture du livre de Proudhon : De la Propriété. L'impression à
Paris en fut impossible. — L'OEiwre d'art de l'avenir est une sorte
de manifeste artistique. R. Wagner y examine successivement
l'homme et l'artiste en général, l'homme artiste et l'art qui en dérive
immédiatement, l'homme considéré comme artiste créateur en archi-
tecture, sculpture et peinture, enfin il annonce l'artiste de l'avenir
qui réunira en lui tous les artistes dans l'œuvre collective : le Drame,
but suprême et synthétique de ses efforts. L'yl/'i et le Climat est un
complément du précédent ouvrage.
Les T. IV et V contiennent la traduction de l'œuvre capitale de
R. Wagner : Opéra et Drame, avec une préface solide du professeur
L. Dauriac. Après avoir fait la critique de l'Opéra et de l'Essence de la
musique, retracé l'histoire du Théâtre et de la Poésie dramatique,^
R. Wagner aborde ensuite la Poésie et la Musique dans le drame de
l'avenir. C'est ici que ses idées sur le drame musical se précisent.
T. VI. — Une Communicaiion à mes amis. — C'est une seconde auto-
biographie, datée de 1851, et comme une préface à Trois Poèmes d'o-
péra (le Hollandais volant, Tannhœuser, Lohengrin). Cette confession
manifeste est le résumé des théories émises dans les ouvrages précé-
dents et prépare l'apparition de la Tétralogie. Suit un troisième ma-
nifeste autobiographique, car R. Wagner aime beaucoup à parler de
\w\ : Lettre sur la musique, publiée à Paris, en 1860. Elle est plu*
connue en France, où elle tint lieu longtemps de toutes les œuvres
théoriques de Wagner.
Le t. VII renferme dix-sept écrits de circonstance dont voici les
principaux : La Fondation Gœthe, le Judaïsme dans la musique. Souve-
nirs sur Spontini, etc.. (1850-1871).
ï. VIII. — Encore quelques écrits de circonstances : Tannhœuser à
Paris, compte rendu par R. Wagner lui-même de la première re-
présentation, 1861. — De l'État et de la Religion. Art allemand et
Politique allemande, écrit deux ans avant la guerre de 1870 est de
beaucoup le plus important ; son résumé : haine de la France et de
sa civilisation ; exaltation insensée de l'cspfit allemand.
Le t. IX nous tiaiisporte aux années 1865-1869. R. Wagner, appelé
à Munich par Louis 11 de Bavière", pense avoir trouvé enfin un foyer
pour son art. On y trouve : Rapport à Sa Majesté sur la fondation
d'une Ecole allemande de musique à Munich ; Mes Souvenirs sur Lud-
wig Schnorr, le créateur de Tristan ; puis, sous le titre de Censures^.
— 195
cinq articles de critique, entre antres l'ainnsant .sourcmr sur Ros-
sini ; enfin le tome se terinitiepar VArl de dirujcr l'orcheslrc i\Wè).
Cet Ailernarid est pent-(^tre nn génie, on pent admirer sa mnsiqne
et certaines pages de ses œuvres en prose, mais il est impossible de
souscrire à ses théories politiques, morales et artistiques, impossible
de lui accorder son estime. 0. M. R.
LITTÉRATURE
De qui est-ce ? Choix de jinssages lires des meilleurs écrivains clossirjiies
et modernes ; préface de PallReboux. l^aris, Grès, lîtlîl. in-16 de 279 p. ot
16 p. avec table. — Prix : o fr.
M. Paul Reboux, le spiiituel auteur des yolumes A la manière de...
nous propose un nouveau jeu de saloîi : il consiste à faire deviner à
rassemblée l'auteur d'un morceau, lu à haute voix. 11 y a là 240 mor-
ceaux empruntés aux auteurs les plusdiveis, de Rabelais à Paul Clau-
del et à Rostand. Certains passages très caractéristiques sont faciles à
deviner ; d'autres le sont moins ; quelques-uns sont si peu dans le
ton habituel de l'écrivain auquel ils sont empruntés qu'ils çont vrai-
ment de nature à dérouler le lecteur ou l'auditeur. Ce petit volume
offre donc certainement le moyen de passer agréablement quelques
soirées: agréablement et d'une manière instrnctive ; car, comme le
disent deux vers que M. Reboux lui-même appelle des vers de mirli-
ton :
Votre sens littéraire en deviendra plu? fin
Et vous prendrez plaisir aux erreurs du voisin.
Il est dommage* seulement que l'auteur ait fait entrer dans son re-
cueil des pièces que l'on ne mettrait pas volontiers entre toutes les
mains. Nous eussions préféré également qu'il en eût éliminé les cita-
tions d'auteurs étrangers. E.-G. L.
La Littérature française au dix-neuviènje siècle. III. Romanciers
(1850-1900) par Paul Halflants. Bruxelles, I. de Launoy, 1914. in-i2 de
445 p., avec portraits. — Prix : 3 fr. 50.
M. le chanoine Paul Halflants est l'un des meilleurs représentants
de la littérature actuelle de Belgique. 11 a consacré son talent à l'his-
toire et à la critique littéraires. Son principal ouvrage, la Litléralure
française an dix-neuvième siècle, comprend trois volumes. Les deux
premiers : \. Le Romantisme. IL Publicistes, orateurs, poètes, ont été,
lors de leur apparition, signalés à nos lecteurs. Le troisième : Roman-
ciers, n'a été publié que récemment. La date qu'il porte : 1914, est
fictive et a eu pour objet de dépister la Censure allemande. Après
une étude générale sur le Réalisme, l'auteur examine, en une série de
— 196 —
notices appuyées (le citations et ornées de portraits, les romanciers
dont les noms suivent : Gustave Flaubert, Emile Zola, Edmond et
Jules de Concourt, Alphonse Daudet, Jules Barbey d'Aurevilly, Joris-
Karl Huysmans, Anatole France, Pierre Loti, Paul Bourget, Maurice
Barrés, René Bazin, Henry Bordeaux. Il y joint six écrivains belges :
Camille Lemonnier, Henry Carton de Wiart, Henri Davignon, Georges
Yirrès, Maurice des Ombiaux, Louis Delattre. Sa critique est à la fois
orthodoxe et large, sainement philosophique et fortement littéraire.
Le livre qu'il offre au public belge ne sera pas moins utile au public
français. M. S.
■Charles Péguy et les Cahiers de la Quinzaine, par Daniel Halévy.
Paris, Payot, 1918, in-16 de 250 p. — Prix : 4 fr. 50.
Un très joli livre, plein de talent, et le meilleur peut-être qui ait
,€té écrit sur Péguy. C'est Pœuvre d'un ami très intimement rensei-
gné, d'esprit ouvert, curieux, pénétrant, libéré de ce que son admira-
tion pourrait avoir de trop strict par un dilettantisme, qui le fait entrer
lui, dreyfusien, israélite, et probablement sceptique, avec la sympa-
thie d'une intelligence émue par tout ce qui est haut, dans la pensée
d'un Charles Maurras, d'un Paul Claudel, aussi bien que dans celle d'un
Romain Rolland et d'un Bergson... Que si les chapitres sur Rolland
ou Claudel mangent un peu trop la part de Péguy, tenons compte et
qu'ils furent d'abord des articles parus au printemps de 1914 dans
les Cahiers du Centre, « suite d'essais sur les esprits directeurs des
générations nouvelles », et qu'en les remaniant et complétant aujour-
d'hui, l'auteur se donne les gants d'avoir « formé le récit du travail
d'une génération qui. avant d'avoir été marquée par l'héroïsme, l'avait
été par le génie. » Récit certes très incomplet, et où n'entrent que
quelques figures à la mode. Mais ces figures sont éclairées par la
fine lumière d'un esprit agile à tout saisir de la beauté des choses,
de la force des vieilles idées qui ont fait leurs preuves, ordre social,
autorité, monarchie, patrie, catholicisme, et de la sève des grandes
<^nle^, saint Thomas, Pascal, Bossuet, Louis Veuillot... C'est cette
lumière donc qui pénètre et éclaire, par le dedans, l'enfance de Péguy
elles inlluences de sol et de race qui l'ont formée ; — sa jeunesse, ses
<inné('s d'École normale et les enseignements et amitiés, qui ont
excité plus que façonné son libre génie ; — sa première œuvre, très
peu connue, et qui annonce pourtant tout ce qui suivra : car c'est
un drame de Jeanne d' Arc, à la fois révolutionnaire et chrétien, très
curieux ; — puis, dans la grande guerre de (( l'Affaire », l'aventure
d'une petite librairie universitaire et socialiste, et la fondation des
Cahiers de la Quinzaine, où cet esprit-chef mènera la bataille politi(pie,
sociale et littéraire à sa manière ; — ensuite, au travers de tant de
— li)7 —
bassesses vues, de tant tle tristesses et de (h-^'oûls. le brtii iialicHudisme
fiaiiçais qui émerge et an coup déclat du débarqueuient à Tanger
répond par le beau petit livre Noire Patrie ; — bieutôl le Mystère de
Jeanne d'Arc, et les difTiruIlés politiques et religieuses où se trouve
j)rise, entravée quelle est par son passé, par les liens où il a engagé
sa vie, sa conscience de chrétien, de clirétien à la fois mystique et
pamphlétaire, tel qu'il apparaît dans ses doniirres productions ; le
Mystère des Saints Innocents, et les virulentes attaques contre M. E.
I.avisse, M. Laudet, M. Salomon Kci»iach ; — enfin, pour libérer la
vie magnifiquement et couronner l'œuvre, la ruée dans la guerre.- et
la mort, d'un héroïsme superbe, tout à fait celle d'un homme unique,
d'un chef, d'un maître... Gabriel .Aldiat.
Sous le masque de Willium Shakespeare. William 8taiiley^
IV* comte de Derby, par Abel Lefha^c. l^aris, Payot, 1919. 2 vol.
Jn-16 de xvi-357 et 303 p. - Prix : 12 fr.
Depuis l'année 1848 où un certain consul des États-Unis, Santa
Cruz, s'avisa d'ouvrir ce qu'on est convenu d'appeler la question sha-
kespearienne, le malheureux Shakespeare, en possession jusque-là
d'une assez belle réputation litléraire, se voit périodiquement mis sur
la sellette et sommé d'abdiquer cette réputation au bénéfice de tel ou
tel des hommes de son temps. Avec beaucoup de sérieux et même de
passion, M. Lefranc, professeur au Collège de France, recommence
aujourd'hui celte petite cérémonie, en faveur d'un candidat de son
choix, pour lequel, croyons-nous, l'on n'avait pas encore fait franche-
ment campagne et qui est Henry Stanley, 6' comte de Derby. L'ou-
vrage, qui est gros et touffu, étant d'un bout à l'autre un plaidoyer,
et, comme tel, bourré d'allégations pour la plupart sujettes à débat,
de suppositions qui ne le sont pas moins, de discussions innom-
brables, de déductions à perte de vue, on n'en pourrait faire un exa-
men même rapide qu'au prix de longs exposés et d'argumentations
qui tiendraient ici bien trop de place. On se bornera donc à quelques
remarques très générales.
Pour retirer à William Shakespeare la paternité de ses écrits,
M. .\bel Lefranc reprend à peu près les arguments de ses devan-
ciers, arguments dont le principal est le prétendu contraste que pré-
sentent la vie de Shakespeare et son œuvre, « l'absence de connexité
entre les faits de sa carrière et la succession de ses compositions théâ-
trales ». Manque d'accord et de connexité qui suffit à quelques-uns
pour rejeter tous les témoignages du temps, même les plus clairs et les
plus décisifs, ainsi que la tradition constante et unanime. Manque
d'accord purement imaginaire d'ailleurs, puisque, pour établir entre
deux termes quelconques une opposition, il est nécessaire de con-
— 198 —
naître d'abord, ce qui n'est pas ici notre cas, l'un et l'autre de ces
termes. C'est par son œuvre principalement que nous pouvons nous
faire une idée sulTisante de ce que fut Shakespeare ; si cette œuvre est
délibérément mise de côté, les renseignements ^TîÇttdus avons sur la
personne et sur la vie de l'auteur anglais (comjjie sur celles de pres-
que tous les anciens écrivains) sont ou trop fragmentaires, ou trop
jieu significatifs, ou trop peu assurés pour nous permettre de recons-
tituer de façon satisfaisante l'homme ou sa biographie. Où se trou-
vent dès lors les éléments de la comparaison ?
Ajoutons que la discordance supposée est en grande partie l'œuvre
des critiques eux-mêmes, qui, d'une part, forcent nos rares textes,
ou n'en gardent que ce qu'ils veulent, afin de rabaisser Shakespeare,
et, d'autre part, voient.dans le théâtre shakespearien mille choses qui
ne s'y trouvent point, ou du moins s'y trouvent à un bien moindre
degré qu'ils ne disent ; qui font par exemple de Shakespeare to illet-
tré et un ignorant, ce qu'il n'était nullement, et de son théâtre une
somme des connaissances humaines, ce qu'il n'est pas davantage. La
discordance qu'ils dénoncent a, en tout cas, entièrement échappé aux
contemporains de Shakespeare, lesquels n'auraient pas manqué, s'il
y en avait eu lieu, de s'en apercevoir. Aucun d'eux, à notreconnaissan-
ce, camarade de théâtre, comme Heming et Condell, émule comme
Ben Jonson, adversaire comme Green, ne s'est avisé que ce Sha-
kespeare connu d'eux tons était incapable d'écrire les pièces jouées
sous son nom et qu'il ne les avait donc pas écrites, mais qu'il
les recevait toutes faites de leur véritable auteur. Aucun n'a séparé
l'homme de l'œuvre ; plusieurs, et au-dessus de tous Ben Jonson, les
ont magnifiquement unis dans leurs louanges. Même absence de doutes
dans là génération suivante, puis dans toutes les autres jusqu'au milieu
du dernier siècle ; parfaite tranquillité sur ce point, sauf exceptions
récentes et de peu de poids, de tous ces érudits et de tous ces cri-
tiques, fort injustement malmenés et dédaignés par M. Lefranc. qui
depuis deux cents ans étudient de si près tout ce qui touche à Shake-
speare. Songeons encore à l'absence de toute revendication soit contem-
poraine, soit posthume des ouvrages de Shakespeare par aucun écri-
vain quelconque, et tenons après cela pour parfaitement certaine une
attribution fondée sur tous les témoignages du temps, sur le consen-
tement universel des hommes qui pouvaient constater les faits, sur la
tradition séculaire et qui n'a contre elle que quelques théories et
quelques impressions purement personnelles.
S'il n'y a aucune bonne raison, voire aucune raison, de contester à
Shakespeare la paternité de son oeuvre, les arguments en faveur d'un
autre auteur ne présentent qu'un intérêt de curiosité. Comme M. Dem-
blon avant lui, et pour des motifs analogues, et qui ne sont pas plus
— lOÎI —
forls, M. Lefiaiic venl que l'auteur des poèmes dramatiques et ly-
riques attribués à Shakespeare ait été un grand seigneur (d'autres,
comme l'on sait, désiraient un philosophe, et avaient choisi Dacon).
Mais, au candidat de M. Demblon, qu'était le comte de Uullatid, il en
préfère un autre, déjà nommé phis haut, le comte de Derby. Pourquoi
celui-ci, inconnu jusqu'à présent dans les lettres anglaises ? Parce
que deux ou trois lignes de certains papiers d'État nous disent de lui
en 1599 qu'il était occupé à écrire des pièces pour les acteurs publics
{comnwn players). Quelles pièces ? On ne nous le dit point. Pour quels
acteurs ? Nous n'en savons rien, quoique, soit dil en passant, le ter-
me de common players, que M. Lefranc traduit toujours à tort par
comédiens professionnels, semble exclure les troupes régulières comme
celle dont faisait partie Shakespeare. Quoiqu'il en soit, il ne faut pas
plus de ces quelques mots vagues pour que M. Lefranc fasse don
au noble comte de ces biens sans maître que sont, selon lui,
Hamlet ou le Roi Lear, Macbeth ou la Tempête. Il ne s'agit
ensuite que d'établir la fameuse concordance entre l'homme et
l'œuvre, ce qui est sans grande dlificulté pour qui possède quelque
ingéniosité d'esprit et une érudition variée, l'une et l'autre mises au
service d'une idée préconçue et d'un violent parti-pris. Coïncidences,
rapprochements, rencontres, se présentent à souhait à qui les solli-
cite, va les chercher en tous lieux et les accueille tous avec joie ; en
faveur du comte de Derby, M. Lefranc en trouve à peu près autant,
et d'aussi curieux, et d'ailleurs d'aussi peu démonstratifs, que d'autres
en ont trouvé pour Bacon, que M. Demblon en a découvert pour le
comte de Rutland, que quelqu'un en découvrira demain pour n'im-
porte qui. Sur cette base fragile, il échafaude, étage par étage, un
magnifique édifice d'hypothèses, auxquelles manque seulement, et
pour cause, l'appui du plus petit document, de la moindre preuve
positive. Dans le détail de tout cela, le lecteur qui sait quelque chose
<les gens et des choses de l'époque d'Elisabeth et de Jacques I*', oppo-
sera à. tout instant aux atFirmations de M. Lefranc mille objections et
réserves ; sans cette connaissance, il sera au moins surpris du peu
qui suffît à l'auteur pour se convaincre de tout ce qui peut servir sa
thèse ou pour lui faire écarter tout ce qui peut aller à l'encontre.
C'est ainsi que M. Lefranc, trouvant, sans nécessité bien évidente,
^aus Peines d'amour perdues, des traces d'un séjour à Nérac ou i
Pau, profite, pour supposer ce séjour, d'un voyage que le comte de
Derby fit, dit-on, en Espagne ; mais le même document qui parle du
voyage en Espagne en mentionne d'autres plus lointains, en Russie
et à Constantinople, lesquels éloigneraient de Londres le comte de
Derby juste au moment où M. Lefranc a besoin qu'il compose le
théâtre de Shakespeare : le premier voyage, qu'à cela ne tienne.
— 200 —
sera tenu pour authentique, les autres pour légendaires. Peut-être y
à-t-il lieu de noter en passant l'ombre relative où sont laissées cer-
taines parties gênantes de l'œuvre de Shakespeare, par exemple les
dédicaces des poèmes (mentionnées, mais non citées^, dont le ton et
les expressions seraient incompréliensibles si l'auteur s'adressait à
un tout jeune homme, son égal par la naissance, son cadet de beau-
coup par l'âge ; par exemple encore, les Sonnets, au sujet desquels on
pourrait faire les mêmes remarques et bien d'autres. Tout ce qu'il y a,
croyons-nous, à retenir de ces deux gros volumes, ce sont quelques-
unes, quelques-unes seulement, des observations relatives aux origines
de Peines d'amour perdues. Sans donner à ces observations la portée
que leur assigne M. Lefranc, sans en tirer surtout les mêmes conclu-
sions que lui, on peut tenir pour possible et même pour assea pro-
bable que quelque écho'des faits et gestes de la cour de Navarre se trouve
dans cette comédie et ailleurs (l'écho a pu venir très facilement aux
oreilles de Shakespeare par le comte d'Essex, son protecteur, qui
combattait en France pour Henri IV et connaissait ce prince ; ii pou-
vait lui parvenir encore par bien d'autres). Si ce seul petit point vient
à être établi, l'o'uvre de M. Lefranc ne sera pas absolument ce qu'on
serait tenté de la nommer autrement : Peines de critique perdues.
A. IJAUBEAU.
Les Pierres du Foyer. Essai sur l'histoire littéraire de la
famille française, par Henhv Bouueaux. Paris, l^lon-INourrit, s. d.,
in-16 de xvi-338 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le groupement du Foyer est bien connu. La direction en fut confiée
en 1913 à M. Henry Bordeaux, qui déjà en était l'un des meilleurs
collaborateurs. Ce sont les conférences ou lectures données par lui à
cette association en 1912, 1913 et 1914 qu'il a réunies dans ce volume.
Elles sont comme l'esquisse d'uTi ouvrage plus étendu, entrepris
avant la guerre, « une histoire littéraire de la famille en France, un
tableau de la vie du foyer français. » M. Henry Bordeaux a traité au
Foyer les sujets suivants : I. L'Art et la Famille. II. Les Andromaques
françaises. III. La Mère de François Villon. IV. La Jeunesse de Ron-
sard. V. La Leçon de Gargantua à son fils étudiant à Paris. VI. La
Paternité et l'Éducation dans Montaigne. VIL Madame de Sévigné et
l'Amour maternel. VIII. Les Poètes du foyer. IX. La Maison. X. Une
"Famille d'aujourd'hui. A ces études viennent s'ajouter deux assez
longues Notes : 1. L'Habitation de famille. II. La Voix de la maison.
Le volume contient encore le discours prononcé par M. PaulBourget,
le 22 février 1912, pour l'ouverture des conférences de M. Henry Bor-
deaux, publiées d'abord dans la Revue du Foyer. Les amis de cette
revue se plairont à les relire. L'ensemble du public leur fera l'accueil
qui leur est dû. M. S.
— 201 —
Florlleyh» d»« proNiNtaM iiruyiiiiyos, por N'icente A. Sai.averri (Ant6n
Martin Saavedra). lUieiioa Aires et Valcncia, cditorial Cervantes, 1918,
in-16 de 264 p. — Prix : 3 fr.
En nous offrant ce florilège de prosateurs uruguayens, M. Sala-
verri précise qu'il n'y a voulu faire entrer que des auteurs vivants;
niais il attribue à ce mot une acception large et originale, car il nous
donne quelques pages d'écrivains morts récemment, mais dont les
écrits, dit-il, restent toujours vivants, lus et discutés autant que ceux
des écrivains encore en vie.
Les morceaux sont répartis dans cinq sections : essayistes. — arli-
culistes, — conteurs, romanciers, — journalistes. Sauf José Enrique
Rodé, dont on nous donne trois morceaux, chaque écrivain n'est
représenté que par une seule pièce que précèdent quelques lignes
destinées à nous le faire connaître. C'est ce qui a permis à M. Sala-
verri de réunir dans ce volume peu considérable des pages de trente-
quatre écrivains.
Dans sa préface, M. Salaverri ne nous dit pas seulement comment
il a conçu et composé son recueil, mais il nous renseigne sur l'orien-
tation actuelle de la littérature du pays dont il est aujourd'hui l'im
des meilleurs représentants. 11 nous anponce un autre florilège des-
tiné aux poètes et dramaturges ; nous l'attendons avec intérêt.
E.-G. Ledos.
HISTOIRE
Sept Villes mortes (Cherc/iell, Tipasade Mauritanie, Kliéinissa, Madaure,
Tipasn de Xamidie, Thévesle, Djeniilaj, par Martial Douël. Paris, de Boc-
card. s. d., in-16 de vni-275 p. — Prix : 3 fr. 50.
L'auteur, avant la guerre, a visité l'Algérie eu touriste averti et
curieux d'antiquité et ce sont ses impressions qu'il s'est décidé à nous
livrer, en dépit des circonstances, non sans avoir mis ces quatre
études au point des dernières découvertes.
Livre agréable, et pour le grand public, instructif, où une informa-
tion précise soutient les envolées poétiques d'une vision d'artiste et
dune imagination reconstructive. On lira avec plaisir ces évocations
de la vie païenne et chrétienne dans le cadre chaque jour accru par
nos infatigables chercheurs, des cités tour à tour romaines et byzan-
tines dont les restes magnifiques attestent la grandeur et les vicissi-
tudes. _ .\>-DRÉ BaLDRILLART.
Ostia. Ceiiiii storici e Guida, da Dante Vaglu-ri. Roma, Loescher,
in-16 de xii-loO p., avec 24 fig. et 5 plans. — Prix : 4 fr.
Le savant directeur des fouilles d'Ostie, M. Dante Vaglieri, a pu-
blié, sous le titre qu'on vient de lire, un petit livre plein d'intérêt. Les
curieux y trouveront d'abord une esquisse de Ihistoire d'Ostie dont
— 202 —
la précision les enciiantera ; impossible en effet, de mieux montrer
les transformations de cette ville, et en particulier le double rôle
militaire et commercial, commercial surtout, joué par Oslie dans
l'antfquité. A.u moyen âge encore, à l'égard des pirates maritimes, des
Âfricainsen particulier, Ostie remplit une fonction tutélaire que M. Va-
glieri a bien mise en évidence ; d'autre part, l'activité commerciale
de son port est encore grande et l'extraction du sel en est la principale
industrie. Mais un peu plus tard, avec le xvi^ siècle, voici la dépopula-
tion, laruinequi commencent, tandis que se développe la malaria... ; au
début du siècle dernier, Oslie est bien, comme l'a appelée de Bonstet-
ten, « la capitale du désert. » Si intéressantes que puissent être ces
pages (p. 1-27), elles ne constituent toutefois qu'une introduction à
xe guide des fouilles, que s'est surtout proposé de composer M. Va-
glieri ; voilà pourquoi, dans son esquisse historique, l'auteur a particu-
lièrement insisté surl'Ostie romaine et pourquoi encore il conduit le
touriste de Rome à Ostie par l'antique Via Oslieiisis en appuyant sur
les souvenirs qu'elle évoque (p. 28-32). Ainsi le visiteur se trouve en-
touré d'une atmosphère propice à l'étude de cette Ostie antique que
permettent d'évoquer les fouilles dont IM. Vaglieri retrace l'histoire aux
pages 33-37 de son livre. De ces fouilles, M. Vaglieri montre enfin les
résultats avec un grand détail, étudiant successivement chaque rue,
chaque monument, signalant les découvertes intéressantes faites en
chaque point, s'arrêtant surtout aux thermes, à la caserne des Vigiles,
à cette rue des corporations en bordure de laquelle tant de vestiges
de maisons de corporations attestent l'ancienne prospérité économique
et surtout maritime d'Ostie. Deux courts chapitres consacrés aux mo-
numents de rOslie médiévale et moderne (p. 119-136) et au Musée
provisoire, — l'A/diquario ostiense — (p. 137-150) complètent cet ex-
cellent volume, très scientifiquement rédigé et très instructif, qu'ac-
compagnent cinq plans (un densemble, quatre de détail) et de très
jolies gravures. — C'est un vrai plaisir de- lire ce petit volume, vi-
brant parfois d'enthousiasme (cf. le début de la Préface), où M. Va-
glieri rend pleine justice aux excellents travaux de M. Carcopino et
n'oublie pas l'article célèbre (al famoso articolo), déjà ancien, inséré
par Gaston Boissier dans ses Promenades archéologiques ; mais com-
bien plus intéressant encore ce doit être de se promener dans Ostie,
avec le livre de M. Dante Vaglieri pour compagnon,... à défaut de
M. Vaglieri lui-niêma 1 He?<ri Froidevaux.
La Tradition chevaleresque des Arabes, parWACVK liot ikos (Jii.vi.i.
Paris, Plon-Nourrit, 1919, in-i6 de 300 p. — Prix : 3 IV. 50.
M. Wacyf Boutros Ghali n'est pas un inconnu pour, les lecteurs du
Polyhiblion. Fils d'un premier ministre égyptien, mort tragiquement
— 203 -
en 1010, il a publié, sous le litre du Jardin des ^fleurs, une bonne
anthologie des poètes arabes dont nous avons rendu coniple en mars
1914 (tomeC\.X\, p. 236-237). L'ouvrage actuel, commencé au Caire,
en 1914 et terminé à Paris en 1916, a pour but de nous montrer que
si les Arabes n'ont pas eu, comme les Occidentaux, sous le nom de
chevalerie, une institution sociale et religieuse bien détinie, ils ont
eu, avant comme après Mahomet, un esprit vraiment chevaleresque
(jui, au temps des Croisades, aurait même influé heureusement sur
Je caractère un {)eu rude des chevaliers chrétiens et contribué au dé-
veloppement de la courtoisie envers les dames.
Il est divisé en quatre chapitres.
Dans le premier, consacré à la noblesse et au culte des aïeux, nous
"voyons qu'en Arabie, il n'y a pas d'aristocratie de fortune ou de nais-
sance, mais seulement celle « que confèrent la bravoure, l'éloquence
ou la générosité. » II y a cependant des familles plus illustres que les
autres, par exemple celles qui peuvent remonter aux compffgnons du
Prophète. De là le goût des généalogies si visible dans la littérature
arabe.
Le deuxième chapitre traite du culte de la femme. Celle-ci tient,
^n effet, une place importante dans les poèmes anté islamiques et
dans l'histoire des guerres entre tribus. A voir le rôle qu'elle joue
dans l'Arabie ancienne et son effacement dans la société musulmane
moderne, on peut même se demander avec l'auteur si elle a gagné au
changement de religion. En fait, comme le montre la lecture du
Qoràn, Mahomet s'est efforcé d'adoucir son sort assez dur, malgré les
apparences, en supprimant le meurtre des petites filles enterrées
vives, dès leur naissance, dans certaines tribus, en limitant la poly-
gamie, en protégeant la dot, en mettant quelques entraves à la répu-
diation. Mais les mœurs, corrompues par la conquête du monde
oriental et méditerrannéen qui a développé intensément l'esclavage,
ont été plus fortes que les préceptes religieux interprétés, du reste,,
d'une manière intéressée et néfaste. En sorte qu'aujourd'hui, condam-
née au voile et à la réclusion et toujours exposée à se voir supplantée
dans son rôle d'épouse ou chassée du domicile conjugal, la femme de
l'Islam peut envier le sort de sa sœur d'Occident soumise aux lois
chrétiennes.
Avec le troisième chapitre, sur le culte du cheval et des armes, nous
trouvons des rapprochements intéressants et bien choisis entre des
passages de nos chansons de geste et des poètes arabes qui prouvent
un attachement égal, chez les guerriers des deux religions, pour leurs
montures et leurs armes : cuirasses, boucliers, lances, arcs et sabres.
Le quatrième, sur le culte de Ihonneur, est entièrement favorable
il la thèse de l'auteur qui montre bien que les huit articles principaux
— 204 —
de ce qu'on peut regarder comme le code ( jamais formulé ) de la
chevalerie ont été observés par les Arabes. Pour ceux qui étaient d'ordre
religieux, nous remarquons une égale obéissance aux commandements
sacrés et une même ardeur dans la lutte contre l'infidèle, ardeur qui
ne va pas sans magnanimité (Voir, par exemple, du côté musulman,
à la page 213, la superbe harangue du khalife Abou-Bekr aux soldats
d'Ousâma partant, en 632, pour la conquête de la Syrie. ). Pour les
autres, d'ordre proprement militaire, bravoure, fidélité à la parole
donnée, générosité et protection du faible, qui, sauf le premier, ont
été si odieusement violés par les Allemands et leurs alliés depuis 1914,.
les preuves abondent que disciples du Christ et sectateurs du Pro-
phète ont rivalisé dans leur application. Il est même difficile d'aller
plus loin que les seconds dans ce que l'auteur appelle la générosilé
de la main (p. 227-247). Qu'on lise aussi les admirables exemples de
protection d'un ennemi devenu occasionnellement un hôte (p. 276-
278).
Nul'doute, donc, que les Arabes ne soient une noble race, iNul doute
non plus, comme le reconnaît l'auteur dans sa conclusion, qu'ils ne
soient plus aujourd'hui ce qu'ils étaient autrefois, bien qu'ilscomptent
un x\bd-el-lvader dans leur histoire moderne. Mais la cause de leur
décadence n'est pas l'islamisme ; c'est surtout le régime turc établi
depuis la chute des Abbassides, malfaisant et destructeur et fausse-
ment islamisé. Sa chute est donc un bonheur pour l'Orient comme
pour l'Occident.
Telle est, brièvement résumée, l'œuvre de M. Wacyf BoutrosGhali.
Ecrite dans un style irréprochable et souvenf plein d'une poétique
émotion, elle prête peu à la critique d'un lecteur français qui voit ces
mots, dès la première page : « L'histoire de France... est le plus ad-
mirable roman de la chevalerie, qu'il ait été donné à un peuple de
réaliser )) et qui trouve souvent (et notamment à la page 216) le plus
magnifique éloge de notre bravoure.
Nous sera-t-il permis cependant de dire que l'auteur accepte parfois
trop facilement des faits reconnus aujourd'hui comme inexacts : par
exemple, la légende de Gerbert élève des savants arabes de Tolède,-
au x'' siècle ( p. 251 ) ? Nous voudrions aussi plus de précision dans
les références (Ex. : Marin, t. 11, p. 181 [note de la page 200|, pour
(llaude Marin, llisloire de Saladin, que nous trouvons, du reste, cité
plus loin tout au long) et plus de rigueur dans la transcription des
mots arabes ( Ex. : Moallakat, dans une note de la page 155, et Moal-
laqaal, dans une autre de la page suivante ; Tabaqualle al AUiba et
Tabagat al AUiba, notes 2 et 3 de la page 250).
Ces réserves n'enlèvent rien au mérite du livre de M. Wacyf Boutros-
Ghali. H, GUIÎKIN.
— 2o;i —
llecherche!i< Miir ({iiclques foiicf ioiiiiaireH royaux dos \II1* «t
XIV'' sièelos, originaires du («àtinais, par IIkniu Steih. Paris,
A. Picard et fils. 1919, in-8 de 211 p. — Prix : 7 fr. 5U.
Par ce livre notre savant collaborateur et ami ajoute un nouveau
titre à ceux qu'il s'est acquis déjà à notre reconnaissance ; il est au
premier rang de ceux qui mettent au service des travailleurs une in-
lassable activité et une vaste érudition. Autour des quatre-vingts et
<}uelques fonctionnaires royaux, tous du xiii« ou du iiv« siècle (sauf
un, qui est du xv" : Gilles d'Echainvilliers), il a groupé d'autres
membres de leurs familles, soit des mêmes siècles, soit d'époques
antérieures ou postérieures qui ont laissé trace dans l'histoire et dont
quelques-uns ont joué un rôle assez considérable, en sorte que le
titre choisi modestement par l'auteur ne répond pas pleinement au
contenu du livre qui offre au curieux une ample moisson de rensei-
gnements sur des centaines de personnages. L'érudition locale y pui-
sera naturellement à pleines mains ; mais l'érudition générale y trou-
vera aussi son compte.
Nous nous permettons de regretter l'absence d'une table qui aurait
facilité les recherches dans cette forêt de notes touffues (la seule table
est celle des fonctionnaires qui ont été l'objet principal des notices) ;
l'absence de cette table, nous le craignons, ne permettra pas de tirer
de ces recherches tout le parti possible.
Mais cela n'ôte pas grand'chose au mérite de M. Stein, qui a, che-
min faisant, identifié plus d'un personnage et rectifié plus dune
erreur de ses devanciers. Il serait bien souhaitable que d'autres pays
fussent aussi favorisés que le Gâtinais. Les études historiques y gagne-
raient singulièrement. E.-G. Ledos.
Fr. Luis de Léon y Fr. Diego de Zuniga, estudio histôrico-critîco
por el M. R. P. M. Fr. Conrado Muinos Sâe.nz. Obra iiôstuma precedida
de la necrologia del autor. El Escorial, adniinistracion de la « Ciudad de
Dios », 1914, in-16 de lvi-287 p. — Prix : 3 fr.
Cette œuvre posthume, à laquelle le vénérable auteur n'a pas pu
mettre la dernière main, qu'il n'a point pu soumettre du moins com-
plètement à une revision finale, n'en fera pas moins regretter amère-
ment la mort du savant religieux, l'une des lumières de ce monastère
augustin de l'Escurial, qui fait si grand honneur à l'Espagne par son
érudition et par son activité littéraire. Les hautes qualités scienti-
fiques du V. Muiiios Sâenz, qu'estimait à sa juste valeur un maître
comme Menendez y Pelayo, l'étendue de son érudition, la sûreté, la
sérénité, la finesse et la prudence de sa critique se manifestent comme
nulle part ailleurs dans ce volume où il éclaircit un point obscur et
troublant de l'iiistoire religieuse et littéraire du xvi« siècle.
— 206 -
Dans le procès intenté à l'illustre Fr. Luis de Leôn, en 1572, devant
l'Inquisition, un des témoins à charge contre lui qui se sont montrés
le plus âpres et contre qui lui-même a manifesté le plus d'indigna-
tion, est un de ses frères en religion, un augustin nommé Diego de
Zimiga ; et l'on voyait dans cet adversaire obstiné un écrivain qui.
sans avoir l'envergure de Fr. Luis de Leôn et sans avoir atteint sa
renommée, n'en mérite pas moins de compter parmi les gloires de
l'ordre et parmi les maîtres dont l'Espagne peut être fière, l'auteur
d'un traité de Vera religione, d'un ouvrage de philosophie dont la
première partie seule a été publiée, et de commentaires sur l'Écriture
sainte, notamment sur le livre de Job, qui méritent particulièrement
de retenir l'attention, parce que c'est le premier ouvrage connu où un
Espagnol prenne décidément la défense du système de Copernic.
Il y avait bien entre-.cet écrivain distingué et le Diego de Zûniga
du procès des discordances singulières, des données biographiques
divergentes et difficiles à concilier. Tout s'explique, tout s'éclaire
dans la docte étude du P. Muinos. Il y a eu à la même époque deux
Diego de Zûniga dans la famille augustinienne d'Espagne ; l'un
Diego Arias de Zûniga, c'est le philosophe et théologien connu ;
l'autre Diego Rodriguez de Zûniga, c'est le témoin du procès de
Fr. Luis de Léon, que l'on retrouve aussi comme délateur dans un
autre procès demeuré inédit, celui de Gudiel. Peut-être même y a-t il
eu un troisième religieux du même nom ; mais Don Muinos s'en tient
à ces deux-là, et il nous semble qu'il a raison.
Telles sont les conclusions générales de son travail, qui abonde
d'ailleurs en renseignements curieux et utiles sur l'époque.
Le P. P. B. Fernândez a réuni en tête du volume quelques données
biographiques et quelques jugements élogieux sur son saint compa-
gnon, empruntés pour la plupart à des articles de journaux et de
revues à l'occasion de sa mort. E.-G. Ledos.
Les Dernières Années de Turenne, 1660-1675, par Camille-
Georges PicAVET. Paris, Calmann-Lévy, s. ci. (1919). in-8 de vni-5l3p.
— Prix : 7 fr. 50.
Le Turenne des dernières années est le plus original et le moins
connu. M. Picavet n'a pas voulu faire un livre d'histoire militaire
proprement dite, et, tout en insistant sur Turenne général d'armée
ou conseiller en matières militaires, il a cherché surtout à mettre en
lumière l'homme d'Etat, le conseiller du Roi,- sa conversion au ca-
tholicisme et les rapports de Louis XIV et de ses ministres, à partir
de 1061, avec Turenne. La situation de Turenne, à celte époque, est
éminente ; il est maréchal général des camps et des armées du Roi, il
appartient à la famille des Bouillons et se pare du titre de « prince
— 207 -
élrangfr » ; il a. ou Kuiojjo, des alliances priiicièics el il eslcii France
le plus illustre représenlaul de la religion piotcslanle. Mazarin, dont
il fut le principal général dans les dernières années de la Fronde,
l'emploie également aux affaires diplomatiques et l'ignorance où cha-
cun est des aptitudes et du caractère du jeune Louis \IV, ouvre à
l'ambition de Turenne les plus grandes espérances ; la rentrée en
grâce de Condé est trop récente pour que Turenne puisse redouter de
rival sérieux. Mais Turenne est désappointé de n'être pas appelé au
ministère par Louis \1V en IfiGl. et, dans le procès Fouquel, il suit
avec intérêt les efforts que font financiers et gens de robe pour arra-
cher le surintendant aux haines tenaces de ses adversaires. M. l'icavel
a démêlé avec une raie sagacité les raisons de la conduite changeante
de Turenne et après l'exposé, si heureusement agencé de la position
de Turenne à la Cour, en F'rance et en Europe, c'est un chapitre d'ana-
lyse psychologique qui nous permet d'apprécier les qualités du jeune
historien ; dans la sèche documentation il sait retrouver la vie et
faire leur part aux influences mondaines, sociales et politiques. Nous
le constatons aussi dans le chapitre de la réorganisation de l'armée
royale : les premiers rapports de Turenne et de Louvois sont présen-
tés sur faits précis ; M. Picavet tend à poser ses personnages dans
eur véritable caractère. Turenne travaille plus officieusement qu'of-
ficiellement ; de 1060 à 1672, c'est en politique extérieure que son ac-
tivité s'exerce d'une façon variée et continue par une féconde et in-
time collaboration avec Lionne et Louis XIV. 11 est admirablement
utilisé par le jeune roi et M. Picavet donne de Turenne. homme
d'État, ce jugement : (( Les qualités de Turenne comme homme
d'État sont celles-là mêmes dont il a fait preuve sur d'autres terrains,
la prudence, l'information, l'absence de parti pris et de sympathie
exceptionnelle pour telle ou telle nation, le sens aigu de l'opportunité
et l'on dirait même la précision si elle était conciliable aACC l'habituelle
obscurité de Turenne. Tout au plus peut-on ajouter que Turenne, en
politique comme à la guerre, a plus nettement la conscience des
moyens de détail à employer que celle des fins dernières. »
Aussi ne s'étonne-t-on pas de la toute-puissance du maréchal pen-
dant la campagne de 1667 ; elle se termina cependant pour lui par
une éclipse d'influence dont profitèrent Condé et les ministres Col-
bert et Louvois ; M. Picavet explique ingénieusement les raisons de
cette diminution de l'autorité de Turenne et cela lui permet de prou-
ver quelle connaissance profonde il a des événements et des hommes
du xvii" siècle. Le chapitre YI, la conversion de Turenne, est l'étude
d'un cas de conscience. Pourquoi Turenne s'est-il converti en 1668?
Quelles sont les raisons de cet acte grave? Fut-ce politique, ambition,
conviction? M. Picavet qui possède la psychologie de son Turenne
— 208 —
plus que n'importe quel autre historien, a écrit sur cette conversion,
l'un des meilleurs chapitres de son livre ; il a analysé avec un goût
éclairé les faits, les raisons, les personnages et les livres qui déci-
dèrent Turenne à changer de religion ; son argumentation serrée,
abondante et multiple, comme celle d'un tliéologien nous amène à
ne pas douter de la sincérité de l'acte religieux que fit Turenne. La
guerre de Hollande et les campagnes d'x\llemagne de 1672 à 1675
rendirent à Turenne la place qui convenait à son génie militaire.
M. Picavet détermine le rôle de Turenne dans ces grandes guerres ;
bien qu'il ne s'étende pas sur l'histoire des opérations, il nous fait
suivre au jour le jour le développement prudent des idées et de la
tactique de ce grand temporisateur, dont les succès furent si brutale-
ment interrompus par la mort. Ayant ainsi montré son héros dans
tous les domaines d'une activité qui semble s'accroître avec l'âge.
M. Picavet conclut : « Turenne ne perd pas à être connu de près, étu-
dié dans ses écrits plus encore que dans ceux des autres ; en gagnant
en précision et en réalité historique, sa physionomie nous a paru
acquérir en même temps une valeur individuelle et une valeur d'hu-
manité supérieures. » G. P.
L'Amiral de Grasse, par le chanoine Max. Caron. Paris, Téqui, 1919,
in-12 de xv-277 p., avec grav. — Prix : 4 fr. 50.
Cet ouvrage procède d'un très honorable sentiment. Montrant ce
que nous avons fait pour l'Amérique, il rend hommage à la recon-
naissance qu'elle nous a magnifiquement témoignée. Mais, à vrai dire,
quatre chapitres sur quinze (« les origines d'un grand peuple, le
réveil de gloire, la civilisation en péril, l'Amérique se souvient
magnifiquement de ses libérateurs »), n'ont rien de commun avec
une biographie de l'amiral de Grasse. Et quant à la documentation,
je doute qu'on retrouve facilement une lettre de Washington à l'ami-
ral de Grasse, avec cette seule référence : « Aux Archives de la Biblio-
thèque nationale » (p. 109). Ce qui manque totalement, c'est une
liste des archives de l'amiral et de son escadre, dispersées partout :
aux Archives nationales, au service hydrographique de la Marine et,
si mes renseignements sont exacts, aux États-Unis, dans la famille de
ses descendants. Ce que M. le chanoine Caron a exhumé avec beau-
coup d"à-propos, c'est la tombe trop oubliée de l'amiral au château
de Tilly en Seine-et-Oise. Des gravures nous font connaître le lieu
charmant où s'éteignit François-Joseph-Paul comte de Grasse de Rou-
ville, des comtes et « princes souverains d'Anlibcs, marquis de
Tillv. » Ch. de la Koncière.
— 209 —
3.H Itibliolhèque de riJnivci-sité «le Loiivaia. l03Ci-n>|^ par
Ed. ni; MoiucAL-, S. J. Lo.iv.'.in, Fonleyn. lîMS. i„-8 d,. ,v-l |:{ „ 'avec
4 pi. <'l 2 plan.s.
Q(ia,Kl les troupes tl.i Kaiser eurent réduit en cendres la biblio-
tli.-quo de la fameuse Université catholique de Louvain, il s'est trouvé
eu Allemagne des érudits pour déclarer datis le Centralblall fur Di-
bludliekswesen (la première revue d'Allemagne et l'une des plus connues
du monde en matière de bibliothèques), qu'après tout la perte n'était
pas grande et que la collection disparue n'avait qu'une médiocre va-
leur. Il n'y avait pas seulement là de l'impudeur mais aussi une igno-
rance du sujet ou une mauvaise foi qui ne sont pas à l'honneur cîe la
science allemande.
Pour se convaincre du contraire, il suffira de lire la très intéres-
sante notice, rédigée « dès les débuts de l'occupation allemande .. par
le P. deMoreau, il suffira de parcourir les listes qu'il donne d'une
partie des manuscrits, des archives et des incunables détruits. L'on
verra que des trésors inestimables ont été livrés aux flammes, et l'on
comprendra l'exclamation du savant auteur: « Refaire la bibliothè-
que de Louvain ! Qui donc lui rendra — et je ne parle pas ici des ma-
nuscrits, des archives et des incunables — qui donc lui rendra sacol-
loclion académique, les œuvres complètes, souvent annotées par eux,
de tant de professeurs... ? qui lui rendra ses unica, ses rarissima, en
très grand nombre ? Qui lui rendra ses in-folio de mathémathiques,
de médecine ancienne, de théologie, de droit canon, d'histoire, de
patrologie... ?... Qui lui rendra ces virulents pamphlets, aux gravures
grotesques et truculentes, que les Luthériens opposaient aux Lova-
fiienses... ?... On ne refera pas la bibliothèque de Louvain. parce que
la bibliothèque de Louvain s'est /a«7e au jour lejour. en même temps
que se faisait l'histoire de l'Université, dépendamment d'elle, et que
cette histoire-là ne se refera pas. Mais qu'on fasse à l'Université une
bibliothèque nouvelle. C'est mon ardent souhait. »
C'est aussi le nôtre et nous savons qu'en France comme ailleurs on
s'est préoccupé de cette œuvre de juste réparation. E.-G. Ledos.
Ih.ntoii et la paix, par Albert Math.ez. Paris, la Renaissance du livre
s. d., in-18 de vhi-263 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Albert Mathiez n'a pas pardonné à Danton d'avoir été mis en
parallèle avec Robespierre et de lui avoir parfois été préféré. Il pour-
suit avec persévérance son réquisitoire contre le tribun dont la lé-
gende s'inscrit sur l'une des faces du bloc révolutionnaire.
Dans de précédents ouvrages, il a dénoncé l'intrigant sans scru-
pules dont le trop rapide enrichissement était pour le moins équi-
OcTODUE 1919. X CXLII. 14.
— 210 — '
\oque ; autre pari, il a stigmatisé l'associé des métèques véreux avec
lesquels il était enchaîné par les liens d'une mystérieuse complicité.
Cette fois, c'est au patriotisme de Danton que M. Mathiez s'attaque :
au moment où la coalition menaçait l'existence de la République et
peut-être celle de la France, un parti trahissait la cause nationale en
essayant de jeter le découragement dans les rangs de ses défenseurs ;
les défaitistes et les pacifistes de 1793 réclamaient une paix immé-
diate, dût-elle être bancale et périlleuse et ils s'agitaient autour de
Danton ; ils profitaient des subsides qu'il ne savait pas leur refuser,,
se couvraient de sa protection, vivaient de son prestige ; ils ne ca-
chaient pas qu'ils auraient un jour pour chef l'homme puissant à qui
sa tonitruante éloquence et ses hardiesses verbales avaient fait la ré-
putation d'un meneur de peuples. Danton, exploitant son brevet de
patriote, avait cru pouvoir se mêler à des négociations suspectes dont
l'aboutissement fatal était une paix déshonorante. A ce jeu, Danton
gagna de porter sa tête sur l'échafaud. Si son procès ne fait pas plus
explicitement état de ses compromissions avec les ennemis de la pa-
trie, c'est que certaines révélations avaient été procurées par des
moyens que le Comité de salut public ne crut pas devoir divulguer.
Telle est la thèse de M. Mathiez, soutenue avec la profonde érudi-
tion et la logique passionnée dont cet historien s'inspire. Il n'est pas
possible de ne pas transposer quelques-unes de ses pages au cœur de
notre époque, alors qu'un autre politicien a essayé de trafiquer de
l'honneur de son pays et a noué au dehors des intrigues d'où il espé-
rait tirer la satisfaction de ses instincts dominateurs. On a souvent
parlé des « recommencements de l'Histoire » ; il se pourrait que
nous en trouvions un ici et des plus significatifs. P. Pisani.
Force au droit. Le Problème d'Alsace-Lorraliie, par H. Maringeh.
Paris, Berger-Levrault, 1913, in-12 de xx-341 p. — Prix : 3 fr. 50.
Pourquoi faut-il que des conclusions inattendues et qui appellent de
sérieuses critiques viennent déparer un volume qui dans sa majeure
partie est un chef-d'œuvre de perspicacité politique ? A en lire la pre-
mière partie aujourd'hui, après la victoire française, après le retour
triomphal de l'Alsace-Lorraine à la France, il faut un effort de
pensée pour y voir une étude écrite avant la guerre sur les causes et
des facteurs de la guerre et non un simple exposé de la suite des évé-
nements telle que l'histoire l'a enregistrée. Toutes les raisons pour
lesquelles la guerre était inévitable sont écrites dans ces pages : rai-
sons politiques, économiques, psychologiques. La question d'Alsace-
Lorraine les domine toutes : question d'honneur et de droit qu'en
vain des maladroits ou des criminels avaient tenté de faire oublier.
L'auteur a prévu cependant, comme s'il avait lu dans l'avenir, que la
— 211 —
France ne se lancerait dans la guerre qu'à l'occasion d'un connit
(Tordre griiôral et que la guerre serait déclenclu'e par l'AlIrmagne,
("lie- même.
Mais l'ambiance était si déprimante en 1913 (jue l'auteur, tout en
(Jéclarant la paix impossible, n'a pas cru pouvoir se dispenser d'envi-
sager des solutions pacifiques de la question d'Alsace-Lorraine :
échanges de territoires, compensations de toute nature à accorder à
l'Allemagne si elle abandonnait la terre d'Empire. Sans doute l'au-
teur proclame à plusieurs reprises que ce sont là des chimères. Ces
regrettables chimères n'en ont pas moins existé dans beaucoup d'es-
prits et ont eu de fâcheuses répercussions. Pendant la guerre même,
il fut un temps où des pessimistes honteux envisageaient la fin du
conflit par im compromis qui aurait rendu l'Alsace et la Lorraine en
tout ou en partie à la France moyennant la cession à l'Allemagne de
telle ou telle partie de nos colonies. Ce fut le moment où on comnjit
la maladresse de déclarer que la France ne se battait que pour l'Alsace-
Lorraine ; et cette déclaration ne fut que trop soigneusement enregis-
trée par ceux qui, à la Conférence de la paix, devaient marchander avec
succès les réparations et les garanties territoriales nécessaires à la
France. L'erreur, cause initiale de ce désastreux résultat, a été de ne
pas voir que la lutte engagée ne comportait pas, en raison de ses
causes profondes, d'autre issue que la défaite totale d'un des deux
partis.
La perspicacité de l'auteur est encore tout à fait en défaut dans la
solution qu'il préconise après une victoire française : il souhaite que
la France fasse le sacrifice de l'Alsace dans l'intérêt d'une paix défini-
tive et propose la création d'un État-tampon comprenant la Prusse
rliénane, le Palatinat... et l'Alsace I
Malgré son profond patriotisme, il avait subi linfluence de cette
abominable campagne qui, pour écarter la guerre, méconnaissait
systématiquement les sentiments de l'Alsace pour la France. Quelle
réponse l'Alsace a faite aujourd'hui à ceux qui l'avaient supposée
capable d'oublier la patrie ! Et quelle solution apparaîtrait comme
plus inique que celle d'avoir condamné cette province, plus ardem-
ment française qu'aucune autre, à servir de champ clos aux influences
rivales de la France et de l'Allemagne !
Enfin, et comme conséquence de l'erreur qui précède, l'auteur
repousse, toujours dans l'intérêt de la paix définitive, la solution qu'il
reconnaît la plus simple et la plus naturelle et qui eût consisté à repor-
ter totalement la frontière française au Rhin. C'est hélas ! l'opinion
qui a prévalu dans les mystérieuses tractations de la Conférence de la
•paix. Ici il est plus excusable qu'en ce qui concerne l'Alsace, car il
écrivait avant la guerre et pouvait ne pas prévoir ni l'effondrement
— 212 —
total fie l'Allemagne ni la facilité d'un rattachement, sinon d'une
annexion des provinces riiénanes qui eut été pour la France la seule
compensation eiïicace à ses pertes. -Pourquoi faut-il que l'opinion
française ne se soit pas impérieusement dressée pour exiger cette trop
légitime compensation P N'avail-elle pas, elle aussi, le droit d'avoir
une volonté? Mais ce n'est pas à la chimère d'une paix définitive avec
l'Allemagne que le sacrifice de celte compensation a été fait. Ceux qvie
hantaient la crainte d'une France trop forte ont trouvé une aide regret-
table dans une opinion publique mal préparée à la victoire et aux so-
lutions victorieuses et qui n'a pas su vouloir.
Enfin une dernière critique s'impose : la forme est un peu négligée
€t tient plus de l'article de journal que du livre de haute politique.
Mais pas plus que les autres défauts de l'ouvrage, celui-ci ne lui ôte le
très grand mérite d'être, quant au fond, un des meilleurs exposés de
la question d'Alsace-Lorraine telle qu'elle se posait en 1913.
Eugène Godefroy.
La France éternelle, par Gustave Rodrigues. Paris, Alcan, 1919, in-i8
de ni-3i6 p. — Prix : 3 fr. SO.
« Apprendre la France et l'apprendre à la fois aux Français et aux
étrangers, telle est bien l'une des tâches les plus essentielles de
l'heure présente... Tel est le but de ce livre : un effort modeste et sin-
cère pour mettre en lumière les grands traits de notre pays, un désir
de le rendre familier à ceux qui, d'instinct, sympathisent avec lui,
■qui en ont la curiosité, qui eu subissent l'attraction ».
Nous pouvons dire que l'auteur u réussi — eu grande partie au
moins. 11 étudie tour à tour le milieu : l'histoire, la province, Paris ;
l'individu : l'intelligence française, la sensibilité française, l'énergie
française ; puis la société : la famille, la vie politique, la vie reli-
gieuse et morale, la France et le monde. Et dans ces études, écrites
avec un amour passionné, l'auteur, sans dissimuler nos faiblesses,
exalte nos vertus et met dans un relief puissant plusieurs des traits qui
rendent le caractère français si sympathique et qui permettent à la
FraTice de tenir dans le monde une si grande place. 11 y a beaucoup
de finesse dans son analyse psychologique, et il montre fort habile-
ment que la France, pays des contradictions : physiques, psycholo-
giques, morales, a su Ion résoudre par son histoire et les fondre dans
une harmonie singulière. On pourrait relever dans ce livre plus d'un
trait i)iquant, plus d'une phrase qui semble paradoxale et qui, au
fond, énonce une vérité.
Juste et vrai dans l'ensemble, le portrait qu'il nous présente a
néanmoins des lacunes et des erreurs. Il y a quelque e.xagération à
refuser à la France tout génie poétique. Dire que le Fran(;ais est inca-
— 2\:\ —
pable (le mysticisme, c'est oiibliei ciue la France est le pays de S. lier-
Tiarrl — pour ne pailei' que de celui-là — l'un des plus grands et de»
plus beaux génies mystiques qu'ait produits le christianisme. 11 n'est
pas plus juste de dénier à nos compatriotes l'esprit inétaphysifpje.
D'ailleurs, malheureusement, M. Hodrigues. qui semble l'un des
apôtres de cette folie déshonorante de la religion de l'humanité,
témoigne d'une ignorance et d'une inintelligence regrettables des
choses religieuses.
Sur d'autres points encore — ce qu'il dit par exemple du syndica-
lisme en France, — il y aurait bien des réserves à faire sur ses asser-
tions. Mais le livre n'en mérite pas moins d'être lu, il se lit avec un
léel plaisir et il laissera une forte et vive impression sur l'esprit du
lecteur. E.-G. Ledos.
Itellfjion. Famille. Pairie, par Mgr GibiKn. Paris, Téqui. IlilO, in-lî
de xxvi-462 p. — Prix : 3 fr. 50.
Mettre en lumière les raisons d'aimer et les moyens de servir la
patrie, y a-t-il, quand cette patrie est la France, beaucoup d'aussi
hautes tâches ? Mais pour traiter un pareil sujet sans lui être par trop
inférieur, il faut avoir tonte l'ouverture, toute l'élévation d'esprit de
Mgr Gibier. Nul ne fait mieux sentir comme on peut aimer à la fois
la France d'aujourd'hui et la France d'hier, dans toute la continuité
de sa merveilleuse histoire. Et son patriotisme est agissant. 11
s'attache à nous montrer comment il faut travailler, avec patience et
confiance, à constituer une Fi-ance organisée, une France vivante,
une France rayonnante, une France unie, une France catholique. Un
programme aussi vaste comporte naturellement bien des rappels de
notions sommaires d'économie sociale et de droit civique. Mais ce
guide autorisé nous offre tout autre chose que de vagues généralités.
Il trace une direction à suivre lorsqu'il invite les Fran(;ais, autour de
l'idée de patrie, à s'unir sur le terrain du droit commun, dans la
pratique du respect mutuel. 11 indique comment, n'ayant plus l'unité
leligieuse, nous pourrions du moins avoir la pacification religieuse.
On ne sera pas surpris que certaines pages de l'éloquent prélat aient
l'allure un peu oratoire ; mais il en est d'autres qui. dans leur pré-
cision et leur simplicité, sont des modèles de finesse et de lucidité,
telles, par exemple, celles qui sont consacrées aux lâches modestes
(p. xxi) ou aux familles stables (p. 175 et 17G). Dans le texte de
Mgr Gibier s'intercalent, sans disparate ni surcharge, d'abondantes
citations. Les plus nombreuses me paraissent empruntées à Lacor-
daire et à Bossuet. Une seule est tirée de Xewmai;, bien belle en sa
concision : <( On ne peut rien faire de grand sans la France, n
Baron Angot ues Rotocrs.
— 214 —
La Femme devant les urnes, par Marguerite-Augustiih Féuaud, avec
préface de Georges GoYAU. Paris, Perrin, 1919, ia-12 de xii-206 p. —
Prix : 3 fr. 60.
Bien des personnes ont de la peine à accepter l'idée du vote politique
des femmes, bien des gens sont tentés de dire, comme disait le pape
Pie X : (( Le suffrage des femmes, il ne nous manque plus que cela ! »
Mais la question n'est plus maintenant de savoir s'il faut l'approu-
ver. Le suffrage des femmes est dans la logique du suffrage universel ;
il s'imposera bientôt, et il faut s'y préparer : tel est le sens du livre de
M"" Féraud. Il est bien vrai que les femmes ne sont pas faites pour
la vie publique ; c'était l'idée romaine et c'est aussi l'idée chrétienne.
Mais, d'autre part, les femmes ne sont pas moins intéressées que les
hommes à la bonne marche des affaires publiques, et quand tous les
hommes, sans exception, sont appelés à y participer, il est injuste de
ne pas dormer le même droit aux femmes. Le suffrage universel sans
le vote des femmes est un mensonge. Je sais bien qu'on pourrait
trouver une conciliation entre ces idées contraires dans le vote fami-
lial, qui accorderait au père de famille le droit de voter pour sa
femme et pour ses enfants ; mais, même dans ce système, quand le
père a disparu, la mère survivante doit pouvoir voter elle-même
aussi au nom des enfants dont elle a la garde. Quoi qu'il en soit, si
la loi doit appeler bientôt les femmes françaises devant les urnes
électorales, M"" Féraud les invite éloquemment à ne pas faire les
dédaigneuses, à ne pas hésiter à sortir de leur tour d'ivoire pour
venir déposer leur bulletin de vote. Jamais peut-être elles n'auront
eu une si bonne occasion de servir, non seulement leur pays, mais leur
famille, leurs croyances, tout ce qui leur est le plus cher. M'"" Féraud
leur démontre que ce sera là vraiment pour elles un devoir ; elle leur
explique comment leur intervention pourra contribuer à améliorer
l'administration communale d'abord, puisque vraisemblablement
c'est le vote pour les élections municipales qui leur sera accordé le
premier, puis déjà par ce moyen comment elles pourront exercer
une légitime et heureuse influence sur le gouvernement général du
pays. Au lendemain de la grande épreuve que vient de traverser la
France, au milieu du désarroi général qui en est la suite, il est bon
que des voix s'élèvent pour montrer à tous les nouveaux chemins à
suivre ; M"^^ Féraud a bien fait de se donner ce rôle à l'égard des
femmes françaises, et il faut souhaiter, avec M. Georges Goyau, que.
«'étant faite maîtresse des novices pour les futures électrices, elle ait
beaucoup de disciples. M. L.
L.e Général de Charette, par Jacques dk la V.we. Paris, Hloud et Gay,
1918, in-8 de xvu-534 p. — Prix : 5 fr.
Jacques de la Faye. à qui l'on doit une remarquable biographie du
général de Sonis. a estimé que le général de Charette était suffîsam-
— 2!5 —
•jiient entré thins l'hisloiie pour qu'on pût consacrer à sa uunnoiro
«itie étude documentée. Tous ceux qui ont connu le catholique for-
vent, le royaliste convaincu que fut Cliarette sauront gré à l'auteur
d'avoir, de façon si ressemblante, dessiné sa mâle figure et rappelé les
étapes de sa glorieuse carrière.
Dans une Préface qui porte l'empreinte de sou noble cœur et de
son exquise sensibilité, le cardinal de Cabrières a ainsi esquissé la
silhoueltede Charette à di.x-huit ans : « Au milieu de ses cinq frères et
de ses trois sœurs, Athanase se distinguait par une physionomie mo-
bile ; mais à l'expression caressante de ses yeux bleus succédaient,
par moments, des éclairs de fureur ou de dédain. Tout fermentait en
lui. et rien de médiocre ne sommeillait dans sa nature ardenle"et paa-
sioimée. Mince et élégant dans sa taille, souple et vigoureux dans tous
ses membres, il grandit en se demandant où il pourrait apprendre le
métier des armes, et où il se préparerait pour la guerre. » (p. vi).
Descendant du héros vendéen fusillé en 17Û0 à Nantes sur la place
<le Viarmes, Charette n'envisageait d'autre carrière que celle des armes.
Son épée, son dévouement, il les offrit à l'Église, gardienne de sa foi,
dont Pie IX était le Chef, et à la cause monarchique que représentait
avec tant de noblesse M. le Comte de Chambord. Et jusqu'à son
dertiier souffle, fidèle aux enseignements et aux exemples de ceux de
sa race, il servit son Dieu et son Roi.
Les États pontificaux et le royaume de Naples étaient menacés par
les bandes garibaldiennes. Le général de Lamoricière avait accepté de
commander l'armée pontificale, Athanase de Charette fut un des pre-
miers à s'enrôler dans la légion franco-belge qui, transformée, devint
le régiment des zouaves pontificaux.
Utilisant l'ouvrage documenté de M Bittard des Portes (Histoire
des zouaves pontificaax), J. de la Paye a rappelé la formation, l'ins-
Iruction, le développement de ce vaillant corps de volontaires qui
versa si largement son sang sur les champs romains de Castelfîdardo
ol de Mentana, et, après avoir bataillé pour le pouvoir temporel du
Saint-Siège, défendit contre les Allemands la France envahie et par-
ticipa glorieusement aux batailles de Loigny et du Mans.
Si le traité de Francfort qui mutilait notre patrie, terminait la
carrière militaire de Charette, elle ne mit pas fin à ses services. Nommé
général au titre auxiliaire par le gouvernement de la Défense nationale,
il reporta modestement sur son régiment l'honneur de cette promo-
tion et voulut que ce corps d'élite demeurât constitué comme une
grande famille, où le culte de Dieu et de la Patrie ne cessât d'être
pratiqué. Élu membre de l'Assemblée nationale par le département
■des Bouches-du-Rhône, il déclina ce mandat, n'ayant, disait-il, ni
goût ni aptitudes pour la vie parlementaire.
— 216 -
En politique, il suivit toujours la ligne droite tracée par ses convic-
tions. Il se réjouit de la « Fusion » qui ramenait l'harmonie et l'unité
dans la Maison de France ; il n'hésita pas, après avoir assisté aux
derniers moments du Comte de Chambord, à reconnaître les droits
du Comte de Paris. Plus avisé que d'autres catholiques ardents, il ne
fut jamais tenté de s'engager dans les voies du Halliemeiil et du Bou-
langisme. Il fut pour Mgr le Duc d'Orléans un conseiller prudent et
sûr, et, quand il s'éteignit doucement à la Basse Motte, les yeux fixés
sur la bannière do Loigny, un hommage unanime et fervent s'éleva
de toutes parts pour exalter ce fidèle et glorieux soldat du Pape et du
Roi.
Un grand nombre d'erreurs typographiques se sont glissées dans
l'ouvrage de J. de la Faye. J'en signale quelques-unes qui pourront
être corrigées dans une nouvelle édition que je souhaite prochaine :
Page 81, il faut lire L. de Meurville au lieu de Mensville : page 38r>,
il faut lire drapeau de Carillon au lieu de Corillan ; page 409, Casta-
gnavizza, au lieu de Coslagnavizya ; page 471, baron de Fonscolombe
au lieu de marquis de Foscolombe ; page 488, M. Jenouvrier, séna-
teur, au lieu de Jenoiirier.
Signalons aussi page 18, ligne 4. qu'il faudrait écrire : « permettez
que je les voie » et non que je les vois, et page 464, que la personna-
lité nommée en note représentait non le Roi, mais le comité central
des Jeunesses royalistes de France, à la célébration du centenaire de
Charelte en 1896. Roger Lvmbeli.x.
Emile Ollivier, sa jeunesse d'après son journal et sa correspon-
dance, par Marie-Thérkse Ollivier. Paris, (îarnier, 1919, iii-18de 311 p.
— Prix : 4 fr. 55.
L'incontestable talent d'Emile Ollivier et son action politique puis-
saute ont été gâtés, aux yeux de beaucoup, par sa confiance en lui-
même et la sincérité presque naïve d'un orgueil démesuré. Il a du
moins su' inspirer à ses amis, à son entourage, ce même sentiment
adniiratif ; ceux qui l'approchèrent de plus près l'ont le plus loué.
C'est un témoignage quia son prix. Cette biographie de sa jeunesse
porte au plus haut pointcette marque d'enthousiasme sans mélange.
Cette sérénité dans l'éloge désarme la crilique ; pour impressionner
le lecteur elle s'appuie d'ailleurs sur d'éloquents documents. Lettres,
journal intime, constituent cette doctimenlalion saisissante et nul
n'échappera au charme de leur communicalion. D'un autre côté l'im-
partialité et la justice historique commandent des réserves et on ne
peut oublier leurs droits. Il y a dans ces pages une surabondance de-
pensées, un débordement de vie. Tout y est sincère, loyal, si eu reli-
gion, en philosophie, beaucoup de choses y sont fausses, beaucoup
— 217 —
de pensées prioii»'ps. Elles découlent en partie de l'édiicalion plus
qd'étiangc donnée par un père tout à fait singulier, démagogue illu-
miné, chimérique, égoïste, bîutal, plus ou moins inconscient de ses
devoirs de famille et les suborflonnanl aux utopies de son parti. —
Le jeune Kfiiile Ollivier, en tout précoce, jeté à vir)gt ans dans la vie
sociale et politique y joua son rôle avec une merveilleuseavidace et un
talent impressionnant, une force de caractère peu commune, une vo-
lonté digne d'admiration. Ses débuts fameux à Marseille, après la Ré-
volution de 1848, son éloquence, son entrée au barreau, son activité
intellectuelle présentent des épisodes très intéressants. Le « roman » de
sa jeunesse est extraordinaire comme tout ce qui marque sa carrière
sentimentale. politi(pie, familiale, artistique. Avec une délicatesse
émue cet épisode intime est traité par une plume respectueuse.
Il conviendrait de retenir des descriptions de voyages dans cette
Italie qui lui était une patrie presque autant (pie la France : Venise
(p. 230) ; Florence (p. 233) ; Rome (:274). Parmi les traits historique»
à noter, on peut placer de curieux détails sur la mort de La Mennais
(p. 242-244), encore que l'admiration débordante d'Emile Ollivier
pour le vieux lutteur (peut-être trouvait-il dans cet orgueil indomp-
table 1111 modèle ?) lui fasse inteipréter singulièrement certaines pa-
roles jusqu'ici acceptées dans un sens fort différent. Tout cela est
plein d'intérêt en soi, très vivant, très émouvant, et on ne peut se dé-
fendre d'une sympathie au moins littéraire pour cet esprit cultivé,
ardent, éloquent, brûlant de passion sous son ciel du Midi. Le bio-
graphe a gagné son procès auprès du lecteur en ce qui concerne le
personnage; l'historien impartial maintiendra ses restrictions sur les
théories et les doctrines. G. de G.
Une Ame d'artiste. Rot/er Durey. Paris, Téqui : Toulouse. Privât,
1919, in-16de 273 p.
C'est un reflet de vie de saint qui éclaire les chapitres variés de ce
livre. L'auteur anonyme est, à coup sûr, un ami, un confident, à
plus d'un égard un émule. Il nous conte le retour à Dieu, après de
successives et ascensionnelles étapes, d'un fils de ce Midi «. anticléri-
cal », et dont l'enfance ou la jeunesse ne furent pas orientées vers
la religion.
Étudiant à l'École des beaux-arts, à Toulouse, Roger Durey, que lo
sens de la souveraine beauté guidait et gardait, subit pleinement,
peu à peu, quelques discrètes influences amicales ; elles le mettent
sur la voie d'un prêtre, éminent par sa \ertu et son tact auprès des
milieux jeunes, l'abbé L. Chatelard. héroïque victime de la guerre.
De l'Association des étiidianls callioliques, — dont le milieu est ici par-
faitement étudié ainsi que le rôle joué là par Durey, d'abord néophyte.
— 218 —
puis, à son tour, instructeur, — l'artiste s'acheminera vers les pers-
pectives du sacerdoce et ensuite celles de la vie monacale. C'est à ce
parti qu'il se décide. Après un voyage en Espagne, en compagnie du
R. P. abbé de Sainte-Marie du Désert, Roger Durey entre dans ce mo-
nastère cistercien, situé au cœur de la Gascogne où il répand le bien-
fait de son agriculture exemplaire et surtout l'influence d'un exemple
autrement plus haut et méritoire. Ce ne sera pas sans difficultés,
pour Roger Durey, qui, voué sans retour, surmonte généreusement
chaque obstacle et se repose enfin dans l'austère labeur de la vie de
la Trappe, où il lui est loisible, selon la règle, d'exercer encore son
art très cher, la peinture, où il excelle, avec des idées très person-
nelles, un sentiment très élevé de la mission de l'artiste, et de la va-
leur esthétique ou éducatrice de l'art chrétien.
On est frappé au coirrs des pages, où l'on voit aisément que la
formation classique a trop manqué, au début, à cette âme d'artiste,
combien elle rachète cette lacune par une intuition surprenante des
choses de l'art et de l'esprit, combien elle sait avec goût s'assimiler,
pour son bien et le nôtre, la leçon des observations et des lectures,
des œuvres de maîtres et des paysages choisis.
Peut-être, à la haute sincérité qui anime les nombreuses lettres,
citées ici, du jeune converti se mêle-t-il un accent d'exclusivisme en
faveur de sa chère vie monacale, accent dont il convient de louer la
})aule inspiration, sans prendre à la lettre quelques traits du reste
assez fréquents dans les premières impressions d'un novice cloîtré.
Hâtons-nous de noter, par contre, et de souligner quelle influence
•conquérante émane de ces pages sur qui s'étend, victorieuse, l'ombre
aimée de la Croix.
A cette ombre lumineuse l'oblal, dont la santé laissait depuis long-
temps à désirer, s'endort très doucement, dans le cadre et avec au-
tour de lui le chœur des oraisons cisterciennes, que son âme avait
souhaitées.
Quant au biographe, assurer qu'il fut diligent, impartial, pénétrant,
sans qu'il se soit défendu, certes, d'être par le sujet même amicale-
ment édifié, ce sera, tout juste et à peine, dire le bien qu'a fait el
fera partout, avec aisance, élévation et mesure, son livre édifiant et
attrayant. Louis Théron de Montauoé.
Vno l-'einm<>dc diplomate un Mexique pendaiil la dramatique
période du H octobre lî)lll au tiii avril lîM't, par Edith
O'SiiAUGiiNESSY ; traduction de E. Ai-ttah. l'aris, IMoii-Noiitiil. 1!M8, in-
Hi de n-344 p. — Prix : 4 fr. 50.
Le volume dont on vient de lire le titre n'est pas tant un livre de
voyage (pi'un livre d'histoire ou plutôt encore un recueil de notes
— 219 —
relatives à l'histoire des relations du Mcxifiue et des filals-L'iiis. Son
auteur est une femme qui, au jour le jour, écrivait à sa mère et la
tenait au courant des moindres faits susceptibles de l'intéresser, lui
communiquait ses impressions propres, afin de la faire, le plus pos-
sible, vivre de sa vie. Le plus souvent, une correspondaticc de ce
genre n'a d'int6rêt (ou plutôt semble n'en avoir) que pour celle à qui
■elle est adressée ; parfois, elle peut, au contraire, intéresser tout le
monde, par suite des événements qu'elle relate et des personnages
■dont elle parle. Tel est le cas pour les lettres que vient de traduire
M""" Altiar. Elles ont été écrites de l'ambassade américaine à Me.vico,
€n un temps particulièrement grave, par la femme du diplomate qui
<lut, après de longues semaines d'elTorts pour établir une entente
entre le gouvernement de Victoriano Iluerla et les hommes d'Ëlat de
la Maison Blanche, quitter la capitale du Mexique et se retirer à bord
d'un des bâtiments américains mouillés devant la Vera-Cruz. On
devine, par là même, quel intérêt elles présentent, et que de choses
elles peuveut raconter, comme aussi que de choses elles peuvent
taire ; de toutes les manières elles sont instructives. Elles méritent
<lonc d'être lues. Elles représentent Huerta comme un personnage
sympathique et vraiment capable ; mais plus encore que pour lui,
elles inspirent une pitié profonde pour le Mexique, naguère si floris-
sant, et aujourd'hui... tel que le dépeint M"" Edith O'Shaughnessy.
« Ses industries sont mortes, dit-elle, ses terres restent incultes, ses
enfants vivent en exil ou meurent de faim dans ce grenier du monde. »
Rien de plus exact ; tel est le résultat de la guerre et aussi de l'in-
tervention américaine Des descriptions de Mexico et de ses envi-
rons, comme de la route entre la Vera-Cruz et la capitale, des croquis
pittoresques, des scènes de mœurs, ajoutent à l'agrément de ce livre,
que l'on ne peut fermer sans se demander pourquoi le gouverne-
ment américain a suivi, à l'égard du Mexique, la politique dont les
lettres de M"" O'Shaughnessy montrent les lamentables résultats.
Henri Froidevati.
Du Théâtre à TÉvanglle. Les Étapes d'une conversion (1850-
1917), par Joskph Odklin. Paris, Beauchesne, 1919, in-18 de 274 p. —
Prix : 3 fr. 50.
C'est une figure bien curieuse que celle d'Emile Hochard , cet homme
de théâtre revenu tardivement, mais complètement, à la vie chrétienne,
qui mettait son réel talent poétique au service de l'Église. Dans cette
biographie, dont quelques chapitres paraissent détachés duu roman
de cape et d'épée, les épisodes se succèdent et offrent les j^lus singu-
liers contrastes : écolier soumis à la plus rigoureuse discipline, étu-
diant turbulent, soldat héro'ique en 1870, journaliste, directeur du
— 220 —
Châtelet, homme de plaisir et homme d'affaires, phisieurs fois ruiné
et toujours rebondissant, il s'était retiré dans son déh'cieux ermitage
du Cannet quand la grâce divine vint le surprendre. En rangeant ses
livres, il découvrit un Évangile, acheté à cause des illustrations et
longtemps oublié : il le'parcourut, le goûta, essaya de le mettre en
vers et, en le méditant, en sentit toute la saveur sanctifiante. 11 ne
restait plus qu'à aller voir le P. Larrivaz, jésuite, ancien mission-
naire en Syrie, qui, avant de mourir, eut la joie de faire rentrer au
bercail cette brebis qui avait beaucoup erré.
Les anecdotes que le biographe a recueillies de la bouche même
de son héros sont contées avec cette verve étincelante que l'excellent
Rochard mettait dans sesépanchements amicaux et dont j'ai eu person-
nellement ma part. On lira par exemple, l'épisode burlesque de son
initiation à la franc-maçonnerie, initiation interrompue parce que le
récipiendaire ne sut pas garder son sérieux au cours des épreuves
saugrenues auxquelles voulaient, l'obliger ceux qu'il traitait de « lu-
gubres croque-morts. »
Dans un ordre d'idées plus élevé, on verra les opinions de ce pro-
fessionnel de la scène sur le théâtre chrétien et le moyen d'en faire
un puissant moyen d'apostolat. Nous nous consolerons en pensant
que son œuvre est reprise par ses amis et disciples qui tiennent à
honneur de la continuer. P. Pisani.
De Taine à Péguy. L'Evolution des Idées dans la France con-
temporaine, par George Fonsegrive. Paris, Bloud et Gay, 1917, petit
in-8 de 349 p. — Prix ; 5 fr.
Ce volume est comme le testament d'un grand travailleur intellec-
tuel et d'un ferme chrétien : les dernières lignes de l'Avertissement
sont datées du 10 février 1917, et George Fonsegrive mourait huit jours
plus tard. Dans ces études, offertes d'abord aux lecteurs du Corres-
pondant, il s'est proposé de retracer l'évolution qui s'est produite
dans l'intelligence française de 1880 à 1914, et qui, en face du fait
religieux, du fait catholique, l'a conduite du dédain et du dénigre-
ment à la réserve, à la déférence, sinon à la sympathie. A présent,
la plupart de ceux qui ont l'esprit un peu ouvert sont affranchis de
cette tyrannie du scientisme, qui était lourde et générale il y a quel-
que quarante ans, — sans être pourtant absolument universelle ; et
j'aurais aimé (jue l'on nous rappelât, par exemple, quel langage tint
Pasteur, en avril 1882, dans son discours de réception à l'Académie.
— De l'heureuse libération qu'il constate, M. George Fonsegrive fait
honneur, pour une très grande part, à M. Henri Bergson, a qui, par
sa crili(|ue aiguë de l'intellectualisnie abstrait, fournit à Péguy le
pont par où il put s'évader de Taine. » Ce n'est pas que cette philo-
— 221 —
bopliie uouvellc, et qui (railleurs n'est pas achevée, soit présentée
comme irréprochable ; mais un historien fhi mouvement des idées
doit signaler son influence à l'origine de plusieurs conversions.
Et cette philosophio-là est résumée, avec une sympatliie bien coin-
préhensive, ainsi d'ailleurs que les idées d'Emile Boutroux, de Mau-
rice Blondel, d'Edouard Le Roy, du P. Laberthonnière. Ferdinand
Brunetière, Melchior de Vogiié, Paul Bourgct sont très bien traiter*
aussi, et nombre d'autres encore. De ce nombre n'est pas .M. Charles
Maurras, qui sans doute n'avait pas ménagé, de son vivant, l'auteur
de Catholicisme et Démocratie, mais qui, généreusement, sa tombe
ouverte, a rendu justice à sa vigoureuse intelligence, et à ce qui doit
subsister d'excellent de son œuvre étendue. Ce dernier livre, bien
distribué malgré l'abondance des matières, et muni d'un utile Index
alphabétique, restera l'un de ses meilleurs, ne trahissant nulle lassi-
tude, nul fléchissement, riche en pensées justes vivement exprimées
et bienfaisantes à retenir. Baro.n Angot des Kotolrs.
Treiiita anos de mi vida, por E. Gômbz Carrillo. Libro 2" : En pleua
Boheinia. Madrid. Socicdad espaùola de libreria. 1019. in-16 de 2.0-3 p..
avec portrait. — Prix : 4 fr.
El Libro de las mujeres, por E. Gomez Gaurillo. Tomo I de las Obrns
coinplelas. Madrid, edilorial a Mundo latino », [1919J, in-16 de 309 p. —
Prix : 4 fr.
— Le second livre du roman de sa vie que M. Gômez Carrillo met
entre les mains du public n'est pas moins intéressant que le premier,
non seulement par le récit tour à tour amusant, émouvant et tragi-
que de ses aventures, non seulement par la connaissance où il nous
fait entrer plus profondément de l'esprit et du cœur du grand écri-
vain, mais aussi par le tableau pittoresque et vivant qu'il nous oflre
du Paris littéraire d'il y a une trentaine d'années, de tout un coin
du moins de ce Paris littéraire,
Efi venant à Paris pour y poursuivre ses études grâce à la bourse
que lui avait assurée la générosité du Président du Guatemala, ce que
cherchait le jeune écrivain, ce qu'il rêvait de voir, c'était la bohème
parisienne, telle qu'il avait appris à la connaître dans le livre célèbre
de Murger. Et sa déception fui grande d'abord, en tombant dans le
milieu studieux, sévère, un peu guindé de ses compatriotes, do
trouver un Paris bien différent de celui qu'il s'était forgé dans son
imagination. Mais quelle joie aussi quand une jeune modiste du Lou-
vre, fiancée d'un médecin de ses amis, et tout entichée de littérature,
linlroduisil auprès du rOi de la bohème, le vieux Verlaine ; puis
quand il put fréquenter la jeunesse littéraire de l'époque, les Moréas,
les Gourmont et tant d'autres destinés à une renommée plus ou
909
moins éclatante. Et ce fut là le principal objet de ses « études » ;
mais il ne perdit pas son temps ; ce n'est pas seulement les décadents
et les symbolistes d'ailleurs dont les œuvres occupaient ses heures
de lecture ; ses amis lui enseignèrent aussi nos vieux maîtres, par
exemple Racine.
Et comme, en se mêlant de plus ou moins près à tout le mouve-
ment littéraire, il a su observer les gens qui l'entouraient ! Comme
il a su déployer dans celte observation ses remarquables facultés
psychologiques ! Et les pages de son livre sont toutes remplies de détails
pittoresques, d'anecdotes piquantes, de portraits vivants de tous ces
hommes de lettres qu'il admirait souvent, qu'il aimait parfois, qui
toujours intéressaient sa curiosité ; avec Verlaine, Moréas et Remy
de Gourmont, voici Théophile Gautier, voici Leconte de Lisle, voici
Stuart Merrill, voici Oscar Wilde, voici même Renan, qui lui faisait
l'effet, en confirmant les sentences portées par la science, de se laver
les mains, comme Pilate, mais avait toujours l'air de se les laver dans
l'eau bénite.
Et comme il s'est laissé prendre au charme de Paris I Quel déses-
poir pour lui quand la volonté du Président l'obligea de le quitter
pour aller en Espagne ! Cet éloignement lui pesa comme un exil.
Et depuis lors Paris n'a cessé d'exercer sur lui son attirance mysté-
rieuse. « Pour nous tous qui le connaissons dans toute sa douceur et
qui l'aimons dans toute sa splendeur, Paris est plus qu'un nid, plus
qu'un lieu de refuge : c'est un sanctuaire, c'est la source miraculeuse
des nobles inspirations, c'est la cité sainte du monde moderne, » dit-
il. Et il ajoute que son œuvre entière est « en quelque façon, un hymne,
en apparence frivole, mais au fond plein d'une foi grave, à la gloire,
à la beauté et aux vertus de Paris. » Et il y a dans son livre, sur cer-
tains aspects de Paris, des p^^s d'un charme prenant, d'un charme
qu'elles doivent peut-être à ce qu'elles mêlent de sa personne à la
réalité. Car, je l'ai dit déjà, l'une des caractéristiques du talent du
maître, c'est d'être très personnel, d'imprégner les objets dont il
parle, de son imagination, de son cœur, de son âme.
— Paris tient une place, et une large place, dans ce Livre desj'emincs
dont M. Gômez Carrillo nous donne une nouvelle édition, assez pro-
fondément remaniée dans sa composition et jusque dans son ordon-
nance, comme tome I*^"" de ses Œuvres complètes. Les danseuses dont
il parle, les actrices qui l'occupent, si elles ne sont pas toutes pari-
siennes, c'est à Paris pour la plupart qu'il les a vues et étudiées : et ce
sont encore des Parisiennes en chair et en os ou des Parisiennes «de
rêve » qu'il nous présente d'après AVillelte, Ilellen, Bac, Steinlen.
Becque, Zola et M'"" Colette Yver ; et c'est encore à Paris que nous ra-
mène ce « monstre adorable » que fut M'"' Steinheil.
— 22:i -
L'auteur nous dit lui-même que, sans préletidic avoir percé « le
mystère des femmes », il croit du moins avoir surpris « qucl(}ue chos(*
de leur lythme grave et de leurs profondes grâces voluptueuses, n El
en effet ce quil nous présente ici de la femme c'est surtout le charme
physique, l'attirance sensuelle et aussi, dans une certaine mesure, la vie
sentimentale. Mais ce n'est pas uniquement cela. Dans les esquisses
qu'il nous donne de Hachel Mcller, de Loïe Fiilier, de Réjane, de
Suzanne Després, xle la Duse, de Cécile Sorel, et de tant d'autres, il
sait mar(}uer les traits qui distinguent leurs physionomies morales.
Et ce n'est pas seulement la physiologie de la femme, comme on disait
11 y a quelques dizaines d'années, mais sa psycliologie dont on trouvc-
rabiendes traits épars dans ce volume. Lelivre, lelectcur s'en doute
peut-être déjà, n'est pas écrit au point de vue de la morale chrétienne ;
et de ce point de vue nous aurions plus d'une réserve à faire sur son
contenu ; il ne manque point cependant d'observations dont le mo-
raliste pourra faire son profit.
On pourra être tenté de voir dans ce livre une œuvre de pur dilet-
tantisme. Je ne le crois pas : M. Gômez Carrillo nous dit qu'il « con-
tient l'essence primordiale de son caractère et de son talent : essence
ténue, légère, vaporeuse, dansante, avec un mélange d'ironie, de ten-
dresse, de timidité, d'enthousiasme, de scepticisme. »> C'est qu'au fond
le grand écrivain est surtout un poète bien (ju'il écrive en prose, et
poète au sens plein du mot, n'ayant pas seulement du poète l'éclat
verbal, la fluidité du langage, l'harmonie des sons, mais aussi la sen-
sibilité, rimpressionabilité.jle génie créateur et rêveur; il voit par son
imagination, autant que par ses yeux ; ses observations les plus pré-
cises, ses dissections les plus rigoureuses s'enveloppent vite de rêve,,
et la réalité s'idéalise dans son esprit et sous sa plume.
11 nous raconte, dans sa Préface-dédicace, l'histoire d'un philo-
sophe de ses amis qui rêvait d'être directeur de conscience: « Pour
confesser les belles pécheresses ? » lui demanda quelqu'un ; — « Oui,
répondit-il, les belles pécheresses et les graves philosophes. » Et, en
ajoutant que cet ami s'est fait jésuite, M. Gomez Carrillo ajoute qu'il
n'ira jamais si loin. Qui sait ? qui sait si, comme d'autres, il ne se
sentira pas mystérieusement appelé par l'âme si poétique et si tendre
de saint François? et si, après avoir laissé sentir, comme dans tel
passage de ce volume, Yamarum aliquid qui surgit du sein des volup-
tés mondaines, il ne chantera pas la joie, la joie pure et durable qui
pour le croyant surgit du sein des douleurs les plus vives et des cha-
grins les plus amers ? et s'il ne verra pas alors quel abîme insondable
sépare la charité dont est embrasée pour le Créateur une sainte Thé-
rèse, des amours mesquins, si vifs et si ardents qu'ils soient, que peut
inspirer une créature ? E.-G. Ledos.
224
BULLETIN
Lia Royauté du Christ, la vocation de la France et le drapeau
du Sacré-Coeur, par Edouard Poulain. Nantes, impr. « Unio », 1919, in-!6
de 103 p. — Prix : 2 fr.
Tout n'est pas à dédaigner dans celle brochure. Outre les intentions,
qui sont excellentes, certains principes et certains faits tiisloriques y sont
exposés fort opportunément. Tout n'est pas non plus à louer. L'auteur est
de ceux qui comptent sur un miracle pour reslaïuer la monarchie en
France, par laquelle seule sera établie la royauté du Christ, manifestée par
le drajieau du Sacré-Cœur. Il croit que ces événements sont tout proches :
« dès 1920 », augure-t-il, nous en serons les heureux témoins. Il ne sait
l^as qui sera roi de France, mais il sait que ce ne sera pas le duc d'Orléans.
« Du reste les trois rois du xix" siècle furent trois usurpateurs de la cou-
ronne. »
Ces belles choses sont dites dans une langue insufïisamment familiari-
sée avec la grammaire -et la littérature françaises, et d'un ton âpre,
cassant, acerbe, méprisant, peu fait pour provoquer la sympathie.
Ch. Landuï.
Rondes enfantines et quêtes saisonnières. Les L<ilur(|ies popu-
laires, par P. Saintyves. Paris, édition du Livre mensuel, 1919, in-12 de 227 p.
— Prix : 5 fr.
Édité avec goût, ce petit volume n'indique certaines des sources aux-
quelles l'auteur a puisé que dans le cours du récit, et nullement dans les
formes exigées par un ouvrage d'allure scientifique. Il intéressera quand
nième les spécialistes qui trouveront là quelques glanes utiles. Mais il nous
paraît que M. P. Saintyves, par une succession de scènes rapides et vivantes,
a voulu s'adresser surtout au grand public. Nous reconnaissons volontiers
qu'il a réussi. L'ouvrage est divisé en sept chapitres : I. Les Rondes enfan-
tines ont-elles une origine rituelle? — II. L'Incantation doit se marier à
la danse pour en déterminer à la fois le sens et l'action. — III. Les Temps
sacrés et spécialement de louverture de l'année. Les Chants de Noël. — IV.
Les Libertés de décembre et la Fête des Rois. — V. Le Nouvel An. Les Sou-
haits et les élrennes. — VI. La Nouvelle Année au pays des Nixes. — VIL
L'Aguilaneuf et les biens de la terre.
Pourquoi cette attachante contribution au folk-lore est-elle privée de
toute espèce de table, même d'une simple table des chapitres ?
E.-A. Chapuis.
Époque de l'apostolat de Saint-Saturnin à Toulouse et des
premiers prédicateurs de la foi dans les Gaules, etc., par P. F».
Avranclics, Imprimerie de l'Avranchin, 1914, in 8 de 103 p.
Cette brochure porte la date de 1914 ; en la lisant, on a l'impression que
le ton des polémiques s'est sensiblement modifié depuis le temps où les
journaux « bien pensants » inséraient avec complaisance des << lettres ouver-
tes » dans lesquelles les écrivains pourvus d'un mauvais caractère disaient
des vérités aigre-douces à ceux qui ne pensaient pas tout à fait comme eux.
En faisant remontera 1914 l'origine de celle discussion, je ne suis pas
exact : le mémoire qui fait la base de la thèse de M. P. Fr., a été pré-
senté, si mes souvenirs sont fidèles, au second congrès international des
catholiques, en 1891 ; Mgr d'IIulst, après avoir pris l'avis du P. De Smedt,
ne l'avait pas accepté. L'auteur a inlerjelé appel de celle décision, niellant
00^,
<^ii cniisc Mgr Diicliesnc ot les UR Pl>. holl.iiidislps, qui n'ont pas Jugé
utile do répondre et les choses en sont là s.ins (juil y oit ;• supposer
-que le monologue de l'auteur soit achevé. p. pirsAM.
1,'ÏOroI*' priinaiiM' vl !«••* l,<'«,>onM d*- la «|n<'iT<v par I-Imice Bkj.vox.
l'aris-Naïuy ."îlrasljoiirg, Uei •jor l.cvrault, l'JlO. iii-i^ de (i:i p. — prix : I fr, 75.
Cette brochure se présente avec une Préface de M. Gabriel Séailles et
une lettre de Mgr Ginisty. I, auteur est inspecteur primaire à Sainl-Mitn'el.
Qu'il ait sollicité d'un évèque une lettre, en même temps qu'une Introduc-
tion d'un professeur de Sorbonne. c'est l'indice d'un progrès que chacun
K^ppréciera. Le vœu qu'il exprime, c'est que l'école soit davantage mêlée à
la vie de tous, et qu'elle prépare mieux les enfants à la vie qui sera la leur.
Les mesures qu'il préconise pour assurer ce résultat sont louables. On
notera qu'il insiste sur la nécessité de la coopération active des parents
dans les conseils : ce qui nous change du temps très lointain — c'était
avant la guerre — où les parents étaient obligés d'engager procès sur
procès pour faire reconnaître leur droit de veiller sur les livres classiques.
Qu'il reste après cela des lacunes, c'était presque fatal, et Mgr Ginisty le
-remarque ; mais l'esprit général inspire confiance. Cii. Lanuky.
«leaiiiie d'Arc, par I^hu.ippe uEstailleur-Ciiaster.vi.ne. Paris, Editions de la
' Nouvelle Revue nationale)'. I!)iy. in-8 de xiv-.')2 p., illustré par Waller-André,
— Prix : 1 fr. 50.
L'auteur de cet opuscule sur Jeanne d'.\rc a été sollicité de l'écrire par
plusieurs de ses amis anglais et américains. Il s'est acquitté de sa tâche
iivcc conscience. 11 a placé à la fin de chaque chapitre une note indiquant
les sources où il a puisé et à la tin de l'ouvrage une liste de quelques-uns
de ses prédécesseurs qu'il juge bons à consulter. Ce court écrit pourra
contribuer à répandre en Angleterre et en Amérique la renommée de
l'héroïque vierge. Il ne sera pas inutile en France. M. S.
Ciemenceau, par Andri- Mauiiël. Paris. Éditions de la « Nouvelle Ftevue natio-
nale, » 1919, in-12 de 71 p., avec un portrait. — Prix : 1 fr. 50.
Ce qu'a voulu peindre dans cet opuscule M. André Maurel, admirateur et
ami de Clemenceau, « c'est l'homme intime avec ses qualités et ses défauts
de nature dont la familiarité peut aider à comprendre Ihomme public,
nous donner la raison de son ascendant, nous expliquer sa conception po-
litique dans ses réalisations passées et prochaines, nous faire pénétrer, en
un mot. dans son esprit et son cœur pour éclairer notre jugement sur ses
actes. » L'auteur est bien informé et intelligent. C'est un panégyrique que
sa plume nous donne, mais en même temps un portrait. L'ouvrage est in-
téressant, d'un style vif et animé, mais trop saccadé et parfois obscur et
incorrect. M. S.
Les ;\larécliaux de France à l'.\eadémie, par le baron Gabriel d'Orge-
VAL. Paris, de Boccard, 1919, in- 10 de 9G p. et S planches. — Prix : 3 fr.
M. Gabriel d'Orgeval a entrepris d importants travaux sur l'histoire du
niaréchalat. Deux élections récentes lui ont donné l'idée d'en détacher un
petit volume ayant pour sujet les Maréchaux de France à l'Acadétilie, dans
lequel il aurait occasion de faire entrer des détails intéressants pour
Octobre 1919. T. CXLVl. 15.
- 22r) —
l'histoire des letlrcs el riiistoire des mœurs. L'ouvrage est ainsi partagé r
Chapitre I. I/Acadcmie sous Louis XIV et la Régence. IL L'Académie et
les Encyclopédistes. III. Le Triomphe des Philosophes. — Conclusion. Le^
Maréclialal et l'Académie. M. d'Orgeval y montre beaucoup d'érudition et
de goût et un style très agréable. L'exposé est accompagné de huit planclics
hors texte. Ce sont les portraits des mnrécliaux académiens, savoir : le
maréchal de Villars, le maréchal d'Estrées, le maréchal de Richelieu, le
maréchal de Belle Isle, le maréchal de Duras, le maréchal de Beauvau, le
maréchal Jofl're, le maréchal Foch. L'ouvrage est dédié à ces deux der-
niers. M. S.
Li'II«'Ui'e du «<an<| (élite et vocation), par le R. P. Albert Bessières. Paris, ilo
Gigord, et Toulouse, Apostolat de la x'rière, 1919, petit in-8 de 87 p. — Prix. :
2 fr. 50.
Dans un drame qui commence à l'Ecole normale et s'achève sur le
champ de bataille, l'auteur nous montre comment la vocation ecclésiastique
naît dans un cœur d'élite, comment elle s'y développe, comment elle lutte
contre les afTcctions les plus chères el les préjugés les plus tenaces, quelles
générosités elle provoque, comment elle triomphe dans le sacrifice... L'émo-
tion intense qui se dégage de ce drame montrera mieux peut-être que
beaucoup de discours la beauté et la nécessité du ministère sacerdotal.
Puisse ce langage être entendu des jeunes hommes qui savent ce cjuc c'est
que se dévouer, el aussi des autres chrétiens, trop oublieux en général de
leurs devoirs en celle question, trop indifférents à la pauvreté lamentable
de leurs prêtres ! Cii. Landrï.
Ames eu prison, par Loris Ar^olld. 10* édition. Paris, Société française
d'imprimerie et de liljriarie, 1919, iii-12 de xu-232 p. — Prix^:, 4 fr.
Voici une nouvelle édition d'un livre que la technicité de son sujet sem-
blait réserver à quelques spécialistes, et que le talent de son auteur a
mené jusqu'au grand public. Bonne œuvre, de tous points, puisqu'elle
• révèle à tous ces merveilles de la patience chrétienne, pour ne pas dire ces
miracles c^ui libèrent des âmes enfermées (^ans la surdité, le mutisme, et
la cécité. Que de choses dans ce volume ! Et pourtant celle dixième édi-
tion a un grand mérite : au lieu d'être, suivant la formule des réclames,
« considérablement augmentée, » celle-ci est « réduite, » malgré les apports
nouveaux de la guerre. On la sent partout, la guerre, même dans ces
asiles de paix religieuse, ou dans leurs historiens. Ce livre est dédié par
l'auteur à, la mémoire de son fils André, « tombé pour la France el pour
Dieu, » sur le Piave. Tout un chapitre inédit est consacré à la description
de la maison de Larnay, lansforméecn asile pour les soldats assourdis par
leurs blessures, tandis que le petit peuple des jeunes ouvrières aveugles
travaille gaîment pour les poilus. — Quand on ferme ce livre poignant,
qui a été écrit par un penseur, et qui fait penser, on songe à bien d'autres
âmes qui ne se doutent même pas qu'elles sont en prison, elles aussi,
emprisonnées dans l'ignorance de la vérité, dans la haine pour leurs
frèi'es, fermées par une propagande impie à ce qui est générosité, amour,
lumière. Ces àmes-Ià, qui les délivrera ? M.\ukice Soubiau.
Iteinnrques, par .Anuiié Siahls. V-\1. Paris, lîdilioiis do la « Nouvelle Hi'\ue
française », 1917-1918, 7 fasc, in-lti de cliacun 42 p. — Prix : 14 fr.
L'esprit aigu de M. Suarès s'exerce avec conliniiilé sur les événements
227
qui rentoiiiTiil. Il ne s";ipil poiiil des seuls éxTufimiils du dcliors, mai»
des élaboialions siibliles diiiio pensi'C piulôt raie. Ksi ce a dire qu'il
s'agisse, dès lors, toujours, d'une pensée juste ? Il sera permis de la trou-
ver, tout de suite, au njoins paradoxale.
Qu'il traite de poiititiue, de philosoijliie. de religion, d liistoire, de litlr-
ralurc, .M. Suarès ne s embarrasse de rien, et, jouant l'aisance d'un iio-
nisle, mais d'un ironiste (|ui s'irrite quelquefois, il exécute son monde
avec un entrain désabusé ou farouche, ("est en littéiature probablement
que M. Suarès est \C luieux informé. Véritablement il a ici sur Verlaine
des notations fort justes. On les lit avec goût, tandis qu'on n'essaie pas de
prendre au sérieux Mon enlrelieii avec le l'ape. Tous les ragots d'une hosti-
lité que le temps, les documents, les faits ont révélée décidément inintelli-
gente, circulent dans ces invectives cauteleuses, où il est grand donunagc
de voir une plume alerte et un esprit vif s'égarer dans la fantaisie et se
complaire dans l'irrévérence. Le plus singulier est que cela est dit sérieu-
sement.
L'art chrétien séduit M. Suarès, parce que c'est de l'art cl bien qu'il soit
chrétien. Il est curieux de noter à que! point certains aspects de la religion
occupent M. Suarès. Il ne semble pas que ce soit par un attrait des plus
élevés et il a même des re/narr/Hes plus que déplacées. Mais qui dira le fond
d'une inquiétude s'ex|irimant avec humeur ou bravade?
Eu somme la caractéristique du talent de M. Suarès pourrait bien être
le goût excessif et permanent du paradoxe, .\ussi n'cst-il point gêné pour
dire son mot surKant, à propos de la guerre allemande. Selon Im, l'auteur
des Criliqnes ne serait pour rien dans l'orientation dune pensée germa-
lùque, ayant abouti dans la pratique aux excès calculés du militarisme
prussien. Ce ne serait pas ce dissolvant théoricien du relativisme et du
subjcctivisme qui aurait frayé la voie aux émissaires sans scrupule de la
Kidliir. Nous voulons bien que Hegel soit autrement et plus responsable,
mais, en souscrivant à la reconnaissance du fait, admis par M. Suarès,
fjue l'idéalisme de Kant dérive, en ayant l'air de tout sauver mais en per-
dant tout, de celui de Descartes, nous n'aurons pas relevé ni loué le pres-
tige éducateur du jibilosophe allemand, et nous ne serons pas surtout par-
venus à trouver, avec M. Suarès, que Joseph de Maistre, adversaire, parait-
il, du droit humain, est le plus Prussien des deux.
Chacun des fascicules contient, à la fin, un poème. Ce poème est tou-
jours de forme très libre, assez périmée, et les idées, qui sont souvent
poétiques, y sont plutôt difîuses. La prose de M. Suarès vaut mieux. On y
letrouve un Anatole France, qui se piquerait d'être doctrinaire^ mais des
intuitions parfois très originales nempèchent pas que l'usage habituel du
paradoxe ne sente vm peu le procédé. La phobie de la banalité devient, à
la long-ue. banale. Théron de Mont.\lgé.
Conférences «le la « Itevue des jeunes. » L'Utilisation de la
victoire. — T. Le Proijromme d'une Revue calholique moderne, par Tabljé Sehtil-
LANGES. — H. L'Ilérikifje des jeunes, par Vji;tor Bccaille. — III. Les Sources de la
pensée catholique, par le H. P. Gillet. — IV. L'Esprit noweau dans les lettres fran-
çaises, par Robert Vali.eky Hadot. — V. Les .\ouvellcs I)irections de l'art chréfien,
par AIalrice De.ms. — VI. JSotre Mission sociale, yar Hexiu Joly. — VII. L'Activité
féminine de demain, par M'" LÉo^TISE Zama — VIII. Onjanisalion industrielle et
organisation sociale, par Charles Nicaise. — IX. L'Ordre dans la cité, par Re:*é Sa-
LOMÉ. — X. La Société chrétienne des nations, par Mg^r SiMO?i Deploige. Pans,
« Revue des jetines », 1010, 10 brocliures in-16, ensemble de 12'.'2 p. — Prix de
chacune : 0 fr. 50.
Ces dis conférences, données de janvier à mars J919, ne sont point seu-
- 228 —
lenient reliées pai- une pagination continue : (Iles sont toutes inspirées par
le niènie souci de se placer à lavant garde des Ixmis ouvriers de Ja renais-
sance française. — Ce n'est pas dire que letus auteurs soient des esprits
tous coulés dans le même moule, enfermés dans la même petite chapelle.
Le R. P. Sertillanges, dans la réunion inaugurale que présidait S. E. le
cardinal Anietle, a pris soin au contraire d'accuser ce caractère excellent
de la Revue des jeunes qu'elle accepte et appelle la collaboration des catho-
liques de toutes ruiances, mais des catholiques bon teint, si Ion me per-
met cette expression ; et ceux-ci abordent les problèmes actuels avec d'au-
tant plus de franchise et de liberté qu'ils sont plus assurés des vérités
imnuiables. — Dans la conférence de M. Victor Bucaille, que présidait
M. Dcnys Cochin, le souci apparaît très vif d'harmoniser les diverses par-
ties de l'héritage que les jeunes ont reçu, de n'en répudier aucun bon élé-
ment. On souhaite que de l'expérience de leurs aînés ils aient appris à
moins mêler la religion et la politicjue. — Sous la présidence de Mgr du
Vauroux, c'est un croquis expressif de la philosophie thomiste qu'a pré-
senté le R. P. Gillet, indiquant pourquoi et en quoi elle peut aujourd'hui
être considérée comme très actuelle, prolondément réaliste, mais ne limi-
tant pas le réel au sensible. — Au terme de la conféi'cnce de M. Robert
Vallery-Radot, M. Maurice Barres en a justement loué la plénitude : c'est
que. dans la littérature telle que l'entend le poète de l'Edii du puits et de
Grains de myrrhe, le romancier de l'Homme de désir et de V Homme de don-
leur, l'âme se donne tout entière, adhérant à la vérité totale, qui est aussi
cette poésie vraie, dont l'humanité a soif. — M. Maurice Denis estime,
comme le président de sa conférence, M. Henry Cochin, que dans la maison
de Dieu, encore plus C]u'ailleurs, la laideur est intolérable. Comment
l'épargner à nos églises, aux pauvres comme aux riches, on l'apprendra
de ce peintre si attachant, qui n'enseigne pas en discours seulement que
l'artiste chrétien doit nous donner un art vivant en parlant le langage de
son cœur. — Mgr Gibier présidait la réunion dans laquelle M. Henri Joly
i\ tracé de notre mission sociale un programme vaslc. mais non pas vague,
sachant concilier les droits des individualités et ceux de la foule, insistant
sur le rôle primordial de la famille, dont la restauration importe avant
tout. — M. .lean Lerollea salué en M"° Zanta la première Française pour-
vue du diplôme de docteur en philosophie, et celle-ci a éloquemment con-
vié ses sœurs au travail, sous des formes variées. Parmi les utiles et belles
tâches qu'elle leur propose, signalons celle de restauratrices de la vie
rurale, et celle des pacificatrices que seraient les surintendantes d'usines.
— M Charles Nicaise, que M. Robert Pinot a justement présenté comme
un des meilleurs représentants de lélite patronale, n'a que trop raison
<robserver que la victoire nous apporte des vertualités à réaliser, et non
des richesses toutes faites. Mais ce n est pas un découragé, un timide, un
routinier. 11 demande beaucoup, et il fait large confiance, aux ouvriers,
comme aux chefs, ])our la lormation desquels il esquisse un plan d'ensei-
gnement humano-lechniiiue. — Ce n'est point par l'étatisme oppresseur
que M. René Salomé entend assurer l'ordre dans la cité ; c'est par la disci-
pline, intelligemment acceptée, des réalités familiales et corporatives, cest
par la coopération des meilleurs, qui doit être particulièrement active en
un temps où, comme l'a indiqué M. Paul Bourget, les révolutionnaires
voient dans le cataclysme mondial une occasion de jeter à bas l'édifice
séculaire de la civilisation. — M. Henry Carton de Wiart a présidé la der-
iiièrc séance, celle où l'éminent président de l'Institut supérieur de iihilo-
>(il)lii(' à rUiiivorsité de Louvaiii, Mgr Doploifjo. a p.iilt- en ^.;l^;(■ .•( en (.iilm-
litiuc de la Société des nations. Si ingénieiiNOinent que l'on t<'iil(' de la
codstrnlre, elle ne lui inspire pas pleine conriance. Il estime (jne Ti-dilice
iiilernalioMal aurait plus de chances détenir en s'a|)puyant sur le roc solide
des traditions chrétiennes. lUiiON Anoot dks Hotolks.
CHRONIQUE
Nkcrologie. — Le D' Kniile-Marie-Théophile GAi/riEit-Roissii lu: \ieiit dt-
imnirir à 02 ans. le 20 septembre, à Barbizon. Né à Paris, en 18.*)". il diri-
gea ses études vers les sciences médicales. Élève remar(piable, il passa
brillamment sa thèse : Des ilanifeslalioiis de Id syphilis sur la voiite du crâne
(Paris, 1857, in-4) et fut reçu docteur de la Faculté de Paris. Interne des
hôpitaux, il obtint une médaille de bronze. Le D' Galtier-Boissière était
directeur du Larousse médical. Parmi ses nombreux ouvrages, on peut
citer : Des Moyens de se préserver de foules les maladies épidémiques, cuiila-
gieiises ou parasitaires, suivis des mesures à prendre contre les empoisonne-
n)ents, les asphyxies et les piqûres venimeuses (Paris, 1880, in-18) ; — Xolions
élémentaires d'hyqiène prali<]ue, suivies d'un appendice contenant tous les ren-
seiqiu-ments utiles à consulter par les familles (Paris, 1896, in-18); — L'En-
seitjnemenl de l'antialcoolisnie {Varis, 1807, in-18); — Cycliste et bicyclette,
fluide pratiipie du cycliste amateur (Paris, 1898, in-IO) : — Tableau de secours
immédiats (uix blessés et aux malades av<uil l'arrivée du médecin (Paris, 1901.
in-16) : — Dictionnaire illusiré de médecine usuelle (Paris. 1902, in-8) ; —
lievue d'hygiène et d' éducation de ta première enfance, guide de ht mère (Var'is,
■19();j-1905. 2 vol. in-l) : — Pour soigner les maladies vénériennes, .'texuelles,
urinaires (Paris, 1905, in-18) ; — La Femme, conformation, fonctions. m<da-
dies et liygiène spéciales (Paris, 1905, gr. in-8) ; — Pour préserver des mala-
dies vénériennes (Paris, 1906. in-16) ; — Pour élever tes nourrissons (Paris,
1907, in-16) ; — L'Homme ; anatomie iParis, 1908. in-fol.) ; — Préservation
des nourrissons (Melun, 1908, in-16) ; — Les Maladies de poitrine (Paris.
1910, in-16) ; — Les Étapes de la préservation de la variole (Paris. 1910, in-8).
— M. Jean-Thomas-Édouard Jllliex est mort à Ville-'lWvray. le 1 sep-
tembre. Né à Lyon, le 4 décembre 1854, il fit ses études au lycée de Lvon,
entra ensuite à l'Ecole des hautes études, puis se livra tout entier à l'art
dramatique et fut un des premiers auteurs que révéla le grand acteur
Antoine du Théâtre libre dans la Sérénade (1887), l'Échéance, le Maître
(1890). Cette dernière pièce surtout eut un immense succès, et fut aussitôt
leprisc devant le grand public, aux Nouveautés. L'œuvre maîtresse de.
M. Jean Jullien est la Mer (1892) qui fut représentée pour la première fois
à rOdéon ; parmi ses œuvres si nombreuses on peul encore rappeler les
romans : Trouhle-Cœur (1886) : — La Vie sans lutte (1892) ; — Les Petites
Lomédies (1898) ; — Les Récits parisiens (1900) ; — Les Uns et les autres (1907>
et les pièces de théâtre : La Poigne, pour le Gymnase (1900) ; — L'Éco-
lière, pour la Renaissance il901) ; — L'Oasis (1903) ; — La Mineure (1904j ;
— Les Plumes de geais, pour le Théâtre Molière 1 1906) : — Les Voiles (1907).
Les oeuvres de M. Jullien ont été publiées en deux \olumes sous le titre
de : Théâtre twa/ti (1892-1806).
— M. ^Villiam Samuel Lii.ly. mort le 29 août, était né à Fifehead,
Dorsetshire, le 10 juillet 1S40. 11 fit de brillantes études à Cambridge,
prit ses grades en droit en 1861 et obtint la même année, au concours.
— 230 —
tine place dans les services civils des Indes. Il y poursuivit sa carrière et
devint en 1865) sons-secrétaire de la présidence de Madras. Sa santé l'obligea
dès l'année suivante de lentrer en Angleterre. Il se fit inscrire au barreau,
se convertit au catUolkùsme et devint en 1874 seciétaire de l'Union catho-
lique de Grande-Bretagne. 11 joua à ce litre un rôle assez considérable.
Outre une active collaboration à divers périodiques (0(jar<f;r/j Rcview, Con-
Jeinporaiy Review, Forlnightly Review, Nineleenlh cenlury), il a écrit un assez
grand nombre d'ouvrages sur des sujets historiques, philosophiques et
religieux et dont quelques-uns ont eu les honneurs de plusieurs éditions.
Nous citerons : Ancleni religion and modem Lhought (London, 1884, in-8) ; —
Chaplers in European hislory (London, 1884, 2 vol. in-8) ; — A century of
revolalion (London, 1889, in-8) ; — On right and ivrong (London, 1890,
in-8) ; - On Shihboleths (London, 1891, in-8) ; — Greal enigma (London,
1892, iu-8) ; — Tlie laws specially affecting calhoUcs, avec Wallis (London,
1893, in-8) ; — Tlie Claims of chrislianily (London, 1894, in-8) ; — Four
English hnmorisls of the A'/A"' cenlury (London, 1895, in-8) ; — Essays and
speecJies (London, 1897, iri-8) ; — A year of life (London, 1900, in-8) ; —
Renaissance types (London, 1901, in-8) ; — Indin and ils problems (London,
1902, in-8) ; — Chrislianily and modem civilizalion (London, 1903, in-8) ; —
Sludies in religion and lileralare (London, 1904, in-8) ; — - First principles in
politics (London, 1907, in-8) ; — Many mansions, being studies in ancient reli-
gions and modem Uionghl (London, 1907, in-8) ; — Idola fori (London, 1910,
in-8) ; — The New France (Lomion, 1913, in-8).
— Reproduisant une information erronée de journaux quotidiens, nous
avons annoncé la mort de M. Jacques Bertillon. C'est le docteur Georges
Bertillon, qui est mort : et nous sommes heureux dapprendre que l'émi-
nent statisticien est encore plein de santé.
— On annonce encore la mort de MM. : Henry de Brisaï. rédacteur au
Journal des Débats, romancier, duquel on peut citer : Flamberge au vent
^ (Paris, 1890, in-18) ; Le Secret de l'atM Fauvel (Paris, 1891, in-18") ; Trémor
aux mains rouges (Tours, 1901. in-4) ; Les (fontes de l'Épée (Tours, 1897. in-4) ;
A l'abordage (Paris, 1897. in-fol.) ; Goberon, comédie en un ac/e (Paris. 1900,
Jn-18) ; Le Théâtre bleu (Tours, 1901, in-4), mort en septembre, à 57 ans ;
— Brouaud, inspecteur honoraire des monuments historiques, qui laisse :
Un coin de Provence : Yères et ses environs (Orléans, 1906. in-4), mort en
septembre ; — Charles Chabault, helléniste des plus distingués, profes-
seur au lycée Saint-Louis, collaborateur de la Revue de l'enseignement, du
Temps présent, de la Revue idéaliste, auteur de traductions remarquables,
entre autres d'Electre, drame de Sophocle (Paris, in-16), mort le 11 sep-
tembre) ; — Louis CiiEVUEL, maître de conférences adjoint à la Faculté des
sciences de Caen. mort à 70 ans. le 9 septembre ; — Duquesnay, professeur
au lycée de Brest, auteur des Marliniguaises. poésies (Paris. 1903, in-16),
mort en août) ; — Paul Gautier, avocat et poète, auteur de : Éloge de Gas-
ton-Frédéric Lespiault 1823-190^1 (Bordeaux, 1907, in-8) ; En l'air, scène pour
marionnettes, en 4 tableaux, en vers (Bordeaux, 1909, in-8) ; Sur la terrasse,
comédie en 1 acte et en vers (Bordeaux. 1912), mort le 7 «eplembre. à
47 ans ; — (ieorges oe .Ioi.y, professeur à l'Ecole des ponls-et-chaussées,
mort à Chamonix, le 27 août, à 54 ans ; — Charles Legouge, professeur
au lycée Hoche, mort dernièrement ; — Henri Lutz. compositeur de mu-
sique, mort à 55 ans, le 10 septembre ; — le chanoine Petev. docteur
en théologie, mort en septembre ; ~ l'abbé Phéauhert. professeur à l'Uni-
versité catholique d'Angers, luort au début de septembre; — Léon Tiii-
— 231 —
Hvi i,T, professeur au lycée de Nancy, morl on septembre ; — J.-P. Trouii.-
i,i:t, fondateur et président du Comité de direction de la Dépêche ri,loninle,
Nice-président du syndicat de la presse nationale, mort à 64 ans, en sep-
tembre : — le R. P. V11.LEDIEU. de la Compagnie de Jésus, prédicateur
estime, mort en septembre.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : l.conid Amjiufv, poète
russe, mort à 48 ans, en septembre ; — Paul Chofkat, géologue de liante
valeur, mort à Lisbonne, en Juin dernier ; — Mgr Adolphe Kkitzkn, auteur
d'un travail : De Cdssdiuiri ejusfiue socioruni sindiis irenicis {Wio), qui, après
nvoir fait l'éducation des enfants du prince Georges de Saxe, fut appelé
eu 1891 à l'évôché de Strasbourg, où il sut se faire estimer du clergé et de»
fidèles, démissionnaire à la suite de l'armistice du 11 novembre, 19IS, mort
en septembre, à l'âge de 81 ans ; — J.-A.. okk Mocw, érudit, mathématicien
el poète, auteur entre autres ouvrages de : Krilische Slitdies over psycliisrk
monisme en nieniv lieijeliamsme et de : Absolnnl idéalisme, mort en juin ; —
Kodriguez-Mkndkz, physicien, mort à Barcelone, à la fin de septembre : —
Nicolas SouRDi, le plus célèbre des poètes grecs contemporains, si populaire
dans les pays de langue hellénique qu'on le désignait couramment sous
le nom de « poêle iialionnl », mort en septembre ; — James-William
Ilelenus Tuail, savant professeur de botanique à l'Université des sciences
de Aberdeen^ auteiu- de nombreux travaux sur la botaniciue el mJ^me sur
la zoologie, collaborateur de nombreuses revues scientifiques, mort à 68
ans, à Aberdeen ; — Joseph Tress, journaliste anglais, qui avait créé 45
journaux dans la Nouvelle-Galles du sud et la Nouvelle-Zélande, mort à
Wellington (Nouvelle-Zélande), à 74 ans, le 7 septembre : — Charles Tïtgat,
directeur du Vinglième Siècle, de Bruxelles, mort le i septembre.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles lettres. — Le
^ septembre. M. René Gagnât, secrétaire perpétuel, donne lecture d'une let-
tre du ministre des affaires étrangères transmettant à la Compagnie un
manuscrit de 84 pages recueilli en Algérie, qui contient des proverbes ara-
l)cs. Le ministre désire que l'Académie favorise la publication de ce manus-
crit qui intéresse la dialectologie de l'IIedjaz. — M. Gagnât lit une note de
M. Louis Châtelain concernant le texte d'une inscription gravée sur un
autel en pierre calcaire élevé à l'entrée de Volubilis (Maroc) le long de la
route conduisant de cette ville à Tanger. — ^L Alexandre de Laborde lit
un mémoire sur la « librairie » d'Anne de Polignac qui, dans le château en
Angoumois où elle reçut Charles-Quint, avait réuni une admirable collec-
tion de miniatures et de manuscrits précieux. — Le i2, M. Merlin commu-
nique et commente le texte d'une longue inscription récemment découverte
par le Service des antiquités de la Tunisie dans les ruines de l'ancienne ville
de Thuburbo Masus. laquelle donne en grand détail le Cnrsns honoriiin de
G. VettLus Sabinianus, proconsul d'Afric[ue à la fin du second siècle de notre
'ère. — M. J. Reinach donne lecture d'un mémoire intitulé : La Bossue
d'Assise, qui se rapporte à la conversion de saint François. — Le 19, M. le
D' Carton étudie plusieurs questions darcliéologie tunisienne : construc-
tion souterraine sur le littoral carthaginois remplie de riches débris ; entrée
des grands thermes publics de Bulla Rcgia, récemment dégagée ; bel escalier
flanqué de jolies bases supportées par un stylobate orné de sculptures soi-
gnées, mis au jour aux abords d'une nécropole. — M. Chabot propose une
nouvelle interprétation d'une inscription grecque de Palmyre relative à la
reconstruction d'une partie du grand portique en Lan 327 après J.-C. —
MM. Alfred Croiset, Clermont-Ganneau et Girard présentent quelques obser-
— 232 —
valions. — Le 26, M. Oinont signale la lôccnle mise en vente à Londres d'une
Icllie autographe du roi de France Charles V à Gilles Malet, son bibliothé-
caire, et il fait connaître les motifs pour lesquels il suspecte lauthenticité de
cette lettre. — M. Th. Hoinolle donne lecture d'une étude sur la frise du
Trésor des Athéniens. — Delà part de i\l. Caicopino, piofesseur à la Faculté
d'Alger, M. Gagnât communique à l'Académie une table de mesures
romaines, découverte aux environs de Sétif. On \ lit , au-dessous des creux
ménagés dans la pierre, qui contenait jadis des mesures de métal, le nom
de ces mesures et celui des magistrats qui les avaient fait exécuter pour la
ville où elles étaient exposées. — MM. Salomon Reinach, l'ottier, Glermont-
Ganneau présentent quelques observations sur cette communication.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. —
Le 5 septembre, M. Eugène Gavaignac lit une comnmnication intitulée :
La Populalion de l'Espagne au wi" siècle. 11 en r!>sulle que cette population,
vers l'année 1515, devait être de 10 ou 12 millions d'âmes. — Le 12.
M. Arthur Ghuquet donne lecture d'une étude appuyée sur de nombreux
documents, on il montre que « le vieux Dieu allemand » n'est pas une
création de Guillaume H : on trouve les première traces de celle mons-
trueuse concepl'.on d'une divinité sanguinaire et impitoyable dans les
lointaines origines de la théogonie germanique. Les poètes allemands, et
Arndt particulièrement, ont continué la tradition et chanté la gloire du
« vieux Dieu allemand ». — Le 19, le même M. Arthur Ghuquet lit une
étude sur la Verla allemande : il examine celte fameuse foi ou bonne loi,
Treue, que les Allemands ont toujours célébrée comme leur bien propre,
et spécialement au xviii^ siècle, en 1813, en 1870 et de 1914 à 1918. —
Le 26, ^L Arthur Ghuquet lit un travail relatif au départ de Napoléon dtî
l'île d'Elbe, fait que la France et l'Angleterre, avec un peu de vigilance,
eussent pu empêcher.
(Concours. — En ce temps où les livres alleignenl des prix élevés, ce
qui provoque des inquiétudes justifiées parmi les intellectuels, la maison
Hachette ofTie des débouchés à tous les écrivains, jeunes, peu ou pas
encore connus et aussi, bien entendu, à ceux qui sont déjà célèbres. Dans
son périodique illustré et si apprécié : Les Leclnres pour tous, elle a ouvert
deux grands concours de romans, nouvelles et comédies. Le nombre des
prix à décerner n'étant pas limité, toutes les œuvres agréées et retenues
recevront : i.OOOfr. jjour les romans et d(; 100 à 3. 000 fr. pour les
nouvelles et comédies. Ges prix comportent la publication des textes dans
les Lectures et l'édition des romans en volumes. De plus, la direction de
rOdéon se réserve la faculté de représenter les comédies.
Almanacii du Bon Français. — Trente ans : c'est un âge honorable pour
un almanach qui ne songe qu'à poursuivre sa carrière. G'csl l'âge et le cas
de ÏAlinanach du Bon Français, édité par la Société bibliographique pour
l'année 1920 (Paris, Vil'', 5, rue Saint-Simon, petit in-lS de 72 p., aNcc
5 jolies gravures). La « vie chère » a des répercussions sur tout, même sur
les almanachs. G est pourquoi ïMnianack du IJon Français pour 1920 coûte
0 fr. 50 l'exemplaire ; 12 fr. les 25, franco, i2 fr. SO ; 22 fr. 20 les 50, franco.
23 fr. 25 ; le cent, iO fr., franco, 41 fr. 75 ; le mille, 350 fr., port en sus.
On va voir, par la simple indication des principaux articles coini)Osanl
cette publication, qu'elle justifie pleinement son titre : Fin de la guerre
européenne. Novembre l'JlH-oclobre l'JIO ; — In !!>ouvenir sur le maréchal
Foch ; — L'Origine française de la famille du cardinal Mercier; — Jeanne
d'Arc el le « Cliemin des Daiues » ; Fn Lorraine et en Msucc. Ia's Fêles iln
— 2.^3 —
reUnir de ces inorinces à ht France ; — Les Perles hrilanniqiies i>eiidanl la
(jncrre ; — La l'aix de Versailles {28 juin l'JlU) ; — Les Jésuiles morts pour
1(1 France ; — le Rhin allemand ; — (jjmmeni mourut la collaboratrice de Miss
(Mivell; — A'os Soldats font des faljles ; — Le Triomphe (l'i juillet l'Jt'J) ;
— Les Beautés du régime bolchevik ; — La Vie chère. La Loi dite des 8 heures
du 23 anril 191'J et ses conséquences ; — Le Petit Prince soldai (ballade) ; —
Association Valentin Ilaiiy, pour le bien des aveugles ; — Histoire d'une famille
paysanne pendant la guerre ; — Ruine mondiale. Ce que la guerre a coûté aux
[lliés ; — La Consécration de h Basilique de Montmartre ; — Drapeaux alle-
mands pris pendant la guerre ; — Pourquoi les Allemands ont capitulé.
Autres Almanachs polh i920. — Signalons IWlmanach du propiujateur des
trois « Ave Maria » (Blois, 14, rue Pienc-de-Blois ; et Paris, Librairie Saint-
l'rançois, gr. in-8 de 64 p.. avec grav. Prix : 0 fr. S.'ij et Petit Almanach du
propagateur des trois << Ave Maria » (polit in-10 de 3i p.. 0 fr. 23). Os deux
publications méritent d'être recoiniuandées sans réserve. — .\ Dijon, chez
Henri Barbier, rue de la Liberté, no 11. on trouvera le curieux .\rmana de
liorqoigne, des félibres et des Barozai (in-8 de 52 p. Prix ; 1 fr. 50) où nous
remarquons les articles intitulés : Origine dialectale du bourguignon, par
M. L. \\. et Les Almanachs bourguignons, par M. Auguste Casser ; les lin-
guistes apprécieront certaines pièces en patois. — De Belgique nous arrivent
deux très vieux almanachs ; Le Crand Double Almanach de Liège, presque
centenaire et tiré sur papier bleu (Paris et Tournai, Casterman. in-32
de 88, avec grav.) et VAlmanach pittoresque (Paris et Tournai. Casterman,
in-3:2 de 240 p. (illustré), qui atteint sa 80° année.
Pauis. — Le baron Edmond de Rothschild vient de faire don à llnslitul
dune maison à Londres destinée à accueillir les jeunes gens poursuivant
en Angleterre des études artistiques, littéraires, historicjues. philologiques,
archéologiques on autres.
— Poursuivant son étude des plaies qui rongent la France, M. Fénclon
Gibon, le dévoué secrétaire de la Société générale d'éducation, nous parle
de la Perversion des mœurs et le remède capital : le retour à l'éducation et à
la vie chrétiennes {Var'\s, l'auteur, TQhis. rue Dutot, s. d., in-16 de xxi-39 p.
Prix : 0 fr. 60). Tour à tour il nous apporte des précisions désolantes sur
la criminalité croissante des mineurs, le divorce, la perversion parla vue,
l'image, le journal, le cabaret, les avortemenls, infanlicrdes, adultères,
outrages à la pudeur. Dans sa courte et sublautielle préface, M. le D"^ René
LeFur attirecourageusement l'attention sur les conséquences individuelles,-
familiales, et sociales des maladies vénériennes et sur les remèdes d'ordre
scientifique social, moral et religieux.
— Bien qu'il n'ait point vu les jours tragiques et glorieux que nous
venonsde vivre, la mémoire de Déroulède, le grand patriote, dont le cœur
n'avait cessé do saigner delà plaie d'Alsace Lorraine, ne saurait se détacher de
celle de la Grande Guerre ; et tout ce qui le concerne garde une actualité
vivante. Avec son cœur généreux et son âme délicate, il n'était pas possible
qu'il ne revînt pas avec simplicité et sincérité à la foi de ses pères, à cette foi
catholique qui est et a toujours été lune des gloires et l'une des forces
de la France. Sui* sa conversion et sur sa fin chrétienne, on lira — et ceux
qui ont lu déjà dans la Croix reliront — avec plaisir et intérêt les pages
documentées et émues que lui consacre S. G. Mgr Marbeau, sous ce simple
titre : Paul Déroulède (Paris, 3. rue Bavard. 1919. in-16 de 21 p. et portrait).
— L'article posthume que nous venons de recevoir de M. Emmanuel
Cosquin nous fait sentir plus cruellement encoie le vide (pi'a creusé dans.
— 234 —
les études folkloriques la moilde cet érudlt éniineiit, dont les connaissances
(''talent si vastes, la critique si fine et si sûre, l'exposition si claire et si
élégante. Dans ce dernier travail, extrait de la Revue biblique de janvier-avril
1919, il étudie Un épisode d'un évangile syriaque el les contes de ÏInde
(Paris, Gabalda, 1919, in-8 de 2(5 p.). II s'agit d'un épisode de l'Évangile
apocryphe de l'enfance de Notre-Seigneur, qui ne se trouve que dans
les manuscrits syriaques : quand les enfants du pays ont proclamé le
petit Jésus leur roi, celui-ci juge un procès entre un homme et un serpent
(|ui récompense par le mal le bien que l'homme croit lui avoir fait.
M. Emmanuel Cosquin met en pleine lumière les liens qui rattachent
est épisode de l'Évangile apocryphe à deux thèmes des contes orientaux :
iclui de l'enfant-roi et celui du serpent ingrat. Pouvons-nous espérer
que. dans les manuscrits laissés par notre savant ami, des mains pieuses
retrouveront d'autres mémoires en état d'être imprimés et qui, comme
celui-ci, nous charmeront en nous instruisant ?
— M. Gabriel Maugain, professeur de littératures italienne et française
comparées à l'Université de Grenoble, a entrepris, vers la fin de 1916,1a publi-
cation d'une série de Chroniques des lettres franco-ilaliennps. dont sept fasci-
cules ont paru jusqu'à ce jour ; il ne nous a pas semblé sans intérêt de
les signaler et d'en indiquer le contenu à nos lecteurs. — I (décembre 1916).
Échanges lilléraires franco-italiens (Grenoble, imp. Allier. 1916, in-8 de IS
p. ; extrait des Annales de l'Université de Grenoble, t. XXVIlf, n" 3. 1916).
Analyse d'un certain nombre de publications récentes sur la littérature
fiançaise dues à des auteurs italiens, et sur la littérature italienne notam-
ment, travaux de Mms Ravà. de M""^ L. et S. Gugenheim. de M""' Rita
Calderiui deMarchi, de M. P. Trompeo, d'une part, et, d'autre part, de M'M.
H. Cochin et A. Valenlin sur Dante. H. Hauvettc sur Boccace, P. llazard sur
Léopardi. — 11 (avril 1917). l.es Universités italiennes et la Guerre (Extr. de la
Revue inler nationale de renseignement, 15 mars-16 avril 1917, p. 9i-103).
Principalement sur le manifeste publié, en 1913, par l'y^ssocialion nationale
(les professeurs d'Universités italiennes, manifeste dont une édition fran-
çaise a été publiée sous le titre : L'Italie et la Guerre actuelle. — HI (décembre
1917). La Langue et la littérature françaises en Italie (Grenoble, impr. .\llier.
1918, in-8 de 23 p. ; sans mention d'extrait). Examen de divers travaux
parus, ces dernières années, en Italie ; parmi les auteurs dont les publi-
cations sont passées en revue, nous citerons M. Tracconaglia, Mlle Clara
Cenni, MM. G. Natali, G. dcl Vecchio, F. Meri, F. Novati, P. Toldo. —
IV (juillet-octobre 1918). Les Professeurs italiens et la Science allemande
(Extrait de la Revue internationale de l'enseignement, 15 juillot-15 août 1918,
ol 15 septcmbre-15 octobre 1918. p. 211-253 el 369-385). M. Maugain sVsl
proposé, dans ces deux articles, de « recueillir les opinions émises » par un
certain nombre « d'Italiens distingués sur les problèmes qui se posent
dans leur pays à propos de la Kullur ». Les noms les plus fréquemment
cités sont ceux de MM. Giovanni Papini, Alfredo Galletti, Eltore Roma-
gnoli, Danle Bei lelli, Ezio M. Gray, G. A. Borgese, Ugo Ojetti. On trouvera,
dans ces (juciqurs pages, de savoureuses anecdotes. — V (décembre 1918).
Thicrs et son Histoire de la Réput>lique"de F/o/v/jcc (Grenoble impr. .Mlier,
1918, in-8 de 54 p. ; extrait des Annales de l'Université de Grenot>le. t. X\\,
11° 2, 1918). Important mémoire, bien documenté, sur ce projet d'une his-
toire de la république florentine, conçu par Thiers, sans doute vers 1830.
el (|u'il ne devait définitivement abandonner que bien des années plus
tard. M. Maugain a largement traité le sujet, et bien montré le but praticjue
— 23:; —
<iue poursuivait l'illuslro homme d'KlaJ, ou so livrant n l't'-fu<le <]•• ( otle
démocratie, que son ami (Jirio Cappoui qualifiait de « la plus démocratique
«les temps anciens et modernes ». En appendice, vingt-cinq lettres de
Thiors, dont vingt-deux adressées à Giusei)pe Canestrini, — le futur édi-
teur, avec A bel Desjardins, dos Nérjocinlions diplomnluines de la l'iance tivcc
la Tosoane, — qui rassemblait pour lui, à Florence, les matériaux de son
ouvrage. Ces lettres, qui s'échelonnent entre les années \H'Mi et \H(il, sont
pour la plupart, tirées des papiers de (Canestrini, conservés à la isililioteca
nationale de Florence. — \1 (janvier 1919). L'Enlenle iidelleclnelle frnnco-
ilnlienne ((irenoble, imp. Allier. 1!)19, in-S de 26 p. : sans mention d'extrait).
Revue de diverses publications récentes pouvant « être considéiées comme
des instruments propres à faciliter les relations universitaires et scienti-
fiques entre la France et l'Italie ». — VII (février 191!>). Ln Langue et la
liltérature italiennes dans les l'niversilés fran(^aises (Grenoble, imp. Allier,
in-8 de il p. ; extrait de Vlnlesa inlellfUnale, ann. Il, 19i9, fasc. 1, Bolo-
gna, Zanichelli). De la place faite à l'italien, en France, dans les divers
ordres d'enseignement, principalement dans l'enseignement supérieur ;
des différents grades et titres universitaires que peuvent rechercher les
italianisants français ; de la préparation aux divers examens et concours ;
l'œuvre qu'il reste à accomplir. — Sous un titre commun, ces Chroniques
oITrcnt, on le voit, une grande variété d'intérêt ; souhaitons que M. Mau-
gain en ajoute, à l'avenir, beaucoup d'nutros à celles qu'il a jusqu'à
présent publiées.
— On ne peut que savoir gré à la librairie Blond et Gay d'avoir édité,
pour ceux qui n'ont pu lire dans la plupart des journaux que des extraits
plus ou moins importants, d'abord le magnifique Discours de réception [à
l'Académie française le 10 avril dernier] de Monseigneur Baudrillart^ qui
n'est que le juste éloge du comte Albert de Mun (in-12 de 6i p. Prix :
1 fr ), puis la Réponse de M. Marcel Prévost, directeur de i Académie française,
au discours de M. Alfred Buudrillart (in-12 de 62 p. Prix : 1 fr.)
— A la librairie Altinger : Mon Ami Pierrot (in-12 de 40 p. Prix : 1 fr. 50) ;
— Le Songe d'un après-midi d'été (in-12 de 76 p. Prix : 2 fr. 50) : — Varia-
lions sur plusieurs thèmes (in-12 de 20 p. Prix : 1 fr.) ; — Promélhée (in-12
de 40 p. Prix : 2 fr.) : tels sont les titres de quatre saynètes anodines que
M. Mathias Morhard a écrits pour être repi'ésentées par des enfants sur
le Théâtre de Mademoiselle.
— En juillet 1917, le Polybiblion (t. CXL, p. .38) a signalé le volume publié
par l'Argus de la Presse intitulé : Grande Guerre lOl^-ib-ÎG-tl ... Nomencla-
ture des journaux, revues, périodiques français paraisstnil en France et en
langue française à l'étranger. .Aujourd'hui, sous le même litre, sauf que
les premiers mots ; Grande Guerre, etc. ont disparu, le dit Argus nous
offre une nouvelle édition de ce recueil (Paris, aux bureaux de l'Argus, 'ôl,
rue Bergère, faubourg Montmartre, Paris, IX*, 1919-1020. in 8 de 329 p.).
La première édition comptait 271 pages ; on voit tout de suite que la pré-
sente s'est sensiblement accrue. Nous ne surprendrons personne en cons-
tatant que malgré cela cette << nomenclature » nest pas complète, soit que
certains périodiques aient échappéaux investigations de ses rédacteurs, soit
qu'ils aient paru au cours de l'impression du volume. Ils trouveront, sous
ce rapport, dans la partie technique du Polybiblion. notamment, quelques
renseignements utiles. L'intérêt qui s'attache à un travail du genre n'est
pas discutable ; ce travail peut cependant être amélioré. C'est ainsi qu'en
premier lieu nous voudrions voir figurer pour chaque journal ou revue le
- 230 —
prix de rabomiemcnt pour la France cl Télranger. Puis il conviendrait d(
modifier le litre : Journaux périodiques, de Paris (p. 29-11 1). qui est bizarre,
et de le remplacer par celui-ci, plus clairet plus exact : Journaux el Revues
cl de distinguer par un signe conventionnel les revues des journaux. Celte
dernière observation s'applique aussi à la division : Journaux de provini-'
et des colonies (p. 121-233; et à celle inlitulée : Journaux paraissant en langue
fnuiçaise dans le monde entier (p. 237-278), litre qu'il eul été préférable de
libeller simplement : Journaux el revues en langue franqaise publiés à
Véiranger. Une ample table alphabétique, précieuse pour les recherches,
termine le volume. En ce qui concerne le Polybiblion nous avions remai-
qué dans l'édition de guerre que l'Argus donnait 1869 comme l'année de
sa fondation ; celte fois, il marque 1867 : la vérité est que le Polybiblion
remonte à 1808 ; ajoutons que certains périodiques figurent ici avec des
indications incomplètes. Bref, ce travail, que nous n'hésitons pas à recom-
mander tel quel, pourra beaucoup gagner à tenir compte des obsei'valions
ci-dessus, que nous avons entendu d'ailleurs formuler souvent autour de
nous à propos de lédilion de 1917.
FuANCHE-GoMTÉ. — M. J.-J. Siuion a extrait de la Revue internationale de
l'ex-libris trois notices réunies sous le titre : Ex-libris franc-comtois (Paris,
Daragon, 1918, in-8 de 12 p., avec 2 grav. el i reproduction d'étiquette ou
marque de bibliothèque). Il sagit ici d'ex-libris s'appliquanl à la famille
Dagay, à Fernand d'Ândelol el aux familiers de l'église Saint-Just d'Arbois.
L'auteur rectifie parfois el complète, en ce qui concerne les trois sujets
examinés par lui, les recueils publiés par MM. Jules Gauthier el Roger de
Lurion el M. J.-B. Mercier sur les ex-libris franc-comtois, dont le Poly-
l>iblion a parlé lors de leur apparition.
Languedoc. — Le tome XIV du Bulletin de la Commission archéologique
de Narbonne (Narbonne, impr. Gaillard, 1918, in-8, paginé xxxi-lvu-237-
4:20, avec i caries, s'applique aux années 1917-1918, el se compose des tra-
vaux suivants : Éloge funèbre de M. Gabriel Amardel, (écrivain qui, pendant
33 ans, a collaboré au recueil avec une activité particulière, remarquée
d'ailleurs au Polybiblion) par M. Gabriel Cros-Mayrevieille (p. 237-241); —
Le Monnayage des arc/ievèques de Narbonne, par M. Gabriel Amardel, arlicle^
rédigé quelques semaines avant sa mort (p. 242-267) ; ^ Petites Noies sur
d'anciens noms locaux, par M. H. Rouzaud (p. 268-289) ; — Le Grand
Malheur arrivé à Narbonne le IG avril 1919, par le D"^ P. Albarel (accident
local qui causa la morl de plusieurs personnes) (p. 290-312) : — Étude d'un
tronçon de la voie Domitienne, par ie D' Ch. Pélissier (p. 313-418, avec
4 cartes).
Savoie. — En pleine guerre, l'Académie des sciences, belles-lettres et
arts de Savoie, — comme tant d'autres sociétés savantes de France qui
n'ont désespéré de rien, môme aux plus mauvais jours, — a fait imprimer
el a récemment distribué le lome Vill de la collection de ses Documents
((îhambéry, impr. générale savoisicnne, 1918, in-8 de 641 p.). Ce fort
\oiume est ainsi composé : La Sainte Maison de Tfionon et le Prieuré de
Saint-Jeoire (près Chamhéry), par M. le chanoine .l.-M. Lavanchy (p. 3-62) ;
— I.a liévoliUion en Chablais. Actes administratifs de la commune de Saint-
Paul {1792-1793), yau- le chanoine L.-E. Piccard (p. 63-231) ; — Quelques-
Chartes des archives du château de. Viry, par M. le comte Pierre de Viry
(|). 239 262) ; — Nécrologe de t'tdd>aye de Talloires, publié d'après le manus-
crit inédit conservé au .Musée brilanni(iue, avec une Introduction el des
notes, par M. Louis Hilz (p. 263-ri20) ; — Correspondance des princes el des
— 2M —
jirincesses 'le In Mnisf>n de Savoie aucc la ville de Lymi an w' aièclf. pnr
M. Louis Caillot (p. 521-610).
Akriquf. occikkmalk fhançaise. — Nous rccevous le premier n" (j;ui-
vior-niais) du Uiillelin du Comité d'élndex historiques el scieidijinues de
IWfriqui' (>rrideid<de frtinraixe do l'annôo 19il» ((iorôo, Sénégal, iinpr. du
r.ouvornonicîit gônoral. in-S do \'.M'} p.. avec 0 fig Prix: :» fr). Los études
siiivantos, loutos fort intéressantes et d'ailleurs variées, ont formé ce fas-
cicule : Uu A'o/n cUe: les Mnlinké des rives du Niandan el du Milo, par
M. P. Humblot. 2' Partie, (j)tdumes el croyances relatives à l'inn>osilion du
•mm (p. 7-2.3) ; — Souvenirs d'Agnihou, recueillis et annotés par M. A. de
I.oppinot (p. 2i-6l) ; — l'roiifrbes somjaï, recueillis par Ben Amouda (pro-
fesseur à la Médersa de Tombouctou) (p. 6:2-67) ; — Fadiout. par le
15. P. Ezanno (p. 6S-7i) : — Propagation de la marée dans le fleuve Sénégal,
par M. P. Louise (p. 7,")-97) ; — Sur l'emiAoides avions en Afrique occideidide
pour les recherches d'ordre scientifique, i)ar M. Henry Hubert (p. W8 ! 12,
avec 9 fig.).
États-Ums. — Les deux façicules suivants extraits de Contributions lo Ihe
(,'eology and Paleonlology of Ihe Canal Zone, Panama and geologically related
(treas in Central America and Ihe West Indies (Bulletin 103 de la Smithsonian
Inslilution United States Xalional J/«seHm (Washington, Government printing
ofTice, 19l8,in-8)viennentde nous parvenir. Lepremier traite des Nnlliporcs;
on a longtemps discuté pour savoir si certaines concrétions foliacées ou
lameuses auxquelles ou a donné ce nom, devaient être rangées parmi les
animaux, mais on est d'accord aujourd'hui, pour voir en eux des végétaux
se rapprochant des Algues. M. Marshall A. Howe dans On some fossil and
récent lAlholliamnicae of Ihe Panama Canal Zone (13 p., 11 pi.) en décrit 3
nouvelles espèces. — Neuf espèces d'écliinldes fossiles de la zone du canal
de Panama sont mentionées par M. Robert Tracy Jackson, dans Foss;7 Echi-
nais oflhe Panima Canal zone and Cosbi Rica (14 p., 7 pi.. 3 fig.) ; cette note
est la reproduction décolle que le même auteur a fait paraître dans le
volume 53 des Proceedings oflhe Uniled Slales Nalional Muséum, et dont
nous avons déjà parlé.
— MM. A. S. Hitchcock et Agnes Chase publient dans le volume 17. 0' partie
défi Contributions from Ihe United States national herbarium (Washington, Go-
vernment printing office, 191.T. in-8) une étude sur les Tropical North Ameri-
can species of Panicum » (xu-80 p., 139 fig.). Cette monographie complète la
revision du genrePanicut publiée par les mêmesauteurs en 1910 sous le titre
Les espèces do panicut du Nord-Amérique. A cette époque il avait été impos-
sible de s'occuper utilement des espèces tropicales. Ces dernières, au nombre
de 116, dont 9entièromenl nouvelles, portent le nombre des panicuts nord-
américains actuellement connus à 216. A signaler les cartes de distribution
géograpliique de chacune des 116 espèces décrites.
— Le rapport annuel de llnstitution smithsonienne pour l'année 1913
ne contient pas seulement une série de documents relatifs au fonctionne-
ment des difîérents services de la Smithsonian Institution ; il renferme en
appendice, suivant l'usage, une série de travaux scientifiques dune très
grande importance, reproduits dans leur langue originale quand ils
émanent de savants ayant écrit en langue anglaise, ou traduits on anglais
quand ils ont d'abord été publiés dans une autre langue Nous ne donne-
rons pas ici la liste de ces 37 mémoires, accompagnés de planches pour la
plupart : nous nous bornerons à signaler les plus importants d'entre eux.
et en particulier le travail du D"^ Aies Hrdiicka sur les plus anciens vestiges
— 238 —
squelelliques de l'homme (p. 491-532) qu'accompagnent 41 planches hor*
texte et des figures dans le texte. Les études de M. George E. Haie" sur le
soleil et la terre comme aimants (p. 145-158, 8 planches), de M. P. Puiseux
sur la réaction des planètes sur le soleil (p. 159-174), de M. L. A. Bauer
sur le magnétisme terrestre (p. 195-212, 9 planches) pi'ésentent un intérêt
scientifique de tout premier ordre, auquel on ne peut comparer, en dépit
de l'importance du sujet qu'il traite, l'exposé fait par M. Gustave Jaumann
sur les idées des modernes relatives à la fin du monde (p. 213-221). Les-
études de MM. Arthur L. Day et E. S. Shepherd (L'eau et l'activité volca-
nique, p. 275-305, 11 planches), de M. Charles Epry (Les rides des plages,
p. 307-318, 10 planches), de M. Eliot Blackvveldcr (L'histoire géologique de
la Chine et son influence sur le peuple chinois, jj. 385-396, 9 planches), de
M. Charles Rabot (Les pêcheries de baleines du globe, p. 4S1-490, 3 planches)
ne méritent pas moins de retenir l'attention. Et que dire du court article
de M. Hoernes sur les plus anciennes formes de l'habitation humaine et
leurs relations avec le développement général de la civilisation (p. 571-578)
comme de l'élude de M: Jacques de Morgan sur la féodalité en Perse (579-
606) ? Signalons encore l'exposé substantiel de M Arthur J. Evans sur
l'élément minocn et mycénien dans la vie hellénique (p. 617-637, 3 planches),
et l'amusant et ingénieux article de M. Pierre Clerget sur le rôle écono-
mique et social de la mode, (p. 755-765), enfin l'aperçu de l'œuvre de
J. H. van't HotT donné par M. G. Bruni (p. 767-789). Ainsi — celte énumé-
ration très incomplète le prouve — le nouveau volume est aussi riche que
les précédents en travaux de grande valeur {Animal lieporl of ihe Board of
Rcgenis of ihe Sinilhsonian Institalion, 1913. Washington, Government prin-
ting ortice, 1914. in-8 de xi-804 p.. avec planches et gravures).
Publications nouvelles. — Le Dieu vivcuil, par J. Lebreton (in-18, Beau-
chesne). — l.e Plus Parfait, ou Des Voies intérieures, par le R. P. A. Piny
(petit in-12, Téqui). — Dominicales, par E. Duplessy. T I. De l'Avenl à
la Saint-Joseph (in-12, Téqui). — • Retraite spirituelle de huil jours, par le
R. P. Q. Sani (petit in-18, Avignon, Aubanol). — Pour nos morts, par Y.
Villeneuve (in-12, Revue « Frères d'armes »). — La Notion de droit en France
au dix-neuvième siècle, par J. Bonnecase (in-8, de Boccard). — Le Maruuje
chrétien, par le chanoine P. Fourneret (in-8, Beauchesne). — Sociétés ano-
nymes à participation ouvrière et actions de travail, par II. Mouret (in S,
Libr. gén. de droit et de jurisprudence). — L'Assurance contre le vol, par
.1. Lcfort (in-12, de Boccard). — Manuel pratique sur les pensions militaires
des victimes de ta guerre, par le cap"" G. Flutet (in-8, Charles-La vauzellc).
— Commentaire de la loi du 31 mars 1919 sur les pensions militaires, par
.1. Capéran (petit, in-8 carré, Giard et Brière). — Guide pratique à l'usage des
victimes de la guerre, parle capitaine E. Faury (in-8, Charles-Lavauzelle) .
— Dommages de guerre. Le Précis du sinistré, par M. A, Sal/.édo (petit in-S
carré, Giard et Brière). — La Philosophie française, par V. Delbos (in- 16.
Plon-Nourrit). — Discours philosophiques d'Hector Denis (in-8, Giard et
Brière). — Torts et manies, par A. Prieur (in-18, Jouve). — Les Médications
psychologiques, parle D'" P. Janet. IL Les Économies psychologiques (gr. in-H.
Alcan). — La Nouvelle Révélation, par A. Conan Doyle ; trad. de .\. Tou-
gard de Boismilon (in-16, Payot). — Essai sur la conduite des affaires et la
direction des hommes, par J. Wilbois et P. Vanuxcm (in-16, Payot). --
l:Élat et l'Épargne {1789-1919), par P. Soulaine et L. Dcncri (in-16, Gras-
set).— La Grande-Bretagne au travail, itar J. F. Herbert et G. Mathieu
iu-8, P. Roger). — La Science de puissance, par B. Kidd ; trad. de'l'anglais.
— 23ÎI —
par II. do Vaiigriy (iii-16, Piiyol). Inlroduclioii à lu^siùcnce oclnnrieUe, pur
L.-(;. (lu r.'isquicr (gr. in S, (Jiiulhicr-\ iikirs). — Les liultislries et iMiinen-
Idlion, par V. Polil (iii-lG, Payol). — Les IC Comnmml^menls de l'Iiomine
d'affaires, par II. N. Casson ; trad. de G. Lange (in-IG, Payol) — Consitjnes
calholiiines. par Mgr Tissier (in-12, Téqui). — La Terre à la famille paysanne,
par P. c;aziol (in-16, Payol). — A la recherche d'une sociélè meillf-nre, par
A. Marnaldi 0"-lG, Jouve). — (Juelles sont les meilleures carrières leclinique.t
pour les femmes ? par M. Facy (in-lG, Payot). — Le Problème de l'éuolulion,
par \. Spaldâk (in-18, Hoaucliesnc). — Life historiés of .\orlli American
<lii'ing birds. Order Pycjopodes, by .\. C. Henl (Wasliinglon. fîovertimoiil
prinliiig ofïice, in-8). — L'Amour el le Mariwjc. par M. (Jarniichcl Slopes ;
trad, par G. Georgos-Bazile (in-l(i. Allisigor). — La Probabililé dans les tirs
de (juerre. par J. .\ubert (iu-8, (iaulliicr-Villars). — l^'Arl el la Polilifjue,
par L. Tidcr-Toutant (iii-IS, Jouve). - — Introduction à la méthode de Léonard
de Vinci, ])ar P. Valéry (in-S, édition de la « Nouvelle Revue »). — Léyendes
et traditions orales d'Alsace, recueillies par J. Variot. I. Strasbourg (in-16.
Grès). — La Chanson d'Aspremont, chanson de geste du xii' siècle, texte du
manuscrit de Wollaston Hall^ édile par L. Brandin. T. I. (in-12, Gham-
pion). — L'Intime Parole, poèmes, par A. de Lujan (in-16, Grès). — Sur le
Irimard, par G. Poiraton (petit in-16 carré, Grès). — L'Idée souveraine, par
R. de Saint-Gillis (in 12, Figuière). — Vers l'aurore !, par Planière (in-12.
Jouve). — Vie de la Sainte Vierge, poème, par G. de Rolland (in-8, Avi-
gnon, Aubanel). — Guerre et Paix, pièce en 5 actes et 10 tableaux, d'après
le roman du comte Tolstoï, par J. W. Bienstock et G. Martel (petit in-8.
Payot). — Les Mains bkmches, par J. Rameau (in-16, Plon-Nourrit). — La
Petite Chanoinesse. par M. Delly (in-16, Pion-Nourril». — Gilberte, ma sœur.
par H. Celarié (in-16, Plou-Nouriit). — L' Avatar d'Y van Orel, par O. Glie-
valier (in-16, Plon-Nourrit). — MarieUe, roman d'une Lyonnaise, par J.
Dufourl |in-16. Plon-Nourril). — L' Ascension de }L Baslèvre. par É. Estaunié
(in-16, Perrin). — Sous le fouet du destin, par A. Maillet (in-16, Perriii). —
\ouveaux Contes cruels el Propos d'au delà* par ^ illiers de l'Isle-Adarn
(in-16, Grès). — Maud Br'ixton, par J.-L. de Praye (in 18, Jouve). — Docteur
Garnier, par L. de Tauride (in-18, Jouve). — Coules d'hier... et de toujours,
par L. Gurlie (in-18, Jouve). -;- La Folie-Almayer, ])ar J. Gonrad ; trad. de
G. Séliginann-Lui (petit in-8, éditions de la «. Nouveile Revue française »). —
Le Gardien de la ville, par A. Obey (in-16, Librairie des lettres). — Musée de
campagne, par É. Quel (in-12, édition du Livre mensuel). — La Force de
vivre, par Marcello-Fabri (in-12, édition du Livre mensuel). — Le Retour
au village, par R. Bellanger (in-16, Neuilly. Roiné). — L'Honneur au miroir
de nos lettres, essais de psychologie el de morale, par G. Le Bidois (in-8, Gar-
nier). — Des Cris dans la tempête, par M. d'Hartoy (in-16, Perrin). — His-
toire d'une collaboration. Alexandre Dumas el Auguste Maquel, par G. Simon
(in-16, Grès). — De France en Extrême-Orient. Au Pays des pagodes, par
Tabbé L. Lemoine (in-8, Rennes, imp. Fr. Simon). — Sainte Catherine de
Sienne, sa vie, sa mort el ses miracles, par M. et R. Havard de la Montagne
(in-16, Perrin). — Les Lorrains et la France au moyen âge, par le comte
M. de Pange (gr. in-8, ChAmp'\on). — Dépêches des ambassadeurs milanais en
France sous Louis XI el François Sforza. publiés par B. de Mandrot. T. II
(///6^) (in-8. Société de fbisloire de France). —Mémoires de Martin el Guil-
laume du Bellay, publiés par V.-L. Bourrilly et F. Vindry. T. IV (in-8.
Société de Ibistoire de France). — Les Grands Écrivains de la France.
Mémoires de Scnnt-Simon, édités par A. deBoisiisle. T. \XX (in-8. Hachette).
— 240 -
— Mémoires de Lonis-Uenrl de Lonïrnie,comle de Drienne, dit le jeune Brienne,
publiés par P. Bonnefon. T. 111 (in-8, Société de l'histoire de France). — Pas-
cal en Poitou et les Poitevins dans les « Provinciales » par le M'* de Roux (in-8,
■Champion). — Beaumarchais el les Affaires d'Amérique ; lettres inédiles, par
J. Marsan (in-8. Champion). — Le Roi de la Vendée. François-Alhanase Cha-
relle, lieutenant-général de l'armée royale (J763-Î706), par J. Robin (in-16,
Perrin). — Aventures de guerre civile, par J. Le Falher (in-12, Champion).
— Le Docteur Boissarie, par A. Van den Brûle (in-12, de Gigord). — Le
Guet-Apens prussien en Belgique, par G. Kurth (in-16, Paris, Champion ;
Bruxelles, Dewit). — Lille, par le général Percin (in-16, Grasset). — Le
Nord de la France, sous le jouij allemand, par M. Thiéry (in-16, de Boccard).
— La Première Vicloire de la Marne. Les Champs de l'Ourcq, septembre 19 i9,
par .T. Roussel-Lépine (in-16, PIon-Nourrit). — L'Aisne pendant la Grande
Guerre, par G. Hanotaux (in-16, Alcan). — Carnet d'un combattant
(tl févvier 1915-16 avril 1919), par L. Mairet (in-16, Crès). — Les Noirs,
par A. Séché (in-16, Payot) — Les yïvenlui-es du contre-espion Bourdigal,
par F. Serret (in-16, Plon-Nourrit). — La Première Illusion du capitaine
Tramp, par J. Tedesco (in-8, carré. Crès). — La Poursuite victorieuse, par
G. Guitton (in-16. Payot). — L'Alsace et la Guerre, par l'abbé É. Wetterlé
(in-16, Alcan). — L'Italie sous le ministère Orlando 1917-19 19), par L. Haule-
<;œur (in-8, Bossard). — Ceux qui vivent..., par .7. Marot (in-16, Payot). —
L'Esprit de Clemenceau, par G. Pierredon (in-16, Payot). — Le Bassin de la
Sarre, clauses du traité de Versailles, \)<^y P. Vidal de la Blaclie et L. Gallois
■(in-8. Colin). — Le Plan de guerre commerciale de V Allemagne, par S. Herzog
(in-16, Payot). — La Tchécoslavie et les Tchécoslovaques, par V. Dëdc-
cek (in-16, Bossard). — La Lalvia el la Russie, par A. Berg (in-16, Payot).
— Le Gouvernement de la France, par Joseph-Barihélemy in-16, Payot). —
Pour refaire la France. II. Le Renouvellement intérieur, par J. Calvet (petit
in-8. Bcauchesnip). — Le Nombre et l'Opinion publique, par G. Deherme
{in-16, Grasset). — La Police, ce qu'elle est, ce qu'elle devrait être, par
E. Locard (in-i6, Payot). — Dantzig et la Pologne, par S. Askenazy (in-16,
Alcan). — La Question roumaine, par T. Ionesco (2 vol. petit in-16, PayotV
— L'Unité de la politique bulgare, 1870-19 19. par J. Ancel (in-16. Bossard).
— Le Maroc de 1919, par H. Dugard (in-16, Payot). — Les Marquis fran-
çais, par le baron H. de Woelmont (in-8, Champion). — Manuel d'archéologie
française, par C. Enlart. T. Architecture religieuse (in-8^ Auguste Picard).
ViSENOT.
Le Gérant : CIIAI'UIS.
(mprimeric S. Pacteau. I^uçon.
POLYBIBLTON
BEVUE BIBLIOGKArilIOliE UNIVERSELLE
AVIS A >0S AMIS KT ABONNKS
Jiisqaà présent, le Polybiblion, dont les frais s'étaient sensi-
blement accrus depuis 1915, avait pu, en réduisant de 12 à 8 le
nombre de ses lioraisons annuelles, maintenir ses pru; d abonne-
ment ; mais une récente et formidable augmentation du coût d'im-
pression, résultat de la loi dite des 8 heures, qui a frappé tant
d'organisatiofis, oblige l'Administration de la Revue à relever ces
prix pour Cannée 1920. Assurément cette augmentation est bien
loin dêtre proportionnée aux charges nouvelles auxquelles nous
devons faire face ; mais le Polybiblion, quiest une nécessité hau-
f entent reconnue pour les travailleurs intellectuels, ne compte plus,
depuis la guerre, ses sacrifices. !\ul, parmis nos abonnés, si fidèles
en tous temps, ne refusera de nous continuer ses sympathies et son
concours.
T b/ft donc les nouveaux tarifs d'abonnement, aussi modérés que
nous avons pu les établir, qui seront appliqués à partir de 1920,
avec l espoir qu'ils ne dureront pas.
Partie littéraire seule : France, 25 fr. — Étranger, 26 fr.
Partie technique seule : — ^Ofr. — — ^Ifr.
Les 2 parties réunies : — 30 fr. — — 32 fr.
En ce qui concerne les membres de la Société bibliographique ^
qui bénéficient d'un tarif de faveur, les prix d'abonnement sont
les suivants :
Partie littéraire seule : France, 22 fr. — Étranger, 23 fr.
Partie technique seule : — IS fr, — — 19 fr.
Les 2 parties réunies : — 27 fr. — — 29 fr.
En résumé, le supplément temporaire demandé à chacun de nos
abonnés ne s'élève qu'à la somme modique de 10 fr. par catégo-
rie d'abonnement.
Nous engageons ceux de nos abonnés de France qui pour-
ront nous envoyer par la poste ou par chèque le montant de leur
abonnement à le faire le plus tôt possible, afin d'éviter des
frais de recouvrement postal s'élevant à 1 franc.
Novembre-Décembre 1919. T. GXLYI. 16.
242
PUBLICATIONS
RELATIVES A LA GUERRE EUROPÉENNE
1914, par le maréchal Lord French. Traduction de Robert Burnam)
Nancy-Paris-Sti'asbourg. Berger-Levrault, s. d. (1919), in-8 de ix-329 p..
avec 3 cartes hors texte. — Prix : 10 fr.
Rapports officiels du maréchal Sir John Frencii. commandant on
chef de Tarmée britannique, 21 aout-129 novembre 1914;
traduit de l'anglais par Théodore Reinach. >'ancy-Par!s-Slrasbour<i,
Berger-Levrault, s. d. (1919), in-8 de 71 p., avec 4 cartes. — Prix : 2 ir.
— Tout le monde sait combien pénibles furent les débuts du petit
corps expéditionnaire anglais que nous envoya la Grande-Bretagne,
aussitôt après sa déclaration de guerre à l'Allemagne (4 août). Bien
que les Allemands aient prétendu que l'alliance franco-anglaise était
prête de longue main, rien ne montre mieux la fausseté tendancieuse
de cette allégation que le manque de toute préparation militaire qui
surprit l'Angleterre bien davantage encore que la France au début
des hostilités. Sans nous arrêter à la démonstration de cette vérité
faite depuis longtemps, nous signalerons l'apparition du premier
volume des Mémoires du maréchal Sir John French, 19 ÎU, qui nous
donne de main de maître le récit des opérations du premier détache-
ment anglais débarqué en France, d'août à décembre 1914. Ces opé-
rations se résument en quatre grandes phases principales : La retraite
de Mons, la bataille de la Marne, la bataille de l'Aisne, la bataille de
l'Yser. Dans la retraite de Mons en particulier, le maréchal French
qui s'était montré naguère, dans l'Afrique du sud. un chef de pre-
mier ordre, apparut, sur un terrain d'opérations qui ne ressemblait
en rien au Transvaal, vis-à-vis d'un ennemi autrement fort et organisé
que les vaillants Boers, un militaire que les conceptio-ns les plus éle-
vées de la science de la guerre ne prenaient point au dépourvu. Lancé
à brûle pourpoint dans la fournaise, avec des soldats de toute vail-
lance, d'un moral extraordinaire, mais novices en somme, dans le
métier de combattant, French sut se tirer de dilTicultés extraordi-
naires avec ce calme, cette élévation de pensées, cette conception des
événements qui dénotent le grand chef d'armées. Ce premier volume
de ses Mémoires est d'un intérêt extrême. Sans doute, les nombreux
écrivains qui nous ont donné déjà des récits plus ou moins exacts.
plus ou moins fantaisistes des événements 1014-1918, nous avaient
mis au courant des opérations anglaises d'août à décembre 1914.
mais la narration dn maréchal French a une autre couleur, une antre
variété, une autre authenticité. En dehors du récit même des événtv
ments militaires, l'éminent écrivain nous donne, sur les lionnnc^
qu'il a eus comme collaborateurs ou subordonnés,quantilétle détails
sur sa coopération avec nos troupes, qui ont une haute valeur litté-
— 243 —
laire et historique. Les poitrails du maréchal JofTre, du gt'néial de
Casteluau, des géuéraux Galliéiii, Mauiioury, de M. Milh-iaud. du
maréchal Foch, des niarécliaux Kitchener, Haig, etc., etc., sont tracés
avec une vigueur de touche et une sûreté d'appréciation frappantes.
— A côté de ce premier volume des Mémoires du maréch.'d French,
la librairie Berger-Levrault met en vente une placiuette qui complète
heureusement la première publication. Ce sont les quatre rapports
officiels du maréchal à son gouvernement, sur les quatre grandes
périodes dont nous donnons plus haut les noms, c'est-à-dire : La
retraite de Mous ; la bataille de la Marne ; la bataille de l'.lisne ; la
bataille des Flandres (Yser). Publications extrêmement sérieuses et
intéressantes ; documents historiques de première valeur.
Comte de Sérignan.
Lille, par le général Percin. Paris, Grasset, 191&, in-16 de :i2ii p. —
Prix : 3 fr. 30.
On se souvient des bruits fâcheux qui coururent, à la fin d'août 1914,
sur la conduite tenue dans Lille par le général Percin. Uelevé aussitôt
de son commaiidement, cetofiîcier général disparut subitement de la
scène militaire, et, de sou lieu d'exil, réclama en vain, pendant
trois ans, contre une disgrâce qu'il prétendait imméritée. Ce fut seule-
ment en 1917 que l'arrivée au pouvoir d'un de ses amis et coreligion-
naires politiques, M. Painlevé, lui permit d'obtenir ce qu'il appelle
sa réhabilitation. C'est l'histoire des efforts tentés par lui pour arriver
à ce résultat que nous donne M. Percin dans le livre dont nous ins-
crivons ici le titre. C'est un plaidoyer pro donio qui n'a guère d'intérêt
que pour l'auteur. Nous craignons qu'en rejetant, comme il le fait,
sur le préfet dû Nord, sur le maire de Lille, sur le général JofTre, le
général de Castelnau, le général Maîtrot, etc., etc.. c'est-à-dire, sur
toutes les autorités civiles ou militaires avec lesquelles il fut en rap-
port au moment de l'abandon de Lille, la responsabilité de ses actes,
il ne nuise plutôt qu'il n'aide à sa défense. La France et l'opinion
publique apprécieront. Comte de Sérioan.
L-Aisne pendant la Grande Guerre, par G.^briel Hanotaux. Paris,
Alcan, 11)19. in-16 de vni-i23 p.. avec 6 planches et i carte hors texte.
— Prix : 2 fr. 75.
Ce nouveau volume de la collection : La France dévaslee, est, à
coup sûr, l'un des plus poignants, des plus remarquables et des plus
utiles, qui aient parus sur la guerre. Un jour que j'avais l'honneur de
lui rendre visite en sa belle demeure de Pargnan (canton de Craoune).
M. G. Hauotaux me fit faire, de la terrasse dominant r.\isne, un tour
d'horizon, m'expliqua comment de César à Jeanne d'.\rc et à Napo-
_ 244 —
léon, les destinées de la France s'étaient jouées en ces régions, et
pourquoi elles s'y joueraient encore... La « bataille de JofTre » s'y est
en efTel livrée et l'éniinent historien nous raconte aujourd'hui com-
ment la Bataille de l'Aisne est « le nœud formidable » de la Grande
Guerre, comment (( elle relie la défense du nord à la défense de l'est »,
■comment elle est « tout une campagne, la campagne de France. »
Ce livre écrit avec tme science profonde et une éloquence qui vient
du cœur — du cœur saignant et fier d'un grand patriote — relie aux
événements récents nos traditions nationales les plus essentielles. 11
montre aussi comment nous devons relever nos ruines et échapper à
la « défaite économique » dont nous menace 1' (( activité ambitieuse »
de l'Allemagne en lui opposant « une frontière de labeur, de richesse
et de fidélité. » 11 faut l'avoir lu ! Gustave Gautherot.
Après la victoire. '.Voies el critiques, par le général Gabrikl Rouquerol.
Nancy-Paris-Strasbourg, Berger-Levrault, s. d. (1919), in-12 de xv-222 p.
— Prix : 3 fr. 50.
De tout temps, tout au moins depuis bien longtemps, un antago-
nisme marqué a existé, dans les armées, entre les olFiciers d'état-
major et les officiers de troupe, ces derniers reprochant aux premiers
d'être des privilégiés, qui ayant, en campagne surtout, la besogne la
moins ardue, bénéficient de récompenses, de faveurs hors de
proportion avec leurs mérites. Cet antagonisme apparaît visiblement
dans le volume que vient de publier M. le général Rouquerol : Après
la victoire, travail qui, moins qu'un récit d'événements militaires, est
une sériede critiques sur la façon dont se sontdéroulés cesévénements,
sur la manière dont les fautes et les erreurs signalées auraient pu être
évitées. Le procès fait par l'écrivain à l'École de guerre et aux métho-
desappliquées avant 1914 pour la préparation, par notre hautcomman-
dement des méthodes stratégiques ou tactiques à employer dans la
lutte qu'on sentait prochaine, ce procès paraît légèrement tendancieux
et les critiques nous ont semblé excessives. Quantité d'allégations sont
très discutables. Quand M. Rouquerol nous dit, par exemple, que « le
chef, s'il a le devoir de ne pas s'exposer sans nécessité, ne peut s'abri-
ter impunément qu'après avoir été au danger avec sa troupe », de quel
chef veut il parler? Est-ce du brigadier, môme du divisionnaire qui
sont en contact étroit avec leurs hommes, ou du commandant de corps
d'armée, du commandant d'armée, du commandant de groupe d'ar-
mées, du généralissime '* Si le desideratum de l'écrivain peut être sou-
tenu pour les deux premiers, en est-il de même pour les autres ?
M. Rouquerol cite Bonaparte à .Vrcole. Mais Bonaparte à .\rcole n'avait
avec lui que la division Augoreau qui ne comptait pas 10. 000 hommes.
Nous sommes loin de ce chiffre aujourd'hui. En fait de méthodes pour
— 24.') —
la direction des aimées, que pouvait-on écrire de mieux inspiré et
conçu que le Règlement du 28 octobre 1913 sur la Conduile de$
grondes unités '/ Les deux gros volumes de Bernhardi : La Guerre d'au-
jourd'hui, ne valent sans doute pas cette plaquette de 70 pages due.
comme on sait, au général Pau. A un autre point de vue, est-ce le
moment, quand le pays tout entier tressaille encore de la joie de la
victoire d'éplucher la conduite d'opérations militaires à peine termi-
nées, pour y relever des erreurs et des défaillances inévitables? Sans
doute l'opinioti publique ne le pensera pas.
Comte de Sérignan.
Le 201' d'infanterie en campagne, lOI î- 1019. Paris, Jouve, 1010
in- 12 de iv-176 p.
Les historiques de régiment, tels qu'ils étaient rédigés avant la
guerre, étaient généralement d'assez piètre composition tant au point
de vue historique que littéraire. Inutile d'insister sur le fait que ceux
où seront retracés les faits et gestes de nos divers corps de troupe-
pendant la guerre actuelle auront une tout autre allure. L'histoire du
201% que nous avons sous les yeux, est une preuve évidente de la
vérité de notre allégation et les brillants faits d'armes de ce régiment
constituent un récit d'un intérêt souvent passionnant. Écrit avec cou-
leur, d'un style simple, où l'anecdote côtoie le récit épique, ce petit
Aolume mérite d'être cité comme une excellente contribution à
l'histoire de la guerre. Ajoutons que de spirituels croquis donnent un
mérite artistique appréciable à cette utile publication.
Comte de Sérign.vn.
Kn liyne. L'Éylîse de France pendant la (ira nde Guerre ( 1914-
191}t), par Fréuékic Bouvier. Paris, Pcnin, 1010. iri-16 de ^552 p. —
Prix : 3 fr. 50.
La guerre a eu. entre autres conséquences imprévues, celle de
mettre en lumière les Vertus militaires du clergé. Simples soldats ou
officiers, brancardiers, infirmiers ou aumôniers, tous ont fait leur
devoir sans hésitation comme sans ostentation. Aussi est-ce par mil-
liers qu'ils sont tombés sur les champs de bataille ou ont attendu
dans des lits d'hôpital une fin obscure qu'ils s'elforçaient de rendre
méritoire par l'acceptation de leurs souffrances. Les jeunes gens de
nos écoles et de nos patronages ont eu à appliquer les leçons qu'ils
avaient reçues et l'auteur a raison de leur consacrer un chapitre,
et non des moins émouvants, qui montre ce que valait notre jeunesse
catholique. Nos bonnes religieuses, qui avaient partagé la peine, sont
également admises à figurer au tableau d'honneur. Les prêtres que
leur âge empêchait de s'enrôler ont tenu cependant à payer de leur
— 246 —
personne et c'est un beau chapitre que celui où nous sont représentés
les évêques, toujours « défenseurs de la cité ». bravant les bombarde-
ments ou discutant courageusement avec les barbares envahisseurs.
Ce bon et beau livre, qui est une mosaïque de traits d'héroïsme, n'a
pas la prétention d'être complet. J'ai connu plusieurs prêtres, dont la
mort a été saintement glorieuse et dont les noms sont passés sous
silence... Us sont trop ! P. Pisam.
Les Chars d'assaut. Leur création et leur rôle pendant la
guerre 1915-1 918, par le capitaine Dutil. Paris, Berger-Levrault,
4919, gr. in-8 de vui-281 p., avec 21 cartes et 16 grav. — Prix : 20 fr.
Pendant les treize derniers mois de la guerre, le capitaine Dutil,
agrégé d'histoire, a sçrvi dans l'artillerie d'assaut. 11 était mieux
qualifié que personne pour établir la genèse de cette nouvelle arme,
pour décrire les types successifs des chars mis en service, pour expo-
ser leur rôle tactique, le recrutement et le dressage de leurs équi-
pages, pour rappeler les grandes attaques auxquelles ils participèrent
utilement.
Quand, après la bataille delà Marne, les armées se terrèrent dans
des tranchées et abris protégés par de formidables défenses, dans
bien des cerveaux germa la pensée de trouver le moyen de rompre
ces obstacles, d'écraser les réseaux de fils de fer et de percer le Front
ennemi.
Xenophon a parlé des chars armés de faux de Cyrus et d'Arta-
xerxès ; Léonard de Vinci, qui était un ingénieur merveilleux, avait,
dans une lettre à Ludovic le More, préconisé la construction de «cha-
riots couverts et sûrs et inattaquables, lesquels, s'ils pénétraient dans
les rangs des ennemis avec leur artillerie, rompraient même la troupe
la plus nombreuse de gens d'armes. Derrière eux l'infanterie pourra
s'avancer sans péril et sans empêchement. »
Si le principe du char est ancien, son mode de marche est-il au
moins d'invention toute récente ? Eh bien ! non ; le système de la
chenille, c'est-à-dire du rail venant se placer lui-même devant les
roues d'un véhicule en marche, date du xviii' siècle et doit être
attribué à un ingénieur anglais, Richard Lowell Edgeworlh.
C'est au cours de 191") que l'idée d'utiliser pour le combat offensif
nu appareil blindé à chenilles fut lancé à la fois en France et en An-
gleterre, et, de notre côté, le colonel Estienne. qui devait devenir le
giand chef de l'artillerie d'assaut, fut le premier à réclamer l'emploi
de « cuirassements mobiles pour assurer directement la progression
de l'infanterie. »
De longs mois s'écoulèrent entre la conception et la réalisation du
rliar d'assaut. On sait que les types Schneider et Sainl-Chamond
— 247 —
-fiueiit les premiers construits ; ils préseiitaient dos imperfections
nombreuses et les premiers essais sur les champs de bataille ne
furent pas de^plus'heureux. Le camp de Champlieu fut choisi pour
l'instruction et la préparation des unités. On peifectionna peu à peu
les appareils en renforçant sur certains points leur blindage, en les
dotant d'un démarreur électrique et d'un ventilât* ur. Lors de l'offen-
sive de l'Aisne au printemps de 1917, on put se rendre compte des
services que pouvaient rendre les chars, mais aussi de la fréquence
des pannes, de leur lenteur à manœuvrer dans les terrains défoncés
par les obus.
L'idée du char léger, type Renault, avec mitrailleuse ou canon,
fui alors lancée, mais elle rencontra des adversaires au ministère
de l'armement, qui était indépendant du ministère de la guerre.
L'insistance du général Pétain à réclamer ce nouvel appareil finit
par surmonter les résistances, et l'on sait le très heureux emploi qui
fut fait de ces chars lors de la grande offensive finale dirigée par le
maréchal Foch.
Les Allemands, qui s'étaient d'abord moqués des tanks anglais et
de nos chars, reconnurent bientôt leur valeur tactique et imaginèrent
des canons spéciaux et des balles pénétrantes pour les contre-
baltre ; ils finirent par en construire du type Elfriede, véritables
mastodontesarmésdei canons, pourvus d'un équipage de 28 hommes,
encore moins maniables que nos Saint-Ghamond.
L'ouvrage à la fois très documenté et très passionnant du capitaine
Dutil. est accompagné de ITj gravures et de 21 cartes qui ajoutent à
sou intérêt et en facilitent la compréhension.
Roger Lambelix.
La Poursuite A'ietorieuse (—(» septembre- 1 1 novembre 1918).
par Georges GutTTON. -Paris. Payot, 1919, in-IG de 2o6 p., avec 2 cartes
hors texte. — Prix : 4 fr. oO.
La féconde camaraderie et les splendides leçons de cette guerre \\c
doivent pas être perdues : pour cela, il importe que chaque « Corps >
ait son historique qui deviemie, au foyer des anciens combattants,
comme un livre de famille.
C'est l'idée qui a inspiré M. l'aumônier G. Guitton : « lutter à tout
prix pour la survivance », ou, comme le disait le général Boichul,
commandant la !53*' division en disant adieu à ses soldats, mainte-
nir les anciens « en paix, comme ils l'ont été au feu, tous unis sous
le drapeau, -pour la France, redevenue si grande ».
Lai Poursuite victorieuse a d'ailleurs un intérêt général puisqu'ell*^
raconte comment s'opéra la ruée finale, à l'aile gauche de l'armée
Gouraud, des monts de Champagne jusqu'à la Meuse. Les habitants
— 248 —
des régions libérées y trouveront l'histoire — admirablement contée
— de leur délivrance.
Le itS** — quatre fois cité, et dont la dernière opération fit l'objet;
du dernier communiqué officiel, — est aujourd'hui en Syrie, où il con-
tinue ses glorieuses traditions sous les ordres du général Gouraud.
Gustave Gautherot.
La Destruction des inonumeuts sur le Front occidental. Ré-
ponse aux plaidoyers allemands, par Au(;uste Marguuxier. I^aris
et Bruxelles, Yaii OEst, 1919, in-8 de vu-84 p., avec 49 photographies liors
texte. — Prix : 7 fr. 50.
« Quand viendra la paix », écrivait en août 1918 le professeur
Georg Wegener dans la Kôlnlschc Zeitimg, « il est certain qu'on
essaiera d'attribuer uniquement à l'Allemagne la totalité des
effrayantes destructions opérées sur tout le Front occidental, depuis
la mer du Nord jusqu'au Jura suisse, alors qu'il est prouvé que nos
adversaires sont responsables de la moitié au moins de celles-ci. »
La paix est venue, et les Allemands, mis en présence de l'inévitable
châtiment de leurs forfaits, se sont efforcés, ne pouvant plus les nier,
d'en atténuer l'horreur par ce plaidoyer paradoxal, où insiste aujour-
d'hui encore leur propagande. Aussi bien ne faut-il point se lasser de
répondre à l'éternel ennemi, et de réfuter ses mensonges. L'excellent
livre de M. Auguste Marguillier : La Destruction des monuments sur
le Front occidental, est et demeurera la meilleure, la plus éloquente
et convaincante des réponses. M. Marguillier, depuis de longues
années secrétaire et rédacteur à la Gazette des beaux-arts, spécialisé
dans les études d'art allemand, était tout désigné pour traiter cet.
émouvant sujet de la défense de notre patrimoine de beauté. Le -
premier de tous, il avait, durant la guerre, plaidé la cause de
nos œuvres d'art détruites ou volées, de nos monuments mutilés ;
il avait émis l'idée de compensations à chercher dans les Musées et
les collections particulières d'Allen)agne. Idée heureuse et féconde,
que d'éminents critiques ont développée, que l'Académie des beaux-
arts a faite sienne, qui a enfin abouti à une clause réparatrice insérée
dans le traité de paix. Hélas ! à la veille même de la signature, cette
clause, si juste et si modérée, qui nous permettait un choix parmi
les collections impériales de Berlin et de Potsdam, qui faisait rentrer
en France des tableaux, des sculptures et àes meubles qui n'auraient-
jamais dû en sortir, a été rayée du traité, par la déplorable interven-
tion d'un de nos grands alliés. Qu'on lise donc, que tout le monde
lise le livre si net, le réquisitoire si accablant de M. Marguillier, et
l'on verra combien nos revendications étaient fondées. Ce sont des
chapitres inséparables de l'histoire même de la guerre que ceux où il
— 249 —
nous expose les doctrines de guerre de l'Allemagne, les destruction»
en Belgique, où les noms de Visé, de Dinaiif. de Louvain. de Malines,
de Dixuiudc, de Nieuport, d'Ypres, sont à eux seuls l'évocation d'un
martyrologe. Kt puis, si nous passons à la France, voici Senlis, Sois-
sons, Coucy, Reims, Arras, Saint-Quentin, et les centaines de villages,
d'églises, de châteaux, où s'est exercée la fureur de dévastation de ceux
qui se croyaient vainqueurs. L'Italie n'est pas oubliée. Un album de
planches excellentes ajoute à la précision des lén)oignages et réunit
les plus irréfutables documents. Qu'on lise, que l'on garde ce volume ;
puisse-t-il instruire nos enfanls, et laisser dans les cœurs une flamme
de colère et une volonté de châtiment ! .AsoaÉ Pér.\té.
L'Alsace et la Guerre, par l'abbé E. Wktteri.é. Paris, Alcan, i9\9,
in-16 de ui-135 p. avec (i planches et 3 cartes hors texte. — Prix : 2 fr. 75.
Ce livre fait partie de la collection : La France dévastée dont un
volume est consacré à chacun des départements ou à chacune des
régionsdévastéesparla dernière guerre. Pour r.\lsace, l'auteur ne parle
pas seulement de la guerre qui a commencé en 1914, mais de celle
qui ravage le pays depuis 1871 , guerre parfois violente, souvent sour-
noise, toujours sans merci, entre une population éprise de liberté et
de démocratie et un ennemi hautain, arrogant et sans pitié. Le conflit
éclata au grand jour en 1914 et, pendant ces quatre dernières années,
le maryre des Alsaciens atteignit les limites de la plus tragique hor-
reur. La description de r.\lsace, de ses sites et de ses richesses, fait
l'objet du chap. I ; l'auteur expose ensuite les procédés de gouverne-
ment des .Vllemands, et, avec toute la compétence de l'ancien représen-
tant de r.Alsace au Heichstag, il nous apprend ce que fut réellement la
lutte pour l'autonomie de l'Alsace, ce que cette autonomie représentait
pour l'Alsacien. Avec la même compétence nous est racontée l'affaire
de Saverne, puis du chap. V'" au XVIll''. le martyre de l'Alsace depuis le
premier acte de guerre jusqu'au jour triomphal de la libération : le
joug militaire, les aveux allemands sur linsuccès de leurs tentatives
de germanisation, l'exil, la situation au Parlement, les évacuations,
pillages, réquisitions, assassinats, les fausses nouvelles qui ne parve-
naient pas à décourager la foi des Alsaciens, la conduite des soldats
alsaciens-lorrains, l'histoire et les épreuves d'un petit .Alsacien, sa
mort glorieuse, en martyr, le drame de Boursviller et enfin le tableau
des ruines sur le Front d'Alsace. Les deux derniers chapitres nous
apprennent, l'un comment les Alsaciens se vengeaient par leur esprit
caustique et l'ironie, de la barbarie allemande, et le dernier comment
finit le douloureux esclavage. Ce livre est un document. 11 nous ap-
prend bien des détails du plus grand intérêt. 11 acquiert toute sa
valeur de la plume vaillante qui l'a écrit. A. G.4.sser.
— 25U —
Le Pangermaniste en Alsace, par Jules Fucelich. Paris, Berger-Le-
vrault, 1919, in-16 de 79 p., avec 16 dessins de Hansi. — Prix : 1 fr.
Nous avons rendu compte naguère de l'ouvrage du même auteur :
Le Délire pangennanique. Pour bien le comprendre, il faut lire celui
que nous présentons aujourd'hui et dont la première édition avait du
reste déjà paru avant la guerre. L'étrange mentalité allemande en face
de la question d'Alsace-Lorraine y est magistralement exposée, avec
cet esprit ironique qui caractérise l'Alsacien quand il parle de l'alle-
mand. Celui-ci, aveuglé par son idéal pangermanique, a cru d'abord
réincorporer dans le grand Tout Allemand les deux provinces qu'il
jugeait avoir délivrées du joug français. A mesure que le temps
s'écoulait depuis le jour de la conquête, les allemands, voyant que
l'Alsacien ne répondait à aucune avance, furent d'abord étonnés, puis
affligés, puis froissés ; puis ils passèrent à tous les degrés de la mau-
vaise humeur, pour arriver enfin à la phase d'exaspération qu'on a
pu contempler avant la guerre. Et pour expliquer ce malentendu,
M. Frœlich nous montre spirituellement, tout le long de 23 pages,
les différences intellectuelles et morales qui séparent l'Alsacien de
l'Allemand. D'où est venu cette mentalité aux peuples d'outre- Rhin ?
L'auteurnousl'exposeencore d'après un conte de Grimm : « Le baillant
petit Tailleur. » Puis, en juin 1913, il montre l'Alsace qui, après avoir
attendu, désolée, les yeux mélancoliquement portés vers l'ouest, s'est
tournée avec assurance vers l'est et attend toujours. Quoi ? que l'Al-
lemagne se débarrasse du boulet qu'elle traîne après elle ! — On l'en
a débarrassé, malgré elle. Mais alors, dira-t-on, pourquoi cette nou-
velle édition du livre ? C'est qu'il faut encore instruire certains igno-
rants, ou qui feignent de l'être, et surtout que le pangermaniste vit
toujours. Ajoutons que 16 dessins de Hansi illustrent le petit volume
de façon caractéristique. A. Ga.sser.
L'Irlande dans la erise universelle (3 août 1914-25 juil-
let 1917), par Louis Tréguiz. Paris, Alcan, s. d. [1918], in-8 de vi-
279 p. — Prix : 6 fr.
Le volume de }l. Louis Tréguiz n'est ni un plaidoyer ni un réqui-
sitoire, mais un instrument de travail, un recueil documentaire d'in-
formations exactes. L'auteur expose avec clarté, précision, sobriété,
l'évolution des méthodes politiques en Irlande, de 1893 à 1914, puis
la participation irlandaise à la guerre des Alliés contre l'Allemagne,
puis les causes et les circonstances de la tentative d'insurrection
irlandaise contre la Couronne britannique en 1916, enfin les tenta-
tives ultérieures de règlement constitutionnel du problème irlandais.
La visible impartialité de M. Louis Tréguiz donne un grand poid.s à
chacune de ses affirmations. Le lecteur est mis au courant des com-
— 251 -
j)lexités redoutables, parfois déconceitanles, de; ce problème que tant
de causes, ancieunes ou récentes, ont rendu presque irisobible. Du
moins, on trouvera ici la matérialité des faits survenus jus(ju'à la fin
de l'année 1017 et les moyens de se former, sous bénéfice d'inven-
taire, une appréciation équitable, qui soit prudente et judicieuse.
Depuis l'ouvrage de M. Louis Tréguiz, ont paru, en 1919, deux
articles du R. P. Xavier Moisaiit, dans les Etudes, où est mise en
relief la légitimité des revendications essentielles de l'Irlande à ren-
contre de l'Angleterre, même des partis britanniques favorables au
régime du Home rule. Par contre, dans l'Europe nouvelle, notre émi-
nent collaborateur Roger Lambeliii a clairement établi les complicités
irlandaises, en pleine guerre, dans loffort germanique pour dissocier
et abattre la puissance britannique. Nous ne pouvons guère nous
étonner que ce dernier élément d'appréciation empêche les Anglais
de marquer toute la justice et la générosité désirables à l'égard du
parti de l'Indépendance irlandaise. En somme, la Grande-Bretagne a.
envers l'Irlande, deux espèces d'injures difficiles à oublier : les injures
récemment subies, et, plus encore, les injures persévéramment com-
mises durant des siècles d'histoire. Yves de la Brière.
Sur le Rhin, par Henry Bordeaux. Paris, Plon-Nourrit, s. d. [1919J, in-ifi
de vi-323 p. — Prix : 4 fr. 50.
Cet ouvrage se compose de notes prises au cours de deux voyages
sur les bords du Rhin dans des circonstances bien différentes : les
premières en 1905, ont été en partie imprimées dans les « Paysages
romanesques » de l'auteur ; les dernières, de toute fraîche date, se
rapportent aux fêtes de la libération célébrées à Strasbourg et à Metz
en décembre 1918, et à l'arrivée des troupes françaises sur le Rhin. De
cette juxtaposition nait un contraste qui attire et qui fait réfléchir. Là
M. Henry Bordeaux se plaisait à rechercher des émotions d'art :
c'étaient des visites successives à la maison de Heine, à celle de
Beethoven, à celle de Goethe, aux ruines fameuses de la vallée du
Rhin romantique et au vieux palais des électeurs palatins à Heidel-
berg ; ici le même voyageur subit des émotions patriotiques en son-
geant à Colette Baudoche, en assistant à l'entrée des généraux Fayolle
et Mangin à Mayence, en entendant chanter la « Marseillaise » dans
les rues de Strasbourg, en revoyant les cités si longtemps captives
faire retour dans la mère-patrie. Après avoir respiré des légendes, il
se complait à écrire une page d'histoire. Sa plume alerte, brillante,
bien française, sait rendre le tout avec un égal talent. H. S.
— 232 —
Les Grands Problèmes coloniaux. L'Effort colonial des Alliés^
par PiERHE Perreau-Pradieu et Maurice Besson. ISancy-Paris-Strasboug,
Berger-Levrault, 1919, in-8 de xv-184 p., avec 5 caries. — Prix : 10 fr.
On connaît déjà les noms des deux auteurs de ce livre ; on sait
qu'ils ont signe plusieurs bons ouvrages relatifs aux questions colo-
niales. Celui qu'ils viennent de publier ajoutera encore à leur réputa-
tion et sera lu avec un vif intérêt ; il traite, en effet, de questions
toutes proches de nous, ou dont la solution s'impose encore à notre
attention. C'est d'abord un aperçu d'ensemble sur la guerre dans les
colonies, sur tous les Fronts et sur les menées allemandes dans les
colonies alliées pendant la guerre ; vient ensuite un tableau sommaire
de l'entr'aide coloniale des Allies ; puis, pour finir, tine esquisse de
leur politique coloniale. C'est par im chapitre très général, sur le
domaine colonial des AIHbs après la guerre, que se clôt l'ouvrage ;
mais il importe de ne pas s'y tromper : rien de géographique dans
ce chapitre, exclusivement politique: MM. Perreau-Pradier et Besson
y préconisent, à côté de réformes purement françaises, l'établisse-
ment d'un (( comité colonial interallié », le développement de l'en-
tr'aide coloniale. « Plus de coups d'épingle », disent-ils... Ils ont rai-
son, mais... que « Messieurs les Anglais commencent. » C'est là en
effet (avec un lapsus qui leur a échappé à la p. xiv ; c'est le peintre
Hegnault qui a dit : « On bat maman ; j'accours ») notre seul re-
proche ; le livre de MM. Perreau-Pradier et Besson ne tient aucun
compte de tous les obstacles semés par nos bons amis et alliés sur
notre route, en Syrie tout spécialement ; rien, dans le | IX du cha-
pitre I ne permet de soupçonner que le roi du Hedjaz a été pour" les
Anglais un pantin dont ils se servaient surtout contre nous. Lacune
fâcheuse, et que n'excuse point la date à laquelle a été terminée l'in-
troduction du volume : janvier 1919. H. F.
Ceux qui vivent..., par Jean Marot. Paris, Payof, 1919. in-16 de 256 p.
— Prix : 4 fr. 50.
(( Ceux qui vivent » ce sont ceux qui luttent, ceux qui furent exal-
tés par les sacrifices de la guerre au-dessus d'eux-mêmes, ceux que
leur faiblesse a fait plus grands, u Ainsi le sol, — écrit l'auteur, —
engraissé de notre sang qui le rachète. nour,rit le germe d'une huma-
'iiité meilleure rénovée par le courage et la simplicité. » (( Notes prises
à la hâte, en trois ans de première ligne... selon les heures fuyantes
de calme ou de détresse », ces pages ont pour seul souci c un grand
respect pour la vérité. »
Nous ne connaissons pas d'ouvrage, en effet, qui exprime en traits
plus précis et plus vifs l'âme du combattant. Non pas du combattant
révolté et du mauvais soldat qui maudit la patrie — comme ceux de
— :>53 —
M. Barbusse. — mais du combattant qui puisa dans les merveilleuses
énergies de sa race les secrets de l'héroiaine et de la victoire.
Quels furent au juste les Emotions, les Devoirs, les Pensées du
« Poilu » de France? M. Jean Marot les analyse avec une finesse et
aussi un (aient de premier ordre. Glstave Gal'Therot.
Le .MîU'échal Foch, par le coimnandaiit A. (iRASsKT. N.incy-Paris-Stras-
boiirg. Bcigor-Levrault. 1919. in-10 de 96 p.. avec un portrait et 6 cartes.
— Prix : 2 fr.
Le commandant Grasset, qui nous a donné récemment un résumé
des Préceptes et jugements du maréchal Foch, publie aujourd'hui une
courte étude biographique sur le maréchal lui-même. Ce petit livre,
plus qu'une biographie proprement dite, demeure une relation suc-
cincte de la part prise par notre grand soldat aux opérations de la
guerre mondiale et nous n'y avons lien vu qui nait été dit déjà par
MM. Puaux et Recouly ; il est surtout intéressant comme bref résumé
historique. Comte de Sérig\a>.
L'Abri 5<»-A-2, suivi de In spécula niortis, par Jean Azaï.s. Paris, Publi-
cations Art et littérature. 1919, in-t2 de 112 p. — Prix : 2 fr. 50.
Ce recueil de pensées conçues au Front, ne manque certes pas de
puissance évocatrice, mais il ne ressemble guère aux fortes Médita-
tions dans ta tranchée du lieutenant Rédier ou aux consolantes inspi-
rations de Ceux qui vivent, par M. Jean .Marot. « Guerre honteuse, guerre
de lâches et d'irresponsables qui se résume en ces mots : destruction
aveugle de sans-défense. L'Allemand, notre ennemi? non !... Boche,
tu n'es comme moi que l'instrument sans volonté d'une chose sans
existence,... et demain, je ne vois pas pourquoi nous n'unirions pas
nos efforts vers un but meilleur, après les avoir gaspillés pour des
causes obscures et criminelles... » M. Azaïs, on le voit, est un intellec-
tuel de la famille de M. Barbusse, et nous préférons nous en tenir à
ce rapprochement, que l'auteur prendra sans doute pour une louange.
GCSTAVE G.VlTHEROr.
L'Homme né de la guerre. Téinoignaf/e d'un converti (Yser- Artois 191-0).
par He.nri Ghéon. Paris. Xoiivelle Revue franmise. 1919. petit in-8 de 228 p.
— Prix : 3 fr. 50.
Récit de conversion dont l'originalité est de décrire, avec une rare
puissance de psychologie et même de lyrisme, Pinfluence morale
exercée sur M. Henri Ghéon par la personnalité d'un chrétien
d'exceptionnelle valeur, le lieutenant de vaisseau Pierre Dupouey.
L'action de la grâce, chez M. Henri Ghéon, eut pour principal adju-
— 254 —
vant extérieur la révélation posthume des vertus surnaturelles de-
Pierre Dupouey par la bouche de l'aumônier militaire qui avait été
le confident de sa vie spirituelle si intense. Peu à peu, et malgré les
réactions de la mauvaise nature, le travail intérieur se poursuit. Les
tragiques leçons de la guerre deviennent l'occasion d'une profonde
transformation intellectuelle et morale. Un homme nouveau est né de
la guerre. En toute clairvoyance, en toute loyauté, le converti accom-
plira les démarches décisives. 11 croit ce que croyait Pierre Dupouey.
H trouvera la voie du salut et de la paix dans les mêmes certitudes.
Yves de la Brière.
Paroles françaises, par A.-D. Seutu.langes. Paris, Bloud et Gay, 1910,
in-8 de 241 p. — Prix : 3 fr. 50.
On sait avec quel dévouement et quel succès le R. P. Sertillanges a
prodigué sa parole pendant la guerre. Les hautes leçons qu'il savait
dégager des événements les plus tragiques ne doivent être ni
oubliées ni perdues. Elles ont été recueillies dans divers volumes.
Celui qu'on nous présente ici se compose de discours prononcés ces
dernières années à Notre-Dame, à Saint-Germain-des-Prés, à la prima-
tiale de Lyon, à la cathédrale de Chartres, et de contributions ap-
portées aux enquêtes qu'institua la Revue hebdomadaire eu 1914
et en 1917 sur les témoignages de l'expérience et sur /20s sanc-
tuaires. Les richesses d'un esprit rompu aux disciplines antiques et
muni des plus exactes informations du temps présent s"y éploient
avec une opulence, une ampleur, une variété innombrables. Théolo-
gien, philosophe, poète, historien, sociologue, moraliste, le P. Sertil-
langes trouve, en toute circonstance, les paroles qui instruisent en
charmant, qui émeuvent et éclairent, qui chantentet démontrent, pa-
roles souples et précises, alertes, poignantes, doctes et imagées, gra-
cieuses comme un sourire, lumineuses comme un regard de chez
nous, effilées comme une épée : Paroles françaises. Cn. Landry.
A propos «le doctrine. Les Leçons du passé confirmées par
celles de la <irande Guerre, par le lieutenant colonel E. C.holet.
Paris, Charlcs-Lavauzelle, 1919, in-8 de 161 p. — Prix : 4 fr. 80.
La période qui sépare la guerre de 1870 de celle de 1914 a été pour
la France une ère de recueillement pendant laquelle l'idée de revanche,
caressée par un certain nombre de Français irréductibles, allait s'af-
faiblissant dans l'esprit et lecœur des jeunes générations qui n'avaient
pas vu l'Année terrible. Non pas (pie noire j)ays pût se résoudre à con-
sidérer comme définitivement perdues les deux provinces que nous
avait arrachées le traité de Francfort ; mais on tendait à attendre la
restitution des territoires volés de la justice immanente des temps.
— 2;),) —
plutôt que d'une lutte violente dont ou prévoyait les sanglantes péri-
péties sans pouvoir imaginer l'horrible violence qu'elle a revôtue réel-
lement. Néaumoms, dans cette accalmie, plus appaiente que réelle,
une partie de la nation travaillait en silence, se préparait à une lutte
qui pouvait éclat(M' d'un moment à l'autre en dépit de notre volonté
mainte fois déclarée de fuir toute provocation, de pousser la patience
jusqu'à la limite extrême qui confine à la couardise. Dans l'armée, en
effet, depuis quarante-quatre ans, le tra^ail intellectuel, l'étude des
principes immuables de la science militaire, l'art d'appliquer ces
principes avaient été pratiqués par l'immense majorité de nos officiers,
et c'est grâce à ces études, à cette série d'etforts qu'au moment où
éclata la crise sanglante, la France se trouve prête pour l'effort gigan-
tesque qui devait lui donner la victoire finale. La bibliographie des tra-
vaux produits de 1871 à 1914 par nos officiers de tous grades, biblio-
graphie immense par le nombre, excellente par la qualité, est une
preuve concluante de la préparation intellectuelle dont nous parlons.
Les noms des principaux auteurs de ces études consciencieuses et
profondes sont trop nombreux pour que nous les rappelions tous-
Mais, à part les Levai, les Derrécagaix. les Relier, lesBerthaut, les
Foch, etc., etc., quantité d'autres officiers moins en vue avaient occupé
leurs loisirs d'une façon utile pour leur pays, et tel fut, par exemple,
le lieutenant-colonel Cholet qui, au moment où éclata la guerre
actuelle, venait de terminer un bon travail : .4 propos de doctrine, dont
les événements de 1914 ont fait différer jusqu'à aujourd'hui la publi-
cation. On verra en lisant cette étude profondément pensée, combien,
à la veille de la lutte, les esprits avisés avaient entrevu les conditions
militaires des combats futurs. A cet égard les chapitres sur l'unité de
doctrine, sur la nécessité d'avoir une doctrine, sur les principes de
la guerre, sur la façon, l'art d'appliquer les principes, sur l'autorité
dans le commandement, sur l'énergie morale dans l'exécution, sur
r « action », base de la guerre, dénotent un esprit infiniment averti
des questions traitées, des problèmes à résoudre. 11 nous faudrait
plusieurs pages pour analyser même sommairement ce remarquable
travail. 11 est de ceux qu'il convient de lire et de méditer, son étude
devant faciliter singulièrement l'intelligence des causes qui ont pro-
duit notre victoire. Comte de Sérignan.
Contribution à l'étude des blocus nouveaux, par Je.^n Ai.essandri.
Paris, de Boccard. 1919, in-8 de 144 p. — Prix : 6 fr.
L'auteur lui-même expose excellemment, au début de l'Introduc-
tion, le but de cet ouvrage : u on se propose dans le présent travail,
dit-il, d'étudier les modifications apportées dans les conditions d'exer-
cice du blocus maritime par l'emploi des navires sous-marins. »
— 2o6 —
"M. Jean Alessandri, commissaire de marine, a écrit cette étude vers
la fin de 1917, c'est-à-dire à une époque où la guerre sous-marine
avait donné naissance à un nombre de faits suffisant pour qu'une
théorie puisse être établie, et. par suite, pour permettre à l'auteur
d'atteindre le but qu'il s'était proposé.
Avant d'exposer ce que fut le blocus maritime au cours de la
Grande Guerre, M. Alessandri examine la conception qu'avait du blo-
cus, en 1909, la conférence de Londres, puis, en un court chapitre, il
traite des blocus fictifs, dont la théorie a inspiré parfois certaines
décisions prises au cours de la guerre. Les conclusions de ce très
intéressant volume, judicieusement pensé et bien écrit, sont groupées
sous la forme d'un essai d'une théorie des blocus nouveaux, théorie
forcément vague, d'abord parce que les sous-marins ne sont pas
encore parvenus à leur dernier stade de perfectionnement, et ensuite
parce que, en matière de blocus maritime, comme en bien d'autres,
hélas, on s'aperçoit rapidement que le droit international n'existe
pas, qu'il n'est qu'un chifTon de papier, que la force seule l'établira et
que la limite du droit ne sera que la réaction des États neutres inté-
ressés et lésés. J. G. T.
La Guerre absolue. Essai de philosophie de Vhisloire, par Georges Ba-
TAULT. Paris, Payot. 1919, in-16 de 279 p. — Prix : 4 fr. 50.
Ce livre est de ceux dont il est difficile de rendre compte en
quelques lignes, tant ils sont pleins d'idées. On y trouvera une vue
des faits tels qu'ils sont. Lauteur nous le dit dans ses Préliminaires,
qui seraient à citer d'un bout à l'autre. Retenons-en celte idée abso-
lument juste, à propos du sort futur des petits États, que l'avenir de
la civilisation repose tout entier sur l'opposition et sur la lutte toute
spirituelle de ces deux abstractions : la quantité et la qualité. Si la
loi du nombre l'emporte comme le fait craindre l'absurde manie éga-
litaire, qui tend à devenir la règle des sociétés démocratiques, c'en est
fait de l'humanité.
M. G. Batault ne manque pas l'occasion de dénoncer les erreurs
courantes, les utopies telles que celles qui consistent à voir dans la
forme démocratique du gouvernement et « l'industrialisation » à
outrance du monde des gages de la paix à venir. Il raille sans pitié
Benjamin Constant écrivant en 1813 : « Nous sommes arrivés à
l'époque du commerce, qui doit nécessairement remplacer celle de la
guerre ». et est plus dur encore pour M. Albert Thomas, qui a fait de
sa préface à la réédition de l'Esprit de conquête « un petit chef-
d'œuvre de ce que peut dicter l'esprit d'utopie à l'esprit de parti. »
\ oilà des hommes qui ne voient pas les choses telles qu'elles sont !
Il nous apprend aussi à discerner, dans l'étalisme et dans le machi-
- 2r)7 —
iiisine qui nous menacent, deux grands périls. L'iiumanité paiera de
plus en plus chéries progrès matérifls que lui app<jrte la science ;
ils favorisent la guerre en assurant le triomphe delà force. C'est l'es-
sentiel de la th(''<)rie allemande.
M. G. Balault (!st d'ailleurs convaincu que le changement dans la
forme du gouvernement de l'Allemagne ne modifiera pas la formule
nouvelle que ce pays a conçue d'une civilisation « dégagée des vieux
couplets idéalistes de justice et de liberté, mais parfaitenient adaptée
à révolution matérielle des Ktats et des nations reposant sur l'égali-
tarisme et l'industrialisme scientifique et se fondant sur le droit de
la force. »
La question est alors de savoir si cette formule finira par s'imposer :
autrement dit, si les peuples qui, en ayant gagné la présente guerre
contre l'Allemagne se trouvent logiquement condamnés à répudier sa
conception, contiimeront à s'opposer au mouvement qui entraîne le
monde vers l'industrialisme à outrance ou bien lui céderont à leur
tour.
M. G. Batault est incertain de l'avenir et termine ce « livre véri-
dique et sombre » par une invocation à l'espérance. Mais sur quoi la
fonder en dehors des forces spirituelles du christianisme ? Seules elles
demeurent capables de servir de contrepoids à la formidable pou%s.ée
de matérialisme qui aboutit fatalement à la « guerre absolue. »
L'auteur consacre naturellement à la « guerre secrète » de longs et
intéressants développements. Mais il semble attribuer à l'Allemagne
le rôle essentiel dans la Révolution russe. C'est une erreur. Nous le
renvoyons sur ce point au témoignage des diplomates et des officiers
qui étaient à Pétrograde à ce moment. En tout cas, il n'y avait pas
besoin de l'action allemande pour qu' « à travers toute l'Europe alliée
et neutre le chœur des défaitistes chantât la louange de la Révolution
russe. » Celle-ci répondait parfaitement, pour des motifs divers, aux
aspirations des démocraties anglaise, française et américaine.
A. DE Tablé.
La Xueva Revoluciôn, por P. M. Turull, con una caria prôlogo de
M. Léon Bourgeois y seguida de una encuesta sobre la Sociedad de naciones.
Barcelona, imp. de Henrich, 1919, in-16 de xv-233 p. — Prix : 3 fr.
Cela devient une mode de présenter au public, sous un titre com-
mun, une série d'articles de journaux, sans lien apparent, sans suite
logique. Le lecteur y perd et, à mon avis, l'auteur également, qui se
déshabitue ainsi de coordonner ses idées et d'écrire des livres. Cette
réflexion que suggèrent tant de volumes actuels, s'applique également
à celui de M. Turull, dont je viçns de transcrire le titre. C'est un
recueil d'articles, parus pour la plupart, nous dit l'auteur, dans la revue
Novembre-Décembre 1919. T. CXLVl. i".
— 2o8: —
catalane Messidor qu'il a fondée au début de 1918- H les a reproduits,
semble-t-il, tels quels, sans se soucier de les mettre au point, sans se
j)réoccuper des répétitions qui s'y pouvaient rencontrer.
Ces réserves faites, qui ne portent que sur la forme du livre, il
n'est que juste de reconnaître la valeur et l'intéiêt du fond. M. TuruU
remue beaucoup d'idées et d'itlées qui provoquent la réflexion.
t,e livre comprend quatre parties : Dans la première (Problèmes
internationaux) M. TuruU s'occupe beaucoup de la Société des nations
dont s'est épris son idéalisme généreux. Nous avons eu occasion de
signaler la brochure, en catalan et en français, qu'il a publiée en 1917
sur la Société des nations, la morale internationaliste et la Catalogne,
Ici, entre autres choses, il montre la possibilité d'une Société des
nations, il prône la constitution d'une ligne internationale pour en
préparer l'avènement. S'on socialisme n'est pas seulement spiritualiste
( « le socialisme sera spiritualiste ou il ne sera pas », aflîrme-t-il) ;
mais il est fortement imprégné des idées chrétiennes, et loin de s'en
défendre, il n'hésite pas à le déclarer. Sans doute son christianisme
semble un peu vague et nous regrettons qu'il paraisse imbu de pré-
jugés contre le catholicisme, qui est et demeurera toujours la condi-
tion et la garantie de tout progrès réel et durable.
La seconde partie, qui donne son titre au volume, montre dans la
Nouvelle Révolution «. la réalisation pratique des doctrines du Christ».
Sans croire à la disparition du prolétariat, l'auteur attend un allé-
gement de son soit par la réduction des heures de travail et
surtout par le développement de l'éducation et de l'instruction « par
où chaque citoyen sera mis en condition de développer ses aptitudes
et d'acquérir plus de bien-être. » Mais là encore l'organisation sociale
devra, à ses yeux, être internationale. 11 recherche les bases de cette
organisation et de la morale internationale.
La troisième partie du livre, comme l'indique son titre (Problèmes
ibériques) s'occupe de l'Espagne, un peu du Portugal et plus particu-
lièrement de la Catalogne. Nous y signalerons plus particulièrement
les articles sur l'embellissement de la langue.
La dernière partie (Silhouettes et philosophies) étudie quelques
écrivains et quelques doctrines. Notons-y un article contre le mer-
cantilisme littéraire.
L'ouvrage se termine par les réponses fournies par quelques nota-
bilités plus ou moins conimes à l'enquête de Messidor sur la Société
des nations (^Léon Bourgeois, Paul Otlet, A. Bonilla y San Martin, etc.)
et par un appendice qui donne le texte de la constitution de la Société -
des nations, créée par le traité de paix. E.-G. Ledos.
— 2î)l) —
I>e Itempart. par Victor Goedokp. Paris, la Renaissance du Livre, s. d.,
in-18 de 2SU p. — Prix : 4 fr. 90.
Au début de 1914, le docteur André Charlet pouvait, à bon droit,
passer pour un hoiiinie heureux. Il l'était en efTet. Possesseur d'une
belle fortune, membre, à quarante et quelques années, de l'Acadé-
n)ie de médecine, envoyé à la Chambre des dép\ifés par la circons-
crîptiou de Villers-Cotterets, le docteur Charlet voyait la vie lui
sourire par tous ses côtés. Eu particulier son fils aîné, jeune et brillant
lieutenant, sorti récemment de Saint-Cyr, son fils Paul, pour lerjuel
il paraissait avoir un faible, méritait de tous points, l'alTeclion pro-
fonde, la confiance que lui témoignait son père. S'entendant admira-
blement l'un et l'autre, ils n'étaient qu'une âme en deux corps. Et
c'est à ce moment, quand l'avenir paraissait n'avoir tissé que des
jours heureux poui" cette famille bien digne du bor)heur, que la
guerre mondiale éclate et que quelques jours après, la bataille de la
Marne, I^aul tombe glorieusement pour ne plus se relever. La catas-
trophe, chez Charlet. produisit un de ces effets inattendus dont
l'affreuse guerre devait, d'ailleurs, fournir plus d'un exemple. Frappé
subitement d'amnésie cérébrale, ce malheureux père, anéanti par la
douleur, [)crd instantanément la mémoire, oublie sur l'heure qu'il a
eu un fils, que ce fils vient de mourir et contiime son existence de
la veille avec le calme, le sang-froid de l'ignorance absolue. Mais
cette amnésie n'est qu'un premier pas vers la paralysie générale, vers^
la ruine de cette haute intelligence, probablement vers la folie. Sau-
vera-t-on Charlet de cette'affreuse déchéance ? Sa fille, son second fils,
en particulier une amie dévouée qui a servi de mère à ses enfants quand,
il y a douze ans, le docteur a perdu sa femme, tentent une lutte déses-
pérée pour conjurer le danger et sauver de l'horible perspective leur
père, leur ami. C'est ce combat de chaque jour que M. Victor Goedorp
nous décrit avec une maîtrise qui fait de son livre un récit extrême-
ment attachant. Divers épisodes pleins d'intérêt ajoiitent au mérite de
la trame principale de ce /?e//j/)a/-i dans lequell'auteur fait preuve à la
fois d'un talent remarquable d'écrivain et d'un vibrant patriotisme.
Comte de Sérignan.
— Depuis notre livraison de mars-avril 1919 nous n'avons pas eu
l'occasion de signaler de nouveaux volumes de la précieuse collection
des Pages d'histoire, 19iU-1919, de la maison Berger-Levrault ; mais
voici que nous en recevons à la fois neuf et certainement des plus
importants. Donc, nous en étions restés au 161" fascicule. Voici
d'abord le n° 162. Dans une étude aussi serrée que bien documentée.
M. G. Cerfberr de Médelsheim, directeur à la direction générale des
finances d'Alsace-Lorraine, expose la Lutte financière entre les belligé-
— 260 —
rants (in-12 de 28 p., avec 8 planches. Prix : 1 fr. 25). L'auteur nous
entretient tour à tour des emprunts des États en guerre, de la circu-
lation des billets, de l'escompte et du cours des changes. Travail
d'austère apparence, mais fort intéressant et tristement suggestif. —
N" 463. Les Communiqués officiels depuis la déclaration de guerre.
XXXVIII. Juillet-septembre i9l8 (suite chronologique des dépêches
du gouvernement français) (in-12 de 269 p. Prix : 3 fr.) : c'est, au
jour le jour, la brève relation de la dernière grande offensive alle-
mande et le commencement de la fin par la débâcle bulgare. —
N" 164. Neuvième volume de la Chronologie de la guerre, due à M. S.
R., qui résume les événements s'échelonnant entre le i"' juillet et le
31 décembre 1918. Tableau des dernières angoisses et des efforts des
Alliés que la victoire devait définitivement couronner (in-12 de 370 p.
Prix : 3 fr. 50). — N" 165. Le Bolchevisme en Russie. Livre blanc
anglais (avril 1919) (in-12 de 239 p. Prix : 3 fr. 50). La courte Intro-
duction placée en tête de ce volume en explique bien le 'contenu ;
nous la reproduisons intégralement : « Le recueil des rapports qui
suivent et qui émanent des représentants officiels de Sa Majesté le
Roi en Russie, d'autres sujets britanniques récemment de retour de
ce pays et de témoins impartiaux de nationalités diverses, s'étend sur
a période du régime bolcheviste, de l'été 1918 jusqu'aujourd'hui
(mars 1919). Ces rapports sont publiés en conformité d'une décision
du Cabinet de guerre, prise en janvier 1919. Ils ne sont accompagnés
d'aucune espèce de commentaire ni d'introduction. Ils sont suffisam-
ment éloquents par le tableau qu'ils présentent des principes et des
méthodes du pouvoir bolchevik, des événements terrifiants qui en
accompagnaient, l'exercice, des conséquences économiques qui s'en
sont suivies et de la misère presque incalculable qu'il a produite. »
Les 7 dernières pages sont occupées par une « table des matières »
qui est, en réalité, une claire analyse des 61 pièces d'étendue très
variable qui ont trouvé place dans ce volume dont le tirage a déjà
atteint 4000 exemplaires. — N° 166. Le Paris pendant la guerre, de
M. Gaston Cerfberr (in-12 de 110 p. Prix : '1 fr. 50) retrace, sans
hors-d'œuvre inutile, l'état moral, matériel, politique et administratif
de la capitale, avec aussi quelques détails militaires. On trouvera là
des précisions, des chiffres, le prix des denrées, les résultats des
souscriptions aux emprunts, les budgets municipaux, les recettes des
théâtres et quantité d'autres choses qui rentrent, à divers degrés,
dans ce qui constitue la vie générale de la grande ville. On ne saurait
étudier convenablement l'histoire delà guerre de 1914-1919 sans se
rendre compte de ce que fut la vie de Paris pendant ces quatre années
d'épreuves de toutes sortes. — N° 167. Les Communiqués officiels
depuis la déclaration de guerre. XXXIX. Octobre-décembre 191S (suite
— 261 —
chronologique des dépêches du gouveiuemenl français) (in-12 de
170 p. Prix : 3 fr.)- — N° 168. Trailé de Versailles 1919 (in-12 de
242 p. Prix : 3 fr. 50). On sait que c'est le 7 mai 1919 que le texte du
traité «le paix fut remis aux plénipotentiaires allemands et que sa
signature eut lieu le 30 juin. Nous nous bornerons à rappeler ici les
15 divisions de ce document diplomatique : I. Pacte de la Société des
nations; II. Frontières d'Allemagne; III. Clauses politiques euro-
péennes ; IV. Droits et intérêts allemands hors de l'Allemagne ; V.
Clauses militaires, navales et aériennes ; VI. Prisonniers et sépul-
tures ; VII. Sanctions; VIII. Réparations ; IX. Clauses financières;
X. Clauses économiques; XI. Navigation aérienne; XII. Ports, voies
d'eau et voies ferrées; XIII.' Travail; XIV. Garanties d'exécution ;
XV. Clauses diverses. — X*' 109. Encore un volume relatif à la
Chronologie de la guerre; c'est le dixième. Il va du 1"^ janvier au
30 juin 1919 (in-12 de 204 p. Prix : 3 fr.). Que de choses en peu de
mots ! — Et voici, avec le n" 170, le Traité de Saint-Germain que, le
iO septembre 1919, l'.Autriclie a signé, acceptant son démembrement
et sa complète déchéance comme grande puissance. L'empire des
Habsbourg, qui a longtemps marqué dans l'histoire européenne, n'est
plus qu'un petit État dont le rôle ne peut encore être défini. Quant à
son destin ni ses amis, ni ses ennemis, ni lui-même ne sauraient
dire ce qu'il sera ; Dieu seul le connaît.
— Les fascicules 30 et 31 de l'Histoire générale et anecdotique de
la guerre de 191U, par M. Jean-Bernard, comprennent les chapitres IV
et V du tome IV et le début du chapitre VI (Nancy-Paris-Strasbourg,
Berger- Levrault, 2 br. gr. in-8 paginées 113 à 208, avec carte et de
nombreuses illustrations. Prix du fascicule : 0 fr. 75). Sommaire du
30e fascicule : L'Affaire de Festubert. A Notre-Danie-de-Lorette. Le
Cuirassier épique. Un menu de Noël. Carency. Avec les garibaldiens.
Un Zeppelin sur Nancy. — Sommaire du 31' fascicule : Le Général
JofTre à ïhann. Line Classe française en Alsace. Guillaume II et le
Dieu allen)and. Les Socialistes allemands et la Guerre. Quelques
ambassadeurs allemands. Le « Mémoire du prince Lichnowsky ». La
Propagande allemande aux États-Unis. Une légende sur la grande-
duchesse de Luxembourg. Religieuses allemandes au pas de l'oie. —
M. Jean-Bernard, qui puise à des sources nombreuses et variées, conte
toujours avec entrain ; les tableaux quil fait ici de la barbarie
allemande sont particulièrement émouvants et irritants.
— Le Monténégro devant la conférence de la paix, par Yovan Pla-
menatz (Paris, Lang et Blanchong, 1919, 3 fasc. gr. in 8 de 14, 29 et
16 p.). La situation présente du Monténégro et de la dynastie monté-
négrine est loin d'être claire. A plus d'un point de vue. il semble que
l'unité de la race serbe réclame l'unité de gouvernement et que l'an-
— 262 —
cienne principaulé doive se fondre dans le royaume yougoslave. Un
valeureux peuple a su rester indépendant au milieu delà marée mon-
tante de l'islamisme ; son histoire est une rude et glorieuse épopée,
mais son rôle n'est-il pas terminé? Non, dit M. Plamenatz. ministre
du roi Nicolas ; il ne fait que commencer. Avec la souplesse d'un
adroit avocat, ce diplomate soutient les revendications de son peuple,
à moins que ce ne soit que celles de son souverain pratiquement
détrôné. Non seulement il se défend, mais il attaque et cherche à
montrer que l'intégrité du Monténégro ne sera acquise que par l'an-
nexion de l'Herzégovine et de Cattaro. C'est un beau plaidoyer mais
qui nous paraît trop habile pour ne pas exciter la méfiance des juges.
ViSKINOT.
QUELQUES RÉCENTES PUBLICATIONS ILLUSTRÉES
1. La France héroïque et ses alliés, par Gustave Geffroy, Léopold-
Lacour et Louis Lumet. Tome II. Paris, Larousse, s. d., (1920), gr.in-4de
324 p., avec 692 reproductions photographiques, 25 pLinches hors texte
en noir et en couleurs, 5 cartes en couleurs et 9 cartes en noir. Bro-
ché, 35 fr. ; relié dos chagrin, plats toile, fers spéciaux, 55 fr. — 2. La
Mine d'or infernale, par Georges Price. Tours, Marne, 1920, in-4 de
285 p., illustrations dans le texte et hors texte de A. Robida. Relié toile
pleine, plaque spéciale, tr. dorées, 15 fr. — 3. Pierre DarCay, prison-
nier de <|uerre, i)ar Bougarel-Boudeville. Tours, Marne. 1920, in-4
de 2:23 p., illustrations dans le texte et hors texte de Paul Avril. Relié
percaline fantaisie, plaque spéciale, tr. dorées, 13 fr. — 4. A. K. C, par
Jules Lemaitue. Tours, Marne, s. d. (1920), album in-4 de 34 p., avec des
images de Job (en couleurs). Cartonné dos toile, plats or et couleurs,
15 fr. — • 5. Bécassine en apprentissage. Paris, Gautier et Langue-
reau, s, d., (1919), album gr. in-8 de 61 p., illustrations en couleurs de
J. PiNCHON. Broché, 6 fr. ; cartonné, couvertures en couleurs, 7 fr. 150.
— 6. Les Livres roses pour la jeunesse. Série de 1919, 24 petits
volumes n'" 241 à 264, in-12 de chacun 32 p., illustrés. Dans un emboî-
tage carton, 5 fr. 50. — 7. Le Monde illustré, revue française et
du foyer, hebdomadaire universel. 63** année. 2' semestre 1919. Paris,
13, quai Voltaire, in-folio de 492 p. Abonnement annuel : France, 72 fr. ;
Etranger 92 fr. — S. La Semaine de Suzette. 15' année, 1«>" semes-
tre (6 février-31 juillet 1919. Paris, Gautier et Langucreau, gr. in-8 de
314 p., avec de très nombreuses grav. en noir et en couleurs. Abonne-
ment .'uHiuel : France et Algérie, 10 fr. ; étranger et colonies, 12 fr. ; le
vol., broché. 5 fr. 50 ; cartonné dos toile, 7 fr.
1. — MM. Gustave Geffroy, Léopold-Lacour et Louis Lumet vien-
nent d'achever par la publication d'un second volume le monument
qu'ils ont érigé à la gloire de la France héroïque et ses alliés. Nos lec-
teurs se souviennent sans doute que le récit écrit, sinon au jour le
jour, du moins au cours même des événements et sous leur poussée,
sous leur impression directe, s'arrêtait dans le premier volume au
début de mai 11)16 et nous montrait les Alliés n'ayant plus qu'un
— 2H3 -
Front ot qu'inif^ volonté. El s'il y eut des inornonls bien durs, si la
• fortune o pu à fiuelques-uns painître hésitante, la progression victo-
rieuse n'en a pas moins poursuivi son chemin jusqu'à cet armistice
du 11 noveinl>re 1918 qui a écarté le cauchemar (pii pesait sur l'En-
: rope et sur le monde. Le volume commence par les éniolions dou-
loureuses de l'expédition maïupiée des Dardanelles, de l'écrasement
de la Serbie, mais il se continue par l'épopée de Verdun, par la ba-
taille du Jutland. par la conquête des colonies allemandes. El si la
Hussie fait défection et sombre dans le bolchevisme où elle se débat
encore, voici les États-Unis qui viennent à la rescousse et qui aident
à donner le dernier coup de cognée à larbre pouri ides HohenzoUern.
Et l'on revit dans le livre de MM. GefFroy, LéopoKl-Lacour et Lumel
ces alternatives de crainte et de gloire qui, sous la direction géniale
et victorieuse de Foch, ont abouti au triomphe définitif. Des chapitres
spéciaux et non dépourvus d'intérêt sont consacrés à la Pensée el
l'Art pendant la guerre, à l'Effort de la France derrière le Front, à la
Solidarité nationale, au Parlement, nous devons regretter que les
auteurs, qui mettent en lumière les services et l'héroïsme de la plu-
part des classes de la société, même des parlementaires, passent à
peu près complètement sous silence le rôle du clergé. C'est une lacu-
ne dans un ouvrage d'ailleurs fort intéressant, que l'on lira avec
plaisir et qui, par la richesse et le choix des illustrations, constitue
un véritable musée de la guerre la plus terrible que le monde ait
subie jusqu'ici. L'impression dece beau volume fait honneur aux pres-
ses de la maison Larousse. La France héroïque et ses alliés est un
des plus beaux cadeaux d'élrennes, un des meilleurs livres de biblio^
thèque qui aient paru cette année.
2. — Une mission française, sous le commandement d'un lieute-
nant de vaisseau énergique et instruit, André Destenay, a été envoyée
en Afrique pour établir des postes de télégraphie sans fil dans la
région du Tchad, puis, après s'être entendue avec les divers Ktals
ayant des possessions voisines, traverser la Rhodésia et gagner la côle
orientale de l'Afriq'ue du sud pour s'y embarquer et rentrer en France.
Or, quand cette mission, composée de personnalités fort diverses
arriva dans le nord du Transvaal, en août 1914, elle reçut l'hospita-
lité d'Anglais exploitant une mine d'or appelée ((Terre-Promise. » Le
directeur de cette mine et son adjoint, un Français, apprirent à
Destenay et à ses compagnons que la guerre avait éclaté entre l'Alle-
magne et l'Autriche, d'une part, et la France, la Russie et l'.^ngle-
terre, de l'autre. La région étant voisine d'une colonie allemande,
les hostilités ne tardèrent pas à s'ouvrir entre Allemands et Anglais:
les premiers convoitant la mine d'or possédée par les seconds. C'est
alors que Destenay, à la tête des Européens renforcés de travailleurs
— 264 —
noirs, prit en mains la conduite des opérations militaires dans ce
coin d'Afrique appartenant à nos alliés. Les exploits accomplis par
les braves Franco-Anglais sont presque fabuleux : après avoir victo--
rieusement défendu la Mine d'or infernale de Terre-Promise, ils
capturent un état-major allemand et leurs soldats blancs et noirs, ils
conquièrent en courant le colonie de Goluwayo et sa capitale Willehm-
stadt et finalement s'emparent d'un sous-marin avec lequel ils gagnent
Diego-Suarez. Ces quelques lignes ne peuvent donner une idée com--
plète de ce récit passionnant, rempli d'aventures où l'héroïsme cou-
doie un comique réussi dont le héros est' un chasseur de fauves,
parent de l'illustre Tartarin de Tarascon et aussi spirituel que brave
et avisé. L'illustration, confiée au maître Robida, relève encore le
mérite du roman de M. Georges Price, qui enthousiasmera ia jeu-
nesse. Et la jolie reliure' dont il est paré ne sera pas pour nuire à son
succès.
3. — Dans un livre très vivant et agréablement illustré, qui ne
pourra manquer d'intéresser les jeunes lecteurs auxquels il s'a-
dresse, M. Bougarel-Boudeville nous retrace les aventures de
Pierre Bartay prisonnier de guerre. Parti comme tant d'autres aux
premiers jours de la mobilisation, laissant à Paris une mère et une
sœur tendrement aimées et un jeune cousin. Biaise, que sesinfirmid's
empêchent d'être mobilisé, mais qui en souffre comme d'une tare ot
qui sera heureux de mourir d'une bombe lancée par un zeppelin.
Pierre Bartay ne tarde pas à être fait prisonnier à Maubeuge. La vie
des prisonniers, la façon dont ils acceptent leur captivité, l'ingénio-
sité qu'ils emploient à s'organiser, la conduite des Allemands, I'mm'
mentalité sont exposées ici sans exagération, avec la véracité d'un
homme qui a lu les multiples documents que nous possédons sur l;i
matière et qui sait les utiliser. Bartay, comme d'autres, n'a qu'un
désir : c'est de s'évader pour venir reprendre sa place par miles défen-
seurs de la patiie. Après une tentative infructueuse au camp de
Friedrichsfeld, il est envoyé, avec une équipe de carriers, à AA'ulfralh,
près d'Essen. C'est de là qu'après des péripéties émouvantes il p.ir-
vient à gagner la Hollande avec un camarade. Est-il besoin de dire
(ju'une haute pensée chrétienne anime le livre d'un bout à l'autre ? 11
y a là notamment sur le rôle des aumôniers à la guerre et dans les
camps de prisonniers d'excellentes pages. 11 est regrettable que de
ci, de là les mots allemands soient écorchés ; on dit Komniandanliir
et non Konunandatnr ; on écrit Fraa et non Fraiï.
4. — 11 paraîtra assez extraordinaire à beaucoup de gens que laca-
démicien Jules Lemaître ait composé pour les enfants des contes très
courts, jolis, amusants, comportant de petites leçons de morale. Mais
leur étonnemenl cessera aj)rcs lecture de la Préface explicntivo
— 265 —
mise par M"" Myriarn Ilariy en liHe de lalhuni qui emprunte son
titre aux trois premières lettres de l'alphabet : A. li. (1. Les éditeurs
ont adjoint à l'auteur un « imaj^ier » de grand et original talent:
Job. Si bien que l'albun» dA à la collaboration de l'écrivain et de
l'artiste forme l'un des plus gracieux cadeaux qui soit possible d'of-
frir aux enfants de sept à dix ans. Nous ne douions pas, d'ailleurs,
que les parents, eux aussi, seront charmés par les petits récits de
l'académicien et plus encore peut-être par les riches compositions
eu couleurs de Job. On ne peut que féliciter la maison Marne — et
même l'admirer — d'avoir pu exécuter une publication d'un tel luxe
en des temps si difficiles.
5. — Les aventures de « Bécassine ». l'invraisemblable petite Bre-
tonne classée actuellement comme type, ont déjà fait l'objet de cinq
albums. Celui que nous annonçons : Bécassine en apprentissage,
devait, dans l'énsenible, tenir le n" 2 ; mais diverses circonstances
ont obligé les éditeurs à ne le faire paraître qu'aujourd'hui. C'est
donc le sixième album dont Bécassine est la réjouissante héroïne.
Nous la voyons d'abord entrer, sous les auspices de M"'« de Grand-
.\ir, comme apprentie chez une couturière de Quimper, M""' Ouiquou.
dans l'atelier où le magasin de laquelle, avec une bêtise souriante,
elle se rend coupable de tant de méfaits qu'elle comprend elle-même
que le mieux est de s'en aller. Elle trouve ensuite à s'employer,
encore à Quimper, chez un ami de sa famille qui tient l'hôtel du
Soleil d'or. Là, les sottises dont elle est coutumière s'accumulent au
point que ses seconds maîtres la mettent finalement à la porte. C'est
alors que son oncle, qui l'excuse en toutes choses, lolfre à M""® de
Grand-Air, qui la prend à son service. Pauvre Bécassine ! Il semble
que sa raison d'être est de comprendre invariablement de travers et
d'agir en conséquence. Les images aussi nombreuses que désopilantes
de M. Piuchon sont commentées avec un esprit des plus primesau-
tiers.
6. — La nouvelle série des Lirres roses pour la jeunesse n'est plus,
cette année, entièrement consacrée aux choses de la gueiie : mais bon
nombre de ces petits volumes y ont trait encore ; les autres offrent
des récits variés, dont l'action se passe en des pays fort divers, ou
renferment des contes amusants, même des comédies. Et, comme il
en paraît deux par mois, la série de 1919 forme, comme les précé-
dentes, 24 volumes de chacun 32 pages. En voici l'énoncé : N° 241.
Le Petit Patriote, par M. Charles Guyon (H gravuresL — N" 242. Le
Petit Inventeur, par M. H. -Pierre Linel (11 gravures). — N° 243. Au
fond delà Sibérie, par M. Charles Guyon (12 gravures). — V 244.
Jour de victoire {Il novembre Î91S). pièce en deux actes, par M. Henri
Pellier (14 gravures). — N° 245. La Haine du fakir, par M. Charles
— 2GH —
' Guyon (11 gravures). — N° 246. Les Petits Français an Japon, par le
même (12 gravures). — N'' 247. La Donne Peille Anglaise, par M. Louis
Dorey (12 gravures). — N" 248. Excursions d'un jeune Français au
bord du lac Léman, par M. Charles Guyon (12 gravures). — N» 249.
Les Écoliers norvégiens, par M. René Samoy (12 gravures). ^- N° 250.
Guignol fait la guerre, par M. Gaston Cony et Luc Mégret, comédie
en un acte (9 gravures). — N» 251. (Jinq Histoires de « Poilus », par
le sous-lieutenant Georges Thomas (12 gravures). — N" 252. Les Pre-
mières Armes du chevalier Bayard, par M. Pierre Hellin (U gra-
vures). — N" 253. La Dentellière et le carillonneur de Bruges, par
M. Luc Mégret (1 1 gravures). — N" 254. Les Débuis d'un grand inven-
teur, par M. H. -Pierre Linel (12 gravures). — N° 255. Bob, le petit
Écossais, par M. Charles Guyon (12 gravures). — N° 256. Oulo, le
petit Canaque, par M. Louis Dorey (12 gravures). — N° 257. Le Dor-
meur éveillé, conté des Mille et une Nuits, adaptation pour les enfants
(16 gravures). — N'' 258. La Ville aux cent pagodes, par M. Maurice
Faruey (12 gravures). — N'' 259. Les Petits Écoliers alsaciens sous la
domination allemande, par M. Charles Guyon (12 gravures). — N" 260-
Fn l'an 1950, par MM. Lorbert et H. Pellier (11 grav.). — N-^ 261. Le
Bai des corsaires, par M. Malo Renault (14 gravures). — xN" 262. Mé-
saventures de deux petits diables, par M. René Samoy (12 gravures).
■ — N"^ 263. Comment on fait son avenir, par M. Pierre Hellin. —
N" 264. Dans les prairies du Canada, par M. Maurice Farney. — Cet
ensemble constitue pour les enfants de 8 à 12 ans un cadeau d'étrennes
qui sera apprécie. U a aussi l'avantage, qui n'est pas à dédaigner par
le temps qui court, — comme l'on dit. — de ne pas trop grever la
bourse des donateurs.
7. — Depuis le 21 juin dernier, le Monde illustré a marqué une
nouvelle étape de son existence déjà longue (63 ans). Par suite de
trois annexions qui promettent, le titre de ce beau périodique est
devenu le suivant : Le Monde illustré. Revue française et du foyer. Le
deuxième semestre de 1919 que nous avons sous les yeux, est parti-
culièrement attachant et important : on y recourra souvent, car il est
documentaire. Il est en effet question de choses telles que le Traité
de paix de Versailles et de ceux conclus successivement avec l'Au-
triche et la Bulgarie. Et ce n'est pas seulement par des articles, mais
.aussi et surtout par l'image, fixation sur le papier de la physionomie
des hommes et de l'aspect des choses du moment, que le nouveau
Monde illustré sollicite el retient l'attention. 11 n'est guère utile d'in-
sister sur tous les faits, sur toutes les scènes résultant des circons-
tances militaires et politiques que l'on trouvera ici exposés par une
rédaction précise ou une illustration aussi soignée qu'abondante :
notons cependant, en courant, les fêtes de la victoire à Paris,
-- 2(\1 —
Londres. Bruxellos. New York, plc, ; los visites, les uns chez les
mitres, des ciicCs des gouvernements .lUiés ; des «articles sur la Révo-
lution russe et sur la Pologne, la célébration du retour à hi mère
patrie dans toutes les villes d'Alsace et de Lorraine ; les pèlerinages
iiiriciels aux- pays dévastés, etc., etc. A noter aussi deux grands
romans, forts diiïérents l'un de l'autre, et qui ont plu ou plairont à
tout le monde : La Femme sans nom, drame judiciaire de la fin du
wiir et du début du xix" siècle, par M. G. Lenotre et la Marquise de
Heure {19i'2-t9 Ui), par M. Paul Ilarel. Deux écrivains de talent :
M. Henry Bordeaux, de l'Académie française, et M. Antoine Rediei ,
([ui a dirigé avec succès jusqu'à la veille de la guerre l'excellente liei'ue
française, rédigent ici, régulièrement chaque semaine, le premier,
uiie chronique vivante, pittoresque et variée de la Vie française, le
second, un intéressant Courrier de Paris. Parmi les pins beaux nu-
méros de celte période semestrielle, celui de Noël séduira les plus
(lilHciles. II éxoque l'Orient, soit par i\os J/issions d'Orient, de
M. Henry Bordeaux, soit par l'article de notre collaborateur M. Gus-
tave Gautherot. relatif à l'Occupation française de la Syi-ie et de la
Cllicie, soit enfin par le travail de M. Louis Madelin sur les Croisades.
Cet ensemble, où le passé et le présent s'unissent à merveille, est
relevé d'une illustration plus luxueuse encore que d'habitude, car elle
comporte, entre autres choses, sept grandes scènes en couleurs, dont
trois forment un admirable triptyque. On le voit, et nous ne l'appren-
drons à aucun lecteur du Polybiblion, le Monde illiislrc est autant un
;ilbum de haut goût, ayant sa place dans tous les grands salons, qu'une
revue intéressante, actuelle toujours et souvent rétrospective.
8. — Les petites filles de buit à quatorze ans ont fait et feront leurs
délices de la Semaine de Suzetle, que la librairie Gautier et Langue-
leau édite pour elles spécialement depuis quatorze armées accomplies.
!.e volume que nous recommandons pour elles à leurs parents corres-
[)ond au premier semestre de la quinzième année et reste tout à fait à
la hauteur de ses devanciers. Nous trouvons là d'abord quatre romans
intéressants : Le Charmeur de serpents, par M. Léon Lambry <; La
Fille du forestier, par M"" Jane de Carrières ; Les Galons de Passe-
reau, par M. Froment et les Petits Héros de l'arrière, par M"" Ch. Pe-
ronnet. Ensuite quelques nouvelles gracieuses, des contes amusants,
lie nombreuses Historiettes illustrées, parmi lesquelles Bécassine chez
tes Turcs est de beaucoup la plus importante ; puis des comédies, des
saynètes, des monologues. Une spécialiste, qui signe « Tante Jacque-
line », explique, en de fréquentes causeries appuyées de dessins,
comment il convient d'habiller la poupée « Bleuette. d Le volume
traite encore quantité d'autres sujets où abondent les leçons de choses.
Les illostrations en noir et en couleurs occupent dans ce recueil une
— 2f)8 —
place presque aussi considérable que le texte. Conclusion : la Semaine-
de Suzetle sera bien accueillie par les fillettes de toutes les classes-
sociales. V18ENOT.
THÉOLOGIE
Les Écritures manichéennes, par Prosper Alfaric. Paris, Emile
Nourrit. 19i8, 2 vol. in-8. I. Vue générale, iii-15ip. — II. Étude analytique,
240 p.
Au sentiment de l'auteur, les Écritures manichéennes sont non
seulement les ouvrages de Manietdeses principaux disciples, qui ont
été regardés « comme la Bible des vrais croyants » de la secte, mais
encore des écrits gnostiques, qui « constituaient comme une Bible
de second ordre » et même des écrits juifs,' chrétiens et païens, dont
les manichéeus se sont'servis et dont ils ont adopté certaines tradi-
tions. Il prétend, pour des raisons insuffisantes, que tous étaient
tenus dans la secte dualiste pour inspirés, officiels, régulateurs de
la foi hérétique, canoniques (I, p. 30j. et il affirme qu'à l'exemple-
de l'Église catholique, l'Église manichéenne avait un catalogue de
livres saints, imposé aux croyants. Toutefois, il est obligé de recon-
naître que « ce nouveau Canon ». loin d'être immuable, a beaucoup
varié. En bien des lieux, des œuvres nouvelles ont remplacé d'autres
vieillies (II, p. 227). Les catalogues s'allègent avec le temps et ils
varient avec les pays d'où ils proviennent, Enfin, des schismes se
sont produits à diverses époques, et les sectes rivales avaient des
Écritures différentes, comme les doctrines qu'elles garantissaient.
Les écrits de Mani eux-mêmes ont constitué des recueils plus ou
moins développés : M. Alfaric les nomme Tétrade, Pcntateuque,.
Heptateuque. selon qu'ils contenaient trois, cinq ou sept ouvrages-
de l'hérésiarque. Il y a en tout cela un abus de termes, provenant
d'une fausse comparaison des soi-disant Écritures manichéennes
avec les Écritures inspirées des Juifs et des catholiques.
La Vue générale expose la constitiilionel l'histoire de ces Écritures.
La conslitiilion comprend leur origine qui provient des trois sources
indiquées et leurs caractères généraux sous le rapport de l'enseigne-
ment et de la forme littéraire. L'histoire comporte leur propagation
dans la chrétienté et hors d'elle, durant une dizaine de siècles, depuis
les provinces les plus reculées de l'Espagne jusqu'au fond de la
Chine, leur disparition de ces mêmes contrées et leur survivance. II
n'en reste que des débris, conservés par des auteurs chrétiens du
m* au ix« siècle, par des historiens arabes, persans et chinois du ix*^
au xv« siècle et par des manuscrits découverts au xix' dans plusieurs
villes du Turkestan chinois, à Tourfan et à Touen houang. M. Alfaric
les réunit tous, et son répertoire est intéressant.
— 2()fl —
L'Élude analytique traite avec plus de détails de chacune des caté-
•gories des Écritures manicht'euiies. L'auleur cherche à rattacher aux
écrits de Mani les fragments qui nous sont parvenus. Ses inductions
ne sont pas toutes certaines, quoique la plupart soient vmiseniblables.
Les écrits dos disciples immédiats mi phis tardifs sont historiques,
didactiques ou liturgiques. Ils ont moins de valeur et ils ont exercé
une influence moindre que ceux du maître. Il me j)araît fort donteux
qu'ils aient été regardés comme inspirés. Les écrits juifs et chrétiens,
adoptés dans quelques milieux manichéens, devraient plutôt être
considérés comme des livres apocryphes, Mani étant l'adversaire
des Juifs et supprimant du Nouveau Testament les textes qui ne
cadraient pas avec sa théologie. D'ailleurs, M. A.lfaric n'a pas réussi
à fixer les recensions de ces écrits, que les manichéens ont pu avoir
à leur disposition. Il n'a pas connu plusieurs livres récents qui
auraient pu l'aider dans cette recherche. Toutes les fautes d'im-
pression n'ont pas été relevées dans les deux listes d'errata, qui ont
été dressées. Un lecteur judicieux fera aisément le départ entre les
données acquises de cet ouvrage et quelques vues particulières de
l'historien du canon des Écritures manichéennes.
E. Mangenot.
L'Anaphoi'e apostolique et ses témoins, par Doni Paul Gagin.
Paris, Lethielleux, 1919. in-l6 de xii-383 p. — Prix : 7 fr.
En signalant ici, il y a quelques années {PolybUAion de juin 1913,
t. CXXVII. p. 504-306), lEacharistia de Dom Paul Cagin, je disais que
la discussion m'y paraissait menée avec une admirable clarté et qu'il
n'était point de lecteur qui ne pût lire le volume, pour peu qu'il fût
averti.
Cédant cependant à certains avis, le savant auteur a pensé que pour
cette classe de lecteurs « qu'effraie toujours un peu l'appareil rébar-
batif de démonstrations trop érudites et trop spéciales », il pouvait
être bon de présenter les résultats auxquels il était arrivé dans « un
travail de vulgarisation provisoire », qui leur permît de^ prendre
du moins « une première connaissance plus facile » de l'ouvrage.
« qui leur en donne la clef ».
Et c'est la pensée qui a, conduit Dom Cagin à rédiger cette Anaphore
apostolique que nous présentons aujourd'hui à nos lecteurs. En. nous
donnant de larges extraits de VEucharistia, il en souligne le sens . il
en fait ressortir plus nettement les conclusions, il éclaircit les doutes
et écarte les objections qui pourraient se présenter à l'esprit d'un lec-
teur peu attentif et superficiel, mal habitué à se pénétrer de la pensée
de l'auteur et à la garder dans sa mémoire. Nous nous réjouirons
qu'un plus grand nombre de lecteurs puisse s'assimiler ainsi les
— 270 -
résultats obtenus par Dom Cagiu, si intéressants et en même temps-
si consolants pour notre piété ; nous nous réjouirons plus encore si,
mis en goût par celte lecture, ils abordent celle de VEucliarislia et
celle de Te Deiun ou Illatlo qui l'a pi écédée.
Mais les lecteurs même de Y Eucharislia auront un singulier profit
à lire V Anaphore apostolique, non seulement parce qu'ils y trouveront
plus nettement exposée et mieux affirmée, s'il est possible, la pensée
de Dom Cagin, mais aussi parce que l'auteur a utilisé ce remaniement
pour mettre au point certaines parties et parce qu'il a ajouté quelques
documents nouveaux : nous signalerons en particulier un long mor-
ceau sur la prière de S. Polycarpe ; une note fort développée repro-
duisant les vues d'un correspondant anglais de Dom Cagin au sujet de
l'interpolation patripassiennedu Teslamenluni Dominl ; une autre note
sur l'Anapbore de l'ordination épiscopale qui « semble avoir suivi
parallèlement le même processus historique ». En outre un appendice,
considérable, puisqu'il remplit les p. 249 à 366 du volume, étudie
des questions annexes : avec les traces de gnosticisme que l'on prétend
découvrir dans l' Anaphore apostolique, un rapprochement curieux
entre la langue théologique de ce document et celle des épîtres de
S. Ignace, qui apporte une nouvelle corroboration à la date de l'Ana-
pliore ; la reproduction et la comparaison des différents textes de
l'Anaphore de l'ordination épiscopale ; la discussion de l'attribution
à saint Hippolyte des Statuts apostoliques.
On le voit, si l'Anaphore apostolique ne peut dispenser ceux qui
veulent connaître à fond la question de lire et d'étudier l'Eucharistia.
ce dernier ouvrage n'en trouve pas moins dans l'autre un complément
des plus précieux, j'ose même dire indispensable.
Nous ajouterons que le maniement de \' Anaphore est rendu plus
commode encore par une ample table alphabétique des matières qui
manquait à l'Eucharistia.
Nous ferons en terminant un double vœu : celui que Dom Cagin
ne nous fasse pas trop attendre sa troisième partie, puisqu'il nous a
mis l'eau à la bouche par le Fragment communiqué au Congrès eucha-
ristique de Lourdes en 1914 et que nous avons eu la joie de signaler
ici ; et celui aussi que le savant auteur, ou quelqu'un sous sa direction,
rende accessible à la masse des fidèles, à ceux qui ne peuvent lire des
' textes ni grecs ni latins ni étrangers, la connaissance des résultats
auxquels il est arrivé et qui peuvent donner à la piété im si précieux
aliment. E.-G. L.
Le Dogme de la Uédeinpiion. litude Ihéologique, par Jean Rivikre.
Paris, LeconVe. (jabalda, in-l2 de xvi 570 p. — I*rix : 4 fr.
L'ouvrage de M. Rivière n'est pas de ceux qui ne vivent que par
— 271 —
j'actuiiliié. Il pst donc pcrinis à un aiininiiier (pii leNienl du F"'ront
d'en parler aujoiird liui .soulcmciit.
Révéialioii du inyslèic, explication calholifjuo du mystère, défoi-
matiotis protcslaules du mystère : dans ces trois parties, largcmeut
développées, l'auleur étudie tous les aspects principaux sous Icscjucls
les théologiens anciens et modernes ont exposé ce dogme fondamental.
Il montre tout particulièrement la façon dont des i)oints de vues
divers peuvent se compléter réciproquement à condiliofi de n(; pas
être trop exclusifs, ni de supprimer le mystère lui-même sous pré-
texte de l'expliquer. 11 prouve de la manière la plus irréfutable que
l'Église et les grands théologiens ont toujours repoussé une côiicep-
liont rop authropomorphique de l'expiation rédemptrice: seule, l'élo-
quence mal réglée d'orateurs qui u'engagent ce faisant que leur
responsabilité personnelle doit porter le reproche de nous présenter
un Dieu cruel qui se vengerait du péché sur son Fils innocent. C'est
l'amour au contraire qui se révéla et qui demeure le principal artisan
de notre salut, car, nous dit Suarez : « Il ne faut pas imaginer que
Dieu ait par lui-même poursuivi le Christ ou qu'il ait fait en sorte, par
uueopéraliou spéciale et miraculeuse, que le Christ soulful quelques
douleurs extraordinaires : ceci est contraire à la bonté de Dieu et n'a
aucun fondement, ni dans l'Écriture ni dans une tradition quel-
conque. » (Disput. XXXllI, section 1" de son commentaire de la
Somn)e, citée par M. Rivière, p. 257).
ISous n'aurons pas l'outrecuidance de souhaiter longue vie à l'ou-
vrage de M. Rivière. 11 sera souvent cité, copié et pillé plus souvent
encore. E. Magnl>.
SCIENCES ET ARTS
Éducation. Un Essai d'orgaiiisation démocratique, par Lurovic
ZoRETTi. Paris, Plon-Nonrrit, 1918, iri-16 de xvni-287 p. — Prix:4fr.o0.
M. Zoretti est effrayé de l'état d'incohérence et de désorganisation
dans lequel se trouve la France au lendemain de la guerre. Il estime,
à juste litre, que les lacunes' et les tâtonnements du système éducatif
sont à la fois une résultante et une nouvelle cause aggravante de la
désorganisation générale, et qu'il y a urgence d'y porter remède.
C'est à quoi il s'emploie avec si grande hâte qu'il publie son étude
avant de l'avoir suffisamment mûrie à son gré. Elle est, dit-il dès la
Préface, u d'inspiration socialiste. » Et on admirera aussitôt qu'un
homme qui se plaint et fait une vive critique du désarroi de notre
pays, de 1' « impréparation » générale révélée par la guerre et de l'in-
compétence des pilotes, n'ait pas commencé par se demander si par
hasard les doctrines en faveur n'étaient pas pour quelque chose dans
— 272 -
€et universel chaos, et si, par exemple, les gens qui faisaient campa-
gne contre la <( folie des armements » n'avaient pas une part de res-
ponsabilité dans nos cruels insuccès. Mais non : le socialisme est le
progrès, c'est le bien. On ne le discute pas : ce serait manquer de
foi ; on l'organise et on l'impose. Imaginons un riverain de la Loin'
qui proclamerait un beau matin qu'il n'y aura plus d'inondation, et
qui renverserait, comme attentatoire à la beauté du paysage, la levée
protectrice. Est-ce à lui que recourront ses voisins lorsque, l'inonda-
tion étant survenue, ils chercheront à réparer le désastre ? M, Zoretli
prétend cependant qu'on l'écoute. Ch. Landry.
La Sélection humaine, par le prof. Charles I\ichet. Paris, Alcan, 1919,
in-8 de ui-262 p., carlonné toile. — Prix : 6 fr.
L'auteur était préoccupé déjà avant la guerre du grave problème de
la natalité. L'effroyable mortalité qui a atteint l'élément mâle de 18
à 40 ans n'a pu qu'augmenter ses préoccupations. Il voudrait lutter
contre la dépopulation en améliorant la race humaine ; pour cela il
préconise de lui appliquer les procédés scientifiques connus de tous
les éleveurs pour l'amélioration des races animales ou des espèces
végétales : il en résulterait une sélection humaine basée sur l'hérédité.
La sélection humaine sera-t-elle l'unique souci et le grand effort
des générations futures, comme le présage le professeur Kichet dans
sa conclusion ? Ceci est plus douteux. 11 montre la nécessité de per-
fectionner l'état physique et l'état intellectuel de l'homme : il n'est
pas de médecin d'enfants c^ui ne partage cet avis ; on a souvent négligé
l'un au profit de l'autre, en exploitant les facultés innées jusqu'à
l'hypertrophie au détriment de toutes les autres nécessaires à un sujet
complet. Mais, ceci fait, l'auteur voudrait ne permettre la reproduc-
tion de l'espèce qu'aux sujets ayant obtenu un minimum de perfec-
tion physique et intellectuelle. C'est faire bon marché de la liberté
individuelle et de ce qui constitue la vie même ! Et qui décidera de
l'aptitude physique et intellectuelle ? Qui prendra cette terrible res-
ponsabilité, d'arrêter la vie ? A-t-on réfléchi que c'est aussi grave
qu'une condamnation à mort ?
Suit un très curieux et captivant chapitre sur les formes de la civi-
lisation future qui tend vers le socialisme (par l'étatisme, l'oiganisa-
tion du travail, la discipline immuableet intégrale) ou vers l'anarchie
(par suppression du pouvoir central, l'individualisme, etc.). Entre
ces deux extrêmes l'auteur ne voit pas de salut ; il comprend bien
que l'égalité ne peut exister que dans la médiocrité ; mais il croit l'un
de ces deux éiats possible et réalisable en soi, il décrit très heureu-
sement la forme qu'y prendra le travail et il pense cette forme assez
compatible avec un bonheur relatif.
— 273 —
Cette description est excellente, mais il conclut (jue c'est à peu
^près la forme de l'Ktat... monarchique ! Conclusion au moins inat-
'tendue, cir justement le monarchie avait su organiser le travail avec
.lihertc dans l'ordre et la discipline.
Une autre curieuse erreur, hieti fréquente du reste, nous semble
dans la confusion entre le progrès, la civilisation et le bonheur: tout
cela pour lui ne fait qu'un. L'intelligence amène bien le progressons
•la forme de la science et de ses conséquences : le développement de
la première pourrait bien entraîner le progrès de la seconde. Mais
celle ci, quelle que soit son acuité, ne constitue pas la civilisation et
encore moins le bonheur qui n'a rien à voir avec ces concepts. Nous
ne pouvons souscrire à la première phrase du livre : « Le but de la
A'ie, c'est d'être heureux. » Heureusement ce n'est pas le but de la
vie, et il y en a d'autres, mais ils sont irréductibles à des équations.
Enfin le prof. Ch. Richet a réalisé un tour de force en réussis-
sant à éliminer toute idée morale et religieuse ; il le peut, person-
nellement s'il le veut, mais le livre y perd dans sa portée car on ne
peut de la vie éliminer les faits religieux et les faits de conscience.
Traiter ce sujet à côté de la morale sans y toucher est jouer la diffi-
culté. Du reste le livre, malgré ces lacunes, est attachant d'un bout à
l'autre et d'une lecture agréable et facile : c'est d'un biologiste que
n'effraient pas les problèmes de la philosophie.
Df Jean Febrand.
LITTÉRATURE
.-Les Amours, de Pierre de Ronsard. Texte établi sur le.s éditions de
.MDLX et de MDLXXVIII, et publié avec des additions de l'auteur, des notes
et des commentaires, par Ad. V.\n Bever. Paris, Crès, 1918. 2 vol. iii-lH
de x-357 et 340 p.. avec 8 reproductions en phototypie. — Prix des 2 vol. :
10 fr.
M. Van Bever, à qui nous devons la réimpression de tant de textes
littéraires, — textes qui, à vrai dire, n'ont pas été toujours choisis
parmi les plus édifiants, — nous donne aujourd'hui une élégante édi-
tion, imprimée et illustrée avec goût, des Amours de Ronsard. Des
deux tomes dont se compose cette édition, le premier reproduit les
livres 1 et II des Amours, de l'édition collective de 1560, et comprend,
en outre, un Supplément d'une trentaine de pièces, empruntées aux
éditions collectives de 1567-1572. Dans le second volume, on trouvera,
établis sur le texte original de 1578, un certain nombre de poèmes,
tels que la Moi't de Marie, les Sonnets et Madrigals pour Astrée, les
Sonnets pour Hélène, etc., qui forment le complément indispensable
des séries antérieures. M. Van Bever s'est ainsi pioposé de constituer
'-( une édition intégrale du texte des Amours, tel que l'auteur l'a conçu
Novembre-Décembre 1919. T. CXLVI. 18.
— 274 —
et augmenté à travers les diverses leçons qu'il nous a fournies de soii.«
œuvre. »
Il est, en effet, peu de poètes qiii se soient plus corrigés que Ronsard ; :
aussi le choix des éditions qui devaient servir de base aux diverses
parties de celle-ci, a-t il pu, dans plus d'un cas, embarrasser le nouvel'
éditeur. Ce choix n'a pas été fait à la légère ; si, par exemple, pour
les livres I et II des Amours, M. Van Bever a donné la préférence à
l'édition de 1560, c'est qu'aucune autre ne lui a paru fournir, u dans
sa forme presque primitive », un témoignage aussi pur et aussi exact -
du génie lyrique de Ronsard.
Les poésies de Ronsard, dépourvues de toute annotation, seraient
souvent peu intelligibles ; on s'en était bien avisé de son vivant même.
Les soixante dernières pages de la présente édition sont occupées par
une assez longue série de-a Notes et commentaires » dont les éléments
ont été empruntés, en grande partie, à Muret pour le premier livre
des Amours, à Remy Belleau pour le second, à Richelet et à Marcas--
sus pour les poésies comprises dans le deuxième volume. M. Van Be-
ver y a ajouté un bon nombre de notes personnelles, de caractère le-
plus souvent biographique ou bibliographique.
Une réimpression telle que celle-ci ne saurait avoir de valeur qu'au-
tant qu'elle reproduit très scrupuleusement le texte ou les textes adop-
tés. 11 peut arriver que la leçon de l'original soit notoirement fautive ;
il importe, dans ce cas, — qu'on la corrige ou non, — d'avertir le
lecteur. 11 est telle rectification nécessaire que l'on se serait attendu à
trouver dans le commentaire ; par exemple, à propos du premier vers
de la pièce intitulée : La Qnenolllc (t. 1, p. 322), où campagne est une
erreur manifeste pour compagne.
L'illustration, qui comporte notamment plusieurs portraits, a été
soignée et bien comprise. On a eu l'heureuse idée de reproduire, dans
les en-têtes et dans les culs-de-lampe, un certain nombre des motifs
décoratifs de la grande cheminée de la Possonière, la célèbre gentil-
hommière de Ronsard. L. A.
Conférences de l'Odéoii. 3° .série (1917-1918), publiées par Paul Ga-
VAULT. Paris, Hachette, 1919, in-16 de xi-212 p. — Prix : 3 fr. 50.
Comme le fait remarquer M. Paul Gavault avec utie juste fierté
dans la Préface de ce recueil, les conférences qui forment cette troi-
sième série ont, de même que les représentations qui leur ont donné
sujet, traversé une époque criticpie de la vie parisienne dans la
dernière année de la Grande Guerre. « Tandis que Paris était insulté
jour et nuit (par les gothas et les berthasj, le second Théâtre-Français
continuait avec conscience à fournir à ses abonnés les spectacles clas-
siques à quoi leur donuait droit le contrat qu'ils avaient signé avec la.
— 27". —
direction. » Directeur et acteurs faisaient vaillamment leur devoir et
les conférenciers étaient à leur poste. Les sujets et les orateurs étaient
les suivants : Horace (Corneille). — Le Dépit amoureux (Molière), par
Marc Le Gotipils. La partie sur Horace est assez remarquable ; celle
qui traite du Dépit amoureux nous a paru médiocre. — Sertorius
(Corneille). — Aimette et Luhin (Favarl), par Ch. Navarre. L'examen
de Sertorius a de bonnes qualités. Celui d'Annette et Lubin est très
agréable. M. Navarre déploie un excès d'admiration pour les pièces
médiocres de Corneille. — L'Ecole des femmes. — La Crili(jiie de
l'Ecole des femmes (Molière), par Félix Gaiffe. Jolie conférence. —
Attila (Corneille). — Les Grâces (Sainte-Foix), par Camille Le Senne.
L'étude sur Attila est intéressante, mais contestable en plusieurs
points. L'éloge de la pièce est excessif. On est un peu étonné d'ap-
prendre que « Boileau n'avait pas autorité de critique dramatique »
(p. 68). — Phèdre (Racine), par Gonzague Truc. Conférence très
remarquable. Ktude philosophique sur l'amour et Racine peintre de
l'amour. — Le Glorieux (Destouches), par J. Ernest-Charles. Assfz
bonne étude. — Les Fausses Confidences (Marivaux). — Le Sourd, "U
l'Auberge pleine (Desforges), par Fr. Funck-Brentano. Charmante
conférence. — Le Chevalier à la mode (Dancourt). — Le Bon Ménage
(Florian), par Léo Claretie. — La Sérénade fRegnard). — Le Philo-
sophe sans le savoir (Sedaine), par Léo Claretie. — Le Mariage de Vic-
torine (George Sand). — Louison (Alfred de Musset), par Léo Claretie.
Ces trois conférences sont dignes du talent de leur auteiir. — La Pe-
tite Ville (Picard). — L'Esprit de contradiction (Dufresny !, par Paul
Peltier. Cette conférence, qui termine la série, a dû être goûtée de ses
auditeurs. Le recueil tout entier le sera de ses lecteurs.
Mabius Sepet.
Paul Hervieii, conteur, moraliste et dramaturge, essai de critique
littéraire, par Edmond Estève. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1917.
gr. in-8 de 149 p. — Prix : 5 fr.
Rédaction ou plutôt, je pense, résumé d'une suite de leçons profes-
sées à la Faculté de Nancy pendant le tonnant hiver de 1915-1916,
cette étude, en six chapitres, du talent et de l'œuvre de Paul Hervieu,
est le bon travail d'un universitaire qui applique à un écrivain d'hier
les méthodes éprouvées de la critique classique. C'est bien ordonné
(L'homme; — sa formation littéraire; — le conteur; — le roman-
cier ; — l'auteur dramatique ; — le moraliste) ; c'est bien documenté,
avec une juste mesure d'analyses et de citations ; parfaitement clair,
sobre, d'un goût sage et raisonné... Non que M. Estève — rien qu'en
prenant comme sujet d'un cours public, à quelques pas du canon du
l'ennemi, ce montreur de marionnettes parisien — n'ait cédé une pe-
— 276 —
à l'engouement de la mode. On sait la réclame outrée faite, pour des
raisons qui n'étaient pas toutes de camaraderie littéraire et de courti-
sanerie, autour du nom et des moindres écrits et gestes de cet
homme, à qui sa fortune et son caractère avaient créé une haute
situation dans la gent de lettres et comment le mirent encore plus
haut sur le pavois la politique et un certain anarchisme intellectuel,
toujours empressé à exalter le parvenu très bourgeois, très acadé-
mique et très riche, en la vie ou en l'œuvre de qui il flaire — et flatte
— l'esprit de désordre et de rébellion. Ne l'a-t-on pas comparé aux
plus grands, à Shakespeare, à Eschyle .l>... Mais, tout en faisant à sa
valeur la part aussi grande que possible, et en évitant le persiflage,
M. Estève est trop clairvoyant pour n'avoir pas vu ce que ce talent
avait de tendu, de forcé ; ce qui manquait de dons naturels de verve
au conteur, d'imagination et d'observation large, souple, fine au
romancier, de pouvoir créateur à l'auteur dramatique. « Ce n'est,
dit-il justement, qu'à force de ténacité qu'il a possédé dans une cer-
taine mesure les qualités que de naissance il n'avait pas... » Aussi
tout ce qu'il a fait est systématique, raide et de vision bien bornée.
Quant à son théâtre, que Brunetière, et d'autres, et Hervieu lui-
même ont pris pour la tragédie moderne, un lettré comme M. Estève
se voit forcé de marquer tout ce qu'il y manque de grandeur, de
poésie, d'intérêt élevé, pour justifier ce classement. Et il sait bien,
connaissant tous les antécédents, tous les essais du passé, que cela,
avec le romanesque des situations comme fond et la faiblesse des
caractères comme trait commun des figures, c'est proprement le
drame bourgeois, tel à peu près que le conçurent Diderot, Beaumar-
chais, Sedaine, se distinguant seulement du mélo p;\r la qualité d'un
style, d'ailleurs trop appliqué, trop précieux, souvent froid.
Que si M. Estève avait développé celte critique littéraire, s'il y avait
ajouté la forte — et facile — critique morale qu'appellent les thèses
amères et violentes de ce « moraliste » de tréteau, on voit que l'étude
commencée avec un sincère désir d'admirer aurait vite tourné à
« l'éreintement... » L'éreintement n'y est pas, pas du tout. Mais la
conclusion, et il faut s'en féliciter, descend déjà cet écrivain de troi-
sième ordre du piédestal absurde où certaine coterie, avec la compli-
cité des badauds, lavait juché... Gabhiel Audiat.
X^n Iluinorinte mhoraliste. Pages choisies dans l'Œuvre de Paul Stapfer
et précédés d'une Iiilroduclion par Georges Saintville. Paris, Fischba-
cher, 1918, in-16 de xtv-328 p., avec portrait et aulograplie. — Prix :
3 fr. '60.
Les meilleures Pages choisies de Paul Stapfer sont empruntées à
son ouvrage : Des Réputations littéraires. Elle dénotent des qualités
— 277 —
charmantes d'observateur perspicace, d'hiiriioristc nialicieux etdf'sa-
busé. Elles témoignent, en outre, d'une vaste érudition et d'ampirs lec-
tures, non pas seulement autour de Montaigne et de Victor Hugo (les
deux maîtres qui exercèrent la critique admirative de l*aul Stapfer),
mais dans les provinces les plus variées de l'histoire littéraire. Signa-
lons, en particulier, le chapitre savoureux sur la ^fort des livres et le
chapitre, plein de verve amusante, ayant pour titre : Influence de la
vie et de la mort sur la destinée des réputations littéraires.
Mais les pages initiales de Philosophie et de Religion sont loin
d'avoir la même valeur. Les idées religieuses et philosophiques de
Paul Stapfer sont amplement développées, àproposdeWilfrod Monod,
dans l'étude sur la Double Hérésie d'un libre croyant. Non seulement
les négations rationalistes du protestantisme libéral ou du moder-
nisme doctrinal y sont formulées contre les croyances positives
de la dogmatique traditionnelle du christianisme avec une insolence
blasphématoire, mais encore les doctrines chrétiennes et catholiques
de la Providence, de la grâce et de la prière y sont caricaturées avec
unesuffîsance, disons plutôt avec une désinvolture et une vulgarité qui
accusent, en ces matières, une pénétration intellectuelle des plus mé-
diocres. « L'esprit qu'on veut avoir gâte celui que l'on a. »
Le volume se termine par les fragments de polémique politique
consacrés à la défense d'Alfred Dreyfus, en 1898. Vraiment, ces
textes méritaient d'être conservés comme témoignage du phénomène
de perturbation déterminé par la trop célèbre Affaire jusque dans les
cerveaux qui n'avaient pas encore paru déséquilibrés. Paul Stapfer
invitera l'Académie française à dénombrer sur le nom glorieux
d'Emile Zola tout ce qu'elle possède « d'âmesjustes, libres et fières. »
Il réclamera, pour l'auteur de J'accuse, « une place d'honneur dans le
Conciones français. » De la lettre odieuse et insensée d'Emile Zola au
président Félix Faure, Stapfer va jusqu'à écrire : «On la commentera
dans les classes, et les professeurs montreront aux élèves de rhéto-
rique, par ce texte de prose vraiment française, à quel point il est
vrai de dire que toute éloquence vient de l'âme... »
Il paraît que Paul Stapfer était un humoriste. La citation est pour-
tant textuelle. Et l'auteur n'avait alors aucune envie de plaisanter.
Voilà un document d'histoire de l'an 1898.
Yves de la Brière.
Moll Flanders. par Daniel de Foé : traduction française de Marcel
ScHWOB. Paris, Grès, 1918, in-16 de xvi-399 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le mérite supérieur et la prodigieuse fortune de Hobison Crusoe
ont quelque peu rejeté dans l'ombre les autres romans du même
auteur, où se déploient pourtant, et quelquefois à un degré égal, les
— 278 -
mêmes qualités d'invention, de rapidité, de vérité ou au moins d'ex-
traordinaire vraisemblance. Celui-ci, publié trois ans après Robinson,
présente la vie. contée par elle-même, d'une femme qui, ainsi que
l'indique le titre complet de l'original, « naquit à Newgate, et,
durant une vie continuellement variée de trois fois vingt ans, fut
douze ans prostituée, cinq fois mariée (dont l'une à son propre frère),
douze ans voleuse, huit ans déportée en Virginie, finalement devint
riche, vécut honnête, et mourut repentante. » Comme on peut s'y
attendre après cette annonce, les nombreuses aventures de l'héroïne
sont, pour la plupart, assez peu édifiantes, et Defoe n'en' voile guère
les détails. On se trouve ici le plus souvent au milieu de mauvaises
mœurs et parmi d'assez vilaines gens ; si ce sont les circonstances et
le besoin qui font tomber degré par degré la narratrice dans l'infa-
mie et le crime, elle ne semble pas en avoir grand'honte ni grand
remords, et c'est seulement après fortune faite et quand elle est ras-
surée sur son sort en ce monde, qu'elle songe, à l'avant dernière
ligne du livre, à faire « une pénitence sincère. » Mœurs et gens, s'ils
sont déplaisants, sont d'ailleurs vivement présentés, et sans doute
d'après nature, car Defoe les connaissait bien et avait pu les obser-
ver de près. Moll reproduit même sans doute quelques traits d'une
voleuse célèbre nommée Mary Frith. La traduction de M. Schwob est
bonne et rend bien la langue familière, aisée et précise de l'auteur
anglais. Pourquoi M. Schwob (après bien d'autres) appelle-t-il celui-ci
de Fo'é, avec une minuscule et un tréma, au lieu de Defoe ou De Foe,
formes subtituées par lui à son nom véritable, qui était Foe ?
A. Barbeau.
Mystiques et réalistes an(|Io-saxons, par Régis Michaud. Paris^
Colin. 1918. in-16 de 294 p. — Prix : 3 fr. 50.
Neuf études détachées composent ce volume. La première et la plus
étendue est consacrée à l'influence de Montaigne sur Emerson,
influence aussi grande que celle de Platon et de Gœthe. M. Michaud
y expose tout ce que le « sage de Concord » a dû à l'auteur des Essais
et il y démêle aussi de façon très fine les ressemblances d'esprit et
de sentiment que l'on peut découvrir entre le sceptique français et le
mystique du Nouveau Monde. Passent ensuite devant nos yeux six
écrivains américains et deux écrivains anglais, tous contempor.iins
ou presque contemporains, très divers entre eux et encore plus iné-
gaux : ce sont, dans Tordre où ils sont rangés, VValter Pater, Henry
James, Mark Twain. Jack London. Upton Sinclair, M°" Wharton,
liornard Shaw. De tous nous trouvons ici des portraits attachants et
fidèles. Peut-être, ({uand il traite des plus émineuts, M. Michaud
eût-il pu se donner un peu plus de champ ; du moins sa brièveté est-
— 2T.) —
elle toujours substantielle et précise. Quchiues critiques toutefois
eussent pu ôtre moins indiilgentf's et quelques éloges plus tempérés.
Est-ce que vraiment M. Berriard Shaw « est en passe de devenir une
sorte de Molière mondial » (p. 255)? la nouvelle, en ce cas, surprendra
encore bien des gens. Où Mark Twain réunit-il en soi tout seul <( le
fiel et le fantaisie de Swift, l'intransigeance morale de Carlyle, l'iro-
nie attendrie de Sterne, jointe au génie burlesque et à la bonhomie
de Cervantes et de Rabelais?» Ces jugements excessifs sont d'ailleurs
fort rares dans ce volume instructif et agréable, où le lecteur fran-
çais peut prendre une idée juste d'auteurs pour la plupart assez peu
lus chez nous. A. Babbeau.
HISTOIRE
Jerusalén y la Tierra Santa, por E. G6.\iez Carrillo. T. H de las
Obrns complétas. Madrid, editorial « .Mundo latine », 1919, in-16 de 273 p.
— Prix : 4 fr.
Voici que nous revient, comme tome II des Œuvres complètes de
M. Enrique Gômez Carrillo, cette Jérusalem, chère à l'auteur parmi
tous ses ouvrages et, à coup sûr, l'un des plus beaux livres sortis de
la plume du maître. En le relisant, j'ai retrouvé tout l'enchantement
de ma première lecture ; j'en ai senti plus vivement que jamais le
charme prenant, la puissance pénétrante. Ce n'est pas là un livre
qu'on feuillette, on le lit et à plus d'un passage l'on s'arrête pour mé-
diter ou pour rêver. C'est que c'est avant tout, si j'osedire, un voyage
sentimental ; l'auteur n'est pas un touriste qui promène de côté et
d'autre une vague curiosité ; ce n'est pas un savant préoccupé de tout
soumettre à l'examen de sa froide raison et de développer au lecteur
les résultats d'une enquête méticuleuse ; c'est, — il prononce le mot
quelque part, — un pèlerin passionné ; il est allé là-bas à la recherche
de l'Homme-Dieu ; lui chez qui le goût esthétique est si affiné, il se
défend au Saint Sépulchre d'une émotion artistique comme d'un sacri-
lège (p. 152) ; l'émotion qu'il recherche c'est celle que produit chez
un chrétien, même tiède, le contact avec les souvenirs vivants qu'a
laissés là-bas le Sauveur. Ni l'expérience de l'âge, ni les luttes du tra-
vail, ni les amertumes de la vie, ni le scepticisme du siècle nont
émoussé en lui cette heureuse faculté de s'émouvoir, de s'enthousias-
mer. Et les impressions que reçut si profondément son exquise sen-
sibilité, la plume de l'écrivain les rend avec une sincérité, une ingé-
nuité, une vivacité qui les rend communicatives : il voit et nous
voyons ; il s'émeut et nous nous sentons émus : ses affections vibrent
• et trouvent en nous un écho non moins vibrant.
Ce n'est pas à dire d'ailleurs que cette Jérusalem ne s'adresse chez
nous qu'au sentiment ; j'ai suggéré déjà que la lecture nous en invite
— 280 —
à la réflexion ; il y a des pages d'une psychologie puissante, comme-
celte admirable description de l'Ame juive qui commence par un
dithyrambe en l'iionneiir de ses vertus et finit par une sorte de justi--
fication de l'antisémitisme. Les lectures étendues de l'auteur et son
génie d'observation font que l'on trouvera chez lui à prendre et à.
apprendre. Sans doute, son érudition est parfois en défaut comme
quand il appelle (p. 72-73) Jean Leightfool et qu'il désigne comme un
savant allemand le fameux anglican John Lightfoot, qui fut vice-
chancelier de l'Université de Cambridge ; sans doute ses connais-
sances exégétiques ont des lacunes et sa critique des faiblesses ; sans
doute il n'est plus permis à un écrivain sérieux de reproduire, fût-ce
à titre dubitatif, la fable ridicule du concile qui aurait discuté la
question de l'âme de la femme (p. 44) ; mais n'allons pas demander
à un poète les précisions d'une érudition rigoureuse, pas plus que
nous n'irons chercher auprès de lui les règles de la foi et les ensei-
gnements de la doctriue. Et ce m'est un devoir, — dans cette revue
surtout où nous sommes attachés d'amour filial et de conviction
raisonnée à tout ce qu'enseigne la sainte Eglise romaine, — ce m'est'
un devoir de signaler avec regret dans ce livre, avec des préjugés un
peu vieillis et déconcertants, des assertions d'une orthodoxie-
douteuse, de véritables erreurs doctrinales, comme d'appeler des
détails sans importance des dogmes aussi fondamentaux que l'Imma-
culée Conception ou l'Infaillibilité pontificale, pierre angulaire et
garantie suprême de l'intégrité de la foi.
Mais ce ne sont là que des points dans l'ensemble, que des pages
dans le livre, malgré tout admirable et (jui fait si souvent vibrer en
nous la corde humaine et la fibre religieuse.
Lisez donc cette Jérusalem : vous n'y trouverez pas seulement un
grand écrivain, mais un homme ; vous n'y admirerez pas seulement
les dons de l'esprit ; vous y sentirez battre un cœur et palpiter une-
âme. E.-G. Ledos.
Les Procédés d'art de Tacite, par Edmond Gouubaud. Paris, Hachette,
1918, in-16 de xxi-297 p. — Prix : 3 fr. 50.
Passionné lui-même. Tacite passionne aussi le lecteur. Historien,,
sans doute, mais moraliste, orateur, pamphlétaire, quel personnage
l'emporte en lui? Il y a bien des manières d'aborder cette question.
Il est plus diflîcile d'y répondre avec certitude et impartialité. C'est
l'art de Tacite qu'étudie M. Courbaud. Mais l'art d'un écrivain n'est-
guère séparable du fond qui l'inspire. A le bien considérer, c'est tou-
jours à propos de Tacite le même problème qui s'agite. Chez lui les
procédés résultent de son génie propre, des traditions du genre his-
torique à Rome, de l'éducation littéraire, et réciproquement les
— 2SI —
procédés d'art n'ont pas été étrangers à sa conception de l'histoire.
Il écrit 1 liistoire année par année, tradition qui vient des Annales
des Pontifes. Oiateur à ses débuts, d'ailleurs enjpreint de l'éducation
oratoire commune à tous les écrivains romains, les habitudes de cette
éducation ne l'abandonnent pas quand il raconte : il vise à l'efTel. Et
pour l'obtenir il prend avec l'histoire quelques libertés, réunit ce que
sépare une exacte chronologie, force certains traits, élimine ce qui
pourrait alanguir le drame. Et c'est un des motifs pour lesquels il
préfère au récit le tableau où il excelle. Ici son génie est complice de
l'éducation. Homme d'imagination, il voit et veut faire voir. Pitto-
resque, dramatique, le tableau est plus apte que le récit à mettre en
lumière les sentiments des personnages, les impressions des masses
et des assemblées. Dans le tableau, ce n'est pas la couleur qu'il
cherche. L'analyse psychologique, les réflexions personnelles suivent
naturellement le spectacle qui n'est que la traduction en acte des
passions. C'est' que Tacite est moraliste autant que peintre. Le por-
trait nait spontanément sous sa plume. Ici le génie de l'auteur plus
que l'éducation détermine sa manière. De ses personnages, il peint
l'âme. S'il note des particularités physiques, ce n'est pas pour elles-
mêmes mais parce qu'elles sont en rapport avec un trait moral du
modèle. Au reste, plutôt rares sont les portraits en forme; le plus
souvent ils sont faits de traits épars que notre esprit rassemble.
Les discours relèvent de la tradition et de l'éducation. Ils ne sont
pas seulement un moyen d'exposition, un artifice. En faisant parler
les généraux, les historiens se conformaient à la réalité. Mais, et ici
l'école réapparaît, ce ne sont pas des reproductions textuelles, impos-
sibles le plus souvent. Même, quand par hasard on possédait le texte
de ces discours. Tacite n'avait garde de les reproduire, il se contentait
d'y faire allusion. Souci d'artiste ! L'unité de style ne doit pas être
rompue. Le procédé d'art, imposé par l'éducation, influe donc sur la
conscience de l'historien.
Enfin la préoccupation d'auteur n'est pas indifférente h Tacite. Fils
d'un temps où le succès, souvent éphémère, des lectures publiques
exige la recherche du piquant. Tacite éprouve le besoin d'innover.
Naturellement original, il cultive soigneusement son originalité :
l'analyse du style des Histoires le révèle. Pensée condensée, phrase
souvent courte, parfois allongée, mais non périodique, usage conti-
nuel du participe, de l'ablatif absolu, et pour gain de ce moule nou-
veau, ou presque, relief, antithèse, trait, mais aussi, la rançon : affec-
tation, obscurité.
D'ailleurs par dessus les procédés, les traditions, les souvenirs
d'école, un magnifique génie poétique qui transporte l'écrivain au
•)S->
delà de ce que ces éléments ont de limitatif, le dégage de l'artifice
pour l'élever sans peine au grand art.
Tels sont, un peu au hasard de la plume, les principaux traits qui
ressortent des ingénieuses analyses de M. Courbaud. Un vœu pour
finir. Sans doute on peut dire que Tacite est déjà tout entier dans
son premier grand ouvrage historique. 11 y a toutefois dans les
Annales une gravité, une sobriété, une profondeur qui s'affirment.
Par où l'art des Annales diffère de celui des Histoires, nous serions
curieux que M. Courbaud, si bien préparé, nous le montrât quelque
jour. André Baudrillart.
Mémoires et documents pour servir à l'histoire du commerce
et «le l'industrie en France, publiés sous la direction de Julien
IIayem. 5° série. Paris, Hachette, 1917, in-8 de xui-277 p. — Prix :
9 fr.
La collection dont M. Julien Tlayeni a entrepris depuis plusieurs
années la publication n'a pas besoin d'être définie : son titre en in-
dique avec assez de netteté l'objet pour qu'il soit inutile de l'indiquer
à nouveau. Mieux vaut insister sur les travaux contenus dans chaque
série successivement : c'est ce que nous allons faire, sans tarder da-
vantage, pour la cinquième série, la dernière parue. Elle contient
trois mémoires, d'un même auteur, M. Philippe Barrey, le savant
archiviste de la ville du Havre, et consacrés à un même sujet : l'essor
maritime du Havre-de-Grâce sous l'ancien régime. Dans le premier
de ces trois mémoires (Les Normands au Maroc au xvi« siècle, p. 1-44),
lauteur prouve que le Maroc est pour la Normandie, et en particulier
pour le Havre, une très ancienne connaissance ; sur les côtes atlanti-
quesde ce pays, les marins normands ont fréquenté de bonne heure ; la
liste des 115 navires havrais partis pour le Maroc entre 1568 et 1610
en fournit une démonstration éclatante. — De même en est-il pour les
Antilles, pour les lies du Pérou., comme on disait alors, où 363 na-
vires havrais (dont M. Barrey donne la liste aux p. 16.3-209) se seraient
rendus, à en croire les minutes plus ou moins bien conservées du
tabellionage, entre 1571 et 1610. Il y a donc eu une véritable naviga-
tion transatlantique au xvr siècle ; aussi M. Barrey a-t-il bien fait de
donnera sa seconde dissertation la plus étendue (p. 47-209), le titre
de : Le Havre transallanlique de lï>71 à 1610. — Dans un dernier cha-
pitre, consacré au Havre et la Navigation aux Antilles sous l'ancien
réf/ime ; la question coloniale en 17S9-179L M. Barrey montre (p. 211-
276) avec quelle continuité de très nombreux Havrais se rendirent
aux Antilles au xvtii« siècle, comment les controverses qui s'enga-
gèrent au temps de la Constituante sur le commerce colonial, sur la
question des hommes de couleur, sur la traite passionnèrent la popu-
— 283 —
îatioii (le la ville, combien la nouvelle de la révolte de Saint-Dornin-
<me la consterna. Il faut lire ces éludes de M. Harrey ; elles sont très
intéressantes, très neuves, très documentées, assises sur des bases
solides et jusqu'à présent inexploitées : les mitmtes du tabcUionage
du Havre. Elles font le plus grand honneur à leur auteur, dout il e>l
fâcheux (lue le nom ne figure pas sur la couverture d'un volume qu'il
a rédigé à lui seul. Henri Froidevaux.
Uéclts du temps des troubles (XVIe siècle) Une Famille. Les
d'Alègi-e, par Pierre de Vaissière. Paris, Émile-Paul. 1914. in-8 de
283 p., avec 7 planches. — Prix : 7 fr. 50.
Ce livre retrace la fortune <- de toutes parts tragique et sanglante .,
de la famille d'Alègre dans les quarante dernières années du
xvi« siècle.
Un conflit d'intérêts entre les deux familles alliées Alègre et Duprat
fat envenimé par une rixe où Christophe d'Alègre fut blessé par An-
toine et François Duprat. unis contre lui (ioHS). laquelle eut pour
^uite le meurtre de François Duprat par le frère du blessé. Antoine
d -Alègre, seigneur de Meilhaud. Pour en tirer vengeance. Guillaume,
baron de Vitteaux. frère de Duprat, tua à son tour le seigneur de
Meilhaud (1573).
Deux frères de ce dernier vivaient encore, d'ailleurs brouilles.
L'aîné, Yves III. baron, puis marquis d'Alègre, fut chargé d'une mis-
sion auprès du Saint-Siège par Catherine de Médicis (1563). prit une
part active au siège d'issoire, où il fut blessé (1377). et mourut, peu
après, dans les circonstances restées obscures d'une aventure galante.
Son neveu Yves, fils d'Antoine, fut envoyé comme otage en Alle-
magne, à la place d'Yves m (août 1576). qui. à cette occasion, lui
fit donation de tous ses biens. En revenant en France (septembre
1381), Yves IV les trouva usurpés par les héritiers de Christophe
(mort en 1580) et de là sortit un procès mémorable, qui. réglé une
première fois par un arrêt de 1588, traîna jusqu'au xyiii^ siècle. \ ves,
qui tua en duel le baron de Vitteaux (1583) pour venger son père,
essaya de devenir le chef du parti royaliste en Auvergne et périt tra-
giquement assassiné avec sa maîtresse, la marquise d'Estrées, par des
habitants d'issoire, ville de laquelle il était gouverneur (1592).
Le livre se termine par l'histoire de Christophe 11 d'Alègre. qui
couronna une série de violences ren Normandie) par l'odieux assassi-
nat du baron de Hallot (159-2), à la suite de quoi il n'échappa qu a
grand'peine au dernier supplice.
Le récit de ces faits, enrichi de nombreux documents, n'est pas seu-
lement propre, comme dit fauteur, à « donner... le plus colore et le
plus éclatant exemple [de] ce que devinrent en ce ... temps les mœurs
privées, dans le débordement de passions, de haines, de violences, de
corruption déchaînées par les dissensions politiques et religieuses » ;
il intéresse aussi l'histoire de France en général (en ce qui concerne,
par exemple, l'exécution de certains articles de la paix de Monsieur)
et l'histoire des provinces d'Auvergne, de Velay et de Normandie.
Enfin, ceux qui ont connu la « psychose des fils de fer barbelés »
dans les camps de prisonniers du « triste et sauvage pays d'Alle-
magne » ne liront pas sans intérêt le récit des cinq années de capti-
vité d'Yves IV, « à la merci d'un peuple si barbare que celui de Ger-
manie » (Simon Marion) : deux lettres que le prisonnier écrivit du
château d'Heidelberg, où il était tenu enfermé, nous le montrent en
proie au « cafard » (p. 126-127, 146-157).
Corrections et additions : p. 135, au lieu de el, de là, droit du pont,
estrade là où Je me trouverai (ce qui n'a pas de sens), il faut... droit
au Pont-Estrade, là où... (Pont-Estrade, arrondissement et canton
d'Issoire, commune de Perrier, est un pont sur la Couze, entre Per-
rier et Meilhaud). — P. 146, lire 1576 au lieu de 1577. — La dona-
tion en faveur de Morinot de Tourzel, citée p. 6, a été éditée : Extraits
du trésor des chartes depuis Charles VI jusqu'en 1567, Riom, 1901,
p. 163 (L'Auvergne hist. litt. et artist.). De même les lettres de rémis-
sion accordées à Antoine d'Alègre citées p. 30 : ibidem, p. 128.
Pierre-François Fouhnier.
French Frotestaiitism, by Cai.eb Guyeh Kelly. Baltimore, Jobs Hop-
kins Universily. 1918, in-8 de 185 p.
Dans la série des études d'économie politique publiées par la
« Johns Hopivins University » de Baltimore, vient de paraître un
important fascicule intitulé: French Protesianti^m (1559-1562). Ce
travail est conçu d'une façon toute nouvelle, en ce sens que les faits
historiques de ces trois années n'y jouent presque aucun rôle et que
le Protestantisme n'est envisagé qu'au point de vue de son organisa-
tion, de ses ressources tant extérieures qu'intérieures, de la façon dont
il entendait la vie nationale à ses débuts qui sont aussi, selon le mot
de l'auteur, son apogée : The re/orm al ils lleight.
On peut observer tout d'abord, — et ce n'est pas là une critique, —
que l'ouvrage entier n'est qu'une apologie raisonnée du calvinisme.
Seuls les protestants à cette époque connaissaient le commerce, sur-
tout le commerce extérieur, seuls ils pratiquaient l'économie en face
des prodigalités de la Cour et de la noblesse, seuls ils avaient une
organisation, ayant divisé le royaume en seize provinces et ayant su
se créer des ressources en dehors de l'I^^tat, qui, surtout depuis-
Henri 11. leur était ouvertement hostile.
— 28;; —
M. Caleb Guyer Kelly a consulté les sources historiques de l'époque
et il les énumère à peu près complètement à la fin de son volume,
après les avoir signalées dans de nombreuses notes. Mais il n'utilise
en général que les témoignages favoraljles aux [)rol(slants et il con-
fond la réalité avec les tendances. 11 suffit pour s'en convaincre de
citer un exemple. Que les doctrines de Calvin aient abouti, après de
longues années, à la Hépubli(|ue, personne ne le nie. Mais qu'au déijut
les grandes villes de France aient été converties à^ ce mode de gouver-
nement, c'est une assertion qu'il est impossible d'accepter. Quand
l'auteur dit (p. 70) que la ville d'Orléans. « nombril protestant du
royaume )>, avait adopté de 1557 à 1558 « le mécanisme de l'admirable
institution de Calvin, modèle encore aujourd'bui de la république
démocratique », c'est au point de vue historique une fausseté absolue.
Jamais Orléans n'a connu ou pratiqué avarit la Révolution les idées
républicaines. Pendant l'occupation violente de Condé lors de la pre-
mière guerre civile, la municipalité catholique avait été chassée et
remplacée par des protestants, mais, dès le départ des soldats de dW nde-
lot, l'administration de la cité de Jeanne d'Arc redevint catholique et
monarchicpie pour au moins trois siècles. Il en est de même de beau-
coup de réformes des huguenots qui ne laissèrent pas de traces en
France, en dehors des dévastations barbares que l'auteur a bien soin
de passer sous silence, comme n'étant pas de son sujet.
Ces réserves faites, il est certain que le volume de M. Caleb Guyer
Kelly est plein d'observations intéressantes sur les mœurs du temps,
sur le prix des denrées et les vaiiations du pouvoir de l'argent, sur
les partisans de la Réforme au dedans et au dehors, sur ce qu'il
nomme « l'arsenal » du protestantisme. Mais au point de vue p<ili-
tique, son chapitre intitulé: Guise ou Valois ? n'est pas exact pour
l'époque qui précède la bataille de Dreux.
A ce moment ne s'agitait aucunement la question de la déchéance
de la branche des Valois. Charles IX pouvait avoir un héritier mâle ;
ses frères, le duc d'Anjou et le duc d'.\Iençon, avaient l'avenir pour
eux. François de Guise n'avait pas l'ambition que son fils pourra
caresser vingt ans plus tard, quand Henri III se sera déconsidéré et
n'aura pas d'autre successeur éventuel qu'un protestant. Plus exact
est le dernier chapitre qui énumère les provinces et villes, surtout
dans le sud-ouest de la France, qui formaient « l'arsenal »> du protes-
tantisme. Leur résistance au pouvoir établi est comparée par l'auteur
aux insurrections de la Bretagne et de la Vendée contre la Convention,
qui fut un mouvement national bien différent. C'est le malheur des
guerres civiles d'être difficilement comprises par les étrangers, en
dépit du talent véritable dont a fait preuve M. Caleb Guyer Kelly et
qui est tout à l'honneur de l'Université de Baltimore.
G. Baguenault de Puchesse.
— 286 —
Madame de Villeneuve, née Marie I/Huillier d'Interville, fon-
datrice et institutrice de lu Société de la Croix (1507-1G50),
par le P. A. de Salinis, Paris, Beauchesne, 1918, in-8 de xix-547 p., avec
portrait. — ■ Prix : 6 fr.
Madame Carré de Malberg. fondatrice de la Société des Fillea
de Saint-François de Sales ( 1 829- 1 it9 i ), par Mgr Laveille.
Tours, Marne ; Paris, Téqui, 1917, in-8 de xix-510p. — Prix : 5 fr.
— L'histoire de la Société de la Croix était assez connue dans ses
grandes lignes, mais celle de sa fondatrice, M°°' de Villeneuve, l'était
fort peu, n'ayant jamais été écrite. Aussi l'ouvrage du P. de Salinis
sera-t-il accueilli avec un vif plaisir par tous ceux qui cherchent à
connaître dans leurs plus minutieux détails les origines des congréga-
tions religieuses nées en France. Et il sera d'autant mieux accueilli
qu'il contient beaucoup plus de choses que son litre n'en annonce.
En effet, avant de créer cet institut de la Croix, qui fut un des plus
admirables résultats de l'organisation de la charité catholique en
France dans la première moitié du xvii*' siècle, M°" de Villeneuve
avait joué un rôle des plus considérables dans l'établissement à Paris
des premiers monastères de la Visitation et devint, bien qu'elle ne
fût pas visitandine elle-même, la fondatrice de la maison de la rue
Saint-Jacques. Un autre lien très étroit l'unissait à la Visitation, car
c'est elle qui, après l'avoir arrachée à une vie mondaine peu édifiante,
amena sa sœur Hélène au couvent de la rue Saint-Antoine où celle-ci
prit le voile et dont elle devint la supérieure sous le nom de Mère
flélène-Angélique. Bref, elle déploya pendant de longues années un
tel zèle pour l'établissement et le développement de la Visitation à
Paris qu'elle fut, après la baronne de Chantai, la fille préférée de
saint François de Sales. C'est dans ses rapports personnels avec
l'évêque de Genève, qui commencèrent lors de sa venue à Paris en
1618, qu'elle puisa les lumières et l'énergie indispensable pour fon-
der, sur un plan tout nouveau, cette congrégation des Filles de la Croix,
qui devaient exercer toutes sortes d'œuvres de charité envers les per-
sonnes de leur sexe, particulièrement envers les plus pauvres. Elle ne
fit en somme qu'exécuter ce que saint François de Sales avait projeté
de faire lui-même, car le genre de vie et le programme d'œuvres
adoptés par les sœurs de la Croix sont précisément ceux qu'il aviiit
primitivement l'intention d'imposer aux religieuses de la Visitation.
Mais s'il dut renoncer à son dessein, il était tellement persuadé, du
jour où il connut et dirigea M"" de Villeneuve, qu'elle le réaliserait
enfin, qu'il lui remît les constitutions qu'il avait rédigées pour la Visi-
tation suivant sa première pensée. Aussi, bien qu'il soit mort plu-
sieurs années avant la fondation de la société de la Croix, on peut
affirmer qu'il en fut l'inspirateur et que M"" de Villeneiivc fut, au re-
gard de cette nouvelle congrégntion, l'exécutrice de sa volonté presque
— '2H1 -
au mèuic litre (jue M "" de Chaulai pour la Visilatioii. Les lignes qui
précèdent suPriront pour rnotitrer combien est grand linlérêt que doit
présenior, telle cpielle apparaît dans h- livre du P. de Salinis.
celle longue série d'événements religieux auxquels M'"" de Villeneuve
fut si élroitement mêlée en compagnie diin grand nombre d'illustres
et saints personnages. Kl je m'empresse d'ajouter que la façon lumi-
neuse et attachante avec laquelle le savant jésuite les fait passer sous
nos yeux ne contribue pas peu à augmenter cet intérêt.
— La douce et bienfaisante influence du saint évêque de CJenève ne
s'est pas faitsentir uniquement pendant sa vie et durant les premières
années qui suivirent sa mort, mais elle s'est prolongée jusqu'à nos
jours, puisque c'est en conformité avec la méthode de formation
spirituelle de ce grand saint qu'a été organisée il y a peu de temps
une Association placée directement sous son vocable, celle des Filles
de Saint-François de Sales, une association qui se distingue complè-
tement de toutes les congrégations religieuses proprement dites.
Aussi ne saurait-on trop admirer la merveilleuse fécondité de cette
méthode salésienne d'où sont sortis trois groupements unis par un
même esprit et cependant si différents par le programme suivant le-
quel se déploie leur activité, c'est-à-dire : la Visitation Sainte-Marie,
dont les membres vivent dans un cloître et n'ont plus de relation avec
le monde, puis les Filles de la Croix, qui sont astreintes aux vœux
simples, mais ne sont pas cloîtrées et se livrent à des œuvres de cha-
rité à l'extérieur de leurs monastères, enfin les Filles de Saint-François
de Sales, jeunes filles, veuves et même femmes mariées, qui naturelle-
ment ne sont pas cloîtrées, ne prononcent pas même de vœux et ne
se réunissent que pour réaliser plus facilement une double fin : leur
propre sanctification et un constant apostolat soit dans leur famille,
soit en dehors. Ce que M°" de Chantai et M"" de Villeneuve furent,
la première pour la Visitation, la seconde pour la Société delà Croix,
M"" Carré de Malberg le fut pour l'Association des Filles de Saint-
François de Sales. Pour faire entrevoir à quel degré de perfection elle
était arrivée, il suffira de dire que cinq ans seulement après sa mort
survenue en 1801, la cause de sa béatification fut introduite à Rome.
Mais on ne pourra s'empêcher de manifester ime extrême surprise
quand on apprendra que M"" Carré de Malbergn'élait pas veuve quand
elle mourut et qu'on vit ce phénomène extraordinaire, un mari dépo-
sant au procès de béatification de sa femme. Le livre si bien écrit par
Mgr Laveille, qui contient l'histoire de celle grande dame devenue
une sainte au milieu de toutes les occupations et distractions de la vie
du monde et réussissant sans jamais négliger aucun de ses devoirs
d'état, à fonder une vaste et admirable famille spirituelle, ce livre
devrait être lu, aujourd'hui surtout, par toutes les femmes de France.
— 288 —
Elles y découvriraient comment on peut se sanctifier dans les liens
du mariage, tout en vaquant aux devoirs du ménage, en élevant
ses enfants et sans se soustraire aux relations sociales.
Léon Clugnet.
Mémoires de Louis-Marie de Loménie, comte de Brieniie, dit
le jeune Brienne, publiés d'après le manuscrit autographe, pour la
Société de l'histoire de France, par Paul Bonxefon. T. III. Paris, Société
de l'histoire de France. 1919, in-8 de lvui-324 p. — Prix : 9 fr.
M. Bonnefon vient d'achever pour la Société de l'histoire de France
les Mémoires du Jeune Brienne, qui forment trois gros volumes et
sont consacrés au début du règne de Louis XIV (Voir pour les deux
premiers tomes, Polybiblion de février 1918, t, CXLIl, p. 125-126).
S'ils ne contiennent pas de révélations importantes, ils abondent en
anecdotes et en observations d'un narrateur dont les écrits sont beau-
coup plus raisonnables que la personne. Car il est impossible d'avoir
gâché aussi complètement une vie qui commençait sous les auspices
les plus favorables. Né en i<i36, il était attaché à seize ans au secré-
tariat de la maison du Roi, par la grâce de la Reine-mère et de Maza-
rin, comme survivancier de son père, et il était aussi le compagnon
des jeux du jeune Roi et investi de toute sa confiance. Ses désordres,
un jeu effréné et peu honnête le firent bientôt tomber en disgrâce ; et
comme une sorte de folie le rendait assez compromettant, il fut, par
lettre de cachet, enfermé dans des couvents, où il charma ses loisirs
par une monomanie de vers latins et français et la rédaction de ses
Mémoires. Très lettré, il était d'ailleurs l'ami de Chapelain, de La Fon-
taine, de Boileau, de M""' Deshoulières. de la famille de Pascal, avec
laquelle il prépara une édition des Pt-nsées, jouissant d'une certaine
liberté, qui lui permettait de ne pas perdre ses relations. Définitive-
ment élargi en 1696, il se retira volontairement dans une abbaye de
chanoines réguliers de Saint-Victor, à Château-Landon ; et c'est là
qu'il écrivit une seconde version de ses Mémoires, celle que le pré-
seut volume reproduit, d'après un très beau manuscrit de la Biblio-
thèque nationale.
Brienne avait composé beaucoup d'autres écrits sur des sujets très
divers, particulièrement sur le jansénisme, lesquels avaient circulé
tant imprimés que manuscrits au xviu« siècle, mais qui, on ne sait
comment, ont tous à peu près disparu. La perte n'est peut-être pas
très grande, car l'auteur est fort incapable de diriger sa plume avec
quelque méthode, et c'est encore dans des souvenirs personnels que
le décousu est le plus acceptable. M. Bonnefon n'a pas dissimulé tous
cesdéfaiitsdansla longue et intéressante notice qui est destinée à servir
d'Introduction à ce recueil ; il a eu soin de corriger parfois les asser-
— 2H[) —
lions douteuses de l'auteur; il a partout ajouté les notesles plusérudites
■et les plus précises, et il a terminé par une table analytifjue (jui sera
très utile aux travailleurs. Ou connner>ceà bien rounaître Louis \IV ;
-mais on peut toujours découvrir quekjue point qui avait écliappé aux
Jiistoriens, surtout dans le récit d'un témoin (pii pondant quelques
années a approché de si près le souverain, dont le caractère ne se des-
sina vraiment qu'après la mort de Mazarin.
G. Baguenallt de Pcciikssr.
Encyclopédie polonaise. Vie économique de lu Pologne, publié
par le Comité des publications encyclopédiques sur la Pologne. Lausanne,
imprimeries réunies S. A., 1919, in-8 de xxx-769 p., avec 30 cartes dans
le texte et hors texte, et des diagrammes.
Pour permettre à ceux qui s'intéressent à la Pologne d'acquérir
■facilement les données qu'ils cherchent sur elle, et surtout pour fournir
-à ceux qui ont dû décider de son sort les informations nécessaires
pour prendre leurs décisions en toute connaissance de cause, et con-
formément aux données fondamentales sur lesquelles repose toute la
-question de Pologne, il s'est constitué dès l'année 1915 un comité
polonais. Celui-ci a jugé indispensable de publier rapidement un
ouvrage encyclopédique assurant des informations exactes à qui-
conque voudrait prendre connaissance de la question polonaise et
l'étudier dans ses rapports avec les intérêts des autres pays européens.
Sans tarder, il s'est mis à l'œuvre, et le voici qui, après trois ans de
travail, publie l'Encyclopédie polonaise. En six volumes, cet ouvrage
exposera l'histoire de la Pologne indépendante (t. I), la géographie,
l'ethnographie et la démographie de la contrée (t. Il), sa vie écono-
mique (t. Ill), son organisation politique et administrative, judiciaire
et scolaire (t. IV et Y), enfin sa vie intellectuelle et morale (t. VI).
Tel est le plan très rationnel, permettant de connaître toute la vie de
Il nation polonaise, qu'a tracé l'initiateur de l'ouvrage, M. Erasme
Piltz, directeur de la « Société des études sociales » à Varsovie. —
Mais il ne suffît pas de concevoir un plan, il faut l'exécuter ; voilà ce
que M. Piltz a su mener à bonne fin avec l'aide d'un comité de rédac-
tion dans lequel se trouvent les savants polonais les plus éminents.
Grâce à la collaboration de ces hommes 'de bonne volonté, l'œuvre a
été menée rapidement ; en voici un premier volume, consacré à la vie
économique et sociale de la Pologne, le tome III de l'ensemble de
l'ouvrage. Rédigé par nombre de personnalités compétentes, dont
M. Stefan L. Zaleski a revu les manuscrits afin de les fondre en un
tout homogène, ce grps volume est conçu sur un plan très simple :
. après un aperçu d'ensemble sur les richesses naturelles de la Pologne
— nous voulons dire de l'ancienne république de Pologne, dont les
Novembre-Décembre 1919. A- GXL^1. 19.
— 2ÎK) —
frontières délimitent le champ géographique de la publication — voici i
une élude de chacune des trois parties entre lesquelles elle a été
morcelée : Pologne prussienne, Galicie et Silésie de Cieszin (Teschen)
ou Silésie autrichienne, enfin royaume de Pologne — le royaume du
Congrès de 1815, en dehors duquel se trouvent encore d'au lies parties
de l'ancienne république de Pologne, la Lithuanie et la Ruthénie, et
aussi la Gourlande, auxquelles est consacrée une section spéciale du
volume. Dans chacune de ces quatres sections, l'ordre adopté est le
même. Après un chapitre d'Introduction sur révolution économique
du pays au cours du xix^ siècle et jusqu'à 1914, l'agriculture, l'indus-
trie, le commerce, les voies de communication, le crédit, les sociétés
coopératives, la question ouvrière, les finatices publiques, font l'objet,
de chapitres spéciaux. Rien de plus intéressant, pour la connaissance
de la situation respective de chacune des fractions delà Pologne, que
la comparaison des quatre chapitres traitant du même sujet. — Mais,
dira-ton peut-être, quelle garantie peuvent ofl'rir les données fournies
par V Encyclopédie polonaise ? Ses rédacteurs n'ont-ils pas visé à faire
œuvre tendancieuse plutôt que scientifique ? Il faut tenir compte
d'abord du nom même de ces rédacteurs, de leur autorité et de leur
probité scientifiques ; ce sont là des garants de l'exactitude des faits
énoncés par eux. En outre, les statistiques ont été empruntées presque
exclusivement aux documents officiels des Etats copartageants ; les
autres sources utilisées sont mentionnées de manière explicite. Enfin
les appréciations et les- jugements personnels ont été réduits au mini-
mum. On peut donc faire confiance au volume 111 de l'Encyclopédie
polonaise, qu'illustrent trente cartes dans le texte et hors texteet de
nombreux graphiques, et dont un copieux index alphabétique facilite
la consultatioîi. Souhaitons-lui une cordiale bienvenue en exprimant
le vœu que les autres tomes de cette belle publicalion lui ressemblent
et ne tardent pas trop à paraître. IIenui Fhoidkvaux.
Recueil des actes diplomatiques, traités et docuknents concer-
nant la Pologne. Tome I. Les Parlages de la Pologne el la lutte pour
l'indépendance, par Kauol Lutostanski. Lausanne el l'aris, Payot, 1918,
in-4 de xix-712-xli p., avec 4 cartes hors texte.
Tandis qu'un groupe de savants polonais entreprend la publication
d'une importante Encyclopédie polonaise, un érudit de grande valeur,
M. Karol Lulostanski, professeur à l'Université de A'^arsovie, fait
paraître un recueil considérable, relatif aux partages de la Pologne
et à la lutte pour l'indépendance. Ce recueil, qui va de 1763 jusqu'en
l'aimée 1804, contient dans ses 369 numéros autant de textes dont le
premier est l'extrait d'une dépêche du nnuistrc anglaisa ^'arsovie,
W. Wroughton, signalant à son gouvernement les bruits (pii couTent.
— 2ÎM —
dans la capitale do la l'olopno sur l'existence d'une « crileiilo entre le
roi de Prusse et linipéralrice de Russie pour le partage de la plus
grande partie des terres polonaises. » Le dernier est une dépôclie de
Bismarck à l'envoyé pinssien à Saint-Pélersljourg, lui rocomniandaiit
de donner au vice-chancelier Gorlcliakow l'assurance que le gouver-
nennent prussien approuve les mesures prises par la Russie à l'égard
du clergé catholique, que la Prusse est prête à prendre partie à une
entente des trois cabinets de Vienne, de Pétersbotirg et de Berlin en
ce qui regarde la question polonaise, et éventuellement à fournir à la
Russie une aide efficace et loyale. Entre ces deux textes, qu'encadrent
une Introduction sur les causes essentielles de la chute de la répu-
blique de Pologne, et un épilogue étudiant le régime des puissances
copartageanles dans les territoires de cette république depuis 1864
jusqu'à 1914, se développe toute la série des documents qui racontent
la lamentable histoire des partages de 1772-1795, du grand-duché de
Varsovie et du quatrième partage, de l'insurrection de 1830-1831 et
de ses, conséquences, du « printemps des peuples » en Pologne, en
1848, enfin de l'insurrection de 1863-1864. — Ces documents sont
classés par ordre de dates et reproduits les uns intégralement ou eu
extraits constituant un tout homogène, les autres en extraits reliés
les uns aux autres par une analyse succincte pour laquelle ont été
surtout employés les termes mêmes des originaux ; toussent, comme
il convient, précédés de leur analyse sommaire. Pour faciliter aux
lecteurs l'intelligence des documents, de brèves notices, intercalées
entre les. pièces reproduites, rappellent les principaux événements
qui se sont déroulés à l'époque. Tel est le système suivi par M. Karo^
Lutostaiiski ; grâce à des différences de caractères typographiques, le
lecteur se rend compte au premier coup d'oeil de'ce qu'est le texte
qu'il lit : œuvre de l'éditeur, texte résumé ou texte intégral. Il dispose
d'autre part, pour situer les localités et saisir les traits géographiques
des partages, de quatre excellentes c^tes hors texte dressées par
M. Biske ; enfin, pour des recherches sur un point déterminé, il peut
recourir à une excellente tables des Actes, contenant la date et
l'analyse de chacun d'eux et l'indication de la source d'où il a été
tiré, puis à un copieux index des noms propres de localités et de
personnes. — Tel qu'il est ainsi constitué, le volume établi par
M. Karol Lutostanski constitue un très précieux répertoire, et qui
manquait ; il faut le féliciter d'avoir dressé ce répertoire avec autant
de science et de scrupule à la fois. Puissent les deux volumes qui
doivent l'encadrer, et qui auront trait l'un aux relations polono-
lithuaniennes, l'autre à la guerre mondiale, être les dignes frères de
celui-ci et constituer, comme lui, de précieux instruments de travail !
Henri Froidevalx.
— 292 —
Notes de James Hladison sur les débats de la Convention fédé-
rale de 1 7JJ7 et leur relation avec une plus parfaite Société
des nations, par James Brown Scott ; trad. par A. de Lapradelle.
Paris, Bossard, 1919, in-8 de xx-160 p. — Prix : 4 fr. 50.
En 1778, Içs colonies américaines qui se sont confédérées contre
l'Angleterre ont formé une Société des nations dont les liens se. sont
resserrés en 1787 ; le pacte de cette dernière date n'est plus un traité,
mais une véritable constitution ; et les peuples de ces différents États
ne sont plus des peuples, mais un seul peuple, celui des États-Unis.
Pourquoi n'en serait-il pas ainsi du pacte actuel de la Société des
nations? M. James Brown Scott entreprend de le prouver, sans le
dire explicitement, dans son étude sur les excellentes notes prises
par James Madison au cours des débats de la Convention fédérale de
1787. Mais reste à savoir si le progrès est réalisable dans le sens où
la Société des nations est orientée actuellement ; peut-être le sera-t-il
plutôt si l'on envisage, au lieu de la médiation d'un corps politique,
le développement d'une Cour d'arbitrage à compétence étendue jus-
qu'aux questions politiques. Telle est l'idée qui se dégage de ce petit
livre de M. James Brown Scott que, comme les légistes et les fervents
de droit international, les historiens liront avec intérêt et avec fruit
mais peut-être aussi avec quelque scepticisme. H. F.
La Révolution française et le réjjime féodal, par .\lphonse âulard.
Paris, Alcan, 1919, in-t6, de iv-286 p. — Prix : 3 fr. 50.
Dans la nuit du 4 août, la Constituante ne détruisit ^as tout le
'régime féodal. Les paysans firent des insurrections dans le Quercy et
provoquèrent des troubles dans le Périgord. En août 1792, après la
chute de la Royauté, la Constituante diminua le nombre des cas de
cens, de champart, de droits seigneuriaux quelconques, mais jus-
qu'en juillet 1 793 les Français payaient encore le cens et le champart ;
les particuliers, possesseurs des droits seigneuriaux ont pu, en
certaines circonstances, être moins rigoureux sous la Révolution
que sous l'ancien régime, mais la nation deveime propriétaire
des biens du clergé, des émigrés et du Roi, perçut à la place des
anciens possesseurs les droits seigneuriaux et se montra plus rigou-
reuse que les particuliers ou les corps. M. Aulard expose très fine-
ment les raisons de cette aggravation du système féodal entre les
mains de l'Administration, Les paysans réclamaient la suppression
de ces derniers vestiges de la féodalité. Ils veulent le règne do l'éga-
lité comme celui de la liberté. La loi du 17 juillet 1793 supprima
sans indemnité toutes redevances ci-devant seigneuriales, droits féo-
daux, censuels, fixes et casuels ; elle sacrifiait les intérêts de quelques
particuliers, héritiers des droits seigneuriaux, et môme les intérêts
— 293 —
pécuniaires de la nation, propriétaire de la majeure parlic de.-> dioits
supprimes. Cette loi combattue sous le Directoire et le Consulat ne
put pas être rapportée devant les manifestations in(jui(''tes (]f\ l'opi-
nion publique. Ce ne fut que le 17 septembre 1793 que la r'V'ie de
l'enregistrement recommanda à ses agents l'application de la loi par
une circulaire reproduite aux pages 2t)8-273. On lira avec un inlt'uct
particulier le^ chapitres 1 et 2 sur le régime féodal sous Louis \VI et
sur la nuit du 4 août et on remarquera dans les chapitres suivants la
prudence avec laquelle M. Aulard s'appuie sur des documents encore
peu nombreux dans la question de la réalité du paiement des droits
féodaux soit aux particuliers, soit à la nation. M. Aulard déclare
n'avoir pu tracer qu'une esquisse, mais son livre sera un guide néces-
saire à tous ceux qui voudront éludier le régime féodal sous la Révo-
lution. G. P.
Les Bénédictins de Saint-Vanne et la Itévolution. par .Ikan
GoDEFROY. Paris, Champion. 1918, in-lG do 322 p. — Prix : 5 fr.
La vie monastique avait perdu begiucoup de sa régularité au cours
des dissensions religieuses et politiques du xvi' siècle. Déjà, un pre-
mier groupe d'abbayes bénédictines s'était réuni en congrégation et
avait pris comme centre le monastère de Chezal-Benoît ; Saint-Maiu"
devait profiter ensuite de l'expérience des devanciers, et reprendre le
même programme. Les bénédictins de l'est formèrent une société
indépendante qui débuta par l'union des abbayes de Saint-Vanne, à
Verdun, et de Saint-Hydulphe, à iloyenmoutier. En 1789, la réforme
de Saint- Vanne était adoptée dans une cinquantaine de maisons répar-
ties dans les trois provinces de Lorraine, Franche-Comté et Cham-
pagne.
Que devint pendant la Révolution cette branche de l'arbre béné-
dictin ? C'est à cette question que M. Godefroy a voulu répondre et
il l'a fait avec beaucoup de savoir. Son livre ne contient pas. hélas !
que des pages édifiantes, mais si l'auteur est obligé de dévoiler beau-
coup de scandales, il le fait d'une main respectueusement discrète et
avec une compassion pieusement attristée.
Selon lui, le principe de décadence qui s'était assez vile développé
chez les religieux de Saint-Vannedérivaitdun vice constitutionnel de
leur compagnie. Pour renouveler et rajeunir l'esprit religieux, pour
éviter les longues prélatures dont les inconvénients étaient trop con-
nus, ils limitaient à une courte période les pouvoirs de supérieurs obli-
gatoirement renouvelables et réduisaient l'autorité de ces supérieurs
éphémères en les pourvoyant d'assistants qui neutralisaient leur
semblant de pouvoir. Ce régime anémiant avait tué toute initiative et
toute vue à longue échéance pouvant déterminer une action féconde.
— 294 —
Les moines, dont les bonnes volontés restaient inutiles, s'endorn:iaient
dans l'oisiveté et quand la tempête révolutionnaire se leva, leur édi-
fice s'écroula en ensevelissant bien des victimes sous ses ruines.
P. PlSA.NI,
Les Martyrs de Septembre, par Henri Welschinger. Paris. Lecoffre,
Gabalda. 1919. in-12 de xxiv-181 p. (Collection Les Saints). —Prix:
3fr.
Une Préface pleine de sentiments généreux et de foi ardente pré-
lude au récit très documenté des massacres parisiens de 1792 dans
les « prisons » des Carmes, de l'Abbaye, de la Force et de Saint-
Firmin. Mise au point de tous les témoignages déjà écrits ou impar-
faitement connus, et corroborés par les pièces du procès de béatifi-
cation actuellement en Gour de Rome et très avancé par les soins
du savant postulateur Mgr de Teil. — A. qui incombe la responsabi-
lité de ces massacres (213 victimes : 3 évêques, 207 prêtres, 3 laïcs) ?
M. Welschinger l'établit avec une indépendance d'historien qui ne
craint pas de prendre la respoasabililé de ses jugements : il conclut
que c'est aux pouvoirs publics, à Danton. A côté de cet aspect poli-
tique, il y a l'intérêt religie<ix ; ces « massacrés » furent des « mar-
tyrs » victimes de leur attachement indéfectible aux lois de l'Église
catholique. M. Welschinger relève, résume, reproduit les preuves
recueillies et admises par les juges compétents du tribunal romain
et s'associe à l'hommage mérité par les nobles serviteurs de la vérité
qui refusèrent de prêter un serment schismatique. Pour corroborer
son exposé historique il donne, avec une bibliographie succincte,
d'importantes « Annexes » dont la première est la liste alphabétique
des victimes. Ce petit volume est donc aussi utile qu'intéressant,
auusi émouvant que probant ; il met au point un épisode capital
de l'histoire religieuse de la Révolution. G. de G.
Histoire de la Confédération suisse, par Johannès Dierauer ; tra-
duit de l'allemand par Auguste Reymond. Tome V. Première partie. De
1798 à 1813. Lausanne, Payot, 1919, in-8 de vin-376 p. — Prix : 10 fr.
La Suisse ne tarda pas à essuyer le contre-coup de la Révolution
française auquel les mauvaits sujets du Club helvétique de Paris
-s'employèrent assez efficacement à ne la laisser point échapper. Pour-
tant, jusqu'en 1798, le magistrat des divers États conserva son pou-
voir presque intact, et la République française, aidée de linfâme
Gobel, ancien sufîragant de l'évêque de Bâle, n'avait encore arraché à
leur antique Confédération que la principauté de Porrentruy, appar-
tenant à ce prélat, et dont elle avait fait, en 1793, le département du
Mont-Terrible. Mais, dès cette époque, la Convention formait le des-
seit» d'etivahîr et de piller tout le pays de ces anciens alliés de la Cou-
roune. Ronapaile décida, en 1797, d'accomplir le projet, d'accord
avec le jacobin Rewbel et des patriotes tels que le Hàlois Ochs et le
Vaudois César de la Harpe. Les tyrans de notre démocratie modèle
prétendaient délivrer les cantons du joug de leurs souverains aristo-
crates, alors que, selon la parole de l'arnbâssadenr de France niême,
« personne n'ignorait que nul peuple n'était plus licurcux que le
peuple suisse, que nul n'était conduit avec plus de douceur, plus
d bumanité, plus de paternité. » (Papiers de Barlheleiny, IH, 144).
Aussi tout le peuple bonnête, en général, demeurait-il altacbé aux
anciens gouvernements. Il s'agissait, au fond, pour le Directoire, en
1798, « d'extorquer les millions nécessaires au paiement des soldes
arriérées et à l'expédition projetée en l^gypte », puis d'abolir la neu-
tralité traditionnelle de la Confédération afin d'établir sur son terri-
toire M une base d'opérations contre l'Autriche. » (Dieraucr, IV, 589).
Sous de mauvais prétextes, les Français, après s'être annexé Genève,
envahirent donc la Suisse. Les petits cantons, que nous nommions
les populaires , imaginèrent na'ivement que la grande démocratie voi-
sine les ménagerait ; ils se tinrent sur une malheureuse réserve et les
Bernois presque seuls, en définitive, résistèrent avec un admirable
courage : leur peuple, jusqu'aux vieillards, aux enfants et aux
femmes, combattit héro'i'quement. Berne succomba le 5 mars : les
« libérateurs » s'emparèrent de son trésor et firent subir a toute la
Suisse un véritable pillage sous la direction de leurs généraux assistés
de fonctionnaires tels que les citoyens Rapinat (beau-frère de Rew-
bel), Forfait et Grugeon, aux noms curieusement symboliques. Le
traître Ochs proclama la République helvétique une et indivisible, à
l'image de la u Grande nation. » C'est surtout l'abominable impiété
des armées de notre République qui souleva les catholiques, pour
lesquels l'Église est la suprême patrie, contre la constitution importée
de Paris, déjà qualifiée de Babylone sans Dieu. Un de leurs prêtres,
montrant le crucifix dressé sur la place publique, s'écriait : « Que la
religion de nos pères soit notre constitution, la croix notre arbre de
la liberté ! Vive la liberté des enfants de Dieu, l'égalité en Jésus-
Christ, V unité et l'indivisibilité de notre sainte foi catholique ! »
(V. 7). Ils livrèrent, à leur tour, d'héro'iques combats : près de Stanz.
102 femmes et 25 enfants y périrent. Ils devaient nécessairement
succomber sous le nombre écrasant des envahisseurs qui commirent
toutes les atrocités imaginables : massacres, viols, incendies, une
déesse Raison assise sur l'autel par le général Xaintrailles dans les
églises du Vallais, etc.. Des jacobins tels que Jean de Bry avouaient
que « la conduite de nos gens de guerre était aussi atroce qu'impoli-
tique. » Enchaînée à la France par une alliance défensive et offensive.
— 29C —
la Suisse fut le théâtre delà campagne de 1799 contre les Autrichien»-
et les Russes. La lutte politiqiie fut vive, dans la suite, entre unitaires^
el fédéralistes. Le génie de l'homme d'État, supérieur encore chez-^
Napoléon à celui de l'honime de guerre, Je fit se prononcer en faveur
des défenseurs de la tradition historique ; il dota la Suisse de l'acte
de médiation du 19 février 1803 qui rétablissait l'autonomie des
Cantons ; a la Révolution est finie. Monsieur Ochs », signifiait il sim-
plement, ce jour-là, à son collaborateur d'antan.
La Suisse n'en fut pas moins, sous ce nouveau régime, traitée en
vassale de la France : sa neutralité ne fut qu'un vain mot pour le
conquérant ; le recrutement militaire, dit volontaire, fut en réalité
forcé et général pour le service de France. Le maître prit la vallée
des Dappes au canton de Vaud, fit du Vallais un département de son
empire, occupa le canton tiu Tessin et bombarda prince de NeufchâteL
son féal Berthier ; il lui sembla élégant de se faire personnellement
seigneur de Raezuns, chez les Grisons, à la place du chef delà maison
d'Autriche, On peut dire toutefois avec un contemporain que la
Suisse fut alors — de même qu'elle l'a été de nos tristes jours, pen-
dant la guerre universelle de 1914 à 1918 — «comme une ère de
paix et de bénédiction dans la mer universellement démontée. »
En 1813, la Suisse osa refuser à Napoléon une nouvelle levée de
sept mille hommes. Après Leipzig, il reconnut la neutralité de ce
pays qui ne pouvait être alors qu'à son profit; mais ce furent les
Alliés qui profitèrent du passage et s'en allèrent délivrer Genève de
la domination française.
Nous ne saurions adopter toutes les considérations politiques de
M. Dierauer et nous aurions bien des observations à lui opposer en-
ce qui touche la religion au cours de ses cinq volumes ; son œuvre,
accompagnée d'une copieuse bibliographie, est cependant de-
grande valeur au point de vue de l'érudition et passe de beaucoup,
à cet égard, toutes les Histoires de la Confédération qui ont paru'
jusqu'à présent ; il a eu, en outre, la bonne fortune de trouver un
habile et consciencieux traducteur en la personne de M. Reymond.
Un helvéticisme, le mot prélérité, a échappé (p. 3o) ; il faut lire :
Holitor, au lieu de Mortier (p. 98). Htr^oix db Laisdosle.
'Un Journal d'ouvriers. « I/Atelier » (1840-1850), par A. Guvil-
LIER. Paris. Alcan, 1914, in-i6 de xn-297 p. — Prix : 3 fr. 50.
On connaît Bûchez, fondateur d'une École qui se détacha, en 1829,
de l'École saint-simonienne. Il rallia d'assez nombreux disciples, non
seulement parmi les intellectuels, mais parmi les ouvriers. Ceux-ci;
fondèrent, en 1840, le journal l'Atelier, organe des intérêts matériels
el moraux des ouvrier' Rédigé par des ouvriers, pour des ouvriers,..
- 297 —
le journal disparut eu 1850, faute d'avoir pu trouver le cautionne-
ment de 1800 francs nécessaire. C'est l'histoire de cette brève carrière
que nous présenle M. Cuvillier. ,
L'intérêt de son livre vient des aperçus qu'il nous donne sur les
idées des ouvriers dans celte période si niouvenionlée. Les rédac-
teurs de l'Atelier constituaient une élite. Ils sont imprégnés d'un spiri-
tualisme sympathique à l'Église catholique, mais ils en rejettent la
discipline ; les catholiqties démocrates du Sillon les ont revendiqué»
comme des précurseurs.
Dans l'ordre économique ils s'opposent au syndicalisme, placent très
haut la dignité du producteur, se méfient de l'intervention de l'État.
Certaines de leurs revendications : limitation de la journée de travail,
abolition du marchandage, réglementation du placement, transfor-
mation des conseils des prud'hommes, fixation du salaire minimurri
méritent d'être signalées comme expression des idées en cours dès
celte époque. Ils condamnent la lutte déclasses.
Mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est la place que tient, dans leurs
conceptions, l'idéalisme moral et religieux. La question socialo est
avant tout, pour eux. une question morale ; le problème de lorgani-
sation du travail est posé par eux en ces termes : « Il faut que le
titre du travailleur change, que d'instrument il devienne homme »^
Dans sa Préface, M. Bougie insiste sur ce fait, que l'effort des « ate-
liéristes » pour ajuster la tradition religieuse aux aspirations égali-
taires est peut-être le dernier que le peuple fera dans ce sens, et il
suggère pour la cause principale du divorce accompli entre l'Église et
les travailleurs, IJappui prêté par le clergé au second Empire. Juge-
ment superficiel, qui s'inspire de la passion politique plus que de l'es-
prit scientifique. Au contraire, dans tout le cours de son livre, M. Cu^
villier montre un grand souci d'objectivité. En somme, cet ouvrage
apporte une contribution non négligeable à l'histoire du mouvement
social au siècle dernier. Il est complété par une excellente bibliogra-
phie et par un Index de noms propres. Tirage irréprochable, sur du
papier auquel nous ne sommes plus habitués : il date de 1914
A. DE Tarlé.
Notre Expansion coloniale en Afrique de lîîTO à nos jours,
par Paul Gaffarel. Paris, Alcan, 1918, in-8 de n-2S2 p. — Prix : o fr.
On sait quels ouvrages de vulgarisation M. Paul Gaffarel n'a cessé,
depuis de longues années, de publier sur nos possessions d'outre-
mer ; la nomenclature en est considérable et prouve qu'à côté do
ses recherches originales, le savant doyen honoraire de Faculté n'a
cessé de travailler à faire comprendre l'importance des colonies pour
la France, comme aussi de travailler à faire connaître et aimer les
— 29H —
bons serviteurs du pays dans les contrées exotiques. En voici une
preuve nouvelle : un volume sur l'expansion coloniale de la France
en Afrique depuis 1870, qui vient reprendre et compléter les indica-
tions sommaires fournies naguère par M. Paul Gaffarel dans son
ouvrage classique — publié en 1880 et dont la dernière édition, la 6«.
date de 1900 — sur les Colonies françaises. Là, notre historien
se trouvait à l'étroit, et dans l'impossibilité de traiter avec quelque
ampleur un magnifique sujet ; en y consacrant un volume spécial,
il avait au contraire toute faculté de le développer à sa guise. C'est
précisément ce qu'il a fait dans Noire Expansion coloniale en Afrique
de iSlO à nos jours. — Avant de publier le présent volume, M. Paul
Gaffarel avait déjà traité le sujet, dans les publications faites à Mar-
seille lors de la magnifique exposition coloniale de J906 ; il n'a eu
qu'à reprendre ce travail e4; à le mettre au courant pour constituer ce
nouveau livre de la « Bibliothèque d'histoire contemporaine », ce
précieux tableau d'ensemble de l'activité coloniale de nos compa-
triotes dans les pays méditerranéens du Maghreb puis, par delà le
Sahara, dans les différentes parties du « Continent noir » J'aurais
■souhaité, je l'avoue, que le point de vue géographique — systémati-
quement négligé par M. Gaffarel, lui-même le dit dans sa Préface —
servît du moins à justifier les grandes divisions du volume ; ainsi
aurions-nous eu un lien entre les différentes parties d'un livre dont,
autrement, on ne s'explique pas toujours très bien la répartition en
chapitres. Mais n'insistons pas surcette légère critique el reconnaissons
sans hésiter quel intérêt présente le travail dans lequel M. Gaffarel
ineten pleine lumière les grandes et belles figures de f3allay, de Brazza,
de Galliéni et de tels autres de nos explorateurs ou de nos « colo-
niaux », les travaux d'organisations comme le « service des antiquités
tunisiennes «. Souhaitons seulement que, dans une nouvelle édition,
l'auteur revise soigneusement ses épreuves et rectifie l'orthographe
défectueuse de certains noms propres : Cartier nu lieu de Cartier
(p. 101), Fier/enschach au lieu de Ficgenschiih (p. 240), etc. ; dans
un livre comme celui de M. Gaffarel, il est de stricte justice de ne
pas écorcher les noms des héros de notre admirable épopée coloniale.
Henri Froidevaix.
'Les Luttes présentes de rL<|Iise. 4" série. Janvier lOIG-décentbre 1917,
par le R. P. Yves de la Rhmiri:. Paris, Beancliesne, 1919, iii-8 de xiv-
r,l8 p. — Prix : 7 fr.
Voici la quatrième série des chroniques que le P. Yves de la Brière
oITre tous les mois aux lecteurs des Eludes, et que nous trouvons
aujourd'hui réunies dans un volume dont voudront se nantir tous les
amis (le l'I'îglise et de l'histoiie.
— 2m I —
Diplomatie pontificale ; [*oliti(pic reli',M(Mii5e ; Visions du passé.
Perspectives ti'av'iiir, et autant de h secteurs »du Front de conibal où
>e groupent, contre l'ennemi commun, toutes les forces, tojites les
lessources el toutes les initiatives du monde catholique.
Lorsque parurent ces chroniques, « la guerre, comme le dit très
bien l'auteur, tendait à se prolonger sans limites ; la forltme des
combats paraissait hésitante )>. Aujourd'hui que la victoire nous a
<iélivrés des anxiétés qui nous étreignaient au printemps de lUlT, le
1*. de la Brière redoute que les événements de cette époque et les com-
mentaires qu'ils lui inspirèrent « n'apparaissent maintenant que
comme relégués dans un passé déjà lointain ».
Crainte illégitime ! Les déclarations et les interventions de Benoît
VV, les Relations des puissances avec le Vatican, la destinée des Lieux-
Saints, les Œuvres de guerre, les orphelins de la guerre, la restau-
ration de la famille, l'organisation des forces ratholi(jues, les réformes
nécessaires, l'assujettissement du prêtre au service militaire, etc., etc.,
iie sont point de ces questions éphémères qu'engendre la mode et qui
ne survivent pas aux préoccupations du jour. Leur actualité est éter-
nelle. Tant que la guerre sévira, tant que l'humanité aura lieu d'appré-
hender un retour de la barbarie, la médiation pontificale, par exemple,
qui suggère à l'éminent religieux des réflexions si justes, ne passion-
nera-t-elle pas les esprits qu'inquiète la carence, dans notre monde
sécvilarisé, d'un défenseur incorruptible de l'intérêt universel?
Si l'humanité ne trouve pas la paix qu'elle implore, c'est faute de
cet arbitre suprême avec lequel rompirent, au seizième siècle, les
Ktats asservis à la Réforme. Cette insurrection contre l'autorité ponti-
ficale porta un coup funeste à tous les États, — aux États catholiques
comme aux États protestants. Une fois amoindrie, la puissance du
Saint-Siçge ne fut plus à même de rendre les mêmes services et de
tenir le même langage que jadis aux nations prévaricatrices. Étant
donné l'obscurcissement de la foi dans nombre d'âmes, surtout chez
les détenteurs du pouvoir et les maîtres de la multitude, une remon-
trance pontificale analogue à celles que formulaient les Papes du
moyen âge risquerait maintenant de faire courir les plus graves
périls à l'unité religieuse. Dans les âges de foi ardente, an xiii« siècle,
un Souverain Pontife, Innocent IV, excommunie, aux applaudisse-
ments de tous les chrétiens, l'empereur Conrad IV, puis fait prêcher
par ses légats la croisade contre le fils de Frédéric 11. A cette croi-
sade doivent prendre part, non seulement tous les seigneurs tempo-
rels de l'Allemagne, mais les prélats, eveques et archevêques avec
leur cortège de vassaux. L'archevêque de Mayence, Christian II,
croit devoir se dérober à fobligation commune. On signale ce refus
à Rome. Innocent IV reçoit l'avis que Christian II affecte de ne pas
— 300 —
vouloir combattre, les armes à la main, l'ennemi du Saint-Siège.
La sanction ne se fait pas attendre. Innocent IV commence par
déposer l'archevêque, puis les cardinaux-légats, Hugues de Saint-
Gher et Henri de Suze, archevêque d'Embrun, chargés d'exécuter
la sentence, remplacent Christian II par le chanoine Girard (1251)
tout prêt à descendre dans l'arène. Voilà le trait que nous raconte
un des plus illustres historiens d'Outre- Rhin, « la lumière de l'Alle-
magne », dit Baronius, le jésuite Nicolas Serrarius {De Rébus Magiin-
tinis, p. 839). Ainsi que le déclarait Pie IX lui-même, dans un de
ses discours les plus célèbres, le monde n'a plus à craindre que.
dans les temps actuels, le Souverain Pontife dépose un souverain
infidèle à ses devoirs. Mais si de telles immixtions ne s'ajustent plus
à l'ambiance, que de conjonctures où peut s'exercer la médiation
pontificale pour le plus grand profit de la civilisation générale ! Nos
lecteurs savent qu'au mois d'août 1917. Benoît XV offrit à tous les
belligérants ses bons offices, en vue de la cessation des hostilités.
Gette intervention du Saint-Siège dicte au R. P. de la Brière le cha-
pitre le plus émouvant de son beau livre. Quelle satisfaction les
chefs des États en guerre n'eussent-ils pas accordée à leurs peuples
si, déférant aux vœux de Benoît XV, ils avaient alors arrêté l'effusion
du sang et donné au monde une paix conforme à la véritable équité !
Tous les principes que le traité de Versailles a fait triompher ; la
libération totale de la Belgique et de nos provinces du nord ; l'indé-
pendance de la Pologne, le retour de 1" Alsace-Lorraine à la commu-
nauté française, le P. de la Brière nous les montre, figurant dans le
message pontifical du mois d'août 1917. Hélas I La démarche du
Souverain Pontife échoua, mais à qui la faute ? Ne devons-nous pas
accuser ici les hommes d'État qui brisèrent les relations de la France
avec le Vatican, et qui, par cette rupture, déclarèrent l'ostracisme
à l'ascendant le plus favorable à notre cause? Criminelle imprévo-
yance ! En voulant amoindrir le Souverain Pontife, les sectaires
s'étaient flattés de porter un coup terrible à la Papauté. Or, il s'est
trouvé que les ennemis de Rome avaient surtout conspiré contre
leur propre patrie. Oscar Havard.
BULLETIN
L'EIo<iiieiiza di l^ueio MariiUM» Siciilo, Ji Pietho Verrua. Pisa, tip.
MarioUi, l'Ji:), g'"- i"-J< tic 28 p.
• Lucio Marineo fui, comme on sait, un brillant liunianisle italien, né en
Sicile vers 1460. Après avoir professé les Icllrcs grecques et latines à Paler-
ine, il fut appelé en Espagne comme chapelain royal et devint historio-
i.Maphe sous Ferdinand let Isabelle. Ses écrits sont également importants
pour l'hisloirc de l'iiunianisme et pour l'histoire d'Espagne. C'est à carac-
— 301 —
tcriser son éloquence que s'est nppliqn/' ici M. Piclro Verrua. Il expose
d'abord la haute estime où »''lnit tenue l'i-iocjnerice aux xv* et xvi" siècle»,
puis il di-finit l'art tout imprégné des modèles antiques de Marineo dans
ses ouvrages historiques, la finesse de sa dialectique, la bellw tenue de sa
langue, et l'éloquence qui lui appartient plus en propre dans ses épltre»
et discouis personnels. Cette seconde série ne témoigne pas seulement
d'une grande habileté rhctoricienne, mais aussi d'un caractère élevé et
d'un courageux amour du bien et du vrai. Les exemples heureusement
choisis qu'en donne M. Verrua constituent une petite anthologie vraiment
intéressante et qui aux beaux jours du discours latin eût pu fournir d'ex-
cellents modèles. Mais où sont les neiges d'antan... ?
AîiDRÉ B.XLDKn.l.AhT.
Riiiiiaiix dWnjou, par Marc Leclerc ; 3' édition, illustrée par l'aiiteuB- Angers,
Liljrairi'' Sainte Croix, s. d. [1918], petit in-8 de x.mi-276 p. — Prix : 5 fr.
M. Leclerc, capitaine au 71' régiment d'infanterie territoriale a fait la
majeure partie de la guerre dans les rangs de cette troupe vaillante entre
toutes, particdèslepremier jour et qui peut, à bon droit, s'enorgueillir d'une
gloire chèrement payée. M. Leclerc, qui avait, pendant le temps même où
il se battait davantage, publié la Passion de noire frère te Poilu et les Souve-
nirs de. lrani:hée d'un Poilu, se rappelle agréablement à notre souvenir en
nous envoyant aujourd'hui, non sans une pointe d'Ituniour bien de « cheuz
nous, » comme il dit, une nouvelle édition de ses Riniianx d'Ànjon, agré-
mentée de courts médaillons où il rend un hommage mérité à quelques-
uns de nos meilleurs provincialistes et, surtout, illustrée de dessins de
^ son crû.
\ Il y a bien longtemps déjà, hélas ! — aux temps lointains où le régionalis-
me n'était pas encore en si grande vogue qu'à présent, — quelque deux
ou trois douzaines d'Angevins, en exil à Paris, se réunissaient pour dîner
de compagnie et parler du cher pays natal. C'est dans ces réunions que
j'ai entendu M. Leclerc dire pour la première fois une partie des pièces
composant le recueil qui m'occupe : Les Coejfes s'en vont ; Ma vieille Or-
moère ; Progrès ; Cheuz nous : La Pihole, etc. Et je ne cache pas le plaisir
que j'ai éprouvé à les relire, imprimées dans ce troisième recueil mieux
présenté et plus luxueux que la première édition, qui parut, si je ne m'a-
buse, vers la fin de 1913. C^ Rimiaax spirituels sont l'œuvre d'un folklo-
riste qui connaît bien son pays. Sa langue patoise. c'est en somme celle de
Rabelais. De bien jolies choses ont été dites dans cette langue rurale ; et
le volume leur peut être opposé sans danger pour lui. Langue colorée et
comme patinée par les siècles, qui est comme le miroir de vieilles choses
éternelles et émouvantes. La verve de M. Leclerc ne va pas — et je l'en
félicite — sans quelques gaillardises du meilleur sel gaulois. Elle est bien
dans la note.
L'auteur a fait suivre ses poésies d'un glossaire d'un très réel intérêt lui
aussi. H. B.\GUENIER Desorme.\ux.
Hors d'œnvre, par G. de la. Folchahdière. Paris, Payot, 1919, iii-I6 de 288 p.
— Prix : 4 fr. .oO.
De l'esprit, au jour le jour. Ce ne serait déjà pas si mal, ni si commun.
Mais il y a, ici, tout de même, autre chose, et c'est l'intention, qui, tel un
lien souple et pourtant ferme, anime et gradue les observations piquantes,
renfermées dans ces pages sans longueurs, dont la lecture de chacune, ou
— 302 —
presque, est une récréation et un stimulant. C'est, aussi bien, noter qu'un
judicieux parti pris d'optimisme a inspiré ces « pointes sèches. » Un opti-
misme qui cependant n'est pas dupe. Il ne s'en laisse pas imposer par les
fausses grandeurs et, sil pourrait quelquefois s'exprimer avec un meilleur
goût, et un tacl plus délié, sa belle humeur, sa belle allure, sont plutôt
faites, à l'ordinaire, pour nous distraire en nous apprenant à voir clair et à
juger sans lourdeur, ni enflure.
On aurait là, très souvent, des monologues de choix, des fragments
« à dire », où pétille l'entrain des sous-entendus de l'actualité.
Louis Théron de Montaugé.
Smyrne ville grecque, par Charles Vkllai. Paris, Cliapelot, 1919, petit in-8
de 30 p
Srhyrne, ville grecque? Oui et non. Il serait plus exact de dire que
Smyrne est une ville turque dont la moitié de la i^opulation est de langue
grecque. On devrait ajouter que la plupart de ces Grecs et une partie des
Turcs parlent français et, cependant, on ne sauiait prétendre que Smyrne
soit une ville française. Sans doute, ainsi que le montre l'auteur, les « ins-
titutions » grecques à Smyrne sont nombreuses et florissantes, mais les
(( institutions » françaises ne le sont guère moins. Sans doute, lors du
débarquement des Grecs, les Hellènes de Smyrne ont manifesté bruyam-
ment et d'une manière parfois touchante, mais si les socialistes emplissent
trop souvent de leurs cris la Chambre française, doit-on en conclure que
notre Parlement soit socialiste? Si Ion écoute ces manifestations enthou-
siastes, doit-on fermer l'oreille aux plaintes et aux protestations des Turcs,
injuriés, pillés, volés, massacrés, voyant leurs filles violées et leurs mai-*
sons brûlées pendant que, à quelques pas de là, sur les quais — propriété
française — la foule applaudissait les marins grecs ? Non, la cause n'est
pas entendue. Smyrne est une ville où l'élément grec est très importani,
mais ce n'est pas une ville grecque que la justice commande impérieuse-
ment de rattacher à la Gièce. J. C. T.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Bien que l'âge avancé de Mgr Baunaho ne dût que trop
faire prévoir sa fin prochaine, la nouvelle de sa mort, survenue le 11 no-
vembre, n'en sera pas moins douloureuse aux innombrables lecteurs qui
avaient puisé dans ses beaux et solides écrits instruction, force et consola-
tion. C'est urr véritable deuil pour l'Église de France et pour les lettres
chrétietmes. Né à Bellegarde. dans le Loiret, le 25 août 1S2S, Louis Baunard
reçut l'onction sacerdotale en 185ïi, et il fut aussitôt nommé professeur au
petit séminaire d'Orléans, auquel Mgr Dupanloup avait donné une si forte
'impulsion. La loi sur la liberté de l'enseignement supérieur et la création
des Universités catholiques ofl'rit un nouveau champ à son activité. Profes-
seur de patrologic à l'Université catholique de Lille en 1877 (ses travaux
antérieurs sur saint Jean, sur saint Ambroisc, etc., le désignaient pour ce
poste) il en devint recteur en 1888 et il exeiça glorieusement ses fonction»
de recteur jusqu'en 1008. Ses inulti[)les ouvrages, toujours très goûtés du
public, assuraient à son action un large et fécond apostolat. Voici la liste
des publications principales de l'éminciit et pie^x écrivain que Léon XllI
- mi -
avait élevé à la di<,aiil(! dft prélat do sa maison : Hludes bioyrapliiqiirx.
Mdilnine la comtesse fie Cfioiseul il'Aillerunrl (Paris, 1863. in-H, ; — Histoire
briil)atii;(>ime. Alêiin de Worsl (Paris, l.Sti.'i, in-Wij ; — Le Pénilenl de Chn-
lenimeiif {Viirls. 1805. iii-16) ; — Uoinaine de Todi, épisode du iv" siècle, par
an pèlerin de Home (Paris, IHGo, in-Hi); — Jeunne d Arc et tu l)éliuraiu;-
d'drléiiiis (Orléans, ISfjX, in 8) ; — Alloridion sur l'élude des rhefs-d'ieuvre
lill'raires (Orléans, I8(jl), in-8) ; — Histoire de saint Ambroise (Paris. 1871,
in-8} ; — Le Pontifical de Pie IX (Orléans. 1871, in-8) ; — Comilé cnlkoli-
(jue du Loj/ci (Orléans, 1873, in-l2!) ; — Uishire de Madame Baral, fontlalrice.
de II Société du Sacré-Cœur de Jésus (Paris, 1876, 2 vol. in-8) ; — Histoire
de Madame Duchesne, religieuse de la Société du Sacré-Cœur de Jésus et fonda-
trice des premières maisons de cette Société en Amérique (Paris, 1878, in-8, :
— Le Vicomte de Melun d'après ses Mémoires el sa correspondance (Paris,
1880, in-8) ; — Sa'inl François de Sales et les lettres chrétiennes (.\rras, 188(».
in-8) ; — Dieu dans l'école. Le Collè(je Saint-Joseph de Lille {Vaiis, 18SX,
in-8) ; — Centenaire de saint Alphonse-Marie de Liguori (Lille, 1888, in-8y ;
— Panégyrique de saint François de Sales (Lille, 1889, in-8) ; — Le Génénd
de So/u'.s (Paris, 1890, in-8) ; — Le Cardinal Lavigerie, oraison funèbre pronon-
cée à Lille, en l'église de Noire-Dame de la Treille (Paris, 1892, in-8) : — Espé-
rance, un réve'il de l'idée religieuse en /''rance (Paris, 1892, in-18) ; — Inampi-
ration des orgues en l'église de Notre-Dame d' llazebrouck. La Musique sacrée
(Ha^iebrouck, 1895, in-8) ; — Le Cardinal Lavigerie (Paris, I8',J6, 2 vol.
in-16) ; — Jubilé des XXV années d'épiscopat de Mgr Henri Monnier (Arias.
1897, in-8) ; — Lettre à Nosseigneurs les évêques el à MM. les directeurs de
séminaires sur l'utilité de iinstruclion scienlifique dans le clergé (Paris, 1898,
in-8) ; — Autour de l histoire, scènes et récils (Paris, 1898, in-16) ; —
Mgr Gay, évéque d'Anlhédon, auxiliaire du cardinal Pie (.\rras, 1899, in-8) ;
— Histoire de la vénérable Mère Madeleine-Sophie Barat (Paris, 1900, 2 vol.
in-8) ; — Pie VH à Saint-Sulpice Discours prononcé à Saint-Sulpi/e (Paris,
1902, in-8) ; — Un Siècle de l'histoire de France (imO-i900) (Paris, 1002,
in-8) ; — L'Évangile du pauvre (Paris, 1903, in-I2) ; — • Ernest Lelièvre (Paris.
1904, in-12) ; — Philibert Vrau el les Œuvres de Lille (1829- I90ô) (Paris,
1906, in-8) ; — BéatifiaUion de la vénérable Mère Barat (Paris, 19(J8, in-4; ;
— Vingt Années de redorai (1887-1908) (Paris, 1908, in-8) ; — Préface de
V Introduction à la vie dévole, élude par l'abbé Boulenger (Paris, 1900, in-12) ;
— Les Deux Frèr£s, cinqwudè années de l'action catholique à Lille (^Paris,
1910-1912. 2 vol. in-8) ; — A un jeune prêtre. La Tentation du Dr. Wiseman
(7827-/S35) (Paris, 1902, in-18) ; — La Vie monlanle ; le Vieillard (Paris,
1913, in-18) : — Léon XHI et le Toast d'Alger (Paris, 1914, in-8) ; — Saints el
saintes de DifU (Paris, 1914, in-18).
— M. Eugène Demoldek vient de mourir à Corbeil. Né à Alolenbeck-
Saint-Jean-les-Bruxelles, le 16 décembre 1862, il fit ses études à l'Athénée
de Bruxelles, puis suivit les cours de l'Université de cette ville et y conquit
le litre de docteur en droit. Entré au barreau en mars 1884, il se fit rapi-
dement distinguer par sa science, collabora au Journal des tr{bunau:c et
dirigea pendant douze ans le journal le Palais, organe du jeune barreau.
Attaché au ministère de la justice, il se consacra aux réformes législatives
relatives à la protection d^ l'enfance, au vagabondage, à la détention pré-
ventive, à la condamnation conditionnelle. .Mais ses occupations juridiques
et professionnelles ne prenaient pas toute son activité ; il se livra de bonne
heure à des publications d'un genre assez varié et qui le mirent au pre-v
mier rang des écrivains belges contemporains. Il collabora à une foule de
— 304 —
journaux et revues entre autres : La Justice, la Société nouvelle, lArl mo-
derne, la Jeune Belgique, la Wallotiie, le Caprice, la Revue rouge, le Thyrse,
la Lutte, l'Artiste, etc. — En 1905 il quitta la Belgique pour se fixer à
Paris. Dès lors il s'abandonna exclusivement à ses goûts littéraires. Parmi
ses ouvrages on peut citer : Impressions d'art (Bruxelles, 1889); — Contes
d'Yperdamme (Bruxelles, 1891, in-16) ; — James Ensor, avec un dessin d'Eii-
sor. Mort mystique d'un théologien (Bruxelles, 1892. in-8) ; — Les Récits de
Nazareth (Bruxelles, 1893, in-!0) ; — Félicien Hops. Elude patronymique
(Bruxelles, 1894, in-8) ; — Le lioyaume authentique du grand saint Nicolas
(Paris, 189G, gr. in-8) ; — La Légende d'Yperdamme (Paris, 1897, in-8) ; —
Quatuor (Paris, 1897. in-12) ; — Sous la robe. Notes d'audiences' de palais cl
d'ailleurs, d'un juge de paix (Paris, 1897, in-16) ; — La Houle d'émeraud.'
(Paris, 1899, in-12) ; — La Mort au berceau, noël en un acte joué au théâtre
-de Bruxelles (Bruxelles, 1900) ; — Les Pantins de la reine de Hollande
(Bruxelles, 1901) ; — Trois contemporains, élude picturale (Bruxelles, 1901) ;
— L'Espagne en auto. Impressions de voyage (Paris, 1906, in-12).
— Le D' Michel Gangoi-phY; vient de mourir à l'âge de 61 ans ; c'est une
perte sérieuse pour la science. Né en 1857 à Lyon, il se sentit de bonne
heure attiré par la carrière médicale, suivit les cours de la Faculté de
médecine de Lyon dont il fut l'un des meilleurs élèves, et devint bientôt
profeïiseur agrégé à la Faculté de médecine de sa ville natale. Chirurgien
de premier ordre, il se fit connaître par ses nombreux travaux et particu-
lièrement par un ouvrage considérable, qui fait autorité, sur /es Maladies
infectieuses des os. Nous citerons de lui : De l'Ostéotomie dans le traitement
des cals vicieux (Lyon, 1882, in-8) ; — Contribution à l'étude des localisations
osseuses de la syphilis tertiaire. De l'Ostéomyélite gommeuse des os longs (Paris.
1885, in-S) ; — Cours de petite chirurgie, professé aux hospitalières de l' Hôtel-
Dieu et de l'hospice de la Charité (Lyon, 1888, in-16) ; — Guide pralique de
petite chirurgie (Paris, 1889, in-16) ; — Sur les tumeurs blanches coimécutives
à des tubercules des parties ntolles Juxtasynoviales (Paris, 1892, in-8) : —
Maladies infectieuses et parasitaires des os (Paris, 1894, gr. in-8) ; — Précis
des opérations d'urgence (Paris, 1901, in-12) ; — Des Interventions conserva-
trices dans les osléosarcomes préstunés matins du membre supérieur (Paris,
1905, m-i'i) ;— Arthrites tuberculeuses (Paris, 1908, in-8); — Maladie de
l'œsophage (Paris, 1912, in-8).
— Un érudit distingué, M. Cnarles-Claude-Marie Casati dk Casatis, est
mort dernièrement. Né à Lyon, le 16 janvier 1833. il suivit les cours de
l'École des chartes en même temps que ceux de la Faculté de droit de Pa-
ris. Archiviste paléographe en 1854 avec une thèse sur le Pouvoir législatif
en France, docteur en droit avec une thèse sur /es Principes généraux des lois
endroit romain, il se fit d'abord inscrire au barreau de Paris. Ses origines
-italiennes le poussèrent à prendre part aux luttes de l'indépendance ita-
lienne. Après la chute de l'Empire, il entra dans la magistrature, et il ter-
mina sa carrière comme conseiller à la Cour de Paris. Ses occupations
'professionnelles ne l'avaient pas détourné des travaux d'érudition. Membre
de la Société nationale des antiquaires de France et de la SociéU^ fran-
çaise d'archéologie, il s'est occupé spécialement de la question si trou-
blante de l'ancienne Elrurie. Parmi ses publications nous mentionnerons . •
Du r^ouvoir législatif en France (Paris, 1851-, in-8) ; — Faculté de droit de
Paris. Thèses pour le doctorat (Paris, 1855, in-8) ; — Le liéveil de la question
,d' Orient {P:nis, 1860, in-8) ; — Un Mot aux Ub brochures, opinion individuelle
d'un catholique (Paris, 1800, in-8) ; — Société d'économie charitable. Le Libre
— :^i)r. _
Échange atx point de vue de la ckar'dé (Paris, 1861, iti-8) ; — Home ou Florence,
quelle doil cire la capUnlr de l'Ilnlie ? (Paris, l.S(j|, in 8) ; — Pas encore la.
tjnerreen Italie! {Pans. 1X61. in-8) ; — Un l'rojelde loi sttr la propriété lillêraire
et artistique (\*avis. Isfj2. in-8): — La Meilleure Alliée de la France c'est l'Ha-
lle (Paris. 1SG4, in-^} ; — La Monarchie Scandinave à propos de la question
danoise (Paris, ISOo, in-8) : — Venise et les traités de IHGG (Paris, 1806, in-8) ;
Charte de Charles d'Anjou pour la république de Sienne f 17 avril 1271) (Pa-
ris. 18(i7, in 8) ; — S. A. li. Madame Manpierite de Savoie (Paris, 1868, iii-
16) ; — Courrier italien (Paris, 1870, in-8) ; — Xote sur la lettre A dans
l'Alphahel étrusque, à propos d'une inscription récemment découverte (Lille,
1873, iii 8) ; — A'o/e sur les faïences de Talavera la Reyna et coup d'œil sur
les musées de Madrid (Paris. 1873, in-8) ; — Notice sur les Jaicnces de Inruta
d'après des documents nouveaux (Paris, 1874, in-8) ; — Observations pratiques
sur l'application de différents articles du code pénal en matière criminelle (Pa-
ris, 1875, in-8) ; — Notice sur le musée du château de liosemborg en Dane-
mark, concluant à la création d'un Musée historique de France (Paris, 1879.
in-8) ; — Petits Musées de Hollande et grands peintres ignorés (Paris, 1881,
in-8) ; — Forlis Etruria (Paris. 1883-18^0. in-8) ; — De Igné dissertaliones
physicae (Paris. 1894, in-4) ; — Jus anliquum. Vegoia. Droit papirien : Léges
regiae. Lex XII labularum. S. C. Gaii institutionum commenlarii. Extraits de
Caton, Festus, Varron, Servius, Ilyginus. Frontiims, lioethius. Isidorus, etc.
(Paris. 1894, in-8) ; — Le Général Bernadolte, ambassadeur à Vienne (Paris.
1898, in-8) : — Étude sur la première époque de l'art français et sur les
monuments de France les plus précieux à conserver (Paris, 1899, in-8) ; —
Numismatique étrusque. Quel mode de classification doit-on adopter ? (Paris.
1900, iri-8) ; — Note sur les deux précurseurs de l'art français, le. duc de lier-
ry et le roi René, et sur un monument historique menacé de ruine (Paris. 1904,
in-8) ; — Villes et châteaux de la vieille France. Duché d'Auvergne (Pari.s.
1900, in-8) ; — .Art national français p;-à/u7//' (1450-1550), notes et éludes :
André Haltays, etc. (Paris, 1906, in-8).
— Avec M. DE Laness.an, mort à 76 ans, le 8 novembre, dans sa propriété
d'Ecouen, disparaît un homme politique d'une grande notoriété, qui fut
aussi un savant distingué. ÎN'é le 13 juillet 1843 à Saint-André-de-Cubzac
(Gironde), Jean-Louis de Lanessan, après avoir terminé ses études clas-
siques se tourna du côté de la médecine, servit qnclques années (1862-
1870) à titre médical dans la marine, notamment en Cochincliine et en
.\frique occidentale, fît la campagne de 1870-1871 comme major de la
garde mobile et fut appelé en 187.5 à professer l'histoire naturelle à la
Faculté de médecine de Paris. Il ne tarda pas à se lancer dans la politique
active, où il se fit remarquer par le radicalisme de ses opinions et par
romporlement de son anticléricalisme. Conseiller municipal de Paris
en 1879. il brigua et obtint en 1881 un siège de député. Il s'occupa surtout
des questions économiques et coloniales. >'ommé en 1891 gouverneur de
rindo-Chine française, révoqué en 1894 pour avoir communiqué des docu-
ments à un journaliste qui fut condamné pour escroquerie, il nen fut pas
moins appelé en 1899 par M. Waldeelc Rousseau au ministère de la marine
dont il conserva le portefeuille jusqu'en 1902. Battu aux élections en 1906
où il s'était présenté aux suffrages des électeurs du Rhône, il essaya en vain
en 1914 de retrouver un siège dans la Charente. Voici la liste des princi-
paux ouvrages sortis de sa i^lume : Mémoire sur le genre Garcinia [Clu-
NoVEMDRt-DÉCEMBRE 1919. T. CXLVI. 20.
— 30(> —
siacées) el sur Voriffine el les propriétés de la gomine-gulte (Paris, -1872, in-8) ;
— Élude de la doclrfiie de Darwin, la lulte pour l'existence eU'associadon pour
la lulle (Paris, 1881, in-12) ; — Le Transjorniisine. évolution de la matière el
des êtres vivants (Paris. 1883, in-12) ; — Flore de Paris (Phanérogames et
Cryptogames) contenant la description de toutes les espèces utiles ou nuisibles,
avec Vindicalion de leurs propriétés médicales, industrielles et économiques
(Paris, 1884, in-12) ; — Introduction à la botanique. Le Sapin (Paris, 1885,
ia-8) ; — Manuel d'histoire naturelle médicale [Ptur'is, 1885. in-12. 2 vol.) ; —
La Coionisalion française en Indo-Cliine (Paris, 1895, in-12) ; — La Morale des
pliilosophes chinois. Extraits des livres classiques de la Chine et de l'Aunani
(Paris, 18!)6, in-12) ; — La Répuljlique démocratique (Paris. 1897, in-12) ; —
Le Programme maritime, de 1900 à 1906 (Paris, 1902, in-18) ; — La Lutte
pour l'existence et l'évolution des sociétés (Paris, 1903, iti-8) ; — La Concur-
rence sociale el les devoirs sociaux (Paris. 1904. in-8) ; — Les Enseignements
maritimes de la guerre russo-Japonaise (Paris, 1903, in-12 1 ; — La Mor<de des
religions (Paris, 1905, in-8) ; — Les Mis.fions et leurs protectorats (Paris, 1907,
in-16) ; — L'Éducation de la fen\ine moderne (Paris, 1907. in-i2) ; — L'État
et les Eglises en France depuis les origines jusqu'à la séparation {Pnv'is. in-16) ;
— La Morale naturelle (Paris, 1908, in-16) ; — Le Bilan de noire marine
(Paris, 1909, in-12) ; — Nos Forces navales, répartition el rec institution
(Paris, 1911. in-16) ; — La Répartition des flottes européennes et la marine
française (Paris, 1912, in-16) ; — Notre Défense maritime (Paris 1914 in-16) ;
— Transjormisme et créationisme. Contribution à l'iiistoire du transformisme
depuis l'antiquité jusqu'à nos jours (Paris, 1914, in-8) ; — Pourquoi les Ger-
mains seront vaincus (Paris, 1915, in-16).
— Le Po/j6t5/io/i ne peut pas ne pas consacrer un souvenir spécial à M. Ga-
briel Martin, mort à Airvault (Deux-Sèvres) à 70 ans, le 7 septembre der-
nier. Nous ne saurions oublier, en efTet. les services qu'il avait rendus à la
Société bibliographique, non seulement comme membre du Conseil, mais
pendant quelques années comme secrétaire général. Le même dévouement
aux œuvres catholiques l'avait fait entrer dans le Conseil central de la So-
ciété de Saint-Vincent-de.Paul, où sa disparition laisse un grand vide. C'est
à lui qu'était due la dernière édition du Manuel. Il s'était aussi dépensé
pour la Société générale d'éducation. En même temps qu'un homme
d'œuvres, il était un homme de science et un érudil distingué, La Société
nationale des antiquaires de France se l'était attaché comme associé cor-
respondant. Nous citerons de lui : La Question des programmes de l'enseigne-
ment secondaire (Paris, 1888, in-8) ; — Dix ans de laïcisation (Paris, 1890,
in-8) ; — Malval, \a seigneurie, le château (Guéret, 1890, in-8) ; — Flore de
la Creuse (Gnéret, 1891. in-8) ; — Les Petits Catéchismes (\^csnuçQ\^, 1891.. in-
8) ; — A l'Ecole primaire (Paris, 1892, in-16) ; — La Haute March.e au wi*
siècle (Guéret, 1893, in-8) ; — L'Élendard de Jeanne d'Arc (Paris, 1894, in-
fol.) ; — Histoire d'une froidière. Aigurande depuis l'époque gauloise jusqu'à
nos jours. Lenwvices el liituriges ^Gnéret. 1905, in-8) ; — Ordiiudre de l'al)-
baye de S.Pierre d' Airvimll {Vo'\V\ers, 1911, in-8) ; — Les Injustices de /'ù/f-
pd<(///-ec/ (Paris, 1906, in-16).
— Un écrivain d'une grande disliiictiou desprit, en même temps que
d'une parfaite courtoisie dans les relations, ..M. Henri Wi:i,sc.iiini;eu est
mort en novendjre dernier. Il aura eu la joie suprême avant de mourir de
voir sa chère terre d'Alsace rentrer dans le sein de la patrie française. Né
à Mullersholtz le 2 février 1848, il avait fait ses études au petit séminaire
de Notre-Dame-dcs-Champs à Paris et ses écrits rendent témoignage à l'ex-
— .307 —
ccllence do rinslniclion qu'il y r('(,iit. Après avoir ('té atrliivislc do l'As-
semblfV nationale, il fut attacliô au Sénat et y devint le chef du service légis-
latif. Tous les loisirs que lui laissaient ses importantes fondions étaient
occupés à la rédactior) des ouvrages qui lui valurent plusieurs distinctions
académiques, qui finirent par le conduire à l'Acadénne des sciences mo-
rales et politiques (1907) et qui lui assurent un rang distingué parmi le»
historiens français de réjioque contemporaine. Voici la liste de ses princi-
pales publications : André CUénier (Paris, 1877, in-S) ; — Chat'lotle Cordtiy
(Paris, 1879. in-8) ; — Le Phare (i)oèine) (l»aris, 1880. in-12) ; — Le Théâlre
de la ftérolalion, 1789-1700, avec doctimenls inédits (Paris, 1880, in-l2) ; —
Les Bijoux de Madame du Rarry, documents inédits (Paris, 1881, in-12) ; — La
Censure sons le premier Empire (Paris, 1882. in-8; ; — Le Habot du petit
mousse, poème (Paris. 188i. in-8) ; — Le Maréclinl Sey (ISlb) (Paris. 189.'{.
gr. in-8) ; — Les Aventures de guerre et d'amour du baron de Cormatin (l'OU-
t^tQ) (Paris, 1894. in-12j ; — Le lioi de Rome (Paris. 1897, gr. in-8) ; — La
Mission secrète de Mirabeau à Berlin 17SG-1787 (Paris, 1900, in-8) ; — Bis-
marclc (Paris. 1900, in-12) ; — Sainte Odile patronne d'Alsace (Paris. 1901,
in-12) ; — Slras()ourq (Paris, 1905, petit in-8) ; — Le Pape et l'Empereur
i!^0ù-18l') (Paris, I90.o, in-8) ; — Les Martyrs de Septembre {Paris. 1919,
in-i2,.
— On annonce encore la mort de MM. : Jules Akuolx, fondateur de la
Revue de la prévoyance et de la mutualité, auteur d'ouvrages tels que : Le.^
Prisons de Paris (Paris, 1881, in-12) ; Manuel de l'Assistance à Paris (Paris,
1882. in-12); La Mutualité française. Histoire de 16 ans (Paris, 1907. in-8);
Les Oratf^urs mutualistes (Paris. 1914, in-8), mort le 14 octobre ; — Mgr Am-
BEHT, supérieur de l'École Saint-Grégoire de Pithiviers, mort le 1" no-
vembre ; — Joseph CouRTY, rédacteur au Journal des Débals, mort le
9 octobre ; — Ernest Chos Saint-Angk, ancien élève et ancien professeur
au Conservatoire national de musique, mort le 16 juillet à Marseille : —
Joseph Delfolr, professeur honoraire, lequel a écrit : Les .lésu'ilfs
à Poitiers, histoire du collège et du lycée de Poitiers, mort le 6 novem-
bre dernier ; — Henry Deutsch, de la Meurthe, riche industriel et philan-
thrope, auteur d'un ouvrage très remarquable sur le Pétrole et ses applica-
tions et de nombreux travaux sur la mécanique, l'aérotechnique, grand
ami des arts et compositeur lui-même de mélodies et d'un opéra : Icare,
représenté en 1911, et qui, par une dotation magnifique, a assuré le sort de
TAéro-Glub, mort le 23 novembre; — Jules Develle, sénateur, auteur
d'un Éloge de Berryer, publié en 187Q, mort le 31 octobre ; — Octave Doin,
l'éditeur médical bien connu, mort le 23 octobre ; — M. Dupl.\n, inspec-
teur honoraire de l'instruction publique, membre du Conseil supérieur de
l'instruction publique, mort en octobre ; — Georges Dlval, né à Paris en
1847, chroniqueur au Temps, romancier et auteur dramatique bien connu,
dont nous citerons : Madcune Mascarille, Les Orphelins d'Amsterdam. Lau-
retle, le Carnaval parisien. Coquin de printempsjr le Chant du cygne, M. Pic-
kuick (en collaboration avec Xavier Roux) et une traduction de Shakes-
peare, mort le 26 septembre : — M"^ Lucienne DtwEz, qui a collaboré à
plusieurs revues parisiennes et, sous le pseudonyme de Josée Nohrre, à la
Vie doloise, morte dernièrement à Dole (Jura) ; — le général Ch. Ebexeh,
professeur à Saint-Cyr, auteur de Conférences sur le rôle social de l'officier
faites en 1001 aux élèves de l'École spéciale militaire (Paris, 1909. in-8), mort
le 22 octobre ; — le R. P. Edouard de Nécy, né Brière, des Frères mineurs,
prédicateur distingué, auteur entre autres ouvrages de : Manuel du prêtre
— 308 —
tertiaire (1902, în-16) ; Piélé cJirélienne el sérnphique (Paris, 1906, in-16) ;
Vertus théolofjales el cardinales {Vav'x'i, 1907, in-16) ; Béatitudes et vertus mo-
rales (Lille, 1907, in-8) ; Foi, espérance, charité (Paris, 1906, in-16) ; Caté-
chisme de la jeune fille (Paris, 1909, in-16); Caléchisme du jeune homme
(Paris, 1910, in-16) ; Catéchisme eucharistique (Paris, 1910, in-16), mort à
64 ans, le 2 novembre ; — Mgr Pierre-Josepli Geay, ancien évêque de
Laval, auteur, entre autres ouvrages, de : Oraison funèbre de Mgr Pierre-
Emmanuel Bouvier, évêque de Tarentaise (Laval, 1900, in-8) ; Panégyrique de
Jeanne d\Arc. Dieu dans Jeanne d'Are (Lyon, 1894, in-8), mort dernièrement
à Lyon ; — le vicomte Maurice de Lestrangk, dont nous rappellerons
notamment l'utile publication documentaire": la Question religieuse en
France pendant la guerre (Paris, 1914-1915, 3 fasc. in-12), mort subitement
le 23 novembre ; — Linol, ancien secrétaire de MM. Casimir Périer et
Conslans. qui laisse plusieurs ouvrages estimés, relatifs à la liquidation
des sociétés, mort le 3 octobre ; — Paul Louis-Lûcas, doyen et professeur
de droit civil à la Faculté de.droit de Dijon, ancien collaborateur du Poly-
biblion. auteur, entre autres ouvrages, de : Étude sur la vénnlUé des charges
el fonctions publiques et sur celle des officiers ministériels depuis l'antiquité
romaine jusqu'à nos jours (Paris, 1882. 2 vol. in-8) ; Du Rôle el de l'organisa-
tion du pouvoir législatif dans les sociétés modernes (Paris, 1892, in-8), mort
à Dijon, à la fin de novembre ; — Auguste Luth, collaborateur au journal
le Temps, poète chansonnier, président de la Lice chansomiière, mort le
18 octobre ; — Alphonse Makdrillon, qui a collaboré à divers journaux
bisontins ainsi qu'à la Revue littéraire de la Franche-Comté, mort dernière-
ment à Besançon, à l'âge de 80 ans ; — Léopold Michel, ingénieur des
mines, jirofesseur de minéralogie à la Faculté des sciences, mort en oc-
tobre ; — René Millet, ancien résident général de France en Tunisie,
au leur, entre autres ouvrages de : Soire Politique extérieure de 1898 à lOO.j
(Paris, 1905, in-8), mort à 70 ans, le ler décembre ; — Joseph Montel, col-
laborateur au journal le Gaulois, mort le 28 octobre ; — Mgr Louis Mouel.
supérieur honoraire de l'institution de la Malgrange, vicaire général hono-
raire de Nancy, mort à 78 ans, le 9 novembre ; — l'abbé Eugène Mogles,
professeur à lécole des Cordelicrs de Dinan, mort le 8 novembre ; — le
R. P. Nouleau, s. J., professeur à Saint-Grégoire de Tours, mort à 80 ans,
le 26 octobre ; — Henri Pagat, rédacteur au Journal des Débals, auteur de
nombreuses études telles que : le Monde des affaires ; la Vie de province ;
Les Funérailles de l'Argent, dont le succès fut immense ; Le Convive (Paris,
4902, in-12) ; Le Jeu de l'Amour el du Suffrage universel (Paris, 1902, in-12),
mort en octobre ; — le général Peaucellier, auteur de : Mémoire sur les
conditions de stabilité des voûtes en berceau (Paris, 1875, in-8), à qui l'on doit
d'importants travaux sur les systèmes articulés et la découverte de l'Inver-
seur Peaucellier, mort le 8 octobre ; — Laurent Phache, avocat à la cour
d'appel, auteur de : La Pétition contre la franc-maçonnerie à la 11' commis-
sion, exposé el conclusions (Paris, 1905, in-16), mort à la fin d'octobre : —
Eugène Qdentin, ancien directeur du Journal de Péronne, mort en novem-
bre ; — Charles Hemy, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris,
auteur de travaux parmi lesquels on peut citer : Traité des varices des
membres inférieurs (Paris, 19UU, in-8); Les Rayons X el l'extraction des pro-
jectiles, en collaboration avec M. Paul Peugnier (Paris, 1904, in-8), mort en
octobre ; — l'abbé Renaud, professeur à l'institut Sainl-Cyr, à ISevers, inort
h 52 ans, en octobre; — le chanoine de Rocca-Serua, vicaire général hono-
raire, ancien supérieur du séminaire d'Ajaccio, mort à Carjiaca (Corse), à
— aoo —
76 ans, Ip 10 oclobio ; — M. J. in: Sai>t-Mi smi.n, coi rosixmdarit du l'iijnro.
mort le 21 octobrr ; — Joseph Scukwakhf.l, coll.'iboratenr du .hutiiml des
Débats, inorl en octobre ; — M. l'abbé tfiMON. professeur an collèjfc de l'Iiii-
macuIée-{.'oncep(ion, à Digne, iiioit le 22 octobre ; — M. Henri Sihven,
impriiiieiir-édilenr à Tonlonse, président de l'Union syndicale des niaitt'es
imprimeurs de l'"rancc, mort le 14 novembre ; — (Miarles Stkigau. compo-
siteur de musique, qui laisse une œuvre iniporlanle pour l'ensiM^tieinent
du piano et du violon, mort le 28 octobre ; — la princesse (îeorgis M. Sim-
BEY, en littératuie Gustave Haller, auteur de : Aos ijrnnds Peinlrea (Paris.
1899, in-8) ; Le Salon. Dix Ans de peinlnre (Paris, iOOi, in-H). morte le
6 octobre ; — Laurent Tau-hade, homme de lellrcs, dont on peut citer :
Terre Indne (Paris. 1S!)8, in-18i; Lettres familières (Paris. l'JOi, in-lf») ;
Louanges de Sophie Cottin, poème (Paris, 1904, in-8) : Poèmes mistophn-
nesqnes (Paris, 1904, in-18): Poèmes èlèijia(pies : le Jardin des rci'cs ; rêve
aniifjue ; In forèl {Paris, 1907. in-12); La \oire Idole, élude sur la morplàno-
manie (Paris. 1907. in- 1:^1 : La Co'-ne et l'Épêe (Paris. l'.tOS. in- 10) ; Le Troum
pean d'Aristêe (Paris. 1908, in-Hi) ; La l'arce à In marmite ; la feuille à l'en-
vers revue en un acte (Paris. 1909. in-12) ; Pour la paix, suivi de Lettre aux
conscrits (Paris, 1909, in-12). niort le 4 novembre; — Léon Valli':e. conser-
vateur adjoint à la Bibliothèque nationale, auteur des ouvrages suivants :
Essai d'une bihlioiiraphie de la Souvelte-Calédouie et dépendances (Paris. 1883,
in-12) ; La Bibliothèque nationale. Ciiolx de documents pour servir à l'histoire
de l'établissement et de ses collections (Paris. 189;^. gr. in-8) ; Bitiliutjraphie
des bibliographies (Paris, 1894, gr. in-8) ; La Sibérie et le Grand Transsibé-
rien (Paris. 1901, in-8); La Sarabande, ou Choix d'anecdotes, bons mots,
chansons, etc., réjle.rions et pièces en vers f nuirais deptds le x\' siècle jus-
qu'à nos jours (Paris, 1903, 2 vol. in-8) ; Bibliothèque nationale. Culalogue
des plans de Paris, de l'Ile-de-France, etc.. (Paris. 11(08. in-S), mort le
18 novembre; — le chanoine Marie-Josepb-Loiiis Valenti>, doyen de la
Faculté libre des lettres, auteur de nombreux travaux parmi lesquels nous
rappellerons la Vie du chanoine Marceille, mort le 30 octobre ; — le R. P. Ange
Veruier, professeur à l'École apostolique de Kribourg (Suisse), murl le
13 octobre, à 53 ans ; — le Dr Robert \\ uinz, membre de l'Académie de
juédecine, médecin des hôpitaux de Paris, professeur agrégé à la Faculté,
auteur de travaux remarquables sur les Maladies exo'tiques. l'Hygiène de nos
colonies et les Intoxications industrielles, mort le 22 octobre.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : Heiuy .Mills .\Ll>E.^. direc-
teur du llarper's Magazine auteur de God in his world (1890), A Study of
f/ea</i(189r)). Magazine wriiing and llie neiv literature (1908), uiort le 7 octobre
à îSevv York, âgé de 82 ans : — le vicomte Astor. propriétaire de la Pnll
Malt Gazette et du Pall Mail Magazine, auteur des ouvrages suivants : Valen-
lino ; Une victoire à Rome ; SJ'orza ; la Fille de Pharaon, mort en octobre ;
— Ralph Hart Bovvles, auteur de livres pour la jeunesse, mort le 31 août à
Caldevell (N. J.) ; — Don Bruno I^esthée, sous-prieur de labbaye des béné-
dictins du Mont-Gésar à Louvain, qui a publié avec son frère le Journal des
Désirée, auteur également de : Une Mystique incoiuuie au xvu" siècle. La Mère
Jeanne de Saint-Mathieu Deleloé (Lille, 1905. in-16) ; Au milieu du cheudn de
notre vie, poèmes (Paris, 1908, in-16) ; L'Office des compiles, précédé d'une
notice historique sur les oblats de Saint-Benoit (Paris, 1909. in-8), mort en no-
vembre ; — Luis DiAZ Mn.iÂN. correspondant de lAcadémie royale dliistoire.
mort en octobres Madrid ; — Funje de Salverda. liistorien hollandais, à qui
l'on doit des travaux estimés, mort en octobre ; — Mgr Adolph Fritze.n, né à
— 310 —
Clève en 1838^ auteur d'un travail : De Cassandri ejusque sociorum sludiis ire-
/acis (1865). qui, après avoir fait l'éducation des enfants du prince Georges
de Saxe fut appelé en 1801 à l'évêché de Strasbourg, où il sut se faire estimer
du clergé et des fidèles, démissionnaire à la suite de l'armistice du 11 no-
vembre, mort dans le courant de septembre ; — John Franklin Genung,
professeur de littérature à Amherst Collège, auteur de Praclical éléments
ofrheloric (1886), The Sliidy of rhetoric in Uie collège course (1884), Oullines
of. rheloric (1893), The Woïking principles of rhetoric (1901), mort le i" oc-
tobre ; — Francisco de Paulo Gôngora dei. Caupio, correspondant de l'Aca-
démie d'histoire de Madrid, mort en septembre à Grenade ; — Alejandro
Groizard, président de l'Académie royale des sciences politiques et morales
d'Espagne et membre de l'Académie d'histoire, mort en septembre ; —
Hans Peter Olaf Hansen, libraire à Ilobro, mort le 18 septembre, dans sa
65e année ; — William Nathanael Harben. éditeur du Yonth's companion.
auteur, entre autres ouvrages, de : Abner Daniel (1902) ; The Georgians
^1904) ; Dixie Hart (1910) ; The Triumph (1917), mort le 7 août à New York,
âgé de 61 ans ; — Boris Kritchevski, ancien rédacteur à l' Humanité, mort
en octobre ; — Spiridion P. Lambros, érudit grec distingué, auteur notam-
ment de : De condilornm coloniarum graecarum indole (Lipsiae, 1873, in-8) ;
AlÂG-/|vai,7r£p'(.TàT£lri TO'jôwSExâ-o'j aî.wvo- (Athènes, 1878, in-8) ; 'I^Topix.i
;j.£À£Tr,ii.aTa (Athènes, 1884, in-8) : 'IcyTooia tt,; EAlâSoç (Athènes, 1885-1908,
6 vol. in-8); Catalogne of the Greek mannscripis oj Mount Athos {Caiwhridge,
d895-1900, 2 vol. in-4) et de multiples éditions d'écrivains grecs qui, au cou-
chant de sa vie, eut le tort de se laisser prendre à la politique et qui joua,
aux côtés du roi Constantin, le rôle misérableque l'on sait, mort en octobre à
Athènes ; — Luigi Llciam, professeur de physiologie à l'Université de
Rome depuis 1893, biologiste éminent, dont la Fisiologia dell'uomo a eu un
retentissement mondial, mort le 23 juin dans sa 80° année ; — le celtisnnt
bien connu KunoMEiEu, foiidateur de lu Zeitschrif If iir cellisclie Philologie t^i
de l'Archiv fiir celtische Lexikographie, mort à 61 ans, à Leipzig : —
Mgr Giovanni Maria Pellizari, évcque de Plaisance depuis 1905, liturgisle
éminent, mort dans sa ville épiscopalc le 22 août, à l'âge de 70 ans ; —
Adolphe Prins. professeur de droit pénal à l'Université d^ Bruxelles, à qui
l'on doit notamment : La Représentation des intérêts (Bruxelles, 1891, in-8) ;
L'Organisation de la liberté et le devoir social (Bruxelles, 1895. in-8) ; De la
Santé morale dans les arts el les lellres de notre temps (Bruxelles, 1897,
in-8) ; Science pénale el droit /)osi7i/" (Bruxelles, 1899, gr. in-8) ; Cours de
droit pénal (BruxeWes, 1898, in-4) ; De iEsprit du gouvernement démocratique,
essai de science politique (Bruxelles, 1905, in-8). mort dernièrement à
75 ans ; — le D"^ Rodiuguez Menuez, savant physicien espagnol, célèbre par
ses nombreux travaux, mort le 29 septembre ; — S. É. Mgr José Maria
Salvador y Barrera, archevêque de Valence, ancien professeur d'histoire
critique d'Espagne à la Faculté de droit du Sacro-Monte de Grenade,
membre de l'Académie royale d'histoire, auteur notamment d'une étude sur
l^j-ay Enrique Fierez y su Espaila sagrada (1914), dont il préparait la conti-
nuation, mort à Vigo, le 4 septembre, à 69 ans ; — Horace Traubel, coium
surtout par sa biographie de WaltWhit ma n. dont il était l'exécuteur testamen-
taire, mort le 8 septembre, âgé de 01 ans, à Bon Écho (Canada) ; — Ella
VV'heeler Wii.cox, la célèbre poétesse américaine, dont nous rapix'llerons no-
tamment : Men, Women and émulions (l'^Oi) ; Poems of senlimenL (1906);
Love sonnets of Abclard and Hetoise (1909; ; Women of Uie icorld (191l>) ; Tlie
irorld and I (1019). moite à 64 aii.s.
— ;ni —
Lec.tumes kaitks a 1,'AcAUiiMii; dks inm. imitions i;t HKU.i..s-i,T;TTi»r;s. — Le
10 oitobie, M. CUal)ot rcpreiul I;i lecturr de son «'•tiidc sur qnrlques inscrip-
"^ions c;irthaginoiscs rapportées de sa mission en Tunisie ; il sijinnle, en
particulier, une dédicace faite à une divinité rarement mentionnée dans
le panlliéon phénicien, le dieu Chadiafa, dont le nom parait d'origine
iranienne. — Le 18, M. le comte Diirrieii donne lecture du rapport annuel
sur le concours des antiquités nationales. — ^^ Chabot explique le texte
d'une inscription phénicienne découverte à <^!arthage par le P. Dclattre :
il s'agit du tarif des oblalions à percevoir par les prêtres desservant un
temple. — M. Pottier lit une notice de M. Capart, conservateur du musée
de Rruxelles. sur le « dieu dompteur » du c<iuteau égyptien de (îabel-el-
Arah, acquis parle musée du Louvre, et il donne lecture également d'une
note de M. Georges Bénédite qui répond à une objection de M. Capart. —
Le 24, M. Iliiart donne lecture d'un rapport sur le recueil de proverbes
arabes transmis à IWcadémie par la commission interministérielle des
alTaires musulmanes : ce recueil, trouvé au Iledjaz par des ofïiciers fran-
çais, ne renferme pas moins de ^'.i\ proverbes dont la transcription et
l'étude sont commencées. — M. .Monceaux continue la lecture de son mé-
moire : Papes donalisles : les évéqnes scliismatiqnes de Rotne. — AI. Diehl lit,
au nom de M. lîréliier, professeur à l'Université de Clermont-Ferrand, un
mémoire sur un calice d'argent, pièce d'orfèvrerie syrienne, qui offre de
l'importance pour l'étude de l'école artistique d'Antioche et de l'influence
qu'elle a exercée. — Le 31 octobre. M. Pelliot donne lecture d'une étude
où, d'après les textes classiques et chinois, il chcrcbe à établir le trajet des
anciens itinéraires qui, au début de notre ère, unissaient r.\sie antérieure
à l'Extrême-Orient. — MM. Théodore Reinach et Dieulafoy présentent
quelques observations.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. — Le
10 octobre, M. Driault, professeur diiistoire au lycée de Versailles, lit une
communication intitulée : Le Rôle de l'histoire dans l'éducalion nalionale.
— Le 18, M. le docteur André Collin donne lecture d'un travail sur Vili-
lisadon et le placement des enfants à réactions antisociales, basés sur les con-
clusions de texamen physique et mental ; mesures préventives. — Le 8 novem-
bre, M. Arnauné lit un rapport sur les conclusions qui se dégagent de la
discussion ouverte à la suite de sa communication sur les causes de la
cherté actuelle de la vie. Des observations présentées par les divers mem-
bres de l'Académie il ressort que la hausse du prix résulte principalement
de l'inflation de la circulation fiduciaire, de la diminution de la produc-
tion, de l'élévation des prix de revient, de l'intensité accrue de la demande.
Le rapport rappelle les suggestions émises en vue de faire cesser ou de
modérer l'action de ces diverses causes du mal.
Annuaire général de la France et de l'étranger. — Publié sur l'initia-
tive du Comité du livre et sous la direction de M. Jacques de Dampierre.
V Annuaire général de la France et de l'étranger pour l'année 1919 (Paris.
101, rue du Bac, in-8 de xxxix-1222 p.. avec les portraits de MM. Poincaré
et Clemenceau et des maréchaux JofTre et Foch) ne peut être que bien ac-
cueilli du public. L'Introduction est remplie par lîn aide-mémoire géogia-
phrque et un aide-mémoire historique que précède un aperçu de M. Jean
Brunhes : la France. Le corps de lAnnuaire est divisé en trois sections :
1. La France politique et sociale : renseignements succincts et précis sur
la constitution, lorganisation politique, judiciaire, administrative avec
'-quatre chapities spéciaux rédigés par MM. Barthou {La République el la .^
]
guerre), Frank Puaux {Le P rotes Innlisme français), Israël Lévi (l^es Israé-
lites français pendnnl la guerre), Mgr H. Baudrillart (Les Catholiques fran-
çais et la Guerre) ; — II. La France éconoiriique et commerciale, avec des
articles de MM. Paul Doumer {La Fortune nationale après laçiuerre) et Henry
Sagnier {L'A(]riculture française et la Guerre) ; — III. Les Puissances étran-
gères, que précède une noie de M. Léon Bourgeois sur la France et la So-
ciété des nations. Celle noie est suivie dun aperçu sommaire des traités
internationaux du xix' siècle et de la liste des instilvitions et bureaux inter-
nationaux. Pour chaque pays l'Annuaire nous donne des renseignements
succincts sur la constitulion, sur les ordres ol décorations, sur le gouver-
nement, sur la population, la religion, linstruction, la justice, l'armée, le
mouvement économique, sur les relations avec la France, sur les colo-
nies, etc. ; l'article se termine par une bibliographie. C'est, on le voit, un
ouvrage à posséder et à avoir toujours à portée de la main.
Almanach catholique français. — Almanach Hachette. — Avant 1914.
les almanachs étaient nombreux ; ils ne le sont plus aujourd'hui. Mais si
beaucoup ont disparu, dont plusieurs avaient acquis une certaine noto-
riété, quelques autres s'offrent au public pour la première fois. Parmi ces
derniers, le plus important, le plus intéressant, le plus utile, c'est assurément
VAImanacli cntlioUque français (Paris. Blond et Gay. in-16 de -448 p., avec de
nombreux desseins, photographies et cartes). Malheureusement son prix
élevé (5 fr.) ne le rend pas accessible à toutes les bourses. Une Préface de
Mgr Baudrillart présente et explique cette nouvelle publication du « Comité
catholique de propagande française à l'étranger. » Nous aurions eu plaisir
à la reproduire ici intégralement ; mais le manque de place nous impose
la brièveté. « Après le calendrier, dit Mgr Baudrillart [un calendrier qui
sort des sentiers battus], vient un petit annuaire du monde catholique ; il
s'ouvre par un portrait du Pape, qu'a bien voulu tracer xin professeur de
Sorbonne, M. F. Strovvski... Voici les cardinaux, les établissements de la
France à Rome ; voici les plus illustres personnalités du monde catho
lique dans tous les ordres [parmi lesquels figurent plusieurs collaborateurs
anciens ou actuels du Polyfnblion] ; puis nos associations, nos oeuvres
d'enseignement, de charité, de presse, d'apostolat. » Telle est la partie fixe
de l'Almanach que l'on retrouvera tous les ans. Quanta l'actualité, variable
naturellement, nous en donnerons un aperçu très réduit en citant quelques
titres : La Paix et les Catholiques ; — U Anmônerie militaire pendant la
guerre (article aussi intéressant qu'instructif) ; — Les Nouvelles Gloires de
l'Église de France ; — Le Nouveau Code canonique ; — Petit Dictionnaire des
objections d'aujourd'hui et de toujours ; — Les (îrandes fleures religieuses de
ta famille. Les Sacrements ; — La Mode et la Femme chrétienne ; — Ou et par
(pii J'aire soigner nos malades?; — Nos grands Sanctuaires nalionau.v ; —
Pèlerinages patriotiques aux régions dévastées ; — - Les Rapports de la France
avec le Vatican pendant la guerre ; — Une Croisade française chez les neutres
pendant la guerre. — Le volume se clôt par les Ephcmérides de l'année reli-
gieuse. Ensemble excellent, œuvre de sept cents collaborateurs informés et
c/mipétents, véritable encyclopédie qui sera consultée avec fruit par tout
le monde, même par les non catholiques.
— L'Almanach Ilacliette est aussi une encyclopédie, mais d'un autre
genre. Cette remarquable publication, universellement connue cl appréciée
el qui compte déjà 27 années d'existence, n'a besoin que d'être rappelée .
ici avec une indication sommaire de ses principaux articles pour que cha-
cun soit fixé siu" sa physionomie de l'année 11)20 (in-lG de 410 -\- 84 p., avec
— :\\:\ —
un grand nombre de cartes, porlijiils cl )4iii\ure> de Icmlo xulcs. I^iorlir :
3 fr. ; cari. : 4 fr.). M. Pierre Dauzol — qni a raconlé périodiqnenienl l'his-
toire de la guerre, au fur et ù mesure que nos soldais et ceux des puissances
alliées et associées étaient en train de la faire — consacre une trentaine de
pages à la relation de la victoire, des traités de paix cl de leurs consé-
quences. C'est l'article que tout le monde lira d'abord. Les suivat)ls sont
des plus variés ; enregistrons-en quelques-uns : \olre Système solaire ; —
Les Grands Observatoires ; — Les Hévolulions européennes (en Russie. Fin-
lande, Ukraine, Allemagne, Autriche, Hongrie) ; — Les Hnrties-Iileues (à
propos d un drame récent) ; — une séiie d'articles visant l'Année po/r
liqiie française el étrangère et VAiinée diploniatiffue, religieuse, éconoiniijue
agricole, niaritinie, militaire, médicale, industrielle, etc. ; — Les Pensions
militaires ; — La Journée de huit heures ; — un aperçu de la Loi sur les loyers ;
Les Grands Écrivains de lantiquilé ; — L'Histoire des almanaclis ; — Les
Œuvres d'art sauvées de la destruction el du pillage ; — Monuments endom-
magés ou détruits par l'ennemi ; — L'Aviidion scientifique el pratique. Comme
nous ne pouvons tout inventorier, nous renvoyons nos lecteurs à VAlma-
nacli Hachette même.
Agend.\ P.-L.-M. 1920. — Cette artistique publication offre d'abord
i grandes planches de caries postales, de chacune 3 sujets, où l'on trouve,
[)arfaitenient exécutées, des vues des Alpes, d'Algérie, du midi de la France
et aussi de Metz et de Strasbourg. Suivent un calendrier pour 19:20, un
plan du Métropolitain et du >ord-Sud et une carte du réseau P.-L.-M. (le
beau volume, renferme : un excellent article de M. Louis Harthou sur
\' Armée frani^aise (p. 7-8) ; quelques pages bien intéressantes sur l'Alsace
reconquise, par _\L E. Wellerlé, avec des dessins de Ilansi (p. '.)-13) ; un tableau
réussi de l'Amérique, pendant la guerre, par M. Stéphane Lnuzanne (p. 14-1'J! :
une notice de M. Charles d'Esparbès relative au Lietour de Jeanne d'Arc dans les
rglises de Metz, d'où le dernier évèque allemand, Mgr Benzier, l'avait pros-
( 1 ite (p. 20-23) ; une esquisse humoristique de Vicfiy au temps de Madame de
sévigné, par M°'' Marguerite R Broders (p. 24-27) ; l'historique succinct de
(Jiamonix à travers les âges, par un écrivain qui signe Palafilte (p. 28-32) ;
Les Sports sur le réseau P -L.-M., par M. Georges Rozet (p. 33-36) ; L'Élec-
trocliimie et l'électrométallungie sur le réseau du P.-L.-M. pétulant la guerre,
par M. Georges Flusin (p. 37-40) ; un curieux travail de M. Charles de
Fouchier, qui nous fait connaître ce que sont les Fêtes de .\oël en Provence
(p. 41-44) ; une savante et agréable élude du P. A.-L. Delatlre sur Carthage
(p. 45-30) ; une autre élude, très inslrnctive. intitulée : Pour la renaissance
française. La ]'aleur de l'Algérie, par le D' Jean-Paul Bounhiol, professeur
à la P'aculté des sciences de 1 Université d'Alger (p. ol-oo) ; une nouvelle
aussi simple et pure qu'émouvante : Le (turdien de Camargue, par M. Fer-
nand Beissier (p. 36-60) ; enfin, répartis en divers endroits de r.\genda,
3 articles, savoir : Le liéseau P.-L.-M. et l'Agriculture ; L'Hotel-école de Be-
sançon, par M. G. Rozet et Quelques châteaux en Bourgogne, par M. l.h. de
Fouchier. Tout cela est bien ; mais ce qui donne à l'Agenda, imprimé su»*
papier de luxe (sauf la partie réservée aux noies journalières) sa pleine
valeur, ce sont les 12 hors texte en couleurs (vues superbes de l'Alsace,
du Dauphiné. de la Savoie, de Lyon, d'Algérie el de Tunisie) el les 230 gra-
vures ou dessins à la plume qui charment les yeux (gr. in-8 de 308 p. Prix,
cartonné : 4 fr. ; franco : 4 fr. 60 pour la France et 5 fr. Oo pour l'étran-
ger. Paris, à l'Agence .P.-L.-M. de renseignements, 88, rue Saint-Lazare et
au Service de la Publicité de la compagnie P.-L.-M., 20, boulevard Diderot).
— 314 —
Le Chanoine Albanks. — Qui mieux que l'illustre auteur du Uéperloire
des soiircex hisloi-iques du moyen âije, du Regesle dauphinois et de tant d'ou-
vrages, dont la profonde érudition et la saine et solide critique ont fait
de lui, sans conteste, le prince des historiens dauphinois et l'un des maîtres
de la science historique à l'heure actuelle, qui mieux que M. le chanoine
Ulysse Chevalier pouvait rendre l'hommage mérité à « l'un des plus grands
hommes de Provence », au « plus laborieux chercheur », au « trouveur le
plus heureux que la Provence ait connu», à cet admirable chanoine Alba-
nès qiii, avec les plus humbles ressources, a su produire une des œuvres
scientifiques les plus considérables de l'époque. Sans l'avoir connu assez
pour nous donner des détails précis sur sa jeunesse ou sur sa vie intime,
M. le chanoine Chevalier, qui la secouru dans sa détresse, qui lui a gé-
néreusement oirert les moyens de publier cette Gallia chrisliana novissima
qui a renouvelé de fond en comble l'reuvre des bénédictins, nous trace de
cette vie de savant, traversée par tant de chagrins, de déceptions, de difficul-
tés, une esquisse dramatique qui captjve comme un roman selon l'expres-
sion d'un de ceux qui en onteu la primeur à la Société Dauphin Humbert II.
Cette belle Notice sur la vie el. les œuvres da chanoine J.-M.-H. Albanès. histo-
riographe du diocèse de Marseille { 1822-1897) (Paris, A.. Picard, 1918, in-8.
de 80 p.), est ornée d'un beau portrait du grand érudit.
Paris. — En prenant possession, le 20 janvier 1919, de la présidence de
la Société géologique de France, M. Emmanuel de Margerie, tout en
approuvant la mesure d'exclusion prononcée par la Société contre les
membres ressortissants de l'Allemagne et de ses complices, a justement ob-
servé qu'il ne faut pas confondre la science avec ceux qui l'exercent et qu'il
vorait puéril de contester les qualités de la science allemande : il a montré
aussi le profit que nous devrions tirer, en certains cas, de l'exemple de
nos ennemis {Société géologique de France, allocution présidentielle pro-
noncée dans la séance da 20 janvier 1919. Extrait du Comp/e rendu sommaire
des séances de la Société, année 1919, n» 2. Mâcon, imp. de Protat frères,
1919, in-8, de 8 pages, avec fac-similé de l'inscription de la cathédrale de
Strasbourg, rappelant la visite de la Société en 1834). 11 a signalé notamment
les larges crédits dont disposait à Strasbourg le service de la carte géolo-
gique. Nous espérons que le gouvernement français qui l'a désigné pour
diriger cet important service ne lui refusera pas les ressources nécessaires.
— Nous recevons le fascicule de juillet 1919 de la Cité, bulletin trimestriel
de la Société historique et archéologique da I V arrondissement de Paris (Paria,
mairie de l'hôtel de ville ; et Champion, in-8 paginé 179-248, avec grav.),
lequel s'ouvre par tin travail de M. A. Boquet sur VÉpigraphie campanaire
da III' arrondissement (p. 179-200). a Les quatre églises (Saint-Nicolas-des-
Champs, Saintc-Élisabeth, Saint-Denis du Saint-Sacrement, Saint-.ïean-
Saint-François) du IIP arrondissement [)ossèdent onze cloches dont une
attribuabic au xv' siècle, une du xvi*. deux du xvu% une du xvm'.deux de
la période révolutionnaire et quatre du xix". A ces onze cloches paroissiales
- il convient d'ajouter deux cloches du xvn° siècle déposées au Musée Carna-
valet el provenant de corporations religieuses supprimées ». C'est de ces
diverses cloches que M. .\. Boquet nous donne ici la dejcription et l'histo-
rique, avec des détails sur les fonde<irs à qui elles sont dues. — Mention-
nons ensuite : Une Prison révolutionnaire dans la rue des Lions Saiht-PauL
par M. Lucien Lambeau (p. 201 200) ; — Une Scène du choléra de 1832 en
place de (irève, par M. A. L'Esprit (p. 207-210, avec une gravure) : — Les
C'iuperin, organistes de l'église Saint'-Ccrvais, par M. Paul .larry (p, 211-218.
- :n:; —
<ivoc une giavurp) : — Le Baron de. Pinny à l'IuUel CaniavulrI. par M l'nnl
îlEsli-t'C (p. 210-228. avec une gravure) ; — /,<? ///' ari'ondixxi'ment <i la
i!')minission du Vieux Paris (p. 229-23fi;.
— Du [iullelin de la Société liislorifiuc et archéolugiijne dit II" arrondisse-
in,- ni de Paris, la Cité davril dernier, M. Cliailcs l'egdal u extrait l'étud*»
(]u'il a consacrée à flérard de Nerval, Parisien de Paris (Paris. fJlianipion ;
cl Revne contemporaine. 1910. in-8 de 31 j).. avec un poitrail et une vignette
IMix : 1 fr. 50|. I/auteur nous présente d'abord Ihomine. dont il nous
raconte la vie décousue, les idées étranges, les aspirations folles, puis les
a-uvres principales de Nerval — qui s'appelait en réalité (Jérard Labrunie
— en faisant ressortir les détails les plus curieux s'appliquant à la ville rie
Paris. Travail bien exécuté qui n'intéressera pas les seuls Parisiens. vi>,('s
plus spécialement mais non de façon exclusive.
— L' Àçieiidn de l'armée française pour 1920 (Paris, Cbarles-Lavauzelle.
petit in-8 de IVll p. Prix : relié toile 3 fr. et 3 fr. 50 couverture peau, t(Me
dorée) en est à sa 33' année. Carru't portatif mesurant 7 centimètres et
demi sur 12, il comprend toutes les nouvelles circulaires ministérielles
relatives aux soldes et indemnités, ainsi que l'emplacement des troupes.
<; est le vade-mecum non seulement des mililaires, mais aussi des employés
des administrations civiles, préfectures, sous-préfectures, mairies, qui ont
à s'occuper journellement des choses concernant l'armée.
Champagne. — Pour avoir été préparé pendant la dernière année de la
(Irande Guerre, le tome LV de la 3° série des Mémoires de la Société acadé-
mique d'agricallure, des sciences, arts et belles-lettres dn département de l'Aube
n'en est pas moins très important (Troyes, imp. Paton. 1918, in-8 de
026 p., avec 2 cartes hors textes, 2 reproductions de sceaux et de vieilles
monnaies et 16 figures). Peu de sujets ont été abordés, mais ils ont été
presque tous traités avec ampleur. Mentionnons-les simplement : Considé-
ndions sur la classification des échinides atélostomes. par M. J. Lambert (p. 9-
54); — Journal des visites capitulaires et des visites archidiaconales de Troyes
-en lio9, iùGG et /5/ô, publié avec un Avant-Propos et des notes par
M. l'abbé Arthur Prévost (p. 55-130) ; — Essai statistique sur la dépopula-
lion des campagnes auboises, par M. Lucien Lagoguey (p. 131-309, avec une
carte hors texte) ; — Comtes de Champagne rois de Navarre, a Don Thibaut
>'l Primera » ("comte Thibaut IV, roi Thibaut /er), 123U-12Ô3, par M. André
i'inot (p. 313-435, avec une carte hors texte et des reproductions de sceaux
l't de monnaies) : — Basidiomycètes nouveau.x, rares ou intéressants du dépar-
lement de l'Aube, par M. A. Ployé (p. 439-511) ; — Le Traitement des fractures
par l'ostéosynthèse, par le docteur L.-G. Bailleul (p. 513-533, avec 16 figures).
\ noter enfin un Programme pour la rédaction d'une monographie commu-
nale très bien établi (p. 535-541).
Franche-Comté. — Depuisjuillet dernier paraît à Besançon un élégant et
intéressant périodiquemensuel. qui a, de plus, une utilité pratique. Il a pour
litre : Franche-Comté et Monts Jura (Besançon, 39, rue des Granges. Abon-
nement annuel : France, 12 fr. ; Étranger, 15 fr.). Cette « revue régionale »
a surtout pour, but « la défense des intérêts industriels, commerciaux,
agricoles, artistiques, touristiques et sportifs, » Mais le programme rédigé
par M. Claude des Perrières déclare justement qu' «on aime mieux sa petite
patrie si l'on connaît plus complètement son passé historique, principale-
ment celui que l'on trouve dans les comptes rendus dçs Assemblées délibé-
rantes, dans les papiers de famille, dans les Mémoires de personnages
ayant occupé une situation en vue. Cette ■' Petite Histoire « peut nous con-
— 316 —
duire aussi bien au Parlement de Franche-Comlé que dans les clubs révo-
lutionnaires. Elle nous introduit dans toutes les classes sociales d'autrefois ;
elle fait revivie l'existence de nos pères en nous disant leurs joies, leurs
tristesses et aussi leurs espérances ; nous n'aurons garde d'omettre cette
« Chronique du bon vieux temps » dans notre Revue. » Ajoutons que de
l'examen des cinq premières livraisons de Franche-Comlé et Monis Jnrn, nous
avons acquis l'assurance que la vie littéraire de la région ne sera pas plus
négligée que tout le reste, de sorte que nous aurons là une nouvelle revue
provinciale qui, avec le temps, se développera. A ses débuts, d'ailleurs, elle
se présente bien : imprimée avec soin sur beau papier, elle offre un texte
très varié et qui plaira d'autant mieux qu'il est relevé de nombreuses et
excellentes illustrations. La Partie technique du Polybihlion a inséré le
commencement des sommaires de Franche-Comlé et Monts Jura dans sa li-
vraison d'octobre ; cette insertion se poursuit aujourd'hui et se continuera
régulièrement.
Gatinais. — M. Emile Richemond, à qui l'on doit d'importî^ntes
Recherches ijénéalogiques sur la Jamllle des seigneurs de Nemours daxi\' an W
siècle, parues en 1907, en 12 vojumes, vient de publier un utile complément
à cet ouvrage, sous la forme d'une brochure, tirée à 150 exemplaires inti-
tulée : Partage du territoire de Fromonvitte à la fin du xi''- siècle. Éclaircisse-
ments sur l'origine des seigneurs de Nemours (Nemours, impr. Vaillot, 1919,
in-8 de 35 p. et plan). Prenant comme point dç départ de ses nouvelles re-
cherches quelques-unes des chartes du prieuré de Néronville (commune de
Chàteau-Landon), publiées jadis par notre très distingué collaborateur
M. H. Slein, M. Richeiuond montre comment le territoire de Frnmonville,
sur la rive droite du Loing, en aval de Nemours, fut partagé entre les trois^
filles de Dimon de Montereau, fondateur de ce prieuré, et par quelles flilia-
lions, du mariage de ces trois sœurs avec divers seigneurs de la région gà-
tinaise, sont issus, d'une part les célèbres Clément, d'autre part les sires
de Fay-lez-Nemours, et enfin les vicomtes de Melun et les seigneurs de
Yerres. Un tableau généalogique de la postérité de ce Dimon, qui termine
la brochure, synthétise très clairement les conclusions de cette savante
dissertation.
L.vNGUEDOC. — Après une assez longue interruption, la Société archéolo-
gique, scientifique et littéraire de Béziers (Hérault) a repris la publication
de son Bulletin en donhant la 1" livraison du tome XI de la troi-
sième série correspondant au volume XMU de la collection (Béziers,
iinp. générale Barthe, Soueix, Bourdon et RuI, lOlfi-litlS, in-8 de 63 p.)-
Ce fascicule est ainsi composé : Note sur les fouilles d'Fnsérune. par M. Mou-
ret (p. i2-'23| ; — Rapport sur les' fouilles d'Ensérune près de Béziers, par
MM. E. Pottier et S. Reinach (p. 2i-38) : ce travail est un extrait des Comptes
rendus et séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres du 15 sep-
tembre et 17 novembre 1916 ; — Les Découvertes d'Ensérune (extrait de
VÉclair de Montpellier (p. 34-42) ; — Bernard Dorna, archidiacre et viguier
de Béziers {xu[' siècle), par M. Paul Cassan (p. 43-61).
Lyonnais. — 11 existe, entre Nimes et Montpellier, deux localités appelées
Madières, dont l'une a appartenu, au moins depuis le xive siècle, à la fa-
mille de Ginestous, qui l'a fait ériger en marquisat par Louis XV. D'autre
part, il existe une famille de Madières dont les premiers ancêtres connus
pratiquaient le négoce, à Lyon, dans la seconde moitié du xvi" siècle.
M. E. Salomon et un auteur qui signe « Soulgé » se sont occupés des Gi-
nestous de Madières et des Madières lyonnais (K. Salomon, Généalogie df la
- :^17 -
famille de Mtidières en Lyonnais. Forez, Orléanais, Ile de France, avec tine
clude liistoriquc de Soiilgé sur les origiiio des Madièios-f'iiiieslous, d'apiè"*
les titres du cliartiicr (Je Beauvoir. Paris. Darayor». 1!M9. iii-8 de \i> p..
avec fifï.). M. « Soulgé » estime qu'il se pourrait que ceux-ci fussent les
cadets de ceux-là. Sans doute, ce n est pas impossible, mais c'est bien peu
probal)le.
l'onou. — On sait qu'en 17!)2 les évoques, les prc^tres et môme quelques
fidèl^s liillérèient de sentiment au sujet du serment dit de « liberté et
égalité » (lui fut imposé par la I.égislalive aux prêtres qui voulaierit conti-
nuer l'exercice du saint ministère. Certains prélats estimèrent (juc jurer
était une pénible nécessité ; d'autre?; défendirent à leurs subordonnés un
serment qui d'après eux, impliquait une reconnaissance des institutions
républicaines. Lévôque de Luçon. M. de Mercy, alors émigré à Soleurc
et adversaire du serment, avait rédigé un mémoire assez étendu dans
lequel il motivait son opinion. Ce mémoire, dont une copie se trouve aux
arcbives de I arcbevèché de Lyon, est publié aujourd'bui, par M. labbé
Uzureau : M(/r de Mercy, évéque de Lnçon, el les Seriuenls de l792-i7'J7) (Poi-
tiers, Société française d'imprimerie et de librairie), 1919, in-8, de 31 p.
Extrait du Bullelin des antiquaires de l'Onesl). Il faut lui savoir gré d'avoir
versé une pièce de plus au dossier d'un débat qui, quoi qu'on ait dit, n'eu
est pas clos pour cela. Si les documents concernant celle controverse
sont lus sans emballement et si les questions personnelles ne s'y mêlent
pas d'une façon trop encombrante, il y a lieu d'espérer qu'un jour on fini-
ra par y voir clair ou tout au moins par se mettre d'accord.
Bei.giqui:. — Avec leur mépris insolent des conventions de la Haye, les
Allemands en 1914- n'ont pas hésité à occuper à Bruxelles le palais des
Académies Nous avons signalé déjà le rapport dans lequel M. Le Nain
expose les déprédations commises cl l'état 'des locaux transformés en b(5pi-
tal. Combien ont souirert les volumes qui constituaient les collections
acadén)iques. il nous le redit dans le court \\erlissement dont il fait pré-
céder le Catalogne onomaslisqne des accroissements de la Bibliothèque, depuis
la publication du dernier catalogue (IS83-1890). Ce catalogue onomastifiue
a été dressé et imprimé clandestinement pendant 1 occupation, « dans le
but de faciliter autant que possible le récolement aussitôt l'évacuation.
Des trois parties qu'il doit comprendre, comme le catalogue général, nous
en avons deux sous les yeux : Lettres et s'iences morales et politiques (li'^SJ-
I9i^i) (Bruxelles. Hayez, 1919, in-8 de vu-380 p.) ; lieaux-arls {iH90-l9Ui)
(ibid.. 1919, in-8 de vn-56 p.). Ces deux catalogues, dressés avec soin par
M. Félicien Leuridant et José Perrée nous font connaître les acquisitions
en ouvrages indépendants dont sest grossie la Bibliothèque de r.\cadé-
mie dans une période de plus de trente ans ; « on les estimera certes in-
suffisantes h, dit M. Le Nain, el en eflet elles comportent bien des lacunes,
mais les accroissements consistent surtout en dons ; le budget assez mai-
gre de l'Académie oblige de réduire les achats « à des ouvrages absolument
indispensables pour la documentation », et d'ailleurs la principale richesse
de l'institution consiste dans les périodiques qui ne sont pas répertoriés
ici. Notons que ce catalogue onomastique ne comprend pas seulement
les nomg des auteurs des ouvrages répertoriés, mais ceux de tous les per-
sonnages mentionnés aux titres des ouvrages.
Italie. — Nous recevons le tome XVllI de la 3' série (tome XLIX de la
collection)de la Miscdianea di storia ilaliana publiée parla H. Deputazione sovrn
gli studi di storia patria per le antiche provincie e la Lombardia (Torino. Boc-
— 318 —
ca, 1918, gr. in-8 de L\xn-4S1 p.). Trois auteurs seulement ont collaboré
au corps de ce volume, rempli, pour la presque totalité, par un recueil de
textes et par un mémoire très étendus. — F (p. 1-269). Riccardo Adalgisio
Marini, Gli slaliUi di Villafranca Piemonle {138U), co/i aUri documenli e ine-
morie sloriche del luogo. Les nombrenx textes compris dans cette impor-
tante publication sont répartis en deux groupes. En tète du premier de ces
groupes, nous trouvons (p. 17-72) une longue série d'extraits de difTérenls
ouvrages manuscrits des derniers siècles, ayant pour auteurs Mgr F. A.
Délia Chiesa, F. G. Marini, le P. Borsarelli, G. A. Borla, et dans lesquels
abondent les renseignements historiques et archéologiques sur Villafranca.
Suit (p. 73-81) le texte des franchises octroyées à cette petite ville piémon-
taise par Philippe de Savoie, prince iTAchaïe, en 1327. Le morceau capital
de cette première partie du recueil, ce sont les Slatida comtnnnitalis Ville-
franche (p. 83-166), document d'un haut intérêt pour l'histoire du droit
municipal. Ges statuts, en 304 articles, ne sont pas datés dans les deux
copies qui nous en sont parvenues ; M. Marini leur assigne avec certitude
la date de 1384. Le second groupe de documents est entièrement constitué
par un cartulaire factice de la ville de Villafranca (p. 167-269), carlulaire
comprenant 69 pièces, qui s'échelonnent entre les années 1001 et 1620, et
appartiennent pour la plupart aux xni', xiV et xv^ siècles. On regrette
l'absence d'un index alphabétique des noms de lieux et de personnes. —
Il (p. 271-452). G. A. de Gerbaix di Sonnaz. Gli iillimi unni di regno di \'iL-
torio Amedeo III, re di Sardegna (1789-1796), avec portrait du roi. Ample
mémoire, divisé en trente-huit chapitres, répartis eux-mêmes en trois
livres, qu'il ne nous est pas possible ici d'analyser, mais dont nous devons
tout au moins signaler le grand intérêt pour l'hisloire diplomatique et
militaire de la Révolution française. On y trouve insérés d'importants
documents. — 111 (p. 453-479). Gomte F. G. de Mareschal de Luciane,
Les Savoyards à la bataille de Biilgnévitle {Ui3l), bataille où René d'Anjou
fut défait par Antoine, comte de Vaudémont. L'auteur signale, d'après
deux montres conservées aux Archives de la Côte-d'Or, un certain nombre
de chevaliers ou d'hommes d'armes savoyards qui ont figuré parmi les
troupes de ce dernier, et ont pu contribuer à son succès. Ge mémoire est
intéressant notamment pour la biographie d'Ilumbert Mareschal, seigneur
de Meximieux. — En tête du volume sont insérés les actes delà R. Deputa-
zione pendant ces dernières années (procès-verbaux des années 1913-1918).
Parmi les notices nécrologiques, nous noterons celles de Garlo Cipolla,
d'Antonio Manno et de notre compatriote Jules Camus.
Afrique. — G'est un document vraiment curieux que cttte lettre adressée
en 1447 à un certain « Johanni Mariono » de Gènes par un compatriote.
^ Antonio Malfante, que M. de la Roncière a trouvée dans un manuscrit de la
Bibliothèque nationale et qu'il publie dans le Ihdlelin de la seclioii de géugi a-
j>liie du coinilé des travaux hisloriqaes, 1918; Découverte d'une relation t/c
voyage datée du Toual el décrivant en Ififû le bassin du A'iger. (Paris, Impr.
' nationale. 1919, in-8 de 32 p., cartes et fac sim.). Le savant conservateur des
imprimés de la Hil)liothè(|ue nationale met en plein relief l'intérêt saisissant
dos renseignenuMits recueillis par Malfante et il recherche les raisons pour
lesquelles ils sont demeurés lettre morte pour la géographie.
États-Unis. — La Smithsonian Institution United Slates National Muséum,
continue k publier dans son liulletin n° 103, Washington, Govcrment prin-
ling olïice, 1919, des mémoires sur la géologie et la paléontologie des
environs du canal de Panama : Contributions to tlie Geology and Paleonto-
— :ilî) —
logy of Ihe canal zone. Panama, ami (leolfijicaUy rrlaled tireax in ci-nhal Ame-
rica and llin Wesl Indies. Deux iiouvo.iiix fasciculps viciitinit de nous par-
venir : le premier de M. Donald Francis M<ic-Donald. The sedinienlary foi -
mations of lli:' Panama canal zone, irilli s]iecial référence /o llie xlraliiiraithir
rendions of (lie fossiliferoiix lieds (21 p. 2 pi.) nous donne une élude flrlail-
lée dps diirérenls terrains traversés par le canal de Panama ; deux cartc>
accompagnent ce mémoire : l'une nous montre par des teintes variées les
didérents étages géologiques dont se compose le terrain, l'antre indique les
nombreux points où des études spéciales, ont été faites. — M. Thoma»
Wayland Vaughan, dans le second fascicule : The biologie rharacler ami
geototjic corrélation of ihe sedinienlary formations oj Panama in their relation
/o Ihe geohxiic hislory of Central America and the West Indies (tifi p.;, com-
plète, au point de vue paléontologique, le travail précéder)}, en nous don-
nant la liste des fossiles recueillis dans les dilTérentes stations et en nous
indiquant les relations qui existent entre ces teirains et ceux de l'Amé-
rique centrale et des .\ntilles. — Un volume faisant partie du Hulletiii
n° 105 de la même Institution et publié par M. Joseph li. l.eavy. imus est
également parvenu ; cet ouvrage : Catalogue of the postage stamps imd
stamped envelopes of the United Slales and Possessions, issued prior lo January
i. 1919 (204 p , 2 pi.) contient une liste complète et détaillée des timbres
des États-Unis, de Cuba, de Porto-Rico, des JMiilippines et de la zone du
canal de Panama, comprenant les timbres poste, les timbres ofTiciels des
diirérents ministères, les enveloppes timbrées, etc. Les plus petites variétés
sont cataloguées; aus'si, pour certaines enveloppes, ces variétés atteignent
le nombre de cent. — Mentionnons enfin une étude de M. William Healey
Dali, sur les Chitons des côtes américaines du Pacifique : Descriptions oJ
neiv species of Chitons from the Pacific coast of America (18 p. From the
« Proceedings of the United States National Muséum ». Washington, (jo-
vernment Printing office, 1919, in-8), 36 espèces de ces mollusques y sont
décrites comme nouvelles.
Dekméues Plblicatio.ns illustrées. — A la dernière heure, nous avons
reçu les ouvrages suivants dont il sera question dans notre livraison de
janvier 1920 : Le Second Livre de la jungle, par Rldaard Kipling : traduc-
tion de Louis F.\BULET et Robei-.td'Humières. Paris, Delagrave, s. d. ('1920),
in-4 de 2i;l p., illustrations de Roger Reboussin. Broché, 20 fr. ; relié.
33 fr. — I^' Encyclopédie de la jeunesse. Qui? Pourquoi? Cotnmenl? Tome VI.
Paris, Larousse, s. d. (1919), gr. in-8 de 720 p. (72-3601 à 4320), avec 900 grav..
9 hors-texte en couleurs, et un Supplément illustré : La Vie active, tous les
sports. Relié toile amateur, tète dorée. 20 fr. — Alphabet pour les jeunes
classes, par G. Guékot. Paris-?sancy-Strasbourg, Berger-Levrault, s. d.
(1920), album oblong. avec images en couleurs et en noir à colorier. Car-
tonné, 20 fr. — En avion, vols et combats, estampes et récits de la Grande
Guerre 191^-1918, par .Maurice Busset. Paris, Delagrave. 1919, albinn
in-folio de 24 estampes composées et gravées par l'auteur et tirées en
camaïeu en 2 tons, couvertures souples, 18 fr. — Quatre Fables de La Fon-
taine en douze tableaux, dessinées et mises en couleurs par Michel Colle.
Nancy-Paris-Strasbourg, s. d. (1920), album oblong de 34 p. Cartonné.
10 fr. — Bécassine chez les Turcs. Paris. Gautier et Languereau. s. d. (1920».
album in-4 de 62 p., illustrations en couleurs de J. Pinchon. Cartonné,
7 fr. 50. — Bebé.'i s'en vont en guerre .' Une histoire et des images, par Simo.xe
Bouglé. Nancy-Paris-Strasbourg. Berger-Levrault. s. d. (1920), album gr.
in -S de 28 p., grav. et couleurs. Cartonné. 5 fr. "N ise.not.
— 320
TABLE METHODIQUE
DES OUVRAGES ANALYSÉS
THEOLOGIE
Écriture sainte. Patristique. Cantique de Sion {H. Péren-
7iès) i il
Il Primato di S. Pictro e de' suoi successori in San Giovanni
Crisostomo (Niccolô card. Marini) 191
Liturgie. L'Anapliore apostolique et ses lénioins {Dom Paul Cagin). 269
Théologie dogmatique, l.e Dogme de la Rédemption. Étude théo-
iogique {Jean liivièrt^) ; 270
Théologie morale. Prédication. Cours supérieur de religion
{Louis Prune/). II. L Église. III. Les Mystères. IV. La Grâce.. 5(>
Paradoxes du catholicisme {Mf/r Robert Ilur/h Benson) ; Irad. de
l'anglais par Charles Grolleau IIH
Les Soiu'ces d'eau vive. Sermons et allocutions, 1915-1917 {le cha-
noine L. Poulin) - 183
Pour les jours qui viennent... La Religion et la France. Sermons
et notes {l'abbé Lalande). 183
Jésus-Christ veut des prêtres {J. Millot) 184
Ascétisme. Piété. i/Évangile proposé à ceux qui souffrent {l'au-
teur des « .4 vis spirituels ») 182
L'Ésangile tous les jours (Mf/r de la Porte) 183
L'Ame de tout apostolat {Dom J.-Ii. Chautard) 18i
II" Kelraile du pèlerinage national à Lourdes. Instructions et
conférences {le T. R. P. Emmanuel Bailly) 18i
Retraile de jeunes filles iJ. Millot) '. 184
Retraites de commimion solennelle {le chanoine Jean Vaudon).
\. L'.\gneau de Dieu 18.")
Veillez et priez. Lectures pour le temps de la l''« communion
solennelle {l'abbé Maurice Bouvet) 185
Les Saintes Voies de la Croix. Réédition d'un opuscule de Henri-
Marie Boudon, par le chanoine A . Gonon 18"i
Douleur et résignation {L. Rouzic) 181)
A ceux qui souffrent. Les Fondements de la joie chrétienne
{Pierre Germain) 180
Les Secrets de la vie religieuse' découverts à une novice fervente
{le R. P. F. Fressencourt) 180
Lettres de saint Bernard les plus appropriées aux hesoins des
personnes pieuses et des gens du monde, mists en ordre par
le n. P. Melot 180
La Di'votion au Sacré-Cœur de Jésus. Doctrine, histoire {J.-V.
Bainrel) 180
La Très Sainte Rovauté du Cœur ailorahle de Notre-Seigneur
Jésus-Christ {Mgr L.-A . Lenfant) 187
.\u CdMU" de Jésus agonisant. Notre Cœur compatissant. Douze
.MiMlilalions pour l'heure sainte (,/. Dargaud) 187
Les Trois (ïrands Privilèges de .Marie : Puissance, sagesse, miséri-
corde {le P. Jean Chrgsoslome) 187
Mois de saint Joseph. Exposé doctrinal (>l liislori(jue de la dévo-
tion il saint Joseph (L. Garriguet) 188
— 321 —
Œuvres de yuerrc. Quelques paroles ù îles sol<lats {Anatole Mou-
lard) 18X
Manuel du soldai catholique. Conseils pratiriues pour le temps
de guerre (f'n aumônier militaire) 188
'Près lie l'autre traneliée (André FonUiynères) 188
Méiiitalions du prisonnier {iJom llrhrard) 18!l
Pensées ehréliennes sur la guerre. Kglise et l'atrie. Mors et Vila
(Jules Lehretou) 18'.>
.\ la lueur des éclairs. Entretiens patriotiques et religieux (/aÀée
Élie Blanc) 18!>
Pour lu croisade du xx"* siècle. Sermons et conférences {Th.
Be/mont) 18«
Du .Miserere à la Victoire (l'aul Delhant) 18'.»
Le Livre liu blessé {l'abbé Georges Ardant) 190
Il n"v a [»as de morts i.. . (M;ir A . Pons) 190
Corps blesses, cœurs meurtris, âmes immortelles {l'abbé Th.
Paravi/) 190
Nos morts. Séparation passagère. Revoir éternel (L. Garriguet). 191
Sens de la vie et de la mort, d'après la Bible {G. Bontoux) . . . . 191
Hétérodoxie. Les Ecritures manichéennes {Prosper Alfaric) 268
JURISPRUDENCE
Droit coustitutioiiuel. The Privilèges and Immunities of State
Citizenship {Roger ffowell) 116
SCIENCES ET ARTS
Education. Enseignement. L'Éducation de l'intelligence et du
cœur {G. Méra) 117
Education. Un essai d'organisation démocratique (Ludovic
Zoretti) 271
L'École primaire et les Leçons de la guerre {Emile Bugnon). .. 2:25
L'Université nouvelle (« les Compagnons ».) I. (Les Cahiers de
Probus) 139
!»ciences politiques, économiciues et sociales. Mémoires et
documents pour servir à l'histoire du commerce et de l'indus-
trie en France, publiés sous la direction de Julien Hagem,
5e série 282
Aperçu des importations principales dans les divers pavs. de 1911
à 1913, avec indication des provenances françaises et étran-
gères 117
La Banque de l'Algérie {Bernard Lavergne) 64
La Trinité sociale. Étude sociale, économique et politique
[Pierre Dugave) 142
La Hollande sociale {Henrg Jolg) 143
(Jéologie. Physiologie. La Face de la Terre (Das Antlitz der
. Erde) {1-aI. Suess ; trad. et annoté sous la direction à' Emma-
nuel de Margerie. T. III, 4e Partie (Fin) et Tables générales
de l'ouvrage 123
L'Evolution des plantes {Noël Bernard) 37
Flora of New Mexico {E. 0. Wooton and Paul C. Standley) . . . 118
La Sélection humaine {le prof. Charles Richet) 272
Sciences mathématiques. Cours de géométrie pure et appliquée
de l'École polytechnique {Maurice d'Ocagn^) 193
Beaux-arts. Histoire de la musique, des origines à la mort de
Novembre-Décembre 1919. T. CXL^ I 2(.
— 322 —
Beethoven. T. II. Du xviie siècle à la mort de Beethoven (7.
Combariea) . . 115
L'Accompagnement du chant grégorien en cinq leçons (l'abbé
Jules Carillon) 110
Le Chant grégorien restauré par Pie X. Principes traditionnels
d'exécution d'après TEcoie de Solesmes {iabhë Th. Laroche). 110
Les Musiciens célèbres. La Musique grégorienne {Dom Auf/us-
tin Gatard) 410
Les Maîtres de la musique. Mozart {Henri de Carson) 111
Les Maîtres de musique. Victoria {Henri Collet) 111
Les Maîtres de la musique. Les Créateurs de ropéi*a-cotnique
français {Georges Cacuel) 112
Les Maîtres de la musique. Un Demi-Siècle de musique fran-
çaise. Entre les deux guerres (1870-1917) {Julien Tiersot) . . . . 112
Les Genres musicaux. Quelques mots sur la sonate (Évolution du
genre) {Blanche Seloa) 113
Études musicales {Joseph de Marliave). ...... .A 113
Le Cas Wagner, suivi de Nietzsche contre Wagner {Frédéric
Nietzsche) ; trad. par Henri Albert 114
La Trente-Deuxième Cantate de Bach (Henri Maubel) • 114
Au courant de la vie {Camille Saint-Saëns) 114
OEuvres en prose (Richard Wagner) ; trad. en français par ./.-(z.
Prod' homme, F. Holl, F. Caillé et L. Van Vassenhove.
T. IH à XI 193
L'Année musicale {Michel Brenet, J. Chantavoine, L. Laloy,
E. de la Laurencie). 3e année, 1913 114
Library of Congress. Catalogue of early books on music (before ,
1800) {Julia Gregory, and (J. G. Sonneck) 415
Correspondance de Sonfflot avec Jes directeurs des Bâtiments
concernant la manufacture des Gobelins (1750-1780), publiée
par Jean Mondain- Monval 60
LITTÉRATLRE
Folk-lore. Ron(Jes enfantines et quêtes saisonnières. Les Liturgies
populaires (/'. Saintyves) •. 224
Poésie-Théâtre. OEuvres de Virgile (Texte latin), publiées, avec
Introduction biographiqvio et littéraire, des notes critiques et
explicatives par /''. Plessis et P. Lejay 142 ■
Les Amours {Pierre de Ronsard). Texte établi sur les éditions de
MDLX et de MDLXXVIIl, et publié avec les additions de fau-
teur, des notes et des commentaires, par Ad. Van Bever . . . 273
Rimiaux d'Anjou {Marc Leclerc) 301
Poésie de guerre. Les Fêtes de la victoire (14 juillet 1919) (Pierre de
Bouchaud) 179
Pièces inspirées par la guerre. Alerte au poste {Paul Croiset) 33
Le Uetonr du mutilé {Paul Croiset) 33
Romans, contes et nouvelles. Sanguis Martjruni {Louis Ber-
trand) 45
Monsieur le curé d'Ozeron (Francis Jammes) 40
César Capéran, ou la Tradition {Louis Codet).. 48
Notre Dame du Faul)0urg {Jean .Uorgan) 49
Le Baiser de l'Antéchrist, conte en marge de l'histoire {Lévis-
Mirepoix). 49
César-Napoléon Gaillard à la conquête de l'Amérique (/eon/'ar-
mer) '>t)
L'Immaculée {Edouard Schneider) •'iO
Histoire dune Société. Si Jeunesse savait... {René Béhaine). . . 52.
— :]23 —
Simon le Pallit'li(iiie (Jean <jirauil<)u.i:) 52
Le Mailrc du silence. I. Sous le niasqiif. II. Le Sei rel «le Kou-
kounoor (Uelly) 52
Le Hève de Suzj {Henri Ardel) 52
Le Hctoiir à la terre (d'dbert Stent/er) 52
Jacqueline Lavefnel (Etienne (îarry) 52
Dans ri vraie {M. -IL Ddssise) 52
Scènes de la vie liltéraire à Paris {Andn- Bill!/} 52
Le .luslicier. La Cacliellc. Le Carré dorties. Le Fruit juge l'ar-
bre. L'.Xpaclie (Paul lionryet). ■ 52
La Vie des Ames {M"" Adam {Juliette Lambert] 53
Les Iles des Bienheureux (Philippe de Félire) 53
Les Reliques {Piprre de liocières) 54
Des Koseaux sous le vent {(iracia Deledda) : trad. de l'italien
par Marc Nflys 55
Un Doigt de la Lune, conte d'amour hindou, mis en anglais
d'après un manuscrit sanscrit par F.-W. Bain ; trad par Sic-
canne Kar pelés 53
Vers l'école de demain, souvenirs d'un maître d'école américain
{Anf/plo Patri) : trad. de l'anglais par L. Herr oG
Moll Flanders (Daniel de Foë)-, trad. française Ae Marcel
Sch wob 277
Romans de guerre. Les Croix de bois {Roland Dorgelès) -41
Clavel soldat {Léon Wœrth) 42
La Koue {Elie Faure) -iS
Mon brigadier Triboulère [Eugène Mont fort) 43
Le Capitaine {A ntoine Redier) 43
Pomponius. le dernier des chevaliers {Louis Arraou) i3
Henri Hrémont, vie d'un peintre pendant la guerre {A.-J.-Lobry). i3
La Fin de Claude (.)/. Rei/nès-Montlaur) 44
La Faiblesse des forts {Haston Rageot) 44
Filles de Metz {Jeanne d'Vrville) 43
Filles d'Alsace (Jules Hoclip) 43
L'Immolation (Léon (îrégoirc) 45
Le Mempart ( Victor Goedorp). 239^
Bonnes Gens de la Grande Guerre {Paul Wenz) 33
Ouvrages pour la jeunesse. Ouvrages inspirés par la guerre.
La Mine d'or infernale {Georges Price) 203
l'ierre Dartav, prisonnier de guerre [Bougarel-Boudeville). . . . 2|j4
Le Massacre des innocents {Alfred Machard et Poulbot) 33
Les Gosses dans les ruines (Gsell et Poulbot) 33
Les Livres roses pour la jeunesse -^-^
Périodiques illustrés et Albums. Le Monde illustré, revue
française et du foyer 206
La Semaine deSuzette. t»3, 267
A. B. C. {Jules Lemaître et Job) 264
Bécassine en apprentissage {J. Pinchon) 26o
Littérature latine. Horace, sa vie et sa pensée à l'époque des
Epitres, étude sur le premier Livre (Edmond Courbaud) llî>
Les Procédés d'art de Tacite {Edmond Courbaud) 280
Littérature française. Louis Veuillot et les mauvais maîtres des
xvie, xviie et xviiie siècles (G. Bontoux) - • 122
La Littérature française au dis-neuvième siècle. Hl. Romanciers
(1830-1900) {Paul Halflants) • j;';^
Charles Péguy et les Cahiers de la Quinzaine {Daniel Halevy).. lyo
Paul Hervieu. conteur, moraliste et dramaturge, essai de criti-
que littéraire {Edmond Estève) 2i3
— 324 —
Conférences de l'Odéon, 3e série (1917-1918), publiées par Paul
Gavault 274
Les Pierres du Foyer. Essai sur l'hisloire littéraire de la famille
française {Henry Bordeaux) 200
Littératures étrangères. Sous le masque d,e William Shakes-
peare. William Stanley, IVe comte de Derby {Abel Lefranc). 197
Mystiques et réalistes anglo-saxons [Régis Mtchaud) '. . . . 278
L'Eloquenza di Lucio Marineo Siculo [Pietro Verrua) 300
Polvgraphes. Mélanges. Un Humoriste moraliste. Pages choisies
dans l'UEuvre de Paul Stapfer et précédés d'une Introduc-
tion par Georges Saintville 276
De qui est-ce ? Choix de passages tirés des meilleurs écrivains
classiques et modernes ; préface de Paul Reboux 195
Remarques (André Suarès). V.-Xl 226
Hors d'oeuvre [G. de la Fouchardiére) 301
Cinéma elC'e, confidences d'un spectateur (Louis Delluc) 143
La Diniension nouvelle {Lucien-Alphonse Daudet) 64
Florilegio de prosistas uruguayos ( Vicente A. Salaverri (Antôti
Martin Saavedra) 20i
HISTOIRE
Voyages. Jerusalén y la ïierra Santa (E. Gômec Carrillo) 279
Histoire ancienne. Sept Villes mortes (Cherchell, Tipasa de Mau-
rilanie. Khémissa, Madaure, ïipasa de Numidie, Théveste,
Djemila) {Martial Duuël) 201
Histoire de l'Eglise. Les Luttes présentes de l'Eglise. 4*^ série.
Janvier 1916-décembre 1917 (le R. P. Yves de la lirière) . . . 298
Publications relatives à la guerreeuropéenne 1 9 14-1 ÎH 9
(V^oir aussi plus haut : Poésie ; Théâtre; Romans ; Ouirrages
pour la jeunesse.
Généralités. Les Communiqués officiels depuis la déclaration de
guerre 260
Chronologie de la guerre (S.R.) 260,261
Histoire de la Grande Guerre ( Victor Giraud). Première et
deuxième parties. 162
Histoire générale et anecdotique de la guerre de 1914 (Jean-
Bernard) 261
La Guerre de libération 1914-1918 (le général Zurlinden) 82
Petite Histoire de la Grande Guerre (/). Vast) 82
Histoire de la guerre par les combattants (août 1914-juin 1916)
(Paul Ginishj et le capitaine Maurice Gagneur) 83
La Grande (iuerre sur le Front occidental (le général Palat).
IV. i^es Batailles de Lorraine (23 aoùt-13 septendjre 1914. ... 83
Ojeada sobre las operariones en el Frente oocidçntal (le colonel
Juan Garcia Bénites) 105
La France héroïque et ses alliés (Gustave Geffroy, Léopold-
Lacour et Louis Lumet). Tome H 262
La Marine française pendant la (îrande Guerre (août 1914-no-
veinl)re 19IS (G. Clerc-Rampal) 164
Nos Marins en guerre (le capitaine H. Bornecque ci le lieutenant
Germain Drouilly) 165
Les Héros de la Grande Guerre. Ilurrah ! les cols bleus ! ( Valse-
nard) 177
Les Chai's d'assaut. Leur création et leur rôle pendant la guerre
1915-1!M8 (le capitaine Dutil) 246
— 325 —
1914 {le maréchal Lord Frenrh) Tradiirlion <lt' Itolx-rl linr-
nand 2 12
Rapports oHiciels du maréchal Sir John French. roiutii.iiiljtnl
en cheC de larinée bi-itaunique, 21 aoiil-29 noveinlirr lî»U ;
Traduil île l'anf<lais par Théodore Heinarh. 2i.'{
Les Revers de 1ÎH4 et ses causes {le lieut^-coloncl de Thomas-,
son) .' 84
La Poursuite victorieuse (20 seplembre-11 novembre lîMS)
Georges Guittoii) 247
LaGraiide Revanche. Campagnes de France (1870-1871) — I;(I4^
1919) {le coîtimandant Leroxix) 12
Les Grands Problèmes coloniaux. LEfTort colonial des .alliés
{Pierre Perreau-Pradier et Maurice Besson) 252
Aspects politiques de la guerre mondiale (/'///// Louis) 163
Problèmes de la siratégie lires de la liiierre européenne Le
Problème de la guerre {le ruloiiel F. Feuler) 10
Origines et causes df la guerre. LKurope au jour le jour {Auguste
Gauvain). T. II. à VI 5
LAvant-Guerre comparée en Allemagne et en France (Jacques
Cirrag) 8
Manuel tles origines de la guerre. Causes lointaines. Cause im-
médiate (Fernand Boches) 9
L'Enccrclemenl de lAllemagne {August- Gauvain) 11
Biographies. Focli. le vainqueur de la guerre {Ragmond Recoul g). 9i,MS
Le Maréchal Foch {le commandant A . (îrasset) 253
Un Tvpe dotBcier IVançais Louis de Clermonl-Tonnerre, com-
mandant de zouaves (1877-1918) {Louis Gillel) 167
Take Jonesco {D. lancociri) 23
Pilsudski et son rôle en Pologne {Stanislas Sspotanski) 38
Faits particuliers. La 56^ Division au feu. Souvenirs de son comman-
dant. De la Woëvre à lOurcq, à lAisne et à l'Oise du jer août
au 2 octobre 1914 {le général F. de Dartein) 85
Lille {le général Percin) 243
L'Immortelle Mêlée, essai sur l'épopée militaire belge (1914)
{Paul Crokaert) 34
Le Rôle de la cavalerie française à laile gauche de la première
bataille de la Marne (J. fféthag) 13
Souvenirs des premiers temps de guerre {le capitaine Joachitn
Merlaht) . 105
La Vérité sur le siège de Maubeuge {le commandant Paul Cas-
sou) 12
Souvenir d'un chasseur (août 1914-mars 1916) {Louis Thomas). 85
Six mois en Lorraine {M. Gabé de Champverl) 89
La Lorraine dévastée {Maurice Barrés) 13
Dix Mois à Verdun {Vabbé Thellier de Poncherille) 163
En 'batterie! Verdun (1916). La Somme. LAisne. Verdun (1917)
{le lieutenant Fonsagrive) 87
L'Aisne pendant la Grande (iuerre (Gabriel Hunotaujc) 243
Avec les chars d assaut {le capitaine Maurice Gagneur et le
lieutenant Marcel Fournier) 87
Le San» de France, récits de guerre dun officier de troupe. 1914-
. 19I8^(.J/. Laurentin) 89
Le 20le d'infanterie en campagne. 1914-1919 245
Le Chemin des Dames, carnet d'un territorial {Albert Bes-
siéres) 88
Shellproof Mack. an American's fighling storv {Arthur Mack). 18
Souvenirs de chasse aux sous-marins allemands. Les Patrouilles
du contre-torpilleur « Fanion » (le capitaine.de corvette Fer-
nand Darde) ^66
— 326 —
Les Vagabonds de la gloire. III. Matelots aériens (printemps 1916-
automne 1917) {René Milan) 166
Barbarie germanique, oustro-hongroise et bulgare. La France, les
Alliés et l'Allemagne devant la doctrine chrétienne {Mgr Cha-
pon) 19
Deutsche Verbrechen (Kriegsblatter, 1914-1918) {Mirman.G. Si-
mon et G. Keller) 30
La Destruction des monuments sur le Front occidental. Réponse
aux plaidoyers allemands {Auguste Marguilliei') 248
Le Martyre du curé de Vareddes {F. Martin-Gi?wuvier) 29
Saint-Dié sous la botte. Une Mission imposée par les Allemands
en 1914 {Ernest Colin) 86
Sedan sous, la domination allemande (1914-1918) {Philippe Sté-
phani) '. 87
Rapport succinct sur l'état du palais des Académies après le dé-
part des Allemands [Bruxelles] 179
La Vie dans un couvent de la Belgique envahie (4 août 1914-
13 novembre 1917). Relation sur la vie des gardiennes adora-
trices de l'Eucharistie durant ces trois années 34
Les Crimes de l'Allemagne. Dinant. Massacre et destruction {Gus-
tave Somville) 35
Les Déportations de civils belges en Allemagne et dans le nord
de la France {René Henning) 3.5
Terres dévastées et cités mortes {Xoëlle Roger) 91
Les Captifs (le capitaine R. Christian-Froqé) 19
Rapatriés (J/ii« Chaptal) '\ i06
Le Régime austro-liongrois {Tresic-Pavicic et 31. Vukotic). ... 40
Les Austro-Bulgaro-Allemands en Serbie envahie. Documents de
l'ennemi 109
L'Opinion et la Guerre. L'Opinion publique dans les provinces rhé-
nanes et en Belgique, 1789-1815 {Louis Engerand) 35
La France pendant la guerre. Prasident Poincaré, Ausgevvahlte Re-
den, 19141919, autorierte Uebertragung mit biographischer
Skizze (//. Secholcer) 104
Les Grandes Heures {Henri Ladevan). 4' série (3 mars 1917-
22 décembre 1917) ' 13
Paris |)endanL la guerre {Gaston Cerfberr) 260
Verdun ! Paroles de guerre, 1914-1918 {Mgr Ginisty) 164
L'Alsace et la Guerre {l'abbé E. Wetterle) 249
Sourires d'Alsace. 1907-1914 (//. Gislin) 180
Les Heures merveilleuses d'Alsace et de Lorraine {Louis Made-
lin) 90
Le Pangermanisle en Alsace {Jules Ft^œlifh) 230
L'Alsace et la Lorraine (Le Monde illustré) 178
La France à Metz {l'abbé Thellier de I^onchei^ille) 178
Français de la Moselle, des Vosges et du Rhin (Emile Hinzelin). 33
En ligne. L'Kglise de France pendant la Grande Guerre (1914-
1918) {Frédéric Jiouvier) 245
La Question religieuse en Fi'si.nce pendant la guerre. 4« série {le
vicomte Maurice de Lestrange) 29
Les Paifs étrauj/ers et la Guerre. L'Allemagne des Hohenzollern
(191.5-1918 iJean-Édouard Spenle) 93
L'Ame allemande jugi-e par im Anglais (r/iomwà' F. A. Smith) ;
trad. <le langlais par .J/'ne Jean l'évier . 20
L'Allemagne el le Ballikum {Gaston (laillard) 93
Mein Kriegs-Tagcbiich (1)^ Alfred H. Fried) l. Das erste Kriegs-
jabr (7. Augusl 1914 bis 28 Juli 1915) .\ . 16
Notre nouvelle Amie TAngleterre {John Charpentier) 92
— :v>l —
L'Irlande dans la crise universelle (3 aoni l!U4-i.") jiiillil 1ÎH7)
( Louis Trri/u ic) 250
Paysages et souvenirs de Belgii|iie (André Fotilainas) 3i
Dans la mêlée (Emile \'<inderi:f/fle) 34
Les Mafivars peints par eiix-mèmi-s (I.-W Pap/i et ./. ICrdéh/i). 9i
Les Etapes de la crise grecque. lîH.ViOlS (Charles Fréf/ier). . . 170
Lettres sur la jeune Italie ( Lucit'n Corpeclio/) lOC»
Ll'nité de la politique italienne (Jitles Chopin) lOH
' L'Italie et les Yougoslaves, avec nn exposé des relations italo-
vougoslaves pendant la guerre (Zden/co Moravec 31
Le Pacte de Uonni, l'Italie et sa morale {le D^ Ivan Mnrija-
Cok) ■. . . 108
Le Monténégro, pages dliistoirc diplomatique ( Veritas) 39
. Jean Pilsudzki et ses légions polonaises 38
La (iuerre roumaine. 1910-1918 ( Mircea Djurara) 169
La Koimianie dans la guerre et dans la paix (Xicolas Basilesco). 168
: La Question roumaine (Thomas Jonesco) 169
Nos FrèresiTOumains (Léo Claretie) 170
Le Bolclievisme on Russie. Livre blanc anglais (avril 1919) 260
Et la Suisse ? (Benjamin Vallotton) 10<i
, La Kcpuhlique tchéco-slovaque (Louise Weiss) 24
Chez les Slaves libérés. En Yougoslavie (Ck. Rivet) 108
Les Croates et les Slovènes ont été les amis de lEnlente pen-
dant la guerre. Quelques documents officiels (François Ba-
rac) 109
La Situation actuelle de Rijeka (Fiume). Conséquence d'un faux
(Ferdo de Sisic) 108
Lettre ouverte à Messieurs Wilson. Clemenceau et Lloyd George.
Ce que j'ai souffert. Procédés des autorités italiennes dans les
territoires yougoslaves occupés (Autun Farcie) 109
.Messages, discours, documents diplomatiques relatifs à la guerre
mondiale, 18 août 1914-8 janvier 1918. du président W. Wil-
son ; trad. conforme aux textes officiels publiée avec des notes
historiques et un Index par D-siré Roustan. 173
The German secret service in America (John Price Jones and
Paul Merrirk Hollister) 17
Les États-L'nis dAmérique et le Conflit européen (4 août 1914-
6 avril 1917) (Achille Viallate) 172
Les États-Unis et la Guerre. De la neutralité à la croisade
[Emile Hoi^elaque) , 171
De la sympathie à la fraternité d'armes : les États-Unis dans la
guerre [Maurice Barrés) 30
La Guerre hors de France. Les États-Unis (Paul Délai/) 26
En .\mérique : jadis et maintenant (J.-J. Jusserand) 26
Le Monde oriental et le Problème de la paix. Le Présent à la
lumière du passé (Basribeg de Dukagjin) 174
Notes sur le Japon. Le Japon pendant la guerre européenne
1914-1918 {Michel Ribaud) 171
Les Conditions de la pair. La Société d''s nations. L'Après-guerre.
La Paix prochaine et la Mission des .\lliés (Maurice Legendre). 27
Au seuil de la paix (le comte de Fels) ^'
Traité de Versailles 1919 261
Atlas de la paix. 1914-1919 (F. Maurette) 104
Les Juifs à la Conférence de la paix (/. Grunberg) 32
Les Problèmes internationaux et le Congrès de la paix (A.
Lugan) ^-^1
La Grande Question dOccident. Au pays de la Sarre. IIL Sar-
relouis et Sarrebruck (Ernest Babelon) 22
.Le Monténégro devant la Conférence de la paix i 261
— 328 —
La Question du Slesvig (Paul Verrier) 30 •
L'Attribution des îles d'Aland {Jean Denier) 105
La Question yougoslave [Jules Duhem) 107
Les Garanties de la paix. 2e partie. Examen critique ( Yves-Guyot). 175
Préliminaires h. la Société des nations {Francesco Consenttni) .. 9S
Vei*s la Société des nations {Ferdinand Buisson, Jean liriinhes,
Aulard, J. Charles Brun. Maxime Leroij, J. Ernest-Charles,
Jean Hennessij, avec une Préface de Zec/t Bourgeois) 99
Par eux, essai sur la Société des nations (Fernand I^ointier). . . 28
Les Nations et la Société des nations dans la politique moderne
(./. Tchenwff, 100
Fédération européenne ou Ligue des nations ? {Giotrianni Àgnelli
et .1 ttilio Cabiati) 101
La Nueva Revoluciôn (P. M. Turull) 257
Après la guerre. La Politique et les affaires {Biard d'Aunet). . . 90
Aujourd'hui. Élude pour l'après-guerre économique {Albert De-
vèse) '. 96
La Démocratie et la Guerre. Après la paix {Marcel Berthellot) . 31
La Lutte financière entre les belligérants 259^
Mélanges. Après la bataille. Idées d'avanl-guerre. Événements de
guerre (le colonel G. Becker) \ 31
Préceptes et jugements du maréchal Foch, extraits de ses œuvres,
précédés d'une étude sur la vie militaire du maréchal {le
coynmandant A . Grasset) âl
A propos de doctrine. Les Leçons du passé confirmées par celles
de la tjrande Guerre (le lieutenant-colonnel E. Cholet) 254
Contribution à l'étude des blocus nouveaux {Jean Alessandri) . 255
La Guerre absolue. Essai de pliilosopliie de l'histoire {Georges
Batault) • !.. 2.56
Sur le Rhin {Henry Bordeaue) 251
Paroles française (,-l .-D. Sert illanges) 25 i
Les Temps nouveaux. 1914-1918. Paroles de la guerre {Mgr Gi-
bier) 175
Chambre de commerce de Marseille Congres français de la
Syrie (3, A et 5 janvier 1919). Séances et travaux. Fasc. II.
Section d'archéologie, histoire, géographie et ethnographie. . 24
Après la victoire. Notes et criti(jues [le général Gabriel Rou-
querol) 244
L'Abri 56-A-2, suivi de «. In speculo mortis » (Jean Azaïs) 253
L'Homme né de la guerre Témoignage dun converti (Yser-
Artois 1915) (Henri Ghéan) 253
Ceux qui vivent... (Jean Marot) 252
La Psychologie du soldat (L. Huot et P. Voirenel) 176
Mon sac, réflexions d'un soldat de la Grande Guerre (Ji'an Fleu-
rier) 100
Mémento du démobilisé 105
La Vie chère et la Santé (/>'» £". Janselme, Graham Lusk, Jules
Renault, Marcel Labbé et Maurice Mignon) 32
Comment éviter les impôts mortels (André Chéradamé) 95 •
Le Poilu tel qu'il se parle. Dictionnaire des termes populaires ré-
cents et neufs employés aux armées en 1914-1918, étudiés dans
leur étvHJologie, leur développement et leur usage (Gaston
Esmnilt) 101
Collection France 179
Bibliographie. Essai de bibliogr.iphie méthodique- de la guerre de
1914 (Ch. Escalle). (iénéralités. mémoires, correspondances,
biographies, origines de la guerre 102
Histoire de Fraiire. Les Journaux du Iri'sor de Charles iV le Bel,
publiés par Jules Viard 58
— 320 —
Jeanne d'Arc (l'hilifiite U'Kslail[<'ur-C/iant('r(iine) 225
Krencli l'roteslanlisiii ((.'uleh Gui/rr h'el/i/) 284
Momoires «le Louis- Mat-if tle Loinénic, comte de lirienne, dit
le jeune lirienne, piiblii'spourla Société de l'iiisloirede France,
par Paul lionnefon. T. 111 288
Les Dernières Années de Turenne, 1GGO-I67o {Camille-Georges
Piravel) , 200
Un Tricentenaire. Un grand Ministre de la marine : Colbert
{Ch. de la foncière) 128
Le Cardinal Collier (./. Mnuipr-Jolain) i:iO
Danton et la paix (Albert }fnthiec) 209
La Prusse et la rive gauche du Rhin ; le traité de BAle (1794-
1795) {Ed. de Marcère) 133
Histoire religieuse. Kpoquo de l'apostolat de saint Saturnin à
Toulouse et des premiers prédicateurs de la foi dans les Gau-
les, etc. {P. Fr.) 2ii
Les Questions religieuses dans les cahiers de 1789 {A. IJenys-
Duirette 132
Histoire religieuse de la Révolution française {Pierre de la Gorce)
T. m 131
Les Martyrs de Septembre {Henri Welschinger) 294
Les Bénédictins de Saint-Vanne et la Révolution {Jean Gode-
^ frot/) 293
Histoire des institutions et des mœurs. Les Italiens en
France au xyi» siècle {Emile Picot) 12H
Gens de la vieille France. Rèv«ries pour le temps présent sur
des thèmes anciens {(r. Lenotre) 61
La Révolution française et le régime féodal (Alphonse Aulard). 292
Un Journal d'ouvriers, ti L'Atelier » (1840-1850) (.J. Cuvillier). . 290
De Taine à Péguy. L'Evolution des idées dans la France contem-
poraine {George Fonsegrive) • 220
Histoire maritime et coloniale. Notre Expansion coloniale en
Afrique de 1870 à nos ]o\\v% {Paul Gaffarel) 297
Histoire provinciale et locale. Recherches sur que^iues- fonc-
tionnaires royaux des xni" et xiye siècles, originaire du Gàti-
nais (Henri Stein) 205
L'Eglise des cordeliers ou mineurs conventuels devenue la cathé-
drale de Chambéry. Son histoire abrégée de 1430 et 1803 ; ses
patrons et vocables successifs : le triomphe de saint Frfinçois de
Sales lors du Concordat de 1801-1802 (Jules Cochon} 125
Récits du temps des troubles (xvie siècle). Une Famille. Les
d'Alègre (Pierre de Vaissière) 283
Questions du jour. Religion. Famille. Patrie (Mgr Gibier) 213
La Royauté du Christ, la vocation de la France et le drapeau
du Sacré-Cœur (Edouard Poulain) 224
La France éternelle (Gustave Rodrigues). 212
La Paix armée et le Problème d'Alsace dans l'opinion des nou-
velles générations françaises {Marcel Laurent, Philippe Xo-
rard et Alexandre Mercereau) 130
Force au droit. Le Problème d'Alsace-Lorraine (//. Maringer). . 210
Qualités à acquérir {Louis de Launay) 138
La Femme devant les urnes (Marguerite-Augustin Fëraud). . . 214
Les Conditions de la paix sociale (le cardinal A mette) 03
— 330 —
Conférences de la « Revue des jeunes. » LUlilisalion de ia vic-
toire, l. Le Prograimae d'une Revue catholique moderne
{l'abbé Sert illanges). — II. L'Héritage des jeunes ( Victor Bu-
caille) — III. Les Sources de la pensée catholique {le R. P.
Gillet). — IV. L'Esprit nouveau dans les lettres françaises
{Robert Vallery-Radot). — V. Les Nouvelles Directions de
lart chrétien {Maurice Denis). — VI. Notre mission sociale
{Henry Joly). — Vil. L'Activité féminine de demain (J/'le
Léontine Zanta). — VIII. Organisation industrielle et organi-
sation sociale {Charles Nicaise). — IX. L'Ordre dans la cité
{René Salotn;). — X. La Société chrétienne des nations {Mffr
' Simon Deploige) 227
Histoire étrangère. Voces populi^ scènes de la vie anglaise {F.
Anstey : trad. de l'anglais par 6^. J. M. F 136
Le Comte de Cavour et son confesseur {M. Mazziotti) ; trad. de
l'italien par le co7n^ Weil 135
L'Italia odierna {Michèle Rosi) 134
Recueil des actes diplomatiques, traités et documents concer-
nant la Pologne. Tome 1. Les Partages de la Pologne et la
lutte pour l'indépendance {Karol Lutostanski) 290
Encyclo[iédie polonaise. Vie économique de la Pologne, publié'
par le Comité des publications encvclopédiques sur la Polo-
gne ' 289
La Pologne inconnue (A'. Walissewski) #133
Un Prédicateur de la Cour de Pologne sous Sigismond III. Pier-
re Skarga (153(i-I6l2), étude sur la Pologne «lu xvie siècle et
le protestantisme polonais (.4 . Berga) 36
Les Sermons politiques (Sermons de Diète, 1597^, de P. Skarga,
S. J., prédicateur du roi de Pologne Sigismond lll ; trad. du
polonais en français et accompagnés d'une Introduction et
de notes critiques par A. Berga 37
La Femme polonaise ; esquisse historique {Halka Ducraine) . . 37
Une Ville-Kglise : Genève, I53.O-1907 (Georges Gogau) 126
Histoire de la Confédération suisse {Johannès Dierauer) ,; trad.
de l'allemand par Auguste Reyinond Tome V. Première par-
tie. De 1798 il I8I3 ". 294
Histoire nationale succincte des Serbes, des Croates et des Slo-
vènes {St. Stanoyévitch) 107
Le Rôle des Serbes de Hongrie dans la vie nationale du peuple
serbe {le même) ^ 107
Histoire des Serbes île Hongrie (Yoimn Radonitch) 107
Le Banat {le même) 107
La Batchka {le tnême) 107
Serbes, Croates et Slovènes {A. Chaboseau) 107
Le Rapport secret sur le congrès de Berlin adressé à la S. Porte
{Caratheodory Pacha), publié par Bertrand Bareilles 108
Smyrne ville grecque (Charles Vellay) 302
La Tradition chevaleresque des .\rabes {Wacyf Boutros Ghali). 202
Le Chili et la France {Francisco Contreras) ' 143
Histoire de la fondation de la Nouvelle-Orléans (1717-1622) {le
baron Marc de V illier s) 129
Notes de James Madison sur les débats de la Convenlion fi'dé-
rale de 1787 et leur relation avec une plus parfaite Société
des nations (James Brotns Scott) ; trad. par A. de Lapradelle. 29i
Une Femme ih; diplomale au M(>xiiiue [)endant la drauiatique
période du8o<tobre 1913 au 23 avril 1914 (Edith O'Shaugh-
nessy) ; trad. de F. Altiar , 218
— 331 —
Biographie française et élruiujère. Madame <lc Villeat'iivf.
néo Marie I/lluillior <l'lntorvillc. fondalcico et in9lilutiM<*e <!<•
la Sociélô fir la Croix (iri!n-ir.r;0) (le /'. .1. de Salinis) ixtl
L'Amiral <lo (Irasse {le chanoine Max. Caron) 20K
Soiifflot ; sa vie. son œuvre, son esthétique (1713-1780) (Jean
Mondain-Monval) ^^
Le Général de Cliaretle {Jacques de In Faije) 21 i
Madame Carri- de Malberg, fondatrice de la Société des Filles de
Saint-François de Sales (1S-29-1S9I) {Mf/r Laveille) 287
Emile Ollivicr, sa jeunesse d'après son journal et sa correspon-
dance {Marie- Thérèse OUivier) .. , 21 1>
Une Ame d'artiste. Koi:er Durey 217
L'Apostolat d'un malade. Louis Peyrot (1888-1910) {Jean-Paul
Bel in) ' * *
Du ThéAtre à l'Évangile. Les Étapes d'une conversion (1850-
1917) {Joseph Odetiii) 21!»
L'Heure du sang (élite et vocation) {le R. P. Albert Bessiéres). 2i>b
v>.)
::•)
Clemenceau (.4 /(f/r^' .»/«u/v^/). ,„,.,,,
Fr Luis <le Le'n y Fr. Diego de Zuniga {el M. R. P. M. tr. ^
Conrado Muiilos Snen:r) ;,•,•■ ""'*
Treinta aùos de mi vida {E. Gôtnes Carrillo). Libro 1. Kl Des-
pertar <lel aima v." •■.•,•,■■, :." '-J " "l^ '
Treinta aùos de ml vida {E . Gomec Carrillo). Libro 2'J : Ln ^^
plena Bohemia -- '
\rchéolor|ie. Ostia. Cenni storici o Guida {Dante Vaglieri) 201
Héraldique. .Armoriai d'Avallon et de l'.Avallonnais, ou Recueil des
armoiries des villes des corporations civiles et religieuses el
des familles appartenant à la région qui forme aujourd luu
l'arrondissement dAval.lon. [l-e partie] {M.-X. Bandeyiet).. . <.4
Mélanges. Les ^ Maréchaux de France à TAcadémie {le baron ^^^
Gabriel d'Orgeval) "-*
Portraits parisiens (André Germain) ^^^i*
.Ames en prison (Louis Amould)
El Libro de las mujeres {E. Gêniez Carrillo)
Kiblioqraphie. Bibliothèques. Bibliographie historique du
Rouergue (Cam///^ Couderc). 1. A.-K. (Fasc. 1- •^^.n'î w'^^^'f ^''
1 Bibliothèque de l'Université de Louvam 1636-1914 {bd. de
226
La Bibliothèque
Moreau)
140
209
— 332
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
Adam (M"'e) (Julielle Lamber). . 53
Agnelli (Giovanni) lOJ
Albert (Henri) Hi
Alessandri (Jean) 255
Alfaric (Prosper) 268
Altiar (E.) 218
Amette (le cardinal) 63
Anstey (F.) 136
Ardant (l'abbé Georges). ...... 190
Ardel (Henri) 52
Arnould (Louis) 226
Arraou (Louis) 43
Aulard (Alphonse) 99, 292
AUNET (BlARD d') 96
Azaïs (Jean) 253
Babelon (Ernest) 22
Bailly (le T. H. P. Emmanuel). iU
Baix (F.-W.) 55
Bainvel (J.-V.) 186
Barac (François) 109
Bareilles (Bertrand) 108
Barrés (Maurice) 15, 30
Basu^esco (Nicolas) -168
Basribeg de Dukagjin. 174
Batault (Georges) 256
Baudenet (M.-X.) 64
Becker (le colonel G.) 31
BÉHAiNE (René) 52
Belin (Jean-Paul) 144
Belmoxt (Th.) 189
BE.MTEz(ie colonelJuanGarcia). 105
Benson (Mgr Robert Hugh). ... 116
Berga (A.) 36, 37
liERNARU (Noël) 57
Bernard (saint) 186
Berthei-lot (Marcel) 31
Bertra.nd (Louis). 45
Bessières (le R. P. Albert). 88, 226
Bessoj) (Maurice). 25-i
BiARD d'Aunet 96
BiLi.Y (André) .^ 52
liLANC (l'abbé Klie) 189
BoNNEFON (Paul) 288
Bo.NTOUx(G.) 122, 191
Bordeaux (Henry) 200, 251
BoR.NECQUE (le capoe H.) 165
BoucHACD (Pierre de) 179
BouDON (Henri-Marie) 185
BoiCAMEI.-BoUDEVnJ.E 264
BoiHOKois (Léon) 99
BouRGET (Paul) 52
Bouvet (l'abbé Maurice) 18.>
Brenet (Michel) 114
Briennk (Louis-Marie de Lomé-
NiE, comte de) 288
Brunhes (Jean) w»
BucAiLLE (Victor) 228
BuGNON (Emile) 225
Buisson (Ferdinand) 9H
BuRNAND (Robert) 242
Cabiati (Attilio) 101
Cagin (Dom Paul) 2(i9
Caillé (F.) 193
Caratheodory Pacha 10»
Cabii.lion (labbé Jules) 110
Carrillo (E. Gômez). la7, 221, 222.
279
Caron (le chanoine Max) 208
(l\ssou (le comt Paul) a 2
Cerfberr (Gaston) 260
Cerfberr de Médelsheim (G.). . 259
Chabosrau (A.) 107
Champvert (M. Gabé de) »9
Chantavoine (J.) 114
Chapon (Mgr) 19
Chaptal (Mlle) 106
Charles-Bhun (J.) 99
Charpentier (John) 92
(jHAUTARD (Dom J.-B.) 184
IJIhéradame (André) 95
Cholet (le lieuti-colonel E.)... 254
Chopin (Jules). lOS
Chri.stian-Frogé (le capitaine
R.) 19
Chrysostome (le P. Jean) 187
CivRAY (Jacques) 8
Claretie (Léo) 170
Clerc-Ra.mpal (G.) 164
Cochon (Jules) 125
(]odet (Louis).. . 48
Colin (Ernest) 8(5
Collet (Henri) 111
C0.MBARIKU (J.) 115
Contreras (Francisco) 143
CoRPKCMOT (Lucien) 10(>
(>osentl\i (Francesco) 98
CouDERc (Camille) 140
C0URBAU1. (Edmond) 119. 280
Croiset (i'aul) 32
— :n3
'Crokaert (^Paiilj 34
<;ucL'EL (Georges) 112
Cl'rzon (Henri de) 111
r.UVILI.lEM (A.) 21)6
Dahde (k capitaine de rorvetle
Fernand). 166
Daug.mu) (.1.) 187
Hahtein (le général T. dk).... S."»
Dassise (.M.-K.) 5-2
Daudet (Lucien-Alphonse).... 6i
l)Ei.AY d'au!).. 2()
I)ei,bant (i'aul) 189
Deledda (Grazia) 55
l)Ei-LUC (Louis) 143
Delly 32
Denier (Jean) 105
Denis (Maurice) 228
Denys-Buirette (A.) 132
Devèze (Albei-t) 96
DiERAUER (Joliannès) 294
Djuvara (Mircea) 169
DoRGELÈs (Holand) 41
DorËL (.Mai-lial) 201
Drouilly (le lieutenant (ier-
main) 165
■Di'CRAi.xE (llalka) 37
DcGAVE (Fiei-re) 142
DuHEM (Jules) 107
DiKAGJiN (Basribeg de). 174
Dupi.oiGE (Mgr Simon) 228
DuTiL (le capitaine) 246
K.NGERA.ND (Louis y 35
Erdélyi (J.) 94
Ernest-Charles (J.) 99
ESCALLE (Ch.) 102
Es.\Aui/r (Gaston) 101
Estaili.eur-Chantkraine (Phi-
lippe d"). 225
EsTÈvE (Edmond) 275
Farcic (Autun) 109
Farmer (Jean) 50
Faure (Elie) 43
Félice (Philippe de) . s3
Fels (le comte de) 97
Féraud (Marguerite-Augustin.. 214
Feyler (le colonel) 10
Fleuwer (Jean) 106
FoË (Daniel de) 277
Fo.nsagrive (le lieutenant). ... 87
Fo.nsegrive (Georges) 220
Fontagxères (André) 188
FoNi'AiMAZ (André) 34
FouRNiER (le lient' Marcel). ... «7
Frégier (Charles) 170
FRE-NCHnemaiéchal Lord John). 242.
^ 243
Fressencolrt (le R. P. F.). ... . ' 186
Fried (D>- Altred-H.) 16
FR(*;r,icH (Jules) 250
Garé de C.hami'veut (M.) 89
Gakfahei. (Paul) 297
Gag.neur (le capno Maurice). 83, «7
Gau.i.ahd ((iaslon) 93
(iARRlGCKT (L.) 188, 191
Garry (Etienne) 62
(jatard (Dorn .Vuguste) 110
(iAUVAi.v (Afiguste) 5,11
(;AVAtTLT (Paul) 274
Geffroy (Gustave) 262
Gër.main (André) 63
Germain (Pierre). 186
Ghéon (Henri) 2.5:*.
GiHiEK .Mgr) 175, 213
Giu.ET(le H. P.) 228
GiLi.ET (Louis) 1 63
Gi.MSTY(Mgr) 164
GiMSTY (Paul) •. . . 83
GiRAUD (Victor) 162
Giraudoux (Jean) 32
GoDEFROY (Jean) 293
GoEDORP (Victor) 2.59
GoMEz Carrili.o (E.). 137. 2il, 222.
279
Goxox (le chanoine A.) 18.5
GovAU (Georges) 126
Grasset (le coint A.) 21, 252
Grégoire (Léon) •45
Gregory (Juli.t) 115
Grolleau (Charles). Ij6
Gru-vberg (L) 32
Gsell 33
GuiïTON (Georges) '. 247
Guyot (Yves) ' "5
Halévy (Daniel). 19»^
Halfl.\nts (Paul) li'S
Hânotaux (Gabriel) 243
Haye.\i (Julien) 282
HÉBRARD (Dom) 189
HÉLYS (Marcj 35
HennesW (Jean) ^'}
Hen.ning ( René) «'^5
Herr(L.) 56
Héthat (J.) ^l
HiNZhxiN (Emile) 33
Hoche (Jules ) 45
Hoi.L (F.). lî>3
HoLiJSTEK (Paul Merrick) 1 •
HovELAQUE (Emile) 1"!
HowELL (Roger) Jl'*
HuoT {L.J !'♦'
[axcovici (D.) -3
Jammes (Francis) 46
Jaxselme (le Dr E.) 32
Je\x-Bernard 261
Job 264
— 334 —
JoLY (Henri) 143, 228
Jones (John Price) 17
JoNESco (Thomas) 169
JUSSERAND (J.-J.) 26
Kakpeles (Suzanne) 33
Keller (G.) 30
Kelly (Cabel Gujcr) 284
Labbk (Marcel) 32
La Briéue (le K. F. Yves de). .. 298
La Fave (Jacques de) 214
La Fouchakdière (G. de) 301
La Gorge (Pierre de) 131
Lalande (l'abbé) 183
La LaureiNcie (E. de) 114
Laloy (E.) 114
Lamber (Juliette) [Mme Adam]. 53
La PoiiTE (Mgr de) 183
Lapradelle (A. de) ". . 292
Laroche (Labbé Th.) 110
La Honcikre (Ch. de) 128
Launay (Louis de) 138
Laurent (Marcel) 136
Laurentin (M.) 89
Lavedan (Henri) 13
La VEILLE (Mgr) 287
Lavergne (Bertrand) 64
Lebreto.x (Jules). .' 189
Leclerc (Marc) 301
Lefranc (Abel). 197
Legëndre (Maurice) 27
Lejay (P.) 142
Lemaître (Jules) 264
Leinfant (Mgr L.-A.) 187
Le.notre (J.) 61
Léopold-Lacour . . . .• 262
Leroux (le com') 12
Lehoy (Maxime) 99
Lestra.nge (le vicomte Maurice
de) 29
LÉvis-MiREPOix 49
Lorry (A.-J.-A.). . 43
Loi.NTiER (Fernand) 28
LoMÉNiE (Louis-Marie de, comte
deBRiENNE) 288
Louis (Paul) 163
LuGAN (A.) 97
LuMET Louis) 262
LusK (Graham) 32
LuïoSTÂN.sKi (Karol) 290
Machard (.Ml'red) 33
Mack (Arlhur) 18
Madklin (Louis) 90
-Mauchrk (Ed. de). 133
MAHGKiiH'; (Euiinanuel de) 123
M.\ii(;i!iLLiEn (Auguste) 248
Marija-Cok (le Dr) 108
MARLN<iKR (II.) 210
Mari.m (cardinal Niccolô) 191
>L\RLiAVE (Joseph de) 113
Marot (Jean) 232
MARTh\-(JL\OUVIER (F.) 29
Mathikz (Albert) 209
Maubel (Henri) 114
Maurel (André) 223
Mauretïe (F.) 104
Mazziotti (M.). 133
MÉDELSHEiM (G. Cerfbeer de) . . 239
Melot (le R. p.). 186
MÉRA (G.) 117
Mercereau (Alexandre) 136
Merlant (le cnp°e) Joachim. . . 103
MicHAUD (Régis) 278
Mignon (Maurice) 32
MiLA.x (Kené) 166
MiLLOT (J.) 184
MiRMAN 30
MoNDAiN-MoNVAL (Jean) 60
MoNTFORï (Eugène) 43
MoRAVEC (Zdenko) 31
MoREAU (Ed. de) 209
Morgan (Jean) 49
MouLARD (Anatole) 188
MuiNioz Sâens (Conrado) 203
MUNIER-JOLAIX (J.) 130
NiQAisE (Charles) 228
NiETZscHK (Frédéric) 114
NoRARD (Philippe) 136
OcAGNE (Maurice) 193
Odelin (Joseph) 219
Ollivier (Marie-Thérèse) 2I()
Orgeval (le baron Gabriel d'). 225
O'Shaughnessy (Edith) 218
Palat (le général) 83
Papp (I.-V.) 94
Paravy (Fabbé Th.) 190
Patri Angelo) 36
Pehcin (le général) 243
Pérennès (H.) 142
Périer (Mme Jean) 20
Perreau-Pradier (Pierre) 232
PiCAVET (Camille-Georges) 206
Picot (Emile) 12()
PiNCHON (J.) 2()3
Pla.me.natz (Yovan) 2«U
Plessis (F.) 142
Pons (Mgr. A.) 190
Poulain (Edouard) 224
POULROT 33
PouLLN (le chanoine) 183
Prick (Georges) 263
Prod'hoxme (J.-G.) 193
Prunel (Louis) 36
Uadonitcm (Yovan) 107
Uageot (Gaston^ 4i
— XV.) —
Hkboux (l'aiil) l!»r.
Recol'i.v (Uaviiioii(l) 91, 17«
Hedieh (Antoine) W
Keinacii (Thcoiiore) 243
Ke.nali.t (le I»' Jules) '.it
Kevmh.ni) (AMirnsIe) 2!»4
KEy.NÈs-.MoMi.AiK (M.) 44
UiHALD ^Micliel) 171
MicnET (le prof. Charles) 27:2
UivET (Ch.) 108
KiviÉHE (Jean) 270
KocHES (Kernand) 9
RoDRKiUKs iCliistavcj 212
Roger (Noëlle) 91
Ho.NSAH.u (Pierre de) 273
Uosi (.Michèle) 134
RouQiEHoi. (le général Gabriel) ^44
Ror<;TAN (Désiré) 173
RoLviEK (Frédéric) 245
Rouzic (L.) 18b-
RoziÈRES (Pierre de) 54
Saadevra (Anton Martin) 201
Saint-Bernard 18()
Saint-Saëns (Camille) 114
SAiNTviLiJi: (Georges) 276
Saintyves(P.) 224
Salavekri (Vicente A.) 201
Salinis (le P. A. de) 286
Salo-MÉ (René) 228
Schneider (Edouard) 50
ScHwoB (Marcel) 277
Scott (James Brown) 292
Sechoi-zkh (H.) 104
Sei.va (Blanche) 113
Sertili.anges (l'abbé A.-D.) 227.254
S1.M0N (G.) 30
Sisic (Ferdo de) 108
Sk-ABGA (le P.) 37
Smith (Thomas F. A.) 20
SoMviLLE (Gustave) 35
-Sonneck (0. G.) 115
SOITFLÙT 60
Spenlé (Jean-Edouard) 93
Standley (Paul C.) 118
Stanoyévitch (St.) 107
Stapfer (Paul) 276
Stein (Henri) 205
Stenger ((iilbert) 52
Stéfhani (Philippe) 87
Suarez (André) 226
SiTEss (Kd.) 123
Szi'oiANSKi (Stanislas) 3H
rcilERNHKK ^J.) 100
I'hKI.I.IKR DE PONCHEVILI.E (lab-
bé) 103, 178
Chômas ^ Louis) 85
Tho.ma>js()n (le lieut'-colonel DE) 84
Tiersot (Julien) ' 112
Thégiiz (Louis) 250
Tresic-Pa vicié 40
TcHii.L(P. .M.) 2r,7
Urvii.i.e ^Jeanne d) 45
V'a(;i.iehi (Dante) 201
Vatssièbe (Pierre de) 283
Vaii.ery-Radot (Robert) 228
Vai.i.otton (Benjamin) KH»
Vai.se.\ard 177
Van Bkver (Ad.) 273
V'andervelde (Lmile) 34
Van Vassenhove (L.) 193
Va<:t(H.) 82
Vaudon (le chanoine Jean). ... 185
Vellay (Charles) 30f
Veritas 39
Verrier (Paul) bQ
Verhl A (Pietro) 300
Viali.ate (Acliille) 172
ViARD (Jules) 58
A'iLi.iERS (le baron .Marc de). . . 129
Virgile 142
Voive.vel (P.) 1 76
Vi-K0Tic(M.) 40
Wacyf Boutros Ghali 202
Wagner (Richar.l) 193
Wauszewski (K.J 133
Weii. (lecom') 135-
Weiss (Louise; 24
Welschi.vger (Henri) 294
\VE.Nz(Paul) a3
Wetterlé (l'abbé E.) 249
WiLsoN (le président \V.) 173
WcERTH ^Léony 42
WooTON (E. 0.) 118
YVES-GUYOT 1 75
Zanta (Mme Léonline) 228
ZisLiy (H.) 180
ZoRETTi (Ludovic) 27 1
Zl'runden ^e général) 82
TABLE DE LA CHRONIQUE
Nécrologie : Baunard (Mgr), 302. —
Bertillon (le Dr Georges), 230. —
Bertillon (le D' Jacques), 144. —
Bonet-Mairy (Gaston). 65. — Car-
negie (Andrew). 145. — Casati de
Casatis (Charles-Claude-Marie)^
330 —
304. — CouRCEL (le baron Alphonse
de), 66. — Cunisskt-Carnot (Pieire-
Paul-François), 67. — Dauchez (le
Dr Henri), 67. — Demoldeb (Eu-
gène), 303. — DoHM (Mme Hedwig),
J46. — Galtier-Boissière (le D'
Émile-Marie-Théophile), 229. —
Gangolphe (le Dr Michel). 304. —
HÉRON DE ViLLEFOSSE (Antoïne-Ma-
rie-Albert), 65. — Hinojosa y Na-
VEROS (Eduardo de). i47. — Jul-
LiEK (Jean-Thomas-Edouard), 229.
KiAER (Anders Nicolai)^ 146. —
Lacombe (Paul), 14S. — Lanessan
(Jean-Louis de), 30o. — Lilly
(William Samuel), 229. -- Liszt
(Franz vox). 68. — Martin (iia-
briel), 306. Naumann (Friedrich),
147. — Radlov (Vasilii Vasilie-
vitch), 148. — . Kayleigh (John
William Strutt, baron), 149. —
Sidgreaves (le R. P. Waller), 149.
Welschinger (Henri), 306.
Lectures faites à l'Académie des ins-
ci'iptions et belles-lettres, 70, 152,
231, 311.
iLectures faites à l'Académie des
sciences morales et politiques, 71,
153, 232, 311.
Concours, 232..
Prix, 71, 154.
Mélanges : Annuaire général de la
France et de Fétranger, 311. —
Almanach catholique françaiSj312
— Almanach Hachette, 312. — Al-
manach du Bon Français, 232. —
Autres Almanachs pour 1920, 233,
Agenda P.-L.-M. 1920, 313. —
Journées grégoriennes de Lourdes,
72. — Le Chanoine Albanès, 314.
Nouvelles : Paris, 72, 154. 233. 314.
Anjou, 75. — Bretagne, 75, 155.
— Cambrésis, 155. — Champagne.
315.. — Franche-Comté, 156, 236,
315. -^ Gàtinàis, 316. — Lan-
guedoc, 236, 316. — Limousin, 76.
— Lyonnais. 316. — Maine, 76.
. — Normandie, 156. — Orléanais,
156. — Poitou, 76, 317. — Savoie,
236. — Velaj, 156. — Belgique.
317. — Espagne. 77, 157. — Italie,
77, 157, 317. — Tchécoslovaquie-
158. — Yougoslavie, 158. — Afri-
que, 158, 318. — Afrique occiden.
taie française, 237. — États-Unis.
78, 158, 237, 318.
Publications nouvelles : 78. 159. 238.
Dernières Publicationsillustrées. 319.
ERRATUM
Page 197, ligne 16, au lieu de: un certain consul des États-Unis, Santa-
'(^vm, lisez : un certain consul des Etats-Unis à Santa-Cruz [ce consul se
.nommait Joseph Hart],
Le Gérant : CHAl'UIS.
Imprimerie S. Pactcau. l.uçon.
2 polybiblion; re\aie bibli-
1007 ©graphique universelle
P73
t.U5-
U6
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1.