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Full text of "Polybiblion; revue bibliographique universelle"

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Référence   Department. 


THIS  BOOK  MUST  NOT  BE.  TAKEN    OUT  OF    THE    ROOM. 


lÂV  2  2  1922 


I 


POLYBIBLION 


REVUE 
BIBLIOGRAPHIQUE   UNIVERSELLE 


Janvier  i 91 9.  T.  CXLV.  1, 


LUÇON 
Imprimerie  S.  Pacteau 


POLYBIBLION 


REVUE 

BIBLIOGRAPinOUE  UNIVERSELLE 

PARAISSANT       TOUS       LES       MOIS 


PARTIE  LITTERAIRE 


DEUXIÈME  SÉRIE.  -  TOME  OUATKE-VI\GT-IIL  ITIÈME 

(cent  quarante-cinquième  de  la  collect:on) 


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PARIS    (T*^) 


AUX      BUREAUX      DU      POLYBIBLION 

5,       RUE      DE      SAINT-SIMON,       5 


d919 


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MAY  2  2  1922 


POLYBIBLION 

ni: VUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PUBLICATIONS 
HELATIVES  A  L\  r.LKRRE  EUKOPÉENNE 

I^a  l-"raiice  héroïque  et  ses  alliés,  par  Gustave  Geffkov,  Léo^-olu- 
l>ACOUR,  Louis  Ll'mkt.  t.  i.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  gr.  ir)-4  de  viii-316  p., 
avec  u>S7  grav.  photographiques,  26  hors  texte  en  noir  et  en  couleurs  et 
J2  caries  en  noir  et  en  couleurs.  — '  Prix  :  Broche,  26  fr.  ;  relie  demi 
chagrin,  36  fr. 

C'est  dans  les  premières  semaines  de  la  guerre,  dès  la  fin  du  mois 
d'août  11H4,  que  MM.  Gefrrov.  Léopold-Lacour  et  Lumet  conçurent 
«  l'idée,  bientôt  admise  parles  directeurs  de  la  maison  Larousse,  do 
consigner,  par  l'écrit  et  par  l'image,  la  signification  des  mouvements 
redoutables  et  grandioses  qui  commençaient  leur  immense  dévelop- 
pement historique.  On  trouvera  donc. 'dans  la  France  héroïque  el  ses 
alliés,  l'histoire  de  la  guerre  depuis  les  préliminaires  diplomatiques  de 
juillet  1914,  l'histoire  de  la  guerre  telle  qu'elle  peut  s'écrire  actuelle- 
ment, par  le  résumé  fidèle,  critique,  contrôlé  des  faits  visibles,  désor- 
mais acquis.  »  L'histoire,  telle  qu'elle  peut  s'écrire  «  dans  ratmQs|ihère 
même  des  événements  et  sous  leur  poussée  impérieuse,  »  n'est  sans 
doute  pas  l'histoire  définitive,  telle  que  permettra  de  l'établir  dans 
ses  détails  la  connaissance  des  documents  d'archives.  Mais  les  auteurs 
ont  raison  ;  il  y  a  suffisamment  de  faits  acquis  pour  qu'on  puisse 
donner  au  lecteur  une  image  de  la  guerre,  vraie  dans  son  ensemble,  et 
faire  passer  sous  ses  yeux  des  tableaux  exacts  et  vivants  du  granddrame 
que  nous  avons  vécu.  Sans  se  laisser  dominer  el  troubler  par  la  fièvre 
patriotique,  les  auteurs  ont  voulu  —  et  ils  y  ont  réussi,  —  composer 
un  récit  aussi  impartial  que  possible.  Vingt-huit  chapitres  qui  forment 
■CQ  premier  volume  nous  racontent  l'invasion  de  la  Belgique,  la  marche 
sur  Paris,  la  victoire  de  la  Marne,  la  poursuite  des  troupes  allemandes, 
la  guerre  de  tranchées,  l'Yser,  les  combats  dans  l'Argonne  et  les 
Vosges,  les  offensives  de  Champagne  et  d'Artois  en  1915.  puis  les 
événements  qui  se  sont  déroulés  sur  le  théâtre  oriental  de  la  guerre, 
J'entrée  en  guerre  de  l'Italie  et,  sans  parler  de  l'offensive  allemande 
contre  Verdun  au  début  de  191  G,  réservée  pour  im  prochain  volume, 
le  récit  s'arrête  à  la  décision  des  Alliés  des  27-28  mars  19 16  qui  >isait  à 
établir  l'unité  d'action  et  de  Front.  Deux  chapitres  sont  consacrés  à  la 
guerre  sur  mer  et  à  la  guerre  de  l'air.  Une  «  chronologie  des  princi- 
paux événements  relatés  dans  ce  volume  <>  en  rendra  plus  aisée  l'uti- 
lisation. 

Est-il  besoin  de  dire  que,  composé  par  trois  écrivains  d'un  incon- 
testable talent,  louvrage  ne  se  présente  pas  comme  un  simple  et  .sec 
•exposé  de  faits,   mais  offre  une  lecture  des  plus  attachantes  ?  Une 


—  (1  — 

quinzaine  de  caries,  1res  nettes  et  bien  détaillées,  permettent  de  suivre- 
les  opérations.  Une  illustration  abondante  :  portraits,  croquis,  faits- 
(le  guerre,  ruines  —  hélas  !  ruines  multiples  —  d'une  exécution 
f>xcellente,  ajoutent  à  la  fois  au  cliarme  de  ce  beau  livre  et  à  son  inté- 
rêt documentaire.  Un  index  des  gravures  et  des  portraits  permet 
de  se  retrouver  aisément  dans  ce  musée. 

En  attendant  la  suite  de  ce  monument  élevé  à  la  France  héroïque 
et  à  ses  alliés,  félicitons  les  auteurs  de  l'avoir  conçu  et  la  maison 
Larousse  de  leur  avoir  prêté  pour  l'exécution  son  puissant  concours. 

E.-G.  Ledos. 


Les  Monuments  français  détruits  par  TAIleinayne,  par  Auskne 
Ai.F.XANDUE.  l\iris.  Bcrger-Levraulf.  191S.  in-4  do  2KS  p.,  avoc47  planclies 
tiors  texte  contenant  242  photographies.  —  l^rix  :  24  fr. 

Chargé,  dès  les  premiers  mois  de  la  guerre,  par  le  ministre  de 
l'instruction  publique,  de  conduire  une  enquête  sur  les  dévastations 
organisées  dans  notre  pays  par  les  armées  ennemies,  M.  Arsène 
Alexandre,  l'éminent  critique  d'art,  inspecteur  général  des  Musées,  a 
fait  de  son  rapport  une  publication  qui  est  le  plus  dramatique  réqui- 
sitoire contre  la  barbarie  allemande.  11  nous  est  apporté  à  l'heure  où 
cette  barbarie  va  recevoir  son  châtiment,  à  l'heure  des  réparations  et 
des  sanctions.  Ce  n'est  pas  seulement  le  douloureux  pèlerinage  d'un 
artiste,  ce  sont  les  conclusions  implacal^les  d'un  justicier.  La  rigueur 
de  sa  documentation  met  délînitivement  à  néant  les  plaidoyers  men- 
teurs des  «  avocats  de  la  destruction  ».  Ville  par  ville  et  monument 
par  monument,  le  témoin  véridique  a  dressé  son  inventaire,  dont  les 
déclarations  sont  confirmées  par  les  photographies  les  plus  précises 
et  les  plus  nombreuses  :  il  y  en  a  près  de  deux  cent  cinquante.  Rien 
de  plus  poignant  (|ne  cette  illustration  du  livre  ;  c'est  le  cri  même  et 
la  protestation  des  pierres.  .\uprès  d'.\rras,  de  Péronne,  deBapaume, 
de  Soissons,  de  Reims,  de  Verdun,  des  centaines  de  villages  ont  ago- 
nisé sous  les  bombardements  féroces,  des  merveilles  de  notre  archi- 
tecture et  de  notre  sculpluie  ont  péri.  Ou'est-ce  qui  peut  payer,  ou 
plutôt  compenser,  les  ravages  de  la  furevir  bestiale  ?  Quels  sont  le» 
trésors  d'art,  aux  mains  de  nos  ermemis.  dont  il  sera  juste  que  la 
jouissance  vienne  réparer  nos  deuils  ?  Qu'on  lise  donc  et  que  Ion 
répande  le  plus  loin  possible,  et  chez  les  alliés,  et  chez  les  neutres, 
ces  pages  de  Hamme  et  d'amerttimc  ;  qu'elles  pénètrent  au  fond  des 
consciences  !  Encore  faut-il  dire  que  le  réquisitoire  est  forcément 
iiHom|)let  ;  il  est  publié  aujourd'hui,  mais  il  a  été  arrêté  aux  piemiers 
mois  de  IIMH.  Que  de  ruines  depuis,  et  dans  l'avance  un  moment 
victorieuse  des  Vandales,  et  dans  leur  retraite  farourli(>  et  précipitée  ! 
M.  Alexandre  nous  doit  un  supplément,   avant  que  soient  terminées- 


—  7  — 

l.sT.é^ocialionsde  paix,  cl  fixée  la.nende  que  paieront  les  criminels 
D  toulc  façon,  ce  g' and  liv.e.  avec  ses  accents  -f'«"-;  ^^^'^  ^^ 
cœur,  tén.oi^-nera  pour  nous  dans  l'avenir,  Axdrb  Perati.. 


/«o  i..in  ^<il'Z\     Éludes  sur  leaorigiiieg  de 

''^\^",';'t:'ir"C" '1"  ?:'B^-a"'<o--  in..» ..  m  i  /v. 

1  carie.   -  l'i  ix  :  2  fr.  40.  ... 

Dans  ce  pe.il  livre.  M.  Jules  Chopin,  anleur  d'ouvrages  apprécies 
sur  les  quLions  autrichiennes,  tchèques  et  jougo-slaves,  s  efforce 
de  d  n,„nlrer  la  fausseté  des  accusations  portées  par  le  gouvernement 
a  ,tHc",ien  contre  la  Serbie  au  sujet  de  l'attentat  de  Sarajevo  :  ques- 
tion dune  énorme  nnportance,  puiscp.e  lassassmat  de  1  arch.dnc 
Fe  dinan,l  fut  la  cause  déterminante  qui  ht  éclater  la  Jerr.ble guerr 
préparée  par  lA.lemagne.  dont  la  menace  pesai,  sur  1  Europe  et  sur 
le  inonde  depuis  si  longtemps.  ,        ,    ,    r 

D-  illeurs  d  ne  partage  pas  l'opinion  de  M.  11.  N\  .  S.eed.  le  fameux 
directeur  delà  politique  étrangère  au  Times,  ennem,   passionne  de 
1         idie-Hongrie.  d'après  lequel  le  meurtre  de  F.ançois-lerdinand 
erait  du  à  des  inlrignes  de  Cour,  11  lui  donne  pour  cause  réelle 
-,  ambition  même  du  prince,  décidé  à  faire  la  guerre  contre  a  Seri^^o 
pour  assurer  le  triomphe  de  ses  visées  personnel  es   Le  pl""  «"">  ^ 
lié    arrêté    dins    l'entrevue    du    Konopisoht,    ou   d    rencontra,     e 
r>  juin  1914,  l'empereur  d'.Ulemagne  et  le  roi  de  Suéde  :  pourque  la 
kiVie  paru   la  provocatrice,  il  sumsait  de  simuler  nn  attentat  con  re 
larchiJuc  lors  du  voyage  qu'il  allait  faire  en  Bo--»»"?»-'"  ;_ 
Les  documents  présentés  tendent  à  prouver  que  Princ.p   1  assassin, 
a  aci  indépendamment  de  Cabrinovitch,  qui  avait  lance  les  bombes 
11  est  certain  qu'il  y  a  là  bien  des  obscurités,  et  c'est  justement  que 
M  Chopin  nelrit  les  procédés  abominables  delà  justice  autrichienne 
Taux  témoignages  et   falsifications  de   documents.   On   peut  donc 
d    ettre  que  l'affaire  des  bombes  résulte  d'un  comp  ot.  qui   ut  peut- 
être  monté  par  la  police  autrichienne.  Mais,  cela  même  établi,  .1  ne 
XI  suit  pas'que  Princip,  que  l'auteur  lui-même  nous  niontre  comme 
un  natioiialiste  exailé,  n'ait  pas  agi  sous  l'innuence  directe  ou  indi- 
recte  de  la  «  Narodna  Odbrana.  »  .       .     ,  , 

Tous  conclurons  que  ce  livre  apporte  une  contribution  intéressante 
.  .à  l'élude  d'un  fait  historique  très  important,  mais  la  pleine^li.miere 
n'est  pas  encore  faite. 

et  14  cartes.  —  Prix  :  13  fr. 

Ainsi  qu'il  arrive  souvent  aux  œuvres  puissantes,  il  s'est  formé  sur 


—  8  — 

le  livre  de  M.  Engcrand  iiuc  légende,  et  incine  plusieurs  légendes  :  qu'il 
aurait  été  inspiré  par  un  général  mécontent,  que  ce  serait  une  arme 
(le  guerre,  etc.  Nous  laisserons  de  côté,  bien  entendu,  ces  \agues 
racontars,  pour  ne  prendre  que  l'ouvrage  en  lui-même,  replacé  à  sa 
date  ;  il  en  \aul  la  peine  :  outre  un  travail  prodigieux  comme  éten- 
due et  comnu^  profondeur,  il  apporte,  ou  veut  apporter,  des  réponses 
à  un  certain  nombre  de  questions  tpie  la  France  s'est  posées  a\ec 
angoisse.  11  y  a,  sur  le  début  de  la  guerre,  des  problèmes  qui  atten- 
dent encore  leur  solution  :  un  officier,  fort  bien  documenté,  a  dil, 
dans  une  revue,  le  iO  octobre  1918  :  «  l'énigme  de  Charleroi  est  loin 
d'être  résolue.  L'histoire  parvieudra-t-elle  à  l'élucider  ?  11  est  permis 
d'en  douter.  »  M.  Engerand.  sans  attendre  le  recul  du  temps  et  les 
publications  des  grands  états-majors,  a  voulu  trouver  dès  maintenant 
le  mot  de  l'énigme,  et  nous  le  révéler.  Jusqu'à  l'armistice,  on 
pouvait  se  demander  si  l'heure  était  bien  venue  d'aborder  une  aussi 
redoutable  question,  s'il  était  possible  de  s'élever  au  dessus  des  polé- 
micpies  journalières,  de  traiter  le  problème  en  historien.  Sans  doute 
l'auteur  a  tracé,  avec  beaucoup  de  ])rudence,  la  limite  de  son  ambi- 
tion :  il  nous  dit  qu'il  veut  donner  a  non  l'histoire  (l'heure  n'est  pas 
encore  vernie,  et  il  faut  se  garder  des  jugements  précipités  comme 
des  apothéoses  brustjuées),  mais  une  explication  du  drame  de  Char- 
leroi. »  Cette  explication  a  tout  d'abord  paru  sévère.  Bien  entendu 
M.  Engerand  se  défend  de  prononcer  un  réquisitoire.  C'est  générale- 
ment ce  qu'on  dil  quand,  justement,  on-vient  de  requérir.  Du  reste 
il  suffit  d'étudier  la  table  des  matières  :  elle  est  d'une  clarté  émou- 
vante, comme  le  plan  d'un  réquisitoire  fort  bien  fait.  Il  y  a  notam- 
ment un  portrait  du  maréchal  Jolt're.  qui  n'est  pas  caressé  par  l'ar- 
tiste. Il  est  peut-être  très  ressemblât)!,  nous  disions-nous,  toujours 
av/mt  le  11  novembre,  mais  est  ce  bien  le  moment  de  substituer  une 
eau-forte  à  une  image  d'Épinal  'î>  —  On  était  encore  inquiet  de  voir 
mettre  en  cause  l'état-major.  c'est-à-dire  l'intelligence  collective,  la 
tète  de  ce  grand  corps  qu'est  l'armée,  l'état-major  qui,  avant  la 
guerre,  aurait  réclamé  le  démantèlement  de  la  fi'onlière  du  nord,  ou 
nième  rÉcole  de  guerre,  alors  que  justement  la  fin  victorieuse  de  la 
lutte  allait  ikius  révéler  (|ue  c'était  bien  l'Ecole  de  guerre  qui  avait 
raison,  et  (jue  sa  doctrine  triomphait  avec  Foch. 

Et  vr)ici  au  contraire  (|ue.  à  partir  du  redressement  des  armées  d»' 
l'Enlfiile,  un  phénoiuèiic  concomitant  se  produit  pour  l'œuvre  de 
M.  P^ngerand  :  ce  li\  ic,  jiiscpie-là  sombre,  et  op|>rrssaut  le  cœur,  se 
révèle  tout  à  coup  comme  une  œuvre  île  lumière  et  de  salut.  (Juand 
on  \r  r»'lil  à  la  clarté  de  la  victoire,  on  le  comprend  enfin,  surtout  si  le 
li'ctrur  pi'ul  l'étudier  sans  rougir,  n'ayant  été.  avant  la  guerre,  ni  un 
pacifiste,  ni  un  arriviste,  ni  un  naïf  croyant  à  la  vertueuse  Allemagjie. 


—  9  — 

Dans  la  riiiiéliule  (|n('  (l(»niio.  le  succès,  cl  n'étant  plus  nblij^'é  do  s'en 
tenir  à  l'opliniisme  à  loiit  piix.  nécessaire  pendaiil  la  lutte,  on  doniu', 
raison  à  l'anteiir,  quand  il  signale  les  grosses  fautes  qui  iml  fiiilli 
causer  notre  défaite,  c'est-à-dire  la  mort  de  la  France.  Oui,  depuis  la 
sinistre  adaire  Dreyfus,  notre  espionnage,  notre  contrc-espionnagef 
étaient  absolument  désorganisés.  Oui,  Je  cominandeinent  au  débtil  a 
commis  deux  fautes  capitales  :  il  n'a  pas  pourvu  à  la  défense  du  nord, 
<il  Ion  sait  ce  qu'il  en  est  résulté  :  souffrances  indicibles  de  tout  ce 
peuple,  ruines  difficiles  à  réparer,  accroissement  des  ressources  de 
l'Allemagne,  l.e  coinmandement  n'a  pas  non  plus  défendu  le  bassin 
<le  Briey  dont  les  minerais  de  fer.  seuls,  ont  permis  à  lennemi  de 
prolonger  la  guerre  de  deux  ans.  L'Etat-Major  a  méconnu  l'impor- 
lance  de  Hriey  ;  son  excuse,  c'est  qu'il  n'était  pas  le  seul  à  l'ignorer. 
<}m  donc  la  connaissait,  ou  l'a  fait  connaître,  avant  la  guerre  ?  C'est 
M.  Engerand  lui-même  qui  nous  en  a  révélé  l'importance,  dans  des 
<'tudes  qui,  au  cours  de  la  lutte,  ont  fait  sensation.  Ce  livre-ci  fera 
mieux  ;  il  fera  époque.  11  ne  contient  pas  seulement  des  critiques  du 
passé,  très  serrées,  très  rigoureuses,  il  renferme  surtout  des  ensei- 
gnements pour  les  temps  à  venir.  11  est  vital,  pour  l'existence  même 
^lu  pays,  que  l'on  sache  pourquoi  Lille  n'a  pas  été  défendu  ;  ((ue  l'on 
*>ncbe  au.'^si  combien,  avant  la  guerre,  on  a  découragé,  disgracié,  les 
hommes  de  valeur  dans  l'armée,  mesurant  chichement  ou  refusant 
l'avancement  aux  plus  dignes  :  lisez  l'histoire  du  colonel  Grouard,  du 
général  Herment.  On  a  le  cœur  douloureusement  serré  en  entendant 
■<les  soldats  éminents  pousser  de  véritables  cris  d'alarme,  et  ces  cris 
:sonf  couverts  par  les  piaillements  des  politiciens  !  Le  livre  de  M.  En- 
gerand. parmi  ses  autres  mérites,  en  a  un  fort  considérable  :  il 
montre  nettement  le  tort  immense  que  l'on  a  fait  au  pays  avant 
août  1914,  en  décourageant  tant  d'excellents  Français,  tant  d'espr'its 
.supérieurs,  parce  qu'ils  ne  montraient  point  patte  rouge.  On  a  ainsi 
diminué  le  rendement  intellectuel  ,du  pays,  compromis  même  son 
existence,  sans  profit  pour  per-sonne,  mais  à  la  plus  grande  joie  des 
jalousies  mesquines  et  féroces. 

Ce  livre  est  d'une  lecture  amère,  et  salubre.  comme  la  vérité.  Je 
fais  le  vœiî,  tout  d'abord,  que,  dans  le  traité  de  paix,  nos  plénipoteir- 
liaires.  et  nos  alliés,  s'en  inspirent  pour  le  tracé  de  notre  frontière. 
Je  souhaite  aussi  que,  à  l'avenir,  dans  les  discussions  du  Parlement 
sur  l'armée,  nul  n'ose  prendre  la  parole  sans  avoir  lu,  et  compr-isL. 
l'œuvre  de  M.  En?erarrd.  M.vlrige  Solriac. 


IKAlMuce  à  la  Cerna,  noies  el  impressions  d'an  officier  de  l'armée  d'Orienl 
(oclobre  l9(Jrj-aoùl  1916),  par  .Ikax  Saisos.  Paris.  Plon-Nourrit.  iu-l6  de 
li2o  p.  avec  2  cartes.  —  Prix  :  i  fr.  oO. 

Les  éloges  les  plus  courts  sont,  dit-on,  les  meilleurs  et  les  plus  sin- 


—  iO  — 

cèies,  aussi,  scrons-iious  très  bref.  D'ailleurs,  louvrage  si  remar- 
<îuable.  par  lequel  le  brillant  oiricier  qui  se  cache  sous  le  pseudonyme 
de  Jean  Saison  fait  connaîtra  au  public  ses  notes  et  impressions  à 
l'arniée  d'Orient,  d'cfclobrc  1915  à  août  1916,  ne  peut  pas  se  résumer  : 
il  se  litet  se  relit.  Naiv  sans  angoisse  et  sans  que  le  cœur  nesaig.ne,  car 
il  n'y  a  rien  de  doulouieux  comme  cette  retraite  de  Serbie,  pendant 
l'hiver  iyi;)-l'J16.  L'auteur  était  bien  renseigné,  il  se  trouvait  sur 
place,  savait  voir  et  raconter  ;  les  fautes  ne  lui  échappaient  pas,  il  les- 
signale  donc  et  Dieu  sait  s'il  en  a  été  commis  de  ^lourdes,  de  cri- 
minelles, sur  les  bords  du  Vardar  !  Que  de  tristesses  dans  tout 
cela,  mais  aussi,  (pie  de  fierté,  en  lisan-t.  à  chaque  page,  combien  nos 
troupes  ont  été  braves,  héroïques,  endurantes  !  Les  soldats  montrent 
vraiment  au  cours  des  retraites  ce  qu'ils  valent,  et,  en  Serbie,  ils  ont 
prouvé  une  fuis  de  plus  qu'ils  savaient  être  toujours  les  premiers  com- 
battants du  monde. 

Le  souci  de  raconter  les  opéiations  militaires,  les  marches  et  contre- 
marches, les  combats  et  les  manœuvres,  n'empêche  pas  l'auteur  de 
ces  pages  captivantes  de  voir  et  de  regarder  autour  de  lui,  de  noter 
les  mœurs  des  populations,  de  s'enthousi-asmer  devant  un  beau 
paysage,  surtout  si,  par  les  herbes  des  champs  et  les  oiseaux  du  ciel, 
il  lui  fait  souvenir  du  sol  de  France, ,  de  s'intéresser  à  tout  ce  qui 
l'environne,  aux  coutumes  religieusjes,  aux  costuines,  de  décrire  mi- 
nutieusement un  détail  qui  l'a  frappé  la  robed'un  cheval  par  exemple. 
11  résulte  de  cet  ensemble  un  volume  -singulièremenl  vivant  et  var^é 
qui  fait  du  livre  de  Jean  Saison  un  des  meilleurs  et  des  plus  intéres- 
sants ouvragres  de  la  guerre.  J.  C.  T. 


Pour  eu   liiiir  avec  les  sous-marins,  [)0r   l'amiral   Dugouv.    l*aris, 
l^iyol.  1918,  in-15  de  302  p.,  avec  4  cartes.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Grâce  à  Dieu,  à  nos  marins  et  à  nos  soldats,  nous  en  avons  lini 
avec  les  sous-niarins  !  Ce  ne  fut  peut-être  pas  selon  les  n)éthodes 
préconisées  ou  prévues  par  l'amiral  Degouy,  mais  le  résultat  n'en 
est  pas  moins  accpiis.  Nous  les  avons  vus,  ces  pirates  de  la  mer, 
entrer  dans  nos  ports  et  dans  ceux  de  l'Angleterre,  le  pavillon  trico- 
colore  ou  celui  de  la  marine  britanni(iue  flottant  fièrement  et  gaie- 
ment au-dessus  du  pavillon  allemand.  C'est  ainsi  qu'autrefois,  nos 
^aillants  corsaires  ramenaient  leurs  prises,  mais,  alors,  les  vaincus 
étaient  souvent  près  de  couler  bas,  ils  portaient  au  moins  de  nobles 
blessures,  tandis  que,  de  nos  jours,  renucmi  défait,  à  bout  de  souille,, 
se  rend  sans  combattre  !  Non,  vraiment,  cela  n'est  pas  français  et  oik 
aurait  attendu  mieux  de  la  nation  dont  l'avenir  était  sur  mer,  pré- 
tendait s(»n  empereur.  Mais,  cette  vision  réconfortante  et  en  même^ 
temps  d(juloureuse,  en  un  certain  sens,  pour  un  cœur  de  marin,  nous 


—  Il  — 

a  fait  ppidrc  Ho  vue  la  fiernièrc  œuvre  de  l'amiral  Degouy  qui  vaut 
bien,  cependant,  qu'on  s'y  arrête  et  qu'on  la  lise.  On  y  trouvera  une 
étude  approfondie,  traitée  un  peu  comme  le  bilan  d'une  société  in- 
dustrielle, sur  les  moyens  employés  et  leur  prix  de  revient,  puis  sur 
les  moyens  à  employer  pour  détruire  les  sous-marins  et  le  yirix  (fo 
revient  de  la  mélhodc  raliormelle  ((ue  propose  l'auteur.  La  descrip- 
tion des  moyens  employés  aura  toujours  un  intérêt  historique.  Quant 
à  lexposé  des  moyens  à  employer,  il  est  séduisant,  mais  il  y  man- 
quera —  espérons-le  —  la  sanction  de  l'épreuve.  Ces  chapitres  sont 
traités,  il  est  inutile  de  le  rappeler,  avec  la  haute  compétence  que 
possède,  à  tant  de  titres,  l'amiral  Degouy. 

Le  volume  est  heureusement  complété  par  des  études,  dont  quel- 
ques-unes ont  déjà  été  lues,  sur  la  phase  finale  de  la  guerre  sous- 
marine,  le  transport  submersible,  l'organisation  des  convois,  le  siège 
liypothélique  d'IIelgoland  par  les  Anglais,  le  rôle  de  la  njarine  ita- 
lienne et  de  la  marine  alliée  dans  la  Méditerranée,  enfin,  sur  la  côte 
mourmane.  J.  C.  T. 


Le  Premier  «  As  »  I*é<|Oud,  par  I^aul  Bon.vefo.v.  Pnrts,  Berger- 
Levranit.  1918,  in-12  dexui-li3  p..  avec  16  photographies  hors  texte.  — 
l^rix  :  3  fr.  50. 

L'aviateur  Pégoud  n'est  comparable  à  aucun  de  ses  émules  de  la 
guerre.  11  n'est  pas  au-dessus  d'eux,  mais  il  est  avant  eux.  II  est  l'ini- 
tiateur, le  maître,  l'inventeur.  Sans  lui,  les  Guynemer,  les  Fonck  et 
tant  d'autres  n'auraient  pas  été  ce  qu'ils  furent.  Pégoud  est  célèbre, 
dans  le  monde  entier,  pour  avoir,  le  premier,  tenté  et  réussi  le  loo- 
ping, et,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  l'aviateur  qui,  le  premier,  osa  faire  le 
looping,  a  sa  part  posthume  dans  toutes  nos  victoires  aériennes.  Or, 
si  Pégoud  a  voulu  tracer  dans  les  airs  un  cercle  vertical  complet,  ce 
n'est  pas  par  gloriole,  par  amour  de  la  difficulté  vaincue,  mais  bien 
pour  montrer  tout  ce  qu'on  pouvait  attendre  des  aéroplanes,  tout  ce 
qu'il  était  possible  de  leur  demander,  bref,  pour  donner  confiance. 
C'est  Pégoud  qui  a  ainsi  prouvé  expérimentalement  la  nécessité  de 
l'acrobatie  aérienne  et.  sans  cette  acrobatie,  la  guerre  dans  les  airg 
aurait  été  aytre  et  l'aviation  n'aurait  pas  eu  une  part  aussi  grande 
dans  la  victoire. 

Il  était  donc  juste  que  Pégoud  trouvât  un  biographe.  Celui-ci  s'est 
acquitté  excellemment  de  sa  tâche,  suivant  successivement  le  célèbre 
aviateur  dans  sa  carrière  sportive,  puis  dans  sa  carrière  militaire,  à 
laquelle  une  balle  allemande  mit  fin  brusquement  le  31  août  1915. 
L'auteur  montre  dans  Pégoud,  l'homme  simple,  droit,  robuste,  cou- 
rageux et  tenace,  persévérant  et  intrépide,  bon  garçon,  aimé  et  estimé 
<iê  tous.  H  déduit  ensuite  des  pages  qui  précèdent  l'exemple  et  les 


—   12   - 

leçons  se  dégageant  d  une  existence  qui  fui  courte  mais  bien  remplie. 
Au  cours  de  ces  pages  intéressantes  et  si  vivantes,  on  ne  peut  regret- 
ter qu'une  lacune  :  on  aimerait  connaître  quelles  fuient  les  croyances 
religieuses  de  Pégoud,  que  son  biographe  compare  à  Bayard  sans  peur 
et  sans  reproche.  Les  sentiments  religieux  pénètrent  en  général  si 
profondément  la  mentalité  de  chacun  de  nous,  ont  une  iiilluencc  si 
dominante  sur  nos  pensées  et  nos  actions,  que  l'on  ne  saurait  pré- 
tendre cotmaître  un  homme  si  l'on  ignore  dans  quelles  mesures  les 
problèmes  de  l'au-delà  lont  préoccupé  et  quelles  sont  les  solutions 
qui!  leur  a  données.  Or,  Pégoud  est  une  personnalité  assez  en  vedette 
pour  ({ue  nous  puissions  désirer  être  renseignés  sur  ce  point. 

.1.  C.  T. 


I/Kscadrîlle  des  Eperviers,  imprei^nioiis  t'éciies  de  (jnern'  aérienne,  par 
Chaklks  Dei-acommum;.  Paiis,  IMoii  iSourrii,  1918,  iii-16  de  ii-.ilO  p.  — 
Prix  :  4  fr.  50.  ' 

.Ainsi  que  l'exprime  si  bien  Maurice  Barrés  dans  une  courte  Préface, 
nous  devons  remercier  le  sergent  aviateur  Charles  Delacommune  de 
nous  raconter  clairement,  gaiement,  avec  un  charmant  génie  de  lu- 
mière et  de  rapidité,  la  vie  (hélas  !  et  la  mort)  des  oiseaux  de  guerre. 
On  ne  saurait  mieux  dire  et  ces  quelques  lignes  résument  fort  bien  et 
complètement  cet  intéressant  volume,  au  cours  duquel  l'auteur  nous 
promène  à  Nancy,  sur  la  Som/ne,  en  Champagne  et  à  \  erdun.  C'est 
une  aimée  fie  guérie,  de  juillet  l'JIti  à  août  UH7,  qui  défile  sous  nos 
yeux.  Pendant  ces  douze  mois,  l'auteur  nous  initie  à  l'existence  des 
aviateurs  dans  les  camps.  11  nous  fait  connaître  la  gaieté,  parfois  un 
peu  bruyante,  toujours  spirituelle,  qui  y  règne,  gaieté  qui  semble  for- 
cée et  (|ui  ICst  parfois,  en  effet,  car  il  faut  non  seulement  se  distraire, 
mais  alls^i  selforcer  d'oublier  les  heures  douloureuses  où,  le  soir,  on 
s'apeiroil  qu'une  place,  à  table,  reste  vide...  Avec  lui,  l'auteur  con- 
duit également  le  lecteur  dans  les  airs,  le  faisant  assister  à  des  vols 
impressionnants,  à  des  combats,  à  des  victoires,  à  des  chutes  mor- 
telles. Tous  ces  épisodes  sont  écrits  d'une  plume  alerte,  facile,  bien 
française  et  ce  nouveau  volume  consacré  à  la  gloire  de  l'aviation  sou- 
tient facih'ment  la  comparaison  avec  les  meilleures  impressions 
\écues  de  gueire  aéiiorine  déjà  publiées.  J.  C.  T. 


'l'Iiomiis  Itiirtiott  en  France.  L'Anfilais  l<»l  «|u'il  est,  par  Casion 
Hai.iot.  l'aris,  Hcrger-Levraull,  1918,  in-t()do  03  p.  —  Prix  :  0  fr.  HO. 

«  Tliomas  Barlletl,  quand  je  l'ai  rencontré,  ne  connaissait  pas  l'Ku- 
rope.  à  peine  l'Angleterre,  pas  du  tout  la  France,  et  ne  soupçonnait 
rien  de  rAlIrmagne.  »  Quand  il  meurt,  on  défendant  le  sol  fie  Picar- 


—  i:^  — 

(lie  contre  la  ruée  allernando  do  mars  1018.  trois  années  de  combats 
(•(Me  à  côte  avec  nous  lui  ont  fait  comprendre  la  nécessité,  pour  l'An- 
j^leterre,  d  aider  à  sauver  la  France.  Le  livre  de  M.  Gaston  Rageot 
nous  montre  précisément  comment  l'évolution  s'est  faite  dans  cet  es- 
prit britannique.  Livre  comme  il  en  faut  de  nos  jours  pour  dévelop- 
per entre  alliés  la  sympathie  qui  naît  d'une  meilleure  connaissance 
rnuluelio.  A.  T. 

I)}«1  Carso  al  Piave,  la  ritirata  délia  3'  arinala  nelle  noie  d'un  combatlenle. 
da  Makio  Plccim.  (/  l.ibri  d'uijgi.)  Firen/.e.  R.  Bemporad  e  figlio,  1918. 
in-i  de  133  p.,  (ig.  et  pi.  —  Prix  :  i  fr.  90. 

M.  Mario  Puccini  a  pris  paît,  en  qualité  d'ofllcier,  k  la  retraite  des 
troupes  italiennes,  lors  de  l'otrensive  autrichienne  qui.  à  l'automne 
de  l^tT.  a  mis  nos  alliés  d'au-delà  les  -\lpes  dans  nne  si  pénible  et 
si  périlleuse  situation.  Uetraile  particulièrement  douloureuse  pour 
des  corps  d'armée  qui,  comme  celui  dont  faisait  partie  M.  Puccini, 
n'avaient  pas  été  battus  par  l'ennemi  et  se  voyaient  obligés,  par  la 
défaillance  inattendue  d'autres  troupes,  de  céder  presque  sans  com- 
battre lin  terrain  conquis  par  eux  au  prix  de  tant  d'efforts. 

Il  se  dégage  une  impression  de  poignante  tristesse  des  pages  dans 
lesquelles  M.  Puccini  nous  fait  le  récit  de  cette  retraite  ;  il  y  a  une 
émotion  profonde  dans  le  tableau  de  ces  soldats,  naguère  si  fiers, 
aujourd'hui  harassés,  abattus,  découragés,  prêts  à  se  débander,  de 
ces  populations  fuyant  éperdues  devant  l'envahisseur,  de  ces  paysans 
regardant  avec  une  sorte  de  mépris  ironique  ces  guerriers  dont  la 
retraite  leur  paraît  une  fuite,  l'abandon  sans  combat  des  terres  qu'ils 
délaissent  une  lâcheté. 

Mais  aussi  de  ci  de  là  rayonnent  quelques  traits  d'espérance  :  la 
figure  énergique  et  paternelle  tout  ensemble  du  général  se  détache 
dans  une  belle  lumière,  gage  d'un  prochain  retour  de  fortune  ;  et  le 
livre  en  effet  ne  se  termine  pas  avant  que  la  nomination  de  Diaz  comme 
chef  d'état-major  général  ait  rendu  aux  troupes  l'espérance,  pas  avant 
que  la  défense  du  Piave  ait  averti  l'ennemi  que  la  reculade  était  ter- 
minée, que  l'armée  italienne  s'était  ressaisie,  que  l'offensive  allait 
reprendre  pour  ne  plus  cesser  avant  la  débâcle  définitive  de  l'Autriche. 

La  censure  a  fait  quelques  coupures  dans  le  livre  de  M.  Puccini  ; 
nous  le  regrettons  ;  mais  ces  mutilations  n'empêchent  pas  son  récit  de 
nous  faire  vivre  avec  intensité  la  fièvre  de  ces  journées  tragiques. 

E,-G.  Ledos. 

La  Dalaiatie,  l'Italie  et  l'L'nité  yougoslave,  par  le  comte  Louis 
VoisoviTCH.  Genève,  Bàle  et  Lyon,  Georg,  19t7.  in-16  de  cix-3S0  p. 

La  Qaestion  yougoslave,  par  Auguste  Gauvain.  Paris,  Bossard,  1918, 
in-16  de  107  p.,  avec  une  carte.  —  Prix  :  2  fr.  40. 


—  14  — 

Les  Problèmes  iialioiiaux  «le  rAutriclie-IIoii«jrie.  Les  Yougo- 
slaves, par  FiiANo  CviF.TiSA.  Paris,  IJossard.  191S.  iii-lG  de  148  p..  avec 
deux  cartes.  —  Prix  :  3  fr.  60. 

Yougoslavie  et  Autriche,  par  le  comte  Voi.Novir.rn.  Paris.  Bloud  et 
(lay,  iti-lC  de  48  p.  (Collection  Payes  actuelles).  —  Prix  :  0  fr.  00; 

l..e  Monténégro,  son  passé  et  son  avenir,  par  \\DnnA  P»adovitch. 
I^aiis,  Blond  et  (!ay.  i!H8,  in-lG  de  48  p.  (Collection  Pages  achicUes):  — 
Prix  :  0  fr.  60. 

La  Dalniiilie,  par  Ciusei'i-e  Piu:zzoi.im  ;  traduit  de  l'italien  par  LjLbO 
Rauic.  Paris,  .\lcan,  1017,  in-8  de  ni-60  p.  -^  Prix  :  1  fr. 

La  question  yougoslave,  demeurée  trop  longtemps  dans  le  brouil- 
lard des  à  peu  près,  tend  à  se  préciser  à  mesure  que  la  marche  des 
événements  nous  achemine  vers  la  fin  de  la  crise.  L'union  de  tous  les 
Slaves  du  sud,  Serbes,  Croa-tes  et  Slovènes  paraît  consommée  depuis 
que  l'écroulement  de  la  monarchie  habsbourgeoise  a  fait  évanouir  les 
obstacles  qui  longtemps  avaient  paru  rendre  le  problème  insoluble. 
Les  trois  peuples  frères  sont  à  la  veille  de  n'en  plus  former  qu'un. 

—  En  un  temps  qui  paraît  déjà  lointain,  puisqu'il  s'agit  de  l'an 
dernier,  M.  le  comte  Voinovitch  a  consacré  un  gros  volume  à  l'expoâé 
théorique  de  la  question  yougoslave.  Dans  la  première  partie,  il  en 
retrace  les  origines  historiennes  ;  puis,  dans  quatre  chapitres  bourrés 
de  faits  et  de  chiffres,  il  développe  longuement  les  revendications  de 
ses  compatriotes  en  s'appuyant  non  plus  seulement  sur  l'histoire, 
mais  sur  des  considérations  d'ordre  divers,  géographiques,  statis- 
tiques, économiques  et  linguistiques.  Il  examine  les  prétentions  ita- 
liennes sur  une  partie  du  littoral  daliiîale  et  s'efforce  de  prouver 
combien  peu  elles  Sont  fondées. 

—  L'année  1918  a  vu  paraître  deux  études  qui,  pour  être  moins 
volumineuses,  n'en  apportent  pas  moins  quelques  précisions  nouvelles 
dans  l'exposé  des  faits  et' des  principes.  Un  journaliste  français, 
M.  Auguste  Gauvain,  met  au  service  de  la  cause  yougoslave  son  indiè- 
cutable  compétence  en  matière  de  politique  étrangère  et  un  Slave  du 
sud,  M.  Frano  Gvietisa,  reprend  le  même  sujet  en  y  ajoutant  là 
flamme  (le  ses  convictions  patriotiques.  Les'deux  avocats  savent  être 
persuasifs,  mais,  depuis  qu'ils  ont  écrit,  un  coin  du  voile  qui  cachait 
l'avenir  s'est  déchiré  et  une  aurore  s'est  levée  sur  les  Balkans,   plus 

-radieuse  encore  que  les  [)lus  optimistes  ne  l'avaient  rèvéc. 

—  Deux  points  noirs  subsistent  toutefois  :  l'un  du  côté  du  Monté- 
négro, l'autre  dii  côté  de  rilalie.  M.  Andriya  Radovitch,  ancien  mi- 
nisti,c  des  affaires  étrangères  du  Monténégro  et  actuellement  président 
du  comité  de  «  l'Union  nationale  »,  démontre  l'impossibilité  pour 
l'Ktat  njonlénégrin  de  vivre  dans  des  conditions  économitpics  nor- 
males ;  la  pauvreté  de. son  sol  cl.  l'absence  de . toute  industrie  le  ren- 
daient tiibutairc  des  pays  étrangers  et,  pour  payer  ses  importations. 


—  15  — 

il  avait  dû  établir  des  impôts  écrasants;  seuls,  les  subsides  de  la 
Russie  lui  avaieut  permis  de  soutenir  sou  crédit.  Or.  le  reuduvelle- 
ïuènt  de  ces  subsides  après  la  paix  ne  paraît  à  M.  liadovitch  ni  pro- 
bable ni  désirable.  11  conclut  donc  à  la  nécessité  d'une  réunion  des 
Serbes  du  Monténégro  à  ceux  de  la' Grande  Yougoslavie  et  l'altitude 
quelque  peu  suspecte  de  certains  nicuibres  de  la  famille  princière  a* 
contribué  à  désafîectionuer  les  Monténégrins  de  la  dynastie  des  Nié- 
gosch. 

—  Dans  l'accord  conclu,  en  1915,  entre  l'Italie  et  les  Alliés,  il  avait 
été  stipulé  qu'une  partie  de  la  Dalmatie  et  l'istrie  seraient  attribuées, 
après  la  victoire,  au  royaume  d'Italie.  G  était  un  cadeau  fait  d'autant 
plus  facilement  qu'il  était  offert  aux  dépens  du  voisin.  Les  Yougo- 
slaves, qui,  dans  ces  régions,  forment  presque  partout  l'énorme  majo- 
rité de  la  population,"  se  sont  pourvus  contre  cette  cession  en  se 
réclamant  des  principes  énoncés  par  le  président  Wilson  en  faveuf 
du  droit  des  peuples  à  disposer  eux-mêmes  de  leur  sort.  M.  Prez/o- 
lini  est  un  journaliste  florentin  qui,  dès  1915,  alors  que  la  fortune 
souriait  à  l'Italie,  a  eu  le  courage  de  signalera  ses  compatriotes  le 
danger  auquel  ils  s'exposaient  en  revendiciuant  comme  italiennes  les 
côtes  slaves  de  l'Adriatique.  Les  arguments  qu'il  présente  n'ont  rien 
de  bien  neuf,  mais,  faite  par  un  Italien  qui  n'est  pas  le  premier  venu, 
la  démonstration  n'en  est  que  plus  concluante  et  la  liardiesse  avec 
laquelle  M.  Prezzolini  se  lance  dans  un  plaidoyer  qui  n'est  pas  pro 
domo  sua  lui  donne  une  vigueur  et  un  coloris  qui  le  rendent  plus 
intéressant.  Écrite  en  italien,  cette  brochure  devait  être  aussitôt  tra- 
duite eu  français,  mais  des  considérations  d'ordre  diplomatique  eu 
ont  retarde  la  mise  en  vente. 

—  M.  le  comte  Voinovitch  a  fait,  en  janvier  1918,  au  collège  des 
.sciences  sociales  une  excellente  conférence  qui  paraît  dans  la  collec- 
tion des  Pages  actuelles  et  qui,  en  résumant  les  parties  les  plus  im- 
portantes de  son  savant  ouvrage,  mentionné  plus  haut,  fera,  par  sa 
précision,  une  impression  plus  efficace  sur  les  incompétents  qui 
demandent  à  être  instruits  par  un  homme  bien  placé  pour  le  faire 
avec  autorité.  P.  Pisani. 


La  Nouvelle  Serbie,  par  Georges-Y.  Devas.  Paris.  Berger-Levrault^ 
1918,  in-8  de  xiv-470  p.,  avec  6  cartes,  dont  2  hors  texte  en  couleurs.  — 
Prix  :  15  fr. 

Ce  gros  ouvrage  est  un  monument  élevé  en  l'honneur  des  peuples 
serbes  et  yougo-slaves,et,  en  même  temps,  l'exposé  des  raisons  qui 
militent  à  leurs  yeuxén  faveur  de  leur  réunion  en  un  seul  État.  Dars 
son  Introduction,  l'auteur  montre  d'abord  la  distribution  géogra* 
phique  de  ces- peuples  et  leur  unité  réelle,  malgré  la  division  qu'ils 


—  16  — 

subirent  au  moyen  âge.  Puis,  une  série  de  cliapilies  nous  font  passer 
on  revue  l'histoire  du  peuple  serbe  et  son  émancipation  progr^essivc 
jusqu'aux  événements  contemporains.  La  conclusion  expose  les  ques- 
tions nationales  qui  étaient  à  l'ordre  du  jour  quand  le  livre  fut  écrit, 
c'est-à-dire  au  commencement  de  11)18.  L'union  en  un  seul  État  do 
tous  les  peuples  yougo-slaves,  accomplie  grâce  aux  victoires  de  l'En- 
tente, donne  satisfaction  aux  aspirations  de  la  Serbie  :  la  voilà  payée 
de  ses  souffrances  séculaires. 

Ce  livre  est  intéressant  par  son  abondante  documentation.  Mais 
nous  reprocherons  à  cette  documentation  d'être  unilatérale,  si  biert 
que.  ])arfois,  on  croit  lire  un  livre  de  propagande  plutôt  qu'un  ouvrage 
historique.  La  question  macédonienne  notamment  est  bien  plus 
complexe  que  ne  1  indique-M.  Georges-Y.  Devas.  Les  caractères  ethno- 
grapliiques  et  linguistiques  invoqués  pour  rattacher  à  la  Serbie  cer- 
taines parties  de  la  «  Macédoine  vardarienne  »  sont  assez  indécis  pour 
que  les  Bulgares  puissent  en  faire  valoir  à  leur  profit  d'équivalents, 
(^uant  aux  aspirations  de  la  population  elle-même,  les  armées  alliées 
ont  constaté,  au  cours  de  leur  occupation  de  la  Macédoine,  que  les 
habitants  se  disaient  Turcs,  Grecs  ou  Bulgares,  surtout  Macédoniens, 
mais  jamais  Serbes.  D'ailleurs  les  nombreuses  exécutions  auxquelles 
les  Serbes  ont  procédé  contre  eux  indiquent  bien  qu'ils  ne  les 
regardaient  pas  comme  des  nationaux  fidèles. 

La  bibliographie  est  incomplète,  parce  qu'elle  élimine  les  ouvrages 
à  tendance  bulgare. 

Signalons  enfin  la  Lettre-dédicace,  par  laquelle  l'auteur  dédie  son 
œuvre  «  à  la  France  immortelle  et  généreuse  »  sous  les  auspices  de 
M.  Aristide  Briand.  L'énumération  qu'il  y  fait  de  nos  grands  hommes 
est  déconcertante  :  n'y  met-il  pas  entre  autres  Renaudel,  Cachin  et 
Moutet,  à  côté  de  Denys  Cochin  !  Heureusement  qu'il  connaît  mieux 
son  pays  que  le  nôtre.  Sachons-lui  gré  néanmoins  de  l'affection  et  de 
l'admiration  qu'il  exprime  pour  la  France.  A.  T. 


I.M  Pairie  serbe,  par  Madeleine  de  Benoit-Sigotbr.  Paris,  .Touve,  s.   d.. 
in-12  de  io!)  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  livre,  doht  les  chapitres  ne  sont  pas  numérotés,  et  qui  n'a  pas 
de  table  des  matières,  peut  être  divisé  en  trois  parties,  sans  compter 
la  préface  (14  pages).  De  la  page  15  à  la  page  5(5,  revision  sommaire 
de  l'histoire  de  la  Serbie  jusqu'en  1912.  De  la  page  56  à  "la  page  i:^6. 
notes  sur  la  géographie,  les  mœurs,  les  traditions  serbes.  De  la  page 
130  à  la  fin,  récit  de  la  participation  de  la  Serbie  aux  guerres  balka- 
niques de  r.)l2  et  1'.H.3  et  à  la  guerre  européenne.  Les  deux  parties 
«xlrênif's  ne  sont  (jue  des  compilations  ;  le  résumé  des  guerres  bal- 
kaniques est  fait  d'après  les  livres  de  Barby  et  divers  articles  de  /'//- 


—  47  — 

iuslralion  et  Hes  Lectures  pour  tous.  Le  dernier  chapitre  :  La  Cruelle 
Albanie,  donne  un  récit  de  la  retraite  de  décembre  1915,  dont  l'hor- 
reiir  atteignit  tout  ce  que  la  guerre  a  vu  de  plus  atroce  dans  le  cours 
<les  siècles.  On  lira  avec  plus  d'intérêt  tout  ce  qui  concerne  la  vie 
intime  du  peuple  serbe,  ses  légendes,  ses  tendances  artistiques  et 
littéraires.  Lauteur  parle  avec  complaisance  des  sentiments  idéa-# 
listes  et  religieux  des  Serbes,  de  leur  jeunesse  de  cœur,  de  leur  mys- 
ticisme ;  il  trouve  à  l'âme  serbe  de  grandes  ressemblances  avec  l'âme 
provençale,  «  qui  na  pas  encore  accepté  le  scepticisme  moderne.  )> 
Dans  cet  ordre  d'idées,  son  livre  peut  faire  du  bien  à  la  cause  serbe, 
-en  attirant  l'attention  du  public  français  sur  certaines  qualités  de  ce 
peuple,  qui  sont  capables  d'augmenter  notre  sympathie  pour  lui. 

A.  T. 

Histoire  des  relations  entre  la  France  et  les  Itoumains,  par  N. 

JoRGA.  Paris,  Pavot.  1918,  in-t6.  xvi-282  p.  —  Prix  :  4  fr. 
Le  Mystère  roumain  et  la  Défection   russe,  par  Charles  Stiénon. 

Paris,   Plon-Nourrit.    1918,   in-lC  de  vii-340  p.,  avec  9  cartes. —  Prix: 

4  fr.  50. 

—  En  rendant  compte  des  Relations  entre  la  France  et  les  Houmains, 
-ce  m'est  un  plaisir  d'évoquer  tout  d'abord  le  temps  déjà  lointain  — 
trente  ans  —  où  j'avais  Jorga  pour  camarade  à  notre  école  des  Hautes- 
Études  sous  les  vieux  lambris  de  l'antique  Sorbonne.  Depuis,  Jorga 
est  devenu  un  maître  ;  professeur  à  l'Université  de  Bucarest,  membre 
de  l'Académie  roumaine  et  député  de  Jassy,  son  influence  en^Kouma- 
nie  est  grande.  Jamais,  il  n'a  oublié  ce  qu'il  devait  à  la  France. 

11  avait  commencé  sa  vie  scientifique  par  l'histoire  d'un  chevalier 
picard  familier  avec  l'Orient,  Philippe  de  Mézières,  qui  écrivait  sa 
Chevalerie  de  la  Passion  et  préconisait  une  nouvelle  croisade  au  len- 
demain de  la  catastrophe  subie  par  les  chrétiens  à  Nicopolis.  Cin- 
quante ans  après,  en  1445,  les  troupes  bourguignonnes  de  Valerand 
de  Wavrin  retournaient  sur  les  bords  du  Danube  pour  combattre 
l'Islam  aux  côtés  des  fils  de  Valachie. 

Je  ne  passerai  point  en  revue  tous  les  Français  qui  nous  ont  appris 
^  connaître  les  descendants  des  colons  latins  établis  en  Dacie,  ni  les 
Roumains  qui  chez  nous  ont  fait  souche.  Mais  quelques-uns  d'entre 
eux  méritent  une  mention  particulière.  Une  des  meilleures  descrip- 
tions des  principautés  roumaines  est  d'un  attaclié  de  l'ambassade  de 
France  à  Constantinople  en  1780,  l'abbé  d'Haulerive  :  singulier  abbé 
que  ce  jeune  homme  habillé  à  la  turque,  un  chàle  à  la  ceinture  et  une 
pelisse  sur  les  épaules,  qui  se  fixa  en  qualité  de  secrétaire  du  prince 
de  Moldavie  dans  la  ville  de  Jassy.  En  1844,  une  autre  publication, 
la  Roumanie,  popularisait  à  Paris  la  cause  roumaine  :  elle  était  d'un 
littérateur  nommé  Vaillant,  dont  la  femme  avait  dirigé  en  Valachie 
Janviek  1919.  T.  CXLV.  2. 


—  18  — 

un  clablisssemenl  d'cducalion  pour  jeunes  filles.  Puis  vinrent  Charles 
Doussaull,  u  celui  qui  connut  le  mieux  la  terre  et  la  société  de  ccs^ 
pays,  qui  l'apprécia  avpc  le  plus  de  sens  artistique,  qui  l'aima  avec 
le  plus  de  sincérité  »,  et  Ubicini,  l'ami  de  Quicherat,  l'auteur  dune- 
belle  étude  sur  les  ballades  et  les  chants  populaires  de  la  Houmanie. 

Cependant  qu'à  l'école  supérieure  grecque,  fondée  par  les  princes 
phanariotes,  les  boïars  apprenaient  le  français  et  que  Delille  trouvait 
un  imitateur  dans  le  boïar  Constantin  Conachi,  Florian  dans  Geor<(es 
Asachi,  Bernardin  de  Saint-Pierre  dans  Jean  liii/nea...  En  1834  à 
Berlin,  paraissait  en  français  une  Histoire  des  Roaiiiains  par  Michel 
Kogalniceanu.  Vingt  ans  plus  tard,  les  Golesco,  les  Roselli  deman- 
daient à  combattre  à  nos  côtés  dans  la  guerre  de  Crimée.  Leurs  offres 
furent  repoussées.  Alais  un.  vif  sentiment  de  sympathie  se  dessinait 
de  plus  en  plus  en  Uoumanie  pour  la  France  qui  était  considérée 
comme  une  sœur.  Les  étudiants  roumains  se  succédaient  par  milliers 
sur  les  bancs  de  nos  Universités.  A  l'École  des  langues  orientales,  le 
regretté  M.  Emile  Picot  donnait  un  nouvel  essor  aux  études  rou- 
maines. —  Mais  il  était  un  autre  terrain  où  les  descendants  des  Gaulois 
et  des  Daces  allaient  se  retrouver  côte  à  côte.  La  Grande  Guerre,  où 
les  Roumains  eurent  des  instructeurs  français,  allait  faire  des  deux 
peuples  des  frères  d'armes.  En  1910,  au  moment  de  l'offensive  fou- 
droyante des  Russes  en  Galicic,  la  Roumanie  sortait  de  la  neutralité 
pour  prendre  rang  aux  côtés  de  l'Entente. 

—  Si  la  Russie  avait  prêté  d  emblée  son  concours,  au  lieu  de  n'agir 
que  dans  dos  conditions  de  volontaire  inciricacité,  les  consécpiences 
en  auraient  été  incalculables.  Au  lieu  de  perdre  riniliati\c  straté- 
gicpie  fju'ils  ne  retrouveront  plus  jamais  ici,  les  Alliés  auraient  enga- 
gé, dès  septembre  rJllj,  des  opérations  décisives  contre  la  Bulgarie. 
Cette  initiative,  Mackensen  la  leur  enleva  dans  la  Dobroudja  aNCC 
l'appui  (les  Bulgares  et  des  Turcs,  et  Falkenhayn  en  Transylvanie 
avec  l'ajjpui  des  Autrichiens.  Forcés  de  faire  face  sur  ui\  front  im- 
mense, n'ayant  guère  que  de  l'artillerie  légère,  800  canoiis,  400  mi- 
trailleuses et  point  d'avions,  les  lioumains  combattirent  ilans  l'ordre 
dispersé,  en  désespérés. 

H  faut  lire,  dans  l'ouvrage  de  M.  Charles  Stiénon,  les  admirables 
.exploits  de  ces  braves,  aidés  à  Silistrie  et  Constandza  par  une  divi- 
sion serbe  et  un  corps  tchéco-slovaque  qu'enfin  rallièrent  deux  di- 
visions russes.  \  llermannstadt,  Falkenhayn,  cherchant  une  revanche 
à  son  cuisant  échec  tievant  Verdun,  encercle  le  premier  corps  rou- 
main qui,  tourné  et  enveloppé,  se  fraie  héro'ïquement  un  passage 
pour  rentrer  en  \alachie...  avec  des  prisonniers.  A  l'ouest,  le  succès 
.semble  se  dessiner.  Des  troupes  ennemies  qui  débouchent  en  Valachic 
du  côté  du  \  ulkan,  sont  piises  de  liane  et  subissent    la  défaite  de 


—   10   — 

Jiul.  Les  Houmains  avaiicont  au  milieu  tlurK'  véritable  nécropole. 
€'est  une  forêt  de  croix  bavaroises  poussées  en  lespace  d'une  semaine 
à  la  fin  d'octobre  1916  (p.  13'7).  Les  cosaques  du  comte  Keller  arrivent  : 
des  aéroplanes  anglo-français  paraissent.  Mais  qu'est-ce  devant  les 
flots  de  l'invasion  germano-austro-bulgaro-turque  qi]i  déferle  du 
Danube  et  de  la  montagne  vers  Bucarest,  u  La  supériorité  nuniéri(iuP, 
matérielle  et  morale  de  Falkenhayn  et  de  Mackensen  sur  l'armée 
roumaine  est  telle  que.  semble-t-il,  nos  alliés  ne  peuvent  échapper  » 
(p.  183).  Un  général  français,  le  général  Bertlielot  et  son  état-major, 
—  ((  ceux  que  nous  n  oublierons  jamais  »,  écrit  l'historien  Jorga,  — 
mettent  leur  expérience  au  service  de  nos  alliés.  Déjà,  Presan  a  pris 
3.000  hommes,  30  canons  ;  il  force  Rosch  à  reculer,  quand  une  masse 
de  cavalerie  prussienne  fonce  sur  le  train  des  équipages  du  général 
Socesc  et  jette  la  panique  dans  ses  deux  divisions  qui  se  précipitent 
-vers  la  capitale  :  la  bataille  pour  Bucarest  est  perdue  (p.  2U0).  Deu.x 
corps  d'armée  russes,  à  proximité  immédiate  du  champ  de  bataille, 
ne  sont  point  intervenus  ! 

Et  ici,,  M.  Stiénon,  étudiant  les  causes  et  les  modalités  de  la  défec- 
tion russe,  projette  des  clartés  saisissantes  sur  le  mystère  roumain. 
Un  document  divulgué  par  l'étrange  ministre  des  affaires  étrangères 
qui  sévit  à  Saint-Pétersbourg,  par  ïrotsky,  et  daté  du  7/20  novembre 
1916.  confirme  bien  les  déductions  de  l'auteur  que  la  Russie  n'agis- 
sait point  en  franc  allié.  «  Nous  avons  ordre,  disaient  les  otficiers 
russes  à  leurs  camarades  roumains,  de  protéger  votre  retraite  derrière 
le  Sereth.  mais  non  pol?it  de  nous  battre  contre  les  Allemands  » 
(p.  232).  Deux  des  meilleurs  généraux  russes,  Lechitsky  et  Sakharof, 
vont  cette  fois  coopérer  à  défendre  ce  qui  reste  de  la  Roumanie,  la 
frontière  moldave.  Mais  quand,  en  juillet  1917,  les  Roumains  entre 
prennent  l'offensive  et  commencent  à  enfoncer  vers  Focsani  les  trou- 
pes de  Mackensen,  une  dépêche  parvient  au  roi  Ferdinand  et  au 
quartier  général,  u  Les  IV^  et  Vl"  armées  russes  ont  reçu  du  gou- 
vernement provisoire  l'ordre  d'arrêter  immédiatement  toutes  les 
opérations...  Pour  la  seconde  fois,  la  Roumanie  était  trahie  »  (p.  :i!>Oj- 
Elle  avait  mis  hors  de  combat  150.000  adversaires.  Le  froid,  la  faim 
et  le  typhus  aidant,  elle  avait  perdu  deux  fois  plus  de  soldats  et 
300.000  civils.  Peu  de  pays  avaient  autant  souffert  pour  la  cause 
commune.  Ch.  de  la  Ro:yGiÈRE. 


La  Paix  de  Bucarest  (7  mai   1918),  par  D.  Ia>c.ovici.  Paris,  Pavot, 

1918,  in-i6  de  218  p.  —  Prix  :  4  fr.  30. 

Si  l'on  avait  jamais  douté  que  la  guerre  voulue  par  les  Allemands 
en  1914  était  due  à  des  motifs  d'impérialisme  économique,  les  traités 
qu'ils  ont  conclus  avec  la  République  russe  des  soviets,  l'Ukraine,  la 


—  20  — 

Finlande  el  la  Roumanie,  au  printemps  de  1918,  sont  là  pour  mettre 
<;e  fait  en  pleine  évidence.  Rien  de  plus  instructif  à  cet  égard  que  la 
paix  de  Bucarest  (7  mai  1918)  :  elle  ne  visait  rien  moins  qu'à  l'eutici' 
assujettissement  économique  de  la  Roumanie. 

Un  mot  d'abord  des  cessions  territoriales.  Non  seulement,  la  Rou- 
manie restituait  à  la  Bulgarie  la  partie  de  la  Dobroudja  qu'elle  lui 
avait  prise  en  1913,  mais  elle  cédait  aux  empires  centraux  le  reste  de 
la  province,  telle  qu'elle  avait  été  délimitée  en  1878.  L'intérêt  de  l'Al- 
lemagne dans  cette  cession  était  de  s'approprier  le  grand  port  de 
Consianza,  dont  l'avenir  est  si  important  pour  concurrencer  Odessa 
comme  point  de  transit  entre  l'Europe  et  l'Asie. 

L'Allemagne  et  l'Autriche-Hougrie  s'obtenaient  le  contrôle  de  la 
navigation  du  Danube,  en  éliminantde  la  commission  européenne  le^ 
puissances  non  riveraines,  ce  qui  assurait  leur  prédominance.  Elles 
obtenaient  en  outre,  pour  la  navigation,  les  mêmes  droits  que  ceux 
<lont  jouissaient  les  Roumains.  D'ailleurs,  pour  tout  ce  qui  concernait 
les  transports,  l'Allemagne  et  l'Autriche-Hongrie  obtenaient  le  traite- 
ment de  la  nation  la  plus  favorisée.  Un  Allemand  et  un  Autrichien 
étaient  délégués  auprès  de  la  direction  générale  des  chemins  de  fer 
roumains,  pour  en  assurer  l'exploitation  dans  le  sens  le  plus  conforme 
aux  intérêts  de  l'Allemagne  et  de  r.\ulriche-Hongrie.  Les  empires 
centraux  acquéraient  même  des  droits  sur  le  territoire  roumain,  par 
la  concession  à  bail  des  chantiers  de  constructions  navales  de  Turnu- 
Séverin  et  de  Giurgevo.  Une  convention  spéciale  mettait  entre  leurs 
mains,  non  seulement  la  production  du  sol  roumain,  mais  encore 
le  sol  lui-même,  par  la  facilité  qu'obtenaient  les  sociétés  commer- 
ciales, industrielles  ou  financières  allemandes  de  prendre  à  bail  des 
biens  immobiliers  et  d'exercer  tout  commerce  ou  entreprise  de  trans- 
port. —  L'Allemagne  prenait  aussi  en  main  l'exploitation  du  pétrole. 
En  un  mot,  elle  se  substituait  en  Roumanie  à  toutes  les  entreprises 
nationales.  Tout  en  maintenant  à  sa  \ictime  les  apparences  d'un 
État  indépendant,  elle  lui  supprimait  toutes  les  possibilités  de  vie,  si 
bien  que  M.  .Take  Jonesco  a  pu  dire  que  la  Roumanie  se  trouvait  ainsi 
«  africanisée.  »  Ne  parlons  pas  des  indemnités  indirectes  que  ce  mal- 
heureux pays  devait  payera  ses  vainqueurs  sous  des  formes  diverses. 

L'armistice  du  11  novembre  a  abrogé  le  traité  de  Bucarest.  Mais  au 
moment  où  vont  se  discuter  les  conditions  do  la  paix,  nous  ne  sau- 
rions lro[)  étudier  colles  (|ue  les  Allemands  avaient  aitjsi  im|K)séos  à 
la  Roiiinaiiie,  pour  nous  en  inspirer  nous-mêmes  dans  les  clauses 
écononii(pios  que  nous  leur  dicterons.  C'est  pour(juoi  le  livre  do 
M.  I).  lancovici  vient  à  son  heure.  Nous  y  trouvons,  présenté  sous 
une  loruic  claire  et  vivante,  tout  ce  cju'il  faut  savoir  sur  la  manière 
dont  l'ennemi  enteiulait  ce  qu'il  osait  appeler  une  «  paix  do  concilia- 


—  21    - 

lion.  »  Molfoiis  la  leçon  ;"i  [>rr)IU  pour  les  n'paratioii!»  ol  los  ^'aranlics 
que  nous  dovons  exiger  de  lui.  Le  Traité  de  Uucarcsl  est  un  des  meil- 
leurs et  des  plus  opportuns  parmi  les  ouvrages  de  la  BihiioLhcque  poll- 
Uque  et  économique,  qui  en  a  déjà  donné  de  si  utiles,  apportant  ainsi 
une  contribiilioij  essentielle  à  l'œuvre  de  notre  reconstitution  écono- 
mitpie.  A.  T. 

Tiitta  la  {luevra,,  anlologia  (lel  popolo  ilaliano  sul  fronie  e   nel  paese,  da 
.  (iitJSEPPE  PHEzzoL(Nt.  Fircnzc,  R.   Bcmporad  e  figlio,   1918,  in-lQ  de  xv- 
3S7  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Nous  ne  chicanerons  pas  M.  Prezzolini  sur  le  titre  un  peu  ambi- 
tieux et  trop  compréhensif  qn  il  a  donné  à  ce  volume,  nous  le  félici- 
Icrons  au  contraire  de  la  pensée  qu'il  a  heureusement  réalisée  de  nous 
présenter  un  recueil  de  quelques-unes  des  pages  les  plus  belles  et  les 
]j1us  suggestives  écrites  sur  la  guerre  italienne  ;  que  le  recueil  eût 
pu  être  augmenté,  que  le  choix  eût  pu  porter  sur  tel  ou  tel  morceau 
que  l'on  ne  retrouve  pas  ici,  qui  s'en  étonnerait  ?  En  Italie,  comme 
on  France,  la  guerre  a  suscité  toute  une  littérature,  qu'il  n  est  pas 
toujours  aisé  de  se  procurer  et  dans  laquelle  non  plus  un  choix  qui 
s'impose  n'est  pas  toujours  facile  à  faire.  Celui  de  M.  Prezzolini  est 
bon  et  offre  bien  la  représentation  de  l'âme  et  de  l'esprit  du  soldat  et 
du  peuple  d'Italie  pendant  la  guerre.  Bulletins  et  communiqués  de 
l'état-major.  lettres,  journaux  de  guerre,  testaments  de  soldats,  poé- 
sies et  chansons  militaires,  observations  faites  sur  les  blessés  et  dans 
les  hôpitaux,  inscriptions  funéraires,  actes  diplomatiques,  discours 
<l' hommes  politiques,  écrits  de  correspondants  de  guerre,  d'histo- 
riens, de  savants,  ont  fourni  à  M.  Prezzolini  une  abondante  moisson 
<ic  pages  gaies  ou  tristes,  souvent  émouvantes,  toujours  instructives. 
Toutes  les  classes  sociales  et  tous  les  états  intellectuels  délîlent  ici 
devant  nous,  mêlés  comme  ils  l'ont  été  dans  la  tranchée  et  sur  la 
ligne  de  feu.  Il  y  a  des  âmes  simples  et  naïves,  il  y  a  des  écrivains  de 
métier,  quelques-uns  célèbres  comme  d'Annunzio,  il  y  a  des  jeunes 
qui  visent  à  la  littérature  et  qui,  jusque  dans  leur  testament,  font  les 
pompeux  et  les  grandiloquents. 

Sur  chacun  des  auteurs  qui  entrent  dans  ce  recueil,  M.  Prezzolini 
nous  fournit,  soit  de  sa  main  soit  d'ailleurs,  quelques  lignes  de  pré- 
.sentation  et  d'appréciation,  qui  elles  aussi  ajoutent  à  l'intérêt  et  à  la 
valeur  de  son  livre. 

Nous  voudrions  indiquer  quelques-unes  des  pages  qui  nous  ont  le 
plus  frappé,  mais  comment  faire  un  choix  dans  ce  choix  ?  Signalons 
du  moins  de  Piero  Jahier  le  curieux  portrait  du  soldat  alpin  Luigi 
.Somacal  «  crétin  de  naissance  et  manœuvre  jusqu'au  jour  de  la 
levée  »  et  qui  trouve  moyen  de  devenir  un  bon  soldat  ;  —  les  pages 


•)0 


de  (jiielfo  Civitiiiii  sur  les  faolassins,  si  caiacléiisliquesde  l'admirable 
état,  d'esprit  de  certaines  recrues  illettrées  :  —  les  observations  de 
M""  Evelina  Ririaldi,  institutrice,  sur  les  lectures  des  soldats  dans  un 
hôpital  de  la  Croix-Rouge.  E.-G.  Licnos. 


Vers  rF-yypte  peiulant  la  yuerro,  par  h'..\y  IIeumanovits.  Paris,  So- 
cit'-lé  frariçiùso  diinpriinorie  ot  de  librairie.  11)18,  in-18  de  212  p.  —  Prix  : 
•S  fr.  .oO. 

Traverser  les  mers,  pendant  la  guerre,  q\iand  on  n'est  ni  marin  ni 
soldat,  mais  sim[)le  civil,  est  une  affaire  trimportance.  11  faut  tout 
d'abord  se  livrer  à  des  démarches  longues  et  désagiéables,  faire 
signer  de  multiples  papiers,  puis,  une  fois  à  bord,  se  soumettre  à 
mille  exigences,  à  de  minutieuses  nécessités  :  ne  pas  allumer  la 
moindre  cigarette  sur  le  pont  ;  vivre,  malgré  la  chaleur,  les  Iniblots 
hermétiquement  clos,  après  le  coucher  du  soleil  ;  ne  pas  se  séparer 
de  sa  ceinture  de  sauvetage  ;  répondre  jour  et  nuit  à  des  appels,  à 
des  exercices  d'évacuation  ;  à  chaque  relâche,  se  prêter  à  des  interro- 
gatoires, à  des  inquisitions,  à  des  fouilles  parfois  indiscrètes.  Enfin, 
la  vie  à  bord  est  dominée  par  la  crainte  constante  de  voir  un  sous-ma- 
rin surgir  brusquement,  parcelle,  plus  grande  encore,  d'être  frappé  par 
une  torpille  que  nul  n'a  aperçue,  ou,  ce  qui  est  plus  terrible,  car  l'avarie 
est  alors  plus  grave,  par  la  peur  de  heurter  une  mine  qui  se  balance 
«ntre  deux  eaux.  Tout  cela  crée  à  bord  une  atmosphère  spéciale,  an- 
goissée, se  traduisant  par  des  regards  anxieux,  des  gestes  brusques, 
des  conversations  décousues,  soudain  interrompues,  dans  lesquelles 
on  sent,  au  fond,  que  la  même  pensée  domine,  bien  que  souvent 
inexprimée  :  celle  du  sous-marin. 

C'est  tout  cela  que  l'auteur  de  «  Vers  l'Egypte  pendant  la  guerre  » 
a  lente  de  faire  connaître  au  lecteur.  A-t-il  réussi  "?  On  n'ose  l'affir- 
mer. A  côté  de  détails  intéressants,  mais  clairsemés,  on  trouve  en 
effet  dans  ces  pages  de  longues  tirades  insipides,  des  réflexions  dépla- 
cées et  déplaisantes,  des  traits  d'esprit  qui  portent  à  faux,  bref,  de  mul- 
tiples hors  d'oeuvre,  des  remplissages  inutiles  ipii  n'ont  d'autre  but, 
en  apparence,  que  de  permettre  d'imprimer  un  volume,  là  où  un 
xahier  serait  suîTisant.  Espérons  qu'un  autre  voyageur  sera  plus 
habile,  car  le  sujet  mérite  d'être  bien  traité.  Il  serait  regrettable  que 
celte  page  anccdotique  de  la  Grande  (ùierre  ne  fut  pas  écrite  et  bien 
■fkrite.  j.  C.  T. 

.I,..a  LiilV*ratiir4>  <l<*  ()iiori-«*.  rrcneil  inrlhoiiiqiie  cl  criliqne  des  publica- 
lioits  (If  Intii/ue  française  (aaiU  titl/4-aoùl  l'.UG),  par  Jean  Vie.  T.  H.  Paris, 
Pa.Yol.  PJbS.  in-iti,  paginé  373-810  et  1   feuillet  d'errata.  —  Prix  :  8  fr. 

La  s.'.iHide  partie  du  travail  de  M.    .lean  Vie  confirme  pleinement 


—  23  — 

"la  bonne  iniprossioii  que  iioiis  avait  laissée  la  première  :  c'csl  bien  h\ 
non  point  une  simple  liste  d'ouvrages,  plus  ou  moins  indigeste  et 
dont  raulcur  n'a  d  autre  souci  que  de  paraître  aussi  complet  (jue  pos- 
sible, de  ne  rien  oublier,  si  insignifiant  fùt-il,  mais  un  répertoire  cri- 
tique, un  véritable  guide,  dont  l'auteur  s'est  efforcé  de  signaler  tout 
ce  (jui,  à  sa  connaissance,  a  quelque  valeur,  omettant  et  négligeant 
très  volontairement  des  livres  ou  brochures  qui  ne  font  qu'encom- 
brer la  littérature  de  guerre.  Peut-être  en  épluchant  son  travail  pour- 
rait-on signaler  quelque  lacune,  regretter  l'absence  de  quelque 
ouvrage  intéressant  ;  l'important  c'est  que  son  recueil  offre  un 
ensemble  remarquable,  et  que  le  lecteur  peut  se  fier  à  son  choix 
dressé  d'une  façon  objective  et  critique  et,  d'une  manière  générale, 
à  ses  jugements.  Nous  disons  :  «  d'une  manière  générale  »,  parce 
que  nous  devons  formuler  quelques  réserves,  notamment  en  ce  qui 
concerne  Benoît  XV  :  M.  Vie  semble  partager  les  sentiments  de  ceux 
qui  ont  jugé  son  altitude,  en  la  déformant,  d'une  manière  peu  con- 
forme à  la  stricte  justice. 

Dans  ce  second  volume  on  trouvera  les  chapitres  V  à  X  de  la 
seconde  partie  (V.  La  Guerre  en  Russie  ;  VI.  La  Guerre  en  Italie  ;  VII. 
La  Guerre  dans  les  Balkans  et  en  Orient  ;  VIII.  Les  Campagnes  colo- 
niales ;  la  guerre  sur  nier  ;  la  guerre  aérienne  ;  IX.  L'Angleterre  et  la 
guerre  ;  X.  L'Allemagne  et  l'Autriche-Hongrie  en  guerre,  avec  un 
supplément  :  L'Alsace-Lorraine  pendant  la  guerre)  ;  un  appendice  à 
la  2"  partie  :  Les  États  neutres  et  la  guerre  (Suisse,  Hollande,  Pays 
Scandinaves,  Espagne,  Amérique  latine,  États-Unis  de  l'Amériq-ue  du 
nord,  Saint-Siège)  ;  la  troisième  partie  :  Les  Conséquences  de  la 
guerre  (I.  Conséquences  présentes  ;  II.  Conditions  de  la  paix  ;  III. 
L'Avenir),  à  laquelle  M.  Vie  a  joint  un  appendice  qui  semblait  plutôt 
devoir  être  traité  isolément  :  Ouvrages  d'imagination. 

Une  table  méthodique  des  matières  et  deux  index  alphabétiques 
(l'un  des  auteurs,  l'autre  des  matières)  ajoutent,  malgré  quelques 
lacunes  peu  importantes,  à  l'utilité  pratique  de  cet  excellent  réper- 
toire, que,  nous  l'espérons  bien.  M.  Vie  et  la  librairie  Pavot  auront  à 
cœur  de  compléter  par  un  guide  analogue  pour  la  littérature  parue 
depuis  1016  jusqu'à  la  paix  prochaine.  Répétons  aussi  que  nous  sou- 
haiterions un  travail  semblable  pour  la  littérature  de  langue  étian- 
^ère.  E.-G.  Ledos. 

ï^'Arbitrato  pontificio.  da  Marixo  Canclim,  con  prefazione  del  marchese 
FiLippo  Chispolti.  Como,  scuola  tipograficaCasa  Divina  Provvidenza,  1917, 
gr.  in-8  de  399  p   —  Prix  :  4  fr.  oO." 

j  Nous  avons  parlé  en  son  temps  (t.  CXL,  p.  84-83)  d'un  ouvrage  du 
>même  auteur  sur  le  Pape  dans  la  guerre  et  pour  la  paix.  L'étude  con- 


—  24  — 

sidcrable  qti'il  uous  offre  aujourd'hui  sur  l'arbitrage  pontifical  a  pour 
objet  de  nous  montrer  l'utilité,  la  nécessité  plutôt  de  cet  arbitrage 
comnne  le  moyen  le  plus  etricace  de  maintenir  la  paix,  de  faire  valoir 
l'avantage  singulier,  au  point  de  vue  de  cette  institution,  que  pré- 
sente la  Papauté  d'être  le  seul  pouvoir  désintéressé,  planant  au-dessus, 
des  ambitions  et  des  appétits  nationaux,  aspirant  par  ses  origines  et 
par  principe  à  instituer  la  paix  dans  le  monde,  de  réfuter  les  objec- 
tions, de  dissiper  les  méfiances,  d'éclaircir  les  malentendus  qui 
peuvent  s'opposer  à  cette  solution.  Toute  autre  espèce  d'arbitrage, 
déclare  M.  Crispolti  dans  sa  Préface,  est  une  institution  impossible 
ou  superflue. 

M.  Canclini  expose  donc  les  raisons  qui  ont  fait  échouer  jusqu'ici 
toutes  les  tentatives,  si  généreuses  fussent-elles,  d'empêcher  laguerre  ; 
montre  dans  l'arbitrage  la  meilleure  solution  et  dans  le  Pape  le  plus 
qualifié  des  arbitres.  11  rappelle  le  rôle  de  la  Papauté  au  moyen  âge. 
les  causes  qui  ont  battu  en  brèche  l'autorité  des  Pontifes  et  détruit- 
l'unité  de  la  chrétienté,  les  raisons  d'espérer  un  retour  vers  cette  unité. 
11  groupe  les  témoignages  concordants  d'auteurs  catholiques  et  hété- 
rodoxes en  faveur  de  l'arbitrage  pontifical.  Une  grosse  partie  de  son 
livre  est  consacrée  à  étudier,  à  discuter,  à  réfuter  les  objections  qui  se 
dressent  contre  ce  rôle  pacificateur  de  la  sain  te  Église  romaine.  11  montre 
notamment  combien  sont  mal  fondées  et  injustes  les  méfiances  des- 
gouvernements  ;  met  en  garde  contre  l'hostilité  des  sectes  et  surtojil  de- 
la  raaçoimorie  ;  insiste  sur  la  nt-cessité  du  désarmement,  qu'il  estime 
difficile  peut-être,  mais  non  impossible  et  nécessaire  ;  rappelle  aux 
catlioliques  le  devoir  qui  leur  incombe  de  préparer  un  avenir  de  paix 
et  n'oublie  pas  de  leur  insinuer  les  motifs  qu'ils  ont  d'espérer  dans, 
la  réussite.  E.-G.  Ledos. 


Les  Kuf  s  de  guerre  de  la  Providence,  par  Antonin   Eïmieu.   Paris,. 
Penin.  1918,  iu-10  de  vi-236  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

«  Dieu  lient  école  en  Europe,  disait  Joseph  de  Maistre  pendant  la 
Hévolution.  11  tient  en  ce  moment  école  dans  le  monde.  »  Tel  est  le 
point  de  vue  élevé  d'où  se  place  le  11.  P.  Antonin  Eymieu,  l'auteur 
déjà  de  deux  beaux  ouvrages  qui  ont  obtenu  un  large  succès  :  Le 
(iouvernenient  de  soi-même  et  la  Providence  et  la  Guerre.  L'auteur 
s'attache,  dans  son  nouveau  volume,  à  démontrer  que  les  terribles 
réalités  de  la  guerre  ont  rendu  manifeste  le  néant  ou  la  fausseté  de 
(juelques-unes  des  superstitions  les  plus  révérées  de  la  civilisation 
(  onlemporaine.  Qu'il  s'agisse  du  scientisme,  de  l'argent,  du  progrès, 
(lu  tliiettantisnift,  de  l'égalitarisme.  du  laïcisine  :  une  expérience  tra- 
gique atteste  la  fragilité  de  l'idole,  la  faillite  de  ses  promesses  men- 
teuses, la  nécessité  iriéme  de  la  fouler  aux  pieds  pour  répondre  aux. 


\  —  25  - 

exigences  du  péril  public  comme  aux  enseignements  de  la  nature  de 
l'homme  et  de  la  nature  des  choses.  Que  celui  qui  a  des  yeux  pour 
voir,  des  oreilles  pour  entendre,  une  intelligence  pour  rélléchir  sache 
réprouver  les  faux  dogmes  et-  revenir  loyalement  à  la  vérité  qui 
délivre.  Ainsi  nous  aurons  discerné,  pour  notre  salut,  «  les  buts  de 
guerre  de  la  Providence.  »  Que  la  leçon  ne  demeure  pas  désormais' 
inféconde,  conclut  l'éminent  religieux,  observateur  si  pénétrant  des 
tares  de  la  société  moderne.  «  Profitons-en  [de  la  leçon]  .issez  pour 
que  cette  éducation  soit  finie  et  que  nous  ne  soyons  pas  condamnés  à 
retomber  sous  leur  férule  [celle  de  nos  idoles  elles-mêmes],  dont  les 
coups  risqueraient  de  se  faire  encore  plus  durs.  »  Noble  enseigne- 
ment d'un  viai  moraliste  ciuétien.  Yvts  dm.  la  Bkièbe. 


Pour  ceux  qui  pleureut.  Imprécisions  et  pensées  de  yuerre,  par 

PiEURE  .\guét\nt.   Paris,   Ploii->ourril.   i!MS,    i(i-I6  de   13ti   p.  —  Prix  : 
4  fr.  50. 

Dans  ce  joli  polit  volume,  d'impression  soignée,  sont  recueillis  des 
réflexions  qui  s'adressent  plus  particulièrement  aux  mères,  aux 
fiancées,  aux  veuves  héroïques  et  dolentes,  des  traits  qui  notent  une 
journée  de  mobilisation,  une  heure  de  guerre,  un  épisode  émouvant, 
et  des  prières  telles  qu'en  disent  les  enfants  apeurés,  les  pères  com- 
battants, les  mères  inquiètes.  «  La  valeur  des  peuples  est  en  fonction 
de  la  qualité  de  leurs  morts  ».  y  lisons^nous  entre  autres,  et  cette 
I)ensée  révèle  la  qualité  de  l'iUne  qui  s'exprime  ici.  Les  autres  sont 
apparentées  à  celle-là.  et  elles  plairont  de  uiême  à  ceux  qui  estiment, 
comme  M""  de  Sévigné.  que  «  lien  n'est  bon,que  d'avoir  une  belle  et 
bonne  âme.  »  Ch.  Landry. 


—  M.  F.  Lebeit  contimie  la  série  de  ses  intéressantes  monographies 
sur  l'Invasion  dans  le  nord  de  Seine-et-Marne  191'i  (Meaux,  Lepillef. 
1918,  in-8  de  53  et  28  p.,  avec  fig.  et  planches).  H  nous  donne  aujour- 
d'hui :  Trilport,  Montceaux,  Gerniigny  et  Elrépilly.  A  Trilport.  les 
populations  belges  arriverjt  le  30  août.  «  De  village  en  village,  elles 
allaient  dans  l'inconnu,  vers  le  sud.  Leurs  chariots,  chargés  de  débris 
de  leurs  ménages,  grinçaient  lugubrement  sur  les  routes...  »  Puis 
c'est  l'arrivée  des  uhlans,  à  Trilport.  dans  1;\  matinée  du  4  sep- 
tembre, le  dévouement  du  maire  de  la  commune.  M.  .\ugue.  qui,  à 
force  d'énergie,  réussit  à  préserver  en  grande  partie  les  biens  de  ses 
administrés,  malgré  le  pillage  éhonté  des  Allemands  et  à  sauver  la 
vie  de  quatre  Français  prisonniers,  parmi  lesquels  M.  Dhuicque. 
adjoint  d'Etrépilly.  Grâce  à  M.  ?iugue.  le  désastre  fut  moins  grand 
à  Trilport  qu'à  Montceaux,  Gerniigny  et  Elrépilly.  Germigny,  encore 


—  2()  — 

lonl  lompli  tic  rilliistn;  souvenir  de  Bossnet,  a  été  particulièrement 
éprouvé.  A  Elrépilly,  qui  lait  le  sujet  de  la  seconde  brochure  de 
M.  Lebert.  nous  vivons,  grâce  à  lui,  l'héroïque  et  inutile  charge  des 
zouaves  snr\ivaiits  du  2«  régiment  de  marche,  et  la  mort  superbe  du 
colonel  Dnbiijadoux,  qui  les  commandait,  criblé  de  blessures  et  résis- 
tant jusqu'à  son  dernier  soupir. 

—  Le  succès  de  la  Cloche  Roland,  dont  les  éditions  se  sont  succédé 
rapidement  en  Danemark  portant  partout  la  flétrissure  infligée  par 
Johannes  Jorgensen  aux  crimes  des  Allemands  en  Belgique,  a  irrité 
contre  l'illustre  écrivain  danois  ses  compatriotes  germanophiles  :  un 
collaborateur  du  Politiken,  M.  Anker  Kirkeby.  l'a  pris  notamment  à 
partie  en  termes  aigres  et  injurieux,  dans  un  feuilleton  intitulé  :  L^ne 
bonne  cause  et  son  maucais  sercUeiir.  Sans  s'airèter  aux  simples 
insultes,  M.  .btrgensen  n'a  pas  cru  devoir  laisser  passer  les  accusations 
de  mauvaise  foi  et  de  falsification,  cl  il  a  publié  la  Réponse  du  mau- 
vais serrilenr  (Traduction  du  danois  par  Jactpies  de  Coussange.  Paris, 
Blond  et  (iay,  1918,  in-16  de  83  p.).  cpii  est  péremptoire  et  qui  laisse 
mal  en  point  le  pauvre  M.  Rirkeby.  Pourquoi  M.  de  Coussange  s'obs- 
tine-l-il  à  écrire  :  convalncl  (p.  57,  05)  ? 

—  C'est  un  travail  très  intéressant  et  bien  au  courant  des  faits  sur 
lesquels  il  s'appuie  que  l'opuscule  de  M.  Charles  Dapremont  sur 
les  Déceptions  de  l' Allemagne,  qui  forme  le  n°  15  de  la  «  Petite  Biblio- 
thèque de  la  guerre  »  et  où  l'auteur  étudie  en  premier  lieu  :  /.  Les 
Déceptions  militaires  et  politiques  (Paris,  Attinger,  s.  d.,  in-12  de 
4'8  p.  Prix  :  i  fr.  50)  en  réservant  pour  un  opuscule  ultérieur  les 
«  décej)tions  économiques  et  morales.  »  Si  l'heureuse  issue  de  la 
Crande  Guerre  donne  uiî  aspect  un  peu  arriéré  à  quelques-unes  des  in- 
ilicalions  de  l'auteur,  elle  justifie  pleinement  son  opinion  générale.  Le 
Ir.-ivail.  dans  son  ensemble,  n'en  est  point  démodé  cl  demeure  fort 
utile. 

—  La  (picslion  de  la  Syrie  et  de  la  Palestine  est  une  de  celles  ({ui 
préoccupent  le  plus  justement  tous  les  patriotes  soucieux  de  l'ave- 
nir (le  la  France  :  il  y  a  là  une  véritable  question  dintérèl  national  ; 
la  connaissance  dos  accords  conclus  en  101 G  avec  la  Crande-Bretagne 
<'t  (jui,  méconuiiissant  nos  droits  histi)riques,  ne  faisaient  à  nos  légi- 

'  limes  revendications  (prune  j>ait  amoindrie,  avait  justement  ému 
les  personnels  éclairées  sur  ces  matières.  La  nouvelle  que  ces  accords 
n'étaient  pas  délinitifs,  qu'ils  sont  sujets  à  revision  et  tpie  la  ques- 
tion sera  reprise  diuis  toute  son  ampleur  aux  négociations  de  paix, 
;i  été  [)()ur  elles  un  \éri table  soulagement.  Mais  il  est  urgent  de  don- 
ner ré\eil  à  l'opinion  publi(pie  en  Kjance  et  de  créer  dans  cette  opi- 
nion un  ctiui.inl  assez  loit  pour  appuyer  cl  pousîjer  au  Ijcsoin  nos 
liomiiHs  (l'i;i,ii.   \    ce   liiic   iKius   recommandons  bien  sp('?cialemcnt 


<<lciix  pnlits  Iracls  publiés  par  le  hmcaii  callicjUcpie  tle  presse  et  qui 
•s'adressent  à  tous  ceux  qui,  par  la  plume,  soiil  en  mesure  d  agir  sur 
île  public  :  Une  grave  Oueslion  d'inlércl  nalioiud.  France  et  Syrie 
:(Paris,  impr.  de  F.  Dumoulin,  in-4  de  '.\  p.,  avec  une  carie),  qui 
montre  précisément  le  danger  pour  la  France  des  accords  de  lOUj  ; 
—  et  ine  grave  Oueslion  d'intérêt  religieux  :  le  statut  religieux  de  la 
Palestine  (Ibid.,  in-4  de  4  p.),  dans  lequel  est  attirée  l'atlenlion  sur  le 
danger  sioniste. 

-  Dans  Comment  faire  la  Société  des  nations  '}  de  la  race  à  la  natio- 
.tionalité  (Édition  de  la  Bévue  contemporaine.  Paris,  53,  boulevard  du 
Montparnasse,  1018,  in-8  de  27  p  ),  un  Polonais.  M.  Mioczyslaw  (Jen- 
;yusz.  s'efîorce  de  préciser  le  sens  du  mot  nation  :  «  LKtat  natio- 
nal implique  l'expansion  de  l'individualité  et  son  sacrifice  volontaire 
■et  désintéressé  au  profit  du  bien  général.  »  Inconnu  à  l'antiquité,  il 
n'a  été  rendu  possible  que  par  le  cbristianisme.  La  guerre  présente 
est  un  ((  conflit  entre  races  et  nations  »>  ;  et  dans  la  Société  des  nations 
<5ui  ne  pourra  s'établir  qu'après  qu'on  aura  défini  les  devoirs  comme 
les  droits  des  nations,  l'on  ne  saurait  faire  place  actuellement  à  des 
«  individualités  collectives  »  telles  que  l'Allemagne,  tant  quelles  ne 
«e  seront  pas  transformées  en  nations,  pas  plus  qu'on  n'accorde  «  les 

«droits  de  l'homme  et  du  citoyen...  k  des  mineurs à  des  criminels 

■et  à  des  individus  atteints  d'insanité  morale  et  intellectuelle.  » 

Livres  ROSES  fouR  la.  jeunesse.  —  Les  2i  petits  volumes  formant  la 
\0^  série  des  Livres  roses  pour  la  jeunesse  (Guerre  de  I9l't-I9l8, 
publiés  par  la  librairie  Larousse  dans  le  format  in-12,  viennent  de 
noiis  être  remis.  Réunis  dans  un  joli  étui  en  carton,  ces  fascicules 
•représentent,  en  apparence,  un  gros  volume  (Prix  :  6  fr.  ;  0  fr-,  20 
l'unité).  Chaque  fascicule,  de  32  p.,  abondamment  illustré,  renferme 
«n  récit  dramatique,  héroïque,  où  toujours  des  enfanjs  jouent  leur 
rôle  :  c'est  assez  dire  que  l'ensemble  plaira  beaucoup  aux  petits. 
Voici  les  titres  de  ces  24  nouveaux  venus  dans  la  collection  qui  compte 
aujourd'hui  240  n""  :  une  petite  bibliothèque  :  N"  217.  Hors  des  serres 
de  l'Aigle  (l'Alsace  et  la  Lorraine),  par  le  capitaine  L.  (14  grav.). . — 
iS"  2r^.  Guynemer,  par  l'aspirant  Georges  Thomas  (\2  grav.).  —  N" 
-210.  Le  Serment  des  trois  Hindous,  par  M.  Henri  Pellier  (I I  grav.).  — 
N"  220.  Les  Exploits  d'une  petite  Roumaine,  réc'tt  de  la  guerre  des  Ccr- 
pal/ies,  par  M.  Charles  Guyon  (12  grav.).  —  N'^  221.  Perdu  dans  Neir 
York,  par  M.  II. -Pierre  Linel  (12  grav.).  —  N'^  222.  Aventures  dedeux 
petits  Français  en  Hongrie,  par  M.  Charles  Guyon  (1 1  grav.).  N°  223. 
La  Jeune  Infirmière,  par  M.  Henri  Pellier  (12  grav.).  -  N' 224..  Le  Ca- 
pitaine  du  a  Lanvéoc  »,  par  le  capitaine  de  vaisseau  Poidlou€  (12  grav.). 
—  >'°  223.  Le  Petit  Écolier  de  Reims,  d'après  te  journal  de  l'édfileDiibail, 
par  M""  Jeanne  Benita  Aza'is  (11  grav.).  —  N"  22(i.  La  Tirelire  mer- 


—  28  — 

veilleuse,  \nii  M.  M. -Pierre  Linel  (12  grav.).  —  \"  2i'i.  Le.  Vaillant 
petit  Napolitain,  scènes  de  la  guerre  sur  les  Alpes,  par  M.  Cliaric* 
Gnyon  (11  grav.).  —  N"  228.  Le  Petit  Prisonnier,  par  M.  Louis  Dorey 
rl2grav.).  —  N"  221).  L'Ami  du  grand  blessé,  par  M.  Henri  l*ellier 
il2g-rav.).  —  N"  230.  Les  Petits  Émigrés  belges  en  France,  par  M. 
(îérard  Ilarry  (10  grav.).  —  N"  231.  L'Invention  du  docteur  Bonibilius,^ 
par  M.  If. -Pierre  Linel  (12  grav.).  -  N°  232.  Les  Héros  de  la  forets 
il' ArUenne,  par  M.  Charles  Guyon  (12  grav.).  —  N°  233.  Les  Petits: 
Uohinsons,  par  M.  Georges  Desroches  (12  grav.).  —  N"  234.  L'Attaquer 
de  Xeebruggc,  par  M.  Henri  Pellier  (10  grav.).  —  N"  23?i.  Vers  les: 
rires  du  Congo,  épisode  colonial,  par  M.  Charles  Guyon  (il  grav.).  — 
\"  236.  Le  Vaillant  petit  Américain,  par  M.  Louis  Dorey  (12  grav.). 
—  .N"  237.  Les  Deux  Alertes.  Dans  une  cave  de  Paris,  par  M.  H. -Pierre: 
Linel  (10  grav.).  —  N'  238.  Deux  Petits  Alliés  chez  les  Turcs,  par 
M.  (Charles  Guyon  (12  grav.).  — ?J'^  239.  Les  Malheurs  de  Potiron,. 
j)iècc  en  un  acte,  par  M.  Henri  Pellier  (14  grav.).  —  N"  240.  Nol'l  (/<: 
•juerre,  par  M.  Pierre  Hellin  (12  grav.).  Viscnot. 


ROi\lA^S,  COMES  ET  NOUVELLES 

ÎIcMvNS  SCR  i.A  f.LEKRE.  —  I.  Ilisloirc  dc  Golloit  Coiinixloo.  suivie  Je  l'Ottblirc,  par 
(^.vMii.i.B  Maïu\?;.  Paris,  Plon-Nourrit,  lUlS,  in-16  de  282  p.,  4  fr.  —  2.  I.'.iin-  de-, 
lu  iHctoirc,  par  Jkas  Nesmï.  Pari»,  GrasKek,  1918,  in-18  de  2-57  [).,  3  fr.  30  —  :{. 
l'.hnntul  Duuiioy,  par  Isabki.le  Sasdï.  Paris,  Pion  Nourrit,  1017,  in  l(i  d(^  vi-27:5  p., 
:(  fr.  50.  —  4.  Alteniund  d'Amérique,  par  \.  dk  Vii.i.îole.  Pari»,  Perriii.  I!J18,  iiilfi^ 
lie  ;tO(>  p..  -5  t'r.  ,■)().  —  5.  I.e  Mariage  de  Llson.  par  A.moise  Rediek.  l'aris;,  PayoU. 
11)18,  in-i(i  de  24:<  p.,  4  Ir.  —  6.  Sa  Veuw.  par  Jean  Voliî.  l'aris,  l'crriii,  I'.)I8. 
in-Ki,  de  28:i  p.,  3  t'r.  50.  —  7.  La  Mort  du  .soldat,  par  Emile-Fhasçois  Jui.ia.  Paris.. 
l'iTriii,  I'.)18,  in  16  de  2.")8  p..  'i  fr.  50.  —  8.  (Jasurs  t'rançaL's.  conscieitrcs  anglutses, 
pur  J.  IlKNot.AKi).  Paris,  l'erriii,  1918,  in-IG  de  277  |i.,  ;t  fr.  50.  —  ft.  La  Forêt  Ira- 
<ji<iue.,  par  .Ai.iiiiur  (jaukm.\e.  Paris,  Plon-Nourril,  11J18.  iii-16  de  374  [>.,  4  fr.  —  10^ 
Itluel  d'Alsace,  par  Ja.n'b  diî  Cakuikuiis.  Paris,  Jouve,  1918,  iii-16  de  355  p.,  3  fr.  50. 

-  -  II.  Le  houblc  lîxil  d'au  solitaire,  par  Guiki-ki';  u'Evol.  l'aris,  Jouve,  lOIS,  in-12,- 
de  270  p.,  4  fr.  —  12.  L'liiip'rien:£  Amour,  par  .1.  Uei.oume-Jli.ks  Si.vion.  Paris, 
l'errin,  1918.  iii-Hi  de  243  p.,  3  fr.  50.  —  13.  Ficricndra  t  il  '.'.  par  Jkan.Ms  15koi^*- 
s vN-CjAUHEiir.  Paris,  (Irès,  l'JI7,  iu-Ki  de  302  p.,  4  fr.  —  14.  La  Tndesquite,  p;ir 
1'.  Rdouahi»  ix:  MtMEuv.   l'arit*.  Jouve.  1017,  iii  10  de  317  p.,  3  fr.  50. 

HoMANs  nivKns.  —  15.  iS'tUm'gUi,  par  I'aci.  Boi;Kr.Kr.  l'aris.  Ploii-Mourrit,  HMS.  in-ltW 
de  3'(3  p.,  4  fr.  50.  —  1(5.  Le  Lac  noir,  par  Hem<y  Iîori>i:aux.  Paris,  K.  de  Boeoaiil, 
iii-l(j  de  311  p.,  3  fr.  50.  —  17.  Fauqueboi^,  par  Pu:uhk  ÏSo'iuomb.  Paris.  Plou 
Nourrit.  19IS,  iii-KJ  de  :iO0  p..  4  fr.  50.  —  18.  Entre  dewr.  rive.i.  par  PAur.  .Xckeu 
Paris,  Plon-Nourril,  1017.  iii  l()  de  200  p.,  3  fr.  50.  -  1U.  Le  Hêve  ri  lu  Vie.  par 
Jkan  Mour.AN.  Paris,  Plon-Nourrit.  1017,  in-lO  de  298  p.,  4  fr.  --  20.  in  Caruclèn- 
dr  Française,  par  Juan  nii  i.a  IJni^TE.  Paris,  Plon-Nourrit,  1017,  in  115  de  3i:{  p^ 
3  fr.  ïti).  —21  Plein  Été,  par  Hi>irii  Waiitho.'s.  l'aris,  Plou-.\oiirrit,  1018.  iii-KW 
do  32ti  p.,  4  fr.  -  22.  L' F.chiqnier,  par  la  couile.>se  nii  Chaubiu  n.  Paris,  C.rès, 
l'.)I.S,  iii-lt)  de  3U0  p.,  3  Ir.  50.  —  23.  Les  Fantaisies  du  destin,  par  Ko(;aiii>  Hi.osni'. 
l'arift,  Jouve,  1018,  iu-lii  de  202  p.,  3  fr.  50.  —  24.  Glèbe  gasconne.  [)ar  Ktiknmc 
iiAWiiv.  Paris,  Joiire,  1017.  in-10  de  107  p.,  3  fr.  50.  ~  25.  La  liellf  t'nfant.  oif 
I'  intunr  à  M  an.t,  par  KuuhiiE   MoMrrouT.  Paris,  Hayard,  iiilO  de  28!   p.,  3  fr.  50. 

—  2'i...  FI    C',    par    Jh*M  Hiciiaho    lii.ocu.  Paris,    u  Nouvelle    Revue   fr(iu(,;ais<'  », 


—  21>  — 

I'.)l7,  in  10  <lo  36:5  p..  3  fr.  50.  _  27.  Les  Enfant.'i  du  (jhetto,  par  Ishaki,  Za>«;hii.i.  ; 
traduction  Irançaise  fie  Piehuk  Mille.  Paris,  Grès,  lîJl",  iii-10  de  36:3  p..  3  fr.  ")0. 
—  28.  Rcni'c.  par  A>uitÉ  Baruch.  Paris,' .lonvc.  lUIS,  in  12  de  3ir)  p.,  4  fr.  —  2'.(. 
1,'Hntnmi'  fort,  par  Paul  Ilc;  ;  traduit  par  Jcles  Hr<j<:heh.  Paris,  Payol,  1917. 
in-l(i  de  310  p.,  3  fr.  30. 

Contes  i:t  nouvei-lfs  sun  la  gukriie.  —  30.  Les  Ixtiip.",  par  lJii\.i\MiN  Valloton. 
Paris,  Payot,  1918,  in-IG  de  223  p..  4  fr.  50.  —  31.  C'est  lu  guerre  !  par  le  lient' 
m"  S.-J.-L.  HE  Kaiiusi  Paris,  Jouve,  1918,  in-lC  de  217  p.,  3  fr.  50.  —  32.  Les 
Silcnees  diieolonel  lirumble,  par  André  Maurois.  Paris,  Grasset,  l!)1S.  in-i6  de  2o()  p., 
3  fr.  ")(!.  —  33.  KLn  Contes  et  lUnuc  rêves,  par  Lonsu  Kaijre-Fa  vieil  Paris.  Fif^niére, 
1918.  iuHi  de  215  p..  3  fr.  50.  —  34.  Trois  Histoires  nincédnnieniies.  par  Je\n  il. 
Prat.  Paris.  Figuière,  1918,  in-12  de  83  p.,  2  fr.  —  35.  L'Indiscret  de  Parante,  par 
le  D'  IIauuy  Marceau.  Paris.  Jouve,  1918.  in-12  de  109  p.,  2  fr.  5U. 

Contes  et  nouvelles  divehs.  —  30.  Enfantine,  par  Valéry  Lariîai;i>.  Paris,  «  Nouvelle 
Hevuc  française  »,  1918,  polit  in  8  de  225  p  ,  3  fr.  50.  —  37.  La  lionne  Madeleine 
et  la  pauvre  Marie.  Quatre  Histoires  de  pauvre  amour,  par  Charles-Louis  Philippe. 
Paris,  «  Nouvelle  Revue  française  ».  1917,  in-16  de  222  p..  3  fr  50.  —  38.  Monstres 
'•moisis,  par  .André  Salmon.  Paris,  ((  Nouvelle  Revue  française  »,  1918.  in-l(>  de 
246  p.,  3  fr.  50. 

Romans  slk  la  gueuue.  —  1.  —  Le  mérite  de  Gollon  Co/iiiixloo  cl  <le 
l'Oitbliée,  par  M.  Camille  Mayran,  coiisi.sle  dans  la  force  de  l'expres- 
sion, émanant  d'un  profond  talent  d'analyse.  Qu'il  y  ait  certaines 
réserves  à  formuler,  cela  n'empêche  point  qu'un  tel  livre  n'évoque 
avec  puissance  et  haut  relief  deux  histoires  douloureuses,  poignantes, 
où  la  vie  abonde  :  çlmte,  soumission,  désolation,  voilà  l'histoire  de 
Cotton,  en  ce  décor  triste  de  guerre,  dans  la  Belgique  meurtrie. 
Hapalriement  d'une  fiancée  exemplairement  fidèle,  qui  ne  retrouve 
au  pays  que  l'oubli  de  celui  qu'elle  attendait  toujours,  au  point  (pi'ello 
se  dévouera  maternellement  à  quelque  pauvre  enfant  (|ui  l'aime,  pour 
tromper  lamerlume  de  son  àme  et  faire  quand  même  œuvre  de 
vie  :  c'est  l'Ouhitée.  Si  l'on  se  souvient  que  le  pseudonyme  de  l'auteur 
s'apparente  doublement  à  Taine,  on  appréciera  la  valeur  d'une  telle 
parenté,  l'on  ne  manquera  pas  de  reconnaître  sous  une  plume,  dit-on, 
féminine,  les  dons  robustes,  le  talent  d'aquafortiste  littéraire  du 
maître  dont  l'art  est  ici  évoqué. 

2.  —  C'est  déjà  presque  un  maître  que  M.  Jean  Nesmy.  La  couleur 
et  la  limpidité  rivalisent  dans  son  style  vif  et  imagé  :  l'intention 
morale  y  est  toujours  manifeste,  avec  une  discrétion  (\m  n  exclut 
pas  la  vigueur.  L'Ame  de  la  victoire  c'est  l'essor  d'une  àme  ;  d'abord 
modeste,  imprégné  d'humble  vie  quotidienne,  il  se  hausse  peu  à  peu. 
il  s'élance  et  les  sacrifices,  requis  par  la  guerre,  entraînent  le  vol 
assuré  de  l'àme  courageuse  veis  les  horizons  de  la  plus  haute  morale, 
dont  la  luniièie  pure  doit  baigner  toute  vie.  Hélas  î  comme  beaucoup, 
le  héros  du  livre  succombe  à  la  blessure  de  guerre,  mais  son  âme  et 
son  exemple  vivent  à  jamais. 

3.  —  11  y  a  pourtant  des  survivants  de  la  mêlée  qui  voudraient  ne 
plus  vivre,  ou,  du  moins,  qui  n'espèrent  plus  rien  delà  vie.  Elle  leur 
avait  été  souriante,  cependant,  comme  à  ce  Jean  Verlet  que  Chantai 


—  30  — 

Daiinoy  avait  su  conqnéiir.  Ils  sont  liancés  ;  fiançailles  de  guerre^ 
trislQS  et  vaillaiitos.  d'une  joie  grave  dans  la  plénitude  de  l'espoir. 
Mais  Jean  X'erlet  finit  par  être  gravement  blessé  ;  sa  vue  est  compro- 
mise. Qu'espérer  du  bonheur  attendu  ?  Mieux  vaut  désabuser  la 
fiancée,  toujours  fidèle  jusqu'à  l'héioïsme,  jusqu'à  la  fin.  Où 
l'amour  seul  de  la  fiancée  échouera,  la  collaboration  dune  visite  au 
paysage  histoiique  delà  «  Marne  »  aura  finalement  raison  de  l'obscur 
désenchantement  du  glorieux  pessimiste,  et  il  acceptera  la  vie, 
l'amour,  l'espoir  mesuré,  la  réalisation  d^iii  noble  rêve.  On  conçoit 
que  M.  Le  GolTic  ait  goûté  la  valeur  de  ce  roman.  11  témoigne,  eii 
effet,  d'un  sentiment  très  fort.  L'auteur  s'y  révèle  une  cérébrale. 
D'une  intelligence  aigui'.  elle  fouille  les  replis  de  ce  sentiment,  qu'elle 
excelle  à  sit'KM-  en  (h\s  i^aysages  variés  et  vivants  :  l'Ariège,  Toulouse, 
Paris,  la  Marne,  Oserail-on  signaler  à  ce  conteur  expert  quelques- 
longueurs  dans  le  récit  et,  parfois,  un  art  ([(^  la  composition  qui  peut 
sembler  un  peu  hésitant  ?  La  lecture  de  ce  roman  confiiniera  tout 
lecteur,  justement  conquis  j)ar  l'intérêt  d'une  belle  trame,  dans  la 
pensée  qu'a\ec  j)Ius  d'assouplissement  dans  l'art,  une  note  quelque- 
fois liioins  tendue  et  d'une  intimité  plus  pure  dans  le  sentiment, 
M"""  Isabelle  Sandy,  iie  tardera  pas  sans  doute  à  nous  df)nner  une 
œuvre  pleinement  réalisatrice  des  rares  piomesses  que  celle-ci  con- 
tient et  tient  jircsque  déjà. 

4.  —  \jn  homnie  auquel  il  n'en  coûtait  pas  de  s'adapter  aux  circons- 
tances, fût-ce  lourdement  et  délibérément,  c'est  l' Allemand  d'Ainè- 
ri(]ue,  Marshall,  lichement  établi  au  Nouveau  Monde,  marié  à  une 
Française  que  les  nécessités  de  l'existence  exilèrent  de  son  l)ays.  La 
guerre  survient.  Ils  ne  se  comprennent  pas,  et  Marshall,  à  l'ordinaire 
généreux  mais  absolu,  maïupie  pleinement  de  délicatesse,  voire  do 
justice,  nuiis  avec  tant  d'assurance,  à  roccasion  des  épreuves  de  la 
France  aux  premiers  temps  des  hoslililcs.  iVllemand  avant  tout,  il  en 
arrive  à  Iruipier  tles  lettres  d'un  frère  de  sa  femme,  ollicier  français, 
pour  leur  faire  témoigner,  dans  la  presse  boche,  de  l'extième  lassitude 
(le  la  résistance  française.  A  ce  coup,  la  femme  veut  fuir,  mais  Mai- 
>\\;\\\  a  toujours  été  excellent  pour  elle  et  ce  procédé  n'est,  aux  yeux 
du  mari,  (|ue  métier  de  bon  Allemand.  Ils  ne  se  comprennent  plus. 
Klle  luirait.  M;iis  il  veut  sauver  l'existence  de  celle  qu'il  jilaint  ;  (piant 
à  ell(\  voici  (pie  l'entrée  en  guerre  des  Étals-Unis  lui  trace  un  devoir 
singulier  auprès  de  cet  Allemand  d'Améri(pie,  enfin  démasqué,  mais, 
à  présent,  malheureux  et  malade.  En  lui  rendant  ses  bons  procédés 
d'autrefois,  elle  aura  conscience  de  ne  j)oint  s'avilir  mais  de  s'accpiit- 
ler  humblement,  le  cœur  brisé  mais  fidèle,  du  plus  poignant  devoir. 
Ce  livre  est  donc  le  sujet  d'une  très  complexe  analyse  ;  elle  est  traitéfr 
avec  aisance  et  connaissance  de  la  situation,  cadre  et  fond.  M.  de  Vil- 


—  31   — 

lèle  n'a  poiiil  (''cril  là  une  œuvre  banale,  et  c'est  beaucoup,  parce  Iciiips 
de  littérulurc  de  guerre,  où  n'abonde  pas  la  variété  de  l'inspiration. 

5.  —  11  faut  cependant  faire  exception  pour  une  autre  œuvre 
encore,  et  c'est  /<•  Mariage  de  Lison,  —  «  à  l'usage  des  comballanls  et 
des  jeunes  filles  sans  dot.  »  Le  titre  est  d'une  grâce  un  peu  cavalière 
et  le  sous-litre,  d'une  combinaison  inattendue.  M.  Antoine  Hedier  a^ 
tout  de  même  fait,  là,  quelque  cbose  comme  une  bonne  action.  Je 
crois  qu'il  ne  s'en  défend  point  et  même  qu'il  l'espère.  Mais  peut- 
èlre  a  t-il  mieux  réussi  qu'il  ne  l'espérait.  Je  veuv  bien  que  son  livre 
ne  soit  pas  pour  les  fillettes.  11  est  salubre,  en  tout  cas.  de  voir,  • 
d'observer,  d'admirer  un  courageux  devant  la  vie,  dont  l'entrain  réllé- 
chi  va  finir  par  émouvoir  les  embourgeoisés  dont  les  yeux  s'ouvrent. 
Kéclamer  de  courir  le  risque  de  quelque  gène  en  se  mariant  selon  son 
cœur,  son  co3ur  raisonnable  du  reste,  est  un  peu  plus  élégant  et  beau- 
coup plus  vrai  (jue  de  courir,  les  veux  bandés,  tous  les  autres  risques, 
sauf  celui  d'un  peu  de  gène  possible,  parce  qu'on  aura  songé  à  l'ar- 
gent avant  tout.  Dire  cela  nettement,  mais  avec  humour,  d'cm  ton 
qui  n'a  pas  l'air  de  se  prendre  au  sérieux,  mais  qui  n'ignore  pas  le 
sérieux  de  la  \ie  et  où  est  sa  racine,  c'est  le  fait  de  M.  Hedier,  et  de  ce 
fait  nous  le  complimentons.  L'actualité  veut  que  paysage  et  milieu 
soient  le  plus  souvent  militaires  ;  le  récit  n'y  gagne  qu'en  relief. 

6.  —  De  ce  relief  une  femme  n'a  cure,  .S'a  Veuve,  la  veuve  d'une 
victime  de  la  guerre,  qui  a  failli  épouser  quelque  fade  u  embusqué.  » 
Une  amie  l'en  sauve.  Dans  cette  œuvre  de  M.  Jean  Yole,  il  y  a  de  la 
verve,  un  peu  de  charge,  une  alerte  ironie. 

7.  —  F'ius  prenant  que  tous  les  autres,  dans  la  littérature  de  guerre, 
sera  l'accent  de  vérité.  C'est  lui  que  nous  percevons,  énergiipie.  mais, 
avec  cela,  exceptionnellement  mesuré,  dans  la  Mort  du  soldat,  de 
M,  E.-F.  Julia.  Voici,  bien,  du  vécu  ;  on  le  sent,  et  les  combattants 
qui  ont  lu  ce  livre  témoignent  qu'il  dit  vrai.  C'est  un  éloge  simple, 
qui  a  son  poids. 

8.  —  Plus  complexe  est  le  cas  évoqué  par  M.  J.  Hénouard  dans 
Cœurs  français,  consciences  anglaises.  Un  Anglais,  mari  d'une 
Française,  éprouve  d'abord  un  sentiment  quelque  peu  platonique  à 
l'égard  de  larmée  française  ;  mais  il  en  vient,  afin  de  correspondre  au 
souhait  de  sa  femme,  à  s'engager  dans  l'armée  anglaise  pour  défendre 
la  cause  des  .Alliés.  Plus  de  banalité  que  de  profondeur  en  cet  ouvrage 
aux  louables  intentions. 

9.  —  La  guerre  est  vue  de  loin,  dans  la  Foret  tragique,  de  M.  Al- 
bert Garenne,  chef  de  bataillon  d'infanterie  coloniale,  du  moins  la 
guerre  d'Europe,  mais  c'est  la  guerre  encore,  et  tragique,  elle  aussi, 
et  pour  la  France,  dans  ces  régions  du  Pacifique  dont  ce  «  récit  authen- 
tique »  nous  conte  les  péripéties. 


—  32  — 

\0_  —  Avec  Btuel  ft Alsace,  par  M'"*  Jane  de  Carrières,  nous  retrou- 
vons un  nom  de  province  cher  à  nos  cœurs  et  des  paysages  plus 
proches.  C'est  ici  toute  une  correspondance  échangée  de  1880  à  1917, 
où  s'évoque  le  récit  des  grandes  émotions,  variées,  du  problème  l'ranco- 
alsacien.  heureusement  résolu  aujourd'hui  dans  l'honneur  de  la 
victoire. 

11.  —  Nous  revenons  aux  pays  lointains  avec  le  Double  Exil  d'an 
solitaire,  par  M.  GuifFre  d'Evol.  Un  officier  colonial  qu'une  l)lessurc 
retient  au  centre  de  l'Afrique  et  prive  du  périlleux  honneur  du  Front, 
s'en  console  bien  singulièrement  dans  l'existence  voluptueuse,  inutile 
cl  désenchantée  d'un  prince  exotique. 

12.  —  C'est  d'une  autre  manière  que  M.  J.  Delorme-.Iules  Simon 
comprend  l'Impérieux  Amour  de  la  patrie.  Une  jeune  fille  se 
livre  à  des  hésitations  sentimentales  entre  un  fiancé  que  le  devoir 
retient  à  l'arrière  et  un  soupirant  que  le  devoir  maintient  au  Front. 
Le  style  est  quelconque  ;  les  intentions  valent  mieux. 

13.  —  M""  Jeanne  Broussan-Gaubert  pose,  par  son  litre,  la  question 
importante  pour  chacun  et  pour  tous  :  Reviendra-t-il  ?  C'est  bien  un 
rescaj^é  du  péril  qui  apparaît  heureusement  vers  la  fin  du  livre,  mais 
ce  sont  d'abord  des  scènes  d'une  crudité  relevant  de  1  école  de  Médan. 
On  se  demande  ce  que  l'art  peut  éprouver  d'intérêt  à  se  commettre 
en  pareil  milieu  et  si  même  c'est  un  art,  d'exprimer  des  visions  d'une 
atroce  laideur  morale,  sans  parler  des  autres  ? 

14.  —  La  Tudesquile  y  va  plus  rondement,  mais  M.  P.  Edouard  de 
Ménieux  ne  se  pique  pas  de  solennité.  Sa  plume  cavalière  /chevauche 
en  divers  sens  ;  c'est  sa  manière  à  lui  de  ridiculiser  la  manie  funeste 
qui  poussait  trop,  avant  la  guerre,  à  prendre  au  sérieux  le  prestige 
allemand. 

UoMANs  DivKRs.  —  lo.  — La  liautc  jouissaiice  intcllcctuelle  <j u'ou 
éprouve  toujours  à  lire  un  nouveau  roman  de  M.  Paul  Bourgel  se 
trouve,  en  un  sens,  infirmée  dès  que  vous  incombe  le  redoutable 
office  d'expliquer  la  portée  de  l'œuvre  à  un  public  justement  difficile, 
[..'hésitation  du  commentateur  s'avère  plus  embarrassante  (juand  il 
s'agit  de  Nétncsis.  C'est,  en  effet,  un  roman  ([ui  ne  ressemble  pas  à 
ceux  auxquels  nous  accoutumait  la  manière  du  maître  psychologue, 
<lont  l'art  s'incline  de  préférence  vers  les  drames  intérieurs.  ÎVon 
point  ((u'il  dédaigne  l(>  cadre,  dans  la  ciselure  duquel  il  excelle,  mais 
il  préfère  le  labli'au.  Or,  ici,  le  cadre  atteint  d'immenses  proportions 
et  le  tableau,  lui-même,  accuse  un  relief  et  un  coloris  d'une  viva- 
cité inaccoutumée  sous  son  pinceau.  Tout  l'art  déployé  en  cette 
•  iMJvre,  art  de  profondeur  et  art  d'effet,  n'ôtc  pas  de  l'esprit  la  «pies- 
tion  un  [)eu  libre  si  elle  était  sérieuse  :  est-ce  luie  gageure  ?  Je  me 
hàl<'  (le   iir(\|)li(|uer.    Ouc  le  maître  des  études  les  plus  fouillées 


-  33  - 

fiur  lame  et  sur  le  cœur  de  l'homme  el  de  la  femme  ait  voulu 
écrire  une  histoire  dont  les  traits,  les  détails,  la  mise  eu  scène,  les 
caricatures  autant  que  les  portraits  font  songer  à  Dumas  père, 
relèvent,  pour  les  procédés  sinon  pour  le  style  et  l'art  qui  sauvent 
tout,  du  grand  roman-feuilleton,  voilà  qui  déconcerte.  Et,  pourtant, 
on  n  a  pas  le  loisir  d'être  sans  (in  déconcerté,  parce  que  l'action  est  si, 
prenante  et  les  peintures  si  poussées  qu'on  reconnaît  encore  et  tou- 
jours le  maître,  consciencieux  et  puissant,  là  où  on  craignait  qu'il  se 
fut  mué.  pour  sa  distraction  et  la  nôtie.  eu  fantaisiste,  jouant  avec 
son  art.  Mais  ne  diiait-on  pas  vraiment,  tout  de  même,  que  M.  Bour- 
get  a  voulu  montrer  (pi'il  lui  était  aisé  d'aijoider  un  genre  qui  n'était 
pas  le  sien,  sans  renoncer  à  être  lui-même  et  que  la  souplesse  de  son 
talent  })eut  dominer  n'importe  quel  sujet,  du  moment  qu'il  en  em- 
brasse les  perspectives  complexes  dans  le  champ  de  sa  vision  aiguë  ? 
—  Autre  gageure,  si  Ion  ose  encore  s'exprimer  ainsi  :  l'érudition 
abonde  en  ces  pages  ;  elle  y  abonde  presque  démesurément  ;  mais 
elle  y  est  traitée  par  un  spécialiste  et,  comme  l'artiste  n'abdiqua  ja- 
mais, il  se  trouve  que  le  lecteur  n'éprouve  aucune  lassitude  ni  aucune 
gêne  à  la  rencontrer  dans  une  liction.  \  ce  propos,  la  haute  probité 
de  M.  Bourget  n'a  pas  manqué  de  rendre  à  M.  Pératé  l'hommage  du 
à  son  concours,  et  cette  précision  est  intéressante  à  retenir  sous  la 
j)lume  du  romancier  dont  la  célébrité  n'a  jamais  pu  obscurcir  la  plus 
noble  loyauté  professionnelle.  On  est  heureux  aussi  de  lire  la  dédi- 
cace du  volume,  offerte  à  M.  Louis  Bertrand,  et  l'on  veut  comprendre 
toute  l'actuelle  portée  d'un  geste,  aussi  énergique  et  aussi  délicat. 
Après  cela,  faut-il  raconter  l'aventure?  De  tels  romans  sont  supposés 
lus  ou  à  lire.  Relevons  néanmoins  la  beauté  du  rôle  complexe  de  l'of- 
ficier français,  autour  duquel  évoluent  les  fantasmagories  de  l'art 
italien,  de  l'aristocratie  européenne,  et  du  nihilisme  moscovite.  La 
î;cène,  vers  la  fin,  où  il  recule,  animé  d'un  sentiment  de  fierté  et  mû 
par  le  réveil  de  sa  plus  haute  conscience  chrétienne,  devant  la  femme 
vis-à-vis  de  laquelle  so!i  attitude  a  été  si  différente  autrefois,  est  une 
scène  qui  n'atteint  pas  seulement  au  sublime  de  l'art  mais  à  la  splen- 
<leur  de  la  pensée  qui  gouverne  l'acte  humain  frémissant  de  vie.  Une 
troisième  difficulté,  abordée  par  M.  Bourget  en  cette  œuvre  singu- 
lière, fut  celle  de  travailler  au  service  laborieux  de  la  plus  haute 
morale  sans  se  priver  des  ressources  inattendues  et  périlleuses  de  la 
peinture  la  plus  accentuée.  Que  l'art  y  ait  toujours  gagné,  c'est  pos- 
sible, mais  parfois  peut  être  un  peu  discutable  ;  que  cette  morale 
elle-même,  qu'il  s'agissait  de  servie,  ne  l'ait  pas  été  par  des  moyens 
dont  l'harmonie  avec  le  but  est  quelquefois  loin  d'être  manifeste, 
c'est  ce  qui,  trop  souvent,  dans  cette  œuvie  fort  différente  des  autres 
à  ce  point  de  vue  là  aussi,  ressort  trop  clairement  de  certains  passa- 
Janvier  1919.  T.  CXLV.  3. 


—  34  — 

ges  et  de  certaines  descriptions.  On  juge  bien  que  nous  ne  prétendons 
nidlcment  reslroindro,  par  l'expression  de  celte  réserve,  la  lijjerlé 
nécessaire  du  grand  lomancier,  d'ailleurs  supérieurement  conscien- 
cieux. Mais,  si  libre  que  soit  le  champ  de  son  action  évocatrico,  ne 
se  doit-elle  pas  de  reconnaître  qu'elle  peut  avoir,  au  moins  pour  limi- 
te, et  en  fin  de  compte,  ce  que  nous  appellerons  d'un. mot  cjui  ne 
sera  incompris  de  personne  et  surtout,  le  croyons-nous,  du  maître 
lui-même,  sa  fonction  éducatrice  ?  C'est  parce  qu'à  l'ordinaire  et 
parfois  ici  même,  M.  Bourget  s'est  appliqué  à  résoudre  le  difficile 
problème  d'être  un  moraliste  et  un  romancier  et  aussi  parfaitement 
l'un  que  l'autre,  qu'en  terminant  ces  quelques  lignes  d'hommage 
à  son  nouveau  roman,  nous  avons  eu  l'audace  de  nous  permettre, 
en  l'admirant,  d'y  signalcr'quelques  hésitations  dans  l'action  mora- 
lisatrice, dont  nous  ne  méconnaissons  pas,  au  reste,  les  diiricullés  et 
les  mérites,  la  valeur  surtout  et  la  portée. 

16.  —  C'est  un  autre  maître  du  loman  que  nous  letrouvotis  avec 
M.  Henry  Bordeaux  que  ses  importantes  fonctions  militaires  n'ont 
pu  empêcher  de  rester  et  de  continuer  à  être,  par  de  nouvelles  œuvres, 
le  grand  écrivain,  goûlé  de  l'élite  française,  orientée  par  son  goût 
aussi  charmant  qu'élevé,  vers  les  sommets  de  l'art  bienfaisant  à 
l'àme,  à  la  race,  au  pays.  Il  ne  s'agit,  cette  fois,  que  d'une  réédition 
((  définitive  »  du  Lac  noir,  ce  petit  chef-d'œuvre,' et  on  regielle  le 
qualificatif  dès  qu'on  l'a  écrit,  ce  petit  chef-d'œuvre  d'esprit  et  de 
narration  entraînante,  qui  prouve  à  quel  point  l'on  peut,  avec  un  art 
vrai,  intéresser  le  public  à  autre  chose  qu'aux  banales  aventures, 
constituant  le  fond  de  la  plupart  des  romans. 

17.  —  La  banalité  n'est  point  le  fait  du  roman  de  M.  Pierre  No- 
Ihomb  :  Faiiquebois.  Ce  nom  de  lieu  est.glorieusement  douloureux  et 
.sacré,  depuis  la  guerre  II  n'est  auparavant  que  la  rustique  appella- 
tion d'une  charmante  résidence  de  la  paisible  et  prospère  Belgique. 
Là  se  déroule  élégamment  une  histoire  bien  contée  où  les  replis  du 
cœur  trouvent  leur  i n te rprè te.  FatK/Ufèo /s  est  une  œu\re  qu'on  lit 
avec  charme,  im  charme  souriant,  un  peu  grave  et  distingué.  Son  au- 
teur est  poète,  on  le  sent  vite  ;  homme  du  monde,  et  du  meilleur,  ou 
réprouve  jusqu'au  bout.'  Peut-être  un  jieu  plus  de  force <lans  le  senli- 

•  ment  et  dans  sa  noblesse  eut-il  élevé  davantage  encore  re\])iession 
morale  dont  ce  livre  témoigne  et  accru  la  douce  influence  (pii  émane 
de  lui. 

\t*>.  —  (l'est  une  (euvre  où  il  y  a  aussi  des  notations  cuiieuses  et  dé- 
licales.  dont  nous  sommes  redevables  au  talent,  hélas!  posthume,  de 
Paul  ,\cker."  Glorieuse  victime- de  la  Grande  Guerre,'  il  nous  a  laissé 
iin  ronlan  qui  s'achève  en  esquisse.  Sa  mort  nous  a  ravi  si  tôt  celui 
qui  aurait  pu  être  un  maître  de  demain.  Entre  deux  rives,  pénible 


—  :}5  — 

lîisloiro.  et  pourlniit  si  allôgremenl  narrée,  d'une  siliialion  rlcllcalo, 
émouvarile  et  laiissse,  illiislranl.  fùl-ce  avec  des  tableaux  un  pou  sca- 
breux, la  nécessilc  de  l'ordre  et  de  la  soumission  consentie  à  sa  loi. 
Un  savant,  qui  méritait  mieux,  voit  sa  femme  sombrer  dans  la  folie 
-et  n'en  p.»  mourir.  Il  a  le  tort  de  s'éprendre  d'une  autre  femme,  d'en 
faire  comme  la  sienne.  Un  enfani  leur  naît.  Il  n'en  avait  pas  eu  do 
l'autre.  Mais  celte  autre  guérit  (>t  la  remplaçante  se  sacrifie,  laissant 
à  son  f)én'  l'enfant  qu'elle  lui  a  donné...  On  voit  combien  émou- 
vante ot  la  trame  de  ce  récit,  la  morale  qui  s'en  dégage,  mais  sans 
que  les  d/lails  du  livre  soient  toujours  d'une  moralité  exemplaire,  il 
s'en  finit  de  beaucoup. 

lu.  -  Ainsi  vont  le  Hère  et  la  Vie  :  joli  titre  du  roman  peu  banal 
de  M.  Jean  Morgan.  Une  jeune  provinciale,  n'écoutant  que  son  cœur, 
s'éprend  d'un  peintre  médiocre  et,  en  somme,  d'un  caractère  peu 
«levé.  Elfe  est  malheureuse,  à  fond,  et  reste  digne.  11  le  faut  d'autant 
plus  quelle  a  résisté  autrefois  à  son  entourage,  fort  terre  à  terre,  pour 
épouser  le  peintre  aimé  dont  elle  a  fini  par  devenir  veuve.  Heureuse- 
ment un  second  mariage  sera  pour  elle  une  bienfaisante  revanche  ; 
«lie  y  trouvera  fortune  et  bonheur.  Est-ce  à  dire  que  l'idéal  est  le  pot 
au  feu  .5  Si  le  livre  voulait,  raôjne  indirectement,  prouver  cela,  il 
prouverait  trop.  Bien  choisir,  oui,  mais  cingler  au  large.  Et  la  dignité 
dans  répreuve  vaudrait  mieux,  enfin,  que  le  tout  repos  dans  la  pla- 
titude. 

20.  —  Cet  engourdissement  ne  conviendrait  pas  du  tout  à  iin'Ca- 
racU'i'c  de  Française.  Dans  le  roman  que  M.  Jean  de  la  Brète  intitule 
ainsi  nous  retrouvons  l'esprit,  le  sourire,  la  séduisante  élévation  qu'un 
public,  toujours  plus  nombreux,  goûte  aux  ouvrages  du  célèbre  au- 
teur. M"'  de  Kerdivo,  nature  aussi  noble  que  généreuse,  met  tout  en 
oeuvre  pour  retrouver  un  frère  disparu  dans  des  circonstances  roma- 
nesques. Elle  y  parvient  à  travers  les  plus  variés  épisodes,  mais  la 
trame  fort  mouvementée  du  récit  ne  lui  ôte  rien  de  sou  aisance  toute 
française  et  de  son  intérêt  entraînant. 

21.  —  11  faut  changer  d'allure  avec  Plein  Eté,  par  M""  Edith  Whar- 
ton,  autant  vaudrait  dire  de  climat.  Ce  volume  compact,  et  qui  nous 
déconcerte  un  peu  en  nous  transportant  en  plein  milieu  américain, 
narre  l'aventure  d'une  pauvre  jeune  femme  à  laquelle  ne  réussit  point 
l'indépendance  qu'elle  a  cru  devoir  prendre  vis-à-vis  d'un  Lon  protec- 
teur et  tuteur  vers  lequel  elle  est  tout  heureuse  de  revenir  et  chez  qui 
elle  trouve  enfin  le  refuge  et  l'apaisement. 

--■  —  C'est,  au  contraire,  l'Amérique  en  France;  ou  du  moins 
quelques  amateurs  américains  du  Paris  où  l'on  s'amuse,  que  nous 
rencontrons  dans  l'Échiquier  de  M""  la  comtesse  de  Chambrun.  Dia- 
logues de  cafés-concert  et  autres  lieux  moins  relevés.  Voilà  ce  que 


—  36  — 

nous  trouvons  sous  une  plume  délibérément  boulevardière.  Il  serait 
au  moins  fâcheux  que  nos  amis  d'Amérique  ne  trouvassent  pas  autro 
chose  en  France,  en  fait  de  modèle  et  d'exemple,  que  ceux  dont  la  sil- 
houette  se  profile  ici. 

23.  — 'Falote  est  la  silhouette  du  singulier  désemparé  que  nous  pré- 
sente M.  Edgard  Blosde  dans  les  Fantaisies  du  destin.  D'ennuyeuses 
expériences  finissent  par  enrichir  celle  de  son  personnage  et  lui  donner 
même  de  l'esprit,  sans  lui  départir  jusqu'au  bout  en  partage  la  jus- 
tesse d'appréciation. 

24.  —  On  voudrait  ne  pas  manquer  de  cette  justesse  pour  apprécier 
exactement  Glèbe  gasconne  de  M.  Etienne  Garry.  Il  a  dû  lire,  l'admi- 
rable Pouvillon  et  s'en  souvenir,  mais  l'imitation  est  difficile  et  le 
risque  de  glisser  dans  quelque  vulgarité  n'est  peut-être  pas  chimé- 
rique en  la  description  familière  et  un  peu  crue  du  paysgaronnais. 

25.  —  En  fait  de  crudité,  M.  Eugène  Montfort  se  met  à  l'aise,, 
et  n'y  mettrait  guère  un  lecteur  sérieux,  avec  la  Belle  Enfant,  our 
L'Amour  à  UO  ans. 

26.  —  Une  aisance  du  même  genre  règne  aussi  bien  dans  le  ro- 
man :...  Et  C'^,  de  M.  Jean-Richard  Bloch.  Mais,  ici,  la  matière  du^ 
récit  est  plus  ample  ;  elle  est  même  compacte  ;  l'affabulation  est 
abondante  et  le  style  travaillé. 

27.  —  Non  moins  copieux  est  le  volume  de  M.  Israël  Zangwill  : 
_Les  Enfants  du  ghetto.  11  nous  initie,  à  sa  manière,  aux  mœur.s  par- 
ticulières et  compliquées  d'un  judaïsme  teinté  de  germanisme.  La 
traduction  de  M.  Pierre  Mille  paraît  fort  bonne  et  ne  doit  pas  nuire  à 
l'intérêt  du  récit. 

28.  —  Du  féminisme,  du  sentiment,  de  l'amour  libre  et  tout  ce  qui 
se  peut  broder  autour,  c'est  ce  que  nous  apercevons  en  de  multiples- 
pages,  peu  éclairées  par  la  typographie,  dans  Renée,  de  M.  André 
Baruch. 

29.  —  Terminons  par  le   titre  plus  imposant  de  l' Homme  fort,  dcr 
M.  Paul  11g.  Gela  doit  se  passer  en  Suisse,  où  un  officier  pro-allemand 
se  déclasse,  sans  succès  comme  sans  bonheur.  La  manière  forte  pour 
aboutir  et  s'imposer  ne  réussit  pas  longtemps. 

Co>i'rt:s  ET  NOLVELLES  suu  LA  GUEKKE.  —  30.  —  M.  Bonjauiiu  Vallot- 
ton  a  un  style  énergique  et  il  en  est  maître.  Du  réalisme,  mais,  eit 
somme,  du  bon.  Un  épisode  émouvant  de  l'occupation  allemande,  un 
aïitre,  émouvant  par  lui-même,  où  elle  n'est  pas  étrangère,  un  troi- 
sième relatant  le  congrès  des  animaux  sauvages  (on  comprend  l'allé- 
gorie), tels  sont  peut-être  les  fragments  les  plus  impressionnants  de^ 
ce  recueil  assez  tragique  et  qui  a  nom  :  Les  Loups. 

31.  —  M.  le  lieutenant  marquis  de  Farusi  nous  conle:  C'est  la 
guerre,  et  ce  lui  est  une  occasion  de  peindre  sans  apprêts,  autant 


.< 


—  37  — 

<lire  sans  façon,  de  multiples  aspects  de  la  vie  niililaiic  dont  tous  ne 
«ont  pas  d'un  goût  achevé. 

32.  —  Nuance  de  milieu  avec  les  Silences  du  colonel  Brarnhle,  de 
M.  André  Maurois  ;  on  passe  chez  les  Britanniques.  Ce  colonel  fleg- 
matique écoute,  non  sans  humour  et  avec  indulgence,  raisonner  ou 

-déraisonner   autour   de  lui,   officiers   anglais   et   gens   des   villag<fs 
traversés. 

33.  —  11  nous  arrive  de  ne  pas  quitter  les  pays  éprouvés  en  feuille- 
tant les  Six  Contes  et  deux  rêves,  de  M""'  Louise  Faure-Favier.  On  y 
trouve  même  un  épisode  qui  a  de  la  noblesse,  mais  le  recueil  est 
malheureusement  hospitalier  à  des  libertés  sans  mesure  dans  les 
moins  honnêtes  descriptions 

34.  —  Ce  genre  de  liberté  ne  serait  peut-être  pas  pour  effrayer  tout 
à  fait  l'auteur  de  Trois  Histoires  macédoniennes,  M.  Jean-H.  Pral. 
Mais  il  faut,  en  plus  et  surtout,  reconnaître  chez  lui  de  la  vigueur  et 
le  sens  du  récit.  On  ne  lit  pas  sans  intérêt  plusieurs  de  ces  pages 
<^vocatrices  d'une  région  lointaine  où  notre  guerre  s'est  aussi  déroulée. 

35.  —  C'est  sur  une  jolie  plage  française  que  l'Indiscret  de  Paramé, 
dont  M.  le  D'  Harry  Marceau  tient  la  plume,  observe  les  manigances, 
h  l'ordinaire  peu  édifiantes,  des  oisifs  et  surtout  des  oisives,  parasites 
du  paysage  recherché.  On  y  parle  de  la  guerre.  On  y  va.  On  en 
revient,  l.e  flirt  ou  le  mariage  provoquent  des  commentaires  plutôt 
iestes  ou  désabusés,  avec  des  grains  de  parfait  bon  sens,  quelquefois, 
-à  travers  tout.  Et  puis  cela  est  écrit.  M^is  pour  quoi  dire  ? 

Contes  et  nouvelles  divers.  —  36.  —  M.  Valéry  Larbaud,  en  des 
Enfantines  assez  observées,  —  mais  de  quel  point  de  vue  !  —  nous 
fait,  à  sa  façon,  la  psychologie  de  petits  milieux  montés  en  graine,  qui 
auraient  plutôt  besoin  de  quelques  bons  conseils. 

37.  —  Quant  à  M.  Charles- Louis  Philippe,  —  avec  la  Bonne  Madeleine 
et  la  pauvre  Marie.  Quatre  Histoires  de  pauvre  amour,  —  11  nous  fait 
assister  sans  gêne  aux  moins  élégants  déshabillés  et  il  promène  son 
lecteur  dans  le  monde  que  l'on  devine,  avec  une  complaisance  qui 
révèle  l'oubli  du  plus  élémentaire  sens  moral. 

38.  —  Autant  et  plus  faut-il  écrire  au  sujet  des  Monstres  choisis  de 
M.  André  Salomon.  Le  titre  est  suffisamment  expressif.  Le  texte 
ne  manque  pas  de  tenir,  et  bien  au-delà,  s'il  se  peut,  la  promesse 
du  titre. 

Les  éditions  de  ces  trois  derniers  volumes  sont  fort  soignées  et  pré- 
sentées avec  recherche.  Malheureusement  ces  trois  livres  sont  carac- 
térisés, non  seulement  par  l'absence  du  souci  moral,  mais  par  l'ob- 
session du  souci  contraire.  On  le  regrette  d'autant  plus,  à  l'heure  des 
reconstructions  françaises.  Louis  ïhébon  de  Montaugé. 


—  38  — 

THÉOLOGIE 

Le  Sons  du  chi-isliaiiisme  d'après  l'exégèse  allemande,   par  le- 

I'.  M.-.I.   LAfjRANGE.  Paris.   Lecofl'rc,  Gabalda,  IWIS,   in-12  de  xx-337  p.  — 
l'rix  :  4  fr. 

Les  dix  leçons  (|ui  composent  ce  volume  ont  été  données  à  l'Inslitut 
calholique  de  Paris  à  la  fin  de  1917  et  au  commencement  de  1918. 
Elles  ont  pour  objet,  non  pas  l'essence  du  christianisme,  c'est-à-dire 
nnc  sorte  de  résidu  de  doctrines  à  garder,  mais  le  sens  du  christia- 
nisme, c'est-à-dire  l'origine,  les  conceptions  primitives  de  la  leligion 
chrétienne  et  l'idée  qu'en  ont  eue  ses  premiers  adhérents,  le  tout 
d'après  l'exégèse  allemande  non  catholique  depuis  Luther.  La  pre- 
mière expose  les  bonnes  conditions  dans  lescjuelles  l'Eglise  catliolique 
d'aujourd'hui  se  trouve  pour  bien  comprendre  le  sens  du  christia- 
nisme primitif.  Assistée  du  Saint-Esprit  pour  cela,  elle  estdans  l'état 
d'esprit  qui  convient,  puisqu'elle  est  profondément  imbue  du  surna- 
turel dans  lequel  tout  le  Nouveau  Testament  est  conçu  ;  sa  méthode 
sappuie  sur  la  tradition  qu'elle  conserve  et  continue  et  sur  l'ensemble 
des  éléments  doctrinaux  du  Nouveau  Testament  tout  entier  ;  elle  pra- 
tique l'exégèse  du  bon  sens  et  de  la  clarté,  qui  est  aussi  l'exégèse  du 
sens  commun  ;  enfin  elle  représente  une  sagesse  collective  et  accu- 
mulée au  cours  des  siècles.  Les  huit  leçons  suivantes  exposent  le 
pseudo-mysticisme  de  Luther,  qui  est  le  véritable  point  de  départ  de 
toute  l'exégèse  allemande;  l'accusation  d'imposture  que  les  déistes 
allemands,  dépassant  leurs  précurseurs  anglais  et  français,  ont  portée, 
contre  les  évangélislcs  avec  Rcimarus  et  Lessing  ;  les  explications 
naturalistes  des  miracles  par  le  rationalisme  éclairé,  r/4a//i7a/'M/ïf7  du 
xviir  siècle,  dont  le  principal  représentant,  au  siècle  suivant,  fut 
l'aulus  ;  l'interprétation  mythique  de  Strauss  ;  la  critique  des  origines 
chrétiennes  par  l'école  de  Tubingue,  dont  Baur  fut  le  chef  :  le  com- 
promis des  libéraux  luthériens,  qui  chercha  à  concilier  l'ancienne 
orthodoxie  pi^otestante  avec  le  radicalisme  de  Strauss  et  de  BauT,  et 
«jui,  tout  en  écartant  le  surnaturel,  retraçait  l'image  historicpie  de 
Jésus  selon  l'Evangile  île  saint  Marc  ;  la  découverte  par  Jean  Weiss. 
eti  1892.  du  messianisme  eschatologique,  d'après  lequel  Jésus,  con- 
centrant en  sa  personne  les  espérances  de  ses  contemporains,  se  serait 
fnéscnté  comme  le  juge  des  bons  et  des  méchants  et  comme  le  fon- 
dateur, à  brève  échéance,  du  règne  glorieux  de  Dieu  ;  l'école  du  syn- 
crétisme judéo-païen,  qui  expEupie  la  fondation  du  christianisme 
par  une  fusion  déléments  chrétiens  avec  des  éléments  païens,  em- 
pruntés aux  religions  à  mystères.  Toutes  ces  phases  diverses  et  suc- 
<-,cssives  de  l'exégèse  allemande  étaient  connues  du  public  français  ; 
elles  avaient  été  exposées  par  M.  Fillion  dans  ses  Étapes  du  raliona- 
hsme,  à  laide  de  l'ouvrage  d'Albert  Schweitzer  :  De  Luther  à  licirnarus. 


Ji>. 


—  31»  _ 

Le  P.  Lagitriige.  sans  connaître  le  livre  du  siilpicien,  a  rc[Jris,  en  sui- 
vant le  même  guide,  la  maiclie  de  i'c.xégèse  allemande.  Il  a  nionlrô 
en  plus  quelles  consliiiclions  religieuses  les  lliéologiens  allemands 
ont  tenté  d'élever  sur. les  ruines  du  surnaturel;  il  a  aussi  joint  à 
l'impression  de  répulsion  (inc  provoipie  leur  dévergoridage,  des  rai- 
sons positives  (|ui  réfulcnt  Ifs  systèmes  élaborés  par  ces  novateurs. 
C'est  le  cas  surtout  pour  la  critique  des  origines  chrétiennes,  le  mes- 
siaiiisnie  csclialologiqdc  et  \v  syncrétisme,  (jui  garilent  encoie  (pielque- 
attrait.  On  trouvera  dans  ces  trois  leçons  des  pages  très  fortes,  qui- 
sont  une  réfutation  solide  des  principales  erreurs  allemandes.  La 
dixième  leçon  contient,  après  l'exposé  du  no:;veau  mythisme,  qui  nie 
l'existence  même  de  .lésus  et  qui  a  soulevé  l'opposition  de  tous  le» 
exégètes  allemands,  les  conclusions  de  l'enquête;  Elles  sont  que  les- 
théologiens  de  l'Allemagne  n'ont  abouti  à  aucune  explication  satisfai- 
sante des  origines  du  christianisme  et  qu'ils  se  sont  réfutés  l'un 
l'autre  ;  que  leurs  explications  sont  toutes  partielles,  bornées,  super- 
ficielles, systéniafiques.  Chaque  école  cependant  a  mis  en  lumière 
quel(}ues  points  de  doctrine,  que  les  catholiques  admettent  en  les 
perfectionnant  et  en  les  conciliant  tous.  La  lecture  de  ces  conférences 
ne  peut  que  détourner  les  Français  et  les  Anglais  de  tout  engouement 
irréfléchi  pour  les  constructions  systématiques  de  l'exégèse  allemande. 

E.  Mange.not. 


Le  Mystère  «le  rKçjlîse,  par  le  l\.  P.  Ht  mise  ht  Cléuissac.  Paris,   dès,, 
1018.  iii-U!  dç«  xxu-3t)S  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  .3  fr.  50. 

La  Préface  placée  eu  tête  de  ce  volume  par  M.  Jacques  Maritaiu 
nous  dit  combien  sainte  et  féconde  fut  la  carrière  religieuse  du 
U.  P.  Humbert  Clérissac.  Elle  nous  dit  surtout,  et  dans  un  langage 
émouvant  de  piété  filiale,  combien  ardent  était  le  loyalisme  de  l'élo- 
quent Frère  Prêcheur  envers  la  sainte  Église  romaine  et  avec  quelle 
profondeur  il  scrutait  le  Mystère  de  l'Église.  Ce  ((  mystère  »  était  pré^ 
cisément  l'objet  d'un  ouvrage  que  la  mort  a  interrompu  et  dans 
le(piel  le  II.  P.  Clérissac  voulait  nous  communiquer  le  fruit  de  se-v 
longues  méditations  sur  la  grandeur  surnaturelle  et  les  bienfaits 
divins  de  l'imujortelle  Épouse  de  Jésus-Christ.  M.  Maritain  a  eu  rai- 
son de  croire  que  l'ouvrage  inachevé  méritait,  tel  quel,  de  voir  le  jour, 
car  le  développement  était  déjà  poussé  assez  loin  pour  que  l'on  y 
trouvât  en  plein  relief  les  idées  maîtresses  de  l'auteur,  qui  fourniront 
matière  à  des  réflexions  vraiment  fécondes. 

Le  texte  des  deux  derniers  chapitres  n'a  pourtant  que  la  valeur 
d'une  esquisse  ou  d'un  premier  brouillon.  Il  réclamerait  d'amples^ 
•compléments  et  parfois  une  meilleure  mise  au  poinL  D'autre  part. 
Mi  Maritain  a  voulu  compléter  l'ouvrage  du  E.  P.  Clérissac  par  le 


—  40  — 

lexlo  inléginl  ilii  projet  de  conslitulioi)  De  Ecclcsia  (iiravaicnt  rlahoié 
les  IhcoJoijiens  du  concile  du  Vatican  :  soit  une  vingtaine  de  pagf«» 
on  latin  avec  traduction  française.  Le  document  est  de  grande  valeur, 
mais  ne  nous  paraît  pas  avoir  ufi  rapport  assez  direct  avec  la  personne 
du  R.  P.  Clérissac  ni  avec  l'objet  spécial  du  volume  :  Le  «  Myslcre  » 
de  l'Église. 

En  revanche,  que  d'aperçus  pleins  de  richesse  et  de  beauté  dans 
chacun  des  premiers  chapitres  du  volume!  Peu  de  docteurs  catho- 
liques auront  parlé  d'une  manière  plus  pénétrante,  plus  surnalurelle, 
et,  en  même  temps,  plus  rigoureusement  théologique,  que  le  pieux 
auteur  des  pages  avant  pour  titre  :  L'Église  dans  la  })ensée  de  Dieu,  le 
Christ  dans  l'Église  et  l'Église  dans  le  Christ,  la  persannaliié  de  l'Église, 
la  vie  hiératique  de  l'Eglise: 

C'est  là  une  lecture  profondément  édifianle,  el  où  l'édificalion  jail- 
lit des  sources  les  plus  anlhentiques  et  les  plus  pures  de  la  doctrine. 

\  VES.  L)K   I.A    BrIÈIU;:. 


SCIENCES  ET  ARTS 

L.ti  Merveilleux   spirîte,  par   Lur.icK  Houue.  Paris.  Ht-aiichesne.  1917, 
in-16  de  vui-398  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Aux  heures  d'angoisse  et  de  deuil,  beaucoup  d'âmes  ne  sont  que 
trop  accessibles  à  des  crédulités  ou  à  des  curiosités,  malsaines  autant 
qu'illusoires,  à  propos  du  monde  invisible. 

D'où  la  recrudescencf^  du  spiritisme,  de  loccullisme,  de  la  magie^ 
de  la  théosophie,  bref  de  toutes  les  croyances  ou  pratiques  supersti- 
tieuses et  troublantes  qui  flattent  notre  besoin]maladif  du  mystérieux 
et  du  merveilleux. 

L'existence  indéniable  de  cette  contagion  donne  une  véritable 
acliialité,  tlisons  mieux,  ime  précieuse  utilité,,  à  un  volume  de  docu- 
mentation sérieuse,  de  critique  perspicace,  tel  que  celui  dont  nous 
sommes  aujourd'hui  redevables  à  un  philosophe  de  renom,  le 
H.  V.  I.,ucien  Roure,  depuis  de  longues  années  rédacteur  à  la  revue 
les  Ulules.  Son  volume,  intitulé  :  Ia'  Merveilleux  spirile,  est  le  fruit 
d'une  patiente  enquête,  conduite  avec  le  souci  constant  de  discerner 
4mparlialenu;nt  le  vrai  du  faux.  Là  où  fleuri!  généralement  le  racon- 
tar, voici  des  faits.  Là  où  régnent  luescpie  toujours  les  généralisations 
somfuaires.  les  enthousiasmes  intempérants,  voici  une  discussion 
réfléchie  dont  aucun  esprit  équitable  ne  saurait  récuser  la  valeur. 

Allan  kardec,  Agénor  de  (iasparin.  William  Crookes,  le  photo- 
graphe Hugucl.  Kus;q)i;i  Paladiuo.  Haraduc,  Mlle  Coue.sdon.  LécMj 
Denis  et  autres  initiateurs  ou  opérateurs  spirites  sont  l'objet  d'études 
curieuses  el  attachantes.  De  même,  les  philosophes  qui  ont  tenté  une 


—  41   — 

svslt'inalisalion  scieiitiU(}ii«;  (\rs  |tlit''iiiiiiii'-nos  du  spiritisme  :  Max- 
•\v('ll,  lioitac,  Grasset.  Le  I'.  Home  discute  chacune  des  maiiifeslaliotis 
^piiiles  (|ui  ont  retenu  ralteiiliou  du  public,  puis  dc'-crit  la  relijijjifru 
vl  la  morale  du  spiritisme.  Après  quoi,  il  expose  et  inolive  avec  force 
la  réprobation  de  l'ÉjLîlise  catholique  à  l'éjrard  des  cioyances  spirite^. 
^•ontraircs  au  dogme  chrétien,  et  des  pratiques  spiiiles.  où  Ton  peut 
<;iaiiiilre  parfois  quelque  influence  diabolique  et  où  Ion  doit  toujours 
îsignaler  un  grave  péiil  pour  la  morale  et  le  sens  commun. 

(Jrave  péril  aussi  [)our  le  sens  historique  :  car  l'immense  majorité 
xles  «  faits  merveilleux  »  agrées  comme  tels  par  les  croyants  du  spi- 
ritisme reposent  sur  la  plus  complaisante  des  crédulités  supersti- 
tieuses. Le  P.  Roure  n'a  pas  tort  de  citer  l'anecdote  de  Fontenellc  à 
})iopos  d'une  dent  d'or  qui  serait  poussée  (en  159.3)  à  un  jeune  enfant 
*le  Silésie  et  qui  donna  lieu  à  de  savantes  controverses  entre  docteurs 
des  Universités  germaniques.  La  dent  d'or  passa  pour  avoir  été 
envoyée  de  Dieu  afin  de  consoler  les  chrétiens  afïligés  pai-  les  Turcs 
v(.<tc).  «  Il  ne  manquait  autre  chose  à  tant  de  beaux  ouvrages  sinon 
<iu'il  fût  vrai  que  la  dent  était  d'or.  Quand  un  orfèvre  l'eût  examinée, 
il  se  trouva  que  c'était  une  feuille  d'or  appliquée  à  la  dent  avec  beau- 
<.-oup  d'adresse.  Mais  on  commença  par  faire  des  livres,  et  puis  on 
•«consulta  l'orfèvre...  »  Lauleur  du  Merveilleux  spirite  paraît  être  ce 
judicieux  orfèvre.  C'est  avec  profit  que  chacuii  le  consultera. 

YVKS  DE  LA  BhIBUE. 


Cîours  de  yéométi'ie  analvtique  à  l'usage  de  la  classe,  de  saathé- 
matiques  spéciales  et  des  candidats  aux  écoles  du  gouverne- 
ment, par  Georges  Milhalid  et  Éuolard  Pouget.  T.  l.  Géoinélrie  à  deux 
dimensions.  Paris.  Alcan,  1914,  gr.  in-S  de  ui-478  p.,  avec  13i  fife'.  et 
■238  exercices  et  problèmes  proposés.  —  Prix  :  12  fr. 

c(  Les  programmes  par  lesquels  l'enseignement  des  mathématiques 
spéciales  a  été  rendu  plus  moderne,  ont  déjà  duré  assez  longteni[)s 
pour  que  l'adaptation  de  l'enseignement  aux  modifications  qu'ils  ont 
-apportées  puisse  être  réalisée  dans  les  meilleures  conditions.  » 

Cette  remarque  de  M.  Borel  nous  explique  la  floraison  naissante^ 
««l'une  foule  d'ouvrages  sur  les  mathématiques  spéciales.  Le  but  pour- 
suivi par  tous  les  auteurs  est  double  :  fournir  une  base  sérieuse  aux 
lectures  et  aux  études  ultérieures,  et  surtout  mettre  en  lumière  les 
4^léments  nécessaires  à  la  résolution  des  problèmes. 

Le  problème,  en  effet,  joue  un  rrjle  capital  dans  l'enseignement  des 
sciences  exactes.  Par  lui,  l'intelligence  s'assouplit,  car  il  faut  appli- 
4]uer  les  théories  générales  à  des  cas  particuliers  :  l'esprit  de  synthèse^ 
se  iléveloppe,  puisqu'on  doit,  pour  traiter  une  même  question,  coor- 
donner des  notions  très  éparses  dans  le  cours.  Et  cependant,  lorigi- 


—  42  — 

nalitc  des  tempcramenfcs^e  conservé;  car,  en  géométrie  surtout,  nom- 
breuses sont  les  méthodes  qui  peuvent  conduire  au  résultat. 

Le  cours  de  MM.  Milhaud  et  Pouget  répond  parfaileinent  à  ce^ 
double  objet.  Des  exercices  nombreux  etvariés  terminent  les  cha- 
pitres dont  voici  la  distribution  générale  :  Systèmes  de  coordonnées. 

—  Ligne  droite,  éléments  imaginaires  et  à^l'infini.  —  Ra[)porl  aniiar- 
monique,  homograpliie  et  iuvolution.  —  Cercle.  — -  Construction  de 
courbes  (4  chapitres),  les  auteurs  s'étendent  avec  complaisance  sur 
les  points  de  rebroussemeiit,  les' droites  et  les  courbes  asymptotes. 

—  Courbes  délinies  par  des  conditions  géométri(iues,  enveloppes.  — 
Propriétés  intrinsèques  des  courbes  planes,  arc  et  courbure.  —  Étude 
des  courbes  du  second  degré  (^G  chapitres  dont  le  dernier  a  trait  à 
l'houjographie  et  l'involufion  sur  une  conique). 

L'exposition  est  précise  et  concise.  Les  élèves  ne  seront  pas  noyés 
dans  le  détail  ;  ils  trouveront,  mises  en  relief,  les  notions  fondamen- 
tales et  certaiives  esquisses.  pi<pianl  la  curiosité  des  meilleurs  d'entre 
eux,  leur  feront  pressentir  d'importantes  généralisations,  liiutilo 
d'ajouter  que  les  auteurs  ont  eu  tous  les  scrupules  du  professeur  de 
mathématiques,  pour  qui  la  rigueur  absolue  est  un  dogme  intangible. 
Conformément  au  programme,  ils  ont  signalé  loyalement  les  théo- 
rèmes qu'ils  supposent  établis  et  dont  la  démonstration,  parfois 
subtile,  rebuterait  de  jeunes  esprits,  préoccupés  avant  tout  d'action 
ra[)i(ie  et  de  marche  en  avant. 

Soigneusement  et  clairement  édité,  cet  ouvrage  rendra  de  grands- 
services  aux. élèves  et  sera  consulté  avec  ffuit  par  les  professeurs. 
.  ,  -      -:     .  ,  .     .    .      •;,  .    ,       - .  .  .  G.  Bertra^id. 


Conférences  de  eliiinie  minérale  fnîles  à  la  Sorboiiiie.  Métaux, 

par  Maiickl  r.uiciiAKD.  l*aris,  (jaiiUiier-Villius.  1910,  gr.  in-8  de  ix-i21  p. 
—  Prix  :  iï>  fr. 

Il  y  a  peu  d'ouvrages  français  sur  les  métaux  destinés  aux  étudiants 
de  l'Université  ;  M-'Guicliard  a  pris  l'initiative  de  combler  cette  la- 
cune en  publiant  sos  conférences  de  chimie  à  la  Sorbonne.  L'auteur 
expo.so  tout  d'abord  les  généralilés  indispensables  sur  les  sels,  les 
oxydes,  les  hydrates,  l'élcctroiyse  des  solutions  île.  sels,  l'hypothèse 
des  ions...  etc.  ;  il  aborde  ensuite  la  monographie  des  principaux  ■ 
métaux.  Laissant  de  côté  les  détails  qui  font  déjà  partie  du  pro- 
gramme de  l'enseignement  secondaire,  il  insiste  uniquement  sur  les 
combinaisons  caiactéristiques  de  chacjue  élément  ou  qui  ont  servi  à 
a[)puyer  quokpie  loi  de  la  chimie.  Dans  l'histoire  il'im  élément,  M.  • 
(juichnrd  s'atUK'he  à  recherclior  une  liaison  entre  tous  les  corps  qui 
contiennent  un  inf'îme métal  e.t  à  mettre  en  évidence  les  réactions- 
<le   Iranslurmatiou.     L'ordre    adopté   est    le  suivaat    :    les   métaux. 


—  4-3  — 

alcalins,  alcaliiio-tcrreiiv,  magnésiens  et  ceux  du  groupe  du  for 
foiineiit  utic  suite  iniporl.uite  où  l'on  voit  se  modifier  piogiessive- 
iiient  les  caractères  ;  vienneut  ensuite  les  métaux  plus  dilïiciles  à 
classer  :  le  groupe  du  cuivre,  le  plomb,  les  métaux  du  platine,  l'or  ; 
enfin  les  mélaux  métalloïdes  tels  (pie  le  bismuth,  le  vanadium,  l'étain 
dont  l'étude  ne  se  trouve  pas  toujours  développée  dans  les  ouvrages 
sur  les  métalloïdes.  La  classification  de  MendeleelT,  de  l'avis  de  M. 
Guichard,  ne  peut  être  suivie  dans  l'enseignement,  son  pi  incipe  étant 
trop  incertain.  II.  Coi.in. 

I.a  (*éolo(|ie    bîoloijique,    par    Stanislas  MELNir.n.  Paris,    Alcan.  1914, 
in-8  de  vii-328  p..  avec  :20  grav.  —  Prix  :  5  fr.  oU. 

Dans  ce  remarquable  ouvrage,  le  professeur  du  Muséum,  s'ap- 
puyant  exclusivement  sur  les  méthodes  géologiques,  examine  le 
caractère  de  l'activité  biologique,  qui  est  en  général  un  procédé  de 
synthèse  fort  différent  des  procédés  de  la  chimie  inorganique.  L'être 
vivant  agit  et  par  sa  substance  et  par  l'énergie  dont  il  est  le  foyer. 
De  telles  actions  multipliées  donnent  aux  produits  de  la  chimie  bio- 
logique un  volume  prodigieux  et  modifient  considérablement  les 
roches  les  plus  communes  de  l'écorce  terrestre  :  calcaire,  silice,  alu- 
mine, fer,  manganèse,  soufre,  carbonne,  phosphore,  azote,  etc. 
Actuellement,  ces  modifications  se  produisent  dans  trois  milieux  : 
l'atmosphère,  l'hydrosphère  et  la  zoosphère  et  M.  Meunier  les  recon- 
naît dans  les  temps  passés.  De  même,  après  avoir  analysé  la  fonction 
biologique  dans  l'époque  actuelle,  il  reconstitue  cette  fonction  au 
cours  des  temps  sédimentaires  antérieurs.  Après  avoir  insisté  sur  la 
continuité  du  phénomène  biologique  depuis  son  apparition,  il  se 
demande  comment  les  flores  et  les  faunes  se  sont  succédé  et  finale- 
ment comment  la  vie  est  apparue.  D'après  l'auteur,  qui  compare  la 
vie  à  la  cristallisation  «  subitement,  les  entités  dynamiques,  homo- 
logues de  la  force  cristallogénique.  mais  relative  aux  agencements 
physiologiques,  sont  sorties  de  leur  inertie  et  elles  ont  produit  des 
êtres  vivants  comme  les  centres  d'activité  cristalline  ont  produit  les 
minéraux.  »  (p.  311).  En  somme  la  vie  a  déterminé  la  production  de 
masses  rocheuses  sans  analogues  antérieurs  ;  elle  s'est  développée  au 
milieu  de  conditions  généralement  constantes,  sans  changements 
successifs  de  l'ambiance,  conformément  à  une  harmonie  souveraine 
qui  domine  toute  l'histoire  de  l'Univers  physique  et  qui  est  bien  faite 
«  poiu-  nous  rassurer  sur  la  finalité  des  choses  et  des  êtres.  »  Ces 
conclusions  sont  en  grande  partie  nouvelles  et  l'auteur  avertit  qu'elles 
sont  plus  ou  moins  opposées  aux  vues  généralement  admises  par  les 
naturalistes  ;  elles  n'en  sont  que  plus  intéressantes  pour  cela,  car 
elles  détermineront  un  examen  plus  serré  et  une  interprétation  plus 


_  44  — 

précise  (les  fjiils  (\('  I;i  géologie  biologique  et  par   suite  un    nouveau 
])rogrés  vers  la  connaissance  de  la  vérité. 

Il  est  regrettable  (pie  de  nombreuses  fautes  d'impression  déparent 
cetcuvrage;  en  voici(]uel(pies-unes:corboniquepourcarbonique,p.5  ; 
accariens  pour  acariens,  p.  53  ;  mycliorhizes,  pour  mycorhizes  ;  notre 
pour  nature,  p.  70  ;  préposition  à  manque,  p.  85  ;  gaslornis  pour  gas- 
trornis.  p.  95  ;  tliales  pour  thalles,  p.  90;  cupule  pour  cupules,  p.  147  ; 
d'abrès  pour  d'après,  p.  149  ;  atuels  pour  actuels,  p.  157  ;  sembable 
pour  semblable,  p.  158  ;  accu-Dulation  pour  accu-mulation,  p.  106  ; 
épaisses  pour  épais,  p.  167  ;  Schlnba:achia  pour  Schloenbachia,  p. 
168  ;  et  pour  est,  p.  181  ;  licllovocensis  pour  Bellovacensis,  p.  183  ; 
intimes  pour  intime,  p.  187  ;  tortorien  pour  lortonien,  p,  203  ;  em- 
brogénie  pour  embryogénie,  p.  210  ;  dinanlion  pour  dinantien, 
p.  221  ;  races  pour  traces,  p.  220  ;  'lœnipoleris  pour  Teniopteris, 
p.  230  ;  Stigmiara  pour  Sligmaira.  p.  239  ;  déterminant  pour  déter- 
mine, p.  204  ;  Ignanodo  pour  Iguanodon,  p.  274  ;  es  pour  est, 
p.  281  ;  chyastolitho  pour  cliiastolile,  Dalamanites  pour  Dalmanites, 
p.  292  ;  1980  pour  1906.  p.  300.  J.-B.  Martin. 


I^es  Kaux-fortes  de  Kcmbrandt.  I,' Ensemble  de  l'icnvre.  La  Technique 
des  «  Ce.nl  Jlorins  >>.  Les  Caivres  (ji-arés,  par  Andué-Charles  Goi'I'IER. 
Taris,  Berger-Levrault,  1917,  in-4  de  vnt-138  p.,  avec  127  grav.  —  Prix  : 
40  fr. 

Lorsque  l'cTeuvie  d'un  artiste  est  jugée  par  un  homme  du  métier, 
on  peut  être  assuré  d'avoir  grand  profil  à  en  lire  la  critique  ;  si  l'ar- 
tiste est  Rembrandt,  et  si  le  graveur  (jui  l'étudié  se  trouve  être,  par 
surcroît,  un  érudil  et  un  écrixain,  il  \  a  toutes  les  chances  du  monde 
pour  (pie  le  travail  soit  non  senleuient  profitable  mais  durable,  et 
sur  certains  points  définitif.  Tel  est  le  cas  du  beau  livre  de  M.  André- 
Charles  Coppier  sur  Les  Eaux-fuiies  de  RembraïuU.  Bien  des  volumes 
ont  été  publiés  sur  Rembrandt  ;  toutes  ses  œuvres  connues,  peintes 
ou  gravées,  ont  fait  l'objet  de  nombreuses  reproductions  ;  et  cepen- 
dant que  de  mystères  encore  dans  l'histoire  du  plus  surprenant  des 
maîtres  !  Que  de  catalogues  contradictoires,  où,  par  ordre  alphabé- 
tique, les  373  pièces  que  lui  attribue  Charles  Blan^  sont  jetées  pélc- 
méle,  sans  le  moindre  souci  de  l'ordre  chronologique,  à  moins 
qu'elles  ne  soient  classées,  comme  on  faisait  jadis,  par  séries  de 
sujets  !  Au  milieu  des  œuvres  les  plus  sûres  des  faux  se  sont  glissés, 
introduits  [tar  la  comf)laisance  des  marchands  et  des  amateurs  ;  et 
comment  les  expulser,  sinon  par  une  étude  minutieuse  de  la  tech- 
iTnpie  du  iii,iîlre  aux  diverses  périodes  de  sa  vie  ?  Dcyà  le  graveur 
anglais  Seyiuuui-lladen  s'y  était  essayé,  mais  avec  un  zèle  si  impru- 
tlenl  (ju'il  léduisait  presciue  des  quatre  cin(piièmes  le  total  générale- 


—  4r,  — 

ment  admis,  et  cela  sur  des  considérations  fort  arbitraires  de  senti- 
ment tout  personnel.  M.  Coppier,  tout  au  contraire,  a  inauguré  tme 
uiélliode  que  nous  {)ourrions  appeler  d'expérimentation  scienli(i(pje  ; 
car  il  procède,  non  seulement  par  un  examen  de  la  tecliriiqiie,  du 
maniement  de  l'outil,  où  son  œil  infiniment  sensible  lui  découvre  les 
liabitndes  prises  et  le  retour  des  mêmes  procédés,  mais  encore  par 
une  analyse  des  matériaux  eux-mêmes  dont  Uembrandl  s'est  servi  ;  il 
a  eu  l'heureuse  fortune  de  tenir  en  mains  une  partie  des  cuivres  origi- 
naux, qui,  après  les  plus  singulières  aventures,  ont  survécu  jusqu'à 
nos  jours.  .Avec  ces  cuivres  il  a  fait  des  essais  de  tirages  aussi  |)artaits 
(jiio  ceux  d'autrefois,  et  il  nous  donne  de  précieux  agrandissements 
(jui  sont  pour  l'étude  du  génie  de  Rembrandt  des  documents  vraiment 
révélateurs.  Son  analyse,  ainsi  conduite,  de  la  célèbre  pièce  «  aux 
Cent  llorins  »  est  un  chef-d'œuvre  de  méthode,  et  servira  désormais 
de  hase  aux  éludes  à  venir.  La  superbe  présentation  du  livre,  où  les 
eaux-fortes  les  plus  fameuses  sont  fidèlement  reproduites  dans  leurs 
dimensions  d'origine,  fait  le  plus  grand  honneur  à  la  maison  Berger- 
Levrault  ;  et  je  ne  saurais  trop  louer  le  goût  et  la  passion  sincère  qui 
soutiennent  et  réchauffent  d'un  bout  à  l'autre  ce  minutieux  travail 
d'investigation.  M.  Coppier  fait  mieux  que  de  connaître  tout  l'œuvre 
de  Komhrandt  ;  son  amour  le  vivifie  et  le  ressuscite  à  nos  yeux. 

André  Pér.\té. 

LITTÉRATURE 

Pierre  Corneille,  par  \uguste  Dorchain.  Paris,  Garnier,  1918,  in-16  de 
i,-;i!»4  p.  —  I^rix  :  3  fr.  50. 

On  a  certes  beaucoup  écrit  sur  Corneille.  La  matière  pourtant 
n'était  pas  épuisée,  car  M.  Auguste  Dorchaiu  y  a  trouvé  le  sujet  d'un 
très  bon  livre.  Douze  chapitres  le  composent,  intitulés  :  I.  L'Enfance 
et  la  Jeunesse,  —  Les  Premiers  Vers.  —  II.  Premier  Amour  et  pre- 
mière pièce.  —  ((  Mélite  ».  —  III.  Le  Théâtre  en  162Î).  —  «  Cli- 
laiiiire  ».  —  «  La  Veuve  ■-.  —  «  La  Galerie  du  Palais  ».  —  IV.  u  La 
Suivante  ».  —  «  La  Place  Royale  ».  — Une  Collaboration  avec  Riche- 
lieu. -  V.  ((  Médée  ».  —  «  Llllusioii  comique  ».  —  Le  Triomphe  du 
«  Cid.  »  —  VI.  La  Querelle  du  «  Cid  ».  —  «  Horace.  »  —  VU.  «  Cinna  ». 
—  Le  Mariage  de  Corneille.  —  «  Polyeucte  «.  —  VllI.  «  Pompée  ». 
' —  «  Le  Menteur  ».  —  «  La  Suite  du  Mentenr  ».  —  IX.  Corneille  et 
le  nouveau  règne.  —  De  a  Rodogune  »  à  c  Iléraclius  ».  —  X.  Cor- 
iieille  et  la  Fronde.  —  D*  «  Andromède  »  h  «  Perthsarite  ».  —  Années 
de  retraite,  —  Le  Poète  de  «  L'Imitation  ».  —  XL  Vie  intime.  — 
Molière  à  Rouen.  —  Retour  au  théâtre.  —  «  Œdipe  ».  —  <(  La  Toi- 
son d'or  ».  —  «  Sertorius  ».  —  XII.  Corneille  à  Paris.  —  La  Rivalité 
avec  Racine.  —  Une  Collaboration  avec  Molière.  —  Dernières  Année* 


cl  deniicies  œuvres.  —  Conclusion.  —  L'un  des  caractères  et  des 
mciitcs  particuliers  de  l'ouvrage  est  l'abondance  des  détails  histo- 
riques, biograpiiiques  et  topograpliiqucs  que  l'on  y  trouve.  Les  cir- 
constances et  les  milieux  où  a  vécu  Corneille  et  où  son  œuvre  s'est 
produite  y  sont  étudiés  de  près  et  présentés  avec  une  exactitude  tou- 
jours instructive,  souvent  pittoresque.  L'auteur  a  perçu,  quelquefois 
pcut-éiro  imaginé  des  rapprochements  neufs  et  ingénieux.  L'étude 
morale  et  littéraire  de  l'œuvre  du  grand  tragique  n'a  pas  d'ailleurs 
été  sacrifiée  à  l'allure  narrative  et  anecdotiquc  du  livre.  Elle  a  été,  au 
-contraire,  autant  (jiie  possible,  poussée  à  fond.  Le  style  se  ressent  du 
voisinage  de  Corneille,  mais  aussi,  moins  heureusement,  d'habitudes 
romantiques.  L'ouvrage  mérite  de  durer.  M.  S. 

Frédéric  Mistral,  poète,  moraliste,  citoyen,  par  Pieure  Lassekhe. 
Paris.  Payot,  IDl.S,  in-16  de  286  p.  —  Prix  :  4  Ir.  ;JU. 

Frédéric  Mistral  est  un  grand  poète.  11  serait,  croyons-nous,  diffi- 
cile de  mieux  comprendre  la  nature  et  le  caractère  de  son  talent  et  de 
ses  idées  dirigeantes  que  ne  l'a  fait  M.  l'ierre  Lasserre.  Il  a  étudié  de 
façon  précise  et  avec  une  vue  pénétrante  ses  œuvres  d'une  part  et  de 
l'autre  ses  doctrines,  mais  en  mêlant  et  en  fondant  l'une  dans  l'autre 
ces  deux  études  en  douze  chapitres,  savoir  :  1.  Mistral,  poète  de  lu 
patrie.   —  IL  La  Vocation  du  poète.   —  III.   Les  Influences  :  I    Le 
Mouvement  des  nationalités.   —   IV'.   Les  Influences  MI.  Le  Jacobi- 
nisme centralisateur.  — V.  Fondation  du  félibrige.  —  VI.  Mireille.  — 
VIL  Calendal  ;  I.  L'Idée  générale.  — ^'1II.  Calendal  :  IL  Les  Épisodes. 
—  IX.  Nerte.  —  X.  Le  Poème  du  Rhône.  —  XL  L'Œuvre  lyrique.  — 
Xll.  Vue  d'ensemble.  Dans  l'examen  des  œuvres  M.  Lasserre  a  déve- 
loppé de  justes  et  perspicaces  considérations  d'esthétique  et  de  goût, 
de  style  et  de  versification.  Telles  sont,    par  exemple,  ses  réflexions 
^ur  la  littérature   prétendue  primitive  (p.-  22)  et  sur  le  fens  du  par- 
fait dans  les  lettres  (p.  26o  et  suiv  )  ;  telles  ses  observations  sur  les 
mètres  et  les  rythmes  employés  par  Mistral.  Ses  analyses  sont  senties, 
vivantes,   passionnées,   qiieUpicfois' un  peu   obscures   ;  ses  cilalions 
bien  choisies.  Sa  traduction  rythmique  de  la  Chanson  deSiiffrcn  (p.  \)i} 
est  particulièrement  remarquable.  Dans  l'examen   des  iloctrines  du 
poète,  M.  Lasserre  a  introduit  l'exposé  des  siennes  propres,  très  inté- 
ressantes. Il  a  touché  aux    points   suivants,  indiqués,  encadrés  sur  la 
couverture  même  do  son  livre  et  la  page  du  litre  :  La  Nationalité,  les 
Provinces,  la  Décentralisation,  ridéelatine,  la  Civilisation  catholicpie, 
rilunanisme   moderne.    C'est   donc  un   ouvrage    de    politique   et  de 
[)liilosophie  en    mèiuo  leujps- que  de  littérature.  L'histoire   aussi  y 
•  lient  \\\\Q  place.  Nous  signalerons  à  cet  égard  la  distinction  exacte  et 
■^  fine  établie  cnlrc  la  cenlralisation  monaichiquc  des  derniers  temps  de 


—  47   — 

l'aiiciciine  France  et  la  centralisation  actuelle,  issue  rie  la  Révolution 
<^t(io  l'Enipire  (p.  59  et  suivj.  Nous  citerons  encore  les  observations 
judicieuses  et  perspicaces  sur  la  guerre  des  Albigeois  (p.  liO  et  suiv.). 
Nous  relèverons  à  ce  propos  un  léger  la/)S(is.  Ce  n'est  pas  le  clief  do 
<3etle  terrible  croisade,  Simon  de  Montfort,  mais  bien  son  lils.  de  même 
nom.  qui  fut  comte  de  Leicesler  (p.  147).  Une  autre  erreur  est  d'attri- 
buer à  notre  Bretagne  l'origine  du  cycle  des  romansde  la  Table  ronde 
(p.  41).  C'est  de  Grande-Bretagne  qu'il  vient.  M.  Lasserre  est  i^  vi- 
goureux penseur  et  son  style  est  digne  de  sa  pensée,,  dru,  ^|ré, 
un  p('u  tendu,  avec  un  éclat  pour  aitisi  dire  métallique.  L'élé^ffice 
ne  lui  est  pourtant  pas  toujours  étrangère  et  nous  avons  cru  remar- 
(luer  comme  un  heureux  écho  de  Racine  dans  son  chapitre  sur  A'cr/g. 
Quoi  qu'il  en  soit  c'est  un  écrivain  qui  laisse  dans  l'esprit  du  lecteur 
une  forte  trace.  La  gloire  de  Mistral  se  trouvera  bien  de  son  livre. 

Mahius  Sepet. 


Payes  choisies  de  Rubén  Daiuo.  Choix  et  préface  de  Ventuka  Garcia. 
CAr.DKuÔN.  Traductions  de  Marils  Anuré,  G.  Jean  Albky,  Alfred  de 
BenuoeghIîa,  Jean  Cas.soii,  Max  Daireaux,  Georges  Hérei.u;.  M"""  13.  M. 
MouENO,  Georges  Pu-lemext,  (jabriel  Soulages  et  André  Wurmser. 
Paris.  Alcan,  1918,  iu-8  de  xl-149  p.,,aveç  poitiait.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Né  à  Chocoyos  en  Nicaragua  le  8  janvier  18G7,  mort  le  6  fé- 
vrier li)iO,  Félix  Rubén  Garcia  Sarmiento,  qui  s'est  illustré  comme 
écrivain  sous  le  nom  de  Rubén  Dario,  emprunté  à  l'un  de  ses  aïeux, 
est  une  des  gloires  de  la  littérature  espagnole  contemporaine.  Il  a 
exercé  sur  toute  la  jeune  école  de  l'Amérique  du  sud  et  même  de 
l'Espagne  une  influence  considérable.  Lui-même  s'est  formé  en  partie 
à  l'école  d'un  de  nos  compatriotes,  Paul  Groussac,  qui  a  joué  dans 
l'Argentine  un  rôle  littéraire  assez  important  :  «  Il  m'apprit  à  penser 
en  français  »,  a-t-il  dit  lui-même.  Et,  en  effet,  Dario  a  toujours  eu 
pour  la  France  et  pour  sa  littérature  un  véritable  culte  ;  si  l'Espagne 
est  demeurée  pour  lui  «  la  mère  patrie  »,  il  a  salué  dans  la  France 
«  la  Patrie  universelle.  »  Et  quelques  jours  avant  le  déchaînement  de 
la  guerre  actuelle,  il  écrivait  en  français  pour  le  5''  anniversaire  du 
Comité  France-Amérique,  le  25  juin  1914.  cette  belle  Ode  à- la 'France, 
qu'il  faut  remercier  M.  Garcia  Calderon  d'avoir  insérée  dans  le  choix 
qu'il  nous  offre  des  œuvres  du  grand  poète  :  les  pages  que  l'on  trou- 
vera ici,  dans  des  traductions  , dues  «  à  qiïelques  écrivains  d'élite, 
choisis  parmi  ceux  qui  connaissent  le  mieux. les  littératures  d'Espagne 
et  d'Amérique  »,  écrites  les  unes  en  prose,  les  autres  en  vers,  donne 
ront  une  idée  du" beau  et  souple  talent  de  l'illustre  écrivain  dont  la 
mort  prématurée  est  due,  en  partie  au  moins,  à  l'horreur  de  laguerre. 
Peut-être  eussions-nous-  préféré   ^'au'  lieu  de   nous   présenter  de 


—  48  — 

<|iiflques  morceaux  deux  traductions  dilTérenles.  l'une  en  prose  et 
l'autre  eu  vers,  on  augmentai  le  nombre  des  pièces  traduites,  que 
Ton  nous  donnât  par  exemple  dans  son  intégrité  l'Hymne  a  l' Argen- 
tine. Mais,  tel  qu'il  a  été  fait,  le  choix  nous  semble  excellent;  il  y  a 
là  des  pages  vraiment  belles  et  éloquentes,  dignes  de  figurer  dans  la. 
«  Bibliollièque  France-Amérique  »  et  de  se  fixer  dans  la  mémoiie  de 
tout  homme  de  goût. 

Il  est  fâcheux  seulement  que  trop  de  fautes  déparent  ce  petit 
vohAe.  si  propre  à  faire  comprendre  cl  goûter  la  littérature  sud- 
américaif.c.  E.-G.  Ledos. 


Mon  Journal  lîll».  Paris,  Ilaclietle.  gr.  in-S  do  832  p.,  illustré  de 
nombreuses  gravures  on-  noir  et  ou  coulem-.s.  Abonnement  annuel  : 
Franco,  1(J  fr.  ;  Union  postale,  i2  fr.  Prix  du  volume  reliure  toile,. 
Il-,  rouges  :  1  i  tV. 

<|ui  *.*  I*otirqiioi  '.*  (Comment  '.*  L'Encyclopédie  de  la  jeunesse, 
ToMio  [V  l'jiiis,  Larousse,  s.  d.  (1918),  gr.  in-8  carré  paginé  129  — 
200  +  21G1  —  2880  -f  iv,  avec  700  grav.,  9  hors  loxie  en  couleur  et  ut» 
Supplômont  illustré  :  Les  IiiKu/es  de  la  guerre.  —  Aboiuienient  à  9  n" 
couslituant  un  tome  :  Fianoo,  10  fr.  ;  Étranger,  12.  Prix  du  volume 
reliure  toile,  tèfe  dorée  :  12  fr. 

Histoire  d'un  casse-noisette,  par  Af.exandiie  Dcmas.  Paris.  Hachette, 
19IS.  in-ltl  de  xi-227  p..  illustré  do  1231  vigneltcs  pnr  Bortall  {LiibUolhcqae 
rose  illustrée).  —  Prix  :  Broché,  3  fr.  ;  cartonné,  tr.  dorées,  4  fr.  50. 

—  L'année  de  dure  épreuve  1918,  qui  devait  être  celle  de  la  vic- 
toire, a.  comme  les  précédentes,  trouvé  Mon  Journal  sur  la  brèche. 
Avec  quelle  allure  militaire  et  patriotique  !  Avant  même  d'ouvrir 
le  volume,  on  en  a  l'impression  en  regardant  le  premier  plaides  cou- 
vertures où  l'on  voit  trois  adolescents  anglais,  américain  et  français 
—  ce  dernier  au  bout  de  la  légendaire  pipe  du  «  Poilu  »  —  se  serrer 
cordialement  la  main.  11  convient  donc,  en  premier  lieu,  de  men- 
tionner des  récits  de  guerre  ;  non  pas  tous  —  ils  sont  trop  —  mais 
<eux  qui  ont  le  plus  i)arliculièrement  retenu  notre  attention.  Voici 
lEcadé  :  M.  Marc  Saunier  a  écrit  sous  ce  titre  une  nouvelle  que  nul 
ne  pourra  lire  les  veux  secs.  Le  même  écrivain  nous  donne  aussi  : 
Ix  Mar(]uis  de  la  Boarse  plate  :  noie  gaie.  M.  Norbert  Seveslrc,  à  son 
tour,  laconte  comment  l'un  des  six  Petits  l'Jiasxears  d'œiij's  ronges. 
qu'il  nous  j)réseute,  fait  arrêter  urt  Hoche,  cpii  fut  naguère  le  bour- 
r<'au  (\v  son  père  caj)lif  eu  Allemagne.  Citons  eu  courant  :  Fcrnand 
de  liohden,  par  M.  Auguste  Hailly  ;  Deux  Cœurs  d'or,  par  .M.  Marc 
'Saunier  ;  L'Auberge  des  «  Trois  Obus  >»  et  la  Maison  mystérieuse,  par 
le  même  ;  Le  Moulin,  par  M'""  Andrée  Dalny,  etc.  Dans  un  genre  plus 
.sérieux,  enregistrons  :  (Uiez  tes  aveugles  de  la  guerre  (article  signé 
M.  G.)  et  le  Canon  gui  tire  sur  l'aris,  par   M.    Maxime   Vuillaun)e,  — 


—  49  — 

rarini  les  sujets  qui  ne  se  rapportent  pas  à  la  Grande  Guerre,  nons 
-iwons  remarqué  :  Le  Voltigeur  hollandais,  inléressanle  légende  mari- 
time. ])ar  M.  Maurice  Couallier  ;  Extraordinaire  Vocation,  où  M.  René 
Miguel,  avec  beaucoup  d'entrain,  montre  par  quelle  circonstance  l'il- 
lustre peintre  Murillo  s'aperçut,  un  beau  matin,  qu'il  avait  un  élève 
inconnu,  bientôt  découvert,  auquel  il  prédit  lo  succès  et  la  gloire. 
On  trouve  aussi  ilans  Mon  Journal,  sans  compter  ce  que  nous  passons 
15OUS  silence,  trois  romans  d'assez  longue  lialeine  :  La  Coupe  des 
Minimes,  par  M.  Norbert  Sevestre  :  Mallie  Briggs  et  liosc  Crillon,  i)ar 
M.  M.  du  Genesloux  et  enfin  les  Sous-Mari/tsJ'a/ilônies,  par  M.  Georges- 
<î.  Tondouze,  récit  qui  plaira  à  tous  les  âges,  car,  par  ses  aventures 
•extraordinaires,  il  reflète  la  manière  de  Jules  Verne. 

—  Pour  la  j)remière  fois,  nous  avons  à  parler  du  gracieux  pério- 
-dique  mensuel  que  pul)lie  la  liljrairie  Larousse  sous  le  titre  :  Qui  ? 
Pounfuoi  ?  Comment  ?  L'Encyclopédie  de  la  jeunesse.  Le  tome  1\  de 
la  collection,  dont  la  matière  a  paru  en  1918,  est  un  énorme  volume 
de  près  de  800  pages,  illustré  à  profusion  et  habillé  d'un  cartonnage 
î;imple,  mais  solide.  Ce  qui  frappe  tout  de  suite,  c'est  la  grande 
variété  des  sujets,  catalogués  à  la  table  en  douze  sections  dont  la 
seule  indication  évoque  des  idées  et  excite  la  curiosité,  savoir  :  i.  La 
Terre  et  son  histoire  ;  2.  Le  Livre  de  la  nature  ;  3.  Tons  les  pays  ;  4. 
Les  Grands  Voyages  ;  0.  Histoires,  contes  et  récits  ;  6.  Oui?  Pourquoi? 
Comment  ?  7.  Choses  qu'il  faut  connaître  ;  8.  Hommes  et  femmes 
célèbres  ;  9.  Pages  à  lire  et  à  retenir  :  10.  La  Vie  et  la  Santé  ;  1 1.  Jeux, 
travaux  et  occupations  ;  \2.  La  Guerre  libératrice.  Ajoutez  à  cet  en- 
semble un  Supplément  illustré  :  Les  Images  de  la  guerre  dont  les 
72  jiages  sont  placées  en  tète  du  volume.  Ces  «  images  >>,  au  nombre 
de  150  environ,  représentent  des  scènes  maritimes,  terrestres  ou 
aériennes  :  c'est  un  kaléidoscope  des  plus  intéressants.  Impossible  de 
citer,  même  en  choisissant,  tout  ce  qui  mériterait  de  l'être.  Notons 
cependant,  dans  la  .o^  section,  un  conte  amusant  :  Alice  au  pays  des 
merveilles  et  dans  la  8'^  :  Sainte  Geneviève  et  les  Huns.  Enfants  et 
parents  prendront  plaisir  à  ces  lectures  où  la  science  en  ses  diverses 
manifestations,  la  littérature  et  l'histoire  sont  largement  représentées, 
sans  prétention,  d'une  manière  aimable. 

—  Qui  aurait  supposé  qu'.\Iexandre  Dumas,  conteur  si  français 
dallure,  aurait  marché,  certain  jour,  sur  les  traces  —  j'allais  dire  les 
j)lale-bandes  —  d'Hoffmann  '?  Son  Histoire  d'un  casse-tioisette,  que 
nous  donne  la  «  Bibliothèque  rose  »,  est  renversante.  Sachez  d'abord 
que  ce  casse-noisette,  à  figure  grotesque,  n'est  autre  que  le  neveu 
d'un  vieux  savant  de  Nuremberg,  rapetissé  et  figé  en  quelque  sorte 
{)ar  ensorcellement.  D'apparence,  il  est  en  bois.  Le  savant  offre  l'ob- 
jet  à    l'une  de  ses  petites  nièces  qui   se  sent  prise  aussitôt  d'une 

Janvieiv19I9.  T.  CXLV.  4. 


—  30  — 

extraordinaire  sympalhic  pour  la  monstrueuse  figure.  Dans  ce  conte- 
fantastique  l'on  voit  s'agiter  —  il  faut  voir  comment  !  —  un  roi,  une- 
reine,  des  princes,  des  princesses,  de  malfaisantes  souris,  des  enfants, 
leurs  parents,  et  j'en  passe  !  liref,  d'aventure  en  aventure,  de  protlige 
en  prodige,  le  casse-noisette  finit  par  reprendre  sa  forme  humaine  et 
par  épouser  sa  charmante  cousine  qui  l'a  toujours  soigné  et  protégé 
quand  il  était  en  bois.  Illustration  abondante  et  amusante. 

E.-A.  Chapcis. 


Les  Contes  de  fées  de  la  guerre.  La  Petite  Reine  \oble  de  Bei- 

<|iqiie,  par  M"''  A.  Galandy.  Paris,  Delagrave,  liJlS.  album  petit  in-4  de 

'.\2  p..  iliuslialions  de  A.  Raynolt.  —  Piix.  cartonné  :  2  fr.  25. 
La  Première  Chasse  de  l'oum,  toxte  et  dessins  de  Mad  Hijumet.  Paris, 

Haclietle.  s.  d.  (1018).  albiun  in-4  de  25  p.  —  Prix,  cartonné  :  2  fr. 
Les  Campajjaes  de  M.  Trouvé-Tout  sur  terre,  par  H.  Lanos.  Paris, 

Hachette,  s",  d.  (1918),  album  in-4  de  12  p.  —  Prix,  cartonné  :  2  fr. 
Les  Campayiies  de  M.  Trouvé-Tout  sur  mer,  par  le  même.  Paris, 

Ilaciiette,  s.  d.  (liJhS),  al-I)uin  in-4  de  12  p.  —  Prix,  cartonné  :  2  fr. 
Les  Oiseaux  chantent,   par  R.   de  la   INézikkf,.  Paris,    Hachette,  s.  d. 

(IIMS),  album  in-4  de  12  p.  —  Prix,  cartoiuié  :  2  fr. 
Nos  Animaux,  par   le   même.    r\Tris.  Haclielte,  s.  d.  (1918).  album   in-4 

de  '12  p.  —  Prix,  cartoiuié  :  2  fr. 

—  Dans  sa  dernière  livraison,  le  Polyhiblton  (novembre-dé- 
cembre 1918,  t.  CXLllI,  p.  3(11)  a  présenté  à  ses  lecteurs  les  deux 
albums  de  M""  A.  Galandy.  ilbislré  par  A.  Uaynolt  :  La  Petite  Serbie 
q\  la  Princesse  llalia.  En  voici  un  troisième  :  La  Pclile  Reine  Noble  de 
HcUjiqite.  C'est,  cela  se  devine  (lisément,  l'histoire,  à  l'usage  de  l'en- 
fance, de  l'odieuse  agression  allemande  dont  la  Belgi(pic  a  tant  souf- 
fert pendant  plus  de  quatre  années.  Là,  nous  retrouvons,  agissant 
comme  les  personnages  de  contes  de  fées,  l'Ogre  Boche,  le  Hull-dog 
anglais  le  Coq  gaulois,  plus  le  Génie  de  l'Honneur  (le  roi  Albert)  et 
la  Fée  de  la  Bonté  (la  reine  Elisabeth)  et  si  l'on  n'assiste  pas  encore 
à  la  punition  de  l'Ogre  Boche  et  au  triomphe  de  ses  adversaires,  on 
pressent  ce  triomphe  et  cette  juste  punition.  Cet  album  de  la  librai- 
rie Delagrave  est  le  digne  pendant  des  deux  précédents. 

—  La  Première  (lliasse  de  Poum  est  le  seul  des  cinq  albums  de  la 
librairie  Ihichette  (pii  soit  accouipagné  d'un  texte  formant  récit.  Mad 
llerniet  nous  apprend  là  comment  le  jeune  Poum  et  son  chat  Mimi 
nouent  des  relations  hostiles  d'abord,  puis  très  cordiales,  avec  la 
girah?  Arabella.  l'éléphant  Boby.  l'ours  Joë  et  la  tortue  Milady,  pen- 
sionnaires d'un  circpie  en  libre  promenade,  et  ce  (pii  s'ensuivit. 

—  Les  Campagnes  de  }L  Trouve-Toul  xa/'/c/vc  débutent  bien  :  grâce 
à  sf)n  dirigeable,  notre  inventeur  captuie  deux  généraux  allemands. 
Mais  certain  soir,  il  est  assailli   par  une  allreusc  hèle  :  c'était  le  pre- 


—  51  — 

?uier  tank  !  —  Sur  mer,  M.  Tiouve-Toul  (;.4  le  Jjéioà  d'aveuluresi^pp 
pareilles.  Entre  autres  exploits,  d'un  jet  de  son  liquide  glace-mer,  il 
transforme  presque  aussitôt  un  sous-marin  en  bloc  de  glace.  Si  vous 
voulez  en  savoir  davantage,  voyez  ces  deux  albums  dûs  à  la  haute 
fantaisie  de  M.  H.  Lanos. 

—  Avec  M.  il.  de  la  Nézière,  les  enfants,  en  ouvrant  raibum  inti- 
tule :  Les  Oiseaux  chanlenl,  s'amuseront  beaucoup  en  regardant  les 
douze  grandes  scènes  de  «  chant  »  où  figurent  autant  d'espèces  d'oi- 
seaux, depuis  le  perroquet  jusqu'au  dindon,  en  passant  par  la  pie.  le 
rossignol,  le  coq  et  plusieurs  autres.  —  Du  même  M.  de  la  >«ézière, 
voici  l'album  qu'il  consacre  à  Ao.s  Animaux,  rangés  par  ordre  alpiia- 
bétique,  en  commençant  par  l'Aigle  et  finissant  par  la  Zibeline.  Cet 
album  servira  utilement  aux  mamans  qui,  de  façon  agréable  pourles 
tout  petits,  voudront  initier  ceux-ci  aux  premiers  mystères  de  la  lec- 
ture. 

Les  images  en  couleurs  des  cinq  albums  de  la  librairie  Ilacliclte 
sont  très  attrayantes.  E.-A.  C. 


HISTOIRE 


Dans  l'Orient   byzantin,  par  Ciiarlks  Dieih,.  Paris,  de  Boccard,  l'.JIT, 
in-lG  de  vn-3.31  p.  —  Prix  :  3  fr.  30. 

Gomme  dans  tout  ce  qu'il  écrit,  .M.  Diehl  a  su  joindre  l'agrément 
d'une  forme  piquante  à  la  solide  érudition  du  fond.  Toutes  ces 
matières  byzantines  lui  sont  si  familières  qu'il  semble  s'y  jouer,  et 
son  art  consiste  précisément  en  ceci  que.  disposant  d'une  masse  de 
matériaux  dont  un  esprit  moins  avisé  et  moins  soucieux  de  plaire 
j)Ourrait  sans  peine  nous  accabler,  il  sait,  tout  en  instruisant,  ne 
nous  en  donner  que  la  fleur.  Recueil  d'articles  et  de  conférences,  quel- 
ques-unes de  ces  pages  prennent  un  caractère  d'actualité  sur  lequel 
n'avait  pas  compté  leur  auteur.  A  part  une  étude  sur  la  si  curieuse 
église  de  Sainte-Marie- Antique,  retrouvée  il  y  a  quelque  vingt  ans  au 
pied  du  Palatin,  et  un  rapide  et  lumineux  essai  sur  Rome,  reliquaire 
d'histoire,  c'est  à  travers  les  monuments,  l'histoire,  et  les  honjnies 
de  l'Orient  byzantin  que  nous  promène  l'auteur  :  sanctuaires  chré- 
tiens d'Egypte,  aimables  souvenirs  de  la  belle  excursion  que  fut  Le 
deuxième  congrès  archéologique  ;  Bethléem  et  le  sanctuaire  de  la 
Nativité,  à  propos  du  beau  livre  des  P.  dominicains  Vincent  et  Abel  ; 
Salonique,  sortie  soudain  de  sa  |)énombre,  nom  qu'indépendammet»  L 
des  grands  intérêts  qui  y  sont  en  jeu,  la  présence  de  tant  d'êtres  chers 
retient  sans  cesse  dans  la  pensée  d'un  grand  nombre  d'entre  nous, 
Salonique  dont,  hélas  !  l'auteur  de  ces  pages  aura  l'un  des  derniers 
parmi  les  savants,  contemplé  les  nobles  basiliques  et  les  splenoides 


•;o 


mosaïques  ;  Conslanlinople,  devenue  hostile,  et  Saiiilo-Sf>pliie.  et  les 
souvenirs  byzantins  dabord,  puis  la  métropole  islaMiicpio  avec  soa 
pittoresque  somptueux,  depuis  longtenjps  atténué,  presrpie  effacé  ; 
Chypre,  où  nous  ramène  le  beau  drame  lyrique  de.  J.  d'Vnnunzio, 
la  Pisanelle.  De  belles  pages  d'histoire  :  l'œuvre  de  Byzance  dans 
l'Italie  méridionale  ;  l'empire  latin  de  Conslanlinople  :  l'érudition 
soutenue  par  une  fine  critique  d'art:  iillnsLraUon  du  Psautier  dans 
l'art  byzantin.  Enfin,  car  les  hommes  retiennent  le  subtil  écrivain 
aon  moins  que  les  faits  et  les  monuments,  deux  portraits  :  l'un  du 
^;age  et  praticjue  seigneur  Caucomenos,  l'autre  de  la  pitoyable  et 
douloureuse  princesse  de  Trébizonde,  l'héroïne  aux  destinées  roma- 
nesques. Pyschologie,  paysages  enlevés  avec  un  art  exquis,  discus- 
sions serrées,  larges  tableaux  d'histoire,  on  trouvera  tout  cela  dans 
cet  aimable  et  savant  volume,  qui,  comme  chacun  de  ses  prédéces- 
seurs, fera  vivement  désirer  le  suivant.  André  BAUimiLi,.4UT. 


Les  Collections  canoniques  romaines  de  Tépoqne  «le  <ilré- 
goire  VII,  par  Paul  Foukmkr.  Paris,  C.  Klincksieck,  l'JttS,  in-i,  de  131  p. 
—  Prix  :  5  fr.  50. 

Cet  important  mémoire  éclaire  un  des  aspects  les  plus  intéressants 
de  la  réforme  grégorienne.  Celle-ci  prétendait,  à  tort  ou  à  raison, 
restaurer  la  discipline  des  premiers  siècles.  Elle  sentait  le  besoin  de 
s'appuyer  sur  des  textes.  Les  collections  antérieures  ne  pouvaient 
sullire.  Elles  étaient  encombrées  de  textes  douteux,  oiseux,  en  con- 
tradiction avec  des  principes  essentiels,  empruntés  à  des  sources 
anglo-saxonnes,  franques,  germaniques,  qui  avaient  toujours  éveillé 
les  défiances  de  Home.  11  fallait  revenir  à  la  tradition  purement 
romaine,  et  remettre  en  honneur  les  titres  de  ce  Siège  apostolique, 
seul  capable  de  faire  la  réforme.  A  ime  époque  où  l'art  de  manier 
les  idées  générales  était  dans  l'enfance,  on  aimait  procéder  par  des 
recueils  de  textes  choisis,  groupés,  au  besoin  interpolés,  de  manière 
à  faire  masse  et  à  servir  d'instruments  de  propagande.  C'est  ainsi  que 
Grégoire  VII  a  été  l'inspirateur  d'un  véritable  mouvement  d'érudi- 
dilion  et  de  recherche  de  documents.  L'œu\re  (pi'il  avait  vainement 
, demandée  à  saint  Pierre  Damien,  d'autres  l'accomplirent,  de  son 
temps,  et  notamment  les  auteurs  des  (piatre  recueils  (pi'étudie 
M.  Kournier  :  la  collection  des  74  titres,  Xcdapitulare  du  lardinal  Altnn. 
les  collections  d'.Vnselme  de  Lucques  et  de  Deusdedit.  M.  Fournicr 
rend  plus  (pic  vraisemblable  que  ces  compilateurs  ont  utilisé  une  ou 
[)lusi(urs  sources  communes,  des  collections  antérieures,  classées 
par  ordre  chionologique.  intei'médiaiies  entre  leurs  lecueils  méllio- 
(li<p)i's  et  les  oi  igiiiaux.  Il  énicl.cn  Ici  iiiiiiaiil .  une  11  ypolhrscî  très 
séduis.iiil»'  :  ec  seraient  les  d   chasseurs  de  textes»   de  (irégoiie   \ll 


<jui  amaioiit  remis  an  jour,  ikhi  soulomcr)!  \'.\ul/tciilit/i(('.  ro  (\m  est 
■c.crlHin,  mais  los  Pandecles.  «  Lu  reiiaissiuiti;  du  droit  rouiaiii...  se 
lallaclie  par  ce  lien  étroit  à  la  transformation  du  droit  canonique  qui 
i'nl  la  cons('(]ucnce  de  la  réforme  de  Grégoire  VII.  » 

K.    JOKDAN. 


I^cçoiiH  (l*hi»4toire  franciscaine,  par  le  i{.  ['.  l'iH\\.\>  ij'Ai.i::nço>.  Coris, 
Librairie  Salnt-Krançois,  11)18,  it)-16  de  vi-31)6  p.  —  Prix   :  4  fr. 

Ce  n'est  pas  rigoureusement  l'ordre  chronologique  que  suit  l'auteur 
dans  ce  résumé  de  sept  siècles  d'histoire  franciscaine.  Après  avoir 
«squissé  la  pliysionomie  du  Poverello  —  les  deux  âmes  les  plus  francis- 
caines, depuis  le  maître,  lui  paraissant  sainte  Claire  et  sainte  Colette, 
il  étudie  successivenient,  la  spiritualité  des  disciples  de  saint  Kran- 
<^is.  leur  philosophie  et  leur  théologie,  leur  prédication,  la  lutte 
<prih  ont  menée,  contre  le  protestantisme  et  contre  le  jansénisme, 
leurs  missions,  leur  rôle  aux  armées,  le  rayonnement  franciscain  sur 
l'art.  11  fallait  èlre^aussi  érudit  que  le  l\.  V.  Lhald  pour  traiter  un 
aussi  vaste  programme  sans  demeurer  ilans  les  vagues  généralités, 
ou  bien  sans  se  perdre  dans  les  détails  et  s'exposer  à  de  nombreuses 
inexactitudes.  Je  n'en  ai  relevé  qu'une  seule,  une  sorte  de  faute  d'im- 
pression :  Jean  de  Bernitres.  l'ami  du  1*.  Eudes,  est  qualifié  (p.  60) 
iV intendant  de  Caen,  alors  qu'il  y  fut  seulement  trésorier  des 
financées.  (Uiaque  chapitre  est  suivi  d'une  bibliographie  sommaire, 
mais  très  judicieuse.  L'auteur  n'a  pu  faire  autrement  que  de  renvoyer 
f)lus  fl'une  fois  à  ses  propres  ouvrages.  Et,  même  sans  ces,  renvois, 
on  sentirait  souvent  que  des  matières  qu'il  résume  il  a  une  connais- 
sance approfondie.  On  sent  aussi  qu'il  a  bien  vu  et  goûté  le  paysage 
assisien.  Ces  léchons  méritent  de  trouver  auprès  des  lecteurs  le  môme 
succès  qu'elles  ont  obtenu  auprès  des  nombreux  auditeurs  qui  les 
ont  écoulées  à  l'inslilut  catholiqtie  de  Paris. 

Baron  A?it;oT  ues  HoroLns. 


f*es  Survivances  françaises  dans  IWlIeaiagne  napoléonienne 
depui.s  IHIo,  par  Jui.m;^  I'iovf.ue.  Paris,  Aican,  1918,  in-iS  de  vuf-iJ5  |). 
—  Prix  :  7  fr. 

Considérable  depuis  Louis  \IV".  l'inlluence  française  en  Allemagne 
<Ievint  prépondérante  avec  les  victoires  et  les  conquêtes  de  Napoléon . 
Elle  lui  survécut.  «  Nous  avons,  dit  M.  Julien  Hovère  dans  l'Avant- 
Propos  de  son  bel  ouvrage,  trop  bénévolement  adopté  en  France  celle 
thèse  prussienne,  devenue  plus  tard  allemande,  selon  laquelle  notre 
<lominalion  avait  élé  funeste  à  l'.AJlemagne  et  n'y  avait  laissé  que  des 
haines...  Or  c'est  à  peu  piès  le  contraire  qui  est  la  vérité.  »  Cette 
■N'érilé,  M.   Hovère  s'est  attaché  à  la  mellre  en  lumière  par  une  abon- 


—  u  — 

tlaufp  (\f  faits  précis,    irciieillis  à  des  sources  sûres,    pourj la  plupart 
allemandes,  et  qu'il  a  gt-oiipés  aiusi   qu'il  suit  :  Première  partie.  De 
/^/f)  à  1S50.    Chapitre  I.    L'EITorl  des  gouvernements  sur  la    rive 
gauche  du  Rhin.  Cet  efFort  avait  pour  objet  d'y  effacer  la  trace  pro- 
fonde et  chère  du  régime  français.  II.  L'Hostilité  des  populations  rhé- 
nanes (contre  le  régime  prussien).  111.  La  Lutte  de  Napoléon.  L'auteur 
éftablit    par   des    preuves   multiples  l'existence  vivace  et   prolongée 
d'un  ((  bonapartisme  allemand.  »   —  «  Pendant  de  longues  années, 
fVit-il,  rKmprreur  déchu  resta  un  personnage  populaire,  et  la  France 
participa  de  son  prestige,  n  —   IV.  Les  libéraux  et  la  France    C'est 
vers  la  France  qne,  du  moins  en  très  grand  nombre,  les  libéraux  alle- 
man<is.   courbés  à  contre-cœur  sous  des  gouvernements  .autoritaires 
et  même  arbitraires,   toiirncrent  leurs   regiirds  et  leurs  espérances, 
notamment  dans  la  vallée  du  Rhin  et  dans  les  États  du  sud.  La  révo- 
lution de  18:^0  dé\c.loppa"ces  dispositions  francophiles,  très  vives  à  la 
veille  de  la   révolution   de  1848.  A  ce  moment,  dit  M.  Rovère,  «  c'est 
nous  qui  sommes  l'espoir  des  libéraux  allemands,  abstraction  faite 
de  quelques  teiitomanes  irréductibles  dans  leur  germanisme.  Les  popu- 
lations du  sut\  sont   i)rèles  à  se  ranger  sous  notre  alliance  et  à  nous 
abandonner  la  rive  gauche  du    Rliin  fpourvu  que  nous  les  délivrions 
delà  réaction  austro-prussienne.  La  rive  gauche  du    Rhin  elle-même 
désire  ardemment  secouer  le  joug  qui  pèse  depuis  si  longtemps  siir 
elle,  n  V.  La  Révolution  de  1848.  Tableau  très  remarquable  du  contre- 
coup de  celte  révolution  en   Allemagne,   dans   lequel  l'auteur  a   fait 
particulièrement  ressoitir  «  tout  ce  qui  manifeste  l'intensité  de  l'in- 
fluence française  dans  les  pays  que  noiis  avons  désignés  sous  le  nom 
d'Allemagne  napoléonienne.  )> —  Deuxième  partie.  De  i6'âO  à  1870. 
Chapitre  VI.  La  Rive  gauche  du  Rhin.  L'auteur  expose  ici  les  progrès 
de  l'assimilation   prtissienne,  dûs   notamment  à  l'essor  industriel  et 
commercial,   favorisé,   pi'ovoqué  même  par  le  gouvernement  de  Ber- 
lin, et  constate  néanmoins  la  persistance  de  l'anliprussianisme  rhé- 
Tian.  V'II.    Napoléon  111  et  l'Allemagne   française.  L'Apogée.  Chapitre 
trèsnenf,,.  trè:?   imnortant  à  la   fois  pou i;  l'histoire  contemporaine  de 
l'AMeimagne  et  ])our  celle  du   second  Empire.    «   Napoléon    III,   dit 
M.  Rovère,  a  exercé  sur  la   plupart  des  Allemands  une   fascination 
•  dont  l'histoire   offre   peu    d'exemples.    Avant  d'être  le   vaincu,    il   a 
presque  été  un  maître  ardemment  souhaité,   et,   s'il  est  vrai  que  les 
fautes  de  sa  politique  aient  entraîné   la  France  dans  im  désastre,  du 
moins  esl-il  exact  de  dire  (pi'il  .s'est  acheminé  à  la  catastrophe  par 
une  route  triomphale.  Nous  allons  montrer  que  lAllenuigne  française, 
éblouie  par  la   ))ersonne  du   second   enipereur^   s'c>lTiait  à  lui   avec 
.<*nth<Misiasme.  et  (pi'il  occupait  au-delà  du  Rhin  une  situation-  morale 
.*;ans   piécédcnl  ditnJjj  <•<.{  h  jamais  regrettable  (pi'il  n'ait  pas  su  pro- 


—   .);)  — 

Titer.  ))  —  Vni.  L'Ofleiisivc  pnissicniio  (186i-l8(iG).  Exposé  de  la 
politique  inau^'uiée  par  Ijisrnarck  en  Allemagne,  des  résislauces 
qu'elle  y  i-encontra,  de  lasceudant  qu'elle  y  conquit  et  des  funestes 
égarements  de  la  politique  française,  dirigée  à  contre-sens  par  les  illu- 
sions et  les  chimères  de  Napoléon  111.  —  1\.  D'une  guerre  à  l'autre 
(!8tl(.>-lH7(>).  Invasion  croissante  de  l'Allemagne  par  rinducnce  prus- 
sienne et  alfaiblissemcnt  correspondant  du  prestige  français.  M.  Ro- 
"vère  consacre  surtout  ce  chapitre  à  exposer  en  détail  ce  qui  subsiste 
néanmoins  de  contraire  à  cette  fâcheuse  évoliation.  «  Nous  allons, 
dit-il,  exposer,  contrée  par  contrée,  quels  éléments  de  résistance 
forment  encore  rempart  contre  la  monarchie  des  Hohenzollern,  et 
nous  distinguerons,  eu  tenant  compte  à  la  fois  de  l'indépendance  qui 
leur  reste  et  du  degré  de  francisation  qui  est  le  leur,  plusieurs  groupes  : 
d'abord  les  territoires  annexés  en  1866  ou  soumis  à  la  politique  ber- 
linoise, ensuite  ceux  qui  sont  restés  totalement  ou  partiellement  en 
dehors  de  la  Confédération  du  nord,  enfin  nos  quatre  départements 
de  la  rive  gauche  du  Hhin.  »  —  Troisième  partie.  De  iSlO  à  191^. 
Chapitre  X.  La  Guerre  de  1870-1871.  Triomphe,  mais  non  pas  sans 
difficultés,  de  la  politique  prussienne.  Sympathies  qu'eût  encore  trou- 
vée une  victoire  française.  XI.  Le  Kulturkampf,  Chapitre  remar- 
quable, plein  de  détails  curieux.  Selon  M.  Rovère,  la  pensée  de  Bis- 
marck, consistant  à  identifier  les  intérêts  de  la  France  avec  ceux  de 
l'Église  romaine,  reposait  sur  une  vue  juste.  D'où  l'absurdité  du 
Kulturkampf  français.  XII.  L'Acceptation  et  les  dernières  survivances. 
L'Empire  prussien  est  devenu  maître  de  l'Allemagne  et  même  de 
l'opinion  allemande,  non  sans  laisser  quelques  vestiges  de  l'état  d'es- 
prit antérieur.  Celte  domination  reconnue  et  acceptée  est  surtout  le 
résultat  du  «  prodigieux  développement  économique  du  pays  tout 
entier.  »  Mais,  selon  M.  Rovère,  elle  n'est  pas  sûre  del'avenir.  u  Tous 
les  États,  dit-il  pour  conclure,  qui  composent  l'Allemagne  actuelle, 
pris  un  à  un,  sont  solides,  y  compris  et  surtout  la  Vieille-Prusse, 
c'est  à-dire  celle  qui  s'étend  à  l'est  de  l'Elbe.  C'est  l'Empire  au  con- 
traire qui  ne  lest  pas.  Il  est  né  de  succès  militaires  ;  il  a  subsisté  en 
tant  que  coalition  d'intérêts  ;  il  ne  doit  pas  smvivre  à  la  défaite, 
pourvu  que  celle-ci  soit  totale  et  que  nous  pénétrions  chez  nos  enne- 
mis. Alors,  après  l'écrasement  du  bloc  germanique,  quand  nous 
aurons  retrouvé  aux  bords  du  Rhin  la  place  que  nous  assignent  l'his- 
toire et  la  nature,  le  champ  restera  ouvert,  à  l'ouest  et  au  sud  de 
l'Allemagne,  pour  une  grande  politique  française.  »  Quoi  que  l'on 
pense  de  cette  vue,  elle  est  la  conclusion  d'un  ouvrage  de  forte  et 
solide  valeur.  M.iRïus  Sepet. 


—  56  — 

HiMtoirc  de  trois  générations   1815-101»,  par  Jacques  Bainvili.k^ 
Paris,  Nouvelle  Librairie  nationale,  1918,  in-16  de  287  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Kn  lisanl  le  volume  j'ai  noté  sur  les  marges  les  passages  qui  me- 
semblaient  à  retenir  par  leur  forme  lieureuse,  claiie,  pénétrante  ; 
et  en  le  fermant  j'avais  donné  plus  de  cent  coups  de  crayon.  C'est- 
dire  mon  opinion  et  déclarer  l'agrément  de  l'étude.  Exprimer  aussi 
i'impossibililé  de  reproduire  ces  phrases  parfois  lapidaires.  La  forme- 
est  originale  sur  laquelle  le  fond  se  développe  :  les  titres  des  douze- 
chapitres  présentant  leur  saveur  inattendue  dont  on  ne  saurait  non. 
plus  résumer  le  to«ir  humoristique.  M.  Jacques  Bainville  reprend 
d'une  plume  large  et  acérée  toute  la  politique  extérieure  delà  France 
au  xix"  siècle,  il  en  souligne  l'inanilé  u  romantique  »,  dont  les  révo- 
lutions de  1830  et  de  1848.  les  rêveries  humanitaires  du  second 
Empire  et  les  abaissements- pacifistes  de  la  troisième  République  ont 
été  les  instruments  inconscients,  ou  coupables  et  maladroits,  vis-à-vis- 
du  militarisme  prussien.  Le  courage  guerrier  du  vieux  sang  français- 
iious  a  sauvés  de  la  catastrophe.  En  cours  de  route  on  voilcecjue  valeriL 
pratiquement  le  principe  des  nationalités,  la  Société  des  nations,, 
et  autres  grandes  formules  un  peu  chimériques. 

Ces  chimères  le  bon  sens  français  de  Jacques  Bainville  les  saisit  et 
les  combat,  les  déplore  et  les  réduit  à  rien.  Son  raccourci  de  la  Hes- 
tauration,  son  tableau  d'une  famille  de  la  petite  bourgeoisie  s'impré- 
gnant  alors  de  «  l'Évangile  de  Sainte-Hélène  »,  son  récit  de  la  mort 
de  Baudin  sur  les  barricades  en  lSf>\,  ses  vues  sur  la  guerre  de  Cri- 
mée (p.  130  à  141),  les  débuts  du  rôle  de  Bismarck  (p.  152).  sa  poli- 
tique en  Allemagne  (p.  180),  les  désillusions  des  rêveries  révolution- 
naires internationales  après  la  Commune  faisant  suite  aux  désillusion.s. 
sociales  après  les  journées  de  juin  (p.  101),  les  extraordinaires  motifs- 
de  l'alliance  franco-russe  en  1897  ([>.  253),  les  misères  du  parlementa- 
risme au  début  du  xx«  siècle  (p.  259),  tous  ces  points  d'histoire  sont 
touchés  avec  une  verve  qui  fait  de  ce  livre  une  œuvre  personnelle  et 
particulièrement  attachante.  G.  G. 


Les  Précurseurs.  Histoire  de  la  Kévolution,  de  184}J,  par  Gas- 
ton Boi;.Nioi,s.  Paris,  Delagrave,  1918,  in-18  de  448  p.  —  Prix  :  i  fr. 

On  possède  deux  bonnes  histoires  générales  de  la  Révolution  dfr 
1848,  tout  "S  deux  en  deux  volumes  :  celle  de  N'ictor  Pierre  et  celle  de 
M.  de  la  Gorce.  Voici  un  travail  d'ensenthle  plus  circonscrit  et  ((ui 
s'attache  davantage  aux  idées  qu'aux  événements.  Il  en  tire  le- 
suc  plus  qu'il  n'en  conte  les  épisodes.  Travail  très  bien  fait,  inté- 
ressant, instructif,  utile  à  tous,  dont  le  style  sobre,  correct,  facile, 
clair,  possède  les  qualités  rares  et  essentielles  d'un  ouvrage  de  vulga- 
risation. L'auleur  a  bien  compris  la  portée  et  l'iujporlance  capitalct 


—  o7  — 

(If's  (jneslions  sociales.  Dans  ses  Noies  il  souligne  des  analogies  ins- 
Iriiclives,  il  luit  des  rapproclicnierils  avec  les  évciiemenls  corïlempo- 
lairis  et  postérieins  ;  quelques  anecdotes  bien  choisies,  parfois  iné- 
dites, et  curieusement  recherchées,  soutiennent  lés  récits.  Ces  récits 
sont  divisés  en  chapitres  qui  f^roupent  les  faits  et  dont  les  titres 
résument  les  conséquences  historiques  :  «  La  Veille  d'une  Kévolu- 
lion.  »  «  ha  Naissance  d'(m  nouveau  régime,  o  «  L'Œuvre  du  suffrage 
universel.  >•  «  L'Insurrection  de  Juin.  »  «  La  République  bourgeoise.  » 
«  La  Conslilulion  du  4  novembre.  »  «  L'Entrée  en  scène  de  Louis  Bo- 
naparte »  —  M.  Gaston  Bouniols  conclut  que  la  »  Révolution  de  Février 
a  échoué  »  et  que  cependant  «  elle  n'a  pas  été  stérile  »  ;  il  y  a  plaisir 
h  le  suivre  dans  cette  démonsiralion.  Ou'il  me  permette  de  rectifier 
une  expression  inexacte  :  le  22  juillet  1836.  .\rmand  Carrel  n'a  pas 
été  tué  par  «  l'épée  »  d'Emile  de  Girardin,  mais  par  une  balle  :  le 
duel  eut  liou  à  Vincennes,  au  pistolet. 

Geoki-koï  u\:  Gi»axum.\iso.>. 


I. a  Politique  extérieure   de  IWutriehe-Honyrie  (  11575- IÎM4), 

p;u-  Jf.a.n  L\K4n:i!OLX.  Tonio  II.    La    Polititjiie  d'asservissement.   190S-l'Jli~ 
l'ariï,.  Ploii-Nonnit.  1018,  iii-!S  de  476  p.  —  Prix  :  lu  fr. 

Le  secoiul  Milume  de  l'ouvrage  de  M.  Larmeroux  nous  ofl're  les 
mêmes  qualités,  les  mêmes  mérites  que  le  premier  (Cf.  Polybiblion 
d'aoïit-septembre  1918,  t.  CXLIII,  p.  139).  Le  titre  en  est  un  peu  obs- 
cur, mais  la  matière  en  est  clairr.  L'auteur  l'a  développée  en  cinq  cha- 
pitres, subdivisés  en  paragraphes,  savoir  :  l.  Annexion  de  la  Bosnie- 
Herzégovine  1908.  (l.  Administration  de  la  Bosnie-Herzégovine  depuis 
1883.  2.  La  Révolution  eu  Turquie.  3.  L'Annexion  delà  Bosnie-Herzé- 
govine. — ""Le  Régime  établi).  Il  Les  Conséquences  de  l'annexion 
de  la  Bosnie-Herzégovine.  (1.  L'Indépendance  delà  Bulgarie.  2.  La 
Guerre  italo-turque.  3.  L'Obstacle  serbe  ;  A.  Les  Serbo-Croates.  B. 
L'.\utriche-Hongrie  et  le  Serbisme.  4.  Le  Royaume  de  Monténégro. 
;').  La  Politique  russe).  III.  Les  Guerres  balkaniqi:es  1912-1913.  (1. 
L'Alliance  balkanique.  2.  Les  Grandes  Puissances  et  la  Ligue  des 
petits  États.  3.  La  Diplomatie  de  l'Autriclie-Hongrie.  4.  La  Crise  du 
Slavisme.  5.  La  Roumanie  et  les  Puissances.  0.  La  Deuxième  Guerre 
balkanique.  7.  Traité  de  Bucarest).  IV.  La  Diplomatie  autrichienne 
et  l'Albanie,  (i.  L'Autriche-Hongrie  et  l'Albanie.  2.  La  Révolte  alba- 
naise. 3.  Le  Souverain-jde  l'Albaniei.  V.  Avant  l'orage,  (i.  Nouvelles 
ditricuUés  austio-serbes.  2.  La  Diphjmatie  autrichiennne  et  l'Italie. 
3.  L'Entrevue  de  Konopischt,  12  juin  1914.  4.  Le  Drame  de  Sarajevo. 
28  juin  1914).  VI.  Conclusion.  —  11  résulte  de  celte  érmméralion  et 
de  ces  titres  que  l'ouvrage  de  M.  Larmeroux  déborde  de  beaucoup  le 
sujet  principal  et  constitue  en  réalité  une  hi>toire  de  l'Europe  orien- 


—  ;i.S  — 

t;iIo  dans  la  période  (|n'il  embrasse.  Celle  liisloiic  s'appuie  sur  une 
iiiformaliou  solide,  une  coiiiiaissauce  bien  établie  des  bouimes  et  des 
choses,  une  pratique  familière  des  documents  diplomatiques.  On  y 
remarque  dts  portraits  \ivement  esquissés  :  le  baron,  puis  comte 
d'.EreiiUial  (p.  57  et  suiv.),  l'arcbiduc  Franif;ois-Ferditjand  (p.  61  et 
suiv.,  433.  434),  le  roi  Ferdinand  de  Bulgarie  (p.  108  et  suiv.),  M.  Veni- 
zelos  (p.  227  et  suiv.),  le  comte  Berchtold  (p.  235  ).  Parmi  les  exposés  ou 
développements  d'un  intérêt  ou  d'une  valeur  particulière  nous  avons 
noté  ceux  qui  se  rapportent  aux  Slaves  aulrichiensfp.  72  et  suiv.).  aux 
origines  yougo-slaves  (p.  120  et  suiv.),  aux  différends  des  Serbo-Croa- 
tes et  des  Magyars  (p.  136  et  suiv.),  aux  négociations  relatives  à  une 
entente  serbo-bulgare  (p.  202  et  suiv.),  à  la  situation  politique  de 
la  lloumanie  (p.  336  et  suiv.),  à  l'Albanie  et  à  la  question  albanaise 
{p.  281  et  suiv.),  à  la  rivalité  de  l'Autriche  et  de  l'Italie  dans  celte 
région  et  à  leur  politique  respective  (p.  382  et  suiv.,  386  et  suiv.).  Un 
bon  résume  se  trouve  à  la  fin  de  l'ouvrage  dans  le  chapitre  intitulé  : 
Conclusion.  Dans  ce  volume  comme  dans  le  précédent  on  est  un  peu 
surpris  de  quelques  brusques  élans  poétiques,  même  lyriques,  qui 
contrastent  avec  le  style  général  du  livre,  lequel  est  plutôt  celui  d'un 
bon  mémoire  politique  ou  judiciaire  et  n'est  pas  exempt  de  quelque 
négligence,  voire  çà  et  là  de  quelque  incorrection.  Dans  son  ensemble 
l'ouvrage  de  M.  Larmeroux  est  très  méritoire.  C'est  une  très  utile 
contribution  à  l'histoire  contemporaine.  M.  S. 


Huui'ille.  Moles  puucaul  servir  à  l'hisloire  de  relie  coniniiiiie,  par  l'abbé 
Paul  Eudkline.  Évreux.  inip.  de  l'Eure  ;  Rouen,  Leslringant,  1918,  in-4 
de  XV  395  p.,  avec  1  carte,  18  planclies  et  23  fi  g.,  dans  le  texte.  —  Prix  : 
20  fr. 

L'histoire  des  provinces  françaises  serait  écrite  si  chaque  paroisse 
savait  faire  l'inventaire  de  ses  vieux  papiers  et  recueillir  les  traditions 
locales.  Ces  enquêtes  ont  été  souvent  recommandées  dans  nos  dio- 
cèses à  nos  curés  :  ceux  qui  s'en  sont  sentis  le  goût  et  le  talent  ont 
bie:i  mérité  de  l'Kglise  de  France.  Désormais  il  faudia  ranger  M.  le 
chanoine  Eudeline  au  premier  rang  dans  ce  bataillon  de  bons  tra- 
vailleurs. De  la  paroisse  normande  où  il  a  exercé  pendant  dix  ans  son 
ministèTC  (I89j-1'.I06)  il  donne  une  monographie  vaste,  abondante, 
fouillée,  minutieuse  ;  les  archives  de  la  commune,  du  presbytère,  du 
département  lui  ont  fourni  les  renseignements  qu'il  a  su  mettre  eu 
œuvre  avec  bcauciuip  de  persévérance.  Uaiirilli\  bourg  d'un  millier 
<rhabitants,  sur  150J  hectares,  du  canton  de  Routot.  de  l'arrondisse- 
ment de  Pont  Audemer,  dans  le  départenlent  de  l'Eure,  était  jadis 
paroisse  du  diocèse  de  Ui^u<mi  cl  a[)parlient  aujourd'hui  ;^  lévêché 
«l'ftvreux.  L'hisloiie  de  ce  petit  coin  de  terre  de   Normandie  se  con- 


—  59  —■ 

■fond,  pour  les  ^Mandos  liji^iies,  avec  collf  do  rilloslrc  piovinro  cl,  ello 
jîtôsonle  un  rcsiimé  1res  simple  de  la  vie  champêtre  de  nos  uienx.  Kn 
irentiontanl  aux  origines,  or>  apporte  aux  lect<.Mirs  des  rensei^nonients 
^iir  les  noms,  les  (iefs,  les  seigneurs,  les  familles,  les  habitants  de  la 
localité.;  sa  constitution  administrative,  sa  géographie,  sa  culture  ; 
les  professions,  le  caractère,  le  langage,  le  costume  de  ses  habitants. 
J^a  paroisse,  avec  son  église  de  Saint-Paterne,  ses  coutumes,  ses  fêtes, 
son  cirnelièi'c,  ses  dévotions,  sa  piété,  ses  confréries,  ses  prêtres,  ses 
■établissements  charitables  tiennent  naturellement  la  première  place. 
Après  viennent  les  écoles,  les  œuvres.  Enfin  ses  «  Annales  »  :  parti- 
cularités locales,  événements  pendant  la  lié\olution  et  au  cours  du 
xix"-  siècle,  la  généalogie  des  familles,  des  notices  sur  les  «  person- 
nages »  du  pays.  Pour  donner  à  cette  vaste  enquête  sa  sécurité,  une 
■copieuse  bibliographie  :  et  des  tables  précises  (noms  de  personnes, 
noms  de  lienx)  pour  faciliter  les  recherches  ;  et  enfin  18  planches  et 
'^S  figures  dans  le  texte  pour  lui  apporter  de  l'agrément.  Gel  ensemble 
est  très  louable,  c'est  une  contribution  tout  à  fait  méritoire,  et  digne 
<l'ètrc  remarquée,  à  l'histoire  du  déparlement  de  l'Eure.  On  ne  saurait 
trop  proposer  en  exemple  un  semblable  travail  ;  ce  très  beau  volume 
par  le  fond  l'est  aussi  par  la  forme.  11  a  été  «  achevé  d'imprimer  le 
20  août  1018  »  à  l'imprimerie  de  l'Eure  avec  un  luxe  qui  en  double 
le  mérite  en  ces  temps  de  difficultés  matérielles  de  lédilion.  Par  sa 
méthode  (à  laquelle  l'on  n'aurait  jieut-être  à  reprocher  qu'une  trop 
grande  richesse  de  détails),  il  peut  servir  de  modèle  à  des  érudits  et 
«era  particulièrement  apprécié  des  amateurs  normands.  Ils  lui  donne- 
ront une  place  de  choix  dans  leur  bibliothèque. 

Geoffmov  de  Gh\>dmaison. 


Tàckes   idéales,   religieuses,     éducatrices,     patriotiques,    par 

Mgr  TissiKR.  Paris,  Téqui.  19JS.  iii-12.de  vi-383  p.   —  Prix  :  3  fr.  30. 

D'une  ardeur  inlassable,  l'évcque  de  Chàlons  est  lun  des  chefs  de 
qui  nous  recevons  le  plus  volontiers  consignes  et  mots  d'ordre.  Son 
_zèle,  toujours  entraînant,  ne  perd  pas  de  vue  la  réalité  :  il  connaît  les 
besoins  de  l'heure,  et  lire  parti  descirco-nstances.  Les  lâches  à  l'accom- 
plissement desquelles  il  'convie  cette  fois  les  fidèles  sont,  les  unes 
religieuses,  les  autres  éducatrices.  les  dernières  patriotiques.  On  ai- 
mera à  lire  les  avertissements,  les  enseignements,  les  encouragements 
■qu'il  prodigue  avec  autant  de  clairvoyance  que  de  sollicitude,  et  on 
admirera  comment  sa  parole,  toujours  empreinte  de  la  plus  sûre  au- 
torité, sait  s'assouplir  et  varier  de  ton  selon  qu'elle  critique  les  travers 
féminins,  qu'elle  expose, commerjt  la  charité  devrait  être  construc- 
tive  et  pas  seulement  médicinale,  qu'elle  rappelle. (c  que  l'heure  du  Te 


—  GO  — 

Dcutn  pourrail  bien  être  relardée,  dnns  les  secrets  divins,  jiisqu'nprès. 
le  chant  du  Credo  dos  aïeux  ».  qu'elle  enseigne  auxcnfanis  à  s'épa- 
nouir comme  des  fleurs,  qu'elle  entraîne  les  fidèles  à  unopricre  plus 
intense,  ou  qu'elle  exalte  les  héros  devenus  des  victimes.  Dans  tous  les- 
tas, ou  aura  grand  profit  à  l'entendre  et  h  la  méditer.       Çh.  Lanory^ 


Par  les  chemins  japonais.  Essais  sur  le  vieux  et  le  jeune  Japou,- 

par  I'haxçois  i)K  Tkssan.  l'firis,  Plon-INourrit.  1918,  in-lt)  (le  vni-297  p.  — 
Prix  :  4  fr.  50. 

Si  vous  n'avez  plusieurs  heures  de  loisir  devant  vous,  n'ouvrez  pas- 
<'e  volume,  car,  l'ayant  ouvert,  vous  ne  pourrez  le  iernier  qu'après, 
eii  avoir  lu  la  dernière  ligne.  Ceci  dit,  je  pourrais  poser  la  plume,, 
mais  ce  serait  me  priver-  du  plaisir  d'errer  de  nouveau  «  par  les  che- 
mins japonais.  »  Je  ferai  donc  un  court  résume  de  ce  livre  si  capti- 
vant, résultat  d'une  enquête  menée  par  l'auteur  au  Japon,  à  la  veille 
de  la  guerre  et  dont  la  partie  politique  et  économique  a  été  soigneu- 
sement [mise  à  jour.  Un  chapitre  sur  l'intervention  japonaise  y  ar 
également  été  ajouté  et  ainsi,  le  volume  dontie  une  idée  d'ensemble 
tiès  complète  sur  la  vie  matérielle  et  morale  du  Japon  contempo- 
rain. 

L'auteur  promène  le  lecteur  dans  tout  le  Japon,  du  sud  au  nord  et 
de  lest  à  l'ouest,  à  Tokio,  à  Osaka,  à  Kyoto  et  jusque  dans  le  loin- 
tain Yeso.  Chemin  faisant,  au  hasard  des  promenades,  il  s'arrête  dan»- 
iine  foire,  devant  un  temple,  un  palais  ou  un  pittoresque  paysage^ 
prétextes  à  de  charmantes  descriptions,  pleines  de  vie  et  de  couleur. 
Il  pénètre  dans  tous  les  milieux,  toutes  les  sociétés,  auprès  de  l'Km- 
penjur  et  des  soldats,  des  femmes  nouvelles  et  des  femmes  anciennes,. 
<liez  les  délicieuses  geishas,  comme  chez  les  moines,  les  journalistes,. 
les  poissonniers  ou  le  marchand  de  poupées.  Les  sports,  la  politesse,, 
l'âme  paysagiste,  forment  le  sujet  de  curieux  chapitres.  Le  théâtre,  dont 
l'importance  est  considérable  au  Japon,  n'est  pas  oublié  :  les  «  No  ». 
cette  manifestation  si  spéciale  de  l'art  japonais,  les  «  yo.«e  ».  sortes  d» 
•conférences  populaires,  si  goûtées  des  Japonais,  les  amusantes  ma- 
rionnettes, sont  passées  en  revue.  Enfin,  la  religion  elle-même  est 
-t'-.tudiée,  tout  au  moins  dans  ses  manifestations  bouddhifiues  et  shin- 
lo'ïsles,  car  l'auteur  paraît  ne  pas  avoir  remarqué  l'inlliience  tléjÀ 
appréciable  et  bientôt  très  importante,  que  piend  le  catholicisme  ait 
Japf)n,  grâce  aux  missionnaires  français.  Il  y  aurait  un  chapitre  bieu 
<;iirieux  à  écrire  sur  l'établissement  du  catholicisme  au  Japon,  sa  dis- 
|)aiition  presque  totale,  sa  survivance  occulte  et  enfin  sa  résurtec- 
lion  et  son  dévelopj)ement  actuel.  Nous  regrettons  que  M.  Fran(,-oi* 
de  Tessan  n'ait  pas  ajouté  ces  pagrs  à  ce  volume  par  ailleurs  si  com- 
plot et  d'un  inlérôt  si  soutenu.  J.  C.  T. 


—  01    _ 

l^e  \ouveau  .lapon,  |)ar  Amusk  Hkm.kssoht.  l'aiis,  IVniii,  l'JIS,  in-id  de 
312  p.  —  Prix  :  H  f i .  'M). 

Le  Chili.  Je  Pérou,  la  Roumanie,  la  Suède,  ont  vu  successivemetit 
M.  André  Bellessort,  mais  le  Japon  a  eu.  pour  ce  globe-lrotler  infali- 
gable,  un  attrait  particulier.  (^)uinze  ans  après  son  j)reinier  séjour  dans 
i'empirc  du  Soleil  levant,  il  y  est  revenu  ;  c'était  à  la  \ieillc  de  la 
guerre.  D'autres  préoccupalions  l'absorbant,  il  a  mis  de  côté  les  notes 
prises  au  cours  de  ce  dernier  séjour,  et  aujourd'hui  seulement,  après 
J)ien  des  hésitations. -il  se  décide  à  les  livrer  au  public.  Il  serait  regret- 
tables (]u'il  ne  l'eût  pas  fait.  Les  circonstances  donnent  en  eflel  un 
attrait  d'actualité  à  tout  ce  qui  nous  aide  à  mieux  connaître  notre 
ollié  oriental  et  il  n'était  pas  inutile  de  fixer  la  ])hysiorii)rnie  du  peu[)ie 
japonais  au  moment  où,  pf)ur  la  première  fois,  il  prenait  part  aux 
«■ontlits  européens,  cessant  ainsi  d'être  exclusivement  une  puissance 
asiatique.  Os  notes  présentent  donc  un  intérêt  tout  particulier,  et 
prennent  une  place  nécessaire  dans  la  littérature  de  guerre,  bien 
qu'elles  aient  été  écrites  à  un  moment  où  bien  peu  d'esprits  pré- 
voyaient le  conflit  actuel.  L'auteur,  avec  logique,  nous  conduit  tout 
il'abord  parmi  les  héros  et  les  dieux  du  Japon  et  nous  expose  l'éclosion 
et  le  développement  de  la  nouvelle  religion,  le  Bushido  qui  suscite 
des  prodiges  d'héroïsme,  s'auréole  de  la  gloire  des  champsde  bataille 
eX  s'identifie  avec  l'orgueil  national.  Les  pages  suivantes,  peut-êlre  les 
})lus  curieuses  du  volume,  promènent  le  lecteur  à  travers  le  théâtre 
et  le  roman,  montrant  à  côté  des  œuvres  littéraires  proprement  japo- 
naises, la  transformation  bizarre  que  doivent  subir  les  écrits  de  nos 
auteurs  pour  être  mis  au  goût  du  public  nippon.  Quelques  lignes, 
que  l'on  trouvera  trop  courtes,  sont  consacrées  aux  .Vo.  L'aventure 
de  Lafcadio  Ilearn.  cet  Anglais  naturalisé  Japonais  et  qui  cesse  d'être 
Anglais  sans  pouvoir  être  adopté  par  ses  nouveaux  concitoyens,  nous 
fait  pénétrer  dans  la  société  japonaise.  Une  étude  tro[)  succincte, 
mais  substantielle  sur  la  Corée,  suivie  de  très  curieuses  <(  pages  japo- 
naises »)  termine  cet  intéressant  volume,  rempli  d'enseignements, 
d'aperçus  nouveaux,  de  remarques  originales.  J.  C.  T. 


IJbrary  of  Coiicjress.  Guide  to  the  laAv  and  légal  lîterature  of 
.\i*<jeniina,  lirazil  and  t:hile.  by  Edwin  M.  Borciiaiu).  Wasliington, 
Govornnii'nt   prinling  office.  4917,  gr.  iii-8  de  523  p.  —  l'rix  ;  '6  fr. 

Professeur  de  droit  à  l'Université  Yale,  M.  E.  .M.  Borchard  a  été 
pendant  quelques  années  attaché  à  la  section  juridique  de  la  Biblio- 
thèque du  Congrès  :  c'est  dire  qu'à  la  connaissance  du  droit  il  joint  la 
pratique  de  la  bibliographie  et  qu'il  réunit  dans  sa  personne  la  triple 
compétence  d'un  bibliographe,  d'ua  juriste  et  d'un  professeur.  Aussi 


—  02  — 

le  guide  qu'il  nous  od're  ici  est-il  l'un  des  plus  clairs,  des  plus  com- 
plels  et  des  mieux  informés  que  l'on  puisse  imaj^iner.  Et  ce  n'est  pas 
une  tâche  aisée  qua  entreprise  là  M.  Borcliard.  La  littérature  juridi- 
que des  trois  républiques  est  assez  abondante,  mais  elle  n'est  pas 
toujours  d'un  accès  facile  :  aux  ressources  qu'offre  la  Bibliothèque  du 
Congrès,  M.  Borchard  a  du  suppléer  par  des  recherches  personnelles 
en  Argentine,  au  Brésil  et  au  Chili. 

Le  but  que  se  propose  la  Bibliothèque  du  Congrès  par  la  publica=' 
tion  de  la  collection  de  guides,  dont  celui-ci  fait  partie,  c'est  de  ser- 
vir tout  à  la  fois  les  intérêts  des  juristes,  des  hommes  d'affaires  et 
des  historiens.  Nous  n'avons  pas  ici  de  simples  listes  bibliographiques 
plus  ou  moins  complètes,  mais,  avec  l'indication  des  ouvrages  -  au 
moins  de  ceux  qui  offre'nt  quelque  importance,  —  publiés  sur  des 
matières  juridiques,  des  notions  succinctes  mais  précises  surlacons-- 
titution  et  la  législation  des  différents  États. 

M.  Borchard  fait  remarquer  que  les  trois  pays  dont  il  s'occupe  ici 
ont  ces  traits  communs  que  leur  droit  constitutionnel  a  été  plus  ou 
moins  fortement  influencé  par  la  constitution  des  États-Unis,  tartdis. 
que  pour  leur  législation  et  leurs  institutions,  c'est  plutôt  à  l'Europe, 
—  à  la  France  et  à  l'Espagne  surtout  —  qu'ils  ont  fait  des  emprunts, 
et  que.  d'autre  part,  tous  trois  ont  eu  la  chance  de  rencontrer  des  légis- 
tes éminenls  qui  les  ont  dotés  de  codes  remarquables  :  c'est  ainsi 
que  le  code  civil  du  Brésil,  promulgué  seulement  eu  l'JlG.  est 
regardé  comme  une  œuvre  d'une  haute  portée  scientiti(iue. 

Pour  cha({ue  Etat,  le  cadre  adopté  par  l'auteur  est  le  même  :  Biblio- 
graphie ;  —  Législation  ;  —  Becueils  d'arrêts  des  tribunaux  ;  — 
Travaux  généraux  ;  —  Enseignement  du  droit  ;  —  Jurisprudence  et 
philoso|)hie  du  droit  ;  —  Histoire  du  droit  ;  —  Code  civil  ;  —  Code 
commercial  ;  — Organisation  judiciaire  et  procédure  civile  ;  —  Code 
criminel  ;  —  Procétlure  criminelle  ;  —  Droit  constitutionel  ;  Droit 
administratif  ;  —  Droit  militaire  ;  —  Droit  ecclésiastique  ;  —  Droit 
international. 

Nous  devons  signaler  que  dans  la  section  :  Bibliographie,  M.  Bor- 
chard ne  se  borne  pas  à  donner  rindicalion  des  bibliographies  spé- 
cialement juridiciues,  mais  (ju'il  nous  fournit  des  irulications  pré- 
cieuses sur  la  bibliographie  générale  des  trois  grandes  républiques 
de  l'Amérifine  (lu   sud. 

Comme  nous  ilevons  souhaiter  et  pouvons  espérer  que  les  rela- 
tions de  la  France  avec  rAméri((ue  du  sud  prendront  l'extension 
qu'elles  auraient  dû  prendre  depuis  longtemps,  l'ouvrage  de  M.  Bor- 
chard est  de  c(;u\  (jui  s'imposent  à  l'attention  de  nos  concitoyens. 

E.-Vt.  Leuos. 


!         -  03  - 
BULLETFiN 

La  FeiniiK'  palriol*'  tra|>ré!!i  la  Itiith',  ()arG.  Bontolx.  Avignon,  Aultauel 
s.  d.  (lOIS^,  in  11»  lie  vui-KJri  p.  —  Prix  :  1  fr.  2.;. 

Dans  ce  pclit  volume,  M.  le  clianoine  Bontoux  préscnlo  à  ses  lecteurs  la 
;:aleiie  des  rctiinies  patriotes  de  la  lîible  comme  types  on  modèles  du 
patriotisme.  Il  les  raiijïe  en  deux  catégories  ;  celles  qui  parlent,  chantent  et 
pleurent,  celles  (jui  agissent,  comballent  et  meurent.  I)aus  la  première, 
nous  voyous  successivemenl.  parmi  les  femmes  qui  parlent,  la  patiiolc 
avocate-  :  la  veuve  de  Thécna  qui  plaide  devant  David  la  cause  d'Ab^a- 
lon,  la  patriote  parlementaire  ;  la  lemme  d'.\béla-I3eth-.\laaclia,  (pii 
délivre  sa  ville  eu  livrant  le  traître  Séba,  la  patriote  suppliante  .  Estlier. 
I>c  celles  qui  chantent,  luneest  lyrique  :  Marie,  sœur  de  Moïse  et  dWaron, 
l'autre  inspir.'e  :  la  propliétesse  Débora.  Celles  qui  pleurent  sont  une 
pauvre  émigrée  :  EUith,  une  épouse  captive  :  Achinoam  de  .lezraël,  et  une 
mère  endeuillée  :  Uespha.  Dans  le  second  groupe,  nous  trouvons  d'abord 
celles  qui  agissent  en  sauveurs  :  Abigaïl,  qui  écarte  de  sa  maison  de  ter- 
ribles représailles  de  guerre  ;  la  femme  de  Bahurim.  qui  sauve  de  la  mort 
deux  messagers  de  David  ;  .Tosabeth.  qui  soustrait  à  la  fureur  d'Alhalio  le 
jeune  roi  Joas.  Les  trois  femmes  soldats  sont  .lahel.  qui  perce  Sisara  d'un 
pieu,  la  femme  de  Thébès.  qui  brise  le  crâne  d'Abimélech,  en*  jetant  une 
meule  de  moulin.  .ludith,  qui  coupe  la  tète  d'Ilolopherne.  Les  femmes  qui 
meurent'sont  la  fille  de  Jephté,  victime  qui  accepte  la  mort  comme  rançon 
de  victoire,  la  mère  des  sept  Machabées,  martyre  de  la  fidélité  aux  lois  de 
son  pays,  et  la  reine  des  martyrs,  la  Vierge  Marie,  qui  contemple  son  divin 
Fils  sur  la  croix  et  s'immole  avec  lui  pour  le  salut  de  tous  les  hommes. 
Sur  chacune  de  ces  héroïnes,  dont  plusieurs  ne  sont  guère  connues  du 
grand  public,  ^L  Bontoux  cite  textuellement,  sauf  pour  la  Sainte  Vierge. 
les  passages  bibliques,  qui  racontent  leurs  belles  actions.  En  les  proposant 
comme  modèles,  dans  l'épilogue,  il  aurait  dû  insister  davantage  sur  la 
moralité  des  actes  de  quelques-unes  d'entre  elles,  et  montrer  que  certains 
moyens  d'action,  justifiables  en  ces  temps  reculés,  ne  sont  pas  imitables 
pour  des  chrétiens,  disciples  du  prince  de  la  paix.  E.  Ma.ngknot. 


ï 


Facts  about  France,  par  E.   S.vir.r.Ess.  Pari>,  llacliflte,  1918,  petit   in-IG    car- 
tonné (le  xn-:5U8  p..  avec  tiO  illustrations,  plans  et  cartes.  —  Prix  :  3  fr.  .^U. 

Dans  un  petit  livre  anglais  bien  connu,  les  Things  .lapnnese  de  Chamber- 
lain, l'Européen  qui  visite  le  Japon  trouve  habilement  et  agréablement  ré- 
sumé à  peu  près  tout  ce  qu'il  peut  avoir  le  besoin  ou  le  désir  de  savoir  sur 
cette  contrée,  son  aspect,  ses  productions,  ses  habitants,  son  histoire,  ses 
mœurs.  Rédigés  probablement  sur  ce  modèle,  les  Facls  ahonl  France  de 
M.  Saillens  présentent  à  nos  alliés  de  langue  anglaise  à  qui  ils  sont  spécia- 
lement destinés  une  petite  encyclopédie  des  choses  françaises  qui  condense 
efi  quelque  trois  cetits  pages  les  principales  notions  nécessaires  à  un 
étranger,  particulièrement  à  un  étranger  britannique  ou  américain,  pour 
connaître  et  comprendre  notre  pays.  I/auteur.  présentement  et  depuis 
plusieurs  années  déjà  interprète  auprès  des  armées  britanniques,  a  entendu 
lui-même  les  mille  questions  de  tout  ordre  que  se  posent  et  que  posent 
sans  cosse  à  notre  sujet  les  soldats  amis  qui  foulent  notre  sol  ;  une  expé- 
rience antérieure  et  étendue  du  monde  anglo-saxon  lui  avait  d'ailleurs  ap- 
pris dès  longtemps  ce  qui  peut  surprendre  et  ce  qui  parfois  prévient  contre 


-   Hi  -       ' 

nous  Améi-icains  et  Anglais.  11  a  donc  pu.  en  peignant  la  France,  choisir 
les  traits  de  son  tableau  et  le  placer  dans  la  perspectiye  qui  convient  à  son 
public.  Une  niasse  presque  incroyable  d'informations  est  condensée  dans 
un  mince  volume  qui  reste  pourtant  facile  à  consulter  et  à  parcourir.  On 
y  découvrira  sans  doute  çà  et  là,  comme  il  était  inévitable,  des  inexacti- 
tudes et  des  erreurs,  mais  elles  sont  vraiment  très  peu  nombreuses  ;  l'ar- 
ticle des  races  et  des  nationalités  en  France  pourrait  être  allégé  de  détails 
dont  quelques-uns  sont  de  pure  curiosité  (n'est-il  pas  permis  à  des  .an- 
glais, et  même  à  la  plupart  des  Français  d'ignorer  l'origine  ou  niênie  la 
simple  existence  des  Bigoudens  de  Bretagne),  et  dont  les  autres  sont  encore 
plus  douteux  que  supertlus  (par  exemple  ce  qui  concerne  la  prétendue  des- 
ccr)dancc  asiaticiue,  lévélée  par  son  type  physique,  d'un  de  nos  présents 
ministres:*  Sur  les  matières  sujettes  à  débat,  M.  Saillens  s'est  appliqué  à  don- 
ner des  opinions  modérées  et  moyennes  :  dans  larticle  de  la  ReAigion,  di- 
verses considérations  historifjues  ou  autres  ne  seront  pourtant  ))as  admises 
par  les  catholiques.  Notons  à  l'éloge  de  l'auteur  français  que  son  anglais 
correct  et  élégant  ne  décèle  nulle  part  une  plume  étrangère. 

A.  Baiîbeal". 

Le  Statut  cl«'  la  terre  et  le  Parlement,*  par  Bouilloux-Lakont.  Paris, 
Grasset,  11)18.  iti-KJ  de  59  p.  (Collection  le  Fait  de  In  semaine,  11  mai  1918).  —  Prix  : 
0  fr.  75. 

L'auteur  aurait  i)u  intituler  son  opuscule  :  «  Comment  faciliter  le  re- 
membrement de  la  propriété  rurale  ?  »  Voilà  bien,  en  etTet.  le  sujet  qu'il 
liaite.  N^n  seulement  dans  les  légions  dévastées  qu'il  faut  se  hâter  de  re- 
mettre en  valeur,  mais  dans  toutes  celles  où  l'éparpillement  des  parcelles 
entrave  la  culture  rationnelle  et  notamment  l'emploi  des  moteurs  méca- 
niques, les  opérations  de  cette  nature  s'imposent.  Un  grand  nombre  de 
projets  législatifs  qui  tendent  à  les  favoriser  sont  soigneusement  analysés 
par  M.  liouilloux-Lafont,  qui  a  lui-même  déposé  le  sien.  Très  judicieuse- 
ment, il  se  préoccupe,  le  remembrement  fait,  de  prévenir  une  nouvelle 
multiplication  et  un  nouvel  éparpillement  des  parcelles  :  il  réclame  que 
l'on  abroge,  dans  le  code  civil,  la  seconde  partie  de  l'article  832,  prescri- 
vant de  faire  entrer  dans  chaque  lot  successoral  la  même  quantité  de 
meubles,  d'immeubles,  de  droits  ou  de  créances  de  même  nature  et  va- 
leur. Bauoîs  .\ngot  des  Rotouhs. 


Veri|eniies  el  IM  ndepiMidaiiee  ainérieaiiie.  Ver<|eiinej«  el  VVil^4on, 

|i.Tr  II,'  baron  IIknsei'  di:    (ioLiiit..  Paris,   lùlilioiis    ilc  la    <<    Nouvelle    Uevuc   nalio- 
uale  »,  1918.  in-8  de  'i  i   (i.,  avee  portrait  de  N'erf^eiines.  —  Prix  :    I   l'r.  2']. 

Vergennes  et  Wilson.  le  ra[)prochement  des  deux  noms  ne  parait  pas 
injustifié  apiès  lecture  de  cette  élude.  Le  langage  que  tient  aujourd'hui  le 
Président  américain  rappelle  souvent  celui  que  tenait  le  ministre  qui,  avec 
Louis  \\  I.  décida,  en  I77S,  rinteivention  armée  de  la  Fiance  en  faveur 
des  insitnjc-nls  d' \inéri(jue.  Le  grand  honnête  homme  qui,  de  1774  à  I7S7. 
dirigea  notre  |)oiili(pie  <!xléiieure,  n'avait  jias  de  peine  à  persuader  son  roi 
loiscpi'il  lui  conseillait  «  d'asseoir  la  gloiic  de  son  règne  sur  la  justice  et 
sur  la  |)aix  ».  de  contenir  ce  (pie  nous  appellerions  aujourd'hui  l'impi  ria- 
lisine  et  de  réprimer  les  abus  de  la  foi"tie.  mais  de  ne  vouloir  que  ce  cpii 
esl  juste.  «  Si  Votre  Majesté,  disail-il  (12  avril  1777)  dirige  sa  politique  à 
établir  l'opinion  (pTeile  ne  veut  que  l'ordre  et  la  justice,  ses  arrêts  seront 
respe»  lés,  son  e\ein|)le  fera  plus(|ue  ses  armes.  La  justice  et  la  paix  régne- 


—  05  — 

ronl  partout.  »  Louis  XVt  et  Vcrgennes  furent  compris  par  les  Étals-Unis 
H  lorsque  leur  Congrès  ratifia  l'alliance,  leur  comité  des  afTaircs  étrangères 
écrivit  :  «  La  P'rance,  par  sa  candeur  et  sa  franchise,  nous  a  plus  gagnés 
cl  attachés  à  elle  que  les  traités  secrets  n'auraient  pu  faire,  et  a  jeté  entre 
nous  les  semences  d'une  alliance  éternelle.  »  Cet  intéressant  opuscule  est 
précédé  d'une  reproduction  du  beau  portrait  de  Yergennes  par  Callel. 

Bakox  A.ngot  ues  Rotours. 


Un  I>v«4  bris»*,  par  le  chanoine  Max  Caros.  Paris,  Ilalon,  1918,  in-12  de  300  p. 
—  Piix  :  4  fr.  50. 

Qu'on  ne  s'effraie  pas  du  litre  !  Il  ne  sert  pas  de  couverture,  comme 
tant  d'autres  similaires,  à  d'insignifiantes  mièvreries  sentimentales  teintées 
d'une  vague  piété.  Ce  qu  il  annonce,  c'est  la  brève  biographie  et  les  lettres 
d'un  séminariste  de  Versailles,  qui  portait  un  nom  cher  aux  artistes  chré- 
tiens. Bernard  Lavergne,  et  qui  fut  tué  à  l'assaut  le  26  septembre  19 Hi.  Les 
<jualil<s  exquises  qui  s'y  révèlent,  l'esprit  vif  et  primesautier,  le  sens  du 
pitlllI•(•^que,  le  cœur  aimant  et  délicat,  le  talent  littéraire  et  surtout  la  vail- 
Janlr  et  simple  générosité  devant  les  tâches  pénibles  comme  devant  la  mort 
prochaine,  provoquent  l'émotion,  l'admiration,  et  aussi,  jusque  parmi  les 
lariiu^.  la  joie  de  voir  combien  Dieu  est  aimé  des  cœurs  purs.  Quel  bien- 
fait ^i  ces  pages  suscitaient  des  imitateurs  de  cette  belle  ardeur  juvénile  ! 

Gh.  Lakdry. 


Paul  S(apfer  (1840-1917),  par  Henry  Dartigue.  Paris,  Fischbacher,  1913, 

in -■■-;  de  72  p.,  avec   un  portrait 

P.iiii  Stapfer,  écrivain  et  critique  très  distingué,  ancien  doyen  de  la 
Faculté  des  lettres  de  Bordeaux,  n'a  pas  eu.  au  moment  de  son  décès,  sur- 
\enu  pendant  la  Grande  Guerre,  le  tribut  de  regrets  que  mérilait  sa 
mémoire.  G  est  dans  le  dessein  de  réparer  cette  injustice,  née  des  circons- 
tances que  M  Henry  Dartigue  lui  a  cot)sacré  une  notice  étendue  dans  la 
Revue  chrétienne  (année  1917)  et  publie  aujourd'hui  cette  étude  à  paît.  La 
vie  et  l'œuvre  de  Paul  Stapfer  y  sont  exposées  et  appréciées  en  trois  cha- 
pitres :  l.  Sa  famille  et  sa  carrière.  —  11.  Le  Critique.  —  111  Le  Philosophe 
et  l'Ecrivain  Deux  appendices  complètent  l'étude.  Le  premier  consiste 
dans  une  Bibliographie  des  écrits  de  Stapfer  ;  le  second  est  consacré  à  la 
publication  de  quelques  pages  inédites,  sorte  d'examen  de  conscience  (|ui 
honore  son  auteur.  Bien  informée  et  bien  écrite,  la  notice  de  M.  Dartigue 
!)on  seulemeiit  remplit  son  objet,  mais  est  une  contribution  utile  à  noire 
liistoire  littéraire.  >ous  devons  ajouter  que,  protestant  comme  l'était  Sta|>- 
fer  lui-même,  l'auteur,  dans  ce  qui  touche  à  la  religion  et  à  la  philosophie, 
s'écarte  tout  naturellement  de  la  saine  doctrine.  M.  S. 


CHHONIQUE 

Nécrologie.  —  M.  Edmond  Rosta.nd  vient  de  mourir  ;  c'est  une  perle 
considérable  pour  les  lettres  françaises.  Fils  de  l'i-conomiste  Eugène  iSos- 
land,  membre  de  lAcadémie  des  sciences  morales  et  politiques,  il  naquit 
le  1"  avril  1868,  fit  de  brillantes  études  au  lycée  de  Marseille,  puis  à  P.. ris 
au  collège  Stanislas.  Les  leçons  de  M.  René  Doumic  développèrent  en  lui 
l'amour  des  lettres  et  l'aisance  de  sa  situation  lui   permit  de  se  consacrer 

Janvier  1919.  T.  CXLV.  5. 


—  m  — 

loul  entier  à  l'art  dramatique  :  il  débuta  à  vingt  ans  avec  le  (ianl  rouge 
(Paris,  i888,  in-8),  vaudeville  écrit  en  collaboration  avec  M.  Lee  et  joué  au 
théâtre  de  Cluny.  La  réussite  lui  vint  avec  les  Romanesques,  comédie  en  trois 
flcles,  représentée  au  Théâtre  P'rançais  et  pour  laquelle  lAcadémie  française 
lui  décerna  le  prix  Toirac.  Désormais  le  chemin  delà  gloire  souvrit  devant 
lui.  Le  succès  extraordinaire  de  Cyrano  de  Bergerac,  joué  à  la  Porte  Saint- 
Martin,  fut  son  apothéose  ;  l'Acadéniie  française  lui  ouvrit  ses  portes  ;  il 
n'avait  que  trente-trois  ans.  Voici  la  liste  de  ses  principaux  ouvrages  :  Les 
Mnsanlises,  poésies  (Paris,  1890.  in-8)  ;  —  Les  Romanesques,  drame  (Paris, 
d89i,  in-S)  ;  —  La  Princesse  lointaine,  drame  (Paris.  1895,  in-S)  ;  —  La 
Samaritaine,  drame  (Paris.  1897,  in-8)  ;  —  Pour  la  Grèce,  poésie  (Paris,  1897, 
in-8)  ;  —  Cyrano  de  Bergerac,  drame  (Paris,  1«98,  in-8;  ;  —  //.-Ity/o/t  (Paris, 
l!>00,  in-8)  ;  —  Discours  de  réception  à  l' Académie J'rançaise  (Paris,  1903.  in-8)  ; 

—  Les  Conséquences  économiques  des  mesures  légales  contre  les  congrégations 
{Paris,  1908,  iii-8)  ;  —  Chantecler  (Paris,  1910,  "in-8). 

—  Un  romancif^r  d'un  certain  talent  et  dont  les  œuvres  sont  assez  ])opu- 
laires.  M.  (laslon  Basclk  de  Lagkèze,  connu  sous  le  pseudonyme  de 
CuAMpOL,  est  mort  le  14  décembieà  Billière,  près  de  Pau.  Fils  d'un  magistrat 
auquel  on  doit  des  écrits  juridiques  et  historiques  estimés,  il  suivit  quekjue 
temps  la  carrière  administrative  et  devint  sous-préfet,  mais  il  ne  larda  pas 
à  se  livrer  exclusivement  à  son  goût  pour  les  lettres.  11  collabora  au  Cor- 
respondant, à  l'Ouvrier,  aux  Veillées  des  chaumières,  à  r Illustration  européenne. 
Wous  citerons  de  lui  :  Un  Coup  de  patte  (Paris,  1891,  in-l8)  ;  —  Noëlle 
(Paris,  1891,  in-18)  ;  —  Madame  Melchior  (Paris,  1891,  in-18)  ;  —  L'Argenl 
des  autres  (Paris,  1893,  in-18)  ;  —  En  deux  mois.  Par  devant  n^aitre...  La 
Bataille  d'Eylau  (Paris,  18'.)3,  in-lG)  ;  —  Anaïs  Evrard.  Réconciliation.  Belzé- 
huth.  Le  Savant  Baudegrain...  (Paris,  1895,  in-18)  ;  —  Le  Roman  d'un  égoïste 
(Paris,  1895,  in-18)  ;  —  Le  Duc  Jean  (Tours.  189tj,  iii-8)  ;  —  Le  Mari  de 
Simone  (Paris,  1896,  in-18)  ;  —  Le  V(eu  d'André  (Paris,  189tj,  in-lO)  ;  —  Le 
plus  Forl  (Tours,  1S97,  in-8)  ;  —  L'Héritier  du  duc  Jean  (Tours,  1897,  in-8)  ; 

—  La  Conquête  du  bonheur  (Paris,  1897,  in-18)  ;  —  Amour  d'anlan  (Tours. 
1898,  in-18)  ;  —  L'Homme  blanc  (Paris,  1898,  in-18)  :  —  Le  Droit  d'aînesse 
(Paris,  1899.  in-18)  ;  —  Les  Justes  (Paris.  1899,  in-16)  ;  —  Cadette  de  Gas- 
cogne (Tours,  1900.  in-18)  ;  —  Les  Fleurs  d'or  (Paris,  1901,  in-16)  ;  —  Cas 
de  conscience  (Paris,  1902,  in-16)  ;  —  L'Heureux  Dominique  (Paris,  190:2, 
in-18)  ;  —  La  Lune  rousse  (Tours,  1903,  in-18)  ;  —  La  Rivale  (Paris,  1903, 
in-10)  ;  —  Sœur  Alexandrine  (Paris,  1904,  in-16)  ;  —  Les  Revenantes  (Paris, 
1905.  in-16)  ;  —  L'Idéal  de  l'oncle  Caillou  (Paris.  1905.  in-18)  ;  —  Autre 
Temps  (Paris,  1906.  in-8)  ;    -  Les  Deux  Marquises  (Paris,  1908,  in-18). 

—  M""  la  comtesse  d'\rmaii.i.é  s'est  éteinte  le  7  décembre  dans  sa  89"  an- 
née. Née  Marie-Célestine-Amélie  de  Ségur,  elle  tenait  de  son  père  le  général 
comte  Philippe  de  Ségur,  membre  de  r.\cadémie  française,  le  génie  des 
travaux  historiques  et  un  vrai  talent  d'écrivain.  Les  principaux  ouvrages 
sortis  de  sa  plume  sont  les  suivants  :  La  Reine  Marie  Leczin.'tka.  étude  his- 
ior'ique  (Paris.  1864,  in-18);  —  Catherine  de  Bourbon,  sœur  de  Henri  IV 
( I'k)9-16(>'4),  étude  historique  (Paris.  1865,  in-18)  ;  —  Marie-Thérèse  et  .Marie- 
Atdoinettf  (l'aris,  1870.  in-18)  ;  —  M'"'  Elisabeth  sœur  de  Louis  A 17  (Paris, 
1886,  in-16)  ;  —  La  Comtesse  d'Egmont,  fille  du  maréchal  de  Richelieu  [il'iO- 
llT.i)  d'après  des  lettres  inédites  à  Gustave  RI  (Paris,  1890.  in-16)  ;  —  Unt: 
Fiancée  de  Napoléon  :  Désirée  Clary,  reine  de  Suède  {1777-lSGO)  (Paris.  1897. 
in-16). 

—  L'Église  catholique  d  Angleterre  vient  d'éprouver  une  grande  perle  eu 


—  f)7    - 

la  personne  de  Mgr  William  Coi.or.AN.  niorl  à  la  (în  de  lîMS.  Ni;  à  (iorrou  le 
8  déccinhic  IS40,  il  se  destina  d'abord  à  la  vie  politique  el  consulaire  ;  tnai>  il 
éprouva  bientôt  un  si  vif  désir  du  sacerdoce,  qu'il  ne  j)ul  résislei  ;i  i'apijcl 
de  sa  vocation  el  il  fut  envoyé  à  1'  «  English  Collège  »  fondé  à  Bru;:<'s  [wr 
Sir  John  Sullon,  où  il  reçut  la  prêtrise  des  niair)»  de  rarrlicvêquc  (plus 
tard  cardinal)  Manning.  Il  fut  d'abord  envoyé  dans  un  hn|)ilal  roniino 
•chapelain  ;  puis,  en  octobre  1S7T.  à  Stocli. 'comme  clief  de  la  mission,  d'est  ' 
là  qu'il  fonda  la  C.  T.  S.  {CallioUc  Trtilk  Sociely}.  Comme  orateur,  il  n'avait 
rien  de  remarquable  ;  il  excellait  surtout  dans  les  instructions  familières. 
IJ  se  distingua  par  un  goût  tout  si)rcial  pour  la  botanique  auquel  il  lui  était 
facile  de  s'adonner,  les  campagnes  qui  environnaient  la  mission  lui  four- 
nissant des  spécimens.  En  l'JUi),  il  fut  élevé  à  la  dignité  de  prélat  romain. 
Ce  fut  un  saint  prêtre  plein  de  zèle  pour  le  salut  des  âmes  et  tout  dévoué  à 
tson  œuvre.  Voici  les  titres  de  (juclques-uns  de  ses  écrits  :  The  CalkoUc  tem- 
pérance reader,  en  collaboration  avec  Sir  Francis  Cruisc  ;  —  Teiiijierancc 
calechism,  composé  pour  la  C.  T.  S.  ;  —  Total  abstinence,  a  cnlholic  jmnl  0/ 
vlew  ;  —  iVolly's  prayer  ;  —  .1  scriptural  life  of  the  Blessed  Virrjin  :  —  The 
Ufe  and  writin(js  of  SI.  Peler  :  —  The  Affections  in  mental  prayer  ;  —  The 
Lasl  sacranu'ids  ;  —  Simple  prayer  book. 

—  En  (Jiuseppe  FiiACCAnoLi.  mort  récemment,  l'Ilalie  perd  un  de  ses  hellé- 
nistes les  plus  distingués  el  de  ses  meilleurs  critiques.  Né  à  Vérone  le 
5  mai  18i9,  il  songea  d'abord  à  faire  du  droit  sa  carrière  et  se  fit  recevoir 
docteur  en  l'Université  de  Padoue.  Mais  ses  goùls  littéraires,  l'esprit  criticpae 
qui  se  manifesta  en  lui,  les  travaux  qu'il  publia  sur  la  littérature  antique 
l'entraînèrent  vers  une  tout  autre  destinée.  Il  fut  appelé  à  professer  la  lit- 
térature grecque  à  l'Université  de  Messine,  dont  il  devint  le  recteur  (1S03). 
Puis  il  prit  la  chaire  de  littérature  grecque  à  l'Université  de  Turin  (1897- 
1906).  Les  questions  d'enseignement  ne  cessèrent  de  le  préoccuper,  et  l'on 
a  de  lui  sur  la  matière  plusieurs  travaux,  parmi  lesquels  l'un  des  plus  con- 
sidérables est  le  dernier  livre  sorti  de  sa  plume.  Le  culte  de  la  petite  patrie, 
-sans  jamais  nuire  au  culte  de  la  grande,  était  très  vif  chez  lui  :  il  se  plai- 
sait au  dialecte  de  son  pays  et  il  s'est  amusé  à  s'en  servir  pour  une  traduc- 
tion d'Aristophane.  Voici  la  liste  des  principaux  ouvrages  de  ce  laborieux 
érudit  et  de  ce  maître  distingué  :  \crsL  (Verona,  1874,  in-8)  ;  —  /  Persiani, 
traduction  d'Eschyle  (Torino,  1870,  in-8)  ;  —  Le  due  Odi  di  Saffo  (Verona, 
1878,  in-16)  ;  —  Saggio  sopra  la  genesi  délia  melrica  classica  (Verona,  1881. 
in-8)  ;  —  Lo  Sciillore  Innocenzo  Fraccaroti  (Verona,  1883,  in-8)  :  —  De  Eari- 
pldis  scribe ndi  artificio  (Augustae  Taurinorum,  1884,  in-8)  ;  —  L'Ode  pitia 
XI  di  Pindaro  (Verona,  1880,  in-10)  ;  —  Fer  gli  umoristi  deli  antichilà  (Ve- 
rona, 1880,  in-10)  ;  ^  Teoria  raziunate  di  melrica  italiana  (Torino,  1887, 
in-8)  ;  —  Del  realismo  nella  poesia  greca  (Verona,  1887.  in-8)  ;  —  Odi  (Bolo- 
gna,  1887,  in-lO)  ;  —  Parole  pronunziate  neli  inaugurazione  delV  anno  acca- 
demico  t893-189U  (Messina,  1893,  in-8)  ;  —  Le  Odi  di  Pindaro  (Verona,  1894, 
in-8,  nouvelle  édition  Milano,  1914,  in-8)  ;  —  Parole  pronunziate  neW  inau- 
(jurazione  delV  anno  accademica  189U-IS9Ô  (Messina,  1894,  in-8}  :  —  Thucyd. 
VI,  61,  6  ;  ///,  8^,  1  (Firenze,  1890,  in-8)  ;  —  Calalogo  dei  manoscrilti  greci 
délia  biblioteca  universitaria  di  Messina  (Firenze,  1897,  in-8)  ;  —  Dei  codici 
greci  dei  monaslero  dei  ss.  Saluatore  di  Messina  (Kiren.4e,  1897,  in-8)  ;  —  Il 
metodo  criiico  dei  professore  Vitelli  (Torino,  -1900,  in-8)  ;  —  VIrrazionale 
nellaletterntura[Toi\noA^O?>M-'i)  ;  — /Z  TmieocZz'P/a^one (Torino,  1903,  in-8  >  ; 
—  /  Lirici  greci  (Torino,  1910-1913,  in-8)  ;  —  L'Uomo  polilico  di  Platone  (To- 
rino, 1911,  in-8)  ;  —  //  Sofista  di  Platone  (Torino,  1911,  in-8)  ;  —  LEdaca- 
zione  nazionale  (Bologaa,  1918,  in-16}. 


—  68  — 

—   Des  avis  de  Hollande  confirment   définitivement  la  nouvelle  de  I» 
mort  dcTabbé  Hugo  Vehiuesï,  membre  de  l'Académie  flamande  et  l'undes- 
cliefs  de  l'école  flamingante  catholique.  Pupille  de  l'illustre  Guido  Gczellc^ 
dont  le  nevcn,  un   autre  flamingant  distingué,  Stijn  Streuvels,  était  son 
ami  intime,   il   entra  comme  son   maître  dans   les   rangs  du   clergé,   cl^ 
comme  lui  se  distingua  par  son  talent  poétique.  ComiTie  lui  aussi,  il  fut- 
envoyé.  —  relégué,  disent  les  langues  malignes,  —  dans  une  humble  pa- 
roisse des  Flandres,   Ingoyghem.  Un  de  ses  premiers  ouvrages  :  Leven  en 
dood  (1877,  in-8)  a  pris  place  plus  tard  dans  un  recueil  de  Voordrachlen.  I^e 
curé  d'Ingoyghem  n'était  pas  seulement  un  poète,  mais  un  orateur,  l'ora- 
teur le  plus  populaire  de  la  Flandre  ;  et  il  n'était  guère  de  fête  dans  laquelle 
ne  retentit  sa  parole.  Au  recueil  de  conférences  que  nous  venons  de  citer.. 
il  faut  ajouter  les  trois  discours  spirituels   sur  la  lumière,  la  force  et  la^^ 
piété  qu'il  a  réunis  sous  le  litre  :  Drij  (jeeslelijlce  voordrachlen  (19D5,  in-S). 
Nous  citerons  encore  du  maître  Op  woiidel  (1903,  in-8)  et  Regenbuog  uiL  an- 
dere  klearen  (1904,  in-8)  et  un  olivrage  en  deux  volumes  sur  vingt  écrivains^ 
flamands  {Twinlig  vlaainsche  Koppen),  dans  lesquels  il  a  fait  place  notani- 
ment  à  son  maître  Guido  Gezelle  et  à  son  ami  Stijn  Streuvels.  L'abbé  Ver- 
riest  était  né  à  Deerlijk  en  1840. 

—  M.  Domenico  Orano,  mort  récemment  âgé  de  45  ans,  était  né  à 
Rome,  le  14  février  1873.  Il  fit  ses  études  dans  sa  ville  natale  et  son  esprit 
largement  ouvert  lui  permit  de  se  faire  recevoir  docteur  en  droit  et  doc- 
teur es  lettres.  11  se  fit  attacher  à  la  Bibliothèque  Casanatense,  enseigna 
dans  divers  établissements  et  donna  une  active  collaboration  à  plusieurs- 
publications  périodiques.  Tout  en  regrettant  ses  attaches  maçonniques, 
dans  un  pays  où,  comme  en  France,  la  maçonnerie  est  si  sectaire,  on  doit 
rendre  justice  à  ses  belles  qualités  intellectuelles.  N'ous  citerons  de  lui  : 
Marcello  Alberini  e  il  sacco  di  Roma  del  l.'/27  (Koma,  1895  in-8)  ;  —  7/  diario 
di  Marcello  Alberini  (lo2l-lo25J  (Roma  1896,  in-8)  ;  —  Il  sacco  di  Roma  del 
1527  (Roma,  1901)  ;  —  Lellere  di  Pier  Cnndido  [)ecend>rio,  fraie  Simone  da 
Canierino  e  Lodrisio  CriveUi  a  Fraiicesco  Sf()r:(t  (Roma,  1901,  in-8)  ;  —  Lellera 
di  Guiniforle  Barzizza  alla  ducliessa  liianca  Marin  SJ'orza,  12  ngoslo  lUb7  (Roma, 
1900.  in-8)  ;  —  I  suggeri/tienli  di  haon  vivere  déliait  da  Francesco  SJbrza  pel 
jigliuolo  Galeazzo  Maria  (Roma,  1!)01,  in-8)  ;  —  Due  atdografi  inedili  di 
Francesco  FilelJ'o  (Roma,  19'.)1,  in-8)  ;  —  Un'adananza  inassonica  in  Roma 
nel  1810  (Roma,  1902,  in-8)  ;  —  Lllalianilà  e  la  modernilà  di  Leone  XllI 
(Roma,  191)3,  in-8)  ;  —  L'Instnllazione  di  nna  loggia  massonica  in  Francia 
soUo  Luigi  XVI  (Roma,  1903,  in-8)  ;  —  Liberi  pcnsalori  braciali  in  Roma 
dal  XVI  al  XVIII  secolo  (Roma.  1904,  in-8)  ;  —  Il  Teslaccio  :  il  monte  e  il 
quarliere  (Pescara,  1910.  in-8)  ;  —  L'Inchiesla  sidle  abilazioni  operaie  :  il 
Teslaccio  (Pescara,  1911,  in-8)  ;  —  Pttgine  criiiche  (Pescara,  1912,  in-8)  ;  — 
Corne  vive  il  popolo  a  Roma  (Roma,  1912,  in-8)  ;  —  L'Anima  poelica  di 
Giuseppe  (iioacchino  Belli  (Roma,  1913,  in-8). 

'  —  On  annonce  encore^  la  mort  de  MM.  :  Louis  Andhk,  président  de 
chambre  à  la  cour  d'apjjel  de  Paris,  mort  le  14  novembre,  auteur  de  plu- 
sieur.s  ouvrages  notamment  :  Deux  mémoires  historiques  de  Claude  Lepelle- 
(ier  (Paris,  1900)  ;  Michel  Le  Tellier,  l'organisation  de  l'armée  monarchique 
(Paris,  1906,  in-8)  ;  Les  Accidents  du  travail,  régime  du  risque  professionnel 
(Paris,  1907,  in-8)  ;  —  llisloire  économique  depuis  l'antiqinté jusqu'à  nos  Jours 
(Paris,  1908,  in-18)  ;  Louis  Rkssk, collaborateur  de /'//(/rri^Lf/j/fa/i/,  qui  avait 
collaboré  autrefois  à  la  Ridrie  et  à  la  Presse  et  a  publié  divers  romans  de 
mœurs,  romans    sociaux,   contes  et  nouvelles,  mort  le  2:i  novembre  ;  — 


I 


—  60  — 

M.  Joseph  BoucAiin,  rédacteur  en  chef  des  Tablettes  des  Deux  Charentes,  qui  a 
collaboré  à  laGazellede  France,  cl  laisse  les  ouvrages  suivantes  :  SceurCalhe- 
j'ine  Labouré  et  la  médaille  miraculeuse  (Paris,  1007,  i  n-12)  ;  Vie  et  mi- 
racles de  sainl  Benoit,  moine  et  fondateur  de  l'ordre  des  bénédiclins  (Paris, 
-1909,  in-12)  ;  Sainl  Antoine  de  Padoue,  sa  vie  et  ses  miracles  (Paris,  1917.  in-12), 
mort  à  41  ans,  le  16  décembre,  à  Rochcforl-sur-Mcr  ;  —  Lucien  BouncERET, 
K;ollaboratcur  de  l'Agence  Havas,  mort  le  30  novembre  ;  —  le  D'  Edouard 
Bureau,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  ancien  professeur  au  Muséum 
<l'hisloire  naturelle,  botaniste  distingué,  auquel  on  doit  entre  autres 
ouvrages,  une  importante  A/o/io^rap/i/e  des  Bignoniacées  (Paris,  1864,  2  vol., 
in-4)  ;  un  aperçu  sur  les  Collections  de  botanique  fossile  du  Muséum  (Paris. 
1893,  in-fol.).  mort  en  décembre,  à  88  ans  ;  —  Claude  Coutuiuer.  auteur 
■de  nombreux  romans  et  de  recueils  de  vers,  parmi  lesquels  nous  citerons  : 
Chanson  pour  toi  (Paris,  1889,  in-12)  ;  L'Inespéré  (Paris.  1892,  in-18)  ;  — 
Le  LU  de  celte  personne  (Paris,  1895,  in-16)  ;  Trop  Biche  (Paris,  1901, 
in-i6)  ;  mort  en  décembre  ;  —  Georges  Daumet,  archiviste  paléographe, 
-ancien  membre  de  l'École  française  de  Rome,  ancien  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  qui  l'on  doit  ;  Étude  sur  l'alliance  de  la  France  et  de 
la  Caslille  au  XIV  et  an  XV^  siècles  (Paris,  1898,  in-8;  ;  Innocent  Vf  et 
Blanche  de  Bourbon  (Paris,  1899,  in -8)  ;  Lettres  closes,  patentes  el  curiales 
■de  Benoit  Xll  se  rapportant  à  la  France  (Paris,  1899,  in-4)  ;  Calais  sous  la 
■domination  anglaise  {Xrr as,  1902,  in-8)  :  —  Notice  sur  les  établissements  reli- 
gieux anglais,  écossais  et  irlandais  fondés  à  Paris  avant  la  Révolution  (Paris, 
1912,  in-8)  ;  Mémoire  sur  les  relations  de  la  France  el  de  la  Caslille  de 
1255  à  1320  (Paris,  1913,  in-8),  mort  subitement  à  48  ans,  à  Paris, 
le  10  décembre  ;  —  Joseph-Marie-Edmond  Drouet,  professeur  d'histoire, 
docteur  es  lettres,  auteur  d'une  étude  sur  l'Abbé  de  Saint-Pierre,  l'homme 
■el  l'œuvre  (Paris,  1912,  in-8),  mort  dans  sa  34'  année,  le  2  décembre,  à 
l'hôpital  militaire  de  Rennes  ;  —  A. -Michel  Duchesxe,  rédacteur  militaire 
•du  Journal,  mort  à  47  ans,  en  décembre  ;  —  Ernest  Dupont,  conseiller  à 
la  cour  de  cassation,  auteur  d'un  Manuel  élémentaire  de  droit  criminel,  en 
-«ollaboration  avec  M.  René  Foignet  (Paris,  1907,  in-18).  mort  en  décembre  ; 
—  François  É.\ault,  artiste  peintre,  rédacteur  en  chef  de  la  France  illustrée, 
mort  le  1"  décembi-e  ;  ^ —  le  chanoine  Joseph  Gindre,  curé-doyen  des 
Cordeliers,  à  Lons-le-Saunier,  qui  a  publié  un  Panégyrique  de  saint  Claude 
(Lons-lc-Saunier,  1903,  in-12),  mort  en  cette  ville  le  19  septembre  1918' 
■dans  sa  63'  année  ;  —  Albert  Golllé,  ancien  collahorateur  du  Cri  da 
peuple,  de  la  Petite  République,  de  l'Autorité  et  du  Rappel,  mort  le  4  décem- 
rbre,  à  74  ans  ;  —  Georges  Guilaine,  rédacteur  au  Daily  Mail  et  à  l'Agence 
Radio,  qui  avait  collaboré  à  de  tiombreux  journaux  parisiens  cù  il  avait 
su  faire  apprécier  sa  valeur  professionnelle,  mort  le  l^"^  décembre  ;  — 
D"^  Gaston  Humbert,  qui  a  traduit  les  Éléments  de  l'esthétique  musicale  par 
G.  Riemann  (Paris.  1907,  in-8),  mort  à  Paris,  le  lo  novembre;  —  Georges 
Jeannel,  collaborateur  parlementaire  de  l'Agence  télégraphique  républicaine, 
«tjui  avait  aussi  fait  partie  de  la  rédaction  parisienne  de  la  Petite  Gironde, 
iTiort  à  58  ans,  le  14  décembre  :  —  Pierre  Jollivet.  ancien  frère  bernar- 
•ëin,  professeur  à  Ifîendic,  diocèse  de  Rennes,  mort  le  2  décembre  ;  — 
■Charles  Lalou,  ancien  directeur  du  Journal  de  la  France,  mort  à  Paris, 
le  29  novembre  :  —  Auguste  Lepj:re,  peintre  et  graveur,  l'un  des  maîtres 
qui  ont  le  plus  contribué  à  la  renaissance  du  livre  par  le  caractère  et  la 
largeur  de  ses  compositions  et  à  la  résurrection  de  la  gravure  sur  bois, 
i«ort  le  20  novembre,  à  Domme  (Dordogne)  ;  —  Charles  Lefèvre-Clérem-  ' 


—  70    - 

BRAY,  qui  a  t'cril  do  nombreuses  noticos  sur  la  région  et  sur  le  pays  de- 
lîray  et  public  un  travail  considérable  :  La  Terreur  à  Rouen  {1703-1796), 
ainsi  qu'une  curieuse  élude  :  Bovarisme  el  Jlauberlisme,  mort  le  3  décem- 
bre' ;  —  Henri  Leouand,  professeur  d'agriculture  à  l'école  primaire  supé- 
rieure de  Bapanme.  emmené  à  Valenciennes  et  fusillé  par  les  Allemands 
en  février  dernier  ;  —  Mgr  Hector  Léveillé,  prélat  de  S  S.,  directeur  de 
l'œuvre  dominicaine  du  Mans  et  de  l'Académie  internationale  de  botanique, 
collaborateur  du  Cosmos,  mort  le  29  novembre,  à  qui  l'on  doit,  entre 
autres  ouvrages  ;  Esi^ai  sur  la  géographie  botanique  du  nord-ouesl  de  la 
France  {Le  Mans.  1906,  in-8)  ;  Glanes  sino-Japonaises  (Le  Mans,  i%6, 
in-8)  ;  Tableau  analytique  de  la  flore  française  (Le  Mans,  1906,  in-16  v 
Les  Vignes  de  la  Chine  (Le  Mans,  1906,  in-8)  :  —  Josepb  Periun.  de  la  mai- 
son Perrin  cl  C'%  qui  avait  succédé  à  M.  Didier  dans  la  direction  de  la 
Librairie  académique,  mort  à  53  ans,  le  3  décembre  ;  —  M.  r«aston  Pinet, 
chef  d'escadron  d'artillerie  en  retraite,  ancien  bibliothécaire  de  l'École- 
pol>  lechnic[ue,  écrivain  d'une  grande  érudition,  qui,  outre  une  ///.s/o/re 
1res  complète  de  l'École  polytechnique  (Paris,  1887,  gr.  in-8),  qui  fait  auto- 
rité et  des  travaux  documentés  sur  le  siège  de  Iluningue,  le  Siège  de  Bilche, 
les  Lignes  de  Wissembourg,  Landau,  Belfort,  etc.,  laisse  un  grand  nombre 
d'études  fines  et  gaies  ;  L'Argot  de  l'X  polytechnique  (Paris,  1894,  in-8); 
f.es  Roslots,  les  Pouyades,  liousca,  Un  Chic  à  Merca,  etc.,  mort  à  la  fin 
de  novembre  ;  —  Joël  Raynaud,  correspondant  du  Temps  à  Privas,  mort 
en  octobre  ;  —  Emmanuel  Rivikhe,  ingénieur  des  arts  .et  manufactures, 
directeur  de  l'Écho  du  Centre  et  de  la  Croix  du  Centre,  mort  âgé  de  63  ans, 
le  p'  décembre,  à  Blois  ;  —  le  chanoine  Rousseau,  curé  de  Bourdeilles,. 
diocèse  de  Périgueux,  collaborateur  des  Contemporains,  mort  le  10  décem- 
bre ;  —  le  R.  P.  SicAUD,  des  Frères  Prêcheurs,  aumônier  des  Dominicaines 
de  Saint-Maximin,  auteur  notamment  d'un  ouvrage  sur  Sainte  Marie-Made- 
leine, mort  à  Marseille,  le  1"  novembre  ; —  l'abbé  Antoine-Ernest  Terrasse, 
auteur  d'une  Histoire  de  l'Église,  d'un  Cours  complet  d'enseignement  reli- 
gieux (1!)0I,  5  vol.,  in-12)  et  d'une  étude  sur  l'Ignorance  religieuse  au  XX''  siè- 
cle (1912.  in-12).  moit  à  70  ans,  à  Paris,  le  8  octobre  ;  —  l'abbé  Armand 
Vam:s.  professeur  à  IS.-D.  de  Mende,  mort  on  décembre  ;  —  Bernard  Van- 
DKMiKOAQUE,  liommc  dc  lettres,  mort  à  Bourg-la-Reine,  lc6  décembre  :  — 
le  1)"^  A  loouROux.  médecin  en  chef  des  asiles  de  la  Seiiue,  auteur  d'ui» 
traité  de  médecine  à  l'usage  des   familles,  mort   le   13  décembre,  à  Paris  ;. 

—  Louis  Woi.F,  collaborateur  du  Rappel  et  du  Pays,  directeur  de  la  Tri- 
bune parlementaire,  mort  à  la  fin  de  novembre,  à  Paris  ;  —  le  baron 
o'YvoiRE,  collaborateur  du  Français  et  du  Journal  de  Rome,  qui  fut  le  prc- 
niier  directeur  de  la  Défense,  le  grand  journal  callioliqne  fondé  par 
Mgr  Dupanloup,  mort  à  85  ans,  en  Haute-Savoie,  le  20  novembre. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM  :  Auguslo  Acahiti.  secrétaire- 
delà  bibliothèque  de  la  Chambre  des  députés  d'Italie,  collaborateur  de  la 
Rnssegna  nazion/de,  à  qui  l'on  doit  entre  autres  ouvrages  :  La  Sovranità 
délia  società  :  Il  Proldema  delta  virisezione.  La  Religione  e  la  leosojia  degli 
Arabi  :  La  Sainte  detl' Europa  e  iiideruento  iialinno.  n)ort  à  Rome,  le  5  oc- 
tobre, dans  sa  trente-neuvième  année,  d'une  maladie  contractée  au  Front; 

—  Francisco  Ai.e.many,  écrivain  espagnol,  mort  à  Alicanle,  en  novembre  ; 

—  Julio  CAl.CA^o.  un  des  représentants  les  plus  notables  de  la  littérature- 
hispano-américaine,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  vénézuélienne» 
correspondante  de  celle  dc  Madrid,  auteur  de  poésies,  de  coules,  de  ro- 
jnniis  exotiques  et  historiques  (tel  que  Letly  Somers  qui  contient  une  pein- 


—  71    — 

tiive  ciiiieuso  des  révolutions  auxqtiplle.s  il  sc.inèla  comme  acteur),  et  dont, 
iious  citerons  pins  s|)écialenjent  ont*  liesena  hislorica  de  la  lilerniura  vene- 
:()liina  (ISSU,  in-S)  et  \in  livre  intéressant  sur  la  langue  espaj^nole  an  Ver)e- 
znela  ( El  aixlellano  en  Vcnezuelu,  l.S'JT.  in-8),  mort  à  flaracas  dans  le  cou- 
rant de  novembre  ;  —  Hobcrt  .1.  C^ollikh,  directeur  de  la  grande  firme  dp 
ce  nom  et  <klileur  du  Colliers  Weekly.  mort  le  S  novembre  ;  —  Angel  Dkl- 
■OADO.  membre  correspondant  de  l.Vcadémie  dhisloire  de  Madrid,  mort 
au  début  de  novembre  à  Helaluazar,  en  Andalousie  ;  —  le  D''  KiiHNAi,,  édi- 
teur du  .S7an(/ani  f/(C<(o/i/trv.  auteur  de  nombreux  ouvrages,  dont  le  plus 
récent  a  pour  titre  Expressive  Eiiçflish,  mort  le  10  novembre  à  New  York  ; 
—  Laurence  Jkukolu,  directeur  parisien  du  Daily  lelefjrnph,  auteur  de  : 
Tlte  Real  France  (1911.  iu-8)  ;  The  Erench  and  ihe  Eiujlisli  (1913,  in-8)  ; 
France  h  ikiy  (I91t),  in-18),  mort  le  1"  noveuibrc  à  45  ans  ;  —  \lbert  Keï- 
/EI5,  critique  dramatique  du  Daily  Mail,  moit  le  10  décembre  à  Paris  ;  — 
Francis  Ellington  Lkui'p,  ancien  correspondant  de  VEvening  post.  qui  fut 
un  moment  commissioner  of  Indian  atTairs  pendant  la  présidence  de 
Roosevelt.  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  The  Indian  and  liis  probleni 
<1910).  liiography  of  William  II.  TaJÏ  (1914).  Wallis  aboul  Washinglon  (l915). 
mori  à  Tvringham  (Massachusetts),  le  19  novembre,  âgé  de  69  ans  ;  —  Pie- 
tro  MoscATELLO,  uotairc.  fondateur  de  la  revue  //  Xotarialo  ilatiano,  aute^ir 
<rouvrages  juridiques  estimés,  mort  en  décembre,  à  Palerme  ;  —  Federico 
PiMF>TKL.  écrivain  vénézuélien,  inort  en  novembre  à  Caracas  ;  —  Willard 
Dicke.rman  Straight.  attaché  à  la  mission  de  paix  américaine,  corres- 
pondant de  lagence  Reuter.  puis  de  VAssocialed  Press,  à  Séoul.  Tokio. 
puis  en  Mandchourie.  mort  à  38  ans,  le  2  décembre  ;  —  Charles  Richard 
A  AN  HisE.  de  1  Université  de  ^^  isconsin.  à  qui  l'on  doit  notamment  un 
important  Trealise  on  melan}C)rp/iism  (1904;  ;  Conservation  o/  ntdnral  resotir- 
ces  in  Ihe  Uniled  States  (1910)  ;  Concentration  of  indnstry  in  the  United 
Slales  of  America  (1914).  mort  à  Mihvaiikee,  le  19  novembre,  dans  sa 
61'  année. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et   belles-lettres.  —  Le 

6  décembre  1918,  M.  Héron  de  Villefosse  communique  à  l'Académie  lo 
texte  d'une  inscription  votive  de  l'époque  romaine,  découverte  aux  envi- 
rons de  la  Rochefoucauld  (Charente).  Cette  inscription  mentionne  la  déesse 
gauloise  Damona.  compagne  d'ApoUo  Borvo,  le  dieu  des  eaux  salutaires 
à  Bourbonne-les-Bains  et  à  Bourbon-Lancy  —  Le  13,  M.  Diehl  commu- 
nique un  télégramme  adressé  à  la  légation  de  Grèce  par  la  Société  des 
études  byzantines  d'Athènes,  qui  fait  connaître  les  vols  et  la  destruction 
de  nombreux  objets  d'art  byzantin  commis  par  les  troupes  bulgares  dans 
plusieurs  monastères  de  la  Macédoine  orientale.  —  Le  20,  M.  Babelon 
donne  lecture  d'un  mémoire  sur  la  devise  a  Fert  ».  qui  figure,  comme  cha- 
cun sait,  sur  la  tranche  des  monnaies  d'argent  d'Italie  et  remonte  au 
XIV' siècle,  sans  être  toutefois  antérieure  à  Amédée  VI,  comte  de  Savoie 
(1343-1383).  Il  s'agit  très  vraisemblablement  du  verbe  latin,  Fert,  «  II 
porte.  » 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciesces  morales  et  politiques.  —  Le 

7  décembre  1918,  M.  de  Guichen  donne  lecture  d'une  communication  inli- 
lée  :  Les  Relations  commerciales  russo-allemandes  da  xiv  au  xx'  siècle  ei  le 
Problème  agricole  allemand.  —  Le  13,  M.  Albert  Vaunois.  avocat  à  la  cour 
dappel  de  Paris,  lit  une  étude  relative  à  l'Abrogation  récente  de  la  loi  du 
16  mai  1866  sur  les  instruments  de  musique  mi/canique  et  la  propriété  liltéraire^ 
et  arlislique. 


Pnix.  —  L'Académie  de  médecine  vient  d'allribuer  le  prix  Saintoilr. 
<le  4.400  fr.  au  docteur  Cabanes  pour  son  important  ouvrage  :  CJiintniiens 
■el  blessés  à  travers  l'hisloire,  des  origines  à  la  Croix-Rouge,  dont  le  Polybi- 
blion  a  rendu  compte  dans  sa  précédente  livraison  (novembre-décem- 
bre 191X,  t.  CXLIII.  p.  2S!>-292).  —  Des  mentions  très  honorables  ont  été 
accordées  à  :  M.  le  D'  L.  Camus  :  Elude  de  la  vaccine  généralisée  ;  M.  le  D'  l'aul 
Codin  :  La  Croissance  pendant  l'âge  scolaire  ;  applications  éducatives.  I.a  For- 
mule individuelle  de  croissance  ;  M.  le  D^  Charles  Perri«r  :  Le  Crâne  el  ses 
rapports  avec  la  taille,  la  grande  envergure,  le  buste,  le  pied  chez  les  crimi- 
nels ;  M.  le  D"^  Mauclaire  :  Chirurgie  de  guerre,  cliirurgie  d'urgence,  chinit  - 
gie  réparatrice  et  orthopèd'ique . 

—  Dans  sa  séance  du  17  décembre  dernier,  la  Société  îles  gens  de  Icllrcs 
a  décerné  le  prix  Charles  Richet,  destiné  au  médecin  honuiie  de  lettres 
dont  l'œuvre  est  reconnue  la  plus  mérilanle,  au  D'  Cabanes,  rédacteur  en 
chef  de  la  Chronique  médicale  dont  la  parlic  technique  du  Polyhiblion  public 
régulièrement  les  sommaires. 

Index.  —  Un  décret  du  Saint  Office,  en  date  du  27  novembre,  7net  h  l'in- 
dex deux  ouvrages  de  M.  Ernesto  Benaiuti  :  La  Genesi  délia  dottnna  agosli- 
niana  inlorno  al  peccalo  originale  (Roma.  Tipogr.  del  Senalo,  1916)  ;  — 
Sant'Agoslino  (Homa,  A.  Formiggiani,  1917). 

L'Inquisitio.n.  —  Tandis  que,  deptiis  un  demi  siècle,  les  travaux  se  sont 
multipliés  sur  linquisition  dans  le  midi  de  la  France  au  point  d'en  éclai- 
rer les  origines,  il  règne  encore;  sur  l'établissement  de  cetle  institution 
dans  nos  régions  du  nord  une  certaine  obscurité.  L'étude  que  M.  Emile 
Chénon,  le  savant  ])rofesseur  de  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  publie  sur 
l'Hérésie  à  la  Charité-sur- La  ire  et  les  débuts  de  l'inquisition  monustiquf 
dans  la  France  au  xui^^  siècle  (extrait  de  la  Nouvelle  liecue  historique 
de  droit  français  et  étranç/er.  Paris,  librairie  de  la  Société  du  recueil 
Sirey,  1917,  in-8  de  33  p.)  nous  apporte  sur  ce  point  des  lumières  nou- 
velles ;  il  montre  les  progrès  et  l'extension  de  l'hérésie  à  la  (]harilé-sur- 
Loirc;  expose  les  cITorts  tentés  en  vain  pour  l'enrayer  par  Hugues  des 
Noyers,  cvéquc  d'Auxerre,  et  ses  successeurs  ;  précise  le  rôle  des  domini- 
cains cl  du  fameux  Robert  le  Bougre,  donl  il  nous  dévoile  un  aulre  sur- 
nom :  le  Petit. 

Analect.\  MoiVTSEHRATEUsiA.  —  Lcs  moincs  bénédictins  de  l'antique  et 
célèbre  abbaye  de  N.-D.  de  Montserral,  en  Catalogne,  entreprennent 
sous  ce  titre  la  publication  d'un  recueil  qui  promet  d'être  intéressaiit  à 
en  juger  par  le  premier  volume,  qui  s'applique  à  l'année  1917  (Monastère 
de  Montserrat  ;  Rarcclone,  impr.  Nerdaguer,  1918,  in-4  de  400  p.).  La  des- 
truction, au  début  du  xix'  siècle,  des  riches  archives  de  l'abbaye  obligera  à 
de  longues  et  pénibles  recherches  le  futur  historien  du  monastère.  C'est 
pour  lui  préparer  sa  tâche  (pic  les  Analecta  ont  été  fondés.  O  premier 
volume  contient  :  1.  Le  (Catalogue,  par  Dom  .\nselm  M.  .\lbareda.  des 
72  manuscrits  de  la  Bibliothèque  ;  II.  Une  étude  de  Dom  Cregori  M.  Sunol 
sur  les  chants  des  jjèlcrlns  au  xiV  siècle  :  3.  Une  note  de  M.  .laume  (Po- 
llen qui  met  hors  de  doute  (pie  des  moines  du  .Mont-Cassin  sont  ven<is  au 
XV'  siècle  réformer  le  couvent  ;  i.  La  reproduction,  par  l'archiviste  do 
l'abbaye,  des  textes  catalans  contenus  dans  le  «  Livre  vermeil  »,  l'un  des 
plus  précieux  manu.scrils  de  la  Bibliothèque;  3.  Quelques  documents  par- 
mi lesquels  nous  noierons  une  liste  de  manuscrits  jadis  conservés  à  l'ab- 
hayc  el  un  catalogue  des  reliques  et  joyaux  ;  0.  Enfin  la  chronique  du 
^anctuaire  en  1917.  Nous  ne  pouvons  que  souhaiter  longue  vie  au  nou- 
veau recueil. 


AiMANATH*;.  —  l'oiir  so  conrofirior  aux  prescriptions  du  décret  du 
X  mars  tOlS.  VMinanadi  Jlachelle  (in-16  de  252  +  Oi  p..  avec  un  grand 
nombre  de  plans,  cartes  et  pians.  Prix  :  broché,  2  fr.  ;  cartonné,  2  fr.  !)0) 
^1  dû,  pour  l'année  11(19,  comme  d'ailleurs  toutes  les  publications  simi- 
laires, dimiiHjer  très  sensiblement  son  importance  matérielle.  Mais  la 
réduction  porte  surtout  sur  la  partie  dite  «  Agenda  »  qui  a  été  condensée 
4out  en  conservant  les  renseignements  essentiels.  Ce  qui  forme,  comme  les 
4innées  précédentes,  la  partie  la  plus  attachante  de  VAlinanach  Jlarhr.llc, 
r'est  indiscutablement  VHisloirc  de  la  guerre,  que  nous  raconte  M.  Pierre 
Dau/et  pour  la  période  allant  du  mois  d'octobre  1917  au  11  novembre  1918. 
Dans  ce  texte,  mais  bien  distincts  et  séparés,  on  trouvera  intercalés  des 
renseignements  intéressants,  appuyés  de  figures  qui  les  éclairent,  sur 
l'artillerie  lourde  française  et  allemande,  l'évaluation  des  forces  ennemies 
^"i  quatre  époques  différentes,  la  répartition  des  forces  allemandes  sur  le 
Front  occidental  au  lo  mai  1918.  —  \  noter  aussi  :  Pelile  Encyclopédie  de 
/a  tjuerre,  où  il  est  question  des  chars  d'assaut  allemands,  des  gros  canons 
•ïiyant  bombardé  Paris,  de  l'aviation,  de  l'armée  japonaise,  des  merveilles 
cle  la  chirurgie  pendant  la  guerre  ;  —  l'Histoire  illuslrée  de  l'année,  aux 
•divers  points  de  vue  politique,  diplomatique,  religieux,  économique,  agri- 
<:ole,  maritime,  géographique  et  colonial,  industriel,  médical.  Quantité 
-d'autres  sujets  sont  également  traités,  avec  plus  ou  moins  de  détails.  Eu 
«omme,  VMmanach  Hacheile,  quoique  amaigri  «  par  ordre  ».  justifie  tou- 
jours pleinement  son  sous-titre  :  Petite  Encyclopédie  populaire  de  la  vie  pra- 
lique. 

—  Rien  de  banal  dans  V Almanaclt-Guide  des  «  Erèrfs  d'armes  »  pour  1919, 
pas  même  le  calendrier,  qui  offre  beaucoup  de  détails  intéressants,  ins- 
tructifs, édifiants  (Paris,  VP,  14.  rue  d'Assas,  édition  de  Frères  d'armes, 
in-18  de  141  p.,  illustré.  Prix  :  1  fr.  2-5).  Outre  d'excellents  conseils  à  la 
jeunesse,  donnés  sous  les  formes  les  plus  variées,  cet  almanach  renferme 
<les  articles  parmi  lesquels  nous  avons  particulièrement  remarqué  :  i\'otre 
I^ays  :  la  France  ;  —  Nés  bonnes  vieilles  Provinces  (texte  illustré  des  armoi- 
ries de  tous  les  chefs-lieux  de  département)  ;  —  En  Guerre.  Comment  et 
pourquoi  nous  sommes  en  guerre  ;  —  La  Guerre  et  la  Chanson.  La  Chanson 
militaire  ;  —  Chansons  de  route  ;  —  Pour  l'Après-Guerre  :  —  Parlons  un  peu 
die  la  famille  ;  —  La  Terre  nourricière  ;  —  Notre  grand  ennemi  :  V Alcool. 

.Pauls.  —  Dans  une  communication  faite  le  26  mai  1917  à  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques,  M.  Paul  Meuriot  a  recherché  Pourquoi  et 
comment  furent  dénommées  nos  circonscriptions  départementales  (Extrait  de-s 
.séances  ci  travaux  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  Paris, 
Auguste  Picard,  1917,  in-§  de  37  p.).  11  montre  que  ce  n'est  pas  du  premier 
<;oup  que  la  Constituante  en  est  venue  à  substituer  aux  noms  des  anciennes 
provinces  ceux  des  départements  actuels.  Il  fournit  des  renseignements 
•curieux  sur  les  projets  de  redistribution  territoriale  éclos  sous  la  Conven- 
tion. M.  Meuriot  a  voulu  donner  à  son  travail  un  intérêt  pratique  et  il  en 
tire  argument  contre  les  projets  de  reconstitution  des  anciennes  provinces  ; 
jjous  nous  contentons  de  signaler  ce  point  de  vue,  dont  la  discussion  nous 
•entraînerait  trop  loin.  Il  n'est  pas  tout  à  fait  exact  de  dire  que  «  le  terme 
•de  département  dans  le  sens  de  subdivision  territoriale  semble  avoir  été 
•employé  pour  la  première  fois  dans  la  seconde  moitié  du  xviu'  siècle,  d'abord 
par  Expilly  (1762)  »  (p.  5).  Le  Dictionnaire  de  Richelet  donne  du  mot  cette 
définition,  entre  autres  :  «  C'est  une  étendue  de  pais  sur  laquelle  on  a 
quelque  pouvoir  conformément  à  la  charge.  » 


—     /4    — 

—  M.  Paul  Mcuriot,  en  même  temps  que  le  liavail  précédent,  nous  er»> 
offre  un  autre  sur  le  liecensement  de  l'an  II  (Paris,  Berger-Levrault,  191'8^ 
gr.  iii-8  de  48  p.).  Il  s'agit  du  recensement  ordonné  par  le  Comité  de  divi- 
sion pour  servir  de  base  à  la  répartition  des  sièges  électoraux  entre  les- 
dépai  teinents  d'après  le  nombre  des  volants.  Les  décrets  cpii  ont  ordonné 
le  rerensenjent.  la  manière  dont  il  a  été  exécuté,  les  résultats  qu'il  présente 
aux  points  de  vue  démographique,  politique,  adminislralif  etjudiciairesonl 
tour  à  tour  passés  en  revue  [)ar  M.  Meuriot,  qui  a  fait  d'intéressantes  com- 
paraisons avec  les  recensements  de  1790  et  de  1795.  Naturellement  les 
données  de  ces  recensements,  dont  l'exécution  ne  laisse  pas  que  d'avoir 
été  défectueuse,  ne  sont  point  d'une  certitude  indiscutable  :  mais  à  condi- 
tion de  manier  ces  chiffres  avec  une  certaine  prudence,  —  et  c'est  ce  qu'a 
fait  M.  Meuriot.  —  on  obtient  des  résultats  intéressants. 

—  Dans  les  fêtes  dont  fut  l'occasion  le  mariage  de  jNapoléon  I"  avec 
Marie-Louise,  l'ambassade  .d'Autriche  se  devait  naturellement  de  se  distin- 
guer de  façon  particulière  et  le  prince  Schwartzenberg,  qui  représentait  alors 
son  pays  auprès  de  la  cour  de  France,  prit  toutes  les  dispositions  pour 
donner  de  l'éclat  au  bal  qu'il  offrit  le  1"  juillet  18,10.  Malheureusement  là 
fête  s'acheva  en  catastrophe  ;  un  incendie  que  l'on  ne  put  maîtriser  assez 
tôt  et  qui  rappelle  l'incendie  du  lîazar  de  la  Charité  vint  assombrir  la  joie 
des  fêtes.  La  curiosité  érudite  de  M.  Léonce  Grasilier  nous  en  fait  la  rela- 
tion détaillée  d'après  des  documents  en  partie  inédits  :  L'Incendie  de 
l'hôtel  de  l'ambassade  d' Autriche,  rue  du  }tont-lilanc  (chaussée  d'Antin), 
l^"^  juillet  1810  (Alençon.  Imp.  alençonnaise.  1918,  in-8  de  37  p.).  Il  nous 
raconte  le  sinistre,  les  mesures  prises  pour  l'enrayer,  les  sauvetages  opérés  ; 
il  recherche  le  nombre  des  victin)es,  les  responsabilités,  les  sanctions  ;  un 
chapitre  spécial  est  consacré  à  «  un  réciiappé  «  :  le  prince  Konrakin,  ambas- 
sadeur de  Russie.  Deux  portraits  de  Kourakin,  un  de  la  princesse  de- 
Scliwartzenberg  et  un  du  {préfet  de  police  Dubois  ornent  cette  curieuse- 
brochure. 

—  .\ux  beaux  Discours  prononcés  aux  obsèques  de  M.  Emile  Picot  le  27  sep- 
teinbre  l9IS,\}nr  M.  Henri  Omont,  qui  a  mis  en  lumière  son  activité  scien- 
tifique, et  par  M.  le  comte  Alexandre  de  Lîborde.  qui  l'a  montré  dans  son 
rôle  à  la  Société  des  bibliophiles  français,  M.  Georges  Vicaire  a  joint 
quelques  lignes  précises  sur  la  collaboration  (ju'il  donnait  depuis  près  de- 
trente  ans  au  linUelin  du  bihliopliile  (Extrait  du  Bulletin  de  septembre- 
octobre  1918.  Paris,  Henri  Leclerc,  1918.  in-4  de  10  p.). 

—  Dans  le  même  Bulletin  du  bibliophile,  un  collaborateur  plus  ancien 
encore,  jjuistpie  ses  premiers  articles  y  remontent  à  1872,  M.  Maurice 
Tourneux  s'est  vu  consacrer  une  notice  par  notre  .savant  ami  .M.  Paul 
Lacombc  :  \î((urice  Tourneux  {12  juillel  I8VJ- 13  janvier  1917)  (Tirage  à  part. 
Paris.  Henri  Loderc,  1918.  in-i  de  30  p.,  avec  portrait).  11  n'est  guère 
besoin  de  dire  que,  due  à  une  telle  plume,  la  notice  fait  connaître  avec 
luie  impeccable  précision  l'ccuvre  scientifique  de  cet  éminent  bibliographe. 

—  On  trouvera  la  bibliographie  des  œuvres  de  M.  Ernest  .lovy.  l'auteur 
bien  connu  de  Pascal  inédit  et  de  Fénelon  inédit,  dans  une  élégante 
plaquette  intitulée  :yote  sur  les  travaua-  d'Krnest  Jor;/  (Chartres,  imp. 
Duratul,  1918,  in-8  de  10  p.).  Cette  bibliographie  méthodique  est  répartie 
4'n  on/.e  sections  :  \.  Sur  l'histoire  d'Orléans  et  de  LOrléanais  ;  —  H.  Sur 
J'histoire  de  Louduii  et  du  Loudunais  ;  —  HI.  Sur  l'histoire  de  Vitry-lc- 
François  et  de  la  (Champagne  ;  —  IV.  Sur  l'Iiisloire  des  éludes  grecques  ; 
—  V.  Sur  l'histoire  poiilirpie  et  littéraiie  des   xvn',   xviu'  et    mx'  siècles  ;. 


—  i:\  — 

—  V[.  Sui:  le  jaiisi'-iusmc  ;  —  \  II.  Sur  Piisc;il  ol  autour  do  Pascal  ;  — 
VllI.  Sur  Bossuot  :  —  l\.  Sur  rénclon  ;  —  X.  Discours  ;  —  XI.  Confé- 
lenccs.  —  l,a  broclmro  poitc  (■elle  ('pijfrapiie  :  «  In  recof/nitiofiem  pffecLi 
fahoris.  In  s})Pih  /ler/icie/itii.  »  Nous  souhaitons  au  laborieux  érudit  que  la 
\ie  lui  porincltc  d'accroître  longuement  la  liste  de  .ses  travaux. 

—  M.  (Jeorges  Héuinn,  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  Korney,  est  un 
des  meilleurs  et  des  plus  actifs  collaborateurs  de  M.  Ernest  Coyccque  dans 
l'œuvre  qu'il  a  entreprise  du  catalogagc  des  bibliothèques  municipales  de 
la  ville  de  l'aris.  \  oici  un  nouveau  travail  dû  à  ses  soins  :  Ville  de  Paris. 
Dihliol/iè(/ue  municipale  du  x'  a?'rondissement  ..  Fo7ids  de  lecture  sur 
place  ou  section  no  2.  Catalogue  (l'aris,  imp.  de  Hemmcrlé,  1918,  in-32 
de  xxiv-243  p.).  La  section  n"  2  dans  les  bibliothèques  municipales  com- 
prenait les  livres  dont  le  prêt  à  domicile  n'était  pas  autorisé  et  que  l'on  ne 
pouvait  consulter  que  sur  place.  Une  mesure  du  20  janvier  1910  a  décidé 
l'extension  du  prêt  à  domicile  aux  volumes  de  cette  section,  sous  réserve 
d€s  ouvrages  de  référence  (dictionnaires,  annuaires,  etc.),  qui  continueront 
assez  naturellement  à  ne  pouvoir  être  consultés  que  sur  place.  Et  c'est  la 
lu'emièrc  fois  depuis  37  ans.  nous  dit  M.  Coyecquc  dans  son  .\vant-l'ropos, 
qu'on  piiblie  le  catalogue  de  la  section  dite  de  lecture  sur  place  d'une 
bibliothèque  d'arrondissement.  M.  Georges  Rémon,  dans  ce  travail,  a  suivi 
le  classement  adopté  dans  les  bibliothèques  municipales  parisiennes.  Quant 
à  la  composition  de  ce  fonds,  M.  Rémon,  dans  son  Introduction,  dit  juste- 
ment que  «  très  composite  ».  il  nous  «  renseigne  sur  le  genre  d  ouvrages 
qu'un  amateur  de  livres  aimait  à  réunir  entre  1840  et  1870.  »  L'histoire  et 
la  littérature  y  tiennent  les  premières  places  (675  et  433  volumes  sur  un 
total  de  2295).  Il  sy  trouve  de  bons  [ouvrages  d'étude  ;  mais  la  collection 
se  sent  de  son  origine  et  il  y  manque  bien  des  livres  que  l'on  devrait 
trouver  dans  des  bibliothèques  de  ce  genre. 

—  C'est  à  litre  purement  bibliographifjue  que  nous  signalons  la  bro- 
chure de  M.  Urbain  Gohier  :  Réponse  auœ  socialistes  du  Kaiser.  Comment 
Je  n'ai  pas  tw!  le  traître  Jaurès  (Paris,  Vfl%  3,  rue  du  Prc-aux-Clercs.  in-8^ 

de  49  p.  et  1  fig.). 

—  Avec  la  livraison  d'octobre  1918.  portant  le  no  68  de  la  collection,  se 
termine  la  l""^  année  du  Bidleliii  iriineslriel  de  la  Société  historique  elarchco- 
l(>(li<iue  du  IV'  arrondisseiueiU  de  Paris,  la  Cité  (Paris,  mairie  de  l'hôtel  de 
ville,  et  Champion,  in-S  paginé  249-328,  avec  7  grav.,  2  portraits  et  un 
l^lan).  M.  A.  Callet  poursuit  son  étude  sur  Un  Habitant  de  l'ile  Saint-Louis, 
le  peintre  Fr.  Monchel,  commencée  dans  la  livraison  précédente  du  Bulletin 
(p.  249-264,  avec  3  grav.).  —  L'histoire  des  Hospitalières  de  la  place  Uoyale 
est  retracée  avec  de  très  utiles  précisions  par  M.  Marcel  Fosseyeux  (p.  26S- 
279),  qui  a  illustré  son  texte  par  un  beau  portrait  de  M""  de  Bullion,  bien- 
faitrice des  hospitalières  (xviie  siècle),  une  petite  vue  du  couvent  et  de 
l'église  des  Minimes  et  2  reproductions  de  gravures  (1741)  rappelant  la 
guérison  miraculeuse  de  Marie-Anne  Follet.  —  MM.  Louis  Bonnier  et  L. 
Tesson  fournissent  des  détails  intéressants  sur  «  le  casier  archéologique  et 
artistique  »  du  Hl^  Arrondissement.  Commission  du  Vieux-Paris.  M.  L.  Tes- 
son donnant  spécialement  une  assez  longue  m  Note  historique  au  sujet  des 
llaudriettes  »  (p.  280-300,  avec  un  plan  du  quartier  de  la  Grève  et  une  gra- 
"\ure).  —  Pour  finir,  M.  A.  L'Esprit  fait  revivre  la  figure  bien  connue,  mais 
im  peu  oubliée,  de  Champion,  l'homme  au  petit  manteau  bleu  (p.  301-311^ 
«avec  portrait). 

Alsace  et  Lorraine.  —  Sous  le  titre  :  10^8-19 IS.   L'Alsace  et  la  Lorrcdne 


—  76  — 

DeaUnt  el  doivent  rester  françaises  (Paris,  Fischbachcr,  i918,  gr.  în-4  de 
-106  p.,  avec  planches  et  cartes.  Prix  :  12  fr.),  a  tout  dernièrement  paru  un 
recueil  des  plus  suggestifs  concernant  nos  deux  chères  provinces  enfin 
rentrées  dans  l'unité  nationale.  Mais  quand  ce  vokime  se  préparait,  les 
faits  n'étaient  pas  encore  accomplis.  Ce  recueil  s'ouvre  par  un  Avant-Pro- 
pos. Pour  iAisnce  et  pour  la  Lorraine.  L'Œuvre  du  comité  «  VEJforl  de  la 
France  et  de  ses  alliés  ».  par  M.  Paul  Labbé  (p.  7-9).  Suivent  quatre  étudy 
historiques  de  véritable  valeur  :  la  première,  intitulée  simplement  :  Intro- 
duction (p.  11-20)  est  une  analyse  de  tout  ce  qui  touche  à  nos  provinces 
perdues  en  1871  aussi  bien  an  point  de  vue  historique  que  sous  le  rapport 
psychologique  ;  son  auteur,  M.  Jacques  Flach,  de  l'Institut,  a  fait  œuvre, 
a  la  fois,  de  savant  et  de  bon^Français.  —  Les  trois  autres  éludes,  sont,  à 
tous  égards,  fort  remarquables,  savoir  :  Les  Prétentions  des  Allemands  sur 
VAlsace  el  la  Lorraine,  par  M.  V.-H.  Friedel  (p.  21-28);  —  Le  Retour  de 
l'Alsace  à  la  France  sou^  Louis  XIV,  par  M.  Jacques  Flach  (p.  29-39)  ;  — 
16^18-1789- I8à8,  par  M.  Rodolphe  Heuss  (p.  41-47).  —  De  la  page  49  à  la  fin 
du  recueil,  ont  pris  place,  dans  l'ordre  chronologique,  les  divers  docu- 
ments alsaciens-lorrains  ou  français  qui,  pour  ainsi  dire  sans  arrêt,  en 
1871.  1874,  1897  et  depuis  1914  à  ces  derniers  temps,  ont  affirmé  les  reven- 
dications de  nos  frères  courbés  sous  le  joug  allemand  et  celles  des  autres 
Français.  Depuis  la  Déclaration  de  Bordeaux  (17  février  1871)  jusqu'au 
discours  de  M.  Laurent  Hartman  (Nancy,  l'"''  mars  1918),  nous  comptons 
28  documents  (déclarations,  prolestalions,  conférences,  discours)  émanant 
de  personnalités  qualifiées  à  litres  divers  et  qui,  tous,  visent  au  but  unique 
de  revendiquer  les  pays  arrachés  à  la  France  par  la  Prusse  aux  j»urs 
néfastes  de  1871.  De  ci,  de  là,  il  y  aurait  bien  quelques  réservés  à  faire  ; 
mais  l'heure  n'est  pas  aux  chicanes  d'opinions  quand  le  patriotisme  seul 
a  la  parole. 

Maisiî.  —  Nous  recevons  le  4'  fascicule  des  années  réunies  1917  et  1918 
du  Bulletin  de  la  Société  d'agricidture,  sciences  et  arts  de  la  Sarlhe,  qui  clôt  le 
tome  XXXVIII"  de  la  2'  série,  correspondant  au  tome  XLVI'  de  la  collection 
(Le  Mans,  imp.  Monnoyer,  1918,  in-8  paginé  273-356,  avec  un  portrait  hors 
texte,  3  planches  et  des  figures  dans  le  texte).  Ce  fascicule  renferme  la  fin 
de  l'intéressante  Monographie  du  facteur  des  postes,  par  M.  Rozé,  qui,  ayant 
«lé  receveur  principal  des  postes,  parle  avec  une  compétence  que  nul  ne 
contestera  (p.  273-304).  — -  M,  (icrbault  fait  ensuite  connaître  le  résultat  de 
ses  Uecherckes  sur  la  constitution  du  phénotype  linnéen  «  Ranunculns  repens  » 
4lans  la  province  du  Maine  et  ta  Basse-Normandie  (p.  305-347.  avec  3  plan- 
ches et  des  figures  dans  le  texte).  Les  dernières  pages  du  fascicule  (p.  340- 
350)  sont  remplies  par  trois  poésies  :  Vieux  Châteaux,  par  M.  Simon,  Les 
Soirs,  par  M.  (îralfin  et  Bonjour,  les  vieux  !,  par  M.  Renard,  pièce  qui  met 
en  scène,  de  façon  très  originale,  un  «  Poilu  »,  revenu  au  pays,  et  ses 
vieux  parents  :  ces  trois  pages  valent  mieux,  certes,  que  plus  d'un  long 
poème  de  notre  connaissance. 

MoRMANDiK.  —  Le  fascicule  de  juillel-octobre  1918,  qui  forme  le  3'^  et  le 
4'  Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne  dot  le  tome 
XXXVIl  de  cette  publication  (Alençon,  Impr.  alençonnaiso.  in-8  paginé 
<;cLxxxni-cc.t;xx  et  177-237).  Les  pages  numérotées  en  chiffres  romains  sont 
remplies  par  l'Analyse  de  la  correspondance  générale  (additions  et  corrections) 
<lu  (joniité  ecclésiastique  (documents  relatifs  au  département  de  l'Orne).  A.  la 
suite  l'on  trouve  trois  mémoires  intitulés  :  Le  Diamant  d' Alençon,  par 
M.  l'abbé  Letacij  (p.  197-214)  ;  —  Deux  Anciens  Documents  de  guerre.  /.  Une 


—  77  — 

f.etlrc  de  passe  d'tm  prisonnier  de  (juern;  de  1707.  Messire  Lonis-Claade-Pierre 
de  lu  Boussardièrc,  par  M.  l'abbi»  L.  Tabourier  (p.  21îj-244)  ;  —  La  Confrérie 
de  Noire-Dame  en  l'église  de  Moidperroux  (1772),  par  M.  Jean  P(jr(;licr 
(p.  245-2554). 

—  Il  est  rendu  compte  dans  la  présente  livraison  (p.  5S-5'.))  du 
beau  livre  de  M.  chanoine  Eudelirie  sur  la  paroisse  d'IIauville.  Disons  ici 
que  cet  ouvrage,  tiré  à  300  exemplaires,  a  été  presque  épuisé  par  les  sous- 
cripteurs (Évrenx,  impr.  de  l'Eure  ;  et  Rouen,  Lestringant,i  n-4  de  xv-595  p., 
jivec  42  gravures  sur  papier  de  luxe.  Prix  :  20  fr.).  C  est  une  excellente 
monographie  d'une  intéressante  paroisse  du  diocèse  d'Evreux. 

Poitou.  —  Rome  a  évocjué.  devant  le  tribunal  du  Saint-Olïice,  la  cause 
(le  ce  qu'on  a  appelé  «  le  fait  de  Loublande.  »  Remettons-nous  donc  en  toute 
confiance  et  toute  sécurité  à  la  décision  du  Saint-Siège.  En  attendant,  signa- 
lons, sur  le  sujet,  ou  s  y  rapportant,  une  brochure  de  M.  Emile  Marsac  : 
Al?  Pai/s  de  Claire  Ferrhaud  (Fontenay-le- Comte,  bureaux  de  la  Vendée, 
1018,  petit-in-8  de  23  p.).  où  l'auteur,  en  pleine  soumission  aux  décisions 
ecclésiastiques,  rappelle  en  excellents  termes,  les  faits  historiques  qui 
peuvent  expliquer  les  préférences  du  Sacré-Cœur  pour  la  Vendée,  terre  de 
souffrance  et  de  sacrifice  s'il  en  fût.  dont  les  fils  arboraient,  en  1793,  linsigne 
du  Cœur  divin. 

Angleterre.  -  Sir  Bazil  Zaharov.  un  philanthrope  connu,  vient  de  fon- 
der à  l'Université  d'Oxford  une  chaire  de  littérature  française  qui  prendra 
le  nom  du  maréchal  Eoch.  Il  a  donné  à  l'Université  625.000  francs  pour 
assurer  cette  fondation.  Nous  sommes  heureux  d'enregistrer  cet  acte  géné- 
reux qui,  en  même  temps  qu'il  est  un  hommage  au  grand  homme  de 
guerre,  aidera  à  la  connaissance  et  au  développement  de  la  langue  et  de 
l'influence  française  chez  nos  alliés  d'Outre-Manche. 

FiNLAiNDE.  —  Nous  avous  BU  l'occasiou  de  signaler  ici  le  beau  travail  dans 
le(|uel  M.  Arthur  Langfors  nous  faisait  connaître  le  manuscrit  français 
12483êie  la  Bibliothèque  nationale,  contenant  un  recueil  en  l'honneur  de 
la  Sainte  Vierge,  œuvre  d'un  dominicain  du  Soissonnais  qui  écrivait  dans 
le  premier  tiers  du  xiV  siècle.  Le  même  érudit  tire  de  cette  composition 
quelques  renseignements  sur  la  Soci-Hé  française  vers  1330  vue  par  un 
Frère  prêcheur  du  Soissonnais  (extrait  des  Finska  velenskaps-Mociflftens 
forhandfingar,  t.  LX,  1917  1918.  section  B,  n^  1,  kelsingfors.  Centraltry- 
ckeri.  1918,  in-8  de  23  p.)  Naturellement  lui  recueil  de  ce  genre  ne  sau- 
rait fournir  les  éléments  d'un  tabh-au  complet  de  la  vie  sociale  ;  et  par 
ailleurs  il  ne  faut  pas  oublier  qu'un  écrivain  qui  poursuit  une  œuvre 
d'éditication  et  de  moralisation  est  porté  à  charger  les  traits  de  sa  pein- 
ture et  à  faire  voir  surtout  les  vilains  côtés  d'une  société,  ceux  que  précisé- 
ment il  entend  réformer.  \  côte  de  généralités  un  peu  vagues,  quelques^ 
traits  plus  particuliers  aideront  à  préciser  notre  connaissance  du  coslume 
et  des  coutumes  au  début  du  règne  de  Philippe  de  Valois. 

Suisse.  —  Nous  sommes  en  retard  avec  le  BuUelin  de  la  Société  fribour- 
(feoise  des  sciences  naturelles.  Le  volume  XXI  (Kribourg.  impr.  Fragnière, 
1913,  in-8  de  112  p.,  avec  3  graphiques  et  I  portrait  Prix  :  2  fr.  50),  con- 
tient, avec  des  résumés  inti-ressant  l'activité  de  la  société,  des  articles  origi- 
naux tels  que  la  Neuje  et  Ifs  (jlaciers  en  Savoie  en  t9t-J.  de  M.  le  proL  P. 
Girardin  et  la  Néplirile  dti  Val  l'aller,  par  M.  le  prof.  M.  Musy.  —  Le 
volume  XXII  (Fribourg.  impr.  Fragnière.  1914.  in-8  de  96  p..  avec  2  gra- 
phiques et  2  portraits.  Prix  :  2  fr.;.  renferme,  entre  autres  articles,  un 
excellent  résumé  où  M.  le  prof.  Plancherel  fait  connaître  les  diverses  hypo- 
Ihèseacosmogoniques,  et  queltjues  pages  substantielles  où  M.  Rothey  nous^ 


—  78  - 

cnlrelieiil  de  la  géographie  humaine  dans  le  Jura  bernois.  —  La  Société 
fribourgeoise  des  sciences  naturelles  no  se  contente  pas  de  publier  sou 
Bulletin  annuel  :  elle  édile  encore  des  mémoires  originaux.  Dans  le 
volume  IV  de  la  série  consacrée  à  la  géologie  et  à  la  géographie,  le  fasci- 
cule 4  reproduit  une  conférence  du  professeur  D'  D.  Schruler  sur  le  Désert 
el  sa  véyélaiion  (Fribourg.  impr.  Fragnière,  11)14,  gr.  in-8  de  22  p..  avec 
4  planches.  Prix  :  2  fr.).  I/auleur  expose;  avec  clarté  les  caractéristiques 
du  désert  :  sécheresse,  précipitations  irrégulières,  températures  excessives  à 
grandes  oscillations  journalières,  vents  violents,  évaporalion  dépassant  de 
beaucoup  la  précipitation  ;  ])uis  il  décrit  les  diflerenls  types  de  la  végéta- 
lion  qui  comprend  surtout  des  plantes  annuelles,  des  plantes  grasses,  des 
halophytes,  des  buissons  épineux  à  feuilles  petites,  nulles  ou  poilues,  des 
graminées  à  feuilles  enroulées.  Il  y  a  très  peu  d'arbres,  de  plantes  griHi- 
pantes,  d'épiphytes  et  de  cryptogames.  Olte  flore,  pauvre  en  espèces, 
riche  en  formes  localisées  se  défend  par  des  adaptations  fort  ditîércntes 
contre  ses  ennemis,  la  sécheresse  et  le  broutage.  Cette  conférence  est  une 
«!uvre  de  haute  vulgarisation  qui  intéressera  tous  ceux  qui  s'occupent 
de  géographie  botanique.  —  Le  troisième  volume  de  la  série  «  Mathéma- 
tiques et  physique  »  contient  une  Conlribalioii  à  l'étude  des  terres  rares  et  à 
quelques-unes  de  leurs  propriétés  optupies,  par  le  D"  Charles  Garnier  (Fri- 
bourg, impr.  Fragnière.  1!H5,  gr.  in-8  de  136  p.  Prix  :  2  fr.  50).  Tout  en 
faisant  l'historique  de  la  découverte  des  terres  rares,  le  D"^  Garnier 
indique  les  propriétés  les  plus  importantes  des  terres  cériques  et  yttriques 
ainsi  que  le  point  où  en  sont  restées  les  recherches  des  chimistes  s'occupant 
de  ces  terres  précieuses.  Il  insiste  sur  la  méthode  de  séparation  du  néo- 
dyme,  du  praséodyme,  du  samarium  et  de  l'erbium  :  l'électrolyse  et  la 
capillarité  fractionnent  le  didyme,  mais  l'auteur  préfère  à  ces  procédés 
physiques  la  méthode  chimique  d'ilolmberg  qui  permet  un  travail  plue 
économique,  plus  rapide,  plus  sûr.  La  seconde  partie  de  l'ouvrage  est  con- 
sacrée à  la  phosphorescence  des  terres  rares.  Tout  d'abord  il  faut  '•bavoir 
préparer  les  sulfures  luminescents  cl  connaître  les  procédés  généraux  de 
fabrication.  C'est  alors  qu'interviennent  des  études  nouvelles  sur  les  sul- 
fures alcalino-terrcux  de  Ca,  Sr,  Ba,  contenant  des  terres  rares  et  plus 
particulièrement  du  samarium.  Ces  recherches,  conduites  avec  méthode  et 
ingéniosité,  confirment  les  théories  de  M.  de  Kowalski  sur  la  phosphores- 
cence. 

Etats-Unis.  —  Le  Déparlement  du  travail  aux  États-Unis  nous  donne 
une  bibliographie  du  travail  des  enfants,  (pii  est  la  refonte  d'un  réper- 
toire analogue  dressé  par  M.  A.  P.  C.  Grilhn  et  publié  en  1000.  Cette  oou- 
velle  édition,  mise  au  point  sous  la  direction  de  M.  II.  II.  B.  Meyer  avec 
l'active  collaboration  de  .Miss  Lama  A.  Thompson,  bibliothécaire  du  bti- 
reau  des  enfants:  List  of  références  o/i  child  /ahonr  {W'Ashmglon,  Govorn- 
ment  printing  press,  1916,  in  8  de  161  p.  —  Prix  :  1  fr.),  ne  renferme  pas 
moins  de  1828  numéros  (livres  ou  articles  de  revues)  répartis  entre  les 
rubricpies  suivantes  :  Bibliographies  ;  —  États-Unis  ;  —  Pays  étrangers  ; 
—  Ifidustries  ;  -  Éducation  ;  —  Occupations  juvéniles  ;  —  Santé  des  en- 
fants employés  au  travail.  Des  index,  par  noms  d'auteurs  et  par  ordre 
alphabétique  des  matières,  lacilitent  la  consultation  de  ce  répertoire,  riche 
.surtout,  naturellement,  en  ce  qui  concerne  les  publications  américaines. 

—  Les  ouvrages  publiés  sur  les  Foraminifères  qui  ont  été  trouvés  sur 
les  côtes  européennes  de  l'Océan  Atlantique  sont  vraiment  considérables, 
mais  il   n'en   est  pas  de   même  de  ceux  concernant  ces  inÎMnes  animaux 


—  79  — 

\'iv,'inl  sur  les  côtes  des  Ktits-Lnis.  MoHanl  à  pi  ofil  les  inipoi  taiils  inatériiitix 
rappoilt's  par  les  diiréreiits  bateaux  du  Bureau  des  pêcheries  des  F'Uals- 
iJnis  et  surtout  ceux  recueillis  dans  ses  dragages  et  ses  snudag»-»  tiydro- 
graphicpies  par  le  steamer  Albatros,  (^^l  même  Bureau,  M.  Joseph. \u^ 
guste  (]ushman.  dotjt  nous  avons  à  plusieurs  reprises  analysé  dans  celle 
Revue  les  importants  travaux  sur  les  Foraminifères  de  l'Océan  Pacifiqtie. 
•entreprend  l'étude  de  ces  mêmes  animaux  appartenant  à  la  famille  des 
Aslrorhizidae  et  habitant  principalement  les  côtes  des  États-Uriis.  du  golfe, 
■du  Mexique  et  des  localités  adjacentes,  dans  :  The  Foraminifei  a  of  the 
Atlanlic  Océan.  Part  1.  Astrorhicidap  {Smithsonian  Iit.siitnti»n .  United 
States  National  Muséum.  Bulleti?i  104.  Washington,  (jovernmenl  piin- 
ting  office,  1918.  in-8  de  111  p..  39  pi.).  9o  espèces  et  5  variétés  ré[)aities  en 
33  génies  sont  décrites  dans  ce  volume  et,  parmi  ces  dilTérentes  formes, 
i  espèces  et  2  variétés  sont  nouvelles.  Les  39  pi.  qui  accompagnent  cet 
important  mémoire  représentent  la  presque  totalité  des  espèces  mention- 
nées avec  une  exactitude  et  une  netteté  vraiment  remarquables. 

Publications  nouvelles.  —  Le  Fait  divin  du  Christ  e.c/jliqu'  nuœ  ijens 
du  ?}ionde.  par  Mgr  Tissier  (in-12,  Téquii.  —  Leçons  sur  la  messe,  par 
Mgr  P.  BatifloI  (in-12.  LecotTre,  Gabalda).  —  Cours  sup 'rieur  de  l'eligion, 
par  L.  Prunel.  III.  Les  Mi/.^téres.  IV.  La  Grâce  (2  vol.  in-I8.  Beauchesne). 

—  La  Grâce,  essai  de  psycholoyie  religieuse,  par  G.  Truc  (in-16.  Aicaii). 

—  Lettres  sur  la  souff'rance,  par  É.  Leseur  (in-ltî,  J.  de  Gigord).  — 
Retraite  sur  les  grandes  vérités,  par  J.  Millot  (in-i2,  Téquî).  —  Kpis  de 
éon  grain,  paroles  de  lumière  et  de  paix,  par  .\.  Bernard  (petit  in-8, 
Beauchesne).  —  Dieu,  V invisible  Roi,  par  H. -G.  Wells  (in-16.  Pavot).  — 
Introduction  à  l'étude  du  code  canonique,  par  Mgr  A.  Pillet  (in-16.  Vitte). 

—  Education.  Un  Essai  d'organisation  démocratique,  par  L.  Zoretti 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Les  Confidences  d'un  tréponème  pâle,  par  M.  Boi- 
gey  (in-16.  Payot).  —  L'Ether,  moteur  unique  des  forces  matérielles,  par 
J.  Le  Ilardonier  (in-16.  Plon-Nourrit).  —  La  Parole.  Comment  on  parle. 
Comvient  on  téléphone,  par  L.  Fournier  (in-8,  Bonne  Presse).  —  L  Indus- 
trie du  fer,  par  L.  Férasson  (in-16,  Payot).  —  Sa  Majesté  le  Fer,  par  .T.  et 
H.  Roussel  (in-8.  Bonne  Pressei.  —  L' Aviation  de  demain,  son  avenir 
industriel  et  comm'-rcial,  par  J.  Dargon  (in-8,  Berger-Levrault).  —  Tra- 
vaux de  dames,  par  .M.  de  Saint-Genès  (in-12.  Bonne  Presse).  —  Un  Demi- 
siècle  de  ?nusique  française.  Entre  les  deux  guerres  (1870-1917),  par  J. 
Tiersot  (petit  in-8,  Wcan).  —  Ainsi  chantait  Thijl  (1914-1918).  par  M.  Gau- 
chez  (in-16.  Grès).  —  La  Médecine  dans  notre  théâtre  comique,  par  le  D"^ 
M.  Bontarel  (in-8,  Champion  ;  Fauteur,  89.  rue  de  Rennes,  Paris.  VI«).  — 
Paul  Claudel,  essai  critique,  par  L.  Richard-Mounet  (in-18,  Figuière).  — 
Les  Pierres  du  foger,  essai  sur  l'histoire  littéraire  de  la  famille  fran- 
çaise, par  H.  Bordeaux^(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Xotre-Dam"  du  Faubourg, 
par  J.  Morgan  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  L'Immaculée,  par  É.  Schneider 
(in-16,  Albin  Michel).  —  Simon  le  pathétique,  par  J.  Giraudoux  (in-18, 
Grasset).  —  Scènes  de  la  vie  littéraire  à  Paris,  par  .\.  Billy  (in-18,  La 
Renaissance  du  livre).  —  Moll  Flanders,  par  D.  de  Foc  ;  trad.  française  de 
M.  Schwob  (in-i8,  Grès).  —  L'Intrus,  par  R.  Dombre  (in-16.  Bonne  Presse). 

—  Olivette  et  Miguelito.  par  M.  Colomban  (in-S,  Bonne  Presse).  —  Ré- 
demptrice, par  J.-P.  Bonnet  (in-12.  Bonne  Presse).  —  Des  Fleurs  sur  la 
route,  par  J.  Vézère  lin-8.  Bonne  Presse).  —  Les  Collections  canoniques 
romaines  de  l'époque  de  Grégoire  VII,  par  P.  Fournier  (in-4,  G.  Klinc- 
sieck).  —  Correspondances  du  dernier  siècle  (1836-1864),  par  L.  de  Lan- 


—  80  — 

zac  de  Laboric  (in-lC,  Beauchesnc).  —  Les  Prpcur.teurs.  Histoire  de  la 
/{évolution  de  i848,  par  G.  liouniols  (in-18,  Delagrave).  —  Histoire  de^ 
trois  générations,  1815-1918,  par  J.  Bainville  (in-iO.  Nowvelle  Librairie 
nationale).  —  Les  Intellectuels  dans  la  société  française,  de  iancicn 
régime  à  la  démocratie,  par  R.  Lote  {in-16,  Alcan).  —  La  Politique  exté- 
rieure  de  i Autriche-Hongrie,  1875-1914,  par  J.  Larmeroux.  II.  La  Poli- 
tique d' assenai ssement ,  1908-1914  (in-8,  Plon-Nourrit).  —  Notre  Clemen- 
ceau jugé  par  un  catholique,  par  J.  Raymond  (in-12,  Jouyc).  —  La  Pénin- 
suie  hdllcanique,  géographie  humaine,  par  J.  Cvijic  (gr.  in-8,  Colin).  — 
La  Patrie  serbe,  par  M.  de  Benoît-Sigoyer  (iti-I2,  Jouve).  —  Les  Pêche.< 
maritimes.  Un  Tour  sur  le  iJogger-liank,  par  II.  Malo  (in-t6,  Bossard). — 
Au  Ma -oc.  Marrakech  et  les  /torts  du  sud.  par  le  comte  M.  de  Périgny 
(petil  in-8.  Pierre  Roger).  —  La  France  au  Maroc,  par  \.  Liclitenberger 
(in-iO,  Berger-Levraull).  —  L  État  et  la  Natalité,  p.ir  le  marqui.s  de  Roux 
Tm-IG,  Nouvelle  Librairie  nationale).  —  La  Politique  internatioiiale  dic 
)nar.jcism>'.  Karl  Marx  ''t  la  France,  p.ir  J.  Longuet  (in-8.  Alcan).  — 
L'Euro'ie  au  jour  le  jour,  pnr  A.  Gauvain.  T.  II  à  IV  (4  vol.  in-8,  Bossard). 

—  Art  /{épouse  du  mauvais  serviteur,  par  J.  Jorgensen  ;  trad.  du  danoi* 
par  .L  de  (Joussange  (in  16,  Bloud  et  Gay).  —  Près  des  combattants,  par 
A.  Cheviillon  (in-10,  Hachette).  -  Verdun  (mars-avril-mai  1916),  par 
R.  Jubert  (in-16.  Fayot).  —  La  Grande  Guerre.  I^e  Martyre  de  Soissons^ 
août  1 91 1-juillet  1918.  par  Mgr  P.-L.  Péchenard  (in-8,  Beauchesne).  — 
If  A  t  <(i'-e  à  la  Cerna,  notes  et  impressions  d  Un  officier  de  l'année  d'Orient 
{octobre  1915-aoiU  1916),  par  J.  Saison  (in-16,  Pion-Nourrit).  —  Sous  la 
rafale.  Au  service  de  V infanterie.  Souvenirs  d'un  dragon  pendant  la 
Gramle  Guerre,  par  A.  Sclimitz  (in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Le  Travail  invin- 
cibli',  par  P.  Ilamp  (petit  in  8.  Éditions  de  la  «  Nouvelle  Revue  française  »). 

—  Le  Mavtgre  de  Lens  Trois  Années  de  captivité,  par  É.  Basly  (in-16,. 
Plon-Nourril).  —  En  représailles,  par  E.-L.  Blanchet  (in-16,  Payot)  — 
Noti^.<  d'une  internée  française  en  .Allemagne,  par  G.  Fallet  (in  8,  Berger- 
Levratilt).  —  Le  Poing  allemand  en  Lorraine  et  en.  Alsace,  187 1  19 14- 
191S,  par  .\.  Fribourg  (gr.  in  8,  Floury)  —  Essai  sur  le  sentiment  fran- 
çais en  Alsace,  par  P.  Pilant  (in-16,  Bossard).  —  Traditions  française.'^  au 
Liban,  par  R.  Ristelhueber  (in-8,  Alcan).  —  La  Guerre  vue  par  les  rom- 
batiants  allemands,  par  \.  Pingaud  (in-16.  Pcrrin).  —  l^es  Intrigues 
germaniques  en  Grèce,  par  D  Vaka  (in-16.  Plon-Nourril).  —  Les  Vii  (oires^ 
Serbf's  de  1916,  par  E.  (îascain  (in-8.  Bossard).  —  La  Révolution  )-iisse ^ 
j)ar  (-.  .\net.  Il  (in-16,  Payoti.  Magyars  et  pangermanistes,  par  S> 
Osusky  et  J.  Chopin  (in-16.  Bossard).  —  La  Paix  de  Bucarest  '7  mai 
19lX\.  par  n.  lancovici  (in-16.  Payot).  —  Les  Deux  Fléaux  du  mondr.  Lp.f 
Bolclievicks   et  l'impérialisme  Kllemand.  par  V.  Bourtzefl" (in-16.  Payot). 

—  Ln  Guerre  allemande  et  la  Conscience  universelle,  par  Albert,  prince 
*le  MiMiaco  (in-16,   Payot). 

ViSKNOT 


Le  GéraiU  :  CII.M'UI.S 


iiupriiiK-ric  S.  l'aclcau.   I.iiçon. 


POLYBIBLION 

Î^EVUE  BIBLIOGKAIMIIOUE  UNIVERSELLE 

PUBLICATIONS 
RELATIVES   A   LA  GUERRE  EUROPÉENNE 

I.a  Guerre  vue  par  les  combatlaiits   allemands,   par  Albert  Pin- 
GAUD.  Paris,  Perrin,  1918,  in-i6  de  vi-:33U  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Une  première  étude  sur  le  sujet  ayant  été  donnée  par  M.  Albert  Piri- 
gaud  à  la  Revue  des  Deux  Mondes,  l'idée  lui  est  venue  de  «  la  reprendre 
sur  des  bases  plus  larges  et  de  la  faire  porter  sur  une  période  plus 
longue.  »  L'enquête  est  conduite  «  jusqu'à  la  troisième  année  de 
guerre.  »  —  <(  La  méthode  documentaire,  dit  justement  M.  A.  Pin- 
gaud  dans  son  bref  Avant-Propos,  étant  la  seule  qui  convînt  à  un  tra- 
vail de  ce  genre,  je  n'ai  eu  garde  de  m'en  écarter.  J'ai  donc  laissé  le 
plus  souvent  possible  la  parole  aux  auteurs  de  lettres  et  de  souvenirs 
du  Front  allemand,  et  je  n'ai  pas  craint,  pour  dépeindre  leur  état 
d'esprit,  de  multiplier  les  citations  que  je  me  suis  borné  à  commenter 
et  à  classer.  » 

Ce  travail,  nouveau  en  l'espèce,  est  divisé  en  trois  «  Livres  n  : 
I.  Les  Ouvrages  et  les  auteurs  ;  II.  Les  Prétentions  et  les  illusions  ; 
111,  Les  Réalités  et  les  aveux.  Dans  le  Livre  I",  M.  Albert  Pingaud, 
examinant  certains  volumes  parus  en  Allemagne  depuis  le  début  des 
hostilités,  esquisse  les  impressions  d'officiers  de  carrière,  de  réser- 
vistes et  de  publicistes,  ainsi  que  la  mentalité  des  masses,  et  plus 
spécialement  des  étudiants.  Il  ne  dédaigne  pas  de  faire  une  excursion 
rapide  parmi  les  «  livres  d'aventures  ■»,  et  cela  nest  pas  sans  utilité 
pour  mieux  comprendre  l'esprit  public  d'outre-Rhin.  —  Le  Livre  II 
est  un  tableau  remarquablement  brossé  de  l'Allemagne  depuis  son 
entrée  en  campagne.  L'état  moral  de  la  nation  et  l'organisation  de 
l'armée  aux  points  de  vue  les  plus  divers  sont  exposés  par  nos  adver- 
saires eux-mêmes,  toujours  très  infatués  de  leurs  mérites.  Il  va  de 
soi  qu'ils  témoignent  le  plus  parfait  mépris  aux  Belges  et  aux  Pvusses, 
trop  rapidement  écrasés  par  eux,  et  c'est  à  peine  s'ils  accordent  un 
peu  plus  d'estime  aux  Français  qui,  cependant,  les  ont  si  bien  étril- 
lés sur  la  Marne.  Quant  à  leur  rage  antianglaise,  elle  les  aveugle  d'une 
façon  ridicule. 

Mais,  le  temps  aidant,  le  fol  optimisme  germanique  ne  tarde  pas 
à  subir  des  éclipses,  et  les  écrivains  de  toutes  sortes  mis  à  contribu- 
tion par  M.  Albert  Pingaud  rendent  plus  volontiers  justice  à  leurs 
ennemis  :  la  résistance  belge  et  russe,  la  ténacité  anglaise  et  les 
((  vertus  françaises  »  ont  fait  réfléchir  l'envahisseur  qui.  passant  en 
ouragan  sur  la  petite  Belgique,  s'imaginait  atteindre  Paris  d'un  seul 
bond  et  faire  capituler  la  France.  Ces  gens  du  «  peuple  élu  »  conti- 
Février1919.  t.  CXLV.  6. 


—  82  — 

nuent  à  haïr  certes,  mais  ils  admirent  le  courage  et  l'endurance  de 
troupes  qu'ils  croyaient  d'abord,  parce  qu'on  le  leur  avait  affirmé  en 
haut  lieu,  ne  pas  pouvoir  tenir  devant  leur  force  et  leur  organisation. 
Et  si  les  responsabilités  du  cataclysme  devaient  être  établies  unique- 
ment par  certaines  publications  ne  cessant  de  parler  de  conquêtes  et 
d'envisager  la  domination  universelle,  la  preuve  serait  faite  que  l'Al- 
lemagne, son  empereur,  son  parti  militaire,  l'immense  majorité  de 
son  peuple  même  ont  prémédité  et  voulu  la  guerre.  Mais  cette  preuve 
existe  autrement,  et  solide  ! 

A  l'heure  où  enquêtait  M.  A,  Pingaud,  il  semble  que  la  formidable 
machine  agressive  montée  par  In  Prusse  annonçait  déjà  des  craque- 
ments :  l'usure  morale  et  matérielle  n'échappait  pas  aux  écrivains 
clairvoyants  ;  de  là.  toutefois,  à  désespérer,  la  marge  était  grande 
encore. 

En  ce  qui  concerne  les  dévastations  inutiles  et  les  atrocités  si  sou- 
vent reprochées  aux  Allemands,  M.  A.  Pingaud  invoque  les  témoi- 
gnages de  certains  acteurs  ou  témoins  ;  on  en  trouvera  d'autres 
quand  le  calme  qui  suit  les  grandes  perturbations  sera  revenu.  Les 
dernières  pages  de  ce  livre  particulièrement  suggestif  sont  consa- 
crées à  l'attitude  des  Alsaciens-Lorrains  pendant  la  guerre  ;  les  dé- 
tails, empruntés  à  des  publicistes  allemands,  amènent  l'auteur  à 
conclure  que  nous  avons  «  dès  maintenant  des  raisons  d'espérer.  » 
Cette  espérance  est  aujourd'hui  pleinement  réalisée  :  nos  deux  pro- 
vinces volées  en  1871  et  contaminées  sans  arrêt,  depuis  près  d'un 
demi-siècle,  par  la  Germanie,  nous  sont  revenues.  Nous  les  garde- 
rons —  et  mieux  sans  doute  que  notre  ennemie  héréditaire  n'a 
gardé  son  fameux  Rhin  allemand.  E.-A.  Chapuis. 


Avec  les  alpins,  par  F. -A.   Vuillermet.  Paris,  Lethielleux,  s.  d.    (ISiS),. 
in-16  de  217  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Aumônier  militaire  à  la  belle  division  surnommée»  l'Alsacienne  », 
l'auteur  s'est  fait  l'annaliste  de  ses  exploits.  Après  s'être  illustrés  dans 
les  Vosges,  les  alpins,  sous  les  ordres  du  général  Brissaud-Dc^maillets, 
ont  combattu  sur  l'Aisne,  dans  le  bois  de  Beaumarais.  à  Graonne,  sur 
le  plateau  de  Galifornie,  à  la  Malmaison.  Le  25  octobre  1917,  leur 
attaque  est  foudroyante.  Ils  emportent  le  village  de  Pargny-Filain,  et 
leur  ardeur  d'avancer  est  telle  qu'à  l'heure  même  on  devait  commen- 
cer l'attaque,  ils  ont  déjà  dépassé  leurs  objectifs  et  poussé  les  lignes 
jusqu'au  bassin  d'alinientatiotr  du  canal  de  l'Ailetto.  Origijiaires  ])Our 
la  plupart  de  la  Franche-Gomté  et  du  territoire  de  Belfort,  les  alpins 
ont  en  général  des  sentiments  religieux,  et  leur  foi  s'ajoute  à  leur 
esprit  de  corps  pour  aviver  leur  courage  et  susciter  chez  nombre 


—  83  — 

d'entre  eux  des  actes  vraiment  héroïques  que  le  P.  Vuillorrnet  a  rap- 
portés avec  une  coinmunicative  émotion.  Mais  combien  d'onicicrs  et 
de  chasseurs  ont  payé  de  leur  sang  le  succès  de  nos  armes  !  On  peut 
leur  appliquer  les  vers  de  Victor  Hugo  gravés  sur  le  monument  de 
Montmirail  : 

La  gloire,  aube  toujours  nouvelle. 

Fait  luire    leur   mémoire  et  redore    leur  nom. 

Parmi  les  épisodes  les  plus  touchants  de  ce  livre,  il  faut  noter  les 
derniers  moments  du  commandant  Hubert  de  Castex  qui  incarnait 
noblement  lame  du  24"  alpins  et  dont  la  pensée,  s'élevant  au-dessus 
des  souffrances  de  ses  blessures,  (t  s'en  allait  de  Dieu,  qu'il  invoquait, 
à  ceux  qu'il  laissait,  sa  femme,  ses  enfants,  son  bataillon.  »  En  un 
dernier  chapitre,  le  P.  Vuillermet  a  transcrit  les  citations  à  l'ordre  de 
l'armée  recueillies,  durant  la  bataille  de  l'Aisne,  par  les  bataillons  de 
la  division  et  dont  lecture  avait  été  donnée  au  cours  d'une  émouvante 
revue  passée  par  le  général  Pélain.  P»oger  Lambelin. 


From  Bapaume  to  Passchendaele,  1917,  by  Pnti.ip  G<bbs.  Loiidon, 
William  Heinemann,  1918.  in-8  de  vii-384  p.,  avec  cartes. — Prix  :  7  fr.  50. 

M.  Philip  Gibbs  est,  à  tous  égards,  l'un  des  meilleurs  correspon- 
dants de  guerre  :  non  sans  risques  pour  sa  personne,  il  voit  de  près 
les  engagements  dont  il  parle  ;  il  observe  les  faits,  il  écoute  les  récits 
des  soldats,  il  interroge  les  prisonniers  de  guerre  et  il  compose  avec 
tout  cela  des  tableaux  clairs,  vivants,  colorés  des  batailles  que  les 
troupes  anglaises  ont  menées  avec  une  indomptable  énergie,  avec 
une  inlassable  ténacité,  avec  un  courage  et  un  esprit  de  sacrifice 
admirables  contre  les  troupes  allemandes  retranchées  dans  de  solides 
positions.  Dans  ses  relations  qu'éclairent  d'excellentes  rartes,  il  fixe 
les  points  essentiels  de  Pavance  anglaise,  précise  le  sens  des  opéra- 
tions, en  même  temps  que  des  épisodes  bien  choisis  fixent  la  physio- 
nomie des  combats  et  mettent  dans  le  meilleur  jour  l'état  d'esprit 
des  combattants  de  l'une  et  de  l'autre  partie  et,  à  Poccasion,  celui  des 
populations  qui  vivent  près  de  la  ligne  de  feu  et  qui  ont  subi  la  domi- 
nation germanique.  Sans  doute,  ce  n'est  point  là  le  récit  définitif  des 
campagnes  de  1917,  c'en  est  une  esquisse  qui  semble  fort  exacte  et 
l'on  se  rend  bien  compte  en  lisant  ces  pages  animées  que  déjà  les 
Allemands  étaient  sur  leur  déclin,  que,  malgré  l'énergie  qu'ils 
déployaient,  malgré  leur  ingéniosité  à  multiplier  leurs  moyens  de 
défense,  leurs  ressources  en  hommes  et  en  matériel  diminuaient, 
leur  confiance  s'ébranlait,  leur  mcfral  s'amoindrissait,  au  lieu  que  les 
combattants  anglais,  à  quelque  partie  de  Pempire  britannique  qu'ils 
appartinssent,  croissaient  chaque  jour  en  audace,  en  vigueur,  en 
volonté  de  vaincre. 


—  84  — 

Les  soixanlc-qnatrc  chapitres  de  ce  beau  livre,  d'une  lecture  si 
instructive  et  si  réconfortante,  se  répartissent  entre  cinq  parties  :  I. 
La  Retraite  de  la  Somme  (janvier-mars  1917)  ;  IL  A  la  poursuite  de 
l'ennemi  (mars-avril  1917)  ;  111.  La  Bataille  d'Arras  (avril-mai  1917)  ; 
IV.  La  Bataille  de  Messines  (juin-juillet  1917)  ;  V.  La  Bataille  des 
Flandres  (juin-novembre  1917).  E.-G.  Ledos. 


La  Gesta  de  la  Légion,  par  E.  Gômkz  Carrlllo.  Madrid,  sucosores  de 
Hernando.  19i8,  in-16  de  261  p.,  avec  une  lettre  autographe  du  lieutc- 
nanl-colonel  Cot.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  nouveau  volume  du  grand  écrivain  ne  le  cède  en  rien  en  intérêt 
aux.  volumes  que  nous  avons  eu  la  joie  précédemment  de  signaler  à 
nos  lecteurs.  Après  les  pages  consacrées  aux  Français,  aux  Anglais, 
aux  Belges,  c'est  la  geste  héroïque  de  la  Légion  étrangère  qu'il  nous 
retrace  ici.  Et  son  affection  pour  la  France,  son  dévouement  généreux 
pour  la  cause  de  la  liberté  et  du  droit  que  nous  défendons  se  doublent 
ici  d'un  sentiment  plus  intime  encore,  d  une  sorte  de  tendresse  pa- 
triotique qu'explique  assez  la  grande,  la  belle  part  prise  par  les  volon- 
taires de  l'Espagne  et  de  l'Amérique  espagnole  aux  exploits  qui  ont 
rendu  fameuse  la  Légion  étrangère  et  qui  doivent  en  rendre  le  nom 
cher  et  sacré  à  tous  les  fils  de  la  France*  à  tous  les  amis  de  la  civili- 
sation latine,  à  tous  ceux  qui  ont  senti  que,  dans  celte  longue  guerre, 
se  jouaient  les  destins  de  l'humanité. 

Dans  les  campements  de  la  Légion  étrangère,  M.  Gômez  Carrillo 
n'a  pas  seulement  approché  ses  compatriotes  d'Amérique  et  d'Europe, 
il  a  vu  de  près  aussi  les  Polonais,  les  Russes,  les  Américains  ;  est-il 
besoin  de  répéter  à  nos  lecteurs  que  son  sens  psychologique  si  fin  et 
son  merveilleux  talent  d'écrivain  ont  su  fixer  en  quelques  traits  ineffa- 
vables  la  physionomie  physique  et  morale,  le  caractère  particulier  qui 
les  distinguent  les  uns  des  autres.  Ce  ne  sont  là  d'ailleurs  que  quelques 
parties  du  grand  tout  que  forme  la  Légion  étrangère  ;  car,  observe 
fort  justement  l'auteur,  il  serait  plus  facile  et  plus  prompt  d'énumé- 
rer  les  nations  qui  n'y  sont  pas  représentées  que  celles  qui  y  ont 
envoyé  quelques-uns  de  leurs  enfants.  Et  ce  qui  fond  dans  une  unité 
harmonieuse  tous  ces  hommes  si  divers  de  races,  de  tempéraments, 
de  conditions  sociales,  ce  n'est  pas  assurément  le  goût  des  aventures, 
à  lui  seul  ;  car,  observe  encore  notre  auteur,  pourquoi,  dans  ce  cas, 
la  France  serait-elle  seule  à  posséder  une  légion  étrangère:*  Non,  il  y 
a  parmi  eux  une  nanirne  d'idéal,  ils  sont  tous  animés  d'un  amour 
un  peu  mystique  j)our  la  l-'rance  :  la  plupart  de  ces  volontaires,  les 
plus  nombreux,  les  plus  sinij)les,  n'ont  vu  (pie le  danger  qui  menaçait 
la  l'rance  et  ils  sont  acco\irus  la  défendre,  vl  le  merveilleux,  c'est  que 
la  l'^uncc  ne  représente  pas  pour  chacun  le  même  idéal  :  pour  l'un, 


—  85  — 

c'est  la  France  de  saint  Louis,  la  France  chrétienne  et  calliolique  ; 
pour  un  autre,  c'est  la  France  de  la  Révolution  ;  pour  d'autres,  c'est 
la  France  des  gloiies  militaires  et  des  exploits  guerriers  ;  pour  d'autres 
encore  la  France  intellectuelle,  la  France  des  grands  poètes,  la  France 
des  grâces  latines  qui  remplit  leur  âme  d'enthousiasme  et  leur  fait 
verser  pour  elle  leur  sang  avec  nue  sorte  d'ivresse  généreuse. 

Et  l'hymne  à  la  Légion  étrangère  que  nous  chante  M.  Gômez  Car- 
rillo  se  fond  en  un  hymne  à  la  France  immortelle.  Et  l'on  peut,  l'on 
doit  se  dire  avec  le  lieutenant-colonel  Cot,  que  le  concours  du  maître 
espagnol  «  sera  aussi  précieux  pour  la  cause  que  nous  défendons  que 
celui  des  braves  qui  généreusement  versent  leur  sang  sur  le  champ 
de  bataille.  » 

A  la  geste  de  la  Légion.  M.  Gômez  Carrillo  a  joint  quelques  pages, 
non  moins  exquises,  sur  l'âme  des  prêtres-soldats.  Et  là  encore,  en 
pénétrant  cette  âme  et  en  la  faisant  pénétrer  à  ses  lecteurs,  il  rend  à 
la  cause  française  un  nouveau  service. 

Et  à  la  joie  intellectuelle  que  procurera  à  tout  homme  de  goût  la 
lecture  de  ces  pages  prestigieuses,  s'ajoute  pour  nous,  Français,  la 
joie  morale,  l'orgueil  légitime  de  voir  notre  pays  s'assurer  de  telles 
sympathies.  E.-G.  Ledos. 


L'Europe  dévastée,  par  Wilhelm  Mlehlos,  noies  prises  pendant  les  pre- 
miers mois  de  la  guerre  :  traduit  par  J  de  la  Harpe.  Lausanne  et  Paris, 
Pavot.  1918.  in-l.S  de  261  p.  —  Prix  :  4  fr.  oO. 

Nous  avons  parlé  assez  longuement  {Polybiblion  d'octobre  1918. 
t.  CXLIII,  p.  172-174)  de  l'édition  allemaiide  de  cet  ouvrage  pour 
qu'il  soit  inutile  de  nous  attarder  sur  la  traduction  que  nous  en 
donne  M.  de  la  Harpe.  Mais  l'on  peut  rappeler  que  la  personnalité  de 
l'auteur,  son  indiscutable  sincérité,  l'importance  de  son  témoignage 
sur  les  responsabilités  de  la  guerre  et  sur  l'état  de  l'opinion  alle- 
mande dans  les  premières  semaines  qui  en  ont  suivi  l'éclosion  font 
de  ce  mémoire  un  document  de  premier  ordre.  Des  publications  l'ont 
déjà  fait  connaître  plus  ou  moins  complètement  au  lecteur  français. 
Mais  là  bonne  traduction  que  nous  en  présente  ici  M.  de  la  Harpe  et 
que  la  maison  Pavot  édite  dans  un  volume  de  format  commode,  bien 
et  élégamment  imprimé,  n'est  pas  superflue.  C'est  elle  que  consulte- 
ront avec  le  plus  de  profit  ceux  qui  ne  peuvent  recourir  au  texte 
même  ;  et  dans  ces  jours  où  chez  les  Alliés  quelques  esprits  faibles 
qu'on  peut  regarder  comme  des  minus  habentes,  n'hésitent  pas  à  faire 
passer  au  second  plan  la  question  des  responsabilités,  il  est  utile,  il 
est  nécessaire  de  répandre  des  livres  qui,  comme  celui-ci,  aident  à 
la  mettre  en  pleine  clarté.  E.-G.  Ledos. 


—  86  — 

La  Belgique  nouvelle.  A  travers  quatre  ans  de  guerre  (1914- 
1918),  par  Fernand  NEtJRAY.  Paris,  Van  Oest,  1918.  2  vol.  in-i6  de  342 
cl  352  p.  —  Prix  :  8  fr. 

M.  F.  Neuray,  qui  a  été  pendant  la  guerre  le  brillant  écrivain  du 
XY*  siècle  et  dirige  maintenant  la  IVation  belge,  a  très  bien  fait  de 
réunir  les  articles  épars  dans  des  feuilles  volantes  vouées  fatalement 
à  la  dispersion  matérielle. 

Les  campagnes  qu'il  a  menées  pour  la  défense  de  son  pays  et 
l'honneur  des  grandes  causes  patriotiques,  catholiques  et  sociales 
qu'il  soutient  méritaient  de  ne  pas  être  oubliées.  Les  dates  extrêmes 
de  ces  deux  volumes  vont  de  novembre  1914  à  mars  1918.  C'est  la 
vie  fourmillante  et  diverse  des  Belges  dans  les  épisodes  de  ces  années 
tragiques  où  ils  figurent- comme  soldats,  exilés,  citoyens,  envahis, 
persécutés,  etc. 

La  question  militaire  est  traitée  amplement  et  toujours  ramenée  à 
l'éloge  de  la  prévoyance  du  roi  Léopold  II  qui  prononçait  à  Bruges, 
dès  1887,  ces  paroles  :  u  Les  peuples  qui  ne  savent  pas  ou  ne  veulent 
pas  défendre  leur  indépendance  ne  sont  pas  dignes  d'être  libres.  » 
C'est  lui  qui  inspirait  en  même  temps  les  articles  prophétiques  de 
Banning  sur  la  nécessité  du  service  militai-re  (1.,  p.  95).  —  Touchant  la 
question  sociale  maints  passages  de  ce  livre  ont  leur  importance  :  en 
particulier  ceux  qui  ont  trait  à  Vandervelde  et  à  ses  dangereuses  con- 
cessions, à  l'esprit  anarchique  de  son  parti.  —  Questions  politiques 
avec  la  neutralité  belge  qui  doit  disparaître  et  la  liberté  de  l'Escaut 
qui  doit  être  acquise.  —  Question  allemande  où  l'on  montre  trois 
genres  spéciaux  de  danger  qui  en  dérivent  ;  le  socialisme  allemand 
avec  rinlernationale  ;  le  faux  catholicisme  d'Outre-Rhin  tout  impré- 
gné d'esprit  protestant  ;  la  main  mise  sur  les  justes  revendications 
flamandes  transformées  en  divisions  séparatistes."  —  Je  remarque  cette 
phrase  :  «  L'Allemagne  a  moins  étonné  l'univers  par  les  crimes 
de  ses  soldats  que  par  l'apologie  que  ses  penseurs  en  ont  faite.  » 
—  Question  religieuse,  avec  le  rôle  du  Saint-Siège  à  propos  de 
l'invasion  de  la  Belgique.  Le  patriotisme  de  M.  Neuray  dit  verte- 
ment des  choses  justes  qui  le  conduisent  à  une  critique  très  vive  de 
l'Osservatore  romano  ;  il  proclame  la  grandeur  du  cardinal  Mer- 
cier, commente  son  voyage  à  Rome  en  janvier  1916  et,  en  face  de 
certaines  influences  germaniques  aujourd'hui  évincées,  il  résume  sa 
pensée  en  déclarant  ne  pas  vouloir  «  confondre  l'anlichanibic  du 
Vatican  avec  le  siège  de  Saint-Pierre.  »  —  Mot  de  journaliste. 

A  souligner  un  joli  chapitre  sur  le  règne  des  irresponsables  :  (<  L'État 
moderne,  l'fitat  démocrali(nie  a  organisé  la  hiérarchie  des  parapluies, 
tout  le  monde  dans  les  administrations  est  couvert  par  tout  le  monde.  » 
A  retenir  également  l'impartial  éloge  des  travaux  du   Congrès   de 


—  87  — 

Vifinne  et  la  justice  rendue  à  Louis  XVIII  comme  à  Talleyrand,  tout 
à  riionneur  de  la  iwlilique  française.  A  retenir  enfin  des  «  portraits  » 
crayonnés  d'une  main  ferme  ;  celui  de  M.  de  Broqueville  et  surtout 
de  fines  remarques  sur  Godefroid  Kurth  (II.,  p.  41  à  42  ;  p.  302)  que 
M.  Neuray  a  bien  raison  de  s'honorer  d'avoir  eu  pour  maître.  En 
parcourant  ces  pages  alertes,  l'ensemble  des  choses  de  Belgique  pen- 
dant ces  quatre  années  s'éclaire  aux  yeux  du  lecteur.  Voilà  sans  doute 
un  agréable  et  judicieux  résumé  au  jour  le  jour  d'une  époque  qui  fut 
pour  nos  alliés,  délicate,  difficile,  épineuse,  glorieuse  et  tragique.  Le 
sens  de  l'histoire,  l'amour  de  l'ordre,  le  culte  de  la  patrie,  la  sagesse 
de  l'esprit,  le  respect  de  l'Église  ont  inspiré  tour  à  tour  celui  qui 
a  tenu  la  plume.  G.  de  G. 


.Les  Intrigues  germaniques  en  Grèce,  par  Dkmetra.  Vaka  (Mrs.  Ken- 
NKTH  Brown).  Paris,  Plon-Nourrit,  1918,  in-16  de  279  p.  —  Prix  :  4  fr.  .oO. 

Ce  très  intéressant  ouvrage,  traduit  de  l'anglais,  pourrait  porter  en 
sous-titre  :  «  Les  Étapes  d'une  conversion  politique.  »  Mrs.  Kenneth 
Brown,  devenue  Américaine  par  son  mariage,  était,  en  effet.  Grecque 
de  naissance.  Patriote  et  royaliste,  elle  a  souffert  cruellement  des 
nouvelles  qu'elle  recevait  de  Grèce  et  qu'elle  qualifiait  de  calomnies, 
ne  pouvant  croire  à  la  félonie  du  roi  Constantin.  Poussée  par  l'amour 
de  son  pays,  par  son  désir  de  dissiper  ce  qu'elle  croyait  être  des  malen- 
tendus, elle  n'a  pas  hésité  à  venir  des  États-Unis  en  Grèce,  avec  son  mari, 
pour  tenter  d'éclaircir  la  situation  et  d'opérer  un  rapprochement  entre 
Vénizelos  et  le  Roi,  afin  de  faire  la  Grèce  plus  grande  et  plus  forte,  sous 
l'autorité  de  son  souverain.  Dans  ce  but,  elle  a  interrogé,  à  .Vthènes,  le 
Koi  et  les  princes  royaux,  les  ministres  et  les  généraux,  enfin  tous  les 
soutiens  et  les  partisans  du  trône  et  de  la  politique  de  Constantin. 
Ame  juste  et  droite,  enthousiaste  pour  son  roi,  mais,  par-dessus 
tout,  passionnée  pour  la  vérité,  Mrs.  Brown,  à. Athènes  même,  a 
senti  son  royalisme  chanceler.  A  Salonique.  elle  s'est  entretenue  avec 
Vénizelos  et  avec  ceux  qui  l'entourent,  et  là,  la  lumière  s'est  faite 
complètement  dans  son  esprit  désabusé.  Bref,  arrivée  en  Grèce  roya- 
liste convaincue,  elle  en  est  partie  venizeliste  ardente,  et  rien  n'est 
plus  passionnant  que  de  la  suivre  dans  les  étapes  de  cette  transfor- 
mation, dont  l'aboutissement  est  le  plus  bel  éloge  que  l'on  puisse 
faire  de  la  justice  de  la  cause  si  brillamment  défendue  et  représentée 
par  le  grand  patriote  grec  qu'est  Vénizelos.  C'est  le  récit,  presque 
sténographié,  des  nombreuses  interviews  qui  ont  amené  Mrs.  Brown 
à  la  connaissance  de  la  vérité,  qui  formé  ce  volume,  d'une  lecture 
singulièrement  captivante  et  instructive.  Bien  des  voiles  sont  soulevés 
sur  la  politique  germanique  de  Constantin,  bien  des  explications 


—  88  — 

sont  données  à  des  incidents  souvent  dramatiques  restés  jusqu'à  ce 
jour  mystérieux.  Nous  avons  ainsi  une  précieuse  contribution  à  l'his- 
toire politique  de  la  guerre.^  J.  C.  T. 


L'Irlande  ennemie  '.*,  par  R.-C.  Escoufi.aire.  Paris,  Payot,  1918,  in-lG 
de  272  p.  —  Prix  :  4  fr.  30. 

La  question  irlandaise  a  pris  à  nouveau  un  caractère  aigu.  Aux_ 
élections  générales  du  mois  de  décembre  dernier,  les  candidats  du  Sinn 
Fein  ont  emporté  des  succès  écrasants  qui  ont  dépassé  les  espérances 
de  ce  parti.  Or,  comme  le  Sinn  Fein  a,  dès  avant  la  guerre,  conclu 
avec  l'Allemagne  une  étroite  alliance,  comme  ses  chefs  ont  été  les 
auxiliaires  et  les  agents  de  la  Wilhemstrasse,  comme  la  rébel- 
lion de  Pâques  1916  à  Dublin,  fut  accompagnée  d'une  démonstra- 
tion navale  et  d'un  bombardement  aérien  des  côtes  anglaises,  il  est 
difficile  de  contester  qu'à  l'heure  actuelle  l'Irlande  peut  être  considé- 
rée comme  une  ennemie  non  seulement  de  l'Angleterre  mais  aussi  des- 
États  de  l'Entente. 

M.  Escouflaire  a  posé  avec  une  grande  netteté  les  termes  de  la 
question  irlandaise  telle  qu'elle  se  présente  aujourd'hui,  et,  pour  que 
ces  termes  fussent  bien  compréhensibles,  il  a  fait  appel  à  l'histoire 
ancienne  et  à  l'histoire  moderne.  11  a  retracé  les  phases  multiples  des 
réformes  religieuses,  agraires,  scolaires,  judiciaires  successivement 
réalisées  dans  l'intérêt  des  Irlandais  depuis  le  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  Il  a  rendu  hommage  aux  grands  patriotes,  que 
furent  Grattan,  O'Connell,  mais  a  apprécié  avec  une  juste  sévérité 
l'œuvre  de  Parnell,  de  Dillon  et  les  combinaisons  parlementaires  dont 
furentles  initiateurs  des  hommes  d'État  britanniques  tels  que  Glads- 
tone et  Âsquith. 

Il  est  utile  de  connaître  les  agissements  de  Sir  Roger  Casement.  de 
Kuno  Meyer.  agissements  sur  lesquels  la  publication  des  correspon- 
dances du  comte  BernstorfF  a  projeté  une  vive  lumière.  Il  faut  aussi 
lire  les  procès  verbaux  de  la  «  Société  germano-irlandaise  »  fondée  à 
Berlin  depuis  la  guerre  sous  les  auspices  du  chancelier  von  Bethmann 
Holweg  et  avec  le  concours  des  chefs  du  Sinn  Fein. 

Au  maréchal  Hindenburg,  la  Société  adressait  en  mars  1018  un  té- 
légramme ainsi  conçu  :  «  Convaincus  qu'une  Irlande  libre,  indépen- 
dante de  l'Angleterre,  garantira  la  liberté  des  mers  et  par  là  libérera 
le  monde  de  la  tyrannie  maritime  anglaise,  nous  espérons  nnc  paix 
allemande...  »  Les  Irlandais  acceptaient  donc  gaîment  la  perspective, 
pour  se  séparer  de  l'Anglolerre,  de  s'inféoder  à  l'Allemagne,  comme 
si  le  sort  de  l'Alsace-Lorraine,  de  la  Pologne  prussienne  était  si  digne 
d'envie  T 


—  89  — 

L'ouvrage  de  M.  Escouflaire  redresse  certaines  idées  erronées  et 
éclaire  des  coins  restés  longtemps  obscurs  de  l'histoire  contempo- 
raine de  l'Irlande.  Rogek  Lambeun. 


La  Ciuerra,  leltere  tli  un  socialiste  ai  suoi  Bgli,  da  Pieho  Domkm- 
CHELLi.  Fiienze,  H.  Reniporad  e  figlio.  1918.  iii-lG  de  318  p.  —  Prix  :  3  (r. 

Avant  la  guerre,  M.  Piero  Domenichelti  était  socialiste  et  anliniili- 
tariste  ;  et  sou  antimilitarisme  l'obligea  même  de  dormer  sa  démis- 
sion d'ofBcier.  Mais  il  était  aussi  poète  et  par  là  même  idéaliste  ;  la 
guerre  a  réveillé  ou  exalté  son  patriotisme  et,  à  l'encontre  de  plus  d'un 
parmi  ses  coreligionnaires  politiques,  il  a  refusé  de  faire  cause  com- 
mune avec  les  neutralistes,  il  a  rejeté  ses  illusions  sur  la  fraternité 
des  socialistes  allemands,  il  a  reconnu  la  justice  de  l'intervention  ita- 
lienne, la  nécessité  de  lutter  jusqu'au  bout  contre  l'hégémonie  des 
empires  centraux  et  il  a  tenu  à  prendre  sa  part  dans  cette  lutte  d'abord 
comme  simple  soldat  puis  comme  officier.  Aussi  la  défaillance  de 
troupes  italiennes  à  Caporetto  a-t-elle  été  pour  lui  un  coup  doulou- 
reux, d'autant  plus  douloureux  qu'elle  était  due  en  partie  au  moins 
à  un  manque  de  patriotisme  ;  il  cite  avec  une  légitime  indignation  le 
cri  de  soldats  répondant  :  «  X  bas  l'Italie  !  »  aux  acclamations  des 
camarades  français  et  anglais  qui  accouraient  au  secours  des  Italiens 
en  criant  :  «  Vive  l'Italie  !  »  —  Dans  ces  pages  qu'il  a  écrites  au  jour  le 
jour  pour  ses  enfants,  il  raconte  ses  impressions,  il  exprime  ses  sen- 
timents avec  la  franchise  et  la  vivacité  d'une  causerie  intime.  Sans 
doute  son  idéalisme  le  laisse  tomber  parfois  dans  l'idéologie  ;  et  ses 
vieux  préjugés  socialistes  ne  l'ont  pas  abandonné  :  il  témoigne  notam- 
ment vis-à-vis  du  Souverain  Pontife  d'une  aveugle  et  regrettable  par- 
tialité ;  et  sa  méfiance  —  pour  ne  pas  dire  plus  —  vis-à-vis  des 
classes  dites  supérieures  obscurcit  parfois  son  jugement.  Mais  com- 
ment nous  en  étonnerions-nous?  Le  surprenant  serait  qu'il  se  fût 
totalement  transformé  d'un  seul  coup  :  il  est  déjà  bien  beau  qu'il  ait 
pu  se  dégager  des  liens  qui  retiennent  captifs  tant  de  ses  coreligion- 
naires politiques  et  qu'il  n'hésite  pas  à  rendre  un  hommage  ému  à 
des  adversaires  de  la  veille. 

11  ne  faut  pas  s'attendre  à  trouver  ici  d'amples  et  pittoresques 
détails  sur  les  faits  de  la  guerre  ;  les  fonctions  qu'a  remplies  M.  Dome- 
nichelli  ne  l'ont  guère  mis  à  même  d'observer  le  Front  de  très  près  ; 
mais  on  y  rencontrera,  à  côté  des  impressions  très  personnelles  de 
l'auteur,  quelques  faits  de  la  vie  des  troupes  et  du  pays,  des  rensei- 
gnements sur  létat  des  esprits,  des  considérations  philosophiques  et 
politiques.  Et  dans  tout  cela  il  y  aura  certainement  à  puiser  pour 
l'histoire  et  la  psychologie  de  la  guerre.  E  -G.  Ledos. 


—  90  — 

Nous,  soldats  !  par  Jean  Tourmassus.  Paris  et  Lyon,  Vitte,  1918,  in-16  de 
vii-182  p.   —  Prix  :  3  fr.  25. 

Parti  en  août  1914,  arrivé  en  janvier  1915  sur  le  Front  de  Lorraine, 
blessé  devant  Verdun  en  juin  1916,  transporté  à  Orléans  puis  au 
Mont-des-Oiseaux,  le  jeune  officier  qui  a  écrit  ces  pages  a  connu  assez 
d'heures  tragiques,  héroïques,  angoissées  ou  fiévreuses  pour  que  son 
récit  nous  intéresse  et  nous  émeuve.  D'une  sensibilité  que  l'on  devine 
aiguë  et  délicate,  sachant  voir  et  habile  à  rendre  ce  qu'il  a  vu.  il 
donne  l'impression  qu'on  l'accompagne,  qu'on  marche  à  son  côté, 
qu'on  partage  ses  périls,  qu'on  répond  à  ses  propos,  qu'on  s'égaie 
comme  lui  d'un  rayon  de  soleil  avant  de  s'enfoncer  dans  la  boue  des 
tranchées,  qu'on  interroge  avec  lui  le  regard  de  ses  compagnons  ou 
la  silhouette  d'un  factionnaire,  qu'on  avance  près  de  lui  dans  le 
brouillard  de  feu... 

Dans  la  Préface  par  laquelle  s'ouvre  le  livre.  M.  Maurice  Barres  se 
félicite  qu'il  y  ait  un  si  grand  nombre  de  soldats  écrivains  qui 
racontent  «  pour  l'univers  et  pour  les  siècles  les  grandes  choses  dont 
ils  furent  une  part  »,  et  il  ajoute  que  des  livres  comme  celui-ci  h  nous 
rendent  intelligibles  les  forces  qui  viennent  de  nous  donner  la  vic- 
toire ».  «  A  chaque  page,  dit-il  à  l'auteur,  on  vous  remercie,  et  l'on 
remercie,  l'on  aime  en  vous  tous  vos  frères  d'armes  ». 

Tenons-nous-en  à  ce  jugement  d'un  maître.  Ch.  Landry. 


Essai  sur  le  sentiment  français  en  Alsace.  Comment  il  s'est 
formé,  comment  il  s'est  maintenu,  par  Pall  Pilant.  Paris,  Bos- 
sard,  1918,  in-16  de  136  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Excellent  petit  volume  oii  sont  exposées  très  clairement,  très  sim- 
plement, mais  avec  une  entière  sincérité,  les  raisons  qui  ont  amené 
les  Alsaciens  à  aimer  la  France  après  la  réunion  de  la  province  au 
royaume,  puis  à  lui  garder  cette  affection  quand  l'Alsace  en  fut  de 
nouveau  séparée  pour  être  soumise  à  l'empire  allemand.  L'auteur 
connaît  parfaitement,  et  l'histoire  de  l'Alsace  et  surtout  le  cœur  de 
cette  province.  Son  ouvrage  mérite  d'être  lu  et  répandu  car  il  est  bien 
documenté  et  contient,  en  peu  de  pages,  un  bon  résumé  de  la  question, 
si  intéressante  à  l'heure  présente  où  l'Alsace  est  revenue  à  la  France 
avec  un  entliousiasme  magnifique.  11  sera  bon  surtout  que  ceux  qui 
seront  appelés  à  se  rendre  en  Alsace,  à  y  détenir  (juelque  part  d'auto- 
rité, puisent  dans  ces  quelques  pages  faciles  à  lire,  de  bonnes  direc- 
tions pour  la  conduite  à  tenir  envers  les  Alsaciens.  Il  faut  se  souvenir 
que  ce  peuple,  ayant  beaucoup  soulTert,  a  l'àme  très  sensible  ;  il  faut 
se  garder  de  la  froisser.  M.  Pilant  a  divisé  son  travail  on  trois  parties  : 
r.Msace  dans  la  famille  française,  l'Alsace  allemande  et  IWlsace  pen- 
dant la  (Jrande  (juerre.  11  est  précédé  d'un  Avant-Propos  où  il  est  fait 


—  91  — 

justice,  en  quelques  lignes,  des  arguments  historiques  employés  par 
les  Allemands  pour  revendiquer  la  possession  de  l'Alsace.  Quelques 
fragments  en  note  rapportent,  à  la  fin,  diverses  opinions  sur  la  ques- 
tion ;  quelques  documents  sur  Tesprit  des  Alsaciens-Lorrains  sous  le 
joug,  forment  des  annexes,  avec  une  table  des  noms  cités. 

A.  Gasser. 


I^e  Poing  allemand  en  Lorraine  et  en  Alsace,  lïtTI,  1014, 
lOlit,  par  André  Fribourg.  Paris,  éditions  d'Alsace  et  de  Lorraine, 
Floury,  1918,  in-8  de  223  p.  —  Prix  :  4  fr. 

L'auteur,  déjà  avantageusement  connu  par  ses  publications  histo- 
riques, nous  avait  donné  en  1916  un  petit  volume  intitulé  :  Les  Mar- 
tyrs (f  Alsace  et  de  Lorraine.  Reprenant  le  même  sujet,  le  complétant 
et  l'étendant,  M.  Fribourg,  nous  offre  dans  le  présent  ouvrage  un 
corps  de  documents  sur  les  véritables  sentiments  de  l'Alsace.  Ce  sont 
en  quelque  sorte,  et  pour  la  période  du  joug  allemand,  les  pièces  jus- 
tificatives du  volume  précédent  de  M.  Paul 'Pilant.  Composé  unique- 
ment de  documents  allemands,  les  faits  y  parlent  seuls.  Le  livre  se 
compose  de  deux  parties  d'inégale  étendue.  La  première,  sous  le  titre 
de  :  La  Préparation  au  martyre,  comprend  la  période  de  1870  à  1914, 
^ien  qu'elle  soit  la  plus  courte,  les  deux  protestations  de  1871,  la 
ligue  d'Alsace,  les  conseils  de  guerre  et  l'exode  au  début  de  l'an- 
nexion, puis  les  deux  protestations  au  Reichstag  et  enfin  les  persécu- 
tions allemandes  à  la  veille  de  la  guerre.  Je  signalerai  à  lauteur  une 
lacune  à  combler  dans  une  prochaine  édition  :  ce  sont  les  nombreuses 
condamnations  prononcées  par  les  tribunaux  ordinaires,  pour  mani- 
festations antiallemandes,  les  expulsions,  les  tracasseries  sur  l'em- 
ploi de  la  langue  française,  qui  ont  sévi  pendant  toute  la  période  de 
l'annexion  avec  des  phases  plus  violentes  à  certains  moments. 

La  seconde  partie,  intitulée  :  Les  Martyrs,  se  rapporte  à  la  période 
de  guerre  de  1914  à  1918.  Nous  y  voyons  défiler  successivement  toutes 
les  catégories  d'individus,  de  classes  sociales,  de  professions  et  de 
métiers,  toutes  les  victimes  de  la  haine  allemande  et  de  l'amour  pour 
la  France.  Quelques  vignettes  illustrent  fort  agréablement  le  volume. 

A.  Gasser. 


En  représailles,  par   Eugène-Louis   Blanchet.  Paris.  Payot.  1918.  in-16 
de  201  p.,  illustré  par  l'auteur  et  Pierre  Laurens.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Sans  violence  inutile  dans  l'expression,  laissant  surtout  parler  les 
faits,  M.  Blanchet,  captif  en  Allemagne  depuis  octobre  1914  jusqu'au 
25  décembre  1916,  date  à  laquelle  il  fut,  pour  cause  de  maladie  et 
d'épuisement,  expédié  en  Suisse,  nous  raconte  ses  souffrances  de 
toutes  sortes  et  celles  de  ses  compagnons  de  bagne.  Car. c'est  trop 


—  92  — 

souvent  à  un  véritable  bagne  que  nos  ennemis  ont  condamné  leurs 
piisotmiers  français,  anglais,  belges,  russes,  italiens,  roumains,  etc. 

Tous  ceux  de  nos  martyrs  revenus  de  l'enfer  teuton  sont  d'accord 
dans  leurs  dépositions  en  ce  sens  que  si  les  Français  ont  été  victimes 
de  cruautés  variées,  le  sort  des  prisonniers  des  autres  nationalités  a 
été  généralement  pire.  Plus  tard,  les  témoignages  de  ces  derniers 
viendront  s'ajouter  à  ceux  de  nos  compatriotes,  et  l'on  apprendra 
alors  d'odieuses  choses.  Dès  à  présent,  nous  sommes  fixés  sur  la 
façon  dont  se  sont  comportés  les  gradés  de  tous  ordres  de  l'armée  du 
Kaiser  :  c'était  à  qui,  sauf  d'infimes  exceptions,  s'ingéniait  à  tortu- 
rer les  pauvres  gens  que  les  circonstances  leur  avaient  livrés.  Aussi 
l'auteur  a-t-il  été  chargé  par  les  malheureux  restés  entre  les  mains 
de  l'ennemi  d'être  l'écho  de  leurs  plaintes  :  «  Tu  sais  ce  que  nous 
souffrons,  lui  ont-ils  dit.  Il  faut  qu'on  les  connaisse  tels  qu'ils  sont. 
Raconte  ce  que  tu  as  enduré,  ce  qu'on  nous  a  fait,  comment  beau- 
coup sont  morts.  Parle  !...  Et  ce  sera  pour  les  nôtres  une  raison  de 
plus  de  tenir  jusqu'à  la  victoire.  » 

M.  Blanchet  s'y  est  engagé  et  il  a  bien  rempli  sa  promesse.  Non 
seulement  il  a  parlé  —  et  parlé  éloquemment  —  mais  il  a  recueilli 
les  témoignages  de  plusieurs  de  ses  camarades,  entre  autres  du  poète 
jurassien  Alphonse  Gaillard  dont  le  PolybibUon  a  parlé  autrefois.  Ces 
témoignages  sont  accablants  pour  les  suppôts  de  la  «  Kultur.  )> 

Pour  finir,  je  crois  bon  de  citer  quelques  lignes  de  ce  livre  ter- 
rible :  ((  Le  sort,  dont  nous  avons  souvent  maudit  la  cruauté,  a  voulu 
que  nous  souffrions  dans  un  grand  nombre  de  camps.  11  a  fait  de 
nous  un  témoin  dont  l'élémentaire  devoir  est  de  dénoncer  l'affreux 
traitement  infligé,  sous  prétexte  de  représailles,  à  des  milliers  de 
prisonniers  français,  à  trente  mille  à  la  fois,  à  un  moment  donné, 
sur  le  seul  Front  russe,  à  d'autres  milliers  sur  le  Front  français,  au 
bord  de  la  Balti(jue,  ailleurs  encore  (p.  40)...  Des  milliers  de  cama- 
rades, morts  d'épuisement,  de  tuberculose,  ont  été  descendus  dans 
les  fosses  allemandes.  Avant  de  fermer  les  yeux  pour  toujours,  ils 
ont  connu  la  mort  lente,  tous  les  tourments  physiques,  toutes  les 
détresses  morales.  Pour  les  «  représailles  »,  ces  tourments  furent 
moins  le  fait  de  la  guerre  que  d'un  système  soigneusement  élaboré, 
mis  en  œuvre  jusque  dans  les  moindres  détails...  Enfants,  vous 
seriez  de  mauvais  fils  si  vous  oubliiez  un  jour  les  souffrances  de  vos 
pères.  »  (p.  204). 

M.  Vallotton  a  écrit  une  Préface  vigoureuse  pour  ce  volume,  qui 
renferme  quelques  portraits  ou  croquis  très  originaux.  11  y  a  là, 
notamment  (et  aussi  sur  la  couverture)  un  prisonnier  debout  derrière 
une  clôture  de  fil  de  fer  barbelé,  physionomie  douloureusement  pen- 
sive, qui  pourrait  bien  être  l'auteur  lui-même.       E.-A.  Chapuis. 


—  93  — 

Eiiglishman,  Kamerail  î  ri<jkl  of  Ihe  Brilisk  Une,  by  cnplnin  Gilbert 
NoiiHs.  Loiulori.  \Nilli;nii  Heiiioinann,  1918.  in-16  do  xii-2H  p..  avec 
portrait  do  l'autour.  —  Prix  :  4  fr.  33. 

Le  capitaine  Nobbs  servait  dans  les  troupes  canadiennes  avant  la 
guerre.  Il  vint  sur  le  Front  de  France  en  IIMO  avec  des  troupes  de 
renfort  et  fut  attaché  à  un  régiment  de  Londres.  C'est  dans  les  com- 
bats de  la  Somme,  pendant  lautomne  1910,  qu'il  reçut  la  blessure 
qui  lui  fit  perdre  l'usage  de  la  vue  et  que,  demeuré  sans  connaissance 
dans  un  trou  d'obus,  il  fut  fait  prisonnier  par  les  Allemands,  resta 
assez  de  temps  sans  pouvoir  donner  de  nouvelles  en  Angleterre,  et 
fut  ainsi  oflîciellement  porté  au  nombre  des  morts. 

Ce  sont  ses  souvenirs  du  Front  et  de  captivité  qu'il  nous  offre  dans 
ce  volume  très  intéressant  et  qui  témoigne  d'une  sérénité  d'âme  que 
n'a  pu  abattre  le  malheur  qui  l'a  frappé.  Il  s'y  trouve  plus  d'un 
détail  pittoresque  sur  la  vie  des  troupes  britanniques  ;  il  s'y  trouve 
des  détails  précis,  qui  s'ajoutent  à  ceux  que  nous  possédons  par 
ailleurs,  sur  le  traitement  des  prisonniers  en  Allemagne,  détails  que 
l'auteur  emprunte  tant  à  son  expérience  personnelle!  qu'aux  récits 
que  lui  ont  faits  d'autres  prisonniers  ;  et,  bien  que  sa  loyauté  se  fasse 
un  devoir  de  ne  dissimuler  pas  ce  qui  peut  être  à  l'avantage  des 
Allemands,  il  ne  reste  que  trop  de  traits  qui  viennent  grossir  le  réqui- 
sitoire contre  leur  barbarie. 

Il  y  a  des  pages  éloquentes  et  émues  sur  la  belle  conduite,  sur  le 
moral  admirable  de  ces  soldats  de  Londres  qu'il  a  conduits  au  feu, 
de  ces  humbles  civils  que  rien  n'avait  préparés  à  la  guerre,  de  ces 
modestes  territoriaux  que  l'on  était  un  peu  habitué  à  traiter  avec 
quelque  dédain,  et  qui  ont  fait  si  magnifiquement  leur  devoir,  qui 
se  sont  sacrifiés  sans  une  plainte,  sans  une  hésitation  et  dont  l'in- 
domptable volonté  a  fini  par  triompher  des  troupes  entraînées  du 
Kaiser.  D'ailleurs,  même  chez  les  Allemands,  M.  le  capitaine  Nobbs 
croit  pouvoir  noter  une  modification  dans  la  mentalité  des  combat- 
tants, à  mesure  que  les  vides  multipliés  par  la  mort  dans  les  rangs 
germaniques  a  substitué  aux  soldats  de  carrière  de  simples  civils. 

L'auteur,  qui  ne  recule  jamais  devant  les  considérations  morales, 
ne  se  fait  pas  faute  de  flétrir  ceux  qui.  parmi  les  gens  de  l'arrière, 
perdant  de  vue  les  hommes  qui  versent  généreusement  leur  sang 
pour  la  patrie,  n'ont  d'autre  souci  que  de  vivre  bien  et  de  rechercher 
les  plaisirs.  Il  ne  s'indigne  pas  moins  contre  les  ouvriers  des  usines 
qui  n'ont  point  honte,  en  se  mettant  en  grève,  de  compromettre  le 
succès  de  la  guerre  et  de  rendre  plus  difficile  el  plus  meurtrière  la 
tâche  des  combattants  ;  il  estime  que  si  l'on  considère  comme  un 
traître  le  soldat  qui  lâche  pied  devant  l'ennemi,  l'on  devrait  traiter 
avec  la  même  sévérité  l'ouvrier  qui  abandonne  le  travail  de  l'usine 
où  se  forgent  les  armes  du  soldat. 


—  94  — 

Les  noms  des  personnages,  dont  nous  parle  M.  le  capitaine  Nobbs 
au  cours  de  son  récit,  sont  imaginaires,  il  nous  en  prévient  ;  mais 
les  faits  sont  réels,  sauf  dans  un  cas  où  il  a  laissé  la  bride  à  son  imagi- 
nation. Il  est  un  des  personnages  cependant  dont  le  nom,  nous  dit- 
il,  est  réel,  et  c'est  un  Français  ;  et  ce  n'est  pas  l'un  des  épisodes  les 
moins  intéressants  de  son  livre  que  celui  de  ce  Saniez,  qui  se  fait 
l'infirmier  de  ses  camarades  d'infortune,  qui  s'empresse  autour  d'eux 
avec  une  sollicitude  touchante  pour  adoucir  leurs  chagrins  et  dont  le 
bel  optimisme  n'est  pas  abattu  par  de  longs  mois  de  captivité. 

Un  trait  encore  que  je  relève  dans  le  livre  du  capitaine  Nobbs  ; 
c'est  la  haine  que  les  prisonniers  anglais  en  Allemagne  emportent 
chez  eux  contre  leurs  persécuteurs  :  plus  d'un  se  déclare  décidé  à  se 
venger  sur  les  Boches  qu'il  pourrait  rencontrer  en  Angleterre  sur 
sa  route.  Ce  trait  seul  'suffit  à  souligner  l'indignité  du  traitement 
que  nos  ennemis  n'ont  que  trop  souvent  infligé  à  leurs  captifs. 

E.-G.  Ledos. 


La  Bessarabie  et  le  Droit  des  peuples,  par  D.  Duaghicesco.  Paris .^ 
Alcan,  1918,  in-16  de  52  p.,  avec  une  carte  coloriée  hors  texte.  —  Prix  : 
i  fr. 

Il  est  important,  dit  la  préface  de  M.  Fournol,  que  les  Français 
cultivés  soient  instruits  de  la  question  de  la  Bessarabie.  La  présente 
brochure  répond  à  cette  pensée. 

Rien  n'est  plus  vrai.  Nous  devrions  être  au  courant  de  la  question 
de  la  Bessarabie,  comme  de  bien  d'autres,  hélas  !  que  nous  ignorons. 
Notre  méconnaissance  des  pays  étrangers  est  pour  la  France  une  réelle 
cause  d'infériorité  et  nous  devons  être  reconnaissants  aux  auteurs  qui 
s'efforcent  de  combler  les  lacunes  de  notre  instruction. 

Dans  cette  brochure,  le  sénateur  Draghicesco  montre  le  droit  que 
l'histoire  et  la  statistique  donnent  à  la  Roumanie  de  posséder  la  Bes- 
sarabie, terre  peuplée  de  Moldaves  et  qui,  pendant  plus  de  cinq  siècles, 
fit  partie  de  la  principauté  moldave.  D'ailleurs,  un  événement  récent 
prouve  l'exactitude  des  conclusions  de  cet  ouvrage,  modeste  dans  son 
aspect,  mais  en  réalité  important  et  fort  intéressant  :  la  Bessarabie. 
le  9  avril  1918,  a  voté  librement  son  union  à  la  Roumanie. 

J.  C.  T. 


Le  Droit  au-dessus  de  la  race,  par  Otto  H.  Kaun  ;  traduit  de  l'an- 
glais par  le  lieutenant  Louis  Thomas.  Paris,  Pcrrin,  1919,  in-16  de  xxi- 
167  p.  —  Prix  :  3  fr. 

L'auteur  de  ces  pages  est  un  .\llemand  d'origine.  Fils  d'un  ban- 
quier de  Mannheim,  il  s'intéressa  à  la  musique,  aux  beaux-arts,  sans 
négliger  les  affaires  financières  pour  lesquelles  il  semble  avoir  été 


—  95  — 

parliculièrement  doué.  S'étant  rendu  aux  États-Unis  comme  ropré- 
seutaiit  d'une  maison  anglaise,  il  y  épousa  la  fille  d'un  des  fondateurs 
de  la  banque  Kuhn  et  Lœb  et,  en  1897,  devint  citoyen  américain.  Son 
rôle  dans  la  haute  banque  ne  fut  pas  négligeable.  11  réorganisa  et 
amalgama  diverses  compagnies  de  chemin  de  fer  ;  il  dirigea  les  négo- 
ciations qui  firent  admettre  à  la  Bourse  de  Paris  50  millions  de  dol- 
lars d'obligations  de  la  Pennsylvania. 

Le  président  Roosevelt  avait  apprécié  le  concours  donné  par  cet  an- 
cien Allemand  à  la  cause  interventionniste  lorsqu'il  fit  campagne  pour 
démontrer  que  tout  bon  Américain,  «  en  fidèle  ami  de  la  liberté  et  de 
la  civilisation  »,  devait  être  «  de  cœur  et  d'âme  contre  l'Allemagne  » 
et  c'est  pourquoi  il  honora  d'une  Préface,  peu  de  temps  avant  sa 
mort,  la  publication  des  lettres  et  discours  de  M.  Otto  H.  Kahn. 

Dès  le  mois  de  juin  1915,  ce  banquier  originaire  de  Mannheim 
expliquait  à  un  Allemand  de  ses  amis  les  causes  et  les  vraies  respon- 
sabilités de  la  guerre  ;  il  incriminait  la  politique  maritime  du  Kaiser. 
Dans  une  allocution  prononcée  devant  l'Association  des  négociants  de 
New  York,  à  l'occasion  de  l'emprunt  «  de  la  Liberté  »  il  reprochait  à 
la  Prusse  de  s'être  écartée  de  ce  qui  fut  «  l'idéal  de  Luther  (!)  de 
Goethe,  de  Schiller,  de  Kant  »  et  affirmait  que  plus  les  ^Américains 
d'origine  allemande  participeraient  à  la  guerre  avec  les  Alliés,  «  mieux 
ils  protégeraient  et  serviraient  l'antique  renommée  de  la  vieille  xAlle- 
magne  et  les  vrais  intérêts  du  peuple  allemand.  »  (p.  61).  Et  dans 
une  conférence  faite  plus  tard  à  Milwaukee,  le  financier  développait 
cette  pensée  :  «  Nous  ne  permettrons  pas  au  sang  qui  coule  dans  nos 
veines  d'étouffer  la  voix  de  la  conscience  dans  nos  cœurs.  Nous  enten- 
drons l'appel  de  l'honneur  avant  d'écouter  l'appel  de  la  race.  »  (p.  91). 
Cette  pensée  est  assurément  d'ordre  très  élevé,  mais  M.  Otto  Kahn 
me  semble  appartenir  à  une  race  bien  plus  ancienne  que  la  race  alle- 
mande et  ceci  expliquerait  le  patriotisme  germano-américain,  un 
peu  spécial,  dont  il  est  animé.  Roger  Lambelin. 


L'Arme  économique  des  Alliés,  par  le  commandant  M.  Paris,  Gras- 
set, iii-lt>  de  62  p.  {Le  Fait  de  la  semaine,  n°  14,  19  mars  1918).  —  Prix  : 
0  fr.  73. 

Bien  que  cet  opuscule  date  du  commencement  de  1918,  il  est  encore 
utile  à  lire.  11  montre  que  les  Alliés,  doivent,  la  guerre  finie,  se  con- 
certer et  se  soutenir  encore  les  uns  les  autres  sur  le  terrain  écono- 
mique, contrôlant  la  répartition  des  matières  premières,  s'entendant 
pour  refuser,  dans  leurs  traités  douaniers,  aux  anciens  empires  cen- 
traux le  régime  de  la  nation  la  plus  favorisée,  prenant  des  mesures 
énergiques  pour  obtenir  réparation  des  dommages  causés  par  nos 
agresseurs.  Les  troubles  présents  de  la  Germanie  tendent  à  faire  ou- 


—  96  — 

blier  la  prodigieuse  puissance  d'expansion  industrielle  et  commer- 
ciale qu'elle  a  déployée  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Mais  est-il  cer- 
tain que  cette  puissance  soit  complètement  abolie  ?  Ce  qui  la  carac- 
térisait, avec  la  concentration  des  entreprises  et  l'esprit  de  labeur 
discipliné,  c'était,  assure  notre  auteur,  une  admirable  et  féconde  asso- 
ciation de  l'État  avec  les  individus  isolés  ou  groupés  ;  c'est  parce  que 
tout  était  combiné  pour  mettre  les  forces  de  l'État, au  service  des  ef- 
forts individuels  que  l'Allemagne  était  en  train  de  devenir  avant  la 
guerre  la  première  puissance  industrielle  et  commerciale  du  monde. 

Baron  Angot  des  Rotours. 


Dia  por  dia  de  mî  calendario,  mémorandum  de  la  vida  espa- 
iiola  en  1918,  por  Manuel  Machado.  Madrid,  inipr.  deJ.  Pucyo,  1918, 
in-d6  de  180  p.  —  Prix  :'  3  fr. 

M.  Manuel  Macbado,  qui  a  un  nom  en  Espagne  comme  poète  et 
comme  critique  artistique  et  littéraire,  nous  donne  ici  les  pages  de 
son  carnet  où  il  a  relevé  jour  par  jour  les  faits  de  la  vie  espagnole 
pendant  les  six  premiers  mois  de  1918. 

Nous  trouvons  à  la  date  du  4  mai  ces  quelques  lignes  qui  caracté- 
risent fort  bien  ce  qu'il  a  voulu  faire  :  «  chroniqueur  rapide  et  sen- 
timental de  toutes  les  dates  de  cette  année,  préoccupé  de  trouver  à 
chaque  journée  sa  physionomie  spéciale  et  à  l'esquisser  en  une 
ligne  ». 

La  politique  tient  une  place  dans  l'œuvre  de  M.  Machado  ;  nous  y 
notons  quelques  passages  où,  d'un  trait  léger  mais  acéré,  il  frappe 
les  germanophiles.  Nous  y  sentons,  non  sans  fierté,  son  cœur  palpi- 
ter à  l'unisson  du  nôtre,  dans  le  dernier  grand  effort  tenté  par  les 
Allemands  contre  notre  Front.  Mais  la  politique  n'y  tient  pas  toute  la 
place  :  l'art,  la  littérature,  et  toute  la  vie  de  l'Espagne  pendant  ces 
quelques  mois  s'y  reflètent  d'une  manière  vive  et  agréable.  Et  en 
notant  ces  faits  d'un  jour,  ces  faits  qui  passent  et  qui  s  oublient, 
M.  Machado  les  assaisonne  de  réflexions  sages  ou  piquantes,  d'idées 
qui  appellent  la  médilation,  de  pensées  qui  demeurent  et  se  fixent 
dans  l'esprit.  E.-G.  Ledos. 

Ma  douleur  s^endorl...,  par  Lkon  Guy.  Paris  cl  Lvon,  Vitte,  1918.  in-i6 

de  77  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

Lm  blessé  est  apporté  à  l'hôpital  ;  il  s'abandonne  à  ses  réflexions, 
se  rajipelant  les  derniers  épisodes  du  combat,  éprouvant  tour  à  tour 
un  bien-être  inconnu  et  de  nouvelles  craintes,  essayant  de  lectures 
qui  le  déçoivent,  songeant  à  ses  proches,  se  posant  à  lui-même  des 
questions  relatives  à  la  souffrance,  au  pourquoi  de  la  vie,  interrogeant 
l'aumônier....  Ce  sont  ces  réflexions  d'une  journée  d'hôpilnl  cpii  sont 


—  97  — 

-exprimées  dans  cet  opuscule,  et  qui  amènent  comme  conclusion 
logique  et  bien  inspirée  des  extraits  des  psaumes,  de  rfivangile,  des 
épîlres  apostoliques  judicieusement  choisis.  Cu.  La>duy. 


L'Argot  des  Poilus.  Dictionnaire  humoristique  et  philologique  du  langage 
des  soldats  de  la  (îranile  Guerre  de  l'JtU,  par  Fhançois  Déchklette.  Paris, 
Jouve.  1918,  in-12  de  xi-258  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Nous  avons  déjà  signalé  à  nos  lecteurs  plusieurs  ouvrages  du  genre. 
Celui-ci.  pour  lequel  M.  G.  Lenotre  a  écrit  une  Préface  spirituelle  et 
amusante,  contient  plus  de  mille  mots.  L'auteur,  «  poihi  de  2'  classe  », 
qui  joint  à  ce  titre,  assurément  très  honorable,  celui,  qui  mérite  bien 
aussi  quelque  considération,  de  licencié  ès-leltres,  déclare  avoir 
«  voulu  faire  un  travail  philologique  et  un  tableau  pittoresque  de  la 
vie  du  Front.  Il  a  non  seulement  étudié  les  mots,  mais  aussi,  dans 
beaucoup  d'articles,  sous  forme  de  commentaires  humoristiques,  la 
vie  intime  du  poilu.  Commencé  en  1914  dans  la  tranchée,  ce  diction- 
naire parut  en  partie  dans  le  Journal  de  Roanne.  11  fut  composé  au 
hasard  des  loisirs  du  Front  et  enfin  complété  pendant  une  convales- 
cence. C'est  dire  que  les  éléments  en  sont  puisés  directement  dans 
l'usage.  L'auteur  n'a  pas  étudié  l'argot  des  poilus  comme  une  langue 
morte  ;  il  l'a  parlé  ;  il  a  vécu  dans  le  pays  où  on  le  parle  et  il  a  pu 
contrôler  lui-même  les  significations  qu'il  indique  ». 

Ces  quelques  lignes  expliquent  bien  l'intéressant  et  très  vivant 
livre  de  M.  François  Déchelette,  terminé  par  un  fort  utile  Tableau  des 
abréviations  militaires,  dont  un  petit  nombre  seulement  sont  connues. 
Il  n'a  pas  fallu  moins  de  19  pages  pour  recueillir  toutes  ces  lettres, 
cabalistiques  si  j'ose  dire.  Parcourez  l'ensemble  et,  par  exemple, 
arrêtez-vous  devant  1.  P.  S.  A.  R.  E.  Ces  mystérieuses  initiales  vous 
auraient  vraisemblablement  paru  intraduisibles  sans  le  secours  de 
M.  Déchelette  :  elles  signifient  :  «  Inspection  permanente  des  services 
automobiles  de  la  région  de  l'est.  »  Sachez  en  outre  que  les  poilus, 
qui  savent  ce  qu'ils  veulent  dire,  prononcent  :  Ipsaré. 

Tout  de  même,  grâce  à  la  guerre,  nous  aurons  tous  appris  des 
choses  moult  extraordinaires.  E.-A.  Ghaplis. 


Collection  Henri  Leblanc  donnée  à  l'État.  La  Grande  Guerre, 

iconographie,  bibliographie,  documents  divers.  T.  V.  Catalogue  raisonné  des 
estampes,  originaux,  affiches  illustrées,  imageries,  vignettes...  etc.  2' volume 
de  l'Iconographie.  Paris,  Émile-Paul,  1918,  gr.  in-8  de  lxu-39Û  p. 

M.  et  M""  Henri  Leblanc  poursuivent  l'impression  du  luxueux  ca- 
talogue  de    la    riche    collection   qu'ils   ont   réunie    sur   la    Grande 
Guerre  et  dont  ils  se  sont  dessaisis  en  faveur  de  l'État.  Ce  cinquième 
Février  1919.  T.  CXLV.  7. 


—  1)8  — 

volume  est  le  second  de  l'iconographie  et  l'on  nous  en  annonce  un 
troisième,  actuellement  sous  presse,  pour  les  documents  français  et 
alliés  et  un  quatrième  où  l'on  trouvera  les  pièces  d'origine  germa- 
nique. Et  cela  seul  suffit  à  montrer  l'importance  de  cette  collection^ 
dont  la  constitution  a  exigé  chez  ceux  qui  l'ont  établie  non  pas  seule- 
ment de  larges  ressources  pécuniaires,  mais  une  intellis^'ence  toujotirs 
eu  éveil  et  la  contiimité  d'un  effort  persévérant. 

De  légères  modifications,  d'ailleurs  heureuses,  ont  été  apportées 
par  M.  Callet  dans  ce  nouveau  volume  à  la  disposition  des  chapitres. 
11  y  a  des  sections  qui  se  sont  considérablement  développées  :  nous 
signalerons,fpar  exemple,  les  documents  sur  les  camps  de  prisonniers 
en  Allemagne,  les  albums  et  autres  pièces  pour  la  propagande.  Dans 
l'imagerie  une  place  spéciale  a  été  faite  à  l'imagerie  russe.  Pour  les 
affiches  illustrées,  seules  l'Angletere  et  l'Italie  étaient  représentées, 
avec  la  France,  dans  le  premier  volume  ;  ici  nous  trouvons  en  plus, 
le  Canada,  le  Danemark,  les  États-Unis,  la  Grèce,  la  Russie,  la  Ser- 
bie, la  Suisse.  Une  section  entièrement  nouvelle  est  celle  des  mé- 
dailles. Dans  la  série  des  bons  de  monnaie  .nous  signalerons  les  bons 
pour  prisonniers  internés  en  France,  les  camps  de  concentration,  les 
cartes  d'alimentation.  Enfin  notons  ce  qui  a  trait  à  l'industrie  pen- 
dant la  guerre  :  modes,  bijoux,  étoffes,  objets  fabriqués  par  es  sol- 
dats, etc.  et  les  armes  et  engins  de  guerre. 

On  le  voit,  en  parcourant  ce  volume  qu'ornent  douze  belles  illus- 
trations hors  texte,  et  plus  encore  eu  parcourant  les  salles  mêmes  du 
Musée,  il  y  a  de  quoi  s'instruire...  et  s'amuser.         E.-G.  Lkdos. 


—  M.  Jean-Bernard  continue  la  publication  de  son  Histoire  géné- 
rale et  anecdotique  de  la  guerre  de  191U  remplie  de  détails  de  toutes 
sortes.  Les  23"  et  2i«  livraisons  que  nous  recevons  font  partie  du 
tome  III  et  renferment  presque  en  entier  les  chapitres  IX  à  Xll  de 
ce  tome  (Paris.  Berger-Levrault,  in-8. paginé  193-288,  avec  de  nom- 
breuses illustrations.  Prix  de  la  livraison  :  0  fr.  7o).  Les  sommaires 
de  ces  deux  fascicules  résument  très  brièvement  les' indications  des 
chapitres.  Nous  les  relevons  ci  après,  en  notant  (pie  les  faits  auxquels 
ils  se  rapportent  s'échelonnent  entre  le  début  d'octobre  et  la  fin  de 
novembre  1ijl4  :  Fascicule  23  :  De  la  Bassée  à  Lassigny.  Les  Vuto-mi- 
Iraillcuses.  La  Guerre  souterraine.  La  Lettre  d'une  femme  allemande 
(qui  demandait  à  son  mari  de  n'épargner  ni  les  femmes,  ni  les  en- 
fants). Balles  explosives  et  balles  dum-dum.  Arras  sous  les  obus.  La 
Prise  du  premier  420  (avec  une  équipe  d'ingénieurs  de  la  maison 
Krupp).  Un  Poilu  de  seize  ans.  Le  Rôle  glorieux  de  la  cavalerie  fran- 
çaise. Le  Procureur  et  braconnier  (anecdote  très  amusante).  —  Fas- 


—  99  — 

cicule  24  :  Un  Escroc,  officier  allemand.  Drtioiisseur  de  cadavres. 
Madame  Mâcherez,  «  maire  »  de  Soissons.  Le  prince  de  Monaco, 
((  imposé  »  par  les  Allemands.  Les  Allemands  flétris  par  un  neutre. 
L'Odyssée  d'un  soldat  allemand.  Au  Camp  des  Romains.  La  Guerre 
à  l'allomande.  Il  convient  de  remarquer  que  l'auteur  fait  ici,  fréquem- 
ment, réloge  du  clergé  catholique. 

—  L'Action  de  Benoît  XV  pendant  la  guerre  a  fait  dans  la  revue 
Civiltà  caltoUca  l'objet  d'une  étude  du  P.  Giuseppe  Quirico,  S.  J., 
auquel  la  secrétairerie  d'État  a  largement  ouvert  ses  archives.  Il 
était  bon  que  les  résultats  de  ce  travail  fussent  connus  en  France, 
où  subsistent  contre  le  S;ii[it-Père  tant  de  préventions  injustes,  même 
parmi  les  calholiciues.  C'est  le  travail  dont  s'est  chargé  le  H.  P.  Paul 
Dudon  dans  une  brochure  à  laquelle  nous  souhaitons  la  plus  grande 
diffusion,  et  où  «  les  faits  »  sont  présentés  '(  dans  un  autre  ordre  que 
celui  du  texte  italien,  et  avec  quelques  suppressions  ou  additions  » 
(Paris,  Beauchesne,  1918,  in-8  de  64  p.  Prix  :  1  fr.).  Les  «  faits  » 
sont  classés  sous  cinq  rubriques  :  1.  Initiatives  religieuses  ;  2.  Initia- 
tives charitables  ;  3.  Initiatives  pour  la  protection  du  droit  ;  4.  Pro- 
clamation des  principes  de  justice  :  o.  Caractère  de  la  paix  voulue 
par  le  Pape.  L'auteur  a  fait  précéder  son  travail  d'une  magistrale 
Introduction  dans  laquelle  il  met  impitoyablement  à  nu  la  pauvreté, 
la  vanité,  le  néant  du  réquisitoire  inséré  contre  le  Pape  dans  la  Revue 
de  Paris  par  un  prétendu  catholique  qui  signe  honteusement  son 
factum  de  XXX. 

—  A  son  tour,  avec  l'autorité  qui  s'attache  à  sa  parole,  M.  l'abbé 
Thellier  de  Poncheville  expose  l'Action  du  Pape  pendant  la  guerre 
(Paris,  «  Frères  d'armes  »,  14,  rue  d'Assas,  1919,  in-16  de  52  p. 
Prix  :  1  fr.),  faisant  ressortir  l'injustice  et  l'inanité  des  accusations 
portées  contre  Benoît  XV'  par  des  publicistes  malveillants  ou  par  des 
patriotes  inquiets  et  soupçonneux.  Après  avoir  montré  pourquoi 
«  Benoît  XY  ne  pouvait  pas  être  notre  juge  »,  il  expose  «  son  œuvre 
de  justice  et  de  charité  »,  puis  «  son  action  en  faveur  de  la  paix  »  ; 
il  rappelle  «  ce  que  nous  aurions  dû  faire  »  et  il  termine  par  l'espoir 
que  la  France,  quand  elle  aura  compris  la  pensée  de  Benoît  XV  et 
rendu  justice  à  son  dévouement,  sera  heureuse  de  s'associer  à  lui 
pour  réaliser  l'oeuvre  de  paix  qui  sera  un  jour  Thonneur  de  son  pon- 
tificat et  de  notre  patrie  ». 

—  La  librairie  Grasset  vient  d'éditer  une  brochure  particulièrement 
édifiante  :  L'Allemagne  peut  payer.  Tableau  de  la  richesse  allemande 
présenté  par  la  «  Dresdner  Bank  »,  Berlin  le  i"  janvier  1913.  Com- 
menté par  M.  Lucien  Hubert,  sénateur,  rapporteur  du  budget  des 
Affaires  étrangères  (in-16  de  64  p.  Prix  :  1  fr.  50).  Le  document  de 
la  ((  Dresdner  Bank  »,  cliché  dans  la  présente  brochure  sur  l'original. 


—  100  — 

a  été  rédigé  en  langue  française,  sans  doute  pour  impressionner  sur- 
tout la  France  et  la  dissuader  de  toute  lutte  économique  ou  autre. 
((  Les  cliinVes  de  sa  puissance  qu'elle  étalait  orgueilleusement  pour 
l'effroi  du  monde,  observe  M.  L.  Hubert,  le  monde  aujourd'hui  les 
retiendra  pour  fixer  le  tribut  du  vaincu.  »  Rien  n'est  plus  juste.  En 
14  pages  de  commentaire,  l'auteur  établit  que  «  l'Allemagne  est  sol- 
vable,  mais  habile  dans  l'art  de  dissimuler  et  de  feindre  ».  Son  avis 
final  est  ainsi  formulé  :  «  Craignons  les  airs  d'humilité  et  le  ton  lar- 
moyant quelle  s'entend  si  bien  à  prendre  et  dont  Napoléon,  lui- 
même,  fut  dupe  jadis.  11  est  certain,  et  chaque  Français  pourra  s'en 
convaincre  à  1  examen  de  cet  opuscule,  que,  quelles  que  soient  les 
charges  écrasantes  de  la  guerre,  la  créance  est  bonne  ».  Oui,  l'Alle- 
magne peut  payer  ;  elle  criera,  se  lamentera,  menacera  peut-être. 
Finalement  elle  se  soumettra,  et  elle  paiera.  Elle  y  mettra  sans  doute 
de  nombreuses  années  :  cela  n'empêchera  pas  le  compte,  dont  a  si 
bien  parlé  M.  Clemenceau  un  peu  avant  le  fléchissement  germanique, 
d'être  réglé. 

—  La  prolongation  de  la  guerre  a  suggéré  à  M.  Paul  Bornet  l'idée 
que  l'armée,  qui  a  absorbé  toutes  les  forces  vives  du  pays,  a  un  autre 
rôle  à  remplir  que  celui  do  vaincre  l'ennemi  :  elle  doit  avoir  une  mis- 
sion complémentaire,  celle  de  rééduquer  les  masses  et  de  cons- 
truire un  édifice  social  approprié  aux  besoins  du  pays.  Les  considéra- 
tions à  l'appui  de  cette  idée  forment  l'objet  d'une  plaquette  dédiée 
par  M.  Paul  Bornet  à  son  fils,  caporal  d'infanterie,  «  son  meilleur 
âmi  et  compagnon  d'armes  »,  laquelle  est  intitulée  :  Le  Rôle  cons- 
inictear  de  l'année  (Paris,  Figuière.  1918.  petit  in-12  de  44  p.  Prix  : 
1  fr.  25). 

—  Sous  ce  titre  :  A  ceux  qui  disent  :  «  S'il  y  avait  un  bon  Dieu,  on 
ne  verrait  pas  des  horreurs  pareilles  !  »  (Paris,  14,  rue  d'Assas.  s.  d. 
(1918),  l'excellente  revue  Frères  d'Armes  édite  deux  publications 
diirérentes  :  l'une  est  un  tract  de  4  pages  (0  fr.  10  l'exemplaire, 
0  fr.  75  la  douzaine,  5  francs  le  cent)  qui  réplique  en  termes  pitto- 
resques, intelligibles  pour  tous,  à  la  vieille  objection  tiiée  des  maux 
humains  ;  l'autre  est  une  brochure  de  34  pages  (0  fr.  30  l'exemplaire. 
20  francs  le  cent)  qui  traite  la  question  plus  à  fond  en  présentant  des 
considérations  extraites  des  meilleurs  auteurs.  L'une  et  l'autre  ont 
d('jà  fait  <'t  fercjut  beaucoup  de  bien.  F>lles  méritent  qu'on  les  propage 
le  plus  possible. 

—  Les  (jmsKjnes  du  soldat  chrétien  (Paris,  édité  par  la  revue  Frbres 
d'armes,  14.  rue  d'Assas.  VI"  arr.,  l'.HiK  in-18  de  10.S  p.  Prix  :  2  fr.), 
écrilesau  soir  des  batailles  par  ceux  qui  assumaient  la  charge  d'affer- 
mir le  moral  du  soldat,  sont  toutes  pénétrées  de  la  grandeur  et  de  la 
responsabilité  de  cette  tâche  diilicilo.  Cela  ea  explique  sullisamment 


—    101    — 

la  iioltelr.  la  vi;:iipiir.  et.  pour  tout  dire,  le  «  nioidant.  »  C'est  un 
pelil  manuel  coriiplel  de  la  vie  chrétienne  :  prière,  messe,  sacrements, 
dévotions,  vertus,  tout  s'y  trouve  et  d'une  application  non  moins 
évidente  en  temps  de  paix  qu'en  temps  de  f,Mierre.  Une  Préface  de 
Mgr  Ruch,  coadjuleur  de  l'évêque  de  Nancy,  conclut  :  d  Prends  et 
lis  :  tu  deviendras  meilleur  Français,  meilleur  soldat,  meilleur 
chrétien.  » 

M.  Lucien  Uescaves  nous  offre  dans  la  Collection  France  dewx 

tableaux  terribles  :  mais  si  le  premier  est  d'aspect  uniformément 
noir,  le  second,  après  s'être  montré  assez  sombre,  a  fini  par  s'éclairer, 
presque  brusquement,  et  de  quelle  lumière  !  Dans  Paris  bombardé 
{iSH-l9iU-i9i8)  (Paris.  Berger-Lcvrault,  1918.  in-1(j  de  64  p.  Prix  : 
a  fr.  90),  l'auteur  nous  rappelle  d'abord  les  principales  péripéties  du 
siège  de  Paris  par  les  Prussiens  de  Guillaume  1",  puis  il  résume  les 
trop  fréquentes  épreuves  de  la  grande  ville  pendant  les  quatre  longues 
années  de  la  guerre  européenne.  Le  tragique  n'exclut  pas  ici  le 
comique  ;  et  dans  ce  dernier  ordre  de  choses,  l'auteur  eAt  pu  faire 
une  place  à  cette  bouffonnerie  bien  parisienne,  qui  se  chantait,  sur- 
tout dans  les  quartiers  populaires,  sur  l'air  des  Vitriers  : 

Encore  un   carreau   de  cassé 
V'ià  les  gothas  qui  passent  ; 
Encore  un  carreau  de  cassé 
V"là  les  gothas  passés. 
V'Ià  les  gogos  (bis) 
V'ià  les  gothas  passés. 

—  Le  très  suggestif  petit  livre  que  M.  Daniel  Mornet  a  composé 
pour  la  Collecllon  France  sous  le  titre  de  :  Tranchées  de  Verdun,  juil- 
let 191G-niai  1917  (Paris.  T3erger-Levrault,  1918,  in-!6  de  61  p.  Prix  : 
0  fr.  90)  u  ne  décrit  pas  les  élans  héroïques  des  assauts.  »  Ce  qu'il 
nous  raconte  est  le  fruit  dune  longue  pratique  et  d'une  observation 
patiente.  «  11  m'a  semblé,  dit  il  justement,  qu'on  n'avait  pas  assez 
fait  connaître  les  longues  misères  et  les  courts  plaisirs  de  ces  semaines, 
de  ces  mois,  de  ces  années  où  presque  toutes  les  troupes  ont  dû  se 
contenter  de  «  tenir  o  obscurément.  Nos  pères  écrivaient  des  livres 
pour  décrire  le  «  ménage  »  des  champs,  la  conduite  de  la  vie  rus- 
tique. Je  ne  raconte  dans  cette  brochure  que  l'humble  et  tragique 
ménage  de  nos  tranchées  ».  Et  cela  en  un  style  simple,  clair,  imagé, 
sans  nulle  grossièreté,  avec  une  bonne  humeur  qui  ne  se  dément 
jamais. 

—  Dans  l'Amérique  en  guerre,  par  M.  Emmanuel  Bourcier  (Paris. 
Berger-Levrault,  1918,  in-16  de  63  p.  Prix  :  0  fr.  90),  tel  est  le  titre  des 
souvenirs  rapportés  d'Amérique  par  un  Français  faisant  partie  de  la 
mission  militaire.  Si  le  lecteur  pense  y  trouver  des  observations 
curieuses  et  originales  sur  les  Américains,  il  sera  déçu. 


—  102  — 

—  Les  Six  Petits  Contes  de  M.  Antonin  Lavergne  (Paris.  Berger- 
Levrault,  1918,  in-16  de  64  p.  Prix  :  0  fr.  90)  sont  des  récits  du  temps 
de  guerre.  Très  courts  et  écrits  sans  prétention,  ils  ne  sont  pas 
dénués  d'intérêt. 

—  Un  de  nos  marins.  Le  Récit  de  Jean  Le  Gwen,  par  M.  Eugène  Le 
Moucl  (Paris.  Berger-Levrault.  1918,  in-16  de  60  p.  Prix  :  0  fr.  90) 
nous  présente  le  quartier-maître  Jean  Le  Gwen  dans  un  comparti- 
ment de  chemin  de  fer,  en  route  pour  l'île  de  Bréhat,  où  il  va  passer 
sa  permission  de  quarante-cinq  jours  et  retrouver  son  père,  sa  mère 
et  sa  fiancée.  C'est  plaisir  d'entendre  le  brave  marin  raconter  ses 
aventures  de  guerre  de  Dixmude  aux  Dardanelles. 

—  Deux  ans  avec  les  Sénégalais  (Paris,  Berger-Levrault,  1918,  in-16 
de  64  p.  Prix  :  0  fr.  90).  M.  Léon  Gaillet,  sous-lieutenant  d'infan- 
terie coloniale,  relate  ses  impressions  parmi  les  tirailleurs  séné- 
galais, tant  au  camp  de  Saint-Raphaël  que  sur  le  Front  et  dans  les 
tranchées.  Elles  intéresseront  le  lecteur  en  luipeignant  d'après  nature 
ces  simples  et  vaillants  soldats  qui  ont  combattu  si  héroïquement 
pour  la  France. 

—  Fleurs  de  guerre  (Paris,  Haton,  s.  d.  (1918),  in  12  de  x-3!2  p. 
Prix  :  4  fr.)  est  un  ouvrage  de  compilation.  M.  Joseph  Baeteman,  mis- 
sionnaire apostolique  en  Abyssinie,  a  réuni  les  traits  édifiants  ou  hé- 
roïques, fournis  par  la  guerre  actuelle,  qu'il  a  pu  recueillir  de  diverses 
parts,  et  les  a  classés  par  chapitres,  sans  omettre  d'en  indiquer  les 
sources.  Ce  volume  n'est  pas  de  ceux  qui  se  lisent  d'un  bout  à  l'autre 
sans  interruption  ;  on  ne  doit  l'absorber  qu'à  petites  doses  ;  mais  il 
constitue  un  manuel  utile  à  consulter  si  l'on  veut  se  rendre  compte 
de  la  mentalité  morale  et  religieuse  de  nos  soldats. 

—  Entre  1914  et  1918  (la  dernière  pièce  :  Strasbourg  remonte  tou- 
tefois à  1913),  M.  Ernest  de  Ganay  a  corrrposé  dix  poésies  qu'il  ras- 
semble aujourd'hui  en  une  élégante  plaquette  :  Le  Vol  de  la  Victoire 
(Se  trouve  à  la  Belle  Édition,  71,  rue  des  Saints  Pères,  h.  Paris,  in-8  de 
16.p.).  M.  de  Ganay  chante  tour  à  tour  Paris,  Reims,  Arras,  Verdun,  la 
Française,  les  oeuvres  d'art  mutilées  par  l'ennemi,  les  Captives  (nos 
provinces  volées  en  1871),  Versailles.  A  propos  de  la  Croix  de  fer 
(1813)  et  la  Croix  de  guerre  (1914),  nous  citerons  ces  quelques  vers  : 

11  mont,  votre  symbole,  cl  ces  «   rameaux  de  chêne  » 
Ne  sauraient  plus  penser  à  forger  notre  chaîne  — 
Nos  <'  glaives  »  suiruont  à  vous  rendre  à  nos  lois. 

C'est  (iiMiid  l'Aigle  français  entrait  eu  agonie 
Que  votre  croix  est  née.  —  A  ton  tour,  Germanie  ! 
La  nôtre  est  le  réveil  de  notre  Coq  gaulois  ! 

Le  poète  s'exprime  avec  une  vigueur  (pii  n'a  d'égale  que  sa  foi 
patriotique. 


—  103  — 

—  Le  court  poème  que  M.  Redon  de  la  Molhe  consacre  à  Gainemer 
<  Paris,  Haton,  s.  d.,  in-12  de  8  p.  Prix  :  0  fr.  75)  mérite  une  mention 
honorable.  Il  débute  ainsi  : 

Pour  chanter  ce  héros,  avons-nous  une  lyre  ? 
Mais  prononcer  son  nom,  maintenant  c  est  assez. 
Ce  nom  de  Guynemer,  il  suffît  de  le  dire. 
Pour   que  jaillisse  à  flots  débordants  et  pressés. 
Un  immense  Océan  d'incomparable  gloire. 
Oui.  ce  nom,  désormais,  tout  couronné  d'azur. 
Brillera  radieux,  dans  le  ciel  de  l'histoire. 
Ainsi  que  le  soleil  dans  un  firmament  pur. 

—  Simples  feuilles  volantes  \  .3  pages).  les  poésies  de  Mgr  Félix 
Périé  arriveront  ainsi  plus  aisément  à  destination,  c'est-à-dire  aux 
masses  qu'elles  semblent,  viser  spécialement.  Elles  sont  intitulées  : 
\ .  La  Marne  française  : —  2.  Honneur  aux  marsouins  ;  —  3.  Donnez- 
nous  des  prêtres  !  ;  —  4.  Le  Curés  au  Front  CParis,  Haton,  petit  in  8. 
Prix  de  chaque  feuille  :  0  fr.  50).  De  cette  pièce,  qui  serait  comme 
les  trois  autres,  du  reste,  utilement  distribuée  dans  les  patronages, 
nous  reproduisons  ici  la  dernière  strophe,  qui  forme  conclusion  : 

IN'oublions  pas  que  sous  le  feu. 
L'homme  noir  fut  le  soldat  bleu. 
Qu'il  fut  le  compagnon,  le  frère 
Du  bourgeois  et  du  prolétaire  ; 
Qu'il  affronta  le  corps-à-corps. 
Qu'il  a  sa  part  parmi  les  morts  ; 
Et   disons  :  Gloire  à  la  Prètraille. 
Qu'admira  le  champ  de  bataille  ! 

Albi  M.  —  Sans  compter  les  deux  images  figurant  sur  les  couver- 
tures, l'album  intitulé  :  Prisonniers  de  guerre,  dû  à  M.  Jean-Pierre 
Laurens  (Paris,  Berger-Levrault.  gr.  in-4  oblong,  mesurant  32  centi- 
mètres sur  44.  Prix  :  10  fr.),  se  compose  de  16  planches  retraçant 
diverses  scènes  de  la  vie  des  prisonniers  en  Allemagne.  La  plupart  sont 
d'un  odieux  achevé  ;  l'une  d'elles  est  un  chef-d'œuvre  de  grotesque  : 
Les  Curieux,  dimanche  après  midi,  à  Wittenherg .  1915  :  spécimens  de 
vilains  Boches,  de  leurs  femmes  plus  laides  encore,  si  possible,  ridi- 
culement accoutrées  et  accompagnés  de  leur  progéniture.  Arrêtés 
devant  une  clôture  en  fils  de  fer  barbelés,  ils  regardent  les  prisonniers. 
Une  page,  placée  en  tête  de  l'album,  divisée  en  quatre  colonnes  com- 
pactes, et  datée  du  16  juillet  1918,  fournit,  sans  aucune  explosion  de 
colère,  des  détails  précis  sur  la  cruauté  germanique.  L'auteur  a  ré- 
parti ses  «  Notes  »)  eu  six  titres  :  Péronne.  Les  Civils.  La  Schlague.  Le 
Typhus.  L'Alerte.  Le  Feldwebel.  Ce  document  —  car  c'en  est  un  — 
qui  mérite  une  large  diffusion  dans  les  familles  françaises,  s  ouvre 
par  ces  mots  :  -  A  la  mémoire  des  compagnons  morts  entre  les  mains 


^  104  — 

ennemies,  sont  dédiées  ces  images,  tracées  avec  le  seul  souci  d'un  té- 
moigTiage  fidèle.   >)  Visenot. 


PUBLICATIONS  AYANT  TRAIT  A  LA  RUSSIE 

1.  Histoire  de  la  fitissie  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours,  par  Alfred  Rambaud. 
7«  édition  renforroiitit  un  Supplément  jusqu'en  mars  l'JU ,  par  Emile  IIal'maht.  Paris,. 
Hachette,  1918,  in-16  de  lOli  p..  7  fr.  —  2.  Les  Bases  conventionnelles  des  relations^ 
modernes  entre  la  Chine  et  la  Russie,  par  Hoo  Ghi  T.saï.  Paris,  Jouve,  1918,  iii-4  de 
VIII-5Û9  p.,  avec  une  carte  de  la  frontière  sino-russe.  17  fr.  50.  —  'i.  Joscpli-?iicolas 
Deltsle,  sa  biographie  et  sa  collection  de  cartes  à  la  Bibliothèque  nationale,  par  Albert 
IsNARD.  Paris,  Imprimerie  nationale.  1915,  in-4  de  135  p..  3  fr.  —  4.  Les  Éléments 
de  la  population  orientale  en  France.  Les  Busses  en  France  du  xi=  au  xvin'  siècle,  par 
J.  Mathore/..  Paris,  Picard,  1918,  in-4  de  26  p. ,2  fr.  —  5.  Un  Témoin  de  la  campagne 
de  /lussie.  L'Abbé  Adrien  Sarugue  {1753-1812),  curé  de  Saint-Louis-des-Français  de 
Moscou,  par  LÉos  Mirot.  Paris.  Champion,  1914,  in-4  de  43  p..  3  fr.  —  6.  Les 
Études  de  la  guerre,  puhliées  sous  la  direction  de  Re!<é'  Puaux.  Cahiers  2,  3,  6  et 
7.  Paris,  Fayot,  septemhre-octobre  1917,  février  1918,  in-8,  paginés  4U3-640. 
1  fr.  50  le  cahier.  (Les  cahiers  6  et  7  sont  rénnis  en  un  seul  fascicule  3  fr.).  — 
7.  La  Bussie  en  191ft-î9l7 ,  par  Ossip-Lourié.  Paris,  Alcan,  1918,  in-16  de  271  p.; 
3  fr.  50.  —  8.  Baspoutine.  La  Fin  d'un  régime,  par  J.  W.  Bienstock.  Nouvelle  édi- 
tion. Paris,  Albin  Michel,  s.  d.  (1918),  in-lG  de  351  p.,  4  fr.  50.  —  9.  La  Béuolu- 
tion  russe,  par  Claude  Anet.  Deuxième  série.  Juin-novembre  1917.  Paris,  Payot, 
1918,  in-16  de  281  p.,  4  fr.  50.  —  10.  Les  Deux  Fléaux  du  monde.  Les  Bolcheviks  et 
l'impérialisme  allemand,  par  Vladimir  Ijouktzeff.  Paris,  Payot,  1918,  in-16  de  02  p., 
avec  un  portrait  de  l'auteur,  1  fr.  50! 

1.  —  Voici  la  septième  édition  de  l'Histoire  de  la  Russie,  d'Alfred 
Rambaud.  Il  n'y  a  sans  doute  plus  à  faire  ni  l'éloge  ni  la  critique  de 
ce  consciencieux  ouvrage,  dont  l'utilité  est  démontrée.  Il  serait  seule- 
ment à  souhaiter  que  la  prochaine  édition  en  fût  une  revision  et  non 
une  réimposition.  La  main  pieuse  de  M.  Haumant,  qui  a  continué 
cette  ///^/oiVc  jusqu'en  mars  1917,  en  ferait  aisément  disparaître  cer- 
taines petites  erreurs  qui  s'invétèrent.  Ainsi,  page  448,  Cyrille  Razou- 
movski,  président  de  l'Académie  des  sciences,  est  dit  «  fils  d'un  ancien 
favori  d'Elisabeth  »,  alors  qu'il  en  était  le  frère;  Lamartine  sur  ce 
point  là  était  mieux  renseigné  (Histoire  de  la  Hassie,  t.  I.,  p.  218. 
18551)11  serait  bon  aussi,  ennotre  t(Mnps  de  scientifisme,  si  j'ose  dire, 
et  conformément  aux  Observations  de  la  page  97*.l.  d'ai)pclcr.  à  la  façon 
russe,  l'impératrice  Anne,  Anna  loannovna  au  lieu  d'Anna  Ivanovna, 
page  243  et  passirp.  L'usage  est  de  désigner  le  père  des  impératrices  et 
empereurs  par  une  forme  solennelle  de  leur  prénom  au  lieu  de  la 
forme  courante.  On  pourrait  au  reste  adresser  de  luenues  crili(iuesdu 
même  genre  à  M.  Ilaumant  dans  ses  deux  derniers  chapitres  :  La  Rus- 
sie de  1000  à  19 lU  et  la  Guerre  et  la  Révolution.  11  est  superflu  d'y 
avoir  deux  orthographes  pour  un  même  mot  ;  il  faudrait  opter  entre 
Dalny  ou  Dalni.  Cioremykine  ou  Gorémouikine,  Hukharcst  ou  Moukha- 
resl,  les  Kurdes  ou  les  Kourdes.  etc.,  pages  862,  88 i,  880  ;  890,  931  ; 
926,  932  ;  882,  849. 

2.  —  Alors  que  dans  la  première  période  de  leurs  relations,  du  mi- 


—  105  — 

lieu  du  xvii«  siècle  à  celui  du  iix«,  la  Chine  et  la  Russie  ne  signèrent 
que  les  trois  traités  do  Nertchinsk.  de  Khiakta  et  de  kouldja  (celui-ci 
en  ISnn,  les  deux  pays  ont  au  contraire  signé  une  dizaine  de  conven- 
tions jusqu'au  début  du  xi«  siècle.  Ce  sont  les  premiers  traités  con- 
clus au  début  de  cette  seconde  période,  de  1858  à  1881.  qui  servent 
de  base  aux  relations  sino-russes  modernes.  Ce  sont  les  traités  dWï- 
goun.  de  Tientsin  et  de  Peking,  d'une  part,  et  ceux  de  Livadia  et  de 
Saint-Pétersbourg,  de  l'autre,  qu'étudie  successivement  M.  Hoo  Clii- 
Tsaï  (Les  Bases  conventionnelles  des  rclalions  modernes  entre  la  Chine 
et  la  Russie).  L'auteur  remarque  que,  malgré  l'étendue  de  leur  fron- 
tière commune,  les  deux  pays  sont  toujours  demeurés  en  paix  et  que 
les  avantages  obtenus  par  la  Russie  en  Chine  ou  sur  la  Chine  le  furent 
à  la  faveur  des  expéditions  franco-anglaises  et  de  l'insurrection  doun- 
gane.  D'autre  part,  tandis  qu'au  début  de  leurs  relations,  la  Chine  et 
la  Russie  contractaient  seules  et.  pour  ainsi  dire,  en  toute  tranquil- 
lité, elles  eurent  à  compter  ensuite  avec  les  puissances  européennes, 
américaine  et  nippone  :  l'objet  de  leurs  concessions,  cessant  d'être 
étroitement  bilatéral,  devint  mondial.  Fils  de  l'ambassadeur  actuel 
de  Chine  à  Paris,  M.  Hoo  Chi-Tsaï,  diplômé  de  l'École  libre  de» 
sciences  politiques,  était  d'autant  mieux  préparé  à  traiter  le  sujet 
qu'il  a  choisi  pour  sa  thèse  de  doctorat  en  droit,  qu'il  connaît  aussi 
parfaitement  le  russe  que  le  français  et  l'anglais.  M.  Henri  Cordier  lui 
a  accordé  une  préface. 

i.  -  Entré  en  relations  avec  Pierre  le  Grand  à  Paris,  et  appelé 
ensuite  par  lui  en  Russie  en  1725.  l'astronome  Joseph-Nicolas  Delisle, 
demeura  à  Pétersbourgjusquen  1747.  En  ce  long  espace  de  temps,  il 
multiplia  non  seulement  les  observations  astronomiques,  dans  l'Ob- 
servatoire qu'il  installa,  mais  mit  sur  pied  l'étude  scientifique  de  la 
géographie  de  la  Russie.  S'il  ne  put  terminer  la  carte  générale  de 
Russie,  ce  ne  fut  qu'en  raison  de  l'hostilité  déclarée  de  l'élément  alle- 
mand de  l'Académie  des  sciences.  II  avait  du  moins  dressé  ou  trans- 
crit 190  cartes  particulières,  dont  une  copie  fut  vendue  au  Roi  à  son 
retour  en  France.  Remises  à  la  Bibliothèque  royale  et  oubliées  au 
Cabinet  des  estampes,  elles  n'ont  été  cédées  à  la  section  géographique 
de  la  Nationale  qu'en  1915.  C'est  à  cette  occasion  que  M.  Albert 
Isnard,  bibliothécaire  principal,  en  a  établi  le  Catalogue  en  y  ajoutant 
un  État  des  cartes,  presque  aussi  nombreuses,  remises  par  Delisle  axi 
Dépôt  de  la  marine  en  1754.  11  a  fait  précéder  son  travail  d'une  bio- 
graphie de  Delisle  (J.-N.  Delisle,  sa  biographie  et  sa  collection  de  cartes 
géographiques  à  la  Bibliothèque  nationale).  Occupé  de  Delisle  à  un 
autre  point  de  vue  que  M.  Isnard  et  ayant  eu  le  plaisir  de  travailler  à 
côté  de  lui  en  tel  dépôt  d'archives,  nous  pouvons  dire  autrement  que 
par  la  lecture,  avec  quelle  attention  son  travail  fut  fait. 


—  106  — 

4.  —  Dans  le  grand  ouvrage  que  prépare  M.  Mathorez  sur  la  popu- 
lation étrangère  en  France,  et  dont  maintes  revues  ont  déjà  publié  des 
chapitres,  une  place  devait  naturellement  être  donnée  aux  Russes 
(Les  Russes  en  France  du  xi'  au  xviii"  siècle).  Ce  n'est  pas  à  dire  que 
l'élément  russe  soit  un  de  ceux  qui  aient  le  plus  influé  sur  cette  popu- 
lation ;  tout  au  contraire,  c'est  peut-être  le  moins  important  de  tous. 
Dans  les  «  actes  de  naturalité  »  qu'il  a  compulsés  aux  Archives  natio- 
nales, M.  Mathorez  a  remarqué  avec  surprise  qu'aucun  ne  concerne 
un  Russe,  et  donc  qu'aucun  Russe  n'a  été  naturalisé  en  France  sous 
l'ancien  régime.  De  même,  empêchés  par  la  religion,  la  culture  et  la 
politique,  qui  fut  rarement  une  politique  de  «  correspondance  »  entre 
les  deux  Cours,  les  mariages  furent  très  rares.  Toutefois  un  peu  de 
sang  russe  fut  anciennement  mêlé  au  sang  royal  de  France  par  le 
mariage  d'Henri  I"  avec  Anne  de  laroslavl.  On  a  aussi  relevé  l'exis- 
tence de  quelques  esclaves  russes  en  Roussillon  au  xiii'  siècle  parmi 
des  esclaves  grecs,  tatares  ou  circassiens.  Un  peu  moins  épisodiques 
furent  les  relations  entre  Français  et  Russes  après  le  règne  de  Pierre 
le  Grand.  Si  diligent  qu'ait  été  l'auteur  à  recueillir  tout  ce  qui  con- 
cerne son  sujet,  il  est  contraint  de  déduire  l'apport  de  sang  russe  dans 
la  population  française  plus  qu'à  le  constater  ;  il  le  déduit  des  ren- 
contres galantes  des  Russes  en  France  ;  mais  ces  rencontres-là  ne  sont 
pas  des  plus  fécondes.  Il  ne  faut  pas  que  M.  Mathorez  oublie,  tant  la 
matière  est  peu  riche,  les  quelques  agents  français  qui  prirent  femme 
en  Russie  et  rentrèrent  ensuite  dans  l£ur  pays  ;  tel  fut  le  cas  de  Dupré. 
secrétaire  du  marquis  de  la  Chétardie. 

5.  —  M.  Léon  Mirot  apporte  plusieurs  documents  intéressants  à  la 
biographie  de  l'abbé  Adrien  Surugue,  curé  de  Saint-Louis  des  Fran- 
çais, à  Moscou  en  *812  (Un  Témoin  de  la  campagne  de  Russie).  L'au- 
teur a  retrouvé  aux  archives  de  Clamecy,  le  baptistaire  de  l'abbé  et 
plusieurs  actes  concernant  sa  famille  et  aussi  la  transcription  d'une 
lettre  de  l'abbé  Nicole  en  1820,  témoignant  de  la  belle  conduite  de 
son  confrère.  Sur  un  ordre  administratif,  cette  lettre  fut  alors  consi- 
gnée dans  les  registres  de  la  sous-préfecture.  M.  Mirot  a  également 
suivi  la  carrière  de  l'abbé  Surugue  avant  son  émigration,  à  Sainte- 
Rarbe  et  au  collège  royal  de  Toulouseoù  il  fut  respectivement  préfet  des 
études  et  principal.  Longtemps  précepteur  dans  la  famille  Moussine- 
Pouchkine,  labbé  ne  la  quitta  que  par  devoir,  pour  assumer  la  res- 
ponsabilité de  la  cure  de  Moscou.  Il  fut  à  la  hauteur  de  sa  tache  aux 
heures  difficiles  de  l'occupation  et  de  Pincendie  de  la  ville.  Les  con- 
versions qu'il  a  opérées,  presque  malgré  lui.  furent  nombreuses. 
Dans  la  brochure  dont  nous  rendons  compte,  il  est  fâcheux  seulement 
f't  très  cuiieux  (pie  plusieurs  noms,  fort  connus,  des  meuil)res  des 


—  107  — 
/ 

colonies  françaises  de  Russie  que   rappelle  l'auteur  d'après  le  livre 
de  Tasteviu,  soient  défigurés  par  des  fautes  d'impression. 

6.  —  C'est  surtout  des  critiques  de  forme  qui  peuvent  être  faites 
aux  Études  de  la  guerre  publiées  sous  la  direction  de  M.  René  Puaux. 
Il  faut,  même  à  des  publications  de  temps  de  guerre,  des  titres  coju- 
r.ints,  des  sommaires  indiquant  à  quelle' page  commencent  les  articles, 
et  des  articles  correspondant  au  titre  que  leur  donne  le  sommaire. 
Ainsi  seulement  une  publication  devient  maniable,  évite  des  pertes 
de  temps  au  lecteur,  reste  utile,  en  dehors  de  l'actualité  immédiate, 
•el  ne  s'approche  en  rien  du  désordre,  nullement  enviable,  de  certaines 
publications  étrangères,  les  publications  russes,  par  exemple.  Le  pre- 
mier cahier  analysé  contient  une  étude  sur  le  procès  Soukhomlinov 
<'t  la  mobilisation  russe.  Le  troisième  cahier  reproduit  des  télé- 
grammes inconnus  de  Guillaume  II  et  de  Nicolas  II,  éclairant  le 
Secret  de  la  soirée  du  29  Juillet  19 lU.  Les  cahiers  6  et  7  renferment 
Ja  Correspondance  secrète  de  Guillaume  II  et  de  Nicolas  II,  de  I90i  à 
1907.  11  s'agit  des  quatorze  télégrammes  publiés  le  2  et  le  .3  septem 
bre  1917  par  le  New  York  Herald,  de  Paris,  et  que  suit  une  traduction 
française.  Ces  télégrammes,  échangés  en  anglais  par  les  deux  souve- 
rains, qui  signent  Willy  et  Nicky,  sont  la  preuve  la  plus  tangible  que 
nous  connaissions  de  l'insolence,  de  la  duplicité  de  Guillaume  II  et 
des  embûches  perpétuelles  qu'il  tendait  à  l'empereur  de  Russie. 

7.  —  Le  nouveau  livre  de  M.  Ossip-Lourié  :  La  Russie  en  19 1^4- 19 17 
€st  un  recueil  de  chroniques  trimestrielles  publiées,  de  juillet  1914  à 
janvier  1918,  dans  la  Bibliothèque  universelle  de  Lausanne.  Les  «  chro- 
niques »  sont^  par  définition,  des  causeries  à  bâtons  rompus  sur  les 
<'  faits  du  moment  »,  décès,  anniversaires  d'écrivains,  gros  événe- 
ments politiques,  etc.  Celles  de  M.  Ossip-Lourié.  écrites  de  France 
par  un  Russe  qui  y  habite,  répondent  entièrement  à  cette  formule. 
Toutefois  la  causerie  est  assez  languissante  ;  on  dirait  de  très  vagues 
articles  de  dictionnaire  encyclopédique  péniblement  mis  bout  à  bout. 
Il  est  remarquable  —  mais  pas  étonnant  —  combien  tous  ces  écri- 
vains russes  de  langue  française,  n'usant  que  de  «  clichés  »,  sont 
merveilleusement  impersonnels  1  Clichés  de  pensée  (ici  du  genre  dit 
«  libérale  »>.  clichés  de  plaisanteries,  alourdies  jusqu'à  sembler  alle- 
mandes, clichés  verbaux  !  Un  seul  point  semble  personnel  à  M.  Lôurié. 
c'est  la  conviction  juste  ou  erronée,  que  la  question  juive  est  pour  la 
Russie,  comme  pour  le  reste  du  monde,  la  question  centrale.  Il  nest 
aucune  chronique  où  il  ne  parle  abondamment  des  mauvais  traite- 
ments faits  aux  juifs  en  Russie,  des  services  qu'ils  rendent  à  la  patrie 
russe  et  de  l'ingratitude  des  Russes  à  leur  égard.  L'état  présent  de  la 
révolution  peut  faire  douter  de  ces  aperçus. 

8.  —  Les  91  premières  pages  de  Raspoutine.   La  Fin  d'un  régime. 


—  108  — 

par  M.  J.  W.  Bienstock,  retracent,  en  une  fa<:on  d'Avant-Propos,  le 
règne  de  Nicolas  II,  d'après  un  de  ces  livres,  publiés  à  Berlin,  qui  at- 
tendaient les  voyageurs  russes  dans  toutes  les  gares  par  lesquelles  ils 
entraient  en  Allemagne.  Intitulé  :  Le  Dernier  Autocrate,  ce  livre  connu 
est  l'œuvre,  dit-on,  d'un  député  de  la  première  Douma,  Obninski.  Au 
centre  du  volume,  la  figure  de  Raspoutine  est  dessinée,  d'après  le 
journal  du  moine  Héliodorc  et  le  témoignage  de  l'évêque  Hermogènc,^ 
ses  anciens  amis,  qui  rapportent  un  grand  nombre  de  ses  conversa- 
tions. C'est  donc,  en  quelque  manière,  un  portrait  parlé.  Propos  de 
très  «  haulte  gresse  »  au  cours  desquels  le  surnom  du  Débauché 
(Raspoutine)  trouve  sa  plus  ample  justification  !  Il  faut  remarquer 
malgré  tout  qu'en  ces  discours  si  accablants  pour  «  marna  »  et 
((  papa  »,  (l'Impératrice  et  l'Empereur),  il  est  actuellement  impossible 
de  séparer  la  vérité  des  racontars  singulièrement  abondants  d'un 
homme  qui  avait  conscience  d'augmenter  son  crédit  par  leur  énormité 
même.  Et  de  quelles  vantardises,  de  quelles  exhibitions  en  tout  genre 
n'était  pas  capable,  après  boire,  après  le  bain,  ou  après  ses  transes 
mystiques.  l'efFronté  personnage  !  En  1789,  Catherine  II,  à  qui  Léon 
Narychkine  parlait  de  deux  livres  nouvellement  parus  à  Paris  :  La 
Vie  privée  d Antoinette  de  France  et  l'Histoire  de  ta  Bastille,  ne  fit  que 
cette  réponse  :  «  Ce  sont  des  libelles,  et  je  ne  les  souffre  pas.  »  Nous 
n'en  sommes,  que  nous  le  voulions  ou  non,  qu'à  l'époque  des  libelles. 
M.  Bienstock,  de  qui  on  n'attendait  apparemment  qu'une  lecture  facile 
et  croustillante,  paraît  avoir  eu  pourtant  une  ambition  plus  haute.  Il 
hésite  souvent  entre  ses  deux  sujets:  l'épisode  Raspoutine  et  la  carac- 
térisation  du  régime.  A  la  fin,  il  est  en  somme  discret  et  court  sur 
l'exécution  du  sectaire,  sur  la  recherche  de  son  cadavre,  sur  sa  toi- 
lette funèbre,  son  inhumation,  etc.  Faute  des  références  et  de  préci- 
sion, l'auteur  donne  parfois  des  allures  de  rapports  à  de  simples 
reportages  ;  on  ne  saurait  de  quoi  il  s'agit  si  l'on  n'avait  lu  par  hasard 
les  journaux  dans  lesquels  ces  pages  parurent  en  Russie,  aux  tout 
premiers  jours  de  la  révolution. 

9.  —  Le  second  volume  de  la  Révolution  russe,  de  M.  Claude  .\net. 
est  aussi  intéressant  que  le  premier,  dont  nous  avons  rendu 
compte.  11  embrasse  la  période  juin-novembre  1917  ;  ses  trois  sous- 
titres  en  indiquent  clairement  la  matière:  Grandeur  et  décadence 
d'Alexandre  Féodorovilch  Kérenski  (grandeur  est  pris  apparemment  ici 
dans  le  sens  de  fortune),  l  Affaire  Kornilov  et  enfin  le  (irand  Jour  et  le 
Coup  d'Etat  maximaliste.  Discours,  discours  et  discours,  promesses  de 
«  mesures  énergicjues  »,  dont  aucune  ne  fut  jamais  prise,  c'est  toute 
l'histoire  des  six  mois  du  proconsulat  de  Kérenski  ;  M.  Cl.  Anet,  notant 
impartialement  la  légèreté,  la  griserie  du  premier  ministre,  lui  rend 
néanmoins  la  justice  d'être  resté  un  allié  fidèle  et  d'avoir  voulu  la  con- 


—  109  — 

tinualion  de  la  guerre.  Ayant  auprès  de  lui  des  collaborateurs  détermi- 
nés comme  BorisSavinkov  et  le  général  Kornilov,  Kérenski  eut  la  fai- 
blesse de  prendre  ombrage  de  l'un  et  de  l'autre  et  de  n'oser  appliquer 
jamais  le  rétablissement  de  la  peine  de  mort  que  le  premier  lui  avait 
arraché.  M.  .\net  reproduit  in  extenso  le  célèbre  document  que  Kor- 
nilov tint  à  lui  remettre  pour  sa  justification  et  qui  fut  télégraphié 
de  Stockholm  à  un  journal  de  Paris.  Après  tout  le  mal  créé  en  Russie 
par  le  verbiage  et  l'inaction,  l'auteur,  par  joie  ironique  et  par  con- 
traste, vit  arriver  avec  une  certaine  satisfaction  les  bolcheviks.  Il  raille 
avec  justesse  l'illusion  de  nos  gouvernants  envoyant  en  Russie  des 
socialistes  français  pour  mettre  à  la  raison  les  socialistes  russes, 
pleins  d'un  «  orgueil  incommensurable  »  et  de  mépris  «  pour  leurs 
timides  frères  d'Occident  »  (p.  277). 

10.  —  Courageux  dans  sa  poursuite  des  policiers  provocateurs  de 
l'ancien  régime,  M.  Vladimir  Bourtsév  le  demeure  dans  sa  condam- 
nation documentée  des  bolcheviks.  Sa  brochure  :  Les  Deux  Fléaux  du 
monde,  dans  laquelle  sont  réunis  cinq  articles  parus  sans  doute  dans 
le  journal  qu'il  édite  à  Paris,  la  Cause  commune,  porte  ce  net  sous- 
titre  explicatif  :  Les  Bolcheviks  et  l'impérialisme  allemand.  «  Ce  que 
les  bolcheviks  accomplissaient  en  Russie  en  1917  avant  leur  coup 
d'État,  et  ce  que  Rerensky  laissait  faire  n'a  qu'un  seul  nom  dans 
toutes  les  langues,  celui  de  trahison.  »  La  Russie,  et  avec  elle  la 
cause  des  Alliés,  ont  été  vendues,  trahies  par  le  bolchevisme  russe 
et  par  tous  les  socialistes  qui  se  sont  solidarisés  avec  lui,  les  zimerwal- 
diens  en  particulier  »  (p.  16).  Aux  tables  de  Biest-Lilovsk  étaient 
assis  des  hommes  qui  ne  visaient  qu'à  se  surpasser  en  ruse  et  en  ma- 
chiavélisme :  lofTe,  Kamenév  et  consorts,  que  Léopold  de  Bavière 
«  méprisait  au  fond  de  son  âme  et  ne  traitait  jamais  autrement  que  de 
sales  youpins  »  (p.  41),  et  eux  qui  méprisaient  les  impérialistes. 
«  Des  deux  côtés,  on  se  rendait  bien  compte  que  c'était  surtout  de  la 
vente  de  la  Russie  qu'il  s'agissait  et  que  c'étaient  des  acheteurs  et 
des  vendeurs  qui  se  faisaient  face.  >>  Emprisonné  par  les  bolcheviks 
comme  il  le  fut  par  les  agents  du  tsarisme.  Bourtsév  a  écrit  à  ses 
derniers  geôliers  sa  célèbre  lettre  ouverte  :  Soyez  maudits,  bolcheviks  ! 
Il  leur  donne  rendez-vous  au  seul  endroit  où  l'on  puisse  se  rencon- 
trer avec  eux  .*  le  tribunal.  On  comprend  que  Bourtsév  fut  de  ceux 
que  surprit  le  plus  la  marque  de  faiblesse  de  la  Conférence  de 
Paris  songeant  à  réunir  à  Prinkipo  les  représentants  des  différents 
((  partis  «russes.  ■  lustrumentspour  disloquer  les  armées  des  Alliés  ». 
les  Alliés  disait-il  aux  bolcheviks.  «  ne  pourront  jamais  vous  consi- 
dérer autrement  que  comme  un  fléau,  un  mal  universel...  »  (p.  46). 

Dexis  Roche. 


•     —  HO  — 
THÉOLOGIE 

Questions  théologiques  du  temps  présent.  I.  Quesdons  de  guerre 
d'après  sainL  Thuinas  d'Aquin,  par  A.  Michel.  Paris,  Beauchesne,  1918, 
in-16  de  xiv-289  p.  —  Prix  :  4  fr.  20. 

Neuf  questions  dogmatiques  et  morales,  soulevées  par  la   guerre, 
sont  ici  traitées  :  1°  Le  Droit  chrétien  et  la  Guerre  ;  2°  La  Vengeance 
et  les  Représailles  ;  3°  Le  Culte  de  la  patrie  ;  4°  L'Unité  de  l'Église  et 
la  Guerre  ;  5°  La  Guerre  et  le  Martyre  ;  6°  Le  Clergé  et  la  Guerre  ; 
7°  Le  Culte  divin  et  la  Guerre  ;  8°  Prophéties  de  guerre  ;  9°  La  Notion 
théologique  de  la  paix.  Elles  sont  résolues  d'après  les  principes  for- 
mulés par  saint  Thomas  dans  Isi  Somme  ihéologigue.  M.  Michel  a  sui\i 
une  méthode,  «  un  peu  archaïque  peut-être  »,  avoue-t-il,  qui  s'attache 
aux  procédés  dialectiques  et   aux  termes   mêmes  du   théologien  du 
xm"  siècle.  11  justifie  sa  méthode,  qui  lui  a  permis  d'expliquer  le 
texte  plus  littéralement  et  d'analyser  plus  exactement  la  pensée  de 
l'Ange  de  l'Lcole.  Dans  ce  commentaire  on  verra  que  les  représailles 
peuvent  s'exercer  comme  châtiment  sur  les  coupables,  mais  non  sur 
les  innocents,  les  civils  par  exemple  ;  que  le  culte  de  la  patrie  rentre 
dans  l'objet  de  la  vertu  de  piété  ;  que  la  charité  ne  permet  pas  d'ai- 
mer la  culpabilité  de  ses  ennemis  ;  que  le  soldat,  mourant  pour  son 
pays,  n'est  pas  un  martyr,  mais  que  la  mort,  acceptée  surnaturelle- 
ment,  lui  mérite  des  grâces  divines  qui  l'amènent,  s'il  est  nécessaire, 
à  la  justification.  Je  ferais  quelques  réserves  sur  le  rôle  que  M.  Michel 
assigne  aux  prêtres  dans  la  guerre.  11  n"a  eu  en  vue  que  la  Ihèse,  et  il 
n'a  pas  suffisamment  tenu  compte  de  l'hypothèse  de  toute  une  nation 
armée.  En  décrivant  la  position  des  prêtres-soldats,  il  a  trop  assombri 
le   tableau.  11  n'a   vu  non  plus  que  les  inconvénients,  résultant  de 
l'appel  des  prêtres  aux  armées,  relativement  au  culte  public,  et  ici 
encore  il  n'a  pas  envisagé  les  sociétés  modernes  dans  leur  état  actuel  ; 
il  suppose  toujours  une  société  parfaitement  chrétienne  et  un  gou- 
vernement semblable  à  celui  de  saint  Louis.  Aussi  quelques-unes  de 
ses  solutions  pratiques  me  paraissent  trop  sévères.  On  remarquera 
sans  doute  l'application  que  M.  Michel  fait  de  la  notion  thomiste  de  la 
prophétie  à  la  célèbre  promesse  concernant  le  drapeau  du  Sacré-Cœur. 
Sa  longue  note  s'inspire  visiblement  de  la  lettre  du  cardinal  Billot  au 
P.  Lemius  ;  elle  en  reproduit  les  termes  ;  l'auteur  a  dû  en  posséder 
le  texte  authentique.  Il  y  répète  avec  raison  que  l'adoption  de  ce  dra- 
peau ne  j)eut  être  qu'un  aboutissement,  quand  la  société  française  sera 
redevcrme  clirétieiine.  Dans  ce  cas,  il  se  met  en  face  de  la  situation 
présente  de  la   France.  L'ouvrage  est  foncièrement  doctrinal,  digue 
d'un  professeur  à  la  Faculté  de  théologie  de  Lille.  Nous  lui  souhai- 
tons un  plein  succès.  E.  Mangenot 


—  m  — 

La  Spiritualité  chrétienne.  Des  Origines  de  l'Kglise  au  moyen 
âge,  par  P.  PoinnAT.  Paris,  LoconVe,  Gabalda,  1918,  iii-i2  de  vni-rjU2  p. 
—  Prix  :  6  fr. 

Nous  avons  à  faire  le  plus  grand  éloge  de  ce  volume  où  M.  Pourrai, 
supérieur  sulpicicn  du  grand  séminaire  de  Lyon,  résume  l'histoire 
de  la  Spiritualité  chrétienne  durant  les  sept  premiers  siècles  de  l'Église. 
L'œuvre  est  conduite  avec  compétence  et  avec  clarté.  Mérite  d'autant 
plus  sérieux  que  le  sujet,  très  complexe,  n'avait  jamais  été,  jusqu'à 
ce  jour,  Tobjet  d'une  enquête  distincte  ni  d'une  synthèse  méthodique. 
On  peut  donc  dire,  sans  forcer  la  note,  que  M.  Pourrat,  dans  son 
nouvel  ouvrage,  aura  trouvé  moyen  de  dire  du  neuf  sur  une  matière 
très  ancienne  et  dont  tous  les  éléments  étaient  déjà  connus,  mais 
connus  d'une  manière  éparse  et  fragmentaire. 

Après  une  étude  de  la  doctrine  ascétique  des  quatre  Évangiles  et 
des  Épîtres  apostoliques,  puis  un  exposé  des  théories  de  l'ascèse 
orthodoxe  ou  hétérodoxe  des  trois  premiers  siècles,  vient  un  ample 
tableau  du  mcnachisme  en  Orient  et  en  Occident.  L'auteur  décrit 
ensuite  l'influence  de  l'augustinianisme  (opposé  à  toutes  les  formes  de 
pélagianisme)  sur  la  piété  chrétienne,  l'ascèse,  la  mystique.  Un  fort 
bon  chapitre  est  consacré  à  la  contemplation  mystique  d'après  saint 
Augustin  et  d'après  le  pseudo-Denys  l'Aréopagite.  L'histoire  du  déve- 
loppement monastique  durant  la  période  qui  succède  à  l'effondre- 
ment de  l'empire  romain  d'Occident  amène  l'auteur  à  détailler  le 
rôle  dévolu  dans  la  spiritualité  chrétienne  à  la  personne  même  du 
Christ,  à  l'Eucharistie,  à  la  Vierge  Marie  Mère  de  Dieu. 

Ce  sont  des  pages  qui  instruisent,  qui  édifient  et  qui  charment. 

Yves  de  la  Brière. 

•  

SCIENCES  ET  ARTS 

L'Education   religieuse.    Entretiens   à  des  mères  chrétiennes^ 

par  l'abbé  Claude  Bouvier.  Paris,  Lecofîre,  Gabalda,  1916,  in-12  de  xxiv- 
331  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Les  ouvrages  pédagogiques  ne  manquent  pas.  Mais  y  en  a-t-il  beau- 
coup qui  se  préoccupent  exclusivement  de  la  formation  chrétienne  de 
l'enfant,  qui  songent,  par  exemple,  à  développer  en  lui  le  sens  du 
mystère,  qui  marquent  leurs  chapitres  de  titres  comme  ceux-ci  :  édu- 
cation de  la  prière,  éducation  de  la  foi,  éducation  du  repentir,  éduca- 
tion du  travail,  éducation  de  la  science,  éducation  du  sacrifice,  édu- 
cation du  zèle,  péchés  de  mères  ?  Si  élevés  que  soient  ces  sujets,  ils 
sont  traités  ici  avec  une  simplicité  et  une  justesse  qui  en  rendent 
l'intelligence  facile  ;  des  traits,  empruntés  au  courant  de  la  vie  quo- 
tidienne, illustrent  d'exemples  familiers  et  caractérisques  les  ensei- 
gnements les  plus  graves.  Que  de  réflexions  s'imposeront  aux  mères 


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qui  liront  ces  pages  !  Gomme  elles  apprendront  à  observer  leurs  fils 
et  leurs  filles,  à  calculer  les  conséquences  de  leurs  actes,  de  leurs  pro- 
j)os  et  de  leurs  attitudes,  à  comprendre  la  noblesse  de  leur  tâche  édu- 
catrice  et  à  s'orienter  dans  la  complexité  des  devoirs  qu'elle  impose  ! 
Le  prêtre  qui  leur  adresse  des  conseils  d'une  si  haute  portéejoignait 
à  nn  esprit  d'observation  aiguisé  un  zèle  d'apôtre  et  une  expérience 
peu  commune.  Il  voua  sa  vie  à  l'éducation.  On  voit  quelle  confiance 
mérite  un  tel  maître,  et  on  est  reconnaissant  à  M.  Audolleut,  vicaire 
général  de  Paris,  d'avoir  retracé  en  traits  émus,  dans  la  Préface,  sa 
fine  et  noble  physionomie.  Le  connaître  est  une  joie  et  presque  une 
fierté  :  l'entendre  sera  un  profit  pour  tous  ceux  à  qui  parviendront 
ses  enseignements.  Ch.  Landry. 


L'Autorité  «hïiis  la  famille  et  à  l'école,  par  F.  Kikkfe».  Paris,  Beau- 
chesnc,  1917,  in-iS  de  n-489  p.  —  Prix  :  5  fr. 

<(  Herbert  Spencer  exprime  son  éloniipment  de  ce  qu'on  n'hésite 
pas  à  faire  faire  des  études  de  comptabilité  au  jeune  homme  dont  on 
veut  faire  un  commerçant,  alors  qu'on  se  préoccupe  si  peu  de  faire 
connaître  l'art  de  l'éducation  à  ceux  qui,  par  la  force  des  choses,  se- 
ront des  éducateurs.  »  l'artageant  cet  étonnement,  muni  d'ailleuis 
d'observations  multiples  par  une  longue  expérience  personnelle. 
M.  Kieffer  a  cru  qu'il  ferait  œuvre  utile  en  apportant  sa  contribulifui 
au  problème  si  complexe  del'éducation.  Il  ne  s'est  pas  trompé,  lise  dé- 
fend d'écrire  un  traité  savant  ou  même  complet.  Le  terrain  spécial  sur 
lequel  il  se  tient,  u  c'est  celui  de  l'exercice  de  l'autorité.  »  Mais  quand 
il  a  étudié  la  nature  de  l'autorité,  expliqué  à  quelles  conditions  elle 
se  fait  accepter  et  bénir,  comment  elle  grandit  ou  se  dissout,  de  quels 
moyens  elle  dispose,  de  quels  excès  elle  doit  se  garder,  à  (jucl  but 
«lie  doit  tendre,  il  a  vraiment  embrassé  l'ensemble  des  questions  qui 
préoccupent  le  plus  l'éducateur.  Et  comme  il  a  surtout  <(  visé  à  être 
pratique  »,  il  ne  se  cantonne  pas  dans  la  région  des  théories  :  il  mul- 
tiplie les  exemples  (certains  même  sont  cités  deux  et  trois  fois,  sans 
doute  pour  qu'on  ne  les  oublie  pas)  ;  il  sait  comment  on  remédie  à 
certains  défauts  ennemis  de  l'autorité  ;  il  formule  des  «  règles  d'une 
application  facile  et  immédiate  »  ;  il  développe  les  dispositions  d'ànie 
qui  font  les  éducateurs.  Quedirede  plus  pour  témoignerdes  services 
que  peut  rendre  son  livre  ?  Ce.  La-sdry 


I..e  SooialiNme  contre  Ti-^tat,  par  Emile   VANUEUvr.LDK.   Paris.  Bergcr- 

Levrnult.  l'JlS,  in-lli  de  i.vi  174  p.  —  Prix:  3  fr. 
L'Individu  a\ec  TiCtat,  par   C.  Léouzon   Le  Duc.    Paris.  Pion  Nourrit. 

i'Jl.S,  in-lG  de  vin-318  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Les  titres  mêmes  de  ces  deux  ouvrages,  qui  ont  pour  sous-titres,  le 


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premier  :  Problèmes  d après-guerre,  le  second  :  Les  Leçons  de  la  guerre, 
témoignent  qu'un  livre  d'Herbert  Spencer  paru  il  y  a  quelque  trente 
ans,  l'un  de  ses  meilleurs  et  des  moins  longs  :  L'Individu  contre  l'État, 
n'est  pas  oublié  et  traite  une  question  plus  actuelle  que  jamais. 

—  Demeurant  convaincu  que,  pour  qui  ne  donne  pas  aux  mots  un 
sens  arbitraire  et  pour  qui  ne  veut  pas  s'aveugler  d'illusoires  chi- 
mères, le  socialisme  est  foncièrement  à  base  d'étatisme.  comme  il  est 
à  base  de  haine,  de  guerre  de  classes,  je  paraîtrai  à  M.  Emile  Vander- 
velde  avoir  un  esprit  incurablement  bourgeois.  Je  ne  méconnais 
pourtant  pas  l'intérêt  des  efforts  qu'il  tente  pour  distinguer  et  sépa- 
rer socialisme  d'étatisme.  Sans  doute,  il  ne  défend  pas,  comme  font 
certains  doctrinaires  intransigeants,  de  se  servir  opportunément  de 
l'action  de  l'État  ;  il  ne  juge  pas  que  les  socialistes  doivent  dédai- 
gner la  conquête  du  pouvoir  politique  ;  il  est  d'ailleurs  extrêmement 
loin  d'admirer  le  jeu  actuel  du  suffrage  universel,  du  gouvernement 
de  parti  et  du  parlementarisme.  Mais,  dans  la  socialisation  progres- 
sive des  moyens  de  production  qu'il  préconise,  il  veut  que  l'on  se 
préoccupe  beaucoup  de  préparer  à  se  gouverner  elles-mêmes  les 
petites  républiques  ouvrières  entre  lesquelles  se  partagera  la  régie 
des  divers  départements  du  travail  social.  C'est  donc  une  sorte  de 
socialisme  décentralisé  qu'il  professe,  et  il  croit  ainsi  éviter  l'étatisme, 
qui  d'ailleurs  ne  lui  paraît  plus  à  craindre,  si  l'État  n'est  plus  qu'un 
organe  de  gestion,  au  lieu  d'être  un  organe  d'autorité.  C'est  peu  clair. 
Ce  qui  malheureusement  l'est  davantage,  ce  sont  les  antagonismes  de 
classes  et  les  convulsions  sociales  inouïes  que  l'on  nous  annonce  pour 
l'après-guerre.  Bien  lourde  est  la  responsabilité  de  ceux  qui  pré- 
parent ou  propagent  cette  guerre-là. 

—  Pour  .M.  Léouzon  Le  Duc,  notre  excès  d'individualisme  est  res- 
ponsable, dans  une  large  mesure,  de  notre  impréparation  à  soutenir 
la  guerre  que  les  Allemands,  eux,  avaient  si  bien  préparée  et  prémé- 
ditée. Ce  sont  donc  des  questions  d'importance  vitale  sur  lesquelles 
a  travaillé  sa  pensée,  en  s'aidant  des  écrits  d'Herbert  Spencer,  de 
Taine.  de  Gustave  Le  Bon,  d'André  Lalande,  d'Espinas.  La  complexité 
de  la  nature  humaine,  le  besoin  de  sécurité  et  le  besoin  d'expansion, 
le  rapprochement  croissant  et  la  différence  croissante  des  nations,  la 
représentation  des  besoins,  la  doctrine  individualiste  et  la  doctrine 
nationale,  voilà  les  principales  étapes  de  sa  vaste  exploration.  Au 
fond,  il  n'y  a  antagonisme  entre  l'individu  et  l'État  que  si  l'un  ou 
l'outre  s'abuse  et  s'égare.  A  chaque  époque,  pour  chaque  nation,  un 
point  d'équilibre  stable  doit  se  trouver  entre  la  force  centripète  de 
l'instinct  de  conservation  collpclivc.  qui  pousse  les  hommes  à  se  con- 
centrer, et  la  force  centrifuge  de  leur  instinct  individualiste  qui  les 
pousse  à  se  séparer.  Souhaitons  avec  l'auteur  que  notre  organisation 

FÉviuEK  1019.  T.  CXLV.  8. 


—  \\i  — 

se  réalise,  non  par  iin  asservissement  déprimant,  mais  par  un  esprit 
de  discipline  acceptée,  qui  fera  reconnaître  l'utilité  de  la  subordina- 
tion et  la  puissance  de  l'action  commune. 

Babon  Angot  des  Rotours. 


Œuvres  de  G. -H.  Halphen,  publiées  par  les  soins  de  C.  Jordan,  H.    Poin- 

CARÉ  et  E.  Picard.  T.  I.  Paris,  (îauthier-\  illars,  1910,  in-8  do  xlih-uTO  p. 

—  Prix  :  20  fr. 

Les  mathématiciens  accueilleront  avec  faveur  cet  ouvrage  où  se 
trouvent  réunis  des  notes,  des  communications,  des  articles  épars 
dans  les  publications  les  plus  diverses  et  qui  s'échelonnent  depuis  1864 
jusqu'en  1876.  —  Ainsi,  l'on  peut  suivre  pas  à  pas  le  développement 
logique  des  idées  d'Halphen  et  constater,  non  sans  surprise,  que  des 
travaux  en  apparence  extrêmement  dissemblables  sont  dans  la  réalité 
en  relations  étroites  et  intimes  les  uns  avec  les  autres. 

Voici  en  particulier  le  titre  des  mémoires  de  plus  longue  haleine. 
—  I.  Sur  l'intégration  des  équations  linéaires.  —  II.  Sur  la  détermi- 
nation des  coniques  et  des  surfaces  du  second  ordre.  —  III.  Recher- 
ches de  géométrie  à  n  dimensions.  —  IV.  Sur  les  points  singuliers 
des  courbes  algébriques  planes.  —  V.  Sur  les  contacts  des  surfaces. 
— -  VI.  Sur  une  question  d'élimination  ou  sur  l'intersection  de  deux 
courbes  en  un  point  singulier.  —  VII.  Sur  le  genre  des  courbes  algé- 
briques. —  VIII.  Sur  le  contact  des  courbes  planes  avec  les  coniques 
et  les  courbes  du  troisième  degré.  —  IX.  Sur  une  série  de  courbes 
analogues  aux  développées.  —  X.  Sur  la  recherche  des  points  d'une 
courbe  algébrique  plane,  qui  satisfont  à  une  condition  exprimée  par 
une  équation  différentielle  algébrique,  et  sur  les  questions  analogues 
dans  l'espace. 

Dans  une  remarquable  notice  de  cinquante  pages  rédigée  à  l'occa- 
sion de  sa  candidature  à  l'Académie  des  sciences,  Halphen  a  pris  soin 
de  nous  initier  au  secret  de  ses  profondes  recherches,  et  de  mettre  en 
lumière  les  résultats  auxquels  il  attachait  le  plus  de  prix.  Le  lecteur 
saitdonc  à  l'avance  où  il  va,  et  d'autant  mieux  ({ue  M.  H.  Poincaréde  sa 
plume  nerveuse  et  précise  nous  fait  connaître  en  détail  la  carrière 
d'Halphen  et  que  M.  Emile  Picard,  en  quelques  pages  élégantes  et 
pleines  d'intéressants  aperçus,  étudie  la  manière  et  la  psychologie  de- 
l'auteur.  G.  Bertrand. 


L'Aviation  de  demain,  par  Jean  Dargon.  Paris,  Bergcr-Levrault.  1919,      j 
iii-8  de  XX-1H3  p.,  avec  46  grav.  ou  photographies   dans  le  texte  et  hors 
texte.  —  Prix  :  8  fr. 

Est-ce  un  rêve  ou  une  réalité?  Probablement  un  rêve  d'aujourd'hui 
et  une  réalité  de  demain  :  c'est  ce  qu'exprime,  dans  une  Préface  ma- 


I 


—  ii5  — 

gistrale.  le  regretté  Élicnne  Lamy.  Dans  ce  volume,  consacré  à  l'étude 
de  lulilisalion  après  guerre  de  ^aviation,  dont  les  progrès,  au  cours 
de  la  lulle,  out  eu  une  part  si  prépondérante  dans  la  victoire,  M.Jean 
Dargon,  avec  une  compétence  rare,  s'efforce  de  mettre  au  point,  dans 
ses  moindres  détails,  les  projets  de  navigation  aérienne  en  temps  de 
paix.  11  voit  tous  les  obstacles  qui  se  dressent  sur  sa  route,  mais  sa 
confiance  est  telle,  ses  arguments  si  persuasifs,  qu'il  sait  faire  paraître 
non  comme  réalisables,  mais  comme  accomplis,  les  voyages  aériens 
les  plus  longs,  les  plus  difficiles.  Il  en  trace  avec  précision  les  itiné- 
néraires.  les  points  de  relâche,  établit  le  prix  de  revient  de  chaque 
voyageur,  de  chaque  tonne  transportée.  On  croirait  vraiment,  à  le 
lire,  qu'il  n'y  a  plus  que  son  billet  à  prendre  pour  se  rendre,  par  la 
voie  des  aiis,  à  Tombouctou  ou  à  Bombay,  mais,  hélas  !  il  y  a  encore 
loin  de  la  coupe  aux  lèvres.  Bien  des  difficultés  se  soulèvent,  prove- 
nant principalement  des  moteurs  et  ensuite  de  l'appareil  lui-même, 
puis,  des  conditions  atmospliériques,  mais  M.  Jean  Dargon  a  réponse  à 
tout,  et,  pour  tout,  il  présente  une  solution  satisfaisante.  C'est  ainsi 
qu'après  avoir  fait  connaître  l'état  actuel  de  l'aviation  et  ses  derniers 
progrès,  il  expose  les  méthodes  de  faire  le  point,  de  se  rendre  compte 
des  courants  aériens,  puis,  successivement,  il  montre  ce  que  pourrait 
être  le  tourisme  aérien  et  ce  que  doit  devenir  l'aviation  coloniale  et 
l'aéronautique  maritime.  Il  lance  ses  itinéraires  sur  tout  le  globe 
comme  les  fils  d'une  gigantesque  toile  daraignée  et,  sur  chacun  de 
ces  itinéraires,  il  fait  voir  au  lecteur  émerveillé  les  avions  transpor- 
tant dépêches,  marchandises  et  passagers.  Il  faut  souhaiter  que  ce 
rêve  soit  bientôt  réalité  et  que  l'étalisme  rongeur  et  paralysant  ne 
vienne  pas  couper  les  ailes  à  l'essor  de  l'aviation  de  demain. 

J.  C.  T. 


Les  Grands  Graveurs.  Andréa  Mantegna  et  les  graveurs  pré- 
raphaélites italiens.  Paris,  Hacliette,  1014,  in-8  de  15  p.  de  texte, 
avec  75  ptiotogravures.  —  Prix,  cartonné  :  4  fr. 

Les  Grands  Graveurs.  Marcantonîo  et  les  graveurs  de  l'école 
italienne  du  xvi*  siècle.  Paris,  Hachette,  191i,  in-S  de  io  p.  de  texte» 
avec  66  photogravures.  —  Prix,  cartonné  :  4  fr. 

Les  Grands  Graveurs.  Fragonard,  Moreau  le  Jeune  et  les  gra- 
veurs frauçais  de  la  fin  du  xviu'  siècle.  Paris.  Hachette.  1914, 
in-8  de  15  p.  de  texte,  avec  65  photogravures.  —  Prix,  cartonné  :  4  fr. 

Les  Grands  Graveurs.  Bartolozzi  et  les  graveurs  au  pointillé 
en  Angleterre  à  la  fin  da  xviu*  siècle.  Paris,  Hachette,  1914.  in-8 
de  15  p.  de  texte,  avec  65  photogravures.  —  Prix,  cartonné  :  4  fr. 

C'est  une  précieuse  ressource  pour  les  éditeurs  de  livres  d'art  que 
la  possibilité  de  s'associer,  d'un  pays  à  l'autre,  pour  publier  des 
recueils  d'images,  dont  les  frais  se  trouvent  ainsi  diminués.  La  mai- 


—  H6  — 

son  Hachette,  avant  la  guerre,  nous  a  montré,  par  son  admirable 
petite  collection  Ars  una,  quels  résultats  on  pouvait  atteindre  par 
cette  division  du  travail,  et  nous  avons,  ici  même,  loué  comme  il 
convenait  les  débuts  d'une  charmante  collection  des  Grands  Graveurs. 
Voici,  de  cette  même  série  si  ingénieusement  et  pratiquement  com- 
prise, quatre  volumes  nouveaux  tout  à  fait  dignes  de  leurs  aînés. 
Chacun  se  compose  d'environ  70  photogravures  qui  reproduisent,  en 
format  la  plupart  du  temps  réduit,  les  chefs-d'œuvre  d'un  graveur 
ou  plutôt  d'une  école  de  graveurs.  Une  très  bonne  Préface,  avec 
toutes  les  indications  bibliograpliiques  désirables,  accompagne  cet 
album,  très  élégamment  présenté  sous  un  joli  cartonnage,  et  du  prix 
lé  plus  modique,  certes,  si  l'on  songe  à  ce  qui  nous  est  généralement 
donné  aujourd'hui  pour  quelques  francs. 

—  Le  premier  de  ces  volumes  est  consacré  aux  plus  anciens  essais 
de  la  gravure  sur  cuivre  en  Italie  ;  on  y  trouvera  rassemblées  et  clas- 
sées des  œuvres  délicieuses  et  rares  entre  toutes,  dont  il  fallait  jus- 
qu'ici chercher  les  reproductions  dans  des  recueils  de  format  et  de 
prix  peu  accessibles  :  estampes  où  revit  la  grâce  des  primitifs  floren- 
tins, d'un  Botticelli,  d'un  Baldovinetti,  d'un  Vinci,  auprès  du  mer- 
veilleux sentiment  de  l'antique  d'un  Mantegna  et  de  la  chaude  enve- 
loppe vénitienne  d'un  Bellini  ou  d'un  Giorgione. 

—  Dans  le  volume  suivant,  c'est  Marc-Antoine  qui  triomphe,  c'est- 
à-dire  la  noblesse  et  l'harmonie  incomparables  de  Raphaël,  qui  a 
rencontré  dans  le  graveur  bolonais  le  plus  parfait  des  interprètes. 
Tout  l'essentiel  de  son  œuvre  est  là,  dcpuiF  les  essais  naïfs  et  frustes 
du  début  jusqu'à  la  plénitude  de  la  maturité.  Y  a-t-il  rien  de  plus 
noble  au  inonde  que  le  Jugement  de  Paris  ou  le  Parnasse,  si  ce  n'est 
la  Sainte  Cécile  ou  l'Apparition  de  Dieu  à  Noé  ? 

—  D'un  bond  rapide,  nous  passons  au  wiii^  siècle  français,  à  l'es- 
prit voluptueux  de  Fragonard,  de  Greuze,  de  Baudouin,  de  Lavreince. 
11  y  a  dans  ce  petit  volume  un  choix  des  plus  célèbres  de  ces  estampes, 
dont  les  originaux  sont  aujourd'hui  si  recherchés.  Le  Monument  du 
Costume,  de  Moreau  le  Jeune,  apparaît,  très  réduit  mais  fort  net  en- 
encore,  dans  ses  plus  fameuses  planches,  et  l'on  finit  avec  Debucourt, 
dont  les  gravures  en  couleurs  sont  comparables  aux  chefs-d'œuvre 
anglais  que  nous  fait  connaître  le  quatrième  volume. 

Là,c'estla  suite  étonnante  de  ccsgravures  au  pointillé  dont  Bartolozzi 
a  donné  les  plus  beaux  modèles  dans  ses  interprétations  de  Ueynolds. 
On  sait  quels  prix  fantastiques  atteignent  les  bonnes  épreuves, 
d'ailleurs  infiniment  rares,  de  ces  portraits  d'une  séduction  intense, 
<|ui  ont  immortalisé  raristocralic.  anglaise  du  xviii"  siècle.  Les  jeux 
(le  1  ombre  et  de  la  lumière,  dans  les  noirs  veloutés  dont  s'envc- 
lo])pciil  ces  idéales  images,  égalent  presque  les  effets  de  couleurs  les 


—  \n  — 

plus  surprenants  d'un  Reynolds,  d'un  Raeburn.  d'un  Ronniey,  d'un 
(Jainsborough.  Heureux  les  amateurs  débutants  qui  auront  dans  ces 
aimables  albums  le  plus  instructif  des  répertoires  ! 

A^DHÉ  PÉRATÉ. 


LITTÉRATURE 


Anthologie  des  écrivains  belges,  poètes  et  prosateurs,  recueillie 
et  publiée  par  L.  Dlmont-Wildk.n.  Paris,  Crès,  1918,  2  vol.  in-lG  de  xxix- 
292  et  323  p.,  avec  5  portraits.  —  Prix  :  7  fr. 

Les  pays  dont  la  réunion  forme  le  royaume  de  Belgique  ont  de 
tout  temps  donné  des  écrivains  à  la  littérature  française.  Il  en  a  été 
de  même,  à  plus  forte  raison,  depuis  que  ce  royaume  constitue  un 
État  autonome  et  indépendant.  Mais  depuis  une  quarantaine  d'années 
(vers  1880)  la  littérature  belge  de  langue  française  a  tendu  de  jour  en 
jour  davantage  à  prendre  sa  part  de  cette  autonomie,  sinon  de  cette 
indépendance.  Elle  s'est  efforcée  de  se  donner  des  caFactères  spéciaux, 
des  qualités  nationales.  C'est  ce  mouvement  qu'a  cherché  à  mettre  en 
relief  M.  L.  Dumont-Wilden  par  une  anthologie  composée  à  ce  point 
de  vue.  La  Préface,  notice  étendue,  écrite  avec  une  élégante  précision, 
analyse  et  détermine  cette  évolution  intéressante  et  nous  offre  un  bon 
tableau  de  la  littérature  belge  contemporaine.  Le  recueil  renferme 
des  morceaux  choisis  dans  les  auteurs  suivants  : 

Tome  1.  Charles  Decpster.  «  Né  à  Munich  (de  parents  belges) 
en  1827,  mort  à  Bruxelles  en  1879...,  est  considéré  comme  le  véri- 
table précurseur  de  la  littérature  belge  contemporaine.  »  —  Octave 
Pirmez.  «  Né  à  Châtelet  (Hainaut)  en  1834,  mort  à  Acoz  (province  de 
Namur)  en  1883....  fut  considéré  parles  écr'naUis  delà  Jeune  Belgique 
comme  un  précurseur.  »  —  Edmond  Picard.  «  Né  à  Bruxelles 
en  1836...  Il  a  été  dans  son  pays  le  principal  théoricien  et  le  premier 
propagandiste  du  nationalisme  littéraire.  »  —  Camille  Lemonnier. 
«  Né  à  Bruxelles  en  1845,  mort  à  Bruxelles  en  1913...  Romancier, 
conteur,  critique  d'art,  est  peut-être  la  figure  la  plus  caractéristique 
de  la  littérature  belge  contemporaine.  »  —  Georges  Eekhoud.  «  Né  à 
Anvers  en  1854...  Romancier  et  conteur...,  il  a  décrit  avec  un  filial 
enthousiasme  les  mœurs  et  les  paysages  de  son  pays  natal.  »  — 
Georges  Rodenbach.  «  Né  à  Tournay  en  1835,  mort  à  Paris  en  1898... 
C'est  le  poète  de  «  Bruges  la  Morte  »  ;  une  sensualité  mystique  et 
raffinée  imprègne  ses  meilleurs  vers.  »  —  Emile  Verhaeren.  «  Né  à 
Saint-Araand-sur-Escaut  (province  d'Anvers)  en  1853.  Mort  acciden- 
tellement en  1916...  Il  a  transporté  dans  la  littérature  française  des 
façons  (le  sentir  propres  à  son  pays  natal,  et  c'est  là  un  des  éléments 
les  plus  importants  de  sa   puissante  originalité.  »   —  hvan  Gilkin. 


—  H8  — 

((  \é  à  Bruxelles  en  1858...,  a  été  fortement  impressionné  par  Bau- 
delaire. Poète  pessimiste,  il  a  chanté  dans  ses  premiers  recueils  le 
cliarme  morbide  de  la  décadence  et  des  sentiments  anormaux,  de 
l'art  artificiel  et  des  curiosités  interdites...  11  devait  plus  tard  évoluer 
vers  une  poésie  plus  large  et  plus  humaine.  »  —  Max  Waller.  «  Pseu- 
donyme de  Maurice  Warlomont.  Né  à  Bruxelles  en  1860,  mort 
en  1889...  Il  fut  le  véritable  chef  du  mouvement  littéraire  dont  sa 
revue  (la  .Jeune  Belgique)  fut  le  centre  et  le  lieu  de  ralliement.  Ses 
vers,  d'une  juvénile  impertinence,  ont  quelque  chose  de  tendre, 
d'ironique  et  de  voluptueux.  «  —  Albert  Giraud.  «  Pseudonyme  de 
M.  Albert  Keyenberg,  né  à  Louvain  en  1860...,  parfait  artiste  du  vers, 
pur  poète  parnassien.  »  —  Léopold  Cou  rouble.  «  Né  à  Bruxelles 
en  1861.  »  Auteur  de  (t  toute  une  série  de  nouvelles  et  d'impressions 
de  voyage  dont  l'ensemble  constitue  un  tableau  très  pittoresque  de  la 
colonisation  belge  en  Afrique.  Mais,  ce  qui  fil  sa  réputation,  c'est  la 
série  de  romans  où  il  met  en  scène  la  petite  bourgeoisie  de  Bruxelles.  » 
— •  Eugène  Demolder.  «  Né  à  Bruxelles  en  1862.  Conteur  et  roman- 
cier. »  —  Max  Elskamp.  c  Né  à  Anvers  en  1862...,  a  exprimé  dans 
ses  vers  d'une  naïveté  recherchée  et  d'un  art  très  subtil  en  sa  bizarre- 
rie, certaines  nuances  particulières  du  mysticisme  flamand.  >>  — 
Hubert  Krains.  ^  Né  à  Waleffe  (province  de  Liège)  en  1862...  Roman- 
cier et  conteur.  C'est  un  réaliste  »  qui  s'est  surtout  consacré  «  à  dé- 
crire les  mœurs  des  paysans  et  des  petits  bourgeois.  »  —  Maurice 
^^aele^linck.  <(  Né  à  Gand  en  1862...  C'est  un  écrivain  européen,  et  le 
prix  Nobel  qui  lui  fut  décerné  en  [{)[?>  a  consacré  sa  gloire.  »  — 
Henry  Maubel.  «  Pseudonyme  de  M.  Maurice  Belval,  né  à  Bruxelles 
on  1862...  C'est  un  psychologue  qui  se  plaît  à  décrire  en  une  prose 
très  travaillée  et  qui  n'exclut  pas  toujours  la  manière,  ces  mouve- 
ments d'Ame  que  d'ordinaire  on  juge  presque  imperceptibles.  »  — 
Charles  van  Lerbcrghc.  u  Né  à  Gand  en  186:2,  mort  à  Bruxelles 
en  1907...,  est  une  personnalité  exceptionnelle  dans  la  littérature 
belge...,  il  échappe  au  classement.  »  On  a  dit  de  lui  qu'il  est  «  le  poète 
de  rinefFablc.  »  —  Grégoire  Le  Roy.  «  Né  à  Gand  en  1862.  »  Poète 
symboliste.  —  Hector  Chainaye.  ((  Né  à  Liège  en  1863,  mort  à 
Bruxelles  en  1912.  »  Poète  en  prose.  «  Une  des  personnalités  les  plus 
importantes  du  mouvement  wallon.  »  —  Jules  Destrée.  «  Né  à  Mai- 
cinellc  (llainaul)  en  1863...,  chef  incontesté  du  mouvement  wallon... 
Ses  ouvrages  de  littérature  sont  consacrés  à  des  sensations  d'art  ou  à 
l'exaltation  du  pays  wallon.  »  —  Dom  Bruno  Destrée.  «  Né  à  Marci- 
ncUc  (Hainaul  en  1865.  »  Frère  du  précédent.  Bénédictin.  Auteur  de 
('  délicates  éludes  d'art  et  de  poèmes  en  prose.  »  —  Yalèro  (ulle.  «  Né 
à  Bruxelles  en  1867.  »  Poète  parnassien. 

Tome  11.  Albert  Mockel.  o  Né  à  Liège  en  1866.  »  Poêle  syniboli>t('. 


—    110  — 

«  11  a  a[)porU'  dans  la  poôsic  française  certaines  nuances  particulières 
<le  l'àrae  wallonne.  »  —  Firmin  van  den  Bosch.  «  Né  à  Pecr  (Lim- 
l)Ourg)  en  18G6...,  représente  en  Belgique  la  critique  catholique.  ». 
--  Auguste  \'ierset.  «  Né  à  Nanuir  on  1866.  »  Poète  parnassien.  — 
l'ernand  Séverin.  «  Né  à  Grand-Manil  (province  de  Nainur)  en  1867... 
î>a  poésie  a  presque  toujours  quelque  chose  de  lamartinien.  »  — 
George  Garnir,  u  Né  à  Mons  en  1868.  »  Romancier  et  conteur.  S'est 
surtout  attaché  à  la  <(  contrée  rncusienne  »  et  aux  «  milieux  bruxel- 
lois. ))  —  Maurice  des  Ombiaux.  «  Né  à  Beauraing  en  1868...,  conteur 
et  romancier...  Son  œuvre  est  un  tableau  vivant  et  coloré  de  la  Wal- 
lonie. »  —  Henry  Carton  de  Wiart.  ((  Né  à  Bruxelles  en  1869...,  avocat, 
député,  ministre,  a  su  mener  de  pair  une  carrière  littéraire  et  sa  car- 
rière politique.  »  Auteur  de  «  romans  historiques  et  nationaux.  »  — 
Georges  Virrès.  «  Pseudonyme  de  M.  Henri  Briers,  né  à  Tongres 
<?n  1869.  »  Romancier.  Son  oeuvre  est  surtout  consacrée  à  décrire  lés 
mœurs  des  paysans  de  «  l'âpre  et  poétique  bruyère  campinoise.  »  — 
Louis  Delattre.  «  Né  à  Fontaine-lÉvêque  (Hainaut)en  1870.  »  Conteur 
«  dont  le  talent  fait  vivre  avec  autant  d'exactitude  que  d'intensité  tout 
le  pays  wallon,  personnages  et  paysages.  .)  —  Paul  Gérardy.  a  Né  à 
Malrhédy  en  1870.  »  Poète  symboliste.  «  Ses  vers  expriment  certaines 
nuances  particulières  de  l'âme  wallonne.  »  —  Gustave  van  Zype.  «  Né 
à  Bruxelles  en  1870,  journaliste,  auteur  dramatique,  romancier,  cri- 
tique d'art.  ))  —  Charles  Delchevalerie.  «  Né  à  Charleroi  en  1872.  vit 
à  Liège  où  il  a  ses  origines...  La  plus  grande  partie  de  son  œuvre  est 
faite  de  croquis  »  liégeois.  —  Georges  Marlow.  «  Né  à  Malines 
en  1872.  »  Médecin  et  poète,  u  Rien  dans  ses  œuvres  poétiques  n'est 
négligeable.  »  —  Victor  Rinon.  «  Né  à  Tirlemonten  187.3.  »  Poète 
catholique.  «  Sa  poésie  a  sa  source  principale  dans  le  mysticisme 
populaire.  »  —  Paul  André,  c  Né  à  Nivelles  en  1873.  »  Polygraphe. 
«  Il  a  abordé  tous  les  genres  avec  une  égale  facilité.  »  —  Abel  Torcy. 
((  Pseudonyriie  de  M.  Max  Blieck.  Né  à  Wervicq  (Flandre  occidentale) 
en  1873.  »  Romancier.  —  Edmond  Glesener.  «  Né  à  Liège  en  1874.  » 
Romancier.  —  Roland  de  Mares.  «  Né  à  Hasselt  en  1874.  »  Journa- 
liste très  distingué.  Poète  symboliste.  —  Jean  Dominique,  o  Pseudo- 
nyme de  M"'  Marie  Closset,  née  à  Bruxelles  en  1875.  »  Poète  symbo- 
liste. —  Edmond  de  Bruyn.  «  Né  à  Anvers  en  1875.  »  Fondateur  et 
directeur  de  la  revue  le  Spectateur  catholique.  «  Ses  rares  écrits  sont 
d'une  originalité  de  forme  et  de  pensée  qui  lui  font  une  place  impor- 
tante dans  le  mouvement  littéraire  belge.  »  —  Louis  Dumont-Wilden. 
«  Né  à  Gand  en  1875.  »  C'est  l'auteur  même  de  V Anthologie.  11  y  est 
représenté  par  quelques  pages,  très  fines  et  très  jolies,  sur  «  le  Prince 
de  Ligne.  »  —  Blanche  Rousseau.  «  Pseudonyme  de  M""  Maurice  Bel- 
"val,  née  à  Bruxelles  en  1875...,  une  des  personnalités  les  plus  origi- 


—  120  — 

nales  de  la  jeune  littérature  belge.  »  —  Georges  Raemackers.  «  Né  à 
Bruxelles  en  1875...,  une  des  figures  marquantes  de  la  littérature 
catholique  belge.  La  plupart  de  ses  poèmes  ont  une  tendance  apolo- 
gétique et  mystique.  »  —  Georges  Rency.  «  Pseudonyme  de  -M.  Albert 
Stassart,  né  à  Bruxelles  en  1875.  »  Conteur,  romancier,  critique 
littéraire.  —  Cliarles  Bernard,  u  Né  à  Anvers  en  187(j.  »  Romancier 
et  critique  d'art.  —  Emile  Cammaerts.  «  Né  à  Bruxelles  en  1877.  »>• 
Poète  patriote.  —  Isi  Collin.  «  Né  à  Liège  en  1878.  »  Poète  symbo- 
liste. —  Horace  van  OfTel.  ((  Né  à  Anvers  en  1878...,  a  fait,  en  qualité 
de  sous-lieutenant,  la  campagne  de  1914-1915.  »  Conteur  et  auteur 
dramatique.  A  composé  récemment  des  u  Récits  de  guerre  »,  dont 
quelques  pages  inédites  ont  été  confiées  à  l'Anthologie.  —  Henri 
Davignon.  «  Né  à  Bruxelles  en  1879.  »  Romancier  et  conteur.  On  lui 
doit  aussi  un  ouvrage  de  critique  :  Molière  et  la  Vie.  -  Pierre  Nothomb. 
«  Né  à  Bruxelles  en  1880...,  une  des  personnalités  les  plus  intéres- 
santes de  la  jeune  littérature  catholique  belge.  »  Poète  et  publiciste. 
Auteur  d'un  u  vivant  récit  de  la  bataille  de  l'Yser.  »  —  Franz  Hellens. 
((  Pseudonyme  de  M.  Franz  van  Ermengen,  né  à  Gand  en  1881.  » 
Auteur  de  «  contes  d'allure  symbolique,  imprégnés  d'une  sorte  de 
fantastique  flamand.  »  —  Jules  Delacre.  «  Né  à  Vilvorde  en  1882.  )> 
Poète  symboliste.  —  Maurice  Gauchez.  «  Pseudonyme  de  M.  Maurice 
Gilles,  né  à  Chimay  en  1883.  »  Poète  et  critique.  Auteur  de  «  Récits 
de  guerre.  »  —  Lucien  Christophe.  «  Né  à  Bruxelles  en  1886...,  un 
des  plus  jeunes  poètes  du  mouvement  littéraire  belge.  »  —  Louis 
Piérard.  «  Né  à  Frameries  (Hainaut)  en  1886....  a  célébré  dans  son 
œuvre  poétique  le  charme  particulier  de  la  Wallonie  industrielle.  »  — 
Marcel  Wyseur.  «  Né  à  Comines  (Flandre  occidentale)  en  1886...,  un 
jeune  poète  que  la  guerre  a  révélé.  » 

Pour  chacun  de  ces  auteurs  M.  Dumont-Wilden  nous  donne,  en 
tête  des  pages  qu'il  leur  emprunte,  une  notice  brève  et  pleine,  dont 
nous  avons  profité.  Elle  consiste  en  une  bibliographie  et  eh  une  appré- 
ciation, plutôt  indulgente,  mais  précise  et  significative.  L'ouvrage  e.-t 
orné  de  cinq  portraits  hors  texte,  ceux  de  MM.  Emile  Verhaeren. 
Camille  Lemonnier,  Eugène  Demolder,  Maurice  Maeterlinck.  Charles 
van  Lerberghe.  L'Anthologie  est  un  vrai  service  rendu  aux  lettres. 

M.  S. 

Le  Joueur  de  Nambuque,  par  Jkan  Nostos.  Paris,  Leroux,    1018,  in-16 
de  134  p. 

L'auteur  qui  se  dissimule  sous  ce  pseudonyme  mélancolique,  fils 
d'un  des  savants  qui  font  le  plus  d'honneur  à  l'érudition  française, 
et  cjui  lui-même,  avant  la  guerre,  s'était  fait  connaître  par  des  tra- 
vaux érudils  pleins  de  promesses,  a  subi  au   pays  des  Barbares  de 


—  121  — 

lon"s  mois  de  captivité.  Il  e>l  de  ceux  qui  ont  su  trouver  dans  les 
travaux  de  l'esprit  un  adoucissement  à  l'amertume  de  l'exil,  un  sou- 
tien dans  leurs  peines  et  une  diversion  à  leurs  ennuis.  Comme  le 
joueur  antique,  il  a  accordé  sa  sambuque  et  il  en  a  lire  des  sons 
liarmonieux,  qui  font  vibrer  dans  l'âme  du  lecteur  plus  d'une  corde 
sympathique.  11  y  a  de  fort  beaux  vers  et  souvent  de  hautes  et  fortes 
pensées  dans  celle  cinquantaine  de  poésies,  d'une  facture  générale- 
ment classique,  bien  que  l'auteur  ne  dédaigne  pas  parfois  de  recourir 
aux  procédés  les  plus  modernes.  Et  l'on  ne  peut  que  souhaiter  que  le 
talent  qui  s'affirme  dans  ces  «  rythmes  »  dédiés  «  à  tous  ceux  qui, 
captifs,  tiennent  d'une  main  ferme  la  coupe  des  peines  sans  gloire  », 
soit  cultivé  par  son  auteur  et  que,  sans  négliger  les  travaux  plus  aus- 
tères de  l'érudition,  il  prenne  de  temps  à  autre  sa  sambuque  et  en 
tire  de  nouveaux  accords  pour  sa  satisfaction  et  pour  la  nôtre. 

E.-G.  L. 


Ugo  Foscolo  in   Inghilterra.  Sajjr/j  da   Fra>cesco   Viglione.  Catania, 
Vincenzo  Muglia,  s.  d.,  in-8  de  vi-333  p. 

La  matière  de  ce  livre  est  tirée,  en  très  grande  partie,  des  papiers  de 
Foscolo  conservés  à  la  bibliothèque  Labronica,  de  Livourne,  papiers 
dont  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  ici  que  M.  Viglione  a 
donné  un  catalogue  détaillé,  en  1909,  dans  le  Dolletuio  délia  Socieià 
pavese  di  storia  patria. 

L'ouvrage  se  divise  en  trois  parties  :  Contributions  à  la  biographie 
de  Foscolo  pendant  son  séjour  en  Angleterre,  —  Histoire  de  ses  écrits 
littéraires.  —  Histoire  de  ses  écrits  politiques. 

La  première  partie  est  toute  pleine  des  tribulations  qui  attendaient 
sur  la  terre  anglaise  l'illustre  exilé  volontaire,  tribulations  dues,  pour 
une  bonne  part,  à  ses  imprudences,  et  aussi  à  certains  traits  de  son 
caractère.  Innombrables  furent  ses  démêlés  avec  ses  traducteurs  et 
ses  éditeurs,  particulièrement  avec  Pickering,  dont  la  conduite  à  son 
égard  fut  totalement  dénuée  de  scrupules.  Les  folles  dépenses  dans 
lesquelles  s'engagea  Foscolo  pour  orner  sa  villa  de  Digamma  Cottage^ 
firent  bientôt  du  malheureux  écrivain,  harcelé  par  ses  créanciers,  la 
proie  des  hommes  de  loi.  C'est  là  l'un  des  épisodes  les  plus  lamen- 
tables de  cette  histoire. 

Foscolo  mena  en  Angleterre  une  vie  extrêmement  laborieuse.  Il 
commença  beaucoup  de  travaux,  dont  bien  peu  furent  conduits  à 
bonne  fin.  De  la  séduisante  entreprise  d'une  grande  collection  des  prin- 
cipaux classiques  italiens,  il  ne  sortit,  comme  on  sait,  qu'une  édition 
de  la  Divine  Comédie,  publiée  d'ailleurs  longtemps  après  la  mort  de 
Focsolo,  par  les  soins  de  Mazzini  ;  seul,  le  célèbre  Discorso  sui  Testo 
délia  Divina  Commedia,  sorte  d'Introduction  à  cette  édition,  parut  du 


^22  

vivant  de  l'auteur.  Les  correspondances  conservées  dans  les  porte- 
feuilles de  la  Labronica  renferment  une  foule  de  détails  curieux  sur 
ces  projets  de  travaux,  sur  la  collaboration  de  Foscolo  à  diverses 
revues  anglaises,  sur  ses  rapports  avec  les  directeurs  de  ces  revues. 

La  grande  réputation  de  l'auteur  des  Ultime  lettere  de  Jacopo  Ortis 
et  des  Sepolcri  lui  avait,  dès  son  arrivée  en  Angleterre,  ouvert  bien 
des  portes.  La  haute  société  lui  avait  fait  le  meilleur  accueil.  Particu- 
lièrement intéressantes,  à  ce  point  de  vue,  sont  les  pages  consacrées 
aux  relations  de  l'exilé  italien  avec  John  Gam  Hobhouse,  plus  tard 
Lord  Broughton,  et  avec  Henry  Russell  et  sa  famille.  C'est  son  amour. 
non  partagé,  pour  Carolina  Russell  qui  lui  a  inspiré  ses  Saggi  sul 
Petrarca.  «  indubitablement  l'un  des  plus  beaux  fragments  de  la 
production  critique  de  Foscolo  »  pendant  cette  période  de  sa  vie. 

La  troisième  et  dernière  partie  du  livre  a  pour  objet  quelques  écrits 
politiques  de  Foscolo,  qui  parurent  sous  forme  d'articles  dans  la 
Revue  d Edimbourg .  Les  matériaux  du  premier  de  ces  articles,  sur 
Pie  VI,  avaient  été  fournis  à  Fauteur  par  un  certain  Nicolo  Pornice. 
dont  la  personnalité  était  restée  assez  mystérieuse.  M.  Viglione  a  eu 
le  mérite  de  découvrir  que,  sous  ce  pseudonyme,  se  cachait  un 
homme  assez  au  courant  des  choses  de  Rome,  F.  Mami.  Mais  ce  qui 
est  dit  de  Pie  VI  dans  ce  chapitre  appellerait  plus  d'une  réserve. 

On  trouvera,  à  la  fin  du  volume,  une  utile  table  des  articles  de 
Foscolo  insérés  dans  des  revues  anglaises  ;  sept  périodiques  d'Outre- 
Manche  ont  pu  s'honorer  de  sa  collaboration. 

Ce  livre,  un  peu  touffu,  où  sont  reproduits  de  très  nombreux  frag- 
ments de  la  correspondance  de  Foscolo,  en  italien,  en  français  ou  en 
anglais,  abonde  en  renseignements  nouveaux  ou  peu  connus,  non 
seulement  sur  Foscolo  lui-même,  mais  sur  le  milieu  dans  lequel  il  a 
vécu  pendant  onze  années  ;  et  les  historiens  de  la  société  anglaise  au 
commencement  du  xix*  siècle  pourront  en  tirer  grand  profit. 

L.   ÂUVKAY. 


I..a  PôniuKule  balkanique.  Géographie  humaine,  par  Jovan  Cvi.tu':. 
Paris,  Colin,  l!)18,  gr.  in-8  de  vni-530  p.,  avec  31  caries  et  croquis  dans 
le  texte  et  9  cartes  hors  texte.  —  Prix  :  17  fr. 

Après  tant  de  livres  de  propagande  sur  les  questions  balkaniques, 
on  est  heureux  de  pouvoir  saluer  enfin  un  ouvrage  sérieux  où  les  faits 
sont  présentés  sans  la  préoccupation  d'une  thèse  à  établir  et  où  le 
laisonnement  s'appuie  sur  des  arguments  purement  scientifiques, 
<lr)nnanl  loule  satisfaction  à  l'esprit.  M.  Cvijic,  tout  en  ne  sedissimu- 
lanl  pas  qu'il  est  difficile  en  ce  moment  de  parler  de  toutes  questions 
;»vec  impartialité,  annonce  dans  sa  Préface  qu'il  s'est  efforcé  de  rester 
toujours  dans  hi  vérité  scionUfique.  Il   y  a  réussi,  et  celle  objectivité. 


—  123  — . 

jointe  à  la  valeur  propre  de  son  travail,  en  fait  une  œuvre  des  plus 
intéressantes.  II  s'est  proposé  l'étude  de  la  géographie  humaine  de  la 
péninsule  balkanique,  en  y  faisant  une  part  très  large  aux  questions 
relevant  de  la  sociologie.  S'il  est  une  région  à  la  connais.sance  de 
ia([uelle  une  pareille  étude  soit  indispensable,  c'est  bien  celle  qui 
.s'étend  de  la  Save  et  du  Danube  à  l'Adriatique  et  à  la  mer  Egée,  et 
qui  s'appela  péninsule  hellénique,  byzantine,  illvrienne,  jusqu'au 
jour  où  un  géographe  allemand,  s'inspirant  de  la  conception  fausse 
d'une  chaîne  centrale  qui  en  formait  en  quelque  sorte  l'ossature,  lui 
donna,  en  1808,  le  nom  de  péninsule  des  Balkans,  sous  lequel  elle 
est  aujourd'hui  désignée. 

Le  Livre  premier  est  consacré  au  milieu  géographique  et  à  l'homme. 
Il  passe  en  revue  les  principaux  caractères  géographiques  du  pays,  sa 
division  en  régions  naturelles,  les  influences  géographiques  et  les 
événements  historiques  qui  ont  déterminé  la  formation  sociale  des 
populations.  Il  s'étend  longuement  sur  les  migrations.  L'auteur  intro- 
duit à  ce  propos  un  terme  spécial  et  les  désigne  sous  le  nom  de  mou- 
vements me/a/msas/Zr/ae^  ('du  grec  'j.E'.ava'T'.a':'.:  qui  signifie  changement 
d'habitat).  Question  des  plus  importantes  en  effet.  Elle  a  été  étudiée 
en  détail  par  M.  Cvijic,  qui.  avec  l'aide  de  nombreux  collaborateurs, 
a  poursuivi  non  seulement  en  Serbie  et  en  Macédoine,  mais  dans  les 
pays  yougo-slaves  de  l'Autriche-Hongrie  une  grande  enquête  sur  les 
migrations,  si  bien  qu'il  a  pu  dresser  une  carte  de  200.000°  montrant 
l'origine  de  chaque  famille,  dans  presque  tous  les  villages  de  Serbie. 

Un  des  chapitres  les  plus  intéressants  est  celui  où  sont  exposées  les 
conséquences  des  migrations,  l'adaptation  sociale  des  nouveaux  arri- 
vants, la  formation  de  groupes,  de  variétés  et  de  types  psychiques 
nouveaux.  Il  n'est  pas  consacré  moins  de  six  chapitres  à  l'examen 
des  principaux  faits  sociologiques  :  propriété  rurale,  occupations 
et  genre  de  vie,  emplacement  et  types  des  installations  humaines, 
urbaines  et  rurales,  types  des  maisons  qui  varient  avec  les  régions. 
Dans  toute  cette  partie.  le  texte  est  illustré  par  des  croquis  donnant 
l'aspect  spécial  de  chaque  genre  d'habitations. 

Le  Livre  second  étudie  les  caractères  psychiques  des  Yougoslaves, 
montre  leur  unité  ethnique,  puis  passe  en' revue  les  différents  types. 
L'auteur  les  classe  en  quatre  groupes  :  type  dinarique,  type  central, 
type  balkanique  oriental,  type  pannonique.  Cette  classification  est 
fondée  surtout  sur  les  caractères  psycho-physiologiques,  reconnus  par 
l'observation  directe  et  indirecte. 

Il  a  raison  de  dire  à  ce  propos  que  la  valeur  de  cette  méthode  dé- 
pend des  qualités  de  l'observateur  et  surtout  de  sa  justesse  d'esprit. 
Les  résultats  obtenus  nous  donnent  tout  lieu  d'admettre  qu'il  était 
parfaitement  qualifié  pour  se  tirer  heureusement  de  cette  tâche  extrè- 


—  124  — 

memeut  délicate.  Il  a  utilisé  aussi  dans  les  meilleures  conditions  le 
folklore,  la  méthode  historique,  les  études  linguistiques  et  anthropo- 
logiques. Tous  ceux  des  lecteurs  de  M.  Cvijic  qui  connaissent  les 
questions  balkaniques  pour  les  avoir  étudiées  sur  place  rendront 
hommage  à  la  conscience  et  à  la  sincérité  de  son  travail,  comme  à 
l'exactitude  des  conclusions  qu'il  en  tire. 

Signalons  particulièrement  dans  cette  partie  les  chapitres  con- a- 
crés  aux  types  central  et  oriental,  à  leurs  caractères  psychiques,  aux 
courants  spéciaux  de  pensées  et  de  sentiments  qui  s'y  produisent. 
Nous  y  trouverons  les  indications  les  plus  précieuses  pour  mieux 
comprendre  la  question  macédonienne,  qu'il  faudra  pourtant  bien  se 
décider  à  aborder  en  face  au  congrès  de  la  paix,  pour  la  régler  dans 
un  sens  conforme  aux  réalités.  Gomme  nous  l'avons  dit,  M.  Cvijic  a 
su  se  garder  du  parti  pris.  Dans  le  portrait  qu'il  trace  du  Bulgare, 
il  insiste  surtout,  très  justement,  croyons-nous,  sur  son  caractère 
positif  et  réaliste,  qui  le  distingue  du  Serbe  idéaliste  et  même  mys- 
tique. 11  n'hésite  pas  d'ailleurs  à  rattacher  les  Bulgares  à  la  grande 
famille  yougoslave,  malgré  leurs  mélanges  avec  divers  peuples  d'ori- 
gine toiiranienne. 

Ajoutons  enfin  que  ce  livre  n'est  pas  seulement  un  utile  et  solide 
instrument  de  travail  ;  il  plaira  encore  aux  lecteurs  curieux  d'une 
documentation  sérieuse,  mais  agréablement  présentée. 

Les  cartes  sont  parfaitement  claires.  Il  manque  une  table  des  noms 
propres  pour  faciliter  les  recherches.  A.  T. 


Histoire  anoieiiiie  de  l'Afrique  du  nord,  par  Stéphane  Gsell.  T.  II. 
L'Étal  curlliagiiiuLs.  T.  III.  Ulsloire  militaire  de  Carthage.  Paris,  Hachette, 
1918,  2  vol.,  gr.  in-8  de  475  et  424  p.  —  Prix  du  volume  :  10  fr. 

Après  la  description  géographique  de  l'Africjue  du  nord  dans  l'an- 
tiquité, un  essai  sur  les  temps  primitifs  dans  cette  contrée,  l'histoire 
critique  de  la  colonisation  phénicienne  en  Afrique  et  de  la  fondation 
de  Carthage,  qui  formaient  la  matière  du  tome  premier,  l'auteur 
consacre  les  deux  volumes  récemment  parus  à  la  Carthage  punique. 
Le  tome  deuxième  traite  de  la  ville  de  Carthage,  de  ses  possessions 
en  Afrique,  du  gouvernement  carthaginois  et  de  l'histoire  intérieure 
de  Carthage,  de  l'armée  et  de  la  marine  de  guerre.  Le  troisième  de 
l'histoire  militaire  jusqu'à,  et  y  compris,  la  destruction  de  Carthage. 
S'il  nous  est  permis  de  risquer  une  critique  au  sujet  du  plan  d'un 
ouvrage  composé  avec  autant  de  soin  que  de  science,  il  nous  semble 
que.  au  lieu  d'être  intercalée  entre  la  description  des  institutions 
politi(jues  et  celle  de  l'armée,  l'histoire  intérieure  eût  été  mieux  à  sa 
place  après  un  exposé  complet  des  institutions,  Évidemment,  le  plan 
ne  muiupic  pas  de  logicjue,  l'histoire  intérieure  étant  plus  parliculiè- 


—  125  — 

rement  liée  aux  institutions  politiques,  l'iiisloire  militaire  aux  insti- 
tutions militaires,  et  c'est  là  sans  doute  le  motif  qui  a  détermine 
M.  Gseli.  Néanmoins  cette  partie  historique,  outre  qu'elle  coupe 
l'exposé  des  institutions,  ne  paraît  pas  assez  mise  en  valeur.  En  tout 
cas,  par  sa  nature  et  par  son  importance,  elle  eût  mérité  de  constituer 
un  livre  à  part.  Critique  légère,  au  demeurant,  puisque  le  parti  adopté 
peut  se  soutenir.  Nous  regrettons  aussi  que  l'auteur  n'ait  pas  cru 
devoir  terminer  chacun  de  ses  chapitres  sur  la  topographie  et  les  ins- 
titutions par  un  court  résumé  des  conclusions.  L'ouvrage,  toufTu,  y 
eût  certainement  gagné  en  clarté.  Et  puis  c'est  charité  aux  savants 
que  d'épargner  aux  professeurs  pressés,  pour  qui  un  travail  de  cette 
importance  est  destiné  à  devenir  un  guide,  la  recherche  minutieuse 
de  conclusions  éparses  —  et  même  charité  bien  ordonnée,  selon  le 
proverbe,  de  ne  pas  trop  négliger  le  lecteur  un  peu  nonchalant.  Tant 
d'hypothèses  ont  été  produites,  qui  sont  ici  discutées,  tant  d'obscu- 
rités, de  lacunes  subsistent,  dont  le  critique  rigoureux  et  prudent 
qu'est  M.  Gsell.  ne  fait  pas  mystère  ! 

La  topographie  de  la  ville  est  mal  connue.  On  s'accorde  à  placer  la 
citadelle  sur  la  colline  de  Saint-Louis  et  c'est  à  peu  près  tout  ce  qu'on 
peut  affirmer.  Une  triple  ligne  de  défense  protégeait  toute  la  largeur 
de  l'isthme.  Une  simple  ligne  partout  ailleurs.  Il  y  avait  deux  ports, 
l'un  marchand,  l'autre  militaire,  et  le  nom  de  Colhoii  s'applique  à 
l'ensemble.  M.  Gsell  en  détermine  l'emplacement.  Il  est  vraisemblable 
qu'il  en  existait  d'autres.  L'alimentation  de  la  ville  en  eau  paraît  avoir 
été  insuffisante.  Le  nombre  des  habitants,  700.000  selon  Polybe,  au 
début  de  la  troisième  guerre  punique,  est  invéïifiable.  On  ignore  les 
limites  du  territoire  que  s'était  constitué  Carthage  au  v'  siècle.  Des 
habitants  de  l'empire,  les  uns  étaient  appelés  Lybiens,  c'étaient  les 
sujets  vivant  en  territoire  annexé,  les  autres,  Numides,  non  sujets, 
plus  ou  moins  soumis  ou  alliés.  Carthage  eut  des  colonies  sur  les 
côtes  mêmes  de  l'Atlantique.  En  eut-elle  à  l'intérieur  .^ 

On  n'a  sur  le  gouvernement  de  Carthage  que  de  maigres  rensei- 
gnements. Les  Anciens  s'accordaient  à  le  louer.  Il  se  rapprochait  de 
ceux  de  la  Grèce,  de  celui  de  Sparte  notamment,  et  de  Rome.  C'était 
un  gouvernement  mixte.  Cependant  l'aristocratie  y  était  prépondé- 
rante, la  richesse,  fondée  sur  le  commerce,  l'industrie,  la  propriété 
foncière,  puissante.  Les  Carthaginois  semblent  avoir  été  en  somme 
satisfaits  de  leur  sort.  Mais  l'aristocralie  était  jalouse,  redoutait  sur- 
tout les  ambitions  personnelles,  ce  qui  causa  souvent  du  malaise.  La 
cupidité  des  nobles,  maîtres  de  l'administration,  nuisait  aux  finances. 
La  crainte  de  compromettre  la  richesse  privée  imprima  une  certaine 
timidité  à  la  politique  carthaginoise. 

Il  y  avait  deux  rois  annuels.  Ce  sont  les  sufèles,  terme  qui  s'ap- 


—  126  — 

plique  aussi  à  d'autres  magistrats.  On  peut  les  comparer  aux  consuls. 
Ils  étaient  élus  sans  doute  par  l'Assemblée  du  peuple.  Les  autres 
magistrats  sont  mal  connus.  Les  juges  constituaient  un  ordre  très 
puissant.  Il  y  avait  un  Sénat,  et  puis  dans  le  Sénat,  un  Conseil.  Sa 
compétence  paraît  avoir  été  illimitée.  Beaucoup  d'incertitudes  sub- 
sistent pour  le  détail.  L'Assemblée  du  peuple  tranchait  en  dernier 
ressort  et  délibérait,  mais  seulement  des  questions  qui  lui  étaient 
soumises  par  les  Sufètes  et  le  Sénat. 

((  Comme  Rome  avant  les  Césars.  Carthage  avec  un  empire  garda 
les  institutions  d'une  Cité.  »  Elle  fit  peu  de  frais  pour  Ladministra- 
tion  de  l'empire,  la  restreignit  aux  mesures  nécessaires  pour  mainte- 
nir sa  domination,  assurer  la  rentrée  des  impôts,  la  levée  des  con- 
tingents. Égoïste  et  dure,  elle  se  fit  détester.  Les  colonies  phéniciennes 
elles-mêmes  ne  lui  furent  fidèles  que  lorsqu'elles  croyaient  à  son 
succès.  Les  Numides  la  haïssaient. 

M.  Gsell  justifie  le  système  des  mercenaires  par  le  petit  nombre 
des  citoyens  et  la  nécessité  d'assurer  les  sources  de  la  richesse  et  le 
fonctionnement  de  la  domination. 

Avec  le  tome  troisième,  nous  sommes  en  plein  dans  l'histoire  pro- 
prement dite.  Mais  l'auteur  n'oublie  pas  qu'il  est  l'historien  de 
l'Afrique  du  nord.  C'est  pourquoi,  des  guerres  puniques,  par  exemple, 
il  insiste  surtout  sur  la  partie  de  la  seconde  qui  a  pour  théâtre 
l'Afrique,  et  sur  la  troisième. 

Nous  ne  pouvons  que  signaler  la  valeur  et  le  très  vif  intérêt  des 
chapitres  consacrés  à  Agathocle,  à  la  guerre  des  mercenaires,  à  Sci- 
pion  et  Annibal,  à  Carthage,  Rome  et  Masinissa.  Dans  ces  pages  dra- 
matiques, la  manière  de  lérudit  s'élève  au  style  de  la  grande  histoire 
et  l'écrivain  s'affirme. 

Nous  attirerons,  pour  terminer,  l'attention  du  lecteur  sur  la  sûreté 
que  doit  l'historien  à  l'archéologue,  familier  autant  que  qui  que  ce 
soit  avec  les  lieux  dont  il  parle  et  les  vestiges  antiques. 

André  Baudrillart. 


La  Uéforme  à  Moiitpellier,i  par  M""  L.  Guihaud.  Montpellier.  Inipr. 
gcm'Talc  du  Midi.  1918.  2  vo!.  in-8  de  SIC  cl  Go8  p.,  avec  planches  et 
cartes.  (T.  M  et  VII  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpel- 
lier. 2'  série). 

M"*  L.  Guiraud,  qui  était  déjà  connue  par  des  travaux  historiciues 
estimés,  a  pu.  avant  de  mourir,  terminer  le  grand  ouvrage  qui  avait 
occupé  une  partie  de  sa  vie  :  l'histoire  de  la  Ré/orme  à  Montpellier. 
C'est  une  publication  très  considérable,  faite  avec  une  grande  sûreté 
de  méthode,  une  connaissance  approfondie  des  sources  imprimées  et 
inédites  et  qui  s'appuie  sur  un  volume  entier  de  pièces  justificatives. 


—  127  — 

de  chroniques,  dont  la  principale  est  l'Histoire  des  troubles  du  Lan- 
^ae'ïoc  de  Jean  Philippi,  imparfaitement  connue,  et  sur  l'auteur  de 
laquelle  M"-  Guiraud  a  donné  une  très  complète  notice.  L  ac  table 
([('taillée  des  documents  publiés  se  trouve  à  la  fin  du  second  volume. 
(^)uant  au  premier,  le  plus  important,  c'est  l'iiistoire  du  pays  mont- 
pellicrain  pendant  près  de  deux  siècles,  tout  remplis  de  luttes  intes- 
tines, d'excès  et  de  crimes,  d'autant  plus  multipliés  que  les  deux 
partis  sont  successivement  vaincus  ou  triomphants.  Toute  cette  ré- 
gion du  Bas-Languedoc  a  été,  eu  efîet,  envahie  de  bonne  heure  par 
les  doctrines  protestantes,  qui  trouvaient  un  appui  très  solide  à 
Nîmes,  à  Uzès,  à  .\lais,  dans  les  Cévennes,  et  dont  les  adeptes  ne  ces- 
sèrent d'être  en  rapport  avec  Genève  et  Calvin. 

L'origine  en  a  été  tout  intellectuelle  ;  c'est  la  fameuse  école  de  mé- 
decine de  Montpellier  où  l'hérésie  prit  en  quelque  sorte  naissance  ; 
ce  sont  les  étudiants  de  toutes  sortes  qui  l'ont  développée  ;  c'est  le 
clergé  même  qui  l'a  un  moment  favorisée,  non  pour  changer  le 
dogme,  mais  dans  la  pensée  de  détruire  les  abus  considérables  intro- 
duits particulièrement  dans  les  couvents  d'hommes  et  de  femmes, 
qui  semblent  avoir  été  peu  populaires.  Il  y  eut  chez  les  protestants 
des  chefs  habiles,  comme  ce  Claude  Baduel.  Il  se  trouva  un  évêque, 
très  intellectuel  et  assez  débauché,  qui  sembla  d'abord  favoriser  la 
Réforme,  pour  redevenir  bientôt  un  habile  soutien  du  catholicisme, 
comme  il  avait  été  un  remarquable  ambassadeur  de  France  à  Venise, 
Guillaume  Pellicier,  dont  M"°  Guiraud  avait  déjà  écrit  la  singulière 
histoire.  11  y  eut  des  gouverneurs  maladroits  et  violents,  comme  le 
marquis  de  Yillars  ;  il  y  en  eut  d'avisés  et  de  modérés  comme  Guil- 
laume de  Joyeuse,  grâce  auquel  la  Saint-Barlhélemy  ne  fit  aucune 
victime  à  Montpellier.  Il  est  impossible  de  rappeler  toutes  les  vicis- 
situdes des  guerres  de  religion  dans  ces  pays  de  fanatisme  et  de  vio- 
lences, où  la  religion  n'était  de  part  et  d'autre  qu'un  prétexte  pour  se 
venger  de  ses  ennemis.  Ce  sont  du  reste  les  protestants  qui  commirent 
les  plus  grands  excès  ;  et  les  catholiques  eurent  le  rare  mérite  de  se 
reconstituer  avec  persévérance  et  courage,  en  opérant  sur  eux-mêmes 
une  vraie  réforme,  dont  le  tableau  détaillé  est  une  des  parties  les  plus 
intéressantes  de  l'ouvrage. 

Ajoutons  que  ces  deux  gros  volumes  se  terminent  par  deux  ipdex 
qui  n'occupent  pas  moins  de  cent  cinquante  pages  et  qui  donnent  sur 
les  personnes  et  les  lieux  toutes  les  identifications  désirables.  Comme 
l'histoire  générale  est  constamment  mêlée  aux  événements  locaux  et 
que  les  grands  personnages  du  xvi^  siècle  sont  fréquemment  cités 
dans  ces  pages,  on  peut  comprendre  l'intérêt  qu'il  y  a  à  consulter  un 
semblable  répertoire,  tout  provincial  qu'il  soit. 

G.   BAGUENA.ULT   DE  PlGHESSE. 


—  128  — 

Tie  et  œuvres  de  la  bienheureuse  Marcjuerîte-Marîe  Alacoque. 

Publication  du  monastère  de  la  Visitation  de  Paray-le-Monial.  3°  édition 
totalement  refondue  et  notablement  augmentée,  par  les  soins  de  Mgr 
Gauthi:\,  archevêque  de  Besançon.  Paris,  J.  de  Gigord,'  1915,  3  vol. 
in-8  de  640.  861  et  7:20  p.  —  Prix  ;  22  fr.  50. 

Cet  ouvrage  porte  un  titre  qui,  au  premier  abord,  peut  induire  en 
erreur,  en  laissant  croire  qu'il  contient  une  biographie  de  Marguerite- 
Marie  Alacoque  écrite  par  Mgr  Gauthey.  En  réalité  par  «  Vie  »  il 
faut  entendre  :  1°  une  «  Vie  de  notre  vénérable  sœur  Marguerite-Ma- 
rie Alacoque  composée  par  deux  religieuses  ses  contemporaines  »  ; 
2"  une  «  Vie  de  la  bienheureuse  Marguerite-Marie  Alacoque  écrite  par 
elle-même  »  ;  3°  une  longue  série  de  documents  les  plus  divers  renfer- 
mant tous  les  éléments  d'une  histoire  très  complète  et  très  détaillée 
•de  la  bienheureuse.  Du  reste  Mgr  Gauthey  n'est  l'auteur  que  de  cette 
troisième  édition.  Les  deux  précédentes  avaient  été  publiées,  en  1867 
et  en  1876,  par  les  religieuses  de  la  Visitation  de  Paray.  C'est  pour 
remplacer  celles-ci,  qui  sont  complètement  épuisées  et  qui  d'ailleurs 
sont  loin  de  répondre  aux  exigences  de  la  critique  moderne,  que 
l'éminent  prélat  a  entrepris  une  refonte  de  ce  recueil  et  en  a  fait,  par 
les  très  nombreuses  additions  dont  il  Ta  enrichi,  une  véritable  somme 
de  tous  les  documents  à  l'aide  desquels  on  peut  se  faire  une  idée 
exacte  de  ce  que  fut  Marguerite-Marie  Alacoque  et  du  rôle  considéra- 
ble qu'elle  a  joué  dans  la  diffusion  de  la  dévotion  au  cœur  de  Jésus. 
On  ne  devra  donc  pas  chercher  dans  cet  ouvrage  l'opinion  de  Mgr 
Gauthey  sur  des  questions  si  discutées  actuellement,  telles  que  la 
grande  Promesse  et  le  drapeau  du  Sacré-Cœur,  mais  on  y  trouvera, 
sous  une  forme  absolument  authentique,  tous  les  textes  qui  ont  été  le 
point  de  départ  de  ces  discussions.  C'est  vers  1904  que  Mgr  Gauthey, 
alors  vicaire  général  d'Autun,  a  commencé  ce  travail  considérable, 
que  ses  écrasantes  occupations,  lorsqu'il  fut  devenu  évèque  de  Nevers, 
puis  archevêque  de  Besançon,  ne  lui  ont  permis  de  terminer  qu'en 
1915.  Combien  de  fois  le  P.  llamon,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  qui 
nous  a  donné  en  1907  une  excellente  Vie  de  la  bienheureuse  Margue- 
rile-Marie,  n'a-l-il  pas  regretté  que  l'ouvrage  de  Mgr  Gauthey  ne  fût 
pas  achevé  plus  tôt!  Sil  l'avait  eu  entre  les  mains,  combien  de 
pages  de  son  livre  il  aurait  pu  écrire  autrement  !  A  l'avenir  personne 
ne  pourra  rédiger  quoi  que  ce  soit  de  sérieux  sur  Marguerite-Marie  Ala- 
coque ni  sur  la  dévotion  au  Sacré-Cœur,  sans  avoir  recours  à  l'œuvre 
que  le  savant  archevêque  de  Besançon  a  pu  enfin,  nous  devons  en 
remercier  la  Prf)vi(loiice,  faire  paraître  peu  de  temps  avant  sa  mort. 
L'indication  sui\aiilc  du  contenu  de  ces  trois  gros  volumes  en  dé- 
montrera l'extrême  importance.  Le  premier  renferme  tous  les  écrits 
sur  la  bienheureuse  ayant  pour  auteurs  des  religieuses  ses  contem- 
jjuraines,  ainsi  (jue  toutes  les  informations  faites  eu  1715  pour  servir 


-  i;i9  - 

'de  base  à  la  cause  de  sa  béatification.  Dans  le  deuxième  sont  réunies 
toutes  les  œuvres  de  Marguerite- Marie,  c'est-à-dire  son  autobiogra- 
phie, un  mémoire  composé  par  ordre  d'une  de  ses  supérieures,  toutes 
ses  lettres,  des  avis  aux  novices  placées  sous  sa  direction,  des  prières, 
des  cantiques,  des  fragments  divers,  etc.  Enfin  on  trouve  dans  le 
troisième  toutes  les  pièces  concernant  la  cause  de  béatification  et  de 
canonisation  de  la  servante  de  Dieu,  de  nombreuses  notices  sur  le 
monastère  de  Paray  où  elle  a  vécu,  ainsi  que  sur  ses  supérieures,  ses 
•compagnes  et  ses  correspondantes,  et,  pour  clore,  une  longue  série 
-de  précieux  renseignements  sur  sa  famille  et  sur  son  pays. 

Léon  Clugnet. 


Mémoires    authentiques    du    maréclial    de    Richelieu    (1725- 

1757),  publiés  d'après  le  manuscrit  original  pour  la  Sociétf  de  l'his- 
toire de  France,  par  A.  deBoislisle.  Paris,  Société  de  l'histoire  de  France, 
1918,  in-8  de  xcv-260  p.  —  Prix  :  12  fr. 

«  On  ne  connaissait  »,  jusqu'à  présent,  de  ces  «  fragments  »  de 
mémoires,  que  des  passages  défigurés  par  les  maquillages  déloyaux 
de  Soulavie  et  d'autres  écrivains  de  sa  sorte  ».  M.  Arthur  de  Boislisle 
avait,  dès  4868,  pris  copie,  dans  les  archives  des  héritiers  du  maré- 
chal de  Richelieu,  du  document  authentique  publié  aujourd'hui  par 
MM.  Jean  de  Boislisle  et  Léon  Lecestre  avec  les  soins  qu'on  peut  tou- 
jours attendre,  d'eux.  Le  savant  éditeur,  quoique  détourné  depuis 
lors,  par  les  grands  travaux  connus  de  tout  le  monde  érudit,  d'un 
sujet  qui  l'avait  particulièrement  intéressé  tout  d'abord,  ne  l'avait 
jamais  perdu  de  vue,  et  il  s'en  était  occupé  de  nouveau  dans  ses  der- 
nières années.  11  avait  revisé  l'Introduction,  écrite  en  1873.  qui  com- 
prend quatre  importants  chapitres  bibliographiques  :  I.  Soulavie  et 
ses  publications  historiques  ;  II.  Soulavie  et  les  Mémoires  du  maré- 
-chal  de  Richelieu  ;  III.  La  Vie  privée  du  maréchal  de  Richelieu  [par 
Jean-Benjamin  de  Laborde]  ;  IV.  Les  Papiers  du  maréchal  de  Riche- 
lieu et  le  manuscrit  des  Mémoires  authentiques. 

Les  fragments  de  ces  Mémoires  authentiques  ont  pour  titres  :  Le 
duc  de  Richelieu  ambassadeur  à  Vienne  (1725)  ;  Commandement  en 
Languedoc  (1738)  ;  Mesdames  de  Mailly,  de  Vintimille  et  de  Château- 
roux  (1740-1744)  ;  Négociation  secrète  avec  la  Prusse  (1744)  ;  Le  Roi 
■à  Metz  :  sa  maladie  (1744)  ;  Bataille  de  Fontenoy  (1745)  ;  Mission  à 
Dresde  (1746-1747)  ;  Commandement  à  Gènes  (1748)  ;  Expédition  de 
Minorque  (lloQ)  ;  Ditgrâce  du  comte  d'Argenson  (I757j  ;  L'Abbé  de 
Bernis  (1757)  ;  Closter-Seven  (1757)  ;  Note  autographe  biographique 
du  maréchal. 

Suivent  ces  Appendices  :  Le  Duc  de  Richelieu  et  l'Alchimie.  Deux 
lettres  du  duc  de  Richelieu.  Le  Duc  de  Richelieu  à  Gênes.  Letires  du 
Février  1919.  T.  CXLV.  9. 


--  130  -- 

maréchal  de  Belle-lsle  au  duc  de  Richelieu.  Inslruclion  relative  auj^ 
protestants.  Lettre  de  Soulavie  à  Necker. 

On  jugera  peut-être  comme  nous  que  ce  quia  trait  aux  rapports 
intimes  de  l'auteur  avec  le  cardinal  de  Fleury,  puis  avec  le  roi 
Louis  XV  et  ses  favorites,  est  ce  qui  offre  le  plus  d'intérêt  dans  ces 
Mémoires,  avec  les  précieuses  annotations  dont  le  savant  éditeur  les 
a  accompagnés.  H.  i>e  L. 

La  Jeunesse  de  Joseph  Joubert,  par  André  Beaunieu.  Paris,  Perrin, 
1918,  in-16  de  xi-349  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

•  Joubert  a  laissé  peu  de  chose  en  somme,  ses  écrits  sont  courts  et 
c'est  derrière  lui  qu'on  a  recueilli  ses  «  Pensées.  »  Sa  juste  réputation 
est  acquise  par  quelques  traits  remplis  de  finesse,  d'élévation  morale, 
de  sensibilité  et  de  délicate  rêverie.  C'est  du  dilettantisme  et  de  la 
quintessence.  Il  reste  un  moraliste  sobre  et  raffmé.  On  penserait  donc 
volontiers  que  sa  vie  littéraire  et  c  spirituelle  »  serait  facilement  résu- 
mée en  quelques  pages-  En  l'étudiant,  M.  Beaunier,  par  ses  recherches 
personnelles  et  ses  broderies,  nous  donne  au  contraire  et  nous  don- 
nera —  il  le  promet  —  d'abondantes  digressions.  On  peut  dire  dès 
maintenant  que  nous  en  éprouvons  une  certaine  surprise,  qu'il  y  a 
là  un  manque  de  proportions,  par  suite  desapparences  de  longueurs, 
des  inutilités  sans  doute.  Dès  la  Préface,  l'auteur  nous  prévient  qu'il 
marchera  à  u  petits  pas  »,  qu'il  rédige  une  «  biographie  attentive  » 
où  il  peindra  «  non  Joubert  tout  seul,  mais  son  temps  et  ses  amis.  » 
Il  tient  sa  promesse  avec  abondance,  au  prix  de  lectures  multipliées 
et  à  la  suite  de  recherches  patientes,  contrôlées  sans  épargner  ses 
soins.  C'est  un  fourmillement  de  personnages  évoqués,  identifiés, 
une  nomenclature  sortie  de  l'oubli  où  s'il  se  rencontre  çà  et  là  quelques 
dates  faussées,  quelques  noms  estropiés,  c'est  par  de  simples  erreurs 
d'impression.  Le  premier  chapitre  sur  «  l'Enfance  et  l'adolescence  » 
dans  ce  pays  du  Sarladais  qui  est  devenu  le  département  de  la  Dor- 
dogne  offre  une  charmante  peinture  de  la  vie  provinciale  de  la  petite^ 
bourgeoisie  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV.  Les  autres  chapitres  sont 
moins  agréables  à  lire,  et  dès  quele jeune  Joubert  arrive  à  Paris  })()iir 
chercher  fortune  littéraire,  il  entre  dans  un  monde  assez  interlope 
où  M.  Beaunier  nous  promène  avec  une  complaisance  pitlorescpie 
d'abord,  bientôt  monotone,  car  tous  ces  gens  sont  quelque  peu  cra-' 
puleux  et  plusieurs  beaucoup.  Restif  de  la  Bretonne  est  le  guide,  le 
centre,  le  trait  d'union  de  cette  société  polissonne  et  bohème.  L'im- 
pression en  demeure  pénible,  on  ne  se  figurait  pas  Joubert  parla.  De 
Diderot  qui  lui  fait  accueil,  on  nous  donne  une  image  très  flattée, 
par  contre  Fontanes,  son  intime  ami,  nous  apparaît  comme  un 
«  jouvenceau  »  fort  différent  du  personnage  représentatif  et  décoratif 


—  131   — 

qu'il  sera  aux  temps  de  TEmpiie  ou  de  la  Restauration.  Le  sage  Jou- 
bert  lui  aussi  poursuit  en  leur  compagnies  d'étranges  amours.  Eu 
somme  toutes  ces  révélations  d'infinis  détails  sont  curieuses,  mai5 
on  ne  peut  se  demander  ce  qu'elles  prouvent  et  où  elles  conduisent, 
sinon  à  nous  enlever  des  illusions.  Geoffroy  de  Ghandmaisov. 


The  Dntch  Repablic  and  the  American  ReTolntion,  by  Friedkicu 
Edleh.  Baltimore,  the  Johns  Hopkins  Press,  s.  d.,  in-8  de  252  p. 

Faire  l'histoire  des  rapports  qui  ont  existé  entre  la  république  des 
Frovinces-Unies  des  Pays-Bas  et  les  États-Unis  à  l'époque  de  la  guerre 
do  la  Révolution  d'.\mérique,  c'est  en  réalité  envisager  sous  un  aspect 
tout  particulier  l'histoire  de  cette  même  guerre,  et  d'un  point  de 
vue  auquel  on  ne  s'est  guère  placé  d'habitude.  Seuls  quelques  histo- 
riens néerlandais,  Colenbrander  et  Blok  entre  autres,  l'ont  fait  eo 
quelque  manière  ;  mais  personne  en  Amérique  n'avait  même  effleuré 
la  question  avant  M.  Friedrich  Edler.  Celui-ci.  sans  négliger  les  côtés 
militaires  et  économiques  du  sujet,  a  d'ailleurs  porté  surtout  son 
attention  sur  les  côtés  diplomatiques  ;  à  l'aide  des  documents  tirés 
des  différentes  archives  d'Europe  dont  les  copies  se  trouvent  aux 
États-Unis,  il  a  composé  un  travail  très  intéressant  et  qui  permet  de 
bien  comprendre  la  réelle  valeur  de  l'aide  donnée  par  les  Provinces- 
Unies  aux  Américains,  encore  que  cette  aide  ait  été  surtoulclandestine 
ouindirecte,  encorequelle  ait  été  souvent  basée  sur  des  principesabsa- 
lument  égoïstes.  —  Dans  son  livre  (qui  forme  le  fascicule  2  du 
tome  XXIX  des  Johns  Hopkins  l'niversily  sludies  in  historical  ana 
politicat  science),  M.  Edler  suit  minutieusement  l'évolution  des  rap- 
ports entre  les  deux  pays  ;  il  montre  comment,  par  suite  surtout  des 
agissements  de  l'.Angleterre,  les  Provinces-Unies,  après  avoir  gardé 
la  neutralité,  priis  manifesté  une  légitime  défiance  à  l'égard  de  l'An- 
gleterre, furent  amenées  à  devenir  ses  adversaires  déclarés.  Il  insiste, 
comme  il  est  naturel,  sur  la  Déclaration  des  neutres  du  26  février  1780 
et  sur  ses  conséquences  pour  les  Provinces-Unies,  mais  il  fait  plus  et 
mieux  en  expliquant  comment  ce  fut  en  quelque  sorte  la  dernière 
goutte  qui  fit  déborder  le  vase.  Les  Anglais  étaient  furieux  de  voir 
que  leur  politique  d'agression  à  l'égard  des  Néerlandais  ne  les  avait 
pas  intimidés,  et  qu'au  lieu  d'amener  la  cessation  des  rapports  entre 
la  république  des  Provinces-Unies  et  la  France,  elle  leur  avait  donné 
plus  de  force  ;  on  sait  comment  ils  s'en  vengèrent  et  ce  qui  en  résulta. 
—  Faut-il.  avec  M.  Edler  (p.  246),  considérer  les  Néerlandais  comme 
«  les  bienfaiteurs  des  États-Unis  et  de  la  France  »,  comme  «  les  véri- 
tables et  les  seules  victimes  de  la  Révolution  américaine  »  ?  Ce  sont 
là  des  conclusions  exagérées  l'une  et  l'autre  ;  nul  ne  pourra  jamais 
dire,  en  particulier,  combien  fut  néfaste,  au  point  de  vue  de  révolu- 


—  132   - 

tion  intérieure  de  la  France,  sa  coopération  de  1778  avec  les  Améri'- 
cains  du  nord.  Constatons  la  chose,  sans  perdre  notre  temps  à  le  déplo- 
rer et  félicitons  M.  Edler  de  son  travail.  Son  livre  est  plein  de  faits, 
de  renseignements  nouveaux,  d'indications  précises  (sur  les  pamphlets 
néerlandais  de  1780-1782,  sur  l'auteur  du  célèbre  pamphlet  Aan  het 
volk  van  Nederland,  par  exemple).  La  manière  dont  l'auteur  a  traité 
son  sujet  fait  de  son  livre  un  ouvrage  qui,  même  en  dehors  des  États- 
Unis,  sera  consulté  et  utilisé  avec  fruit  par  les  historiens  de  la  guerre 
de  l'Indépendance  américaiûe.  Hbnri  FROiDEvi.ux. 


Nos  Ancien»  à  Corfou.  SouTenlrs  de  l'alde-major  Lamare  Pic- 
QuoT  (1 707-1814),  publiés  et  annotés  par  Hubebt  Pernot.  Paris, 
Alcan,  1918.  in-18  de  x.256  p.  —  Prix  :  4  fr.  55. 

M.  Hubert  Pernot  a  été  très  heureusement  inspiré  en  publiant  les 
Mémoires  manuscrits  d'un  chirurgien  aide-major  du  premier  Empire, 
se  référant  à  l'occupation  française  des  îles  Ioniennes.  On  n'avait 
guère,  sur  cette  occupation,  en  dehors  des  traités  historiques  que  les 
souvenirs,  tirés  d'ailleurs  à  très  petit  nombre,  du  sous-lieutenant 
Remy  d'IIauteroche.  Lamare  Picquot  avait  dix-neuf  ans  quand,  étu- 
diant en  médecine  de  deuxième  année,  il  prit  le  chemin  d'Italie,  avec 
sa  commission  de  sous-aide-major  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  entrer 
dans  l'armée  des  îles  Ioniennes,  avec  Corfou  comme  destination.  Il 
devait  y  rester  jusqu'au  moment  de  la  reddition  dé  l'île  aux  Anglais, 
après  le  retour  des  Bourbons  sur  le  trône  de  France.  Il  a  laissé  de  son 
s<\jour  dans  Corfou  et  de  son  passage  relativement  court  à  l'armée 
d'Italie  des  Souvenirs  dont  M.  Pernot  nous  donne  les  parties  essen- 
tielles et  en  même  temps  les  plus  anciennes  ;  car  ces  Mémoires  ne 
paraissent  pas  avoir  été  rédigés  au  jour  le  jour  mais  seulement  à  une 
époque  postérieure  à  l'occupation  de  Corfou  et  à  titre  de  mémoran- 
dum. Les  événements  présents  augmentent  l'intérêt  déjà  très  vif 
qu'ils  offrent  par  eux-mêmes  à  divers  égards  ;  ils  seront  plus  spécia- 
lement encore  appréciés  par  ceux  que  les  hasards  de  la  mobilisation 
ont  fait  séjourner  dans  l'île  enchanteresse  qu'est  Corfou. 

J.-L.  DE  Sainte-Marie. 


Correspondances  du  siècle  dernier.  Un  Projet  de  mariage  du  duc 
d'Orléans  (I83G).  Lettres  de  Léopold  /er  de  Belgique  à  Adolphe  Thiers  (1S30- 
180^4).  Documents  inédits  publiés  avec  des  Avertissements  et  des  notes 
par  I^.  UE  Lanzac  de  Laboiue.  Paris,  Bcauchesne.  1918,  in-16  de  345  p.  — 
Prix  :  4  fr. 

Les  papiers  de  Thiers,  légués  par  M"'  Dosne  à  la  Bibliothèque 
nationale  et  mis  depuis  quelque  temps  à  la  disposition  dos  travail- 
leurs; sorit  une  précieuse  mine  pour  l'histoire  çontemporainç,,  M,,  .de 


\ 


—  133  — 

Lanzac  de  Lal^orio  en  a  extrait  pour  le  Correspondant  deux  séries  de 
lettres  qu'il  reproduit  aujourd'hui  en  un  \olurnc.  L'une  se  rapporte 
au  projet  de  niaria^^o  du  duc  dOrléans,  fils  de  Louis-Philippe,  avec 
une  archiduchesse  d'Autriche  et  comprend  la  correspondance  échangée 
sur  ce  sujet  en  1836  entre  Thiers,  alors  président  du  Conseil  et  ministre 
des  affaires  étrangères,  et  le  comte  de  Sainte-Aulaire,  ambassadeur 
de  France  à  Vienne.  Elle  a  été  complétée  par  une  collection  de  lettres 
de  la  reine  Marie-Amélie  et  du  duc  d'Orléans,  communiquée  par 
M.  le  vicomte  d'Harcourt.  L'autre  série  consiste  dans  les  lettres 
adressées  à  Thiers  de  1836  à  1864  par  Léopold  I",  roi  des  Belges. 
L'une  et  l'autre  sont  j)récédées  à' Avertissements  destinés  à  éclairer  le 
lecteur  de  ces  documents  et  à  en  replacer  les  auteurs  dans  leur  cadre 
historique  et  biographique.  On  remarquera  dans  la  seconde  série  les 
vues  et  jugements  sur  la  question  de  la  Succession  d'Espagne  (p.  242 
et  suiv.),  sur  la  question  d'Orient  (p.  253  et  suiv.),  sur  les  affaires 
d'Italie  (p.  284  et  suiv.l.  sur  les  affaires  d'Allemagne  (p.  295  et  suiv.) 
Un  «  Index  alphabétique  des  noms  de  personnes  d  augmente  l'utilité 
de  cette  publication,  nouveau  titre  de  M.  de  Lanzac  de  Laborie  à  la 
gratitude  du  public  lettré.  ^       M.  S. 


R.  W.  Emerson.  Autobiographie  d'après  son  «  Journal  intime.  «  Traduc- 
tion, Introduction  et  notes,  par  Régis  Michald.  T.  II.  18âl-lS76.  Paris, 
Colin.  1918,  in-16  de  vin-320  p.  —-Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  deuxième  volume  complète  l'autobiographie  extraite  et  traduite 
par  M.  Michaud  du  long  Journal  intime  d'Emerson.  Comme  le  pre- 
mier, il  se  compose  principalement  de  pensées  et  réflexions  notées 
au  jour  le  jour,  la  plupart  assez  courtes  et  portant  sur  des  sujets  très 
divers,  mais  généralement  liées  de  façon  plus  ou  moins  lâche  ou 
étroite  avec  cette  philosophie  à  la  fois  naturaliste  et  mystique  qu'on 
trouve  exprimée  de  façon  plus  suivie  dans  les  séries  successives  des 
Essais,  dans  les  Hommes  représentatifs,  dans  la  Conduite  de  la  vie, 
tous  ouvrages  publiés  entre  1841  et  1860.  Comme  dans  le  premier 
volume,  on  peut  suivre  ici  le  développement  graduel  des  idées  bien 
connues  sur  lesquelles  Emerson  a  fondé  sa  métaphysique  et  sa  mo- 
rale ;  en  matière  religieuse,  les  plus  hétérodoxes  de  ces  idées  s'ex- 
priment plus  franchement  que  dans  les  écrits  et  les  discours  où  le 
philosophe  avait  à  ménager  jusqu'à  un  certain  point  les  sentiments 
chrétiens  de  ses  lecteurs  ou  de  son  auditoire.  Quelques  traits  assez 
curieux  se  rencontrent  dans  les  brèves  notes  de  voyage  en  Angleterre 
et  en  France.  La  traduction  de  M.  Michaud,  faite  avec  soin,  est  exacte 
et  bien  écrite.  A.  Barbeau. 


—  134  — 

Une  Famille  au  dix-neuvième  siècle.  1870-1 900.  Notes  pour 
servir  à  l'élude  de  la  bourgeoisie,  par  A.-J.-.\.  Lobrt.  Paris,  Berger-Lo- 
vrault,  1918.  in-i6  de  x-182  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  livre  est  dédié,  comme  à  un  maître,  à  Maupassant.  Et  c'est  bica 
un  disciple,  personnel  au  reste,  du  maître  romancier,  du  maître 
novelliste,  si  délié,  qui  a  écrit  les  pages  que  nous  tenons  là.  L'ironie 
du  maître  est,  me  semble-t-il,  doucement  atténuée  et  la  pensée  me 
semble  autrement  droite  qu'elle  ne  l'est  assez  souvent  chez  Maupas- 
sant. 

Que  le  sous-titre  soit  un  peu  important,  cela  est  possible  ;  mais,  si 
la  couverture  eût  pu  gagner  en  simplicité  à  ne  pas  le  formuler,  nous 
conviendrons,  à  la  lecture  de  l'ouvrage,  que  cette  histoire  d'un  mi- 
lieu moyen,  où,  avec  plus  de  vivacité,  se  retrouve  le  charme  d'un 
René  Bazin  autant  et  plus  que  d'un  Maupassant,  est  bien  la  chronique 
d'une  famille  française,  de  la  famille  française,  observée  finement  à 
une  époque  assez  intermédiaire,  un  peu  terne,  mais  caractéristique 
cependant  dxi  génie,  prudent  et  avisé,  d'un  compartiment,  et  non  des 
moins  actifs,  de  notre  société  française  discrète  et  variée,  courageuse 
jusque  dans  la  résignation. 

Il  y  a  peut-être  des  traits  ou  appréciations  demandant  quelques 
réserves,  mais  combien  l'ensemble  est  aisé  à  lire  et  a  d'esprit! 

Louis  Théron  de  Montaugé. 


/ 


L'État  et  la  Xatalité,  par  le  marquis  de  Roux.  Paris,  Nouvelle  Librai- 
rie nationale,  1918,  in-16  de  288  p.  —  Prix:  3  fr.  50. 

Que  peut  l'État,  pour  relever  la  natalité?  Beaucoup  de  choses;  et 
M.  de  Roux  passe  en  revue  les  réformes  proposées  et  les  discute  avec 
beaucoup  de  mesure  et  de  bon  sens.  Nous  sommes  obligés  de  nous 
borner  à  signaler  les  plus  importants  des  points  où  nous  avons  le 
plaisir  de  nous  trouver  d'accord  avec  lui,  ou  bien  au  contraire  où 
nous  ferions  des  réserves.  A  propos  de  la  correctionnalisalion  de  l'avor- 
lement,  M.  de  Roux  veut  bien  faire  allusion  à  notre  brochure  Contre 
la  dépopulation,  mais  rend  un  peu  inexactement  notre  pensée.  La 
correctionnalisalion  nous  paraît  fâcheuse,  non  pas  parce  que  la  peine 
en  serait  abaissée,  mais  parce  qu'à  notre  avis  la  peine  légèi'e  ne  serait 
pas  plus  appliquée  en  fait  qu'aujourd'hui  la  peine  rigoureuse.  11  y 
aurait  un  peu  de  naïveté  à  compter  sur  la  sévérité  des  juges  et  le  zèle 
des  parquets.  Eux  aussi  subissent  l'influence  de  l'ambiance.  —  Pour 
le  secret  professionnel  du  médecin,  nous  y  aurions  moins  égard  que 
M.  de  Roux.  —  En  fait  d'encouragement  aux  familles  nombreuses. 
M.  de  Roux  rejette  avec  raison  le  système  de  la  pure  et  simple {)rime  ; 
la  jjrime  ne  lui  [)araît  acceptable  que  sous  forme  d'assurance.  —  11 
est  bien  bref  sur  le  chapitre  des  fonctionnaires.  Étant  donné  leur 


—  135  - 

îioinbre,  la  valeur  d'exemple  de  leur  conduite,  la  valeur  d'exemple 
aussi  de  la  conduite  de  l'État  à  leur  égard,  tout  ce  que  l'État  ferait 
pour  eux  serait  fort  important.  —  Des  pages  judicieuses  sont  consa- 
crées au  féminisme,  inévitable"  et  si  dangereux  :  aux  inconvénients 
(]cs  lois  sur  le  travail  des  enfants  et  sur  l'instruction.  —  Le  chapitre 
le  plus  développé  du  livre  et  qui  abonde  en  remarques  pénétrantes 
est  consacré  aux  lois  successorales.  M.  de  Roux  est  partisan  d'tine 
large  extension  de  la  liberté  de  tester.  Et  nous  accordons  volontiers 
qu'il  a  raison  en  théorie,  tout  en  nous  demandant  si  en  fait  on  use- 
rait beaucoup  de  cette  liberté.  Lui-même  fait  une  remarque  décisive  : 
au  fond  de  l'esprit  d'égalité,  il  y  a  l'idée  qu'un  père  doit  l'aisance  à 
ses  enfants.  Cette  idée  empêchera  toujours,  les  uns  de  déshériter  les 
cadets,  les  autres  d'en  mettre  au  monde.  Il  n'y  a  d'ailleurs  sur  ce 
point  aucune  chance  d'obtenir  une  réforme  profonde.  Mais  la  juris- 
prudence en  matière  d'assurances  sur  la  vie  fournit  déjà  une  pré- 
■cieuse  ressource  aux  pères  qui  ont  des  raisons  d'avantager  un  de  leurs 
«nfants.  Nous  n'avons  pas  été  surpris  de  voir  M.  de  Roux  repousser 
nettement  les  divers  projets  qui  tendent  à  confisquer  les  héritages 
•qui  ne  seraient  pas  dévolus  à  un  nombre  suffisant  d'enfants.  Ces  me- 
sures se  retourneraient  contre  les  familles  nombreuses  et  par  consé- 
quent contre  la  natalité.  —  Sur  le  vote  familial,  M.  de  Roux  réserve  en 
somme  son  jugement.  —  Nous  nous  félicitons  de  le  voir  s'élever  à  bien 
des  reprises  contre  la  fausse  et  dangereuse  tendance  à  favoriser  la 
famille  dite  normale,  en  négligeant  la  famille  nombreuse.  Il  est  bien 
éloigné  de  croire  ni  que  l'État  puisse  tout  (la  prospérité  générale  et  la 
confiance  dans  la  vie  qui  en  résulte  encouragent  la  natalité,  bien  plus 
que  ne  pourraient  le  faire  les  mesures  spécialement  calculées  à  cet 
effet)  ;  ni  que  tout  ce  que  l'État  pourrait  faire  soit  bon  (que  de 
mesures  maladroites  parmi  toutes  celles  qu'on  propose  !)  Hélas  !  si 
au  lieu  d'un  simple  exposé  il  avait  voulu  faire  des  pronostics,  il  aurait 
dû  conclure  que  ce  sont  justement  les  plus  contestables  qui  ont  le 
plus  de  chances  de  passer.  Les  autres,  le  Parlement  les  écartera  tou- 
jours, parce  qu'elles  avantageraient  la  minorité  indépendamment  ou 
même  au  détriment  de  la  masse  des  électeurs.  Comment  demander 
■cela  à  un  politicien  de  droite  ou  de  gauche  ? 

Il  serait  fort  intéressant  de  donner  à  ce  livre  une  contre-partie  sur 
-ce  que  peut  faire  l'initiative  privée.  E.  Jordan. 


l-'Evolution  régionaliste.  Du  Félibrige  au  fédéralime,  par  F.- 
Jean Desthieux.  Paris.  Bossard,  191S,  in-16  de  xv-239  p..  avec  4  cartes. 

—  Prix  :  3  fr.  60. 

tLe  Régionalisme  et  la  France  de  demain,  par  le  marquis  de  l'Es- 
TOURBEiLLO.H.  Parls.  Édition  de  la  «  Revue  contemporaine  »,  1918,  in-12 
de  49  p.  —  Prix  :  1  fr.  50. 

—  Le  mouvement  de  renaissance  de  nos  provinces  ne  dérive  pas  uni- 


—  ne  — 

quement  du  félibrige.  Celui-ci  a  eu  pourtant  sa  part  réelle  d'influence- 
dans  la  formation  et  le  succès  du  régionalisme.  On  ne  s'étonnera 
point  qu'elle  n'ait  pas  été  minimisée  —  au  contraire  —  par  M.  F^ 
Jean-Desthieux,  qui  est  poète.  Mais  l'objet  propre  de  son  livre, 
me  semble  t-il,  et  ce  qui  lui  donne  sa  principale  valeur,  c'est  d'expo- 
ser quel  chemin  ces  idées  ont  fait  au  cours  de  la  guerre.  Le  lecteur 
retiendra  qu'elles  ont  obtenu  des  pouvoirs  publics  trois  essais  de- 
réalisation.  En  octobre  1915,  les  régions  militaires  ont  été  pourvues 
de  comités  consultatifs  économiques.  Le  ministre  du  commerce,  M. 
Clémentel,  a,  en  juin  1917,  annoncé  son  intention  de  grouper  les 
Chambres  de  commerce  en  régions  économiques  dont  plusieurs  sont 
déjà  constituées.  Enfin  des  comités  régionaux  des  arts  appliqués 
viennent  d'être  instituéspar  le  ministre  de  l'instruction  publique  et 
des  beaux-arts.  Voilà  de  petites  victoires.  M.  Jean  Desthieux  ne  se 
borne  pas  à  les  relever.  Il  nous  renseigne,  avec  une  curiosité  très  ou- 
verte, sur  les  multiples  problèmes  que  soulèvent  la  délimination  et 
l'organisation  de  nos  régions,  abordant  même  des  problèmes  simi- 
laires qui  se  posent  hors  de  nos  frontières,  régionalisme  catalan,  ré- 
gionalisme wallon,  et  jusqu'à  cette  Société  des  nations,  dont  les  pro- 
messes millénarestes  ne  lui  inspirent  pas  une  foi  aveugle. 

—  Le  marquis  de  l'Estourbeillon,  député  du  Morbihan,  est  hardi- 
ment et  ardemment  décentralisateur.  Il  réclame  la  pleine  libération 
de  nos  provinces  ;  il  montre  qu'elle  eit  nécessaire  à  la  réorganisation 
de  la  France  d'après-guerre.  Si  l'on  se  souvient  qu'il  est  l'auteur 
d'une  étude  sur  le  Régionalisme  dans  l'école  primaire  (Rennes,  1912), 
et  qu'il  a  récemment  rédigé  un  projet  de  loi  sur  une  réforme  régio- 
nalistc  de  l'enseignement  des  beaux-arts,  on  ne  sera  pas  surpris  qu'il 
insiste  parliculièremeut  sur  la  nécessité  d'une  éducation  régionaliste. 

Baron  Angot  des  Rotou&s. 


Lettres  d'un  vieil  Américain   à   un  Français,    traduites  de  l'an- 
glais par  J.-L.  DcPLAN.  Paris^  Payot,  1917.  in-l6  de  271  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Voilà  un  ouvrage  qu'il  ne  faut  pas  prendre  pour  un  livre  composé^ 
par  un  artifice  littéraire  très  usité,  sous  forme  épislolaire  ;  ce  sont  de 
vraies  lettres,  qui  ont  pour  auteur  un  grand  industriel  américain, 
très  ami  de  la  P'rance,  où,  depuis  vingt-cinq  ans,  il  passe  une  bonne 
partie  de  son  temps,  et  qui  ont  été  réunies  en  volume  sur  les  ins- 
tances d'un  éditeur  intelligent,  ainsi  que  nous  l'apprend  la  Préface 
de  Lysis.  Vous  devinez,  au  seul  nom  du  préfacier,  quelle  morale  y 
est  faite  aux  Français,  qui  compromettraient  gravement  l'avenir  de 
leur  patrie,  s'ils  continuaient  à  se  laisser  distancer  sur  le  terrain  de 
la  production.  Pour  se  guérir  de  leur  routine  paresseuse  et  de  leur 
excès  d'individualisme,  qu'ils  aillent  aux  Étals-Unis  !  Ils  verront  ce 


—  f37  — 

que  l'on  obtient  par  le  machinisme,  la  spécialisation,  la  production 
intense  et  en  grand.  11  y  a  beaucoup  à  retenir  dans  les  conseils  qui 
nous  sont  ainsi  donnés,  sans  pourtant  accepter  comme  des  vérités- 
assurées  toutes  les  saillies  de  cette  vive  causerie.  Nos  notaires  méri- 
tent-ils toutes  les  boutades  dont  ils  sont  1  objet  ?  Serait-ce  un  moyen 
très  bien  trouvé  de  gagner  du  temps  que  de  faire  conduire  nos 
morts,  de  l'Église  au  cimetière,  en  auto-corbillard,  à  l'allure  des 
autres  véhicules  ?  La  petite  propriété  est-elle  sûrement  une  erreur 
économique  ?  Faut-il  en  faire  son  deuil  partout,  ainsi  que  du 
petit  commerce,  de  la  petite  industrie  et  des  petites  nations  ?  On 
pourrait  allonger  la  liste  de  ces  points  d'interrogation.  Mais,  avec 
son  franc-parler,  le  vieil  Américain  nous  aime  bien.  S'il  reproche 
au  vicomte  de  Vogué  et  à  M.  Paul  Bourget  de  nous  avoir  fait 
méconnaître  plutôt  que  connaître  ses  compatriotes,  c'est  parce 
qu'il  désire  un  rapprochement  plus  intense  entre  les  deux  peuples. 
Après  avoir  critiqué,  un  peu  comme  s'il  n'avait  lu  que  le  titre,  le 
livre  d'Edmond  Demolins  :  A  quoi  tient  la  supériorité  des  Anglo- 
Saxons,  il  ajoute  :  «  La  seule  infériorité  du  Français,  si  elle  existait, 
serait  l'ignorance  de  sa  propre  valeur,  sa  résistance  à  l'association  et 
son  indifférence  à  exploiter  les  pays  qu'il  a  découverts  ou  les  inven- 
tions qu'il  a  réalisées.  »  Baro?<  Angot  des  Rotours. 


The  Standard  of  livlng   in  Japan,  by  Kokichi  Morimoto.  Baltimore, 
the  Johns  Hopkins  Press,  1918,  in-8  de  vii-15Û   p. 

L'auteur  de  ces  pages,  où  les  faits,  les  statistiques,  les  chiffres 
abondent,  est  docteur  en  philosophie,  professeur  d'économie  politique 
à  l'Université  impériale  de  Tohoku.  11  s'est  proposé  d'étudier  le  coût 
moyen  de  la  vie  au  Japon  et,  laissant  de  côté  les  dépenses  somp- 
luaires,  qui  échappent  à  toute  règle,  il  a  passé  en  revue  la  manière 
de  vivre  de  ses  compatriotes,  dans  les  classes  les  moins  fortunées  et 
moyennes  de  la  population,  en  ce  qui  concerne  la  nourriture,  le  vête- 
ment et  le  logement.  Une  dernière  partie  est  consacrée  au  prix  de  la 
vie  au  Japon,  considérée  dans  son  ensemble  et  au  prix  mininum  de 
l'existence.  Un  glossaire  termine  le  volume.  Nous  avons  ainsi  une 
contribution  fort  importante,  tout  à  fait  nouvelle,  remarquablemeut 
établie,  à  l'étude  d'une  des  familles  orientales  de  l'humanité  les 
moins  connues  en  Occident.  C'est  dire  tout  l'intérêt  que  présente  le 
volume  sur  lequel  il  n'y  aurait  aucune  critique  à  formuler,  si  le  lec- 
teur français  n'avait  l'occasion  de  constater  avec  tristesse  à  quel  point 
l'auteur,  comme  la  majorité  de  ses  compatriotes,  est  pénétré  de  l'es- 
prit allemand,  des  méthodes  allemandes.  On  le  reconnaît  à  l'abon- 
dance des  détails  souvent  inutiles,  à  la  répétition  des  mêmes  idées 


—  138  — 

sous  des  formes  difTérentes,  à  l'cuoncialiori  complaisante  de  conclu- 
sions évidentes,  enfin  et  surtout,  au  fait  que,  parmi  les  auteurs  cités 
en  référence,  on  ne  trouve  aucun  nom  français,  pas  même  celui  de 
Lg  Play,  mais  seulement  des  noms  anglais  et  allemands.  Bien  plus, 
l'auteur,  s'imaginant  donner  par  là  plus  de  précision  à  sa  pensée,  se 
j)lait  à  donner,  entre  parenthèses,  la  traduction  allemande  de  termes 
anglais  dont  la  signification  est  cependant  évidente  :  à  côté  de  closed 
economy,  par  exemple,  il  écrit  :  {geschlossenwirischa/t)  !  Par  contre, 
jamais  un  terme  français  n'est  mentionné...  On  peut  également 
regretter  que  les  unités  de  mesure  soient  empruntées  tantôt  aux  sys- 
tèmes japonais  ou  anglais  et  tantôt  au  système  métrique,  ce  qui  rend 
les  comparaisons  peu  aisées.  Tel  qu'il  est,  cet  ouvrage,  qui  repré- 
sente une  somme  de  travail  considérable,  n'en  est  pas  moins  précieux 
et  d'une  utilité  incontestable  pour  la  connaissance  des  conditions  de 
>ie  au  Japon.  J,  C.  T. 

L.*Alleniagne  et  l'Amérique  latine.  Souvenirs  d'an  voyageur  naluralitte, 
par  Émile-R.  Wagnek.  Paris,  Alcan,  4917.  in-8  de  xxi-323  p.,  avec  une 
carte.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Pendant  près  de  quarante  années,  M.  Émile-R.  Wagner  a  vécu  dans 
l'Amérique  du  sud,  et,  pendant  la  majeure  partie  de  ce  long  espace  de 
temps,  il  a  fait  à  travers  ce  vaste  continent  de  grands  voyages  et  de 
minutieuses  explorations.  Poussé  par  l'amour  des  choses  de  la  nature, 
il  a  réuni  par  les  monts  et  par  les  plaines,  à  travers  la  Pampa  et  sous 
les  hautes  cîmes  des  arbres  de  la  forêt  vierge,  de  superbes  collections 
dont  il  a  fait  bénéficier  notre  Muséum  d'histoire  naturelle  ;  mais  il  a 
aussi  étudié  les  hommes  et  la  politique,  et  avec  autant  de  soin  que 
les  insectes  et  les  plantes.  Comment  s'en  étormer  ?  «  Bon  sang  ne 
peut  mentir  »,  et  M.  Wagner  appartient  à  une  famille  où  on  n'a  ja- 
mais négligé  de  suivre  avec  le  plus  grand  soin  les  progrès  de  l'action 
du  civilisé  dans  les  pays  neufs.  Il  a  donc  fait  comme  on  faisait  autour 
de  lui.  Le  volume  qu'il  vient  de  publier  dans  la  a  Bibliothèque  France- 
Amérique  »,  en  est  un  témoignage,  et,  en  même  temps,  un  livre 
dont  on  ne  saurait  trop  montrer  l'intérêt  politique  actuel.  On 
sait  quel  en  est  le  titre  :  l'Allemagne  et  l'Amérique  latine.  C'est  en 
effet,  avant  tout,  une  étude  très  pénétrante  de  la  manière  dont  les 
gens  d'outre-Khin  s'imposent  aujourd'hui  aux  simples  et  naïves  po- 
pulations do  certains  pays  de  l'Amérique  méridionale,  à  celles  du 
sud  du  Brésil  en  particulier.  Là,  les  Allemands  ont  fondé  des  a  colo- 
nies sans  drapeau  »  dans  lesquelles  ils  voient  les  pierres  angulaires 
de  l'immense  édifice  colonial  que  les  pangermanistes  rêvent  de 
fonder  dans  les  pays  latins  du  Nouveau  Monde,  au  Brésil,  en  Uru- 
guay, en  Argentine,  au  Paraguay.  Cette  étude,  M.  Émile-R.  Wagner 


—  139  — 

la  faite  sur  place,  au  début  du  xx*  siècle,  au  cours  d'un  voyage  qui 
l'a  mené  en  plein  cœur  des  pays  où  s'exerce  l'emprise  allemande, 
au  milieu  de  ces  établissements  dont  il  serait  intéressant  (et  très  ins- 
tructif) de  montrer  l'emplacement  sur  une  carte  de  l'Amérique  du 
sud.  Rien  ne  prouverait  mieux  comment,  à  l'heure  actuelle,  l'Allemand 
i\  su  s'insinuer  partout,  depuis  les  pentes  des  plateaux  qui.  à  peu  do 
distance  de  l'Atlantique,  couvrent  les  contrées  du  sud  du  Brésil  jus- 
qu'aux rives  du  Parana  et  du  Paraguay,  puis,  à  travers  les  plaines  fer- 
tiles de  la  République  Argentine,  jusqu'aux  lointaines  vallées  du  Chili. 
Si  le  livre  de  M.  Wagner  ne  contient  pas  cette  carte,  il  fournit  par 
contre,  tous  les  renseignements  désirables  sur  l'aspect  extérieur  et  la 
vie  intérieure  de  ces  colonies,  sur  la  persistance  des  costumes,  de  la 
langue  et  des  usages  delà  mère  patrie,  et  surtout  sur  les  agissements 
des  Allemands,  sur  la  manière  dont  ils  se  comportent  à  l'égard  des 
habitants  de  la  contrée  —  autres  colons  venus  d'Europe  ou  caboclos 
brésiliens  —  sur  la  façon  dont  ils  les  exploitent,  les  font  travailler 
pour  eux,  puis  les  dépouillent  sans  pitié  et  les  chassent  plus  loin, 
sur  la  façon  aussi  dont  procèdent  les  agents  des  compagnies  commer- 
ciales et  coloniales  allemandes  qui  prétendent  mettre  en  valeur  ces 
pays.  Rien  de  plus  curieux,  de  plus  intructif  etde  plus  triste  à  la  fois 
que  d'entendre  parler  ce  Rathbaum  qui  accompagne  une  partie  du 
temps  M.  Wagner  et  qui  est,  sous  un  nom  d'emprunt,  un  homme 
bien  vivant  ;  on  ne  saurait  imaginer  pareil  mélange  de  fatuité,  d'im- 
moralité, de  bassesse  et  de  lâcheté...  —  Quelque  passionnante,  et 
attristante  aussi,  qu'ait  pu  être  pour  M.  Wagner  cette  étude  de  l'em- 
prise germanique  dans  le  sud  du  Brésil,  elle  n'a  pas  absorbé  toute 
son  attention  ;  elle  ne  l'a  pas  empêché  de  voir  —  et  de  bien  voir  — 
les  contrées  qu'il  visitait,  ces  paysages  de  la  zone  sud-tropicale  du 
Nouveau-Monde  où,  dit-il,  la  nature  a  prodigué  ses  enchantements 
et  multiplié  ses  rares  merveilles.  Il  les  décrit  dans  son  livre  en  artiste 
épris  des  beautés  qui  défilent  sous  ses  yeux  et  en  savant  attentif  et 
averti  tout  à  la  fois,  insistant  sur  les  spectacles  de  la  nature,  sur  les 
particularités  les  plus  frappantes  de  la  faune  et  de  la  flore  de  ces  ré- 
gions aux  mille  tableaux  splendides.  Ainsi  se  légitime  parfaitement 
le  second  titre  donné  par  M.  Wagner  à  son  livre  ;  les  «  Souvenirs  d'un 
naturaliste  »  s'y  mêlent  aux  études  du  politique,  et.  parfois,  des  ré- 
miniscences du  folk-lore  indigène  viennent  y  ajouter  une  note  nou- 
velle, pittoresque,  elle  aussi,  et  souligner  d'un  trait  imprévu  les  leçons 
qui  se  dégagent  d'un  minutieux  exposé  des  faits.  — Tout  cela  cons- 
titue un  ensemble  très  agréable,  très  facile  à  lire  et  très  instructif  à 
la  fois,  où  M.  Wagner  a  prouvé  qu'il  demeurait,  malgré  ses  préoccu- 
pations actuelles,  toujours  fidèle  aux  leçons  des  auteurs  classiques  et 
qu'il  savait,  comme  eux,  miscere  utile  dulci. 

He>ri  Froidevaux. 


—  140  — 

Les  Anciens  Symboles  héraldiques  des  villes  de  France.  Ver- 
dun, par  Jacques  Meurget,  avec  des  armoiries  dessinées  et  gravées  par 
Henry  André.  Paris,  Champion,  1918,  in-8  de  51  p.  —  Prix  :  4  fr. 

L.es  Armoiries  du  pays  basque.  Étude  historique,  critique  et  anecdo- 
tique  sur  les  différents  écus  qui  ont  formé  le  blason  du  pays  basque,  lex 
particularités  et  les  analogies  qu'ils  présentent,  les  légendes  et  les  traditions 
quils  évoquent,  par  le  môme.  Paris,  Champion,  1918,  in-8  de  78  p.,  avec 
1  planche.  —  Prix  :  4  fr. 

—  Depuis  le  xvn«  siècle,  la  ville  de  Verdun  avait  un  blason  d'azur 
à  la  fleur  de  lis  d'or,  surmontée  d'une  couronne  royale  du  même. 
En  1898,  le  conseil  municipal,  sur  la  proposition  du  maire,  M.  Maury, 
a  répudié  ces  armoiries,  jugées  sans  doute  compromettantes,  et  leur 
a  substitué  un  nouvel  emblème,  emprunté  au  décor  d'un  sceau  du 
XIII*  siècle  :  l'image  siipplifiée  de  la  ville,  avec  la  cathédrale  et  une 
tour  que  l'on  a  prise  pour  un  beffroi.  Comme  le  remarque  M.  Meur- 
gey,  le  nouveau  blason  est  d'une  composition  décorative  très  mé- 
diocre. 

Après  avoir  parlé  des  armoiries  de  Verdun,  l'auteur  fait  connaître 
les  distinctions  honorifiques  qui  ont  été  conférées  à  cette  ville,  en 
mémoire  des  glorieux  événements  de  1916.  Ce  sont,  avec  l'insigne  de 
la  légion  d'honneur  et  la  croix  de  guerre,  des  croix  et  médailles,, 
décernées  par  la  Russie,  l'Angleterre,  l'Italie,  la  Belgique,  le  Portu- 
gal, le  Monténégro  et  la  Serbie,  plus  un  sabre  d'honneur,  envoyé  par 
l'empereur  du  Japon. 

En  appendice,  M.  Meurgey  décrit  les  armoiries  des  communautés 
religieuses  et  laïques  de  Verdun,  telles  qu'elles  se  trouvent  dans 
l'Armoriai  officiel,  rédigé  en  vertu  de  l'éditde  1696.  Ces  blasons  sont 
presque  tous  de  fantaisie  ;  quarante  et  un  sur  quarante-sept  ont  été 
imposés  arbitrairement  aux  communautés  par  les  commis  chargés 
de  la  rédaction  de  l'Armoriai,  les  dites  communautés  ayant  négligé 
de  faire  la  déclaration,  prescrite  par  l'édit,  de  leurs  armoiries,  ou 
ayant  fait  cette  déclaration  en  des  termes  insuffisamment  clairs.  Il 
aurait  été  bon  d'en  avertir  le  lecteur. 

—  Quant  aux  armoiries  du  pays  basque,  elles  ont  été  créées,  il  y 
a  quelques  années,  par  M.  de  Jaurgain.  Cet  érudit  les  a  composées 
en  réunissant,  dans  un  seul  écu,  les  blasons  de  Navarre,  de  Guipuz- 
coa,  de  Biscaya,  d'.\lava,  de  Labourd  et  de  Soûle,  c'est-à-dire  les 
emblèmes  de  tous  les  pays  basques  de  France  et  d'Espagne.  Ces 
armoiries  collectives  renferment  six  quartiers  dont  l'un  est  divisé  en 
deux  et  un  autre  en  trois  compartiments  ;  elles  ont  le  grave  défaut 
de  n'être  lisibles  que  si  elles  sont  représentées  à  grande  échelle  et  si 
on  les  regarde  de  près. 

De  chacun  des  éléments  que  l'on  a  fait  entrer  dans  ce  blason, 
M.  Meurgey  a  tente  de  reconnaître  la  signification  symbolique.  Pour 


—  141  — 

cela,  il  a  consulté  les  auteurs  anciens  et  modernes  ;  il  a  recueilli  les 
opinions  diverses  de  nombreux  écrivains  dont  bien  peu  étaient  doués 
d'esprit  critique.  Il  a  ainsi  rassemblé,  avec  quelques  légendes  cu- 
rieuses, une  foule  d'hypothèses,  ingénieuses  parfois,  qui  restent  à 
■vérifier.  Mai  Trinet. 

BULLETIN 

P«5Ut-on  se  passer   de  Dieu  ?  Critique  scientifique  populaire,  par  J.  Ledw. 
Pari».  Tcqui,  1918,  in-i2  de  viii-55  p.  —  Prix  :  0  fr.  50. 

Habitué  aux  méthodes  scientifiques,  convaincu  de  rimporlatice  primor- 
diale de  la  question  qu'il  aborde,  l'auteur  de  cette  brochure  n'a  pas  la 
prétention  d'épuiser  en  quelques  pages  le  sujet  le  plus  vaste.  Il  se  borne  à 
présenter  des  observations  et  des  arguments  que  tout  esprit  peut  saisir. 
Son  langage  est  net,  précis,  direct.  Sans  faire  étalage  d  érudition,  il  laisse 
assez  voir  qu'il  n'ignore  rien  des  découvertes  les  plus  récentes.  On  peut 
donc  se  fier  à  lui  comme  à  un  guide  sûr  et  serviable.  Beaucoup  lui  devront 
d'aborder  et  de  s'avancer  sans  péril  dans  des  régions  de  la  pensée  qu'ils 
ne  fréquentaient  guère.  Ce  sera  certainement  pour  leur  plus  grand  bien. 

C.  L. 

L.a  Lilturgie    dans  le   roman.  Pages  de   littérature   catholique,   par  .\lphonse 
MoRTiBR.  Paris,  Beauchesne,  1918,  in-8  de  37  p.   —  Prix  :  2  fr. 

L'essayiste  catholique  dont  la  plume,  entre  deux  étapes,  s'est  appliquée 
à  écrire  ces  pages  nourries  de  hauts  sentiments  exprimés  avec  un  art  soi- 
gné, dédie,  en  disciple,  cette  publication  à  la  mémoire  de  Georges  Dumes- 
nil.  l'initiateur,  au  bien,  déjeunes  intelligences,  épiises  du  vrai  par  le  beau. 
La  dédicace  est  de  bon  augure  et  donne,  à  tous  égards,  la  note  du  mor- 
ceau. 

Après  des  critiques  adressées  et  des  hommages  rendus  aux  maîtres 
d'hier  et  d'aujourd'hui,  l'auteur  évoque^  l'homme  vêtu  de  lin,  celui  qui 
viendra  répandre  les  braises  ardentes,  autrement  dit  l'arliste  assez  puis- 
sant pour  servir  efficacement  par  l'art  la  religion.  Belles  fresques  évoca- 
trices.  Mais  la  mesure  et  même  la  réalité  s'accommodent-elles  d'un  juge- 
ment comme  celui-ci  :  «  Depuis  les  Confessions  de  saint  Augustin,  la  litté- 
rature proprement  catholique  ne  peut  guère  témoigner  d'une  réelle 
activité  »  et  comme  celui-ci  encore  :  «  Le  xvii'  siècle,  qu'illustrèrent  tant 
de  mystiques,  ne  sut  pas  instaurer  la  littérature  vraiment  ca//io/iqfue,  c'est- 
à-dire  la  seule  humaine.  »  (?) 

Quelle  sera  l'apologétique  de  l'art?  Une  lettre  de  l'auteur  à  M.  le  direc- 
teur de  la  Revue  du  clergé  français,  et,  publiée  ici.  nous  assure  excellem- 
ment qu'elle  ne  saurait  agir  à  la  façon  d'un  traité  de  théologie,  mais  par 
les  multiples  ressources  de  l'esthétique,  en  nous  imprégnant  de  divin. 

Louis  Théron  de  Monta  cgé. 


li'Ëducation  physique  obligation  nationale,  par  le  docteur  Bellin  du 
GoTEAC.  Paris,  Bersrer-Levrauit,  1918,  petit  iii-8  de  xx-41  p.,  avec  10  photogra- 
phies. —  Prix  :  2  fr. 

L.a  Course  à  pied.  Les  Courses  de  liaies,  par  le  docteur  .Bbllin  du 
Coteau.  Paris,  Berger-Leyrault,  1918,  petit  in-8  de  xi-39  p.,  avec  24  photographies. 
—  Prix  :  1  fr.  50. 

.    L'éducation  physique  a  pour  objet  d'augmenter  le  coefficient  de  Fobusti- 


-_  142  — 

cité  de  l'individu.  Le  docteur  Bellin  du  Coteau,  laissant  de  côté  les  formule* 
mathématiqwes  de  la  robuslicilé,  cheichc  à  en  donner  une  formule  physio- 
logique. Il  critiqvie,  non  sans  raison,  les  procédés  Pignet  (fondé  sur  le 
principe  que  le  périmètre  thoracique  et  le  poids  s'élèvent  proportionnelle- 
ment à  la  taille)  et  Broca  (reposant  sur  l'axiome  que  le  poids  d'un  homme 
en  kilogrammes  doit  égaler  les  décimales  de  la  taille  au-dessus  du  mètre) 
et  estime  que  la  robusticilé  complète  est  fonction  de  la  robusticilé  pulmo- 
naire, dont  la  spiromélrie  peut  graduer  la  force,  et  de  la  robnsticité  car- 
diaque, que  la  radioscopie  et  certains  procédés  permettent  d'évaluer.  Ces 
bases  établies,  il  faut,  dans  l'intérêt  de  la  race,  rechercher  les  moyens  sus- 
ceptibles de  généraliser  et  d'étendre  la  culture  physique. 

—  La  course  à  pied  mérite  d'être  placée  au  premier  rang  des  exercices 
athlétiques.  L'auteur  évoque  le  souvenir  des  courses  olympiques  qui 
tenaient  une  si  large,  place  dans  la  vie  de  l'ancienne  Grèce.  11  étudie  la 
technique  de  la  course  à  pied  ;  ses  démonstrations  sont  illustrées  par  des^ 
photogravures.  On  voit  nettement  par  exemple  dans  la  reproduction 
dune  «  foulée  ».  combien  l'allure  de  la  course  diffère  de  celle  toute  con- 
ventionnelle du  pas  gymnasti(jue.  Le  docteur  Bellin  du  Coteau  termine  son 
étude  par  la  description  dune  modalité  des  épreuves  pédestres  :  la  course 
des  haies,  d'une  longueur  de  110  mètres,  avec  10  obstacles  d'une  hauteur 
de  1  m.  06.  Pour  cette  course  classique,  où  triompha  l'américain  Simpson, 
la  vitesse  moyenne  est  de  7  m.  50  à  la  seconde.  R.  L. 


'l'ravaux  de  damei»,  par  Mauglerite  de  Sai>t-Genès.  Paris,  Maison  de  la  Benne 
Presse,  s.  d.  (1918),  in-\'2  allongé  de  240  p.,  avec    147    figures.  —  Prix  :   1   lï.  30. 

Voici  le  no  5  des  Petils  Guides  pratiques  du  foyer.  Il  comprend  trois  par- 
ties. La  première  est  relative  à  la  Couture,  où  l'auteur  s'occupe  des  choses 
les  plus  variées,  depuis  les  points  de  différentes  sortes  et  le  raccommodage 
jusqu'aux  vêtements  sacerdotaux  et  linges  d'autel  que  les  personnes  pieuses 
peuvent  avoir  le  désir  de  confectionner  une  fois  satisfaites  les  obligations 
du  ménage.  La  deuxième  partie  a  trait  à  la  Broderie  et  la  deuxième  con- 
cerne la  Décoration  de  la  maison  :  peinture,  photographies,  fleurs  artifi- 
cielles, ameublement  de  campagne,  décoration  de  table,  etc.  On  trouve 
dans  ces  pages  simplement  et  clairement  écrites  beaucoup  de  détails  pra- 
tiques que  de  nombreuses  figures  rendent  plus  compréhensifs  encore. 

E.  A.  C. 


Le«  IVoms  juifs^,  par  Georges  Massoltié.  Mâcon,  Protat,  1917.  in-lG  de  17  p. 
—  Prix  :  0  Ir.  (>U. 

Travail  sommaire,  mais  intéressant  et  utile,  sur  l'onomastique  juive.  .\ 
signaler,  en  particulier,  le  dernier  paragraphe  sur  les  noms  formés  par  la 
réunion  de  consonnes  initiales  de  plusieurs  mots  hébreux  réliées,  bien 
entendu,  par  des  voyelles.  Ex  :  Kalz  qui  représente  Kohen  Tzédek  (Zadok 
Kahn,  prêtre  juste). 

Pourquoi,  au  sujet  des  transcriptions  allemandes  (Chajjim  pour  Hayyim, 
par  exemple),  n'avoir  pas  fait  remarquer  que  la  prononciation  gutturale 
du  c/i  était,  Outre-Rhin,  la  cause  de  déformations  écrites  bien  regrettables  ? 

H.  GuÉum. 

MonHÏPiir  «  Sidi  ».  Mi'inoîres  d'un  eliat,  par  Côte-Dault.  Paris,  Édition 
du  livre  men.suel,  ."59,  boulevard  des  Balignolles,  1918,  in-12  de  212  p.  —  Prix  : 
5  fr. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  les  chats,  en  prose  et  en  vers  ;  des  artistes  — 


—  U3  — 

nombreux  —  se  sont  plu  à  saisir  leurs  attitudes  et  à  fixer  leurs  physiono- 
mies si  ondoyantes,  si  diverses.  On  aime  ou  on  n'aime  pas  les  cliats.  Ceux 
qui  ont  découvert  chez  eux  autre  chose  que  de  l'égoïsme  liront  avec  un 
vif  plaisir  le  petit  volume  de  M.  Côte-Darly.  Ils  y  verront  comment  Sidi, 
fils  de  Minouche,  chat  de  Paris,  adulé  par  ses  maîtres,  qu'il  appelle  <i  son 
père  »  et  «  sa  mère  »,  a  passé  ses  piemièrrs  années  et  en  quoi  consistaient 
ses  jeux.  Sidi  nous  raconte  ses  villégiatures,  d'abord  dans  une  localité 
éloignée  de  la  capitale,  puis  dans  la  banlieue,  ainsi  que  ses  relations  avec 
toutes  sortes  d'individus  de  son  espèce,  bien  ou  mal  élevés,  dont  les  con- 
seils, suivis  parfois,  tournent  généralement  à  son  désavantage.  Sidi,  du 
reste,  n'a  pas  à  se  plaindre  du  sort  :  il  le  dit  et  même  l'écrit.  Et  c'est  ainsi 
qu'il  arrive  à  cette  conclusion  :  «  Que  les  petits  des  hommes  —  il  y  en  a 
tant  de  barbares  !  —  lisent  cette  histoire  d'un  bon  chat  pour  qui  la  desti- 
née fut  maternelle,  et  qui  leur  tend  à  tous,  aux  bienveillants  et  à  ceux  qui 
le  deviendront,  une  affectueuse  patte  de  velours.  » 

Aimable  petit  livre  qui  fera  la  joie  des  «  chatophiles  »,  parmi  lesquels  je 
compte.  E.-A.  Chapuis. 


CHRONIQUE 


Nécrologie.  —  Les  lettres  chrétiennes  et  françaises  sont  bien  doulou- 
reusement éprouvées  par  la  mort  de  M.  Etienne  Lamt,  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  française,  mort  à  Paris,  le  9  janvier  1919.  >'é  à  Cize,  dans  le 
Jura,  le  2  juin  1843,  M.  Etienne-Marie-Victor  Lamy  fit  à  l'École  de  Sorèze 
d'excellentes  études  classiques  qu'il  termina  au  Collège  Stanislas.  A  Sorèze, 
il  connut  le  P.  Lacordaire  et  ce  maître  éducateur  contribua  à  lui  donner 
cette  dignité  et  cette  fermeté  de  caractère  qui  ne  sont  pas  communes  à 
notre  époque.  Entré  dans  le  barreau  parisien,  M.  Lamy  se  fît  recevoir  doc- 
teur en  dioit  en  1869  ;  il  avait  d'abord  choisi  comme  sujet  de  thèse  les 
rapports  ds  l'Église  et  de  l'État  ;  la  Faculté  de  Paris  ne  voulut  pas  accepter 
ce  thème  trop  brûlant  et  le  jeune  avocat  se  rejeta  sur  l'étude  des  Opérations 
de  bourse  chez  les  anciens,  au  moyen  âge  et  ctiez  les  modernes.  Après  la  chute 
de  l'Empire,  il  se  présenta  aux  élections  et  fut  envoyé  à  l'Assemblée  natio- 
nale, le  2  février  1871.  par  le  département  du  Jura.  Il  était  du  nombre, 
alors  assez  petit,  des  catholiques  franchement  républicains  ;  et  c'est  à  ce 
titre,  qu'après  le  vote  de  la  Constitution  de  1873,  il  fut  élu  député  à  la 
Chambre  par  l'arrondissement  de  Saint-Claude.  Mais  sa  foi  catholique,  non 
moins  ferme  et  ardente  que  sa  foi  politique,  ne  lui  permettait  pas  de  s'ac- 
commoder des  lois  sectaires.  La  vigueur  avec  laquelle  il  combattit  le  fameux 
article  7.  notamment,  brisa  sa  carrière  politique.  C'est  par  le  journal,  par 
le  livre,  par  la  parole  qu'il  exerça  désormais  une  influence  sur  l'esprit 
public.  Quelques-uns  de  ses  ouvrages,  comme  la  Femme  de  demain  ou  la 
France  du  Levant  ont  une  haute  portée  politique  ou  morale.  .\ppeléen  1905 
à  occuper  à  l'Académie  française  le  fauteuil  laissé  vacant  par  la  mort  de 
Guillaume,  il  ne  tarda  pas  à  conquérir  auprès  de  ses  confrères  une  telle 
autorité  qu'il  fut  tout  naturellement  désigné  pour  recueillir  la  succession 
de  M.  Thureau-Dangin,  secrétaire  perpétuel,  en  1913.  Il  n'aura  pas  long- 
temps rempli,  hélas  !  ces  hautes  et  délicates  fonctions,  dans  lesquelles  il 
apporta,  avec  sa  courtoisie  parfaite,  cette  élévation  morale  et  cette  délica- 
tesse de  conscience  qui  le  distinguaient.  Nous  citerons  de  lui  les  œuvres 
suivantes  :  Le  Juif  de   Vérone,  ou  les  Sociétés  secrètes  en  Italie,  traduit  cl 


—   144  — 

abrégé  (Paris.  4867,  in-12)  ;  —  Mathilde  de  Canossa.  traduit  de  l'italien 
(Paris,  1867,  in-12)  ;  —  Le  Tiers  Parti  (Paris.  1868.  in-8)  ;  —  L'Assemblée 
nationale  et  la  Dissolution  (Paris,  1872.  in-46)  ;  —  La  République  en  1883 
(Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Études  sur  le  second  Empire  (Paris,  1895,  in-8)  ;  ^- 
L Œuvre  sociale.  Les  Seltlements  anglais  et  américains  (Paris,  1897,  in-8)  ;  — 
La  Femme  de  demain  (Paris.  1901,  in-12)  ;  —  La  France  du  Levant  (Paris. 
1902,  in-8)  ;  —  Témoins  de  jours  passés  (Paris,  1907,  in-12)  ;  —  Au  service 
des  idées  et  des  lettres  (Paris,  1909,  in-12)  ;  —  Catholiques  el  socialistes 
{Paris.  1909,  in-12)  ;  —  La  Langue  française  (Paris,  1912,  in-12)  ;  — 
Quelques  Œuvres  et  quelques  ouvriers  (Paris,  1912,  in-16). 

—  Le  célèbre  romancier  Paul  Margueritte  est  mort  le  31  décembre  1918  ; 
c'est  une  grande  perte  pour  les  lettres  françaises.  Né  à  Laghouat  (Algérie) 
le  20  février  1860,  fils  du  général  Margueritte.  qui  tomba  glorieusement 
pour  la  France,  à  la  tête  de  ses  escadrons,  en  1870,  il  commença  ses  études 
au  lycée  d'Alger,  puis  les  poursuivit  au  Prytanée  de  la  Flèche.  Il  fut  atta- 
ché au  ministère  de  l'instruction  publique  jusqu'en  1887,  mais  depuis 
longtemps  (h^jà  il  s'adonnait  aux  lettres  avec  passion.  Il  commença  sa  car- 
rière par  un  hommage  ému  à  la  mémoire  de  son  père  dans  le  livre  inti- 
tulé :  Mon  Père,  qu'il  fit  paraître  en  1884.  Ses  premiers  maîtres  littéraires 
furent  Emile  Zola  et  Edmond  de  Concourt,  puis  le  poète  Stéphane  Mal- 
l.irmé  dont  il  goûtait  l'art  raffiné.  Il  fit  partie,  dès  l'origine,  de  l'Académie 
des  Concourt.  Bientôt  Paul  Margueritte  quitta  le  naturalisme  pour  mar- 
cher sur  les  traces  de  Guy  de  Maupassant.  Cet  écrivain  fut  l'un  des  fonda- 
teurs du  roman  psychologique  ;  il  collabora  à  la  plupart  des  revues  litté- 
raires de  cette  époque  et  particulièrement  à  la  Revue  contemporaine.  Le 
théâtre  le  tenta  aussi  et  il  y  parut  même  comme  auteur  et  acteur  dans 
une  remarquable  scène  mimée  :  Pierrot  assassin.  En  1885,  il  publiait  son 
premier  roman  :  Tous  quatre,  qui  obtint  un  grand  succès  ;  l'année  sui- 
vante, il  donna  Confessions  posthumes,  puis  toute  une  suite  de  romans 
toujours  très  goûtés  du  public.  Paul  Margueritte  a  publié  :  Mon  Père  (Pa- 
ris. 1884,  in-18)  ;  —  Tous  quatre  (Paris,  1885,  in-18)  ;  —  Pierrot  assas.^in  de 
sa  femme  (Paris.  1886,  in-18)  ;  —  La  Confession  posthume  (Paris.  1886.  in-18)  ; 

—  Maison  ouverte  (Paris,  1889,  in-18)  ;  —Pascal  Gêfosse  (Paris.  1888,  in-8)  ; 

—  Jours  d'épreuves  (Paris,  1889.  in-18)  ;  —  A/na/Us  (Paris,  1890,  in-18)  ;  — 
Alger  d'hiver  (Paris,  1891,  in-18)  ;  —  La  Force  des  choses  (Paris.  1891.  in-18)  ; 

—  Sur  le  Retour  (Paris,  1892,  in-18)  ;  —  Mo  Grande  (Paris,  1892.  in-8)  ;  — 
Le   Cuirassier   blanc,   Farfaria,  la  Dame  aux  yeux   violets,    l'Insecte   (Paris, 

1892.  in-18);  —  La  Tourmente   (Paris,    1893.    in-18);  -  La  Mouche   (Paris. 

1893,  in-18)  ;  —  L'Avril  (Paris,  1893,  in-18)  ;  —  Ame  d'enfant  (Paris,  1894, 
in-8)  ;  —  Fors  l'honneur  (Paris,  1895,  in-18)  ;  —  Le  Jardin  du  passé  (Paris, 
189;),  in-8)  ;  —  Simple  Histoire  (Paris,  1895,  in-18)  ;  —  L'Eau  qui  dort  (Paris, 
1896.  in-18)  ;  —  L'Essor  (Paris,  1896,  in-18).  Depuis  1896,  Paul  Margueritte 
travailla  on  collaboration  avec  son  jeune  frère  Victor,  qui  s'était  déjà  fait 
connaître  comme  poète  ;  tous  deux  se  signalèrent  dans  les  domaines  de  la 
littérature,  de  la  morale,  delà  politique,  de  l'histoire.  De  leur  œuvre  com- 
mune, nous  rappellerons  :  Le  Pariétaire  (Paris.  1896,  in-18i;  —  Poum. 
Aventures  d'un  petit  garçon  (Paris,  1897,  in-18)  ;  —  Le  Carnaval  de  yice 
(Paris,  1897,  in-18);—  Une  Époque  :  Le  Désastre  (Met:  1870)  (Paris,  1898, 
in-18)  ;  —  Femmes  nouvelles  (Paris,  1899,  in-18)  ;  —  Le  Poste  des  neiges  (Paris, 
1899.  in-18)  ;  —  Mariage  el  divorce  (Paris.  1900.  in-18)  ;  —  Une  Épopée.  Les 
Braves  Gens  (Paris,  1900,  in-18);  —  Une  Épopée.  Les  Tronçons  du  glaive 
(Paris,  19U1,   in-18);  —  Les  Deux  Vies  (Paris.  1902,  in-18);  —  L'Élargisse- 


—  Mlj  - 

'menl  du  divorce  (Paris,  1902,  in-8)  ;  —  Le  Jardin  du  Roi  CParis,  1002,  in-18)  ; 
—  Vers  In  lumière  (Paris,  1902.  in-18)  ;  —  Hixloire  de  la  (jnerre  de  1870 
(Paris.  1902.  in-18);  —  Helie  (Paris.  1903.  in-18)  ;  —  Une  Époque  :  Ln  Com- 
mune (Paris,  l'tOi,  in-18);  —  Le  Cœur  el  la  loi  (Paris,  1903,  in-18)  ;  —  Le 
l'rixme  (Paris.  1905,  in-18)  ;  —  Quelques  idées  (  Paris,  1905,  in-18)  ;  —  .Sur  le 
(•//(Paris,  190G.  in-18)  ;  —  Vanité  (Paris,  1907,  in-lSj  ;  —  L'Autre,  pièce  en 
'.i  actes  rParis.  1907.  in-8).  Puis  les  frères  reprirent  leur  indépendance. 
Paul  publia  depuis  lors  :  Souvenirs  de  jeunesse  (Paris,  190S.  in-18)  :  —  La 
Lanterne  magique  (Paris.  1909,  in-18)  ;  —  La  FailAesse  humaine  (Paris,  1910, 
in-18)  ;  —  Les  Fahrecé  (Paris,  1912.  in-18)  ;  —  La  Maison  brûle  (Paris,  1913. 
in-18);  —  Nous  les  mères  (Paris,  1914,  in-18).  Il  y  a  de  fortes  réserves  à 
faire  sur  les  œuvres  de  cet  écrivain  au  point  de  vue  de  la  morale  chré- 
tienne. 

—  Mgr  Antolin  Lopez  Pf.lâez,  archevêque  de  Tarragone,  inort  le  22  dé- 
cembre, était  un  des  prélats  les  plus  actifs  et  les  plus  éminents  de  la  pénin- 
sule hispanique.  Né  à  Manzonal  dcl  Puerto  (prov.  de  Léon),  le  31  aoiît  1866, 
■  de  parents  assez  modestes,  il  fut  élevé  au  séminaire  d'Astorga,  et  les  qua- 
lités qu'il  Y  manifesta  de  bonne  heure  décidèrent  son  évèqne  à  lui  confier, 
simple  étudiant,  la  rédaction  de  El  Crilerio  tridenlino.  Admis  â  la  prêtrise 
avant  l'âge  canonique,  il  fut  nommé  à  23  ans  clianoine  de  Lngo,  et  il 
coinmença  aussitôt  sa  féconde  carrière  littéraire  ;  l'idée  qu'il  se  faisait  de 
l'importance  de  la  presse  à  notre  époque  lui  lit  donner  sa  collaboration  à 
de  nombreux  journaux,  et  l'on  verra,  dans  la  liste  de  ses  œuvres  que  nous 
donnons  plus  loin,  quelle  place  la  presse  ne  cessa  do  tenir  dans  ses  préoc- 
cupations. Sur  la  proposition  de  S.  E.  le  cardinal  Aguirre,  qui  l'estimait 
liarticulièremcnt.  il  fut  appelé  en  1904  au  siège  épiscopal  de  .Taca.  Il  y 
déploya  une  grande  activité  ;  nous  indiquerons  seulement  ici  la  réforme 
de  l'enseignement  des  séminaires  :  la  volonté  de  rendre  son  clergé  mieux 
apdaté  au  rôle  qu'il  doit  jouer  dans  la  vie  moderne  le  conduisit  à  créer  au 
séminaire  des  chaires  d'agriculture,  de  droit  naturel,  d'économie  sociale  ; 
deux  autres  créations  à  noter  ici  sont  celles  d'une  chaire  d'archéologie  et 
d'une  chaire  de  langue  française.  11  voulut  aussi  que  la  bibliothèque  du 
séminaire,  qu'il  s'efforça  de  pourvoir  de  bons  livres,  fût  ouverte  au  public. 
Appelé  en  1907  à  siéger  au  Sénat,  il  y  prit  souvent  la  parole  avec  talent  et 
avec  éclat,  notamment  dans  les  questions  de  presse,  d'enseignement  et  des 
relations  entre  l'Église  et  l'Etat.  Transféré  en  1913  sur  le  siège  archiépis- 
copal de  Tarragone,  et  désireux  de  se  mettre  à  l'unisson  de  son  nouveau 
troupeau,  il  apprit  le  catalan  et  sut  prêcher  correciement  dans  cette  lan- 
gue ;  et  il  prit  soin  de  créer  au  séminaire  des  ch.iires  de  langue  et  de  lit- 
térature catalanes  et  d'histoire  de  la  Catalogne,  en  même  temps  qu'il  orga- 
nisait renseignement  de  l'économie  sociale.  C'est  par  son  initiative  que 
fut  réuni  à  Montserrat  le  premier  Congrès  liturgique.  Il  avait  aussi  orga- 
nisé une  Agence  catholique  d'informations.  Nous  ne  saurions  oublier  que, - 
pendant  la  guerre,  à  un  moment  où  tant  de  membres  du  clergé  espagnol 
manifestaient  contre  l'Entente  des  sentiments  de  méfiance  sinon  d'hosti- 
lité. Mgr  Lopez  Pelâez  n'hésita  pas  au  contraire  à  témoigner  pour  nous  de 
ses  vives  et  précieuses  sympathies.  L'Académie  espagnole,  l'Académie  d'his- 
toire et  celle  des  sciences  morales  le  comptaient  au  nombre  de  leurs  cor- 
respondants. Parmi  les  compagnies  savantes  de  l'étranger  qui  lui  avaient 
décerné  le  même  titre,  nous  noierons  l'Institut  de  Coimbre,  l'Académie 
des  Arcades  de  Rome  et  la  Société  historique  et  archéologique  du  Limousin. 
Voici  la  liste  des  principales  publications  de  l'éminent  prélat  :  La  Expo- 

FtcvujKH  1919,  T.  CXLV.  10. 


—  ne  — 

xicion  continua  del  Sanlisimo  (Lngo,  189:2,  ii)-8)  ;  —  Las  Aras  de  In 
caledral  de  Liujo  (Lugo,  1892,  in-8)  ;  —  El  Ponlificado  (La  Coruna^ 
1893,  in-8)  ;  —  El  Darvinismo  y  la  ciencia  (Lngo,  1893,  in-8)  ;  —  flisto- 
ria  del  cuUo  eucarislice  en  Lwjo  (Madrid,  1894,  in-8)  ;  —  El  Gran  Gn- 
Ueijo  (La  Coruna,  1894,  in-8)  ;  —  El  Monaslerio  de  Samos  (Lugo.  1894,  in-8)  ; 

—  Ilisloria  de  la  ensenanza  en  fjKjo  (Lngo.  1894,  in-8)  ;  —  Los  Benedictinos 
de  Monforle  (Lngo,  1895,  in-8)  ;  —  De  la  Région  gallega  (Lugo,  1897.  in-8)  ; 

—  El  Senorio  iemporal  de  los  obispos  de  Lngo  (Lugo,  1897,  in-8)  ;  —  La 
Accion  del  sacerdole  en  la  prensa  (Lugo,  1898,  in-8)  ;  —  Im  Mnjcr  y  la  prensa 
(Lugo,    1899,  in-8)  ;   —  Los   Poeslas   del   P.   Feyjoo  (Madrid,  1899,  in-8)  ; 

—  Sacerdoles  al  periodico  (1900,  in-8)  ;  —  Una  limosna  para  la  prensa 
(1902,  in-8)  ;  —  Los  Escritos  de  Sannienlo  (M;idrid,  1904,  in-8)  ;  — - 
Argos  divina  (1902,  in-8);  —  l'H  Derccho  espanol  en  sus  relaciones  cou 
la  Iglesia  (Madrid,  1902,  in-8  ;  3e  cd.  en  19M)  ;  —  El  Obispo  san  Cnpilan 
(Bnrgos,  1903,  in-12)  ;  —  La  Censura  eclesiaslica  (Madrid,  1904,  in-8)  ;  — 
Las  Asambleas  de  la  prensa  (Madrid,  1904,  in-8)  ;  —  Los  Danos  del  libro  (Jaca, 
1903,  in-8)  ;  —  Estudios  cànonicos  (Madrid,  1906,  in-8)  ;  —  La  Importancia 
de  la  prensa  (Madrid,  1906,  in-8)  ;  —  De  la  Diocesis  del  Sacramento  (Jaca, 
1907,  in-8)  ;  —  Ser/no/ies  (Madrid,  1908,  in-8)  ;  —  Gralilud  a  los  periodistas 
(Jaca,  1908,  in-8)  ;  —  La  Pairona  del  periodismo  (Jaca,  1909,  in-8)  ;  —  La 
Cruzada  de  la  Duena  prensa  (Jaca,  1909,  in-8)  ;  —  Injuslicias  del  Eslado  espa- 
nol (Jaca,  1909,  in-8)  ;  —  El  Clero  en  la  polilica  (Jaca,  1909.  in-8)  ;  —  El 
i'ri'supaeslo  del  clero  (Jaca,  1!)10,  in-8)  ;  —  San  Froilan  de  Lugo  (Lugo,  1910. 
in-8)  ;  —  La  Prensa  coma  arma  de  combale  (Jaca,  1910,  in-8)  ;  —  La  Pluma 
del  periodisla  (Jaca,  1911,  in-8)  ;  —  Vida  posUuna  de  un  Sfuilo  (Madrid,  191 1, 
in-8)  ;  —  Discursos  pronunciados  en  Lugo  (Lugo,  19H,  in-8)  ;  —  Los  Si e le 
pecados  capildles  (Jaca,  1911.  in-8)  ;  —  Sadaba  y  su  Crislo  (Jaca,  1912.  in-8)  ; 

—  La  Agenda  cniolica  de  informacion  (Jaca,  1912,  in-8)  ;  —  Onien  sepa 
escribir  escriba  (Jaca,  1912,  in-8)  ;  —  El  Gran  rolaliuo  calolico  (Jaca,  1912, 
in-8)  ;  —  El  Alcoliolismo  (Jaca,  1913,  in-8)  ;  —  Por  la  Iglesia  espanola  (Tar- 
ragona,  1913,  in-8)  ;  —  Los  Trabajadores  en  el  periodico  calolico  (Tarragona, 
1914,  in-8)  ;  —  La  Nolaria  (Barcelona.  1914.  in-8)  ;  —  La  VUalidad  de  la 
prensa  no  diaria  (Tarragona,  1915,  in-8)  ;  —  La  Mislica  doclora  sanla  Teresn 
de  Jésus  (Reus,    1915,  in-8)  ;  —  Mnseos  diocesanos  (Tarragona,  1915,  in-8)  ; 

—  Los  Fieslas  de  la  Virgen  (Tarragona,  1915,  in-8). 

—  .\vcc  M.  Thcodore  Roosevelt,  mort  le  6  janvier,  dans  sa  maison. 
d'Oyster  Bay  (New  York),  disparaît  une  figure  originale  et  puissante.  >é 
à  New  York,  le  27  octobre  1852,  d'une  famille  de  souche  hollandaise, 
établie  depuis  longtemps  aux  États-Unis,  il  fit  nne  partie  de  ses  études  en 
Allemagne,  mais  c'est  à  l'Université  Harvard,  l'une  des  plus  célèbres 
d'.\mérique,  puis  à  celle  de  Philadelphie,  qu'il  les  acheva.  Il  se  lança  de 
bonne  heure  dans  la  politique,  se  fil  élire  er.  1882  au  Congrès  de  .Ni  \v 
York,  dans  lequel  il  se  fit  remarcjucr  par  son  attitude  énergique  contre  la 
corruption  administrative.  Chef  de  la  police  de  New  York  {lN9ii-l897), 
appelé  par  Mac  Kinley  au  ministère  de  la  marine  (1897),  qu'il  quitta  pour 
prendre  une  part  active  à  la  guerre  hispano-américaine,  puis  gouverneur 
de  rÉtat  de  New  York,  il  fut  appelé  en  1900  à  la  vice-présidence  des  Eials- 
Unis.  L'assassinat  de  Mac  Kinley  en  1901  lui  fit  assumer  la  présidence,  et 
il  fui  confirmé  en  1904  dans  ce  poste  par  le  verdict  populaire.  M.  Roo- 
sevelt  n'était  pas  seulement  un  homme  d'action,  il  sest  aussi  fait  con- 
naître comme  journaliste  et  comme  écrivain.  Nous  citerons  de  lui  les  ou- 
vrages suivants  :  Naval  war  of  1S12  (New    York,    1881,   in-8)  ;  —  Ilunling 


-    147  — 

fri/jx  nf  n  rnnchmnn  (London,  1880.  in-8)  ;  —  Life  of  Tlionirts  If.  Benlon 
(Bostot).  1887.  iii-H))  ;  —  Life  o/  Gonvernenr  Morris  (Hoslon.  1888.  in-S)  :  — 
/';vj(/((V(/ /Kj/i7/c.<r  (New  York,  1888.  iti-J2)  :  —  fianch.  Life  nnd  llif  Imnlinr/ 
Irnil  (I.oiidon.  1888,  in-4)  ;  —  WinniiKj  of  Ihe  Wesl  (?i(t\\  York.  18.Stl-|Sl)(i, 
t  vol.  iii-8)  ;  —  Neiv  York  (Londoii.  l89l,  in-8)  ;  —  American  idcah  (\c\\- 
Yorlv,  I8!»7.  iii-12)  ;  —  Wilderness  hunier,  big  gnme,  liorse,  honnd  and  rifle 
(New  Yoïk.  1893,  in-S)  ;  —  Ilero  taies  froni  American  hislory  (J^cw  \ovk 
1898.  in-8),  en  collaboration  avec  H.  G.  Lodgc  ;  --  The  Rough  riders 
(London,  1899,  in-8)  ;  —  Olirer  Cromwell  (London,  1900,  in-8)  ;  -  Tlie 
Sirennons  bife  (New  York,  1900,  in-12)  ;  —  The  Deer  faniily  (.New  York, 
1902,  in-8)  ;  —  Addresses  and  presidential  messages,  lOOQ-lOO'i  (New  York, 
l'.)04,  iti-8)  :  —  Ontdoor  paslimes  of  an  American  hunier  (New  York,  190r), 
in-8)  ;  — fiood  hunling  in  [)nr.';uU  of  big  gam  in  Ihe  Wesl  (New  York.  1907, 
in-8)  ;  —  African  and  Européen  nddres.^és  'New  York,  1910,  in-8)  ;  —  Afri- 
i-'Ui  gaine  Irnils  (London,  1910,  in-8)  ;  —  Bioloyical  analogies  in  hishry 
lOxfoid,  1910,  in-8)  :  —  The  IKaval  opérations  of  tlie  war  belween  Grf^nt 
Bntnin  and  Ihe  United  S/nlp.  lRl2-lSlb  (London,  1910,  \n-9,)  ;  —  Stories 
of  Ihe  Repnblic  (New  York,  1911,  in-8).  en  collaboration  ; —  An  Autobio- 
5/ra/>/(y  (New  York,  1913,  in-8)  ;  —  Progressive  principles  (New  York,  1913, 
in-8)  ;  —  Throagli  the  Brazilian  u)ilderness  (London.  19l4,  in-8)  ;  —  llistory 
in  lileralu're  and  other  essays  (London,  1914,  in  8)  ;  —  America  and  tlie 
world  war  (London,  1915.  in-S)  ;  —  Why  America  should  join  the  allies  (New 
York.  1915,  in-8)  ;  —  Life  historiés  of  American  gam  a/u/Ha/s  (London.  1h15, 
"1  vol.  in-8)  :  —  Booklover's  holidays  in  the  open  (London,  1916,  in-8)  ;  - 
Fear  God  and  take  your  own  part  (New  York,  1916,  in-16).  Parmi  les  tra- 
ductions françaises  qui  ont  été  données  des  ouvrages  du  célèbre  écrivain, 
nous  citerons  :  Chasses  et  parties  de  chasse,  traduction  d'Albert  Savine, 
(Paris.  1903,  in-18)  ;  —  Lldéal  américain  {Parh,  l^Oi,  in-16),  Iraduit  par 
A.  et  E.  de  Ronsiers  :  —  L'Idéal  d'Amérique,  la  vie  intense,  traduit  par  la 
princesse  Ferdinand  de  Fancignv-Lucinge  et  M.  Jean  Groulet  ;  —  L'E.ci)ro- 
priation  des  races  incompétentes  (Paris,  1904,  in-12)  ;  —  La  Conquête  île 
/'ouest,  des  AUé(jhanys  au  Mississipi  (1769-1776)  (Paris,  1904,  in-18;  ;  —  Le 
Citoyen  d'une  république  (Paris,  1910.  in-16)  ;  —  Mes  Chasses  en  Afrique, 
traduction  de  Norbert  Sevestre  (Paris,  1910.  in-8)  ;  —  La  Vie  a/i  rancho, 
traduction  d'Albert  Savine  (Paris,  1903.  in-18). 

—  Le  baron,  puis  comte  Georg  vo^^  Hertling  est  mort  le  5  janvier.  Né  à 
Darmstadt.  le  31  août  1843.  il  fit  ses  études  aux  Universités  de  Munster,  de 
Munich  et  de  Berlin.  D'abord  privatdozenl  à  Bonn,  il  fut  nommé  en  18S0 
professeur  extraordinaire  à  cette  Université,  d'où  il  passa  deux  ans  plus 
tard  comme  professeur  ordinaire  de  philosophie  à  l'Université  de  Munich. 
La  spéculation  philosophique  ne  l'absorbait  pas  tout  entier,  et,  dès  S873, 
il  avait  été  envoyé  comme  député  au  Reichstag,  et  avait  pris  dans  le  Centre 
une  influence  prépondérante.  Sauf  pendant  la  période  1890-1896,  il  ne 
cessa  de  siéger  au  Reichstag.  11  joua  également  un  rôle  important  dans  la 
politique  de  la  Bavière  ;  il  était  président  du  Conseil  quand  éclata  la  guerre 
et  l'on  na  pas  oublié  que  Guillaume  II  fit  un  moment  appel  à  lui  pour 
les  fonctions  de  chancelier  de  l'Empire.  Mais  ce  n'est  pas  par  son  action  poli- 
tique, mais  par  son  action  intellectuelle  qu'il  appartient  à  cette  chronique. 
Il  fut  en  1876  l'un  des  fondateurs  de  la  Gorresgesellschaft,  la  grande  société 
catholique  allemande,  dont  il  demeura  jusqu'à  la  fin  le  président.  II  contri- 
bua également  à  la  fondation  de  la  Société  germanique  d'art  chrétien, 
dont  il  fut  le  président  de   1892  à  1909.  Il  était  depuis  1899  membre   de 


—   148  - 

l'Académie  des  sciences  de  Bavière.  Il  dirigeait  avec  M.  Clemens  Baumker 
l'importante  collection  des  lieitrage  ziir  Geschicide  der  Philosophie  der  Miltel- 
alhii's,  fondée  en  18i^»2.  Nous  citerons  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  De 
Arislolelix  nolione  aniiis  coininentalio  (F'riburgi  Br.,  1864,  in-8)  ;  — ■  Malerie 
und  Forr.i  and  die  Defifulion  der  Seele  bel  A  ristoieles  (Roan,  1871,  in-8)  :  — Zur 
Erinnerung  an  Friedrich  Overbeck  (Koln,  187o,  in-S)  ;  —  IJeber  die  Grcnzen 
der  mechafuschen  Nnlurerhinrnng  (Bonn,  1875,  in-8)  ;  —  Die  Hypothèse 
Darwins  (Wûrzburg,  1870  in-8)  ;  —  Darwin^  Haeckel  und  Virchoio  (Kôln,  1878, 
in-8)  ;  —  Der  Darwiinsmus  eine  geislige  Epidémie  (Frankfurt.  1871»,  in-8)  ;  — 
Alberlus  Mdgniis  (Koln.  1880,  in-8)  ;  —  Aufsalze  und  Reden  so:i(dpolilischen 
Inhalls  (Frciburg,  1884,  in-8)  ;  —  Zur  Beanlwortung  der  (j'ollinger  Jubl- 
Jaumsrede,  ojjener  Briefan  Herrn  Albert  Ritschl  (Paderborn,  1887,  in-8)  ;  — 
John  Locke  und  die  Schute  von  Cambridge  (Freiburg,  1892,  in-8)  ;  —  Natur- 
recht  and  Socialpolitik  (Ivoln,  1893,  in-8)';  —  Kleine  Schriflen  zur  zeitge 
.<chichle  und  Polilik  (Frciburg,  1897,  in-8)  ;  —  Dus  Princip  des  Kalholicismus 
und  der  Wissenschafl  (Freiburg,  1899,  in-8j  ;  —  Augustin,  der  Untergang 
der  anliken  Kullur  (Mainz,  1902,  gr.  iti-8)  ;  —  Wissenschaflliche  Hichlungen 
und  pliilosopfdsche  Problème  im  13.  Jahrhunderl  {Mûnchen.  1910,  gr.  in-18)  ; 

—  Augustinus-Citate  bei  Thomas  von  Aquin  (Mûnchen,  1904,  in-8)  ;  —  Recld, 
Skud  und  GesellschaJÏ  (Rempten,  1906  in-16). 

—  lin  romancier  italien  très  populaire  et  dont  l'œuvre  délicate^  d'une 
observation  fort  juste,  a  rencontré  un  accueil  sympathique  non  seulement 
en  Italie,  mais  à  l'étranger  et  notamment  en  France,  M.  Salvatore  Farina 
est  mort  récemment.  Né  à  Sorio,  en  Sardaigne,  le  10  janvier  1846^  reçu 
docteur  en  1868  à  Turin  où  il  acheva  des  études  commencées  à  Casai  et 
poursuivies  à  Paris,  il  s'établit  à  Milan  et  se  livra  entièrement  à  son  goût 
littéraire.  Ses  récits,  nouvelles,  romans  obtinrent  vite  la  faveur  du  public. 
La  ])lupint  ont  eu  les  honneurs  de  plusieurs  éditions  ;  un  certain  nombre 
ont  été  traduits.  Les  tournées  de  conférences  que  M.  Farina  entreprit  à  l'étran- 
ger contribuèrent  aussi  à  assurer  son  succès.  Nous  citerons  de  lui  :  Tre 
amori  (Milano,  1869,  2  vol.  in-32)  ;  —  {//i  segre^o  (Milano,  1869,  2  vol.in-:i>4)  ; 

—  Il  Romanzo  d'un  vedouo  (Milano,  1871,  3  vol.  in-24)  ;  —  Frulti  proibiti. 
Jia/nma  vagabonda  (Milano,  1872,  2  vol.  in-24)  ;  —  Faute  di  picche  (Alilano, 

1874.  in-16)  ;  —  //  Tesoro  di  Donnino  (Milano,  1874.  in-16)  ;  —  Cappelli 
biondi  (Milano,  1876,  in-16)  ;  —  Dalla  spuma  del  mare  (Milano,  1876,  in-16)  : 

—  Un  liranno  ai  bagni  di  mare  (Milano,  1877,  in-16)  ;  —  Amore  bendato 
(Torino,  1877,  in-16)  ;  —  Oro  nascosto  (Roma,  1878.  in-8)  ;  —  Il.Merlo  bianco 
(Koma,  1879,  in-8)  ;  —  Le  Tre  nnlrici  (Torino,  1879,  in-16)  ;  —  Prima  che  nas- 
cesse  (Torino,  1879,  in-16)  ;  —  Miojlglio  studia  (Torino,  1879,  in-16)  ;  t—  Mio 
Jiglio  s'innamora  (Torino,  1880.  in-16)  ;  —  Coraggio  e  avanti  (Torino,  1880, 
in-Ki)  ;  —  IS'onno  !  (Torino,  1881,  in-16)  ;  —  //  Manlo  di  Laurina  (Torino, 
1881,  in-16)  ;  —  L' Intermezzo  e  la  pagina  nera  (Torino,  1881,  in-16)  ;  — 
Mio  figlio  (Torino,  1882,  in-16)  ;  —  //  signor  lo  (Torino,  1882,  in-16)  ;  — 
Amore  a  ceid'ocçhi  (Milano,  1883,  in-16)  ;  —  Fra  le  corde  di  un  contrabbasso 
(Milano,  188-4.  in-16)  ;  —  Uim  separazione  di  lelto  e  di  mensa.  La  Fauuglia  del 
signor  Onondo.  Un  uomo  felice  (Milano,  1885,  in-16)  ;  —  Pp'belli  occlii  delta 
gloria  (.Milano,  1887,  in-16)  ;  —  L'Ullima  battaglin  di  prête  Agoslino  (Milano, 
1888.  in-16)  ;  —  Caporal  Silveslro  (Milano,  1888,  in-16)  ;  —  Don  Chisciottino 
(Milaim,  1890,  in-16)  ;  —  /  Due  desideri  (Milano,  1889,  in-16)  :  —  Amené 
lellure  (Beilino,  1891,  in-17)  ;  —    Vivere  per  amore   (Milano,  1891,  in-16)  ; 

—  Piu  forte  dell'amore  (Milano,  1891,  in-16)  ;  —  Per  la  vita  e  per  la  morte 
(Milano,  1891,  in-16)  ;  —   Perché  ho  risposlo  no?  (Milano,  1892,  in-16)  ;  — 


—  149  — 

\more  fnujhirdo  (.Mil.'irio,  lSfl3.  iii-lf))  ;  —  C/tf  dira  il  inondo?  fMilano,  IS93, 
i,,.l»;)  ;  —  Carlo  boUnin  (Milano,  IHOi,  in-lfi)  ;  —  //  numéro  13  (Milano, 
1S93.  in-l6)  ;  —  Madonninn  Brianca  {]'niiilns)  (Milat»o.  18117.  iti-16);  —  Fino 
alla  morle  (Milano.  1!)02,  iri-lOj  ;  —Le  Ire  cominedie  délia  vila  (Milano.  1903, 
il, .16)  ;  —  H  y,egrelo  del  nevaio  (Toiino.  1900.  iii-lS)  ;  —  La  Mia  fjiornala 
(Torino,  1910,  iii-16)  ;  —  Il  Libro  degli  amori  (Torino,  1911,  in-IG)  ;  —  Il 
secondo  Libro  degli  amori  (Torino,  1912.  in-16)  ;  —  La  Più  bella  fauciulla 
dell'iiniversa  (Torino,  1912.  in-16)  La  Soclelà  tipografica  éditrice  nazionale 
do  Turin  a  entrepris  une  édition  de  ses  œuvres  complètes.  Nous  citerons 
encore  les  traductions  françaises  de  quelques-unes  de  «tes  œuvres  ;  Bou- 
rasqiie  conjugales.  Un  Homme  heureux.  Valel  de  pique,  traduit  de  l'italien 
par  S.  lilandy  (Paris.  1880.  in-16)  ;  —  Les  Cenl  Yeux  de  l'amour,  traduit 
par  L.  Dieu  (Paris  1883.  in-18)  ;  —  Le  Trésor  de  Donnino,  traduit  par  S. 
Blandy  (Paris.  1883,  in-16)  ;  —  L'Écume  de  la  mer,  traduit  par  S.  Riandy 
(Paris!  1»88,  in-16)  ;  —  Pour  la  gloire,  traduit  par  F.  Heynard  (Paris.  i8S9, 
in-16). 

—  M.  Claudc-Édouard-Denys-Marie  Cochin.  député  du  Nord,  né  à  Évry- 
Petit-Bourg  iSeine-et-Oise).  est  mort  h  Paris,  le  31  décembre  1918,  à  So  ans. 
Il  était  fils  de  M.  Henry  Cocliin  et  neveu  de  M.  Denys  Cochin.  Il  entra  de 
bonne  heure  dans  la  voie  politique  et  continua  les  traditions  de  libéra- 
lisme et  de  dévouement  aux  all'aires  publiques,  qui  étaient  les  vertus  de  sa 
race.  Après  de  sérieuses  études  à  l'École  des  chartes  et  à  l'École  française 
de  Rome,  il  fit  paraître  des  Essais  qu'il  a  publiés  dans  la  Revue  hebdoma- 
daire, dans  la  Bibliolhèque  de  l'École  des  Charles,  dans  le  Bullelin  de  la  Sociélé 
d'histoire  de  France,  dans  la  Revue  des  questions  historiques  et  le  Journal  des 
débats.  Le  jansénisme  l'occupa  et  particulièrement  Henry  Arnaud,  évéque 
d'Angers,  sur  lequel  il  fît  une  thèse  très  remarqu'ée.  Il  avait  découvert  une 
intéressante  série  de  lettres  du  cardinal  de  Retz,  provenant  en  partie  des 
archives  de  la  famille  de  Gondi. 

—  Le  D"^  Lucien  Butte,  mort  à  la  fin  de  décembre  1918.  était  né  à  Con- 
flans  (Moselle),  le  8  janvier  1856.  Docteur  eu  médecine  de  la  Faculté  de 
"Paris  en  1883  il  devint  chef  de  laboratoire  de  l'hôpital  Saint-Louis.  Membre 
de  diverses  sociétés  savantes,  président  de  la  Société  de  médecine  de  Paris 
et  de  l'Association  centrale  des  médecins  de  France,  il  a  publié  de  nom- 
breux et  importants  travaux,  insérés  notamment  dans  les  .l/i/i«/^s  (rh>Y/(è«t? 
et  dans  les  Mémoires  de  la  Sociélé  de  biologie.  Nous  citerons  particulière- 
ment :  Élude  de  physiologie  expérimentale.  Rechercfies  sur  les  varialions  de 
iexhalalion  pulmonaire  de  l'acide  carbonique,  influence  de  quelques  médica- 
ments et  de  certains  étals  déterminés  expérimentalement  (Paris,  1883,  in-8)  ; 

—  Du  Sublimé  comme  antiseptique,  étude  critique  et  clinique  sur  l'intoxication 
par  le  bichtorure  de  mercure  employé  comme  agent  d'antisepsie  (Paris,  1886, 
iu-8)  ;  —  Recherches  expérimentales  sur  la  vitalité  du  fœtus,  action  de  cer- 
taines modifications  du  milieu  intérieur  de  la  mère  (Paris.  1888.  in-8)  ;  —  L'As- 
sistance, bullelin  officiel  de  la  policlinique  de  Paris  (Paris,  1891-1896,  in-8)  ; 

—  L'Urée  du  sang  à  l'état  pathologique  et  en  particulier  dans  les  affections 
cutanées  (Paris,  1892,  in-8)  ;  —  Du  nerf  pneumogastrique  {physiologie  normale 
et  pathologique.  Diabète,  albuminuries  névropathiques  (asthme,  névropalhie, 
cérébro-cardiaque)  etc..  avec  le  D'  G.  Arthaud  (Paris,  1892,  in-8)  ;  —  Les 
Teignes  (favus,  tondantes,  pelade  (Paris,    1893,  in-18)  ;  —  Recherches  sur  la 

fonction  glycogénique  du  foie  (Paris,  1894,  in-8)  ;  —  .\nnales  de  thérapeutique 
dermatologique  et  syphiligraphique  (Paris.  1901-1903,  in-8)  ;  —  L' Aliinenla- 
iion  lactée  chez  le  nouveau-né  (Paris,  1903.  in-18). 


-  150  - 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Charles  Ballle,  ancien  magis- 
trat, qui  a  donné  à  la  Revue  hebdomadaire  divers  travaux,  entre  autres  : 
Six  mois  d'invaxion  prussienne  fjanvier-aoàl  1871),  et  qui,  indépendamment 
de  nombreux  articles  et  études  insérés  dans  la  revue  Annales  franc-com- 
toises, dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Besançon  et  les  Mémoires  de  In 
Société  d'émulation  du  Douhs,  a  publié  :  Le  Comté  de  Bourgogne  de  1595 
à  167-^1  (in-8,  Besançon,  1881),  deux  intéressantes  biographies  du  Poète 
Edouard  Grenier  (?i\vis,  1002,  petit  in-8)  et  du  Comte  de  Laubespin  (ISIO-ISOG) 
(Paris,  1902,  petit  in-8)  ainsi  qu'un  imi^ortant  ouvrage  intitulé  :  f'/i  Prélat 
d'ancien  régime  au  xixe  siècle,  sa  famille  et  son  groupe.  Le  Cardinal  de  Rotian, 
arclievêque  de  Besançon  {1788-1833)  (Paris,  l'JUG,  petit  in-8),  mort  à  Pari^, 
le  22  janvier,  à  l'âge  de  87  ans  ;  —  André  Beaussieh,  collaborateur  de 
VÉcho  de  Paris,  mort  le  29  décembre  1918  ;  —  Félix  Bonnet,  avocat  au 
Conseil  d'État  et  à  la  Cour  de  cassation,  qui  a  collaboré  activement  au 
Bnlleliii  de  la  Société  d'éducation  et  d'enseignement,  mort  dernièrement  à 
Paris  ;  —  Léon  Bouger,  avocat,  collaborateur  de  V Intermédiaire  des  cher- 
cheurs et  curieux,  où  il  signait  du  pseudonyme  Champvolant,  qui  laisse  un 
volume  de  poésies  :  Les  Cyclades  (Paris,  1904,  in-18)et  a  terminé  dernière- 
ment une  importante  étude  historique  que  publie  actuellement  la  Nouvelle 
Revue  sous  le  titre  :  Une  Intrigante  et  son  mari  au  xvni'  siècle.  La  Marquise 
et  le  marquis  de  Monconseil,  mort  récemment  à  Saintes,  à  Tàge  de  53  ans  ; 
—  Emile  BuEiTLiNG,  proviseur  du  lycée  BufTon,  mort  à  Paris,  le  30  décem- 
bre ;  —  le  D'  Buffet-Delmas,  professeur  d'anatomie  à  l'École  de  médecine, 
mort  le  4  janvier,  là  Poitiers  ;  —  Raphaël  Chaigneau,  ancien  collaborateur 
du  Petit  .lournal,  mort  à  52  ans,  le  23  décembre  ;  —  André  Chanot,  connu 
sous  le  pseudonyme  Max  Rivera,  rédacteur  au  journal  le  Temps,  mort  à 
29  ans.  le  27  décembre  ;  —  Jean-Édouard  CnAPEYiiOux,  en  littérature  Clé- 
ment ftochel,  auteur  de  travaux  sur  les  manuscrits  inédits  de  Proudhon 
relatifs  à  ,Tésuset  aux  origines  du  christianisme,  à  Napoléon  1".  qui  a  écrit 
aussi  des  ouvrages  sur  les  Mémoires  de  Fouché  et  sur  ceux  de  la  comtesse 
D  ash,  des  Contes  à  Suzon,  quelques  pièces  de  théâtre,  etc..  mort  le 
7  janvier,  à  54  ans  ;  —  M.  Cugfa,  astronome,  qui  appartint  pendant  50  ans 
à  l'Observatoire  de  Marseille,  dont  deux  découvertes  particulièrement 
remarquables  de  petites  planètes  provoquèrent  un  vif  intérêt  parmi  les 
astronomes,  mort  le  17  janvier  :  —  le  D'' E.  Destot,  qui  s'est  spécialisé 
depuis  plusieurs  années  dans  les  recherches  sur  l'électricité  médicale  et  les 
rayons  X  et  qui  a  publié  de  nombreux  travaux,  notamment  sur  les  troubles 
l)hysiologi([ues  et  les  cas  d'atrophie  dus  à  ces  rayons,  et  un  Essai  de  stéréos- 
copie  rationnelle  (Paris,  1903,  in-8),  mort  à  54  ans,  le  4  janvier,  à  Chàtillon- 
sur-Seine  ;  —  François  Dlmahdin-Beaijmetz,  administrateur  du  Petit  Joui^ 
nal,  moit  à  Paris,  le  6  janvier  ;  —  Ambroise  Dumont,  rédacteur  en  chef 
de  l'Avenir  du  Puy-de-Dôme,  auteur  de  ;  La  Monde  basée  sur  la  démogra- 
phie (Paris,  1901,  in-12)  el  ,Ja  Xntalilé  à  Snint-Pierre-de-Clairac  {Lot- 
fl-Garonne  (Paris,  1902,  in-8),  mort  à  Clermont-Fcrrand,  le  22  janvier  ;  -- 
Max  Eggeh,  ancien  professeur  de  l'Université  qui  a  publié  :  Denys  d'IIali- 
carnasse  (Paris,  1902,  in-8),  n)ort  à  Arcachon,  à  57  ans,  le  14  janvier;  — 
le  Dr  Paul  Fap.iie,  auteur  de  nombreux  travaux  scientifiques,  entre  autres  : 
Sur  les  mélanodermles  phliriasiques  (Paris,  1902,  in-8)  et  Une  Epidémie 
d'oreillons  à  Commenlry  (1002)  (Paris,  1903,  in-8),  mort  à  Commentiy,  le 
10  janvier,  à  76  ans;  —  Jules  François,  diiecteur  du  Juui-nal  du  notariat, 
mort  le  30  décembre  ;  -  Alphonse  GnvAUn,  professeur  au  Ijcée  de  Bor- 
deaux, auteur  d'une  lîisloire  de  la  guerre  de  1870-7 1  qui  compte  parmi  les 


— :iM  — 

incilliMirs  ouvrages  classiques  de  nos  écoles,  mort  à  'ôl  ans,  en  (lécembre  ; 
—  Alain  df.  (iouK,  collabora lenr  de  la  Revue  du  Bas-Poiloa,  lui-  à  l'ennemi, 
io  S  octobre  191S  ;  —  l'abbé  IIkumkmm:.  professeur  à  l'Institut  catho- 
lique de  Paris,  diierteur  de  l'Kcole  dioci'-saine  Sainte-Croix  ;  —  Fritz  Moli.. 
correspondant  du  Temps  a  Strasbourg  depuis  de  nombreuses  années,  mort 
à  Strasbourg,  le  7  janvier  ;  —  le  l)'"  ,1eannel.  doyen  de  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Toulouse,  mort  à  Paris,  à  l'âge  de  68  ans,  le  13  janvier  ;  —  Jean 
Laffite,  collaborateur  de  l'Éc/io  de  Pans,  de  la  Petite  (Jiroiide  ci  de  Y Afjence 
républicaine,  qui  a  publié  :  Le  Lilas  blanc,  ou  la  Jeune  Débutante  (Paris,  1902, 
in-16),  moi  t  en  janvier  ;  —  le  chanoine  Lemoine.  supérieur  de  l'École 
Sainte-Croix  à  Orléans,  mort  à  58  ans,  le  19  janvier;  — le  Df  Lesiel», 
professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  qui  a  donné  entre  autres,  en  collabo- 
ration avec  le  D'^Courmont,  la  partie  relative  à  l'atmosphère  et  aux  climats 
dans  le  Traité  d'hygiène  de  Chantemesse  et  Mosny  (1903,  gr.  in-8),  mort  le 
l'6  janvier  ;  —  .Toseph  Linyeu  de  la  Ciievallerée,  qui  a  publié  des  Essais 
poétiques  dans  la  Revue  du  Bas-Poitou,  tué  à  l'ennemi,  en  août  1918,  à  l'âge 
<Jc  20  ans  :  —  le  chanoine  Poey,  aumônier  des  dominicains  de  Pau,  auteur 
d'un  catéchisme  fort  apprécié  et  d'Études  sur  les  origines  du  christianisme  et 
i histoire  de  V Église  durant  les  trois  premiers  siècles  (Paris,  1903,  in-16),  mort 
le  9  janvier  ;  — M°"  G.-C  Robert,  auteur  de  nombreuses  publications 
pour  la  jeunesse,  notamment  :  .lean  et  Françoise  (Toulouse,  1901,  in-12)  ; 
Le  Meilleur  Tour  de  cabriole  (Paris.  1902.  in-18)  ;  Les  Trois  Cousins  (Paris, 
1902.  in-Ki)  ;  Perdu  dans  les  ténèbres  (Toulouse.  1903,  in-12),  morte  à  Tor- 
uac  (Gard),  le  29  décembre,  à  l'âge  de  85  ans  ;  —  Albert  Sola>et.  directeur 
du  Bulletin  de  l'enseignement  chrétien  du  diocèse  de  Mende,  professeur  au 
grand  séminaire  de  ce  diocèse,  qui  laisse,  outre  un  Traité  de  chimie  agri- 
cole très  apprécié,  une  Monographie  de  JSotre-Dame  de  Quézac  et  diverses 
biograpliies  dans  la  collection  des  Contemporains,  mort  à  Mende,  le  28  sep- 
tembre 1918,  à  l'âge  de  56  ans  ;  —  le  D"^  Tanton,  ancien  professeur  agrégé 
du  Val-de-Giâce.  mort  à  l'ambulance  du  Mont-Frenet,  le  26  décembre  ;  — 
—  François-Edmond  Thiéry,  ancien  professeur  à  l'Ecole  nationale  des 
eaux  et  forêts,  qui  a  consacré  à  cette  école  près  de  33  années  de  sa  vie  et 
laisse  de  nombreux  ouvrages  parmi  lesquels  nous  devons  rappeler  :  Traité 
de  mathématiques  appliquées  aux  scieries  et  aux  constructions  ;  Xolices  sur  les 
instruments  stadimétriques  et  les  barrages  curvilignes  ;  Restauration  des  mon- 
tagnes, correction  des  torrents  et  reboisement  et  Élude  sur  les  petits  chemins  de 
fer  forestiers,  mort  à  Dijon,  le  16  novembre  1918,  à  l'âge  de  78  ans  ;  —  le  D' 
Albert  Weil,  chef  des  laboratoires  d'électro-radiologie  de  Ihôpital  Trousseau 
et  de  l'hôpilal  auxiliaire  n"  1,  auteur  de  nombreux  ouvrages  de  tliérapeu- 
tique,  notamment  ù' Éléments  de  radiologie  et  de  :  Guide  pratique  d'électro- 
thérapie  gynécologique  (Paris,  1900,  in-18)  ;  Le  Sang  et  les  réactions  défensives 
de  l'hématopoièse  dans  l'infection  variolique  (Paris,  H 901,  in-8);  Manuel 
d'électrolhérapie  et  d' électro-diagnostic  (Paris,  1902,  in-16),  mort  le  21  jan- 
vier, à  Paris. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  Randolph  Bourne,  collabo- 
rateur de  The  Xew  Republic,  auteur  de  :  Youth  and  life  (1913,  in-8)  ;  Educa- 
tion and  living  (1917,  in-8).  mort  âgé  de  32  ans.  à  New  York,  le  22  dé- 
cembre ;  —  Angiolo  Celum.  imprimeur  florentin  et  secrétaire  de  l'admi- 
nistration de  la  Rassegna  nazionale,  mort  en  décembre  1918  :  —  Emile 
FÉRON.  fondateur  du  journal  la  Réforme,  député  de  Bruxelles,  qui  fut 
pendant  de  longues  années,  avec  M.  Janson,  le  leader  du  parti  libéral 
belge,  qui  jou  I,  il  y    a    une  vingtaine  d'années,  un    rôle  important  dans 


—  152  — 

l'évolution  du  parti  libéral  belgo,  mort  en  décembre,  à  Brnxolies  ;  — 
George  Burman  Fostkh,  théologien  baptiste.  né  le  2  avril  dS'iS.  à  Aider- 
son,  professeur  de  philosophie  de  la  religion  à  l'Université  de  Chicago, 
depuis  1905,  auleur.  entre  autres  ouvrages,  de  :  FiimlUy  of  Ihe  Christian 
(1906,  in-8)  ;  The  Fanclion  of  religion  in  man's  strugyle  for  existence  {i90'^, 
in-8)  ;  —  Nathaniel  Clark  Fowlek,  qui,  dès  ses  jiremières  années,  se  consacra 
au  journalisme,  auteur  de  :  lUiildinij  Business  (1893)  \  Dollars  and  Sensé 
(1S95)  ;  l'ractical  Pnblicily  (1896)  ;  «  Fowler's  Pablicity  »  a  Cyclopedia  oj" 
Advertising  and  Printiny  (1897)  ;  The  Boy,  hoiu  to  help  hiin  siicceede.  en  col- 
laboration (1902)  ;  Slarling  in  Life  (1900)  ;  IIow  lo  gel  andkeepajob  (1907)  ; 
Practical  Salesmanship  (1911)  ;  lIow  to  save  money  (1912)  ;  How  lo  gel  your 
pay  ra/sed  (1912)  ;  Art  of  le  lier  wriling  (1913)  ;  Art  oJ  slory  icriling  {idl3)  ; 
Handbook  of  journalism  (1913)  ;  How  to  oblain  citizenship  (1913)  ;  Knockers 
Club  (1913)  ;  One  thonsand  thing  ivorlh  knoiving  (1913)  ;  Art  of  speech  ma- 
king  (1915)  ;  How  to  sell  (1915)  ;  Beginning  right  (1916)  ;  Principles  of  sCtf- 
Jrage  (1916)  ;  Grasping  èpportunity  (1917)  ;  Principles  of  selling  (1918), 
mort  récemment  à  Boston,  âgé  de  60  ans  ;  —  William  EUerby  Green, 
l'un  des  chefs  de  la  maison  londonienne  d'édition  Longmans,  Green  and 
Co.,  mort  à  86  ans,  le  25  novembre  ;  —  Ivar  H^ggstrôm.  imprimeur  et 
libraire  suédois,  mort  à  81  ans,  à  Stockholm,  en  décembre  1918  :  —  Jacob 
Hegel,  l'un  des  directeurs  de  la  grande  maison  d'édition  Gyidendal,  à 
laquelle  il  donna  une  vigoureuse  impulsion,  collectionneur  d'objets  dart, 
mort  à  67  ans,  le  20  décembre,  à  Copenhague  ;  —  Ejnar  Jespeusen,  qui 
dirigea  pendant  plusieurs  années  le  «  Nordisk  Musikforlag  »  de  Coijen- 
hague  et  qui  fut  un  des  membres  actifs  de  l'Alliance  française  en  Dane- 
mark, mort  à  Paris,  le  16  novembre,  dans  sa  56"  année  ;  —  Axel  Lausen, 
libraire  notable  de  Copenhague,  mort  à  32  ans,  le  19  novembre  ;  —  Cari 
Liebknecht,  fils  du  célèbre  socialiste  Wilhelm  Liebknecht,  qui,  sans  jouer 
dans  l'histoire  du  parti  socialiste  allemand  un  rôle  aussi  considérable 
que  son  père,  exerça  cependar^  une  certaine  influence,  collaborateur  des 
journaux  du  parti,  auteur  entre  autres  ouvrages^  de  :  Militarisnius  iind  Anti- 
miliarisnius  unter  besonderer  lieriicksichtigiing  der  internationalen  Jiigendbe- 
wegiing  (Leipzig,  1907,  in-8),  tué  à  Berlin,  le  ISjanvier  ;  —  Gustav  Alexander 
LuNDSTROEM,  directeur  du  Finsk  bokhandelstidning ,  mort  à  59  ans,  le  2!> 
novembre  ;  —  Rosa  Luxemburg,  la  célèbre  agitatrice  socialiste,  collabo- 
ratrice assidue  de  la  A'eue  Zeit  et  de  la  Leipziger  Volkszeitnng  à  qui  l'on  doit 
notamment  :  Die  industrielle  Entwicktnng  Polens  (Leipzig.  1898,  in-8)  ; 
Sozialreforni  oder  Révolution?  (Leipzig,  1898,  in-8  ;  2'  édil.  en  1!»08).  tuée  a 
Berlin,  le  15  janvier  ;  —  Ole  Henrik  Mirkelsen,  membre  de  la  maison 
d'édition  C.  A.  Reilzel,  mort  à  64  ans,  à  Copenhague,  le  2;{  décembre  ;  — 
Solone  MoNTi,  journaliste,  écrivain,  l'un  des  dirigeants  de  la  nouvelle 
croisade  catholique  italienne,  dont  nous  pouvons  citer  :  //  Vincitore  delta 
morte  (Milano,  1902,  in-I6),  [poème  sur  la  vie  et  la  passion  de  >'.-S.  J.-C, 
mort  le  17  décembre,  à  moins  de  40  ans  ;  —  Walter  Hines  P.\ge,  l'un  des 
membres  de  la  grande  maison  d'édition  Doubleday,  Page  and  Co.,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  d'aller  représenter  les  Etats-Unis  à  Londres,  comme  am- 
bassadeur en  1913,  directeur  du  Forum  (1890-1895),  de  l'/U/rt/i//c  (18901900),. 
auteur,  entre  autree  ouvrages,  de  :  Rebuilding  Ihe  old  commonweallhs  (1902. 
in-8)  ;  The  Southerner,  roman  (1909,  in-8).  né  à  Cary,  dans  la  Caroline  du 
Nord,  le  15  août  1855,  mort  à  Pinehurst,  N.  C,  le  21  décembre  :  —  Wil- 
liam Agnhw  Paton,  collaborateur  du  \ew  York  World  de  1877  à  1881  et 
fondu t«ur  du  Scribner's   Magazine   (1885-1887),  à   qui  l'on   doit  :  Down  ther 


—  153  —  ^ 

Jshnds,  a  Voyage  in  the  Cnrihbees  (1887)  :  Pictnresqiie  Sicily  (I.S97)  ;  The 
First  LandfiiUofColomlms  {{901)  :  Home  Unie  Ballads  (1907),  n)ort  à  New 
"Nork.  le  11  décembre,  âgé  de  70  ans  ;  —  William  G.  Pukston,  avocat  à 
lUilTalo,  puis  altaclié  successivcnioiil  an  Bookman  et  à  la  A'olion  de  .New 
York,  mort  le  18  décembre,  à  52  atis  ;  —  Emile  Staïco,  professeur  rou- 
main, qui  laisse  des  éludes  très  appréciées  sur  le  monde  balkanique, 
divers  mémoires  communiqués  aux  Académies  de  Paris  et  de  Bucarest, 
un  essai  sur  une  nouvelle  étude  de  thermométrie  en  collaboration  avec 
M.  Ch.  Guillaume,  mort  à  39  ans,  le  2  janvier  ;  —  le  Dr  Tanneh,  célèbre 
par  le  jeûne  de  40  jours  auc|uel  il  se  soumit  en  1880,  sous  la  surveillance 
de  plusieurs  médecins,  mort  en  janvier,  à  San-Diégo  (Californie),  à  l'âge 
de  91  ans  ;  — Sir  Donald  Mackenzie  Wallace,  né  le  11  novembre  1841,  à 
Boghead,  Dumbartonshiro,  qui,  après  do  solides  études  aux  Universités  de 
Glasgow,  d'Edimbourg,  de  Berlin,  d'Heidelberg  et  à  l'Ecole  de  droit  de 
Paris  et  après  d'assez  longs  séjours  et  voyages  en  Franco,  en  Allemagne, 
en  Russie,  en  Turquie  (1863-1 884 1,  devint  secrétaire  du  marquis  de  Dulîe- 
rin  et  du  marquis  de  Lansdowne,  vice-roi  des  Indes  (1884-1889),  fut  atta- 
ché au  tsarévitch  pendant  son  voyage  dans  les  Indes  et  à  Ceyian  (1890- 
1891),  se  vit  chargé  de  la  politique  extérieure  du  Times  (1891-1899),  devint 
chambellan  d'Edouard  VU.  puis  de  Georges  V.  et  auquel  on  doit,  outre 
la  10"  édition  de  ÏEncyclopaedin  brilannica,  des  ouvrages  importants  : 
Bassin  (1877.  2  vol.  in-8)  ;  Egyptand  the  Egyptian  question  {[SS3.  in-8)  ;  IVeb 
of  Empire  ;  Dinry  of  the  Impérial  tour  of  their  Royal  Highnesses  the  Duke  and 
Duchess  of  Corniuall  and  York  in  1901  (1902,  gr.  in-8)  ;  Oar  Bussian  ally 
(1914,  in-8),  mort  le  13  janvier,  à  Londres. 

Leijtlres  faites  a  l'Académie  des  insciuptions  et  belles-lettres.  —  Le 
10  janvier  1919.  M.  Dioulafoy  donne  lecture  d'une  communication  sur 
certaines  données  mathématiques  de  l'architecture  orientale,  communica- 
tion intitulée  :  Quarante.  —  Le  17,  M.  Salomon  Roinach  commence  la  lec- 
ture d'un  mémoire  sur  un  groupe  de  peintures  relatif  à  Diane  de  Poitiers. 
—  M.  Svoronos,  archéologue  grec,  lit  une  communication  sur  certaines 
découvertes  archéologiques  et  numismaliques  faites  récemment  en  Grèce, 
notamment  le  grand  atelier  monétaire  créé  avec  l'autorisation  de  Louis  IX 
par  Guillaume  de  A  illehardouin,  dans  le  Péloponèse  et  l'atelier  monétaire 
do  l'ancienne  Athènes.  —  MM.  Babelon,  Homolle,  Salomon  Reinach  et  le 
comte  Durrieu  présentent  quelques  observations.  —  Le  24,  M.  S.  Reinach 
appelle  l'attention  sur  un  grand  tableau  du  musée  de  Varsovie,  qui,  selon 
lui.  représente  Catherine  de  Médicis,  quatre  de  ses  enfants  et  Marie  Stuart. 
rendant  visite  à  Diane  de  Poitiers  au  printemps  de  1556.  Ce  tableau,  que 
Vitet  et  Léon  de  Laborde  virent  à  Paris  en  1863.  fut  attribué  par  eux  à 
Clouet.  M.  Reinach  essaye  d'établir  que  les  connaisseurs  de  1833  avaient 
raison  et  insiste  sur  l'intérêt  que  présente  le  tableau  de  Varsovie,  notam- 
ment pour  l'iconographie  de  Marie  Stuart.  —  M.  Durrieu  présente  quel- 
ques observations. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  moh.^les  et  politiques.  —  Le 
4  janvier  1919,  M.  Lyon-Caen  lit  une  communication  de  M.  Bonet-Maui  y 
intitulée  :  Les  Projets  de  Bismarck  sur  l'hégémonie  de  la  Prusse  en  Allemagne 
avoués  en  IS6U. 

Prix.  —  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  dans  sa  séance  du 
31  janvier,  a  partagé  le  prix  Chénier,  destiné  à  récompenser  la  meilleure 
méthode  pour  l'enseignement  de  la  langue  grecque,  entre  >IM.  Mason, 
professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris  (1300  fr.)  et  Pernot,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux  sur  la  philologie  grecque  (500  fr.). 


—  154  — 

Paris.  —  Lp  nouveau  volume,  qui  vient  de  paraître,  du  Cnlalogne  général 
(Ifs  inanuscrils  des  bihliolhèqiies  publiques  de  France  se  rapporte  à  rr///?'er- 
.s;7é  de  Paria  et  aux  Uiiiversilés  des  déparlements  (Paris,  Plon-Nourrit.  1918. 
iii-8  de  X-S03  p.).  M.  Charles  Bcaulieux,  à  qui  l'on  doit  drjà  notaninient  un 
bon  répertoire  des  impressions  anciennes  de  la  Bibliothèque  de  l'Univer- 
î^ité  de  Paris,  nous  fait  connaître  les  1590  juanuscrifs  qu'elle  possède,  en 
nième  temj)s  que  les  106  registres  et  27  cartons  de  pièces  qui  foiinenl  les 
Archives  de  l'Université.  C'est  à  lui  aussi  qu'est  due  la  table  géni-rale  du 
volume.  La  Bibliothèque  de  l'Université  ayant  hérité  des  anciens  «  collèges  » 
-(Je  Pai'is  :  Cholets,  M.  Gervais  Chrétien,  etc.,  on  comprendra  qu'elle  offre 
des  ressources  particulières  pour  l'histoire  de  l'ancienne  Université.  On  y 
trouve  aussi  nombre  de  documents  sur  l'histoiie  religieuse  et  notamment 
sur  celle  du  jansénisme.  Les  manuscrits  d'intérêt  historique  général  n  y 
font  pas  défaut  :  nous  signalerons  seulement  les  papiers  de  Duplessis- 
Mornay  (n"  359  et  suiv.),  la  correspondance  de  Dinteville  de  1580  à  1580 
in"  377),  celle  du  marqilis  de  Crenolle  au  wni»  siècle  (n"'  977-980,  985-989). 
k  la  Bibliothèque  de  l'Université  de  Paris  se  rattache,  bien  qu'indépen- 
dante, la  Bibliothèque  de  Victor  Cousin  dont  le  catalogue  a  été  dressé  par 
M.  Paul  Deschamps  et  qui.  avec  les  papiers  du  célèbre  philosophe,  contient 
ceux  de  MM.  Barthélémy  Saint  Hilaire  et  Paul  .Tanet.  II  s'y  trouve  notam- 
ment des  lettres  intéressantes  d'hommes  plus  ou  moins  célèbres.  La  Biblio- 
thèque de  la  Faculté  de  droit  possède  aussi  quelques  manuscrits  et  des 
archives  dont  l'inventaire  a  été  dressé  par  le  regretté  Paul  VioUct.  Quel- 
ques Universités  de  province  ne  possèdent  aucim  manuscrit  :  celles  qui 
sont  représentées  ici  sont  :  Aix-Marseille  (catalogue  par  MM.  G.  Fleury  et 
M.  Godefroy)  ;  Besançon  (D^^  F.  Prieur)  ;  Bordeaux  (M.  E.  Bouvy)  ;  Caen 
(M.  D.  Bonnet)  ;  Dijon  (M.  L.  Balland)  ;  Grenoble  (M.  V.  Nicaud)  :  Lyon 
(MM.  M.  Dreyfus  et  E.  Gaillard)  ;  Montpellier  (MM.  IL  Bel  et  L.  Girard)  ; 
Poitiers  (M.  G.  Vacher  de  la  Pouge)  ;  Hennés  (M.  IN.  Teulié)  :  Toulouse 
(AIM.  G.  Ducos  et  L.  Vie).  De  ces  bibliothèques  départementales,  la  plus 
importante  est  celle  de  Montpellier,  et  les  manuscrits  en  avaient  été  réper- 
toriés dans  le  t.  1  de  la  série  in-4  du  catalogue  ;  ici  l'on  ne  nous  donne 
qu'un  supplément.  La  Bibliothèque  de  Rennes  offre  un  intérêt  tout  parti- 
culier par  son  fonds  celte  et  breton. 

—  La  bibliothèque  du  X'  arrondissement,  dont  M"'°  Alice  Darrican  a 
remis  au  point  et  publié  le  catalogue  (Ville  de  Paris.  Bibliolhèque  munici- 
pale de  prêt  (/raluit  à  domicile.  Mairie  du  X'  arroudissemeid...  Calidoijue.  Pa- 
ris, impr.  de  C.  Pailhé,  septembre  1918,  in-12  agenda  d(>  xxxvni-41G  p.). 
tient  le  premier  rang  parmi  les  bibliothèques  municipales  pour  la  sociolo- 
gie et  la  géographie  et  le  dernier  pour  les  romans.  Elle  se  distingue  aussi 
de  ses  congénères  parce  qu'elle  contient,  à  ce  qu'il  nous  a  semblé,  un  plus 
grand  nombre  de  livres  en  langues  étrangères.  A  la  partie  de  l'Introduc- 
tion de  .M.  (]oyecque  qui  est  spéciale  à  la  Bibliothèque  du  X",  nous  emprvm- 
lerous  (pielques  considérations  intéressantes.  S'atlristant  delà  «  condition 
vraiment  trop  itisnirisanle  et  arriérée  de  la  bibliothèque  publique  en 
France»,  il  insiste  sur  la  nécessité  pour  un  bibliothécaire  de  tenir  le  dépôt 
dont  il  est  chargé  au  courant  des  publications  capables  de  renseigner  «  la 
cin-iosité  intelligente  du  public  »  sur  les  questions  intéressantes  «  L'heure 
est  venue,  ajoule-t-il,  d'organiser  le  service  public  d?  la  lecture.  » 

—  Dans  une  luxueuse  brochure,  tirée  sur  papier  de  choix,  admirable- 
ment imprimée  par  Devamhez  et  intitulée  :  La  «  Salle  de  ijarde  ».  hishire 
■'niecdoliipu'  des  salles  de  (jardf  des  bopilaa.r  de  I^aris  (Paris,  cliez  Montagn. 


—  155  — 

l'.».  boulevard  du  Porl-Royal,  lOlS,  in-8  carré  de  131  p.,  avec  4  pi.  en  cou- 
leurs. r>  pi.  en  noir  et  de  nombreuses  gravures  documentaires  dans  le 
Icxle),  le  D'  Cabanes  fait  un  tableau  curieux  de  ces  salles  «  où,  dit-il  gnie- 
miMit.  l'on  mange,  l'on  cause,  l'on  chante,  l'on  fume...  »  .\près  avoir  rap- 
pelé ce  que  furent  les  «  ancêtres  de  1  interriat  »  dans  les  hôpitaux  depuis 
l.duis  XllI.  l'auteur  donne  quelques  indications  sur  la  manière  de  vivre 
dos  internes,  puis  il  passe  en  revue  certaines  œuvres  littéraire^  conçues 
|),M-  les  hôtes  les  plus  célèbres  de  la  salle  de  garde.  Là  nous  apparaissent 
les  Goncourt.  Alphonse  Daudet.  Paul  Bourget.  Michelel,  Gamhetta,  le  mu- 
sicien Hervé  (de  son  vrai  nom  Florimond  Ronger),  d'autres  encore,  sans 
compter  l'aventurier  peu  banal  qui  sest  appelé  Cornélius  Herz.  Avec  le 
D""  Cabanes,  l'on  visite  lîicèlre.  la  Charité,  la  Salpèlrière.  Necker.  Laen- 
riec.  etc..  dont  les  salles  de  garde  sont  décrites  sous  divers  rapports,  mais 
principalement  au  point  de  vue  artistique.  Dans  les  deux  derniers  chapi- 
tres de  ce  petit  livre,  il  est  question  des  internes,  acteurs  et  aiiteurs  d'un 
«  opéra  polymorphe  »  à  l'hôpital  Saint-Louis  et  de  Ihumour  à  la  salle  de 
garde,  avec  les_  bals  de  l'internat  et  les  drôleries  et  mystifications  de  nos 
futurs  médecins  graves  et  austères.  Il  faut  dire  que  nous  sommes  ici  en 
I)résence  d'un  «  recueil  de  souvenirs  d'autrefois,  réuni  pour  les  médecins 
d'aujourd'hui,  auxquels  il  rappellera  les  heures  de  jeunesse  des  salles  de 
garde  ».  Ces  pages  ne  s'adressent  donc  pas  au  grand  public,  que  certains 
•détails  ou  diverses  anecdotes  et  aussi  plusieurs  images  pourraient  quelque 
peu  déconcerter  ;  mais  les  écrivains  et  les  artistes,  tout  comme  les  méde- 
cins, y  trouveront  leur  compte. 

Anjou.  —  M  l'abbé  Uzureau  continue  —  et  avec  quelle  ardeur  au  tra- 
vail !  —  la  série,  très  variée,  de  ses  publications.  Dans  Quelques  Lettres  de 
soldats  républicains  en  Vendée,  en  I793-I79i  {Revue  historique  de  la  Rérolu- 
lioa  française,  de  juillet  septembre  1918,  et  tirage  à  part.  Largentière, 
impr.  Mazel  et  Plancher,  1918,  in-8  de  111  p.),  il  apporte  une  nouvelle 
contribution  de  détails  utiles  à  divers  événements  connus  de  la  guerre  de 
"V  ondée  ;  déroutes  des  troupes  républicaines  à  Fontenay-le-Comte  (25  mai 
1793),  à  Chantonnay  (3  sepembre)  ;  défense  d'Angers  (3-4  décembre)  ;  le 
régime  de  la  Terreur  qui  fut  aussitôt  apiès  instauré  dans  cette  ville;  exac- 
tions des  colonnes  infernales  (1794)  ;  etc. 

—  Si  M.  l'abbé  Uzureau  donne  bien  les  noms  des  Quatre  Connuissaires 
■du  conseil  exécutif  à  Anijers  (179^)  (Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture, sciences  et  arls  d'Angers  et  tirage  à  part.  Angers.  Grassin.  1918, 
in-8  de  10  p.).  il  nous  entretient  presque  exclusivement  de  l'un  d'eux. 
Philippe  Baudin,  célèbre  surtout  par  son  énergie  à  défendie  les  éléments 
modérés  des  administrations  et  des  sociétés  populaires  angevines  contre 
les  terroristes  du  crû,  marchant  à  la  remorque  des  abominables  assassins 
Francastel  et  Hentz.  commissaires  de  la  Convention.  Baudin  paya  de  sa 
liberté  sa  courageuse  intervention  ;  même  il  faillit  porter  sa  tète  sur  l'écha- 
faud.  M.  Uzureau  a  été  heureusement  inspiré  en  rééditant  ici  le  discours 
de  Baudin.  dont  il  a  retrouvé  un  exemplaire  rarissime  à  la  Bibliothèque 
de  la  ville  d'Angers.  Mais  la  mission  des  commissaires  du  conseil  exécutif 
était.  olTiciellement.  d  ordre  purement  économique.  Il  s'agissait  de  dresser 
l'évaluation  des  pertes  causées  aux  habitants  du  département  de  .Maine-et- 
Loire  par  la  guerre  des  Vendéens  et  les  documents  de  ce  genre  reproduits 
dans  la  brochure  qui  nous  occupe  sont  particulièrement  intéressants. 

—  La  Fondation  de  là  Société  d'agriculture,  sciences  et  arls  d'Angers,  telle 
qu'elle  fonctionne  encore  aujouid'hui,  date  du   18  janvier  1828,  nous  dit 


-   156  — 

M.  l'abbé  L'zuroau  (Angers,  Grassiii,  1918^  in-8  de  25  p.).  Autorisée  par 
dépèclie  niinisférielle  du  25  juin  1831,  elle  a  été  reconnue  comme  établis- 
sement d'utilité  publique  par  ordonnance  royale  du  5  mai  1833  et  n'a  pas 
cessé  depuis  de  contribuer  utilement  au  développement  des  travaux  agri- 
coles, liorticoles,  industriels  et  historiques  en  Anjou.  La  brochure  qui 
nous  occupe  donne  d'intéressants  renseignements  sur  cette  importante 
société  savante.  Regrettons  seulement  que  l'auteur  n'ait  pas  songé  à  rappe- 
ler que,  sous  ce  nom  relativement  nouveau,  elle  n'est  que  la  reconstitution, 
par  voie  de  fusion,  de  l'antique  Académie  des  belles-lettres  d'Angers,  créée 
le  31  mai  1G84  et  du  Bureau  d'agriculture  datant  du  24  fructidor,  an  VI 
(10  septembre  1798). 

Bretagne.  — .  La  l^e  série  des  Cahiers  bretons  dont  nous  sont  parvenus 
les  n"^  2  et  3,  avec  pour  directeur  littéraire  M.  Yves  Le  Febvre  et  pour  rédac- 
teurs, l'un  Louise  Bodin  (En  Bretagne:  des  livres,  des  voyages,  des  impressions 
des  opinions  (Lannion.  1918,  petit  in-8  de  72  p.)  et  l'autre.  André  Suarès- 
{André  Suarès  et  la  Bretagne  (Lannion,  1918,  in-8  de  64  p.)  s'applique  à  dé- 
crire une  province  et  un  peuple  qui,  pour  le  pittoresque  et  les  coutumes, 
attirent  toujours  la  curiosité  du  lecteur.  11  ne  s'agit,  bien  entendu,  que  de 
la  Bretagne  bretonnante,  la  vraie,  l'autre  étant  depuis  longtemps  francisée. 
M.  Le  Febvre  a  réuni  pour  la  rédaction  des  cahiers  de  cette  série,  dite  «  de 
guerre  »,  un  groupe  de  jeunes  écrivains  pleins  de  bonne  volonté  qui  tien- 
dront à  sortir  de  la  banalité  de  ce  genre  de  descriptions,  en  nous  donnant 
quelque  chose  de  nouveau,  sans  sortir  de  l'exactitude  et  de  la  sincérité, 
double  condition  qui  s'impose  tout  d'abord.  Il  faut  attendre  les  autres- 
cahiers  avant  de  se  prononcer  sur  la  valeur  réelle  de  la  série. 

Languedoc.  —  L'Acadéinie  des  Jeux-Floraux,  qui  avait  perdu  cinq  de  se* 
membres  pendant  la  guerre,  vient  de  procéder  à  des  élections.  Elle  a 
nommé  «  mainteneurs  »  :  le  général  de  Castelnau,  que  des  liens  étroits 
rattachent  à  Toulouse  et  aux  Jeux-Floraux,  et  qui  a  accepté  par  une  longue 
et  aimable  lettre  adressée  au  marquis  de  Suffren,  secrétaire  perpétuel  ;  le 
comte  Henri  Bégoueu  ;  MM.  Robert  d  Welles,  Roger  de  Vivie  de  Régie  et 
Auguste  Puis.  L'Académie  toulousaine,  ayant  perdu  MM.  Etienne  Lainy  et 
Edmond  Rostand,  maîtres  ès-Jeux-Floraux,  a  élu  à  ce  titre  S.  E.  le  cardi- 
nal Mercier,  les  maréchaux  Jolfre  et  Foch. 

Saintonge.  —  Nous  recevons  la  6°  livraison  du  tome  XIX  du  Recneil  de 
la  Commission  des  arts  et  monuments  historiques  de  ia  Charente- Inférieure  et 
Société  d'archéologie  de  Saintes  {avril  l'JUi-octobre  1918)  (Saintes,  au  siège  de 
la  Commission,  1918,  in-8  paginé  273-340,  avec  3  figures).  On  trouve  dans 
ce  fascicule  :  Note  sur  un  cadran  solaire  en  étain  et  plomb,  par  Jean  Pom- 
mier, 16  7,  découvert  à  Ghallaux  en  1883,  par  le  D'  Ch.  Vigen  (p.  282-283)  ; 
—  Vers  1868.  Critique  de  la  guerre  de  la  ligue  d'Augsbourg  contre  Louis  XIV et 
de  l'altitude  des  puissances  européennes  figurées  comme  jouant  à  l'homhre,  do- 
cument trouvé  à  Ghallaux  en  1870.  Texte,  commentaires,  annexe  et  essai 
d'explication,  par  le  D'  Ch.  Vigen  (p.  283-288)  ;  —  Jussac  et  Corignac. 
2/y  confessions  pascales  en  {770,  fixation  des  jours  par  le  curé.  Le  dernier 
jour  réservé  aux  seuls  nieuniers.  Notes  et  observations  par  le  D'oeil.  Vigen 
(p.  288-290)  ;  —  Les  Arnuuis,  Allemands,  en  Roch  et  Saint-Pidais.  Origine  du 
nom,  par  le  même  (p.  291-292);  — L'Ile  d'Oléron,  par  M.  Paul  Énard 
(p.  302-305,  avec  3  fig.)  ;  —  Brouage  pendant  la  Rérolulion  (lirouage  prison), 
par  le  D'  Mncenl  (p.  300-324)  ;  —  Le  Lieu  d'origine  du  miniaturiste  Philippe 
dit  de  Mn:erolles,  par  M.  Ch.  Dangibeaud  (p.  292-301).  M.  Dangibeaud  dis- 
cute   non    seulement  sur  l'origine    tourangelle  ou   saintongeaise  de  cet 


—  io7  —  .■*- 

>. 
îiitistf,  ni;ii^  aussi  sur  son  vt-ritablc  nom,  cl  cela  sans  arriver  à  une  ron- 
<-liision.  Étant  donn»'*  que  ce  Philippe,  d'il  de  Mazerolles.  avait  travaillé 
pour  Charles  le  Téméraire,  duc  de  Bourgogne,  que  les  États  de  ce  prince 
■conipreiraicnlla  Franche-Comté  ou  Comté  de  Bourgogne,  que  lesoriginaires 
■de  cette  province  étaient  particulièrement  appréciés  à  la  Cour  de  Bonr- 
gcne  et  qn  il  existe  un  village  du  nom  de  Mazerolles  non  loin  de  Besan- 
■con,  peut-être  les  recherches  pourraient-elles  être  dirigées  de  ce  côté. 
Simple  suggestion,   d'ailleurs. 

Angleterre.  —  Le  1"  février,  a  paru  à  Londres,  le  premier  tmméro 
d"une  nouvelle  revue  artistique  et  littéraiie.  J\ie  Arl  (jazelle  (Londres,  G. 
Duke  Street  ;  hebdomadaire,  lo  fr.  60  par  an)  s'occupera  des»ouvrages 
dramatiques  de  musique,  d'art  et  de  littérature,  sous  la  direction  de  M.  .1. 
T.  Green  et  L.  Danton  Green. 

Belgique.  —  M.  l'abbé  Paul  Ilalflants.  à  qui  l'on  doit  notan)ment  \ine 
•excellente  histoire  de  la  LiUéraUire  française  au  xix«  siècle,  nous  dotuie 
«DUS  le  titre  :  Livres  de  chevel,  une  liste  pratique  dédiée  aux  honnêtes  gens 
de  bon  vouloir  qui  désirent  entretenir  la  culture  générale  d^  leur  esprit 
(Bruxelles,  I.  de  Lannoy.  1919,  in-16  de  4i  p.  Prix  :  1  fr.  50).  Dix-sept  cha- 
pitres nous  font  connaître  tour  à  tour,  non  point  simplemenl  par  leur 
titre,  mais  par  une  appréciation  raisonnée,  les  «  Livres  de  chevet  »  (sur 
<;haque  sujet  l'auteur  s'est  appliqué  à  ne  signaler  qu'un  livre,  le  meilleur 
selon  lui)  que  l'on  doit  avoir,  lire  et  relire  sur  les  matières  suivantes  :  1. 
L'Écriture  sainte  ;  IL  Théologie  dogmatique  et  morale  ;  ïll.  Liturgie  :  IV. 
Apologétique  :  V.  Vie  intérieure  ;  VI.  Histoire  de  l'Église  ;  VIL  Histoire 
profane  :  VlII.  Philosophie  ;  IX.  Économie  politique  ;  X.  Littérature  fran- 
■çaise  :  XL  Littérature  néerlandaise  ;  XII.  Littérature  étrangère  ;  XHI.  For- 
mation personnelle,  éducalion  :  XIV.  Histoire  de  l'art  ;  XV.  Géographie  ; 
X^  L  Sciences  naturelles  :  XVIL  Ouvrages  à  consulter  pour  les  lectures.  Kcrit 
à  l'usage  des  Belges,  ce  petit  volume  sera  consulté  avec  profit  par  d'autres 
que  des  Belges  et  mutadis  inutantis  sera  un  guide  excellent  pour  tous  les 
lecteurs  de  langue  française. 

Macédoine.  —  Le  12  décembre  1917,  M.  V.  Djcric,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Belgrade,  a  fait  au  Collège  libre  des  sciences  sociales  à  Paris,  une 
■conférence  où  il  a  parlé  de  l'Elhnograpfiie  des  Slaves  de  Macédoine,  laquelle, 
insérée  d'abord  dans  la  Patrie  serbe,  a  été  ensuite  tirée  à  part  (Paris,  édi- 
tion de  la  «  Yougoslavie  »,  1918.  in-8  de  iS  p.).  L'auteur  discute  les  asser- 
tions de  certains  linguistes  bulgares,  Tsonev  notamment,  et  allemands 
{Oblatij.  prétendant  que  les  Slaves  de  Macédoine,  au  sud  de  la  ligne  Kra- 
iovo.  Skoplié,  Tctovo,  parlent  bulgare.  Il  prouve  que  le  diîflecte  macédo- 
nien tient  autant  du  serbe  que  du  bulgare  et  cite  des  textes  du  xiv^  au 
xix"'  siècle,  qui  donnent  aux  habitants  de  la  Macédoine  le  nom  de  Serbes. 
Savante  contribution  à  l'étude  d'une  question  très  complexe.  Mais  nous 
opposerons  aux  témoignages  apportés  par  M.  Djeric,  celui  de  nos  consuls 
à  Salonique,  au  xvui''  et  au  commencement  du  xix'  siècle.  Cousinery  spé- 
cifie que  «  les  archevêques  qui  se  succèdent  à  Vodena,  quoique  Grecs  de 
nation,  sont  dans  l'obligation  d'apprendre  la  langue  bulgare  :  leur  dio- 
<;èse  se  compose  de  plus  de  cent  villages,  dont  les  habitants  ne  parlent  que 
cette  langue.  »  De  son  côté,  Pouqueville  a  noté  que  le  pays  entre  Kastoria  et 
Monastir  est  exclusivement  peuplé  de  Bulgares  et  qu'on  ne  parle  que  leur 
langue.  Or  l'un  et  l'autre  ont  une  autorité  incontestable  en  la  matière. 
Faudrait-il  en  conclure  que  les  populations  slaves  de  la  Macédoine  étaient 
jadis  appelées  indifféremment  serbes  ou  bulgares  .''  Aujourd'hui  elles  se 
<lisent  surtout  «  macédoniennes.  » 


—   lo8  — 

États-Unis.  —  Nous  avons  donné  piécédcni nient  l'analyse  des  mémoires 
de  MM.  Paul  Baitsch,  William  Ilealey  Dali.  Olivier  P.  Ilay.  Wendell  C. 
Mansfield,  Victor  Sterki  et  Henry  Shaier  Williams,  mémoires  extraits  du 
vol.  51  des  Proceedings  of  llie  United  Slales  National  Muséum  (Wasliinglon 
Government  prinling  olTice,  1917,  in-.S.  676  p.  121  pi.).  Ce  volume,  (pii 
vient  de  nous  parvenir,  contient  encore  les  travaux  suivants  :  —  Report  on 
Aniclmida  collectcd  by  Messrs  Curie  Caudell  and  Dyar  in  Britiali  Columfiin, 
par  Nathan  Bonks  (6  p.)  ;  —  New  and  Uttle-known  heferopteronx  hemiptera 
in  the  United  States  National  Muséum,  par  E.  Bergroth  (:25  p.  4  genres  nini- 
veaux  et  16  pièces  nouvelles)  ;  —  A  generic  synopsis  oj  the  CoccinelUd  larme 
in  the  United  States  National  3/useum,  with  a  description  of  ihe  larva  oj 
llypersaspis  binotata  Say,  par  Adam  Bôving  (30  p.  4  pi.);  —  Paraphernalia 
of  a  Korean  sorceress  in  llie  United  States  N'dional  Muséum,  par  1.  AI.  Casa- 
iiorviez  (7  p.  5  pi.)  ;  —  Some  American  fossil  insects,  par  T.  D.  A.  Cockerell 
(IS  p.  1  pi.  ;  4  genres  nouveaux  et  20  espèces  nouvelles);  —  Neiv  species 
and  vnricties  of  foraminifera  from  the  Philippines  and  adjacent  walers,  par 
Joseph  A.  Cushman  (12  ;  53  espèces  ou  variétés  nouvelles)  ;  —  Descriptions 
of  new  lepidoptera  from  Mexico,  par  Harrison  G.  Dyar  (37  p.  ;  7  genres 
nouveaux  J14  espèces  ou  sous-espèces  nouvelles);  —  Report  on  the  Japa- 
iiese  Macrouroid  Jlshes  collected  by  ihe  United  States  Fisheries  steamer  «  Alba- 
tross  »  in  I0(l<>.  luilli  a  synopsis  of  the  (jenera,  par  Cliailes-llenry  Gilbert  and 
Char.  L.  Ilnbbs  (80  p.  4  pi.  ;  1  genre  nouveau  et  8  espèces  nouvelles)  ;  — 
Descriptions  of  niiscellaneous  North  American  Chalcidoid  hymenoplera  of  tlie 
J'amily  Eulophidœ,  par  A. -A.  Girault  (14  p.  :  3  genres  nouveaux.  20  espèces 
nouvelles)  ;  —  New  Javaiiese  Chalcidoid  hymenoplera,  par  .\.-.\.  Girault 
(7  p.  ;  2  genres  nouveaux,  11  espèces  ou  vaiiétés  nouvelles).;  — Ne.v  Norlh 
.America  hymenoplera  of  the  family  Ealophidce,  par  A. -A.  Girault  (9  p.  ; 
2  genres  nouveaux  et  11  espèces  nouvelles)  ;  —  A  revision  of  the  rolatorian 
(jenera  Lepadella  and  Lophocharis  irith  descriptions  of  five  new  species,  par 
Harry.  K.  Ilarring  (12  p.  9  pi.)  ;  —  .1  neir  genus  and  three  neic  species  of 
parasilic  isopod  cruslaceans,  par  W.  P.  Hay  (6  p.  3  pi.)  ;  —  A  Loirer  Jurassic 
Jlora  from  llie  Upper  Matanuska  Valley,  Alaska,  par  F.  H.  Knowllon  (10  p. 
4  pi.)  ;  — A  review  of  Ihe  fossil  plants  in  the  United  States  National  Mufcum 
from  tfie  Florissant  Lake  beds  ai  Florissant,  Colorado,  with  descriptims 
of  new  species  (uid  lisl  of  type-specimens,  par  V.  H.  Knowlton  (57  p.  16  pi.  ; 
2  genres  nouveaux  et  20  espèces  nouvelles)  ;  —  Descriptions  of  seven  neic 
species  of  red  spiders,  par  E.  A.  Me.  Gregor  (10  p.  7  pi.  ;  7  espèces  nou- 
velles) ;  —  On  the  geoyraphical  forms  of  the  Philippine  élégant  titmouse,  Par- 
daliparus  elegans  {Lessonjwith  descriptions  of  three  neio  suhspecies,piiv  Edgard 
Alexander  Mearns  (9  p.)  ;  —  A  newly  found  meteoric  slone  from  Lake  Oke- 
chobee,  Florida,  par  George  P.  Merrill  (2  p.)  ;  —  A  récent ty  found  iron  météo- 
rite from  Cookeville,  Ptdmun  Counly,  Tennessee,  par  George  P.  Merrill  (2  p.. 
I  pi.)  ;  —  Notes  ou  the  Whitfield  Counly,  Gjorgia,  meleoric  irons,  irilh  nein 
analyses,  par  George  Merril  (3  pi.  1  pi.)  ;  —  Sludies  of  iveevils  (Rhyncho- 
phora,  ivith  descriptions  of  new  gênera  and  species,  par  W.  Dvvighl  Picrce 
(13  p.  ;  15  superfa milles,  familles  ou  subfamilles  nouvelles,  1  nouveau 
genre  et  2  es|)èces  nouvelles)  ;  —  A  contribution  to  our  knowledge  <»/' 
the  ivliite  flies  of  Ihe  subfamity  Aleyrodinae  (Aleyrodidie),  par  .\.  L.  Quaiu- 
lance  et  A.-C.  Baker  (11  p.  40  pi.  ;  10  sous-genres  nouveaux,  et  36  espèces 
nouvelles)  ;  —  Neiv  gênera  and  species  of  Muscoid  Jlies,  par  Charles  H.  T. 
Towensend  (25  p.  ;  28  geiues  nouveaux  et  27  esj)èces  nouvelles)  ;  — Notes  on 
Alunite,  PsilomeUudte,   and   Titanite,   par  Edgar  T.  Wlierry  (S  p.);  —  Tiro 


—  l.'ill  — 

lu'ir  fossil  pldnls  ffoin  Ihc  Trinssic  of  Penitsylraiiid,  p.ir  Edgar  T.  Wherry 
(3  p.  2  pi.  ;  1  yenrc  nouveau,  2  espèces  nouvelles). 

l'uiti-iCATiONs  NOUVELLES.  —  //  Piiitialo  (il  S.  Pielro  e  de'  suoi  sticcessori 
tu  Sun  (j'iovanni  Crisoslonio,  da  Mccolô  caïd.  Marini  (gr.  in-.S,  Koina,  li- 
pogi .  ponlificia  iiell  Islitulo.  Pio  IX).  —  Eludes  de  liltmjie  el  d'nrcltcolo<jie 
cliri-lienne.  par  I'.  liullillol  (in-12,  (îahaldn  :  Auguste  Picard).  —  Exposilioii 
lie  lu  morale  cathuluiue.  Morale  spéciale.  VIH.  La  JusUce  el  le  Droil.  (Jaréine 
l'JI>^  (par  le  K.  P  M.-.\.  Janvier  (in-8,  Lelhielleux).  —  Cours  populaire  de 
cfdéchisme,  par  l'abbé  E.  Barbier  (3  vol.  in-12,  Lethielleux).  —  Religion, 
Famille,  Pairie.  Pairie,  par  Mgr  Gibier  (Tn-li,  Téqui;.  —  Théorie  yénétique 
de  inréalilé.  Le  Pancalisme,  par  J.  .M.  Baldwin  ;  trad.  par  E.  Pliilippi  (in-8, 
\lcan).  —  Penser  pour  agir,  par  G.  Deliernie  (in-l8,  Grasset;.  —  La  Psy- 
thologie  de  Slendhal,  pav  U  Ueiacroi.x  (in-8,  Alcan).  —  Manuel  d'économie 
commerciale  (La  Technique  de  l'exporlalion),  par  W  Clerget  (in-18,  Colin).  — 
La  Pliilosophie  sociale  de  Ernesl  Solvay,  par  A.  Detillicux  (in- 16,  Bruxelles, 
Lebègue).  —  Chez  les  propiièles  socialisles,  par  C.  Beuglé  (in-16,  Alcan).  — 
Inlrodnclion  à  la  chimie  générale,   par   K.  Gopaux  (in-12,  Gautliior-Villars). 

—  Commenl  devenir  ingénieur,  par  l'école  ou  par  l'usine?  par  É.  Elagey  (in- 
J6,  Payot).  —  La  France  agricole  el  la  Guerre,  par  le  D"^  G.  Ghauveau. 
T.  Il  (in-10^  Baillière).  —  Œuvre  de  G.-H.  Halphen,  publiées  par  G.  Jordan, 
II.  Poincaré,  K.  Picard.  T.  Il  (gr.  in-'^.  Gauthier-Villars).  —  L'Origine  des 
formes  de  la  lerre  el  des  planèles,  par  E.  Belot  (gr.  in-8,  Gauthier-Villars). 
^  La  Face  de  la  lerre  {Dus  Anllilz  der  Erde),  par  E.  Suess  ;  trad.  de  E.  de 
Margerie.  T.  III.  4^  partie  (fin)  et  Tables   générales   (2    vol.  gr.  in-8,  Golin). 

—  De  la  Criplographie.  élude  sur  les  écrilares  secrèles,  par  A.  Langie  (in-16. 
Payot).  —  Œuvres  de  Virgile,  texte  latin,  publiées  avec  une  Introduction  et 
des  notes,  par  F.  Plessis  et  P.  Lejay  (in-16  cartonné,  Hachette).  —  Gloires  et 
deuils  de  France,  in-16,  Hachette).  —  Les  Rimes  sanglaides,  suivies  de  Terre 
d'Alsace,  par  E.  H.  Verdier  (in-16.  Figuière).  —  La  Meuse,  vers  el  sonnels^ 
par  H.  Dacremont  (in-16,  Figuière).  —  L'Impossible  Rêve,  par  E.  Pellerin 
et  J.  Bollery  (in-lG,  Figuière).  —  Musiques  éparses,  par  G.  Duboscq  (in-.S, 
Figuière).  —  Poèmes.  Sous  les  yeux  de  la  morl.  La  Source  el  le  ciel,  par  G. 
Audibert  (in-t6  carré.  Grès).  —  Las  cien  mejores  poesias  (liricas)  de  la  len- 
gua  porlugaesa  :  trad.  directamente  en  verso  por  F.  Maristany  (in-16,  Edi- 
torial  Gervantes).  —  Conférences  de  l'Odéon,  par  G.  Gavault.  3"  série  (in-16. 
Hachette).  —  Le  Tragique  quotidien.  Pensées,  drames,  nouvelle,  par  le  P.  Le 
Perroy  (  in-12.  Lethielleux).  —  La  Fin  de  Claude,  par  M.  Roynès-Monlaur 
(in-16,  Plon-Nourritj.  —  La  Faiblesse  des  for Is,  par  G.  Rageot  (in-16,  Pion- 
Nourrit).  — Sous  le  masque,  par  Delly  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  César-Xa- 
poléon  Gaillard  à  la  conquéle  de  l'Amérique,  par  J.  Farmer  f in-16.  Payot  !.  — - 
César  Capéran,  ou  la  Tradition,  par  L.  Godet  (petit  in-16.  Gallimard).  — 
Jacqueline  Lavernel,  par  É.  Garry  (in-16,  Jouve).  —  Les  Pelils  .\eulres,  par 
G.  Manccy  (in-8,  Lethielleux).  —  Le  Mexique  moderne,  par  R.  Bigot  (in-8, 
P.  Roger).  —  Les  Pèches  maritimes.  Un  Tour  sur  le  Dogger  Bank,  par  H. 
Malo  (in-16,  Bossard).  —  Manuel  des  études  grecques  et  latines,  par  L.  Lau- 
rand  (fasc.  I  et  VI),  (2  fasc.  in-8,  Auguste  Picard).  —  Y'ie  de  sainte  Zile.  pa- 
tronne et  modèle  des  personnes  de  service,  par  Mgr  A.  Saint-Glair  (in-12.  Té- 
quij.  —  Sous  le  masque  de  «  William  'Shakespeare.  <>  William  Slanley.  VP 
comte  de  Derby  (2  vol.  in-16,  Payot;.  —  French  Prolestantism,  lo59  1')G-J.  by 
C.  G.  Kelly  (in-8,  Baltimore,  Johns  Hopkins  Press).  —  Le  Message  du  Sacré- 
Cceur  à  Louis  XIV,  à  la  France,  par  .\..  Hamon  (in-16,  Beauchesne)  — 
Soufflol,  sa  vie,  son  œuvre,  son  esthétique  f  17 13-1780),  par  J.  Monval  (gr.  in-8 


—  160  — 

Lemerre).  —  Correspondance    de    SonJJlot   avec  les   direcleurs   des   hdliments 
concernant  la  mannj'aciure  des  Gobelins  (l/ôG-irSO),  publiés  par  .1.  Moiidain- 
Monval  (gv.  in-8.  Lemerre).  —  Le   Cardinal   Collier,    par   J.   Munier-Jolain 
(in-16,  Payot).  —  Éludes  robespierrisles.    La  Conspiralion  de  l'élrantjer,  par 
A.-  Mathiez  (in-t8,  Colin).—   Le   Morbihan  et  la  Chouannerie  morbUiannaise 
sous  le  Consulid,  par  É.  Sagerct  (i  vol.  in-8,  A.   Picard  et   llis).   —  Les  Ori- 
gines du  pangermanisme   (1800  à  /888)  ;   textes  traduits  do  Tallemand    par 
divers,  avec  une  Préface   de  G.    Andier  {in-8,    Conard).  —   La   Mission  du 
comte  dé  Saint-Vallier  (décembre   1877-décembre  1881,  par  E.  Daudet  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  L'Affaire  de  Saverne,  par   J.    Révère   (in-16,   Bossard).  — 
Treinla  anos  de  mi  vida,  por  E.  Gômez  Carrillo.  Libro  I  (in-16,  Madrid,  So- 
ciedad  gênerai  espanola  de  libreria).    —  La  Ensenanza   de   la  historia  en  la 
Universidad  espanola  y  su   reforma  posible,  por  J.    Deleito   y   Pinuela  (gr. 
in-8,  Valcncia,  Miguel  Gimeno).    —   La    Conversion  de    Magdeleine.   par  G. 
Issandon  (in-16,  Boauchesne).  —  La  Française  dans  ses  quatre  âges,    par  G. 
Guillou  (iii-16.  Société   d'éditions    Levé). —  L'Université   /io(n'e//t;.  par  «  les 
Compagnons  »  (in-12,  Fisciibacher;.   —    Le  Problème  de  la  compétence  dans 
la  démocralie,  par  Joseph-Barthéleniy  (in-8,    Alcan).    —  Demain,  par  Lysis 
(iM-16,  Pavot).  —  Mémoires  de  l'ambassadeur  Gérard.  IL  Face  à  face   avec  le 
Kaiserisme  (in-H,  Payot).  —  Aspects  politiques  de  la  guerre  mondiale,  par  Paul 
Louis  (in-16,  Alcan).  —  L'Europe  an  jour   le  jour,  par  A.  Gauvain.  T.  11  à 
^  [  (0  vol.  in-8).  —  L'Europe  dévastée,  par  W.  Muehion  (in-16,  Payot).  —  La 
l'iuerra  suprema,  por  el  capitan    Araiîa   (Zaragoza,  Heialdo  de  Aragon).  — 
Le  Dilemme  de  la  guerre,  par  G.    Calderon   (in-18,   Grasset).  —  Clemenceau. 
par  C.  Ducray  (in-16,  Payot).  — David  Lloyd   George,   étude   biographique, 
par  H.  Spénder  ;  trad.  de  R.  L.  Cru  (in-18,   Colin).   —  Quelques  Guides  de 
l'opinion  en  France  pendant  la  Grande  Guerre    191^-1918,   par  A.  de  Cliam- 
bui:e(in-l(),  Celin,  Mary,  Elen).  —  Au  Vieil-Armand.  Lettres  de  Henri  Vola- 
tier,  chasseur  au  5"  bataillon  alpin,  à  sa  fiancée,  publiées  par  G.   Moulerdc. 
S.  .1.  (in-16,  Beauchesne).  —  Vingt  Jours  de  guerre  aux  temps  Jiéroïques,  par 
le  coni'  A.  Grasset  (in-16,  Berger-Levrault).  —  Les  Gars  de  la  flotte,  par  A. 
Galopin  (in-16,  Albin   .Michel).    —    Vue   générale  d'Alsace-Lorraine,    par  J. 
Duheni  (in-16,  Bossard).    —   L'Alsace  sous  la  domiiKdion   allemande,  par  F. 
Eccard  (in-18,  Colin).  —  L'Alsace  telle  qu'elle  est,  par  Mgr  Herscher  (in-l:2. 
LelliiclUeux).  —  Au  Pays  de   la  Sarre.  III.  Sarrelouis  el  Harrebriick.  par  E. 
Babelon  (gr.  in-8,   Leroux).  —  La  Bélgica  que  yo   vi,  por  J.    Subira   (in-16, 
Valencia,  Edilorial  Cervantes).  —  L'Aïujleterre  avant  et  après  la  guerre,  par 
P.  Ueynaud  iin-18,   Grassetj.   —    L'Irlande    ennemie,   par  R.-C.  EscouHaire 
(in-16,  Payot).  —  Allemands  d'hier  et  d'aujourd'hui,   par   A.  Chuquet  (in-16. 
de  Boccard).  —  L'Allemand,  souvenirs  el  réflexions  d'un  prisonnier  de  t/uerre, 
j)ar  J.  Hivière  (in-16,    «    Nouvelle    Revue    française    »).    — En   captivité... 
1 1  juillet  1916-1"  novembre  1917,  par    A.   Limagne  (in-12.    Lethielleux.  — 
Les  Captifs,  par  le  capitaine  R.  Ghrislian-Frogé  (in-16,  Berger-Levrault).  — 
Lettres  à  un  converti  de  la  guerre,   par  G.  Letourneau.  2'  série  (petit  in-lG, 
Locoll're.  Gabalda).  —  Une  Ame  de  séminarisie  sold(d.    Le  Sergent  Pierre  IJa- 
bouard.  du  P2.'r'  d'infanterie,  par  P.  Vigué  (in-16,  Beauchesne).  —  \ous.  sui- 
dais !  par  J.  Tournassus  (in-16.  Ville).  —    liresl-Litinvsk,  jiar  S.  (iiunibacli 
(in-Ki.  Payot).  — La  liussie  bolcliévisttï,  par  E:  .\ntonelii  (in-lti,  Grasset).  — 
La  Pologne  inconruie,  par  K.  Waliszewski  (in-18.  Colin).  —  Le  Rapport  secret 
du  I)'  .lohannès  Lepsius  sur  les   nïassacrfs   d'.\rménie.    publié    par    IL    Pinon 
(in-16,  Payot).  —  Le  Maroc  de  1918.  par  H.  Dugard  (in-16,  Payot). 


/.<•  C'ranl  :  CII.M'UI.S. 


Imprimerie  S.  Pacteau.  Luçon. 


POLYBIBLTON 

T{EVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PÏJBLICAÏIONS 
RELATIVES  A  LA  GUERRE  EUROPÉENNE 

'Les  OriyiiM's  ilu  païKjerinanisine  (  I JÎOO  à  IltJMt).  textes  traduits 
de  l'allemand  par  P. -II.  Michel,  A.  (jivelet,  J.  Momek,  K.  Falquenot, 
R.  Lambert,   M.    Chrétien.  H.  Cattanks,  M""  Leseuk,  G.  Mendel.  M.-J. 

JeaNNIN.    J.    DtTlLLELL,    l\.    SeUREAU,  M.  (ÎALLAND,  S.   Ma.NZAGOL.   C.    BoUDET, 

A.  Chevallier,  L.  Lévy-Dispeker,  Tu.  Brûlé,  M.  Dems,  S.  Charlot,  M. 
Faure,  avec  une  Préface  par  Chaules  Andler.  Paris,  Couard,  1915,  iii-8 
de  33o  p.  —   Prix  :  5  fr. 

Parmi  les  nombreuses  publications  auxquelles  a  donné  lieu  le 
besoin  que  nous  avons  ressenti  depuis  la  guerre  de  nous  expliquer  à 
nous-mêmes  cet  état  d'esprit  du  peuple  allemand  dont  nous  éprr)u- 
vions  les  terribles  effets,  peu  ont  une  portée  aussi  grande  que  la  Col- 
leclion  des  documents  sur  le  pangermanisme  traduits  de  l'allemand  et 
publiés  sous  la  direction  de  M.  Charles  Andler.  La  méthode  con- 
sistant à  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  les  textes  mêmes  est  excel- 
lente. Elle  nous  permet  de  constater  comment  les  idées,  dont  le  gou- 
vernement allemand  a  poursuivi  la  réalisation  en  déchaînant  sur  le 
inonde  la  plus  atroce  des  guerres,  sont  le  fruit  d'une  prédication 
vieille  d'un  siècle,  qui  les  a  profondément  inculquées  à  tout  le  peuple 
allemand.  11  n'en  faut  pas  davantage  pour  expliquer  avec  quel  entrain 
il  s'est  jeté,  à  la  suite  de  ses  maîtres,  dans  cette  entreprise. 

Dans  sa  Préface,  M.  Charles Wndler  nous  fait  suivre  révolution  du 
pangermanisme  depuis  les  contemporains  de  Goethe,  jusqu'à  Bis- 
marck. Il  nous  montre  à  son  origine  quatre  mirages  de  grandeur 
passée  :  deux  de  tradition  prussienne,  le  souvenir  de  l'Ordre  tcuto- 
nique  et  celui  de  la  grandeur  militaire  prussienne  ;  deux  de  tradition 
allemande,  le  prestige  du  Saint-Empire  et  l'œuvre  de  la  Ligue  han- 
séalique.  Puis,  en  exposant  successivement  les  idées  de  Dietrich  von 
Biilow,  Arndt,  Jahn,  List,  Moltke,  Bismarck.  ïreitschke,  Lagarde, 
Frantz,  il  fait  ressortir  les  nuanres  qui  les  distinguent  les  uns  des 
antres  et  met  en  évidence  l'unité  de  leur  doctrine  sous  la  diversité 
des  apparences.  Si  brutales  que  nous  paraissent  les  conceptions  bis- 
marckienues,. elles  furent  jugées  trop  timides  par  Paul  de  Lagarde  et 
Constantin  Frantz,  qui  rêvent  d'un  empire  d'Allemagne  étendu  jus- 
qu'à l'Orient  d'un  côté,  jusqu'à  l'Argonne  de  l'autre.  Grande  œuvre 
qui  vaut  bien  une  guerre,  disent-ils,  mais,  cette  guerre  serait  la  der- 
nière. Cette  œuvre  serait  aussi  l'anéantissement  de  la  Prusse,  car, 
dans  l'esprit  de  Constantin  Frantz,  l'Allemagne  doit  se  soustraire  à  la 
domination  de  la  Prusse  ;  il  condamne  le  principe  prussien  de  la  force 
pure.  ,  ; , 

M.\Rs-AvRiL  19 J  9.  T.  CXLV.  II, 


—  ii>-2  — 

Impossible  d'indiquer  un  choix  parmi  les  morceaux  tiadiiils.  plus; 
intéressants  les  uns  que  les  autres,  et  parfaitement  choisis  pour  cioti- 
ner  une  vue  d'ensemble  de  la  doctrine  pangermaniste.  On  pourrait 
s'étonner  de  ne  pas  trouver  dans  ce  livre  les  figures  si  icmanniables 
de  Fichte  et  de  Hegel  qui  en  furent  les  premiers  théoriciens  et  préten- 
dirent étayer  ses  ambitions  par  des  raisons  idéologiques.  M.  Chailes' 
ÂTjdler  les  a  mis  en  tête  du  volume  qu'il  a  consacré,  dans  la  n)èin«v 
collection,  au  Pangerma/iisme  philosophique  et  qui  ne  peut  guère  ►e 
séparer  de  celui  dont  nous  venons  de  parler.  Pour  que  le  pangerma- 
nisme fût  possible,  il  fallait  que  le  peuple  allemand  fût  convaincu  de 
sa  prédestination  et  de  la  nécessité,  qui  ne  le  laissait  |);is  libre  de 
renoncer  à  ses  grandes  destinées. 

La  puissance  militaire  de  l'Allemagne  s'est  effondrée  sous  les  rudes- 
coups  que  lui  a  portés  le  maréchal  Foch  ;  le  désordre  issu  de  la  révo- 
lution retardera  son  relèvement  économique.  Mais  le  peuple  allemand, 
du  haut  en  bas  de  l'échelle  sociale,  n'en  reste  pas  moins  pénétré  des- 
idées dont  il  a  été  saturé  sous  toutes  les  formes.  Voilà  pourquoi  les 
livres  de  M.  Charles  A ndler  doivent  être  l'objet  de  notre  étude  la  plus 
attentive  :  tous  les  Français  doivent  savoir  comment  a  été  formé  l'es- 
prit allemand.  A  ce  propos  on  ne  saurait  trop  regretter  qu'à  part 
M.  Andler,  dont  on  se  rappelle  les  polémiques  retentissantes,  les 
maîtres  officiels  de  la  jeunesse  française  aient  attendu  l'agression  alle- 
mande pour  montrer  l'Allemagne  sous  ses  traits  véritables.  Eux  qui 
la  connaissaient  si  bien  se  devaient  d'éclairer  leurs  élèves,  le  pu- 
blic..., et  même  le  gouvernement.  A.  T. 


Mémoires  de  rambas.sadeur  Gerahu.  II.  Face  à  face  avec  le  Icuitêrisnic. 
(Colleclion  des  Mémoires  pour  servir  à  l'hisloire  de  la  guerre  mondiale.)  l^aris, 
Payot,  1919,  iii-8  de  334  p.,  avec  8  planches  hors  Icxle.  —  Prix  :  10  fr. 

Ce  nouveau  volume  des  Mémoire.';  de  M.James  W.  Gérard  n'est 
pas  moins  intéressant  ni  moins  important  que  le  précédent:  Mi  s 
quatre  années  en  Allemagne  que  nous  avons  signalé  à  nos  lecteuis 
il  y  a  quelques  mois  (Polybihliun,  t.  CXLIl,  p.  5)  et  qui  a  si  fort  indi- 
gné les  Allemands  ;  M.  de  Betlimann-Ilolhveg  est  allé  juscpi'à  taxer 
d'immoralité  l'ambassadeur  américain  ;  celui-ci  se  moque  agréablr- 
mcnt  de  cette  prétention  d'un  Alhnuand  à  parler  de  moralité  et  il  n'a 
pas  de  peine  à  montrer  la  légitimité  de  sa  publication. 

Face  à  face  avec  le  kaisérisme  comporte  vingt  sept  chapitres  :  i. 
La  Personnalité  du  Kaiser  ;  II.  Qui  inspire  le  Kaiser  et  qui  décida  la 
rupture  avec  l'Amérique  ?  111.  Qui  coula  le  «  Lusitania  »  ?  IV.  Le 
Kaiser  et  le  Crime  de  lèse-majesté  ;  V.  Quand  le  Kaiser  croyait  rpjc 
nous  faisions  du  blull'  ;  VI.  Les  Coulisses  de  la  diplomatie  al!<^- 
mande  ;  VIL  Le  Plan  d'attaque  de  l'.Mlemagne  contre  l'Américjue  ;. 


—  103  — 

VIII.  Les  Premiers  Complots  de  l'Allemagne  au  Mexique  ;  IX.  La 
((  Kultnr  ))  du  kaisérisrne.  L'.Vriie  allemande  ;  X.  Les  Petits  Kaisers  ; 
XI.  Récréation  de  princes  ;  XII.  L'fiternel  Féminin  ;  XIII.  La  Vie 
domestique  et  la  brutalité  du  peuple  ;  XIV.  Les  Buts  de  l'autocratie  ; 
\V,  L'Autriche-Ilongrie,  État  vassal  du  Kaiser  ;  XVI.  L'Influence 
allemande  sur  les  neutres  du  Nord  ;  XVIL  La  Suisse,  autre  puissance 
neutre  ;  XVIII.  La  France  entrevue  ;  XIX.  Mon  entrevue  avec  le  roi 
d'Espagne  ;  XX.  Les  Empires  allemands  et  leur  méthode  ;  XXI.  Le 
Retour  au  pays  ;  le  kaisérisme  en  Amérique  ;  XXII.  L'Entrevue  avec 
le  Kaiser  ;  XXIII.  Le  Futur  Kaiser;  le  Kronpriuz  et  ses  frères  ;  XXIV. 
Quand  l'.Mlemagne  s'eUbndrera  ;  XXV.  Les  Erreurs  de  l'Allemagne  ; 
XXVI.  Le  Président  Wilson  et  la  Paix  ;  XXVII.  Après  la  guerre  ? 

M.  Gérard  n'est  pas  systématiquement  hostile  à  l'.Ulemagne.  ni 
même  au  Kaiser  et  à  son  entourage  ;  il  reconnaît  à  Guillaume  II  et  h 
ses  enfants  de  grandes  qualités;  il  juge  le  Kronprinz  plus  favorable- 
ment qu'on  ne  le  fait  d'habitude  et  il  semble  même  sceptique  vis- 
à-vis  des  accusations  dirigées  contre  lui  sur  sa  conduite  pendant  la 
guerre  (sur  ce  point  les  témoignages  que  l'on  a  par  ailleurs  ne  per- 
mettent pas  d'être  aussi  indulgent)  ;  il  manifeste  à  l'égard  de 
M.  de  Bethmann-Hohveg  des  sentiments  d'estime  et  presque  de  sym- 
pathie. Ce  qu'il  accuse,  ce  contre  quoi  il  a  voulu  dresser  ses  compa- 
triotes, c'est  le  régime  politique  de  l'Allemagne,  c'est  ce  qu'il  appelle 
le  kaisérisme,  cette  autocratie  militariste  qui  dominait  tout  et  qui 
a  jeté  r.Mlemagne  contre  l'humanité  entière,  .\ussi  son  indignation 
s'oxalte-t-elle  contre  les  propagandistes  de  l'.Ulemagne  aux  États- 
Unis,  qui  ne  reculent  devant  aucun  moyen  pour  amener  la  grande 
république  américaine  dans  l'orbite  du  germanisme  ;  même  à  ce 
point  de  vue  spécial  son  livre  contient  des  révélations  aussi  surpre- 
nantes qu'aflligeantes  ;  des  livres  d'enseignement,  acceptés,  soutenus 
par  les  autorités  scolaires  imprègnent  l'esprit  des  écoliers  d'idées 
mensongères  et  leur  inculquent  de  la  constitution  allemande  une 
conception  fausse,  contraire  aux  faits,  made  in  Gennany. 

Aux  faits  observés  directement  par  M.  Gérard  s'ajoutent  les  infoi- 
mations  et  les  renseignements  qui  lui  sont  parvenus  par  diverses  voies 
et  aussi  ses  opinions  personnelles,  les  conclusions  qu'il  croit  pouvoir 
tirer  de  ce  quil  a  vu  ou  entendu  ;  tout  n'offre  pas  par  conséquent  le 
même  degré  de  certitude  ;  mais  comme  l'ambassadeur  se  montre  un 
homme  avisé  et  prudent  et  qui  ne  se  paie  pas  de  mots,  son  livre  est 
pour  nous  plein  d'enseignements  précieux.  Sur  la  personne  du  Kai- 
ser, sur  sa  duplicité,  sur  sa  responsabilité,  sur  le  caractère  de  ses^ 
enfants  et  des  hommes  d'État  de  r.\llemagne,  sur  les  conditions^ 
matérielles  et  morales  du  peuple  allemand,  sur  la  mentalité  germa- 
nique, sur  la  situation  économique  et  sur  la  difficulté  —  pour  ne  pas 


—   104  — 

dire  l'impossibilité  —  de  réduire  l'Allemagne  par  la  famine  ;  sur  la 
possibilité  d'une  révolution  ou  d'une  évolution  politique,  sur  les  sen- 
timents et  les  vues  de  la  politique  impériale  vis-à-vis  de  l'Autriche- 
Hongrie,  sur  les  relations  des  empires  centraux  avec  la  Scandinavie 
■et  la  Suisse,  il  y  a  dans  ce  volume  nombre  d'indications  précises  et 
précieuses  à  retenir.  Le  passage  en  France  de  M.  Gérard  lui  inspire 
pour  notre  pays  quelques  paroles  sympa tbiques  dont  nous  lui  savons 
gré  et  une  opposition,  tout  à  notre  avantage,  entre  ce  qu'il  a  vu  chez 
nous  et  ce  qu'il  a  observé  en  Allemagne.  De  son  entrevue  avec  le  roi 
d'Espagne,  nous  ne  noterons  ici  qu'un  point  qui  a  son  importance  : 
Alphonse  Xlll,  qui  cependant  s'est  montré  personnellement  sympa- 
lliique  à  la  France,  a  rappelé  à  l'ambassadeur  qu'en  même  temps  que 
roi  d'Espagne,  il  était  ((,arcliiihic  aulricbien.  » 

Nous  attirerons  aussi  l'attention  particulière  du  lecteur  sur  les 
deux  chapitres  intitulés  :  Oiia/id  l'Alleniagne  s'ejfondrera  et  Après 
la  guerre.  En  n'oubliant  pas  que  la  Préface  de  M.  Gérard  est  datée 
de  mars  1918,  il  y  a  là  des  pensées  à  méditer,  et  qui  ne  doivent 
pas  être  perdues  de  vue  par  ceux  qui  sont  appelés  à  rédiger  les  con- 
<lilions  de  la  paix.  E.-G.  Ledos. 

L'Opinion  alleinainîo  pendant  lu  guerre  1914- lî)lî{,  par  Andbé 
Hallavs.  Paris,  Perrin.  1919,  iii-16  de  n-268  p.  —  l^rix  :  3  fr.  50. 

Connaître  l'état  de  l'opinion  allemande  pendant  la  guerre  n'est  pas 
assurément  chose  facile.  L'Allemagne  ne  laissait  guère  transpirer  au 
dehors  ce  qui  se  passait  à  l'intérieur  de  ses  frontières,  les  rares  neutres 
admis  à  voir  l'Allemagne  n'étaient  guère  que  des  germanophiles,  dont 
on  était  sûr,  que  l'on  cuisinait  et  qui,  de  retour  dans  leur  pays,  étaient 
surveillés  de  près  par  les  agents  de  l'Allemagne  ;  ici  même  nous 
avons  eu  à  parler  de  deux  bons  Espagnols,  partis  pour  faire  en  Ger- 
manie leur  petite  enquête,  sans  guère  savoir  un  mot  d'allemand. 
(Juant  à  la  presse,  la  façon  dont  elle  était  muselée  par  une  censure 
.sévère,  ne  permet  de  s'en  servir  qu'avec  beaucoup  de  précaution. 

Le  livre  excellent  de  M.  André  Ilallays  nous  apporte  la  preuve 
<|u'un  esprit  crilitpie  qui  sait  utiliser  les  doruments,  les  rapprochci- 
et  les  comparer,  (îst  en  mesure  de  reconstituer,  du  moins  ilaus  ses 
grandes  lignes,  les  nuctualions  de  l'opinion.  C'est  ainsi  (pie  les  jour- 
naux publiaient  des  articles  iiisjiirés  par  le  gouvernement  et  destinés 
à  remonter  le  moial  du  public  ou  à  lui  insuflhM"  tels  ou  tels  senli- 
juents,  et  de  ces  elTorts  du  gouvernement  il  est  légitime  d'induire 
<]ue  ce  moral  était  alTecté  de  telle  ou  telle  façon,  et  (pie  les  sentiments 
cojilraires  à  ceux  (pu;  l'on  désiiait  iis(]uaienl  de  pénétrer  dans  la 
j)opuIation  gennani(pie. 

M.    André   Ilallays   dislingue   quatre   périodes   :    I.   Les  Premiers 


—   165  — 

Enthousiasmes  et  les  premières  espérances (aoûH 01 4-décembre  1915): 
1.  Avant  la  finerre  :  2.  f,a  déclaration  de  guerre  ;  "i.  La  forinatiori  des 
dogmes  ;  4.  Les  haines  de  rAlleinagne  ;  5.  Les  grands  entlioiisiasrnp<> 
de  1U15  ;  0.  Le  parti  de  la  guerre  et  le  parti  de  la  paix  ;  —  II.  Les 
Déceptions,  la  nostalgie  de  la  paix  et  le  désarroi  (janvier  lOlo-juil- 
let  1917)  :  1.  La  déception  de  Verdun  ;  2.  La  guerre  sous-marine,  les 
notes  du  président  Wilson,  la  poliquo  intérieure  ;  3.  La  crise  écono- 
mique, la  lassitude  et  le  mécontentement  ;  4.  La  foien  Ilindenbourg; 
5.  Les  victoires  eu  Roumanie,  la  proposition  de  paix  ;  6.  La  guerre 
sous-ui.irine  à  outrance  et  la  rupture  avec  les  États-Unis  ;  7.  Le  repli 
((  stratégique  »  de  llitidenburg  ;  8.  Désarroi  de  l'opinion  (avril- 
juillet  1917)  ;  —  III.  Le  Réveil  des  espérances  et  des  convoitises  ; 
1.  Les  premiers  mois  de  la  dictature  militaire  ;  2.  Caporetto  ;  3.  Le 
maximalisnie  en  Russie  :  4.  Brest-Litowsk  ;  o.  Les  projets  d'offensive 
sur  le  Front  occidental  :  (i.  Les  grèves  de  janvier  1918  ;  7.  .Nervosité 
de  l'opinion  à  la  veille  de  la  grande  odensive  ;  8.  \  ictoire  et  enthou- 
siasme; 9.  Nouvelles  inquiétudes  :  —  IV.  La  Suprême  Désillusion,  le 
désespoir  (15  juillet-11  novembre  1918)  :  1.  L'offensive  française  ;  2.  Le 
sentiment  de  la  défaite  ;  3.  La  défection  de  la  Bulgarie  ;  4.  L'effon- 
drement. 

Sans  doute  l'on  ne  peut  considérer  ce  travail  comme  définitif; 
lorsque  nous  aurons  entre  les  mains  des  renseignements  et  des  sources 
qui  ont  manqué  à  M.  Hallays,  il  y  aura  des  retouches  à  faire  au 
tableau.  Je  crois  cependant  que  dans  l'ensemble  il  est  exact. 

La  conclusion  de  M.  Hallays  est  sévère  —  ce  qui  ne  veut  pas  dye 
qu  elle  ne  soit  pas  juste.  Comme  M.  Maurice  Muret,  il  nous  répète  : 
«  Pas  d'illusion  sur  l'Allemagne...  C'est  afin  de  se  préparer  à  la  pro- 
chaine guerre  que  l'Allemagne  recourt  au  stratagème  de  la  «  démo- 
cratisation »,  pousse  son  Empereur  hors  de  l'Empire  et  accepte,  les 
yeux  fermés,  les  conditions  les  plus  avilissantes.  La  paix  qu'on  lui 
imposera  ne  sera  jamais  ni  trop  dure  ni  trop  lourde.  Toutes  les 
rigueurs  sont  justes,  tous  les  scrupules  absurdes  devant  tant  de  mau- 
vaise foi  unie  à  tant  de  lâcheté.  »  E.-G.  Ledos. 


La  Guerre  allemande  et  la  Couseience  universelle,  par  Albert, 
PRINCE  DE  Monaco.  Paris,  i'ayot,  1919,  in-i6  de  170  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Malgré  ses  170  pages,  le  livre  du  prince  de  Monaco  est  un  peu 
court,  si  l'on  regarde  au  titre  :  «  la  Guerre  allemande  et  la  Conscience 
universelle.  »  Pourtant  il  est  trop  long  d'une  bonne  moitié,  car  nous 
y  lisons,  sans  grand  intérêt,  des  extraits  de  publications  connues, 
voire  les  réflexions  personnelles  de  l'auteur  sur  la  philosophie  sociale, 
la  religion  et  le  rôle  de  la  Papauté  dans  cette  guerre.  Allégé  de  tout 
cela,  le  livre  prend  une  bien   autre  valeur,  car  c'est  la  déposition 


—  166  — 

solennelle  que  le  prince  a  voulu  faire,  racontant,  en  témoin  impar- 
tial, ce  qu'il  a  entendu  avant  août  1914,  ce  qu'il  a  vu  pendant  la 
guerre. 

Ami  personnel  de  l'empereur  Giiillaume,  il  fréquente  assez  souvent 
l'Allemagne  et  la  famille  impériale  pour  pouvoir  nous  donner,  sur 
les  mœurs  des  Prussiens  notoires,  des  détails  discrètement  indiqués, 
mais  édifiants,  ou  encore  sur  l'état  d'esprit  du  Kronprinz,  blâmant 
an  d908  son  père  d'accepter  le  tribunal  de  La  Haye  pour  un  litige 
avec  nous  :  «  Quoique,  dil-il,  les  Français  aient  raison  dans  cette 
affaire,  un  État  puissant  ne  doit  point,  sous  peine  de  perdre  son 
prestige,  reculer,  même  s'il  a  tort,  devant  les  probabilités  d'une 
guerre.  » 

Non  moins  documentaires  sont  les  confidences  que  fait  au  prince 
Albert  le  Kaiser,  plein  d'indulgence  pour  les  Turcs  qui  massacrent 
les  Arméniens,  jouant  au  bon  apôtre'et  prétendant  que  son  armée 
est  surtout  une  école  sportive  destinée  à  dégrossir  l'Allemand  engoncé 
et  fruste.  Notons  surtout  les  paroles  écbappées  à  l'Empereur,  à  bord 
du  Meteor  ou  du  HohenzoUern,  à  Kiel,  en  juin  1914  :  le  28,  apprenant 
l'assassinat  de  l'archiduc  Ferdinand.  Guillaume  s'exclame  :  «  Main- 
tenant, je  dois  tout  recommencer!  »  C'est  déjà  assez  clair;  et  voici 
un  autre  aveu,  plus  précieux  :  regardant  avec  irritation  l'escadre 
anglaise  venue  pour  le  saluer,  Guillaume  dit  à  son  liôle  que,  si  la 
guerre  éclate,  ((  le  monde  verra  ce  qu'il  n'a  jamais  connu  !  » 

Kemercions  le  prince  de  Monaco  d'avoii'  bien  voulu  nous  faire  con- 
naître ces  conversations,  moitié  al)andonnées.  moitié  calculées,  où 
éclatent  à  la  fois  l'hypocrisie  et  la  férocité  du  monstre. 

Ce  témoin,  dont  tout  le  monde  connaît  la  probité  scientifique,  a 
constaté  aussi  des  choses  que  le  monde  n'avait  jamais  connues  :  tan- 
dis que  les  aimées  alliées,  marchant  de  l'avant,  respectaient  les 
tombes  allemandes,  il  a  vu  nos  cimetières  profanés,  des  caveaux 
violés,  volés,  puis  souillés  d'excréments.  Pour  punir  le  prince  de  ses 
protestations  contre  ces  crimes,  le  lîoche  pille  ses  propriétés  de 
France  et  saccage  le  château  d'Avricourt  appartenant  au  ministre  de 
Monaco;  on  le  fait  sauter,  naturellement  après  lavoir  vidé  de  fond 
€n  comble,  et  le  voleur  c'est  le  prince  Eitel  Fritz  von  Ilohenzollcrn, 
parti  trop  précipitamment  pour  avoir  pu  emporter  Ions  ses  paquets, 
soigneusement  étiquetés  par  sa  Maison. 

Puisque  le  prince  Albert  a  bien  voulu  être  si  net  sur  ces  j)()ints, 
pourquoi  ces  lujagessur  d'autres  coins  qui  nous  intéressent  an  moins 
.lulanl  '}  Pourquoi,  avant  la  guerre,  le  prince  de  Monaco  semble-t-il 
<  hcjcher  un  rapprochement  entre  la  France  et  l'Allemagne,  au  nom 
<le  ('  la  majorité  des  l'ranrais!'  »  Qui  donc  l'avait  prié  de  servir  d'in- 
termédiaire? Et  surtout  que  veut  dire,  à  la  j^agc  9('>,  cette  révélation 


—  167  — 

Irop  mystérieuse  :  «  ...  Un  jour  je  vous  avais  transmis,  dit  le  prince 
h  l'Kmpereur.  une  parole  autorisée  qui  venait  de  l'rance,  et  qui  affir- 
mait la  certitude  d'une  paix  durable  en  Europe  si  vous  tranquillisiez 
le  monde  par  une  simple  démonstration  d'équité  envers  l'Alsace- 
f.orraîne  »?  ?  Maurice  Souriau. 


JLa  Guerra  suprema,  por  cl  capitân  Arana,  ailiculos  j)iiblicado5  du- 
rante cuatroanos  de  jjuorra  en  el  «  lleialdo  de  Aragon.  »  Zaragoza,  lip. 
del  «  Heiaido  ».  1918.  in-16  de  iv-20()  p.  —  Prix  :  :}  fr. 

Étant  de  ceux  qui,  dès  la  première  heure,  u  ont  eu  foi  dans  la 
cause  de  la  justice  et  de  la  dignité  humaine  »,  le  vaillant  collabora- 
teur de  El  Ileraldo  de  Aragon  est  demeuré  sur  la  brèche,  poursuivant 
•des  traits  légers  et  acérés  de  sa  critique  les  germanophiles  avoués  ou 
honteux  qui  n'ont  reculé  devant  aucun  moyen  pour  gagner  les  sym- 
pathies de  l'Espagne  à  la  cause  du  kaisérisme  et  qui  y  ont  employé 
des  procédés  aussi  peu  habiles  parfois  que  déloyaux.  En  réunissant 
ici  quelques-uns  des  articles  que  de  1914  à  1918  il  a  publiés  dans  El 
Ileraldo,  il  a  bien  soin  de  nous  prévenir  que  ce  sont  là  des  pages 
•éphémères  et  qu'il  ne  s'attend  pas  à  les  voir  prises  en  considération 
par  la  postérité.  Ces  articles  courts,  vifs,  alertes,  n'ont  pas  seulement, 
me  paraît-il  cependant,  le  caractère  d'une  lecture  agréable,  pleine  de 
considérations  justes  et  de  réflexions  piquantes  ;  mais  on  y  puisera 
plus  dun  renseignement  sur  la  lutte  d'influences  qui  a  divisé  l'Es- 
pagne, plus  d'un  trait  de  la  psychologie  espagnole  pendant  la  guerre. 

Les  articles  recueillis  par  l'auteur  s'étendent  du  21  septembre  1914 
au  18  juin  1918.  Mais  la  Préface  est  datée  d'octobre  et  dans  l'épilogue  : 
Hacia  el  final,  fauteur  voit  clairement  que  nous  sommes  à  la  veille 
de  la  paix,  mais  d'une  paix  tout  autre  que  celle  que  rêvaient  les  Alle- 
mands, d'une  paix  dans  laquelle  la  France  reçoit  «  la  récompense  de 
ses  grandes  vertus  »  et  dans  laquelle  la  Belgique  retrouvera  son  indé- 
pendance et  son  bonheur. 

Sans  partager  toutes  les  idées  de  l'auteur  — je  crois,  par  exemple, 
qu  il  s'illusionne  en  disant  que  si  Bebel  et  Jaurès  n'étaient  pas  morts, 
ils  auraient  empêché  la  guerre  d'éclater  !  —  je  répète  que  j'ai  lu  son 
livre  avec  intérêt,  plaisir  et  profit.  E.-G.  Ledos. 


My  war  dîary,  by  Maky  Ring  Waddi>gto>.  London,  John  Murray.  1918, 
in-8  de  vi-3()4  p. 

Anglaise  de  naissance,  veuve  de  l'archéologue  distingué  qui  repré- 
senta la  France  au  Congrès  de  Berlin  et  qui,  après  avoir  été  ministre 
des  affaires  étrangères,  remplit  avec  éclat  les  fonctions  de  notre  am- 
bassadeur en  Grande-Bretagne,  M""  Waddington  s'est  fait  avantageuse- 


—  168  — 

menl  connaître  dans  les  pays  de  langue  anglaise  par  ses  souvenirs  de- 
femme  de  diplomate  et  par  ses  tableaux  delà  vie  de  château  en  France. 

Le  nouveau  volume  où  elle  nous  raconte  les  incidents  de  sa  vie* 
tant  à  Paris  qu'à  Marcuil  et  aux  Aulneaux  pendant  les  dix-huit  pre- 
miers mois  de  la  guerre,  ne  sera  pas  moins  bien  accueilli  du  public, 
croyons-nous.  Ses  relations  mondaines  lui  ont  permis  de  voir  beau- 
coup de  choses;  ils  lui  ont  fait  aussi  entendre  bien  des  bruits  dont 
elle  se  fait  l'écho  dans  ces  pages  et  qui,  s'ils  ne  répondent  pas  tou- 
jours à  des  réalités  certaines,  aident  du  moins  à  comprendre  l'état 
de  l'opinion  en  France  dans  certaines  sphères  influentes,  ses  mouve- 
ments et  ses  nervosités.  M'"'  Waddington  nous  apporte  un  témoi- 
gnage relatif  au  fameux  passage  des  Cosaques  par  l'Angleterre  au 
début  de  la  guerre;  il- aidera  à  refaire  l'histoire  de  cette  curieuse 
légende  dont  tous  nous  avons  entendu  quelque  chose.  Naturellement, 
il  n'est  guère  possible  d'analyser  brièvement  un  livre  de  ce  genre  ;  il 
vaut  par  l'accumulation  des  détails  :  les  mille  incidents  menus  qu'il 
nous  relate  contribueront  à  reconstituer  la  physionomie  si  intéres- 
sante de  notre  pays  de  France  pendant  la  guerre  ;  et  s'il  y  a  de  ci.  de 
là,  des  taches  dans  cette  physionomie,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
l'ensemble  en  demeure,  dans  le  livre  de  M""  Waddington  comme  dans 
la  réalité,  infiniment  beau  et  touchant. 

Dans  une  sorte  d'appendice,  l'auteur  nous  raconte  sa  vie  au  milieu 
des  Britanniques,  à  Ilazebrouck,  où  elle  vécut  d "octobre  1916  à 
juin  1917,  auprès  d'un  de  ses  petits-fils  gravement  malade.  Elle  aussi 
elle  a  l'occasion  de  rendre  hommage  à  l'organisation  de  nos  alliés  et 
à  leurs  grandes  qualités.  El  elle  nous  fournit  plus  d'un  trait,  non 
négligeable,  de  la  physionomie  qu'ils  ont  donnée  aux  pays  occupés 
par  eux. 

Avouons  que  nous  avons  fermé  le  livre  avec  le  regret  que  M"' Wad- 
dington ne  l'ait  pas  continué  plus  loin  et  l'espérance  qu'elle  voudra 
bien  nous  donner  un  nouveau  journal  jusqu'à  la  victoire. 

E.-G.  Ledos. 


Notes  ifiiiio  iiileriiôe  française  en  Allemayiie,  par  Céline  Fali.et. 
Paris  et  Nancy,  licrgcr-I.evrault,  191S,  pclH  in-S  de  04  p.,  avec  12  gra- 
vures liors  texte.  —  l'rix  :  3  IV. 

M""  Fallet  n'est  pas  restée  longtemps  sons  la  férule  germanique, 
mais  sa  pénible  odyssée,  —  qui  commence  à  la  déclaration  de  guerre 
alors  que,  partie  de  France  le  3(1  juillet  1914,  elle  essayait  de  regagn<>r 
Uadom,  en  l*(»li)gne  russe,  où  elle  était  institutrice,  jusqu'au  2i  sep- 
liTubre,  date  à  la<iuelle  elle  était  enlin  autoiisée  à  gagner  la  Suisse 
hospitalière,  — •  nien  est  pas  moins  une  curieuse  contribution  à  kh 
psychologie  des  foules  allemandes  au  début  des  hostilités. 


—  169    — 

Arrivée  en  terre  française,  à  Évian,  M"'  Fallet  y  retrouva,  parmi 
les  rtfiigiés  de  la  rég/bn  nieusienne,  sa  vieille  mère  qui  lui  fit  le 
navrant  récit  des  épreuves  de  toutes  sortes  subies  par  elle  du  fait 
d'Allemands  brutaux,  brutaux  comme  ils  le  furent  partout  sur  notre 
sol  envahi.  E.-A.  Chapuis. 

Le  Mui'lyre  de  Leiis.  Tfois  Années  de  capliv'dè,  par  FImm^e  Basly.  Paris. 
Plon-Nourrit.  i!)IS,  in-16  de  iv-279  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Député-maire  de  Lens,  la  «  ville  noire  »,  M.  Basly  est  un  témoin  à 
charge  dans  le  grand  procès  ouvert  depuis  plus  de  quatre  ans  contre 
l'Allem^igne,  comme  tous  ceux  d'ailleurs  qui  ont  écrit  ou  écriront 
leurs  souvenirs  de  la  Grande  Guerre. 

Les  trois  années  de  captivité  de  l'auteur  doivent  s'entendre,  sauf 
les  derniers  temps  passés  en  exil  en  Belgique  (avril  1917),  de  la  très 
pénible  co-habitation  avec  les  envahisseurs  dans  l'infortunée  ville  de 
Lens,  que  ceux  ci  finirent  par  détruire  totalement,  de  propos  délibéré, 
après  avoir,  selon  l'expression  de  l'ancien  mineur,  «  assassiné  la 
mine  »,  afin  de  ruiner  le  pays. 

En  restant  à  son  poste  de  premier  magistrat  de  la  cité,  M.  Basly  a 
fait  simplement  son  devoir  ;  il  le  déclare  lui-même  ;  mais  il  l'a  rem- 
pli avec  un  zèle,  une  énergie  extraordinaires,  et  surtout  une  sollici- 
tude ingénieuse  à  l'égard  de  ses  adminitrés.  Toujours  sur  la  brèche, 
peut-on  dire,  il  s'est  elforcé  d'adoucir  l'horrible  misère  d'une  popula- 
tion molestée,  insultée,  rançonnée  par  le  plus  implacable,  le  plus 
haineux  des  ennemis,  et,  pour  y  parvenir,  il  a  eu  recours  aux  moyens 
les  plus  variés.  Son  livre  nous  apparaît  comme  un  roman  d'une  vie 
intense,  où  le  pittoresque,  l'atroce,  l'héroïque  et  parfois —  et  malgré 
tout  —  le  comique,  donnent  leur  note  tour  à  tour. 

Le  député  socialiste,  qui  se  montre  en  toutes  circonstances  un 
excellent,  un  courageux  Français,  rend  justice  à  tout  le  monde,  amis 
ou  adversaires  politiques.  Pour  lui,  l'union  sacrée  dans  une  patrie 
souillée  par  l'étranger  n'est  pas  un  vain  mot  :  il  le  dit  très  haut,  et 
nous  somnîies  persuadé,  tant  son  récit  respire  la  simplicité  et  la  fran- 
chise, que  ses  actes  se  sont  mis  en  harmonie  avec  ses  principes  de 
l'heure. 

M.  Basly  pourrait  peut-être  offrir  son  livre  aux  méditations  de 
ceux  de  ses  collègues  qui  sont  allés  à  Kienthal  et  autres  lieux  frater- 
niser avec  les  Allemands  ;  mais,  à  bien  réfléchir,  à  quoi  cela  servirait- 
il  ?  11  n'y  a  de  pires  sourds  que  ceux  qui  ne  veulent  pas  entendre. 

E.-A.  Chaplis. 

Près  des  comBattauts,  par   André  Chevrillo.  Paris,  Haclietle,  J918, 
in-16  de  xi-269  p.  —  Pi,ix  :  3  fr.  50. 

Ce   que   nous  donne  en  ce  volume  M.  André  Chevrillon,  ce  sont 


—  170  - 

t(  les  notes  et  croquis  qu'il  a  rapportés  de  quelques  voyages  au 
Front.  »  Sous  ce  titre  :  La  France  qui  s'est  levée,  il  a  placé  en  tête 
quelques  pages  où  revit  l'émotion  résolue  avec  laquelle  la  nation 
iaccueillit  la  guerre.  11  a  ensuite  groupé  ses  notes  en  quatre  récits  : 
l.Aii  Front  d'Argonne  et  de  Champagne  (mai  1916).  — II.  Sur  le  Front 
anglais  (Juin  1U!6).  —  III.  Les  Champs  de  bataille  de  l'Ancre  (avril 
1917).  —  Faror  tcutonicus.  —  11  a  été  à  même  de  bien  voir  ce  qu'il  nous 
décrit.  Il  s'est  de  plus  et  surtout  préoccupé  de  réfléchir  et  de  nous  faire 
réfléchir  sur  ce  qu'il  a  vu.  «  C'est,  je  crois,  dit-il,  le  point  de  vue  psy- 
chologique qui  domine  dans  les  notes  que  l'on  présente  ici  au  lecteur. 
Chez  les  Anglais,  on  s'est  préoccupé  de  répondre  à  des  questions  que 
nous  nous  sommes  posées  de  bonne  heure,  en  France,  au  sujet  de 
tios  alliés,  de  leurs  habitudes,  besoins,  disciplines,  méthodes —  d'ai- 
der à  comprendre  des  traits  qui  ont  paru  singuliers.  A  Péronne,  à 
Nesles,  devant  l'une  des  œuvres  caractéristiques  de  l'ennemi,  on  a 
brièvement  évoqué  les  directions  d'âme  et  d'esprit,  les  idées,  la  doc- 
trine, qui  opposent  la  Kultur  à  la  civilisation,  et  l'Allemague  au 
reste  de  l'humanité.  —  Au  Front  d'Argonne  et  de  Champagne,  il 
s'agissait  de  nos  soldats,  de  nos  enfants,  de  notre  chair.  Pouvait-oti 
froidement  raisonner,  comparer  ?  Une  ou  deux  questions  dominaient 
toutes  les  autres,  et  revenaient  toujours.  Qu'est-ce  qui  les  anime, 
les  inspire,  qu'est-ce  qui  les  fait  si  beaux  ?  Qu'est-ce  que  cette  âme 
collective  et  nouvelle  qui  s'est  mise  à  vivre  en  chacun,  en  l'assem- 
blant à  tous  les  autres?  Quel  mystérieux  changement  spirituel  a  fait, 
<les  individus  séparés  et  différents,  les  parcelles  homogènes  de  l'être 
collectif  le  plus  organiquement  lié  qui  soit  ?  »  Les  pages  sur  la  vie 
militaire  composent  un  bien  vivant  tableau  (p.  47  et  suiv.).  C'est  une 
belle  peinture  que  celle  du  spectre  de  la  cathédrale  de  lleims  (p.  101 
-et  suiv.).  Voici  une  définition  remarquable  :  «  Un  empire  qui  ne  se 
fonde  pas  sur  la  force  militaire,  mais  sur  le  sentiment  d'un  lien  spiri- 
tuel et  sur  une  certaine  idée  de  liberté,  un  empire  où  le  sentiment,  par 
les  méthodes  de  la  liberté,  peut  susciter  la  force  militaire,  • —  il  n'est 
pas  besoin  d'être  Anglais  pour  souhaiter  au  monde  la  durée  d'un  tel 
empire.  »  (p.  111).  Un  contraste  intéressant  est  celui  qui  se  présente 
ncluellemenl  sur  notre  sol  en  maint  endroit  entre  deux  mondes  bien 
<listincts  :  la  vieille  France  provinciale  et  l'Angleterre  armée  en  guerre 
(p.  112,  li;-{).  Un  autre  contraste  est  peut-être  encore  jilns  frappant, 
celui  que  signale  M.  Chevrillon  entre  les  façons  de  faire  habituelle* 
des  deux  civilisations  (p.  110  et  suiv.).  Un  curieux  exemiile  de  la 
transplantation  chez  nous  des  sentiments  et  des  habitudes  anglaises 
nous  est  donné  jiar  l'auteur  dans  les  pages  intitulées  :  Coiintry  house 
.'|).  12i  et  suiv.),  auxquelles  sert  de  cadre  la  transformation  momen- 
tanée en  manoir  d'Angleterre  d'un  château  du  vieux  temps  français. 


-   \H   — 

'Relevons  encore  les  remarques  de  M.   Chevrillon  sur  le  sloïcisnie 

anglais  rt  reuphémismc  qui  l'accompagne  (p.  156,  157)  ;  sur  «  quel- 
<iuos  méthodes  »  particulièies  aux  Anglais  (p.  163  et  suiv.)  et,  à  ce 
[tropos,  la  description  d'une  boulangerie  militaire  (p.  166  et  suiv.)  ; 
sur  Vefjîciency  caractéristique  du  labeur  anglais.  laquelle  consiste  à 
t(  tout  sul)ordonner  à  cette  fin  pratique  :  le  succès  du  travail  »  (p.  160); 
sur  le  sentiment  anglais  du  devoir  (p.  176  et  suiv.).  —  C'est  sur  un 
tout  autre  ton  qu'à  bon  droit  M.  Chevrillon  définit  et  stigmatise  cette 
perversité  d'un  peuple  qu'il  qualifie  de/a/'or  ieutonicus.  On  remar- 
quera dans  cette  peinture  vengeresse  un  trait  caractéristique  de  l'Alle- 
Miagne  actuelle,  u  C'est  la  dualité  des  âmes,  qui  vient  de  leur  doci- 
lité. C'est  l'opposition,  dans  l'Allemand  d'aujourd'hui,  de  deux  êtres  : 
l'individu  particulier,  personnel,  le'quel,  on  peut  le  supposer,  parti- 
cipe du  fond  général  à  toute  Ihumanité,  et  du  fond  commun  à  tous 
les  peuples  de  civilisation  européenne  (nous  n'apercevions  guère  que 
-cet  Allemand-là  quand  nous  voyagions  en  Allemagne)  —  et,  d'autre 
part,  la  créature  d'État,  celle  que  l'État  a  fabriquée,  dressée,  possède, 
et  qui  apparaît  à  son  commandement,  pour  se  subordonner,  âme  et 
corps,  à  ses  deux  principes  essentiels  :  égoïsme  et  volonté  de  puis- 
sance. »  (p.  265,  266).  —  Le  livre  de  M.  Chevrillon  est  écrit  d'un 
style  vigoureux,  imagé,  plein  de  détails  pittoresques,  trop  cherchés 
parfois  et  qui  ne  sont  pas  toujours  parfaitement  intelligibles. 

Mahius  Skpet. 


Au  Vieil- Armand.  Lettres  de  Henri  Volatîer,  chasseur  au  5' 
bataillon  alpin,  à  sa  iiancée,  publiées  par  (i.  Mouteroe,  S.  J.  Pa- 
ris, Bcaucliesne,  1918.  in-l«  de  193  p.  —  l^rix  :  3  fr. 

Le  petit  soldat  qui  a  écrit  ces  lettres  pleines  de  cœur  et  de  sponta- 
néité, pittoresques  parfois,  toujours  débordantes  de  sentiments  reli- 
gieux, était  un  simple  paysan  de  la  Bresse,  devenu  garçon  boucher  à 
Crançot,  dans  le  Jura.  C'est  là  que,  juste  au  moment  où  la  guerre 
éclatait,  il  venait  de  se  fiancer  à  une  jeune  sœur  de  son  patron. 

On  voit  que  Henri  Volatier  est  de  fort  modeste  origine,  mais  sa 
correspondance  (1"'  juillet  1915-3  mai  1916j  avec  le  digne  prêtre  qui 
l'avait  formé,  avec  sa  fiancée  et  la  famille  de  celle-ci  révèle  une  na- 
ture délicate  et  foncièrement  chrétienne.  .Nul  doute  que,  s'il  eût  vécu, 
il  eût  fondé  une  famille  honorable  à  tous  égards.  Mais  la  Providence 
■en  avait  autrement  décidé  :  il  fut  tué  au  sommet  du  Vieil-Armand, 
le  4  mai  1916. 

M.  le  chanoine  Mouterde,  à  qui  l'on  doit  la  publication  de  ces 
pages  vraiment  édifiantes,  a  relié  ces  lettres  entre  elles  par  des  dé- 
tails biographiques,  anecdotiques  et  descriptifs  qui  les  expliquent 
ou  les  complètent.  E.-A.  C. 


—  172  — 

Guerre  de    lîH  ■5-lî)I(».  Réponse   au  Livre   blanc  allemand  du 

lO   mai   I ÎH  5.  «  Die    volkerrechtsA%idriye  P'ûhrunçj  des  bel- 

«lischen  Volkskrîe<js.   »  (Royaume  de   Delg'uiue.  Minislère  de  Idjuslicti- 

el   ministère  des   affaires   élraïujères).    Paris,    Hciger-Lovrault,    1916,    gr. 

in  8  de  viri-517  p.,  avec  une  carie. 

L'Armée  allemande  à  Louvain  en  août  1014  et  le  Livre  blaue> 
allemand  du  lO  mai  11)15.  Deux  Mémoires  publiée  par  les  soins  du. 
r/oavernement  belge.  Poit-Villez  (Seine  el-Oise).  armée  belge,  Imprimerio 
de  i  Institut  militaire  des  invalides  et  orphelins  de  la  guerre,  l'JlT,  gr. 
in-8  de  lt)9  p.,  avec  gravures  et  fac-similés. 

Autour  d'Anvers,  souvenirs  et  récits,  août-octobre  1914,  par 
William  Speth.    Paris.  Crès,  1918,  in-16   de   vii-:2(j3  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  Cardinal  Mercier,  par  Mgr  Hekscher.  Paris,  Lethielleux,  1918,  petit 
in-8  de  50  p.,  avec  portrait.  —  Prix  :  1  fr. 

—  Les  Allemands  ont  publié  lé  10  mai  1915,  par  les  soins  d'un 
Bureau  militaire  à  Berlin,  un  Livre  blanc  sur  la  «  Guerre  populaire 
belge  »  en  11)14.  A  cet  audacieux  défi  à  la  vérité  travestissant  les  faits 
au  point  de  changer  en  coupables  les  victimes  de  celte  cynique  inva- 
sion, le  gouvernement  belge  a  opposé  la  protestation  dun  long 
mémoire  qui  réfute  point  par  point  les  assertions  intéressées  de  l'Al- 
lemagne, montrant  l'iniquité  et  la  non  valeur  de  cette  soi-disant 
enquête  unilatérale.  La  Réponse  au  Livre  blanc  allemand  passe  en 
revue  les  accusations  générales  portées  :  1"  contre  le  gouvernement 
belge  ;  2"  contre  la  population  belge  ;  3°  contre  la  commission  d'en- 
quête belge  qui  fonctionna  sur  place  en  août-septembre  1!I14,  lorsque 
les  événements  étaient  tout  récents  et  susceptibles  d'examen  sérieux. 
Dans  une  seconde  partie  ^ont  méthodiquement  exposés  les  faits  niés 
par  les  Allemands  :  destructions  et  brutalités  dans  les  différentes 
localités  envahies,  spécialement  le  sac  et  le  massacre  des  quatre  villes 
d'Aerschot,  d'Andenne,  de  Dinant,  de  Louvain.  Noms,  précisions, 
témoignages,  documents  abondent.  En  Appendice  :  les  cfirculaires- 
ofTicicUes,  les  lettres  de  l'évêque  de  Namur,  celles  de  l'évêque  de- 
Liège,  la  correspondance  du  cardinal  Mercier,  l'énumération  des 
localités  belges  dans  lesquelles  l'armée  allemande  s'est  livrée  à  des 
violences  ;  avec  les  dates,  les  chiffres,  les  faits,  toutes  ces  pièces  éta- 
blissent la  véracité  de  crimes  atroces  et  le  scandale  de  leur  négation 
intéressée. 

—  A  côté  de  ce  rapport  d'ordre  général  sur  toute  l'invasion  de  la 
Belgique,  voici  un  cha[)itrc  spécial  consacré  au  rôle  de  l' Année  alle- 
mande à  Louvain  en  août  191U.  Deux  «  mémoires  »  d'un  récit  plus 
circonstancié  dans  une  forme  plus  littéraire  réfutent  ici  les  mêmes 
mensonges  et  les  mêmes  attentats  au  droit  des  gens,  à  l'honneur, 
aux  règles  de  la  guerre  civilisée.  Ce  travail  est  du  mois  de  décembre 
1015.  L'uniformité  de  la  barbarie  et  de  l'aberration  d'esprit  chez  tous 
les  Allemands  apparaît  quand  on  voit  les  prêtres  catholiques  aussi, 


—   473    - 

bien  que  les  francs-maçons  (l'Outre-UIiin  se  refuser  à  répondre  à 
J'appel  à  la  justice  que  leur  adressaient,  ciiacun  de  son  coté,  les 
évêques  et  les  loges  de  Belgique.  Le  texte  de  ces  deux  mémoires  est 
corroboré  par  une  liste  nécrologique  funèbre,  une  carte  intéressante 
<le  l'invasion  (août  septembre)  et  un  certain  nombre  de  reproduc- 
tions pliotogiaphiques  des  avis,  proclamations,  édifices,  etc.  inté- 
ressant la  tragédie  de  Louvain. 

—  A  la  même  époque  un  drame  analogue  se  jouait  Autour  d'An- 
vers. William  Speth,  un  Anglais,  a  noté  ses  souvenirs  personnels.  Ils 
sont  animés,  vivants,  bien  groupés  et  parlent  à  l'imagination  ;  leur 
■lecture  est  impressionnante,  encore  que  certains  passages  demeurent 
crus  et  grossiers  ;  tableau  brossé  un  peu  trop  à  la  Téniers.  11  y  a  bien 
quelques  fantaisies  probablement  dans  ces  anecdotes,  mais  elles  cap- 
tivent l'attention  du  lecteur.  C'est  un  mérite. 

—  Et  au-dessus  de  tous  ces  souvenirs  tristes,  glorieux,  émouvants, 
lugubres,  patriotiques,  chrétiens  plane  et  planera  toujours  la  belle 
figure  du  Cardinal  Mercier  si  digne,  si  fort,  si  réservé,  si  courageux, 
si  habile  ;  évèque,  en  un  mot,  protecteur  et  serviteur  de  son  pays. 
Luc  conférence  de  Mgr  Herscher  rappelle  ces  grands  traits  d'une 
physionomie  si  belle  avec  un  vrai  bonheur  d'expression  et  une  heu- 
reuse simplicité.  Cfoffroy  de  Graxdmaison. 


Quelques  (iiiides  de  l'opinion  en  France  pendant  la  Grande 
Guerre,  Il>  1 4- I  Î>I  ÎJ,  par  A.  ue  Ch.vmblke.  Paris,  Celiii,  Mary.  Elen, 
1918,  in-lG  de  xxvu-l>:2:',  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Ce  livre  est  «  dédié  à  la  presse  française.  »  Rien  de  plus  exact,  ni 
de  plu§  juste,  car  c'est  à  étudier  l'action  même  de  la  presse  et  de  ses 
principaux  rédacteurs  que  l'ouvrage  est  strictement  consacré.  Le 
voici,  du  reste,  amené  fort  naturellement  à  évoquer  maint  aspect  de 
la  vaste  guerre  et  des  événements  qui  s'y  greffèrent,  tandis  qu'une 
plume  alerte  campe  à  nos  yeux  la  silhouette  des  journalistes  en  vue 
durant  ces  jours  d'émotion. 

D'abord,  il  est  question  des  Commentateurs  du  communiqué,  puis 
des  Hommes  de  lettres  et  journalistes  proprement  dits,  enfin  de  la 
Grande  Presse  d'information. 

Un  Avant-Propos  vif  et  substantiel  nous  renseigne  déjà  sur  l'allure, 
plutôt  objective  de  l'ouvrage  dont  les  divi.sions  sont  indiquées,  dès 
la  premièie  page.  A  la  fin,  une  table  alphabétique  des  noms  aide  à 
feuilleter  le  volume  et  lui  imprime  un  certain  cachet  d'œuvre  sérieuse 
et  presque  d'érudition.  Ici,  le  ton  n'y  vise  pas.  L'auteur  s'efforce  d'être 
impartial  autant  que  renseigné  dans  son  information.  On  pourra 
trouver  que  certaines  appréciations  manquent  d'originalité  ou  de 
relief,  mais  on  lira,  non  sans  profit,  dans  ces  pages,  l'exposé  d'une 


—  174  — 

documentalion  fidèle  et  une  mise  au  point,  appréciable,  des  juge- 
ments épais,  formulés  au  jour  le  jour,  à  l'occasion  des  événements 
de  la  guerre.  Louis  Théron  de  Momtaugé. 


Allemands  d'hier  et  d'aujourd'hui,  esquisses  hislorifiiies,  pnr  Authuu 
(^HLQUKT.  I.  Paris,  E.  do  Boccard,  s.  d.,  in-16  de  249  p.  —  Prix  :  3  fr.  5('. 

La  guerre  qui  vient  de  peser  sur  l'Europe  occupe  une  place  —  mais 
pas  toute  la  place,  loin  de  là,  —  dans  le  nouveau  volume  que  nous 
devons  à  la  plume  alerte  et  féconde  de  M.  Arthur  Chuquet. 

Des  dix-sept  morceaux  qui  le  composent,  cinq  seulement  traitent 
des  événements  d'aujourd'hui:  La  Première  Prise  de  Mulhouseen  191^  ; 
—  Les  Allemands  à  Vouziers  (à  propos  du  prince  Max  de  Bade)  ;  —  De 
nouveau  à  Sedan,  d'après  un  journal  allemand  de  1915  ;  —  Trois 
(]arncLs  allemands  ; —  Les  Normaliens  morts  pour  la  France.  On  peut 
y  rattacher  indirectement  trois  autres  articles  :  Les  Pressentiments  dit 
Wildenbruch  ;  —  Guillaume  II  et  l'archiduc  Rodolphe  ;  Bismarck  et  les 
Allemands. 

Tout  le  reste  est  historique.  Voici  les  titres  des  morceaux,  phis  on 
moins  développés,  recueillis  par  l'éminent  académicien  :  Verdun- 
en  1792  ; —  Les  Prussiens  et  le  Musée  du  Louvre  en  JS15  (M.  Gluiquet 
y  signale  quelques-unes  des  reprises  que  nous  pourrons  faire  utile- 
ment sur  les  objets  volés  par  les  Prussiens —  Blûcher  ne  reculait  pas 
(levant  l'expression  —  à  cette  époque)  ;  —  La  Guerre  de  tranchéeir 
en  I85r)  ;  —  Doudan  et  la  Prusse  ;  —  Thiers  et  Ranke  en  iSlO  ;  — 
Moltke  ;  —  Oh  !  les  braves  gens  (M.  Chuquet  y  défend  l'authenticité 
du  mot  attribué  à  l'empereur  Guillaume)  ;  —  L' Aide-major  Belval  ; 
— -  Les  Glorieux  Camarades. 

On  ne  voit  pas  bien  à  quel  titre  figurent  dans  un  volume  sur  «  les 
Allemands  »  des  articles  comme  celui  sur  la  Guerre  de  tranchées- 
en  1855  où  il  n'y  a  pas  un  mot  sur  les  Allemands,  et  comme  deux  ou 
trois  autres  qui  ont  pris  place  ici. 

Mais  cette  réserve  faitej,  reconnaissons  que.  dans  ce  vokime  agréable 
et  instructif,  l'on  se  rendra  compte  une  fois  de  plus,  hélas  !  que  la 
mentalité  germanique  d'aujourd'hui  est  assez  semblable  à  celle  d'hier. 
Et  cela  nest  pas  fait  pour  rendre  sympathiques  ceux  que  nous  avons 
vaincus.  E.-G.  Lkuos. 


Front  liiies,  by   Boyd   Cablk.    London,   J.   Murray,   1918,   iii-8  do   xiv- 
306  p. 

Dédiés  au  Front  dont  ils  parlent  et  sur  lequel  ils  ont  été  écrits,  les 
vingt-un  récits  que  nous  présente  ici  M.  Boyd  Cable  me  paraissent 
cire  un  des  meilleurs  livres  dans  lesquels  le  lecteur  puisse  prendre 


—  W)   - 

conlact  avec  les  troupes  btitanniqncs,  en  comprendre  la  vie  et  le>f 
labours  quotidiens,  mesurer  les  dilïiciillés  de  leur  tâche,  apprécier  les 
soucis  et  les  préoccupations  qui  pesaient  sur  elle,  comprendre  l'esprit 
fini  les  aninrie  et  pénétrer  les  secrets  de  leur  àme.  Et  peu  importe  que 
(  liacun  de  ces  récits  ne  soit  pas  la  relation  d'un  événement  réellement 
arrivé  ;  si  l'on  peut  parler  de  romans  vécus,  il  n'est  point  de  récits 
auxquels  ce  terme  s'aj)plique  mieux  qu'à  ceux-ci  :  il  y  règne  une 
intensité  de  vie,  un  réalisme  simple  et  vrai' qui  vous  saisissent  et  qui 
apparaissent  non  comme  un  produit  de  l'imagination,  mais  comme 
les  impressions  d'un  homme  qui  a  vécu  de  la  vie  des  tranchées  et  qui 
en  est  tout  pénétré.  Une  pointe  d'humour  rehausse  ces  récits  pleins 
de  couleur  et  dont  la  variété  nous  fait  connaître  les  divers  aspects  de 
la  vie  en  campagne  pendant  ces  tciribles  années  ;  les  hommes  ne  se 
montrent  pas  à  nous  comme  des  héros  de  la  fable  ;  ils  nous  appa- 
raissent avec  leurs  faiblesses  d'hommes,  même  avec  leurs  terreurs 
momentanées,  mais  aussi  avec  celte  volonté  qui  les  fait  triompher  de 
ces  petits  côtés  de  leur  nature  et  qui  les  rend  malgré  tout  si  grands  et 
si  héroïques. 

11  ne  peut  être  question  ici  danalyser  tous  ces  récits,  ni  même  de 
les  énumérer  ;  citons  du  moins,  parmi  ceux  qui  nous  ont  le  plus 
frappé  à  un  titre  ou  à  un  autre  :  The  suicide  club,  In  Ihe  mist  ;  Home, 
Oiir  ballery's  prisoner,  According  to  plan,  E.-G.  Ledos. 


L'Aii«|leterre  avant  et  après  la  çjuerre,  par  Pacl  Rey.naud.  Paris, 
firasset,  15)19,  in-18  de  127  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Paul  Reynaud  a  été  bien  inspiré  en  réunissant  en  un  volume  le 
texte  des  trois  conférences  qu'il  fit  en  février  1918  à  lÉcole  d'artille- 
rie de  Fontainebleau,  car  elles  présentent  un  tableau  bien  brossé  et 
fortement  documenté  de  «    l'Effort  anglais  »  pendant  la  guerre. 

Les  ministères  radicaux  qui  gouvernaient  le  Royaume-Uni  depuis 
la  chute  du  cabinet  de  M.  A.  Balfour,  avaient  peu  à  peu  orienté  les 
esprits  vers  un  pacifisme  qui  prédisposait  à  un  rapprochement  avec 
l'Allemagne  ;  la  crise  irlandaise  battait  son  plein  en  1914  et  une  agi- 
tation profonde  se  manifestait  dans  le  monde  du  travail.  C'est  pour- 
quoi la  Wilhelmstrasse  pouvait  espérer  que  l'Angleterre  serait  réduite 
à  l'impuissance,  sinon  à  la  neutralité,  quand  surgirait  la  guerre  depuis 
longtemps  préparée.  Il  n'en  fut  pas  ainsi.  La  violation  de  la  Belgique 
éclaira  comme  un  puissant  rayon  la  conscience  britannique  ;  et,  si 
trois  ministres  démissionnèrent  pour  ne  pas  avoir  de  responsabilité 
dans  le  drame,  le  pays,  dans  son  ensemble,  suivit  patriotiquement 
son  souverain  et  son  gouvernement. 

L'armée  anglaise  était  peu  nombreuse  ;  elle  succomba  presque  en 
totalité   sur   les   champs   de   bataille   de   Mons,   de   la   Marne,   des 


—  176  — 

Flandres  ;  une  seconde  armée,  formée  de  volontiires  du  royaume  et 
des  Dominions  la  remplaça,  et  une  troisième,  recrutée  après  le  vote  de 
la  loi  sur  le  service  obligatoire,  vint  en  combler  les  vides  et  la  renfor- 
cer. En  1918,  3  millions  de  soldats  de  l'empire  britannique  combat- 
taient sur  le  Front  de  France,  et  l'on  sait  l'importance  des  effectifs 
qui  luttaient  victorieusement  en  Palestine,  en  Mésopotamie,  dans 
l'Est-Africain  allemand. 

L'effort  maritime  fut  admirable  et  progressif.  A  la  lutte  contre  les 
escadres  ennemies  succédèrent  la  lutte  contre  les  mines  et  les  sous- 
marins,  les  audacieuses  expéditionscontreZeebruggeetOstende.  Il  n'y 
-eut  pas  moins  de  4.000  navires  de  tous  formats  battant  pavillon  bri- 
tannique et  montes  par  400.000  marins. 

L'eiTort  économique  et  financier  ne  fut  pas  moins  remarquable,  et 
c'est  à  Lloyd  George  -^  le  radical  sectaire,  l'ennemi  des  Lords  —  que 
revint  le  mérke  d'avoir  intensifié  et  harmonisé  toutes  les  activités  du 
pays  dans  l'unique  pensée  de  gagner  la  guerre.  M.  Paul  Reynaud  a 
fort  bien  mis  en  relief  les  deux  évolu-tions  réalisées  :  l'action  de  l'An- 
gleterre sur  la  guerre  et  la  réaction  de  la  guerr#sur  l'Angleterre  au 
point  de  vue  politique,  et  l'on  ne  peut  que  ratifier  son  jugement  final  : 
L'Empire  britannique  a  largement  fait  son  devoir  au  cours  de  la 
Grande  Guerre  et  a  donné  aux  Alliés  le  plus  loyal  et  dévoué  concours. 

Roger  LambilLI^. 


L'Alsace   i^^ous   la   doiniiiatiun    alleniande,    par  Frédkiuc    Eccaru. 
Paris,  Colin,  1919,  in-16  de  xviu-3t)9  p.  —  l^rix  :  4  fr. 

L'auteur  était  avocat  au  triJDunal  de  Strasbourg  avant  la  guerre.  Il  a 
lutté  pour  défendre,  contre  les  maîtres  du  moment,  la  langue,  la 
culture  et  la  mentalité  françaises.  Dans  la  lutte  entre  l'Alsace  et  r.\l- 
lemagne,  les  puissances  enjeu  ne  sont  pas  seulement  un  petit  peuple 

■  et  un  grand  empire,  mais  deux  principes  :  celui  de  l'absolutisme  et 
celui  de  la  liberté.  Ce  conflit  a  été  particulièrement  aigu  aii  moment 
de  la  réforme  constitutionnelle  en  1911.  Il  importail  (Ven  étudier 
l'origine,  le  développement  et  les  perspectives  d'avenir.  A  ce  point  de 
vue,  l'histoire  de  la  domination  allemande  en  Alsace  devait  acquérir 
imc  importance  générale,  dépassant  de  beaucoup  son  cadre  territo- 
rial. L'auteur  a  entrepris  ce  travail  et  l'avait  presque  entièrement 
achevé,  lorsque  la  guerre  a  éclaté,  il  a  pensé  que  son  ouvrage  \\cn- 

•drait  maintenant  à  son  heure,  pour  contribuer  à  fixer  la  \érité  histo- 
rique. 11  a  fait  œuvre  d'historien  avec  un  grand  souci  d'impartialité, 
recourant  très  souvent  au  témoignage  des  Allemaixls  eux-mêmes, 
l'outefojs  il  sem])le  qu'il  n'ait  pas  su  se  garder  d'un  certain  esprit  de 
partialité  dans  l'examen  des  «piestions  religieuses.  Le  lecteur  jiourra 
suivre  pas  à  pas,  dans  ce  volume,  les  péiipélies  émouvantes  de  la  lutte 


—  177  — 

Hc  l'Alsace  contre  ses  dominateurs.  C'est  la  protestation  dans  le  cours 
des  vingt-cinq  |)remières  annéos,  iV-loquenl  silence  d'un  peuple 
courbé  mais  non  asservi,  puis  le  réveil  de  la  jeune  génération  alsa- 
cienne. La  germanisation  a  fait  faillite.  L'impérialisme  militaire  de  la 
Prusse  a  été  un  fléau  pour  l'Alsace,  il  a  constitué  une  menace  pour 
toutes  les  nations,  et  il  est  devenu  néfaste  pour  l'Allemagne  elle- 
même.  La  chute  de  cet  impérialisme  et  des  organes  qui  le  constituent 
est  la  condition  essentielle  de  toute  pai.x  future.  Le  gouvernement 
impérial  a  agi  en  Alsace  comme  à  Brest-Litovsk  et  il  aurait  agi  de 
même  partout,  s'il  en  avait  eu  le  pouvoir.  Telles  sont  les  conclusions 
de  l'ouvrage.  11  mérite  d'être  lu  attentivement.  A.  Casser. 


!>' Alsace  telle  qu'elle  est,  par  Mgr  IIerscher.  Paris,  LcthicUcux.  1918, 
in-12  de  143  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Ce  livre  contient  des  articles  qui  ont  paru  en  1917  et  1918  dans 
les  Annale.<  politiques  et  littéraires.  Ils  ont  beaucoup  gagné  en  force 
d'être  ainsi  réunis  en  volume.  C'est  à  tort  que  l'on  a  reproché  à  l'émi- 
Tient  prélat  d'avoir  fait  par  ces  articles  le  jeu  de  l'Allemagne,  ou 
d'avoir  rompu  l'union  sacrée.  11  fallait  que  ces  choses  soient  connues 
pouréviter  autantque  possible  de  regrettables  malentendus.  Mgr  Hers- 
cher  les  a  exposées  du  reste  avec  tout  son  cœur  de  patriote  français 
et  avec  une  connaissance  parfaite  de  son  pays  natal.  L'Allemagne 
avait  élevé  entre  l'Alsace  et  la  France  une  telle  barrière  que  les  deux 
pays  ont  forcément  évolué  séparément.  Ne  pouvant  être  française  et  ne 
voulant  pasêtre  allemande,  l'Alsace  a  évolué  dans  unsensparticulariste. 
Il  faut  en  tenir  compte  dans  les  nouveaux  rapports  qui  s'établissent 
maintenant  que  l'Alsace  a  fait  retour  à  la  France.  Il  y  a  une  Alsace 
inconnue  des  Français.  Pourquoi  et  comment?  Il  y  a  aussi  plusieurs 
sortes  d  Alsaciens  et  notamment  ce  que  l'auteur  appelle  juste- 
ment des  Alsaciens  de  contrebande.  C'est  ce  qu'il  expose  dans  les  trois 
premiers  chapitres.  Les  trois  suivants  dépeignent,  avec  une  vérité  sai- 
sissante, l'âme,  le  caractère  et  l'esprit  des  Alsaciens.  Puis  il  fait  une 
statistique  de  l'Alsace  catholique  et  montre  l'influence  que  le  clergé  a 
acquis  en  Alsace,  influence  qu'il  a  exercée  en  faveur  de  la  France  mal- 
gré la  campagne  religieuse  qui  fut  entreprise  contre  elle,  malgré  le 
machiavélisme  boche  dans  l'érection  d'une  Faculté  de  théologie  catho- 
lique à  l'Université  de  Strasbourg.  Aussitôt  l'armistice,  les  cours  de 
théologie  catholique  ont  été  repris  au  grand  séminaire,  c'était  un  pas 
de  fait  vers  la  séparation  de  l'Église  et  de  l'État  en  Alsace  ;  aussi 
a-t-on  été  surpris  de  voir  réinstaller,  par  ordre  supérieur,  la  Facidtc 
catholique  à  l'Université.  Les  deux  derniers  chapitres  étudient  le  rôle 
de  l'école  dans  la  germanisation,  combattu  par  le  clergé,  et  le  rôle  de 
l'élite  alsacienne,  dernier  rempart  de  l'esprit  français.  A.  GasserI 

Mars-Avrtl  1919.  T.  CXLV.  12. 


—  178  — 

L'Affiiire  de  Saverne.  novembre  lîMS-janvier  IÎM4,  par  Jii.iiv 
RovKRK.  Paris,  Bossard,  l'.lli».  in-lG  di-  74  p.  —  Piix  :  !  fi .  SO. 

Lorsque  cette  affaire  se  produisit,  le  public  français,  les  jouruauv. 
même  ue  lui  accordèrent  pas  toute  l'attention  qu'elle  méritait.  On. 
n'y  vit  qu'un  incident  burlesque  ;  en  réalité  c'était  la  préface  de  la 
guerre.  Les  mobiles  y  apparaissent  qui  l'ont  fait  éclater  et  conduire 
avec  toute  la  barbarie  que  l'on  sait.  11  faut  savoir  gré  à  M.  J.  Rovère 
d'avoir  écrit  cette  page  d'histoire  où'  le  parti  militaire  allemand  se 
montre  sous  un  jour  cru,  tel  qu'il  est,  tel  qu'il  s'est  montré  ensuite 
dans  cette  guerre  à  laquelle  il  a  poussé  toute  l'Allemagne,  las  qu'il 
était  de  tirer  à  blanc.  C'est  en  vain  que  l'élément  civil,  administra- 
teurs et  magistrats,  a  essayé  de  réagir  contre  l'absolutisme  militaire  ; 
celui-ci,  appuyé  par  la  cour  impériale,  le  gouvernement  d'empire  et  le 
pangermanisme,  triomphe,  submerge  toute  réaction,  tout  esprit  de 
droit  et  de  justice.  L'emprise  de  la  Prusse  sur  toute  l'Allemagne  se 
manifeste  ouvertement.  Quant  aux  Alsaciens  ils  nous  apparaissent- 
dans  cette  affaire  aussi  irréductibles  qu'après  l'annexion.  Les  événe- 
ments de  Saverne,  insignifiants  en  apparence,  mais  pleins  de  subs- 
tance en  leur  fond,  nous  présentent  comme  en  un  raccourci  saisissant 
le  long  martyr  qu'ont  subi  pendant  44  années  nos  frères  d'Alsace-Loi  - 
raine.  Il  est  avéré  que  le  traité  de  Francfort  a  inauguré  un  régime  de 
\iolence  et  d'injustice  dans  deux  provinces  ravies  à  la  France  et  de 
sentiments  français.  Il  est  avéré  que  l'Allemagne  n'a  pu  y  maintenir 
sa  domination  que  contre  le  vœu  des  habitants.  Au  jour  où  la  guérie 
qui  vient  de  finir  a  commencé,  ces  deux  provinces,  fortes  de  leur  bo!i 
droit,  indignement  traitées  par  ceux  qui  les  avaient  conquises,  atten- 
daient de  la  France  leiii-  liljéialion.  A.  Ciassi;k. 


"Vue  yénéralesur  la  question  d'Alsace-Lorraitie,  par  .Iules  Duiiem. 
Paris,  Bossard,  1918,  in-16  de  137  p.,  avec  une  carte.  —  Prix  :  3  fr.  60. 

A  dater  du  jour  où  les  armées  allemandes  se  sont  ébranlées  contre 
la  France,  le  traité  de  Francfort  a  été  déchiré.  L'Alsace  et  la  Lorraine, 
unités  provinciales  définies  géographiquement.  liistori(|uenient  et  po- 
litiquement, mutilées  par  les  traités  et  dont  la  mission  était  d'être  l'in- 
termédiaire Conciliatrice  entre  deux  races,  selon  Michelel,  devinrent 
trop  souvent  la  rançoii  des  guerres  qu'elles  ne  désiraient  pas.  .\  la  veille 
d'un  nouveau  règlement  du  statut  de  ces  province.s,  il  était  utile 
d'étudier  à  nouveau  la  (jnestion.  M.  Duhem  l'a  fait  dans  une  vue 
d'ensemble  à  la  fois  concise  et  suffisamment  complète,  rassemblant  et 
analysant  les  traits,  les  faits  et  les  témoignages  essentiels. 

Cette  étude  est  faite  en  trois  sens  :  1"  le  sens  géographique  qui  se 
dégage  des  conditions  stratégiques,  de  la  vie  économique,  de  la  race,^ 
des  moeurs,  de  l'esprit  national  et  des  instincts  natifs  du  peuple,  et. 


-   I7i)  — 

(lui  Iraceiil  la  viiiic  limite  des  deux  provinces  ;  2"  le  seii>  lii^iui  ifjin' 
où  l'auteur  oppose  la  réalité  aux  subtilités  d'histoire  diplomatique 
exploitées  par  tous  les  auteurs  allemands  ;  3'^  le  sens  juridique  rigou- 
reux qu'il  était  indispensable  de  définir  au  moment  où  k  gouverne- 
ment alleniand  discute  sur  la  procédure  de  restitution,  exige  l'envoi 
de  députés  alsaciens-lorrains  à  l'Assemblée  nationale  allemande  et 
réclame  un  plébiscite,  qu'il  tiendra  d'ailleurs  pour  nul  s'il  est  défavo- 
rable à  l'empire.  Cette  dernière  partie  est  traitée  d'une  manière  par- 
ticulièrement neuve  et  mérite  toute  l'attention  du  lecteur. 

.\.  Gassf.k. 

Le   Gendarme  Sehneidly  et    se.s  mésaventures    en    .\lsaee,  par 

.\i.Bi:i(T    (iicis  ;    Iradiiil    de    ralsacieii  par    Jui-is  Fi'.(n;i,i(;ii.    l'aris,   Hergor- 
LevrauH.  191!),  iii-IC)  do  107  p.,  illustré  par    H.  Zisliii.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Nous  avons  rendu  compte  en  son  temps  de  1  ouvrage  original  en 
dialecte  alsacien.  Il  a  perdu  quelque  peu  de  sa  saveur  à  la  traduction, 
mais  M.  J.  Frœlich  l'a  écrite  dans  un  style  Erckmann-Chatrian,  dont 
la  simple  bonhomie  a  bien  aussi  son  charme  et  répond  au  français 
provincial  d'Alsace.  Du  moins  les  Français  et  ceux  qui  ne  possèdent 
pas  le  dialecte  alsacien,  trouveront  dans  cette  amusante  histoire  une 
démoustralion  directe  du  véritablecaractère  alsacien.  L'amour  de  la  pa- 
trie française,  la  haine  la  plus  farouche  de  tout  ce  qui  vient  d'Outre-Rhin , 
pour  s'exprimer  dans  un  dialecte  germanique,  n'en  est  pas  le  moins 
du  monde  attéimé.  De  plus  c'est  l'image  vécue  de  lAlsace  pendant  le 
régime  allemand.  Les  incidents  qui  s'y  succèdent  ne  sont  nullement 
inventés,  je  lai  déjà  dit  ;  l'auteur  a  imputé  seulement  au  gendarme 
Schneidig  les  exploits  de  plusieurs  autres  Boches,  non  moins 
((  schneidig  »  que  lui.  Dans  la  Préface  du  traducteur,  M.  Frœlich  nous 
présente  l'auteur,  Albert  Geis,  littérateur  alsacien  de  grand  mérite 
et  collaborateur  de  l'artiste  Zisliii  au  Cercle  théâtral  de  Mulhouse, 
comme  à  la  revue  satirique  Dur's  Elsass.  A.  Casser. 


L" Allemand,  souvenirs  el  réflexions  d'an  prisonnier  de  yuerre,  par  Jacques- 
Rivii;RE.  Paris,  Éditions  «le  la  «  Nouvelle  Revue  française  »,  1918,  in-16 
de  253  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Deux  parties  :  la  première  (D'ap/vs  nature)  nous  montre  r.\llemand 
tel  qu'il  est  apparu  à  l'auteur.  Cette  partie  est  claire,  généralement 
bien  étudiée,  quoique  souvent  un  peu  subtile  :  elle  est  d'inspiration 
très  française  ;  l'autre  (.4  l'en  croire),  en  dépit  des  efforts  visibles 
de  M.  Rivière,  reste  lourde  et  d'une  digestion  particulièrement  labo- 
rieuse :  nous  subissons  ici  la  pleine  influence  d'Outre-Rhin. 

M  Je  fus  fait  prisonnier  dans  les  derniers  jours  d'août  1914,  dit 
l'auteur  dans  son  Avant-Propos.  Je  suis  resté  près  de  trois  ans  en 


-  180  — 

Alleniague.  Ce  n'est  qu'en  1917  que  j'ai  été  interné  en  Suisse.  »  — 
Connaissant  parfaitement  la  langue  allemande,  il  fut  désigné  comme 
interprète  dans  les  camps  de  prisonniers. 

M.  Jacques  Rivière  a  visé  loyalement  à  l'impartialité.  En  captivité, 
il  lisait  assidûment  les  journaux  du  pays.  Est-ce  à  cette  circonstance, 
(on  simprègne  parfois  à  son  insu  du  suc  des  mauvaises  lectures), 
qu'il  doit  d'émettre  des  appréciations  contestables  comme  celles  des 
pages  112  et  suivantes  où  nous  voyons  que  u  les  Allemands  n'ont  pas 
lancé  dans  celte  guerre  de  véritables  mensonges,  de  nouvelles  entiè- 
rement fabriquées  »  ?  Et  cependant  le  chapitre  où  l'on  relève  cette 
manière  de  voir  est  intitulé  :  «  La  vérité,  c'est  tout  ce  que  Ion  peut 
faire  croire  »  (idée  allemande,  d'après  M.  Rivière). 

La  présente  étude  est  tellement  fouillée  et  complexe  que  je  me 
garderai  bien  de  suivre  l'auteur  pas  à  pas.  Je  me  bornerai  donc  à 
cueillir  ces  quelques  appréciations  :  «  L'Allemand  est  incapable  de 
rien  faire  sans  s'y  être  préablablement  obligé.  Et  pas  même  le  mal. 
Mais  il  s'y  oblige  fort  bien.  J'ai  déjà  montré  dans  quel  esprit  presque 
paisible  et  comme  ouvrier  il  allait  au  combat.  Tous  les  excès  que  je 
lui  ai  vu  commettre  après  la  bataille  étaient  empreints  de  la  même 
application,  portait  de  même  la  marque  du  devoir  »  (p.  136-137).  — 
(Quelle  mentalité  ! 

Après  nous  avoir  ((  portraituré  »  l'Allemand  D'après  iialure,  l'au- 
teur nous  le  présente  selon  la  formule  de  Paul  Natorp,  publiciste 
germanique,  très  touffu,  parfois  obscur,  que  peu  de  lecteurs  com- 
j)rendront  du  premier  coup.  M.  J.  Rivière  analyse  copieusement  un 
écrit  de  cet  Allemand  ;  il  le  discute  avec  patience,  sans  aucune  irri- 
tation, mais,  tout  de  même  (p.  ^27),  il  finit  par  s'écrier  :  «  On  a  pu 
voir  dans  tout  ce  qui  précèdeque  je  n'aimais  pas  beaucoup  les  injures. 
J'ai  spécialement  pris  soin  de  retenir  le  plus  longtemps  possible  le 
gros  mot  de  barbarie.  J'ai  môme  condamné  l'emploi  qu'on  en  fait 
couramment  pour  stigmatiser  certains  défauts  allemands  que  je  crois 
avoir  montré  de  qualité  (.su:)  toute  différente.  Mais  enfin  voici  le 
moment  arrivé  où  je  ne  puis  plus  m'empêcher  de  le  lâcher.  Oui,  tout 
bien  réfléchi,  même  si  le  triomphe  de  1  Allemagne,  même  si  la  «  ré- 
volution »  du  monde  par  l'Allemagne  devaient  représenter  un  pro- 
grès matériel  positif,  je  prétends  que  ce  ne  pourrait  être  qu'au  prix 
d'un  retour  à  la  plus  effrayante  barbarie  intellectuelle.  »  Opinion 
longuement  motivée  ensuite,  avec  l'appui  de  Goethe,  et  complétée 
enfin  par  ces  quelques  lignes  des  pages  2.32-233  :  «  Dans  l'ordre  so- 
cial qu'inaugureraient  les  Allemands,  sans  doute  une  inflexible  dis- 
cipline matérielle  régnerait  qu'il  serait  fou  de  songer  à  enfreindre. 
Certes,  on  ne  se  gourmorait  pas  dans  les  rues  ;  cela  deviendrait  pro- 
bablement un  impossible,  un  invraisemblable  dérèglement.  Mais  sous 


-    \H\   — 

cette  enveloppe  rigide,  on  serait  en  pleine  barbarie,   cri   pleine  anar- 
chie. »  Suit  un  tableau  peu  réjouissant  des  consL'(jiierices. 

Décidément,  la  Germanie  n'est  pas  et  ne  sera  peut-être  jamais  bille 
ni  séduisante  ;  et,  pour  obtenir  les  sympathies  du  inonde  civilisé,  les 
gens  de  la  Kultur  auront  jilus  d'une  étape  à  franchir. 

E.-A.  (^UAi'uis. 


Mîiyvars  et  paiiçiermaiiistes,  par  Stéphen  OsLSk\  et  Jli.ks  Choimn. 
Paris,  liossard,  l!tlS.  in-Ift  de  vni-101  p.,  avec  2  cartes  liors  texte.  — 
Prix  :  3  fr.  60. 

M.  Stéphen  Osusky  est  un  de  ces  patriotes  slovaques  qui,  chassés 
de  leur  pays  par  les  persécutions  magyares,  n'ont  pas  cessé  de  lutter 
pour  l'émancipation  de  leurs  frères  opprimés.  Notre  compatriote 
M.  Chopin  a  été  pendant  dix-sept  ans  chargé  d'un  cours  à  l'Univer- 
sité de  Prague.  Il  a  traduit  en  français  le  travail  de  M.  Osusky,  qui 
avait  paru  d'abord  en  anglais  ;  il  la  de  plus  adapté,  complété  et 
mis  au  point,  dans  la  mesure  où  on  le  peut  en  un  temps  où  les 
événements  se  succèdent  avec  la  rapidité  d'un  film  cinéiriatogra- 
phique. 

De  cette  collaboration  est  sortie  une  étude  très  solide  sur  les  con- 
vulsions qui  ont  précédé  l'effondrement  de  la  monarchie  des  Habs- 
bourg ;  les  auteurs  indiquent  les  grandes  lignes  du  projet  de  la  Mil- 
tel-Europa,  qui  eût  fait  peser  sa  lourde  domination  militaire, 
politique  et  économique  sur  le  reste  du  monde.  En  particulier,  les 
Magyars,  très  jaloux  de  leur  prépondérance,  avaient  mis  à  prix  leur 
concours  à  une  entreprise  dont  ils  attendaient  un  accroissement  de 
pouvoir  et  de  richesse.  La  politique  astucieuse  des  hommes  d'État 
hongrois  est  présentée  avec  beaucoup  de  précision  et  nous  ouvre  des 
perspectives  impressionnantes  sur  le  sort  que  nous  réservaient  les 
Centraux  si  la  victoire  n'était  venu  trahir  leurs  convoitises. 

P.   PlSA.NI. 


L'Aube  de  la  revanche.  Les  Victoires  serbes  de   1916,  par  Ki- 

GÈNE  GAScoir^.  Paris,  liossard,  J919.  in-8  de  152  p.,  avec:20  photographies 
et  une  carte  hors  texte.  —  Prix  :  4  fr.  SO. 

Plusieurs  livres  nous  ont  déjà  raconté  les  malheurs  de  la  Serbie  et 
l'effroyable  retraite  de  l'armée  et  de  la  population  à  travers  les  mon- 
tagnes glacées  de  l'Albanie.  Celui-ci  est  consacré  à  la  revanche  des 
Serbes.  11  les  prend  à  Corfou,  halte  bienfaisante  après  l'épreuve  ; 
nous  fait  suivre  les  phases  de  leur  réorganisation,  avec  de  vivants 
portraits  de  leurs  chefs  :  le  prince  régent,  les  voïvodes  Michilch  et 
Stépanovitch,  le  général  Vassitch  ;  les  amène  en  ligne  à  la  gauche  de 
larmée  française  dOrieut  (août  1916).  D'abord  violemment  refoulés 


—  182  — 

par  los  Bulgares,  ils  reprennent  l'offensive  ;  ce  sont  les  victoires  de 
Gornitchevo,  du  Kaïmatchalan,  et  la  progression  dans  la  montagne 
qui  détermine  la  chute  de  Monastir.  Le  récit  des  événements  militai- 
-res  s'enchaîne  bien  et  est  mené  clairement  ;  quelques  anecdotes  le 
rendent  vivant.  L'auteur  insiste  justement  sur  l'effort  considérable 
fourni  par  les  Serbes  dans  toute  cette  période,  et  sur  la  part  que  prit 
à  leurs  succès  notre  2«  bis  de  zouaves.  Mais  sa  thèse,  qui  veut  faire  de 
Monastir  une  ville  serbe,  est  contestée  à  la  fois  par  les  Grecs  et  par 
les  Bulgares,  avec  des  arguments  qui  mériteraient  tout  au  moins 
d'être  discutés.  Quelques-unes  des  20  illustrations  photographiques 
sont  intéressantes  par  l'idée  qu'elles  donnent  du  terrain  et  des 
■champs  de  bataille.  A.  T. 


Les  Frontières  historiques  de  la  Serbie,  par  Gaston  Gravieu.  Pa- 
ris, Colin,  1919,  in-8  de  164  p.,  avec  3  cartes  dans  le  texte  et  3  cartes  hors 
texte.  —  Prix  :  4  fr. 

L'auteur  de  ce  livre,  glorieusement  tombé,  le  10  juin  1915,  à  Ablain- 
îSaint-Nazaire,  a  été  l'élève,  à  l'Université  de  Belgrade,  de  M.  lovan 
Gvijié.  C'est  dire  que  nous  trouverons  son  œuvre  marquée  à  l'em- 
preinte des  méthodes  de  ce  maître,  dont  nous  avons  parlé  dans  le  Po- 
lybiblion  de  février  dernier  (t.  CXLV,  p.  122-124)  à  l'occasion  de  sa  géo- 
graphie humaine  de  la  Péninsule  balkanique.  L'ouvrage  de  M.  Gaston 
Gravier  tire  un  intérêt  particulier  de  ce  qu'il  fut  écrit  en  1913,  alors  que 
la  question  yougo-slave  n'était  pas  encore  ouvertement  posée.  Il  y  fait 
une  simple  allusion  en  écrivant,  aux  dernières  lignes  de  sa  Conclusion, 
<|ue  les  Serbes,  un  jour  ou  l'autre,  porteront  leurs  regards  vers  les  pro- 
vinces serbes  de  l'Autriche  qui  deviendra  pour  eux  une  sorte  de  nou- 
A'elle  Turquie.  Son  étude  vise  le  développement  de  la  Serbie  au  couis 
■du  dernier  siècle.  11  voit  dans  ce  pays  «  le  type  peut-être  le  plus  re- 
présentatif de  ces  Etats  qui  naissent  et  se  développent  dans  la  zone 
longtemps  indécise  et  mal  différenciée  où  le  contact  s'établit  entre 
lieux  mondes  profondément  différents  de  race  et  de  civilisation.  »  La 
poussée  serbe,  surtout  dirigée  vers  le  sud,  présente  un  double  carac- 
tère de  contirmité  et  de  rythme  très  remarquable.  La  Serbie  est  ainsi 
arrivée  à  garder,  jusqu'à  son  dernier  agrandissement  de  1913,  une 
homogénéité  des  plus  précieuses.  Souhaitons-lui  de  la  conserver  dans 
l'avenir.  Livre  excellent,  où  le  lecteur  sera  heureux  de  trouver  trois 
intéressantes  reproductions  des  caries  anciennes  de  Witt(xvii'^  siècle), 
Anlonia  Zatta  M78I)  et  d'une  carte  serbe  de  1805.  Il  vient  à  son  heure 
au  moment  où  le  Congrès  de  la  paix  met  les  questions  territoriales  au 
premier  plan.  Mais  sa  valeur  historique  et  documentaire  lui  assure 
une  durée  supérieure  à  celle  de  l'actualité.  A.  T. 


—  183  — 

l'i>:uIilionN  fr»in,*nîsps  au  I^iban,  par  Hknk  RisTEi.iiuFinF.n.  Paris, 
\l(  an,  1918.  in-X  do  viii-.'il4  p.,  avoc  ±  caitos  dans  Ir  texte  ci  'l  fac-simil« 
hors  texte.  —  l'iix  :  6  fi . 

La  nation  maronite  est  fière  de  se  réclamer  de  Tamitié  de  la  France; 
des  liens  millénaires  la  rattachent  à  notre  patrie.  Sans  remonter  jtis- 
(jn'à  Cliarlemagne  dont  les  relations  avec  le  Liban  paraissent  problé- 
fnatiqnes.  la  tradition  française  s'établit  authenliquement  dès  le 
temps  des  premières  croisades  et  ce  sont  les  croisés  qni  sont  les  pré- 
■<Mirse»irs  de  cette  tradition  ;  nos  missionnaires,  nos  négociants,  nos 
pèlerins  et  nos  voyageurs  en  sont  les  fondateurs  ;  nos  rois  en  ont  été 
les  protecteurs  et  nos  agents  diplomatiques  et  consulaires  ont  su 
l'entretenir  avec  une  continuité  de  vues  qui  ne  s'est  jamais  interrom- 
pue, même  pendant  la  grande  Révolution.  Nous  sommes  à  la  veille  du 
jour  où  la  protection  française  sur  la  Syrie  va  prendre  une  forme  nou- 
velle et,  espérons-io,  définitive. 

M.  Ristelhueber  développe  son  exposé  en  utilisant  de  curieux  docu- 
ments tirés  pour  la  plupart  des  archives  des  Affaires  étrangères.  Des 
épisodes  caractéristiques  interrompent  le  récit  sans  en  diminuer  l'in- 
térêt. Telle  la  touchante  histoire  de  la  noble  famille  des  Khazen.dont 
quatre  membres  ont  exercé  les  fonctions  consulaires  en  Syrie,  de  1653 
à  1758.  Deux  de  leurs  descendants  étaient  encore,  en  l'Jli,  attachés 
au  consulat  de  Beyrouth,  et,  victimes  de  leur  attachement  à  la  France, 
ils  ont  été  pendus  par  les  Turcs.  Combien  de  Maronites  ont  payé  de 
/jeur  vie  leur  traditionnelle  amitié  pour  nous  !  Quelle  reconnaissance 
devons-nous  à  l'historien  qui  nous  rappelle  ces  glorieux  souvenirs  ! 

P.   PiSANI. 


Le  Rapport  secret  du  D"^  .Johannès  Lepsius,  président  delà 
Deutsche  Orient-Mission  et  de  la  Société  germano-armé- 
nienne, sur  les  massacres  dWrménie,  publié  avec  une  Préface  de 
Uené  Pino.n.  Paris,  Pavot,  1919,  iti-16  de  xx-.332  p.  —  Prix  :  .o  fr. 

Le  monde  civilisé  a  frémi  d'indignation  en  1890  au  récit  des  épou- 
vantables tueries  ordonnées  en  Arménie  par  Abd-ul-Hamid,  «  le  sultan 
rouge  »  ;  mais  ce  n'était  que  jeu  de  prince  auprès  des  exterminations 
organisées  en  1915  par  les  sinistres  gredins  qui  composaient  le  comité 
«  Union  et  Progrès,  m  De  la  Méditerranée  aux  frontières  persanes,  la 
population  arménienne  a  été  arrachée  à  ses  foyers  et  à  peu  près 
anéantie  ;  il  n'était  question  officiellement  que  de  transporter  dans 
des  provinces  lointaines  des  sujets  remuant*  et  soupçonnés  de  sym- 
pathies pour  l'envahisseur  moscovite,  mais  cette  prétendue  déporta- 
tion n'était  qu'un  mensonge  :  sur  deux  millions  d'Arméniens,  les  trois 
quarts  au  moins,  sinon  les  sept  huitièmes  ont  été  victimes  des  assas- 
sins ;   tués  par  leur  escorte  dûment  stylée,  morts  de  misère  dans  les 


—  184  — 

déserts  où  ils  étaient  parqués  sans  vivres  ;  les  femmes  et  les  enfants 
survivants  étaient  réduits  en  esclavage  et  convertis  de  force  à  l'isla- 
misme ;  on  pensait  résoudre  la  question  arménienne  en  fafsant  dis- 
paraître toute  la  race. 

Quelle  part  de  responsabilité  revient  aux  Allemands  dans  ces  abo- 
minations ?  Les  perfides  communiqués  de  l'Agence  Wolf  essayaient 
de  donner  le  change  et  de  justifier  le  crime  ;  des  écrivain^,  comme  le 
D'"  Stuermer  ont  laissé  percer  une  partie  de  la  vérité  et  le  présent  vo- 
lume dévoile  l'affreux  mystère. 

Le  D'  Lepsius,  président  de  la  Société  des  Missions  protestantes 
d'Orient,  est  allé  faire,  dès  la  fin  de  1915,  une  enquête,  dont  les  résul- 
tats accablants  ont  été  consignés  dans  un  rapport  minutieusement 
documenté  ;  ce  rapport  a  été  lu  dans  une  assemblée  de  pasteurs  et  de 
missionnaires,  puis  imprimé,  mais  seulement  en  épreuves,  et  com- 
muniqué confidentiellement  à  quelques  amis  ;  des  démarches  ont  été 
tentées  en  kaut  lieu  pour  arrêter  les  massacres  et  se  sont  lieurlées  à 
l'indifférence  officielle.  La  sévérité  avec  laquelle  ces  courageuses  pro- 
testations ont  été  étouffées  montre  à  quel  degré  le  Kaiser  et  ses  com- 
plices se  sentaient  impliqués  dans  cette  sanglante  histoire.  11  a  fallu 
l'effondrement  du  pouvoir  impérial  pour  qu'on  puisse  enfin  divul- 
guer ces  accusations  écrasantes  pour  les  Jeunes-Turcs  et  pour  ceux  qui 
les  ont  couverts  de  leur  appui.  P.  Pis.vm. 


Le  Dilemme  de  la  guerre,  p;ir  Gabcia  Calderon.  Paris,  Grasset,  1919, 
in-t8  de  307  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  n'est  pas  une  œuvre  de  peu  d'importance  que  d'opposer  l'une  et 
l'autre,  en  un  raccourci  puissant,  sans  tomber  dans  l'abstrait,  les  deux 
conceptions  du  monde,  la  germanique  et  loccidenlale.  M.  Garcia 
Calderon  y  était  préparé  par  lé  livre  de  valeur  qu'il  avait  écrit,  avant 
la  guerre,  sur  les  Démocraties  lalliies  de  l'Amérique,  étude  concrète 
des  conditions  de  vie  de  ces  jeunes  États  démocratiques.  ^<  Un  dilemme 
que  vont  résoudre  des  batailles  »,  tel  est,  pour  lui,  le  sens  profond 
de  la  Grande  Guerre  ;  entre  les  empires  centraux  et  les  démocraties 
de  l'Occident,  l'antagonisme  était  devenu  si  aigu,  que  seul  un  cori- 
llit  sanglant  pouvait  le  résoudre.  La  lutte  est  entre  deux  systèmes, 
sans  conciliation  possible.  D'un  côté,  l'Empire  ;  de  l'autre,  les  na- 
tions ;  une  race  supérieure  qui  se  targue  de  régénérer  le  monde  ou 
des  États  divers  qui  suivent  librement  leurs  destinées  ;  l'ordre  uni- 
forme imposé  par  l'autorité  ou  la  diversité  féconde  ;  la  force  brutale 
ou  la  pitié.  Le  triomphe  du  premier  système  représenterait  le  plus 
grand  recul  moral  qui  ait  menacé  la  civilisation.  On  voit  rinli'rèt  qui 
s'attache  au  sujet.  Au  cours  de  son  développement,  M.  (iarcia  Cal- 
deron est  ampné  à  envisager  les  questions  philosophiques  et  liistori- 


-   iSo  — 

(jues  les  plus  importantes  :  rôle  de  la  guerre  et  de  la  paix,  valeur 
relative  des  diverses  formes  de  gouveriiemeut,  impérialisme  eu 
général,  pangermanisme.  Signalons  particulièrement  le  ciiapitrc  \  : 
K  La  Kace  tutéiaire  »  où  se  trouve  condensé  le  meilleur  de  ce  qui 
a  été  écrit  sur  la  race  allemande  et  sa  prétendue  prédestination.  Le 
chapitre  des  «  Deux  Testaments  »  est  aussi  très  remarquable  par  la 
manière  dont  il  montre  lopposition  irréductible  entre  les  deux  con- 
ceptions de  la  vie.  la  germanique  et  l'occidentale. 

L'auteur  conclut  que  la  conception  occidentale  doit  prévaloir,  mais 
qu'elle  sera  rectifiée  par  les  leçons  de  la  guerre.  Un  Appendice  donne 
l'éloquent  discours  qu'il  a  prononcé  à  la  Sorbonne  le  21  novem- 
bre 1917,  pour  expliquer  comment,  malgré  l'effort  allemand,  l'Amé- 
rique espagnole  et  le  Brésil  restent  profondément  attachés  à  la  Fiance. 

Bon  livre,  débordant  d'idées,  très  justes  le  plus  souvent,  toujours 
étayées  par  une  riche  et  solide  documentation  et  présentées  avec  un 
souci  de  l'objectivité  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  l'auteur.  Il  a 
d'autant  plus  de  mérite  à  rendre  une  pleine  justice  aux  qualités  incon- 
testables des  Allemands  qu'il  nourrit  à  l'égard  de  la  France  d'autre- 
fois et  d'aujourd'hui  une  vive  sympathie,  qui  lui  inspire  les  termes 
les  plus  heureux  pour  célébrer  notre  pays  entre  tous  les  autres.  Un 
rapprochement  s'impose  entre  ses  idées  et  celles  que  G.  Ferrero  a 
développées  dans  ses  deux  livres  :  La  Guerre  earopêenne  et  Le  Génie 
laLin  et  le  Monde  moderne.  11  est  fort  intéressant  de  voir  ces  deux 
Latins,  partis  du  Janiculeet  de  la  Cordillère  des  Andes,  se  rencontrer 
à  Paris  sur  les  mêmes  conclusions  :  impuissance  du  seul  progrès 
scientifique  à  nous  faire  atteindre  un  idéal  de  perfection  et  supério- 
rité de  l'esprit  sur  la  matière.  Voilà  ce  qui  distinguera  toujours  la 
civilisation  latine  de  la  civilisation  germanique  et  pourquoi  il  fallait 
que  nous  sortions  victorieux  de  la  guerre.  A.  T. 


Vertus  guerrières,  parle  capitaine  Z...  Paris,  Payot.  1918,  in-16  de  :2oO  p. 
—  Prix:  4  fr.  50. 

On  doit  au  capitaine  Z.  plusieurs  études  pleines  d'intérêt  et  d'origi- 
nalité sur  Y  Armée  de  la  guerre,  sur  X'OfJicier  et  le  soldat  français.  Sous 
le  titre  :  Vertus  guerrières,  il  a  groupé  une  série  d'observations  per- 
sonnelles, de  réflexions  suggérées  par  les  opérations  auxquelles  il  a 
'I   pris  part,  par  les  récits  qu'il  a  recueillis. 

Officier  de  complément,  le  capitaine  .Z.  apprécie  à  leur  valeur  les 
officiers  de  carrière  et  par  là  il  entend  ceux  d'avant  la  guerre  et  non 
tous  les  sous-oificiers  parfois  trop  rapidement  promus  ;  etaprès  avoir 
sévèrement  jugé  ces  soldats  de  M.  Barbusse,  ces  hallucinés  sortis  de 
l'imagination  de  l'auteur  du  Feu,  il  rappelle  la  belle  leçon  militaire 
donnée  par  le  général  de  Castelnau,  au  camp  de  Mailly,  dans  les  pre- 


—  18G  — 

iniers  jours  de  juillet  1914.  Le  Mercure  de  France  du  1"  janvier  1917 
l'avait  publiée  et  elle  est  caractérisée  par  la  question  adressée  par  le 
général  au  colonel  de  Cissey,  à  l'issue  de  la  manœuvre  :  «  Où  vouliez- 
vous  mourir  ?  »  C'est  bien  la  suprême  vertu  guerrière  :  Mourir  puis- 
samment pour  mourir  utilement. 

L'idée  de  fidélité  est  aussi  un  facteur  de  victoire.  Le  soldat  doit  être 
fidèle  aux  chefs,  à  la  patrie,  au  drapeau,  fidèle  aux  traditions  de  son 
corps,  fidèle  aux  morts.  Parmi  les  qualités  qu'il  doit  acquérir  et.déve- 
lopper  figurent  :  le  dévouement,  le  sacrifice,  le  goût  des  responsabi- 
lités, l'esprit  d'initiative  et  d'activité,  l'opiniâtreté,  la  foi  dans  le  succès. 

A  l'appui  de  chacune  de  ces  vertus  militaires,  le  capitaine  Z.  cite  des 
exemples  empruntés  aux  faits  dont  il  fut  témoin,  aux  citations  qu'il 
a  relevées.  Il  a  lui-même  foi  dans  l'avenir  de  la  France,  après  la  paix, 
mais  il  estime  que  la  victoire  eût  été  obtenue  plus  aisément,  avec  des 
sacrifices  infiniment  moindres  :  «  Si  nous  avions  été  tous  et  de  tous 
les  temps  loyalistes  et  unis  par  un  commun  idéal  sous  un  chef  véri- 
table, avec  un  régulateur  national  (p.  62).  «  Il  va  de  soi  qu'avec  un 
bon  gouvernement  on  a  les  meilleures  chances  d'avoir  une  excellente 
armée.  H.  L. 

Clemenceau,  par    Camille  Ducray.    Paris,    Payof,  1918,  in-16  de  122  p.. 
avec  3  portraits  et  1  autographe.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Les  panégyristes  de  M.  Clemenceau'  ont  beau  jeu  en  ce  moment  à 
nous  présenter  de  sa  vie  seulement  le  beau  côté.  L'opinion  publique, 
reconnaissante  à  leur  héros  delà  part  qu'il  a  prise  à  la  victoire,  leur  sau- 
rait peut-être  mauvais  gré  d'insister  stir  ce  qui  n'est  pas  à  son  honneur 
-dans  sa  carrière  passée.  M.  Camille  Ducray  a  usé  de  cette  facilité  pour 
nous  donner  un  Clemenceau  où  «  l'homme  politiquç  »  ne  tient  qu'une 
toute  petite  place  entre  u  l'étudiant  »  et  ((  le  médecin  »  d'une  part  ; 
«  le  journaliste  »,  ((  l'écrivain  »  et  le  ((  grand  citoyen  »  d'autre  part 
(25  pages  sur  121).  Du  terribledémolisseur  que  fut  Clemenceau,  qui  n'a 
jamais  cessé  toute  sa  vie  de  poursuivre  de  sa  haine  et  de  ses  sarcasmes 
tant  de  choses  respectables,  sacrées  même  :  du  Clemenceau  que  nous 
trouvons  dans  le  recueil  d'articles  de  l'Homme  libre  réuni  sous  le 
litre  :  Dans  les  champs  du  pouvoir,  il  n'est  presque  rien  dit.  Mieux  vaut 
<uijourd'hui  insister  sur  le  Clemenceau  de  la  France  devant  l'Alle- 
magne, animé  d'une  foi  ardente  dans  les  destinées  de  la  patrie.  Les 
citations  de  quelques  passages  des  discours  qu'il  a  prononcés  à  la 
<;hambre,  au  cours  de  celte  période  tragique,  vibrants  comme  des 
<'oups  de  clairon,  sont  bien  faites  pour  nous  donner  la  plus  juste  idée 
tle  son  patriotisme  et  de  la  qualité  particulière  de  son  éloquence,  toute 
proche  de  celle  des  orateurs  de  la  Convejilion,  (ju*Tnd  ils  proclamaient 
la  pairie  en  danger. 


—  187  — 

Signalons  (p.  83)  les  quelques  lignes,  heureusement  mises  en  évi- 
«lenre  par  M.  Diicray,  où  Clemenceau  exprime  ses  ambitions  de 
journaliste  au  sujet  de  l'action  qu'il  prétend  exercer  sur  <(  le  passant 
inconnu.  >> A.  T. 

Xotre  Clemenceau  juyé  par  un  catholique,  par  J.  Haymond.  Paris, 
Jouve,  s.  d.,  (191S)  in  16  de  159  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Cet  opuscule  que  l'auteur  appelle  un  a  recueil  de  faits,  de  pensées 
et  de  jugements  »  (p.  .35) constitue  non  seulement  une  apologie,  mais 
4ine  véritable  apothéose  de  l'éminent  homme  d"Élat  qui  préside  actuel- 
lement de  si  belle  façon  aux  destinées  de  notre  pays.  Le  nom  de 
((  catholique  >->,  spécialement  réclamé  par  M.  J.  Raymond,  ne  se  jus- 
tifie dans  son  ouvrage  à  peu  près  par  rien.  Cet  écrit  d'ailleurs  ne  se 
ilistingue  pas  par  la  précision.  Les  quinze  chapitres  dont  il  se  com- 
pose sont  des  amas  successifs  de  louanges  méritées,  mais  incohé- 
rentes. Le  principal  intérêt  qu'ils  offrent  sont  de  nombreuses  et 
longues  citations  des  plus  récents  discours  de  M.  Clemenceau.  Cela 
aide  à  feuilleter  jusqu'au  bout  le  dithyrambe  de  M.  Raymond.  On 
y  trouve  un  lapsus  bien  singulier.  «  L'Autriche-Hongrie,  fatiguée  de 
la  guerre,  subie  sous  le  joug  de  l'Allemagne,  nous  dit  l'auteur,  s'était 
adressée  secrètement  au  pape  Léon  XIII  (sic),  qui  avait  fait  appel  aux 
Jjelligérants,  pour  obtenir  la  cessation  des  hostilités.  »  Voilà  du  coup 
supprimés,  non  seulement  les  débuts  du  pontificat  de  Benoît  XV, 
mais  le  rèsrne  entier  de  Pie  X.  M.  S. 


David  Lloyil  Georye.  élude  biofjrnphiqne,  par  Harold  Spender  ;  traduc- 
tion de  Robert  L.  Cru.  Paris,  Colin,  1919,  in-l8  de  362  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Voilà  un  ouvrage  que  liront  avec  profit  et  non  sans  agrément  ceux 
qui  seraient  curieux  de  connaître  la  formation  et  la  mentalité  du 
Premier  britannique.  Évidemment  c'est  un  livre  d'ami,  et  d'ami  en- 
thousiaste. On  ne  saurait  lui  demander  de  critiquer.  On  aurait  pu  seu- 
lement souhaiter  que  sur  certaines  questions  de  politique  intérieure  il 
nous  eût  renseignés  avec  un  peu  plus  de  précision.  Mais  ce  qu'il  met  en 
pleine  lumière,  c'est  le  rôle  joué  par  son  héros  durant  la  guerre  mon- 
diale, un  rôle  de  premier  plan,  que  notre  reconnaissance  ne  saurait 
oublier.  Chancelier  de  l'Échiquier  lors  de  l'ouverture  des  hostilités,  et 
occupant  ce  poste  depuis  six  ans,  M.  Lloyd  George  devint,  en  mai  1915. 
ministre  des  munitions  ;  en  juin  1916,  ministre  de  la  guerre,  à  la 
suihe  de  la  mort  tragique  de  Lord  Kitchener  ;  en  décembre  1916, 
premier  ministre,  concentrant  tout  de  suite  les  pouvoirs  dans  un  cabi- 
net de  guerre  très  peu  nombreux,  et  se  faisant  l'un  des  plus  actifs, 
l'un  des  plus  décidés  préparateurs  de  l'unité  de  direction  et  de  com- 
•mandement  pour  l'ensemble  des  armées  alliées.  Nul  pourtant  n'est 


—  188  — 

moins  suspect  de  militarisme  chauvin.  Il  avait  combattu  la  guerre  con- 
tre les  Boers.  et  crânement,  sans  craindre  d'affronter  les  huées,  les  vio- 
lences. Contre  l'Allemagne,  il  ne  se  décida  pour  la  guerre  que  le  4  août, 
mais  résolument  alors.  «  Je  puis  comprendre,  a-t-ildit,  qu'un  homme 
s'oppose  à  une  guerre,  mais  je  ne  peux  comprendre  un  homme  qui 
fait  la  guerre  d'un  cœur  hésitant.  » 

Lorsqueri  avril  1890  fut  laborieusement  élu  à  la  Chambre  des  com- 
munes le  modeste  avoué-avocat  {allorney)  du  pays  de  Galles  qu'était 
alors  le  premier  ministre  d'aujourd'hui,  et  qui  n'avait  que  vingt- 
sept  ans,  étant  né  le  17  janvier  186.3  à  Manchester,  il  s'était  déjà 
révélé  d'un  vigoureux  tempérament,  d'une  ardente  éloquence.  11  s'est 
formé  et  il  a  pris  de  l'ascendant  eu  se  révoltant  ou  en  poussant  à  la 
révolte  non-conformis-te  contre  l'Église  établie,  enfant  du  peuple 
contre  les  squU-es  de  son  comté,  en  attendant  qu'il  menât  ses  cam- 
pagnes passionnées  contre  les  landlords  et  contre  la  Chambre  des 
pairs.  Révolutionnaire,  il  l'a  été  beaucoup  et  trop.  Mais  entre  le  roi 
Georges  V  et  lui,  l'estime  et  môme  l'amitié  sont  aujourd'hui  pro- 
fondes et  réciproques.  Au  premier  rang  des  hommes  d'État  qu'il 
admire  et  qu'il  aime,  ce  révolutionnaire  place  Edmond  Burke.  Il  e.st 
pieusement  attaché  à  sa  petite  patrie,  le  pays  de  Galles,  pour  lequel  il 
réclame  le  home  riile,  fervent  de  sa  langue,  de  sa  poésie,  de  ses  chants.  Il 
a  l'intelligence  trop  ouverte  pour  être  prisonnier  des  mots  et  des  for- 
mules :  il  a  le  sens  du  réel.  Souhaitons  qu'il  nous  en  donne  de  nou- 
velles preuves  tant  à  la  conférence  de  la  paix  qu'en  face  des  troubles 
ouvriers  qui  menacent  la  Grande-Bretagne. 

Babon  .\>'got  des  Rotours. 


Le  Colonel  Driant,  par    Gaston  Jollivet    l^aiis,  Delagravc,  1918,  in-lS 
de  264  p.,  avec  un  autographe  du  niaréclial  Foch.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ce  nom  sonne  comme  un  coup  de  clairon  de  la  guerre.  Sous  son 
pseudonyme  de  «  Datait  »  l'officier  qui  le  porta  était  connu  de  toute 
une  génération  de  jeunes  lecteurs  qui  s'étaient  enthousiasmés  aux  ré- 
cits aventureux  et  pittoresques  de  ses  romans  militaires  :  Robinsons 
sous-marins,  Robinsons  de  l'air,  la  Gderre  de  demain.  Histoire  d'une 
famille  de  soldais,  etc..  Maintenant  le  colonel  Driant  est  entré  dans 
la  renommée  guerrière,  depuis  son  trépas  glorieux  au  bois  des  Caures. 
au  début  de  la  terrible  oll'ensive  contre  Verdun,  au  mois  de  février 
191G. 

M.  Gaston  JoUivet,  d'une  plume  alerte  et  familière,  a  puisé  direc- 
tement à  d'excellentes  sources:  lettres,  papiers  de  famille,  archives 
régimentaires,  pour  conter  la  carrière  essentiellement  militaire  de  ce 
jeune  officier  d'Afrique,  instructeur  à  Saiut-Cyr,  commamlant  de 
chasseurs  en  Lorraine,  dont  l'épée  fut  brisée  par  les  ministres  ])oliti- 


—  189  — 

rions  qui  failliront,  de  1000  à  l!)10,  rotiHuire  l'armée  française  à  la 
mine.  On  faisait  payer  à  Driant  le  ((  inallieiir  »  d'être  le  gendre  du  gé- 
néral Boulanger.  Il  utilisa  alors  son  inaction  forcée  en  écrivant  dans  les 
jourtianx  et  en  entrant  à  la  Channbre  comme  député  de  Nancy.  La 
(irande  Guerre  le  rendit  à  son  rôle  de  soldat.  Il  s'y  conduisit  en  héros. 
Toutes  ses  paroles,  tous  ses  actes,  tous  les  détails  de  son  existence  de 
combattant  et  de  chef  méritaient  d'être  recueillis.  L'admiration  de  ses 
camarades,  l'afFection  respectueuse  de  ses  hommes  lui  donnaient  une 
influence  paiticulicre.  Sa  perte  est  une  des  plus  sensibles  qui  aient 
atteint  l'artnée  et  la  France.  La  lecture  de  ce  livre  est  faite  pour  nour- 
rir le  patriotisme.  Geoffroy  de  Grandmaison. 


Une  Ame  de  séminariste  soldat.  Le  Seryeiit  Pierre  Bakouard, 
du  125'  d'infanterie,  par  I'aul  Viglé.  Paris,  Beauchesne.  1918,  in-16 
de  220  p..  avec  2  portraits.   —  Prix  :  3  fr.  l'A). 

Né  le  30  juin  1892,  à  Loudun,  Pierre  Babouard  fut  tué  d'une  balle 
au  front  devant  Verdun,  le  dimanche  7  mai  1916.  Il  avait,  comme 
tant  d'autres,  quitté  le  séminaire  pour  le  régiment.  Comme  beaucoup 
d'autres,  il  s'appliquait  par  esprit  de  devoir  à  exceller  dans  des  obli- 
gations pour  lesquelles  il  n'était  pas  fait.  Plus  et  mieux  que  d'autres, 
grâce  aux  ressources  multiples  de  sa  riche  nature,  il  s'imposa  par  son 
exemple  et  rayonna  par  sa  parole.  Il  a>j)irait  au  sacerdoce  de  toutes 
les  énergies  de  son  âme  d'apôtre,  mais  il  accepta  vaillamment  le 
f^acrifice  qu'il  avait  envisagé  et,  semble-t-il,  pressenti.  «  Il  ne  s'agit 
pas  de  vivre  longtemps,  disait-il,  mais  de  bien  vivre,  et  ce  n'est  pas 
gâcher  sa  vie  que  de  la  sacrifier  librement,  dans  l'acceptation  géné- 
reuse de  la  mort  pour  le  salut  du  pays.  »  Ses  élans  vers  Dieu  réle- 
vaient sans  cesse  au-dessus  des  médiocrités  oii  tant  d'autres  se  com- 
plaisent. En  même  temps  il  s'évertuait  à  alléger  son  âme,  à  la  dégager 
de  tout  ce  qui  pouvait  alourdir  son  vol.  Son  biographe  ne  nous  cache 
pas  qu'il  eut  ainsi  à  veiller  constamment  contre  les  reprises  d'une 
nature  où  certaines  tendances  d'amour-propre,  en  particulier,  auraient 
pu  faire  échec  à  de  belles  qualités,  et  je  ne  sais  rien  d'émouvant 
comme  le  spectacle  de  ce  jeune  homme  qui  n'a  rien  de  plus  à  cœur 
•que  de  s'amender  par  amour  de  Dieu.  A  ce  titre,  son  exemple  sera 
utile  non  seulement  aux  lévites  ses  confrères,  mais  à  tous  les  hommes 
qui  se  préoccupent  d'ascension  morale.  Ch.  Landry. 


Lettres  à  un   converti  de   la  guerre,  par  G.   Letouhneau,  2'  série. 
Paris,  Gabalda,  1919,  petit  in-12  de  vni-353  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Encouragé  par  le  succès  si  légitime  qui  a  accueilli  ses  première.s. 
lettres,  et  qui  avait  été  à  la  fois  souhaité  et  prévu  ici  même  {Polybi- 
•  blion  d'août-septembre  1918,  t.  GXLIIl,  p.  97-98).  M.  le  curé  de  Saint- 


—  190  — 

Sulpice  pul)lie  un  second  volume,  tlonl  l'utilité  ne  sera  pas  moindre.. 
11  serait  difficile  de  trouver  ailleurs  en  si  peu  de  mots  des  conseils 
plus  précis  et  pltis  variés.  Qu'il  s'agisse  d'orienter  vers  la  révélation 
chrétienne  un  ingénieur  athée  désireux  de  s'instruire,  qu'il  faille 
répondre  à  des  questions  posées  au  sein  d'un  comité  soit  par  un 
avocat  à  tendances  modernistes  soit  par  des  partisans  de  la  foi  du 
charbonnier,  que  l'occasion  se  présente  de  rappeler  les  règles  de  la 
spiritualité  chrétienne  ou  la  nécessité  de  l'apostolat  et  de  l'action 
sociale,  toujours  on  entend,  à  point  nommé,  la  parole  la  plus  nette. 
11  n'est  guère  dans  la  manière  de  iM.  Letourneau  de  multiplier  les 
longues  phrases  et  les  développements.  11  procède  par  traits  rapides, 
avec  une  sûreté  de  main  qui  révèle  autant  d'expérience  personnelle 
que  de  savoir.  Ce  qu'il  ne  dit  pas,  il  indique  où  on  le  trouvera  :  les 
références  bibliographiques  qui  suivent  chaque  lettre  complètent 
ainsi  son  enseignement.  Les  chrétiens  attentifs  à  le  suivre  admireront 
chaque  jour  davantage  les  beautés  de  leur  foi  et  la  vivront  en  pléni- 
tude avec  une  logique  mieux  avertie.  Il  faut  souhaiter  que  le  nombre 
en  soit  grand.  Ch.  Landuy. 


Les  Consolations.  Pour  les  coeurs  dévastés,  par  Edavau  MoNTiicn, 
Paris,  Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie,  1918,  in-16  de 
306  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Si  l'enseignement  de  l'Église  catholique,  qui  prête  à  chaque  desti- 
née humaine  tant  de  sérieux  et  de  grandeur,  peut  terrifier,  par  cer- 
tain côté,  les  perspectives  qu'il  ouvre,  d'autre  côté,  sont  d'une  spletj- 
deur  incomparable,  et  c'est  bien  dans  ces  perspectives  que  doivent 
nous  apparaître  les  morts  qui  viennent  de  donner  leur  vie  pour  la 
France.  Us  sont  beaux  ;  ils  sont  purs  ;  ils  sont  en  sécurité  ;  ils  sont 
heureux  ;  ils  sont  meilleurs  ;  ils  vous  voient  ;  ils  sont  tout  près  ;  ils 
vous  aiment  ;  ils  vous  comprennent  ;  ils  sont  à  vous  ;  ils  vous  at- 
tendent ;  ils  vous  recevront  :  tels  sont  les  titres  que  M.  Edward  Mon- 
tier  donne  aux  chapitres  de  son  livre  en  l'honneur  de  nos  morts,  je 
dirais  volontiers  aux  chants  de  son  poème,  poème  en  prose,  sauf  la 
prière  finale,  mais  dans  lequel  on  sent  constamment  une  àme  ardente 
de  noble  poète.  Œuvre  de  penseur  aussi,  et  de  fin  moraliste,  et  de 
ferme  chrétien.  J'aurais  aimé  qu'il  nous  ])résenl;U  davantage  la  justi- 
fication théologique  de  ses  affirmations.  Maisjene  veux  nullement  in- 
sinuer qu'elles  ne  sont  pas  justifiées  théologiquement.  Entre  l(>s  nom- 
breux ouvrages  qui  ont  été  composés  récemment  pour  olVrir  des 
consolations,  celui-ci  a  été  déclaré  supérieur  à  beaucoup  d'autres  par 
Mgr  lîaudrillart.  dans  sa  récente  allocution  (décembre  1018)  à  l'As- 
semblée générale  de  l'Assistance  mutuelle  des  veuves  de  la  guerre. 

Baron  .\>got  des  Rorouns. 


—  191  — 

La  Cité  «le  demain  «laiiH  Ie«  r«';|i<»iis  dévaMléi'is.  par  .1.  MAUcrr. 
AiiuHTiN  ri  llr.MU  IW.am  iiaud.  l'iiris.  Colin.  11117,  i^r.  iii-8  do  \ii-317  p. 
—  l'iix  :  6  fr. 

L'un  des  auteurs  de  ce  livre,  .M.  J.-M.  AuLui  lin,  avait  collaboié  à 
un  précédent  ouvrage  intitulé  :  «  Comnicnl  reconstruire  nos  cités  dc- 
Irailes.  Mais,  depuis  lors,  les  questions  de  cet  ordre  n'ont  cessé  de  se 
renouveler,  de  s'élargir.  Pour  montrer  que  le  présetit  volume  les  en- 
visage dans  toute  leur  ampleur,  il  sufïîra  de  faire  connaître  ses- 
grandes  divisions  :  1"  partie,  exposé  des  principaux  travaux  anté- 
rieurs sur  la  reconstitution  des  cités  détruites  ;  2*^  partie,  conceptiou 
des  cités  à  recoritruire  ;  S*"  partie,  l'exécution  des  travaux  ;  4"  par- 
tie, législation  et  réglementation.  En  divers  points  de  ces  études,  il 
y  aurait  sans  doute  lieu  de  les  compléter  par  la  mention  des  faits  ou 
de  documents  postérieurs  à  leur  publication.  Mais  il  y  aura  toujours 
profit  à  les  consulter.  Avec  des  indications  abondantes  et  surabon- 
dantes de  projets  parlementaires  et  autres,  les  auteurs,  quand  ils 
expriment  leurs  idées  personnelles,  en  pioposent  souvent  de  justes- 
ou  d'intéressantes.  Ils  souhaitent  par  exemple  (p.  96)  qu'à  l'avenir  on 
préfère  aux  monuments  commémoratifs,  dont  on  a  tant  abusé,  des 
œuvres  commémoratives  bellement  conçues,  telles  que  places,  grou- 
pements d'édifices.  Ils  recommandent  de  confier  l'établissement  des 
plans  régulateurs  (p.  106)  à  des  architectes  compétents,  et  non  pas 
aux  agents  de  second  ordre  auxquels  s'adressent  souvent  les  autorités 
locales.  Ils  font  des  vœux  (p.  222)  pour  que  la  pratique  se  répande 
de  contrats  collectifs  de  travail,  obligatoires  pour  les  deux  parties.  Ils 
conseillent  judicieusement  d'utiliser  davantage  l'arrondissement  eu 
tirant  meilleur  parti  des  commissions  sanitaires  qui  déjà  y  sont  ins- 
tituées, et  en  y  créant  des  agences  temporaires  pour  coordonner 
l'œuvre  de  reconstruction.  Il  doit  être  entendu  que  ce  n'est  pas  seule- 
ment aux  villes,  c'est  à  tout  groupement  de  population,  que  s'ap- 
plique, en  ces  pages,  le  mot  de  cité,  et  il  en  est  ainsi  du  terme,  qui 
n'est  pas  très  bien  choisi,  mais  dont  l'usage  va  se  généralisant,  d'iir- 
Ijanisme.  Baron  Angot  des  Roxoras. 


L'Alimentation  en  temps  de  guerre,  avec  recettes  et  menus,  par 
M""^  Aie.  Moll-Weiss.  Paris  et  Nancy,  1919,  in-12  de  xv-203  p.  —  Prix  : 
3  fr.  oU. 

Les  1 18  premières  pages  de  ce  livre,  qui  en  forment  la  première  par- 
tie peuvent  être  considérées,  à  beaucoup  d'égards,  comme  une  his- 
toire de  l'alimentation  pendant  la  longue  guerre  dont  nous  sortons  à 
peine  et  de  façon  si  laborieuse.  M^'MolI-Weiss,  qui  fait  autorité  pour 
tout  ce  qui  concerne  le  sujet,  a  divisé  cette  première  partie  en  dix 
chapitres,  savoir  :  I.  Les  Économies  et  l'Alimentation  en  temps  de 


—  192  — 

guerre  ;  II.  Il  faut  manger  pour  vivre  ;  III.  L'Aliment  carne  en  temps 
de  guerre  ;  lY.  Les  Succédanés  de  la  viande.  V.  Le  Pain  et  ses  suc- 
cédanés ;  VI.  La  Consommation  des  corps  gras  ;  VII.  Légumes  frais 
cl  fruits  frais  ;  VIII.  Le  Sucre  ;  IX.  Nos  Boissons  ;  X.  Le  Chauffage 
et  l'éclairage  en  temps  de  guerre.  —  Quant  à  la  deuxième  partie  : 
liecetles  et  menus  de  guerre,  elle  comprend  neuf  chapitres  très  détaillés, 
dont  les  ménagères  feront  bien  de  s'inspirer  le  plus  possible  actuelle- 
ment et  aussi,  dans  une  certaine  mesure,  quand  luiront  des  jours 
plus  heureux  ;  car  l'économie,  sous  toutes  ses  formes,  devra,  après  la 
terrible  crise  dont  la  fin  n'apparaît  pas  encore,  être  longtemps  prati- 
quée dans  les  familles. 

Transmettons  maintenant  à  qui  de  droit  ce  desideratum  de  l'auteur  : 
«  A  celles  qui  liront  ces  pages,  nous  demandons  de  nous  faire  l'hon- 
neur de  devenir  nos  collaboratrices.  Elles  le  seront  en  nous  faisant 
parvenir  leurs  observations,  leurs  réflexions,  les  données  pratiques 
intéressantes  qu'elles  possèdent  et  les  recettes  qu'elles  ont  éprouvées.  » 

E.-A.  Chapuis. 


Lies  Gars  de  la  flotte,  par  Abnould  Galopin.  Paris,  Albin  Michel,  s.  d., 
in-16  de  396  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Le  fécond  écrivain  qu'est  M.  Arnould  Galopin  nous  avait  récemment 
donné  dans  Sur  le  Front  de  mer  un  mémorial  authentique  des  héros 
de  la  marine  marchande.  Aujourd'hui,  daiis  les  Gars  de  la  Jlolte, 
l'auteur  redevient  romancier  et  se  plaît  à  écrire,  sous  forme  de  roman, 
une  sorte  de  livre  de  bord,  en  nous  prévenant  que  l'imagination  n'y 
joue  qu'un  rôle  insignifiant.  Ce  journal  contient,  à  certaines  pages, 
des  situations  et  des  scènes  réellement  impressionnantes,  mais,  bien 
qu'elles  soient  peut-être  au-dessous  de  la  vérité,  elles  ne  nous  touchent 
pas  autant  que  le  récit  très  simple  de  faits  tous  véridiques.  L'en- 
semble est  cependant  intéressant  et  plaira  surtout  aux  jeunes  lecteurs 
<pii,  sans  chercher  à  faire  la  part  du  vrai  et  du  faux,  prendront  un 
grand  plaisir  aux  aventures  dramatiques  de  nos  marins  delà  brigade 
et  à  l'amour  qu'inspire  à  l'un  d'eux  la  jeune  Louise.         J.  C.  T. 


—  L'Allemagne,  tout  comme  ses  alliés,  étant  bel  et  hier»  vaincue, 
([uoi  qu'elle  en  dise,  puisque  les  Alliés  occupent  une  partie  de  son  terri- 
toire et  qu'elle  a  dû  livrer  sa  flotte  de  guerre  sans  combat,  fait  unique 
dans  les  annales  du  monde,  c'est  avec  une  véritable  satisfaction  que 
chacun  lira  Vllisluire  sommaire  de  la  guerre  de  quatre  ans.  que,  sous 
la  signature  S.  H.,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  vient  de 
publier  la  librairie  llaclietle  (in-IG  de  42  p.  Prix  :  0  fr.  75).  Celte  bro- 
chure se  compose  de  sept  chapitres  :  I.  Les  Causes  immédiates  de  la 


—  19:{  —    • 

guerre.  II.  La  riuerrc  en  11)1  i.  III.  La  Guerre  en  lOlo.  IV.  La  Guerre 
cri  1916.  V.  La  Guerre  en  11)17.  VI.  La  Guerre  en  1918  (jusqu'au 
4  novembre).  \l\.  L'.\rniislice.  La  ViclDire  fie  l'Entente  et  du  droit'. 
On  a  là  une  vue  d'ensemble,  claire,  rapide,  précise,  qui  restera  sanH 
elTort  dans  toutes  les  mémoires. 

—  Bien  que  la  librairie  Berger-Levrault  ait  mis  à  la  disposition 
de  sa  clientèle  des  cartons  d'emboîtage^  dont  il  est  question  plus 
loin,  pour  les  nombreux  volumes  des  Pages  d'histoire,  cela  ne  signi- 
fie nullement  que  cette  collection  soit  terminée.  A  telles  enseignes 
que  voici  encore  six  nouveaux  fascicules  :  N"  lofî.  Les  Communiqués 
officiels  depuis  la  déclaration  de  guerre.  XXXVII.  Avril-juin  1018  (suite 
chronologique  des  dépêches  du  gouvernement  français)  (in-I2  de 
232  p.  Prix  :  2  fr.  50).  —  N"  157.  Dans  sa  livraison  d'avril  1915,  le 
Polybiblion  (t.  CXXXIII,  p.  168-169)  a  signalé  le  n"  39  de  la  collection 
relatif  au  Front,  qui,  au  moyen  de  32  cartes,  donnait  la  situation  qui 
varia  si  fréquemment  du  10  août  au  30  décembre  1914.  Aujourd'hui 
nous  avons  à  mentionner  16  autres  cartes  en  six  couleurs  faisant  suite  à 
celles  publiées  il  y  a  quatre  années  sous  le  même  titre  :  Le  Front  (in- 
12,  4  pages  de  texte  précédant  les  cartes.  Prix  :  t  fr.  50).  Mais,  cette 
fois,  il  s'agit  des  a  Étapes  de  la  délivrance  »  par  lesquelles  sont  mar- 
qués les  Fronts  successifs  du  1'"''  janvier  1915  au  15  octobre  1918.  Ce 
petit  atlas,  qui  parle  si  bien  et  si  agréablement  aux  yeux,  sera  com- 
plété plus  tard  —  espérons  que  ce  sera  bientôt  —  par  un  nouveau 
fascicule  qui  «  nous  permettra  de  suivre  les  armées  alliées  au  travers 
de  l'Allemagne  vaincue.  »  —  N°  158.  M.  Keble  Howard  a  intervviewé 
les  officiers  et  surtout  le  capitaine  Carpenter,  qui  dirigea  l'expédition 
navale  britannique  contre  Zeebrugge  et  rendit  inutilisable  par  les  Alle- 
mands (les  «  Boches  »,  comme  dit  invariablement  l'écrivain  anglais) 
ce  port  belge  transformé  par  eux  en  un  repaire  de  sous-marins.  Et  de 
ce  qu'il  a  appris  de  la  sorte,  il  nous  présente  un  résumé  très  vivant, 
qu'il  intitule  :  L'Épopée  de  Zeebrugge  et  le  «  Vindictive  »  (in-12  de  87  p., 
avec  17  gravures.  Prix  :  2  fr.).  Les  pages  55  à  84  sont  remplies  par- 
les comptes  rendus  officiels  des  opérations  de  Zeebrugge  et  d'Ostende 
24  avril-ll  mai  1918).  —  N^  159.  Le  Troisième  Livre  jaune  françaù; 
concerne  l'Alliance  franco-russe  (in-12  de  216  p.  Prix  :  2  fr.  50).  Les 
documents  réunis  ici  sont  très  importants  ;  ils  exciteront  certaine- 
ment la  curiosité  générale.  Au  nombre  de  107.  d'étendue  fort  inégale, 
ils  se  répartissent  ainsi  :  les  27  premiers  expliquent  les  origines  de 
l'alliance  (24  août  1890-30  janvier  1892)  ;  les  suivants  (n°»  28  à  81) 
nous  montrent  comment  s'élabora  la  convention  militaire  entre  les 
deux  pays  (4  février-novembre  1912)  ;  les  n^s  82  à  95  ont  trait  à  la 
conclusion  de  la  convention  militaire  (20  mai  1893-12  août  1899)  ; 
•enfin  les  n°^  96  à  107  règlent  la  convention  navale,  qui  intervint  beau- 
M.vRs-AvRTL  1919.  ï.  CXLV.  13. 


—  19t  — 

coup  plus  tard  (6  févriei-16  août  1912)  ;  —  ^°  i&).  Voici  le  huitième 
volume  de  la  Chronologie  de  la  guerre,  par  S.  R.  (in-l2  de  265  j). 
Prix  :  3  fr.).  qui  embrasse  une  époque  particulièrement  mouvemen- 
tée et  angoissante  de  la  Grande  Guerre  :  1"  janvier-HO  juin  1918. 
Combien  cette  division  des  Pages  d'histoire  comptera-t-elle  encore 
de  volumes  ?  Deux  au  plus,  vraisemblablement.  —  N°  161.  Le  fasci- 
cule, qui  a  pour  titre  :  1918.  Les  Glorieuses  Journées  de  Lorraine  et 
d'Alsace  (in-12  de  78  p.  Prix  :  1  fr.),  réunit,  dit  M.  R.  Sleinheil  dans 
une  brève  Introduction,  classés  dans  l'ordie  chronologique,  d'abord 
dans  une  première  partie  :  le  compte  rendu  stéuographique  de  l'émou- 
vante séance  de  la  Chambre  des  députés  du  11  novembre,  le  discours 
du  président  Poincaré,  consacré  à  l'Alsace-Lorraine,  le  11  novembre. 
les  proclamations  et  ordres  du  jour  des  maréchaux  Foch  et  Pétain, 
des  généraux  Mangin,  Gouraud,  Gérard  ;  en  deuxième  partie  :  le  triom- 
phal voyage  des  présidents  en  Lorraine  et  en  Alsace  redevenues  fran- 
çaises ;  les  discours  de  Metz,  de  Strasbourg,  de  Colmar  et  de  Mul- 
house ;  enfin,  comme  couronnement,  les  magnifiques  paroles  pro- 
noncées à  la  Chambre  des  députés  par  les  présidents  Deschanel  et 
Clemenceau,  et  au  Sénat  par  le  président  Dubost  et  M.  le  ministre 
des  affaires  étrangères  Pichon.  »  Ce  petit  livre  pourra  bien  appeler 
une  suite  avant  qu'il  soit  longtemps,  car  il  est  probable  que  d'autres 
événements  dignes  de  mémoire  se  produiront  encore  avant  que  l'ordre 
nouveau  ait  mis  toutes  choses  au  point. 

Voici  maintenant  en  quoi  consistent  les  cartons  méthodiques  d'em- 
boîtage, permettant  de  relier  soi-même  les  13  séries  actuelles  des 
Pages  d'histoire,  que  la  maison  Berger-Levrault  a  fait  établir  avec 
un  goût  et  un  soin  tout  particuliers.  Très  élégants,  en  demi-perca- 
line, de  couleurs  variées  pour  distinguer  les  séries,  ces  emboîtages 
qui  mesurent  28  centimètres  de  développement  en  largeur  pour  les 
deux  plats  sur  17  et  demi  de  hauteur,  sont  pourvus  de  caoutchoucs 
intérieurs  destinés  à  fixer  les  fascicules.  Ils  portent  au  dos,  gaufrés  en 
or,  les  titres  des  séries  et  l'énumération,  le  nom  d'auteur,  le  titre  des 
fascicules  entrant  dans  chaque  emboîtage.  Le  classement  mélhodiquc 
des  fascicules  obtenu  comme  il  vient  d'être  dit,  outre  qu'il  donnera 
à  la  collection  un  aspect  agréable,  assurera  la  rapidité  et  la  facilité 
des  recherches.  —  Ainsi  les  fascicules  intitulés  :  «  Communiqués 
officiels  sont  répartis  en  7  emboîtages  ;  ceux  A  l'ordre  du  jour  en  ont 
3  ;  les  Pourparlers  diplomatiques,  4  ;  les  Opérations  militaires,  l  ;  la 
Techn'ujue  de  guerre,  1  ;  les  Paroles  françaises,  1  ;  l' Allemagne  cl  la  ■ 
Guerre,  3  ;  Voix  américaines,  \  ;  Voix  de  neutres,  1  ;  Oueslions  éco- 
nomiques, 2  ;  Poèmes  et  chansons  de  guerre,  1  ;  Histoire  de  la  guerre. 
3  ;  les  Journées  historiques,  1.  —  Cet  ensemble  ne  vise  que  les  vo- 
lumes parus  à  ce  jour  ;  des  emboîtages  complémentaires  seront  cou- 


—  195  — 

fectionnés  au   fur  el  à  mesure  des  besoins.  Chaque  emboîtage  coule 
1  fr.  25. 

—  Pour  mener  à  bonne  fin  la  guerre,  sinon  dans  les  opérations 
militaires,  du  moins  dans  l'encerclement  économique  et  politique  de 
l'Allemagne,  nécessaire  à  la  victoire  totale  des  Alliés,  il  fallait  que  les 
républiques  latines  de  l'Amérique  du  sud  vinssent  se  ranger  à  nos 
côtés.  Presque  toutes  y  sont  arrivées,  malgré  les  efforts  de  l'ennemi 
pour  les  maintenir  dans  la  neutralité.  Pour  estimer  à  leur  juste 
valeur  les  appuis  que  nous  avons  rencontrés  au  Brésil  dans  la  lutte 
contre  la  propagande  germanique,  il  suffit  de  lire  des  conférences 
comme  celle  que  faisait,  dès  l'Jlo,  au  Cercle  français  de  Rio  de 
Janeiro,  M.  Antonio  dos  Reis  Carvalho.  Sous  le  titre  :  La  Guerre  et  la 
Grande  Guerre  (Rio  de  Janeiro,  lyp.  Besnard.  iri-12  de  27  p.  Trad. 
par  M.  Aug.  de  Aranjo  Gonsalves),  il  explique  comment  les  Alle- 
mands ont  dépassé  en  atrocité  les  forfaits  des  plus  cruels  conquérants 
de  tous  les  temps,  et  comment  la  nation  allemande,  toute  entière 
intoxiquée,  forme  une  odieuse  exeptiori  dans  le  monde  civilisé.  Ren- 
dant à  la  France  et  à  Paris  un  juste  hommage,  il  montre  notre  capi- 
tale devenant  le  siège  de  l'Assemblée  de  toutes  les  nations,  pour  ins- 
tituer une  paix  durable.  C'est  ce  qui  se  réalise  aujourd'hui,  après  la 
défaite  et  la  révolution  allemande,  prédites  aussi,  plus  de  trois  ans  à 
l'avance,  par  M.  dos  Reis  Carvalho. 

—  La  guerre  qui  finit  est  pour  M.  René  Lavollée  «  la  fin  d'un 
monde  »  :  «  Une  ère  nouvelle  commence  qui  peut  être,  pour  le  genre 
humain,  le  point  de  départ  d'une  ascension  merveilleuse  vers  l'idéal 
de  justice  et  de  concorde  rêvé  par  les  plus  nobles  cœurs  de  tous  les 
temps,  »  et  il  ajoute  que,  «  si  nous  voulons  que  la  France  survive  à 
l'effroyable  secousse  n,  il  faut  qu'elle  sache  comprendre,  se  souve- 
nir, s'organiser,  conserver  et  tout  à  la  fois  réformer  hardiment,  cou- 
rageusement, a  Et  c'est  ce  programme  d'organisation  intérieure  et 
de  réforme  qu'il  expose  en  quelques  pages  qui  provoquent  à  la 
réflexion.  A  l'organisation  intérieure  doit  se  superposer  une  certaine  ç 
organisation  extérieure  et  internationale,  et  M.  R.  Lavollée  salue  ia 
Société  des  nations,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  une  société  des 
nations,  une  sorte  de  coalition  des  puissances  de  l'Entente  et  de 
quelques  autres,  mais  dont  seraient  impitoyablement  exclues  les 
puissances  centrales.  Il  n'est  pas  possible,  dans  le  peu  de  place  dont 
nous  disposons  ici,  d'exposer,  moins  encore  de  discuter,  les  idées 
émises  par  l'éminent  écrivain  dans  cette  brochure  qui  se  recommande 

à  l'attention:  La  Fin  d'un  monde  el  la  Sociélé  des  nations   PariSy 
Alcan.  1919,  in-I6  de  80  p.i. 

—  Déjà,  le  R.  P.  Dudon.  S.  J.,  dans  un  travail  que  nous  avons 
signalé  ici,  avait  dit  son   fait  à  l'auteur  anonyme  et  prétendument 


—  [M  — 

calholiquo  des  atiicles  parus  dans  la  ncoae  de  Paris  sur  la  PolUùjuc 
de  Beiioil  XV.  Voici  que,  sous  ce  même  titre,  le  I\.  P.  Henri  l.e  Kloch, 
recteur  du  s(''miiiaire  français  de  Rome,  nous  donne  une  réponse  en 
rèyle  et  point  par  point  li  ces  articles  déplorables  (pii.  si  l'auteur  est 
CQ  effet  catholique,  comme  il  l'afTidje,  manifestent  chez  lui  un  cœur 
^âlé  dans  ce  prurit  de  chercher  les  pires  interprétations  aux  paroles 
v[  aux  actes  du  Père  commuh  des  fidèles  et  en  même  temps  une 
intelligence  mal  faite  ou  déformée  dans  la  façon  dont  il  exerce  la 
€ritique  (Paris,  Pierre  Téqui,  1919,  in-8  de  71  p.).  Le  P.  Le  Floch  ne 
laisse  rien  subsister  de  l'édifice  laborieusement  construit  par  l'ano- 
nyme, qui  «  substituant...  l'exploiation  de  larrière-pensée  mysté- 
jieuse  du  Saint-Siège  à  l'élude  loyale  et  directe  des  faits  et  des  docu- 
ments incontestables,.'.,  met  à  tout  instant  sa  propre  pensée  fixe  et 
préconçue  à  la  place  de  l'idée  vraie  du  Saint-Siège.  »  Quatre  chapitres 
étudient  :  1.  Les  Intérêts  du  Saint-Siège  et  les  deux  coalitions  ;  II.  Les 
Sources  ;  III.  La  Sentence  pontificale  :  1.  La  violation  de  la  neutra- 
lité belge;  2.  La  restauration  de  la  justice;  3.  Les  méthodes  de 
guerre;  IV.  La  Garde  autour  du  champ  clos  :  1.  Mettre  obstacle  à 
notre  ravitaillement;  2.  Dissuader  les  neutres  de  se  joindre  à  notre 
parti  ;  3.  Briser  le  lien  qui  tient  l'Entente  assemblée.  En  terminant, 
tious  regrettons  que  la  nevue  de  Paris,  qui  avait  fait  place  à  l'attaque 
déloyale,  n'ait  pas  voulu  accepter  celte  réponse;  cela  prouve,  sinon 
une  fâcheuse  complicité  avec  l'auteur  anonyme,  à  tout  le  moins  un 
iiveuglement  intellectuel  et  moral  étonnant  dans  un  recueil  qui 
compte  parmi  ses  directeurs  un  historien  éminent. 

—  Un  avocat  à  la  cour  de  Paris,  M.  Jacques  Desbleumortiers, 
reprend  à  son  compte,  en  les  développant  et  en  y  ajoutant  quelques 
considérations  nouvelles,  les  arguments  de  MM.  L.  Weiller  et  de 
Monzie  pour  la  reprise  des  relations  entre  le  gouvernement  français 
et  la  cour  pontificale  :  France  et  Vatican  (les  exigences  de  l'intérêt 
national)  (Paris,  Delalain,  1918,  in-16  de  127  p.).  Ce  n'est  pas  une 
politique  idéaliste  que  poursuit  l'auteur,  mais  une  politique  d'inté- 
rêt ;  il  n'est  guidé  ni  par  des  sympathies  pour  le  Saint-Siège  ni  par 
la  reconnaissance  des  droits  et  des  besoins  des  catholiques  de  France. 
tion  histoire  de  la  rupture  diplomatique  est  extrêmement  partiale  et 
donne  raison  sur  toutes  les  questions  de  fond  au  gouvernement.  II 
est  imbu  au  plus  haut  degré  du  dogmatisme  laïcisateur:  et.  comme 
M.  de  Monzie,  dans  une  (jneslion  nécessairement  bilatérale,  il  veut 
rester  unilatéral.  Tout  en  tiouvanl  qu'il  y  a  à  prendre  dans  sa  brochure 
<'t  qu'elle  peut  amener  (juelques  esprits  à  la  reprise  des  relations  que 
nous  désirons,  nous  ne  pouvons  souhaiter  que  ceux  qui  les  repren- 
<lront  se  laissent  uuiipiement  guider  par  des  princi])es  aussi  terre  à 

trViV.. 


—  S(ir  le  tùlr  (lu  .Saiiil-Sii;;,M;  pcMiiléiiit  la  j,Mi(;ire,  la  (Àvitlà  caUoli(  u 
a  piihlir  mie  hrociiuic  ^\^n^  le  I*.  Oudoii  a  adaptée  on  l'ranrais  cl  duut 
[io«is  avons  parlé  à  ce  litre.  Nous  avoris  sous  les  yeux  une  I  Liducliuii 
espagnole  de  roriginal  ilalien  que  nous  signalons  bien  \olonlicrs  à 
nos  lectents  :  llecho  y  nu  palabras  :  iniciaLœas  de  caridad  de  S.  S.  el 
papa  Benediclo  XI'  duraide  la  (juerra  êuropca  de  l'Jl'i-lVlS  (Madiid, 
lip.  d(;  h\  Recisla  de  archivas,  bibliolecas  y  museo,  lîjlîj,  in-l6de  08  p.  i. 

—  M.  .NiJiizio  Nasi  qui,  au  lenips  où' il  s'élail  fourvoyé  dan>  lu 
politi(pje,  fut  nielé,  Ton  s'en  souvient,  à  un  procès  relenlis.^aiil.  a 
ouvcll  le  cours  de  philosophie  du  droit  de  l'année  lÛlo-lOlti  à  TLiii- 
versité  de  Rouie  par  une  intéressante  leçon  sur  le  dioit  et  là  guerre  : 
Il  Diritlu  é  la  Gnerra  (Collana  (loUlii  di  conferenze e  discorsi,  o4.  Cani- 
pobasso,  Colitti,  lOlO,  in-8  de  2ti  p.  Prix  :  i  fr.i.  L'auteur,  qui  déclaro 
que  la  science  voit  plus  loin  et  plus  haut  que  la -politique,  luais 
qui  ne  croit  pas  qu'elle  doive  s'abstraire  des  faits  et  des  réalités,  com- 
bat les  impérialismes,  l'inipéralisirjc  colonial  comme  les  autres, 
repousse  le  militarisme  au  sens  piéjoratif  du  mot,  niais  non  pas 
l'emploi  et  le  maintien  des  armées,  rejette  la  diplomatie  secrète  et 
aspire  à  un  accord  des  puissances  qui,  s'il  ne  réalise  pas  l'utopie  de 
la  paix  perpétuelle,  mette  du  moins  la  force  au  service  du  droit. 

—  Nous  avons  signalé  eu  son  temps  (Polyhiblloii  de  mai-juin  IU!T. 
t.  CXXXIX,  p.  24o)  l'opuscule  dans  lequel  M.  V.  Elighetti  repoussait 
l'accusation  dirigée  contre  Nietzsche  d'être  un  des  pères  du  panger- 
manisme ;  c'est  la  même  thèse  que  reprend  M.  Camille  Spiess  dans 
une  élude  sur  Slelzsche  contre  la  barbarie  allemande  (éditions  de  la 
Revue  conlemporaine,  Paris,  53,  boulevard  du  Montparnasse,  1919, 
in-8  de  25  p.  Prix  :  2  fr.),  auquel  il  a  donné  pour  épigraphe  ces  mots 
du  philosophe  allemand  :  «  Partout  où  atteint  l'Allemagne,  elle  cor- 
rompt la  culture,  n 

—  M.  Albert  Mousset,  qui  est  actuellement  un  des  Français  qui 
connaissent  le  mieux  l'Espagne  et  l'un  de  ceux  qui  ont  travaillé  le  plus 
profilablement  dans  ce  pays  pour  la  France,  nous  donne  de  très  utiles 
Élémcids  d'une  bibliographie  des  livres,  brochures  et  tracts  imprimés' 
ou  publiés  en  Espagne  de  19 lU  à  1918  et  relatifs  à  la  guerre  mondiale 
(Madrid,  hijos  de  Tellos  ;  Paris,  Collemant,  1919,  in-IG  de  108  p.). 
«  Une  bibliographie,  dit  l'auteur,  est  incomplète  par  nécessité  »  et  il 
explique  que  «  celle-ci  échappe  d'autant  moins  à  la  règle  qu'elle 
cherche  à  saisir  non  seulement  des  ouvrages  mis  dans  le  commerce... 
mais  encore  des  feuilles  de  propagande  ayant  une  circulation  limitée 
et  parfois  clandestine.  »  Les  Allemands  et  les  germanophiles  ne  s» 
sont  pas  fait  faute  de  lancer  des  pamphlets  sans  nom  d'imprimeur  et 
parla  même  échappant  aux  poursuites  que  l'on  aurait  pu  diriger 
contre  eux  ;  et  cependant,  M.  Mousset  nous  fait  remarquer  —  et  cela 


—  198  — 

surprendra  bien  des  lecteurs  —  que  «  les  ouvrages  favorables  aux 
alliés...  l'emportent  numériquement  sur  les  productions  germano- 
philes. »  M.  Mousset  nous  annonce  qu'  «  un  second  fascicule  présen- 
tera... avec  un  supplément  à  la  présente  bibliographie,  un  dépouille- 
ment aussi  complet  que  possible  de  la  presse  périodique  et  un  cata- 
logue des  affiches,  gravures  et  cartes  postales  éditées  en  Espagne  à 
propos  de  la  guerre.  »  Nous  l'attendons  avec  impatience  et  nous  ne 
doutons  pas  que  la  consultation  en  sera  aussi  profitable. 

Albcm.  —  A  l'usage  des  enfants,  la  librairie  Berger-Levrault  vient 
^l'éditer  un  album  aussi  intéressant  qu'original,  lequel  a  pour  titre  : 
Beims.  Sept  Siècles  d'histoire  devant  la  cathédrale  (in-4  allongé,  de 
42  p.,  mesurant  3i  centimètres  en  longueur  sur  28  de  hauteur.  Prix  : 
^0  fr.j.  Le  texte  est  dû  à  M.  R.  Burnand  ;  les  images  en  couleurs 
t^ônt  l'oeuvre  de  M.  E.-G.  Benito.  M.  Burnand  nous  présente  un  petit 
soldat  «  comme  il  y  en  a  des  milliers  qui  sont  partis  pour  la  guerre 
en  chantant  et  qui,  jour  et  nuit,  se  battent  de  toutes  leurs  forces  pour 
la  France.  »  Ce  petit  soldat  regardait  la  cathédrale  subissant  l'odieux 
bombardement  des  Allemands,  quand,  saisi  d'une  sainte  colère,  n'y 
tenant  plus,  «  sans  hésiter,  la  tète  haute,  il  sortit  de  sa  tranchée  pour 
marcher  à  l'ennemi  et  venger  la  cathédrale.  »  C'est  alors  que,  frappé 
d'une  balle,  «  il  tomba,  les  bras  en  croix,  la  face  vers  le  ciel,  avec  un 
petit  trou  rouge  sur  son  front  d'enfant.  »  Transporté  loin  du  champ 
de  bataille,  des  infirmiers  le  déposent  sur  le  parvis  de  la  cathédrale. 
Aussitôt,  ((  un  des  anges  du  portail  de  l'Annonciation...  descendit  de 
son  piédestal  et  s'avança  vers  le  petit  soldat.  »  Et  «  pendant  que  de 
lumineuses  visions  passaient  devant  les  yeux  du  blessé  »,  l'ange,  qui 
se  dit«  l'âme  de  la  cathédrale,  l'âme  toujours  jeune,  lame  éternelle 
de  cette  vieille  et  divine  maison  »,  lui  fait  le  bref  récit  de  tout  ce  qu'a 
vu  l'illustre  monument'à  travers  les  siècles,  en  remontant  même  un 
peu  avant  (par  exemple,  l'invasion  des  Huns  et  le  baptême  de  Clovis). 
Après  sa  construction,  son  histoire,  qui  est  celle  de  la  France  d'au- 
trefois, évoque  Charles  Vil  et  Jeanne  d'Arc,  Louis  Xï,  Louis  XIV,  la 
■Révolution  et  l'Empire,  le  retour  des  Rois,  la  guerre  de  1870-1871. 
Et  l'ange,  en  terminant,  s'écrie  :  «  Petit  soldat,  réveille-toi,  déjà 
l'aube  de  la  victoire  illumine  le  ciel.  »  Le  blessé  se  réveille  en  effet 
sur  un  lit  d'hôpital,  soigné  par  une  «jolie  infirmière,  toute  rose  dans 
SOS  voiles  blancs.  »  Histoire  et  poésie  mêlées,  envolée  religieuse  aussi, 
tel  est  le  fond  de  cet  album  dont  les  images  en  couleurs  rappelant 
souvent  le  genr'»  «  vieil  Épinal  »,  est  d'inspiration  très  artistique, 
sans  qu'il  y  veuille  prétendre  en  apparence.  En  autres  planches  sug- 
gestives, nous  signalerons  celles  qui  représentent  :  l'entrée  de  Charles 
Vil  dans  sa  bonne  ville  de  Reims  ;  Napoléon  I'""  passant  devant  la 
<:athédrale  au  milieu  de  la  Grande  Armée  victorieuse  et  la  cathédrale. 


—  199  -- 

rostanréo  dominant  la  plaine  champenoise  rendue  a  à  la  paix  bien- 
'i.iisante.  »  Ces  trois  planches  se  développent  sur  toute  la  longueur  de 
'l'album  et  produisent  beaucoup  d'effet.  — A  recommander  spéciale- 
ment à  nos  lecteurs,  surtout  quand  ils  auront,  à  la  fin  de  la  présenté 
-année,  à  se  préoccuper  des  cadeaux  d'étrennes  pour  les  tout  jeunes 
irens  des  deux  sexes.  Visepcot. 


THÉOLOGIE 


•Leçons  sur  la  messe,  par  Mgr  Pierre  Batiffol.  Paris,  LecofTre,  Gabal- 
da,  1919,  in-12  de  xii-330  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

((  Retrouver  la  date  de  chaque  chose  et  demander  la  signification 

•  des  choses  à  leur  origine  »,  tel  est  le  programme  de  la  méthode  his- 
torique. Cette  méthode  Mgr  BatifTol  l'avait  appliquée,  on  sait  avec 

■  quel  succès,  à  l'étude  du  Bréviaire  romain  ;  les  «  Leçons  »  sur  la 
messe  répondent  au  désir  souvent  exprimé  de  voir  la  science  de  l'au- 
teur appliquer  le  même  programme  à  la  messe  romaine. 

En  une  série  de  conférences  données  à  l'Institut  catholique  de 
Paris,  un  auditoire  d'élite  vint  témoigner  du  puissant  intérêt  qu'il 
prenait  à  l'enseignement  du  maître.  Ces  leçons,  heureusement  réu- 
nies en  un  volume,  atteindront  un  public  plus  nombreux. 

L'auteur  précise  d'abord  Tétat  de  la  question  en  élaguant  de  la 
messe  actuelle  tous  les  éléments  ajoutés  depuis  le  x«  siècle,  en  vue 
d'adapter  la  messe  solennelle  aux  convenances  de  la  messe  privée. 
H  donne  ensuite  tout  son  relief  au  cadre  de  la  messe  antique  et  au 

•  cérémonial  de  la  célébration  papale  au  viii°  siècle.  Les  leçons  sui- 
vantes s'attachent  à  l'étude  des  diverses  parties  de  la  messe.  La  messe 
des  catéchumènes  s'éclaire  de  la  tradition  africaine  connue  par  les 
fréquentes  allusions  qu'y  l'ont  les  écrits  et  les  discours  de  saint 
Augustin. 

Les  noms  donnés  au  Saint  Sacrifice  aident  à  en  dégager  les  traits 

■  essentiels  mis  en  œuvre  au  canon,  texte  de  sa  célébration  ;  l'auteur  en 
étudie  la  progression  historique  et  aussi  celle  de  la  communion.  La 
dernière  leçon  est  surtout  d'ordre  pratique  :  elle  fait  tourner  au  pro- 
fit de  la  piété  les  connaissances  acquises  dans  les  études  précédentes. 

Signalons  les  recherches  personnelles  et  délicates  qui  révèlent  le 
rôle  du  pape  Symmaqvie  dans  la  fixation  de  la  nomenclature  des 
saints  au  canon  romain.  Mgr  Batiffol  ne  remonte  pas  dans  la  genèse 
de  la  messe  jusqu'à  ce  qu'on  a  appelé  sa  préhistoire.  Espérons  voir 
bientôt  les  travaux  en  cours  aboutir  à  élever  cette  préhistoire  à  la 
dignité  de  faits  dûment  établis,  grâce  à  des  documents  plus  précis  et 

•  définitivement  datés.  A.  Vigourel. 


^   200  — 

La  Doctrine  de   vie,  par  M. -S.   Gii.let.  Paris,  (^ibalda.  1918,   in-12  de 
'  xi-264  p.  —  Prix  :  .'^  fr.  60. 

L'agtbur  constate  (ju'uiie  évoliilion  s'est  produite  au  point  de  vue 
religieux  dans  la  jeunesse  contemporaine.  Du  dilettantisme  où  elle 
se  complaisait  avant  la  guerre,  elle  est  en  train  de  passer  à  l'action. 
Sur  ce  «  revirement  »,  une  sorte  d'Introduction  contient  de  bonnes 
et  sages  réflexions. 

Mais  précisément  parce  qr.e  la, génération  qui  monte  veut  se  don- 
ner à  l'action,  il  lui  faut  une  doctrine  directrice,  sinon  une  doctrine 
analytique,  au  moins  et  surtout  une  doctrine  de  synthèse.  C'est  cette 
doctrine  de  vie  que  ce  livre  veut  présenter.  L'idée,  à  coup  sûr,  est 
excellente.  Mais  peut-être  une  pareille  exposition  synthétique  deman- 
dait-elle plus  de  précision  dans  la  conception  générale  et  dans  les 
formules  de  détail. 

Sur  nos  principaux  dogmes  et  sur  plusieurs  points  de  la  morale.^ 
on  trouve  des  idées  très  justes,  parfois  même  assez  originales,  indi- 
quées d'ailleurs  plutôt  qu'exposées  et  qu'on  parcourra  avec  un  cer- 
tain intérêt. 

Ce  sont  là  de  précieuses  semences.  Puissent-elles  tomber  dans  une 
bonne  terre  !  Après  avoir  éclairé  les  intelligences  avides  de  vérité, 
qu'elles  dirigent  et  soutiennent  les  volontés  dans  la  pratique  du 
devoir  et  dans  le  dévouement  de  l'apostolat  !     Christophe  Simon. 


Lettres  sur  la  souffrance,  par  Elisabeth  Lesixh.  Paris,  J.  de  (ji- 
gord,  1918,  in-12  de  \Ln-3io  p.,  avec  un  portrait  et  un  fac-similé  d'écri- 
ture. —  Prix  :  3  fr.  50. 

11  est  réconfortant  de  constater  que  les  grands  succès  de  librairie 
ne  vont  pas  seulement  aux  œuvres  légères  ou  déshonnètes,  et  les 
étrangers  qui  affectent  parfois  de  nous  reprocher  la  futilité  de  nos 
publications  prouvent  qu'ils  ne  savent  pas  ou  ne  veulent  pas  se  len- 
seigner.  Qu'un  ouvrage  comme  le  Journal  et  pensées  de  chaque  jour, 
dont  il  a  été  rendu  compte  ici  même  (Polybiblion  de  juillet  1917, 
t.  C\L,  p.  45-46),  ait  atteint  le  trentièn)e  mille  en  dix-huit  mois  et 
dans  le  temps  le  moins  favorable  à  la  lecture,  c'est  une  preuve  entre 
plusieurs  autres  qu'il  y  a  en  France  un  nombreux  public  qui  goule 
les  pensées  les  plus  hautes  et  la  fréquentation  des  nobles  âmes.  Celte 
diffusion  si  rapide  et  si  étendue  donne  lieu  de  croire  que  d'autres 
écrits  du  même  auteur  ne  seront  ni  moins  bien  accueillis  ni  moins 
profitables.  M""  Leseur  n'écrivait  pas  seulement  pour  elle  et  sur 
des  feuillets  enclos  dans  son  secrétaire.  Elle  était  eu  correspondance 
intime  avec  diverses  personnes,  notamment  avec  une  religieuse 
rencoulrée  au  cours  d'un  voyage,  en  des  circonstances  détaillés  ilans 
l'Introduction.   Ce  sont  les  lettres  adressées  à  cette  religieuse  qui 


—  201   — 

forment  lo  picsenl  volume.  Les  conseils  les  plus  sûrs  s'y  expriment 
parmi  les  élans  de  cœur  les  plus  afîcctueux  et  dans  un  langage  d'une 
simplicité  charmante.  Comment  une  âme  toute  à  Dieu  peut-elle  tire 
aussi  primosautière  ?  diront  certaines  personnes  enclines  à  s'imagi- 
ner que  la  contrainte  est  la  caractéristique  de  la  sainteté.  Le  R.  P. 
Hébert,  qui  fut  le  directeur  de  M""  Leseur  pendant  les  onze  der- 
nières années  de  sa  vie.  trace  en  quelques  lignes,  dans  la  Préface,  le 
portrait  de  celte  àme  si  attachante,  et  peut-être  ses  lecteurs  mettront- 
ils  toute  leur  ambition  à  sotihaiter  d'appartenir,  comme  elle,  «  à  la 
lignée  de  ceux  pour  qui  la  perfection  chrétienne  est  un  idéal  elTicacc. 
non  un  mot  vide  ».  Ch.  La.nukï. 


SCIENCES  ET  ARTS 

Les  Vrais  Principes  de  l'éducation  chrétienne  rappelés  aux 
maîtres  et  aux  familles,  par  le  P.  A.  Monfat.  Nouvelle  édition.  Pa- 
fis,  Téqui,  1918,  in-18  de  xlv-424  p.  —  Prix  :  4  fr. 

Le  livre  du  P.  Monfat  «  arrive  à  une  heure  de  transformation  où 
nous  croyons  fermement,  dit  Mgr  Lavallée  dans  la  Préface  écrite  j)ar 
lui  pour  ce  volume,  qu'il  n'y  a  d'avenir  pour  notre  pays  que  dans  le 
christianisme.  »  11  apporte  les  conseils  les  plus  expérimentés  aux 
maîtres  et  aux  parents,  à  tous  ceux  qui  sentent  «  le  besoin  de  régé- 
jaération  morale  plus  vivement  que  tout  autre  »,  et  qui  se  demandent 
à  quelle  condition  l'éducation  chrétienne  peut  «  exercer  sa  vertu  chré- 
tienne de  rénovation.  »  Cette  réédilion  paraît  donc  avec  un  tragique 
à-propos.  .\  lire  ces  pages  fortement  pensées,  inspirées  par  le  plus 
pur  esprit  de  foi,  rédigées  avec  la  sérénité  du  maître  qui  a  su  profi- 
ter de  tout  et  qui  pourrait  corroborer  de  faits  probants  chacune  de 
ses  remarques,  on  se  sent  envahi  par  les  réflexions  les  plus  graves. 
■C'est  devenu  une  banalité  de  parler  de  l'immense  déchet  de  l'éduca- 
tion chrétienne.  Le  P.  Monfat  aide  à  comprendre  les  causes  de  ce 
fait.  Il  en  est  qui  ne  dépendent  pas  des  éducateurs  chrétiens.  Mais 
celles  dont  ils  ont  la  responsabilité  sont  exposées  aussi,  et  eu  même 
temps  les  moyens  de  les  combattre  en  agissant  autrement  —  et 
mieux.  Ch.  Lvxort. 


Calcul  des  systèmes  élastiques  de  la  construction,  par  Ernkst 
Flamard.  Paris,  Gauthier-Villars,  1918,  gr.  in-8  de  vi-2Û0  p.,  avec  171  fi- 
gures. —  Prix  :  12  fr. 

Cet  ouvrage  fait  partie  de  l'encyclopédie  industrielle,  dont  chaque 
traité  a  un  objet  délimité  et  concerne  l'art  de  l'ingénieur.  Aussi  l'au- 
teur entre-t-il  immédiatement  dans  le  vif  du  sujet.  Mais,  en  mathé- 
maticien scrupuleux,  il  a  le  souci  d'asseoir  ses  calculs  sur  une  base 


—  202  — 

.'indiscutable.  Cette  base,  c'est  le  théorème  de  Casligliano  sur  le  travail 
de  déformation.  Il  est  établi  dans  toute  sa  généralité  par  une  méthode 
précise  et  élégante,  et  même  il  est  étendu  au  cas  encore  plus  général 
où  la  température  varie.  De  ce  théorème  qui  concerne  les  systèmes 
élastiques  quelconques,  on  passe  aisément  aux  applications  très  spé- 
ciales qui  sont  ici  en  vue. 

D'abord  les  poutres  droites  à  section  variable  reposant  sur  un  cer- 
tain nombre  d'appuis  à  dilatation  ou  à  encastrement  ;  ces  poutres 
sont  soumises  à  des  charges  qui  peuvent  être  uniformément  réparties 
ou  distribuées  d'une  manière  discontinue.  Dans  chaque  cas,  l'auteur 
pousse  les  calculs  jusqu'au  bout  et  détermine  les  réactions  statiques 
des  appuis,  les  déplacements  linéaires  verticaux  et  les  rotations  su- 
bies par  une  section  particulière  de  la  poutre.  —  L'étude  des  poutres 
■  courbes  est  conduite  d'après  une  méthode  rigoureusement  parallèle  ; 
et  l'ouvrage  se  termine  par  le  calcul  des  systèmes  articulés,  qui  se  di- 
visent en  systèmes  hyperstatiques,  soit  extérieurement,  soit  intérieu- 
rement, soit  des  deux  manières  à  la  fois. 

On  le  voit  donc,  tout  en  restant  fidèle  à  son  but  qui  est  d'établir 
certaines  formules  fondamentales  nécessaires  au  constructeur,  M.  Fla- 
mard  a  la  préoccupation  constante  d'être  un  modèle  de  rigueur  et  de 
logique.  Il  y  a  d'ailleurs  admirablement  réussi,  et  sa  manière  remar- 
quable d'appliquer  les  théorèmes  généraux  et  les  plus  abstraits  à  des 
cas  d'une  pratique  courante  montre  péremptoirement  que  l'ingénieur 
doué  d'une  formation  mathématique  élevée  sera  toujours  hors  de 
pair.  G.  Bertrand. 


De  la  Cryptographie,  élude  sur  les  écrilnres  secrètes,  par  ândué  Langie. 
Paris.  Payot,  1918,  in-t6  de  254  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Pendant  les  périodes  de  guerre,  de  tensions  diplomatiques,  le  besoin 
de  correspondre  à  l'abri  des  indiscrétions  s'alTirme,  se  développe  et 
les  circonstances  donnent  un  intérêt  d'actualité  aux  ouvrages  traitant 
De  la  Cryptographie. 

M.  André  Langie  a  d'abord  fait  un  exposé  sommaire  des  principaux 
systèmes  d'écriture  secrète  pratiqués  dans  l'histoire,  puis,  par  une 
séiie  d'exemples,  il  a  montré  comment  il  avait  réussi  à  déchiffrer  un 
«ertain  nombre  de  cryptogrammes  de  diverses  sortes,  et  le  livre  se 
termine  par  des  tableaux  et  formules  utiles  à  consulter,  qui  donnent 
l'ordre  «le  fréquence  des  lettres,  des  initiales  et  des  finales  des  mots, 
<les  redoublements,  non  seulement  en  français,  mais  aussi  en  anglais, 
en  allemand,  en  italien,  en  espagnol,  en  russe. 

Les  systèmes  cryptographiqiies  peuvent  se  ramener  à  deux  caté- 
gories :  les  combinaisons  à  interversion,  où  les  lettres  réelles  d'un 
texte  sont  remplacées  par  d'autres  lettres  ou  par  deschilTrcs  ou  sig:nes 


—  203  — 

j|uolconqiies  ;  les  systèmes  à  transposilion  qui  conservent  les  lettres 
K-elles  en  les  brouillant  complètement. 

Mais  les  clefs  de  ces  deux  combinaisons  finissent  par  être  décou- 
vertes par  des  observateurs  sagaces  et  expérimentés  et  c'est  potirquoi 
les  dictionnaires  spéciaux,  dans  lesquels  des  groupes  de  '.\  à  iicliifiVfs 
représentent  des  lettres,  des  syllabes  ou  des  mots  sont  généralement 
employés,  notamment  dans  les  états-majors.  La  correspondance  de- 
\  lent  alors  indéchiffrable,  surtout  si  la  même  syllabe  et  le  même 
mot  sont  traduits  de  temps  à  autre  par  des  groupes  différents. 

Le  seul  inconvénient  est  que  ces  dictionnaires  doivent  être  impri- 
més et  tirés  à  un  certain  nombre  d'exemplaires  et  que,  de  la  part  des 
typographes,  des  brocheurs,  des  détenteurs  de  livres,  des  indiscré- 
tions, des  fuites  partielles  ou  totales  sont  possibles. 

Dans  son  étude  sur  la  Cryptographie  M.  André  Langie  n'a  pas  traité 
la  question  des  dictionnaires  qui  eût  constitué  un  élément  complé- 
mentaire utile  de  son  intéressant  ouvrage.  R.  L. 


I 


LITTÉRATURE 


tes  Pierres  du  foyer.  Essai  sur  Thistoire  littéraire  de  la 
famille  française,  par  Henhy  Bordeaux.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d., 
(1918),  in-16  de  xvi-339  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Avant  la  Grande  Guerre,  à  laquelle  il  a  si  vaillamment  pris  part, 
M.  Henry  Bordeaux  avait  donné  au  groupement  bien  connu  du  Foyer, 
dont  la  direction  lui  était  confiée,  une  série  de  lectures  ou  de  confé- 
rences sur  «  la  Famille  à  travers  la  littérature  française.  »  Il  les  réu- 
nit aujourd'hui  en  un  volume,  groupées  dans  l'ordre  chronologique 
•et  sous  les  titres  suivants  :  I.  L'Art  et  la  Famille.  On  y  remarque  l'in- 
téressant emprunt  à  Rétif  de  la  Bretonne  du  tableau  tracé  par  lui 
"dans  sa  Vie  de  mon  père  (p.  27  et  suiv.).  II.  Les  Andromaques  fran- 
■çaises.  Louables  et  saisissantes  peintures  de  la  société  et  en  particu- 
lier des  héroïnes  épiques  du  moyen  âge  d'après  Gaston  Paris  et  Léon 
■Gautier.  Nous  signalerons  les  pages  sur  la  dévotion  à  la  Sainte  Vierge 
•à  cette  époque,  dévotion  «  qui  porte  en  elle  une  vertu  de  civilisation 
^t  de  politesse  »  (p.  35).  111.  La  Mère  de  François  Villon.  Nous  y 
notons  le  résumé,  d'après  M.  Ch.-V.  Langlois,  des  <(  attaques  diri- 
.^ées  déjà  (au  treizième  et  quatorzième  siècles)  contre  le  foyer  et  la 
famille  »  (p.  79  et  suiv.).  Le  portrait  de  Villon  est  vivement  tracé 
d'après  G.  Paris  (p.  92  et  suiv.).  IV.  La  Jeunesse  de  Ronsard.  Très 
-agréable  esquisse  d'après  M.  Henri  Longnon  et  M.  André  Bellessort. 
Nous  signalerons  la  jolie  anecdote  sur  la  fête  du  printemps  à  Saint- 
Moriktz  en  Engadine  (p.  129).  Y.  La  Leçon  de  Gargantua  à  son  fils 
«étudiant  à  Paris.  On  lit  avec  intérêt  les  détails  donnés  sur  la  vie  uni- 


— ■ 204  — 

veisilairc  au  moyen  âge  (p.  143  et  suiv  ).  VI.  La  Palciriilé  et  l'éduca- 
tior»  dans  Montaigne.  A  noter  de  judicieuses  oLsetvalions  d'après 
M.  Pierre  Villey  stir  l'inHuence  des  auteurs  italiens  au  seizième  siècle 
(p.  172  et  suiv).  Très  bonne  analyse  de  l'esprit  de  Montaigne  (p.  181 
et  suiv.).  VII.  Madame  de  Sévigné  et  l'Amour  maternel.  Excellente 
étude  sur  un  sujet  tant  de  fois  traité.  VIII.  Les  Poètes  du  foyer.  IX. 
La  Maison.  Très  belle  anecdote  du  soldat  sparliale  (p.  275-:276).  Très 
belle  page  sur  les  fresques  de  Puvis  de  Chavannes  au  Panthéon 
(p.  278-279).  Curieuse  et  instructive  histoire  de  la  famille  Mélouga 
(p.  284  et  suiv.).  X.  Une  Famille  d'aujourd'hui.  Notice  sur  la  famille 
Gaunaz,  à  laquelle  a  été  attribuée  la  moitié  du  prix  fondé  par 
M.  Etienne  Lamy  en  faveur  des  familles  nombreuses.  Le  volume  se 
termine  par  deux  «  Notes  »  développées  :  I.  L'Habitation  de  famille. 
IL  La  Voix  de  la  maison.  L'auteur  a  reproduit  en  tête  de  ses  confé- 
rences le  discours  inaugural  de  M.  Paul  Bourget  et  fait  précéder  le 
tout  d'une  très  agréable,  touchante  et  patriotique  Préface.  Les  Pierre.^ 
rfa/oye/' accroîtront  d'une  façon  sensible  le  beau  et  juste  renom  de 
M.  Henry  Bordeaux.  Makils  Sepet. 


■Les  Intellectuels  dans  la  société  française.  De  l'Ancien  Ré<|i- 
me  à  la  démocratie.  Ouvrage  suivi  d'une  étude  sur  t'élix  Le  Dantec. 
par  Hemî  Lote.  Paris,  Alcan,  I91.S.  in-8  de  vi-21S  p.  —  Prix  :  3  fr.  tiU. 

Ce  nouveau  livre  de  M.  René  Lote  est  un  ouvrage  singulier,  mais 
d'une  réelle  valeur.  C'est  une  étude  d'histoire  des  idées  dans  leurs 
rapports  avec  les  faits  de  la  politique  et  les  œuvres  de  la  littérature 
depuis  le  dix-septième  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Elle  est  partagée  en 
trois  chapitres  correspondant  à  trois  époques,  savoir  :  1.  Première 
époque.  L'Autorité  du  classicisme.  Une  discipline  intellectuelle  dans 
la  société  française.  Admirateur  déterminé  du  grand  siècle,  M.  Lote 
s'attache  à  en  définir  les  caractères  et  à  bien  montrer  les  leçons  qui  eu 
résultent,  non  seulement  au  point  de  vue  littéraire,  mais  au  point  de 
vue  social.  On  lit  avec  intérêt  son  appréciation  de  Corneille  (p.  B'J),. 
de  Descartes  (p.  42),  de  Molière  ip.  07),  de  Boileau  (p.  01),  de  Racine 
(p.  f).3),  de  La  Fontaine  (p.  60),  de  La  Bruyère  (p.  67),  de  Bossuet 
(p.  OU),  de  Fénelon  (p.  71).  On  adhère  volontiers  à  la  réponse  ilonnée 
à  cette  question  qu'il  pose  :  »  Qu'en  reste-t-ii  de  ce  classicisme  ?... 
ce  qu'il  en  reste  ?  Mais  rien  de  moins  que  le  principe  et  la  conditiort 
même  de  tout  prt^giès  :  une  discipline  intellectuelle...  (ju'il  ne  vous 
a  manqué  que  d'appliquer  à  des  sujets  plus  divers,  à  l'intelligence  de 
l'Europe  nouvelle,  à  une  science  élargie,  et,  —  comme  le  dix-sep- 
tième siècle  —  à  la  domination  spirituelle  de  votre  temps,  pour 
maintenir  la  Franc(î  aussi  clairvoyante,  aussi  forte,  aussi  respectée 
entre  les  nations.  »  (p.  24).  —  II.  Deuxième  éj)oque.  La    ru[)tur('  des- 


—  2or,  - 

intellectuels  avec  l'Ancien  Régime.  Du  niôconlentement  à  l'utopie. 
Il  s'agit  surtout  ici.  de  l'œuvre  accomplie  par  les  philosophes  du  dix- 
huitième  siècle.  M.  Lote,  qui  l'analyse  avec  perspicacité,  dans  ses  cau- 
ses et  ses  conséquences,  n'estime  pas  que  son  influence,  si  grande  non 
seulement  en  France,  mais  dans  l'Europe  entière,  ait  été  heureuse  pour 
notre  pays  soit  au  dedans,  soit  au  dehors.  Ses  jugements  sur  Voltaire  et 
sur  Rousseau  (p.  83,  87,  lit,  tl2)  sont  remarfjuables.  —  III.  Troisiè- 
me époque.  De  la  Révolution -à  nos  jours.  Les  intellectuels  sous  le  régi- 
me de  l'opinion  publique.  Entre  l'idéologie  et  l'empirisme.  Ce  cha- 
pitre, d'une  extrême  complexité,  contient  beaucoup  de  vues  justes  et 
fines,  d'idées  originales  et  ingénieuses  dont  il  y  a  lieu  de  tenir  compte. 
Nous  signalerons,  un  peu  au  hasard,  un  bon  jugement  sur  Chateau- 
briand (p.  145).  de  jolies  pages  sur  Victor  Hugo  (p.  148  et  suiv.).  de 
judicieuses  réflexions  sur  l'empirisme  politique  (p.  162  et  suiv  ),  de 
justes  observations  sur  le  théâtre  contemporain  (p.  182).  —  La  con- 
clusion générale  de  l'auteur,  c'est  que  ((  la  sagesse  classique  »  est 
<i  toujours  utile  aux  modernes  ».  —  «  Savoir  pour  prévoir  »,  dit-il, 
comme  cette  définition  du  but  de  la  science  exprime  bien  ce  que  chez 
nous  on  n'a  pas  fait  !  Des  faits  d'où  l'on  tire  des  idées  justes  :  voilà  le 
réalisme  complet,  celui  des  bons  esprits  du  dix-septième  siècle  ;  celui- 
là  est  classique  et  à  la  hauteur  de  toutes  les  époques,  de  toutes  les 
nécessités.  »  —  M.  René  Lote  a  joint  à  son  livre  un  morceau  un  peu 
obscur  de  fond  et  de  forme,  auquel  il  a  donné  pour  titre  :  Méditation 
sur  la  mort  d'un  sage.  A  la  mémoire  de  Félix  Le  Dantec.       M.  S. 


Fogazzaro,  par  Lucien  Gennari.  Paris,  Beauchesne,  1918,  in-16  de  212  p., 
avec  portrait  et  fac-similé.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Lucien  Gennari,  Parisien  de  naissance,  mais  «  Italien  par  la 
race  et  par  l'âme,  »  s'était  déjà  fait  avantageusement  connaître  par 
un  volume  de  «  Notes  de  littérature  française  très  récente,  »  écrit 
en  italien  et  intitulé  :  Poesiadifede  e pensieri  divittoria  ;\\nous  donne 
aujourd'hui,  sur  l'illustre  romancier  italien  Fogazzaro  un  petit  livre 
écrit  en  français,  et  qui  porte  la  marque  d'un  talent  vraiment  origi- 
nal. 

Deux  chapitres,  consacrés  le  premier  à  l'Homme,  le  second  à  l'Ar- 
tiste, précédés  d'une  Introduction  «  éloquente,  passionnée,  pleine 
d'idées,  »  inspirée  par  la  guerre  mondiale. 

Un  sentiment  catholique  se  superposant,  ou  plutôt  intimement  lié 
à  une  pensée  romantique,  telle  est,  d'après  M.  Gennari,  la  caracté- 
ristique de  Fogazzaro  ;  et  dans  la  première  partie,  plus  synthétique 
et  théorique  de  son  livre,  il  s'est  proposé  principalement  d'  «  étudier 
la  cause  et  les  effets  de  cette  contradiction,  »  qui  apparaît  dans  toute 
l'œuvre  du  maître. 


—  206  — 

Sensuel  et  mystique  à  la  fois,  imbu  des  doctrines  évolutionnistes 
et  «  scientistes  »  de  son  temps,  Fogazzaro,  —  et  c'est  là  le  principal 
reproche  que  lui  adresse  M.  Gennari,  tout  en  l'admirant  profondé- 
ment, —  n'a  pas  tenu  un  compte  suffisant  du  côté  rationnel  du  catho- 
licisme. 

Dans  la  seconde  partie,  M.  Gennari  nous  fait  suivre,  d'une  manière 
extrêment  attachante,  tout  le  développement  de  l'œuvre  de  Fogazzaro, 
dont  les  sept  romans  font  l'objet  d'autant  d'études  particulières  : 
analyses  pénétrantes,  où  la  critique,  qui  se  mêle  souvent  à  l'éloge, 
s'appuie  sur  une  solide  doctrine. 

Il  faut  reconnaître,  conclut-il,  que,  «  dans  son  désir  de  servir  la 
cause  catholique,  Fogazzaro  s'est  trompé  »  ;  mais  il  faut  reconnaître 
aussi,  s'empresse-t-il  d'ajouter,  que  «  le  poète,  fidèle  au  sentiment 
catholique  qui  persista  en  lui  »,  a  accompli  une  œuvre  bienfaisante. 

Ce  volume,  qui  s'ouvre  par  unecharrnante  Lettre-préface  de  M.  Henry 
Cochin,  est  dédié  «  à  Georges  Goyau  et  à  Paolo  Arcari,  pour  l'amitié 
franco-italienne,  dans  une  pensée  catholique  et  latine.  »  De  tels  patrt - 
nages  suffiraient  à  le  recommar^der.  L.  A. 


HISTOIRE 


La  Roumanie.  "Valachie,  Moldavie,  Dobroudja,  par  Eugkne  Pittard. 
Paris,  Bossard,  1917,  in-8  de  327  p.,  avec  50  illustrations  dont  35  hors 
texte.  —  Prix  :  9  fr. 

M.  Pittard  se  défend  de  faire  œuvre  d'historien  ou  d'érudit.  De  ses 
voyages  en  Roumanie,  il  tire  «  une  synthèse  rapide  de  tous  les  élé- 
ments qui  forment  le  pays  roumain,  »  traditions,  coutumes,  vie  éco- 
nomique. 11  n'a  pas  voulu,  dit-il,  écrire  un  livre  d'anthropologie  et 
d'ethnographie.  Mais  presque  toutes  ses  illustrations  s'y  rapportent, 
en  faisant  défiler  sous  nos  yeux  tous  les  types  ethniques  de  la  Vala- 
chie, de  la  Moldavie  et  de  la  Dobroudja,  les  montagnards  de 
Sucéava,  les  gens  de  la  steppe  du  Baragan,  les  bergers  mocanes... 
Tour  à  tour,  il  nous  fait  visiter  Bucarest,  la  cité  des  jardins,  aux 
maisons  basses  ensevelies  dans  la  verdure,  Jassy,  la  ville  mélanco- 
lique et  sainte,  peuplée  d'églises  aux  joailleries  de  pierres,  et  ces 
monastères  ignorés  des  touristes  et  cachés  au  creux  des  vallons  car- 
pathiques  qui  furent  les  asiles  de  l'art  roumain  tout  imprégné  d'in- 
fluences byzantines.  Ou  bien  nous  voici  lancés  à  travers  les  plaines  sur 
la  carroulza  toute  en  bois  cl  sans  ressorts  ([uc  conduit  un  paysan  rou- 
main au  magnifuiue  gilet  en  peau  d'agneau,  brodé  et  incrusté  de 
cuirs  multicolores. 

Plus  que  toute  autre  province,  la  Dobroudja  a  séduit  l'ethnographe. 
C'est  que  «.  la  Dobroudja  est  une  extraordinaire  mosaïque  de  races.  » 


—  207  — 

Groupes  en  villages  elliniqiiement  compacts,  les  Turcs  et  les  Tartares- 
y  coudoient  les  Houmains  et  les  Bulgares  ;  des  colons  allemands  aux 
yeux  bleus  et  aux  cheveux  clairs  y  voisinent  avec  des  Tcherkesses 
bannis  de  Russie,  des  Grecs  avec  des  Arméniens,  des  Juifs  avec  des 
Lipovans.  «  Et  la  lumière  d'Orient  avive  toutes  les  couleurs,  les  cos- 
tumes blancs  des  Roumains,  les  fez  rouges  et  les  ceintures  voyantes 
des  musulmans,  les  costumes  sombres  des  Bulgares  et  les  tabliers 
multicolores  de  leurs  femmes,  les  haillons  éclatants  des  Tziganes.  » 
(p.  237). 

((  Dans  quel  état,  sous  quel  aspect  retrouverai-je  ce  pays  dobroud- 
jieu,  écrivait  M.  Pitlard,  —  et  aussi  ces  pays  valaques  —  lorsque  j'y 
reviendrai?  Devant  quelles  ruines  et  devant  quelles  tristesses  devrai- 
je  m'arrêter  ?  »  (p.  319).  A  cette  question  angoissante  la  réponse  est 
aujourd'hui  faite.  S'il  y  a  des  ruines,  la  victoire  de  ses  alliés  va  per- 
mettre à  la  Roumanie  ae  les  réparer.  Ch.  de  la  Ro?(cikre. 


Les  Hérésies  pendant  le  moyen  âge  et  la  Réforme  dans  la 
région  de  Douai,  d'Arras  et  au  pays  d'Alleu,  par  Paul  Beuzart. 
Paris,  Champion,  s.  d.,  gr.  in-8  de  xi-576  p.  —  Prix  :  8  fr. 

C'est  un  travail  considérable  que  celui  que  M.  Beuzart  a  entrepris 
pour  raconter  l'histoire  de  la  Réforme  dans  une  partie  de  la  Flandre 
et  de  la  Picardie  soumise  au  xvi'  siècle  à  la  domination  espagnole. 
Ses  recherches  dans  les  vieilles  chroniques,  dans  les  archives  des 
villessont  méritoires  et  présentées  d'ordinaireavec impartialité  etexac- 
titude.  11  n'en  est  pas  de  même  de  ses  théories  religieuses.  Très  pro- 
testant, l'auteur  ne  voit  dans  la  Réforme  que  la  dernière  des  hérésies 
entreprises  contre  ce  qu'il  appelle  la  religion  romaine,  ou  plutôt 
l'interprétation  que  les  papes  ont  donnée  à  l'Évangile.  Sous  ce  rapport, 
la  Réforme  ne  procède  pas  de  la  Renaissance,  elle  ne  fait  que  conti- 
nuer les  hérésies  du  moyen  âge  qui  avaient  lutté  sans  succès  contre 
les  abus  de  Rome.  Il  rend  hommage  au  Christ  et  à  ses  divins  ensei- 
gnements, mais  il  voudrait  laissera  chacun  le  droit  de  les  interpréter 
à  sa  guise. 

Le  violent  despotisme  que  Philippe  II  a  exercé  dans  les  Pays-Bas 
par  la  fourberie  et  la  cruauté  de  ses  agents  lui  semble  l'attentat  le 
plus  abominable  à  la  liberté  de  conscience.  Il  ne  nie  pas  les  saccage- 
ments  d'églises,  les  destructions  d'images  et  de  statues  de  saints  com- 
mises par  les  foules  protestantes  ;  mais  il  prétend  qu'elles  sont  aussi 
naturelles  que  les  renversements  des  temples  païens  et  des  idoles  que 
se  permirent  les  chrétiens  quand  Constantin  converti  leur  en  laissa 
le  loisir.  Et  il  observe  que  les  persécutions  des  premiers  siècles,  même 
celle  de  Dioclétien,  firent  beaucoup  moins  de  victimes  que  les  exécu- 
tions sanglantes  du  duc  d'Albe.  11  reconnaît  cependant  que  la  dure 


—  208  — 

politique  de  Philippe  II  sauva  le  catholicisme  en  Espagne  et  dans  les 
Flandres. 

Nous  nous  serions  contentés  de  son  érudition  très  réelle.  Mais. pour- 
quoi, dans  son  livre  et  jusqu'à  trois  fois  à  une  même  page,  s'obstiue- 
t-il  à  écrire  patriots  au  lieu  de  patriotes  ?  G.  B.  de  P. 


Études  robespîeiTÎsles.  II.  La  Conspiration  de  l'étranger,  par 

Albert  Matiufz.  Paris,  Colin,  1918,  in-8  de  :M5  p.  -  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Mailliez  a  réuni  en  volume  une  nouvelle  série  de  douze  articles 
parus  de  1913  à  1918  dans  diverses  revues^  mais  surtout  dans  les 
Annales  révolutionnaires  dont  il  est  le  directeur.  Le  premier  chapitre 
seul  a  trait  à  cette  fameuse  «  conspiration  de  l'étranger  »  que  Fabre 
d'Églantine  et  ses  suppôts  inventèrent  ou  exploitèrent  comme  une 
diversion,  afin  de  pouvoir  continuer  en  paix  leurs  opérations  mal- 
l)ropres  ;  ce  n'est  pas  d'aujourd'hui,  on  le  sait,  que  les  profiteurs  et 
les  traîtres  se  couvrent  du  manteau  du  plus  ardent  patriotisme. 

Les  autres  études  se  rapportent,  pour  la  plupart,  à  des  épisodes 
des  luttes  impitoyables  qui  déchirèrent  le  parti  révolutionnaire  ;  la 
conclusion  générale  est  l'apologie  de  Robespierre  basée  sur  la  flétris- 
sure de  Danton  qui  représente,  aux  yeux  de  M.  Mathiez,  le  type  du 
jouisseur  corrompu  et  du  faux  patriote.  Au  service  de  cette  thèse, 
l'auteur  a  mis  son  infatigable  ténacité  et  son  érudition  peu  commune  : 
il  n'est  aucun  des  hommes  ayant  joué  un  rôle,  môme  secondaire, 
dans  la  tragédie  révolutionnaire  dont  il  ne  connaisse  par  le  menu  les 
actes,  les  paroles  et  les  écrits  et  au  sujet  duquel  il  ne  soit  en  mesure 
d'apporter  quelque  précision  documentaire. 

Généralement  dur  pour  ses  contradicteurs,  l'historien  s'en  prend  à 
quelques-uns  avec  une  particulière  âpreté  et  ne  néglige  aucune  occa- 
sion de  les  accuser  d'ignorance  ou  de  mauvaise  foi,  à  quelque  parti 
qu'ils  appartiennent.  11  ne  faut  pas  en  conclure  cependant  que 
M.  Mathiez  soit  un  pamphlétaire  poursuivant  la  satisfaction  de 
quelque  inimitié  parlicxilière.  Non  !  c'est  un  homme  qui  sait  beau- 
coup et  qui  s'indigne  contre  l'erreur  partout  où  il  croit  la  découvrir  ; 
il  ne  serait  plus  lui-même  s'il  le  faisait  avec  mansuétude  et  sans 
oublier  de  temps  à  autre  qu'il  s'est  imposé  le  devoir  de  demeurer 
toujours  impassible.  Quoi  qu'il  en  soit,  tout  ce  que  publie  M.  Mathiez 
doit  être  pris  en  sérieuse  considération  et  servira  souvent  à  redresser 
plus  d'un  jugement  erroné.  P.  Pisani. 


Histoire  de  la  Uévolution  dans  la  Mayenne,  par  l'abbé  Ferdinand 
(iAUGAiN.  Laval.  (Jliailljuid,  s.  d.  (I!)l!)),  in-8  de  587  p.,  avec  18  gravures 
hors  texte.   —  Prix  :  7  fr.  50. 

.l'ai  parlé  récemment  du  premier  volume  de  cet  ouvrage  (^Polybi- 


k 


—  200  — 

llion  de  noveinbe-décembre  1918,  t.  CXLIII,  p.  292-292)  et  voici 
qu'en  dépit  de  la  crise  du  papier  et  de  celle  de  la  main-d'œuvre,  un 
second  volume  a  suivi  le  premier.  Il  prend  les  événements  au  début 
<le  la  période  terroriste  et  nous  amène  au  Concordat. 

Je  ne  saurais  trop  louer  l'auteur  qui,  après  avoir  réuni  des  maté- 
riaux de  premier  ordre,  a  su  en  donner  une  synthèse  bien  équilibrée, 
d'où  sont  éliminés  ces  hors-d'œuvre  que  d'autres  historiens  n'ont  pas 
le  courage,  ou  l'iulelligence,  de  sacrifier.  Pas  de  phraséologie  !  pas 
d'appréciations  personnelles,  mais  des  faits  présentés  avec  calme  et 
sincérité. 

Peut-être  po»irrait-on  dire  que  les  derniers  chapitres  sont  un  peu 
succincts  en  comparaison  de  ceux  du  début  :  la  persécution  fructido- 
rienne,  l'époque  consulaire  et  l'établissement  du  régime  concorda- 
taire ne  sont  pas  aussi  développés  que  les  récits  bourrés  de  faits  et 
de  noms  qui  se  rapportent  aux  années  1793  et  1794.  On  regrettera 
(^ue  des  listes  publiées  ailleurs  soient  simplement  rappelées  alors 
que  le  lecteur  aurait  préféré  les  avoir  sous  la  main.  Une  carte  du 
département  de  la  Mayenne  serait  d'une  grande  utilité  surtout  si  elle 
indiquait  l'ancienne  délimitation  des  diocèses.  Il  faudrait  aussi  une 
table  alphabétique  des  noms  propres,  mais  les  deux  volumes  men- 
tionnés ne  forment  que  la  première  partie  (histoire  politique  et  reli- 
..iriouse)  d'un  tout  qui  paraîtra  plus  tard  et  qui,  espérons-le,  se  termi- 
iiota  par  la  table  désirée.  P.  Pis.^m. 


Documents  relatifs  à  la  vente  des  biens  nationaux  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Garonne.  Dislricl  de  Toulouse,  publiés  par 
Henri  Martin.  Toulouse,  Privai,  1916,  in-8  de  lxxxvi-648  p.  —  Prix  : 
7  fr.  5iJ. 

Dans  la  collection,  publiée  par  le  ministère  de  l'instruction  pu- 
'blique,  de  Documents  inédits  sur  l'histoire  économique  de  la  Révolution 
française,  le  nouveau  volume  que  donne  l'archiviste  départemental 
adjoint  de  la  Haute-Garonne  doit  être  rapproché  des  études  analogues 
déjà  éditées  pour  le  district  de  Remiremont  (Vosges)  par  M.  Léon 
Schwab,  pour  le  district  de  Sens  (Yonne)  par  M.  Charles  Porée.  Les 
documents  diligemment  recueillis  par  M.  Henri  Martin  sont  présen- 
tés avec  ordre,  en  près  de  six  cents  pages,  et  suivis  d'une  longue 
table  alphabétique  des  matières.  Sans  doute  il  ne  faut  pas  générali- 
ser outre  mesure  les  conclusions  que  l'on  peut  tirer  de  la  monogra- 
phie d'un  district  :  l'auteur  s'en  garde  bien  dans  sa  judicieuse  Intro- 
duction. Il  y  consigne  pourtant  des  constatations  qui  ont  bien  leur 
intérêt.  Sur  1.360  acquéreurs,  933,  soit  60  0/0,  sont  des  habitants  de 
Toulouse,  et  sur  3.-20i  lots.  :2.613,  ou  81  0/0,  furent  adjugés  à  ces 
«-•■derniers.  Ces  2.613  lots  repiésentent,  à  eux  seuls,  une  superficie  de 
M.4Rs-AvniL  1919,  T.  CXLV.  14. 


—  210  — 

près  de  10.240  hectares,  ou  une  proportion  de  8G  0/0  sur  l'enseinbU 
des  superficies  aliénées  dans  tout  le  district.  Parmi  ces  acquéreurs 
figurent  une  dizaine  de  prêtres,  probablement,  mais  on  ne  nous  le 
dit  pas,  du  clergé  constitutionnel,  une  vingtaine  de  nobles.  355  culti- 
vateurs, mais  surtout  des  commerçants,  petits  bourgeois  et  artisans 
urbains.  Certains  membres  des  sociétés  populaires,  sociétés  de  sur- 
veillance et  clubs  divers  paraissent  s'être  intéressés  particulièrement 
à  ces  achats.  La  plupart  de  ces  biens  furent  acquis  à  des  prix  très 
inférieurs  à  leur  valeur  réelle,  et  ils  restèrent  longtemps  quelque  peu 
dépréciés  par  suite  de  l'origine  de  cette  possession.  On  vit  de  nom- 
breux acquéreurs  entrer  en  pourparlers  avec  les  anciens  proprié- 
taires, ou  avec  leurs  familles,  pour  obtenir,  moyennant  une  indem- 
nité convenue,  la  ratification  complète  des  ventes  et  la  renonciation 
à  toute  revendication  ultérieure.  Baron  Angot  des  Rotours. 


La  France  et  rAllemagiie  après  le  congrès  de  Berlin.  La  Mis- 
sion   du    comte    de    Sainl-Vallier    (décembre     lîî77-décem- 

bre    1881),   par   Ehnest  Daudet.    Paris,    Plon-Nourrit,  1918,  in-16  de 
v-316  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Après  la  guerre  de  1870,  la  situation  de  la  diplomatie  française  eu 
Allemagne  était  particulièrement  délicate  et  difficile  par  suite  de  la 
vanité  pédante  et  lourde  des  vainqueurs  de  Sedan.  Ce  n'étaient  pas 
des  hommes  de  nuance  dans  lart  des  relations  étrangères,  qui  eu 
exige  beaucoup.  A  Berlin  donc  la  position  de  nos  ambassadeurs  fut 
très  épineuse.  Le  marquis  de  Gabriac,  notre  chargé  d'affaires,  tra- 
versa une  période  de  défiance;  après  lui,  le  vicomte  de.Gontaut- 
Biron,  une  période  d'irritabilité.  Son  successeur,  le  comte  de  Saint- 
Yallier  eut  la  bonne  fortune  de  venir  pendant  une  période  deilélente. 
Les  deux  premiers  de  ces  diplomates  ont  laissé  sur  leurs  missions  de 
très  intéressants  Souvenirs.  M.  Ernest  Daudet  reconstitue,  avec  des 
documents  en  partie  inédits,  le  rôle  de  M.  de  Saint- Vallier.  rôle  éga- 
lement malaisé  auprès  de  la  Prusse  qui  le  recevait  que  vis-à-vis  du 
gouvernement  de  la  France  républicaine  qui  l'envoyait.  La  .figure 
imposante  de  Bismarck  domiile  tout  le  récit  et  elle  apparaît  avec  une 
certaine  bonhomie  astucieuse,  car  c'était  pour  lui  l'heure  de  nous 
endormir,  de  nous  distraire  d'une  pensée  de  revanche  et  de  nous 
faire  entrer,  en  détournant  nos  yeux  du  Rhin,  dans  l'engrenage  d'une 
politique  coloniale  et  méditerranéenne  qui  absorberait  nos  moyens 
militaires,  nos  fonds  économiques,  nos  espoirs  patrioticpies.  M.  VVad- 
dinglon,  ministre  des  affaires  étrangères  au  quai  d'Orsay.  M.  de  Saint- 
Vallier  à  Berlin,  le  général  Chanzy  à  Saint-Pétersbourg  sont,  avec 
l'empereur  Guillaume  I"  et  le  chancelier,  les  personnages  de  ces 
scènes  captivantes.  C'est  bien  l'heure  de  connaître  les  antécédents  de- 


—  211    — 

cette  politique,  tantôt  brutale,  tantôt  captieuse  de  l'Allcniagne  ;  des^ 
portraits  en  quelques  coups  de  plume  niontrent  la  cour  de  Prusse, 
celle  de  Russie  ;  de  larges  citations  de  dépêches  et  de  rapports  offi- 
ciels, soulèvent  le  voile  de  beaucoup  des  tractations  d'alors,  et  indi- 
(juent  discrètement  les  premiers  dangers  du  socialisme  international 
en  Europe.  Le  lecteur  fera  aisément  le  rapprochement  de  cette  «  His- 
toire »  avec  les  événements  d'aujourd'hui  pour  goûter  l'intérêt  et 
l'à-propos  de  ce  volume  dont  la  suite  lui  est  promise  avec  le  récit  de 
la  mission  du  baron  de  Courcel,  successeur  de  M.  de  Saint-Vallier. 

G.  G. 

La  Bélgica  que  yo  vi,  por  Josi';   Sluirà.  Valcncia,  cdilorial  Cervantes,, 
1919,  111-16  de  224^p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

La  Belgique  qu'a  vue  M.  Subira  et  dont  il  nous  parle  dans  ce 
volume,  ce  n'est  pas  la  Belgique  palpitante  et  souffrante  sous  la  botte 
germanique,  c'est  la  Belgique  d'avant  la  guerre,  c'est  la  Belgique 
telle  (ju'elle  se  présentait  à  l'étranger  curieux  il  y  a  une  dizaine  d'an- 
nées. Ce  sont  les  impressions  qu'il  a  ressenties  à  Bruxelles,  à  Anvers, 
à  Liège,  à  Malines,  à  Louvain,  à  Oslende,  à  Gand,  à  Bruges,  dans  les 
grottes  de  Han,  à  Namur,  à  Lierre,  à  Teivueren. 

Écrit  avec  agrément,  d'une  plume  vive  et  légère,  ce  petit  volume 
ne  se  lit  pas  seulement  avec  plaisir  :  les  observations  personnelles, 
les  réflexions  judicieuses,  les  traits  piquants  n'y  manquent  pas. 
M.  Subira  y  va,  lui  aussi,  de  sa  malédiction  contre  les  barbares  qui 
ont  causé  tant  de  destructions  que  l'auteur  peut  dire  que  la  Belgique 
n'existe  plus. 

Nous  noterons,  chemin  faisant,  page  184,  une  critique  malicieuse 
et  bien  justifiée  de  l'érudition  germanique  et  du  Baedeker  «  auteur 
fameux  et  mensonger  dont  on  ne  peut  dire  ce  que  le  P.  Ripalda  dit 
du  Fabricatcur  souverain  :  qu'il  ne  peut  ni  se  tromper  ni  nous  trom- 
per. »  E.-G.  Ledos. 

Louis  Veuillol  à  Rome,  par  D.  Roland-Gosselin.  Paris,  Bonne  Presse,. 
s.  d.  (1919),  in-8  de  111  p.,  avec  109  grav.  —  Prix  :  2  fr. 

Il  semblera  tout  naturel  qu'on  ait  fait  un  rapprochement  entre  ces 
deux  noms  et  donné  ce  cadre  au  grand  écrivain  catholique  qui  toute 
sa  vie  servit  le  Pape  et  défendit  la  Papauté.  Les  illustrations  très 
nombreuses  qui  accompagnent  le  texte  sont  toutes  empruntés  à  des 
sites,  des  monuments,  des  œuvres  d'art,  des  personnages  romains  ; 
elles  ne  sont  peut-être  pas  d'une  reproduction  toujours  très  artis- 
tique, mais  elles  sont  choisies  avec  intellfgence  et  abondance.  Elles 
pâlissent  naturellement  devant  l'éclat  des  pages  étincelautes  pour 
lesquelles  on  les  a  évoquées.  Louis  Veuillot  fit  à  Rome  ouze  voyages. 


—  212  — 

An  premier  séjour,  en  1838,  il  ouvrit  son  âme,  son  esprit  et  son  cœur 
il  la  vérité  religieuse  et  dès  lors  sa  reconnaissance  comme  son  amour 
et  sa  fidélité  demeurèrent  acquis  à  l'Élglise.  Le  plus  important  de  ses 
séjours  fut  pendant  le  concile  du  Vatican.  La  bonté  paternelle  de 
Pie  IX  Ty  accueillit  toujours  avec  empressement,  même  aux  heures 
les  plus  délicates  de  sa  carrière  et  lorsqu'il  était  en  butte  aux  plus 
calomnieuses  attaques.  En  des  chapitres  successifs,  on  nous  montre, 
par  des  passages  choisis  de  ses  articles,  de  ses  lettres,  de  ses  livres  : 
son  amour  de  Rome,  sa  philosophie  de  l'art,  ses  sentiments  sur  l'an- 
tiquité païenne,  sur  la  campagne  romaine.  Des  citations  empruntées 
surtout  à  sa  correspondance  nous  donnent  les  récits  de  ses  voyages 
<^n  185.3.  1860,  1862.  celui  de  1870-1871.  Plus  d'un  passage  du  Par- 
J'iini  de  Rome,  naturellement,  est  cité.  Toutes  les  notes  de  ce  talent  si 
français  à  la  fois  et  si  romain  vibrent  ainsi  et  résonnent  :  émotion, 
enthousiasme,  verve,  rire,  satire,  indignation,  pittoresque,  sens  chré- 
tien, foi  vive  et  indomptable  énergie.  On  comprend  très  bien  l'unité 
littéraire  d'une  existence  vouée  exclusivement  à  la  défense  de  la  vérité, 
contre  ses  adversaires,  ses  détracteurs,  ou  les  défaillances  dangereuses 
de  quelques-uns  de  ses  soldats.  En  parcourant  ces  pages,  le  lecteur 
prendra  goût  à  la  façon  charmante  dont  est  servie  une  cause  impé- 
rissable, il  voudra  en  connaître  davantage,  se  reporter  aux  livres 
mêmes  de  Louis  Veuillot  ;  et  ceux  qui  sont  déjà  familiers  avec  ce 
maître  de  la  prose  française  au  xix'  siècle  auroQJ.  plaisir  à  posséder, 
groupés  sous  un  titre  heureux,  les  principaux  éléments  de  sa  pensée 
militante,  courageuse  et  fidèle.  Geoffroy  de  Granomaison. 


L,es  Amours  d'un  poète.  Documenls  inédits  sur  Victor  Hugo,   par  Lotis 
Bautjiou.  Paris,  Conard,  1919,  in-i6  de  vu-387  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Pour  qualifier  le  volage,  l'inconstant,  l'infidèle,  le  populaire  emploie 
^^ne  expression  imagée:  «  Il  a  un  cœur  d'artichaut.  »  Victor  Hugo 
■eut  ce  cœur  là  du  jour  où,  s'éloignant  de  la  mère  de  ses  quatre  enfants, 
il  dérailla  sur  les  voies  de  la  galanterie. 

La  première  sirène  dont  il  subit  le  charme  fut  Juliette  Gauvain,  dite 
Drouct.  Cette  petite  actrice,  vainement  protégée  par  Victor  Hugo,  qui 
lui  avait  attribué  un  rôle  dans  l'un  de  ses  drames,  dut  abandonner  le 
théâtre  après  un  fort  échec  ;  mais  elle  s'en  consola  en  attachant  le 
poète  à  son  char.  .\vec  beaucoup  de  tact,  mais  non  sans  indulgence. 
M.  Louis  Barthou  nous  raconte  l'histoire  desrelationsdes  deux  amants, 
bien  connue,  mais  renouvelée  et  complétée  ici  au  moyen  de  documents 
inédits,  très  intéressantes  trouvailles  littéraires  et  psychologigues  que 
leur  possesseur  eût  eu  grand  tort  de  garder  pour  lui  seul.  Ces  nom- 
bicuses  pièces  de  prose  et  de  vers  ainsi  que  diverses  lettres  de  Juliette 
montrent  que  celle-ci  fut  loin  dêlrc  une  créature  insignifiante,  n'ayant 


—  2i:j  — 

pour  elle  que  sa  beauté.  Assurément  son  passé  était  très  chargé  d'aven- 
tures ;  aussi  Victor,  dans  les  premiers  temps  surtout,  s'en  montra- 
t-il  férocement  jaloux.  D'ailleurs,  si  l'on  compare  la  femme  légitime 
avec  la  maîtresse,  il  n'est  pas  douteux  que  cette  dernière,  à  tous  les 
points  de  vue,  l'emporte  sur  sa  nonchalante  rivaîç  :  la  douce  Adèle 
n'était  pas,  au  fond,  la  compagne  qui  convînt  à  Jupiter  Hugo  :  leur 
union  avait  été  celle  de  l'aigle  et  de  la  colombe. 

Sur  la  question,  si  souvent  agitée,  de  savoir  qui,  de  Victor  on 
d'Adèle  avait  le  premier  bifurqué,  M.  Barthou  établit  nettement, 
par  des  documents  et  des  dates,  que,  endoctrinée  par  le  vilain  Sainte- 
Beuve,  Adèle  Hugo,  dès  18.32,  accordait  des  rendez-vous  au  faux  anit 
de  son  mari,  alors  que  celui-ci  ne  se  lia  avec  Juliette  Drouet  qu'en 
février  183.3.  —  Concluez. 

Si  grande  que  fût  l'influence  de  Juliette  sur  Victor  Hugo,  il  s'en  faut 
(ju'une  parfaite  entente  régnât  dans  leur  libre  ménage  :  querelles^ 
injures,  ruptures,  réconciliations,  etc.,  rien  n'y  manqua  ;  et  la  poésie 
.se  greffa  là-dessus,  —  émouvante  ou  superbe  ! 

Donc,  Victor  était  jaloux  de  Juliette  ;  mais  Juliette  l'était 
également  de  Victor.  De  là  une  surveillance  qu'Olympio  savait  dérou- 
ter; et,  ((  cœur  d'artichaut  »,  il  distribuait  ses  feuilles  à  toutes  venantes. 
Inutile  d'entrer  dans  les  détails... 

En  résumé,  ce  livre,  tout  en  nous  montrant  l'homme  et  ses  fai- 
blesses, explique  une  fois  de  plus,  et  de  façon  précise,  nouvelle  même 
à  différents  égards,  les  rapports  entre  le  poète  et  son  œuvre. 

Certains  ont  reproché  à  M.  Barthou  d'avoir  rapetissé  l'idole  Hugo, 
Pourquoi  ?  Est-ce  que  les  grands  hommes  disparus  n'ont  pas  tous  été 
interrogés,  plus  ou  moins,  par  une  postérité  prochaine  ou  éloignée,  au 
sujet  de  leurs  affections,  de  leurs  haines,  de  leurs  ambitions,  de  leur 
vie  privée  intégrale  enfin  ?  Et,  pour  ne  parler  que  de  quelques  illustres 
contemporains  de  Hugo,  que  n'a-t-on  pas  imprimé  sur  Alfred  de 
Musset,  George  Sand,  Balzac,  etc.  !  Dans  le  cas  particulier,  ces  demi- 
pharisaïsmes  tombent  à  plat  :  page  157,  l'auteur  s'était  borné,  avec 
une  discrétion  voulue,  à  rappeler  une  scène  entre  le  poète  et  Juliette 
donnant  l'impression  que  Victor  Hugo  n'envisageait  pas  d'un  mau- 
vais œil  que  l'on  connût  plus  tard  les  choses  intimes  de  son  histoire 
amoureuse.  Mais,  sans  doute  pour  répondre  aux  attaques  dont  son 
étude,  publiée  d'abord  dans  la  lievue  de  Paris,  fut  l'objet,  il  n'hésite 
pas  à  insérer  dans  sa  Préface  (p.  vi-vii)  un  billet  inédit  de  V.  Hugo^ 
tenu  diplomatiquement  en  réserve,  semble  t-il,  par  lequel  le  futur 
panthéonisé  veut  que  ses  lettres  à  sa  maîtresse  ne  soient  pas  détruites 
et  que  l'on  en  retrouve  la  trace  un  jour  <(  quand  nous  ne  serons  plus 
que  cendre  tous  les  deux  n  (Elle  et  Lui). 

Gela  dit,  n'est-il  pas  piquant  de  constater  que  M.    Louis  Barthou 


—  214   — 

^'est  en  quelque  sorte  institué  l'exécuteur  testamentaire  spécial  de 
Hugo  ?  —  Que  reste-t-il  alors  des  critiques  qui  lui  ont  été  décochées? 

E.-A.  Ghapuis. 


BULLETIN 


Encyclique  «  Ifiimani  çicncris  »  de  S.  S.  Itenolt  XV'  sur  la  pré- 
dication et  Itéjjles  pour  la  prédication  sacrée  édictées  par  la 
S.  Congréyation  consistoriale.  Paris,  Bonne  l'resse,  1917,  in-8  de  45  p. 

Après  Léon  XIII  et  Pie  X,  Benoît  XV  a  voulu,  dès  le  début  de  son  ponti- 
ficat, rappeler  les  grandes  lois  de  la  prédication  chrétienne.  Dans  son 
encyclique  Hiimani  generis,  il  expose  le  but  et  les  conditions  d'une  prédica- 
tion vraiment  évangélique.  L'encyclique  est  suivie  d'une  constitution  de  la 
S.  Congrégation  consistoriale  contenant  les  règles  à  observer  pour  la  pré- 
sentation, l'examen  et  l'approbation  des  prédicateurs,  des  directions  sur 
la  manière  d'annoncer  la  parole  de  Dieu  et  sur  la  préparation  éloignée 
qu'exige  ce  grave  ministère. 

Ces  documents  doivent  être  entre  les  mains  de  ceux  qui  ont  à  distribue)- 
aux  fidèles  l'enseignement  chrétien  ;  ils  ont  été  immédiatement  édités  par 
la  Bonne  Presse.  Dans  cette  édition,  une  traduction  française  accompagne 
le  texte  original.  Christophe  Simon. 


l*our  abolir  la  souffrance  humaine,  par  Lucien  Deslinières.  Paris,  GiarJ 
et  Brière,  1918,  petit  in-8  de  127  p.  —  Prix  :  3  fr. 

«  Les  maux  dont  soutire  l'humanité  sont  dus,  povu'  la  plus  grande  part, 
aux  vices  de  l'organisation  sociale.  Cette  organisation  repose  sur  le  prin- 
cipe fondamental  de  la  lutte. pour  la  vie  entre  les  hommes.  La  lutte  pour 
la  vie  est  due  à  l'insuffisance  alimentaire.  »  Que  l'on  substitue  à  la  lutte 
pour  la  vie  l'association  pour  la  vie,  et  tout  sera  changé  !  Plus  de  rivalité  ! 
plus  de  concurrence  !  la  fraternité  entre  tous,  chacun  content  de  son  sort  : 
plus  de  vols,  plus  de  crimes,  plus  d'excès,  plus  de  dégénérés,  presque  jjlus 
de  maladies  !  plus  de  lieux  insalubres  !  Telles  sont,  avec  quelques  auties, 
les  édéniques  perspectives  que  l'auteur  découvre  à  ses  lecteurs  émerveillés. 
II  se  trouvera  certainement  des  gens  pour  se  lais.ser  prendre  à  ces  vues  de 
lanterne  magique.  Elles  présentent  juste  «assez  de  traits  réels  pour  donner 
;a]x  esprits  simples  l'impression  du  vraisemblable.  Ainsi  les  contes  de  fée 
et  les  images  dÉpinal.  Gn.  Landby. 


I/IC<!u<'jilion  pliysiqiu'  modem*'  d<'  la  jeunessi'  pai'  la  niétliod*- 
natur«'!l4>,  siaipl*',  a«|i-éiible  et  l'apide  du  lîeiilenant  d*"  vais- 
seau Ci.  llélj*»rl,  par  OcTAviî  1''orsakt.  Paris,  liacliette.  11)19,  in-12  de  48  p.. 
avec  fiiiiiro.  —  l^rix  :  1   fr. 

Inspecteur  de  l'enseignement  primaire,  M.  O.  Forsanl  a  fait  ])ratiquer 
dans  les  écoles  de  la  ville  de  Reims  la  méthode  d'éducation  [)hysique  du 
lieutenant  de  vaisseau  Hébert  et  en  a  constaté  les  excellents  résultats.  On 
connait  les  caractéristiques  de  cette  méthode.  Elle  est  fondée  svu'  le  retour 
aux  mouvements  naturels  que  les  êtres  primitifs  exécutent  d'instinct.  Elle 
réclame  eu  conséquence  peu  d'agrès  et  ses  exercices  rentrent  dans  huit 
«alégories  ayant  trait  à  :  la  marche,  la  course,  le  saul,  le  (jriiniH'r,  le  lener. 
Je  lancer,  la  défense  nalurelle  (boxe  et  lutte)  et  la  nataiion.  Dès  avant  lOi'i- 
Ja    méthode   Hébert   avait   réuni   de   nombreux   adeptes    ;   renseignement 


f 


—  2lo  — 

-injoiird'liui  suivi  à  l'École  de  Joinvilie  on  découle,  et  de  la  Grande  Guerre 
>c  sont  dégagés  de  façon  fort  nette  deux  axiomes  d'ordre  physique  :  la 
nécessité  de  l'éducation  sportive  de  la  jeunesse  et  la  puissance  régénératrice 
(le  la  vie  au  grand  air.  Il  faut  donc  savoir  gré  à  M.  Octave  Forsant  d'avoir 
lésumé,  à  l'usage  des  maîtres  et  maîtresses  des  écoles,  les  principes  et  les 
règles  d'un  enseignen)et)t  rationnel,  dont  la  diffusion  est  désirable. 

R.  L. 


In  Cli«.'f  «rÉtat  qui  gouverii*^,  par  Un  dorteur  ès-sciences  politiques.  Paris, 
Bureau  calliolique  de  presse,  87,  rue  Lauriston.  l'JlS,  in-12  de  18  p.  —  Prix  : 
0  fr.  '2o. 

Beaucoup  didées  sensées  el  de  bonnes  intentions  d;ins  ce  tract,  qui  évi- 
fleniment  n'épuise  pas  le  grand  sujet  quil  aborde.  Pour  donner  à  notre 
T'résident  la  hardiesse  d'user  des  prérogatives  que  lui  reconnaît  dès  main- 
tenant la  Constitution,  et  d'autres  encore  qu'il  pourrait  être  désirable  de 
lui  attribuer,  l'auteur  a  confiance  dans  une  modification  de  son  mode  de 
désignation.  On  nous  propose  de  le  faire  élire  par  un  collège  électoral 
composé  principalement  de  nos  conseils  généraux.  Est-ce  suffisant  pour 
assurer  au  chef  de  l'État  une  autorité  indépendante,  en  face  d'une  Chambre 
souverainement  maîtresse  de  lui  couper  les  vivres  ? 

Bauon  Axgot  des  Rotours. 


I..a  Conv«'rsion    de    .\Iagdeleine,  par  G.  Iss.vndox.  Paris,  Beauchesnc,  1918, 
in-lO  de  \o'-i  p.  —  l'rix  :  -i  l'r 

Lu  Conversion  de  Madeleine  n'est  ni  un  roman,  ni,  à  proprement  parler, 
un  livre  de  guerre,  bien  que  la  guerre  l'ait  inspiré.  C'est  un  recueil  d'idées, 
(le  conseils,  de  réflexions,  qui  portent  sur  l'éducation  des  jeunes  filles.  Un 
mobilisé,  M.  X.,  philosophe  chrétien  et  moraliste  par  vocation,  soldat  par 
ilevoir,  est  cantonné  dans  une  famille  de  province,  où  se  trouve  la  a  Magde- 
leine.  »  qui  donne  son  nom  au  volume.  Entre  lui  et  ses  hôtesses  s'échan- 
gent des  vues  sur  mille  sujets  et  l'influence  un  peu  austère,  mais  bien- 
faisante, du  philosophe  soldat  laisse  sur  ses  jeunes  amies  une  empreinte 
profonde,  rendue  encore  plus  durable  par  sa  mort  héroïque  au  champ 
(i'iionneur.  Bien  écrit,  ce  livre  renferme  des  idées  saines  et  justes 

Comtesse  de  Courson. 


I^"<>r»|anisation  de  la  démocratie,  par  Probus.  Paris.  Bossard,   I!jl9,  in  16 
di;  44  p.  —  Prix  :  1  fr.  -20. 

Reprenant  et  résumant  des  idées  exposées  en  de  précédents  ouvrages 
{La  plus  Grande  France  (1916)  et  Construire  flOlS)).  des  idées  dont  plusieurs 
font  leur  chemin  et  que  propagent  aussi  des  initiatives  parallèles  à  la 
sienne,  Probus  nous  presse  de  nous  unir,  au-dessus  des  partis,  pour  assu- 
rer à  la  patrie  les  conditions  indispensables  à  sa  vitalité.  Rapprochement 
des  syndicats  ouvriers  et  des  syndicats  patronaux  en  des  conseils  mixtes, 
réfection  méthodique  de  l'outillage  national  ;  relèvement  de  la  natalité, 
lépression  de  l'alcoolisme,  réformes  politiques  nous  donnant  un  pouvoir 
exécutif  pkis  fort  et  un  pouvoir  judiciaire  indépendant,  reconnaissance  et 
alfrancliissement  de  nos  régions,  voilà  les  principaux  articles  de  ce  pro- 
gramme d'organisation  française,  d'ordre  français.  Pour  le  faire  triom- 
plier,  l'auteur  croit  pouvoir  trouver  appui  chez  tous  les  patriotes,  même 
fhez  les  partisans  du  collectivisme  absolu,  pourvu  que  ceux-ci  ne  soient 
;  point  des  réalisateurs  par  trop  pressés.  Baron  Angot  des  Rotours. 


—  2i6  — 


CHRONIQUE 


Nécrologie.  —  Le  Polybiblion  ressent  vivement  la  perte  qu'il  vient 
d'éprouver  par  la  mort  de  M.  Joseph  Rambaud,  l'éminent  professeur  an\ 
Facultés  catholiques  de  Lyon  qui,  à  la  mort  du  regretté  Claudio  Jannet 
(1894),  avait  assumé  dans  notre  revue  la  tâche  de  lendre  compte  des 
ouvrages  d'économie  politique.  INéà  Lyon,  le  iH  août  1841),  M.  Joseph  Ram- 
baud couronna  de  bonnes  éludes  classiques  par  l'oblention  de  la  licence 
ès-lettres.  Puis  il  se  tourna  vers  l'étude  du  droit,  se  fit  recevoir  docteur, 
devint  professeur  aux  Facultés  catholiques  de  Lyon  dès  l'origine  et  donna 
tous  ses  soins  à  la  science  économique.  Tenant  de  l'école  classique,  il  se 
montrait  sévère  el  parfois  assez  âpre  dans  la  discussion  des  travaux  de  ses 
adversaires.  Il  avait  notamment  une  antipathie  non  dissimulée,  el  que  nos 
lecteurs  ont  pu  remarquer,  pour  les  doctrines  des  calholiques  sociaux. 
ISous  citerons  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  L'Aumône  et  le  ralionalistne 
économique  (Lyon,  1889,  in-8)  ;  —  La  Banqueroute  de  l'ancien  régime  de  17(KJ 
à  1789  (Lyon,  1890,  in-8)  ;  —  Sommaire  délaillé  du  cours  d'économie  politique 
(Lyon,  1892,  in-8)  ;  —  Traité  élémentaire  raisonné  d'écononne  politique  {\:'ariè, 
1892.  in-18)  ;  — Histoire  des  doctrines  économiques  (Paris,  1899,  2  vol.  in-8  ; 
3'  éd.  en  1909)  ;  —  Christianisme  el  solidarité  (Lyon,  1906,  in-8)  ;  —  Le 
Droit  criminel   romain  dans  les  actes  des  martyrs  (Lyon,  1907,  in-8) 

—  M.  Adrien  Mithouard  est  mort  le  30  mars  à  Paris  ;  et  celle  mort  n'est 
pas  seulement  un  deuil  pour  le  conseil  municipal  qu'il  présidait  et  pour  la 
cité  qu'il  administrait  avec  tant  de  zèle  et  de  compétence,  mais  aussi  pour 
les  lettres  françaises  et  pour  la  pensée  chrétienne  :  car  c'est  précisément 
parce  qu'il  était  un  homme  de  foi  solide  et  aux  convictions  ardentes  et 
profondes,  qu'il  se  donnait  tout  entier  à  l'exercice  de  ses  fonctions.  Né  à 
Paris,  le  18  janvier  1864,  M.  Adrien  Mithouard  fit  de  brillantes  éludes  lit- 
téraires qu'il  couronna  en  demandant  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris  les 
notions  juridiques  qui  devaient  lui  servir  dans  ses  futures  fonctions.  C'est 
en  1898  qu'il  brigua  le  mandat  de  conseiller  municipal  dans  le  quartier 
de  l'Ecole  militaire,  et  il  acquit  au  conseil,  par  sa  courtoisie  comme  par  sa 
diligence  pour  toutes  les  affaires  qui  lui  furent  confiées,  une  place  bientôt 
prépondérante.  Et  c'est  ainsi  qu'il  devint  président  de  cette  assemblée  en 
1914  et  fut  depuis  maintenu  à  ces  hautes  fonctions  par  l'eslime  de  ses  col- 
lègues. Cràce  à  sa  tournure  d'esprit  très  littéraire,  lesdiscours  qu'il  eut  occa- 
sion de  prononcer  en  diverses  circonstances,  au  nom  de  la  ville  de  Paris, 
étaient  extrêmementgoûtés.  Dès  le  débutdela  guerre,  il  sedévoua  à  ladéfensc 
des  intérêts  de  la  grande  cité,  et  notamment  aux  questions  de  ravitaillement 
et  le  surmenage  auquel  il  se  livra  dans  ces  conjonctures  pénibles  détermina 
la  maladie  qui  le  conduisit  à  la  mort.  Son  beau  talent,  qui  s'était  aflirméde 
bonne  heure  par  des  publications  remarquées  de  la  critique  et  goûtées  du 
public,  l'avait  poussé  à  briguer  un  fauteuil  à  l'Académie  française  ;  et 
l'accueil  honorable  fait  une  première  fois  à  sa  candidature  lui  laissait  de 
légitimes  espérances.  Nous  citerons  de  lui  :  Bigalume  (Paris.  1888,  in-16)  ; 
—  Liécital  mysti<iue  (Paris,  1893,  in-18)  ;  —  L'Iris  exaspéré  (Paris,  lS!».'i. 
in-12)  ;  —  Les  Impossibles  Noces.  Les  Deux  l'ouïes.  La  Complète  de  l'aube 
(Paris,  1896,  in-12)  ;  —  Le  Tourment  de  l'unité  (Paris.  1901.  in-lS)  ;  —  La 
Coupole  de  Notre-Dame  de  C««« (Paris,  1902,  in-16)  ;  —  Les  Frères  niarcheitrs  - 
(Paris.  1902,  gr.  in-8)  ;  —  Traité  de  l'Occident  (Paris,  1904,  in-16)  ;  —  La 
Perdition  de  la  Bièvre  (Paris,  1906,  in-18);  —  Les  Pas  sur  fa  terre  (Paris.  . 
1908, in-lG)  ;  —  Les Marcltes  de  l'Occident  :  Venise,  Grenade  (Paiis,  1910.  in-12). . 


—  217   - 

—  M.  Charles  Moiuce,  qui  vient  de  mourir  à  Menton,  fut  une  des  per- 
sonnalités les  plus  éminentes  du  mouvement  symboliste.  Né  à  Saint-Étienne 
en  1863.  il  vint  à  Paris  pour  se  livrer  aux  éludes  littéraires,  se  lia  bientôt 
avec  Verlaine  et  Mallarmé  et  publia  en  1890  un  livre  de  critique  :  La  Lit- 
térature de  tout  à  l'heure,  qui  fut  extrêmement  remarqué,  particulièrement 
de  M.  Jules  Huret  qui  ouvrit  alors  une  enquête  sur  1'  «  Évolution  litté- 
raire. »  M.  Morice  fit  dès  lors  de  la  critique  littéraire  qu'il  étendit  aux  arts 
et  fut  pendant  de  longues  années  le  critique  artistique  du  Mercure  de 
France.  Il  a  publié  A'oa-A'oa  en  collaboration  avec  M.  Gauguin  et  des  tra- 
ductions do  Dostoïewsky  avec  Halpérine  Kaminski.  Il  a  aussi  publié  un 
ouvrage  sur  Eugène  Carrière  et  fait  paraître  des  études  très  remarquables 
sur  l'art  de  nos  cathédrales.  Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie  il  s'était 
singulièrement  rapproché  des  croyances  catholiques  ;  il  écrivit  alors:  Hesl 
ressuscité  (Paris,  1911,  in-16)  et  Raisons  de  croire.  Cette  année  il  avait  fait  à 
l'Institut  catholique  toute  une  série  de  conférences  sur  la  renaissance  de 
l'art  religieux.  On  peut  citer  de  lui  :  Paul  Verlaine  (Paris,  1887,  in-12)  ;  — 
Demain.  Question  d'esthétique  (Paris,  1887,  in-18)  ;  —  La  Littérature  de  tout 
à  r/zeure  (Paris,  1889,  in-16);—  Chérubin,  drame  {PaT\s,  1891,  in-8)  ;  — 
Portrait  d'un  prochain  siècZe  (Paris,  1894,  in-12)  ;  —  Opinions  (Paris,  1895, 
in-18)  ;  —  Paris-Almanach.  Sagot  (Paris,  1896,  in-18)  ;  —  L'Alliance  franco- 
russe  (Bruxelles,  1897,  in-8)  ;  —  Almanach  de  prose  et  de  vers  pour  1897 
(Paris,  1897,  in-18)  ;  —  L'Esprit  belge  (Paris,  1898,  in-12)  ;  —  Du  Sens  reli- 
gieux de  la  poésie.  Sur  le  mot  poésie.  Le  Principe  social  de  la  beauté  (Paris, 
1898.  in-8);  —  Paul  Bovy.  Un  peintre  de  la  montagne  (Genève,  1899)  :  —  Le 
Christ  de  Carrière  (Bruxelles,  1899)  :  —  Rodin.  Flo  (1899)  ;  —  Le  Rêve  de 
vivre  (1900)  ;  —  Les  Textes  de  Rabelais  et  la  Critique  contemporaine  (Poi- 
tiers, 1905)  ;  —  Eugène  Carrière,  2'  édition  (Paris,  1906,  in-18)  ;  —  Pour- 
quoi et  comment  visiter  les  musées  (Paris,  1910.  in-8)  ;  —  Œuvres  complètes 
de  Paul  Verlaine  (Paris,  1911,  in-8)  :  —  Théodore  de  Banville.  Choix  de 
poésies  (Paris,  1912,  in-18). 

—  La  mort  de  M.  le  professeur  Raphaël  Blanchard  est  une  perte  consi- 
dérable pour  la  science'  française.  Né  à  Saint-Christophe  (Indre-et-Loire), 
le  29  février  1857,  d'une  famille  illustrée  par  le  célèbre  aéronaute  Pierre 
Blanchard,  Raphaël-Anatole-Émile  Blanchard  fit  ses  études  aux  lycées  de 
Vendôme  et  d'Alençon.  Préparateur  de  physiologie,  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Paris,  d'abord  de  Georges  Pouchet.  puis  de  Paul  Bert  (1878-1883).  en 
même  temps  qu'il  exerçait  à  l'Institut  agronomique  les  fonctions  de  répéti- 
teur de  physiologie  (1879-1S95),  il  prit  en  1880  son  doctorat  en  médecine. 
La  science  et  les  hautes  qualités  qu'il  manifestait  dans  ses  fonctions  le  firent 
appeler  en  1883  à  succéder  à  Bâillon  dans  la  chaire  d'histoire  naturelle  de 
la  Faculté  de  médecine,  à  titre  de  professeur  agrégé  ;  il  fut  titularisé  en 
1895  et  en  1907  il  fit  transformer  la  chaire  en  chaire  de  parasitologie.  Il 
s'était  acquis  en  effet  une  compétence  toute  particulière  et  la  plus  belle 
notoriété  par  ses  travaux  de  parasitologie  humaine.  Son  activité  débor- 
dante ne  négligeait  aucun  moyen  de  promouvoir  les  études  qui  lui  étaient 
chères  :  il  n'avait  pas  vingt  ans  quand  il  fut  l'un  des  fondateurs  de  la  So- 
ciété zoologique,  dont  il  devint  secrétaire  (1879),  puis  secrétaire  général 
(1880-1902),  à  laquelle  il  se  dévoua  sans  compter  et  qui  lui  doit  d'avoir  pu 
traverser  des  crises  dilïîciles  et  d'être  arrivée  à  un  haut  degré  de  prospérité. 
Il  fut  aussi  parmi  les  fondateurs  de  la  Société  de  spéléologie  (1894),  de  la 
Société  d'histoire  de  la  médecine  (1902),  de  l'Institut  de  médecine  coloniale 
(1912).  C'est  à  son  impulsion  qu'est  due  l'organisation   des   Congrès  inter- 


—  218  — 

nationaux  de  zoologie  (1899)  et  il  demeura  le  secrétaire  général  du  Co- 
mité permanent  de  ces  congrès.  Sa  courtoisie  et  ses  connaissances  lin- 
guistiques qui  lui  rendaient  facile  de  s'exprimer  dans  la  plupart  des 
langues  européennes  lui  ont  permis  d'exercer  dans  les  congrès  une 
grande  influence  pour  le  plus  grand  bien  de  la  science  française.  I/.\ca- 
démie  de  médecine,  qui  l'avait  appelé  en  1894  à  siéger  parmi  ses  membres, 
lui  avait  confié  en  1911  les  fonctions  de  secrétaire  perpétuel.  Le  Dr  Blan- 
chard collaborait  à  de  nombreux  recueils  scientifiques  et  la  liste  de  ses 
publications  est  fort  longue.  Nous  citerons  ici  les  suivantes  :  De  l'Anesthê- 
sie  par  le  proloxyde  d'azole  d'après  la  méthode  de  Paul  Berl  (Paris,  1880, 
in-8)  ;  —  Les  Universilés  allemandes  (Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Les  Coccides 
utiles  (Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Éléments  de  zoologie  par  Paul  Bert...  et  R. 
Blanchard  (Paris,  1885.  in-16)  ;  —  Traité  de  zoologie  médicale.  T.  [.  Proto- 
zoaires, histoire  de  l'œuf,  cœlentérés,  échinodermes,  vers...  (Paris,  1889.  in-8)  : 
—  Les  Animaux  parasites  introduits  par  l'eau  dans  l'organisme  (Paris,  1890, 
in-8)  ;  —  Congrès  inierimtional  de  zoologie.  Paris,  8-10  août  1889.  Documents 
relatifs  à  la  nomenclature  des  êtres  organisés  (Paris,  1890,  in-8)  ;  —  Congrès 
international  de  zoologie  tenu  à  Paris  du  5  au  10  août  1889.  Compte  rendu  soni- 
maire  (Paris.  1890,  in-8)  ;  —  Histoire  zoologiqne  et  médicale  des  léniadés  du 
genre  Hymenolepis  Weinland  (Paris,  1891,  in-8); — Sur  les  végétaux  parasites 
non  microbiens  transmissibles  des  animaux  à  l'homme  et  réciproquement  (Paris, 
1892.  in-8)  ;  —  Revision  des  hirudinées  du  musée  de  Dresde  (Berlin.  1894, 
in-fol.j  ;  —  L'Art  populaire  dans  le  Briançonnais.  Les  Cadrans  solaires  (Pa- 
ris, 1895,  in-8)  ;  —  Règles  de  la  nomenclature  des  êtres  organisés  (Paris, 
1895,  in-8)  ;  —  I^es  Hématozoaires  de  l'homn\e  et  des  animaux,  par  les  D" 
Laveran  et  Blanchard  (Paris.  1895.  2  vol.  in-10)  ;  —  La  Claque  des  oiseaux 
(Sarcopsylla  gallinacea  Westirood  (Paris,  1897,  in-8)  ;  —  Hirudinées  des  Indes 
néerlandaises  (Lciden,  1897.  in-4)  ;  —  Quelques  cas  anciens  d'aclinomycose 
(Paris,  1899.  in-8)  ;  -  Archives  de  parasilologie.  T.  I.  (-IV),  1898  (-1901) 
Paris,  in-8)  ;  —  Les  Coccides  et  leur  rôle  pathogène  (Paris,  1900,  in-8)  ;  — 
Instructions  à  l'usage  des  médecins,  des  naturalistes  et  des  voyageurs,  rédigées 
au  nom  de  la  Commission  du  paludisme  (Paris,  1900,  in-8)  ;  —  Notes  histo- 
riques sur  la  peste  (Paris,  1990,  in-8)  ;  —  Transmission  de  la  filariose  par  les 
moustiques  (Paris.  1900.  in-8)  ;  — A  propos  de  l'élépliantiasis  du  scrolnni  (Paris, 
1901.  in-8)  ;  —  Les  Moustiques  de  Paris,  leurs  nicj'ails.  mesures  de  préserva- 
tion (Paris.  1901,  in-8)  ;  —  Notes  sur  les  ténias  noirs  (Paris,  1901,  in-8;  ;  — 
Congrès  international  de  médecine.  Section  de  bactériologie  et  de  parasilologie. 
(Compte  rendu  (Paris,  1901,  in-8)  ;  — L'Institut  de  médecine  coloniale.  Histoire 
de  sa  fondation  (Paris.  1902.  in-8)  ;  —  Madagascar  au  débul  du  xx'  siècle.  Cli- 
mat, hygiène,  maladies  (Paris,  1902,  in-8)  ;  —  Nouvelles  observations  sur  le  pseu- 
do-parasitisme des  myriapodes  chez  l'homme  (Paris,  1902,  in-8)  ;  —  Sur  la  pi- 
(jùre  de  quelques  hémiptères  TParis,  1902.  in-8);  —  Les  Moustiques,  histoire 
iialarelle  médicale  (Paris,  190"),  in-8)  ;  —  Règles  internationales  de  la  nomen- 
clature zoologique  adoptée  par  les  con(jrès  internationaux  de  zoologie  {Vi\r'\», 
1905.  in-8)  ;  — -  Glossaire  allemand-français  des  termes  d'aimtomie  et  de 
:oologie  (Paris,  1908,  in-8)  ;  —  L'Insecte  et  l'infection,  histoire  nalurelte  et 
médicale  des  artliropodes  pathogènes  (Paris.  1909,  in-8)  ;  —  La  Mimopitonie, 
son  râle  dans  la  fornialion  des  langues  (Paris.  I!)|4,  in-8);  —  Epigrapltic  n)ê- 
dicale.  Corpus  inscrq)tionum  ad  medicinum  biologuunque  spectantium  ;  t.  I. 
(Paris,  1915.  in-8)  i  —  La  Lutte  contre  la  moHc/ie  (Paris.  lOl.i,  in-8)  ;  —  La 
Lutte  coidre  les  pou.T  (Paris,  1915.  in-S)  :  —  Instruction  pour  l'hygiène  et  la 
désinfection  en  lenq)s  di' guerre  (Paris,  1915,  iri-8). 


—  219  — 

—  Les  sciences  médicales  ont  encore  fait  en  France  trois  perles  particu- 
lièrement douloureuses  par  la  mort  de  MM.  les  D"  Hallopeau.  Ctiantemesse 
et  Choquet.  M.  le  D'  François  Hai.i-opeau.  qui  est  mort  à  Paris  le  23  mars, 
•ëtait  un  des  plus  éminents  représentants  en  France  de  la  dermatologie.  Né 
aux  Airelles,  en  Haute-Savoie,  le  17  janvier  1842,  il  fit  au  lycée  Bonaparte 
à  Paris  de  bonnes  études  après  lesquelles  il  se  consacra  à  la  médecine.  .Sa 
thèse  de  doctorat  (1871)  portait  sur  les  accidents  convulsifs  dans  les  mala- 
dies de  la  moelle  épinière  ;  4  ans  plus  tard  (1875)  il  se  faisait  recevoir 
agrégé  avec  une  thèse  sur  les  paralysies  bulbaires.  Nommé  médecin  des 
hôpitaux  en  1877.  il  devint  en  1880  médecin  de  Ihôpital  Tenon,  d'où  il 
passa  en  1881  à  Ihôpital  Saint-Antoine  et  de  là  en  1884  à  Ihôpital  Saint- 
Louis,  où  il  se  livra  tout  entier  aux  travaux  dermatologiques  qui  ont  fait 
sa  gloire,  et  où  il  donna  un  enseignement  clinique  des  plus  suivis  et  des 
plus  appréciés.  Longtemps  secrétaire  général  de  la  Société  de  dermatologie 
et  de  syphiligraphie.  il  en  devint  plus  tard  vice-président.  11  joua  égale- 
ment un  rôle  considérable  dans  les  congrès  spéciaux  et  dans  les  sections 
•dermatologiques  des  congrès  médicaux.  L'Académie  de  médecine  lui  avait 
■donné  (1803)  l'un  de  ses  fauteuils  ;  et  nombre  de  sociétés  tant  de  France 
•que  de  l'étranger  s'étaient  fait  un  honneur  de  le  compter  parmi  leurs 
membres.  De  ses  multiples  publications,  dont  la  plupart  ont  paru  dans  les 
revues  spéciales,  nous  ne  retiendrons  ici  que  les  suivantes  :  Des  Accidents 
convulsifs  dans  les  maladies  de  la  moelle  épinière  (Paris.  1871,  in-8)  ;  —  Con- 
Iribation  à  Véliide  de  la  sclérose  diffuse  péry-épendymaire  (Paris,  1870.  in-8)  ; 

—  Élude  sur  les  myélites  chroniques  diffuses  (Paris.  1871,  in-8)  :  —  UUectine, 
<iu  006  dans  le  traitement  abortif  de  la  syphilis  (Paris,  s.  d.,  in-8)  ;  —  Du 
Mercure,  action  physiologique  et  thérapeutique  (Paris,  1878,  in-8)  ;  — Du  Trai- 

:ienient  de  iérysipèle  par  le  salycilate  de  soude  ad  ministri  intus  et  extra...  (Va- 
•ris,  1881,  in-8)  :  —  Du    Traitement  de  la  fièvre   typhoïde  par  le  caloniel,  le 

salycilate  de  soude  et  le  sulfate  de  quinine  (Paris,  s.  d..  in-8)  :  —  Traite  élé- 
.mentaire  de  pathologie  générale  comprenant  la  pathogénie  et  la  physiologie 
.pathologique  i  Paris.  1884,  in-8)  ;  —  Leçons  sur  les  maladies  cutanées  et  syphi- 
litiques. Les  Xaevi  (Paris.  1891,  in-18)  :  —  Sur  les  rapports  de  lu  tuberculose 

arec  les  maladies  de  la  peau  autres  que  le  lupus  vulgaire  (Paris,  1896.  in-8)  : 

—  Les  Lépreux  à  Paris  i  communication  à  la  Conférence  pour  l'étude  de  la 
lèpre.  Berlin,  octobre  1897).  (Paris.  1897,  in-8)  ;  —  Les  Toxines  en  dermatolo- 

•  gie.  Communication  au  Congrès  international  de  médecine  (Moscou,  août  1897) 
-.(Paris.  1897,  in-8)  :  —  Traité  pratique  de  dermatologie  (Paris.  1900,  in-8)  ; 

—  Principes  fondamentaux  du  traitement  de  la  syphilis  (Paris.  1904.  in-8)  :  — 
.De  la  spécificité  en  dermatologie   (Clermont.  in-S)  ;  —   Les  Substances  toxi- 
ques et   immunisantes  dans   la   syphilis   (Paris.  1904,  in-8)  ;  —  Proliférations 
locales  in  sua  et  à  distance  de  l'agent  infectieux  de  la  syphilis  pendant  toute  la 

■durée  de  son  évolution.  Communication  au  Congrès  de  médecine  de  Liège  (Cler- 
mont. 1903,  in-8)  ;  —  Le  Traitement  abortif  de  la  syphilis  'Paris.  1911,  in-8)  ; 

—  Traité  de  la  syphilis  (en  collaboration  avec  C.  Fouquet)  (Paris,  1911,  in-8). 
—  M.  le  D"^  André  Chantemesse  appartenait  aussi  à  l'Académie  de  méde- 

•cine  où  il  avait  été  élu  en  1901.  Né  au  Puy,  le  13  octobre  1831,  c'est  au 
lycée  de  sa  ville  natale  qu'il  avait  fait  ses  études  classiques.  Docteur  de  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris  en  1884  avec  une  thèse  sur  la  méningite 
tuberculeuse  de  l'adulte,  il  fit  porter  principalement  ses  recherches  sur  les 
questions  d'hygiène  et  il  y  acquit  assez  de  notoriété  pour  être  désigné 
en  1894  comme  chef  de  la  délégation  française  au  Congrès  international 
d'hygiène  de  Budapest.  Professeur  de  pathologie  comparée  expérimentale 


-    220  — 

à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  depuis  1896,  il  fut  appelé  en  1903  à  I.i 
chaire  d'hygiène  en  remplacement  du  D"  Proust.  Nous  cilerons  de  lui  les 
ouvrages  suivants  :  Elude  sur  In  nténingile  tuberculeuse  de  l'adulte,  lesforuies  • 
anormales  en  ixuiiculier  (Paris,  1884,  in-8)  ;  — Fièvre  typhoïde  (dans  le  Truite- 
de  médecine  publié  sous  la  direction  de  Charcol.  Bouchard  et  lirissaud> 
(Paris,  1891,  in-8)  ;  —  Pathologie  ijénérale  el  expérimentale.  Les  Processus 
généraux  (Paris,  1901-1905,  2  vol.  gr.  in-8)  ;  —  Les  Actualités  médicales. 
Mouches  el  choléra,  en  collaboration  avec  le  D"^  Frédéric  Borel  (Paris,  190(5, 
in-16)  ;  —  Mouches  et  fièvre  jaune  (Paris,  1906,  in-16),  avec  le  même  ;  — 
Hygiène  internationale  :  frontière  et  prophylaxie  (Paris,  1907,  in-8),  avec  le 
même  ;  —  Traité  d'hygiène  maritime  (Paris,  1909,  in-8),  avec  les  D"  Boitl 
et  Dupuy  ;  —  Pleurésies  tuberculeuses  (Paris,  1913,  in-16),  avec  le  D'  Cour- 
coux. 

—  M.  le  Dr  Chaput,  qui  est  mort  le  27  février,  n'appartenait  ni  à  l'Aca- 
-démie  ni  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  mais  il  s'était  acquis  une  haute 

réputation  comme  chirurgien  de  l'hôpital  Lariboisière.  Né  à  Tonnerie, 
en  1857,  c'est  à  Paris  que  M.  Henri  Chaput  poursuivit  ses  études  médicales. 
Interne  des  hôpitaux  (1881-1884),  prosecteur  à  la  Faculté  (1885-1888),  il  fut 
nommé  en  1888  chirurgien  des  hôpitaux  et  fut,  de  1889  à  1895,  l'assis- 
tant du  Dr  Terrillon.  C'est  alors  qu'il  devint  chirurgien  de  Lariboisière. 
C'est  surtout  dans  les  questions  relatives  à  la  chirurgie  de  l'estomac  et  d<» 
rintestin  qu'il  avait  ac(juis  une  compétence  particulière.  Parmi  les  travaux 
dûs  à  sa  plume  savante,  nous  devons  citer  :  La  Suture  des  nerfs  (Paris, 
1884.  in-8)  ;  —  De  t Entéro-anaslomose.  ou  opération  de  Maisonneuve,  procédés 
opératoires,  indications,  résultats  (Paris,  1891,  in-8)  ;  —  Technique  et  indica- 
tions des  opérations  sur  V intestin,  l'estomac  et  les  voie  biliaires  (Paris,  1892,. 
in-18)  ;  —  Asepsie  el  antisepsie  chirurgicales  en  collaboration  avec  le  D' Terril- 
Ion  (Paris,  1893,  in-18)  ;  —  Les  Conditions  de  succès  des  grandes  opérations 
sur  l'intestin  (Paris,  1893,  in-8)  ;  —  Thérapeutique  chirurgicale  des  affections 
de  rintestin,  du  rectum  et  du  péritoine  (Paris.  1896,  in-18)  ;  —  Les  Différents 
Procédés  d'anesthésie  chirurgicale  féther,  chloroforme,  chloréthyle.  cocn'ine  lo- 
cale et  lombaire  (Paris,  1902,  in-8)  ;  —  Les  Fractions  matléolaires  du  cou-de- 
pied  et  les  accidents  du  travail  (Paris,  1908,  in-Ki). 

—  Ce  n'est  pas  seulement  le  Parlement,  où   il   soutint  les   causes  juste:»-- 
avec  autant  de  lucidité  dans  la  pensée  et  dans  l'expression  que  de  fermeté  • 
dans  la  discussion,  mais  c'est  le  monde  économique  et  juridique  qui  est 
éprouvé  par  la  mort  de  M.  Paul  Bkaurkgauu,  mort  le  23  mars,  à  Paris.  Né 
au  Havre,  le  13  octobre  1853,  il  se  fit  recevoir  docteur  en  droit  à  la  Faculté- 
de  Paris  (1875).  A   23   ans,  il   devenait  agrégé.  Après  avoir   professé  à  la 
Faculté  de  Douai,  il  fut  appelé  à  celle  de  Paris.  11  enseigna  aussi  au  Con- 
servatoire des  arts  et  métiers.  C'est  surtout  comme  économiste  qu'il  se  lit 
connaître.  Il  avait  fondé  en   1891    le  Monde  économique.  Il  était  député   de 
Paris  depuis  1S98.  Voici  la  liste  de  ses  principaux  ouvrages  :  Du  Paieuu-id 
avec  subrogation,  ses  origines  en  droit  romain,  sa  nature  el  ses  effets  dans  le 
droit  français.  Thèse  pour  le  doctorat  (Paris.  1876,  in-8)  ;  —  Essai  sur  la 
théorie  ilu  sa/aire,  la  main-d'œuvre  et  son  prix  (Paris,  1887,  in-8)  ;  —  Elêmenls- 
d'économie  politique  (Paris.  1889,  in-16)  ;  —  La  Théorie  de  ta  rente  foncière, 
en  collaboration  avec  M.  Coste  (Paris.  1891,  in-8)  ;  —  Le  Monde  rconomùiutf 
CParis,  1891  et  s.,  in-fol.)  ;  —  La  Question  des  associ<dions  (Paris,  1892,  in-«S)  ; 
—  (Conférence  faite  au  Havre  le  10  octobre  189',)  sur   la   défense  du  commerce^ 
français  d'exportation  (Paris,  1900,  in-8)  ;  —  iSotice  sur  la  vie  el  les  IravaiLe-- 
de  M.  Clément  Juglar  (Paris,  1908,  in-4). 


221   

—  Un  jurisconsulte  éminent,  M.  Ernest  LEim,  est  mort   à   Lausanne  In 
:^8  février.  Né  à  Saint-Dié,  dans  les  Vosges,  en  1835,  il  exerçait  à  Strasbourg 

les  fonctions  d'avocat  quand  éclata  la  guerre  de  1870.  Il  prit  part  à  la 
«défense  de  la  cité  alsacienne  comme  commandant  de  la  garde  nationale  et 
'quand  Strasbourg  eut  capitulé,  il  se  retira  en  Suisse.  C'est  ainsi  qu'il  fut 
itttaché  à  l'Université  de  Lausanne  où  il  occupa  jusqu'en  1884  la  chaire  de 
législation  comparée.  Il  renonça  alors  à  l'enseignement  pour  se  consacrer  à 
ses  travaux  juridiques.  Tl  devint  en  1892  le  secrétaire  de  l'Institut  de  droit 
'international.  Nous  citerons  de  lui  :  MnUiieu  Zoll,  le  premier  pasteur  évan- 
()êlique  de  Strasbourg  (tU77-l;)^8)  et  sa  femme  Catherine  Schutz  (Paris,  1861, 
iri-12)  ;  —  Voyages  et  découvertes  dans  la  maison  et  aux  alentours,  traduit  de 
Hcrmann  Wagner  (Paris,  1866.  4  vol.  in-12)  ;  —  Études  sur  l'fiisloire  et  la 
généalogie  de  quelques-unes  des  principales  maisons  souveraines  de  l'Europe 
^ Paris,  1866,  in-4)  ;  —  Dictionnaire  d'administration  ecclésiastique  (Paris, 
1869,  in-8)  ;  —  L'Alsace  noble  (Paris,  1870,  3  vol.  in-4)  ;  —  Les  Écus  de  cinq 
francs  au  point  de  vue  de  la  numismatique  et  de  l'histoire  (Paris,  1870,  iii-8)  ; 

—  Mélanges  de  littérature  et  d'histoire  alsacienne  (Strasbourg,    1870.  in-8)  ; 

—  Scènes  de  mœurs  et  récils  de  voyages  dans  les  cinq  parties  du  monde  (Paris, 
'1870-1873,  4  vol.  in-8)  ;  — Élénients  de  droit  civil  germanique  (Lausanne,  1873, 
•  tn-8)  ;  —  Essai  sur  la  numismatique  suisse  (Lausanne,  1875,  in-8)  ;  — La  IS'ou- 

velle  Organisation  judiciaire  de  la  Russie  (Paris,  1875,  in-8)  ;  —  Des  Divers 
Régimes  hypothécaires  de  la  Suisse  (Genève,  1876,  in-8):  —  La  Nouvelle  Légis- 
iation  pénale  de  Russie  (Paris,  1876,  in-8)  ;  —  Éléments  du  droit  civil  russe 
(Paris,  1877-1890,  2  vol.  in-8)  ;  —  De  l'Institution  du  notariat  dans  l'empire 
'^russe  (Lausanne,  1877,  in-8)  ;  — Éléntenls  de  droit  civil  espagnol  (Paris,  1880- 
'1890,  in-8)  ;  —  Éléments  de  droit  civil  anglais  (Paris,  1885-1899,  2  vol.  in-8)  ; 

—  Les  Nouveaux  Projets  de  code  pénal  espagnol  de  ISS^t  et  1885  (Paris,  1886. 
•gr.  in-8)  ;  —  Répertoire  général  alphabétique  du  droit  français,  avec  Fuzier- 
Herman  (Paris,  1886.  et  su;v..  in-4)  ;  —  Cours  de  droit  international  public, 
'de  A.  Âlcorta,  édition  française  (Paris,  1887  et  suiv.,  3  vol.  in-8)  ;  — 
Manuel  des  actes  de  l'état  civil  en  droit  français  et  étranger,  avec  J.  Crépon. 
{Paris,  1887,  in-12)  ;  — Numismatique  de  l'Alsace,  avec  A.  Engel  (Paris,  1887, 
in-4)  ;  —  Principes  de  la  politique,  traduits  de  F.  Holtzendorf  (Hambourg. 
1887,  in-8)  ;  —  Code  de  commerce  portugais  de  1888.  traduit  (Paris,  1889, 
in-8)  ;  —  Le  Nouveau  Droit  pénal  portugais  (Paris,  1888,  gr.  in-8)  ;  —  Le  Nou- 
veau Code  de  commerce  portugais  (Paris.  1888,  in-8)  ;  —  Manuel  théorique  et 
pratique  des  agents   diplomatiques  et  consulaires  (Paris,  1888,  in-12)  ;  —  Code 

■eivil  du  canton  de  Zurich,  traduit  et  annoté  (Paris,  1891,  in-8)  ;  —  Traité  élé- 
mentaire de  droit  civil  germanique  (Par'is,  1892.  2  vol.  in-8)  ;  —  Tableau  géné- 
ral de  l'organisalioh  des  travaux  et  du  personnel  de  l'Institut  de  droit  internatio- 
nal (Paris.  1893.  in-8)  ;  —  Les  Monnaies  des  landgraves  autrichiens  de  la  Haute- 
Alsace  (Paris,  1896,  gr.  in-8)  ;  —  Le  Mariage,  le  divorce  et  la  séparation  de 
■^orps  dans  les  principaux  États  civilisés  (Paris,  1899,  in-8)  ;  —  Éléments  de 
•droit  civil  Scandinave  (Paris,  1901.  in-8)  ;  —  Éludes  sur  le  droit  civil  des  Élats- 
'  (mis  de  l'Amérique  du  nord  (Paris.  1906,  in-8)  ; —  La  Nationalité  dans  les 
jtrincipaux  États  du  globe  (Paris,  1909,  in-8). 

—  Un  értiinent  chimiste  français,  M.  Jean-Jacques-Théophile  Schlcesing. 
■est  mort  à  Paris,  le  13  février.  Né  à  Marseille,  le  9  février  1824,  il  devint 
■dès  1841  élève  de  l'École  polytechnique.  Après  être  entré  dans  l'adminis- 
tration des  tabacs,  il  devint  directeur  de  l'École  d  application  annexée  à  fti 
Manufacture.  Il  fut  plus  tard   également  pourvu  de  chaires  au  Conserva- 

'toire  des  arts  et  métiers  et  à  l'Institut  agronomique,  ce  qui  explique  le  genre 


é 


ooo 


de  ses  travaux  qui  regardent  surtout  l'application  de  la  chimie  à  l'agricul- 
ture et  remploi  des  engrais.  L'Académie  des  sciences  l'avait  appelé  en  '\S%t 
à  venir  occuper  le  fauteuil  vacant  par  la  mort  de  Decaisne.  Parmi  ses  mul- 
tiples publications  nous  citerons  ici  dans  les  Annales,  de  chimie  :  La  Nicotine 
(1841)  ;  —  Dosaye  de  i ammoniaque  (1851)  ;  —  Fabrication  du  carbonate  de 
sonde  (1868),  avec  M.  Rolland  ;  —  Terre  végétale  (1874)  ;  —  dans  les  Comptes 
rendu  de  l'Académie  des  sciences  :  Le  Tabac  (1860)  ;  —  Dosage  de  l'acide 
phosphorique  (1864-1867  et  1868)  ;  —  Production  de  températures  élevées  par 
le  gaz  d'éclairage  et  l'air  (1865-1866)  ;  —  Constitution  des  argiles  (1874)  ;  — 
Échange  d'ammoniaque  entre  les  eaux,  l'atmosphère  et  les  continents  (1875  et 
•1876)  ;  —  Absorption  de  corps  volatils  à  l'aide  de  la  chaleur  (1882)  ;  — 
Influence  de  la  tempéralure   sur  l'hygroscopicité  de  la   terre   végétale  (1884)  ; 

—  Industrie  de  la  magnésie  (1885)  ;  —  Ammoniaque  dans  les  sols  (1886)  ;  — 
Dosage  de  l'ammoniaque  (1886)  ;  —  Ftelation  de  l'atmosphère  avec  la  terre  végé- 
tale (1888  et  1889)  ;  —  Absorption  de  l'ammoinaque  de  /'atmosphère  par  ta 
terre  végétale  (1890)  ;  -^  Congélation  de  la  viande  par  les  liquides  froids  (1890)  ; 

—  Influence  de  la  répartition  des  engrais  dans  le  sol  sur  leur  utilisation 
(1892)  ;  —  Quantités  d'acide  nitrique  dans  les  eaux  de  la  Seine  et  de  ses  prin- 
cipatix  affluents  (1895)  ;  —  Nitrates  dans  les  eaux  potables  (1896)  :  —  Éludes 
sur  la  terre  vf'gétale  (1902)  ;  —  Sur  l'Analyse  mécanique  des  sols  (1903)  ;  — 
Contribution  à  l'élude  de  chimique  des  eaux  marines  (1906)  ;  —  Sur  les  Eaux 
mères  des  marais  salants  (1911)  ;  —  Jaug/^age  de  cours  d'eau  par  l'analyse 
chimique  (1913). 

—  M.  Georges  Gain,  qui  vient  de  mourir  des  suites  d'une  longue  mala- 
die, était  un  artiste  de  talent  en  même  temps  qu'un  écrivain  distingué. 
Né  à  Paris  en  1856,  fils  d'un  sculpteur,  Auguste  Gain,  qui  s'acquit  une 
belle  renommée,  il  hérita  de  ses  goûts  artistiques  et.  une  fois  achevées 
ses  études  classiques  au  lycée  Louis-le-Graiid,  il  s'adonna  à  la  peinture, 
tandis  que  son  frère  pratiquait  comme  son  père  l'art  de  la  statuaire.  En 
même  temps  que  peintre.  Georges  Gain  était  un  aquafortiste  remar- 
quable et  les  livres  qu'en  Parisien  passionné  il  a  consacrés  à  sa  ville  natale. 
ses  Croquis  du  vieux  Paris,  ses  Coins  de  Paris,  ses  Pierres  de  Paris,  ses  Pro- 
menades le  long  des  rues  sont  de  sa  main  aussi  bien  pour  1  illustration  que 
pour  le  texte.  Le  goût  même  qu'il  avait  pour  le  passé  de  Paris  le  désignait 
assez  légitimement  aux  fonctions  de  conservateur  du  inusée  Garnavalet  et 
des  collections  historiques  de  la  vieille  cité.  Il  doima  du  musée  un  Guide 
explicatif  {Par'ia,  1903,  in-16),  écrit  en  collaboration  avec  MM.  Sellier  et 
Dorbec.  Pendant  la  guerre  il  avait  consacré  une  partie  de  son  temps  au 
soin  des  blessés  et  c'est  à  leur  chevet  et  de  leur  bouche  qu'il  recueillit  les 
quelques  Croquis  de  guerre  qu'il  a  publiés.  Il  avait  rêvé»de  conter  en  anec- 
doctes  familières  les  exploits  de  la  France. 

—  M.  Xaxier-llenry-Napoléon  Lkroi'x,  le  compositeur  de  musique  bien 
connu,  vient  de  mourir.  Mé  le  11  octobre  1863.  il  se  révéla  de  bonne  heure 
musicien.  Hrillanl  élève  au  Gonservaloire,  il  fut  nommé  2'  prix  de  Rome 
en  1884,  puis  1«''  prix  en  1885  avec  sa  cantate  Endymion.  11  était  professeur 
d'harmonie  au  Gonservaloire  depuis  1876.  On  peut  citer  parmi  ses  œuvres 
dans  les  opéras  :  llarold  (1895)  ;  —  Evangélina  (1895)  ;  —  Astarté  (1900) 
Le  Chemineau  (1902)  ;  —  La  Heine  Fiamette  (1903)  ;  —  dans  les  diames  : 
Les  Perses,   tragédie  antique  (1903)  ;  —  William  Wtlcliff.  tragédie  (1906)  ; 

—  TUéodora,  drame  musical  (1907)  ;  —  Cléopàtre,  nuisique  de  scène  (1890)  ; 

—  Vénus  et  Adonis,  scène  lyrique  (1897)  ;  —  parmi  les  poésies  :  Le  Nil,  chan-- 
son  persane  (1890)  ;  —  La  Nuil,  poésie  (18y0)  ;  —  Hecuedlement  (1892)  ; 


_.  223  

Simple  VîUaneîle  (1892)  ;  —  Hondenu  archaïque  (1894)  ;  —  Le  Flnmhenn 
vivanl  (1897)  ;  —  Les  Cerises  (1898)  :  —  Vieilles  Choses  et  jt-nne  amour 
(1899)  ;  —  Les  Enfants  pauvres  (1902)  ;  —  Par  les  chemins  de  France  (1903;  ; 
—  Sérénade (\UOZ)  ;  —  La Manjnerile  (1905).  On  remarque  parmi  ses  mélodies 
et  morceaux  de  musique  ;  Scherzo  fantastique  pour  piano  (1884)  ;  —  Ave 
Maria  (1890)  ;  —  Chrysanthème  (1894)  ;  —  Le  Jour  (1894)  ;  —  A  un  enfant 
(1894)  ;  —  Pensée  de  printemps  (1894)  ;  —  Sonate  pour  cor  à  piston  et  piano 
(1894)  ;  —  Les  Anges  gardiens  (1895)  ;  —  Panis  angelicus  (1895)  ;  —  Rêve 
hlpu  (1896)  ;  —  Les  Estampes,  dix  mélodies  (1896)  ;  —  Les  Ailes  inutiles 
(1897)  ;  —  Salutation  angélique  (1897)  ;  —  Rosier  d'amour  (1898)  ;  —  Ton 
dwt'(1903). 

—  Le  grand  duc  Nicolas  Mikhaïlovicii,  que  les  bolcheviks  ont  sacrifié 
le  28  janvier  à  leur  haine  sanguinaire,  était  un  historien  de  valeur.  iS'é  à 
Pétrograd,  où  il  est  mort,  en  1839.  ce  n'est  guère  qu'après  1900  qu'il  com- 
mença de  publier  les  travaux,  fruit  de  ses  longues  et  patientes  recherches 
dans  les  archives  et  les  bibliotiièqucs  ;  travaux  qui  furent  vite  appréciés 
du  public,  dont  quelques-uns  ont  été  traduits  en  français  et  qui  détermi- 
nèrent notre  académie  des  sciences  morales  et  politiques  à  lui  donner  un 
fauteuil  d'associé  étranger.  Ses  livres  relatifs  surtout  à  l'époque  napoléo- 
nienne le  mirent  en  relations  avec  M.  Frédéric  Masson  qui  demeura  son 
ami  et  son  confident  de  la  dernière  heure.  Il  aimait  beaucoup  la  France  et 
c'est  à  elle  qu'il  avait  légué  ses  belles  collections  artistiques,  dont  \l  dési- 
rait voir  se  grossir  les  trésors  de  la  Malmaison.  Nous  pouvons  citer  de 
lui  :  Kniazia  Dolgorukie,  spodvijinki  imperatora  Aleksandra  I  v  pervye  gody 
ego  tsarstvovaniia  (Saint-Pétersbourg,  1901,  in-4)  ;  —  Louis  de  Saint-Aubin, 
trente  neuf  portraits  (Saint-Pétersbourg.  1902,  in-fol.)  ;  —  Graf  Pavel  Aleli- 
sandrovilch  Slroganov  (y774(-/8/7)  (Saint-Pétersbourg,  1903,  3  vol.  gr.  in-8), 
traduit  en  français  par  M.  F.  Billecocq  (Paris,  1903,  3  vol.  gr.  in-8)  ;  — 
Diplomalitcfieskiia  snocheniia  Rossii  i  Frantsii  po  doneseniiam  poslov  impera- 
torov  Aleksandra  i  Napoleona.  180S-I812  (Saint-Pétersbourg.  1905-1906, 
4  vol.  in-4)  ;  —  L'Impératrice  Elisabeth,  épouse  d' .Alexandre  l"  (Saint-Péters- 
bourg, 1908-1909,  3  vol.  in-4)  ;  —  L'Empereur  Alexandre  I"  (Saint-Péters- 
bourg, 1912,  2  vol.  in-4)  ;  —  Les  Rapports  diplomatiques  de  Lebzeltern, 
ministre  dWulriche  à  la  cour  de  Russie  (Saint-Pétersbourg,  1913,  in-4)  :  — 
Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Beernaert,  son  prédécesseur  à  l'Académie 
des  sciences  morales  (Paris,   1913,  in-4). 

—  M.  Paul  A.  Carus,  mort  à  la  Salle  (Illinois),  le  11  février,  était  né  à 
llsenburg,  dans  le  Harz,  le  18  juillet  1852.  Après  avoir  suivi  les  cours  des 
Universités  de  Tubingiie,  de  Greifswald  et  de  Strasbourg,  il  fut  attaché 
quelque  temps  à  l'Institut  du  corps  des  cadets  de  Dresde,  mais  il  passa 
en  1881  dans  l'Amérique  du  nord,  y  enseigna  quelque  temps,  puis  s'adonna 
exclusivement  à  ses  travaux  littéraires  :  la  philosophie  et  l'histoire  des 
religions  étaient  le  principal  thème  de  ses  études.  Il  avait  fondé  The  Open 
Court  et  Tlie  Monist  et  le  titre  de  ce  dernier  recueil  indique  suffisamment 
quelles  étaient  ses  tendances  ;  ses  livres  sur  le  bouddhisme  étaient  clas- 
siques. Il  faisait  partie  de  nombreuses  sociétés  savantes  parmi  lesquelles 
nous  rappellerons  VAmerican  Oriental  Society,  la  British  Association  for 
aduancement  science,  VAmerican  Association  for  advancemenl  of  science  et  la 
Society  of  Biblical  researches  de  Chicago.  Nous  citerons  parmi  ses  publica- 
cations  :  Helgi  and  Sigrun,  poème  épique  (Dresde,  1880,  in-16)  ;  —  Mela- 
physik  in  Wissenschafl,  Etlirik  und  Religion  (Dresde,  1881,  in-8'i  :  —  Agenor 
<Dresde,  1882.  in-12)  ;  —  Gedichle  (Dresde,    1882,   in-12)  :  —  Lieder' eines- 


224  

■fiuddUislen  (Dresde,  1882,  in-12)  ;  —  Ursachc,  Griind  vnd  Zweck  (Dresde,  1883, 
in-8)  ;  —  Aus  dem  Exil  (Dresde,  i884,  in-8)  ;  —  Fundainental  problems  (Lon- 
don,  1880,  in-8)  :  —  Sonl  oj  man  (Chicago,  1891,  in-12)  :  —  Homilies  of 
science  (Chicago,  1892,  in-12)  ;  —  Primer  of  philosophy  (Cliicago,  1893, 
in-16)  ;  —  Gospel  of  Baddha  (London,  1893,  in-8)  ;  —  Karma,  slory  of  early 
Buddhism  (London,  1898,  in-8)  ;  —  Buddhism  and  ils  Christian  crilics  (Lon- 
don.  1898,  in-8)  ;  -  Lao  Tzes  Tao-Teh-King  (London,  1898,  in-8)  ;  -  Nir- 
vana (London,  1898.  in-8)  ;  —  Sacred  tunes  for  consécration  of  life  (London, 
1899,  in-8)  ;  —  Godward  (London,  1899,  in-8)  ;  —  Hislory  of  Ihe  devil  and 
idea  of  euil  (London,  1900,  in-8)  ;  —  Kanl  and  Spencer  (London,  1900, 
in-8)  ;  —  The  Surd  of  melaphysics  {London,  1903,  in-8)  ; —  Amitabha,  slory 
of  Buddhisl  Iheology  (London,  1906,  in-8)  ;  —  Frederick  Schiller  (London, 
1906,  in-8)  ;  —  Chinese  life  and  cusloms  (London.  1907,  in-8)  :  —  Chinese 
thoughl  (London,  1907,  in-8)  ;  —  Our  children  (London,  1907.  in-8)  ;  —  The 
.Philosopher  s  marlyrdom  (London,  1907,  in-8)  ;  —  The  Dharma  (London. 
1908,  in-8)  ;  —  The  Rise  of  man  (London,  1907,  in-8)  ;  —  The  Slory  of  Sam- 
son  (London.  1907.  in-8)  ;  —  The  Bride  of  Christ  (London,  1909,  in-8)  ;  — 
The  Pleromn,  an  essny  on  Ihe  origin  of  chrislianily  (London,  1910.  in-8)  ;  — 
The  Biiddha,  a  drania  (London,  1911,  in-8)  ;  —  Personality  (London,  1911, 
in-8)  ;  —  Trnth  on  Irial  (London.  1911,  in-8)  ;  —  Canon  of  reason  and  virlne, 
de  Lao  Tseu  (London,  1913,  in-8)  ;  —  The  mechanistic  principle  and  the  non- 
mechanical  (Chicago,  1913,  in-8)  ;  —  The  Principle  of  relativity  {Chicago, 
1913,  in-8)  ;  —  Nietsche  and  other  exponents  of  personality  (Chicago,  1914. 
in-8). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  l'abbé  âllard,  curé-doyen  de 
Chàtillon,  auteur  d'un  Cours  d'histoire  de  l'Église  et  d'une  Exposition  théolo- 
gique de  la  doctrine  chrétienne,  mort  à  75  ans,  le  10  mars  ;  —  l'abbé  Pierre- 
.\ndrc-Félix  Allemand,  auteur  de  nombreuses  monographies  sur  des  loca- 
lités alpines  parues  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'études  des  Hautes-Alpes 
et  qui  a  publié,  outre  plusieurs  volumes  de  poésies,  divers  ouvrages  parmi 
lesquels  ot)  peut  citer  :  Notice  sur  les  ecclésiastiques  de  la  commune  de  Saint- 
Michel-de-Chaitlol  confesseurs  de  la  foi  pendant  la  Résolution  ;  Mois  de  Marie 
lia  Laus  (1886)  ;  Les  Chants  du  L<ms  (1895)  ;  Dictionnaire  biographique  des 
Hautes-Alpes  (1911),  mort  à  Meyères,  hameau  de  Gap  (Hautes-Alpes),  le 
5  novembre  1918,  dans  sa  75=  année  ;  —  Léo  Archer,  rédacteur  au  Jour- 
nal des  Débats  et  au  Gaulois,  mort  en  février,  à  l'hôpital  d'Épernay  ;  — 
Adolphe  AuBERT,  inspecteur  honoraire  de  l'Université,  mort  à  Rosay 
(Seinc-et-Oise),  le  10  février  ;  —  Henri  d".\i;bigny,  collaborateur  à  l'Homme 
libre  et  à  l'Intransigeant,  qui  laisse  un  roman  sur  le  point  de  paraître  : 
Victor  Richard  munitionnaire,  mort  le  6  mars  ;  —  le  D'  Henri  Barnsby.  pro- 
fesseur à  l'École  de  médecine  de  Tours,  auteur  de  travaux  parmi  lesquels 
on  peut  citer  :  Appendicite  et  annexite.  Coexistence  des  deux  affections, 
pathogénie,  symptômes,  traitement  (Paris,  1898,  in-8),  mort  le  10  février  ;  — 
Fiançois  Bazin,  directeur  du  journal  le  Salut,  correspondant  du  Figaro, 
mort  à  Saint  Malo  le  25  février  ;  —  le  D'  Beni-Barde.  hydropathe,  profes- 
seur à  l'École  de  médecine  de  Toulouse,  auteur  d'un  Exposé  de  la  méthode 
hydrothérapique  (Paris,  1905,  in-8).  mort  le  23  février  à  .^auveterre-de- 
Béarn  ;  —  Hippolyte  Bernheim,  professeur  honoraire  de  la  Faculté  de 
Nancy,  mort  le  4  février  ;  —  Paul  Bonhomme,  rédacteur  au  Soleil  et  direc- 
teur du  Soleil  du  Dimanclie  qtii  a  publié,  entre  autres  ouvrages  :  La  Dame 
an  peignoir  bleu  (Paris,  1883,  in-18)  ;  Charades  en  action  pour  salon  (Paris. 
1885-1880,  2  vol.   in-18)  ;  La  Demoiselle  en  rose  (Paris,  1886,  in-16)  ;  Deux 


225  

"^Inriages  (Paris,  1S86,  in-18)  :  Le  Grand  Frère  (Paris,  1887.  in-8)  :  L'Af- 
faire de  Jeufosse  (Paris.  1890,  in-16)  ;  Prisme  d'amour  (Paris.  18%, 
iii-16)  ;  Mademoiselle  Paimclw  (Paris,  1901,  in-12),  mort  le  22  ftWrier  ;  — 
Léon  BuÉsiL,  collaborateur  du  Figaro  et  du  Gaulois,  mort  en  février  ;  — 
H.  Cats.  piibliciste,  correspondant  en  Belgique  du  Journal  des  Débals, 
mort  le  16  février  ;  —  Joseph-Léon  Cavène,  professeur  honoraire  de  l'Uni- 
versité, auteur  du  Miracle  de  sainl  Janvier  et  du  Mirarle  d'Aiidria,  mort  le 
16  mars  ;  —  le  D""  Henri  Ghéron.  chef  de   clinique  à  la    Faculté  de  méde- 

•  cine  de  Paris,  mort  à  52  ans  le  7  février  ;  —  Raoul  de  Cisteknes  dé 
Veili.ES,  qui  a  collaboré  à  la  Revue  des  ([uestions  liistoriques  et  au  BulleUn 
de  la  Société  hislorique.  archéologique  et  artistique  «  le  Vieux  Papier  »,  a 
publié  avec  des  annotations  le  Journal  de  marche  du  grenadier  Pils  (tSOi- 
iRlU)  (Paris,  1895,  in-8)  ;  Le  Duc  de  Richelieu  (1898)  ;  [m  Campagne  de 
Minorque  (1899)  et  laisse  en  manuscrit  un  ouvrage  assez  considérable  sur 
la  duchesse  dWiguilIon,  intitulé  :  Un  Coin  de  la  société  au  xvui"  siècle, 
mort  à  Saint-Quay  (Côtes-du-!N'ord),  le  13  févriei-,  à  l'âge  de  <S2  ans  ;  - — 
Dalaise,  rédacteur  au  Petit  Parisien,  moi  t  le  20  février  ;  —  Arthur-Louis 
Dardel,  professeur  au  collège  de  Montargis,  mort  dans  cette  ville  le 
fi  mars  :  —  Camille  Debans.  rédacteur  au  Moniteur  universel,  au  Journal 
des  voyages,  au  Temps,  qui  a  publié  Octave  Kellner  ;  V Aiguilleur  ;  La  Caba- 
nette  ;  Au  coin  d'un  bois  ;  Guy  de  Saint-Guy  ;  l'Homme  aux  deux  âmes,  roman 
psychique,  mort  à  85  ans,  à  Nice,  le  lo  février  ;  —  Joseph  Degalvés, 
rédacteur  au  Petit  Parisien,  mort  le  17  mars  ;  —  Paul  Delay,  rédacteur  à 
l'Écho  de  Paris,  collaborateur  de  la  Liberté  auteur,  avec  M.  Franc-Nohain, 
dune  Histoire  anecdotique  de  la  guerre,  eu  cours  de  publication,  mort  le 
26  février  ;  —  l'abbé  Louis  Dewaulle,  vice-recteur  honoraire  des  Facultés 
catholiques  de  Lille,  mort  le  21  février  1916  :  —  M.  Dlmo.nt.  directeur  de 
l'Avenir  du  Puy-de-Dôme,  mort  le  23  janvier  ;  —  Edmond  Du  Roure  de 
Paulin,  collaborateur  de  plusieurs  revues,  et  membre  de  diverses  sociétés 
savantes,  qui  laisse  de  nombreuses  études  historiques  et  surtout  généalo- 
giques, mort  le  12  février  :  —  Charles  Engel,  archiviste  municipal  à  Stras- 
bourg, à  qui  l'on  doit  notamment  ce  qui  concerne  l'Université  de  Stras- 
bourg au  t.  IV  des  Statuts  et  privilèges  des  Universités  françaises  de  M.  Four- 
nier  (Paris.  1894,  in-fol.)  et  une  importante  étude  sur  l'Ecole  latine  et  l'An- 
cienne Académie  de   Strasimurg  (Strasbouig.  1900,  in-16),  mort  en  février  ; 

—  Edmond  Fabre,  auteur  de  divers  ouvrages  publiés  sous  le  pseudonyme 
de  Jean  Madeline  :  Contes  sur  porcelaine  (1893,  in-18)  ;  La  Conquête  (1897. 
in-18;)  ;  Luce  Mngali  (1902,  in-12)  ;  Le  Détroit  (1904i  in-16),  etc.,  mort  le 
12  février  ;  -  Clément  Forissier.  rédacteur  en  chef  de  la  Loire  républi- 
caine, président  de  l'Association  de  la  presse  stéphanoise,  mort  à  Paris  le 
9  février  :  —  l'abbé  Fournereau,  ancien  professeur  des  Chartreux  de  Lyon, 
mort  à  88  ans,  le  5  mars  ;  —  Gazeau,  professeur  à  Evreux  et  à  Orléans 
puis  à  Paris,  proviseur  honoraire  du  lycée  Condorcet,  mort  le   11  février  ; 

—  Joseph  GiROT.  professeur  de  mathématiques  au  lycée  Gharlemagne. 
mort  le  2o  janvier,  à   Paris  ;  —  Henri   Grassin.  poète,  mort  à  Barbezieux. 

•  à  l'âge  de  80  ans,  le  o  février  ;  —  M.  Edmond  Le  Roy,  collaborateur  du 
Gaulois,  de  la  Presse,  du  Journal,  auteur  de  plusieurs  pièces  de  théâtre, 
mort  à  l'âge  de  55  ans,  le  21  février  ;  —  l'abbé  Maiuon,  auteur  d'un 
Manuel  d'histoire  de  l'Eglise  bien  connu,  directeur  au  grand  séminaire  du 

•  diocèse  de  Viviers,  mort  le  20  mars  ;  —  le  comte  Massougues  des  Fon- 
taines, auteur  d'ouvrages  sur   Berlioz  et  divers  musiciens,  mort  à  76  ans, 

-  à  Angoulême,  le  3   février  ;  —  Ferdinand  Massy,  collaborateur  à  la  Peliie 

Mars- Avril  1919.  T.  CXLV.  15. 


République  ol  poèlc,  mort  le  13  février  ;  —  ,1.  Mkislam-,  professeur  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Montpellier,  mort  h  43  ans,  le  3  février  ;  —  Henri 
MiCAiJLT,  agrégé  de  l'Université,  professeur  de  pliilosophic  au  lycée  de  Har- 
le-Duc,  inort  en  cette  ville  à  l'âge  de  46  ans,  le  !23  janvier  ;  —  le  D'"  Hippo- 
lyte  MoRESTiN,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  à  qui 
l'on  doit,  entre  autres  travaux  de  médecine  chirurgicale  :  Des  Opérdlions 
par  la  voie  sacrée  (1894,  in-8)  ;  Le  Goîlre  basedoivifiê  (1901,  in-<S)  ;  Trauinn- 
tisines  arliculnires  (1904.  in-18)  ;  Chirurgie  générale  des  arliculalions  (1907. 
in-18)  :  AJfeclions  ckirurgicales  de  la  face  (1911,  in-8),  mort  à  48  ans  le 
13  février  ;  —  le  chanoine  Pahmentieh,  ancien  directeur  de  la  Croix  des 
Pyrénées-Orienlales  et  du  Comité  de  la  Bonne  Presse  de  Perpignan,  niorl  à 
63  ans,  le  17  mars  ;  —  l'abbé  Georges  Piétin,  professeur  à  llnslitution 
Saint-Vincent  de  Sentis,  mort  le  3  mars  ;  —  M.  V.  Pretot-Fueire.  auteur 
d'un  ouvrage  contre  l'Allemagne,  qui  eut  un  grand  lelentissement  au 
Chili,  mort  à  Pau,  le  18  février  ;  —  D'"  G.  Saratier,  médecin  en  chef  d)i 
service  de  l'hôpital  con>plémentaire  de  l'Ecole  polytechnicjue,  auteur  de  : 
Médecine  et  imdualilé  (1906,  in-8),  mort  le  26  janvier  ;  —  le  baron  Fernand 
DE  Schickler,  président  de  la  Société  de  l'histoire  du  protestantisme  fran- 
çais, auteur  d'un  ouvrage  important  sur  les  Églises  du  Refuge  en  Angleterre 
(1892,  3  vol.  gr.  in-8),  mort  le  8  février,  à  Paris,  à  84  ans  ;  —  Guillaume 
Séverin,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Tourcoing,  mort  le  25  février  ; 

—  l'abbé  Jacques  Taurijjga,  professeur  à  l'institution  du  Sacré-Cœur  à 
Perpignan,  mort  à  Perpignan,  le  4  février  ;  —  labbé  Léon  Vasseur,  ancieit 
directeur  au  collège  Saint-Berlin,  mort  le  18  mars. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  iMM.  :  Odon  de  Aprâiz,  correspon- 
dant de  l'Académie  royale  d'histoire  de  iNIadrid,  mort  en  février,  à  Alava  : 

—  Franscisco  Aznar  \  Garcia,  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  de 
San-Fernando,  correspondant  de  l'Académie  d'histoire  de  Madrid,  profes- 
seur au  Conservatoire  des  arts  et  métiers  de  cette  ville,  mort  en  février  ;  — 
Julio,  vicomte  de  Castilho,  membre  de  l'Académie  de  sciences  de  Lisbonne, 
associé  ou  correspondant  de  nombreuses  sociétés  savantes,  auteur,  entre 
autres  ouvrages,  de  :  0  seiihor  Antonio  Feliciano  de  Castilho  e  o  senhor  Anlhero 
de  Quenthal  (1863,  gr.  in-8)  ;  Meniorias  dos  vinte  annos  (1866,  gr.  in-8)  ; 
Primeiros  versos  (1867,  in-8)  ;  Antonio  Ferreira  poêla  quinhentisla  {\S~i-^, 
in-8)  ;  0  Erniilerio  (1876,  in-8)  ;  -Lisboa  anliga  (1879-1885.  4  vol.  in-8)  : 
Memorias  de  Castilho  (1884,2  vol.  in-8),  né  à  Lisbonne,  le  30  avril  1840,  mort 
en  février  dans  [la  même  ville  ;  —  Dumitrus  Co.msa,  professeur  à 
l'École  des  sciences  politiques  de  Roumanie,  mort  le  16  janvier,  dans  le 
naufrage  de  la  Chaouïa,  lequel  s'était  fait  recevoir  docteiu-  à  Paris,  en 
1896.  avec  une  thèse  :  De  la  nécessité  de  l'intervention  de  l'Hlat  en  matière 
écononiifiue  (in-8),  auteur  de  Criterinl  intervcnlionisinidni  (1899.  in-8)  ;  Cou- 
lentiosid  administrativ  (\'.)00,  in-S)  :  linposilul  global  pe  vend  (1901.  in-8): 
AgricuUnra  si  induslria  nntionala  (1903,  in-8)  ;  —  le  capitaine  Tlu'odore  De 
Boy,  archéologue  et  explorateur,  auquel  on  doit  notamment  The  neiflv 
acquired  virgin  lands  oj'lhe  United  St<des  and  the  BrUish  virgin  lands  ^1919. 
mort  à  Yonkers,  N.  Y.  ;  —  Henri  E.  J.  G.  Du  Bois,  connu  par  ses  travaux 
sur  la  magnéto-optique,  le  circuit  magnétique  et  sujets  analogues,  mort 
à  Utrechl,  le  21  octobre,  à  33  ans  ;  —  Curt  Eisner,  président  de  la  Uépu- 
blique  bavaroise,  l'un  des  chefs  les  plus  écoutés  du  socialisme  dans  ce 
pays  et  qui  collaborait  aux  organes  de  son  parti,  assassiné  le  21  février,  à 
Munich  ;  —  Roswell  Martin  Fiei.d,  publicisle,  auteur  entre  autres  ouvrages,- 
de  :  In  siinjlower  land  (1892).  The  Tiomance  of  an  old  Jool  (1902),  Lillle.  misS'- 


-)•)" 


Dee  {\{)0't),  Madelin c  (1900).  mort  à  07  ans.  ;i  Morrislown,  N.  Y.,  le  10  jan- 
vier ;  —  Ir  Dr  Iloraco  FLr.TfiiF.R,  à  qui  l'on  doit  lo  fleUhcrisinc  ou  mrlhode 
de  mastication  dos  aliments,  auteur  de  :  WIkiI  sriixe  or  économie  imlrilioii^ 
I\'alure's  J'oot  filter.  Ghdlon  or  Epicnre.  etc..  mort  à  Copenhague,  le  13  jan- 
vier ;  —  l'cdro  (io^NzÂLEz  Maskda,  correspondant  de  l'Académie  royale  d'his- 
toire, mort  en  février,  à  Lugo  ;  —  Francisco  J.  Mkjia,  publiclste  et  minislru 
de  rinlérieur  du  Honduras,  mort  à  Tégucigalpa,  le  1"  février  ;  —  M"'"  Har- 
rietMiLLEit,  morteà  Los  Angeles  dans  sa  8S"  année,  particulièrement  connue 
par  ses  études  sur  les  oiseaux  :  I\lnipo's  Troubles  (1879)  ;  lÂlUe  Folks  in  Fea- 
Ihers  and  Fur  (1879)  ;  Queer  pels  al  Marcy's  (1889)  ;  Lillle  People  of  Asia 
(1882)  ;  Birdplays  (1885;  ;  In  A-esliny  Time  (I888j  ;  Four  handed  folk  (1890)  ; 
Birdlover  in  Uie  Wesl  (1894)  ;  Upon  the  Iree  laps  (1890)  ;  Tlie  First  Book  o/ 
birds  (1899)  ;  The  Second  Book  of  birds  (1901)  ;  Wilh  the  birds  in  Maine- 
('1904)  :  Krisly's  surpri.^e  parly  (1905)  ;  Whal  hnppened  io  Barbara  (1907)  ;  Thr 
Bird  our  brolher  (i908)  ;  The  Child's  Book  of  birds  (1915)  ;  —  Newman 
Mn.LEii,  directeur  de  limpriinerie  de  lUniversité  de  Chicago,  mort  dans 
cette  ville,  le  8  janvier,  à  48  ans  ;  —  Edward  Charles  Piokeiung,  directeur 
depuis  1870  de  l'Observatoire  de  Harvard  Collège  (Massachusetts  États- 
Unis),  dont  il  publia  plus  de  70  volumes  dWnnals,  auteur  d'Elemenls  fort 
estimés  of  physicd  manipulalioiis  (1874-1880.  2  vol.  in-8),  l'un  des  astro- 
nomes les  plus  éminents  de  l'époque  contemporaine,  correspondant  de- 
l'Institut  de  France  et  de  multiples  compagniQs  savantes  du  monde  entier, 
mort  à  72  ans.  au  début  de  février  ;  —  William  Michael  Rossetti,  à  qui 
l'on  doit  entre  autres  ouvrages  :  Lives  of  famoas  poets  (1878,  in-8)  ;  Me- 
moir  of  Shelley  (1880.  in-8)  ;  Life  of  Kea{s  (1887,  in-8)  :  Dante  Gabriel 
Rossetti  as  designer  and  ivriter  (1889,  in-8),  ouvrage  sur  son  père,  le  célèbre 
écrivain  anglais,  dont  il  avait  publié  trois  ans  auparavant  les  Collected 
irorks  (1886,  2  vol.  in-8)  ;  Ruskiii,  Rossetti,  Preraphaelilism  (1899,  in-8)  ;  Pré- 
raphaélite diaries  aiid  lelters  (1900,  in-8),  mort  'a  Londres,  le  0  février  ;  — 
Arthur  J.  Saalfied,  directeur  de  la  maison  d'édition  qui  porte  son  nom 
à  Akron,  Ohio.  mort  le  10  janvier,  à  55  ans  ;  —  AVillkim  Spon.  l'un  des 
fondateurs  de  la  maison  d'édition  bien  connue,  mort  à  Sussex,  le  10  jan- 
vier, à  80  ans  ;  —  Emilio  Tapia  y  Ribas.  correspondant  de  l'Académie 
royale  d'histoire  de  Madrid,  mort  à  Lugo,  au  mois  de  février  ;  —  Arthur 
Taylor.  du  Times  book  club,    mort   à  Londres,  à  02  ans,  le  25  décembre  ; 

—  E.  C.  Tedeschi,  rédateur  en  chef  de  V Epoca  de  Rome,  mort  à  Paris,  le 
15  février  ;  —  Félix  Van  deb  Elst.  représentant  général  en  Belgique,  de 
la  Société  des  auteurs  dramatiques  de  Paris,  mort  le  5  février,  à  Bruxelles  ; 

—  Charles  Emmet  \  an  Loan,  humoriste  américain,  auteur,  entre  autres 
ouvrages,  de  The  Bir/  Learjue  (1911),  The  Ten  thousand  dollar  ami  {iQl±). 
The  lucky  seventh  (l913),  Old  nian  cnrry  (1910),  mort  à  Arlington  (Pensyl- 
valnie),  le  2  mars,  âgé  de  42  ans  ;  —  Manuel  ViEmA  iNATivruADE,  érudit 
portugais,  mort  en  février,  à  Alcobaga  ;  William  Marshall  Watts  chi- 
miste distingué,  né  à  Boston  (Lincolnshire),  en  1884,  à  qui  l'on  doit,  outre 
une  collaboration  aux  revues  scientifiques  (Journal  of  chemical  sociely.  .\a- 
ture,  Philosophical  magazine,  Quarlerty  journal  of  science,  etc.)  :  An  Index  of 
spectra  (1872,  in-8)  ;  Organic  chi^misfry  (1873,  in-8)  ;  Eléments  oj  chemisiry 
(1891,  in-8)  ;  Introduction  to  the  sludy  of  spectral  analysis  (1904.  in-8),  mort 
à  75  ans,  le  13  janvier  ;  —  Samuel  Wendell  Williston,  professeur  de  pa- 
léontologie à  l'Université  de  Chicago,  mort  récemment. 

Lectures  faites  a    l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  —  Le 
15  février,  M.  René  Gagnât  analyse  une  lettre  du  lieutenant  .\lbertini  qui,. 


—  228  — 

^ur  la  chaussée  Bninehaiil,  allant  do  Senlis  à  Soissons,  a  découvert  unp 
borne  milliaire  à  Bétheny-Saint-Martin  (Oise).  laquelle  apporte  ainsi  la 
preuve  que  la  chaussée  Brunchaut  était  une  voie  romaine,  chose  contestée 
jusqu'à  ce  jour.  —  M.  Glolz  commence  la  lecture  d'une  étude  sur  les  Fêtes 
dWdonis  au  leinps  de  Tltéocrile  d'après  un  papyrus  gréco-éf/yptien.  ■ —  M.  le 
comte  Durrieu,  en  commençant  la  lecture  d'un  travail  intitulé  :  Tableaux 
■des  collections  du  duc  Jean  de  Berry,  frère  du  roi  Charles  V,  bien  coninj  potir 
ises  goûts  artistiques,  signale  d'abord  un  petit  tableau  du  musée  de  Troyes, 
qui  représente  ce  que  Ion  appelait  une  «  Pitié  de  Notre-Seigncur  »,  c  est- 
à-dire  le  Christ  mort  soutenu  par  la  Vierge  avec  l'aide  de  saint  Jean  et  de 
•deux  anges.  —  M.  Eudes  lit  une  étude  ayant  pour  titre  :  A  propos  des 
uiosaïipies  de  Ravenne.  —  Le  22,  le  directeur  de  l'enseignement  supérieur 
communique  à  la  Compagnie  un  rapport  où  M.  Millet  expose  l'état  de  la 
mission  qui  lui  a  été  confiée  à  l'effet  de  relever  les  monuments  byzantins 
du  mont  Âthos.  —  Le  28.  M.  le  comte  Durrieu  continue  sa  communica- 
tion sur  les  tableaux  encore  existants  qui  ont  pu  faire  partie  des  collections 
du  duc  Jean  de  Berry.  Tl  signale,  comme  pouvant  répondre  à  un  article 
de  l'inventaire  après  décès  des  biens  de  ce  prince,  dressé  en  1416,  un  admi- 
rable dyptique  qui  se  trouve  au  musée  de  l'Ermitage  et  semble  être  une 
œuvre  de  jeunesse  de  Van  Eyck.  —  M.  Salomon  Reinach  présente  quelques 
observations.  —  Le  7  mars,  M.  le  comte  Alexandre  de  Laborde  lit  une 
notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  Joret,  son  prédécesseur.  —  Le  14, 
M.  Babelon  parle  de  la  Collection  de  Vogué  au  Cabinet  des  médailles,  qui 
<;omprend  800  monnaies  antiques  et  autant  de  monnaies  modernes.  — 
M.  Pottier  fait  une  communication  sur  une  statuette  d'albâtre  qui  repro- 
duit les  traits  et  l'attitude  de  là  célèbre  Vénus  de  Médicis.  —  Le  21,  M.  Cler- 
mont-Ganncau  commente  le  texte  dune  inscription  hébraï(iue  sur  mosaïque, 
découverte  près  de  Jéricho  par  des  officiers  du  corps  expéditionnaire 
anglais.  — Le  28,  \L  le  comte  Durrieu,  d  après  des  indications  de  M.  V  I-'ris. 
archiviste  de  la  ville  de  Gand,  expose  qu'un  certain  Guillebert  de  Mets  et 
non  de  Metz  («  de  Mets  »  en  flamand,  signifiant  «  Le  Maçon  »  en  français) 
a  composé  en  notre  langue  une  description  de  la  ville  de  Paris  sous 
<]harles  VI.  Or,  cet  auteur  était  un  pur  Flamand,  qui  fut  échevin,  receveur 
communal  et  tenancier  d'une  hôtellerie  à  l'enseigne  de  l'Ecu  de  France,  à 
Grammont  en' Belgique  :  ceci  montre  qu'il  y  a  cinq  siècles  le  français  était 
-déjà,  concurremment  avec  le  flamand,  la  langue  des  lettrés  flamands.  — 
M.  Camille  JuUian  commence  la  lecture  d'une  étude  intitulée  :  Les  Origines 
lopograpliiques  de  Strasbourg. 

Lkctuhes  faites  a  l'Académie  des  scm^nces  mobai.es  et  politiques.  — 
Le  !•"■  février.  M.  Georges  Teissier  donne  lecture  d'une  notice  sur  lîi  vie  et 
les  travaux  de  M.  Bétolaud,  son  prédécesseur  dans  la  section  de  législation. 

—  Le  lï),  M.  Lefebvre,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris,  lit  une 
communicalion  intitulée  :  (Juelques  Procédés  financiers  des  Allenuinds  d(uis 
hi  régions  du  nord  de  la  France  —  M.  Henri  Lorin,  professeur  à  la  Faculté 
<lc  droit  de  Bordeaux,  fait  une  communication  relative  aux  Grandes  Lignes 
transeuropéennes  après  la  guerre.  —  Le  22,  M.  Charles  Dupuis  donne  lec- 
lurc  d'un  travail  sur  l'Organisation  internationale  et  la  notion  de  souveraineté. 

—  Le  28,  M.  Emmanuel  Vidal,  secrétaire  de  la  Société  d'économie  poli- 
li(jue,  lit  une  communication  intitulée  ;  Les  Jours  noirs  de  la  Bourse  de 
Paris  {'J^i  juillet-?  décembre  iOlà).  —  Le  14  mars,  M.  Arnauné  donne  lec- 
ture d'une  communication  sur  les  Causes  de  la  cherté  actuelle  de  la  vie  aux 
États-Vids,  en  Angleterre  et  en  France.  —  Le  22.  M.  Jacques  Flach   lit  un 


—  229  — 

travail  ayant  pour   tilio  :    La  Prusse   conquérante  de  V Allemagne  et  doniina- 
Irice  de  lu  Pologne. 

Pmx.  —  Dans  sa  séarirp  dn  28  mars  iU\9,  rAcadéniip  dfs  inscriptions- 
et  belles-lettres  a  distribué  comme  suit  le  prix  Saintour  :  150(1  fr.  a 
M.  Edmond  Courbaud  pour  les  Procédés  d'aride  Tacite  dans  les  «  liisloirt-x  » 
et  loOO  fr.  à  M.  François  Villeneuve  pour  ses  Essai  sur  Perse. 

La  Santa  Casa  de  Lorette.  —  Une  biocliure  malencontreuse  du 
R.  P.  F.schbach  amène  notre  ancien  collaborateur  et  savant  ami,  M.  le  cha- 
noine Ulysse  Chevalier,  à  revenir  sur  la  question  de  Lorette.  sur  laquelle 
depuis  plusieurs  années  il  avait  gardé  le  silence  par  «  déférence  euxcrs 
l'autorité  suprême  ecclésiastique.  »  11  y  revient  pour  répondre  à  la  bn)- 
chure  dans  lequel  le  bon  religieux  pensait  réfuter  un  article  paru  en  1907 
.sur  Un  document  nouveau  en  faveur  de  Lorette  (une  bulle  fausse  de  Clé- 
ment V).  La  réponse  se  présente  sous  forme  de  deux  opuscules,  intitulés 
•  l'un  et  l'autre  :  La  Santa  Casa  de  Lorette.  le  premier  avec  le  sous-titre  : 
liéfjonse  au  H.  P.  Alphonse  Eschback  (Extrait  de  la  <lroix.  Paris,  Auguste 
Picard,  191y,  in-iO  de  8  p.),  le  second  avec  le  sous-titre  :  Sur  un  document 
allégué  en  sa  faveur  (ExUnM  des  Mélangea  d'archéologie  et  d'histoire  pvh\'\é^ 
par  l'École  française  de  Rome.  t.  XXXVH.  1918-1919.  S.  1.  n.  d..  in-8. 
paginé  103-106).  Lérudit  auteur  n'a  pas  de  peine  à  maintenir  le  bien  fondé 
de  la  condamnation  portée  par  lui  contre  la  prétendue  bulle  de  1310. 

Pahis.  —  L'on  a  tiré  à  part  le  récit  de  la  visite  que  S.  M.  Victor  Emma- 
nuel 111  a  faite  à  l'Académie  des  inscriptions  :  Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres.  Compte  rendu  de  la  séance  du  W  décembre  1918.  Visite  de 
S.  M.  ]'iclor  Emmanuel  IH,  roi  d'Italie  (Paris.  Auguste  Picard,  t918,  in-8  de 
12  p.).  On  y  trouvera  avec  l'allocution  au  roi  de  M.  Paul  Girard  et  la 
réponse  de  S.  M.,  la  lecture,  toute  de  circonstance,  faite  par  M.  Ernest 
Babelon  sur  l'origine  et  le  sens  du  mot  «  Fert  »  qui  figure  comme  devise 
sur  les  monnaies  italiennes. 

—  Bien  curieux,  bien  amusant  et  en  même  temps  bien  instructif  rEss"[ 
sur  la  physiologie  et  la  psychologie  de  la  carte  de  visite,  dont  M.  Léonce  Gra- 
silier  a  fait  l'objet  d'une  spirituelle  et  érudite  causerie  à  la  société  historique 
«  Le  Vieux  Papier  »  12  février  1918  (Alençon,  Impr.  alençonnaise,  1919,  gr- 
in-8  de  29  p.,  avec  fig.  et  1  planche.  Tiré  à  100  ex.  non  mis  dans  le  com- 
merce). Les  dimensions,  la  matière  de  la  carte  de  visite,  la  disposition  et 
la  forme  des  caractères  qui  y  sont  employés  prêtent  déjà  à  des  observations 
curieuses  ;  les  titres  dont  s'accompagne  le  nom  du  propriétaire,  les  men- 
tions plus  ou  moins  singulières,  plus  ou  moins  saugrenues  parfois  qu'il  y 
ajoute  nous  apportent  sur  son  état  psychologique  des  révélations  que  de 
prime  abord  on  ne  s'attendrait  pas  à  y  trouver.  Lisez  YEssai,  s'il  vous 
tombe  sous  la  main,  et  il  vous  inspirera  la  pensée  de  poursuivre  vous 
aussi  une  enquête  personnelle  sur  les  cartes  que  vous  recevez. 

—  L  actif  et  dévoué  secrétaire  de  la  Société  générale  d'éducation,  M.  Féne- 
lon  Giban,  attire  notre  attention  sur  le  Fléau  du  taudis  (Paris,  l'auteur, 
14  bis,  rue  d'Assas,  1919,  in-16  de  80  p.  —  Prix  :  0  fr.  60).  dont  il  indique 
les  causes  :  déracinement,  surpeuplement,  renchérissement  des  loyers,  et 
les  dangers  tant  pour  la  santé  et  la  moralité  des  habitants  que  pour  la 
santé  et  la  sécurité  publiques.  Comme  remède  principal,  il  prêche  le  déve- 
loppement des  habitations  ouvrières,  cette  belle  œuvre  qui,  à  Paris  et  dans^ 
quelques  villes,  a  déjà  donné  d'excellents  résultats. 

—  Nous  avons  déjà  signalé  (Po/y6f6//o:i  de  janvier  1915,  t.  CXXXIIl,  p.  56; 
l'opuscule  de  M.  Joseph   Méjasson  :  Ce  que  tout  Français  doit  savoir  cCalle- 


—  230  — 

mand.  petit  (juide  frnnrnix-nlleinnnd.  Le  succès  qu'il  a  obtenu  décide  Taulcur 
il  nous  en  donner  une  li"  édition  ce  revue  et  augmentée  pour  nos  troupes 
d'occupation  en  Allemagne  »  (Lyon  et  Paris^  Vilte,  1919,  in-12  de  88  p.). 
La  mention  «  augmentée  »  correspond  bien  ici  à  la  réalité  :  l'opuscule  est 
presque  doublé,  puisque  la  1"  édition  n'avait  que  47  p. 

—  Quittant  un  moment  ses  travaux  d'érudition  bislorique,  M.  le  cba- 
iioine  Ulysse  Chevalier  nous  donne  sur  le  Cœur  et  ses  pnlsalions  une  étude 
de  physiologie  (Valence  Impr.  valentinoise.  1919,  in-16  de  20  p.  Extrait  du 
Messager  de  Valence).  Notons-en  la  conclusion  :  «  Les  cœurs  continueront  sans 
trêve  de  battre,  sans  qu'on  puisse  préciser  ce  qui  les  met  en  mouvement.  » 

—  Avec  la  livraison  de  janvier  1919,  la  Cité,  bulletin  trimestriel  de  la 
Société  historique  et  archéologique  du  IV^  arrondissement  de  Paris  (Paris, 
Mairie  de  l'hôtel  de  ville  ;  Champion,  in-8  de  88  p..  avec  12  grav.)  com- 
mence la  18'î  année  de  son  existence.  On  trouve  là  :  Mémoire  du  Chapitre  de 
Notre-Dame  concernard  l'affaire  des  Isles  Nostre-Dame  {16^3}  publié  par  Mgr 
BatifTol  (p.  1-7,  avec  une  grav.),  lequel  mémoire  indique  les  griefs  des  cha- 
noines contre  l'élévation  de  construction  sur  les  terrains  de  l'île  Notre- 
Dame  (actuellement  île  Saint-Louis)  ;  —  Contrif)ution  à  Vhisloire  de  Vile 
Notre-Dame  {actuellement  île  .Saint-Louis).  Les  Premiers  Propriétaires  des  mai- 
sons de  Vile  (au  temps  de  Louis  XIII),  par  M. -A.  Boulanger  (p.  8-14,  avec 
2  plans  et  une  gravure)  ;  —  Saint-Gervais,  Véglise  de  Paris  bombardée  le  ven- 
dredi saint  l9tS,  par  M.  l'abbé  Gauthier,  curé  de  Saint-Gervais  (p.  lo-27. 
-et  4  grav.,  avec  deux  notices  complémentaires,  p.  28-31  signées  des  ini- 
tiales G.  T.  et  P.  D.)  ;  —  la  fin  de  de  l'intéressante  étude  biographique  de 
M.  -A.  Callet  sur  Un  Habitant  de  Vile  Saint-Louis.  Le  Peintre  Fr.  Mouchet  (p. 
32-54,  avec  4  grav.)  ;  —  une  note  sur  les  domiciles  d'Adolphe  filanqui,  il  y 
)t  cent  ans.  par  M.  P.  d'Estrée  (p.  55)  ;  —  Le  III'  Arrondissement  à  la  Commis- 
-sjo/t  du  Vieux  Paris  :  deux  notices  :  la  première  sur  la  Fontaine  de  Joyeuse. 
par  M.  L.  Tesson  ;  la  seconde  sur  l'Église  Saiid^Jean-Saint-François,  par 
M.  Lucien  Lamlieau  (p.  56-65). 

—  La  Société  historique  d'Auleuil  et  de  Passy  nous  a  envoyé  son  XCVIII" 
Jiulletin  (2"  trimestre  1918)  (Paris,  secrétariat  général,  avenue  des  Peupliers. 
i),  villa  Montmorency,  in-4  paginé  184-228;  dont  la  presque  totalité  est 
occupée  par  les  Cahiers  des  griefs  du  tiers-état  des  paroisses  d'Auleuil,  de 
Boulogne  et  de  Passy  (1789),  publiés  par  M.  Louis  Batcave.  avec  une 
Introduction  et  des  «  Notes  explicatives  »  intéressantes,  plus  étendues  (jue 
les  textes  reproduits.  Très  utile  contribution  à  l'histoire  de  la  période 
révolutionnaire  dans  la  banlieue  de  Paris.  —  Ce  Bulletin  se  termine  par 
quelques  détails  curieux  donnés  par  M.  G.  Vauthier  en  ce  qui  concerne 
la  Croix  de  Victor  Hugo  accordée  par  le  Roi,  en  1825,  à  la  requête  du 
général  comte  Hugo,  père  du  poète,  et  par  un  extrait  d'un  livre  de  François 
\lignet  décrivant  «  la  société  célèbre  d'Auteuil.  » 

—  La  revue  Renaissance  du  tourisme,  qui  formait  un  supplément  men- 
suel à  la  lienaissance  politiijue,  littéraire,  économi<pie.  vient  de  se  transfor- 
mer, après  trois  années  d'existence,  en  un  très  beau  périoditpie  illustré, 
de  format  grand  in-4,  qui  a  poiu*  titre  :  La  lienaissance.  Sports  et  tourisme, 
hygiène  sociale.  Dans  son  premier  n"  (mars  1919).  la  direction  s'adresse 
ainsi  aux  lectiMirs  :  <■  Le  totirisme  ne  pouvait  être  malgré  tout  qu  au  second 
plan  des  piéoccupalions  d'hier.  Il  fallait  d  abord  que  la  France  vécût  ;  il 
faut  maintenant  qu'elle  vive  plus  prospère.  Le  tourisme,  mol  magitpie. 
évncaleur  de  féeriques  chevauchées,  le  tourisme,  cham])  oITerl  aussi  aux 
plus  vastes  conceptions  industrielles  cl  commerciales,  merveilleux   instru- 


—  2:J1  — 

.nient  de  travail  et  d'enrichissement  nationaux,  le  tourisme  redeviendra 
j)lus  que  jamais  notre  sollicitude  passionnée.  S'étonnera-ton  de  nous  voir 
l'Iargir  notre  cadre  primitif  ?  Loin  de  nous  la  prétention  de  découvrir 
aujourd  hui  le  sport  1  Simplement,  nous  lui  apportons  le  renfort  d'un 
j:rand  organe  illustré...  Mais  le  sport  a  ses  détracteurs,  comme  ses  exagé- 
lations.  .\  nous  de  désarmer  ceux-là.  en  nous  gardant  de  celles-ci.  Sport 
rationnel,  dirons-nous  donc.  Et  nous  voilà  amenés  à  cette  rubrique  Hygiène 
xociale,  si  riche  elle-même  que  de  bons  esprits  souhaitaient  de  la  voir  au 
])remier  plan.  »  Nous  saluotis  synipathiquement  ce  périodique,  imprimé 
avec  soin  sur  papier  de  luxe  (chose  rare  aux  temps  présents)  et  remarqua- 
blement illustré.  Les  sommaires  en  seront  publiés  régulièrement  dans  la 
Partie  technique  du  Polybiblion  (Rédaction  et  administiation  :  10,  rue 
Royale,  Paris.  VHP  arr.  Abonnement  :  France.  20  fr.  ;  Etranger^  30  fr.). 

.\njou.  — La  vingtième  série  des  Ande<javiaiia  de  M.  l'abbé  Uzureau  vient 
de  nous  parvenir  (.\ngers,  Siramleau  ;  Paris.  Auguste  Picard,  1918,  in-8  de 
332  p.).  aussi  copieuse  et  nourrie  de  documents  et  de  notices,  aussi  touffue 
([ue  ses  devancières.  Outre  l'étude  sur  l'Abbé  Daboys,  curé  de  La  Poinme- 
ray.  procureur-syndic  dn'dislrict  de  Saint-Florenl-le-Vieil,  que  le  Polybiblion 
de  juillet  1917  (p.  6o)  a  signalée  lors  de  l'apparition  du  tirage  à  part,  il  faut 
mentionner  spécialement  un  cf>rtain  nombre  de  documents  sur  les  évêques 
d'Angers  et  qui  s'espacent  depuis  Defensor,  l'apôtre  de  l'Anjou  au  u'  siècle, 
jusqu'à  réminent  titulaire  actuel  du  siège  :  Les  Évêques  d'Angers  jus- 
Hunu  xin'  siècle  :  Henri  Arnauld,  évéque  d'Angers  et  l'affaire  des  réguliers 
(1654-165'^);  Une  I\'oniinalion  ecclésiaslique  à  Angers  au  xvuie  s/èc/e,  faite 
])ar  Mgr  de  Vaugirault,  en  17oo,  dans  des  conditions  particulières,  puisque 
l'évèquc  nommait  à  la  fois  trois  titulaires  pour  le  doyenné  de  la  collégiale 
de  Saint-Pierre  d'Angers  ;  Nominalion  de  l'abbé  Freppel  à  l'évéché  d'Angers 
(fin  1S60)  ;  Inslallalion  de  Mgr  Rameau,  évéque  d'Angers,  le  27  février  1899. 
Notons  encore  plusieurs  chapitres  importants  concernant  l'Université 
d'Angers  et  ses  professeurs,  depuis  Bernard  I".  maVre-écols.  aux  environs 
de  r.\n  Mil,  jusqu'à  la  création  impériale  de  1S09  établissant  à  Angers  le 
.siège  d'un  ressort  d'Académie,  supprimé  en  1834.  Deux  études  sur  l'abbaye 
du  Ronceray  :  Foni/alion  de  l'abbaye  du  Ronceray.  à  Angers,  en  1028,  par 
Foulques  Nerra,  comte  d'Anjou,  et  Les  Chanoines  de  la  Trinité  d'Angers  et 
l'nbbesse  du  Ronceray.  curieux  documents  datant  de  1781  et  relatifs  aux 
ditllcultés  existant  entre  le  chapitre  et  les  religieuses.  Comme  toujours,  les 
documents  de  la  période  révolutionnaire  abondent  et  sont  presque  tous 
de  valeur,  par  exemple  :  Les  Administrateurs  du  déparlement  de  Maine-et- 
Loire  et  les  prêtres  insermentés  f  1701-1792).  Les  Constilatims  de  1793  et  1795 
jugées  par  un  patriote  angevin,  Papin,  professeur  aux  écoles  centrales  de 
Maine-et-Loire  et  de  la  Corrèze  ;  3/""=  Révellière,  de  Cholet.Jusillée  au  Chainp- 
cles-Martyrs  d'Angers,  le  \"é  février  1794  ;  Situation  lamenlal)le  du  district 
'd'Angers  en  179U  ;  La  Vendée  angevine  en  octobre  1797,  rapport  du  général 
A  idalot-Dusirat.  après  le  coup  d'État  du  dix-huit  fructidoi-.  qui  vint  remettre 
on  question  toute  la  pacification  réalisée  deux  ans  auparavant  par  le  génie 
de  Hoche,  etc..  etc.  Ce  sommaire  déjà  long  et  pourtant  beaucoup  trop  suc- 
cinct, ne  peut  donner  qu'une  bien  faible  idée  de  l'importance  de  ce  nou- 
veau volume.  Mais  quand  donc  M.  Uzureau  nous  donnera-t-il  enfin  une 
bonne  table  générale  et  complète  ? 

Bourgogne.  —  Nous  mentionnons   avec  plaisir  le  2^   semestre  de  l'an- 

Jiée    1917   du   Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de^ 

J'Yonne  (71e  volume.  1"  de  la  5«  série,  .\uxerre.  secrétariat  de  la  Société, 


—  232  — 

1919,  in-8  paginé  179-415  et  13-S3,  i)lu.s,  pour  les  procès-verbaux  des 
séances  et  les  tables  lxvh-ccii,  avec  vin  plan  hors  texte  et  une  vignette).  Ce 
volume  n'est  en  rien  inférieur  à  ceux  que  rtous  avons  précédemment  enre- 
gistrés. Divisé  en  deux  sections  comportant  une  pagination  distincte, 
comme  il  est  dit  plus  haut,  il  se  compose  ainsi  :  La  Grande  Diselle  de  1817 
à  Sens,  par  M.  Victor  Guimard  (p.  179-235).  L'auteur  raconte  en  détail 
tout  ce  qui  sest  passé  à  Sens  et  aux  environs  pendant  la  ((  chère  année  « 
«lui  a  suivi  les  deux  invasions  de  1814  et  de  1813,  particulièrement  les 
troubles  que  la  misère  occasionna  dans  le  pays  et  la  répression  vraiment 
excessive  qu'ils  provoquèrent  :  entre  autres  châtiments,  il  y  eut  trois  con- 
damnations à  mort,  suivies  d'exécution  ;  —  Notices  archéologiques  villa- 
geoises, par  M.  l'abbé  A.  Parât  (p.  257-281,  avec  un  plan).  Il  s'agit  ici  de  la 
seule  commune  de  Pontaubert  ;  —  Les  Conininnaulés  de  métiers  dans  l<t 
région  de  l'Yonne,  élude  suivie  du  lexle  des  statuts  des  corporations  et  de  divers 
autres  documents,  par  M.  Ch.  Porée  (p.  283-386).  intéressante  étude  ap()uyée 
de  nombreuses  pièces  justificatives,  princi})aleitient  des  statuts  de  diverses 
corporations  de  Sens,  Tonnerre,  Auxerre  et  Avallon  ;  —  Note  sur  un  vieux 
bénitier  sénonais,  par  M""  Augusta  Hure  (p.  387-3'9l.  avec  une  vignette)  :  — 
Les  Foires  anciennes  dans  VAi^allonnais.  par  M.  l'abbé  A.  Parât  (p.  393-407). 
curieux  travail  où  les  historiens  des  mœurs  et  des  coutumes  françaises 
trouveront  à  glaner  ;  —  Notice  nécrologique  sur  M.  Maurice  Bernard,  par 
M.  Peigné  (p.  409-411);  —  Notice  nécrologique  sur  M.  Ctiarles  Joly,  par 
M.  Georges  Lemoine  (p.  413-415).  —  Enfin,  dans  la  deuxième  partie  du 
recueil  réservée  aux  sciences  naturelles,  nous  relevons  une  élude  très 
actuelle  :  La  Situation  agricole  et  économique  dans  l'Yonne  pendant  In  guerre, 
par  M.  Gabriel  Letainturier,  préfet  de  l'Yonne,  bien  placé  pour  être  par- 
faitement renseigné  (p.  13-53). 

Franche-Comté.  —  Notre  très  distingué  collaborateur  M.  Paul  Laconibe 
a  tiré  à  part  du  lUbliographe  moderne,  1910-1917,  n°  2,  un  savant  travail 
sur  les  Origines  de  l'imprimerie  à  Besancon.  L'Imprimeur  de  /'  «  .\rbolayre  » 
(Paris,  Société  française  de  bibliographie,  in-8  de  19  p.,  avec  4  planches  et 
7  figures).  Le  texte  de  cette  luxueuse  brochure  est  extrait  de  l'Histoire  de 
l'imprimerie  en  France  au  xv"  el  au  \\\'  siècle,  par  feu  A.  Claudin,  t.  IV. 
publié  sous  la  direction  de  M.  Léopold  l~)elisle  par  M.  Paul  Lacombe.  Déjà 
imprimé,  «  ce  volume  paraîtra  aussitôt  que  le  permettront  les  circons- 
tances. »  Les  recherches  de  Claudin  l'avaient  porté  à  croire  que  VArbotayre 
—  «  traduction,  ou  plutôt  adaptation  française  de  VHerharius  imprimé  par 
Pierre  SchoelTer  à  Mayence  en  1484,  et  de  ÏOrlus  sanitalis  que  le  même 
typographe  imprima  en  1485  »  —  avait  été  exécuté  à  Lyon  par  Mathieu 
Husz,  vers  1487-1488.  Mais  en  1-905,  deux  pièces  faisant  partie  d'un  recueil 
acquis  pour  la  Bibliothèque  nationale  vinrent  «  détruire  toutes  les  conjec- 
tures admises  jusqu'à  ce  moment  sur  les  oéigines  de  l'Arbolayre  »,  fii 
prouvant  <(  d'une  façon  définitive  «  (jue  ce  livre  curieux  provient  des  - 
presses  bisontines.  Un  peu  avant  sa  mort,  Claudin  avait  reconnu  son 
erreur  ;  mais  c'est  à  M.  Paul  Lacombe  qu'était  réservée  la  tâche  dediscutei 
les  choses  et  d'établir  le  fait,  sans  pouvoir  toutefois  déterminer  absolu- 
ment le  nom  de  l'imprimeur,  qui  semble  cependant  devoir  être  Pieri-e 
Mellinger,  lequel  exerça  à  Besançon  au  xv»;  siècle  «  après  qu'il  eût  quilh'^ 
Vugsbourg  et  avant  (juil  allât  s'établir  a  Dole,  puis  à  Dijon  (I4!l0-149l  )    » 

—  .M.  Léon  Sabler  a  consacré  au  l'eintre  Louis  Jupy  une  plaijuette  luxueu^e- 
nient  imprimée  sur  beau  papier  (Monibéliard.  Impr.  montbéliardaise,  li^l'.'. 
j)elit  in-S  de   15  p.,    avec  une  reproduction  de  tableau  el    1  planche   hors 


—  233  — 

texte).  Né  à  Berne,  conimune  de  Seloncourt  (Doubs),  le  19  octobre  1839, 
Louis  Japy  semblait,  pour  des  raisons  de  famille,  devoir  orienter  sa  vie 
vers  la  pratique  des  sciences  exactes,  mais  ses  goût  en  décidèrent  difTérem- 
ment  et  il  abandonna  avec  joie  les  mathématiques,  où  il  n'excellait  pas^ 
pour  les  beaux-arts  où  plus  tard  il  devait  briller.  Élève  de  Corot  et  surtout- 
dc  Français,  il  envoya  des  toiles  à  divers  Salons  et  remporta  ainsi  de 
nombreux  succès.  Hors  concours  en  187S,  il  obtint  la  croix  de  la  Légion 
d'honneur  en  1906.  Une  très  belle  photographie  représente  Louis  Japy 
devant  un  petit  tableau  aucjuel  il  travaille.  Cet  excellent  artiste  est  mort  ;» 
Paris  le  3  janvier  191t). 

Languedoc.  —  En  attendant  une  prochaine  Dibliog rapide  sommaire  de 
l'ancien  provençal  par  M.  Jeanroy.  le  savant  romaniste,  et  une  bibliographie 
complète  de  notre  ancienne  littérature,  par  M.  Anglade,  professeur  à 
l'Université  de  Toulouse,  ce  dernier,  mainteneur  de  l'Académie  des  Jeux- 
Floraux,  offre  aux  étudiants  et  au  public  éclairé  un  précieux  guide  :  Pour 
éludier  les  Irouhadours,  notice  bibliographique  (Toulouse,  Privât,  in-8  de 
10  p.).  On  remarquera  qu'il  y  a  beaucoup  d'ouvrages  allemands  cités  dans 
cette  bibliographie  ;  preuve  que  nous  avons  trop  laissé  à  l'étranger  le  tra- 
vail de  notre  sol  ;  motif  de  remords  et  de  zèle  pour  l'avenir.  Le  catalogue, 
des  plus  méthodiques,  ne  confond  pas  la  limpidité  sobre  et  la  sécheresse. 
C'est  fort  souvent  qu'un  très  bref  commentaire  précise  à  souhait  la  valeur 
et  le  sens  de  l'ouvrage.  On  sent  qu'un  maître,  aussi  érudit  que  bienveillant, 
a  rédigé,  pour  le  profit  de  son  lecteur,  ces  notes  utiles. 

—  Une  figure  éminemment  toulousaine  et  hautement  religieuse  a  dis- 
paru en  la  personne  de  Mgr  Delpech.  prélat  de  la  maison  de  Sa  Sainteté 
Benoit  XV.  chanoine  archiprêtre  de  la  Métropole  Saint-Etienne  de  Tou- 
louse, chanoine  d'honneur  de  Montauban  et  de  Pamiers,  aumônier  militaire 
en  1870,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Son  ami,  M.  le  chanoine  Valentiu, 
doyen  de  la  Faculté  libre  des  lettres,  mainteneur  de  l'Académie  des  Jeux 
Floraux,  a  fait  revivre  celte  physionomie  supérieurement  attachante  et 
d'une  valeur  si  exemplaire,  en  des  pages  toutes  débordantes  d'émotion  cor- 
diale et  d  esprit  de  foi  [Monseigneur  Xavier  Delpech,  Is^'2-I0l9.  Toulouse.  Pri- 
vât, in-8  de  "20  p., avec  portraits.  Prix  ;  0  fr.  50).  M.  Valentin.  a  su  grouper 
là  des  souvenirs  personnels  variés  et  précis,  qui  font  de  cet  hommage  à- 
une  mémoire  chère  et  vénérée,  une  biographie  abondante,  malgré  sa  biiè- 
veté  relative  et,  par  plus  d'une  esquisse  bien  nuancée  à  propos  de  la  vie 
pastorale  ou  intime  de  Mgr  Delpech,  un  fragment  de  vie  de  saint. 

Limousin.  —  On  travaille  ferme  à  Limoges,  en  dépit  des  terribles  jours 
écoulés  et  des  préoccupations  quand  même  de  l'heure  présente.  El  la 
preuve  résulte  des  deux  volumes  compacts  que  vient  de  nous  envoyer  la 
Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  lesquels  forment  la  2'  li- 
vraison du  tome  LXVl  et  le  tome  I.XVII  de  son  remarquable  Bulletin  (Li- 
moges, Ducourtieux  et  Goût,  1918,  in-8  paginé  251-482,  avec  une  carte, 
4  planches  et  3  armoiries  dans  le  texte  pour  la  2'  livr.  de  t.  LXVl  ;  et  191'.i. 
in-8  de  28:2  p.,  avec  1  plan,  3  planches,  1  gravure  et  6  armoiries  dans  :e 
texte  pour  le  t.  LXVIlj.  Dans  le  premier  de  ces  volumes,  on  trouvera  les 
études  suivantes  :  La  Crise  des  subsistances  dans  le  dislricl  de  Dorai  pendant 
la  Révolution,  par  M.  Roger  Drouault  (1"  partie,  p.  251-274),  travail  auquel 
la  situation  actuelle  donne  un  intérêt  particulier  ;  —  A'o/e  sur  quatre 
lombes  de  l'œuvre  de  Limoges  (I3'27j,  par  M.  Franck  Delage  (p.  275-281)  ;  — 
Notice  sur  l'origine  du  mot  Limousin,  par  M.  P.  Deffontaiues  (p.  282-288;  ; 
—  Noies  sur  quelques  outils  palêolilhiques  de  l'arrondissement  de  Limoges,  par 


-^  234  - 

le  même  (p.  289-291)  ;  —  Hisloire  de  l'Église  el  de  la  paroisse  de  Saiid-Mi- 
chel-des- Lions  à  Limoges  (suite),  par  M.  le  chanoine  A.  Lecler  (p.  292-330)  :  — 
Les  Grands  Chemins  du  Limousin  (suite),  par  M.  Paul  Ducourlieux  (p.  331- 
369,  avce  une  carte),  étude  considérable  et  très  fouillée  ;  —  Le  Vitrail  de 
la  chapelle  de  Notre-Dame  de  la  Borne,  par  M.  Louis  Lacrocq  (p.  370-379, 
avec  3  planches);  —  La  Seigneurie  du  Muraud  en  Limousin,  notes  et  docu- 
ments par  M.  Joseph  Boulaud  (p.  380-396,  avec  1  planche  et  3  armoiries 
dans  le  texte)  :  —  Établissement  des  cannes  déchaussés  à  Limoges,  par  M.  A. 
Petit  (p.  397-406)  ;  —  Une  Procédure  de  moniioires  au  xvuie  siècle,  par  M. 
Louis  Lacrocq  (p  407-414),  —  Le  tome  LX.VII  renfermeles  travaux  ci-après 
dont  trois  forment  la  continuation  d'études  mentionnées  précédemment  : 
Les  Communes  limousines  et  les  Anglais  au  moyen  âge,  par  M.  Paul  Ducour- 
tieux  (p.  5-28)  ;  —  La  Crise  des  subsistances  dans  le  district  de  Dorai  pendant 
la  Révolidion,  par  M.  Roger  Drouault  (suite),  (p,  29-49)  ;  —  Histoire  de  l'église 
et  de  la  paroisse  de  Saint~Michel-des- Lions  à  Limoges,  par  M.  A.  Lecler  (suite) 
(p.  50-92)  ;  — Les  Grands  Chemins  du  Limousin  (la  grande  voirie),  par  M.  Paul 
Ducourtieux  (suite)  (p.  93-120);  — Catalogue  sommaire  des  peintures,  dessins 
et  sculptures  intéressant  l'iconographie  locale  conservés  au  musée  Adrien 
Dubouché  à  Limoges,  par  M.  Louis  Lacrocq  (p.  121-128.  avec  2  planches)  ;  — 
Deux  nouveau,x  Dolmens  dans  la  région  des  monts  de  Blond,  par  M.  P.  Defl'on- 
taines  (p.  129-13-4.  rvec  figures):  —  Un  nouveau  Dolmen  en  Haute  Vienne,  par 
le  même  (p.  135-143)  ;  —  Le  Mas  de  Gigondas,  paroisse  d'Isle,  par  M.  Joseph 
Boulaud  (p.  144-170,  avec  une  gravure  et  6  armoiries  dans  le  texte)  :  —  La 
Prescription  des  Girondins  originaires  du  Limousin,  par  MM.  L  de  Mussac  et 
F.  Delage  (p.  171-185)  ;  —  Lettres  de  Dom  Vergniaud  (oncle  du  fameux  gi- 
rondin) à  François  AUaaud  1778-1781,  publiées  et  annotées  par  M.  Louis 
Lacrocq  (p.  186-193)  ;  —  Documents  (au  nombre  de  sept)  relatifs  à  des  con- 
trats, un  partage,  un  règlement  de  compte  et  des  pétitions,  échelonnés 
entre  1520  et  1791,  communiqués  par  MM.  A.  Petit,  R.  Drouault,  Boulaud 
et  Lacrocq  (p.  194-218).  —  Nous  ne  dirons  rien  des  procès-verbaux  des 
séances  de  la  Société,  lesquels  cependant  contiennent  toutes  sortes  d'indi- 
■cations  utiles  jjour  l'histoire  du  Limousin. 

Normandie.  —  Le  premier  Bulletin  du  tome  XXXVIII  du  recueil  trimes- 
triel de  la  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne  (Alençon,  Impr.  alen- 
çonnaise,  janvier  4919,  in-S  de  xxv(i-99  p.)  est  occupé  presque  entièrement 
par  y  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  Prie,  due  à  notre  regretté  colla- 
borateur feu  M.  B.  de  la  Garanderie.  De  ce  travail,  il  a  été  fait  un  tirage  à 
25  exemplaires  numérotés  (Alençon,  Impr.  alençonnaise,  1919,  in-8  de  87  p.. 
avec  3  tableaux  généalogiques).  Quelques  passages  empruntés  aux  pre- 
mières pages  de  ce  travail  le  feront  sulfisamment  connaître.  «  Cette  illustre 
maison,  dit  M.  B.  de  la  Garanderie,  dont  le  nom  est  aujourd'hui  éteint  et 
dont  il  ne  reste  de  descendants  que  par  les  femmes,  a  tenu  dans  l'histoire 
une  place  si  importante  qu'il  m'a  paru  intéressant  d'en  rappeler  le  souve- 
nir. Les  fonctions  dont  ses  membres  ont  été  chargés,  les  fiefs  qu'ils  ont 
possédés,  les  brillantes  alliances  qu'ils  ont  contractées  les  ont  toujours  mis 
à  la  tête  de  la  noblesse...  L  histoire  de  la  famille  de  Prie  n'intéresse  pas 
seulement  la  Normandie.  Originaire  du  NMvernais,  cette  famille  s'étendit 
<>n  Bourgogne,  où  l'on  voit  dans  une  chapelle  de  I  église  de  Beaujeu-sur- 
Saône,  une  épila|)he  où  sont  représentées  les  armes  de  Beaujeu  et  autour 
celles  des  de  Prie,  de  la  Baume-Montrevel,  etc.  ;  en  Berry,  où  elle  posséda 
<le  nombreuses  seigneuries,  entre  autres  celles  de  M(Milpoupon,  Molins  ou 
Moulins.  I')uz;ui(;us  ;  en  Tonraine.  i'A\  fut  seulement  au  début  du  xvu"  siècle 


—  2.S5  — 

inVIIo  s'('tablit  on  Normandie  par  le  mariage  d'Aymard  du  Prie  avec 
I.i>uise  de  Hautemer,  dame  de  Fervacques,  fille  du  fameux  maréchal  do 
llaulemer,  prolestant  farouche  dont  les  cruautés  sont  restées  légendaires.  » 
haris  cette  étude,  M.  B.  de  la  (îaranderie  passe  en  revue  tous  les  de  Prie 
depuis  le  xii'  siècle  jusqu'aux  années  ayant  itninédialemenl  précédé  la 
{{évolution.  Il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  simple  esquisse  généalogique,  mais 
dune  biographie  de  chaque  personnage,  relevée  parfois  d'anecdotes  inté- 
ressantes. Bonne  contribution  à  l'histoire  de  la  noblesse  française,  établie 
non  seulement  d'après  d'importants  ouvrages  connus  ou  des  mémoires  qui 
lo  sont  moins,  mais  aussi  à  l'aide  de  nombreux  documents  inédits  existant 
dans  les  archives  du  père  de  l'auteur. 

—  D'après  les  documents  inédits  laissés  par  M.  Alphonse  Chassant, 
archiviste  paléographe,  bibliothécaire  d'Evreux.  M.  Albert  Doucerain,  l'un 
des  membres  éminents  du  barreau  de  cette  même  ville  et  secrétaire  perpé- 
tuel de  la  .Société  libre  de  l'Eure,  publie  une  notice  sur  Jean-François  Cor- 
neille, cousin  du  grand  Corneille.  11  vécut,  lui  aussi,  à  Évreux  (1714-1783) 
flans  la  condition  la  plus  modeste  et  usa  de  son  nom  illustre  pour  obtenii- 
des  comédiens  du  Théâtre-Français  des  représentations  à  son  profit.  La 
précision  de  ces  détails  est  curieuse.  Un  des  agréments  de  cette  plaqviette 
de  19  pages  publiée  à  Rouen  (Édition  de  la  Revue  normande)  est  d'être 
imprimée  à  100  exemplaires  sur  un  papier  de  luxe,  et  par  les  temps 
actuels  cela  iirocure  (sans  jeu  de  mots)  une  impression  charmante  et  déli- 
cieuse aux  yeux  desNt)ibliophiles.  , 

Angleterre.  —  Sous  les  auspices  de  1'  «  Anglo-French  Society  »,  une 
exposition  du  Livre  français,  actuellement  en  préparation  avec  divers 
patronages  et  concours  importants,  s'ouvrira  à  Londres  vers  la  fin  de  mai. 
Les  ouvrages,  journaux  et  périodiques  qui  figureront  à  cette  exposition 
seront  enregistrés  sur  un  Catalogue  qui,  ainsi  que  l'exposition  elle-même, 
ne  pourra  nianqiier  de  produire  des  résultats  avantageux  pour  la  Presse 
et  le  Livre  français  II  faut  que  Ion  sache  bien  que  le  public  anglais  est 
animé  du  désir  de  se  familiariser  avec  la  littérature  française,  désir  qui 
\a  jusqu'à  lengoueinent  dans  les  classes  élevées  de  la  société.  On  sait 
d'ailleurs  que  le  gouvernement  britannique  a  pris  des  mesures  pour  favo- 
riser et  développer  l'étude  de  la  langue  française  dans  les  écoles  du 
Royaume-Uni,  afin  de  combattre  l'influence  germanique  qui  prévalait 
avant  la  guerre.  L'exposition  de  l'Anglo-French  Society  s'annonce  donc 
au  moment  le  plus  propice  et  nous  faisons  des  vœux  pour  que,  de  tous 
côtés,  les  éditeurs  et  les  directeurs  de  journaux  et  de  périodiques  français 
répondent  à  l'appel  qui  leur  est  adressé.  Pour  obtenir  tous  renseignements, 
écrire  à  M.  Henry  Davray,  secrétaire  de  l'Anglo-French  Society,  Scala  House, 
Tottenham  Street,  W.  L,  Londres. 

Esp-AGNE.  —  En  nous  donnant  une  traduction  de  Las  cien  mejores  poesias 
(liricas)  de  la  lenrjua  porhigiiesa  (Valencia.  editorial  Cervantes,  1918,  in-16 
.-de  208  p.  Prix  ;  2  fr.).  M.  Fernando  Maristany  veut  contribuer  pour  sa 
part  au  rapprochement  intellectuel  entre  les  trois  grands  peuples  latins  de 
la  péninsule  it)érique  :  Espagnols,  Catalans  et  Portugais.  Dans  la  Préface 
-dont il  a  honoré  l'ouvrage.  M.  I.  Ribcra-Rovira,  qui  lui-même  s'est  appli- 
xjué  à  faire  connaître  à  ses  compatriotes  catalans  les  œuvres  de  la  littéra- 
ture lusitanienne,  montre  bien  à  quel  point  pourrait  être  fécond  ce  rap- 
/  prochement,  cette  compénétration  qui  n'a  rien  à  voir  avec  les  rêves  d'uni- 
fication absolue  que  forment  quelques  Espagnols.  M.  Maristany  s'est  déjà 
.fait  la   main  aux  traductions  ;  il  a  notamment   donné  à  ses  compatriotes 


■■■Si-, 


—  236  — 

des  choix  de  poésies  anglaises  et  françaises.  Le  présent  recueil,  où  figurenfc. 
les  grands  noms  de   la  littérature  portugaise  et   dans  lequel  une  large  et- 
juste  place  est  faite  à  la   renaissance,  à    ri-fllorescencè   si    remarquable   du 
xix«  siècle,  est  vraiment  intéressant  ;  l'on  ne  sent  guère  nulle  part  lelTurt 
et,  plus  que  d'une  traduction,  le  livre  produit  l'efl'et  d'une  œuvre  originale 
Et  c'est  là  peut-être  le  meilleur  éloge  que  l'on  i)uisse  en  faire. 

—  C'est  une  liste  commode  et  qui  ne  servira  pas  seulement   aux  élèves 
de  l'Institution  auxquels  elle  est  destinée  qui    nous   est   présentée   sons  le 
titre  :  Excuela  sixperior  del  magislerio.   Nolicia  de   nhjnnas   rerislas  cuya  h-i-.- 
lura  piiede  inleresar  à  los  alainnos  y  alumnas  de  dicha  escueta  (Madrid,  tip.  . 
de  la  Revisla  de  archiuos,  bibiiolecas  y  museos.  1919,  in-32   de   16  p.).  On  y 
trouve  la  mention  courte  et  précise  de  plus  de  100   revues   espagnoles  oij.= 
étrangères  dont  la  plupart  se  peuvent  consulter  dans  quelqu'une  des  biblio-- 
Ihèques  publiques  de  Madrid.   L'on    peut  espérer  que   pour  celles  de   ces- 
revues  (le  choix   nous   en  paraît  judicieux)  qui  ne   se  rencontrent   pas  à^ 
Madrid,  il  sulïîra  qu'elles  aient  été  signalées  par  cette  liste   pour  que  1  un- 
ou  l'autre  des  établissements  publics  madrilènes  prenne  à   cœur  de  se  les 
procurer. 

Suisse.  —  Le  Voyage  d'un  l'eligieux  d'IIaiiterive  à  Akinles  en  Bretagne  et 
retour  par  Paris,  en  1788,  par  le  P.  Basile  Droux,  capucin  (Extrait  des 
Annales  fribourgeoises.  Fribourg,  Fragnière,  1918,  in-8  de  01  p.  Prix  : 
1  fr.  50),  accompli  à  la  veille  de  la  Révolution,  nous  renseigne  sur  l'état 
des  nombreux  couvents  cisterciens  et  autres  que  visita  son  auteur.  La  note 
pittoresque  y  surabonde.  Ce  religieux  que  labbé  Ducret,  le  savant  direc- 
teur de  la  Bibliothèque  universitaire  et  cantonale  de  Fribourg,  croit  pou- 
voir identifier  dans  la  personne  du  P.  Boniface  Tliorin.  ne  manque  jamais 
de  décrire  les  pays  qu'il  traverse,  d'indiquer  ce  qu'ils  ont  de  remarquable. 
Partout  il  relève  soigneusement  les  ressources  financières  de  ces  établisse- 
ments religieux,  leur  personnel,  leurs  us  et  coutumes,  etc..  etc.  Le  port 
de  Nantes,  terme  ultime  de  son  voyage,  attire  tout  particulièrement  son 
attention.  Il  allait  y  visiter  un  sien  cousin  qui  avait  établi  avec  l'Amérique 
un  conunerce  de  fromages  de  Gruyère.  Ce  qui  fait  l'intérêt  de  ce  voyage,." 
c'est  rénumération  du  grand  nombre  des  abbayes  cisterciennes  qui  exis- 
taient alors  en  France  et  qui  devaient  sitôt  disparaître,  emportées  par  i.t 
tourmente  révolutionnaire.  L'édition  est  très  soignée,  comme  d'ailleurs- 
toutes  celles  qui  sortent  des  presses  de  MM.  Fragnière. 

États-Ums.  —  La  Smithsonian  Institution  United  States  National  Museunt 
dans  son  Bulletin  N^  103  (Washington,  Government  printing  oflice.  1918)- 
publie  des  études  paléontologiques  et  géologiques  sur  l'Améiique  centrale 
et  les  Indes  occidentales  :  Contribalions  la  Ihe  Geology  and  Puteonlology  of 
Ihe  Canal  Zone,  Panama,  and  geologically  related  areas  in  Central  Aniericd 
and  Ihe  West  Indies.  Des  divers  travaux  que  comportent  ces  études,  nous- 
avons  reçu  les  tirages  à  part  suivants  :  5  espèces  de  Bryozoaires,  dont  2. 
provienneiit  de  la  zone  du  canal  de  Panama  et  3  de  Cosla-llica  sont  étu- 
diées par  MM.  Ferdinand  Canu  et  Uay  S.  Bassler,  dans  Bryo:oa  of  Ihe  Canal 
lone  and  related  areas  (G  p..  1  pi.).  —  M.  Joseph  ■  Augusiine  (Aishman. 
dans  The  larger  l'\)ssil  Foraniinifera  of  Ihe  Panama  Cantd  Zone  {W  p.,  \-2  |)l.) 
nous  donne  la  description  de  12  espèces  de  Foraminifères  appartenant  aux 
familles  des  Nunnnulitidae  et  Miliolidae  ;  presque  toutes  ces  espèces  sont 
nouvelles  et  0  sont  comj)rises  dans  le  genre  Lepidocyclina  dont  lautcui*- 
fait  VHie  intéressante  étude.  —  Les  Cirripèdes  trouvés  dans  les  mêmes- 
régions   et  comprenant   5   es])èces   réparties    dans   les   genres   Balanus  et. 


—  237  — 

'Lopas  sodI  ('tudi('s  par  M.  Henry  A.  l'ilsbry  :  Cirripedia  Jroin  llie  Panama 
'Canal  Zone  (I  p.,  1  pi.).  —  M.  Mary  J  Ratlibiin  s'ost  chargé  do  l'étiiflf  des 
•  crustacés  Décapodes.*  L'auleur,  dans  son  Introduction,  après  avoir  indiqué 
les  ouvrages  traitant  des  Décapodes  tertiaires  de  Panama,  nous  donne  la 
•«Jescription  détaillée  des  diverses  stations  où  ont  été  recueillies  les  espèces 
-qu'il  décrit  dans  son  ouvrage  :  Decapod  Criislaceous  from  Ihe  Panama  région 
ti2  p.,  t3  pi.).  Parmi  les  espèces  citées,  dont  le  total  s'élève  à  ")8,  plu- 
sieurs appartiennent  à  des  genres  nouveaux  et  un  grand  nombre  sont 
■olles-mêmes  nouvelles  ;  nous  citerons,  entre  autres,  un  magniliquc  échan- 
tillon d'un  nouveau  Crabe,  le  (iatunia  proavita,  figuré  sous  ses  différents 
.aspects  sur  les  planches  54,  5o  et  56. 

—  Nous  avons  reçu  également  les  extraits  suivants  du  volume  5i  des 
Proceedings  of  Ihe  United  Slales  National  Muséum  (Washington,  Government 
Printing  Office,  i918,  in-8).  Durant  l'expédition  au  nord-ouest  du  Pacifique, 

•<hi  steamer  «  Albatros  ».  45  spt'cimens  de  Chilonidae  furent  recueillis  ;  ces 
mollusques  sont  étudiés  par  M.  S.  Stillman  Berry,  dans  (Jliilons  ta/cen  by  Ihe 
United  States  Fisheries  Steamer  «;  Albatros  »  in  Ihe  Northivesl  Pacific  in  1006 
nS  p.  10  pi.)  ;  ils  appartiennent  à  11  espèces,  dont  4  sont  décrites  comme 
nouvelles.  —  M.  William  Healey  Dali  nous  donne  deux  mémoires,  sur  deux 
familles  de  mollusques:  le  premier,  Notes  on  Chrysodomus  and  ollier  Mollusks 

Jfrom  the  .\orlh  Pacific  Océan  (28  p.),  comprend  l'étude  <lc  la  famille  des 
Chrysomidae  Les  difl'érentes  divisions  dont  est  formé  celte  famille  seraient, 
•d'après  M.  H.  Dali,  au  nombre  de  21.  Ces  groupes  sont  décrits  avec  le  plus 
grand  soin,  dans  la  première  partie  de  l'ouvrage,  et  nous  trouvons  dans 
les  dernières  pages  la  description  d'une  vingtaine  d'espèces  de  coquilles 
provenant  presque  toutes  des  mers  du  .?apon.  —  Dans  son  second  mémoire. 
Notes  of  Ihe  Family  Turriiidae  (21  p.)  l'auteur  décrit  les  17  genres  qui  d'après 
lui  forment  la  famille  des  Turritidae;  il  donne  ensuite  une  liste  prélimi- 
naire des  noms  de  genres  anciennement  rapportés  à  cette  division  ;  ces 
noms  classés  par  ordre  alphabétique  et  suivis  de  quelques  références, 
remplissent  à  eux  seuls  les  12  dernières  pages  du  mémoire.  —  Les  insectes 
fossiles  de  Pcnsylvanie  et  du  Colorado  décrits  par  M.  T.  D.  A.  Cockerell  : 
Neiv  species  of  North  American  Fossil  Beetles  Cockroacher,  and  Tsetse  Flies 
(Il  p.  2  pi.)  sont  représentés  par  12  espèces  presque  toutes  nouvelles,  et 
pour  lesquelles  deax  genres  nouveaux  ont  été  créés.  —  Dernièrement. 
rUnited  States  National  Muséum  a  ajouté  à  sa  collection  des  vertébrés  fos- 
.siles  un  magnifique  squelette  de  l'extraordinaire  Stegosaurus  stenops  ; 
dans  son  mémoire  :  A  Newly  Mounled  Skeleton  of  Ihe  armored  Dinosaur 
Stegosaurus  stenops,  in  the  United  States  National  Muséum  (18  p.,  7  pi.) 
par   M.   Charles   W.  Gilmore   nous  donne  do  nombreux    détails   sur    les 

•différentes  parties  de  ce  squelette,  et  reproduit  sur  la  dertiière  planche 
la  reconstitution  de  ce  bizarre  animal.  —  Trois  fascicules  de  M.  Paul 
Bartsch  sont  consacrés  à  la  description  de  coquilles  ;  le  premier, 
Two  new  Land  Shells  of  the  Epiphragmophora  Taskii  firoup  (21  p.  1  pi.) 
contient  la  description  de  deux  espèces  delà  frontière  .Mexicaine  ;  3  espèces 
marines  des  environs  de  Panama,  sont  décrites  dans  le  second  New  ma- 
rine Shells  from  Panama  (5  p.  1  pi.)  ;  et  dans  le  troisième,  A  new  West  In- 
dinn  Fossil  Land  Shells  [2  p.  1  pi.)  l'auteur  décrit  une  espèce  fossile  prove- 
nant de  Sainte-Croix. 

—  Sous  le  titre  :  New  or  noleworthy  plants  from  Colonibia  and  Central  Ame- 
rica, n°  7  (p.  93  à  132,  1  planche  et  19  fig.),  M.Henry  Pittier  a  publié  dans 
les  Contributions  from  the  United  States  National  Herbarium  (vol.  20,  part.  3, 


—  238  — 

Smithsonian  Inslilulion,  Washington,  1918)  une  note  dont  nous  avon- 
reçu  un  tiré  à  part.  Il  y  donne  la  suite  de  ses  étudQs  sur  la  flore  de  la 
Colombie  et  de  l'Amérique  centrale.  Gomme  dans  les  six  séries  précédentes. 
Tauleur  passe  en  revue  plusieurs  familles,  en  complétant  la  description 
d'arbres  appartenant  à  des  genres  et  à  des  espèces  anciennement  mais 
insulTisamment  connus  et  en  décrivant  un  certain  nombre  d'espèces  nou- 
velles Les  fa^nilles  examinées  cette  fois  sont  les  suivantes  :  Artocarpées. 
Magnoliacées,  Grossulariacées,  Rosacées,  Légumineuses,  Euphorbiacées, 
Sapindacécs,  Lécythidacées,  Théophrastacées.  Les  genres  Pircdiiieta  et  />/o- 
sirnuin  (Artocarpées)  sont  redécrils,  comme  étant  distincts.  On  sait  qui' 
c'est  à  de  dernier  qu'appartient  1'  «  Arbre  à  la  vache  »  ou  «  Arbre  à  lait 
(Cow  tree,  paie  de  vaca.  arbol  del  lèche,  palo  de  lèche,  avichuri).  Brosimiiiit 
utile  ï'ittier  {Galnclodendroti  utile  H.  B.  R.),  sur  lequel  de  nouveaux  rensei- 
gnements sont  fournis,  avec  des  notes  sur  son  importance  économique. 

—  Un  autre  brochure  extraite  du  même  recueil,  même  année  (vol.  2(J, 
part  4)  :  The  norlh  American  species  of  Aqiiilefjia,  a  pour  auteur  M.  Edwin 
Blake  Payson  ;  elle  comprend  25  pages  (pp.  133  à  157)  et  14  planches.  Ou 
y  trouve  une  revision  des  espèces  d'Aquilegia  originaires  de  rAmériqui»- 
septentrionale  étudiées  sur  des  échantillons  conservés  dans  plusieurs 
grands  herbiers  américains  ou  sur  des  plantes  vivantes  observées  à  létjit 
sauvage.  Ce  genre  de  Renonculacées  comprend  des  plantes  très  recherchées' 
pour  lornement  des  jardins  sous  le  nom  d'  ((  Ancolies  »  et  les  plus  belles, 
d'entre-elles  ont  précisément  pour  patrie  les  États-Unis.  On  peut  citer  au 
premier  rang  VA.  caeralea.  des  Montagnes  rocheuses,  qui  a  été  adopté  par 
l'Etat  du  Colorado  comme  son  emblème  floral.  Les  A.  oanadensis,  chrysan- 
fha,  fonnosn,  riihicanda,  Skinneri,  sont  aussi  très  connus  en  horticulture, 
ainsi  que  leurs  variétés  et  les  hybrides  auxquels  ils  ont  donné  naissancf, 
soit  entre-eux,  soit  avec  notre  .\ncolie  de  France  {A.  vidgaris).  A  côté  dos 
descriptions  de  plantes  anciennement  coimues  on  trouve  celles  d'un  cor- 
tain  nombre  d'espèces  et  de  variétés  nouvelles  et  des  clefs  analytiques  pour 
faciliter  les  identifications. 

—  Une  troisième  bi'ochure  :  The  Allies  ofSelaginella  riipeslris  in  Ihe  Southern 
United  S Inles,  par  M.  G.  P.  Van  Eseltine.  tirée  du  même  recueil,  mèmi' 
année  (vol.  20,  part.  5),  p.  159  à  172,  7  planches  et  8  figures  noires,  est  la 
première  d'une  série  projetée  sur  les  espèces  appartenant  au  groupe  du 
Selaginella  rapeslris,  encore  mal  délimitées  et  dont  la  revision  critique  est 
nécessaire.  .\vec  les  matériaux  d'études  dont  il  disposait,  l'auteur  a  pu  pas- 
ser en  revue  celles  qui  croissent  dans  le  sud-est  des  États-Unis,  comph'- 
tant  la  description  de  certaines  d'entre  elles  et  en  en  faisant  connaîtio 
quelques  autres,  nouvelles  pour  la  science. 

Publications  nouvelles.  —  Sancli  Thomae  Aqninatis  docloris  angelici 
Opéra  omnia.  T.  XllI  (in-folio,  Romae,  typ.  Garroni).  —  La  Vie  religieuse. 
par  le  chanoine  Millot  (iM-l:2,  Téqui).  —  Une  Heure  d'adoralion  par  mois. 
par  .M.  L.  F.  (in-32,  Yitto).  —  A  ceux  qui  souffrent.  Le  Livre  de  tons,  par  P. 
Lejeuno  (in-12,  (îabalda  ;  Desclce,  de  Brouwei).  —  Les  Trois  Phases  du 
droit  des  gens,  par  C.  Van  Vollenhoven  (in-12,  La  Haye.  Nijliotr).  —  L(' 
Retour  à  la  scliolaslique,  par  G.  Truc  (in-12,  La  Renaissance  du  Livre).  — 
Critique  néo-scotisie  du  thomisme,  par  .1.  Compagnon  (in-18,  Berche  et  Tra- 
lin).  —  L  Education  de  l'iidelligence  et  du  cœur,  par  G.  Méra  (in-18  carré. 
Lethielleux).  —  //  iJolore  nell'educazione  délia  giovenlù.  du  L.  Lelo  (in-18, 
Calania,  Giannotta).  —  Les  Problèmes  du  crédit  en  France,  p.ir  G.  Martin 
(in-16,  Payol).  —  Ruses  légales  et  roueries  financières,  par  F.  Mcolay  (in-lO, 


—  239  — 

Pcnin).  —  La  Trinité  sociale  ;  élude  sociale,  èconoiniijiie  et  politique,  par  IV 
Dugavc  (pplil  in-8,  Bcrgcr-Lcvraiill).  —  Unemploymenl  and  American  Irade 
Unions,  by  D.  P.  Smelser  (iii-8,  Baltimore,  tlic  Joliiis  Ilopkins  Press).  — 
Vérité  sociologi<ine,  (jonvernementale  et  religieuse,  par  J.-A.  Alhaiza  (in-12, 
Daiagoii).  —  Le  Socialisme  intpérialiste  dans  IWllemayne  contemporaine,  par 
C.  Aiidlcr  (in-12,  Bossard).  —  Le  Système  Taylor,  par  G.  Bertrand  Thomp- 
son (in-16,  l^ayot).  —  Mollusran  faunafrom  San  Francisco  Bay.hyE.  L.  Pac- 
iiard  (ii)-8,  Berkeley,  Unisersity  of  California  l'ress).  —  La  fienèse  de  la 
science  des  cristaux,  par  II.  Mctzger  (in-8,  Alcah).  —  Le  Problème  de  la 
guerre,  par  le  colonel  F.  Feyier  (in-8,  Payot).  —  Préceptes  et  jugements  du 
maréchal  Foch.  par  le  coin'  A.  Grasset  (in-lG.  Berger-Levrault).  —  Les 
Amours,  par  P.  de  Ronsard,  texte  rtabli  et  publié  avec  des  additions  de 
l'auteur,  des  notes  et  des  commentaires,  par  A.  Van  Bever  (2  vol.  in-16. 
Grès).  —  Le  Dit  de  sainte  Odile,  poème  de  A. -P.  Garnier  (petit  in-8,  Garnier). 
—  Fleurs  d'Alsace  et  Jleurs  de  rêve,  par  E.  Lagarde  (in-12,  Jouve).  —  Les 
Carillons  de  demidn,  par  L.  Van  (>aloen  (petit,  in-8,  Jouve;.  —  L'Alibi,  par 
J.  Le  Meur  (petit  in-12,  Figuière).  —  Primevères  et  coquelicots,  par  P.  Clerc 
(in-12,  Figuièie).  —  Les  Calmes  Brises,  par  L.  Preslefont  (in-18  carré,  De.»-- 
clée,  de  Brouvver).  —  Cantilènes  et  pensers,  par  R.  Preslefont  (in-18.  Gand. 
Sifler).  —  Les  Cordes  d'acier  (i9Ui-PJlSj,  par  L.  Halleux  (in-12,  Gand.  Van- 
derpoorlen).  —  Le  Sang  des  gloires,  poèmes  de  guerre  et  de  captivité,  par  L. 
Bazin  (in-12,  Téqui).  —  Le  Mystère  de  la  chair  et  du  sang,  évangile  en  cinq 
actes,  en  vers,  par  A.  Barthe  (in-l5,  Jouve).  —  Le  Justicier,  par  P.  Bourget 
(in-16,  Plon-Nourrit).  —  Le  Secret  du  Kou-kou  noor,  par  Delly  (in-16,  Ploii- 
Nourrit).  — Pomponius,  le  dernier  des  chevaliers,  par  L.  Arraou  (in^l6,Plon- 
Nourrit).  —  Le  Capitaine,  par  A.  Redier  (in-16,  Payot).  —  La  Vie  des  âmes, 
par  M'"^  Adam  (Juliette  Lamber)  (in-18.  Grasset).  —  Histoire  d'une  société. 
Si  jeunesse  savait...,  par  R.  Béliaine  (in-18,  Grasset).  —  La  Roue,  par  E. 
Faure  (in-16.  Grès).  —  Filles  de  Metz,  par  J.  d'Urville  (in-18,  la  Renaissance 
du  Livre).  —  L'Immolation,  par  L.  Grégoire  (in-12.  Jouve).  —  Dans  l'ivraie.... 
par  M.  R.  Dassise  (in-12,  Jouve).  —  Mon  Brigadier  Triboulère.  par  E.  Mont- 
fort  (in-12,  Société  littéraire  de  France).  -  L'Hôtel  Le  Tellemont,  pur  M. 
Maryan  (in-12,  Gautier  et  Languereau;.  —  La  Primeneige  du  lointain  donjon. 
par  B.  de  Buxy  (in-12.  Gautier  et  Languereau).  —  Le  Grand  Choc,  par  M. 
Le  Mière  (in-12,  Gautier  et  Languereau).  —  Les  Grands  Écrivains  de  la 
France.  Mémoires  de  Saint-Simon,  édités  par  A.  de  Boislisle,  L.  Lecestre  et  J. 
de  Boislisle.  T.  XXIX,  in-8.  Hachette).  —  La  Littérature  française  au  dix- 
neuvième  siècle.  III.  Romanciers  (18^)0-1900),  par  P.  Halflants  (in-12. 
Bruxelles,  de  Lannoy).  —  François  Buloz  et  ses  amis.  La  Vie  littéraire  sous 
Louis-Philippe,  par  M.-L.  Pailleron  (in-8,  Caïman n-Lévy).  —  Pèlerinages 
passionnés,  par  G.  Faure  (in- 18.  Fasquelle).  —  Voyage  au  Goundafa  et  au 
Sous,  par  L.  Thomas  (in-lC.  Pavot).  —  .Madame  sainrte  Anne  et  son  culte  au 
moyen  âge,  par  P.-V.  Charland  (gr.  in-8,  A.  Picard  et  fils).  —  Paul  Cézanne, 
par  A.  Voilard  .(in-16,  Crès).  —  Mystiques  et  réalistes  anglo-saxons,  d'Émer- 
son  à  Bernard  Shaïc  (in-18.  Colin).  —  L'Amiral  de  Grasse,  par  le  chanoine 
M.  Caron  (in-12,  Téqui).  —  Le  Général  de  Charette,  par  J.  de  la  Faye  (petit 
in-8,  Bloud).  —  Quelques  âmes  d'élite  ( ÏSO^-1912},  esquisses  et  souvenirs,  par 
E.  d'Eiclital  (in-16.  Hachette).  —  Une  Femme  de  diplomate  au  Mexique  pen- 
dant la  dramatique  période  du  8  octobre  1913  au  23  avril  191U,  par  E.  O" 
Shaughnessy  ;  trad.  de  E.  Altiar  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Vincenzo  Monti, 
da  M.  Cerini  (in-8,  Catania,  Giannotta).  —  La  Grande  Revanche.  Campagnes 
de  France .{1870-1871),  (191U-1919),  par  le  com'  Leroux  (in-18,  cartonné. 


—  240  — 

'(^liarles-Lavauzelle).  —  Dunkfrque,  ville  héroïque.  Dans  le  passé,  dans  le 
présent,  par  H.  Malo  (in-16,  Perrin).  —  L' Avant-Guerre  comparée  en 
Allemagne  et  en  Frunce,  par  J.  Civray  (in-iô.  Perrin).  —  Histoire  delà 
Grande  Guerre,  par  V.  Giraud.  Première  partie  (in-8,  Hachette).  —  La 
Vérité  sur  le  siège  de  Maubeuge.  par  le  com'  P.  Gassou  (in-i2,  Berger- 
Levrault).  —  Sous  le  poing  de  fer.  Quatre  ans  dans  un  faubourg  de 
Lille,  par  A.  Droiilers  (in-lG,  Bloud  et  Gay).  —  Quand  «  ils  i>  étaient  à 
Saint-Quentin  (in- 16,  Bloud  et  Gay).  —  Les  Vagabonds  de  la  gloire.  III- 
Les  Matelots  aériens,  par   P.  Milati   (in-16,   Plon-Nourrit).   —   Prisonnier 

-(•ivil,  ou  Histoire  d'unprètre  français,  docteur  allemand,  interné  59  7nois 
en  Allemagne,  par  D.  de  Lagardette  (petit  in-8,  Bloud  et  Gay).  —  Autour 
d'Anvers,  souvenirs  et  récits,  aoilt-octobre  1917,  par  W.  Speth  (in-16. 
Crès).  —  Bans  la  mêlée,  par  É.  Vandervelde  (in-12.  Berger-Levrault).  — 
Paysages  et  souvenirs  de  Belgique,  par  A.  Fontainas  (in-12,  Grès;.  —  Nostro 
Purgatorio  (1915-1917),  da  A.  Baldini  (in-12,  .Milano.  Trêves).  —  Voli 
diguerra,  impressioni  dinn  giornalista  pilota.às.  O.  Cavarafin-lS.  Milano, 
Trêves).  —  Souvenirs,  par  Take  Jonesco  (in-16,  Payot!.  — Les  Étapes  de  la 
crise  grecque,  1915-1918.  par  G.  Frégier  (in-12,  Bossard).  —  De  Nicolas  II 
à  Lénine  1917-1918.  par  S.  Persky  (in-16,  Payot).  —  La  Première  Année  de 
la  Révolution  russe  [mars  1917-mars  1918),  sous  la  rédaction  de  V.  Vic- 
torofî-Toporolî  (in-8,  Berne,  agence  de  presse  russe  ;  Grès).  —  Au  Pays  de 
la  démence  rouge.  La  Révolution  rusxe  [1917-1918).  par  S.  de  Ghessin 
(in-i6,  Plon-Nourrit).  —  La  Révolutinn  russe,  par  G.  Anel.  T.  III  (in-16. 
Payot).  —  L'Enfer  bolchevik  à  Petrograd.  Sous  la  coinmune  et  la  Terreur 
rouge,  par  R.  Yaucher  (in-16,  Perrin).  —  Le  Japon  pendatit  la  guerre 
européenne,  1914-1918.  \)av  M.  Ribaud  (in-12,  Lcthielleux).  —Intrigues 
et  diplomaties  à  Washington  (1914-1917),  par  G.  Lechartier  (in-16.  Plon- 
Nourrit).  —  Les  États-Unis,  par  P.  Delay  (in-8,  Lethielleux^.  —  Le  Chili 
t't  la  France,  par  F.  Gontreras  (in-12,  Bossard).  —  En  guerre.  De  l'ambu- 
lance à  r  hôpital,  par  le  D""  M.  Limousi  (in-12,  Figuière).  —  L' Apostolat 
d'un  malade.  Louis  Peyrot  (1888-1916),  par  J.-P.  Belin  (in-16.  Bloud  et 
Gay).  —  Edouard  Junod,  capitaine  de  la  Légion  étrangère  (1875-1915). 
lettres  et  souvenirs  (in-16,  Grès).  —  La  Guerre  et  la  Vie  de  l'esprit,  par 
M.  Logendre  (in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Les  Guerres  d'enfer,  par  A.  Séché 
(in-16,  Payot).  —  Vertus  guerrières,  par  le  capitaine  Z...  (in-16.  Payot).  — 
La  Dimension  nouvelle,  par  L.-A.  Daudet  (in-12.  Grès).  —  Le  Bon  Combat, 
par  Tabbé  E.  Griselle.  in-16,  Bloud  et  Gay).  —  L'Europe  libérée,  no- 
vembre 1918,  par  P.  Seippel  (petit  in-12.  Grès).  —  L'Encerclement  de 
V Allemagne,  par  A.  Gauvain  (in-12.  Bossard).  —  La  Prusse  et  la  Rive 
gauche  du  Rhin.  Le  Traité  de  Bdle,  1794-1795,  par  E.  de  Marcère  (in-16. 
-Vlcan).  —  La  Paix  prochaine  et  la  ^fission  des  Alliés,  par  M.  Legendre 
(in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Les  Garanties  de  la  paix,  par  Yves-Guyot.  2"^  par- 
tie. Examen  critique  (in-16.  Alcan).  — La  Paix  qu'il  faut  à  la  France, 
par  le  général  Maitrot  (in-16,  Berger-Levrault).  —  Notre  Force  future,  par 
J.  Dybowski  (in-16,  Payot).  —  Réorganisation  administrative  de  la  France, 
par  J.  Hennessy  (in-12.  Berger-Levrault)  —  Pour  relever  les  ruines.  Pro-\ 
blêmes  de  demain,  par  J.  Dassonville  (in-16,  Perrin).  —  La  France  en  ordre, 
par  H.  Pineau  (petit  in-8.  Hieder).  —  Les  Catholiques  français  et  l'Après-'i 
Guerre,  par  l'abbé  \.  Beanpin  (iti-16.  Bloud  et  llay).  —  La  Femme  devant^ 
les  urnes,  par  M.-\.  Kéraud  (in-16,  Perrin).  Visenot. 


r.e  G<'r<ml:  CIlAIMJIs. 


Luçon.  imprimerie  S.  Pacteau. 


POLYBIBLION 

PMVUE  BIBLIOGRAPHIQUE  UNIVERSELLE 

PLIiLICATlONS 
RELATIVES  A   LA  GLERHlî  EUROPÉENNE 

Mt'nioires  de  rambassadeur   Mohgf.nthau.  VtiujI-si.r  inoix   en   Titrfiiiie 
•  I  ('.ollcflioii  (te  Ménioirfs  pour  servir  à  l'élude  de  la  ijucrre  iiiotutiale J.   l'aiis, 
l'iiyol,  191i>,  in-8  de  ;{4.S  p.  —  Prix  :  10  fr. 

\nivé  en  Tiiifniio  à  la  lin  de  1913  pour  y  ropK'senter  les  Élats- 
Luis,  M.  Henri  Mor^^entliau  y  est  resté  jusqu'au  tléljul  de  llJU»  ;  le 
déiroiiL  rindignatioii  ({ue  lui  ont  inspirés  les  massacres  d'Arménie  et 
la  cer  litude  de  son  impuissance  à  les  empêcher,  en  môme  temps  que 
le  désir  de  travailler  à  la  réélection  du  président  \\'ilson,  l'ont  décidé 
à  celle  époque  à  demander  un  congé.  Les  virjgl-six  mois  qu'il  a  pas- 
sés en  Turquie  lui  ont  permis  de  voir  beaucoup  de  choses,  grâce  aux 
relations  actives  et  cordiales  —  en  dépit  de  moments  de  tension  — 
qu'il  a  eues  non  seulement  avec  le  ministre  des  allaires  étrangères, 
pcisoiinage  insignifiant  et  elTacé,  mais  avec  les  membres  influents 
tlu  g()U\ernement  jeune-turc  :  Talaat,  Enver,  Djemal,  et  avec  les  repré- 
sentants des  autres  puissances,  notamment  les  ambassadeurs  d'Alle- 
iii;i;^iie  et  d'Autriche,  Wangcnheim  et  Pallavicini. 

Il  nous  donne  de  ces  personnages  des  portraits  vivants  et  burinés 
a\cc  une  incomparable  maîtrise  ;  il  nous  montre  le  rôle  que  chacun 
d'(Mi\  a  joué.  Wangenheim  dirigeant  tout  et  maître  incontestable  de 
la  TuKiuie.  bien  que  tel  ministre  turc  ait  donné  à  entendre  —  et  c'est 
[)r()l)Mblement  vrai  —  qu'il  comptait  simplement  se  servir  de  l'Alle- 
ma^Mie  pour  restaurer  l'empire  turc,  f[uitte  à  la  planter  là  quand  il  se 
sei, lirait  assez  fort. 

Ce  n'est  pas  d'ailleurs  simplement  sur  les  mobiles  de  la  pdilique 
tnr(pio  qu'il  nous  apporte  des  renseignements  (pii  sont,  en  partie  au 
moins  et  pour  beaucoup,  des  révélations  :  il  fait  bien  ressortir  l'im- 
poitance  du  rôle  de  la  Turquie  dans  la  guerre  mondiale  ;  il  donne  des 
détails  curieux  sur  la  façon  dont  Allemands  et  Turcs  considéraient  l'ex- 
pétlilion  des  Dartianelles,  sur  le  peu  d'eiforts  qu'il  aurait  fallu  faire 
pour  la  mènera  terme.  Sur  les  massacres  d'Armétiie,  sur  les  buts  que 
visaient  les  maîtres  delà  Tur({uie  en  les  exécutant,  sur  la  responsabilité 
des  Allemands  dans  cette  opération,  son  témoignage  est  d'un  grand 
poids.  Juif  d'origine  et  de  religion,  Allemand  de  naissance,  M.  Morgen- 
tliau  ïi'en  a  pas  moins  déployé  la  plus  belle  et  la  plus  noble  énergie  et 
une  habileté  qui  a  obtenu  des  résultats  à  défendre  les  intérêts  des 
populations  chrétiennes  et  notamment  des  résidents  français  et 
anglais  ;  il  n'hésite  pas  non  plus  à  stigmatiser  comme  elles  le  méri- 
tent les  menées  germaniques. 

M.U-JLIN  1910.  T.  CXLV.  IC. 


. 242  

Deux  points  encore  où  son  témoignage  prcjcise,  les  origines  et  U 
responsabililé  de  la  guerre,  c'est  d'une  pari  ce  qu'il  raconte,  d'après 
las  déclarations  que  lui  a  faites  Wangenheim,  du  fameux  conseil  du 
5  juillet  1914  dans  lequel  le  Kaiser  a  décidé  la  guerre,  et  d  autre  part 
ce  qu  il  nous  dit  sur  la  volonté  de  François-Joseph  de  déchaîner  — 
et  ro]r{  un  an  avaiil  quelle  ait  éclaté  —  cette  guerre  ujondiale  qui  a 
jeté  l'Europe  et  le  monde  dans  un  tel  abîme  de  calamités. 

Nous  signalerons  encore  des  pages  intéressantes  sur  la  Bulgarie  et 
nous  invitons  ceux  qui  persistent  à  croire  à  une  régénération  de  la 
Tur(]uie,  à  lire  et  à  méditer  les  considérations  remarquables  que 
M.  Morgenthau  a  écrites  sur  la  mentalité  turque. 

Son  livre  me  paraît  être  un  des  documents  les  plus  précieux  pour 
l'étude  de  la  Grande  Guerre.  E.-G.  Ledos. 


liitrûjues  et  diplomaties  à   Washiiitjton  (  1 914- 1917),  par   G. 

Lechaktieu.  Paris,  l'Ion-ÎN'ourrit,  tOii),  in-lG  de  viu-303  p.,  avec  portraits 
et  facsimilés.  —  Prix  :  4  ir. 

A  plusieurs  reprises  déjà  nous  avons  signalé  ici  des  éludes  sur  la 
propagande  germanique  aux  États-Unis,  sur  les  procédés  d'insinua- 
tion ou  d'intimidation,  sur  les  ruses,  les  mensonges  et  les  violences 
dont  les  Allemands  ont  usé  pour  amener  la  grande  république  amé- 
ricaine sinon  à  se  joindre  à  eux,  du  moins  à  ne  pas  aider  leurs  adver- 
saires et  à  se  faire  plus  ou  moins  sciemment  leur  complice  et  leur 
servante.  Nulle  part  en  français  toute  celle  campagne  n'avait  été  mise 
en  lumière  comme  elle  l'est  dans  l'ouvrage  de  M.  G.  Lecharlier.  Les 
documents  saisis  sur  les  agents  de  l'Allemagne  par  le  gouvernement 
lies  États-Unis  et  publiés  par  lui  —  partiellement,  car  ses  archives 
lenferment  encore,  semblo-l-il,  bien  des  pièces  —  ont  fourni  à 
M.  Lecharlier  d'an)ples  matériaux.  11  y  a  joint  les  on-dil,  les  biuits 
qui  circulaient  dans  les  salons  et  dans  les  milieux  diplomatiques,  et 
qui  naturellemenl  ne  peuvent  être  acceptés  que  sous  bénéfice  d'in- 
\entaire  ;  et  de  tout  cela  il  a  composé  un  volume  très  vivant,  très 
intéressant.  Il  oppose  l'un  à  l'autre  les  deux  personnages  du  prési- 
dent Wilson  et  de  l'ambassadeur  alleniand  Bernslorll'  qu'il  nous 
montre  luttant  l'un  contre  l'autre  dans  un  duel  tragique,  où'la  défaite 
du  dernier  est  due  n)oins  à  ses  propres  fautes  qu'aux  maladresses  et 
aux  sottises  de  son  gouvernement  en  même  temps  qu'à  la  maîtrise 
du  Président. 

Douze  chapitres  marquent  les  préliminaires  et  h^s  étapes  de  ce 
duel  :  I .  Le  Comte  von  Hernstorff  à  Washington  avant  la  guerre  ;  2. 
M.  le  Président  Wilson,  l'homme  et  l'œuvre  avant  la  guerre  ;  ,3.  Les 
Premiers  Mois  de  guerre  ;  4.  Les  États-Unis  el  la  Cour  des  belligé- 
rants ;  0.  L'AlTairc  de  la  «  Lusitania  »  ;  6.  Les  Cotons  américains  et 


—  243  — 

la  contrebande  <le  guerre  ;  7.  Les  Kévélalions  du  joiirfial  The  World 
el  le  coulage  de  l'Arabie  ;  8.  IJcrrisloiff  f-l  les  Complols  alloinands  ; 
9.  Pendant  la  campagne  {)résidentielle  ;  iO.  Les  Signes  précurseurs 
de  la  rupture  ;  1!.  La  Huplure  ;  12.  La  Uenaissance  d'une  grande 
nation. 

Si.  dans  ce  tableau,  le  premier  plan  est  tout  entier  occupé  par 
MM.  Wilson  et  Bernstorir.  on  y  trouve  cependant  d'autres  figures, 
du  moins  esquissées  en  quelques  traits,  telle  celle  du  S)  tupatliique 
et  iiabile  ambassadeur  de  France,  M.  Jusserand,  aucjiiel  M.  Lechartier 
rend  un  liornmage  discret.  E.-G.  Ledos. 


^souvenirs,  par   Takk  Jo.nesco.    Paris,  Payot,  1910,    in-i(i  de  250  p.  — 
Prix  :  4  fr.  50. 

<(  L'histoire  définitive  de  la  guerre  moniiale  ne  peut  pas  être  écrite 
par  les  contemporains...  Mais  tout  contemporain  qui  a  eu  le  privilège 
de  connaître  personnellement  une  partie,  quelque  minime  qu'elle  fût, 
de  ce  qui  s'est  passé  dans  les  coulisses,  doit  faire  une  déposition 
devant  le  tribunal  de  la  conscience  universelle.  »  Ces  quelques  lignes 
de  la  Préface  de  M.  Take  Jonesco  indiquent  à  quel  sentiment  a  obéi 
réminent  homme  d'État  roumain  en  écrivant  les  articles  qu'il  réunit 
ici  et  qui  ne  sont  eux-mêmes  —  il  nous  le  dit  —  qu'  u  une  simple 
préface  »  à  des  Mémoires  sur  les  origines  et  les  événements  de  la 
guerre,  dont  il  nous  fait  espérer  la  prochaine  publication.  Il  y  a 
vingt-sept  morceaux,  dont  le  dernier  est  la  reproduction  partielle  du 
beau  et  éloquent  discours  prononcé  par  lui  é'i  la  Chambre  roumaine 
les  lo  et  10  décembre  IU1;J  sur  la  PolUiijdc  de  liiisiuict  national. 

11  y  a  beaucoup  à  prendre  dans  ces  pages  singulièrement  instruc- 
tives pour  la  connaissance,  soit  des  événements,  soit  des  tendances 
de  la  politique  roumaine  (on  notera  l'énergie  avec  laquelle  M.  Take 
Jonesco  n'a  cessé  d'affirmer  que  jamais  personne  ne  pourrait  entraî- 
ner la  Roumanie  à  marcher  contre  les  races  latines),  soit  des  person- 
nages politiques,  allemands  surtout,  qui  ont  joué  un  rôle  dans  la 
guerre  mondiale  ou  dans  sa  préparation  immédiate  ou  lointaine.  Les 
diplomates  et  les  hommes  d'État  de  l'empire  austro-IiOTigrois  sont 
traités  par  M.  Jonesco  d'une  manière  particulièrement  sévère.  Il  mani- 
feste au  contraire  pour  Riderlen  Wachter  des  sentiments  d'estime  et 
même  de  sympathie,  qui  ne  l'empêchent  pas  d'ailleurs  de  reconnaître 
aussi  ses  défauts.  Sur  le  rôle  du  roi  Carol,  sur  ses  efforts  pour  entraî- 
ner la  Roumanie  dans  la  guerre  aux  côtés  des  empires  centraux,  sur 
lattitude  très  nette  qu'il  a  prise  personnellement  en  face  de  ce  projet 
et  qui  a  contribué  à  le  faire  échouer,  il  y  a  dans  ce  livre  des  pages 
d'un  haut  intérêt  et  particulièrement  dramatiques.  INous  signalons 
-aussi  dans  l'article  consacré  à  Talaat  Pacha  ce  que  M.  Jonesco  nous 


—  244  — 

précise  de  son  irilerventioii  pour  empêcher  le  Turc  de  provoquer  les 
Grecs  à  Bucarest. 

Tout  d'ailleurs  mérite  d'être  lu  et  médité  dans  ces  vingt-sept 
articles  dont  voici  les  titres  :  Déclaration  à  M.  Poincaré  ;  —  Le  Prince 
Lichnovvsky  ;  —  Le  Comte  Bcrchtold  ;  —  Le  Marquis  Pallavicini  ;  — 
Le  Comte  Goluchowsky;  —  2  août  1914  ;  —  Kiderlen-Wacchter  ;  —  Le 
Comte  Aerenlhal  ;  —  Le  Comte  Gzernin  ;  —  Le  Comte  Mensdorf  ;  — 
Pacjisme  de  l'Angleterre  ;  —  Le  Prince  de  Fiir.^tenberg  ;  —  Ilerr  Riedl  ; 

—  Le  Comte  Szeczen  ;  —  Sir  Donald  Mackenzie  Wallace  ;  —  Le  Baron 
Banfy  ;  —  La  Politique  roumaine  ;  —  Des  larmes  ;  Un  Cousin  de 
Tisza  ;  —  Le  Comte  Tisza  ;  —  Taiaat  Pacha;  —  Le  Prince  de  Biilow  ; 

—  TatichefF;  —  Français  et  Teutons  ;  —  La  Nouvelle  Italie  ;  —  Eleu- 
therios  Vcnizelos  ;  —  La  Politique  de  l'instinct  national. 

Quiconque  lira  ce  volume  sera  mis  en  goût  et  souhaitera  de  voir 
l'auteur  nous  donner  sans  trop  tarder  les  Mémoires  qu'il  nous  pro- 
met. E.-G.  Leuos. 


Diai'io  tlella  yiierra  d'italiu,  roccolia  dei  bnlleilini  ujficiali  c  di  allri 
documenli,  série  XXIV-XXXI.  {Qaaderni  délia  guerra,  n.  85,  8(5,  88,  89,  91, 
9-2,  94.)  Milano,  fratclli  Trêves,  1917-1919,  in-16  paginé  477-1476,  avec 
16  grav.  et  5  caries.  —  l^rix  :  1  l'r.  20  le  fasc. 

Ces  huit  nouvelles  séries  de  cette  publication  si  utile  et  si  bien  con- 
çue nous  conduisent  du  21  septembre  1917  au  20  mars  1918  ;  c'est 
dire  qu'elles  comprennent  l'époque  douloureuse  de  Caporetto  et  de 
la  retraite  sur  le  Piave,  les  changements  dans  le  haut  commande, 
ment  où  Diaz  prit  la  place  de  Cadorna,  le  concours  fralernal  prêté 
par  les  troupes  françaises  et  anglaises  à  leurs  camarades  d'Italie, 
l'arrêt  de  la  redoutable  offensive  autiichienne,  et,  par  ailleurs,  la 
honteuse  défaillance  de  la  Russie  et  la  douloureuse  obligation  pour 
la  Roumanie  de  subir  un  traité  de  paix,  imposé  par  l'avance  mena- 
çante des  forces  des  empires  centraux.  A  l'intérieur,  ce  sont  les 
menées  tortueuses  du  défaitisme,  les  mesures  énergi(iues  à  prendre 
contre  ces  tentatives  criminelles,  l'aclioji  louche  du  socialisme  et 
même  du  gioliltismc  qui  tendent  phis  ou  moins  directement  à  éner- 
ver la  force  de  résistance  du  pays  ;  la  réaction  contre  les  intrigues 
des  (^avallini  et  autres  amis  de  Bolo  et  de  Caillaux  ;  c'est  aussi  l'en- 
tente (le  i)lus  en  plus  grande  entre  les  alliés  sur  tous  les  terrains,  la 
cohésion  de  plus  en  plus  ferme,  la  collaboration  de  plus  en  plus 
féconde. 

Parmi  les  informations  et  ducuiuents  cpii,  en  outre  des  bulielins 
des  autorités  suprêmes  militaire  et  navale,  remplissentces  fascicules, 
nous  noierons  les  débats  à  la  Chambre  et  au  Sénat  d'Italie,  rpii,  après 
la  chute  de  Boselli,  n'ont  cessé  de  soutenir  dans  renscmble  le  nou- 


—  245  — 

veau  ministère  Orlando.  soumis  là-bas  à  des  attaques  analoi^ues  à 
celles  qui,  chez  nous,  ont  essayé  d'entraver  et  de  faire  trébucher  le 
gouvernement  de  M.  Clemenceau  ;  les  discours  et  déclarations  des 
Michaëlis,  des  Kiihlinonn,  des  Czcrnin,  des  Ilortling  d'une  part, 
celles  de  Lloyd  George,  dAsquith,  de  Wilson,  d'Orlando  de  l'autre  ; 
les  débats  à  la  Chambre  italienne  sur  le  traité  de  Londres  publié  par 
les  bolcheviks  et  sur  l'article  15  dirigé  contre  le  Souverain  Pontife. 
Seize  gravures  ou  portraits  (dont  celui  du  général  Diaz)  et  cinq 
caries  illustrent  ces  fascicules  et  permettent  de  suivre  la  marche  des 
opérations.  Pourquoi  le  portrait  du  général  Papa  est-il  donné  deux 
fois  (p.  540  et  807)  ?  E.-G.  Ledos. 


A'iuçjt  Jours  de  guerre  aux  Icmj»*  héroïques.  Oinwt  de  roule  dun 
rommnndani  de  compncjnie  (août  i91U),  par  le  conitnandanl  A.  Ghasset. 
Paris-Nancy,  licrger-i.evrault.  s.  d.  (l'-^'^)^  in-lfi  de  :2S0  p.,  avec  une  carte 
et  un  croquis.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  le  commandant  Grasset,  dont  nous  avons  analysé  naguère  un 
intéressant  volume  sur  la  guerre  d'Espagne  —  celle  de  1808  —  a  dû, 
comme  beaucoup  d'autres,  interrompre  ses  études  du  temps  de  paix 
et  I éprendre,  au  début  d'août  1914,  l'épée  un  moment  abandonnée 
pour  la  plume.  Le  volume  qu'il  public  aujourd'hui  sous  le  titre  que 
nous  venons  d'inscrire  en  tète  de  celte  courte  notice,  nous  prouve  que 
chez  M.  Grasset  le  soldat  n'a  pas  été  inférieur  à  l'écrivain  et  on  lira 
avec  wn  intérêt  soutenu,  la  plupart  du  temps  avec  une  émotion  poi- 
gnante, le  récit  de  ces  Vin(il  Jours  de  guerre,  les  premiers  vingt  jours 
de  1914  où  la  fortune  des  armes  parut  vouloir  se  déclarer  en  faveur 
des  barbares  contre  les  champions  du  droit  et  de  la  civilisation.  Ces 
Vingt  Jours  de  guerre  aux  temps  liéroiques  nous  donnent  le  détail  des 
opérations  menées  par  le  4"  corps,  spécialement  par  le  103'  régiment 
d'infanterie  au  nord  de  Verdun,  sur  la  route  de  Grémilly  à  Virton  en 
Belgique,  et  en  particulier  la  narration  des  combats  de  Belmont  et 
d'Etlie.  Le  récit  de  ces  journées  d'âpre  lutte,  où  nos  soldats  écrasés 
par  le  nombre  durent  momentanément  se  replier,  est  un  des  plus 
passionnants  qu'il  nous  ait  été  donné  de  lire  sur  ces  débuts  sanglants 
etacharnés  delà  présente  guerre.  Toutefois, le  morceau  capitaldu  livre, 
celui  qui  fait  du  travail  de  M.  Grasset  non  seulement  un  document 
vécumaisune  pièce  historique  de  première  valeurest  le  derniercliapitre 
de  l'ouvrage,  celui  qui  porte  le  titre  :  <(  Les  atrocités  allemandes.  — 
Les  Massacres  d'Elhe  et  de  Gomery.  »  Dans  la  liste  infiniment  longue 
des  actes  de  cruauté,  d'orgies  sanglantes,  de  barbarie  raffinée  commis 
sur  1p  sol  de  notre  patrie  par  les  soldats  de  Guillaume  II.  les  massacres 
d'Ethe  et  de  Gomery  ont  droit  à  une  place  particulièrement  en  vue, 
à  une  place  privilégiée  par  l'horreur,  le  raffinement  des  crimes  com- 


—  210  — 

mis  par  nos  advoisaires  sur  les  mallieiireiix  habitants  de  ces  deux 
villages,  eu  particulier  sur  des  vieillards,  des  femmes,  des  enfants, 
des  blessés  à  dciui-mourauts.  Des  chapitres  comme  ceux  qu'a  écrits 
sur  ce  sujet  M.  le  commandant  Grasset  dans  Vi/ir/t  Jours  'le  guerre 
aux  temps  héroïques  contribueront  à  entretenir  dans  nos  cœurs,  dans 
celui  des  jeunes  générations  qui  nous  survivront,  le  souvenir  des 
procédés  de  lutte  d'un  peuple  qui  a  dépassé  de  propos  délibéré  les 
limites  connues  jusqu'ici  delà  barbarie,  de  la  cruauté,  du  sadisme 
le  plus  éhonté,  le  plus  abominable.  C'est  dans  ce  sens  et  dans  ce  but 
(jue  le  livre  du  commandant  Grasset  est  à  lire  et  à  recommander. 

Comte  de  Sérignax. 


Verdun  (mars-avi'îl-mui  1 ÎH  Cî),  par  1^\ymo>d   Jubert.    Paris,   Payot, 
1918,  in-10  do  :>iO  p.  —  Prix:  4  fr.  50. 

Le  26  août  !ÎJ16,  sous  Verdun,  la  section  du  sous-lieutenant  Ray- 
mond Jubert  avait  reçu  l'ordre  d'attaquer.  C'est  à  l'aube,  à  cinq  heures 
du  matin,  que  nos  soldats  doivent  s'élancer  hors  de  la  tranchée.  A 
quatre  heures  quarante-cinq,  Jubert  donne  ses  dernières  instructions 
à  ses  hommes.  leur  fait  ses  dernières  recommandations  et  à  l'heure 
précise,  il  s'élance,  lui  en  tète,  vers  la  tranchée  allemande  du 
Chaume  qui  est  son  objectif.  En  un  quart  d"heure,  cet  objectif  est 
atteint,  mais  au  moment  où  Jubert  y  parvient  et  que,  debout  sur  le 
paiapet  ennemi,  il  fait  le  geste  d'avancer  encore,  il  chancelé,  bat  l'air 
de  ses  mains,  et  s'écroule  frappé  d'une  balle  en  plein  front.  'Quantité 
de  nos  soldats,  de  nos  oHlciers  sont  tombés  sur  le  champ  de  bataille 
dans  des  conditions  identiques  et  nous  n'aurions  pas  à  enregistrer 
spécialement  ici  la  mort  héroïque  de  Jubert,  si  la  personnalité  de  ce 
combattant  d'occasion  n'éveillait  un  intérêt  spécial.  11  appartenait, 
en  elTet,  à  cette  pléiade  déjeunes  hommes  pour  lesquels  la  servitude 
militaire  n'était  qu'un  épisode  passager,  qui  avaient  grandi  et  s'étaient 
développés  dans  toutes  les  libertés  du  travail  civil  :  avocats,  ingénieurs, 
savants,  gensdelettres,  professeurs,  artistes,  commerçants,  industriels, 
les  uns  et  les  autres  menant,  la  veille  de  leur  appel,  l'oxislenee  déten- 
due et  comblée  qu'une  civilisation  i)lusieurs  fois  séculaire  procure 
à  ses  héritiers,  et  passant  tout  d'un  coup,  sans  liansition,  du  bieii- 
<*tre,  de  l'indépendance,  de  la  sécurité,  au  besoin  et  à  l'ell'ort  physifjue. 
à  l'obéissance  passive  et  au  danger.  Dans  la  récente  et  imposante 
cérémonie  par  laquelle  la  Société  des  gens  de  lettre  a  célébré  naguère 
la  mémoire  de  ceux  de  ses  mend)res  tombés  glorieusement  au  cham|) 
<rhonneur,  on  a  pioclamc  bien  des  noms,  on  a  fait  revivre  bien  des 
souvenirs.  Celui  de  Raymond  Jubert  est  l'un  des  plus  sympathiques, 
des  j)lus  dignes  d'èlre  remémoré  (pi'il  puisse  être.  Ses  travaux  litté- 
raires le  signalaient  à  ralleulion  des  letliés  comme  un  esprit  d'élite 


—  247  — 

MiKjnel  lAgc  et  le  travail  ne  pouvaient  in.inquer  de  tlonrier  un  niagni- 
lî(|ue  épanouissement.  Cependant,  l'agression  allemande  le  surprenant 
nu  milieu  de  ses  études  du  temps  de  paix,  il  n'hésite  pas  à  tout  aban- 
donner pour  s'élancer  à  la  frontière  ot,  quoique  e\em[)lé  de  tout  sei- 
vice  militaire,  il  contracte  un  engagement  volontaire  i)our  la  durée 
des  iiostilités  et  combat  dans  les  rangs  dii'Jl'',  en  Argonne.  en  Cham- 
pagne, à  N'erduti,  en  Lorraine,  sur  la  Somme,  sur  l'Aisne,  de  nouveau 
à  Verdun,  où  la  mort  (jui  le  guette  finit  par  n)eltre  définilivenient  la 
main  sur  lui.  .Iiibort  avjiit  non  pas  seulement  le  courage  du  champ 
de  bataille,  mais  la  volonté  raisonnée  fie  sacrifier  sa  vie  à  son  pays 
et  de  la  lui  lionner  sans  marchander,  pour  l'obtention  du  triomphe 
final.  Sa  belle  pièce  de  vers  à  François  Coppée,  écrite  en  1!)U4,  en  fait 
foi  : 

Marctions   donc  au  cornljat  .*ans  crainte  et  sans  faiblesse  — 

Et  portant  lièreinent  le  drapeau,  nous  irons 

Défendre  notre  foi.  noire  pays,  nos  frères, 

El  s'il  le  faut  nous  périrons 

Ce  lettré,  ce  poète,  ce  patriote  était  un  chrétien  fervent,  un  catho- 
lique pratiquant  plein  de  foi  ;  à  bien  des  titres  la  perte  de  Jubert  est 
un  deuil  cruel  à  la  fois  pour  sa  famille,  ses  amis,  son  pays  tout  entier. 

Comte  de  Sérignan. 


Sous  la  rafale.  Au  service  de  l'infanterie.  Souvenirs  tl'un  dra- 
(jon  pendant  la  Grande  (iui»rre,  par  A.ndrl:  Schmitz.  Paris,  Bloud 
cl  Gay,  1918,  in-16  de  2H1  p.  —  l'rix  :  3  fr.  50. 

La  cavalerie  n'a  pas  eu,  dans  la  guerre  qui  vient  de  finir,  l'occasion 
de  tenir  le  rôle  que  depuis  de  longues  années,  c'est-à-dire  depuis  1870, 
elle  avait  rêvé  remplir  dans  une  lutte  contre  l'Allemagne.  \  part 
les  trois  premiers  mois  de  l'Jt-i,  nos  troupes  à  cheval  n'ont  été  char- 
gées que  de  services  très  éloignés,  de  ceux  auxquels  la  lactique  spé- 
ciale de  leur  arme  les  avait  préparés  et  la  faute  en  a  été,  comme  on 
sait,  aux  conditions  nouvelles  d'une  lutte  qui,  piesque  jusqu'à  son  ter- 
me, s'est  déroulée  davantage  comme  une  guérie  de  siège  que  comme 
une  guerre  de  mouvement.  Celte  inaction  imposée  par  la  force  des 
choses  aux  cavaliers,  n'a  pas  été  du  goût  de  beaucoup  d'entre  eux  et 
un  grand  nombre  n'ont  pas  hésité  à  abandonner  la  carrière  de  leur 
choix,  désormais  trop  traiirpiille  à  leur  gré.  pour  permuter  dans  les 
armes  où  il  y  avait  léellement  des  coups  à  donneretà  recevoir,  c'est- 
à-dire  dans  l'infanterie,  le  génie,  l'artillerie,  surtout  dans  l'infanterie. 
M.  le  lieutenant  Schmitz  a  été  de  ceux-là  et  son  livre  est  le  récit  des 
divers  épisodes  de  guerre  auxquels  il  a  pris  part  dans  les  rangs  du 
31*  d'infanterie,  régiment  auquel,  en  quittant  les  dragons,  il  avait 
été  affecté.  On  lira  avec  intérêt  ces  pages  vécues  ou  l'auteur  fait 
preuve  d'une  observation  très  avisée,  d'un  cœur  ardent,  d'une  foi  en 


—  248  — 

V 

la  victoire  qui  ne  se  déinenlit  jamais,  même  aux  heures  où  les  plus 
vaillants  j)Ouvaient  avoir  quelques  doutes.  Très  bonne  contribution  à 
l'histoire  cpisodi(}uc  de  la  Grande  Guerre. 

Comte  de  Sérig?<a>. 


Quanti  «    ils    »    étaient  à    Saint-0"e"tin,   par  llicMUETTii  Clri.Aun';. 

Paris,  Bloud  et  Gay,  1918,  in-16  de  238  p.  -  Prix  :  4  fr.  50. 
Sous  le  pointj  de  fer.  Quatre  ans  dans  un   faubourg  de  Lille, 

par  Albert  Dkoulehs.    Paris,    Bloud  cl   Gay    J9l9,    in-i6   de  24S   p.   — 
Prix  :  4  fr.  oO. 

Les  témoignages  sont  singulièrement  concordants  qui  émanent 
des  populations  restées  sous  le  joug  germanique  dans  les  départe- 
ments envahis.  Les  brutalités,  les  exactions,  les  actes  de  cruauté,  de 
sadisme,  les  plus  ignobles  grossièretés  furent  constatées  sur  tous  les 
points  du  territoire  occupé  par  l'ennemi.  C'est  avec  une  implacable 
méthode  que  les  habitants  étaient  molestés,  rançonnés,  terroiisés  et 
bien  rares  furent  les  chefs  militaires  qui  tentèrent  d'introduire  un 
peu  d'iiumanité  ou  de  justice  dans  l'exécution  des  ordres  émanant  de 
l'autorité  supérieure  allemande. 

M'""  Henriette  Célarié  a  conté  les  douleurs,  les  angoisses,  les 
privations  des  populations  de  l'Aisne  Quand  «  ils  »  claient  à  Saiid- 
Queniin. 

Les  troupes  anglaises  battant  en  retraite  avaient  traversé  la  \ille 
le  2()  et  le  27  août.  Le  lendemain  soir,  des  cavaliers  et  cyclistes 
ennemis  débouchaient  sur  la  place  par  la  rue  de  la  Sellerie  et  la 
rue  Croix-Belle-Porte.  Des  troupes  d'infanterie  les  suivaient.  L'ins- 
tallation des  Allemands  s'opéra  avec  ordre,  mais  chacun  des  olTi- 
ciers  qui  se  succédèrent  à  la  Rommandanlur  marqua  sou  lègne 
par  des  ordonnances  dont  les  menaces  allaient  en  s'accentiianl.  Les 
blessés  étaient  fort  nombreux  à  l'ambulance  de  Fervaques,  et,  dans 
les  premiers  temps,  si  les  Allemands  étaient  convenablement  cou- 
chés et  pansés,  il  n'en  était  pas  de  niéiiie  de  nos  compatriotes.  Des 
amputés,  au  sortir  de  la  salle  d'opérations  étaient  jetés  dans  des 
sous-sols  où  la  légère  ct)uchc  de  paille  n'était  jamais  renouvelée,  l'iie 
n<iée  de  femmes  allemandes  lejoignirent  les  linupes  d'occupation. 
Ces  ((  tilles  île  la  guerre  »  portant  le  costume  d'infirmières,  armées 
de  revolvers,  causèrent  constamment  des  scandales  dans  la  ville.  j)ar 
leurs  l)euveries  et  leur  conduite.  Les  dé|)orlations  de  ci\  ils  marcpiè- 
renl  la  période  la  plus  douloureuse  de  l'occupation.  Ajoutons  (pie 
le  maire  de  Saint-(^>uentin  montra  une  fermeté  et  une  dignité  qui  en 
imposèrent  parfois  à  l'ennomi  et  <]ne  les  localaiies  de  la  ville  pous- 
sèrent le  sentiment  du  devoir  jusqu'à  refuser  d'useï-,  à  l'égard  des 
])ropriétaires,  des  dispositions  du  rnoratorium. 


—  240  — 

M""  Ilcnriclle  Cclarif';  a  fiiicmcnl  coulé  de  quelle  façon  un  sous- 
olïicier  boche,  le  sergent  Millier,  concevait  l'amour  et  comniciil  il 
courtisa  la  jeune  lille  dont  il  était  épris.  Celle-ci,  accorle  et  gracieuse, 
travaillait  dans  les  champs  avec  une  équipe  de  femmes  déportées. 
Muller  venait  tous  les  jours  dans  une  charrette  anglaise  inspecter  les 
travaux.  Parfumé  à  l'eau  de  Cologne,  souriant,  il  s'approchait  de 
Marthe,  lui  faisait  des  signes  amicau.x,  et  en  s'en  allant  lui  envoyait 
des  baisers.  H  n'était  rien  répondu  à  ses  avances.  Alors  le  sergent  la 
fit  maltraiter  par  les  soldats  chargés  de  la  surveillance  des  déportées, 
[)uis  il  la  fit  conduire  chez  lui,  lui  offrant  friandises  et  bijoux  (volés) 
si  elle  voulait  couronner  sa  llaninie.  Encore  écondtiil.  il  la  signala 
connue  refusant  de  travailler  et  la  fit  condamner  à  15  jours  de  cellule, 
et,  chaque  soir,  il  passait  devant  le  judas  de  la  porte  pour  la  narguer 
et  lui  dire  que,  si  elle  ne  faisait  plus  la  mauvaise  tète,  son  supplice 
cesserait.  Enfin,  la  retrouvant  dans  un  champ,  au  moment  de  la  fe- 
naison —  il  était  ivre  d'ailleurs  —  il  la  prit  par  la  taille,  et,  comme 
elle  se  mettait  à  crier,  il  lui  envoya  un  coup  de  poiug  terrible  qui 
mit  son  visage  en  sang  et  lui  cassa  plusieurs  dents.  Quand  Muller 
comprit  qu'il  était  allé  trop  loin  et  qu'une  plainte  à  la  Komman- 
danlur  lui  ferait  perdre  le  poste  de  tout  repos  qu'il  occupait,  il  sup- 
j)lia  sa  victime  de  ne  pas  se  plaindre  :  «  Vous  bonne,  moi  envoyé  au 
Front,  moi  tué  »  et  il  eut  l'aplomb  de  lui  promettre  beaucoup  d'ar- 
gent si  elle  se  taisait.  Cette  simple  histoire  révèle  toute  la  mentalité 
du  Prussien. 

—  C'Qst  dans  un  faubourg  de  Lille  dont  il  était  vicaire  que  l'abbé 
Albert  Droulers  a  passé,  Sous  le  poing  de  fer,  les  quatre  années  de  l'oc- 
cupation allemande.  11  semble  que  la  tyrannie  de  nos  ennemis  se  soit 
exercée  encore  avec  plus  de  cruauté  et  de  sauvagerie  dans  le'  Nord 
que  dans  la  région  de  Saint-Quentin.  Le  vol  y  est  pratiqué  ouverte- 
ment ;  les  perquisitions  y  sont  continues  et  particulièrement  vexa- 
toires  ;  le  régime  alimentaire  y  est  déplorable  ;  les  amendes  pieu- 
vent  sous  les  moindres  j)rétextes  ef.  les  plus  légères  infractions  aux 
ordres  affichés  sont  punies  de  prison.  On  fusille  des  gens  qui,  cau- 
sant entre  eux,  ont  parlé  dune  offensive  sur  Paris  ou  Calais,  on  fusille 
un  jardinier  qui.  muni  de  son  sécateur,  a  regardé  en  riant  un  fil 
télé})honique  tombé  sur  une  route.  Ou  procède  à  des  enlèvements  en 
masse  d'habitants  des  deux  sexes  qu'on  veut  contraindre  à  travailler 
à  la  pose  de  réseaux   de   fil  de  fer,   à  la  confection  de  sacs  à   terre. 

Comme  le  dit  à  bon  droit  l'abbé  Droulers  :  «  au  nom  de  la  justice, 
l'Allemagne  doit  être  punie  et  elle  doit  réparer.    »   Et  le  prince  Max 
de  Saxe  en  a  fait  déjà  l'aveu,  à  propos  des  crimes  commis  en  Belgi- 
que, quand  il  a  dit  :  «  Ce  qu'on  a  fait  crie  vengeance  au  Ciel  !  » 
♦  R.  L. 


—  2?)0  — 

Pour  la  terre  de  France  par  la  douleur  et  la  mort  (La  Colline  de 
LoreUe),  l'Jl^tl'JL'),  par  Pasteur  Valleky-Kadot.  Paris,  Plon-Nounit,  1919, 
in-i6dc  219  p.,  avec  2  grav.  hors  texlc. —  Prix  :  '.l  fr.  ijO. 

Les  26  lignes  d'Avant- Propos  par  lesquelles  M.  René  Vallery-Radot. 
préseiile  le  livre  de  son  fils  forment,  à  mon  avis,  dans  sa  sobriété 
voulue,  le  meilleur  compte  rendu  qu'il  soit  possible  d'en  faire.  Je 
vais  donc  écrire  quelque  chose  d'inférieur.  Je  m'en  console  en  pensant 
que  je  ne  serai  pas  le  seul  dans  mon  cas. 

Le  volume  s'ouvre  par  trois  pages  empreintes  de  tristesse  et  de  pro- 
fonde affection  composées  à  la  mémoire  d'un  ami  très  cher,  M.  Jean 
Dubois,  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  médecin  aide-major,  tué 
devant  Verdun  le  11  juillet  1916.  Suit  une  page  de  citations  des  pro- 
phètes Jérémie,  Amos  et  Isaïe,  s'appliquant  à  merveille,  tout  antiques 
qu'elles  soient,  à  l'horreur  des  trop  longues  années  de  la  guerre  déchaînée 
par  la  volonté  réfléchie  de  l'Allemagne.  Une  fois  de  plus,  c'est  bien 
le  cas  de  répéter  qu'il  n'y  a  rien  de  nouveau  sous  le  soleil. 

M.  Pasteur  Vallery-Radot  entre  alors  dans  le  vif  de  son  sujet  avec 
la  mentalité  d'un  excellent  Français,  qui  est  aussi  un  poète,  un  artiste 
et  parfois  même  un  philosophe.  Il  trace  d'abord  des  esquisses  rapide.s 
et  singulièrement  prenantes  des  faits  dont  il  a  été  l'un  des  acteurs  ou 
des  témoins,  un  peu  avant  la  première  bataille  de  la  Marne,  puis  au 
cours  de  la  victoire.  Un  médecin  voit  plutôt,  en  général,  les  navrances 
résultant  de  l'action  que  l'action  elle-même.  Ce  fut  le  cas  de  l'auteuç, 
médecin  auxiliaire  de  l'armée,  qui  ne  courut  pas  moins,  très  large- 
ment, les  risques  des  médecins,  dont  l'héroïsme,  le  plus  souvent  à 
froid,  n'est  pas  inférieur  à  celui  des  braves  s'élançant  à  l'assaut,  car 
il  n'a  pas  pour  le  sonleiiir  ou  l'exciter  la  chaleur  de  la  lutte.  Pour 
garder  ainsi  la  maîtrise  de  soi,  sous  les  obus  ou  au  milieu  des  mitrail- 
lades et  de  la  fusillade,  il  faut  un  autre  genre  de  courage,  simple- 
ment, et  (jui  n'est  pas  le  fait  du  premier  venu. 

Kt  tout  en  accomplissant  son  devoir,  M.  Pasteur  Vallery-Radot 
notait  séance  tenante,  dans  les  tranchées,  au  fond  des  abris  souterrains 
ou  en  pleins  champs,  sous  le  feu  de  l'ennemi,  depuis  août  1014  jus- 
qu'en décembre  1913,  ce  qu'il  voyait  ou  ce  qu'il  entendait  de  plus 
suggestif:  l'occasion,  malheureusement,  était  fréquente.  Est-ce  parce 
que  ces  mtdliplos  petits  tableaux,  peints  de  couleurs  vives  et  repré- 
sentant surtout  limmensité  et  la  variété  des  souffran^ces  endurées  et 
des  sacrifices  généreusement  consentis  par  nos  soldats,  que  la  Cen- 
sure, en  novembre  1910,  a  interdit  la  publicalioîi  tle  ces  pages  ter- 
ribles ?  Je  supj)ose  que  l'on  craignait,  à  ce  moment,  qu'elles  n'intluen- 
çassenl  l'ariière  trop  dcMildureusement  ;  et  cependant  si  ces  tableaux 
sont  alïligeants,  certes,  il  s'en  dégage  aussi  une  foi  iiuléfectible  en 
celte  victoire   finale  île  laquelle  la   France  et  ses   lils  sur  le   Front 


—  251   — 

n'ont  jamais   vonlti   doulrr,    même  aux    heures  les    plus   critiques. 
Pour  un  beau  livre,  oui.  l'ouvrage  de  M.  Pasteur  Vallery-Hadot  est 
un  beau  livre,  qui  mérite  de  nombreux  lecteurs.        E.-A.  Chaplis. 


Xosti'O  Vuviiulovio,  f ail i  personali  dd  Icmpo  délia  gnerra  ilaliana  (lOI'j- 
l'JIÎ).  da  Amomo  Baldim.  Milano,  fratelli  Tn'vcs,  1918,  iti-lG  de  2fj6  p. 
—  Piix  :  4  fr. 

Mobilisé  dès  le  début  de  la  guerre  italienne,  d'abord  simple  sol- 
dat, puis  devenu  sous-lie»itenant,  atteint  d'une  blessure  qui  le  mit 
hors  d'état  de  servir  désormais,  M.  Baidiui  retourna  sur  le  Front 
comme  journaliste.  Il  a  vu  et  observé  et  ce  sont  ces  impressions  per- 
sonnelles dont  il  nous  fait  part  dans  cet  élégant  petit  volume. 
((  Dépourvu,  nous  dit-il  lui-même,  d'idées  générales,  de  raison  poli- 
tique, de  sens  historique  »,  cela  même  imprime  aux  pages  qu'il  nous 
donne  un  cachet  particulier  ;  on  y  peut  voir  comment  la  guerre  a  dû 
apparaître  à  beaucoup  déjeunes  Italiens.  Il  n'y  faut  pas  chercher  des 
renseignements  techniques  sur  les  événements  militaires,  des  préci- 
sions sur  les  opérations,  des  détails  qui  permettent  de  reconstituer 
l'histoire  du  grand  drame  ;  mais  la  vie  des  hommes  et  des  officiers 
en  campagne,  leurs  relations  entre  eux,  l'effet  produit  par  la  guerre 
sur  leur  intelligence  et  sur  leur  moral,  les  sensations  et  les  senti- 
ments que  l'on  peut  éprouver  au  contact  des  douleurs  et  des  hor- 
reurs que  provoque  le  cataclysme,  voilà  des  points  sur  lesquels  l'ou- 
vrage de  M.  Baldini  est  instructif. 

Il  y  a  là  de  petits  tableaux  pittoresques,  des  observations  curieuses, 
des  traits  psychologiques,  qui  font  que  le  livre  se  lit  avec  plaisir  et 
qu'il  en  demeure  quelque  chose.  E.-G.  L. 


Le  Capitaine  aviateur  Didier  Le  Cour  Grandmaison,  par  Charles 
François  Saint-.Mauu.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1918,  iu-lG  de  78  p.  —  Prix  : 
i  fr.  SO. 

Le  vaillant  officier  qui  est  mort  glorieusement,  tué  dans  son  avion 
le  10  mai  1917,  a  ajouté  un  lustre  de  plus  au  nom  de  sa  famille  si 
respecté  dans  le  pays  nantais  et  au  Parlement.  Il  se  présente  eritouré 
de  ses  huit  frères  et  cousins,  tous  également  soldats  d'élite,  patriotes 
et  chrétiens.  C'est  son  oncle  qui  retrace  sa  courte  et  vaillante  existence 
doîit  la  modestie  est  la  caractéristique.  Lieutenant  de  cavalerie  passé 
par  devoir  dans  l'aviation,  il  meurt,  à  vingt-sept  ans,  chevalier  de  la 
légion  d'honneur  avec  cinq  palmes  sur  sa  croix  de  guerre.  Le  senti- 
ment du  devoir  avant  tout,  né  du  sens  catholique  le  plus  pur,  le 
guide  dans  la  vie,  le  soutient  dans  sa  carrière  et  le  porte,  à  sa  mort, 
jusqu'au  ciel.  Quelques  fragments  de  son  «  journal  »  nous  font  péné- 


—  252  — 

irer  dans  le  secrcl  d'une  âme  si  belle.  Les  pages  qu'il  traçait  peu 
d'heures  avant  d'accomplir  le  dernier  vol  où  il  allait  trouver  la  mort 
sont  d'une  poignante  beauté.  Didier  Le  Cour  Grand  maison  apparte- 
nait à  ces  races  qui  font  la  force  et  l'honneur  de  la  France  et  il  a 
ajouté  encore  à  ce  j)atrimoine  ancestral.  Ce  petit  volume  devrait  être 
le  ((  bréviaire  »  do  tous  nos  jeunes  officiers.  Quel  exemple  admirable  1 

G.  G. 


Yoli  di  <|uerra,  impressioni  di  un  «jiornalisla  pilota,  da  Otf.i.lo 
Cavara.  Milano,  fratelli  Trêves,  d918,  in-16  de  211  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Journaliste  de  son  métier,  M.  Cavara  a  été  jeté  dans  l'aviation  par 
la  guerre.  Devenu  pilote  dhydroplane,  il  a  été  attaché  à  ce  que  d'An- 
nunzio  a  dénommé  laile  extrême  de  l'Italie.  Quand  l'affaire  de  Capo- 
rollo  cul  obligé  les  Italiens  de  se  retirer  sur  le  Piave,  l'escadrille 
dut  quitter  Gradoà  son  tour,  et  M.  Cavara  passa  dans  les  avions  de 
chasse  ;  et  l'expérience  qu'il  a  pu  acquérir  de  cette  manière,  il  nous 
en  fait  profiter  dans  un  volume  où  il  met  au  ser\ice  de  ses  connais- 
sances techniques  un  talent  d'exposition  accpiis  dans  l'habitude  du 
journalisme.  Neuf  chapitres  forment  la  charpente  de  ce  volume  et  il 
suffira  d'en  donner  les  titres  jwur  indiquer  ce  que  l'on  trouvera  dans 
ce  volume  «  d'impressions  )i  intéressantes  surtout  par  ce  qu'elles  nous 
ap])rennent  sur  la  mentalité  des  aviateurs  :  i .  Du  Journalisne  à  l'avia- 
tion ;  2.  Comment  on  devient  pilote  ;  3.  La  Conquête  du  brevet  ; 
4.  L'Aile  extrême  d'Italie  ;  5.  L'Escadrille  exilée  ;  0.  Combats  sur 
l'Adriatique  ;  7.  Observateurs  et  pilotes  ;  8.  Les  Premières  Acrobaties 

sur  l'avion  de  chasse  ;  9.  Sur  le  Piave  et  à  Pola. 

E.-G.  Le  nos. 


Kdouard  Juiiod,  capitaine  à  la  Légion  étraiM|èi'<»  (  1  875-1  91  5). 
lii'ttres  et  Souvenirs.  Paris,  Crès  ;  Genève,  Kuiidig,  I9iS.  in-16 
de   XI.-206  p.  —  Prix  :  5    fr. 

(^cst  un  singidier  mais  très  atlachanl  tyj)e  de  soUlal,  cet  officier 
suisse,  engagé  dans  la  Légion  étrangère  et  qui,  après  avoir  servi  et 
combattu  en  Grèce,  en  Algérie,  au  Maroc,  à  Madagascar,  au  Tonkin. 
trouva  près  de  Sbuain  une  mort  glorieuse  eu  eiiliaîuant  sa  compa- 
gnie à  l'assaut  des  tranchées  allemandes. 

Sa  vocation  militaire  fut  irrésistible.  Dans  ses  veines  coulait  le 
sang  de  ses  vaillants  ancêtres  qui  s'illustrèrent  à  Fontenoy.  à  Malpla- 
quet,  mais  qui,  tout  en  comballant  pour  la  France,  prétendaient  ie>ler 
fidèles  à  leur  pays  natal,  à  leur  canton  montagneux.  Dès  son  enfince 
il  cultivait  les  sports.  A  dix-huit  ans  il  élail  excellent  nageur,  hardi 
cavalier,  escrimeur  émérite.  11  éprouva  quelques  désillusions  au  début 
<le  sa  carrière.  La  routine  des  exercices  en  garnison  lui  pesait.  Son 


—  25:i  — 

ardont  protestantisme  l'ayant  amené  à  considérer  Drevlns  comme  un 
juif  persécuté  pour  sa  religion,  il  eut,  au  temps  «  de  l'AIFairc  »,  cer- 
tains démêlés  avec  ses  camarades  et  ses  chefs.  Mais  tout  cela  s'atté- 
nua et  finit  i)ar  s'évanouir  quand  son  bataillon  fit  colonne  et  que 
commencèrent  les  expéditions  de  guerre. 

Les  lettres  d'Edouard  Junod  (pour  la  plupart  adressées  à  son  pèrei, 
tout  en  donnant  des  détails  précis  sur  ses  faits  et  gestes  militaires, 
sur  la  joie  fju'il  éprouve  à  commander  des  soldats,  à  parfaire  son 
instrucliofi  tie  chef,  révèlent  un  profond  amour  de  son  pays  et  un 
souci  constant  des  choses  religieuses. 

Comme  re\pli([ue  fort  bleu  M.  l'aul  Seippel,  dans  son  Introduction  : 
((  Junod  avait  une  vie  secrète  qu'il  gardait  jalousement  >>  et  ne  con- 
fiait qu'aux  siens  dans  des  billets  tout  intimes.  Dans  ses  rapports 
avec  ses  commensaux  et  ses  camarades,  il  se  montrait  fort  réservé, 
comme  s'il  voulait  s  inspirer  du  vers  d'Alfred  île  V  igny  : 

Seul    le  silence  est  grand,  tout  le  reste  est  faiblesse. 

Il  recevait  régulièrement  le  Journal  de  Genève,  qu'il  lisait  avec 
piété  du  titre  aux  annonces,  car  c'était  pour  lui  «  presque  un  petit 
morceau  de  la  patrie.  »  Voyait-il  mentionner  des  conférences  à 
l'Atliéjiée  ?  Il  demandait  à, ses  sœurs  de  lui  en  adresser  un  compte 
rendu  détaillé.  Les  débals  politiipies  qui  agitaient  la  Confédération 
et  le  canton  le  passionnaient. 

De  Casablanca,  il  écrivait  à  son  père  pour  lui  demander  ce  qu'était 
le  problème  philologique  du  quatrième  évangile.  —  11  est  vraisem- 
blable que  cette  question  posée  aux  officiers  du  mess  n'y  eut  pas  été 
longuement  ni  savamment  débattue.  —  En  bon  huguenot  genevois,  il 
est  hanté  par  les  dangers  que  la  propagande  catholique  pouvait  faire 
courir  à  sa  cité  protestante,  mais  si  son  tempérament  le  poussait 
vers  la  pédagogie,  il  était  réfractaire  au  mysticisme.  En  tous  cas,  s'il 
aimait  les  controverses,  il  pratiquait  en  matière  religieuse  une  tolé- 
rance, une  sorte  d'impartialité  qui  allèrent  en  s'élargissant. 

Aimé  de  ses  soldats,  dofit  il  partageait  les  fatigues,  auxquels  il 
s'intéressait  constamment,  il  était  vile  devenu  un  officier  modèle. 
Les  grades  de  lieutenant  et  de  capitaine,  la  croix  de  la  légion  d'hon- 
neur, récompensèrent  ses  services  ;  son  avancement  eût  été  plus  ra- 
pide s'il  s'était  fait  naturaliser  Français.  Mais  il  tenait,  suivant  la 
tradition  ancestrale,  à  servir  la  France  tout  en  restant  Suisse. 

Dans  la  nuit  qui  précéda  sa  mort,  comme  s'il  avait  le  pressenti- 
ment que  sa  dernière  heure  était  proche,  il  voulut  communier,  et,  en 
l'absence  d'un  aumônier  protestant,  c'est  un  prêtre  catholique,  un 
brancardier  dont  il  avait  admiré  la  bravoure  et  l'inlassable  dévoue- 
ment qui,  sur  sa  demande,  administra  la  communion   à   l'officier 


.  —  2o4  — 

qui  avait  été  un  huguenot  rigide  :  «  Nous  n'avons  pas  la  même  reli- 
gion, lui  dit  le  capilaiue,  mais  nous  avons  le  même  Dieu.  » 

Roger  Lambelin. 


Prisonnier  civil,  ou  Ilisloiie  d'an  prélre  français,  docteur  allemand, 
inlerné  50  mois  en  Allemaijnf  (/"  noùl  I9lù-l"  octobre  lOlfi),  par  Domi- 
TsiQUK  DE  Lagardi;ïte.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1919,  in-16  de  119  p.  —  Prix  ; 
2  fr. 

ÏM  labbé  Marcellin  Pradels  avait  fait  une  partie  de  ses  études  en 
Allemagne,  il  y  avait  passé  brillamment  son  doctorat  à  l'Université 
de  Miinster  en  1904,  avec  une  thèse  sur  Emmanuel  (ieibei  et  la 
lyrique  française,  il  y  avait  exercé  les  fonctions  de  vicaire  dans  la 
pari)isse  de  Ilavixbeck,  dans  le  diocèse  de  Munster  ;  il  s'y  était  créé 
des  relations  et  des  'amitiés.  Il  avait  fondé  en  1007,  à  Cologne,  un 
Institut  français  pour  les  jeunes  gens  de  Fiance  venus  dans  le  pays 
pour  étudier  et  se  former  à  la  pratique  de  l'allemand  ;  patronné  par 
le  cardinal  Fischer,  cet  Institut  avait  étéapprouvé  en  1911  par  legou- 
\ernement  allemand  qui  FaAait  pris  sous  son  contrôle. 

Comment  un  homme  qui  offrait  de  telles  garanties  à  l'Allemagne, 
qui  ne  lui  avait  témoigné  que  des  svmpalhies,  a-t-il  pu  être  arrêté 
avant  même  la  déclaralion  de  guerre,  comment  a-t-il  pu  être  retenu 
en  prison,  puis  dans  des  camps  de  concentration  pendant  de  si  longs 
mois?  Voilà  qui  n  est  pas  pour  rendre  l'Allemagne  i)lus  sympa- 
thique. 

Un  de  ses  compagnons  de  captivité  au  camp  d'Holzminden  a  pensé 
que  celte  histoire  édifiante  pourrait  intéresser  singulièrement  le  lec- 
teur et  quelle  jetterait  une  lumière  nouvelle  sur  la  mentalité  de  nos 
voisins  d'Outre-Rhin  ;  et  il  a  obtenu  de  M.  l'abbé  Pradels,  avec  tous  IJ 
les  papiers  concernant  sa  captivité,  l'autorisation  de  les  utiliser;  et 
c'est  cette  relation  fort  instructive  que  nous  avons  ici. 

Plus  encore  que  par  les  renseignements  qu'il  nous  apporte  sur 
l'œuvre  de  la  police  allemande,  sur  la  justice  militaire,  sur  l'organi- 
sation militaire  et  aussi,  hélas  !  sur  la  façon  dont  les  autorités  suisses 
poursuivaient  l'espionnage...  quand  elles  le  croyaient  exercé  contre 
1  Allemagne,  le  livre  est  intéressant,  tristement  intéressant,  parce  qu'il 
nous  révèle  sur  les  catholiques  allemands  :  nulle  feuille  n'a  été  plus 
bassement  acharnée  contre  nous  (pie  la  soi-disant  très  catholique 
«  Gazette  pof)ulairede  Cologne  »  ;  et  les  amis  que  M.  Pradels  comptait 
parmi  les  ralholiijues  iiinuents,  même  dans  le  haut  tieigé,  eurent  à 
son  égard  une  conduite  à  lacpielle  on  ne  prut  donner  d  inlerj)rélali()n 
plus  favorable  (pie  celle  d'une  insigne  làclieté. 

Ce  n'est  pas  là  ce  qui  ()eul  rehausser  dans  le  monde  le  prestige  des 
catholiques  allemands.  Puisse  la  lecture  de  ce  livre  ouvrir  tant  d'yeux 


—  255  — 

neutres  qui  se  sont  >oloataireineiit  fermôs  et  éveiller  tant  d.'  rons- 
cieiicrs  (jiii  sont  volonlaircinriit  {loiiioutées  dans  un  sommeil  indul- 
gent !  K.-(j.   LiiDos. 

En  Cuptivité...  11  juillet  1Î>1(>-1"  novembre  lî)I7,  par  A.  Li- 
magm;.  Paris.  Lclliioll-'ux.  s.  d.  (l'JIS).  iri-hi  de  247  p.         I^rix  :  3  fr.  30. 

Un  Séminaire  franvais...  en  Alieniaijne,  soureiiirs  de  cupliinlp.  par 
A.  LiMAGNE.  Paris,  LellMelloux,  s.  d.  (I'.U.Sk  iri-l:2  d(ï  <ji)  p..  avec  une 
plioto<,M-aviire.  —  Prix  :  0  fr.  80. 

Le  Séminaire  de  X.-D.  de  la  Merci  à  .Munster  et  Limbourçj. 
Histoire  d'un  séminaire  de  prisonniers  français  en  ca[)livilé  pendunl.  la 
guerre  10I^-19IS.  par  le  R.  P.  RocnrKEAC.  Pari.s,  Téqui,  1919,  in-12  de 
191  p..  avec  8  photogravures.  —  Prix  :  "2  fr. 

Nous  avons  déjà  rendu  compte  d'un  certain  nombre  de  souvenirs 
de  prisonniers  en  .Allemagne,  soldats  ou  déportés  civils  ;  nous  avons 
aussi  présenté  à  nos  lecteurs  le  livre  poignant  de  M.  l'abbé  Aubry  : 
Ma  Caplivité  en  Allemagne  {Polybihlion  de  mars  lljHJ,  t.  CXXW  I, 
p.  153).  .Aujourd'hui,  sur  pareil  sujet,  nous  allons  donner  la  parole  à 
deux  autres  prêtres  Irançai:^. 

—  Voici  d'abord  M.  A.  Limagne.  aumônier  militaire,  qui,  au  début 
<les  hostilités,  était  supérieur  du  collège  de  Montlu(;on.  11  a  vécu  En 
CapliiHlé  du  11  juillet  l!jl(j  au  11  novembre  1917.  u  Je  suis  à  l'aise, 
dit-il.  pour  parler  des  Allemands,  je  n'ai  ni  vengeance  à  exercer  ni 
services  à  reconnaître...  .l'en  parlerai  avec  connaissance  de  cause.  » 
On  peut  dire  que  le  volume  de  M.  Limagne,  rapport  solide,  constitue 
un  véritable  martyrologe  des  infortunés,  militaires  ou  civils,  qui  sont 
tombés  au  pouvoir  d'une  nation  sans  cœur  et  sans  scrupules,  dont  la 
duplicité  égale  l'hypocrisie.  La  \igueur  de  l'écrivain  est  souvent  dou- 
blée d'une  pointe  d'humour  qui  ne  gâte  rien.  Pages  109-1 10^  il  nous 
met  en  face  d'une  «  vision  d'Apocalypse.  »  Je  cite,  en  abrégeant  :  il 
s'agit  de  civils  belges,  «  des  ombres  »,  de  «  douloureux  squelettes  » 
arrivant  au  camp  et  incarnant  (i  à  un  degré  effrayant  l'extrémité  de 
la  souffrance  humaine  et  la  surhumaine  férocité  allemande  ?  .Au 
nombre  de  onze  cents.  «  ces  figures  pâles  sont  trouées  de  grands 
yeux  enfoncés,  qui  dardent  un  feu  de  fièvre,  les  bras  pendant  sans 
vie,  avec  des  mains  exangues,  les  jambes  flageollent  comme  si  une 
ivresse  locale  avait  dissocié  des  os  les  muscles,  paralysé  les  nerfs. 
C'est  à  crier  de  pitié,  d'horreur,  de  haine.  »  Tout  à  coup  ces  mou- 
rants voient,  passer  des  tonneaux  remplis  de  résidus  de  cuisine, 
déchets  de  végétaux  putrides,  restes  de  poissons  gâtés  ;  aussitôt,  cul- 
butant les  gardiens,  ils  s'en  emparent  et  en  boivent  le  contenu  jusqu'à 
la  dernière  goutte,  u  Le  soir  même,  dix  étaient  morts.  »  Et  les  autres, 
jusqu'à  concurrence  de  80  pour  cent,  succombaient  peu'après.  A  oyez 
aussi  (p.  19G-199)comment  les  Teutons,  sous  prétexte  de  représailles. 


—  2o6  — 

envoyaient  de  nombreux  F^rançais,  travailler  sous  les  bombes  derrière 
les  premières  lignes  allemandes,  face  aux  Anglais  et  à  leurs  propres 
compatriotes.  ((  Les  tués  furent  rares  dans  la  Somme  ;  derrière  Ver- 
dun des  effectifs  furent  réduits  d'un  tiers.  »  Et,  indigné,  M.  Limagnc 
s'écrie  :  <t  Gazouillez  de  bienveillance  pour  les  Allemands,  pbilau 
tbropes  de  brasserie  ou  de  salle  de  rédaction  :  voilà  ce  qu'ils  ont  fait 
de  vos  frères  !  »  Puis,  ayant  constaté  que  nos  ennemis  ont  dépassé 
en  sauvagerie  les  tyrans  de  Home,  de  Babylone  et  d'Egypte,  il  réca- 
pitule les  tourments  de  toutes  sortes  infligés  aux  prisonniers  français 
et  autres.  Livre  terrible  qui  appelle  linj^jlacable  justice.  Elle  \ient... 

—  Dans  le  cbapitre  IV  de  l'ouvrage  -précédent.  M.  A.  Limagne 
raconte  son  r(Me  au  Séminaire  fra/taiis  en  Allcinag/ie.  Tiré  à  part,  ce 
chapitre  a  formé  une  biochure  spéciale.  L'auteur  avait  été,  pour 
enseigner  dans  ce  sén'iinaire  par  le  professeur  Schmidlin,  signataire 
du  fameux  Manifeste  des  93  intellectuels  allemands,  mais  qiii  valait 
cependant  un  peu  mieux  que  ses  antécédents,  comme  on  le  verra 
plus  loin.  Justement  méfiant,  M.  Limagne  avait  refusé  ;  on  n'insista 
pas  autrement  ;  mais  un  beau  jour  il  dut  piéparer  ses  paquets  afin 
de  rentrer  en  France,  espérait-il.  Or.  c'est  à  Munster,  en  Westphalie, 
que  le  digne  aumônier  était  expédié  pour  remplir  quand  même  les 
fonctions  refusées,  en  collaboration  avec  trois  autres  prêtres,  dont  le 
P.  Hochereau.  L'auteur  raconte  tout  ce  qu'il  fit.  \it,  enlendit, 
juscpi'au  jour  où  l'établissement,  trop  ((  chauvin  »,  fut  sup|)riu)é  et 
les  étudiants  dispersés.  A  noter  que  le  séminaire  se  reforma  i)lus 
lard,  à  Limbouig. 

—  M.  Limagne  a  esquissé  partiellement  l'histoire  du  séminaire  fran- 
çais de  Munster,  c'est-à-dire  la  période  qu'il  a  vécue;  le  H.  P.  Hoche- 
reau. lui,  la  fixe  en  son  entier  avec  son  volume  :  Le  Séminaire  de 
N.-I).  de  la  Merci  à  MCl/isler  et  Limbourg.  Encore  un  énergique,'  le 
P.  liochereau.  Directeur  au  séminaire  lie  N.  Pam[)lona,  à  Bogota,  en 
Colombie,  il  accourut  au  premier  appel  de  la  France  et  se  rendit  au 
50'^  d'artillerie  où  il  était  lieutenant.  Tombé  sur  le  champ  de  bataille 
le  23  avril  l!)15  avec  quatre  blessures  graves,  il  fut  fait  prisonnier  et 
interné  au  camp  de  Kattenvenne,  près  de  Miinsler.  Là  il  se  renconlia 
avec  l'aumônier  allemand;  le  professeur  Schmidlin,  plus  haut  nommé. 
Alsacien  et  professeur  d'Université  allemande.  Ce  prêtre,  «  C(pur 
excellent  et  droit,  cassant  tout  sur  son  chemin  pour  atteindre  son  but, 
de\ait  faire  aboutir,  en  dépit  des  plus  invraisemblables  dinîcultés. 
l'œuvre  d'un  séminaire  français  en  .\llemagne.  »  Type  peu  ordinaiie, 
ou  véiilé,  ce  Schmidlin  !  .\vcc  le  P.  Leveugle,  maître  des .  novices 
d'une  province  canadienne  de  franciscains  et  l'abbé  Lanselle,  jeune 
licencié  eu  histoire  de  la  Facullé  de  Lille,  le  P.  Hochereau  procéda 
rapidemenl  à  rorganisalion  île  l'élablissement  dont  les  ilébuts  furent 


—  257  — 

satisfaisants.  Mais  le  manque  de  souplesse  de  M.  Schmidlin  amena 
(les  désaccords  avec  les  autorités  allemandes  ;  puis,  des  tentatives 
d'évasion,  dont  deux  réussirent,  provoquèrent  des  mesures  de  rigueur 
décorées  du  litre  de  représailles,  qui  durèrent  trois  semaines.  Surces 
eiitrefailes,  le  P.  Leveugle  et  deux  autres  directeurs  étant  rentrés  en 
France,  d'autres  recrues  devinrent  nécessaires,  et  c'est  alors  qu'arriva 
lechatioiiic  Limagiie,  qui,  d'ailleurs,  devaitparlir  fjuand  on  supprima 
le  séminaire  sous  l'accusation  de  sabotages  réitérés.  Quant  au  1'.  Ilo- 
clicreau,  il  fut  enfermé  finalement  à  la  forteresse  de  Magdebourg. 
Bientôt,  sur  la  demande  de  Rome,  le  séminaire  fut  reconstitué  à 
1. imbourg  en  février  1918,  et  comme  il  lui  fallait  une  direction  cxpé- 
liinentée,  le  P.  liochcreau  fut  désigné.  Il  resta  en  fonctions  jusqu'à 
l'armistice.  A  propos  de  sa  libération,  il  rapporte  des  faits  bizarres  et 
amusants,  à  la  charge  des  Allemands.  Le  volume  se  termine  par  les 
détails  de  la  rentrée  en  France,  qui  fut  laborieuse.  M.  Limagne  est 
un  patriote  de  premier  ordre  ;  le  P.  Hochereau  l'est  autant,  pour  le 
moins,  et  tous  deux  font  preuve,  malgré  tout,  d'une  bonne  humeur 
(pii  le  dispute  à  l'esprit  le  plus  pétillant.  E-A.  Chaplis. 


La  Guerre  et  la  Vie  de  l'esprit,  par  Mauiuce  Legendre.  Paris,  lîlond 
cl  Gay,  d'JlS,  in-16  de  19o  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Je  ne  connais  pas  l'auteur  ni  son  grade  ni  ce  que  la  guerre  en  a 
fait  depuis  qu'il  a  écrit,  en  1917,  ce  livre,  ce  beau  livre.  Je  suis  d'au- 
tant plus  à  mon  aise  pour  dire  mon  admiration.  Ce  n'est  pas,  bien 
entendu,  que.  devant  celte  explication  philosophique  de  la  guerre, 
nous  soyons  toujours  parfaitement  de  l'avis  de  l'auteur.  Ainsi,  pages 
153-154:,  nous  trouvons  sa  thèse  sur  les  crimes  envers  les  non-combat- 
tants un  peu  trop  indulgente,  si  nous  songeons  que  les  Boches  ont 
voulu  tout  simplement  anéantir  notre  race,  per  f as  et  ne/as.  11  y  a 
encore,  page  135,  tout  un  développement  qu'on  aimerait  mieux  n'y 
plus  voir,  sur  les  sous-olïîciers  parvenus  et  les  officiers  hobereaux. 

Ccs'^leux  réserves  faites,  il  ne  me  reste  plus  qu'à  suivre  avec  plai- 
sir ce  philosophe  indulgent,  à  l'esprit  large,  essayant  d'expliquer  au 
mieux  les  fautes  d'avant-guerre,  exposant  à  merveille,  dans  un  cu- 
rieux chapitre  intitulé  :  De  la  sensation  au  sentiment,  la  paternité  du 
chef  pour  ses  soldats,  lés  différentes  nuances  du  courage,  et  même  ce 
sentiment  inexplicable  pour  nous  :  la  longanimité  de  nos  soldats 
pour  les  Allemands.  M.  Legendre  pense  que  c'est  aux  civils  à  éprou- 
ver la  haine  du  Boche  et  à  l'entretenir  chez  les  autres.  C'est  tout  à 
fait  ma  conviction,  et  je  connais  un  professeur  de  Faculté  qui,  pen- 
dant toute  la  guerre,  à  l'arrivée  des  jeunes  classes  à  la  caserne,  faisait 
aux  bleus  des  conférences  documentées  sur  l'ennemi  qu'ils  allaient 
bientôt  affronter. 

Mai-Juin  1919.  T.  CXLV.  17. 


—  258  — 

Ce  beau  livre  est  la  synthèse  (ruiie  infinité  dV)bser\alions.  On  sent 
la  réalité  de  la  guerre  derrière  ces  théories  ;  parfois  elle  apparaît, 
énriouvaiite,  comme  dans  l'histoire  du  coureur  de  Verdun.  Un  té- 
moin me  l'avait  déjà  racontée  :  un  agent  de  liaison  es!  frappé  à  mort 
pendant  qu'il  porte-  un  ordre  écrit.  11  meurt  dans  un  trou  d'obus, 
mais  son  bras  raidi  tend  toujours  en  l'air  l'ordre  qu'il  emportait  : 
même  pendant  son  agonie,  le  brave  avait  voulu  qu'utj  camarade  pût 
voir  le  papier,  et  continuer  la  mission  interrompue  par  la  mort. 

Livre  à  lire,  et  à  garder.  Tour  ceux  qui  classent  leur  bibliothèque 
par  affinité  entre  les  écrivains,  ils  doivent  le  mettre  sur  le  lavon  où 
figurent,  à  côté  de  Servitude  et  Grandeur  niililatres.  les  livres  d'Art 
Roë,  de  Psichari  et  du  capitaine  de  Belmont. 

M  Al    lUCE   SoLlUAl. 


La  France  agricole  et  la  Guerre,  par  le  L)'  C;.  Ciialvfac.  '!'.  II.  P;ii  i<, 
Baillière,  1918,  in-H>  de  vii-3i;2  p.  —  l^ix  :  3  fr.  50. 

Dans  le  tome  P'"  de  cet  ouvrage,  paru  en  19l(i,  le  D'  Chauveau 
examinait  un  certain  nombre  de  questions  dansl  étude  desquelles  il  s'est 
particulièrement  spécialisé  et  qui  intéressentau  plus  haut  degré  notre 
agriculture  :  amélioialions  foncières  (remembrement  de  la  propriété 
foncière),  culture  mécanique,,  exj)loitation  des  forêts  métropolitaines 
et  coloniales.  Ce  sont  ces  mêmes  sujets  (jn'il  reprend  en  les  dévelop- 
pant pour  les  rapporter  aux  idées  et  aux  choses  nouvelles  suscitées 
par  les  circonstances  présenCes. 

On  sait  que  la  question  du  lemembrcment,  dans  son  ensemble,  (•-•( 
maintenant  virtuellement  résolue,  une  proposition  de  loi  votée  par 
le  Sénat  le  29  septembre  1917  ayant  été  renvoyée  à  la  Chambre  des 
députés  avec  l'avis  favorable  de  la  Commission  d'agriculture  t  t 
l'appui  du  gouvernement.  C'est  avec  intérêt  qu'on  liia  dans  rouvrag(> 
du  1)''  Chauveau  rhistori([ue  de  cette  importante  cpieslion. 

Dans  la  deuxième  partie  du  livre,  l'auteur  étudie  les  problèmes  t\c. 
la  culture  mécanique,  que  solutionneront,  on  peut  l'es^iérer,  les 
expériences  <rap|)lication  pratique  actuellement  ])()ursuivies.  La  raié- 
faction  de  la  main-d'œuvre  et  des  animaux  de  tr.iit  rend  absolument 
nécessaire  le  recours  à  la  culture  mécanique,  surtout  pour  les 
labours,  si  l'on  veut  intensifier  la  production  agricole,  en  particulier 
celle  des  céréales,  si  désirable.  Il  semble  que  la  viticulture  possédera, 
elle  aussi,  des  appareils  adaptés  à  ses  besoins,  comme  cela  paraît 
résulter  des  essais  tentés,  qui  ont  permis  de  réaliser  de  sensibles 
améliorations. 

Une  troisième  partie  est  consacrée  à  l'exanuMi  du  projt-t  de  loi  sur 
l'enseignement  professioniicl  cl  j)ui)lic  lie  l';igrit  ulluif  volé  par  le 
Sénat  après  son  adoption  i)ar  la   Cliambie  des  tiéputes.  La  nouvelle 


—  2')0  — 

loi  place  au  sommet  do  colle  organisation  rinstilul  riation.il  a^rrono- 
miiiiie,  puis  les  Kcolcs  nationales,  les  hxoles  (la^ricnltnrc,  les  Kcoles 
(l'hiver  et  saisonnières  et  enfin  l'enseignement  post-scolaire,  celui-ci 
s'adressant  à  la  grande  masse  de  la  jeunesse  rurale.  L'enseignement 
tic  la  partie  féminine  de  la  population  sera  donné  dans  les  Kcolcs 
supérieures  d'enseignement  agricole  ménager,  les  Kcoles  agricoles 
fixes  ou  temporaires,  les  cours  d'enseigner))enl  ménager  post-scolaire. 
Avec  l'auteur,  formons  des  vœux  pour  que  les  résultats  répondent 
aux  espérances  et  aux  sacrifices  que  s'impose  la  nation  ;  souhaitons 
que  les  jeiines  gens  des  deux  sexes,  de  nos  campagnes,  arrivent  ainsi 
à  mieux  connaître  et  à  aimer  la  vie  des  champs  où  les  retiendra  une 
vocation  allègrement  embrassée. 

La  quatrième  partie  est  la  reproduction  d'articles  de  propagande 
publiés  par  l'auteur  dans  divers  journaux,  et  consacrés  aux  ques- 
tions que  nous  venons  d'examinçr  puis  à  un  certain  nombre  d'autres 
concernant  l'exploitation  et  le  commerce  des  bois  coloniaux  et  mé- 
tropolilains  ;  aux  avantages  que  les  agriculteurs  peuvent  tirer  des 
transports  automobiles  ;  à  l'organisation  pratique  et  rationnelle  de 
la  chasse  et  de  la  pèche  pour  augmenter  nos  ressources  alimentaiies  ; 
on  y  trouve  aussi  la  reproduction  d'une  lettre  ouverte  adressée  par 
Lauleur  au  minisfre  de  ragiiculture,  signalant  le  danger  de  la  pro- 
pagation de  certaines  épizooties  par  insuffisance  de  précautions  de 
la  |)art  des  services  chargés  de  la  police  sanitaire  des  animaux,  des 
dépôts  de  cbcNaux  malades  ayant  été  établis  par  l'autorité  militaire, 
au  hasard  des  lieux  et  des  locaux  disponibles,  dans  les  fermes  et  dans 
les  haiji talions  de  certains  villages.  D.  B. 


L'EuropB   lih<»r<^e,  novembre  1018,   par  Paul  Seippix.  Paris,   Crès  ; 
rienèvo.  Kinidig,  IIM:».  pclit  iii-12  de  99  p.  —  Prix  :  2  fr.  10. 

Recueil  d'articles  parus  dans  le  Journal  de  Genève,  dans  la  seconde 
quinzaine  de  novembre  1918,  où  M.  Paul  Seippel  traite  de  quelques- 
uns  des  pays  libérés  :  Alsace-Lorraine,  Grande-Serbie,  Bohème.  11 
rappelle  aussi  les  témoignages  de  sympathie  donnés  par  la  Suisse  à 
la  Belgicpie,  dès  le  mois  d'août  1914.  Un  article  est  consacré  à  la 
République  allemande,  un  autre  au  Tsarisme  rouge.  Un  autre  enfin 
est  la  reproduction  d'un  discours  prononcé  le  28  novembre  1918,  au 
banquet  de  l'Alliance  française  à  Zurich.  Le  talent  de  M.  Seippel  et  sa 
vive  sympathie  pour  la  France  sont  connus  ;  signaloiis,  comme  très 
intéressants,  au  point  de  vue  historique  et  documentaire,  les  extraits 
qu'il  donne  de  journaux  et  de  revues  suisses  concernant  l'attitude 
de  son  pays  au  début  de  la  Grande  Guerre.  A.  T. 


200 


I^a  l*;iîx  «jii'îl  faut  à  la  France,  par  le  général  MArriiOT.  Paris,  Berger- 
Lcvraull.  lUli),  in  IG  de  144  p.,  avec  2  cartes.—  Prix  :  3  fr. 

«  11  reste  aux  vivants  à  parachever  l'œuvre  des  uiorts.  »  Le  géné- 
ral Maîlrot  nous  dit  quelles  sont  les  conditions  de  paix  que  nous 
devons  obtenir  à  cet  effet.  Nul  n'est  mieux  qualifié  pour  les  formuler 
que  lui,  qui,  dès  1914,  avait  commencé  dans /e  Correspondant,  la 
publication  d'articles  prophétiques  sur  la  guerre  prochaine.  On  sait 
à  quel  point  les  événements  lui  ont  donné  raison,  ainsi  qu'à  d'autres 
collaborateurs  de  la  grande  revue  catholique,  qui  ont  alors  essayé, 
avec  aussi  peu  de  succès  que  le  général  Maîtrot,  d'attirer  l'attention 
sur  certaines  lacunes  de  notre  préparation  militaire  et  diplomatique. 
I.a  pieuve  que  les  Allemands  ont  sefriti  le  danger  que  présentaient  pour 
eux  ces  études  si  documentées,  c'est  la  rancune  dont  ils  ont  pour- 
.suivi  leur  auteur.  L'Avanl-Propos  contient  à  ce  sujet  des  révélations 
bien  intéressantes.  On  trouvera  dans-  ce  petit  livre  un  excellent  résume 
des  garanties  nécessaires  à  la  France  pour  remplir  son  rôle  de  gar- 
dienne de  la  civilisation  contre  le  germanisme, 'ainsi  que  des  répara- 
tions et  dédommagements  qui  lui  sont  dus,  et  de  la  reconnaissance 
de  ses  droits  sur  la  Syrie.  La  Belgi(jue  n'est  pas  oubliée  non  plus. 

A.  DE  Tarlé. 


Lo  lîoii  Combat,  par  l'abbé  Eugk.ne  Gnisr.hLB  {Publiedlion  du  Coinilt'  calIiQ- 
Uiinf  du  in'tijKKjdiiile  j'rdiirdise  à  l'étranger).  Paris,  Bioud  et  (iay,  1918,  in-18 
de  2:3(5  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Secrétaire  du  Comité  catholique  de  propagande  française  à  l'étran- 
ger, M.  I'al)bé  Eugène  Griselle  en  a  été  l'un  des  membres  les  plus 
actifs  ;  il  n'écrivait  pas  moins  dç  deux  articles  par  semaine  pour 
défendre  notre  cause,  et  c'est»  un  choix  de  ces  notes  fugitives  »  (pi'il 
nous  olfre  aujourd'hui  sous  forme  de  volume.  Inspirés  tantôt  par  les 
faits  du  jour,  tantôt  |)ar  l'apjiarition  de  livres  ou  d'articles  nouxeaux, 
tantôt  par  les  recherches  qu'avec  son  tempérament  d'érudit,  il  est  allé 
furetant  partout,  les  trente  et  un  articles  réunis  ici  ont  toujours  j)Our 
objet  d'opposer  le  bon  droit  de  la  France  aux  méfaits  de  l'Allemagne 
et  (I(^  mettre  en  lumière  la  mentalité  gern)anique  vis-à-vis  de  la  nôtre. 

fonl  peut-être  n'est  pas  également  o|jj)orlun  dans  celte  publica- 
tion (  pai'  ex.  ce  (pii  est  cité  p.  80  et  s.  sur  la  rive  gauche  du  lihin). 
Ponrcpioi  l'auteur  qui  reproche  avec  raison  au  général  Jung  d'avoir 
«  maladroitement  imprimé  d  Won  de  GoKz  le  nom  du  fameux  Vonder 
(#'o//:  s'obstine-l-il  lui-même  à  appeler  jusqu'à  six  fois  (p.  1)3,  deux 
fois,  |).  9i,  p.  97.  p.  1(11,  deux  fois),  Glaslone  l'illuslre  homme  iFFlat 
anglais  6'/ti'/i7o/u' !'*  F. -G.  Leuos. 


-  261  — 

Ia'.h  (iuorrcs  d'enfer,  p.ir  Alphonsk  Skcmk.  Paris,  l'iiyol,  191'.).  iii-IO  de 
302  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Ce  titre  romaiitif|ne  :  Les  Guerres  d'enfer,  cache  les  considérations 
les  plus  réalistes  cpie  la  guerre  ait  inspirées.  M.  Alphonse  Séché  y 
montre  une  pénétration  singulière,  qui  lui  fait  découvrir  le  fond  des 
choses  sous  la  surface  des  apparences.  Quelquefois  nnênie  il  a  fait 
preuve  de  divination,  car  son  livre,  écrit  en  1915,  annonce  et  recom- 
mande des  perfectionnements  techniques  qui  n'ont  été  réalisés  que 
plus  tard.  Eu  expliquant  comment  la  guerre  évolue  avec  la  société, 
il  insiste  sur  ce  fait  essentiel  qu'elle  est  entrée  aujourd'hui  dans  le 
domaine  des  sciences  exactes.  Toute  la  troisième  partie  :  Ce  qu'on 
fera,  est  consacré  à  l'utilisation  des  nouveaux  moyens  matériels,  avec 
citations  de  Wells  à  l'appui. 

Si  intéressantes  que  soient  ces  vues,  nous  préférons  les  deux  pre- 
mières parties,  où  M.  Alphonse  Séché  dénonce  notre  défaut  de  pré- 
paration   intellectuelle,   qui  nous  a   été  presque  aussi   nuisible  fine 
notre  infériorité  matérielle.  II  raille  l'étonnement  qu'ont  provoqué 
chez  nous  les  méthodes  de  guerre  allemandes  et  ajoute  que,  pour  les 
prévoir,  il   suffisait  de  lire  les  ouvrages  des   théoriciens   militaires 
d'outre-Kliin.  C'est  absolument  juste  :  les  Allemands  n'ont  rien  fait 
(ju'ils  n'aient  annoncé  ouvertement.  Allons  plus  loin.  De  notre  côté, 
hypnotisés  par  les  méthodes  de  iNapoléon,  que  Mollke  avait  reprises 
pour  son  compte  et  appliquées  avec  tant  de  succès  en   1870-71,  nous 
avioTis  perdu  de  vue  l'essentiel,  que  la  guerre  est  une  chose  sérieuse, 
où  non  seulement  s'édifie  la  gloire  d'un  grand  capitaine,  mais  où  se 
joue  la  vie  des  peuples  et  qu'elle  doit  mettre  en  œuvre  toutes  les 
forces  économiques  du  pays.  Napoléon  a  fait  la  guerre  en  artiste  et 
s'est  contente  de  battre  les  armées  ennemies  par  des  manœuvres  fou- 
droyantes ou  à  longue  échéance,  toujours  impeccables,  qui   lui  don- 
naient des  succès  militaires  si  complets  qu'il  s"en  tenait  cà  la  destruc- 
tion des  forces  adverses  et  lâchait  l'ennemi  après  lavoir  mis  par 
terre.  Les  Allemands  n'ont  pas  dédaigné  l'élément  purement  mili- 
taire de  la  guerre.  Mais,  convaincus  qug  les  armes  modernes  rendent 
la  décision  plus   incertaine  et,   sur  ce  point  comme  sur  beaucoup 
d'autres,   imitateurs   des   méthodes  de  la   Piépublique   romaine,   ils 
n'ont  fait  que  revenir  à  la  vieille  manière  de  faire  la  guerre,  celle  (jui 
consistait  à  ruiner  et  asservir  le  vaincu  :  rappelons-nous  les  guerres 
de  Macédoine  et  les  guerres  puniques.  C'est  le  propre  de   tous  les 
peuples  impérialistes.  Les  Anglais  ont  agi  de  même  au  Transvaal,  où 
ils  ont  mené  la  guerre  autant  contre  la  population  civile  que  contre 
les  commandos  boers,  par  l'incendie  systématique  des  fermes  et  les 
camps  de  concentration,  où  périrent  de   misère   tant  de  femmes  et 
d'enfants.   Ces  idées  avaient  été  entièrement  perdues  de  vue  chez 


—  2(i2  — 

nous  ;  M.  Alphonse  Séché  a  eu  raison  de  les  rappeler.  Signalons 
encore  la  note  excellente  de  la  })age  202,  où  il  dénonce  quelques-unes 
des  erreurs  qui  n'ont  pas  cessé  de  traîner  dans  la  presse  depuis  quatre 
ans  ;  les  sages  réflexions  de  l'Appendice  sur  les  illusions  de  ceux  qui 
croient  à  la  paix  perpétuelle  ;  et  la  justice  rendue  à  la  force,  «  créa- 
trice du  bien  et  du  mal.  »  jNous  sommes  entin  revenus  des  billevesées 
funestes  de  Jules  Simon. 

Les  idées  originales  abondent  dans  ce  livre  ;  elles  sont  presque 
toujours  justes  et  mériteraient  de  longs  commentaires.  Souhaitons- 
lui  de  nombreux  lecteurs.  Ils  y  retrouveront  les  qualités  qm  ont  fail 
goûter  les  œuvres  de  critique  littéraire  et  sociale  de  JM.  Alphonse 
Séché,  car  il  est  un  de  ces  auteurs  qui  donnent  un  éclatant  démenti 
aux  cuistres  qui  prétendent  enfermer  un  écrivain  dans  un  rayon 
déterminé  de  la  production  littéraire.  A.  de  Tarlé. 


.\otre  Force  future,  par  Jiîan   Dyhowsm.  i^>iri.s,    Piiyol,  l'.UO,   in-lG  di> 
271  p.  —  Prix  :  4  fr.  IJO. 

,  ÎNous  sommes  victorieux,  mais  l'effort  que  nous  avons  du  soutenir, 
nos  tenibles  pertes  en  hommes,  la  dévastation  sauAage  dont  nolie 
territoire  a  soulferl,  nous  mettent  dans  une  situation  difficile  pour  la. 
reprise  de  la  lutte  économique.  .Nous  ne  pourrons  nous  en  tirer  qu'en 
faisant  appel  à  des  forces  nouvelles.  Ces  forces  nous  les  avons  à  notre 
disposition  dans  nos  admirables  possessions  d'outre-mer.  Telle  est  la 
thèse  développée  i)ar  l'auteur  avec  la  compétence  toute  particulière 
qu'il  possède  pour  les  questions  agricoles  et  coloniales,  ^os  colonies 
peuvent  nous  donner  la  plupart  des  matières  premières  nécessaires  à 
l'industrie  et  à  l'alimentation,  source  inépuisable  de  richesses  dont 
M.  Dybowski  a  très  justement  signalé  l'importance.  Les  deux  derniers 
chapilies  indiquent  des  réformes  d'ordre  pratique  à  réaliser  pour 
tirer  un  meilleur  parti  de  notre  immense  domaine  colonial.  Oh  voit 
l'intérêt  (pje  peuNcnt  trouver  à  ce  livre  non  seulement  les  spécialistes 
de  la  colonisation  mais  tous  les  Français  soucieux  de  l'avenir  natio- 
nal. Souhaitons  notamment  de  le  voir  abondaujuient  répandu  dans 
les  milieux  scolaires  et  poslscolaires.  A.  de  Taulé. 


—  Il  est  jjrobabh'.  les  opérations  mililaires  étant  terminées,  au 
moins  sur  U'  théâtre  occidenlal.  (pie  VUisloire  (/cnérale  cl  (uiecdiili(/ue 
de  la  (/ lierre  (le  lUI'é,  île  M.  .lean  Hernard,  \a  accélérer  sa  marche. 
Hécemmenl,  cin(|  nouxelles  liviaisons  (n"'  '1-.S  à  ;29)  nous  ont  été  re- 
mises, au  moyen  desquelles  le  tome  111  est  achevé  et  le  lome  IV 
commence  (Nancy-Paris-Strasbouig,  Berger-Levrault,  in-8 paginé 289- 
4(17  poiii-  la  lin  du  lome  III.  et,  pour  le  commencement  du  lome  IV, 


à 


—  2(i:i  — 

1-112).  Kn  rappelant  que  ces  livraisons  sont  abondamment  illustrées 
(portiaits.  vues,  scènes,  cartes  et  plans)  et  ([ue  M.  Jean-Bernard  sait 
à  rricrvcille  soutenir  l'inlcrêt,  nous  nous  bornerons  à  Oxcr,  par  la  re- 
production du  sommaire,  la  pbysionomic  de  cbaquc  fascicule  : 
N'^  25.  Les  Hrutes  s'dmu.>ent.  La  LAcliflé  d'un  olTicier-  saxon.  Au  Hois 
Le  Prêtre.  Les  Allemands  à  Saint  Die.  Femmes  Tiançaises.  La  Mort 
de  M.  de  .\!un.  La  Vie  à  Bordeauv.  Le  Sénateur  Beymotifl  tombe  au 
ciiamp  d'honneur.  L'Ambassadeur  de  Turquie  et  la  Guerre.  Au  Bar- 
reau paii>icn.  La  \  le  intellectuelle  à  Paiis.  Les  Théâtres  et  la  Guerre. 
Saint-Saens  et  les  Allfuiautls.  —  N'^  2(j.  Dans  la  rue,  à  l'aris.  Les  Pri- 
sonniers allemands  chez  nous.  Ivro^^rnes  à  particule.  Le  Manifeste  des 
1J3.  Quelques  preuves  de  Pagression  allemande.  Les'  Femmes  alle- 
mandes ig-norent  la  pitié.  Nos  Villages  sous  le  joug  Le  «  Chant  de 
haine  »  —  N"  "11.  Le  Chanl  de  guerre  des  étudiants  allemands.  La 
Clémence  (!)  allemande.  Le  «  Vorwarls  enchaîné  ».  Les  Propositions 
de  paix  allemandes.  La  Prusse  de  Frédéric-Guillaume  111.  Un  Impé- 
rial Poltron.  —  N"  28.  La  Belgique  accusée  par  r.\llemagne.  L'An- 
gleterre accueille  la  Belgique  exilée.  Au  Transvaal.  Le  Japon  et  la 
Guerre.  La  Propagaiictc  allemande  chez  les  neutres.  Le  Courant  enten- 
tophilc  au  Portugal.  L'Espionnage  allemaTid  au  Danemark.  La  Cour 
de  Suède  aux  ordres  du  Kaiser.  Les  Etats  Unis  sont  indécis.  —  j\"29. 
Pillards  et  inverti.-;.  La  Turquie,  colonie  allemandH.  La  Guerre  sur 
mer.  Sur  le  Front  belge.  La  Mai.sou  du  Passeur.  Le  Clairon  muet. 
Sur  l'user.  Les  Allemands  inaugurent  les  gaz  asphyxiants.  Les  Pre- 
mières Grenades  à  main.  Noël  aux  tranchées. 

—  Le  petit  volume  «pie  M.  le  capitaine  G.-J.  Gordon  nous  donne 
sous  le  titre  :  Moiu  and  Ihc  reircat  (London,  Constable,  1018,  in-16 
de  ix-04  p.  et  carte.  —  Prix  :  2  fr.)  et  qui  fait  partie  d'une  série 
d'opuscules  :  The  Opérations  of  Ihe  Drltlsh  army  in  Ihe  présent  war, 
est.  comme  le  ditle  maréchal  French  dont  la  Préface  dotit  il  l'a  honoré, 
((  moins  une  histoire  qu'un  intéressant  résumé  chronologique  des 
événements  principaux  »  Rédigé  sans  prétention,  avec  beaucoup  de 
clarté,  il  met  bien  en  lumière  le  rôle  magnifique  joué  au  début  de  la 
guerre  par  les  forces  expéditionnaires  que  nous  avaient  envoyées  nos 
amis  d'Outre  Manche,  «  petite  armée  »,  certes,  mais  non  u  mépri- 
sable »,  car  la  qualité  y  compensait  la  quantité. 

—  Nous  signalons  avec  plaisir  le  3*  volume  des  Guides  Michelin 
pour  la  visite  des  champs  de  bataille,  qui  concerne  la  "^irouée  de  Revi(/ny 
(Paris,  Berger-Levrault,  s.  d.  [1910J.  petit  in-8  de  112  p..  avec  1  plan 
de  ChaloHS-sur-Mairie  en  couleur,  1  carte-itinéraire  de  la  «  trouée  », 
2  plans  en  noir  de  Vilry-le-François  et  de  Bar-le-Duc  et  de  nombreuses 
photogravures  dans  le  texte.  Prix,  cartonné  ;  3  fr.  50).  Les  H5  pre- 
mières pages  qui  renferment  la  a  Partie  historique  »,  rappellent  le  rôle 


—  204  — 

des  4»  et  3«  armées  formant  la  droite  française  pendant  la  bataille  de 
la  Marne,  du  5  au  14  septembre  1914,  avec  schémas  et  portraits  de 
généraux.  Ici  s'achève  le  récit  de  la  bataille  de  la  Marne,  commencé 
dans  les  deux  volumes  précédemment  parus  et  que  nous  avons  men- 
tionnés :  L'Oiircq  et  les  Marais  de  Saint-Gond.  La  «  Partie  touriste  », 
qui  vient  ensuite,  nous  fait  parcourir,  en  suivant  une  immense  ligne 
brisée,  la  région  qui  va  de  Chùlons-sur-Marne  à  Vitry-le-François  et 
Bar-le-Duc  jusqu'au  hameau  du  Moulin-Brûlé,  en  direction  de  Ver- 
dun D'autres  «  Guides  )>  sont  en  préparation  ;  nous  les  attendons 
impatiemment. 

—  Le  projet  de  Société  des  nations  mis  sur  pied  par  MM.  Wilson 
et  Clemenceau  n'a  pas  l'approbation  de  M.  S.  Van  llouten,  qui  le 
regarde  comme  non  viable.  Dans  des  propositions  qu'il  soumet  au 
président  des  États-Unis  :  The  \\  ay  oui.  proposais  subniilted  lo  prési- 
dent Wilson  (The  Ilague,  Martinus  Nijhoff,  1919.  in  8  de  13  p.),  il 
estime  que  la  Société  des  nations  ne  peut  posséder  qu'un  pouvoir 
d'ordre  n)oral  et  qu'il  faut  distraire  du  projet  de  constitution  de  cet 
organisme  tout  appel  à  la  force  physique.  Il  juge  que  l'on  a  vouhi 
à  tort  faire  servir  la  ligue  aux  intérêts  temporaires  de  l'Entente. 

—  On  sait  l'émotion  qu'a  soulevée  dans  beaucoup  de  cercles  fran- 
çais la  Letlre  aux  Dalmales  de  Gabriele  d'Annunzio  et  ce  qu'on  y 
croyait  voir  d'injurieux  et  d'outrageant  pour  la  France.  Peut-être 
avait-on  trop  oublié  que  l'illustre  écrivain  est  un  poète  et  à  ce  litre 
d'une  sensibilité  qui  va  jusqu'à  la  passion  :  rjenus  irritabile  vatum. 
Dans  les  yli'6'ux  de  l'ingrat  (Paris,  Bernard  Grasset,  1919,  in-lG  de 
95  p.),  d'Annunzio,  sans  rien  renier  de  ce  qu'il  a  écrit,  mais  en  en 
précisant  le  sens,  en  rappelant  comment  les  incidents  de  la  Dalmatie. 
qu'il  regarde  avec  tant  de  ses  compatriotes  comme  une  terre  ita- 
lierme,  ont  exaspéré  son  âme  de  patriote,  redit  son  amour  pour  hi 
France.  <(  tout  son  amour  d'hier,  moindre  que  celui  de  demain.  Vive 
la  France  toujours  et  quand  môme,  de  loin  comme  de  près  !  »  Et  il  y 
a  dans  ces  pages  ardentes,  dans  cet  a[)pel  à  l'union  inlihie,  frateriiello 
delà  France  et  de  l'Italie,  quelque  chose  d'infiniment  louchant  cl 
([ui  réconciliera  le  poète  avec  beaucoup  de  ceux  que  son  attitude  mal 
interprétée  avait  violemment  émus. 

M.  John  Uggla,  membre  de  la  Commission  permanente  des  lois 
de  Finlande,  nous  expose  la  Question  d'Aland,  au  point  de  vue  iiidan- 
dais  (Ilelsingfois,  impr.  Ilolger  Schildl,  191!».  in-8  de  41  p.,  avec 
carte).  Par  la  géographie,  par  l'histoire,  par  hi  discussion  dos  préten 
tions  suédoises,  M.  Lggla  s'efforce  de  démontrer  que  le  grbupe  d'îles 
fait  partie  intégrante  de  la  Finlande.  Et  quant  à  l'agitation  séparatiste 
{{ui  s'est  développée  en  Aland  depuis  la  fin  de  1917,  l'auteur  y  voit 
un  mouvement  partiel,  et  non  général,  provo([ué  par  un  état  de  choses 


—  265  — 

passager,  sans  foncicmonl  ri'ol.  —  De  son  côté,  .M.  M.  fi.  Scliybergson, 
professeur  d'histoire  à  l'Universitr  (i'FIelsingfors,  éliidie  la  Posilion 
d' Aland pcndanl  t'àgc  /</,s/o/7V/ut' f Helsiiigfors,  iriipr.  Holger  Scliiliit, 
1019,  in-8  de  20  p.),  cl  si  la  pauvreté  des  documents  ne  permet  pas 
(II)  faire  la  pleine  clarté  sur  répoipie  primitive,  il  n'en  semble  pas 
moins  ressortir  de  l'étude  de  M.  Schybergson  que  les  îles,  depuis  une 
l'poque  fort  ancienne,  ont  été  rattachées  à  la  Finlande.  La  mauvaise 
humeur  des  Alandais,  qui  a  fait  naître  chez  eux  des  tendances  sépa- 
tatistes,  provient  surtout,  selon  l'auteur,  des  maladresses  et  de  la 
réserve  du  nouveau  gouvernement  finlandais. 

—  Né  à  Plaisance  en  décembre  1895,  sorti  en  novembre  1915  sous- 
licutenant  de  l'Ecole  militaire  de  Modène,  Cesare-Giulio  Grandi 
apporta  toute  la  fougue  de  ses  vingt  ans,  toute  la  générosité  de  son 
patriotisme  à  la  défense  de  l'Italie  et  il  tomba  glorieusement  le 
2;{  septembre  1916  en  entraînant  ses  troupes  à  l'assaut.  L'affection 
pieuse  de  ses  parents  nous  donne  dans  un  petit  volume  qu'orne  son 
portrait  :  L'Anima  di  un  valoroso  (Piacenza.  Bosi,  1919,  in-16  de 
101  p.),  quelques  extraits  de  son  journal  et  de  ses  lettres,  auxquels 
on  a  joint  des  pages  prises  dans  un  volume  de  M.  Giovanni  (juzzardL 
dont  nous  avons  parlé  ici  et  des  lettres  de  ses  supérieurs  et  de  ses 
camarades.  Dans  ces  lettres  inliuics  et  dans  son  journal,  le  jeune 
sous-lieutenant  ne  donne  que  peu  de  renseignements  sur  la  guerre  et 
même  sur  la  vie  de  campagne. 

^  —  La  plaquette  de  M.  Jean  Vital  intitulée  :  Les  Curés  «  sac  au  dos.  » 
Oui  ou  non,  yen  a-l-il?  Propos  d'u/i  coniballanl  (Paris,  Édition  de 
((  l'Ame  française  »,  s.  d.  rl919),  in-32dc  31  p.  Prix  :  0  fr.  40),  répond 
par  des  documents  irréfutables  aux  calomnies  que  l'on  sait.  Les  faits 
les  plus  certains  y  sont  exposés  avec  une  verve  fière  qui  entraîne  le 
lecteur  et  force  la  coif\  iction  la  plus  hésitante.  Ce  sont  des  pages  à 
propager. 

—  Le  capitaine  G.  Flutet  a,  sous  le  titre  :  Le  Pécule  des  Poilus  de  la 
Grande  Guerre  (Paris,  Charles-Lavauzelle.  1919,  in-12  de  44  p.), 
publié  un  guide  pratique  sur  l'application  de  la  loi  du  31  mars  1917 
On  sait  que  cette  loi  a  fait  bénéficier  les  combattants  d'une  haute  paye 
de  guerre  attribuée  aux  mobilisés  qui  sont  sous  les  drapeaux  depuis 
un  temps  supérieur  à  la  durée  légale  du  service  militaire  et  d'une 
indemnité  spéciale  dite  de  «  combat.  »  La  moitié  de  ces  primes  et 
hautes  payes  est  consacrée  à  la  constitution  d'un  pécule  à  payer  aux 
intéressés  à  leur  retour  dans  leurs  foyers.  Une  loi  du  9  avril  1918  a 
élevé  le  taux  de  lindemnilé  de  combat  et  a   précisé  les  droits  des 

,  familles.  Des  décrets  sont  intervenus  en  1919  pour  régler  l'applica- 
tion de  ces  lois,  mais  les  questions  nées  de  la  publication  de  ces 
décrets  et  des  instructions  ministérielles  sont  fort  complexes,  les  cas 


—  26(J  — 

])arliculieis  sont  nombreux  cl  le  guide,  les  expliquant,  indiquant  les 
lormalilés  à  leniplir  par  les  démobilisés  ])our  faire  valoir  leurs 
droits,  est  appelé  à  rendre  d'utiles  services. 

—  Qu'il  écrive  ou  qu'il  prenne  la  parole  en  public,  M.  Andié  Lebon 
ne  mancpie  jamais  d'exprimer  des  idées  qui  sont  justes  et  d'une  réa- 
lisation pratique.  Comme  tout  le  monde  ne  peut  pas  entendre  ses 
discours,  il  faut  souhaiter  une  large  diffusion  à  des  brochures  comme 
celle  des  Condiiioiis  économiques  de  la  paix  qui  reproduit  une  confé- 
rence faite  le  13  décembre  dernier  à  la  Ligue  française  (Paris,  impr. 
Pigelet,  1019,  in-8  de  16  p.).  La  Conférence  de  la  paix  ne  saurait 
mieux  faire  (jue  de  s'inspirer  de  ses  suggestions,  car,  si  elles  étaient 
suivies,  la  France  serait  assurée,  d'une  leconstitution  économique 
prompte  et  complète,  (pii  lui  est  bien  due,  apiès  de  si  lourdes 
épreuves  subies  pour  la  cause  commune. 

—  Prussiens  des  Balkans  :  c'est  ainsi  que.  j)endaiit  la  })ériode  delà 
guerre  qui  leur  fut  favorable,  aimaient  à  se  qualihcr  les  sujets  du 
Cobourg  de  Sofia.  De  fait,  ils  ont  mérité  ce  litre,  surtout  dans  le  sens 
péjoratif.  Peut-être  même,  si  possible,  les  atrocités  qu'ils  ont  accom- 
plies ont  dépassé  celles  par  lesquelles  leurs  modèles  se  sont  à  jamais 
déshonorés.  Aussi  l'ignomonie  qui  s'attachera  dans  l'histoire  au  nom 
bulgare  durera-t-elle  aussi  longtemps  qu'il  existera  une  Bulgarie.  Cha- 
cun le  sait  déjà  ;  mais  quand  on  aura  pris  connaissance  du  Hcquisi- 
toire  contre  la  Bulgarie  (Vans,  Grasset,  1919,  petit  in-18  de  04  p.  Prix  : 
1  fr.),  que  publient  en  collaboration  M.  R.-A.  Reiss,  professeur  à 
l'Université  de  Lausanne,  et  M.  A.  Bonnassieux,  substitut  du  procu- 
reur de  la  République  à  Lyon,  on  sera  mieux  fixéencore.  M.  Reiss,  de 
nationalité  suisse,  neutre  par  conséquent,  a  voulu,  comme  ((  ciiam- 
pion  du  droit  »,  accompagner  l'armée  serbe  pendant  l'ofTensive  vic- 
torieuse de  19 IS,  «  afin  de  constater,  et  de  rtlever  les  traces  encore 
fraîciies  des  crimes  sans  nombie  commis  par  les  Bulgares  cl  de 
recueillir  les  premières  plaintes  des  victimes  »  :  quant  à  M.  Bonnas- 
sieux, il  a  été  «  désigné  par  le  gouvernement  français  pour  faire  par- 
tie, à  titre  de  délégué  français,  d'une  commission  interalliée  chaigée 
d'eiKpiôter  sur  les  \iolations  du  dioit  des  gens  commises  par  les  Bul- 
gaics  en  8(Mbie.  »  Et  ces  deux  juges  se  sont  entendus,  après  un 
exjxisé  comjjlel.  pour  deniander  que  «  les  crimes  soient  jtunis  et  les 
bourieaux  frappés  comme  ils  le  méritent.  »  S  il  en  de\ail  être  aulre- 
ment,  déclarent-ils  linalemeiit,  «  il  ne  nous  resterait  plus  qu'à  brûler 
noscodes pénaux,  car  nous  n'aurions  plus  le  droit  dechàlier  ni  le  plus 
petit  voleur  ni  le  plus  grand  assassin.  » 

Les  EstampÎes,  images  Er  affiches  de  la  cueure./ —  îSous  ce  titre 
même  cl  la  signature  de  M.  Clément-Janin,  vient  de  paraître,  tiré  sur 
paj)ier  de  luxe,  un  ouvrage  du  plus  grand  intérêt  (Paris,  «  Gazette  des 


—  267  — 

heaiix-ails  d,  106,  boulevard  Saiiit-(iormaiii  »,  Vl",  1919,  gr.  in-8  de 
\i-9li  p.,  avec  4i  illiislralions  el  0  plunclies  hors  tcxle.  Prix  :  12  fr.). 
I,  ItUrodiiclioii  débute  ainsi  :  u  'ioules  les  fois  que  rémolion  popii- 
laire  a  été  surexciléc,  l'ait  a  jailli  plus  iuipélueusemenl.  Non  pas 
1  art  dans  sa  formule  la  plus  liante,  mais  l'art  dans  sa  formule  la  plus 
ji(i[)ulaire  :  limage.  »  l\ien  n'est  plus  vrai,  u  A  l'iicurc  présente,  cons- 
lile  l'aulcur,  les  estampes  suscitées  par  la  guerre,  sorties  d'un  dessin 
lie  journal  (il  y  en  a  beaucoup)  ou  entièreujent  originalesfil  n'yena  pas 
moins)  ferment,  gravures,  alliches,  programmes,  diplômes,  albums, 
imagerie,  un  total  de  plus  de  huit  mille  pièces  !  Jamais  tel  chiffre  ne 
lut  atteint  dans  un  temps  si  court.  C'est  tout  un  monde  à  part  qui  ré- 
lame une  étude  à  paît.  »  —  Nos  lecteurs  se  souviennent  (juele  Poly- 
ihlion,  dans  les  premiers  temps  de  la  guerre,  a  examiné  un  nombre 
important  de  ces  productions  ;  mais,  en  présence  de  la  marée  mon- 
tante des  images  de  toutes  sortes  (cartes  postales  comprises)  il  a  «lu 
s'arrêter,  faute  de  place,  car  le  livre,  lui  aussi;  tendait,  sur  l'angois- 
sant sujet,  à  devenir  envahissant.  —  «  Il  faut,  continue  M.  Clément- 
Janin,  pieusement  recueillir  ces  images  de  la  guerre  :  elles  sont  des 
témoins  de  moralilé.  Leur  étude  s'imposera  à  l'historien  frappé  de 
leur  utilité  merveilleuse...  L'union  sacrée  ne  fut  pas  un  vain  mot. 
Toutes  lès  volontés  furent  dressées  contre  l'envahisseur,  contre  lui 
seul,  soit  que  l'on  montrât  ses  dévastations  et  ses  crimes,  soit  que 
l'on  décrivît  nos  permissionnaires  pittoresques,  nos  infirmières  tou- 
chantes, nos  «  poilus  1)  intrépides,  nos  généraux,  nos  homjnes  d'État, 
nos  alliés.  Tout  servit  à  la  même  fin.  »  L'auteur  a  divisé  son  travail 
en  quatre  sections  d  importance  inégale  :  I.  Les  Estampes  (p.  1-44)  ; 
H.  Les  Images  (p.  43-54);  lll.  Les  Affiches  (p.  55-72);  IV.  Appendice 
(p.  73-84).  L'ensemble,  pour  plus  de  clarté,  a  été  groupé  comme  suit  : 
«  Ici,  les  aclaalisk'S,  (pii  sont,  avant  tous  autres,  les  journalistes  du 
crayon  ;  là,  les  documenlaires,  voisifiant  avec  Xcs  paysagistes,  qui  évo- 
((uent  les  lieux,  les  portraitistes,  les  peintres  de  batailles,  les  al^go- 
risles,  qui  échappent  à  toute  classification,  les  imagiers,  variété  sinon 
nouvelle,  du  moins  renouvelée,  enfin  les  artiste's  de  l'estampe  murale  : 
lesafjichistes.  »  Sans  doute,  M.Clément-Janin  a  voulu  faire  surtout  une 
œuvredocumentaireoù  lestravailleursetlesamateurs  pourront  trouver 
d'utilesindications;ce  but  principal  ne  l'a  pas  empêché  —  il  s'en  faut!  — 
de  donner  un  livre  attachant  et  très  vivant,  malgré  l'apparente  ari- 
dité du  sujet.  Outre  les  reproductions  dont  le  texte  est  enrichi,  on  re- 
marquera, parmi  lés  six  planches  hors  texte,  deux  eaux-fortes  origi- 
nales :  Les  Évacués,  par  M.  Louis  Jou  et  Cantonnement  à  Bras 
{Meuse),  par  M.  Renefer.  Les  recherches  sont  grandement  facilitées 
par  une  Table  des  noms  cités,  qui  ne  compte  pas  moins  de  5  pages  à 
<leux  colonnes  et  dune  Table  des  gravures.  \  isenot. 


—  268  — 
POÉSIE.  —  THEATRE 

Poésie.  —  Poèmes  relatifs  a.  ia  guerre.  —  1.  Avant  et  pendant  la  Grande  Guerre. 
Les  Voix  profondes,  par  Emmanuel  Vitte.  2«  éd.  PariK,  Plon-Nourrit,  1917,  in-16 
de  284  p..  3  fr.  50.  —  2.  Croix  de  guerre  et  Croix  Houge,  par  He>ri  Curé.  Lyon- 
Paris,  Ville,  li)l7,  in-16  de  303  p..  avec  grav.,  3  fr.  75.  — 3.  La  Cltnnson  du  Poilu, 
par  Albert  Fi.ory.  Paris,  Jouve,  1917,  in-18  de  32  p.  —  4.  Les  Chevauchées,  par 
Clalde  Ha:vin.  Paris,  Figuièro,  1917,  in-18  de  216  p..  3  fr.  50.  —  5.  Dans  les 
tranchées  crayeuses  L'Attente  prolongée  (1916-1917),  par  Philippe  Lecasble.  Paris, 
Jouve,  petit  iu-16  de  137  p.,  2  fr.  50.  —  6.  Chants  épiques,  par  I'ierre-^Xavieu 
Mateur.  Paris,  Jouve,  1917,  in-16  de  120  p.,  2  fr.  —  1.  A  la  France,  par  Pai  i. 
RouGiER.  2"  éd.  l'aris,  Pcrrin,  1918,  in-16  de  15  p..  0  fr.  50.  —  8.  L'Ame  fran- 
çaise, par  J.  Vassivu-re.  l'aris,  Lemerre,  1918,  in-8  carré  de  15  p.,  2  fr.  —  9.  "Les 
Voix  de  la  Patrie  {t01't-i9t7),  par  Jacques  Feschotte.  Paris,  Stock,  1918,  in-12  de 
x-t72  p.,  3  fr.  —  10.  Ainsi  chantait  Thyl,  par  Maliuce  Galchez.  Paris,  Crès,  1918, 
in-18  de  244  p.,  3  fr.  50.  —  11.  La  France  éternelle,  par  Pierre  de  Boichaid. 
Paris,  Grasset,  1918,  in-r2  de  102  p.,  2  fr.  50.  —  12.  La  Terre  pourpre,  par  Étienke 
Levrat.  Toulouse,  Pri\'at,  1918.  in-16  de  65  p.  —  13.  Une  Voix  dans  la  mêlée,  par 
Fb.\nçois-Lohs  Bertrand.  Paris,  Henri  Didier,  1918,  in-18  de  vn-157  p..  4  fr.   50. 

—  14.  Visions  de  la  guerre.  Au  Pays  des  marmites.  L'Arrière,  par  Paul  Costel. 
Paris,  Figiiière,  1918,  iii-16  de  100  p.,  4  fr.  —  15.  Chants  d'aniour  et  clianls  de 
guerre.  Souvenirs  d'un  scmilairc  au  Front,  par  le  D'  Victor  Colhdolx.  Paris,  de 
lioccard,  1918,  in-16  de  134  p.  —  16.  Amour  et  Guerre,  par  Sizanbe  Fulrnier. 
Pari.s,  Figuière,  1918,  in-18  de  215  p.,  4  fr.  —  1'.  Chants  d'un  colonial,  par  I.a 
NoMiA.  Paris,  Jouve,  1918,  in-12  de  112  p.,  1  fr.  50.  —  18.  Guillaume  Gucu.r. 
Impressions  sur  la  guerre,  par  Auguste  Prieur.  Paris,  Jouve,  1918,  iii-16  de  64  p., 
1  fr.  —  19.  La  Lyre  d'airain  du  vieux  barde.  Poèmes  patriotiques  et  stances  sur  les 
peuples  engagés  dans  la  guerre  mondiale,  par  EuGÈ^■E  Révkillaud.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levraiilt.  1918,  in-12  de  xv-210  p.,  3  fr.  50.  —  20.  Les  Cordes  d'acier  {I9l'i- 
1918),  par  Louis  Halleux.  Gand,  Vandcrpoorten,  1919,  in-16  de  224  p.  —  21.  Là- 
Ilaut,  par  Jean  Rieux.  Paris,  Figuière,  1918,  in-16  de  102  p.,  3  fr.  50.  —  22. 
L'Homme  et  la  Brute,  i)ar  Albert  Lafaugue.  Paris.  Figuière,  s.  d.,  in-12  de  280  [>., 
3  fr.  50.  —  23.  La  Meuse,  par  He.>ri  Dacremont.  Paris,  Figuière,  s.  d.  (1918), 
in-18  de  80  [>.,  3  fr.  —  24.  Voix  entendues  au  champ  de  balaille,  pan  René  du  Laz. 
Paris,  Figuière,  s.  d.  (1918),  in-18  de  64  p. 

PofniES  DIVERS.  —  25.  Les  Horizons  noirs.  Les  Beaux  Dimanches.  Fêtes,  par  Paul  Cos- 
tel. Paris,  Figuière,  1915,  in-18  de  103  p.,  2  fr.  50.  —  26.  La  Claire  Fontaine  de 
la  vie,  par  Edouard  Schikfmaciier.  Paris,  Bibliollièque  de  PFcole  de  l'aiialogic 
universelle,  1917,  iii-12  de  x-S7  p.,  2  fr.  — 27.  En  majeur  et  en  mineur,  par  (]i.audb 
DunosQ.  Paris,  Figuière,  1917,  in-18  carré  de  149  [).,  3  fr.  50.  28.  Musiques 
éparscs,  par  le  même.   Même  éditeur,  s.  d.  (1918).  in-8  carré   de   144  p.,  3  fr.  50. 

—  29.  Les  Buccins  d'or  (chanls  d'avant  l'aube),  par  Jean  Garrèue.  Paris,  Perrin, 
1918,  in-16  de  11-8O  p.,  2  fr.  —  30.  La  Statue  sans  visage,  par  Roger  Gaillard; 
Pari.*,  Figuière,  1918,  in-12  de  224  p.,  3  fr.  50.  —  31.  Poèmes.  Sous  les  yeu.r  de 
la  mort.  La  Source  et  le  Ciel,  par  Georges  Audibert.  Paris,  Crès,  1918,  in-18  carré 
de  IX- 129  p.,  3  fr.  50.  —  32.  Au  Bythnw  du  cœur,  par  .Xntomte  Choli.ier.  Paris, 
Jouve,  1918,  in-12  de  163  p.,  3  fr.  50.  —  33.  L'Araignade,  par  Pierre  Coutras. 
Paris,  éd.  de  la  lievue  des  indépendants,  1918,  in-12  de  47  |).,  1  fr.  50.  —  34.  L'An- 
goisrie  éternelle,  par  André  iMAiLi.Er.  Paris,  Jouve,  1918,  in  12  de  157  p.,  4  fr.  — 
35.  Préludes,  par  Danvl-IIelm    Paris,    Grasset,  1918,    in-18  de  xx  299  p.,  3  fr.  50. 

—  36.  Dans  les  ruines  d'.impurias,  par  .■Andrée  Bruguièrb  de  Gorgot.  Paris,  Seii- 
garad,  1918,  in-8  carré  de  1 17  p.,  5  fr.  —  37.  La  Folle  du  logis,  par  L.  Guillet.  Parus, 
Figuière,  1919,  in-16  de  195  p.,  3  fr.  '60.  —  38.  Les  Calmes  Brises,  par  René  Phks- 
lkfost.  Paris,  Desclée,  de  Brouwer,  1919,  in-8  carré  de  100  p.  — ^  39.  I^'lmpos- 
sible  Béve,  \t;ir  Kmma  Pei.i.ehin  et  Joseph  Roilkky.  l'aris,  Figuière,  s.  d.  (1918), 
in-18  de  171  p.,  3  fr.  50.  —  40.  Destinée):,  par  Augiste  (!Al.^;^B.  Paris,  Jouve,  s.  d., 
iii-16  de  282  p.,  avec  portrait,  3  fr.  50.  —  41.  Péchés  de  jeuues.ie,  par  Gabriel 
P:si>ai.lac.  l'aris,  Jouxe.  s.  d.  (1918),  iii-12  do  177  p..  3  fr.  50.  —  42.  Brumes  et 
roseaux,    par    Jacques    Lefebvrb.    Paris,    Figuière,    s.  d.   (1918),    in-18  de  62  p  , 


—  2(i9  — 
( 

2  fr.  50.  —  43.  Canlilènes  et  pensers.  par  Heik  Presi.efout.  Gand.  SiOtr,  s.  d  , 
in  10  carré  de  145  p  —  44  /.«*  Dit  de  sninU  Odile.  i)ar  .A.  P.  G.vrnieh.  l'ari.s.  (Jar- 
nicr,  l'JIO,  in  18  de  87  p.,  2  fr. 
Théathe.  —  1.  Poèmes  du  temps  de  ijnerre,  par  Oi.ivieh  de  Uol(;é.  Paris.  Grasset. 
l'.)17,  in-i8  de  181  p  ,  3  fr.  50  —  2.  Pour  l'Alsare,  par  Mauhice  Bot  <;non.  Pari»., 
Kiscliljaclier,  1!)I8,  in-l2  de  51  p.  —  3.  Attila,  par  .Urm  h  Sambon.  Paris,  l>lon- 
Noiirrit.  1918.  in  8  de  95  p.,  2  fr.  50.  -  4.  Hélène  enchaînée,  par  M*iir;tEitiTE 
CoMiiEs.  Paris,  Plon-Nourrit.  s  d  ,  in-10  de  xn-TG  p..  2  fr.  —  5.  Lueurs  et  reflets 
de  la  guerre.  i>ar  Gaston  SonBKTS.  Paris,  l'Édition  française  illustrée,  s.  d.,  in-lC 
de  :ilO  p.,  3  fr.  5i).  —  6.  Les  Kiines  sanijlantes,  suivies  de  Terre  d'Abace.  par 
E.-IlEMU  Verdier.  Paris.  Figiiière,  s.  d.(l9IS).  in-18  de  IfiO  p.,  4  fr.  50.  —7.  Le 
Trafique  quotidien,  par  le  P.  Lolis  Pëhuoy  Paris.  Letliiilleux,  s.  d.  (1918).  in-12 
de  393  p.,  4  fr.  —  8.  Le  Rayon,  par  .M"*  Démians  d'Arcjiimiiaud.  Lyon-Paris,  Vilte. 
s.  d.,  in-12  de  80  p.,  1  fr.  50.  —  9.  Les  Perses  de  l'Occident,  par  Sorinis  Smcis 
(trad.  du  néo-grec  par  rauteur  et  Philéas  LEnESCLE).  Paris,  Figuièrc.  1917,  in-12 
de  133  p.,  3  fr.  —  10.  Le  Mystère  de  lu  chair  et  du  sang,  évangile  en  cinq  actes 
en  vers,  par  .\rmand  Bahtiie.   Paris,  Jotivc,  1919,  in  12  de  190  p..  4  fr.  50. 

Poésie.  —  Poèmes  hel.\tifs  a  I,.^.  glehue.  —  1.  —  M.  Emmanuel 
Yitte  ouvre  son  sympathique  recueil  par  une  déclaration  bien 
humble  : 

0  leclenr  bénévole,  en  ce  modeste  livre 
Où  ma  muse  voulait  dignement  célébrer 
Les  rêves  de  beauté  dont  mon  âme  s'enivre. 
Tu  ne  trouveras  rien  qui  se  puii^se  admirer. 

Le  lecteur  sera  certainement  d'un  avis  difTérent  quand  il  aura 
écouté  les  ]'oix  des  choses,  les  Voix  du  cœur  et  de  l'âme  et  les  l'o/x 
tragiques,  toutes  ces  Voix  profondes,  évoquées  par  le  poète,  et  qui 
chantent  tour  à  tour  les  joies  de  la  famille  et  du  foyer  et  les  grandes 
émotions  patriotiques  de  la  guerre. 

2.  —  Du  même  terroir  lyonnais  nous  arrive  un  trèsxurieux  ou- 
vrage :  Croix  de  guerre  et  Croix  Rouge,  livre  doublement  ecclésias- 
tique, puisqu'il  a  pour  auteur  M.  Henri  Curé,  archiprêtre  de  Saint- 
Philibert-de-ïournus.  Ce  volume  ofire  ceci  de  particulier  que  le  verso 
de  toutes  les  pages  est  occupé,  à  peu  près,  par  des  «  Sonnets  d'hôpi- 
tal »  de  M.  l'archiprêtre  Curé,  et  le  recto  par  des  citations  judicieuse- 
ment extraites  des  œuvres  d'une  foule  d'hommes  célèbres,  de 
M.  Wilson  à  Alfred  de  Tarde,  voire  de  feuilles  publiques  comme  le 
Pelil  Parisien  ou  la  Semaine  religieusf  de  Bourges  A  travers  tout  cela, 
de  jolies  illustrations  de  l'abbaye  célèbre  de  Saint-Pliilibert-de-Tour- 
nus  et  d'émouvants  récits  de  guerre.  De  cette  manière,  même  ceux 
qui  n'aimeraient  pas  les  vers,  trouveraient  à  glaner  abondamment 
dans  ce  livre  très  varié. 

3  à  6.  —  Moins  originaux,  la  Chanson  du  Poilu,  où  M.  Albert 
Flory,  qui  adresse  de  jolies  stances  à  M""  de  Séxigué,  refait  inutile- 
ment le  chapitre  célèbre  de  Hugo  sur  Cambronne  ;  les  Chevauchées, 
poèmes  d'un  soldat,  où  M.  Claude  Hanin  nous  présente  (p.  77)  un 
étrange  Louis  XIII.  ivrogne  et  libidineux  ;  Da/is  les  tranchées 
crayeuses,  où  M.  Philippe  Lecasble  a  groupé  quelques  poèmes  qui  ne 


—  270  — 

réclamaient  pas  impérieusement  la  publicité;  elles  Chanls  épiques, 
où  M.  Piorre-Xav.ier  Maycur  a  suivi  de  l)eaucoup  plus  près  les  procédés 
de  Victor  Hugo  que  les  événements  de  la  guerre,  témoignent  cepen- 
dant de  qualités  plus  personnelles. 

7,  8.  —  Et  nous  voici  en  présence  d'un  procès  littéraire  :  au  con- 
cours de  poésie  de  l'Académie  française,  en  11J17,  M.  Paul  Rougiei, 
professeur  au  Conservatoire  de  Lyon,  a  obtenu  un  prix  de  3000  fr.. 
avec  une  pièce  intitulée  :  A  la  France,  tandis  que  M.  J.  Vassivière, 
avec  son  ode  grandiloquente  :  L'Ame  française,  n'obtenait  rien  du 
tout.  M.  Vassivière  n'est  pas  content.  A  la  vérité,  on  se  demande  si 
le  récit  en  vers  de  M.  Rougier,  ([ui  s'orne  d'iine  allégorie  extraordi- 
naire, la  Frontière  de  France,  et  qui  est  quelque  peu  bousculé  par 
une  syntaxe  imprévue  et  des  images  déconcertantes,  méritait  pleine- 
ment l'honneur  qu'on  lui  a  fait  :  mais  ceci  ne  prouve  pas  du  tout  que 
M.  Vassivière.  qui  rn'a  lair  de  compter  ses  pieds  sur  ses  doigts  (les 
pieds  de  ses  vers,  évidemment),  eût  dû  être  couronné  à  sa  place. 

9.  —  Enfin,  voici  un  poète,  un  vrai  :  M.  Jacques  Feschotte,  dont 
c'est,  je  crois  bien  la  première  œuvre,  nous  fait  entendre  les  Voix  de 
la  Pairie,  en  des  vers  extièmement  variés,  qui  vont  de  l'alexandrin 
vigoureux  et  souple  de  ^  iclor  Hugo  au  vers  libre  fluide  et  musical 
d'Henri  de  Régnier.  Ces  «  vr)ix  de  lo  Patrie  »,  ce  sont  d'abord  celles 
de  nos  morts  de  la  Grande  Guerre,  puis  les  voix  de  nos  pierres  histo- 
riques, puis  les  voix  de  notre  terre,  et  enfin  la  voix  de  la  grande 
France  idéaliste.  afTirmant,  malgté  les  horribles  crimes  des  liociie^. 
que  l'humanité  retrouvera  la  route  de  justice  et  de  fraternité.  Lais- 
sons décote  une  fantaisie  moitié  lyrique,  moitié  dramatique,  (pii  fait 
intervenir  bien  inutilement,  à  la  iiu  du  vohime,  l'F^spagne  île  Don 
Quichotte  et  de  Sancho  Pan(;a  ;  laissons  aussi  (pielques  exagérations, 
quelques  fioritures  à  la  Rostand  :  il  restera  encore  assez  de  très  beau 
dans  ce  livre,  avec  les  Ombres  </lorien>:es.  magnifique  évocation  de  la 
camjîagne  d'Orient.  Plei/t  ciel  (juanil  même,  où  les  criminels  exploits 
des  gotlias  sont  vigoureusement  stigmatisés,  et  surtout  les  huis 
poèmes  consacrés  aux  cathédrales  :  Soissons,  Noyon,  Reims.  M.  Ed- 
mond Haraucourt  ne  s'y  est  pas  trompé,  et,  dans  la  magistrale  pri'- 
face  qu'il  a  écrite  pour  les  Voi.r  de  la  Pairie,  il  insiste  tout  particuliè- 
rement sur  Reims,  auquel  il  consacre  des  pages  admirables.  Les  vers 
de  M.  Feschotte  méritaient  bien  ce  prélude,  ils  n'en  j)aiaissent  que 
plus  nobles  et  j)lus  purs. 

10.  —  .Avec  M.  Maurice  (iauchcz.  et  son  volume  :  Ainsi  chanlail 
Thyl,  nous  descendons  à  un  niveau  inférieur.  .Non  point  que 
M.  Gauchez  manque  de  talent.  Il  déiive  de  Verhaeren.  son  compa- 
triote, dont  il  a  la  puissance.  a\<'c  moins  de  soufile  |)eut-ètre,  mais 
plus  de   mesure  et  d'é(iuilibre.  Mais  il  est  loin  d'avoir  la  fraîcheur 


4 


—  271    — 

d'àriio,  la  haiileiir  de  seiilirripnts  de  M.  Fescholtc*.  II  butte  fr<'T{iiem- 
metil  à  des  prosaïsmes  regrettables  : 

Les  chovaiix.  les  miilels,  les  pigeons  ol  les  chiens 

Font  la  gi\ciT<;  à  la  ^iierri;  et  la   l'ont  vraiment  bien  (p.  .'i'.l). 

'D'autres  fois,  c'est  pbis  fâcheux  encore.  I.e  souvenir  des  Flamandes 
de  son  maître  le  banle  au  point  cpie  toute  une  partie  do  son  livre, 
Ftamboienit'fils  d'clreinles  {?),  est  à  peu  près  illisible,  et  une  pièce  au 
moiris,  hu-esses  J'allacieiiscs,  impardonnable.  C'est  vraiment  dom- 
mage, car  ce  Thyl,  où  vibre  la  voix  des  Flandres,  chante  de  beaux 
rythmes. 

II.  —  M.  Pierre  de  Bouciiaud  est  beaucoup  plus  correct.  Il  a  cofi- 
sacré  à  In  France  éternelle  un  recueil,  qui  a  dû  lui  coûter  bien  des 
efTorts,  car  son  ame  mélodieuse  et  rêveuse  de  poète  a  dû  se  faire  vio- 
lence pour  contempler  et  traduite,  comme  il  l'a  fait,  toutes  le^  lK>r- 
reurs  dé  la  guerre.  Cela  se  devine  un  peu  trop. 

1:2.  —  De  même  pour  M.  Etienne  Levrat,  un  bon  poète  régiona- 
liste,  qui,  dans  la  Terre  pourpre,  ne  se  retrouve  pleinement  que  dans 
les  pièces  d'inspiration  terrienne  et  familiale.  Il  est  comme  cela  d'ex- 
cellents écrivains  que  les  émotions  de  la  guerre  ont  violemment  sollici- 
tés, mais  qui  ne  donneront  leur  {)leine  mesure  que  lorstpi'ils  retrou- 
\eront  les  sources  éternelles  de  la  foi.  de  la  tradition,  de  l'amour,  du 
I)ays  natal. 

13  à  18.  —  Il  faut  en  espérer  de  même,  à  des  degrés  divers,  de 
M.  François-Louis  Bertrand,  dont  les  «  poèmes  de  la  guerre  »,  Une 
Voix  dans  la  mêlée,  souffrent  encore  trop  de  vulgarités  ;  de  M.  Paul 
Costel,  qui,  dans  ses  ]isions  de  la  r/iierre,  que  ce  soit  Au  Pays  des 
marmites  ou  bien  à  l'Arrière,  s'abandonne  à  ime  sorte  de  style  futu- 
riste ;  de  M.  le  docteur  Victor  Courdoux,  qui  a  eu  le  tort  de  croire 
que  des  pièces  de  circonstance,  fort  applaudies  dans  les  popotes, 
pouvaient  composer  un  recueil  ;  de  M"^  Suzanne  Fournier,  que 
M.  Paul  .Adam  déclare  u  légale  de  poètes  estimés  »,  mais  dont  le 
volume.  Amour  et  Guerre,  nous  prouverait  que  M.  Paul  Adam  est  un 
terrible  pince-sans-rire  ;  du  mystérieux  La  Nomia,  dont  les  Chants 
d'un  colonial  essaient  péniblement  d'évoquer  l'ombre  du  bon  François 
Coppée  ;  enfin  de  M.  Auguste  Prieur,  qui  appelle  Guillaume  11  Guil- 
laume Gueux,  et  nous  rend  parfois  dans  ses  Impressions  de  guerre 
l'écho  affaibli  de  Déroulède. 

19.  —  On  n'a  pas  de  souhaits  à  adresser  à  M.  Eugène  Réveillaud, 
dont  l'orientation  est  irrévocable.  Dans  ses  Poèmes  patriotiques,  où, 
bien  à  tort,  il  se  proclame  classique,  on  sent  à  chaque  vers,  à  chaque 
pensée,  l'influence  absorbante  de  Victor  Hugo.  Dans  sa  Préface,  il 
nous  dit  : 

J"embiasse  les  curés  en  chantant  :  ca  ira  ! 


—  272  — 

mais,  en  réalité,  il  ne  les  aime  guère,  et  leur  préfère  le  maître  d'école 
ou  le  «  (ioclcur  »  huguenot  (p.  18).  Il  célèbre  Garibaldi,  hait  les  rois, 
excursion  lie  à  Palhmos,  et  cultive  les  rejets  amusants  : 

Depuis  dix-neuf  cents  ans,  iTiglise  a  pour  réponse 
\u  mensonge  de   l'un  :  «  Jésus  est  mort  sous   Ponce 
Pilato.... 

Ce  quil  y  a  de  plus  curieux  dans  ce  livre,  c'est  le  nombre  des  dédi- 
caces. M.  Ucveillaud  a  beaucoup  d'amis,  et  comme  son  volume  ne 
contient  que  46  pièces,  il  est  obligé  de  les  dédier  quand  même  à 
10G  personnes  :  ce  qui  fait,  si  je  compte  bien,  que  chacune  d'elles  n'a 
que  0,444  de  pièce.  C'est  un  peu  court,  quand  on  s'appelle  M.  Ray- 
mond Poincaré.... 

20.  —  M.  Louis  Halleux  (que  nous  retrouverons  plus  loin  sous  son 
pseudonyme  de  RenéTreslefont)  est  un  conseiller  à  la  cour  de  Gand, 
auquel  l'étude  des  lois  a  donné  une  inspiration  poétique  plus  grave, 
plus  forte,  plus  mâle.  Ce  sera  peut-être  sa  caractéristique.  En  tout 
cas,  son  livre  :  Les  Cordes  d'acier,  où  nous  trouvons  la  Belgique  en 
guerre,  est  soutenu  par  une  puissante  indignation  contre  les  légistes 
et  les  soudards  d'Outre-Hhin,  par  des  sentiments  traditionalistes  et 
chrétiens  d'une  belle  sincérité.  Malgré  le  défaut  de  place,  je  ne  puis 
me  tenir  de  citer  la  lin  duii  sonnet  intitulé  :  L'Ame,  où  Ihéroïsme 
patriotique  dessille  les  yeux  d'un  déterministe  invétéré  : 

L'héroïsme  sacré  lui  révèle  son  àrac. 

Et,  debout  pour  mourir,  si  la  mort  le  réclame, 

A  l'émoi  de  son  cœur  il  sent  sa  liberté. 

Par  sa  hauteur  d'àme.  son  habile  maîtrise  qui  se  joue  des  rythmes 
les  plus  variés,  par  son  art  volontaire  et  appliqué  comme  par  ses 
fortes  pensées,  M.  Louis  llalleux  est  un  poète  qui  fait  honneur  à  la 
Belgique. 

21.  —  Pourquoi  ne  puis-je  en  dire  autant  de  M.  Jean  Rieux,  pour 
notre  Languedoc  ?  Certes,  son  petit  volume  intitulé  :  Là-llaiil  est 
l'un  des  plus  sincères,  des  plus  exacts,  des  plus  saisissants  (pie  l'on 
ait  composés  sur  la  guerre.  L'auteur  nous  dit  qu'il  l'a  écrit  dans  les  tran- 
chées de  Quennevières,  de  l'Yser,  d'Arras,  et  clans  les  cantonnements 
de  Champagne,  de  l'Aisne  et  de  Lorraine.  Je  n'en  doute  pas  un  seul 
instant.  Le  poète  a  vu,  et  il  a  su  nous  faire  voir.  C'est  très  renia rcpia- 
ble.  Mais  pourquoi  M.Jean  Rieux  mêle-t-il  à  tout  cela  trinuliles  cru- 
dités de  caserne  et  de  grossières  insultes  au  Souverain  PtMitife.  que 
son  homonyme,  le  maire  socialiste  de  Toulouse,  hésilerailà  signer  ? 

22.  —  Beaucoup  j)lus  nioiiéré,  loul  au  nioiiis  dans  la  loiinc, 
M.  Albert  Lafargue  nous  doiuie  dans  l'Ilonuiie  el  la  lirule  (titre  fiu-t 
bien  choisi)  un  énorme  poème,  couru  selon  la  formule  de  Sully- 
l'i  udhoniiiie.  Il  \  a  dans  ces  G. 000  \ers  beaucou]!  de  bonnes  clio>rs. 


27:{  — 

qi]tl«|iit  -  idros  et  ifujuahlrs.  des  riifurs  do  f;iil,  (•[.  ('.itiÉleiiicnt,  dans 
ijfif!  œu\io  d'uiio  parcilln  amploiir.  bcaiiC()ii|)  de  bavures.  Les  [)i('ces 
de  ce  recueil,  qui  suit  tous  les  friands  évéïicmeiils  de  la  gueire.  ne 
soiil  pas  foilenietil  composées  ;  il  semble  (pTclles  pourraient  se  pour- 
suis re  indéfinimeut.  La  facilité  d'amplifit  alioii  ne  doit  pas  être  con- 
fondue avec  l'inspiration. 

2'.\  à  -25.  —  On  peut  faire  la  même  remarque  à  propos  de  la  Meuse, 
où  M.  Henri  Dacremont,  sous  le  patronage  de  M.  Jean  Aicard,  fait 
chanter  par  une  alouette  la  fjloire  des  héros  de  Verdun  sur  l'air  de 
(ladot-l^jusselle,  on  encore  sur  l'aie  du  P'iil  Grégoire,  des  choses  dans 
ce  goût  : 

N'ôcoiile    pas,    petit    rat. 
N'écoule  pas  ça... 

l\  propos  des  Voix  cnlendues  au  champ  de  halaille.  où  .M.  Kené  du 
Laz.  sous  le  patronage  d'Edmond  Uostand.  multiplie  des  bizarreries 
toilement  fortes  qu  il  faut  sans  doute  en  accuser  le  typographe  ;  à 
])ioi)Os  des  Horizons  noirs,  des  Beaux  Dimanches  et  des  Fêles,  où 
M    Paul  Costel  rivalise  avec  le  précédent. 

l'oÈMES  DIVERS.  —  26.  —  Faisous  halte  auprès  de  la  Claire  Fontaine 
de  la  vie,  où  M.  Edouard  Schiffmacher  «encore  un  disciple  de  Sully- 
l'rndhomme),  célèbre,  en  des  vers  sobreset  purs,  les  grands  mystères 
(le  l'Incarnation  et  de  la  virginité  de  Marie  Comme  le  résume 
M.  Henri  Joly  dans  une  belle  Préface,  llncarnation,  dans  le  poème 
de  M.  Schiffmacher,  n'apparaît  pas  comme  un  simple  moment  de 
l'histoire  du  monde  :  a  c'est  un  fait  éternel  ;  ce  n'est  ai  une  abstrac- 
tion ni  un  pur  symbole,  c'est  la  réalité  fondamentale,  c'est  le  point 
central  de  l'action,  où  toutes  les  énergies  constitutives  du  cosmos  et 
des  sociétés  humaines  ont  préparé  la  chair  à  laquelle  le  Verbe  s'est 
utii.  A  cette  Incarnation  est  unie  aussi  la  Mère  du  Sauveur  :  en  elle 
est  la  claire  fontaine  de  la  Vie  et  de  la  vie  universelle  ;  car  la  pureté 
de  la  Vierge  par  excellence  était  déjà,  est  encore,  sera  toujours  repré- 
sentée dans  ce  que  la  vie  du  monde  nous  offre  de  vaillance  et  de  ten- 
dresse, d'esprit  de  sacrifice  et  d'esprit  d'amour  »  Ces  quelques  lignes 
d'analyse  montrent  quelle  est  la  hauteur  de  ce  poème  métaphysique, 
qu'il  serait  vain  de  recommander  aux  esprits  futiles. 

27,  28.  —  Beaucoup  moins  haut  est  M.  Claude  Dubosq.  Lorsqu'il 
aborde.  En  majeur  et  en  mineur,  les  sujets  religieux,  il  est  tout  de 
suite  embarrassé,  et,  en  général,  ce  premier  volume  est  assez  enfan- 
tin ;  cependant  l'auteur  a  le  goût  de  la  poésie  et  de  l'art,  et  déjà  son 
second  volume  :  Musiques  éparses.  est  en  sérieux  progrès  Son  Do- 
mine, non  sum  dignus  le  montre  nettement.  Que  M.  Claude  Dubosq 
laisse  de  côté  les  chinoiseries  chères  à  M.  de  Montesquiou,  qu'il 
renonce  à  faire  voisiner  avec  ses  poésies  mystiques  des  boutades 
Mai-Jlim  1910.  ï.  CXLV.  18. 


—  274  — 

pénibles  comme  Turpitude  et  Chanson,  et  il  deviendra  un  bon  poète 
de  la  lignée  de  Verlaine  et  de  Hodenbach. 

29.  —  M.  Jean  Garrère  est  déjà,  et  depuis  longtemps,  un  poète  de 
premier  ordre.  Certes,  son  œuvre  est  brève  et  ses  Buccins  d'or,  qui 
résument  une  carrière  déjà  longue,  ne  dépassent  pas  les  proportions 
d'une  pl'quetle  ;  mais  il  estime,  avec  assez  de  raison,  que  «  le  poète 
moderne,  vivant  et  agissant  parmi  les  hommes,  doit  borner  son  œuvre 
à  quelques  accenis  lyriques,  joyeux  ou  douloureux,  vraiment  jaillis 
du  fond  de  lui-même,  et  condensés,  en  poèmes  essentiels.  »  A-t-il 
vraiment  atteint  son  but?  Répondons  oui  sans  hésiter  si  nous  aimons, 
comme  il  se  doit,  la  poésie  saine,  joyeuse,  claire  et  puissante,  ennemie 
des  décadences  et  des  neurasthénies.  Et  comme  je  suis  heureux  de 
tenir  là,  comme  en  un  lîréviaire,  ces  beaux  vers  dont  certains,  depuis 
plus  de  vingt  ans,  chantaient  dans  ma  mémoire  ! 

Fuyons  le  rêve  làclie  et  la  tristesse  impure  ! 

...Plus  (le  harpe  enjôleuse  aux  soupirs  de  sirène. 

Ni  de  lutli  éperdu  j)leuranl  sur  les  toinijeaux  I 

I.a  strophe  est  un  appel  dans  la  bataille  humaine 

Et  les  plus  vigoureux    sont    les    chants  les  plus  beaux. 

Cela  soulage  d'entendre  de  pareils  accents,  qui  prennent  parfois 
une  allure  prophétique,  lorsque  M.  Jean  Carrère,  dans  son  Hymne  des 
hirondelles,  dit  à  la  France  : 

.Sois  le  champ    d'aventure  où  monte  à  grands  coups    d'ailes 
L'efl'ort  de  tout  un  peuple  au  bien  du  inonde  entier. 
Et  tu  verras,  un  jour,  les  libres  hirondelles 
Porter  à  l'univers  tes  rameaiix  d'olivier. 

Disciple  et  admirateur  de  Mistral,  de  Verdaguer,  de  Carducci,  de 
Moiéas,  'M.  Jean  Carrère  est  digne  de  suivre  ses  maîtres  ;  il  est, 
comme  eux,  un  «  porteur  de  flambeau.  » 

30.  —  M.  Hoger  Gaillard,  le  jeune  pensionnaire  de  la  Comédie 
Française,  n'a  pas  encore  atteint  un  tel  faîte;  mais  il  y  vise,  et  son 
livre,  la  Statue  sans  visage,  pour  lequel  IM.  Maurice  Magre  a  écrit  une 
jolie  Piéface,  contient  un  peu  plus  que  des  promesses.  Le  beati  titre, 
d'ailleurs  !  ((  Peut-être  longtemps  encore,  dit  M.  Magre,  la  statue  n'auia 
plus  de  visage  ;  les  poètes  ne  verront  plus  la  beauté,  ou,  du  moins,  la 
beauté  ne  leur  apjiaraîtra  plus  qu'insultée,  souillée,  défigurée...  » 
Gloiie  aux  artistes  qui  lui  restent  fidèles  !  M.  Roger  Gaillard  est  de 
ceux-là  ;  il  n'a  pas  «  brodé  sur  des  thèmes  faciles  »,  ni  «  cherché  une 
source  d'émotion  dans  l'actualité  sanglante  »,  et  cependant  l'horiible 
chose  apparjiît  à  travers  s(>s  Coinplainles  du  temps  saura(je  : 

Voici   venir  les  temps  maudits 
Du  sanj;:,  de  l'ortie  et  du  liel... 

l">idemmeiil.  tout  cela  ne  va  i)as  sans  quelque  artifice  ni  quelque 
exagération  ;  mais,  malgré  tout,  comme  ces  poèmes  de  n)usi(pie  et 


I 


—  '^r.^  — 

légende  sont  plus  sincères  que  la  toiiilrunnfe  rliéloi  ifine  dont  on 
abuse  lanl  aujourd'liiii   ! 

31.  —  C'est  la  niênne  note,  niélaticnlique  et  nostalgique,  qui  (k)tnine 
dans  les  Poèmes  de  M.  Georges  Audibert,  tué  à  la  guerre  le  28  sep- 
tembre lOlo.  dans  sa  trentième  année.  Comme  elle  est  impression- 
nante cette  bantise  de  la  mort  «pii  obsède  certains  jeunes  poètes, 
désignés  par  le  destin  !  Nous  la  retr(»uvioi>s  déjà  naguère  ciiez  Olivier 
de  la  Fayette,  cbez  Pierre  Fons,  cbez  d'autres  encore  ;  mais  ici  elle 
est  encore  plus  pénible,  car  elle  ne  s'éclaire  d'aucune  espéiance.  Je  ne 
sais  rien  de  plus  navrant. 

32  à  3").  —  Passons  rapidement  sur  An  Rythme  du  cœur,  volume 
inégal  et  souvent  incorrcclde  M.  Antoine  Cliollier;  l'Araif/nailt',  simple 
fumisteiie  de  M.  Pierre  Coutras,  et  l'Ary/oisse  éler/ielle.  un  recueil 
bésilant,  mi-prose  et  mi-vers,  de  M.  André  Maillet,  pour  arriver  aux 
Prélu'lcs,  tle  Danyl-Helm.  Ce  qu'il  y  a  tle  mieux  dans  ce  recueil,  c'est 
le  titre.  M"'  Danyl-Helm  a  beaucoup  lu.  un  peu  au  hasard  : 

.rai  tout  compris,  j'ai  tout  rêvé,  j'ai  tout  aimé, 
Courteline  et  Hostanil,  Wagner  cl  Flerlholot, 

Bergson    comme     Rodin 

l'A  Monet  comme  Carpenlier  (?) 

Aussi  a-t-elle  écrit  un  peu  de  tout,  des  poèmes  apocalyplicpies,  des 
vers  libres,  d.es  sonnets  (pii  se  croient  parnassiens,  des  petits  verstde 
circonstance,  des  soliloques  à  la  Jehan  Rictus,  des  vers  sur  la  guerre, 
qui  sont  naturellement  les  plus  mauvais  du  livre,  et  des  vers  d'amour, 
qui.  non  moins  naturellement,  sont  les  meilleurs.  Mais,  dans  tout 
cela,  rien  n'est  achevé...  Préludes...  .\près  coup.  M'""  Danyl-Helna  a 
essayé  d'en  faire  un  grand  ouvrage,  dont  elle  nous  fiotuie  même  Jte 
plan  ;  malheureusement,  ce  n'est  pas  avec  des  Prélude.'i  (pie  l'on  peut 
faire  une  grandiose  symphonie,  quoi  qu'en  puisse  penser  M.  Anatole 
France,  préfacier  indulgent  et  énigmatiquc. 

3G.  —  Plus  modérée  dans  ses  ambitions,  \P'°  Andrée  Bruguière  fie 
Gorgot  nous  offre  Sur  les  ruines  d'Ampurias  une  série  de  sonnet*, 
conçus  d'après  Hérédia,  et  présentés  dans  une  somptueuse  édition 
ornée  d'une  traduction  en  vers  catalans  de  M"'  Maiia-Antonia  Salvfl, 
d'une  Préface  de  M.  Josep  Carner,  d'un  élégant  frontispice  de  Dara- 
gnès  et  d'impeccables  photographies  de  M.  de  Tarde. 

37,  38.  —  Signalons  simplement  le  livre  de  M.  L.  Guillet.  la  Folle 
du  lofjis.  qui  se  contente  de  justifier  son  titre,  et  saluons  un  second 
recueil  de  M.  Louis  Halleux,  les  Calmes  Brises,  mais  signé,  cette  fois, 
de  son  pseudonyme,  René  Preslei'ont.  Je  voudrais  pouvoir  m'attarder' 
à  ces  beaux  vers  qui  rappellent  l'inspiration  de  Sully-Prudhomme  et 
-de  Poniairols.  Je  ne  puis  que  noter  la  belle  sérénité  grave  de  ce  recueil, 
•que  ilépare  seulement  un  badinage  de  salon  (Pax).  ■     ; 


—  270  — 

39.  —  D'une  note  bien  différente,  l'Impossible  Rêve,  ouvrage  écrit 
en  collaboration  par  M""  Emma  Pellerin  et  M.  Joseph  Bollery.  Il  s'en 
dégage  un  goût  de  solitude,  de  tristesse,  de  pessimisme,  qui  heureu- 
sement paraît  déjà  périmé.  Souhaitons  aux  auteurs  de  se  libérer  de 
l'influence  de  Baudelaire,  et  de  suivre  le  lumineux  chemin  qu'ils  ont 
entrevu  déjà  dans  leur  sonnet  à  la  Vierge  Marie.  Ils  le  méritent,  car 
leur  recueil,  trop  encombré  de  réminiscences,  dénote  cependant  un 
vif  sentiment  de  l'art  et  de  la  poésie. 

40  à  43.  • —  Citons  les  Destinées,  de  M.  /Vuguste  Galène,  chef  d'es- 
cadron à  la  Garde  républicaine,  livre  qui  ne  rappelle  que  de  très  loin 
les  Destinées  dun  certain  officier  de  gendarmes  rouges  sous  la  Restau- 
ration, les  Péchés  de  jeunesse  de  M.  Gabriel  Espallac  (triste  !  triste  !), 
les  Brumes  et  roseaux-àe  M.  Jacques  Lefebvre,  un  verlainien  sympa- 
thique, et  terminons  par  le  troisième  volume  de  M .  René  Preslefont 
(alias  Louis  Ilalleux)  :  Cantilènes  et  pensers.  Ce  dernier  recueil,  moins 
homogène  que  les  précédents,  contient  toutefois  une  partie  extrême- 
mcnloriginale,  le  Poèniej adiciaire.  Je  crois  bien  que.  sauf  le  pauvre  hère 
qui  s'&xténua  à  mettre  le  code  civil  en  vers,  nul  n'avait  songé  à  écrire 
des  poèmes  sur  l'usufruit,  la  loi,  le  pouvoir  des  magistrats  et  des 
huissiers  ;  M.  le  conseiller  Ilalleux  a  senti  le  tragique,  la  grandeur  de 
la  procédure  et  de  la  basoche,  et  il  les  a  chantés  d'une  façon  neuve  et 
saisissante. 

44.  —  A  la  dernière  iieure,  me  parvient  un  ouvrage  dont  je 
ne  puis  renvoyer  l'examen  au  semestre  prochain.  C'est  le  Dit  de. 
sainte  Odile,  délicieux  petit  missel  d'art,  de  patriotisme-  et  de  foi, 
par  lequel  M.  A. -P.  Garnier  complète  le  tryptique  si  heureusement 
commencé  par  la  Geste  de  Jehanne  d'Arc  et  le  Mystère  de  sainte  Gene- 
viève. Tiré  sur  papier  vergé  pur  fil,  avec  le  goût  le  plus  éclairé  des 
belles  éditions,  il  se  divise  en  trois  dizains  de  sonnets  consacrés  à  la 
légende  merveilleuse  de  la  sainte  patronne  de  l'Alsace  :  La  Fille  de  la 
Lumière,  la  Coupe  d'amertume  et  de  joie,  la  Fontaine  mystique  ;  cha- 
cun de  ces  groupes  est  précédé  d'un  sixain  et  l'ensemble  est  encoie 
encadré  de  deux  sonnets  cl  de  deux  rondeaux  :  le  premier,  u  en  un 
vitrail  »,  où  le  poète  s'anime  des  plus  généreuses  ambitions,  tout  on 
se  déclarant,  beaucoup  trop  modestement  à  notre  avis,  «  pa'icn  mys- 
tique et  songeur  peu  dévot  »  ;  le  dernier,  où  il  fait  un  charmant 
aveu,  tout  plein  encore  d'humilité  : 

...  Mais,  ;i    dc'faut  île    granJ    lalcnl.  j'ai  mis, 
Profano  aux  yeux  de  la  Musc  sarne, 
Toiitf  mon  ,'11110  an  livre  que  je  crée, 
l'-lanl  lihrairc. 

El  voilà  pourquoi  M.  A. -P.  Garnier  a  pleinenient  réussi.  Une  ode- 
lette exquise  à  sa  fillette,  «  Annie  aux  yeux  couleur  de  miel  »,  achève 


—  277  — 

(le  cloniior  lont  son  cachet  dï-niolion  conletiue  et  délicate  à  ce  livre 
oppoitiiii.  dont  nous  avions  déjà  goûté  de  beaux  fragments  dans  le 
Corrcsijo/idaul,  et  qui  touchera  tous  les  cœurs  français  ;  car,  ainsi 
(jiic  le  dit  le  poète  : 

Ce  soir,  brille    une    éloile  au  ciel    clair  de  l'Alsace. 

Il  serait  à  souhaiter  que  les  écrivains  qu'inspirent  aujourd'hui  nos 
traditions  religieuses  et  nationales  aient  tous  au  même  degré  que 
M.  Gariiior  le  respect  de  l'art  et  de  la  poésie.  Rien,  en  effet,  dans  ces 
poèmes  à  forme  fixe,  si  habilement  et  régulièrement  groupés,  qui 
sente  Iclfort,  la  vulgarité,  l'outrance,  ou  tombe  dans  le  prosaïsme  ; 
mais  une  suite  apaisante  et  fleurie  d'enluminures,  où  la  naïveté  ne 
tourne  jamais  à  la  niaiserie,  comme  il  arrive,  hélas  !  trop  souvent. 
Nous  revoyons  ainsi  passer  sous  jios  veux  ravis  l'enfance  de  la  petite 
sainte  aveugle,  puis  guérie  par  le  baptême  ;  sa  vocation  céleste  : 

Les  g-iierricrs  à  l'cntoiir  et  les  letidcs  écoutent. 

Des  chevaux  ont  henni  dans  l'herbe,  au  bord  des  roules. 

Un  vol  de  ramiers  blancs  passe   dans  le  ciel  bleu... 

C'est  ensuite  la  vie  de  la  grande  abbesse.  jusqu'aux  jours  du  déclin, 
où. 

Simple  comme  un  vieillard,  pure  comme  un  enfant, 

elle  meurt  pendant  l'olfice. 

Et  dans  la  mort  s'endort  au  chant  divin  des  psaumes. 

Nul  archaïsme  de  commande  en  tout  cela  ;  un  très  fin  parfum  de 
jadis  cependant,  quelque  chose  de  très  français  ;  et  l'on  sent  que 
sainte  Odile  a  exaucé,  et  dans  le  sens  le  plus  direct,  la  prière  que  lui 
adresse  son  poète  : 

Inspire-nous,    ayant  beaucoup    aimé  tes  cieux. 
Tes  vignes,  les  coteaux  et  le  sol  des  aïeux. 
l>'amour  de  la  Patrie  aux  généreuses  fièvres. 

TnÉ.\TRE.  —  1.  — ■  J'ai  rangé  sous  cette  rubrique  plusieurs  volumes 
lyriques,  où  le  théâtre  a  sa  place  par  une  ou  plusieurs  œuvres.  Ainsi 
en  est-il  des  Poèmes  du  temps  de  guerre,  par  M.  Olivier  de  Rougé,  où 
une  sétie  de  poèmes  assez  faciles  se  termine  par  un  drame  en  un  acte 
intitulé  ta  Cave.  La  violonce  et  l'invraisemblance  n'y  manquent  pas  ; 
mais  cela  produirait  certainement  un  gros  effet. 

2,  3.  —  Beaucoup  plus  anodine,  la  petite  saynète  de  M.  Maurice 
Bouchor  sur  l'Accent  alsacien,  e.-^t  le  meilleur  morceau  de  son  recueil 
Pour  l'Alsace,  où  le  conte  en  prose  des  Géants  est  bien  dangereux  : 
on  pourrait  y  retrouver  aisément  le  principe  du  bolchevisme  ;  mais, 
à  tout  prendre,  cela  vaut  mieux  que  les  pauvretés  de  VAltita,  de 
M.  Arthur  Sanibon,  qui  amène  aussitôt  la  rime  chère  à  Boileau. 

4.  —  Hélène  encliaînée,  de  M""'  Marguerite  Combes,  est  d'une  inspira- 
lion  plus  forte.  C'est  une  sorte  de  conclusion  harmonieuse  du  Second 


—  278   ~ 

Fa//5/,  où  apparaissent  de  saisissantes  allusions  au  drame  tilanique 
d'aujourd'hui.  M.  l*aul  Adatn  loue,  comme  il  convient,  l'œuvre  et 
l'auteur  ;  avoir  pu  lire,  pénétrer  et  méditer  le  Second  Faust  serait 
déjà  pour  M""  Combes  un  motif  sérieux  à  nos  louanges. 

5.  —  C'est  encore  une  pièce  de  théâtre,  d'un  puissant  effet  drama- 
tique, la  Saloe,  qui  est  le  morceau  principal  du  livre  mêlé  de  prose  et 
de  vers  que  M.  Gaston  Sorbets  a  intitulé  :  Lueurs  et  rcjlels  de  la  guerre  ; 
ce  drame  en  trois  actes  et  en  prose  a  été  écrit,  paraît-il,  avant  le 
2  août  1914,  mais  lévéncment  la  pleinement  justifié;  en  lout  cas, 
nous  souhaitons  vivement  qu'il  soil  joué,  car  il  relèverait  le  niveau  si 
bas,  si  bas,  de  notre  théâtre.  Quant  au  reste  du  vohime,  il  se  divise 
en  cinq  parties  très  variées.  L'auteur  fait  justement  remarquer,  d'ail- 
leurs ((  qu'une  constante  unité  de  pensée,  une  certaine  égalité  de  tenue 
relient  ces  pages  entre  elles  sous  une  apparente  diversité  qui  peut 
avoir  pour  effet  de  les  préserver  de  toute  monotonie.  »  On  lira  donc 
avec  intérêt  les  Notes  et  croquis,  très  exacts,  sans  aucune  giossièrelé  ; 
l'Offrande,  où  toutes  les  classes  s'unissent  pour  sauver  la  France  ; 
Quatre  Chants  sans  musique  ;  Eaux  fortes  et  pointes  sèches,  où  l'on 
remarquera  des  vues  très  judicieuses,  et  enfin  Lueurs  et  reflets,  où, 
notamment,  l'auteur  donne  ce  conseil  perspicace  à  la  France  luttant 
contre  le  Dragon  germanique  : 

...Puisqu'il  faut  tuer,  que  rien    ne  t'en  dispense, 

Pour  le  coup  décisif  ne  ciierclie  pas  le  cœur. 

Tu  ne  trouverais  pas...  Plus  bas  I  Frappe  à  la  panse  ! 

6.  7.  —  Les  Rimes  sanglantes,  de  M.  E. -Henri  Yerdier,  n'ont  pas 
cette  précision,  et  sa  petite  pièce  Terre  d'Alsace,  un  acte  en  vers,  dont 
un  prologue  (?),  créée  à  Montpellier  le  26  avril  l915,  manifeste  sur- 
tout d'excellentes  intentions  ;  je  préfère  les  pièces  plus  modestes 
d'allure  que  le  P.  Louis  Perroy  a  groupées  dans  le  livre  de  mosa'ique 
littéraire  qu'il  a  intitulé  :  Le  Tragique  quotidien,  et  qui  contient  aussi 
des  pensées,  des  poésies  et  une  longue  nouvelle  :  De  l  autre  côté  du 
nuir.  Cependant  le  théâtre  y  occupe  la  plus  grosse  part  avec  Pastel 
effacé,  deux  actes  en  prose  ;  le  Tournant,  trois  actes  en  prose;  et  les 
Locli  Maria,  trois  actes  en  vers,  sujet  déjà  traité,  sous  la  même  forme, 
par-  le  legretté  P.  Delaporte,  mais  que  le  P.  Perroy  a  adroitement 
renouvelé.  Maintenant,  ces  histoires  lamentables  de  Quiberon,  est-ce 
l'heure  de  les  rappeler  ?  J'hésite  un  j)eu.  Quoiqu'il  en  soit,  on  trouvera 
largement  à  cueillir  dans  le  beau  volume  du  P.  Perroy,  et  nos  théâtres 
déjeunes  gens  devront  y  recourir  souvent. 

8,  9.  —  Après  avoir  mentionné  l'adaptation  scéni(|ue.  (pielquefois 
audacieuse,  que  M""  Démians  d'Archinibaud  a  faite  du  célèbre /?ayo/i 
de  M""  Ueynès-Monllaur,  arrêtons-nous  avec  les  Perses  de  l'Occident, 
<lr;uneen  trois  actes  de  M.Sotiris  Skipis,  que  nous  présente  une  Préface 


—  270  — 

dp  M.  Paul  Fort.  D'origirio  épirolc  cl  ni»*mf  alhanaisp,  iiiarit'à  iiiie  Pro- 
\ofi(;alc.  oiilliousiaslc  acliriiraleuc  de  Moréas,  d'Ilfiiri  dn  Hé^niicr,  de 
Mi.slial,  M.  Skipis  a  entrepris  de  nous  montrer  les  Allemands  chez 
enx  pendant  la  ^Mierre,  supportant  le  conlie-conp  de  nos  vicloircs  et 
sentant  venir  l'edondrenient,  comme  le  f>iand  Kschyle  avait  moniré 
les  Perses  se  lamenlanlde  leur  dt-laitc.  Le  jiublic  français  supporterait 
encore  dilficilement  les  Boches  sur  la  scène  ;  mais  bientôt,  espérons- 
le.  ce  drame  vigoureux  OÙ  le  soiiVenir  d'Ibsen  rejoint  celui  des  vieux 
tragicpies  grecs,  pourra  être  joué  :  il  produira  certainement  une 
énorme  impression. 

10. —  OeM.  Armand  Barihe  :  Le  Mystère  de  lac/iairel  du  s(i/i(/«  évangile 
en  cinq  actes.  »  11  n'est  pas  malaisé  de  deviner  chez  la  n  leur  une  ad  mi  ra- 
tion peut-être  exagérée  pour  les  dramaturges  romantiques,  et  parlicu- 
lièiement  pour  le  dernier  de  tons,  M.  p]dmond  Rostand  :  maître  un  peu 
dangereux,  (juand  on  a  rand)ilion  de  portera  la  scène  l'adorable  mys- 
tère de  l'Eucharistie.  Mgr  Baudrillart  a,  d'ailleurs,  écrit  justement  à 
M.  liarthe  :  «  C'était  une  idée  bien  hardie  que  de  vous  attaquer  à 
rinslitntion  la  plus  prodigieuse,  la  plus  étonnante  pour  la  raison, 
mais  aussi  la  plus  sensible  aux  cœurs  aimants,  du  Maître  divin...  Il 
n'y  avait  pas  là,  à  première  vue,  de  drame  proprement  dit.  >)  En 
eflet,  r  ((  évangile  »  de  M.  Barthe  nest  pas  un  drame  ;  c'est  une  série 
de  tableaux,  où  paraissent  en  giande  majorité  des  personnages  dilTé- 
renls  :  aux  deux  premiers  actes,  deux  fiancés,  Doëg  el  Naïs,  dont  on 
saisit  assez  mal  les  intentions  ;  au  troisième  et  au  quatrième,  la  tra- 
hison et  le  désespoir  de  Judas  :  au  cinquième,  Longin  qui  fait  véné- 
rer à  la  foule  la  robe  sans  couture  teinte  du  précieux  Sang,  et  Pierre 
qui  consacre  des  pains  pour  la  communion  des  premiers  fidèles. 
Deux  personnages  seuls  essaient  de  relier  ces  épisodes  :  sainte  Marie- 
Madeleine  et  le  prêtre  juif  Aboghar.  l'un  symbolisant  l'Amour  et 
l'autre  la  Haine,  mais  l'œuvre  n'en  demeure  pas  moins  incohérente 
au  sens  le  plus  littéral  du  mot.  L'auteur  lui-même  semble  le  recon- 
naître, en  nous  avertissant  que  le  quatrième  acte  peut  être  supprimé 
à  la  représentation  ;  ainsi  en  usait-on,  en  province,  pour  Riiy-Blas  ou 
Marion  Delorme,  et  nul  ne  s'apercevait  de  rien  ;  mais  je  doute  que 
l'on  puisse  pratiquer  pareille  amputation  sur  Brilanniciis. 

Armand   Pk.wiel. 


OUVRAGES  POUR  LA   JEUNESSE 

1.  Pt-re  et  fils,  par  Auglste  B.\illy.  Paris,  Berger  Levrault,  1918,  in-IG  de  56  p., 
0  fr.  flO.  —  2.  L'Orphelin,  par  E.  Maynial.  Vztis,  Ber«rer-Levraiilt,  1018.  in-16  de 
64  p.,  0  fr.  90.  —  3.  Jeunes  Classes,  par  Pwl  Roume.  Paris.  Berger-Lcvraull,  1918, 
in-10  de  00  p.,  0  fr.  90.  —  4.  Lettres  sans  réponses,  par  He>riettede  Vismes.  Paris 
Bonne  Presse,  s.  d.,  in-8  de  118  p.,  illustré,  2  fr.  50.  —  o.  Le  Diadème  de  cmiaZ,  par 
Pall  Heuzé.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-8  de  95  p.,   illustré,  2  fr.  —  6.  Olivette 


—  280  — 

el  Miguelilo,  par   Max  Colomban.  Paris.  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-8  de  128  p..  illustré, 

2  fr.  —  l.Des  Fleurs  sur  la  roule,  par  Jean  V  kzkre.  Paris.  Bonne  Presse,  s.  d., 
in-8,  de  Hop.,  illustré,  2  fr.  —  8  La  Tour  Vu^e.  par  Georges  Thierry.  Paris, 
Bonne  Presse,  s.  d  ,  in  12  de  341  p.,  1  fr.  —  9.  Les  Secrets  de  Vandeure,  par  Marie 
Le  MiiiHE.  l'aris.  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  344  p.,  1  fr.  —  10.  AJarquise  de 
Maulijrand,  par  M.  Maryan.   Paris.  Gautiir   el  Langueteau,  d918,  iii-12  de  318  p., 

3  fr.  .^)0.  —  i\.  Une  Barrière  invisible,  par  M.  Maryan.  Paris,  Gautier  et  Lani,'iie- 
reau,  1918,  in-12  de  321  p.,  3  fr.  3(t.  —  12.  Les  IlériUujesde  P<7k/«/(vn.  parM.  Maryan. 
Paris,  (Jautier  et  Languenan,  1918,  iii-12  de  3(J9  p.,  3  fr.  30.  —  13.  Ln  Cité  de  la 
paix,  par  Jeanne  de  Coulomb.  Paris,  Gauliei-  el  l.anguereaii,  1918,  in-12  de  320  p., 
3  fr.  30.  —  14.  Le  Jardin  fermé,  par  Em.maxlel  Soy.  Paris,  Gantier  et  Languen-aii, 
1918.  in-12  de  319  p.,  3  fr.  30.  —  ln.  Autour  d'un  nom,  par  Emmanuel  Soy.  Paris. 
Gautier  et  Languerean,  1918,  in-1'?  de  286  p.,  3  fr.  30  —  10.  La  Primenei'je  du 
lointain  donjon,  par  B.  de  Buxy.  Paris.  Gautier  et  l.anguereaii,  1918,  in-12  de 
316  p..  3  fr.  30.  —  17.  Le  Poison,  par  Adole  Farnoh.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d  ,  in- 
12  de  9i>  p..  0  fr.  40.  —  18.  Heureux  les  justes,  par  Mario  Donal.  Paris,  Bonne  Presse, 
s.  d.,  in  12  de  96  p.,  0  fr.  40.  -  19.  Le  Drame  d'Orsaizé,  par  Pierre  Gouudon. 
Paris.  Bonne  Presse,  s.  d.,  iri-12  de  95  p..  0  t'r.  40  —  20.  Mathias  Bernoude,  par 
Florence  O  ÎSoll.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  inl2  de  95  p.,  0  fr.  40.  — 21  L'Am- 
biance, par  Klcien  Darville.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  96  p.,  0  fr.  40. 
—  22.  L'Intrus,  par  Boger  Dojibre.  Paris.  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12  de  95  p.. 
0  fr.  40.  —  23.  Rédemptrice,  par  J.-Paul  Bonnet.  Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  in-12 
de  80  p.,  0  fr.  40.  —  2i.  Le  Martyre  d'un  curé,  par  M.  Dabaumoret.  Paris,  Bonne 
Presse,  s.  d.,  in-12  de  96  p.  0  fr.  40.  —  25.  Les  Petits  Neutres,  parCLAioE  Mancey. 
Paris.  Lctiiielleux,  s.  d    (1918).  in  8  de  191  p.  illustre.  2  fr.  50. 

1.  —  Il  est  difficile  de  souhaiter  une  nouvelle  de  guerre  plus  émou- 
\ante  dans  sa  simplicité  que  Père  et  fils,  de  M.  Auguste  Bailly.  Il 
s'agit  d'un  jeune  homme  qui,  au  début  des  hostilités,  s'est  soustiait 
à  son  devoir  militaire,  et  dont  le  père  s'engage  pour  payer  à  sa  place 
la  dette  à  la  France. 

2.  —  Dans  I  Orphelin,  M.  E.  Maynial  nous  oITre  trois  petits  contes 
intéressants  et  bien  composés  dont  les  héros  sont,  pour  le  premier, 
un  orphelin  de  la  guerre,  pour  le  deuxième  un  mutilé  et  pour  le  troi- 
sième un  jeune  soldat  aveugle. 

.S.  —  Grandgeorges,  lehérosdu  joli  récit  de  M.  Paul  Houme,  iiililu- 
lé  :  Jeunes  Classes,  est  un  jeune  soldat  qui  se  rend  coupable  dunegrave 
faute  militaire  en  abandonnant  son  poste  sans  permission  pour  aller 
voir  sa  mère  dans  un  village  voisin  du  Front.  Cettefautc.  il  ne  t'aidera 
pas  à  la  racheter  en  se  faisant  tuer  pour  sauver  son  lieutenant. 

4.  —  Les  Leïlres  sans  réponses,  auxquelles  le  livre  de  ^1"""  Ilenridle 
de  Vismes  doit  son  titre,  sont  adressées  à  un  officier  de  réserve  en- 
voyé au  Front.  Elles  provoquent  un  intérêt  douloureux  chez  le  lecteur 
qui  sait  que  le  destinataire  n'a  pas  tardé'  à  y  trouver  la  mort,  et  que 
l'optimisme  opiniâtre  de  sa  jeune  femme  va  s'effondrer,  d'un  mo- 
ment à  l'autre,  devant  la  cruelle  réalilé. 

•').  — Le  Diadhnc  de  crisidl.  de  .M.  Paul  Ihni/.é,  nous  tr;ui>porlo  à 
Venise.  Ce  roman  d'aventures,  dont  le  héros  est  un  jeune  artiste  ver- 
lier,  intéressera  le  lecteur  et  l'initiera  aux  mo'urs  et  coutumes  véni- 
tiennes du  début  du  xvi«  siècle. 


—  281  - 

(].  —  Le  volume  de  M.  Max  Coloniijaii  :  OUvelle  el  Miguelilo  con- 
li(Mil  deux  rornaiis  qui  se  déioulenl,  l'dti  {OUvelle)  en  Provence,  au 
ttinps  dos  croisades,  l'autre  (Miguelilo)  en  Espagne,  sous  le  règne 
(I  Isabelle  la  Catholique.  Les  aventures  terrifiantes  ne  manquent  dans 
aucun  d'eux  et  ne  sont  pas  laites  pour  déplaire  aux  jeunes  lecteurs. 

7.  —  Des  Fleurs  sur  la  route,  de  M.  Jean  Vézère,  est  un  recueil  de 
vingt-neuf  récits  variés,  intéressants  et  moraux,  dont  quelques-uns 
sont  réellement  pathétiques. 

H.  —  Un  enlèvement  et  une  substitution  d'enfant,  telle  est  la  donnée 
sur  laquelle  M.  Georges  Thierry  a  construit  son  roman  :  La  Tour- 
Vive,  écrit  dans  un  excellent  esprit.  On  peut  reprocher  à  cet  ouvrage 
des  longueurs  (jui,  vers  la  fin  surtout,  alourdissent  le  récit,  mais  les 
pages  émouvantes  y  abondent  et  ne  laisseront  pas  le  lecteur  indif- 
férent. 

U.  —  Espionnage  avant  la  guerre,  trahison  à  l'ouverture  des  hosti- 
lités, tels  sont  les  Secrets  de  Vandeure,  et  l'on  ne  s'en  étonnera  pas  si 
l'on  songe  que,  par  suite  de  la  légèreté  et  de  l'aveuglement  des 
maîtres,  le  personnel  employé  dans  le  château  est  presque  exclusive- 
ment allemand.  M"'  Marie  Le  Mière  a  imprimé  à  son  roman  un 
cachet  moral  et  religieux  très  marqué. 

10.  —  En  se  laissant  ébhiuir  par  l'éclat  d'un  brillant  mariage, 
M""  Bégard  a  négligé  de  prendre  sur  son  futur  gendre  des  renseigne- 
ments sérieux  et  a  causé  ainsi  le  malheur  de  sa  fille  Pascale  ;  et 
cependant,  lorsque  le  marquis  de  Maulgrand  se  sera  ruiné  et  aura 
compromis  l'honneur  de  son  nom  dans  une  affaire  véreuse,  elle  se 
montrera  implacable  et  refusera  de  recevoir  la  pauvre  femme  si  elle  ne 
rompt  pas  toutes  relations  avec  son  mari.  Pascale  préférera  demeurer 
fidèle  à  ses  devoirs  d'épouse  et  se  mettra  au  travail  pour  gagner  sa 
vie  et  élever  ses  enfants.  Au  milieu  des  difficultés,  des  tristesses,  des 
angoisses  et  des  humiliations,  jamais  son  courage  ne  faiblira  et, 
avec  l'aide  de  Dieu,  elle  mènera  à  bien  la  tâche  qu'elle  a  entreprise. 
La  Marquise  de  Mauhjrand  se  recommande  par  le  talent  de  composi- 
tion et  l'exactitude  dans  la  peinture  des  caractères  ;  il  peut  compter 
parmi  les  meilleures  œuvres  de  M"°  Maryan. 

11.  —  A  son  lit  de  mort,  M.  Xorans  a  avoué  à  sa  femme  qu'acculé 
à  la  luine  il  avait  refait  sa  fortune  par  des  moyens  déshonnêtes  et 
M'"'  iNorans  lui  a  promis  de  réparer  sa  faute.  Se  débarrasser  de  l'ar- 
gent mal  acquis  et  conserver  intacte  la  réputation  de  son  mari,  telle 
fut  la  double  tâche  à  laquelle  elle  se  voua  On  comprend  dès  lors  la 
tristesse  qui  assombrit  son  existence  ;  ce  qui  ne  saurait  se  justifier  et 
provoque  chez  le  lecteur  un  malaise  qui  diminue  sa  sympathie  pour 
elle,  c'est  la  froideur  persévérante  qu'elle  témoigne  à  sa  fille  Suzie  et 
qui  rend  celle-ci   très  malheureuse.   Que  dire  sinon  que  dans  Une 


—  282    - 

Barrière  invisible,  M""'  Maryan  a  tiré  d'une  donnée  anormale  le  meil- 
leur parti  possible  ? 

\2.  —  Dans  Les  héritages  de  Peiidally/t,  le  môme  auteur  nous 
raconte  l'histoire  d'un  jeune  orphelin  (jui,  à  la  mort  de  sa  mère,  est 
recueilli  par  des  parents  dans  le  vieux  château  breton  qui  serait  le 
sien  si  son  frère  n'avait  pas  été  déshérité  pour  s'être  marié  contre  le 
gié  du  chef  de  famille.  Comment  un  jour  apparaîtra  un  nouveau 
testament  et  quels  seront  les  résultats  de  cette  découverte  inattendue, 
c'est  ce  ([lie  le  lecteur  apprendra  en  lisant  ce  roman  vibrant  d'émotion 
et  animé  des  sentiments  les  plus  élevés. 

13.  —  C'est  un  roman  cruellement  pathétique  que  la  Cité  de  la 
paix,  de  M""  Jeanne  de  Coulomb.  Que  l'on  se  représente  une  jeune 
femme  découvrant,  aux  premiers  jours  de  la  guerre,  que  le  brillant 
ingénieur  qu'elle  a  épousé  par  amour  et  qui  se  disait  Alsacien,  est  en 
réalité  un  officier  allemand  qui,  depuis  de  longues  années,  traliit  la 
France  !  et  ce  ne  sont  encore  là  que  les  préliminaires  de  ses 
épreuves  ! 

14.  —  Des  deux  fiancées  que  M.  E.  Soy  a  placées  dans  le  Jardin 
fermé,  l'une  perd  son  futur  à  la  guerre,  l'autre  se  voit  abandonnée  par 
le  sien  lorsqu'il  apprend  qu'elle  n'a  plus  à  compter  sur  l'héritage  de 
sa  tante.  C'est  dire  que  la  note  gaie  ne  domine  pas  dans  ce  récit  ; 
mais  il  se  recommande  par  beaucoup  d'autres  qualités  que  le  lecteur 
appréciera. 

15.  —  Elevé  loin  de  sa  patrie,  le  héros  d'Aulonr  d'un  nom,  du 
même  auteur,  ne  retourne  aux  pays  Scandinaves  qu'à  l'âge  d'homme 
et  lorsque  la  mort  de  son  frère  aîné  a  fait  de  lui  l'ultime  rejeton  d'ime 
antique  maison.  Mais  les  soupçons  naissent  au  sujet  de  son  identité 
et  un  doute  cruel  pour  tous  les  deux  étreint  le  cœur  de  son  père.  Le 
lecteur  passe  par  bien  des  émotions  avant  de  voir  s'éclaircir  la  situa- 
tion. 

16.  —  La  Primeneige  du  lointain  donjon,  de  M""  B.  de  Buxy,  est  un 
roman  franc-comtois  qui  nous  présente  des  tableaux  variés,  des  types 
curieux,  des  scènes  émouvantes  et  parfois  douloureuses.  La  note 
religieuse  n'y  est  pas  oubliée  :  loin  de  là. 

17.  —  En  apprenant  que  son  père  a  commis  un  vol  et  un  meurtre, 
llyacintijc  Madin,  qui  a  perdu  la  fol,  se  tire  un  coup  de  revolver;  il 
survit  néanmoins  à  sa  blessure  et  revient  aux  pratiques  religieuses  de 
son  enfance.  Le  roman  se  termine  par  son  mariage  avec  une  jeune, 
personne  dont  la  famille  a  eu  sur  lui  une  heureuse  influence.  Que  les 
parents  aient  passé  sur  la  tentative  de  suicide  en  raison  de  la  conver- 
sion, nous  pouvons  à  la  rigueur  le  comprendre;  nuiis  dotmer  la 
main  de  leur  lillc  au  fils  d'iiii  voleur  et  d'un  assassin,  c'est  ce  que 
l'on  ne  saurait  admettre.  Nous  pensons  aussi  qu'il  eut  été  préférable 


—  283   — 

d'i-parfirnor  an  lorleiir  la  sccnie  où,  pour  sauver  la  vie  d'un  inuncodt, 
Hyacinthe  eléiiotue  liii-incine  son  père  à  la  justice.  Ces  réserves  (ailes, 
nous  constatons  rpie  dans  le  Poison  il  y  a  beaucoup  de  bon  et  (pie 
M.  Adole  P^unoh  (iisli^uî  de  main  de  maître  les  écrivains  fjui  ne 
(laifjnent  pas  de  pervertir  la  jeunesse  par  de  mauvais  livres. 

18.  —  En  intitulant  son  livre:  Heureux  les  Justes,  .M.  Mario  Dori'ti 
>  t'st  placé  au  point  de  vue  surnaturel  car,  humainement  parlant,  les 
cjireuves  n'ont  pas  manqué  à  la  famille  Pottier,  mais  elle  a  toujours 
>ii  les  supporter  courageusement.  Le  récit  est  mouvementé  et  se 
recommande  par  sa  moralité. 

19.  —  Le  Drame  d'Orsaizé  est  un  assassinat  sur  lequel- on  n'a  pas 
pu  faire  la  lumière:  l'auteur  du  crime  et  la  victime  ont  disparu. 
M.  Pierre  Gourdon  se  sert  de  celte  énigme  pour  aiguiser  la  curiosité 
du  lecteur,  au  cours  d'un  roman  qui  u'est  pas  dénué  d'intérêt. 

20.  —  Malhlas  Bernoude,  de  M'"°  Florence  O'Noll,  est  un  roman 
écrit  dans  un  bon  esprit,  mais  bien  bizarre.  A  côtéde  la  famille  Lau- 
san,  modèle  de  simplicité  et  de  \erlu.  la  famille  Bernoude,  assem- 
blage étrange  de  personnages  excentriques,  fait  singulière  figure  ; 
mais  elle  subira  peu  à  peu  l'Influence  de  ses  excellents  voisins  et  le 
lecteur  finira  par  avoir  la  clef  d'un  mystère  qui  explique  nombre  de 
choses  longtemps  incompréhensibles. 

21.  —  Anticlérical  et  sectaire,  le  banquier  Deligny  est  le  chef  de  la 
famille  dépeinte  et  mise  en  scène  dans  l'Ambiance,  roman  intéressant 
et  moral  tout  à  la  fois,  au  cours  duquel  M.  Lucien  Darville  nous  fait 
toucher  du  doigt  les  fruits  amers  d'une  éducation  sans  principes  et 
sans  religion. 

22.  —  Comment  Maurice  Barrange  s'est  trouvé  revêtu  de  la  per- 
sonnalité de  son  ami  Guy  de  Chàtriant,  qui  a  perdu  momentanément 
la  raison,  comment  cette  situation  s'est  prolongée  et  dénouée,  voilà 
ce  que  le  lecteur  apprendra  en  lisant  l'Intrus.  11  pensera  que  de  cette 
donnée.  M"'  Roger  Dorabre  a  su  tirer  un  très  bon  paiti. 

;23.  —  Un  souffle  moral  et  religieux  puissant  anime  /iédemplrice,  de 
M.  J.-Paul  Bonnet.  11  s'agit  d'une  jeune  fille,  orpheline  de  père  et  de 
mère,  dont  les  exemples,  les  vertus  et  l'inlassable  dévouement  ont 
une  salutaire  influence  sur  l'oncle  qu'elle  entoure  d'une  afl'ection 
filiale,  et  la  jeune  sœur  envers  laquelle  elle  a  assuirié  le  rôle  de  mère. 
Le  premier  lui  doit  une  fin  .chrétienne,  la  deuxième  un  mariage  bien 
assorti  alors  qu'elle  avait  failli,  par  légèreté,  se  laisser  entraîner  à  en 
contracter  un  tout  difTérent. 

24.  —  C'est  avec  raison  que  M.  Dabaumoret  a  intitulé  son  roman 
le  Martyre  d'un  curé.  Peut-on  imaginer,  en  efl^et,  supplice  plus  afTreux 
que  celui  d'un  malheureux  prêtre  qui  sait  que  l'homme  que  sa  sœur 
"Va  épouser  est  un  voleur  et  un  assassin,  ayant  dérobé  l'état  civil  de 


—  284  — 

sa  victime,  mais  qui  ne  le  sait  que  parce  que,  pour  lui  clore  la  bouche, 
le  misérable  le  lui  a  déclaré  en  confession? 

25.  —  Ouvrez  les  Petits  Neutres,  de  M""  Claude  Mancey  :  ce  sont  des 
scènes  pour  divertir  les  enfants.  Parcourez-le  :  c'est  une  étude  qui  ne 
manque  ni  de  finesse,  ni  d'exactitude,  de  la  mentalité  suisse  pendant 
la  guerre,  avec  ses  origines,  ses  causes,  ses  divergences  et  son 
évolution.  Co.mte  C.  ue  Brissag. 


THÉOLOGIE 


Poljsema  sunt  sacra  Biblia.  Dispulatio  in  illam  hcrmeneulicam  le- 
goni  oliin  receptissiniam  sod  et  recipicudam  qna  moneniur  quod  saepius 
etiarn  sccundum  litteraleni  seusum  in  uiia  liltera  Scripturau  plures  sint 
sensus.  auctoro  Fr.  Nicolao  Assouad.  S.  Mauritii  in  Helvetia,  I9l7,  in-8  de 
84  p. 

Ce  titre  hybride,  dont  le  premier  mot,  fabriqué  de  deux  mots 
grecs  par  l'auteur,  a  exigé  la  longue  explication  qui  le  suit,  couvre 
la  première  partie  seulement,  propaedeiiiico,  c'est-à-dire  introduc- 
tive,  d'une  dissertation  dans  laquelle  le  Père  Nicolas  d'Alep,  francis- 
cain, se  propose  d'établir  théologiquement  et  historiquement  la  plu- 
ralité des  sens  littéraux  de  l'Écriture,  rejetée  unanimement  par  les 
théologiens  et  les  exégètes  catholiques  du  xix'  siècle.  Cette  première 
partie  comprend  trois  chapitres.  Le  premier,  qui  est  très  court, 
traite  scolastiquement  du  sens  littéral,  piopre  et  métaphorique  de  la 
sainte  Écriture.  Le  deuxième  est  consacré  au  sens  mystique  ou 
typique,  que  l'auteur  appelle  «  la  métaphore  divine.  »  De  ce  que  ce 
sens  ne  résulte  pas  directement  des  mots  de  l'Écriture,  mais  des 
choses  exprimées  par  ces  mots,  il  conclut  trop  rigoureusement  que 
seuls  les  textes  historiques  de  la  Bible  peuvent  fournir  des  types 
bibliques  et  être  la  base  d'un  sens  mystique.  11  n'a  pas  vu  que  le  mot 
choses  doit  être  pris  dans  une  très  laige  compréhension  et  être  appli- 
qué, si!  y  a  lieu,  aux  choses  dites  par  les  écrivains  sacrés  dans  des 
livres  non  historiques,  comme  l'entend,  du  reste,  le  Souverain  Pon- 
tife dans  l'encyclique  Pivridentissunus  Dens.  Cette  conclusion  trop 
rigoureuse  lui  sert  de  point  de  départ  pour  mettre  en  contradiction 
avec  eux-mêmes  ou  accuser  d'inexactitude  onze  exégètes  caliiolifpies, 
qui  sont  tombés  dans  ces  erreurs  parce  qu'ils  repoussaient  la  plura- 
lité des  sens  littéraux  de  la  Bible.  11  y  aurait  beaucoup  à  dire  sur 
cette  critique,  acerbe  de  ton  et  pleine  d'insinuations  malveillantes 
même  au  point  de  vue  de  l'orthodoxie.  Remarquons  seulenient 
qu'elle  ne  suit  pis  l'ordre  rhronoiogifpie.  iMiisqu'elle  part  de  M.  Le- 
sclie  pour  aboutir  à  Estius  ;  q\i'elle  alliibue  à  M.  Lesèlre  une  déliiii- 
lion  du  type,  qui  est  de  M.  Trochon,   comme  à  M.  Vigouroux,  dans 


—  28r,  _ 

sa  Bible  polyr/lolle,  des  interprétations  qui  sont  do  l'abb*;  Glniif  ;  que 
r.iiiteiir  n'a  pas  compris  la  théorie,  contestable  d'ailleurs',  niais  [jour 
d'antres  raisons,  du  passage  du  type  à  l'anlilvpcî  dans  certaines  pro- 
phéties messianiques  ;  qu'enfin  toutes  les  critiques  faites  pourraient 
être  justes,  sans  que  lapolyséniic,  ou  la  pluralité  des  sens  littéraux  dans 
la  Bible,  en  fût  démontrée.  Le  chapitre  troisième  expose  la  véritable 
raison  d'être  de  Va  polysémie,  fondée  sur  la  doctrine  de  saint  Augustin 
et  de  saint  Thomas.  L'auteur  s'élève  avec  véhémence  contre  les  appré- 
ciations, portées  récemment  par  trois  jésuites  français,  sur  la  théorie  de 
la  pluralité  du  sens  littéral,  imaginée  par  révè({ue  d'Ilippone  pour  jus- 
tifier, comme  prévues  et  voulues  par  Dieu,  les  différentes  explica- 
tions qu'il  avait  données  du  prengiier  chapitre  de  la  Genèse.  11  écarte 
le  danger  de  subjeclivisme,  en  restreignant  la  pluralité  des  sens  litté- 
raux aux  vérités  qui  peuvent  s'adapter  à  l'Écriture,  en  sauvegardant 
le  sens  littéral.  Mais  tout  lecteur  s'imaginera  que  la  vérité,  qu'il  voit 
dans  l'Écriture,  peut  s'adapter  et  s'adapte  exactement  à  la  lettre.  Quel 
sera  le  critère  (jui  permettra  de  décider  si  cette  vérité,  même  s'adap- 
tant  très  bien  à  la  lettre,  a  été  voulue  par  leSaint-Esprit  et  est  un  sens 
de  l'Écriture  ?  Les  règles  catholiques  d'interprétation,  à  savoir  la  dé- 
claration des  auteurs  sacrés,  la  définition  de  l'Église,  l'interpréta- 
tion unanime  des  Pères,  font  ici  défaut,  et  la  simple  analogie  de  la 
foi  ne  suffit  pas.  Les  règles  d'interprétation  communément  reçues, 
que  Léon  XIll  recommande  aux  exégètes  de  suivre  et  d'observer  pour 
scruteret  exposer  le  sens  de  l'Écriture,  tendent  plutôt  à  exclure  qu'à 
reconnaître  la  pluralité  des  sens  littéraux,  car  l'Écriture,  quoique 
obscure  parfois,  n'est  ni  ambigiie,  ni  équivoque.  Et  c'est  pourquoi 
les  exégètes  modernes,  malgré  l'autorité  de  saint  Augustin  et  de  saint 
Thomas,  s'en  tiennent  à  l'unique  sens  obvie  de  la  lettre.  Enfin  les 
exemples  de  sens  multiples,  proposés  par  le  Père  Assouad,  ne  sont 
que  des  interprétations  diverses  données  à  un  même  passage.  L'au- 
teur en  prend  occasion  de  critiquer  certains  commentateurs  catho- 
liques. C'est  une  très  mauvaise  méthode  de  prendre  comme  norme 
de  doctrine  le  point  qui  est  précisément  en  question.  Ce  défaut  est  à 
la  base  de  toute  la  démonstration  du  Père  Assouad. 

E.  Mangenot. 


Études  de  liturgie  et  d'archéologie  chrétienne,  par  Pierre 
Batiffol.  Paris,  Gabalda  ;  Auguste  Picard,  1919.  in-12  de  vi-329  p.  — 
Prix  :  4  fr. 

Le  nouvel  ouvrage  de  Mgr  Batiffol  est  un  recueil  d'études  où  l'ar- 
chéologie confine  à  la  liturgie.  Plusieurs  furent  publiées  en  diverses 
revues,  d'autres  sont  originales,  toutes  sont  pleines  d'intérêt  autant 
que  d'érudition  du  meilleur  aloi. 


—  28(1  — 

L'Introduction  au  Pontifical  romain  éclaire  définitivenient  le  pro- 
blème (le  sa  distribution  actuelle  et  de  son  auteur,  le  célèbre  Durand 
de  Mende,  vers  t2!)o.  —  Notre  costume  liturgique  dérive  du  costume 
en  usage  dans  le  monde  romain.  On  réservait  sans  doute  pour  les 
cérémonies  sacrées  des  vêtements  plus  précieux  afin  d  en  lelever  les 
fondions.  —  Des  usages  romains  nous  voyons  aussi  émerger  le  règle- 
ment des  conciles.  C'est  l'objet  d'une  démonstration  très  fouillée.  — 
Les  deux  monographies  suivantes  sont  d'intérêt  moins  général.  Il  est 
question  d'abord  des  présents  oll'erts  par  S.  Cyrille  d'Alexandrie  à 
des  personnages  d&  Constantinople  rendus  ainsi  plus  favorables  <à  la 
cause  de  la  foi  compromise  par  Nestorius.  —  L'ancien  recteur  de 
Toulouse  se  complaît  ensuite  à  mettre  en  lumière  une  messe  moza- 
rabe en  l'honneur  de  saint  Saturnin.  —  Ouest  heureux  de  voir  la 
procession  de  la  Chandeleur  inspirée  par  le  mystère  lui-même  honoré 
le  2  février,  an  lieu  de  se  rattacher  à  la  fête  païenne  des  Lupercales, 
suivant  une  opinion   trop  accréditée  Les   Parisiens  seront  très 

reconnaissants  des  précisions  apportées  à  l'histoire  de  leur  cathédrale 
du  vi°  siècle.  —  Elle  fut  témoin  des  cérémonies  de  la  liturgie  galli- 
caup  connues  surtout  par  l'Exposition  attribuée  à  saint  Germain  de 
Paris.  Enfin  des  documents,  jusque-là  inédits,  révèlent  le  péril  couru 
par  le  bréviaire  parisien  de  M.  de  Vinlimille,  édité  en  1736,  d'être 
condamné  par  Clément  XIL 

On  voit  par  ces  indications  sommaires  l'utilité  et  l'intérêt  de  ces 
neuf  monographies.  A.  Vigolrki.. 


JURISPRUDENCE 

Manuel  pratique  des  lois  sociales  et  ouvrières.  Paris,  Beauchesne, 
liîlS,  in- 12  de  330  p.  —  Prix  :  4  fr.  20. 

La  Société  de  Saint-Vincent  de  Paul  vient  de  rendre  un  nouveau 
service  à  la  grande  cause  de  la  charité  en  publiant  le  manuel  que 
nous  nous  pjaisons  à  reconimander  à  nos  lecteurs.  On  peut  trouver 
là,  condensé  dans  un  volume  de  dimension  restreinte,  tout  l'ensemble 
de  la  législation  si  complexe  qui  tend  à  améliorer  le  sort  du  plus 
grand  nombre.  Notre  temps  a  vu  se  multiplier  les  lois  ayant  cet  ob- 
jet. Los  personnes  s'intéressant  aux  œuvres  populaires  ont  besoin  de 
connaître  ces  lois;  au  moins  sommairement,  pour  pouvoir  donner 
des  indications  utiles,  des  conseils  autorisés  à  tous  ceux  dont  elles 
s'occupent.  Dans  un  cailre  bien  délimité,  sous  une  forme  très  simple 
et  très  claire,  sans  développements  superllus,  mais  avec  le  souci  cons- 
tant de  dire  tout  l'essentiel,  le  manuel  tel  que  l'a  conçu  la  Société  de 
Saint-Vincent  de  Paul  répond  à  ce  besoin.  En  le  prenant  pour  guide, 
on  sera  tenu  au  courant  des  solutions  principales  données  par  la  loi 


—  2.S7  — 

aux  ((iieslioiis  de  piotoclioii  de  la  famille,  do.  iDgeinciil  d  (rii>;.'i( ne. 
(le  |)i()l<'ctioii  (le  reiirance,  de  pioleclioii  du  travail,  de  prt'vfjyauc c, 
de  iniitualilés,  de  coopéialivos.  d  assistance  aux  vieillatcls.  Il  laudiail 
toule  une  iini)oi'lante  ljil)li()llir(|ue  |)our  trouver  Ifs  tiolioiis  <pii  sont 
léntiies  et  rrsumées  dans  ces  trois  cent  et  c|nel(|Ufs  j)aj(es.  Ajoutons 
(ju'uno  bibliographie  soignée  complète  cliaciuc  grande  division  et  per- 
met à  ceux  qui  voudraient  étudier  plus  à  fond  un  sujet  de  recourir 
aux  ouvrages  qui  l'ont  traité.  C.  J. 


SCIENCES  ET  ARTS 

A  travers  le  prlsinj>  du  temps,  par  C.  Wagner    Paris,  Hachette,  s    d., 
in  16  de  ix-304  p.  —  l^rix  :  3  lY.  ",0. 

M.  C.  Wagner  continue  ses  «  causeries  scolaires  »  par  un  nouveau 
volume  dans  lequel  il  considère  l'œuvre  et  la  vie  des  hommes  dans 
le  temps.  Le  volume  se  divise  en  trois  parties  :  Le  Passé,  le  Présent, 
et  l'Avenir,  qui  expliquent  pour  nous  la  notion  du  temps.  Les  vieilles 
gens  comme  les  vieilles  pierres  et  les  vieilles  demeures  représentent 
pour  nous  le  passé.  Il  faut  en  apprendre  l'histoire  afin  de  profiter  de 
leurs  enseignements.  C'est  surtout  dans  la  tradition,  et  en  particulier 
dans  celle  de  la  famille,  la  première  de  toutes,  que  se  rencontTe  lidée 
du  jiassé.  Il  faut  honorer  ses  parents,  car  en  le  faisant  «  vous  ne 
faiti's  pas  seulement  un  acte  individuel  de  reconnaissance  et  d'affec- 
tion, vous  vous  joignez  à  l'âme  universelle  de  l'humanité.  »  C'est  dans 
la  famille,  d'ailleurs,  que  se  forme  le  bon  citoyen,  le  bon  patriote. 
Le  piésent  est  le  temps  dont  nous  disposons  ;  il  faut  en  faire  boa 
emploi.  Nous  ne  pouvons  avoir  de  relation  qu'avec  les  vivants  ;  nous 
devons  en  tirer  le  meilleur  parti  possible  et  nous  montrer  toujours 
bienveillants  et  aimables  pour  nos  contemporains.  Traitons  choses  et 
gens  selon  les  idées  que  nous  nous  en  faisons,  mais  n'employons  vis- 
à-vis  de  nos  semblables  que  la  douceur  et  la  persuasion  Acceptons 
toujours  la  responsabilité  de  nos  actes  et  respectons  la  propiiété 
d'autrui  tant  dans  ses  biens  que  dans  ses  idées.  L'échange  des  idées 
se  fait  par  la  conversation  qu'il  ne  faut  pas  confondie  avec  le  bavar- 
dage et  par  la  discussion  qui  doit  toujours  rester  courtoise  et  ne  pas 
dégénérer  en  dispute.  Un  juste  milieu  doit  être  gardé  entre  les  gens 
-agit(?s  et  ceux  qui  ne  le  sont  pas,  comme  entre  les  gens  pressés  et  ceux 
qui  ne  le  sont  jamais.  Le  passé,  le  présent  et  l'avenir  se  tiennent. 
Les  enfants  préparent  eux-mêmes  leur  av.enir  dès  l'école  ;  et  s  ils 
sont  réprimandés  par  leurs  parents  ou  leurs  maîtres,  c'est  eu  vue  de 
leur  avenir  et  de  leur  intérêt.  La  sagesse  recommande  de  pré\oir 
l'avenir  et  de  «  ne  pas  manger  son  blé  en  herbe»  ni  «  son  pain 
blanc  le  premier  »,  car  si  alors  on  se  plaint,  il  ne  faut  s'en  prendre 


—  288  — 

qu'à  soi  et  ne  pas  accuser  le  sort  d'èlre  injuste.  Ce  livre  contient 
d'excellentes  choses  et  de  tiès  bons  conseils  ;  les  exemples  qui 
viennent  expliquer  les  idées  sont  clioisis  autour  de  nous  et  faciles  à 
comprendre  par  les  jeunes  lecteurs  auxquels  il  est  destiné.  Il  est 
regrettable  seulement  qu'aucune  idée  religieuse  n'appuie  sa  morale. 

B.  DE  LA  G. 


La    Française   dans    ses    quatre    à<)es,   par    René    Guillou.   Paris, 
Société  d'éditions  Levé,  1919,  in-16  de  254  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  présent  livre  devrait  orner  toutes  les  bibliothèques  féminines, 
car  M.  Robert  Guillou,  dans  sa  lumineuse  élude  suv  la  Française  dans 
ses  quatre  âges,  s'adresse  tout  directement  à  la  femme. 

En  un  style  très  clair,  enrichi  de  mots  heureux,  de  citations  tiom- 
breuses  qui,  sans  recherche,  justifient  les  appréciations  personnelles 
de  l'auteur,  ce  dernier  fait  vivre  à  son  lecteur  toute  une  vie  fémi- 
nine, qui  commence  avec  l'Enfance,  ses  rêves  et  ses  jeux  innocents, 
pour  s'épanouir  à  la  Jeunesse,  l'âge  décisif  où  se  dessine  le  contour 
que  prendra  la  vie.  Avec  le  troisième  chapitre,  un  des  plus  émou- 
vants, la  Maturité,  nous  arrivons  au  cœur  de  l'existence  de  la  femme. 
N'est-ce  pas,  en  effet,  cette  noble  fonction  de  la  maternité  qui  est 
incontestablement  le  plus  beau  moment  de  sa  vie  ? 

M.  Etienne  Lamy,  dans  une  judicieuse  l'rcface  où  il  exprime  à 
M.  Robert  Guillou  une  admiration  bien  méritée,  le  loue  tout  spécia- 
lement de  s'être  surtout  adressé  à  la  femme  française,  souhaitant 
qu'elle  reste  ((  la  femme  d'un  seul  homme  et  de  nombreux  enfants 
et  non  la  femme  de  plusieurs  hommes  et  d'un  seul  enfant.  »  Cette 
dernière  unicité  ne  serait  pas  pour  relever  notre  race  décroissante,  im- 
bue depuis  trop  d'années  de  faux  préjugés  égoïstes,  d'une  économie 
mal  entendue.  Notre  infériorité  du  nombre  a  été  mise  au  grand  jour 
pendant  cette  guerre  !  Que  les  femmes  françaises  se  ressaisissent 
donc,  qu'elles  lisent  avec  profit  cette  étude,  car  elles  n'ignorent  pas 
que  la  femme  vit  pour  donner  la  vie  ! 

Nous  glisserons  sur  le  dernier  chapitre  :  La  Vieillesse  ;  leur  coquet- 
terie nous  en  saura  gré.  Accepter  de  vieillir  est  un  art,  et  cependant 
un  visage  fané,  mais  éclairé  d'un  sourire,  n'a-t-il  pas  encore  son 
charme  ?  Puis  la  couronne  des  petits  enfants  est  là.  récompense 
vivante,  d'une  vie  bien  remplie.       Simone  Tuéron  de  Montalgé. 


Œuvres  de  Charles  Ilermite,  publiées  par  Kmu.k  Picaud.   I'.  IV.  Paris, 
Gaulliicr-Vill;us.  1917,  iti  S  ch;  vi-;)9i  p.  —  Prix  :  2")  fr. 

L'éminent  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  sciences,  nous 
donne  le  (piatrième  et  dernier  volume  des  œuvres  d'IIermite.  recueil- 
lies dans  les  publications  les  plus  diverses  du   monde  entier.   Un 


-  289  — 

pareil  ouvrage  se  refuse  presque  à  rnnalysc,  tant  est  grande  la  variété 
des  sujets  traités.  En  général,  ce  ne  sont  pas  de  longs  mémoires,  mais 
de  courtes  notes  ayant  un  objet  parfaitement  déterminé.  Exception 
doit  être  faite  cependant,  toutes  les  fois  que  l'auteur  aborde  la  théo- 
rie des  fonctions  elliptiques.  En  dépit  de  la  rigidité  du  langage 
matiiématiquc,  on  sent  alors  toute  la  complaisance  qu'il  met  à  déve- 
lopper ses  idées  et  ses  découvertes  personnelles.  Dans  ce  domaine 
captivant  il  fut  longtemps,  en  effet,  le  maître  incontesté.  Citons  en 
particulier  :  Sur  quelques  conséquences  arithmétiques  des  formules 
de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques.  —  Hemarcjues  sur  la  décom- 
position en  éléments  simples  des  fonctions  doublement  périodiques. 
—  Sur  la  transformation  des  fonctions  elliptiques.  —  Sur  quelques 
propositions  fondamentales  de  la  théorie.  —  Sur  quelques  dévelop- 
pements, en  série  des  mêmes  fonctions. 

A  côté  de  ces  travaux  dont  la  pleine  intelligence  est  réservée  aux 
seuls  initiés,  on  lira  avec  un  très  grand  intérêt  les  discours,  les 
notices  biographiques,  les  lettres  qui  <(  jettent  quehpie  jour  sur  la 
personnalité  si  curieuse  d'Hermite  »,  pour  reprendre  l'expression 
•  même  de  M.  Picard.  Il  semble  en  effet  qu'Hermite  se  faisait  de  la 
science  une  idée  mystique.  Cette  science  mystérieuse  serait  réalisée 
pleinement  et  intégralement  dans  le  monde  de  l'invisible,  et  se 
dévoilerait  peu  à  peu  à  ses  serviteurs  fidèles  et  dévoués.  Ainsi  s'expli- 
querait la  marche  parfois  extraoïdinaire  du  progrès  mathématique, 
et  surtout  «  le  lien  très  étroit  qui  tout  d'un  coup  est  découvert  entre 
les  théories  en  apparence  les  plus  différentes,  d 

Dans  des  rapports  académiques,  à  sujet  et  à  objet  froidement  déli- 
mités, ces  idées  ne  pouvaient  pas  être  développées  avec  ampleur  ; 
elles  percent  cependant.  Lisez,  par  exemple,  le  magistral  discours 
prononcé  à  l'inauguration  de  la  nouvelle  Sorbonne  où  Hermite  fait 
1  historique  de  l'activité  scientifique  des  professeurs  ses  devanciers  ; 
et  vous  noterez  avec  quelle  complaisance  marquée  il  cite  cette  phrase 
du  mathématicien  Jacobi  :  «  Habemus  hic  praeclaram  exemplum,  nisl 
anima  praeformala  sinl  problemala,  Jleri  posse  iil  vel  ante  ociilos 
posita  gravissima  inventa  non  vidcamas.  » 

Pour  le  philosophe  et  pour  le  savant  qui  s'intéressent  à  l'histoire 
et  à  révolution  des  idées,  les  quatre  Aolumes  des  œuvres  d'Hermite 
seront  une  mine  de  documents  de  premier  ordre,  et  tous  sauront  le 
plus  grand  gré  à  M.  Emile  Picard  d'avoir  mené  à  excellent  terme 
cette  précieuse  publication.  G.  Bertrand. 


LITTÉRATURE 

François  Btiloz  et  ses  amis.  La  Vie  littéraire  sous  Louis-Phi- 
lippe. Correspondances   inédiles  de  F.   Bulo:,  Alfred  de    i'igny,   Brizeux, 
M.u-Jcn  1019.  T.  CXLV.  19. 


—  290  — 

Sainle-Beiive,  Mérimée,  George  Sand,  Alfred  de  Mussel.  elc,  par  Marie- 
Louise  Paim.euon.  Paris,  Calmann-Lévy,  s  d.  (1919),  in-8  de  ii-4(Jl  p., 
avec  plusieurs  illustrations.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

M.  de  Pontuiaiiin  et  Edmond  Biré,  —  Edmond  Biié  surtout,  — 
auraient  été  charmés  en  lisant  ces  Souvenirs  de  «  \ie  littéraire  »  ;  ces 
<(  Correspondances  inédites  )>  auraient  excité  leur  critique,  animé 
leur  verve  et  enrichi  leur  documentation  sur  une  époque  qui  les  pas- 
sionnait. Sans  posséder  les  qualités  de  ces  maîtres,  le  modeste  lec- 
teur peut,  lui  aussi,  glaner  dans  ces  pages  abondantes  en  détails, 
curieuses,  souvent  caractéiistiques,  toujours  instructives  parfois 
même  au  détriment  de  ces  écrivains  chez  qui  la  valeur  morale  était 
rarement  au  niveau  du  mérite  intellectuel.  M"'  Maiie-Louise  Paille- 
ron  ouvre  à  notre  profit,  au  profit  de  la  vérité  histoi  ique,  ses  archives 
de  famille,  les  papiers  de  son  grand-père  François  Hido/,  fondateur, 
directeur  et  inspirateur  de  la  licriic  drs  Deux  Mondes.  Nous  aurons 
trois  ou  quatre  volumes  de  ces  récits  où  les  documents  senchassent, 
et  à  l'avance  nous  nous  en  réjouissons  fort,  ayant  piis  grand  intérêt 
au  tome  premier.  N'exagérons  pas.  ce  sont  les  petits  côtés,  parfois 
inélégants,  de  toute  celte  liltciature  sémillante,  l'envers  du  théâtre 
où  brillèrent  les  grands  acteurs  de  ces  temps-là.  Les  confidences 
les  plus  intimes,  les  plus  typiques  concernent  Edgard  Quinct, 
Gustave  Planche,  Sainte-Beuve  ;  le  premier  apparaît  plus  sympa- 
thique à  ses  débuts  qu'on  ne  le  jugera  plus  tard  ;  le  portrait  de 
Sainte-Beuve  demeure  assez  flatté  ;  de  Mérimée,  figure  égoïste 
et  sceptique,  on  nous  donne  une  lettre  (décembre  1832)  très  cu- 
rieusement amusante  (p.  254)  ;  de  l'intérieur  de  sa  mère  une  des- 
cription très  pittoresque  (p.  26l>),  peut-être  la  meilleure  page  de  ce 
volume  ;  de  Cousin,  un  portrait  à  l'cm porte-pièce  par  la  princesse 
Belgiojoso  (p.  312)  ;  l'affaire  de  ce  Libri,  savant  peut-être,  grand 
homme  de  la  libre-pensée,  et  en  somme  détrousseur  des  biblio- 
thèques publiques  confiées  à  sa  garde,  est  présentée  sous  des  couleurs 
relativement  favorables  ;  des  aventures  passionnelles  de  George  Sand 
avec  Alfred  de  Musset,  le  récit  nous  est  donné  tine  fois  de  plus,  avec 
des  lettres  inédites  adressées  à  Buloz,  le  grand  bailleur  de  fonds, 
généreux  et  confiant,  de  ces  bohèmes  de  la  vie  romantique.  Vingt 
autres  noms  nous  apparaissent  dans  ce  cercle  de  la  liei'iie  à  ses  dé- 
buts et  bientôt  dans  son  plein  succès  ;  il  y  en  a  plusieurs  d'oubliés, 
aujourd'hui  ;  tous  sont  intéressants  à  retrouver,  à  suivre,  à  connaître. 

G.  nu  G. 

HISTOIRE 

1..C  l*i'^trc-sol*la!  «huis  l'hisloiro,  par  Oscau  IIavard.  Paris,  Blond  ot 
(îay,  19KS,   iii-Ki  <le  vni-i4S  p.  —  Prix  :  G  fr.  îiO 

l'u  beau  sujet  dont  ranipleur  domine  les  coïncidences  du  temps 


—  2'.»l    — 

acfdol  ;  M.  Osrar  Ilavard  l'a  traitt-  amplomeiil.  Il  tracn  un  vaste 
tableati  d'onsornblo  dopuis  le  temps  des  Césars  juscjuà  nos  jours  ;  il 
y  expose  la  doctrine  de  l'Kfîlise  sur  la  guerre  et  le  service  des  clercs, 
en  montrant  (on  aurait  facilement  cru  tout  le  contraire)  combien 
souvetit  et  utilement  les  minisires  de  Dieu  ont  pris  et  tlû  prendre 
paît  aux  choses  guerrières.  Luttes  contre  les  Barbares  et  1  Islam, 
contre  les  Normands,  les  Sarrasins  ;  l'évêque  defensor  civilalis,  sou- 
lien  par  les  armes  de  la  paix  publi(jue  ;  les  expéditions  du  xi*'  siècle 
commandées  par  le  Pape  ou  un  cvèque  en  perscimc  ;  les  croisades 
coFiire  Turcs.  Mbigeois,  héréli(pies;  le  clergé  défenseur  du  sol  natio- 
nal j)endant  la  guerre  de  Cent  Ans  ;  etc.  Divers  chapitres  forment 
des  morceaux  d'ensemble  sur  des  points  particuliers  :  la  Chevalerie, 
la  l'apaufé  et  la  Turquie,  la  Ligue  en  Frarice,  les  luttes  fratricides 
inaugurées. par  la  Réforme  et  les  révoltes  protestantes.  —  A  signaler 
des  développements  curieux,  peu  connus,  sur  tout  ce  groupe 
«  d  évêques-généraux  »  du  temps  de  Richelieu.  Le  raccourci  de  l'ac- 
tion du  prêtre  aux  armées  pendant  les  guerres  de  la  Révolution  et 
de  l'Empire  toiirne  un  peu  brusquement  ;  la  matière  était  moi.Ts 
rici"^.  Il  Y  a  des  pages  à  retenir  sur  la  chouannerie  (aussi  bien  en 
ISlri  qu'en  179.3);  sur  la  glorieuse  petite  armée  pontificale  réunie 
pour  la  défense  de  Pie  IX.  Ce  qui  a  trait  à  la  guerre  de  1870  aurait  pu 
être  dévelopi)é  ;  on  a  indiqué  les  points  principaux  des  luttes  soute- 
nues dans  nos  colonies  au  nom  de  la  civilisation  chrétiennepar  nosmis- 
sionnaires.  Naturellement  le  livre  se  termine  par  une  vue  d'ensemble 
à  propos  de  nos  «  prêtres-soldats  »  de  la  guerre  actuelle  ;  des  noms 
glorieux  sont  ici  cités.  L'auteur  n'a  pas  cru  devoir  aborder,  dans  la 
crainte  de  l'écourter,  le  chapitre  capital  du  rôle  de  nos  aumôniers 
militaires.  C'est  en  effet  un  sujet  qui  mérite  une  étude  spéciale.  Pour 
la  forme  on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  une  certaine  préten- 
tion de  style.  Pour  le  fond,  je  ne  doute  pas  de  l'ortliodoxie  rigou- 
reuse de  l'auteur  qui  a  pris  la  plume  en  historien  non  en  théologien. 
J'ajouterai,  pour  finir,  un  compliment  doublé  un  regret  :  les  sources 
histoiiques  indiquées  en  note  sont  nombreuses  ;  pourquoi  n'en  avoir 
pas  dressé  à  la  fin  une  bibliographie  générale  ?  Elle  eût  été  pré- 
cieuse et  eût  ajouté  à  l'utilité  d'un  grand  travail  qui  restera  toujours 
à  consulter.  Geoffroy  de  Grandmaiso.n. 


Lu  France  aa  Maroc,  par'AxnRÉ  Liciitenbkrgeh.  Paris  et  Nancy,  Ber- 
ger-!.evrault,  1918.  in-lG  de  64  p.,  avec  ime  carte.  —  Prix  :  0  fr.  90. 

Le  Maroc  de  1Î)1ÎJ,  par  Hem»y  Dcgard.  Paris,  Payot,  1918,  ln-16  de 
-1S[\  p.  —  Prix  :  4  fr.  oO. 

Au  Maroc.  Marakcch  et  les  ports  du  sud,  par  le  comte  Macrice  db 
Péiugny.  Paris,  Pierre  Roger,  s.  d.  (1918),  petit  in-8  de  235  p.,  avfc 
23  photogravures  hors  texte  et  2  cartes.  —  Prix  :  4  fr. 


202  

Les  Knergies  françaises  au  Maroc,  éludes  économiques  et  sociales,  par 
Je  comle  ue  l\  Hevklikre.  Paris,  Plon-Nourrit,  1917,  iii-8  de  xiv-563  p., 
avec  15  cartes  et  plans.  —  Prix  :  15  fr. 

Voici  quatre  livres  sur  le  Maroc,  quatre  livres  très  différents  les 
uns  des  autres,  mais  qui  n'en  méritent  pas  moins,  à  des  titres  divers, 
de  retenir  l'attention.  Il  importe  de  les  examiner  successivement. 

—  Le  premier,  la  France  au  Maroc,  de  M.  André  Lichtenberger,  ne 
fait  que  courir  sur  les  sommets.  C'est  un  aperçu  d'ensemble,  plein 
d'expressions  heureuses  et  de  faits  topiques,  de  l'œuvre  accomplie 
par  notre  patrie  depuis  le  jour  où  elle  a  placé  le  Maghreb  el  Aksa 
sous  son  autorité  jusqu'à  l'heure  présente.  Comme  introduction 
générale  à  des  lectures  plus  développées,  comme  cadre  où  faire  entrer 
graduellement  des. notions  plus  complètes  et  plus  précises,  on  ne 
saurait  souhaiter  mieux  ;  par  la  clarté  de  son  exposition,  par  l'heureuse 
proportion  de  ses  différentes  parties,  parleur  rigoureux  enchaînement, 
M.  André  Lichtenberger  a  su  faire  un  travail  vraim.ent  lumineux, 
très  intéressant  et  très  instructif  à  la  fois.  Ceux  qui  savent  s'en  ser- 
viront comme  d'un  mémento  ;  pour  les  autres,  ce  sera  une  révélation. 

—  M.  André  Lichtenberger  prévoit  que,  dans  quelques  années,  «  le 
Maroc  sera  le  joyau  incontesté  de  notre  empire  »  ;  M.  Henry  Dugard 
pense  de  même,  et  c'est  pourquoi  il  s'efforce  d'appeler  sans  relâche 
l'attention  sur  ce  pays,  d'en  faire  chaque  année  connaître  lesprogics. 
d'y  entraîner  les  hommes  d'action,  «  en  particulier  —  dit-il  —  ces 
jeunes  gens  énergiques  qui  veulent,  après  la  guerre,  venir  faire  for- 
tune dans  nos  colonies  et  nos  pays  de  protectorat.  »  Mais  commeiit 
M.  Henry  Dugard  entend-il  les  convaincre  ?  En  leur  montrant  les 
choses  telles  qu'elles  sont,  en  leur  en  donnant  une  idée  exacte,  en  en 
suivant  l'évolution  au  jour  le  jour.  Voilà  précisément  ce  qu'il  avait 
commencé  de  faire  dans /e  Maroc  de  1917;  voilà  ce  qu'il  continue 
dans  le  Maroc  de  1918,  dont  l'esprit  et  le  but  demeurent  invariable- 
ment les  mêmes  :  .M.  Dugard  ne  quitte  pas  un  seul  instant  le  terrain 
sur  lequel  il  s'est  placé  d'abord,  celui  du  développement  économique, 
agricole,  commercial  et  industriel  de  «  notre  jeune  et  alerte  Maroc.  « 
Des  bibliographies  infra-paginales  et  des  appendices  précis  ajoutent 
à  l'intérêt  de  ce  volume,  où  d'autres  que  les  hommes  d'action  trouve- 
ront à  butiner;  les  historiens  y  relèveront,  par  exemple,  syr  l'inler- 
vention  des  Allemands  au  Maroc,  des  détails  très  dignes  d'être  rete- 
nus et  que,  pour  ma  part,  je  n'avais  encore  jamais  vus  signalés. 

Ou  trouve  également  quelques  détails  de  ce  genre  dans  le  volunu 
(juc  le  comte  .Maurice  de  Périguy  >ieiit  d'écrire  sur  Marrakech  el  les: 
l'orls  <//t  .sa</ du  Maroc.  Après  nous  avoir  parlé  l'année  dernière  df 
Fèa,  la  capUale  du  //o/v/ de  la  contrée,  ce  voyageur  devait  naturelle- 
ment  s'occuper  de  Marraivcch  ;  il  n'y  a  pas  mantiué,  pour  noire  [>lu.' 


—  2Q3  — 

^grand  agrément  cl  pour  riolic  instruction  tout  à  la  fois.  Chargé  en 
efTct,  à  Marrakech,  par  le  général  Lyautcy,  dune  mission  analogue  k 
celle  qu'il  avait  si  bien  remplie  précédemment  dans  la  capitale  du 
nord,  le  comte  Maurice  de  Pcrigny  a  recueilli  sur  le  commerce  et  les 
industries  de  celle  ville,  comme  aussi  sur  les  ressources  de  la  région, 
les  renseignemetils  les  plus  précis  ;  il  en  fait  bénéficier  son  lecteur, 
el  de  même  fait-il  pour  ses  observations  sur  les  populations  diverses 
qui  contribuent  à  rendre  Marrakech  une  ville  capitale,  et  pour  ses 
remarques  sur  les  transformations  de  cette  cité.  Deux  chapitres  con- 
sacrés, le  premier  à  un  aperçu  historique  et  le  second  à  la  politique 
des  grands  caïds,  précèdent  celle  consciencieuse  étude  sur  Marrakech, 
à  laquelle  font  suite  une  description  de  la  région  dont  cette  ville  est 
le  centre  et  une  rapide  esquisse  historique  et  économique  des  trois 
ports  par  où  s'écoulent  les  produits  de  celte  même  région  :  Mogador, 
Saffi  el  Mazagan.  De  bonnes  photogravures  et  deux  cartes  uccom- 
pagricnt  ce  nouveau  travail  du  comte  Maurice  de  Périgny. 

—  Peut-être  trouvera- t-on  dans  Marrakech  et  les  ports  du  sud  un  ou 
deux  passages  où  le  comte  M.  de  Périgny  a  uti  peu  dépassé  sa  pensée 
(cf.,  en  parliculier.  à  la  p.  23,  la  phrase  relative  aux  belles  statues 
qui  ornaient  jadis  le  palais  du  Bedi,  bâti  par  El  Mançour)  ;  rien  de 
tel  dans  les  Énergies  françaises  au  Maroc,  du  comte  de  la  Revelière. 
Ici  nous  ne  sommes  plus  en  présence  d'une  esquisse  d'ensemble,  ni 
d'études  de  détail,  ni  d'articles  de  vulgarisation  constituant  autant 
de  chapitres  d'un  agréable  volume  ;  voici  un  gros  ouvrage  très  tra- 
vaillé, bourré  de  chiffres  et  de  faits,  rédigé  à  la  suite  d'enquêtes  et 
d'observations  sur  place,  contrôlées  et  complétées  par  de  minutieuses 
recherches  dans  les  livres.  Est-ce.  à  proprement  parler,  avec  ses 
tableaux  statistiques,  avec  ses  renseignements  précis  de  toute  nature, 
un  ouvrage  de  vulgarisation  ?  —  Nous  sommes  bien  plutôt  tenté  de 
voir  dans  les  Énergies  françaises  au  Maroc  un  rapport  d'homme  d'af- 
faires, un  rapport  d'ensemble  ou,  si  l'on  préfère,  un  «  état  de  situa- 
tion »,  très  travaillé  et  très  exact,  mais  destiné  à  être  complété,  sur 
chaque  région  géographique  ou  dans  chaque  ordre  d'idées,  par  des 
travaux  de  détail  plus  étudiés  encore  ;  tels  —  pour  n'en  citer  qu'un 
exemple,  —  le  volume  de  M.  J.  Goulven  sur  le  Pays  des  Doakkala, 
ou  encore  les  monographies  du  comte  M.  de  Périgny  dont  il  vient 
d'être  question.  Ce  rapport,  qu'accompagnent  des  annexes,  des  plans, 
des  statistiques  en  très  grand  nombre,  traite  successivement  de  la 
propiiété,  des  villes  principales,  des  voies  de  communication  et  des 
fleuves,  puis  de  l'agriculture,  de  l'industrie  et  du  commerce.  Sa  con- 
clusion est  qu'  «  au  Maroc,  plus  que  partout  ailleurs,  il  ne  suffit  pas 
d'avoir  des  idées  et  de  les  remuer  au  hasard  :  il  faut  les  réaliser  avec 

I  méthode  et  esprit  de  suite,  sans  défaillances  ni  dispersion.  »  Rien  de 


—  294  — 

pins  exact  ;  aucun  conseil  ne  saurait  être  plus  profitable,  surtout 
pour  qui  veut  réussir  là-bas...  Lisez  donc,  vous  tous  qui  voulez  con- 
naître le  Maroc,  le  gros  volume  du  comte  de  la  Revclière,  vous  y 
apprendrez  beaucoup,  et  des  choses  utiles,  et  des  laits  précis. 

Hemii  Froiuevalx. 


Les  FcVrhes  muritimes.  Un  tour  sur  le   Ïtoyger-Bank,  par  Henmu 

Malo.  l*aris,  Bossard,  IHI.S,  iii-lG  de  1^7  p.,  avec  une  carto  cl  8  photogra- 
phies. —  Prix  :  H  fr.  90. 

Le  «  Dogger-Bank  »  n'est  connu,  pour  beaucoup  de  Français,  que  par 
l'attaque,  née  dans  l'imagination  slave,  de  la  flotte  russe  par  des  tor- 
pilleurs japonais,  et  qui  se  serait  produite  en  mer  du  Nord,  dans  le 
voisinage  de  ce  banc.  En  réalité,  cet  épisode  n'est  (pi'une  page,  sans 
importance  réelle,  de  l'histoire  de  ce  célèbre  lieu  de  pèche,  où, 
chaque  jour,  des  centaines,  des  milliers  peut-être,  de  chalutiers 
viennent  récolter  de  quoi  assurer  l'exitence  de  populations  entières. 

M.  Henri  Malo,  qui  connaît  et  aime  la  mer  et  les  marins,  a  été  faire 
un  tour  sur  le  «  Dogger-Bank  »  et  raconte  simplement  ce  qu'il  a  vu,  ce 
qu'il  a  appris,  en  l'illustrant  d'excellentes  photographies.  Ces  pages 
ne  seraient  qu'un  récit  vivant  et  d'ailleurs  fort  intéressant,  si  elles 
n'étaient  complétées  par  un  chapitre  où  l'auteur  compare  les  pro- 
cédés de  pêche  français,  les  mœurs  de  nos  pêcheurs  et  de  nos  arma- 
teurs, avec  ce  qui  se  fait  chez  nos  voisins,  Anglais,  Belges  ou  Alle- 
mands. Et,  vraiment,  les  conclusions  de  ces  études  sont  navrantes. 
Elles  prouvent  que  dans  le  domaine  de  la  pêche,  comme,  hélas  !dans 
bien  d'autres,  la  routine,  la  mauvaise  volonté,  régnent  en  maîtresses 
et  paralysent  tous  les  efforts,  toutes  les  initiatives.  Une  phrase  qui  en 
dit  long,  résume  les  réflexions  terminant  cet  excellent  volume  : 
i(  Notre  production  en  poissons  est  moilié  moindre  que  celle  de  la 
Grande-Bretagne,  avec  un  chiffre  de  pêcheurs  sensiblement  égal.  » 
Dieu  veuille  que  les  leçons  (pii  se  dégagent  du  petit  livre  de  M.  Henri 
Malo  soient  comprises  et  mises  à  profit.  J.  C.  T. 


A'i."  de  .M()r  .liilien  Lotli,  protoiiotaire  apostolique,  <*uré  «le 
Saiiit-Maelou,  par  (]i:oiu;i;s  Loth.  lîouoii,  Laine  ;  Paris,  Técpii  ;  Ilalon. 
1910.  in-S  de  xvi-787  p.,  avec  2  planches. 

,!Mgr  Julien  Loth.  prolonotaire  apostolique  et  curé  de  Sainf-Maclou 
de  Boucn.  aurait  iMobablement  occupé  une  chaire  épiscopale,  si  ses 
opinions  politiques  et  ses  relations  avec  la  famille  d'Orléans  ne  l'en 
avaient  écarté  sous  le  régime  du  concordat  si  néfaste  pour  le  bon 
choix  des  évêquos.  Il  fut  un  éminent  professeur,  un  orateur  éloquent 
et  un  écrivain  dislingué.  Prêtre  d'une  grande  piété,  il  s'acquitta  pen- 
dant de  longues  années  a\cc  un  zèle  iid'aligable  et  un  succès  des  plus 


—  295  — 

heureux  du  iiiiiiislère  dont  il  fut  chargé  dans  son  diocèse.  Et  cepen- 
dant ou  ne  peut  [)as  voir  or»  lui  une  de  ses  grandes  figures  qui  jalon- 
nent riiisloire  de  l'Kglise  de  France.  Aussi  M.  Georges  Lotli,  son 
frère  et  son  historien,  s'eflbrce-t-il  de  justifier  une  biographie  dont 
certaines  personnes  pourraient  mettre  en  doute  l'oppoitunité.  De 
pareils  scrupules  font  lionncur  à  M.  Georges  Lolh,  mais  qu'il  se  ras- 
sure ;  il  aura  l'approbation  non  seulement.des  Normands  cpii  tenaient 
en  si  grande  estime  le  curé  de  Saint-Maclou,  mais  ég^alement  de  tous 
ceux  qui.  en  dehors  de  la  Normandie,  pensent  qu'on  ne  doit  pas  lais- 
ser périr  la  mémoire  des  hommes  qui.  sans  s'être  imposés  à  l'atten- 
tion de  tout  un  pays  par  des  actions  extraordinaires,  ont  honoré  le 
milieu  plus  restreint  où  ils  ont  vécu  par  toute  une  série  d'oeuvres 
de  grande  valeur.  Du  reste,  nombreux  sont  les  lecteurs  qui  éprouvent 
un  charme  plus  grand  à  parcourir  l'histoire  de  personnes  plus  rap- 
prochées d'eux  par  la  simplicité  de  leur  vie  (]ue  celle  des  personnages 
(]ui  les  domit)ent  de  toute  la  hauteur  où  ils  se  sont  placés  et  (pi'on 
appelle  les  grands  hommes.  M.  G.  Loth  a  d'ailleurs  adopté  pour  cette 
biographie  uu  plan  excellent.  S'effaçant  lui-même  le  plus  possible, 
il  laisse  parler  les  faits.  Très  simplement  il  expose  les  détails  de  la 
vie  du  vénéré  prélat  et  met  sous  nos  yeux  les  jugements  portés  sur 
eux  par  les  personnes  que  leur  situation  autorisait  à  les  apprécier. 
Mgr  Loth  avait  écrit  une  cinquantaine  d'ouvrages  historiques.  Or,  la 
plupart  d'entre  eux  nous  deviennent  presque  familiers,  grâce  aux 
extraits  bien  choisis  qui  nous  en  sont  donnés.  Mais  son  œuvre  litté- 
raire la  plus  importante  sans  contredit  fut  la  Semaine  religieuse  du 
diocèse  de  Houcn  qu'il  fonda  eu  18(57  et  dans  laquelle  il  publia  d'in- 
iiombrables  articles  jusqu'au  jour  où  elle  disparut  en  lUOI.  Les  détails 
(jui  nous  sont  donnés  sur  ce  périodique  si  apprécié,  dont  il  fut  l'âme 
pendant  trente-quatre  ans,  nous  apprennent  qu'on  ne  peut  se  dis- 
penser de  le  consulter,  lorsqu'on  veut  étudier  le  passé  historique  et 
littéraire  du  diocèse  de  Rouen.  Eu  somme,  l'intérêt  que  nous  prenons 
à  étudier  la  vie  si  active  de  Mgr  Loth  est  doublé  par  ce  qu'elle  nous 
fait  connaître  des  hommes  et  des  choses  de  la  région  où  elle  s'est 
déroulée,  c'est-à-dire  de  la  Normandie.  Nous  sommes  persuadé  que 
tel  sera  l'avis  de  tous  ceux  qui  liront  cette  biographie  écrite,  nous 
sommes  heureux  de  le  dire,  dans  un  style  très  simple,  très  clair,  en 
résumé  des  plus  agréables.  Léon  Cllgnet. 


BULLETIN 


l.'Exi«l«'nce  de  Dieu,  par  l'ablic  Klclse  Diplessy.  Paris:,  Bonne  Presse,  s.  d., 
'\n-i-2  de  7!»  j».  —  Prix  :  (I  fr.  OU, 

M.  l'abbé  Diiplessy  se  propose  de  publier  un  Cours  supérieur  de  religion. 
Les  premiers  feuillets,  que  nous  avons  ici  réunis  dans  un  opuscule  à  part. 


—  290 


répondent  à  cette  question  :  Dieu  est-il  ?  L'auteur  y  expose  les  arguments 
traditionnels  à  sa  manière  personnelle  qui  est  laite  de  clarté,  de  bonne  foi, 
de  méthode  rigoureuse,  d'argumentation  pressante,  sans  rien  d'encom- 
brant, d'inutile  ou  d'inexpliqué,  dans  un  langage  d'homme  à  homme, 
aussi  direct  et  actuel  que  possible,  pailleté  de  traits  rapides  et  de  réflexions 
lumineuses  d'où  jaillit  un  éclair.  11  serait  diflicile  de  parler  avec  plus  d'ai- 
sance et  d'à-propos  des  plus  hautes  questions.  Souhaitons  d'avoir  à  cons- 
tater au  plus  tôt,  dans  la  suite  du  Cours,  ces  belles  qualités.  (].  !.. 


r]pi«i  de  bon  «iraiii,  paroles  de  lumière  cl  de  pui.r,  par   Alfueu  Bernard,  ^•ariî^, 
Bcauclicsiic.  1018,  in-18  carré  de  262  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Il  n'y  a  pas  d'ivraie  parmi  ces  épis.  Tous  sont  chargés  de  grain,  et  ce 
grain,  répandu  dans  une  tene  bien  préparée,  y  fructifiera  comme  une 
semence  bienfaisante,  favorisant  la  germination  des  idées  les  plus  fécondes 
sur  Dieu,  la  fin  de  l'homme  et  le  but  de  la  vie,  llncarnation  et  l'Eucharis- 
tie, la  vie  chrétienne  et  l'espiit  moderne,  les  œuvres  de  charité,  la  prière 
et  la  mort. 

On  ne  saurait  trop  réfléchir  sur  ces  grands  sujets.  On  se  félicitera  d'y 
être  aidé  par  les  indications  d  un  esprit  à  qui  ce  travail  est  familier. 


L.a  Mystique  d'.\l-<iazzali,  jinr   le  D'    !Mi(.ikl   Asi.-s    P.\i..\cios.  Bcyroiilli  (Sy- 
rie), 1914,  in-4  de  '.il  p. 

Le  Mémoire  de  M  Asin  Palacios,  lu  en  partie  à  la  Semaine  d  ethnologie 
religieuse  de  Louvain,  le  3  septembre  1913.  et  publié  dans  le  tome  ^  Il 
(p.  G7-10i)  des  Mélanges  de  la  Facullé  orientale  de  Beyroidfi.  expose  la  doc- 
trine mystique  d'un  des  plus  célèbres  théologiens  de  l'Islam,  Gazzali  ou 
Ghazali,  surtout  d'après  la  quatrième  partie  de  son  ceuvre  maîtresse  inti- 
tulée :  Vivijlcalion  des  sciences  religieuses.  On  ne  saurait  trop  féliciter  l'au- 
teur de  ec  travail,  la  matière  étant,  comme  il  le  dit  bii-méme,  difficile  à 
résumer  «  à  cause  de  la  subtilité  des  concepts  et  de  ram[)leur  brillante  de 
la  forme.  » 

Après  avoir  énuméré  les  treize  degrés  par  lesquels  Tàme  s'élève  sans 
cesse  vers  Dieu  :  pénitence,  patience,  gratitude,  crainte  et  espérance,  pau- 
vreté, renoncement  au  monde,  abnégation  de  la  volonh-,  amour  divin, 
pureté  et  sincérité  d'intention,  examen  de  conscience,  médilation,  extase, 
il  cor)clut  en  donnant  un  aperçu  des  sources  et  de  l'influence  de  cette 
remarquable  synthèse  philosophico-Ihéologique.  Lmprinitéc  à  la  fois  à  l'is- 
lamisme, au  chrislianisme.  à  la  doctrine  des  Yoghis,  au  juda'ismeessénien, 
et  aux  réminiscences  plotiniei^nes,  elle  a  joué,  depuis  le  w'  siècle,  un  giand 
rôle  dans  la  vie  de  l'Islaïu.  Elle  est  toujours  en  honneur  à  la  Mecque,  au 
Caire,  à  Fez  et  aux  Indes.  Elle  est  à  la  base  de  tous  les  livres  soufis  dont 
se  servent  les  dévots  musulmans.  Elle  a  passé  en  partie,  au  moyen  âge, 
dans  le  rabbinisme  es])agMol  et  provençal  et,  par  lui,  dans  certaines 
(euvies  scolaslitpies  telles  que  le  Pngio  Jidei  du  dominicain  catalan  Uay- 
mon  .Martin.  11.  (îniux. 


A  X«'vv  l>i4-lioiiai*y  l']ngli*<li-Fi>eneli  aiid  Fr«'iieh-I]ii«|li!»li.  M  iV /i;/(/»Y(/ 
proiiuiicialion.    l'aris,    |)i<licr,    l'.)l!S.    ni  ;J2    carlotuir   Jo    n  i(l.)-t-i-2li!>   p.  —  i'ri\    : 

4  II-,  no. 

(le  dicliotMiaire,   é\idemment  destiné  à  junivoir  se  placer  dans  la  poche, 
iéunilen  moins  de  cinq  cent  quarante  jx'liles  pages  le  double  vocabulaire- 


—  2a7  — 

ariRlais-fr.'inçais  ol  français-anglais  ;  on  ne  sora  donc  pas  siii|tris  si  le  ca- 
ractère en  est  un  peu  fin,  quoique  suiTisammenl  dislincl,  el  si  le  papicrcn 
est  un  peu  mince.  Pour  ses  dimensions,  il  est  fort  complet,  plus  coniplet 
môme,  en  ce  point,  que  de  plus  gros  lexiques;  il  contient  en  eflel  nombre 
de  vocables  tecbniques  et  de  termes  de  langage  et  môme  de  l'argot  mi- 
litaire, mis  en  circulation  parla  guerre.  La  prononciation  des  mots  est  li- 
gurée  avec  soin  ;  deux  listes  d'abréviations  anglaises  et  françaises,  dont 
beaucoup  sont  d'usage  assez  récetit,  forment  un  appendice  utile,  que  suit 
un  tableau  com])aralif  des  poids,  mesures  et  monnaies  de  France,  de  la 
('■rando-Hietagiie  et  des  États-Unis.  L'ouvrage  est  estimable  el  commode  : 
il  rendra  des  services.  A.  Baiibk.ai;. 


I„«'    l>«'i*iiiei'   Pt'leriaaçje    <!«'     «    rtloile    o    on    'l'orre-Sainlt-,    par 

B.  IJÉDAOi  I.  Paris,  lionne  i'resse.  s.  d.  (I'JI8)  gr.  in-8  de  O'i  p.,  avec  gravures.  — 


Prix  :  2  fr. 


La  fin  d'un  bateau  est  une  chose  triste,  lamentable,  pénible  au  r.œnr 
d  un  marin.  Or,  quel  bateau  fut  plus  aimé  et,  par  suite,  plus  regretté  que 
u  l'Étoile,  »  si  cber  à  tant  de  pèlerins  ?  Il  était  donc  juste  qu'avant  d'ètie 
livrée  aux  démolisseurs,  <(  i'Kloile  »  fût  célébrée  dignement.  C'est  la  tàclie 
(jue  se  donna  M.  E.  Bédaoui,  en  racontant  le  dernier  pèlerinage  de  '<  l'Etoile  » 
qui,  s'il  ne  fut  peut  être  pas  le  plus  beau  de  tous,  fut  presque  certaine- 
ment le  plus  complet  et  le  plus  réussi.  Les  pèlerins  de  1913  ont  lait,  en 
efTel,  un  merveilleux  voyage  dans  la  Méditerranée  orientale.  Ils  ont  vu 
Corintbe,  Atliènes,  le  Mont  Âthos,  Gonstantinople.  la  Syrie  et  la  Palestine, 
l'Egypte,  Messine  et  Naples.  Ce  long  périple  est  raconté  dans  un  style  sim- 
])!e,  naturel,  très  vivant.  Il  est  émaillé  d'agréables  réflexions  philoso|)liiques, 
de  léininiscences  historiques,  de  jolies  descriptions  et  l'ensemble  forme  un 
volume  intéressant,  dune  lecture  très  facile.  J.  C.  T. 


CHRONIQUE 


Nécrologie.  —  Avec  M.  Maurice:Br;LLOM,  la  science  perd  un  érudit  de 
premier  ordre  ;  il  s'est  éteint  le  5  mai  dernier.  Né  à  Fontainebleau,  le 
10  août  1863,  il  fut  élevé  au  lycée  du  Puy,  continua  successivement  ses 
études  au  collège  de  Beauvais  et  au  Collège  Stanislas,  entra  à  l'École  des 
mines,  puis,  élève  de  lÉcoIe  polytechnique,  il  sortit  dans  la  promotion  de 
18Si,  prit  sa  licence  en  droit  el  fut  nommé  en  1906  professeur  à  l'École 
des  mines  (section  d  économie  industrielle)  et  ingénieur  en  chef  de 
première  classe  en  l'911.  Membre  des  Sociétés  d'économie  politique,  de 
statistique,  d'économie  sociale,  de  législation  comparée,  etc.,  il  prit  part  à 
de  nombreux  congrès.  Parmi  les  travaux  qu'il  a  publiés  on  peut  citer  :  Les 
Caisses  de  secours  el  d'assurance  pour  les  ouvriers  mineurs  du  dislricl  de  Frei- 
berg  fSnxe  royale)  Vaix-s,  1890.  in-8);  —  De  l'Élal  actuel  de  la  léijislalion 
élrangère  relative  à  la  réglementation  du  travail  des  adultes,  des  Jemmes  el  des 
enfants  (Paris,  1890,  in-8)  ;  —  Élude  de  la  législation  allemande  en  matière 
d'assurance  contre  la  maladie  d'après  le  projet  de  loi  du  2?  novembre  tS90 
(Paris,  1891,  in-8);  —  Élude  des  coefficients  de  risques  adoptés  en  Autriche 
en  matière  d'accidents  du  travail  (Paris,  1890,  in-8)  ;  —  Étude  des  clahlisse- 
menls  d'assurance  contre  les  accidents,  inslilués  en  Aulriclte  par  la  lui  du 
28  décembre  1887  (Paris,  1891,  in-8i  ;  —  Élude  sur  la  loi  allemande  relative  à 


—  298    -■ 

l'industrie  et  sur  les  projets  de  modification  dont  elle  a  été  l'objet  (Paris,  1891, 
iii-8)  ;  —  Élude  sur  les  tribunaux   indut^lriels  allemands  (Paris,  J89I,  iii-8)  ; 

—  Note  sur  le  projet  portant  modification  de  la  loi  allemande  relative  à  l'in- 
dustrie (l^aiis,  1801,  in-8)  ;  -  De  l'Organisation  des  caisses  de  secours  pour 
les  ouvriers  mineurs  en  Autriche  (Paris,  1891,  in-8)  ;  —  La  Statistique  de  ta 
morbidité  en  Allemagne  et  en  Autriche  (Pitris,  1891.  in-8)  ;  —  Le  Verrier 
d'Hirschtierg,  élude  monographique  de  la  population  ouvrière  d'une  vallée  du 
Riesengebirge  (Basse-Silésie)  (Paris.  1891.  ir)-8)  :  —  Elude  de  l'assurance 
contre  In  maladie,  orf/anisée  en  Autriche  par  les  lois  du  30  murs  ISSts  et  du 
■I  avril  IS89  (Paris.  1891,  in-8)  ;  —  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  ta  Sor- 
tionne  en  1891.  Section  des  sciences  économiques  et  sociales.  Des  organes  insti- 
tués à  iétr(uiger  en  vue  de  faciliter  la  conciliation  et  l'arbitrage  entre  patrons 
)'i  ouvriers  (Piiris,  1892.  in-4)  ;  —  La  Législation  des  sociétés  de  sec(mrs  mu- 
Uiels  devant  le  Parlement  français  (Paris,  1895,  in-8)  ;  —  La  Question  des 
retraites  ouvrières  dans  les  pays  étrangers  (Paris,  1897,  in-8)  ;  —  Études  sur 
la  statislique  des  accidents  dans  les  mines  allemandes  (Paris,  1898,  in-8)  ;  — 
De  la  responsabilité  en  matière  d'accidents  du  travail,  commentaire  de  la  loi  du 
'J  avril  1898  et  des  décrets  du  28  Jévrier  1899,  portant  règlement  d'adminislra- 
iion  publique  pour  l'exécution  de  celte  loi  (Paris,  1899,  in-S);  —  Note  sur  des 
accidents  survenus  dans  l'emploi  des  récipients  de  vapeur  (Paris,  1900.  in-8)  : 

—  Les  nésullats  de  l'assurance  ouvrière  à  la  fin  du  mx"  siècle  CSnncy,  1901, 
in-8). 

—  Lo  folklore  fait  on  France  la  pins  donlonrense  dos  portos  avec  la  mort 
<le  M.  Emmanuel  Cosquin,  décédé  le  18  avril,  à  Vilry-Io-François.  dans  sa 
78°  année.  Né  en  1841  dans  la  même  ville,  il  resta  toujours  lidèlement 
attaché  à  son  lieu  de  naissance,  comme  il  montra  la  même  fidélité  ferme 
et  éclairée  à  sa  foi  religieuse  et  à  sa  foi  monarchic|ue.  Il  avait  fait  ses 
études  juridiques,  mais  il  ne  tarda  pas  à  se  consacrer  entièrement  et 
exclusivement  à  la  recherche  et  à  roxamon  des  traditions  populaires  dans 
lesquelles  il  ne  tarda  pas  à  devenir  un  maître  incontesté,  aussi  estimé  à 
l'étranger  qu'en  France.  La  consultation  des  bibliothè([nes  et  les  relations 
<îpistolaires  qu'il  entretenait  avec  de  nombreux  érudils  lui  fournissaient 
les  éléments  des  beaux  et  nuiltiples  travaux  qu'il  exécutait  dans  le  calme 
tle  sa  retraite  provinciale.  La  Société  des  sciences  de  Vitry-lo-François  le 
comptait  naturellement  an  nombre  de  ses  associés.  Dès  1886  l'Académie 
française  avait  couronné  ses  Contes  de  Lorraine  ;  en  190^  l'Académie  des 
inscriptions  lélut  correspondant.  De  bonne  heure  dos  liens  l'avaient  atta- 
ché à  la  Sociél(''  biblf()ii;ra|)hi(pio  ;  et  la  Revue  des  (piestions  historiques  eut  à 
honneur  de  |)ublier  t|uelqucs-uns  de  ses  mémoires  toujours  si  érudils,  si 
ingénieux  et  d'une  science  si  sûre,  si  hardie  et  si  prudente  à  la  fois.  Nous 
<:iterons  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  Les  Coules  populaires  européens  et 
leur  origine  (Paris,  1873,  in-8)  ;  —  La  ]'raie  et  la  fausse  Infaillibilité  du 
Pape  (Paris,  1873,  in-18)  ;  —  Les  Contes  populaires  et  leur  origine,  dernier 
élut  de  la  ipieslion  (Bruxelles,  1875.  in-8)  ;  —  Contes  popula'ires  lorrains 
recueillis  dans  un  village  du  liarrois,  à  Mouliers-sur-Saut,v  [Meuse),  avec  des 
remanpies  (iNogent-le-Hotrou.  187(5,  in-8)  ;  —  Le  Concile  du  \atican,  son 
caractère,  ses  actes  (Paris,  1877,  in-18)  ;  —  Un  Problème  historique.  A  propos 
(tu  conte  égyptien  des  Deux  Frères  (Le  Mans,  1877,  in-8)  ;  —  Contes  popu- 
la'ires de  l^orraine  comparés  avec  les  contes  des  autres  provinces  de  France  et 
(les  pays  étrangers  et  précédés  d'un  essai  sur  l'origine  et  la  propagation  des 
contes  populaires  européens  (Paris,  1886,  2  vol.  in-8)  ;  —  Congrès  inlernatio- 
nal  des  traditions  populaires  en    Î889.   L'Origine  des   contes  populaires  euro- 


I 

r 

i 


—  299  — 

péeiis  et  les  Uièories  de  M.  Long,  mémoire  présenté  an  Congrès  des  Iradiliong 
populaires  de  I8S9  (Paris,  i891,  in-8)  ;  —  La  Légende  du  page  de  sainte  Éli- 
snbe.Ui  de  Portugal  et  le   Conte  indien   des   fions   Conseils  n'ans,  iW.i,  \n-H)  : 

—  La  Légende  du  page  de  sainte  Elisabeth  de  Portngal  et  les  Contes  orienlanx 
{posl-srriplnm)  (Paris,  MiO'i.  iii-8)  :  —  l'nntaisies  fjibUco-inylhologigiies  d'un 
chef  d'école,  Edmond  Stitchen,  et  le  Polk-Lore  (Paris,  s.  d.,  iii-8). 

—  ho  doclctir  (>iiarlos  I'huïset,  qui  vient  de  mourir  a  S2  ans.  laisse  une 
ipuvre  considérable.  Il  naquit  à  Paris  le  8  février  J83S.  Ai)rès  de  sérieuses 
études,  il  fut  inlerne  dans  les  hôpitaux  de  1S6I  à  18G6.  soutint  brillam- 
ment sa  thèse  en  ■JHOo.  fut  agrégé  à  !a  Faculté  de  médecine,  et,  en  1872. 
devint  médecin  des  hôpitaux  en  même  temps  qu'il  était  nomme  professeur 
à  la  l'acuité  de  médecine.  Lu  1897  il  fut  élu  membre  de  l'Académie  de 
médecine  (section  de  pathologie  médicale).  Citons  parmi  ses  ouvrages  : 
Du  lilinmatisme  aign  et  de  ses  diverses  manifestations  (Paris,  186o.  in-8)  ;  — 
De  l'Oligurie  et  de  Vanarie  hystériques  et  des  vomissements  qui  les  accom- 
pagnent, note  lue  à  la  Société  médicale  des  hopilaux  de  Paris,  dans  la  séance 
du  lli  mars  ifil'i  (Paris,  1873,  iri-8)  ;  —  De  la  Pneumonie  aiguë  et  de  ta 
névrite  du  pneumo-gnstrigue,  pathogénie  de  la  pneumonie  (Paris,  1878.  in-8)  ; 

—  De  ta  Scialique  et  de  sa  nature  (Paris,  1878,  in-S)  ;  —  Des  Matdfestations 
rérébro-spinales  de  la  fièvre  typhoïde,  en  collaboration  avec  le  docteur  Mau- 
rice LetuUe  (Paris,  1879,  in-Sj:  —  De  la  Pneumonie  franche  aiguë,  de  son 
évolution  et  de  sa  crise  (Paris,  1881,  in-8)  ;  —  De  ta  Digihde  dans  les  maladies 
du  cœur  (Paris,  1882.  in-8)  ;  —  L>e  In  Tuberculose  périlonéopleurale  subaiguë 
(Paris,  1884,  in-8;:  —  Notice  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  Xoël  (iueneau  de 
Mussy,  médecin  honoraire  de  l'Hôtel  Dieu  (Paris,  188ô,  in-8)  ;  —  Note  sur  un 
cas  d'endocardite  ulcéreuse  (Paris.  1883,  in-8)  :  —  Sur  une  épidémie  de  fievrif 
typhoïde  qui  a  sévi  à  Pier refonds  en  1880  (Paris.  18S7,  in-8)  ;  —  Des  Séries 
iiiorl)ides  parallèles  (Paris,  189;i,  in-8)  ;  —  Exposé  des  titres  et  travaux  scien- 
tifiques du  D'  Cliarles  Fernet  (Paris,  ■fSgS,  in-8)  ;  —  Rapport  général  à  Mon- 
sieur le  ministre  de  l'intérieur  sur  tes  épidémies  qui  ont  régné  en  Erance  pen- 
dant l'année  1898,  fait  au  nom  de  la  Commission  permanente  des  épidémies  de 
l'Académie  de  médecine  (Melun,  1900,  in-4)  ;  —  De  la  (empresse  hydrolhéra- 
plque  appliquée  sur  la  poitrine  (l*aris,  1903.  in-8)  :  —  Les  Satellites  de  l'al- 
coolisme (Paris,  1906.  in-8)  ;  —  De  la  Propreté,  étude  d'Iiygiène  (Paris,  1909, 
in-8)  :  —  Sur  l'herpès  de  la  peau  et  des  membranes  muqueuses  (Paris,  1910, 
in-8)  ;  —  De  la  Gymnastique  auriculaire  et  de  son  application  au  traitement  de 
ta  surdité  (Paris,  1911,  in-8)  ;  —  De  la  Créosote  dans  le  traitement  de  ta  tuber- 
culose pulmona'ire  (Paris,  s.  d..  in-8)  ;  —  Deux  cas  de  pleurésie  médifvitine. 
l'une  purulente,  l'autre  gangreneuse,  traités  et  guéris  par  la  thoracotomie 
(Paris,  s.  d.,  in-8)  ;  —  De  la  Gymnastique  abdomincde  appliquée  au  traitement 
de  ht  constipation  habituelle  (Paris,  s.  d.,  in-8;  ;  —  De  l'Infection  tuberculeuse 
par  ta  voie  génitale  (Paris,  s.  d..  in-8)  :  —  Des  Injections  intrapleurales  anti- 
septiques dans  les  pleurésies  infectieuses  (Paris,  s.  d.,  in-8)  ;  —  Des  Injections 
intr a- pulmonaires  antiseptiques  dans  le  traitement  de  la  phtisie  pulmonaire 
(Paris,  s.  d.,  .in-8);  —  Paludisme  et  lympliome  (Paris,  s.  d.,  in-8)  ;  —  Des 
Pleurésies  séro-fibrineuses  {classification,  diagnostic,  pronostic)  (Pans,  s.  d., 
in-8)  ;  —  Du  Traitement  antiseptique  direct  des  maladies  inj'eclieases  des  cavi- 
tés séreuses  (pleurésies,  péritonites,  arthrites)  (Paris,  s.  d.,  in-8)  ;  —  Du 
Traitement  des  pleurésies  purulentes  et  infectieuses  par  les  injections  intrapleu- 
rales (Paris,  s.  d.,  in-8). 

—  Sir  John  Pentland  Mah.\ffv.  prévôt  du  Trinity  Collège  de  Dublin,  est 
anort  dans  cette   ville  le  30  avril,   âgé  de  80  ans.  Né  en  Suisse,  à  Chappo- 


1 


—  300  — 

iiaîro,  où  résidaionl  ses  parents,  le  26  février  1839,  c'est  là  et  en  Allemagne 
qu'il  commença  ses  études,  dans  la  maison  de  sa  famille.  Il  les  acheva  au 
Trinity  Collogo  de  Dublin,  où  il  fit  toute  sa  carrière.  Il  y  devint  en  f871 
jirofesseur  d'histoire  ancienne  L'histoire  ne  fut  d'ailleurs  pas  seule  ;i  l'oc- 
cuper et  il  a  donné  quelques  études  philosophiques  remarquées.  Son  pre- 
mier livre  fut  même  une  traduction  d'un  morceau  de  Kuno  Fischer  sur 
Kant  :  A  coinmenlnry  on  Knnl's  crilick  of  Ihe  pure  reason  (London,  1X66, 
in-S).  Ses  principales  publications  sont  les  suivantes  :  Twelue  leclures  on 
primitive  civHi:cdion  (London,  1808,  in-8)  ;  —  Prolegomena  lo  ancient  liislory 
(London,  1871,  in-8);  —  Knnt's  crUicnl  phitosopliy  (London,  1872-1874, 
3  vol.  in-8)  ;  —  Social  life  in  Greece  (London.  1874.  in-8).  souvent  réim- 
primé ;  —  Greek  antiquilies  (London,  1876,  in-8)  ;  —  linmbles  and  slndicf  in 
Greece  (London.  1876,  in-8)  ;  —  The  Allie  oralor  (London,  1870,  in-S)  ;  —  A 
liislory  of  classical  Greek  lileralure  (London,  1880.  2  vol.  in-8)  ;  —  Descaries 
(Edinburgh.  1880,  in-12)  ;  —  OUI  Greek  educalion  (London,  1881,  in-8)  ;  — 
The  Ih'cay  of  modem  preaehing  (London,  1882,  in-8)  ;  —  Alexander's  empire 
(London,  1887.  in-8)  ;  —  Greek  life  and  Ihougld,  from  Ihe  âge  of  Alexander 
to  Ihe  Uoman  compiesl  (London,  1887,  in-8)  ;  —  The  principle  of  Ihe  nrl  oj 
coni.'crsalion  (London,  1887,  in-8);  —  Skelches from  tour  throngh  Ilolland 
and  Germany  (London,  1888,  in-8)  ;  —  Greek  piclures  (London.  1890,  in-8)  ; 
—  Greek  world  under  Roman  Sway  (London,  1890,  in-8);  —  Problems  in 
Greek  hislory  (London,  1892.  in-8);  —  Empire  of  Ihe  Plolemies  (l.oudon, 
189ÎJ,  in-8)  ;  —  A  Snrvey  of  Greek  civilisalion  (London.  1897,  in-8)  ;  —  His- 
iury  ofEgypl  under  Ihe  Ptolemaic  dynasiy  (London,  1899,  in-8)  ;  —  An  epocli 
in  Irish  hislory  :  Trinily  Collège  (London,  1903,  in-8)  ;  —  Progress  of  Ilelle- 
insin  in  Alerander's  empire  (London.  1905.  in-8)  ;  —  Silver  âge  of  Ihe  Greek 
world  (London.  1900,  in-8)  ;  —  Whal  hâve  Ihe  Greeks  clone  for  modem 
civilizalion  (London,  1909,  in-8).  C'est  sous  sa  direction  qu'a  été  faite  la 
traduction  anglaise  de  ïlJisluire  des  Romains  de  V.  Duruy. 

—  M.  Ludwig  CiKir.ER,  qui  est  mort  en  janvier,  était  le  fils  d'un  rabbin 
juif  bien  connu,  Abraham  Geiger.  Né  à  Breslau  le  5  juin  1848,  il  suivit  les 
cours  des  universités  d'Heidelberg,  dcGoettingen  et  de  Bonn.  Privât  docent 
de  littérature  allemande  à  l'Université  de  Berlin  (1873).  il  y  devint  profes- 
seur en  1880.  C'est  surtout  l'histoire  de  littérature  française  et  allemande 
depuis  le  XVI''  siècle  qui  l'occupa.  De  1882  jusqu'à  sa  mort,  il  dirigea  le  Giclhe- 
Jahrliiu'.h.  Il  fut  aussi  le  direcleui-  et  le  fondateur  de  la  Vierleljahrschrifl 
fiir  Kullur  uiid  Lillercûur  der  Renaissance  (I880-I886).  puis  de  la  Zcilschrifl 
fiir  vergleirhende  lJller(dur-Gescliiclile  (  1887-1 8!»  1).  Il  ne  négligeait  pas  non 
plus  les  études  juives  et  il  fut  un  des  collaborateurs  de  la  Zeitsdtrifl  fiir 
die  Geschiclile  der  Juilen  in  Deuischhmd  et  de  l'Allgemeine  ZeiUmg  der  Juden 
qu'il  dirigeait.  ^  oici  ses  principaux  ouvrages  :  Veber  Melanlhons  Oruliocon- 
iinens  hisluriiun  Capnionis  (V\i\uV.Uir[,  1868.  in-8)  ;  —  Dus  Sludium  der  hehrai- 
schen  Sprnche  in  Deutscliland  vont  Fnde  des  /.O.  his  zur  Mille  des  16.  Jahrh 
(Breslau,  1870,  in-8)  :  —  Johann  Renchlin  (Leipzig.  1871.  in-8)  ;  —  (Jeschichte 
der  Juden  in  Berlin  (Berlin,  1871,  in-8j  ;  —  Q'uid  de  Judaeorum  morihus  aiipie 
inslitulis  scrijiloribus  romanis persiutsum  fueril  (Berlin,  1873.  in-8)  ;  —  Pelrarka 
(Leipzig,  1874,  in-8)  ;  —  Millheilungen  ans  Uandschriflen  (Leipzig,  1876, 
in-8)  ;  —  Johann  Rucheins  Bilfrechseu)  (Stuttgart,  187i5,  in-8)  ;  —  Deutsche 
Saliriker  des  xv.  Jahrhs  (Berlin,  1877,  in-8)  ;  — Zur  Enlunckelungs  geschichle 
der  Menschheil  (Stnllgart,  1878.  in-8)  :  —  Der  Ursprung  der  Sprache  (SiwH- 
garl,  1878,  in-8)  ;  -  Renaissance  und  llumanismus  in  Italien  und  Deulschland 
(Berlin,  1882,  in-8)  ;  —  Firlijinnni  (Berlin,  188;»,  in-8)  ;  —  Goethe  und  dier 


301   — 

Renaissance  (Berlin,  i8.S7,  in-8)  ;  —  Vor  humlerl  Jahre  (Braiiiisrhwpig,  lS8î), 
iii-.S)  ;  —  Vorlnuje  tind  l>r.sHc/j<;  (Drcsdori.  1890,  in-8)  ;  —  Augustin,  l^rlntrca, 
Rousseau  (Berlin,  l.S!i3  in-8);  —  Berlin  lOSn-lnW  (Berlin,  i8•^■3-t^îto.  2  vol. 
in-8);        Karoline  von  Gûnde rode  uiid   iliie  Freunde  (Stuttgart.  1895.  iii-S); 

—  Dirhler  und  Franen  (Berlin,  1896-1899,  2  vol.  in-«)  ;  —  Ans  All-Weimar 
(Berlin,  l897,  in-8)  ;  —  i)ie  Cullur  der  Renaissance  in  llnlien  M--'  éd.  de  Tou- 
vr.'igc  de  Jakob  Burrkliardt  'Leipzig,  1898,  :2  vol.  iri-8)  ;  —  Goellie  in 
Frankfurt  a  M.  I7V7  (Frankfurt,  IS94,  in-8):  —  Das  junge  l)entschlan<l  iind 
die  preussische  Censur  (Berlin,  1900.  in-8)  ;.  —  Thérèse  lluher  {Siullgmi, 
19UI,  in-8)  ;  —  Belline  von  Arnim  nnd  Friedrich  Wilhelni  /F  (FrankfnrI. 
1902,  in-8)  ;  —  Ans  CJiamissos  Frûhzeil  (Berlin,  1905,  in-8)  ;  —  Ludwig 
Borne  's  Berliner  Briefe,  IS2S  (Berlin,  l!)0o,in-8j  ;  —  Briefwechsel des  jnngeii 
Borne  nnd  der  flenrielte  Ilerz  (Oldenbnrg,  1903,  in-8)  ;  —  IJ'Jland  's  Briefe 
(Berlin,  1904-1905,  2  vol.  in-8)  ;  —  Das  junge  Deutschland(Rcrnn,  I9U7,  in-8)  ; 

—  Goethe  und  die  .S'etre/i  (Leipzig.  1908,  iii-8)  :  —  Goethe,  sein  Lehen  nnd 
Schajfen  (Berlin,  1910.  in-8)  ;  —  Die  deutsche  Lileratur  und  die  Judfn  (Ber- 
lin, 1910,  in-8)  ;  —  Goethe  's  Briefweclisel  mil  Wilhelui  und  Alexandfr  von 
Uninboldl  (Berlin,  19(l9,  in-8);  —  Abaham  Geiger  (Berlin,  1910,  iii-4)  :  — 
Goethe  und  Pustkuchen  (Berlin,  1914,  in-S). 

—  M.  Georges  Lafenestre,  membre  libre  de  l'Académie  des  beaux-arts 
et  l'un  de  nos  plus  actifs  écrivains  d'art,  est  mort  dans  le  courant  de  mai, 
à  Paris.  Né  le  5  mai  1837  à  Orléans,  il  entra,  une  fois  achevées  ses  études 
classiques  dans  1  administration  des  beaux-arts,  où  il  devait  parcourir  une 
carrière  assez  brillante.  Chef  de  bureau  en  1876,  inspecteur  des  beanx-arls 
en  1879,  il  prit  une  part  active  à  l'organisation  de  la  section  française  aux 
expositions  de  Munich  (1879).  de  Vienne  (1881),  d'Amsterdam  (1883).  d'An- 
vers (1885).  Il  fut  appelé  en  1886  aux  fonctions  de  conservateur  de  la  sec- 
tion de  peinture  du  musée  du  Louvre  et  de  professeur  à  cet  établissement. 
Un  peu  plus  tard  (1889).  Guillaume  lui  confia  la  suppléance  de  son  cours 
au  Collège  de  France.  C'est  en  1892  que  l'Académie  des  beaux  arts  lui 
donna  l'un  de  ses  fauteuils  de  membre  libre.  Ses  travaux  de  criii{|ue  artis- 
tique n'empêchèrent  pas  M.  Lafenestre  de  se  livrer  au  culte  des  Mu.*ies. 
Nous  citerons  de  lui,  sans  nous  arrêter  à  sa  collaboration  à  de  nombreuses 
revues  et  journaux  {Revue  contemporaine.  Revue  des  Deux  Mondes,  Moniteur 
universel,  etc.).  les  ouvrages  suivants  :  Les  Espérances  (Paris,  1863.  in-12)  ; 

—  Idylles  et  chansons  (Paris,  1873,  in-12)  ;  —  Le  Livre  d'or  du  Salon  (Paris, 
1879-1890,  in-4)  ;  —  L'Art  vivant,  la  peinture  el  la  sculpture  aux  Salons  de 
18G8  à  1877  (Paris  1881,  in-12);  —  Bartolomeo  (Paris,  1882,  in-1-2)  :  — 
Maîtres  anciens,  études  d'histoire  et  d'art  (Paris.  1882,  irj-8)  ;  —  Histoire  et 
description  du  Musée  de  Montpellier,  avec  Ernest  Michel  (Paris,  1884,  gr.  in-8)  ; 

—  La  Peinture  italienne  (Paris,  1885.  in-8)  ;  —  La  Vie  el  l'œuvre  de  Titien 
(Paris,  1886,  in-fol.)  ;  —  Exposition  universelle  des  beaux-arts,  dix  années  de 
Salon  {1879-I8S8}  (Paris,  1889,  gr.  in-8)  ;  —  Poésies  (Paris,  1889,  in-16,  ;  - 
Salon  de  IS87  (Paris,  1889,  in-4)  ;  -  La  Peinture  en  Europe,  avec  Eugène 
Richemberger  (Paris,  1893-1905,  in-\Q)  ;  — La  Fontaine  (Paris,  1895,  in-16). 

—  La  Tradition  dans  la  peinture  française  (Paris,  1898.  in-12)  ;  —  Artistes  et 
anmtears  (Paris,  1899,  in-8);  —  Images  fuyantes  (Paris,  1902,  in-l:2)  :  - 
L'Exposition  des  primitifs  françjis  (Paris,  1904,  in-4)  ;  —  Jehan  Fourpiet 
(Paris,  1904,  in-4)  ;  —  Les  Primitifs  à  Bruges  et  à  Paris  (Paris.  190i.  in-8)  ; 

—  ;Uo;/èr«;  (Paris,  1905,  in-16)  ;  —  La  Vie  et  l'œuvre  de  THien  (Paris.  1905, 
in-12);  — ÔO  Dessins  de  Walleau  (Paris.  1907.  in-4)  ;  —  Saint  François 
d'Assise  el  Saronarole  (Paris.  1911.  in-J2)  ;  —  La  Légende  de  saint  François 


—  302  — 

<f/lsstse  (Paris,  1012.  in-12)  :  —   Le  Musée  Jacquemart- André  (Paris.  1914, 
gr.  in-8). 

—  Avec  M.  Paul  Mansion,  mort  à  Gaen  le  2n  avril,  disparaît  nii  des 
représontaiils  les  i)lus  brillants  des  sciences  mathématiques  en  Belgique. 
iN'é  le  3  juin  1S44  à  Marchin-les-lluy,  aussitôt  après  qu'il  eut  passé  eu  l<S(i7 
son  doctoral  ès-scicnces  physiques  et  mathématiques,  il  fut  appelé  à  1  Uni- 
versité de  Gand  (1867)  d'abord  comme  chargé  de  cours,  puis  (1870)  comme 
professeur  extraordinaire  et  cnTin  (1874)  comme  professeur  ordinaire. 
L'Académie  de  Belgique,  après  l'avoir  nommé  correspondant  (1882)  lui 
donna  l'un  de  ses  fauteuils  de  membres  ordinaires  (1887).  M.  Mansion 
qui,  en  même  temps  qu'un  savant  distingué,  était  un  homme  de  foi.  avait 
été  l'un  des  créateurs  de  la  Société  scieulific(ue  de  Bruxelles  ;  il  en  est  resté 
jusqu'au  bout  secrétaire  général,  et  à  ce  titre  il  entretint  de  cordiales 
relations  avec  la  Société  bibliographique.  Voici  la  liste  de  ses  principaux 
ouvrages:  Théorie  de  la  nmUiplicalioit  el  de  la  Ira/tsjorinalion  des  fuiicl  ions 
ellipluines  (Paris,  1870,  in-8)  ;  —  Théorie  des  eqindions  aux  dérivées  par- 
lieUes  du  I"  ordre  (Paris,  1875,  in-8)  ;  —  Élénieids  de  la  théorie  des  déler- 
niinaitls  (Mons,  1X75,  in-8  ;  —  3e  éd.  en  188;2)  :  —  Inlrodnclion  à  la  théorie 
des  déterininanis  (Mons,  1876,  in-8)  :  —  Leçons  d'analyse  infinitésimale  (Mons, 
1877,  in-8)  ;  —  Tables  de  logarithmes  à  douze  décimales  (Bruxelles,  1877, 
in-8)  ;  —  Résumé  du  cours  d'analyse  infinitésimale  (Gand,  1877,  in-8)  ;  — • 
Théorie  des  nombres  (Gand,  1878,  in-8)  ;  -  Application  (/éométricjue  du  cal- 
cul différentiel  (Gand,  1881,  in-8)  ;  —  ('.ours  d'analyse  infinitésimale  (Gand, 
1882,  in  4)  ;  —  Mélanges  mathématiques  (Gand,  1882,  in-8)  ;  —  Calcul  inté- 
gral (Gand,  1883,  in-8)  ;  —  Tliéorie  de  l' êlimiiKdion  entre  deux  équations 
(d(]ébriqaes  au  moyen  des  déterminants  (Paris,  1884.  in-8)  ;  —  Esquisses  de 
l'histoire  du  calcul  infinitésimal  (Paris,  18S7,  in-8)  ;  —  Le  Graduai  (Gand, 
1889,  in-8),  avec  M.  de  Ceuleneer  ;  —  Notes  sur  la  géométrie  euclidienne  et 
la  géométrie  non  euclidienne  (Gand,  1891.  in-8)  ;  —  Travaux  scientifiques  de 
L.  Ch.  (îilbert  (Paris,  1893,  in-8)  ;  —  Les  Principes  fondamentaux  de  la  géo- 
métrie, de  la  mécanique  et  de  l'astronomie  (Paris,  1893,  in-8)  :  —  Précis  de 
la  théorie  des  fondions  hyperboliques  (Paris,  1884,  in-8)  :  —  Premiers  Prin- 
cipes de  ta  métagéométrie  (Paris,  1896,  in-8)  ;  —  Travaux  géomélri<iues  de 
/'.'.  Ch.  Catalan  (Bruxelles,  189tj,  in-8)  ;  —  Mélanges  mathématiques  (Paris, 
1898,  in-8)  ,  —  La  Réforme  du  programme  de  l'enseignement  moyen  (Tour- 
nay,  1902.  in-8)  ;  —  La  Légende  de  Pascal  (Gand,  1903,  in-12)  ;  —  C>dcul 
des  probabilités  (Paris,  1906,  iii-8;.  Eu  outre  ce  savant  a  donné  une 
collaboration  active  à  plusieurs  recueils  scientificpies  :  à  la  Malhesis,  fon- 
dée par  lui  en  1881,  aux  Bulletins  de  l'Acadénue  de  Belgique,  aux  Annales 
de  la  Société  scientifique  de  Bruxelles,  aux  Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences  de  Paris,  à  la  Revue  des  questions  scientifiques,  aux  Acla  malhema- 
tica,  au  /iultellino  di  bibliografia  e  d'isl.or'ia  dette  scienze  matenudiche.  de 
Boncompagni,    etc. 

—  Avec  Sir  William  (Jrookts,  mort  dans  les  premiers  jours  d'avril  à 
Londres,  disparaît  un  des  maîtres  des  sciences  chiinicpies  en  Angleterre. 
iN'é  le  17  juin  1832,  entré  en  1818  au  Gollege  of  chemislry,  où  il  fut  de  1850 
à  1854  l'assislant  âo  \.  W.  H()fina:«n,  il  devint  en  1855  professeui' de  chi- 
mie au  Trainiug  collège  d(;  Gliester.  En  185!>  il  revint  à  Londres  oi'i  il  fonda 
les  Chemical  neivs.  dont  il  ne  cessa  de  garder  la  direction.  Il  fut  aussi  à 
partir  de  1864  le  directeur  du  (hiarlerly  Jourufd  of  science.  Kn  1855  il  avait 
découvert  les  sélénocyanides,  eu  1861  le  thallium  ;  en  1875  il  inventa  le 
jadioinèlrc  ;  en  1898  il  fixa  l'azote  aluio>[)iiéri([uc.  Le  s[)inlhariscope,  cous- 


—  w.s  — 

triiit  par  lui  en  1903,  perinol  do  se  rendre  coiiiplo  visuollcinciil  df  1,1  désji- 
gM'^falion  du  radium.  L'analyse  spoclraie.  la  spcctroscopic.  les  radiations 
iiiniiiieiises  ont  ('té  de  sa  part  I  objet  de  beaux  travaux.  C'est  lui  aus>i  cpji 
délerniina  un  quatrième  état  de  la  matière,  l'état  exlra^razeux  où  la  matière 
est  radiante,  l'armi  les  nombreuses  récompenses  (jui  ont  reconiui  les 
nn'-riles  de  ses  travaux,  nous  citerons  la  médaille  d'or  de  nolie  Académie 
des  sciences  (IS.S(J).  qui  se  l'associa  plus  tard  commecorrespondant,  et  celle 
de  la  Society  for  cliemical  industry  (  li)l^).  La  iloyal  Society  de  Londres,  la 
Britisti  Association  for  advancement  of  sciences,  la  Chemical  Society  s'ho- 
noièrtiit  de  lavoir  connue  président  et  un  grand  nombie  de  sociétés 
scieiitiliques  de  tous  pays  le  comptèrent  parmi  leurs  membres.  On  sait 
lintcrèt  qu'il  portait  aux  recherclies  psychiques  et  la  part  considérable 
qu'il  y  a  prise.  Parmi  se.->  publications,  nous  mentionnerons  :  PracUcnl 
Irealixe  on  melallurfjy ,  avec  E.  Robrig  (London,  IStiO.  3  vol.  in-8)  ; —  Select 
melliods  in  chemical  analysis  (London,  1871,  in-8,  plusieurs  fois  réimprimé)  ; 
—  Mamifaclure  of  beei  root  siujar  in  England  (London.  1870,  in-8;;  — 
fieseurches  on  Ihe  plienomena  oj  siiiiiiualisnt  (London,  IST'i,  iri-8)  ;  —  lland- 
boolc  of  dyeiiKj  and  calico  pviniiiuj  (London.  IS8^,  in-8)  ;  —  Dyeimj  and  lissue 
prinlinfj  (London.  188:2.  in-8)  ;  —  Wlieal  ijrohlem  (London,  1890.  in-8j  ;  — 
Solulion  of  llie  seivaiie  question  (London,  1800.  in-S)  ;  —  On  scandinni  (Lon- 
don, 1008-1910.  2  vol.  in-4)  :  -  Diamonds  (London.  1909,  in-12);  —On 
acquired  radioaclivily  (London,  101  i,  in-8):  —  The  préparation  of  eyepre- 
servinq  (ila.fs  for  spectuctes  (London,  1014,  in-4).  De  ses  innombrables  com- 
munications aux  recueils  savants,  nous  signalerons  les  suivantes  :  dans 
les  Chemical  neirs  :  Opacily  of  Ihe  yellow  sodajlame  lo  eiglil  of  ils  own  colonr 
(1863)  ;  Application  of  désinfectants  in  arresting  the  spread  of  Ihe  callle- 
phmtjne  (1800)  ;  Radioactivity  and  Ihe  electrontheory  (1885;,-  —  dans  les 
Philosopitical  transactions  de  Londres  :  On  llialtiiun  (1803)  ;  Atom  icéighl  of 
thalliuni  (1873)  ;  Attraction  and  repidsion  resulling  froni  radiation  (1874- 
d879)  ;  The  trajectory  of  molécules  (1879)  ;  \  iscosily  of  gases  al  high  exhaus- 
lion  (1881);  Radiant  mal  ter  spectroscopy  (18So)  ;  Supposed  new  force  of 
M.  J.  Tliore  (1887)  ;  Spectra  of  Argon  (1805)  :  —  dans  les  Proceedings  of  the 
Royal  Society  de  Londres  :  Photography  of  the  moon  (18.')7)  ;  Measurement  oJ 
the  luininous  intcsHy  of  lighl  (1809);  Repulsion  resulling  froni  radiation 
(1876-1870)  ;  Expérimental  contribution  lo  arc  theory  of  Ihe  radiomeier  {ISlèj  : 
On  a  fonrlh  slate  of  malle r  (1880;;  Radiant  matler  spectroscopy  (1883)  ;  P-ysi- 
tion  of  hélium,  argon  and  kryplo/t  in  the  scheme  of  éléments  (1898)  ;  Victorium 
a  new  élément  (1800)  ;  —  dans  le  Philosophical  magazine  :  \eu^  élément  (1861)  ; 
Al  traction  and  repulsion  accompanying  radiation  (1874)  ;  —  dans  le  Quarterly 
journal  of  science  :  The  Atlantic  cable  and  ils  teachings  (1864):  Expérimental 
investigation  of  a  neiu  psy chic  force  (1871)  ;  .\oles  on  an  enquiry  inlo  Ihe  phe- 
nomena  catled  spiritual  (1874)  ;  —  dans  les  Proceedings  of  the  Royal  Instilute 
de  Londres  :  Genesis  of  Ihe  éléments  (1887)  :  Diamonds  (1897)  ;  —  dans  les 
Annales  de  chimie  :  Sur  la  matière  radiante  (1880)  ;  Études  spectroscopiques 
sur  la  matière  radiante  (1S84)  ;  —  dans  les  Comptes  rendus  de  IWcadèmie  des 
sciences  de  Paris  :  Projection  des  omb'-es  moléculaires  (1879);  Foyer  de  In 
chaleur  des  chocs  moléculaires  (1879)  ;  Contribution  de  la  matière  à  l'état 
ultragazeux  (1880)  ;  Speclroscopie  par  la  matière  radiante  (1885)  ;  Spectres  de 
l'erbine  (1886);  Présence  d'un  nouvel  élément  dans  la  samarskite  (1886); 
Source  de  l'énergie  dans  les  corps  radioactifs  (ISt^O)  ;  —  dans  les  Proceedings 
of  ihe  Society  j'or  psycliical  rescarch  :  \oies  of  séances  with  D.  D.  Home 
(1889-1890)  ;  Presidenlial  address  lo  ihe  British  association  (1898-1899).  On  a 


—  304  — 

trniluit  on  français  :  La  Genèse  des  èlèinenls  (Paris,  1887.  in-I8)  ;  —  Élé~ 
mciûs  el  mélaélêmenls  (T'aris.  1888,  in-18)  ;  —  Recherclies  sur  les  phénomènes 
du  spiriinalisme  (Paris,  187S,  in- 18);  —  Discoun  récents  sur  les  recherches 
psychhines  (Paris.  1903,  in-18). 

—  Lo  général  Stefanik,  qui  a  élc  l'un  des  artisans  les  plus  actifs  de  la 
foiinalion  de  la  Tchécoslovaquie  et  qui  est  mort  si  malheurousenient  et  si 
prénialuiéinent  le  4  mai  à  Presbourg,  dans  un  accident  d'aviation,  n'était 
pas  seulement  un  brillant  et  ardent  oflîcier  ;  c'était  aussi  un  savant  de 
valeur.  Né  en  1889,  fils  d'un  pasteur  slovaque,  élève  de  lUniversilé  tchèque 
de  Prague,  où,  sous  la  direction  de  Zanker.  il  s'était  formé  aux  études 
astronomiques,  il  était  venu  se  perfectionner  à  Paris  et  avait  eu  l'honneur 
de  se  voir  associé  par  Jansen  à  ses"  travaux  de  lObservaloirc  de  .Meudon. 
Après  des  voyages  scientifiques  au  Tibet,  aux  Antilles,  au  Cap  Horn,  et 
ailleurs,  il  était  devenu  en  1907  le  successeur  de  Jansen  à  l'Observatoire 
du  Mont  Blanc.  L'Académie  des  sciences,  qui  reçut  à  diverses  reprises 
l'exposé  de  ses  travaux,  en  consacra  la  valeur  par  ses  n-compenses  Les 
Académies  et  sociétés  savantes  étrangères  s'honoraient  de  le  compter 
parmi  leurs  membres.  Quand  la  guerre  éclata,  il  s'engagea  el  rendit  à  sa 
patrie  d'adoption  des  services  même  d'ordre  scientifique.  .Mtachéà  l'aviation 
dans  le  nord  de  la  France,  il  passa  de  là  en  Serbie  et,  après  un  premier 
accident,  il  ne  tarda  pa>^  à  se  faire  l'apôtre  de  la  Tchécoslovaquie.  En  Rus- 
sie le  généralissime  Alexeief  lui  donna  des  pouvoirs  pour  la  constilulion 
d'une  armée  tchécoslovaque  Parti  simple  soldat  au  début  de  la  guerre,  il 
était  général  en  juin  1918.  Nommé  ministre  de  la  guerre  lors  de  la  créa- 
tion de  l'État  tclié('oslovaque,  il  se  disposait  à  rentrer  dans  son  pays  quand 
il  fut  victime  de  l'accident  qui,  en  mettant  fin  à  sa  couile  et  glorieuse  car 
rière,  priva  son  pays  d'un  de  ses  plus  utiles  serviteurs 

—  M.  Ernest-Charles-Edmond  Dumont,  qui  est  mort  le  10  mai  dans  sa 
72e  année,  n'était  pas  seulement  un  libraire  antiquaire  bien  connu  des 
amateurs,  de  ceux  surtout  qui  s'intéressaient  aux  choses  de  Normandie. 
C'était  aussi  un  érudit  et  un  curieux,  passionné  pour  les  vieux  ovnrages, 
pour  les  recherches  anciennes,  pour  l'histoire  du  passé.  11  connaissait  les 
livres  et  ne  les  aimait  pas  seulement  pour  leur  valeur  marchande  et  pour 
le  profit  matériel  qu'il  en  pouvait  retirer,  mais  aussi  pour  ievu'  coiilenu  et 
pour  la  science  que  l'on  y  peut  pvùser.  C'était»  un  bibliophile  normand  », 
comme  il  sétait  appelé  lui-même  dans  ces  Flâneries  anonymes  publiées 
en  1879  el  années  suivantes.  Membre  de  sociétés  savantes  de  Normandie, 
il  a  publié  quelques  ouvrages  intéressants,  parmi  lesquels  nous  signale- 
rons :  Histoire  de  la  ville  d'IIarJlenr,  en  collaboration  avec  M.  Alfred  Léger 
(Rouen,  1868,  in-8)  ;  —  L'Abl)aye  de  Monlirilliers  (Rouen,  187^,  in-8)  ;  — 
Frniinients  hlsloruines.  Nouvelles  el  légendes  du  pays  de  Caux  {]-G  Havre,  1879, 
in-K»)  ;  —  Hisloire  de  la  ville  de  Montivilliers,  en  collaboration  avec 
M.  Alphonse  Martin  (Fécamp,  1880,  2  vol.  in-lG)  ;  —  LU  Acte  de  piraterie 
sur  remplacement  du  Havre  en  /.5.'>J  (Paris,  l8!)i,  in-8);  —  Xulice  sur  la  vie 
et  les  écrits  de  Louis-Georges-Ouilard  Feudrix  de  Bréquigny.  membre  de  l' Aca- 
démie des  inscriptions  et  de  ï"  Académie  française,  né  à  Moidivittiers  en  1715 
(Rouen,  1897,  in-X). 

—  M.  .lean  .Maktin,  bibliothécaire  archi\isle  de  la  ville  de  Touriuis.  l'un 
des  fondateurs  de  la  Société  des  .\mis  des  aris  et  des  sciences  de  Tournus, 
vice-président  de  la  Société  d'histoireel  darchéologie  de  Chalon-sur-Saône, 
conseivaleur  du  Musée  (îreuze,  corresjjondanl  du  Comité  des  beaux-arts, 
rvl  rnorl  à  Tournus  (Saône  et-Loire),  le  2:2  avril,  à  l'âge  de  près  de  80  ans. 


—  :u):;  — 

(■■Liiil  m- on  celle  \illi'  le  ^ii  juillet  1S3'.I  On  doit  a  M.  Jean  Marlin.  .1  luJit 
et  aiTliéoln<ïnc  (li^lin^MH'^  fie  nombreux  liavaux  d'Iiisfoiie  et  d  archéologie 
locales  parmi  lesquels  il  eonvionl  de  rappeler  :  SépuUiifex  barbares  sous 
ilallex  braies  des  entnroiis  de  Toariiiis  (Màcon,  18!)8);  —  Pierres  tombales  de 
l'éf/lise  de  l'abbaye  de  Tonrnus  (Clialori-sur-Saôiie.  190l)  ;  —  Uécnarerlrs 
archéolo(ji<iaes  dans  les  dépeivlances  de  l'église  abbatiale  de  Tournas  (Màcon. 
1901)  ;  —  Influence  de  bi  dévotion  popnburc  sur  le  monnayage  de  l'abbaye  de 
Tonrnus  (Congrès  arcliôologique  de  Màcon.  1901  j  ;  —  Aouvellea  Dècouverles 
de  sépultures  barbares  aux  environs  de  Tourims  (Chalon-sur-Saône,  1905;  ;  — 
l'ierres  toudmles  et  inscriptions  archéologiques  de  Chaton  (Chalon,  190G)  ;  — 
Votre- Dame  de  Consolation  de  l'église  de  Brienne  (Paris,  1907)  ;  —  Le  Cliàtean 
(l'IJxelles  et  ses  seigneurs,  en  collaboration  avec  M.  C.  .leanton  (Màcon, 
1 90S)  ;  —  Elude  sur  une  Victoire  sfuis  ailes,  statuette  bronze  trouvée  à  Lacrosl 
!  Tournus.  1908)  ;  —  Œuvre  de  J.-B.  Greuze,  catalogue  raisonné  de  ses  <euvres 
(Paris,  1908)  ;  —  La  BUdiothèque  de  Tournus  (Tournus,  1909)  ;  —  Les  Pierres 
louibales  figurées  du  déparlement  de  Haone-et-Loirp,  en  collaboration  avec 
M.  G.  Jeanton  (Paris,  1909)  ;  —  Les  Pierres  tombales  de  la  Bourgogne  (1910  : 
—  Catalogue  du  Musée  de  Tournus  (Tournus.  1910)  ;  — .  Nouvelles  Découvertes 
archéologiques  faites  en  1910  autour  de  l'église  abl)atiale  de  Tournus  (Màcon, 
1911);  —  Devenet,  sculpteur  lournusien  (Tournus,  1912);  —  Répertoire  des 
Jamilles  notables/  de  Tournus  et  de  sa  région,  en  collaboration  avec  M.  C. 
Jeanton  (Màcon,  1913). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Henri  Bkauclair,  ancien  r(»dac- 
teur  en  chef  du  Petit  Journal.  i\u{Quv  de  plusieurs  volumes  de  poésies; 
L'Éternelle  Chanson,  les  Horizontales.  Pentecôte,  les  Déliquescences  en  colla- 
boration avec  le  poète  Gabriel  Vicaire  sous  le  pseudonyme  d'Adorée  Flou- 
pelle,  mort  à  SS  ans.  le  13  mai  ;  —  le  D'^  Pierre-Paulin  Carles,  professeur 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  auteur  de  :  Étude  sur  les  quinquinas 
(Paris,  1871,  in-S)  ;  Sur  la  coloration  artificielle  des  vins  et  sur  les  moyens  de 
la  déceler  (Bordeaux.  1873,  in-8)  ;  Étude  chimique  et  hygiénique  du  vin  en 
général  et  du  vin  de  Bordeaux  en  particulier  (Bordeaux.  1880,  in-8)  ;  Les 
Cahiers  du  laboratoire  et  de  l'officine  (Bordeaux,  1887,  in-8)  ;  La  Diète  lactée 
iBordeaux,  1891.  iu-8/  ;  Le  Pain  des  diabétiques  (Bordeaux.  1891,  in-8)  ;  /.e.s- 
/)érivés  larlriques  du  vin  (Bordeaux.  1892,  in-8)  ;  De  l'Extrait  sec  des  vins, 
son  rôle  alimentaire,  son  influence  sur  la  conservation  du  vin,  sa  valeur  com- 
merciale (Bordeaux-,  ls93,  in  8),  etc.,  mort  le  5  mai  ;  —  François-Henri 
(Jastkts,  membre  de  l'Association  des  journalistes  parisiens,  mort  à 
88  ans,  le  12  avril  ;  —  Armand  Cazaux,  directeur  du  journal  le  Monde 
thermal,  membre  de  l'Association  des  journalistes  parisiens,  mort  le 
20  mars  ;  -  le  D""  Joseph  Charles,  professeur  à  la  Faculté  de  méilecine 
de  Bordeaux,  auteur  de  divers  ouvrages,  entre  autres  :  De  la  Commotion 
labyrinthique  (Bordeaux  1899,  iu-8;  ;  Sur  une  forme  d'hypérémie  pharyngée 
chronique  permettant  de  dépister  l'albuminurie  ou  la  glycosurie,  contribution 
à  l'étude  des  petits  signes  de  ces  deux  affections  (Lyon,  1899,. in-8)  ;  Pemplii- 
gus  des.  muqueuses,  forme  aiguë  et  forme  clironique  récidivante  {BovAomw, 
1902,  in-8),  mort  le  30  avril  ;  —  Xavier  Charmes,  membre  de  l'Institut, 
directeur  honoraire  au  ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts,  où  il  avait  longtemps  dirigé  le  comité  des  études  historiques,  auteur 
de  :  Le  Comité  des  travaux  hisiorhiues  et  scientifiques  (Paris,  1886,  3  vol. 
in-4)  ;  Ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts.  Rapport  au  minis- 
tre sur  la  situation  des  archives  nationales,  départementales,  communales  et 
hospitalières  pendant  l'année  18S6  (1887,  1888  et  1889;  (Lille.  1887-1890. 
Mai-Juin  1919.  T.  CXLV.  20. 


—  306  — 

4  fasc.  in-8),  morl  le  I''  mai  ;  —  Auguste  Dflage,  professeur  à  la  Faculté 
des  sciences  de  Montpellier,  mort  à  68  ans,  le  12  mai  ;  —  leD'  Henri  Domi- 
Nici,  à  qui  l'on  doit  les  notions  les  plus  précieuses  en  radivimlhérapie. 
mort  le  23  mai  ;  —  Caniiile  Dugas,  chroniqueur  judiciaire  du  XIX'  Siècle 
et  du  Malin,  mort  à  1  âge  de  60  ans,  le  29  mars  ;  —  l'acteur  Duquiîsnk,  qui 
laisse  un  recueil  de  vers  où  le  poète  chante  le  pays  angevin,  mort  derniè- 
rement à  Angers  à  l'âge  de  69  ans  ;  —  Ch.  FisciiBAcnKR,  l'éditeur  bien 
connu,  mort  le  11  mai,  à  79  ans  ;  —  (iustave  Gjksvu.lkr.  auteur  de 
romans  et  de  nombreux  contes,  entre  autres  :  Le  Droil  cheiiiin  (l\Tris,  1900, 
in-18)  mort  le  14  avril  ;  —  Henri  Hua,  professeur  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  auteur  du  \onveau  Manuel  coinplel  de  la  dislillalion  de  la  belle- 
rave  en  collaboration  avec  M.  F.  Malepcyre  (Paris,  1901,  in-8),  mort  dans 
le  courant  de  mai  ;  —  l'abbé  Hy,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de 
l'Université  catholique  de  l'Ouest,  qui  a  collaboré  an  Diclionnaire  de  la 
Bible  de  l'abbé  Vigoureux,  pour  lequel  il  a  écrit  de  nombreux  articles  con- 
cernant la  botanique,  mort  récemment  à  Angers  ;  —  Mgr  Edmond-Henri 
.Iaspaiî,  prélat  de  la  maison  de  Sa  Sainteté,  l'un  des  fondateurs  de  la  Croix 
du  Nord,  mort  dans  sa  83"  année,  à  Bon  Secours  (Nord),  le  21  mai  ;  — 
Guillaume  Livet,  journaliste,  auteur  dramatique,  mort  le  46  avril  ;  — 
Charles  de  Mestre,  connu  sous  le  pseudonyme  de  Charles  Martel,  collabo- 
rateur â  la  Juslice  ainsi  qu'au  journal  l'Aurore  et  au  journal  la  Vicloire, 
auteur  de  :  Les  Singes  représenté  au  théâtre  Antoine,  mort  subitement  à 
61  ans.  le  13  mai  ;  —  l'abbé  Paulin  Momquet,  auteur  de  la  Divine  Hisloire 
de  Noire-Dame  de  lourdes,  mort  à  Bagnères-de-Bigone  le  9  mai  ;  —  Mous- 
set,  doyen  des  journalistes  sportifs,  mort  à  Mce  le  20  mai  ;  —  Julien  i>e 
NahfOiN,  collaborateur  au  Figaro,  au  Gaulois  (sous  le  pseudonyme  d'.Wi- 
guste  Diues),  à  la  Revue  hebdomadaire,  à  ï Éclair,  au  Journal  de  Genève,  etc., 
auteur  de  :  Léon  XUL  Pie  X  intime.  Vers  l'Église  libre,  la  Séparalion,  M  m- 
lalemberl.  Louis  Veuillol,  mort  le  4  mai  ;  —  Charles  Plésent.  professeur 
au  lycée  I,ouis-le-Grand,  mort  le  23  mai  ;  —  l'abbé  Etienne  Poui.oux. 
directeur  au  séminaire  d'Issy,  mort  à  39  ans,  le  \"  mai  ;  —  Fernand 
PiuEM.  professeur  honoraire  au  lycée  Henri  IV,  corresponilant  du  Muséum, 
à  qui  l'on  doit  une  Élude  des  poissons  fossiles  dn  bassin  parisien  (Paris,  1908. 
in-i),  mort  le  4  avril  :  —  Paul  Rigom,et,  rédacteur  à  l'Information,  morl 
en  avril  ;  —  Benjamin  Sax.  directeur  du  Mémorial  diplomatique,  mort  le 
17  avril  ;  —  le  chanoine  Charles  Selleteii,  professeur  au  petit  séminaire 
de  Felletin,  puis  à  l'École  de  IN.-D.  de  Guéret,  mort  à  08  ans,  le  11  a\ril  : 
—  M.  L.  Vincent,  professeur  de  l'Université,  mort  à  7;")  ans,  le  7  mai. 

—  A  l'étranger  ou  annonce  la  mort  de  :  Mrs.  Amelia  E.  Bahr,  romancière 
américaine,  auteur  de  ./a/t  red(7t'/-'.s/r//'c'  (1884),  The  Bow  of  orange  ribbon 
(lKS8),'/'/?x'  Slrawberry  hand  Kerchief' (i'M)^),  Playing  wilh  fire  {i9\^).  An 
Urknay  mald  (1917).  etc.,  morte  le  10  mars  à  Richmond  Hill,  L.  S.,  âgée 
de  88  ans  ;  — du  Hév.  H.  C.  Beecuing.  doyen  de  NorSvich.  auteur  notamment 
<le  Pages  from  a  privide  diary,  mort  le  26  février,  et  de  MM.  :  Henry  Martin 
Bi.ossoM,  romancier  et  auteur  dramatique,  qui  s'est  fait  connaître  par 
ses  romans  .  The  Document  in  évidence.  The  Brother  of  Chuck  Me  Cann,  et 
j)ar  une  série  d'opéras  populaires,  né  le  10  mai  1866,  mort  à  New  York 
le  2'i  mars  ;  —  Robert  Bowes,  libraire  antiquaire  de  Londres,  docteur 
honoris  causa  de  l'Université  de  Cambridge,  mort  le  9  février,  à  84  ans  ;  — 
Kenyon  Cox,  peintre  et  critique  d'art,  doni  nous  citerons  :  Old  masiers 
4ind  neui  (1905);  Painlers  and  scnlplors  (1!»07)  ;  The  Classic  point  of  riew 
(191!)  ;   l;7(,s/  and  public   (1914)  mort  dans  sa  Oo"  année,  le  17  mars,  à  New' 


—  :i07  — 

Voik,  dune  .Ttta(|iio  de  pneumonie  :  —  le  D'  Duagiiikscou,  piorcsseiir  de 
la  l'\i(nllé  de  médecine  de  Bucare>l,  (|ui  a  pris  paît  à  plusieurs  congrès  de- 
médecinc  à  Londres  et  à  Paris,  mort  le  29  mars,  a  Paris  ;  —  Knriquc 
EsTEBAN  Santos,  érudH  espagnol,  mort  le  lo  mars  à  Salamaiiquc  ;  —  Her- 
bert lluiitinj^lon  Smith,  naturaliste,  conservateur  du  Muséum  de  l'Uni- 
versité d'\lal)ama.  n»ort  le  22  mars,  dans  sa  OS'  année  ;  —  D'  Etciif.rninc. 
prf)fcsseur  de  chiruigie  à  Copenhague,  mort  à  GS  ans.  le  17  mai  ;  —  (iud- 
mund  (;i;nMt"MissoN,  poète  islandais,  mort  en  mars  ;  —  Henry  Hill  Hoix;- 
SON,  le  libraire  bien  connu  de  Londres,  mort  à  81  ans,  le  J.S  février  ;  — 
Livio  Makchktti,  historien  d'avenir,  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  // 
TrenUiU)  net  rlxoiyiinenlo  (IU\?,.  2  vol.  in-S),  mort  récemment  à  Rome  :  — 
(jino  Om;sti.m;hicl,  l'un  des  représentants  de  la  culture  italienne  dans  le 
Trcntin,  collaborateur  de  l'Arcliiuio  per  iallo  Adige,  dont  on  cite  notam- 
ment une  étude  sur  bi  Giierra  Ira  Sitjismondo  corde  de l  Tirolo  e  la  repabblica 
(H  Vene:ia  iiel  l'r27  (1903-1900,  dans  la  revue  TridenUiin),  mort  le  11  janvier, 
à  Trente,  âgé  de  38  ans  ;  —  Victor  Sâi.nz  de  Robi.ks.  correspondant  de 
l'Académie  d'histoire  de  Madrid,  mort  à  Viaria  (Navarre),  en  mars  ;  —  John 
South  SiiiiDLOCR,  longtemps  critique  musical  de  Tke  Acadeniy.  puis  de  The 
Allieiiaenin,  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  :  l'ianofurle  sotiala,  ils  origiii 
and  derelopinenl  (18  'o,  in-8)  ;  Beelhouen  (1903.  in-12),  mort  le  9  janvier,  à 
76  ans  ;  -  William  Spon.  l'un  des  fondateurs  de  la  grand  firme  de  librairie 
.inglaise,  mort  le  Iti  janvier,  à  Aldwick.  Bagnor  (Sussex)  ;  —  Ludwig 
Sylovv.  éminent  mathématicien  norvégien,  mort  en  septembre,  dans  sa 
riS'  année  ;  —  Prolvopie  Vkkovitch.  publiciste.  mort  à  Paris  le  18  avril  ;  — 
William  W  atson,  professeur  de  physique  au  Collège  impérial  de  science 
et  de  technologie  de  Londres,  auteur  d'un  ouvrage  de  physique  très 
apprécié,  à  qui  1  on  doit  d'importantes  recherches  sar  le  magnétisme  et 
([ui,  directeur  du  Laboratoire  central  en  1915,  s'est  fait  remarquer  pour  ses 
recherches  contre  les  gaz  asphyxiants,  mort  le  3  mars  dans  sa  50"  année. 
Lectures  faites  a.  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  —  Le 
4  avril,  M.  llomolle  communique  un  rapport  sur  les  tumuli  de  Macédoine 
rédigé  par  le  sergent  Key.  archiviste  paléographe,  chargé  de  la  direction 
du  service  archéologique  de  l'armée  de  Macédoine,  à  qui  la  commission 
Piot  avait  attribué  une  subvention  de  2000  francs.  —  M.  Omont  donne 
lecture  d'une  note  du  P.  Delehaye,  bollaudistc,  sur  le  mot  grec  iniereus, 
inconnu  aux  classiques,  et  que  l'on  trouve  dans  de  nombreux  textes  hagio- 
graphiques. Le  P  Uelehaye  établit,  par  une  suite  de  passages  empruntés  à 
diverses  vies  de  saints,  que  ce  mot;5ignifie  :  «  prêtre  indigné  ou  sacrilège». 
—  M.  le  chanoine  Van  deu  Gheyn,  président  de  la  Société  d  histoire  et 
d'archéologie  de  Gand,  expose  de  quelle  façon  il  a  pu  soustraire  à  tous  les 
dangers,  pendant  l'occupation  de  Gand  par  les  Vllemands.  le  merveilleux 
retable  de  a  l'Agneau  'mystique  »  peint  par  Van  Kyck  et  conservé  à  la 
cathédrale  de  Sainl-Havon.  —  M.  Paul  Monceaux  communique  une  ins- 
cri[)lion  inédite  de  Madaiire,  récemment  découverte  par  M.  Joly  dans  les 
fouilles  du  service  des  monuments  historiques  de  l'Algérie,  inscription 
qui.  datant  du  iV  siècle,  figurait  sur  le  tombeau  d'un  vétéran  chrétien.  — 
M.  .\drien  lîlanchet  étudie  un  passage  de  Suétone  d'après  lequel  Auguste 
avait  reçu,  dans  son  enfance,  le  surnom  de  Thurinus,  tiré  du  nom  de 
Thurium.  ville  d'où  sa  famille  était  peut-être  originaire.  —  Le  11  avril.  M. 
l'oucart  éludie  le  décret  par  lequel  les  combattants  de  Phylé,  au  nombre 
d'une  centaine,  selon  Eschyle,  furent  gratifiés  dune  somme  d'argent  et 
d'une  couronne  de  feuillage  en  même   temps  qu'une  inscription  collective 


—  308  - 

fut  gravée  on  leur  lionncur.  —  M.  Théodore  Reinach  présenlc  quelques 
observalions  sur  celle  communication-  —  Le  prince  Michel  Slourdza  donne 
lecture  d'iuie  étude  sur  les  origines  et  les  rapports  de  quelques  poids 
assyro-chaldéens.  —  Le  10.  M.  Paul  Foucart  lit  un  mémoire  sur  un  décret 
athénien  de  l'année  401  qui  statuait  sur  les  récompenses  à  décerner  aux 
métèques  et  aux  étrangers  ayant  concouru  au  renversement  des  Trente  et 
à  la  restauration  de  la  démocratie.  —  MM.  Maurice  Croiset  et  Théodore 
Reinach  présentent  quelques  observations.  —  Le  23  mai,  M.  Edmond  l'ot- 
tier  communique  une  lettre  par  laquelle  M.  Mouret  fournit  des  indica- 
tions complémentaires  sur  les  fouilles  qu'il  poursuit  à  Eusérune,  près  de 
Béziers,  sur  l'emplacement  dune  nécropole  ibérique  du  v^  siècleavant  J.-d. 

—  M.  Babelon  présente  à  l'Académie  les  comptes  rendus  du  congrè> 
français  de  la  Syrie,  qui  s'est  tenu  à  Marseille,  eu  janvier  dernier  :  il  insiste 
sur  l'importance  de  la  tradition  française  en  Syrie  et  sur  lu  nécessité  de 
défendre  dans  ce  pays  nos  intérêts  scientifiques 

Lectures  i  aites  a  l'Acauémie  des  sciences  morales  et  pOLniouES.  —  Le 
•4  Avril,  le  commandant  Weil  lit  une  communication  intitulée  :  Melleriiich 
et  VEnlenle  cordiale.  Une  Dépêche  inédile,  les  inamenvres  et  les  inquiétudes  du 
chancelier.  —  Le  10  mai,  M.  Henri  Welschinger  donne  lecture  d'une  étude 
historique  sur  Bonaparte  el  Washington.  —  Le  i7.  M.  Wincenty  Luloslawski. 
membre  de  la  Commission  scieutificjue  de  la  délégation  polonaise  à  la  Con- 
férence de  la  paix,  lit  une  communication  intitulée  :  La  Conscience -na- 
tionale el  la  Ligue  des  nations  —  Le  23,  M.  Marcel  Marion^  professeur  au 
Collège  de  France,  lit  un  travail  sur  le  Retour  aux  prix  normaux  sous  la 
Révolution  après  la  disparition  du  papier-monnaie. 

Prix.  —  La  Commission  des  antiquités  nationales,  dans  la  séance  tenue 
le  4  avril  par  l'Académie  des  incriptions  et  belles-lettres,  sans  décerner  sa 
première  médaille,  a  attribué  la  seconde  à  M.  le  chanoine  Deslandes 
{Etude  sur  l'église  de  Bayeux)  et  la  troisième  médaille  à  M.  l'abbé  Galabert 
(Moidpezat  de  Ouercy.  Une  première  mention  a  été  ensuite  accordée  à  M. 
Henri  Steiu  (Pierre  Tristan,  chambellan  de  Philippe-Auguste  ;  Conjectures 
*-«r  l'auteur  du  Livre  de  Justice  el  de  plet  ;  Recherches  sur  quelques  fonclion- 
naires  royaux  du  Gatinai.'f).  La  deuxième  mention  à  M.  l'abbé  Dume  (Me- 
mento  des  sources  hagiographies  de  l'histoire  de  Bretagne).  La  troisième  men- 
tion à  M.  H.  Morel  {Le  Croisic,  précis  historique  sur  la  presqu'ile  crosicaire). 

—  Pour  la  premièi'e  fois,  le  prix  11.  A.  (îiles  de  Cambridge  est  décerné 
comme  suit  :  600  fr.  à  M.  Georges  Maspero  {(irammaire  de  la  langue  cam- 
bodgienne) et  200  fr.  au  capitaine  André  Sylvestre,  de  l'infanterie-colo- 
niale,  disparu  dans  le  naufrage  de  «  l'Athos  »,  torpillé  le  17  février  l'.)17, 
pour  ses  recherches  sur  les  Thaï  blancs. 

—  Dans  sa  séance  du  11  avril,  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  a  partagé  le  prix  du  marquis  de  la  Grange  entre  M.  Glovis  Hriinel. 
pour  .son  édition  de  la  17e  de  la  sainte  Énimie  en  ancien  provençal  (600  (i.) 
et  M'"' ÎNicod.  [)Our  son  édition  des  Jeux  partis,  en  ancien  français  dA- 
dam  de  la  Halle  (400  fr.). 

—  Le  10  mai.  l'.Xcadémie  a  partagé  le  prix  Bordin  :  2.000  fr.  à  M.  Weil 
{l^e  Moyen  En^pire  égyptien)  et  1.000  fr.  à  M.  Conti  Kossini.  j)Our  sa  notice 
sur  les  manuscrits  édiiopiens  de  la  collection  d'Abbadie. 

—  L'Académie,  dans  sa  séance  du  23  mai,  a  attriliué  le  prix  Le  Senne, 
de  2.000  fr.  à  M.  llonbauer  et  le  prix  Prost;  de  1.200  fr.,  à  M.  Davillé, 
pour  son  étude  sur  Rar-le-Duc  à  la  fin  du  xvi*  siècle. 

Paris.  —  L'un  des  derniers  travaux  de  M.  Emile    Picot  a  paru    dans  le 


—  301)    — 

I.  XLIV  (lîIlT)  (les  Mrinnirrs  (h.  la  Sociéh!  de  l'hisloirc  de  l^arix  el  de  Vile  de 
France  sous  ce  litre  :  I.a  (Querelle  des  daines  de  Paris,  de  Houeii,  de  MUnn  et 
de  Lyon  au  commencement  du  xvi"  siècle  (Paris,  impr.  Pli.  Konounrd,  1!)17, 
iii-S  de  (10  p.).  Quand,  après  avoir  fait  en  1508  sor)  entrée  solennelle  à 
Honen,  Louis  \II  revint  à  Paris,  les  dames  de  la  capitale  s'entendirent 
poiu-  lui  faire  une  réception  si  brillante  et  si  empressée  (pic  le  Roi  n'aurait 
pas  caché  que  les  Parisiennes  lui  plaisaient  plus  que  les  Houennaiscs,  d'où 
profond  dé|)it  des  Normandes  dont  un  poêle  po[)ulaire,  Maxiniien,  se  fit 
rct:lio  dans  le  Débal  des  dames  de  Paris  cl  de  Rouen  sur  l'entrée  du  fioy  Un 
peu  plus  lard  un  Milanais,  Simcone  Litta,  prit  la  parole  au  nom  des 
(lames  de  Milan,  désireuses  de  se  hausser  au-dessus  des  Parisiennes  et  des 
Houennaiscs  ;  Maximien  se  fit  le  traducteur  de  cette  Uescriptioa  des  dames 
lie  Millau  à  celles  de  Paris  et  de  Rouen.  Les  dames  de  Lyon  s'en  mêlèrent  à 
leur  tour  et  nous  avons  ainsi  la  Rescription  des  femmes  de  Paris  aux  femmes 
de  Lyon,  la  Réformation  des  dames  de  Paris  faicle  par  les  Lyonnaises  et  la 
Heplicque  faicle  par  les  dames  de  Paris  contre  celles  de  Lyon.  Ce  sont  ces 
r\iH\  pelils  poèmes,  dont  M.  Picot  nous  donne  une  édition  collective  ;\ 
ia(pielle  il  a  joint  une  description  biblioirraphiquo  précise  des  éditions 
connues  de  ces  plaquettes. 

—  Dans  son  élude  sur  le  Prince  de  Bismaixk  et  F  Expansion  de  la  France 
en  /1fri<iue  (Paris,  i^edonc  ;  Gamber,  1918,  in-8  de  40  p  ),  M.  E.  Rouard  de 
Card  a  montré  comment  Bismarck  a  témoigné  jusqu'au  moment  de  sa 
disgrâce,  en  matière  coloniale,  d'intentions  pacifiques  à  l'égard  de  la 
France.  Grâce  à  sa  politique  conciliante  et  modérée,  quels  qii^en  pussent 
être  les  mobiles  secrets,  ont  été  réglées  sans  grande  dilïicuH^ plusieurs 
(juestions  plus  ou  moins  importantes,  mais  toujours  délicates  :  les  affaires 
du  Maroc  en  1878-1880  et  les  affaires  de  Tunisie  en  1878-1S80.  puis  celles 
(iu  Congo  et  de  l'Afrique  occidentale  en  1884-1885. 

-  \  tous  les  points  de  vue,  le  tome  I"  des  Travau.x  et  notices  publiés  par 
I'. Académie  d'agriculture  de  France  (Paris,  18,  rue  de  Bellecliasse,  VU",  1918, 
in-8  de  322  p.,  avec  portraits;  est  des  plus  remarquables.  Il  est  ainsi 
composé  :  Hommage  à  la  mémoire  de  Charles  Sébline.  par  MM.  Jules  DcvcUe, 
Jules  Méline  et  Henry  Sagnier  (p.  11-20,  avec  portrait  et  planche).  La 
planche  accompagnant  le  portrait  reproduit  une  plaque  commémorativc 
destinée  à  figurer  dans  la  salle  des  séances  de  l'Académie  ;  elle  porte  cette 
inscription  :  «  A  la  mémoire  de  Charles  Sébline.  membre  de  l'Académie, 
mort  le  10  février  1917,  martyr  de  la  barbarie  allemande  »  ;  —  Notice  bio- 
graphique sur  Jules  Bénard  (né  en  1842  à  Ferrières,  dans  la  Brie,  mort  le 
15  avril  1913),  par  M.  Henry  Sagnier  (p.  21-36.  avec  portrait)  ;  —  Xotice 
l)iographique  sur  ./.  H.  Fabre  (1'  «  Homère  des  insectes  »,  selon  l'expression 
de  Victor  Hugo),  par  M.  E.-L.  Bouvier  (p.  37-54)  ;  —  Notice  sur  la  vie  et  les 
travaux  de  René  Zeiller  (le  maître  de  la  paléontologie  végétale  française,  né 

-à  Nancy  en  1847,  mort  le  27  novembre  19l5),  par  M.  Gaston  Bonnier 
(p.  53-103)  ;  Xotice  biographique  sur  François  Berthault  (9  février  1857- 
12  février  1916).  par  M.  Henry  Sagnier  (p.  107  121,  avec  un  portrait)  :  — 
Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Edouard  Portier  (18  août  1826-1 1  août  1915), 
par  M.  René  Berge  (p.  123-139,  avec  un  portrait)  ;  —  La  Vie  et  les  travaux 
d'Achille  MiiiUz  (le  célèbre  chimiste  et  agronome,  né  à  Soulz-sous-Forêts 
(Bas-Rhin)^  le  10  août  1846,  mort  à  Paris  le  20  février  1917),  par  M.  A.-Ch. 
Girard  (p.  141-184.  avec  portrait)  ;  —  .4.  Chauveau,  sa  vie  et  ses  travaux 
(24  novembre  1827-4  janvier  1917).  par  ^I.  G.  Moussu  (p.  185-206,  avec  un 
portrait)  :  —  Recherches  sur  l'emploi  des  plants  de  pommes  de  terre  impar- 


—  310  — 

failemeni  mûrs,  par  M.  l'Iiilippc-L.  de  \  iliuorin  (p.  207-200)  ;  —  ProdiicUon 
intense  de  In  viande  de  boucherie,  par  MAI.  André  Gouin  et  Pierre  Aiidouard 
(p.  267-284)  :  —  La  Silualion  de  l'aririciillure  en  pays  envahi  (nord  de  la 
France  et  Bet<jiqne),  août  19î^i-niars  1917,  par  M.  H.  Lecq  (p.  285-315)  ;  — 
L' Agriculture  et  la  situation  agricole  dans  le  département  de  la  Corrèze  avant 
la  guerre  (juillet  lOl^iJ,  par  M.  IMorre  Berlliault  (p.  317-300)  ;  —  L'Applica- 
tion de  l'électricité  à  l'agriculture,  \ynv  M.  L.  Dabat  (p.  371-419)  ;  —  La  Mala- 
die du  chêne,  ses  causes  et  son  remède,  par  M.  Lucien  Daniel  (p.  421-440)  ; 
—  La  Vie  et  les  travaux  de  Ferdinand  .Jatnin,  par  M  Maurice  Lcvèque  de 
\  iliuorin  (p.  441-443);  —  Hommage  à  Maurice  Lévêque  de  Vilmorin,  par 
M.  Albin  Haller  (j).  445-448,  avec .  portrait)  :  —  Notices  nécrologii^ues,  par 
M.  Henry  Sagnior  (Henri  Joulie,  Edouard  Prillieux,  Arthur  IJébaut, 
Edmond  Eavalard,  le  marquis  Melchior  de  Vogtié,  Paul  Leroy-Heaulieu. 
hidouard  de  Monitault,  Oscar  Linder,  Philippe-E.  de  Ailmorin,  Honoré 
AudinVed.  Léon  Martin)  (p.  449-484)  ;  —  Notice  sur  Alfred  Mallèvre,  par 
M.  G.  Wery  (p.  485-489)  ;  —  Notice  sur  le  général  William  G.  Le  Duc.  par 
M.  L.-O.  Howard  (p.  48N492)  :  —  L'Agriculture  française  et  la  Guerre,  par 
M.  Henry  Sagnier  (p.    493-520). 

—  En  tôte  du  numéro  de  juillel-décembie  1918  du  Ihdlctin  ilalicn.  revue 
formaul,  depuis  '1901,1a  troisième  section  des  Annales  de  la  Facullé  des  lettres 
de  Bordeaux,  M.  Georges  Radet.  doyen  de  la  Faculté,  annonçait  la  pro- 
chaine transformation  de  ce  périodique,  qui  comptait  dix-huit  années  d'une 
existence  active  et  féconde.  «  La  revue  (|ue  nous  avions  fondée,  écrivail-il,  ne 
disparaît  ])as  ;  elle  va  renaître  sous  le  titre  d'Fludes  italiennes,  publiées  par 
riJinon  intellectuelle  franco-italienne  >■>■  —  Le  premier  fascicule  (janvier  1919) 
de  ces  Études  italiennes  a  paru  à  la  maison  parisienne  d'éditions  Ernest 
Leroux,  par  les  soins  d'un  comité  de  rédaction  de  tiois  membres,  qui 
sont:  M.  Eugène  P>ouvy,  M.  Henry  Hauvette  et  son  collègue  à  la  Sorbonne 
et  notre  très  distingué  collaborateur  M.  Edouard  Jordan.  Ces  trois  noms 
sont  une  garantie  de  succès.  Le  programme  des  Éludes  est  le  même  que 
celui  du  Bulletin,  un  peu  élargi.  «  Notre  ambition,  lit-on  dans  VAvis  aux 
lecteurs,  serait  de  fournir  au  public  français  la  revue  qui  le  renseignerait 
sur  le  plus  grand  nombre  possible  de  points  touchant  à  l'histoire  de  la 
civilisation  italienne  ancienne  et  moderne.  »  —  Voici  quelle  est  la  compo- 
sition de  ce  premier  numéro.  Trois  articles  de  fond  :  Claude  Lorrain  et  le 
paysage  romain,  avec  3  pi.,  par  Pierre  de  Nolhac  ;  Noterelle  concernenli  A. 
de  Vigny,  par  Guido  Mazzoni  ;  Giovanni  Cena,  par  CharloHe  Ilenauld.  Suivent 
deux  aiticles  de  ]ariétés  :  «  Les  Bomains  sont  sots  et  les  liavnrois  sont  fins  ». 
par  H.  Cochin  ;  La  Piave  ou  le  Piave?  par  Hfauvelte).  Enfin,  une  vingtaine 
de  pages  de  Ouestions  universitaires,  de  Bibltugrapliie  (c\u(\  com|)tes  rendus) 
et  de  Glironi'jue.  La  seconde  livraison,  qui  vient  de  paraître,  contient,  en 
outre,  un  Dépouillement  de  Périodiques,  qui  est  une  très  heiueuse  inno- 
va lion. 

—  La  revue  bien  comme  \  ie  à  la  cnutpagne.  qui  avait  interrompu  sa  |)ubli- 
«ation  pendant  la  guerre,  reparaît  mensuellement  depuis  avril.  Le  pério- 
dique {''erutes  et  châteaux  ayant  Hisioruié  avec  la  publication  si  richement 
ot  si  abondamment  illustrée  de  la  tnaison  Hachette,,  le  titre  sera  désormais  : 

Vie  à  la  campagne  et  Fermes  et  châteaux  réunis,  (j'ommepar  le  passé,  la  revue 
s'efforcera  d'être  «  pratujuc  avant  tout  »,  s'adressant  donc  plus  spéciale- 
ment aux  propriétaires,  fermiers,  éleveurs  et  cullivaleurs,  ce  qui  n'empé- 
<'hera  pas  les  gens  de  goût  de  l'apprécier  à  sa  valeur.  Nous  avons  reçu  le» 
livraisons  d'avril  et  de  mai,  tout  aussi  luxueuses  et  intéressantes  que  leurs-i 


—  AM   — 

deviincicrcs  (ia\;ml-mifrio  ;  on  en  Iroiivcrii  le  sominaiic  dans  nolio  l'.iilio 
loclini(|iR'.  Ajouloris  (|ih',  provisoiieiiicnl,  If  prix  de  l'aboiiricmcril  aiirxirl 
rvi-U'  fixé  à  20  Ir.  pour  la  l'ranci'  ot  2.">  fr.  pour  IKtraiigfr  (Paris,  librairie 
Hachelto). 

—  A  la  luriiK"  librairie,  le  [xm  iodi(ju('  illii^lré  inlitiib'  :  J'irdiii.s  el  Ijnsses- 
cours,  (ioveini  très  vile  populaire  pour  ses  nombreux  conseils  piatiipies 
et  sou  |)rix  modique,  reparaît  aussi  deux  fois  par  mois.  Ses  sommaires 
ligurenl  éfralemeiit  dans  notre  Partie  technique.  Abonnement  annuel  : 
Fiance    f3  fr.  ;  Etranger.  8  fr. 

—  Les  Editions-pratiques  el  documentaires  (;iG.  rue  d"Aboukir.  à  Paris) 
nous  envoient  neuf  opuscules  nouveaux  de  chacun  10  pages,  format  petit 
in-10,  savoir:  I.  BihlioUihiue  «  \ic  pratique  :  Droils  eiobluidiions  des  palroiia 
el  des  commis,  employés,  ouvriers,  par  M.  P  -(].  liobert.  avocat  ;  —  Pour 
ncipiérir,  pour  développer  chez  soi  el  chez  les  autres  la  volonté,  Vntlenlion,  le 
Jufiemenl,  l'éuerijie,  la  nudlrise  de  soi.  la  perséuerance.  la  mémoire,  l'esprit 
jtrnlitpie  el  toutes  les  r/ualilés  permetla/d  «  d'arriver  »,  par  M.  J.  Mac  I3urns  ; 
—  Pour  réussir  dans  tous  les  arts,  par  .M.  P. -II.  Delhy  ;  —  Un  Million  parait 
pour  récompenser  vos  mérites  fprix  académiques  et  de  diverses  sociétés)  par 
M.  J.-B.  Mailly  ;  —  Comnwnt  fpupier  de  l'ànjenl  en  collectionnant  les  timbres- 
poste  (anonyme)  ;  —  La  Santé  par  les  plantes  de  voire  jardin,  par  le.  D''  J.-H. 
Sainl-(^lair.  —  II.  liihliolliè(/ue  pratique  de  la  femme  :  Ijes  Plats  français  de 
nos  provinces  les  plus  succulents,  les  plus  délicieux,  les  plus  économiques,  pai- 
M.  1'.  Savarin  ;  —  Ia's  [{émîmes  el  la  préparation  de  leurs  aliments,  par  M. 
M.-A.  (iillin.  —  III.  Bibliothèque  moderne  du  village  :  Pour  lutter  efjicacemenl 
contre  les  celées  prinlanières  par  des  moyens  préventifs,  certains,  peu  coû- 
teux, faciles  à  réaliser,  par  M.  J.-P.  Gamp-Bell.  météorologiste.  —  Le  prix 
de  chacune  de  ces  brochurettes  est  de  U   fr.  2"). 

liRiiTAGNE.  —  M.  le  vicomtc  Hippolyte  Le  (iouvello,  auteur  déjà  de  plu- 
sieurs ouvrages  d'édilicatiot),  publie  les  .lpprjrf//o/is  d'une  âme  du  Purgatoire 
en  /{retagne  (Pnr'is.  Téqui,  1919,  in-l2  de  îJO  p.  Prix:  0  fr.  50).  L'apprécia- 
tion des  faits  de  ce  genre  relève  de  l'autorité  ecclésiastique  ;  nous  ne  pou- 
vons que  les  signaler. 

—  Dans  le  i*"  Cahier  breton,  intilulé  :  \ouvelles  léonaises  (Lannion,  mars 
1919,  in-I2  de  77  p.),  M.  Yves  Le  Febvre  raconte  l'histoire  d'un  ivrogne  de 
neuf  ans,  d'une  fdle-mère  et  d'un  viol  accompagné  d'un  meurtre  et 
suivi  d  un  suicide.  Ce  sont,  paraît-il.  les  mœurs  actuelles  de  la  Basse-Bre- 
tagne athée.  Un  éloge  dithyrambique  de  Jaurès,  qualifie  de  géant,  de  colosse,. 
lui  dont  les  rêves  follement  humanitaires  ont  risqué  de  perdre  à  jamais 
la  France  en  la  livrant  désarmée  à  ses  ennemis,  rachète  mal  ces  hideurs. 

Franche-Comté.  —  D'une  de  nos  lointaines  colonies  nous  arrive  une 
étude  intéressante  sur  un  officier  franc-comtois,  qui  tint  garnison  à  plu- 
sieurs reprises  en  Annam  et  au  Tonkin  et  qui  trouva  la  mort  dans  la 
région  de  Verdun  le  8  août  1916:  Les  Poètes  français  d'Indochine.  Ilenlor 
Ponsol  {Revue  indochinoise  de  mai  I9I8  (p.  471-509,  avec  un  portrait).  Né  ii 
Beaufort  (Jura)  en  1882,  Hettor  Ponsot  ne  fut  pas  seulement  un  excellent 
oHuier  sorti  en  bon  rang  de  Sainl-Cyr,  un  soldat  de  «  courage  parfois 
téméraire  »,  selon  l'expression  de  ses  chefs,  mais  aussi  un  poète  qui  s'an- 
non(,;ait  on  ne  peut  mieux.  Sous  le  pseudonyme  de  Mat-Giang,  M.  René 
Crayssac,  haut  fonctionnaire  français  à  Hanoï,  poète  lui  aussi,  a  écrit  sur 
le  lieutenant,  depuis  capitaine  Ponsot,  des  pages  très  attachantes.  U 
raconte  d'abord,  de  façon  humoristique,  comment  il  fit  connaissance  avec 
l'officier-poète  et   comment   celui-ci  débuta   à   la   Revue   indochinoise,  puis 


-   312 

donna  sa  collaboration  à  la  Plume  iiidorJt [noise,  aulro  péiiodiqiio  d'Hanoi. 
Lauleur,  cuire  (lu'il  reproduit  dans  son  travail  de  nombreuses  pièces 
dlleclor  Ponsot,  qui  le  méritent  amplement,  fait  connaître  aussi  un  cer- 
tain nombre  de  poésies  inédites  qui  ne  le  cèdent  en  rien  à  celles  ayant 
déjà  vu  le  jour.  .loune  talent  fauclié  dans  sa  fleur,  comme  tani  d'autres, 
hélas  !  par  l'horrible  f^uerre  qui  a  si  justement  fini  par  rdlondrement  d*^ 
ceux  qui  l'avaiciil  préparée  et  déchaînée. 

Languedoc.  —  l'nc  sacristie  de  la  basilique  Saint-Scrnin,  à  Toulouse, — 
exemplaire,  admirable  entre  tous,  du  slyle  roman,  —  conlic-nt  des  fresques 
d'un  art  aussi  curieux  pour  l'histoire  de  la  piété  que  pour  celle  du  symbo- 
lisme religieux.  C'est  à  rechercher  les  dates  d'origine  et  à  traduire  le  sen^- 
de  ces  peintures  murales  que  s'applique,  dans  une  élude  érnditc  et  nuan 
cée,  le  membre  actif  et  averti  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la 
France,  M.  l'abbé  Auriol  :  l.es  Fresques  de  la  sacisiie  de  Saint-Serinii  à  Tou- 
louse. (Toulouse,  Privai,  in-8  de  15  p.,  avec  reproductions  photogra- 
phiques). L'histoire  de  sainte  Catherin(;,  vierge  et  inarlyre,  patroime  des 
philosophes,  est  contée  dans  ces  fresques,  et  M.  l'abbé  Auriol  la  reconsti- 
tue, s'aidant,  au  besoin,  des  indications  de  la  Légende  dorée.  Il  y  aussi  un 
Crucifiement  et  un  Couronnement  de  la  Vierge  où  se  lévèle  une  facture 
spéciale  à  la  fin  du  moyen  âge,  ainsi  que  nous  permet  de  le  conjecturer 
avec  une  prudente  sagacité  la  critique  pénétrante  de  M.  l'abbé  Auriol. 

Lyonnais.  —  V Agenda  a(jricole  el  vilicole,  que  M.  V.  Vermorel,  un  maître, 
publie  depuis  trente-quatre  ans,  est  toujours,  par  excellence,  le  vade-inecuni 
du  cultivateur  et  du  viticulteur,  ainsi  (juc  le  prouve  aisément  l'exemplaire 
reçu  par  nous  dernièrement  et  qui  porte  la  date  de  lUiO  (\  iliefranche-du- 
Khône,  librairie  du  Progrès  agricole  et  vilicole,  petit  in-!0  cartonné  toile, 
de  335  p.,  y  compris  les  pages  destinées  à  recevoir  les  notes  journalières, 
i'rix  :  2  fr.  80).  Les  renseignements  que  l'on  trouve  dans  ce  recueil  s'ap- 
jjli(pient  à  tout  (  c  qui  peut  intéresser  pratiquement,  de  façon  directe  ou 
indirecte,  ceux  qui  dirigent  une  exploitation  et  aussi  les  simples  traxail- 
lenrs  des  champs.  En  somme,  guide  précieux  qu'un  format  commode  |)er- 
mel  de  glisser  dans  sa  poche  pour  être  consulté  à  riieurc  même  où  le 
besoin  se  produit. 

NivEiiiSAis.  —  A  lui  seul,  M.  le  colonel  du  Marlray  a  fourni  la  matière 
qui  a  composé  le  o'  fascicule  du  tome  XXV"^  du  Bullelin  de  la  Sociélé  nirer- 
aaise  des  lellres,  sciences  et  arts  (Ncvers,  Gremion  ;  Paris,  Champion,  1!)IU, 
in-8  paginé  509-567, /ivec  5  planches).  Deux  études  :  Les  Équipages  de 
Marie-Josèphe  de  Saxe,  Dauphine  de  France.  Étienne-Denis  de  Pampelune  de 
(jenouilly,  chevau-léger  de  la  garde  du  Roi,  gouverneur  de  Vézelay.  etc. 
(p.  509-548,  avec  5  planch(îs).  «  Ce  ne  sont  pas,  dit  l'auteur,  des  documents 
pour  la  grar)de  histoire  ;  ils  dévoilent  seulement  une  des  splendeurs  encore 
inconnues  de  cette  cour  de  Versailles,  (jni,  imitée  avec  jalousie  dans  toute 
l'Europe,  eut  une  influence  si  considérable  sur  le  progrès  des  arts  et  de 
la  civilisation  »  ;  —  Correspondance  d'un  procureur  génénd  de  la  Cour  impé- 
riale de  La  Haye  (  ISI2).  ,lac(piinot  de  Pampelune  (p.  oi'^-lHJ'l).  Los  pai>iers 
de  la  famille  .lacquiuot,  conservés  au  château  du  Marlray,  «  répondent  à 
une  existence  des  temps  troublés  de  la  dévolution,  de  l'Lmpirc  et  de  la 
Hcstauralion,  é|)Ofpie  peu  documentée  sur  les  situations  privées  de  nos 
provinces.  » 

MoHMANOïK.  —  De  l'active  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne 
nous  devons  signalei-  le  deuxième /.'/j//t;/(/t  du  tome  \\\\  II!  de  sa  publica- 
tion   trimestrielle    (Mençon.    imprimerie    alceiçonnaise,    avril    1!>19,    in-S 


—  3i:j  — 

pigiiii-  c(;f\xiii-(  I  (xwxiii-)-  101-190,  nvoc  2  portraits).  I,osi)agosmini(TOtôos 
et)  chillVcs  roinains  sont  remplies  par  des  hoctuneidx  conccrtuuil.  le  "  Thrc- 
aor  on  Exijlixe  de  !\'<)slre-l)aine  »  il Aleiiron,  publiés  par  MM.  H. -M.  Lef^ros  et 
II.  roiirnoiier.  I.e  roslo  de  ce  Bulletin  est  composé  comme  suit  :  La  Société 
hi&ioriiine  cl  archénloiiique  de  l'Orne  de  lOt'i  à  l'JI'J.  S<i  lâche  d'après  (juerre, 
par  M.  Tounioiicr  (p.  113-1 2;>)  ;  —  lUsloire  de  la  lélégraidiie  à  Argenlnn,  pai- 
M.  Louis  Barbay  (p.  i20-'lo7)  ;  — et  troisliotices  biograpbiqucs  plus  ou 
moins  importantes:  la  premicre  sur  M.. Emile  Picol,  membre  de  l'tnxlilut, 
par  M.  l'abbé  C.  (Juéry  (p.  Ii38-177,  avec  portrait)  ;  la  deuxième,  sur 
M.  Tomerel  {IS39-10I8),  membre  de  la  Société,  par  M.  P.  (lermain-Beaupré 
(p.  178-186,  avec  portrait;  ;  la  troisième  sur  M.  Albert  Cliollel,  vice-présidenl 
de  la  Soc'iélé,  par  M.  le  vicomte  du  Motey  (p.  187-190). 

—  Nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de  signaler  les  discours  prononcés  aux 
obsèques  du  regretté  Kmilc  Picot  par  MM.  Omont  Girard  et  de  Laborde. 
On  les  retrouvera  dans  la  notice  ([ue  consacre  M.  l'abbé  Charles  (îuéry, 
aumônier  du  lycée  d'Evreux,  à  l'ancien  président  de  la  Société  libre  de 
l'Eure,  et  dans  laquelle  naturellement  une  large  part  est  faite  au  côté  nor- 
mand de  la  vie  et  des  travaux  du  grand  érudit  et  bibliophile  :  Société  libre 
d'agr'icuHure,  sciences,  arls  et  belles-lcUres  de  l'Bnre.  M.  Emile  Picot,  membre 
de  ilnslitnl.  ancien  président  de  la  Société  (Evreux,  Impr.  de  l'Eure,  1919. 
in-X  de  M  p.,  avec  un  beau  portrait  et  une  planche),  M.  Paul  Lacombe 
avait  joint  aux  MéUuujes  Emile  Picol,  publiés  en  i913,  la  liste  des  travaux 
de  son  savant  ami.  On  en  trouvera  ici  le  complément  qui  comprend  13  ar- 
licles  nouveaux  (n"'  222-234).  En  outre.  M.  l'abbé  Guéry  a  joint  à  sa  notice, 
en  partie  du  moins,  les  lignes  consacrés  à  M.  Emile  Picot  par  M.  E.  Denis 
dans  le  Monde  slave  et  par  M.  J.   Ursu  dans  la  Houmanie. 

Orléanais.  —  Pour  une  société  savante,  mieux  vaut  être  fortement  eu 
1  etard  dans  la  publication  de  ses  travaux  que  d'avoir  disparu  dans  la  tour- 
mente dont  les  elîets  se  font  encore  trop  sentir.  C'est  le  cas  de  la  Société 
archéologique  et  historique  de  l'Orléanais  qui  a  dernièrement  distribué  un 
fascicule  s'appli(iuanl  aux  premier  et  deuxième  trimestres  de  1918  lic  son 
Bulletin  (Orléans.  Marron  ;  Paris,  Lechevalier,  1919,  in-8  paginé  161-216). 
On  trouve  dans  ce  fascicule  :  Sceau  cl  contre-sceau  d'Él'ienne  Tastesaueur, 
prévol  d'Orléans.  ■])uis  bailli  de  Sens,  par  notre  distingué  collaborateur 
M.  Max  Prinet  (p.  176-181)  ;  —  Nouveau  Trésor  romain  de  Chilleurs,  trouvé 
par  un  fermier  en  creusant  un  silo  près  de  sa  maison,  par  M.  Jules  Baillet 
(p.  182-189)  ;  —  Xotes  pour  servir  à  l'histoire  littéraire.  Du  succès  de  la  pré- 
dication de  Prère  Olivier  Maillarl,  à  Orléans,  en  1^85,  jjar  M.  Jacques  Soyer 
(p.  190-193)  ;  —  Monnaies  romaines  trouvées  au  Temple  de  Craon  fMonlbouy), 
par  M.  Jules  Baillet  (p.  194)  :  —  Le  Sculpteur  des  portes  du  transept  de 
la  cathédrale  d'Orléans,  par  M.  Jacques  Soyer  (p.  193-197).  —  Germain  Vail- 
lant de  Guélis,  évéqae  d'Orléans  {1,'j  10-1087),  par  notre  très  distingué  colla- 
borateur M.  G.  Baguenault  de  Puchessc  (p.  198-209)  ;  —  Musée  de  peinture 
d  Orléans.  Cabinet  des  estampes.  Rapport  sur  la  situation  du  cabinet  au 
31  décembre  1917.  par  le  conservateur,  M.  A.  Pommier  (p.  210-216). 

Poitou.  —  Depuis  le  début  de  la  guerre,  M.  René  Valletle  a  consacré  une 
série  de  notices  aux  Héros  et  martyrs  de  la  Grande  Guerre  (Revue  du  fJas-Poi- 
tou  et  tirage  à  part,  Fontenay-le-Comte^  impr.  H.  Eussaud.  avec  portraits;. 
Aujourd'hui,  il  nous  parle  de  quatre  jeunes  Vendéens  tombés  pour  la 
France,  comme  leurs  devanciers  dont  il  avait,  antérieurement,  célébré  le 
sacrifice  :  le  lieutenant  Auvcrt,  blessé  grièvement  une  première  fois  à  la 
Marne,  le  8  septembre  1914,  une  seconde  fois  en  Belgique,  le  4  février  1913  ; 


—  314  — 

onsevcli  sous  une  oxplosion  causée  par  une  bombe,  le  2  avril  1910.  à 
laltaque  pour  la  reprise  du  fort  de  Vaux  ;  inorlcllenient  frapi)c  à  la  Mal- 
maison,  le  23  octobre  1917  :  quatre  fois  cité  à  l'ordre,  de  rarn)ée.  l,e  sous- 
lieulenanl  Yves  de  Veillechèze  de  la  Mardière.  candidat  à  l'agrégation  des 
Facultés  de  droit,  plusieurs  fois  cité,  tué  à  la  tèle  de  sa  troupe,  entre 
Aubervillers  cl  Grivesnes  (Somme),  le  5  avril  1918.  Conférenci«'r  de  mérite, 
il  avait  collaboré  notamment  à  la  fievne  critique  des  idées  el  des  lirres. 
L'aspirant  Jean  de  Chasleigner.  aussi  plusieurs  fois  cilé,  tombé  à  la  tête 
de  sa  compagnie  de  tirailleurs  algériens,  le  19  juillet  1918  en  marchant  à 
1  attaque  du  village  de  Parcy-Tigny  (Aisne).  «  Digne  héritier  des  hautes 
vertus  des  siens,  il  est  le  troisième  du  nom  qui  donne  sa  jeune  el  belle  vie 
pour  la  France.  Les  Chasleigner  se  sont  toujours  trouvés  là,  aux  jours 
de  péril  national,  pour  défendre  le  sol  de  la  patrie.  »  Enfin  le  caporal 
pilote-aviateur  Guillaume  Rampillon  des  Magnils,  entré,  après  deux  de 
ses  frères,  dans  l'aviation  ;  tué,  en  1917.  dans  un  combat  aérien  contre  six 
monoplans  ennemis,  aux  environs  de  Compiègne.  «  Pilole  très  énergique  », 
a  proclamé  le  général  Humberl.  commandant  la  3'  armée,  dans  la  belle 
citation  posthume  qu'il  lui  a  décernée. 

Itai.ik.  —  Bon  nombre  des  publications  composant  à  ce  jour  la  Collnna 
Colitii  di  conferenze  e  discorsi,  ont  été  annoncées  dans  celte  Revue.  Le  53" 
fascicule  de  la  collection,  œuvre  de  M.  Germaro  di  ÎViscia,  a  pour  titre  :  // 
Fascino  di  Danle  (Clampobasso,  Colitii.  1919,  in-8  de  38  p.  Prix  :  1  fr.).  «  Le 
prestige  que  Dante  exerce  sur  nous,  dit  l'auteur,  commence  avec  sa  vie 
même  ;  la  vie  d'aucun  poète  n'a  une  valeur  éducatrice  comparable  à  celle- 
là.  »  En  somme,  morceau  brillant,  encore  qu'un  peu  incohérent  et  dans 
lequel  on  ne  devra  pas  chercher  quelque  chose  de  bien  nouveau. 

—  Dans  le  langage  métaphorique  des  «  Cruscanti  »,  la  «  tramoggia  », 
ou  trémie  des  meuniers,  figurait  l'urne  oi^i  élaienl  déposées  les  œuvres  sou- 
mises à  l'examen  des  académiciens.  Sous  le  litre  pittoresque  Dalla  «  Ira- 
motjyia  »  (Rocca  S.  Casciano,  Slabilimento  tipografico  L.  Ciappelli,  1918. 
in-12  de  33  p.  Prix  :  I  fr.  50),  M.  Carlesio  Marcoucini,  à  qui  l'on  doit  un 
important  volume  sur  l'histoire  de  l'Académie  de  la  Crusca,  pendant  la 
période  de  ses  origines,  publie  et  commente  ({uelques  pièces  de  vers  (ma- 
drigaux, sonnets,  etc.),  de  la  fin  du  xvif  siècle,  tirées  des  archives  de  l'il- 
lustre compagnie.  Il  insiste  parliculièrement  sur  des  madrigaux  bachi- 
ques de  «  rimpaslalo  1),  c'est-à-dire  de  Miclielangelo  Buonarolli  le  .leune, 
qui  se  trouva  êlre,  eu  quelque  sorte,  le  précurseur  de  Francesco  Redi. 

Macéuoim:.  —  Quand  il  servait  sur  U'  Front  de  Salonique,  où  il  était  com- 
mandant d'infanterie,  notre  distingué  collaborateur  M.  de  Tarlé  a  publié 
dans  la  lieinie  franco-macédonienne  une  élude  inlilulée  :  Soldais  romains  et 
consids  français  en  Macédoine  (Salonique.  l.v|).  «  Avenir  »,  1917,  iu-10  carré 
de  28  p.).  C'est  Tile-Live  qui  a  fourni  à  l'auleur  les  principales  indications 
données  ici  sur  le  rôle  des  Romains  en  .Macédoine  jusqu'à  la  réduction  de 
ce  i)ays  en  quatre  provinces  de  l'empire.  Quanl  aux  consuls  franvais  dans 
cellr  même  région  à  la  fin  du  xvui"  siècle,  c'est  surtout  en  les  faisant  par- 
ler eux-mêmes  que  M.  de  Tarlé  sait  intéresser  le  lecteur.  »  Trois  d'entre 
eux,  dil-il,  Charles  Pouqueville,  Félix  de  Reaujour,  E.-M.  t'ousinory,  après 
avoir  j>arcouru  dans  tous  les  sens  la  Grèce  el  la  Macédoine,  oui  laissé  des 
livres  sur  ces  pays,  ils  y  montrent  une  culture  générale  étendue,  une  éru- 
dition sûre,  une  profonde  connaissance  des  hommes  el  des  choses  de 
l'Orient,  si  bien  qu'après  un  siècle  ces  ouvrages  sont  encore  lus  avec  plai- 
sii- el  piofit  par  ceux  cjui  s'inléresscnl  aux  choses  de  Macédoine.  »  Pages, 
inslruclives  el  amusantes  loul  à    la    fois. 


—  ai5  — 

États-Ums.  —  1,0  vf)liinic  ;j2  (Jo  603  p.  ci  47  pi,  cl  le  \olntiic  53  de 
fi(i'.)  p.  ot  79  pi,  (les  l*n>cee(tiitii.s  i>f  llte  (uili'il  Slntrs  I^alinnal  Muséum  (Was- 
hitiglori,  ('■ovprninciil  prinlinfi:  Ollice.  l'.M  7)  viennent  de  nous  [jiTi  venir. 
En  plus  dos  mémoires  de  MM.  Pan!  Bartsch,  T.  IJ  A.  (iockereii,  William 
Hcaley  I^all.  Charles  W.  Kastnian,  James  VNiiliaiiis  (iidley.  II.  V.  Wickliam, 
figurant  dans  le  premier  de  ces  \olumes,  et  de  ceux  de  .MM.  Paul  liartscli, 
T.  D.  \  Cockcrell.  William  Hcaley  Dali,  Olivier  P.  Hay.  Mobcrt  Tracy  Sou- 
kson,  William  B.  .Marshall.  Mary  J.  Rathbun  et  It.  W.  Sliuleldt.  qui  so 
trouvent  dans  le  second  et  dont  nous  avons  déjà  donné  une  analyse  dans 
notre  revue,  d'après  les  tirages  à  part,  nous  trouvons  encore:  dans  le 
volume  52,  Tropliodisciis,  a  new  sea  slar  J'roni  Kamclinlkn,  par  Walter  R. 
l'isher  (5  p.  3  pi.  ;  1  genre  nouveau,  1  espèce  nouvelle);  Field  noies  on  Vir- 
n'inin  orthoplern.  par  Henry  Fox  (30  p  )  ;  I\'oles  on  Ike  life  hislory  and  ecology 
iif  llie  flirKjonJlies  (Odonnlaf  of  central  Californin  and  Xevada,  par  Clarence 
llamilton  Kennedy  (l.')3  p.  403  (ig  :  3  genres  nouveaux,  3  espèces,  3  variétés 
nouvelles)  ;  Mun^nials  collecled  by  Dr.  W.  L.  Abboll  on  Ihe  chain  of  islands 
lyin  of  Ihe  Western  coast  of  Suntalra,  wilh  descriptions  of  lioenty-i'iotil  neiv 
species  and  siil>species.  par  Marcus  Ward  Fr.  Lyon  {"li\  p.)  ;  A  new  find  oj' 
icleoric  slones  nearc  IHninview.  Haie  Connty,  Texas,  par  George  P.  Merrill 
1  p.  2  pi.)  ;  Momxjraph  of  ilie  i\earctic  hyinenoplera  of  Ihe  (jenus  Hracon 
l'abricius,  par  llarold  .Morrison  (39  p.  4  pi.  :  9  espèces  nouvelles)  ;  /{olaloria 
nf  Los  Angeles,  California,  and  vicinily,  irith  descriptions  of  a  neio  si>ecies, 
par  Frank  J.  Myers  (G  p.  2  pi.  :  I  espèce  nouvelle)  ;  The  birds  of  Baurean 
Island.  Java  Sea.  par  Harry  G.  Oberholser  (16  p.  :  1  espèce  et  6  sous-espèces 
nouvelles)  ;  A  revision  of  Ihe  Bembicine  wasps  of  America  norlh  of  Mexico, 
par  .lohn  Bernard  Parker  (155  p.  230  fig.  :  1  genre  nouveau,  21  espèces 
nouvelles)  ;  Description  oJ  a  new  Goby.  Garmannia  spomjicola  froni  .\'orth 
c.nroiina,  par  Lewis  RadcliiTc  (3  p.  1  fig.)  ;  New  species  of  South  Daliota  cre- 
laceotis  crabs,  par  Mary  J.  Ralhbiin  (7  p.  2  pi.  :  1  superfamille,  1  famille 
nouvelle.  1  genre  nouveau  et  3  espèces  nouvelles)  ;  \orth  American 
earlhivorms  of  the  faniily  Lumbricuhie  in  the  collection  of  the  United  Slales 
\'rdional  Muséum,  par  Franck  Smith  (26  p.)  ;  The  variation  exhibiled  by 
Thamnophis  ordinoides  {Baird  and  Girard),  a  garler  snake  inhabiliny  llie  .San 
Francisco  Peninsula,  par  Joseph  G.  Thompson  (:22  p.)  :  .1  new  species  of 
polychaelous  anelid  from  Panama,  nul  h  notes  on  a  Haicaiian  form,  par  .\aron 
L.  Treadwell  (i  p.  4  fîg.)  ;  On  certain  secondary  sexual  charade rs  in  the  male- 
ruddy  ductc.  Erismatara  jamaicensis  ((ïmelinj,  par  Alexander  Wetmore  (4  p. 
1  lig.).  Dans  le  volume  53:  Gomplais  parvidens.  a  neir  species  of  dragonjly 
from  Maryland,  par  Bertha  P.  Curric  (4  p.  2  pi.)  ;  A  revision  of  hymenopte- 
roas  insects  of  the  Iribe  Cremaslini  of  America  north  of  Mexico,  par  R.  A. 
Cushman  (49  p.)  ;  Eighl  new  species  of  reared  Ichnenmonjlies  icilh  notes  on 
some  olher  species.  par  R.  A.  Cushman  (13  p.)  ;  The  snlamanders  of  Ihe  gênera 
Desmognathus  and  Leurognalhus,  par  Emmctt  R.  Dunn  (41  p.  15  fig.)  ;  Norlh 
American  collemboloas  insects  of  Ihe  subfamily  Onyciiiurinae,  par  Justus  W. 
Folsom  (i'S  p.  12  pi.  :  6  espèces  nouvelles)  ;  Descriptions  of  some  new  para- 
sitic  hymenoptera,  par  .\.  B.  Gahan  (23  p..  1  sous-famille  nouvelle,  1  genre 
nouveau.  25  espèces  et  1  variété  nouvelles)  ;  Notes  and  descriptions  o/' mis- 
cellaneous  Chaleid  jUes  {Hymenoptera),  par  A.  A.  Girault  (6  p.  :  12  espèces 
nouvelles)  :  .1  new  species  of  bear-animalcule  from  the  coast  of  Norih  Caro- 
lina.  par  W.  P.  Hay  (4  p.  1  pi.)  ;  .Some  ejfects  of  environment  and  liabii  on 
captive  lions,  par  ^'.  HoUister  (17  p.  4  pi.)  ;  An  America  i  species  nftfie  hyme- 
nopterous  genus  Wesmaelia  of  Foersler,  par  P.  R.  Myers  (3  p.  :  1  espèce  nou- 


—  3  M)  — 

vello)  ;  .1  ne.r  Americin  parnsile  oflhe  Ilcsaian  fly  (Mayeliola  <L'slruclor  Say). 
par  P.  l\.  Myors  (3  p.  :  J  cspcco  nonvollc)  ;  An  asymmelr'wnl  binl-lonse  fonnd 
on  ihree  dijferetil  specics  of  Iroiipinls,  pur  John  llo^vard  Paine  (2  j).  1  j)!.)  ; 
Oeneric  naines  applii-d  lo  blrds  during  Ifie  years  1906  io  t'Jlô,  inclusive,  ivilli 
addilions  and  corredions  lo  Waterkouse  «  Index  Genernni  Avium  ».  par  Charles 
W.  Uichtnond  (72  p.i  ;  Descriplions  of  lliiiiy-one  new  species  ofhymenoplera, 
par  S  A.  Rohwer  {'IW  p.  1  fîg.)  :  A  report  on  a  colleclion  of  hymenoplcm 
(nioslly  froni  California)  made  by  W.  M.  (îiffard,  par  S.  A.  Rohwer  (17  p.)  : 
The  lype-species  of  Ihe  gênera  of  Ihe  Cynipoidea,  orlfie  gall  rvasps  and  parasiin- 
Cynipoids.  par  S  A.  Rohwer  et  Margarcl  Fagan  (24  p.)  ;  Caban  ampliibiati 
and  repUles  collecled  for  Ihe  United  Slales  National  Muséum  from  1899  lo  J90'J. 
par  Leonliard  Stejneger  (33  p.  128  (ig  )  :  The  color  of  ameUtyst,  rose,  ami 
Mue  varieties  of  quart:,  par  Thomas  L.  Walson  el  R.  E.  Beard  (Il  p.)  ;  l 
remarkable  occurence  of  calcite  in  silicificd  wod,  par  Edgar  T.  W  hcrry(4  p. 
3  pi.)  ;  Norlh  American  parasilic  copepods  belonging  lo  Ihe  Lernacidae,  ivilh  a 
revision  of  the  entire  family,  par  Charles  Branch  Wilson  (150  p.  21  pi., 
3  s(nis-familles  nouvelles,  3  genres  nouveaux  et  12  espèces  nouvelles). 

l'ubticATiONS  NOUVELLES.  —  Lcs  Ecritiues  manichéennes,  par  P.  Alfaric 
(2  vol.  in-8,  É.  Nourrit).  —  V Évolution  intellpctuMe  de  saint  Augustin, 
par  P.  Alfaric.  I.  Du  Manichéisme  au  néoplatonisme  (gr.  in-8.  Emile 
Nourry).  —  Elévations,  prières  et  pensées  de  saint  Aufiustin  (in-12.  de 
Gigord).  —  Manuel  ascétique  et  canonique  de  la  vie  religieuse,  par  l(> 
chanoine  E.  Thévenot  (in-12.  Haton).  —  Pour  avoir  des  prêtres,  par  le 
P.-J.  Delbrcl  (petit  in-8,  de  Gigord).  —  Dieu  en  7ious.  par  R.  Plus  (Tou- 
louse. Messager  du  Cœur  de  Jésus,  in-8).  —  La  Rogauté  du  Christ,  la 
vocation  de  lo  France  et  le  drapeau  du  Sacré-Cœur,  par  É.  Poulain 
(in-12,  Nantes,  imp.  «  Unie  »).  —  La  Mère  de  la  divine  grâce,  par  le  cha- 
noine J.  Millot  (in-12,  Lelhielleux).  —  Petit  Catéchisme  du  mariage,  par 
le  P.  J.  Iloppcnot  (in-32,  Bonne  Presse).  —  La  Conversion,  par  J  Huby 
(iri-lS,  Beauchesne).  —  Paradoxes  du  cathoUcisme.  par  Mgr  R.  Hugh 
Benson  ;  Irad.  de  l'anglais  par  C.  (jrolleau  (in-12.  Grès).  —  Une  Esquisse 
de  la  th'osophie,  par  G.  W.  Leadbealer  ;  trad.  de  l'anglais  par  F.  T.  N. 
(Paris,  Publications  théosophiques).  —  V Enseignement  du  droit  comparé. 
par  E.  Lambert  (in-8.  Lyon,  Rey  ;  Paris,  Rousseau).  —  Des  Peprésailles  c/i. 
temps  de  guerre,  par  L.  Le  Fur  (in-8,  Libr.  du  Recueil  Sirey).  —  Mémento 
du  d:'mobilisé  (petit  in-8,  Gharles-Lavauzelle).  —  I,es  Pensions  des  vic- 
times  de  la  guerre,  par  E.  Obcllianne  (in-12.  Gharles-Lavauzelle).  —  Etudes 
sur  In  signification  et  la  place  de  la  physique  dans  la  philosophie  de 
Platon,  par  L.  Robin  (in-8,  Alcan).  —  La  Philosophie  contemporaine  en 
France,  essai  de  classification  des  doctrines,  par  D.  Parodi  (in-8,  .\lcan). 
—  De  l'Inconscient  au  conscient,  par  le  D'G.  Geley  (in-8,  .\lcan).  -  L'Idée 
de  finalité,  par  A.  de  Gramout-Lesparrc  (in-10.  Alcan).  —  Certitudes. 
Liberté.  Dieu.  Justice,  par  L.  Mirman  (in-16,  Berger-Levrault).  —  La 
Sélection  humaine,  par  G.  Richet  (in-8,  cartonné,  .\lcati).  —  La  Psycholo- 
gie du  soldat,  par  les  D'*  L.  Iluot  et  P.  Voivenel  (in-18,  la  Renaissance  du 
I-ivre).  —  L'Ecole  primaire  et  les  Leçons  de  la  guerre,  par  E.  Bu  gnon 
(in-12,  lîerger-Levrault).  —  Vers  la  Constituanle,  par  P.  Gruet  (in-8. 
Plon-Nourril).  — Aujourd'hui,  étude  pour  l'après-guerre  économique,  par 
\.  DevèzG  (in-16,  Berger-LevrauM).  —  Autour  du  mariage.  Trois  Pro- 
blèmes moranv,  par  P.  Gastillon  (in-18,  B(>auchcsne).  —  L'Armature 
sociale,  par  E.  Amanicux  (in-lG,  .\lbin  Michel).  —  Marxisme  contre  socia- 
iisme.   par  V.   G.   Simkhovilch  ;  trad.  de   R.    Picard  (in-KV    Pavot).  —  Le 


—  317  — 

Salut  par  la  terre,  par  J.  Méliiio  (in-S,  Ilachcllc).  —  Athiihiislratims  pt 
/nhuinistrés,  par  A.-'rhiers  (in-lS,  (Ir.issot).  —  Comment  éviter  Ipx  impôts 
mortels,  par  A.  Chéradanic  (iii-IG.  l.ibrairio  do  la  l'cnsro  française).  — 
l'Art  populaire  dans  le  liriaiirininais.  Le  Ba'cuherl,  par  H.  BlaiicliaKi 
(in-8.  Champion).  —  LWrt  pendant  la  f/uerre,  1911-1918,  par  \\.  de  la 
Sizeranne  (iii-1(i,  IlaclieHc).  —  l.es  Artistes  morts  pour  la  patrie,  par  I'. 
Ciinisly.  2«  sério  (in-S,  Alcan)  —  ]. étires  de  Paul  (iaiirjain  à  (jeorrfes- 
Daniel  de  Monfreid  (in-12,  Crès).  —  Cualro  Confereiwias,  por  L.  dp  Eici- 
zaidc  (petit  in-8,  liilhao.  Edilorial  vasca  cuzko-argitaldaria).  —  Des  Hoseaux 
sous  le  vent,  par  (i.  Dcledda  ;  trad.  de  l'italien  par  .M.  llélys  Hn-IH,  Gras- 
set). —  De  la  boue  sous  le  ciel,  esf/uii-ses  d'un  blessé,  par  P.  Vcriet  (in-10, 
Pion-Nourrit).  —  Vers  d'un  soldat  {19/4-1918),  pnv  I*.  Teissonnière  (in-12. 
.louve).  —  Feuillets  refrourés,  suivis  de  Permissions,  par  L.  Cornil  (in-12. 
Grès).  —  Fleurons  r/ot/iii/ues.  par  (;.  Patris  (in-16,  Figuièrc).  —  Albert. 
|)ar  J.  Poinié  (in-32,  l'iguière).  —  Quelques  sourires  et  quelques  larmes, 
par  .\.  Tète  (in-12,  l.eclerc).  —  La  Terre  en  folie.  i)ar  J.  Hernianovits 
(in-16,  Société  française  d'imprimerie  et  do  liljrairie).  —  liimiaux  d' Anjou. 
par  M.  Loclerc  (|)ctit  in-8,  Atigers.  librairie  Sainte-Croix).  —  L'Aéronaute. 
drame  contemporain,  par  M.  Gervais  (in-16,  Jouve).  —  Cinéma  et  C". 
confidences  d'un  spectateur,  par  L.  Delluc  (in-18.  Grasset).  —  Les  Litur- 
gies populaires,  par  P.  Saint-\ves  (in-12,  Édition  du  Livre  mensuel).  — 
Monsieur  le  curé  d'Oc eron,  par  F.  Jammes  (in-16.  Mercure  de  France).  — 
Sœur  Anselme,  par  J.  Psichari  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Le  Baiser  de  l'An- 
térhrist.  conte  en  marge  de  l'histoire,  par  Lévis  Mirepoix  (in-16,  Plon- 
Aourrit).  —  Le  Cœur  est  le  même,  par  A.  Lichtenberger  (in-16.  Plon- 
A'ourrit).   —  Jjes  lioses  7'e fleurissent,  par  M.   Âlanic  (in-16,  Plon-Nourrit). 

—  Le  Rêve  de  Sucy,  par  H.  Ardel  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  L.e  Retour  à  la 
terre,  par  G.  Stengcr  (in-16,  Pcrrin).  —  Passion,  par  P.  de  Va!ro.se  (in-16, 
Perrin).  —  Le  Fléau,  roman  social  du  temps  de  ijuerre,  par  A.  Godard 
(in-i6,  Perrin).  —  Les  Croix  de  bois,  par  R.  Dorgelès  nn-16,  Albin  Michel). 

—  Claxwl  soldat,  par  I^.  Werth  (in-lG.  Albin  Michel).  —  Filles  d'Alsace, 
par  J.  Hoche  (in-Ki,  Albin  Michel).  —  Un  Doigt  de  la  lune,  conte  d'amour 
indou,  par  F.  \\ .  Bain  ;  trad.  de  l'anglais  par  S.  Karpelcs  (in-18,  Grasset). 

—  Le  Secret,  par  A.  Spire  (in-16.  Edition  de  la  «  iNouvelle  Revue  illustrée). 

—  Marins  d'eau  douce.  Un  Récit  et  quelques  paysages,  par  G.  de  Pourta- 
lès  (in-12,  Société  littéraire  de  France).  —  La  Ronde  des  bleuets,  par  R. 
Leguy  (in-12,  Figuière).  —  Le  Bombardier  Camus,  par  E.  Bourcier  (in-16, 
Berger-Levrault).  —  Manuel  des  études  grecqu"s  et  latines,  par  L.  Lau- 
rand.  F^asc.  H  Littérature  gr'ecque  {in-H,  Auguste  Picard).  —Louis  Veuil- 
lot  et  les  mauvais  maîtres  des  xvi%  xvn°  et  wiu'  siècles,  par  G.  Bontoiix 
(in-16,  Perrin).  —  Paul  Hervieu,  contetir,  motnliste  et  dramaturge,  par 
E.  Estève  (gr.  in-8,  Berger-Levrault).  —  Emile  Clermont,  sa  rie.  son 
œuvre,  par  L.  Clermont  (in-18.  Grasset).  —  Du  Théâtre  à  i tlvangile.  Les 
Etapes  d'mie  conversion  {1850-1917),  par  J.  Odelin  (in-18,  Beauchcsnei. 

—  Les  tîrandes  Heures  de  Ribeaupierre,  évocation  dramatique  par  J.  Va- 
riot  (in-S.  Société  littéraire  de  France».  —  Etudes  de  cartographie  histo- 
rique sur  VAlemanie,  par  J.-M.  Tournour-Aumont  (gr.  in-8.  Colin).  — 
Atlas  de  géographie  historique  de  la  Belgique,  publié  par-L.  Van  der 
Esscn,  L.  Ganshof,  ,1.  Maury  et  P.  ISothomb.  Carte  \.  La  Belgique  en 
1786  {Les  Pays-Bas  autrichiens)  (gr.  in-4.  Van  Oost).  —  Les  Iles  d'Ryères, 
par  E.  Jaliandiez  (in-12.  Édition  du  Livré  mensuel).  —  Lettres  sur  la 
jeune  Italie,  par  L.  Corpechot  (in-16,  Berger-Levrault).  —  Le  Sacrement  de 


—  318  — 

Jenisahm,  par  lo  H.  P.  V.  Poticel  (in-14.  Librairie  de  1  aii  catholique).  — 
i'oi/fif/^  au  (îoiuu/ti/a  et  au  Sous,  par  L.  Thomas  (in- 1(3,  Payot).  — J/ix- 
toire  de  la  Confédi'ra/ion  suisse,  par  J.  Dierauor  ;  Irad.  de  i'alieiiiand  par 

A.  Royinond.  V.  De  1798  à  1848.  ■l'«  partie  :  de  1798  à  1813  (iii-8,  Lau- 
sanne, Payot).  —  Don  Juan  de  Pala/'rKC  y  Mendosa,  ohispo  de  Paehla  y 
Osiua,  por  G.  Garcia  (ia-S,  Mexico,  Bouret).  —  Les  Dernières  Années  de 
Turenne  (1660-1675).  par  G. -G.  ïMcavel  (in-S,  Calniann-Lévy).  —  Danie.-i 
du  grand  siècle,  par  E.  Angot  (in-16,  Éinile-Paul}.  —  Les  Partages  de  la 
Pologne  et  la  Lutte  pour  l'indépendance,  par  K.  Lulostanski  (gr.  in-4, 
Payot  et  Bureau  polonais  d'études  et  do  publications  politi(iues).  —  La  Vie 
économique  de  la  l'ologne  (gr  in-8,  Fribourg-Lausaïuie,  Comité  des  publi- 
cations encyclopédiques  de  la  I^ologne).  —  La  Pecolufion  française  et  le 
Régime  féodal,  par  A.  Aulard  (in-16,  Alcan).  —  Les  Questions  religieuses 
dans  les  Cahiers  de  1789.  par  A.    Detiys-Buirette  (gr.    in-8.  de  Boccard). 

—  Histoire  religieuse  de  la  Révolution  fr-ançaise,  par  P.  de  la  Gorce. 
T.  III  (in-16.  Plon-Xourrit).  —  f'n  Lm pot  sur  le  revenu  sous  la  Révolution. 
Histoire  de  la  «  contribution  patriotique  »  dans  le  lias-Languedoc,  par 
P.-E.  Hugues  (gr.  in-8.  (Champion).  —  Soxtceniis  militaires  d'Ortai^e 
Levavas.-^eur,  officier  d  artillerie,  aide  de  ranip  du  maréchal  Ney,  publiés 
par  le  com'  Besley  (in-16,  Plon-JNourrit)  —  Histoire,  des  Étals- Unis  de 
1787  à  1917 ,  par  G.  Weill  (gr.  in-8,  Alcan).  —  Le  Rapport  secret  sur  le 
Congrès  de  Berlin   adressé  à  la  S.  Porte  par  Carathéodory  Pacha,  par 

B.  Bareities  (in-16,  Bossard).  —  Soixante  Années  du  règne  des  Romanoff. 
Nicolas  prêt  Alexandre  If,  par  E.  Daudet  (in-16,  Hachette).  —  U?i  .Jour- 
nal d'ouvriers.  «  L'Atelier  »  (1840-1850),  par  A.  Cuvillier  (in-16,  Alcan). 

—  Etudes  et  fantaisies  /listoj-iqiies,  par  E.  Rodocanachi.  2"*  série  (in-16. 
Hachette).  —  Etudes  historiques  et  Figures  alsaciennes,  par  A.  Bosserl 
(in-16.  Hachette).  —  Auprès  de  Victor  Hugo,  par  M.-C.  l'oinsot  (in-IS, 
Garnier).  —  {/Avant-Guerre  comparée  en  Allemagne  et  en  France,  par 
.1.  Civray  (in-16,  Pcrrin).  —  Manuel  des  origines  de  la  guerre,  par  F. 
Roches  (in-16,  Bossard).  —  La  Guerre  de  libération,  par  le  général  Ziu- 
linden  (2  vol.  in-16,  Hachette).  —  Petite  Histoire  de  la  Grande  Guerre, 
par  il.  \  ast  (in-I8,  Delagrave).  —  Souvenirs  des  premiers  temps  de  la 
guerri',  par  le  cap.  J.  Merlant  (in-16,  Bcrger-Levrault).  —  Six  Mois  en 
Lorraine,  par  Gabé  de  Champvert  (in-12  Berger-Levrault).  —  La  Lor- 
raine dévastée,  par  M.  Barrés  (in-16,  .\lcan).  —  Mons  and  the  retreat.  by 
caj).  G.  S.  (jordon  (in-12,  London.  (lonstable).  — Souvenirs  d'un  chasseur- 
(août  1914-inars  1916).  par  L.  Thomas  (in-16,  Perrin).  —  Les  Crimes  de 
V Allemagne.  Dinanl.  Massacre  et  destruction,  par  G.  Sotnville  (in-1»>, 
Perrin).  —  Fn  France  et  en  Belgique  envahies,  i)ar  M""  Sainl-René 
Tallandicr  (in-16,  Alcan).  —  L' fmmortelle  Mêlée,  essai  sur  l'épopée  mili- 
taire belge,  par  P.  (^rokacrt  (in-16,  Perrin).  —  Sedan  sous  la  domination 
allemande,    1914-1918,   par   P.  Sléphani  (in-18,  (j'rasset).  —  Dix  Mois  à 

Verdun,  par  l'abbé  Thellier  de  Ponchcvillo  (in-12,  de  Gigord).  —  Verdun  ! 
Paroles  de  guerre,  1914-1918,  par  .VIgr  (iinisty  (in-12,  Téqui).  —  La 
56'  Division,  au  feu.  souvenirs  de  son  commandant,  i)ar  le  général  V.  de 
Dartein  (in-l6,  Berger-Leviault).  —  Avec  les  chars  d'assaut,  par  le  cap"'' 
M.  (Jagncur  et  le  lieuP  M.  Fourier  (in-Ki,  Hachette).  —  En  batterie!,  |)ar 
le  lieul^  Fonsagrixe  (in-l.S,  l)elagr;i\e).  —  L'Homme  né  de  la  gwrre. 
Témoignage  d'un  converti  (Yser-.irtois,  1915),  par  H.  Ghéon  (in-16, 
lldi lions  de  la  «  Nouvelle  Revue;  française  »).  —  Nos  Marins  en  guerre. 
morceaux  choisis  par  le  cap'"  H.    Bornccquc  et  le  lieul'  G.  Drouilly  (in-16, 


—  :îI9  — 

IJi'rgor  L('\  i;mll ).  —  l,i'  Médecin  (tu  fi'U.  Le  Mederiii  t/iri.sio/iiiaire,  pur  le 
\)'  G.  8;iii)l-l*iiiil  (iii-lG.  AlcTtit.  —  La  (îiierre  et  la  Condition  /irivi-'e  de  ta 
France,  par  A.  Isoré  (gr.  in-8,  do  Hoccardj.  —  La  Question  relif/ieiise  e/t 
Fiance  pendant  la  f/uerre  de  IVi  1-1918.  Documents,  par  le  \  "  M.  de  l.os- 
trang(>.  i«  si'iic  (avril-dc'ccmbrc  l!H5)  (in-12,  Lelhiellovix).  —  L'HfJ'ort  colo- 
nial dr.s  Allies,  par  P.  Perreau  Pradier  et  .M.  Besson  (gr  in-8,  lierger- 
I,evrault).  —  Rapatries  (1915-1918),  par  M""  Cliaplal  (iii-16,  Alcau).  — 
Remarques  sur  la  dernière  inrasion  des  Barbares,  par  ¥.  Cliovassu  (iii-16, 
l'crriii).  ' —  Messaçfes,  discours,  dfjcumenCs  diplomatiques  relatifs  à  la 
f/uerre  mondiale,  l8  août  L9 14-8  janvier  1918,  du  président  W.  Wilson 
(2  vol  iii-8,  Boss.ird).  —  Les  Temps  nouveaux.  1914-1918.  Paroles  de  la 
guerre,  par  Mgr  Gibier  iiii-l2,  Téqui).  —  Le  Fer  sur  une  frontière.  La 
Politique  nirtallurf/ique  de  l  Etat  allemand,  par  V.  Engeraiid  (iii-8,  Bos- 
sard).  —  L'Ame  allenutnde  juijee  par  un  Anglais,  par  T.  K.  A.  Snntli  ; 
Irad.  de  l'anglais  par  M""^  .1  Périer  (in-18,  Belin).  —  L' Allemagne  et  le 
Ballikum,  par  G.  (iaillard  (gr  in-H.  (Jhapelot).  — Que  faire  de  l  Est  euro- 
péen? par  lanteur  des  «  Dangers  mortels  »  de  la  Bévolulion  russe  (in- 10, 
Payot).  —  Sur  le  Rhin,  par  H.  Bordeaux  (in-16,  Plon-.Nouiril).  —  L'()pi- 
nion  /luhl^qiie  dans  les  /irovinres  rh,''nanes  et  en  Belgique,  1789-1815. 
par  L.  Engerand  (iri-8.  Bossard).  —  La  Préparation  de  la  lutte  écono- 
mique par  l  Allemagne,  par  A.  de  Tarlé  (in-l6,  Payot).  —  Notre  nouvelle 
amie  r Angleterre,  par  J.  Charpentier  (in-lt>,  Hachette).  — Les  Austro- 
Bulgaro-Allemandi  en  Serbie  envahie.  Documents  de  l'ennemi  (albums 
in-8  oblong,  Grasset).  —  La  République  tchécoslovaque,  par  L.  Weiss 
(in-16.  Payot).  —  Les  Serbes,  Croates  et  Slovènes,  par  A.  Chaboseau  (in-16, 
Bossard).  —  En  Yougoslaire,  par  C.  Rivet  (in-16,  Perrin).  —  La.  Question- 
yougoslave,  par  J.  Duliejii  (in  16,  Alcan).  —  L' Internationale  à  Berne, 
par  P.  Renandel  (in-18.  Grasse!)  —  Et  la  Suisse?...,  par  B.  Vallolton 
|in-l6.  Berger-Levrault).  —  Les  États-Unis  d'Amérique  et  le  Conflit  euro- 
péen, par  A.  Viallatc  (in-16,  Alcan).  —  De  la  Sgtnpat/iie  à  la  fralernité 
d'armes.  Les  États-Unis  dans  la  guerre,  par  M.  Barres  (in-8,  .\Ican).  — 
Les  Etats-Unis  et  la  Guerre.  De  la  neutralité  à  la  croisade,  par  É.  Hove- 
laque  (in-8,  Alcan).  —  Au  Seuil  de  la  paix,  par  le  comte  de  Fels  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  Les  Problèmes  itt  ter  nationaux  et  le  Congrès  delà  jiaix, 
par  A.  Lugan  (in-8,  Bossardl.  —  Vers  la  Soci'-té  nations,  par  F.  Buisson, 
J.  Brunhes,  Aulard.  etc.  (in  8,  (iiard  et  Brière).  —  Préliminaires  à  la 
Société  des  nations,  par  F.  (]osentini  (in-16,  Alcan).  —  Donnez  des  terres 
aux  soldats.  L'Exemple  de  l' Angleteii^e,  par  E.  Buron  (in-i6,  Bossard). 
—  La  Renaissance  de  notre  marine  marchande^  par  P.  Cloarec  (in-16, 
Plon-Nourrit).  —  L'Ame  paysanne.  La  Terre,  la  rare,  l'école,  par  le  Dr  E. 
Labat  (in-18,  D'elagrave).  —  Monsieur  Lebureau  et  Monsieur  Lepctrlement, 
par  .lustin  (in-16.  Bossard)  —  La  Pensée  alletnande  dans  l'ordre  juridique, 
par  J.  Signorel  (in-8,  Berger-Lcvrault).  —  L'Unité  de  lu  politique  ita- 
lienne, par  J.  Ghopin  (in-16,  Bossanlj.  —  La  Guerre  absolue,  essai  de 
philosophie;  de  l'histoire,  par  G.  Balault  (in-16,  Payot).  —  L'Anarchie 
dans  le  monde  moderne,  par  G.  de  Lamarzelle  (in-18,  Beauchesne). 

ViSENOT. 


—  320 


TABLE  MÉTHODIQUE 


DES     OUVRAGES     ANALYSES 


THÉOLOGIE 

KcritiiiM»  !!iaiiif e.  Exégèse.  Polvsema  snnt  sacra  Biltlia  [Fr.  A'ico- 

faus  Assouad)  .- 2S4 

l,a  Foinine  patriote  d'après  la  Bible  {G.  Bonioux) 01» 

Le  Sens  du  christianisme  d'après  l'exégèse  allemande  (h'  I'.  M.- 
J.  Laffraïu/e) ' oS 

Liturgie.  Leçons  sur  la  messe  {Mgr  Pierre  Batiff'ol) 1!H> 

Eludes  de  liturgie  et  d'archéologie  chrétienne  (Pierre  Batiffol).  285 
La  Liturgie  dans  le  roman.  Pa;ges  de  littérature  catholique  (/!/- 

pho/ise  Mortier) ■! 41 

Tliéologie  dogmatique.   Apologétique.    L'Existence    de   Dieu 

[l'ubhé  Euffène  Duplessy)  21»r> 

Le  Mystère  de  l'Église  (le  R.  P.  Humhert  Clerissac) 3;> 

Peut-on  se  passer  de  Dieu  ?  (a'iti(|ue  scientifKiue  |iopulairc  (7.  Le- 
day) 141 

Théologie    morale.    Prédicatiou.    Quesiions    tliéologiques    du 
temps  présent.  1.  Questions  de  euerre  d'après  saint  Thomas 

d'Aquin  {A.  Michel) .' IIU 

La  Doctrine  de  vie  [M. -S.  Gillet) 201) 

Encyclique  «  Humani  generis  »  de  .S'.  S.  Benoît  XV  sur  la  pré- 
dication et  Fiègles  pour  la  prédication  sacrée  édictées  par  la 
S.  Congrégation  con.sisloriale 214 

A»>cétisme.    Piété.    La    Spiritualité   chrétienne.    Des  Origines  de 

l'Eglise  au  moyen  âge  (  P.  Pourrai) 111 

Lettres  sur  la  souffrance  {Elisabeth  Leseur) 200 

Mahomet ii^me.  La  Mystique  d'.\l-Gazzali  {le  />'■  Miguel  Asiii  Pa- 

lacios) ". 2î»i; 

JURISPRUDENCE 

Droit  canonique.  Les  Collections  canoni(|ues  romaines  de  l'époqiu^ 

de  (irégoire  \"l I  {Paul  Fournier) Tii 

I^égi^ilatioii  ouvriéi-e.    Manmd   pratique  des  lois  sociales  cl    ou- 
vrières        28t) 

SCI  ENGINS  i-:t  arts 

Morale.  I'!|ii«  de  hon  grain,  paroles  de  lumière  el  de  piiix  ^  Alfred 

lieriuird) 2'.K> 

A  travers  le  prisme  du  temps  (/,'.    Wai/ivr) 2S7. 


—  321   — 

Itlducalioii.  Kiisei«jiioin«iil.  Les  Vrais  Prinripes  de  l'éiiucation 
(•lir''lit'inio  iM|)|telcs  aux  iiiailres  el  aux  fani  il  les  (/«?/'.  ^  .  Mon- 

f(il) i»(ll 

li'Kducation    reliifieuse.    Entretiens    à    des    mères    chrétiennes 

{l'iibbé  Cldiit/f  Bnuvipr) Ml 

F/Àiilorilé  rians  la  la  mille  et  à  l'école  {F.  Kieff'cr) 112 

La  Conversion  de  .Magdcleine  ((/'.  hsandon) . 2l;i 

Féminisme.  La  Française  dans  ses  quatre  âges  {René  Guillou) 28S 

Siences  politiques,  économiques  et  sociales.  Un  Chef  d'Elal 

<pii  youverno  (l'a  (iocteur  ès-scienres  politi(jues) 21."> 

L'Organisali'in  de  la  démocratie  (ProOus) 215 

l/lndividu  avec  llUat  (Ç.  Léoiison  Le  Duc) 113 

Le  Socialisme  coutix*  l'Klal  {Einiie   Vandervelde) 113 

Pour  abolir  la  soiilTrance  humaine  (Lucien  Deslinières) 214 

Sciences  chimiques.  Conlérencos  do  chimie  minéi'ale  faites  à  la 

Sorhonne.  Métaux  [Marcel  Guic/tard) 42 

Sciences  psychiques.  Le  Merveilleux  spirile  (Lucien  Roure). ...         ^0 

Sciences  mathématiques.  Cours  de  géométrie  analytique  à  i"u- 
sagc  de  la  classe  de  mathématiques  spéciales  et  des  candidats 
aux  écoles  du  gouvernement  [Georges  Milhaud  et  Edouard 

Pouget).  T.  L  Géométrie  à  deux  dimensions il 

Calcul  des  systèmes  élastiques  de  la  construction  [Ernest  Fla- 

mard) . .  .\  . . .  : 201 

OEuvres  de  Charles  ff ermite,  publiées  par  Emile  Picard 28.S 

OEuvres  de  G.-If.  Halphen,  publiées  par  les  soins  de  C.  Jordan, 

II.  Poincaré  et  E.  Picard.  T.  1. . Mi 

Géologie.  La  Géologie  biologique  [Stanislas  Meunier) 43 

Aviation.  L'Aviation  de  demain  (Jean  Dargon) Mi 

I*èche.  Sports.  Les  Pêches  maritimes.  Un  tour  sur  le  Dogger-Bank 

[Henri  Malo). 294 

La  Course  à  pied.  Les  Courses  de  haies  [le  Z>''  Dell  in  du  Co- 
teau)         142 

L'Education  physique  obligation  nationale  [le  D"  Bellin  du  Co- 
teau)         1  il 

L'Éducation  physique  moderne  de  la  jeunesse  par  la  méthode 
naturelle,  simple,  agréable  et  rapide  du  lieutenant  de  vais- 
seau G.  Hébert  [Octave  Forsant) 214 

lîeaux-Arts.  Les  Grands  Graveurs.  Andréa  Mantegna  et  les  gra- 
veurs préraphaélites  italiens .' IKi 

Les  Grands  Graveui-s.  Marcantonio  et  les  graveurs  de  l'école  ita- 
lienne du  xvie  siècle 110 

Les  Grands  Graveurs.  Fragonard,  Moreau  le  .Jeune  et  les  gra- 
veurs français  de  la  fin  du  xvuic  siècle 116 

Les  Grands  Graveurs.  Bartolozzi  et  les  graveui's  au  pointillé  en 

Angleterre  à  la  fin  du  xviue  siècle 1 1<» 

Les  Eaux-fortes  de  Rembrandt.  L'Ensemble  de  l'œuvre.  La 
Technique  des  «  Cent  florins.  »  Les  Cuivres  gravés  [André- 
Charles  Coppier) 44 

Mélanges.   De   la  Cryptographie,   étude  sur  les  écx"itui"es  secrètes 

[A  ndré  Langie) 202 

Travaux  de  dames  [Marguerite  de  Saint-Genès) 142 

Mai-Jlin  1919.  T.  CXLV.  21. 


—  322  — 


LITÏKRATURE 

(âiiciuistique.  IMiiloloiiie.  A  New  Diclionary  Englisli-Freneh  and 

Frencli-Englisli.  VVilh  figured  prominciation 290 

Les  Noms  juiïs  {Georges  Massoutié) 1  42 

Poésie  Les  Horizons  noirs.  Los  Heaux  Dimanches.  Fêtes  (Paul  Cos- 

tel) ■ ^"'^ 

La  Claire  Fonlaine  de  la  vie  [Eihnuird  Sclu/J'inacher) 273 

En  majeur  et  en  mineur  [Claude  Dubosq) 273 

Musiques  éparses  {le  même). 273 

Les  Buccins  d'or  (chants  davant  l'aube)  {Jean  Carrère) 274 

La  Statue  sans  visage  {Roger  Gaillard) 274 

Poèmes.  Sous  les  yeux  de  la  mort.   l>a  Soiiive  et  le  Ciel  {Geor- 

qes  Audibert) •  27o 

Ali  Rythme  du  cœur  {Antoine  Ckollier) TIJ\ 

L'Araignade  {Pie>re  Courras) 275 

L'Ani,^oisse  éternelie'(.4;trfre  Maillet) 27ri 

Préludes  [Danyl-IIplm) 275 

Dans  les  ruines  d'Ampurias  {André:  Bruguière  de  Gorgot) 27.'» 

La  Folle  du  logis  (A.  Guillet) 275 

Les  Calmes  Brises  (René  Preslefont) 27,-» 

L'Impossible  Rêve  {Emma  Peilerin  et  Joseph  Bollery) 27(1 

Destinées  {A  uguste  Galène) 270 

Péchés  de  jeunessse  {Gabriel  Espallac) 27(i 

Brumes  et  roseaux  {Jarqufs  Léfehrve) 270 

Cantilènes  et  pensers  {René  Preslefont)   270 

Le  Dit  de  Sainte  Odile  {A. -P.  Garnier) 276 

Le  Joueur  de  sambiique  {Jean  Nostos) 120 

Poésie  de  querre.  Cuinemer  (Redon  de  la  Mothe) 103 

Avant  et  pendant  la  Grande  Guerre.  Les  Voix  profondes  {Em- 
manuel  Vitte) 209 

Croix  de  guerre  et  Croix  Rouge  {Henri  Cure) 269 

La  Chanson  du  Poilu  {A Ibert  Flory) 269 

Les  Chevauchées  [Claude  Haniii) 269 

Dans   les  tranchées  crayeuses.  I/Altente  prolongée  (1916-1917) 

(Philippe  Lecasble). 269 

Chants  épiques  (Pierre-Xavier  Mayeur) 269 

A  la  France  {Paul  liougier) 270 

L'Ame  française  {J.    Vassivière) 270 

Les  Voix  de  la  Patrie  (1914-1917)  (Jacques  Feschotte) 270 

Ainsi  chantait  Tliyl  (Maurice  Gauches) 270 

La  l'rance  éterneile  (P/V/vr  de  Rouchaud) 271 

•    La  Terre  pourpre  (Etienne  Lerrat) 271 

Une  Voix  dans  la  nuMée  (François- Louis  Bertrand) 271 

Visions  de  la  guerre.  Au  pays  des  marmites.   L'Arrière  (Paul 

Costel) 271 

Chants  d'amour  et  chants  de  guerre.  Souvenii"s  d'un  sanitaire 

au  Front  (le  D'  Victor  Courdoux) 271 

.\mour  et  (iuerre  (Suzanne  Fournier) 271 

Chants  dun  colonial  (La  Xomia) ^"^ 

(iuillaiime  Gueux.  Impressions  sur  la  guerre  (Auguste  Prieur).  271 

La  Lyre  d'airain  du  vieux  barde.  Poèmes  patriolicpies  et  stances  271 
sur  les  peuples  engagés  dans  la  guerre  mondiale  (Eugène  Ré- 

veillaud) 2/1 

Les  Cordes  d'acier  {1914- 1918)  (Louis  ifaUeux) 272 

Là-llaul  (Jean  Rieux) 272 

L'Homme  et  la  Brulc  (Albert  La/arque) 2/2 


— 32;i  — 

La  MtMise  {//enri  Docrpmnnt) 27'» 

Voix  enlendiics  au  champ  «le  hataille  (liené  du  L(tz) 2J73 

Le  \'ol  (le  la  Victoire  [Ernest  de  (iaïuty) tUZ 

Théùtri'ï    Le  Mystère  tle  la  rliair  et  du  sang,  évangile  en  cinq  actes 

en  vers  {A rmnnd  /lart/ie) 279 

F-e  Tragi(jiie  (luotiilieri  {le  I'.  Louis  Pfrroy) 278 

L(;  l5:iyon  (M'"''  Déuiians  d' Archimb(iud) 278 

lli'lérie  eneliaini  e  {Mait/iicritc  Comhes) 277 

Pièces  nlatircs  à  la  (fuerre.  Poèmes  «lu  temps  de  guerre  [Olivier 

df  lioufi'')  .  .  . 277 

Pour  l'Alsare  {Maurice  Bouchor)   277 

Altila  (Arthur  Samfion) .  277 

Lueuis  et  reflets  de  la  guerre  [daston  Sorbets) 278 

Les  liimes  sanglauies,  suivies  de  Terre  d'Alsace  (E.-Henri  Ver- 

dier) 278 

Les  Perses  de  l'Occident  (Sotiris  Skipis)  (trad.  du  néo-grec  par 

l'auteur  et  Pkiléas  Lehesr^ue) 278 

Itomaiis,  contes  et  nouvelles.  Némésis  (Paul  Bowfjet) 32 

Le  La<-  noir  ( lleiinj  /inrdeoujc) 34 

Kaui|uehois  {Pierre  .\othomh) 34 

Enl re  deux  rives  ( Pmil  A cker) 34 

Le  Hève  et  la  Vie  [Jeau  Morgan) 35 

Un  (Caractère  de  Française  (Jean  de  lu  iJréte) 35 

Plein  Été  (Edit/i   Wurtlion) 35 

L'Ivliiquier  (la  comtesse  de  Chambrun) 35 

Les  Fantaisies  du  destin  (Edgard  Blosde) 36 

Glèbe  gasconne  (Étieiuie  Garry) 36 

Le  Belle  Enfant,  ou  l'Amour  à  iO  ans  (Eugène  Mont  fort) 3H 

Et  Cie  {Jean-Richard  Bloch) 36 

Les  Enfants  du  ghetto  (Israël  Zangwill)  (trad.    française  de 

Pierre  Mille)  ' 36 

Renée  (André  Baruch)  36 

L'Homme  fort  (Paul  Ilg)  ;  trad.  par  Jules  Brocher 36 

Enfantine  (  Valéry  Larbaud) 37 

La  Bonne  Madeleine  et   la  pauvre  Marie.   Quatre  Histoires  de 

pauvre  amour  (Charles-Louis  Philippe) 37 

Monstres  choisis  [André  S  al  mon) 37 

Romans  de  guerre.  Les  Gars  de  la  flotte  (Arnould  dalopin) 192 

Histoire  de  Gotlon  Connixloo,  suivie  de  VOnhWée  (Camille  May- 

ran) 29 

L'Ame  de  la  victoire  {Jean  Nesmy) 29 

Chantai  Daunoy  (Isabelle  Saiidy) '29 

.Allemand  d'Amérique  1.4 .  de   Vilièle) 30 

Le  Mariage  de  Lison  (Antoine  Bedier) 31 

Sa  Veuve  (Jean   Yole) 31 

La  Mort  du  soldat  (Émile-Prançois  Julia) 31 

Gœurs  français,  consf  ience>î  anglaises  [J.  Iléiiouard) 31 

La  Forêt  tragique  (Aiburt  Garenne) 31 

Hhiet  d'Alsace  (Jane  de  Carrières) 32 

Le  Double  Exil  d'un  solitaire  (Guiffre  d' Evol) 32 

L'Impérieux  .Amour  (Delorme-Jules  Simon) 32 

Beviendra-t  il  P  (Jeanne  Broussan-Gaubert) 32 

La  Tudesquite  (P.-Edouard  de  Ménieux) 32 

Les  Loups  (Benjamin  Valloton) 36 

C'est  la  guerre  !  (le  lieut^-mi^  S.-J.-L.  de  Farusi) 36 

Les  Silences  du  colonel  Bi'amble  (André  Maurois) 37 

Six  Contes  et  deux  rêves  (Louise  Fattre-Favier) 37 


—  324   — 

Trois  Histoires  maotMionipiines  {Jean-If.  Prnt) 37 

L'Indiscret  «le  l'araiiK'  [le  />■  Harrij  Marceau) 37 

Ouvraflcs     pour     la     jeunesse.    Histoire     «Inn     casse-noiselle 

(  A  le.ï  andrc  Damas) 4!» 

Monsieur  «  Si«ii.  »  Mémoires  <run  chat  (Côte-Darli/) 142 

Le  Diadème  de  cristal  (l'aul  lleuzé) : . . .  280 

Olivette  et  Miguelito  {Max  Colomban) 281 

Des  Fleurs  sur  la  route  {Jean   Vesère) 28t 

La  Tour-Vive  {Georfjes  Thierry) 281 

Les  Secrets  de  Vandeure  {Marie  Le  Mière) 281 

Marquise  de  Maulgrand  {M.  Maryan) 281 

Une  lîarrière  invisible  (.)/.  Maryan) 281 

Les  Héritages  de  Pendallyn  {M.  Maryan) 28t> 

La  Cité  de 'la  paix  {Jeanne  de  Coulomb) 281' 

Le  Jardin  iermé  {Emmanuel  Soy) 28:i 

Autour  d'un  nom  (Emmanuel  Soy) 28"2 

La  Primeneige  du  lointain  donjon  {B.  de  Buxy) 28:2 

Le  Poison  {Àdole  Farnoh)  282 

Heureux  les  justes  (Mario  Donal) 28;> 

Le  Drame  d'Orsaizé  {Pierre  Gourdon) 283 

Mathias  Hernoude  \ Florence  (J Noll) 283 

L'Ambiance  {Lucien  Darrille) 283 

J/Intrus  {Royer  Dombre) 283 

Rédemptrice  {J.-I'aul  Bonnet) 283 

Le  Martyre  d'un  curé  {M.  Dabamnoret) 283 

Six  Petits  Contes  {Àntonin  Laverytie) 102 

Ouvrages  inspirés  par  la  guerre.  Un  de  nos  marins.  Le  Récit  de 

"  Jean  Le  Gwen  {Euf/ène  Le  Mouël) 1*^2 

Père  et  fils  ( .1  ufjuste  Baillii) 280 

LOrpbelin  {E .  Maynial) 280 

Jeinies  Classes  {Paul  Roume)  280 

Lettres  sans  réponses  {Henriette  de    Vismes) 280 

Les  Petits  Neutres  {Claude  Maneey) 284 

Livres  roses  pour  la  jeunesse  (Guerre  de  191-4-1918) 27 

Périodiques  illustrés  et  Albums.  iMon  Journal  li»l8 48 

Qui  ?    Pourquoi  .^    Comment  ?  L'Encyclopédie   de    la  jeunesse. 

Tome  IV ' f^ 

f,a  Première  Cliasse  de  Poum,  texte  et  dessins  de  Mad  llermet .  30 

Les  Oiseaux  cbantent  (//.  de  la  Necière) '*\ 

Nos  Animaux  (le  même) ■'^•1 

Albums  de  querre.  Reims.  Sept  Siècles  d'histoire  devant  la    cathé- 
drale (/.'.  Burnand  et  E.-G.  Benito) 108 

Prisonniers  de  guerre  {Jean-Pierre  Laurens) 103 

Les  Coules  de  fées  de  la  guerre.  La  Petite  Reine  Noble  île  Bel- 
gique ( J/ii'-  A .  GalandyQ{  A .  Raynolt) 50 

Les  Campagnes  de  M.  Trôuve-Tout  sur  terre  (//.  Lano.<) 50 

Les  Campagnes  de  M.  Trouvé-Tout  sur  mer  {le  même) TU 

I.iliértiture  t'raiM;aise.  Pierre  Corneille  [Auguste  Dorchain).  .  .  .  45 
i,es  liitclleclucls  dans  la  société  française.  De  l'Ancien  Régime  ù 

la  di-mncratie  {René  Lote) 201 

Krançois  Rulo/  et  ses  amis.  La  Vie  lilti'raire  sous  Louis-Philippe. 

Corres[)ondances  inédites  de  V.  Riiloz.  .\lfred  de  Vigny.   I$ri- 

zeux,  Sainte-Beuve,  Mériu)ée.  George  Sand.  Alfretl  de  Musset. 

etc.  (Marie-Louise  Pailleron) 280 

i,es  Pierres  du  foyei'.  Kssai  sur  l'histoire  littéraire  <lo  la  famille 

française  {Henry  liordeauv) 203 

Kn-tir-ric.  .Mistral,  poète,  moraliste,  citoyen  {Pierre  L(tsserre).  . .  4<"> 


J.. 


—  32;)  — 

LilCératures  étrangères.  l',:.'o  Koscoln  io  liigliiltoi'ra  {h'ranccsn, 

Viglionc) 121 

Kogazzaro  (Lucirn  Geniiari) 205 

l*4>ly<|i'aphe.s.  .MélaiMies.  l'apes  choisies  de  Riihen  iJario.  Choix 
el  priMacc  ilr  l'cNtura  (i'ircid  (Uilderon  Tivuhictions  de 
Marins  Aiidif',  d.  Jean  Auhri/,  Alfred  de  /ieuf/oer/ica,  Jean 
Cassou.  Max  Uairenur,  (leorffcs  llérelle,  M""  H.  .)/.  Moreno. 
Georf/ps  Pillemcnt,  (îahriel  Sonia f/es  el'André  Wiirmser .  .  .  47 
Antlioloi,'ie  ilcs  écrivains  bcli.'es.  {lOéLfs  et  prosateurs  (A.  Durnont- 

Wildfii) 117 

mSTOlHK 

<iiéo<|raphi<>.  (Iai'lo(|raplii4v  Voyages.  \a  Péninsule  ijalkanique. 

Gcogra|ihie  humaine  (Joraii  Crijici 122 

.losoph-NicoIns  Dolisle,  sa  biographie  et  sa  collection  de  cartes  à 

la  P.iblintlièque  nationale  [Albert  I.^nard) 105 

l.e  Dernier  i'élerinage  de  "   1,'Ktoile  •'  en  Terre-Sainte  (/i.  ISé- 

daoui) 297 

Histoire  ancienne.  Histoire  ancienne  de  lAfrique  du  r\ovt\{Ste- 
p/iani'  Gse/l).  T.  II.  I/Klat  cai-lhaginois.  T.  III.  Histoire  mili- 
taire de  Cartilage ï2i 

Oans  1  Orient  byzantin  {Charles  Diehl ) 51 

Histoire  do  ri-]glise  et  de.s  <»i*dres  religieux.  Les  Hérésies 
pendant  le  moyen  âge  et  la  Hél'orme  dans  la  région  de  Douai, 

d'Arras  et  au  pays  d'Alleu  {Paul  Benzart) 207 

La  Héforme  h  Montpellier  (J/'ie  L.  Guiraud) 120 

Lei.ons  rlhistoire  franciscaine  {le  II.  P.  Ubald  d'Alençon) 53 

Hagiographie,  liiographie  ecclésiastique.  Me  et  a-uvres  de 
la  bienheureuse  Marguerite-Marie  .Vlacoque.  Publication  du 
monastère  de  la  Visitation  de  Paray-le-Monial.  3«  édition  tota- 
lement retondue  et  notablement  augmentée,  [tar  les  soins  de 

Mg?    Gauthey 128 

Vie  de  Mgr  Julien  Loth,  protonotaire  apostolique,  curé  de  Sainl- 

Macloii  ^,V'o;'/7Ps  Lotit) 204 

l'uhHcations  relatives  à  la  guerre  européenne  1ÎH4- 
lîllîl  (\o\v  aussi  plus  haut  :  Poésie  ;  Théâtre  :  Roma/is  : 
Ouv)a(/es  pour  la  jeûneuse  :  Albums,  et  ci-après  :  Histoire 
étrangère. 

Atlas  et  (généralités.  Le  Front  (cartes),  li^''  janvier  1015-l.j  octo- 
bre I91S ; ' 193 

Le  Seci-et  de  la   frontière,  1815-1871-1914.  Charleroi  iVernand 

Engeraud) 7 

Les  Communiqués  officiels  depuis  la  déclaration  de  guerre 193 

Le  Troisième  Livre  jaune  français.  L'Alliance  franco-russe 193 

Guerre   de    1914-1910.    fîéponse   au    Livre    blanc   allemand   du 
lu  mai  19lo.  «  Die  volkerrechtswidrige  Fûhrung  des  belgischen 

Volicskriegs.  » 172 

L'Action  de   Benoit  XV  pendant  la  guerre  {le  P.  Giuseppe  Qui- 

rico) 99 

I/Action  du  Pafie   pendant    la   guerre   {l'abbé  Thellier  de  Pun- 

chevilli') 99 

La  Politique  de  Henoit  XV  {le  /,'.  /'.  Henri  Lp  l'iorh) 196 

Hechos  y  no  palabras  .   iniciativas  de  laridail   de   S.  .S.  el  papa 
Benedicto  X\  durante  la  giierra  europea  de  I9li-19l8 197 


—  326  — 

France  el  Vatican  (les   exigences  de  l'inléièl  national)  {Jacfjues 

De.ifj/eii  mortiers) 196 

..     Chronologie  de  la  guerre   {S.  R.) iOi 

Histoire  générale   et   anecdotique   de  lu   guerre  de  J914  {Jean- 

Bn^nard) 98,262 

Intrigues  et  diplomaties  à  ^\'asllin^ton  (1914-1917).  {(î.  Lechar- 

tier) r 242 

Mémoires  de  l'ambassadeur  firrard.  II.  Face  à  face  avec  le  kai- 
sérisme 162 

Mémoires  de  lambassadeur  M(jrtjentli(in.  N'ingt  six  mois  en  Tur- 
quie         241 

L'EurojJe  dévastée  (  Tr/7/<f/w  Muehlon),  notes  prises  pendant  les 

premiers  mois  de  la  guerre  :  trad.  par  ./.  de  In  Haritc 8o 

La  France  héroïque  et  ses  alliés   {(îiistdve  Geff'ro}/,    Léo/told- 

Laconr,  Louis  Lumet).  T.  1 5 

La    Belgique  nouvelle.   A    travers  quatre   ans   de   guerre  (1914- 

1918f  [Feriiand  iXeuraij) 80 

La  Guerre  su|)rema  {el  capitan  Arana) MSI 

Tutta  la  guerra,  aniologia   del    popolo  ilaliauo  sul  fronte  e  nel 

paese   {(jin>feppe  l'reccolini) 21 

La  Ciuerra.    lettere  di  un  socialisla  ai  suoi  llgli  {Pievo   Doineni- 

rhelli) " 89 

Diario  délia  guerra  dltalia,   raccolta  dei  hullettini  ufficiali  e  di 

altri  dociimenti 244 

L'Europe  libérée,    novembre  1918  (Paul  Seippel) 239 

Les  Glorieuses  Journées  de  Lorraine  et  d'Alsace 194 

Biographies.  Clemenceau  [Camille  Ducrai/) 186 

Notre  Clemenceau  jugé  par  un   catholique  (./.  Rai/mond) -187 

David   Llovd  George,    étude  biographique  {flarold  Spender)  ; 

trad.  de  Robert  L.  Cru 187 

Le  Colonel  Driant  {Gaston  Jollivet) 188 

Le  Cardinal  Mercier  (Mgr  Herscher) 173 

Le  Premier  «  As  y>  Pégoud  {Paul  Bonne fon) 11 

Le  Capitaine  aviateur  Didier   Le  Cour  Grandniaison    [Charles- 
François  Saint-Maur) 231 

Edouard  Junod,  ca[»itaine  à   la  légion   étrangère  (1873-1915). 

Lettres  et  Souvenirs 232 

Une   .Vme  de   séminariste  soldat.  Le  Sergent  Pierre  Babouard, 

du  1 23«  d'infanterie  {Paul   Vigue) 189 

Au  Vieil-.Arrnand.    Lettres   de   Henri   Volatier,   chasseur  au  3'= 

bataillon   alpin,  à  sa  fiancée,   publiées  par  (r.  i/ouiert/e. ...  .        171 

L'.Anima  di  un  valoroso  [Cesare  Giulio  Grandi) 263 

Orifjines  et  causes  de  la  guerre.  Les  Oi-ieines  du  pangermanisme 
(1800  à  1888),  textes  Ira.iuits  de  l'aliemand  par  /*.-//.  Michel, 
A  .  Girellet,  J.  Monier,  R.  Fauquenot.  li.  Lambert,  M.  Chré- 
tien, H  Cattanès,  .)/"'■  /yessi'Ui\  G.  Mendel.  M-..I.  Jeannin, 
./.  f)utilleul ,  /{.  Serreau,  .U.  Galland,  S.  Mancagol.  C.  Bou- 
det,  A.  Chertilier.  L.  Lérg-IHsp''ker,  Th.  Brûlé,  M.  Denis, 
S.  C/iarloI,  M.  Faure,  avec  une  l^rél'acc  par  Charles 
Andler ICI 

L'.MTaiie   île   Saverric.  novembre    191."{-janvier  1914  [Julien  Ro- 

vére) 1 78 

Le   Complot  de  Sarajevo  (28  juin  l!H4).  Etudes  sur  les  origines 

de  la  gin;rro  {./ulfs   Chnpin) 7 

Souvenirs  {Takf  Jonesco) 24S 

La    («lierre    allemande    et    la   Conscience   universelle   (Albert, 

prince  de  Monaco) 1 63 

Les  Etudes  de  la  guerre,    publié'es  sous  \<\  direction    de   René 
Puaujc.  Cahiers  2.  ."L  <>  et  7 107 


.     —  :i27  — 

Fdit.-f  particuliers.  N  ingl  Jours  de  guerre  aux  teni[»s  liéroïquos.  Car- 
net de  route  dim    comniandanl    de   loinpaguic   (aoiU   191  i), 

(le  comma/ulanf  A .  drassct) 24î} 

Autour  (l'Anvers,  souvenirs  cl  réoils,  aoùt-ottol>re  lyii  (  William 

Siii'th) 1 7.'i 

Mous  and  tlie  retreat  (le  capitainp  G.  J.  (iorrlon) :2G3 

I/luvasion  dans  le  nord  de  Seini>-el-Marne,  lîH  i.  Tril|)0rl,  Mont- 

c.eaux.  (ieruiiny  el  Ktrépillj  (/''.  Lubcrl) 2:» 

Guides     Miclielin  pour   la    visite  des   eli.auips    de    bataille.    I^a 

Trouée  de    Uevignv '2.i).\ 

Dans  Paris  l)oml)ardè(1871-nU  i-l'.HS)  {Lucien  Descares) .  .        101 

Pour  la  terre  de  Kranee   par   la  douleur  el    la  mort  (La  Colline 

de    LorcUe),    11)1  i-lDiri  (Pasieiir   \'allcr!/-/lailot) 2;)(i 

D'Alsace  k  la  Cerna,  notes  et  ini|u'essions  d"nn  oHicier  de  l'ar- 
mée d'Orient  (octobre  lî)Oo-aoiit  l'.H6  (Jean  Saison) il 

L'Aube   de    la    revanrlie.    Les  Victoires  serbes  de  1910  (Eugène 

(jascoin) • . .       1"*^' 

Nostro   Puriratorio,   fatti  personali  del  tempo  délia  guerra  ita- 

liana  (  I91>i-19l7)  (Antonio  lialdini). 2ol 

Verdun  (niars-avril-mai    I91(i)   {/lai/mond  Juhert) Si*') 

Trancliées  de  Verdun,  juillet  191H-mai  1917  (Daniel  Mornet).  .        101 
L'Escadrille  des  Éperviers.  impressions  vécues  de  guerre  aérienne 

(Jharlcs   Delaconimune) 12 

Froui  Bapaunie  to  Passchendaele.  1917  (Philip  (îibbs) 83 

Front  lines  (Hoi/d  Cable) 174 

Sous  la  rafale.  Au  service  de  l'infanterie.  Souvenirs  d'un  dra- 
gon pendant  la  (Irande  Guerre  (André  Schmits)   2-47 

Voli  di  guerra,  iiupressionni  di  un  giornalisla  pilota  (Otello  Ca- 

vara). 252 

Près  ries  combattants  (Amlrë  C/iecrillon) 169 

Nous,  soldats  !  (Jean  Tournassus) 90 

La  Gesta  de  la  Légion  (E.  ConiPC  Carrillo) 84 

Deux  ans  avec  les  Sénégalais  (Léon  Gaillet) 102 

Avec  les  alpins  (F.-A .   Vuillermet) 82 

Dal  Carso  al  Piave,  la  ritirala  délia  3°  armala  nelle  note  d'un 

çombattente  (Mario  Puccini) 13 

L'Épopée  de  Zeebrugge  et  le  «  Vindiclive  »  (Keble  Howard).. . .       193 
Barbarie  ijernuvnque,  bulgare  et  turque.  Nietzclie  contre  la  barba- 
rie allemande  (Caniille  Spiess) 197 

Les    Monuments    français    détruits    par     l'Allemagne     [Arsène 

A  le.randre) J\ 

L'Alsace  sous  la  domination  allemande  [Frédéric  Eccard) 170 

L'Arm'ée  allemande  à  Louvain   en  août  1914  et  le  Livre  blanc 

allemand  du  10  mai  1915. 172 

Le  Martyre  de  Lens.  Trois  Années  de  captivih;  (Emile  lîaslij)-.       169 
Sous  le  poing  de  fer.  Quatre  ans  dans  un  faubourg  de  Lille  (Al- 
bert Drouiers) 249 

Quand  «  ils  »  étaient  k  Saint-Quentin  (Henriette  Celarié). 248 

Prisonnier  civil,  ou  Histoire  d'un  prêtre  français,  docteur  alle- 
mand. intern('  50  mois  en  Allemagne  (1er  août  1914-1'-'''  octo- 
bre 1918)  (Dominique  de  Lagardette) 254 

En  Captivité...  1 1  juillet  1916-lci-  novembre  1917  (.1.  Limagne).       2o5 
Un  Séminaire   français...  en  Allemagne,  souvenirs  de  captivité 

(.4 .  Limagne) 256 

Le  Séminaire  de  N.-D.  de  la  Merci  à  Munster  et  Limbourg.  His- 
toire d'un  séminaire  de  prisonniers  français  en  captivité  pen- 
dant la  guerre  1914-1918  (le  R.  P.  Hochereau) 2o6 

En  représailles  [Eugène- Louis  Blanchet) 91 


—  328  —      . 

Englishiiian,  Kamerad  !   riglil  of  tlic  Hrilisli  line   {ca/ddin  Gil- 
bert A'ohbs) î>;^ 

Notes  d'une  internée  française  en  Allemagne  {Céline  Fallet). . .       108 
L'Allemand,  souvenirs  el  réflexions  d'un  prisonnier  de  guerre 

{JfiC(/ueft  Uirière). '     171) 

Réquisitoire  contre  la  Bulgarie  {H. -A  .  lieiss  et  .1.  boiniassiext.v) .       26() 
Le  Kapport   secret  du   D'  Jahannès    Lepsius,   président  de  la 
Deutsche  Orient-Mission  et  de  la  Société  germano-arménienne, 
sur  les  massacres  d'Arménie,  publié  avec  une  Préface  de  René 

Pinon is;^ 

L'Opinion  et  la  Guerre.  Le  Droit  au-dessus  de  la  race  {Otto  II.  Kahn)  ; 

trad.  de  l'anglais  par  le  lieutenant  Louis  Thomas 94 

Quelques   Guides  de    l'opinion  en    l'rance   pendant  la  Grande 

fiuerre,  1914-1918  {A.  de  Cluwibure). 17:5 

L'Opinion  allemande  pendant  la  gueri'c  19li-19l8  {André  Ilal- 

lai/s) 164 

H  Diritto  et  la  Guerra  {.\un:io  Nasi) 197 

Les  Aveux  de  l'ingrat  {Gabriele  d' Annuncio) 204 

La  France  pendant  la  (jnerre.  Essai  sur  le  sentiment  français  en  Al- 
sace.  Gomment  il   s'est   formi',  comment   il    s'est   maintenu 

{Paul  Pilant) 90 

Le  Poing  allemand  en  Lorraine  et  en  Alsace,  1871,  1914.  1918 

{André  Fribourg) 91 

L'Alsace  telle  qu'elle  est  {Mi/r  Herscher) 177 

Vue  générale  sur  la  question  d'Alsace-Lorraiue  {.Jules  Duliem)..  178 

La  France  agricole  et  la  Guerre  {le  />''  C.  Gliauveau).  T.  11.  . . .  258 

My  war  diarv  {Mary  King  Waddiiif/ton) 107 

Les  Pays  étrangers  et  la  6^«('r/r.  L'Angleterre  avant  et  api'cs  la  guerre 

{Paul  /{et/naud} 175 

Thonias    Bartlett   en    France.    L'Anglais    tel     qu'il  est    {Gaston 

Rageot) ." 12 

L'Irlande  ennemie  !'  (/»'  -C.  Fscouflaire) , 88 

La  Guerre  vue  par  les  combattants  allemands  {Alb'rt  Pingaud).  81 

Les  Déceptions  de  l'Allemagne  {Charles  Daprcmont) 20 

Allemands  d'hier  et  d'aujourd'hui,  esquisses  historiques  {Arthur 

Chuquet) 1 74 

Magjai-s  et  pangermanistes  {Stéplwn  Osuskij  el  .Jules  Chopin).  181 
Les  Problèmes  nationaux  de    FAutriclie-lIongrie.   Les    'Yougo- 
slaves {Fra/io  Cvietisa) 15 

Yougoslavie  et  Autriche  {le  comte  Voinovitch) 15 

La  O'iestion  yougoslave  {Auguste  Gaurain) 1  i 

La    Dalmatic,  l'Italie    et    l'Unité    yougoslave    {le   comte    Louis 

Voinovitch) 14 

La   Dalmalie  {Giuseppe  Preccolini)  :  traduit    de    l'italien   [>ar 

[jjufjo  Itailic .' 15 

La  Patrie  serbe  {Madeleine  de  /ienoit-Sigoger< 16 

l^es  l'ronlicres  hisloriiiues  de  la  Serbie  {Gaston  Gravier) 182 

Le  Monténégro,  son  passé  et  son  avenir  {Andriga  nadorifrh).  14 
Les  IntrigiKîs  gcrnianicpies  en  (ircce  (Petnelra   Vaka  [.)//>'.  Ken- 
net  h  Urou^n] 87 

Le  Mvstère  roumain  et  la  Didection  russe  {Charles  Stiénon) ..  .  18 

Lfi  Paix  .le  Bucarest  (7  mai  I!tl8)  {/).  fanrovici) 19 

La  Biissie  en  1914-1917  {Gssip-Lourié) 107 

La  Kévoliition  i-iisse  {Claude  A  net}.  Deuxième  série.  Juin-novem- 
bre 1917 10s 

Les  Deux  Flé-aux    du    momie.    Les    Bolcheviks  et  l'impcrialisuie 

alb'inand  (  Vladimir  Jionrtzeff) 10!» 

1.^1  Question  d'Alaufl  {.lohn  t'ggla) 20 i 


M 


—  329  — 

L;i  Position  il'Alaml  |ii'n'i;iiil  Inge  liisloriiine  (.)/.  <i.  Schi/ix-n/- 

son) 2or; 

Diii  por  (li;i  de  nii  calencJHrio.  iiiemoranrjiitn  de  la  virla  fspaùoiii 

en  d9IS  {.Miinupl  Muchodo) !>(i 

La  iléponsc  du  mauvais  servileiii-  {Jo/ifninès  ./or//t'nsf'ii) 20 

\  (;rs  IK^ypIe  pendant   la  iiucrre  {Jean  llermaiiovits) 22 

Dans  rAiiiéiiqne  en  giierrr  {Hmmaniifl  Houiciev) 101 

La  Guerre  et   la  Grande  (iiierre  {Antonio  dos  /teis  Carva/ho)  ; 

trad.  par  Aufj.  de  Aranjo  Gonsalves 19.j 

l.p.i  Conditions  de  la  paix.  La  Paix  qu'il  faut  à  la  France  {le  fjeni'- 

ral  Maîlrol) 260 

Les  Conditions  économiques  de  la  pais  {André  Lehon) 2(»») 

The  ^^'ay   oui.    proposais  submilled    lo    président   Wilson  (.V. 

Van  lloutini) 2(54 

L'.\rl)itrato  ponlificio  {Marino  Camlini}. 2.'} 

Lne  grave   (Jueslion  d  intérêt   religieux  :  le  statut  religieux  de 

la  Palestine 26 

Une  grave  Question  d'Intérêt  national.   France  et  Syrie 26 

Traditions  françaises  au  Liban  {René  lîistelhueher) ls;{ 

L'Allemagne  peut  payer,  l'altlea»  de  la  richesse  allemande  pré- 
senté   par   la  a  Dresdnei'   l'ank  ».   lîerlin  le  l*'''  janvier  l!(l."5. 

commenté  par  Lucien    llaljert 99 

La  Bessarabie  et  le  Droit  des  peuples  {D.  Dra<jhi(:esco) 94 

La  Fin  d'un  monde  et  la  So<iété  des  nations  {[îené  Lavollëc) .  .  195 
Comment  faire  la  Société  des  nations  ?  de  la  race  à  la  nationa- 
lité (Mieczyslaw  Genyus:) 27 

La  Cité  de  demain  dans  les  régions  dévastées  {J.-Marcl  Aulnir- 

tin  et  Henri  Htanchard) 191 

Notre  Force  future  {Jean  DijboirsJd) 262 

L          L'Arme  économique  des  Alliés  {le  commandant  M.) 95 

Mélant/es.  Les  Buts  de  guerre  de  la  Proviilence  {Antonin  Eijmiea). .  24 

À  ceux  qui  disent  :  «  S'il  y  avait  un  bon  Dieu,  on  ne  verrait  jias  - 

des  horreurs  pareilles  !» 100 

Les  Curés  «  sac  au  dos.  »  Oui  ou  non.  y  en  a-l-il  ?  Propos  d'un 

combattant  {Jean    Vital) 265 

Pour   ceux    qui   pleurent.    Impressions   et   pensées    de   guerre 

{Pierre  Afjiiétant) 25 

Ma  douleur  s'endort...  {Jéon  tirij) 96 

Les  Consolations.  Pour  les  cœurs  dévastés  {Edwar  Montier). . .  190 

Lettres  à  un  converti  de  la  guerre  (G.  Letourneau).  2e  série. . .  189 

Les  Consignes  du  soldat  chrélien 100 

Fleurs  de  guerre  {Joseph  liaeteman) 102 

Le  Gendarme  Sclineidig  et  ses  mésaventures  en  Alsace  {Albert 

Geis)  :  traduit  de  l'alsacien  par  Jules  Frœlicli 179 

Les  Guerres  d'enfer  {Alphonse  Séch'') 261 

Le  Dilenune  de  la  guerre  {Garcia  Calderon) 184 

Vertus  guerrières  {le  capitaine  Z .) 185 

La  Guerre  et  la  Vie  de  l'esprit  {Maurice  Legendre) 257 

Le  Bon  (Combat  {l'abbé  Euf/ène  Griselle) 260 

La  Marine  française.  Honneur  aux  marsouins.  Donnez-nous  des 

prêtres  !  Les  Curés  au  Front  (Myr  Félix-  Périé) I0:( 

Pour  en  Unir  avec  les  sous-marins  {l'amiral  Degouy) 10 

L'Alimentation    en  temps   de   guerre,  avec  recettes   et  menus 

(.l/me  Any.  Moll- Weiss) 191 

Le  Pécule  dee  Poilus  de  la  Grande  Guerre  {le  capitaine  G.  Flu- 

tPt). 265 

Le  Rôle  constructeur  de  l'armée  {Paul  l'omet \.  .  .  .'. lOO 

L'Argot  des   Poilus.   Dictionnaire  hunjoristique  et  [iliilologique 


—  330  — 

du  langage  des  soldais  de  la  (irande  <iiierre  de  1914  (Fran- 
çois Dechelette) 5(7 

Les  Kslampes,  images  et  afïiclies  de  la  guerre  {Clément  Janin).  .       2()(> 
Hiblioffra/t/tip.  Coileclion  Henri  Lohianc  donnée  à  l'ÉlaL  La  Grande 
Guerre,  iconographie,   bibliographie,  doeumcnis  divers.  T.  V. 
Catalogue  raisonné  des  estampes,  originaux,  ailiches  illustrées, 
imageries,  vignettes...  cic.  2>'  volume  de  llconographie. ....         t»7 

La  Littéralurc  de  guerre,  recueil  méthodique  et  criliquedes  pu- 
l)licalions  de  langue  française  (août  1914-aoiît  1916)  {Jean 
I '/>•).  T.  Il ;....         ^l-i 

Éléments  d'une  bibliographie  des  livres,  brochures  et  tracts 
imprimés  et  publiés  en  Espagne  de  191-i  à  1918  et  relatils  à  la 
guerre  mondiale  {Albert  Moussef) 197 

Histoire  <le  France.  Les  ICIémenls  de  la  population  orientale  en 
Franco.  Les  Russes  en  France  du  xi"  au  xviii«  siècle  (/.  Ma- 
i/iores) KHi 

Mémoires  aidhentiques  du  maréchal  de  Rirlielien  (172o-l757), 

publiés  par  A.  de  Boislisle 1:2!) 

Vergennes  et  l'Indépendance  américaine.  Vergennes  et   ^Vilson 

{ic  baron  Hennet  de  Goutel) t)4 

Etudes  rohespierristes.  IL  La  Conspiration  de  l'étranger  {Albert 

Mathiec) 208 

Histoire  de  trois  générations  1815-1918  {Jac<]Hes  Baitirille).  ...         oO 

Correspondances  du  siècle  dernier.  Un  Projet  de  mariage  du 
(hic  d'Orléans  (1836).  Lettres  de  Léojwld  l'^-^de  lielf/Ujue  k 
Adolphe  Thiers  (183G-1864).  Documents  inéiiils  publiés  avec  des 
Avertissements  et  des  notes  par  L.  de  Lantac  de  Laborie. .  .       V.VÎ 

Lfcs    Précurseurs.   Histoire    de  la  Uévolulion  de   18 i8    {Caston 

Boun  iols) •')(> 

Histoire   des  institutions  et  «les   mtears.    Le  Prétre-soldat 

dans  l'histoire  (Oscar  Ilavard) 290 

Une  Famille  au  dix-neuvième  siècle.  1870-1900.  Notes  pour  ser- 
vir à  l'étude  de  la  bourgeoisie  (A.-J.-A.  Lobry) 134 

Histoire  (Hplomatique  et  militaire.  La  France  et  l'Allemagne 
après  le  congrès  de  Berlin.  La  .Mission  du  comte  de  Saint-Val- 

lier  (décendjre  1877-décembre  1881)   {Ernest  Daudet) 210 

Nos  .\nciens  à  Corl'ou.    Souvenirs  de  l'aide-major  Laniare  Pic- 

tjiiot  (1807-1814),  publiés  et  annotés  par  Hubert  Pernot 132 

Histoire  coloniale.  La  France  nu  Maroc  {André  Lichtenbenjer).  292 

Le  Maroc  de  1918   {Henri  Ihu/ard) " 292 

Au  .Maroc.  Marakech   et  les   ports  du  sud  {le  comte  Maurice  de 

Périf/ni/) .  293 

Les  Energies  franraises  au  Maroc,  études  économiques  et  socia- 
les {le  comte  de  la  îtevelière) 293 

Histoire  provinciale  et  locale.  Hauville.  .Notes  pouvant  servir 

H  rbisi(jire  de  cette  comniune  {l'abbe  Paul  Euiteline). .''»8 

Histoire  de  la  Révolution  dans   la   Mayenne   {l'abbe  Ferdinand 

(/auf/ain) 208 

Documents  relatifs  à  la  vente  des  biens  nationaux  du  départe- 
ment de  la  Haute-Garonne.  District  de  Toulouse,  publiés  par 
Henri  Martin 209 

<Juestîoii.s  du  jour.  Tilches  idéales,  religieuses,  éducatrices,  patrio- 
tiques (il////-  Tissier) -W 

L  Etal  et  la  Natalité  (le  nian/uis  de  Rinu:) 134 

Le  Statut  de  la  terre  et  le  Parlement  {Bouilloujc-Lafonl) 04 


I 


—  331  — 

I/l^voliilion  régioiiiilislo.  Du  lY'librige  au   fédr-ralisme   [F.-Ji'an 

l)fst/nt-uv) '  •5"» 

Lo  lU'gionHlisrnc  cl  la  France  de  demain  {le  marquis  di;  l'ICs- 

loiirbeillon) ' i-'^'» 

LeHres  dun  vieil  Aniériciiin  à  uu  Franrais,  IraiJuil  do  l'anglais 
par  J.-l. .  Duplfin 1  ■5'' 

Histoire  éii-aiiyère.  Les  Survivances  françaises  dans  lAlIcniagnc 

napoli'onienno  depuis  1815  (JulieH  Rovère) .">:! 

L'AlloMiagne  t't  IAmrii(iue  latine.  Souvenirs  d'un  voyageur  nalu- 

i-aiisie  (Émile-lî.   Waf/ner) ...        I3.S 

La  l'olilique  extérionu-e  de  rAuli-iche-IJongrie  (lS7;J-l!ll.i)  [Jean 
Ldnncron.L-).  Tome   II.   La  Polilique   d'asservissement,   1!J0«- 

l!)li •>■? 

La  [jr"lgi(^a  ([ue  vo  vi   {José  Sahird) 211 

Histoire  lies  relations  entre  la  Krame  et  les  Roumains  (.V.  Jorç/a).         17 
La  Itoumanie.  Valarliie.  Moldavie,  Dobroudja  [Euf/ène  Pitlard).       20t» 

La  Nouvelle  Serbie;  (deorf/es-  Y.  Deras) 1"> 

Histoire  de  la  Hiis^ie  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours  {Alfred 
Itnmhaud).  '•'■  édition   rt-nlermant  un   Supplément  jusqu'en 

mars  I1M7.  par  Emile  Hanmant. 10^ 

Raspoutinc.  La  Fin  d'un  régime  (,/.   11'.  Bienstock) 107 

Les  Hases  convenlinnnelles  des  relations  modernes  enli-e  la  (Ihine 

et  la  Russie  (Hoo  L'/ii  T.<aï} lOi 

Le  Nouveau  Japon  {André  Bfllessort) 61 

Par  les  chemins  japonais.  Essais  sur  le  vieux  et  le  jeune  Japon 

(Fronçais  de  tessan) ■         '><> 

The  Standard  of  living  in  Japan  {Kokichi  Morlmoto) 137 

The  Dut  cil  Republic  and  thè  American  Révolution  {Friedrich 

Edter) 131 

Biographie  française  et  étrangère.    La  Jeunesse   <le  Joseph 

Joubert  {André  Beannier) 130 

Un  Témoin  de  la  campagne  de  Russie.  L'Abbé  Adrien  Surugue 
(1733-1812),  curé  de  Saint-Louis-des-Français  de  Moscou  {Léon 

Mirot) ■ lOC 

Louis  Veuillot  h  Rome  {D.  Holand-Gosselin) il  1 

Les  Amours  dun   poète.  Documents   inédits  sur   Victor   Hugo 

( Louis  Barthou) 212 

Paid  Stapier  (1840-1917)  iHfnrii  Dartif/ae) 65 

L'n  Lvs  brisé  \lc  chanoine  Ma.r  Caron) 63 

R.  W.  Emerson.  Autobiograpliie  d'a|irès  son  a  Journal  intime.  » 
Traduction.  lutroductiou  et  notes,  par  liéqis  Michaud.  T.  II. 
1841-1876.. 13^^ 

Héraldique.  Les  Anciens  Symboles  héraldiques  des  villes  de  France. 

Verdun  {Jacques  Meurf/ei/) 1 40 

Les  Armoiries  du  pars  basque  {le  même). 140 

Mélanges.  Facts  about  France  {E.  Saillens) 63 

Bibliographie.  Library  of  Gongress.  Guide  to  the  law  and  légal  lite- 

ralure  ot  Argentina.  Rrazil  and  ('.bile  {Eda-in  M.  Borchard).         61 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES    NOMS    D'AUTEURS 


AcKK»  (Paul) 34 

Aguktant   (Pierre) 25 

Albeht,  prince  de  Monaco.  . . .  1(55 

Alençon  (le  P.  UbaM  d') 53 

Alexandre  (Arsène) <> 

Andi.er  (Charles). 161 

Andrk  (Mariiis) , 47 

Anet  (Claude) M)i< 

Annunzio  (Gabriele  d') ,  264 

AuANA  (el  capilân) 167 

Ap.aujo  Gonsalves  (Aug.  de).  .  .  195 

Akchambaud  (M"'e  iJÉwiANS  d).  .  278 

AsLN  Palacios  (le  D''  Miguel). . .  20C» 

Assouad  (Nicolaus) 2S4 

AuHRY  (G. -Jean) 47 

Al'uurtin   (.1. -Marcel) 191 

AuuiBERT  (Georges). 275 

Haeteman  (Joseph) 102 

liAii.LY  (Angusie) 280 

lUiNvii-LE  (Jacques) 56 

lÎALDiNi  (Antonio) 251 

Bartme  (Armand) 279 

Bahtuou  (Louis) 212 

liAHUCu  (Andréj 36 

P>Asi.Y  (Emile) 169 

Datikjol  (Mgr  Pierre)...      199.  225 

Hkaiinu:r  (André) 130 

BÉUAori  (l{.) 297 

Hei.i.essorï  (André) 61 

l>E.\(;oEGiiEA  (AHVcd  ok) 47 

Uenito  (E.-C;.) 198 

P.ELUN  nu  CoTK.Ai;  (le  Dr).     141,  142 

Benoit  XV  (S.  S.) 214 

Bknoît-Sigovek  (Madeleine  de).  16 

Bernard  (AHrcd) 296 

Bertrand  (Krançois-Louis).  .  .  .  271 

Beuzart  fPaul) 207 

BlENSTOCK  (J .  \N  .) 107 

Blanchard  (Henri) 191 

Bi.ANCiiKT   (JMigène-Louis) 91 

Bi.ocH  (Jean-Bicliiird) 36 

Bi.osDE  (Edgard) 3(i 

Boisi.isLE  (A.  de) 129 

Boi.i.ERY  (Joscfili) 276 

BoNNASsuaix  (A.) 266 

BoNNEi'ON  (Paul) 11 

IW.NNET  (J.-Paul) 283 

BoNTuL'x  ((;.) 6;{ 


BoRCHARD  (Edwin  M.) .' . .  61 

Bordeaux  (Henry) 203 

BORNET  (Paul)..' •.  ...  100 

Bouchaud  (Pierre  de') 271 

BoucHOR  (Maurice) 277 

Boldet(C.) 161 

Bouuj.oux-Lafont 64 

BouNioLs  (Gaston) 56 

BouRcn<:R  (Emmanuel). . 101 

BouRGET  (Paul) 32 

Bourtzeff  (Vladimir) 109 

Bouvier  (labbé  Claude) 111 

Brocher  (Jules) 36 

Brol  ssan-Gaurert  (Jeanne)...  32 
Brown  (Mrs.  Kenneth)  [Deme- 

tra  Vaka]. 87 

Bri:gi;ière  de  Gorgot  (Andrée).  275 

Brûlé  (Th.) 161 

Burnand  (B.) 198 

BuxY  (B.  de) 282 

Cable  (Boyd) 174 

Calderôn  (Garcia). 184 

Calderùn  (Ventura  Garcia)...  47 

Canclini  (Marino) 23 

Gabon  (le  chanoine  Max) 65 

Carrère  (Jean) 274 

Carrières  (Jane  de) 32 

Cahrillo  (E   Gômez). 84 

Carvalho  (Bels  Antonio  nos).  .  195 

Cassou  (Jean) 47 

Cattanès  (11.) 161 

Cavara  (Olello) 252 

CÉLARiÉ  (Henriette) 248 

Chambrun  (la  C"""'  de) 35 

Cha.mrure  (A.  de) 173 

Charlot  (S). 161 

Chauveau  (le  1)1-  C.) 258 

Chevallier  (.\.) 161 

Chevrillon  (.\ndré) 1(>9 

CiioLLiEit  (Antoine) 275 

Choi'in  (Jides) 7.  181 

Chrétien  (.M.) 161 

Chuqi'et  (Arthur) 174 

Clément-Janin 26('» 

Clérissac  (le   B.  P.  llumberl).  3!» 

Coi.oMiL\N  (Max) 281 

C.oMREs  (Marguerite). 277 

Coi'iMER  (.\ndré-Cliarles) ii 


—  333  — 


CosTEi- (Paul) 271,  27:i 

Coteau  (le  D'  Bei.mn  nu).     UL  142 

Côtk-Dari.y I  i2 

Coui.OMiî  (Jeanne  de) "2^2 

CouHDoux  (le  Dr  Victor) -"I 

CoussANCE  (Jacques  de) 2*i 

CoLTRAS  (l'ien-e) '2~:j 

Cru  (Kobert-L.) 1«7 

CuuK  (Henri) ^^i'tii 

CviKTisA  (Franc) H 

Cvijk:  (Jovan) 122 

Daraumoret  (M.). 2S3 

1)a<;rkmo\t  (Henri) 273 

Haikk.uv:  (Max) 47 

Danyi.-Helm 275 

Uapre.mont  (Charles) 20 

Dakgon  (Jean) 11^ 

'  Dario  (lîiibén) 47 

Daktigl'e  (Henry) 05 

Darviij.e  (Lucien) 283 

Daldet  (Ernest) 210 

DÉCHELETTE  (François) 97 

Oegouv  (raiiiiral) 10 

Delacommuxe  (Charles) 12 

Dei.orme-Jcles  Simon  (J.) 32 

Démia.ns  d'Archambaud  (M""').  ■  278 

Denis  (M.) .  .  1<JI 

Deshi.eumoktiers  (Jacques)....  100 

.    Descaves  (Lucien). 101 

Deslinières  (Lucien) 214 

Desthieux  (F. -Jean) 13.^ 

Deva«  (Ceorges-V.) 15 

DiEHL  (Charles) 51 

Do.MBRE  (Hoger) 283 

Do.MENicHELLi  (  Piero) 89 

DoNAL  (.Mario) 283 

DoRCHAiN  (.Auguste) 45 

Draghicesco  (D.) 94 

Drollers  (Alherl) 249 

DoBoscQ  (Claude) 273 

DucRAY  (Camille) 186 

Dliîard  (Henrj). 292 

DuHEM  (Jules) n8 

Du  LAZ(René) 273 

Dumas  (Alexandre) '    49 

Dumont-Wii.den  (L). 1 J7 

DURLAN  (J.-L.) 130 

DuPLESSY  (labbé  Eugène) 295 

DuTiLLEUL  (J.) loi 

Dybowski  (Jean) 262 

Eccard  (Frédéric) 176 

Edler  (Friedrich) 131 

Emerson  (R.  W.)... 133 

Engerand  (Fernand) 7 

ESCOUPLAIRE  (Il.-C.) 88 

Espallac  (Gabriel) 276 

EuDEi.iNE  (rabbé-Paul) 58 


EvoL  (Cliffre  d) 32 

i:.yMiEU  (.\ntonin) 24 

Fallet  (Céline) Di8 

Farnoh  (Adole) 282 

Fauiiuenot  (11.) loi 

Faure  (M.) 101 

Faure-Favier  (Louise) 37 

Farusi  lie  lieul'  marquis  S.-J.- 

L.  de) 36 

Feschotte  (Jacques) 270 

Fi.amard  (Ernest) 201 

Florv  (Albert) 209 

Flutet  (le  cap""  C.) 265 

Forsant  (Octave). 214 

FouR.ME^.  (Paul) 52 

Fouknier  (Suzanne) 271 

Frirourg  (.\ndré) 91 

Froelich  (Jules) 179 

Gaillard  (Roger) 274 

(Imllet  (Léon) 102 

Galandy  (Mlle  A.) 50 

Galène  (Auguste) 276 

G.VLLAND    (Mj 161 

Galopin   (Arnould) 192 

Ganay  (Ernest  de) 102 

(iAHCiA  (Calderôn) 184 

Garenne  (Albert) 31 

Garnier,(A.-P.) 276 

Garry  (Etienne) 36 

Gascoin  (Eugène) 181 

Gauchez  (Maurice) 270 

Gaugain  (i'abbé  Ferdinand).  .  .  208 

Gauthey  (Mgr) 128 

Gauvain  I  A\igusle) 14 

Geffroy  (Gustave) 5 

Geis  (Albert)..... 179 

Gennari  (Lucien) 205 

Genyusz  (Mieczyslaw) 27 

Gérard  (l'ambassadeur). 162 

GiBBs  (Philip) 83 

Gillet  (M-S.)... 200 

Givelkt(A.) 161 

GÔMEZ  Carrillo  (E.). 84 

Gordon  (le  cap"'  G.  J.) 263 

GoRGOT  (Andrée  Bruguière  de).  275 

Gourdox  (Pierre) 283 

GocTEL  (le  baron  Hennet  de).  .  64 

GRA^DI  (Cesare  Giulio) 205 

Grasset  (coni'  A.) 245 

Gravier  (Gaston) 182 

Griselle  (l'abbé  Eugène) 260 

Gry  (Léon) r 96 

GsELL  (Stéphane) 124 

Guichard  (Marcel) 42 

GuiFFRE  d'Evoi 32 

Guillet  (L.) »75 

GuiLLOU  (René) 288 

Guiraud  (Mlle  L.) 126 


334  — 


IIau.ays  (Andi'é) iQi 

Halleux  (Louis) 272 

Halphen   (O-H.) M4 

HANiN((:lau.le). : 26Î) 

IIaimant  (ÉinUe) 104 

llAVAni)  (Oscar) t\)0 

Hen.net  de  CiOUiEi.  (le  baron). .  04 

Hé.xolauo  (J.) ^1 

IIÉitKLi.E  (Georges) ". .  .  il 

Hehma.novits  (Jean) 2f 

llEu.MET(Mad) oO 

Hehmite  (Charles) 288 

Hehschkh  (Mgr) 173,  r/7 

Heuz.é   (Paul) 280 

HowAiU)  (Keble) 193 

HuBEHT  (Lucien) 5^9 

Ja>-kovici  {]).) 19 

li.G(Paul) : 36 

isNAHD  (Albert) 105 

ISSANDON  (G.)..... 215 

Jean- Berna Rn 98,  262 

Jeanmn(M..I.)... 161 

JoujvET  (Gas(on) 188 

.Ionesco  (Take) 243 

.Iohijan  (G.) 114 

JoiuiA  (N.) •  17 

.I()R(;ensen  (Johanncs) 26 

.luBEHT, (Raymond) 246 

Jl'lia  (Kniile-François) 31 

JuNOD  (Kdouard) 252 

Kahn  (Ollo  M.) 94 

KlEFFEK  (K.) 112 

Larorie  (L.  de  Lanzac  de)  ....  132 

La  Brète  (Jean  de) 35 

Lafargue  (Albert) 272 

Lagardette  (Dominique  de).  . .  !!!54 

Lagrange  (le  P.  M.-J.) 38 

La  Hari'E  (J.  de) 85 

Lamare  Picquot  (l'aide-major).  132 

Lamhert  (H.) 161 

La  Mothe  (Hedon  de) 103 

La  Nézière  (K.  dk) 51 

Langie  (André) 202 

La  Nomia 271 

La.nos  (IL) 50,  51 

Lanzag  de  Larorie  (L.  de)  ....  132 

Laruald  (Valéry) 37 

La  Hevki.ikre  (le  comte  de)  . .  .  293 

Lar.mehoix  (Jean) 57 

Lasserre  (Pierre)  46 

Laurens  (Jean-Pierre) 103 

Lavergnk  (Anlonin) 102 

Lavoluîe  (Uené) 195 

Ledkut  (F  ) ■• .  25 

Leresgi'e  (IMjiléas) 278 

J.ERON  (André) 266 ' 


Lecauble  (Philippe) 269 

Lechartier  (G.) 242 

Ledav  (J.) 141 

Lekebvre  (Jacques) 276 

Le  Floch  (le  K.  P.  Henri) 196 

Legendhe  (Maurice) 257 

Le  Mière  (Marie) 281 

Le  MoiËL  (Kugène). 102 

Léopold-Lacour 5 

LÉouzoN  Le  Duc  (G.) 113 

Lep.^^ils  (le  D'"  Johannès) 183 

Leseur  (Mlle) 161 

Leseur  (Elisabeth) 200 

L'KsTOURBEiLLON     (Ic     Hiarquis 

j.e) 136 

Leïolrnkau  (G.). 189 

Levrat  (Etienne). 271 

LÉVY  DlSPEKER  (L.) 161 

Lichtenberger  (André) 292 

LiMAGNE  (A.) 255,  256 

Lorry  (A.-J.-A.). 134 

l>OTE  (Hené) 204 

LoTH  ((ieorges). 294 

Li'MET  (Louis) 5 

Machado  (Manuel) 9ô 

Maim.et  (André) 275 

Maitrot  (le  général) 260 

Mai.o  (Henri) 294 

Ma>cey  (Claude) 284 

Manzagoi,  (S.) 161 

Marceau  (le  1)''  Harry) 37 

Martin  (Henri) .' 209 

Mahyan  (M.) 281,  282 

Massoutié  (Georges) 142 

Mathiez  (Albert).' 20S 

Mathorez  (J.) 106 

Maurois  (André) 37 

Mayeur  (Pierre-Xavier) 269 

Mayniai,  (K.)... 280 

Mayran  (Caaiiile). 29 

Mendel  ((;.)  ., 161 

Ménieux  (P.  Edouard  de)  .....  32 

Meunier  (Stanislas) 43 

Meurgey  (Jacques) 140^ 

MiCHAUD  (Kégis) 133 

Michel  (A.).': MO 

Michel  (P. -IL) 161 

MiLHAUD  (Georges) 41 

Mille  (Pierre) 3tV 

MiRor  (Léon) 106 

Moll-Weiss  (M'"'!  Augusla) 191 

Monaco  (Albert  prince  de) 165 

MoNFAT(le  P.  A.) 201 

MONUCR  (J.) 161 

MoNTKOKT  (Eugène) 36 

MoNTiER  (Fdwar) 190 

MoRENo  (M"'c  IL  M.) il 

Morgan  (Jean) 'i^> 


—  33:;  _ 


>1oiu;kmii.u'  (l'arnbassadcui) .  .  ^41 

Mom.MDTO  (Kokiclii) l-i" 

MoKNETi'Daniel) 101 

.MoKTiKH  (Alplionsi') 141 

MoussKT  (All)orl) ■!'•»" 

MOUTKUDK   (<;.) I"l 

MiKHLON  (Wilhelin) <S"> 

Xasi  (Nunzio) l".*" 

Nesmy  (Jean) 2î) 

Nkuuay  (Kornaml) N'j 

iNoBBS  (caiitain  (iilbert) î>3 

NosTOs  (Jean) l^O 

NoTHOMU  (l'ierre) '-H 

O'NoLL  (Kloi-ence) 28:^ 

OSSIP-I.OLIUK. 107 

OsLSKY  (Siéplien) 181 

Paili.eron  (Marie-Louise) 289 

Palacios  (Migiiol  AsiN). 29(j 

Pbi.i.kiu.n  (Eiunia)    27tj 

PÉHiÉ  (Miri-  l'élix) i03 

PÉuui.NY  (le  comte  Maurice  de).  293 

Pkh.not  iliubcrt) 132 

l'Eiir.i>Y  (le  P.  Louis) 27» 

Phujhpe  ((_',liai-les-Louis) 37 

i*iCAiii>  (E.) 114 

Picard  (ICmile) 288 

Pilant  (Paul.. 90 

PiLLEMENT  (Georifes) 47 

PiNGACD  (Alberl) 81 

Pi.No.N  (René) 183 

PiTTARD  (Eugène) 206 

POINCAKÉ  (H.) 114 

PoNCHKVii.LE     (l'abbé    Thelliek 

DR)..., 99 

PouGET  (Éflouai'cl) 41 

POLRRAT  (P.) m 

Prat  (Jean-H.) 'ôl 

Pre^lkfom  (René) 275,  276 

Prkzzmlim  (Giuseppe) 13.  21 

Prielr  (Auguste). 271 

Probus. 215 

Puai  X  (René) 107 

Pucci.M  (Mario) 13 

QuiKico  (le  P.  Giuseppe) 99 

Radîc  (Ljiibo) 1.J 

Radomtch  (Amlriva) 14 

Raceot  ((laston) 12 

Ramdaud  (Alfred) 104 

Raymo.nd  (J.) 187 

Ray.v<mt  (A.) 30 

Redu.r  (Antoine) 31 

Reijiiv  de  la  Mothe 103 

Reh  ^m;valho  (Antonio  DOS)    .  193 

Reis';  m.-A.) 266 

KÉvtiLLAiD  (Eugène) 271 


Rey.nal'd  (l'aul) 173 

Rh  HKI.1EU  (le  maréchal  de).  . .  .  \iM 

i{iEix(Jean) 272 

lilSTELHLEHER  (HeUV) \H'A 

RiviKHE  (Jacques; 179 

Rmchereal-  (le  R.  I'.) 2ri«; 

ROLAMJ-GOSSELI.N   (D.) 211 

RoLGÉ  (Olivier  de) 277 

RdUGiER  (Paul).. 270 

RoLME  (Paul; 280 

RoLHE  (Lucien; 40 

]^o\j\  (marquis  de) 134 

RovÈRE  (Julien) 33,  178 

Saille.n*  (L.) 63 

Sai.m-Ge.nks  (.Marguerite  de).  . .  142 

Sai.nt-Maur  (Charles-François).  231 

Saison  (Jean) 9 

Salmox  (.\n(lré) 37 

Sa-MBOX  (Arthur) 277 

Sandy  (Isabelle» 29 

ScHiFFMACHER  (lùioiiard) 27:i 

ScHMiTZ  (.\ndré) 247 

SCHYBERGSOX  (M.  G.) 263 

Séché  (Alphonse) 261 

Seippel  (Paul) 239 

Serreat  (R.  I KM 

Skipis  (Sotiris). 278 

Sorbets  (Gaston) 278 

Soulages  (Gabriel) 47 

SoY  (Emmanuel) 282 

Spexdkr  (Harold) 187 

Speth  (William) \~'-j 

Spiess  (Camille) 197 

SriÉxox  (Charles) 18 

Subira  (.losé) 211 

Tessan  (François  de; 60 

Thkllier  de  Poxchevillk (l'abbé)  99 

Thierry  (Georges) 281 

Thomas  (Louis) 94 

TissiER  (Mgr; 59 

TouRXASsus  (Jean) 90 

Ubald  dAlexcox  (le  R.  P.)  ...  53 

Uggla  (John)  ^ 264 

Vaka  (Demelra)  [Mrs  Kenneth 

Brow-x] 87 

Valery-Radot  (Pasteur) 250 

Vallotox  (Benjamin) 36 

Yaxdervelde  (Emile) 113 

Vax  Houtex  (S.) 264 

Vassivière  (J.) 270 

Verdier  (E. -Henri) 278 

VÉZÈRE  (Jean) 281 

Vie  (Jean)....' 22 

ViGLioxE  (Francesco) 121 

ViGUÉfPaul) i89 

ViLLÈLE  (A.  de) 30 


33fi 


Vis.MKs  (llenrictle  df.) :280 

ViTAi-  (Jean) 2Go 

ViTTE  (Kmnianuel) 269 

VoiNoyiTCH  (le  comte  Lonis).     i  i,  15 

VoLATiKK  (Henii) 171 

VtIUJCU.MET  (K.-A.) S2 

W.M)DiNr,To\  (Marv  Kiniï) I(»7 


Wa(;.\er  (C.) 287 

WAfiNEH  (Kmile-H.).. 138 

VVakthon  (Édi(h) 35 

WuRMsER  (André) 47 

Yole  (Jean) 31 

Zangwuj,  (Israël) oC» 


TABLI^  DE  LA  CHRONIQUE 


Nécrologie  :  Ah.maimjî:  (la  comtesse  o"), 
06.  —  Bascle  de  L.a(;rP;ze  (Gaston), 
(>().  —  Buauhegahd  (Paul).  220.  — 
lÎEi.LOM  (Maurice),  297.  —  Blan- 
chard (le  professeur  Uaphaël).  217. 

—  liuTTE  (le  D'  LucJen);,  149.  — 
Gain  (Georges),  222.  —  Cahus  (Paul 
A.),  223.  —  GiiA.MPOL.  bb.  —  Ghan- 
TE.MESSE  (le  I)r  AniJré).  2J 19.  —  Cha 
PUT  (le  1)|'  Henri),  220.  —  Cochin 
(Claude  -  Edouard  -  Denvs-  Marie) , 
149.  — CoLOGAN(Mgr  William).  (37. 

—  CosQuiN  (Emmanuel),  298.  — 
CiiOOKEs  (William),  302.  —  Dlmont 
(Ernest-Charles-Edmond),  304.  — 
Earina  (Salvatore),  148.  . —  Fek.net 
(le  l)''  Charles),  2i)9.  —  Fraccakoli 
(Giuseppe),  67.  — Geiger  (Ludwig), 

300.  —  Ham.opeau  (le  D'  François), 
219.  —  Uertling  (le  comte  Georg 
von),  147.  —  Lafenestrk  (Georges). 

301.  —  Eamy  (Etienne),  143':  — 
l.EHR  (Ernest),  221.  —  I.eroux 
(.Xavier-Henry-JNapoléon).  222.-  — 
Lôpez-Pelâez  (Mgr  Anfolin).  145. 
.Mahaffy  (John  Ponlland),  299.  — 
.Ma.nsion  (Paul),  302.  —  Margue- 
RiTTE  (Paul).  144.  —  Marti.n  (Jean), 
304.  —  MiKHAÏi.ovicH  (le  grand- 
duc  Nicolas)_,  223.  —  .MrrHOUARD 
(Adrien),  216.—  Morice  (Charles), 
217.  —  Orano  (Domenico),  68.  — 
RA.\fiiAUD  (Joseph), 216. —  Uoosevei.t 
(Théodore),  146.  —  Rosta.m)   (Ed- 


mond), ()5.  —  ScHLOESiXG  (Jean- 
Jacques-Théophile),  221.  —  Stefa- 
MK  (le  général),  304.  —  Verriest 
(l'atbé  Hugo),  68. 

Lectures  laites  à  TAcadémie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres,  71.  153, 
227,  307. 

Lectures  faites  à  l'Académie  des 
sciences  morales  et  jioliliques,  71. 
153,  228,  307. 

Prix,  72,  153,  229,  308. 

Mélanges  :  Analecta  montserraten- 
sia,  72.  —  La  Santa  Casa  de  Lo- 
rette,  229.  —  LTnquisilion,  72.  — 
Index.  72.  —  Almanachs,  73. 

Nouvelles  :  Paris,  73,  154,  229,  308. 

—  Alsace,  75  —  .\njou.  155.  — 
Bretagne,  156,  311.  —  Franche- 
Comté,  232,   311.   —  Laneuedoc. 

156,  233,  312. —Limousin,' 233.— 
Lorraine,  75.  —  Lyonnais.  312.  — 
Maine,  76.  —  Nivernais,  312.  — 
Normandie,  76.  234,  312.  —  Orléa- 
nais, 3 13.  —  Poitou,  77,  313.  — 
Sainlonge.  136.  —  .Angleterre.  77. 

157,  235.  —  Belgique,  157.  —  Ks- 
[lagne.  235.  —   Finlande,   77.   — ■ 
Italie,  314.  —  Macédoine.  1.57,  314. 

—  Suisse,  77.  2)56.  —  États-l'nis, 
78,  158,  315. 

Publications  nouvelles,  79,  159.  238, 
316. 


KHHATIJ.M 

Page  132,  ligne  11,  au  lieu  df  :  1707,  /iscc  :  1807. 

/.f  C'ninl  :  CIIAI'UIS. 


Inipi'iinorio  S.  l'aclcuii.  l,ii(,oii. 


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rope avant  la  guerre,  que  nous  donne  M.  Auguste  Gauvain,  est  fait 
sur  un  autre  plan  que  le  premier  :  les  articles  du  Journal  des  Débats, 
au  lieu  d'être  présentés  par  ordre  chronologique,  sont  classés  par 
sujet.  Il  nous  font  passer  en  revue  les  crises  diverses  qui  ont  agité 
l'Europe  depuis  la  contre-révolution  turque  jusqu'au  coup  d'Agadir  : 
affaires  d'Orient,  révolution  grecque,  procès  d'Agram,  crise  hon- 
groise ;  affaires  d'Italie,  de  Belgique,  d'Allemagne  ;  enfin  affaires 
marocaines.  C'est  un  plaisir  pour  l'intelligence  que  de  retrouver  tous 
ces  événements  exposés  dans  ces  articles  si  vivants,  où  l'auteur, 
quand  il  ne  se  laisse  pas  emporter  par  la  passion,  montre  une  péné- 
tration si  aiguë.  Qu'on  relise  ce  qu'il  dit  de  l'attitude  de  l'Allemagne, 
en  juin  1911,  au  moment  où  il  y  avait  en  France  un  parti  qui,  nous 
croyant  les  mains  libres,  voulait  nous  entraîner  à  la  conquête  mili- 
taire du  Maroc. 

Avec  le  tome  III  :  Le  Coup  d'Agadir,  nous  sommes  au  cœur  de  l'af 
faire.  Il  comprend  les  articles  parus  du  2  juillet  1911  au  10  juil- 
let 1912,  publiés  dans  l'ordre  chronologique,  le  seul  qui  convienne 
pour  cette  période,  tant  la  trame  des  événements  est  serrée.  Ils  nous 
donnent  le  détail  des  négociations  secrètes  engagées  à  deux  reprises 
par  M.  Caillaux  au  sujet  de  l'Afrique.  Retenons  l'opinion  émise  par 
M.  Gauvain  :  «  Sans  aucun  doute  possible,  les  manigances  avortées 
de  19H  ont  contribué  à  créer  l'état  de  choses  d'où  la  Grande  Guerre 
est  sortie.  »  11  profite  de  l'occasion  pour  condamner  la  diplomatie  se- 
crète, pleine  de  périls.  Signalons  les  deux  notes  jointes  au  projet  de 
chemins  de  fer  Cameroun-Oubanghi,  dont  la  seconde  montre  que 
la  convention  projetée  était  la  préface  de  l'annexion  de  l'Afrique 
équatoriale  française  par  l'Allemagne.  A  noter  aussi  l'article  du 
18  février  1912  (p.  360),  qui  dénonce  la  politique  allemande  dans  les 
préliminaires  d'Agadir,  «  Ce  sont  les  procédés  bismarkiens  à  qua- 
rante ans  de  distance.  »  Impossible  de  dire  plus  juste. 

Le  tome  IV  est  consacré  à  l'histoire  diplomatique  de  la  première 
guerre  balkanique.  Mais  il  faut  lire  d'abord  l'histoire  des  négociations 
serbo-bulgares  et  des  autres  conventions  balkaniques  dans  un  autre 
livre  de  M.  Gauvain  élite  chez  Colin  :  L'Europe  avant  la  guerre,  qu 


—  6  — 

en  est  l'Introduction  naturelle.  Au  cours  de  cette  série  d'articles, 
M.  Auguste  Gauvain  se  laisse  guider  par  l'idée  essentielle  que  le  désir 
des  empires  centraux  de  jeter  la  perturbation  dans  l'Europe  encou- 
ragea les  pays  balkaniques  à  attaquer  la  Turquie.  11  y  ajoute,  il  est 
vrai,  le  correctif  de  l'impérialisme  et  des  ambitions  démesurées  de  la 
Russie.  Nous  croyons  que  là  il  serre  de  plus  près  la  vérité  :  jamais  on 
n'insistera  assez  sur  les  déplorables  effets  de  la  politique  russe  dans 
les  Balkans.  D'ailleurs  ni  les  Grecs,  ni  les  Serbes,  ni  les  Bulgares 
n'avaient  besoin  d'encouragements  pour  poursuivre  leur  objectif,  qui 
était  double  :  affranchir  du  joug  ottoman  les  populations  encore  irré- 
dimées,  et  s'agrandir  au  détriment  de  l'ennemi  séculaire.  A  ce  pro- 
pos, le  31  octobre  1912,  M.  Gauvain  combattait  l'idée  de  M.  Schie- 
mann  de  créer  une  Macédoine  autonome  et  recommandait  comme 
préférable  la  distribution  entre  les  quatre  alliés  des  territoires  ar- 
rachés à  laTurquie,  disant  ((  qu'elle répondaitau  vœu  des  populations.  » 
L'expérience  a  montré  qu'il  s'est  trompé  sur  ce  point  :  quelle  que 
soit  la  répartition  faite,  les  populations  en  seront  toujours  mécon- 
tentes, parce  qu'une  partie  d'entre  elles  tombera  en  la  possession 
d'un  Etat  qui,  n'étant  pas  de  leur  race,  les  opprimera  cruellement. 
On  sait  comment  Bulgares,  Serbes  et  Grecs  ont  traité  ceux  des  Macé- 
doniens à  eux  attribués  par  la  paix  de  Bucarest,  qui  ne  parlaient 
pas  leur  langue  ou  n'appartenaient  pas  à  leur  Élglise  nationale.  Une 
Macédoine  autonome,  composée  de  cantons  réunis  par  un  lien  fédé- 
ral comme  ceux  de  la  Suisse,  aurait  donné  au  contraire  satisfaction 
aux  habitants  qui  ne  demandent  qu'à  s'entendre  entre  eux.  C'était  le 
seul  moyen  d'éviter  la  seconde  guerre  balkanique,  qui  a  eu  pour  cause 
essentielle  la  contestation,  entre  Serbes  et  Bulgares,  de  certains  terri- 
toires, âprement  revendiqués  de  part  et  d'autre.  Certains  de  ces  terri- 
toires le  sont  même  en  plus  par  les  Grecs  ! 

C'est  à  cette  seconde  guerre  balkanique  que  se  rapporte  le  tome  V. 
Quelles  pénibles  réflexions  nous  inspire  la  revue  rétrospective  des  né- 
gociations de  Londres,  où  trioniplia  la  politique  d'expédients,!  Les 
grandes  puissances  commirent  une  faute  grave  en  refusant  à  la  Ser- 
bie un  débouché  sur  l'Adriatique  et  au  Monténégro  une  capitale  de 
plaine.  Il  est  vrai  qu'alors  l'Italie  faisait  bloc  avec  l'Autriche-Hongric 
contre  la  Serbie  et  qtie  l'Angleterre  ne  voulait  que  des  solutions  tran- 
sactionnelles. A  propos  du  traité  de  Bucarest,  M.  Gauvain  montre  un 
optimisme  excessif  quand  il  parle  de  son  ((  heureuse  conclusion  » 
(7  août  1913,  p.  370)  :  ce  traité  laissait  dans  les  Balkans  des  germes 
de  rancune  dont  nous  avons  cruellement  pâti  au  cours  de  la  présente 
guerre.  M.  Gauvain  a  d'ailleurs  raison  quand  il  dit  u  que  les  Balka- 
niques n'ont  pas  eu  à  se  louer  jusqu'ici  de  l'intérêt  que  certaines 
puissances  ont  feint  de  leur  porter.  Ils  savent  qu'on  prétendait  se  ser- 


vlr  d'eux  plus  qu'on  ne  les  servait  »  (p.  381;.  Mais  puis(pi'il  avoue 
•  que  l'enchevêtrement  des  races  en  Macédoine  ne  permettait  aucune 
réparlilion  conforme  aux  vœux  de  tous  les  intéressés,  pourquoi  reje- 
ter l'idée  d'une  Macédoine  autonome,  où  les  habitants  ne  seraient 
pas  opprimés  les  uns  par  les  autres  ? 

Mais  les  événements  se  précipitent.  Le  tome  VI,  qui  nous  mène  de 
la  paix  de  Bucarest  au  2G  juin  1914,  déroule  devant  nous  les  intrigues 
de  toute  sorte  qui  accompagnèrent  la  négociation  de  la  paix  italo- 
lurque  ;  l'envoi  de  la  mission  allemande  à  Constantinople,  avec  le 
développement  du  mouvement  paiigermaniste  ;  les  dilTicullés  créées 
en  Orient  par  le  règlement  de  la  question  albanaise  et  de  celle  de* 
îles.  Au  mois  de  mars,  la  situation  se  tend  entre  la  Russie  et  l'Alle- 
magne :  pour  qui  sait  lire  entre  les  lignes,  combien  l'article  du 
12  mars  de  la  Gazette  de  la  Bourse  de  Saint-Pétersbourg ,  aurait  du  pa- 
raître alarmant  !  Puis  viennent  les  provocations  allemandes  à  propos 
de  la  Légion  étrangère,  succédant  aux  incidents  de  Saverne.  On  parle 
d'une  troisième  guerre  balkanique  comme  inévitable.  Enfin,  la  fameuse 
entre  vue  de  Konopischt, entre  le  Kaiser  et  l'archiduc  François-Ferdinand 
qui  devait  être  suivie,  à  si  bref  délai,  de  l'assassinat  de  ce  dernier.  Nous 
sommes  ici  eii  plein  mystère,  car  aujourd'hui  même  on  n'arrive  pas 
à  se  mettre  d'accord  sur  le  fait  de  savoir  si  l'archiduc  marchait  avec 
Guillaume  II  ou  contre  lui.  Sur  le  moment,  M.  Gauvain  note  seule- 
ment, d'après  la  Nouvelle  Presse  libre,  «  que  la  flotte  austro-hongroise 
est  appelée  à  coopérer  à  des  événements  qui  changeront  la  face  de 
l'Europe.  » 

L'œuvre  que  nous  offre  M.  Auguste  Gauvain  dans  les  six  tomes  pa- 
rus de  son  Europe  au  jour  le  jour  est  monumentale  et  bien  digne  de 
retenir  l'attention.  Son  titre  répond  parfaitement  à  ce  qu'elle  est,  et 
la  simple  présentation  des  faits,  avec  le  commentaire  du  moment,  est 
riche  en  enseignements  de  toute  sorte.  Un  fil  conducteur  les  relie  :ce 
sont  les  idées  personnelles  que  l'auteur  se  glorifie  d'avoir  en  poli- 
tique. '(  J'ai  suivi,  dit-il,  des  lignes  directrices  sans  m'en  laisser  dé- 
tourner par  aucune  considération.  »  Il  dénonce  sans  ménagements  les 
erreurs  lourdes  d'agents  très  élevés  dans  la  hiérarchie  diplomatique, 
des  ministres  mêmes.  Lui-même  en  a  commis  :  ceux-là  seuls  ne  se 
trompent  pas  qui  ne  se  prononcent  jamais,  et  ce  n'est  pas  le  cas  de 
M.  Gauvain,  car  il  est  impossible  d'avoir  des  convictions  plus  arrêtées 
et  de  les  exprimer  avec  plus  d'énergie.  D'ailleurs  sa  parfaite  loyauté, 
sa  science  politique  et  sa  riche  documentation  donnent  un  grand  poids 
à  ce  qu'il  dit.  Même  en  n'étant  pas  toujours  de  son  avis,  on  ne  le 
louera  jamais  assez  de  soti  indépendance  d'esprit.         A.  de  Tarlé. 


L'Avaut-Guerre   comparée  en    Allemagne    et    en    France,    par 

Jacques  Civray.  Paris,  Perrin,  1019,  in-16  de  xxi-165  p.  —  Prix  :  3  fr. 
Manuel  des  origines  de  la  guerre.  Causes  lointaines.  Cause- 
immédiate,    avec    un    tableau   synoptique,  par  Fernand  Roches.  Paris, 
Bossard,  1919,  in-16  de  49G  p.  —  Prix  :  6  fr.  60. 

Pendant  quel' Allemagne,  quaranteannéesdurant,  préparait  la  grande 
conflagration  que  son  empereur  et  ses  généraux  devaient  déclencher 
en  août  1914,  que  faisait  la  France  ?  Elle  pérorait,  observe  M.  Jacques 
Givray.  Toute  à  la  paix,  en  dépit  des  provocations  germaniques  réité- 
rées et  dont  les  dernières  —  Tanger,  Algésiras  et  Agadir  —  eussent 
dû  lui  ouvrir  les  yeux,  elle  se  livrait  à  un  fol  anticléricalisme  et  se 
plongeait,  comme  à  plaisir,  dans  un  anlimilitarisme  exaspéré. 
A  ce  point  que  u  le  discrédit  tomba  vite  sur  le  métier  militaire  » 
(p.  103).  L'officier,  méprisé,  «  devint  celui  qui  n'avait  pu  arriver  à 
rien  »  (même  page).  En  1904,  le  Parlement  adopta  la  funeste  loi  de 
deux  ans,  cause  d'aggravation  de  notre  faiblesse  militaire  ;  mais  nos 
politiciens  d'alors,  aveugles  et  sourds,  oubliant  les  intérêts  vitaux 
du  pays,  n'avaient  en  vue  qu'une  surenchère  électorale.  La  France 
devait  payer  chèrement  cette  faute  criminelle.  En  1913,  toutefois,  la 
nation  commença  à  se  ressaisir  :  c'est  quand  se  forma  le  ministère 
Barthou.  La  loi  du  18  juillet  portant  à  trois  ans  le  service  militaire 
fut  votée,  malgré  l'opposition  des  radicaux  et  des  socialistes,  con- 
duits par  M.  Caillaux  et  par  Jaurès. 

C'était  quelque  chose,  certes.  Mais  combien  peu  en  regard  de  ce 
qu'avait  accompli  l'Allemagne  !  Son  budget  de  guerre,  depuis  1875, 
s'accroissait  dans  d'énormes  proportions  :  de  444  millions  à  cette 
époque,  il  était  passé,  en  1913,  à  près  d'un  milliard  et  demi.  Natu- 
rellement ses  effectifs  grossissaient  à  proportion.  Quant  à  l'armement 
de  nos  ennemis,  il  devenait  formidable.  Et  si  son  canon  de  77  était 
inférieur  à  notre  7o,  son  artillerie  lourde,  ainsi  que  celle  de  son  allié 
autrichien,  ne  pouvait  en  rien  être  comparée  avec  la  nôtre,  qui  exis- 
tait à  peine.  Ajoutons  que  le  service  d'espionnage  allemand,  sur 
notre  propre  sol,  s'était  singulièrement  développé,  alors  que  le  nôtre 
était  désorganisé.  La  fameuse  loi  Delbriick,  chef-d'œuvre  de  fourbe- 
rie, dont  nous  n'ignorions  rien  d'ailleurs,  n'empêchait  pas  de  nom- 
breuses naturalisations  d'Allemands  restant  toujours  Allemands  de 
cœur  et  de  fait.  Nos  gouvernants  ne  voulaient  rien  comprendre. 
Nous  ne  rappellerons  pas  les  insolences,  sans  cesse  renouvelées,  de 
ces  ((  indésirables,  »  supportées,  avec  quelle  résignation  1  par  l'auto- 
rité française  ;  mais  l'on  peut  s'étonner  qu'à  l'usage  des  pctifcB  Boches, 
il  existât  »  à  Paris  une  école  bien  allemande,  où  les  professeurs  étaient 
Allemands,  diplômés  d'Universités  allemandes,  et  où  les  cours  se  fai- 
saient en  allemand  avec  des  livres  de  classe  allemands  d  (p.  133). 
Flagrante  violation  de  la  loi  française. 


i 


—  9  — 

Avant  les  hostilités,  la  France  ctail  largement  envahie  par  des  pro- 
fesseurs, des  employés,  des  chefs  d'industrie  allemands,  etc.  El 
les  pouvoirs  publics  ne  faisaient  rien  contre  cet  inquiétant  état  de 
choses,  sans  doute  parce  qu'ils  redoutaient  la  poudre  sèche,  l'épée 
aiguisée  et  l'armure  étiiicelante  du  monarque  berlinois  ! 

C'est  tout  cela  et  bien  d'autres  détails  encore,  de  grosse  importance 
parfois,  que  M.  Jacques  Civray  expose  dans  l'Avant-Guerre  comparée 
en  Allemagne  et  en  France.  Ce  petit  volume  est  à  lire  posément  et  à 
méditer,  car  il  porte  en  soi  un  enseignement  pour  l'avenir. 

—  Pareillement,  il  convient  de  faire  son  livre  de  chevet  du  Manuer 
des  origines  de  la  guerre,  de  M.  Fernand  Roches.  Ce  mot  de  ManueT 
semblerait  plutôt  s'appliquer  à  un  bref  volume  ;  or,  il  est  considé- 
rable :  il  compte  près  de  500  pages.  Je  suis  loin  de  le  reprocher  à  l'au- 
teur, car,  à  mon  avis,  jamais  l'on'ne  dira  trop,  l'on  ne  répétera  trop 
souvent,  comment  et  pourquoi  le  grand  drame,  qui  a  tenu  l'Europe 
haletante,  le  monde  entier  anxieux  pendant  plus  de  quatre  ans,  s'est 
brusquement  joué,  alors  que  chacun  croyait  à  la  paix. 

«  Ce  livre...  déclare  l'auteur  dans  son  Inlroduction,  ne  contiendra 
rien  qui  ne  soit  connu  et  prouvé.  Aucune  révélation  ne  doit  y  être 
cherchée.  Il  repose  uniquement  sur  des  documents  déjà  publiés.  Il 
n'a  considéré  que  les  actes  et  n'a  laissé  parler  que  les  textes  officiels^ 
en  ayant  soin  de  ne  leur  faire  dire  que  ce  qu'ils  veulent  dire.  Quand 
il  apprécie,  c'est  au  moyen  de  citations  garanties.  Il  tient  compte  des 
pièces  produites  par  les  empires  centraux,  comme  de  celles  émanant 
des  Alliés  ;  bien  plus,  soucieux  de  connaître  tous  les  moyens  de  justi- 
fication pouvant  être  invoqués  par  l'ennemi,  il  s'est  attaché  à  interro- 
ger les  documents  de  Vienne  et  de  Berlin,  à  noter  leurs  affirmations 
avec  un  soin  particulier.  Tous  les  u  on-dit,  »  tous  les  racontars,  tous- 
les  u  à  peu-près  )>  ont  été  écartés.  C'est  une  mise  en  place  précise 
qu'a  voulu  être  ce  travail,  rien  de  plus.  » 

Voilà  qui  est  dit  exactement  —  et  clairement. 

Sans  remonter  à  la  guerre  contre  le  Danemark  et  contre  l'Autriche,, 
l'auteur  examine  d'abord  les  Causes  lointaines  du  cataclysme,  qui,, 
partant  du  traité  de  Francfort,  aboutissent  aux  affaires  du  Maroc  ; 
puis,  après  avoir  esquissé  le  portrait  de  Sir  Edward  Grey,  en  faisant 
parler  le  prince  Lichnowski,  ambassadeur  d'Allemagne  à  Londres, 
celui  de  ce  diplomate  et  celui  du  docteur  Muelilon,  ancien  direc- 
teur des  usines  Krupp,  duquel  l'on  se  rappelle  les  accusations  indi- 
gnées contre  les  dirigeants  de  son  pays.  Fauteur  aborde  la  deuxième 
partie,  la  plus  importante,  de  son  Manuel.  Là  sont  résumés  le 
conflit  austro-serbe,  les  négociations  diplomatiques  auxquelles  ce 
conflit  a  donné  lieu  et  la  parfaite  inutilité  de  ces  négociations 
puisque  la  volonté  de  guerre  de  l'Austro-Allemagne  a  fini  par  l'en;- 


—  10  — 

porter  sur  la  volonté  de  paix  des  puissances  de  l'Entente  et  de 
l'Italie,  fjui.  elle  aussi,  désirait  maintenir  la  paix.  La  catastrophe 
éclata  le  l"  août  i9l4  par  la  déclaration  de  iruerre  de  l'Allemagne 
à  la  Russie,  par  l'envahissement  du  Luxembourg  et  de  la  Bel- 
gique, pays  neutres,  et  du  territoire  français  avant  la  rupture  qui  ne 
devait  être  notifiée  à  Paris  que  le  3  août.  L'auteur  esquisse  ensuite 
ce  qui  s'est  passé  le  4  (déclaration  de  la  guerre  de  la  part  de  l'Angle- 
terre) jusqu'au  surlendemain. 

La  troisième  partie  du  Manuel  se  compose  de  ce  que  M.  Fernand 
Roches  appelle  :  Les  A-côté  da  conflit,  lesquels  consistent  principa- 
lement en  des  documents  divers  tels  que  le  Message  de  Guillaume  11 
au  président  Wilson  ;  les  deux  lettres  de  Sir  Edward  Grey  et  de 
M.  Paul  Cambon  échangées  en  1912  ;  la  lettre  du  baron  de  l'Escaille  ; 
le  procès  Soukhomlinov  et  la  Mobilisation  russe  ;  le  Manifeste  des  93, 
etc. 

L'auteur  devait  conclure,  et  sa  conclusion  est  la  suivante  :  «  Le 
peuple  allemand  n'a  pas  déchaîné  la  guerre,  mais  il  l'a  approuvée, 
applaudie  et  il  en  espérait  de  grandes  richesses...  La  cause  des  cause:< 
est  l'envie  et  l'orgueil  allemands.  Les  populations  allemandes  d'Au- 
triche et  magyares  de  Hongrie  participaient  à  cette  tournure  d'esprit. 
L'orgueil  des  dirigeants  s'était  communiqué  aux  masses  et  c'est  l'or- 
gueil des  masses  qui  a  poussé  les  dirigeants  à  risquer  le  coup  de  l'hé- 
gémonie mondiale.  Aussi,  pour  répondre  à  la  question  des  responsa- 
bilités finales,  devons-nous  dire  que,  sans  être  injustes,  nous  avons 
à  tenir  également  responsables  de  la  guerre  de  1914-1918,  les  chef* 
qui  en  ont  ordonné,  les  horreurs  et  le  peuple  qui,  sans  murmurer. 
les  a  exécutées.  Les  exécutants  appartiennent  à  la  même  race  que  le** 
ordonnateurs.  Ceux-ci  devaient  pouvoir  compter  sur  ceux-là.  Au 
xx"  siècle,  un  peuple  a  le  plus  souvent  les  maîtres  qu'il  mérite  » 
(p.  451.  453  et  454). 

Très  juste  appréciation.  Et  maintenant  que  la  Germanie  a  «  perdu 
la  guerre,  »  comme  l'on  dit  sans  élégance,  elle  n'a  plus  qu'une  chose 
à  faire  :  exécuter  le  traité  de  Versailles  —  et  régler  le  compte  que 
notre  Premier  a  déclaré  ouvert  dans  une  inoubliable  séance  de  la 
Chambre  française. 

L'ouvrage  est  pourvu  d'un  utile  «  Index  des  noms  de  personne 
cités  ))  et  se  termine  par  un  «  Tableau  des  négociations  diplomatiques 
et  des  préparatifs  de  guerre  »,  aussi  commode  que  précis. 

E.-A.  CiiviHis. 

l'i'oblèmosde  stratégie  tirés  «le  la  guerre  européenne.  Le  Pro- 
blème de  la   guerre,  par  le  colonel  V.  Vkw.vm.    i'aris.    l^ayot.    101 1*. 
in-S  do  :2.S2  p.  -  Prix  :  9  fr. 
Le  colonel  Fcylcr  est  un  écrivain  depuis  longtemps  apprécié   par 


—  11  — 

l.i  façon  raisoniiée  dont  il  traite  depuis  de  longues  années  déjà,  dans 
la  Gazette  de  Genève,  tout  ce  qui  a  trait  aux  problèmes  militaires.  La 
haute  clairvoyance  avec  laquelle  il  a  suivi,  depuis  le  début,  la  san{,daiite 
lutte  dont  le  terme  vient  à  peine  d'être  atteint,  la  sûreté  desesappré- 
-ciations,  la  conviction  jamais  ébranlée  chez  lui  que  le  droit,  soutenu 
-chez  les  Alliés  par  une  force  de  jour  en  jour  mieux  affirmée,  finirait 
par  l'emporter  sur  les  ambitions  et  la  fourberie  des  empires  de  proie, 
toutes  ces  causes  permettaient  de  penser  que  le  Problème  de  la  guerre, 
le  volume  que  publie  l'éminent  officier  sur  le  conflit  mondial  actuel, 
serait  un  travail  de  haute  portée,  d'une  valeur  historique  et  morale 
-caractérisée.  Nous  venons  de  lire  avec  soin  et  posément  ce  travail, 
et  nous  n'avons  pas  été  déçu  dans  nos  prévisions.  L'ouvrage  est  divisé 
■en  cinq  titres  dans  lesquels,  après  avoir  posé  ce  qu'il  appelle  les  don- 
nées générales  du  problème,  le  colonel  Feyler  étudie  les  débuts  diplo- 
matiques de  la  guerre,  c'est-à-dire  l'ultimatum  de  l'Autriche  à  la  Ser- 
bie, les  essais  de  conciliation  britanniques  et  français,  les  différentes 
•déclarations  de  guerre,  puis  les  opérations  militaires,  le  plan  de  guerre 
-allemand,  les  erreurs  fondamentales  de  ce  plan,  les  campagnes  de  1914 
-à  1919,  l'évolution  des  buts  de  guerre  des  empires  centraux,  la  défaite 
finale,  la  demande  d'armistice.  Le.s'  Problèmes  de  stratégie,  tirés  de 
■la  guerre  européenne.  Le  Problème  de  la  guerre  sont  en  somme  une 
histoire  résumée  et  puissamment  raisonnée  de  la  guerre  actuelle,  cor- 
roborée de  documents  la  plupart  connus  mais  dont  la  juxtaposition 
-éclaire  d'un  jour  nouveau  quantité  de  problèmes  sur  la  solution  des- 
-quels  l'opinion  publique  est  encore  mal  renseignée.  Le  titre  11,  spécia- 
3ement,  (Introduction  diplomatique  delà  guerre)  est,  sous  ce  rapport, 
d'un  intérêt  tout  à  fait  captivant  ;  également  le  titre  V  (La  Fin  de  la 
guerre).  En  somme,  après  avoir  lu  le  livre  du  colonel  Feyler,  on  est 
•convaincu  que  les  fautes  commises  par  l'Allemagne  en  déclarant 
cette  guerre  funeste,  avaient  marqué,  dès  le  début,  cet  empire  de 
proie  pour  la  ruine,  pour  l'écroulement  final  auquel  il  a  abouti. 
•Un  vent  de  folie  et  d'orgueil  insensés  aboutissait  à  l'annihilation  des 
forces  très  réelles,  très  puissantes,  très  variées  de  cette  nation  à 
laquelle  plus  d?  sagesse  et  de  prudence  chez  ses  dirigeants  eussent  pu 
réserver  un  meilleur  sort.  C'est  bien  ici  le  cas  de  rappeler  l'adage  des 
anciens  :  Quos  vult  perdere,  Deus  dementat. 

Comte  de  Sérigx.vn. 


I/Encerclementde  rAIIemagiie,  par|AuGi'STE  Gauvain.  Paris.  Bossnrd, 
i919,  in-12  de  169  p.  —  Prix  :  3  fr. 

11  faut  rendre  à  M.  Auguste  Gauvain  le  témoignage  que  la  haine 
qu'il  a  vouée  à  l'Allemagne,  l' Au  triche-Hongrie  et  la  Bulgarie  n'a 
pas  été  désarmée  par  leur  défaite,  ni  par  la  dislocation  de  la  Double 


—  12  — 

Monarchie.  Il  les  poursuit  de  ses  écrits  âpres,  passionnés  ;  met  à  nu 
leurs  tares  les  plus  secrètes,  se  plaît  à  enfoncer  le  scalpel  au  plus  pro- 
fond, et  à  le  retourner  dans  la  plaie.  Sa  connaissance  de  la  politique 
européenne  lui  donne  des  armes  redoutables  pour  la  discussion  ;  il 
les  manie  en  maître.  Aujourd'hui,  il  prend  les  Allemands  à  partie  au 
sujet  de  leurs  prétentions  à  soutenir  qu'ils  ont  fait  une  guerre  défen- 
sive pour  prévenir  l'encerclement  dont  ils  étaient  menacés.  11  n'a  pas 
de  peine  à  montrer  qu'ils  avaient  des  visées  impérialistes  et  avaient 
préparé  la  guerre  aussi  bien  sur  le  terrain  diplomatique  que  sur  le 
terrain  militaire.  Il  analyse  à  ce  propos  le  mémoire  du  prince 
Lichnowsky  et  le  mémorandum  du  D'  Muehlon  et  renforce  ces  deux 
documents  des  preuves  contenues  dans  le  Livre  blanc  grec.  Ce  serait 
d'ailleurs  une  erreur  de  croire  qu'en  France,  nous  ne  nous  attendions 
pas  à  la  guerre  ;  on  la  savait  inévitable,  mais  nous  eûmes  le  tort,  la 
sachant  certaine,  de  nous  y  être  mal  préparés.  A.  de  Tablé. 


La  Grande  Revanche.  Campagnes  de  France  (1870-1871  ) — 
(1914- lî)lî>).  Conférences  morales  et  patriotiques,  par  le  commandant 
Leroux.  Paris,  Charles-LavauzeJle,  1919,  in-18  cartonné  de  219  p.,  avec 
portraits  et  cartes  dans  le  texte.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  travail  de  M.  le  commandant  Leroux  se  compose  de  dix  confé- 
rences consacrées  successivement  à  la  campagne  de  1870-71,  à  la 
guerre  de  1914-1919,  à  l'éducation  physique,  au  devoir  qu'a  notre 
pays  d'entretenir  encore  une  armée  puissante  et  disciplinée,  à  l'Alsace 
et  à  la  Lorraine,  à  la  Révolution  française,  aux  conquêtes  coloniales 
de  la  France,  etc.  Ces  conférences,  qui  sont  destinées  à  cette  immense 
majorité  du  peuple  français  qui  n'aura  jamais  le  loisir  ni  peut-être 
même  le  désir  de  lire  l'histoire  savamment  écrite  de  la  guerre  actuelle^ 
ni  celle  de  beaucoup  de  questions  intéressant  le  passé  et  l'avenir  de 
notre  patrie,  ces  conférences  sont  dédiées  spécialement  par  l'auteur, 
à  nos  instituteurs  qui  ont  charge  d'âmes  à  l'école  primaire  et  dont 
le  premier  rôle,  après  l'horrible  lutte  qui  vient  de  prendre  fin,  sera 
d'apprendre  à  leurs  jeunes  élèves  ce  que  les  Français  ont  souffert  à 
la  fois  de  la  défaite  de  1870  et  de  la  victoire  de  1919.  Alors,  dit  M. 
Leroux,  connaissant  les  peines  qu'a  dû  subir  leur  patrie,  ils  l'aime- 
lont  davantage  et  s'apprêteront  mieux  à  la  défendre.  La  Grande  Re- 
vancJic  est  un  bon  petit  livre,  qu'il  y  a  lieu  de  recommander. 

Comte  de  Séhignan. 


La  Vérité  sur  le  sièye  de  Maubeu«|e,  par  le  commandant  Pall  Cas- 
sou.  Paris-Nancy-Strasbourg,  lîergor-LevrauIt,  1919,  iii-IG  de  112  p., 
avec  une  carie  dans  le  texte.  —  Prix  ;  3  fr.  50. 

Comme  beaucoup  de  nos  places  du  nord  et  de  l'et^t,  Maubeugc,  en 


—  13  — 

août  1914,  n'était  pas  prête  à  soutenir  un  siège  ni  mônnc  un  inves- 
lisseinent.  En  dépit  des  avertissements  donnés  par  les  juges  les  plus 
compétents,  le  gouvernement  n'avait  rien  fait  pour  mettre  cette  place 
inipoitante  en  état  de  soutenir  une  résistance  un  peu  longue.  C'est 
en  vain  que  le  général  Lebon,  pour  ne  citer  que  celui-là,  avait  écrit, 
à  la  veille  de  la  guerre  que  :  «  Maubeuge,  dans  son  état  actuel,  risque- 
rait de  procurer  à  l'ennemi  un  succès  ;  qu'à  ce  point  de  vue,  elle  sérail 
j)l(is  nuisible  qu'utile.  »  A  la  date  du  2  août,  la  place  était  comman- 
dée par  le  général  Fournier,  que,  sur  on  ne  sait  quels  faux  rapports, 
M.  Messimy  jugea  à  propos  de  remplacer,  sans  doute  comme  inca- 
jiable  de  tenir  un  poste  aussi  important.  La  mesure,  injuste  autant 
(|u'inopportune,  fut  rapportée  deux  jours  après,  mais  l'efTet  moral 
était  produit,  en  ce  sens  que  la  garnison  avait  commenté  la  disgrâce 
ot  discuté  les  mérites  de  son  chef,  ce  qui  était  aussi  dangereux  que  dé- 
plorable. En  réalité  ce  que  reprochait  le  ministre  au  brave  général 
Fournier,  c'était  d'avoir  signalé  une  fois  de  plus  le  danger  que  cou- 
rnit  Maubeuge  en  face  d'une  invasion  imminente  de  la  France  par  la 
lîelgique,  M.  Messimy  était  cer/am  «  que  les  Prussiens  ne  devaient  fias 
passer  par  là.  »  On  sait  que  cet  aveuglement  du  ministre  fut  cause  de 
nos  premiers  échecs  et  on  verra  la  preuve  de  cette  allégation  en  lisant 
le  travail  très  consciencieux  et  fort  intéressant  de  M.  le  commandant 
(lassou.  Comte  de  Sérignax. 


Le  Uôle  de  la  cavalerie  française  à  l'aile  gauche  de  la  pre- 
mière bataille  de  la  Marne,  par  J.  Hétiiay.  Paris,  Perrin,  1919, 
in-16  de  Yii-28i  p.,  avec  7  cartes.  —  Prix  :  .3  fr.  50. • 

C'est  une  idée  trop  répandue  que  la  cavalerie  n'a  pas  eu  de  rôle 
important  pendant  cette  guerre,  du  moins  en  tant  qu'arme  distincte 
et  spéciale.  Certes,  nul  ne  conteste  qu'elle  n'ait  été,  à  tous  les  degrés 
de  la  hiérarchie,  un  réservoir  admirable  où  les  autres  armes  :  infan- 
terie, artillerie,  aviation,  ont  trouvé  les  éléments  les  plus  brillants  et 
les  plus  utiles  et  que  ses  fastes  ne  soient  aussi  glorieux  que  ceux  de 
l'infanterie,  quand  elle  a  été  employée  à  pied  ;  mais  son  rôle  à  che- 
val échappe.  Il  a  existé  pendant  la  première  période  de  guerre  et  il  a 
été  utile.  11  l'aurait  été  davantage  s'il  avait  été  plus  complètement 
tenu  compte  des  renseignements  fournis  par  le  service  d'exploration. 

Le  rôle  de  la  cavalerie  à  l'aile  gauche  de  l'armée  française  dans  la 
jiremière  ba taille ide  la  Marne  méritait  d'être  précisé  et  livré  à  l'his- 
toire. Voilà  qui  est  fait  et  de  main  de  maître,  sous  le  couvert  d'un 
modeste  pseudonyme  qui  semble  laisser  souvent  deviner  la  plume 
et  la  pensée  d'un  chef. 

Dès  le  6  août  1914,  au  moment  où  l'armée  allemande  venait  de 
franchir  les  frontières  du  Luxembourg  et  de  la  Belgique,  deux  masses 


—   14  — 

importantes  de  cavalerie  française  furent  lancées  au  devant  de  l'en- 
vahisseur :  Tune  dans  le  Luxembourg  belge,  au  nord  de  Montmédy, 
l'autre  un  peu  plus  à  l'ouest  :  c'était  le  corps  de  cavalerie  du  général 
Sordet  qui  s'avança  jusqu'à  douze  kilomètres  de  Liège.  C'est  à  cette- 
seconde  fraction  qu'appartenaient  les  éléments  dont  l'action  est  ra- 
contée. 

Les  principaux  épisodes  qui  font  l'objet  du  récit  sont  les  suivants  : 

1°  Du  5  au  9  août,  reconnaissance  de  l'escadron  Lepic  du  5^  chas- 
seurs qui,  en  forçant  les  avant-postes  ennemis  et  en  faisant  des  pri- 
sonniers dans  la  direction  de  Gouvy,  recueillit  les  renseignements  les 
plus  précis  sur  l'ensemble  du  plan  stratégique  des  Allemands  visant- 
Paris  par  la  Belgique. 

2°  Le  26  et  le  27  août,  au  combat  de  Seranvillers,  intervention  du 
corps  de  cavalerie  à  l'aide  du  2^  corps  d'armée  anglais  en  retraite. 

3°  Le  29  août,  formation  dans  le  Santerre,  aux  environs  de  Fou- 
quescourt,  sousle  commandement  du  général  de  Cornulier-Lucinière, 
d'une  division  provisoire  détachée  du  corps  de  cavalerie  et  compre- 
nant trois  brigades  composées  des  éléments  les  moins  fatigués  des 
trois  divisions.  31  août,  découverte  du  glissement  des  Allemands 
vers  le  sud-est. 

4°  Le  1"  septembre,  combat  de  ^erberie  et  défense  des  abords  de 
la  forêt  d'Halatte. 

5°  Le  2  et  le  3  septembre,  opérations  dans  la  région  de  Senlis- 
Dammartin. 

6°  Le  5  septembre,  arrêt  de  la  retraite  au  moment  où  la  division 
provisoire  venait  de  passer  la  Marne,  à  Chelles-Gournay.  La  division 
provisoire  reçoit  l'ordre  d'aller  flanquer  l'aile  droite  de  la  Vl*  armée- 
qui  prenait  l'offensive  dans  la  direction  de  Château-Thierry. 

7"  Le  6  septembre,  combat  de  Penchard,  au  nord  de  Meaux. 

8°  Le  8  septembre,  la  division  provisoire  est  disloquée  et  ses  élé- 
ments reprennent  leur  place  dans  le  corps  de  cavalerie.  Mais,  immé- 
diatement, la  5"  division  placée  sous  les  ordres  du  général  de  Cornu- 
lier-Lucinière en  est  détachée  et  reçoit  l'ordre  de  gagner  les  derrières' 
de  l'ennemi  qui  défend  l'Ourcq.  d'arriver  le  jour  même,  coûte  que 
coûte,  sur  la  rive  est  de  l'Ourcq  dans  la  région  de  la  Ferté-Milon  et- 
d'y  faire  entendre  le  canon  pour  aider  à  déterminer  chez  l'ennemi 
un  mouvement  de  retraite.  L'exécution  de  ce  raid  audacieux  dure 
trois  jours  ;  le  récit  en  est  palpitant  ;  le  combat  de  Troesne,  la  des- 
truction d'un  parc  d'aviation  par  l'héroïque  de  Gironde,  le  succès  de 
l'opération  prescrite  sont  des  faits  de  guerre  aussi  beaux  que  les 
plus  célèbres.  Par  le  trouble  qu'ils  jetèrent  subitement  sur  les  der-- 
rières  de  l'armée  de  von  Kluck,  les  escadrons  de  la  5*  division  ont-l 
une  part  importante  dans  l'évolution  de  la  bataille  de  laMariie. 


i 


—  i:;  — 

Ce  ne  sont  là  que  des  tètes  de  chapitres  dont  les  plus  altaclianls 
sont  la  découverte  du  plan  général  des  armées  allemandes  au  début 
de  l'invasion  et  l'incursion  sur  les  derrières  de  l'armée  de  von  Kluck 
à  la  bataille  de  la  Marne  ;  mais  tout  est  à  lire  dans  ce  livre  trop 
court  où  chaque  page  apporte  une  précision  et  fournit  un  document 
sur  la  période  la  plus  critique  de  la  guerre.  Ajoutons  (ce  n'est  pas  en 
diminuer  l'intérêt)  qu'à  chaque  ligne  on  sent  que  l'auteur  a  vécu  ces 
jours  de  patriotique  angoisse  et  que,  s'il  a  voulu  en  écrire  le  récit  à 
la  gloire  des  cavaliers  de  France,  sa  plume,  alerte  et  vive  comme  le' 
pur  sang  d'un  officier  de  légère,  reste  en  même  temps  ]'esclave  de  la 
vérité  et  du  document.  Ce  récit  est  presque  un  journal  de  marche, 
mais  un  journal  de  marche  éloquent  et  pittoresque,  qui  laissera  le 
lecteur  civil  charmé  et  orgueilleux  des  héros  qui  l'ont  si  bien  défendu, 
et  les  cavaliers  plus  fiers  de  leurs  camarades  et  d'eux-mêmes. 

Eugène  Godefrot. 

La  Lorraine  dévastée,  par  Maurice  Barrés.    Paris,  Alcan,   1919,  in-16 
de  ui-177  p.,  avec  S  plar.chos  et  une  carte  hors  texte.  —  Prix  :  2  fr.  73. 

Ce  petit  livre  est  Je  premier  né  d'une  collection  que  le  comité 
France-Amérique  consacre  à  la  gloire  de  nos  provinces  dévastées 
pour  servir  de  guides  aux  Français  qui  vont  maintenant  entreprendre 
de  visiter  en  pieux  pèlerins  les  régions  ravagées  par  l'ouragan  dévas- 
tateur. Cette  fois.  le  guide  est  un  maître,  doublé  d'un  patriote  ardent, 
épris  de  la  petite  patrie  non  moins  que  de  la  grande,  et  qui  éprouve 
pour  sa  chère  Lorraine  un  sentiment  d'amour  profond  maintes  fois 
exhalé  dans  des  œuvres  antérieures  !  Aussi  comme  on  suit  avec  émo- 
tion M.  Maurice  Barrés  passant  au  travers  de  ces  ruines  que  semèrent 
comme  à  plaisir  les  Barbares  au  premier  temps  de  l'invasion,  et  parmi 
tous  ces  paysages  qu'il  nous  décrit  avec  une  tendresse  et  un  charme 
si  particuliers!  La  Lorraine  dévastée  semble  vraiment  renaître  sous 
sa  plume,  tant  il  sait  bien  faire  chanter  l'âme  de  ses  ruines. 

F.  L. 

Le»  Grandes  Heures,  par  He>-ri  Lavedan.  4'  série   (3  mars  1917-22  dé- 
cembre 1017).  Paris,  Perrin,  1919,  in-16  de  320  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Au  point  de  vue  historique,  ces  pages  offrent  un  témoignage  et  au 
point  de  vue  littéraire  un  agrément.  Le  lecteur  viendra  les  feuilleter 
à  ce  double  titre,  sans  y  chercher  une  actualité  maintenant  passée 
puisqu'elles  furent  éciites  il  y  a  deux  années  déi^.  Que  de  souvenirs 
elles  évoquent  pour  beaucoup  !  Cet  été  de  1917  a  été  tragique,  émou- 
vant, incertain,  laissant  poindre  l'alarme  dans  les  esprits,  puis  leur 
ouvrant  de  larges  espérances.  —  M.  Henri  Lavedan  fut  un  des  bons 
écrivains  qui  surent  soutenir  le  moral  et  saluer  l'entrée  en  guerre  de 


—  16  — 

l'Amérique  à  nos  côtés.  Son  langage  est  sage,  confiant,  sans  forfante- 
rie, prudent,  avisé.  Tel  le  chapitre  sur  la  «  Société  des  nations  »  ; 
-celui  intitulé  ((  Autorité  et  Révolution  »  où  à  propos  de  la  Russie  il 
caractérise  d'un  mot  heureux  ((  la  torche  qui  se  croit  flambeau  »  ; 
«elui  où  il  préconise  la  liberté  pour  les  familles  soit  qu'elles  veuillent 
rapporter  leurs  morts  ou  les  laisser  à  «  leur  vraie  place.  »  Les  der- 
niers paragraphes  du  volume  célèbrent  avec  une  hauteur  de  vues  bien 
françaises  la  délivrance  de  Jérusalem.  On  voit  l'ampleur  des  idées 
-évoquées  dans  un  cadre  restreint  où  tout  est  résumé  par  un  esprit  fin 
-et  maître  de  lui-même.  Geoffroy  de  Gkandmaison. 


Meiii  Kriegs-Tagebuch,  von  Dr  Alfred  H.  Frikd.  I.  Das  erste  Kviegsjahr 
{Î.Aurjust  I91àbis28Juli  1915).  Zurich,  Max  Rascher,  1918,  in-i6  de  xxiv- 
472  p. 

M.  Fried  est  un  des  pacifistes  les  plus  notoires  ;  il  est  à  l'heure 
actuelle  le  représentant  le  plus  éminent  du  pacifisme  en  Autriche. 
Et  l'on  peut  penser  que  la  guerre,  qui  l'a  surpris  au  milieu  des 
préparatifs  du  21'  congrès  de  la  paix  convoqué  à  Vienne  pour 
septembre  191n,  l'a  frappé  douloureusement.  En  écrivant  «  surpris  ». 
je  n'emploie  pas  un  terme  parfaitement  exact  ;  il  nous  affirme  qu'il 
ne  se  faisait  pas  d'illusion  sur  la  probabilité  d'une  guerre  prochaine. 
Presque  au  début  de  ce  terrible  cataclysme,  l'idée  lui  est  venue  de 
noter  au  jour  le  jour  les  impressions  produites  sur  lui  par  les  événe- 
ments et  les  réflexions  qu'ils  lui  inspiraient.  Et  ce  sont  les  pages  de 
ce  journal,  en  partie  publiées  dans  la  Friedenswartc  qu'il  a  réunies 
dans  ce  volume. 

M.  Fried  ne  se  fait  pas  faute,  naturellement,  de  souligner  l'horreur, 
l'odieux,  la  folie  de  la  guerre.  Mais  il  y  a  dans  son  livre  des  passages 
qui  n'ont  pas  laissé  que  de  nous  surprendre.  Nous  sommes  choqués 
de  voir  un  penseur  si  intimement  convaincu  que  la  guerre  est  un 
-crime,  juger  inutile  de  rechercher  et  de  préciser  qui  a  déchaîné  sur 
le  monde  cette  calamité:  11  est  vrai  que,  un  peu  plus  tard,  la  lecture 
<ie  J'ttfCuse  et  l'accumulation. d'autres  preuves  ont  ouvert  davantage 
ses  yeux  sur  l'incontestable  culpabilité  des  empires  centraux.  Nous 
nous  étonnons  également  qu'un  homme  cultivé  manifeste  autant  d'in- 
différence à  l'annonce  de  la  destruction  de  ciiefs-d'ct?uvrc  tels  (juc  la 
cathédrale  de' Reims  ;  il  en  prend  bien  gaillardement  son  parti  et  il 
oublie  trop  les  liens  intimes  et  tout  l'ensemble'de  traditions  qui  lal- 
tachcnt  de  tels  monuments  à  la  vie  et  à  l'âme  d'une  nation.  On  est 
plus  peiné  encore cjiand  on  l'entend  déclarer  que  l'invasion  de  la  Rcl- 
:gique  peut  fort  bien  tfêtre  pas  Un  crime,  mais  qu'elle  est  pis  encore  : 
une  faute  (p.  143  :  Es  war  vielleichl  hein  verbrcche/i,  aber  mclir  als 
<Iics  :  eiit  Felilçr).  Nous  n'avons  pas  été  niéilii)crenienl  surpris,  aussi, 


—  Î7  — 

<le  le  voir  rêver  une  entente  de  la  France  avec  l'Allemagne  pour  faire 
la  guerre  à  la  Kussie  !  D'ailleurs  M.  Fried,  qui  semble  convaincu  qu'il 
est  impossible  de  vaincre  l'Allemagne  (voir  notamment  p.  28Gj,  prèle 
une  oreille  assez  complaisante  aux  explications  de  ce  pays  pour  excuser 
ses  crimes  ;  par  contre  l'attitude  de  l'Italie  lui  semble  particulière- 
ment odieuse  et  il  est  nettement  hostile  à  l'irrédentisme.  Son  pacifisme 
■hélas  !  est  matérialiste  et  réaliste,  beaucoup  plutôt  qu'idéaliste.  Kl 
s'il  entend  parler  de  lenlhousiasme  avec  lequel  s'enrôlent  des  volon- 
taires, faisant  généreusement  le  sacrifice  de  leur  vie,  il  hausse  les 
épaules  et  se  hâfte  de  dire  que  le  volontaire  court  tout  au  plus  le  risque 
d'être  tué  et  qu'au  fond  il  espère  bien  en  réchapper.  Son  horizon  ne 
semble  pas  s'étendre  beaucoup  au  delà  de  la  vie  présente,  et  il  pour- 
rait bien  être  de  ceux  qui  regardent  le  martyre  comme  une  dé- 
mence. 

Ces  critifjues  ou  ces  réserves  que  je  no  peux  me  dispenser  de  formu- 
ler ne  m'empêchent  pas  de  reconnaître  qu'il  y  a  dans  le  volume  de 
M.  Fried  beaucoup  de  faits  intéressants  (je  signalerai  ce  qui  est  rap- 
porté, p.  18,  sur  M.  d'Estournelles  de  Constant,  p.  53  sur  Lamprecht, 
p.  277  et  suiv.  sur  la  présence  à  Berne  d'un  médecin  anglais  de  Paris, 
■venu  pour  sonder  l'Allemagne  sur  les  possibilités  de  paix,  etc.;,  qu'il 
s'y  rencontre  beaucoup  d'idées  justes,  ou  qui,  à  tout  le  moins,  mé- 
ritent d'être  étudiées  et  discutées.  Est-il  utile  d'ajouter  que  l'on  y 
puisera  d'utiles  renseignements  sur  l'histoire  du  mouvement  pacifiste 
■pendant  cette  première  année  de  guerre?  E.-G.  Ledos. 


The  German  secret  service  iii  America,  by  John  Price  Jones  and 
l^AUL  Merrick  Hollisteh. Boston,  Small,  Maynard  and  Co.,  1919,  in-12 
de  ix-340  p.,  avec  23  illustra  lions  hors  texte.  —  Prix  :  10  fr. 

Voici  sur  l'œuvre  vénéneuse  accomplie  aux  États-Unis  par  les  agents 
«ecrets  de  l'Allemagne  sous  la  haute  -direction  de  l'ambassadeur 
von  BernstorfF  et  de  ses  dignes  acolytes  Albert,  von  Papen  et  Boy-Ed 
le  livre  le  plus  complet  et  le  mieux  documenté,  à  notre  connaissance. 
qui  ait  paru  jusqu'ici. 

M.  Jones,  le  principal  auteur  de  l'ouvrage,  a  recueilli,  d'abord 
comme  reporter  au  Neiv  York  Sun,  puis  à  son  propre  compte,  une 
masse  considérable  de  documents,  et  s'il  a  dû  faire  appel  pour  les 
mettre  en  œuvre  à  la  diligente  collaboration  de  M.  HoUister,  c'est 
•que  l'empnmt  de  la  Liberté  a  absorbé  le  meilleur  de  son  temps  dans 
les  six  premiers  mois  de  1918. 

Il  campe  devant  nos  yeux  les  figures  sinistres  de  ces  conspirateurs 
qui  n'ont  pas  reculé  devant  les  crimes  de  tout  genre  pour  servir  les 
ambitions  du  pangermanisme  :  les  von  der  Goltz,  les  Tauscher,  les 
Juillet  191 9.  T.  CXLVl.  -2. 


—  18  — 

Kœnig,  les  von  Wedell,  les  von  Rinlelen,  les  von  Kleist,  etc.  ;  il  esP; 
curieux  de  noter  combien  largement  se  recrutaient  parmi  la  noblesse- 
ces  bandes  de  scélérats.  L'on  pourra  se  rendre  compte  aussi  que  la 
police  secrète  américaine  n'est  point  demeurée  inactive  et  qu'elle  a  su 
faire  d'excellente  besogne,  sous  un  cbef  habile  et  dévoué  comme 
M.  Thomas  J.  ïunney.  Et  beaucoup  estimeront  (}ue  les  États-Unis- 
ont  fait  preuve  dans  toutes  ces  affaires  d'une  loiiganiniilé  poussée 
jusqu'aux  dernières  limites. 

Dix-huit  chapitres  forment  la  charpente  de  ce  livre,  dont  la  lecluie 
est  indispensable  à  qui  veut  connaître  jusipie  dans  son  tréfond  la  vi- 
lenie de  l'âme  germanique  :  I.  L'Organisation  ;  II.  La  Tâche  des  cons- 
pirateurs ;  III.  Les  Raids  maritimes  ;  IV.  La  Télégraphie  sans  fil  ;  V. 
Violence  militaire  ;  VI.  Paul  Kœnig  ;  Vil.  Les  Faux  Passeports  ;  YH!. 
Les  Menées  incendiaires  ;  IX.  Encore  les  bombes  ;  X.  Franz  von  Riri- 
telen  ;  XL  Les  Bombes  sur  les  vaisseaux  ;  XII.  Le  Travail  (il  s'agit  des 
efforts  pour  soulever  les  travailleurs  et  fomenter  les  grèves)  ;  XIIL 
Le  Lasitania  ;  XIV.  Aventures  commerciales  ;  XV.  L'Esprit  public  : 
XVI.  Les  Conspirations  germanohindoues  ;  XVII.  Le  Mexique,  l'Ir- 
lande et  Bolo  ;  XVIII.  L'Amérique  entre  en  guerre. 

L'illustration,  toute  documentaire,  comprend  notamment  d'excel- 
lents portraits  des  principaux  acteurs  de  ces  drames 

E.-G.  Ledos. 


Shellproof  Maek,  an  American  s  fighUng  story,  by  Arthur  Mack.  Boston, 
Small,  Maynard  and  Co.,  1918,  in-16  de  vm-224  p.,  avec  10  planches. 

De  son  vrai  nom  Arthur  James  Macka\  (Mack  est  son  nom  de 
théâtre),  l'auteur  de  ce  livre  est  né  à  New  York,  mais  il  fui  élevé  à 
Northampton  (Mass.)  où  ses  parents  s'élablii'ent  quand  il  était  tout 
jeune  enfant.  Destiné  par  eux  à  l'état  sacerdotal,  il  se  mit  en  tête,  par 
esprit  de  contradiction,  d'entrer  dans  la  carrière  militaire  ;  mais  bien- 
tôt le  goût  du  théâtre  lui  fif  quitter  Norwich  pour  monter  sur  les 
planches.  La  guerre  mondiale  rév(;illa  ses  ardeurs  militaires  et  il  vint 
s'engager  dans  l'armée  anglaise  où  il  servit  pendant  plus  de  deux  ans 
s'acquérant  la  réputation  d'être  «  à  l'épreuve  des  balles  »  jusqu'au 
moment  où  les  gaz  asphyxiants  le  firent  renvoyer  en  Angleterre,  puis 
dans  ses  foyers. 

Sans  nous  faire  un  récit  suivi  de  sa  vie  militaire,  il  nous  donne  sur 
les  mois  qu'il  passa  aux  tranchées  des  détails  pleins  de  vie  et  d'hu- 
mour; il  ne  pose  point  au  héros  et  il  nous  représente  avec  simplicité 
et  sincérité  l'état  d'esprit  des  Tommies  au  milieu  des(jnels  il  a  vécu. 
C'est  ainsi,  —  pour  ne  citer  (pi'un  exemple  —  qu'il  dit  très  nettement 
que  les  hommes  ne  s'offrent  pas  aussi  volonliersqu'on  l'airiiine  paifois 
pour  accomplir  des  missions  dangereuses,  mais  que  d'ailleurs  ils  ne- 


—  lî)  — 

se  dérobent  pas  quand  on  fait  appel  à  eux  et  qu'ils  exéculont  coura- 
geusement leur  devoir.  Cette  franchise  donne  un  attrait  de  plus  à  ces 
souvenirs  où  l'on  trouvera  de  quoi  s'instruire  sur  la  formaticin  des 
troupes,  sur  la  vie  des  tranchées,  sur  les  prétendus  lieux  de  repos, 
sur  les  habitudes  et  l'argot  des  soldats,  sur  la  discipline  anglaise,  sur 
l'action  en  cani[)agne,  sur  l'elTel  des  ga^  dont  l'auteur  fut  victime,  sur 
les  ambulances  et  hùpilaux.  E,-G.  Ledos. 


Les  <-;«pl  ifs,  par  le  capitaine  R.  Christian-Fhocé.  Paris,  Berger-Levrault,. 
iOlli,  iii-lS  de  210  p.,  avec  8  photographies  hors  texte.  —  Prix  :  '.i  fr.  hO. 

L'auteur  dédie  ce  volume  à  son  frère.  «  capitaine  au  6<^  régiment 
d'infanterie,  blessé  en  pleirye  bataille,  puis  torturé  pendant  trois  ans 
dans  les  geôles  allemandes.  » 

Le  présent  lécit,  très  douloureux,  n'est  autre  que  l'histoire  du  mar- 
tyre subi  par  ce  frère  dans  l'empire  barbare,  aujourd'hui  vaincu. 
M.  Christian-Frogé  écrit  en  poète,  poète  vigoureux  et  justicier  sévère. 
Certaines  pages,  telles,  par  exemple,  celles  de  la  Gckenne  et  A  Kœnig- 
stein,  renferment  des  détails  horribles.  En  les  lisant,  l'on  se  demande 
de  quoi,  vraiment,  est  pétrie  l'âme  teutonne.  Et  si  l'auteur  exprime 
une  haine  ardente  à  l'égard  des  tortionnaires,  il  n'hésite  pas,  d'autre 
part,  à  reconnaître  qu'il  s'est  trouvé  à  Werl  un  commandant  de  camp 
qui  a  traité' les  prisonniers  confiés  à  sa  garde  «  avec  tact  et  mansué- 
tude. »  C'est,  ajoute-t-il,  «  le  seul  officier  allemand  que  j'ai  vu,  dans 
les  camps  de  captifs,  faire  preuve  de  dignité  humaine  »  (p.  85).  Mais 
à  côté  de  ce  quasi  phénomène,  il  est  des  bourreaux,  que  nous  voyons 
agir  ici,  qui,  espérons-le,  n'échapperont  pas  au  jugement  du  tribunal 
international,  appelé  à  les  punir  comme  ils  le  méritent. 

E.-A.  Chapiis. 


La  France,  les  Alliés  et  l'Allemagne  devant  la  doctrine  chré- 
tienne, par  Mgr  Chapon.  Paris,  Téqui,  1919,  in-18  de  x-lo.3p.  —  I^rix  :  2  fr. 

«  Les  pages  reproduites  et  fixées  dans  ce  recueil  furent  publiées  en 
articles  dans  le  Correspondant,  les  premières  au  commencement  de  la 
guerre,  les  dernières  tout  récemment.  Ni  les  unes  ni  les  autres  n'ont 
rien  perdu  de  leur  actualité,  et,  s'il  en  était  besoin,  elles  la  retrou- 
veraient à  la  lumière  des  circonstances  tragiques  où  se  consomme 
l'un  des  plus  formidables  drames  de  l'histoire  humaine.  »  Ces  paroles 
par  lesquelles  s'ouvre  l'Introduction  de  Mgr  Chapon  sont  parfaitement 
vraies  et  il  faut  remercier  le  vénérable  prélat  de  nous  permettre  de  re- 
lire et  de  méditer  ces  pages  dans  lesquelles  il  nous  aide  à  mieux  con- 
naître les  Allemands,  dans  lesquelles  il  met  en  lumière  que  c'est  bien 
l'Allemagne  tout  entière  qui  est  responsable  de  la  guerre,  que  c'est 


—  20  — 

elle  tout  entière  qui  doit  réparer  et  que.  sil'on  veut  prévenir  le  retour 
de  ces  sanglantes  horreurs  «  c'est  le  peuple  allemand  tout  entier  qui 
doit  être  transformé  dans  sa  mentalité  profonde.  » 

Le  premier  chapitre  sur  le  Pangermanisme  est  une  des  études  les 
plus  claires,  les  plus  pondérées,  et  en  même  temps  les  plus  sévères  que 
nous  ayons  lues  sur  ce  chancre  qui  a  rongé  l'Allemagne  et  qui  au  fond 
est  u  l'antichristianisme  tout  pur,  l'antichristianisme  systématisé  et 
armé  de  pied  en  cap.»  A.u  contraire,  dans  son  chapitre  II  :  la  France  et  le 
droit  chrétien,  Mgr  l'évêque  de  Nice  montre  bien  que,  malgré  son  an- 
ticléricalisme politique,  la  France  est  demeurée  tout  imprégnée  de 
christianisme  et  que  si  nous  avons  le  devoir  de  regretter  ses  erreurs  et 
de  les  réparer  dans  la  mesure  où  nous  le  pouvons,  nous  avons  le 
droit  aussi  de  reconnaître  et  de  proclamer  ce  qu'il  y  a  en  elle  d'immor- 
tellement  idéal. 

La  deuxième  partie  du  petit  volume  :  La  Guerre. et  la  Paix  étudie 
la  Société  des  nations  au  point  de  vue  de  l'idéal  chrétien  ;  et  là  en- 
core nous  avons  des  enseignements  à  méditer.  Beau  et  bon  livre  que 
tous  devraient  avoir  et  étudier.  E.-G.  Ledos. 


L'Ame  allemande  jugée  iiar  un  Anglais,  par  Thomas  F.  S..  SmIth  ; 
traduit  de  l'anglais  par  M™"  Jean  Périer.  Paris,  Belin,  1917,  iii-18de  395  p. 
-  Prix  :  3  fr.  50, 

Malgré  la  date  qu'il  porte,  ce  n'est  que  tout  récemment  que  ce  volume 
est  arrivé  à  nos  bureaux.  Le  sujet  qu'il  traite  n'a  d'ailleurs  rien  perdu 
de  son  actualité  et  les  douze  années  que  l'auteur  a  passées  en  Alle- 
magne, sa  situation  de  professeur  à  l'Université  d'Erlangen,  les  vo- 
yages qu'il  a  faits  dans  différentes  parties  de  l'empire,  les  relations 
qu'il  s'était  créées  là-bas,  les  facilités  qu'il  a  eues  d'étudier  la  menta- 
lité germanique  donnent  à  son  témoignage  une  importance  que  l'on 
ne  saurait  contester. 

Sans  doute,  il  ne  faut  point  perdre  de  vue  que  l'auteur  est  foncière- 
ment Anglais  et  trop  porté  peut-être  à  condamner  ce  qui  s'écarte  du 
point  de  vue  anglais  ;  il  y  a  sous  ce  rapport  dans  son  livre  des  ap- 
préciations et  des  jugements  sur  lesquels  on  serait  tenté  de  faire 
quelques  réserves.  Mais  elles  ne  porteraient  que  sur  des  détails  ;  tout 
l'esscnliel  demeure  et  il  suffit,  malheureusement  pour  l'Alleniagne,  à 
nous  donner  de  la  mentalité  germanique  la  représentation  la  plus 
fâcheuse  et  la  |)lus  déplaisante.  «  On  goûtera  vivement,  dit  avec  rai- 
son M.  Emile  Boulroux  dans  la  Préface  dont  il  a  honoré  la  traduction 
française,  rcx])osition  si  documentée,  si  vivante,  si  sagace  qu'offre 
ce  livre  ;  on  aura  constamment  l'impression  d'être  en  contact  avecles 
réalités  et  non  avec  des  images  élaborées  par  un  esprit  plus  ou  moins 
ingénieux.  » 


—  21  — 

Les  dix-sept  chapitres  de  ce  livre  sont  intitulés  :  l.  Le  //o//je  alle- 
mand ;  11.  Les  Ecoles  allemandes  ;  111.  Les  Universités  allemandes, 
écoles  de  Kullur  et  de  brutalité  ;  IV.  La  Religion  en  Allemagne  ;  V. 
Le  Caractère  national  de  l'idéal  allemand  ;  VI.  L'Armée  allemande  et 
les  conseils  de  guerre  ;  YIl.  Les  Germes  de  l'esprit  agressif  de  Kanl  à 
Nietzsche  ;  VlII.  Treitschke,  prophète  et  historien  ;  IX.  L'I^tat  rt 
sa  morale  selon  Treitschke  ;  X.  Encore  un  peu  de  treitschkomanie  ; 
XL  La  Presse  reptilienne  ;  XII.  L'Envers  de  la  Kullur  ;  XUl.  Bauerii- 
fangerei  ;  XIV.  Le  Kaiser  de  la  Kullur  ;  XV.  Le  Crescendo  naval  ;  XVI. 
\  toute  vapeur  ;  XVIl.  La  Paix,  la  guerre  et  l'arbitrage. 

L'auteur ,  ajoute  son  témoignage  à  ceux  qui  nous  montrent  que 
l'Allemagne,  tout  entière,  hélas  !  a  été  infectée  de  l'esprit  pangerma- 
niste  et  que,  tout  entière,  elle  est  solidairement  responsable  du  crime 
de  la  guerre.  11  donne  sur  l'influence  de  Treistschke  et  sur  les  raisons 
de  cette  influence  des  éclaircissements  précieux.  11  met  en  lumière  les 
vices  de  l'enseignement  germanique  à  ses  divers  degrés  ;  il  détruira 
chez  bien  des  lecteuis  des  illusions  trop  tenaces  sur  le  foyer  allemand 
et  sur  les  vertus  familiales  des  Allemands.  E,-G.  Ledos. 


Préceptes    et  jugements    du  maréchal  Foch,  extraits   de  ses 
ceuvres,  précédés  d'aneétudesiirla  vie  militaire  du  maréchal^ 

par  leconimandant  A.  Grasset.  Paris->"nncy-Strasbourg.  Berger-LevrauH. 
1019.  in-t6  de  Lxxni-255  p.,  avec  1  portrait  et  4  cartes.  —  Prix:  6  fr. 

Le  maréchal  Foch,  qui  s'est  révélé  à  la  grande  majorité  des  Fran- 
çais uniquement  et  pour  la  première  fois  au  cours  de  la  guerre  actuelle, 
était  cependant  apprécié  depuis  longtemps,  par  ceux  qui  avaient  été  à 
même  de  l'approcher,  comme  un  esprit  de  grande  envergure,  un 
maître  auquel  seule  l'occasion  manquait  de  s'affirmer  de  façon  géniale 
à  la  façon  d'un  Turenne  ou  d'un  Bonaparte.  Comme  professeur  de 
tactique  et  de  stratégie  à  l'École  supérieure  de  guerre,  le  colonel  Foch 
avait  notamment  produit  une  impression  profonde  sur  tous  ceux  qui 
avaient  eu  le  privilège  de  l'entendre,  et  ses  deux  livres  :  De  la  Conduile 
de  la  guerre.  La  Manœuvre  pour  la  bataille  et  plus  encore  celui  intitulé  : 
Des  Principes  de  la  guerre  l'avaient  marqué  comme  une  intelligence 
hors  de  pair,  sachant  approfondir,  d'une  manière  aussi  neuve  que  fer- 
tile en  enseignements,  les  problèmes  les  plus  complexes  de  la  stratégie 
et  de  la  grande  tactique.  Ces  deux  ouvrages,  naturellement  spéciaux, 
ne  peuvent  être  lus  avec  profit  que  par  des  esprits  déjà  au  courant  des 
questions  militaires  les  plus  élevées,  et  c'est  pour  permettre  aux  pro- 
fanes de  prendre  connaissance  du  fond,  de  la  quintessence  des  doc- 
trines du  maréchal  que  le  commandant  Grasset,  l'auteur  apprécié  de 
travaux  analysés  ici,  naguère,  publie  aujourd'hui  les  Préceptes  et 
Jugements  du  maréchal  Foch.  On  lira  ces  Préceptes  avec  intérêt  et  avec 


—  22  — 

profil  :  ils  contribueront  à  faire  comprendre  et  à  faire  aimer  l'homme 
prédestiné  auquel  la  France  doit,  pour  la  plus  grande  part,  le  triomphe 
final  de  ses  armées,  et  la  reprise  de  sa  prépondérance  dans  le  monde. 

Comte  de  Sékiginan. 


La  Grande  Question  d'Occident.  Au  pays  de  la  Sarre.  III.  Sar- 
relouis  et  Sarrebrûck,  par  Ernest  Babelon.  Paris,  Leroux,  1918, 
in  8  de  xxvni-33D  p.,  avec  planches,  vignettes  et  une  carte  hors  texte.  — 
Prix  :  15  fr. 

Est-il  aujourdliui,  pour  l'Europe  occidentale,  un  sujet  qui  soit  plus 
d'actualité  que  la  question  de  la  Sarre?  D'après  les  clauses  du  traité 
de  paix  qui  sont  présentées  à  l'Allemagne  vaincue,  le  territoire  de  la 
Sarre,  prêt  à  connaître  un  régime  nouveau,  comprend  les  cercles  de 
Sarrelouis,  Sarrebrûck,  Ottweiler,  Saint-Ingbert,  une  partie  des 
cercles  de  Merzig,  de  Saint- Wendel,  de  Hombourg  et  de  Deux-Ponts  ; 
il  est  borné,  au  sud  et  à  l'ouest,  par  la  nouvelle  frontière  de  la  France  ; 
au  nord,  par  les  limites  administratives  des  cercles  ou  cantons  incor- 
porés audit  territoire,  suivant  une  ligne  générale  partant  de  la  rivière 
de  la  Sarre,  à  cinq  kilomètres  au  nord  de  Mettlach,  et  rejoignant  au 
sud-est  de  Mettnich  la  frontière  méridionale  de  la  principauté  de  Bii- 
kenfeld  ;  à  l'est,  par  une  ligne  passant  à  4  kilomètres  au  nord-est  de 
Saint-Wendel,  laissant  en  dehors  Breitenbach  et  Waldmohr.  et  rejoi- 
gnant, par  la  ligne  des  crêtes  de  la  rive  orientale  de  la  Blies,  la  fron- 
tière française  au  sud  de  Hornbach.  Ce  nouveau  territoire,  peuplé  de 
647.000  habitants,  a  une  superficie  de  161.000  hectares.  11  comprend 
toute  une  région  qui  a  appartenu  à  la  France  avant  1814,  et  plus  que 
•cela  encore  ;  il  est  limité  à  l'est  par  l'ancien  département  impérial  du 
Mont-Tonnerre. 

Si  l'on  veut  bien  connaître  ce  pays,  historiquement,  géographique- 
ment,  économiquement,  il  n'est  pas  de  guide  plus  sûr  que  celui  de 
M.  Ernest  Babelon,  qui  vient  s'ajouter  aux  deux  volumes  publiés 
naguère  par  lui  sur  «  la  Grande  Question  d'Occident  ».  Bien  peu  de 
personnes  savent  qu'après  le  traité  de  Nimègue,  cette  vallée  de  la 
Sarre,  rattachée  aux  évêchés  de  Metz  et  de  Verdun,  fut  gouvernée  par 
un  intendant  qui  alla  s'installer  au  château  de  Hombourg,  sa  rési- 
dence officielle  en  attendant  l'achèvement  de  la  ville  de  Sarrelouis  : 
quelque*  années  après,  la  Diète  du  saint  Empire  germanique  ratifia 
les  décisions  prononcées  par  la  Chambre  de  réunion  du  Parlement  de 
Metz.  Sarrelouis  fondé  devint  une  place  forte  par  les  soins  de  Vauban  ;  ' 
Sarrelouis  habité  devint  une  ville  très  française,  et  malgré  tout  l'est 
resté.  Les  princes  de  Nassau-Sarrebriick  ont  servi  la  France  et  vécu  à 
la  cour  de  Versailles.  Les  régiments  de  Nassau  se  sont  distingués 
dans  toutes  les  campagnes  des  règnes  de  Louis  XV  et  de  Louis  \\\. 


—  23  — 

ISapoléon  fut  tics  populaire  à  Sai  rebriick  ;  les  habitants  de  cette  ville 
lui  restèrent  fidèles  même  dans  la  mauvaise  fortune  ;  ils  durent  subir 
le  20  novembre  181")  qui  les  fit  Prussiens.  Mais  les  survivances  fran- 
<;aises  dans  toute  la  région  sont  très  évidentes  (un  livre  a  été  consacré 
à  cette  question),  et,  malgré  l'immigration  prussienne,  malgré  le 
recul  de  la  langue  française  pourchassée  par  le  gouvernement  prus- 
sien, malgré  la  germanisation  des  noms  de  lieu  devenus  méconnais- 
sables, ces  populations  ont  plus  d'atîinité  avec  la  Lorraine  qu'avec 
l'Allemagne,  et  ne  regretteront  pas  la  tyrannie  de  l'oppresseur  qui 
s'est  exercée  pendant  un  siècle. 

Voilà  ce  que  M.  Babelon  nous  raconte  dans  les  plus  grands  détails. 
On  sera  curieux  de  les  lire,  on  éprouvera  une  grande  joie  à  la  pensée 
que  cette  vallée  de  la  Sarre,  si  elle  ne  redevient  pas  française,  jouira 
d'une  autonomie  où  la  prépondérance  économique  sera  française  ;  nul 
n'ignore  en  effet  de  quelle  importance  sont  les  minerais  de  fer  et  sur- 
tout les  gisements  de  houille  qui  font  la  richesse  de  cette  vallée.  Leur 
exploitation  nous  est  garantie  en  compensation  des  énormes  pertes 
que  nos  mines  du  nord  de  la  France  ont  subies  du  fait  de  la  guerre 
et  des  destructions  systématiques  que  les  x\llemands  leur  ont  volon- 
tairement fait  subir.  L'heure  de  l'expiation  a  sonné,  et  les  travaux  de 
M.  Babelon  nont  sans  doute  pas  été  iimliles  à  la  préparer. 

H.  S. 

Take  Jonesco,  par  D.  Iancovici.  l'aris,  Payot,  1919,  in-i6  de  160  p.,  avec 
portrait.  —  Prix  :  3  IV. 

Aux  Souvenirs  que  M.  Take  Jonesco  vient  de  publier,  le  petit  volume 
de  M.  Iancovici  sert  à  la  fois  d'iulroduclion,  de  commentaire  et  de 
complément.  Il  met  en  pleine  lumière  le  beau  caractère  de  l'homme 
d'État  roumain,  sa  fidélité  constante  à  ses  opinions,  son  énergie,  sa 
clairvoyance,  son  sens  politique,  la  grandeur  de  son  rôle  et  l'éminence 
des  services  qu'il  a  rendus  à  son  pays. 

Sans  négliger  ce  qu'a  fait  ce  grand  Latin  pour  la  prospérité  inté- 
rieure de  son  pays,  il  s'attache  surtout  à  l'œuvre  de  sa  politique  exté- 
rieure, qui  a  été  intense  depuis  1012.  Trois  chapitres  forment  les 
divisions  de  ce  petit  volume  :  Take  Jonesco,  1884  (date  de  son  entrée 
dans  la  vie  politique)-1912  ;  —  Guerres  balkaniques,  191:2-1913;  — 
Take  Jonesco  et  la  Grande  Guerre. 

Si  M.  Jonesco  n'a  pas  fait  en  France  ses  études  classiques  comme 
plusieurs  de  ses  compatriotes,  c'est  en  France  qu'il  s'est  formé  à 
l'étude  du  droit,  y  passant  ses  examens  de  la  manière  la  plus  brillante. 
Aussi  est-il  resté  un  ami  fervent  de  notre  pays,  un  partisan  convaincu 
de  l'union  de  sa  patrie  avec  la  Triple  Entente,  à  la  fois  parce  qu'il 
estimait  que  les  intérêts  de  la   Roumanie  la  portaient  de  ce  côté  et 


~  24  — 

parce  que  —  et  cela  est  bien  à  son  lionnenr  —  parce  que  l'Eiitcnte- 
représentait  à  ses  yeux  le  véritable  idéal  de  la  civilisation. 

Cette  esquisse  biographique,  dans  sa  brièveté,  n'est  pas  seulement 
intéressante,  mais  par  moments  passionnante.  E.-G.  Leuos. 


La    République    ichéco-slovaque,  par    Louise   Weiss.    Paris,  Payot, 
1919,  in-16  de  235  p.,  avec  une  carte  hors  texte.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Ce  livre  est  vraiment  instruclif,  et  mérite  d'être  recommandé  aux 
Français  qui  s'intéressent  à  la  politique  étrangère  et  aux  questions 
de  reconstruction  de  l'Europe  centrale.  C'est  im  véritable  dyptique, 
constitué  par  la  réunion,  sous  un  même  litre,  de  deux  études  consa- 
crées l'une  au  problème  tchéco-slovaque,  tel  qu'il  se  posait  à  la  fin  de 
l'année  1917,  l'autre  aux  moyens  de  réaliser  à  la  suite  de  l'effondre- 
ment de  l'Austro-Hongrie  et  de  la  défaite  de  l'Allemagne,  les  assu- 
rances obtenues  des  gouvernements  alliés.  De  ces  deux  volets,  le 
second  —  l'ère  des  réalisations  —  si  intéressant  soit-il,  nous  plaît 
moins  que  le  précédent  ;  celui-ci  nous  semble  mieux  venu,  plus 
attrayant  et  plus  instructif.  Il  est  certain  qu'il  est  plus  facile  de 
montrer  la  survivance  de  la  tradition  nationale,  en  dépit  de  persécu- 
tions et  d'éclipsés  passagères,  que  d'indiquer  comment  pourrait  être 
constituée  la  république  tchéco-slovaque.  Or,  c'est  là  précisément  le 
sujet  du  second  volet  de  notre  dyptique,  le  plus  développé  de  beau- 
coup, et  nous  y  relevons  certaines  propositions  qui  semblent  diffici- 
lement réalisables  et  mêmes  peu  légitimes  (p.  210-213),  sur  la  cons- 
titution d'un  couloir  entre  la  nouvelle  République  tchéco-slovaque- 
et  le  nouvel  État  yougo-slave.  Du  moins  ne  sont-elle  pas  de  nature  à 
aliéner  aux  Ïchéco-Slovaques  les  sympathies  que  la  préface  de  M.  Bé- 
nès  et  les  études  mêmes  de  M'"°  Louise  Weiss  travaillent  à  gagner  ù 
une  cause  qu'il  est  de  notre  intérêt  bien  entendu,  comme  de  notre 
tradition  historique,  de  soutenir  et  de  faire  triompher. 

H.  F. 


Chambre  de  commerce  de  Marseille.  Congrès  français  de  la 
Syrie  (3,  4  et  5  janvier  1019).  Séances  et  travaux.  Fascicule 
IL  Section  d'archéologie,  liistoire,  géographie  et  ethnographie.  Paris, 
Champion  ;  .Marseille,  socrclarial  de  la  Chanihro  de  coninierce,  1919^ 
gr.  in-8  de  252  p.,  avec  une  carie  en  couleurs  hors  texte  et  clichés  dans 
Je  texte.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

Le  Congrès  français  de  la  Syrie,  qui  s'est  tenu  à  Marseille  dans  les 
tout  premiers  jours  de  l'année  d9l0,  avait  pour  but  principal  de  prou- 
ver à  tous,  de  la  manière  la  plus  évidente,  que  la  France  occupe  en. 
Syrie  une  place  absolument  prépondérante,  que  ses  intérêts  n'y  sont 
pas  seulement  des  intérêts  historiques,  mais  aussi  des  intérêts  cou- 


—  25  — 

lemporains,  des  ordres  les  plus  variés,  économiques,  scientifiques^ 
religieux.  De  toutes  les  façons,  les  différentes  sections  du  Congrès- 
ont  fait  cette  démonstration,  et  non  pas  seulement  pour  quelques 
districts,  mais  pour  la  Syrie  intégrale,  de  la  mer  Méditerranée  à  l'Eu- 
phrate  et  de  la  plaine  d'Adana  au  sud  de  la  Mer  Morte.  Voilà  précisé- 
ment ce  dont  on  se  rendra  compte  en  lisant  les  différents  fascicules 
des  travaux  présentés  au  congrès.  De  ces.  facicules,  un  seul  a  paru 
jusqu'à  présent,  celui  de  la  Section  d'histoire  qui,  sous  la  présidence 
de  M.  Babelon,  de  l'Institut,  a  tenu  plusieurs  séances  très  pleines  à 
tous  égards.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'analyser  ni  même  d'énumérer 
les  communications  faites  ni  les  mémoires  résumés  au  cours  de  ces 
séances  ;  il  suffira  de  signaler  en  quelques  mots  deux  ou  trois  des 
plus  importants  de  ces  travaux.  Telle,  au  point  de  vue  archéolo- 
gique, l'étude  du  président  même  de  la  section,  M.  Ernest  Babelon, 
sur  trois  voyageurs  archéologues  en  Syrie  (le  duc  de  Luynes,  Louis 
de  Clercq  et  le  marquis  de  Vogué)  dont  chacun  a  rapporté  du  Levant 
des  collection^  dont  on  ne  saurait  exagérer  l'importance  ni  l'intérêt 
(p.  217-224).  M.  Louis  Bréhier.  professeur  à  l'Université  de  Clermont- 
Ferrand,  s'est  occupé  non  pas  d'archéologie,  mais  d'histoire  propre- 
ment dite.  Il  a  montré,  dans  un  remarquable  travail  sur  les  origines 
des  rapports  entre  la  France  et  la  Syrie,  que  le  protectorat  accordé  sur 
la  Palestine  par  Haroun  al  Raschid  à  Charlemagne  fut  efficace  durant 
tout  le  ix«  siècle  et  que  de  véritables  capitulations  furent  négociées  et 
conclues  entre  les  deux  souverains  entre  797  et  807  (p.  15-38).  Non 
moins  curieuse  est  la  note  du  comte  Paul  Durrieu,  de  l'Institut,  sur  la 
possession  par  la  France  actuelle  de  droits  historiques  que  notre  pays 
détient  depuis  six  siècles  déjà  (((  La  France  et  le  titre  de  roi  de  Jérusa- 
lem »,  aux  p.  12-15  et  2i9-250)  ;  elle  le  cède  cependant  encore  en  inté- 
rêt à  la  «  note  sommaire  »  de  ^L  Paul  Masson,  professeur  à  l'Univer- 
sité d'Aix-Marseille  «  sur  le  rôle  des  Français  en  Syrie  du  xvi'  au  xix^ 
siècle  ».  si  démonstrative  de  l'œuvre  accomplie  par  nos  nationaux, 
et  surtout  par  les  Provençaux,  dans  les  Échelles  au  cours  des  temps 
modernes.  Que  l'on  tienne  compte  aussi  du  travail  du  D""  A.  Coury, 
de  Beirout,  sur  le  martyre  du  Liban  pendant  la  Grande  Guerre  et  sur 
l'attachement  des  Libanais  à  la  cause  française,  de  la  note  de- 
M.  Emmanuel.de  Martonne  sur  l'unité  géographique  de  la  Syrie,  de 
vingt  autres  mémoires  plus  ou  moins  longs,  plus  ou  moins  docu- 
mentés, contenant  tous  quelque  fait  ou  quelque  texte  nouveau . 
ou  encore  quelque  complément  ou  quelque  précision  d'information,. 
et  l'on  sera  convaincu  de  l'intérêt  présenté  par  le  fascicule  II  des- 
travaux  du  Congrès  français  de  la  Svrie.  H.  F. 


—  26  — 

l^a  Guerre  hors  de  France.  Les  Etats-Unis,  par  Paul  Delay.  Paris, 
Lelhiclleux.  s.  d.  [1918],  in-8  de  400  p.  -  Prix  :  7  fr.  50. 

Eu  Amérique  :  jadis  et  maintenant,  par  J.-.I.  Jusskuamj.  Paris,  Ha- 
chette, 1918,  in-16  de  xi-3G8  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  sait  de  reste  que,  dans  tous  les  sens  du  mot.  la  Grande  Guerre 
■qui  vient  de  se  terminer  à  notre  avantage  s'est  étendue  sur  toute  la 
surface  du  globe.  Et  non  pas  seulement  la  guerre  par  les  armes,  la 
guerre  militaire  et  maritime,  mais  aussi  la  guerre  morale,  et  In 
guerre  économique  et  la  guerre  diplomatique.  A  mesure  que  le  recul 
se  fait  et  que  les  documents  sortent  des  archives,  on  voit  mieux  quel 
effort  considérable  l'Allemagne  a  donné  pour  isoler,  de  toutes  les 
manières,  la  France  dans  le  monde  et  pour  s'acquérir  à  elle-même 
toutes  les  sympathies, .on  comprend  mieux  le  rôle  de  sa  diplomatie 
<lans  cet  effort  ;  mais  on  est  loin  d'en  bien  saisir  encore  toute  la 
•complexité  comme  aussi  toute  la  ténacité.  C'est  précisément  ce  que 
pour  les  seuls  Élais-Unis,  permettra  de  réaliser  le  volume  de  M.  Paul 
Delay  intitulé  :  La  Guerre  hors  de  France.  Les  ElaLs-Unis.  Vohime 
incomplet  d'ailleurs,  car  il  a  été  achevé  dès  décembre  1917,  et 
ne  montre  pas,  par  conséquent,  les  derniers  efforts  des  Américains 
pour  venir  à  bout  des  intrigues  allemandes  ;  volume  embrassant 
néanmoins  l'ensemble  de  la  guerre  diplomatique  et  expliquant  fort 
bien  avec  quelle  énergique  volonté  le  peuple  des  États-Unis  d'Amé- 
rique est  entré  dans  la  lutte  armée  contre  l'Allemagne,  quels  sacii- 
■fices  de  tout  genre  il  a  consenti,  à  la  voix  du  président  Wilson,  en 
faveur  des  Alliés  et  pour  le  triomphe  de  la  cause  qu'il  avait  embrassée. 
Il  faut  savoir  gré  à  M.  Paul  Delay  d'avoir  pris  la  peine  d'écrire  ce 
livre,  car  on  le  consultera  utilement.  C'est  un  travail  de  synthèse, 
autour  duquel  viendront  peu  à  peu  se  grouper  des  volumes  spéciaux 
comme  celui  de  M.  G.  Lechartier  sur  les  intrigues  du  comte  Bern- 
storff  et  sa  lutte  contre  le  président  Wilson  ;  on  y  recourra  comme 
-au  livre  traçant  les  cadres  généraux  de  ce  vaste  et  important  sujet. 

Peut-être  ne  les  y  trouvera-t-on  pas  absolument  tous  ;  mais  on  ne 
saurait  s'en  étonner.  N'y  a-t-il  pas,  en  diplomatie,  à  côté  du  travail 
-apparent,  un  travail  occulte  qui  a  bien  son  importance  et  son  effica- 
■cité,lui  aussi?  et  n'obtient-on  pas  souvent,  par  des  moyens  détournés 
ou  en  ne  négligeant  aucun  moyen,  de  très  sérieux  résultats  ?  On  a 
parfois,  au  cours  de  la  guerre,  et. en  présence  de  l'activité  allemande, 
reproché  à  notre  diplomatie  de  demeurer  inactive  ;  ne  travaillait-elle 
pas,  elle  aussi  ?  Moins  bruyamment,  mais  plus  efficacement  que  la  , 
propagande  ennemie,  elle  remplissait  son  rôle,  certaine,  puisque  le  j 
temps  travaillait  pour  elle-,  de  l'efficacité  de  ses  méthodes  et  du  suc- 
cès final.  L'événement  a  prouvé  qu'elle  avait  vu  juste  et  qu'elle  avait 
Lien  travaillé.  On  saura  plus  tard  comment  elle  l'a   fait  de  toutes  les 


—  27  — 

manières  ;  contentons-nous  pour  anjouid'hui  de  signaler  un  dos  pro- 
cédés détournés  dont  s'est  efficacement  servi  notre  ambassadeur  à 
Washington,  M.  J.-J.  Jusserand,  pour  soutenir  la  cause  française.  Il 
a  publié  aux  États-Unis,  au  début  de  1916,  un  volume  intitulé  :  En 
Amérique  :  Jadis  et  maintenant,  qui  évoque  les  souvenirs  les  plus 
chers  aux  Américains  des  États-Unis,  leur  montre  sans  y  insister  ce 
que  leur  pays  doit  à  la  France,  leur  rappelle  les  liens  d'amitié  qui 
ont  dès  le  premier  jour  uni  la  grande  républicpie  américaine  à  notre 
propre  patrie.  Bien  entendu,  c'est  surtout  sur  les  souvenirs  de  la 
guerre  de  l'Indépendance  qu'insiste  M.  Jusserand,  soit  quand,  à  l'aide 
■de  documents  inédits,  il  raconte  le  rôle  joué  par  Rochambeau  en 
Amérique,  soit  encore  lorsqu'il  montre  quels  rapports  cordiaux 
Washington  n'a  cessé  d'entretenir  avec  les  Français  qui  furent  ses 
collaborateurs  durant  la  période  héroïque  des  débuts.  Mais  il  ne  s'en 
tient  pas  là  :  en  retraçant  la  biographie  du  major  Lenfant.  il  trouve 
moyen  de  montrer  aux  citoyens  des  États-Unis  qu'ils  doivent 
à  un  Français  la  conception  complète  et  le  plan  de  cette  belle 
ville  de  Washington,  leur  capitale  fédérale  dont  ils  sont  si  juste- 
ment fiers  ;  à  propos  de  Lincoln,  il  évoque  les  souvenirs  de  la 
cession  de  la  Louisiane  par  la  France,  de  la  participation  de  Fran- 
<^ais  (dans  les  rang  des  nordistes)  à  la  guerre  de  Sécession,  du  tribut 
d'admiration  payé  par  notre  pays  au  «  président  martyr.  »  Ainsi, 
de  toutes  les  manières.  —  mais  sans  jamais  le  dire  -  M.  Jusserand 
poussait  ses  lecteurs  à  une  alliance  avec  la  France  ;  c'était  bien  là  la 
conclusion  latente  de  son  livre,  dans  lequel  nous  devons  voir  un  élo- 
quent «  témoin  »  de  l'activité  de  notre  propagande  aux  États-Unis 
pendant  la  guerre  (de  là  certaines  pages  inutiles  pour  des  lecteurs 
français)  comme  aussi  un  excellent  livre  d'histoire. 

Henri  Froidevalx. 


L.a  Paix  prochaine  et  la  Mission  des  Alliés,  par  Maurice  Legexdke. 
Paris,  Bloud  et  Gay,  1918,  in-16  de  240  p.  —Prix  ;  2  fr.  50. 

Ce  livre  est  dédié  «  aux  chefs  qui  croient  en  Dieu,  aux  constructeurs 
de  la  Société  des  nations  m  ;  c'est  dire  quel  en  est  l'esprit.  M.  Maurice 
Legendre  avait  publié,  au  début  de  1913,  un  livre  intitulé  :  La  Guerre 
prochaine  et  la  Mission  de  la  France,  où  il  avait  le  mérite  de  montrer 
le  caractère  inéluctable  de  la  guerre  que  l'Allemagne  allait  imposer 
au  monde.  Dans  celui-ci.  écrit  avant  la  signature  de  l'armistice,  il 
expose  quelles  doivent  être  les  conditions  de  la  paix  et  le  rôle  des 
Alliés  pour  la  réorganisation  du  monde  dans  le  cadre  de  la  Société 
des  nations  :  réorganisation  non  seulement  politique,  mais  sociale  et 
économique.  Ses  idées  sont  toujours  élevées,  presque  toujours  justes. 
Nous  disons  «  presque  toujours   »  parce  que  M.   Maurice  Legendre 


—  28  — 

parle  (p.  178)  «  de  l'essai  malheureux  »  du  pape  Benoît  XV,  qu'il 
qualifie  ensuite  de  «  triste  épisode,  d'où  sortira  diminué  le  prestige 
•politique  de  la  Papauté.  »  Puis,  par  une  singulière  inadvertance,  il 
prétend  opposer  au  Saint-Père  le  cardinal  Mercier,  semblant  ignorer 
que  celui-ci  n'a  jamais  cessé  de  rendre  un  hommage  éclatant  aux 
intentions  et  aux  actes  du  Souverain  Pontife,  comme  le  gouvernement 
belge  lui-même  l'a  fait  dans  sa  réponse  au  message  pontifical  du 
13  août  1917.  Que  M.  Legendre  se  reporte  à  l'article  du  P.  de  la  Brière 
dans  les  Éludes  du  5  septembre  1917  :  il  y  verra  d'abord  que  l'acte  de 
Benoît  XV  fut  absolument  conforme  aux  règles  du  droit  international 
telles  que  les  a  fixées  la  convention  de  la  Haye.  Ensuite,  que  celte 
offre  de  médiation  diplomatique  ne  pouvait  pas  être  rédigée  sous  la 
forme  d'un  jugement  doctrinal.  Enfin,  que  les  propositions  pontifi- 
cales se  rapprochent  singulièrement  et  des  déclarations  des  Alliés  dans 
leur  réponse  officielle  du  30  décembre  1916  aux  ouvertures  du  prési- 
dent Wilson,  et,  sur  un  des  points  qui  ont  été  le  plus  reprochés  au 
Saint-Père, du  fameux  message  du  président  Wilson  du  22  janvier  1917. 

Cette  erreur  de  jugement  devait  être  relevée  parce  qu'elle  détone 
dans  le  livre  de  M.  Legendre.  Mais  nous  ne  pouvons  que  l'applaudir 
quand  il  signale  comme  aussi  bienfaisante  que  le  désastre  allemand 
la  décomposition  de  la  Russie  :  elle  était  nécessaire  pour  permettre  la 
résurrection  de  la  Pologne.  On  sait  en  effet  que,  tant  que  l'ancien  gou- 
vernement russe  a  subsisté,  même  sans  le  Tsar,  jamais  la  France  n'a. 
soutenu  contre  la  Russie,  le  plus  brutal  de  ses  trois  oppresseurs,  les 
justes  revendications  de  la  Pologne. 

Enfin,  tous  les  honnêtes  gens  approuveront"  les  conclusions  de 
M.  Maurice  Legendre  gur  la  nécessité  d'écarter  du  pouvoir  les  hommes 
véreux.  Souhaitons  que  son  vœu  de  voir  arriver  des  hommes  d'État 
au  grand  esprit  et  au  grand  cœur  pour  consolider  et  étendre  Tempire 
de  la  paix  soit  promptement  exaucé.  .\.  de  Tarlé. 


Par  eux,  essai  sur  la  Société  des  uations,  par  Fernand  Lointieu.^ 
Paris,  éditions  Publius,  35,  boulevard  Bonne-Nouvelle,  1919,  in-4  de  t32p.. 
—  Prix  :  4  fr.  50. 

M.  Lointier,  comme  beaucoup  de  Fran(;ais  depuis  la  guerre,  n'ai 
guère  de  confiance  dans  les  politiciens,  et  il  ne  croit  guère  au  bienfait 
d'une  Société  des  nations,  si  c'est  à  eux  qu'on  en  confie  la  construc- 
tion. Non,  la  Société  des  nations  doit  être  faite  par  les  Poilus,  comme 
elle  doit  être  faite  pour  eux,  pour  que  les  sacrifices  qu'ils  ont  acceptés, 
depuis  cinq  ans,  les  énergies  qu'ils  ont  déployées,  les  fatigues  et  les- 
douleurs  qu'ils  ont  subies  n'aient  pasété  en  pure  peite  et  qu'ils  voient, 
assurée  pour  le  plus  longtemps  possible  à  leurs  enfants  la  paix  qui 
remettra  le  monde  ébranlé  de  ses  secousses  et  de  ses  blessures. 


i 


-  '-'  - 

Pour  lui  donc,  lorgane  de  la  Société  des  nations  doit  être  une  com- 
mission internationale  composée  des  délégations  démocratiques  natio- 
'nales  de  tous  les  États  participants,  chaque  délégation  comprenai>t 
Yingt-deux  membres  élus  au  suffrage  majoritaire  par  onze  catégories 
d'électeurs  :  1.  Syndicats  agricoles  ;  2.  Syndicats  industriels  ;  3.  Syn- 
dicats d'employés  ;  4.  Syndicats  de  fonctionnaires  ;  ">.  Chambres  do 
■commerce  ;  H.  Œuvres  féminines  ;  7.  Académies  et  corps  savants;  8. 
Magistrature  et  corps  annexes  ;  9.  Syndicats  de  la  presse  ;  10.  Electeurs 
ne  faisant  pas  partie  des  groupes  précédents.  Et  comme  M.  Lointier 
estime  que  ce  sont  autant  les  mines  et  le  libre  passage  des  détroits 
-qui  rendent  possibles  les  guerres,  sa  commission  internationale  aura 
■pour  principale  mission  de  surveiller,  de  contrôler  les  mines  et  les 
^détroits. 

Telles  sont  les  idées  essentielles  et  maîtresses  du  projet  de  M.  Loin- 
tier. En  entreprendre  la  discussion  nous  entraînerait  bien  au  delà  des 
limites  que  nous  ne  pouvons  dépasser.  11  suffît  d'avoir  signalé  son 
travail,  précédé  d'une  Préface  de  M.  Albert  Thomas,  à  la  curiosité  de 
nos  lecteurs.  E.-G.  L. 


—  Situé  à  quelques  kilomètres  de  Meaux,  Varreddes  marque  à  peu 
près  le  point  extrême  de  l'avance  ennemie  de  ce  côté.  Les  Alle- 
mands y  entrèrent  le  vendredi  4  septembre  1914.  Ils  durent  s'en  retirer 
huit  jours-plus  tard.  Mais  Lis  avaient  eu  le  temps,  dans  ce  court  inter- 
valle, d'accuser,  de  juger  et  d'exécuter  le  curé,  M.  Fossin,  vieillard 
-de  soixante-quinze  ans,  qui  avait  prodigué  à  leurs  blessés  les  secours 
•de  son  ministère.  Ce  cruel  épisode  a  donné  son  titre  à  la  brochure  de 
TM.  F.  Martiu-Ginouvier  :  Le  Martyre  du  curé  de  Vareddes  (Paris, 
Bloud  et  Gay.  1918,  in-16  de  64  p.  Prix  :  0  fr.  60)  et  se  joint  à  plu- 
-sieurs  autres  pour  en  fournir  la  matière. 

—  La  quatrième  sériedes  documents  réunis  par  M.  le  vicomte  Maurice 
•de  Lestrange  sur  la  Question  religieuse  en  France  pendant  la  guerre 
{Paris,  Lethielleux,  1918,  in-16  de  603  p.  Prix  :  5  fr.)  nous  conduit 
d'avril  à  décembre  1915.  Les  questions  qui  y  sont  traitées  et  sur 
lesquelles  l'auteur  nous  fait  connaître  les  articles  de  la  presse  tant 
anticléricale  que  catholique  sont  :  l'incident  de  Valence  (conférence 
de  M.  l'abbé  Desgranges  interdite  par  le  préfet)  ;  —  la  journée  du 
20  juin  (Orphelins  de  la  guerre)  ;  —  l'interview  Latapie  ;  l'incinéra- 
tion sur  les  champs  de  bataille  ;  —  le  Pape  et  la  paix  (la  lettre  aux 
peuples  belligérants)  ;  —  les  affaires  du  chanoine  Lagardère  et  de 
M.ontalière  ;  —  les  prêtres  et  le  service  armé  (la  campagne  anticléri- 
cale pour  faire  verser  dans  le  service  armé  les  ecclésiastiques  affectés 
légalement  aux  services  d'infirmier)  ;  —  la  campagne  antireligieuse 
de  la  Dépêche  de  Toulouse  ;  —  la  question  des  emblèmes  ;  —  la  rumeur 


—  30  - 

infâme  ;  —  les  mémoires  anonymes  sur  la  situation  religieuse  en 
France  ;  —  le  martyre  du  curé  de  Sompuis.  Souhaitons  que  M.  le 
vicomte  de  Lestrange  accélère  la  publication  de  la  suite  de  ce  recueil 
utile  et  intéressant. 

—  Il  est  souhaitable  que  la  difTusion  se  fasse  largement,  dans-le 
pays  de  langue  germanique,   de  la    petite   brochure    dans    laquell 
M.  Mirman,  préfet  de  Meurthe-et-Moselle,  et  MM.  G.  Simon  et  G.  Rel 
1er,  maires  de  Nancy  et  de  Lunéville,  ont  fait  un  exposé  sobre,  mai 
d'autant  plus  terrible  qu'il  est    solidement  documenté,  des  crime 
perpétrés  par  les  Allemands  dans  cette  guerre  sanglante  dans  laquell 
les  a  jetés  un   orgueil  démesuré  :   vols,   incendies,  meurtres,  viols,^ 
atrocités  de  tout  genre,  auxquelles  se  sont  ajoutés  le  mensonge  et  la 
calomnie  :  Deiitsche.Verbrcchen  (Kriegsblatler,  191^-1918  (ISancy-Pa- 
ris-Strasbourg,  Berger-Levrault,  1919,  in-18  de  75  p.  Prix  :  1  fr.  50). 
Et  souhaitons  qu'en  ouvrant  les  yeux  des  vaincus,  ces  pages  les  amè- 
nent à  se  convertir  et  à  se  transformer,  pour  qu'ils  puissent  reprendre 
dans  le  monde  civilisé  la  place  d'où  ils  se  sont  eux-mêmes  chassés. 

—  Sous  le  titre  :  De  la  sympathie  à  la  fraternité  d'armes  :  les  États- 
Unis  dans  la  guerre  (Varis,  Alcan,  1919.  in-8  de  96  p.  Prix  :  1  fr.  70), 
M.   Maurice  Barrés  a  réuni  pour  la    Bibliothèque  France- Amérique 
quelques  articles  donnés  par  lui  à  l'Écho  de  Paris  de  1915  à  1918.  On 
y  suivra  les  progrès  de  la  pensée  et  du  sentiment  américains  à  1  en- 
droit de  la  France  :  on  y  verra  comment  les  préjuges  que  beaucoup- 
au  début  de  la  guerre  avaient  contre  nous  sont  tombés,  comment  le» 
yeux  se  sont  dessillés,  comment  la  sympathie  s'est  développée,  com- 
ment elle  s'est  fortifiée  par  l'estime,  par  le  respect,  par  l'admiration,, 
comment,  lorsque  les  Etats-Unis  sont  entrés  en  guerre,  ils  se  sont 
donnés  de  tout  leur  cœur,   comment  ils  sont  devenus  non  seulement 
des  alliés  mais  de  véritables  frères  d'armes,  remplis  du  plus  bel 
enthousiasme  et  du  plus  touchant  dévouement.  Il  y  a  dix  chapitres* 
dont  quelques-uns  sont  la  réunion  de  plusieurs  articles  :  I    La  Cons- 
cience américaine  ;  II.  Ce  que  pensent  de  nous  les  Américains  ;  III 
Ceux  qui  nous  aiment  en  Amérique  ;  IV.  La  Nation  américaine  appa 
raît  ;  V.  Que  peut  nous  donner  l'Amérique  ?  VI.  En  regardant  passer 
les  Américains  ;  VII.  Une  nouvelle  Etape  de  M.  Wilson  ;  VllI.  Com-' 
prendre  les  Américains  c'est  les  aimer  et  les  honorer  ;  I\.  Le  Secleui 
américain  de  la  bataille  ;  \.   La  Coopération   américaine  survivra  à 
la  gueiTc. 

—  M.  Paul  Verrier  est  un  des  Français  qui  connaissent  le  mieux  lef 
affaires  danoises  et  la  petite  brochure  qu'il  nous  donne  sur  la  Oues 
lion  du  Slesvifj  (Paris,  Alcan,  s.  d.,  in-8  de  50  p.,  avec  carte)  est  l'ex 
posé  le  plus  clair  et  le  mieux  informédu  problème  slesvigois.  S'il  fai 
valoir  les  droits  du   Danemark  sur  le  Slesvi^^   s'il   met  en  liimièrd 


—  31    — 

rattachement  lonace,  plus  fort  que  toutes  les  persécutions,  qu'une 
partie  des  habitants  ont  conservé  à  la  mère-patrie,  il  ne  dissimule  pas- 
non  plus  qu'une  portion  du  pays  s'est  entièrement  germanisée,  peut- 
être  de  surface  plus  que  de  fond  ;  mais  c'est  ce  que  l'on  ne  pourra 
savoir  que  lorsque  la  volonté  des  habitants  se  sera  librement  expri- 
mée, sans  contrainte  ni  pression.  Il  est  bien  souhaitable  que  ce  tra- 
vail trouve  beaucoup  de  lecteurs  chez  nous  ;  il  aidera  à  dissiper  l'igno- 
rance trop  fréquente  et  trop  répandue  en  France  de  ce  qui  concerne 
l'étranger. 

—  L'Italie  et  les  Yougoslaves,  avec  un  exposé  des  relations  ifalo-you- 
goslavcs  pendant  la  guerre,  par  M.  Zdenko  Moravec  (Paris,  impr.  Lang 
et  Blanchong,  UM9,  in-i2carréde  48p.,  avec5grav.  et  un  fac-similé)- 
forme  un  document  de  propagande  yougoslave,  lancé  en  réponse  à 
un  document  de  propagande  italienne.  L'intérêt  qu'il  présente  comme 
contribution  à  l'histoire  de  la  guerre  est  de  montrer  la  manière  dont 
lés  Italiens  ont  su  tirer  parti,  pour  les  opérations  militaires,  du  mou- 
vement révolutionnaire  yougoslave.  Dès  1916,  le  haut  commandement 
autrichien  signale  que,  si  l'on  n'emploie  pas  très  rapidement  des  con- 
tremesures  efficaces,  on  ne  pourra  plus  utiliser,  sans  courir  de  grands 
risques,  les  régiments  dalmates,  d'ailleurs  très  braves.  »  Et,  en  1018,. 
ce  sont  les  renseignements  fournis  par  les  déserteurs  yougoslaves  qui 
ont  permis  aux  Italiens  et  au\  Alliés  de  déjouer  la  grande  offensive 
autrichienne. 

—  Dans  l'intéressante  brochure  :  Après  la  bataille.  Idées  d'avant- 
guerre.  Événements  de  guerre  (Paris-Nancy,  Berger- Levrault,  1919,. 
in-8  de  29  p.  Prix  :  2  fr.),  M.  le  colonel  G.  Becker  pose  quelques  pré- 
ceptes principalement  tirés  de  la  guerre  actuelle  et  montre  combien 
leur  application  ou  leur  abandon  a  valu  aux  Allemands  leur  défaite 
définitive,  à  nos  armées  la  victoire  finale  qui  a  couronné  à  la  fois  la 
valeur,  l'endurance  de  nos  troupes,  la  maîtrise  de  notre  haut  com- 
mandement, les  conceptions  géniales  du  maréchal  Foch.  L'ensemble  est 
divisé  en  quatre  chapitres  successivement  intitulés  :  I.  Réunion  des 
forces  ;  II.  Kvohition  :  111.  Conduite  de  la  bataille  ;  IV.  Exécution  de 
la  bataille,  le  tout  terminé  par  lane  conclusion  qui  résume  clairement 
les  enseignements  généraux  ressortant  de  l'ensemble  du  travail. 

—  Ceux  qui  ont  foi  dans  la  démocratie  et  dans  son  avenir  liront 
sans  doute  avec  intérêt  la  brochure  de  M.  Marcel  Berthellot  :  La 
Démocratie  et  la  Guerre.  Après  la  paix  (Paris,  Grasset.  1919,  in-18  de 
63  p.  Prix  :  1  fr.  oO),  écrite  dans  l'enthousiasme  de  la  victoire,  à  la 
gloire  du  régime  actuel.  L'auteur,  en  effet,  s'est  proposé  de  démontrer 
que  la  France  a  enfin  trouvé  le  régime  sous  lequel  elle  doit  vivre  et 
prospérer  et  que  la  guerre  qui  vient  de  se  clore  a  définitivement  con- 
sacré la  République  française.  Il  le  fait  d'ailleurs  avec  chaleur  et  avec 


—  32  — 

-conviction  et  son  plaidoyer  est  parfois  éloquent.  Mais,  comme  tous 
les  plaidoyers,  ne  dépasse-'t-il  pas  la  mesure,  quand  il  attribue  au 
régime  démocratique  le  mérite  d'avoir  à  lui  seul  sauvé  la  France,  et 
une  supériorité  décisive  pour  la  solution  des  difTicultés  à  venir? 

—  La  brochure  de  M.  I.  Grunberg  intitulée  :  Les  Juifs  à  la  Confé- 
rence de  la  Paix  (Genève,  Atar,  1919.  \u-ii  de  46  p.)  qui  contient  le 
texte  d'une  conférence  faite  en  mai  dernier  à  la  société  «  Le  Lien 
d'Israël  »  de  Genève,  nous  en  dit  long  sur  la  puissance  plus  ou  moins 
occulte  exercée  par  les  représentants  du  peuple  d'Israël  sur  certaines 
•décisions  de  la  conférence  de  la  paix  !  Avec  l'auteur  on  peut  recon- 
naître volontiers  que  c'estun  fait  digne  de  remarque  qu'à  ce  moment 
capital  de  l'histoire  du  monde  des  nations  chrétiennes  aient  confié  la 
défense  de  leurs  intérê-ts  nationaux  lés  plus  sacrés  à  des  Rlotz.  à  des 
Baruch,  à  des  Gompers,  à  des  Sonnino  et  tutti  quanti!  Reste  à  savoir 
■si  elles  ont  lieu  de  s'en  féliciter  ?  L'auteur  n'en  doute  pas,  pour  sa 
part,  du  moins  en  ce  qui  concerne  la  réalisation  prochaine  des  espé- 
rances qu'il  entrevoit  pour  le  sionisme  bientôt  triomphant.  Et  certes 
il  a  beau  jeu  pour  célébrer  comme  un  triomphe  de  la  cause  d'Israël 
les  promesses  faites  par  les  voix  les  plus  autorisées  de  reconstituer 
-une  patrie  juive  en  Palestine  sous  le  protectorat  de  la  Grande-Bretagne. 
"Nous  autres  Français  nous  n'avons  pas  lieu  d'être  aussi  satisfaits  ! 

—  A  la  librairie  Grasset  a  tout  dernièrement  paru  :  La  Vie  chère  et 
■la  Santé  (in-l6  de  104  p.  Prix  :  I  fr.  50).  ouvrage  écrit  en  collabora- 
tion par  les  D"  E.  Janselme,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris  ;  Graham  Lusk,  professeur  de  physiologie,  Cornell  Univevsity. 
médical  collège,  New  York  City  ;  Jules  Renault,  médecin  des  hôpi- 
taux, conseiller  technique  sanitaire  du  ministère  de  l'intérieur;  Mar- 
cel Labbé,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  Paris,  médecin  de  la 
Charité  et  Maurice  Mignon.  Le  D''  E.  Janselme  nous  donne  d'abord 
un  intéressant  Aperçu  historique  et  géographique  sur  le  régime  ali- 
mentaire des  races  humaines  (p.  7-24).  Nous  enregistrons  ensuite  les 
études  ci-après  :  Notions  de  physiologie  de  la  nutrition,  par  le  D'  Gra- 
ham Lusk  (p.  25-34)  ;  —  Les  Restrictions  alimentaires  et  la  Santé 
publique,  par  M.  le  D'  Jules  Renault  (p.  35-41)  ;  —  U Alimentation  en 
temps  de  guerre  selon  les  conditions  individuelles,  professionnelles  et 
sociales,  par  le  D'"  Marcel  Labbé  (p.  42-04)  ;  —  Composition  et  valeur 
énergétique  des  aliments.  Évolution  scientifique  et  économique  du  pro- 
blème alimentaire  pendant  la  guerre,  par  le  D'  Maurice  Mignon  (p.  65- 
i03).  Dans  une  brève  Lettre-Préface,  M.  V.  Borct,  ministre  de  l'ngri- 
<îulture  et  du  ravitaillement,  émet  l'avis  justifié  que  cet  ouvrage  est 
<(  intéressant  à  la  fois  pour  ceux  qui  veulent  y  chercher  simplement 
des  rcnseignemonls  pratiques  sur  l'alimentation,  et  pour  tous  ceux, 
qu'attirent    les    questions    hygiéniques,    scientifiques   et  sociales.    » 

—  Les  circonstances  actuelles  ont  inspiré  à  M.  Paul  Croiset  deux 


—  :^3  — 

^îelites  pièces  pour  amaleiirs  :  1"  f.c  Rcloiir  du  niulilé  (Paris,  Haton, 
s.  d.,  in-12  de  29  p.  Prix  :  1  fr.),  drame  eu  uu  acte  pour  trois  jeunes 
irens,  qui  montre  dans  la  guerre  une  source  de  réliahilitatiou  et  de 
réconciliation  ;  2'  Alcrlc  au  poule  (Paris,  Ilaton.  11jl8,  in-12  d»*  30  p. 
Prix  :  1  fi.),  comédie  militaire  en  un  acte  à  huit  persotmages 
(hommes)  et  plusieurs  figurants,  qu'un  quiproquo  rend  divertissaule. 

—  lionnes  fjms  de  la  Grande  Guerre,  de  M.  Paul  Wenz  (Paris.  Ber- 
ger-LevrauIt,  1918,  in-10  de  04  p.  Prix:  0  fr.  90;  est  un  recueil  de 
jolies  nouvelles  de  guerre,  ou  du  temps  de  guerre.  Elles  plairont  au 
lecteur  qui  regrettera  toutefois  que  l'idée  religieuse  en  soit  absente 
et  pensera  que  la  perspective  de  glisser  doucement  dans  le  néant 
n'offre  aux  braves  qu'un  réconfort  bien  relatif. 

—  Français  de  la  Moselle,  des  Vosfjes  el  du  Rhin  (Paris,  Berger- 
Levrault.  1918,  in-10  de  04  p.  Prix  :  0  fr.  90)  :  tel  est  le  titre  que 
M.  Emile  Hinzelin  a  donné  à  une  série  de  petits  récits  alsaciens  et 
lorrains  qui  tirent  des  conjonctures  présentes  une  saveur  particulière. 

—  Dans  le  Massacre  des  innocents  (Paris,  l'Édition  française  illus- 
trée, 1918,  in-10  de  78  p.,  illustré  de  47  dessins  inédits  de  Poulbot. 
"Prix  :  2  fr.  50;.  MM.  Alfred  Machard  et  Poulbot  mettent  en  scène 
principalement  deux  petits  faubouriens  parisiens  et  la  sœur  de  l'un 
d'eux.  Une  bombe  de  a  gotha  »  les  tuent  d'un  seul  coup  tous  trois...  et 
voilà  leurs  âmes  en  route  pour  le  Paradis.  Innocentes,  certes,  ces 
pauvres^victimes  delà  guerre  ;  cependant  les  deux  garçonnets,  qui  ont 
quelques  peccadilles  sur  la  conscience,  restent  un  instant  à  compter 
les  clous  de  la  porte  céleste  gardée  par  saint  Pierre,  alors  que  la 
fillette  la  franchit  sans  aucune  difficulté.  Mais  à  la  prière  du  prince 
des  apôtres  et  de  la  Sainte  Vierge,  ils  ne  tardent  pas  à  être  admis  à 
voir  Dieu  face  à  face.  Tout  cela  est  joli,  touchant  ;  malheureusement 
nos  petits  élus  restent,  au  Paradis,  un  peu  trop  semblables  à  ce  qu'ils 
étaient  sur  la  terre  :  et  cela  détonne.  L'un  d'eux,  même  un  peu  avant 
d'entrer  au  ciel,  va  jusqu'à  rééditer,  à  l'adresse  de  Guillaume,  le  mot 
de  Cambroiine  à  Waterloo.  On  serait  en  droit  de  désirer  moins  de 
«  réalisme  »  dans  le  cas  particulier. 

—  «.  Idylle  de  guerre  »  représentée  au  Théâtre  des  arts,  les  Gosses 
■dans  les  raines  (Paris,  l'Édition  française  illustrée,  1919,  in-10  de 
•80  p..  avec  50  dessins  de  Poulbot.  Prix  :  2  fr.  50)  nous  sont  montrés 

par  M^I.  Gsell  et  Poulbot  jouant  aux  soldats  et  imitant  les  Boches 
mis  en  fuite  par  les  Français  et  les  Anglais.  Fantaisie  amusante, 
-émouvante,  très  patriotique,  mais  dans  laquelle  nous  relevons  encore 
-quelques  jurons.  Ce  petit  volume  et  le  précédent  peuvent  être  classés 
parmi  les  curiosités  inspirées  par  la  guerre,  principalement  à  cause 
«de  leur  abondante  illustration  due  à  l'artiste  original  qu'est  M.  Poulbot. 

ViSENOT. 

JUILLET  1919.  T.  CXLVl.  .3 


—  34  — 

RÉGENTES  PUBLICATIONS  CONCERNANT 
LA  BELGIQUE 

i.  Paysages  ut  souvenirs  de  Belgique,  par  AKoriÉ  Foîstainas.  Paris,  Crps,  I".)I9,  iii-ISt 
de  99  p.,  3  fr.  — 2.  Dans  la  mêlée,  par  Ëmii.f,  Vakderviîlde.  Paris,  Berper-Levraull,. 
1919,  in-12  de  188  p.,  3  fr.  50.  —  3.  L'Immortelle  Mêlée,  essai  sur  l'épopée  mililaire- 
bclge  {I9IU),  par  Paul  C[iokaekt.   Paris,  l'errin,   1919,  in-Itt  de  ii-327  p.,  3  fr.  3u. 

—  4.  La  Vie  dans  un  couvent  de  la  Belgique  envahie  (.'/  aoilt  IUtfi-13  novembre  1917). 
Belation  sur  la  vie  des  gardiennes  adoratrices  de  l'Eucharislie  durant  ces  trois  années. 
Paris,  Lethielleux,  s  d.,  in-12  de  91  p.,  1  fr.  25.  —  5.  Les  Crimes  de  l'Allemagne. 
Dînant.  Massacre  et  destruction,  par  Gustave  Somville.  Paris,  Perriii,  1919.  in-IO- 
de  350  p.,  avec  3  planches.  3  fr.  .'iO.  —  6.  Les  Déportations  de  cirils  belges  en  Alle- 
magne et  dar.s  le  nord  de  la  France,  par  René  Henmng.  Bruxelles  et  Paris,  Vromant, 
1919,  in-12  de  210  p.,  avec  grav.,  fac-similés  et  une  carte  dans  le  texte,  3  fr.  T.'i. 

—  7.  L'Opinion  publique  dans  les  pro^'inces  rhénanes  et  en  Belgique,  1789-1810,  par 
Louis  Engerand.  Paris,    IJossard,  1919,  in-8  de  xi-185  p.,  4  fr.  20.  ' 

1.  —  En  nous  offrant  ce  qu'il  a  vu  des  Paysages  de  Belgiqtië  el  ce- 
qu'il  a  retenu  dans  ses  Souvenirs,  M.  A.  Fontainas,  qui  doit  être  un 
jeune  littérateur  amoureux  de  la  forme,  évoque  en  des  pages  d'une 
poésie  un  peu  alanguie,  les  jours  de  paix  d'autrefois  comme  pour 
contraster  avec  les  temps  de  la  dévastation  actuelle. 

2  —  Recueillant  ses  divers  articles  publiés  par  différents  journau.v 
en  1917  et  1918,  M.  E.  Vandervelde,  socialiste  collectiviste,  actuelle- 
ment (par  l'ironie  de  l'Union  sacrée)  ministre  de  la  justice  dans  le 
gouvernement  du  Roi,  M.  Vandervelde,  placé  lui-même  Da/js  la  mêlée 
nous  apporte  ses  impressions  politiques  pendant  la  guerre.  11  montre 
les  relations  entre  les  socialistes  belges  et  étrangers.  11  veut  établir  la 
«  supériorité  des  démocraties  »,  il  plaide  pour  l'existence  nationale 
de  son  pays,  il  fait  un  rapprochement  historique  entre  la  France.  h\. 
Belgique  et  l'Angleterre,  il  nourrit  des  illusions  plus  ou  moins  sin- 
cères sur  la  Révolution  russe,  il  dit  pourquoi  luttent  les  démocrates 
belges.  La  personnalité  de  l'aulcnr  caractérise  assez  les  utopies  et  les 
erreurs  dangereuses  des  doctrines  qu'il  représente  pour  ne  pas  nous 
conduire  à  leur  réfutation.  On  peut  deviner  les  points  discutables  de 
ses  thèses  et  de  ses  doctrines.  C'est  assez  pour  mettre  en  garde  le 
lecteur. 

3.  —  Établi  sur  le  terrain  des  faits  militaires,  M.  P.  Crokaert  donne 
un  Essai  sur  l'épopée  de  1914  :  il  a  laison  de  l'appeler  ilinmoricUe 
Mêlée.  11  a  peut-être  tort  de  croire  que  son  récit  est  tout  à  fait  nou- 
veau ;  plusieurs  écrivains  ont  déjà  tenu  la  plume  à  ce  propos.  A  son 
tour,  avec  la  chaleur  indignée  d'un  patriotisme  justement  blessé,  il 
montre  la  surprise  brutale  et  les  coups  de  force  des  Allemands,  la 
défense  de  Liège,  la  bataille  de  Sambre.et  Meuse,  le  siège  d'Anvers, 
les  grands  jours  de  l'Yser.  Tableau  d'ensemble  intéressant,  résumé 
des  faits  principaux. 

4.  —  Au  contraire  on  entre  dans  les  détails  en  lisant  ce  que  fut 
pendant  trois  ans  la  Vie  dans  un  couvent  en  Belgique  envahie.  11  s'agit 


—  :}5  — 

des  Sœurs  de  Saint-Aignan,  d'Orléans,  qui  avjiicril  une  maison  à  Corn- 
mines  ;  bionlôt  traquées  par  les  troupes  allemandes,  elles  vécurent 
sous  le  joug  de  la  Konimatidantur,  prisonnières  d"abord  dans  leur 
humble  demeure  jusqu'au  jour  de  leur  évacuation  par  la  force.  La 
.courageuse  bonne  humeur  de  ces  religieuses  françaises  fait  plaisir  à 
voir,  on  trouve  dans  le  récit  de  leur  existence  de  misère,  une  foule 
de  traits  caractéristiques  de  l'occupation  des  Allemands,  de  leur 
lourde  brutalité  et  de  la  résistance  des  Belges.  Ce  tout  petit  volume, 
sur  des  événements  d'apparence  assez  peu  importants,  apporte  ainsi 
des  confirmations  utiles  et  curieuses  à  l'histoire  intérieure  de  la  Bel- 
gique sous  la  terreur  des  envahisseurs. 

5.  —  Un  chapitre  spécial  de  ces  Crimes  de  l'Allemagne,  celui  de 
Dînant,  est  traité  par  M.  G.  Somville,  qui  relate  les  massacres  des 
habitants  et  les  destructions  de  la  ville  ;  des  photographies  éclairent 
sa  démonstration,  des  appendices  (personnes  assassinées,  maisons 
détruite.'s)  la  corroborent,  une  carte  topographique  l'accompagne. 
L'auteur  avait  déjà  publié  un  ouvrage  sur  les  débuts  de  l'invasion  en 
1914  ;  les  notes  historiques  que  voici  représentent  un  épisode  de  cette 
tragédie  cynique  et  brutale,  un  noble  sentiment  patriotique  domine 
les  réflexions  de  ce  récit  qui  est  une  œuvre  posthume,  car  celui  qui 
tient  la  plume  est  mort  en  1916. 

6.  —  L'invasion  du  royaume  de  Belgique  ne  fut  pas  plus  cynique 
que  n'a  été  terrible  son  occupation.  M.  R.  Henning,  du  comité  de 
secours  aux  déportés,  n'était  que  trop  bien  placé  pour  connaître  le 
sort  de  ses  compatriotes  et  il  établit  en  connaissance  de  cause  ce  que 
fut  la  Dépoiiation  de  civils  'belges  en  Allemagne  et  dans  le  nord  de  la 
France.  Il  reprend  la  question  à  ses  origines  ;  le  chômage  qui  sévis- 
sait en  1914  dans  le  monde  ouvrier  fut  systématiquement  étendu  par 
l'Allemagne  parmi  les  travailleurs  belges  en  même  temps  que  l'enlè- 
vement des  matières  premières  anéantissait  l'industrie  du  pays.  Sous 
prétexte  d'utiliser  ces  chômeurs  forcés,  on  voulut  les  arracher  de  leur 
foyerpourlesconduirearbitrairementen  Allemagne  où  la  main  d'œuvre 
manquait  ;  ce  sont  ces  départs  avec  leur  fourberie,  leur  brutalité,  ces 
déportations  avec  leurs  angoisses,  leurs  souffrances  que  relate  M.  Hen- 
ning. Les  preuves  de  ces  horreurs  abondent,  il  les  donne  avec  une 
indiscutable  précision.  Noms  des  localités,  papiers  officiels,  ordres 
administratifs,  multiples  photographies  dont  les  plus  impression- 
nantes représentent  les  malheureux  à  leur  retour  de  cette  brutale  cap- 
tivité. Peu  de  témoignages  aussi  probants  auront  été  fournis  contre 
la  barbarie  administrative  des  Allemands. 

7.  —  Cette  résistance  morale  contre  l'envahisseur  a  été  fortifiée  par 
ses  crimes  récents,  mais  elle  était  née  d'une  antipathie  invétérée  contre 
les  procédés,  la  mentalité,   la  culture  des  Allemands.   L'histoire  le 


—  36  — 

prouve  et  révèle  par  contre  les  sympathies  facilement  entretenues  avec 
l'esprit  français  quand  il  y  a  cent  ans.  nous  occupâmes  ces  régions.  Il 
est  donc  instructif  de  connaître  l'état  de  l'Opinion  publique  dans  les 
provinces  rhénanes  et  en  Belgique  de  1789  à  1815,  au  moment  où  la 
question  de  la  rive  gauche  du  Rhin  se  pose  dans  une  actualité  intense 
et  peut  avoir  de  si  grandes  conséquences  pour  la  sécurité  de  la  France 
■et  la  paix  de  l'Europe.  M.  Louis  Engerand,  érudit  prématurément 
«nlevé  à  la  science,  venait  de  consacrer  ses  derniers  efforts  à  étudier 
le  problème  selon  la  méthode  scrupuleuse  et  indépendante  de  l'École 
des  chartes  ;  son  travail  expose  les  points  de  vue  divers  de  l'histoire, 
<le  l'économie  sociale  et  de  la  politique.  Il  remonte  aux  précédents, 
cite  de  nombreux  documents  le  plus  souvent  puisés  à  nos  Archives 
nationales,  emprunte-aux  meilleurs  auteurs  leurs  conclusions  et  cons- 
tate lui-môme,  avec  modération  et  prudence,  que  la  domination  fran- 
<;aise  fut  appréciée  et  regrettée,  après  vingt-cinq  années  de  fonction- 
nement. Un  appendice  a  trait  aux  houillières  du  bassin  de  la  Sarre. 
Les  sujets  sont  indiqués  par  des  sous-titres  imprimés  en  marge.  Une 
table  des  matières  plus  détaillée  eût  été  fort  utile  et  rendu  cette  inté- 
ressante étude  d'un  maniement  plus  aisé. 

Geoffroy  de  Grandmaison, 


PUBLICATIONS  RELATIVES 
A  LA  POLOGNE  ET  AUX  ÉTATS  SUD-SLAVES 

i.  —  Un  Prédicateur  de  la  Cour  de  Pologne  sous  Sigismond  U\.  Pierre  Skarga  (1536- 
1612),  élude  sur  la  Pologne  du  xvi'  siècle  el  le  protestantisme  polonais,  par  A.  Rer(;a. 
Paris,  Société  française  d'imprimerie  et  tie  liJjrairie,  1916,  in-8  de  xvi-376  p., 
8  l'r.  —  2.  Les  Sermrms  politiques  {Sermons  de  Diète,  1097),  du  P.  Skarca,  S.  J., 
prédicateur  du  roi  de  Pologne  Siijismond  111  ;  trad.  pour  la  première  fois  inlégrale- 
menl  du  polonais  en  français  et  accompagnés  d'une  Introduction  et  de  notes  cri- 
tiques par  A.  Herga  ;  Paris,  Société  française  d'impr.  et  de  liljr.,  11)10,  in-8  de 
18i)  [).,  4  fr.  —  3.  La  Femme  polonaise,  esquisse  historique,  par  Halka  Dlcrai>e. 
Paris.  Perrin.  1918,  in-d6  de  vii-274  p  ,  3  fr.  50.  —  4.  Pilsudski  et  son  rôle  en 
Pologne,  par  Stanislas  Szi'otakski.  Paris,  Picard,  1919,  in-8  de  3!  p.,  avee  portrait, 
*■{  fr.  —  5.  Jean  Pilsudzki  el  ses  légions  polonaises.  Paris,  revue  «  Polonia  ».  1917, 
in-16  carré  de  32  p.  —  6.  Le  Monténégro,  pages  d'histoire  diplomatique,  par  Veritas. 
Paris,  Figuière.  1917,  in-18  de  102  p.,  2  fr.  50.  —  7.  Le  Régime  austro  hongrois, 
discours  prononcé  par  M.  Tresic-Pamok;  et  M.  Vukotu;...  au  Parlement  de 
Vienne.    Paris,  impr.,  des  Beaux-Arts,  1918,  in-8  de  IG  p. 

\.  —  Pierre  Skarga,  le  plus  illustre  prédicateur  polonais,  que  ses 
compatriotes  lappiochent  de  Bossuot,  a  trouvé  en  France  un  historien 
digne  de  lui.  C'est  justice  que  l'Académie  française  ait  récompensé 
du  prix  Tli('i()ij;uiiie  les  deux  volumes  dont  nous  avons  à  rendre 
conii)to.  Par  leur  solidité,  leur  élégance,  leur  sobriété,  ce  sont  des 
modèles  de  thèse  de  doctorat  ès-lettres,  —  thèses  à  la  française,  à 
rancieniie  mode,  entièrement  dilTérentes  des  indigestes  thèses  à 
rallemande  qui  prévalaient  de  phis  en  plus  avant  la  guerre  el  qui 


—  37  — 

\oiit,  cspétoiis-Ie,  définitivement  disparaître!  Nous  eûtiies  liop  sou- 
vent, à  analyser  ici  des  thèses  du  type  contraire,  appliquées  à  des 
sujets  russes,  pour  ne  pas  louer  hatitetnent  M.  A.  Berga  de  sa  vaillante 
originalité.  Déjà  nous  eiinies  naguère  à  signaler  un  petit  livre,  très 
bien  venu,  consacré  à  la  Pologne  ;  ce  sont  d'heureux  augures  pour 
les  études  polonaises,  à  l'iieure  où,  de  par  les  circonstances  politiques, 
elles  peuvent  avoir  en  France  un  renouveau  très  désirable.  Devant, 
de  nécessité,  faire  connaître  le  milieu  politique  et  religieux  dans 
lequel  vécut  Skarga,  l'auteur  a  tracé  un  tableau  documenté  et  très 
vivant  de  la  Pologne  au  \\i'  siècle.  Anarchie  législative,  faiblesse  du 
pouvoir  exécutif,  partialité  de  la  justice,  finances  altérées,  armée 
insuffisante,  c'est,  d'une  part,  le  bilan  politique  ;  d'autre  part,  la 
puissance  des  calvinistes,  pourvus  des  plus  hauts  sièges,  était  à  soi» 
apogée,  mais  une  réaction  fort  nette,  favorisée  par  le  Roi,  se  marquait 
contre  elle.  Brûlant  de  charité,  travailleur  infatigable  qui  a  laissé 
180  sermons,  Skarga  eut  toujours  à  lïn  égal  degré  l'amour  de  l'Église 
et  l'amour  de  sa  patrie  et  il  fut  un  prédicateur  national  s'élevant 
jusqu'à  des  menaces  prophétiques  que  les  Polonais  relisent  et  reliront 
sans  doute  longtemps  avec  terreur  et  admiration. 

2.  —  Le  second  volume  de  M.  Berga  est  une  traduction  de  Sermons 
de  Skarga  à  l'occasion  de  la  Diète  de  loiiT.  Ils  sont  traduits  d'après 
un  volume  lariisime  trouvé  à  Paris  et  à  propos  duquel  se  pose  la 
question  de  savoir  s'ils  furent  vraiment  prêches  ou  s'ils  ne  sont  pas 
des  façons  de  conférences  politico-religieuses,  écrites  sur  les  maladies 
delà  République.  Ces  «  sermons  »  sont  au  nombre  de  huit.  En  bon 
ouvrier  consciencieux,  le  traducteur  présente  des  remarques  pleines 
de  sens  sur  la  difficulté  de  traduire  en  français  «  analytique  »  les 
brévdés  impériales  et  les  répétitions  de  mots,  diversifiés  par  la 
déclinaison,  du  polonais,  —  u  synthétique  »,  —  non  moins  que  le 
latin,  et  que  les  autres  langues  slaves  (p.  37-38). 

3.  —  11  semble  qu'un  peu  plus  de  psychologie  eût  magnifiquement 
convenu  à  ce  livre,  très  piquant  pour  la  curiosité,  qui  nous  était 
oIFert  sur  la  femme  polonaise  par  une  Polonaise  :  La  Femme  polonaise , 
par  M"'  Ilalda  Ducraine  (M"*  Hulewicz).  L'auteur  a  borné  son  ambi- 
tion à  produire  une  Esquisse  historique  et  même  à  u  résumer,  sans 
aucune  prétention  d'historien,  des  matières  réunies  par  ^on  père  » 
(p.  159).  Sachons  nous  contenter  de  ce  qui  nous  est  donné.  En  ces 
pages  si  peu  insistées,  ce  qui  reste  le  mieux  dans  le  souvenir,  c'est  le 
constant  hommage  polonais  au  u  sexe. blanc  »,  —  le  mot  blanc,  en 
Pologne,  exprime  l'idée  de  beauté;  —  c'est  aussi  le  portrait  (ou  le 
crayon)  de  la  reine  Hedwige,  devenue  une  sainte  nationale  et  qui 
«  revit  dans  chaque  femme  polonaise.  »  Ce  sont  ensuite  les  femmes 
inspiratrices  parmi  lesquelles  nous  trouvons  les  noms  de  M"""  Hanska 


—  38  — 

et  de  sa  sœur,  devenue  M"'"  Jules  Lacroix.  On  eilt  aimé  trouver  dans 
ce  chapitre  quelques  renseignements  sur  l'énigmatiqne  princesse 
Marie  Misnick,  l'amoureuse  de  B.  de  Saint-Pierre.  Vient  enfin,  parmi 
«  les  victimes  de  l'épopée  »,  la  touchante  M"""  Walewska.  M"'  H.  Du- 
craine  n'a  garde  d'oublier  en  une  heureuse  indication  la  foule  ano- 
nyme des  femmes  gardiennes  de  la  tradition,  celles  qui  attendaient 
<(  l'Heure  de  Dieu  »,  —  l'heure  de  la  résurrection,  qui  sonne  enfin 
pour  la  Pologne.  Dans  les  chapitres  consacrés  à  la  littérature,  au 
théâtre  et  au  féminisme  sont  citées  un  grand  nombre  de  femmes 
polonaises  qui  se  sont  distinguées  en  ces  matières. 

4.  —  Une  longue  biographie  sera  nécessaire  pour  faire  connaître  en 
détail  le  rôle  complexe  de  Pilsudski  ;  en  attendant  voici  une  brochure 
qui  en  résume  les  péripéties  principales  :  Pilsudski  et  son  rôle  en 
Pologne.  Le  grand  honneur  du  général  sera  sa  foi  tenace  dans  la  réa- 
lisation de  l'indépendance  de  son  pays  et  sa  persévérance  h  organi- 
ser, dès  le  temps  de  sa  jeunesse,  la  lutte  armée.  C'est  en  Sibérie,  où 
il  fut  déporté  sans  culpabilité  directe,  que  Pilsudski  mûrit  ses  plans. 
Devenu  l'âme  du  parti  socialiste  polonais,  il  sut  le  rattacher  au  passé 
et  le  rendre  patriote.  Son  journal.  l'Ouvrier,  pénétra  partout,  malgré 
îe  gouvernement  russe.  Dès  la  guerre  de  Mandcbourie,  il  s'exerça  à 
empêcher  la  mobilisation,  ce  qu'il  recommença  en  1914,  comme  en 
1916,  après  que  les  Allemands  eurent  conquis  Varsovie.  Prêt  ta  utili- 
ser toutes  les  éventualités,  comme  le  dit  son  biographe  actuel. 
M.  Szpotanski,  on  sait  sa  campagne  avec  les  Autrichiens,  par  lesquels 
il  refusa  ensuite  de  laisser  absorber  ses  troupes,  les  empêchant  de 
prêter  serment  et  de  porter  le  brassard  austro-hongrois.  La  seconde 
partie  de  son  pronostic  allait  s'accomplir  :  u  C'est  contre  la  Russie 
que  je  commence  la  guerre  ;  c'est  contre  l'Allemagne  que  je  la  fini- 
rai. »  Expulsé  de  Varsovie  par  les  Allemands,  il  y  rentra  lorsqu'ils 
eurent  proclamé  l'indépendance  du  «  Royaume  ».  Au  Conseil  d'État, 
Pilsudski  continua  sa  politique  d'opposition,  empêchant  toujours  les 
légions  polonaises  de  prêter  serment.  Quand  les  Allemands  sévirent, 
Pilsudski  fut  arrêté  et  déporté  à  Magdebourg.  Il  y  demeura  jusqu'à 
La  révolution  de  Berlin.  Rentré  à  ^^arsovie  le  10  novembre  1916,  il  y 
fut  acclamé  comme  un  chef  et  forma  le  ministère.  11  en  dirigea  les 
destinées  jusqu'à  l'arrivée  de  Paderewski. 

0  —  La  brochure  de  M.  Smogorzewski  ;  Joseph  Pilsndzki  et  ses 
légions  polonaises  relate  la  carrière  du  général  jusqu'à  son  arrestation 
et  son  internement  en  Allemagne.  Nous  n'y  relèverons  que  quelques 
faits  parmi  les  mieux  établis.  Les  légions  polonaises  sortirent  des 
sociétés  de  tir  dont  les  premières  furent  fondées  par  le  parti  socialiste 
polonais  en  1908.  Lentes  à  se  développer,  ces  sociétés  ne  prirent  un 
essor  qu'après  la  gueire  balkanique    Les   Polonais  étaient  naturelle- 


—  30  — 

«lent  frappes  d'horreur  à  l'idée  de  se  battro  dans  les  armées  des  trois 
-co  par  ta  géants  de  leur  patrie.  Au  début  de  llj14,  Pilsudzki  était  à 
Paris,  essayant  de  réveiller  la  question  polojjaise  (conférence  à  la 
"Société  de  géographie)  et  de  réaliser  son  idée.  Dès  les  premiers  jours 
•de  la  Grande  Guerre  il  entra  en  campagne  contre  la  Russie,  occupant 
la  ville  de  Kiev  et  guerroyant  du  côté  autrichien  si  utilement  qu'il 
fut  nommé  général  le  15  novembre  par  l'àrchiduc  Frédéric.  Il  com- 
battit dans  ce  camp  jusqu'au  2!)  août  1916,  date  à  laquelle  il  retira 
sa  brigade  de  la  ligne  de  feu  malgré  les  ordres  stricts  de  Bernhardi. 
Il  n'échappa  au  conseil  de  guerre  que  grâce  aux  Autrichiens  et  dut 
démissionner.  Quand  les  Centraux  eurent  déclaré  1'  a  indépendance  » 
delà  Pologne  russe,  Pilsudzki  entra  au  Conseil  d'Etat  de  Varsovie.  Il  y 
organisa  avec  tant  de  fermeté  la  résistance  à  l'organisation  d'une  armée 
polonaise  selon  le  projet  allemand  qu'un  millier  seulement  de  volon- 
taires, plus  ou  moins  aptes  au  service,  s'enrôla,  sur  plus  d'un  million 
d'hommes  en  âge  de  porter  les  armes.  L'ancien  général  s'opposa 
également,  malgré  les  tendances  du  Conseil,  à  la  prestation  de  serment 
-à  l'Allemagne  que  refusa,  en  effet,  l'immense  majorité  des  légion- 
naires. Lorsque  von  Beseler  ordonna  d'arrêter  les  réfractaires  Pil- 
sudzki fut  arrêté  lui  aussi  (22  juillet  1917). 

6.  —  <.  Le  Monténégro,  meurtri,  porte  une  croix  telle  qu'aucun 
peuple  n'en  porta  jamais.  Mais  l'histoire,  qui  aime  les  martyrs  et  les 
"venge,  honorera  en  ceux  qui  ont  penché  [ployé]  sous  cette  croix, 
i'exemple  de  la  vertu  et  de  la  fidélité.  »  Cette  parole,  prise  dans  les 
dernières  pages,  résume  le  sens  et  l'esprit  du  petit  volume  :  Le  Mon- 
ténégro, pages  d'histoire  diplomatique,  qui  est  signé  Veritas.  Ce  livre 
rappelle  le  rôle  historique  de  la  Sparte  des  Balkans,  et  sa  partici- 
pation à  la  guerre  européenne  sous  l'égide  de  son  vieux  roi  qui  célé- 
brait son  78°  anniversaire  à  Neuilly,  en  octobre  1917.  Loin  d'objecter 
son  état  d'affaiblissement  au  sortir  de  deux  guerres  et  son  manque 
absolu  de  préparation,  le  ïchernogora,  lié  par  un  traité  offensif  et 
défensif  avec  la  Serbie,  se  lança  crânement  dans  la  guerre  au  premier 
^ppel  de  son  alliée.  Il  oubliait,  ainsi  faisant,  les  offres  séduisantes  de 
l'Autriche,  de  même  qu'il  devait  se  dérober  plus  tard  à  sa  proposi- 
tion de  paix  séparée  (p.  41).  'S'ictimes,  d'une  part,  du  manque  de 
moyens  de  transporte!  de  l'autre  du  manque  d'unité  de  direction  qui 
paralysait  alors  les  Alliés,  les  Monténégrins,  malgré  leurs  prouesses 
■et  celles  du  détachement  français  qui  le  soutenait,  les  soldats  monté- 
négrins durent  céder  le  mont  Lovtchen.  «  Abondamment  pourvu 
■d'une  artillerie  préhistorique  »,  écrivait  M.  Clemenceau,  le  monta  at- 
tendait tranquillement  que  quelqu'un  vint  le  prendre.  »  Dans  la 
3«  partie  de  l'ouvrage  :  Politique  actuelle  du  Monténégro,  il  est  traité 
des  rapports  du  pays  avec  les  Serbes  et  des  efforts  qu'ils  faisaient  alors 


—  40  — 

pour  amener  sur  le  Front  de  Salonique  le  plus  de  nationaux  possible 
par  un  appel  fait  aux  Monténégrins  émigrés  en  Amérique. 

7. —  En  publiant  deux  discours  prononcés  au  Parlement  de  Vienne 
par  deux  députés,  l'un  Croate  et  l'autre  Serbe,  le  Bulletin  yougoslave 
eut  pour  but  d'éclairer  l'opinion  française  sur  le  Régime  austro- 
hongrois.  M.  Tresic-Pavicic,  député  des  Iles  dalmates,  complétant  un 
discours  antérieur  qui  avait  fait  sensation,  établissait  que  la  popula- 
tion serbe  du  sandjak  de  Novi-Bazar  avait  été  systématiquement  ex- 
terminée ;  il  demandait  pourquoi  une  commission  {parlementaire 
n'avait  pas  été  élue  pour  procéder  à  des  enquêtes.  Proclamant  non 
moins  fortement  que  son  collègue  que  les  yougoslaves  revendiquaient 
unité  et  indépendance  et  ne  se  contenteraient  pas  de  miettes,  M.  Vu- 
kotic,  député  des  Bouches-du-Cattaro,  rapportait  maints  cas  circons- 
tanciés de  violence  atroce.  Le  fait  que  des  quantités  de  Serbes  avaient 
été  pris  comme  otages  lui  faisait  remarquer  que  «  jamais  encore  on 
n'avait  vu  un  État  se  servir  de  ses  prcpres  sujets  comme  otages.  »  Le 
député  lui-même  eut  d'ailleurs  ce  sort- là  dès  le  26  juillet  1914.  Lors- 
que la  flotte  française  bombarda  la  forteresse  de  Mamula,  il  eut, 
comme  ses  camarades,  les  mains  et  les  pieds  liés.  Plus  lard,  ilfutincor- 
poré,  malgré  son  état  de  santé,  dans  la  landwehr.  Reconnu  inapte 
au  service,  il  fut  employé,  comme  d'autres  suspects  politiques,  aux 
travaux  des  champs.  Le  ministre  de  la  Défense  nationale  prévenu, 
ne  fit  rien  ;  c'est  à  peine  si  M.  Vukotic  put  être  licencié  en  mai  1917 
pour  l'ouverture  du  Parlement.  Denis  Hoche. 


ROMANS,  CONTES  ET  NOUVELLES 

RoM.\NS  RELATIFS  \  LA  GUERRE.  —  i.  Les  Croix  de  bois,  par  RoL.\iSD  Dorgelès.  Pari.<, 
Albin  Michel,  1919,  in-16  de  384  p.,  4  Ir.  50.  —  2.  CUwcl  soldat,  par  Léon  Wcertii. 
Paris,  même  éd.,  s.  d.,  in-16  de  447  p.,  4  fr.  50.  —  3.  La  Boue,  par  Élie  Kauke. 
Paris,  Crès,  1919,  in-16  de  271  p..  3  fr.  50.  —  4.  Mon  brigadier  Triboulère,  par 
Eugène  Montfort.  Paris,  Société  littéraire  de  France,  1918,  in-12  carré  de  127  p., 
avec  dessins,  3  fr.  —  5.  Le  Capitaine,  par  Antoine  Kedieu.  Paris,  Payot,  1919, 
in-16  de  242  p.,  4  fr.  50.  —  6.  Pomponius,  le  dernier  des  chevaliers,  par  Lolis 
.\rraou.  Paris,  Plon-Noiirrit,  1919,  in-16  de  iv-288  p.,  4  fr.  50.  —  7.  Henri  h'r' 
tnant.  vie  d'an  peintre  pendant  la  guerre,  par  A.-J.-A.  Lobry.  Paris-Nancy,  Herger- 
Levrault,  1917,  petit  in-8  de  146  p.,  2  fr.  50.  —  8.  La  Fin  de  Claude,  par  M.  Ke\ni:s- 
Mo.NTLAUK.  Paris,  Ploii-Nourrit,  1919,  in-16  de  274  p.,  4  fr.  50.  —  9.  La  Faiblesse 
des  forts,  par  Gaston  Rageot.  Paris,  même  éd..  1918.  iii-16  de  ii  276  p.,  4  fr.  50. 
—  10.  Filles  de  Met:,  par  Jeanne  d'Urville.  Paris,  la  Renaissance  du  Livre,  1919, 
in  16  de  320  p.,  3  fr.  50.  —  11.  Filles  d'Alsace,  par  .Iules  Hoche,  l'aris,  Albiu 
Micliol,  s.  d.,  in-16  de  381  p.,  4  fr.  50.  —  12.  L'Immolation,  par  Léon  GhÉ(;oire. 
Paris.  Jouve,  1919,  in-16  de  255  p.,  4  fr.  50. 

Romans  divers.  —  13.  Sanguis  Martyruni,  par  Louis  BEHTnA>D.  Paris,  Fayard,  s.  d\, 
in-16  de  384  p.,  3  fr.  50.  —  14.  Monsieur  le  curé  d'0:eron,  par  Francis  Jammes. 
Paris,  Mercure  de  France,  1918,  in-16  de  285  p.,  3  fr.  50.  —  15.  César  Copéran,  ou 
la  Tradition,  par  Louis  Godet.  Paris.  Gallimard,  1918,  in  12  de  153  p.,  3  fr.  — 
16.  J\otrel)aine  du  Faubourg,  par  Jean  Morgan.  Paris,  Ploii-Nourrit,  1918,  in  16  de 
^J17  p.,   i  fr.    50.  —  17.  Le   Baiser  de  l' Antéchrist,   conte  en  nmrge  de   l'histoire,  pa^^ 


—  41   — 

LÉvis-MiiiEPOix.  Paris,  même  éd.,  1019,  in-IO  de  319  p.,  4  fr.  50.  —  18.  (Jsar- 
Napoléon  Gaillard  à  la  conquête  de  l'Ainc'rique,  par  Jea.^  Fahmek.  Paris,  Payol,  1910^ 
iri-16  de  392  p.,  4  fr.  50.  —  19.  L'Immarulée.  par  Edouard  Schneiuer.  Paris.  Albin 
Michel,  s.  d.,  in-16  de  440  p.,  4  fr.  50.  —  20.  Histoire  d'une  Société.  Si  Jeunesse 
savait...,  par  Kené  Béuaine.  Paris,  Grasset.  1919,  iii-18  de  311  p.,  3  fr.  50.  —  21. 
Simon  le  Pathcliqnc.  par  Jean  Giraudoux.  Paris,  même  éd.,  1919.  in-10  de  251  p., 
3  fr.  50.  —  22.  Le  Maître  du  silence.  I.  Sous  le  masque.  II.  /,e  Secret  de  Kou-kou- 
noor,  par  Dellï.  Paris,  Plon-Noiirrit.  s.  d  ,  2  vol.  iii-16  de  295  et  292  p.,  4  fr.  oO 
chacun.  —  23.  Le  Rêve  de  Su:y,  par  Henri  Ardel-.  l'aris,  même  éd.,  1919,  in-U> 
de  303  p.,  4  fr.  50.  —  24.  Le  Retour  à  la  terre,  par  Gilbert  Stenger.  Paris,  Per- 
rin,  1919,  in-16  de  331  p.,  3  fr.  50.  —  25.  Jacqueline  Lavernet,  par  Étif.nnf:  Garry. 
Paris,  Jouve,  s.  d.,  in-12  de  240  p..  4  fr.  50.  —  26.  Dans  l'ivraie,  par  M.-K.  Das- 
sisE.  Paris,  même  éd.,  1918,  in-12  de  190  p.,  3  fr.  50.  —  27.  Scènes  de  la  vie  litté- 
raire à  Paris,  par  .\ndri';  Biliy.  Paris,  la  Renaissance  du  Livre,  s.  d.  (1918),  in-lS 
de  247  p.,  3  fr.  50. 

Contes  et  nouvelles.  —  28.  Le  Justicier.  Lu  (Mctietle.  Le  Carré  d'orties.  Le  fruit 
juge  l'arbre.  L'.Apache.  par  Paul  Bourget.  Paris,  Pion  Nourrit,  1919.  in-IO  de  30î> 
p.,  4  fr.  50.  —  -9.  La  Vie  des  âmes,'  par  M"'  Adam  [Juliette  Lamber].  Paris, 
Grasset.  1919.  in-16  de  268  p..  3  fr.  50.—  30.  Les  lies  des  Bienheureux,  par  Phi- 
lippe DE  FÉL1CE.  Paris,  même  éd.,  1918.  in-18  de  313  p.,  3  fi".  50.  —  31.  Les  Reliques 
de  Pierre  de  Rozières.  Paris,  Fifruière,  1917,  2  vol.  in-18  carré  de  xxii-99  et 
187  p.,  avec  2  portraits,  2  fr.  50  chacun. 

Littérature  étrangère.  —  32  LJes  Roseaux  sous  le  vent,  par  Grazia  Deledda  ; 
trad.  de  l'italien  par  Marc  Hélys.  Paris,  Grasset,  1919,  in-IO  de  287  p.,  3  fr.  50. 
—  34.  Un  Doigt  de  la  Lune,  conte  d'amour  hindou,  mis  en  anglais  d'après  un 
manuscrit  sanscrit  par  F.-W.  Bain  ;  trad.  par  Suzanne  Karpeles.  Paris,  même 
éd.,  1919,  in  10  de  290  p.,  3  fr.  50.  —  34.  Vers  l'école  de  demain,  souvenirs  d'un 
maître  d'écoie  ainér'ica'in,  par  .Angelo  Patri  ;  trad.  de  l'anglais  par  L.  Herr.  Paris, 
Hachette,  1919,  in-16  de  yiii-247  p.,  3  fr.  50. 

Romans  relatifs  a  la  gcekhe.  —  1.  —  Grâce  à  la  vogue  déplorable 
que  lui  ont  donnée  les  snobs  et  les  naïfs,  le  Feu  est  en  train  de  faire 
école.  Nous  retrouvons  son  reflet  sur  la  plupart  des  «  carnets  de- 
guerre  »,  plus  ou  moins  camouflés,  qui  encombrent  encore  les  librai- 
ries. C'est  toujours  le  «  journal  d'une  escouade  »  aux  épisodes  juxta- 
posés, que  chaque  auteur  accommode  selon  son  histoire  et  soa 
humeur.  Heureux  sommes-nous  lorsque  cet  auteur  se  nomme  M.  Ro- 
land Dorgelès,  car  celui-ci,  dans  ses  Croix  de  bois,  a  rompu  carrément 
avec  le  paiti-pris  de  grossièreté,  d'ordure,  d'horreur,  d'antimilita- 
risme  et  de  pessimisme,  qui  caractérise  l'école  de  M.  Barbusse.  Il 
a  édulcoié  autant  que  possible  l'argot  des  poilus  ;  il  a  montré,  à 
côté  des  tristes  et  sombres  choses,  l'héroïsme,  la  gaîté  un  peu  bru- 
tale, le  sens  de  l'honneur  inséparables  de  toute  peinture  exacte  de- 
l'armée  française  ;  et  certains  de  ses  chapitres,  par  exemple  le  Mou- 
lin sa/is  ailes,  le  Mont  Calvaire,  Victoire,  sont  des  modèles  d'émotion 
contenue,  de  suggestion,  et  même  de  style,  car  nous  ne  pouvons  con- 
sidérer que  comme  une  coquille  la  faute  de  la  page  191  {prête  d'être 
Jinie).  Il  y  a,  dans  ce  volume,  bien  présenté,  une  double  réaction 
contre  les  récits  ampoulés  et  inexacts  d'un  côté,  et,  de  l'autre,  contre 
les  immondices  du  naturalisme.  A  chaque  instant,  on  a  plaisir  h 
cueillir  des  notations  comme  celle-ci  :  «   Le  bonheur,  mais  cela  tiei.t 


—  42  — 

•dans  deux  pages  d'une  lettre  de  chez  soi,  dans  un  fond  de  quart  de 
rhum...  Un  pavé,  rien  qu'un  pavé,  pour  se  poser  dans  un  ruisseau  de 
boue,  c'est  encore  du  bonheur.  Mais  il  faut  avoir  traversé  la  boue 
pour  le  savoir.  »  —  Une  seule  chose  manqiie  à  cet  ensemble  :  le  sen- 
timent religieux.  Certes,  le  chapitre  intitulé  :  Noire-Dame  des  Biffins 
contient  des  notations  précises  et  bien  observées  ;  mais  il  y  avait  autre 
chose  à  dire  sur  nos  admirables  aumôniers  et  sur  la  vie  religieuse  au 
Front. 

2.  —  11  y  aurait,  hélas  !  bien  d'autres  critiques  à  formuler  au  sujet 
du  Clavel  soldat  de  M.  Léon  Woerth  Ce  Clavel  —  qui  prend,  je  ne 
-Sais  pourquoi,  le  nom  d'un  excellent  artiste,  aujourd'hui  planteur  de 
-choux,  qui  débuta  jadis  aux  côtés  de  M.  Edmund  Dulac  —  est  un 
rédacteur  au  ministère  de  l'agriculture,  qui  professe  les  opinions 
libertaires  les  plus  épicées.  Cependant,  il  se  laisse  mobiliser  dans  la 
territoriale;  mais,  comme  tout  le  rebute,  que  bientôt,  en  paroles,  il 
préfère  les  balles  aux  piqûres  des  moustiques,  il  part  comme  volon- 
taire dans  un  régiment  de  réserve.  Cet  enthousiasme  de  mouton 
enragé  dure  peu,  et  notre  héros  se  hâte  de  passer  à  la  C.  11.  R.  comme 
téléphoniste.  C'est  là  qu'il  écrit  son  journal,  inspiré  encore  de  M.  Bar- 
busse, mais  beaucoup  moins  ramassé,  beaucoup  moins  «  écrit  », 
bourré  de  notations  incohérentes  dans  ce  goût  :  «  Une  chienne  a  fait 
-cinq  petits  dans  la  maison  du  colonel.  Le  cuisinier  en  a  tué  quatre  et 
lui  en  a  laissé  un  par  principe,  par  usage.  »  En  somme,  ce  Clavel 
n'offre  pas  un  intérêt  passionnant.  Ce  qui  est  plus  irritant,  c'est  que 
ses  «  idées  ».  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  s'enchevêtrent  perpétuel- 
lement avec  celles^de  M.  Léon  Wœrlh.  et  que  tout  le  volume  nous 
apparaît  par  suite  entaché  de  l'anticléralisme  le  plus  périmé  et  de 
l'humanitarisme  le  plus  enfantin.  Tout  ce  qui  détient  ou  représente 
une  parcelle  d'autorité  quelconque  y  est  ridiculisé,  bafoué,  caricaturé, 
souvent  avec  la  plus  insigne  mauvaise  foi,  par  ce  téléphoniste  qui, 
cependant,  a  été  bien  heureux  de  vivre  à  l'ombre  du  colonel  et  de  son 
petit  état-major  :  tous  les  officiers  —  sauf  deux  ou  trois,  notamment 
les  ((  généraux  républicains  »  —  sont  des  canailles  ou  des  lâches  ;  si 
un  brave  garçon  est  religieux,  comme  le  lieutenant  de  Machard-Pas- 
quier,  c'est  un  imbécile  ;  les  médecins  sont  des  brutes  ;  les  écrivains 
nationalistes,  des  menteurs,  et,  pour  le  prouver,  on  prête  des  âncries 
à  M.  Maurice  Barrés  ;  quant  aux  curés,  vous  pensez  bien  qu'ils  sont 
responsables  de  la  guerre,  et  il  ne  peut  en  apparaître  un  seul  qu'il 
n'ait  aussitôt  une  tête  de  criminel  ou  de  crétin...  Ces  fureurs  gran- 
<lissent  à  chaque  page  ;  finalement  Clavel  professe  la  haine  de  tout 
Français,  qu'il  soit  bourgeois  ou  prolétaire,  gouvernant  ou  gouverné  ; 
il  réserve  sa  sympathie  aux  Boches,  calomniés  si  vilainement  par  la 
presse  «  boulangiste  »,  et  aux  animaux,  particulièrement  aux  pauvres 


—  43  — 

ïnulots.  dont  tout  le  monde  connaît  les  qualités  de  co4ocataires.  Et 
toute  cette  mentalité  d'avant-guerre  serait  dangereuse,  si  ce  livre  où 
«Ile  s'étale  n'était  gardé,  grâce  à  Dieu,  par  le  plus  épouvantable 
ennui. 

.3.  —  L'ennui,  voilà  aussi  ce  qui  se  dégage  du  roman,  puissant 
-cependant  et  fortement  écrit,  de  M.  Élie  Faure  :  La  Roue.  11  y  a  là 
encore  un  libertaire  du  genre  de  Glavel,  Pierre  Lethievent  ;  mais, 
étant  réformé,  il  va  villégiaturer  en  Suisse  et  en  Italie  pendant  la 
g^uerre.  11  y  est  rejoint  par  la  sœur  aînée  de  sa  fiancée,  une  certaine 
M°"  Clotilde  Espérandieu,  dont  le  mari,  d'épicier,  est  devenu  avia- 
teur. Cette  personne,  qui  rappelle  la  fameuse  Lampitô.  de  Lysistrata. 
s'ennuie  ferme.  «  La  vie  n'a  pas  d'autre  but  que  l'amour,  déclare- 
t-elle.  et  elle  tâche  à  se  distraire  avec  son  futur  beau-frère,  ce  que 
M.  Élie  Faure  déclare  u  innocent.  »  Mais,  attention  !  Voici  que  l'amour 
rend  à  Pierre  le  goût  du  carnage  ;  il  rentre  en  France,  s'engage  et 
part  au  Front,  non  sans  avoir  réalisé  son  mariage  avec  son  ancienne 
fiancée,  Elisabeth,  qu'il  aime  toujours.  Il  meurt  en  brave,  après  lui 
avoir  donné  un  bébé,  qui.  au  dernier  chapitre,  est  déjà  en  train  d'éven- 
trer  un  pantin.  Autour  de  cette  intrigue,  destinée  à  nous  montrer  sans 
doute,  sous  l'image  de  la  Roue,  la  force  invincible  de  la  nature  fatale, 
<jui  domine,  écrase  et  recommence  inlassablement,  s'agitent  des  per- 
sonnages secondaires  assez  vivement  croqués  :  M.  Chambrun,  le  père 
de  Clotilde  et  d'Elisabeth,  commissionnaire  en  marchandises  et  nou- 
veau riche  ;  M""  Chambrun,  une  dévote  ridicule  ;  Georges,  leur  fils, 
jeune  héros  chrétien,  mutilé,  infirme  ;  et  enfin,  un  soldat  et  un  phar- 
macien, dont  le  dialogue,  parsemé  de  quelque  scatologie,  forme  la 
préface  de  ce  livre  bizarre,  ayant  pour  épigraphe  :  «  Plus  on  est  de 
fous,  plus  on  rit.  » 

4  à  7.  —  Quelques  auteurs  n'ont  pas  adopté  cette  manière  de  voir, 
ils  se  sont  contentés  d'étudier  un  seul  type.  Ce  sont  :  M.  Eugène 
TVIontfort,  qui.  en  quelques  pages  savoureuses,  spirituellement  illus- 
trées par  M.  Albert  Marquet.  a  buriné  le  portrait  de  son  Brigadier 
Triboulère,  homme  qui  c  voit  haut  et  grand  »,  qui  «  possède  l'admi- 
rable faculté  de  transformer  les  faits,  les  choses  et  les  gens,  et  de  les 
embellir  et  de  les  ennoblir  ;  aussi  tout  d'abord  le  prendrait-on  pour 
un  Gascon  »  ;  —  M.  Antoine  Redier,  qui  met  de  graves  réflexions  sur 
l'autorité,  la  patrie,  la  famille  dans  la  bouche  d'un  vieux  Capitaine, 
que  tout  d'abord  on  prend  pour  une  parfaite  brute  ;  —  M.  Louis 
Arraou,  qui  nous  raconte  sous  le  titre  de  Pomponius,  le  dernier  des 
■chevaliers,  l'histoire  assez  plate  d'un  brave  homme  issu  d'un  Bas- 
Languedoc  de  fantaisie,  où  Carcassonne  devient,  de  façon  inatten- 
due, un  u  bijou  sarrazin  »  et  Saint-Just  de  Narbonne  ime  «  cathédrale 
*\isigothe  n  ;  —  enfin,  M.  A.-J.-A.  Labry,  qui  évoque  les  hésitations. 


—  u  — 

l'héroïsme  et  la  mort  du  peintre  Henri  Brémant,  que  son  âge  dispen- 
sait d'aller  au  feu.  11  y  a,  dans  ce  petit  volume,  une  coquille  bien 
drôle.  A  propos  du  dîner  d'adieu  de  Brémant,  le  typographe  a  im- 
primé :  H  La  chair  était  exquise.  »  A  tant  faire,  il  fallait,  au  moins,, 
mettre  «  la  viande  !  » 

8.  —  La  Fin  de  Claude,  de  M""  Marthe  Reynès-Montlaur,  nous- 
fournit  matière  à  réflexions  plus  hautes.  Dans  ce  troisième  volume 
de  la  belle  série  intitulée  :  Pages  de  deuil  et  d'héroïsme,  l'auteur  du 
Rayon  nous  présente  une  jeune  incroyante,  convertie  au  catholi- 
cisme, Claude,  dont  le  fiancé,  un  jeune  protestant,  nommé  Abrham, 
a  disparu.  Elle  finit  par  le  retrouver,  mais  il  est  aveugle  et,  qui  plus 
est,  phtisique.  On  devine  la  torture  morale  de  la  jeune  fille.  Elle  n'a 
plus  qu'un  espoir  d'être  unie  à  son  fiancé,  mais  la  réalisation  de  cet 
espoir  est  conditionnée  par  la  conversion  d'Abrham.  Si  elle  n'y  arrive 
pas,  ils  seront  séparés  pour  léternité  !  Cependant,  elle  se  garde  de  le 
presser  :  elle  agit  sur  lui  par  l'exemple  ;  comme  le  dit  sœur  Claire, 
une  admirable  figure  de  religieuse  qui  traverse  le  roman,  elle  lui  fait 
lire  le  seul  livre  qu'il  lui  faille  ;  «  celui  d'une  àme  qui  communie 
chaque  jour...  »  Et  Abrham  revient,  lui  aussi,  à  la  vérité.  Le  jour  du 
Vendredi-Saint  1918,  les  deux  fiancés  vont  prier  ensemble  à  Notre- 
Dame,  et,  de  là,  ils  se  rendent  ensemble  au  concert  spirituel  de  Saint- 
Gervais  :  la  catastrophe  inoubliable  éclate  alors,  et  c'est  par  elle  que 
ces  deux  âmes  s'envolent  vers  l'éternelle  paix.  Tel  est  le  schéma  de  cet 
austère  volume,  où  M""  Reynès  n'a  sacrifié  à  aucun  efTet  facile,  et 
qui  est  presque  tout  en  dialogues  de  spiritualité  :  aussi  plaira-t-il  à 
tous  ceux  qui  cherchent  dans  la  lecture  des  émotions  nobles  et  hautes, 
et  un  profit  moral  et  religieux. 

9.  —  D'inspiration  moins  élevée,  mais  pourtant  d'une  belle  tenue,, 
est  le  roman  de  M.  Gaston  Rageot  :  La  Faiblesse  des  forts,  qiii  tend  à 
nous  montrer  les  bouleversements  causés  par  la  guerre  dans  certaines 
existences.  Il  met  en  scène  deux  frères,  grands  savants  tous  les  deux, 
MM.  Lecordellier,  qui  se  prénomment  l'un  FraïK^ois  et  l'autre  assez: 
bizarrement  Marie.  François  épouse  une  jeune  fille  Lise-Reine,  et  tout 
irait  bien  ;  mais  la  guerre  éclate.  Blessé,  puis  convalescent,  voilà 
M.  Marie  qui  touche  le  cœur  de  Lise-Reine  ;  François  l'apprend,  et  c'est 
une  tragédie  qui  nous  rappelle  tour  à  tour  Bérénice,  ou  encore  les 
Flambeaux  ou  même  les  Sépulcres  bta/ichis.  Finalement,  tout  le 
inonde  se  sacrifie  à  l'œuvre  de  la  famille,  un  giainl  hôpital  nommé 
la  Vassardière  :  François,  qui  est  un  type  cornélien,  pardonne  aux 
amants  et  offre  même  de  céder  sa  femme  à  M.  Marie,  son  frère  ;  mais- 
Lise-Reine  refuse,  et  elle  va  se  faire  torpiller  en  Oiieut,  dans  un 
bateau-hôpital.  Deux  comparses,  un  certain  Burley  et  une  Irma  lu 
Polonaise,  sont  assez  gauchement  introduits  dans  ce  livre  qui   porte 


-  45  - 

la  marque  (ruii    talent  vigoureux   et  la   trace   indéniable   d'un    gros 
«fTort. 

10.  —  \ous  descendons  d'un  cran  vers  le  roman  romanesque,  avec; 
Jes  Pailles  de  Mets,  de  M"'  Jeanne  d'Urville  ;  cetouvrage  est  une  Colettr 
Baudoche  multipliée,  généralisée,  avec  tous  les  épisodes  désirables  : 
i'accident  de  bateau.  l'orage,  la  fièvre  cérébrale,  la  mort  subite...  Il  n'y 
maïKjue  que  la  croix  de  ma  mère.  On  voit  là  Lucie,  qui  donne  sa  main 
.jiun  Allemand  malgré  le  désespoir  deses  parents,  Charlotte,  qui  réussit 
à  épouser  son  cousin  officier  français,  Anne,  qui  est  horriblement 
tentée  d'aimer  un  uhlan.  Maria,  qui  manque  de  perdre  Vincent,  parce 
<\n"\\  a  fait  son  service  en  Allemagne,  et  encore  Frédérique,  fille  d'un 
Français  et  d'une  Bavaroise,  femme  d'un  Lorrain  :  tous  ces  cas  sont 
<agréablement  présentés,  dans  de  jolis  tableaux  de  Metz.  A  la  fin, 
encore  la  guerre,  d'où  va  sortir  la  liberté  d'aimer  et  de  se  marier 
pour  les  gentilles  Messines.  Mais  ce  que  nous  ne  pouvons  accepter, 
si  patriotes  soyons-nous,  c'est  que  le  vieux  Galeron  n'aille  jamais  à 
i'église,  de  peur  d'y  rencontrer  des  Allemands...  D'ailleurs.  M'"'d'Ui- 
\ille  paraît  peu  renseignée  sur  les  questions  religieuses.  Elle  croit 
que  la  grand'messe  se  termine  par  le  Laudate... 

11.  —  Cependant,  nous  descendrons  encore  d'un  cran  avec  les 
Filles  d'Alsace,  de  M.  Jules  Hoche,  qui  ne  dépassent  pas  le  niveau  du 
feuilleton.  Cela  se  déroule  en  Alsace,  pendant  la  première  année  delà 
guerre  :  assauts,  batailles  d'opérette,  voyages,  incursions  d'avions, 
bombardements,  incendies,  tout  le  cinéma  désirable.  Mais  pourquoi 
•cet  excellent  roman  populaire,  patriotique  et  moral,  où  les  mœuis 
€t  le  dialecte  alsaciens  sont  congrûment  évoqués,  est-il  intitulé  : 
Filles  d'Alsace,  alors  qu'il  n'est  question  que  d'une  seule,  la  char- 
mante Lina  ? 

12.  —  Descendons  enfin,  pour  en  terminer  avec  ces  romans  de 
^guerre,  jusqu'à  l'Immolation.  M.  Léon  Grégoire  a  voulu  retracer  le 
martyre  de  la  Belgique  ;  mais  il  l'a  fait  avee  un  tel  déploiement 
d'horreurs  monstrueuses,  de  détails  répugnants,  descènes  de  sadisme 
€t  d'affreux  barbarismes,  que  la  langue  française,  les  mœurs  et  le 
^oût  y  sont  martyrisés  également. 

RoMVNs  Divr^ns.  —  1.3.  —  Loin  de  la  guerre  mondiale,  M.  Louis  Ber- 
trand nous  a  transportés,  avec  Sangiiis  Martyrum.  en  Afrique,  au 
temps  de  la  persécution  de  Valérien  et  de  Gallien.  où  périrent  saint 
Cyprien  et  ses  compagnons.  Ce  magnifique  roman  au  nom  latin  rap- 
pelle, à  des  titres  divers,  trois  œuvres  célèbres  :  Salammbô,  Fabiola  et 
Quo  vadis  ?  Salammbô,  d'abord,  car  M.  Louis  Bertrand  connaît  à  mer- 
veille et  le  nord  de  l'Afrique  et  l'art  de  Flaubert.  Bien  qu'il  se  défende, 
dans  son  prologue,  d'avoir  voulu  tenter  une  '<  résurrection  historique», 
son  œuvre  comprend  toute  une  partie  descriptive,  qui,   à  part  quel- 


—  46  — 

ques  répétitions  de  procédés,  est  vraiment  remarquable.   Les  défilés 
notamment,  tel  que  celui  de  la  chasse  du  légat  de  Numidie,  ou  de  la 
fête  de  Bacchus,  sont  merveilleusement  réussis  ;  les  différents  décors^ 
les  thermes,  le  ((  coin  du  philosophe  »,  l'église,  les  mines  de  Sigus, 
le  village  rouge,  le  tribunal,  sont  brossés  avec  des  couleurs  intenses  ; 
mais,  de  plus,  beaucoup  mieux  que  dans  Salammbô,  partout  circule 
la  vie,  et  ce  n'est  pas  ici  uniquement  une  œuvre  de  dilettante  et  d'é- 
rudit.  Gela  nous  vaut,  par  ci  par  là,  quelques  allusions  un  peu  pla- 
quées, quoique  l'auteur  en  dise  ;  mais  il  y  aurait  plutôt  à  l'en  félici- 
ter. Son  livre,  en  effet,  n'est  pas  seulement  humain  et  sincère,   il  est 
chrétien.  Nous  y  retrouvons  le  même  souffle  que  dans  l'admirable 
Fabiola.  Ce  qui  l'en  distingue  toutefois,   c'est  que  Fabiola  pullule 
d'exquises  silhouettes -féminines  ;  dans  Sanguis  Marlyrum,  on  croi- 
rait que  la  femme,   malgré  le   christianisme,  est  toujours  esclave. 
Elle  ne  joue  aucun  rôle  dans  la  cité.  Elle  n'apparaît  que  dans  le  per- 
sonnage de  la  capricieuse   Laelia,  dite  Birzil,  fille  de  Cécilius  Natalis, 
le  grand  avocat  chrétien  de  Girta,  tiraillé  entre  sa  tendresse  de  père, 
sa  tiédeur  d'âme,  ses  devoirs  de  citoyen  et  l'intégrité  de  sa  foi,  qui 
doit  le  mener  au  martyre.  Pour  que  l'œuvre  prît  toute  son  ampleur, 
il  semble  qu'il  aurait  fallu  à  cette  place  une  autre  femme  que  cette 
fillette  bizarre   et   antipathique.   De  cette  insuffisance  vient   encore 
l'infériorité  de  l'intrigue  dramatique  du  roman,  qui  ne    peut  étayer 
sur  ce  personnage  une  charpente  romanesque  compliquée  et  savante 
comme  celle  de   Qiio  vadis  ?  Heureusement  que  M.   Louis   Bertrand 
regagne  vite  en  profondeur  d'émotion  ce  qu'il  perd  en  mouvement  et  en 
pittoresque  faciles.  Nul  ne  pourra  lire  ces  pages  sans  se  sentir  élevé  et 
purifié  ;  et  l'œuvre,  absolument  irréprochable,  d'une  décence  de  détails 
parfaite  —  ce  que  Sienkiewicz  dédaigna  quelque  peu  —  serait  à  mettre 
entre  toutes  les  mains,  si  l'auteur  n'y  avait  ajouté,  bien  inutilement  à 
notre  avis,  l'histoire  de  la  filiation  adultérine  de  cette  Birzil  ;  décidé- 
ment, c'est  le  seul  côté  faible  dé  cet  ouvrage,  à  propos  duquel  il  n'est 
pas  exagéré  de  prononcer  le  nom  de  chef-d'œuvre. 

14.  —  M.  Francis  Jammes,  sans  viser  aussi  haut,  a  néanmoins  fait 
œuvre  utile  et  saine  avec  Monsieur  le  curé  d'Ozeron.  11  a  bien  vu'  que 
la  défense  de  la  paroisse  chrétienne  é^ait  le  point  important  de  la  crise 
religieuse  actuelle,  et  il  a  entrepris,  après  Balzac,  après  Bazin,  de 
mettre  en  pleine  lumière  la  figure  héroïque  et  sainte  de  nos  humbles 
curés  de  campagne.  Cela,  il  l'a  fait  avec  ses  moyens  un  peu  particu- 
liers, qui  nous  obligent  à  une  analyse.  —  11  y  a  plus  de  cent  ans, 
dans  un  château  des  Pyrénées,  grandissait  un  enfant,  élevé  par  son 
père,  et  surtout  par  son  grand-père,  qui  ne  s'occupait  que  de  religion 
et  de  botanique.  Cet  enfant,  devenu  grand,  s'éprend  d'une  jeune  fille 
nommée  Cécile,  et  écrit  à  sa  louange,  en  quinze  mois,  un  poème 


—  47  — 

d'amour  qu'il  lui  ofTre  en  l'épousant.  Les  parents  meurent  picu^ement^ 
et  Cécile  leur  succède  en  donnant  le  jour  à  une  fillette,  Marie,  qui, 
en  grandissant,  devient  bossue.  Désespoir  du  jeune  père,  qui  écrit 
aussitôt,  durant  quatorze  mois  cette  fois-ci,  un  second  poème.  Huit 
jours  après  son  achèvement,  Marie  meurt  à  l'âge  de  quatre  ans.  Le 
père  remet  les  deux  poèmes  à  des  gens  très  bien,  entre  au  séminaire, 
est  ordonné  prêtre  et,  après  vingt  mois  de  vicariat,  est  nommé  curé 
d'Abrecave,  où  il  transporte  la  dépouille  mortelle  de  son  enfant.  Or, 
les  gens  très  bien,  qui  avaient  reçu  en  dépôt  les  deux  poèmes,  eurent 
ime  petite  fille,  qui  grandit  elle  aussi  dans  un  autre  château  des  Pyré- 
nées. A  vingt  ans.  elle  épouse  un  duc  et  part  à  la  recherche  de  ce  curé 
d'Abrecave,  dont  les  vers,  toujours  inédits,  ont  enchanté  sa  jeunesse  ; 
elle  le  retrouve  9  la  ville,  où  il  assiste  le  jeune  séminariste  Sylvain 
qu'il  a  dirigé  vers  le  sacerdoce.  Elle  lui  demande  de  mettre  un  auto- 
graphe sur  la  première  page  de  son  missel  ;  et  le  bon  curé  écrit  urt 
verset  des  Proverbes  :  <(  Qui  peut  trouver  une  femme  forte?  Elle  a 
bien  plus  de  prix  que  les  perles.  »  Sur  quoi,  la  duchesse  Bénigne, 
extrêmement  touchée,  lui  donne  en  remerciement  son  collier  de- 
perles,  qui  vaut  40.000  francs.  Le  curé  prélève  une  bonne  moitié  de 
la  somme  pour  sauver  le  meunier  d'Abrecave  «  qui  va  être  saisi  », 
puis  il  expire,  en  laissant  le  reste  à  Sylvain  son  disciple.  Ce  Sylvain, 
c'est  enfin  Monsieur  le  curé  d'Ozeron,  dont  l'histoire  se  confond  avec- 
la  précédente,  ou  plutôt  la  cwritinue.  D'abord,  le  fils  du  meunier,  qui 
est  parti  pour  Buenos-Ayres  et  y  a  fait  fortune,  lui  rend  ce  que  le 
curé  d'Abrecave  avait  donné  à  son  père,  plus  les  intérêts,  ce  qui  arrive 
à  44.000  francs.  Avec  cela,  on  va  pouvoir  faire  beaucoup  de  bien.  Le 
fils  du  maire,  en  effet,  s'est  laissé  «  mettre  le  grappin  dessus  »  parla 
femme  d'un  pauvre  homme  du  pays,  qui  avait  filé  en  Amérique,  où 
son  «  séducteur  »  l'avait  lâchée  ;  pour  entretenir  cette  coquine  ce  gar- 
çon a  volé  10.000  francs  à  la  »  Caisse  de  l'Assurance.  »  M.  le  curé- 
rembourse,  ramène  le  jeune  homme,  lui  confie  10.000  francs  de  plus 
et  l'envoie  travailler  outre-mer.  avec  une  bonne  recommandation  du 
meunier  «  américain  »  pour  un  de  ses  amis  qui  s'appelle  Mateo, 
comme  dans  Lazare-le-Pâtre.  Le  fils  du  maire  est  sauvé.  A  la  fin,  il 
revient,  paie  ses  dettes,  rend  l'argent  à  M.  le  curé,  et  entre  chez  les^^ 
bénédictins.  —  Mais  voici  bien  autre  chose  :  la  duchesse  Bénigne  n'est 
pas  heureuse  ;  son  mari  Ta  trompée  avec  une  femme  de  chambre,  ce 
qui  est  vraiment  bien  peu  élégant  pour  un  duc.  Il  l'a  abandonnée,. 
avec  une  petite  fille,  Mimi,  qui  est  muette.  Ruine  morale  et  maté- 
rielle. La  mère  court  les  pèlerinages,  notamment  à  la  Dorade  (qu'it 
faudrait  orthographier  Daurade),  vient  prier  sur  la  tombe  du  curé- 
d'Abrecave,  puis  dans  la  grotte  de  Lourdes,  le  jour  de  l'Immaculée, 
où  il  fait  un  bien  beau  soleil  pour  le  8  décembre  ;  là,  elle  rencontre 


—  48  — 

■un  ange,  déguisé  en  chemineau.  qui  lui  dit  en  bénissant  Mimi  :  «  La 
croix  guérira  la  croix.  Non  pas  ici,  mais  ailleurs,  dans  le  doux  mois 
•de  mai.  »  Au  mois  de  mai,  en  effet,  elle  revient  à  Abrecave,  avec 
M.  le  curé  d'Ozeron,  et  là  Mimi  est  guérie  miraculeusement.  Le  soir 
■de  la  Fête-Dieu.  M.  le  curé  décide  même  la  duchesse  à  recueillir  son 
mari,  délaissé  à  son  tour,  paralysé  et  converti.  Il  les  loge  tous  dans 
une  pension  de  Lourdes,  dont  il  paiera  les  frais  avec  le  produit  de  ce 
qui  reste  encore  du  fameux  collier.  D'ailleurs,  le  duc  débarrasse  bien- 
tôt les  siens  de  sa  présence.  Marie,  devenue  une  belle  jeune  fille,  va 
se  marier  au  moment  où  s'achève  ce  roman,  qui  d'ailleurs,  pourrait 
tout  aussi  bien  continuer.  —  Tel  est  l'essentiel  de  ce  récit  qui  pour- 
rait fournir  un  excellent  feuilleton  aux  Veillées  des  Chaumières  ou  à 
-l'Ouvrier.  Seulement,  il  ne  se  présente  pas  du  tout  comme  je  viens 
d'essayer  de  le  résumer.  A  dessein,  M.  Francis  Jammes  l'a  compliqué, 
entortillé,  rempli  d'inversions,  d'allusions,  de  mystères,  et  il  en  a 
bourré  la  trame  déjà  serrée  d'épisodes  cocasses,  de  personnages  bur- 
lesques, où  l'on  retrouve  vite  le  poète  d'Existences  :  Zéphirin  le  save- 
tier et  son  coq  dénommé  Faisan,  Poli,  le  mauvais  sujet,  qui  régularise 
son  union  avec  la  veuve  d'un  Suisse  de  Toulouse,  ce  qui  le  met  en 
:.goût,  une  fois  veuf,  d'épouser  Marthe  l'avaricieuse,  Véronique,  la 
«lère  de  M.  le  curé,  le  docteur,  a  la  personne  de  la  poste  qui  a  une 
perruque  sans  prétention,  l'épicier  qui  possède  un  tout  petit  maga- 
•sin  »,  et  qui  «  chausse  de  grosses  lunettes  d'or,  dont  se  servait,  dit-il, 
le  général  Faidherbe  »,  des  curés  doucementcomiques,  et  M.  Francis 
Jammes  lui-même  qui  revient  de  la  pêche.  Je  crois  bien  que  c'est  tout 
cela  qui  donne  au  livre  sa  couleur  d'image  d'Épinal.  Sa  poésie  lui 
vient  d'autre  chose  :  cette  longue  intrigue  a  permis  à  l'autour  d'évo- 
quer tour  à  tour  la  Toussaint,  Noël,  le  Mois  de  Marie,  la  Fête-Dieu, 
avec  des  élans  de  piété,  mêlés  de  conceptions  originales  et  traduits 
de  façon  plus  originale  encore.  Gela  fait  un  petit  Génie  du  christianisme 
quedominentles  silhouettes  des, bons  curés  d'Abrecave  et  d'Ozeron... 
Et  voilà  une  apologétique  naïve  qui  plaira  peut-être  beaucoup  aux 
raffinés.  ' 

\^.  —  C'est  encore  le  Midi  qui  apparaît  dans  le  petit  ouvrage  du 
très  regretté  Louis  Godet,  tué  à  la  guerre  :  César  Capéran,  ou  la  Tra- 
dition. GeGésar  Gapéran  est  un  Gascon  taciturne,  rêveur,  fainéant  et 
roublard,  ce  qui  est  beaucoup  plus  exact  que  le  Gascon  d'opérette 
qu'on  nous  a  fabriqué.  Attaché  au  ministère  de  son  ami  Joachim, 
Capéran  est  nommé  conservateur  du  musée  de  Saint-Mauléon.  qui  a 
■exactement  la  silhouette  de  Gimont  (Gers)  :  il  se  marie  et  écrit 
quelque  temps  après  au  sujet  de  son  rejeton  :  u  Mon  petit  Antonin  va 
prendre  ses  cinq  ans.  Il  a  déjà  le  front  romain  et  le  cœur  gascon 
«omme  moi...  »  M.  Doumic  refusa  pour  la  Revue  des  Deux  Mondes  ce 


—  49  — 

léger  croquis,  tlu  moins  à  ce  que  raconte  M.  Eugène  Montfort  q"ui  le 
recueillit  dans  ses  Marges.  Je  conipreucls  bien  M.  Monlfort.  Godet 
était  un  spirituel  et  délicieux  conteur  ;  et  puis,  ce  César  Capéran, 
c'était  notre  compatriote  :  il  était  de  Pibrac  !  Et  je  retrouve  dans  ces 
pages  tout  un  petit  pays  charmant,  sur  la  ligne  de  Toulouse  à  Auch, 
avec  la  gare  de  l'Isle-Jourdain,  où  une  petite  fille  monte  dans  le  train 
en  disant  :  «  Maman,  j'ai  l'estomac  qui  se  mange  !  »  Comment  voulez- 
TQus  que  je  ne  sois  pas  recoimaissant  envers  M.  Montfort  ? 

16.  —  N'ous  revenons  au  clergé  et  à  l'apostolat  catholique  avec 
Nolre-Danie  du  Faubourg,  de  M.  Jean  Morgan  ;  mais  ce  ne  sont  plus 
les  bonnes  paroisses  ingénues  dWbrecave  et  d'Ozeron  qui  forment 
le  décor  ;  ce  sont  nos  paroisses  grouillantes  des  faubourgs  parisiens. 
M.  Morgan,  qui  ne  cesse,  me  semble-t-il,  de  développer  son  talent,  s'y 
débrouille  assez  adroitement,  et  détache  quelques  types  fort  bien 
venus  :  les  prêtres  surtout,  et  notamment  un  certain  abbé  Daniel, 
qui  n'est  pas  celui  de  M.  Lavedan,  mais  qui  est  tout  de  même  fort 
sympathique  ;  puis  les  deux  sœurs  Bassoutre,  Blanche,  mariée  civi- 
lement à  un  «  bistro  »  anticlérical,  Jeanne,  épouse  légitime  d'un 
chapelier  catholique,  malheureusement  rongé  par  la  passion  du  jeu. 
Le  fils  de  ces  derniers,  Charles,  représente  exactement  le  petit  «  Pari- 
got  »  bien  élevé,  mais  trop  affiné,  tenté  par  la  vie,  et  faible  devant 
elle.  Enfin  l'abbé  Daniel  parvient  à  le  reclasser  et  à  le  marier  avec  sa 
cousine  germaine  qui  a  failli  le-faire  mal  tourner.  Le  brouhaha  de  la 
mobilisation  termine  cet  ouvrage  bien  observé  et  d'une  haute  mora- 
lité, auquel  on  ne  saurait  reprocher  qu'un  style  un  peu  lâche  par 
endroits. 

17.  —  Du  réalisme,  M.  le  duc  de  Liyis-Mirepoix  nous  transporte 
en  pleine  féerie  avec  son  u  conte  en  marge  de  l'histoire  n,  le  Baiser 
de  l'Antéchrist.  Le  jeune  et  brillant  auteur,  qui  cueillait  à  dix-sept 
ans  l'œillet  d'argent  de  Clémence  Isaure,  n'a  pas  menti  à  ses  pro- 
messes et  poursuit  une  carrière  littéraire  qui  compte  déjà  de  bril- 
lants succès.  Cette  fois,  il  nous  transporte  dans  une  imaginaire 
Volkovie,  où  règne  le  hospodar  Stéphane  XII,  pauvre  rêveur  impuis- 
sant, contre  lequel  gronde  un  mouvement  révolutionnaire  dirigé  par 
la  jeune  nihiliste  Marie  Bakouvine.  Dans  les  conciliabules  des  cons- 
pirateurs apparaît  un  personnage  mystérieux,  Yvan  Meyereff,  qui 
subjugue  Marie,  l'éloigné  d'un  brave  garçon  qui  l'aime,  la  lance  à 
corps  perdu  dans  l'émeute,  et  en  fait  sa  maîtresse  ;  puis  il  disparaît. 
La  guerre  éclate  entre  la  Volkovie  et  le  Schwartzburg,  son  belliqueux 
voisin,  que  gouverne  le  margrave  Udon  111  ;  la  Volkovie  passe  de  la 
défaite  à  l'insurrection,  et  de  l'insurrection  à  une  épouvantable  anar- 
chie, toutes  choses  qui  ne  sont  pas,  hélas  !  de  la  légende.  Triomphe 
facile  du  Schwartzburg.  Marie  et  ses  compagnons  vont  implorer  la 

Jlillet  1910.  T.  CXLVl.  4. 


—  30  i— 

clémence  du  vainqueur...  et,  dans  Udon  III,  elle  reconnaît  Ivan? 
Meyereff.  Naturellement,  elle  n'obtient  de  lui  aucune  pitié,  et  comme- 
il  fait  mine  de  la  reprendre,  elle  le  tue.  Puis,  elle  s'enfuit...  Elle  tra- 
verse d'immenses  pays  ;  et,  sur  le  Rhin,  elle  rencontre  les  armées 
des  Alliés,  qui  réprouvent  également  «  les  sujétions  arbitraires  et  le 
déchaînement  de  la  brute  en  délire...  Comprenant  l'harmonieuse 
nécessité  des  lois,  ils  ont  construit  de  l'ordre  avec  des  libertés,  et 
payé  d'un  sang  magnifiquele  droit  de  porter  ces  deux  signes  dévie 
brodés  sur  le  même  drapeau.  »  Telles  sont  les  grandes  ligjies  de  cette 
œuvre  puissante,  extrêmement  originale  et  saisissante,  qui  aurait 
demandé  seulement  à  être  plus  patiemruent  fouillée  ;  certaines  invrai- 
semblances auraient  été  atténuées,  certaines  descriptions  auraient 
pris  un  relief  plus  net  :  mais  on  ne  saurait  assez  approuver  l'idée- 
initiale  du  roman,  qui  réunit  en  un  seul  personnage  les  deux  fléaux 
du  germanisme  et  du  bolchevisme,  double  face  de  la  tyrannie. 

18.  —  Après  des  pages  aussi  tragiques,  on  s'égaie  en  lisant  le  récit 
ébouriffant  de  M.  Jean  Farmer  :  César-Napoléon  Gaillard  à  la  con- 
quête de  l'Amérique.  Il  est  regrettable  que  ce  livre,  qui  contient  beau- 
coup d'idées  justes  et  opportunes  sous  des  dehors  bouffons,  sacrifie 
à  un  anticléricalisme  et  à  un  cynisme  bien  déplaisants  ;  mais  le  paral- 
lèle entre  la  routine  française  et  lessor  américain  y  est  poussé  avec  une 
verve  digne  parfois  de  Gourteline.  C'est  l'histoire,  en  elfet,  du  fils  d'un 
fonctionnaire  de  Montélimar  et  d'uue  Canadienne,  qui  part  pour 
l'Amérique,  où  il  se  trouve  aux  prises  avec  toutes  les  difficultés.  «  11  est 
plus  difficile  qu'on  ne  pourrait  le  croire  pour  un  fils  de  famille,  re- 
marque-t-il  justement,  de  trouver  à  gagner  même  simplement  de  quoi 
subsister.  Un  terrassier  arrive  à  la  pièce  de  cent  sous  quotidienne 
plus  vite  qu'un  bachelier.  Or,  n'est  pas  terrassier  (pii  veut.  »  C'est 
pour  cela  que  nous  voyons  notre  homme  exeicer  les  professions  les 
plus  diverses  :  danseur,  pianiste,  garçon  d'hôtel,  teinturier,  «briseur 
dégrèves  »,  cow-boy,  commis-voyageur  ;  il  joue  même  le  person- 
nage de  Napoléon  chez  Buffalo-Bill  !  Mais  sa  fortune  vient  surtout 
de  la  vente  d'une  extraordinaire  a  eau  de  Saint-(iuédone  »,  grâce  à 
laquelle  il  triomphe  des  eflortsdes  sociétés  de  tempérance,  si  funestes 
à  la  vente  des  spiritueux.  Cela  se  termine  sur  le  projet,  d'une  énorme 
cocasserie,  qui  consiste  à  installer  à  la  fois  en  France  la  Monarchie 
et  la  République,  pour  contenter  tout  le  monde,  entreprise  funam- 
bulesque, et  qui  fournit  matière  à  des  remarques  très  drôles.  Aussi, 
pourquoi  n'avouerais-je  pas  que  j'ai  été  tout  à  fait  désarmé  ? 

19.  —  Nous  revenons  au  sérieux  avec  le  gros  ouvrage  de  M.  Schnei- 
der :  L'Immaculée.  Tout  dabord,  qu'il  nous  soit  permis  de  regretter 
profondément  que  ce  titre,  qui  évoque  les  choses  les  plus  sacrées,. 
ait  été  donné  à  ce  livie,  évidemment  sincère,  mais  qui  peut  être  très- 


—^51   — 

pernicieux.  Jean  Doaré,  une  espèce  de  Diirlal  jeune,  c'est-à-dire 
d'eslliète  un  peu  névrosé,  sur  lequel  la  littérature  de  Iluysrnans  a 
produit  un  gros  effet,  se  croit  attiré  vers  le  cloître.  Vivant  dans  le 
rêve,  en  dehors  des  salubres  nécessités  de  la  vie,  passant  son  temps 
à''«t:'pouiller  lame,  mais  ignorant  ce  qu'est  le  vrai  catholicisme,  il 
consulte  l'abbé  de  Ligugé,  qui  a  l'idée,  au  moins  extraordinaire,  de 
le  confier  à  la  direction  d'une  religieuse  sécularisée,  la  Mère  Domi- 
nique de  Jésus,  femme  encore  très  belle,  âme  ardente  et  exaltée  et 
dont  un  livre  récent  :  La  Vie  mystique,  vient  d'être  mis  à  l'Index  ! 
Vraiment,  ce  R.  P.  abbé  choisit  aux  jeiines  gens  de  bizarres  direc- 
teurs de  conscience  !  Il  s'ensuit  naturellement  des  scènes  d'un  mys- 
ticisme équivoque,  qu'on  ne  peut  lire  sans  être  gêné.  Un  beau  jour, 
le  vieux  poète  Boinard,  auquel  Jean  aime  à  se  confier,  lui  dit  bruta- 
lement :  «  Dominique  tle  Jésus  ?  J'ai  appris  à  la  connaître  par  vos 
paroles,  à  travers  votre  silence.  Elle  porte  en  elle  la  certitude  de  son 
idéal  mystique,  je  le  veux  bien.  Peut-être  même,  cache-t-elle  sous  sa 
robe  l'àme  d'une  sainte.  Mais  elle  est  femme  aussi,  plus  que  vous  ne  le 
pensez.  Elle  est  femme.  Et  elle  vous  aime  !  Et  vous  l'aimez  !...  »  Jean 
est  obligé  de  reconnaître  la  vérité  de  ces  paroles.  Il  s'éloigne  de  Domi- 
nique. —  Le  livre  devrait  finir  là.  II  compte  déjà  246  bonnes  pages  ;  ce 
serait  un  de  ces  livres  de  mysticisme  sensuel,  qui  indignaient  à  si  juste 
titre  notre  regretté  maître  Charles  de  Pomairols  ;  mais  enfin,  ce 
serait  une  œuvre  curieuse,  remarquablement  écrite,  et  que  les  esprits 
avertis  auraient  du  plaisir  à  relire,  en  dépit  de  quelques  erreurs  de 
détail  (comme,  par  exemple,  le  mois  de  juin  consacré  au  Très  Saint 
Sacrement,  p.  199).  Malheureusement,  ce  n'est  là  que  la  première 
partie,  de  beaucoup  la  plus  longue,  mais  enfin  la  première  partie 
de  ce  gros  livre.  Dans  la  deuxième  et  la  troisième,  M.  Schneider 
ne  s'occupe  qu'à  brûler  ce  qu'il  a  adoré.  Jean  Doaré  invective  les 
catholiques  et  son  ancienne  directrice  de  conscience,  et  il  se  laisse 
aller  à  aimer  une  jeune  fille  sans  religion,  qu'il  a  rencontrée  en  Bre- 
tagne, aussi  facilement  que,  quelques  mois  auparavant,  il  voulait  se 
jeter  dans  un  cloître.  Il  l'épouse,  et  le  voilà  heureux,  ce  qui  ne  le  dis- 
pense pas  de  parsemer  çà  et  là  les  plus  vilaines  irrévérences  contre 
son  passé  de  foi.  Qu'était-ce  donc  que  cette  aspiration  mystique,  dont 
l'étude  remplit  plus  de  la  moitié  de  l'ouvrage  ?  Tout  simplement  un 
peu  de  sensualité  refrénée  qui  lui  montait  au  cerveau  ?  Alors,  c'est 
bien  pitoyable.  En  tout  cas,  il  y  a  opposition  absolue  entre  les  deux 
moitiés  de  ce  livre  ;  la  deuxième  ruine  la  première  ;  elle  semble  jus- 
tifier les  objections  que  l'auteur  a  d'abord  le  plus  vivement  caricatu- 
rées. II  aurait  fallu  sentir  cela,  et  si,  en  août  1915,  M.  Schneider  ne 
pensait  plus  de  même  qu'en  août  1913,  il  aurait  dû  avoir  le  courage 
de  jeter  le  tout  au  feu. 


—  52  — 

20.  —  Je  serai  moins  sévère  avec  M.  Pierre  Béhaine  qui,  dans  son 
livre  Si  Jeunesse  savait...  nous  conte  minutieusement  une  histoire 
d'adolescence  qui  a  tout  l'air  d'une  autobiographie.  Toutefois,  ces 
patientes  analyses  ne  font  pas  oublier  les  curieux  tableaux  réalistes 
du  même  auteur,  les  Survivants,  qui  font  partie  de  la  même  sérié. 
et  que  j'ai  signalés  ici  même,  en  leur  temps. 

2i.  —  Autobiographie  encore,  sans  doute,  Simon  le  Pathétique,  de 
M.  Jean  Giraudoux.  Toutefois,  malgré  son  nom,  ce  Simon-là  ne  m'a 
ni  ému,  ni  touché,  ni  passionné,  et  son  amie  Anne  a  bien  raison  de 
haïr  ((  sa  manie  de  placer  chacune  de  ses  pensées,  et  la  plus  petite, 
sous  quelque  pensée  immense,  comme  un  réveillon  sous  un  globe  ». 
et  de  le  juger  u  myope  et  emphatique  ».  M.  Jean  Giraudoux  a  beau- 
coup de  talent,  certainement  ;  mais,  de  tous  les  genres,  il  a  choisi  le 
moins  bon. 

22  à  27.  —  Terminons  cette  série  eu  citant  rapidement  :  les  deux 
volumes  du  Maître  du  Silence,  où  M.  Delly  ambitionne  la  gloire  desMy^- 
tères  de  Neiv  Yorlt  ;  le  Rêve  de  Suzy,  où  M.  Henri  Ardel  continue  la  série 
de  ses  délicats  romans  mondains  ;  le  Retour  à  la  terre,  où  M.  Gilbert 
Stenger  a  traité  une  sorte  de  contre-partie  de  la  Terre  qui  meurt  sous 
la  forme  plus  spécialement  romanesque  :  Jacqueline  Lavernet.  étude 
un  peu  triviale  sur  l'indissolubilité  du  mariage,  par  M.  Etienne  Garry  ; 
Dans  l'ivraie,  où  M.  R.  Dassise  nous  raconte,  de  façon  naïve,  une 
conversion  par  amour  ;  et  enfin  les  Scènes  de  la  vie  littéraire  à  Paris, 
par  M.  André  Billy,  sorte  de  livre  à  clef,  dont  nous  sommes  heureu- 
sement bien  incapables  ici  de  trouver  le  secret.  Il  semble  seulement 
que  M.  Billy,  avant  de  traîner  les  écrivains  dans  la  boue,  ferait  bien 
d'apprendre  à  ne  pas  écrire  des  phrases  comme  celles-ci  :  «  L'ancien 
ministre  à  qui  le  bruit  court  qu'il  doit  une  somme  considérable...  » 
(p.  2).  Et  ce  n'est  pas  la  seule. 

Contes  f.t  nouvelles.  —  28.  —  Entre  les  publications  de  ses  grands 
romans,  Al.  Paul  Bourget  nous  donne  d'habitude  un  livre  de  ces 
nouvelles,  originales  et  dramatiques,  dans  lesquelles  il  excelle.  Celui 
qu'il  vient  de  publier  est  intitulé  :  Le  Justicier  :  mais  comme  ce  récit 
est  accompagné  de  quatre  autres  presque  aussi  importants,  leurs 
titres  figurent  aussi  sur  la  couverture  ;  ce  sont  :  /m  Cachette,  le  Carré 
d'orties,  le  Fruit  juge  l'arbre,  l'Apache.  Ceci  semble  indiquer,  de  plus, 
que  M.  Bourget  n'a  pas  cherché  à  réunir  là  des  œuvres  ayant  entre 
elles  un  lien  quelconque.  Si,  en  effet,  l'idée  de  la  famille  apparaît 
dans  le  Justicier,  la  Cachette  et  même  le  Carré  d'orties,  elle  est  absente 
(les  autres  nouvelles  ;  si,  de  la  plupart  d'entre  elles  se  dégage  la  pensée 
])rofondément  humaine  et  chrétienne  que,  dans  les  âmes  les  plus 
déchues,  persiste  toujours  quelque  bon  sentiment  qui  fait  espérer  le 
sailli  el  justifie  la  miséricorde,  ceci  n'a  aucun  rapport  avec  le  thème 


—  Sa- 
de la  Cachette.  Prenons  donc  ce  livre  pour  un  simple  recueil,  qui 
nous  proposera  des  méditations  dissemblables,  mais  toutes  de  la 
plus  haute  et  de  la  plus  saine  moralité.  Dans  le  Justicier,  nous  ver- 
rons un  homme  implacable  pour  son  frère  tombé,  faire  un  retour 
sur  lui-même,  reconnaître  les  propres  torts  de  sa  sévérité,  et  par- 
donner à  son  neveu  ;  dans  la  Cachette,  se  déroule  une  fort  curieuse 
histoire  de  trésor  qu'un  jeune  archiviste  et  une  institutrice  descendant 
d'une  illustre  famille  abandonnent  par  délicatesse  à  un  immonde 
marchand  de  biens  ;  dans  le  Carré  d'orties,  dramatique  épisode  de  la 
Terreur  en  Normandie,  une- demoiselle  noble  est  sauvée  par  un 
médecin  jacobin  qui  l'aime  et  qu'elle  a  cravaché;  il  fait  croire  qu'elle 
a  la  petite  vérole  en  la  faisant  fouetter  avec  des  orties  ;  le  Fruit  Juge 
l'arbre  met  en  scène  un  abbé  Anceline  (réplique  du  Fauchon,  du 
Démon  de  midi)  qui  est  troublé  dans  son  reniement  en  constatant  le 
pouvoir  éternel  de  la  confession  ;  enfin  l'Apache  nous  montre  un 
chaufleur  criminel,  coupable  de  l'enlèvement  d'un  enfant,  touché  par 
la  confiance  naïve  de  sa  victime,  comme  le  Tyrrell  des  Enfants 
d'Edouard.  A  noter  que.  dans  ce  dernier  conte,  pmsse  le  souvenir  du 
regretté  P.  de  Pascal,  auquel  M.  Bourget  rend  hommage  en  passant. 
Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  la  valeur  de  ces  beaux  fragments; 
les  deux  premiers,  tout  au  moins,  sont  de  véritables  romans  en  rac- 
courci, qui  auraient  fourni  à  bien  d'autres  l'argument  de  deux  gros 
volumes.  Mais  M.  Paul  Bourget  est  riche  ;  il  dédaigne  les  trésors 
d'imagination  et  d'affabulation  qui  feraient  la  fortune  de  beaucoup 
de  ses  confrères.  Gageons  qu'avant  qu'il  soit  bien  longtemps,  on  y 
aura  puisé  sans  remords  ;  mais  lui,  d'ici  là,  nous  aura  donné  d'autres 
chefs-d'œuvre. 

29.  —  La  Vie  des  âmes,  que  nous  devons  à  la  grande  Française 
qu'est  M"'°  Adam,  n'est  pas  un  simple  recueil  de  nouvelles.  C'est  un 
livre  où  se  coudoient  divers  genres  :  notes,  impressions,  souvenirs, 
contes,  récits,  évocations  de  la  guerre,  le  tout  traversé  de  ce  grand 
souffle  vivifiant  que  l'on  respire  auprès  de  Juliette  Lamber.  Lisez, 
par  exemple,  cette  merveille  de  sincérité,  d'émotion,  de  foi,  qui  se 
nomme  Prières  françaises  et  qui  nous  montre  Paris  à  genoux,  le 
7  septembre  1914,  à  la  veille  de  la  Marne  ;  lisez  le  conte  des  Cigognes  ; 
lisez  la  nouvelle  charmante  :  A  la  mobilisation,  qui  a  comme  une 
allure  biblique  ;  lisez  sijrtout  le  défilé  consacré  aux  âines  alliées,  où 
M°"  Adam  fait  si  noblement  amende  honorable  à  l'Angleterre,  et  vous 
direz  ensuite  si  vous  n'avez  pas  eu  souvent  les  larmes  aux  yeux.  Ce 
n'est  pas  là  un  livre  de  prose  ;  c'est  une  effusion  lyrique,  enthousiaste, 
poignante  et  prenante. 

30.  —  Dans  un  milieu  plus  calme,  nous  appelle  M.  Philippe  de 
Félice.  ((  Réponds-moi,  je  te  prie...  Crois-tu  à  l'existence  des  Iles  des 


Bienheureux?  »  demande  au  philosophe  Aristée  son  disciple  Diodo- 
tos.  Et  le  maître  répond  :  «  Je  crois  à  l'existence  des  îles  des  Bien- 
heureux. S'il  est  vain  de  les  chercher  dans  le  monde  extérieur,  nous 
pouvons  les  trouver  dans  ce  monde  intérieur  que  chacun  de  nous 
recèle  dans  les  profondeurs  de  son  être,  et  dont  les  perspectives  infi- 
nies s'ouvrent  à  nos  explorations,  quelle  que  soit  la  patrie  que  nous 
assignent  les  Immortels.  »  Tout  ce  volume,  depuis  sa  jolie  Préface, 
En  écoutant  la  roue  du  moa/m,  jusqu'à  son  épilogue.  Entre  deux  haies 
de  cyprès  noirs,  dont  le  symbolisme,  peut-être  un  peu  hétérodoxe 
est  assez  subtil,  est  consacré  à  la  gloire  du  rêve.  Ce  noble  dessein 
se  poursuit  à  travers  les  légendes  dorées  du  moyen  âge,  où  nous 
retrouvons  le  Chevalier  au  barillet  et  l'histoire  de  saint  Christophe 
largement  interprétée;  en  passant  par  l'antiquité,  les  temps  my- 
thiques, l'Extrême-Orient  et  l'Islam.  Tout  cela  est  fort  élégamment 
conté,  dans  un  style  poétique  et  délicat.  Mais  pourquoi  (p.  59)  appe- 
ler saint  Saturnin  u  l'évangéliste  de  Toulouse  »  et  le  montrer  a  déchi- 
queté par  un  taureau  en  face  du  Capitole?  »  Ce  n'est  pas  tout  à  fait 
exact.  11  est  vrai  que  nous  sommes,  avec  M.  Philippe  de  Félice,  en 
pleine  légende... 

31.  —  Ce  n'est  plus  de  légende  qu'il  s'agit,  mais  d'histoire  héroïque, 
avec  M.  Pierre  de  Rozières,  dont  les  Reliques  ont  été  publiées  avec  un 
soin  pieux  par  M.  Carlos  Larronde.  Pierre  Fourier  de  Rozières,  gen- 
tilhomme de  Laveline,  né  à  Mirecourt  (Vosges)  le  4  juillet  1887.  a  été 
tué  d'un  éclat  d'obus  le  i"  octobre  1915,  près  de  Souchez.  Collabora- 
teur du  Pays  lorrain  et  messin,  lauréat  de  l'Académie  française  et  de 
l'Académie  lorraine  de  Stanislas,  ce  jeune  homme,  dont  Maurice  Bar- 
rés nous  dit  l'âme  admirable  de  héros  et  de  saint,  a  laissé  en  prose  et 
en  vers  la  matière  de  deux  volumes  :  1°  L'Idylle  sur  la  prairie,  poème 
de  l'humble  amour  enrichi  de  soleil,  à  propos  duquel  on  a  parlé  de 
Virgile  et  de  Lamartine  ;  c'est  le  poème  de  l'amonr  sain  et  chaste, 
intimement  uni  à  la  vie  universelle  ;  il  esta  regretter  qu'à  ses  grands 
maîtres  M.  de  Rozières  ait  joint  parfois  le  Rostand  de  Chantecler. 
2"  Le  Désir  de  la  vie,  histoire  vraie  d'une  âme  ardente,  où  l'auteur  a 
versé  beaucoup  de  ses  idées  dans  la  biographie  de  Mathias  Ringmann, 
sorte  de  Pic  de  la  Mirandole  vosgien,  mort  à  l'âge  de  vingt-neuf  ans. 
Le  travail  est  incomplet.  La  3"  et  la  4'"  parties,  absentes,  sont  rem- 
placées j)ar  le  sonnet  célèbre  de  Charles  Guérin,  qu'ignorait  Emile 
Faguet  : 

...  Pauvre  vie 
Qu'on  n'a  pas  dévouée  au  service  de  Dieu  I 

'i''  Les  Ruines  victorieuses,  déd\ces  au  bon  poète  Alcide  Marol.  hom- 
mage enflammé  à  la  terre  lorraine  ;  et  enfin  4"  Le  Vcndangcoir  aux 
trois  fontaines,  jolie  évocation  du  terroir,  dont  il  ne  reste  que  le  pre- 


—  55  — 

rnier  cha{)iltc.  Tons  ces  fragments  nous  font  déplorer  davantage 
•encore  la  perte  tic  ce  jeune  écrivain,  sacrifié  comme  tant  d'autres  par 
la  sauvage  barbarie  de  l'homme  d'Amerongen  ! 

Littérature  étra?«gèbe.  —  32.  —  «  Nous  sommes  pareils  à  des 
roseaux  sous  le  vent....  Nous  sommes  les  roseaux,  la  d(;stinée,  c'est 
'1»  vent...  »  Ainsi  s'explique,  par  la  voix  du  vieux  domestique  Efix,  le 
titre  du  beau  roman  de  M""  Grazia  Deledda  :  Des  Roseaux  sous  le  vent. 
Gela  se  passe  dans  un  pauvre  village  de  Sardaigne.  Là,  le  seigneur 
Zance  avait  quatre  filles,  mais  comme  il  songeait  beaucoup  plus  à 
dilapider  son  bien  (\na  les  doter,  elles  languissaient,  et  lune  d'elles, 
Lia,  finit  par  s'enfuir.  Fureur  de  Don  Zance,  qui  devient  tellement 
odieux  vis-à-vis  de  tous,  qu'un  matin  on  le  retrouve,  assommé  d'un 
coup  de  matraque.  Ses  trois  filles,  Ruth,  Esther,  Noémi,  aidées  du 
vieil  Efix,  vivotent  sur  les  débris  de  leur  splendeur  passée.  Mais  voilà 
qu'un  beau,  jour  arrive  Giacinto,  né  de  la  fugitive  Lia  et  d'un  mar- 
chand de  bestiaux.  Il  est  orphelin,  il  a  eu  de  fâcheuses  histoires,  il 
vient  se  réfugier  chez  ses  tantes.  Le  malheur  veut  qu'il  continue  à  n'y 
rien  faire  de  bon.  Il  s'éprend  de  la  petite  Griscenda,  ce  qui  est  un 
gros  sujet  de  chagrin  pour  Noémi,  qui  a  senti  s'éveiller  son  cœur  de 
fille  déjà  mûre  auprès  de  ce  beau  garçon  ;  il  dépense  de  l'argent  qu'il 
n'a  pas.  il  joue,  il  emprunte  en  fabriquant  des  faux...  Le  pauvre  Efix 
essaie  en  vain  de  le  ramener  à  la  raison  :  mais  Giacinto  a  deviné  que 
c'était  lui  qui  avait  tué  Don  Zance  pour  défendre  le  souvenir  de  Lia  ; 
il  tient  Efix  par  la  peur.  Les  événements  se  précipitent  :  les  huissiers 
arrivent,  le  coupable  s'enfuit,  Ruth  meurt  de  douleur.  Que  devenir  ? 
Il  n'y  a  qu'une  solution  :  c'est  que  Noémi  accepte  d'épouser  son  cou- 
sin Don  Prédu,  qui  rêve  d'acquérir  ainsi  tout  le  domaine...  Mais  elle 
refuse,  car,  secrètement,  elle  continue  d'aimer  Giacinto.  Alors,  Efix 
se  sacrifie  ;  il  a  soif  d'expier.  Il  court  les  routes  avec  les  mendiants  ; 
et  le  beau  neveu,  qui  s'est  réhabilité  en  travaillant  courageusement 
chez  un  meunier,  épouse  Griscenda.  Noémi  devient  enfin  raison- 
nable. La  maison  est  sauvée.  Efix  peut  revenir,  et  il  expire,  heureux 
et  apaisé,  le  jour  même  du  mariage.  Tout  ce  récit,  admirablement 
conté,  avec  les  nuances  les  plus  délicates,  se  déroule  dans  le  décorde 
la  petite  vie  sarde,  qui  rappelle  étrangement  celle  de  nos  provinces 
méridionales  ;  aussi  ne  s'étonnera-t-on  pas  du  plaisir  et  de  l'émotion 
avec  lequel  j'ai  lu  ce  délicieux  volume,  plein  de  couleur,  de  poésie, 
de  mouvement,  de  lumière  et  d'esprit.  Cela  rappelle  Pouvillon.  Al- 
phonse Daudet.  ^  et  même,  par  endroits.  Mistral.  On  entend  bien 
que  je  ne  saurais  adresser  à  M"""  Grazia  Deledda  un  plus  bel  éloge. 

33.  —  Nous  voici  dans  les  pays  fabuleux  avec  le  conte  hindou  :  Un 
Doigt  de  la  Lune,  que  M.  F.-^^'.  Bain  a  mis  en  anglais.  C'est  l'histoire 
■du  roi  Suryakanta,  qui  devient  amoureux  delà  princesse  Anangaraga, 


—  56  - 

à  laquelle,  pour  l'obtenir,  il  faut  proposer  une  énigme  qu'elle  ne  sauiaR 
résoudre.  Connme  on  a  vingt  jours  pour  l'interroger,  voilà  matière 
pour  vingt  contes  ingénieux,  et  quelquefois  brutaux.  La  princesse 
-devine  tout.  A  la  fin  le  roi,  agacé,  lui  dit  :  «  Quelle  question  devrai- 
je  donc  te  poser?  —  Tu  as  deviné  !  »  lui  répond  Anangaraga.  Ce  n'est 
pas  plus  malin  que  cela.  Et  l'amour  leur  est  si  doux  que  Skiva  les 
fait  mourir  pour  qu'ils  n'aient  point  la  tristesse  de  le  voir  diminuer. 
.34.  —  Enfin,  nous  revenons  à  la  réalité,  pour  finir,  avec  les  Souve- 
nirs d'un  maître  d'école  américain,  que  M.  Angelo  Patri  a  intitulés  : 
Vers  Fécole  de  demain.  C'est  un  livre  très  adroit  sous  son  apparente 
simplicité.  On  y  voit  l'auteur  débarquant  d'Italie,  souffrant  dans  les 
anciennes  écoles  américaines,  devenant  professeur  et  enfin  directeur 
d'un  de  ces  immenses  établissements  primaires  de  New  York,  où  s'en- 
tassent jusqu'à  4.000  élèves.  Au  jour  le  jour,  nous  apprenons  ainsi 
les  idées  pédagogiques  de  l'auteur,  ses  tendances,  ses  réformes,  qui 
se  résument  dans  une  lutte  contre  la  vieille  discipline,  un  appel  à 
l'initiative  et  une  collaboration  étroite  avec  les  parents.  Il  dit  avec 
un  de  ses  anciens  maîtres  :  «  Ce  qui  a  du  prix,  ce  n'est  pas  ce  qiie 
vous  enseignez  à  ces  petits.  Ils  oublieront  presque  tout  ce  qu'ils  auront 
appris.  Ce  qu'il  leur  faut,  c'est  l'habitude  de  la  pensée  libre,  et  le 
goût,  l'esprit  et  l'âme  du  travail.  »  M.  Ferdinand  Buisson,  dans  la 
Préface,  approuve  naturellement  tout  cela  sans  réserves.  Pour  nous, 
cet  intéressant  ouvrage  a  le  défaut  capital  de  remplacer  par  la  ^  pensée 
libre  »,  dont  les  bambins  n'ont  que  faire,  les  indispensables  croyances 
religieuses.  L'enfance  sans  Dieu  !  Comment  peut-on  concevoir  cela  ? 
Cependant,  dans  les  écoles  de  New  York,  la  journée  s'ouvre  par  une 
«  assemblée  »,  à  laquelle  prennent  part  tous  les  écoliers  et  qui  est 
consacrée  h  la  lecture  de  la  Bible  et  à  des  exercices  religieux  et  mo- 
raux. Mais  M.  Patri  ne  nous  parle  de  cette  «  assemblée  »  que  comme 
d'une  corvée  inutile.  Et  c'est  un  homme  de  chez  nous,  un  Latin,  qui. 
a  de  semblables  idées  ?  Je  ne  m'en  consolerai   pas. 

Armand  Praviel. 


THÉOLOGIE 


Cours  supérieur  de  religion,  par  Louis  PiaNFi,.  H.  L'ÉfjJise.  III.  /.es- 
Mystères.  IV.  La  Grâce,  l^aris,  Beauchesne.  I91S.  3  vol.  in-18  de  vi-348. 
xi-297  et  vn-;284  p.  —  Prix  :  T.  II,  3  fr.  50  ;  t.  III,  4  :  t.  IV.  3  Ir.  SU. 

M.  l'abbé  Prunel  a  pu  heureusement  continuer  pendant  la  guerre- 
son  cours  d'enseignement  religieux,  à  l'inslilut  catholique  de  Paris. 
L'auditoire  de  jeunes  filles  instruites  à  qui  ces  leçons  étaient  desti- 
nées, et  que  l'intérêt  a  groupé  et  ramené  fidèlement  autour  du  confé- 
rencier, croyait  sans  doute  entendre  comme  un  écho  adouci  des  graves- 


—  57  — 

leçons  Ihéologiques  données  dans  les  chaires  voisines  aux  candidats 
du  sacerdoce. 

Nous  avons  déjà  annoncé  le  premier  volume,  paru  en  1916,  et  con- 
sacré aux  Fondements  de  la  doctrine  catholique.  Chaque  année,  depuis 
lors,  nous  a  valu  un  nouveau  volume,  où  sont  traitées  les  dilîérentes 
parties  du  dogme  :  l'Église,  les  Mystères,  la  Grâce. 

Avec  un  don  de  clarté  vraiment  remarquable,  l'auteur  expose  ces 
grands  sujets  dans  leur  ensemble,  mais  en  s'arrôlant  d'une  façon 
spéciale  sur  les  points  qui  lui  paraissent  ou  plus  importants,  ou  plus 
intéressants,  ou  plus  actuels. 

Ces  conférences  ne  contiennent  et  ne  peuvent  contenir  qu'un 
résumé  des  grands  travaux  de  nos  théologiens  ;  mais  ce  résumé  n'est 
point  une  simple  nomenclature  froide,  sèche  et  décolorée  ;  c'est  une- 
exposition  sobre,  vivante  et  lumineuse.  Maître  d'un  sujet  qu'il 
domine,  le  docte  professeur  sait  mettre  les  principes  en  relief  et  sou- 
ligner les  conclusions  qui  méritent  le  plus  d'attirer  l'attention. 

Impossible  bien  entendu  de  le  suivre  ici  à  travers  ces  trente-quatre 
conférences,  dont  chacune  demanderait  une  analyse  où  il  y  aurait  pro- 
fit à  s'attarder.  Signalons  seulement,  dans  le  volume  sur  l'Église,  la 
conférence  sur  les  Congrégations  romaines  et  la  conférence  sur  les- 
rapports  de  la  société  spirituelle  avec  la  société  temporelle  ;  dans  le- 
volume  sur  les  Mystères,  les  leçons  sur  la  Rédemption,  le  Sacré-Cœur 
et  la  Vierge  Marie. 

En  traitant  de  la  Grâce,  l'auteur  rencontrait  les  problèmes  les  plus 
épineux  de  la  théologie  catholique.  Il  a  eu  le  talent  d'en  faire  saisir 
la  signification  et  la  portée,  et  la  sagesse  d'en  proposer  les  solutions- 
les  plus  autorisées,  les  plus  sûres  et  les  plus  satisfaisantes.  Nous  fai- 
sons allusion  surtout  aux  conférences  particulièrement  intéressantes 
sur  le  péché  originel,  sur  la  grâce  sanctifiante  et  sur  les  rapports  de 
la  grâce  actuelle  avec  la  liberté  humaine. 

L'auditoire  distingué  devant  lequel  ces  conférences  ont  été  pro- 
noncées a  dû  les  entendre  avec  autant  de  charme  que  de  profit.  Nous- 
osons  également  promettre  charme  et  profit  aux  nombreux  lecteurs- 
qui  ne  peuvent  manquer  de  les  parcourir  et  de  les  méditer,  dans  le- 
texte  qui  leur  est  offert.  Christophe  Simon. 


SCIENCES   ET  ARTS 

L'Evolution  des  plantes,  par  Noël  Bernard.  Paris,  Alcan,  1916,  in-l(> 
do  xxx[i-314  p.,  avec  27  fig.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

A  lire  cet  ouvrage  posthume  du  regretté  professeur  à  la  Faculté  de 
Poitiers,  on  a  ^'impression  de  suivre  un  cours  annuel  de  botanique. 
Cette  année,  le  maître   envisage  plus  spécialement  l'évolution  de» 


^  58'  - 

plantes  et  divise  ce  sujet  en  trois  parties.  Il  résume  tout  d'abord  ce 
que  l'on  sait  de  l'évolution  individuelle,  insiste  sur  les  phénomènes 
de  sexualité,  montre  qu'il  n'y  a  pas  de  critérium  précis  pour  le  choix 
■des  caractères  spécifiques  des  espèces  et  donne  les  réponses  actuelles 
aux  trois  questions  suivantes  :  Quels  sont  les  degrés  et  les  modes  dé 
la  fixité  héréditaire  chez  les  plantes  ?  Quels  caractères  doit-on  choisir 
comme  spécifiques  ?  Quelle  est  l'amplitude  des  variations  donnant 
naissance  à  des  espèces  nouvelles  ?  Il  conclut  cette  première  partie  par 
l'affirmation  «  qu'il  apparaît  actuellement  à  quelques  esprits  réfléchis 
■que  l'origine  des  espèces  naturelles  n'a  pour  explication  aucun  fait 
expérimental  précis  »  (p.  140)  et  qu'il  y  a  lieu  de  suivre  la  voie  indi- 
quée par  de  Vries  dans  ses  études  sur  les  mutations.  La  seconde  par- 
tie, consacrée  à  l'examen  de  l'évolution  florale  dans  les  plantes  supé^ 
rieures,  permet  de  bien  caractériser  les  Muscinées,  les  Cryptogames 
vasculaires,  les  Gymnospermes  et  les  Angiospermes.  Chez  ces  der- 
nières on  peut  distinguer  des  types  primitifs  tels  que  les  Glumales  à 
fleurs  nues  et  les  Fluviales  à  périanthe  et  pièces  florales  en  spirale  et 
indépendantes,  et  des  types  évolués  tels  que  les  Orchidées,  les  Légumi- 
neuses et  les  Composées.  Dans  la  troisième  partie  l'auteur  montre  par 
des  faits  qu'au  point  de  vue  phylogénétique,  les  formes  adultes  et  les 
formes  juvéniles  n'ont  pas  une  signification  constante.  Passant  ensuite 
-à  la  symbiose,  il  met  en  relief  ses  analogies  avec  les  maladies  causées 
par  les  microorganismes  et  l'influence  des  champignons  sur  l'évolu- 
tion des  végétaux  supérieurs. 

Telles  sont  les  grandes  lignes  de  ce  cours  remarquable  par  sa 
-clarté,  son  souci  constant  de  présenter  les  faits  sous  leur  vrai  jour,  de 
les  distinguer  des  hypothèses  et  d'évoquer  des  idées.  La  philosophie  de 
l'auteur,  athée  d'après  la  Préface  de  M.  Costantin,  ne  se  trahit  que  bien 
légèrement  dans  un  passage  où  l'on  peut  saisir  la  croyance  à  la  possi- 
bilité de  l'origine  interplanétaire  de  la  vie.  De  rares  fautes  d'impres- 
sion :  oleuracens  pour  oleraceus  (p.  37)  etuberasum  pour  tuberosum 
(p.  154)  poranges  pour  sporanges  (p.  219).  11  y  a  29  figures  très 
claires,  le  titre  n'en  annonce  que  27.  J.-B.  Martin. 


HISTOIRE 


Lie»  Journaux  du  trésor  de   Charles  IV  le  Bel,  publics  par  Jui.es 
ViARD.  Paris,  Impr.  nationale,  1917,  in-4  de  cxi-1834  p. 

Bien  que  la  date  portée  par  ce  volume  soit  de  beaucoup  antérieure 
ii  la  date  réelle  de  sa  publication,  nous  sommes  fort  en  retard  pour 
•en  parler  à  nos  lecteurs  et  nous  nous  eu  excusons.  La  distinction 
d'ailleurs  dont  l'Académie  des  inscriptions  a  honoré  ce  monumental 
ouvrage  en  lui  décernant  le  grand  prix  Gobert,  est  par  elle-même  une 


—  59  — 

assez  haute  recommandation.  Elle  consacre  la  réputation  fliiii  excel- 
lent érudit  qui  a  dépensé  de  longs  labeurs  et  apporté  une  critique 
solide,  consciencieuse,  clairvoyante  à  nous  mieux  faire  connaître  l'his- 
toire de  la  France  et  de  ses  institutions  au  xiv"  siècle. 

L'accueil  fait  il  y  a  quelques  années  par  le  public  érudit  à  la  publi- 
•cation  des  Jouriunix  du  trésor  de  Philippe  VI  de  Valois  a  été  pour 
notre  savant  collaborateur  et  bien  cher  ami  un  encouragement  à  abor- 
der la  publication  des  Journaux  du  trésor  de  Charles  IV. 

Le  principal  intérêt  de  l'Introduction  qu'il  avait  placée  en  tête  de 
son  premier  recueil  avait  été  de  mettre  en  lumière  l'organisation  du 
trésor,  de  nous  en  faire  connaître  le  personnel  et  le  fonctionne- 
ment. Les  journaux  de  Philippe  de  Valois,  tels  qu'ils  nous  sont  par- 
venus, ne  nous  fournissant  pas  d'exercice  complet,  force  avait  été  à 
M.  Viard  de  s'abstenir  de  nous  présenter  un  tableau  des  recettes  et 
•des  dépenses  du  trésor.  Au  contraire  les  journaux  de  Charles  IV, 
complets  pour  quatre  exercices,  lui  ont  permis  de  nous  offrir  ces 
tableaux  récapitulatifs. 

De  ces  comptes  M.  Viard  a  extrait,  pour  son  Introduction,  les  élé- 
ments de  chapitres  d'un  haut  intérêt  sur  ce  que  rapportaient  au  tré- 
-sor  bailliages  et  sénéchaussées,  monnaies,  droits  de  chancellerie, 
droits  de  traite  et  de  douane,  etc.  Il  a  groupé  aussi  les  renseignements 
relatifs  aux  divers  cliapitres  des  dépenses  :  hôtel,  chapelle,  argen- 
•terie,  etc. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  à  ce  point  de  vue  que  son  Introduction 
-est  précieuse  pour  l'historien  ;  chemin  faisant  il  nous  donne,  par 
•exemple,  une  liste  des  receveurs  ;  il  nous  apporte  sur  l'organisation 
de  la  chapelle  des  lumières  nouvelles  ;  il  nous  fournit  sur  certains 
^détails  du  commerce  des  précisions  utiles  ;  il  a  des  pages  extrême- 
•ment  instructives  sur  le  rôle  considérable  joué  en  France  à  l'époque 
par  les  Italiens  ;  il  constate  que  «  la  France  était  alors  vis-à-vis  d'eux 
•dans  une  situation  presque  analogue  à  celle  de  l'empire  ottoman, 
.avant  la  guerre  de  1914,  vis-à-vis  des  grandes  puissances  occiden- 
tales ;  »  il  n'a  garde  de  négliger  ce  qui  intéresse  les  arts  et  il  nous 
•montre  ce  qu'on  peut  tirer  des  journaux  sur  l'influence  exercée  en 
JFrance  par  les  artistes  italiens. 

Ces  quelques  lignes,  si  incomplètes  qu'elles  soient,  suffiront  à  donner 
.au  lecteur  une  idée  du  caractère  hautement  instructif  des  nouveaux 
•documents  mis  par  M.  Viard  à  la  disposition  des  historiens  et  de  la 
façon  heureuse  dont  il  a  su  en  tirer  parti.  Nous  ajouterons  seule- 
ment que  les  journaux  sont  édités  avec  le  scrupule  que  l'on  peut 
attendre  d'un  érudit  aussi  consciencieux,  pourvus  d'une  annotation 
«obre  mais  excellente  (telle  note  nous  apporte  de  tel  personnage  une 
biographie  documentée  et  précise)  et  de  tables  copieuses  qui  répon- 
dent à  tous  les  besoins  du  lecteur.  E.-G.  Ledos. 


—  60  — 

Soiifflot  ;  sa  vie,  son  œuvre,  son  esthétique  (1713-1780),  par 

Jean  Mondain-Monval.  Paris,  Lemerre^  1918,  gr.  in-8  de  iv-556  p.,  a^ec  6» 
planches.  —  Prix  :  25  fr. 
Correspondance  de  Soufflot  avec  les  directeurs  des  Bâtiments 
concernant  la  manufacture  des  Gobelins  (1756-  1780),  publiée 
par  Jean  Mondain-Monval.  Paris,  Lemerre,  1918,  gr.  in-8  de  iv-324  p. 
avec  une  planche.  —  Prix  :  15  fr. 

Originaire  d'Irancy  (Yonne),  appartenant  à  une  famille  jouissant 
d'une  honnête  aisance  mais  nombreuse,  Soufflot  a  laissé  la  réputa- 
tion d'un  grand  artiste  et  d'un  homme  d'une  probité  scrupuleuse,  que 
la  dignité  de  sa  vie  et  de  son  caractère  ont  fait  grandement  estimer. 
Mais  il  n'avait  pas  encore  trouvé  de  biographe.  M.  Mondain-Monval,, 
ancien  élève  de  l'École  des  chartes  et  de  la  Fondation  Thiers,  biblio- 
thécaire-adjoint de  la  Comédie-Française,  a  obtenu  récemment  le 
titre  de  docteur  ès-letlres  en  lui  consacrant  les  deux  volumes  dont 
nous  venons  de  transcrire  les  titres.  L'un  de  ces  volumes,  simple 
recueil  de  textes,  nous  montre  l'activité  que  déploya  l'artiste  comme 
directeur  des  manufactures  royales  des  Gobelins  et  de  la  Savonnerie, 
en  qualité  de  contrôleur  des  bâtiments  du  Roi  à  Paris  de  1756  à  1776  : 
ce  sont  les  matériaux,  empruntés  aux  Archives  nationales,  d'une 
histoire  de  ces  manufactures  pendant  une  assez  longue  période,  his- 
toire d'ailleurs  lamentable  faute  de  ressources  suffisantes,  que  M.  Mon- 
dain-Monval a  résumée  dans  une  trentaine  de  pages.  L'autre  est  un  tra- 
vail complet,  définitif,  sur  l'architecte  à  qui  nous  devons  la  construc- 
tion du  Panthéon,  ce  grandiose  monument  auquel  est  attachée  son 
universelle  et  irrévocable  réputation. 

Mais  il  ne  faut  pas  croire  que  là  s'est  bornée  son  activité.  Il  a 
conçu  de  grands  projets,  qu'il  n'a  pas  tenu  à  lui  de  faire  exécuter. 
Il  chercha  à  achever  les  grands  travaux  de  dégagement  du  Louvre,  et 
proposa  la  percée  d'une  voie  triomphale  dans  la  direction  centrale  de 
la  colonnade  du  Louvre  jusqu'à  l'arc  de  triomphe  du  Trône.  Il  ima- 
gine des  plans  pour  installer  la  Comédie-Française  sur  l'emplace- 
ment des  jardins  de  l'hôtel  Conti,  et  pour  établir  au  Louvre  la  biblio- 
thèque du  Roi.  Il  voulut  créer  un  ensemble  décoratif  sur  la  rive  gauche 
de  la  Seine,  avec  l'Observatoire,  l'Odéon  et  Ife  jardin  du  Luxembourg  ; 
sur  la  rive  droite,  avec  les  Champs-Elysées  et  unegrande  voie  allant 
par  Neuilly  jusqu'au  château  de  Saint-Germain.  Il  envisagea  la  déco- 
ration du  terre-plein  dxi  Pont-Neuf,  et  l'adduction  à  Paris  des  eaux 
des  rivières  avoisinantcs  pour  le  service  public.  La  plupart  de  ses- 
idées  futent  contrariées  par  les  guerres,  par  l'état  des  finances  royales,, 
et  aussi  par  la  résistance  des  privilégiés,  des  concessionnaires  des 
bâtiments  royaux  notamment.  Mais  on  sera  frappé  de  ce  fait  que,  si: 
ces  projets  n'ont  pu  aboutir  du  vivant  de  leur  auteur,  ils  ont  tous  o\v 
à  peu  près  tous  été  repris  et  réalisés  au  xix''  siècle  par  des  hommes- 


—  fil  — 

<jue  l'on  est  trop  enclin  à  considérer  comme  des  novateurs  et  des 
•créateurs.  M.  Mondain-Monval  le  démontre  excellemment,  et  c'est  là 
une  des  thèses  les  plus  significatives  de  sa  magistrale  étude.  Il  l'a 
suivi  en  outre  à  Bordeaux,  à  Lyon,  à  Ueims,  à  Chatou,  à  Ménars, 
partout  où  l'architecte  a  été  appelé  à  donner  des  avis  précieux  et  des 
-conseils  éclairés. 

Mais  M.  Mondain-Monval  ne  s'est  pas  borné  à  nous  tracer  une 
•excellente  biographie  du  maître  en  le  plaçant  dans  son  milieu,  en 
nous  racontant  ses  voyages,  en  nous  faisant  part  des  difTicullés  et 
•des  déboires  qu'il  éprouva  dans  sa  carrière  administrative,  en  nous 
exposant  ses  relations  intimes  avec  Marigny  son  protecteur,  avec 
Vernet,  Van  Loo,  Coustou,  Pigalle,  Cochin,  Berlin,  Tronchin,  en 
nous  le  montrant  amateur  passionné  de  musique  et  bourru  bienfai- 
.•sant.  11  a  complété  ce  travail  déjà  considérable  par  un  tableau  com- 
plet de  la  science  d'ingénieur  de  Soufïlot  dans  la  création  de  la  nou- 
velle église  Sainte-Geneviève  (le  Panthéon),  dans  l'emploi  des  maté- 
riaux et  dans  leur  disposition  nouvelle,  qui  en  font  un  chef-d'œuvre 
"d'ingéniosité  et  d'habileté  technique  malgré  les  critiques  dont  le  mo- 
nument fut  l'objet  ;  il  a  surtout  étudié  l'esthétique  de  Soufflot,  à  la 
fois  scientifique  et  archéologique,  basée  sur  le  culte  de  Rome  et  de 
l'Italie,  sur  1  élude  raisonnée  des  procédés  de  l'architecture  gothique 
•et  sur  une  doctrine  qui  dérive  du  classicisme.  «  heureuse  alliance  de 
la  hardiesse  gothique  à  la  simplicité  antique  »,  suivant  les  propres 
-expressions  de  l'artiste.  Assurément  cette  conception  présente  des 
défauts  et  de  graves  défauts  ;  M.  Mondain-Monval  ne  méconnaît  pas 
•que  la  création  de  Soufflot  est  une  illustration  savante,  mais  abstraite 
■et  morne,  d'études  comparées  sur  les  églises  à  coupole  ;  qu'il  s'est 
laissé  entraîner  vers  un  style  lourd  et  colossal  peu  en  harmonie  avec 
le  génie  de  notre  art  national  ;  que  l'aboutissement  de  théories  aussi 
bizarrement  accouplées  et  de  tendances  aussi  contraires  a  préparé 
l'outrance  classique  des  époques  postérieures  ;  mais  il  est  obligé  de 
reconnaître  que  l'art  de  Soufflot  conserve  malgré  tout  les  qualités 
bien  françaises  de  mesure,  de  clarté  et  de  sobriété.  A  ce  titre,  Souf- 
flot demeure  une  des  figures  les  plus  dignes  et  les  plus  intéressantes 
de  ce  xviii"  siècle  si  fécond  en  artistes  divers.  H.  S. 


•Cîens  de  la  vieille  France.  Rêveries  pour  le  temps  présent  sur  des  thèmes 
anciens,  par  G.  Lenotre.  Paris,  Perrin,  1919,  in-16  de  321  p.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

On  résumerait  assez  difficilement  cette  étude  appuyée  sur  une  vaste 
lecture  et  de  nombreux  documents  mis  en  valeur  comme  M.  Lenotre 
sait  le  faire,  et  ce  livre,  riche  de  détails,  vaut  plus  encore  par  l'en- 
/semble  des  déductions  qu'il  impose  à  tout  espnt  sincère  et  loyal.  Je 


—  62  — 

dis  que  M.  Lenôtre  a  fait  là  mieux  qu'un  beau  travail,  mais  une  belle 
œuvre  littéraire  et  surtout  une  bonne  œuvre  historique,  en  rendant 
justice  au  passé  de  la  France.  Il  écrit  en  sous-litre  :  «  Rêveries  pour 
le  temps  présent  sur  des  thèmes  anciens  »  ;  il  est  trop  modeste,  car 
ce  sont  de  très  grandes  et  très  utiles  vérités  qu'il  met  en  valeur,  un 
service  de  premier  ordre  qu'il  rend  à  notre  pays  en  éclairant  les  intel- 
ligences. C'est  une  bonne  leçon  qui  ne  perd  rien  à  prendre  une  forme 
attrayante.  Jamais  il  n'aura  écrit  un  livre  plus  utile.  Aussi  n'irons- 
nous  pas  le  chicaner  sur  le  choix  un  peu  fantaisiste  de  certains  titrer 
de  chapitres  :  «  Au  printemps  de  nos  bisaïeules,  —  Le  Chemin  des- 
écoliers, —  Les  Mauvaises  Fées,  —  Le  Paradis  des  voyageurs.  »  Ils 
donnent  une  impression  romanesque  inexacte  des  enseignements- 
très  graves  contenus  dans  les  pages  très  sérieuses  qui  les  composent. 
Ces  renseignements  multiples  ont  été  puisés  dans  les  Mémoires 
contemporains,  vieux  amis  que  l'on  a  plaisir  à  retrouver.  On  eût  pu 
les  multiplier  encore,  tous  sont  bien  choisis.  Une  impression  géné- 
rale s'en  dégage  :  la  vie  heureuse  était  chose  fréquente  autrefois  parce 
qu'elle  était  morale  et  sans  envie.  Avec  beaucoup  de  difficultés,  mal- 
gré les  peines  attachées  à  la  nature  humaine,  sans  rêver  cette  niaise- 
rie d'un  bonheur  sans  limites  et  d'une  Société  de  nations  sans  nuages, 
nos  aïeux  étaient  heureux  parce  qu'ils  savaient  se  contenter  et  jouir 
doucement  des  biens  de  la  Providence  ;  pas  égoïstes,  ils  n'étaient  point 
avides  :  donc  ils  restaient  satisfaits.  Ayant  ainsi  souligné  la  leçon 
qui  se  dégage  de  ses  récits,  il  suffira  d'indiquer, très  sommairement, 
quelques  points  de  particulier  intérêt  :  une  jolie  riposte  (p.  74)  à  la 
sombre  description,  dont  on  a  tant  abusé,  des  paysans  miséreux  dans 
La  Bruyère  ;  l'exégèse  du  mot  de  Talleyrand  sur  la  u  douceur  de 
vivre  »  (p.  89)  ;  la  bonne  méthode  pédagogique  de  nos  pères,  dans 
les  collèges  des  jésuites  en  particulier  (p.  98)  ;  sur  l'éducation  deS' 
femmes  (p.  129)  et-  une  charmante  caricature  de  l'instruction  à  la 
Genlis  (p.  142)  ;  la  mise  en  opposition  de  cetto  bonne  éducation  d'au- 
trefois (p.  147)  avec  l'éducation  ridicule  et  souvent  infâme  découlant 
des  mœurs  révolutionnaires  (p.  160);  jcli  tableau  delà  locomotion 
et  des  «  diligences  »  de  jadis  (p.  218)  ;  une  amusante  description  des- 
mornes  fêtes  actuelles  de  sous-préfectures  (p.  207)  et  la  banalité  de 
l'hôtel  au  «  confort  moderne  »  (p.  2C8)  ;  combien  était  fort  et  doux 
le  respect  qui  attachait  les  Français  à  leurs  princes  comme  aux  aînés- 
de  la  «  famille  »  (p.  274)  ;  la  grandeur  du  règne  de  Louis  XVI  (p.  297)  ; 
ce  qu'était,  à  la  fin  de  l'ancien  régime,  le  «  Tour  de  France  »  des  com- 
pagnons ouvriers  (p.  299)  ;  etc..  Pour  composer  les  meilleurs  tableaux 
qu'il  fait  passer  sous  nos  yeux,  M.  Lenotre  a  été  chercher  parmi  les 
voyageurs  du  xviii"  siècle  qu'il  interroge,  trois  guides  très  amusants- 
et  inconnus  :  un  geiitilhommc  breton,  un  jeune  bourgeois  lorrain^ 


—  63?  — 

un  artisan  provençal.  Chacun  a  sa  note  spéciale  et  de  l'ensciuLle  de- 
leurs  remarques  se  dégage  une  impression  commune  de  bonlieur 
social  et  de  paix  publique.  Ne  pouvons-nous  pas  les  envier? 

Geoffuoy  de  Gra>dmaison. 


BULLETIN 


Les  Condilions  de   la  paix  sociale,    par  le   canJinal    Amktti:.  archevêque 
de  Paris.  Paris.  Maison  de  la  Honiie  Presse,  s.  d.  (1919),  iii-18de23  p.  —  Prix  :0  Ir.  15.. 

Les  leçons  données  en  ce  mandement  de  carême  1919  sont  d'une  oppor- 
tunité sur  laquelle  il  n'est  pas  besoin  d'insister.  Avec  .son  habituel  souci  de- 
rallier  toutes  les  âmes  honnêtes  et  toutes  les  bonnes  volontés,  S.  Ém.  le- 
cardinal  Amctle  expose  que  ce  qui  nous  a  fait  gagner  la  guerre  est  néces- 
saire aussi  poiu'  gagner  la  paix,  cette  paix  intérieure  qui  est  la  première  de 
toutes,  puisque  la  lutte  des  classes  est  la  «  pire  de  toutes  les  guerres.  »  Il  rat- 
tache heureusement  lensembie  des  conditions  de  la  paix  sociale  à  ces  trois 
mots  d'ordre  ■.justice,  esprit  de  sacrifice,  union.  Et  ces  enseignements  bien- 
faisants ne  s'en  tiennent  pas  à  de  vagues  généralités  ;  à  la  vertu  dejustice, 
par  exemple,  est  rattachée  une  ferme  revendication  de  la  répartition  pro- 
portioruieile  scolaire  et  de  la  liberté  des  ordres  religieux  ;  l'esprit  chrétien 
de  sacrifice  apparaît  comme  seul  capable  de  modérer  l'actuel  débordement 
des  appétits  Jouisseurs  ;  et,  pour  assurer  l'union,  la  bienveillance  est  prè- 
cliée,  même  entre  catholiques.  Baron  Angot  des  Rotours. 


La  Semaine  «le  Su'/elle.  14'  année,  2' semestre  {t" août  1918-30  janvier  1919). 
Paris,  (iaiitier  «t  i.ariguereau.  gr.  in-8  de  -326. p.,  avec  de  très  nombreuses  grav. 
on  noir  et  en  couleurs.  —  Abonnement  annuel  ;  France  et  Algérie,  iO  fr.  ;  Étran- 
ger et  colonies,  12  fr. 

Il  va  de  soi  qu'un  périodique  qui  s'adresse  au  jeune  âge  doit  d'abord, 
récréer,  amuser.  Mais  sou  but  ne  saurait  s'arrêter  là  ;  il  faut  aussi  qu'il  mo- 
ralise et  qu'il  enseigne,  sans  être  fatiguant,  des  choses  utiles  et  pratiques. 
Or.  c'est  le  cas  de  la  Semaine  de  Suzette  qui,  en  outre,  est  d'inspiration  chré- 
tienne. Ces  pages,  aboudainmeut  et  agréablement  illustrées  d'images  en. 
couleurs  et  de  gravures  en  noir,  conviennent  dotic  absolument  aux  fillettes. 
Du  reste,  quand  celles-ci  auront  lu  la  Semaine,  elles  pourront  la  passer  aux 
petits  frères,  qui  s'y  intéresseront  au  même  degré,  ou  peu  s'en  faut.  Ro- 
mans, contes,  nouvelles,  monologvies,  saynètes,  vers  à  dire,  également  des 
«  variétés  y>  telles  que  :  Sous  habillons  Blcuelte  (premières  leçons  de  couture, 
en  somme),  puis  des  Petits  Travaux,  des  initiations  au  Langage  des  JJeurs, 
des  anecdotes  et  même  la  description  de  Jeux  de  plein  air  et  d  appartement  ; 
voilà  ce  que,  notamment,  1  on  trouve  dans  la  Semaine  de  Suzette,  sans 
compter  ce  que  nous  passons  sous  silence,  avec  intention,  afin  de  laisser 
aux  jeunes  lectrices  le  plaisir  de  faire  des  découvertes.  E.-A.  C. 


Portraits  parisiens,  par  Andué  Gekmain.  Paris.  Grès,    1918.  in-16  de  243  p.  — 
Prix  :  3  fr.   30. 

Des  papotages,  mais  surveillés,  avec  la  recherche  du  piquant,  le  goût  dit 
risqué,  le  dosage  dune  certaine  «  rosserie  »,  qui  a  le  souci  de  l'informa- 
tion et  Ihuiueur.  semble-t-il,  de  quelque  rancune.  Bien  entendu,  le  point 
de  vue  religieux  y  est  traité  de  haut,  avec  une  liberté  d'irrévérence  qui  se 


—  64  — 

^nasque  de  protectrice  sympathie.  Si  des  <(  snobs  »  sont  crayonnés  sans 
pitié,  le  mal  n'est  pas  grand,  mais  si  des  auteurs  respectables  sont  carica- 
turés sans  esprit,  cela  passe  la  mesure  et  du  goût  et  du  bienséant.  L'ironie 
"est  une  arme  délicate.  Il  ne  suffît  pas  de  se  prendre  au  sérieux  pour  la  ma- 
nier avec  aisance.  Il  est  des  sujets  où  elle  n'est  pas  de  mise  et  des  maîtres 
<ju'elle  n  atteint  pas.  Louis  Théron  de  Mont.\ugé. 


La    Dimeiis^ion    nouvelle,   par   Lucien-Alphonse    Daudet.  Paris,    Crè?,  1919, 
in-12de  142  p.   —  Prix  :  3  fr. 

Ce  recuei  de  visions  aiguës,  intérieures  ou  extérieures,  est  écrit  avec  un 
vrai  talent.  Il  est  dommage  que  le  ton  en  soit  désenchanté,  parfois  amer  et 
que  la  solitude  au  milieu  du  bruit  n'inspire  à  un  observateur  d'une  saga- 
cité pénétrante  que  le  goût  du  néant.  L'observateur  est  doublé  d'un  poète, 
dont  la  poésie  est  rude,  quant  au  fond,  mais  d'une  séduction  de  forme 
prenante  et  vive.  Il  y  a  même  de  l'émotion,  et  de  la  plus  profonde,  mais 
■qui  s'étouffe  dans  la  sécheresse.  Peut-être  une  âme  se  dérobe  sous  l'émoi. 

Louis  Théron  de  Mont.\ugé. 


La  Banque  de  l'Alyérie,  par  Bernard  Lavergne.  Paris,  Librairie  de  la  Sociélé 
du  Recueil  Sirey,  1919,  in-8  de  54  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Comme  tous  les  travaux  dûs  à  la  plume  experte  et  consciencieuse  de 
M.  B.  Lavergne,  cette  étude,  parue  en  articles  dans  la  Revue  d'économie  poli- 
'tiqae,  est  une  contribution  importante  à  l'histoire  économique  de  notre 
grande  colonie  de  l'Afrique  du  nord.  Fondée  en  1851  pour  remplir  en  Al- 
gérie un  rôle  analogue  à  celui  qu'a  Joué  si  heureusement  la  Banque  de 
France  dans  la  métropole,  la  Banque  d'Algérie  a  été  l'un  des  principaux 
artisans  du  développement  économique  de  l'immense  région  soumise  à 
notre  action  et  OÙ  s'étend  son  privilège  d'émission.  Le  commerce  et  l'agri- 
culture ont  trouvé  près  d'elle,  aux  heures  les  plus  critiques,  un  concours 
des  plus  utiles,  et  pendant  la  guerre  l'État  français  lui-même  a  été  heureux 
de  faire  largement  appel  à  sa  collaboration.  Aussi  son  billet  fùt-il,  dans 
toute  l'Afrique  du  nord,  d'une  circulation  facile  et  d'un  crédit  incontesté, 
•en  dépit  de  quelques  erreurs  de  tactique  que  M.  B.  Lavergne  ne  cherche 
point  à  dissimuler.  Aussi  les  espoirs  que  l'auteur  entrevoit  pour  l'avenir 
de  ce  grand  établissement  de  crédit,  fortifié  par  le  renouvellement  récent  de 
son  monojjole,  paraîtront-ils  pleinement  justifiés  à  tous  les  lecteurs  de 
cette  brochure  aussi  élégamment  écrite  que  judicieusement  ordonnée. 

F.  L. 


.Armoriai  d'Avallon  et  de  r.Vvaliounais,  ou  Recueil  des  armoiries  des  villes 
des  corporalions  civiles  et  relujieuses   et  des  familles  npparlenant  à  la  réijion  qui  forme 
aujourd'hui    l'arrondissement    d'Avallon.    [[''    partie],  par  M.  X.  Baudenet.  Avallon. 
impr.  P.  Grand,  1917,  petit  in-8  de  31  p.,  avec  4  plancties. 

Dans  ce  premier  fascicule  de  l'Armoriai  de  l'Avallonnais,  M.  Baudericl  a 
<jtudiéles  armes  municipales  d'Avallon,  de  Vezelay  et  de  Chàtel-Censoir.avec 
un  pseudo-blason  attribué  à  Montréal.  Il  a  décrit  ensuite  les  armoiries  des 
corps  d'offîciers  du  bailliage,  de  la  prévôté  et  du  grenier  à  sel  d'Avallon, 
celles  du  corps  des  ofiiciers  de  l'élection  de  Vezelay,  puis  celles  des  commu- 
nautés de  marchands  et  d'artisans  de  la  région,  enfin  celles  des  monastères 
<?t  des  chapitres. 

Presque  tous  les  blasons  des  communautés   (laïques  ou  ecclésiastiques) 


i 


—  65  ~ 

•ont  été  tirés  de  l'Armoriai  officiol.  dressé  on  vortii  rlo  l'édit  do  16%.  Ce  re- 
cueil célèbre  contient,  à  côté  d'annoirios  authenti(jues,  présentées  par  les  in- 
téressés, des  armes  arbitrairement  créées  par  les  rédacteurs  de  l'Armoriai, 
et  par  eux  imposées  aux  personnes  et  aux  communautés  qui  avaient  né- 
^^ligé  de  faire  la  déclaration  proscrite,  ou  qui  l'avaient  faite  en  des  termes 
insufïîsammerit  clairs.  Les  2;^  blasons  attribués  aux  communautés  de 
marchands  et  d'artisans  sont  de  la  mauvaise  espèce.  M.  Baudenet  aurait  dû 
«n  avertir  le  lecteur.  M.  Prinet. 


CHRONIQUE 


ISÉcnoLOGiE.  —  .\vec  M.  Héron  de  Villefosse,  mort  le  13  juin,  à  74  ans, 
disparait  un  des  plus  éminents  archéologues  français.  >'é  à  Paris,  le 
S  décembre  184o,  .Vntoine-Marie-Albert  Héron  de  Villefosse,  à  la  suite  de 
ses  études  classiques,  se  fit  recevoir  à  l'École  des  chartes.  Quand  il  en  sor- 
tit en  1869.  il  fut  attaché  à  la  section  des  antiques  du  Musée  du  Louvre,  el 
c'est  là  qu'il  fit  toute  sa  carrière.  Conservateur  adjoint  en  1881  des  anti- 
quités grecques  et  romaines,  il  en  devitit  conservateur  en  1886  ;  et  la 
même  année  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  qui,  peu  aupara- 
vant (1882),  lui  avait  décerné  l'une  des  médailles  du  Concours  des  antiqui- 
tés nationales,  lui  donnait  l'un  de  ses  fauteuils.  La  même  année  aussi,  il 
devenait  à  l'École  pratique  des  hautes  études  directeur  pour  les  études 
d'épigraphie  latine  et  d'antiquités  romaines.  Les  ennuis  que  lui  causa 
l'affaire  de  la  fameuse  tiare  de  Saïtaphernès  ne  sauraient  ternir  les  mérites 
qu'il  s'est  acquis  par  ses  travaux  ni  rendre  suspecte  sa  valeur  d'archéologue  ; 
il  suffît  de  rappeler  qu'il  a.  entre  autres  choses,  à  son  actif  l'acquisition 
du  beau  trésor  de  Boscoreale.  Il  a  fourni  une  collaboration  active  aux 
recueils  scientifiques  :  BuUelin  inonumenlal.  Gazette  archéologique.  Mémoires 
de  la  Société  des  antiquaires.  Revue  archéologique.  Revue  de  i Afrique  française. 
Nous  citerons  de  lui  :  Des  Mesures  en  usage  en  Brie  au  xm'  el  au  xiv  siècles 
(Paris,  1874,  in-4)  ;  —  Rapport  sur  une  mission  arcfiéologique  en  Algérie 
(Paris.  1875,  in-8)  ;  —  Sur  quelques  briques  romaines  du  Louvre,  lettres  à 
Monsieur  le  directeur  de  l'École  française  de  Rome  (Paris,  1880,  in-8)  ;  — 
Les  Antiquités  d'Entrain  fNièvreJ  (Paris,  1881,  in-8)  ;  —  Cachets  d'oculistes  ro- 
mains, en  collaboration  avec  le  P.  Thédenat  (Paris,  1882,  tome  I",  in-8)  ;  — 
Inscriptions  romaines  de  Fréjus,  en  collaboration  avec  le  P.  Thédenat  (Paris, 
1884.  in-8)  ;  —  Le  Trésor  de  Boscoreale  (Paris,  1899,  in-4)  ;  —  L'Argenterie 
el  les  bijoux  d'or  du  trésor  de  Boscoreale.  Description  des  pièces  conservées  au 
Musée  du  Louvre  (Paris,  1903,  in-8). 

—  M.  Gaston  Bonet-Maury,  qui  est  mort  à  Paris  le  23  juin,  était  un  des 
membres  distingués  de  l'Église  réformée  de  France.  Né  à  Paris  en  1842, 
il  fit  ses  études  au  lycée  Henri  IV  (à  l'époque  lycée  Napoléon)  et  il  prit 
tour  à  tour  sou  doctorales  lettres  et  son  doctorat  en  théologie.  Sous-direc- 
teur du  Musée  pédagogique  pendant  quelques  années  (1883-1890),  il  pro- 
fessa depuis  l'histoire  des  religions  à  la  Faculté  libre  de  théologie  protes- 
tante. L'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  lui  avait  donné  en 
1908  le  titre  d'un  de  ses  correspondants  dans  la  section  de  morale.  Voici  la 
liste  de  ses  principales  publications  :  Les  Origines  de  la  Réforme  à  Beauvais, 
l[>32-tô6S  (Paris,  1874,  in-8)  ;  —  Gérard  de  Groole,  un  précurseur  de  la  Ré- 
Jorme  au  xive  siècle,  d'aprèsdes  documents  inédits  (Paris,  1878,  in-8)  ;  —  Quae- 
ritur  e  quibas  nederlandicis  fonlibus  hauserit  scriptor  libri  cui  lalulus  est  «  De 

Juillet  1919.  T.  CXLVI.  5. 


V 


—  6fi  — 


Jinitaiione  Christi  »   fl38^-i^6ù).   Disserlalio  cn/àvi  (Paris.  1878,  in-8)  ;  — 
Séance  de  rentrée  des  cours  de  la  Faculté  de  théologie  protestante  de  Paris  le..^ 
7  novembre  1881.  Allocution  de  M.  le  doyen  Lichtenberger.  Leçon  d'ouverture  de - 
M.  le  professeur  Bonet-Maury  (Paris,  188i.  in-8)  ;  —  Les  Origines  du  ehrislia- 
nisme  unitaire  chez  les  Anglais  (Paris,  1881,  in-8)  :  —   Musée  pédngfrgique  et' 
bibliothèque  centrale  de  renseignement  primaire.  Cnt(dogne  des  ouvrages  et  do- 
cuments (Paris,  1886-1889,  3  vol.  gr.  in-8,  dont  un  supplémentj  ;  —  Rapports 
présentés  au  Conseil  d'administration    du  Musée  pédagogique,  le  5  mars  1888, 
par  M.  le  directeur  A.  Benrier  et  M.  le  bibliothécaire  sous-directeur  M.  Bonel- 
Maury  (Paris,  1888,  in-8)  ;  —  G.-A.  liurger  et  les  Origines  anglaises  de  lu  bal- 
lade littérnire  en  Allemagne,  thèse  (Paris.  1889,  in-8)  ;  —  De  Opern  scholnstica 
Fratrum  vitae  commuais  in  Nederlandia,  Ihesim   projtonebat   Facultati    liltera- 
rum  parisiensi  ad  gradum  doctor'is  promovendus   (l'aris,    1889.  in-8)  :   —    Le 
Cardinal  Maury,  d'après  ses  Mémoires  et  sa  correspondance  inédits  {17^6-1817)  ; . 
(Paris,  1892,  in-8)  ;  —  De  l'Unité   morale  des  grandes   religions  de  la   terre 
représentées  au  Congrès   religieux  de  Chicago   (septembre    /<S95)  (Paris,  I89i,. 
in-8)  ;  —  Le  Parlement  des  religions  à  Chicago  (Paris,  1894,  in-8)  ;  —  Expo- 
sition universelle  de  Chicago  (États-UnisJ.  Congrès  des  religions.  Rapport  pré- 
senté au  congrès   des   églises   unitaires   dans  sa  séfutce  du  10  septembre    1893.' 
(Nîmes,  1894,  in-8)  ;  —  Le  Congrèa^^des   religions   à  Chicago  en  1893  (Paris,. 

1895,  iii-16)  ;  —  Dieu  dans  l'histoire  (Paris,  1895,  in-8)  :  —  De  la  Signijkalion. 
morale  et  religieuse  des  fêtes  publiques   dans  les  répuliliques  modernes  (Dole, 

1896,  in-8)  ;  —  Kiefetla  Conver.'iion  des  Russes  au  christianisme  (Paris.  1897, 
in-8)  ;  —  Histoire  de  la  liberté  de  conscience  en  France  depuis  ledit  de  Nanies 
jusqu'à  juillet  1870  (Paris,  1900,  in-8)  ;  — Les  Premiers  Témo'ignages  de  l'in- 
troduction du  christ ianistne  en  Russie  (Paris,  1901,  in-8). 

^ —  M.  le  baron  Alphonse  de  Courcel,  membre  libre  de  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques,  qui  est  mort  au  début  de  juin  à  84  ans, 
était  né  à  Paris  le  30  juillet  1835.  Il  y  avait  fait  ses  études  classiques  et  pris 
sa  licence  en  droit,  et  il  était  allé  chercher  en  Allemagne  le  titre  de  doc- 
teur en  droit.   Entré  dans  la  carrière  diplomatique,  à  laquelle  le  ratta- 
chaient des  traditions  de  fainille,  après  un  court  séjour  à  Bruxelles  (1859), 
puis  à  Saint-Pétersbourg  (1861)  comme  atlaché  d'ambassade,  il    revint  à. 
Paris  où  il  fut    attaché  à  la  direction  politique  du  ministère  des  affaires- 
étrangères  ;  il  en  devint  sous-directeur  en   1869,  directeur  en  1880.   Après- 
avoir  été  ambassadeur  à  Berlin  (1881-188G),  il  se  fit  mettre  en  di<i)onibilité 
et  il  brigua  en  1892  un  siège  au  Sénat,  où  il  ne  cessa  depuis  lors  d(>  repré- 
senter le  département  de  Seine-et-Oise.  Il   siégeait  au  Centre  gauche,  dont 
il  devint  le  vice-président.  Il  reprit  du  service  diplomatique  pour  aller  re- 
présenter  la    France  à    Londres    (18:)4-1897),    puis    comme    ambassadeur 
extraordinaire  aux  funérailles  de  (lliristian  l\  (1906).    1-^n    même   temps 
qu'un  diplomate  et  un  homme  politique  le  baron  de  Courcel  était  unliii 
et  aimable  causeur  et  un  érudit  sans  pédanlismc.  La  Société  de  l'histoire 
de  France,  la  Société  d'histoire  contemporaine,  la  Société  d'histoire  (lij)lo- 
matique,  entre  autres,  s'honorèrent  de  l'avoir  comme  président  ou  vice- 
président.  Nous  citerons  de  lui  :  De  mutalione  l'ihertatis  germanicae  quoad 
fundandam  principum  super'ioritatem  in  territoriis  regni  teutonici   dissertatio 
(1858,  in-8)  ;  —  Ministère  des  affaires  étrangères.  Rapport  sur  les  tr(nutux  de 
In  Commission  des  archives  diplomatiques  pendant  les  années  IS9I  et  L'^99  (et' 
1893  et  189^1)  (Paris,  1893-18!)5.  2  fasc.  in-8)  :  —  Société  d'histoire  diploma- 
tique. Notice  sur  M.  le  duc  de  Urogtie  (Paris.  1901.  in-8)';  — 'Notice  sur  la 
vie  et  les  travaux  de  Monsieur  Louis  Buffet  (Paris,  1902,  in-lG)  :  —  Ministère- 


—  67   - 

des  affaires  élruru/ères.  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Commission  des  archives 
diploinaliiiucs  et  sur  le  fonctionnement  des  services  des  archives  et  de  la  Inhlio- 
thèqae,  années  189U  à  l'JOU  (Paris.  1904,  in-8)  ;  —  Or(jani.<ation  des  troupes 
colordalrs  (Paris,  1000,  iti-i;  ;  —  Rapports  et  notices  sur  les  Mémoires  dit  car- 
dinal de  Hichelieii,  préparés  sous  la  direction  de  M.  J.  Lair  et  le  baron  de 
Courcel  (Paris,  1907.  T-  1.  in-8j. 

—  M.  Pierre  Paul-l'raiiçois  Cunisset-Cah.not  est  mort  dans  les  pieinicrs 
jours  de  juin.  Né  à  l'ouilly-eri-Auxois.  le  10  mai  1849.  il  fut  d'abord  élève 
au  lycée  de  Dijou,  puis  vint  à  Paris  où  il  fit  de  brillantes  études  et  fut 
reçu  docteur.  En  1872,  il  se  fit  inscrire  comme  avocat  à  la  cour  d'appel  de 
Paris,  puis  à  celle  de  Dijon  en  1878.  Le  11  mai  188G,  il  était  avocat  général,. 
le  1"  décembre  suivant  procureur  généial  près  la  cour  d'appel  de  Dijon. 
Ayant  épousé  la  fille  du  Président  de  la  République  Sadi  Carnot,  il  joignit 
à  son  nom  celui  de  Carnot.  Il  a  donné  des  articles  fort  estimés  à  la  Revue 
des  Deux  Mondes,  à  la  Revue  Bleue,  à  la  Revue  scieidifique  etc.,  etc.  Parmi 
ses  ouvrages  on  peut  citer  :  De  la  Preuve  littérale  en  droit  romain,  de  la 
preuve  testimoniale  en  droit  civil  français  (Paris.  1878,  in-8)  ;  —  La  Querelle 
du  président  de  Brosses  avec  Voltaire  (Dijon.  1888,  in-lti)  ;  —  Du  Lièvre  (Pa- 
ris. 1888,  in-lC)  ;  —  Vocables  dijonnais  (Paris,  1889,  in-32)  ;  —  Le  Petit 
Agronome,  prender  livre  d  agriculture  et  d'horticulture  (Paris,  1890,  in-8)  ;  — 
L'Avocat  de  tout  le  monde,  guide  pratique  de  législation  usuelle...  avec  toutes  les 
formules  et  modèles  d'actes»  usités  dans  la  pratique  (Paris,  1891,  in-8)  ;  —  La 
Conciliation  des  affaires,  formulaire  complet  des  lois  et  des  actes  usuels,...  suivi 
de  :  la  comptabilité  et  les  comptes  faits  par  Mullaire  (Pouilly-cn-Montagne, 
1892,  in-8)  ;  —  Le  Livre  d'agriculture  (Paris,  1893,  in-12)  ;  —  Étrange  l'or- 
lune  (Paris,  1894,  in-18)  ;  —  Un  Mouvement  séparatiste  sous  Louis  XUL 
L'Émeute  des  Lanturelus  à  Dijon  en  /630  (Dijon,  1897,  in-i6)  ;  —  Conlepour  le 
jour  de  Xoel  (Paris,  1903,  in-16)  ;  —  Flâneries  d'un  chasseur  par  les  champs, 
par  les  bois  et  ailleurs  (Paris,  1905,  in-18)  ;  —  Pour  les  ch^s.<;eurs.  Pailes  bien 
vos  cartouches,  calmez  vos  nerfs  (Dijon,  in-12).  Il  donnait  au  Temps  des. 
articles  estimés  sur  la  chasse  et  la  vie  à  la  campagne. 

—  Nous  consacrerons  encore  quelques  lignes  à  un  des  membres  les  plus 
sympathiques  du  corps  médical  catholique.  M.  le  D"^  Henri  Dauchez,  mort 
vers  le  milieu  de  juin,  était  né  à  Paris  le  23  juin  1853.  Après  ses  études 
classiques,  il  se  tourna  du  côté  de  la  médecine,  fut  interne  des  hôpitaux 
de  Paris  et  de  l'hospice  des  Enfants  malades  et  le  dévouement  qu'il  y  mon- 
tra lui  valut  une  médaille  de  bronze  de  l'Assistance  publique  II  se  fit  rece- 
voir docteur  en  1883  avec  une  thèse  sur  les  Éruptions  vaccinales  généralisées 
(Paris,  1883.  in-4).  Gomme  il  n'était  pas  seulement  un  homme  de  science, 
mais  un  homme  de  foi  (il  appartenait  au  tiers  ordre  de  Saint-François),  il 
fut.  avec  notre  regretté  collaborateur  le  D'  Ferrand,  l'un  des  initiateurs  de 
la  nouvelle  Société  de  Saint-Luc,  Saint-Côme  et  Saiut-Damien.  qui  groupe 
les  médecins  chrétiens,  et  il  en  demeura  jusqu'à  sa  mort  l'actif,  dévoué  et 
aimé  secrétaire  général.  Nouspouvons  citer  de  lui.  en  dehors  de  sa  collabora- 
tion aux  revues  médicales,  les  ouvrages  suivants  :  Des  Éruptions  vaccinales 
généralisées  (vaccinides)  et  de  quelques  dermatoses  suscitées  ou  rappelées  par  la 
vaccination  (Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Notice  fdstorique  sur  l'ancienne  corporation 
des  chirurgiens,  dite  confrérie  de  Saint-Côme  (Lille,  1884,  in-8)  ;  —  Du  Diagnos- 
tic de  quelques  accidents  de  croissance  (Lille,  1887,  in-8)  ;  —  De  la  Crémation 
et  de  l'inhumation  comparées  au  point  de  vue  hygiénique,  social  et  sanitaire 
(Lille.  1889,  in-8)  ;  —  De  l'Amygdalite  infectieuse  et  contagieuse  (Paris,  1889, 
in-8)  ;  —  Des  Diverses   Variétés  d'amygdalites  et  du  caractère  contagieux  de 


—  68  — 

Vamygdalile  grippale  (Paris,  1890,  in-8J  ;  —  La  Médecine  au  temps  de  sainl. 
Luc  (Lille,  1893.  in-8)  ;  —  Nouveau  Formulaire  magistral  de  consultations  in- 
Jantiles  (Paris,  1898,  in-8)  ;  —  Vade-mecum  de  posologie  et  de  Uiérapeutique 
infaniiles  (Paris,  1898,  in-18)  ;  —  L'Église  Saint-Côme  de  Paris  {1205-1236) 
^t  l'Amphithéâtre  d'analomie  de  Saint-Cosme  {i69t)  (Paris,  1904,  in-8). 

—  Le  célèbre  criininaliste  Franz  von  Liszt,  qui  vient  de  mourir  à  Berlin, 
était  né  à  Vienne  le  3  mars  1851.  d'une  famille  apparentée  au  fameux 
TOusicien.  Il  commença  ses  études  dans  sa  ville  natale  et  les  poursuivit  aux 
Universités  de  Gœttingue  et  d'Heidelberg.  Privatdozent  de  droit  criminel  à 
Graz  (1875),  il  fut  bientôt  appelé  (1879)  à  Giessen  comme  professeur  ordi- 
naire ;  il  passa  de  là  à  Marburg  (1882),  à  Halle  (1889)  et  à  Berlin  (1899).  Son 
séminaire  était  l'un  des  plus  recherchés  parles  étudiants.  Gomme  criinina- 
liste, M.  Liszt  était  l'un  des  représentants  les  plus  notoires  —  et  en  Alle- 
magne le  plus  éminent.  —  de  la  tendance  qui  voit  dans  la  criminalité  une 
maladie  sociale  ;  et  c'est  celte  tendance  que  défendait  la  revue  fondée  par 
lui  et  par  Dochow  en  1881  sous  le  titre  de  Zeitschrifl  fiir  die  gesanile 
Strafrechtsioissenschaft.  11  avait  été  l'un  dos  initiateurs  et  était  demeuré 
lesecrétaire  de  l'Association  criminaliste  internationale.  Cela  ne  l'empêche 
pas  d'être  l'un  des  signataires  du  fameux  manifeste  des  93.  Nous  citerons 
de  lui  les  ouvrages  suivants  :  Meineid  und  falsclies  Zeugnis  (Wien,  1876,  in-8)  ; 

—  Die  falscJie  A  ussage  vor  Gericht  oder  ojfentlicher  Behorde  nach  deulschem  und 
osterreichischem  Recht  (Graz,  1877,  in-8)  ;  —  Lehrbuch  des  osier reichischen 
Pressrechts  (Leipzig,  1878,  in-8)  ;  —  Das  deutsche  ReichsPressrecht  (Berlin, 
1880,  in-8)  ;  —  Das  deutsche  Reichsstrafrecht  (Berlin.  1881,  in-8,  souvent 
réimprimé  sous  le  titre  :  Lehrbuch  des  deulschen  Slrafreclds)  :  —  Die  Reform 
des  juristischen  Studium  in  Preussen  (Berlin,  1886,  in-8)  ;  —  Der  italienische 
Strafgestzeniwarf  von  1887,  L  Buch,  allgemeiner  Teil,  kritisch  tjesprochen 
(Feiburg  i.  B.,  1888,  in-8)  ;  —  Die  Grenzgebiete  zivischen  Privalrechl  und 
Slraf recht •(lieilin,  1889,  in-8)  ;  —  Lasst  das  Zwangserziehungs-Gesetz  Verbes- 
serungen  uninschenswerth  erscheinen  ?  (Halle,  1892.  in-8)  ;  —  La  législation  pé- 
nale comparée.  Le  droit  criminel  des  états  européens  (Berlin,  1894,  gr.  in-S), 
<Tvec  B.  Allmena,  L.  W.  C.  van  den  Berg,  V.  Berg  et  autres  ;  — Die  Delikts- 
obligalionen  im  System  des  biirgerlichen  Gesetzbuclis  (Berlin,  1898.  in-8)  ;  — 
Das  Volkerrectil  (Berlin,  1898,  in-8)  :  —  Das  Verbrechen  als  sozialpnthologisch^ 
Ersctieing  (Dreiden,  1899,  in-8)  ;  — Die  Gefnngnisarbeit  (Berlin,  1900,  in-8)  ; 

—  DieZwangserzieliung{]iiprl\n,  1 901 ,  in-8),  avec  Frieda  Duensing;  —  La  Légis- 
lation pénale  comparée.  Le  droit  criminel  des  États  non  européens  (Berlin.  1902. 
in-8)  ;  —  Strafrechtliclie  Aufntze  und  Foriraye  (Berlin,  1905,  2  vol.  in-8)  ;  — 
Die  Reform  des  Strafuerfahrens  (Berlin.  1906.  in-8);  — Strafbemessung  im 
Vorentîvurf  zu  einem  deutschen  Slrafgesetzbuch  (Berlin,  1910.  in-8)  ;  —  Die 
Reform  des  Reiclisstrafgesetzbuchs  (Berlin,  19l0.  2  vol.  in-8).  avec  L.  von  Bar. 
A.  Graf  zu  Dolina,  R.  Frank,  E.  F.  Archrott  et  autres.  Son  Traité  de  droit 
pénal  allemand  i\  été  traduit  en  français  sur  la  7*  édition  (Paris,  1911-1913, 
2  vol.  in-8). 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  M.  .\rlot,  rédacteur  à  l'Agence 
Ilavas,  mort  à  Asfold  (Ardennes).  le  13  juin  ;  —  Henri  Boltkt,  dessinateur, 
graveur  et  illuslraleur  de  nombreux  ouvrages,  pour  lesquels  il  avait  gravé 
ou  litiiogiaphié  divs  compositions  qui  resteront  coiume  de  curieux  docu- 
ments sur  la  vie  et  la  mode  féniinine  de  notre  temps,  parmi  lesquels 
f)uvriiges  nous  rappellerons  :  Les  Modes  féminines  du  xix"  siècle  (La  PlumeJ 
<Paris.  1900.  in-4)  ;  Un  Siècle  de  Parisiennex  (Paris,  1900)  ;  Les  Modes  fémi- 
nines au  xix"  siècle  (100  pointes  sèches  aquarellées  au  poinçon)  (Paris,  1902)  ; 


—  69  — 

Dix  dessins  choisis  d'Auguste  Rodin  (Paris,  d90i),  mort  le  9  juin;  ; —  M.  Biit- 
i.Ani),  professeur   .-m   lycée   Charlemagne,  mort   cri  juin  ;  —    Claude   Dai,- 
GouTTE,  doyen  de  la  presse  niçoise,  fondateur  du  journal  les  Échos  de  A'ice, 
mort  à  93  ans,  le  8  juin  :  —  Lucien  Dflaiirolssk.  collaboraleiir  du  journal 
le  Temps,  mort  le  31  mai  ;  —  Charles  Giraldeau.  rédaclcurau  l'iynro,  sous 
le  pseudonyme  de  Filz-Maurice,  mort  le  7  juin  ;  —  Émilc  Gratis,  profes- 
seur au  collège  d'Espalion.  mort   le  1"  juin  ;  —  le  Dr  Jean-Bapliste   He.\- 
ROT.  professeur  à  l'Ecole  de   médecine  de   Reims,  puis  directeur  de  cetliv 
école  de  1896  à  1906,  dont  on  se  rappelle  une  communication  récente  lue 
à  l'Académie  de  médecine  où  il  a  décrit  une  maternité  installée  dans  des- 
bâtiments  bombardés  journellement  et  à  heure  fixe,  mort  dernièrement  à 
Heims.  à  làge  de  80  ans  ;  —  le   K.  P.  Ange   Le   Doré,  supérieur  général 
des  eudistes,   qui  fut  l'âme  de  la  résistance  aux  lois  contre  les   congréga- 
tions et  à  qui  l'on  doit  :  Lé  Vénérable  Jean  Eudes,  premier  apolre  des  Sacrés 
Cœurs  de  Jésus  et  de  Marie.  Étude  historique  (Paris,  1875,  in-12)  ;  Les  Sacréa 
Cœurs  et   le    Vénérable  Jean  Eudes,  premier  apôtre  de  leur  culte.  Première 
partie:  Élude  historique  ;  deuxième  partie.    Étude    théorique   (Paris,    1891, 
2   vol.  in-8)  ;  La   Congrégation  des  eudistes  devant   le   tribunal  de   la   Seine 
(^26  janvier  /904r)  (Paris,  1904,  in-8)  ;  La  Persécution.  Devoir  des   catholiques 
(Paris.  1905,  in-16)  ;  Le  Sacré-Cœur  de  Jésus.  Son  amour  d'après  la  doctrine 
du  bienheureux  Jean  Eudes  (Paris.  1910,  in-12),  mort  le  10  juin  ;  —  Pierre 
Ménard.  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  auteur  de  travaux  importants  sur 
le  bacille  diphtérique,  sur  la  tuberculose  et  sur  la  grippe,  mort  le  3  juin  ; 
—  Jenn-Claude-Alfred  Prost,  qui  a  collaboré  à  la  Revue  franc-comtoise  et  a\i 
Moniteur  des  arts  et  laisse  un  certain  nombre  d'ouvrages  parmi  lesquels  on 
peut  citer  :  Le  Marquis  de  JouJJroy  dWbbans,  inventeur  de  l'application  de  la 
vapeur  à  la  navigation  (Paris,    1890,  in-8)   ;    Le   Comte    de  Ruolz-Montchal, 
musicien  (Paris.  1890,  in-12)  ;  Fandlle  d'artistes.  Les  Thénards  (Paris,  1900. 
gr.  in-8)  ;  Deux  Œuvres  de  Greuze.  Madame  Royale  à  la  prison  du  Temple  et 
Mgr  le  Daupliin  au  musée  de  Besançon  (Paris.  1903,  in-8)  :  Souvenirs  de  Bel- 
gique et  de  Hollande.  TVi  Dessin  de  Colyer  Edouard  (Paris,  1908.  in-16),  mort 
dernièrement  à  Paris,  à   l'âge   de  73  ans  ;  —t  Charles    Ravaisson-Mollien, 
conservateur  des   sculptures    grecques   et   romaines  au  Musée  du  Louvre, 
auteur  de  différents  ouvrages  entre  autres  :  Les  Matiuscrils  de  Léonard  de 
Vinci.  Tome  VI  (et  dernier)  manuscrit  H.  de  la  bibliothèque  de  l'Institut,  A  S  If 
2038  et  2037  de  la  Bibliothèque  nationale,  publiés  en  fac-similés  phototypiques, 
avec  transcriptions  littérales,  traduction  française.  Avant-Propos  et  tables  mé- 
thodiques (Paris,  1891,  in-folio;  ;  Conjectures  à  propos  d'un  buste  en  marbre 
de  Béatrix  d'Esté  au  Musée  du  Louvre  et  Élude  sur  les  connaissances  botaniques 
de  Léonard  de  Vinci,  mort  le  30  mai  ;  —  le  général  de  division  Paul  Peigné, 
lequel  a  écrit  de  nombreuses  études  militaires,  notamment  sur  l'Artillerie 
aériennf,  puis  :  Métrographie  internationale  ("1867.  in-18)  :  Formule  pratique 
des  télémètres  (1879.  in-8)  ;  La  Topographie  automatique  ( \SSi ,  in-4)  et  à  qui 
l'on  doit  la  Boussole  alidade  qui  d'ailleurs  porte  son  nom,  mort  à  79  ans, 
le  3  juin  ;  —  l'abbé  Charles  Sellier,  professeur  au  collège  de  Notre-Dame 
à  Guéret,  mort  le  16  juin. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Oscar  Fay  Adams,  auteur, 
entre  autres  ouvrages,  de  :  A  Handbook  of  English  authors  et  .4  Handbook  of 
American  authors.  mort  le  31  avril,  à  Nortli  ïruro  iMassachusetts)  ;  — 
John  Wallace  Baird,  professeur  de  psychologie  à  Clark  University,  éditeur 
de  ï American  journal  of  p.<:ycholugy,  mort  à  Worcester  (Massachusetts,!,  à 
47  ans  ;  —  Cari  von  Bardeleben,  professeur  à  l'Université  d'Iéna,  médecirk 


—  70-  .- 

et  anatomisle  distingué,  à  qui  l'on  doit  notamment  un  Atlas  d'anatomie 
topographique,  maintes  fois  imprimé  et  un  Lekrbuch  der  sysletnatischen 
Analomie  des  Menschen  (Wien,  1906,  3  vol.  gr.  in-8),  éditeur  de  l'Aiialomi- 
scher  Anzeiyer,  mort  récemment  ;  —  Joseph  Barrell,  géologue  américain, 
professeur  à  Yale  TJniversity,  mort  le  4  mai,  à  50  ans  ;  —  Lyman  Frank 
Baum,  auteur  de  livres  pour  la  jeunesse  fort  populaires  aux  États-Unis, 
mort  âgé  de  63  ans,  le  6  mai,  à  Hollywood  (Californie)  ;  —  le  I)'"  George 
HoDGKs,  doyen  de  l'École  épiscopale  de  théologie  de  Cambridge,  Mass., 
auteur  d'ouvrages  estimés  :  Tlie  Episcopal  Chnrch  (t889)  ;  In  Ihis  présent 
U'orld  (1896)  ;  William  Penn  (4899)  ;  The  Parsuit  of  happiness  (l906)  ;  Reli- 
(jion  in  a  luorld  al  war  (1917),  et  -,  mort  à  63  ans,  le  27  mai  ;  —  Alexis  Anas- 
tay  .Julien,  géologue,  membre  de  l'Académie  des  sciences  de  New  York, 
auteur  de  nombreux  mémoires  géologiques,  mort  à  79  ans.  le  7  mai  ;  — 
Lawrence  Morris  Lambe.  paléontologue  canadien,  membre  de  la  Société 
royale  du  Canada,  dans  les  Mémoires  de  laquelle  il  a  publié  ses  principaux 
travaux,  mort  à  56  ans  ;  —  le  D'  George  William  Mould.  ancien  professeur 
du  cours  des  maladies  mentales  à  l'Owen's  collège,  Manchester,  président 
de  la  Medico-psychological  association,  mort  en  mars,  à  84  ans  ;  —  Her- 
miiio  Olôriz,  correspondant  de  l'Académie  d'histoire  de  Madrid,  auteur, 
entre  autres  ouvrages,  de  :  Fundaniento  y  defensa  de  los  fiieros  (1880,  in-8)  : 
Rescimen  historico  del  anligiie  reino  de  Navarra  (1887,  in-8),  mort  en  mai, 
à  Pampelune  ;  —  Abraham  Bewor  Osborne,  libraire  antiquaire  et  généa- 
logiste anglais,  mort  le  3  mai,  à  Hampstead,  âgé  de  72  ans  ; —  Jolm  Tho- 
mas Page,  collaborateur  des  Noies  and  qiieries,  et  de  The  East  London 
Adverliser,  collectionneur  d'autographes,  mort  à  Long  Itchington,  War- 
wickshire,  le  16  mars  ;  —  Charles  BrinckerhofT  Richards,  professeur  du 
agonie  mécanique  à  Yale  University  de  1884  à  1909,  mort  à  87  ans,  le 
21  avril  ;  —  Niels  Christian  Rom,  éditeur  connu,  auteur  de  Den  danske 
Husjlid  (1871)  ;  Haandgerningsboçj  fœr  Ungdomenen  (1875),  et  de  nombreux 
ouvrages  pour  la  jeunesse,  très  populaires  en  Danemark,  mort  à  80  ans, 
le  26  avril,  à  Copenhague  ;  —  Henry  Morse  Stephens,  professeur  tour 
à  tour  à  la  Cornell  University  et  à  l'Université  de  Californie,  auteur, 
entre  autres  ouvrages,  de  :  Hislory  ofthe  French  Revohilion  (1886-1892.  2  vol. 
în-8)  ;  Principal  speeches  of  the  stalesmen  and  oralors  of  Ihe  French  Revohdion 
(1892,  in-8)  ;  The  Slory  of  Portugal  (1891,  in-8)  ;  Allmquerque  (1892,  in-8)  ; 
Revolalionary  Europe,  1789-18lb  (1893,  iu-8),  mort  à  61  ans,  le  16  avril,  à 
San  Francisco. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  bei.les-i.ettres.  —  Le 
30  mai,  M.  Théodore  Heinach  communique  et  traduit  un  fragment  d'un 
dithyiambe  de  Pindare  décrivant  une  sorte  de  carnaval  de  dieux  olym- 
piens, récemment  découvert  en  Egypte  et  publié  par  MM.  (Irenfell  et  Hunt. 
Ce  fragment  prouve,  contrairement  à  l'opinion  des  érudits  allemands,  que 
les  dithyrambes  de  Pindare  avaient  la  structure  en  strophes.  —  MM  Alfred 
Croiset,  Maurice  Croiset  et  Clermont-Ganneau  présentent  quelques  obser- 
vations —  Le  20  juin.  M.  Haussoullier  communique  à  r.\cadémie  la  lettre 
d'un  correspondant  faisant  connaître  que  les  bibliolhè(iues  de  l'Université 
de  Beyrouth  n'ont  pas  été  gravement  éprouvées  par  les  événements.  — 
M.  Franlz  Cumonl  communique  une  lettre  de  M.  Stéphane  Gsell,  qui  a 
revu  récenjment  à  Madame  rimi)ortante  dédicace  de  fidèles  de  Mà-Bellone, 
découverte  en  1917.  Il  ressort  de  cette  revision  que  l'inscription  mentionne 
non  des  haslij'eri  ou  «  porte-lance,  »  mais  des  cisliferi  ou  «  porto-ciste  » 
de  la  déesse.  —  M.  le  comte  Durrieu  commence  la  lecture  d'une  étude  sur 


—  71  — 

■tes  lieUiHoiis  de.  Léonard  de  Vinci  avec  le  l'rnnrnix  Jenn  Perrral,  qni  fit 
-peiiilic  tM>  lilrc  des  rois  de  France  Cliarles  \  III,  Louis  XII  et  Fiançois  I". 
L'existence  de  ces  relations  est  établie  par  nne  note  autographe  de  Léonard 
-de  Vinci,  conservée  à  Milan.  —  Le  27,  M.  Cncq  donne  lecture  de  la  suite 
de  sa  coninuinication  sur  Une  Tablette  à  la  cire  du  musée  de  Leeuwarden, 
en  Hollande,  qui  contient  une  inscripion  en  lettres  cursives  donnant  le 
texte  d'un  acte  du  I"  siècle  de  notre  ère,  par  lequel  un  paysan  faisait  une 
convention  pour  la  vente  d'un  bœuf  à  un  citoyen  romain.  —  M.  H.  de 
Castries  lit  une  communication  intitulée  ;  Du  nom  d' Alhmnljra  donné  au 
palais  des  souverains  à  Merrakech  et  à  Grenade. 

Lecturks  kaitks  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  —  Le 
30  mai,  M.  Varagnac,  conseiller  d'État,  donne  lecture  d'une  communica- 
tion sur  les  Vues  mondiides  d'Emilio  Caslelar,  le  plus  grand  orateur  de  l'Es- 
pagne et  son  plus  célèbre  écrivain  au  xix"  siècle.  —  Le  7  juin,  le  D'  Armand 
Delille,  médecin  des  hôpitaux  de  Paris,  lit  un  travail  où  il  expose  le  Rôle 
moral  des  visiteuses  dans  les  dispensaires  d'hygiène  sociale.  —  M.  PouJc^y  lit 
une  communication  relative  au  Statut  arménien  du  mariage  et  du  divorce. 

Prix.  —  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  dans  sa  séance  du 
•6  juin,  a  décerné   le   premier   prix   Gobert    (900Q  fr.)  à  M.  Ferdinand   Lot 
{Lancelot  en  prose.)  et  le  2''  prix  (1000  fr.)  à. M.  Philippe  Barrey  (Les  Origines 
de  la  colonisation  fram'aise  aux  Antilles). 

—  Dans  sa  séance  du  3  juillet,  l'Académie  française  a  décerné  les  ré- 
compenses suivantes  : 

Prix  du  Budget  (poésie)  (4.000  fr.),  à  M.  Jacques  Debout  :  Les  Morts 
fécondes. 

Prix  Toirac  (i.OOO  fr.),  à  M.  Marcel  Girette  :  Le  Joueur  d'illusions. 
Prix  ;\iontyon.  Deux  prix  de  l.oOO  fr.  :  à  M^L  Jean  Giraudoux  et  Jean  Sai- 
son (ce  dernier  n'est  autre  que  notre  collaborateur  M.  A.  de  Tarlé). 

Quatre  prix  de  l.OOO  Ir.  :  à  M.  de  Caix  de  Saint-Aymour,  M""  Henriette 
Celarié,  MM.  Jean-Jules  Dufour  et  de  Gibon. 

Quatorze  prix  do  .")00  fr.  :  à  MM.  Arsène  Alexandre  :  Les  Monuments  fran- 
çais détruits  par  l'Allemagne  ;  Oscar  Havard,  notre  collaborateur  :  Le  Prê- 
tre-soldat dans  r histoire  ;  Louis  Hourticq  :  Récits  et  réflexions  d'un  combattant  ; 
Edmond  Sée  :  Va  Cousin  d'Alsace  ;  Marcel  Bloch,  le  chanoine  Alexis  Cros- 
nier.  M""  J.  Galzy,  José  Germain^  ÉmiJe  Henriot,  Pierre  Lasserre.  Henri 
Malo.  René  Ristelhuebcr.  Georges  Gustave-Toudouze,  Géo  Vallis. 

Quinze  prix  de  300  fr.  :  à  MM.  Arnould  Galopin  :  Sur  le  Front  de  mer  ; 
:notre  collaborateur  Henri  Froidevaux  :  La  Grande  Route  de  l'ancien  monde  ; 
Gabriel  Timmory  :  Les  Kriehenrinckx  ;  M°"=  Génina  Clapier.  MM.  J.  Donat 
et  J.  Signorel.  Martial  Drouël,  Jacques  Fierre.  le  commandant  .\.  Grasset, 
Georges  Iloog.  labbé  Th.  Mainage.  Edward  Montier,  G.  de  Roux.  M"«  A. 
de  Villèle.  M.  Charles  Weimann. 

Prix  Juteau-Duvigneaux  (2.500  fr.,  morale).  Deux  prix  de  l.OOÛ  fr  :  à 
Mgr  Pierre  BatifTol  et  à  M.  l'abbé  P.  Pourrat.  —  Un  prix  de  300  fr.  à  Mgr 
Kannengieser. 

Prix  Sobrier-Arnould  (2.000  fr.,  littérature  morale).  Deux  prix  de 
1.000  fr.  :  à  MM.  Jacques  Lavoine,  mort  pour  la  France  (1896-1917)  et  le 
sous-lieutenant  Eugène  Pic. 

Prix  Furtalo  (l.OOQ  fr.,  littérature  utile),  à  l'ouvrage  intitulé  :  Un  Soldai 
de  France.  Lettres  d'un  médecin  auxiliaire,  191^-1917 . 

Prix  Fabien  (3.200  fr.,  amélioration  de  la  situation  morale;.  Un  prix  de 
1.700  fr.  à  M.  Jean  Vie.  —  Un  prix  de  1  000  fr.  à  M.  A.  Pinard.  —  Un  prix 
».dc  500  fr.  à  M.  Alfred  Krus. 


—  72  — 

Prix  Charles  Blanc  (2.400  fr.,  questions  d'art).  Deux  prix  de  1.000  fr.  z 
à  notre  collaborateur  M.  André  Pératé  :  Sienne,  et  à  Mgr  Landrieux.  —  Un^ 
prix  de  400  fr.  à  M.  Alfred  Bel. 

Prix  Davaine  (1.500  fr.,  prose),  à  M.  Raymond  Jubert  :    Verdun. 

Prix  Dodo  (800  fr.,  actes  de  vertu  ou  de  courage).  Un  prix  de  600  fr.  à- 
M.  J.  .\ulneau.  —  Un  prix  de  200  fr.  à  M.  de  Montmorillon. 

Prix  de  Jouy  (1.400  fr.,  étude  de  mœurs  actuelles).  Deux  prix  de  500  fr., 
à  M.  Robert  Guiilou  :  La  Française  dans  ses  quatre  âges  et  à  M"'  Marguerite 
Coniert.  —  Un  prix  de  400  fr.  à  M.  Charles-Maurice  Chenu. 

Prix  Jules  Favre  (1.000  fr.,  œuvre  de  haute  littérature  faite  par  une 
femme),  à  M""'  Marguerite  Combes  :  Hélène  enchaînée. 

Prix  de  Joest  (2.000  fr.,  ouvrage  utile  au  bien  public).  Partagé  également 
entre  MM.  Albert  Cassagne  et  Gabriel-Tristan  Franconi. 

Prix  Thérouanne  (4.000  fr.,  travaux  historiques).  Troix  prix  de  1 .000  fr.  ; 
à  MM.  Julien  Rovère,  l'abbé  A.  Sachet  et  Ph.  Sagnac.  -  Deux  prix  de 
500  fr.  :  à  MM.  l'abbé  Ferdinand  Gaugain  et  Marc  de  Viiliers. 

Prix  Tliiers  (2.800  fr.,  littérature  et  travaux  historiques).  Un  prix  de 
■1.800  fr.  à  M.  A.  Gérard  ;  un  autre  de  1.000  fr.  à  M.  Frédéric  Barbey. 

Prix  Bordin  (3.000  fr.,  haute  littérature).  Partagé  également  entre 
MM.  Albert  Cherel  et  Emile  Ripert. 

Prix  Marcellin  Guérin  (5  000  fr.,  tous  genres  de  littérature).  Deux  prix 
de  1.000  fr.  à  MM.  René  Lote  et  Georges  Maspero.  —  Six  prix  de  500  fr.  : 
à  MM.  ïh.  Delmont,  Albert  Mahaut,  l'abbé  G.  Mugnier,  l'abbé  J.  Pasquier, 
André  Soulange-Bodin  et  Paul  Vergnet. 

Prix  J.-J.  Weiss  (1.000  fr.,  ouvrage  en  prose  de  pur  style  classique),  à 
M.  Camille  Mauclair  :  Charles  Baudelaire. 

Prix  Saintour  (3.000  fr.,  étude  de  notre  langue),  à  M.  A. -M.  Foulet  :  Le 
Honian  de  Renart. 

Prix  Langlois  (1.200  fr.,  traduction  d'un  ouvrage),  à  M""=  Odette  Rai- 
mondi  Matheron  :  .Alan  Seeger,  le  poêle  de  la  Légion  étrangère. 

Journées  grégoriennes  de  Lourdes.  —  Le  goût  des  chants  liturgiques 
se  répand  assez,  grâce  à  Dieu,  en  France  pour  que  l'on  puisse  espérer  que 
les  «  journées  grégoriennes  »  qui  sont  organisées  à  Lourdes  pour  les  26,  27 
et  28  août  par  la  Société  des  amis  du  grégorien  seront  fréquentées  et  auront 
un  plein  succès.  Elles  auront  «  un  caractère  d'enseignement  et  de  démons- 
tration avant  tout  pratiques  et  ne  comporteront  pas  de  discussion  sur  des 
questions  d'école  ou  d'ordre  scienlifique.  Le  premier  jour,  Dom  Lucien 
David  fera  une  conférence  sur  lart  grégorien  et  la  prière  chantée  et 
M.  l'abbé  Los  place  une  communication  sur  le  chant  grégorien,  chant  émi- 
nemment populaire  ;  le  28,  M.  le  chanoine  Marty  présentera  un  rapport  sur 
l'état  présent  du  chant  sacré  en  France.  Des  auditions  de  musique  grégo- 
rienne, une  exposition  des  éditions  françaises  et  belges  de  chant  sacré 
complètent  le  programme  de  cette  intéressante  réunion  à  laquelle  on  peut 
obtenir  une  carte  d'entrée  pour  1  fr.  50.  Le  compte  lendu  sera  publié  en 
octobre,  au  prix  de  souscription  de  2  fr.  (S'adresser  à  M.  le  chanoine  Marty, 
évêché  de  Perpignan). 

Paris.  —  Les  Vingt-sept  lettres  inédites  de  Callierlne  de  Médicis,  que 
M.  Bagucnault  de  Puchesse  vient  d'imprimer  dans  le  Bulletin  philologique 
et  historique  [jusqu'à  il Ib]  du  Comité  des  travaux  historiques,  année  1917 
(Paris,  Inipr.  nationale,  1919,  in-8  de  32  p.),  apportent  un  très  utile  com- 
plément à  rénorme  correspondance  de  la  Reine-Mère,  dont  notre  très  dis- 
tingué collaborateur,  après  M.  de  La   Fcrrière,  a  publié  dans  la  Collection 


—  73  — 

de  Documents  inédits,  les  derniers  volumes.  Ces  lettres,  qui  viennent  de 
sources  bien  diverses,  tirées  de  collections  publiques  cl  de  collections  pri- 
vées, et  qui  se  répartissent  sur  une  période  de  trente-cinq  ans.  de  <552  à 
1587,  ajoutent  bien  des  détails  intéressants  sur  des  faits  et  des  person- 
nages jusqu'ici  imparfaitement  connus.  Particulièrement  importantes- 
sont  les  quatre  longues  lettres  adressées  à  Guillaume  de  l'Aubespine,  baron 
de  Ghàteauneuf-sur-Gher,  ambassadeur  en  Angleterre  (n.  23  à  26  de  cette 
série).  Ces  nouvelles  lettres  de  Catherine  sont  précédées  de  substantiels- 
éclaircissements  historiques,  et  accompagnées  d'une  annotation  pleinement 
satisfaisante  dans  sa  sobriété. 

—  Nous  avons  signalé  en  son  temps  le  travail  considérable  consacré  par 
M.  Albert  Isnard  à  J.-N.  Delisle.  M.  Henry  Omont  a  retrouvé  au  départe- 
ment des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  des  lettres  dans  lesquelles- 
l'illustre  astronome  et  géographe  donnait  au  comte  de  Maurepas  et  à 
l'abbé  Bignon  des  détails  sur  ses  travaux  en  Bussie,  qui  complètent  et  pré- 
cisent sur  certains  points  ce  que  nous  en  connaissions  par  l'étude  de 
M.  Isnard  :  Lettres  de  J.-.\.  Delisle  au  comte  de  Maurepas  et  à  l'abbé  Bignon 
sur  ses  travaux  géographiques  en  Russie  f  1726-1730).  (Extrait  du  Bulletin  de 
la  section  de  géographie  du  Comité  des  travaux  historiques,  1917.  Paris,  Impri- 
merie nationale.  1919,  in-8,  de  39  p.). 

—  Désireux  d'étendre  autant  que  possible  le  bénéfice  de  leur  expérience, 
des  conférenciers  maîtres  en  l'art  de  la  parole  ont  réuni  dans  une  courte 
brochure  intitulée  :  Pour  parler  en  public  (Paris,  Berger-Levrault,  s.  d., 
petit  in-12  de  28  p.  Prix  :  0  fr.  75)  les  conseils  les  plus  pratiques  elles  plus 
utiles  à  quiconque  a  le  désir  ou  le  devoir  de  conquérir,  d'entretenir  et  d'in- 
téresser un  auditoire. 

—  Trop  de  fidèles,  hélas  !  croient  pouvoir  se  dispenser  de  donner  leur 
cotisation  au  denier  du  culte,  oubliant  qu'il  ne  s'agit  pas  là  dune  aumône 
surérogatoire,  mais  d'une  dette  et  d'une  stricte  obligation  de  justice  :  on 
ne  saurait  trop  recommander  par  conséquent  la  difTusion  du  tract  publié 
sur  ce  sujet  par  M.  Jean  Guiraud  :  Le  Denier  du  clergé,  un  devoir  urgent 
(Paris,  Œuvre  des  tracts,  5.  rue  Bayard,  1919,  gr.  in-8de  2  p.,  0  fr.  25  les  15  ; 
t  fr.  50  le  cent  :  10  fr.  le  mille). 

—  .\ux  esprits  préoccupés  des  reconstructions  nécessaires,  l'évêque  de 
Châlons,  Mgr  Tissier,  montre  que  le  Seigneur  Jésus  est  le  seul  guide  des 
consciences  et  des  vertus  :  c'est  le  sujet  de  sa  lettre  pastorale  intitulée  :  Sur 
les  pas  du  Maître  (Châlons-sur-Marne,  impr.  du  Journal  de  la  Marne.  1919, 
in-8  de  30  p.  i.  On  y  retrouve  l'éloquence  et  le  sens  de  lopportunité  qui  dis- 
tinguent les  œuvres  du  zélé  prélat  et  lui  assurent  l'audition  de  ses  con- 
temporains, même  les  moins  attentifs. 

—  La  librairie  de  la  Bonne  Presse  fait  paraître  le  22*  volume  de  r.4/i- 
nuaire  pontifical  catholique  rédigé  par  Mgr  Albert  Battandier  (1919,  in-8  de 
872  p..  avec  17S  illustrations.  Prix  :  10  fr.).  Aux  listes  très  détaillées 
et  très  soigneusement  mises  à  jour  de  cardinaux,  archevêques,  évèques  et 
prélats,  on  a  joint  des  particularités  intéressantes  sur  les  diocèses  et  mis- 
sions, sur  les  sanctuaires  et  pèlerinages,  et  sur  l'état  actuel  des  ordres  re- 
ligieux. Un  article  fort  savant  et  très  richement  illustré  est  consacré  aux 
armoiries  épiscopales.  Enfin,  comme  les  volumes  précédents,  celui-ci  donne, 
à  la  suite  de  l'article  relatif  à  chacune  des  Congrégations  romaines^  une 
analyse  des  principales  décisions  rendues  au  cours  de  l'année  écoulée.  Cette 
publication,  dont  l'éloge  n'est  plus  à  faire,  rendra  de  grands  services  non 
seulement  aux  prêtres,  mais  aux  bons  catholiques  désireux  de  se  tenir  aii. 
courant  de  la  vie  extérieure  de  l'Église, 


—  74  - 

—  Depuis  le  21  juin  derniei-,  trois  grands  périodiques  :  le  Monde  illuslré, 
îla  Hevue  française  et  la  Revue  du  Joyer  ont  fusionné,  dans  le  but,  dit  un  pro- 
gramme que  nous  avons  sous  les  yeux,  «  d'édifier  une  maison  puissante. 
Les  familles  françaises  posséderont  là  une  publication  d'une  irréprochable 
tenue  morale  et  d'une  incomparable  valeur  artistique  et  littéraire.  M  Henry 
Bordeaux,  de  l'Académie  française,  écrira,  en  tête  de  chaque  numéro,  une 
chronique  de  la  Vie  française.  M.  Antoine  Redier,  qui  conduisait  au  succès, 
quand  la  guerre  a  éclaté,  sa  belle  Revue  française,  donnera  chaque  semaine 
un  Courrier  de  Paris.  Ce  magnifique  périodique,  où  l'actualité  sera  ample- 
ment représentée  par  l'image  et  par  des  articles,  publiera  «  in-extenso  toutes 
les  conférences  du  Foyer.  La  Société  du  Foyer  va  prendre  désormais  une 
immense  extension  et  ses  conférences  dépassei'ont,  par  l'attrait  des  sujets, 
léminente  qualité  des  orateurs,  la  haute  inspiration  française  du  pro- 
gramme, tout  ce  qui  a  été  fait  jusqu'ici.  »  Un  soin  extrême  sera  apporté  au 
choix  des  romans.  Pour  débuter,  l'on  a  fait  une  place  aux  premières  pages 
d'une  œuvre,  captivante  au  plus  haut  point,  de  M.  G.  Lenotre  :  Im  Femme 
sans  nom.  Il  serait  vraiment  trop  long  d'insister,  par  le  détail,  sur  ce  que 
l'on  trouve  dans  les  six  premiers  numéros  parus  depuis  la  fusion.  La  Par- 
tie technique  du  Polybiblion  en  insérera  d'ailleurs  régulièrement  les  som- 
maires. —  Le  prix  de  labonncment  annuel  est  de  72  fr.  Toutefois  des 
abonnements  de  six  mois  (1"  juillet-31  décembre  1919)  seront  acceptés,  à 
titre  exceptionnel,  pour  les  membres  de  la  Société  bibliographique,  au 
prix  réduit  de  30  fr.  Dune  manière  générale,  on  peut  demander  un  abon- 
nement d'un  an,  de  six  mois  ou  de  trois  mois  et  même,  si  on  le  préfère, 
souscrire  un  abonnement  d'une  année  payable  à  raison  de  six  francs  par 
mois  (Paris,  13,  quai  Voltaire,  VIP  arr.)  —  Nous  souhaitons  cordialement 
le  plus  grand  succès,  très  légitime  d'ailleurs,  au  nouveau  Monde  iUuslrr, 
transformé,  agrandi,  complété  par  la  Rinnie  française  et  \e  Foyer. 

—  La  librairie  Gauthier-Villars  vient  de  lancer  la  1"  livraison  d'un 
périodique  mensuel  de  grand  format  (32  centimètres  sur  25  1/2),  unique- 
ment consacré  aux  choses  de  l'air  et  intitulé  :  L'Aéronautique.  Publiée  avec 
la  collaboration  de  la  Direction  aéronautique  militaire  et  maritime,  luxueu- 
sement éditée,  abondamment  illustrée,  elle  contient  une  partie  documen- 
taire, une  partie  historique  et  une  partie  technique.  De  ÏAverlissemenl 
placé  en  tète  du  premier  no,  nous  extrayons  les  lignes  suivantes  :  «  La 
revue  l'Aéronautique  s'adresse  à  tous.  Les  constructeurs,  tous  les  ingénieurs 
ont  besoin  d'être  tenus  sans  cesse  au  courant  des  perfectionnements  que 
chaque  jour  apporte.  Les  pilotes  ont  besoin  de  savoir  quels  horizons  nou- 
veaux ils  vont  avoir  à  franchir  Le  public  a  besoin  de  comprendre  à  quelle 
œuvre  immense  se  dévouent  victorieusement  les  ingénieurs,  les  aéronautes  ' 
et  les  pilotes,  et  ce  travail  ne  sera  pas  la  moindre  utilité  de  la  revue  de 
l'Aéronautique  (Paris,  55,  rue  des  Grands-Augustins,  VI'  arr.  —  Abonne- 
ments :  France,  40  fr.  ;  Union  postale  :  50  fr.  ;  le  n"  3  fr.  50). 

—  Toujours  intéressant,  le  Bulletin  de  la  Société  historique  dWuteuil  et  de 
Passy.  Voici  son  n"  XCIX,  n°  8  du  tome  IX  (1er  trimestre  1919,  gr.  in-8, 
paginé  229-200,  à  2  colonnes).  Il  renferme  les  articles  ou  études  ci-après  ; 
Léon  Lecerf,  par  M.  Louis  Batcavc  (p.  229)  ;  —  Marie-Antoinette  à  Bagatelle, 
par  M""  Marguerite  de  Saint-Gcnès  (p.  230-236,  avec  3  portraits)  ;  —  Une 
OEuvre  militaire  belge  peu  connue  du  xvP  arrondissement,  par  M.  A.  L'Esprit 
(p.  236-237)  ;  —  Le  Mesmérisme  à  Passy  au  xvui'  siècle,  par  M.  le  D""  E.  • 
(îhatelain  (p.  238-249)  ;  —  Ce  que  coûtait  un  soldai  de  la  milice  au  village 
d'Auleuil  (en  1690,  sous  le  régime  des  milices  provinciales),  par  M.  Louis 


—  75  — 

Oîalcnvi'  (p.  2i9-2")l)  :  —  Le  Grand  Aduersaire  de  In  mm'upie  nlleinniide  nu 
XVIII"  siècle.  Piccinni,  par  M.  C.  Leroux-Cosbron  (|).  251-260).  A  travers  ce 
numéro  sont  jetées  dos  notes  curieuses  ou  instructives  :  Le  Sens  du  mol 
•«  hôlcl  »  ;  ]'eiUe  après  décès  de  M.  Gruel,  de  Passy  ;  Maison  d'éducation  <(  géo- 
méiriqne  »  à  Chnillol  (1T!)1)  ;  Madrid  et  la  Muelle  ;  Offre  d'un  valel  de  chambre 
■d'sspèce  rare  (un  Vileniand,  1780)  :  Horace  et  J.  Janin  :  Tihur  et  Passy). 

—  La  Bibliothèque  de  la  mairie  du  Vile  arrondissement  avait  publié  son 
«catalogue  en  1904  ;  elle  y  avait  joint  en  1908  un  supplément,  malheureu- 
sement tiré  à  un  nombre  fort  restreint  d'exemplaires.  Sous  l'impulsion 
réconde  de  M.  Coyecque.  le  bibliothécaire  actuel.  M.  J.  Vacquier,  a  rédigé  un 
nouveau  catalogue  mis  au  point  et  d'après  les  nouveaux  principes. 
M.  Vacquier  indique  la  manière  dont,  à  son  sens,  doit  s'opérer  peu  à  peu 
ilc  rajeunissement  et  le  renouvellement  de  cette  l)iblioUièque,  dans  laquelle 
actuellement  l'histoire  et  les  romans  tiennent  la  première  place  :  llépn- 
bliqne  française.  Mairie  du  Vll^  arrondissement  flJG,  me  de  Grenelle j.  Biblio- 
thèque municipale  de  prêt  graluil  à  domicile.  Catalogue  (l'aris,  impr.  de  C. 
•Pailhé,  1918,  in-12  agenda  de  xx-323  p.). 

—  La  liste  pour  1919  des  nouvelles  acquisitions  des  bibliothèques  muni- 
cipales ne  comporte  pas  moins  de  5:23  ouvrages,  qui.  d'une  manière  géné- 
rale, nous  paraissent  assez  bien  choisis.  Le  catalogue  en  a  été  dressé  par 

M"'  Louise-Marie  Ferré  :  Préfecture  de  la  Seine.  Bibliothèques  municipales  de 
Paris.  Liste  de  nouvelles  acquisitions  année  1919  (Paris,  impr.  Plon->'ourril  et 
•€'%  1919.  in-8  agenda  de  xiv  p.  et  127  pi.  et  la  table  paginée  128-135,  avec 
planche).  M.  Ernest  Coyecque  y  a  mis  en  guise  d'Introduction,  quelques 
considérations  jiidicieuses  qui  exposent  une  doctrine  des  achats,  et  M.  G.- 
!E.  Berlin  y  a  joint  en  guise  d'appendice  une  Liste  d'ouvrages  de  fond  concer- 
nant ta  musique.  L'auteur  précise  nettement  que,  sans  prétendre  dresser 
■une  liste  critique  il  a  voulu  «  seulement  indiquer  ce  qui,  à  notre  avis, 
•constitue  le  nécessaire.  »  Et  sa  liste  sera  certainement  pour  le  bibliothé- 
caire un  guide  précieux. 

Anjou.  —  S.  É.  le  cardinal  Luçon  est  un  fils  de  la  Vendée  angevine,  qui 
-s'enorgueillit  justement  d'avoir  donné  le  jour  à  l'éminent  et  courageux 
prélat.  .Notre  collaborateur  M.  H.  Baguenier  Desormeaux,  dans  l'excellente 
<'squisse  qu'il  nous  ofl're  de  cette  belle  figure  {Éludes  vendéennes,  notes  d'un 
vieu.r  chercheur.  Un  grand  Vendéen  des  temps  présents  :  S.  É.  le  cardinal 
l,uçon,  archevêque  de  Reims.  Fontenay-le  Comte.  Lussaud.  1919.  in-S  de 
i>2  p.,  avec  portrait.  Extrait  de  la  Revue  du  Bas-Poitou)  se  plaît  à  souligner 
les  liens  qui  rattachent  le  grand  cardinal  à  la  petite  patrie  à  laquelle  il  est 
«demeuré  attaché  de  tout  son  cœur,  à  laquelle  il  est  fier  d'appartenir  et 
dont  il  est  bien  un  des  types  les  plus  représentatifs.  Mais  M.  Baguenier 
■Desormeaux  n'oublie  pas  dans  quel  relief  la  guerre  a  mis  cet  humble 
prêtre  qui  a  toujours  repoussé  comme  une  charge  trop  lourde  les  hon- 
aieurs  dont  on  l'a  comblé,  mais  que  là  grâce  de  Dieu  a  toujours  élevé  à  la 
"hauteur  de  toutes  les  tâches  qu'il  a  dû  assumer,  et  une  bonne  partie  de 
son  mémoire  est  consacrée  au  rôle  admirable  de  Mgr  le. cardinal  arche- 
vêque de  Reims  pendant  le  cataclysme  qui  a  trop  longtemps  bouleveisé 
3a  France. 

Bretagne.  —  M.  Le  Guennec,  malgré  sa  mobilisation,  a  continué  à  étu- 
dier les  localités  du  Finistère,  leurs  archives  et  ce  qui  leur  reste  d'anciens 
souvenirs.  Les  Archives  de  Lesquifpion  et  l'archiviste  breton  Jean-François  Le 
Clech  {Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère  et  tirage  à  part,  in-S 
de  14  p.),  donnent  de  très  intéressants  détails,  malheureusement  trop  sou- 


—  76  — 

\ent  émailJés  d'erreurs  typographiques  qui  en  rendent  la  lecture  diffîciie- 
Une  Excursion  archéologique  dans  la  commune  de  Guimaëc  {Bullelin  de  lœ 
Société  archéologique  du  Finistère,  tome  XLV  et  tirage  à  part.  Quimper,  impr. 
Cotonnec,  1918,  in-8,  de  66  p.  avec  carte)  fournit  une  très  sérieuse  étude 
archéologique  et  historique  de  cette  commune,  de  ses  vieux  logis,  même 
de  ceux  qui  sont  aujourd'hui  disparus  et  des  familles  qui  les  ont  possé- 
dés. C'est  une  contribution  particulièrement  utile  à  l'étude  si  attachante 
de  cette  Bretagne  que  nous  connaissons  si  mal  encore.  Souhaitons  que- 
Tauleur  continue  ses  voyages  de  découverte. 

Limousin.  —  Dans  les  Communes  limousines  et  les  Anglais  au  moyen  âge 
(Limoges,  impr.  Ducourtieux  et  Goût,  1918,  in-8  de  28  p.  Extrait  du  Bulle- 
lin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin),  M.  Paul  Ducour- 
tieux, —  estimant  qu'  «  au  moment  où  la  France  et  l'Angleterre  sont  étroi- 
tement unies,  où  leurs  armées  combattent  ensemble  pour  chasser  les  Aus- 
tro-Allemands, il  peut  paraître  intéressant  de  montrer  les  excellents 
rapports  qui  existaient  entre  les  communes  limousines  et  les  Anglais,  au 
moyen  âge  ».  —  raconte  ce  qui  s'est  passé,  dans  cet  ordre  de  choses,  de  1 1 80 
à  1372  dans  diverses  communes  du  Limousin,  principalement  à  Limoges 
(cité  et  château),  à  Saint-Léonard,  Saint-Junien  et  Brive.  Et  il  conclut  que 
les  «  communes  limousines  agissaient  moins  par  patriotisme  que  par  inté- 
rêt dans  leurs  actes  de  soumission  »  et  qu'enfin  «  le  jour  où  l'idée  de 
patrie  s'est  développée  chez  ces  communes,  elles  ont  contribué  à  chasser 
les  Anglais  avec  la  même  fermeté  qui  leur  avait  fait  repousser  les  offres  de- 
Charles  V,  lorsqu'elles  étaient  liées  au  roi  d'Angleterre  par  leur  serment 
de  fidélité.  » 

Maine  —  Les  trois  études  qui  composent  le  premier  fascicule  du  tome 
XXXIX  de  la  deuxième  série  du  Bulletin  de  ta  Société  d'agriculture,  sciences 
et  arts  de  la  Sarthe,  qui  correspond  au  tome  XLVII  de  la  collection  (Le 
Mans,  impr.  Monoyer,  1919,  in-8  de  80  p.)  se  rapportent  à  des  sujets  scien- 
tifiques. En  voici  l'indication  :  Note  sur  la  flore  du  marais  de  Louzier,  àAssé- 
le-Boisne,  par  MM.  l'abbé  Letacq  et  Ed.  GerbauU  (p.  13-20)  ;  — •  Excursions 
mycologiqacs  faites  en  1917  et  1918  dans  le  nord  du  département  de  la  Sarthe, 
par  M.  Letacq  (p.  2 1-46);  —  Guide  paléontotoglque  pour  les  terrains  de  la  Sarthe. 
Brachiopodes  jurassiques,  par  M.  de  la  Bouillcrie,  (p.  49-80).  A  noter  aussi 
deux  poésies  :  Le  75,  par  M.  Renard  et  Chopin,  par  M.  Bouvier. 

Poitou  —  M.  Edmond  Béraud  est  un  journaliste  toujours  sur  la  brèche- 
depuis  quarante  années  au  moins,  serviteur  passionné  de  nos  traditions- 
nationales.  «  Avant  de  rejoindre  ses  aïeux  dans  la  terre  où  ils  reposent.  » 
il  a  voulu  «  fixer  l'histoire  de  sa  famille  issue  de  cette  vieille  bourgeoisie 
rochelaise  dont  l'empreinte  a  été  ineffaçable.  »  Et,  de  fait,  dans  l'étude  qui 
nous  occupe  sur  Une  Famille  rochelaise  et  bas-poitevine  (Revue  du  Bas-Poi- 
tou et  tirage  à  part,  Fontenay-le-Comte,  H.  Lussaud,  1919.  in-8  de  51  p.} 
nous  trouvons  une  notice  très  suffisamment  objective  des  lignées  d'où  il 
est  sorti.  Los  Alquier,  qui  de  La  Rochelle  étaient  venus  se  réfugier  en  Bas- 
Poitou,  en  1020,  puis  donnèrent  à  leur  cité  d'origine  des  maires,  des  magis-^ 
trats  municipaux,  un  député  de  Versailles  à  la  Cotivciilion,  qui  devint 
un  diplomate  remarquable,  un  amiral.  Les  Béraud,  originaires  de  Sijour- 
nais,  en  Bas-Poitou,  et  dont  le  premier  connu  est  ^Nicole  Béraud.  l'huma- 
niste du  début  du  xiv'  siècle,  le  célèbre  ennemi  de  la  Sorbonne  ;  dont  les- 
descendants  ont- gardé  la  belle  vaillance  dans  la  défense  des  conviclion*: 
politiques  et  religieuses  qui  sont  leur  honneur.  Il  faut  souhaiter  que  par^ 
tout  voient  le  jour  des  monographies  familiales  comme  celle-ci. 


—  77  — 

Espagne.  -  Professeur  d'histoire  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres 
de  l'Université  de  Valence.  M.  José  Deleito  y  Pinucla,  dans  le  discours  par 
lequel  il  a  ouvert  les  cours  de  l'année  scolaire  1918-1919,  a  prononcé  un 
-véritable  et  éloquent  réquisitoire  contre  renseignement  de  l'iiistoirc  tel 
(ju'il  est  formulé  et  imposé  par  les  programmes  universitaires  espagnols  : 
Universidnd  lilernria  de  Valencia.  Disciirso  innugurnl  del  ann  ncndemicn  de 
tOtS  à  /9/9.  La  Ensenanza  de  la  fiistoria  en  la  Universidad  espanola  y  su  re- 
forma posible  (Najencia,  tipografia  moderna  a  cargo  de  Miguel  (ïimeno, 
1918,  gr.  in-8  de  167  p.).  Le  peu  ou  le  manqué  de  préparation  historique 
des  jeunes  gens  qui  sortent  des  écoles  secondaires,  la  façon  incohérente 
dont  sont  rédigés  les  programmes,  l'obligation  pour  le  professeur  de  faire 
des  cours  tout  à  fait  généraux  lui  ôtent  à  peu  près  toute  possibilité  de  for- 
mer ses  élèves  au  travail  scientifique  et  de  donner  à  son  enseignement  ce 
caractère  d'enseignement  supérieur  qui  convient  à  des  cours  dUnivcrsité. 
M.  Deleito  y  Pinuela,  qui  étudie  le  problème  depuis  des  années,  ne  pense 
pas  cependant  qu'il  soit  insoluble,  et  il  propose  tout  un  plan  de  réformes 
■  qui  permettraient  de  relever  l'enseignement  des  Universités  espagnoles,  au 
point  de  vue  de  l'histoire,  à  un  niveau  plus  élevé.  Livre  à  lire  et  à  méditer. 
—  Avec  l'année  1919  a  commencé  de  paraître  à  Madrid  une  revue  men- 
suelle, dont  le  titre  est  celui  même  qu'a  porté,  il  y  a  quelques  années,  un 
recueil  international  dirigé  par  M.  Paul  Bourget.  La  Cosmopolis  espagnole 
/Madrid,  Sociedad  espanola  de  libreria.  Prix  :  24  fr.  par  an)  a  pour  di- 
recteur le  maître  écrivain  Gômez  Carrillo.  Comme  l'indique  son  titre  même, 
elle  a  un  caractère  cosmopolite,  en  ce  sens  que,  par  des  traductions  d'écri- 
vains étrangers,  elle  ouvre  largement  l'esprit  de  ses  lecteurs  à  la  connais- 
sance du  monde  extérieur.  C'est  là  un  de  ces  organes  qui  peuvent  le  mieux 
contribuer  à  rai)procher  les  peuples  parla  compénétration  mutuelle,  et  l'on 
ne  saurait  trop  en  recommander  la  lecture  à  tous  ceux  qui  comprennent 
cette  belle  langue  espagnole.  En  France  particulièrement,  dans  ce  pays 
qui  a  contracté  tant  de  liens  intellectuels  avec  l'Espagne  et  dans  lequel  à 
une  époque  où  la  plupart  des  hommes  polis  lisaient  l'espagnol,  il  est  sou- 
haitable que  Cosmopolis  trouve  beaucoup  de  lecteurs,  et  aide  à  faire  revivre 

"les  traditions  d'antan. 

Italie. — Nous  recevons  de  la  librairie   Colitti   et   fils,   de  Campobasso. 

■deux  nouveaux  fascicules  de  la  Collana  di  conferenze  e  discorsi  (numéros  56 
et  57).  Le  premier  a  pour  auteur  M.  Giuseppe  Magliano,  et  pour  titre  :  La 
Rinascita  dell'anima  (1919,  in-8  de  28  p.).  C'est  là  la  reproduction  d'une 
conférence  donnée  à  l'Université  populaire  de  Campobasso.  le  5  août  1917. 
M.  Magliano  y  analyse   la  crise  actuelle  de  la  conscience,   dans  toutes   le.s 

-classes  de  la  société,  il  en  recherche  les  causes  et  en  note  les  effets  dans 
la  poésie  et  dans  les  arts.  A  l'anarchie  morale  issue,  d'après  lui,  du 
romantisme,  il  oppose  l'esprit  de  sacrifice  individuel  et  collectif  suscité 
par  la  guerre  mondiale.  Quelques-unes  des  idées  exprimées  par  l'auteur 
appelleraient  certaines  réserves.  —  Avec  M.  le  professeur  Vittorio  G.  Gual- 

•tieri,  nous  passons  dans  le  domaine  de  la  pure  littérature.  L'auteur  traite 
en  40  pages  (1919i.  du  romantisme  calabrais    (.Su/  Romantismo  calabrese). 

•Commentant  et,  à  l'occasion,  rectifiant  quelques  passages  de  la  Letleratara 
ilaliana  nel  secolo  XIX,  de  Fi'ancesco  De  Sanctis.  M.  Guaitieri  définit  le  ca- 
ractère particulièrement  violent  de  ce  romantisme,  qui  contraste  avec  le 
romantisme  conventionnel  de  l'école  napolitaine,  et  qui  n'a  pas  donné,  pour 

-des  raisons  exposées  ici  avec  un  certain  développement,  tous  les  fruits  qu'on 

.pouvait  en  attendre.  Domenico  Mauro,  Campana,  Padula,  les  principaux  de 


1 


—  -78  — 

ces  poètes  calabrais,  sont  bien  ignorés  du  public  français  ;  on  aurait  sou- 
haité trouver,  flans  la  brochure  de  M.  Gualtieri,  un  plus  grand  nombre  de 
renseignements  précis  les  concernant. 

États-Unis.  —  Nous  avons  reçu  un  mémoire  de  M.  Ed.  W.  Berry.  extrait 
du  Bulletin  103  de  la  Sniilhsonian.  Inslilution  United  States  National  Mu- 
séum, (Washington,  Government  printing  ofïîce,  1918)  intitulé  :  Contri- 
butions to  tlie  geology  and  paleontology  of  the  catial  zone.  Panama,  and  geo- 
logically  related  areas  in  Central  America  and  the  West  Indies  (in-8,  p.  1  5  à 
40  et  planches  12  à  18U  M.  E.  W.  Berry  a  pu  étudier  la  flore  fossile  de  la 
zone  du  canal  de  Panama  d'après  des  échantillons  des  espèces  suivantes  : 
Palmoxylon  paliuacites  Stenzel  (Palmiers)  ;  Ficus  calebrensis,  sp.  nov.  (Mora- 
cées)  ;  Gualteria  cnletjrensis,  sp.  nov.  (Anonacées)  ;  Myrislicophyllum  pana- 
mense,  sp.  nov.  (Myristicacécs)  ;  Taenioxyloii  nmltiradialam  Félix  (Légumi- 
neuses) ;  Inga  oligocenica,  sp.  nov.  (Légumineuses)  ;  Cassia  cidebrensis,  sp. 
nov.  (Légumineuses)  ;  Hiraea  otigocenica,  sp.  nov.  (Malpighiacées)  ;  Banis- 
teria  praemunlia,  sp.  -nov.  (Malpighiacées)  ;  Hieronymia  Lehmanni  Engel- 
hardt  ?  (Eupliorbiacées)  ;  Schmidelia  bejucensis,  sp.  nov.  (Sapindacées)  ;  Mes- 
pilodaphne  calebrensis,  sp.  nov.  (Lauracées)  ;  Calyptranthes  gatunensis,  sp. 
nov.  (Myrtacées)  ;  Melastomites  miconioides,  sp.  nov.  (Mélastomacées)  ;  Dios- 
pyros  Macdonaldi,  sp.  nov.  (Ebénacées)  ;  Rondetetia  Goldmani,  sp.  nov. 
(Rubiacées)  ;  fiubiacites  ixoreoides,  sp.  nov.  (Rubiacées)  ;  plus  quelques 
fragments  de  Fougères  et  de  Palmiers.  Ce  qui  représente  la  détermination 
de  14  espèces  nouvelles.  D'après  cet  ensemble  et  l'absence  de  plantes  de 
montagnes  et  de  rivages  bas  et  vaseux,  l'auteur  suppose  que  la  flore  ter- 
tiaire de  la  légion  de  listhme  de  Panama  devait  avoir  le  caractère  de  la- 
végétation  tropicale  humide  et  devait  recouvrir  un  pays  de  basses  collines. 

Publications  nouvelles.  —  A pologétiqtie  chrétienne.  La  Révélation.  L'E- 
glise, par  l'abbé  L.  Duflot  {in-t2,  Téqui).  — La  Saiîite  L uc/iaristie,  par  ï ahhé 
Jean  Ramel  (in-12,  Téqui).  —  Aux  pieds  du  Maître.  Médirations  eucharisti- 
ques, pur  A.-L.  Masson  (in-12,  Vitte).  — Le  Maître  est  là  et  ilt'ap]ielle.  Visites 
an  Saint  Sacrement,  par  A.-L.  Masson  (in-12,  Vitte).  —  Méthode  d' interpré- 
tation, et  sources  en  droit  privé  positif,  essai  critique,  par  F.  Geny  (2  vol. 
gr.in-8,  liibrairie  générale  de  droit  et  de  jurisprudence.  —  Les  Dommages 
de  guerre,  guide  pratique,  par  A.  Pavie  (in-8,  Charles-Lavauzellc).  — Le 
Travail  intellectuel  et  la  volonté,  par  J.  Payot  (in-8,  Alcan).  —  L  Énergie 
spirituelle,  par  H.  Bergson  (in-8,  Alcan).  —  VIdéal  moral  du  matéria- 
lisme et  la  Guerre,  par  J.-L.  de  Lanessan  (in-I6,  Alcan).  —  Essai  sur 
l'évolution  du  règne  anit?ial  et  la  formation  de  la  société,  par  M.  Bedot. 
(in-16,  Alcan).  —  L' Émulation  et  son  rôle  dans  l'éducation,  étude  de  psy- 
chologie appliquée,  par  F.  Qiieyrat  (in-16,  Alcan).  —  Psychiatrie  de 
guerre,  étude  clinique,  par  A.  Porot,  et  A.  llesnard  (in-16,  Alcan).  —  La' 
Femme  chez  les  garçons,  par  J.  Galzy  (in-16,  Payot).  —  Les  Forces  à 
régler.  L'Argent  et  la  Richesse,  par  G.  Deherme  (in-18.  Grasset).  —  Pro- 
blèmes économiques  d'après  guerre,  par  L.  de  Launay  (in-18.  Colin).  —  Essai 
sur  la  politique  douanière  de  la  France,  par  •**  (in-16,  Payot).  —  Contri- 
bution à  l'étude  des  blocus  nouveaux,  par  J.  Alessandri  (iii-8,  de  Boccard)- 
—  Les  Maladies  de  l'esprit  et  les  asthénies,  par  le  D"^  A.  Descbamps  (in-8, 
Alcan).  —  Les  Médications  psychologiques,  par  le  D'  P.  Janet.  T.  I  (gr. 
in-8,  Alcan).  —  Cours  d'enseignement  ménager  agricole,  par  M"'  de  Chè- 
nek'tle  (in-12  cartonné.  Vitte).  —  L'Organisation  scientifi</ues  des  usines, 
par  Lefort-Lavauzelle  (in-12,  Cliarics-Lavauzclle).  —  Les  Maladies  dU- 
papier  piqué,  par  P.  Sée  (gr.  in-8,  Doin).  —  Auguste  Rod'in.  Z,".l/7,  entrer] 


à\ 


—  79  — 

tiens  réunis  par  P.  Gsell  (in-16,  Grasset).  —  La  Chanson  de  RolatiU,  trad,- 
par  H.  Chamard  (in-18,  Colin).  —  Les  /{onces  du  cœur,  par  E.  l'asquicr 
(in-12,  Sansol;.  —  Néron,  drame  en  4  actes,  en  vers,  par  A.  Grivot  (in-lO, 
Perrin).  —  Une  Honnête  Femme,  par  H.  Bordeaux  (in-16,  de  Bocrard).  —  La 
liriilure,  par  A.  Davcrne  (in-18,  Albin  Michel).  —  Le  Fléau,  roman  social 
du  temps  de  guerre,  par  A.  Godard  (in-H5,  Perrin).  —  Jan  Swalue,  par 
H.  Davignon  (in-i6,  Plon-Nourrit).  —  Niiiette  infirmièie,  par  T.  Trilby 
(in-16,  Plon-lNourrit).  —  Titote,  par  M.  .Morel  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La 
Terre  restauratrice,  par  le  v'e  de  Hoquette- Buisson  et  Marcel-A.  Hérubcl 
(in-16,  Pajot).  —  Pour  marier  Colette,  par  J.  Nesmy  (in-18,  Grasset).  — 
Le  Rhin  hiftorique  et  léffi-ndaire,  par  A.  Marty  (in-18.  Grasset).  —  Ni 
ange,  ni  bête,  par  A.  Maurois  (in-18.  Grasset).  —  Aphrodite  couronnée, 
par  G.  Mareschal  de  Bicvre  (in-18,  Grasset).  —  Le  Sang,  par  C.  Briand 
(in-18.  la  Renaissance  du  Livre).  —  Contes  de  l'arrière,  par  R.  Stoupan 
(Maison  française  d'art  et  d'édition).  —  La  Torpili;  souterraine,  par  R. 
Duny  et  M.  Leieux  (\x\-\2.  Bonne  Presse).  —  L'Œuvre  poétique  de  Albert 
Samain  {1858-1900),  par  F.  Gohin  (petit  in-8,  Garnier).  —  Hors  d'œuvre, 
par  G.  de  la  Fouchardière  (in-16,   Payot).  —  De  qui  est-ce  ?  (in-16.  Grès). 

—  Hebbel,  sa  personiialité  et  S07i  œuvre  lyrique,  par  L.  Brun  (in  8,  Alcan). 

—  Le  Culte  des  héros  chez  les  Grecs,  par  M.  P.  Foucart  (gr.  in-4.  C.  Klinck- 
sieck).  —  Les  Luttes  jyrésentes  de  l'Église,  par  Y.  de  la  Brière.  4'  série  {jan- 
vier 1916-décembre  1917)  (in-8.  Beauchesne).  —  Histoire  de  la  Grande 
Guerre,  par  Y.  Giraud.  2'  partie  (in-8,  Hachette).  —  Histoire  de  la  guerre, 
par  les  combattants  (août  1914-juin  1916).  par  P.  Ginisty  et  cap"'  M.  Ga- 
gneur (2  vol.  in-18,  Garnier).  —  La  Grande  Guerre  sur  le  Front  occiden- 
tal. IV.  Les  Batailles  de  Lorraine  {23  août-13  septembre  1914),  par  le 
général  Palat  (in-8,  Chapelot).  —  Le  Revers  de  1914  et  ses  causes,  par  le 
lieul'-coloiiel  de  Thomasson  (in-12,  Borger-Levraulti.  —  Foch  le  vainqueur 
de  la  guerre,  par  R.  Recouly  (in-16,  Hachette).  —  Un  type  d'officier  fran- 
çais. Louis  de  Clermont-Tonnerre,  commandant  de  zouaves  (1877- 
1918).  par  L.  Giilet  (in-16.  Perrin).  —  Dîc  Séminaire  au  champ  de  ba- 
taille. Yves  de  Joannis  {1894-1914],  par  T.  Catta  (in-16.  Plon-Nourrit).— 
Trois  Mois  au  premier  corps  de  cavalerie,  par  E.  Letard  (in-16.  Plon-Nour- 
rit). —  Le  201<i  d'infanterie  en  campagne  (1914-1918)  (in-16,  Jouve).  — 
Le  Sang  de  France,  récits  de  guerre  d'un  officier  de  troupe.  1914-1918, 
par  M.  Laurentin  (in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Le  Chemin  des  Dames,  carnet 
d'un  territorial,  par  A.  Bessières  (in-12,  Bloud  et  Gay).  —  Mon  Sac, 
réflexions  d'iui  soldat  de  la  Grande  Guerre,  par  J.  Fleurier  rin-12.  Édi- 
tions de  <<  Foi  et  Yie  »).  —  Croix  et  cocarde,  par  M.  de  la  Boulaye  (in-16, 
Plon-Noui  rit).  - —  Dans  un  camp  de  prisonniers  français  en  Allemagne, 
par  Une  infirmière  française  (in-l6.  Bloud  et  Gay).  —  Les  Heures  merveil- 
leuses d'Alsace  et  de  Lorraine,  par  L.  Madelin  (in-16.  Hachette).  —  Terres 
dévastées  et  cités  mortes,  par  N.  Roger  (in-i2.  Éditions  de  «  Foi  et  Yie  »). 

—  En  ligne.  IJ' Eglise  de  France  pendant  la  Grande  Guerre  {1914-1918), 
par  F.  Rouvier  (petit  in-8,  Perrin).  —  Paroles  françaises,  par  A  -D.  Ser- 
tillanges  (in-16.  Bloud  et  Gay)  —  Témoignage  d'un  neutre.  Les  Allernands 
en  Belgique,  1914-1918,  par  F.  Quiroya  (in-16,  Belin).  —  La  Roumanie 
dans  la  guerre  et  dans  la  paix,  par  N.  Basilesco  (2  vol.  in-16.  Alcan).  — 
La  Révolution  russe,  par  C.  Anet.  T.  IV  (in-16,  Payot).  —  Les  Partis  poli- 
tiques et  la  Révolurion  russe,  par  G.  Demorgny  (in-16,  Payot).  —  /.'Indus- 
trie russe  et  la  Révolution,  par  L.  Labry  (in-16,  Payot).  —  Vers  la  catas- 
trophe russe.  Lettres  de  Pétrograd  au  journal  «  L' Humanité  »  {octobr 


—  80  — 

1917-février  19i8),  par  B  Krilcliewsky  (in-16,  Alcan).  —  Histoire  des 
.Serbes  de  Eongrîp,  par  Y.  Radonitch  (in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Le  Monde 
oriental  et  le  Problème  df  la  paix,  par  Basiibeg  de  Dukagjin  (in-16,  Per- 
Tin).  —  Le  Japon  petidant  la  guerre  européenne,  i9î4-i9i8,  par  M.  Ri- 
baud  (in-12,  Lethielleux).  —  Une  Politique  de  la  construction  après  la 
guerre.  Travaux  publics  et  bâtiment,  par  G.  Hersent  (in-8,  Payot).  —  La 
Troisième  Guerre  punique.  La  Revanche  de  la  Culture,  par  E.-R.  Wagner 
•(in-8,  Alcan).  —  Un  Grand  Ministre  de  la  marine.  Colbert  {1619-1683), 
par  G.  de  la  Roncière  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  Marie-Antoinette  et  l'Ago- 
nie de  la  Royauté,  par  Imbert  de  Saint-Amand  (in-12.  Lethielleux).  — 
Danton  et  la  paix,  par  A.  Mathiez  (in-18,  la  Renaissance  du  Livre).  —  His- 
toire de  Lorraine,  par  R.  Parisot.  T.  I  (in-8,  Auguste  Picard).  —  Jean-Jac- 
ques Rousseau.  De  l'Ile  de  Saint-Pierre  à  Ermenonville  [1765-1778),  par 
L.  Ducros  (gr.  in-8,  de  Boccard).  —  Emile  Ollivier,  sa  jeunesse,  d'après 
3on  Jouryial  et  sa  correspondance,  par  M. -T.  Ollivier  (in-18,  Garnier).  — 
Le  Gouvernement  et  le  Parlement,  par  H.  Leyret(in-16,  Alcan).  —  Le  Retiou- 
veau  catholique.  I^es  Jeunes  avant  la  guerre,  par  L.  Rouzic  (in-12,  Téqui). 
Les  Vies  nécessaires,  par  G.  Maze-Sencier  (in-16,  Marcel  Rivière).  —  L'Ap- 
pel de  la  terre  {1915-1918),  par  François  Leterrieii,  par  J.-H.  Ricard 
(in-8,  Payot).  —  Créer,  par  É.  Herriot  (2  vol.  in-16,  Payot).  —  L'Allema- 
gne des  Hohensollern,  1415-1918,  par  J.-E.  Spenlé  (in-12,  Berger-Levrault). 

—  Le  Banat,  par  Y.  Radonitch  (in-16.  Bloud  et  Gay).  —  La  Batchka.  par 
Y.  Radonitch  (in-16,  Bloud  et  Gay).  —  Histoire  7iatio7iale  succincte  des 
Serbes,  des  Croates  et  des  Slovènes,  par  S.  Stanoyévitch  (in-16,  Bloud  et 
<iay).  —  L'Armée  américaine  dans  le  conflit  européen,  par  le  lient. -col'' 
de  Chambrun  et  le  cap"'  de  Marenches  (in-8,  Payot).  —  Histoire  des  Étals- 
Unis  d'Amérique  {1765-1865),  par  E  Channing  ;  trad.  par  G.  Guillemot- 
Magitot  (petit  in-8.  Colin).  —  Notes  de  James  Madison  sur  les  débats  de  la 
Convention  fédérale  de  1787  et  leur  relation  à  la  plus  parfaite  Société 
des  nations,  par  J.  Brown  Scott  ;  trad.  par  A.  de  Lapradelle  (in-8,  Bossard). 

—  The  Energy  Resources  of  the  United  States  :  A  field  for  Rec07xstruc- 
tion,  by  G.  G.  Gilbert  and  .1.  E.  Pogue  (in-8,  Washington,  Government 
printing  office).  —  The  Labor  Laiv  of  Maryland,  by  M.  H.  Lauchheimer 
^in-8,  Baltimore,  Johns  Hopkins  Press).  —  Catalogue  of  7naterials  i7i  the 
archivo  gênerai  de  hidias  for  the  history  of  the  Pacific  Coast  a7id  the 
A7nerican  Southwest,  by  G.  E.  Chapman  (Berkeley,  University  of  Califo- 
mia  Press). 


l.e  Gcniitl  :  CHAl'UIS. 


Imprimerie  S.  Pactcau.  l.iiçon. 


POLYBIBLTON 

REVUE  BIBLIOGRAPHIOUE  UNIVERSELLE 

AVIS  A  ^0S  AMIS  ET  ABONNÉS 


Jusqu'à  ))ri'senl,  le  Polybiblioii.  doul  les  frais  s'étaient  sensiblement 
accrus  depuis  191.').  avait  pu,  en  réduisant  de  12  à  8  le  nombre  de  ses 
Uvraiso/is  annuelles,  maintenir  ses  prix  d'abo/inement  ;  mais  une  récente 
et  formidable  augmentation  du  coût  d'impression,  résultat  de  loi  dite 
des  S  heures.  <jui  a  frappe  tant  d'organisations,  oblige  V Administration 
de  la  Revue  à  relever  ces  prix  pour  l'année  i9'20.  Assurément  celle 
augmentalio/i  est  bien  loin  d'être  proportionnée  aux  charges  nouvelles 
auxquelles  nous  devons  faire  face  ;  mais  le  Polybiblion,  qui  est  une 
nécessité  haulcnwnl  reconnue  pour  les  travailleurs  intellectuels,  ne  compte 
plus,  depuis  la  guerre,  ses  sacrifices.  Nul,  parmi  410s  abonnés,  si  fidèles 
en  tous  temps,  ne  refusera  de  nous  continuer  ses  sympathies  et  son 
concours. 

Voici  donc  les  nouveaux  tarifs  d'abonnement,  aussi  modérés  que 
nous,  avons  pu  les  établir,  qui  seront  appliqués  à  partir  de  1920,  avec 
l'espoir  qu'ils  ne  dureront  pas. 

Partie  littéraire  seule  :  France,  25  fr.  ■ —  Étranger,  26  fr. 
Partie  technique  seule  :  —  20  fr. —  —  21  fr. 
Les  2  parties  réunies     :        —       30  fr.  —         —        32  fr. 

En  ce  qui  concerne  les  membres  de  la  Société  bibliographique,  qui 
bénéficient  d'un  tarif  de  faveur,  les  prix  d'abonnement  sont  les  sui- 
vants : 

Partie  littéraire  seule  :  France.  22  fr.  —  Étranger,  23  fr. 
Partie  technique  seule  :  —  IS  fr.  —  —  19  fr. 
Les  2  parties  réunies     :       —       27  fr.  —         —        29  fr. 

En  résumé,  le  suppplémeni  temporaire  demandé  à  chacun  de  nos 
abonnés  ne  s'élève  qu'à  la  somme  modique  de  10  fr.  par  catégorie 
d'abonnement. 


Août-Septembre  1919.  T-  CXLVI.  6. 


—  82  - 

PUBLICATIONS 
RELATIVES  A  LA  G l  ERRE  EUROPÉENNE 

La  Guerre  de  libération    1914-1918,    par    le  général   Zuiu.i?iDE.\. 
Paris,  Hachette,  1919,  2  vol.  in-I6  de  xiv-238  et  240  p.  —  Prix  :  7  fr. 

Nous  avons  dit  ici  même,  à  mainte  reprise,  combien  il  était 
malaisé  d'écrire  l'histoire  d'une  guerre  en  cours,  combien  un  récit 
ainsi  entrepris  avant  l'heure  demeurait  nécessairement  tronqué  et 
incomplet,  fatalement  erroné,  inexact  faute  de  documents  authen- 
tiques, sincères,  désintéressés.  Si  l'on  songe  que,  pour  les  guerres  du 
premier  Empire,  la  vérité  entière  n'est  pas  sortie  encore  des  archives 
historiques  de  notre  ministère  de  la  guerre,  on  peut  juger  de  la  part 
d'authenticité,  d'exactitude  que  peut  présenter  la  narration  des  évé- 
nements militaires  de  1914-1918.  Est-ce  à  dire  que  nous  devions  re- 
noncer à  voir  paraître  quelque  bon  récit  d'ensemble  des  événements 
militaires  qui  viennent  de  se  dérouler,  que  nous  soyions  obligés  d'at- 
tendre un  siècle  et  plus  pour  posséder  le  récit  définitif  de  la  dernière 
guerre,  récit  qui,  naturellemeivt,  ne  serait  lu  que  par  nos  petits  en- 
fants ?  Assurément  nhn  ;  mais  à  condition  que  nos  historiens  con- 
temporains se  bornent  a  nous  donner  la  narration  sommaire  des 
événements,  le  récit  des  faits  sur  lesfjuels  la  lumière,  la  demi-lumière 
tout  au  moins  a  été  faite,  sans  essayer  d'élucider  quantité  de  points 
controversés,  sans  entrer  dans  des  discussions  de  personnes,  de  tac- 
tique, de  responsabilité,  etc.  C'est  en  ayant  en  vue  cette  méthode, 
c'est  en  bornant  sa  tentative  à  cette  perspective  restreinte  que  M.  le 
général  Zurlinden  vient  de  publier  les  deux  volumes  qu'il  a  intitulés  : 
La  Guerre  de  libération,  résumé  sommaire  et  analytique  des  opérations 
militaires  des  cinq  années  dernières,  mais  lésumé  suffisamment  dé- 
taillé cependant  pour  donner  une  idée  d'ensemble  exacte  de  la  ter- 
rible lutte  dont  nos  sortons.  L'ouvrage  embrasse  la  totalité  des  opé- 
rations menées  en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique,  s'étendant  davantage, 
comme  il  fallait  s'y  attendre,  sur  les  mouvements  effectués  par  les 
armées  sur  le  Front  occidental,  c'est-à-dire  là  où  la  lutte  fut  toujours 
le  plus  dure,  là  où  les  deux  adversaires  sentaient  que  forcément  de- 
vait avoir  lieu  la  «  décision  ».  Ea  attendant  que  des  travaux  de  plus 
longue  haleine  viennent  éclaircir  quantité  de  données  encore  mal  con- 
nus de  la  Grande  Guerre,  le  résumé  de  M.  le  général  Zurlinden  rendra 
d'excellents  services  ;  on  peut  le  recommander  comme  tel. 

Comte  de  Sérigxan. 


l*etite  Hi.st«ire  de  la  Grande  Guerre,  par  H.  Vast.  S*"  édition.  Paris,. 
Df'lagrave,  1919,  in-18  de  xvi -272  p.,  avec  12  cartes  militaires  et  7  cartes 
politiques.  —  Prix  :  5  fr. 

Voici  un  excellent  petit  livre  sur  l'ensemble  de  la  guerre.  L'au- 


-  83  — 

tour  n'a  pas  eu  d'autre  ambition  que  de  présenter  au  public,  à  notre 
jeunesse,  un  aide-nnémoire  qui  permette  aux  uns  et  aux  autres  d'envi- 
sager, dans  leur  suite  logique,  les  grands  événements  des  cinq  der- 
nières années.  11  y  a  parfaitement  réussi.  Convaincu  que  l'histoire 
scientirKjiie  de  la  guerre  ne  pourra  èlre  écrite  que  beaucoup  plus  tard, 
prenant  pour  guides  l'innombrable  littérature  de  détail  qu'a  suscitée 
la  lutte  sanglante  d'hier,  surtout  les  articles  de  grands  pério- 
diques, les  communications  et  versions  officielles  diverses,  M.  Vast 
s'est  contenté  d'évoquer  les  principaux  personnages,  les  grands  événe- 
ments, les  dates  principales  de  notre  glorieuse  épopée.  Une  série  de 
19  cartes  jointes  au  volume  permet  de  suivre  facilement  les  opération.s 
militaires  sans  avoir  à  se  reporter  à  un  atlas  encombrant,  que  le  lec- 
teur n'a  pas  toujours  à  sa  portée.  Très  bonne  publication,  à  répandre 
et  à  vulgariser.  Comte  de  Sérignan. 


Histoire  de  la  guerre  par  les  combattants  (août  1914-juiu 
lîHO),  par  Paul  (jimstv  et  le  capitaine  Macrice  Gagneuk.  Paiis,  Gar- 
nier,  1917-1918,  2  vol.  in-16  de  562  et  vi-.3o3  p.  —  Prix  :  9  fr.  10. 

E.xcellente  idée  qu'ont  eue  M.  Paul  Ginisty  et  le  capitaine  Gagneur 
de  recherclier  dans  les  impressions  de  ceux  qui  ont  fait  la  guerre  des 
récits  racontant  chronologiquement  les  événements.  Ainsi,  en  lisant 
ces  passages  divers,  défilent  sous  nos  yeux  :  la  mobilisation,  les 
premiers  engagements,  l'attaque  en  Alsace  et  en  Lorraine,  le  repli  de 
Belgique,  la  bataille  de  la  Marne,  la  course  à  la  mer,  la  bataille  des 
Flandres,  le  Front,  la  Bataille  d'Artois.  Puis  (ici  commence  le  second 
volume),  la  suite  de  ces  affaires  en  1915,  la  bataille  de  Champagne, 
l'expédition  des  Dardanelles,  la  campagne  d'hiver  1915-1916.  Ce  ne 
sont  pas  toujours  des  noms  très  célèbres  ni  des  «  gradés  »  très  impor- 
tants que  l'on  rencontre  parmi  ces  quelques  douzaines  de  bons  té- 
moins dont  les  citations  sont  choisies  et  groupées  ;  mais  il  règne  dans 
cespagesunsensvifetnetdeschosesetelles abondent  en  détailscurieux, 
précieux,  instructifs.  Chaque  épisode  (il  y  en  a  plus  de  150;  est  pré- 
cédé d'une  courte  mise  au  point  de  l'événement  dont  il  va  être  ques- 
tion. On  aurait  peine  plus  tard  à  retrouver  ces  impressions  éparses  ; 
il  faut  donc  souhaiter  la  continuation  et  l'achèvement  d'un  travail 
qui  porte  l'empreinte  si  importante  pour  l'iiistoire  d'une  véracité 
sans  apprêt  et  d'une  loyauté  sans  conteste.  G. 


La  Grande  Guerre  sur  le  Front  occidental,  par  le  général  Palat. 
IV.  Les  BnlaiU>'s  de  Lorraine  r23  aont-13  septembre  lOl'i.  Paris.  Chapelot, 
1919,  in-8  de  295  p..  avec  un  fascicule  d'additions  et  errata  au  tome  II 
de  12  p.  et  6  cartes.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

M.  le  général  Palat  continue  l'étude  qu'il  a  entreprise  de  la  Grande 


—  84  — 

Guerre  sur  le  Front  occide/ilal  et  nous  donne,  aujourd'hui,  le  tome  IV 
de  son  travail,  consacré  aux  Balailles  de  Lorraine  livrées  du  23  août 
au  13  septembre  1914  (région  de  Nancy  et  de  la  Meurthe).  Nous  avons 
eu  l'occasion  de  remarquer  combien  était  périlleuse  l'étude  d'opéra- 
tions militaiies presque  en  cours  par  suite  de  la  difficulté  où  se  trou- 
vait l'écrivain  de  fonder  son  travail  sur  des  renseigeraenls  certains, 
authentiques,  exacts,  même  en  se  livrant  aux  recherches  les  plus 
minutieuses.  Comme  preuve  de  la  vérité  de  cette  allégation  nous  pou- 
vons citer  le  cas  du  général  Palat  qui  n'hésite  pas  à  nous  donner,  à 
la  suite  du  tome  IV  dont  nous  parlons  ici,  une  feuille  de  12  pages 
d'errata  et  d'additions  à  son  tome  II  (combats  ou  batailles  de  Liège, 
Mulhouse,  Sarrebourg,  Morhange).  Si  l'on  note  que  de  tous  les  écri- 
vains militaires  ou  civils  qui  ont  entrepris  une  tâche  identique  à  celle 
assumée  par  le  général  Palat,  le  travail  de  ce  dernier  nous  parait  le 
meilleur  et  le'^mieux  documenté,  que  pensera-t-on  des  autres?  Gomme 
nous  l'avons  dit  à  propos  des  volumes  précédemment  publiés,  la 
valeur  de  cette  nouvelle  production  du  général  Palat  est  celle  d'une 
œuvre  consciencieuse,  le  plus  solidement  établie  que  l'on  puisse  sou- 
haiter dans  les  circonstances  présentes.  Comte  de  Sérigna.:^. 


Le  Revers  de  llil'^  et  ses  causes,  par  le  lieut*-colonel  de  Tiiomasson. 
rsancy-Paris-Strasbourg?  Borger-Levrault.  1919,  in-12  de  ix-:256  p.,  avec 
3  croquis.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'opinion  caressée  par  quantité  de  gens,  avant  1914,  que  la  future 
guerre  serait  courte  a  été,  comme  on  le  sait,  cruellement  démentie  par 
les  fails.  Il  n'est  pas  moins  vrai  non  seulement  qu'elle  était  celle 
d'esprits  très  avertis,  mais  qu'elle  découlait  de  quantité  de  raisons 
très  plausibles,  très  fortement  étayées.  Comme  en  beaucoup  d'évé- 
nements humains,  la  réalité  a  démontré  que  tous  ces  arguments,  bien 
fondés  en  apparence,  ne  tenaient  pas  debout  ;  mais,  est-ce  un  motif 
pour  narguer  ceux  qui  se  sont,  sans  doute,  fortement  trompés?  Tout 
de  même  —  avant  1914  toujours  —  le  principe  prôné  en  tactique 
était  celui  de  l'ofl'ensive  à  outrance.  Parce  que  pendant  quatre  ans, 
nous  avons  vu  se  dérouler  une  guerre  presque  défensive,  est  on  au- 
torisé à  dire  que  l'olîensivc  n'a  pas  les  mérites  que  lui  attribuait  le 
Règlement  du  28  octobre  1913  sur  la  Conduite  des  grandes  unités  ?  Ce 
règlen>ent,  inspiré  comme  on  sait,  par  le  général  Pau,  nous  venons 
de  le  relire  et  il  ne  nous  a  pas  paru  si  caduc  qu'on  voudrait  nous  le 
faire  croire.  M.  le  lieutenant-colonel  dcThomasson,  n'est  pas,  lui,  de 
cet  avis  et  sonvolurne  sur  le  Revers  de  JOJ^iet  ses  causes  est  un  procès, 
assez  injuste  à  notre  avis,  intenté  à  notre  haut  commandement  pour 
la  manière  dont  il  a  compris  et  mené  les  premières  opérations  en  * 
191 '(.  Assurément,  l'écrivain  a  raison,  mille  fois  raison  quand  il  stig- 


nialise  les  influences  poliliqnes  néf-'istes  fjui  conipioniiierit  si  ;j;iave- 
nicnt  la  solidité  do  noire  étal  militaire,  ce  parlenieiitarisnie  cri- 
minel ({ui  s'opposait  par  tons  les  moyens  à  la  rcconslitnlion  de  notre 
force  armée  au  moment  même  où  l'Allemagne  doublait  ses  elfeclifs 
et  ses  moyens  matériels  d'attaque.  Mais  M.  de  Tliomasson  eût  pu 
s'en  tenir  là.  D'ailleurs  sommes-nous  en  situation  de  porter  dès  à 
présent  un  jugement  définitif  sur  des  événements  dont  certains  sont 
à  peine  connus?  Nous  ne  le  croyons  pas.  Est-ce,  d'autre  part,  le  moment 
de  le  faire?  Le  lecteur  répondra  après  avoir  lu  le  Revers  de  191U  et  ses 
causes.  Comte  de  Sérigman. 


La  50""  Division  au  feu.  Souvenirs  de  son  commandant.  De 
la  Woëvre  à  l'Oureq,  à  l'Aisne  et  à  l'Oise,  du  1'  août  au 
—  octobre  lî>il,par  le  général  F.  de  Dartein.  Naiicy-Paris-Strasbourg, 
Bcrger-Lovrault  l'JlO,  in-lG  de  iv-20i  p.,  avec  5  portraits  et  u  cartes  hors 
texte.  —  Prix  :  G  fr. 

Le  général  de  Dartein  vivait  en  famille  à  Saint-Mihicl  quand  la 
déclaration  de  guerre  le  rappela  àractivitéet  l'y  maintint  bien  après 
le  31  août,  date  à  laquelle  il  devait  passer  dans  le  cadre  de  réserve. 
Français  et  Lorrain,  M.  de  Dartein  ne  pouvait  accepter  qu'avec  satis- 
faction un  rappel  qui  lui  permetlail  d'entrevoir  le  retour  à  la  France 
de  celte  moitié  de  sa  province  d'origine  ravie  à  notre  patrie  par  l'Alle- 
magne depuis  quarante-quatre  ans.  Il  partit  donc  presque  avec  joie 
et  prit  part,  à  la  tête  dune  brigade  d'abord,  puis  de  la  .^6'-  divi- 
sion, aux  opérations  de  la  6*^  armée,  c'est-à-dire  aux  combats  de 
Clermont,  de  Senlis,  Sainl-Souplets,  à  la  bataille  de  LOurcq,  à  celle 
de  l'Aisne,  etc.  —  Le  travail  du  général  de  Dartein  :  La  .56*  Division  au 
feu,  est  un  journal  d'opérations  remplis  de  détails  précieux  et  de 
renseignements  vécus.  A  ce  titre  il  constitue  une  bonne  contribution 
à  l'histoire  de  la  ifuerre  de  1914-1918.  Comte  de  Séhigxax. 


Souvenirs   d'un   chasseur    (août    1914-mars    lï)Hi)«    par  Louis 
Thomas.  Paris,  Perrin,  1919,  in-I6  de  147  p.  —  Prix  :  2  fr.  30. 

M.  Louis  Thomas,  lieutenant  de  chasseurs  alpins,  est  un  jeune  écri- 
vain que  différentes  publications  estimées  avaient  fait  connaître  au 
public  lettré  bien  avant  que  la  guerre  fit  apprécier  en  lui  un  vaillant 
poilu.  11  tient  un  bon  rang  dans  la  série  des  jeunes  auteurs  que  la 
guerre  a  pris  au  dépourvu  et  qui  s'y  sont  cependant  lancés  à  corps 
perdu.  Exempt  légalement  de  toute  obligation  militaire.  Louis  Thomas 
voit,  le  2  août  1914,  partir  nombre  de  ses  jeunes  amis  ;  tout  aussitôt 
la  pensée  de  les  suivre  le  hante  :  «  Puisqu'ils  vont  se  battre,  pense-t-il, 
j'y  vais  aussi.  El  puis,  il  faut  avoir  vu  ça.  »  On  sait  le  nombre,  hors  de 
toute  proportion,  de  nos  jeunes  écrivains  tombés  au  champ  d'hon- 


neur  dans  cette  sanglante  guerre.  Comme  le  tlit  M.  Louis  Thomas 
((  la  corporation  s'est  bien  tenue,  les  hommes  de  lettres  ont  su  se 
faire  casser  la  figure  avec  distinction.  »  Le  nouveau  volume  dû  au 
sympathique  officier  n'est  pas  un  recueil  d'événements  militaires  cons- 
tituant un  récit  d'ensemble  ;  c'est  une  série  de  chapitres  détachés,  de 
scènes  vécues  au  Front,  racontées  avec  un  talent  d'écrivain,  d'une  cou- 
leur et  d'une  humour  très  caractérisques.  Un  patriotisme  très  vivant, 
très  entraînant  donne  à  ces  pages  alertes,  parfois  gaies,  parfois  tristes 
et  impressionnantes,  un  caractère  éducatif  qui  permet  d'en  recom- 
mander la  lecture  comme  celle  d'une  œuvre  propre  à  fortifier  l'esprit 
et  tout  à  la  fois  le  conir.  Comte  de  Sérignan. 


Saint-Dié  sous  la  botte.  Une  Mission  imposée  par  les  Alle- 
mands en  1914,  parEuNEST  Colin.  Paris,  Berger-Levrault,  1919,  in-lG 
de  xvu-81  p.  —  Prix  :  3  fr. 

En  1914,  M.  Ernest  Colin  faisait,  comme  adjoint,  fonction  de 
maire  de  Saint-Dié,  en  l'absence  de  celui-ci.  La  ville  ayant  été  occupée 
par  les  Allemands  le  27  août,  le  général  von  Knoerzer,  qui  les  com- 
mandait, invita  aussitôt  M.  Colin  à  obtenir  du  gouvernement  fran- 
çais «  la  restitution  des  femmes  et  des  enfants  arrêtés  comme  suspects 
parles  troupes  qui  avaient  occupé  la  vallée  de  la  Bruche,  et  emmenés 
dans  l'intérieur  du  territoire.  »  Et  cela  sous  des  menaces  comme  en 
savaient  proférer  nos  adversaires  tant  qu'ils  se  crurent  certains  de  la 
victoire.  Deux  industriels  de  Saint-Dié  accompagnèrent  l'adjoint  qui 
dut,  à  travers  une  région  battue  par  le  canon  des  deux  partis, 
s'arranger  pour  atteindre  le  but  imposé. 

C'est  donc,  selon  l'expression  de  M.Hinzelin,  qui  a  préfacé  ce  petit 
livre,  la  relation  du  a  supplice  d'un  genre  spécial  »  infligé  à  M.  Ernest 
Colin  que  celui-ci  expose  très  simplement.  Après  des  péripéties 
variées,  le  digne  adjoint,  ayant  réussi  dans  sa  pénible'  mission,  rentra 
à  Saint-Dié,  que  les  Allemands  ne  devaient  pas  tarder  à  évacuer.  Mais 
ceux-ci,  trouvant  que  M.  Colin  ne  leur  avait  pas  procuré  complète 
satisfaction  puisque  certains  prisonniers,  retrouvés  depuis,  manquaient 
à  l'appel,  s'étalent  déjà  saisis  de  M™^  Colin,  qui  fut  transportée  mys- 
térieusement en  Alsace  comme  otage.  Ce  ne  fut  pas  sans  peines  ni 
démarches  aussi  longues  que  difficiles  que  le  mari  eut  enfin  connais- 
sance du  lieu  ovi  sa  femme  était  détenue  et  put  obtenir  (ju'elle  lui  fût 
rendue. 

Ces  pages  très  vivantes  serviront  également  à  l'histoire  particulière 
de  Saint-Dié  et  à  celle  de  la  Grande  Guerre,  dont  elle  forment  un 
épisode.  E.-A.  Ciiaim  is. 


—  87  — 

>ie<Iaii  sous  la  flomiiiaf  ion  allemuiide  (  I  fM 'H- 1  f)l  8),  pnr  Phimphr 

Stki'Ham.  Paris,  (irasset,  l'JH».  iii-18  de  iii-:*iO  p.  —  l'iix  :  3  fr.  50. 

Les  témoignages  relatifs  aux  actes  de  cruauté,  de  brigandage,  aux 
vexations  sans  nombre  imputables  aux  Allemands  dans  nos  départe- 
ments cnvaliis  sont  trop  précis,  trop  concordants,  pour  ne  pas  révé- 
ler une  implacable  méthode  onlonnée  par  les  autorités  supérieures. 

Le  livre  de  M.  Ph.  Stéphani  est  bourré  de  documents  ;  la  plupart 
des  affiches  placardées  sur  les  murs  de  Sedan  y  sont  reproduites. 

On  sait  que  la  Gazelle  des  Ardennes  avait  pour  but  de  démoraliser 
îes  populations.  M.  Th.  Stéphani  s'étonne  à  bon  droit  que  la  Censure 
française  ait  laissé  paraître  des  articles  du  Bonnet  Rouge,  du  Popu- 
laire, du  Pays,  de  l'Œuvre,  susceptibles  d'alimenter  la  rédaction  du 
journal  ennemi.  Il  juge  aussi  avec  une  sévérité  qui  paraît  justifiée  le 
préfet  des  Ardennes  qui  s'enfuit  le  25  août  i!Ji4,  abandonnant  ses 
administrés  après  les  avoir  trompés,  et  eut  l'aplomb  de  leur  adresser 
le  11  novembre  1918  une  mirifique  proclamation  pour  célébrer  la 
gloire  de  nos  armes,  leur  apporter  «  son  salut  ému  et,  avec  tout  son 
creur,  sa  collaboration  la  plus  active  et  la  plus  entière  (sicj.  »      R.  L. 

En  buiferle  !  Verdun  fl9lG).  La  Somme.  L'Aisne.  Verdun  (19Î7),  par  le 
lieutenant  Fonsagrive.  Paris,  Dclagrave,  1919,  in-16  de  273  p.  —  Prix  : 
3  fr.  50. 

Le  lieutenant  Fonsagrive  fit  son  apprentissage  de  guerre  aux  abords 
•de  Verdun,  au  printemps  de  1916.  11  s'initia  vite  à  ses  fonctions  d'ar- 
tilleur, apprit  à  choisir  une  position  de  batterie,  à  régler  le  tir,  à 
observer,  et  il  fait  amplement  profiter  le  lecteur  de  son  expérience  per- 
sonnelle. 11  explique  comment  s'établissent  les  abris  et  les  sapes,  com- 
ment s'opèrent  les  ravitaillements  en  munitions.  Assurément,  pour 
quiconque  a  vécu  la  vie  du  Front,  même  dans  une  autre  arme  que  l'ar- 
tMlerie,  ces  explications  n'apporteront  pas  des  renseignements  nou- 
veaux, mais  ces  souvenirs  de  campagne  comportent  une  suite  d'anec- 
<lotes  agréablement  contées.  Le  jeune  officiera  servi  dans  les  batteries 
<le  75,  de  lOo  et  de  loo  Schneider  qui  jouèrent  un  rôle  utile  à  Mau- 
repas,  à  Berry-au-Bac,  à  Sailly-Sallisel,  à  Douaumont.  II  peut  être 
fier  de  son  groupe,  deux  fois  cité  à  l'ordre  de  l'armée  et  titulaire  de  la 
fourragère  aux  couleurs  de  la  croix  de  guerre.  R.  L. 


Avec  les  chars  d'assaut,  par  le  capitaine  Mauiuce  Gagneur  et  le  lieu- 
tenant Marcel  Fourmer.  Paris.  Hachette,  1919.  in-16  de  x-2U  p.  — 
Prix  :  i  fr.  50. 

Le  rôle  des  tanks  a  été  assez  important  pendant  la  dernière  période 
delà  Grande  Guerre  pour  qu'un  ouvrage  relatant  leurs  gestes,  transcri- 
vant les  impressions  des  chefs  qui  en  exercèrent  le  commandement, 


des  équipages  qui  les  montèieut,  ne  soit  pas  assuré  d'intéresser  au 
plus  haut  point  ses  lecteurs. 

Dès  1915,  divers  projets  d'automobiles  blindées  capables  de  fran- 
chir des  tranchées  et  d'écraser  des  réseaux  de  fils  de  fer  avaient  été 
mis  à  l'étude.  Le  premier  tank  réalisé,  de  grandes  dimensions,  mû 
par  une  chaîne  sans  fin  était  dû  au  colonel  Snintonet  fut  utilisé  dans 
la  Somme  par  nos  alliés  en  août  1016.  Nos  chars  d'assaut,  commandés 
aux  établissements  Schneider  et  Saint-Chamond  ne  participèrent 
qu'aux  olTensives  de  1917,  et  l'on  ne  tarda  pas  à  leur  préférer  les 
petits  chars  Kenault,  légers  et  mobiles,  dont  le  général  Péfain  avait 
discerné  le  mérite.  Les  auteurs  du  livre  s'initièrent,  comme  des  collé- 
giens émancipés,  désireux  de  s'instruire  mais  aussi  de  s'amuser,  aux 
mystères  de  cette  nouvelle  arme  ;  les  cours  de  Marly  ne  semblent  pas 
avoir  été  aussi  sérieux  qu'on  eût  pu  le  désirer,  mais  dès  qu'un  Saint- 
Chamond  leur  fut  confié,  les  jeunes  officiers' eurent  à  cœur  d'en  con- 
naître à  fond  le  maniement  et  d'en  tirer  le  meilleur  parti  possible 
sur  le  champ  de  bataille.  Les  premiers  essais  donnèrent  lieu  à  des^ 
mécomptes,  et  le  récit  de  la  manœuvre,  exécutée  sous  les  yeux  du 
commandant  de  Périnelle,  au  cours  de  laquelle  un  Saint-Chamond, 
après  avoir  sorti  d'embarras  un  Schneider  en  panne  dans  une  tran- 
chée, vient  s'enlisera  son  tour  en  tentant  un  autre  sauvetage,  est 
conté  avec  autant  d'humour  que  de  précision  technique. 

Mais  aux  expériences  amusantes,  aux  rivalités  d'appareils  succèdent 
les  heures  graves  ;  rien  n'est  tragique  comme  les  aventures  d'un  char 
participant  à  la  bataille  du  5  mai  1917,  immobilisé  à  cinquante  mètres 
de  mitrailleuses  ennemies,  avec  ses  armes  enrayées,  ses  hommes 
blessés,  tandis  que  des  explosions  soulèvent  la  terre  tout  autour,  qvie 
l'électricité  s'éteint  et  qu'à  deux  cents  mètres  de  là,  on  aperçoit  par 
la  fente  du  viseur  un  char  d'une  autre  batterie  flambant  comme  une 
torche  gigantesque. 

L'auteur  du  récit  se  tira  pourtant  d'affaire  avec  de  légères  blessures,, 
parvint  à  dégager  son  tank  et  à  rentrer  dans  les  lignes.  Il  ne  s'est  pas 
borné  à  décrire  ses  impressions  personnelles  ;  il  esquisse  les  portraits, 
les  attitudes,  montre  le  sang-froid,  la  bravoure  du  brigadier,  du 
mécanicien,  du  pointeur,  des  mitrailleurs  qui  formaient  l'équipage 
du  char  perdu  dans  les  tranchées  ennemies.  C'est  un  des  épisodes^ 
les  plus  dramatiques  qu'on  puisse  concevoir  de  cette  guerre  d'enfer 
et  l'on  sent  (ju'il  a  été  vécu.  Rogeh  Lamblun. 


Le  Chemin  des  Daines,  carnet  d'un  Icrrilorial,  par   Alukut  Bessièues. 
Paris,  Bloud  et  Gay,  1919,  in-d2  de  140  p. 

L'ancien  «   poilu  »   qui  jette  les  yeux  sur  ce  petit  livre  est  tout 
d'abord  porté  à  sourire  de  dédain  :  un   territorial  !  Un  «  pépère  »  qui 


—  8!)  — 

a  fait  la  giiorre  dans  un  train  sanitaire,  dans  des  iiôpitaux,  sur  des 
chantiers  de  l'arrière,  parmi  des  G.  B.  1).,  peuli  !...  Eh  !  hien.  pas  du 
tout  ;  cet  humble  prêtre  fut  bien  l'un  des  tiens  par  soti  aljnégation 
totale,  ses  n)isères.  et  aussi  les  dangers  courus,  car  lis-le  et  lu  verras 
si,  au  Chemin  des  Dames,  dans  la  caverne  du  Dragon  et  sous  les  lafalrs 
d'obus  qui  ne  l'empêchaient  point  de  charrier  les  blessés  et  les  morts, 
il  fut  un  u  embusqué  !  » 

M.  l'abbé  Bessières  expose,  en  effet,  quelle  fut  la  vie  du  prêtre-sol- 
dat qui,  c(  médecin  des  âmes  »  par  vocation,  fut  transformé  en  ma- 
nœuvre et  en  infirmier...,  ce  qui  ne  l'empêcha  point  d'exercer  une 
action  morale  profonde  sur  ses  «  camarades  o  de  souffrance,  et  do 
leur  rendre  les  services  spirituels  les  plus  précieux.  Ce  Carnet  esl 
ainsi  un  document  de  premier  ordre,  pour  l'histoire  psychologique 
de  la  guerre.  Il  est  écrit,  au  surplus,  avec  un  charme,  une  couleur, 
un  réalisme  saisissant,  mais  de  bon  aloi,  montrant  ({u'on  peut  dé- 
peindre la  guerre  et  ses  horreurs  aussi  fidèlement  que  M.  Barbusse, 
sans  tomber  dans  les  ignominies  du  u  Journal  d'une  escouade.  »  Un 
point  pourtant  de  commun  entre  les  deux  auteurs  :  M.  l'abbé  Fies- 
sières  signale  lui  aussi  que  les  officiers  restaient  à  l'arrière  ;  mais  il 
s'agit  ici  d'officiers  «  gestionnaires  »  ou  de  certains  médecins  dont  la 
conduite  n'eut  rien  de  commun  avec  celle  des  officiers  de  troupes. 

Gustave  Gal therot. 


Le  Saiiy  de  France,  récits  de  guerre  d'un  officier  de  troupe,  IOli-1918, 
par  M.  Laliîentin.  Paris.  I51oud  et  Gay,  1919,  in-16  de  293  p.,  illustré 
par  l'auteur.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Sons  ce  titre,  le  capitaine  Laurentin  a  publié  des  Souvenirs  de 
guerre  où  l'émotion  le  dispute  à  l'intérêt.  Agréablement  écrits,  pré- 
sentés d'une  façon  très  heureuse,  animés  des  sentiments  les  plus  éle- 
vés, ils  mettent  en  pleine  lumière  l'héroïsme,  l'endurance  et  l'abné- 
gation de  nos  humbles  troupiers  et  de  leurs  chefs  dévoués.  C'est  bien 
le  «  sang  de  France  »  qui  coule  dans  leurs  veines  à  tous  et  qui  entre- 
tient leur  vaillance,  en  attendant,  s'il  le  faut,  de  se  répandre  à  flots 
pour  le  salut  de  la  patrie.  Quel  sujet  de  plus  saine  lecture  peut-on 
souhaiter?  Où  trouver  de  plus  beaux  exemples  de  vrai  patriotisme, 
de  patriotisme  désintéressé?  L'auteur  a  lui-même  illustré  son  œuvre 
d'un  certain  nombre  de  dessins.  Comte  C.  de  Brissac. 


Six   mois   en    Lorraine,   par   M.    Gabé   de   Champvert.  Paris.  Berger- 
Levrault,  1919,  in  16  de  vm-113  p.  —  Prix  :  2  fr.  75. 

C'est  au  mois  d'août  1918  que  M.  Gabé  de  Champvert  commença 
ses  tournées  en  Lorraine.  Notre  offensive  générale  se  poursuivait  avec 


—  yo  — 

succès  et  l'on  pouvait  prévoir  l'heure  de  la  victoire,  Nancy  reçut  tout 
d'abord  la  visite  de  l'auteur.  11  s'étonna  de  ne  pas  trouver  la  belle 
ville  plus  massacrée  par  les  nombreux  bombardements  dont  elle  fut 
l'objet.  La  place  Stanislas,  le  palais  ducal,  l'église  des  Cordeliers  sont 
restés  indemnes,  et  il  semble  acquis  que  c'est  sur  la  demande  de 
l'empereur  d'Autriche  que  furent  respectées  les  résidences  princières 
des  ducs  de  Lorraine  et  les  églises  où  reposent  Isabelle  d'Autriche, 
son  fils  le  duc  Raoul,  Charles  II  et  Marguerite  de  Bavière.  M.  Gabé 
de  Champvert  parcourut  aussi  les  petites  villes  martyres  de  Gerbé- 
viller  et  de  Nomény  ;  il  recueillit  les  témoignages  des  habitants  sur 
la  trahison  de  l'officier  juif  Wolf,  sur  l'héroïsme  de  la  sœur  Julie  et 
do  M"'  Simon;  il  séjourna  à  Metz  à  la  fin  de  novembre,  alors  que 
retentissait  Ihosannali  de  la  délivrance.  Mais  une  pensée  mélanco- 
lique accompagne  ses  impressions  de  patriote.  Il  ne  croit  pas  défini- 
tive la  paix  issue  «  des  utopies  et  des  phraséologies  dangereuses 
venues  d'outre-mer.  »  R.  L. 


Les   Heures  merveilleuses  d'Alsace  et  del Lorraine,   par   Louis 
Madelin.  Paris.  Hachette.  1919,  in-16  de  248  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Avec  sa  maîtrise  accoutumée,  mais  surtout  avec  son  cœur  de 
patriote  lorrain  débordant  d'enthousiasme,  M.  Louis  Madelin  nous 
fait  partager  —  jusqu'aux  larmes  —  «  le  charme  exaltant  et  presque 
épuisant  »  des  ((  heures  merveilleuses  »  au  cours  desquelles  les  deux 
provinces  captives  reprirent  leur  place  au  foyer  de  la  patrie  et  se 
précipitèrent,  folles  d'amour,  dans  les  bras  de  leurs  libérateurs  victo- 
rieux. 

Comment  expliquer  «  la  rapidité  stupéfiante  avec  laquelle  un 
membre  arraché,  im  demi-siècle,  au  corps  d'une  nation,  s'y  ressouda 
«t  derechef  s'y  incorpora  »?  Le  chapitre  préliminaire /'^iH/'ore  après 
la  nuit,  nous  explique  ce  «  miracle  »  :  aux  «  jours  sombres  »  d'avant- 
guerre,  l'Alsace  ni  la  Lorraine  n'avaient  oublié  ni  ne  s'étaient  rési- 
gnées ;  les  apôtres  de  la  Revanche  avaient  raison  contre  les  «  débour- 
reurs  de  crâne  ».  L'effroyable  oppression  que  l'Allemagne  en  guerre 
se  crut  obligée  de  faire  peser  sur  l'Alsace-Lorraine  —  «  langue  arrachée, 
cœurs  murés  vifs,  têtes  proscrites,  corps  entier  ouvertement  promis 
au  dépècement  ».  —  fut  la  preuve  indéniabh»  de  l'impuissance  morale 
des  vaincpiours  de  1870. 

Knfin  ont  lui  les  ((  Jours  de  gloire  ».  et  du  17  novembre  au  10  dé- 
cembre 1918,  à  la  vue  des  «  poilus  »  el  des  grands  chefs  qui  venaient 
les  rendre  les  Captives  à  la  Patrie  triomphante,  ce  fut  une  telle  ((  apo- 
théose »  qu'un  des  coinballants  delà  Grande  Gueire  put  écrire  :  ((  Cela 
valait  vraiment  la  peine  de  se  batlrequatre  ans  !  »  —  n  Cela  vaut  aussi, 
ajoute  l'auteur,   de  respecter  avec  un  soin  jaloux  dans  le  présent   et 


—  01    — 

dans  raveiiir  Tânio  de  ces  provinces  et  les  traditions  mônics  qui  nous 
les  ont  si  nicrvoiliousenient  gardées  fidèles,  u  On  connaît  ces  «  tra- 
ditions »  :  quiconque  attenterait  à  leur  liberté  renierait  la  plus  sacrée 
de  nos  dettes  nationales  et  commettrait  un  crime  contre  la  volonté 
tles  millions  de  Français  dont  les  flots  de  sang  ont  clfacé  le  «  liseré 
^crt.  »  Gustave  GAuruEnoT. 


Terres  dévastées  et  cités  mortes,  par  Noëlle  Roger.  Paris,  Éditions 
de  «  Foi  ol  ^  ie  ».  1919,  in  12  carré  de  223  p.,  avec  une  grav.  de  Stein- 
len. —  Prix  :  5  fr. 

M'"' Noëlle  Hoger  a  réuni,  dans  ce  volume,  les  articles  quelle  a 
publiés,  de  1916  à  1919,  dans  la  Revue  hebdomadaire,  le  Journal  de 
(ienève,  \a  Semaine  littéraire,  Wisaen  und  Lehen,  cl  mon  chez  moi; 
elle  y  a  joint  quelques  études  inédites. 

Ce  sont  des  descriptions  de  paysages  de  guerre  :  cités  agonisantes 
ou  détruites  (Reims.  Soissons,  Noyon).  champs  de  bataille  où  ne 
régnent  plus  que  la  mort  et  la  gloire  iLassigny,  Mort-Homme,  Vaux. 
Douaumonl),  pays  reconquis  où  les  populations  fraternisent  avec  les 
vainqueurs  (Alsace).  L'auteur,  de  nationalité  suisse,  se  penche  sur 
tant  de  souffrances  et  de  ruines  avec  un  cœur  frémissant,  et  elle  sait 
décrire  ce  qu'elle  a  vu  avec  un  remarquable  talent. 

GlST.VVE   GaL  rMEUOÏ. 


Foch.    le  vainqueur  de    la    guerre,   par    Raymond    Recoulv.    Paris, 
Hachette,  s.  d.  (,1919)  in-16  de  240  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de  signaler  la  façon  dont,  dans  toutes 
les  grandes  crises  de  notre  histoire,  dans  les  moments  critiques  où 
1  avenir  de  notre  patrie  semblait  compromis,  la  Providence  avait 
suscité  spontanément  le  sauveur,  le  plus  souvent  inconnu  la  veille, 
le  libérateur  cuiquelclle  confiait,  elle  imposait  la  mission  de  restauier 
notre  fortune,  d'arrêter  l'envahisseur,  de  le  fixer,  de  le  contraindre 
à  la  retraite.  Charles  Martel  à  Poitiers,  Philippe-Auguste  à  Bouvines, 
Jeanne  d'Arc,  à  Orléans,  Condé  à  Rocroy,  Turenne  en  Alsace  en  1774- 
1775.  Villarsà  Denain,  ont  été  jadis  ces  missi  dominici  militaires,  les 
artisans  glorieux  de  notre  rétablissement  politique  et  militaire  en 
Europe.  Sans  doute,  la  France  a  connu  des  périodes  d'affaissement  et 
d'insuccès,  mais,  toujours,  elle  s'est  relevée,  d'une  façon  souvent 
miraculeuse,  comme  si  sa  mission  dans  le  monde  ne  tolérait  pas  son 
échec  final.  La  guerre  sanglante  qui  vient  de  prendre  fin,  demeurera 
un  nouvel  exemple,  et  combien  frappant,  de  celte  intervention  d'un 
j  ^  pouvoir  extraordinaire,  extra-humain  dans  le  développement  des 
destinées  de  notre  patrie.  Après  des  tâtonnements  aussi  prolongés 


—  92  — 

que  mal  assurés  dans  notre  façon  de  diriger  la  lutte,  après  trois 
années  de  combats  dont  on  n'entrevoyait  pas  la  fin,  un  homme  surgit 
tout  à  coup,  qui  coupe  court  aux  tergiversations,  aux  hésitations, 
aux  temporisations.  11  apparaît,  il  prend  en  main  la  direction  supé- 
rieure des  armées  et  du  jour  au  lendemain  tout  change.  L'ennemi, 
qui  attaquait  furieusement,  avec  des  forces  infiniment  supérieures, 
cet  ennemi  qui  ne  doutait  pas  du  succès,  est  arrêté,  stabilisé,  bientôt 
rejeté  de  position  en  position,  de  lignes  de  repli  en  lignes  de  repli, 
finalement  battu,  écrasé,  mis  en  déroute,  contraint  à  s'avouer  vaincu 
et  à  implorer,  à  genoux,  la  cessation  d'hostilités  qui  n'étaient  plus  pour 
lui  qu'une  suite  de  débâcles.  Ce  sera  l'éternel  honneur  du  maré- 
chal Foclî  d'avoir  été  l'homme  élu,  dans  les  jours  tragiques  de  juil- 
let 1918,  pour  sauver  son  pays  d'une  invasion  désastreuse,  pour 
convertir  l'offensive  ennemie  en  une  retraite  désespérée,  pour  chasser 
l'envahisseur  au  delà  de  nos  frontières,  faire  planer  nos  drapeaux 
sur  le  Rhin,  rendre  à  la  France  les  provinces  que  lui  avait  arrachées 
en  1871  la  mégalomanie,  la  rapacité  de  Guillaume  I«'et  de  Bismarck.  11 
est  bon  que  cette  grande  figure  de  soldat,  qui  s'est  imposée  non  seu- 
lement à  l'admiration  et  à  l'amour  des  Français  mais  à  l'estime  du 
monde  entier,  soit  popularisée  et  étudiée  dans  ses  détails.  On  verra, 
en  l'examinant  de  près,  que  chez  Foch,  les  grandes  qualités  du  cœur 
vont  de  pair  avec  les  dons  de  l'esprit  et  de  l'intelligence.  Le  livre  de 
M.  Recouly,  étude  conciencieuse,  intéressante  à  la  fois  par  son  sujet 
et  par  la  façon  dont  l'écrivain  l'a  traité,  est  un  travail  qu'il  est  utile 
et  patriotique  de  vulgariser.  Comte  de  Sérignan. 


Notre  nouvelle  Amie   l'Augleterre,   par  John    Charpentier,    l^aris, 
ïlaclietto,  19111,  in-16  de  23o  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'union  étroite  de  la  Franoe  et  de  l'Angleterre,  cimentée  sur  tant 
de  champs  de  bataille  au  cours  de  la  Grande  Guerre  se  relàchera-t-elle 
après  la  paix  ?  Les  deux  nations  cesseront-elles  de  s'entendre,  de 
collaborer  économiquement,  de  s'entr'aider  amicalement  ?  11  faut 
espérer  que  non.  M.  John  Charpentier,  très  averti  de  ce  qui  a  trait 
au  Royaume-Uni,  à  ses  annales,  à  ses  habitants,  à  ses  mœurs,  s'est 
attaché  à  rechercher  dans  l'histoire  politique,  littéraire,  scientifique 
des  deux  peuples  les  témoignages  de  sympathie  qui,  à  diverses  époques, 
avaient  amené  des  rapprochements  entre  la  France  et  «  notre  nouvelle 
amie  l'Angleterre.  »  Ces  témoignages,  ces  pénétrations  littéraires  et 
sociales  seront-ils  assez  puissants  pour  faire  oublier  les  conflits  natio- 
naux, les  luttes  maritimes,  terrestres,  diplomatiques  d'autan  ?  .le 
n'oserais  l'affirmer.  En  tout  cas  l'ouvrage  de  M.  J.  Ciiarpentier  est 
copieusement  documenté  et  plein  d'intérêt.  L'auteur  a  montré  tout 
ce  que  nos  écrivains  devaient  à  Shal^espeare,  à  Byron,  tout  ce  que  les 


_  ri3  — 

lellrcs  anglais  devaient  à  Montaigne,  à  Rousseau.  Du  moyen  Age  à  la 
Révolution,  il  a  évoque  les  relations  intellectuelles  écliangéesnu-dessus 
du  grand  fossé  de  la  Manche,  cherchant  avec  soin  ce  (jui  unissait  et 
écartant  ce  qui  divisait. 

Des  considérations  judicieuses  sur  la  reHgion  chez  nos  alliés,  sur 
leurnotion  de  l'amour,  sur  le  «  home  »  et  une  étude  sur  le  mouvement 
patriotique  qui  progressivement,  sous  laiguillon  d'une  guerre  sans 
précédents,  amena  le  gouvernement  britannique  à  instaurer  le  service 
militaire  obligatoire,  complètent  utilement  ce  livre.  R.  L. 


L'Allemutjne  des  Ilohenzollern  (  lîH  5-IÎ)lî{),  par  Jean-Édolaiid 
Si'CM.K.  Nancy-Paris-Strasbourg.  Borger-Lcvrault,  11)18,  in-16  de  I-1.S3  p. 
—  Prix  :  3  fr.  % 

«  Bien  imprudent...  qui  se  flatterait  de  connaître  rAUcmagnc, 
même  l'Allemagne  de  demain,  s'il  n'a  d'abord  étudié  l'Alleniagne  des 
Hohenzollern.  »  Car  u  ce  n'est  pas  impunément  qu'un  peuple  a  été 
éduqué  à  l'école  d'un  Frédéric  II  et  d'un  Bismarck...  On  ne  secoue  pas 
en  quelques  mois  le  poids  d'un  pareil  héritage.  »  Ces  paroles,  qui  ne 
sont  que  trop  vraies,  expliquent  pourquoi  M.  Spenlé  a  écrit  ce  petit 
volume  et  en  laissent  soupçonner  l'intérêt. 

Sans  doute  l'auteur  n'a  pas  entendu  «  retracer  l'histoire,  même 
abrégée,  de  la  Prusse  et  de  l'Allemagne  sous  la  domination  des 
«  Hohenzollern.  »  Mais  en  quelques  pages,  qui  s'appuient  sur  une  con- 
naissance profonde  de  cette  histoire,  il  met  dans  un  relief  saisissant 
quelques  faits,  quelques  figures,  quelques  doctrines  où  s'est  marquée 
d'une  manière  plus  nette  l'empreinte  du  régime. 

Cinq  chapitres  seulement  :  I.  Du  rocher  à  la  mer  ;  II.  Frédéric  II 
et  l'esprit  prussien  ;  III.  léna  ;  IV.  L'Œuvre  de  Bismarck  ;  V.  La  Sozial 
demokratie  ;  mais  ils  contiennent  tout  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  pour 
comprendre  et  pour  juger  «  l'Allemagne  des  Hohenzollern.  )>  Bien 
qu'il  se  lise  aisément  et  sans  fatigue,  ce  petit  volume  est  plein  d'une 
moelle  substantifique,  et  l'on  ne  saurait  trop  en  recommander  la  lec- 
ture, n  est  plein  d'idées  et  de  traits  qui  se  graveront  dans  l'esprit. 
Que  l'on  médite  notamment  les  pages  de  la  fin  sur  le  socialisme  alle- 
mand, tout  imprégné  d'impérialisme  et  de  pangermanisme,  et  si  dif- 
férent des  systèmes  de  nos  vieux  socialistes  français.  Lisez,  une  fois 
•encore,  ce  volume,  et  faites-le  lire.  E.-G.  Ledos. 


L'Allemagne  et  le  Baltikum,  par  G.aston  G.^illard.  Paris,  Chapelot, 
1919,  in-8  de  279  p.,  avec  cartes  dans  le  texte.  —  Prix  :  G  fr. 

L'un  des  objets  de  la  politique  pangermaniste  était  de  faire  de  la 
Baltique  un  lac  allemand  et  de  faire  rentrer  plus  ou  moins  étroite- 


—  94  — 

ment  dans  l'orbite  de  la  politique  allemande  les  populations  riveraines 
decette  mer.  Pour  appuyer  ces  prétentions,  les  Allemands  ont  fait  appel 
à  des  affinités  ethniques  et  au  rôle  civilisateur  que  leurs  ancêtres 
auraient  joué  vis-à-vis  de  ces  populations.  M.  Gaillard,  dans  un  cha- 
pitre préliminaire  du  livre  que  nous  annonçons  ici,  s'efforce  de 
combattre  ces  prétentions.  Ce  qui  est  bien  certain,  c'est  qu'en  dépit 
de  l'influence  exercée  par  les  barons  baltes  d'origine  germanique,  ces 
populations  sont  restées  bien  vivantes,  ne  se  sont  point  laissé  absor- 
ber par  le  germanisme,  ont  maintenu  jalousement  leur  langue,  leurs 
traditions  particulières,  leur  esprit  propre  et  que  la  désagrégation  de 
l'empire  russe  a  donné  chez  elles  l'essor  ou  un  nouvel  essor  (en  Fin- 
lande par  exemple)  aux  aspirations  nationales  distinctes. 

Le  rôle  de  l'Allemagne  vis-à-vis  des  peuples  baltiques  pendant  la 
guerre,  l'attitude  que  ceux-ci  ont  observée  sont  étudfés  dans  le  second 
chapitre  —  et  le  plus  considérable  (p.  35-244)  —  du  livre  de  M.  Gail- 
lard. Les  situations  ne  sont  pas  toujours  claires  et  les  documents  qui 
peuvent  les  écîaircir  ne  sont  pas  tous  encore  entre  nos  mains.  La 
tâche  de  l'auteur  était  donc  particulièrement  difficile  ;  il  a  eu  le  mérite 
de  surmonter  en  giande  partie  ces  difficultés.  Il  a  celui  également  de 
montrer  que,  dans  ces  contrées,  comme  dans  les  Balkans,  l'enchevê- 
trement des  races,  les  fusions  qui  se  sont  produites  sont  un  grave 
obstacle  à  une  politique  qui  voudrait  ne  s'inspirer  que  de  considéra- 
tions ethniques.  «  Le  prétendu  droit  des  peuples  à  disposer  d'eux- 
mêmes  ne  se  présente  pas  dans  les  conditions  actuelles  de  leur  vie 
d'une  façon  absolue;  et  précisément  dans  une  Société  des  nations, 
leur  droit,  comme  celui  des  individus  dans  toute  Société  véritable,  se 
trouve  limité  par  des  considérations  de  sécurité  réciproque,  d'équi- 
libre, se  trouve  restreint  par  des  obligations  sociales  et  reste  soumis 
à  des  règles  de  convenance  et  d'ordre  ».  E.-G.  Lc^bs. 


Les  Magyars  peints  par  eux-môines,  par  L-V.  Papp  et  J.  Erdélvi. 
Nancy-l^aris-Sliasbourg,  Berger-Levrault.  1919,  in-lG  de  xiv-141  p.  — 
l^rix  :  2  fr. 

Les  traducteurs  des  documents  placés  sous  nos  yeux  n'ont' pu  se 
procurer  tous  les  journaux  magyars  ayant  fulminé  contre  les  Alliés 
et  prôné  l'Allemagne  pendant  la  Grande  Guerre.  Du  moins  «  les 
quelques  feuilles  qui  ont  pu  leur  parvenir  et  qui  leur  ont  servi  de 
documentation  sont  de  nature  à  mettre  en  pleine  lumière  les  senti- 
ments et  les  pensées  que  le  peuple  magyar  nourrit  à  l'égard  do  l'En- 
tente. » 

Ce  volume,  qui  édifiera  suffisaïunicnt  les  publics  français  et  anglais, 
pour  ne  parler  que  de  ceux-là,  ne  peut  manquer  de  faire  revenir  à 
des  idées  plus  nettes  et  plus  saines  les  braves  gens  qui  ont  pu  s'ima- 


—  95  — 

giner  que  les  Hongrois  n'étaient  pa§  nos  ennemis.  Ils  le  furent,  très 
('■nergiquement  ;  ils  le  sont  toujours':  ils  ne  méritent  donc  aucun 
ménagement  de  la  part  des  vainqueurs. 

Les  nombreux  extraits  composant  ce  recueil  ont  été  répartis,  selon 
leur  genre  et  leur  objectif,  en  six  divisions  ou  chapitres  d'inégale 
importance,  savoir  :  L'Entente.  —  France.  —  Auglelerre.  —  États- 
Unis.  —  Italie.  —  Belgique.  —  Partout  on  y  relève  le  mépris,  l'injure, 
une  haine  vivace.  Les  articles  traduits  portent  le  titre  du  journal  et 
leur  date.  Et  cet  ensemble  s'échelonne  entre  le  2  septembre  1914  et 
le  .3  n)ai  1919. 

Il  serait  intéressant  que  MM.  Papp  et  Erdélyi  pussent  donner  à  leur 
petit  volume  plus  de  développement  quand  la  paix  sera  tout  à  fait 
assise  ;  on  serait  curieux  d'être  renseigné  plus  amplement  sur  ce  qui 
a  été  écrit  dans  un  plus  grand  nombre  de  périodiques  hongrois  non 
seulement  au  cours  de  la  lutte,  mais  aussi  bien  après  la  déconfiture 
de  la  Quadruplice  qui  a  uni  si  étroitement  le  Hohenzollern  et  le  Habs- 
Ijourg  au  triste  Bulgare  et  au  pauvre  Turc  dont  la  tête,  en  ce  mo- 
ment, est  bien  martelée. 

En  attendant,  je  recommande  fort  à  l'attention  la  Préface  vigou- 
reuse et  précise  que  «  Pertinax  »,  le  rédacteur  pour  la  politique 
étrangère  de  l'Écho  de  Paris,  a  composée  pour  ce  très  suggestif 
recueil.  E.-A.  Chapuis. 


Comment  éviter  les  impôts  mortels,  par  A.ndué  Ciiéradame.   Paris, 
Librairie  de  la  «  Pensée  française  -).  1919,  in-16  de  vi-lS4  p.  —  Prix  :  i  fr. 

Sujet  passionnant,  puisqu'il  s'agit  de  la  survie  de  la  France  \icto- 
rieuse.  M.  Chéradame  l'a  traité  avec  sa  fougue  habituelle.  Le  système 
financier  qu'il  nous  propose  aurait  pour  avantage  d'augmenter  consi- 
dérablement les  ressources  mises  à  la  disposition  de  notre  ministre 
des  finances,  du  chef  des  annuités  payées  par  les  Allemands.  En  même 
temps,  il  intéresserait  personnellement  tous  nos  alliés  au  paiement 
effectif  et  intégral  de  ces  annuités.  Ces  idées  sont  dans  l'air.  .\ux 
Étals-Unis,  l'opinion  se  passionne  pour  et  contre.  Nombreux  sont 
ceux  qui  comprennent  que  le  Nouveau  Monde  est  solidaire  de  l'An- 
cien et  que,  si  celui-ci  vient  à  faire  faillite,  le  désastre  ne  sera  pas 
facile  à  localiser.  Pourtant  la  mise  en  commun  des  charges  résultant 
de  la  guerre  rencontre  encore  de  fortes  oppositions.  Des  livres  comme 
celui  de  M.  Chéradame  sont  faits  pour  les  affaiblir.  Mais  nous  ne 
sommes  pas  aussi  assuié  que  l'auteur  de  l'authenticité  de  la  fameuse 
lettre  attribuée  à  Riihlniann,  qui  est  arrivée  l'hiver  dernier  si  bien  à 
point  et  que  l'on  a  fait  ciiculer  dans  les  riiinistères.  les  états-majors 
et  les  salles  de  rédaction,  juste  avec  ce  qu'il  fallait  de  mystère  pour 
en  relever  l'intérêt.  A.  de  Taklé. 


—  96  — 

Aujourd'hui.  Etude  pour  l'après-çiuerre  économique,  pax-  Albert 
Devkze.  Paris.  Berger-Lcvrault,  M9HJ,  in-12  de  xxiv-3B7  p.  —  Prix  : 
4  fr. 

Après  la  guerre.  La  Politique  et  les  affaires,  par  Biaud  d'Aunet. 
Paris,  Pavot,  1918,  in-16  de  251  p.  —  Prix  :  4  fr.  « 

Ces  deux  ouvrages  étudient  les  problèmes  économiques  qui  se 
posent  devant  les  nations  épuisées  par  la  guerre.  Ils  se  rencontrent 
sur  plus  d'un  point.  Celui  de  M.  A.  Devèze,  député  de  Bruxelles, 
plus  didactique,  est  divisé  en  onze  chapitres,  subdivisés  eux-mêmes 
en  de  nombreux  sous-chapitres  avec  des  litres  et  sous-litres  qui  en 
rendent  la  lecture  très  facile.  Nous  ne  saurions  trop  la  recommander 
à  ceux  qui  désirent  prendre  une  vue  d'ensemble  des  questions  écono- 
miques à  l'ordre  du  jour  :  organisation,  direction  des  alîaires,  crédit, 
politique  douanière,,  politique  sociale.  Us- y  trouveront  un  exposé 
méthodique  et  assez  complet  de  toutes  les  idées  qui  sont  agitées  en 
vue  de  l'après-guerre  économique,  d'après  les  meilleurs  ouvrages  des 
techniciens  et  des  spécialistes,  parmi  lesquels  ceux  de  M.  Biard  d'Au- 
ne t. 

Ce  dernier,  dans  cinq  grandes  éludes  d'ensemble,  examine  les  con- 
ditions nouvelles  du  travail  et  du  commerce  international,  l'organisa- 
tion du  travail  national  et  la  représentation  des  intérêts  nationaux 
dans  les  chambres  législatives.  11  complète  donc  heureusement 
M.  Devèze,  qui  n'a  fait  qu'efïleurer,  dans  sa  conclusion  intitulée  : 
L'Étal  économique,  le  problème  si  important  du  rôle  de  l'État  dans 
la  vie  économique  du  pays.  Les  deux  auteurs  sont  d'accord  pour  ju- 
ger que  les  Parlements,  tels  qu'ils  sont  présentement  recrutés, 
manquent  des  compétences  nécessaires  pour  remplir  leur  rôle.  D'ail- 
leurs, dans  cette  partie,  M.  Devèze  se  borne  à  citer  l'ouvrage  de 
M.  Maxime  Leroy  :  Pour  gouverner. 

Peut-être,  parlementaire  lui-même,  se  trouve-t-il  embarrassé  pour 
proposer  un  remède.  M.  Biard  d'Aunet  en  indique  un  :  la  représen- 
tation des  intérêts  professionnels.  D'ailleurs,  qu'on  le  veuille  ou 
non,  les  problèmes  économiques  d'aujourd'hui  ne  seront  pas  résolus 
sans  l'intervention  du  parti  socialiste.  C'est  ce  qu'un  collègue  de 
M.  Devèze  au  Parlement  belge  a  montré  dans  un  livre  qui  s'impose 
à  l'attention  {Le  Socialisme  contre  l'Étal,  par  E.  Vandervelde). 
M.  Vandervelde  condamne  le  capitalisme,  le  parlement,  la  presse. 
Mais  c'est  pour  remettre  tout  aux  mains  du  prolétariat  organisé.  A 
cette  organisation  tout  hypothétique,  nous  préférons  les  remèdes 
d'application  facile  que  propose  M.  Biard  d'Atmct  dans  l'élude  inti- 
tulée :  L'Organisation  du  travail  national  (p.  201)  à  233).  En  tout  cas, 
jamais  le  procès  du  régime  parlementaire,  tel  notamment  qu'il  fonc- 
tionne en  France,  n'a  été  fait  en  des  termes  à  la  foisplus  justes  et  plus 
mesurés  que  dans  cette  excellente  étude  (p.  217).  A.  de  Tauié. 


-  97  — 

Au  seuil  de  la  paix,  par  lo  coiiito  m:  Fei.s.  Paris,  Plon-Nourril.  1019 
in-l(J  do  ii-MMI  p.  —  Prix  :  4  fr.  ."U). 

Recvieil  d'études  dont  les  unes  ont  p;iru  (huis  /  Europe  nouvelle  ;  les 
autres  sont  inédites.  Toutes  sont  uiarquées  au  coin  d'un  réalisme  de 
\)(>n  aloi  et  expriment,  en  des  termes  excellents,  des  idées  justes  et 
modérées.  Quel  meilleur  élo^-^e  en  faire,  alors  que,  chc/  tant  de  publi- 
cisles.  les  exafrérations  de  la  pensée  sont  si  souvent  accentuées  par 
l'impropriété  des  mots,  détournés  de  leur  sens  !  En  l'.H7  et  lt)l<S. 
M.  de  Fels  est  un  des  rares  qui  ont  toujours  vu  clair  dans  les  âpres 
discussions  qu'ont  soulevées  les  propositions  de  paix  autrichiermes. 
11  est  bon  de  lui  en  rendre  témoignage  aujourd'hui  que  la  lumièie 
commence  à  se  faire  sur  leur  réelle  valeur.  Dans  l'article  (|u'il  donne 
en  appendice  (p.  294),  M.  de  Fels  se  fait  un  titre  de  gloire  de  n'avoir 
jamais  regardé  la  question  autrichienne  que  du  point  de  vue  français. 
Nul  doute  qu'il  n'ait  absolument  raison  en  cela  et  c'est  encore  ce 
dont  nous  le  félicitons.  Il  dit  aussi  que  la  destruction  des  trois  grands 
empires,  allemand,  autrichien,  moscovite,  n'écarte  pas  les  risques  de 
guerre  et  que  ceux-ci  n'ont  fait  que  changer  de  nature.  Puisse  l'ave- 
nir ne  pas  justifier  cette  prévision  trop  vraisemblable  ! 

A.  DE  Tablé. 


Les    Problèmes  iateruatiouaux  et  le  Cougrès  de   la   paix,  par 

A.  LuGAN.  Paris,  Bossard,  1919,  in-18  de  119  p.  —  Prix  ;  3  fr.  9(1. 

î\Iettre  à  la  disposition  du  lecteur  un  exposé  clair,  précis,  métho- 
dique des  problèmes  que  doit  résoudre  le  Congrès  de  la  paix,  tel  est 
l'objet  de  ce  livre.  C'est  dire  son  utilité.  Lecteurs  ordinaires  ou 
publicistes  devront  s'y  reporter  toutes  les  fois  que  reviendront  à 
l'actualité  les  questions  qui  sont  débattues  depuis  si  longtemps,  qui 
rentrent  dans  l'ombre  momentanément  à  la  suite  d'une  solution 
plus  ou  moins  heureuse  et  quel  tel  incident  fera  ressortir  un  jour. 
On  trouvera  dans  l'étude  consciencieuse  de  M.  Lugan  tous  les  éléments 
nécessaires  pour  s'en  faire  une  idée  claire  et  juste.  Il  sait  demeurer 
impartial  et  se  tenir  à  l'écart  des  thèses  de  parti-pris,  qui  rendent  si 
pénible  la  lecture  des  livres  que  les  bureaux  de  propagande  des  natio- 
nalités et  pays  divers  ont  édités  en  trop  grand  nombre  en  ces  derniè- 
res années.  Pour  juger  le  degré  d'objectivité  d'un  auteur,  il  n'y  a  qu'à 
regarder  comment  il  traite  la  question  de  la  Macédoine,  par  exemple, 
ou  celle  du  litige  entre  Italiens  et  \ougoslaves.  pour  la  côte  orientale 
de  l'Adriatique.  M.  Lugan  se  tire  honorablement  de  l'épreuve.  Citons, 
comme  intéressant  entre  tous,  lechapitre  IV  :  «  Après  l'effondrement 
de  la  Russie  »  (p.  63  à  74).  Il  adopte  à  ce  propos  les  idées  si  remar- 
quables qui  avaient  été  exprimées  dans  le  Correspondant  dès  1917  par 
Août-Septembre  1919.  T,  CXLVI.  7. 


—  98  — 

l'auteur  des  Dangers  mortels  de  la  Révolution  russe  et  Que  faire  de  l'Est 
européen  ? 

Le  livre  se  termine  par  un  exposé  du  programme  wilsonien,  oii 
sont  mises  en  évidence  les  diflicultés  de  toute  sorte  qui  s'opposent  à 
la  réalisation  de  cet  idéal.  Les  plus  fortes  sont  colles  qui  viennent  de 
l'égoïsme  des  individus  et  des  nations.  Idée  très  juste,  que  l'auteur 
avait  longuement  développée  dans  son  livre  :  L'Egoisme  humain. 

La  conclusion,  à  propos  de  la  Société  des  nations,  est  que  le  Pape 
devrait  v  avoir  une  place,  comme  représentant  de  la  plus  grande 
puissance  morale  de  la  terre.  A.  de  Tarlé. 


Préliminaires  à   la  Société  des  nations,  par  1'"ra>cesco  (^osentim. 
Paris,  Alcan,  1919,  in-16  de  x-236  p.  —  Prix  :  3  fr.  .50. 

M.  F.  Cosentini,  de  TL^niversité  nouvelle  de  Bruxelles,  est  profes- 
seur de  philosophie  du  droit  à  l'Université  de  Turin.  Légiste,  il  a 
essayé  de  déterminer  les  conditions  juridiques  grâce  auxqTielles  la 
conception  de  «  la  Société  des  nations  »  ne  resterait  pas  une  utopie. 
Pour  cela,  il  a  étudié  les  conflits  de  race  et  de  nations,  les  conflits 
économiques  et  politiques,  intérieurs  et  internationaux,  l'organisa- 
nisalion  juridiqueinternationale  etla  Société  des  nations.  On  voit  donc 
l'immensité  du  sujet  abordé.  La  synthèse  qu'il  nous  donne  est  inté- 
ressante. Quelques-unes  des  idées  sont  discutables.  Page  U7,  il  est 
faux  que  ((le  protectionnisme  ait  perdu  beaucoup  de  terrain  ces  der- 
niers temps  >\  comme  le  dit  M.  Cosentini.  C'est  tout  le  contraire  qui 
est  vrai  pour  le  moment.  Page  W'I.  il  écrit  que  la  guerre  mondiale  a 
dû  aboutir  à  la  confirmation  de  ce  principe  international  que  même 
les  petits  États  ont  droit  à  leui-  pleine  souveraineté.  C'est  peut-être 
vrai-en  principe,  mais  le  traité  de  Versailles  a  montré  qu'il  n'en  était 
rien  dans  la  pratique  :  les  petits  États  ne  le  savent  que  trop.  etc.  Le 
livre  a  été  écrit  avant  larmistice,  et  l'expérience  que  nous  venons  de 
faire  de  huit  mois  de  négociations  montre  qu'il  y  a  loin  des  idées  à 
leur  réalisation.  Il  en  sera  de  même  pour  la  Société  des  nations. 
D'ailleurs  l'auteur  ne  se  dissimule  pas  les  difficultés  qu'elle  rencon- 
trera. Ces  diflicultés  ne  sont  pas  une  raison  pour  que  l'on  n'essaye  pas 
de  la  mettre  sur  pied.  Des  livres  comme  celui  de  M.  Cosentini,  où 
elles  sont  exposées  et  étudiées  avec  conscience,  doivent  y  contribuer 
heureusement.  Mais,  comme  M.  Yves  Guyot  le  dit  justement  dans 
son  Intioduclion,  c'est  à  la  Société  des  nations  que  peut  s'appliquer  la 
question  de  Tacite  :  Quid  leges  sine  moribus?  A.  de  Tarlé. 


Vers  la   Soeiété  des  nations,  leçons  professées  au  Collège  libre  des- 
scionccs  sociales  pendant  l'année  1918,  par  .MM.  FERDiiN.\i\D  Buisson,  Jean 


—  91»  — 

Brumies,  Aulard,  J.  (,'iiaiim:s  Hrln.  Maxime  Lf.hov.  J.  Eknkst-Ciiakles, 
Je\n  IIknnessy,  avec  une  Pivface  de  Léon  Holhgf.ois.  Paris.  (Jiard  et 
Brière.  lOlO.  in-8  do  rx-ISl  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Le  trailé  do  paix  qui  viont  dèlre  signé  entre  l'Alleniagne  et  les 
puissances  de  l'Entente  a  pioclanié  l'acte  de  naissance  de  la  Société 
des  nations  et  l'a  fait  entrer  dans  la  voie  des  réalisations.  Mais  avant 
(pi'elle  ail  pris  sa  forme  définitive,  avant  qu'elle  puisse  fonctionner 
régulièrement,  avant  qu'elle  puisse  exercer  normalement  son  action 
ot  faire  sentir  d'une  manière  efficace  son  influence,  bien  des  efforts 
seront  nécessaires,  bien  des  tâtonnements  inévitables.  On  ne  peut 
donc  condamner  comme  inutiles  et  sans  objet  les  travaux  relatifs  à 
la  Société  des  nations.  Ils  se  sont  multipliés  pendant  ces  dernières 
Mimées  et  il  continue  d'en  paraître  de  nouveaux.  Parmi  ceux  qui  se  re- 
commandent le  plus  sérieusement  à  l'attention,  celui  dont  nous  ve- 
nons de  transcrire  le  litre  mérite  une  mention  particulière. 

Il  a  peut-être  fallu  quelque  courage  aux  auteurs  de  ces  conférences 
pour  venir  parler  à  un  auditoire  d'une  organisation  de  paix  au  moment 
même  où  la  guerre  battait  son  plein  et  où  les  bertlias  déversaient  leur 
orage  sur  Paris.  Les  sept  conférenciers  ont  pris  tour  à  tour  la  parole 
sur  les  sujets  suivants  :  M.  Ferdinand  Buisson,  Les  Principes  de  la 
Société  des  nations  ;  M.  Jean  Bruahes,  Les  Conditions  de  géographie 
humaine  de  la  Société  des  nations  ;  M.  Aulard,  La  Société  des  nations 
et  la  Révolution  française  ;  M.  J.  Charles  Roux,  La  Tradition  fédéra- 
liste française  ;  M.  J.  Ernesl-Cliarles,  Vers  la  réalisation  ;  M.  Maxime 
Leroy,  Les  Sanctions  et  garanties  ;  M.  Jean  Hennessy,  Mes  raisons 
d  "adhérer. 

L'on  ne  peut  s'empêcher,  en  lisant  ces  lignes,  de  remarquer  que  les 
auteurs  ne  s'entendent  pas  sur  tous  les  points  ;  il  y  a  entre  eux  des 
divergences  de  vues  parfois  assez  fortes  et  M.  Léon  Bourgeois,  dans 
Sd  Préface,  n'a  pu  se  dispenser  d'y  faire  allusion.  D'autre  part  l'on  se 
doute  bien  que  les  idées  et  les  assertions  de  tel  ou  tel  des  conféren- 
ciers appelleraient  de  notre  part  des  réserves,  quand  ce  ne  serait  pas 
des  contradictions  Voici  par  exemple  M.  Ernest-Charles  qui  nous 
affirme  (p.  114)  que  «  le  clergé  »  catholique  «  n'a  point  voulu  songer 
—  pourquoi  ?  —  qu'elle  (la  religion  catholique)  était  une  religion 
<ie  paix,  d'amour  et  de  fraternité  entre  tous  les  hommes  »  ! 

Mais  il  n'y  en  a  pas  moins  dans  ces  articles  bien  des  choses  qui  mé- 
ritent de  retenir  lattention.  La  leçon  de  M.  Jean  Brunhes  nous  a  paru 
tout  particulièrement  remarquable  :  il  y  a  là  des  pages  pleines  de 
sens  sur  ce  qu'il  faut  entendre  par  nationalités,  nations  et  États  et  sur 
le  rôle  que  devra  jouer  la  Société  des  nations  vis-à-vis  de  ces  entités. 

E.-G.  Ledos. 


—  100    - 

Les  Xations  et  la  Société  des  nations  dans  la  politique  mo- 
derne, par  .).  TcHKKiNOFr.  Paris,  Alcan,  1919,  in-l8  de  xxvii-200  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

«  Ce  n'est  pas  seulement  parce  que  les  nations  épuisées  et  lassées 
par  quatre  années  de  guerre  croient  aujourd'hui  trouver  des  garan- 
ties contre  de  nouvelles  catastrophes  dans  une  organisation  interna- 
tionale que  la  Société  des  nations  peut  naître.  C'est  encore  et  c'est 
surtout  parce  que  toute  l'évolution  des  idées  et  des  faits  depuis  plus 
d'un  siècle  achemine  l'humanité  vers  cette  organisation.  »  Ces 
quelques  lignes  de  la  Préface  de  M.  Albert  Thomas  indiquent  la  rai- 
son d'être  et  marquent  l'intérêt  du  volume  que  nous  présente  ici 
M.  Tchernofr. 

Il  cherche  l'origine  de  l'idée  dans  l'histoire  du'  mouvement  poli- 
tique des  démocraties  en  Angleterre,  en  France,  en  Amérique  du 
nord.  Après  avoir,  dans  un  premier  chapitre,  esquissé  l'évolution  de 
cette  idée,  il  étudie,  dans  son  chapitre  11,  les  nations  et  la  Société  des 
nations  dans  la  politique  anglaise.  Il  montre  dans  l'idée  de  l'indé- 
pendance nationale  a  la  pierre  angulaire  de  la  politique  anglaise.  » 
Liddignation  contre  l'annexion  de  l'.Vlsace-Lorraine  prend  son  origine 
non  dans  le  désir  de  faire  respecter  le  principe  des  nationalités,  mais 
dans  la  volonté  de  protester  contre  le  démembrement  d'une  nation 
déjà  existante.  M.  Tchernofî  cite  des  pages  curieuses,  et  un  peu 
trop  oubliées,  dans  lesquelles  se  manifestent  d'ardentes  sympathies 
de  l'Angleterre  pour  la  cause  de  la  France  écrasée  par  l'Allemagne. 
Il  fait  bien  sentir  aussi  comment  la  politique  anglaise  s'est  orientée 
dans  le  sens  du  Commonwealth,  avec  ses  colonies  devenant  des 
nations  autonomes  ;  et  cela  explique  la  tendance  des  hommes  poli- 
tiques anglais  à  organiser  l'humanité  en  un  Commonwealth  des 
nations. 

Le  chapitre  III,  consacré  à  la  politique  des  nationalités  et  delà 
Société  des  Tiations  d'après  la  tradition  républicaine  en  France,  est 
également  riche  en  faits  intéressants.  Entre  autres  points  à  signaler, 
il  y  a  là  des  indications  douloureuses  sur  l'erreur  de  trop  d'hommes 
politiques  français,  Giiizot  compris,  vis-à-vis  de  l'Allemagne  et  de  la 
Prusse. 

Dans  le  chapitre  IV  sur  la  doctrine  de  Monroë  et  la  libération  des 
peuples,  on  trouvera  des  observations  judicieuses  sur  l'interprétation 
exclusive  et  fausse  que  l'on  donne  trop  souvent  de  la  célèbre  doc- 
trine. On  y  verra  aussi  comment  s'est  formée  la  mentalité  améri- 
caine et  comment  une  organisation  politique  dont  ils  sont  fiers  et  à 
laquelle  ils  sont  très  attachés  a  déterminé  la  forme  sous  laquelle  ils 
conçoivent  la  Société  des  nations. 

Ce  livre,  dans  lequel  sont  ainsi  étudiés  historiquement  quelques 


„il: 


—  101  — 

aspects  de  la  doctrine  de  la  Société  des  nations,  est  particulièrement 
instructif.  Il  est  fâcheux  qu'il  soit  déparé  par  une  singulière  négli- 
gence dans  la  correction  des  épreuves  qui  a  laissé  échapper  de  mul- 
tiples fautes  typographiques  :  p.  VI,  collision  pour  collusion  ; 
p.  18,  19  Castelreagh  pour  Casllereagh,  p.  22,  23.  liussel  pour 
liussell,  p.  20  hjifjlisch  pour  Enr/lish,  p.  31  \orlhen  pour  I^orlhern, 
p.  32  Glasclslone  pour  Gladstone  ;  p.  40  Ziinker  et  Lanz-Knechl  pour 
Jiinker  et  Landsknechl  ;  p.  47  assure  pour  assume,  etc.,  etc.,  etc. 

E.-G.  Ledos. 

Fédérât  ion  européenne  ou  Ligue  des  nations  ?  par  GoviA.NM  Agnem.i 
et  Attu^io  CABiATt.  Paris,  Giard  et  Bricre.  1919,  iti-S  de  v-I3i  p.  — 
Prix  :  3  fr. 

Deux  auteurs,  dont  l'un  est  un  industriel  italien  et  le  second  un  pro- 
fesseur à  l'École  des  hautes  études  commerciales  de  Gênes,  nous  font 
connaître  ici  les  résultats  auxquels  les  ont  conduits  des  études  pour- 
suivies en  commun  et  des  discussions  amicales  continuées  pendant 
des  semaines  sur  le  sujet  si  actuel  de  la  Société  des  nations.  L'idée 
maîtresse  de  leur  travail,  c'est  que  la  Société  des  nations  ne  pourra 
être  vraiment  efficace,  qu'elle  ne  pourra  être  l'instrument  de  paix  au- 
quel on  aspire  que  si  elle  se  constitue  sous  forme  de  «  fédération  des 
États  européens  sous  un  pou  voir  central  qui  les  régisse  et  les  gouverne», 
gouvernement  central  ayant  un  pouvoir  exécutif  et  un  pouvoir  légis- 
latif, disposant  d'un  budget  propre  et  ayant  son  armée  ;  tout  en  con- 
servant leur  self  fjovernnienl.  les  nations  faisant  partie  de  la  fédéra- 
tion devraient  abdiquer  leur  souveraineté.  Si  l'on  ne  peut  se  dissimu- 
lerque  ce  système  hardi  se  heurterait  à  bien  des  difficultés  d'exécution, 
si  l'on  peut  croire  qu'il  n'est  pas  près  d'entrer  dans  la  voie  des  réalisa- 
sations  pratiques,  l'on  n'en  lira  pas  moins  avec  intérêt  les  considéra^ 
tionset  les  arguments  des  auteurs  italiens.  Mais  l'on  esfporté  à  faire 
de  fortes  réserves  sur  les  opinions  qu'ils  émettent;  tout  en  admettant 
que  le  principe  des  nationalités  ne  peut  pas  résoudre  toutes  les  ques- 
tions, que  l'application  en  est  délicate  et  sujette  à  discussion,  l'on 
trouvera  peut-être  poussée  à  l'extrême  la  critique  qu'ils  en  présentent. 
L'on  regrettera  aussi  une  phrase  sur  les  traités  qui  paraît  une  justifi- 
cation de  la  théorie  du  «  chitfon  de  papier.    »  E.-G.  L. 


Le  Poilu  tel  qu'il  se  parle.  Diclionnaire  des  Lerines  popiibnres  récenls  el 
neufs  employés  an:r  années  en  I9Ï^-I91S,  éliidiés  dans  leur  élymologie.  leur 
développement  el  leur  usage,  par  Gaston  Esnault.  Paris,  Bossard.  1919.  in- 
16  de  603  p.  —  Prix:  7  fr.  oO. 

((  Combattant  pendant  trente-huit  mois,  dit  M.  G.  Esnault  dans  sa 
Préface,  je  me  suis  trouvé  pendant  ce  temps  à  peu  près  borné  à  mon 
secteur  ;  j'ai  écouté,  les  oreilles  grand  ouvertes,  dès  les  premiers  jours 


—  102  — 

d'août  \A  ;  mais  deux  oreilles  suffisent  mal  à  tout  ce  qui  se  ditde  Bel- 
fort  à  l'Yser  et  d'Oiiessaut  aux  Dardanelles  »  (p.  11). 

Mais  d'autres  oreilles  ont  écouté  pour  lui  :  on  en  a  la  preuve  ([>.  "22- 
23)  dans  la  longue  liste  des  a  poilus  »  de  toutes  qualités  et  de  prove- 
nances diverses  qui  l'ont  renseigné  complémentairement.  Donc  l'au- 
teur s'est  trouvé  bien  documenté  pour  rédiger  son  copieux  diction- 
naire, duquel  il  a  rejeté  les  mots  de  troupiers  et  de  marins  en  usage 
dans  les  casernes,  les  mots  de  bord  ou  de  bas-langage  ouvrier  et  cer- 
taines expressions  provinciales,  qui,  au  fond,  n'ont  rien  à  voir  avec  le 
langage  «  poilu  ».  né  de  la  guerre. 

Un  petit  papier  joint  au  volume  nous  apprend  que  M.  Esnaul*^ 
(pourquoi  ne  l'avoir  pas  noté  dans  la  Préface  ?),  après  avoir  quitté  le 
Front,  est  passé  à  l'aviation.  C'est  alors  qu'il  a  pu  se  rendre  compte 
du  langage  spécial  des  aviateurs,  des  marins,  des  coloniaux,  avec  les- 
quels il  s'est  trouvé  en  relations. 

Ce  qu'il  n'a  pas  entendu,  il  l'a  contrôlé  et,  par  surcroît,  il  a  utilisé 
certains  textes  (lettres  de  soldats  ou  imprimés  spéciaux)  non  suspects. 
((  J'ai  donné,  explique-t-il,  le  pas  à  ce  que  j'entendais  sur  ce  qui 
m'était  témoigné,  à  l'oral  sur  l'écrit,  aux  lettres  du  Front  sur  les  ré- 
cits imprimés,  aux  bonhommes  sur  les  lettrés,  à  l'usage  de  1914- 
1918  sur  l'usage  ancien  témoigné  par  des  lexiques  »  (p.  7-8).  Bonne 
méthode  pour  être  exact  et  sincère. 

L'auteur  dit  aussi  :  «  J'intitule  ce  dictionnaire  ;  Le  Poilu  tel  qu'il  se 
parle  ;  et  je  donne  de  nombreux  exemples  du  poilu  tel  qu'il  s'écrit. 
Je  livre  au  public  plus  de  faits  qu'il  n'eu  demande.  J'entends  bien  : 
il  veut  des  faits  vrais;  aussi  je  ne  me  prive  pas  d'éliminer  les  textes  ab- 
surdes et  de  censurer  les  textes  faux  »  (p.  11).  —  a  11  n'y  a  de  vraie 
langue  humaine,  observe-t-il  ensuite,  que  ce  quijtombe  de  la  langue 
que  nous  avons  dans  la  bouclie  ;  mais  un  vieux  tranchéien  a  le  de- 
voir de  témoigner  de  la  sincérité  générale  des  écrivains.  J'ai  été  trop 
heureux  de  trouver  dans  mes  lectures  des  termes  savoureux  vers  les- 
quels je  portais  ensuite  mon  enquête,  et  qui  l'un  après  l'autre,  comme 
à  plaisir,  sont  tombés  dans  mon  observation  auditive  »  (p.  13-14). 

Nous  avons  déjà  signalé  ici  divers  travaux  analogues,  qui  ont  leur 
mérite  ;  celui  que  nous  avons  sous  les  yeux,  conçu  difTéremment  par 
un  agrégé  de  grammaire,  s'impose  autant  que  le  meilleur,  pour  le 
moins,  à  l'attention  des  curieux  et  des  philologues. 

E.-.\.  CuAPuis. 

Essai  de  bihIio<|ra|)hie   méthodniiie  de  la  ç|uei*rc  de  li>l4,  par 

Ch.  Escalm:.  (Jénérnlilés,  mémoires,  correspondances,  biofiraphies.  origines 
de  la  ijuerre.  Saint-Joan-de-Losnc  (Côtc-d'or).  l'auleur,  1918.  in-iS  do  vm- 
l'.M  [)'.  —  l'rix  :  8  fr. 

)1  faut  un  singulier  courage  à  quekju'un  qui  est  éloigné  des  grands 


—  io:i  — 

«entres  et  à  ([iii  font  par  suite  fléfaiit  plusieurs  moyens  d'iiifnrmatiort. 
pour  tenter  île  dresser  une  bibliographie  de  la  Grande  Guerre.  Et  ce 
nesl  |>as  un  mince  mérite  à  M.  Cli.  Esralle.  ayarjt  eu  cette  audace, 
d'avoirréussi  à  rassembler  tattt  de  matériaux  et  à  nous  olTrir  une  docu- 
mentation aussi  abondante. 

La  ])remière  partie  de  son  travail,  rju'il  nous  présente  aujourdliui. 
ne  comprend  pas  moins  de  13(32  articles  ;  il  y  a.  il  est  vrai,  dcsdoubles 
emplois,  mais,  d'autre  part,  il  y  a  un  certain  nombre  de  numéros  hia, 
lei\  et  jusqu'au  delà  de  vingt  fois  répétés.  Et  cependant  cette  partie 
ne  comprend  que  les  généralités,  les  origines  et  l'extrême  début  de  la 
guerre. 

C'est  dire  que  l'auteur  n'a  pas  entendu  faire  une  bibliographie  pro- 
j)remprit  critique  comme  celle  de  M.  Vie  ;  et  d'ailleurs  il  ne  s'est  pas 
borné,  comme  ce  dernier  l'a  fait,  à  la  bibliographie  française  de  la 
guerre  ;  au  contraire,  il  a  fait  la  part  aussi  large  qu'il  a  pu  à  la  pro- 
duction étrangère.  Les  deux  auteurs  ne  poursuivent  pas  le  même 
objet  et  chacun  d'eux  offre  son  utilité  particulière.  Le  travail  de 
M.  Escalle  se  distingue  nettement  aussi  des  catalogues  de  collections, 
comme  celle  de  Lyon  ou  de  la  Bibliothèque-musée  Leblanc.  Son  des- 
sein primitif  était  de  rassembler  le  plus  d'indications  possible,  à  son 
usage  personnel,  en  vue  d'études  de  la  guerre.  Les  proportions  que  pre- 
nait cette  liste  d'ouvrages — .en  même  temps  qu'elles  le  dissuadaient  de 
plus  en  plus  des  études  projetées  —  lui  ont  donné  la  pensée  que  son 
recueil  pourrait  être  utile  à  d'autres.  Il  se  rend  bien  compte  qu'il  n'est 
])as  complet  ;  il  n'hésite  pas  non  plus  à  dire  que  son  essai  de  classe- 
ment est  provisoire  et  qu'il  peut  subir  des  modifications. 

En  dépit  de  lacunes  (que  des  suppléments  d'ailleurs  pourront  com- 
bler), bien  que  Ion  puisse  regretter  que,  sans  même.s'astreindre  à  un 
<^lassement  rigoureux,  l'auteur  n'ait  pas  apporté  un  peu  plus  d'ordre 
dans  son  travail  fies  biographies  du  maréchal  Joffre  par  exemple 
sont  dispersées  sans  raison  apparente  et  il  ne  suffit  pas  de  nous'  dire 
que  la  table  permet  de  les  retrouver  aisément),  malgré  des  incorrec- 
tions dans  les  mots  étrangers  (n"  36  Cederschiold,  pour  Cederskiold. 
(iheriip  pour  Glecrup  ;  n°  00  Zurlinden  pour  Zurlindeii  ;  n'^  67  Alcala 
(ialiano.  classé  à  son  prénom  _4/t'a/"o  ;  n"  292  wil  pour  with,  etc.), 
V Essai  rendra  de  précieux  services  et  on  ne  peut  qu  en  désirer  la  con- 
tinuation. 

Signalons  que.  de  ci  de  là.  M.  Escalle  donne  quelques  jugements 
sur  les  ouvrages  cités,  renvoie  à  des  comptes  rendus,  précise  le  con- 
teiui  et  qu'il  n'hésite  pas  à  renvoyer  pour  tel  ou  tel  fait  non  seulement 
aux  livres  qui  en  traitent  spécialement,  mais  à  des  chapitresd'ouvrages 
plus  généraux.  Enfin  la  table  alphabétique  (auteurs  et  matières)  qui 
termine  ce  fascicule  en  facilitera  singulièrement  l'usage. 

E.-G.  Ledos. 


—  104  — 

—  M.  F.  Mauiette  vieut  de  publier  un  très  intéressant  Allas  de  la 
paix,  191U-1919  (Paris,  Hachette,  1919,  in-8  carré  de  24  p.  Prix  : 
2  fr.  50).  Cet  atlas  comprend  38  cartes  et  cartons  en  couleurs,  avec 
des  textes  explicatifs  détaillés  à  tous  les  points  de  vue.  L'auteur  pré- 
sente ainsi  son  œuvre  :  «  La  guerre  de  1914-1918  a  changé  la  face  du 
monde.  Le  traité  du  28  juin  1919  conclu  avec  lAUemagne  a  fixé  les 
traits  essentiels  du  monde  nouveau.  Les  principes  énoncés  dans  ce 
traité  permettent  de  prévoir  dans  quel  esprit  la  paix  sera  conclue 
avec  les  autres  puissances  ennemies.  Il  nous  a  donc  paru  possible  et 
utile  d'exprimer,  en  quelques  cartes  claires,  les  résultats  acquis  et 
ceux  qui  restent  à  acquérir.  Chaque  région  du  globe  touchée  par  la 
guerre  est  figurée  ici  sur  deux  cartes  en  regard,  dont  l'une  représente 
la  situation  au  l^r  août  1914,  l'autre  la  situation  au  28  juin  1919.  Les 
comparaisons  que  cette  série  de  cartes  suggère  aideront  le  lecteur  à  es- 
timer les  fruits  déjà  produits  par  notre  victoire,  et  ceux  qu'elle  doit 
produire  encore,  si  les  autres  traités  sont  rédigés  et  conclus  selon  les 
principes  qui  ont  présidé  à  la  rédaction  du  traité  signé  par  notre 
((  principal  ennemi  ».  En  somme,  ce  consciencieux  travail  fournit  des 
indications  aussi  complètes  qu'on  peut  le  souhaiter  pour  l'heure  ac- 
tuelle. Mais  le  dernier  mot  n'est  pas  dit  à  l'égard  d'assez  nombreuses 
régions.  Il  sera  donc  curieux  de  comparer  plus  tard  le  présent  atlas 
avec  les  tracés  définitifs  de  diverses  frontières  non  seulement  en  Eu- 
rope, mais  aussi  en  Asie  et  en  Afrique. 

—  Nous  ne  pouvons  saluer  qu'avec  sympathie  la  bonne  et  claire 
traduction  allemande  qu'un  Suisse  allemand,  M.  H.  Secholzer,  nous 
donne  des  discours  prononcés  au  cours  de  la  guerre  par  M.  Raymond 
Poincaré  :  Prasident  Poincaré,  Ausgewahlle  Reden,  191^-1919,  aulori- 
sierle  i'ebertragung  mit  biographischer  Skizze  (Zurich,  Orell  Fûssli  ; 
Paris  Fischbacher,  s.  d.,  in-8, de  xl-H3  p.,  avec  portrait).  Les  mor- 
ceaux que  Ion  trouvera  dans  ce  volume  sont  :  le  message  aux 
Chambres  du  4  août  1914  ;  le  discours  pour  le  transfert  des  cendres 
de  Rouget  de  Lisle  aux  Invalides,  \i  juillet  1915  ;  le  discours  à  la 
mémoiredes  soldats  tombés  pour  la  patrie,  14  juillet  1916;  l'adresse 
à  l'armée,  1"  août  1910;  le  discours  pour  la  remise  du  drapeau  aux 
Polonais,  22  juin  191-8  ;  le  discours  pour  la  fête  de  l'armistice,  17  no- 
vembre 1918;  les  discours  prononcés  à  Champigny,  l*^""  décembre  et 
à  Strasbourg,  9  décembre  1918;  l'allocution  du  18  janvier  1919  à 
l'ouverture  de  la  conférence  de  la  paix  ;  enfin  le  toast  d'adieu  au  pré- 
sident Wilson,  26  juin  1919.  L'Introduction  biographique  dont 
M.  Seehol/era  fait  précéder  sa  traduction  n'est  qu'une  esquisse,  mais 
qui  met  dans  une  belle  lumière  la  physionomie  politique,  morale  et 
intellectuelle  de  l'homme  qui  a  présidé  dans  ces  graves  conjonctures 
aux  destinées  de  notre  pays.  Elle  n'intéressera  pas  seulement  les  lec- 


—  lo:;  — 

leurs  île  langue  germanique  mais  tous  ceux  de  nos  CKnipati  ioles  qui 
.sa\enl  lire  rallcniaiul.  Elle  est  détiiée  à  la  nu  iiioiie  du  legicllé  Kmile 
Lamy.  sur  lequel  M.  Seeholzei-  avait  déjà  écrit  (juel(|ues  pages  remar- 
(juées,  comme  il  en  a  consacré  d'autres  à  nos  cùm|)atriotes  Albert  de 
Mun.  Emile  Ollivier,  etc. 

—  Pour  être  tracé  à  grands  traits,  l'apcieu  (jue  M.  le  cohjiiel  Juan 
(iarcia  Benîtez  nous  donne  des  opérations  sur  le  Front  occidental  : 
( )jeada  sobre  las  operaciones  en  el  Frenle  occideiilal,  confereiicia  pro- 
/lunciada  en  el  Eslado  mayor  central  del  ejércUo,  cl  dia  7  de  J'ebrero  de 
l'Jl9  (^Madrid,  talleres  del  Depôsito  de  la  guerra,  IIHU,  in-S  de  Uj  p.. 
I  carte  et  4  croquis)  n'en  mérite  pas  moins  de  retenir  l'attention. 
L'esprit  critique  de  l'auteur  a  su  dégager  de  la  masse  des  événemenl.s 
les  traits  essentiels  qui  donnent  à  celte  guerre  sa  [)liysioiioinie  propre 
et  il  en  a  tiré  quelques  précieux  enseignements. 

—  Mobilisé  dans  l'armée  territoriale,  lecapitaine  Joachim  Merlant. 
itdate  sous  la  forme  la  plus  attrayante  une  série  de  Souve.'tirs  des prc- 
////tVA- /t?m/«  (/e  r/ue/vt^  (Paris,  Berger-Levrault,  lyiy.  in-lG  de  (il  p. 
Prix  :  0  fr.  90)  :  c'est  d'abord  la  mobilisation,  puis  la  période  d'at- 
lente  ;  le  départ  pour  le  Front,  la  vie  de  tranchées.  On  regrettera 
(ju'il  n'ait  pas  jugé  à  propos  de  désigner  le  corps  auquel  il  apparte- 
nait ;  les  vaillants  «  pépères  »  qui  ont  l'ail  si  modestement,  mais  si 
noblement  leur  devoir  méritaient  à  coup  sur  de  sortir  de  l'anonymat. 
L'auteur  se  propose,  si  l'on  goûte  ces  souvenirs,  de  leur  donner  une 
suite  ;  nous  prenons  acte  de  la  déclaration  et  nous  nous  préparons  à 
faire  au  deuxième  volume  aussi  bon  accueil  qu'au  premier. 

—  C'est  en  se  plaçant  au  point  de  vue  finlandais,  c'est  en  mettant 
en  relief  les  arguments  fort  légitimes  sur  lesquels  s'appuie  le 
gouvernement  de  la  Finlande,  que  M.  Jean  Denier  combat  VAllribu- 
iion  des  îles  d'Aland  k  la  Suède  (Paris,  inip.  Chantenay,  1919.  in-8  de 
)')()  p.  Prix  :  2  fr.).  La  prétention  de  rattacher  à  la  Suède  les  îles  d'A- 
land, qui  ne  se  justiOe  pas  historiquement,  puisque  les  îles  ont  tou- 
jours suivi  le  sort  de  la  Finlande  avec  laquelle  d'ailleurs  elles  ont  ur> 
lien  géologique,  ne  trouve  pas  un  fondement  juridique  solide  dans  la 
récente  pétition  des  Alaudais  :  l'on  ne  pourrait  guère  parler  en 
Finlande  d'un  irrédentisme  suédois  que  s'il  s'agissait  de  faire  rentrer 
sous  la  domination  suédoise  non  seulement  les  25.000  habitants  de 
l'Archipel,  mais  les  400.000  Suédois  qui  habitent  les  côtes  de  Finlande  ; 
c'est  d'eux  que  les  Alandais  ont  reçu,  au  moins  depuis  un  quart  de 
siècle,  toute  leur  civilisation  suédoise,  et  il  ne  semble  pas  légitime  de 
séparer  les  uns  des  autres. 

—  Le  manuel  intitulé  :  Mémento  du  démobilisé  (Paris,  Charles-La- 
vauzelle,  1919,  in-8  de  1 12  p.  Prix  :  1  fr.  oOj  qui  contient,  en  guise  de 
préface,  le  dernier  communiqué  français  tlu  11  novembre  1918  et  les 


—  100  — 

ordres  du  jour  adressés  le  lendemain  aux  armées  françaises  et  aux 
armées  alliée^  par  le  général  Pétain  et  le  maréchal  Foch,  est  appelé 
à  rendre  les  plus  précieux  services  aux  démobilisés  des  armées  de 
terre  et  de  mer.  Il  condense  ou  reproduit  les  circulaires,  renseigne- 
ments, conseils  ayant  trait  à  la  législation  sur  les  renvois  dans  les 
foyers,  majorations  de  classe,  sursis,  emplois  pour  démobilisés,  pé- 
cules. 11  cite  et  commente  la  loi  du  22  mars  1919  relative  à  l'attribu- 
tion des  indemnités  de  démobilisation.  En  lisant  ce  mémento,  le 
démobilisé  isolé  saura  quels  sont  exactement  ses  droits,  les  formali- 
tés à  accomplir  pour  les  établir  et  pour  toucher  les  montants  de  la 
prime  fixe  et  des  primes  supplémentaires. 

—  Mon  sac,  réflexions  d'un  soldat  de  la  Grande  Guerre,  par  M. 
Jean  Fleurier  (Paris,  édition  de  «  Foi  et  Vie  ».  1919,  in-16  carré  de 
199  p.  Prix  :  4  fr.  50).  Ces  «  grains  de  bon  sens  »,  ou  jugés  tels  par 
leur  auteur,  sont  dédiés  à  Jacques  de  Chabanes,  seigneur  de  la  Palice 
(1470-1525).  Nous  aurions  mauvaise  grâce  à  ne  pas  recoimaître.  après 
l'auteur,  le  bien  fondé  de  la  dédicace,  en  achevant  de  parcourir  le 
volume. 

—  Dans  Rapatriés  (Paris.  Alcap,  1919,  in-16  de  124  p.,  avec 
7  planches.  Prix  :  2  fr.  7o),  M"«  Chaptal  fait  défiler  devant  nous  les 
lamentables  théories  d'évacués,  de  prisonniers  civils  et  de  rapatriés 
qui,  à  travers  la  Suisse,  regagnent  la  France.  Que  d'atrocités  et  de 
tristesses,  mais  aussi  que  de  sympathies  et  de  dévouements  évoquent 
ces  rapports   d'un  témoin  oculaire  ! 

—  Écrites  à  un  ami,  de  juillet  à  octobre  1916.  et  datées  de  Rome, 
de  Naples  et  de  Milan,  les  Lettres  sur  la  jeune  Italie,  de  M.  Lucien 
€orpecliot  (Paris,  Berger-Levrault,  1919,  in-16  de  61  p.  Prix  :  0  fr  90) 
esquissent  la  physionomie  de  ce  pays  après  son  entrée  en  campagne 
et  révèlent  chez  une  certaine  catégorie  d'Italiens  des  opinions  et  des 
sentiments  insoupçonnés  en  France. 

—  Si  la  Suisse  romande  nous  accorda  toute  sa  sympathie  dès  le  dé- 
but de  la  guerre,  il  n'en  fut  pas  de  même  de  la  Suisse  alémanique  qui 
réserva  la  sienne  à  l'Allemagne  jusqu'au  jour  où,  la  lumière  s'étant 
faite,  une  réaction  s'opéra.  C'est  ce  que  M.  Benjamin  Vallotton  expose 
dans  El  la  Suisse  ?...  (Paris,  Berger-Levrault,  1919,  in-16  de  63  p. 
Prix  :  0  fr.  90)  :  il  poursuit  on  rappelant  l'accueil  fait  par  la  Suisse  à 
nos  blessés,  à  nos  prisonniers,  à  nos  évacués,  ainsi  que  les  démarches 
entreprises  en  leur  faveur,  et  en  constatant  fpie  six  mille  Suisses, 
de  toutes  langues,  sont  venus  combattre  dans  nos  rangs,  ce  qui  n'était 
])ossible  qu'avant  d'avoir  atteint  l'âge  fixé  pour  le  service  militaire 
<lans  leur  pays,  ou  après  libération.  \'isenot. 


—  107  — 
01  \U\(iKS   CONCERNANT  LA   VOIJGOSLA VIK 

1  La  Qii(:-<tiiiit  ynuijDsknu',  |iar  Jii.es   Duiiem.  Paris,   Alcan,   1918,  iii-lt»  de  27(1  p., 

■^  Ir.  50.  —  2.  Histoire  nnlionale  sucriwte  des  Serbes,  des  Croates  et  des  Slovènes.  |>;ir 
St.  Stanoïkvktii.  !»aiis.  Blond  et  (Jay,  s.  d.  (1919),  iri-10  de  147  p..  2  fr.  50  — 
.<.  Le  liùle  des  Serbes  de  lIoïKjrie  dans  la  vie  nationale  du  peuple  serbe,  par  le  iin-me. 
Paris.  Blond  c»  (iay,  11»I9,  in-lO  de  4S  p..  0  fr.  70.  —  4.  Histoire  des  Serl/es  de 
Honçirie,  par  Vova>  H.^domtch.  Paris,  Uloud  et  Gay.  1919,  in-Ki  do  xix-i95  p.. 
4  fr.  —  .).  I.e  liannt,  par  le  même.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1919,  in-16  de  >-1l9  y  , 
2  fr.  —  6.  /."  Halchka,  par  le  mètne.  Paris,  Bloud  et  Gay.  1919,  iii-lG  de  ii-SO  p., 
1  fr.  50.  —  7.  Serbes,  Croates  et  Slovènes,  par  A.  Ghaboseau.  Paris,  Hossard,  1919, 
iti-IG  de  110  p..  1  fr.  80.  —  8.  Le  Happorl  secret  sur  le  coufjrès  de  lierlin  adressé  à 
in  S.  Porte,  par  Caratheodoky  I'acha,  premier  plénipotentiaire  olloniaii,  publié 
par  BeiiiuaM)  Haheille?.  Paris,  Bossard,  1919,  in-16  de  197  p.,  2  fr.  90.  —  9. 
L'I'nité  de  ta  politique  italienne,  par  Jules  Chopi.n.  Paris,  Bossard,  1919,  in  IG  de 
1)18  p.,  avec  une  carie  en  couleurs,  2  fr.  70.  —  10.  Chez  les  Slaoes  libérés  lin  You 
'joslavie,  par  (]u.  Rivin.  Paris,  i'errin,  1919.  in-16  de  iv  265  p.,  3  fr.  50.  —  11. 
Lu  Situation  arluelle  de  fiijeka  (Fiumej.  Conséqucnre  d'un  faux,  par  Ferdo  i>r.  Sisic. 
Paris,  itnpr.  Lang  et  Blanclionjï,  1919,  in  8  de  11  p.  —  12.  Le  Parle  df  Jlniiw. 
l'Italie  et  sa  morale,  par  le  D'  Ivan  Marija  Cok.  Paris,  1919,  in-4  de  19  p.  —  13. 
J.ellre  ouverte  à  Messieurs  Wilcon,  Clemenceau  et  Lloyd  George.  Ce  que  j'ai  souffert. 
Procédés  des  autorités  italiennes  dans  les  territoires  yougoslaves  occupés,  par  Autln 
Fakcic.  Pari<,  inipr  Lang  et  Blanchong.  1919,  in  8  de  20  p..  avec  fac-siinilc  —  14. 
Les  Croates  et  les  Sloxènes  ont  été  les  amis  de  l'Entente  pendant  la  guerre.  Quelques 
documents  officiels  présentés  par  Fuasçois  Barac.  Paris,  impr.  Lang  et  Blanchong, 
1919,  in-8  de  128  p.  —  15.  Les  Austro-Bulgaro- Allemands  en  Serbie  envahie.  Docu- 
ments de  l'ennemi.  Paris,  Grasset,  s.  d.  (1919),  album  petit  in-l'ol.   non  paginé,  5  fr. 

1.  —  L'ouvrage  de  M.  Dulieni  a  paru  avant  l'armistice  ;  il  ne  sera 
pas  moins  lu  avec  autant  d'intérêt  que  de  profit  parce  qu'il  fournit 
un  exposé  très  clair  et  très  impartial  des  problèmes  tionl  la  solution 
est  en  train  do  s'élaborer.  Je  signalerai  la  seconde  parlie  du  volume 
où  l'unité  du  peuple  yougoslave  est  établie  au  quadruple  point  de  vue 
ethnographique,  géographique,  historique  et  moral.  La  troisième 
partie  résume  l'histoire  du  peuple  serbe  de  1878  à  1914.  L'auteur  est 
indubitablement  favorable  aux  Slaves  du  sud  et  apporte  un  témoi- 
gnage autorisé  en  faveur  d'une  cause  qu'il  sait  rendre  intéressante. 

2  à  6.  —  Sous  le  titre  général  cVÉtitdes  historiques  et  économiques 
sur  les  Serbes  de  Hongrie,  la  librairie  Bloud  et  Gay  commence  une 
série  de  petits  volumes  qui  se  rapportent  aux  territoires  serbes  de  la 
rive  droite  du  Danube.  Les  auteurs.  MM.  St.  Stanoyévitch  et  \ovan 
Radonitch,  tous  deux  professeurs  à  l'Université  de  Belgrade,  y  expo- 
sent avec  compétence  et  clarté  les  divers  aspects  du  sujet  ;  ils  four- 
nissent des  renseignements  très' précis  sur  le  présent  et  le  passé  des 
trois  provinces  qui  formaient  la  Voiévodie  serbe  dans  la  monarchie 
transleithane.  Sur  la  couverture  de  chaque  volume  on  trouvera  d'ex- 
cellentes petites  cartes  qui  faciliteront  l'intelligence  du  texte  aux 
lecteurs  peu  au  courant  de  la  géographie  administrative  de  ces  pays 
mal  connu  des  profanes. 

7.  —  Dans  une  autre  collection,  celle  des  éditions  Bossard.  dont 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  dire  beaucoup  de  bien,   paraissent   trois 


—  108  —   . 

volumes  d'une  agréable  lecture.  M.  Chaboseau  reprend,  à  grands 
traits,  riiisloire  des  provinces  yougoslaves  et  proteste  contre  le  projet 
de  dénieuibrement  de  ces  territoires  habités  par  une  race  ayant  une 
unité  très  accusée. 

8.  —  iM.  Bertrand  Bareilles  publie  in  extenso  le  rapport  fort  curieux 
qui  fut  adressé  à  la  Sublime  Porte  en  1878  par  le  pacha  Carathéo- 
dory,  premier  plénipotentiaire  du  Sultan  avi  Congrès  de  Berlin.  Une 
étude  très  pénétrante  de  la  diplomatie  ottomane,  qui  l'accompagne, 
est  de  nature  à  provoquer  des  réflexions  d'une  portée  tout  actuelle. 

'.)., —  M.  J.  Chopin  (alias  Pichon)  envisage  la  situation  des  pays 
yougoslaves  dans  leurs  relations  avec  leur  entreprenant  voisin  de 
l'ouest,  qui,  après  avoir  apitoyé  l'Europe  sur  le  sort  malheureux  de 
ses  compatriotes  gém.issant  sous  la  domination  étrangère,  réclame 
aujourd'hui,  et  cotnbien  impérieusement  !  des  provinces  où  l'élément 
italien  est  assez  clairsemé.  11  reste  à  savoir  si  le  développement  éco- 
nomique de  cette  puissance  maritime  est  une  raison  suffisante  pour 
créer  une  nouvelle  Alsace-Lorraine  sur  les  côtes  de  Dalmatie.  L'ami- 
tié sincère  que  l'auteur  porte  à  nos  alliés  lui  fait  un  devoir  de  les 
mettre  en  garde  contre  une  faute  qui  pourrait  être  grosse  de  consé- 
quences. M.  Chopin  le  fait  avec  une  bonne  grâce  qui  n'est  pas 
exempte  d'une  pointe  d'ironie  et  d  humour. 

10.  —  Avec  M.  Rivet,  nous  entendons  un  autre  son  de  cloche  : 
selon  lui,  tout  ne  serait  pas  encore  pour  le  mieux  dans  la  meilleure 
des  Yougoslavies.  Il  ne  faut  pas  nier  qu'entre  des  provinces  qui  ont 
vécu  une  dizaine  de  siècles  séparées,  chez  lestjuelles  des  despotes  per- 
fides essayaient  d'entretenir  des  malentendus  et  des  jalousies,  l'amal" 
game  ne  soit  pas  un  peu  difficile  à  réaliser  du  premier  coup  ;  mais 
les  formules  tranchantes  de  M.  Rivet,  la  sévérité  un  peu  rogne  avec 
laquelle  il  juge  ses  contradicteurs  indisposent  contre  lui.  La  diploma- 
tie européenne  a  pu  commettre  des  erreurs,  elle  a  obéi  à  certains  pré- 
jugés surannés,  elle  n'a  pas  toujours  été  bien  inspirée  (juand  elle  a 
voulu  agir  et  surtout  quand  elle  a  préféré  temporiser,  mais  ce  n'est 
pas  au  moment  où  elle  a  contribué  à  nous  procurer  un  traité  glorieu- 
sement réparateur  qu'il  semble  bien  à  propos  île  lui  reprocher  d'avoir 
mal  servi  la  cause  de  la  paix. 

H.  —  La  situation  du  territoire  de  Hijeka  (Fiume)  a  été  réglée  par 
des  conventions  de  date  relativement  récente.  L'accord  conclu  en  1808 
entre  les  parlements  magyar  et  croate  laissait  la  question  «mi  suspens 
et  c'est  grâce  à  une  interpolation  (jue  la  \ ille  île  Hijeka  a  été  léunie  au 
royaume  de  Hongrie.  On  nous  en  fouiiiit  la  preu\e  au  moyen  d'une 
photographie  du  document  original  vsur  leipiel  on  distingue  nette- 
ment l'addition  que  M.  de  Sisic  appelle  un  i'anx. 

12.  —  Bien  authentique  est  le  l'aele  <k'  Rome  nivvlc  entre  les  Slaves 


-   101)  - 

ci  les  Italiens  an  moment  où  la  fortnne  semblait  trahir  la  cause  ila- 
lienne.  Ce  parte  était  en  contradiction  avec  celui  de  Londres  el  a  perdn 
>a  valeur  quand  ont  changé  les  conditions  dans  lesquelles  il  avait  été 
iicceplé. 

\'i.  —  MaiiiLcnaiil.  les  patriotes  yougosla\os  sont  liailés  en  suspects 
€t  même  en  criminels  parleurs  libérateurs.  M.  Farcie,  instituteur 
dalmale.  à  peine  sorti  des  geôles  aiilrichiennes,  a  été  arrêté  avec  ses 
parents,  einbanpié  pour  Bari.  conduit,  les  fers  aux  mains,  à  Potenza. 
dans  la  Basilicale.  il  n'a  échappé  à  la  déportation  en  Sardaigne  que 
par  une  audacieuse  évasion.  De  Paris,  où  il  est  réfugié,  il  adresse  une 
plainte  suppliante  aux  chefs  de  la  Conférence  de  la  paix  en  rappelant 
que  beaucoup  de  ses  compatriotes  gémissent  encore  dans  les  cachots. 
Cette  histoire  rappelle  celle  de  l'infortuné  Silvio  Pellico  :  les  hom uu-s 
passent  mais  l'inhumanité  est  de  tous  les  temps  ! 

14.  —  Dans  ([uelle  mesure  les  Croates  et  les  Slovènes  ont-ils  coo- 
péré avec  les  Alliés,  alors  qu'ils  étaient  incorporés  sous  les  drapeaux 
autrichie[is  ?  C'est  la  question  à  laquelle  répond  le  petit  volume  de 
M.  Barac.  ancien  recteur  de  l'Université  de  Zagreb  (Agram).  Ce 
recueil  de  pièces  ofQcielles  montre  les  autorités  impériales  en  face 
des  incertitudes  que  leur  donnaient  l'hostilité  presque  ouverte  el 
les  défections  continuelles  des  détachements  yougoslaves  incorporés 
malgré  eux  dans  une  armée  qui  luttait  pour  étouifer  leurs  revendica- 
tions légitimes.  Ils  ont  contribué  pour  leur  part  à  la  débâcle  finale 
aiitricliienne  et  sont  qualifiés  pour  le  rappeler  à  ceux  qui  sont 
aujourd'hui  tentés  de  l'oublier. 

15.  —  Il  n'était  d'ailleurs  pas  facile  de  faire  preuve  de  tiédeur  pour 
la  cause  des  Habsbourg,  et  l'album  édité  par  la  librairie  Grasset  nous 
en  donne  des  preuves  indiscutables.  Bulgares,  Hongrois  et  Germains 
ont  rivalisé  de  férocité  pour  contenir  des  populations  qui  frémis- 
saient sous  un  joug  odieux.  Ces  reproductions  photographiques  de 
fusillades  el  de  pendaisons  donnent  un  échantillon  des  procédés  des 
tortionnaires  germano-touraniens.  Ce  sont  des  visions  horribles  et 
qui  restent  comme  un  accablant  réquisitoire  contre  la  barbarie  qui 
s'était  faite  l'auxiliaire  de  la  Kultiir  boche.  P.  Pis.vm. 


OUVRACîES  SUR  LA  MUSIQUE  ET  LES  MUSICIENS 

L' Accompniiiieinent  du  chant  grégorien  en  cinq  leçons,  par  l'abbé  Jlles  Carillios. 
Paris,  Bonne  Presse,  s.  d.,  petit  in-l2  de  32  p..  0  fr.  30.  —  2.  Le  Chant  grégorien 
restauré  par  Pie  X.  Principes  traditionnels  d'exécution  d'après  l'École  de  Solesmes,  par 
l'abbé  Th.  Lvrocue.  Cbez  l'auteur,  curé  de  la  Cheppe.  par  Suippe.s  (Marne),  1916, 
in-S  de  110  p.  Polycopie.  1  fr.  —  3.  Les  Musiciens  célèbres.  La  Musique  grégorienne, 
par  Dom  Auglstin  Gat.vrd.  Paris.  Laurens,  s.  d..  in-8  de  128  p..  avec  12  repro- 
ductions hors  texte,  2  fr.  50.  —  4.  Les  Maîtres  de  la  musique.  Mo:art,  par  Henhi 
DE  CcRzox.  Paris,  .\lcan,  1914.  petit  in-8  de  288  p.,  avec  portrait.  3  fr.  50.  —  5. 


—  110  — 

Les  Maîtres  de  la  musique.  Victoria,  par  Henri  Collei.  Paris,  Alcaii,  1914.  petit  iii-S 
de  213  p.,  avec  I  pi.,  3  fr.  ôO.*  —  6.  Les  Maîtres  de  la  musique.  Les  Créateurs  de 
V  opéra-comique  français,  par  Georges  Cuclel.  Paris.  Alcan,  1914,  petit  iii-8  de  245  p., 
avec  i  pi.,  '-i  fr.  50.  ■ —  7.  Les  Maîtres  de  la  musique,  t  -i  Demi-Sièrle  de  musi(iue  fran- 
çaise. Entre  les  deux  guerres  (1870-l'Jl7),  par  Julien  Tierkit.  Paris',  .\lcari,  1918, 
petit  in-8  de  249  p.,  3  fr.  50.  —  8.  Les  Genres  musicaux.  Quelques  mots  sur  la  sonate 
{Évolution  du  genre),  par  Blanche  Selva.  Paris,  Delaplane,  1914,  in-lO  de  22.")  p., 
2  fr.  —  9.  Études  musicales,  par  Joseph -de  Makliave.  Paris,  Alcan,  1917.  iii-lO  île 
vi-229  p.,  3  ff.  50.  —  10.  Le  Cas  Wagner,  suivi  de  .\ietzsche  contre  Wagner,  par 
Frédéric  Nietzsche  ;  trad.  par  Henri  Albert.  Paris,  Mercure  de  France,  1914, 
in-8  de  lOb  p.,  1  l'r.  —  \\.  La  Trente-Deuxième  Cantate  de  Bach,  par  Henri  Malbel. 
Paris,  Fisbacher,  1914,  petit  in-4  de  52  p.,  2  fr.  —  12.  Au  courant  de  la  vie,  par 
Ca.mille  SAiNT-SAiiNs.  Paris,  Dorbon,  aîné,  1914,  gv.  in-8,  de  117  p.,  7  fr.  50.  — 
13.  L'Année  musicale,  publi.ée  par  Michel  Brenet,  J,  Chantavoinr,  L.  Lalov,  E.  de 
LA.  Laukb.ncfe.  :i*  année,  1913.  Paris,  Alcan,  in-8  de  358  p  ,  10  fr.  —  14.  Library  of 
Congress.  Catalogue  of  earlj  books  on  music  (before  1>I00),  by  Jllia  Ghegory,  of  tlie 
catalogue  division,  prepared  under  tlie  direction  of  0.  G.  Sonneck.  Wasliington, 
Government  printing  office,  1913.  gr.  in-8  de  312  p,.  cartonné.  —  15.  Histoire 
de  la  musique,  des  origines  à  la  mort  de  Beethoven.  T.  11.  Du  ww  siècle  à  la  mort  de 
Beethoven,  par  J.  Comhariel.  Paris,  Colin,  1913,  in-8  de  703  p..  8  fr. 

1.  —  Sans  pouvoir  prétendre,  en  si  peu  de  place,  32  ^^etites  pages, 
tenir  lieu  de  maître  ni  d'un  véritable  traité  d'harmonie,  l'Accompa- 
gnement du  chant  grégorien,  par  M.  l'abbé  Jules  Carillion,  pourrait,  à 
titre  de  première  initiation,  se  recommander  par  son  plan,  sa  clarté, 
Tabondance  de  ses  exemples  et  de  ses  exercices.  Mais  l'auteur  ignore 
le  véritable  rythme  du  plain-chant  ;  et  les  règles  qu'il  donne  relative- 
ment à  la  place  des  accords  ne  peuvent  que  détourner  de  la  véritable 
intelligence  des  mélodies  grégoriennes. 

2.  —  Dans  ses  Principes  traditionnels  d' exécution  du  chaid  grégo- 
rien, M.  l'abbé  Laroche  a  heureusement  résumé  en  quelques  pages, 
sous  forme  catéchistique,  la  méthode  de  chant  de  Solesmcs.  On  trou- 
vera dans  ce  petit  livre,  uniquement  prati(|ue,  écrit  pour  une  mo- 
deste «  schola  cantoruni  »  de  paroisse,  tout  ce  que  les  enfants  ont 
besoin  de  savoir  pour  bien  interpréter  le  chant  grégorien.  Les 
exemples  abondent,  tous  tirés  des  morceaux  usuels,  et  en  notation 
musicale  moderne.  Souhaitons  que  ce  manuel  obtienne  un  jour  les 
honneurs  de  l'impression. 

o.  —  Cette  Étude  descriptive  et  historique,  comme  l'appelle  Dom 
Gatard  dans  son  sous-titre,  étudie  d'abord  la  Musique  grégorienne 
dans  sa  tonalité,  dans  son  rythme,  le  caractère  de  ses  mélodies,  et  sa 
notation  ;  suit  l'historique  de  ce  chant  depuis  ses  origines  jusqu'à 
nos  jours.  C'est  un  résumé  clair,  substanliel,  de  l'enseignement  de  la 
Paléographie  musicale  et  du  Nombre  musical  grégorien,  dont  il 
reproduit  fidèlement  les  doctrines.  L'intérêt  du  volume  est  encore 
augmenté  par  une  collection  do  gravures  reproduisant  des  illustra- 
tions de  manuscrits  ou  de  livres  imprimes,  ou  bien  difTérenis  spéci- 
mens d'écriture  musicale,  depuis  les  neumes  primitifs,  ju-(pi'à  la 
notation  sur  la  portée. 


—  111  — 

i.  —  (I  Mozart  est  le  plus  grand  f,fénie  que  l'nrt  de  la  niu>i((iie  ait 
jamais  fait  naître.  »  Telle  est  la  déclaration  par  laquelle  débute  le 
Mozart  de  M.  Henri  de  Curzon.  Démontrer  ce  génie  en  suivant  pas  à 
pas  loGiivre  de  Mozart,  voilà  tout  ce  livre.  Et  quel  génie  ?  L'auteur  l'a 
bien  conipris.  Génie  simple,  incoiiscieiil.  miraculeux  et  naturel  à  la 
fois,  qui  produit  le  miracle  comme  une  chose  ordinaire.  Mozart  ne 
cherche  ni  le  nouveau,  ni  la  réforme  ;  mais  l'éblouissante  et  féconde 
flamme  de  son  génie  transforme  tout,  renouvelle  tout.  C'est  un 
enchantement.  \u  point  de  vue  technique,  tout  lui  est  aisé,  tout  lui 
est  facile  ;  il  semble  qu'il  invente  la  musique  même,  tant  la  difficulté 
se  fond  aux  rayons  de  son  génie  de  lumière  et  de  joie.  Chez  lui  rien 
n'est  prodigieux  parce  que  tout  est  prodige.  Éclaircie  de  la  sorte  dès 
les  premiers  pas.  l'histoire  de  la  vie  de  Mozart,  de  son  développe- 
ment, de  sa  carrière,  se  trouve  singulièrement  simplifiée.  L'histoire, 
l'anecdote,  la  biographie  sont  mises  au  second  plan  ;  elles  ne  servent 
qu'à  éclairer  l'étude  chronologique  des  œuvres.  Le  caractère  de  Mozart 
se  dégage  de  cette  description  patiente  et  attentive  de  l'évolution 
musicale,  et  sa  vie  elle-même  est  plus  connue,  «  c.ar  en  réalité, 
l'œuvre  de  Mozart,  c'est  sa  vie  elle-même.  » 

5.  —  Le  Victoria  de  M.  Henri  Collet  a  le  mérite  d'être  le  premier 
ouvrage  que  l'on  consacre  au  génial  musicien  du  xvi*'  siècle,  considéré 
à  bon  droit  comme  le  rival  de  Falestrina.  L'Espagnol  Victoria,  appelé 
le  plus  souvent  jusqu'ici  à  l'italienne  ((  Vittoria  »,  est  déjà  fort  connu 
et  admiré  du  public  français.  Mais  cette  connaissance  et  cette  admira- 
lion  se  bornent  souvent  au  charme  goûté  d'une  première  audition. 
Nul  mieux  que  le  récent  auteur  du  Mysticisme  musical  espagnol  au 
x\i'  siècle  n'était  préparé  pour  parler  de  celui  dans  lequel  est  venu 
se  résumer  en  quelque  sorte  et  s'épanouir  tout  ce  magnifique  mou- 
vement. Dans  la  première  partie  de  cet  ouvrage  nous  avons  trouvé 
l'histoire  documentée  d'une  carrière  d'abord  brillante  qui  se  tour- 
nait de  plus  en  plus,  et  volontairement,  vers  le  silence  et  les 
pures  aspirations  de  la  foi.  L'étude  de  l'œuvre  qui  fait  suite  nous  ré- 
vèle cette  foi  profonde  qui  orienta  et  finit  par  absorber  la  vie  de  Vic- 
toria :  «  c'est  dans  la  plus  austère  religion,  voire  dans  le  mysticisme 
exalté  qu'il  faut  reconnaître  les  sources  de  son  inspiration.  »  Sa  devise 
Dec  optimo  clarissimo  nous  fera  comprendre  «.  l'unité  d'une  vie  d'ar- 
tiste fondue  en  Dieu,  objet  exclusif  et  suprême  de  toutes  les  impres- 
sions, de  toutes  les  émotions  à  Lui  rapportées  d'une  langue  naturelle- 
ment ecclésiastique,  n  La  vraie  cantilène  ecclésiastique  romaine  ou 
espagnole,  unie  à  la  propre  mélodie  de  son  âme  heureuse  ou  blessée, 
telles  sont  eu  effet  les  sources  très  pures  de  la  musique  victorienne. 
Et  c'est  ce  qui  en  explique  le  style.  Certes  Victoria  pensait  vraiment 
dans    la   langue    musicale  et     la    parlait    avec    une    élégance  déjà 


—   112  — 

raffinée,  mais  il  no  faut  pas  chercher  chez  hii  ces  pages  d'nne  écriture 
modèle  que  Palestrina  nous  olfre  si  souvent.  Le  dramatisme  expres- 
sif du  Castillan  saura  nous  émouvoir  par  des  accents,  des  cris,  des 
larmes  plus  louchantes  que  les  contrepoints  les  mieux  venus.  Celte 
prédominance  de  l'esprit  sur  la  forme  donne,  scmble-t-il,  à  Victoria  de 
subtiles  affinités  avec  les  Primitifs  dans  les  autres  arts.  Pourtant 
l'analyse  de  passages  hardis  permet  de  noter  des  nouveautés  d'écri- 
ture qui  révèlent  1  instinct  du  génie  précurseur.  A  une  heure  où  tout 
semble  s'orienter  vers  la  réforme  de  l'art  religieux  et  catholique, 
Tious  souhaitons  fort  de  voir  ce  livre  se  répandre  et,  au  contact  de  ce 
((  Primitif  »  en  musique,  donner  aux  artistes  le  goût  des  deux  vraies 
sources  d'inspiration  de  la  musique  religieuse,  l'une  intérieure  :  la 
foi  vivante  et  ardente,  l'autie  extérieure  :  la  cantilène  ecclésiastique, 
le  plain-chant,  qui  leur  permettront  de  vivifier,  Deo  opL'imo  clarissinio. 
les  matériaux  incomparablement  plus  variés  de  la  technique  musicale 
d'aujourd'hui. 

6.  —  On  peut  lire  en  toute  sécurité  les  Créateurs  de  l'opéra  comique 
français,  de  M.  G.  Cucuel  :  ce  livre,  aussi  clair  qu'il  est  nourri,  est  en- 
tièrement appuyé  sur  les  sources  et  les  documents  (voir  ci-dessous 
n°  13  :  L'Année  musicale  de  1913).  Des  recherches  de  M.  G.  Cucuel,  il 
résulte  que  les  premiers  essais  d'opéras  comiques  se  rencontrent  à  la 
comédie  italienne  avant  1697.  Cependant  trois  influences  se  lisent 
netternent  daiis  l'opéra  comique  français  une  fois  constitué  :  le 
théâtre  de  la  Foire  de  171^  à  1740,  l'opéra  bouffe  italien  vers  1752  et 
au  delà,  enfin  la  symplionie  allemande  qui  se  fait  connnaître  en 
France  vers  1760.  Tels  sont  les  éléments  disparates  qui  ont  formé  ce 
genre  «  éminemment  français  »  qui  reflète  avec  exactitude  les  senti- 
ments, les  mœurs,  les  idées,  le  mélange  de  sensibilité  et  de  légèreté 
qui  caractérisent  le  xviii*  siècle. 

7.  —  Le  livre  intitulé  :  in  Demi-Siècle  de  musique  française  a  été 
écrit  en  pleine  guerre.  Les  bouleversements  qui  se  produisent  pro- 
voquetit  à  un  examen  de  conscience  :  la  musique  ne  saurait  échapper 
à  cet  examen.  Où  en  sommes-nous  ?  se  demande  M.  Julien  Tiersot, 
qu'avons  nous  fait  depuis  un  demi-siècle  P  Le  présent  livre  est  une 
réponse  à  cette  question.  L'École  française  a  fait  preuve,  dans  cette 
période,  d'une  activité  jusqu'alors  insoupçonnée.  M.  J.  Tiersot  en  étu- 
die les  manifestations  avec  sympathie  et  impartialité.  Après  un  rapide 
regard  sur  la  musique  avant  1870,  l'auteur  entre  en  plein  dans  son 
sujet.  Pour  lui,  l'événement  capital  dans  l'histoire  de  l'art  français, 
est  la  constitution,  le  2."i  février  1871,  de  la  u  Société  nationale  de 
musique  »  dont  l'initiateur  est  M.  Saint-Saëns.  Paris  venait  à  peine 
d'être  délivré  du  blocus  prussien  !  La  grande  ombre  de  Berlioz  plane 
sur  la  jeune  société  et  l'inspire.  De  nouveaux  compositeurs   allinent 


—  113  — 

leur  talent  :  Bizet,  (iiiiiaud,  Masseiiel,  Heyer,  etc..  ;  bientôt  deux 
grandes  Kcoles  de  dégagent  :  École  de  César  Frank  avec  Vincent 
dlndy,  Kccile  de  Saint-Saëns  avec  Gabriel  Fauré.  Une  troisième  École, 
celle  du  Conservatoire,  a  sa  physionomie  pat ticulière.  Chacune  est 
étudiée  dans  ses  principaux  représentants.  Enfin  pour  terminer  le 
volume,  M.  J.  Tiersot  esquisse  les  [lortraits  d'Alfred  Bruneau.  de 
(instave  Charpcnliei-  ;  il  s'étend  plus  longuement  sur  Claude  Debussy. 
Après  11)00,  la  jeune  génération  a  déjà  donné  des  preuves  de  son  acti- 
vité artistique,  mais  elle  a  été  «  violemment  tirée  de  son  rcve  par 
les  sanglantes  réalités  de  1914.  »  Après  cet  expose  historique.  M.  J. 
Tiersot  ne  craint  pas  de  conclure  :  «  Désormais  la  musique  fran(;aise 
a  le  droit  de  réclamer  dans  le  concert  des  nations,  la  place  qui  lui 
appartient,  et  qui  est,  ne  craignons  pas  de  le  dire,  la  première.  » 

8.  —  Quelfjiies  mots  sur  la  sonate,  de  M"'  Blanche  Sel  va.  est  un 
ouvrage  destiné  au  grand  public  :  il  est  extrait  d'un  livre  très  docu- 
menté, très  érudit  :  La  Sonate,  étude  de  son  évolution  technique  his- 
torique et  expressive,  en  vue  de  r interprétation  et  de  l'audition  (Paris, 
Kouard  et  Lerolle).  Les  origines  de  la  sonate,  la  sonate  pré-beetho- 
vienne,  la  sonate  de  Beethoven,  la  sonate  après  Beethoven,  la  sonate 
moderne  :  telles  sont  les  étapes  que  l'auteur  parcourt  rapidement, 
laissant  voir  partout  la  sûreté  et  léquilibre  parfait  de  son  jugement 
en  matière  d'art.  Le  chapitre  II  sur  l'interprétation,  dont  les  principes 
sont  applicables  à  toute  forme  de  musique,  recommanderait  à  lui 
t^eul  la  lecture  de  ce  petit  livre.  Les  artistes,  compositeurs  aussi  bien 
qu'interprètes,  y  trouveront,  donnés  par  une  artiste,  le  secret  comme 
le  but  de  leur  art  :  «  Voir  et  aimer  la  Beauté  et  l'expliquer  aux  autres 
pour  le  plus  grand  rayonnement  de  cette  même  Beauté.  » 

9.  —  Le  capitaine  Joseph  de  Marliave  était  l'un  de  nos  musicologues 
les  plus  érudits.  Il  a  été  tué  glorieusement  à  l'ennemi  dès  le  début 
de  la  guerre.  L'éditeur  des  présentes  Études  musicales  a  voulu  être 
utile  en  réunissant  les  articles  publiés  par  M.  J.  de  Marliave  dans 
diverses  revues.  Ce  premier  volume  comprend  les  études  d'un  carac- 
tère général.  Je  me  borne  à  les  énumérer,  faute  de  place,  en  ajoutant 
la  date  de  leur  composition  :  Gabriel  Fauré,  1903  ;  Musiciens  russes, 
1907  ;  Musiciens  anglais,  190G  ;  Isaac  Albeniz,  1912  ;  Musiciens  alle- 
mands, 1907-1910.  Le  volume  se  termine  par  quelques  pages  inédites 
sur  les  quatuors  de  Beethoven  ;  elles  sont  en  quelque  sorte  la  préface 
•de  l'étude  très  importante  qui  sera  publiée  sur  ce  même  sujet.  Ce  n'est 
pas  sans  une  impression  douloureuse  qu'on  lira  les  pages  de  cette 
victime  de  la  guerre  sur  les  musiciens  allemands  :  sa  critique  a  des 
éloges  sans  doute,  mais  en  présence  de  certaines  œuvres  de  Richard 
Strauss,  il  ne  peut  retenir  sa  plume  et  relève  «  l'orgueil  kolossal  », 

AoCT-SEPTEMIiRE  1919.  T.  CXLVl.  8. 


—  iu- 
le «  mépris  féroce  »,  ((  la  cltireté  »>   de  cette   race  contre  laquelle  il  a 
lutté  jusqu'à  la  mort. 

10.  —  Nietzsche,  après  avoir  été  Tami,  l'admirateur  de  Wagner,  en 
est  devenu  l'adversaire,  le  détracteur  le  plus  déterminé.  Le  Cas 
Wagner,  sous  une  forme  moitié  plaisante,  moitié  séiieuse,  ridendo 
dicere  sevenim,  est  une  charge  à  fond  contre  le  théâtre  de  Wagner, 
contre  le  comédien  qu'est  Wagner,  contre  la  musique  de  Wagner, 
qui  est  un  art  de  décadence  et  de  mensonge.  Dans  l'Épilogue  on  lit 
cette  plirase  :  «  Un  philosophe  éprouve  le  besoin  de  se  laver  les 
mains,  après  s'être  occupé  si  longtemps  du  Cas  Wagner  !  Le  Nietzsche 
contre  Wagner  est  une  série  de  chapitres  choisis  par  Nietzsche  dans 
ses  écrits  précédents  de  1877  à  1888.  C'est  un  développement  du  cas 
W^agner,  sous  une  forme  plus  «  sérieuse  »,  c'est  Nietzsche  qui  le  dit 
lui-même  (p.  103).  Au  fond,  toutes  ces  attaques  ne  le  sont  guère 
«  sérieuses.  »  Nietzsche,  avec  sa  philosophie  détestable,  était  inca- 
pable de  comprendre  Wagner  ;  ce  qui  n'est,  après  tout,  que  demi 
mal  :  mais  ce  qui  clioque  ici  par-dessus  tout,  ce  sont  les  doctrines 
odieuses  du  philosophe. 

i\.  ~  Une  longue  Introduction  (la  moitié  de  la  brochure)  où  l'au- 
teur a  la  prétention  de  nous  faire  connaître  le  sujet  de  la  Trente-Deu- 
xième Cantate  de  Bach  («  Jésus  bien-aimé.  mon  désir  »),  et  qui  n'est 
qu'une  mièvre  et  inconvenante  divagation  sentimentale  d'une  reli- 
giosité nouriie  de  Renan  et  de  légendes  sans  naïveté  ni  fraîcheur. 
Avec  encore  quelques  vagabondages,  une  analyse,  fantaisie  verbale  et 
verbeuse,  de  cette  œuvre  si  pure  du  grand  et  sincère  J.  S.  Bach. 

42.  —  Si  vous  voulez  vous  délasser  d'un  travail  intellectuel  îai'i- 
gws^ni,  \)v&x\ez  Au  courant  de  la  vie,  de  M.  C.  Saint-Saëns.  L'auteur 
vous  parlera  dabord  musique  et  musiciens  ;  sur  ce  sujet  il  excelle  ; 
puis  il  éveillera  ses  souvenirs,  vous  fera  même  quelques  confidences 
sur  l'origine  de  telle  ou  telle  de  ses  œuvres.  Enfin,  à  propos  de  bctes. 
il  effleurera,  —  oh  !  sans  prétention.  — la  philosophie  ;  là,  vous  trou- 
verez l'histoire  de  sa  chienne  Dalila.  dont  la  photographie  est  en  tête 
du  volume.  Vous  penserez  peut-être  que  le  philosophe  n'est  pas  à  la 
hauteur  du  musicien,  et  vous  n'aurez  pas  tort  ;  mais  vous  serez  forcé 
d'avouer  quo  l'un  et  l'autre  sont  agréables  et  reposants.  L'édition  est 
très  artistique,  d^stiinl-e  d'ailleurs  aux  bibliophiles. 

13.  —  Le  troisième  tome  de  YAnnée  musicale  (1013)  rencontrera 
parmi  les  musicologues,  la  même  faveur  que  les  deux  premières 
années  de  cette  savante  publication.  Cne  importante  Bibliographie 
des  hihliographies  musicales,  établie  par  M.  Michel  lîrenet.  aj)portera 
aux  érudits  \r  j)lns  utile  instrument  de  travail  pour  les  guider  dans 
leurs  rechoiehes.  La  division  en  est  bien  comprise  :  I.  Ouvrages  gé- 
néraux, classés  par  ordre  alj)habéti(|ue  de   noms  d'auteurs,  et,  pour 


—  115   - 

les  anonymes,  de  titres  ;  H.  Bibliographies  iiulividuelles,  par  noms 
(le  musiciens  :  III.  Catalogues  de  bibliothèques  publiques  ;  IV.  Cata- 
logues de  bibliothèques  privées  ;  V.  Catalogue  d'éditeurs  et  de  li- 
braires. .\ussi  utile  est  le  Cataloyuc  mclhodiijue  des  manuscrits  musi- 
caux du  Tonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale,  dressée  par 
M.  Louis  Royer.  L'auteur  donne  l'inclpit  et  les  derniers  mots  de 
chaque  traité.  On  trouvera,  à  la  fin,  une  liste  alphabétique  des  au- 
teurs et  une  table  des  iiicipil  des  traités  anonymes,  qui  complètent 
sur  plusieurs  points  celui  que  Doin  \'ivell  a  lourni  dans  Initia  Irac- 
luum  musicae  ex  codicihus  cditoriiin...  Une  étude  de  M.  Lionel  de  la 
Laurencie  apporte  des  documents  curieux  sur  la  carrière  d'Andic 
Campra.  musicien  profane  ;  et  M.  Georges  Cucuel,  dans  un  mémoire 
richement  documenté,  remonte  aux  sources  de  l'opéra  comique  fran- 
çais, dont  il  s'est  fait  le  sagace  historien.  M.  Jean  Chantavoine  passe 
en  revue  les  nouveautés  de  la  musique  française  en  1913.  Enfin  de 
nombreux  comptes  rendus  d'ouvrages  terminent  le  volume. 

14.  —  Le  Catalogue  of  early  books  on  nnisic  [before  18S0)  rendra 
service  aux  musicistes  américains  qui  ne  peuvent  se  procurer  ces 
sortes  d'ouvrages  à  cause  de  leur  rareté  et  de  leur  prix  exorbitant. 
Il  est  dressé  avec  soin  et  intelligence,  par  ordre  alphabétique  de  noms 
d'auteurs  ;  il  s'arrête  à  l'année  1800.  On  y  trouve  certains  livres  très 
rares.  L'Amérique  a  su  s'enrichir  des  dépouilles  de  la  vieille  Europe. 
La  même  bibliothèque  a  publié  déjà  :  Orchestral  Music  Catalogue  et 
Dramatic  Music,  catalogue  of  full  scores,  en  1908,  tous  deux  annoncés 
en  leur  temps  dans  le  Polybiblion. 

15.  —  Le  Polybiblion  a  déjà  fait  l'éloge  du  tome  premier  de  l'His- 
toire de  la  musique  de  M.  J.  Combarieu  (t.  CXXVIII.  octobre  1913. 
p.  31 1-312),  Le  touie  deuxième,  paru  en  1913.  n'est  en  rien  inférieur 
à  son  aîné  :  même  méthode,  même  esprit  général  de  travail,  même 
érudition,  même  abondance  de  bibliographie;  en  somme  une  véri- 
table histoire  de  la  musique  à  la  fois  complète  et  condensée  eu  une 
forme  qui  la  rend  accessible  à  tous.  Le  nouveau  volume  nous  conduit 
du  xvii«  siècle  à  la  mort  de  Beethoven  (1825).  Il  achève  l'histoire  de 
la  Renaissance  musicale  en  étudiant  lopéra  italien  et  son  rayonne- 
ment en  Europe,  l'opéra  français,  la  musique  d'église,  bref  toutes  les 
manifestations  de  l'art  musical  au  xvii''  siècle,  c'est-à-dire  les  œuvres 
de  Lulli,  Rameau,  Haendel,  S.  Bach,  etc.  Les  temps  modernes  com- 
mencent vers  1750,  cette  période  va  de  Gluck  et  de  Piccini  à  Beetho- 
ven ;  elle  est  coupée  par  la  Révolution.  Un  troisième  volume  devait 
conduire  l'Histoire  de  la  musique  jusqu'à  nos  jours;  nous  espérons- 
que  la  mort  si  regrettable  de  M.  J.  Combarieu  n'empêchera  pas  la 
réalisation  de  ce  projet.  0.  M.  B. 


—  M(j  — 
THÉOLOGIE  / 

Paradoxes  «lu  catholicisme,  par  Mgr  Robert  Hugb  Bekson  ;  traduc- 
tion de  l'anglais  par  Charles  Guolleau.  Paris,  Crès,  1919,  in-16  de  xi[- 
252  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

La  méthode  suivie  par  le  célèbre  converti  anglais,  le  regretté  Mgr 
Robert  Hugb  Benson,  dans  son  carême  de  1913.  sur  les  Paradoxes  du 
catholicisme,  prêché  à  Rome,  en  l'église  San-Silvestro-in-Capite,  con- 
siste à  mettre  en  relief  et  en  contraste  deux  groupes  d'objections  con- 
tradictoires dirigées  contre  le  catholicisme,  à  propos  d'un  même  pro- 
blème moral  ou  doctrinal  :  paix  et  guerre,  richesse  et  pauvreté,  sainteté 
et  péché,  joie  et  tristesse,  amour  de  Dieu  et  amour  de  l'homme,  foi  et 
raison,  autorité  et  liberté,  société  et  individualisme,  douceur  et  vio- 
lence, vie  et  mort.  L'orateur  ne  se  contente  pas  d'opposer  l'un  à 
l'autre,  comme  pour  les  annuler,  les  deux  groupes  d'objections, 
mais  il  dégage  avec  force  celui  des  caractères  complexes  du  catholi- 
cisme que  défigure  ou  méconnaît  chacune  des  objections  en  pré- 
sence. Dans  cette  complexité.  Mgr  Benson,  loin  de  voir  une  faiblesse, 
montre  au  contraire  une  richesse  féconde  de  vérité.  L'Église  est  à  la 
fois  divine  et  humaine.  L'objet  de  sa  mission  sur  la  terre  requiert 
pareille  juxtaposition  des  éléments  d'ordre  divin  et  d'ordre  humain 
dans  une  synthèse  compréhensive  et  une  même  réalité  vivante.  Image 
lointaine  de  la  dualité  des  natures  divine  et  humaine  dans  l'un.ité 
personnelle  et  substantielle  du  Verbe  incarné.  Dans  le  Christ  comme 
dans  l'Église,  il  y  a  le  paradoxe  de  la  coexistence,  que  d'aucuns 
auraient  faussement  cru  contradictoire,  de  ce  qui  est  divin  et  de  ce 
qui  est  humain.  Le  mystère  de  l'Église  répond,  non  sans  frappante 
analogie,  du  mystère  du  Christ. 

Le  recueil  se  compose  de  courts  sermons  où  la  démonstration  ne 
saurait  être  creusée  en  profondeur,  mais  où  l'argumentation  vive  et 
topique  du  défenseur  de  l'Eglise  laisse  dans  l'esprit  de  l'auditeur  et 
du  lecteur  une  impression  saisissante  de  vérité. 

Le  traducteur  des  Paradoxes  du  ralholicisine,  M.  Charles  Grolleau, 
est  à  la  fois  un  spécialiste  distingué  des  études  anglaises  et  un 
apôtre  ardent  des  idées  catholiques.  Yves  de  la  Brière. 


JURISPRUDENCE 


The  Privileycs  and  Iinniunlties  of  State  Citizeiiship,  by  Roger 
Ho-vvELL.  Halliinore.  .lohns  Ilopkins  Univorsily  Studies,  1918,  in-S  de 
117  p.  —  Prix  :  5  fr. 

L'auteur,  qui  est  maintenant  oflicier  dans  l'armée  des  États-L^nis, 
s'est  elïbrcé,  dans  cet  opuscule,  de  préciser  la  portée  d'un  article  in-v 
Iroduit  dans  la  constitution  en  1787  et  qui  est  connu  sous  le  nom  de 


i 


-   117  — 

Coinily  Clause  (dans  la  seconde  section  de  l'article  i  de  la  constitu- 
tion). Cette  clause  garantit  aux  citoyens  de  cliafjue  Étal  la  jouissance 
dans  les  autres  États  de  tous  les  privilèges  et  ininiui»ités  des  citoyens. 
Il  interdit  ainsi  à  chaque  État  de  soumettre  les  citoyens  des  autres 
États  à  une  législation  diflérente  (discriminatory  Icyi.stalion)  de  celle 
qui  s'ap[)lique  à  ses  propres  ressortissants.  Cette  interdiction  vaut 
incontestablement  pour  l'ensemble  des  droits  privés  ou  civils.  On  ne 
doit  pas,  explique  notre  auteur,  la  considérer  comme  absolue  en 
matière  de  droits  politiques  ou  quasi-politiques,  ni  pour  les  mesures 
de  police,  ni  pour  le  régime  des  corporations  n'avant  pas  leur  siège 
dans  l'État.  Certains  juristes  avaient  essayé  de  présenter  la  Comity 
Clause  comme  une  sorte  de  sauvegarde  conslitutioiuielle  de  l'en- 
semble des  droits  naturels.  Théorie  séduisante  à  bien  des  égards  : 
M.  R.  Ho\vell  la  repousse  pour  des  raisons  juridiques.  Même  pour 
ceux  qui  ne  lui  reconnaissent  pas  une  telle  portée,  la  clause  en  ques- 
tion est  bien  l'une  des  assises  de  l'union  américaine. 

Ba^o.n  Angot  des  Rotolrs. 


SCIENCES  ET  ARTS 

L'Éducation  de  rintelliyence  et  du  cœur,  par  G.  Méra.  J'aris.  Le- 
thielleiix,  iUl 4,  in-12  de  216  p.  —  Prix  :  3  fr.  oO. 

Dès  la  première  page,  l'auteur  nous  avertit  qu'il  a  formé  ce  volume 
d'articles  publiés  antérieurement  dans  m  deux  Revues  très  dignes 
d  intérêt.  »  On  ne  doit  donc  pas  s'attendre  à  y  trouver  une  rigoureuse 
unité  de  composition.  C'est  l'unité  d'inspiration  qui  fait  le  lien  entre 
les  morceaux  divers,  et  on  en  pourrait  peut-être  formuler  un  résume 
assez  exact  en  ces  deux  propositions  :  l'étude  des  auteurs  classiques 
élève  l'intelligence,  affine  le  goût,  et  nous  prépare  ainsi  à  mieux  appré- 
cier la  vérité  chrétienne  ;  mais  il  faut  à  Tàme  qui  veut  réussir  dans 
cette  tâche  des  dispositions  d'ordre  moral  sans  lesquelles  son  regard 
serait  plus  ou  moins  obscurci. 

Si  ces  pensées  ne  sont  pas  entièrement  nouvelles,  elles  sont  incul- 
quées ici  et  développées  par  des  observations  judicieuses  et  de  saga- 
ces  analyses,  dont  profiteront  les  éducateurs,  et  qui  prouvent  une  fois 
de  plus  que  la  valeur  d'une  œuvre  ne  dépend  pas  tant  du  sujet  qui 
en  fait  la  matière  que  de  la  manière  de  le  traiter.  Ch.  Landry. 


Aperçu  des  importations  principales  dans  les  divers  pavs, 
de  1911  à  1913,  avec  indication  des  provenances  françaises 
et  étrangères.  Paris.  Alcan.  1918,  gr.  in-S  de  xx\vi-l63  p.  —  Prix  : 
8  fr. 

Cette  publication  de  la  statistique  générale  de  la   France  (service 


—  118  — 

d'observation  des  prix)  est  tin  document  des  plus  utiles,  dont  le 
besoin  se  faisait  particulièrement  sentir  au  moment  où  se  multi- 
plient les  études  concernant  notre  relèvement  économique.  11  est  vrai 
que  les  chiffres  qu'elle  donne  figurent  dans  les  statistiques  douanières 
des  divers  pays.  Mais  tous  ceux  qui  ont  manié  ces  statistiques  con- 
naissent les  tlifTicultés  que  l'on  éprouve  à  les  utiliser.  Elles  ne  sont 
pas  comparables  entre  elles  à  cause  de  la  diversité  des  nomenclatures, 
de  la  différence  des  monnaies  et  des  mesures  —  sans  parler  de  leur 
rédaction  dans  des  langues  étrangères. 

Les  auteurs  de  ce  travail  très  important  ont  choisi  justement  les 
chiffres  du  commerce  spécial  de  préférence  à  ceux  du  commerce  géné- 
ral. Une  Introduction,  signée  de  M.  Lucien  Mardi,  donne  des  vues 
générales  intéressantes  sur  le  commerce  extérieur  de  la  France. 

A.  T. 


Fl«ra  of  New  Mexico,  by  E.  0.  Wooton  and  Paul  G.  Standley.  (Smith- 
sonian  Institution  United  States  national  Muséum.)  Washington,  Govern- 
ment prinling  ofiice,  1915,  in-8  de  794  p. 

Pour  connaître  la  valeur  de  cette  flore  il  est  utile  d'exposer  les  litres 
de  ses  auteurs  :  M.  AVooton  appartient  depuis  vingt  ans  au  Collège 
d'agriculture  du  Nouveau-Mexique,  ce  qui  lui  a  permis  de  faire  de 
nombreuses  collections  botaniques  dans  presque  tous  les  comtés  de 
ce  vaste  État  ;  M.  Standley,  conservateur  adjoint  de  l'Herbier  national 
des  E.  U.  a  participé  trois  ans  aux  travaux  du  Collège  d'agriculture 
du  N.  M.  et,  depuis  lors,  a  parcouru  l'Etat  dans  le  but  spécial  d'en 
approfondir  la  flore.  C'est  le  résultat  de  ces  fructueuses  recherches 
que  nous  présente  le  19^  volume  des  Contributions  à  l'Herbier  national 
des  E.  U.  ;  inutile  de  dire  que  les  auteurs  y  ont  joint  tout  ce  (pi'ils  ont 
pu  tirer  des  ouvrages  parus  précédemment  ainsi  que  de  linspection 
des  nombreux  herbiers  qu'ils  ont  consultés. 

La  Flore  du  Nouveau-Mexique  donne  la  description  de  2.975  espèces 
de  phanérogames  ou  de  cryptogames  vasculaires  ;  toutefois  les  auteurs 
présument  avec  raison  que  le  N.  M.  renferme  beaucoup  plus  de  .3.000 
espèces  dans  les  122.000  milles  carrés  de  sa  superficie.  Il  est  assez 
probable,  en  effet,  qu'il  existe  encore  de  nombreux  cantons  qui  n'ont 
pas  été  visités  par  un  botaniste  et  cela  le  long  des  frontières  de  l'État. 
II  importe  en  outre  de  signaler  tout  particulièrement  le  caractère 
local  de  cette  flore  :  les  données  concernant  l'habitat  et  la  distribution 
en  zone  ne  sont  pas  les  seules  à  le  posséder  ;  les  descriptions  géné- 
riques elles-mêmes  sont  établies  en  envisageant  seulement  les  espèces 
néo-mexicaines  et  elles  peuvent  fort  bien  ne  pas  s'appliquer  exacte- 
ment aux  espèces  étrangères. 

De  plus,  tout  ce  (jui  concerne  la  pliytogéogtaphie  fera  l'objet  d'un 


—  Ili>  — 

ti.ivilil  spécial.  'IVlIe  (iircllc  est.  lu  Flore  du  Nouveau-Mexiquo  est  un 
oiiNia^uî  (jiii  précise  l'état  des  connaissances  iiolaniqnes  d'une  partie 
du  S.  0.  américain  à  la  fin  de  l'année  1914  ;  indispensable  aux  her- 
horisations,  il  est  en  même  temps  une  pierre  nouvelle  et  fort  impor- 
tante de  l'immense  édifice  consacré  par  le  Muséum  des  E.  U.  aux 
connaissances  botarûques  de  l'Américpie  du  nord. 

J.-B.  Maktin. 


LITTÉHATIJRE 


Horace,  sa  A'ie  et  sa  pensée  ù  Tépoque  des  Épîtres,  élude  xiir  le 
pre.Diicv  Livre,  par  Edmond  Couhbald.  Paris,  Hacliette,  1914,  iti-16  de 
vin-3t)8  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Tout  est-il  dit  sur  Horace  ?  M.  Gourbaud  ne  le  pense  pas,  et  il  a 
raison  de  croire  que  les  choses  littéraires  contiennent  une  part  d'in- 
terprétation, et  que  ces  sortes  de  questions,  comme  d'ailleurs  la  plu- 
part des  questions  qui  intéressent  les  hommes,  se  renouvellent  avec 
l'esprit  qui  les  envisage.  Il  est  certain  que  les  publications  sur  Horace 
sont  innombrables  ;  combien  de  lettrés,  professeurs  ou  magistrats 
en  retraite,  ont  consacré  à  leur  auteur  préféré,  les  restes  d'uiie  ardeur 
qui  s'éteint,  et  d'une  sagacité  toujours  en  éveil  ?  M.  Gourbaud  con- 
naît tout,  il  a  tout  lu,  mais  il  a  surtout  lu  et  étudié  Horace  lui-même 
•encore  plus  que  ses  nombreux  commentateurs,  a  Pour  comprendre 
ce  qu'un  auteur  a  voulu  dire,  le  mieux  est  encore  de  le  lui  deman- 
der à  lui-même,  sans  intermédiaire.  Rien  ne  vaut,  avec  un  maître 
qui  a  su  s'exprimer,  l'étude  directe,  immédiate,  de  l'œuvre  où  il  a 
traduit  sa  pensée.  » 

Horace  est  à  la  fois  poète  lyrique,  poète  satirique  et  poète  didac- 
tique. M.  Gourbaud  laisse  le  poète  satirique  à  M.  Gartault,  le  poète 
lyrique  à  MM.  Plessis  et  Lejay  ;  il  veut  aborder  une  tâche  plus  res- 
treinte, et  n'étudie  que  le  moraliste.  11  s'agit  non  pas  d'Horace  tout 
entier,  mais  de  ses  Épîtres,  non  pas  de  toutes  les  Épîtres,  mais  de 
vingt  petites  pièces  du  premier  livre.  Il  essaie  de  les  prendre  une  à 
une,  les  analyse  pour  en  saisir  le  sens  et  la  portée  exacte,  et  cherche 
à  interpréter  ainsi  directement  la  pensée  d'Horace,  à  une  époque  dé- 
cisive de  sa  carrière,  à  un  moment  où  son  caractère  était  formé  et  ses 
idées  arrêtées. 

Dans  un  premier  chapitre,  l'auteur  montre  comment  Horace  est 
arrivé  à  l'épître  en  passant  d'abord  par  la  satire,  qui  n'est  pas  pour 
Horace  un  genre  radicalement  dilTéreut  de  l'épître,  puisque  l'élément 
moral  et  didactique  y  est  prépondérant  et  que  l'élément  agressif  et 
personnel  qui  est  le  propre  de  la  satire,  disparaît  et  s'efîace  de  plus 
en  plus.  De  même  que  l'épode  avait  mis  Horace  sur  la  voie  de  l'ode. 


—  120  — 

ainsi  la  satire  l'a  mené  naturellement  à  l'épître  :  o  Tout  procède  chez 
lui  par  transitions  et  par  degrés,  régulièrement  et  avec  ordre.  »  Du 
reste,  le  poète  semble  être  né  pour  l'épître.  Il  n'avait  pas  assez  de 
tempérament  pour  la  satire,  ni  assez  d'enthousiasme  pour  l'ode  ; 
l'émotion  et  l'élan  lyrique  lui  font  défaut;  comme  il  le  lui-même, 
il  a  reçu  des  dieux  un  souille  assez  court  : 

spirilum  tenuem 
Parcax  non  menda  dedil  (6arm.  h,  16,  v.  38). 

Puis,  dans  trois  ou  quatre  chapitres,  agréablement  écrits,  M.  Cour- 
baud  étudie  Horace  lui-même  d'après  ses  épîtres  du  premier  livre,  sa 
conversion,  son  épicurisme  ou  son  stoïcisme,  l'influence  de  la  cam- 
pagne. Je  signale  en  passant  la  fine  analyse  de  l'Àp/'/re  Wù  Tihiille,  et 
l'ingénieux  commentaire  du  mot  un  peu  gros  qui  a  scandalisé 
quelques  amis  d'Horace 

Cum  ridere  voles  «  Epicuri  de  gregc  porcuni  »  (Ep.  i.  iv,  vers  16) 

et  que  M.  Courbaud  explique  fort  bien  en  disant  :  «  Il  y  auiait  quel- 
que injustice  à  retenir  contre  le  poète  la  plaisanterie  de  la  fin,  uu 
peu  forte  évidemment,  mais  qui  lui  a  été  suggérée  par  l'intention 
délicate  de  dérider  un  mélancolique  invétéré,  comme  l'était  Tibulle. 
Que  de  charmants  aperçus  sur  la  société  romaine,  sur  les  voyages. 
les  repas,  la  liberté  politique  dans  l'épître  X  à  Fuscus,  dans  l'épître 
XI  à  Bullalius,  dans  l'épître  XII  à  Iccius. 

Un  des  chapitres  les  plus  intéressants  de  ce  livre,  est  celui  qui  est 
intitulé  :  Horace  et  les  jeunes  gens.  A  coup  sûr,  on  l'eût  fort 
étonné,  si  on  lui  eût  dit  autrefois  qu'il  deviendrait  un  jour  le  con- 
seiller intellectuel  et  le  directeur  moral  des  Florus,  de  LoUius,  des 
Celsus,  des  Scaeva,  c'est-à-dire  des  jeunes  gens  qui  appartenaient 
aux  plus  grandes  familles  de  Rome.  Il  s'irritait  contre  les  importuns 
qui  venaient  le  solliciter  en  pleine  voie  sacrée 

Ibam  forte  via  Siicra 

d'intervenir  en  leur  faveur  auprès  de  Mécène,  dont  il  était,  au  su  de 
tout  le  monde,  l'ami  et  le  faïuilier  ;  mais  il  ne  lui  déplaisait  pas 
qu'on  eût  recours  à  lui  pour  sa  grande  expérience  des  choses  de  l'es- 
prit et  des  choses  de  la  vie.  Il  détestait,  il  est  vrai,  la  mise  en  scène, 
le  ton  doctoral  de  celui  qui  professe,  mais  il  donnait  volontiers  à  des 
amis  j)lus  jeunes  un  conseil  discret,  un  avertissement  utile  avec 
toutes  les  précautions  que  sait  prendre  à  cette  occasion  un  homme 
du  monde.  Cet  enseignement  était  varié  et  s'adaptait  à  la  nature 
d'esprit,  au  caractère  des  disciples.  M.  Courbaud  fait  remarquer  que 
presque  tous  ces  jeunes  gens  étaient  possédés  d'une  inquiétante  ma- 
nie de  littérature  ;  aussi  Horace,  pour  les  guérir  de  cette  vanité,  cher- 


—  121   — 

(  liiiil  diiiie  pjtrt  ù  les  drlfnii  iipp  de  la  poésie  (|iii  Ifur  réserve  des  dé- 
ceptions, parce  qu'elle  ne  soullVe  pas  de  niédiocriti- 

Mediocribus  esse  poelis 
Non  lininiiies,  non  di.  non  concessere  columnae  (ad  Pisoncs  372-3). 

d'antre  part  il  les  poussait  vers  la  philosophie,  où  ils  trouveraient 
plus  de  satisfactions  vraies  et  de  bonheur.  Ainsi,  dans  l'épître  II, 
adressée  à  LoUius,  il  est  un  directeur  de  conscience,  dans  l'épître  111  à 
i'iorus,  dans  l'épître  VllI  à  Celsus,  il  est  plutôt  un  conseiller  littéraire. 
Lesépîtres  \VII1  à  Scaeva,  et  X\II  à  Lollius  contiennent  des  préceptes 
('xcellents  sur  la  manière  de  se  conduire  avec  les  grands  ;  il  y  con- 
damne d'une  manière  discrète  cette  vie  de  servitude  où  cependant  il 
Y  a  du  mérite,  car  comme  il  le  dit  lui-même 

Principibus  placuisse  viris  non  ultiina  laus  est  (Ep.  I,  17,  v.  35) 
et  à  ce  métier  de  courtisan  il  préfère  la  retraite  avec  la  liberté.  Plaire 
aux  premiers  de  ce  monde,  le  résultat  n'est  pas  médiocre  ;  vivre  dans- 
la  retraite  et  manger  son  pain  en  liberté,  le  résultat  est  meilleur. 

Ces  idées  nous  les  retrouvons  développées  sous  une  foiine  plus 
poignante  dans  le  1V<*  chapitre,  intitulé  u  Horace  et  les  Grands.  » 
Étudiez  les  rapports  d'Horace  avecBrutus,  Agrippa,  Auguste,  Mécène 
ou  Tibère,  surtout  lisez  dans  ce  chapitre  l'histoire  de  ses  relations 
avec  Mécène,  et  vous  conclurez  avec  M.  Edmond  Courbaud  que  c'est 
par  le  tact,  par  une  affection  sans  vile  complaisance,  par  le  respect 
de  soi  jusque  dans  le  désir  de  plaire,  par  iin  mélange  de  familiarité 
et  de  déférence,  d'abandon  et  de  retenue.  qu'Horace,  au  milieu  d'une 
société  qui  n'était  pas  la  sienne,  sut  conquérir  une  place  enviée, 
unique,  et,  —  ce  qui  est  plus  rare  —  l'ayant  conquise,  parvint  à  la 
garder.  »  On  en  peut  juger  spécialement  par  l'épître  VII,  adressée  à 
Mécène,  qui  définit  exactement  les  relations  d'Horace  et  de  Mécène, 
et  leur  étroite  amitié,  que  la  mort  elle-même  ne  devait  pas  détruire: 

Non  ego  perfidum 

Dixi  sacraniontuni.  Ibimus,   ibimus, 
Utcumque  praecedis,  supiemum 

Carpere  lier  comités  parati  (Carm.  ii.  17.  vers  9-12). 
« 
("e^t  donc  à  tort  que  les  écrivains  de  l'Empire  se  lamentaient  en  com- 
parant leur  fortune  à  la  fortune  d'Horace  ;  ils  oubliaient  que  la  plus 
grande  différence  entre  eux  et  lui  résidait  dans  le  caractère  des  hommes 
et  que,  pour  une  amitié  comme  celle  qui  leur  faisait  envie,  s'il  faut 
([u'il  y  ait  des  Mécène,  il  faut  encore  plus  qu'il  y  ait  des  Horace, 
c'est-à-dire  des  âmes  capables  de  s'élever  au-dessus  d'elles-mêmes,  et 
qui  ne  soient  pas  u  des  âmes  pétries  de  boue  »,  comme  dit  La  Bruyère. 
Dans  le  premier  livre  des  Épîtres,  M.  Courbaud  a  réservé  pour  la 
fin  de  son  étude,  trois  épîtres  qui  sont  relatives  à  la  publication  ou  à 
la  défense  des  ouvrages  d'Horace  ;  ce  sont  des  épîtres  littéraires  :  l'une^ 


—  122  — 

répîtreXIII,  est  adressée  à  \' in  nius,  qui  doit  présenter  le  recueil  des  trois 
premiers  livres  de  ses  Odes  à  Auguste,  Tautre,  l'épître  XIX,  est  adressée 
à  Mécène  ;  Horace  se  moque  des  imitateurs,  et  dédaigne  les  grammai- 
riens critiques  incapables  de  comprendre  les  modernes,  enfin  la  troi- 
^ième,  l'épître  XX,  est  adressée  à  son  livre  lui-même,  et  M.  Courbaud 
se  plaît  à  montrer  sous  quelle  foinje  ingénieuse  à  la  fois  et  ambiguë, 
Horace  accompagne  de  ses  vœux,  son  livre,  jeune  homme  aventureux, 
qui  est  pressé  de  se  lancer  dans  le  monde. 

...  Fugo  que  descendere  gestis  !  » 

Cette  première  étude,  qui  sera  évidemment  suivie  d'une  autre,  sur 
le  second  livre  des  Épîtres,  se  termine  par  un  appendice  chronolo- 
>ïique,  que  les  lettrés,  c  est  à-dire  les  amis  dHorace^  liront  avec  plai- 
sir, et  par  une  courte'conclusion  sur  la  morale  du  poète,  que  d'au- 
•cuns  jugent  médiocre,  terne,  vulgaire,  sans  idéal,  capable  tout  au 
plus  de  faire  une  vie  tranquille  et  moyenne,  mais  non  une  vie  noble, 
grande  et  belle.  Il  est  certain  que  la  morale  d'Horace  n'a  pas  la  hau- 
teur de  celle  de  Platon,  ni  même  l'austérité  des  stoïciens,  c'est 
une  sagesse  à  mi-côte,  qui  convient  à  la  moyenne  de  l'humanité, 
elle  ressemble  un  peu  à  celle  de  Montaigne  ou  de  La  Fontaine.  Horace 
fut  un  homme  heureux,  et  sa  fin  fut  celle  d'un  sage  :  «  c'est  un  beau 
soir  tranquille,  dont  la  paix  descend  lentement,  doucement  dans 
l'âme  du  lecteur.  »  Relisez  1  épître  à  Horace  de  Voltaire  ! 

Que  dirai  je  de  la  foime  et  du  style  de  ce  livre  ?  C'est  d'un  charme 
élégant,  c'est  de  l'érudition  française  dans  sa  fleur  et  qui  couvre  de 
sa  grâce  légère  les  lourdes  élucubrations  germaniques.  Le  meilleur 
éloge  qu'il  me  soit  permis  d'en  faire,  c'est  de  dire  qu'il  m'a  rappelé 
sans  désavantage  les  conférences  que  notre  maître  Gaston  Boissier 
nous  faisait  autrefois  dans  la  petite  salle  du  Collège  de  France,  où  se 
pressaient  tant  d'amis  pour  l'écouter  parler  d'Horace  et  de  la  société 
de  son  temps.  (^)uelle  finesse  et  quelle  distinction  !  11  me  semblait  re- 
trouver dans  ces  pages  comme  un  écho  de  cette  voix  aimée,  aujour- 
d'hui à  jamais  éteinte.  M.  Courbaud  doit  s'en  souvenir  lui-même  et 
ce  souvenir  n'est  pas  sans  doutospour  lui  déplaire. 

L.  Menscii. 


I.oui^it  V«*uillol  «*t  los  mauvais  niait pcs  des  XVl»',  XVII''  et 
W'III'^  siècles,  par  (i.  Iîomolx.  l^iris.  Pcnin.  I!M0,  iii-l()  do  \i,iv-:277  |). 
—  l^rix  :  :i  fr.  T.O. 

M.  l'abbé  Bonloux  avait,  en  un  pronii(M'  volume,  groupé  de  larges 
extraits  de  Louis  Veuillol  |)(ilémi'<te,  défondant  la  vérité  catholique 
contre  ceux  de  ses  conlomporains  qui  en  étaient  les  principaux  adver- 
saires. Selon  sa  promesse.  M.  Bontoux  poursuit  sa  tâche  en  remontant 
la  suite  des  temps  et  np[)C)rto  dos  passages  concernant  les  «  mauvais 


—   I2.S  — 

maîtres  »  d'atito'fois,  coupables  oiix  aussi  d'avoir  servi  la  cause  de 
l'erreur  et  du  mal.  Une  préface  loi  "pages)  exj)ose  les  raisons  des 
choix  qui  concernent  ici  Luther.  Calvin,  Rabelais,  Molière.  Lesage, 
BufTon,  Beaumarchais,  Voltaire,  Rousseau,  les  Encyclopédistes.  Voir 
ces  noms  ne  sur[)rend  pas  quand  oh  connaît  les  œuvres  de  ces  trop 
fameux  écrivains.  Molière,  pour  qui  on  eût  aimé  faire  une  exception 
en  le  sortant  de  ce  fâcheux  entourage,  figure  sur  la  «  liste  noire  », 
surtout  an  titre  d'auteur  du  Tartufe  ;  on  se  souvient  d'ailleurs  que 
pourrendiejustice  à  la  morale  chrétienne,  au  courage  de  ses  serviteurs. 
L.  Veuillot  a  écrit,  les  mettant  en  opposition  l'un  à  l'autre,  sur  «  Mo- 
lière et  Bourdaloue  »  tout  un  livre  ;  les  principaux  passages  rapportés 
ici  en  sont  tirés.  La  lecture  de  tant  de  pages  vengeresses  marquées 
au  coin  de  l'oiihodoxie  religieuse  et  du  bon  sens  français  apporte  au 
lecteur  un  véritable  réconfort.  Le  «  comjiientateur  »  les  enveloppe 
de  réflexions  utiles  ;  toutefois  nous  eussions  préféré  un  peu  plus  de 
clarté  dans  cette  présentation  où  le  texte  cité  se  dilue  et  s'enchevêtre 
souvent  dans  les  réflexions  quil'accompagnent  elles  résumés  qui  le 
suivent.  Aux  notes  se  référant  à  chaque  extrait,  il  eut  été  bon  d'ajou- 
ter l'année  où  l'article  a  été  écrit  :  cette  indication  de  date  aurait  uti- 
lement éclairé  telle  ou  telle  allusion,  tel  ou  tel  rapprochement.  L'en- 
semble constitue  un  recueil  très  curieux  et  très  littéraire  qui  forme 
une  sorte  d'arsenal  plein  d'armes  excellentes  contre  les  contempteurs 
de  l'Église  dont  les  arguments  d'ailleiiis  n'ont  pas  changé  ni  rajeuni 
depuis  quatre  cents  ans  et  au  delà.  G. 


HISTOIRE 

l.a  Face  de  la  Terre  (Das  Antlitz  der  Erde),  [far  1m>.  Sless  :  traduit 
et  annoté  sous  la  direction  d'EMM.wuEL  de  Mahgeiue.  Tome  IFI.  4'  Partie 
(Fin)  et  Tables  générales  de  l'ouvrage.  Paris.  Colin,  1918-1919.  2  vol.  in- 
8  de  xvi-364  (p.  1361-1724)  et  25S  p.  avec  2  cartes  en  couleur,  3  planches 
hors  texte  et  llo  figures  dans  le  texte.  —  Prix  :  25  fr. 

C'est  vers  1800  que  M.  Emmanuel  de  Margerie  conçut  le  projet  de 
traduire  l'-l/îZ/i/r  der  Erde  d'Edouard  Suess  ;  il  a  consacré  près  de 
trente  ans  de  sa  vie  à  réaliser  ce  beau  dessein  et  à  le  mener  à  bonne 
fin.  Aujourd'hui,  plus  de  vingt  ans  après  la  publication  du  premier 
volume,  nous  voici  en  possession  des  deux  derniers  fascicules  de  l'ou- 
vrage, et  chacun  peut,  mieux  qu'il  ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  se  rendre 
«ompte  de  l'importance  de  l'œuvre  entreprise  et  des  mérites  de  la  tra- 
duction française.  Nous  en  avons  déjà  parlé  naguère;  contentons-nous, 
pour  ne  pas  nous  répéter,  de  dire  ici  que,  grâce  à  M.  de  Margerie  et 
à  ses  collaborateurs,  VAntlilz  der  Erde  est  devenu  accessible  à 
tous  les  lecteurs  français  qu'une  lecture  pénible  du  texte  original  eût 
empêché  d'en  bien  comprendre  toutes  les  idées  et  eût  rebuté  d'en 


—  124  — 

jj^ursuivre  l'étude.  D'autre  part,  la  masse  de  renseignements  nou- 
\eaux  et  de  références  bibhogr^iliiques,  comme  aussi  de  figures  oii- 
ginales,  ajoutée  par  l'érudition  de  M.  de  Margerie  au  texte  d'Ed.  Suess 
PU  augmente  singulièrement  la  valeur  et  les  enseignements.  C'est  ce 
que  tout  le  monde  a  déjà  pu  remarquer  dansles  cinq  fascicules  (ou 
plutôt  dans  les  cinq  volumes)  déjà  parus  ;  c'est  ce  que  l'on  constate 
également  dans  cette  4"  et  dernière  partie  du  tome  III,  que  nous  avons 
aujourd'hui  sous  les  yeux.  Sur  les  120  planches  et  figures  qui  illus- 
trent le  texte,  90,  soit  les  trois-quarts,  ont  été  spécialement  exécutées 
pour  l'édition  française.  —  Cette  quatrième  partie  du  tome  III  a  été 
traduite  par  MM.  Emmanuel  de  Margerie,  Albert  Michel-Levy  et  Henri 
Baulig  ;  elle  contient  vraiment  la  synthèse  de  toutes  les  recherches 
faites  antérieurement  par  Edouard  Suess.  C'est  que  ce  que  s'efforce  à 
donner  particulièrement  le  chapitre  XXIII,  car  «  dans  une  foule  de 
régions  d'une  certaine  étendue,  les  grands  traits  de  la  structure  sont 
]jien  connus;  un  certain  nombre  d'unités  peuvent  y  être  discernées; 
des  comparaisons  deviennent  possibles  ;  des  contrastes  et  des  ressem- 
blances apparaissent.  »  Malgré  que  de  nombreux  problèmes  demeu- 
rent encore  sans  solution,  un  exposé  d'ensemble  devientdonc  possible  ; 
Suess  l'entreprend  sans  hésiter,  montre  comment  les  unités  dont  il 
a  discerné  l'existence  sont  distribuées  dans  l'espace,  quelle  est  l'or- 
donnance des  arcs,  et  détermine,  à  l'aide  de  l'étude  de  coupes  trans- 
versales, certains  points  des  continents  où  ont  naguère  existé  des  avant- 
fosses,  ou  dont  les  montagnes  ont  été  charriées  par-dessus  toute  la 
largeur  du  sillon  correspondant.  A  ce  chapitre  d'  «  Analyses  »,  les  cha- 
pitres suivants,  qui  traitent  des  profondeurs  et  de  l'apparition  et  de 
\s\  distribution  des,volcans,  ajoutent  des  traits  nouveaux  dont  on  ne 
saurait  exagérer  l'importance  ni  l'intérêt,  mais  qui  le  cèdent  cepen- 
dant, à  tous  égards,  au  chapitre  XXVI.  Là,  Suess  étudie  la  lune  en 
tant  que  «  morceau  »  de  notre  planète,  il  en  compare  les  reliefs  respec- 
tifs, il  en  déduit  une  fouledeconséquences  positives comme  aussi  de 

problèmes  dont  seuls  les  savants  de  l'avenir  pourront  donner  la  solu- 
tion. «  Un  grand  nombre  de  doutes  et  de  questions  sont  suspendus  au 
terme  de  cette  tentative  imparfaite  pour  jeter  un  coup  d'oeil  d'en- 
semble sur  la  face  de  la  Terre. comme  les  fils  cpars  d'un  tissu  inachevé  ». 
écrit  Suess,  non  sans  mélancolie  (p.  1620).  Non  sans  mélancolie,  mais 
non  sans  fierté  aussi  ;  car  que  de  doutes  et  de  questions  élucidés  par 
lui  !  Voilà  ce  que  montre  le  coup  doMl  d'ensemble  des  pages  1620- 
16.'M,  comparé  à  celui  que  Suess  a  tracé  au  début  même  de  son  ou- 
vrage qui,  dès  lors,  est  complètement  terminé.  C'est,  en  efVet,  m 
quelque  manière  un  appendice  que  ce  cuiieux  chapitre  sur  ((  la  \io  »• 
nù  l'auteur  recherche  comment  la  vie  s'adaj)le  à  la  configuration  de 
1(1  Face  de  la  Terre,  en  particulier  sur-  diiVérenls   types  de  plages,  ot 


—  12;;  — 

montre  coinincnt,  d'asiles  relaliveniciit  immuables,  des  colonies  iioii- 
volles  ont  pu  partir  pour  repeupler  les  espaces  bouleversés  des  terres 
avoisinantes  et  éloignées.  Un  épilogue,  dans  lequel  M.  Pierre 'Fermier 
rend  hommage  à  Suess  et  justice  à  son  traducteur  termine  cette  qua- 
trième partie  du  tome  111  de  la  Face  de  la  Terre.  Mais  il  faut  des 
index  pour  manier  utilement  —  et  facilement  —  un  tel  ouvrage,  un 
ouvrage  de  plus  de  3400  pages  !  Aussi  un  fascicule  complémentaire, 
exclusivement  consacré  aux  tables  générales,  s'ajoute  t-il  aux  six  pré- 
<;édents.  11  contient  une  table  sommaire  des  chapitres,  la  liste  des  tra- 
ducteurs, une  très  importante  Table  générale  des  figures  rédigée 
dans  l'ordre  géographique  et  dans  l'ordre  systématique,  enfin  un 
copieux  index  alphabétique  des  matières  et  des  noms  propres.  Grâce 
à  ces  excellents  auxiliaires,  la  Face  de  la  Terre  achève  d'être  ce  qu'elle 
doit  être,  un  livre  auquel  recourront  sans  cesse  géologues  et  géo- 
graphes, un  instrument  de  travail  indispensable  à  ceux  qui  savent, 
un  ouvrage  évocateur  d'idées  nouvelles,  un  travail  qui  fait  penser  et 
qui  fera  i  comme  il  a  déjà  fait)  progresser  la  science. 

Henhi  Fhoidevaux. 


I^'Kylise  des  cordelîors  ou  mineurs  conventuels  devenue  la 
cathédrale  de  Chambéry.  Son  histoire  abrégée  de  l'430  à  1803  ; 
ses  patrons  el  vocables  successifs  ;  le  triomphe  de  saint  François  de  Sales 
lors  daConcordaide  ISO t- 1802,  par  JulesGochon.  Chambéry, impr.  Gentil, 
1918,  in-8  de  105  p..  avec  1    planche 

Dans  l'opuscule  de  M  Cochon  il  ne  faut  pas  chercher  un  travail 
approfondi  sur  la  cathédrale  de  Chambéry  ;  l'auteur  a  voulu  seule- 
ment en  donner  une  bonne  description  et  en  retracer  sommairement 
l'histoire.  Cette  église  fut  construite  au  xV  siècle  ;  commencée  proba- 
bleblement  en  1430,  elle  n'était  pas  encore  complètement  achevée  le 
l.'i  juin  1488.  jour  de  sa  dédicace.  Bâtie  par  les  Frères  mineurs,  elle 
offre  le  type  d'une  église  complète,  construite  suivant  les  règles  de 
cet  ordre  ;  aussi  a-t-elle  à  ce  point  de  vue  un  grand  intérêt  qui  justi- 
fie son  classement  comme  monument  historique.  Vers  le  milieu  du 
wiiT  siècle,  la  vieille  église  paroissiale  de  Saint-Léger  menaçant 
ruine  dut  être  démo-lie  et  l'église  des  Frères  mineurs  fut  affectée  au 
service  paroissial.  En  1779,  le  diocèse  de  Chambéry  ayant  été  créé, 
l'église  Saint-François  devint  église  cathédrale  sous  l'invocation  de 
l'Annonciation  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie  et  du  bienheureux 
Amédée.  Si  pendant  la  Révolution  l'église  fut  profanée,  le  monument 
échappa  du  moins  à  la  rage  des  démolisseurs  et  après  le  Concordat 
les  cérémonies  du  culte  catholique  purent  y  être  célébrées  à  nouveau. 
Le  rétablissement  de  l'évêché  de  Chambéry  eut  lieu  dans  les  années 
■1801  à  1802  et  cette  fois  un  nouveau  patron  fut  donné  à  son  église 
-cathédrale  ;  elle  fut  alors  placée  sous  le  vocable  de  saint  François  de 
Sales.  Jlles  Viard. 


—  12()  — 

Les  Italiens  en  France  au  WI'  siècle,  par  Emile  Picot.  Bordeaux, 
impr.  Gounouilhoii,  IflOl-lOlS,  in-S  de  MOI  p. 

Ce  travail  considérable  ne  devait  lornier,  dans  la  pensée  de  M.  Emile 
Picot,  que  «  le  premier  livre  dune  Histoire  de  la  lilléralure  iialienne 
en  France  au  xvi"  siècle.  »  Nous  ne  savons  en  quel  point  se  trouve  ce 
travail,  mais  nous  espérons  que  des  mains  pieuses  nous  en  donne- 
ront au  moins  les  parties  achevées.  Il  n'y  a  guère  d'érudit  en  France 
qui  fût  autant  que  M.  Picot  en  mesure  de  bien  exécuter  et  de  mener 
à  bon  terme  une  semblable  tâche  et  il  n'est  pas  besoin  de  longs  dis- 
cours pour  établir  l'utilité  et  l'intérêt  que  présenterait  un  ou\rage  de 
ce  genre. 

A  lui  seul,  le  livre  premier  que  nous  avons  entre  les  mains  nous 
donne  un  avant-goût  de  l'ensemble,  et  il  nous  apporte  des  lumières 
précieuses  sur  l'histoire  de  France  au  xvi'  siècle.  En  groupant  les  faits 
déjà  connus,  en  les  éclairant  les  uns  par  les  autres,  en  y  ajoutant 
d'autres  faits  moins  connus  ou  généralement  ignorés,  M.  Picot  a  mis 
en  pleine  clarté  1  influence  exercée  en  France  dans  tous  les  domaines 
par  les  Italiens.  L'auteur  a  réparti  sa  matière  en  six  chapitres  :  I.  Les 
princes,  les  grands  seigneurs  et  les  capitaines  italiens  au  service  de  la 
France  ;  II.  Les  diplomates  italiens  au  service  de  la  Fiance  ;  III.  Les 
banquiers  italiens  en  France  ;  IV.  Influence  des  Italiens  à  la  cour  de 
France;  V.  Los  artistes  italiens  en  France  ;  VI.  Les  Italiens  dans  les 
Universités  françaises.  Les  Français  dans  les  Universités  italiennes. 
Si  au  premier  abord  la  seconde  partie  de  ce  dernier  chapitre  semble 
sortir  du  cadre  de  l'auteur,  la  moindre  réflexion  montrera  vile  qu'il 
n'en  est  rien  ;  car  il  n'est  que  trop  évident  que  les  étudiants  français 
qui  sont  allés  chercher  la  science  dans  les  Universités  italiennes  ont 
contribué  pour  leur  part  à  répandre  et  à  fortifier  en  France  l'influence 
italienne. 

Ce  n'est  pas  du  xvi'  siècle  que  date  en  France  le  rôle  des  Italiens  ; 
des  ouvrages  comme  ceux  de  M.  Piton  et  de  M.  Gauthier  ont,  pour 
une  période  plus  ancienne,  groupé  sur  certains  points  des  relations 
franco-italiennes  des  indications  curieuses  ;  des  publications  de  textes 
comme  les  Journaux  du  trésor  de  Charles  IV  et  de  Philippe  de  Valois 
par  M.  J.  Viard  jettent  des  faisceaux  de  lumière  sur  la  question  ;  mais 
au  xvi«  siècle  l'influence  italienne  prend  de  plus  amples  proportions 
encore  ;  et  nulle  part  encore  elle  n'avait  été  mise  en  lumière  comme 
dans  le  livre  de  M.  Picot. 

Il  est  do  ceux  dont  no  so  pourra  plus  passer  (|uiconqno  voudra  con- 
naitro  et  étudier  le  seizième  siècle  français.  E.-G.  L. 


l^ne    Ville-l''«jlise   :   («eiiève,    1  .">Î5.'>-1Î)07,    par  M.   (ii  oiicis  C.ovai  . 
l'aris,   Porriii.  11I10,  2  vol.   in-l(i  do    xxi-216   ol  viii-I^l"  p.  —  i'rix  :  7  Tr. 

Genève,   ville   impériale,  jouissait  sous    son   prince-évêque  d'une 


—   i-21   — 

telle  libellé  qu'on  peut  dire  avec  rJouivaid  «  qu'il  était  bien  vrai  que 
révoque  était  prince  et  que  l'on  obéissait  à  ce  qu'il  commandait, 
mais  que  c'était  sous  condition  (pi'il  commandât  ce  que  le  peuple 
voulait.  «Après  la  révolution  protestante  de  lîiSo,  il  en  alla  bien  autrf- 
ment.  La  plupartdesanciens  Genevois  eurent  beau  regimber.  Monsieur 
Cahin  de  Novon  les  mata  en  lesétoulfant  sotisdes  flots  de  réfugiés,  ses 
compatriotes  en  majeure  partie,  auxquels  il  les  obligea  à  accorder 
droit  de  bourgeoisie  et  qui,  lui  devant  tout,  se  soumirent  d'abord  à 
tout  ce  qu'il  lui  plut  d'imposer,  a  11  suscitait  ainsi  des  fournées  de 
bourgeois,  comme  à  d'autres  époques  les  souverains  feront  des  four- 

I  nées  de  pairs.  »  (I,  l'.i).  Il  faut  bien  noter  que  ce  sont  des  huguenots 
français  qui  ont  fini  par  dominer  dans  cette  u  Rome  protestante  ». 
devemie  la  capitale  du  protestantisme  radical  dans  le  monde  entier. 

I  Or,  ce  qu'il  f)lut  à  Calvin  d'imposer,  ce  fut  une  tyrannie  à  la  fois 
religieuse  et  politique  inconnue  avant  lui  daris  la  chrétienté,  une 
tyrannie  jacobine,  pourrait-on  dire  ;  car  les  calvinistes  ontétécomme^ 
les  jacobins  de  la  Révolution  du  xvi'  siècle  dont  les  luthériens  fu- 
rent comme  les  girondins. 

Le  régime  se  modifia  considérablement  pendant  les  trois  siècles  qui 
Miivirent;  de  la  doctrine  de  Calvin  il  ne  resta  presque  rien,  dès  le  dix- 
septième  siècle,  et  Voltaire  n'a  pointmenlienqualifiantdeparfaitssoci- 
niens  et  de  quasi-ariens  les  pasteurs  genevois  du  dix-huitième  :  Genève 
demeura  pourtant  la  Ville-Église  dont  le  livre  que  nous  avons  sous 
les  yeux  nous  retrace  l'histoire  jusqu'en  1907,  date  de  la  séparation 
('  des  Églises  »  et  de  l'État  ;  et  aujourd'hui,  depuis  si  longtemps  qu'au- 
cim  Genevois  ne  professe  plus  la  foi  calvinienne,  il  subsiste  chez  la 
plupart  une  sorte  d'état  d'esprit  calviniste  :  jusque  sur  la  physiono- 
mie de  plusieurs  se  voit  même  encore  comme  un  curieux  reflet  de 
ce  «  museau  triste  de  Calvin  »  dont  parlait  drôlement  le  Lord  Keith. 
gouverneur  de  la  principauté  de  Neufchàtel,  à  son  maître  Frédéric  le 
Grand- 

Ce  livre  magistral  de  W.  Goyau.  si  érudit.  si  complet,  appuyé 
sur  la  multitude  d'ouvrages  de  valeur  qu'il  cite  constamment, 
accompagnés  de  commentaires  en  général  si  judicieux,  forme  une 
page  qui  manquait  véritablement  à  l'histoire  religieuse  et  politique 
des  temps  modernes.  II  doit  donc  exciter  un  vif  intérêt  dans  le  monde 
savant,  tout  particulièrement  chez  l'intelligente  et  studieuse  société 
genevoise,  et  peut-être  aidera-t-il  certaines  âmes  inquiètes  et  avides 
de  vérité  à  obtenir,  en  rejoignant  «  l'unique  troupeau  »,  la  paix  pro- 
mise dès  cette  vie  terrestre  «  aux  hommes  de  bonne  volonté,  o  Ce 
n'est  pas  le  moindre  fruit  qu'un  chrétien  tel  que  l'auteur  puisse  sou- 
haiter recueillir  de  son  grand  travail. 

Nous  nous  bornerons  à  noter  ici  que  M.  Goyau  fait  sagement  (I,  56) 


k 


_  128  — 

de  marquer  une  réserve  touchant  la  thèse  de  M.  James  Fazy  selon 
laquelle  le  calvinisme  aurait  exercé  une  influence  prépondérante  sur 
le  développement  de  l'aristocratie  à  Genève.  Le  calvinisme  a  pu  fa\<>- 
riser  l'aristocratie  ;  mais  l'aristocratie  se  développait,  au  temjjs 
de  Calvin,  dans  toutes  les  villes  voisines  des  Hautes-Allemagnes,  ot 
■ce  serait  plutôt  à  Berne,  croyons-nous,  qu'il  conviendrait  de  chercher 
le  modèle  que  Genève  aurait  été  naturellement  portée  à  imiter,  en 
raison  de  son  alliance  étroite  avec  une  ville  qui,  précisément  grâce  à 
une  aristocratie  fortement  constituée,  joua  le  principal  rôle  politique 
dans  ces  parages.  Hyrvoix  de  Lanoosle. 


Un  Trieeiiteiiaîre.  Un  tjraiid  Ministre  de   la   marine:  Colherl, 

par  Cil.  Di;    la   Roxgikue.  Paris,   IMon-Xoiirrit,  1919,  in-lS   de    iv-311    p., 
avec  portrait  et  planches.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  29  août  1919  ramène  le  troisième  centenaire  de  la  naissance  de 
Colbert  et  M.  de  la  Roncière  a  pensé  qu'il  fallait  profiter  de  cette 
date  pour  rappeler  l'œuvre  grandiose  du  ministre  et  lui  faire  rendre 
la  justice  que  la  France,  dit-il,  lui  a  refusée  et  de  son  temps  et  du 
nôtre  :  u  11  l'avait  sauvée  d'une  nouvelle  Fronde,  déclare-t-il,  et  per- 
sonne n'en  a  jamais  rien  su.  U  l'avait  sauvée  de  la  ruine  ;  et  il  vécut 
sous  l'opprobre  populaire,  lll'avait  dotée  de  la  suprématie  navale  ;  et 
i  iiidiflerence  royale  devant  son  œuvre  le  tua  plus  que  les  fatigues 
d'un  labeur  écrasant.  »  Voilà  la  raison  qui  l'a  décidé  à  tirer  du  t.  ^ 
de  son  Histoire  de  la  marine  française  la  partie  relative  à  Colbert. 

C'est  donc  surtout  l'œuvre  navale  de  Colbert  que  M.  de  la  Roncière 
nous  expose.  11  n'a  pas  d'ailleurs  pour  le  grand  homme  une  admira- 
lion  aveugle.  11  souligne  le  paradoxe  qu'il  y  a  de  voir  «  le  petit-fils 
des  drapiers  rémois  »  ne  confier  les  vaisseaux  du  Roi  qu'à  des  «  gens 
de  bonne  famille.  »  Il  ne  fait  pas  difficulté  d'avouer  que  la  politique 
économique  de  Colbert  a  fait  faillite  et  que  «  il  s'est  trompé  dans  la 
conception  d'un  impérialisme  mercantile  qui  répondît  à  l'axiome 
royal  :  L'État  c'est  moi.  » 

Il  n'en  a  que  plus  d'autorité  pour  faire  ressortir  les  mérites  réels 
du  ministre  :  il  met  bien  en  lumière  l'importance  de  l'inscription 
maritime,  les  efforts  de  Colbert  pour  créer  des  arsenaux,  pour  pro- 
mouvoir la  réforme  de  la  science  nautique,  pour  doter  la  marine  et 
les  colonies  île  ces  beaux  monuments  législatifs  que  sont  l'Ordon- 
nance inaritiriH^  cl  le  Code  noir.  Il  donne  aussi  leur  valeur  aux  prin- 
cij)es  qui  guident  l'oeuvre  ministérielle  :  ci  pour  une  marine  l'esprit 
de  suite  et  l'art  de  tirer  de  l'étranger  d'utiles  leçons,  pour  un  ministre 
la  nécessité  d'un  apprentissage,  pour  un  chef  le  devoir  de  se  faire  un 
excitateur  d'éiHMgies,  pour  des  ofliciers  l'esprit  d'offensive,  à  tous  les 
degrés  dv  la  hiérarchie  la  responsabilité  et  la  discipline,  l'horreur  th's 


—    12!)  — 

Teconitnatidalions  et  dos  inlii^Mios.  point  do  paporassnrio  ni  do  frali- 
matitis  ;i(IiiiiMistiatii",  voilà  la  doctrine  collx-ititio.  » 

SiH'  lin  point  où  plnsiours  liistoiicns.  ol  non  dos  inoindro<.  ont 
jugé  sévt'ioniont  la  niônioiio  de  Colhort,  M.  do  la  Ronciôro  prond  sa 
défonso  avec  la  dornièio  ('-nergie  :  il  Ini  fait  gloire  du  procès  de  Fon- 
(|uol  (  t  de  la  ténacité  ((u'il  a  mise  à  le  faire  condaninor  sévèrement. 
Il  no  se  laisse  point  loucher  aux  arguments  mis  on  avant  pour  discul- 
})er  le  surintendant  d'avoir  songé  sérieusement  à  un  plan  de  révolte  ; 
sans  se  laisser  impressionner  par  le  fait  que  les  juges,  poussés  pour- 
tant à  la  sévérité  par  la  pression  gouvernementale,  ont  refusé  de  s'ar- 
rêter à  ce  chef  d'acciisation.  il  groupe  et  il  précise  les  indices  do  la 
culpabilité;  il  trouve  dans  la  conduite  subséquente  de  quelques-uns 
des  complices  éventuels  des  arguments  nouveaux  en  faveur  de  la 
thèse  que  le  complot  n'était  pas  un  vain  fantôme. 

Les  fêtes  que  le  ministre  a  ordonnées  pour  célébrer  l'anniversaire 
du  grand  homme  sont  dues,  pour  une  bonne  part  au  moins,  à  l'ini- 
tiative et  aux  efforts;de  l'historien  de  la  marine  française.  Mais  que 
son  livre  ne  serve  pas  seulement  à  réveiller  ou  à  éveiller  la  recon- 
naissance pour  le  grand  ministre  ;  qu'il  serve  aussi  d'enseignement  à 
■notre  marine  actuelle.  E.-G.  Ledos. 


Histoire  de' la  loiitlatioii'de  la  Xouvelle-Orléaiis  (  17  17-1  722 1, 

pnr  le  baron    Marc  de  Vrcurus.  Paris.  Imprimerie   nationale.    1917,  in-4 
de  xvr-1.30  p.,  avec  5  planches  horsjtexte  et  gravures  dans  le  texte. 

Le  Comité  du  souvenir  franco-américain  a  voulu  en  1017  commé- 
■morer  le  second  centenaire  de  la  fondation  de  la  Nouvelle-Orléans,  et 
'il  a.  dans  ce  dessein,  publié  avec  luxe,  en  l'accompagnant  d'illustra- 
tions documentaires,  un  excellent  travail  du  baron  Marc  de  Villiers. 
Naguère,  celui-ci  avait  déjà  fait  paraître  un  gros  volume  sur  les  der- 
niers jours  de  la  Louisiane  française  ;  il  en  raconte  aujourd'hui  les 
■origines,  ou  plutôt  il  s'efTorce  de  déterminer  à  quelle  date  a  vraiment 
-commencé  d'exister  la  Nouvelle-Orléans.  Problème  délicat,  sur  la 
solution  duquel  les  historiens  ne  sont  pas  d'accord  —  ils  hésitent 
entre  une  dos  cinq  années  1717  à  1722  —  et  qu'il  n'e'st  cependant  pas 
impossible  de  trancher.  Le  baron  Marc  de  Villiers  l'a  prouvé;  dès 
1717,  la  ((  Crescent  City  »  reçoit  son  nom  de  Nouvelle-Orléans  ;  elle 
commence  de  sortir  de  terre  un  pou  j)lus  tard,  mais  elle  ne  devient 
qu'en  172:2  la  capitale  de  la  Louisiane.  Ce  sont  là  des  faits  précis,  et 
qu'il  était  intéressant  de  mettre  en  lumière  ;  le  baron  Marc  de  Villiers 
n'a  eu  garde  de  négliger  de  le  faire.  Il  a,  en  outre,  bien  montré  la 
part  qui  revient,  dans  l'œuvre  de  développement  de  la  ville,  à  Jean- 
Baptiste  Le  Moyne  de  Bienville,  à  l'ingénieur  en  chef  Le  Blond  de  la 
Tour  et  à  Adrien  de  Pauger  ;  c'est  ce  dernier  qui  a  vraiment  été  la 
Aout-Septembre  1919.  T.  CXLVI.  9. 


—   130  — 

cheville  ouvrière  de  la  fondation  de  la  Nouvelle-Orléans.  Enfin,  com- 
plétant le  travail  de  M.  Pierre  Heinrich,  M.  de  Yilliers  a  prouvé  com- 
bien grande  était  la  part  de  l'histoire  dans  Manon  Lescaut  et  raconté 
ce  que  fut,  en  réalité,  celle  en  qui  il  voit  «  la  véritable  Manon.  )>  Pour 
les  littérateurs  comme  pour  les  historiens,  1'  «  Histoire  de  la  fondation 
de  la  Nouvelle-Orléans»  est  donc  un  livre  précieux;  il  l'est  également 
pour  les  bibliophiles,  qui  auront  plaisir  à  en  admirer  la  belle  impres- 
sion comme  aussi  les  reproductions  d'anciens  documents  et  les  jolis 
entêtes,  lettres  ornées  et  culs-de-lampê,  si  finement  composés  par 
M.  Henri  Guillaume.  Henri  Froidevaux. 


Le  Cardinal  Collier,  par  J.  Mcnier-Jolain.  Paris,  Payot,  1918,  in-16  de 
238  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

L'auteur  a  traité  ce  sujet  pendant  la  guerre  mondiale  devant  un 
auditoire  cosmopolite,  à  Lausanne,  et  c'est  «  à  ses  auditeurs  de  Lau- 
sanne »  qu'il  a  dédié  le  présent  volume,  où  il  déclare  «  n'avoir  pas 
entendu  refaire  l'histoire  de  l'Affaire  du  collier  après  M.  Funck-Bren- 
tano.  »  Aussi  bien  semble-t-il  s'être  préoccupé  de  «  se  concilier  », 
comme  il  le  dit  (p.  9),  a  les  amis  du  romanesque  »  plutôt  que  d'offrir 
au  public  aimant  à  s'instruire  un  véritable  livre  d'histoire.  Les  «  amis 
du  romanesque  »  .peuvent  trouver  là  leur  satisfaction  ;  car  le  fond, 
la  manière,  le  style,  tout  y  est  d'un  romantisme  délibcrémeiil  éche- 
vêlé.  M.  Munier-Jolain  —  dont  nous  ne  voulons^pas,  au  reste,  contes- 
ter ici  le  talent  —  prétend  cependant  à  quelque  chose  de  plus,  car  il 
se  croit  en  droit  (p.  12)  «  dinsister  sur  le  caractère  d'actualité  inat- 
tendue »  que  présenterait,  dit-il,  son  livre  ;  or,  après  l'avoir  par- 
couru, nous  avouons  humblement  en  être  encore  à  attendre  d'avoir 
compris  où  pourrait,  en  vérité,  résider  cette  «  actualité  inattendue  «..^ 
Mais  de  quoi  tant  d'écrivains  ne  cherchent-ils  pas  aujourd'hui  à  faire 
une  aclualité  ! 

Le  fait  le  plus  grave  de  Ihistoirc  du  collier  a  été  le  scandaleux 
acquittement  de  cet  indigne  cardinal,  éclatant  témoignage  du  veni- 
meux esprit  des  légistes  parlementaires  auxquels  incombe  la  plus 
grande  responsabilité  de  la  Révolution  fiançaise  ;  mais  c'est  aussi  la 
faiblesse  de  notre  pauvre  roi  Louis  XVI  qui  a  été  la  cause  première 
de  ce  scandaleux  acquittement,  comme  elle  l'a  fait  manquer  à  tous 
ses  principaux  devoirs  d'élat  à  travers  tout  sou  règne.  Il  a  commis 
contre  le  droit  de  l'Eglise  et  du  premier  ordre  du  royaume  une  faute 
dont  il  n'a  que  trop  justement  subi  la  peine  en  refusant  à  r.\ssemblée 
du  clergé  la  faculté  de  juger  l'évêque  do  Strasbourg.  M.  Charles  Gérin 
a  bien  dit,  à  ce  propos  (dans  la  Revue  des  questions  historiques  de  1878, 
t.  XXIV,  p.  407)  :  «  ...  Que  gagna  Louis  XVI  à  violer  l'immunité 
ecclésiastique  en  la  personne  de  l'indigne  cardinal  de  Uohan  et  à  le 


i 


—  131  — 

traduire  devant  le  Parlement  de  Paris,  an  lieu  de  le  renr)cltrc  atixf^ 
juges  d'Église?  Quel  tribunal  ecclésiastique  aurait,  comme  fit  le 
Parlement,  cherché  dans  l'AlTaire  du  collier  le  moyen  de  se  venger, 
de  la  Cour  et  se  serait  rendu  coupable  du  scandalcuv  acfjuittement  • 
qui  fut  si  funeste  à  la  réputation  de  la  Reine  et  do  la  monarchie  ?  » 
L'importance  capitale  de  ce  fait  a  échappé  à  M.  Munier-Jolain  dans 
son  chapitre  intitulé  :  Le  Prince  veut  être  jugé  par  le  Parlement. 

La  calomnie  lancée  à  plaisir  et  à  plusieurs  reprises  par  Saint-Simon 
contre  la  princesse  de  Soubise  et  son  mari,  au  temps  de  Louis  XIV, 
est  reproduite  sans  réserve,  à  la  page  25  :  l'auteur  aurait  pu  consulter 
avec  profit  MM.  de  Boislisie  et  Lecestre,  à  ce  sujet. 

1  IIyhvoix  de  Landosle. 


Hii^toire  religieuse  «le  la  Révolution  française,  par  Pikrue  de  i,a 
GoncE.  T.  III.   Paris,    Plon-Nourrit,  d919,  in-8  de  598  p.  —   Prix  :  12  fr. 

La  guerre  avait  interrompu  la  publication  de  cet  ouvrage  considé- 
rable, et  nous  sonunes  heureux  de  saluer  l'apparition  du  troisième 
volume,  trop  longtemps  attendu.  Il  a  été  rendu  compte  ici  des  deux 
premiers  volumes  et  je  n'ai  rien  à  ajouter  aux  éloges  bien  mérités 
qui  ont  été  adressés  à  l'auteur. 

La  période  étudiée  s'étend  des  massacres  de  Septembre  à  la  chute 
de  Robespierre.  C'est  la  persécution  qui  s'étend  petit  à  petit  à  l'Église 
des  constitutionnels  et  qui,  après  avoir  déguisé  sournoisement  ses 
projets,  fait  explosion  en  novembre  179.3  dans  la  déplorable  crise  de 
la  déchristianisation  qui  entasse  les  scandales  sur  les  ruines.  Le  culte 
de  la  Raison,  la  religion  de  l'Être  suprême,  conception  éphémère  du 
cerveau  mal  équilibré  de  Robespierre,  sont  des  incidents  tragiques 
par  lesquels  se  corse  le  régime  sanglant  de  la  Terreur  ;  dans  toute  la 
France,  les  échafauds  sont  dressés  et  l'Église  tient  bon  devant  ses 
ennemis  dont  la  rage  impuissante  s'épuise  en  violences  et  en  calom- 
nies sans  lasser  la  constance  des  confesseurs  de  la  foi.  Le  Neuf  Ther- 
midor mar(iuera  \]i)  tournant  dans  l'histoire  religieuse  de  la  Révolu- 
tion et  nous  attendons  avec  impatience  que  M.  de  la  Gorce  nous  en 
raconte  la  suite. 

Je  n'aime  pas  beaucoup,  je  l'avoue,  les  deux  chapitres  consacrés 
aux  adaires  de  Vendée.  Bien  que  le  soulèvement  de  l'Ouest  eût  eu 
pour  principe  premier  la  révolte  des  consciences  opprimées,  celte 
guerre  civile  procède  d'un  état  d'esprit  tellement  différent  qu'il  faut 
faire  effort  pour  passer  d'un  sujet  à  Pautre  et  que  les  épisodes 
héroï(iues,  dont  le  récit  est  loin  d'être  sans  attrait,  semblent  former 
hors-d'œuvre.  Il  eut  été  préférable,  à  mon  humble  avis,  d'y  consacrer 
un  ouvrage  spécial  qui,  ayant  plus  d'unité,  se  serait  lu  avec  plus 
d'intérêt.  P.  Pisaxi. 


—   132  — 

T^es  Questions  relî<|ieuses  duiis  les  cahiers  de  1TÎ89,  par  A.  De- 

Ms-B.LiHKTTK.  l'aiis,  tl c  Boccaid,  J919,  gr.  in-S  de  526  p.  —  Prix  :  12  fr. 

Quel  était  le  sentiment  général  de  la  nation  française  louchant  les 
questions  religieuses  à  la  veille  de  la  Révolution?  M.  Denys-Buirelte 
a  essayé  de  répondre  à  cette  question  dans  une  étude  qui  lui  a  coûté 
un  tiavail  prolongé  et  lui  a  permis  d'exercer  un  sens  criti(}ue  fort 
averti.  Les  cahiers  de  1789  présentent  un  ensemhle  de  témoignages 
de  valeur  inégale  mais  dont  la  sincérité  est  rarement  discutable; 
l'auteur,  par  un  dépouillement  laborieux,  a  classé  les  réponses  sous 
un  certain  nombre  de  rubriques  dont  les  principales  sont  :  la  pro- 
priété eccléoiastique,  la  fiscalité,  l'établissement  des  paroisses,  évêchés 
et  communautés  religieuses  et  enfin  les  relations  de  l'Église  et  de 
l'État.  11  en  a  tiré  des  conclusions  que  son  impartialité  a  rendues 
assez  réservées  mais  qui  seront  ratifiées  par  quiconque  a  quelque  peu 
étudié  ces  graves  problèmes. 

On  pourrait  dire  que,  pour  tabler  sur  les  cahiers  de  1789,  il  faudrait 
en  posséder  la  collection  complète  et  nous  somme*  loin  d'en  être  là. 
car  on  ne  connaît  qu'une  fraction  assez  faible  de  ces  publications.  De 
plus,  les  éditeurs  n'en  ont  donné  souvent  que  des  analyses  tronquées 
et  parfois  un  peu  suspectes.  11  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  d'après  ce 
qu'on  sait  exactement  de  ces  vœux  dans  certaines  régions,  on  est 
autorisé  à  conjecturer  ce  qu'a  pu  être  l'ensemble.  Paris,  des  parties 
plus  ou  moins  étendues  de  la  Flandre,  de  la  Normandie,  de  la  Bre- 
tagne, du  Berry,  de  la  Saintonge,  des  Pyrénées,  du  Languedoc,  de  la 
Franche-Comté  parlent  tour  à  tour  à  peu  près  dans  le  même  sens  et 
il  n'est  pas  invraisemblable  que  le  reste  de  la  France  en  pensait 
autant. 

La  conclusion  générale  est  qu'en  dehors  de  minorités  infimes,  le 
pays  était  profondément  attaché  à  ses  traditions  religieuses,  mais  que 
la  mauvaise  répartition  des  impôts  provoquait  un  mécontentement 
dont  l'expression  est  unanime.  Les  privilégiés  se  défendaient  molle- 
ment et  dun  bout  à  l'autre  de  la  France  on  réclamait  des  réformes 
profondes.  Les  événements  devaient  marcher  plus  vite  qu'on  ne  l'avait 
prévu  et  la  Constitution  civile  du  clergé  se  trouve  en  germe  dans  les, 
cahiers. 

M.  Denys-Buirette  savait  que,  pour  quelques  historiens,  il  semblait 
acquis  (pie  les  cahiers  n'avaient  été  établis  que  sur  des  modèles  trans- 
mis par  des  comités  et  ([ue  les  soi-disant  vœux  des  populations  man- 
quaient tout  à  fait  de  spontanéité.  L'examen  attentif  et  la  comparai- 
son des  pièces  l'ont  amené  à  une  opinion  dillérenlc  :  sans  doute 
certaines  idées  étaient  dans  l'air  et  quelques  ambitieux  essayaient  de 
se  mettre  en  vue  en  les  propageant;  mais  les  assemblées  ont  très 
rarement  adopté  les  formules  toutes  faites  et  encore  en  y  introdui- 


i 


—  133  — 

saiil  des   modifications  et  acidilioiis  qui  leur  doutu-nt  (iri  (-araclère 
beaucoup  plus  individuel  qu'on  ne  s'est  plu  à  l'alïirtner. 

Je  résume  mon  appréciation  en  louant  b(taucoup  l'auteur  d'avoir 
conduit  son  enquête  avec  l'impassibilité  qui  convient  à  la  justice  et 
on  pourra  se  fier  aux  opinions  qu'il  asseoit  sur  une  instruction  des 
plus  consciencieuses.  1'.  I'isam. 


La  Prussi»  et  la  rive  «laiiehedu  Ithiii  ;  le  trailé  de  Itàle  (  1794- 
17î>5),  (l'oprès  des  dociimenls  inéilils  lires  des  archives  du  ininislère  des 
(iffaircs  î-lraiigères,  par  Ed.  dk  Maucèke.  Paris.  Alcati,  JîiiS,  in-lG  de 
11-2  U  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Cette  histoire  des  négociations  du  traité  de  Bâle,  depuis  les  premiers 
pourparlers  jusqu'à  la  signature  définitive,  vient  à  son  heure  ;  elle  est 
])l<ine  d'enseignements.  On  y  \erra  dûment  caractérisée  la  duplicité 
de  la  diplomatie  prussienne,  telle  qu'elle  ressort  des  documents  offi- 
ciels ;  on  y  verra  avec  quelle  fermeté  le  Comité  de  salut  public  sut 
exiger  comme  point  de  départ  la  reconnaissance  des  droits  de  la 
France  à  ses  frontières  naturelles  ;  on  y  verra  avec  quelle  facilité  la 
Prusse  parut  accepter  l'établissement  des  Français  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin  ;  on  y  verra  les  précautions  qu'il  fallut  prendre  eu  vue  d'jin 
retour  oITetisif  des  troupes  prussiennes,  et  le  peu  de  degré  de  con- 
fiance qu'inspiraient  les  émissaires  de  l'un  des  maréchaux  allemands 
Moellendorfl".  Ces  négociations  durèrent  du  13  janvier  au  3  avril  1795  ; 
durant  ces  trois  mois,  il  y  eut  des  menaces  de  rupture,  des  ultima- 
tums, des  demandes  de  délais,  des  manifestations  de  mésintelligence 
entre  les  puissances  coalisées  et  une  situation  critique  à  Paris  dont 
l'obstination  du  diplomate  Hardenberg  espérait  tirer  parti.  Ratifié 
dès  le  li  avril  par  la  Convention,  le  traité  ne  contenta  pas  tout  le 
monde,  et  le  diplomate  français  qui  le  signa  au  nom  du  gouverne- 
ment, Barthélémy,  fut  bien  mal  récompensé  des  services  qu'il  avait 
rendus  à  la  nation.  Le  petit  volume  de  M.  de  Marcèie.  d'une  lecture 
agréable  et  attachante,  se  recommande  de  lui-même  et  n'a  pas  besoin 
d'être  loué  davantag^e.  H.  S. 


I.ia  Poloi|iie  inconnue.  Pages  d'histoire  et  d'aclualilé.  p.ir  K.  ^^  aliszewski. 
Paris,  Colin,  1919,  in-18  de  275  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Ecrit  par  un  Polonais  qui  a  été  élevé  en  France,  ce  livre  se  propose 
de  réfuter  une  erreur,  généralement  accréditée  sur  l'histoire  de  son 
pays,  que  toutes  les  infortunes  des  Polonais  ne  sont  im[)ulables  qu'à 
leurs  propres  défauts.  Les  historiens  de  l'Université  de  Cracovie,  do- 
ciles aux  influences  allemandes,  se  sont  fait  eux-mêmes  les  propaga- 
teurs de  cette  thèse.  M.  AN'aliszevvski  s'efforce  de  replacer  dans  leur  jour 
réelles  faits  ainsi  dénaturés.  Il  est  vrai  que  la  Pologne  du  xviii^  siècle 


—  i34  — 

a  pratiqué  des  mœurs  politiques  déplorables.  Mais  il  prétend  qu'elles 
ont  été  le  produit  des  inllueuces  ennemies  qui  se  sont  appliquées  à 
corrompre  l'idéal  national.  Il  insiste  sur  la  manière  dont  les  idées 
libérales  furent  professées  en  Pologne  plus  tôt  que  dans  le  reste  de 
l'Europe.  Il  cite  à  ce  propos  des  extraits  bien  curieux  d'écrivains 
polonais,  parmi  lesquels  se  trouve  Stanislas  Leczinski  en  personne, 
«  le  roi  philosophe.  ^>  Il  est  certain  que  les  publicistes  polonais  du 
\viii«  siècle  ont  soutenu  et  contribué  à  répandre  toutes  les  erreurs 
sociales  et  politiques  dont  nous  portons  aujouid'imi  le  poids  :  exalta- 
tion do  l'individu,  gouvernement  de  tout  le  monde  par  tout  le  monde, 
pouvoir  arbitraire  des  assemblées  populaires,  etc.  M.  Waliszewski 
explique  comment  les  circonstances  ont  empêché  les  Polonais  de  se 
donner  des  institutions  en  rapport  avec  un  goût  très  vif  pour  la 
liberté,  qui  les  rendait  incapables  de  s'entendre  avec  leurs  voisins  de 
l'est  et  de  l'ouest.  C'est  un  côté  par  lequel  nous  n'étions  pas  habi- 
tués à  regarder  cette  question  polonaise,  si  complexe. 

Livre  agréable  à  lire,  comme  l'œuvre  d'un  homme  qui  connaît 
beaucoup  de  choses  et  sait,  pour  en  parler,  se  mettre  à  la  portée  de 
ses  auditeurs. 

Après  avoir  rappelé  l'abominable  oppression  russe,  l'auteur  conclut 
que  la  fusion  des  deux  peuples  n'est  ni  réalisable  ni  même  désirable. 
Il  paraît  souhaiter  un  accord  entre  les  nations  sœurs  du  monde  slave. 

A.  DE  Tarlé. 


L'Iialia  otlierna  ;  due  eccoU  di  lolle,  di  sladi  e  di  lavoro  per  l'indipen- 
denza  e  la  grande: :a  délia  palria,  da  Michèle  Rost.  Tomo  I.  Torino, 
Unione  lipografica  oditrico,  191S.  iii-4  de  xvi-H26  p..  avec  9  pi.  liors  texte, 
4  cartes  cl  450  fîg.  —  Prix  :  36  fr. 

Ce  monumental  ouvrage  paraît  par  li\raiï(Mis.  Les  trente-six  livrai- 
sons dont  la  réunion  forme  le  premier  volume  ont  déjà  été  publiées- 
L'auteur  remonte  au  xvm"  siècle,  estimant  avec  raison  que  l'on  y 
voit  naître  et  se  former  les  idées  qui  ont  préparé  le  Risorgimento.  Le 
prcniier  livre  étudie  létat  politique,  social,  intellectuel  de  la  pénin- 
sule de  ITiT)  à  l'intervention  française.  Le  deuxième  est  consacré  à  la 
Révolution  et  à  l'Empire  ;  le  troisième  à  la  Restauration,  et  à  l'ère  des 
conspirations  jusqu'en  1821.  L'esprit  qui  anime  l'ouvrage  s'exprime 
très  bien  dans  la  Préface.  Pour  le  grand  public,  estime  M.  Rosi,  le 
Risorgimento,  c'est  trop  souvent  une  espèce  de  résurrection  merveil- 
leuse, où.  aidée  par  des  «  amis  »  étrangers,  dont  les  noms  et  le  nombre 
varient  au  gré  des  sympathies  et  des  circonstances,  l'Italie  se  réveille 
brusquement,  à  la  voix  d'un  petit  nombre  d'hommes  dont  le  rôle  est 
tout  à  fait  prépondéiant.  M.  Rosi  veut  étudier  la  préparation  de  ce 
miiacle.  et  icndic  la  place  (}ni  leur  aj)[)artieiit  aux  collaborateurs  de 


—  i:io  — 

-r.os  protagonisles.  C'est  dire  qu'une  1res  grande  importance  est  et 
*;era  donnée  aux  «  liéros  obscurs,  »  aux  tentatives  avortées  mais  carac- 
téristiques ;  une  très  grande  aussi  à  la  vie  sociale  et  populaire. 
M.  Uosi  est  naturellement  un  chaud  patriote  italien,  admirateur  pas- 
sionné du  mouvement  qui  a  fait  l'unité  de  son  pays.  Mais  il  est  en 
même  temps  un  esprit  très  modéré  et  très  objectif.  H  ne  cède  nulle- 
ment au  désir  de  multiplier  le  nombre  et  d'exagérer  la  gloire  des 
précurseurs  du  Risorgirnento.  Il  n'exagère  pas  davantage  les  maux 
<lont  soufTrait  et  dont  se  plaignait  l'Italie.  Par  exemple,  sur  les  inten- 
tions de  Pie  VII  et  de  Consaivi,  sur  le  gouvernement  autrichien  dans 
le  Lombard-Vénitien,  sur  des  épisodes  comme  le  procès  de  Silvio  Pel- 
lico,  il  a  des  pages  d'une  mesure  à  laquelle  il  faut  rendre  hommage. 
11  se  tient  éloigné  de  toute  déclamation  ;  de  bons  ouvrages  italiens  sur 
ce  sujet  n'en  sont  pas  exempts.  L'annotation  est  abondante  et  rendra 
service  aux  professionnels  ;  nous  regrettons  qu'elle  soit  rejetée  à  la 
fin  de  chaque  chapitre,  ce  qui  est  bien  incommode.  L'ouvrage  est 
ricliement  illustré,  d'images  qui  sont  d'une  exécution  ordinaire,  mais 
intelligemment  clioisies  et  d'un  caractère  documentaire. 

E.  Jordan. 


Le  Comte  de  Cavour  et  son  eonfesseur^  élude  fiisloriqiie  d'après  do- 
cumenls  iiiédils,  par  M.  M.\z/iotti  ;  trad.  de  l'italien  par  le  com'  Weil. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1010.  in-16  de  xxxvi-147  p.,  avec  deux  portraits.  — 
Prix  :  3  fr. 

L'excommunication  frappant  les  auteurs  des  lois  antireligieuses  en 
Piémont  (1851)  atteignait  naturellement  Cavour,  président  du  Con- 
seil des  ministres.  L'homme  politique  pouvait  au  dehors  railler  les 
sanctions  de  l'Église  ;  au  fond  du  cœur,  la  superstition,  je  ne  dis  pas 
la  piété,  de  l'Italien,  prit  peur.  Et  sa  prévoyance,  dès  1833,  quand  le 
choléra  régna  à  Turin,  le  conduisit  à  obtenir  d'un  moine  fransciscain, 
curé  de  sa  paroisse,  la  promesse"  de  venir  l'assister  s'il  était  en  danger 
de  mort.  Une  maladie  subite  atteignit  Cavour  en  1863  ;  le  prêtre  choisi 
à  l'avance  fut  amené  auprès  du  moribond  et,  selon  qu'il  était  conve- 
nu, donna  l'absolution  sans  demander  à  ce  singulier  pénitent  la 
rétractation  de  ses  erreurs  et  de  ses  actes  contre  l'Église.  La  scène  fut 
à  la  fois  mystérieuse  et  publique,  car  pour  la  terminer  on  vint  appor- 
ter avec  éclat  au  moribond  le  viatique  ;  ce  fut  donc  un  grand  scan- 
dale en  Italie  à  une  heure  où  la  personnalité  du  ministre  de  Victor- 
Emmanuel  occupait  l'Europe.  Le  moine  franciscain,  frère  Jacques, 
mandé  à  Rome,  interrogé  par  Pie  IX  lui-même,  ne  semble  avoir 
fourni  sur  sa  conduite  que  des  explications  assez  misérables  ;  il  fut 
mis  par  son  supérieur  en  quasi-pénitence,  tandis  que  le  gouverne- 
ment de  Turin  le  décorait.  Sur  lui   un  grand   silence  se  fit  après  le 


—  136  — 

tapage  qui,  à  cette  époque,  distinguait  tout  épisode  exploité  dans 
la  presse  anticatholique  contre  le  Saint-Siège.  En  somme,  Cavour 
mourut  voulant  «  paraître  »  en  communion  avec  l'Église,  malgré  elle 
et  contre  elle.  C'est  là  le  point  d  histoire.  Mais  une  absolution  incom- 
plète ou  extorquée  est  insignifiante  et  les  sentiments  du  pénitent  lui 
donnent  sa  valeur. 

Cette  étude  du  sénateur  Mazziotti  s'appuie  sur  quelques  livres,  les 
journaux  du  temps  et  les  archives  d'un  ami  de  Cavour.  Elle  vise  à 
l'apologie  de  celui-ci,  à  la  critique  de  l'intransigeance  de  la  Gurii' 
iomaine,  sans  omettre  d'attaquer  Pie  IX.  Une  lecture  attentive 
montre  que  ce  fransciscain  «  aux  idées  libérales  »  se  contenta  (p.  2i 
et  23)  pour  toute  confession  d'un  «  serrement  de  main  »  du  ministrf 
excommunié  comme  «  usurpateur  »  des  États  pontificaux.  Le  volunu' 
dans  sa  forme  est  très  agréablement  publié  avec  soin  et  élégance  ;  on 
y  trouve,  avec  le  portrait  de  Cavour,  celui  de  frère  Jacques  dont  les 
traits  sont  quelque  peu  vulgaires  et  durs,  et  qui  ne  fut  d'ailleurs 
qu'un  comparse  dans  l'allaire.  G.  G. 


I.,a  Paix  armée  et  le  Problème  d'Alsace  dans  ropiiiioii  des  nou- 
velles yénéraiions  françaises, par  Marcei- Laurent,  1'hilippkNorahi> 
et  Alexandre  Mercereau.  l^aris,  Figuière,  s.  d.  (1914),  in-8  de  130  p.  — 
Prix  :  2  fr.  50. 

Tout  ce  qu'on  a  dit  pensé  et  écrit  avant  la  guerre  pour  faire  oublier 
aux  Français  la  question  d'Alsace-Lorraine  et  pour  amener  le  rappro- 
chement de  la  France  et  de  l'Allemagne  est  résumé  dans  ce  livn^ 
qu'il  serait  trop  cruel  d'analyser  aujourd'hui.  Si  la  guerre  ne  m'avait 
empêché  d'en  rendre  compte  à  son  heure,  je  n'aurais  pas  trouvé  de 
Termes  assez  sévères  pour  exprimer  mon  indignation  des  théories 
qui  y  sont  développées.  Aujourd'hui  je  me  borne  à  lui  refuser  le 
bénéfice  de  l'oubli.  De  telles  œuvres,  que  sans  doute  leurs  auteurs,  si 
la  guerre  les  a  épargnés,  rougissent  d'avoir  écrit,  doivent  rester  à  leur 
place  dans  l'histoire  des  évolutions  de  la  pensée  contemporaine.  Elles 
marquent  les  tendances  d'une  école  dont  l'influence  n'a  été  (pje  trop 
importante  et  qui  porte  la  responsabilité  du  défaut  de  préparation 
militaire  que  nous  avons  payé  si  cher.  Eugène  Godefuoy. 


Voces  popuSi,  scènes  de  la  vie  anglaise,  par  F.  Anstey  ;  traduit  de  l'an- 
glais par  (;.  .1.  M.  F.  Paris  cl  Nancy,  Bergor-Lcvrauil,  191S,  in-i'i  de  vi- 
238  p.  —  Prix  :  3  fr.  r)0. 

Il  y  a  déjà  une  trentaine  d'années  que  les  Voces  populi  ont  paru 
dans  Punch  et  ont  été  réiiiiics  ensuite  en  volume.  Mais  ces  jolis  ta- 
bleaux de  la  vie  anglaise  n'ont  nullement  vieilli  ;  ils  ont  garde  tout 


—   1.37  — 

leur  sel  et  toute  leur  vérité,  et  c'est  ajuste  titre  qu'il  a  semble  aux 
préseuls  traducteurs  que  ces  «  scènes  prises  un  peu  dans  tous  les 
mondes,  troussées  avec  une  verve  charmante  et  un  sens  admirable  du 
comique,  et  dans  lesquelles,  au  milieu  de  dotalls  très  britaiinifiuo'^, 
se  retrouvent  au  fond  bien  des  traits  d'une  vérité  universelle,  seraient 
de  nature  à  amuser  nos  compatriotes,  peut-être  aussi  à  leur  faire 
mieux  connaître  nos  amis  anglais.  »  ÎVon  moins  que  du  choix  de 
l'ouvrage  à  traduire,  ces  interprèles  doivent  être  félicités  de  l'heu- 
reuse façon  dont  ils  se  sont  acquittés  d'une  tâche  qui  n'allait  pas 
sans  difficultés  ;  ils  y  ont  fait  preuve  (et  c'est  un  éloge  bien  moins 
banal  qu'il  ne  semble)  d'une  parfaite  connaissance  de  l'anglais  de  la 
conversation,  de  la  conversation  à  des  étages  très  divers  de  la  société. 
Des  dialogues  du  genre  de  ceux-ci  perdent  naturellement  quelque 
chose,  et  même  beaucoup,  à  passer  dans  une  autre  langue,  mais  la 
perte  est  ici  aussi  réduite  que  possible  et  la  transposition  est  très 
bien  faite.  Vaut-il  la  peine  de  remarquer  que  mieux  eût  valu  peut- 
être  renoncer  à  rendre  certaines  ellipses  et  contractions  moins  natu- 
relles en  français  qu'en  anglais  ;  ou  encore  d'observer  que  Norlh  Brit- 
ish  signifie  Écossais  et  non  Anglais  du  nord  (p.  106),  que  hear  !  hear  ! 
serait  mieux  rendu  par  bravo  ou  très  bien  que  par  écoutez  (p.  38),  que 
propilier  (p.  27)  n'est  pins  guère  français  et  que  tantaliser  (p.  139)  ne 
l'a.sans  doute  jamais  été?  Plus  regrettable  que  ces  vétilles  est  l'ab- 
sence de  notes,  qui  seraient  souvent  nécessaires  pour  les  lecteurs, 
peu  au  fait  des  choses,  gens  et  usages  d'Angleterre  (et  c'est  pour 
ceux-là  que  sont  faites  les  traductions,  car  les  autres  savent  l'anglais  et 
lisent  l'original).  De  ces  notes,  il  n'y  en  a  que  deux  ou  trois,  dont  l'une 
fp.  141)  ne  définit  pas  très  exactement  les  Bank  lloUdays,  lesquels 
sont  les  quatre  jours  annuels  de  fermeture  légale  des  banques,  devenus 
jours  de  repos  général  et  de  réjouissances  populaires.  Notons  enfin 
que  l'ordre  des  scènes  n'est  pas  le  même  dans  cette  traduction  et  dans 
l'édition  anglaise  que  nous  avons  sous  les  yeux,  et  que  la  division  en 
deux  séries  ne  s'y  retrouve  pas.  Peut  être  y  a-t-il  des  textes  diffé- 
rents ;  la  chose  est  du  reste  d'assez  peu  d'importance. 

A.   Barbeau. 


Treînta  aiios  de  mi  vida,  por  E.  Gômez  Carrillo.  Libro  I.  El  Desper- 
tar  del  aima.  Madrid,  Sociedad  esi^anola  de  libreria,  1919,  in-i6  de  231  p. 
—  Prix  :  3  fr.  .50. 

A  diverses  reprises,  dans  les  pages  de  cette  Revue,  nous  avons  signalé 
à  NOS  lecteurs  les  beaux  volumes  dans  lesquels  M.  Gômez  Carrillo 
nous  narrait  ses  impressions  de  guerre  :  l'exquise  sensibilité  de 
^'homrne,  la  générosité  de  ses  sentiments,  la  finesse  de  son  aiialyse 
psychologique,  la  vie  et  le  coloris  des  tableaux  qu'il  nous  présentait. 


-  138  — 

îa  magie  de  son  style,  tout  assure  à  ses  livres  une  place  d'honneur 
dans  la  littérature  de  guerre  et  les  élève  bien  au-dessus  de  tant  de 
publications  éphémères,  destinées  à  tomber  promptement  dans  l'ou- 
l)li.  Et  ce  que  l'auteur  met  de  lui-même  dans  ses  ouvrages  leur  donne 
je  ne  sais  quoi  de  personnel,  qui  fait  que  le  lecteur  entre  avec  l'au- 
teur en  communication  d'idées  et  de  sentiments  ;  et  cette  sympathie 
me  semble  devoir  assurer  le  succès  des  Mémoires  de  sa  vie  dont 
M.  Gômez  Carrillo  nous  présente  le  premier  volume. 

Il  nous  raconte,  dans  sa  dédicace  à  D.  Fernando  Alvarez,  le  pre- 
mier mouvement  d'indignation  qu'il  ressentit  quand  un  de  ses  amis, 
^près  la  lecture  des  premiers  chapitres  de  ce  livre,  lui  dit  :  «  Il  v;i 
bien,  votre  petit  roman  ;  »  mais  il  ne  tarda  point  à  accepter  ces 
paroles  comme  un  hommage,  peut-être  involontaire,  car,  dit-il  : 
<(  Qu'est-ce  qu'une  existence  sinon  un  roman  vécu  ?  et  celle  qui  n'en 
est  pas  un  ne  vaut  guère  la  peine  d'être  écrite.  » 

Il  y  a,  en  effet,  des  épisodes  bien  romanesques  dans  ce  début  de  la  vie 
du  grand  écrivain,  petit  diable  qui  aimait  mieux  courir  les  rues  de 
Guatemala  en  faisant  mille  tours  pendables  que  de  se  livrer  à  l'étude  : 
qui  se  faisait  mettre  à  la  porte  de  tous  les  établissements  d'instruc- 
tion, même  après  les  plus  beaux  serments  et  les  plus  siflcères  désirs 
-de  se  ranger  et  de  se  discipliner  ;  qui,  avec  un  gamin  de  son  âge.  son- 
geait à  s'enfuir  au  San-Salvador  pour  s'y  créer  une  position  :qui.  ramené 
chez  ses  parents  et  devenu  petit  employé  de  magasin,  voyait  une  belle  et 
riche  dame  étrangère,  la  femme  du  ministre  de  Danemark,  s'énamou- 
rer de  ses  quinze  ans.  Comment  l'idylle  tourna  au  tragique,  mais  com- 
ment aussi  elle  transforma  le  jeune  homme,  lui  donnant  le  goût  de 
la  lecture,  éveillant  sa  sentimentalité,  éveillant,  comme  le  porte  le 
sous-litre  de  ce  premier  volume,  son  âme  ;  comment,  jeté  dans  la 
littérature,  devenu  le  collaborateur  d'un  journal  de  Guatemala,  puis 
enrôlé  par  le  célèbre  Ruben  Dario  dans  un  autre  journal  que  celui-ci 
voulait  lancer  et  sur  lequel  il  fondait  les  plus  vives  espérances,  il 
appela  sur  lui  l'attention  du  Président  de  la  République  ;  et  comment 
ce  dernier,  frappé  de  ses  heureuses  dispositions,  lui  donna  une  bourse 
pour  aller  se  former  dans  les  Universités  d'Europe,  voilà  ce  que  le 
lecteur  trouvera  raconté  dans  ce  premier  volume,  avec  le  même  charme 
<le  style,  la  même  émotion  sentimentale,  la  même  finesse  psycholo- 
gique auxquelles  nous  a  habitués  l'éminent  écrivain.        E.-G.  L. 


^iialitôs  à  acqin''rir,  par  Louis  di:  I.alnav.   Paris,  P;iy(^t.  I!)IS,  iii-16  do 
248  p.  —  i^rix  :  4  fr.  .".(t. 

Les  questions  (jue  l'auteur  aborde,  avec  un  franc-parler  dont 
iiucun  de  ses  lecteurs  ne  sera  lenlé  de  lui  faire  grief,  .sont  trop  mul- 
tiples et  trop  complexes  pour  (|ue  les  sohitions  ou  les  appréciations 


i 


—  \m  — 

proposées  lie  prôtciil  jamais  à  discussion.  Pour  ma  part,  je  ne  sous- 
<;-irais  pas  absolument  à  toutes  ;  mais  il  y  a  profit  et  plaisir  à  suivre 
tcttc  sorte  de  vive  causerie  d'un  homme  d'esprit  très  ouvert  et  (]<' 
i)oaucoup  d'esprit.  Pas  plus  que  la  républicpie  parlementaire,  qu'il 
<léclare  intangible,  il  ne  répudie  la  devise  si  souvent  inscrite  sur  nos 
monuments  :  liberté,  égalité,  fraternité  ;  mais  tout  de  même  il  en 
préconise  une  nouvelle,  dont  tout  son  livre  n'est  que  le  dévoloppc- 
luent  et  le  commentaire  :  sens  pratique,  stabilité,  discipline.  Il  insiste 
principalement  sur  le  sens  pratique,  entendez  un  réalisme  de  bon 
aloi,  à  propaj^er  dans  nos  habituelles  manières  de  voir,  dans  nos 
méthodes  industrielles  et  commerciales,  dans  nos  conceptions  poli- 
tiques. Il  est  sévère  pour  les  socialistes,  et  ne  se  laisse  point  duper 
par  les  promesses  de  paix  qu'ils  ont  sans  cesse  à  la  bouche.  »  Leur 
>ystème,  écrit  il  (p.  Hi-)  a.  pour  une  grande  part,  contribué  à  la 
iruerre  actuelle,  avant  d'être  la  cause  principale  de  son  prolongement 
indéfini.  »  Et  plus  loin  (p.  164)  :  «  Nous  avons  mis  quatre  ans  à  ne 
jtas  chasser  les  Allemands  de  France,  parce  que  nous  avons  toujours 
eu  peur  d'avoir  un  chef  et  parce  que  nos  alliés,  animés  d'un  esprit 
analogue,  en  avaient  peut-être  encore  plus  peur  que  nous.  »  On  aura 
bonne  opinion  de  la  perspicacité  de  M.  de  Launay  en  se  reportant 
(p.  19  et  s.)  aux  prévisions  qu'il  se  hasardait  à  formuler,  dès  le  début 
de  1918,  sur  l'après-guerre,  prévisions  bien  éloignées  de  l'optimisme 
naïf  qui  comptait  sur  un  embrasscment  général,  dans  une  apothéose 
aux  feux  de  Bengale,  pour  célébrer  la  lin  de  la  dernière  des  guerres. 

Baron  Angot  des  Rotolrs. 


L'Université  nouvelle,  par  «  les  Compagnons  ».  I.  (Les  Cahiers  de. 
Probns.  l"  cahier,  novembre  1918).  Paris»  Fischbactier,  1918,  in-Hi 
de  xi-189  p.  —  Prix  :3  fr. 

Le  vent  de  régénération  qui  a  soufllé  en  France  depuis  la  guerre, 
la  réalisation  de  l'union  sacrée,  le  rapprochement  qui  s'est  fait  au 
Front  entre  les  classes  et  les  esprits,  ont  fait  naître  partout  le  désir  et 
l'espérance  d'une  transformation  des  choses  qui  amènerait  la  pacifi- 
cation si  désirable  entre  les  fils  d'une  même  patrie.  C'est  une  pensée 
de  ce  genre  qui  anime  «  les  Compagnons  »  dans  ce  fascicule  des  Ca- 
hiers de  Probus  où  ils  nous  exposent  leurs  idées  sur  l'Université  nou- 
velle. Les  Compagnons  sont  des  membres  des  trois"  ordres  de  l'ensei- 
gnement qui  ont  mis  en  commun  au  Front  leurs  souvenirs,  leurs 
expériences,  leurs  opinions,  pour  examiner  comment  l'on  pourrait  in-, 
fuser  à  l'Université  une  vie  nouvelle,  mieux  adaptée  aux  conditions 
et  aux  besoins  de  la  France. 

Deux  parties  :  La  Doctrine  nouvelle  ;  —  l'Institution  nouvelle,  com- 
posent ce  premier  volume  ;  la  première  se  scinde  en  deux  chapitres  : 


—  140  — 

i.  La  Tradition  et  la  Réforme  ;  2.  La  Doctrine  nouvelle  ;  la  i''-  en  3  : 
1.  L'Ancienne  Institution  ;  2.  Les  Principes  de  la  nouvelle  institntiwi  ; 
3.  L'Organisation  intérieure  de  la  corporation. 

Il  y  a  là  beaucoup  d'idées  généreuses,  un  grand  désir  d'union  et  de 
pacification,  une  sévérité  peut-être  extrême  contre  l'ancienne  Univer- 
sité, une  volonté  très  ferme  et  bien  justifiée  de  ne  pas  laisser  les  poli- 
ticiens infester  de  leur  esprit  funeste  toute  la  vie  de  la  France.  11  y  a 
aussi  quelques  illusions,  peut-être,  et,  certainement,  quelques  points 
qui  prêteraient  matière  à  discussion. 

Le  désir  qu'expriment  les  Compagnons  d'abattre  les  barrières  qui 
séparent  les  divers  ordres  d'enseignement  en  France  et  de  constituer 
ce  qu'ils  appellent  l'école  unique  —  qui  n'est  pas  «  le  local  unique  », 
mais  qui  fait  que  de  l'école  primaire  à  l'Université  l'enseignement 
s'élève  graduellement,  sans  qu'il  y  ait  de  cloison  étanche  entre  les  di- 
vers degrés  —  est,  à  mon  sens,  réalisable  et  désirable.  Faire  parti- 
ciper l'enseignement  libre  à  la  vie  universitaire,  faire  rentrer  les 
membres  de  cet  enseignement  dans  la  corporation  qui  sera  chargée 
d'organiser  l'Université  et  d'en  élaborer  la  doctrine,  est  assurément 
une  idée  originale  et  qui  méinte  d'être  examinée.  Mais  il  ne  faut  pas 
se  dissimuler  qu'il  y  a  là  des  difficultés  :  l'enseignement  libre  catho- 
lique manquerait  à  sa  mission  et  oublierait  sa  raison  d'être  si,  par 
cette  incorporation,  il  devait  être  absorbé  et  annihilé.  Peut-être  esli- 
mera-t-on  que  lorsqu'ils  préconisent  une  subvention  de  l'État  à  l'en- 
seignement libre,  les  Compagnons  manquent  quelque  peu  à  l'équité 
dans  la  manière  dont  ils  comprennent  cette  subvention.  Mais  les  ca- 
tholiques sont  trop  accommodants  pour  ne  pas  se  contenter  de  peu, 
qui  serait  d'ailleurs  un  progrès  considérable  sur  l'état  actuel.  Quel- 
ques uns  ont  déjà  fait  le  meilleur  accueil  aux  idées  des  Compagnons. 
Bien  que  personnellement  je  pense  que  l'on  pourrait  envisager  d'au- 
tres solutions,  faisant  plus  grande  la  jiart  à  la  liberté,  je  n'en  recom- 
mande pas  moins  ce  volume  à  la  méditation  et  à  l'examen  sympa- 
thique de  tous  les  lecteurs  que  préoccupe  l'avenir  intellectuel  et  moral 
de  la  France.  E.-G.  Ledos, 


ISiblioijraphie  historique  du  Itouertjue,  par  Camillk  Coudekc.  I. 
A-lv.  (Kasc.  1.  Abbal-Causscs).  I\iris.  Clianipion.  191  S-i!»:20.  in-8  de 
168  p.  —  Prix   :  8  fr. 

((  Commencée  pour  les  besoins  de  reclierclies  personnelles,  nous 
dit  l'auteur,  la  présente  bibliographie  a  été  reprise,  étendue  et  com- 
plétée dans  l'espoir  (pi'elle  pourrait  servir  non  seulement  aux  Roner- 
gats  qui  voudront  s'occuper  de  l'histoire  de  leur  j)ays.  mais  à  tous  les 
éiudits  qui  anrontà vérifier,  dans  cette  hisloiie,  des  ntjms,  des  (Kiles  ou 
lies  faits.  »  Et  en  elfet  l'on  peut  s'en  rendre  conipte,  en  consultant  tlans 


—   141   - 

(p  premier  fascicule  la  rubrique  rhu.iogr vf'uie,  les  travaux  con- 
:jacrés  jusqu'ici  à  la  hihliograpliic  du  Houerguc,  soit  géuérplo  soit 
même  partielle,  sont  peu  nombreux  et  peu  développés.  On  saluera 
donc  avec  reconnaissance  l'instrument  (jue  M.  Couderc  nous  met  entre 
les  mains. 

Ce  n'est  pas  une  bibliographie  méthodique  de  l'histoire  du  Rouer- 
i:ue  qu'il  nous  offre  ici  ;  il  a  cru  plus  simple  et  plus  avantageux  au 
lecteur  de  grouper  les  renseignements  recueillis  par  lui  dans  une 
seule  liste  alphabétique  de  personnages,  de  lieux  et  de  matières  :  les 
matières  comportent  des  rubriques  ou  très  générales  (Agriculture, 
Archéologie.  Bibliographie,  Botanique,  etc.)  ou  plus  spéciales  (Assu- 
rances mutuelles,  par  ex.),  avec  cependant  une  tendance  à  renvoyer  des 
rubriques  très  spéciales  aux  rubriques  très  générales  :  Bailliages  ren- 
voie à  Justice  ;  Boucherie  à  Agriculture,  Cabarets  à  Mœurs  et  coutu- 
mes, et  ainsi  de  suite. 

Dans  chaque  article  les  ouvrages  mentionnés  sont  classés  par  ordre 
alphabétique  d'auteurs,  puis,  pour  les  ouvrages  anonymes,  par  titres. 
En  parcourant  ce  premier  fascicule,  on  se  rendra  compte  du  labeur 
considérable  auquel  s'est  livré  M.  Couderc  ;  il  ne  s'est  pas  contenté 
de  signaler  les  ouvrages  tout  entiers  consacrés  à  un  sujet  ;  il 'a  pris 
la  peine  de  rechercher  et  de  relever  les  articles  de  périodiques  ou  de 
dictionnaires,  les  chapitres  d'ouvrages,  voire  de  simples  passages  qui, 
dans  un  livre,  se  rapportent  à  ce  sujet.  Il  semble  cependant  avoir 
écarté  systématiquement  certains  recueils,  par  ex.  la  Gallia  Christiana 
et  la  Biographie  Michaud.  11  aurait  dû  indiquer  les  raisons  qui  l'ont 
déterminé  à  agir  ainsi  :  sans  doute  a-t-il  pensé  que  quiconque  aurait 
à  s'occuper  dun  évêque  rouerga.t  n'oublierait  pas  de  consulter  le 
grand  recueil  des  bénédictins  ;  mais  je  ne  comprends  pas  ]>ourquoi 
la  biographie  Michaud  est  écartée,  alors  que  place  est  faite  et  à  la 
biographie  Didot  et  à  la  Grande  encyclopédie  ;  je  le  comprends  d'au- 
tant moins  qu'il  est  notoire  que  la  partie  bibliographique  de  la  bio- 
graphie Michaud  a  été  généralement  revisée  par  l'éminent  bibliogra- 
phe qu'était  Beuchot.  On  pourra  signaler  sans  doute  à  M.  Couderc 
des  livres  ou  des  recueils  où  se  trouve  un  article  ou  un  passage,  rela- 
tif à  tel  personnage  ou  à  tel  fait  de  l'histoire  rouergate.  11  y  au- 
rait ])édantisme  à  lui  faire  grief  de  ne  l'avoir  pas  connu  et  ingra- 
titude à  sembler  vouloir  diminuer  par  là  le  mérite  d'un  travail 
qui  lui  a  demandé  de  longues  heures  de  recherches  et  qui  rendra 
■à  ceux  qui  le  consulteront  les  plus  précieux  services. 

E.-G.  Ledos. 


—  142  — 
BULLETIN 

Cantiques  «If  Sioii,  par  H.  Péren^ès.   l'aris.  Beaudiesne,  1919,  iii-8  de  ii-4b  |). 
—  Prix  :  1    fr.  75. 

L"autcur  de  celte  brochure,  professeur  au  giand  séminaire  de  Quimper, 
applique  le  système  de  division  stropliique,  élaboré  par  le  Dr  H.  Mûller, 
professeur  à  Vienne,  et  consistant  dans  les  trois  procédés  de  responsio,  con- 
calenatio,  iiicUisio  (les  initiés  comprennent  ces  termes),  aux  plus  anciens 
poèmes  delà  Bible  :  l'hymne  (?)  delà  création,  la  propliétie  de  Jacob,  les 
deux  cantiques  de  Moïse,  les  maschais  d'Hésebon  et  de  Balaam,  la  bénédic- 
tion de  Moïse,  et  les  cantiques  de  Débora,  d'Anne,  mère  de  Samuel,  et  de 
David  sur  Saiïl  et  Jonathas.  I/application  du  sysh'^me  pourrait  être  faite 
aux  Odes  de  Victor  Hugo  et  de  Lamartine,  en  comptant  le  nombre  de  vers, 
en  les  groupant  symétriquement  et  en  imprimant  en  caractères  gras 
les  mots  répétés.  Ici,  rinclusio  est  excessivement  rare.  Si  le  texte  massoré- 
tique  est  en  mauvais  état,  le  système,  qui  a  besoin  d'être  prouvé,  ne  peut 
servir  de  preuves  dans  be  choix  des  variantes  de  la  version  des  Septante  ou 
des  autres  versions  anciennes  Quelques  leçons  adoptées  peuvent  être  bonnes 
indépendamment  de  leur  adaptation  au  système  strophique.  Il  faudrait 
prouver  aussi  que  ces  poèmes  ont  été  chantés  pendant  des  siècles  en  Israël. 
Ils  n'ont  pas  été  composés  pour  l'usage  liturgique,  et  l'alternance  des 
strophes  n'est  pas  un  indice  qu'ils  ont  été  chantés  par  deux  chœurs.  La 
facture  très  soignée  de  ces  poèmes  est  un  effet  de  l'art  poétique.  Il  n'est 
pas  démontré  qu'elle  comporte  la  responsio,  la  concalenalio  et  ïinclusio 
comme  procédés  de  rédaction.  E.  M.\ngenot. 


La  Tâ'iitité  sociale.  Élude   sociale,  économique  cl  politique,  par  Pu^rre  Dugavij. 
Paris,  Bergpr-Levraiilt,  1919,  petit  in-8  de  89  p.  —  Prix  :  3  fr.  m. 

Le  monde  social  est-il  comme  le  monde  physique  gouverné  par  des  idées 
intangibles  auxquelles  l'homme  ne  peut  se  soustraire  impunément  ?  l'our 
I  auteur  de  cette  lirocliure,  la  question  ne  saurait  faire  de  doute  et  il  la  ré- 
sout par  l'affirmative  en  montrant  la  puissance  des  trois  principes  essentiels 
qui  régissent  toute  la  vie  sociale,  savoir  :  la  libci'té  individuelle,  la  solida- 
rité, le  pouvoir  régulateur.  La  réunion  de  ces  trois  principes  forme  ce  qu  il 
appelle  la  «  Trinilé  sociale.  »  Leur  jeu  harmonique  est  indispensable  au 
bon  fonctionnement  et  au  progrès  comme/au  bonheur  de  toute  société. 
.Mais  comment  réaliser  cet  idéal  ?  (J'est  ce  que  l'auteur  recherche  en  exa- 
juinant  chacune  des  réformes  que  comporte  ou  des  conditions  que  postule 
l'organisation  du  suffrage  universel,  de  l'instruction  populaire,  de  la  \ie 
ouvrière,  de  l'impôt,  l'exercice  du  droit  de  propriété  et  l'usage  du  caiDital. 
On  trouve  ainsi  dans  ce  petit  livre,  à  côté  d'aperçus  personnels  et  souvent 
ingénieux,  des  vues  très  justes  sur  les  besoins  immédiats  des  sociétés  mo- 
dernes. Il  y  a  là  un  essai  intéressant  de  synthèse  sociologique,  qui  prê- 
terait sans  doute  sur  certains  points  à  quelques  réserves,  mais  qui,  dans 
l'ensemble,  vaut  d'être  médité.  V.  L. 


<Kuvr<'!i(    «!«'    Vii>«jil4>    ('l"(^xle    l:iliii).    puljiiéfs,    avec  imc    liilrodiulion    ijiogra- 

ijliiquc  et  littéraire,  des  notes  ciiticiiies  ut  e.\plicatives  des   <<ravures,  des  cartes  et 

un  Index,  par  I''.  Pliîssis  et  P.   Lkja'».  Paris,  Ilacliette,  1919,  jtetit  in-1(i  cartonné, 
de  cxxxvii-DOi  j).  —  Prix  :  3  fr. 

Au  moment  où  M.  Bellessort  donne  dans  la  UeiHielicbiluiiinilaire  une  série 
d'études  sur  Virgile,  c'est  l'heure  de  relire  dans  son  texte  le  poète  de  Man- 
loue  et  voici  justement  que  la  librairie  llachelle  publie  une  nouvelle  édi- 


—  U:3  — 

lion  cliissicjne  de  l'auteur  des  Gèorcj'uiues.  Une  longue  Introduclion  com- 
prend la  Vie  de\ii{^ilc,  des  remarques  historiques,  litlrraires,  artistiques, 
bibliojjTiapliiques  sur  tous  ses  ouvrages  ;  un  préambule  critique  est  suivi 
du  texte  latin  annoté  des  dix  Bncoluntes,  des  quatre  livres  des  Géonjiriuex. 
des  douze  livres  de  VÉnéide,  chaque  division  précédée  d'un  sommaire.  A  la 
fin,  un  Index  des  noms  propres  ;  une  soixantaine  de  petites  illustrations, 
dont  plusieurs  empruntées  aux  miniatures  manuscrites,  aux  fresques 
antiques,  aux  monnaies,  aux  camées  ;  deux  cartes  complètent  cette  docu- 
mentation. Les  notes  sont  multipliées  au  bas  de  chaque  page  :  grammati- 
cales, historiques,  littéraires.  Cette  petite  édition  port;itive  est  donc  très^ 
complète  et  très  commode.  G. 


<:iii«'iiiii  «'t  C ',  confidences  d'un  spectateur,  par  Locis  Delluc.  Paris,  Grasset,  I91U, 
in-18  de  327  p.,  illustré.  —  l'rijt  :  3  fr.  30. 

Tout  ce  qu'on  peut  écrire  sur  le  «  cinéma.  »  Luxe  de  détails  scéniques 
adaptés  au  «  film  »  ;  connaissance  approfondie  des  coulisses  de  l'écran  ; 
appréciation  fouillée  des  scénarios,  des  artistes  de  l'art  scénique  ;  critiques 
abondantes,  informées.  .Mais  les  problèmes  moraux  que  la  question  soulève 
n'y  bénéficient  pas  de  la  même  sollicitude  que  la  technique  du  métier  ou 
sa  critique  alerte.  L.  T.  df,  M. 


La  Hollande  social**,  par  Hesrt  Jolt.    Paris,  Blond,  U)12.  in-IO  ilo  G2  p.  — 
Prix  :  0  fr.  OU. 

Bien  superficiel  serait  le  sentiment  qui  conduirait  à  rejeter  comme 
démodée  et  sans  intérêt  la  littérature  d'avant-guerre.  Le  rôle  de  la  Hol- 
lande pendant  la  guerre  et  celui  qu'elle  peut  être  appelée  à  jouer  après  la 
paix  oll'rent  dans  tous  les  ordres  d'idées  le  plus  grand  intérêt.  La  brochure 
de  M.  Joly  est  un  exposé  très  complet  de  la  situation  sociale  et  psycholo- 
<.âque  de  la  Hollande  contemporaine.  La  vie  religieuse,  la  vie  familiale,  la 
(  liminalité,  en  un  mot  tout  ce  qui  constitue  la  psychologie  d'un  peuple 
l't  par  conséquent  les  causes  de  ses  actes  ou  de  ses  abstentions  politiques 
y  sont  décrites  avec  une  précision  remarquable  ainsi  que  les  particulari- 
t(''s  des  diirérentes  provinces.  C'est  un  ouvrage  à  recommander  à  ceux  (et 
il  en  existe)  qui  ayant  quelque  motif  de  faire  acception  du  rôle  de  la  Hol- 
hinde  dans  les  alTaires  publiques  ou  privées,  préféreront  des  précisions 
raison  nées  à  des  idées  préconçues  dépourvues  de  bases  sérieuses. 

EUGKNE  GODEFROY. 


I^e  Clhili  cl   la    I-'rance,  par   Francisco  Contrebas.  Paris,  liossard,  1919,  in-Ift 
de  IG4  p.,  avec  une  carte.  —  Prix  :  3  fr.  60. 

Ce  livre  de  M.  Francisco  Contreras  a  été  rédigé  pour  contribuer  à  «  l'élar- 
gissement de  l'influence  française  dans  l'.\mérique  du  sud  »,  et  c'est  en 
effet  un  chaleureux  plaidoyer  en  faveur  de  la  formation  de  relations 
étroites  entre  les  deux  pays.  Mais  l'auteur  ne  se  contente  pas  d'expliquer 
pourquoi  ces  relations  doivent  être  nouées,  ou  maintenues  —  à  cause  des 
sympatiiies  des  Chiliens  envers  la  France,  pour  contrebattre  efhcacement 
les  intrigues  germaniques,  pour  maintenir  une  culture  intellectuelle,  et 
surtout  française,  au  Chili  ;  il  montre  encore  dans  le  Chili  un  pays  riche  : 
riche  au  point  de  vue  minier,  riche  au  point  de  vue  agricole,  et  dont  1  in- 
dustrie et  le  commerce  prennent  un  véritable  essor.  Pour  toutes  ces  rai- 
sons et  bien  que,  physiquement,  le  Chili  lui  tourne  le  dos,  la  Fratice  n'aura 
pas  seulement  profit  moral,  elle  aura  aussi  bénéfice  matériel  à  développer 


—  144  — 

ses  Tolalions  avec  celle  république  hispano-américaine.  —  Telle  est  la  thèse 
soutenue  par  M.  Contreras,  et  nous  ne  saurions  trop  y  applaudir.  Elle  est 
bien  développt'e  dans  le  Chili  et  la  France,  bien  que,  parfois,  les  chapitres 
<le  ce  livre  louriient  court  et  ne  soient  pas  (cf.  le  §  u  du  chap.  11.  sur  le 
salpêtre)  très  adroilenienl  coupés.  IIemu  Fuoidevaux. 

Li'Aposlolal  d'un  malade.  Inouïs  Peyrol  (U{8ÎJ-1Î>1<»),  par  Jean-P.\li. 
Belin.  Paris,  liloud  et  Gay.  1918,  in-16,  de"2r9  p.  —  Prix  :  :i  fr.  50. 

On  dit  souvent  que  l'épreuve  grandit  les  âmes  fortes  ;  mais  il  n'est  pas 
commun  de  suivre  au  jour  le  .jour  les  ascensions  d'une  âme  d'élite  aux 
prises  avec  un  mal  cjui  ne  pardonne  pas,  denlendre  ses  plaintes  furtives 
^ux  heures  de  dépression,  d'assister  à  ses  rétablissements  généreux,  de 
Saisir  dans  le  détail  le  travail  minutieux  et  soutenu  par  lequel  chaque 
déception  se  transforme  en  dévouement,  chaque  défaillance  provoque  une 
vaillance  nouvelle,  chaque  cri  de  douleur  s'achève  en  vui  élan  de  confiance 
et  d'amour.  (Test  le  spectacle  que  nous  donne  cette  biographie.  Louis  Peyrot 
se  destinait  à  la  carrière  médicale  ;  il  rêvait  de  se  dévouer  aux  déshérités  el 
aux  gagne-petit,  à  qui  il  avait  déjà  prodigué  les  preuves  de  sa  sympathie.  Une 
grippe  mal  soignée  pendant  son  service  militaire  dégénéra  en  congestion 
pulmonaire  ;  la  tuberculose  se  déclara.  Il  n'avait  pas  vingt  ans,  que  déjà 
commençait  pour  lui  la  vie  de  sanatorium.  Il  la  rendit  admirablement 
féconde  On  en  suit  avec  émotion  les  péripéties  en  admirant  tout  ensemble 
et  la  doctrine  qui  s'avère  en  toute  rencontre  la  plus  eflicace,  et  l'àme  qui 
s'en  inspira  avec  une  si  constante  générosité.  Ch.  L.\ndry. 


CHRONIQUE 


Nécrologie.  —  Le  D'  Jacques  Bertillon,  mort  à  Paris  le  3  juillet,  sétait 
acquis  une  réputation  mondiale  par  ses  travaux  de  statistique  et  de  crimi- 
nologie. Né  à  Paris  le  15  novembre  I8S1,  il  fit  de  bonnes  études  médicales 
et  c'est  sous  les  ordres  de  son  père,  statisticien  et  anthropologiste  éminent 
lui  aussi,  qu'il  se  forma  aux  disciplines  dans  lesquelles  il  devint  bientôt 
un  maître.  A  la  mort  de  son  père,  il  lui  succéda  comme  chef  des  travaux 
statistiques  de  la  ville  de  Paris.  Dans  le  Dictionnaire  encyclopédiqae  des 
sciences  inédicdles,  dans  la  Revue  d'hygiène,  dans  les  Annales  de  déinotirapliie 
qu'il  dirigeail,  dans  les  publications  du  bureau  à  la  tête  duquel  il  se  trou- 
vait, dans  d  autres  publications  savantes,  il  multiplia  les  articles  et  les 
mémoires  avec  une  inlassable  activité.  Mais  son  noili  restera  surtout  attaché 
aux  méthodes  anthropométriques  quil  appliqua  avec  un  si  beau  succès  à 
la  justice  criminelle.  Voici  la  liste  de  ses  principales  publications  :  .S»;- 
la  Nuplialitê  comparée  des  célibataires,  des  veufs  el  des  divorcés  (Paris,  1879, 
in-<S)  ;  —  La  Sh^lislique  humaine  de  la  I-'rance,  naissance,  mariage,  mort  (Paris, 
1S80,  in-.32)  ;  —  De  la  Fréquence  de  la  fièvre  typhoïde  à  Paris  pendant  la  période 
1860-82  (Paris,  1883,  in-8)  ;  —  Étude  démographique  du  divorce  el  de  la 
séparation  de  corps  dans   les  dijférents  pays  de  l'Europe  (Paris,  1883,   in-8)  : 

—  La  Vie  el  les  (cuvres  du  D'  L.-A.  Bertillon,  professeur  de  démographie  à 
l'Ecole  d'anthropologie,  chef  de   la  statistique  municipale  (Paris,    1883,  in-8)  ; 

—  Rapport  présenté  à  la  Commission  permanente  de  slatistitpw.  municipale  de 
la  ville  de  l'aris  sur  les  travaux  de  l'Institut  i/dermdional  de  st(distique  el  sur 
l'orf/anisalion  de  la  direction  générale  des  statisli<]nes  en  Italie  (Paris,  1887, 
gr.  in-8)  ;  —  Les  Naissances  illégitimes  en  France  et  dans  quelques  pays  de 


—    1  i;)  — 

VEnrope  (Vienne  1SS7.  gr.  iti-8)  ;  —  La  Taille  de.  l'homme  en  France 
(Nancy,  1<S8G,  gr.  in-8)  ;  —  Calcul  de  la  morlaidé  des  enfnnls  du  premier  âge. 
De  la  mèlhode  à  suivre  el  des  documents  à  recueillir  pour  Calculer  la  morlalilé 
des  enfants  en  bas  âge,  et  spécialement  celle  des  enfants  protégés  par  la  loi  du 
24r  décembre  i87fi  (Paris.  1887,  gr.  in-8)  :  —  L'Étal  sanitaire  de  Gennevilliers 
(Paris.  1888,  in-8}  ;  —  Allas  de  stalislirpie  graphique  de  la  ville  de  Paris, 
IRSS-S'j  (Paris,  1889-1801,  1  vol.  in-fol.  et  1  vol  in-4)  ;  -  Congrès  inlernn- 
lional  d'hygiène  el  de  démographie  à  Paris  en  ÎSS9.  8"  question.  Statistique 
des  causes  de  décès  dans  les  villes  (Paris,  1889,  iti-8)  ;  —  Compte  rendu  som- 
maire des  travaux  scientithpies  du  D'  Jacques  Bertillon  (Paris,  1892,  gr.  in-8)  ; 
—  De  la  Morhd'ité  par  âge  avant  la  naissance  (mortinnlalité,  selon  l'âge  du 
fœtus)  (Nancy,  1893,  gr.  in-8)  ;  — Essai  de  slalislique  comparée  du  surpeu- 
plement des  habitations  de  Paris  et  dans  les  grandes  capitales  européennes 
(Paris,  t89i.  gr.  in  8)  ;  — Cours  élémentaires  de  statistique  administrative 
(Paris,  1895,  in-8)  ;  —  De  la  Dépopulation  de  la  France  et  des  remèdes  à  y 
apporter  (Nancy,  1896.  gr.  in-8)  ;  — ?  La  Gémellité  (ou  la  fréquence  des  nais- 
sances gémellaire^)  selon  l'âge  de  la  mère  el  le  rang  chronologique  de  l'accou- 
chement (Nancy,  1898,  gr.  in-8)  ;  —  Note  sur  une  taxe  de  remplacement  de 
l'octroi  (Paris,  1898,  in-8)  ;  —  L'Alcoolisme  el  les  moyens  de  le  combattre 
jugés  par  l'expérience  (Paris,  1904,  in-12)  ;  —  Des  Causes  de  l'abaissement  de 
la  natalité  en  France  et  des  remèdes  à  y  apporter  (Paris,  1910,  In-8)  ;  —  Sta- 
tistique des  successions  en  France  et  à  l'étranger  (Nancy,  1910,  in-8)  ;  —  La 
Dépopulation  de  la  France,  ses  conséquences,  ses  causes,  mesures  à  prendre  pour 
la  combattre  (Paris,  19M,  in-8). 

—  M.  Paul  Lacombe.  qui  est  mort  vers  la  fin  de  juillet  à  Lauzerte  (Tarn- 
et-Garonne)  était  né  à  Catiors  en  -1834.  Le  goût  des  études  historiques  le 
poussa  vers  l'École  des  chartes.  11  en  sortit  à  25  ans,  en  1859,  avec  une  thèse 
sur  l'histoire  du  Consulat  de  Cahors.  Assez  mêlé  sous  lEmpire  aux  polé- 
miques politiques,  il  n'en  poursuivit  pas  moins  ses  recherches  et  ses  tra- 
vaux historiques  sur  des  sujets  assez  variés.  La  méthodologie  historique 
attira  particulièrement  son  attention  et  lun  de  ses  ouvrages  les  plus  con- 
isidérables  est  celui  qu'il  a  publié  en  1894  sur  l'Histoire  considérée  comme 
science.  Il  avait  été  nommé  en  1882  inspecteur  général  des  archives,  titre 
qu  il  échangeait  deux  ans  plus  tard  pour  celui  d'insoecteur  général  des 
bibliothèques  et  arcliives.  En  1886  il  était  décoré  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  Voici  la  liste  des  principales  publications  de  cet  érudit,  dont 
les  idées  appelleraient  de  notre  part  d'assez  fortes  réserves  :  L'Angleterre, 
géographie,  climat,  industrie,  agriculture,  commerce,  gouvernement,  société, 
famille  (Paris,  1877,  in-16)  ;  — Petite  Histoire  d'Angleterre  depuis  les  origines 
jusqu'en  Î650  (Paris,  1877,  2  vol.  in-16)  ;  —  La  Musique  en  famille  par  un 
père  à  ses  enfaids  (Paris,  1878.  gr.  in-l6)  ;  —  Le  Patriotisme  (Paris,  1879, 
in-12)  ;  —  De  l'Histoire  considérée  comme  science  (Paris,  d898,  in-8)  ;  — 
Esquissi;  d'un  enseignement  basé  sur  la  psychologie  de  l'enjant  (Paris,  1899, 
in-12)  ;  —  La  Guerre  et  l  homme  (Paris,  1900,  in  12)  ;  —  L'Appropriation 
du  sol.  Easai  sur  le  passage  de  la  propriété  collective  à  la  propriété  privée 
(Paris,  1912,  in-8)  ;  —  La  Première  Commune  révolutionnaire  de  Paris  et  les 
Assemblées  nationales  (Paris,  1911,  in-8). 

—  L'illustre  philanthrope  Andrew  Carnegie  est  mort  le  12  août  à 
Shadewstrook.  Il  était  né  en  novembre  1835  d'un  modeste  tisserand  ;  à 
treize  ans  il  fut  placé  dans  une  filature  de  coton  oîi  il  gagnait  cinq  dollars 
par  mois.  Le  jeune  homme,  d'un  caractère  réfléchi,  occupait  ses  quelques 
instants  de  repos  à  lire  et  à  penser.  Plus  tard  il  entra  comme  garçon  dans 

Août-Septembre  1919.  T.  CXLVI.  10. 


—  140  — 

les  bureaux  de  l'Ohio  TeUujraph  Company,  puis  le  hasard  lui  fit  renconlrer 
rinvenlciir  des  vagons-lits  avec  lequel  il  s'associa.  En  peu  d'années  son  lia- 
bilelé  merveilleuse  et  son  intelligence  le  conduisirent  à  la  fortune  ;  deve- 
nu administrateur  de  la  Pennsylvània  Road  Company,  il  fonda  les  usines- 
Keyslone  Bridge  el  de  l'Union  Iron  Works,  où  devaient  travailler  un  jour 
50.000  ouvriers  ;  d'autres  entreprises  métallurgiques  se  grefîèrent  sur  celles- 
là.  A  dater  de  ce  moment  il  devint  le  «  roi  de  Vncier.  »  Sa  fortune  était  im- 
mense ;  bon  et  généreux,  il  en  consacra  la  plus  grande  partie  à  des  œuvres 
philanthropiques  soit  1  miliard  753,  475.000  dollars  employés  à  la  création 
de  parcs,  musées,  bibliothèques,  laboratoires,  écoles,  institutions  diverses 
tendant  à  améliorer  le  sort  des  classes  ouvrières.  11  a  écrit  divers  ouvrages 
parmi  lesquels  on  peut  citer  :  American  Four-in-IIand  in  Brilain  (Ijondon, 
1883-1884,  in-8)  ;  —  Ronnd  tlie  World  (London,  1884.  in-8)  ;  —  Triamphanl 
Demôcracy  (London,  1886,  in-8)  ;  —  Tlte  Gospel  of  ]VeaUh,nnd  other  essays 
(New  York,  1900,  in-8)  ;  —  A  reclorial  adress  to  the  sInderUs  in  S'  Andreujs 
Universily  (London,  1902,  in-8);  —  Empire  of  Business  (London,  1902,  in- 
8)  ;  James  Wall  (London,  1905,  in-8)  ;  —  Alderson  (London.  1902,  in-8  )  ; 
—  Problems  of  lo-day  :  Wealth.  labour,  socialism  (London,  1908.  in-8). 

—  Avec  M™°  Hedwig  Dohm.  dont  en  annonce  la  mort  récente,  disparaît 
une  des  femmes  écrivains  les  plus  notables  de  l'Allemagne.  Née  à  Berlin  le 
:iO  septembre  1833,  elle'iétait  encore  toute  jeune  quand  elle  épousa  en  185J 
Ihumoriste  Ernsl  Dohm,  qui  dirigea  longtemjjs  avec  succès  le  Kladdera- 
datsch  et  qui  la  laissa  veuve  en  1883.  M""=  Dohm  débuta  dans  la  carrière 
littéraire  par  une  histoire  de  la  littérature  nationale  en  Espagne  :  Die  spa- 
nisclie  Nalionallileralur  in  ilirer  (jeschichtliclie'n  Enlioick/ung  (Berlin,  1867, 
gr.  in-8).  Mais  ce  qui  attira  l'attention  sur  elle  et  lui  donna  quelque  célé- 
brité, ce  sont  ses  luttes  pour  l'émancipation  de  la  femme.  Elle  s'est  fait 
connaître  également  par  des  romans  et  des  pièces  de  théàlre.  N'oici  la  liste 
de  SCS  principales  publications  :  llarle  Sleine,  farce  en  collaboration  avec 
Friedrich  Kaiser  (Berlin,  1866,  in-i)  ;  —  Was  die  Pasioren  von  den  Frnuen 
denken  (Leipzig,  1872,  in-J6)  ;  [ —  Der  Jesuitismus  ini  Hnusslande  (Berlin. 
1873,  in-8)  ;  —  Die  wissenschaj'lliche  Emanzipation  der  Frau  [licvliu,  1874,  iii- 
8)  ;  —  Der  Frauen  Nalar  und  Reclil  (Berlin,  1876,  in-8)  ;  —  Der  Seelenreller. 
comédie  (Wien,  1876,  in-16)  ;  —  Vom  Slramm  der  ^/r«,  comédie  traduite  de 
.Tosé  de  Larra  (Berlifi,  1876,  in-8)  ;  —  Lusl  und  Leid  im  Liede,  neuere  deutsclu: 
Lyrik,  en  collaboralion  avec  F.  Brunold  (Leipzig,  1879,  in-8);  —  Plein  air, 
roman  (Stuttgart,  1891,  in-8)  ;  —  Wie  Frauen  werden.  Werde  die  du  bisl, 
nouvelles  (Brcslau,  189 i,  in-8)  ;  —  Silnlla  Dalniar,  roman  (Berlin,  1896, 
in-8)  ;  —  Schicksale  eincr  Seelc,YonMin  (Berlin,  1899,  in-8)  ;  —  Chrisla  linland, 
roman  (Berlin,  1902,  in-8)  ;—  Die  Anlifendnislen  [nciUu,  1902.  in-8)  :  — 
Die  Miller  (Berlin,  1903,  in-8)  :  —  Srhirancnlieder,  nouvelles  (Berlin.  l!H)(i. 
in-8)  ;  —  Somnierlieben,  nouvelles  (Bciliii,  lOOtl,  in-8). 

—  M.  Anders  Nicolai  Ki.\eu,  qui  csl  mort  le  16  avril  à  Chiistiania,  était 
l'un  des  statisticiens  les  plus  éminenls  de  la  ÎVorvcge,  et  la  plupart  des 
sociétés  de  statistique  de  l'étranger  s'honoraient  de  le  compter  parmi  leurs 
membres.  11  était  né  à  Drammer»  le  la  septembre  1838  et  dès  1861  il  était 
entré  à  la  section  de  statistique  du  département  de  l'inlérieur.  Les  qualités, 
el  lactivité  qu'il  y  déploya  lui  valurent  un  avancement  ra|)ide  ;  il  devini 
chef  de  la  section  en  1867.  Quand  en  1876  la  section  forma  un  organe  in- 
dépendant sous  le  titie  de  Bureau  central  de  statislicpie  M.  Kia'r  en  devint 
le  direclenr  et  il  contribua  plus  q\]e  personne  à  en  faire  un  établissement 
modèle.  Il  fui  en  188")    Ivu)    des    fondateurs   de  l'Institut  international  de 


—  U7  — 

^l.llisliqn(^  Il  dirigo.iil  l;i  Slatsœkonomisk  Tidsicrifl,  oryanc  do  la  Société 
riorvégicniio  de  stalisliqiic.  Parmi  les  travaux  qu'on  lui  doit  nous  citerons  : 
Stalislisk  H(Uidboij  for  l<onijeri<iel  Norge  (Krisliania,  IS71,  in-8)  ;  —  Happorl 
an  CoïKjrès  inlei'iinlioiiftl  de  slalislique  de  S'tinl-Pétershijurij  sur  l'élal  de  lu 
stfdixliijiic  oj'jicielle  dn  royaume  de  :\orvi'ge  (Christiania,  1S72,  in-H)  ;  —  Bi- 
drag  lit  lielysniixj  of  SliiljsfarU'tis  (ekonotniske  Furhold  (Krisliania,  1877,  in-8)  ; 

—  Otn  Scddelhenkcr  (Kristiania,  1877.  in-8)  :  —  Livs-og  fJfedxtrdieller  for  del 
norsuke  Folk  efler  Krfaringer  Jva  liaarel  lS7l/2-l8m'\  (Kristiania.  ISSS. 
in-8)  :  —  Den  repra-senUdive  Undersiegelses    inetitod  (Krisliania,  1897,  in-4)  ; 

—  Slalislisclie  lieilntge  zur  lielencldnng  der  eliellclieu  Frucfdharkeil  (Chris- 
tiania, 190:{,  3  fasc.  In-lj  ;  —  [iefolknings  slalisUske  i'ndersocgelser.  Lande 
hvor  Folkelrclliiig  mangler  (Christiania,  11)04,  in-8)  ;  —  Slalislikenx  Detyd- 
ning  for  adrneligncdiisligfn  (Kristiania.  1004.  in-8)  ;  — Indl:fg Infor hold  idai- 
heidel  lil  briik  for  den  deparlemenlalefolkeforsikringskoniilé  (kristiania,  1907- 
1010,  in-4)  ;  —  IndUegls  og  fornmes  forhold  :  I\'orge  (Kristiania,    1803,  in-8). 

—  L'Académie  royale  d'histoire  de  .Madrid  est  doulourousenienl  affectt'c 
par  la  mort  de  son  secrétaire  perpétuel,  don  Eduardo  de  Hinojosa  y  Navicros, 
mort  le  10  mai  à  Madrid.  Né  à  Alama  (prov.  de  Grenade)  le  25  novembre  1852, 
(  est  là  qu'il  fit  ses  études,  suivant  à  l'Université  les  cours  de  droit  et  ceux 
de  philosophie  et  lettres.  Il  vint  prendre  son  doctorat  à  l'Université  de 
Madrid,  entra  dans  le  corps  des  archivistes  bibliothécaires  et  futattaché  au 
Musée  archéologique.  Appelé  à  professer  Thistoire  ancienne  et  médicale  de 
lEspagne  à  lUniversilé  de  Madrid,  c'est  en  1834  qu'il  fut  élu  membre  de 
I' académie  d'histoire,  dont  il  devint  le  secrétaire  perpétuel  en  1011.  La 
])aralysie  qui  l'avait  frappé  en  l!U3  l'empêchait  d'en  remplir  les  fonctions. 
"-ou  œuvre  scientifique  et  littéraire  est  assez  considérable.  Noiis  citerons 
jarmi  ces  publications  :  Ilisloria  del  ■dereclio  romano  (Madrid,  1880,  in-8)   ; 

—  Esladio  sobre  Felipe  I!  (Madrid,  1887,  in-8)  ;  —  Ilisloria  gênerai  del  dere- 
itto  e.s/wno/ (Madrid.  1887,  in-8)  :  —  Discnrsos  leidos  anle  la  real  Academia  de  la 
Ilisloria  [Francisco  de  Viloria]  (Madrid,  1889,  in-8):  —  Felipe  II  y  et  Con- 
clave de  jfôôO  (Madrid,  1829,  in-8)  ;  —  Infliiencia  que  liwieron  en  et  derecho 
pnblico  de  su  palria  los  filosofos  y  leologos  espanoles  (Madrid,  1890,  in-8)  ;  — 
Discursos  leidos  en  la  Real  Academia  de  buenas  lelras  de  Barcelona  [Origen  y 
vicisiliides  de  la  pagesia  de  remensa  en  Cataluùa]  (Barcelona.  1002,  gr. 
in-8)  ;  —  Esludios  sobre  la  historia  del  derecho  espanol  (Madrid.  1903,  in-8)  ; 

—  El  Régimen  senorial  y  la  cuesUon  agraria  en  Calaluna  duraide  la  edad 
ledia  (Madrid,  dOOo.  in-8)  ;  —  llcroes  y  marlires  gcdlegos,  los  Franciscanos 
■  Galicia  en  la  guerra   de   la  Independencia  (Santiago,  1912,  in-8j   ;  —  FJ 

Elemenlo  germanico  cl  dereclio  espanol  (Madrid,  1915,  in-8V 

—  Avec  l'ex-pasteur  Friedrich  Naumann,  qui  depuis  1907  représentait 
lleilbronn  au  Heichstag  allemand,  disparaît  l'un  des  plus  fougueux  cory- 
l)hées  du  pangermanisme.  L'auteur  célèbre  du  Milleleuropa  était  né  le 
25  mars  18tj0  à  Slorifithal,  près  de  Leipzig  C'est  dans  cette  dernière  ville 
et  à  Erlangen  qu'il  avait  fait  ses  études  universitaires.  Après  avoir  exercé 
des  fonctions  ecclésiastiques  en  divers  lieux  luxiliaire  près  de  Hambourg 
de  1883-1885,  puis  pasteur  à  Langcnberg  jusqu'en  1800  attaché  à  la  mis- 
sion intérieure  à  Fiancfort  sur  le  Mein  et  dans  l'Allemagne  du  sud),  il 
s'était  lancé  dans  l'action  sociale  et  dans  la  politique  active.  Il  avait  joué 
un  rôle  assez  considérable  dans  le  parti  social  chrétien,  avait  fondé  pour 
la  défense  de  ses  idées  Die  Ililfe.  revue  hebdumadaire.  Il  avait  également 
créé  un  journal  Die  Zeil.  à  l'appui  du  parti  national  social  dont  il  était 
lun  des  fondateurs  et.  après   relTondrement  de   ce  parti,    Die  Zeil,  trans- 


—  148  — 

formt'-e  on  liobdoiiiadairp.  se  fondit  avec  l>ie  Nation  de  Th.  BarUi.  Voici  la 
liste  des  principaux  ouvrages  du  fougueux  pasteur  :  Die  Kircliliche  Versor- 
giinq  der  i-vniujclischen  Sludenlen  (Stuttgart.  1883,  iu-S)  ;  —  Arbeiler-Kale- 
cliisimis  (Gaiw.  1888.  in-8)  ;  —  ArbeUer-Predigl  (^Yilkau.  1888,  in-8)  ;  —  .!/■- 
me  Reisende  (Neiisalza,  1888,  in-8)  ;  —  Was  Ihnn  ivir  (jegen  die  (jlnnbenslose 
Sozialdenwkralie  :'  (Leipzig,  1889,  in-î<)-  ;  —  Chrif.{licfie  Volkserfioliincjen 
((iotlia,  1890,  in-8)  ;  —  Der  Wucher  and  seine  lieknmpfung  (Gotlia,  1890, 
in-8)  ;  —  Das  soziale  Proyrnnini  der  evangelischen  Kirche  (Leipzig,  1891. 
in-8)  ;  —  Die  Milltilfe  der  Kirchengemeinden  und  ihrer  Organe  zur  Losang  der 
sozialen  h'rnge  ((larisruhe,  1891,  in-8)  ;  — Chrisleidhnni  und  Familie  (Berlin. 
1892,  in-8)  ;  —  Was  Kann  die  innere  Mission  zar  Belehiing  der  Gemeinden  hei- 
Iragen  ?  (Carlsrutie,  1893,  in-8)  ;  —  [Vas  heissl  Chrisllich-Soziali  (Leipzig, 
l89o  et  s.,  in-8)  ;  —  Die  soziale  Bedeulung  des  christlichen  Vereinsioesens 
(Carlsruhe,  1893.  in-8)  ;  —  Gastav  Arfo// (Frankfurt,  1894,  in-8)  ;  —  Ztnn 
sozialdeniokralischen  Landprogramm  (Frankfurt,  1895,  in-8)  ;  —  Eihige 
Gednnken  iiber  die  Griindang  chrisllich-socialer  Vereine  (Bern,  1896,  in-8)  ; 
—  GolleskilJ'e  (Gotlingeh,  1896,  in-8);  —  Nationalsoziaier  Kalechismen  (Ber- 
lin, 1896,  in-8)  ;  —  Die  (irandlagen  unseres  Glaubens  (Franl<.furt,  1898, 
in-8)  ;  —  Asia  (Berlin,  1899,  in-8)  :  —  Flolle  and  lieaklion  (Berlin.  1899, 
in-8)  ;  —  Siaal  and  Familie  (Berlin  1899.  in-8)  ;  -  Handelsverlrnge  oder 
Brod  vacher  (Berlin,  1900.  in-8)  ;  —  Deulschland  and  Oeslerreicfi  (Berlin, 
1900.  in-8)  ;  — Demokralie  andh'aisertam  (Berlin,  1900,  in-8)  ;  ~  Naiionnler 
and  inlernaliomder  Sozialisnias  (Berlin,  1901,  in-8)  ;  —  Kanst  and  Fo//v  (Ber- 
lin, 1902,  in-8)  ;  —  Neadeatsche  Wirtschaflspolitik  (Berlin,  1902.  in-8)  :  — 
BrieJ'e  H6er/?6'/;>/to/i (Berlin,  1903, in-8)  ;  —  Die politischen  Aafgaben  im  Indaslrie- 
zeilaller  (Strassbnrg,  1904,  in-8)  ;  —  Die  Erzielumg  zar  Personlichkeit  im 
Zeilaller  des  Grossbelriebes  (Berlin,  1904,  in-8)  ;  —  Die  Fran  im  Mascliinen- 
zeitalter  (Berlin,  1904,  in-8)  ;  —  Die  xvilrschnfllichen  und  politischen  Folgen 
der  Bevolkerangsvermehrang  (Mûnchen,  191)4,  in-8)  ;  —  Die  Kanst  im  Zeilaller 
der  Maschine  (Berlin,  1904,  in-8)  :  —  Liberalismas,  Zentrum  and  Sozialdemo- 
kralie  (Miinchen,  1904,  in-8)  ;  —  Die  Polilik  Kaiser  WilhelmsU  i^evlin,  1904, 
in-8)  ;  —  Der  Streit  der  Konfession  uni  die  Schule  (Berlin,  1904,  in-8)  ;  — 
Die  Potilik  der  Gegemvarl  (Berlin,  1905,  in-8)  ;  —  Der  Geist  im  Ilausgeslahl 
(Drcsden,  1906,  in-8)  ;  —  Die  Stellang  der  Gebildeten  im  politischen  Leben 
(Schôneberg,  1907,  in-8)  ;  —  Deutsche  Gewerbekunst  (Berlin.  1908,  in-8)  :  — 
Das  Idéal  der  Freiheit  (Berlin,  1908  in-8)  :  —  Das  Volk  der  Denker  (Berlin, 
1909,  in-8)  ;  —  Die  Stellang  des  freien  Prolestantismax  zur  Sozialpolitik 
(Berlin,  1909,  in-8)  :  —  Aasstellangstreif  {Bcrhn,  1909,  in-8)  ;  —  Form  und 
Farbe  (Berlin.  1909,  in-8)  :  —  Die  polilisclien  Parteien  (Berlin,  1909,  in-8)  :  — 
Die  l{eichsn)arinefahrl  (Berlin,  1910,  in-8)  ;  — ■  Sonnenfalirten  (Schôneberg. 
1909,  in-8)  ;  —  Die  elsass-lothringixche  Verfassangsfrage  (Berlin.  1910,  in-8)  : 
—  Mitteleuropa  (Berlin,  1915,  in-8). 

—  Le  grand  orientaliste  russe  Yasilii  Vasilievitch  Radi.ov,  qui  vient  do 
mourir  victime  du  bolchevisme,  était  ne  à  Berlin  le  17  janvier  1837.  Il 
suivit  les  cours  des  Universités  de  Halle  et  de  Berlin,  vint  en  1858  à  Saint- 
Pétersbourg,  au  Musée  asiatique,  fut  nommé  professeur  à  l'Ecole  des  mines 
de  Barnaouli.  L'ardeur  et  le  succès  avec  lesquels  il  se  livra  à  l'étude  des  lan- 
gues et  des  lilléralures  asiatiques  le  désignèrent  pour  remplir  en  1871  les 
fonctions  d'inspecteur  des  écoles  musulmanes  du  cercle  de  Kazan  et  quel- 
ques années  plus  tard  (1884)  pour  prendre  la  direction  de  ce  Musi-e  asiatique 
où  il  avait  fait  ses  débuts.  I,a  même  année,  il  était  nommé  membre  de 
l'Académie   des    sciences  de   Saint-Pétersbourg.    Les   sociétés  savantes    de 


—  .140  — 

rt'trangor.ct  en  pai  liciilinr  iiofro  VcadfMiiic  dos  iiisci  iplioiis,  sr  r.illaclii'iciit 
soil  coiiirnc  correspondant  soit  comme  associé.  Parmi  les  |)ublications  de 
cet  éminciil  érndit,  la  pinpart  écrites  en  allemand,  rions  citerons  :  l'rohen 
Jer  \'<illcslHler(ilur  lier  liirliisclien  Slainme  Si'ulsitnriens  (Saint- l'élerslwnrg, 
IhlOti-l  DOS,  8  vol.  in-.S)  ;  —  Kur:er  Bericlil  ufjer  eine  im  Sommer  1WJ  imlenjenom- 
inene  lieise  in  die  osU.  Kirrjizen-Sleppe,  dans  le  Bulleiin  de  l'Académie  de  Saint- 
Pétersbourg,  1863  ;  —  Bericfit  iiber  eine  im  Sommer  IR63  unie rfjenom mené 
lieise  in  den  osllichen  Allai  (ibid.  180'f)  ;  —  Obserualionx  sur  les  Kirykis  (Pa- 
ris, 1864.  in-8)  ;  —  Ueber  die  Formen  der  gelnindenen  liede  bel  den  allaischen 
Tnlaren  dans  la  Zeilsckifl  fur  Volkerj)sycholof)ie  (I860-I866)  ;  —  Worler- 
huch  der  Kannï-Spniche  (Saint-Pétersbourg,  l87i.in-8)  ;  — Annli:  bolijarskikk 
cislUetkli  linen  vizoeliiakh  .l/^e/i/-/ (Saint-Pétersbourg,  1878,  in-8)  ; —  Venjlei- 
chende  (j'rnnii)uilik  der nordlicken  Tiirksprachen.  I.  (Leipzig.  1882-188.3.  in-8)  ; 

—  Mijhloijiia  i  mirosozercaniejitelei  Allai  (dansie  Vost.  Oboziiénie.  18S2-18S3|  ; 

—  FliHxjrnphisciie  IJcbersidd  der  Tiirkslamine  Sibiriens  und  der  Mo/ujolei  (Lei[)- 
zig.  1883.  in-8)  ;  —  Ans  Sibirien  (Leipzig.  1884.  in-8)  ;  —  Das  Schnmanenlum 
und  seine  Kuliur  (Leipzig.  1883,  in-8)  ;  —  Versuch  eines  W'orlerbucbs  des' 
Tiirkd'Kdekl  (Saint-Pétersbourg.  I8S8,  ^gr.  in-8)  :  — Atlas  der  Allerli'imer  der 
MoïKjoki  (Saint-Pétersbourg.  1892  et  suiv..  in-fol.)  :  —  D'ie  altliïrk'ischen  In- 
schriflen  der  Mongotei  (Saint-Pétersbourg,  1894  et  suiv.,  iii-4)  ;  — •  Die  Sprachen 
der  nordlicken  Turkslamme  (Saint-Pétersbourg,  lSi)6et^suiv.,  gr.  in-8)  ;  —  Das 
Kudalku-Bilik  des  Jusuf  chaes  Hadschib  (Leipzig,  1891. -1910,  gr.  in-4)  :  — 
Die  jakssische  Sprache  (Saint  Pétersbourg,  1908,  gr.  in-8)  ;  —  Kuansi-uut 
P«i-ar  (Saint  Pétersbourg,  1911,  in-8). 

—  John  William  Slrutt,  baron  R.^^ïleigh  vient  de  mourir.  Né  le  1:2  no- 
vembre 1S42,  il  fît  ses  études  à  Trinity  Collège,  à  Cambridge.   Ses  facultés 

I  xtraordir'iaires  pour  les  sciences  lui  firent  étendre  ses  études  à  presque 
toutes  les  brandies  de  la  physique  et  de  la  chimie.  De  1879  à  1884,  il  lit  des 
cours  de  physique  expérimentale  à  l'Université  de  Cambridge,  puis  fut 
nommé  professeur  de  philosophie  naturelle  à  la  Royale  Institution  de  1887 
à  1905  et  secrétaire  de  la  «  Royal  Society  »  de  1887  à  1896.  Knfin  la  décou- 
verte qui  devait  lui  donner  la  célébrité  et  rendre  son  nom  populaire  est 
celle  d  un  nouveau  gaz  dans  l'atmosphère  :  l'Argon.  C'est  en  travaillant 
avec  Sir  William  Ramsay  qu'il  fit  cette  découverte;  en  collaboration  avec 
Uamsay.  Morris  et  Travers,  il  découvrit  encore  dans  l'atmosphère  trois  autres 
uaz  :  le  Néon,  le  Kripton  et   le  Xénon.    Parmi  ses  ouvrages  on  peut  citer  '• 

II  The  Tlieory  of  sound  »  (Londres,  1877-78,  in-8).  11  a  publié  aussi  un  grand 
nombre  de  mémoires  dans  les  Philosophical  Iransaclions  of  the  Royal  Sociely 
ei  dans  dauties  revues  scientifiques.  Scf  découverte  de  lArgon  lui  obtint 
l'honneur  d'être  lauréat  du  prix  >obel  et  l'Académie  française  lui  décerna 
le  litre  de  membre  correspondant  et  associé  étranger  de  la  section  des 
sciences.  Ses  recherches  opiniâtres  lui  firent  faire  encore  de  précieuses  dé- 
couvertes sur  l'électricité.  le  magnétisme  et  l'acoustique. 

—  Un  éminent  astronome  anglais,  le  R.  P.  Walter  SmcREAVEs,  S.  J..  est 
mort  le  12  juin  au  collège  de  Stonyhurst.  dont  il  dirigeait  l'observatoire  de- 
puis la  mort  du  célèbre  P.  Parry  dont  il  avait  été  l'auxiliaire.  Il  avait  pris  part 
à  des  missions  ofïicielles  du  gouvernement  anglais  (1874,  à  l'ile  de  Kergue- 
len  pour  le  passage  de  Vénus  ;  1882,  à  Madagascar,  etc.)  et  il  avait  fait  des 
observations  remarquables;  ses  études  sur  les  relations  entre  les  taches  du 
soleil  elle  magnétisme  terrestre  avaient  toutparticulièiementattiré l'atten- 
tion. >é  à  Pieston,  dans  le  Lancashire,  le  4  octobre  1837,  il  fit  ses  études 
à  Stonyhurst,  avantd'y  être  appelé  comme  professeur  de  physique  en  1884- 


—  150  — 

La  plupart  do  ses  travaux  ont  paru  dans  les  Monlhly  /to/tces  ou  dans  les  Me- 
inoirs  de  VAstronotnical  socizly  de  Londres.  Nous  citerons  dans  le  premier 
de  ces  recueils:  The  Slonyhursl  drawings  oj  Ihe  solar  spots  and  Jaculae  (l.  LU, 
.J892)  ;  —  Variable  speclrurn  of  B  Lyrae  (t.  LIV.  LVII  et  LXIV,  1894,  1897  et 
1904)  :  —  Wilsonian  theory  and  Ihe  Slonyhursl  drawings  oJ  Sun  spols  (l.  L\ , 
1893)  ;  —  Speclrurn  of  o  Eeli  pholographed  (t.  LVIL  1898)  ;  —  Eclipse  of  Ihe 
moon  (t,  LIX,  1899)  ;  —  Speclr,-  of  y  Cass  et  o  Celi  (t.  LIX,  1899)  ;  — Partial 
éclipse  of  Ihe  Sun  (t.  LX,  1900)  ;  —  Speclrurn  of  Nova  Persci  {t.  LXIet  LXII, 
1901  et  1i^02)  :  —  The  Speclrurn  of  Mira  Celi  (t.  LXVIIL  1907)  ;  —  Noie  on 
cuniel  c  1908  (t.  LXIX,  1909)  ;  —  Notes  on  cornet  a  1910  (t.  LXX,  1910)  ;  — 
Suinniary  of  observations  of  Ihe  solar  éclipse  of  1912  (t.  LXXII,  1912)  ;  —  dans 
le  2e  :  Spectruin  of  Nova  Aurignac  (t.  LT,  1895)  ;  —  On  Uie  connexion  bélween 
solar  spots  and  carth-magnetic  slorms  (t.  LIV\  1904).  Mais,  n.iturellement.  le 
meilleur  de  son  activité  littéraire  a  été  donné  aux  Reports  annuels  de  l'ob- 
servatoire qu'il  dirigeai!  avec  tant  d'éclat,  en  dépit  de  sa  grande  modestie. 
—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Edouard  Bakon,  qui  laisse  des 
ouvrages  de  philosophie  sociiile,  mort  le  lo  avril,  à  Beauvoir-sur-Mort 
(Deux-Sèvres),  ta  l'âge  de  75  ans  ;  —  Henri  Bazire,  publiciste,  qui  joua  un 
si  grand  rôle  à  la  tête  de  l'As'sociation  catholique  de  la  jeunesse  française, 
mort  le  24  juillet  ;  —  le  chanoine  François  Belleville,  fondateur  du 
Petit  Berriclion  (Croix  du  GherJ,  mort  le  18  juillet;  —  Alfred  BEROAru, 
administrateur  délégué  du  Petit  Journal,  mort  le  25  août,  à  Verneuil-sur- 
Seine  ;  —  le  D"^  F.  Bhémono,  longtemps  rédacteur  scientifique  de  l'Événe- 
ment, du  Voltaire,  du  Petit  Marseillais,  auteur  de  nombreux  écrits  parmi 
lesquels  on  peut  citer  :  Les  Préjugés  en  médecine,  Rabelais  médecin,  le  Dic- 
Uonnaire  de  la  table,  etc.,  mort  au  Lavaudan  (Var),  le  9  août,  à  76  ans  ;  — 
le  D'"  Cariueu,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  au- 
teur d'ouvrages  parmi  lesquels  on  peut  citer  :  Des  A/iiyolrophies  spinales 
secondaires,  contributions  à  l'étude  de  la  diffusion  des  lésions  irritatives  du 
système  nerveux  (Montpellier,  1875,  in-14)  ;  Aphasie  avec  hémiplégie  dans  le 
cours  d'une  pneumonie,  différence  de  température  entre  les  deux  cdiés  du  corps 
(Montpellier,  1882,  in-8)  ;  La  Génisse  et  la  vache  laitière  comme  sources 
de  vaccin  (Montpellier,  1882,  in-12)  ;  —  Joseph  Chaumié,  ancien  grand- 
maître  de  l'Université,  mort  le  18  juillet  :  —  Gustave  Demartres,  profes- 
seur à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  puis  doyen  honoraire,  autour  de 
plusieurs  ouvrages  parmi  lesquels  on  peut  rappeler  :  Thèse  présentée  à  la 
l''aculté  des  sciences  de  Paris  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  es  science  mathé- 
matiques... sur  les  surfaces  à  génératrice  circulaire  (Paris,  1885,  in-4)  ; 
Cours  d'analyse  professé  par  M.  Demartres  et  rédigé  par  M.  E.  Lemaire  (Vavi», 
1892,  in-i).  moit  le  11  juillet,  à  la  Madeleine  (Nord)  ;  —  Lucien  Dévot, 
ancien  secrétaire  de  la  rédaction  do  l'Eclaireur  de  Nice  et  rédacteur  au 
Phare  du  littoral,  mort  en  juillet  ;  —  Gabriel  Domergue.  rédacteur  à  l'Echo 
de  Paris,  mort  le  4  août  ;  —  Georges  Do.nzei,,  rédacteur  à  l'Agence  Ihivas, 
mort  à  45  ans.  le  23  juin;  — ^  Roger  Drocault,  auteur  de  nombreuses 
études  historiques  et  archéologiques  relatives  au  Poitou,  mort  à  Aubusson 
en  février  dernier  ;  —  l'abbé  .lohn  DtriHi^NE,  ancien  professeur  aux  Corde- 
liers  de  Dinan  et  aux  <•  Enfants  nantais  ».  mort  à  Etables  (Gùtes-du-Nord), 
à  80  ans,  le  1"  août  ;  —  le  H.  P.  Louis  Godard,  des  Missions  étrangères, 
\enu  en'Indo-Cliine  en  1870  et  l'un  des  plus  actifs  auxiliaires  de  Francis 
Garnicr  au  début  de  notre  pénétration  au  Tonkin,  mort  le  26  février,  à 
Keso,  près  de  ILinoï  ;  -  le  D'  Albert  GoutiET,  professeur  de  pathologie  et 
de  liiérapeuliipie  générales  à  In  Faculté  de  médecine   de    Paris,  à  qui   l'on 


—   loi   - 

<loil  :  De  l'Influence  des  maladies  du  foie  sur  iélul  des  reins  (Paris,  189!), 
îii-8)  ;  L'Insuffisance  héi)nli(iue  (Paris,  1900,  iri-lG)  ;  Maladie  des  artères 
■et  de  l'aorte,  par  G.  Roger...  A.  Gougel...  et  Boinet  (Varia,  1907,  in-8).  ouvrage 
l'ormant  le  fascicule  24  du  Nouveau  Traité  de  médecine  des  D"  Brouardel  et 
(iilbcrt  ;  Leçons  de  clinique  médicale  1009-1910  (Paris,  1911.  in-8)  ;  L'.\rtério- 
sclérose  et  son  traitement  (Paris,  1912,  iii-16),  morl  le  2i  juillet  ;  —  Caniille 
(ÎLYMON,  professeur  d'histoire  de  l'art  à  l'Académie  française  de  Rome  et 
collaborateur  de  l'Opinion  nationale,  mort  le  20  août  ;  —  Adolphe-Jean- 
Haplisle  Hugues,  ancien  élève  de  l'École  des  chartes, 'arcliivisle  de  Seine 
et  Marne,  auteur  entre  autres  ouvrages  de  :  Le  Département  de  Seine  et 
Marne,  1800-I89Ô  (Mclun,  1895.  in-8j  ;  Le  Droit  de  champart  en  1700  et  la 
révolle  des  paysans  du  Gatinais  (Fontainebleau,  1790,  in-S;,  mort  le  17  août. 
il  Marly-le-Hoi,  âgé  de  oO  ans  ;  —  Christian  Joseph,  des  frères  de  Saint- 
.lean-iJaptiste  de  la  Salle,  ancien  directeur  du  pensionnat  de  la  .Madeleine, 
à  Nantes,  mort  le  14  août  à  69  ans  ;  —  le  chanoine  .Iouve,  en  littérature 
«  Lucien  Donel  ».  ancien  aumônier  du  lycée  de  Ghàteauroux,  auteur  de  ; 
l/'j  sœur  Anne  (Paris.  190o,  in-l(>)  :  Récits  épisodiques  tirés  des  Mémoires  d'un 
voyageur  {Par'is,  1907,  in-8).  mort  le  7  juillet  ;  — Robert  de  la  Ville-Hervé, 
disciple  de  Banville,  qui  laisse,  entre  autres  ouvrages  :  Premières  Poésies 
(1877);  La  Cftanson  des  roses  (1882j  ;  Toute  la  comédie  (1889);  Les  Armes 
fleuries  (1892)  ;  Le  (îars  Perrier  ;  La  Princesse  pâle  ;  L'Ile  enchantée,  pièce 
jouée  à  rOdéon  ;  Lysistrale,  autre  pièce  jouée  au  Théâtre  de  Poètes,  mort 
le  14  août  ;  —  Ernest  Lesage,  très  connu  comme  illustrateur  et  caricatu- 
I  iste  sous  le  pseudonyme  de  «  Sahib  »,  mort  à  Paris,  dans  le  courant  de 
mai  ;  —  J.-B.-M.  LÉvèque,  ancien  directeur  du  conservatoire  de  musique 
de  Dijon,  membre  de  l'Académie  de  cette  ville,  mort  le  4  août  ;  —  Alfred 
Lévy,  grand-rabbin  de  France,  mort  à  Pau,  le  22  juillet,  à  79  ans  ;  — le 
chanoine  Auguste  Limagive,  supérieur  de  ITnstitulion  Saint-Joseph  de 
Montiuçon,  mort  le  27  juillet  :  —  le  R.  P.  Jules  LI^TELO.  auteur  notamment 
liouvrages  sur  le  culte  eucharistique,  mort  à  56  ans.  le  3  juillet  ;  —  le  R.  P. 
l'rosper  .Malige,  ancien  supérieur  du  grand  séminaire  de  Rouen,  auteur  du 
Xouveau  Mois  de  saint  Joseph,  du  Xouveau  Mois  de  Marie,  du  Nouveau  Mois 
du  Sacré-Cœur  et  de  la  Vie  spirituelle  ou  l'Itinéraire  de  l'âme  à  Dieu,  mort  le 
22  juillet  :  —  Mérodack-Jeaneau.  artiste  peintre,  créateur  et  directeur 
dune  revue  artistique  aujourd'hui  disparue,  les  Tendances  nouvelles,  mort 
à  Angers  le  12  mars,  dans  sa  46e  année  ;  —  Georges  Mitcuell,  auteur 
dramatique  très  goûté,  à  qui  l'on  doit,  en  autres  œuvres  :  L'Amour  quand 
même,  comédie  en  prose  (Paris.  1899,  in-l2)  :  L'Absent,  pièce  en  U  actes  (Paris. 
1904,  in-16)  ;  L'Affaire  Moncel,  pièce  (Paris,  1904,  in-16)  ;  La  Maison,  pièce 
(Paris,  1904,  in-t2)  ;  Petite  Sagesse  (Paris,  1908,  in-r2),  mort  le  12  août  ;  — 
le  R.  P.  Auguste  Poulain,  S.  J.,  auteur  des  Grâces  d'oraison,  remarquable 
ouvi-age  mystique,  mort  à  83  ans  ;  —  M.  Gustave  Pellet,  éditeur  d'art, 
mort  le  20  juillet  ;  —  H.  Quittard,  publiciste,  rédacteur  au  Malin  et  au 
Figaro,  rédacteur  de  la  Critique  musicale  et  la  Situation  mililaire,  archiviste  de 
de  l'Opéra  depuis  1912,  mort  en  juillet  ;  —  le  D"^  Paul  Reymer,  membre  de 
l'Académie  de  médecine,  chirurgien  honoraire  des  hôpitaux,  mort  à  Ville- 
Goudin  (Loir-et-Cher)  le  3  août  ;  —  D'  Robert  Wu.lette,  chef  de  clinique  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  mort  le  l'"^  août. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Joseph-Alexander  Altshe- 
LER.  directeur  du  Thrice  a  week  world  et  auteur  d'ouvrages  pour  la  jeunesse, 
morl  à  New  York,  le  5  juin,  âgé  de  37  ans  ;  —  le  R.  P.  Albert  Botty,  ancien 
professeur  de  philosophie,   missionnaire  en   Mongolie,  collaborateur  des 


—  ]o2  — 

Miasions  cnlhoUques,  mort  le  14  mai,  à  Notre-Dame  des  Pins  (Mongolie- 
orientale),  à  44  ans  ;  —  Xavier  Carvalho,  correspondant  de  plusieurs  jour- 
naux portuguais  et  brésiliens,  qui  fonda  en  1902  la  Société  des  études  por- 
tuguaises,  mort  à  S8  ans,  le  2  août  ;  —  M""  .Marie  de  Chambiuer,  qui  laisse- 
un  important  ouvrage  intitulé  :  Henri  de  Mirmand  et  les  réftujiés  de  la 
Révocalion  de  l'Édil  de  Nantes  (16bO-l72lj  (Neuchàlel.  1910.  in-8).  morte  à 
Ncuchàtel  (Suisse),  dans  le  courant  de  mai  ;  —  William  Gilson  Farï^ow, 
professeur  de  botanique  cryplogamique  à  l'Université  d'Harward,  mort  le- 
3  juin,  dans  sa  65"- année; —  Jobn  Fox,  romancier  américain,  auteur, 
entre  autres  ouvrages  de  :  A  Mountain  Europa  (1894)  ;  A  Cwnberland  vendetta 
(1895)  ;  The  Kenluckians  (1897)  ;  The  Heart  of  the  hills  (1913),  mort  le  8  juil- 
let, à  56  ans,  à  Big  Stone  Gap  (Virginia)  ;  —  Vibente  Gonzalez  de  Ech\- 
VAHRi,  correspondant  de  l'Académie  royale  d'histoire  de  Madrid  à  Bilbao, 
mort  récemment;  —  Francisco  de.Paula  Gô^iGORA  del  Garpio,  correspon- 
dant de  l'Académie  royale  d'histoire  de  Madrid^  mort  à  Grenade  ;  —  Gon- 
sAi.vES  Guimaraès,  profcsseuT  à  la  Faculté  des  lettres  de  Lisbonne,  moit  le 
10  août  ;  —  Giuseppe  Lanciarini,  poêle  et  romancier  italien,  mort  à  Rome, 
le  22  mai  ;  —  Carlos  de  la  Plaza  y  Salazau.  correspondant  de  FAcadémie 
royale  d'histoire  de  Madrid  à  Bilbao.  auteur  de  Elimologias  ]'ascon(iadas  det 
Caslellano,  mort  récemment  ;  —  le  général  Popovitch  Lipovatz.  poète 
national  serbe,  mort  au  Val-de-Gràce  à  Paris,  le  18  août  ;  —  le  H.  P.  Charles 
Macksey,  professeur  à  l'Université  grégorienne,  mort  le  11  juillet;  — 
José  Maria  Marti,  correspondant  de  FAcadémie  royale  d'histoire  de  Madrid, 
mort  à  Gerona  ;  —  Amado  IVervo,  poète  argentin,  dont  nous  citerons 
Poemas  (Paris,  1901,  in-16),  mort  récemment  ;  —  William  Morton  Patne, 
critique  littéraire,  ancien  bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  publique  de- 
Chicago  et  professeur  à  l'Université  de  cette  ville,  membre  de  l'Institut 
national  des  arts  et  lettres,  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  :  The  New 
éducation  (188i)  ;  The  Greater  Englisk  poels  of  the  Nineteenth  century  (1907)  ; 
Leading  American  essayists  (1909).  qui  s'intéressait  beaucoup  aussi  ànolre 
littérature  française  et  avait  été  quelque  temps  le  président  du  French 
club  de  Chicago,  mort  récemment  dans  celte  ville,  à  Fàge  de  Cl  ans  :  — 
Richard  Rathbun,  géologue  et  zoologiste  adjoint  à  la  commission  des 
pêcheries  sur  les  côtes  de  la  INouvelle-Anglelerre  de  1878  à  1890,  puis  secré- 
taire adjoint  de  l'Institution  smithsonienne.  mort  à  Washington,  le 
10  juillet,  à  t)7  ans;  —  Gustave  Retzilîs,  professeur  d'anatoniie,  membre 
des  Sociétés  royales  de  Londres  et  d'Edimbourg,  correspondant  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Paris,  mort  à  Stockholm,  à  l'âge  de  77  ans,  le 
21  juillet  ;  —  Pedro  Serrano  y  S  vnchez,  correspondant  de  FAcadémie  royale 
d'histoire  de  Madrid,  mort  à  Lcôn,  en  juin  :  —  Charles  Solo,  écrivain 
belge,  dont  on  peut  citer  :  Mille  ans  après,  ou  Aventures  prodigieuses  de  trois 
Journalistes  au  xxx"  siècle  (Bruxelles,  1893,  in-8)  ;  Cœur  de  femme  (Bruxelles, 
1891,  in-IO)  ;  La  Reine  dés  carrefours,  ou  la  Belle  Liégeoise,  mort  le  11  août  ; 
—  Edouard  Tavan.  ancien  professeur  au  collège  de  Genève,  doyen  des- 
écrivains et  poètes  genevois,  mort  le  5  août,  à  68  ans  ;' —  A.  G.  Veunon- 
Harcouut,  éminent  chimiste  anglais,  auteur  de  travaux  très  importants 
sur  la  chimie  des  gaz,  mort  le  20  août,  à  l'âge  de  85  ans  ;  —  Herbert  Ward, 
écrivain  anglais  de  talent,  dernier  survivant  de  la  mission  de  Stanley, 
duquel  nous  rappellerons  une  suite  de  volumes,  Souvenirs  réunis  d'un 
long  séjour  en  Afritiue  et  son  dernier  livre  :  !.e  Poilu,  hymne  enthousiaste 
à  l'adresse  du  soldat  de  France,  mort  le  16  août,  à  Paris. 

Lectures   lArrKs  a  l'Académie  des  inscriptions  et  hkli.es-i.ettres.  —  Le 


¥ 


—  153  — 

4  juillet.  M.  Edmond  Pollior  revient  sur  la  desciiptitin  (|n  il  a  fjiilo  anli'- 
rieurement  de  la  lukropole  datant  du  m''  ou  du  i\'  siècle  avant  J.-C.  et 
découverte  récemment  par  M.  Mouret,  aux  environs  de  Béziers.  A  ce  sujet, 
il  présente  à  lAcailémie  une  série  de  photographies  reproduisant  divers 
ohjcls  intéressants.  —  M.  Prosper  Alfaric  lit  un  rapport-  sur  certains 
fragments  dun  monument  latin  du  \e  siècle,  récemment  découvert  eu 
Algérie  et  montre  qu"on  doit  y  voir  une  apologie  de  manichéisme.  — 
.MM.  Paul  Monceaux,  Salomon  Reinach  et  Franz  (]umont  échangent  tpielques 
observations.  —  M.  Maurice  Besnier,  professeur  à  ILiiiversilé  de  Caen. 
examine  les  textes  de  Pline  l'Ancien  relatifs  au  travail  des  mines  en  Ita- 
lie sous  la  République.  —  Le  11.  M.  Clermont-Ganneau  décrit  une  mo- 
saïque d'inscriptions  juives  qu'un  obus  a  mis  au  jour  l'année  dernière  dans 
une  tranchée  anglaise,  près  de  Jéricho,  incriptions  accompagnées  d'une- 
figurine  mutilée  qui  semble  représenter  Daniel  dans  la  fosse  aux  lions.  — 
M.  Théodore  Reinach  fait,  avec  audition  démonstrative,  une  communica- 
tion sur  de  nouveaux  fragments  de  nuisique  grecque.  —  Le  18,  les  PP. 
.Tanssen  et  Lavignac  communiquent  à  l'Académie  le  résultat  de  la  mission 
à  Palmyre  qui  leur  avait  été  confiée  en  1914.  Ces  deux  savants  qui,  en 
temps  ordinaire,  sont  professeurs  à  l'École  biblique  de  Saint-Étienne  de 
.lérusalem,  et  actuellement  mobilisés  tous  deux,  rapportent  230  estampes, 
de  nombreuses  photographies,  des  dessins  avec  tout  un  ensemble  de  docu- 
ments forts  intéressants  —  M.  Blondheim  parle  des  gloses  françaises 
dans  les  œuvres  de  Raschi  ;  à  son  avis,  les  2100  gloses  françaises  en  carac- 
tères hébreux  renfermées  dans  les  commentaires  talmudiques  du  célèbre 
rahbin  Raschi,  de  Troyes  (1040-1105)  sont  des  plus  utiles  jjour  l'étude  de  la 
V  ieille  langue  française.  —  Le  25,  M.  Léger  montre  que  quelques  grandes  villes 
allemandes  ont  un  nom  dont  l'origine  est  purement  slave  :  Berlin  (la 
ville  entourée  de  piVux)  ;  Dresde  (la  ville  où  flottent  des  débris  de  bois)  ; 
Leipzig  (la  ville  des  lilleals)  ;  Lubeck  fia  ville  aimable j.  —  Le  ler  août, 
M.  le  commandant  Espérandieu  lit  une  note  sur  la  Maison  Carrée  de 
>imes,  de  laquelle  il  résulte  que  c'est  par  les  soins  d'Agrippa,  gendre  d'Au- 
guste, que  ce  monument,  commencé  probablement  en  l'an  20  avant  J.-C. 
fut  élevé  pour  être  offert  à  la  colonie  des  Mmois.  —  Le  8.  il  revient  sur  cette 
communication.  —  M.  Paul  Monceaux  commence  la  lecture  d'un  mémoire 
intitulé  :  Douai  de  Caiihage.  —  M.  Lefort,  professeur  à  l'Université  de 
Louvaiu,  lit  une  communication  sur  le  texte  original  de  la  règle  monas- 
tique de  saint  Pachôme  dont  il  a  découvert  des  fragments  importants 
dans  un  manuscrit  copte  du  \V  siècle  à  la  Bibliothèque  nationale.  Cette 
règle  n'était  connue  jusqu'à  présent  que  par  la  traduction  latine  de  saint 
Jérôme.  —  Le  22,  M.  René  Cagnat  lit  une  lettre  du  consul  de  France  à 
Bassorah  qui  décrit  les  fouilles  entreprises  par  les  Anglais  près  de  Our,  où 
ont  été  mis  au  jour  des  sarcophages,  poteries,  briques  à  inscriptions,  si- 
lex taillés,  etc.,  que  l'on  estime  remonter  à  environ  40  siècles  avant  notre 
ère.  —  M.  Paul  Monceau  continue  la  lecture  de  son  Mémoire  :  Donat  à  Car- 
tilage. - —  M.  S.  Reinach  cherche  l'origine  de  la  conception  moderne,  en- 
tièrement étrangère  à  l'antiquité,  qui  fait  de  Pégase  la  monture  des  poètes 
et  s'occupe  aussi  de  l'hippogriffe,  création  de  l'Arioste.  —  Le  29,  M.  P. 
Monceaux  poursuit  la  lecture  de  son  travail  ;  Douai  à  Carlliage  et  M.  S  Rei- 
nach son  mémoire  sur  Pégase  el  l'hippogriffe  dans  la  lilléraiure  moderne. 

Lectures  faites  .v  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  —  Le 
11  juillet,  MM.  Arnauné,  Schelle  et  Delatour  discutent  successivement  sur  les 
causes  de  la  vie  chère.  —  Le  18,  M.  Paul  Vignon  donne  lecture  d'un  travail 
intitulé  :  La  Philosophie  de  i individu  dans  ses  rappoHs  avec  la  science  claellea. 


k 


—  1154  — 

c 

—  L'Académie  conlinue  la  discussion  des  causes  de  la  cherté  de  la  vie.  —  Le 
25.M.Iecoinled'Haussonvillelit  une  conimunication  sur  la  nouvelle  organi- 
sation du  ('onseil  supérieur  de  l'Assistance  jmblique.  — M.  Albert  Wadding- 
iion  donne  lecture  d'une  élude  ayant  pour  titre  :  Le  lioi  de  Prusse  Frédé- 
i-ic-GiHlln(it)ie  l""^.  son  édncalion.  son  Icmpéranieid,  son  caractère.  —  Le  {'"  août, 
M.  Paul  Fauchille,  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  du  droit  international  public 
lit  une  communication  sur  la  Guerre  de  l'avenir  et  les  moyens  de  l'empêcher. 

—  Le  22,  M.  Henri  Welschinger  lit  la  première  partie  d'une  étude  sur  la 
Crise  actuelle  de  la  morale  et  montre  <(  le  mal  causé  à  la  société  par  le  réta- 
blissement du  jeu.  des  courses  et  des  casinos.  »  —  Le  29,  M.  Welschinger 
continue  sa  comiuunication  sur  la  Crise  actuelle  de  la  niorn/e  où  il  examine 
les  progrès  de  la  corruption  par  le  roman,  l'image,  les  modes  féminines, 
la  soif  des  gains  scandaleux,  etc.  et  préconise  les  remèdes  nécessaires.. 

Prix.  —  Dans  sa  séance  du  9  aoiat,  l'Académie  des  sciences  morales  et 
politiques  a  décerné  les  prix  suivants  : 

Prix  Carlier(i.OUU  ir.J,  à  M.  André  Casiex.  en  sa  qualité  de  président  de 
Ja  société  centrale  d'éducation  et  d'assistance  pour  les  sourds-muets  ei\ 
France. 

Prix  Charles  Lévèque  (3.000  fi.).  h  M.  doblet  :  Traité  de  logique. 

Le  6  septembre,  la  même  Académie   a  distribué  le  prix  Lucien  Reinach 
1.500  fr.  à  M.  \  ictor  Demontels  :   Im  Colonisation  militaire  sous  le  maréchal 
Bufjeand  ;  l-.OOO  fr.  à  M.    Bruel  :    L'Afrique  équatorinte  française  :  ^00  fr.  à- 
M.  Martineau  :  Urigines  de  Mahé.  —  Lîue   mention  très  honorable  a  été  ac- 
cordée à  MM.  Regismanset,  Georgs  François  et  Fernand  Rouget  pour  leur 
livre  :  Ce  que  tout  Français  doit  savoir  de  nos  colonies. 

Pauis.  —  Parmi  les  personnalités  de  la  Presse  française  auxcfuelles  le 
gouvernement  belge  a  conféré  des  distinctions  dans  les  ordres  nationaux 
■en  témoignage  de  l'amitié  agissante  manifestée  ta  la  Belgique  pendant  la 
guerre,  nous  sommes  heureux  de  voir  figurer  le  nom  de  notre  très  distin- 
gué collaborateur  M.  GeotTroy  de  Grand  maison,  président  de  la  Société  biblio- 
graphique, qui  a  été  promu  officier  de  l'ordre  de  la  Couronne.  De  1915  à 
1919,  M.  (ieofTroy  de  Grandmaison  s'est  créé  dans  le  PolybibUon  une 
spécialité  en  rendant  compte  de  nombreux  ouvrages  relatifs  à  la  Belgique. 
De  plus,  il  a  dressé  une  importante  liste  détaillée  des  Ljyre.s-  sur  la  Belgique 
pendant  la  guerre,  qui  a  été  insérée  dans  le  Bidletin  de  la  Société  bibliogra- 
ph'ique  (n"  de  Janvier  1919). 

—  Le  document,  récemment  entré  à  la  lîihliothèque  nationale,  qvic 
M.  Henri  Omont  nous  fait  connaître  dans  sa  .Vo/c  sur  un  inventaire  du  trésor 
de  la  cathédrale  de  Metz  daté  de  1/63  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  natio- 
nale des  antiquaires  de  France.  1917.  Paris.  Nogeiit-le-Rolrou,  imp.  de  Dau- 
peiey-Gouverneiuv.  1918,  in-8  de  20  p.)  difiere  sur  certains  jjoints  des 
inventaires  déjà  publiés  de  1682  et  de  1775  et  nous  apporte  des  renseigne- 
ments nouveaux. 

—  Voici  le  70'  numéro,  daté  avril  1919  de  la  très  intéressante  et  érudite 
publication  qui  a  poui-  titre  :  Fm  Cité,  bulletin  trimestriel  de  la  Sf.ciélé  histo- 
rirpie  et  arcliéotogique  du  VF  arrondissement  de  /»«m  (Paris.  Mairie  de  IHôtel 
<\c  ville  :  flhampion.  in-8  paginé  89-1H8  (avec  3  grav..  1  plan  et  2  por- 
traits). Il  renferme  les  travaux  suivants  :  Gérard  de  yerval,  Parisien  de 
Paris,  par  M.  Ch.  Fegdal  (p.  89-119),  avec  un  portrait  et  une  vue  de  la  rue 
•de  la  Vieille  Lanterne  en  1S")5)  ;  —  La  Synagogue  de  la  rue  du  lienard  {1793- 
ITO'i),  par  M.  Paul  d'Kslrée  (p.  120-131.  avec  un  plan)  :  —  Les  !ll'  et  IV« 
arronilissenwnls  à  ta  Commission  du  \  ieux  Paris  ;  Place  des  Vosges  ci-<levaid 
Royale,  par  M.  Lucien  Lniibeau  (p.  |:VJ-I44.  avec   une   vue   de   la    place  en 


■    U  M 

—   {dô  

10")())  ot  Les  nomhardeiiienis  de  Paris  dans  les  lU"  ri  /I>  nrromlisseiDentx.  par 
M.  (î.  H.  (p.  146)  :  —  La  Curie  de  pnin  el  la  cnrle  de  vianie  en  1S70,  par 
M.  \.  L'Esprit  (p.  147-150)  :  —  Les  (iilherl,  grands  sonneurs  de  Xoire-ltame.. 
par  M.  A.  L.  (p.  t5l-ir)2)  ;  —  Le  Mariage  de  Thérèse  Cabnrrns  el  de  M.  Devin 
■de  Fonlenay  (p.  132-1  o4)  avec  porlrait  do  la  future  M"'  Tallien;  ;  — 
*J0  mars  I9i9.  Service  anniversaire  pour  les  viclimes  du  bonibardemenl  de 
l'église  Saint-Gervais,  par  M.  I»aul  Dubois  (p.  155-loS  avec  une  gravure)  : 
—  Les  Allemands  à  Paris  en  1792.  par  M.  d'E,  [d'Estrée]. 

—  Les  élections  prochaines,  sénatoriales,  législatives,  départementales  el 
municipales,  ajournées  par  la  guerre,  auront  une  telle  importance  que  tout 
<;itoyen  français  a  le  droit  el  le  do  voir  d'être  fixé  sur  la  façon  dont  il  convient  do 
s"y  prendre  pour,  en  remplissant  personnellement  ses  obligations  civiques, 
-empêcher,  s'il  y  a  lieu,  les  fraudes,  que  les  temps  encore  troublés  où  nous 
vivons  rendront  plus  facilement  praticables  qu'autrefois  Dans  ce  but  a 
paru  dernièrement  une  brochure  aussi  claire  que  pratique,  due  à  M.  Louis 
Laya,  avocat  :  La  Revision  des  lisles  éleclorales.  Léyislalion  et  Jurisprudence 
(Paris,  édition  de  la  a  Documentation  catholique  »,  Bonne  Presse,  3.  rue 
Bayard,  mars  1919.  in-12  de  48  p.  Prix  :  0  fr.  50).  Nous  recommandons 
cette  brochure,  qui  a  déjà  ateint  son  dix-huitième  mille,  aux  intéressés, 
c  est-à-dire  à  tous  les  électeurs  soucieux  d  assurer  l'expression  de  la  véri- 
table volonté  nationale. 

Bretagne.  —  Dans  le  Cahier  breton  d'avril-mai  !91<S  intitulé  :  Deux  éludes, 
pélagiennes  (Lannion  (Côtes-du-Nord)  et  Paris.  Emile-Paul,  petit  in-8  de 
^4  p.).  l'auteur,  M.  Yves  Le  P'ebvre.  répudie  la  Bretagne  catholique,  la 
vraie,  pour  adopter  une  Bretagne  rationaliste.  Aux  vrais  saints  bretons 
des  \'  et  VI'  siècles  il  substitue  les  apostats  Renan  et  Lamennais,  sans 
•compter  les  Réveillera  et  les  Le  Danlec.  En  ce  qui  nous  concerne,  nous 
nous  en  tenons  à  nos  bons  vieux  sainls.  ceux  qui  arraihèrent  la  Bretagne 
<iu  culte  des  idoles  et  à  la  barbarie,  pour  y  introduire  le  christianisme,  qui 
continue  et  continuera  longtemps  eticore  de  faire  son  lionneur  et  sa  féli- 
<;ité.  —  Un  autre  Cahier  breton  (mai  1919.  petit  in-8  de  3i  p.)  est  consacré 
à  la  mémoire  de  l'amiral  Réveillère,  illustre  inconnu  qu'on  nous  donne 
pour  un  «  robuste  athée.  »  On  nous  ledéclare  :  <■  Cetleétudc  est  signée  par 
Paul-Hyacinthe  Loyson.  C'est  tout  dire.  »  Dans  ce  cas,  inutile  de  rien 
ajouter.  — Le  fond  des  publications  de  ce  genre  est  détestable,  et.  dans  le 
-cas  présent,  la  forme  ne  vaut  guère  mieux. 

Ç.'VMBRÉsis.  —  Le  président  de  la  Société  d'émulalion  de  Cambrai  nous 
fait  parvenir  un  exemplaire  de  la  leltre  circulaire  qu'il  a  adressée  à  toutes 
les  Sociétés  savantes  de  France  et  que  nous  reproduisons  ici  pour  que  ceux 
•de  nos  lecteurs  français  et  étrangers  qui  seraient  à  même  de  le  faire  vien- 
nent en  aide  à  cette  Société  si  éprouvée  par  la  guerre,  au  moyen  d'un 
envoi  de  livres  (concernant  la  région  du  nord  surtout),  revues  ou  Mémoires 
•de  Sociétés  :  «  La  Société  d'émulation  de  Cambrai  se  trouve  dans 
le  dénuement  le  plus  complet.  Le  local  de  ses  réunions  a  été  incendié. 
Ses  meubles,  ses  souvenirs,  sa  bibliothèque,  tout  a  disparu.  Elle 
ne  possède  même  plus  un  exemplaire  de  ses  propres  Mémoires.  Pour 
reformer  sa  bibliothèque,  où  figuraient  en  bonne  place  les  volumes  édités 
par  votre  Compagnie,  ne  vous  serait-il  pas  possible  de  nous  en  renvoyer 
la  collection  même  incomplète  au  besoin  '?  Nous  vous  serions  particulière- 
ments  reconnaissants  aussi  si  vous  vouliez  bien  vous  dessaisir  en  notre 
faveur  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Cambrai.  Prière  d'adresser 
correspondance  et  envois  au  trésorier  de  la  Société.  M.  J.  Renaut.  23,  rue 
du  Petit-Séminaire,  à  Cambrai.  » 


—  4  36  — 

FiiANCHK-CoMTÉ.  —  M.  Charles  Léger  —  qui  ne. lardera  pas  à  publier  un 
livre  curieux,  dont  il  sera  question  dans  le  Polybihlion,  sur  Courbet  et  la 
caricature  (ce  n'est  sans  doute  pas  le  titre  exact,  mais  c'est  l'idée)  —  a  donné 
dans  le  Mercure  de  France  du  10  juin  dernier,  un  article  intéressant  :  .1 
prjpos  du  centenaire  de  Courbet.  Deux  petits  chapitres  :.le  premier  nous 
entretient  de  la  tombe  du  peintre  à  la  Tour-de-Peilz,  petite  localité  suisse 
où  il  se  réfugia  en  1873  pour  échapper  aux  conséquences  du  jugement  qui 
le  condamnait  à  une  grosse  indemnité  au  sujet  du  renversement  de  la 
colonne  delà  place  Vendôme.  A  plusieurs  reprises  il  a  été  question  de  ra- 
mener les  restes  de  Courbet  dans  son  pays  natal.  Et  cependant  ils  reposent 
toujours  à  la  Tour-de-Peilz  ;  mais  M.  Léger,  produisant  quelques  docu- 
ments, estime  que  le  jour  est  proche,  où  la  dépouille  mortelle  du  maître 
d'Ornans  sera  transférée  en  cette  ville.  Le  deuxième  chapitre  a  trait  à 
à  la  correspondance  de  Courbet,  que  certains  de  ses  admirateurs  voulaient 
mettre  au  jour  «  en  partie.  »  Mais  sur  l'avis  de  Champfleury  que  «  ces 
lettres  n'étaient  pas  à  publier  »,  leurs  possesseurs  —  Champfleury  en  tète 
—  n'ouvrirent  point  leurs  portefeuilles  et  les  choses  en  restèrent  là.  C'est 
peut-être  fâcheux  au  point  de  vue  artistique  ;  toutefois  l'on  est  bien 
quelque  peu  en  droit  de  se  demander,  par  ce  que  Ion  connaît  de  la  prose 
du  peintre  comtois,  si  la  littérature  française  y  a  beaucoup  perdu. 

MoKMANDiE.  —  Dans  un  curieux  Essai  sur  les  débuts  de  V imprimerie  à 
Évreux  (  1600-1 GM)  (Extrait  du  Bulletin  philologique  et  historique,  1917. 
Paris,  Impr.  nationale,  1918,  in-8  de  ;^8  p.  et  8  planclies).  M  Henri  Omont 
établit  que  c'est  l'évèque  d'Évreul.  Davy  du  Perron,  le  futur  cardinal 
d'Ossat,  qui  a  introduit  dans  celle  cité  l'imprimerie,  en  y  appelant  l'im- 
primeur parisien  Antoine  Le  Marié,  à  l'occasion  de  sa  dispute  avec  Duples- 
sis  iMornay.  De  1600  à  1635,  il  a  relevé  et  décrit  36  impressions  sorties  des 
presses  de  Le  Marié.  11  nous  donne  ensuite  celles,  bien  moins  nombreuses, 
qui  sont  dues  à  un  autre  imprimeur  établi  à  Évreux  depuis  1631  au 
moins.  De  1631  à  1650,  M.  Omont  n'a  guère  pu  constater  l'existence  que 
dune  dizaine  d'ouvrages  dus  aux  presses  d'Hamilton  et  de  sa  veuve.  Le 
savant  auteur  rappelle  en  quelques  lignes  que  l'art  typographique  est 
tombé  en  décadence  à  Évreux  après  Hamillon,  pour  ne  renaître  vraiment 
qu'à  la  fin  du  xvni"  siècle,  et  reprendre  un  nouvel  essor  et  une  juste  répu- 
tation avec  les  Hérissey. 

Orléanais.  — Le  fascicule  comprenant  les  3e  et  le  1°  trimestres  de  19I.S- 
du  lUillelin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais  (Orléans, 
Mairon  :  Paris,  Lechevalier,  1919.  in-8  pagine  217-261,  avec  une  planche  et 
une  figure)  renferme  les  travaux  ci-après  :  Le  Musée  historique  de  l'Orléa- 
nais. Rapport  annuel  (1918),  par  le  D''  Garsonnin  (p.  229-234)  ;  —  Délivrance 
des  prisonniers  par  les  éuêques  d'Orléans  lors  de  leur  première  entrée,  procès- 
verbal  de  l'entrée  de  Mgr  de  Varicourt  à  Orléansen  1920,  constatant  la  mise 
en  liberté  d'un  détenu  pour  dettes  (p.  235-237)  ;  —  \oles  sur  tes  trnvau.r 
d'Ernest  Jovy,  par  M.  A.  Pommier  (p.  238-239)  ;  —  La  Première  Pierre  de 
l'nbnttoir  d'Orléans  {\919},  par  M.  Albert  Laville(p.  2i0-244)  ;  —  Lm  Golleclion 
de  laques  (plaques  dC  cheminée)  du  musée  d'Orléans,  par  le  D'  Garsonnin 
(p.  245-261,  avec  une  grande  planche  et  une  figure).  —  Dans  sa  séance  du 
27  décembre  1918,  la  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais  a 
reproduit  la  très  vive  protestation  de  la  municipalité  d'Orléans  contre  «  le 
projet  de  création  à  Paris,  où  historiquement  il  ne  pourrait  être  situé, 
d'un  Musée  de  .leanne  d"Arc.  » 

Nki.ay.  —  En  Velay,  comniedans  beaucoup  d'iiulres  [)rovinces.  les  éludes 
locales  ont  été  profondément  tioubléespar  la  guérie.  Nos  sociétés  savantes 


—   157  — 

qui  avaient  dû  snspondro  leurs  séaiu'os  c4  leurs  bullcliris  dès  In  iiiobili>;i- 
liou,  ont  éprouve  durant  les  hoslilili-s  des  perlosdoulouieuses  pai mi  leurs 
membres  les  plus  actifs  et  les  plus  marquatils.  MM.  Haubel  cl  François 
Surrel  sont  tombés  au  champ  d'hormeur  et  on  a  en  à  déplorer  la  dispa- 
rition d'érudits  et  de  lettrés  tels  que  MM.  Paul  Le  Blanc.  A.  Lascombe.  A. 
Pascal,  Barthélémy  Braud,  Pierre  Boyer,  honneur  de  leur  petite  patrie  a 
laquelle  ils  avaient  consacré  le  meilleur  de  leur  intelligence  et  de  leur 
cœur.  .Malgré  les  circonstances,  des  travaux  importants  ont  cependant 
-(Hé  imprimés.  De  C.  Fabre,  nous  citerons  :  Trois  Docninenls  inédils  des 
archives  de  l'hôpital  du  Puy-en-Velay  écrits  en  Umffiie  d'oc  (Toulouse.  Privât. 
19i6,  in-8  de  19  p.)  et  le  Testament  de  Raymond  de  Snint-Reméze  (1439)  (Au- 
benas,  Habauzit,  i918,  in-S  de  16  p.)  ;  —  d'Anfos  .Martin  et  .\.  Boudon- 
I.ashermes,  les  Dames  d'Espinchal  et  la  haronnie  de  Dunières  (Aubenas, 
Habauzit,  1918,  in-8  de  78  p.)  ;  —  d'Ulysse  Bouchon,  Un  État  de  rentes  en 
langue  populaire  du  Velay  (1416)  TParis.  Imprimerie  nationale,  1916,  in-8  de 
8  p.)  et  V Inventaire  des  joyaux  d'une  bourgeoise  du  Puy-en-  \'elay  (  1 601  )  (Paris. 
Imprimerie  nationale,  I9l7,  in-8  de  !(>  p.)  :  —  de  l'abbé  Emmanuel  Rou- 
gier,  le  Livre  d'Or  de  la  Uhute-Loire  pour  perpétuer  la  mémoire  de  ses  en- 
fants morts  pour  la  patrie  durant  la  Grande  Guerre  (2  vol.  in-8,  Brioude, 
Watel)  ;  —  de  Louis  de  Bécourt,  l'Histoire  de  Ceyssac  (Le  Puy,  Peyriller, 
Bouchon  et  Gamon,  1916,  in-8  de  180  p.)  ;  —  du  vicomte  Jourda  de  Vaux, 
Les  Châteaux  historiques  de  la  Haute-Loire,  monographies  et  dessins.  Tome  I[ 
(Le  Puy,  Peyriller.  Bouchon  et  Gamon,  1918,  in-4  de  364  p.)  ;  et  une  étude 
généalogique  et  héraldique  sur  la  maison  qui  a  donné  le  maréchal  de 
Vaux,  conquérant  de  la  Corse(Le  Puy,  mêmes  éditeurs,  1918,  in-4  de  80  p.)  : 
—  de  E.  Rioufol,  des  Notices  sur  les  familles  Rioufol,  de  Gumperlz  de  Gus- 
len,  de  Gilbert  de  Jansac,  de  Gnlbert,  Badon,  Galillon,  Arnaud  et  Guigon 
(Le  Puy,  mêmes  éditeurs.  1918,  in-8  de  118  p.)  ;  —  enfin  de  Louis  de 
Romeuf  une  étude  sur  la  vie  publique  de  La  Fayette  (Le  Puy,  mêmes  édi- 
teurs, 1918,  in  16  de  38  p.). 

Espagne.  —  M.  Fernando  de  Sagarra  vient  de  consacrer  une  bonne 
étude,  documentée,  à  un  prince  de  la  maison  d'Aragon,  sur  lequel  on 
n'avait  jusqu'ici  que  des  renseignements  assez  fragmentaires  :  Xoticins  y 
documentos  inéditos  referentes  al  infante  D.  Alfonso,  primogénito  de  D.  Jainie  I 
y  de  dona  Leonor  de  Castilla  (Extrait  du  Boletin  de  la  real  Academia  de  buenas 
tétras  de  Barcelona.  68.  Barcelona,  Imp.  de  la  Casa  de  Caridad,  1918,  gr. 
in-8  de  19  p.).  L'auteur  notamment,  sans  pouvoir  déterminer  la  date  exacte 
de  la  mort  du  malheureux  prince.  Fa  du  moins  précisée  mieux  que  l'on 
ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  en  montrant  qu'il  est  décédé  entre  le  19  janvier  et 
le  26  mars  1260.  Il  établit  aussi  d'une  manière  indubitable  que  non  seule- 
ment il  n'est  pas  mort  avant  d'avoir  épousé  dona  Constanza  de  Béarn, 
mais  que  ce  mariage  remontait  au  moins  à  1256. 

Italie.  —  M.  Giuseppe  La  Mantia  publie  dans  l'Archivio  storico  siciliano 
(ann.  XLII,  fasc.  3-4)  et  en  tirage  à  part  (L'Archivio  delta  secretarin  dei 
ricerè  di  Sicilin  e  le  «  Islruzioni  »  date  dal  re  Filippo  III  net  lGi2.  Paiermo, 
tip.  Boccone  del  povero,  1918,  gr.  in-8  de  24  p.)  les  instructions  données 
par  Philippe  III  d'Espagnç  à  Francesco  Quingles,  lorsqu'il  prit  l'otïîce 
d'archiviste  de  la  secrétairerie  des  vice-rois  de  Sicile  en  1642  :  elles  entrent 
assez  dans  le  détail  des  mesures  à  prendre  pour  assurer  le  classement  et 
la  conservation  des  archives  et  pour  en  faciliter  la  consultation.  M.  La 
Mantia  a  fait  précéder  le  texte  des  instructions  de  renseignements  précis 
et  intéressants  sur  les  vicissitudes  de  ces  iirchives  jusqu'au  début  du 
xvue  siècle.  C'est  le  duc  d'Osuna  à  qui  l'on  doit  l'heureuse  réorganisation 
de  ces  archives. 


—  158   — 

—  On  trouvera,  dans  le  mémoire  du  professeur  —  a  lors  lieu  tenant,  —  Pierre 
Verrua,  intitulé  :  Un  Sepolcro  anspicalo  nei  «  Sepolcrl  »  del  [•''oscolo  (Tcramo, 
Stab.  lip.  Alfredode  Garolis,  1918,  in-8  de  15  p.  ;  extr.  delà  Riuisla  abriizzese, 
ann.  XXXIII,  fasc.  xi,  novembre  1918),  le  commentaire,  peut-être  un  peu 
subtil,  d'un  passage  du  célèbre  poème  de  Foscolo,  qui  n'aurait  pas  reçu  jus- 
qu'à présent  d'interprétation  satisfaisante.  D'après  M.  Verrua,  Foscolo, 
dans  ces  vers,  «  exprime  le  vœu  des  jeunes  filles  anglaises,  que  les  cendres 
du  grand  Nelson  ne  soient  ni  dispersées  au  fond  de  la  mer,  ni  confiées  à 
uoç  terre  étrangère,  mais  déposées  dans  un  monument  national  digne 
du  héros  ».  Ce  mémoire  est  daté  d'un  hôpital  militaire  de  Milan. 

Tchécoslovaquie.  -  Parmi  les  nombreux  mémoires  et  lapporls  susci- 
tés par  le  congrès  de  la  Paix,  celui  du  Dr  Rudolf  Laun  est  relatif  à  un  sujet 
très  délicat  ;  il  étudie  les  Prélentionx  des  Tchécoslovaques  à  des  lerritolres  alle- 
mands (La  Haye,  Mai  tinus  Mjhof,  1919,  in-8  de  24  p.,  avec  2  cartes).  Il  les 
combat,  il  défend  les  intérêts  allemands  et  en  demande  le  tiiomphe  ; 
mais  les  arguments  invoqués  avant  la  guerre  n'ont  pas  changé,  dans  l'en- 
semble, et  ce  sont  toujours  les  chiffres  de  statistiques  très  discutables  qui 
servent  de  base  à  l'argumentation.  Le  Df  Laun,  qui  est  originaire  de  la 
Bohême  allemande,  ne  peut  naturellement  pas  en  admettre  le  mal  fondé  : 
il  ne  peut  pas  non  plus  se  résigner  à  accepter  une  application  raisonnable 
des  principes  du  président  Wilson  et  en  deinande  une  application  pous- 
sée à  l'extrême,  disons  plus  :  à  l'absurde.  Comme  le  point  de  vue  change 
avec  les  cas  !  Et  combien  il  serait  intéressant  d'avoir  l'opinion  du  Dr  Laun 
sur  le  sort  des  Wendes  de  la  Lusace  ! 

Yougoslavie.  —  En  une  intéressante  plaquette.  M.  Boguniil  Vosnjak 
[Vosniak]  évoque  l'Adminislraiion  française  dans  les  pays  Yougoslaves  (Paris. 
Alcan,  1917,  in-8  de  17  p.  Extrait  de  la  Bévue  des  sciences  poliliques)  Les 
fils  de  l'ancien  royaume  d'illyrie,  fondé  par  Napoléon  P',  gardent  vivant 
le  souvenir  de  la  France.  Marche  impériale  contre  l'Autriche,  llllyriejona 
le  rôle  qui  sera  destiné. à  la  Yougoslavie  contre  le  pangermanisme  ;  avec 
ses  provinces  civiles  et  militaires  (Carniole,  Carinthie,  Istrie.  Croatie,  Dal- 
matie)  elle  atteignait  au  moins  les  linutes  de  la  Yougoslavie  de  demain  ; 
cependant  sa  population  de  d. 483. 000  âmes  était  presque  dix  fois  plus 
faible.  Ses  administrateurs  français,  Marmont,  Junot,  Las  Cases,  Chabrol. 
Fouché,  la  coupèrent  de  routes,  signalèrent  ses  richesses,  ouvrirent  une 
chambre  de  commerce,  instaurèrent  le  code  civil,  fondèrent  l'instruction, 
combattirent  le  féodalisme  et  créèrent  l'égalité  devant  la  loi.  La  retraite 
de  Russie  fut  le  coup  de  mort  pour  la  Yougoslavie  française  dont  les  Autri- 
chiens gardèrent  pourtant  la  forme  jusqu'en  1848.  Éveillée  par  le  poète 
Vodnik,  francophile  enthousiaste,  ensuite  par  Preserin  et  par  les  roman- 
tiques, (jaj(Gai)et  Stanko  Vraz,  l'àme  nationale  survécut  à  la  création  im|)é- 
riale  ;  l'idée  illyrienne  est  devenue  l'idée  yougoslave.  L'auteur  rappelle  les 
œuvres  de  Nodier,  dont  les  esquisses  du  paysage  slovène  sont  i)eut-être 
saos  rivales. 

Akuiquk.  —  Treize  feuillets  mutilés  d'un  manuscrit  latin  de  l'Afrifjue  du 
nord  sont  entrés  récemment  à  la  Bihliolhèque  nationale,  et  M.  11.  Omont  a 
signalé  à  l'attention  de  ses  collègues  de  l'Académie  des  inscriptions  ces  Frag- 
ments d'un  1res  ancien  manuscrit  latin  provenaid  de  V  Afrique  du  nord  (Paris, 
A.  Picard,  1818,  in-8  de  10  p.,  avec  facsimilé.  Extrait  des  Comptes  rendus  de 
l'Académie).  L'examen  de  ces  fragments,  d'une  écriture  du  v'  ou  vi"  siècle, 
qu'il  publie,  lui  permet  de  «  hasarder...  l'hypothèse  »  qu'ils  «  appartien- 
draient à  l'une  des  œuvres  perdues  d'un  Père  latin  peu  connu  du  iv  siècle, 
Nicetas  de  Reniesiana.  » 

États-Unis.  —  Les  éludes  géologiques  cl  paléonlologiques  de  la  région  du 


—  \:?j  — 

canal  do  l'iinania,  (j)nlrihn(ions  lo  Ihe  Geolotjy  nnd  l'itl.t'onloldijy  nf  llie  Caïuil 
zone,  PdiimiKi,  and  (jcologicnlly  relattd  areas  in  Ci^nlral  Amerii't  and  Ihe  West 
Indies,  cotilinuciit  à  paraître  dans  lo  Biiliolin  n°  103  do  la  Sinillistiniati  Inxti- 
Inlion  Uniled  Slale.t  \alii>nal  Muséum  (Washiiiglon.  (jovornmorit  prinliii  r;of- 
fice,  l'JlîS)  ;  nous  venons  de  recevoir  un  important  fascicule  de  M.  Joseph 
Augnstine  Cushnian  sur  les  Foraniinifères  de  ces  régions  :  Tlie  snialler 
fossil  Foraminifera  of  Ihe  Panama  canal  zone.  Ce  fascicule  de  i3  pages  de  texte 
est  accompagné  de  15  pi.  ;  il  contient  la  descrij)lion  de  72  Ohpcces,  répar- 
ties en  28  genres  et  parmi  lesquelles  ii  sont  décrites  coniiiie  nouvelles. 
Dans  son  Introduction,  l'auteur  nous  indique  que  les  malériaux  qu'il  a 
étudiés  apparlioniicnt  aux  terrains  Oligocène,  Miocène  et  IMeislocène. 

—  Doux  fascicules  extraits  dos  Pruceedinys  of  ihe  i'niled  Slales  .Xalional 
Muséum,  vol.  55  (Washinglon,  Government  prinling  ofTico.  1919;,  nous 
M)(il  également  parvenus.  Dans  le  premier,  M.  Charles  W.  Gilmore  nous 
donne  :  A  new  restoration  of  Triceralops.  ujilh  noies  on  Ihe  osleolor/y  of 
Ihe  Genus.  une  description  détaillée  des  diverses  parties  osseuses  du  Trice- 
latops,  et  reproduit  sur  une  des  planches  une  reconstitution  des  plus  in- 
téressantes de  cet  animal.  —  Le  second,  de  M.  Paul  Barlsch  :  ,\eir  Land 
Shells  from  the  Philippine  Islands  (7  p.,  3  pi.),  est  consacré  à  la  description 
de  7  sous-espèces  de  Mollusques  des  Philippines  appartenant  aux  genres 
Cochlostyla  et  Leplopoma  ainsi  qu'à  la  reproduction  dune  espèce  rare  : 
ie  Chlorea  Gmeliniana  de  PfeiiTer. 

PuBuc.xTioKs  NOUVELLES.  —  Lcs  Saiuts  Evungiles  de  yotre-Seitpieur 
Jésus-Chrit,  trad.  par  T.  de  Wyzewa  (in-16,  Perrin).  —  Les  Mystères  de 
la  messe,  par  le  R.  P.  W.  Roche  :  trad.  de  l'anglais  par  .\.  de  Rotalier 
(petit  in-18,  de  Gigord).  —  Œui'res  saintes.  C/iuix  de  discours,  notices  et 
entretiens  de  1876  à  1913,  par  Mgr  Baunard  (in-iO,  de  Gigord).  —  Le 
Rosaire  de  Marie-France,  par  J.  Morian  (in  16  carré,  de  Gigord).  —  Les 
Fleurs  de  Fourcière,  par  l'abbé  Grange  (petit  in-8.  Mite).  —  Loi  nouvelle 
du  31  ?nars  1919  sur  les  pensions  militaires.  Etude  /nedico-le'f/ale  de  la 
condition  et  de  la  présomption  d'orif/ine,  par  L.  Prieur  ipotil  in-8,  Charles- 
Lavauzelle).  —  France  et  Alle/naf/ne.  Le  Droit  cicil  et  la  prééminence 
juridique,  par  G.  Aubéry  (petit  in-8.  Librairie  générale  de  droit  et  de 
jurisprudence).  —  Intuition  et  amitié,  par  J.  Segond  (in-8.  Vlcanj.  — 
Quand  Odile  saura  lire...,  par  NP"'  A.  Daudet  (in-l(i,  Crès).  —  La  lie 
conjugale,  lettres  à  de  jeunes  ménages,  par  E.  Monlier  (in-IG,  Boivin).  — 
Midinette  de  France,  études  de  démocratie  féminine,  par  E.  Montier, 
(in-i6,  Boivin).  —  La  Question  ouvrière  dans  le  bassin  de  Briey,  par  le 
comte  de  Canisy  (in-15,  Payol). —  Walther  Ilatlienau,  ses  idées  et  ses  pro- 
jets d'organisation  économique,  par  G.  Raphaël  (in-16,  Payot).  —  Essais 
sur  la  chirurgie  moderne,  par  J.  FioUe  (in-16.  Alcan).  —  E.  Gaucher, 
professeur  de  clinique  «  spéciale  »  à  la  Faculté  de  Paris  et  la  Protection 
de  la  femme,  par  L.  Fiaux  (gr.  in-8,  Alcan).  —  Traité  de  mécanique 
rationnelle,  par  P.  Appell.  4e  éd.  entièrement  refondue.  T.  V'  (gr.  in-8, 
Gauthier-Viirars).  —  Anthologie  (1899-1918),  par  S.  Skipis  :  trad.  du 
néo-grec  par  P.  Lebesgue  et  A.  Castagnou  (in-16.  Figirière).  —  La  Vie 
:  fervente,  poèmes,  par  J.  Feschotte  (in-12.  Stocka.  —  Le  Cœur  et  la  Tètf. 
par  É.  Le  Maire  (in-i6.  Plon-Nourrit).  —  Les  Quatre  Ans  de  Jacqueline, 
par  L.-A.  Roze  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  L'Amour  sous  les  lauriers  roses, 
roman  des  lacs  italiens,  par  G.  Faure  i,in-i6.  Fasquelle).  —  Ladg  Ro.cana, 
par  D.  de  Foë  ;  trad.  par  G.  Garnier  (in-16,  Crès;.  —  Les  Cloportes,  par 
J.  Renard  (in-lO,  Crès).  —  Contes,  par  O.  Henry  :  trad.  de  l'anglais  par 
M.  Maury  (in-16,  Crès).  —  Le  Portique  de  l'espoir,  par  J.  Morian  (in-12, 
de  Gigord).  —  Temps  de  guerre,  par  G.  Gillet  (in-16,  Figuière).  —  «  Les 


—  160  — 

Saints.  »  Les  Martyrs  de  Septembre,  par  H.  Welscliinger  nn-12,  LecofTie. 
<labalda).  —  Motiseii/iteiir  Hacqaard,  des  Pères  Blancs  (1860-190 1),  par 
labbé  E.  Marin  (gr.  iii-8.  Bonne  Presse).  —  Guerre  des  Balkans  (1912- 
1913).  Kirk-Kilissé,  Lule'-Burgas,  Tchataldja,  par  le  général  Palat  (in-8, 
(Iharles-Lavauzelle).  —  1914,  par  le  maréchal  Lord  French  ;  trad.  de  H. 
Burnand-(in-8,  Berger-Levrault).  —  Rapports  officiels  du  maréchal  Sir 
John  French,  commandant  en  chef  de  V  armée  britannique,  21  août-29  no- 
vembre 1914;  trad.  de  l'anglais  par  T.  Reinach  (in-8.  Berger-Levrault).  — 
A  la  mémoire  des  cuirassiers  à  pied,  par  A.  Duflos  (in-12,  Jouve).  — 
L'Abri  56-A-2,  suivi  de  In  speculo  ?nortis.  par  .T.  Azaïs  (in-12,  Publica- 
tions «  Art  et  Littérature  »j.  —  Mes  Soirées  au  Grand  Quartier,  par  \. 
Kellogg  ;  trad.  de  L.  Petit  (in-16,  Payot).  —  Au  Pays  des  fourbes,  impres- 
sions de  captivité,  par  le  général  de  Tournade  (in-16,  Plon-Nourrit).  — 
La  Maiine  française  pendant  la  Grande  Guerre  (1914-1918),  par  G. 
Clerc-Iiatnpal  (in-8.  Larousse).  —  Souvenirs  de  chasse  aux  sous-fjiarins 
allemands.  Les  Patrouilles  du  contre-lorjyilleur  «  Fanion  »,  par  F.  Darde 
(in-16,  Perrin).  —  L'Égéide,  par  R.  Puaux  (in-16,  Payot).  —  La  Course  de 
r Atnérique  à  la  victoire.  Exposé  de  l'effort  militaire  atnéricain  de  1917 
à  1918,  par  le  lieut*-colonel  Requin  (petit  in-8,  Charles-Lavauzelle).  — 
Paroles  de  guerre  d'un  Américain,  1914-19 18,  par  J.  M.  Baldwin  (in-8, 
Alcan).  —  Notre  Oncle  d'Amérique,  souvenirs  et  impressions  d'une  Pa- 
risienne sur  les  travaux  de  la  Croix-Rouge  américaine,  par  P.  Junka 
(in-16,  Perrin).  —  France  et  Pologne.  La  Paix  française  dans  l'Europe 
orioitale,  par  le  général  du  Moriez  (gr.  in-8,  Payot).  —  \'ers  la  catas- 
trophe î'usse.  Lettres  de  Petrograd  au  journal  «  L'Humanité  »,  octobre 
1917-février  1918,  par  B.  Kritchewsky  (in-16,  Alcaii).  —  La  Décomposi- 
tion de  l'armée  russe,  par  le  général  N.  de  Monkévitz  ;  trad.  de  S.  Persky 
(in-16,  Payot).  —  Le  Moîiveme?it  panrusse  et  les  Allogènes,  par  G.  Gail- 
lard (in-8,  Chapelot).  —  La  Guerre  roumaine,  par  M.  Djuvara  (in-8,  Ber- 
ger-Levrault). —  Nos  Frères  roumains,  par  L.  Clarctie  (in-16,  Berger- 
Levrault).  —  A  propos  de  doctrine.  I^es  Leçons  du  passé  confii'mées  par 
relies  de  la  Grande  Guerre,  par  le  lieut<-colonel  E.  Cholet  (in-8,  Charles- 
Lavauzelle).  —  Le  Ministère  Fidicsc  (essai  d'anticipation  a  posteriori), 
par  le  lieut'-colonel  E.  Mayer  (in-16,  Payot).  —  Heures  d'une  mère,  1914- 
1918,  par  A.  Cantegrive  (in-16,  Perrin).  —  Les  A'ations  et  la  Société  des 
nations  dans  la  politique  moderne,  par  J.  Tchernofî  (in-16,  Alcan).  — 
Fédération  européenne,  ou  Ligue  des  nations  ?,».  par  G.  Agnelli  et  A. 
Cabiati  (in-8,  Giard  et  Brière).  —  La  France  éternelle,  par  G.  Rodrigues 
(in-16,  Alcan).  —  Le  Maréchal  Foch,  par  le  com'  A.  Grasset  (in-12,  Ber- 
ger-Levrault). —  Gustave  Ador,  par  T.  de  Traz  (in-16,  Payot).  —  L'Alsace 
et  l'AllenuKpie,  origine  et  place  de  la  tradition  germanique  dans  la 
civilisation  alsacienne  (gr.  in-8,  Berger-Levrault).  —  La  Nueva  Revolu- 
(iôn,  por  R.  M.  Turull  (in-18,  Barcelona,  inipr.  de  Ilcnrich).  —  Six  ans 
de  politique  chinoise.  La  Fin  des  Mandchous,  par  Y.  Rodes  (in-16,  Alcan). 
—  La  Recherche  de  l'utile  dans  les  temps  préhistoriques.'  Atsina,  par 
J.-L.  Courcelle-Seneuil  (in-16.  Édition  du  Livre  mensuel).  Visenot. 


Le  G><rant:  GII.MMJI6. 


Luçon.  Imprimerie  S.  Pacteau. 


POLYBrBLION 

îiEVUE  BlBLIOdllAIMllOUE  UNIVERSELLE 

A\  IS  A  NOS  AMIS  KT  ABONNÉS 


Jusqu'à  présent,  le  Polybiblion,  dont  les  fnds  s'étaient  sensi- 
itlement  accrus  depuis  1915,  avait  pu,  en  réduisant  de  12  à  8  le 
nombre  de  ses  livraisons  annuelles,  maintenir  ses  prix  d'abonne- 
ment ;  mais  une  récente  et  for/nidabte  (UKjmcntat'ion  du  coût  d'im- 
pression, résultat  de  la  loi  dite  des  8  heures,  qui  a  frappé  tant 
d'organisations,  oblige  l'Administration  de  la  Revue  à  relever  ces 
prix  pour  l'année  1920.  Assurément  cette  augmentation  est  bien 
loin  d'être  proportionnée  aux  charges  nouvelles  auxquelles  nous 
devons  faire  face  ;  nicds  le  Polybiblion,  qui  est  une  nécessité  hau- 
iement  reconnue  pour  les  travailleurs  intellectuels,  ne  compte  plus, 
depuis  ta  guerre,  ses  sacrifices.  l\ul,  jjarmis  nos  abonnés,  si  fidèles 
en  tous  temps,  ne  refusera  de  nous  continuer  ses  sympathies  et  son 
concours. 

Voici  donc  les  nouveaux  tarifs  d'abonnement,  aussi  modérés  que 
nous  avons  pu  les  établir,  qui  seront  appliqués  à  partir  de  1920, 
•civec  l espoir  qu'ils  ne  dureront  pas. 

Partie  littéraire  seule  :  France,  25  fr.  —  Étranger,  26  fr. 
Partie  technique  seule  :  —  20  fr. —  —  21  Jr. 
Les  2  parties  réunies     :        —       oO  fr.  —         —         32  fr. 

En  ce  qui  concerne  les  membres  de  la  Société  bibliographique , 
-qui  bénéficient  d'un  tarif  de  Javeur,  les  prix  d'abonnement  sont 
les  suivants  : 

Partie  littéraire  seule  :  France,  22  fr.  —  Étranger,  23  fr. 
Partie  technique  seule  :  —  IS  f''- —  —  19  fr. 
Les  2  parties  réunies    :       —       27  fr. —         —         29  fr. 

En  résumé,  le  supplément  temporaire  demandé  à  chacun  de  nos 
<ibonnés  ne  s'élève  qu'à  la  somme  modique  de  10  fr.  par  catégo- 
rie d'abonnement. 


OcTOBHE  1919.  T.  CXLVI.  11 


—   1(^2  — 

PUBLICATIONS 
RELATIVES  A  LA  GUEKRE  EUROPÉENNE 

Histoire  de  la  (îrande  Guerre,  par  Victok  Giracd.  Première  cf 
deuxième  parties.  Paris,  Haclielto,  lillî),  gr.  iii-8  de  xii-323  p.,  avec  caries 
et  plans.  —  Prix  :  8  fr. 

La  Glande  Guerre  a  déjà  ses  historiens,  plus  ou  moins  heureux. 
Parmi  les  livres  de  ce  genre  une  place  d'élite  sera,  ce  semble,  occupée 
par  l'ouvrage  de  M.  Victor  Giraud,  eu  cours  de  publication.  Celle  pu- 
blication comprendra  cinq  fascicules,  dont  les  deux  premiers  ont  vu 
le  jour  et  dont,  au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes,  le  troisième 
ne  doit  pas  tarder  à  les  suivre.  L'auteur  n'ignore  pas  les  difficultés 
d'un  tel  travail.  «  Je  sais  fort  bien,  dit-il.  qu'une  Histoire,  mêmeabré- 
gée,  mais  suffisamment  exacte  et  complète  de  la  guerre,  ne  peut  être 
écrite  aujourd'hui  ;  elle  ne  le  sera  probablement  pas  avant  un  demi- 
siècle...  Mais  ce  que  l'on  peut  faiie  dès   maintenant,   c'est  résumer 
avec  conscience  et  clarté  les  faits,  aujourd'hui  connus  et  acquis,  elles 
piincipaux  travaux  déjà  publiés.  C  est  tout  ce  que  j'ai  essayé  de  faire  : 
un  abrégé,  \m  «  précis  »,  tout  provisoire  assurément,  mais  qui  fixera 
les  grandes  lignes,  et  l'enchaînement  delà  prodigieuse  «  suite  »  d'évé- 
nements auxquels  nous  sommesen  train  d'assister.  »  L'Avant-Propos, 
d'où  ces  lignes  sont  tirées,  est  daté  du  8  octobie  1918.   La  première 
partie  (premier  fascicule)  contient  les   quatre  premiers  chapitres  : 
Chapitre  I.  Les  Origines  tle  la  Guerre.  (1.  La  Volonté  de  guerre  alle- 
mande. 11.  La  Situation  générale  à  la  veille  du  conflit.  111.  Les  Signes 
précurseurs  et  les  origines  immédiates  de  la  guerre).  —  Chapitre   IL 
La  Semaine  tragique  (I.  L'Ultimatum  et  ses  suites  diplomatiques.  IL 
Les  Déclaraiions  de  guerre.  111.  Les  Mobilisations  morales).  —  Cha- 
pitre III.  Avant  la  Marrie  (1.  Le  Départ.  IL  Les  Plans  des  étals-majors. 
m.  Les  Premières  Opérations  de  Belgique  et  d'Alsace.  IV.  Sarrebourg, 
Morhange  et  Charleroi.    V.  Les  Victoiies  de  la  trouée  de  Charmes  et 
du  Grand-Couronné.    VI.   La   Hetraite).  —  Chapitre  IV.  La  Marne  (1. 
La  Situation  morale.  II.  Dessein   et  caractères  de  la  manœuvre  fran- 
çaise. IIl.  Le  Rythme  de  la  bataille.  IV.  Quelques  Episodes.   V.  Con- 
séquences militaires  et  morales  de  la  victoire).  —  La  deuxième  partie 
(deuxième  fascicule)  contient  les  cliapitrcsVà  VllI.  Chapitre  V.  L'Yser 
(L  La  Bataille  de  l'Aisne.  IL  La  Course  à  la  mer.  111.   La  Bataille  des 
Flandres.  IV.  Résultats  et  conséquences).  — Chapitre  VI.  LaCiislalli- 
sation  des  Fronts  et  les  caractères  de  la  guerre  nouvelle.  (I.  La  Guerre 
de  tranchées.   IL    L'Ame  des  combattants.  IIL  Le  Front  intéi  ieur  on 
Allemagne  et  en  France).  —  Chapitre  VII.  L'Effort  allié  en  1014-1915. 
(L  Hors  d'Europe.  IL  Sur  le  Front  d'Orient    III.  L'ElVort  [anglais.  IV. 
L'Eilort  f)elge,    \'.   L'Intervention   italienne).    —  Chapitre    VIII.    De 
rVserà  \'ei(iun(I.  La  Preniière  Campagne  d'hiver.  IL  Les  Campagnes 


—  \(\:]  — 


occidentales  di-  piitilenips  et  d'été  l'Jli).  III.  |,a  lUlmilo  russe.  IV. 
L'Intervention  hulgaie  et  la  campagne  de  Serbie.  V.  L'011ensi\e  de 
Chanipagiic  et  d'Artois'.  .\  la  fin  de  chaque  chapitre  est  placée  une 
liste  d'ouvrages  à  consulter.  Le  texte  est  éclairé  de  cartes  et  de  plans. 
L'ouvrage  de  M.  Victor  Girand,  de  connposition  forte  et  solide,  est 
plus  qu'un  docte  exposé.  C'est  un  récit.  M.  S. 


Aspects  politiques  tl;^  la  guerre  mondiale,  par  Paul  Louis.    Paris, 
.Vlcan.  1918,  in-16de  vi-26U  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

«J'ai  réuni,  dit  l'auteur,  dans  ce  volume  des  articles  qui  ontélé  pu- 
bliés dans  la   /{evne  bleue.   Ils  se  sont  échelonnés  de  11)17  à  1018.  Ils 
ont  tous    trait    aux    aspects   politiques   de  la    guerre,   aspects     qui 
n'offrent  pas  moins  d  intérêt  que  les  épisodes   militaires  du  grand 
conflit  mondial.   On   trouvera  dans  ces  pages  des  considérations,  (|ui 
peut-être  ne  paraîtront  pas  totalement  périmées,  sur  les  deux  groupes 
de  belligérants,  et  aussi  sur  les  États  neutres.  »   Voici  les  sujets  trai- 
tés :  I.  La   Valeur  des  faits  politiques.  L'auteur  expose  «   quelques 
idées  générales,  déduites  tout  naturellement  de  l'examen  des  faits  po- 
litiques qui  se  sont  déroulés  sous  nos  yeux  depuis  trois  ans  et  demi.  > 
II.  La  Crise  de  juillet  1917  en  Allemagne.  111.  Le  Mécanisme  allemand. 
IV.  La  Réforme  du  mécanisme  allemand.  L'auteur  explique  dans  ces 
trois  études  les  institutions   politiques  de  l'empire  allemand  et  les 
essais  de  transformation  dont  elles  ont  été  l'objet  dans  les  derniers 
temps  de  la  Grande  Guerre.   V.   Le  Congrès  de  Wurtzbourg.  C'est 
l'histoire  d'une  crise  du  socialisme  allemand.  VI.  L'Autriche:  désa- 
grégation du  fédéralisme.  VII.  L'Italie,  les  Slaves  du  sud  et  l'Autriche. 
VIII.  La  Ruine  d'un  grand  dessein.  11  s'agit  du  projet  de  la  constitu- 
tion d'une  gigantesque  puissance  sous  le  nom  de  Mittel-Europa.  !X. 
Les  Deux  Empires.  X.  Les  Rapports  austro-allemands.  XL  Révélations 
diplomatiques.  XIL  La  Déconfiture  de  Constantin  I"  (roi  de  Grèce). 
XIII.  Sofia  et  la  situation  orientale.  XIV.  De  Brest-Litowsk  à  Bucarest. 
XV.  Les  Appétits  bulgares.  XVI.  Les  Paix  inachevées.  XVII.  La  Crise 
dusiavisme.  XVIIl.  Les  Idées  wilsoniennes.  XIX.  Les  Crises  d'Espagne. 
XX.  L'Espagne  après  les  élections.  XXI.   La  Suède  et  la  démocratie. 
XXII.  La  Suisse  et  ses  élections.  —  Livre  sérieux,    solide,  utile  à  lire. 
Bien  que  le  style  n'ait  rien  de  romantique,  nous  y  avons  relevé  cette  . 
bizarre  image  :  Comment  piétinerait-on  les  aspirations  bruyantes  de 
quelques  centaines  de  milliers  d'hommes  .^  (p.  79).  Piétiner  une  aspi- 
ration !  Voilà  où  le  journalisme  conduit  même  un  bon  écrivain. 

M.  S. 

Dix  Mois  à  Verdun,  par  l'abbé  TiiELLiua  de  Ponchevh.le.  PaiLs,  de  Gi- 
gord,  1919,  in-12  de  315  p.,  avec  carte.  —  Prix  :  3  fr.  75. 
En  ligne  devant  Verdun  avec  sa  division  de  février  à  décembre  1916, 


—  IG4  — 

M.  l'abbé  Thellier  de  Poncheville  a  nolé  au  jour  le  joui  les  incideuls 
auxquels  il  fut  mêlé  pendant  le  grand  drame  qui  tint  le  monde  en 
suspens.  C'est  ce  journal  qui  est  publié  ici.  On  s'attend  bien  à  ce  que 
les  visions  effroyables  et  tragiques  y  soient  les  plus  nombreuses.  Elles 
n'excluent  pas  les  scènes  pittoresques,  les  dialogues  émouvants,  voire 
les  aperçus  de  douceur  et  de  paix  champêtre.  Le  ton  est  d'une  entière 
simplicité  :  on  sent  que  l'auteur  se  serait  fait  scrupule  de  tout  ce  qui 
ressemble  à  de  l'affeclalion  ou  de  l'enflure  en  un  pareil  sujet,  ou  plu- 
tôt il  n'y  a  même  pas  songé  ;  il  rapporte  tout  uniment  ce  qu'il  a  vu 
et  entendu.  On  peut  le  croire  sur  parole  sans  chercher  dans  ses  dires 
la  part  de  la  littérature,  et  on  aime  à  entendre  un  témoin  aus.si  sûr 
noter  qu'on  trouverait  ensevelis  dans  la  terre  de  Damloup,  à  quelques 
mètres  de  distance,  trojs  prêtres  portant  au  col  le  numéro  du  même 
régiment,  ou  bien  décrire  laffluence  qui  se  pressait  aux  cérémonies 
religieuses,  ou  encore  rapporter  les  paroles  d'un  chef  qui  s'écrie  : 
((  Je  suis  dans  l'enthousiasme  de  mes  soldats...  Le  beau  peuple  que 
le  nôtre  !  »  11  va  effectivement,  dans  ce  livre  sincère,  une  autre  allure 
que  dans  tel  roman  de  guerre  bruyamment  vanté  pour  son  réalisme. 

Gn.  Landry. 

Verdun  !  Paroles  de  guerre,  1914-lî)18,  par  Mgr  Ginisty.  Paris, 
Téqni,  i919,  in-12  de  vu-291  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  sait  quelle  est  l'activité  et  quelle  est  la  vaillance  de  l'évêque  de 
Verdun.  Pasteur  d'un  des  diocèses  les  plus  éprouvés  par  la  guerre  et 
de  la  cité  illustre  entre  toutes  par  son  héro'isme,  il  sut  répondre  à  tous 
les  besoins  comme  à  tous  les  désirs  de  ses  diocésains  éprouvés,  et  se 
montrer  tel  en  toute  rencontre  qu'il  est  devenu  pour  ses  fidèles,  et 
dans  cette  région  glorieuse,  un  sujet  de  fierté.  Non  content  d'organi- 
ser les  secours  et  de  prêcher  d'exemple  aux  heures  les  plus  sombres, 
il  prit  fréquemment  la  parole  pour  relever  les  courages,  exposer  les 
enseignements  chrétiens,  retracer  aussi  devant  des  auditoires  de 
Paris,  de  Bordeaux,  de  Toulouse  les  souffrances,  les  luttes  et  le 
triomphe  de  la  ville  martyre.  Ce  sont  ces  conférences,  ces  allocutions 
et  ces  discours  qui  forment  la  matière  du  présent  volume.  On  y  trou- 
vera, outre  les  scènes  les  plus  émouvantes,  les  renseignements  les 
plus  directs  et  les  plus  sûrs.  Le  sujet  est  si  élevé,  dit  Mgr  Ginisty 
dans  une  cérémonie  commémorative,  que  l'orateur  est  condamné  à 
être,  malgré  lui,  éloquent.  On  estimera  sans  doute,  à  le  lire,  qu'il  ne 
paraît  pas  avoir  eu  tellement  besoin  d'une  pareille  condamnation. 

Gn.  Landry. 

La  Marine  française  pendant  la  Grande  Guerre  (août  1ÎM4- 
noveniïire  11)  Ut),  par  G.  Ci.krc-IIanm'ai..  Paris,  Larousse,  s.  d.  (1919), 
in-8  de  222  p.,  avec  9(1  grav.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

L'enseigne  de  vaisseau  de  réserve  G.  Clerc-Rampal  a  écrit  dans  ce 


—   Ifio  — 

nouveau  voliiiiie,  une  histoire  complète  (In  rôle  de  la  marine  française 
pcn(Jant  la  guerre,  lii>toiie  singulièrement  attachante  et  conçue  avec 
beaucoup  doriginalité.  L'auteur  ne  s'est  pas  conlerjté,  en  eifet,  do 
citer  des  faits,  avec  phis  ou  moins  de  détails,  de  raconter  désengage- 
ments navals  ou  des  incidents  de  la  lutte,  mais  il  a  tenu  à  montrer 
comment  se  relient  dans  la  conduite  de  la  guerre  les  faits  d'ordre  po- 
litique et  militaire,  et,  en  outre,  et  c'est  là  le  grand  intérêt  et  l'origi- 
nalité de  l'ouvrage,  il  a  étudié  et  décrit  les  bâtiments  et  les  engins  de 
toute  sorte,  grenades,  jnincs,  filets,  etc.,  utilisés  au  cours  de  la  guerre, 
suivant  leurs  perfectionnements,  leur  évolution,  presque  au  jour  le 
jour.  On  trouve  par  suite  dans  ces  pages  des  précisions,  des  renseigne- 
ments, qui  n'ont  jamais  été  portés  à  la  connaissance  du  public  pen- 
dant la  guerre  et  qui  ont  ainsi,  en  dehors  de  l'intérêt  réel  qu'ils  pré- 
sentent, le  mérite  de  l'inédit.  Enfin,  ce  serait  être  incomplet,  et  laisser 
inachevé  l'éloge  de  ce  volume,  que  de  ne  pas  ajouter  qu'il  est  pré- 
senté avec  le  soin,  l'élégance,  le  luxe  même  caractérisant  les  publica- 
tions de  la  maison  Larousse.  J.  C.  T. 


Aos  Marins  en  guerre,  par  le  capitaine  H.  BonNroQUK  et  le  lieutenant 
GriiMAiN  Drouilly.  Paris,  Berger-Levrault,  19l9,  in-16  de  ix-161  p.  — 
Prix  :  3  fr. 

Ce  devrait  être  une  superfétalion  que  de  répéter  une  fois  de  plus 
quelle  est  la  part  glorieuse,  capitale,  qui  appartient  à  la  marine  dans 
la  victoire.  Et  cependant,  les  hauts  faits  de  l'armée  de  terre  sont  tel- 
lement éclatants,  qu'une  partie  importante  du  public  en  esl  ébloui  et 
ne  voit  pas  le  travail  épuisant,  incessant,  presque  caché,  et  cependant 
indispensable,  de  nos  marins.  Si  la  marine  avait  renoncé  un  jour  trop 
tôt  à  sa  lutte  continuelle,  à  sa  bataille  de  tous  les  instants,  sans  trêve 
ni  repos,  contre  les  éléments  et  contre  l'ennemi,  l'héroïsme  do  nos 
soldats  était  condamné  à  être  vain.  Il  est  donc  bon  que,  par  tous  les 
moyens,  la  guerre  sur  mer  soitexaltée  ;  c'estpourquoiil  faut  être  recon- 
naissant aux  officiers,  auteurs  de  .\os  Marins  en  f/iierre.  d'avoir  glané 
çà  et  là.  dans  les  journaux  et  dans  les  ouvrages  parus,  parfois  aussi, 
mais  trop  rarement,  dans  les  rapports  officiels,  les  récils  de  quelques 
exploits  de  nos  marins,  sur  mer  et  sur  l'Yser.  H  est  difficile  de  faire 
un  choix  parmi  ces  morceaux,  dont  chacun  présente  son  intérêt  et 
son  originalité,  mais,  cependant,  on  peut  dire  que  les  plus  angoissants 
sont  peut-être  le  premier  et  le  dernier.  Le  premier  raconte  le  départ 
de  nos  croiseurs  de  Cherbourg,  allant,  dans  la  mer  du  Nord,  au  devant 
des  Allemands,  véritable  suicide.  l'Angleterre  n'ayant  pas  encore  fait 
connaître  ses  intentions,  et  le  dernier,  saisissant  tableau  de  la  flotte 
allemande  abaissant  son  jiavillon  sans  combattre,  ajoutant  ainsi  u?ie 
jiage  de  honte  au  dossier  de  ses  crimes.  J.  C.  T. 


—  166  — 

Souvenirs  do  chasse  aux  sous-marins  allemands.  Les  Pa- 
trouilles du  contre-torpilleur  «  Fanion  »,  par  le  capitaine  do 
corvette  Fernand  Darde.  Paris,  Perriii,  1919,  in-16  de  xii-241  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

Le  lieutenant  de  vaisseau  Fernand  Darde  nous  a  raconté,  il  y  a  près 
de  deux  ans,  ses  vingt  mois  de  guerre  à  bord  du  croiseur  u  Jeanne 
d'Arc  »  ;  devenu  capitaine  de  corvette,  il  fait  connaître  au  public, 
dans  ce  nouveau  volume,  les  Souvenirs  de  son  commandement  du 
«  Fanion  »,  contre-torpilleur  chargé,  à  l'entrée  de  la  Manche,  de  sur- 
veiller et  d'escorter  les  convois.  Au  cours  de  cette  dure  besogne,  le 
vaillant  petit  bâtiment  n'a  pas  eu  la  satisfaction  de  couler  un  sous- 
marin  ennemi,  mais  plusieurs  fois,  il  a  été  le  témoin  impuissant  de 
torpillages,  et,  lui-même,  il  a  été  abordé  par  un  grand  cargo  qu'il  es- 
cortait. Ce  sont  les  péripéties  de  ces  longues  heures  de  surveillance 
et  de  recherche  que  raconte,  avec  une  simplicité  souvent  dramatique, 
l'auteur  de  cet  intéressant  volume;  mais,  en  outre,  il  ajoute  à  son 
récit  les  incidents  de  mer,  les  rencontres,  les  destructions  de  sous- 
marinsqui  sont  venus  àlaconnaissance  du  commandant  du  «  Fanion  »  ; 
il  dit  tout  ce  qu'il  sait  de  la  mentalité,  des  méthodes,  des  ruses,  de 
l'attitude  de  l'ennemi.  Ce  ne  sont  pas  là  les  pages  les  moins  émou- 
vants de  ce  livre  vécu.  J.  C.  T. 


Les  A'agaboiids  de  la  gloire.  III.  Matelots  aéi-iens  (prin- 
temps I91t»-automiie  l*)!?),  par  René  Milan.  Paris,  Ploii-Nourrit, 
1919,  iii-16  de  2S5  p.  —  Prix  :  4  fr.  50, 

Le  brillant  officier  de  marine,  l'excellent  écrivain,  qui  se  cache 
sous  le  pseudonyme  de  René  Milan  —  ce  n'est  même  pas  un  ana- 
gramme —  nous  donne  aujourd'hui  le  troisième  et  dernier  volume 
de  ses  remarquables  récits  de  guerre  groupés  sous  le  titre  de  «  Les 
Vagabonds  de  la  gloire.  »  Ces  pages  ne  le  cèdent  en  rien  aux  précé- 
dentes. L'auteur,  qui  sillonne  les  airs,  dominant  les  mers  et  les  terres, 
tantôt  en  avion,  tantôt  en  dirigeable,  conduit  tout  d'abord  le  lecteur 
à  Corfoi^,  où  se  reconstitue  l'armée  serbe,  qu'il  s'agit  de  protéger 
lorsqu'elle  quitte  l'île  pour  se  rendre  à  Salonique  préparer  les  victoires 
de  Macédoine  Grâce  à  la  surveillance  de  nos  marins,  ce  transport 
put  s'effectuer  sans  qu'un  seul  soldat  serbe  se  perdît. 

De  Corfou,  l'auteur,  après  de  courtes  visites  en  Italie,  est  envoyé 
dans  le  sud  lunisien  où.  là  aussi,  par  suite  de  la  faiblesse  de  nos 
alliés  en  Tripolilaiiie.  la  bataille  est  parfois  rude.  Puis,  quittant  le 
ciel  bleu,  l'auteur  fait  une  halte  près  de  Paris,  dont  le  ciel  gris  le  pré- 
pare aux  brumes  du  nord  de  la  France,  de  la  Belgique,  des  Flandres. 
Enfin,  l'armistice  trouve  Kené  Milan  en  Portugal.  Le  récit  de  ces 
randonnées  est  jonché  d'anecdotes,   de  descriptions,   de  renseigne- 


—  107  — 

ïiienls  techniques,  de  n'-floxions  psychologiques,  qui  font  de  ce 
vohiiue  l'ut)  des  plus  variés  et  des  plus  intéressants  de  la  littérature 
<le  guerre.  J.  C.  T. 

Un  Type  «l'offlcier  ïranvais.  LoiiIh  de  dermont-Toiiiierrc. 
commaiidinii  d«  xoiiaves  (  1 1177- I ÎH  Jî),  par  Louis  Gm-let.  Paris, 
l'errin,  1919,  in-16  de  im-260,  avec  portrait.  —  Prix  :  3  fr.  50 

Monographie  plus  complète  que  les  articles  très  remarqués  parus 
dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  et  cependant  moins  poussée  que  ne  le 
sera  l'ouvrage  d'ensemble  qui  nous  est  promis  par  M.  Henry  Bor- 
deaux. Compagnon  d'armes  du  héros  dont  il  retrace  la  trop  courte 
existence,  M.  Gillet  fait  partager  l'émolion.  la  sympathie,  l'admira- 
tion qu'il  ressent.  Peu  de  modèles  d'un  officier  gentilhomme  seront 
plus  complets  et  mieux  significatifs  que  celui-ci.  Louis  de  Clermont- 
Tonnerre  apparaît  comme  le  reflet  moral  d'Albert  de  Mun  avec  qui 
la  comparaison  nous  est  offerte  à  chaque  page  et  dont  il  a  été  le  dis- 
ciple dans  la  vie  publique.  Cette  ressemblance  vient  d'une  parité 
frappante  sur  certains  points  :  la  naissance,  le  rang  social,  la  carrière 
militaire,  la  générosité  d'àme  vis-à-vis  des  classes  ouvrières,  le  sen- 
timent des  besoins  du  peuple,  la  compréhension  de  la  nécessité  d'une 
transformation  politique,  l'amour  de  l'Église,  le  sens  profond  de  ses 
doctrines  et  de  ses  lois.  Par  tout  cela  et  même  parle  rapprochement 
de  leurs  alliances,  Louis  de  Clermont-Tonnerre  fut  digne  qu'on  vît 
en  lui  le  successeur  d'Albert  de  Mun.  Mais  venu  dans  l'Œuvre  des 
<'ercles  aux  derniers  jours  de  son  mouvement,  avant  la  Grande  Guerre, 
alors  qu'un  peu  de  lassitude  se  faisait  sentir  dans  son  action,  il  n'est 
pas  tout  à  fait  «  représentatif  »  de  la  fraternité  spéciale  qui  a  uni  ses 
membres  aux  temps  héroïques  des  débuts  et  des  grands  développe- 
ments ;  la  meilleure  preuve  est  qu'il  sortit  volontairement  du  cadre 
des  cercles  et  ({ue  son  tempérament  s'accommodait  davantage,  ce  qui 
est  bien  naturel,  de  l'esprit  de  sa  génération  que  des  espérances  des 
survivants  de  1870.  Cette  nuance  n'est  pas  subtile,  elle  sera  comprise 
des  contemporains  qui  sont  le  trait  d'union  par  leur  âge  des  soldats 
des  deux  époques,  cadets  des  premiers,  aînés  des  seconds. 

Le  cœur  de  Louis  de  Clermont-Tonnerre  s'enflammait  pour  les 
grandes  idées,  les  causes  généreuses.  De  sa  terre  patrimoniale  en 
Picardie,  il  avait  fait  un  centre  d'activité  rurale,  économique,  agri- 
cole, domestique  et  la  description  que  donne  M.  Gillet  de  cette  c  belle 
demeure  de  famille  »,  le  château  de  Bertrangles,  est  charmante,  pit- 
toresque, instructive.  C'est  là  que  l'heure  de  la  mobilisation  sonna 
pour  M.  de  Clermout-ïonnerre  le  1"  août  1914  ;  après  un  rude  ser- 
vice d'état-major  au  bord  de  l'Yser.  il  crut  de  son  devoir  d'aller 
i^ffronter  des  périls  plus  grands  encore  dans  un  régiment,  il  choisit  le 


—  168   - 

4«  zouaves,  il  rejoignit  à  Verdun.  Pour  ses  soldats  il  fut  ce  qu'il  avait 
été  pour  ses  paysans,  un  exemple,  un  chef,  un  ami,  un  père.  Son 
influence  devint  immense.  Faire  plus  que  son  devoir  était  la  règle  de 
sa  conduite,  sa  façon  de  justifier  sa  supériorité  sociale  ;  ses  actes,  ses 
paroles,  ses  vertus  illustrent  vraiment  son  rôle.  On  nous  cite  cent 
traits  de  cette  bravoure  morale,  de  ce  patriotisme  ardent,  de  cette 
soif  de  sacrifices  couronnés  par  la  mort  du  héros  le  .30  mars  1918, 
quand  l'armée  soutenait  le  choc  suprême  des  hordes  allemandes. 

De  très  grandes  qualités  littéraires  inspirées  par  l'amour  de  son 
sujet  donnent  à  l'étude  de  M.  Gillet  im  mérite  pénétrant;  il  fut 
témoin  et  acteur,  il  devient  témoin  narrateur  et  son  livre  comptera 
parmi  les  meilleurs  de  celte  époque  chevaleresque  où  le  nom  de 
Clermoiit-Tonnerre  est  doublement  à  sa  place  comme  gentilhomme 
français  et  comme  soldat  chrétien.       Giiori-noY  de  Ghaindmaison. 


La  Uoiimaiiie  dans  la  guerre  et  dans  la  paix,  par  Nicolas  Basii.ksco. 
Paris,  Alcan.  1919,  2  vol.  in-16  de  375  à  340  p.  —  Prix:  15  fr. 

La  Guerre  roumaine,  1ÎH6-1Î)1Î5,  par  Miiîcea  Djuvaba.  Nancy-Paris- 
Strasbourg,  BLMgtM-Levrault,  1919,  petit  in-8  de  xv-335  p.  —  Prix  :  lÛ  fr. 

La  Question  roumaine,  par  Thomas  Jonesco.  Paris,  Payot,  1919,  2  voL 
petit  in-U)  de  i  19  et  lOT  p.  —  Prix  :  5  fr. 

îVos  Frères  roumains,  par  Léo  Claretif..  Paris-Nancy-Strasbourg,  s.  d.- 
(1919),  in-16  de  63  p.  —  Prix  :  0  fr.  90. 

—  11  est  intéressant  de  lire  parallèlement  trois  ouvrages  traitant  le 
même  sujet,  semblables  quant  à  leur  plan  et  à  leurs  conclusions, 
mais  dissemblables  quant  à  la  forme.  Les  trois  auteurs,  tous  trois 
hommes  politiques  éminents,  se  rencontrent  dans  une  pensée  com- 
mune, un  amour  profond  et  touchant  pour  la  France.  Tous  trois  ex- 
posent à  peu  près  de  la  même  manière  les  mêmes  faits  ;  ils  sont  d'ac- 
cord sur  la  politique  roumaine  au  début  de  la  Grande  Guerre,  sur  les 
modalités  de  lentrée  de  la  Roumanie  dans  la  lutte,  sur  les  causes  qui 
ont  amené  la  défaite  de  leur  pays  et  l'ont  contraint  à  accepter  la  paix 
éphémère  de  Bucarest.  Chacun  de  ces  ouvrages  donne  la  justification 
de  la  marche  si  critiquée  des  Roumains  sur  la  Transylvanie  et  prouve 
que  cette  stratégie  a  été  approuvée  par  l'Entente.  On  ne  peut  donc 
rien  reprocher  à  la  Roumanie.  Elle  est  entrée  en  guerre  par  amour  du 
droit,  alors  ([ue  soii  intérêt  immédiat  aurait  pu  la  porter  à  prendre 
les  armes  en  faveur  des  empires  centraux  ;  elle  nous  a  donné  son  con- 
cours au  moment  où  nous  l'avons  réclamé,  sauvant  ainsi  la  Russie  cl 
l'armée  de  Salonique  ;  elle  a  couru  vers  l'ennemi  alors  qu'elle  savait 
combien  son  armemement  était  insuffisant,  ses  approvisionnenionts 
incomplets,  son  isolement  plein  de  menaces,  car  elle  ne  communiciuail 
avec  l'Enlente  que  par  la   Russi(>.  I'".t  rependaiil.    malgré  toutes  ces- 


—    1(51)   — 


causes  (rinfirioriti-,  mal^MC  la  défection,  la  lialiiscui  des  Kiisï>os,  ht 
Houinanift  a  liiUt' jiiscjiran  bout,  a  fait  son  devoir,  plus  (juo  son  de- 
voir, a  niunlré  (jne  son  armée  pouvait  rivaliser  avec  les  meilleures,  si- 
bien  (jnen  août  I1H7,  trois  mois  avant  l'armistice,  elle  arrêtait  à  Ma- 
rasheslii  les  troupes  de  Mackensen  et  sauvait  ainsi  la  Moldavie.  En- 
suite vint  le  traité  de  Bucarest,  traité  «  sans  annexion  ni  indenuiilé  » 
et  qui,  en  fait,  consacrait  ou  plutôt  croyait  consacrer  la  main-mise 
absolue  de  l'Allemagne  sur  la  Roumanie,  l'accaparement  de  toutes  les 
richesses  de  ce  beau  pays,  la  fin  de  son  indépendance.  On  sait  com- 
ment la  victoire  de  l'Entente  déchira  ce  traité  ;  on  n'ignore  pas  que, 
depuis,  la  Roumanie,  continuant  sa  tâche,  a  donné  à  la  pusillanime 
Conférence  de  la  paix,  le  pins  bel  exemple  d'énergie,  de  décision, 
d'action,  dans  sa  lutte  contre  le  bolche\isme.  Ponrcjuoi  cet  exemple 
n'est-il  ni  compris,  ni  suivi  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  remercier  les 
auteurs  des  trois  ouvrages  que  nous  avons  sous  les  yeux,  d'avoir  si 
bien  contribué  à  faire  connaître  à  la  France  son  alliée  roumaine,  ses 
vertus,  son  héroïsme,  ses  souffrances,  de  ne  pas  avoir  caché  les  fautes 
commises  par  tous  les  alliés  à  l'égard  de  la  Roumanie,  enfin,  d'avoir 
montré  ce  qu'est  un  traité  imposé  par  l'Allemagne  et  combien,  hélas  î 
il  (lifTère  d'un  traité  consenti  à  l'Allemagne.  Ce  sont  là  des  choses 
bonnes  à  dire,  qui  doivent  être  clamées,  afin  que  nul  ne  les  ignore. 
Chacun  de  nos  auteurs  l'a  fait  avec  son  talent  particulier,  son  tempé- 
rament propre.  —  Le  député  Basilesco,  dans  le  premier  volume  de  la 
Roumanie  dans  la  guerre  et  dans  la  paix,  ne  ménage  pas  ses  critiques 
envers  le  roi  Carol  au  sujet  de  la  politique  intérieure  ;  il  complète  et 
justifie  son  récit  de  la  guerre  par  de  nombreuses  et  copieuses  notes 
renfermant  les  documents  les  plus  divers,  lettres,  articles  de  jour- 
naux, proclamations.  Le  second  volume,  qui  ne  le  cède  pas  en  inté- 
rêt au  premier,  est  un  acte  de  foi  dans  l'avenir  de  la  Roumanie  ;  l'au- 
teur y  esquisse  les  changements  d'ordre  divers  que  la  grande  Rouma- 
nie doit  accomplir,  en  franchissant  le  seuil  delà  nouvelle  et  brillante 
vie  qui  s'ouvre  devant  elle. 

—  M.  Mircea  Djuvara  paraît,  dans  la  Guerre  roumaine,  être  plus  satis- 
fait du  rôle  social  du  roi  Carol  que  ne  l'est  M.  Basilesco.  mais,  il  est 
d'accord  avec  celui-ci  dans  l'exposé  de  la  guerre  et  de  ses  causes.  Un 
très  important  et  très  complet  chapitre  est  consacré  au  traité  de  Bu- 
carest. 

—  Le  professeur  et  sénateur  Thomas  Jonesco  a  traité  la  Question 
roumaine  en  deux  petits  volumes.  Le  premier  résume  en  quelques 
pages  la  guerre  elle-même  ;  pour  le  reste,  il  présente  une  image  fidèle 
de  la  vie  politique,  sociale,  intellectuelle,  économique  et  financière 
vécue  par  la  Roumanie  moderne,  depuis  MTyJ  jusqu'à  nos  jours,  et 
de  ses  revendications  nationales.  Le  second  renferme  tout  d'abord  ua 


—  170  — 

discours  et  deux  articles,  témoignages  de  la  lutte  soutenue  par  l'au- 
teur pour  l'entrée  en  guerre  de  la  Roumanie  ;  les  deux  conférences  qui 
suivent  résument  l'une,  l'histoire  des  Roumains  de  Transylvanie, 
l'autre,  les  relations  de  la  Roumanie  avec  la  France,  depuis  des  temps 
immémoriaux.  Enfin,  le  volume  se  termine  par  une  description  vivante 
de  la  grande  manifestation  nationaliste  d'Alba-Julia. 

—  C'est  ensuite  un  Français,  M.  Léo  Claretie,  qui,  à  son  tour,  veut 
nous  faire  connaître  i\os  Frères  roiunaiiis  dans  une  excellente  bro- 
chure qui  se  vend  bon  marché  (0  fr.  90),  ce  qui  est  à  signaler,  par  ces 
temps  de  vie  chère  :  l'auteur,  prouvant  tout  d'abord  la  latinité  des 
Roumains,  nous  donne  ainsi  le  motif  de  notre  sympathie  ;  il  montre 
ensuite  ce  qu'a  été  la  Roumanie  dans  le  passé,  ce  qu'elle  est  actuel- 
lement, ce  qu'elle  sera  dans  l'avenir  ;  enfin,  de  charmants  chapitres, 
bourrés  d'anecdotes  spirituelles  ou  pittoresques,  finement  racontées, 
sont  consacrés  aux  souverains,  aux  villes,  aux  paysans,  aux  paysages. 
L'ensemble  forme  une  plaquette  fort  intéressante,  d'une  excellente 
tenue  littéraire,  digne  de  son  auteur  et  de  son  sujet.         J.  C.  T. 


Les  Etapes  de  la  crise  (jrecque,  1915-lî)l}{,  par  CiiAni.KS  Fuégikr. 
Paris,  Bossard,  1911»,  in-lG  de  294  p.  —  Prix  :  3  fr.  DU. 

«  Dans  les  petites  boîtes,  les  bons  onguents.  »  (^e  qui  est  vrai  des 
boîtes  l'est,  souvent,  des  livres,  et  le  contenu  de  ce  petit  ouvrage  est 
vraiment  excellent.  L'auteur  a  essayé,  non  sans  succès,  de  ne  pas  se 
laisser  influencer  par  son  philhellénisme,  malgré  tout  transparent, 
pour  exposer,  en  toute  liberté  d'esprit  et  impartialité,  les  étapes  de 
la  crise  grecque.  Mettant  de  côté  tout  sentiment  qui  risquerait  d'in- 
fluencer son  jugement,  il  ne  fait  appel  qu'à  la  raison,  non  pas  pour 
écrire  une  histoire  suivie  de  la  crise  grecfpie,  mais  pour  en  noter  au 
jour  le  jour  les  étapes,  les  jalons  principaux,  en  les  ilhistranl  de 
documents,  de  discours,  reproduits,  quand  il  y  a  lieu,  presque  in- 
extcnso.  Cette  méthode  didacti(iue,  qui  oblige  le  lecteur  à  réfléchir  et 
l'amène  à  tirer  lui-même  des  conclusions  qui  sont  inéluctables  parce 
qu'elles  sont  évitlentes  et  s'imposent  parce  qu'elles  sont  vraies,  a 
conduit  M.  Charles  Frégier  à  écrire  des  pages  d'un  intérêt  singulier. 
Est-ce  à  elle  que  tous  les  philhellènes  —  qui,  souvent,  connaissent 
bien  mal  l'objet  de  leurs  amours  —  seront  satisfaits?  Non  pas;  mais 
tous  les  lecteurs  qui. ont  frécpienté  les  Grecs  partageront  les  opinions 
de  ranteiir,  en  particulier  lorsfpie  celui-ci  affirme  que  les  Grecs  de 
l'f'xtérieur  sont  très  difl'érents  des  (ùecs  du  royaume,  en  leur  étant 
très  supérieurs,  et  demandent  leur  indépîndance,  bien  plu.s  (jue  leur 
union  à  la  Grèce.  La  présence  do  \'enizelos  à  la  tète  du  gouvernement 
peut,  actuellement,  faire  illusion,  mais  le  jour  où  le  grand  homme 
d'Étal  disparaîtra,  on  no  l.irdcra  j);>s  à  voir  la  scission  des   territoires 


—  171   — 

peuplés  en  plus  ou  moins  grande  rn.ijorilé  (rilcllènes.  el  le  royaume 
grec  rentrer  ainsi  dans  les  limites  que  lui  injposc  sa  capacité  politique 

J.  C  T. 

Notes  Huv  le  Jsipoii.  Le  Japon  pcndaul  la  guerre  europ<^eiine 
lîMl-lOl».  par  Michel  Ribaud.  Paris,  Lelliicll.ux.  1910.  iii-12  de 
264  p.  —  Prix  ;  3  fr.  50. 

Ces  Notes  sur  le  Japo/i,  dont  la  première  Cst  datée  du  9  juillet  1915, 
ont  été  écrites  an  jour  le  jour,  inspirées  par  les  événements  japonais 
dont  l'auteur  était  le  témoin  averti,  au  cours  de  la  guerre.  Cette  forme 
de  journal,  si  elle  enlève  quelque  unité  à  ce  volume  destiné  à  faire 
connaître  l'effort  généreux  et  loyal  du  Japon  à  nos  côtés,  lui  donne 
par  contre  beaucoup  de  vie.  En  outre,  comme  l'auteur  ne  s'est  pas 
borné  à  exposer  le  rôle  de  l'empire  du  Soleil  levant  pendant  la 
guerre,  mais  s'est  laissé  volontiers  entraîner  par  l'actualité  à  tracer 
des  portraits  fort  réussis  d'hommes  d'I-^tat  et  de  philosophes,  des 
croquis  de  paysages  et  de  mœurs,  des  esquisses  de  littérature  et  d'art, 
l'ouvrage  forme  un  ensemble  singulièrement  attrayant  et  instructif. 
L'intérêt  en  est  encore  accru  par  une  Introduction  substantielle,  page 
d'histoire  remarquable,  dans  laquelle  l'auteur  jette  un  regret  rétros- 
pectif sur  l'effort  nippon  depuis  le  début  des  hostilités  jusqu'à 
l'époque  de  la  première  de  ces  notes  et  même,  pour  rattacher  l'effet  à 
ses  causes,  le  récit  remonte  jusqu'en  juillet  1012,  date  de  l'événement 
de  Yoshi-Hito,  l'empereur  actuel. 

Après  avoir  dit  tout  le  bien  que  je  pense  de  ce  livre,  M.  Michel 
Hibaud  më  pardonnera  certainement  d'exprimer  le  regret  de  ne  pas 
avoir  trouvé  dans  ces  pages  un  exposé  de  la  situation  des  catholiques 
au  Japon,  dont  l'influence,  au  cours  de  la  guerre,  n'a  pas  été  négli- 
gealile.  Quelques  lignes  sont  seulement,  ii]cidemment,  consacrées  au 
catliolicisme,  et  c'est  peu.  Doit-on  croire  que  la  censure,  dont  les 
coups  de  ciseaux  ont  laissé  des  traces  visibles,  s'est  ici  exercée  ? 

J.  C.  T. 

Les  Etats-Unis  et  la  («uerre.  De  la  iieulrallté  ii  la  croisade,  par 

Emile  IIovelaque.  Paris.  Alcan,  1919,  in-S  de  4u9  p.  —  Prix  :  10  fr. 
Les  Etats-Unis  d'Amérique  et  le  Conflit   européen  (^  août  191U- 
6  avril  1917),  par  Achille  Viallate.  Paris,  Alcaii.  1910,  in-16  de  x-315  p. 

—  Prix  :  3  fr.  50. 

Messatjes,  discours,  documents  diplomatiques  relatifs  à  la 
guerre  mondiale,  I  Jî  août  1914-8  Janvier  1918,  du  président 
W.  Wilson  ;  trad.  confoniïe  aux  textes  officiels  publiée  avec  dos  notes  his- 
toriques et  un  Index  par  Désiré  Rovstan.  Paris.  Bossard.  1919.  2  vol. 
in-8  ensemble  de  524  p.  —  Prix  :  9  fr. 

—  L'intérêt  des  études  que  M.  Emile  IIovelaque   réunit  dans  son 
livre  :  Les  États-Lnis  et  la  Guerre  vient  de  ce  qu'elles  ont  été  écrites 


—   172  — 

ail  jour  le  jour.  Nous  y  trouvons  l'apprécialioii  des  évéïiemetits  avant 
qu'ils  aient  pris  leur  orientation  définitive.  L'auteur  se  trouvait  aux 
lî;tats-Unis  dans  les  premiers  mois  de  la  guerre  et,  connaissant  parfai- 
tement l'âme  américaine,  il  nous  explique  quelques-unes  des  raisons 
qui  ont  retardé  si  longtemps  l'entrée  des  Américains  dans  la  lutte  ; 
il  nous  fait  comprendre  l'extrême  complexité  de  cette  race  et  de  ce 
pays,  qui  nous  déconcerte  toujours  par  la  manière  dont  il  unit  l'idéa- 
lisme au  réalisme.  L'opinion  publique  y  est  encore  plus  malléable, 
plus  fluide  que  dans  la  vieille  Europe.  M.  Ilovelaque  a  réussi  assez 
bien  à  saisir  ce  mouvement  et  à  nous  le  montrer,  à  travers  l'œuvre 
des  écrivains  américains  pendant  la  guerre  comme  dans  les  transports 
populaiics  qui,  de  l'est  à  l'ouest  des  États-Unis,  ont  accueilli  la  mis- 
sion Joffre-V^iviani.  Nous  avons  à  ce  propos  l'occasion  de  faire  une 
remarque  intéressante  dans  l'ordre  psychologique,  en  notant  l'effet 
produit  par  l'éloquence  de  M.  Viviani  sur  des  gens  qui  ne  compre- 
naient pas  le  français,  alors  qu'à  la  lecture  ses  discours  nous  pa- 
raissent si  vides  (voir  notamment  les  phrases  sonores  et  creuses  citées- 
p.  311).  Pour  M.  Ilovelaque  le  mérite  et  la  force  du  président  Wilson 
sont  d'avoir  parfaitement  exprimé  l'àme  de  son  peuple  :  l'Amérique 
voulant  étendre  à  l'Europe  et  au  montle  la  religion  tle  la  solidarité 
humaine  a  trouvé  Wilson  comme  prophète.  M.  Hovelaque  demande 
aux  gouvernements  de  l'Entente  ci  de  reconnaître  la  grandeur  de  la 
force  qui  s'oppose  à  leurs  combinaisons  intéressées.  »  11  écrivait  en 
septembre  1918  :  Dans  quelle  mesure  cette  force  est-elle  désintéressée 
elle-même  et  quels  objectifs  a-t-elle  poursuivis  consciemment  ou  in- 
consciemment derrière  les  bouleversements  qu'elle  a  imposés  à  l'Eu- 
rope centrale  ?  C'est  ce  que  l'auteur  ne  dit  pas. 

—  M.  Achille  Viallate,  à  la  dernière  page  de  son  volume  :  Les  Élals- 
l'nls  d'Amérique  et  le  Conjïit  européen,  glisse  aussi  un  simple  mot  sur 
le  double  caractère  réaliste  et  idéaliste  des  Américains.  On  aimerait 
voir  cette  question,  traitée  à  fond  :  il  y  a  là  un  beau  sujet  d'étude, 
aussi  intéressant  en  ce  qui  concerne  les  Anglais  que  les  Américains, 
Rien  d'amusant  comme  d'entendre  les  Anglais  nous  reprocher,  à 
nous,  Français,  notre  affreux  réali.uue  et  lui  opposer  le  désintéresse- 
ment britannique.  Au  coujmencement  de  iillT,  le  Supplément  litté- 
raire du  Times  avait  amorcé  sur  ce  sujet  une  discussion  avec 
M.  Charles  Maurras,  à  lacjnelle  je  ne  sache  pas  que  celui-ci  ait  jamais 
répondu.  La  période  étudiée  par  M.  Achille  Viallate  —  il  devrait 
bien  nous  donner  la  suite  —  j)rend  lin  le  0  avril  1917.  Il  complète 
heureusement  l'oux  rage  aux  vues  pénétrantes,  mais  un  peu  lhéori(iurs 
de  David  Jaync  Ilill  :  Iji  drise  de  hi  déntocralie  aux  Étals-l  iiis. 
Comme  on  pouvait  l'attendre  de  sa  part,  il  s'altache  principalement 
aux  questions  politiques,  financières  et  économiciue^,  dont  il  est  ui\ 


—  17;{ 

des  spécialistes  les  mieux  informés.  Son  nom  est  la  plus  sûre  garantie 
<le  la  solidité  de  ces  études.  Le  chapitre  intitulé  :  a  Les  Conséquences 
du  conflit  pour  les  États-Unis  »  est,  pour  l'étendue  et  la  justesse  des 
vues,  comparable  aux  fameux  articles  publiés  par  le  Correspondant 
dès  1916  et  1917,  sous  la  signature  •**  qui.  sur  le  moment,  avaient 
jaru  si  osés  et  dont  l'événement  a  démontré  le  bien  fondé. 
Le  livre  de  M.  Viallate  nous  présente  un  président  VVilson  que  l'on 
•comparera  utilement  aux  portraits  que  nous  en  ont  donnés,  dans  des 
-ouvrages  qui  demeureront  classiques,  Daniel  Halévy  et  Sir  Thomas 
Barelay. 

—  Il  ne  dispensera  pas  de  se  reporter  au  texte  même  des  Messages 
-et  Discours  du  Président  ;  c'est  là  seulement  que  l'on  trouvera  le  fond 
même  de  ses  idées  avec  l'expression  qu'il  a  cru  devoir  leur  donner 
suivant  les  moments  et  les  circonstances.  M.  William  Martin  a  dit 
de  Wilson  (Journal  de  Genève  du  18  juin  1919)  :  «  Cet  homme  a  un 
talent  unique  d'exposition  et  d'argumentation.  »  C'est  vrai.  11  ajoute  : 
-«  sa  pensée,  cohérente  et  systématique,  emporte  la  conviction  et 
l'adhésion.  Seuls,  ceux  qui  n'ont  jamais  lu  ses  discours  j)euvent  le 
traiter  de  phraseur  et  de  bavard.  Chacune  de  ses  paroles  est  au  con- 
■traire  un  acte  par  la  force  intense  qu'elle  contient.  »  Oui,  sous  la 
réserve  que  sa  pensée  n'emporte  pas  toujours  l'adhésion,  car  elle  est 
•  quelquefois  complètement  fausse  —  il  entremêle  le  faux  au  vrai 
•comme  le  faisait  Jaurès  ;  —  il  fait  penser  à  un  Jaurès  sans  l'éclat  du 
,  verbe,  un  Jaurès  qui  ne  serait  pas  du  !Midi.  —  11  est  victime  de  ses  illu- 
sions. Certaines  de  ses  assertions  qui,  sur  le  moment,  choquaient  à  la 
rfois  la  vérité  historique  et  le  bon  sens,  ont  déjà  reçu  des  faits  d'éclatants 
démentis.  A  côté,  de  belles  envolées.  C'est  pourquoi  le  recueil  publié 
par  M.  Désiré  Roustan  mérite  d'être  accueilli  avec  reconnaissance.  11 
-«st  bien  présenté  ;  une  brève  notice  historique  précède  chaque  docu- 
ment, l'ouvrage  est  complété  par  un  iïidex  alphabétique.  Mais  puisque 
le  titre  annonce  aussi  Documg/^/s  diplomatiques,  nous  lui  reprocherons 
d'avoir  complètement  passé  sous  silence  ceux  des  années  1914,  1915 
et  1916  relatifs  aux  difficultés  qui  s'élevèrent  entre  les  États-Unis  et 
la  Grande-Bretagne,  touchant  la  violation  par  celle-ci  des  conventions 
maritimes  internationales.  Les  protestations  des  États-Unis  à  ce  sujet 
sont  pourtant  d'un  puissant  intérêt  et  avaient  leur  place  indiquée 
dans  un  recueil  de  ce  genre. 

La  traduction  est  bonne,  comme  on  pouvait  l'attendre  de 
M.  D.  Roustan.  Pour  la  réponse  du  Président  aux  propositions  du 
Pape  en  faveur  de  la  paix  (27  août  1917),  il  s'est  gardé  de  donner  le 
document  triplement  falsifié,  par  suppressions,  additions  et  altéra- 
tions de  texte,  que  les  agences  avaient  répandu  dans  le  monde  entier 
et  qui  fit  foi  dans  toute  la  presse  française  jusqu'à  ce  que  l'Humanilé 


-  ni  — 

(18  septembre)  et  les  Études  (5  octobre)  aient  rétabli  la  vérité  en  jux- 
taposant le  texte  réel  et  le  texte  sciemment  dénaturé  qu'avait  authen- 
tifié le  Bureau  de  la  Presse. 

Le  dernier  document  publié  est  le  discours  prononcé  par  le  prési- 
dent Wilson  le  4  mars  1919  à  la  veille  de  son  second  départ  pour  l'Eu- 
rope. Le  traducteur  et  l'éditeur  tious  doivent  un  troisième  et,  s'il  le 
faut,  un  quatrième  volume  contenant  les  discours  prononcés  au  Sénat 
américain  lors  de  la  discussion  du  traité  de  paix.  Que  ne  peuvent;ils 
encore  joindre  à  ses  manifestations  oratoires  le  texte  exact  de  ses  in- 
terventions au  cours  des  discussions  tenues  au  Conseil  des  Cinq?  La 
figure  extraordinaire  du  président  Wilson,  la  place  immense  qu'il 
tient  aujourd'hui  dans  le  monde  méritent  que  l'on  nous  donne  tous 
les  éléments  capables  de  nous  aider  à  nous  faire  »ine  juste  idée  de  son 
rôle.  A.  DE  Tarlé. 


Le  Monde  oriental  et  le  Problème  de  la  paix.  Le  Présent  à  la 
lumière  du  passé,  par  Basiubeg  ni:  Duragjin.  Paris,  Perrin,  1919, 
in-16  do  xxxvi-214  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  prince  sociologue  Basribeg  de  Diikagjin,  président  du  gouverne- 
meùt  national  albanais  et  chef  du  pouvoir  exécutif,  ancien  député  au 
Parlement  ottoman,  musulman  de  religion,  s'est  proposé,  dans  ce  très 
curieux  et  fort  intéressant  volume,  tout  d'abord  de  faire  le  procès  du 
parti  soi-disant  jeune  turc  et  du  comité  «  Union  et  Progrès  »,  fondé 
par  quelques  juifs  renégats  francs-maçons.  11  étudie  ensuite  la  crise 
jeune-turque,  puis  la  crise  ottomane  et  essaie  de  démontrer  que  la 
seule  façon  de  résoudre  la  question  d'Orient,  de  ramener  le  calme 
dans  les  Balkans  est  de  maintenir  l'intégralité  de  l'empire  ottoman  et 
le  pouvoir  du  sultan-khalife.  11  est  difficile  de  souscrire  complète- 
ment à  celle  conclusion,  bien  qu'il  soit  évident  (ju'il  serait  pour  le 
moins  prudent  d'opposer  un  khalife  turc  au  khalife  arabe  inventé 
avec  tant  de  légèreté  par  les  Anglais  pour  le  plus  grand  danger  de  la 
civilisation  et  les  plus  graves  ennuis  pour  la  France,  fidèle  alliée  de 
l'Angleterre.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  thèse  de  l'auteur  est  souterme  avec 
un  talent  si  original  qu'elle  ne  saurait  passer  inaperçue  ;  elle  s'impose 
d'autant  plus  à  l'attention  que  l'influence  du  piince  Basribeg  de 
Dukagjin  est  grande  et  que,  par  suite,  ses  idées  doivent  avoir  une 
grande  diffusion. 

C'est  avec  plaisir  que  l'on  peut  donner  entièrement  raison  à  l'au- 
teur lorsqu'il  affirme  qu'il  ne  faut  jias  confonilre  les  États  avec  leurs 
gouvernements,  ou  bien  lorsqu'il  répète,  après  tant  d'autres,  que 
«  ceux  qui  connaissent  les  Turcs  (il  faudrait  ajouter:  ceux  de  l'Ana- 
tolie)  sont  toujours  pour  eux  mais  que  dire  de  celle  citation  de 
Claude   Farrère,  approuvée  par  l'auteur  :  «  la  défaite  turque  fut  un 


—  I7r>  — 

recul  pour  la  civilisation  »,  ou  de  celle  aulie,  d'une  revue  japonaise  : 
«  La  religion,  rcsle  des  âges  barbares  el  incultes,  ne  saurait  convenir 
à  une  époque  où  l'esprit  buniain  est  en  pleine  eirervcscence  ?  •>  Celle 
dernière  citation,  qui  donne  une  idée  exacte  de  l'esprit  qui  souffle 
dans  ce  livre,  nous  surprend  sous  la  jilunie  d'un  musulman.  Il  est 
vrai  que  celui-ci  se  dit  Européen,  par  son  éducation,  son  instruction 
et  son  origine...  J.  C.  "^r. 


Les  Garanties  de  la  paix.  2''  partie    Examen  c.rHuine.  par  YvEs-CitiOT. 

Paris.  Alcaii,  l'JIS,  in-l6  de  x-287  p.  —  Prix  :  W  fr.  50. 

La  Paix  dostiiiéc  à  terminer  la  Giaiide  Guerre  n'est  pas  moins  diili- 
cile  à  fonder  solidement  (pie  l'clait  celte  guerre  même  à  conduire  à 
la  victoire.  C'est  pourquoi  les  conditions  en  ont  été  discutées  par  le& 
publicistes  longtemps  d'avance.  M.  Yves  Gnyot  y  a  consacré  un 
ouvrage  intitulé  :  Les  Garanties  de  la  paix.  Dans  un  premier  volume  : 
Les  Leçons  dupasse,  il  avait  étudié  les  faits  les  plus  caractéristiques 

[  de  riiisloire  des  conceptions  diplomatiques  depuis  le  wu*  -siècle.  11 
a  employé  un  second  volume  à  un  Examen  critique  des  «  programmes 

;  de  paix  opposés  par  les  Alliés  aux  buts  de  guerre  des  empires  <en- 
Iraux  »  el  a  essayé  de  «  déterminer  les  solutions  qu'ils  impliquent.  » 

f  Cet  examen  est  partagé  en  six  livres  :  I.  Les  Buts  de  guerre  et  les  pro- 
grammes de  paix.  11.  La  Question  des  nationalités.  III.  La  Monarcliie 
austro-bongroise  et  les  nationalités.  IV.  La  Dissolution  de  l'Empire 
allemand.  V.  Autres  solutions  nécessaires.  VI.  La  Société  des  nations. 
Il  peut  être  intéressant  pour  les  diplomates  elles  publicistes  de  com- 
parer les  conditions  de  la  Grande  Paix  proposées  par  M.  Yves  Guyot 
à  celles  qui  ont  prévalu.  M.  S. 


Les  Temps   nouveaux.  1  îi!  4- iî>lî}.  Paroles   de   la    yuerre,  par 

Mgr  Gibier.  Paris,  Téqni,  1919,  in-12  de  xn-338  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Toujours  prêt  à  consoler,  à  encourager,  à  instruire  ses  diocésains, 
à  orienter  leurs  cœurs  vers  Dieu  el  à  discipliner  leurs  bonnes  volon- 
tés, l'évêque  de  Versailles  a  su  aussi  exaller  magnifiquement  la  vail- 
lance des  héros  pendant  la  guerre.  On  a  bien  fait  de  recueillir  les 
exborlalions,  les  allocutions  et  les  discours  qu'il  a  prononcés  dans 
les  circonstances  les  plus  diverses  durant  celte  période  épique.  Le 
livre  qui  en  est  composé  vibre  encore  de  sa  parole  ardente,  pressée, 
toujours  pourvue  de  faits,  étrangement  experte  à  en  dégager  un  ensei- 
gnement, précise  jusque  dans  l'émotion,  incapable  de  s'arrêtera  un 
mirage  ou  de  se  complaire  à  des  développements  purement  oratoires. 
A  l'entendre,  on  apprend  beaucoup  de  choses  :  des  âmes  y  révèlent 
leur  beauté,  âmes  de  chefs  ou  de  petits  soldats,  âmes  de  prêtres  ou 


—  176  — 

-d'aspirants  au  sacerdoce;  les  vérités  les  plus  consolantes  et  les  plus 
Ioniques  y  sont  rappelées  ;  les  exemples  les  plus  entraînants  y  sont 
exposés;  des  appels  émouvants  y  retentissent.  C'est  dire  qu'on  est 
pris  à  la  fois  par  le  cœur,  par  la  sensibilité,  par  la  réflexion,  et  qu'on 
ne  peut  pas  manquer  d'en  sortir  meilleur.  Ch.  Landry. 


La   Psychologie  «lu  soldat,  par   L.  Huot  et  P.   Voivenel.    Paris,   La 
Renaissance  du   livre,  s.  d.  (1919),  in-18  de  xvi-167  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Les  auteurs  sont  des  spécialistes  habitués  à  l'examen  clinique  du 
système  nerveux  et  la  guerre  les  a  mis  pendant  plusieurs  années  en 
contact  avec  les  combattants  :  personne  ne  pouvait  mieux  qu'eux 
étudier  la  Psychologie  du  soldai. 

Ils  examinent  d'abord  les  divers  types  de  soldats  :  la  mobilisation 
ayant  appelé  tout  le  monde  sous  les  armes,  les  unités  combattantes, 
surtout  au  début,  comprenaient  toutes  les  classes  de  la  société,  bour- 
geois, aristocrates,  prêtres,  ouvriers,  paysans,  intellectuels  et  igno- 
rants étaient  confondus  dans  le  môme  moule,  les  mêmes  dangers,  les 
mêmes  fatigues  et  la  même  discipline.  La  première  partie  de  l'ou- 
vrage est  consacrée  à  l'étude  de  chacun  de  ces  éléments  sociaux  dont 
est  formée  l'armée  actuelle.  Comment  ont-ils  réagi,  chacun  en  parti- 
culier et  tous  en  général  et  comment  ont-ils  manifesté  leurs  réactions 
psychologiques  ;  voilà  tout  l'intérêt  de  ce  chapitre.  Nous  n'avons  pas 
l'intention  de  le  suivre  pas  à  pas  ;  ces  descriptions  sont  intéressantes 
bien  que  quelques  unes  nous  aient  paru  refléter  les  préventions  per- 
sonnelles des  observateurs  contre  certains  types  sociaux.  II  s'en  dégage 
cependant  une  conclusion  générale  très  importante  parce  qu'elle  est 
contraire  à  l'opinion  courante.  On  pensait  généralement  que  la  vie  en 
commun  au  milieu  des  dangers  et  surtout  des  souffrances  avait  un 
peu  transformé  ces  individualités  venues  de  toutes  les  classes,  les 
avait  un  peu  unifiées,  en  avait  fait  des  soldats  sinon  identiques  du 
moins  analogues  ;  oji  espérait  que  l'influence  des  plus  intellectuels  se 
serait  exercée  sur  les  autres  et  que  de  cette  fusion  des  personnes  résul- 
terait une  estime  réciproriue  et  inie  attéiuiation  de  la  haine  de  classe. 

Les  auteurs  sont  d'un  avis  tout  à  fait  opposé.  La  guerre,  pour  eux, 
n'a  pas  transformé  les  individus.  Le  changement  de  vie  a  été  trop 
complet  pour  qu'il  y  ait  eu  transformation  et  les  souffrances  trop 
grandes  pour  qu'il  y  ait  adaptation.  Chacun  a  subi  son  sort  avec  le 
désir  de  le  voir  se  terminer,  mais  a  conservé  ses  idées,  ses  préjugés, 
ses  défauts  et  ses  qualités  sans  en  rien  faire  partager  au  voisin.  Il  eût 
fallu  pour  une  fusion  des  caractères  une  vie  moins  difFérente  de  la 
vie  normale.  De  tout  cela  restera  seulement  le  fait  d'avoir  été  u  sol- 
dat »,  ce  qui  pourra  peiit-être  servir  de  point  de  départ  à  des  groupe- 
ments dont  les  effets  seront  parfois  inattendus. 


^    177  — 

Donc,  le  soldai  garde  ses  caractéristic|iies  sociales  essentielles  sous 
les  iiiodificalioiis  ajipoiiées  par  le  milieu  nouveau.  D'ailleurs  il  n'est 
vraiment  «  soldai  »  (lu'à  la  bataille,  le  reste  du  temps,  c'est  un  «  mi- 
litaiie.  »  La  caractéristique  du  soldat  c'est  l'enivrement  dans  la 
bataille  et  au  voisinage  de  la  mort.  Là  fst  le  véritable  miracle  de  la 
guerre.  Ce  n'est  pas  en  elfet  sans  surprise  qu'on  a  vu  les  plus  farouches 
antimilitaristes  et  internationalistes  mourir  bravement  pour  un  bout 
de  ruban  ! 

La  vie  dans  les  tranchées  n'a  pas  autrement  modifié  le  soldat.  Hir- 
sute au  début,  mieux  outillé  et  organisé  par  la  suite,  il  est  icsté  figé 
dans  ses  caractéristiques  sociales. 

Enfin  les  auteurs  étudient  quelques  réactions  psychologiques  du 
soldat  en  présence  de  la  mort,  de  la  gaieté,  de  l'amour.  Le  soldat 
n'est  ému  par  la  mort  «  que  quand  il  la  revoit  avec  des  yeux  de 
civil  »;  alors  s'il  revient  sain  et  sauf  d'une  attaque  dangereuse,  le 
premier  moment  de  stupeur  passé,  c'est  la  joie  qui  domine,  la  joie 
de  vivre.  Quant  à  la  gaieté  proverbiale  du  soldat  français  elle  paraît 
être  surtout  une  consolation  dans  le  malheur,  une  tentative  de 
l'homme  pour  s'évader  de  son  métier  et  l'oublier  un  instant  ;  la  dis- 
traction est  une  diversion.  Enfin  le  soldat  pense  peu  à  l'amour  ; 
l'amour  et  la  mort  ((  c'est  un  vieux  bateau  littéraire  »  ;  «  l'amour 
n'aime  pas  la  mort,  ni  la  gloire,  sauf  dans  les  livres.  « 

Ces  conclusions  sont  un  peu  pessimistes  ;  elles  sont  cependant  le 
fruit  du  travail  de  ceux  qui  ont  vu  de  près.  C'est  une  déception  pour 
nous  de  penser  que  chaque  classe  reviendra  comme  elle  est  partie 
sans  avoir  en  rien  profité  des  grandes  leçons  du  cataclysme  dont  il  ne 
restera  que  des  ruines. 

Espérons  que  les  auteurs  se  trompent  et  que,  soldats  eux-mêmes 
par  occasion,  ils  ont  voulu  observer  uniquement  en  médecins,  n'ont 
rien  perdu  à  la  guerre  de  leurs  qualités  d'observateurs  réalistes,  mais 
qu'ils  n'ont  pu  y  devenir  aussi  bons  sociologues  que  bons  médecins 
et  soldats  courageux.  D'  Fehrand. 


—  La  brochure  de  M.  Valsenard,  correspondant  de  guerre,  qui  a 
pour  titre  :  Les  Héros  de  la  Grande  Guerre.  Hurrah  !  tes  cols  bleus  ! 
(Royan,  imprimerie  royannaise,  l'JlD.  petit  iu-8  de  46  p.  Prix  :  i  fr.) 
est  une  bonne  œuvre,  une  œuvre  de  justice.  L'auteur,  qui  a  vu  de  près 
les  équipages  de  la  marine  de  commerce,  et,  en  particulier,  les  pa- 
trouilleurs, s'est  créé  le  devoir  de  faire  connaître  le  courage  sublime 
_  ^vec  lequel  ces  obscurs  serviteurs  de  la  France  ont  rempli  pendant 
toute  la  guerre,  sans  répit,  par  tous  les  temps,  la  besogne  la  plus 
rude,  la  plus  pénible,  la  plus  périlleuse,  mais  aussi,  la  plus  uéces- 
OcTOBRE  1019.  T.  CXLVl.  12. 


—  178  — 

saire,  de  toutes  celles  qui  se  sont  imposées  au  cours  de  ces  cinq  an- 
nées. Cette  lAche  qui  pourrait  paraître  surhumaine  aux  terriens  qui  !ie 
savent  pas  ce  que  l'on  peut  attendre  de  nos  matelots,  doit  être  connue,. 
claironnée.  On  peut  donc  féliciter  le  correspondant  de  guerre  qui  se 
cache  sous  le  pseudonyme  de  Valsenard  de  l'avoir  tenté,  en  réunis- 
sant dans  une  trop  courte  iDrochure  ces  pages  émouvantes  qui  avaient 
paru  en  1918  dans  le  Journal  de  Royaii. 

—  L'élégante  plaquette  intitulée  :  La  France  à  Metz  (Paris,  de  Gi- 
gord,  1919,  in-8  de  55  p.),  de  M.  l'abhé  Thellier  de  Poncheville,  relate 
ce  que  fut  l'entrée  triomphale  à  Metz  le  15  décembre  1918,  le  discours 
qu'il  prononça  quatre  jours  plus  tard  au  service  funèbre  célébré 
dans  la  cathédrale,  l'émotion  qui  se  dégagea  de  la  célébration  de  la 
messe  de  minuit  le  jour  de  Noël,  les  paroles  par  lesquelles  il  exalta 
les  héros,  le  14  janvier  Suivant,  à  la  messe  du  souvenir.  L'éloquence 
s'y  unit  partout  à  l'information  la  plus  directe. 

—  Dans  sa  dernière  livraison  (août-septembre  1919,  t.  CXLYI, 
p.  91-92)  le  Polyblblion  a  rendu  compte  du  livre  de  M.  Edmond  Re- 
couly  :  Foch,  le  vainqueur  de  la  guerre.  L'exemplaire  qui  nous  était 
parvenu  à  cet  effet  se  présentait  en  brochure  ordinaire.  Depuis,  la 
maison  Hachette  a  mis  en  vente  (au  prix  de  5  îr.)  une  édition  exacte- 
ment semblable,  mi-reliure  souple  et  solide  dont  les  feuillets  sont 
tranchés  à  la  machine,  ce  qui  évite  au  lecteur  la  peine  de  les  couper 
lui-même.  Ce  n'est  là  qu'un  début;  la  librairie  Hachette  se  propose 
de  continuer  cette  formule  d'édition,  qui  plaira  certainement  aux 
gens  pressés. 

—  Un  peu  tardivement  se  présente  pour  nous  l'occasion  de  parler 
ici  de  la  livraison  spéciale  qne  le  Monde  illustré,  le  14  septembre  1918, 
c'est-à  dire  avant  sa  récente  réorganisation,  a  consacrée  à  l'Alsace 
et  à  la  Lorraine  (in-folio  de  50  p.,  avec  de  nombreuses  illustration» 
en  couleurs  et  en  noir.  Prix  :  4  fr.).  A  celte  date,  nul  ne  pouvait  déjà 
plus  douter  de  l'issue  de  la  lutte  de  l'Entente  contre  l'Allemagne 
et  ses  alliés  ;  mais  enfin  personne  n'eût  osé  allirmer  qu'avant  deux 
mois  l'ennemi  serait  à  genoux.  —  Voici  ce  que  l'on  trouve  dans  ce 
riche  fascicule  :  en  tête,  placée  dans  un  cartouche  environné  d'un  fac- 
similé  des  signatures,  la  fin  de  la  Déclaration  des  députés  d'Alsace- 
Lorraine  à  l'Assemblée  nationale  (Bordeaux,  17  février  1871).  Puis  Ifs 
articles  suivants,  d'importance  variable  :  L'Alsace-Lorraine  rédiniée  cl 
rédemptrice,  par  M.  Louis  Barthou  (1  grav.)  ;  L'Avenir  de  l'Alsace— ^ 
Lorraine,  par  R.  René  Besnard  (1  grav.);  Les  Souffrances  de  l'Alsace 
pendant  la  (juerrc,  par  M.  P.-.V.  Helmer  (1  grav.)  ;  4  pages,  avec 
12  illustrations  en  couleurs  dans  le, texte,  occupées  par  l'Alsace  et  la 
Lorraine  i)Htores<iues,  d(;  M.  Emile  Hinzelin  ;  L'Alsace-Lorraine  et  la 
Guerre,  par  M.  Anselme  Laugol  (18  grav.)  ;  Soldats  d' Alsace  et  de  Lor~ 


—   17'.» 


raine,  j»af  M.  (î.  Loiio(reil')  grav.  i  ;  /://  Alsace  fccofi'juisr.  par  le 
coni'  Alluiliti  (13  grav.)  ;  L'Humour  en  Alsace-Lorraine,  pai-  M.  Carlo» 
Kischci- (  11)  grav.  en  couleurs);  L'Alsace-Lorraine  devant  le  droit  et 
l'histoire,  par  MINI.  Ernest  Lavisse  et  Clirisliau  Pfister  (16  grav.)  ; 
L'Écolier  d'Alsace,  par  M.  riustave  Philippon  (U  grav.).  Le  resie  de  la 
livraison  a  trait  à  l'Alsace  érijnomujne  (illustration  copieuse).  A  noter 
finalement  fjue  la  j)reniière  couverture  donne  une  grande  scène  en 
couleurs:  En  Alsace- Lorraine  recon(juise.  le  Ut  juillet  et  surtout  que 
l'on  peut  admirer  là  un  hors  texte  en  couleurs  superbe,  composition 
de  Hansi  pour  une  affiche  du  3'  empiunt  :  Ll  nos  poilus  rendront 
Strasbourg  à  la  France,  image  qui,  au  temps  où  elle  parut  dans  nos 
tues,  fut  une  véritable  prophétie.  Ce  n"  spécial  du  Monde  illustré 
mérite  de  prendre  place  dans  les  collections  de  tous  ceux  qui  s'oc- 
cupent de  nos  provinces  retrouvées.    • 

—  Ufie  élégante  plaquette  nous  donne  le  poème  que  M.  Pierre  de 
Bouchaud  a  publié  sur  les  Fêles  de  la  victoire  fl^i  juillet  1919).  (Paris, 
((  les  Argonautes  »,  1919,  in-18  de  14  p.  Prix  :  1  fr.). 

—  Si  l'on  veut  s'édifier  une  fois  de  plus  sur  les  procédés  employés 
par  les  Allemands  dans  les  pays  occupés  par  eux,  qu'on  lise  le 
Rapport  succinct  sur  l'état  du  palais  des  Aocdémics  [de  Bruxelles] 
après  le  départ  des  Allemands,  par  M.  Louis  Le  Nain,  secrétaire  de  la 
Commission  administralive(Bruxelles,  impr.  de  Hayez,  1919,  in-8de 
7  p.,  et  24  pages  de  photographies  avec  texte).  «  Ni  la  plume  ni  le 
pinceau  ne  peuvent  donner  une  idée  du  tableau  d'horreur  que  pré- 
sentait notre  local,  «  dit  le  rapporteur  et  il  termine  en  remarquant 
que  ((  il  faudra  du  temps  pour  rendre  le  Palais  habitable  et  dénom- 
brer les  objets  perdus,  A'olés  ou  déplacés,  ainsi  que  pour  effectuer  les 
réparations  nécessaires  aux  bâtiments,  o  Les  photographies,  prises  au 
lendemain  du  départ  des  Barbares,  permettent  de  se  faire  une  idée 
de  ces  dégâts. 

Collection  «  France.  »  —  Trente  petits  \olumes  bien  imprimés, 
quelques-uns  même  illustrés  de  dessins  originaux,  forment  à  ce  jour 
la  collection  «  France  )>,  de  la  librairie  Berger-Levrault,  inspirée  par 
des  sujets  ayant  trait  à  la  guerre  :  contes  de  toutes  sortes  où  des  réa- 
lités se  font  jour  tout  naturellement  ;  épisodes  variés,  où  le  patrio- 
tisme le  dispute  à  l'humour  ;  récits  de  combats  non  pas  scientifiques 
mais  imagés  ;  esquisses  mettant  en  valeur  nos  principaux  alliés  ; 
tableaux  où  s'agitent  marins  et  aviateurs  ;  souvenirs  historiques  ; 
détails  sur  l'Alsace-Lorraine,  et,  pour  que  l'ensemble  soit  aussi  com- 
plet que  possible,  un  mémoire  de  prisonnier.  —  Le  Polybiblion  ayant 
parlé  de  ces  petits  livres  au  fur  et  à  mesure  de  leur  apparition,  nous 
n'avons  plus  maintenant  qu'à  rappeler, -en  vue  d'élrennes  à  offrir 
prochainement  aux  jeunes  gens,  les  titres  des  volumes  de  la  collée- 


—   180  — 

tion,  que  la  librairie  Berger-Levrault  a  eu  l'iieureiise  idée  de  réunir 
par  5  unités  dans  un  gracieux  emboîtage  dos  toile  bleue,  avec  titres 
dorés,  du  même  genre,  en  somnne,  que  celui  décrit  ici  même  à  propos 
des  Pages  d histoire  de  la  même  maison  (Voyez  PolybibUoa  de  mars- 
avril  1919,  t.  GXLV,  p.  194-195).  Donc  chaque  emboîtage  renferme 
5  volumes  (in-12  de  63  et  64  p.).  savoir  :  I.  Noël  de  soldai.  La  Frater- 
nité du  Front,  par  Jean  Breton  (avec  4  illustrations  de  Simone  Bougie)  ; 
Mon  Filleul,  par  André  Fontaine  (avec  8  dessins  de  Gustave  Jacobs)  ; 
Jeunes  Classes,  par  Paul  Boume  ;  Territoriaux  de  France,  par  Fran- 
cisque Vial  ;  La  Bataille  de  l'air,  par  Daniel  Vincent.  —  II.  Père  et 
Jils,  par  Auguste  Bailly  ;  Les  Rapatriés,  par  Bené  Benjamin  ;  La  Terre 
qui  ne  meurt  pas,  par  Léon  Deries  ;  L'Orphelin.  Le  Petit  Canard  bleu. 
Le  Retour,  par  Edouard  Maynial  ;  Contes  de  guerre  pour  Jean-Pierre, 
par  Emile  Moselly.  —  111.  Thomas  Bartlctl  en  France.  L'Anglais  tel 
qu'il  est,  par  Gaston  Bageot  ;  Avec  les  boys  américains,  par  Daniel 
Halévy  ;  Six  petits  Contes,  par  Antonin  Lavergne  ;  Leur  Calvaire  ! 
Ceux  de  Cambrai,  Noyon,  Lille,  Saint-Quentin...,  par  Benjamin  Vallot- 
ton  ;  Français  de  la  Moselle,  des  Vosges  et  du  Rhin,  par  Emile  Hinze- 
lin.  —  IV.  Dans  l'Amérique  en  guerre,  par  Emmanuel  Bourcier  ;  Deux 
Ans  avec  les  Sénégalais,  par  Léon  Gaillet  ;  Histoire  d'un  jeune  Serbe, 
par  Paul  Labbé  ;  La  France  au  Maroc,  par  André  Lichtenberger  ; 
Tranchées  de  Verdun,  par  Daniel  Mornet.  —  \.  Un  de  nos  marins.  Le 
Récit  de  Jean  Le  Gwenn,  par  Eugène  Le  Mouël  ;  Bonnes  Gens  de  la 
Grande  Guerre,  par  Paul  Wenz  ;  Dans  Paris  bombardé  (i87 l-l9L'h 
1918),  par  Lucien  Descaves  ;  La  Soupe.  La  Montagne  et  la  vallée,  say- 
nètes d'Alsace,  par  Maurice  Bouchor  ;  Souvenirs  des  premiers  temps 
de  la  guerre,  par  le  capitaine  Joachim  Merlant.  —  VI.  Le  Bombardier 
Camus,  par  Emmanuel  Bourcier  ;  Lettres  sur  la  jeune  Italie,  par 
Lucien  Corpechot  ;  Ft  la  Suisse  ?...,  par  Benjamin  Vallotton  ;  Les 
Présents  de  l' Alsace-Lorraine,  par  L.  Houllevigue  (avec  dessins  île 
M.  Houllevigue)  ;  Le  Camp  des  représailles  Fr.  K.  Ilî,  par  Mario  Meu- 
nier. —  On  sait  que  chaque  volume  de  la  collection  coûte  0  fr.  90 
broché.  Le  groupe  de  5  vaut  donc  4  fr.  50,  et  comme  le  prix  de  l'em- 
boîlage  est  de  1  fr.  50,  il  eu  résulte  que  le  tout  se  présente  agréable- 
ment pour  un  total  très  modéré  de  6  fr. 

Un  Album  Zislin.  —  La  librairie  Berger-Levrault  publie  un  album 
des  plus  curieux  et  des  plus  attachants  :  Sourires  d'Alsace  1907-191^, 
par  IL  Zislin,  le  désopilant  artiste  mulhousien  (in-lG  de  xiv-3il  p. 
Prix  :  15  fr.),  lequel  compte  282  illustrations  et  4  planches  en  cou- 
leurs, avec,  en  plus,  sur  la  première  couverture,  un  sujet  en  couleurs 
représentant  une  Alsacienne  assise  devant  son  rouet.  En  1913,  c'est-à- 
dire  à  la  veille  de  la  guerre  qui  devait  se  terminer  par  reirondiement 
de  l'orgueilleuse  et  brutale  Germanie,  une  première  édition  de  cet 


—   I.SI    — 

;ill)iiin.  \'\le  épuisée,  avait  été  publiée  par /t' .s-  Marches  de  l'Iîst.  Aujunr- 
fl'liiii,  il  se  présente  dans  des  conditions  bien  nicilleures.  paice  (pie, 
augmenté  d'un  tiers,  il  contietil  spécialement,  au  nombre  des  clirocs 
nouvelles,  l'odieuse  et  ridicule  affaire  de  Saverne  (13  images).  Pour 
la  première  édition,  l'aiil  Déroulède  avait  éciit  une  Préface  que  l'on 
retrouve  ici.  S'adressantà  M.  Georges  Ducrocq.  directeur  des  .^arches 
'le  l'Est,  le  président  de  la  Ligue  des  patriotes  disait  :  «  Vous  avez  su 
tirer  de  Tœuvre  considérable  du  spirituel  et  courageux  protestataiie 
de  quoi  faire  connaître  toiit  son  cœur  et  tout  son  esprit.  Cette  admi- 
rable suite  de  petits  tableaux  dessinés  de  main  de  maître  et  commen- 
tés par  un  texte  bardi  jusqu'à  la  témérité  va  être,  pour  la  France,  une 
très  profitable  leçon  de  cboses.  »  Pour  la  présente  édition  «  défini- 
tive »,  l'auteur  a,  de  son  côté,  donné  une  brève  Préface  de  laquelle 
nous  extrayons  CCS  quelques  lignes  :  <(  Le  moment  me  semble  venu 
de  présenter  à  la  France,  à  mes  compatriotes  d'Alsace  et  de  Lorraine. 
à  nos  alliés,  sans  oublier  les  neutres,  l'édition  complétée  et  définitive 
des  principaux  dessins  parus  dans  le  Dai-'s  Elsass  (A  travers  l'Alsace) 
depuis  sa  fondation,  en  1007,  jusqu'à  la  veille  de  la  guerre.  De  ces 
pages,  composées  sous  l'étreinte  du  régime  policier,  militariste  et  du 
teirorisme  administratif,  s'élèvent  les  cris  d'angoisse  du  petit 
peuple  d'Alsace,  l'appel  vibrant  à  la  justice;  il  s'y  manifeste  la  foi 
dans  la  réparation  du  viol  de  1870  ;  mais  on  y  perçoit  aussi  le  riie 
sonore  et  vengeur  d'une  population  qui  méprisait  le  vainqueur  et  qui 
avait  eu  le  courage  d'arraclier  le  masque  de  civilisé  au  barbare  alle- 
mand... Répandu  dans  tout  le. pays,  lu  par  les  gens  de  Lorraine  et 
d'Alsace  ;  connu  dans  les  villes  et  les  campagnes,  mon  journal  [Durs 
Elsass]  a  été  le  lien  moral  grâce  auquel  les  .alsaciens  et  les  Lorrains 
ont  sauvegardé  leur  âme  commune  et  sont  restés  unis  dans  l'espoir 
d'une  libération  prochaine.  »  Ce  bel  album,  dont  les  images  sont 
groupées  sous  7  rubriques  (Pangermanisme,  Pacifisme,  Les  Deux 
Cultures,  Constitution  et  Autonomie,  Vues  d'Alsace.  Politique  géné- 
rale, Saverne)  pourra,  très  avantageusement,  être  ofi'ert  à  tout  bon 
Français,  jeune  ou  vieux,  quand  sonnera  l'heure  des  prochaines 
étrennes.  Visenot. 


OUVRAGES   D'ENSEIGNEMEiNT    RELIGIEUX    ET   DE    PIÉTÉ 

Enseigneme:it.  —  1.  L'Évangile  proposé  à  ceux  qui  souffrent^  par  l'auteur  des  Avia 
spirituels.  !•  édit.  Paris,  Téqui,  l'.Mb.  iii-12  de  vn-CTC  p.,  3  fr.  25  —  2.  L'Évangile 
tous  les  jours,  par  Mgr  de  la  Porte.  Paris,  Beaucliesne,  1917,  iri-18  de  377  p.. 
3  fr.  .ÏO.  —  3.  Les  Sources  d'eau  vire.  Serinons  et  allocutions,  l'Jlô  1917.  par  le  cha- 
noine L.  PouLiw.  Paris,  Téqui,  I9t7,  in-12  de  xiv-.3f)2  p..  3  fr.  .")0.  —  4.  Pour  les 
Jours  qui  viennent...  La  /ieligion  et  la  France.  Sermons  et  notes,  par  M.  l'abbé  Lalasde- 
Paris,  Téqui,  1917,  iii-12  de  vi-lOS  p..  1  fr.  .oO.  —  b.  L'.imr  de  tout  apostolat 
par  Dom  J.-B.  Chautard.  G'  édit.  Lyon  et  Paris,  Vittc,  s.  d  ,  in-lli  de  2i2  p..  1  fr.  2li' 


-  m  - 

—  6.  Jésus-Christ  veut  des  prêtres,  par  J.  Mn.t.or.  Paris,  Téqni,  1917,  petit  in-12  de 
viii-275  p.,  1  fr.  23. 

SpiRiïUALnÉ.  —  7.  l!"  Hetraite  du  pèlerinage  national  a  Lourdes.  Instructions  et  confc 
renées,  par  le  T.  II.  l'.  Emmanuel  Bailly.  Paris,  Bonne  l'resse,  s.  d.,  in  12  de  383  p., 

2  fr.  —  8.  Retraite  de  jeunes  filles,  par  J.  Mir.r.or.  l'aris,  Téqui,  1917,  in-12  de  2!)6  p., 

3  fr.  —  9.  Retruites  de  communion  solennelle,  par  le  chanoine  .Iean  Vaudon.  \.  L'Agneau 
de  Dieu.  Pari.«,  Téqui,  1917,  in-12  de  xxi-240  p.,  2  fr.  —  10.  Veille:  et  prie:.  Lectures 
pour  le  tanips  de  la  1"  communion  solennelle,  par  l'abbé  Maurice  Bouvet.  Paris,  de 
Gigord,  1917,  in-8  de  viii-328  p.,  2  fr.  75.  —  11.  Les  Saintes  Voies  de  la  Croix. 
Réédition  d'un  opuscule  de  Henri-Marie  Boudo^,  par  le  chanoine  A.  Gonon.  Paris, 
Téqni,  1917,  in-32  de  vin-191  p.,  1  fr.  —  12.  Douleur  et  résignation,  par  L.  Roùzic. 
Paris,  Téqui.  1917,  in  12  de  345  p.,  3  fr.  50.  —  13.  A  ceux  qui  souffrent.  Les  Fon- 
dements de  la  joie  chrétienne,  par  Pierre  Germain.  Avignon,  Aubanel,  s.  d.,  in-lG 
de  xvin-lCO  p.,  1  fr.  25.  —  14.  Les  Secrets  de  la  vie  religieuse  dérouverts  à  une  novice 
fervente,  par  le  R.  P.  F.  Fressencourt.  Paris,  Téqui,  1917,  iii-32  de  128  p.,  0  fr.  50. 

—  15.  Lettres  de  saint  Bernard  les  plus  appropriées  aux  besoins  des  personnes  pieuses 
et  des  gens  du  monde,  mises  en  ordre  par  le  R.  P.  Melot.  3=  édit.  Paris,  Téqui, 
1917.  petit  in-12  de  vi-280  p.,  1  fr. 

DÉvoTio.N-l'iÉTÉ.  —  10.  La  Dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus.  Doctrine,  histoire,  par  J.- 
V.  Bainvei,.  4'^  édit.  l'aris,  Beauchesne,  1917,  in-8  de  xv-624  p.,  5  fr.  —  17.  La 
Très  Sainte  Royauté  du  Cœur  adorable  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  par  Mgr  L.-A. 
Lunfant.  l'aris,  de  Gigord,  s.  d.,  in-16  de  208  p..  2  fr.  50.  —  18.  Au  Cœur  de  Jésus 
■  agonisant.  Notre  Cœur  compatissant.  Dou:e  .Méditations  pour  l'heure  sainte,  par  J. 
Dargaud.  7»  édit.  Paris,  Téqui,  1917,  in-12  de  xxxii-171  p.,  2  fr.  —  19.  Les  Trois 
Grands  Privilèges  de  .Marie  :  Puissance,  sagesse,  miséricorde,  par  le  P.  Jean  Chrtsos- 
TOME.  Toulouse,  l.es  «  Voies  franciscaines  »,  s.  d.,  in-10  de  496  p.,  3  fr.  —  20.  Mois 
de  saint  Joseph.  Exposé  doctrinal  et  historique  de  la  dévotion  à  saint  Joseph,  par  L. 
Garriguet.  Paris,  Bioud  et  Gay,  1917,  in-r2  de  304  p.,  3  fr. 

Œuvres  de  guerre.  —  21.  Quelques  paroles  à  des  soldats,  par  Anatole  Moulard.  Paris, 
Bonne  Presse,  s.  d.,  in-l:2  de  240  p.,.  1  fr.  20.  —  22.  Manuel  du  soldat  catholique. 
Conseils  pratiques  pour  le  temps  de  guerre,  par  Un  aumônier  luililaire.  Paris,  Bloud 
et  Gay,  1910,  in-12  de  71  p.,  0  fr.  80.  —  23.  Près  de  l'autre  tranchée,  par  .\ndré 
FoNTAGNÈREs.  Parls,  Lecoflre,  Gabaida,  1917,  in-12  de  xx-2i0  p.,  3  fr.  —  24.  Médi- 
tations du  prisonnier,  par  Dom  Hébrard.  Paris,  Beauchesne,  1917,  in  12  de  228  p., 
2  fr.  75.  —  25.  Pensées  chrétiennes  sur  la  guerre.  Église  et  Patrie.  Mors  et  Vita.  par 
Jules  Lebreton.  Paris,  Beauchesne,  1916,  in-8  de  79  p.,  1  fr.  —  26.  A  la  lueur  des 
éclairs.  Entretiens  patriotiques  et'  religieux,  par  l'abbé  Eue  Blanc.  Lyon  et  Paris, 
Vitte,  1910,  in-12  de  47  p.  —  27.  Pour  la  croisade  du  xs."  siècle.  Sermons  et  confé- 
rences, par  Th.  Belmo.nt.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1917,  in  12  de  352  p.  —  28.  Du 
Miserere  à  la  Victoire,  par  Paul  Deldant.  Paris,  Téqui,  1910,  in-12  de  xx-237  p., 
2  fr.  —  29.  Le  Livre  du  blessé,  par  l'abbé  Georges  Ardakt.  Paris,  Bonne  Presse, 
s.  d.,  in-12  de  158  p.,  0  fr.  00.  —  30.  Il  n'y  a  pas  de  morts  .'...  par  Mgr  A.  Pons. 
Paris,  Bloud  et  Gay,  s.  d.,  in-12  die  282  p.,  3  fr.  50.  —  31.  Corps  blessés,  cœurs 
meurtris,  âmes  immortelles,  par  l'abbé  Th.  Paravy.  Paris,  Téqui,  1917,  in-12  de 
379  p.,  '■->  fr.  50.  —  32.  Nos  morts.  Séparation  passagère.  Revoir  éternel,  par  L.  Gar- 
iu(;uet.  3"  édit.  l'aris,  Bloud  et  Gay,  1916,  in-16  de  vi-312  p.,  3  tr.  50.  —  33.  Le 
Sens  de  la  vie  et  de  la  mort,  d'après  la  Bible,  par  G.  Bontoux.  Avignon.  Aubanel, 
s.  d.,  in- 1 2  de  xii-Sl   (). 

Enseigm;mknt.  —  1-t>.  —  L'enseignemeiil  leligieu.x  a  suitoiit  pour 
fondetneiit  la  Sainte  Écriture,  qui  est  la  parole  de  Dieu,  exprimant  ce 
(]ue  nous  devons  croire  et  pratiquer.  De  la  Sainte  Écriture,  l'auleur 
des  Avis  sp'triUiels  détache,  poui'  le  proposer  plus  spécialement  à  ceux 
qui  soaJJ'reiil,  t'Eva/igile  distribué  judicieusement  entre  tous  les  jours 
de  l'année  liturgique.  C'est  donc  une  méditation  qui  nous  estolFerte, 
chaque  jour,  sur  les  exemples  et  les  enseignements  duclivin  Maître  ; 
mais  cette  adaptation  est  faite  en  faveur  des  âmes  affligées  ou  souf- 


—  183  — 

fiantes  :  «  C'est  l'Kvaiigilc  lu  à  travers  les  larmes  et  médité  sons  la 
pression  de  la  croix  ;  on  y  puise,  avec  la  résignation,  une  force  qui 
rond  capable  des  plus  généreux  sacrifices.  »  Le  pieux  auteur  a  pour 
but  de  nous  obtenir  principalement  la  grâce  do  soulTrir  pour  l'amour 
do  Dieu,  huiuello.  dit  S.  Liguori,  est  «  le  comble  des  faveurs  divines 
en  ce  monde.  » 

—  C'est  encore  r l-A'fuu/ lie,  tous  les  jours,  que  Mgr  l'évêque  du  Mans 
nous  fait  méditer,  brièvement,  mais  en  exprimant  du  Saint  Livre 
tout  le  suc  qu'y  a  déposé  l'auteur  sacré,  écrivant  sous  l'inspiration 
du  Saint-Esprit  pour  notre  instruction  et  pour  notre  conduite  ;  ces 
pages  conviennent  de  préférence  aux  fidèles  qui  ont  peu  de  temps  à 
donner  à  la  méditation  :  le  court  développement  qu'elles  offrent  suf- 
fit pour  éclairer  l'esprit  et  toucher  le  cœur  :  Mgr  de  la  Poite  rappelle 
avec  à  propos  la  parole  que  le  P.  Lacordaire  dit  de  l'Evangile  : 
«  C'est  le  seul-  livre  qui  sache  aimer.  »  Il  est  aussi  viai  de  dire  de  ses 
Méditations  qu'elles  forment  un  livre  capable  de  faire  bien  connaître 
et  bien  aimer  l'Evangile. 

—  Sous  ce  titre  :  Les  Sources  d'eau  vive,  M.  le  chanoine  Poulin 
publie  les  Sermons  et  allocutions  qu'il  a  prononcés  pendant  les 
années  de  1915  à  1917,  —  années  de  guerre  où  la  parole  du  Pasteur 
devait  réconforter  et  consoler  le  troupeau  confié  à  son  zèle.  Les  su- 
jets qu'il  traite  font  partie,  sans  doute,  de  l'enseignement  de  la  doc- 
trine mais  assaisonnés  et  relevés  encore  par  les  austères  pensées  dont 
notre  esprit  était  alors  tout  pénétré  :  il  voulait  amener  toutes  nos 
âmes  endolories  aux  pieds  de  la  Mère  des  douleurs  et  du  Christ  expi- 
rant par  amour  pour  nous  ;  Mgr  l'évêque  de  Cahors  se  plaît  à  décla- 
rer que  ces  discours  de  M.  le  chanoine  Poulin  à  ses  paroissiens  sont 
«  vraies  paroles  de  chef  et  de  père...  portant  la  marque  de  ses  solli- 
citudes pastorales...  »  Même  après  la  guerre,  ils  contitiueront  à  pro- 
duire le  même  bienfait. 

—  C'est  dans  le  même  esprit  qu'ont  été  prononcés  les  serinons  et 
qu'ont  été  écrites  les  notes,  groupés  dans  le  livre  que  M.  l'abbé  La- 
lande  publie  sous  le  titre  :  La  Religion  et  la  France.  Ce  livre  s'ouvre 
par  deux  sermons  sur  le  culte  sacré  du  souvenir  et  sur  la  restaura- 
tion chrétienne  de  la  France,  où  l'auteur  nous  initie  d'abord  à  ses 
propres  pensées,  à  son  but  surtout.  Et  ainsi  fixés,  nous  pouvons  avec 
le  plus  grand  fruit  poursuivre  notre  lecture  captivante  sur  la  Religion 
et  la  France,  ces  deux  puissances  et  ces  deux  amours  considérés  au 
triple  point  de  vue  moral,  naturel  et  social  ;  puis  la  religion  fonde- 
ment de  toute  société  et  besoin  naturel  de  l'âme  française.  Il  termine 
par  de  nombreux  appendices  où  le  lecteur  est  heureux  de  retrouver 
■et  de  relire  des  documents  qui  rappellent  les  principaux  événements 
de  ces  grandes  années. 


—   184  — 

—  C'est  un  enseignement  plus  spécial  que  nous  offre  l'Ame  de  tout 
apostolat,  par  Dom  Chautard  ;  il  convenait  bien  de  mettre  un  peu  en 
relief  celte  vie  intérieure  qui  nous  est  si  nécessaire  et  que  nous  pou- 
vons si  parfaitement  négliger  ;  on  n'a  rien  omis  pour  permettre  aux 
prêtres  et  aux  religieux  d'être  fidèles  à  leur  sainte  vocation  ;  les  œuvres 
se  sont  multipliées  pour  cet  apostolat,  mais,  à  côté  des  actes  ou  de  la 
pratique,  il  était  bon  et  utile  de  rappeler  la  doctrine  et  Dom  Chau- 
tard a  été  loué  d'avoir  rempli  cette  mission.  Le  cardinal  Sevin  a  dit 
de  ce  livre  «  qu'il  est  un  Livre  d'or  et  qu'il  la  dévoré  ».  Un  grand 
nombre  d'évêques  ont  rendu  le  même  flatteur  témoignage  ;  il  a  reçu 
de  S.  S.  Benoît  XV  «  une  affectueuse  bénédiction  )>. 

—  Jésus-Christ  veut  des  prêtres,  nous  dit  M.  le  vicaire  général 
Millot.  Jamais  aucune  déclaration  ne  fut  plus  opportune.  Les  pertes 
qu'a  faites  le  clergé  par  l;i  terrible  guerre  ont  creusé  un  immense 
vide  dans  ses  rarigs  :  il  sera  difficile,  longtemps,  de  le  combler,  mais 
il  importe  d'y  travailler  et  je  ne  m'étonne  pas  que  des  apôtres  élèvent 
la  voix  pour  provoquer  et  encourager  les  vocations.  11  y  a  quelques 
années  déjà  paraissait  en  Italie,  sous  ce  titre  :  Procurons  à  l  Église  de 
bons  prêtres,  un  livre  qui  fut  traduit  en  français  par  Mgr  Constans. 
Pie  X  l'avait  béni  et  le  Ciel  voulut  bien  approuver  cette  bénédiction 
en  lui  faisant  produire  les  meilleurs  fruits.  Le  livre  que  nous  annon- 
çons vient  plus  opportunément  encore  accentuer  cet  excellent  apos- 
tolat. N'oublions  pas  :  Jésus-Christ  veut  des  prêtres. 

Spiitin  AMTÉ.  —  1 AW.  —  Le  T.  R.  P.  Em.  Bailly,  cpie  Dieu  à  rap- 
pelé à  lui,  revit  encore  parmi  nous,  non  seulement  par  le  souvenir 
de  sa  parole,  mais  par  l'écho  même  de  sa  voix  qui  nous  est  resté,  grâce 
à  la  reproduction  intégrale  de  ses  Instructions  et  conférences  données 
à  Lourdes  d'abord  en  1915  et  ensuite,  en  août  1916,  celles-ci  formant 
le  volume  que  nous  annonçons,  le  second  de  cette  série  Le  succès 
de  la  première  retraite  amena  aux  pieds  de  la  chaire  de  la  basili- 
que de  Massabielie  pourla  deuxième  une  assistance  encore  plus  nom- 
breuse et  plus  sympathique  :1e  succèsn'en  futpasmoinsgrand.  L'émi- 
nent  orateur  lui  offrait  à  méditer  les  mystères  du  rosaire,  nous  révé- 
lant comment  Jésus-Christ  doit  régner  soit  dans  l'individu,  au  foyer 
danslavie  publique  età  l'école,  soit  dans  nos  idées  eldans  nos  mœurs, 
soit  enfin  dans  nos  cœurs  ;  c'était  répondre  aux  besoins  du  moment, 
où  le  laïscisme  sectaire  renouvelait  ses  tentatives  pour  détrôner  Jésus- 
Christ. 

—  La  Retraite  de  jeunes  filles,  par  M.  le  vicaire  général  Millot 
s'adresse  à  un  auditoire  moins  considérable  et  moins  mêlé  ;  les  su- 
jets traités  en  sont  moins  vastes  et  moins  profonds,  mais  ils  sont 
mieux  adaptés  aux  âmes  pour  lesquelles  ils  furent  opportunément 
exposés  et  développés.  C'est   une  vraie  reliaile  :  dispositions  pour  la» 


—  \h:\  — 

Men  faire,  c'est  riienie  de  la  conversion  ;  (It'-pluraljles  effels  du  péché  ; 
le(;oiis  de  la  moi  t  ;  conversations  contre  la  charité,  amour  Je  Jésus- 
Christ  ;  la  Très  Sainte  Vierge,  la  pureté,  la  réforme  du  caractère,  la  vi- 
gilance. laposlolat.Ja  vocalifin,  le  pain  de  vie.  la  persévérance.  N'est- 
ce  point  là  le  pro<,Manime  dun  règlement  de  vie  chrélieniie  {)Our  une 
jeune  fille  P  11  n  y  aurait  aucun  meilleur  catleaii  à  offrir  de  la  part 
d'une  mère  qui  veut  achever  la  formation   religieuse  de  son   enfant. 

—  Avec  les  lietrailes  de  communion  solennelle,  par  M.  le  chanoine 
Jean  Vaudon,  nous  rétrécissons  le  cadre  de  notre  action,  mais  il  faut 
bien  faire  la  part  à  toutes  les  catégories  de  fidèles.  Nous  voici  main- 
tenant au  tour  des  chers  petits,  se  préparant  à  letir  première  commu- 
nion et  ils  sont  bien  servis.  M.  le  chanoine  Vaudon  leur  donne  ce 
(pi'il  a  de  mieux  ;  ce  n'est  pas  une  retraite  ordinaire  ;  dès  l'ouverture, 
il  les  met  en  face  de  l'.Agneau  de  Dieu  qu'ils  vont  recevoir  et  les  plonge 
aussitôt  dans  la  retraite  qu'ils  doivent  faire  avec  piété  ;  mais,  crainte 
de  les  fatiguer,  il  les  repose  par  deux  histoires  qui  les  intéressent  vive- 
ment :  ceci  occupe  le  premier  jour  et  les  deux  autres  lui  seront  sem- 
blables ;  prière  de  la  retraite,  la  faim  sacrée  de  l'hostie,  et  deux  autres 
histoires,  la  journée  du  crucifix,  la  grâce  du  repentir  et  le  pardon, 
enfin  la  fête  du  malin  et  du  soir.  C'est  suffisant  pour  caractériser  cette 
prédication  imprégnée  d'une  originalité  de  bon  aloi  et  d'une  piété 
aimable  autant  que  sympathique. 

—  M.  l'abbé  Maurice  Bouvet  se  préoccupe  du  même  grand  objet  : 
son  livre  :  Veillez  et  priez,  est  bien  en  effet  une  suite  de  Lectures  pour 
le  temps  de  la  première  communion  solennelle  et  les  premières  années  de  la 
persévérance.  Ces  lectures  sont  toutes  formées  d'après  le  même  plan 
depuis  le  premier  jour  qui  est  sur  le  grand  jour:  c'est  un  entrelien,  puis 
un  récit,  un  examen,  des  résolutions  et  une  prière,  le  tout  prenait  à 
peine  quatre  pages  et  c'est  ainsi  pendlant  quarante  jours  ;  le  livre  se 
termine  sur  les  grands  jours  avec  toutes  les  cérémonies  et  les  exhor- 
tations qui  les  distinguent,  mais  la  pensée  de  l'auteur  a  dépassé  ces 
limites  ;  elle  a  envisagé  l'avenir,  car.  pour  lui,  par  de  là  le  jour  de  la 
première  communion  solennelle,  il  y  a  toute  la  vie  chrétienne  qui  se 
découvre  et  qu'il  faut  préparer.  »  Rien  ne  finit  en  ce  grand  jour  :  tout 
y  commence.  » 

—  Les  Saintes  Voies  de  la  Croix,  de  M.  Henri-Marie  Boudon.  nous 
introduisent  dans  une  sphère  plus  élevée  ;  nous  sommes  plus  près  de 
Dieu  et  nous  respirons  un  air  plus  pur  ;  sachons  gré  à  M.  le  chanoine 
Gonon  d'avoir  publié  cet  opuscule,  petit  par  la  taille,  grand  par  l'ex- 
posé clair  et  précis  de  la  doctrine  ascétique.  L'auteur  est  connu  pour 
ses  ouvrages  qui  respirent  tous  la  piété  la  plus  tendre  :  ses  pages  sur 
la  croix  seront  encore  les  mieux  accueillies  parce  que  c'est  chaque 
jour  que  s'offre  l'occasion  do  soullVii- oMl  importe  de  sa\oir  comment 


—  186  — 

on  peut  profiter  de  la  souffrance  et  quel  est  le  moyen  d'en  adoucir 
l'amertume. 

—  M.  L.  Ronzic  ne  croit  pas  que  ce  soit  trop  d'insister  sur  la  Dou- 
leur et  la  Résignation  et  il  écrit  des  considérations,  des  encourage- 
ments pour  toutes  les  âmes  affligées  ;  son  livre  est  un  véritable  traité 
sur  la  matière  :  Nature  et  formes  de  la  douleur,  ses  causes  et  ses  motifs, 
son  rôle  ;  comment  accueillir  la  douleur  ;  la  résignation  ;  la  consola- 
tion et  ses  causes,  la  consolation  des  chrétiens,  la  vocation  à  la  dou- 
leur. Et  la  dernière  page  résume  tout  le  livre  en  rappelant  cette  parole 
de  l'apôtre  S.  Paul  :  Je  me  glorifierai  dans  mes  infirmités  afin  que  la 
A^ertu  du  Christ  habite  en  moi.  L'apôtre  n'est  d'ailleurs  ici  que  lécho 
du  Maître  qui  a  souffert  pour  entrer  dans  sa  gloire  et  qui  nous  pro- 
met de  nous  y  recevoir,  en  nous  disant  :  «  Bienheureux  ceux  qui 
pleurent  !  » 

—  Encore  .4  ceux  qui  souffrent,  de  la  part  de  M.  Pierre  Germain, 
qui  ûous  fait  connaître  les  Fondements  de  la  joie  chrétienne,  opuscule 
que  préféreront  quelques  âmes,  trop  timides  en  présence  ou  dans  la 
perspective  de  la  souffrance  :  il  leur  sera  ulile  en  leur  faisant  du  bien  ; 
il  pourra  rendre  service  aussi  aux  âmes  qui  pourraient  ne  pas  savoir 
jusqu'où  celle  joie  nous  est  vraiment  permise  ;  un  chapitre  est  con- 
sacré aux  degrés  de  la  joie. 

—  Les  Secrets  de  la  l'ie  religieuse  ne  peuvent  coa\etiir  à  beaucoup 
de  lecteurs  au  moins  pour  les  pratiquer  ;  il  est  possible  qu'ils  inté- 
ressent quelques  personnes  du  monde  auxquelles  ils  plairaient  à  titre 
de  curiosité  ;  ils  sont  réservés  à  ceux  qui  font  profession  de  spiritua- 
lité et  à  ceux-là  nous  devons  déclarer  que  l'opuscule  du  R.  P.  Fres- 
sencourt  sera  très  efficace  pour  leur  avancement  spirituel. 

—  Plus  grand  profit  encore  pour  l'âme  profondément  religieuse 
dans  la  lecture  des  Lettres  de  saint  Bernard.  Cioirait-on  qu'un  opus- 
cule si  sérieux  et  si  spécial  put  trouver  dans  notre  monde  contempo- 
rain tant  de  sympathiques  lecteurs  ?  11  faut  bien  le  reconnaître  puisque 
ce  petit  livre,  édité  par  le  R.  P.  Melot,  en  est  à  sa  troisième  édition  : 
ce  succès  est  vraiment  à  l'éloge  de  notre  génération  ;  nous  voudrions 
par  notre  publicité  lui  valoir  encore  plus  de  faveur,  en  lui  donnant 
plus  de  lecteurs.  Et  l'apostolat  du  saint  docteur  rcnouvcllorait  ses 
merveilles. 

Dévotion.  —  Pii'rrii.  —  lG-20.  —  C'est  un  grand  et  beau  travail  que 
celui  (le;  M.  J.-V.  Raitivel  sur  la  Dévotion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus.  Doc- 
trine, histoire  :  il  réclamerait  bien  toute  une  page  (juand  nousn'avonsà 
disposer  en  sa  faveur  que  de  quelques  lignes.  Mais  il  n'a  besoin  d'au- 
cune réclame  ;  il  a  affronté,  depuis  longtemps,  les  périls  de  l'opinion 
publique  el  il  est  sorti  vainqueur  de  l'épreuve  ;  le  voilà  ilans  le 
triomphe  d'une  quatrième  édition,  même  considérablement  augmen- 


—  187   - 

tée.  (Test  que  l'étude  sur  le  Sacré-Cœur  est  vraiment  traitée  de  main 
de  maître,  l/auleur.  dans  sa  première  j)réface,  se  plaît,  en  rappelant 
le  récit  de  la  Samaritaine,  à  regretter,  pour  ses  lecteurs,  qu'ils  n'aient 
pu  être  édifiés  par  Jésus  lui-même.  Mais,  du  moins,  il  a  fait  tout  ce 
fjuil  pouvait  :  il  s'est  bien  inspiré  des  sentiments  de  ce  divin  Cœur, 
il  s'est  mis  en  contact  parfait  avec  lui  et  l'on  dirait  que  son  livre  a 
été  écrit  sous  In  dictée  du  Maître.  Il  méritera  donc  toujours  «  de  con- 
tribuer au  progrès  de  celte  grande  dévotion,  en  faisant  mieux  con- 
naître ce  précieux  trésor  où  plus  on  prend  plus  il  y  a  à  prend le.  » 

—  Les  conférences  de  Mgr  Lenfant,  évèque  de  Digne,  sur  la  Très 
Saillie  Royaulé  du  Cœur  adorable  de  Solre  Seigneur  Jésus-Chrisl  sont 
an  Tiond)re  de  neuf;  elles  furent  prêchées  en  101")  dans  l'église  de 
Notie-Dame  de  Montréal,  mais  elles  nous  teviennent.  à  notre  très 
-vive  satisfaction,  comme  suite  aux  précédentes  publications  de  l'émi- 
nent  conférencier  sur  le  Cœur  el  ses  richesses.  Nous  recevons  d'au- 
tant plus  volontiers  ce  volume  qu'il  nous  apparaît  être  un  legs  patrio- 
tique du  regretté  évêque  de  Digne,  rappelé  à  Dieu  à  peine  rentré 
dans  sa  patiie.  Les  neuf  conférences  tendent  au  même  but  :  à  nous 
faire  connaître  les  lois  du  Sacré-Cœur  qui,>4jien  observées,  établi- 
raient son  règne  parmi  nous  et  opéreraient  la  résurrection  de  la 
France.  Mgr  Lenfant  a  dédié  ce  volume  u  à  ses  excellents  maîtres  » 
les  Prêtres  de  Saint-Sulpice. 

—  Autre  aspect  du  Cœur  Sacré  de  Jésus.  AL  Dargaud  consacre 
Douze  MédHalions  pour  l'heure  sainte  au  Cœur  de  Jésus  agonisant  par 
notre  cœur  compatissant.  C'est  la  pratique  de  l'heure  sainte,  deve- 
nue si  populaire  et  qu'encouragent  les  évêques  qui  ont  écrit  à  l'auteur 
pour  le  féliciter.  Ces  méditations  serviront  très  heureusement  pour 
soutenir  et  développer,  dans  notre  ("œur,  la  compassion  pour  le  Cœur 
de  Jésus.  Mgr  l'évêque  de  Belley  les  trouve  «  riches  de  pieuses,  soli- 
des et  touchantes  pensées  »  aidant  «  l'âme  à  remplir  la  tâche  sainte 
de  réparation,  d'expiation  et  de  consolation  que  réclame  le  Sacré- 
Cœur.  »  Les  âmes  pieuses  en  feront  leurs  délices. 

—  Après  Jésus  voici  aussitôt  Marie,  sa  divine  Mère.  Le  R.  P.  Jean 
Chrysostome  nous  la  fait  apparaître  avec  ses  Trois  Grands  Privilè(/es  : 
sa  puissance,  sa  sagesse,  sa  miséricorde  :  sujet  inépuisable  que  le 
pieux  auteur  approfondit  à  la  lumière  des  Saintes  Écritures,  des  Pères, 
des  docteurs  de  l'Église,  des  théologiens  et  des  saints  qui  ont  le 
mieux  parlé  de  la  Très  Sainte  Vierge.  Marie  est  Mère  de  la  divine  grâce 
et  elle  en  est  la  dispensatrice.  —  La  Vierge-Prêtre.  —  Puissance  de 
Marie  dans  l'ordre  de  la  nature.  —  Marie,  Reine  de  l'Univers.  —  Sagesse 
de  Marie  :  science  infuse  et  permanente,  sa  grandeur  et  sa  sûreté.  — 
Miséricorde  de  Marie  dans  les  tribulations  de  l'Église,  à  l'égard  des  pé- 
cheurs et  des  pécheurs  impénitents,  envers  les  désespérés,  Marie  et  la 


.—  188  — 

grâce  d'une  bonne  mort,  Marie  au  jour  du  jugement  et  en  faveur  des^ 
âmes  du  Purgatoire.  Ainsi  le  R.  P.  Chrysostome  par  cette  filiale  théo- 
logie attirera-t-ilplus  facilement  les  cœurs  à  la  Vierge  qui  est  la  Mère 
toute  puissante,  toute  sage  et  toute  miséricordieuse. 

—  La  trilogie  de  la  Sainte  Famille  se  complète  par  saint  Joseph.  En 
se  servant  du  mode  ordinaire  de  la  dévotion  :  Mois  de  saint  Joseph,  le 
vénérable  supérieur  de  grand  séminaire,  M.  E.  Garriguet,  expose  jour 
par  jour  ce  que  l'Église  nous  autorise  à  enseigner  sur  le  saint  patri- 
arche, père  nourricier  du  Fils  de  Dieu,  chaste  époux  de  la  Vierge.  Il 
s'est  proposé  de  le  faire  connaître  et  de  rappeler  les  principes  théolo- 
giques sur  lesquels  repose  son  culte  ;  il  complète  cette  élude  doctri- 
nale par  quelques  notions  historiques  sur  le  développement  d'une  dé- 
votion qui  devient  tous  les  jours  plus  populaire.  11  ne  peut  que  réus- 
sir à  atteindre  son  but  :  faire  mieux  connaître  saint  Joseph,  le  faire 
aimer  davantage  et  le  faire  plus  honorer.  C'est  un  des  meilleurs  livres 
de  dévotion  en  l'honneur  de  ce  grand  saint. 

Œuvres  de  glerre.  —  21-33.  —  Ces  œuvres,  en  perdant  de  leur  ac- 
tualité, semblent  devoir  être  privées  de  tout  intérêt.  Nous  ne  le  pen- 
sons pas  :  elles  sont  les  témoins  autorisés  d'un  passé  que  nous  avons 
vécu  avec  elles  et,  en  les  fréquentant,  il  nous  plaira  de  revivre  ces  ter- 
ribles années  dont  le  souvenir  seul  nous  émeut  profondément.  C'est 
d'abord  un  «  prêtre  brancafdier  »,  M.  Anatole  Moulard,  qui  adresse 
Quelques  Paroles  à  ses  soldats  de  la  59^  division  :  entretien  fraternel 
qui  instruit  et  édifie,  qui  intéresse  et  réconforte.  Énumérons  quelques 
sujets  ;  Les  consolations  de  la  foi,  la  charité,  le  courage,  la  tempérance, 
la  crainte  de  Dieu,  la  fidélité,  la  résignation,  les  devoirs  des  soldats^ 
catholiques,  le  patriotisme,  l'Église  et  la  guerre,  la  méditation  du 
soldat,  panégyrique  de  saint  Nicolas,  Marie  protectrice  et  consola- 
trice, la  passion  de  Notre-Seigneur,  etc.  Et  le  soldat  aime  ces  paroles. 

—  ((Un  aumônier  militaire  «s'attache  plus  directement  à  former  l'Ame 
(\n  soldat  catholique,  par  son  Manuel  bien  rempli  de  Conseils  pratiques 
pour  Je  temps  de  guerre.  Si  cet  opuscule  n'a  plus,  iieureusement.  à  ser- 
vir, il  représente  quelques-uns  des  efforts  opérés  pour  rendre  le  soldat 
capable  de  bien  accomplir  ses  devoirs.  Voilà  bien  l'œuvre  de  l'Église. 

—  Près  de  l'autre  tranchée  :  un  titre  qui  est  bien  style  soldat;  mais, 
au  témoignage  du  R.  P.  Sertillanges.  nous  devons  recommander  ce 
livre,  dont  il  dit  sincèrement  le  mérite  et  qu'il  considère  comme  une 
(ïMjvre  admirable  «  par  tant  de  zèle  et  de  si  réelles  beautés  verbales.  •>• 
L'auteur.  M.  André  Fontagnères.  décrit,  dans  un  style  entraînant,  cette 
tranchée  qui  est  la  tranchée  idéale,  c'est-à-dire  la  France  elle-même, 
;ui  labour,  au  labeur,  la  France  qui  consent  la  souffrance,  qui  achète 
avec  des  efforts  surhumains,  des  soupirs,  dos  larmes,  comme  ceux 
de  là-bas  avec  du  sang,  les  récompenses  surnaturelles  d'aboid  et  aussi 


—  181)  — 

«elle  temporelle  gloire  future  qui  nous  est  promise.  Sous  vingl-ciinj 
litres  tout  autant  de  considérations  développées  dans  le  même  espiit 
et  aussi  le  même  succès. 

—  Les  Mi'dilalio/ts  du  prisonnier,  par  Dom  Ilébrard,  ont  toutes  pour 
but  la  consolation  du  pauvre  soldat  en  pleine  captivité,  c'est-à-dire 
privé  de  tout  appui,  de  tout  conseil,  de  tout  ami,  du  soldat  seul  avec 
lui-même,  mine  parla  tristesse,  le  découragement:  il  a  grand  besoin 
du  consolateur,  et  ce^yolume  est  une  bonne  fortune  pour  ce  malheu- 
reux. Les  méditations  si  opportunes  qu'on  lui  offre  sont  groupées 
sous  quatre  titres  :  1°  Les  épreuves  ;  2°  les  colloques  spirituels  ;  3"  les 
voix,  intérieures  ;  4*  l'appel  de  l'avenir  ;  elles  se  terminent  par  les 
psaumes  consolateurs  et  par  quelques  prières  à  diverses  intentions. 

—  M.  Jules  Lebreton  publie,  dans  un  modeste  opuscule  des  Pen- 
sées chrétiennes  sur  la  guerre,  qui  avaient  paru  en  1915  et  1910  dans 
les  Études  sous  ce  double  titre  :  Églises  et  Patrie.  Mors  et  vila.  Il  a 
pensé  avec  raison  que  ces  quelques  pages  pourraient  aujourdhui 
encore  apporter  un  peu  de  lumière  et  de  force  à  beaucoup  d'àmes 
pour  lesquelles  nos  grandes  épreuves  restent  un  mystère  qui  les  dé- 
concerte et  les  angoisse. 

—  C'est  dans  la  même  donnée,  que  M.  l'abbé  Élie  Blanc  nous  offre 
ses  Entretiens  patriotiques  et  religieux,  sous  ce  titre  :  A  la  lueur  des 
éclairs.  Premier  entretien  :  Pour  la  famille  française  ;  deuxième  : 
Où  donc  est  le  bien  public  ;  troisième  entretien  :  Il  y  a  une  Provi- 
dence infiniment  juste  et  miséricordieuse  ;  quatrième  :  De  la  guerre 
infernale  à  la  paix  chrétienne.  Ces  indications  suffisent  à  faire  pres- 
sentir quels  féconds  et  intéressants  développements  leur  donnent  le 
talent  et  le  savoir  de  l'éminent  prélat. 

—  Pour  la  croisade  du  xx'  siècle,  intitule  son  remarquable  travail 
Mgr  Delmont.  Ce  titre,  non,  ne  paraît  pas  trop  hardi  ;  la  croisade, 
elle  convient  bien  à  l'égard  de  ce  siècle  si  grand  par  les  événements, 
par  les  merveilles  de  la  science,  par  les  épouvantables  bouleverse- 
ments de  tout  l'univers  ;  le  monde  entier  est  à  l'envers  et  ce  n'est  pas 
trop  d'une  u  croisade  pour  le  redresser.  Mgr  Delmont  mérite  même 
des  félicitations  pour  avoir  surenchéri,  en  publiant  un  volume,  ce 
qu'il  avait  prêché  du  haut  de  la  chaire.  C'est  dire  tout  le  bien  qu'on 
peut  attendre  de  ses  conférences,  «  tantôt  apologétiques,  tantôt  doc- 
trinales, tantôt  expiatrices  ou  réconfortantes,  toujours  patriotiques.  » 
La  série,  l'auteur  l'a  ouverte,  au  15  août  1914,  en  se  mettant  et  en 
mettant  la  France  sous  la  protection  maternelle  de  l'auguste  protec- 
trice des  Francs.  Même  après  la  guerre,  ces  conférences  et  ces  ser- 
mons resteront  d'une  incontestable  actualité. 

—  Mais  ce  n'est  pas  encore  le  triomphe  :  M.  Paul  Delbant  veut 
nous  aider  à  aller  du  Miserere  à  la  Victoire.  U  faut  bien  penser  qu'il  a 


—   190  — 

écrit  d'étonnanles  considérations,  qui  pouvaient  compiometlre  l'heu- 
reux sort  de  nos  armes  :  les  ciseaux  de  la  Censure  se  sont  donné  libre 
cours  sur  le  manuscrit  de  l'auteur  jusqu'à  effacer  des  pages  ejitières. 
A  en  juger  par  ce  qui  précède  ou  suit  les  passages  censurés,  on  est 
en  peine  à  soupçonner  de  quel  grand  malheur  nous  a  préservé  celte 
excessive  vigilance.  11  n'en  reste  pas  moins  que  la  brochure  de 
M.  Delbant  a  dû  efficacement  travailler  à  notre  relèvement  par  la 
réparation  du  péché  et  par  la  fuite  des  rechutes.  La  conclusion  inté- 
ressante est  renfermée  dans  quelques  pages  qui  exhalent  le  parfum 
de  l'action  de  grâces. 

—  M.  l'abbé  Georges  Ardant  dédie  à  ses  «  chers  blessés  »  son 
Livre  du  blessé,  petite  brochure  de  180  pages,  moitié  considérations, 
moitié  prières  et  pratiques  de  piété.  Celles  ci  sont  bien  adaptées  à 
leurs  svijets,  elles  sont  bien  pour  des  soldats  et  des  soldats  blessés, 
qui,  en  outre,  se  glorifient  de  respecter  et  de  pratiquer  la  prière.  Les 
considérations  qui  précèdent  sont  divisées  en  deux  parties  :  1"  le 
présent,  le  champ  de  bataille,  à  l'ambulance,  les  heures  noires,  le  re- 
tour à  la  vie  ;  2"  l'avenir  :  que  feras-lu  de  la  vie  ?  Veux-tu  être  heu- 
reux, être  riche,  être  bon  ?  Veux-tu  refaire  la  France  ?  Oui,  il  veut 
tout  cela  ;  ce  sera  l'œuvre  du  blessé  et  sa  noblesse,  car  le  blessé  est 
vrai  prince  du  sang. 

—  Et  au  moment  même  où  tombent  par  milliers  les  blessés  et  les 
mourants,  Mgr  Pons  nous  fait  entendre  ce  cri  qui  semble  un  anachro- 
nisme puisque  ce  n'est  pas  et  ne  peut  pas  être  un  défi  ni  encore 
moins  une  dérision  :  //  n'y  a  pas  de  moiis  !  et  il  dédie  ce  livre  «  aux 
soldats  tombés  pour  la  patrie.  Ah  !  mais  c'est  que  ces  soldats  tombés  ne 
sont  pas  morts  ;  ils  ont  touché  terre,  mais  pour  rebondir,  se  relever 
et  s'arracher  à  la  mort.  Aussi  Mgr  Pons  ouvre-t-il  son  ouvrage  par  la 
doctrine  de  la  Survie  et  celte  doctrine  remplit  tout  par  ces  trois  grands 
chapitres  :  la  survivance  de  l'homme  sur  terre,  les  âmes  impérissables, 
l'au  delà.  Et  alors  la  conséquence  logique,  irréfutable  est  celle-ci  :  la 
vie  vaut  la  peine  d'être  vécue.  Dans  Pau  delà,  étude  lumineuse  et  bien 
doctrinale  sur  le  spiritisme  et  ses  pratiques,  le  dernier  chapitre  a 
pour  objet  la  résurrection  des  corps.  Livre  très  actuel  et  digne  de  fixer 
l'attention  des  esprits  sérieux  et  de  bonne  foi. 

—  Corps  blessés,  cœurs  meurtris,  âmes  immortelles  :  sous  ces  trois 
désignations  sont  réunis  tous  les  discours  de  circonstance  et  les  allo- 
cutions adressées  à  des  blessés,  par  M.  l'abbé  Th.  Paravy,  au  nombre 
de  dix-huit.  Les  trois  mots  du  titre  principal  résument  bien  tous 
les  sujets  traites  par  l'orateur  qui  devait  intéresser  et  émouvoir  son 
auditoire,  naturellement  sympathique  ;  nous  avons  été  édifié  à  la 
lecture  de  ces  pages  dites  ou  prêchées  en  présence  de  blessés,  glorieux 
mais  soulfants  et  avides  de  consolation.  Il  y  avait  aussi  la  part  pour 


—  l'.ll  — 

les  cœurs  ineurtiis  par  li  soiifîrance  morale  ;  fnfin  la  visior»  de 
l'âme  immortelle,  qui  planait  snr  ces  corps  et  sur  ces  cœurs,  était  1<^ 
a\issi  luanifeslc  pour  ra[)peler  les  destinées  de  ces  victimes  appelées 
à  partager  dans  l'an  delà  la  gloire  et  le  bonheur  des  saints.  Ces  livres, 
de  la  guerre  légués  à  la  paix  nous  font  du  bien  :  écrits  à  la  lueur  de» 
éclairs  ...  du  canon  ou  de  la  mitrailleuse,  ils  sont  pour  nous  un  salu- 
taire héritage  de  sages  conseils,  et  d'encourageants  exemples. 

—  Nous  retrouvons  ici  M.  Garriguet  avec  la  théologie  de  la  mort, 
toujours  de  très  opportune  actualité  ;  dans  son  livre  :  A'o.s-  morfs.  Sé- 
paralion  passar/ère.  lievoir  élernel.  il  s'est  proposé  il'inditpier  les  fon- 
dements théologi(jues  de  notre  es|)éranco  (du  revoir,  dans  l'au  delà) 
et  d'exposer  les  puissants  motifs  de  consolation  tiuolfre  la  religion 
dans  les  si  pénibles  séparations  de  la  mort.  On  nous  saura  gré  de 
publier  en  quelques  mots  les  sujets  traités  dans  cet  ouvrage  si  im- 
portant, à  tous  les  points  de  vue:  La  mort  et  le  jugement,  le  nombre 
des  élus,  félicité  des  bienheureux,  de  leur  crédit  au  ciel,  leur  interces- 
sion et  médiation,  le  culte  que  nous  leur  rendons,  les  bienheureux 
après  la  résurrection  pour  toujours  au  ciel. 

—  Même  sujet  dans  la  brochure  de  M.  le  chanoine  Bontoux  :  Le 
Sens  de  la  vie  et  de  la  mort.  Il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  que  les  pen- 
sées, en  ces  douloureuses  années,  se  soient  tournées  plus  que  ja- 
mais vers  la  mort.  Et  même  c'est  fort  heureux,  parce  que  c'est  une 
occasion  pour  nous  de  mieux  comprendre  le  sens  de  la  vie  et  de  la 
mort,  surtout  d'après  l'enseignement  de  la  Bible.  M.  Bontoux  définit 
la  vie  :  un  court  pèlerinage,  une  dure  milice,  une  coupe  amère.  Et 
pour  lui  la  mort  est  le  salaire  du  péché,  l'adieu  aux  vanités  du 
monde,  le  seuil  de  lune  ou  laufre  éternité.  Pensons  donc  souvent  à 
la  mort,  ce  sera  nous  rendre  la  mort  moins  redoutable  et  nous  mon- 
trer plus  sûrement  l'éternel  bonheur  de  l'au  delà.  F.   Chapot. 


THÉOLOGIE 


II  Primato  dî  S.  Pîetro  e  de'  suoi  suceessori  in  San  Giovanni 
Crisosloino,  da  NiccoLÔ  card.  Mauim.  Roma,  tipografia  pon-tificia  nell' 
Istiluto  I^io  IX.  1919,  gr.  in-8  ^  xvn-320  p. 

Cet  ouvrage  sur  la  Primauté  de  S.  Pierre  et  de  ses  successeurs  chez 
S.  Jean  Chrysostome  est  dédié  à  Benoît  XV  et  il  est  divisé  en  deux 
parties.  La  première  a  pour  but  de  montfer  la  pensée  du  saint  doc- 
teur sur  ce  dogme  important  de  notre  foi,  qui  éloigne  les  Orientaux 
schismatiques  de  l'union  avec  l'Église  romaine,  centre  de  la  foi 
catholique  ;  la  seconde  expose  les  actes  de  la  Bouche  d'or,  conformes 
à  sa  pensée.  Parcourant  successivement  les  témoignages  que  l'éloquent 
prédicateur  d'Autioche  a  rendus  dans  ses   Homélies  et   ses  autres 


—  192  - 

ouvrages  à  la  primauté  de  saint  Pierre  et  des  papes.  le  cardinal  Mariiii 
expose  avec  netteté  et  force  logique  :  1°  que  le  prince  des  apôtres 
était  le  primat,  le  fondement,  le  pasteur  et  le  maître  universel  de 
l'Église  ;  2°  que  sa  prééminence  n'était  pas  simplement  une  préémi- 
nence d'honneur,  qui  le  plaçait  au  premier  rang  des  apôtres,  mais 
que  Notre-Seigneur  lui  avait  conféré  une  véritable  autorité  doctrinale 
et  une  juridiction  réelle  sur  toute  l'Église  ;  3°  que  la  primauté  de 
saint  Pierre  était  perpétuelle  et  devait  se  transmettre  à  ses  successeurs. 
L'éminent  auteur  a  rencontré  sur  son  chemin  des  difficultés  d'inter- 
prétation ou  des  objections  des  adversaires  de  la  primauté  qu'il  n'a 
pas  éludées,  qu'il  a,  au  contraire,  abordées  de  front  et  longuement 
résolues.  Telle  l'objection  que,  selon  Chrysostome,  l'Église  était 
fondée,  non  sur  la  personne  de  saint  Pierre,  mais  seulement  sur  sa 
foi  en  la  divinité  de  Jésus-Christ.  Telle  encore  cette  difficulté  que  les 
évêques  de  Rome  succédaient  à  Pierre  uniquement  sur  sa  chaire  épis- 
copale  et  non  pas  dans  la  cliarge  de  sa  primauté.  Telle  entin  la  pré- 
tention des  schismatiques,  d'attribuer  à  saint  Paul  une  primauté 
égale  à  celle  de  saint  Pierre.  Le  cardinal  Marini  expose  aussi  la  doc- 
trine de  saint  Chrysostome  sur  la  constitution  de  l'Église  et  en  parti- 
culier sur  la  principale  de  ses  notes,  l'unité.  Sur  plusieurs  de  ces 
questions,  l'auteur  ne  se  borne  pas  à  la  seule  pensée  de  Chrysostome  ; 
il'la  confirme  par  celle  des  autres  docteurs  de  l'Église  grecque  et  par 
la  liturgie  des  Higlises  orientales  ;  il  en  montre  l'accord  avec  les  prin- 
cipes de  l'Église  catholique,  en  sorte  qu'il  nous  donne  une  ébauche 
d'un  traité  complet  de  la  primauté  pontificale.  Quelques  chapitres 
pourraient  paraître,  à  première  vue,  des  hors-d'œuvre  ;  ils  ont,  au 
fond,  une  cohésion  étroite  avec  le  sujet  et  ils  répondent  au  but  de 
l'ouvrage,  qui  est  d'éclairer  et  d'instruire  les  schismatiques  Orientaux 
sur  la  doctrine  de  l'Église  romaine,  nettement  professée  par  saint 
Jean  Chrysostome.  La  question  de  la  fondation  de  l'Eglise  de  Rome 
n'est  pas  traitée  au  chapitre  XVll  avec  toute  l'acribiequ'exigerait  la 
critique  historique  :  le  témoignage  de  saint  Irénée  n'est  pas  pris  suf- 
fisamment en  considération,  et  les  données  d'Eusèbe  sur  l'arrivée  de 
saint  Pierre  à  Rome  dans  les  premières  années  du  règne  de  Claude 
ne  sont  pas  discutées  comme  il  le  faudrait.  Saint  Chrysostome  con- 
formait ses  actes  à  son  sentiment  sur  la  primauté  de  l'évêque  do 
Rome,  successeur  de  saint  Pierre.  Prêtre  à  Antiochc,  il  prêchait  énei- 
giquemcnt  l'unité  de  l'Église,  un  des  points  principaux  de  la  foi 
catholique,  durant  le  schisme  qui  régnait  dans  cette  ville,  et  un  de 
ses  {premiers  actes,  lorsqu'il  fut  devenu  patriarche  de  Constantinople, 
fut  de  réconcilier  l'évêque  Flavicn  avec  le  Souverain  Pontife.  Injuste- 
ment déposé  lui-même  de  son  siège  par  Théophile  d'Alexandrie,  il  en 
appela  au  pape  Innocent  I*"",  qui  excommunia  Théophile  et  ses  com- 


—    W)'.]   — 

plices.  La  pensée  elles  actes  de  Cluysostome  sur  la  primauté  do  saint 
Pierre  et  des  évêqiies  de  Home  sont  ainsi  solidement  présentés  pur  le 
rardiiial  Marini,  pn'IVl  de  la  récente  Congrégation  des  Églises  orien- 
tales. L'ouvrage  répond  aux  vues  de  Benoît  XV  et  justifie  le  clioix 
que  le  Souverain  Pontife  a  fait  du  cardinal  pour  travailler  à  l'iinion 
dos  Eglises  schismatitiues.  K.  Mamgknot. 


SCIENCES   ET   ARTS 

Cours  de  géométrie  pure  et  applitiuéede  l'Ecole  polytechnique, 

par   MAunicE  d'Ocagne.  T.    II.  Paris,  Gauthier-Villars,  I9i8,    gr.  in-8  de 
iv-364  p.,  avec  ilOfig.  —  Prix  :  18  fr. 

Voici  un  ouvragre  qui  sera  pour  beaucoup  une  révélation,  et  qui 
rendra  à  tous  les  services  les  plus  appréciés.  Le  mathématicien,  le 
géomètre  ont  souvent  l'habitude  de  se  confiner  dans  les  régions  les 
plus  abstraites  de  leur  science  préférée  ;  ils  y  travaillent  en  artistes, 
dédaigneux  la  plupart  du  temps  de  ce  qu'ils  regardent  comme  le  do- 
maine des  prosaïques  réalités.  Et  pourtant  l'on  sait  que  l'union  de  la 
théorie  et  de  la  pratique  a  été  toujours  merveilleusement  féconde. 

Comment  en  douter  après  la  lecture  du  cours  de  M.  d'Ocagne  qui 
traite  des  questions  suivantes  :  Cinéniallqiie  appliquée  :  théorie  des 
mécanismes  et  cinématique  graphique.  —  Stéréotomie  :  voûtes  en 
berceau  simples  et  composées,  arches  hiaises,  voûtes  diverses.  — 
Statique  graphique  :  usage  du  dynamique  et  du  funiculaire,  détermi- 
nation des  forces  élastiques  dans  les  systèmes  chargés.  —  Calcul  gra- 
phique :  résolution  graphique  des  équations,  intégration  graphique: 
Calcul  grapho-mécanique  ;  intégromètres  et  intégraphes.  —  iXomogra- 
phie.  Il  s'agit  d'abord  des  monogrammes  à  entrecroisement,  puis  des 
monogrammes  à  alignement.  Ici  la  contribution  personnelle  de  l'au- 
teur devient  considérable,  qu'il  s'agisse  des  principes  ou  de  leurs 
multiples  conséquences.  C'est  la  méthode  rapidement  devenue  clas- 
sique et  universellement  adoptée  des  «  points  alignés,  » 

L'auteur,  on  le  voit,  a  le  souci  constant  des  applications.  Mais  qu'on 
ne  s'imagine  pas  qu'en  traitant  ces  questions  pratiques,  il  ait  sacrifié 
la  rigueur,  la  logique,  la  clarté  que  nous  avons  admirées  dans  ses 
ouvrages  antérieurs.  Chacune  des  parties  de  son  Cours  est  un  petit 
chef-d'œuvre  d'élégance,  où  l'on  sent  un  maître,  dont  plus  d'un  re- 
grettera de  n'avoir  pu  suivre  les  leçons.  G.  Bertrand. 


Œuvres  en  prose  de  Richard  ^^  agner  ;  trad.  en  français  par  J.-G. 
Prod'uomme,  F.  HoLL.  F.  Caillé  et  L.  Van  Vassenhove.  T.  III  à  IX.  Paris, 
Delagrave,  s.  d.,  7  vol.  ia-18  de  275,  xi-276,  292,  xi-232,  320,  2oo  et  288  p. 
—  Prix  du  vol.  :  3  fr.  50. 

Les  deux  premiers  volumes  de  cette  traduction  àesŒuvres  en  prose 

Octobre  1919.  T.  CXLVI.  13. 


-    1U4  — 

de  Richard  Wagner  ont  été  annoncées  en  leur  temps  dans  le  Polybi- 
hlion.  Voici  sept  nouveaux  volumes.  Énumérons  brièvement  ce  qu'ils- 
contiennent. 

T.  111.  —  L'Art  et  la  Révolution  (1849)  est  une  brochure  toute  vi- 
brante de  luttes  récentes  de  la  Révolution  de  1848,  et  tout  imprégnée 
de  la  lecture  du  livre  de  Proudhon  :  De  la  Propriété.  L'impression  à 
Paris  en  fut  impossible.  —  L'OEiwre  d'art  de  l'avenir  est  une  sorte 
de  manifeste  artistique.  R.  Wagner  y  examine  successivement 
l'homme  et  l'artiste  en  général,  l'homme  artiste  et  l'art  qui  en  dérive 
immédiatement,  l'homme  considéré  comme  artiste  créateur  en  archi- 
tecture, sculpture  et  peinture,  enfin  il  annonce  l'artiste  de  l'avenir 
qui  réunira  en  lui  tous  les  artistes  dans  l'œuvre  collective  :  le  Drame, 
but  suprême  et  synthétique  de  ses  efforts.  L'yl/'i  et  le  Climat  est  un 
complément  du  précédent  ouvrage. 

Les  T.  IV  et  V  contiennent  la  traduction  de  l'œuvre  capitale  de 
R.  Wagner  :  Opéra  et  Drame,  avec  une  préface  solide  du  professeur 
L.  Dauriac.  Après  avoir  fait  la  critique  de  l'Opéra  et  de  l'Essence  de  la 
musique,  retracé  l'histoire  du  Théâtre  et  de  la  Poésie  dramatique,^ 
R.  Wagner  aborde  ensuite  la  Poésie  et  la  Musique  dans  le  drame  de 
l'avenir.  C'est  ici  que  ses  idées  sur  le  drame  musical  se  précisent. 

T.  VI.  —  Une  Communicaiion  à  mes  amis.  —  C'est  une  seconde  auto- 
biographie, datée  de  1851,  et  comme  une  préface  à  Trois  Poèmes  d'o- 
péra (le  Hollandais  volant,  Tannhœuser,  Lohengrin).  Cette  confession 
manifeste  est  le  résumé  des  théories  émises  dans  les  ouvrages  précé- 
dents et  prépare  l'apparition  de  la  Tétralogie.  Suit  un  troisième  ma- 
nifeste autobiographique,  car  R.  Wagner  aime  beaucoup  à  parler  de 
\w\  :  Lettre  sur  la  musique,  publiée  à  Paris,  en  1860.  Elle  est  plu* 
connue  en  France,  où  elle  tint  lieu  longtemps  de  toutes  les  œuvres 
théoriques  de  Wagner. 

Le  t.  VII  renferme  dix-sept  écrits  de  circonstance  dont  voici  les 
principaux  :  La  Fondation  Gœthe,  le  Judaïsme  dans  la  musique.  Souve- 
nirs sur  Spontini,  etc..  (1850-1871). 

ï.  VIII.  —  Encore  quelques  écrits  de  circonstances  :  Tannhœuser  à 
Paris,  compte  rendu  par  R.  Wagner  lui-même  de  la  première  re- 
présentation, 1861.  —  De  l'État  et  de  la  Religion.  Art  allemand  et 
Politique  allemande,  écrit  deux  ans  avant  la  guerre  de  1870  est  de 
beaucoup  le  plus  important  ;  son  résumé  :  haine  de  la  France  et  de 
sa  civilisation  ;  exaltation  insensée  de  l'cspfit  allemand. 

Le  t.  IX  nous  tiaiisporte  aux  années  1865-1869.  R.  Wagner,  appelé 
à  Munich  par  Louis  11  de  Bavière",  pense  avoir  trouvé  enfin  un  foyer 
pour  son  art.  On  y  trouve  :  Rapport  à  Sa  Majesté  sur  la  fondation 
d'une  Ecole  allemande  de  musique  à  Munich  ;  Mes  Souvenirs  sur  Lud- 
wig  Schnorr,  le  créateur  de  Tristan  ;  puis,  sous  le  titre  de  Censures^. 


—   195 

cinq  articles  de  critique,   entre  antres  l'ainnsant  .sourcmr  sur  Ros- 
sini  ;  enfin  le  tome  se  terinitiepar  VArl  de  dirujcr  l'orcheslrc  i\Wè). 

Cet  Ailernarid  est  pent-(^tre  nn  génie,  on  pent  admirer  sa  mnsiqne 
et  certaines  pages  de  ses  œuvres  en  prose,  mais  il  est  impossible  de 
souscrire  à  ses  théories  politiques,  morales  et  artistiques,  impossible 
de  lui  accorder  son  estime.  0.  M.  R. 


LITTÉRATURE 


De  qui  est-ce  ?  Choix  de  jinssages  lires  des  meilleurs  écrivains  clossirjiies 
et  modernes  ;  préface  de  PallReboux.  l^aris,  Grès,  lîtlîl.  in-16  de  279  p.  ot 
16  p.  avec  table.    —  Prix  :  o  fr. 

M.  Paul  Reboux,  le  spiiituel  auteur  des  yolumes  A  la  manière  de... 
nous  propose  un  nouveau  jeu  de  saloîi  :  il  consiste  à  faire  deviner  à 
rassemblée  l'auteur  d'un  morceau,  lu  à  haute  voix.  11  y  a  là  240  mor- 
ceaux empruntés  aux  auteurs  les  plusdiveis,  de  Rabelais  à  Paul  Clau- 
del et  à  Rostand.  Certains  passages  très  caractéristiques  sont  faciles  à 
deviner  ;  d'autres  le  sont  moins  ;  quelques-uns  sont  si  peu  dans  le 
ton  habituel  de  l'écrivain  auquel  ils  sont  empruntés  qu'ils  çont  vrai- 
ment de  nature  à  dérouler  le  lecteur  ou  l'auditeur.  Ce  petit  volume 
offre  donc  certainement  le  moyen  de  passer  agréablement  quelques 
soirées:  agréablement  et  d'une  manière  instrnctive  ;  car,  comme  le 
disent  deux  vers  que  M.  Reboux  lui-même  appelle  des  vers  de  mirli- 
ton : 

Votre  sens  littéraire  en  deviendra  plu?  fin 

Et  vous  prendrez  plaisir  aux  erreurs  du  voisin. 

Il  est  dommage* seulement  que  l'auteur  ait  fait  entrer  dans  son  re- 
cueil des  pièces  que  l'on  ne  mettrait  pas  volontiers  entre  toutes  les 
mains.  Nous  eussions  préféré  également  qu'il  en  eût  éliminé  les  cita- 
tions d'auteurs  étrangers.  E.-G.  L. 


La  Littérature  française  au  dix-neuviènje  siècle.  III.  Romanciers 
(1850-1900)  par  Paul  Halflants.  Bruxelles,  I.  de  Launoy,  1914.  in-i2  de 
445  p.,  avec  portraits.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  le  chanoine  Paul  Halflants  est  l'un  des  meilleurs  représentants 
de  la  littérature  actuelle  de  Belgique.  11  a  consacré  son  talent  à  l'his- 
toire et  à  la  critique  littéraires.  Son  principal  ouvrage,  la  Litléralure 
française  an  dix-neuvième  siècle,  comprend  trois  volumes.  Les  deux 
premiers  :  \.  Le  Romantisme.  IL  Publicistes,  orateurs,  poètes,  ont  été, 
lors  de  leur  apparition,  signalés  à  nos  lecteurs.  Le  troisième  :  Roman- 
ciers, n'a  été  publié  que  récemment.  La  date  qu'il  porte  :  1914,  est 
fictive  et  a  eu  pour  objet  de  dépister  la  Censure  allemande.  Après 
une  étude  générale  sur  le  Réalisme,  l'auteur  examine,  en  une  série  de 


—   196  — 

notices  appuyées  (le  citations  et  ornées  de  portraits,  les  romanciers 
dont  les  noms  suivent  :  Gustave  Flaubert,  Emile  Zola,  Edmond  et 
Jules  de  Concourt,  Alphonse  Daudet,  Jules  Barbey  d'Aurevilly,  Joris- 
Karl  Huysmans,  Anatole  France,  Pierre  Loti,  Paul  Bourget,  Maurice 
Barrés,  René  Bazin,  Henry  Bordeaux.  Il  y  joint  six  écrivains  belges  : 
Camille  Lemonnier,  Henry  Carton  de  Wiart,  Henri  Davignon,  Georges 
Yirrès,  Maurice  des  Ombiaux,  Louis  Delattre.  Sa  critique  est  à  la  fois 
orthodoxe  et  large,  sainement  philosophique  et  fortement  littéraire. 
Le  livre  qu'il  offre  au  public  belge  ne  sera  pas  moins  utile  au  public 
français.  M.  S. 

■Charles  Péguy  et  les  Cahiers  de  la  Quinzaine,  par  Daniel  Halévy. 
Paris,  Payot,  1918,  in-16  de  250  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Un  très  joli  livre,  plein  de  talent,  et  le  meilleur  peut-être  qui  ait 
,€té  écrit  sur  Péguy.  C'est  Pœuvre  d'un  ami  très  intimement  rensei- 
gné, d'esprit  ouvert,  curieux,  pénétrant,  libéré  de  ce  que  son  admira- 
tion pourrait  avoir  de  trop  strict  par  un  dilettantisme,  qui  le  fait  entrer 
lui,  dreyfusien,  israélite,  et  probablement  sceptique,  avec  la  sympa- 
thie d'une  intelligence  émue  par  tout  ce  qui  est  haut,  dans  la  pensée 
d'un  Charles  Maurras,  d'un  Paul  Claudel,  aussi  bien  que  dans  celle  d'un 
Romain  Rolland  et  d'un  Bergson...  Que  si  les  chapitres  sur  Rolland 
ou  Claudel  mangent  un  peu  trop  la  part  de  Péguy,  tenons  compte  et 
qu'ils  furent  d'abord  des  articles  parus  au  printemps  de  1914  dans 
les  Cahiers  du  Centre,  «  suite  d'essais  sur  les  esprits  directeurs  des 
générations  nouvelles  »,  et  qu'en  les  remaniant  et  complétant  aujour- 
d'hui, l'auteur  se  donne  les  gants  d'avoir  «  formé  le  récit  du  travail 
d'une  génération  qui.  avant  d'avoir  été  marquée  par  l'héroïsme,  l'avait 
été  par  le  génie.  »  Récit  certes  très  incomplet,  et  où  n'entrent  que 
quelques  figures  à  la  mode.  Mais  ces  figures  sont  éclairées  par  la 
fine  lumière  d'un  esprit  agile  à  tout  saisir  de  la  beauté  des  choses, 
de  la  force  des  vieilles  idées  qui  ont  fait  leurs  preuves,  ordre  social, 
autorité,  monarchie,  patrie,  catholicisme,  et  de  la  sève  des  grandes 
<^nle^,  saint  Thomas,  Pascal,  Bossuet,  Louis  Veuillot...  C'est  cette 
lumière  donc  qui  pénètre  et  éclaire,  par  le  dedans,  l'enfance  de  Péguy 
elles  inlluences  de  sol  et  de  race  qui  l'ont  formée  ;  — sa  jeunesse,  ses 
<inné('s  d'École  normale  et  les  enseignements  et  amitiés,  qui  ont 
excité  plus  que  façonné  son  libre  génie  ;  —  sa  première  œuvre,  très 
peu  connue,  et  qui  annonce  pourtant  tout  ce  qui  suivra  :  car  c'est 
un  drame  de  Jeanne  d' Arc,  à  la  fois  révolutionnaire  et  chrétien,  très 
curieux  ;  —  puis,  dans  la  grande  guerre  de  ((  l'Affaire  »,  l'aventure 
d'une  petite  librairie  universitaire  et  socialiste,  et  la  fondation  des 
Cahiers  de  la  Quinzaine,  où  cet  esprit-chef  mènera  la  bataille  politi(pie, 
sociale  et  littéraire  à  sa  manière   ;   —  ensuite,  au  travers  de  tant  de 


—   li)7  — 

bassesses  vues,  de  tant  tle  tristesses  et  de  (h-^'oûls.  le  brtii  iialicHudisme 
fiaiiçais  qui  émerge  et  an  coup  déclat  du  débarqueuient  à  Tanger 
répond  par  le  beau  petit  livre  Noire  Patrie  ;  —  bieutôl  le  Mystère  de 
Jeanne  d'Arc,  et  les  difTiruIlés  politiques  et  religieuses  où  se  trouve 
j)rise,  entravée  quelle  est  par  son  passé,  par  les  liens  où  il  a  engagé 
sa  vie,  sa  conscience  de  chrétien,  de  clirétien  à  la  fois  mystique  et 
pamphlétaire,  tel  qu'il  apparaît  dans  ses  doniirres  productions  ;  le 
Mystère  des  Saints  Innocents,  et  les  virulentes  attaques  contre  M.  E. 
I.avisse,  M.  Laudet,  M.  Salomon  Kci»iach  ;  —  enfin,  pour  libérer  la 
vie  magnifiquement  et  couronner  l'œuvre,  la  ruée  dans  la  guerre.- et 
la  mort,  d'un  héroïsme  superbe,  tout  à  fait  celle  d'un  homme  unique, 
d'un  chef,  d'un  maître...  Gabriel  .Aldiat. 


Sous  le  masque  de  Willium  Shakespeare.  William  8taiiley^ 
IV*  comte  de  Derby,  par  Abel  Lefha^c.  l^aris,  Payot,  1919.  2  vol. 
Jn-16  de  xvi-357  et  303  p.  -  Prix  :  12  fr. 

Depuis  l'année  1848  où  un  certain  consul  des  États-Unis,  Santa 
Cruz,  s'avisa  d'ouvrir  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  la  question  sha- 
kespearienne, le  malheureux  Shakespeare,  en  possession  jusque-là 
d'une  assez  belle  réputation  litléraire,  se  voit  périodiquement  mis  sur 
la  sellette  et  sommé  d'abdiquer  cette  réputation  au  bénéfice  de  tel  ou 
tel  des  hommes  de  son  temps.  Avec  beaucoup  de  sérieux  et  même  de 
passion,  M.  Lefranc,  professeur  au  Collège  de  France,  recommence 
aujourd'hui  celte  petite  cérémonie,  en  faveur  d'un  candidat  de  son 
choix,  pour  lequel,  croyons-nous,  l'on  n'avait  pas  encore  fait  franche- 
ment campagne  et  qui  est  Henry  Stanley,  6'  comte  de  Derby.  L'ou- 
vrage, qui  est  gros  et  touffu,  étant  d'un  bout  à  l'autre  un  plaidoyer, 
et,  comme  tel,  bourré  d'allégations  pour  la  plupart  sujettes  à  débat, 
de  suppositions  qui  ne  le  sont  pas  moins,  de  discussions  innom- 
brables, de  déductions  à  perte  de  vue,  on  n'en  pourrait  faire  un  exa- 
men même  rapide  qu'au  prix  de  longs  exposés  et  d'argumentations 
qui  tiendraient  ici  bien  trop  de  place.  On  se  bornera  donc  à  quelques 
remarques  très  générales. 

Pour  retirer  à  William  Shakespeare  la  paternité  de  ses  écrits, 
M.  .\bel  Lefranc  reprend  à  peu  près  les  arguments  de  ses  devan- 
ciers, arguments  dont  le  principal  est  le  prétendu  contraste  que  pré- 
sentent la  vie  de  Shakespeare  et  son  œuvre,  «  l'absence  de  connexité 
entre  les  faits  de  sa  carrière  et  la  succession  de  ses  compositions  théâ- 
trales ».  Manque  d'accord  et  de  connexité  qui  suffit  à  quelques-uns 
pour  rejeter  tous  les  témoignages  du  temps,  même  les  plus  clairs  et  les 
plus  décisifs,  ainsi  que  la  tradition  constante  et  unanime.  Manque 
d'accord  purement  imaginaire  d'ailleurs,  puisque,  pour  établir  entre 
deux   termes  quelconques  une  opposition,  il  est  nécessaire  de  con- 


—  198  — 

naître  d'abord,  ce  qui  n'est  pas  ici  notre  cas,  l'un  et  l'autre  de  ces 
termes.  C'est  par  son  œuvre  principalement  que  nous  pouvons  nous 
faire  une  idée  sulTisante  de  ce  que  fut  Shakespeare  ;  si  cette  œuvre  est 
délibérément  mise  de  côté,  les  renseignements ^TîÇttdus  avons  sur  la 
personne  et  sur  la  vie  de  l'auteur  anglais  (comjjie  sur  celles  de  pres- 
que tous  les  anciens  écrivains)  sont  ou  trop  fragmentaires,  ou  trop 
jieu  significatifs,  ou  trop  peu  assurés  pour  nous  permettre  de  recons- 
tituer de  façon  satisfaisante  l'homme  ou  sa  biographie.  Où  se  trou- 
vent dès  lors  les  éléments  de  la  comparaison  ? 

Ajoutons  que  la  discordance  supposée  est  en  grande  partie  l'œuvre 
des  critiques  eux-mêmes,  qui,  d'une  part,  forcent  nos  rares  textes, 
ou  n'en  gardent  que  ce  qu'ils  veulent,  afin  de  rabaisser  Shakespeare, 
et,  d'autre  part,  voient.dans  le  théâtre  shakespearien  mille  choses  qui 
ne  s'y  trouvent  point,  ou  du  moins  s'y  trouvent  à  un  bien  moindre 
degré  qu'ils  ne  disent  ;  qui  font  par  exemple  de  Shakespeare  to  illet- 
tré et  un  ignorant,  ce  qu'il  n'était  nullement,  et  de  son  théâtre  une 
somme  des  connaissances  humaines,  ce  qu'il  n'est  pas  davantage.  La 
discordance  qu'ils  dénoncent  a,  en  tout  cas,  entièrement  échappé  aux 
contemporains  de  Shakespeare,  lesquels  n'auraient  pas  manqué,  s'il 
y  en  avait  eu  lieu,  de  s'en  apercevoir.  Aucun  d'eux, à  notreconnaissan- 
ce,  camarade  de  théâtre,  comme  Heming  et  Condell,  émule  comme 
Ben  Jonson,  adversaire  comme  Green,  ne  s'est  avisé  que  ce  Sha- 
kespeare connu  d'eux  tons  était  incapable  d'écrire  les  pièces  jouées 
sous  son  nom  et  qu'il  ne  les  avait  donc  pas  écrites,  mais  qu'il 
les  recevait  toutes  faites  de  leur  véritable  auteur.  Aucun  n'a  séparé 
l'homme  de  l'œuvre  ;  plusieurs,  et  au-dessus  de  tous  Ben  Jonson,  les 
ont  magnifiquement  unis  dans  leurs  louanges.  Même  absence  de  doutes 
dans  là  génération  suivante,  puis  dans  toutes  les  autres  jusqu'au  milieu 
du  dernier  siècle  ;  parfaite  tranquillité  sur  ce  point,  sauf  exceptions 
récentes  et  de  peu  de  poids,  de  tous  ces  érudits  et  de  tous  ces  cri- 
tiques, fort  injustement  malmenés  et  dédaignés  par  M.  Lefranc.  qui 
depuis  deux  cents  ans  étudient  de  si  près  tout  ce  qui  touche  à  Shake- 
speare. Songeons  encore  à  l'absence  de  toute  revendication  soit  contem- 
poraine, soit  posthume  des  ouvrages  de  Shakespeare  par  aucun  écri- 
vain quelconque,  et  tenons  après  cela  pour  parfaitement  certaine  une 
attribution  fondée  sur  tous  les  témoignages  du  temps,  sur  le  consen- 
tement universel  des  hommes  qui  pouvaient  constater  les  faits,  sur  la 
tradition  séculaire  et  qui  n'a  contre  elle  que  quelques  théories  et 
quelques  impressions  purement  personnelles. 

S'il  n'y  a  aucune  bonne  raison,  voire  aucune  raison,  de  contester  à 
Shakespeare  la  paternité  de  son  oeuvre,  les  arguments  en  faveur  d'un 
autre  auteur  ne  présentent  qu'un  intérêt  de  curiosité.  Comme  M.  Dem- 
blon  avant  lui,  et  pour  des  motifs  analogues,  et  qui  ne  sont  pas  plus 


—   lOÎI  — 

forls,  M.  Lefiaiic  venl  que  l'auteur  des  poèmes  dramatiques  et  ly- 
riques attribués  à  Shakespeare  ait  été  un  grand  seigneur  (d'autres, 
comme  l'on  sait,  désiraient  un  philosophe,  et  avaient  choisi  Dacon). 
Mais,  au  candidat  de  M.  Demblon,  qu'était  le  comte  de  Uullatid,  il  en 
préfère  un  autre,  déjà  nommé  phis  haut,  le  comte  de  Derby.  Pourquoi 
celui-ci,  inconnu  jusqu'à  présent  dans  les  lettres  anglaises  ?  Parce 
que  deux  ou  trois  lignes  de  certains  papiers  d'État  nous  disent  de  lui 
en  1599  qu'il  était  occupé  à  écrire  des  pièces  pour  les  acteurs  publics 
{comnwn  players).  Quelles  pièces  ?  On  ne  nous  le  dit  point.  Pour  quels 
acteurs  ?  Nous  n'en  savons  rien,  quoique,  soit  dil  en  passant,  le  ter- 
me de  common  players,  que  M.  Lefranc  traduit  toujours  à  tort  par 
comédiens  professionnels,  semble  exclure  les  troupes  régulières  comme 
celle  dont  faisait  partie  Shakespeare.  Quoiqu'il  en  soit,  il  ne  faut  pas 
plus  de  ces  quelques  mots  vagues  pour  que  M.  Lefranc  fasse  don 
au  noble  comte  de  ces  biens  sans  maître  que  sont,  selon  lui, 
Hamlet  ou  le  Roi  Lear,  Macbeth  ou  la  Tempête.  Il  ne  s'agit 
ensuite  que  d'établir  la  fameuse  concordance  entre  l'homme  et 
l'œuvre,  ce  qui  est  sans  grande  dlificulté  pour  qui  possède  quelque 
ingéniosité  d'esprit  et  une  érudition  variée,  l'une  et  l'autre  mises  au 
service  d'une  idée  préconçue  et  d'un  violent  parti-pris.  Coïncidences, 
rapprochements,  rencontres,  se  présentent  à  souhait  à  qui  les  solli- 
cite, va  les  chercher  en  tous  lieux  et  les  accueille  tous  avec  joie  ;  en 
faveur  du  comte  de  Derby,  M.  Lefranc  en  trouve  à  peu  près  autant, 
et  d'aussi  curieux,  et  d'ailleurs  d'aussi  peu  démonstratifs,  que  d'autres 
en  ont  trouvé  pour  Bacon,  que  M.  Demblon  en  a  découvert  pour  le 
comte  de  Rutland,  que  quelqu'un  en  découvrira  demain  pour  n'im- 
porte qui.  Sur  cette  base  fragile,  il  échafaude,  étage  par  étage,  un 
magnifique  édifice  d'hypothèses,  auxquelles  manque  seulement,  et 
pour  cause,  l'appui  du  plus  petit  document,  de  la  moindre  preuve 
positive.  Dans  le  détail  de  tout  cela,  le  lecteur  qui  sait  quelque  chose 
<les  gens  et  des  choses  de  l'époque  d'Elisabeth  et  de  Jacques  I*',  oppo- 
sera à.  tout  instant  aux  atFirmations  de  M.  Lefranc  mille  objections  et 
réserves  ;  sans  cette  connaissance,  il  sera  au  moins  surpris  du  peu 
qui  suffît  à  l'auteur  pour  se  convaincre  de  tout  ce  qui  peut  servir  sa 
thèse  ou  pour  lui  faire  écarter  tout  ce  qui  peut  aller  à  l'encontre. 
C'est  ainsi  que  M.  Lefranc,  trouvant,  sans  nécessité  bien  évidente, 
^aus  Peines  d'amour  perdues,  des  traces  d'un  séjour  à  Nérac  ou  i 
Pau,  profite,  pour  supposer  ce  séjour,  d'un  voyage  que  le  comte  de 
Derby  fit,  dit-on,  en  Espagne  ;  mais  le  même  document  qui  parle  du 
voyage  en  Espagne  en  mentionne  d'autres  plus  lointains,  en  Russie 
et  à  Constantinople,  lesquels  éloigneraient  de  Londres  le  comte  de 
Derby  juste  au  moment  où  M.  Lefranc  a  besoin  qu'il  compose  le 
théâtre  de  Shakespeare  :   le   premier  voyage,   qu'à  cela   ne    tienne. 


—  200  — 

sera  tenu  pour  authentique,  les  autres  pour  légendaires.  Peut-être  y 
à-t-il  lieu  de  noter  en  passant  l'ombre  relative  où  sont  laissées  cer- 
taines parties  gênantes  de  l'œuvre  de  Shakespeare,  par  exemple  les 
dédicaces  des  poèmes  (mentionnées,  mais  non  citées^,  dont  le  ton  et 
les  expressions  seraient  incompréliensibles  si  l'auteur  s'adressait  à 
un  tout  jeune  homme,  son  égal  par  la  naissance,  son  cadet  de  beau- 
coup par  l'âge  ;  par  exemple  encore,  les  Sonnets,  au  sujet  desquels  on 
pourrait  faire  les  mêmes  remarques  et  bien  d'autres.  Tout  ce  qu'il  y  a, 
croyons-nous,  à  retenir  de  ces  deux  gros  volumes,  ce  sont  quelques- 
unes,  quelques-unes  seulement,  des  observations  relatives  aux  origines 
de  Peines  d'amour  perdues.  Sans  donner  à  ces  observations  la  portée 
que  leur  assigne  M.  Lefranc,  sans  en  tirer  surtout  les  mêmes  conclu- 
sions que  lui,  on  peut  tenir  pour  possible  et  même  pour  assea  pro- 
bable que  quelque  écho'des  faits  et  gestes  de  la  cour  de  Navarre  se  trouve 
dans  cette  comédie  et  ailleurs  (l'écho  a  pu  venir  très  facilement  aux 
oreilles  de  Shakespeare  par  le  comte  d'Essex,  son  protecteur,  qui 
combattait  en  France  pour  Henri  IV  et  connaissait  ce  prince  ;  ii  pou- 
vait lui  parvenir  encore  par  bien  d'autres).  Si  ce  seul  petit  point  vient 
à  être  établi,  l'o'uvre  de  M.  Lefranc  ne  sera  pas  absolument  ce  qu'on 
serait  tenté  de  la  nommer  autrement  :  Peines  de  critique  perdues. 

A.    IJAUBEAU. 

Les  Pierres  du  Foyer.  Essai  sur  l'histoire  littéraire  de  la 
famille  française,  par  Henhv  Bouueaux.  Paris,  l^lon-INourrit,  s.  d., 
in-16  de  xvi-338  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  groupement  du  Foyer  est  bien  connu.  La  direction  en  fut  confiée 
en  1913  à  M.  Henry  Bordeaux,  qui  déjà  en  était  l'un  des  meilleurs 
collaborateurs.  Ce  sont  les  conférences  ou  lectures  données  par  lui  à 
cette  association  en  1912,  1913  et  1914  qu'il  a  réunies  dans  ce  volume. 
Elles  sont  comme  l'esquisse  d'uTi  ouvrage  plus  étendu,  entrepris 
avant  la  guerre,  «  une  histoire  littéraire  de  la  famille  en  France,  un 
tableau  de  la  vie  du  foyer  français.  »  M.  Henry  Bordeaux  a  traité  au 
Foyer  les  sujets  suivants  :  I.  L'Art  et  la  Famille.  II.  Les  Andromaques 
françaises.  III.  La  Mère  de  François  Villon.  IV.  La  Jeunesse  de  Ron- 
sard. V.  La  Leçon  de  Gargantua  à  son  fils  étudiant  à  Paris.  VI.  La 
Paternité  et  l'Éducation  dans  Montaigne.  VIL  Madame  de  Sévigné  et 
l'Amour  maternel.  VIII.  Les  Poètes  du  foyer.  IX.  La  Maison.  X.  Une 
"Famille  d'aujourd'hui.  A  ces  études  viennent  s'ajouter  deux  assez 
longues  Notes  :  1.  L'Habitation  de  famille.  II.  La  Voix  de  la  maison. 
Le  volume  contient  encore  le  discours  prononcé  par  M.  PaulBourget, 
le  22  février  1912,  pour  l'ouverture  des  conférences  de  M.  Henry  Bor- 
deaux, publiées  d'abord  dans  la  Revue  du  Foyer.  Les  amis  de  cette 
revue  se  plairont  à  les  relire.  L'ensemble  du  public  leur  fera  l'accueil 
qui  leur  est  dû.  M.  S. 


—  201  — 

Florlleyh»  d»«  proNiNtaM  iiruyiiiiyos,  por  N'icente  A.  Sai.averri  (Ant6n 
Martin  Saavedra).  lUieiioa  Aires  et  Valcncia,  cditorial  Cervantes,  1918, 
in-16  de  264  p.  —  Prix  :  3  fr. 

En  nous  offrant  ce  florilège  de  prosateurs  uruguayens,  M.  Sala- 
verri  précise  qu'il  n'y  a  voulu  faire  entrer  que  des  auteurs  vivants; 
niais  il  attribue  à  ce  mot  une  acception  large  et  originale,  car  il  nous 
donne  quelques  pages  d'écrivains  morts  récemment,  mais  dont  les 
écrits,  dit-il,  restent  toujours  vivants,  lus  et  discutés  autant  que  ceux 
des  écrivains  encore  en  vie. 

Les  morceaux  sont  répartis  dans  cinq  sections  :  essayistes.  —  arli- 
culistes,  —  conteurs,  romanciers,  — journalistes.  Sauf  José  Enrique 
Rodé,  dont  on  nous  donne  trois  morceaux,  chaque  écrivain  n'est 
représenté  que  par  une  seule  pièce  que  précèdent  quelques  lignes 
destinées  à  nous  le  faire  connaître.  C'est  ce  qui  a  permis  à  M.  Sala- 
verri  de  réunir  dans  ce  volume  peu  considérable  des  pages  de  trente- 
quatre  écrivains. 

Dans  sa  préface,  M.  Salaverri  ne  nous  dit  pas  seulement  comment 
il  a  conçu  et  composé  son  recueil,  mais  il  nous  renseigne  sur  l'orien- 
tation actuelle  de  la  littérature  du  pays  dont  il  est  aujourd'hui  l'im 
des  meilleurs  représentants.  11  nous  anponce  un  autre  florilège  des- 
tiné aux  poètes  et  dramaturges  ;  nous  l'attendons  avec  intérêt. 

E.-G.  Ledos. 

HISTOIRE 

Sept  Villes  mortes  (Cherc/iell,  Tipasade  Mauritanie,  Kliéinissa,  Madaure, 
Tipasn  de  Xamidie,  Thévesle,  Djeniilaj,  par  Martial  Douël.  Paris,  de  Boc- 
card.  s.  d.,  in-16  de  vni-275  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'auteur,  avant  la  guerre,  a  visité  l'Algérie  eu  touriste  averti  et 
curieux  d'antiquité  et  ce  sont  ses  impressions  qu'il  s'est  décidé  à  nous 
livrer,  en  dépit  des  circonstances,  non  sans  avoir  mis  ces  quatre 
études  au  point  des  dernières  découvertes. 

Livre  agréable,  et  pour  le  grand  public,  instructif,  où  une  informa- 
tion précise  soutient  les  envolées  poétiques  d'une  vision  d'artiste  et 
dune  imagination  reconstructive.  On  lira  avec  plaisir  ces  évocations 
de  la  vie  païenne  et  chrétienne  dans  le  cadre  chaque  jour  accru  par 
nos  infatigables  chercheurs,  des  cités  tour  à  tour  romaines  et  byzan- 
tines dont  les  restes  magnifiques  attestent  la  grandeur  et  les  vicissi- 
tudes. _  .\>-DRÉ  BaLDRILLART. 


Ostia.  Ceiiiii  storici  e  Guida,   da   Dante   Vaglu-ri.   Roma,    Loescher, 
in-16  de  xii-loO  p.,  avec  24  fig.  et  5  plans.  —  Prix  :  4  fr. 
Le  savant  directeur  des  fouilles  d'Ostie,  M.  Dante  Vaglieri,  a  pu- 
blié, sous  le  titre  qu'on  vient  de  lire,  un  petit  livre  plein  d'intérêt.  Les 
curieux  y  trouveront  d'abord  une  esquisse  de  Ihistoire  d'Ostie  dont 


—  202  — 

la  précision  les  enciiantera  ;  impossible  en  effet,  de  mieux  montrer 
les  transformations  de  cette  ville,  et  en  particulier  le  double  rôle 
militaire  et  commercial,  commercial  surtout,  joué  par  Oslie  dans 
l'antfquité.  A.u  moyen  âge  encore,  à  l'égard  des  pirates  maritimes,  des 
Âfricainsen  particulier,  Ostie  remplit  une  fonction  tutélaire  que  M.  Va- 
glieri  a  bien  mise  en  évidence  ;  d'autre  part,  l'activité  commerciale 
de  son  port  est  encore  grande  et  l'extraction  du  sel  en  est  la  principale 
industrie.  Mais  un  peu  plus  tard,  avec  le  xvi^  siècle,  voici  la  dépopula- 
tion, laruinequi  commencent,  tandis  que  se  développe  la  malaria...  ;  au 
début  du  siècle  dernier,  Oslie  est  bien,  comme  l'a  appelée  de  Bonstet- 
ten,  «  la  capitale  du  désert.  »  Si  intéressantes  que  puissent  être  ces 
pages  (p.  1-27),  elles  ne  constituent  toutefois  qu'une  introduction  à 
xe  guide  des  fouilles,  que  s'est  surtout  proposé  de  composer  M.  Va- 
glieri  ;  voilà  pourquoi,  dans  son  esquisse  historique,  l'auteur  a  particu- 
lièrement insisté  surl'Ostie  romaine  et  pourquoi  encore  il  conduit  le 
touriste  de  Rome  à  Ostie  par  l'antique  Via  Oslieiisis  en  appuyant  sur 
les  souvenirs  qu'elle  évoque  (p.  28-32).  Ainsi  le  visiteur  se  trouve  en- 
touré d'une  atmosphère  propice  à  l'étude  de  cette  Ostie  antique  que 
permettent  d'évoquer  les  fouilles  dont  IM.  Vaglieri  retrace  l'histoire  aux 
pages  33-37  de  son  livre.  De  ces  fouilles,  M.  Vaglieri  montre  enfin  les 
résultats  avec  un  grand  détail,  étudiant  successivement  chaque  rue, 
chaque  monument,  signalant  les  découvertes  intéressantes  faites  en 
chaque  point,  s'arrêtant  surtout  aux  thermes,  à  la  caserne  des  Vigiles, 
à  cette  rue  des  corporations  en  bordure  de  laquelle  tant  de  vestiges 
de  maisons  de  corporations  attestent  l'ancienne  prospérité  économique 
et  surtout  maritime  d'Ostie.  Deux  courts  chapitres  consacrés  aux  mo- 
numents de  rOslie  médiévale  et  moderne  (p.  119-136)  et  au  Musée 
provisoire,  —  l'A/diquario  ostiense  — (p.  137-150)  complètent  cet  ex- 
cellent volume,  très  scientifiquement  rédigé  et  très  instructif,  qu'ac- 
compagnent cinq  plans  (un  densemble,  quatre  de  détail)  et  de  très 
jolies  gravures.  —  C'est  un  vrai  plaisir  de- lire  ce  petit  volume,  vi- 
brant parfois  d'enthousiasme  (cf.  le  début  de  la  Préface),  où  M.  Va- 
glieri rend  pleine  justice  aux  excellents  travaux  de  M.  Carcopino  et 
n'oublie  pas  l'article  célèbre  (al  famoso  articolo),  déjà  ancien,  inséré 
par  Gaston  Boissier  dans  ses  Promenades  archéologiques  ;  mais  com- 
bien plus  intéressant  encore  ce  doit  être  de  se  promener  dans  Ostie, 
avec  le  livre  de  M.  Dante  Vaglieri  pour  compagnon,...  à  défaut  de 
M.    Vaglieri  lui-niêma  1  He?<ri  Froidevaux. 

La  Tradition  chevaleresque  des  Arabes,  parWACVK  liot  ikos  (Jii.vi.i. 
Paris,  Plon-Nourrit,  1919,  in-i6  de  300  p.  —  Prix  :  3  IV.  50. 

M.  Wacyf  Boutros  Ghali  n'est  pas  un  inconnu  pour,  les  lecteurs  du 
Polyhiblion.  Fils  d'un  premier  ministre  égyptien,  mort  tragiquement 


—  203   - 

en  1010,  il  a  publié,  sous  le  litre  du  Jardin  des  ^fleurs,  une  bonne 
anthologie  des  poètes  arabes  dont  nous  avons  rendu  coniple  en  mars 
1914  (tomeC\.X\,  p.  236-237).  L'ouvrage  actuel,  commencé  au  Caire, 
en  1914  et  terminé  à  Paris  en  1916,  a  pour  but  de  nous  montrer  que 
si  les  Arabes  n'ont  pas  eu,  comme  les  Occidentaux,  sous  le  nom  de 
chevalerie,  une  institution  sociale  et  religieuse  bien  détinie,  ils  ont 
eu,  avant  comme  après  Mahomet,  un  esprit  vraiment  chevaleresque 
(jui,  au  temps  des  Croisades,  aurait  même  influé  heureusement  sur 
Je  caractère  un  {)eu  rude  des  chevaliers  chrétiens  et  contribué  au  dé- 
veloppement de  la  courtoisie  envers  les  dames. 

Il  est  divisé  en  quatre  chapitres. 

Dans  le  premier,  consacré  à  la  noblesse  et  au  culte  des  aïeux,  nous 
"voyons  qu'en  Arabie,  il  n'y  a  pas  d'aristocratie  de  fortune  ou  de  nais- 
sance, mais  seulement  celle  «  que  confèrent  la  bravoure,  l'éloquence 
ou  la  générosité.  »  II  y  a  cependant  des  familles  plus  illustres  que  les 
autres,  par  exemple  celles  qui  peuvent  remonter  aux  compffgnons  du 
Prophète.  De  là  le  goût  des  généalogies  si  visible  dans  la  littérature 
arabe. 

Le  deuxième  chapitre  traite  du  culte  de  la  femme.  Celle-ci  tient, 
^n  effet,  une  place  importante  dans  les  poèmes  anté  islamiques  et 
dans  l'histoire  des  guerres  entre  tribus.  A  voir  le  rôle  qu'elle  joue 
dans  l'Arabie  ancienne  et  son  effacement  dans  la  société  musulmane 
moderne,  on  peut  même  se  demander  avec  l'auteur  si  elle  a  gagné  au 
changement  de  religion.  En  fait,  comme  le  montre  la  lecture  du 
Qoràn,  Mahomet  s'est  efforcé  d'adoucir  son  sort  assez  dur,  malgré  les 
apparences,  en  supprimant  le  meurtre  des  petites  filles  enterrées 
vives,  dès  leur  naissance,  dans  certaines  tribus,  en  limitant  la  poly- 
gamie, en  protégeant  la  dot,  en  mettant  quelques  entraves  à  la  répu- 
diation. Mais  les  mœurs,  corrompues  par  la  conquête  du  monde 
oriental  et  méditerrannéen  qui  a  développé  intensément  l'esclavage, 
ont  été  plus  fortes  que  les  préceptes  religieux  interprétés,  du  reste,, 
d'une  manière  intéressée  et  néfaste.  En  sorte  qu'aujourd'hui,  condam- 
née au  voile  et  à  la  réclusion  et  toujours  exposée  à  se  voir  supplantée 
dans  son  rôle  d'épouse  ou  chassée  du  domicile  conjugal,  la  femme  de 
l'Islam  peut  envier  le  sort  de  sa  sœur  d'Occident  soumise  aux  lois 
chrétiennes. 

Avec  le  troisième  chapitre,  sur  le  culte  du  cheval  et  des  armes,  nous 
trouvons  des  rapprochements  intéressants  et  bien  choisis  entre  des 
passages  de  nos  chansons  de  geste  et  des  poètes  arabes  qui  prouvent 
un  attachement  égal,  chez  les  guerriers  des  deux  religions,  pour  leurs 
montures  et  leurs  armes  :  cuirasses,  boucliers,  lances,  arcs  et  sabres. 

Le  quatrième,  sur  le  culte  de  Ihonneur,  est  entièrement  favorable 
il  la  thèse  de  l'auteur  qui  montre  bien  que  les  huit  articles  principaux 


—  204  — 

de  ce  qu'on  peut  regarder  comme  le  code  (  jamais  formulé  )  de  la 
chevalerie  ont  été  observés  par  les  Arabes.  Pour  ceux  qui  étaient  d'ordre 
religieux,  nous  remarquons  une  égale  obéissance  aux  commandements 
sacrés  et  une  même  ardeur  dans  la  lutte  contre  l'infidèle,  ardeur  qui 
ne  va  pas  sans  magnanimité  (Voir,  par  exemple,  du  côté  musulman, 
à  la  page  213,  la  superbe  harangue  du  khalife  Abou-Bekr  aux  soldats 
d'Ousâma  partant,  en  632,  pour  la  conquête  de  la  Syrie.  ).  Pour  les 
autres,  d'ordre  proprement  militaire,  bravoure,  fidélité  à  la  parole 
donnée,  générosité  et  protection  du  faible,  qui,  sauf  le  premier,  ont 
été  si  odieusement  violés  par  les  Allemands  et  leurs  alliés  depuis  1914,. 
les  preuves  abondent  que  disciples  du  Christ  et  sectateurs  du  Pro- 
phète ont  rivalisé  dans  leur  application.  Il  est  même  difficile  d'aller 
plus  loin  que  les  seconds  dans  ce  que  l'auteur  appelle  la  générosilé 
de  la  main  (p.  227-247).  Qu'on  lise  aussi  les  admirables  exemples  de 
protection  d'un  ennemi  devenu  occasionnellement  un  hôte  (p.  276- 
278). 

Nul'doute,  donc,  que  les  Arabes  ne  soient  une  noble  race,  iNul  doute 
non  plus,  comme  le  reconnaît  l'auteur  dans  sa  conclusion,  qu'ils  ne 
soient  plus  aujourd'hui  ce  qu'ils  étaient  autrefois,  bien  qu'ilscomptent 
un  x\bd-el-lvader  dans  leur  histoire  moderne.  Mais  la  cause  de  leur 
décadence  n'est  pas  l'islamisme  ;  c'est  surtout  le  régime  turc  établi 
depuis  la  chute  des  Abbassides,  malfaisant  et  destructeur  et  fausse- 
ment islamisé.  Sa  chute  est  donc  un  bonheur  pour  l'Orient  comme 
pour  l'Occident. 

Telle  est,  brièvement  résumée,  l'œuvre  de  M.  Wacyf  BoutrosGhali. 
Ecrite  dans  un  style  irréprochable  et  souvenf  plein  d'une  poétique 
émotion,  elle  prête  peu  à  la  critique  d'un  lecteur  français  qui  voit  ces 
mots,  dès  la  première  page  :  «  L'histoire  de  France...  est  le  plus  ad- 
mirable roman  de  la  chevalerie, qu'il  ait  été  donné  à  un  peuple  de 
réaliser  ))  et  qui  trouve  souvent  (et  notamment  à  la  page  216)  le  plus 
magnifique  éloge  de  notre  bravoure. 

Nous  sera-t-il  permis  cependant  de  dire  que  l'auteur  accepte  parfois 
trop  facilement  des  faits  reconnus  aujourd'hui  comme  inexacts  :  par 
exemple,  la  légende  de  Gerbert  élève  des  savants  arabes  de  Tolède,- 
au  x''  siècle  (  p.  251  )  ?  Nous  voudrions  aussi  plus  de  précision  dans 
les  références  (Ex.  :  Marin,  t.  11,  p.  181  [note  de  la  page  200|,  pour 
(llaude  Marin,  llisloire  de  Saladin,  que  nous  trouvons,  du  reste,  cité 
plus  loin  tout  au  long)  et  plus  de  rigueur  dans  la  transcription  des 
mots  arabes  (  Ex.  :  Moallakat,  dans  une  note  de  la  page  155,  et  Moal- 
laqaal,  dans  une  autre  de  la  page  suivante  ;  Tabaqualle  al  AUiba  et 
Tabagat  al  AUiba,  notes  2  et  3  de  la  page  250). 

Ces  réserves  n'enlèvent  rien  au  mérite  du  livre  de  M.  Wacyf  Boutros- 
Ghali. H,  GUIÎKIN. 


—  2o;i  — 

llecherche!i<  Miir  ({iiclques  foiicf ioiiiiaireH  royaux  dos  \II1*  «t 
XIV''  sièelos,  originaires  du  («àtinais,  par  IIkniu  Steih.  Paris, 
A.  Picard  et  fils.  1919,  in-8  de  211  p.  —  Prix  :  7  fr.  5U. 

Par  ce  livre  notre  savant  collaborateur  et  ami  ajoute  un  nouveau 
titre  à  ceux  qu'il  s'est  acquis  déjà  à  notre  reconnaissance  ;  il  est  au 
premier  rang  de  ceux  qui  mettent  au  service  des  travailleurs  une  in- 
lassable activité  et  une  vaste  érudition.  Autour  des  quatre-vingts  et 
<}uelques  fonctionnaires  royaux,  tous  du  xiii«  ou  du  iiv«  siècle  (sauf 
un,  qui  est  du  xv"  :  Gilles  d'Echainvilliers),  il  a  groupé  d'autres 
membres  de  leurs  familles,  soit  des  mêmes  siècles,  soit  d'époques 
antérieures  ou  postérieures  qui  ont  laissé  trace  dans  l'histoire  et  dont 
quelques-uns  ont  joué  un  rôle  assez  considérable,  en  sorte  que  le 
titre  choisi  modestement  par  l'auteur  ne  répond  pas  pleinement  au 
contenu  du  livre  qui  offre  au  curieux  une  ample  moisson  de  rensei- 
gnements sur  des  centaines  de  personnages.  L'érudition  locale  y  pui- 
sera naturellement  à  pleines  mains  ;  mais  l'érudition  générale  y  trou- 
vera aussi  son  compte. 

Nous  nous  permettons  de  regretter  l'absence  d'une  table  qui  aurait 
facilité  les  recherches  dans  cette  forêt  de  notes  touffues  (la  seule  table 
est  celle  des  fonctionnaires  qui  ont  été  l'objet  principal  des  notices)  ; 
l'absence  de  cette  table,  nous  le  craignons,  ne  permettra  pas  de  tirer 
de  ces  recherches  tout  le  parti  possible. 

Mais  cela  n'ôte  pas  grand'chose  au  mérite  de  M.  Stein,  qui  a,  che- 
min faisant,  identifié  plus  d'un  personnage  et  rectifié  plus  dune 
erreur  de  ses  devanciers.  Il  serait  bien  souhaitable  que  d'autres  pays 
fussent  aussi  favorisés  que  le  Gâtinais.  Les  études  historiques  y  gagne- 
raient singulièrement.  E.-G.  Ledos. 


Fr.  Luis  de  Léon  y  Fr.  Diego  de  Zuniga,  estudio  histôrico-critîco 
por  el  M.  R.  P.  M.  Fr.  Conrado  Muinos  Sâe.nz.  Obra  iiôstuma  precedida 
de  la  necrologia  del  autor.  El  Escorial,  adniinistracion  de  la  «  Ciudad  de 
Dios  »,  1914,  in-16  de  lvi-287  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Cette  œuvre  posthume,  à  laquelle  le  vénérable  auteur  n'a  pas  pu 
mettre  la  dernière  main,  qu'il  n'a  point  pu  soumettre  du  moins  com- 
plètement à  une  revision  finale,  n'en  fera  pas  moins  regretter  amère- 
ment la  mort  du  savant  religieux,  l'une  des  lumières  de  ce  monastère 
augustin  de  l'Escurial,  qui  fait  si  grand  honneur  à  l'Espagne  par  son 
érudition  et  par  son  activité  littéraire.  Les  hautes  qualités  scienti- 
fiques du  V.  Muiiios  Sâenz,  qu'estimait  à  sa  juste  valeur  un  maître 
comme  Menendez  y  Pelayo,  l'étendue  de  son  érudition,  la  sûreté,  la 
sérénité,  la  finesse  et  la  prudence  de  sa  critique  se  manifestent  comme 
nulle  part  ailleurs  dans  ce  volume  où  il  éclaircit  un  point  obscur  et 
troublant  de  l'iiistoire  religieuse  et  littéraire  du  xvi«  siècle. 


—  206  - 

Dans  le  procès  intenté  à  l'illustre  Fr.  Luis  de  Leôn,  en  1572,  devant 
l'Inquisition,  un  des  témoins  à  charge  contre  lui  qui  se  sont  montrés 
le  plus  âpres  et  contre  qui  lui-même  a  manifesté  le  plus  d'indigna- 
tion, est  un  de  ses  frères  en  religion,  un  augustin  nommé  Diego  de 
Zimiga  ;  et  l'on  voyait  dans  cet  adversaire  obstiné  un  écrivain  qui. 
sans  avoir  l'envergure  de  Fr.  Luis  de  Leôn  et  sans  avoir  atteint  sa 
renommée,  n'en  mérite  pas  moins  de  compter  parmi  les  gloires  de 
l'ordre  et  parmi  les  maîtres  dont  l'Espagne  peut  être  fière,  l'auteur 
d'un  traité  de  Vera  religione,  d'un  ouvrage  de  philosophie  dont  la 
première  partie  seule  a  été  publiée,  et  de  commentaires  sur  l'Écriture 
sainte,  notamment  sur  le  livre  de  Job,  qui  méritent  particulièrement 
de  retenir  l'attention,  parce  que  c'est  le  premier  ouvrage  connu  où  un 
Espagnol  prenne  décidément  la  défense  du  système  de  Copernic. 

Il  y  avait  bien  entre-.cet  écrivain  distingué  et  le  Diego  de  Zûniga 
du  procès  des  discordances  singulières,  des  données  biographiques 
divergentes  et  difficiles  à  concilier.  Tout  s'explique,  tout  s'éclaire 
dans  la  docte  étude  du  P.  Muinos.  Il  y  a  eu  à  la  même  époque  deux 
Diego  de  Zûniga  dans  la  famille  augustinienne  d'Espagne  ;  l'un 
Diego  Arias  de  Zûniga,  c'est  le  philosophe  et  théologien  connu  ; 
l'autre  Diego  Rodriguez  de  Zûniga,  c'est  le  témoin  du  procès  de 
Fr.  Luis  de  Léon,  que  l'on  retrouve  aussi  comme  délateur  dans  un 
autre  procès  demeuré  inédit,  celui  de  Gudiel.  Peut-être  même  y  a-t  il 
eu  un  troisième  religieux  du  même  nom  ;  mais  Don  Muinos  s'en  tient 
à  ces  deux-là,  et  il  nous  semble  qu'il  a  raison. 

Telles  sont  les  conclusions  générales  de  son  travail,  qui  abonde 
d'ailleurs  en  renseignements  curieux  et  utiles  sur  l'époque. 

Le  P.  P.  B.  Fernândez  a  réuni  en  tête  du  volume  quelques  données 
biographiques  et  quelques  jugements  élogieux  sur  son  saint  compa- 
gnon, empruntés  pour  la  plupart  à  des  articles  de  journaux  et  de 
revues  à  l'occasion  de  sa  mort.  E.-G.  Ledos. 


Les  Dernières  Années  de  Turenne,  1660-1675,  par  Camille- 
Georges  PicAVET.  Paris,  Calmann-Lévy,  s.  ci.  (1919).  in-8  de  vni-5l3p. 
—  Prix  :  7  fr.  50. 

Le  Turenne  des  dernières  années  est  le  plus  original  et  le  moins 
connu.  M.  Picavet  n'a  pas  voulu  faire  un  livre  d'histoire  militaire 
proprement  dite,  et,  tout  en  insistant  sur  Turenne  général  d'armée 
ou  conseiller  en  matières  militaires,  il  a  cherché  surtout  à  mettre  en 
lumière  l'homme  d'Etat,  le  conseiller  du  Roi,-  sa  conversion  au  ca- 
tholicisme et  les  rapports  de  Louis  XIV  et  de  ses  ministres,  à  partir 
de  1061,  avec  Turenne.  La  situation  de  Turenne,  à  celte  époque,  est 
éminente  ;  il  est  maréchal  général  des  camps  et  des  armées  du  Roi,  il 
appartient  à  la  famille  des  Bouillons  et  se  pare  du  titre  de  «  prince 


—  207    - 

élrangfr  »  ;  il  a.  ou  Kuiojjo,  des  alliances  priiicièics  el  il  eslcii  France 
le  plus  illustre  représenlaul  de  la  religion  piotcslanle.  Mazarin,  dont 
il  fut  le  principal  général  dans  les  dernières  années  de  la  Fronde, 
l'emploie  également  aux  affaires  diplomatiques  et  l'ignorance  où  cha- 
cun est  des  aptitudes  et  du  caractère  du  jeune  Louis  \IV,  ouvre  à 
l'ambition  de  Turenne  les  plus  grandes  espérances  ;  la  rentrée  en 
grâce  de  Condé  est  trop  récente  pour  que  Turenne  puisse  redouter  de 
rival  sérieux.  Mais  Turenne  est  désappointé  de  n'être  pas  appelé  au 
ministère  par  Louis  \1V  en  IfiGl.  et,  dans  le  procès  Fouquel,  il  suit 
avec  intérêt  les  efforts  que  font  financiers  et  gens  de  robe  pour  arra- 
cher le  surintendant  aux  haines  tenaces  de  ses  adversaires.  M.  l'icavel 
a  démêlé  avec  une  raie  sagacité  les  raisons  de  la  conduite  changeante 
de  Turenne  et  après  l'exposé,  si  heureusement  agencé  de  la  position 
de  Turenne  à  la  Cour,  en  F'rance  et  en  Europe,  c'est  un  chapitre  d'ana- 
lyse psychologique  qui  nous  permet  d'apprécier  les  qualités  du  jeune 
historien  ;  dans  la  sèche  documentation  il  sait  retrouver  la  vie  et 
faire  leur  part  aux  influences  mondaines,  sociales  et  politiques.  Nous 
le  constatons  aussi  dans  le  chapitre  de  la  réorganisation  de  l'armée 
royale  :  les  premiers  rapports  de  Turenne  et  de  Louvois  sont  présen- 
tés sur  faits  précis  ;  M.  Picavet  tend  à  poser  ses  personnages  dans 
eur  véritable  caractère.  Turenne  travaille  plus  officieusement  qu'of- 
ficiellement ;  de  1060  à  1672,  c'est  en  politique  extérieure  que  son  ac- 
tivité s'exerce  d'une  façon  variée  et  continue  par  une  féconde  et  in- 
time collaboration  avec  Lionne  et  Louis  XIV.  11  est  admirablement 
utilisé  par  le  jeune  roi  et  M.  Picavet  donne  de  Turenne.  homme 
d'État,  ce  jugement  :  ((  Les  qualités  de  Turenne  comme  homme 
d'État  sont  celles-là  mêmes  dont  il  a  fait  preuve  sur  d'autres  terrains, 
la  prudence,  l'information,  l'absence  de  parti  pris  et  de  sympathie 
exceptionnelle  pour  telle  ou  telle  nation,  le  sens  aigu  de  l'opportunité 
et  l'on  dirait  même  la  précision  si  elle  était  conciliable  aACC  l'habituelle 
obscurité  de  Turenne.  Tout  au  plus  peut-on  ajouter  que  Turenne,  en 
politique  comme  à  la  guerre,  a  plus  nettement  la  conscience  des 
moyens  de  détail  à  employer  que  celle  des  fins  dernières.  » 

Aussi  ne  s'étonne-t-on  pas  de  la  toute-puissance  du  maréchal  pen- 
dant la  campagne  de  1667  ;  elle  se  termina  cependant  pour  lui  par 
une  éclipse  d'influence  dont  profitèrent  Condé  et  les  ministres  Col- 
bert  et  Louvois  ;  M.  Picavet  explique  ingénieusement  les  raisons  de 
cette  diminution  de  l'autorité  de  Turenne  et  cela  lui  permet  de  prou- 
ver quelle  connaissance  profonde  il  a  des  événements  et  des  hommes 
du  xvii"  siècle.  Le  chapitre  YI,  la  conversion  de  Turenne,  est  l'étude 
d'un  cas  de  conscience.  Pourquoi  Turenne  s'est-il  converti  en  1668? 
Quelles  sont  les  raisons  de  cet  acte  grave?  Fut-ce  politique,  ambition, 
conviction?  M.  Picavet  qui  possède  la  psychologie  de  son   Turenne 


—  208  — 

plus  que  n'importe  quel  autre  historien,  a  écrit  sur  cette  conversion, 
l'un  des  meilleurs  chapitres  de  son  livre  ;  il  a  analysé  avec  un  goût 
éclairé  les  faits,  les  raisons,  les  personnages  et  les  livres  qui  déci- 
dèrent Turenne  à  changer  de  religion  ;  son  argumentation  serrée, 
abondante  et  multiple,  comme  celle  d'un  tliéologien  nous  amène  à 
ne  pas  douter  de  la  sincérité  de  l'acte  religieux  que  fit  Turenne.  La 
guerre  de  Hollande  et  les  campagnes  d'x\llemagne  de  1672  à  1675 
rendirent  à  Turenne  la  place  qui  convenait  à  son  génie  militaire. 
M.  Picavet  détermine  le  rôle  de  Turenne  dans  ces  grandes  guerres  ; 
bien  qu'il  ne  s'étende  pas  sur  l'histoire  des  opérations,  il  nous  fait 
suivre  au  jour  le  jour  le  développement  prudent  des  idées  et  de  la 
tactique  de  ce  grand  temporisateur,  dont  les  succès  furent  si  brutale- 
ment interrompus  par  la  mort.  Ayant  ainsi  montré  son  héros  dans 
tous  les  domaines  d'une  activité  qui  semble  s'accroître  avec  l'âge. 
M.  Picavet  conclut  :  «  Turenne  ne  perd  pas  à  être  connu  de  près,  étu- 
dié dans  ses  écrits  plus  encore  que  dans  ceux  des  autres  ;  en  gagnant 
en  précision  et  en  réalité  historique,  sa  physionomie  nous  a  paru 
acquérir  en  même  temps  une  valeur  individuelle  et  une  valeur  d'hu- 
manité supérieures.  »  G.  P. 


L'Amiral  de  Grasse,  par  le  chanoine  Max.   Caron.  Paris,  Téqui,  1919, 
in-12  de  xv-277  p.,  avec  grav.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Cet  ouvrage  procède  d'un  très  honorable  sentiment.  Montrant  ce 
que  nous  avons  fait  pour  l'Amérique,  il  rend  hommage  à  la  recon- 
naissance qu'elle  nous  a  magnifiquement  témoignée.  Mais,  à  vrai  dire, 
quatre  chapitres  sur  quinze  («  les  origines  d'un  grand  peuple,  le 
réveil  de  gloire,  la  civilisation  en  péril,  l'Amérique  se  souvient 
magnifiquement  de  ses  libérateurs  »),  n'ont  rien  de  commun  avec 
une  biographie  de  l'amiral  de  Grasse.  Et  quant  à  la  documentation, 
je  doute  qu'on  retrouve  facilement  une  lettre  de  Washington  à  l'ami- 
ral de  Grasse,  avec  cette  seule  référence  :  «  Aux  Archives  de  la  Biblio- 
thèque nationale  »  (p.  109).  Ce  qui  manque  totalement,  c'est  une 
liste  des  archives  de  l'amiral  et  de  son  escadre,  dispersées  partout  : 
aux  Archives  nationales,  au  service  hydrographique  de  la  Marine  et, 
si  mes  renseignements  sont  exacts,  aux  États-Unis,  dans  la  famille  de 
ses  descendants.  Ce  que  M.  le  chanoine  Caron  a  exhumé  avec  beau- 
coup d"à-propos,  c'est  la  tombe  trop  oubliée  de  l'amiral  au  château 
de  Tilly  en  Seine-et-Oise.  Des  gravures  nous  font  connaître  le  lieu 
charmant  où  s'éteignit  François-Joseph-Paul  comte  de  Grasse  de  Rou- 
ville,  des  comtes  et  «  princes  souverains  d'Anlibcs,  marquis  de 
Tillv.  »  Ch.  de  la  Koncière. 


—  209  — 

3.H  Itibliolhèque  de  riJnivci-sité  «le  Loiivaia.  l03Ci-n>|^    par 

Ed.  ni;  MoiucAL-,   S.   J.    Lo.iv.'.in,    Fonleyn.    lîMS.  i„-8  d,.  ,v-l  |:{    „     'avec 
4  pi.  <'l  2  plan.s. 

Q(ia,Kl  les  troupes  tl.i  Kaiser  eurent  réduit  en  cendres  la  biblio- 
tli.-quo  de  la  fameuse  Université  catholique  de  Louvain,  il  s'est  trouvé 
eu  Allemagne  des  érudits  pour  déclarer  datis  le  Centralblall  fur  Di- 
bludliekswesen  (la  première  revue  d'Allemagne  et  l'une  des  plus  connues 
du  monde  en  matière  de  bibliothèques),  qu'après  tout  la  perte  n'était 
pas  grande  et  que  la  collection  disparue  n'avait  qu'une  médiocre  va- 
leur. Il  n'y  avait  pas  seulement  là  de  l'impudeur  mais  aussi  une  igno- 
rance du  sujet  ou  une  mauvaise  foi  qui  ne  sont  pas  à  l'honneur  cîe  la 
science  allemande. 

Pour  se  convaincre  du  contraire,  il  suffira  de  lire  la  très  intéres- 
sante notice,  rédigée  «  dès  les  débuts  de  l'occupation  allemande  ..  par 
le  P.  deMoreau,  il  suffira  de  parcourir  les  listes  qu'il  donne  d'une 
partie  des  manuscrits,  des  archives  et  des  incunables  détruits.  L'on 
verra  que  des  trésors  inestimables  ont  été  livrés  aux  flammes,  et  l'on 
comprendra  l'exclamation  du  savant  auteur:  «  Refaire  la  bibliothè- 
que de  Louvain  !  Qui  donc  lui  rendra  —  et  je  ne  parle  pas  ici  des  ma- 
nuscrits, des  archives  et  des  incunables  —  qui  donc  lui  rendra  sacol- 
loclion  académique,  les  œuvres  complètes,  souvent  annotées  par  eux, 
de  tant  de  professeurs...  ?  qui  lui  rendra  ses  unica,  ses  rarissima,  en 
très  grand  nombre  ?  Qui  lui  rendra  ses  in-folio  de  mathémathiques, 
de  médecine  ancienne,  de  théologie,  de  droit  canon,  d'histoire,  de 
patrologie...  ?...  Qui  lui  rendra  ces  virulents  pamphlets,  aux  gravures 
grotesques  et  truculentes,  que  les  Luthériens  opposaient  aux  Lova- 
fiienses...  ?...  On  ne  refera  pas  la  bibliothèque  de  Louvain.  parce  que 
la  bibliothèque  de  Louvain  s'est /a«7e  au  jour  lejour.  en  même  temps 
que  se  faisait  l'histoire  de  l'Université,  dépendamment  d'elle,  et  que 
cette  histoire-là  ne  se  refera  pas.  Mais  qu'on  fasse  à  l'Université  une 
bibliothèque  nouvelle.  C'est  mon  ardent  souhait.  » 

C'est  aussi  le  nôtre  et  nous  savons  qu'en  France  comme  ailleurs  on 
s'est  préoccupé  de  cette  œuvre  de  juste  réparation.     E.-G.  Ledos. 

Ih.ntoii  et  la  paix,  par  Albert  Math.ez.  Paris,  la  Renaissance  du  livre 
s.  d.,  in-18  de  vhi-263  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

M.  Albert  Mathiez  n'a  pas  pardonné  à  Danton  d'avoir  été  mis  en 
parallèle  avec  Robespierre  et  de  lui  avoir  parfois  été  préféré.  Il  pour- 
suit avec  persévérance  son  réquisitoire  contre  le  tribun  dont  la  lé- 
gende s'inscrit  sur  l'une  des  faces  du  bloc  révolutionnaire. 

Dans  de  précédents  ouvrages,  il  a  dénoncé  l'intrigant  sans  scru- 
pules dont  le  trop  rapide  enrichissement  était  pour  le  moins  équi- 
OcTODUE  1919.  X   CXLII.  14. 


—  210  —  ' 

\oque  ;  autre  pari,  il  a  stigmatisé  l'associé  des  métèques  véreux  avec 
lesquels  il  était  enchaîné  par  les  liens  d'une  mystérieuse  complicité. 
Cette  fois,  c'est  au  patriotisme  de  Danton  que  M.  Mathiez  s'attaque  : 
au  moment  où  la  coalition  menaçait  l'existence  de  la  République  et 
peut-être  celle  de  la  France,  un  parti  trahissait  la  cause  nationale  en 
essayant  de  jeter  le  découragement  dans  les  rangs  de  ses  défenseurs  ; 
les  défaitistes  et  les  pacifistes  de  1793  réclamaient  une  paix  immé- 
diate, dût-elle  être  bancale  et  périlleuse  et  ils  s'agitaient  autour  de 
Danton  ;  ils  profitaient  des  subsides  qu'il  ne  savait  pas  leur  refuser,, 
se  couvraient  de  sa  protection,  vivaient  de  son  prestige  ;  ils  ne  ca- 
chaient pas  qu'ils  auraient  un  jour  pour  chef  l'homme  puissant  à  qui 
sa  tonitruante  éloquence  et  ses  hardiesses  verbales  avaient  fait  la  ré- 
putation d'un  meneur  de  peuples.  Danton,  exploitant  son  brevet  de 
patriote,  avait  cru  pouvoir  se  mêler  à  des  négociations  suspectes  dont 
l'aboutissement  fatal  était  une  paix  déshonorante.  A  ce  jeu,  Danton 
gagna  de  porter  sa  tête  sur  l'échafaud.  Si  son  procès  ne  fait  pas  plus 
explicitement  état  de  ses  compromissions  avec  les  ennemis  de  la  pa- 
trie, c'est  que  certaines  révélations  avaient  été  procurées  par  des 
moyens  que  le  Comité  de  salut  public  ne  crut  pas  devoir  divulguer. 
Telle  est  la  thèse  de  M.  Mathiez,  soutenue  avec  la  profonde  érudi- 
tion et  la  logique  passionnée  dont  cet  historien  s'inspire.  Il  n'est  pas 
possible  de  ne  pas  transposer  quelques-unes  de  ses  pages  au  cœur  de 
notre  époque,  alors  qu'un  autre  politicien  a  essayé  de  trafiquer  de 
l'honneur  de  son  pays  et  a  noué  au  dehors  des  intrigues  d'où  il  espé- 
rait tirer  la  satisfaction  de  ses  instincts  dominateurs.  On  a  souvent 
parlé  des  «  recommencements  de  l'Histoire  »  ;  il  se  pourrait  que 
nous  en  trouvions  un  ici  et  des  plus  significatifs.  P.  Pisani. 


Force  au  droit.  Le  Problème  d'Alsace-Lorraliie,  par  H.  Maringeh. 
Paris,  Berger-Levrault,  1913,  in-12  de  xx-341  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Pourquoi  faut-il  que  des  conclusions  inattendues  et  qui  appellent  de 
sérieuses  critiques  viennent  déparer  un  volume  qui  dans  sa  majeure 
partie  est  un  chef-d'œuvre  de  perspicacité  politique  ?  A  en  lire  la  pre- 
mière partie  aujourd'hui,  après  la  victoire  française,  après  le  retour 
triomphal  de  l'Alsace-Lorraine  à  la  France,  il  faut  un  effort  de 
pensée  pour  y  voir  une  étude  écrite  avant  la  guerre  sur  les  causes  et 
des  facteurs  de  la  guerre  et  non  un  simple  exposé  de  la  suite  des  évé- 
nements telle  que  l'histoire  l'a  enregistrée.  Toutes  les  raisons  pour 
lesquelles  la  guerre  était  inévitable  sont  écrites  dans  ces  pages  :  rai- 
sons politiques,  économiques,  psychologiques.  La  question  d'Alsace- 
Lorraine  les  domine  toutes  :  question  d'honneur  et  de  droit  qu'en 
vain  des  maladroits  ou  des  criminels  avaient  tenté  de  faire  oublier. 
L'auteur  a  prévu  cependant,  comme  s'il  avait  lu  dans  l'avenir,  que  la 


—  211   — 

France  ne  se  lancerait  dans  la  guerre  qu'à  l'occasion  d'un  connit 
(Tordre  griiôral  et  que  la  guerre  serait  déclenclu'e  par  l'AlIrmagne, 
("lie- même. 

Mais  l'ambiance  était  si  déprimante  en  1913  (jue  l'auteur,  tout  en 
(Jéclarant  la  paix  impossible,  n'a  pas  cru  pouvoir  se  dispenser  d'envi- 
sager des  solutions  pacifiques  de  la  question  d'Alsace-Lorraine  : 
échanges  de  territoires,  compensations  de  toute  nature  à  accorder  à 
l'Allemagne  si  elle  abandonnait  la  terre  d'Empire.  Sans  doute  l'au- 
teur proclame  à  plusieurs  reprises  que  ce  sont  là  des  chimères.  Ces 
regrettables  chimères  n'en  ont  pas  moins  existé  dans  beaucoup  d'es- 
prits et  ont  eu  de  fâcheuses  répercussions.  Pendant  la  guerre  même, 
il  fut  un  temps  où  des  pessimistes  honteux  envisageaient  la  fin  du 
conflit  par  im  compromis  qui  aurait  rendu  l'Alsace  et  la  Lorraine  en 
tout  ou  en  partie  à  la  France  moyennant  la  cession  à  l'Allemagne  de 
telle  ou  telle  partie  de  nos  colonies.  Ce  fut  le  moment  où  on  comnjit 
la  maladresse  de  déclarer  que  la  France  ne  se  battait  que  pour  l'Alsace- 
Lorraine  ;  et  cette  déclaration  ne  fut  que  trop  soigneusement  enregis- 
trée par  ceux  qui,  à  la  Conférence  de  la  paix,  devaient  marchander  avec 
succès  les  réparations  et  les  garanties  territoriales  nécessaires  à  la 
France.  L'erreur,  cause  initiale  de  ce  désastreux  résultat,  a  été  de  ne 
pas  voir  que  la  lutte  engagée  ne  comportait  pas,  en  raison  de  ses 
causes  profondes,  d'autre  issue  que  la  défaite  totale  d'un  des  deux 
partis. 

La  perspicacité  de  l'auteur  est  encore  tout  à  fait  en  défaut  dans  la 
solution  qu'il  préconise  après  une  victoire  française  :  il  souhaite  que 
la  France  fasse  le  sacrifice  de  l'Alsace  dans  l'intérêt  d'une  paix  défini- 
tive et  propose  la  création  d'un  État-tampon  comprenant  la  Prusse 
rliénane,  le  Palatinat...  et  l'Alsace  I 

Malgré  son  profond  patriotisme,  il  avait  subi  linfluence  de  cette 
abominable  campagne  qui,  pour  écarter  la  guerre,  méconnaissait 
systématiquement  les  sentiments  de  l'Alsace  pour  la  France.  Quelle 
réponse  l'Alsace  a  faite  aujourd'hui  à  ceux  qui  l'avaient  supposée 
capable  d'oublier  la  patrie  !  Et  quelle  solution  apparaîtrait  comme 
plus  inique  que  celle  d'avoir  condamné  cette  province,  plus  ardem- 
ment française  qu'aucune  autre,  à  servir  de  champ  clos  aux  influences 
rivales  de  la  France  et  de  l'Allemagne  ! 

Enfin,  et  comme  conséquence  de  l'erreur  qui  précède,  l'auteur 
repousse,  toujours  dans  l'intérêt  de  la  paix  définitive,  la  solution  qu'il 
reconnaît  la  plus  simple  et  la  plus  naturelle  et  qui  eût  consisté  à  repor- 
ter totalement  la  frontière  française  au  Rhin.  C'est  hélas  !  l'opinion 
qui  a  prévalu  dans  les  mystérieuses  tractations  de  la  Conférence  de  la 
•paix.  Ici  il  est  plus  excusable  qu'en  ce  qui  concerne  l'Alsace,  car  il 
écrivait  avant  la  guerre  et  pouvait  ne  pas  prévoir  ni  l'effondrement 


—  212  — 

total  fie  l'Allemagne  ni  la  facilité  d'un  rattachement,  sinon  d'une 
annexion  des  provinces  riiénanes  qui  eut  été  pour  la  France  la  seule 
compensation  eiïicace  à  ses  pertes.  -Pourquoi  faut-il  que  l'opinion 
française  ne  se  soit  pas  impérieusement  dressée  pour  exiger  cette  trop 
légitime  compensation  P  N'avail-elle  pas,  elle  aussi,  le  droit  d'avoir 
une  volonté?  Mais  ce  n'est  pas  à  la  chimère  d'une  paix  définitive  avec 
l'Allemagne  que  le  sacrifice  de  celte  compensation  a  été  fait.  Ceux  qvie 
hantaient  la  crainte  d'une  France  trop  forte  ont  trouvé  une  aide  regret- 
table dans  une  opinion  publique  mal  préparée  à  la  victoire  et  aux  so- 
lutions victorieuses  et  qui  n'a  pas  su  vouloir. 

Enfin  une  dernière  critique  s'impose  :  la  forme  est  un  peu  négligée 
€t  tient  plus  de  l'article  de  journal  que  du  livre  de  haute  politique. 
Mais  pas  plus  que  les  autres  défauts  de  l'ouvrage,  celui-ci  ne  lui  ôte  le 
très  grand  mérite  d'être,  quant  au  fond,  un  des  meilleurs  exposés  de 
la  question  d'Alsace-Lorraine  telle  qu'elle  se  posait  en  1913. 

Eugène  Godefroy. 


La  France  éternelle,  par  Gustave  Rodrigues.  Paris,  Alcan,  1919,  in-i8 
de  ni-3i6  p.  —  Prix  :  3  fr.  SO. 

«  Apprendre  la  France  et  l'apprendre  à  la  fois  aux  Français  et  aux 
étrangers,  telle  est  bien  l'une  des  tâches  les  plus  essentielles  de 
l'heure  présente...  Tel  est  le  but  de  ce  livre  :  un  effort  modeste  et  sin- 
cère pour  mettre  en  lumière  les  grands  traits  de  notre  pays,  un  désir 
de  le  rendre  familier  à  ceux  qui,  d'instinct,  sympathisent  avec  lui, 
■qui  en  ont  la  curiosité,  qui  eu  subissent  l'attraction  ». 

Nous  pouvons  dire  que  l'auteur  u  réussi  —  eu  grande  partie  au 
moins.  11  étudie  tour  à  tour  le  milieu  :  l'histoire,  la  province,  Paris  ; 
l'individu  :  l'intelligence  française,  la  sensibilité  française,  l'énergie 
française  ;  puis  la  société  :  la  famille,  la  vie  politique,  la  vie  reli- 
gieuse et  morale,  la  France  et  le  monde.  Et  dans  ces  études,  écrites 
avec  un  amour  passionné,  l'auteur,  sans  dissimuler  nos  faiblesses, 
exalte  nos  vertus  et  met  dans  un  relief  puissant  plusieurs  des  traits  qui 
rendent  le  caractère  français  si  sympathique  et  qui  permettent  à  la 
FraTice  de  tenir  dans  le  monde  une  si  grande  place.  11  y  a  beaucoup 
de  finesse  dans  son  analyse  psychologique,  et  il  montre  fort  habile- 
ment que  la  France,  pays  des  contradictions  :  physiques,  psycholo- 
giques, morales,  a  su  Ion  résoudre  par  son  histoire  et  les  fondre  dans 
une  harmonie  singulière.  On  pourrait  relever  dans  ce  livre  plus  d'un 
trait  i)iquant,  plus  d'une  phrase  qui  semble  paradoxale  et  qui,  au 
fond,  énonce  une  vérité. 

Juste  et  vrai  dans  l'ensemble,  le  portrait  qu'il  nous  présente  a 
néanmoins  des  lacunes  et  des  erreurs.  Il  y  a  quelque  e.xagération  à 
refuser  à  la  France  tout  génie  poétique.  Dire  que  le  Fran(;ais  est  inca- 


—  2\:\  — 

pable  (le  mysticisme,  c'est  oiibliei  ciue  la  France  est  le  pays  de  S.  lier- 
Tiarrl  —  pour  ne  pailei'  que  de  celui-là  —  l'un  des  plus  grands  et  de» 
plus  beaux  génies  mystiques  qu'ait  produits  le  christianisme.  11  n'est 
pas  plus  juste  de  dénier  à  nos  compatriotes  l'esprit  inétaphysifpje. 
D'ailleurs,  malheureusement,  M.  Hodrigues.  qui  semble  l'un  des 
apôtres  de  cette  folie  déshonorante  de  la  religion  de  l'humanité, 
témoigne  d'une  ignorance  et  d'une  inintelligence  regrettables  des 
choses  religieuses. 

Sur  d'autres  points  encore  —  ce  qu'il  dit  par  exemple  du  syndica- 
lisme en  France,  —  il  y  aurait  bien  des  réserves  à  faire  sur  ses  asser- 
tions. Mais  le  livre  n'en  mérite  pas  moins  d'être  lu,  il  se  lit  avec  un 
léel  plaisir  et  il  laissera  une  forte  et  vive  impression  sur  l'esprit  du 
lecteur.  E.-G.  Ledos. 


Itellfjion.  Famille.  Pairie,  par  Mgr  GibiKn.  Paris,  Téqui.    IlilO,  in-lî 
de  xxvi-462  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Mettre  en  lumière  les  raisons  d'aimer  et  les  moyens  de  servir  la 
patrie,  y  a-t-il,   quand  cette  patrie  est  la  France,   beaucoup  d'aussi 
hautes  tâches  ?  Mais  pour  traiter  un  pareil  sujet  sans  lui  être  par  trop 
inférieur,  il  faut  avoir  tonte  l'ouverture,  toute  l'élévation  d'esprit  de 
Mgr  Gibier.  Nul  ne  fait  mieux  sentir  comme  on  peut  aimer  à  la  fois 
la  France  d'aujourd'hui  et  la  France  d'hier,  dans  toute  la  continuité 
de    sa    merveilleuse   histoire.    Et    son   patriotisme   est   agissant.    11 
s'attache  à  nous  montrer  comment  il  faut  travailler,  avec  patience  et 
confiance,  à  constituer  une  Fi-ance  organisée,  une  France  vivante, 
une  France  rayonnante,  une  France  unie,  une  France  catholique.  Un 
programme  aussi  vaste  comporte  naturellement  bien  des  rappels  de 
notions  sommaires  d'économie  sociale  et  de  droit  civique.   Mais  ce 
guide  autorisé  nous  offre  tout  autre  chose  que  de  vagues  généralités. 
Il  trace  une  direction  à  suivre  lorsqu'il  invite  les  Fran(;ais,  autour  de 
l'idée  de  patrie,  à  s'unir  sur  le  terrain  du  droit  commun,  dans  la 
pratique  du  respect  mutuel.  11  indique  comment,  n'ayant  plus  l'unité 
leligieuse,  nous  pourrions  du  moins  avoir  la  pacification  religieuse. 
On  ne  sera  pas  surpris  que  certaines  pages  de  l'éloquent  prélat  aient 
l'allure  un  peu  oratoire  ;    mais  il  en  est  d'autres  qui.  dans  leur  pré- 
cision et  leur  simplicité,  sont  des  modèles  de  finesse  et  de  lucidité, 
telles,  par  exemple,  celles  qui  sont  consacrées  aux  lâches  modestes 
(p.   xxi)  ou  aux   familles   stables  (p.    175  et  17G).  Dans   le  texte  de 
Mgr  Gibier  s'intercalent,  sans  disparate   ni  surcharge,   d'abondantes 
citations.   Les  plus  nombreuses  me  paraissent  empruntées  à  Lacor- 
daire  et  à  Bossuet.   Une  seule  est   tirée  de  Xewmai;,  bien  belle  en  sa 
concision  :  <(  On  ne  peut  rien  faire  de  grand  sans  la  France,  n 

Baron  Angot  ues  Rotocrs. 


—  214  — 

La  Femme  devant  les  urnes,  par  Marguerite-Augustiih  Féuaud,  avec 
préface  de  Georges  GoYAU.  Paris,  Perrin,  1919,  ia-12  de  xii-206  p.  — 
Prix  :  3  fr.  60. 

Bien  des  personnes  ont  de  la  peine  à  accepter  l'idée  du  vote  politique 
des  femmes,  bien  des  gens  sont  tentés  de  dire,  comme  disait  le  pape 
Pie  X  :  ((  Le  suffrage  des  femmes,  il  ne  nous  manque  plus  que  cela  !  » 
Mais  la  question  n'est  plus  maintenant  de  savoir  s'il  faut  l'approu- 
ver. Le  suffrage  des  femmes  est  dans  la  logique  du  suffrage  universel  ; 
il  s'imposera  bientôt,  et  il  faut  s'y  préparer  :  tel  est  le  sens  du  livre  de 
M""  Féraud.  Il  est  bien  vrai  que  les  femmes  ne  sont  pas  faites  pour 
la  vie  publique  ;  c'était  l'idée  romaine  et  c'est  aussi  l'idée  chrétienne. 
Mais,  d'autre  part,  les  femmes  ne  sont  pas  moins  intéressées  que  les 
hommes  à  la  bonne  marche  des  affaires  publiques,  et  quand  tous  les 
hommes,  sans  exception,  sont  appelés  à  y  participer,  il  est  injuste  de 
ne  pas  dormer  le  même  droit  aux  femmes.  Le  suffrage  universel  sans 
le  vote  des  femmes  est  un  mensonge.  Je  sais  bien  qu'on  pourrait 
trouver  une  conciliation  entre  ces  idées  contraires  dans  le  vote  fami- 
lial, qui  accorderait  au  père  de  famille  le  droit  de  voter  pour  sa 
femme  et  pour  ses  enfants  ;  mais,  même  dans  ce  système,  quand  le 
père  a  disparu,  la  mère  survivante  doit  pouvoir  voter  elle-même 
aussi  au  nom  des  enfants  dont  elle  a  la  garde.  Quoi  qu'il  en  soit,  si 
la  loi  doit  appeler  bientôt  les  femmes  françaises  devant  les  urnes 
électorales,  M""  Féraud  les  invite  éloquemment  à  ne  pas  faire  les 
dédaigneuses,  à  ne  pas  hésiter  à  sortir  de  leur  tour  d'ivoire  pour 
venir  déposer  leur  bulletin  de  vote.  Jamais  peut-être  elles  n'auront 
eu  une  si  bonne  occasion  de  servir,  non  seulement  leur  pays,  mais  leur 
famille,  leurs  croyances,  tout  ce  qui  leur  est  le  plus  cher.  M'""  Féraud 
leur  démontre  que  ce  sera  là  vraiment  pour  elles  un  devoir  ;  elle  leur 
explique  comment  leur  intervention  pourra  contribuer  à  améliorer 
l'administration  communale  d'abord,  puisque  vraisemblablement 
c'est  le  vote  pour  les  élections  municipales  qui  leur  sera  accordé  le 
premier,  puis  déjà  par  ce  moyen  comment  elles  pourront  exercer 
une  légitime  et  heureuse  influence  sur  le  gouvernement  général  du 
pays.  Au  lendemain  de  la  grande  épreuve  que  vient  de  traverser  la 
France,  au  milieu  du  désarroi  général  qui  en  est  la  suite,  il  est  bon 
que  des  voix  s'élèvent  pour  montrer  à  tous  les  nouveaux  chemins  à 
suivre  ;  M"^^  Féraud  a  bien  fait  de  se  donner  ce  rôle  à  l'égard  des 
femmes  françaises,  et  il  faut  souhaiter,  avec  M.  Georges  Goyau,  que. 
«'étant  faite  maîtresse  des  novices  pour  les  futures  électrices,  elle  ait 
beaucoup  de  disciples.  M.  L. 

L.e  Général  de  Charette,  par  Jacques  dk  la  V.we.  Paris,  Hloud  et  Gay, 
1918,  in-8  de  xvu-534  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Jacques  de  la  Faye.  à  qui  l'on  doit  une  remarquable  biographie  du 
général  de  Sonis.  a  estimé  que  le  général  de  Charette  était  suffîsam- 


—  2!5  — 

•jiient  entré  thins  l'hisloiie  pour  qu'on  pût  consacrer  à  sa  uunnoiro 
«itie  étude  documentée.  Tous  ceux  qui  ont  connu  le  catholique  for- 
vent,  le  royaliste  convaincu  que  fut  Cliarette  sauront  gré  à  l'auteur 
d'avoir,  de  façon  si  ressemblante,  dessiné  sa  mâle  figure  et  rappelé  les 
étapes  de  sa  glorieuse  carrière. 

Dans  une  Préface  qui  porte  l'empreinte  de  sou  noble  cœur  et  de 
son  exquise  sensibilité,  le  cardinal  de  Cabrières  a  ainsi  esquissé  la 
silhoueltede  Charette  à  di.x-huit  ans  :  «  Au  milieu  de  ses  cinq  frères  et 
de  ses  trois  sœurs,  Athanase  se  distinguait  par  une  physionomie  mo- 
bile ;  mais  à  l'expression  caressante  de  ses  yeux  bleus  succédaient, 
par  moments,  des  éclairs  de  fureur  ou  de  dédain.  Tout  fermentait  en 
lui.  et  rien  de  médiocre  ne  sommeillait  dans  sa  nature  ardenle"et  paa- 
sioimée.  Mince  et  élégant  dans  sa  taille,  souple  et  vigoureux  dans  tous 
ses  membres,  il  grandit  en  se  demandant  où  il  pourrait  apprendre  le 
métier  des  armes,  et  où  il  se  préparerait  pour  la  guerre.  »  (p.  vi). 

Descendant  du  héros  vendéen  fusillé  en  17Û0  à  Nantes  sur  la  place 
<le  Viarmes,  Charette  n'envisageait  d'autre  carrière  que  celle  des  armes. 
Son  épée,  son  dévouement,  il  les  offrit  à  l'Église,  gardienne  de  sa  foi, 
dont  Pie  IX  était  le  Chef,  et  à  la  cause  monarchique  que  représentait 
avec  tant  de  noblesse  M.  le  Comte  de  Chambord.  Et  jusqu'à  son 
dertiier  souffle,  fidèle  aux  enseignements  et  aux  exemples  de  ceux  de 
sa  race,  il  servit  son  Dieu  et  son  Roi. 

Les  États  pontificaux  et  le  royaume  de  Naples  étaient  menacés  par 
les  bandes  garibaldiennes.  Le  général  de  Lamoricière  avait  accepté  de 
commander  l'armée  pontificale,  Athanase  de  Charette  fut  un  des  pre- 
miers à  s'enrôler  dans  la  légion  franco-belge  qui,  transformée,  devint 
le  régiment  des  zouaves  pontificaux. 

Utilisant  l'ouvrage  documenté  de  M  Bittard  des  Portes  (Histoire 
des  zouaves  pontificaax),  J.  de  la  Paye  a  rappelé  la  formation,  l'ins- 
Iruction,  le  développement  de  ce  vaillant  corps  de  volontaires  qui 
versa  si  largement  son  sang  sur  les  champs  romains  de  Castelfîdardo 
ol  de  Mentana,  et,  après  avoir  bataillé  pour  le  pouvoir  temporel  du 
Saint-Siège,  défendit  contre  les  Allemands  la  France  envahie  et  par- 
ticipa glorieusement  aux  batailles  de  Loigny  et  du  Mans. 

Si  le  traité  de  Francfort  qui  mutilait  notre  patrie,  terminait  la 
carrière  militaire  de  Charette,  elle  ne  mit  pas  fin  à  ses  services.  Nommé 
général  au  titre  auxiliaire  par  le  gouvernement  de  la  Défense  nationale, 
il  reporta  modestement  sur  son  régiment  l'honneur  de  cette  promo- 
tion et  voulut  que  ce  corps  d'élite  demeurât  constitué  comme  une 
grande  famille,  où  le  culte  de  Dieu  et  de  la  Patrie  ne  cessât  d'être 
pratiqué.  Élu  membre  de  l'Assemblée  nationale  par  le  département 
■des  Bouches-du-Rhône,  il  déclina  ce  mandat,  n'ayant,  disait-il,  ni 
goût  ni  aptitudes  pour  la  vie  parlementaire. 


—  216   - 

En  politique,  il  suivit  toujours  la  ligne  droite  tracée  par  ses  convic- 
tions. Il  se  réjouit  de  la  «  Fusion  »  qui  ramenait  l'harmonie  et  l'unité 
dans  la  Maison  de  France  ;  il  n'hésita  pas,  après  avoir  assisté  aux 
derniers  moments  du  Comte  de  Chambord,  à  reconnaître  les  droits 
du  Comte  de  Paris.  Plus  avisé  que  d'autres  catholiques  ardents,  il  ne 
fut  jamais  tenté  de  s'engager  dans  les  voies  du  Halliemeiil  et  du  Bou- 
langisme.  Il  fut  pour  Mgr  le  Duc  d'Orléans  un  conseiller  prudent  et 
sûr,  et,  quand  il  s'éteignit  doucement  à  la  Basse  Motte,  les  yeux  fixés 
sur  la  bannière  do  Loigny,  un  hommage  unanime  et  fervent  s'éleva 
de  toutes  parts  pour  exalter  ce  fidèle  et  glorieux  soldat  du  Pape  et  du 
Roi. 

Un  grand  nombre  d'erreurs  typographiques  se  sont  glissées  dans 
l'ouvrage  de  J.  de  la  Faye.  J'en  signale  quelques-unes  qui  pourront 
être  corrigées  dans  une  nouvelle  édition  que  je  souhaite  prochaine    : 

Page  81,  il  faut  lire  L.  de  Meurville  au  lieu  de  Mensville  :  page  38r>, 
il  faut  lire  drapeau  de  Carillon  au  lieu  de  Corillan  ;  page  409,  Casta- 
gnavizza,  au  lieu  de  Coslagnavizya  ;  page  471,  baron  de  Fonscolombe 
au  lieu  de  marquis  de  Foscolombe  ;  page  488,  M.  Jenouvrier,  séna- 
teur, au  lieu  de  Jenoiirier. 

Signalons  aussi  page  18,  ligne  4.  qu'il  faudrait  écrire  :  «  permettez 
que  je  les  voie  »  et  non  que  je  les  vois,  et  page  464,  que  la  personna- 
lité nommée  en  note  représentait  non  le  Roi,  mais  le  comité  central 
des  Jeunesses  royalistes  de  France,  à  la  célébration  du  centenaire  de 
Charelte  en  1896.  Roger  Lvmbeli.x. 


Emile  Ollivier,  sa  jeunesse  d'après  son  journal  et  sa  correspon- 
dance, par  Marie-Thérkse  Ollivier.  Paris,  (îarnier,  1919,  iii-18de  311  p. 
—  Prix  :  4  fr.  55. 

L'incontestable  talent  d'Emile  Ollivier  et  son  action  politique  puis- 
saute  ont  été  gâtés,  aux  yeux  de  beaucoup,  par  sa  confiance  en  lui- 
même  et  la  sincérité  presque  naïve  d'un  orgueil  démesuré.  Il  a  du 
moins  su' inspirer  à  ses  amis,  à  son  entourage,  ce  même  sentiment 
adniiratif  ;  ceux  qui  l'approchèrent  de  plus  près  l'ont  le  plus  loué. 
C'est  un  témoignage  quia  son  prix.  Cette  biographie  de  sa  jeunesse 
porte  au  plus  haut  pointcette  marque  d'enthousiasme  sans  mélange. 
Cette  sérénité  dans  l'éloge  désarme  la  crilique  ;  pour  impressionner 
le  lecteur  elle  s'appuie  d'ailleurs  sur  d'éloquents  documents.  Lettres, 
journal  intime,  constituent  cette  doctimenlalion  saisissante  et  nul 
n'échappera  au  charme  de  leur  communicalion.  D'un  autre  côté  l'im- 
partialité et  la  justice  historique  commandent  des  réserves  et  on  ne 
peut  oublier  leurs  droits.  Il  y  a  dans  ces  pages  une  surabondance  de- 
pensées,  un  débordement  de  vie.  Tout  y  est  sincère,  loyal,  si  eu  reli- 
gion, en  philosophie,  beaucoup  de  choses  y  sont  fausses,  beaucoup 


—  217  — 

de  pensées  prioii»'ps.  Elles  découlent  en  partie  de  l'édiicalion  plus 
qd'étiangc  donnée  par  un  père  tout  à  fait  singulier,  démagogue  illu- 
miné, chimérique,  égoïste,  bîutal,  plus  ou  moins  inconscient  de  ses 
devoirs  de  famille  et  les  suborflonnanl  aux  utopies  de  son  parti.  — 
Le  jeune  Kfiiile  Ollivier,  en  tout  précoce,  jeté  à  vir)gt  ans  dans  la  vie 
sociale  et  politique  y  joua  son  rôle  avec  une  merveilleuseavidace  et  un 
talent  impressionnant,  une  force  de  caractère  peu  commune,  une  vo- 
lonté digne  d'admiration.  Ses  débuts  fameux  à  Marseille,  après  la  Ré- 
volution de  1848,  son  éloquence,  son  entrée  au  barreau,  son  activité 
intellectuelle  présentent  des  épisodes  très  intéressants.  Le  «  roman  »  de 
sa  jeunesse  est  extraordinaire  comme  tout  ce  qui  marque  sa  carrière 
sentimentale.  politi(pie,  familiale,  artistique.  Avec  une  délicatesse 
émue  cet  épisode  intime  est  traité  par  une  plume  respectueuse. 
Il  conviendrait  de  retenir  des  descriptions  de  voyages  dans  cette 
Italie  qui  lui  était  une  patrie  presque  autant  (pie  la  France  :  Venise 
(p.  230)  ;  Florence  (p.  233)  ;  Rome  (:274).  Parmi  les  traits  historique» 
à  noter,  on  peut  placer  de  curieux  détails  sur  la  mort  de  La  Mennais 
(p.  242-244),  encore  que  l'admiration  débordante  d'Emile  Ollivier 
pour  le  vieux  lutteur  (peut-être  trouvait-il  dans  cet  orgueil  indomp- 
table 1111  modèle  ?)  lui  fasse  inteipréter  singulièrement  certaines  pa- 
roles jusqu'ici  acceptées  dans  un  sens  fort  différent.  Tout  cela  est 
plein  d'intérêt  en  soi,  très  vivant,  très  émouvant,  et  on  ne  peut  se  dé- 
fendre d'une  sympathie  au  moins  littéraire  pour  cet  esprit  cultivé, 
ardent,  éloquent,  brûlant  de  passion  sous  son  ciel  du  Midi.  Le  bio- 
graphe a  gagné  son  procès  auprès  du  lecteur  en  ce  qui  concerne  le 
personnage;  l'historien  impartial  maintiendra  ses  restrictions  sur  les 
théories  et  les  doctrines.  G.  de  G. 


Une  Ame  d'artiste.   Rot/er   Durey.  Paris,  Téqui  :  Toulouse.  Privât, 
1919,  in-16de  273  p. 

C'est  un  reflet  de  vie  de  saint  qui  éclaire  les  chapitres  variés  de  ce 
livre.  L'auteur  anonyme  est,  à  coup  sûr,  un  ami,  un  confident,  à 
plus  d'un  égard  un  émule.  Il  nous  conte  le  retour  à  Dieu,  après  de 
successives  et  ascensionnelles  étapes,  d'un  fils  de  ce  Midi  «.  anticléri- 
cal »,  et  dont  l'enfance  ou  la  jeunesse  ne  furent  pas  orientées  vers 
la  religion. 

Étudiant  à  l'École  des  beaux-arts,  à  Toulouse,  Roger  Durey,  que  lo 
sens  de  la  souveraine  beauté  guidait  et  gardait,  subit  pleinement, 
peu  à  peu,  quelques  discrètes  influences  amicales  ;  elles  le  mettent 
sur  la  voie  d'un  prêtre,  éminent  par  sa  \ertu  et  son  tact  auprès  des 
milieux  jeunes,  l'abbé  L.  Chatelard.  héroïque  victime  de  la  guerre. 
De  l'Association  des  étiidianls  callioliques,  —  dont  le  milieu  est  ici  par- 
faitement étudié  ainsi  que  le  rôle  joué  là  par  Durey,  d'abord  néophyte. 


—  218  — 

puis,  à  son  tour,  instructeur,  —  l'artiste  s'acheminera  vers  les  pers- 
pectives du  sacerdoce  et  ensuite  celles  de  la  vie  monacale.  C'est  à  ce 
parti  qu'il  se  décide.  Après  un  voyage  en  Espagne,  en  compagnie  du 
R.  P.  abbé  de  Sainte-Marie  du  Désert,  Roger  Durey  entre  dans  ce  mo- 
nastère cistercien,  situé  au  cœur  de  la  Gascogne  où  il  répand  le  bien- 
fait de  son  agriculture  exemplaire  et  surtout  l'influence  d'un  exemple 
autrement  plus  haut  et  méritoire.  Ce  ne  sera  pas  sans  difficultés, 
pour  Roger  Durey,  qui,  voué  sans  retour,  surmonte  généreusement 
chaque  obstacle  et  se  repose  enfin  dans  l'austère  labeur  de  la  vie  de 
la  Trappe,  où  il  lui  est  loisible,  selon  la  règle,  d'exercer  encore  son 
art  très  cher,  la  peinture,  où  il  excelle,  avec  des  idées  très  person- 
nelles, un  sentiment  très  élevé  de  la  mission  de  l'artiste,  et  de  la  va- 
leur esthétique  ou  éducatrice  de  l'art  chrétien. 

On  est  frappé  au  coirrs  des  pages,  où  l'on  voit  aisément  que  la 
formation  classique  a  trop  manqué,  au  début,  à  cette  âme  d'artiste, 
combien  elle  rachète  cette  lacune  par  une  intuition  surprenante  des 
choses  de  l'art  et  de  l'esprit,  combien  elle  sait  avec  goût  s'assimiler, 
pour  son  bien  et  le  nôtre,  la  leçon  des  observations  et  des  lectures, 
des  œuvres  de  maîtres  et  des  paysages  choisis. 

Peut-être,  à  la  haute  sincérité  qui  anime  les  nombreuses  lettres, 
citées  ici,  du  jeune  converti  se  mêle-t-il  un  accent  d'exclusivisme  en 
faveur  de  sa  chère  vie  monacale,  accent  dont  il  convient  de  louer  la 
})aule  inspiration,  sans  prendre  à  la  lettre  quelques  traits  du  reste 
assez  fréquents  dans  les  premières  impressions  d'un  novice  cloîtré. 

Hâtons-nous  de  noter,  par  contre,  et  de  souligner  quelle  influence 
•conquérante  émane  de  ces  pages  sur  qui  s'étend,  victorieuse,  l'ombre 
aimée  de  la  Croix. 

A  cette  ombre  lumineuse  l'oblal,  dont  la  santé  laissait  depuis  long- 
temps à  désirer,  s'endort  très  doucement,  dans  le  cadre  et  avec  au- 
tour de  lui  le  chœur  des  oraisons  cisterciennes,  que  son  âme  avait 
souhaitées. 

Quant  au  biographe,  assurer  qu'il  fut  diligent,  impartial,  pénétrant, 
sans  qu'il  se  soit  défendu,  certes,  d'être  par  le  sujet  même  amicale- 
ment édifié,  ce  sera,  tout  juste  et  à  peine,  dire  le  bien  qu'a  fait  el 
fera  partout,  avec  aisance,  élévation  et  mesure,  son  livre  édifiant  et 
attrayant.  Louis  Théron  de  Montauoé. 


Vno  l-'einm<>dc  diplomate  un  Mexique  pendaiil  la  dramatique 
période  du  H  octobre  lî)lll  au  tiii  avril  lîM't,  par  Edith 
O'SiiAUGiiNESSY  ;  traduction  de  E.  Ai-ttah.  l'aris,  IMoii-Noiitiil.  1!M8,  in- 
Hi  de  n-344  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Le  volume  dont  on  vient  de  lire  le  titre  n'est  pas  tant  un   livre  de 
voyage  (pi'un  livre  d'histoire  ou  plutôt  encore  un   recueil  de  notes 


—  219  — 

relatives  à  l'histoire  des  relations  du  Mcxifiue  et  des  filals-L'iiis.  Son 
auteur  est  une  femme  qui,  au  jour  le  jour,  écrivait  à  sa  mère  et  la 
tenait  au  courant  des  moindres  faits  susceptibles  de  l'intéresser,  lui 
communiquait  ses  impressions  propres,  afin  de  la  faire,  le  plus  pos- 
sible, vivre  de  sa  vie.  Le  plus  souvent,  une  correspondaticc  de  ce 
genre  n'a  d'int6rêt  (ou  plutôt  semble  n'en  avoir)  que  pour  celle  à  qui 
■elle  est  adressée  ;  parfois,  elle  peut,  au  contraire,  intéresser  tout  le 
monde,  par  suite  des  événements  qu'elle  relate  et  des  personnages 
■dont  elle  parle.  Tel  est  le  cas  pour  les  lettres  que  vient  de  traduire 
M"""  Altiar.  Elles  ont  été  écrites  de  l'ambassade  américaine  à  Me.vico, 
€n  un  temps  particulièrement  grave,  par  la  femme  du  diplomate  qui 
<lut,  après  de  longues  semaines  d'elTorts  pour  établir  une  entente 
entre  le  gouvernement  de  Victoriano  Iluerla  et  les  hommes  d'Ëlat  de 
la  Maison  Blanche,  quitter  la  capitale  du  Mexique  et  se  retirer  à  bord 
d'un  des  bâtiments  américains  mouillés  devant  la  Vera-Cruz.  On 
devine,  par  là  même,  quel  intérêt  elles  présentent,  et  que  de  choses 
elles  peuveut  raconter,  comme  aussi  que  de  choses  elles  peuvent 
taire  ;  de  toutes  les  manières  elles  sont  instructives.  Elles  méritent 
<lonc  d'être  lues.  Elles  représentent  Huerta  comme  un  personnage 
sympathique  et  vraiment  capable  ;  mais  plus  encore  que  pour  lui, 
elles  inspirent  une  pitié  profonde  pour  le  Mexique,  naguère  si  floris- 
sant, et  aujourd'hui...  tel  que  le  dépeint  M""  Edith  O'Shaughnessy. 
«  Ses  industries  sont  mortes,  dit-elle,  ses  terres  restent  incultes,  ses 
enfants  vivent  en  exil  ou  meurent  de  faim  dans  ce  grenier  du  monde.  » 
Rien  de  plus  exact  ;  tel  est  le  résultat  de  la  guerre  et  aussi  de  l'in- 
tervention américaine Des  descriptions  de  Mexico  et  de  ses  envi- 
rons, comme  de  la  route  entre  la  Vera-Cruz  et  la  capitale,  des  croquis 
pittoresques,  des  scènes  de  mœurs,  ajoutent  à  l'agrément  de  ce  livre, 
que  l'on  ne  peut  fermer  sans  se  demander  pourquoi  le  gouverne- 
ment américain  a  suivi,  à  l'égard  du  Mexique,  la  politique  dont  les 
lettres  de  M""  O'Shaughnessy  montrent  les  lamentables  résultats. 

Henri  Froidevati. 


Du  Théâtre  à  TÉvanglle.  Les  Étapes  d'une  conversion  (1850- 
1917),  par  Joskph  Odklin.  Paris,  Beauchesne,  1919,  in-18  de  274  p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

C'est  une  figure  bien  curieuse  que  celle  d'Emile  Hochard ,  cet  homme 
de  théâtre  revenu  tardivement,  mais  complètement,  à  la  vie  chrétienne, 
qui  mettait  son  réel  talent  poétique  au  service  de  l'Église.  Dans  cette 
biographie,  dont  quelques  chapitres  paraissent  détachés  duu  roman 
de  cape  et  d'épée,  les  épisodes  se  succèdent  et  offrent  les  j^lus  singu- 
liers contrastes  :  écolier  soumis  à  la  plus  rigoureuse  discipline,  étu- 
diant turbulent,   soldat  héro'ique  en  1870,  journaliste,  directeur  du 


—  220  — 

Châtelet,  homme  de  plaisir  et  homme  d'affaires,  phisieurs  fois  ruiné 
et  toujours  rebondissant,  il  s'était  retiré  dans  son  déh'cieux  ermitage 
du  Cannet  quand  la  grâce  divine  vint  le  surprendre.  En  rangeant  ses 
livres,  il  découvrit  un  Évangile,  acheté  à  cause  des  illustrations  et 
longtemps  oublié  :  il  le'parcourut,  le  goûta,  essaya  de  le  mettre  en 
vers  et,  en  le  méditant,  en  sentit  toute  la  saveur  sanctifiante.  11  ne 
restait  plus  qu'à  aller  voir  le  P.  Larrivaz,  jésuite,  ancien  mission- 
naire en  Syrie,  qui,  avant  de  mourir,  eut  la  joie  de  faire  rentrer  au 
bercail  cette  brebis  qui  avait  beaucoup  erré. 

Les  anecdotes  que  le  biographe  a  recueillies  de  la  bouche  même 
de  son  héros  sont  contées  avec  cette  verve  étincelante  que  l'excellent 
Rochard  mettait  dans  sesépanchements  amicaux  et  dont  j'ai  eu  person- 
nellement ma  part.  On  lira  par  exemple,  l'épisode  burlesque  de  son 
initiation  à  la  franc-maçonnerie,  initiation  interrompue  parce  que  le 
récipiendaire  ne  sut  pas  garder  son  sérieux  au  cours  des  épreuves 
saugrenues  auxquelles  voulaient,  l'obliger  ceux  qu'il  traitait  de  «  lu- 
gubres croque-morts.  » 

Dans  un  ordre  d'idées  plus  élevé,  on  verra  les  opinions  de  ce  pro- 
fessionnel de  la  scène  sur  le  théâtre  chrétien  et  le  moyen  d'en  faire 
un  puissant  moyen  d'apostolat.  Nous  nous  consolerons  en  pensant 
que  son  œuvre  est  reprise  par  ses  amis  et  disciples  qui  tiennent  à 
honneur  de  la  continuer.  P.  Pisani. 


De  Taine  à  Péguy.  L'Evolution  des  Idées  dans  la  France  con- 
temporaine, par  George  Fonsegrive.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1917,  petit 
in-8  de  349  p.  —  Prix  ;  5  fr. 

Ce  volume  est  comme  le  testament  d'un  grand  travailleur  intellec- 
tuel et  d'un  ferme  chrétien  :  les  dernières  lignes  de  l'Avertissement 
sont  datées  du  10  février  1917,  et  George  Fonsegrive  mourait  huit  jours 
plus  tard.  Dans  ces  études,  offertes  d'abord  aux  lecteurs  du  Corres- 
pondant,  il  s'est  proposé  de  retracer  l'évolution  qui  s'est  produite 
dans  l'intelligence  française  de  1880  à  1914,  et  qui,  en  face  du  fait 
religieux,  du  fait  catholique,  l'a  conduite  du  dédain  et  du  dénigre- 
ment à  la  réserve,  à  la  déférence,  sinon  à  la  sympathie.  A  présent, 
la  plupart  de  ceux  qui  ont  l'esprit  un  peu  ouvert  sont  affranchis  de 
cette  tyrannie  du  scientisme,  qui  était  lourde  et  générale  il  y  a  quel- 
que quarante  ans,  —  sans  être  pourtant  absolument  universelle  ;  et 
j'aurais  aimé  (jue  l'on  nous  rappelât,  par  exemple,  quel  langage  tint 
Pasteur,  en  avril  1882,  dans  son  discours  de  réception  à  l'Académie. 
—  De  l'heureuse  libération  qu'il  constate,  M.  George  Fonsegrive  fait 
honneur,  pour  une  très  grande  part,  à  M.  Henri  Bergson,  a  qui,  par 
sa  crili(|ue  aiguë  de  l'intellectualisnie  abstrait,  fournit  à  Péguy  le 
pont  par  où  il  put  s'évader  de  Taine.  »  Ce  n'est  pas  que  cette  philo- 


—  221  — 

bopliie  uouvellc,  et  qui  (railleurs  n'est  pas  achevée,  soit  présentée 
comme  irréprochable  ;  mais  un  historien  fhi  mouvement  des  idées 
doit  signaler  son  influence  à  l'origine  de  plusieurs  conversions. 
Et  cette  philosophio-là  est  résumée,  avec  une  sympatliie  bien  coin- 
préhensive,  ainsi  d'ailleurs  que  les  idées  d'Emile  Boutroux,  de  Mau- 
rice Blondel,  d'Edouard  Le  Roy,  du  P.  Laberthonnière.  Ferdinand 
Brunetière,  Melchior  de  Vogiié,  Paul  Bourgct  sont  très  bien  traiter* 
aussi,  et  nombre  d'autres  encore.  De  ce  nombre  n'est  pas  .M.  Charles 
Maurras,  qui  sans  doute  n'avait  pas  ménagé,  de  son  vivant,  l'auteur 
de  Catholicisme  et  Démocratie,  mais  qui,  généreusement,  sa  tombe 
ouverte,  a  rendu  justice  à  sa  vigoureuse  intelligence,  et  à  ce  qui  doit 
subsister  d'excellent  de  son  œuvre  étendue.  Ce  dernier  livre,  bien 
distribué  malgré  l'abondance  des  matières,  et  muni  d'un  utile  Index 
alphabétique,  restera  l'un  de  ses  meilleurs,  ne  trahissant  nulle  lassi- 
tude, nul  fléchissement,  riche  en  pensées  justes  vivement  exprimées 
et  bienfaisantes  à  retenir.  Baro.n  Angot  des  Kotolrs. 


Treiiita    anos   de  mi  vida,  por  E.  Gômbz  Carrillo.  Libro  2"  :  En  pleua 

Boheinia.  Madrid.  Socicdad  espaùola  de  libreria.   1019.  in-16  de  2.0-3  p.. 

avec  portrait.  —  Prix  :  4  fr. 
El  Libro  de  las  mujeres,  por  E.  Gomez  Gaurillo.  Tomo  I  de  las  Obrns 

coinplelas.    Madrid,  edilorial  a  Mundo  latino  »,  [1919J,  in-16  de  309  p.  — 

Prix  :  4  fr. 

—  Le  second  livre  du  roman  de  sa  vie  que  M.  Gômez  Carrillo  met 
entre  les  mains  du  public  n'est  pas  moins  intéressant  que  le  premier, 
non  seulement  par  le  récit  tour  à  tour  amusant,  émouvant  et  tragi- 
que de  ses  aventures,  non  seulement  par  la  connaissance  où  il  nous 
fait  entrer  plus  profondément  de  l'esprit  et  du  cœur  du  grand  écri- 
vain, mais  aussi  par  le  tableau  pittoresque  et  vivant  qu'il  nous  oflre 
du  Paris  littéraire  d'il  y  a  une  trentaine  d'années,  de  tout  un  coin 
du  moins  de  ce  Paris  littéraire, 

Efi  venant  à  Paris  pour  y  poursuivre  ses  études  grâce  à  la  bourse 
que  lui  avait  assurée  la  générosité  du  Président  du  Guatemala,  ce  que 
cherchait  le  jeune  écrivain,  ce  qu'il  rêvait  de  voir,  c'était  la  bohème 
parisienne,  telle  qu'il  avait  appris  à  la  connaître  dans  le  livre  célèbre 
de  Murger.  Et  sa  déception  fui  grande  d'abord,  en  tombant  dans  le 
milieu  studieux,  sévère,  un  peu  guindé  de  ses  compatriotes,  do 
trouver  un  Paris  bien  différent  de  celui  qu'il  s'était  forgé  dans  son 
imagination.  Mais  quelle  joie  aussi  quand  une  jeune  modiste  du  Lou- 
vre, fiancée  d'un  médecin  de  ses  amis,  et  tout  entichée  de  littérature, 
linlroduisil  auprès  du  rOi  de  la  bohème,  le  vieux  Verlaine  ;  puis 
quand  il  put  fréquenter  la  jeunesse  littéraire  de  l'époque,  les  Moréas, 
les  Gourmont  et   tant  d'autres  destinés  à  une  renommée  plus  ou 


909 


moins  éclatante.  Et  ce  fut  là  le  principal  objet  de  ses  «  études  »  ; 
mais  il  ne  perdit  pas  son  temps  ;  ce  n'est  pas  seulement  les  décadents 
et  les  symbolistes  d'ailleurs  dont  les  œuvres  occupaient  ses  heures 
de  lecture  ;  ses  amis  lui  enseignèrent  aussi  nos  vieux  maîtres,  par 
exemple  Racine. 

Et  comme,  en  se  mêlant  de  plus  ou  moins  près  à  tout  le  mouve- 
ment littéraire,  il  a  su  observer  les  gens  qui  l'entouraient  !  Comme 
il  a  su  déployer  dans  celte  observation  ses  remarquables  facultés 
psychologiques  !  Et  les  pages  de  son  livre  sont  toutes  remplies  de  détails 
pittoresques,  d'anecdotes  piquantes,  de  portraits  vivants  de  tous  ces 
hommes  de  lettres  qu'il  admirait  souvent,  qu'il  aimait  parfois,  qui 
toujours  intéressaient  sa  curiosité  ;  avec  Verlaine,  Moréas  et  Remy 
de  Gourmont,  voici  Théophile  Gautier,  voici  Leconte  de  Lisle,  voici 
Stuart  Merrill,  voici  Oscar  Wilde,  voici  même  Renan,  qui  lui  faisait 
l'effet,  en  confirmant  les  sentences  portées  par  la  science,  de  se  laver 
les  mains,  comme  Pilate,  mais  avait  toujours  l'air  de  se  les  laver  dans 
l'eau  bénite. 

Et  comme  il  s'est  laissé  prendre  au  charme  de  Paris  I  Quel  déses- 
poir pour  lui  quand  la  volonté  du  Président  l'obligea  de  le  quitter 
pour  aller  en  Espagne  !  Cet  éloignement  lui  pesa  comme  un  exil. 
Et  depuis  lors  Paris  n'a  cessé  d'exercer  sur  lui  son  attirance  mysté- 
rieuse. «  Pour  nous  tous  qui  le  connaissons  dans  toute  sa  douceur  et 
qui  l'aimons  dans  toute  sa  splendeur,  Paris  est  plus  qu'un  nid,  plus 
qu'un  lieu  de  refuge  :  c'est  un  sanctuaire,  c'est  la  source  miraculeuse 
des  nobles  inspirations,  c'est  la  cité  sainte  du  monde  moderne,  »  dit- 
il.  Et  il  ajoute  que  son  œuvre  entière  est  «  en  quelque  façon,  un  hymne, 
en  apparence  frivole,  mais  au  fond  plein  d'une  foi  grave,  à  la  gloire, 
à  la  beauté  et  aux  vertus  de  Paris.  »  Et  il  y  a  dans  son  livre,  sur  cer- 
tains aspects  de  Paris,  des  p^^s  d'un  charme  prenant,  d'un  charme 
qu'elles  doivent  peut-être  à  ce  qu'elles  mêlent  de  sa  personne  à  la 
réalité.  Car,  je  l'ai  dit  déjà,  l'une  des  caractéristiques  du  talent  du 
maître,  c'est  d'être  très  personnel,  d'imprégner  les  objets  dont  il 
parle,  de  son  imagination,  de  son  cœur,  de  son  âme. 

—  Paris  tient  une  place,  et  une  large  place,  dans  ce  Livre  desj'emincs 
dont  M.  Gômez  Carrillo  nous  donne  une  nouvelle  édition,  assez  pro- 
fondément remaniée  dans  sa  composition  et  jusque  dans  son  ordon- 
nance, comme  tome  I*^""  de  ses  Œuvres  complètes.  Les  danseuses  dont 
il  parle,  les  actrices  qui  l'occupent,  si  elles  ne  sont  pas  toutes  pari- 
siennes, c'est  à  Paris  pour  la  plupart  qu'il  les  a  vues  et  étudiées  :  et  ce 
sont  encore  des  Parisiennes  en  chair  et  en  os  ou  des  Parisiennes  «de 
rêve  »  qu'il  nous  présente  d'après  AVillelte,  Ilellen,  Bac,  Steinlen. 
Becque,  Zola  et  M'""  Colette  Yver  ;  et  c'est  encore  à  Paris  que  nous  ra- 
mène ce  «  monstre  adorable  »  que  fut  M'"'  Steinheil. 


—  22:i  - 

L'auteur  nous  dit  lui-même  que,  sans  préletidic  avoir  percé  «  le 
mystère  des  femmes  »,  il  croit  du  moins  avoir  surpris  «  qucl(}ue  chos(* 
de  leur  lythme  grave  et  de  leurs  profondes  grâces  voluptueuses,  n  El 
en  effet  ce  quil  nous  présente  ici  de  la  femme  c'est  surtout  le  charme 
physique,  l'attirance  sensuelle  et  aussi,  dans  une  certaine  mesure,  la  vie 
sentimentale.  Mais  ce  n'est  pas  uniquement  cela.  Dans  les  esquisses 
qu'il  nous  donne  de  Hachel  Mcller,  de  Loïe  Fiilier,  de  Réjane,  de 
Suzanne  Després,  xle  la  Duse,  de  Cécile  Sorel,  et  de  tant  d'autres,  il 
sait  mar(}uer  les  traits  qui  distinguent  leurs  physionomies  morales. 
Et  ce  n'est  pas  seulement  la  physiologie  de  la  femme,  comme  on  disait 
11  y  a  quelques  dizaines  d'années,  mais  sa  psycliologie  dont  on  trouvc- 
rabiendes  traits  épars  dans  ce  volume.  Lelivre,  lelectcur  s'en  doute 
peut-être  déjà,  n'est  pas  écrit  au  point  de  vue  de  la  morale  chrétienne  ; 
et  de  ce  point  de  vue  nous  aurions  plus  d'une  réserve  à  faire  sur  son 
contenu  ;  il  ne  manque  point  cependant  d'observations  dont  le  mo- 
raliste pourra  faire  son  profit. 

On  pourra  être  tenté  de  voir  dans  ce  livre  une  œuvre  de  pur  dilet- 
tantisme. Je  ne  le  crois  pas  :  M.  Gômez  Carrillo  nous  dit  qu'il  «  con- 
tient l'essence  primordiale  de  son  caractère  et  de  son  talent  :  essence 
ténue,  légère,  vaporeuse,  dansante,  avec  un  mélange  d'ironie,  de  ten- 
dresse, de  timidité,  d'enthousiasme,  de  scepticisme.  »>  C'est  qu'au  fond 
le  grand  écrivain  est  surtout  un  poète  bien  (ju'il  écrive  en  prose,  et 
poète  au  sens  plein  du  mot,  n'ayant  pas  seulement  du  poète  l'éclat 
verbal,  la  fluidité  du  langage,  l'harmonie  des  sons,  mais  aussi  la  sen- 
sibilité, rimpressionabilité.jle  génie  créateur  et  rêveur;  il  voit  par  son 
imagination,  autant  que  par  ses  yeux  ;  ses  observations  les  plus  pré- 
cises, ses  dissections  les  plus  rigoureuses  s'enveloppent  vite  de  rêve,, 
et  la  réalité  s'idéalise  dans  son  esprit  et  sous  sa  plume. 

11  nous  raconte,  dans  sa  Préface-dédicace,  l'histoire  d'un  philo- 
sophe de  ses  amis  qui  rêvait  d'être  directeur  de  conscience:  «  Pour 
confesser  les  belles  pécheresses  ?  »  lui  demanda  quelqu'un  ;  —  «  Oui, 
répondit-il,  les  belles  pécheresses  et  les  graves  philosophes.  »  Et,  en 
ajoutant  que  cet  ami  s'est  fait  jésuite,  M.  Gomez  Carrillo  ajoute  qu'il 
n'ira  jamais  si  loin.  Qui  sait  ?  qui  sait  si,  comme  d'autres,  il  ne  se 
sentira  pas  mystérieusement  appelé  par  l'âme  si  poétique  et  si  tendre 
de  saint  François?  et  si,  après  avoir  laissé  sentir,  comme  dans  tel 
passage  de  ce  volume,  Yamarum  aliquid qui  surgit  du  sein  des  volup- 
tés mondaines,  il  ne  chantera  pas  la  joie,  la  joie  pure  et  durable  qui 
pour  le  croyant  surgit  du  sein  des  douleurs  les  plus  vives  et  des  cha- 
grins les  plus  amers  ?  et  s'il  ne  verra  pas  alors  quel  abîme  insondable 
sépare  la  charité  dont  est  embrasée  pour  le  Créateur  une  sainte  Thé- 
rèse, des  amours  mesquins,  si  vifs  et  si  ardents  qu'ils  soient,  que  peut 
inspirer  une  créature  ?  E.-G.  Ledos. 


224 


BULLETIN 

Lia  Royauté  du  Christ,  la  vocation  de  la  France  et  le  drapeau 
du  Sacré-Coeur,  par  Edouard  Poulain.  Nantes,  impr.  «  Unio  »,  1919,  in-!6 
de  103  p.  —  Prix  :  2  fr. 

Tout  n'est  pas  à  dédaigner  dans  celle  brochure.  Outre  les  intentions, 
qui  sont  excellentes,  certains  principes  et  certains  faits  tiisloriques  y  sont 
exposés  fort  opportunément.  Tout  n'est  pas  non  plus  à  louer.  L'auteur  est 
de  ceux  qui  comptent  sur  un  miracle  pour  reslaïuer  la  monarchie  en 
France,  par  laquelle  seule  sera  établie  la  royauté  du  Christ,  manifestée  par 
le  drajieau  du  Sacré-Cœur.  Il  croit  que  ces  événements  sont  tout  proches  : 
«  dès  1920  »,  augure-t-il,  nous  en  serons  les  heureux  témoins.  Il  ne  sait 
l^as  qui  sera  roi  de  France,  mais  il  sait  que  ce  ne  sera  pas  le  duc  d'Orléans. 
«  Du  reste  les  trois  rois  du  xix"  siècle  furent  trois  usurpateurs  de  la  cou- 
ronne. » 

Ces  belles  choses  sont  dites  dans  une  langue  insufïisamment  familiari- 
sée avec  la  grammaire  -et  la  littérature  françaises,  et  d'un  ton  âpre, 
cassant,  acerbe,  méprisant,  peu  fait  pour  provoquer  la  sympathie. 

Ch.  Landuï. 


Rondes  enfantines  et  quêtes  saisonnières.  Les  L<ilur(|ies  popu- 
laires, par  P.  Saintyves.  Paris,  édition  du  Livre  mensuel,  1919,  in-12  de  227  p. 
—  Prix  :  5  fr. 

Édité  avec  goût,  ce  petit  volume  n'indique  certaines  des  sources  aux- 
quelles l'auteur  a  puisé  que  dans  le  cours  du  récit,  et  nullement  dans  les 
formes  exigées  par  un  ouvrage  d'allure  scientifique.  Il  intéressera  quand 
nième  les  spécialistes  qui  trouveront  là  quelques  glanes  utiles.  Mais  il  nous 
paraît  que  M.  P.  Saintyves,  par  une  succession  de  scènes  rapides  et  vivantes, 
a  voulu  s'adresser  surtout  au  grand  public.  Nous  reconnaissons  volontiers 
qu'il  a  réussi.  L'ouvrage  est  divisé  en  sept  chapitres  :  I.  Les  Rondes  enfan- 
tines ont-elles  une  origine  rituelle?  —  II.  L'Incantation  doit  se  marier  à 
la  danse  pour  en  déterminer  à  la  fois  le  sens  et  l'action.  —  III.  Les  Temps 
sacrés  et  spécialement  de  louverture  de  l'année.  Les  Chants  de  Noël.  — IV. 
Les  Libertés  de  décembre  et  la  Fête  des  Rois.  —  V.  Le  Nouvel  An.  Les  Sou- 
haits et  les  élrennes.  —  VI.  La  Nouvelle  Année  au  pays  des  Nixes.  —  VIL 
L'Aguilaneuf  et  les  biens  de  la  terre. 

Pourquoi  cette  attachante  contribution  au  folk-lore  est-elle  privée  de 
toute  espèce  de  table,  même  d'une  simple  table  des  chapitres  ? 

E.-A.  Chapuis. 


Époque    de    l'apostolat    de    Saint-Saturnin    à    Toulouse    et    des 
premiers  prédicateurs  de  la  foi  dans  les  Gaules,  etc.,  par  P.  F». 

Avranclics,  Imprimerie  de  l'Avranchin,  1914,  in  8  de  103  p. 

Cette  brochure  porte  la  date  de  1914  ;  en  la  lisant,  on  a  l'impression  que 
le  ton  des  polémiques  s'est  sensiblement  modifié  depuis  le  temps  où  les 
journaux  «  bien  pensants  »  inséraient  avec  complaisance  des  <<  lettres  ouver- 
tes »  dans  lesquelles  les  écrivains  pourvus  d'un  mauvais  caractère  disaient 
des  vérités  aigre-douces  à  ceux  qui  ne  pensaient  pas  tout  à  fait  comme  eux. 

En  faisant  remontera  1914  l'origine  de  celle  discussion,  je  ne  suis  pas 
exact  :  le  mémoire  qui  fait  la  base  de  la  thèse  de  M.  P.  Fr.,  a  été  pré- 
senté, si  mes  souvenirs  sont  fidèles,  au  second  congrès  international  des 
catholiques,  en  1891  ;  Mgr  d'IIulst,  après  avoir  pris  l'avis  du  P.  De  Smedt, 
ne  l'avait  pas  accepté.  L'auteur  a  inlerjelé  appel  de  celle  décision,  niellant 


00^,    


<^ii   cniisc  Mgr   Diicliesnc  ot  les    UR    Pl>.  holl.iiidislps,    qui  n'ont  pas  Jugé 

utile  do  répondre et  les  choses  en  sont  là    s.ins  (juil  y   oit  ;•    supposer 

-que  le  monologue  de  l'auteur  soit  achevé.  p.  pirsAM. 


1,'ÏOroI*'  priinaiiM'  vl  !«••*  l,<'«,>onM  d*-  la  «|n<'iT<v  par  I-Imice  Bkj.vox. 
l'aris-Naïuy  ."îlrasljoiirg,    Uei •jor  l.cvrault,   l'JlO.  iii-i^  de  (i:i  p.  —    prix   :   I   fr,  75. 

Cette  brochure  se  présente  avec  une  Préface  de  M.  Gabriel  Séailles  et 
une  lettre  de  Mgr  Ginisty.  I,  auteur  est  inspecteur  primaire  à  Sainl-Mitn'el. 
Qu'il  ait  sollicité  d'un  évèque  une  lettre,  en  même  temps  qu'une  Introduc- 
tion d'un  professeur  de  Sorbonne.  c'est  l'indice  d'un  progrès  que  chacun 
K^ppréciera.  Le  vœu  qu'il  exprime,  c'est  que  l'école  soit  davantage  mêlée  à 
la  vie  de  tous,  et  qu'elle  prépare  mieux  les  enfants  à  la  vie  qui  sera  la  leur. 
Les  mesures  qu'il  préconise  pour  assurer  ce  résultat  sont  louables.  On 
notera  qu'il  insiste  sur  la  nécessité  de  la  coopération  active  des  parents 
dans  les  conseils  :  ce  qui  nous  change  du  temps  très  lointain  —  c'était 
avant  la  guerre  —  où  les  parents  étaient  obligés  d'engager  procès  sur 
procès  pour  faire  reconnaître  leur  droit  de  veiller  sur  les  livres  classiques. 
Qu'il  reste  après  cela  des  lacunes,  c'était  presque  fatal,  et  Mgr  Ginisty  le 
-remarque  ;  mais  l'esprit  général  inspire  confiance.  Cii.  Lanuky. 

«leaiiiie  d'Arc,  par  I^hu.ippe  uEstailleur-Ciiaster.vi.ne.  Paris,  Editions  de  la 
'  Nouvelle  Revue  nationale)'.  I!)iy.  in-8  de  xiv-.')2  p.,  illustré  par  Waller-André, 
—  Prix  :  1  fr.  50. 

L'auteur  de  cet  opuscule  sur  Jeanne  d'.\rc  a  été  sollicité  de  l'écrire  par 
plusieurs  de  ses  amis  anglais  et  américains.  Il  s'est  acquitté  de  sa  tâche 
iivcc  conscience.  11  a  placé  à  la  fin  de  chaque  chapitre  une  note  indiquant 
les  sources  où  il  a  puisé  et  à  la  tin  de  l'ouvrage  une  liste  de  quelques-uns 
de  ses  prédécesseurs  qu'il  juge  bons  à  consulter.  Ce  court  écrit  pourra 
contribuer  à  répandre  en  Angleterre  et  en  Amérique  la  renommée  de 
l'héroïque  vierge.  Il  ne  sera  pas  inutile  en  France.  M.  S. 


Ciemenceau,  par  Andri-    Mauiiël.  Paris.  Éditions  de  la  «  Nouvelle    Ftevue   natio- 
nale, »  1919,  in-12  de  71  p.,  avec  un  portrait.  —    Prix  :   1  fr.  50. 

Ce  qu'a  voulu  peindre  dans  cet  opuscule  M.  André  Maurel,  admirateur  et 
ami  de  Clemenceau,  «  c'est  l'homme  intime  avec  ses  qualités  et  ses  défauts 
de  nature  dont  la  familiarité  peut  aider  à  comprendre  Ihomme  public, 
nous  donner  la  raison  de  son  ascendant,  nous  expliquer  sa  conception  po- 
litique dans  ses  réalisations  passées  et  prochaines,  nous  faire  pénétrer,  en 
un  mot.  dans  son  esprit  et  son  cœur  pour  éclairer  notre  jugement  sur  ses 
actes.  »  L'auteur  est  bien  informé  et  intelligent.  C'est  un  panégyrique  que 
sa  plume  nous  donne,  mais  en  même  temps  un  portrait.  L'ouvrage  est  in- 
téressant, d'un  style  vif  et  animé,  mais  trop  saccadé  et  parfois  obscur  et 
incorrect.  M.  S. 


Les  ;\larécliaux  de  France  à  l'.\eadémie,  par  le  baron  Gabriel  d'Orge- 
VAL.  Paris,   de  Boccard,   1919,  in- 10  de  9G  p.  et  S  planches.  —  Prix  :  3  fr. 

M.  Gabriel  d'Orgeval  a  entrepris  d  importants  travaux  sur  l'histoire  du 
niaréchalat.  Deux  élections  récentes  lui  ont  donné  l'idée  d'en  détacher  un 
petit  volume  ayant  pour  sujet  les  Maréchaux  de  France  à  l'Acadétilie,  dans 
lequel   il   aurait   occasion  de   faire   entrer   des    détails  intéressants    pour 

Octobre  1919.  T.  CXLVl.  15. 


-    22r)  — 

l'histoire  des  letlrcs  el  riiistoire  des  mœurs.  L'ouvrage  est  ainsi  partagé  r 
Chapitre  I.  I/Acadcmie  sous  Louis  XIV  et  la  Régence.  IL  L'Académie  et 
les  Encyclopédistes.  III.  Le  Triomphe  des  Philosophes.  —  Conclusion.  Le^ 
Maréclialal  et  l'Académie.  M.  d'Orgeval  y  montre  beaucoup  d'érudition  et 
de  goût  et  un  style  très  agréable.  L'exposé  est  accompagné  de  huit  planclics 
hors  texte.  Ce  sont  les  portraits  des  mnrécliaux  académiens,  savoir  :  le 
maréchal  de  Villars,  le  maréchal  d'Estrées,  le  maréchal  de  Richelieu,  le 
maréchal  de  Belle  Isle,  le  maréchal  de  Duras,  le  maréchal  de  Beauvau,  le 
maréchal  Jofl're,  le  maréchal  Foch.  L'ouvrage  est  dédié  à  ces  deux  der- 
niers. M.  S. 


Li'II«'Ui'e  du  «<an<|  (élite  et  vocation),  par  le  R.  P.  Albert  Bessières.  Paris,  ilo 
Gigord,  et  Toulouse,  Apostolat  de  la  x'rière,  1919,  petit  in-8  de  87  p.  —  Prix.  : 
2  fr.  50. 

Dans  un  drame  qui  commence  à  l'Ecole  normale  et  s'achève  sur  le 
champ  de  bataille,  l'auteur  nous  montre  comment  la  vocation  ecclésiastique 
naît  dans  un  cœur  d'élite,  comment  elle  s'y  développe,  comment  elle  lutte 
contre  les  afTcctions  les  plus  chères  el  les  préjugés  les  plus  tenaces,  quelles 
générosités  elle  provoque,  comment  elle  triomphe  dans  le  sacrifice...  L'émo- 
tion intense  qui  se  dégage  de  ce  drame  montrera  mieux  peut-être  que 
beaucoup  de  discours  la  beauté  et  la  nécessité  du  ministère  sacerdotal. 
Puisse  ce  langage  être  entendu  des  jeunes  hommes  qui  savent  ce  cjuc  c'est 
que  se  dévouer,  el  aussi  des  autres  chrétiens,  trop  oublieux  en  général  de 
leurs  devoirs  en  celle  question,  trop  indifférents  à  la  pauvreté  lamentable 
de  leurs  prêtres  !  Cii.  Landrï. 

Ames  eu  prison,  par  Loris  Ar^olld.  10*  édition.  Paris,  Société  française 
d'imprimerie  et  de  liljriarie,  1919,  iii-12  de  xu-232  p.  —  Prix^:,  4  fr. 

Voici  une  nouvelle  édition  d'un  livre  que  la  technicité  de  son  sujet  sem- 
blait réserver  à  quelques  spécialistes,  et  que  le  talent  de  son  auteur  a 
mené  jusqu'au  grand  public.  Bonne  œuvre,  de  tous  points,  puisqu'elle 
•  révèle  à  tous  ces  merveilles  de  la  patience  chrétienne,  pour  ne  pas  dire  ces 
miracles  c^ui  libèrent  des  âmes  enfermées  (^ans  la  surdité,  le  mutisme,  et 
la  cécité.  Que  de  choses  dans  ce  volume  !  Et  pourtant  celle  dixième  édi- 
tion a  un  grand  mérite  :  au  lieu  d'être,  suivant  la  formule  des  réclames, 
«  considérablement  augmentée,  »  celle-ci  est  «  réduite,  »  malgré  les  apports 
nouveaux  de  la  guerre.  On  la  sent  partout,  la  guerre,  même  dans  ces 
asiles  de  paix  religieuse,  ou  dans  leurs  historiens.  Ce  livre  est  dédié  par 
l'auteur  à,  la  mémoire  de  son  fils  André,  «  tombé  pour  la  France  el  pour 
Dieu,  »  sur  le  Piave.  Tout  un  chapitre  inédit  est  consacré  à  la  description 
de  la  maison  de  Larnay,  lansforméecn  asile  pour  les  soldats  assourdis  par 
leurs  blessures,  tandis  que  le  petit  peuple  des  jeunes  ouvrières  aveugles 
travaille  gaîment  pour  les  poilus.  —  Quand  on  ferme  ce  livre  poignant, 
qui  a  été  écrit  par  un  penseur,  et  qui  fait  penser,  on  songe  à  bien  d'autres 
âmes  qui  ne  se  doutent  même  pas  qu'elles  sont  en  prison,  elles  aussi, 
emprisonnées  dans  l'ignorance  de  la  vérité,  dans  la  haine  pour  leurs 
frèi'es,  fermées  par  une  propagande  impie  à  ce  qui  est  générosité,  amour, 
lumière.  Ces  àmes-Ià,  qui  les  délivrera  ?  M.\ukice  Soubiau. 


Iteinnrques,  par  .Anuiié  Siahls.    V-\1.    Paris,    lîdilioiis  do  la    «  Nouvelle  Hi'\ue 
française  »,   1917-1918,  7  fasc,  in-lti  de  cliacun  42  p.  —  Prix  :  14  fr. 

L'esprit  aigu  de  M.  Suarès  s'exerce  avec  conliniiilé   sur  les  événements 


227  

qui  rentoiiiTiil.  Il  ne  s";ipil  poiiil  des  seuls  éxTufimiils  du  dcliors,  mai» 
des  élaboialions  siibliles  diiiio  pensi'C  piulôt  raie.  Ksi  ce  a  dire  qu'il 
s'agisse,  dès  lors,  toujours,  d'une  pensée  juste  ?  Il  sera  permis  de  la  trou- 
ver,  tout  de  suite,  au  njoins  paradoxale. 

Qu'il  traite  de  poiititiue,  de  philosoijliie.  de  religion,  d  liistoire,  de  litlr- 
ralurc,  .M.  Suarès  ne  s  embarrasse  de  rien,  et,  jouant  l'aisance  d'un  iio- 
nisle,  mais  d'un  ironiste  (|ui  s'irrite  quelquefois,  il  exécute  son  monde 
avec  un  entrain  désabusé  ou  farouche,  ("est  en  littéiature  probablement 
que  M.  Suarès  est  \C  luieux  informé.  Véritablement  il  a  ici  sur  Verlaine 
des  notations  fort  justes.  On  les  lit  avec  goût,  tandis  qu'on  n'essaie  pas  de 
prendre  au  sérieux  Mon  enlrelieii  avec  le  l'ape.  Tous  les  ragots  d'une  hosti- 
lité que  le  temps,  les  documents,  les  faits  ont  révélée  décidément  inintelli- 
gente, circulent  dans  ces  invectives  cauteleuses,  où  il  est  grand  donunagc 
de  voir  une  plume  alerte  et  un  esprit  vif  s'égarer  dans  la  fantaisie  et  se 
complaire  dans  l'irrévérence.  Le  plus  singulier  est  que  cela  est  dit  sérieu- 
sement. 

L'art  chrétien  séduit  M.  Suarès,  parce  que  c'est  de  l'art  cl  bien  qu'il  soit 
chrétien.  Il  est  curieux  de  noter  à  que!  point  certains  aspects  de  la  religion 
occupent  M.  Suarès.  Il  ne  semble  pas  que  ce  soit  par  un  attrait  des  plus 
élevés  et  il  a  même  des  re/narr/Hes  plus  que  déplacées.  Mais  qui  dira  le  fond 
d'une  inquiétude  s'ex|irimant  avec  humeur  ou  bravade? 

Eu  somme  la  caractéristique  du  talent  de  M.  Suarès  pourrait  bien  être 
le  goût  excessif  et  permanent  du  paradoxe,  .\ussi  n'cst-il  point  gêné  pour 
dire  son  mot  surKant,  à  propos  de  la  guerre  allemande.  Selon  Im,  l'auteur 
des  Criliqnes  ne  serait  pour  rien  dans  l'orientation  dune  pensée  germa- 
lùque,  ayant  abouti  dans  la  pratique  aux  excès  calculés  du  militarisme 
prussien.  Ce  ne  serait  pas  ce  dissolvant  théoricien  du  relativisme  et  du 
subjcctivisme  qui  aurait  frayé  la  voie  aux  émissaires  sans  scrupule  de  la 
Kidliir.  Nous  voulons  bien  que  Hegel  soit  autrement  et  plus  responsable, 
mais,  en  souscrivant  à  la  reconnaissance  du  fait,  admis  par  M.  Suarès, 
fjue  l'idéalisme  de  Kant  dérive,  en  ayant  l'air  de  tout  sauver  mais  en  per- 
dant tout,  de  celui  de  Descartes,  nous  n'aurons  pas  relevé  ni  loué  le  pres- 
tige éducateur  du  jibilosophe  allemand,  et  nous  ne  serons  pas  surtout  par- 
venus à  trouver,  avec  M.  Suarès,  que  Joseph  de  Maistre,  adversaire,  parait- 
il,  du  droit  humain,  est  le  plus  Prussien  des  deux. 

Chacun  des  fascicules  contient,  à  la  fin,  un  poème.  Ce  poème  est  tou- 
jours de  forme  très  libre,  assez  périmée,  et  les  idées,  qui  sont  souvent 
poétiques,  y  sont  plutôt  difîuses.  La  prose  de  M.  Suarès  vaut  mieux.  On  y 
letrouve  un  Anatole  France,  qui  se  piquerait  d'être  doctrinaire^  mais  des 
intuitions  parfois  très  originales  nempèchent  pas  que  l'usage  habituel  du 
paradoxe  ne  sente  vm  peu  le  procédé.  La  phobie  de  la  banalité  devient,  à 
la  long-ue.  banale.  Théron  de  Mont.\lgé. 


Conférences  «le  la  «  Itevue  des  jeunes.  »  L'Utilisation  de  la 
victoire.  —  T.  Le  Proijromme  d'une  Revue  calholique  moderne,  par  Tabljé  Sehtil- 
LANGES.  —  H.  L'Ilérikifje  des  jeunes,  par  Vji;tor  Bccaille.  —  III.  Les  Sources  de  la 
pensée  catholique,  par  le  H.  P.  Gillet.  —  IV.  L'Esprit  noweau  dans  les  lettres  fran- 
çaises, par  Robert  Vali.eky  Hadot.  —  V.  Les  .\ouvellcs  I)irections  de  l'art  chréfien, 
par  AIalrice  De.ms.  —  VI.  JSotre  Mission  sociale,  yar  Hexiu  Joly.  —  VII.  L'Activité 
féminine  de  demain,  par  M'"  LÉo^TISE  Zama  —  VIII.  Onjanisalion  industrielle  et 
organisation  sociale,  par  Charles  Nicaise.  —  IX.  L'Ordre  dans  la  cité,  par  Re:*é  Sa- 
LOMÉ.  —  X.  La  Société  chrétienne  des  nations,  par  Mg^r  SiMO?i  Deploige.  Pans, 
«  Revue  des  jetines  »,  1010,  10  brocliures  in-16,  ensemble  de  12'.'2  p.  —  Prix  de 
chacune  :  0   fr.  50. 

Ces  dis  conférences,  données  de  janvier  à  mars  J919,  ne  sont  point  seu- 


-   228  — 

lenient  reliées  pai-  une  pagination  continue  :  (Iles  sont  toutes  inspirées  par 
le  niènie  souci  de  se  placer  à  lavant  garde  des  Ixmis  ouvriers  de  Ja  renais- 
sance française.  —  Ce  n'est  pas  dire  que  letus  auteurs  soient  des  esprits 
tous  coulés  dans  le  même  moule,  enfermés  dans  la  même  petite  chapelle. 
Le  R.  P.  Sertillanges,  dans  la  réunion  inaugurale  que  présidait  S.  E.  le 
cardinal  Anietle,  a  pris  soin  au  contraire  d'accuser  ce  caractère  excellent 
de  la  Revue  des  jeunes  qu'elle  accepte  et  appelle  la  collaboration  des  catho- 
liques de  toutes  ruiances,  mais  des  catholiques  bon  teint,  si  Ion  me  per- 
met cette  expression  ;  et  ceux-ci  abordent  les  problèmes  actuels  avec  d'au- 
tant plus  de  franchise  et  de  liberté  qu'ils  sont  plus  assurés  des  vérités 
imnuiables.  —  Dans  la  conférence  de  M.  Victor  Bucaille,  que  présidait 
M.  Dcnys  Cochin,  le  souci  apparaît  très  vif  d'harmoniser  les  diverses  par- 
ties de  l'héritage  que  les  jeunes  ont  reçu,  de  n'en  répudier  aucun  bon  élé- 
ment. On  souhaite  que  de  l'expérience  de  leurs  aînés  ils  aient  appris  à 
moins  mêler  la  religion  et  la  politicjue.  —  Sous  la  présidence  de  Mgr  du 
Vauroux,  c'est  un  croquis  expressif  de  la  philosophie  thomiste  qu'a  pré- 
senté le  R.  P.  Gillet,  indiquant  pourquoi  et  en  quoi  elle  peut  aujourd'hui 
être  considérée  comme  très  actuelle,  prolondément  réaliste,  mais  ne  limi- 
tant pas  le  réel  au  sensible.  —  Au  terme  de  la  conféi'cnce  de  M.  Robert 
Vallery-Radot,  M.  Maurice  Barres  en  a  justement  loué  la  plénitude  :  c'est 
que.  dans  la  littérature  telle  que  l'entend  le  poète  de  l'Edii  du  puits  et  de 
Grains  de  myrrhe,  le  romancier  de  l'Homme  de  désir  et  de  V Homme  de  don- 
leur,  l'âme  se  donne  tout  entière,  adhérant  à  la  vérité  totale,  qui  est  aussi 
cette  poésie  vraie,  dont  l'humanité  a  soif.  —  M.  Maurice  Denis  estime, 
comme  le  président  de  sa  conférence,  M.  Henry  Cochin,  que  dans  la  maison 
de  Dieu,  encore  plus  C]u'ailleurs,  la  laideur  est  intolérable.  Comment 
l'épargner  à  nos  églises,  aux  pauvres  comme  aux  riches,  on  l'apprendra 
de  ce  peintre  si  attachant,  qui  n'enseigne  pas  en  discours  seulement  que 
l'artiste  chrétien  doit  nous  donner  un  art  vivant  en  parlant  le  langage  de 
son  cœur.  —  Mgr  Gibier  présidait  la  réunion  dans  laquelle  M.  Henri  Joly 
i\  tracé  de  notre  mission  sociale  un  programme  vaslc.  mais  non  pas  vague, 
sachant  concilier  les  droits  des  individualités  et  ceux  de  la  foule,  insistant 
sur  le  rôle  primordial  de  la  famille,  dont  la  restauration  importe  avant 
tout.  —  M.  .lean  Lerollea  salué  en  M"°  Zanta  la  première  Française  pour- 
vue du  diplôme  de  docteur  en  philosophie,  et  celle-ci  a  éloquemment  con- 
vié ses  sœurs  au  travail,  sous  des  formes  variées.  Parmi  les  utiles  et  belles 
tâches  qu'elle  leur  propose,  signalons  celle  de  restauratrices  de  la  vie 
rurale,  et  celle  des  pacificatrices  que  seraient  les  surintendantes  d'usines. 
—  M  Charles  Nicaise,  que  M.  Robert  Pinot  a  justement  présenté  comme 
un  des  meilleurs  représentants  de  lélite  patronale,  n'a  que  trop  raison 
<robserver  que  la  victoire  nous  apporte  des  vertualités  à  réaliser,  et  non 
des  richesses  toutes  faites.  Mais  ce  n  est  pas  un  découragé,  un  timide,  un 
routinier.  11  demande  beaucoup,  et  il  fait  large  confiance,  aux  ouvriers, 
comme  aux  chefs,  ])our  la  lormation  desquels  il  esquisse  un  plan  d'ensei- 
gnement humano-lechniiiue.  —  Ce  n'est  point  par  l'étatisme  oppresseur 
que  M.  René  Salomé  entend  assurer  l'ordre  dans  la  cité  ;  c'est  par  la  disci- 
pline, intelligemment  acceptée,  des  réalités  familiales  et  corporatives,  cest 
par  la  coopération  des  meilleurs,  qui  doit  être  particulièrement  active  en 
un  temps  où,  comme  l'a  indiqué  M.  Paul  Bourget,  les  révolutionnaires 
voient  dans  le  cataclysme  mondial  une  occasion  de  jeter  à  bas  l'édifice 
séculaire  de  la  civilisation.  —  M.  Henry  Carton  de  Wiart  a  présidé  la  der- 
iiièrc  séance,  celle  où  l'éminent  président  de  l'Institut  supérieur  de  iihilo- 


>(il)lii('  à  rUiiivorsité  de  Louvaiii,  Mgr  Doploifjo.  a  p.iilt-  en  ^.;l^;(■  .•(  en  (.iilm- 
litiuc  de  la  Société  des  nations.  Si  ingénieiiNOinent  que  l'on  t<'iil('  de  la 
codstrnlre,  elle  ne  lui  inspire  pas  pleine  conriance.  Il  estime  (jne  Ti-dilice 
iiilernalioMal  aurait  plus  de  chances  détenir  en  s'a|)puyant  sur  le  roc  solide 
des  traditions  chrétiennes.  lUiiON  Anoot  dks  Hotolks. 


CHRONIQUE 

Nkcrologie.  —  Le  D'  Kniile-Marie-Théophile  GAi/riEit-Roissii  lu:  \ieiit  dt- 
imnirir  à  02  ans.  le  20  septembre,  à  Barbizon.  Né  à  Paris,  en  18.*)".  il  diri- 
gea ses  études  vers  les  sciences  médicales.  Élève  remar(piable,  il  passa 
brillamment  sa  thèse  :  Des  ilanifeslalioiis  de  Id  syphilis  sur  la  voiite  du  crâne 
(Paris,  1857,  in-4)  et  fut  reçu  docteur  de  la  Faculté  de  Paris.  Interne  des 
hôpitaux,  il  obtint  une  médaille  de  bronze.  Le  D'  Galtier-Boissière  était 
directeur  du  Larousse  médical.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  on  peut 
citer  :  Des  Moyens  de  se  préserver  de  foules  les  maladies  épidémiques,  cuiila- 
gieiises  ou  parasitaires,  suivis  des  mesures  à  prendre  contre  les  empoisonne- 
n)ents,  les  asphyxies  et  les  piqûres  venimeuses  (Paris,  1880,  in-18)  ;  —  Xolions 
élémentaires  d'hyqiène  prali<]ue,  suivies  d'un  appendice  contenant  tous  les  ren- 
seiqiu-ments  utiles  à  consulter  par  les  familles  (Paris,  1896,  in-18);  —  L'En- 
seitjnemenl  de  l'antialcoolisnie  {Varis,  1807,  in-18);  —  Cycliste  et  bicyclette, 
fluide  pratiipie  du  cycliste  amateur  (Paris,  1898,  in-IO)  :  —  Tableau  de  secours 
immédiats  (uix  blessés  et  aux  malades  av<uil  l'arrivée  du  médecin  (Paris,  1901. 
in-16)  :  —  Dictionnaire  illusiré  de  médecine  usuelle  (Paris.  1902,  in-8)  ;  — 
lievue  d'hygiène  et  d' éducation  de  ta  première  enfance,  guide  de  ht  mère  (Var'is, 
■19();j-1905.  2  vol.  in-l)  :  —  Pour  soigner  les  maladies  vénériennes,  .'texuelles, 
urinaires  (Paris,  1905,  in-18)  ;  —  La  Femme,  conformation,  fonctions.  m<da- 
dies  et  liygiène  spéciales  (Paris,  1905,  gr.  in-8)  ;  —  Pour  préserver  des  mala- 
dies vénériennes  (Paris,  1906.  in-16)  ;  —  Pour  élever  tes  nourrissons  (Paris, 
1907,  in-16)  ;  —  L'Homme  ;  anatomie  iParis,  1908.  in-fol.)  ;  —  Préservation 
des  nourrissons  (Melun,  1908,  in-16)  ;  —  Les  Maladies  de  poitrine  (Paris. 
1910,  in-16)  ;  —  Les  Étapes  de  la  préservation  de  la  variole  (Paris.  1910,  in-8). 

—  M.  Jean-Thomas-Édouard  Jllliex  est  mort  à  Ville-'lWvray.  le  1  sep- 
tembre. Né  à  Lyon,  le  4  décembre  1854,  il  fit  ses  études  au  lycée  de  Lvon, 
entra  ensuite  à  l'Ecole  des  hautes  études,  puis  se  livra  tout  entier  à  l'art 
dramatique  et  fut  un  des  premiers  auteurs  que  révéla  le  grand  acteur 
Antoine  du  Théâtre  libre  dans  la  Sérénade  (1887),  l'Échéance,  le  Maître 
(1890).  Cette  dernière  pièce  surtout  eut  un  immense  succès,  et  fut  aussitôt 
leprisc  devant  le  grand  public,  aux  Nouveautés.  L'œuvre  maîtresse  de. 
M.  Jean  Jullien  est  la  Mer  (1892)  qui  fut  représentée  pour  la  première  fois 
à  rOdéon  ;  parmi  ses  œuvres  si  nombreuses  on  peul  encore  rappeler  les 
romans  :  Trouhle-Cœur  (1886)  :  —  La  Vie  sans  lutte  (1892)  ;  —  Les  Petites 
Lomédies  (1898)  ;  —  Les  Récits  parisiens  (1900)  ;  —  Les  Uns  et  les  autres  (1907> 
et  les  pièces  de  théâtre  :  La  Poigne,  pour  le  Gymnase  (1900)  ;  —  L'Éco- 
lière,  pour  la  Renaissance  il901)  ;  —  L'Oasis  (1903)  ;  —  La  Mineure  (1904j  ; 
—  Les  Plumes  de  geais,  pour  le  Théâtre  Molière  1 1906)  :  —  Les  Voiles  (1907). 
Les  oeuvres  de  M.  Jullien  ont  été  publiées  en  deux  \olumes  sous  le  titre 
de  :  Théâtre  twa/ti  (1892-1806). 

—  M.  ^Villiam  Samuel  Lii.ly.  mort  le  29  août,  était  né  à  Fifehead, 
Dorsetshire,  le  10  juillet  1S40.  11  fit  de  brillantes  études  à  Cambridge, 
prit  ses  grades  en  droit  en   1861   et  obtint  la   même   année,  au   concours. 


—  230  — 

tine  place  dans  les  services  civils  des  Indes.  Il  y  poursuivit  sa  carrière  et 
devint  en  1865)  sons-secrétaire  de  la  présidence  de  Madras.  Sa  santé  l'obligea 
dès  l'année  suivante  de  lentrer  en  Angleterre.  Il  se  fit  inscrire  au  barreau, 
se  convertit  au  catUolkùsme  et  devint  en  1874  seciétaire  de  l'Union  catho- 
lique de  Grande-Bretagne.  11  joua  à  ce  litre  un  rôle  assez  considérable. 
Outre  une  active  collaboration  à  divers  périodiques (0(jar<f;r/j  Rcview,  Con- 
Jeinporaiy  Review,  Forlnightly  Review,  Nineleenlh  cenlury),  il  a  écrit  un  assez 
grand  nombre  d'ouvrages  sur  des  sujets  historiques,  philosophiques  et 
religieux  et  dont  quelques-uns  ont  eu  les  honneurs  de  plusieurs  éditions. 
Nous  citerons  :  Ancleni  religion  and  modem  Lhought  (London,  1884,  in-8)  ;  — 
Chaplers  in  European  hislory  (London,  1884,  2  vol.  in-8)  ;  —  A  century  of 
revolalion  (London,  1889,  in-8)  ;  —  On  right  and  ivrong  (London,  1890, 
in-8)  ;    -   On  Shihboleths  (London,  1891,  in-8)  ;  —  Greal  enigma   (London, 

1892,  iu-8)  ;  —  Tlie  laws  specially  affecting  calhoUcs,  avec  Wallis  (London, 

1893,  in-8)  ;  —  Tlie  Claims  of  chrislianily  (London,  1894,  in-8)  ;  —  Four 
English  hnmorisls  of  the  A'/A"'  cenlury  (London,  1895,  in-8)  ;  —  Essays  and 
speecJies  (London,  1897,  iri-8)  ;  —  A  year  of  life  (London,  1900,  in-8)  ;  — 
Renaissance  types  (London,  1901,  in-8)  ;  —  Indin  and  ils  problems  (London, 
1902,  in-8)  ;  —  Chrislianily  and  modem  civilizalion  (London,  1903,  in-8)  ;  — 
Sludies  in  religion  and  lileralare  (London,  1904,  in-8)  ;  — -  First  principles  in 
politics  (London,  1907,  in-8)  ;  —  Many  mansions,  being  studies  in  ancient  reli- 
gions and  modem  Uionghl  (London,  1907,  in-8)  ;  —  Idola  fori  (London,  1910, 
in-8)  ;  —  The  New  France  (Lomion,  1913,  in-8). 

—  Reproduisant  une  information  erronée  de  journaux  quotidiens,  nous 
avons  annoncé  la  mort  de  M.  Jacques  Bertillon.  C'est  le  docteur  Georges 
Bertillon,  qui  est  mort  :  et  nous  sommes  heureux  dapprendre  que  l'émi- 
nent  statisticien  est  encore  plein  de  santé. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Henry  de  Brisaï.  rédacteur  au 
Journal  des   Débats,  romancier,  duquel   on   peut   citer  :  Flamberge  au  vent 

^  (Paris,  1890,  in-18)  ;  Le  Secret  de  l'atM  Fauvel  (Paris,  1891,  in-18")  ;  Trémor 
aux  mains  rouges  (Tours,  1901.  in-4)  ;  Les  (fontes  de  l'Épée  (Tours,  1897.  in-4)  ; 
A  l'abordage  (Paris,  1897.  in-fol.)  ;  Goberon,  comédie  en  un  ac/e (Paris.  1900, 
Jn-18)  ;  Le  Théâtre  bleu  (Tours,  1901,  in-4),  mort  en  septembre,  à  57  ans  ; 
—  Brouaud,  inspecteur  honoraire  des  monuments  historiques,  qui  laisse  : 
Un  coin  de  Provence  :  Yères  et  ses  environs  (Orléans,  1906.  in-4),  mort  en 
septembre  ;  —  Charles  Chabault,  helléniste  des  plus  distingués,  profes- 
seur au  lycée  Saint-Louis,  collaborateur  de  la  Revue  de  l'enseignement,  du 
Temps  présent,  de  la  Revue  idéaliste,  auteur  de  traductions  remarquables, 
entre  autres  d'Electre,  drame  de  Sophocle  (Paris,  in-16),  mort  le  11  sep- 
tembre) ;  —  Louis  CiiEVUEL,  maître  de  conférences  adjoint  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Caen.  mort  à  70  ans.  le  9  septembre  ;  —  Duquesnay,  professeur 
au  lycée  de  Brest,  auteur  des  Marliniguaises.  poésies  (Paris.  1903,  in-16), 
mort  en  août)  ;  —  Paul  Gautier,  avocat  et  poète,  auteur  de  :  Éloge  de  Gas- 
ton-Frédéric Lespiault  1823-190^1  (Bordeaux,  1907,  in-8)  ;  En  l'air,  scène  pour 
marionnettes,  en  4  tableaux,  en  vers  (Bordeaux,  1909,  in-8)  ;  Sur  la  terrasse, 
comédie  en  1  acte  et  en  vers  (Bordeaux.  1912),  mort  le  7  «eplembre.  à 
47  ans  ;  —  (ieorges  oe  .Ioi.y,  professeur  à  l'Ecole  des  ponls-et-chaussées, 
mort  à  Chamonix,  le  27  août,  à  54  ans  ;  —  Charles  Legouge,  professeur 
au  lycée  Hoche,  mort  dernièrement  ;  —  Henri  Lutz.  compositeur  de  mu- 
sique, mort  à  55  ans,  le  10  septembre  ;  —  le  chanoine  Petev.  docteur 
en  théologie,  mort  en  septembre  ;  ~  l'abbé  Phéauhert.  professeur  à  l'Uni- 
versité catholique  d'Angers,  luort  au  début  de  septembre; —  Léon  Tiii- 


—  231    — 

Hvi  i,T,  professeur  au  lycée  de  Nancy,  morl  on  septembre  ;  —  J.-P.  Trouii.- 
i,i:t,  fondateur  et  président  du  Comité  de  direction  de  la  Dépêche  ri,loninle, 
Nice-président  du  syndicat  de  la  presse  nationale,  mort  à  64  ans,  en  sep- 
tembre :  —  le  R.  P.  V11.LEDIEU.  de  la  Compagnie  de  Jésus,  prédicateur 
estime,  mort  en  septembre. 

—  A  l'étranger  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  l.conid  Amjiufv,  poète 
russe,  mort  à  48  ans,  en  septembre  ;  —  Paul  Chofkat,  géologue  de  liante 
valeur,  mort  à  Lisbonne,  en  Juin  dernier  ;  —  Mgr  Adolphe  Kkitzkn,  auteur 
d'un  travail  :  De  Cdssdiuiri  ejusfiue  socioruni  sindiis  irenicis  {Wio),  qui,  après 
nvoir  fait  l'éducation  des  enfants  du  prince  Georges  de  Saxe,  fut  appelé 
eu  1891  à  l'évôché  de  Strasbourg,  où  il  sut  se  faire  estimer  du  clergé  et  de» 
fidèles,  démissionnaire  à  la  suite  de  l'armistice  du  11  novembre,  19IS,  mort 
en  septembre,  à  l'âge  de  81  ans  ;  —  J.-A..  okk  Mocw,  érudit,  mathématicien 
el  poète,  auteur  entre  autres  ouvrages  de  :  Krilische  Slitdies  over  psycliisrk 
monisme  en  nieniv  lieijeliamsme  et  de  :  Absolnnl  idéalisme,  mort  en  juin  ;  — 
Kodriguez-Mkndkz,  physicien,  mort  à  Barcelone,  à  la  fin  de  septembre  :  — 
Nicolas  SouRDi,  le  plus  célèbre  des  poètes  grecs  contemporains,  si  populaire 
dans  les  pays  de  langue  hellénique  qu'on  le  désignait  couramment  sous 
le  nom  de  «  poêle  iialionnl  »,  mort  en  septembre  ;  —  James-William 
Ilelenus  Tuail,  savant  professeur  de  botanique  à  l'Université  des  sciences 
de  Aberdeen^  auteiu-  de  nombreux  travaux  sur  la  botaniciue  el  mJ^me  sur 
la  zoologie,  collaborateur  de  nombreuses  revues  scientifiques,  mort  à  68 
ans,  à  Aberdeen  ;  —  Joseph  Tress,  journaliste  anglais,  qui  avait  créé  45 
journaux  dans  la  Nouvelle-Galles  du  sud  et  la  Nouvelle-Zélande,  mort  à 
Wellington  (Nouvelle-Zélande),  à  74  ans,  le  7  septembre  :  —  Charles  Tïtgat, 
directeur   du    Vinglième   Siècle,   de  Bruxelles,  mort  le  i  septembre. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  inscriptions  et  belles  lettres.  —  Le 
^  septembre.  M.  René  Gagnât,  secrétaire  perpétuel,  donne  lecture  d'une  let- 
tre du  ministre  des  affaires  étrangères  transmettant  à  la  Compagnie  un 
manuscrit  de  84  pages  recueilli  en  Algérie,  qui  contient  des  proverbes  ara- 
l)cs.  Le  ministre  désire  que  l'Académie  favorise  la  publication  de  ce  manus- 
crit qui  intéresse  la  dialectologie  de  l'IIedjaz.  —  M.  Gagnât  lit  une  note  de 
M.  Louis  Châtelain  concernant  le  texte  d'une  inscription  gravée  sur  un 
autel  en  pierre  calcaire  élevé  à  l'entrée  de  Volubilis  (Maroc)  le  long  de  la 
route  conduisant  de  cette  ville  à  Tanger.  —  ^L  Alexandre  de  Laborde  lit 
un  mémoire  sur  la  «  librairie  »  d'Anne  de  Polignac  qui,  dans  le  château  en 
Angoumois  où  elle  reçut  Charles-Quint,  avait  réuni  une  admirable  collec- 
tion de  miniatures  et  de  manuscrits  précieux.  —  Le  i2,  M.  Merlin  commu- 
nique et  commente  le  texte  d'une  longue  inscription  récemment  découverte 
par  le  Service  des  antiquités  de  la  Tunisie  dans  les  ruines  de  l'ancienne  ville 
de  Thuburbo  Masus.  laquelle  donne  en  grand  détail  le  Cnrsns  honoriiin  de 
G.  VettLus  Sabinianus,  proconsul  d'Afric[ue  à  la  fin  du  second  siècle  de  notre 
'ère.  —  M.  J.  Reinach  donne  lecture  d'un  mémoire  intitulé  :  La  Bossue 
d'Assise,  qui  se  rapporte  à  la  conversion  de  saint  François.  —  Le  19,  M.  le 
D'  Carton  étudie  plusieurs  questions  darcliéologie  tunisienne  :  construc- 
tion souterraine  sur  le  littoral  carthaginois  remplie  de  riches  débris  ;  entrée 
des  grands  thermes  publics  de  Bulla  Rcgia,  récemment  dégagée  ;  bel  escalier 
flanqué  de  jolies  bases  supportées  par  un  stylobate  orné  de  sculptures  soi- 
gnées, mis  au  jour  aux  abords  d'une  nécropole.  —  M.  Chabot  propose  une 
nouvelle  interprétation  d'une  inscription  grecque  de  Palmyre  relative  à  la 
reconstruction  d'une  partie  du  grand  portique  en  Lan  327  après  J.-C.  — 
MM.  Alfred  Croiset,  Clermont-Ganneau  et  Girard  présentent  quelques  obser- 


—  232  — 

valions.  —  Le  26,  M.  Oinont  signale  la  lôccnle  mise  en  vente  à  Londres  d'une 
Icllie  autographe  du  roi  de  France  Charles  V  à  Gilles  Malet,  son  bibliothé- 
caire, et  il  fait  connaître  les  motifs  pour  lesquels  il  suspecte  lauthenticité  de 
cette  lettre.  —  M.  Th.  Hoinolle  donne  lecture  d'une  étude  sur  la  frise  du 
Trésor  des  Athéniens.  —  Delà  part  de  i\l.  Caicopino,  piofesseur  à  la  Faculté 
d'Alger,  M.  Gagnât  communique  à  l'Académie  une  table  de  mesures 
romaines,  découverte  aux  environs  de  Sétif.  On  \  lit  ,  au-dessous  des  creux 
ménagés  dans  la  pierre,  qui  contenait  jadis  des  mesures  de  métal,  le  nom 
de  ces  mesures  et  celui  des  magistrats  qui  les  avaient  fait  exécuter  pour  la 
ville  où  elles  étaient  exposées.  —  MM.  Salomon  Reinach,  l'ottier,  Glermont- 
Ganneau  présentent  quelques  observations  sur  cette  communication. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  — 
Le  5  septembre,  M.  Eugène  Gavaignac  lit  une  comnmnication  intitulée  : 
La  Populalion  de  l'Espagne  au  wi"  siècle.  11  en  r!>sulle  que  cette  population, 
vers  l'année  1515,  devait  être  de  10  ou  12  millions  d'âmes.  —  Le  12. 
M.  Arthur  Ghuquet  donne  lecture  d'une  étude  appuyée  sur  de  nombreux 
documents,  on  il  montre  que  «  le  vieux  Dieu  allemand  »  n'est  pas  une 
création  de  Guillaume  H  :  on  trouve  les  première  traces  de  celle  mons- 
trueuse concepl'.on  d'une  divinité  sanguinaire  et  impitoyable  dans  les 
lointaines  origines  de  la  théogonie  germanique.  Les  poètes  allemands,  et 
Arndt  particulièrement,  ont  continué  la  tradition  et  chanté  la  gloire  du 
«  vieux  Dieu  allemand  ».  —  Le  19,  le  même  M.  Arthur  Ghuquet  lit  une 
étude  sur  la  Verla  allemande  :  il  examine  celte  fameuse  foi  ou  bonne  loi, 
Treue,  que  les  Allemands  ont  toujours  célébrée  comme  leur  bien  propre, 
et  spécialement  au  xviii^  siècle,  en  1813,  en  1870  et  de  1914  à  1918. — 
Le  26,  ^L  Arthur  Ghuquet  lit  un  travail  relatif  au  départ  de  Napoléon  dtî 
l'île  d'Elbe,  fait  que  la  France  et  l'Angleterre,  avec  un  peu  de  vigilance, 
eussent  pu  empêcher. 

(Concours.  —  En  ce  temps  où  les  livres  alleignenl  des  prix  élevés,  ce 
qui  provoque  des  inquiétudes  justifiées  parmi  les  intellectuels,  la  maison 
Hachette  ofTie  des  débouchés  à  tous  les  écrivains,  jeunes,  peu  ou  pas 
encore  connus  et  aussi,  bien  entendu,  à  ceux  qui  sont  déjà  célèbres.  Dans 
son  périodique  illustré  et  si  apprécié  :  Les  Leclnres  pour  tous,  elle  a  ouvert 
deux  grands  concours  de  romans,  nouvelles  et  comédies.  Le  nombre  des 
prix  à  décerner  n'étant  pas  limité,  toutes  les  œuvres  agréées  et  retenues 
recevront  :  i.OOOfr.  jjour  les  romans  et  d(;  100  à  3.  000  fr.  pour  les 
nouvelles  et  comédies.  Ges  prix  comportent  la  publication  des  textes  dans 
les  Lectures  et  l'édition  des  romans  en  volumes.  De  plus,  la  direction  de 
rOdéon  se  réserve  la  faculté  de  représenter  les  comédies. 

Almanacii  du  Bon  Français.  —  Trente  ans  :  c'est  un  âge  honorable  pour 
un  almanach  qui  ne  songe  qu'à  poursuivre  sa  carrière.  G'csl  l'âge  et  le  cas 
de  ÏAlinanach  du  Bon  Français,  édité  par  la  Société  bibliographique  pour 
l'année  1920  (Paris,  Vil'',  5,  rue  Saint-Simon,  petit  in-lS  de  72  p.,  aNcc 
5  jolies  gravures).  La  «  vie  chère  »  a  des  répercussions  sur  tout,  même  sur 
les  almanachs.  G  est  pourquoi  ïMnianack  du  IJon  Français  pour  1920  coûte 
0  fr.  50  l'exemplaire  ;  12  fr.  les  25,  franco,  i2  fr.  SO  ;  22  fr.  20  les  50,  franco. 
23  fr.  25  ;  le  cent,  iO  fr.,  franco,  41  fr.  75  ;  le  mille,  350  fr.,  port  en  sus. 
On  va  voir,  par  la  simple  indication  des  principaux  articles  coini)Osanl 
cette  publication,  qu'elle  justifie  pleinement  son  titre  :  Fin  de  la  guerre 
européenne.  Novembre  l'JlH-oclobre  l'JIO  ;  —  In  !!>ouvenir  sur  le  maréchal 
Foch  ; —  L'Origine  française  de  la  famille  du  cardinal  Mercier;  —  Jeanne 
d'Arc  el  le  «  Cliemin  des  Daiues  »  ;        Fn  Lorraine  et  en  Msucc.  Ia's   Fêles  iln 


—  2.^3  — 

reUnir  de  ces  inorinces  à  ht  France  ;  —  Les  Perles  hrilanniqiies  i>eiidanl  la 
(jncrre  ;  —  La  l'aix  de  Versailles  {28  juin  l'JlU)  ;  —  Les  Jésuiles  morts  pour 
1(1  France  ;  —  le  Rhin  allemand  ;  —  (jjmmeni  mourut  la  collaboratrice  de  Miss 
(Mivell; —  A'os  Soldats  font  des  faljles  ; —  Le  Triomphe  (l'i  juillet  l'Jt'J)  ; 
—  Les  Beautés  du  régime  bolchevik  ;  —  La  Vie  chère.  La  Loi  dite  des  8  heures 
du  23  anril  191'J  et  ses  conséquences  ;  —  Le  Petit  Prince  soldai  (ballade)  ;  — 
Association  Valentin  Ilaiiy,  pour  le  bien  des  aveugles  ;  —  Histoire  d'une  famille 
paysanne  pendant  la  guerre  ;  —  Ruine  mondiale.  Ce  que  la  guerre  a  coûté  aux 
[lliés  ;  —  La  Consécration  de  h  Basilique  de  Montmartre  ;  —  Drapeaux  alle- 
mands pris  pendant  la  guerre  ;  —  Pourquoi  les  Allemands  ont  capitulé. 

Autres  Almanachs  polh  i920.  —  Signalons  IWlmanach  du  propiujateur  des 
trois  «  Ave  Maria  »  (Blois,  14,  rue  Pienc-de-Blois  ;  et  Paris,  Librairie  Saint- 
l'rançois,  gr.  in-8  de  64  p..  avec  grav.  Prix  :  0  fr.  S.'ij  et  Petit  Almanach  du 
propagateur  des  trois  <<  Ave  Maria  »  (polit  in-10  de  3i  p..  0  fr.  23).  Os  deux 
publications  méritent  d'être  recoiniuandées  sans  réserve.  —  .\  Dijon,  chez 
Henri  Barbier,  rue  de  la  Liberté,  no  11.  on  trouvera  le  curieux  .\rmana  de 
liorqoigne,  des  félibres  et  des  Barozai  (in-8  de  52  p.  Prix  ;  1  fr.  50)  où  nous 
remarquons  les  articles  intitulés  :  Origine  dialectale  du  bourguignon,  par 
M.  L.  \\.  et  Les  Almanachs  bourguignons,  par  M.  Auguste  Casser  ;  les  lin- 
guistes apprécieront  certaines  pièces  en  patois.  —  De  Belgique  nous  arrivent 
deux  très  vieux  almanachs  ;  Le  Crand  Double  Almanach  de  Liège,  presque 
centenaire  et  tiré  sur  papier  bleu  (Paris  et  Tournai,  Casterman.  in-32 
de  88,  avec  grav.)  et  VAlmanach  pittoresque  (Paris  et  Tournai.  Casterman, 
in-3:2  de  240  p.  (illustré),  qui  atteint  sa  80°  année. 

Pauis.  —  Le  baron  Edmond  de  Rothschild  vient  de  faire  don  à  llnslitul 
dune  maison  à  Londres  destinée  à  accueillir  les  jeunes  gens  poursuivant 
en  Angleterre  des  études  artistiques,  littéraires,  historicjues.  philologiques, 
archéologiques  on  autres. 

—  Poursuivant  son  étude  des  plaies  qui  rongent  la  France,  M.  Fénclon 
Gibon,  le  dévoué  secrétaire  de  la  Société  générale  d'éducation,  nous  parle 
de  la  Perversion  des  mœurs  et  le  remède  capital  :  le  retour  à  l'éducation  et  à 
la  vie  chrétiennes  {Var'\s,  l'auteur,  TQhis.  rue  Dutot,  s.  d.,  in-16  de  xxi-39  p. 
Prix  :  0  fr.  60).  Tour  à  tour  il  nous  apporte  des  précisions  désolantes  sur 
la  criminalité  croissante  des  mineurs,  le  divorce,  la  perversion  parla  vue, 
l'image,  le  journal,  le  cabaret,  les  avortemenls,  infanlicrdes,  adultères, 
outrages  à  la  pudeur.  Dans  sa  courte  et  sublautielle  préface,  M.  le  D"^  René 
LeFur  attirecourageusement  l'attention  sur  les  conséquences  individuelles,- 
familiales,  et  sociales  des  maladies  vénériennes  et  sur  les  remèdes  d'ordre 
scientifique  social,  moral  et  religieux. 

—  Bien  qu'il  n'ait  point  vu  les  jours  tragiques  et  glorieux  que  nous 
venonsde  vivre,  la  mémoire  de  Déroulède,  le  grand  patriote,  dont  le  cœur 
n'avait  cessé  do  saigner  delà  plaie  d'Alsace  Lorraine,  ne  saurait  se  détacher  de 
celle  de  la  Grande  Guerre  ;  et  tout  ce  qui  le  concerne  garde  une  actualité 
vivante.  Avec  son  cœur  généreux  et  son  âme  délicate,  il  n'était  pas  possible 
qu'il  ne  revînt  pas  avec  simplicité  et  sincérité  à  la  foi  de  ses  pères,  à  cette  foi 
catholique  qui  est  et  a  toujours  été  lune  des  gloires  et  l'une  des  forces 
de  la  France.  Sui*  sa  conversion  et  sur  sa  fin  chrétienne,  on  lira  — et  ceux 
qui  ont  lu  déjà  dans  la  Croix  reliront  —  avec  plaisir  et  intérêt  les  pages 
documentées  et  émues  que  lui  consacre  S.  G.  Mgr  Marbeau,  sous  ce  simple 
titre  :  Paul  Déroulède  (Paris,  3.  rue  Bavard.  1919.  in-16  de  21  p.  et  portrait). 

—  L'article  posthume  que  nous  venons  de  recevoir  de  M.  Emmanuel 
Cosquin  nous  fait  sentir  plus  cruellement  encoie  le  vide  (pi'a  creusé  dans. 


—  234  — 

les  études  folkloriques  la  moilde  cet  érudlt  éniineiit,  dont  les  connaissances 
(''talent  si  vastes,  la  critique  si  fine  et  si  sûre,  l'exposition  si  claire  et  si 
élégante.  Dans  ce  dernier  travail,  extrait  de  la  Revue  biblique  de  janvier-avril 
1919,  il  étudie  Un  épisode  d'un  évangile  syriaque  el  les  contes  de  ÏInde 
(Paris,  Gabalda,  1919,  in-8  de  2(5  p.).  II  s'agit  d'un  épisode  de  l'Évangile 
apocryphe  de  l'enfance  de  Notre-Seigneur,  qui  ne  se  trouve  que  dans 
les  manuscrits  syriaques  :  quand  les  enfants  du  pays  ont  proclamé  le 
petit  Jésus  leur  roi,  celui-ci  juge  un  procès  entre  un  homme  et  un  serpent 
(|ui  récompense  par  le  mal  le  bien  que  l'homme  croit  lui  avoir  fait. 
M.  Emmanuel  Cosquin  met  en  pleine  lumière  les  liens  qui  rattachent 
est  épisode  de  l'Évangile  apocryphe  à  deux  thèmes  des  contes  orientaux  : 
iclui  de  l'enfant-roi  et  celui  du  serpent  ingrat.  Pouvons-nous  espérer 
que.  dans  les  manuscrits  laissés  par  notre  savant  ami,  des  mains  pieuses 
retrouveront  d'autres  mémoires  en  état  d'être  imprimés  et  qui,  comme 
celui-ci,  nous  charmeront  en  nous  instruisant  ? 

—  M.  Gabriel  Maugain,  professeur  de  littératures  italienne  et  française 
comparées  à  l'Université  de  Grenoble,  a  entrepris,  vers  la  fin  de  1916,1a  publi- 
cation d'une  série  de  Chroniques  des  lettres  franco-ilaliennps.  dont  sept  fasci- 
cules ont  paru  jusqu'à  ce  jour  ;  il  ne  nous  a  pas  semblé  sans  intérêt  de 
les  signaler  et  d'en  indiquer  le  contenu  à  nos  lecteurs.  — I  (décembre  1916). 
Échanges  lilléraires  franco-italiens  (Grenoble,  imp.  Allier.  1916,  in-8  de  IS 
p.  ;  extrait  des  Annales  de  l'Université  de  Grenoble,  t.  XXVIlf,  n"  3.  1916). 
Analyse  d'un  certain  nombre  de  publications  récentes  sur  la  littérature 
fiançaise  dues  à  des  auteurs  italiens,  et  sur  la  littérature  italienne  notam- 
ment, travaux  de  Mms  Ravà.  de  M""^  L.  et  S.  Gugenheim.  de  M""'  Rita 
Calderiui  deMarchi,  de  M.  P.  Trompeo,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  de  M'M. 
H.  Cochin  et  A.  Valenlin  sur  Dante.  H.  Hauvettc  sur  Boccace,  P.  llazard  sur 
Léopardi.  —  11  (avril  1917).  l.es  Universités  italiennes  et  la  Guerre  (Extr.  de  la 
Revue  inler nationale  de  renseignement,  15  mars-16  avril  1917,  p.  9i-103). 
Principalement  sur  le  manifeste  publié,  en  1913,  par  l'y^ssocialion  nationale 
(les  professeurs  d'Universités  italiennes,  manifeste  dont  une  édition  fran- 
çaise a  été  publiée  sous  le  titre  :  L'Italie  et  la  Guerre  actuelle.  —  HI  (décembre 
1917).  La  Langue  et  la  littérature  françaises  en  Italie  (Grenoble,  impr.  .\llier. 
1918,  in-8  de  23  p.  ;  sans  mention  d'extrait).  Examen  de  divers  travaux 
parus,  ces  dernières  années,  en  Italie  ;  parmi  les  auteurs  dont  les  publi- 
cations sont  passées  en  revue,  nous  citerons  M.  Tracconaglia,  Mlle  Clara 
Cenni,  MM.  G.  Natali,  G.  dcl  Vecchio,  F.  Meri,  F.  Novati,  P.  Toldo.  — 
IV  (juillet-octobre  1918).  Les  Professeurs  italiens  et  la  Science  allemande 
(Extrait  de  la  Revue  internationale  de  l'enseignement,  15  juillot-15  août  1918, 
ol  15  septcmbre-15  octobre  1918.  p.  211-253  el  369-385).  M.  Maugain  sVsl 
proposé,  dans  ces  deux  articles,  de  «  recueillir  les  opinions  émises  »  par  un 
certain  nombre  «  d'Italiens  distingués  sur  les  problèmes  qui  se  posent 
dans  leur  pays  à  propos  de  la  Kullur  ».  Les  noms  les  plus  fréquemment 
cités  sont  ceux  de  MM.  Giovanni  Papini,  Alfredo  Galletti,  Eltore  Roma- 
gnoli,  Danle  Bei  lelli,  Ezio  M.  Gray,  G.  A.  Borgese,  Ugo  Ojetti.  On  trouvera, 
dans  ces  (juciqurs  pages,  de  savoureuses  anecdotes.  —  V  (décembre  1918). 
Thicrs  et  son  Histoire  de  la  Réput>lique"de  F/o/v/jcc  (Grenoble  impr.  .Mlier, 
1918,  in-8  de  54  p.  ;  extrait  des  Annales  de  l'Université  de  Grenot>le.  t.  X\\, 
11°  2,  1918).  Important  mémoire,  bien  documenté,  sur  ce  projet  d'une  his- 
toire de  la  république  florentine,  conçu  par  Thiers,  sans  doute  vers  1830. 
el  (|u'il  ne  devait  définitivement  abandonner  que  bien  des  années  plus 
tard.  M.  Maugain  a  largement  traité  le  sujet,  et  bien  montré  le  but  praticjue 


—  23:;  — 

<iue  poursuivait  l'illuslro  homme  d'KlaJ,  ou  so  livrant  n  l't'-fu<le  <]••  (  otle 
démocratie,  que  son  ami  (Jirio  Cappoui  qualifiait  de  «  la  plus  démocratique 
«les  temps  anciens  et  modernes  ».  En  appendice,  vingt-cinq  lettres  de 
Thiors,  dont  vingt-deux  adressées  à  Giusei)pe  Canestrini,  —  le  futur  édi- 
teur, avec  A  bel  Desjardins,  dos  Nérjocinlions  diplomnluines  de  la  l'iance  tivcc 
la  Tosoane,  —  qui  rassemblait  pour  lui,  à  Florence,  les  matériaux  de  son 
ouvrage.  Ces  lettres,  qui  s'échelonnent  entre  les  années  \H'Mi  et  \H(il,  sont 
pour  la  plupart,  tirées  des  papiers  de  (Canestrini,  conservés  à  la  isililioteca 
nationale  de  Florence.  —  \1  (janvier  1919).  L'Enlenle  iidelleclnelle  frnnco- 
ilnlienne  ((irenoble,  imp.  Allier.  1!)19,  in-S  de  26  p.  :  sans  mention  d'extrait). 
Revue  de  diverses  publications  récentes  pouvant  «  être  considéiées  comme 
des  instruments  propres  à  faciliter  les  relations  universitaires  et  scienti- 
fiques entre  la  France  et  l'Italie  ».  —  VII  (février  191!>).  Ln  Langue  et  la 
liltérature  italiennes  dans  les  l'niversilés  fran(^aises  (Grenoble,  imp.  Allier, 
in-8  de  il  p.  ;  extrait  de  Vlnlesa  inlellfUnale,  ann.  Il,  19i9,  fasc.  1,  Bolo- 
gna,  Zanichelli).  De  la  place  faite  à  l'italien,  en  France,  dans  les  divers 
ordres  d'enseignement,  principalement  dans  l'enseignement  supérieur  ; 
des  différents  grades  et  titres  universitaires  que  peuvent  rechercher  les 
italianisants  français  ;  de  la  préparation  aux  divers  examens  et  concours  ; 
l'œuvre  qu'il  reste  à  accomplir.  —  Sous  un  titre  commun,  ces  Chroniques 
oITrcnt,  on  le  voit,  une  grande  variété  d'intérêt  ;  souhaitons  que  M.  Mau- 
gain  en  ajoute,  à  l'avenir,  beaucoup  d'nutros  à  celles  qu'il  a  jusqu'à 
présent  publiées. 

—  On  ne  peut  que  savoir  gré  à  la  librairie  Blond  et  Gay  d'avoir  édité, 
pour  ceux  qui  n'ont  pu  lire  dans  la  plupart  des  journaux  que  des  extraits 
plus  ou  moins  importants,  d'abord  le  magnifique  Discours  de  réception  [à 
l'Académie  française  le  10  avril  dernier]  de  Monseigneur  Baudrillart^  qui 
n'est  que  le  juste  éloge  du  comte  Albert  de  Mun  (in-12  de  6i  p.  Prix  : 
1  fr  ),  puis  la  Réponse  de  M.  Marcel  Prévost,  directeur  de  i Académie  française, 
au  discours  de  M.  Alfred  Buudrillart  (in-12  de  62  p.  Prix  :  1   fr.) 

—  A  la  librairie  Altinger  :  Mon  Ami  Pierrot  (in-12  de  40  p.  Prix  :  1  fr.  50)  ; 
—  Le  Songe  d'un  après-midi  d'été  (in-12  de  76  p.  Prix  :  2  fr.  50)  :  —  Varia- 
lions  sur  plusieurs  thèmes  (in-12  de  20  p.  Prix  :  1  fr.)  ;  —  Promélhée  (in-12 
de  40  p.  Prix  :  2  fr.)  :  tels  sont  les  titres  de  quatre  saynètes  anodines  que 
M.  Mathias  Morhard  a  écrits  pour  être  repi'ésentées  par  des  enfants  sur 
le  Théâtre  de  Mademoiselle. 

—  En  juillet  1917,  le  Polybiblion  (t.  CXL,  p.  .38)  a  signalé  le  volume  publié 
par  l'Argus  de  la  Presse  intitulé  :  Grande  Guerre  lOl^-ib-ÎG-tl ...  Nomencla- 
ture des  journaux,  revues,  périodiques  français  paraisstnil  en  France  et  en 
langue  française  à  l'étranger.  .Aujourd'hui,  sous  le  même  litre,  sauf  que 
les  premiers  mots  ;  Grande  Guerre,  etc.  ont  disparu,  le  dit  Argus  nous 
offre  une  nouvelle  édition  de  ce  recueil  (Paris,  aux  bureaux  de  l'Argus,  'ôl, 
rue  Bergère,  faubourg  Montmartre,  Paris,  IX*,  1919-1020.  in  8  de  329  p.). 
La  première  édition  comptait  271  pages  ;  on  voit  tout  de  suite  que  la  pré- 
sente s'est  sensiblement  accrue.  Nous  ne  surprendrons  personne  en  cons- 
tatant que  malgré  cela  cette  <<  nomenclature  »  nest  pas  complète,  soit  que 
certains  périodiques  aient  échappéaux  investigations  de  ses  rédacteurs,  soit 
qu'ils  aient  paru  au  cours  de  l'impression  du  volume.  Ils  trouveront,  sous 
ce  rapport,  dans  la  partie  technique  du  Polybiblion.  notamment,  quelques 
renseignements  utiles.  L'intérêt  qui  s'attache  à  un  travail  du  genre  n'est 
pas  discutable  ;  ce  travail  peut  cependant  être  amélioré.  C'est  ainsi  qu'en 
premier  lieu  nous  voudrions  voir  figurer  pour  chaque  journal  ou  revue  le 


-  230  — 

prix  de  rabomiemcnt  pour  la  France  cl  Télranger.  Puis  il  conviendrait  d( 
modifier  le  litre  :  Journaux  périodiques,  de  Paris  (p.  29-11 1).  qui  est  bizarre, 
et  de  le  remplacer  par  celui-ci,  plus  clairet  plus  exact  :  Journaux  el  Revues 
cl  de  distinguer  par  un  signe  conventionnel  les  revues  des  journaux.  Celte 
dernière  observation  s'applique  aussi  à  la  division  :  Journaux  de  provini-' 
et  des  colonies  (p.  121-233;  et  à  celle  inlitulée  :  Journaux  paraissant  en  langue 
fnuiçaise  dans  le  monde  entier  (p.  237-278),  litre  qu'il  eul  été  préférable  de 
libeller  simplement  :  Journaux  el  revues  en  langue  franqaise  publiés  à 
Véiranger.  Une  ample  table  alphabétique,  précieuse  pour  les  recherches, 
termine  le  volume.  En  ce  qui  concerne  le  Polybiblion  nous  avions  remai- 
qué  dans  l'édition  de  guerre  que  l'Argus  donnait  1869  comme  l'année  de 
sa  fondation  ;  celte  fois,  il  marque  1867  :  la  vérité  est  que  le  Polybiblion 
remonte  à  1808  ;  ajoutons  que  certains  périodiques  figurent  ici  avec  des 
indications  incomplètes.  Bref,  ce  travail,  que  nous  n'hésitons  pas  à  recom- 
mander tel  quel,  pourra  beaucoup  gagner  à  tenir  compte  des  obsei'valions 
ci-dessus,  que  nous  avons  entendu  d'ailleurs  formuler  souvent  autour  de 
nous  à  propos  de  lédilion  de  1917. 

FuANCHE-GoMTÉ.  —  M.  J.-J.  Siuion  a  extrait  de  la  Revue  internationale  de 
l'ex-libris  trois  notices  réunies  sous  le  titre  :  Ex-libris  franc-comtois  (Paris, 
Daragon,  1918,  in-8  de  12  p.,  avec  2  grav.  el  i  reproduction  d'étiquette  ou 
marque  de  bibliothèque).  Il  sagit  ici  d'ex-libris  s'appliquanl  à  la  famille 
Dagay,  à  Fernand  d'Ândelol  el  aux  familiers  de  l'église  Saint-Just  d'Arbois. 
L'auteur  rectifie  parfois  el  complète,  en  ce  qui  concerne  les  trois  sujets 
examinés  par  lui,  les  recueils  publiés  par  MM.  Jules  Gauthier  el  Roger  de 
Lurion  el  M.  J.-B.  Mercier  sur  les  ex-libris  franc-comtois,  dont  le  Poly- 
l>iblion   a  parlé  lors  de  leur  apparition. 

Languedoc.  —  Le  tome  XIV  du  Bulletin  de  la  Commission  archéologique 
de  Narbonne  (Narbonne,  impr.  Gaillard,  1918,  in-8,  paginé  xxxi-lvu-237- 
4:20,  avec  i  caries,  s'applique  aux  années  1917-1918,  el  se  compose  des  tra- 
vaux suivants  :  Éloge  funèbre  de  M.  Gabriel  Amardel,  (écrivain  qui,  pendant 
33  ans,  a  collaboré  au  recueil  avec  une  activité  particulière,  remarquée 
d'ailleurs  au  Polybiblion)  par  M.  Gabriel  Cros-Mayrevieille  (p.  237-241);  — 
Le  Monnayage  des  arc/ievèques  de  Narbonne,  par  M.  Gabriel  Amardel,  arlicle^ 
rédigé  quelques  semaines  avant  sa  mort  (p.  242-267)  ;  ^  Petites  Noies  sur 
d'anciens  noms  locaux,  par  M.  H.  Rouzaud  (p.  268-289)  ;  —  Le  Grand 
Malheur  arrivé  à  Narbonne  le  IG  avril  1919,  par  le  D"^  P.  Albarel  (accident 
local  qui  causa  la  morl  de  plusieurs  personnes)  (p.  290-312)  :  —  Étude  d'un 
tronçon  de  la  voie  Domitienne,  par  ie  D'  Ch.  Pélissier  (p.  313-418,  avec 
4  cartes). 

Savoie.  —  En  pleine  guerre,  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et 
arts  de  Savoie,  —  comme  tant  d'autres  sociétés  savantes  de  France  qui 
n'ont  désespéré  de  rien,  môme  aux  plus  mauvais  jours,  —  a  fait  imprimer 
el  a  récemment  distribué  le  lome  Vill  de  la  collection  de  ses  Documents 
((îhambéry,  impr.  générale  savoisicnne,  1918,  in-8  de  641  p.).  Ce  fort 
\oiume  est  ainsi  composé  :  La  Sainte  Maison  de  Tfionon  et  le  Prieuré  de 
Saint-Jeoire  (près  Chamhéry),  par  M.  le  chanoine  .l.-M.  Lavanchy  (p.  3-62)  ; 
—  I.a  liévoliUion  en  Chablais.  Actes  administratifs  de  la  commune  de  Saint- 
Paul  {1792-1793),  yau-  le  chanoine  L.-E.  Piccard  (p.  63-231)  ;  — Quelques- 
Chartes  des  archives  du  château  de.  Viry,  par  M.  le  comte  Pierre  de  Viry 
(|).  239  262)  ;  —  Nécrologe  de  t'tdd>aye  de  Talloires,  publié  d'après  le  manus- 
crit inédit  conservé  au  .Musée  brilanni(iue,  avec  une  Introduction  el  des 
notes,  par  M.  Louis  Hilz  (p.  263-ri20)  ;  —   Correspondance  des  princes  el  des 


—  2M   — 

jirincesses  'le   In   Mnisf>n   de   Savoie  aucc   la   ville  de  Lymi  an  w'  aièclf.  pnr 
M.  Louis  Caillot  (p.  521-610). 

Akriquf.  occikkmalk  fhançaise.  —  Nous  rccevous  le  premier  n"  (j;ui- 
vior-niais)  du  Uiillelin  du  Comité  d'élndex  historiques  el  scieidijinues  de 
IWfriqui'  (>rrideid<de  frtinraixe  do  l'annôo  19il»  ((iorôo,  Sénégal,  iinpr.  du 
r.ouvornonicîit  gônoral.  in-S  do  \'.M'}  p..  avec  0  fig  Prix:  :»  fr).  Los  études 
siiivantos,  loutos  fort  intéressantes  et  d'ailleurs  variées,  ont  formé  ce  fas- 
cicule :  Uu  A'o/n  cUe:  les  Mnlinké  des  rives  du  Niandan  el  du  Milo,  par 
M.  P.  Humblot.  2'  Partie,  (j)tdumes  el  croyances  relatives  à  l'inn>osilion  du 
•mm  (p.  7-2.3)  ;  —  Souvenirs  d'Agnihou,  recueillis  et  annotés  par  M.  A.  de 
I.oppinot  (p.  2i-6l)  ;  —  l'roiifrbes  somjaï,  recueillis  par  Ben  Amouda  (pro- 
fesseur à  la  Médersa  de  Tombouctou)  (p.  6:2-67)  ;  —  Fadiout.  par  le 
15.  P.  Ezanno  (p.  6S-7i)  :  —  Propagation  de  la  marée  dans  le  fleuve  Sénégal, 
par  M.  P.  Louise  (p.  7,")-97)  ;  —  Sur  l'emiAoides  avions  en  Afrique  occideidide 
pour  les  recherches  d'ordre  scientifique,  i)ar  M.  Henry  Hubert  (p.  W8  !  12, 
avec  9  fig.). 

États-Ums.  —  Les  deux  façicules  suivants  extraits  de  Contributions  lo  Ihe 
(,'eology  and  Paleonlology  of  Ihe  Canal  Zone,  Panama  and  geologically  related 
(treas  in  Central  America  and  Ihe  West  Indies  (Bulletin  103  de  la  Smithsonian 
Inslilution  United  States  Xalional  J/«seHm  (Washington,  Government  printing 
ofTice,  19l8,in-8)viennentde  nous  parvenir.  Lepremier  traite  des  Nnlliporcs; 
on  a  longtemps  discuté  pour  savoir  si  certaines  concrétions  foliacées  ou 
lameuses  auxquelles  ou  a  donné  ce  nom,  devaient  être  rangées  parmi  les 
animaux,  mais  on  est  d'accord  aujourd'hui,  pour  voir  en  eux  des  végétaux 
se  rapprochant  des  Algues.  M.  Marshall  A.  Howe  dans  On  some  fossil  and 
récent  lAlholliamnicae  of  Ihe  Panama  Canal  Zone  (13  p.,  11  pi.)  en  décrit  3 
nouvelles  espèces.  —  Neuf  espèces  d'écliinldes  fossiles  de  la  zone  du  canal 
de  Panama  sont  mentionées  par  M.  Robert  Tracy  Jackson,  dans  Foss;7  Echi- 
nais oflhe  Panima  Canal  zone  and  Cosbi  Rica  (14  p.,  7  pi..  3  fig.)  ;  cette  note 
est  la  reproduction  décolle  que  le  même  auteur  a  fait  paraître  dans  le 
volume  53  des  Proceedings  oflhe  Uniled  Slales  Nalional  Muséum,  et  dont 
nous  avons  déjà  parlé. 

—  MM.  A.  S.  Hitchcock  et  Agnes  Chase  publient  dans  le  volume  17.  0'  partie 
défi  Contributions  from  Ihe  United  States  national  herbarium  (Washington,  Go- 
vernment printing  office,  191.T.  in-8)  une  étude  sur  les  Tropical  North  Ameri- 
can species  of  Panicum  »  (xu-80  p.,  139  fig.).  Cette  monographie  complète  la 
revision  du  genrePanicut  publiée  par  les  mêmesauteurs  en  1910  sous  le  titre 
Les  espèces  do  panicut  du  Nord-Amérique.  A  cette  époque  il  avait  été  impos- 
sible de  s'occuper  utilement  des  espèces  tropicales.  Ces  dernières,  au  nombre 
de  116,  dont  9entièromenl  nouvelles,  portent  le  nombre  des  panicuts  nord- 
américains  actuellement  connus  à  216.  A  signaler  les  cartes  de  distribution 
géograpliique  de  chacune  des  116  espèces  décrites. 

—  Le  rapport  annuel  de  llnstitution  smithsonienne  pour  l'année  1913 
ne  contient  pas  seulement  une  série  de  documents  relatifs  au  fonctionne- 
ment des  difîérents  services  de  la  Smithsonian  Institution  ;  il  renferme  en 
appendice,  suivant  l'usage,  une  série  de  travaux  scientifiques  dune  très 
grande  importance,  reproduits  dans  leur  langue  originale  quand  ils 
émanent  de  savants  ayant  écrit  en  langue  anglaise,  ou  traduits  on  anglais 
quand  ils  ont  d'abord  été  publiés  dans  une  autre  langue  Nous  ne  donne- 
rons pas  ici  la  liste  de  ces  37  mémoires,  accompagnés  de  planches  pour  la 
plupart  :  nous  nous  bornerons  à  signaler  les  plus  importants  d'entre  eux. 
et  en  particulier  le  travail  du  D"^  Aies  Hrdiicka  sur  les  plus  anciens  vestiges 


—  238  — 

squelelliques  de  l'homme  (p.  491-532)  qu'accompagnent  41  planches  hor* 
texte  et  des  figures  dans  le  texte.  Les  études  de  M.  George  E.  Haie"  sur  le 
soleil  et  la  terre  comme  aimants  (p.  145-158,  8  planches),  de  M.  P.  Puiseux 
sur  la  réaction  des  planètes  sur  le  soleil  (p.  159-174),  de  M.  L.  A.  Bauer 
sur  le  magnétisme  terrestre  (p.  195-212,  9  planches)  pi'ésentent  un  intérêt 
scientifique  de  tout  premier  ordre,  auquel  on  ne  peut  comparer,  en  dépit 
de  l'importance  du  sujet  qu'il  traite,  l'exposé  fait  par  M.  Gustave  Jaumann 
sur  les  idées  des  modernes  relatives  à  la  fin  du  monde  (p.  213-221).  Les- 
études  de  MM.  Arthur  L.  Day  et  E.  S.  Shepherd  (L'eau  et  l'activité  volca- 
nique, p.  275-305,  11  planches),  de  M.  Charles  Epry  (Les  rides  des  plages, 
p.  307-318,  10  planches),  de  M.  Eliot  Blackvveldcr  (L'histoire  géologique  de 
la  Chine  et  son  influence  sur  le  peuple  chinois,  jj.  385-396,  9  planches),  de 
M.  Charles  Rabot  (Les  pêcheries  de  baleines  du  globe,  p.  4S1-490,  3  planches) 
ne  méritent  pas  moins  de  retenir  l'attention.  Et  que  dire  du  court  article 
de  M.  Hoernes  sur  les  plus  anciennes  formes  de  l'habitation  humaine  et 
leurs  relations  avec  le  développement  général  de  la  civilisation  (p.  571-578) 
comme  de  l'élude  de  M:  Jacques  de  Morgan  sur  la  féodalité  en  Perse  (579- 
606)  ?  Signalons  encore  l'exposé  substantiel  de  M  Arthur  J.  Evans  sur 
l'élément  minocn  et  mycénien  dans  la  vie  hellénique  (p.  617-637,  3  planches), 
et  l'amusant  et  ingénieux  article  de  M.  Pierre  Clerget  sur  le  rôle  écono- 
mique et  social  de  la  mode,  (p.  755-765),  enfin  l'aperçu  de  l'œuvre  de 
J.  H.  van't  HotT  donné  par  M.  G.  Bruni  (p.  767-789).  Ainsi  —  celte  énumé- 
ration  très  incomplète  le  prouve  —  le  nouveau  volume  est  aussi  riche  que 
les  précédents  en  travaux  de  grande  valeur  {Animal  lieporl  of  ihe  Board  of 
Rcgenis  of  ihe  Sinilhsonian  Institalion,  1913.  Washington,  Government  prin- 
ting  ortice,  1914.  in-8  de  xi-804  p..  avec  planches  et  gravures). 

Publications  nouvelles.  —  Le  Dieu  vivcuil,  par  J.  Lebreton  (in-18,  Beau- 
chesne).  —  l.e  Plus  Parfait,  ou  Des  Voies  intérieures,  par  le  R.  P.  A.  Piny 
(petit  in-12,  Téqui).  —  Dominicales,  par  E.  Duplessy.  T  I.  De  l'Avenl  à 
la  Saint-Joseph  (in-12,  Téqui).  — •  Retraite  spirituelle  de  huil  jours,  par  le 
R.  P.  Q.  Sani  (petit  in-18,  Avignon,  Aubanol).  —  Pour  nos  morts,  par  Y. 
Villeneuve  (in-12,  Revue  «  Frères  d'armes  »).  —  La  Notion  de  droit  en  France 
au  dix-neuvième  siècle,  par  J.  Bonnecase  (in-8,  de  Boccard).  —  Le  Maruuje 
chrétien,  par  le  chanoine  P.  Fourneret  (in-8,  Beauchesne).  —  Sociétés  ano- 
nymes à  participation  ouvrière  et  actions  de  travail,  par  II.  Mouret  (in  S, 
Libr.  gén.  de  droit  et  de  jurisprudence).  —  L'Assurance  contre  le  vol,  par 
.1.  Lcfort  (in-12,  de  Boccard).  —  Manuel  pratique  sur  les  pensions  militaires 
des  victimes  de  ta  guerre,  par  le  cap""  G.  Flutet  (in-8,  Charles-La vauzellc). 

—  Commentaire  de  la  loi  du  31  mars  1919  sur  les  pensions  militaires,  par 
.1.  Capéran  (petit,  in-8  carré,  Giard  et  Brière).  —  Guide  pratique  à  l'usage  des 
victimes  de  la  guerre,  parle  capitaine   E.  Faury  (in-8,  Charles-Lavauzelle) . 

—  Dommages  de  guerre.  Le  Précis  du  sinistré,  par  M.  A,  Sal/.édo  (petit  in-S 
carré,  Giard  et  Brière).  —  La  Philosophie  française,  par  V.  Delbos  (in- 16. 
Plon-Nourrit).  —  Discours  philosophiques  d'Hector  Denis  (in-8,  Giard  et 
Brière).  —  Torts  et  manies,  par  A.  Prieur  (in-18,  Jouve).  —  Les  Médications 
psychologiques,  parle  D'"  P.  Janet.  IL  Les  Économies  psychologiques  (gr.  in-H. 
Alcan).  —  La  Nouvelle  Révélation,  par  A.  Conan  Doyle  ;  trad.  de  .\.  Tou- 
gard  de  Boismilon  (in-16,  Payot).  —  Essai  sur  la  conduite  des  affaires  et  la 
direction  des  hommes,  par  J.  Wilbois  et  P.  Vanuxcm  (in-16,  Payot). -- 
l:Élat  et  l'Épargne  {1789-1919),  par  P.  Soulaine  et  L.  Dcncri  (in-16,  Gras- 
set).—  La  Grande-Bretagne  au  travail,  itar  J.  F.  Herbert  et  G.  Mathieu 
iu-8,  P.  Roger).  —  La  Science  de  puissance,  par  B.  Kidd  ;  trad.  de'l'anglais. 


—   23ÎI   — 

par  II.  do  Vaiigriy  (iii-16,  Piiyol).  Inlroduclioii  à  lu^siùcnce  oclnnrieUe,  pur 
L.-(;.  (lu  r.'isquicr  (gr.  in  S,  (Jiiulhicr-\  iikirs).  —  Les  liultislries  et  iMiinen- 
Idlion,  par  V.  Polil  (iii-lG,  Payol).  —  Les  IC  Comnmml^menls  de  l'Iiomine 
d'affaires,  par  II.  N.  Casson  ;  trad.  de  G.  Lange  (in-IG,  Payol)  —  Consitjnes 
calholiiines.  par  Mgr  Tissier  (in-12,  Téqui).  —  La  Terre  à  la  famille  paysanne, 
par  P.  c;aziol  (in-16,  Payol).  —  A  la  recherche  d'une  sociélè  meillf-nre,  par 
A.  Marnaldi  0"-lG,  Jouve).  —  (Juelles  sont  les  meilleures  carrières  leclinique.t 
pour  les  femmes  ?  par  M.  Facy  (in-lG,  Payot).  —  Le  Problème  de  l'éuolulion, 
par  \.  Spaldâk  (in-18,  Hoaucliesnc).  —  Life  historiés  of  .\orlli  American 
<lii'ing  birds.  Order  Pycjopodes,  by  .\.  C.  Henl  (Wasliinglon.  fîovertimoiil 
prinliiig  ofïice,  in-8).  —  L'Amour  el  le  Mariwjc.  par  M.  (Jarniichcl  Slopes  ; 
trad,  par  G.  Georgos-Bazile  (in-l(i.  Allisigor).  —  La  Probabililé  dans  les  tirs 
de  (juerre.  par  J.  .\ubert  (iu-8,  (iaulliicr-Villars).  —  l^'Arl  el  la  Polilifjue, 
par  L.  Tidcr-Toutant  (iii-IS,  Jouve).  - —  Introduction  à  la  méthode  de  Léonard 
de  Vinci,  ])ar  P.  Valéry  (in-S,  édition  de  la  «  Nouvelle  Revue  »).  —  Léyendes 
et  traditions  orales  d'Alsace,  recueillies  par  J.  Variot.  I.  Strasbourg  (in-16. 
Grès).  —  La  Chanson  d'Aspremont,  chanson  de  geste  du  xii'  siècle,  texte  du 
manuscrit  de  Wollaston  Hall^  édile  par  L.  Brandin.  T.  I.  (in-12,  Gham- 
pion).  —  L'Intime  Parole,  poèmes,  par  A.  de  Lujan  (in-16,  Grès).  —  Sur  le 
Irimard,  par  G.  Poiraton  (petit  in-16  carré,  Grès).  —  L'Idée  souveraine,  par 
R.  de  Saint-Gillis  (in  12,  Figuière).  —  Vers  l'aurore  !,  par  Planière  (in-12. 
Jouve).  —  Vie  de  la  Sainte  Vierge,  poème,  par  G.  de  Rolland  (in-8,  Avi- 
gnon, Aubanel).  —  Guerre  et  Paix,  pièce  en  5  actes  et  10  tableaux,  d'après 
le  roman  du  comte  Tolstoï,  par  J.  W.  Bienstock  et  G.  Martel  (petit  in-8. 
Payot).  —  Les  Mains  bkmches,  par  J.  Rameau  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La 
Petite  Chanoinesse.  par  M.  Delly  (in-16,  Pion-Nourril».  —  Gilberte,  ma  sœur. 
par  H.  Celarié  (in-16,  Plou-Nouriit).  —  L' Avatar  d'Y  van  Orel,  par  O.  Glie- 
valier  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  MarieUe,  roman  d'une  Lyonnaise,  par  J. 
Dufourl  |in-16.  Plon-Nourril). —  L' Ascension  de  }L  Baslèvre.  par  É.  Estaunié 
(in-16,  Perrin).  —  Sous  le  fouet  du  destin,  par  A.  Maillet  (in-16,  Perriii).  — 
\ouveaux  Contes  cruels  el  Propos  d'au  delà*  par  ^  illiers  de  l'Isle-Adarn 
(in-16,  Grès).  —  Maud  Br'ixton,  par  J.-L.  de  Praye  (in  18,  Jouve).  —  Docteur 
Garnier,  par  L.  de  Tauride  (in-18,  Jouve).  —  Coules  d'hier...  et  de  toujours, 
par  L.  Gurlie  (in-18,  Jouve).  -;-  La  Folie-Almayer,  ])ar  J.  Gonrad  ;  trad.  de 
G.  Séliginann-Lui  (petit  in-8,  éditions  de  la  «.  Nouveile  Revue  française  »).  — 
Le  Gardien  de  la  ville,  par  A.  Obey  (in-16,  Librairie  des  lettres).  —  Musée  de 
campagne,  par  É.  Quel  (in-12,  édition  du  Livre  mensuel).  —  La  Force  de 
vivre,  par  Marcello-Fabri  (in-12,  édition  du  Livre  mensuel).  —  Le  Retour 
au  village,  par  R.  Bellanger  (in-16,  Neuilly.  Roiné).  —  L'Honneur  au  miroir 
de  nos  lettres,  essais  de  psychologie  el  de  morale,  par  G.  Le  Bidois  (in-8,  Gar- 
nier). —  Des  Cris  dans  la  tempête,  par  M.  d'Hartoy  (in-16,  Perrin).  —  His- 
toire d'une  collaboration.  Alexandre  Dumas  el  Auguste  Maquel,  par  G.  Simon 
(in-16,  Grès).  —  De  France  en  Extrême-Orient.  Au  Pays  des  pagodes,  par 
Tabbé  L.  Lemoine  (in-8,  Rennes,  imp.  Fr.  Simon).  —  Sainte  Catherine  de 
Sienne,  sa  vie,  sa  mort  el  ses  miracles,  par  M.  et  R.  Havard  de  la  Montagne 
(in-16,  Perrin).  —  Les  Lorrains  et  la  France  au  moyen  âge,  par  le  comte 
M.  de  Pange  (gr.  in-8,  ChAmp'\on).  —  Dépêches  des  ambassadeurs  milanais  en 
France  sous  Louis  XI  el  François  Sforza.  publiés  par  B.  de  Mandrot.  T.  II 
(///6^)  (in-8.  Société  de  fbisloire  de  France).  —Mémoires  de  Martin  el  Guil- 
laume du  Bellay,  publiés  par  V.-L.  Bourrilly  et  F.  Vindry.  T.  IV  (in-8. 
Société  de  Ibistoire  de  France).  —  Les  Grands  Écrivains  de  la  France. 
Mémoires  de  Scnnt-Simon,  édités  par  A.  deBoisiisle.  T.  \XX  (in-8.  Hachette). 


—  240   - 

—  Mémoires  de  Lonis-Uenrl  de  Lonïrnie,comle  de  Drienne,  dit  le  jeune  Brienne, 
publiés  par  P.  Bonnefon.  T.  111  (in-8,  Société  de  l'histoire  de  France).  —  Pas- 
cal en  Poitou  et  les  Poitevins  dans  les  «  Provinciales  »  par  le  M'*  de  Roux  (in-8, 
■Champion).  — Beaumarchais  el  les  Affaires  d'Amérique  ;  lettres  inédiles,  par 
J.  Marsan  (in-8.  Champion).  —  Le  Roi  de  la  Vendée.  François-Alhanase  Cha- 
relle,  lieutenant-général  de  l'armée  royale  (J763-Î706),  par  J.  Robin  (in-16, 
Perrin).  —  Aventures  de  guerre  civile,  par  J.  Le   Falher  (in-12,  Champion). 

—  Le  Docteur  Boissarie,  par  A.  Van  den  Brûle  (in-12,  de  Gigord).  —  Le 
Guet-Apens  prussien  en  Belgique,  par  G.  Kurth  (in-16,  Paris,  Champion  ; 
Bruxelles,  Dewit).  —  Lille,  par  le  général  Percin  (in-16,  Grasset). —  Le 
Nord  de  la  France,  sous  le  jouij  allemand,  par  M.  Thiéry  (in-16,  de  Boccard). 

—  La  Première  Vicloire  de  la  Marne.  Les  Champs  de  l'Ourcq,  septembre  19 i9, 
par  .T.  Roussel-Lépine  (in-16,  PIon-Nourrit).  —  L'Aisne  pendant  la  Grande 
Guerre,  par  G.  Hanotaux  (in-16,  Alcan).  —  Carnet  d'un  combattant 
(tl  févvier  1915-16  avril  1919),  par  L.  Mairet  (in-16,  Crès).  —  Les  Noirs, 
par  A.  Séché  (in-16,  Payot)  —  Les  yïvenlui-es  du  contre-espion  Bourdigal, 
par  F.  Serret  (in-16,  Plon-Nourrit).  —  La  Première  Illusion  du  capitaine 
Tramp,  par  J.  Tedesco  (in-8,  carré.  Crès).  —  La  Poursuite  victorieuse,  par 
G.  Guitton  (in-16.  Payot).  —  L'Alsace  et  la  Guerre,  par  l'abbé  É.  Wetterlé 
(in-16,  Alcan).  —  L'Italie  sous  le  ministère  Orlando  1917-19 19),  par  L.  Haule- 
<;œur  (in-8,  Bossard).  —  Ceux  qui  vivent...,  par  .7.  Marot  (in-16,  Payot).  — 
L'Esprit  de  Clemenceau,  par  G.  Pierredon  (in-16,  Payot).  —  Le  Bassin  de  la 
Sarre,  clauses  du  traité  de  Versailles,  \)<^y  P.  Vidal  de  la  Blaclie  et  L.  Gallois 
■(in-8.  Colin).  —  Le  Plan  de  guerre  commerciale  de  V Allemagne,  par  S.  Herzog 
(in-16,  Payot).  —  La  Tchécoslavie  et  les  Tchécoslovaques,  par  V.  Dëdc- 
cek  (in-16,  Bossard).  —  La  Lalvia  el  la  Russie,  par  A.  Berg  (in-16,  Payot). 

—  Le  Gouvernement  de  la  France,  par  Joseph-Barihélemy  in-16,  Payot).  — 
Pour  refaire  la  France.  II.  Le  Renouvellement  intérieur,  par  J.  Calvet  (petit 
in-8.  Bcauchesnip).  —  Le  Nombre  et  l'Opinion  publique,  par  G.  Deherme 
{in-16,  Grasset).  —  La  Police,  ce  qu'elle  est,  ce  qu'elle  devrait  être,  par 
E.  Locard  (in-i6,  Payot).  —  Dantzig  et  la  Pologne,  par  S.  Askenazy  (in-16, 
Alcan).  —  La  Question  roumaine,  par  T.  Ionesco  (2  vol.  petit  in-16,  PayotV 

—  L'Unité  de  la  politique   bulgare,  1870-19 19.  par  J.  Ancel  (in-16.  Bossard). 

—  Le  Maroc  de  1919,  par  H.  Dugard  (in-16,  Payot).  —  Les  Marquis  fran- 
çais, par  le  baron  H.  de  Woelmont  (in-8,  Champion).  —  Manuel  d'archéologie 
française,  par  C.  Enlart.  T.  Architecture  religieuse  (in-8^  Auguste  Picard). 

ViSENOT. 


Le  Gérant  :  CIIAI'UIS. 


(mprimeric  S.  Pacteau.  I^uçon. 


POLYBIBLTON 

BEVUE  BIBLIOGKArilIOliE  UNIVERSELLE 

AVIS  A  >0S  AMIS  KT  ABONNKS 


Jiisqaà  présent,  le  Polybiblion,  dont  les  frais  s'étaient  sensi- 
blement accrus  depuis  1915,  avait  pu,  en  réduisant  de  12  à  8  le 
nombre  de  ses  lioraisons  annuelles,  maintenir  ses  pru;  d  abonne- 
ment ;  mais  une  récente  et  formidable  augmentation  du  coût  d'im- 
pression, résultat  de  la  loi  dite  des  8  heures,  qui  a  frappé  tant 
d'organisatiofis,  oblige  l'Administration  de  la  Revue  à  relever  ces 
prix  pour  Cannée  1920.  Assurément  cette  augmentation  est  bien 
loin  dêtre  proportionnée  aux  charges  nouvelles  auxquelles  nous 
devons  faire  face  ;  mais  le  Polybiblion,  quiest  une  nécessité  hau- 
f entent  reconnue  pour  les  travailleurs  intellectuels,  ne  compte  plus, 
depuis  la  guerre,  ses  sacrifices.  !\ul,  parmis  nos  abonnés,  si  fidèles 
en  tous  temps,  ne  refusera  de  nous  continuer  ses  sympathies  et  son 
concours. 

T b/ft  donc  les  nouveaux  tarifs  d'abonnement,  aussi  modérés  que 
nous  avons  pu  les  établir,  qui  seront  appliqués  à  partir  de  1920, 
avec  l  espoir  qu'ils  ne  dureront  pas. 

Partie  littéraire  seule  :  France,  25  fr.  —  Étranger,  26  fr. 
Partie  technique  seule  :  —  ^Ofr. —  —  ^Ifr. 
Les  2  parties  réunies     :        —       30  fr.  —         —         32  fr. 

En  ce  qui  concerne  les  membres  de  la  Société  bibliographique ^ 
qui  bénéficient  d'un  tarif  de  faveur,  les  prix  d'abonnement  sont 
les  suivants  : 

Partie  littéraire  seule     :  France,  22  fr.  —  Étranger,  23  fr. 

Partie  technique  seule    :       —       IS  fr, —         —         19  fr. 

Les  2  parties  réunies     :       —       27  fr.  —         —         29  fr. 

En  résumé,  le  supplément  temporaire  demandé  à  chacun  de  nos 
abonnés  ne  s'élève  qu'à  la  somme  modique  de  10  fr.  par  catégo- 
rie d'abonnement. 


Nous  engageons  ceux  de  nos  abonnés  de  France  qui  pour- 
ront nous  envoyer  par  la  poste  ou  par  chèque  le  montant  de  leur 
abonnement  à  le  faire  le  plus  tôt  possible,  afin  d'éviter  des 
frais  de  recouvrement  postal  s'élevant  à  1  franc. 

Novembre-Décembre  1919.  T.  GXLYI.  16. 


242  

PUBLICATIONS 
RELATIVES  A  LA  GUERRE  EUROPÉENNE 

1914,  par  le  maréchal  Lord  French.  Traduction  de  Robert  Burnam) 
Nancy-Paris-Sti'asbourg.  Berger-Levrault,  s.  d.  (1919),  in-8  de  ix-329  p.. 
avec  3  cartes  hors  texte.  —  Prix  :  10  fr. 

Rapports  officiels  du  maréchal  Sir  John  Frencii.  commandant  on 
chef  de  Tarmée  britannique,  21  aout-129  novembre  1914; 
traduit  de  l'anglais  par  Théodore  Reinach.  >'ancy-Par!s-Slrasbour<i, 
Berger-Levrault,  s.  d.  (1919),  in-8  de  71  p.,  avec  4  cartes.  —  Prix  :  2  ir. 

—  Tout  le  monde  sait  combien  pénibles  furent  les  débuts  du  petit 
corps  expéditionnaire  anglais  que  nous  envoya  la  Grande-Bretagne, 
aussitôt  après  sa  déclaration  de  guerre  à  l'Allemagne  (4  août).  Bien 
que  les  Allemands  aient  prétendu  que  l'alliance  franco-anglaise  était 
prête  de  longue  main,  rien  ne  montre  mieux  la  fausseté  tendancieuse 
de  cette  allégation  que  le  manque  de  toute  préparation  militaire  qui 
surprit  l'Angleterre  bien  davantage  encore  que  la  France  au  début 
des  hostilités.  Sans  nous  arrêter  à  la  démonstration  de  cette  vérité 
faite  depuis  longtemps,  nous  signalerons  l'apparition  du  premier 
volume  des  Mémoires  du  maréchal  Sir  John  French,  19 ÎU,  qui  nous 
donne  de  main  de  maître  le  récit  des  opérations  du  premier  détache- 
ment anglais  débarqué  en  France,  d'août  à  décembre  1914.  Ces  opé- 
rations se  résument  en  quatre  grandes  phases  principales  :  La  retraite 
de  Mons,  la  bataille  de  la  Marne,  la  bataille  de  l'Aisne,  la  bataille  de 
l'Yser.  Dans  la  retraite  de  Mons  en  particulier,  le  maréchal  French 
qui  s'était  montré  naguère,  dans  l'Afrique  du  sud.  un  chef  de  pre- 
mier ordre,  apparut,  sur  un  terrain  d'opérations  qui  ne  ressemblait 
en  rien  au  Transvaal,  vis-à-vis  d'un  ennemi  autrement  fort  et  organisé 
que  les  vaillants  Boers,  un  militaire  que  les  conceptio-ns  les  plus  éle- 
vées de  la  science  de  la  guerre  ne  prenaient  point  au  dépourvu.  Lancé 
à  brûle  pourpoint  dans  la  fournaise,  avec  des  soldats  de  toute  vail- 
lance, d'un  moral  extraordinaire,  mais  novices  en  somme,  dans  le 
métier  de  combattant,  French  sut  se  tirer  de  dilTicultés  extraordi- 
naires avec  ce  calme,  cette  élévation  de  pensées,  cette  conception  des 
événements  qui  dénotent  le  grand  chef  d'armées.  Ce  premier  volume 
de  ses  Mémoires  est  d'un  intérêt  extrême.  Sans  doute,  les  nombreux 
écrivains  qui  nous  ont  donné  déjà  des  récits  plus  ou  moins  exacts. 
plus  ou  moins  fantaisistes  des  événements  1014-1918,  nous  avaient 
mis  au  courant  des  opérations  anglaises  d'août  à  décembre  1914. 
mais  la  narration  dn  maréchal  French  a  une  autre  couleur,  une  antre 
variété,  une  autre  authenticité.  En  dehors  du  récit  même  des  événtv 
ments  militaires,  l'éminent  écrivain  nous  donne,  sur  les  lionnnc^ 
qu'il  a  eus  comme  collaborateurs  ou  subordonnés,quantilétle  détails 
sur  sa   coopération  avec  nos  troupes,  qui  ont  une  haute  valeur  litté- 


—  243  — 

laire  et  historique.  Les  poitrails  du  maréchal  JofTre,  du  gt'néial  de 
Casteluau,  des  géuéraux  Galliéiii,  Mauiioury,  de  M.  Milh-iaud.  du 
maréchal  Foch,  des  niarécliaux  Kitchener,  Haig,  etc.,  etc.,  sont  tracés 
avec  une  vigueur  de  touche  et  une  sûreté  d'appréciation  frappantes. 

—  A  côté  de  ce  premier  volume  des  Mémoires  du  maréch.'d  French, 
la  librairie  Berger-Levrault  met  en  vente  une  placiuette  qui  complète 
heureusement  la  première  publication.  Ce  sont  les  quatre  rapports 
officiels  du  maréchal  à  son  gouvernement,  sur  les  quatre  grandes 
périodes  dont  nous  donnons  plus  haut  les  noms,  c'est-à-dire  :  La 
retraite  de  Mous  ;  la  bataille  de  la  Marne  ;  la  bataille  de  l'.lisne  ;  la 
bataille  des  Flandres  (Yser).  Publications  extrêmement  sérieuses  et 
intéressantes  ;  documents  historiques  de  première  valeur. 

Comte  de  Sérignan. 


Lille,  par   le    général   Percin.  Paris,   Grasset,   191&,  in-16   de   :i2ii  p.   — 
Prix  :  3  fr.  30. 

On  se  souvient  des  bruits  fâcheux  qui  coururent,  à  la  fin  d'août  1914, 
sur  la  conduite  tenue  dans  Lille  par  le  général  Percin.  Uelevé  aussitôt 
de  son  commaiidement,  cetofiîcier  général  disparut  subitement  de  la 
scène  militaire,  et,  de  sou  lieu  d'exil,  réclama  en  vain,  pendant 
trois  ans,  contre  une  disgrâce  qu'il  prétendait  imméritée.  Ce  fut  seule- 
ment en  1917  que  l'arrivée  au  pouvoir  d'un  de  ses  amis  et  coreligion- 
naires politiques,  M.  Painlevé,  lui  permit  d'obtenir  ce  qu'il  appelle 
sa  réhabilitation.  C'est  l'histoire  des  efforts  tentés  par  lui  pour  arriver 
à  ce  résultat  que  nous  donne  M.  Percin  dans  le  livre  dont  nous  ins- 
crivons ici  le  titre.  C'est  un  plaidoyer  pro  donio  qui  n'a  guère  d'intérêt 
que  pour  l'auteur.  Nous  craignons  qu'en  rejetant,  comme  il  le  fait, 
sur  le  préfet  dû  Nord,  sur  le  maire  de  Lille,  sur  le  général  JofTre,  le 
général  de  Castelnau,  le  général  Maîtrot,  etc.,  etc..  c'est-à-dire,  sur 
toutes  les  autorités  civiles  ou  militaires  avec  lesquelles  il  fut  en  rap- 
port au  moment  de  l'abandon  de  Lille,  la  responsabilité  de  ses  actes, 
il  ne  nuise  plutôt  qu'il  n'aide  à  sa  défense.  La  France  et  l'opinion 
publique  apprécieront.  Comte  de  Sérioan. 


L-Aisne  pendant  la  Grande  Guerre,  par  G.^briel  Hanotaux.  Paris, 
Alcan,  11)19.  in-16  de  vni-i23  p..  avec  6  planches  et  i  carte  hors  texte. 
—  Prix  :  2  fr.  75. 

Ce  nouveau  volume  de  la  collection  :  La  France  dévaslee,  est,  à 
coup  sûr,  l'un  des  plus  poignants,  des  plus  remarquables  et  des  plus 
utiles,  qui  aient  parus  sur  la  guerre.  Un  jour  que  j'avais  l'honneur  de 
lui  rendre  visite  en  sa  belle  demeure  de  Pargnan  (canton  de  Craoune). 
M.  G.  Hauotaux  me  fit  faire,  de  la  terrasse  dominant  r.\isne,  un  tour 
d'horizon,  m'expliqua  comment  de  César  à  Jeanne  d'.\rc  et  à  Napo- 


_  244  — 

léon,  les  destinées  de  la  France  s'étaient  jouées  en  ces  régions,  et 
pourquoi  elles  s'y  joueraient  encore...  La  «  bataille  de  JofTre  »  s'y  est 
en  efTel  livrée  et  l'éniinent  historien  nous  raconte  aujourd'hui  com- 
ment la  Bataille  de  l'Aisne  est  «  le  nœud  formidable  »  de  la  Grande 
Guerre,  comment  ((  elle  relie  la  défense  du  nord  à  la  défense  de  l'est  », 
■comment  elle  est  «  tout  une  campagne,  la  campagne  de  France.  » 

Ce  livre  écrit  avec  tme  science  profonde  et  une  éloquence  qui  vient 
du  cœur  —  du  cœur  saignant  et  fier  d'un  grand  patriote  —  relie  aux 
événements  récents  nos  traditions  nationales  les  plus  essentielles.  11 
montre  aussi  comment  nous  devons  relever  nos  ruines  et  échapper  à 
la  «  défaite  économique  »  dont  nous  menace  1'  ((  activité  ambitieuse  » 
de  l'Allemagne  en  lui  opposant  «  une  frontière  de  labeur,  de  richesse 
et  de  fidélité.  »  11  faut  l'avoir  lu  !  Gustave  Gautherot. 


Après  la  victoire. '.Voies  el  critiques,  par  le  général  Gabrikl  Rouquerol. 
Nancy-Paris-Strasbourg,  Berger-Levrault,  s.  d.  (1919),  in-12  de  xv-222  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

De  tout  temps,  tout  au  moins  depuis  bien  longtemps,  un  antago- 
nisme marqué  a  existé,  dans  les  armées,  entre  les  olFiciers  d'état- 
major  et  les  officiers  de  troupe,  ces  derniers  reprochant  aux  premiers 
d'être  des  privilégiés,  qui  ayant,  en  campagne  surtout,  la  besogne  la 
moins  ardue,  bénéficient  de  récompenses,  de  faveurs  hors  de 
proportion  avec  leurs  mérites.  Cet  antagonisme  apparaît  visiblement 
dans  le  volume  que  vient  de  publier  M.  le  général  Rouquerol  :  Après 
la  victoire,  travail  qui,  moins  qu'un  récit  d'événements  militaires,  est 
une  sériede  critiques  sur  la  façon  dont  se  sontdéroulés  cesévénements, 
sur  la  manière  dont  les  fautes  et  les  erreurs  signalées  auraient  pu  être 
évitées.  Le  procès  fait  par  l'écrivain  à  l'École  de  guerre  et  aux  métho- 
desappliquées  avant  1914  pour  la  préparation,  par  notre  hautcomman- 
dement  des  méthodes  stratégiques  ou  tactiques  à  employer  dans  la 
lutte  qu'on  sentait  prochaine,  ce  procès  paraît  légèrement  tendancieux 
et  les  critiques  nous  ont  semblé  excessives.  Quantité  d'allégations  sont 
très  discutables.  Quand  M.  Rouquerol  nous  dit,  par  exemple,  que  «  le 
chef,  s'il  a  le  devoir  de  ne  pas  s'exposer  sans  nécessité,  ne  peut  s'abri- 
ter impunément  qu'après  avoir  été  au  danger  avec  sa  troupe  »,  de  quel 
chef  veut  il  parler?  Est-ce  du  brigadier,  môme  du  divisionnaire  qui 
sont  en  contact  étroit  avec  leurs  hommes,  ou  du  commandant  de  corps 
d'armée,  du  commandant  d'armée,  du  commandant  de  groupe  d'ar- 
mées, du  généralissime  '*  Si  le  desideratum  de  l'écrivain  peut  être  sou- 
tenu pour  les  deux  premiers,  en  est-il  de  même  pour  les  autres  ? 
M.  Rouquerol  cite  Bonaparte  à  .Vrcole.  Mais  Bonaparte  à  .\rcole  n'avait 
avec  lui  que  la  division  Augoreau  qui  ne  comptait  pas  10. 000  hommes. 
Nous  sommes  loin  de  ce  chiffre  aujourd'hui.  En  fait  de  méthodes  pour 


—  24.')  — 

la  direction  des  aimées,  que  pouvait-on  écrire  de  mieux  inspiré  et 
conçu  que  le  Règlement  du  28  octobre  1913  sur  la  Conduile  de$ 
grondes  unités  '/  Les  deux  gros  volumes  de  Bernhardi  :  La  Guerre  d'au- 
jourd'hui, ne  valent  sans  doute  pas  cette  plaquette  de  70  pages  due. 
comme  on  sait,  au  général  Pau.  A  un  autre  point  de  vue,  est-ce  le 
moment,  quand  le  pays  tout  entier  tressaille  encore  de  la  joie  de  la 
victoire  d'éplucher  la  conduite  d'opérations  militaires  à  peine  termi- 
nées, pour  y  relever  des  erreurs  et  des  défaillances  inévitables?  Sans 
doute  l'opinioti  publique   ne  le  pensera  pas. 

Comte  de  Sérignan. 


Le  201' d'infanterie  en  campagne,  lOI  î-  1019.  Paris,  Jouve,  1010 
in- 12  de  iv-176  p. 

Les  historiques  de  régiment,  tels  qu'ils  étaient  rédigés  avant  la 
guerre,  étaient  généralement  d'assez  piètre  composition  tant  au  point 
de  vue  historique  que  littéraire.  Inutile  d'insister  sur  le  fait  que  ceux 
où  seront  retracés  les  faits  et  gestes  de  nos  divers  corps  de  troupe- 
pendant  la  guerre  actuelle  auront  une  tout  autre  allure.  L'histoire  du 
201%  que  nous  avons  sous  les  yeux,  est  une  preuve  évidente  de  la 
vérité  de  notre  allégation  et  les  brillants  faits  d'armes  de  ce  régiment 
constituent  un  récit  d'un  intérêt  souvent  passionnant.  Écrit  avec  cou- 
leur, d'un  style  simple,  où  l'anecdote  côtoie  le  récit  épique,  ce  petit 
Aolume  mérite  d'être  cité  comme  une  excellente  contribution  à 
l'histoire  de  la  guerre.  Ajoutons  que  de  spirituels  croquis  donnent  un 
mérite  artistique  appréciable  à  cette  utile  publication. 

Comte  de  Sérign.vn. 


Kn  liyne.  L'Éylîse  de  France  pendant  la  (ira nde  Guerre  (  1914- 

191}t),  par  Fréuékic   Bouvier.  Paris,  Pcnin,  1010.  iri-16   de   ^552   p.  — 
Prix  :  3  fr.  50. 

La  guerre  a  eu.  entre  autres  conséquences  imprévues,  celle  de 
mettre  en  lumière  les  Vertus  militaires  du  clergé.  Simples  soldats  ou 
officiers,  brancardiers,  infirmiers  ou  aumôniers,  tous  ont  fait  leur 
devoir  sans  hésitation  comme  sans  ostentation.  Aussi  est-ce  par  mil- 
liers qu'ils  sont  tombés  sur  les  champs  de  bataille  ou  ont  attendu 
dans  des  lits  d'hôpital  une  fin  obscure  qu'ils  s'elforçaient  de  rendre 
méritoire  par  l'acceptation  de  leurs  souffrances.  Les  jeunes  gens  de 
nos  écoles  et  de  nos  patronages  ont  eu  à  appliquer  les  leçons  qu'ils 
avaient  reçues  et  l'auteur  a  raison  de  leur  consacrer  un  chapitre, 
et  non  des  moins  émouvants,  qui  montre  ce  que  valait  notre  jeunesse 
catholique.  Nos  bonnes  religieuses,  qui  avaient  partagé  la  peine,  sont 
également  admises  à  figurer  au  tableau  d'honneur.  Les  prêtres  que 
leur  âge  empêchait  de  s'enrôler  ont  tenu  cependant  à  payer  de  leur 


—  246  — 

personne  et  c'est  un  beau  chapitre  que  celui  où  nous  sont  représentés 
les  évêques,  toujours  «  défenseurs  de  la  cité  ».  bravant  les  bombarde- 
ments ou  discutant  courageusement  avec  les  barbares  envahisseurs. 
Ce  bon  et  beau  livre,  qui  est  une  mosaïque  de  traits  d'héroïsme,  n'a 
pas  la  prétention  d'être  complet.  J'ai  connu  plusieurs  prêtres,  dont  la 
mort  a  été  saintement  glorieuse  et  dont  les  noms  sont  passés  sous 
silence...  Us  sont  trop  !  P.  Pisam. 


Les  Chars  d'assaut.  Leur  création  et  leur  rôle  pendant  la 
guerre  1915-1 918,  par  le  capitaine  Dutil.  Paris,  Berger-Levrault, 
4919,  gr.  in-8  de  vui-281  p.,  avec  21  cartes  et  16  grav.  —  Prix  :  20  fr. 

Pendant  les  treize  derniers  mois  de  la  guerre,  le  capitaine  Dutil, 
agrégé  d'histoire,  a  sçrvi  dans  l'artillerie  d'assaut.  11  était  mieux 
qualifié  que  personne  pour  établir  la  genèse  de  cette  nouvelle  arme, 
pour  décrire  les  types  successifs  des  chars  mis  en  service,  pour  expo- 
ser leur  rôle  tactique,  le  recrutement  et  le  dressage  de  leurs  équi- 
pages, pour  rappeler  les  grandes  attaques  auxquelles  ils  participèrent 
utilement. 

Quand,  après  la  bataille  delà  Marne,  les  armées  se  terrèrent  dans 
des  tranchées  et  abris  protégés  par  de  formidables  défenses,  dans 
bien  des  cerveaux  germa  la  pensée  de  trouver  le  moyen  de  rompre 
ces  obstacles,  d'écraser  les  réseaux  de  fils  de  fer  et  de  percer  le  Front 
ennemi. 

Xenophon  a  parlé  des  chars  armés  de  faux  de  Cyrus  et  d'Arta- 
xerxès  ;  Léonard  de  Vinci,  qui  était  un  ingénieur  merveilleux,  avait, 
dans  une  lettre  à  Ludovic  le  More,  préconisé  la  construction  de  «cha- 
riots couverts  et  sûrs  et  inattaquables,  lesquels,  s'ils  pénétraient  dans 
les  rangs  des  ennemis  avec  leur  artillerie,  rompraient  même  la  troupe 
la  plus  nombreuse  de  gens  d'armes.  Derrière  eux  l'infanterie  pourra 
s'avancer  sans  péril  et  sans  empêchement.  » 

Si  le  principe  du  char  est  ancien,  son  mode  de  marche  est-il  au 
moins  d'invention  toute  récente  ?  Eh  bien  !  non  ;  le  système  de  la 
chenille,  c'est-à-dire  du  rail  venant  se  placer  lui-même  devant  les 
roues  d'un  véhicule  en  marche,  date  du  xviii'  siècle  et  doit  être 
attribué  à  un  ingénieur  anglais,  Richard  Lowell  Edgeworlh. 

C'est  au  cours  de  191")  que  l'idée  d'utiliser  pour  le  combat  offensif 
nu  appareil  blindé  à  chenilles  fut  lancé  à  la  fois  en  France  et  en  An- 
gleterre, et,  de  notre  côté,  le  colonel  Estienne.  qui  devait  devenir  le 
giand  chef  de  l'artillerie  d'assaut,  fut  le  premier  à  réclamer  l'emploi 
de  «  cuirassements  mobiles  pour  assurer  directement  la  progression 
de  l'infanterie.  » 

De  longs  mois  s'écoulèrent  entre  la  conception  et  la  réalisation  du 
rliar  d'assaut.   On  sait  que  les   types   Schneider   et   Sainl-Chamond 


—  247  — 

-fiueiit  les  premiers  construits  ;  ils  préseiitaient  dos  imperfections 
nombreuses  et  les  premiers  essais  sur  les  champs  de  bataille  ne 
furent  pas  de^plus'heureux.  Le  camp  de  Champlieu  fut  choisi  pour 
l'instruction  et  la  préparation  des  unités.  On  peifectionna  peu  à  peu 
les  appareils  en  renforçant  sur  certains  points  leur  blindage,  en  les 
dotant  d'un  démarreur  électrique  et  d'un  ventilât*  ur.  Lors  de  l'offen- 
sive de  l'Aisne  au  printemps  de  1917,  on  put  se  rendre  compte  des 
services  que  pouvaient  rendre  les  chars,  mais  aussi  de  la  fréquence 
des  pannes,  de  leur  lenteur  à  manœuvrer  dans  les  terrains  défoncés 
par  les  obus. 

L'idée  du  char  léger,  type  Renault,  avec  mitrailleuse  ou  canon, 
fui  alors  lancée,  mais  elle  rencontra  des  adversaires  au  ministère 
de  l'armement,  qui  était  indépendant  du  ministère  de  la  guerre. 
L'insistance  du  général  Pétain  à  réclamer  ce  nouvel  appareil  finit 
par  surmonter  les  résistances,  et  l'on  sait  le  très  heureux  emploi  qui 
fut  fait  de  ces  chars  lors  de  la  grande  offensive  finale  dirigée  par  le 
maréchal  Foch. 

Les  Allemands,  qui  s'étaient  d'abord  moqués  des  tanks  anglais  et 
de  nos  chars,  reconnurent  bientôt  leur  valeur  tactique  et  imaginèrent 
des  canons  spéciaux  et  des  balles  pénétrantes  pour  les  contre- 
baltre  ;  ils  finirent  par  en  construire  du  type  Elfriede,  véritables 
mastodontesarmésdei  canons,  pourvus  d'un  équipage  de  28  hommes, 
encore  moins  maniables  que  nos  Saint-Ghamond. 

L'ouvrage  à  la  fois  très  documenté  et  très  passionnant  du  capitaine 
Dutil.  est  accompagné  de  ITj  gravures  et  de  21  cartes  qui  ajoutent  à 
sou  intérêt  et  en  facilitent  la  compréhension. 

Roger  Lambelix. 


La  Poursuite  A'ietorieuse  (—(»  septembre- 1  1  novembre  1918). 

par  Georges  GutTTON.  -Paris.  Payot,  1919,  in-IG  de  2o6  p.,    avec  2  cartes 
hors  texte.  —  Prix  :  4  fr.  oO. 

La  féconde  camaraderie  et  les  splendides  leçons  de  cette  guerre  \\c 
doivent  pas  être  perdues  :  pour  cela,  il  importe  que  chaque  «  Corps  > 
ait  son  historique  qui  deviemie,  au  foyer  des  anciens  combattants, 
comme  un  livre  de  famille. 

C'est  l'idée  qui  a  inspiré  M.  l'aumônier  G.  Guitton  :  «  lutter  à  tout 
prix  pour  la  survivance  »,  ou,  comme  le  disait  le  général  Boichul, 
commandant  la  !53*'  division  en  disant  adieu  à  ses  soldats,  mainte- 
nir les  anciens  «  en  paix,  comme  ils  l'ont  été  au  feu,  tous  unis  sous 
le  drapeau, -pour  la  France,  redevenue  si  grande  ». 

Lai  Poursuite  victorieuse  a  d'ailleurs  un  intérêt  général  puisqu'ell*^ 
raconte  comment  s'opéra  la  ruée  finale,  à  l'aile  gauche  de  l'armée 
Gouraud,  des  monts  de  Champagne  jusqu'à  la  Meuse.  Les  habitants 


—  248  — 

des  régions  libérées  y  trouveront  l'histoire  —  admirablement  contée 
—  de  leur  délivrance. 

Le  itS**  —  quatre  fois  cité,  et  dont  la  dernière  opération  fit  l'objet; 
du  dernier  communiqué  officiel,  —  est  aujourd'hui  en  Syrie,  où  il  con- 
tinue ses  glorieuses  traditions  sous  les  ordres  du   général  Gouraud. 

Gustave  Gautherot. 


La  Destruction  des  inonumeuts  sur  le  Front  occidental.  Ré- 
ponse aux  plaidoyers  allemands,  par  Au(;uste  Marguuxier.  I^aris 
et  Bruxelles,  Yaii  OEst,  1919,  in-8  de  vu-84  p.,  avec  49  photographies  liors 
texte.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

«  Quand  viendra  la  paix  »,  écrivait  en  août  1918  le  professeur 
Georg  Wegener  dans  la  Kôlnlschc  Zeitimg,  «  il  est  certain  qu'on 
essaiera  d'attribuer  uniquement  à  l'Allemagne  la  totalité  des 
effrayantes  destructions  opérées  sur  tout  le  Front  occidental,  depuis 
la  mer  du  Nord  jusqu'au  Jura  suisse,  alors  qu'il  est  prouvé  que  nos 
adversaires  sont  responsables  de  la  moitié  au  moins  de  celles-ci.  » 
La  paix  est  venue,  et  les  Allemands,  mis  en  présence  de  l'inévitable 
châtiment  de  leurs  forfaits,  se  sont  efforcés,  ne  pouvant  plus  les  nier, 
d'en  atténuer  l'horreur  par  ce  plaidoyer  paradoxal,  où  insiste  aujour- 
d'hui encore  leur  propagande.  Aussi  bien  ne  faut-il  point  se  lasser  de 
répondre  à  l'éternel  ennemi,  et  de  réfuter  ses  mensonges.  L'excellent 
livre  de  M.  Auguste  Marguillier  :  La  Destruction  des  monuments  sur 
le  Front  occidental,  est  et  demeurera  la  meilleure,  la  plus  éloquente 
et  convaincante  des  réponses.  M.  Marguillier,  depuis  de  longues 
années  secrétaire  et  rédacteur  à  la  Gazette  des  beaux-arts,  spécialisé 
dans  les  études  d'art  allemand,  était  tout  désigné  pour  traiter  cet. 
émouvant  sujet  de  la  défense  de  notre  patrimoine  de  beauté.  Le  - 
premier  de  tous,  il  avait,  durant  la  guerre,  plaidé  la  cause  de 
nos  œuvres  d'art  détruites  ou  volées,  de  nos  monuments  mutilés  ; 
il  avait  émis  l'idée  de  compensations  à  chercher  dans  les  Musées  et 
les  collections  particulières  d'Allen)agne.  Idée  heureuse  et  féconde, 
que  d'éminents  critiques  ont  développée,  que  l'Académie  des  beaux- 
arts  a  faite  sienne,  qui  a  enfin  abouti  à  une  clause  réparatrice  insérée 
dans  le  traité  de  paix.  Hélas  !  à  la  veille  même  de  la  signature,  cette 
clause,  si  juste  et  si  modérée,  qui  nous  permettait  un  choix  parmi 
les  collections  impériales  de  Berlin  et  de  Potsdam,  qui  faisait  rentrer 
en  France  des  tableaux,  des  sculptures  et  àes  meubles  qui  n'auraient- 
jamais  dû  en  sortir,  a  été  rayée  du  traité,  par  la  déplorable  interven- 
tion d'un  de  nos  grands  alliés.  Qu'on  lise  donc,  que  tout  le  monde 
lise  le  livre  si  net,  le  réquisitoire  si  accablant  de  M.  Marguillier,  et 
l'on  verra  combien  nos  revendications  étaient  fondées.  Ce  sont  des 
chapitres  inséparables  de  l'histoire  même  de  la  guerre  que  ceux  où  il 


—  249  — 

nous  expose  les  doctrines  de  guerre  de  l'Allemagne,  les  destruction» 
en  Belgique,  où  les  noms  de  Visé,  de  Dinaiif.  de  Louvain.  de  Malines, 
de  Dixuiudc,  de  Nieuport,  d'Ypres,  sont  à  eux  seuls  l'évocation  d'un 
martyrologe.  Kt  puis,  si  nous  passons  à  la  France,  voici  Senlis,  Sois- 
sons,  Coucy,  Reims,  Arras,  Saint-Quentin,  et  les  centaines  de  villages, 
d'églises,  de  châteaux,  où  s'est  exercée  la  fureur  de  dévastation  de  ceux 
qui  se  croyaient  vainqueurs.  L'Italie  n'est  pas  oubliée.  Un  album  de 
planches  excellentes  ajoute  à  la  précision  des  lén)oignages  et  réunit 
les  plus  irréfutables  documents.  Qu'on  lise,  que  l'on  garde  ce  volume  ; 
puisse-t-il  instruire  nos  enfanls,  et  laisser  dans  les  cœurs  une  flamme 
de  colère  et  une  volonté  de  châtiment  !  .AsoaÉ  Pér.\té. 


L'Alsace  et   la   Guerre,  par  l'abbé  E.  Wktteri.é.   Paris,    Alcan,    i9\9, 
in-16  de  ui-135  p.  avec  (i  planches  et  3  cartes  hors  texte.  —  Prix  :  2  fr.  75. 

Ce  livre  fait  partie  de  la  collection  :  La  France  dévastée  dont  un 
volume  est  consacré  à  chacun  des  départements  ou  à  chacune  des 
régionsdévastéesparla  dernière  guerre.  Pour  r.\lsace,  l'auteur  ne  parle 
pas  seulement  de  la  guerre  qui  a  commencé  en  1914,  mais  de  celle 
qui  ravage  le  pays  depuis  1871 ,  guerre  parfois  violente,  souvent  sour- 
noise, toujours  sans  merci,  entre  une  population  éprise  de  liberté  et 
de  démocratie  et  un  ennemi  hautain,  arrogant  et  sans  pitié.  Le  conflit 
éclata  au  grand  jour  en  1914  et,  pendant  ces  quatre  dernières  années, 
le  maryre  des  Alsaciens  atteignit  les  limites  de  la  plus  tragique  hor- 
reur. La  description  de  r.\lsace,  de  ses  sites  et  de  ses  richesses,  fait 
l'objet  du  chap.  I  ;  l'auteur  expose  ensuite  les  procédés  de  gouverne- 
ment des  .Vllemands,  et,  avec  toute  la  compétence  de  l'ancien  représen- 
tant de  r.Alsace  au  Heichstag,  il  nous  apprend  ce  que  fut  réellement  la 
lutte  pour  l'autonomie  de  l'Alsace,  ce  que  cette  autonomie  représentait 
pour  l'Alsacien.  Avec  la  même  compétence  nous  est  racontée  l'affaire 
de  Saverne,  puis  du  chap.  V'"  au  XVIll''.  le  martyre  de  l'Alsace  depuis  le 
premier  acte  de  guerre  jusqu'au  jour  triomphal  de  la  libération  :  le 
joug  militaire,  les  aveux  allemands  sur  linsuccès  de  leurs  tentatives 
de  germanisation,  l'exil,  la  situation  au  Parlement,  les  évacuations, 
pillages,  réquisitions,  assassinats,  les  fausses  nouvelles  qui  ne  parve- 
naient pas  à  décourager  la  foi  des  Alsaciens,  la  conduite  des  soldats 
alsaciens-lorrains,  l'histoire  et  les  épreuves  d'un  petit  .Alsacien,  sa 
mort  glorieuse,  en  martyr,  le  drame  de  Boursviller  et  enfin  le  tableau 
des  ruines  sur  le  Front  d'Alsace.  Les  deux  derniers  chapitres  nous 
apprennent,  l'un  comment  les  Alsaciens  se  vengeaient  par  leur  esprit 
caustique  et  l'ironie,  de  la  barbarie  allemande,  et  le  dernier  comment 
finit  le  douloureux  esclavage.  Ce  livre  est  un  document.  11  nous  ap- 
prend bien  des  détails  du  plus  grand  intérêt.  11  acquiert  toute  sa 
valeur  de  la  plume  vaillante  qui  l'a  écrit.  A.  G.4.sser. 


—  25U  — 

Le  Pangermaniste  en  Alsace,  par  Jules  Fucelich.  Paris,  Berger-Le- 
vrault,  1919,  in-16  de  79  p.,  avec  16  dessins  de  Hansi.  —  Prix  :  1  fr. 

Nous  avons  rendu  compte  naguère  de  l'ouvrage  du  même  auteur  : 
Le  Délire  pangennanique.  Pour  bien  le  comprendre,  il  faut  lire  celui 
que  nous  présentons  aujourd'hui  et  dont  la  première  édition  avait  du 
reste  déjà  paru  avant  la  guerre.  L'étrange  mentalité  allemande  en  face 
de  la  question  d'Alsace-Lorraine  y  est  magistralement  exposée,  avec 
cet  esprit  ironique  qui  caractérise  l'Alsacien  quand  il  parle  de  l'alle- 
mand. Celui-ci,  aveuglé  par  son  idéal  pangermanique,  a  cru  d'abord 
réincorporer  dans  le  grand  Tout  Allemand  les  deux  provinces  qu'il 
jugeait  avoir  délivrées  du  joug  français.  A  mesure  que  le  temps 
s'écoulait  depuis  le  jour  de  la  conquête,  les  allemands,  voyant  que 
l'Alsacien  ne  répondait  à  aucune  avance,  furent  d'abord  étonnés,  puis 
affligés,  puis  froissés  ;  puis  ils  passèrent  à  tous  les  degrés  de  la  mau- 
vaise humeur,  pour  arriver  enfin  à  la  phase  d'exaspération  qu'on  a 
pu  contempler  avant  la  guerre.  Et  pour  expliquer  ce  malentendu, 
M.  Frœlich  nous  montre  spirituellement,  tout  le  long  de  23  pages, 
les  différences  intellectuelles  et  morales  qui  séparent  l'Alsacien  de 
l'Allemand.  D'où  est  venu  cette  mentalité  aux  peuples  d'outre- Rhin  ? 
L'auteurnousl'exposeencore  d'après  un  conte  de  Grimm  :  «  Le  baillant 
petit  Tailleur.  »  Puis,  en  juin  1913,  il  montre  l'Alsace  qui,  après  avoir 
attendu,  désolée,  les  yeux  mélancoliquement  portés  vers  l'ouest,  s'est 
tournée  avec  assurance  vers  l'est  et  attend  toujours.  Quoi  ?  que  l'Al- 
lemagne se  débarrasse  du  boulet  qu'elle  traîne  après  elle  !  —  On  l'en 
a  débarrassé,  malgré  elle.  Mais  alors,  dira-t-on,  pourquoi  cette  nou- 
velle édition  du  livre  ?  C'est  qu'il  faut  encore  instruire  certains  igno- 
rants, ou  qui  feignent  de  l'être,  et  surtout  que  le  pangermaniste  vit 
toujours.  Ajoutons  que  16  dessins  de  Hansi  illustrent  le  petit  volume 
de  façon  caractéristique.  A.  Ga.sser. 


L'Irlande  dans  la  erise  universelle  (3  août  1914-25  juil- 
let 1917),  par  Louis  Tréguiz.  Paris,  Alcan,  s.  d.  [1918],  in-8  de  vi- 
279  p.  —  Prix  :  6  fr. 

Le  volume  de  }l.  Louis  Tréguiz  n'est  ni  un  plaidoyer  ni  un  réqui- 
sitoire, mais  un  instrument  de  travail,  un  recueil  documentaire  d'in- 
formations exactes.  L'auteur  expose  avec  clarté,  précision,  sobriété, 
l'évolution  des  méthodes  politiques  en  Irlande,  de  1893  à  1914,  puis 
la  participation  irlandaise  à  la  guerre  des  Alliés  contre  l'Allemagne, 
puis  les  causes  et  les  circonstances  de  la  tentative  d'insurrection 
irlandaise  contre  la  Couronne  britannique  en  1916,  enfin  les  tenta- 
tives ultérieures  de  règlement  constitutionnel  du  problème  irlandais. 
La  visible  impartialité  de  M.  Louis  Tréguiz  donne  un  grand  poid.s  à 
chacune  de  ses  affirmations.  Le  lecteur  est  mis  au  courant  des  com- 


—  251   - 

j)lexités  redoutables,  parfois  déconceitanles,  de;  ce  problème  que  tant 
de  causes,  ancieunes  ou  récentes,  ont  rendu  presque  irisobible.  Du 
moins,  on  trouvera  ici  la  matérialité  des  faits  survenus  jus(ju'à  la  fin 
de  l'année  1017  et  les  moyens  de  se  former,  sous  bénéfice  d'inven- 
taire, une  appréciation  équitable,  qui  soit  prudente  et  judicieuse. 

Depuis  l'ouvrage  de  M.  Louis  Tréguiz,  ont  paru,  en  1919,  deux 
articles  du  R.  P.  Xavier  Moisaiit,  dans  les  Etudes,  où  est  mise  en 
relief  la  légitimité  des  revendications  essentielles  de  l'Irlande  à  ren- 
contre de  l'Angleterre,  même  des  partis  britanniques  favorables  au 
régime  du  Home  rule.  Par  contre,  dans  l'Europe  nouvelle,  notre  émi- 
nent  collaborateur  Roger  Lambeliii  a  clairement  établi  les  complicités 
irlandaises,  en  pleine  guerre,  dans  loffort  germanique  pour  dissocier 
et  abattre  la  puissance  britannique.  Nous  ne  pouvons  guère  nous 
étonner  que  ce  dernier  élément  d'appréciation  empêche  les  Anglais 
de  marquer  toute  la  justice  et  la  générosité  désirables  à  l'égard  du 
parti  de  l'Indépendance  irlandaise.  En  somme,  la  Grande-Bretagne  a. 
envers  l'Irlande,  deux  espèces  d'injures  difficiles  à  oublier  :  les  injures 
récemment  subies,  et,  plus  encore,  les  injures  persévéramment  com- 
mises durant  des  siècles  d'histoire.  Yves  de  la  Brière. 


Sur  le  Rhin,  par  Henry  Bordeaux.  Paris,  Plon-Nourrit,  s.  d.  [1919J,  in-ifi 
de  vi-323  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Cet  ouvrage  se  compose  de  notes  prises  au  cours  de  deux  voyages 
sur  les  bords  du  Rhin  dans  des  circonstances  bien  différentes  :  les 
premières  en  1905,  ont  été  en  partie  imprimées  dans  les  «  Paysages 
romanesques  »  de  l'auteur  ;  les  dernières,  de  toute  fraîche  date,  se 
rapportent  aux  fêtes  de  la  libération  célébrées  à  Strasbourg  et  à  Metz 
en  décembre  1918,  et  à  l'arrivée  des  troupes  françaises  sur  le  Rhin.  De 
cette  juxtaposition  nait  un  contraste  qui  attire  et  qui  fait  réfléchir.  Là 
M.  Henry  Bordeaux  se  plaisait  à  rechercher  des  émotions  d'art  : 
c'étaient  des  visites  successives  à  la  maison  de  Heine,  à  celle  de 
Beethoven,  à  celle  de  Goethe,  aux  ruines  fameuses  de  la  vallée  du 
Rhin  romantique  et  au  vieux  palais  des  électeurs  palatins  à  Heidel- 
berg  ;  ici  le  même  voyageur  subit  des  émotions  patriotiques  en  son- 
geant à  Colette  Baudoche,  en  assistant  à  l'entrée  des  généraux  Fayolle 
et  Mangin  à  Mayence,  en  entendant  chanter  la  «  Marseillaise  »  dans 
les  rues  de  Strasbourg,  en  revoyant  les  cités  si  longtemps  captives 
faire  retour  dans  la  mère-patrie.  Après  avoir  respiré  des  légendes,  il 
se  complait  à  écrire  une  page  d'histoire.  Sa  plume  alerte,  brillante, 
bien  française,  sait  rendre  le  tout  avec  un  égal  talent.  H.  S. 


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Les  Grands  Problèmes  coloniaux.  L'Effort  colonial  des  Alliés^ 

par  PiERHE  Perreau-Pradieu  et  Maurice  Besson.  ISancy-Paris-Strasboug, 
Berger-Levrault,  1919,  in-8  de  xv-184  p.,  avec  5  caries.  —  Prix  :  10  fr. 

On  connaît  déjà  les  noms  des  deux  auteurs  de  ce  livre  ;  on  sait 
qu'ils  ont  signe  plusieurs  bons  ouvrages  relatifs  aux  questions  colo- 
niales. Celui  qu'ils  viennent  de  publier  ajoutera  encore  à  leur  réputa- 
tion et  sera  lu  avec  un  vif  intérêt  ;  il  traite,  en  effet,  de  questions 
toutes  proches  de  nous,  ou  dont  la  solution  s'impose  encore  à  notre 
attention.  C'est  d'abord  un  aperçu  d'ensemble  sur  la  guerre  dans  les 
colonies,  sur  tous  les  Fronts  et  sur  les  menées  allemandes  dans  les 
colonies  alliées  pendant  la  guerre  ;  vient  ensuite  un  tableau  sommaire 
de  l'entr'aide  coloniale  des  Allies  ;  puis,  pour  finir,  tine  esquisse  de 
leur  politique  coloniale.  C'est  par  im  chapitre  très  général,  sur  le 
domaine  colonial  des  AIHbs  après  la  guerre,  que  se  clôt  l'ouvrage  ; 
mais  il  importe  de  ne  pas  s'y  tromper  :  rien  de  géographique  dans 
ce  chapitre,  exclusivement  politique:  MM.  Perreau-Pradier  et  Besson 
y  préconisent,  à  côté  de  réformes  purement  françaises,  l'établisse- 
ment d'un  ((  comité  colonial  interallié  »,  le  développement  de  l'en- 
tr'aide coloniale.  «  Plus  de  coups  d'épingle  »,  disent-ils...  Ils  ont  rai- 
son, mais...  que  «  Messieurs  les  Anglais  commencent.  »  C'est  là  en 
effet  (avec  un  lapsus  qui  leur  a  échappé  à  la  p.  xiv  ;  c'est  le  peintre 
Hegnault  qui  a  dit  :  «  On  bat  maman  ;  j'accours  »)  notre  seul  re- 
proche ;  le  livre  de  MM.  Perreau-Pradier  et  Besson  ne  tient  aucun 
compte  de  tous  les  obstacles  semés  par  nos  bons  amis  et  alliés  sur 
notre  route,  en  Syrie  tout  spécialement  ;  rien,  dans  le  |  IX  du  cha- 
pitre I  ne  permet  de  soupçonner  que  le  roi  du  Hedjaz  a  été  pour" les 
Anglais  un  pantin  dont  ils  se  servaient  surtout  contre  nous.  Lacune 
fâcheuse,  et  que  n'excuse  point  la  date  à  laquelle  a  été  terminée  l'in- 
troduction du  volume  :  janvier  1919.  H.  F. 


Ceux  qui  vivent...,  par  Jean  Marot.  Paris,  Payof,  1919.  in-16  de  256  p. 
—  Prix  :  4  fr.  50. 

((  Ceux  qui  vivent  »  ce  sont  ceux  qui  luttent,  ceux  qui  furent  exal- 
tés par  les  sacrifices  de  la  guerre  au-dessus  d'eux-mêmes,  ceux  que 
leur  faiblesse  a  fait  plus  grands,  u  Ainsi  le  sol,  —  écrit  l'auteur,  — 
engraissé  de  notre  sang  qui  le  rachète.  nour,rit  le  germe  d'une  huma- 
'iiité  meilleure  rénovée  par  le  courage  et  la  simplicité.  »  ((  Notes  prises 
à  la  hâte,  en  trois  ans  de  première  ligne...  selon  les  heures  fuyantes 
de  calme  ou  de  détresse  »,  ces  pages  ont  pour  seul  souci  c  un  grand 
respect  pour  la  vérité.  » 

Nous  ne  connaissons  pas  d'ouvrage,  en  effet,  qui  exprime  en  traits 
plus  précis  et  plus  vifs  l'âme  du  combattant.  Non  pas  du  combattant 
révolté  et  du  mauvais  soldat  qui  maudit  la  patrie  —  comme  ceux  de 


—  :>53  — 

M.  Barbusse.  —  mais  du  combattant  qui  puisa  dans  les  merveilleuses 
énergies  de  sa  race  les  secrets  de  l'héroiaine  et  de  la  victoire. 

Quels  furent  au  juste  les  Emotions,  les  Devoirs,  les  Pensées  du 
«  Poilu  »  de  France?  M.  Jean  Marot  les  analyse  avec  une  finesse  et 
aussi  un  (aient  de  premier  ordre.  Glstave  Gal'Therot. 


Le  .MîU'échal  Foch,  par  le  coimnandaiit  A.  (iRASsKT.  N.incy-Paris-Stras- 
boiirg.  Bcigor-Levrault.  1919.  in-10  de  96  p..  avec  un  portrait  et  6  cartes. 
—  Prix  :  2  fr. 

Le  commandant  Grasset,  qui  nous  a  donné  récemment  un  résumé 
des  Préceptes  et  jugements  du  maréchal  Foch,  publie  aujourd'hui  une 
courte  étude  biographique  sur  le  maréchal  lui-même.  Ce  petit  livre, 
plus  qu'une  biographie  proprement  dite,  demeure  une  relation  suc- 
cincte de  la  part  prise  par  notre  grand  soldat  aux  opérations  de  la 
guerre  mondiale  et  nous  n'y  avons  lien  vu  qui  nait  été  dit  déjà  par 
MM.  Puaux  et  Recouly  ;  il  est  surtout  intéressant  comme  bref  résumé 
historique.  Comte  de  Sérig\a>. 


L'Abri  5<»-A-2,  suivi  de  In   spécula  niortis,  par  Jean  Azaï.s.  Paris,  Publi- 
cations Art  et  littérature.  1919,  in-t2  de  112  p.  —  Prix  :  2  fr.  50. 

Ce  recueil  de  pensées  conçues  au  Front,  ne  manque  certes  pas  de 
puissance  évocatrice,  mais  il  ne  ressemble  guère  aux  fortes  Médita- 
tions dans  ta  tranchée  du  lieutenant  Rédier  ou  aux  consolantes  inspi- 
rations de  Ceux  qui  vivent,  par  M.  Jean  .Marot.  «  Guerre  honteuse,  guerre 
de  lâches  et  d'irresponsables  qui  se  résume  en  ces  mots  :  destruction 
aveugle  de  sans-défense.  L'Allemand,  notre  ennemi?  non  !...  Boche, 
tu  n'es  comme  moi  que  l'instrument  sans  volonté  d'une  chose  sans 
existence,...  et  demain,  je  ne  vois  pas  pourquoi  nous  n'unirions  pas 
nos  efforts  vers  un  but  meilleur,  après  les  avoir  gaspillés  pour  des 
causes  obscures  et  criminelles...  »  M.  Azaïs,  on  le  voit,  est  un  intellec- 
tuel de  la  famille  de  M.  Barbusse,  et  nous  préférons  nous  en  tenir  à 
ce  rapprochement,  que  l'auteur  prendra  sans  doute  pour  une  louange. 

GCSTAVE   G.VlTHEROr. 


L'Homme  né  de  la  guerre.  Téinoignaf/e  d'un  converti  (Yser- Artois  191-0). 
par  He.nri  Ghéon.  Paris.  Xoiivelle  Revue  franmise.  1919.  petit  in-8  de  228  p. 
—  Prix  :  3  fr.  50. 

Récit  de  conversion  dont  l'originalité  est  de  décrire,  avec  une  rare 
puissance  de  psychologie  et  même  de  lyrisme,  Pinfluence  morale 
exercée  sur  M.  Henri  Ghéon  par  la  personnalité  d'un  chrétien 
d'exceptionnelle  valeur,  le  lieutenant  de  vaisseau  Pierre  Dupouey. 
L'action  de  la  grâce,  chez  M.  Henri  Ghéon,  eut  pour  principal  adju- 


—  254  — 

vant  extérieur  la  révélation  posthume  des  vertus  surnaturelles  de- 
Pierre  Dupouey  par  la  bouche  de  l'aumônier  militaire  qui  avait  été 
le  confident  de  sa  vie  spirituelle  si  intense.  Peu  à  peu,  et  malgré  les 
réactions  de  la  mauvaise  nature,  le  travail  intérieur  se  poursuit.  Les 
tragiques  leçons  de  la  guerre  deviennent  l'occasion  d'une  profonde 
transformation  intellectuelle  et  morale.  Un  homme  nouveau  est  né  de 
la  guerre.  En  toute  clairvoyance,  en  toute  loyauté,  le  converti  accom- 
plira les  démarches  décisives.  11  croit  ce  que  croyait  Pierre  Dupouey. 
H  trouvera  la  voie  du  salut  et  de  la  paix  dans  les  mêmes  certitudes. 

Yves  de  la  Brière. 


Paroles  françaises,  par  A.-D.  Seutu.langes.  Paris,  Bloud  et  Gay,  1910, 
in-8  de  241  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  sait  avec  quel  dévouement  et  quel  succès  le  R.  P.  Sertillanges  a 
prodigué  sa  parole  pendant  la  guerre.  Les  hautes  leçons  qu'il  savait 
dégager  des  événements  les  plus  tragiques  ne  doivent  être  ni 
oubliées  ni  perdues.  Elles  ont  été  recueillies  dans  divers  volumes. 
Celui  qu'on  nous  présente  ici  se  compose  de  discours  prononcés  ces 
dernières  années  à  Notre-Dame,  à  Saint-Germain-des-Prés,  à  la  prima- 
tiale  de  Lyon,  à  la  cathédrale  de  Chartres,  et  de  contributions  ap- 
portées aux  enquêtes  qu'institua  la  Revue  hebdomadaire  eu  1914 
et  en  1917  sur  les  témoignages  de  l'expérience  et  sur  /20s  sanc- 
tuaires. Les  richesses  d'un  esprit  rompu  aux  disciplines  antiques  et 
muni  des  plus  exactes  informations  du  temps  présent  s"y  éploient 
avec  une  opulence,  une  ampleur,  une  variété  innombrables.  Théolo- 
gien, philosophe,  poète,  historien,  sociologue,  moraliste,  le  P.  Sertil- 
langes trouve,  en  toute  circonstance,  les  paroles  qui  instruisent  en 
charmant,  qui  émeuvent  et  éclairent,  qui  chantentet  démontrent,  pa- 
roles souples  et  précises,  alertes,  poignantes,  doctes  et  imagées,  gra- 
cieuses comme  un  sourire,  lumineuses  comme  un  regard  de  chez 
nous,  effilées  comme  une  épée  :  Paroles  françaises.     Cn.  Landry. 


A  propos  «le  doctrine.  Les  Leçons  du  passé  confirmées  par 
celles  de  la  <irande  Guerre,  par  le  lieutenant  colonel  E.  C.holet. 
Paris,  Charlcs-Lavauzelle,  1919,  in-8  de  161  p.  —  Prix  :  4  fr.  80. 

La  période  qui  sépare  la  guerre  de  1870  de  celle  de  1914  a  été  pour 
la  France  une  ère  de  recueillement  pendant  laquelle  l'idée  de  revanche, 
caressée  par  un  certain  nombre  de  Français  irréductibles,  allait  s'af- 
faiblissant  dans  l'esprit  et  lecœur  des  jeunes  générations  qui  n'avaient 
pas  vu  l'Année  terrible.  Non  pas  (pie  noire  j)ays  pût  se  résoudre  à  con- 
sidérer comme  définitivement  perdues  les  deux  provinces  que  nous 
avait  arrachées  le  traité  de  Francfort  ;  mais  on  tendait  à  attendre  la 
restitution  des  territoires  volés  de  la  justice  immanente  des  temps. 


—  2;),)  — 

plutôt  que  d'une  lutte  violente  dont  ou  prévoyait  les  sanglantes  péri- 
péties sans  pouvoir  imaginer  l'horrible  violence  qu'elle  a  revôtue  réel- 
lement. Néaumoms,  dans  cette  accalmie,  plus  appaiente  que  réelle, 
une  partie  de  la  nation  travaillait  en  silence,  se  préparait  à  une  lutte 
qui  pouvait  éclat(M'  d'un  moment  à  l'autre  en  dépit  de  notre  volonté 
mainte  fois  déclarée  de  fuir  toute  provocation,  de  pousser  la  patience 
jusqu'à  la  limite  extrême  qui  confine  à  la  couardise.  Dans  l'armée,  en 
effet,  depuis  quarante-quatre  ans,  le  tra^ail  intellectuel,  l'étude  des 
principes  immuables  de  la  science  militaire,  l'art  d'appliquer  ces 
principes  avaient  été  pratiqués  par  l'immense  majorité  de  nos  officiers, 
et  c'est  grâce  à  ces  études,  à  cette  série  d'etforts  qu'au  moment  où 
éclata  la  crise  sanglante,  la  France  se  trouve  prête  pour  l'effort  gigan- 
tesque qui  devait  lui  donner  la  victoire  finale.  La  bibliographie  des  tra- 
vaux produits  de  1871  à  1914  par  nos  officiers  de  tous  grades,  biblio- 
graphie immense  par  le  nombre,  excellente  par  la  qualité,  est  une 
preuve  concluante  de  la  préparation  intellectuelle  dont  nous  parlons. 
Les  noms  des  principaux  auteurs  de  ces  études  consciencieuses  et 
profondes  sont  trop  nombreux  pour  que  nous  les  rappelions  tous- 
Mais,  à  part  les  Levai,  les  Derrécagaix.  les  Relier,  lesBerthaut,  les 
Foch,  etc.,  etc.,  quantité  d'autres  officiers  moins  en  vue  avaient  occupé 
leurs  loisirs  d'une  façon  utile  pour  leur  pays,  et  tel  fut,  par  exemple, 
le  lieutenant-colonel  Cholet  qui,  au  moment  où  éclata  la  guerre 
actuelle,  venait  de  terminer  un  bon  travail  :  .4  propos  de  doctrine,  dont 
les  événements  de  1914  ont  fait  différer  jusqu'à  aujourd'hui  la  publi- 
cation. On  verra  en  lisant  cette  étude  profondément  pensée,  combien, 
à  la  veille  de  la  lutte,  les  esprits  avisés  avaient  entrevu  les  conditions 
militaires  des  combats  futurs.  A  cet  égard  les  chapitres  sur  l'unité  de 
doctrine,  sur  la  nécessité  d'avoir  une  doctrine,  sur  les  principes  de 
la  guerre,  sur  la  façon,  l'art  d'appliquer  les  principes,  sur  l'autorité 
dans  le  commandement,  sur  l'énergie  morale  dans  l'exécution,  sur 
r  «  action  »,  base  de  la  guerre,  dénotent  un  esprit  infiniment  averti 
des  questions  traitées,  des  problèmes  à  résoudre.  11  nous  faudrait 
plusieurs  pages  pour  analyser  même  sommairement  ce  remarquable 
travail.  11  est  de  ceux  qu'il  convient  de  lire  et  de  méditer,  son  étude 
devant  faciliter  singulièrement  l'intelligence  des  causes  qui  ont  pro- 
duit notre  victoire.  Comte  de  Sérignan. 


Contribution  à  l'étude  des  blocus  nouveaux,  par  Je.^n  Ai.essandri. 
Paris,  de  Boccard.  1919,  in-8  de  144  p.  —  Prix  :  6  fr. 

L'auteur  lui-même  expose  excellemment,  au  début  de  l'Introduc- 
tion, le  but  de  cet  ouvrage  :  u  on  se  propose  dans  le  présent  travail, 
dit-il,  d'étudier  les  modifications  apportées  dans  les  conditions  d'exer- 
cice du  blocus  maritime  par  l'emploi  des   navires  sous-marins.    » 


—  2o6  — 

"M.  Jean  Alessandri,  commissaire  de  marine,  a  écrit  cette  étude  vers 
la  fin  de  1917,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  la  guerre  sous-marine 
avait  donné  naissance  à  un  nombre  de  faits  suffisant  pour  qu'une 
théorie  puisse  être  établie,  et.  par  suite,  pour  permettre  à  l'auteur 
d'atteindre  le  but  qu'il  s'était  proposé. 

Avant  d'exposer  ce  que  fut  le  blocus  maritime  au  cours  de  la 
Grande  Guerre,  M.  Alessandri  examine  la  conception  qu'avait  du  blo- 
cus, en  1909,  la  conférence  de  Londres,  puis,  en  un  court  chapitre,  il 
traite  des  blocus  fictifs,  dont  la  théorie  a  inspiré  parfois  certaines 
décisions  prises  au  cours  de  la  guerre.  Les  conclusions  de  ce  très 
intéressant  volume,  judicieusement  pensé  et  bien  écrit,  sont  groupées 
sous  la  forme  d'un  essai  d'une  théorie  des  blocus  nouveaux,  théorie 
forcément  vague,  d'abord  parce  que  les  sous-marins  ne  sont  pas 
encore  parvenus  à  leur  dernier  stade  de  perfectionnement,  et  ensuite 
parce  que,  en  matière  de  blocus  maritime,  comme  en  bien  d'autres, 
hélas,  on  s'aperçoit  rapidement  que  le  droit  international  n'existe 
pas,  qu'il  n'est  qu'un  chifTon  de  papier,  que  la  force  seule  l'établira  et 
que  la  limite  du  droit  ne  sera  que  la  réaction  des  États  neutres  inté- 
ressés et  lésés.  J. G.  T. 


La  Guerre  absolue.  Essai  de  philosophie  de  Vhisloire,  par  Georges  Ba- 
TAULT.  Paris,  Payot.  1919,  in-16  de  279  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

Ce  livre  est  de  ceux  dont  il  est  difficile  de  rendre  compte  en 
quelques  lignes,  tant  ils  sont  pleins  d'idées.  On  y  trouvera  une  vue 
des  faits  tels  qu'ils  sont.  Lauteur  nous  le  dit  dans  ses  Préliminaires, 
qui  seraient  à  citer  d'un  bout  à  l'autre.  Retenons-en  celte  idée  abso- 
lument juste,  à  propos  du  sort  futur  des  petits  États,  que  l'avenir  de 
la  civilisation  repose  tout  entier  sur  l'opposition  et  sur  la  lutte  toute 
spirituelle  de  ces  deux  abstractions  :  la  quantité  et  la  qualité.  Si  la 
loi  du  nombre  l'emporte  comme  le  fait  craindre  l'absurde  manie  éga- 
litaire,  qui  tend  à  devenir  la  règle  des  sociétés  démocratiques,  c'en  est 
fait  de  l'humanité. 

M.  G.  Batault  ne  manque  pas  l'occasion  de  dénoncer  les  erreurs 
courantes,  les  utopies  telles  que  celles  qui  consistent  à  voir  dans  la 
forme  démocratique  du  gouvernement  et  «  l'industrialisation  »  à 
outrance  du  monde  des  gages  de  la  paix  à  venir.  Il  raille  sans  pitié 
Benjamin  Constant  écrivant  en  1813  :  «  Nous  sommes  arrivés  à 
l'époque  du  commerce,  qui  doit  nécessairement  remplacer  celle  de  la 
guerre  ».  et  est  plus  dur  encore  pour  M.  Albert  Thomas,  qui  a  fait  de 
sa  préface  à  la  réédition  de  l'Esprit  de  conquête  «  un  petit  chef- 
d'œuvre  de  ce  que  peut  dicter  l'esprit  d'utopie  à  l'esprit  de  parti.  » 
\  oilà  des  hommes  qui  ne  voient  pas  les  choses  telles  qu'elles  sont  ! 

Il  nous  apprend  aussi  à  discerner,  dans  l'étalisme  et  dans  le  machi- 


-  2r)7  — 

iiisine  qui  nous  menacent,  deux  grands  périls.  L'iiumanité  paiera  de 
plus  en  plus  chéries  progrès  matérifls  que  lui  app<jrte  la  science  ; 
ils  favorisent  la  guerre  en  assurant  le  triomphe  delà  force.  C'est  l'es- 
sentiel de  la  th(''<)rie  allemande. 

M.  G.  Balault  (!st  d'ailleurs  convaincu  que  le  changement  dans  la 
forme  du  gouvernement  de  l'Allemagne  ne  modifiera  pas  la  formule 
nouvelle  que  ce  pays  a  conçue  d'une  civilisation  «  dégagée  des  vieux 
couplets  idéalistes  de  justice  et  de  liberté,  mais  parfaitenient  adaptée 
à  révolution  matérielle  des  Ktats  et  des  nations  reposant  sur  l'égali- 
tarisme  et  l'industrialisme  scientifique  et  se  fondant  sur  le  droit  de 
la  force.  » 

La  question  est  alors  de  savoir  si  cette  formule  finira  par  s'imposer  : 
autrement  dit,  si  les  peuples  qui,  en  ayant  gagné  la  présente  guerre 
contre  l'Allemagne  se  trouvent  logiquement  condamnés  à  répudier  sa 
conception,  contiimeront  à  s'opposer  au  mouvement  qui  entraîne  le 
monde  vers  l'industrialisme  à  outrance  ou  bien  lui  céderont  à  leur 
tour. 

M.  G.  Batault  est  incertain  de  l'avenir  et  termine  ce  «  livre  véri- 
dique  et  sombre  »  par  une  invocation  à  l'espérance.  Mais  sur  quoi  la 
fonder  en  dehors  des  forces  spirituelles  du  christianisme  ?  Seules  elles 
demeurent  capables  de  servir  de  contrepoids  à  la  formidable  pou%s.ée 
de  matérialisme  qui  aboutit  fatalement  à  la  «  guerre  absolue.  » 

L'auteur  consacre  naturellement  à  la  «  guerre  secrète  »  de  longs  et 
intéressants  développements.  Mais  il  semble  attribuer  à  l'Allemagne 
le  rôle  essentiel  dans  la  Révolution  russe.  C'est  une  erreur.  Nous  le 
renvoyons  sur  ce  point  au  témoignage  des  diplomates  et  des  officiers 
qui  étaient  à  Pétrograde  à  ce  moment.  En  tout  cas,  il  n'y  avait  pas 
besoin  de  l'action  allemande  pour  qu'  «  à  travers  toute  l'Europe  alliée 
et  neutre  le  chœur  des  défaitistes  chantât  la  louange  de  la  Révolution 
russe.  »  Celle-ci  répondait  parfaitement,  pour  des  motifs  divers,  aux 
aspirations  des  démocraties  anglaise,  française  et  américaine. 

A.  DE  Tablé. 


La  Xueva  Revoluciôn,  por  P.  M.  Turull,  con  una  caria  prôlogo  de 
M.  Léon  Bourgeois  y  seguida  de  una  encuesta  sobre  la  Sociedad  de  naciones. 
Barcelona,  imp.  de  Henrich,  1919,  in-16  de  xv-233  p.  —  Prix  :  3  fr. 

Cela  devient  une  mode  de  présenter  au  public,  sous  un  titre  com- 
mun, une  série  d'articles  de  journaux,  sans  lien  apparent,  sans  suite 
logique.  Le  lecteur  y  perd  et,  à  mon  avis,  l'auteur  également,  qui  se 
déshabitue  ainsi  de  coordonner  ses  idées  et  d'écrire  des  livres.  Cette 
réflexion  que  suggèrent  tant  de  volumes  actuels,  s'applique  également 
à  celui  de  M.  Turull,  dont  je  viçns  de  transcrire  le  titre.  C'est  un 
recueil  d'articles,  parus  pour  la  plupart,  nous  dit  l'auteur,  dans  la  revue 
Novembre-Décembre  1919.  T.  CXLVl.  i". 


—  2o8:  — 

catalane  Messidor  qu'il  a  fondée  au  début  de  1918-  H  les  a  reproduits, 
semble-t-il,  tels  quels,  sans  se  soucier  de  les  mettre  au  point,  sans  se 
j)réoccuper  des  répétitions  qui  s'y  pouvaient  rencontrer. 

Ces  réserves  faites,  qui  ne  portent  que  sur  la  forme  du  livre,  il 
n'est  que  juste  de  reconnaître  la  valeur  et  l'intéiêt  du  fond.  M.  TuruU 
remue  beaucoup  d'idées  et  d'itlées  qui  provoquent  la  réflexion. 

t,e  livre  comprend  quatre  parties  :  Dans  la  première  (Problèmes 
internationaux)  M.  TuruU  s'occupe  beaucoup  de  la  Société  des  nations 
dont  s'est  épris  son  idéalisme  généreux.  Nous  avons  eu  occasion  de 
signaler  la  brochure,  en  catalan  et  en  français,  qu'il  a  publiée  en  1917 
sur  la  Société  des  nations,  la  morale  internationaliste  et  la  Catalogne, 
Ici,  entre  autres  choses,  il  montre  la  possibilité  d'une  Société  des 
nations,  il  prône  la  constitution  d'une  ligne  internationale  pour  en 
préparer  l'avènement.  S'on  socialisme  n'est  pas  seulement  spiritualiste 
(  «  le  socialisme  sera  spiritualiste  ou  il  ne  sera  pas  »,  aflîrme-t-il)  ; 
mais  il  est  fortement  imprégné  des  idées  chrétiennes,  et  loin  de  s'en 
défendre,  il  n'hésite  pas  à  le  déclarer.  Sans  doute  son  christianisme 
semble  un  peu  vague  et  nous  regrettons  qu'il  paraisse  imbu  de  pré- 
jugés contre  le  catholicisme,  qui  est  et  demeurera  toujours  la  condi- 
tion et  la  garantie  de  tout  progrès  réel  et  durable. 

La  seconde  partie,  qui  donne  son  titre  au  volume,  montre  dans  la 
Nouvelle  Révolution  «.  la  réalisation  pratique  des  doctrines  du  Christ». 
Sans  croire  à  la  disparition  du  prolétariat,  l'auteur  attend  un  allé- 
gement de  son  soit  par  la  réduction  des  heures  de  travail  et 
surtout  par  le  développement  de  l'éducation  et  de  l'instruction  «  par 
où  chaque  citoyen  sera  mis  en  condition  de  développer  ses  aptitudes 
et  d'acquérir  plus  de  bien-être.  »  Mais  là  encore  l'organisation  sociale 
devra,  à  ses  yeux,  être  internationale.  11  recherche  les  bases  de  cette 
organisation  et  de  la  morale  internationale. 

La  troisième  partie  du  livre,  comme  l'indique  son  titre  (Problèmes 
ibériques)  s'occupe  de  l'Espagne,  un  peu  du  Portugal  et  plus  particu- 
lièrement de  la  Catalogne.  Nous  y  signalerons  plus  particulièrement 
les  articles  sur  l'embellissement  de  la  langue. 

La  dernière  partie  (Silhouettes  et  philosophies)  étudie  quelques 
écrivains  et  quelques  doctrines.  Notons-y  un  article  contre  le  mer- 
cantilisme littéraire. 

L'ouvrage  se  termine  par  les  réponses  fournies  par  quelques  nota- 
bilités plus  ou  moins  conimes  à  l'enquête  de  Messidor  sur  la  Société 
des  nations  (^Léon  Bourgeois,  Paul  Otlet,  A.  Bonilla  y  San  Martin,  etc.) 
et  par  un  appendice  qui  donne  le  texte  de  la  constitution  de  la  Société  - 
des  nations,  créée  par  le  traité  de  paix.  E.-G.  Ledos. 


—  2î)l)  — 

I>e  Itempart.  par  Victor  Goedokp.  Paris,  la  Renaissance  du  Livre,  s.  d., 
in-18  de  2SU  p.  —  Prix  :  4  fr.  90. 

Au  début  de  1914,  le  docteur  André  Charlet  pouvait,  à  bon  droit, 
passer  pour  un  hoiiinie  heureux.  Il  l'était  en  efTet.  Possesseur  d'une 
belle  fortune,  membre,  à  quarante  et  quelques  années,  de  l'Acadé- 
n)ie  de  médecine,  envoyé  à  la  Chambre  des  dép\ifés  par  la  circons- 
crîptiou  de  Villers-Cotterets,  le  docteur  Charlet  voyait  la  vie  lui 
sourire  par  tous  ses  côtés.  Eu  particulier  son  fils  aîné,  jeune  et  brillant 
lieutenant,  sorti  récemment  de  Saint-Cyr,  son  fils  Paul,  pour  lerjuel 
il  paraissait  avoir  un  faible,  méritait  de  tous  points,  l'alTeclion  pro- 
fonde, la  confiance  que  lui  témoignait  son  père.  S'entendant  admira- 
blement l'un  et  l'autre,  ils  n'étaient  qu'une  âme  en  deux  corps.  Et 
c'est  à  ce  moment,  quand  l'avenir  paraissait  n'avoir  tissé  que  des 
jours  heureux  poui"  cette  famille  bien  digne  du  bor)heur,  que  la 
guerre  mondiale  éclate  et  que  quelques  jours  après,  la  bataille  de  la 
Marne,  I^aul  tombe  glorieusement  pour  ne  plus  se  relever.  La  catas- 
trophe, chez  Charlet.  produisit  un  de  ces  effets  inattendus  dont 
l'affreuse  guerre  devait,  d'ailleurs,  fournir  plus  d'un  exemple.  Frappé 
subitement  d'amnésie  cérébrale,  ce  malheureux  père,  anéanti  par  la 
douleur,  [)crd  instantanément  la  mémoire,  oublie  sur  l'heure  qu'il  a 
eu  un  fils,  que  ce  fils  vient  de  mourir  et  contiime  son  existence  de 
la  veille  avec  le  calme,  le  sang-froid  de  l'ignorance  absolue.  Mais 
cette  amnésie  n'est  qu'un  premier  pas  vers  la  paralysie  générale,  vers^ 
la  ruine  de  cette  haute  intelligence,  probablement  vers  la  folie.  Sau- 
vera-t-on  Charlet  de  cette'affreuse  déchéance  ?  Sa  fille,  son  second  fils, 
en  particulier  une  amie  dévouée  qui  a  servi  de  mère  à  ses  enfants  quand, 
il  y  a  douze  ans,  le  docteur  a  perdu  sa  femme,  tentent  une  lutte  déses- 
pérée pour  conjurer  le  danger  et  sauver  de  l'horible  perspective  leur 
père,  leur  ami.  C'est  ce  combat  de  chaque  jour  que  M.  Victor  Goedorp 
nous  décrit  avec  une  maîtrise  qui  fait  de  son  livre  un  récit  extrême- 
ment attachant.  Divers  épisodes  pleins  d'intérêt  ajoiitent  au  mérite  de 
la  trame  principale  de  ce  /?e//j/)a/-i  dans  lequell'auteur  fait  preuve  à  la 
fois  d'un  talent  remarquable  d'écrivain   et  d'un  vibrant  patriotisme. 

Comte  de  Sérignan. 


—  Depuis  notre  livraison  de  mars-avril  1919  nous  n'avons  pas  eu 
l'occasion  de  signaler  de  nouveaux  volumes  de  la  précieuse  collection 
des  Pages  d'histoire,  19iU-1919,  de  la  maison  Berger-Levrault  ;  mais 
voici  que  nous  en  recevons  à  la  fois  neuf  et  certainement  des  plus 
importants.  Donc,  nous  en  étions  restés  au  161"  fascicule.  Voici 
d'abord  le  n°  162.  Dans  une  étude  aussi  serrée  que  bien  documentée. 
M.  G.  Cerfberr  de  Médelsheim,  directeur  à  la  direction  générale  des 
finances  d'Alsace-Lorraine,  expose  la  Lutte  financière  entre  les  belligé- 


—  260  — 

rants  (in-12  de  28  p.,  avec  8  planches.  Prix  :  1  fr.  25).  L'auteur  nous 
entretient  tour  à  tour  des  emprunts  des  États  en  guerre,  de  la  circu- 
lation des  billets,  de  l'escompte  et  du  cours  des  changes.  Travail 
d'austère  apparence,  mais  fort  intéressant  et  tristement  suggestif.  — 
N"  463.  Les  Communiqués  officiels  depuis  la  déclaration  de  guerre. 
XXXVIII.  Juillet-septembre  i9l8  (suite  chronologique  des  dépêches 
du  gouvernement  français)  (in-12  de  269  p.  Prix  :  3  fr.)  :  c'est,  au 
jour  le  jour,  la  brève  relation  de  la  dernière  grande  offensive  alle- 
mande et  le  commencement  de  la  fin  par  la  débâcle  bulgare.  — 
N"  164.  Neuvième  volume  de  la  Chronologie  de  la  guerre,  due  à  M.  S. 
R.,  qui  résume  les  événements  s'échelonnant  entre  le  i"' juillet  et  le 
31  décembre  1918.  Tableau  des  dernières  angoisses  et  des  efforts  des 
Alliés  que  la  victoire  devait  définitivement  couronner  (in-12  de  370  p. 
Prix  :  3  fr.  50).  —  N"  165.  Le  Bolchevisme  en  Russie.  Livre  blanc 
anglais  (avril  1919)  (in-12  de  239  p.  Prix  :  3  fr.  50).  La  courte  Intro- 
duction placée  en  tête  de  ce  volume  en  explique  bien  le  'contenu  ; 
nous  la  reproduisons  intégralement  :  «  Le  recueil  des  rapports  qui 
suivent  et  qui  émanent  des  représentants  officiels  de  Sa  Majesté  le 
Roi  en  Russie,  d'autres  sujets  britanniques  récemment  de  retour  de 
ce  pays  et  de  témoins  impartiaux  de  nationalités  diverses,  s'étend  sur 
a  période  du  régime  bolcheviste,  de  l'été  1918  jusqu'aujourd'hui 
(mars  1919).  Ces  rapports  sont  publiés  en  conformité  d'une  décision 
du  Cabinet  de  guerre,  prise  en  janvier  1919.  Ils  ne  sont  accompagnés 
d'aucune  espèce  de  commentaire  ni  d'introduction.  Ils  sont  suffisam- 
ment éloquents  par  le  tableau  qu'ils  présentent  des  principes  et  des 
méthodes  du  pouvoir  bolchevik,  des  événements  terrifiants  qui  en 
accompagnaient,  l'exercice,  des  conséquences  économiques  qui  s'en 
sont  suivies  et  de  la  misère  presque  incalculable  qu'il  a  produite.  » 
Les  7  dernières  pages  sont  occupées  par  une  «  table  des  matières  » 
qui  est,  en  réalité,  une  claire  analyse  des  61  pièces  d'étendue  très 
variable  qui  ont  trouvé  place  dans  ce  volume  dont  le  tirage  a  déjà 
atteint  4000  exemplaires.  —  N°  166.  Le  Paris  pendant  la  guerre,  de 
M.  Gaston  Cerfberr  (in-12  de  110  p.  Prix  :  '1  fr.  50)  retrace,  sans 
hors-d'œuvre  inutile,  l'état  moral,  matériel,  politique  et  administratif 
de  la  capitale,  avec  aussi  quelques  détails  militaires.  On  trouvera  là 
des  précisions,  des  chiffres,  le  prix  des  denrées,  les  résultats  des 
souscriptions  aux  emprunts,  les  budgets  municipaux,  les  recettes  des 
théâtres  et  quantité  d'autres  choses  qui  rentrent,  à  divers  degrés, 
dans  ce  qui  constitue  la  vie  générale  de  la  grande  ville.  On  ne  saurait 
étudier  convenablement  l'histoire  delà  guerre  de  1914-1919  sans  se 
rendre  compte  de  ce  que  fut  la  vie  de  Paris  pendant  ces  quatre  années 
d'épreuves  de  toutes  sortes.  —  N°  167.  Les  Communiqués  officiels 
depuis  la  déclaration  de  guerre.  XXXIX.  Octobre-décembre  191S  (suite 


—  261  — 

chronologique  des  dépêches  du  gouveiuemenl  français)  (in-12  de 
170  p.  Prix  :  3  fr.)-  —  N°  168.  Trailé  de  Versailles  1919  (in-12  de 
242  p.  Prix  :  3  fr.  50).  On  sait  que  c'est  le  7  mai  1919  que  le  texte  du 
traité  «le  paix  fut  remis  aux  plénipotentiaires  allemands  et  que  sa 
signature  eut  lieu  le  30  juin.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler  ici  les 
15  divisions  de  ce  document  diplomatique  :  I.  Pacte  de  la  Société  des 
nations;  II.  Frontières  d'Allemagne;  III.  Clauses  politiques  euro- 
péennes ;  IV.  Droits  et  intérêts  allemands  hors  de  l'Allemagne  ;  V. 
Clauses  militaires,  navales  et  aériennes  ;  VI.  Prisonniers  et  sépul- 
tures ;  VII.  Sanctions;  VIII.  Réparations  ;  IX.  Clauses  financières; 
X.  Clauses  économiques;  XI.  Navigation  aérienne;  XII.  Ports,  voies 
d'eau  et  voies  ferrées;  XIII.'  Travail;  XIV.  Garanties  d'exécution  ; 
XV.  Clauses  diverses.  —  X*'  109.  Encore  un  volume  relatif  à  la 
Chronologie  de  la  guerre;  c'est  le  dixième.  Il  va  du  1"^  janvier  au 
30  juin  1919  (in-12  de  204  p.  Prix  :  3  fr.).  Que  de  choses  en  peu  de 
mots  !  —  Et  voici,  avec  le  n"  170,  le  Traité  de  Saint-Germain  que,  le 
iO  septembre  1919,  l'.Autriclie  a  signé,  acceptant  son  démembrement 
et  sa  complète  déchéance  comme  grande  puissance.  L'empire  des 
Habsbourg,  qui  a  longtemps  marqué  dans  l'histoire  européenne,  n'est 
plus  qu'un  petit  État  dont  le  rôle  ne  peut  encore  être  défini.  Quant  à 
son  destin  ni  ses  amis,  ni  ses  ennemis,  ni  lui-même  ne  sauraient 
dire  ce  qu'il  sera  ;  Dieu  seul  le  connaît. 

—  Les  fascicules  30  et  31  de  l'Histoire  générale  et  anecdotique  de 
la  guerre  de  191U,  par  M.  Jean-Bernard,  comprennent  les  chapitres  IV 
et  V  du  tome  IV  et  le  début  du  chapitre  VI  (Nancy-Paris-Strasbourg, 
Berger- Levrault,  2  br.  gr.  in-8  paginées  113  à  208,  avec  carte  et  de 
nombreuses  illustrations.  Prix  du  fascicule  :  0  fr.  75).  Sommaire  du 
30e  fascicule  :  L'Affaire  de  Festubert.  A  Notre-Danie-de-Lorette.  Le 
Cuirassier  épique.  Un  menu  de  Noël.  Carency.  Avec  les  garibaldiens. 
Un  Zeppelin  sur  Nancy.  —  Sommaire  du  31'  fascicule  :  Le  Général 
JofTre  à  ïhann.  Line  Classe  française  en  Alsace.  Guillaume  II  et  le 
Dieu  allen)and.  Les  Socialistes  allemands  et  la  Guerre.  Quelques 
ambassadeurs  allemands.  Le  «  Mémoire  du  prince  Lichnowsky  ».  La 
Propagande  allemande  aux  États-Unis.  Une  légende  sur  la  grande- 
duchesse  de  Luxembourg.  Religieuses  allemandes  au  pas  de  l'oie.  — 
M.  Jean-Bernard,  qui  puise  à  des  sources  nombreuses  et  variées,  conte 
toujours  avec  entrain  ;  les  tableaux  quil  fait  ici  de  la  barbarie 
allemande  sont  particulièrement  émouvants  et  irritants. 

—  Le  Monténégro  devant  la  conférence  de  la  paix,  par  Yovan  Pla- 
menatz  (Paris,  Lang  et  Blanchong,  1919,  3  fasc.  gr.  in  8  de  14,  29  et 
16  p.).  La  situation  présente  du  Monténégro  et  de  la  dynastie  monté- 
négrine est  loin  d'être  claire.  A  plus  d'un  point  de  vue.  il  semble  que 
l'unité  de  la  race  serbe  réclame  l'unité  de  gouvernement  et  que  l'an- 


—  262  — 

cienne  principaulé  doive  se  fondre  dans  le  royaume  yougoslave.  Un 
valeureux  peuple  a  su  rester  indépendant  au  milieu  delà  marée  mon- 
tante de  l'islamisme  ;  son  histoire  est  une  rude  et  glorieuse  épopée, 
mais  son  rôle  n'est-il  pas  terminé?  Non,  dit  M.  Plamenatz.  ministre 
du  roi  Nicolas  ;  il  ne  fait  que  commencer.  Avec  la  souplesse  d'un 
adroit  avocat,  ce  diplomate  soutient  les  revendications  de  son  peuple, 
à  moins  que  ce  ne  soit  que  celles  de  son  souverain  pratiquement 
détrôné.  Non  seulement  il  se  défend,  mais  il  attaque  et  cherche  à 
montrer  que  l'intégrité  du  Monténégro  ne  sera  acquise  que  par  l'an- 
nexion de  l'Herzégovine  et  de  Cattaro.  C'est  un  beau  plaidoyer  mais 
qui  nous  paraît  trop  habile  pour  ne  pas  exciter  la  méfiance  des  juges. 

ViSKINOT. 

QUELQUES  RÉCENTES  PUBLICATIONS  ILLUSTRÉES 

1.  La  France  héroïque  et  ses  alliés,  par  Gustave  Geffroy,  Léopold- 
Lacour  et  Louis  Lumet.  Tome  II.  Paris,  Larousse,  s.  d.,  (1920),  gr.in-4de 
324  p.,  avec  692  reproductions  photographiques,  25  pLinches  hors  texte 
en  noir  et  en  couleurs,  5  cartes  en  couleurs  et  9  cartes  en  noir.  Bro- 
ché, 35  fr.  ;  relié  dos  chagrin,  plats  toile,  fers  spéciaux,  55  fr.  —  2.  La 
Mine  d'or  infernale,  par  Georges  Price.  Tours,  Marne,  1920,  in-4  de 
285  p.,  illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte  de  A.  Robida.  Relié  toile 
pleine,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  15  fr.  —  3.  Pierre  DarCay,  prison- 
nier de  <|uerre,  i)ar  Bougarel-Boudeville.  Tours,  Marne.  1920,  in-4 
de  2:23  p.,  illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte  de  Paul  Avril.  Relié 
percaline  fantaisie,  plaque  spéciale,  tr.  dorées,  13  fr.  —  4.  A.  K.  C,  par 
Jules  Lemaitue.  Tours,  Marne,  s.  d.  (1920),  album  in-4  de  34  p.,  avec  des 
images  de  Job  (en  couleurs).  Cartonné  dos  toile,  plats  or  et  couleurs, 
15  fr.  — •  5.  Bécassine  en  apprentissage.  Paris,  Gautier  et  Langue- 
reau,  s,  d.,  (1919),  album  gr.  in-8  de  61  p.,  illustrations  en  couleurs  de 
J.  PiNCHON.  Broché,  6  fr.  ;  cartonné,  couvertures  en  couleurs,  7  fr.  150. 
—  6.  Les  Livres  roses  pour  la  jeunesse.  Série  de  1919,  24  petits 
volumes  n'"  241  à  264,  in-12  de  chacun  32  p.,  illustrés.  Dans  un  emboî- 
tage carton,  5  fr.  50.  —  7.  Le  Monde  illustré,  revue  française  et 
du  foyer,  hebdomadaire  universel.  63**  année.  2'  semestre  1919.  Paris, 
13,  quai  Voltaire,  in-folio  de  492  p.  Abonnement  annuel  :  France,  72  fr.  ; 
Etranger  92  fr.  —  S.  La  Semaine  de  Suzette.  15'  année,  1«>"  semes- 
tre (6  février-31  juillet  1919.  Paris,  Gautier  et  Langucreau,  gr.  in-8  de 
314  p.,  avec  de  très  nombreuses  grav.  en  noir  et  en  couleurs.  Abonne- 
ment .'uHiuel  :  France  et  Algérie,  10  fr.  ;  étranger  et  colonies,  12  fr.  ;  le 
vol.,  broché.  5  fr.  50  ;  cartonné  dos  toile,  7  fr. 

1.  —  MM.  Gustave  Geffroy,  Léopold-Lacour  et  Louis  Lumet  vien- 
nent d'achever  par  la  publication  d'un  second  volume  le  monument 
qu'ils  ont  érigé  à  la  gloire  de  la  France  héroïque  et  ses  alliés.  Nos  lec- 
teurs se  souviennent  sans  doute  que  le  récit  écrit,  sinon  au  jour  le 
jour,  du  moins  au  cours  même  des  événements  et  sous  leur  poussée, 
sous  leur  impression  directe,  s'arrêtait  dans  le  premier  volume  au 
début  de  mai   11)16  et  nous  montrait  les  Alliés  n'ayant  plus  qu'un 


—  2H3   - 

Front  ot  qu'inif^  volonté.  El  s'il  y  eut  des  inornonls  bien  durs,  si  la 
•  fortune  o  pu  à  fiuelques-uns  painître  hésitante,  la  progression  victo- 
rieuse n'en  a  pas  moins  poursuivi  son  chemin  jusqu'à  cet  armistice 
du  11  noveinl>re  1918  qui  a  écarté  le  cauchemar  (pii  pesait  sur  l'En- 
:  rope  et  sur  le  monde.  Le  volume  commence  par  les  éniolions  dou- 
loureuses de  l'expédition  maïupiée  des  Dardanelles,  de  l'écrasement 
de  la  Serbie,  mais  il  se  continue  par  l'épopée  de  Verdun,  par  la  ba- 
taille du  Jutland.  par  la  conquête  des  colonies  allemandes.  El  si  la 
Hussie  fait  défection  et  sombre  dans  le  bolchevisme  où  elle  se  débat 
encore,  voici  les  États-Unis  qui  viennent  à  la  rescousse  et  qui  aident 
à  donner  le  dernier  coup  de  cognée  à  larbre  pouri  ides  HohenzoUern. 
Et  l'on  revit  dans  le  livre  de  MM.  GefFroy,  LéopoKl-Lacour  et  Lumel 
ces  alternatives  de  crainte  et  de  gloire  qui,  sous  la  direction  géniale 
et  victorieuse  de  Foch,  ont  abouti  au  triomphe  définitif.  Des  chapitres 
spéciaux  et  non  dépourvus  d'intérêt  sont  consacrés  à  la  Pensée  el 
l'Art  pendant  la  guerre,  à  l'Effort  de  la  France  derrière  le  Front,  à  la 
Solidarité  nationale,  au  Parlement,  nous  devons  regretter  que  les 
auteurs,  qui  mettent  en  lumière  les  services  et  l'héroïsme  de  la  plu- 
part des  classes  de  la  société,  même  des  parlementaires,  passent  à 
peu  près  complètement  sous  silence  le  rôle  du  clergé.  C'est  une  lacu- 
ne dans  un  ouvrage  d'ailleurs  fort  intéressant,  que  l'on  lira  avec 
plaisir  et  qui,  par  la  richesse  et  le  choix  des  illustrations,  constitue 
un  véritable  musée  de  la  guerre  la  plus  terrible  que  le  monde  ait 
subie  jusqu'ici.  L'impression  dece  beau  volume  fait  honneur  aux  pres- 
ses de  la  maison  Larousse.  La  France  héroïque  et  ses  alliés  est  un 
des  plus  beaux  cadeaux  d'élrennes,  un  des  meilleurs  livres  de  biblio^ 
thèque  qui  aient  paru  cette  année. 

2.  —  Une  mission  française,  sous  le  commandement  d'un  lieute- 
nant de  vaisseau  énergique  et  instruit,  André  Destenay,  a  été  envoyée 
en  Afrique  pour  établir  des  postes  de  télégraphie  sans  fil  dans  la 
région  du  Tchad,  puis,  après  s'être  entendue  avec  les  divers  Ktals 
ayant  des  possessions  voisines,  traverser  la  Rhodésia  et  gagner  la  côle 
orientale  de  l'Afriq'ue  du  sud  pour  s'y  embarquer  et  rentrer  en  France. 
Or,  quand  cette  mission,  composée  de  personnalités  fort  diverses 
arriva  dans  le  nord  du  Transvaal,  en  août  1914,  elle  reçut  l'hospita- 
lité d'Anglais  exploitant  une  mine  d'or  appelée  ((Terre-Promise.  »  Le 
directeur  de  cette  mine  et  son  adjoint,  un  Français,  apprirent  à 
Destenay  et  à  ses  compagnons  que  la  guerre  avait  éclaté  entre  l'Alle- 
magne et  l'Autriche,  d'une  part,  et  la  France,  la  Russie  et  l'.^ngle- 
terre,  de  l'autre.  La  région  étant  voisine  d'une  colonie  allemande, 
les  hostilités  ne  tardèrent  pas  à  s'ouvrir  entre  Allemands  et  Anglais: 
les  premiers  convoitant  la  mine  d'or  possédée  par  les  seconds.  C'est 
alors  que  Destenay,  à  la  tête  des  Européens  renforcés  de  travailleurs 


—  264  — 

noirs,  prit  en  mains  la  conduite  des  opérations  militaires  dans  ce 
coin  d'Afrique  appartenant  à  nos  alliés.  Les  exploits  accomplis  par 
les  braves  Franco-Anglais  sont  presque  fabuleux  :  après  avoir  victo-- 
rieusement  défendu  la  Mine  d'or  infernale  de  Terre-Promise,  ils 
capturent  un  état-major  allemand  et  leurs  soldats  blancs  et  noirs,  ils 
conquièrent  en  courant  le  colonie  de  Goluwayo  et  sa  capitale  Willehm- 
stadt  et  finalement  s'emparent  d'un  sous-marin  avec  lequel  ils  gagnent 
Diego-Suarez.  Ces  quelques  lignes  ne  peuvent  donner  une  idée  com-- 
plète  de  ce  récit  passionnant,  rempli  d'aventures  où  l'héroïsme  cou- 
doie un  comique  réussi  dont  le  héros  est'  un  chasseur  de  fauves, 
parent  de  l'illustre  Tartarin  de  Tarascon  et  aussi  spirituel  que  brave 
et  avisé.  L'illustration,  confiée  au  maître  Robida,  relève  encore  le 
mérite  du  roman  de  M.  Georges  Price,  qui  enthousiasmera  ia  jeu- 
nesse. Et  la  jolie  reliure' dont  il  est  paré  ne  sera  pas  pour  nuire  à  son 
succès. 

3.  —  Dans  un  livre  très  vivant  et  agréablement  illustré,  qui  ne 
pourra  manquer  d'intéresser  les  jeunes  lecteurs  auxquels  il  s'a- 
dresse, M.  Bougarel-Boudeville  nous  retrace  les  aventures  de 
Pierre  Bartay  prisonnier  de  guerre.  Parti  comme  tant  d'autres  aux 
premiers  jours  de  la  mobilisation,  laissant  à  Paris  une  mère  et  une 
sœur  tendrement  aimées  et  un  jeune  cousin.  Biaise,  que  sesinfirmid's 
empêchent  d'être  mobilisé,  mais  qui  en  souffre  comme  d'une  tare  ot 
qui  sera  heureux  de  mourir  d'une  bombe  lancée  par  un  zeppelin. 
Pierre  Bartay  ne  tarde  pas  à  être  fait  prisonnier  à  Maubeuge.  La  vie 
des  prisonniers,  la  façon  dont  ils  acceptent  leur  captivité,  l'ingénio- 
sité qu'ils  emploient  à  s'organiser,  la  conduite  des  Allemands,  I'mm' 
mentalité  sont  exposées  ici  sans  exagération,  avec  la  véracité  d'un 
homme  qui  a  lu  les  multiples  documents  que  nous  possédons  sur  l;i 
matière  et  qui  sait  les  utiliser.  Bartay,  comme  d'autres,  n'a  qu'un 
désir  :  c'est  de  s'évader  pour  venir  reprendre  sa  place  par  miles  défen- 
seurs de  la  patiie.  Après  une  tentative  infructueuse  au  camp  de 
Friedrichsfeld,  il  est  envoyé,  avec  une  équipe  de  carriers,  à  AA'ulfralh, 
près  d'Essen.  C'est  de  là  qu'après  des  péripéties  émouvantes  il  p.ir- 
vient  à  gagner  la  Hollande  avec  un  camarade.  Est-il  besoin  de  dire 
(ju'une  haute  pensée  chrétienne  anime  le  livre  d'un  bout  à  l'autre  ?  11 
y  a  là  notamment  sur  le  rôle  des  aumôniers  à  la  guerre  et  dans  les 
camps  de  prisonniers  d'excellentes  pages.  11  est  regrettable  que  de 
ci,  de  là  les  mots  allemands  soient  écorchés  ;  on  dit  Komniandanliir 
et  non  Konunandatnr  ;  on  écrit  Fraa  et  non  Fraiï. 

4.  — 11  paraîtra  assez  extraordinaire  à  beaucoup  de  gens  que  laca- 
démicien  Jules  Lemaître  ait  composé  pour  les  enfants  des  contes  très 
courts,  jolis,  amusants,  comportant  de  petites  leçons  de  morale.  Mais 
leur   étonnemenl    cessera    aj)rcs     lecture  de  la   Préface   explicntivo 


—  265  — 

mise  par  M""  Myriarn  Ilariy  en  liHe  de  lalhuni  qui  emprunte  son 
titre  aux  trois  premières  lettres  de  l'alphabet  :  A.  li.  (1.  Les  éditeurs 
ont  adjoint  à  l'auteur  un  «  imaj^ier  »  de  grand  et  original  talent: 
Job.  Si  bien  que  l'albun»  dA  à  la  collaboration  de  l'écrivain  et  de 
l'artiste  forme  l'un  des  plus  gracieux  cadeaux  qui  soit  possible  d'of- 
frir aux  enfants  de  sept  à  dix  ans.  Nous  ne  douions  pas,  d'ailleurs, 
que  les  parents,  eux  aussi,  seront  charmés  par  les  petits  récits  de 
l'académicien  et  plus  encore  peut-être  par  les  riches  compositions 
eu  couleurs  de  Job.  On  ne  peut  que  féliciter  la  maison  Marne  —  et 
même  l'admirer  —  d'avoir  pu  exécuter  une  publication  d'un  tel  luxe 
en  des  temps  si  difficiles. 

5.  —  Les  aventures  de  «  Bécassine  ».  l'invraisemblable  petite  Bre- 
tonne classée  actuellement  comme  type,  ont  déjà  fait  l'objet  de  cinq 
albums.  Celui  que  nous  annonçons  :  Bécassine  en  apprentissage, 
devait,  dans  l'énsenible,  tenir  le  n"  2  ;  mais  diverses  circonstances 
ont  obligé  les  éditeurs  à  ne  le  faire  paraître  qu'aujourd'hui.  C'est 
donc  le  sixième  album  dont  Bécassine  est  la  réjouissante  héroïne. 
Nous  la  voyons  d'abord  entrer,  sous  les  auspices  de  M"'«  de  Grand- 
.\ir,  comme  apprentie  chez  une  couturière  de  Quimper,  M""'  Ouiquou. 
dans  l'atelier  où  le  magasin  de  laquelle,  avec  une  bêtise  souriante, 
elle  se  rend  coupable  de  tant  de  méfaits  qu'elle  comprend  elle-même 
que  le  mieux  est  de  s'en  aller.  Elle  trouve  ensuite  à  s'employer, 
encore  à  Quimper,  chez  un  ami  de  sa  famille  qui  tient  l'hôtel  du 
Soleil  d'or.  Là,  les  sottises  dont  elle  est  coutumière  s'accumulent  au 
point  que  ses  seconds  maîtres  la  mettent  finalement  à  la  porte.  C'est 
alors  que  son  oncle,  qui  l'excuse  en  toutes  choses,  lolfre  à  M""®  de 
Grand-Air,  qui  la  prend  à  son  service.  Pauvre  Bécassine  !  Il  semble 
que  sa  raison  d'être  est  de  comprendre  invariablement  de  travers  et 
d'agir  en  conséquence.  Les  images  aussi  nombreuses  que  désopilantes 
de  M.  Piuchon  sont  commentées  avec  un  esprit  des  plus  primesau- 
tiers. 

6.  —  La  nouvelle  série  des  Lirres  roses  pour  la  jeunesse  n'est  plus, 
cette  année,  entièrement  consacrée  aux  choses  de  la  gueiie  :  mais  bon 
nombre  de  ces  petits  volumes  y  ont  trait  encore  ;  les  autres  offrent 
des  récits  variés,  dont  l'action  se  passe  en  des  pays  fort  divers,  ou 
renferment  des  contes  amusants,  même  des  comédies.  Et,  comme  il 
en  paraît  deux  par  mois,  la  série  de  1919  forme,  comme  les  précé- 
dentes, 24  volumes  de  chacun  32  pages.  En  voici  l'énoncé  :  N°  241. 
Le  Petit  Patriote,  par  M.  Charles  Guyon  (H  gravuresL  —  N"  242.  Le 
Petit  Inventeur,  par  M.  H. -Pierre  Linel  (11  gravures).  —  N°  243.  Au 
fond  delà  Sibérie,  par  M.  Charles  Guyon  (12  gravures).  —  V  244. 
Jour  de  victoire  {Il  novembre  Î91S).  pièce  en  deux  actes,  par  M.  Henri 
Pellier  (14  gravures).  —  N°  245.  La  Haine  du  fakir,  par  M.  Charles 


—  2GH   — 

'  Guyon  (11  gravures).  —  N°  246.  Les  Petits  Français  an  Japon,  par  le 
même  (12  gravures).  —  N''  247.  La  Donne  Peille  Anglaise,  par  M.  Louis 
Dorey  (12  gravures).  —  N"  248.  Excursions  d'un  jeune  Français  au 
bord  du  lac  Léman,  par  M.  Charles  Guyon  (12  gravures).  —  N»  249. 
Les  Écoliers  norvégiens,  par  M.  René  Samoy  (12  gravures).  ^-  N°  250. 
Guignol  fait  la  guerre,  par  M.  Gaston  Cony  et  Luc  Mégret,  comédie 
en  un  acte  (9  gravures).  —  N»  251.  (Jinq  Histoires  de  «  Poilus  »,  par 
le  sous-lieutenant  Georges  Thomas  (12  gravures).  —  N"  252.  Les  Pre- 
mières Armes  du  chevalier  Bayard,  par  M.  Pierre  Hellin  (U  gra- 
vures). —  N"  253.  La  Dentellière  et  le  carillonneur  de  Bruges,  par 
M.  Luc  Mégret  (1 1  gravures).  —  N"  254.  Les  Débuis  d'un  grand  inven- 
teur, par  M.  H. -Pierre  Linel  (12  gravures).  —  N°  255.  Bob,  le  petit 
Écossais,  par  M.  Charles  Guyon  (12  gravures).  — N°  256.  Oulo,  le 
petit  Canaque,  par  M.  Louis  Dorey  (12  gravures).  —  N°  257.  Le  Dor- 
meur éveillé,  conté  des  Mille  et  une  Nuits,  adaptation  pour  les  enfants 
(16  gravures).  —  N''  258.  La  Ville  aux  cent  pagodes,  par  M.  Maurice 
Faruey  (12  gravures).  —  N''  259.  Les  Petits  Écoliers  alsaciens  sous  la 
domination  allemande,  par  M.  Charles  Guyon  (12  gravures).  —  N"  260- 
Fn  l'an  1950,  par  MM.  Lorbert  et  H.  Pellier  (11  grav.).  —  N-^  261.  Le 
Bai  des  corsaires,  par  M.  Malo  Renault  (14  gravures).  —  xN"  262.  Mé- 
saventures de  deux  petits  diables,  par  M.  René  Samoy  (12  gravures). 
■ —  N"^  263.  Comment  on  fait  son  avenir,  par  M.  Pierre  Hellin.  — 
N"  264.  Dans  les  prairies  du  Canada,  par  M.  Maurice  Farney.  —  Cet 
ensemble  constitue  pour  les  enfants  de  8  à  12  ans  un  cadeau  d'étrennes 
qui  sera  apprécie.  U  a  aussi  l'avantage,  qui  n'est  pas  à  dédaigner  par 
le  temps  qui  court,  —  comme  l'on  dit.  —  de  ne  pas  trop  grever  la 
bourse  des  donateurs. 

7.  —  Depuis  le  21  juin  dernier,  le  Monde  illustré  a  marqué  une 
nouvelle  étape  de  son  existence  déjà  longue  (63  ans).  Par  suite  de 
trois  annexions  qui  promettent,  le  titre  de  ce  beau  périodique  est 
devenu  le  suivant  :  Le  Monde  illustré.  Revue  française  et  du  foyer.  Le 
deuxième  semestre  de  1919  que  nous  avons  sous  les  yeux,  est  parti- 
culièrement attachant  et  important  :  on  y  recourra  souvent,  car  il  est 
documentaire.  Il  est  en  effet  question  de  choses  telles  que  le  Traité 
de  paix  de  Versailles  et  de  ceux  conclus  successivement  avec  l'Au- 
triche et  la  Bulgarie.  Et  ce  n'est  pas  seulement  par  des  articles,  mais 
.aussi  et  surtout  par  l'image,  fixation  sur  le  papier  de  la  physionomie 
des  hommes  et  de  l'aspect  des  choses  du  moment,  que  le  nouveau 
Monde  illustré  sollicite  el  retient  l'attention.  11  n'est  guère  utile  d'in- 
sister sur  tous  les  faits,  sur  toutes  les  scènes  résultant  des  circons- 
tances militaires  et  politiques  que  l'on  trouvera  ici  exposés  par  une 
rédaction  précise  ou  une  illustration  aussi  soignée  qu'abondante  : 
notons   cependant,    en    courant,    les    fêtes   de    la    victoire   à    Paris, 


--  2(\1  — 

Londres.  Bruxellos.  New  York,  plc,  ;  los  visites,  les  uns  chez  les 
mitres,  des  ciicCs  des  gouvernements  .lUiés  ;  des  «articles  sur  la  Révo- 
lution russe  et  sur  la  Pologne,  la  célébration  du  retour  à  hi  mère 
patrie  dans  toutes  les  villes  d'Alsace  et  de  Lorraine  ;  les  pèlerinages 
iiiriciels  aux- pays  dévastés,  etc.,  etc.  A  noter  aussi  deux  grands 
romans,  forts  diiïérents  l'un  de  l'autre,  et  qui  ont  plu  ou  plairont  à 
tout  le  monde  :  La  Femme  sans  nom,  drame  judiciaire  de  la  fin  du 
wiir  et  du  début  du  xix"  siècle,  par  M.  G.  Lenotre  et  la  Marquise  de 
Heure  {19i'2-t9 Ui),  par  M.  Paul  Ilarel.  Deux  écrivains  de  talent  : 
M.  Henry  Bordeaux,  de  l'Académie  française,  et  M.  Antoine  Rediei , 
([ui  a  dirigé  avec  succès  jusqu'à  la  veille  de  la  guerre  l'excellente  liei'ue 
française,  rédigent  ici,  régulièrement  chaque  semaine,  le  premier, 
uiie  chronique  vivante,  pittoresque  et  variée  de  la  Vie  française,  le 
second,  un  intéressant  Courrier  de  Paris.  Parmi  les  pins  beaux  nu- 
méros de  celte  période  semestrielle,  celui  de  Noël  séduira  les  plus 
(lilHciles.  II  éxoque  l'Orient,  soit  par  i\os  J/issions  d'Orient,  de 
M.  Henry  Bordeaux,  soit  par  l'article  de  notre  collaborateur  M.  Gus- 
tave Gautherot.  relatif  à  l'Occupation  française  de  la  Syi-ie  et  de  la 
Cllicie,  soit  enfin  par  le  travail  de  M.  Louis  Madelin  sur  les  Croisades. 
Cet  ensemble,  où  le  passé  et  le  présent  s'unissent  à  merveille,  est 
relevé  d'une  illustration  plus  luxueuse  encore  que  d'habitude,  car  elle 
comporte,  entre  autres  choses,  sept  grandes  scènes  en  couleurs,  dont 
trois  forment  un  admirable  triptyque.  On  le  voit,  et  nous  ne  l'appren- 
drons à  aucun  lecteur  du  Polybiblion,  le  Monde  illiislrc  est  autant  un 
;ilbum  de  haut  goût,  ayant  sa  place  dans  tous  les  grands  salons,  qu'une 
revue  intéressante,  actuelle  toujours  et  souvent  rétrospective. 

8.  —  Les  petites  filles  de  buit  à  quatorze  ans  ont  fait  et  feront  leurs 
délices  de  la  Semaine  de  Suzetle,  que  la  librairie  Gautier  et  Langue- 
leau  édite  pour  elles  spécialement  depuis  quatorze  armées  accomplies. 
!.e  volume  que  nous  recommandons  pour  elles  à  leurs  parents  corres- 
[)ond  au  premier  semestre  de  la  quinzième  année  et  reste  tout  à  fait  à 
la  hauteur  de  ses  devanciers.  Nous  trouvons  là  d'abord  quatre  romans 
intéressants  :  Le  Charmeur  de  serpents,  par  M.  Léon  Lambry  <;  La 
Fille  du  forestier,  par  M""  Jane  de  Carrières  ;  Les  Galons  de  Passe- 
reau, par  M.  Froment  et  les  Petits  Héros  de  l'arrière,  par  M""  Ch.  Pe- 
ronnet.  Ensuite  quelques  nouvelles  gracieuses,  des  contes  amusants, 
lie  nombreuses  Historiettes  illustrées,  parmi  lesquelles  Bécassine  chez 
tes  Turcs  est  de  beaucoup  la  plus  importante  ;  puis  des  comédies,  des 
saynètes,  des  monologues.  Une  spécialiste,  qui  signe  «  Tante  Jacque- 
line »,  explique,  en  de  fréquentes  causeries  appuyées  de  dessins, 
comment  il  convient  d'habiller  la  poupée  «  Bleuette.  d  Le  volume 
traite  encore  quantité  d'autres  sujets  où  abondent  les  leçons  de  choses. 
Les  illostrations  en  noir  et  en  couleurs  occupent  dans  ce  recueil  une 


—  2f)8  — 

place  presque  aussi  considérable  que  le  texte.  Conclusion  :  la  Semaine- 
de  Suzetle  sera  bien  accueillie  par  les  fillettes  de  toutes  les  classes- 
sociales.  V18ENOT. 

THÉOLOGIE 
Les  Écritures   manichéennes,  par  Prosper  Alfaric.  Paris,  Emile 
Nourrit.  19i8,  2  vol.  in-8.  I.  Vue  générale,  iii-15ip.  —  II.  Étude  analytique, 
240  p. 

Au  sentiment  de  l'auteur,  les  Écritures  manichéennes  sont  non 
seulement  les  ouvrages  de  Manietdeses  principaux  disciples,  qui  ont 
été  regardés  «  comme  la  Bible  des  vrais  croyants  »  de  la  secte,  mais 
encore  des  écrits  gnostiques,  qui  «  constituaient  comme  une  Bible 
de  second  ordre  »  et  même  des  écrits  juifs,'  chrétiens  et  païens,  dont 
les  manichéeus  se  sont'servis  et  dont  ils  ont  adopté  certaines  tradi- 
tions. Il  prétend,  pour  des  raisons  insuffisantes,  que  tous  étaient 
tenus  dans  la  secte  dualiste  pour  inspirés,  officiels,  régulateurs  de 
la  foi  hérétique,  canoniques  (I,  p.  30j.  et  il  affirme  qu'à  l'exemple- 
de  l'Église  catholique,  l'Église  manichéenne  avait  un  catalogue  de 
livres  saints,  imposé  aux  croyants.  Toutefois,  il  est  obligé  de  recon- 
naître que  «  ce  nouveau  Canon  ».  loin  d'être  immuable,  a  beaucoup 
varié.  En  bien  des  lieux,  des  œuvres  nouvelles  ont  remplacé  d'autres 
vieillies  (II,  p.  227).  Les  catalogues  s'allègent  avec  le  temps  et  ils 
varient  avec  les  pays  d'où  ils  proviennent,  Enfin,  des  schismes  se 
sont  produits  à  diverses  époques,  et  les  sectes  rivales  avaient  des 
Écritures  différentes,  comme  les  doctrines  qu'elles  garantissaient. 
Les  écrits  de  Mani  eux-mêmes  ont  constitué  des  recueils  plus  ou 
moins  développés  :  M.  Alfaric  les  nomme  Tétrade,  Pcntateuque,. 
Heptateuque.  selon  qu'ils  contenaient  trois,  cinq  ou  sept  ouvrages- 
de  l'hérésiarque.  Il  y  a  en  tout  cela  un  abus  de  termes,  provenant 
d'une  fausse  comparaison  des  soi-disant  Écritures  manichéennes 
avec  les  Écritures  inspirées  des  Juifs  et  des  catholiques. 

La  Vue  générale  expose  la  constitiilionel  l'histoire  de  ces  Écritures. 
La  conslitiilion  comprend  leur  origine  qui  provient  des  trois  sources 
indiquées  et  leurs  caractères  généraux  sous  le  rapport  de  l'enseigne- 
ment et  de  la  forme  littéraire.  L'histoire  comporte  leur  propagation 
dans  la  chrétienté  et  hors  d'elle,  durant  une  dizaine  de  siècles,  depuis 
les  provinces  les  plus  reculées  de  l'Espagne  jusqu'au  fond  de  la 
Chine,  leur  disparition  de  ces  mêmes  contrées  et  leur  survivance.  II 
n'en  reste  que  des  débris,  conservés  par  des  auteurs  chrétiens  du 
m*  au  ix«  siècle,  par  des  historiens  arabes,  persans  et  chinois  du  ix*^ 
au  xv«  siècle  et  par  des  manuscrits  découverts  au  xix'  dans  plusieurs 
villes  du  Turkestan  chinois,  à  Tourfan  et  à  Touen  houang.  M.  Alfaric 
les  réunit  tous,  et  son  répertoire  est  intéressant. 


—  2()fl  — 

L'Élude  analytique  traite  avec  plus  de  détails  de  chacune  des  caté- 
•gories  des  Écritures  manicht'euiies.  L'auleur  cherche  à  rattacher  aux 
écrits  de  Mani  les  fragments  qui  nous  sont  parvenus.  Ses  inductions 
ne  sont  pas  toutes  certaines,  quoique  la  plupart  soient  vmiseniblables. 
Les  écrits  dos  disciples  immédiats  mi  phis  tardifs  sont  historiques, 
didactiques  ou  liturgiques.  Ils  ont  moins  de  valeur  et  ils  ont  exercé 
une  influence  moindre  que  ceux  du  maître.  Il  me  j)araît  fort  donteux 
qu'ils  aient  été  regardés  comme  inspirés.  Les  écrits  juifs  et  chrétiens, 
adoptés  dans  quelques  milieux  manichéens,  devraient  plutôt  être 
considérés  comme  des  livres  apocryphes,  Mani  étant  l'adversaire 
des  Juifs  et  supprimant  du  Nouveau  Testament  les  textes  qui  ne 
cadraient  pas  avec  sa  théologie.  D'ailleurs,  M.  A.lfaric  n'a  pas  réussi 
à  fixer  les  recensions  de  ces  écrits,  que  les  manichéens  ont  pu  avoir 
à  leur  disposition.  Il  n'a  pas  connu  plusieurs  livres  récents  qui 
auraient  pu  l'aider  dans  cette  recherche.  Toutes  les  fautes  d'im- 
pression n'ont  pas  été  relevées  dans  les  deux  listes  d'errata,  qui  ont 
été  dressées.  Un  lecteur  judicieux  fera  aisément  le  départ  entre  les 
données  acquises  de  cet  ouvrage  et  quelques  vues  particulières  de 
l'historien  du  canon  des  Écritures  manichéennes. 

E.  Mangenot. 

L'Anaphoi'e  apostolique   et    ses   témoins,   par   Doni    Paul   Gagin. 

Paris,  Lethielleux,  1919.  in-l6  de  xii-383  p.  —  Prix  :  7  fr. 

En  signalant  ici,  il  y  a  quelques  années  {PolybUAion  de  juin  1913, 
t.  CXXVII.  p.  504-306),  lEacharistia  de  Dom  Paul  Cagin,  je  disais  que 
la  discussion  m'y  paraissait  menée  avec  une  admirable  clarté  et  qu'il 
n'était  point  de  lecteur  qui  ne  pût  lire  le  volume,  pour  peu  qu'il  fût 

averti. 

Cédant  cependant  à  certains  avis,  le  savant  auteur  a  pensé  que  pour 
cette  classe  de  lecteurs  «  qu'effraie  toujours  un  peu  l'appareil  rébar- 
batif de  démonstrations  trop  érudites  et  trop  spéciales  »,  il  pouvait 
être  bon  de  présenter  les  résultats  auxquels  il  était  arrivé  dans  «  un 
travail  de  vulgarisation  provisoire  »,  qui  leur  permît  de^  prendre 
du  moins  «  une  première  connaissance  plus  facile  »  de  l'ouvrage. 
«  qui  leur  en  donne  la  clef  ». 

Et  c'est  la  pensée  qui  a, conduit  Dom  Cagin  à  rédiger  cette  Anaphore 
apostolique  que  nous  présentons  aujourd'hui  à  nos  lecteurs.  En. nous 
donnant  de  larges  extraits  de  VEucharistia,  il  en  souligne  le  sens .  il 
en  fait  ressortir  plus  nettement  les  conclusions,  il  éclaircit  les  doutes 
et  écarte  les  objections  qui  pourraient  se  présenter  à  l'esprit  d'un  lec- 
teur peu  attentif  et  superficiel,  mal  habitué  à  se  pénétrer  de  la  pensée 
de  l'auteur  et  à  la  garder  dans  sa  mémoire.  Nous  nous  réjouirons 
qu'un  plus  grand  nombre  de  lecteurs  puisse  s'assimiler  ainsi  les 


—  270    - 

résultats  obtenus  par  Dom  Cagiu,  si  intéressants  et  en  même  temps- 
si  consolants  pour  notre  piété  ;  nous  nous  réjouirons  plus  encore  si, 
mis  en  goût  par  celte  lecture,  ils  abordent  celle  de  VEucliarislia  et 
celle  de  Te  Deiun  ou  Illatlo  qui  l'a  pi  écédée. 

Mais  les  lecteurs  même  de  Y Eucharislia  auront  un  singulier  profit 
à  lire  V Anaphore  apostolique,  non  seulement  parce  qu'ils  y  trouveront 
plus  nettement  exposée  et  mieux  affirmée,  s'il  est  possible,  la  pensée 
de  Dom  Cagin,  mais  aussi  parce  que  l'auteur  a  utilisé  ce  remaniement 
pour  mettre  au  point  certaines  parties  et  parce  qu'il  a  ajouté  quelques 
documents  nouveaux  :  nous  signalerons  en  particulier  un  long  mor- 
ceau sur  la  prière  de  S.  Polycarpe  ;  une  note  fort  développée  repro- 
duisant les  vues  d'un  correspondant  anglais  de  Dom  Cagin  au  sujet  de 
l'interpolation  patripassiennedu  Teslamenluni  Dominl  ;  une  autre  note 
sur  l'Anapbore  de  l'ordination  épiscopale  qui  «  semble  avoir  suivi 
parallèlement  le  même  processus  historique  ».  En  outre  un  appendice, 
considérable,  puisqu'il  remplit  les  p.  249  à  366  du  volume,  étudie 
des  questions  annexes  :  avec  les  traces  de  gnosticisme  que  l'on  prétend 
découvrir  dans  l' Anaphore  apostolique,  un  rapprochement  curieux 
entre  la  langue  théologique  de  ce  document  et  celle  des  épîtres  de 
S.  Ignace,  qui  apporte  une  nouvelle  corroboration  à  la  date  de  l'Ana- 
pliore  ;  la  reproduction  et  la  comparaison  des  différents  textes  de 
l'Anaphore  de  l'ordination  épiscopale  ;  la  discussion  de  l'attribution 
à  saint  Hippolyte  des  Statuts  apostoliques. 

On  le  voit,  si  l'Anaphore  apostolique  ne  peut  dispenser  ceux  qui 
veulent  connaître  à  fond  la  question  de  lire  et  d'étudier  l'Eucharistia. 
ce  dernier  ouvrage  n'en  trouve  pas  moins  dans  l'autre  un  complément 
des  plus  précieux,  j'ose  même  dire  indispensable. 

Nous  ajouterons  que  le  maniement  de  \' Anaphore  est  rendu  plus 
commode  encore  par  une  ample  table  alphabétique  des  matières  qui 
manquait  à  l'Eucharistia. 

Nous  ferons  en  terminant  un  double  vœu  :  celui  que  Dom  Cagin 
ne  nous  fasse  pas  trop  attendre  sa  troisième  partie,  puisqu'il  nous  a 
mis  l'eau  à  la  bouche  par  le  Fragment  communiqué  au  Congrès  eucha- 
ristique de  Lourdes  en  1914  et  que  nous  avons  eu  la  joie  de  signaler 
ici  ;  et  celui  aussi  que  le  savant  auteur,  ou  quelqu'un  sous  sa  direction, 
rende  accessible  à  la  masse  des  fidèles,  à  ceux  qui  ne  peuvent  lire  des 
'  textes  ni  grecs  ni  latins  ni  étrangers,  la  connaissance  des  résultats 
auxquels  il  est  arrivé  et  qui  peuvent  donner  à  la  piété  im  si  précieux 
aliment.  E.-G.  L. 


Le  Dogme  de  la   Uédeinpiion.    litude   Ihéologique,  par   Jean    Rivikre. 
Paris,  LeconVe.  (jabalda,  in-l2  de  xvi  570  p.  —  I*rix  :  4  fr. 

L'ouvrage  de  M.  Rivière  n'est  pas  de  ceux  qui  ne  vivent  que   par 


—  271   — 

j'actuiiliié.  Il  pst  donc  pcrinis  à  un  aiininiiier  (pii  leNienl  du  F"'ront 
d'en  parler  aujoiird  liui  .soulcmciit. 

Révéialioii  du  inyslèic,  explication  calholifjuo  du  mystère,  défoi- 
matiotis  protcslaules  du  mystère  :  dans  ces  trois  parties,  largcmeut 
développées,  l'auleur  étudie  tous  les  aspects  principaux  sous  Icscjucls 
les  théologiens  anciens  et  modernes  ont  exposé  ce  dogme  fondamental. 
Il  montre  tout  particulièrement  la  façon  dont  des  i)oints  de  vues 
divers  peuvent  se  compléter  réciproquement  à  condiliofi  de  n(;  pas 
être  trop  exclusifs,  ni  de  supprimer  le  mystère  lui-même  sous  pré- 
texte de  l'expliquer.  11  prouve  de  la  manière  la  plus  irréfutable  que 
l'Église  et  les  grands  théologiens  ont  toujours  repoussé  une  côiicep- 
liont  rop  authropomorphique  de  l'expiation  rédemptrice:  seule,  l'élo- 
quence mal  réglée  d'orateurs  qui  u'engagent  ce  faisant  que  leur 
responsabilité  personnelle  doit  porter  le  reproche  de  nous  présenter 
un  Dieu  cruel  qui  se  vengerait  du  péché  sur  son  Fils  innocent.  C'est 
l'amour  au  contraire  qui  se  révéla  et  qui  demeure  le  principal  artisan 
de  notre  salut,  car,  nous  dit  Suarez  :  «  Il  ne  faut  pas  imaginer  que 
Dieu  ait  par  lui-même  poursuivi  le  Christ  ou  qu'il  ait  fait  en  sorte,  par 
uueopéraliou  spéciale  et  miraculeuse,  que  le  Christ  soulful  quelques 
douleurs  extraordinaires  :  ceci  est  contraire  à  la  bonté  de  Dieu  et  n'a 
aucun  fondement,  ni  dans  l'Écriture  ni  dans  une  tradition  quel- 
conque. »  (Disput.  XXXllI,  section  1"  de  son  commentaire  de  la 
Somn)e,  citée  par  M.  Rivière,  p.  257). 

ISous  n'aurons  pas  l'outrecuidance  de  souhaiter  longue  vie  à  l'ou- 
vrage de  M.  Rivière.  11  sera  souvent  cité,  copié  et  pillé  plus  souvent 
encore.  E.  Magnl>. 


SCIENCES  ET  ARTS 

Éducation.  Un  Essai   d'orgaiiisation  démocratique,  par  Lurovic 
ZoRETTi.  Paris,  Plon-Nonrrit,  1918,  iri-16  de  xvni-287  p.  —  Prix:4fr.o0. 

M.  Zoretti  est  effrayé  de  l'état  d'incohérence  et  de  désorganisation 
dans  lequel  se  trouve  la  France  au  lendemain  de  la  guerre.  Il  estime, 
à  juste  litre,  que  les  lacunes' et  les  tâtonnements  du  système  éducatif 
sont  à  la  fois  une  résultante  et  une  nouvelle  cause  aggravante  de  la 
désorganisation  générale,  et  qu'il  y  a  urgence  d'y  porter  remède. 
C'est  à  quoi  il  s'emploie  avec  si  grande  hâte  qu'il  publie  son  étude 
avant  de  l'avoir  suffisamment  mûrie  à  son  gré.  Elle  est,  dit-il  dès  la 
Préface,  u  d'inspiration  socialiste.  »  Et  on  admirera  aussitôt  qu'un 
homme  qui  se  plaint  et  fait  une  vive  critique  du  désarroi  de  notre 
pays,  de  1'  «  impréparation  »  générale  révélée  par  la  guerre  et  de  l'in- 
compétence des  pilotes,  n'ait  pas  commencé  par  se  demander  si  par 
hasard  les  doctrines  en  faveur  n'étaient  pas  pour  quelque  chose  dans 


—  272  - 

€et  universel  chaos,  et  si,  par  exemple,  les  gens  qui  faisaient  campa- 
gne contre  la  <(  folie  des  armements  »  n'avaient  pas  une  part  de  res- 
ponsabilité dans  nos  cruels  insuccès.  Mais  non  :  le  socialisme  est  le 
progrès,  c'est  le  bien.  On  ne  le  discute  pas  :  ce  serait  manquer  de 
foi  ;  on  l'organise  et  on  l'impose.  Imaginons  un  riverain  de  la  Loin' 
qui  proclamerait  un  beau  matin  qu'il  n'y  aura  plus  d'inondation,  et 
qui  renverserait,  comme  attentatoire  à  la  beauté  du  paysage,  la  levée 
protectrice.  Est-ce  à  lui  que  recourront  ses  voisins  lorsque,  l'inonda- 
tion étant  survenue,  ils  chercheront  à  réparer  le  désastre  ?  M,  Zoretli 
prétend  cependant  qu'on  l'écoute.  Ch.  Landry. 


La  Sélection  humaine,  par  le  prof.  Charles  I\ichet.  Paris,  Alcan,  1919, 
in-8  de  ui-262  p.,  carlonné  toile.  —  Prix  :  6  fr. 

L'auteur  était  préoccupé  déjà  avant  la  guerre  du  grave  problème  de 
la  natalité.  L'effroyable  mortalité  qui  a  atteint  l'élément  mâle  de  18 
à  40  ans  n'a  pu  qu'augmenter  ses  préoccupations.  Il  voudrait  lutter 
contre  la  dépopulation  en  améliorant  la  race  humaine  ;  pour  cela  il 
préconise  de  lui  appliquer  les  procédés  scientifiques  connus  de  tous 
les  éleveurs  pour  l'amélioration  des  races  animales  ou  des  espèces 
végétales  :  il  en  résulterait  une  sélection  humaine  basée  sur  l'hérédité. 

La  sélection  humaine  sera-t-elle  l'unique  souci  et  le  grand  effort 
des  générations  futures,  comme  le  présage  le  professeur  Kichet  dans 
sa  conclusion  ?  Ceci  est  plus  douteux.  11  montre  la  nécessité  de  per- 
fectionner l'état  physique  et  l'état  intellectuel  de  l'homme  :  il  n'est 
pas  de  médecin  d'enfants  c^ui  ne  partage  cet  avis  ;  on  a  souvent  négligé 
l'un  au  profit  de  l'autre,  en  exploitant  les  facultés  innées  jusqu'à 
l'hypertrophie  au  détriment  de  toutes  les  autres  nécessaires  à  un  sujet 
complet.  Mais,  ceci  fait,  l'auteur  voudrait  ne  permettre  la  reproduc- 
tion de  l'espèce  qu'aux  sujets  ayant  obtenu  un  minimum  de  perfec- 
tion physique  et  intellectuelle.  C'est  faire  bon  marché  de  la  liberté 
individuelle  et  de  ce  qui  constitue  la  vie  même  !  Et  qui  décidera  de 
l'aptitude  physique  et  intellectuelle  ?  Qui  prendra  cette  terrible  res- 
ponsabilité, d'arrêter  la  vie  ?  A-t-on  réfléchi  que  c'est  aussi  grave 
qu'une  condamnation  à  mort  ? 

Suit  un  très  curieux  et  captivant  chapitre  sur  les  formes  de  la  civi- 
lisation future  qui  tend  vers  le  socialisme  (par  l'étatisme,  l'oiganisa- 
tion  du  travail,  la  discipline  immuableet  intégrale)  ou  vers  l'anarchie 
(par  suppression  du  pouvoir  central,  l'individualisme,  etc.).  Entre 
ces  deux  extrêmes  l'auteur  ne  voit  pas  de  salut  ;  il  comprend  bien 
que  l'égalité  ne  peut  exister  que  dans  la  médiocrité  ;  mais  il  croit  l'un 
de  ces  deux  éiats  possible  et  réalisable  en  soi,  il  décrit  très  heureu- 
sement la  forme  qu'y  prendra  le  travail  et  il  pense  cette  forme  assez 
compatible  avec  un  bonheur  relatif. 


—  273  — 

Cette  description  est  excellente,  mais  il  conclut  (jue  c'est  à  peu 
^près  la  forme  de  l'Ktat...  monarchique  !  Conclusion  au  moins  inat- 
'tendue,  cir  justement  le  monarchie  avait  su  organiser  le  travail  avec 
.lihertc  dans  l'ordre  et  la  discipline. 

Une  autre  curieuse  erreur,  hieti  fréquente  du  reste,  nous  semble 
dans  la  confusion  entre  le  progrès,  la  civilisation  et  le  bonheur:  tout 
cela  pour  lui  ne  fait  qu'un.  L'intelligence  amène  bien  le  progressons 
•la  forme  de  la  science  et  de  ses  conséquences  :  le  développement  de 
la  première  pourrait  bien  entraîner  le  progrès  de  la  seconde.  Mais 
celle  ci,  quelle  que  soit  son  acuité,  ne  constitue  pas  la  civilisation  et 
encore  moins  le  bonheur  qui  n'a  rien  à  voir  avec  ces  concepts.  Nous 
ne  pouvons  souscrire  à  la  première  phrase  du  livre  :  «  Le  but  de  la 
A'ie,  c'est  d'être  heureux.  »  Heureusement  ce  n'est  pas  le  but  de  la 
vie,  et  il  y  en  a  d'autres,  mais  ils  sont  irréductibles  à  des  équations. 

Enfin  le  prof.  Ch.  Richet  a  réalisé  un  tour  de  force  en  réussis- 
sant à  éliminer  toute  idée  morale  et  religieuse  ;  il  le  peut,  person- 
nellement s'il  le  veut,  mais  le  livre  y  perd  dans  sa  portée  car  on  ne 
peut  de  la  vie  éliminer  les  faits  religieux  et  les  faits  de  conscience. 
Traiter  ce  sujet  à  côté  de  la  morale  sans  y  toucher  est  jouer  la  diffi- 
culté. Du  reste  le  livre,  malgré  ces  lacunes,  est  attachant  d'un  bout  à 
l'autre  et  d'une  lecture  agréable  et  facile  :  c'est  d'un  biologiste  que 
n'effraient  pas  les  problèmes  de  la  philosophie. 

Df  Jean  Febrand. 


LITTÉRATURE 

.-Les  Amours,  de  Pierre  de  Ronsard.  Texte  établi  sur  le.s  éditions  de 
.MDLX  et  de  MDLXXVIII,  et  publié  avec  des  additions  de  l'auteur,  des  notes 
et  des  commentaires,  par  Ad.  V.\n  Bever.  Paris,  Crès,  1918.  2  vol.  iii-lH 
de  x-357  et  340  p..  avec  8  reproductions  en  phototypie.  —  Prix  des  2  vol.  : 
10  fr. 

M.  Van  Bever,  à  qui  nous  devons  la  réimpression  de  tant  de  textes 
littéraires,  —  textes  qui,  à  vrai  dire,  n'ont  pas  été  toujours  choisis 
parmi  les  plus  édifiants,  —  nous  donne  aujourd'hui  une  élégante  édi- 
tion, imprimée  et  illustrée  avec  goût,  des  Amours  de  Ronsard.  Des 
deux  tomes  dont  se  compose  cette  édition,  le  premier  reproduit  les 
livres  1  et  II  des  Amours,  de  l'édition  collective  de  1560,  et  comprend, 
en  outre,  un  Supplément  d'une  trentaine  de  pièces,  empruntées  aux 
éditions  collectives  de  1567-1572.  Dans  le  second  volume,  on  trouvera, 
établis  sur  le  texte  original  de  1578,  un  certain  nombre  de  poèmes, 
tels  que  la  Moi't  de  Marie,  les  Sonnets  et  Madrigals  pour  Astrée,  les 
Sonnets  pour  Hélène,  etc.,  qui  forment  le  complément  indispensable 
des  séries  antérieures.  M.  Van  Bever  s'est  ainsi  pioposé  de  constituer 
'-(  une  édition  intégrale  du  texte  des  Amours,  tel  que  l'auteur  l'a  conçu 
Novembre-Décembre  1919.  T.  CXLVI.  18. 


—  274  — 

et  augmenté  à  travers  les  diverses  leçons  qu'il  nous  a  fournies  de  soii.« 
œuvre.  » 

Il  est,  en  effet,  peu  de  poètes  qiii  se  soient  plus  corrigés  que  Ronsard  ;  : 
aussi  le  choix  des  éditions  qui  devaient  servir  de  base  aux  diverses 
parties  de  celle-ci,  a-t  il  pu,  dans  plus  d'un  cas,  embarrasser  le  nouvel' 
éditeur.  Ce  choix  n'a  pas  été  fait  à  la  légère  ;  si,  par  exemple,  pour 
les  livres  I  et  II  des  Amours,  M.  Van  Bever  a  donné  la  préférence  à 
l'édition  de  1560,  c'est  qu'aucune  autre  ne  lui  a  paru  fournir,  u  dans 
sa  forme  presque  primitive  »,  un  témoignage  aussi  pur  et  aussi  exact - 
du  génie  lyrique  de  Ronsard. 

Les  poésies  de  Ronsard,  dépourvues  de  toute  annotation,  seraient 
souvent  peu  intelligibles  ;  on  s'en  était  bien  avisé  de  son  vivant  même. 
Les  soixante  dernières  pages  de  la  présente  édition  sont  occupées  par 
une  assez  longue  série  de-a  Notes  et  commentaires  »  dont  les  éléments 
ont  été  empruntés,  en  grande  partie,  à  Muret  pour  le  premier  livre 
des  Amours,  à  Remy  Belleau  pour  le  second,  à  Richelet  et  à  Marcas-- 
sus  pour  les  poésies  comprises  dans  le  deuxième  volume.  M.  Van  Be- 
ver y  a  ajouté  un  bon  nombre  de  notes  personnelles,  de  caractère  le- 
plus  souvent  biographique  ou  bibliographique. 

Une  réimpression  telle  que  celle-ci  ne  saurait  avoir  de  valeur  qu'au- 
tant qu'elle  reproduit  très  scrupuleusement  le  texte  ou  les  textes  adop- 
tés. 11  peut  arriver  que  la  leçon  de  l'original  soit  notoirement  fautive  ; 
il  importe,  dans  ce  cas,  —  qu'on  la  corrige  ou  non,  —  d'avertir  le 
lecteur.  11  est  telle  rectification  nécessaire  que  l'on  se  serait  attendu  à 
trouver  dans  le  commentaire  ;  par  exemple,  à  propos  du  premier  vers 
de  la  pièce  intitulée  :  La  Qnenolllc  (t.  1,  p.  322),  où  campagne  est  une 
erreur  manifeste  pour  compagne. 

L'illustration,  qui  comporte  notamment  plusieurs  portraits,  a  été 
soignée  et  bien  comprise.  On  a  eu  l'heureuse  idée  de  reproduire,  dans 
les  en-têtes  et  dans  les  culs-de-lampe,  un  certain  nombre  des  motifs 
décoratifs  de  la  grande  cheminée  de  la  Possonière,  la  célèbre  gentil- 
hommière de  Ronsard.  L.  A. 


Conférences  de  l'Odéoii.  3°  .série  (1917-1918),  publiées  par  Paul  Ga- 
VAULT.  Paris,  Hachette,  1919,  in-16  de  xi-212  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Comme  le  fait  remarquer  M.  Paul  Gavault  avec  utie  juste  fierté 
dans  la  Préface  de  ce  recueil,  les  conférences  qui  forment  cette  troi- 
sième série  ont,  de  même  que  les  représentations  qui  leur  ont  donné 
sujet,  traversé  une  époque  criticpie  de  la  vie  parisienne  dans  la 
dernière  année  de  la  Grande  Guerre.  «  Tandis  que  Paris  était  insulté 
jour  et  nuit  (par  les  gothas  et  les  berthasj,  le  second  Théâtre-Français 
continuait  avec  conscience  à  fournir  à  ses  abonnés  les  spectacles  clas- 
siques à  quoi  leur  donuait  droit  le  contrat  qu'ils  avaient  signé  avec  la. 


—  27".  — 

direction.  »  Directeur  et  acteurs  faisaient  vaillamment  leur  devoir  et 
les  conférenciers  étaient  à  leur  poste.  Les  sujets  et  les  orateurs  étaient 
les  suivants  :  Horace  (Corneille).  —  Le  Dépit  amoureux  (Molière),  par 
Marc  Le  Gotipils.  La  partie  sur  Horace  est  assez  remarquable  ;  celle 
qui  traite  du  Dépit  amoureux  nous  a  paru  médiocre.  —  Sertorius 
(Corneille).  —  Aimette  et  Luhin  (Favarl),  par  Ch.  Navarre.  L'examen 
de  Sertorius  a  de  bonnes  qualités.  Celui  d'Annette  et  Lubin  est  très 
agréable.  M.  Navarre  déploie  un  excès  d'admiration  pour  les  pièces 
médiocres  de  Corneille.  —  L'Ecole  des  femmes.  —  La  Crili(jiie  de 
l'Ecole  des  femmes  (Molière),  par  Félix  Gaiffe.  Jolie  conférence.  — 
Attila  (Corneille).  —  Les  Grâces  (Sainte-Foix),  par  Camille  Le  Senne. 
L'étude  sur  Attila  est  intéressante,  mais  contestable  en  plusieurs 
points.  L'éloge  de  la  pièce  est  excessif.  On  est  un  peu  étonné  d'ap- 
prendre que  «  Boileau  n'avait  pas  autorité  de  critique  dramatique  » 
(p.  68).  —  Phèdre  (Racine),  par  Gonzague  Truc.  Conférence  très 
remarquable.  Ktude  philosophique  sur  l'amour  et  Racine  peintre  de 
l'amour.  —  Le  Glorieux  (Destouches),  par  J.  Ernest-Charles.  Assfz 
bonne  étude.  —  Les  Fausses  Confidences  (Marivaux).  —  Le  Sourd,  "U 
l'Auberge  pleine  (Desforges),  par  Fr.  Funck-Brentano.  Charmante 
conférence.  —  Le  Chevalier  à  la  mode  (Dancourt).  —  Le  Bon  Ménage 
(Florian),  par  Léo  Claretie.  —  La  Sérénade  fRegnard).  —  Le  Philo- 
sophe sans  le  savoir  (Sedaine),  par  Léo  Claretie.  —  Le  Mariage  de  Vic- 
torine  (George  Sand).  —  Louison  (Alfred  de  Musset),  par  Léo  Claretie. 
Ces  trois  conférences  sont  dignes  du  talent  de  leur  auteiir.  —  La  Pe- 
tite Ville  (Picard).  —  L'Esprit  de  contradiction  (Dufresny  !,  par  Paul 
Peltier.  Cette  conférence,  qui  termine  la  série,  a  dû  être  goûtée  de  ses 
auditeurs.  Le  recueil  tout  entier  le  sera  de  ses  lecteurs. 

Mabius  Sepet. 


Paul  Hervieii,  conteur,  moraliste  et  dramaturge,  essai  de  critique 
littéraire,  par  Edmond  Estève.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1917. 
gr.  in-8  de  149  p.  —  Prix  :  5  fr. 

Rédaction  ou  plutôt,  je  pense,  résumé  d'une  suite  de  leçons  profes- 
sées à  la  Faculté  de  Nancy  pendant  le  tonnant  hiver  de  1915-1916, 
cette  étude,  en  six  chapitres,  du  talent  et  de  l'œuvre  de  Paul  Hervieu, 
est  le  bon  travail  d'un  universitaire  qui  applique  à  un  écrivain  d'hier 
les  méthodes  éprouvées  de  la  critique  classique.  C'est  bien  ordonné 
(L'homme;  —  sa  formation  littéraire;  —  le  conteur;  —  le  roman- 
cier ;  —  l'auteur  dramatique  ;  —  le  moraliste)  ;  c'est  bien  documenté, 
avec  une  juste  mesure  d'analyses  et  de  citations  ;  parfaitement  clair, 
sobre,  d'un  goût  sage  et  raisonné...  Non  que  M.  Estève  —  rien  qu'en 
prenant  comme  sujet  d'un  cours  public,  à  quelques  pas  du  canon  du 
l'ennemi,  ce  montreur  de  marionnettes  parisien  —  n'ait  cédé  une  pe- 


—  276  — 

à  l'engouement  de  la  mode.  On  sait  la  réclame  outrée  faite,  pour  des 
raisons  qui  n'étaient  pas  toutes  de  camaraderie  littéraire  et  de  courti- 
sanerie,  autour  du  nom  et  des  moindres  écrits  et  gestes  de  cet 
homme,  à  qui  sa  fortune  et  son  caractère  avaient  créé  une  haute 
situation  dans  la  gent  de  lettres  et  comment  le  mirent  encore  plus 
haut  sur  le  pavois  la  politique  et  un  certain  anarchisme  intellectuel, 
toujours  empressé  à  exalter  le  parvenu  très  bourgeois,  très  acadé- 
mique et  très  riche,  en  la  vie  ou  en  l'œuvre  de  qui  il  flaire  —  et  flatte 
—  l'esprit  de  désordre  et  de  rébellion.  Ne  l'a-t-on  pas  comparé  aux 
plus  grands,  à  Shakespeare,  à  Eschyle  .l>...  Mais,  tout  en  faisant  à  sa 
valeur  la  part  aussi  grande  que  possible,  et  en  évitant  le  persiflage, 
M.  Estève  est  trop  clairvoyant  pour  n'avoir  pas  vu  ce  que  ce  talent 
avait  de  tendu,  de  forcé  ;  ce  qui  manquait  de  dons  naturels  de  verve 
au  conteur,  d'imagination  et  d'observation  large,  souple,  fine  au 
romancier,  de  pouvoir  créateur  à  l'auteur  dramatique.  «  Ce  n'est, 
dit-il  justement,  qu'à  force  de  ténacité  qu'il  a  possédé  dans  une  cer- 
taine mesure  les  qualités  que  de  naissance  il  n'avait  pas...  »  Aussi 
tout  ce  qu'il  a  fait  est  systématique,  raide  et  de  vision  bien  bornée. 

Quant  à  son  théâtre,  que  Brunetière,  et  d'autres,  et  Hervieu  lui- 
même  ont  pris  pour  la  tragédie  moderne,  un  lettré  comme  M.  Estève 
se  voit  forcé  de  marquer  tout  ce  qu'il  y  manque  de  grandeur,  de 
poésie,  d'intérêt  élevé,  pour  justifier  ce  classement.  Et  il  sait  bien, 
connaissant  tous  les  antécédents,  tous  les  essais  du  passé,  que  cela, 
avec  le  romanesque  des  situations  comme  fond  et  la  faiblesse  des 
caractères  comme  trait  commun  des  figures,  c'est  proprement  le 
drame  bourgeois,  tel  à  peu  près  que  le  conçurent  Diderot,  Beaumar- 
chais, Sedaine,  se  distinguant  seulement  du  mélo  p;\r  la  qualité  d'un 
style,  d'ailleurs  trop  appliqué,  trop  précieux,  souvent  froid. 

Que  si  M.  Estève  avait  développé  celte  critique  littéraire,  s'il  y  avait 
ajouté  la  forte  —  et  facile  —  critique  morale  qu'appellent  les  thèses 
amères  et  violentes  de  ce  «  moraliste  »  de  tréteau,  on  voit  que  l'étude 
commencée  avec  un  sincère  désir  d'admirer  aurait  vite  tourné  à 
«  l'éreintement...  »  L'éreintement  n'y  est  pas,  pas  du  tout.  Mais  la 
conclusion,  et  il  faut  s'en  féliciter,  descend  déjà  cet  écrivain  de  troi- 
sième ordre  du  piédestal  absurde  où  certaine  coterie,  avec  la  compli- 
cité des  badauds,  lavait  juché...  Gabhiel  Audiat. 


X^n  Iluinorinte  mhoraliste.  Pages  choisies  dans  l'Œuvre  de  Paul  Stapfer 
et  précédés  d'une  Iiilroduclion  par  Georges  Saintville.  Paris,  Fischba- 
cher,  1918,  in-16  de  xtv-328  p.,  avec  portrait  et  aulograplie.  —  Prix  : 
3  fr.  '60. 

Les  meilleures  Pages  choisies  de  Paul  Stapfer  sont  empruntées  à 
son  ouvrage  :  Des  Réputations  littéraires.  Elle  dénotent  des  qualités 


—  277  — 

charmantes  d'observateur  perspicace,  d'hiiriioristc  nialicieux  etdf'sa- 
busé.  Elles  témoignent,  en  outre,  d'une  vaste  érudition  et  d'ampirs  lec- 
tures, non  pas  seulement  autour  de  Montaigne  et  de  Victor  Hugo  (les 
deux  maîtres  qui  exercèrent  la  critique  admirative  de  l*aul  Stapfer), 
mais  dans  les  provinces  les  plus  variées  de  l'histoire  littéraire.  Signa- 
lons, en  particulier,  le  chapitre  savoureux  sur  la  ^fort  des  livres  et  le 
chapitre,  plein  de  verve  amusante,  ayant  pour  titre  :  Influence  de  la 
vie  et  de  la  mort  sur  la  destinée  des  réputations  littéraires. 

Mais  les  pages  initiales  de  Philosophie  et  de  Religion  sont  loin 
d'avoir  la  même  valeur.  Les  idées  religieuses  et  philosophiques  de 
Paul  Stapfer  sont  amplement  développées,  àproposdeWilfrod  Monod, 
dans  l'étude  sur  la  Double  Hérésie  d'un  libre  croyant.  Non  seulement 
les  négations  rationalistes  du  protestantisme  libéral  ou  du  moder- 
nisme doctrinal  y  sont  formulées  contre  les  croyances  positives 
de  la  dogmatique  traditionnelle  du  christianisme  avec  une  insolence 
blasphématoire,  mais  encore  les  doctrines  chrétiennes  et  catholiques 
de  la  Providence,  de  la  grâce  et  de  la  prière  y  sont  caricaturées  avec 
unesuffîsance,  disons  plutôt  avec  une  désinvolture  et  une  vulgarité  qui 
accusent,  en  ces  matières,  une  pénétration  intellectuelle  des  plus  mé- 
diocres. «  L'esprit  qu'on  veut  avoir  gâte  celui  que  l'on  a.   » 

Le  volume  se  termine  par  les  fragments  de  polémique  politique 
consacrés  à  la  défense  d'Alfred  Dreyfus,  en  1898.  Vraiment,  ces 
textes  méritaient  d'être  conservés  comme  témoignage  du  phénomène 
de  perturbation  déterminé  par  la  trop  célèbre  Affaire  jusque  dans  les 
cerveaux  qui  n'avaient  pas  encore  paru  déséquilibrés.  Paul  Stapfer 
invitera  l'Académie  française  à  dénombrer  sur  le  nom  glorieux 
d'Emile  Zola  tout  ce  qu'elle  possède  «  d'âmesjustes,  libres  et  fières.  » 
Il  réclamera,  pour  l'auteur  de  J'accuse,  «  une  place  d'honneur  dans  le 
Conciones  français.  »  De  la  lettre  odieuse  et  insensée  d'Emile  Zola  au 
président  Félix  Faure,  Stapfer  va  jusqu'à  écrire  :  «On  la  commentera 
dans  les  classes,  et  les  professeurs  montreront  aux  élèves  de  rhéto- 
rique, par  ce  texte  de  prose  vraiment  française,  à  quel  point  il  est 
vrai  de  dire  que  toute  éloquence  vient  de  l'âme...  » 

Il  paraît  que  Paul  Stapfer  était  un  humoriste.  La  citation  est  pour- 
tant textuelle.  Et  l'auteur  n'avait  alors  aucune  envie  de  plaisanter. 

Voilà  un  document  d'histoire  de  l'an  1898. 

Yves  de  la  Brière. 


Moll  Flanders.   par  Daniel   de  Foé  :    traduction    française  de   Marcel 
ScHWOB.  Paris,  Grès,  1918,  in-16  de  xvi-399  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Le  mérite  supérieur  et  la  prodigieuse  fortune  de  Hobison  Crusoe 
ont  quelque  peu  rejeté  dans  l'ombre  les  autres  romans  du  même 
auteur,  où  se  déploient  pourtant,  et   quelquefois  à  un  degré  égal,  les 


—  278  - 

mêmes  qualités  d'invention,  de  rapidité,  de  vérité  ou  au  moins  d'ex- 
traordinaire vraisemblance.  Celui-ci,  publié  trois  ans  après  Robinson, 
présente  la  vie.  contée  par  elle-même,  d'une  femme  qui,  ainsi  que 
l'indique  le  titre  complet  de  l'original,  «  naquit  à  Newgate,  et, 
durant  une  vie  continuellement  variée  de  trois  fois  vingt  ans,  fut 
douze  ans  prostituée,  cinq  fois  mariée  (dont  l'une  à  son  propre  frère), 
douze  ans  voleuse,  huit  ans  déportée  en  Virginie,  finalement  devint 
riche,  vécut  honnête,  et  mourut  repentante.  »  Comme  on  peut  s'y 
attendre  après  cette  annonce,  les  nombreuses  aventures  de  l'héroïne 
sont,  pour  la  plupart,  assez  peu  édifiantes,  et  Defoe  n'en' voile  guère 
les  détails.  On  se  trouve  ici  le  plus  souvent  au  milieu  de  mauvaises 
mœurs  et  parmi  d'assez  vilaines  gens  ;  si  ce  sont  les  circonstances  et 
le  besoin  qui  font  tomber  degré  par  degré  la  narratrice  dans  l'infa- 
mie et  le  crime,  elle  ne  semble  pas  en  avoir  grand'honte  ni  grand 
remords,  et  c'est  seulement  après  fortune  faite  et  quand  elle  est  ras- 
surée sur  son  sort  en  ce  monde,  qu'elle  songe,  à  l'avant  dernière 
ligne  du  livre,  à  faire  «  une  pénitence  sincère.  »  Mœurs  et  gens,  s'ils 
sont  déplaisants,  sont  d'ailleurs  vivement  présentés,  et  sans  doute 
d'après  nature,  car  Defoe  les  connaissait  bien  et  avait  pu  les  obser- 
ver de  près.  Moll  reproduit  même  sans  doute  quelques  traits  d'une 
voleuse  célèbre  nommée  Mary  Frith.  La  traduction  de  M.  Schwob  est 
bonne  et  rend  bien  la  langue  familière,  aisée  et  précise  de  l'auteur 
anglais.  Pourquoi  M.  Schwob  (après  bien  d'autres)  appelle-t-il  celui-ci 
de  Fo'é,  avec  une  minuscule  et  un  tréma,  au  lieu  de  Defoe  ou  De  Foe, 
formes  subtituées  par  lui  à  son  nom  véritable,  qui  était  Foe  ? 

A.  Barbeau. 


Mystiques  et   réalistes  an(|Io-saxons,  par  Régis  Michaud.   Paris^ 
Colin.  1918.  in-16  de  294  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Neuf  études  détachées  composent  ce  volume.  La  première  et  la  plus 
étendue  est  consacrée  à  l'influence  de  Montaigne  sur  Emerson, 
influence  aussi  grande  que  celle  de  Platon  et  de  Gœthe.  M.  Michaud 
y  expose  tout  ce  que  le  «  sage  de  Concord  »  a  dû  à  l'auteur  des  Essais 
et  il  y  démêle  aussi  de  façon  très  fine  les  ressemblances  d'esprit  et 
de  sentiment  que  l'on  peut  découvrir  entre  le  sceptique  français  et  le 
mystique  du  Nouveau  Monde.  Passent  ensuite  devant  nos  yeux  six 
écrivains  américains  et  deux  écrivains  anglais,  tous  contempor.iins 
ou  presque  contemporains,  très  divers  entre  eux  et  encore  plus  iné- 
gaux :  ce  sont,  dans  Tordre  où  ils  sont  rangés,  VValter  Pater,  Henry 
James,  Mark  Twain.  Jack  London.  Upton  Sinclair,  M°"  Wharton, 
liornard  Shaw.  De  tous  nous  trouvons  ici  des  portraits  attachants  et 
fidèles.  Peut-être,  ({uand  il  traite  des  plus  émineuts,  M.  Michaud 
eût-il  pu  se  donner  un  peu  plus  de  champ  ;  du  moins  sa  brièveté  est- 


—  2T.)  — 

elle  toujours  substantielle  et  précise.  Quchiues  critiques  toutefois 
eussent  pu  ôtre  moins  indiilgentf's  et  quelques  éloges  plus  tempérés. 
Est-ce  que  vraiment  M.  Berriard  Shaw  «  est  en  passe  de  devenir  une 
sorte  de  Molière  mondial  »  (p.  255)?  la  nouvelle,  en  ce  cas,  surprendra 
encore  bien  des  gens.  Où  Mark  Twain  réunit-il  en  soi  tout  seul  <(  le 
fiel  et  le  fantaisie  de  Swift,  l'intransigeance  morale  de  Carlyle,  l'iro- 
nie attendrie  de  Sterne,  jointe  au  génie  burlesque  et  à  la  bonhomie 
de  Cervantes  et  de  Rabelais?»  Ces  jugements  excessifs  sont  d'ailleurs 
fort  rares  dans  ce  volume  instructif  et  agréable,  où  le  lecteur  fran- 
çais peut  prendre  une  idée  juste  d'auteurs  pour  la  plupart  assez  peu 
lus  chez  nous.  A.  Babbeau. 


HISTOIRE 


Jerusalén  y  la  Tierra  Santa,  por  E.  G6.\iez  Carrillo.  T.  H  de  las 
Obrns  complétas.  Madrid,  editorial  «  .Mundo  latine  »,  1919,  in-16  de  273  p. 
—  Prix  :  4  fr. 

Voici  que  nous  revient,  comme  tome  II  des  Œuvres  complètes  de 
M.  Enrique  Gômez  Carrillo,  cette  Jérusalem,  chère  à  l'auteur  parmi 
tous  ses  ouvrages  et,  à  coup  sûr,  l'un  des  plus  beaux  livres  sortis  de 
la  plume  du  maître.  En  le  relisant,  j'ai  retrouvé  tout  l'enchantement 
de  ma  première  lecture  ;  j'en  ai  senti  plus  vivement  que  jamais  le 
charme  prenant,  la  puissance  pénétrante.  Ce  n'est  pas  là  un  livre 
qu'on  feuillette,  on  le  lit  et  à  plus  d'un  passage  l'on  s'arrête  pour  mé- 
diter ou  pour  rêver.  C'est  que  c'est  avant  tout,  si  j'osedire,  un  voyage 
sentimental  ;  l'auteur  n'est  pas  un  touriste  qui  promène  de  côté  et 
d'autre  une  vague  curiosité  ;  ce  n'est  pas  un  savant  préoccupé  de  tout 
soumettre  à  l'examen  de  sa  froide  raison  et  de  développer  au  lecteur 
les  résultats  d'une  enquête  méticuleuse  ;  c'est,  —  il  prononce  le  mot 
quelque  part,  —  un  pèlerin  passionné  ;  il  est  allé  là-bas  à  la  recherche 
de  l'Homme-Dieu  ;  lui  chez  qui  le  goût  esthétique  est  si  affiné,  il  se 
défend  au  Saint  Sépulchre  d'une  émotion  artistique  comme  d'un  sacri- 
lège (p.  152)  ;  l'émotion  qu'il  recherche  c'est  celle  que  produit  chez 
un  chrétien,  même  tiède,  le  contact  avec  les  souvenirs  vivants  qu'a 
laissés  là-bas  le  Sauveur.  Ni  l'expérience  de  l'âge,  ni  les  luttes  du  tra- 
vail, ni  les  amertumes  de  la  vie,  ni  le  scepticisme  du  siècle  nont 
émoussé  en  lui  cette  heureuse  faculté  de  s'émouvoir,  de  s'enthousias- 
mer. Et  les  impressions  que  reçut  si  profondément  son  exquise  sen- 
sibilité, la  plume  de  l'écrivain  les  rend  avec  une  sincérité,  une  ingé- 
nuité, une  vivacité  qui  les  rend  communicatives  :  il  voit  et  nous 
voyons  ;  il  s'émeut  et  nous  nous  sentons  émus  :  ses  affections  vibrent 
•  et  trouvent  en  nous  un  écho  non  moins  vibrant. 

Ce  n'est  pas  à  dire  d'ailleurs  que  cette  Jérusalem  ne  s'adresse  chez 
nous  qu'au  sentiment  ;  j'ai  suggéré  déjà  que  la  lecture  nous  en  invite 


—  280  — 

à  la  réflexion  ;  il  y  a  des  pages  d'une  psychologie  puissante,  comme- 
celte  admirable  description  de  l'Ame  juive  qui  commence  par  un 
dithyrambe  en  l'iionneiir  de  ses  vertus  et  finit  par  une  sorte  de  justi-- 
fication  de  l'antisémitisme.  Les  lectures  étendues  de  l'auteur  et  son 
génie  d'observation  font  que  l'on   trouvera  chez  lui  à  prendre  et  à. 
apprendre.  Sans  doute,  son  érudition  est  parfois  en  défaut  comme 
quand  il  appelle  (p.  72-73)  Jean  Leightfool  et  qu'il  désigne  comme  un 
savant  allemand  le  fameux  anglican  John   Lightfoot,  qui  fut  vice- 
chancelier  de  l'Université  de  Cambridge  ;  sans  doute  ses  connais- 
sances exégétiques  ont  des  lacunes  et  sa  critique  des  faiblesses  ;  sans 
doute  il  n'est  plus  permis  à  un  écrivain  sérieux  de  reproduire,  fût-ce 
à  titre  dubitatif,  la   fable  ridicule  du  concile  qui   aurait  discuté  la 
question  de  l'âme  de  la  femme  (p.  44)  ;  mais  n'allons  pas  demander 
à  un  poète  les  précisions  d'une  érudition   rigoureuse,  pas  plus  que 
nous  n'irons  chercher  auprès  de  lui  les  règles  de  la  foi  et  les  ensei- 
gnements de  la  doctriue.  Et  ce   m'est  un  devoir,  —  dans  cette  revue 
surtout  où    nous  sommes  attachés  d'amour  filial  et  de  conviction 
raisonnée  à  tout  ce  qu'enseigne  la  sainte  Eglise  romaine,  —  ce  m'est' 
un  devoir  de  signaler  avec  regret  dans  ce  livre,  avec  des  préjugés  un 
peu    vieillis    et    déconcertants,    des     assertions    d'une   orthodoxie- 
douteuse,    de   véritables   erreurs  doctrinales,   comme  d'appeler    des 
détails  sans  importance  des  dogmes  aussi  fondamentaux  que  l'Imma- 
culée   Conception  ou  l'Infaillibilité    pontificale,  pierre  angulaire  et 
garantie  suprême  de  l'intégrité  de  la  foi. 

Mais  ce  ne  sont  là  que  des  points  dans  l'ensemble,  que  des  pages 
dans  le  livre,  malgré  tout  admirable  et  (jui  fait  si  souvent  vibrer  en 
nous  la  corde  humaine  et  la  fibre  religieuse. 

Lisez  donc  cette  Jérusalem  :  vous  n'y  trouverez  pas  seulement  un 
grand  écrivain,  mais  un  homme  ;  vous  n'y  admirerez  pas  seulement 
les  dons  de  l'esprit  ;  vous  y  sentirez  battre  un  cœur  et  palpiter  une- 
âme.  E.-G.  Ledos. 


Les  Procédés  d'art  de  Tacite,  par  Edmond  Gouubaud.  Paris,  Hachette, 
1918,  in-16  de  xxi-297  p.   —  Prix  :  3  fr.  50. 

Passionné  lui-même.  Tacite  passionne  aussi  le  lecteur.  Historien,, 
sans  doute,  mais  moraliste,  orateur,  pamphlétaire,  quel  personnage 
l'emporte  en  lui?  Il  y  a  bien  des  manières  d'aborder  cette  question. 
Il  est  plus  diflîcile  d'y  répondre  avec  certitude  et  impartialité.  C'est 
l'art  de  Tacite  qu'étudie  M.  Courbaud.  Mais  l'art  d'un  écrivain  n'est- 
guère  séparable  du  fond  qui  l'inspire.  A  le  bien  considérer,  c'est  tou- 
jours à  propos  de  Tacite  le  même  problème  qui  s'agite.  Chez  lui  les 
procédés  résultent  de  son  génie  propre,  des  traditions  du  genre  his- 
torique  à    Rome,    de   l'éducation   littéraire,  et  réciproquement   les 


—  2SI    — 

procédés  d'art  n'ont  pas  été  étrangers  à  sa  conception  de  l'histoire. 

Il  écrit  1  liistoire  année  par  année,  tradition  qui  vient  des  Annales 
des  Pontifes.  Oiateur  à  ses  débuts,  d'ailleurs  enjpreint  de  l'éducation 
oratoire  commune  à  tous  les  écrivains  romains,  les  habitudes  de  cette 
éducation  ne  l'abandonnent  pas  quand  il  raconte  :  il  vise  à  l'efTel.  Et 
pour  l'obtenir  il  prend  avec  l'histoire  quelques  libertés,  réunit  ce  que 
sépare  une  exacte  chronologie,  force  certains  traits,  élimine  ce  qui 
pourrait  alanguir  le  drame.  Et  c'est  un  des  motifs  pour  lesquels  il 
préfère  au  récit  le  tableau  où  il  excelle.  Ici  son  génie  est  complice  de 
l'éducation.  Homme  d'imagination,  il  voit  et  veut  faire  voir.  Pitto- 
resque, dramatique,  le  tableau  est  plus  apte  que  le  récit  à  mettre  en 
lumière  les  sentiments  des  personnages,  les  impressions  des  masses 
et  des  assemblées.  Dans  le  tableau,  ce  n'est  pas  la  couleur  qu'il 
cherche.  L'analyse  psychologique,  les  réflexions  personnelles  suivent 
naturellement  le  spectacle  qui  n'est  que  la  traduction  en  acte  des 
passions.  C'est'  que  Tacite  est  moraliste  autant  que  peintre.  Le  por- 
trait nait  spontanément  sous  sa  plume.  Ici  le  génie  de  l'auteur  plus 
que  l'éducation  détermine  sa  manière.  De  ses  personnages,  il  peint 
l'âme.  S'il  note  des  particularités  physiques,  ce  n'est  pas  pour  elles- 
mêmes  mais  parce  qu'elles  sont  en  rapport  avec  un  trait  moral  du 
modèle.  Au  reste,  plutôt  rares  sont  les  portraits  en  forme;  le  plus 
souvent  ils  sont  faits  de  traits  épars  que  notre  esprit  rassemble. 

Les  discours  relèvent  de  la  tradition  et  de  l'éducation.  Ils  ne  sont 
pas  seulement  un  moyen  d'exposition,  un  artifice.  En  faisant  parler 
les  généraux,  les  historiens  se  conformaient  à  la  réalité.  Mais,  et  ici 
l'école  réapparaît,  ce  ne  sont  pas  des  reproductions  textuelles,  impos- 
sibles le  plus  souvent.  Même,  quand  par  hasard  on  possédait  le  texte 
de  ces  discours.  Tacite  n'avait  garde  de  les  reproduire,  il  se  contentait 
d'y  faire  allusion.  Souci  d'artiste  !  L'unité  de  style  ne  doit  pas  être 
rompue.  Le  procédé  d'art,  imposé  par  l'éducation,  influe  donc  sur  la 
conscience  de  l'historien. 

Enfin  la  préoccupation  d'auteur  n'est  pas  indifférente  h  Tacite.  Fils 
d'un  temps  où  le  succès,  souvent  éphémère,  des  lectures  publiques 
exige  la  recherche  du  piquant.  Tacite  éprouve  le  besoin  d'innover. 
Naturellement  original,  il  cultive  soigneusement  son  originalité  : 
l'analyse  du  style  des  Histoires  le  révèle.  Pensée  condensée,  phrase 
souvent  courte,  parfois  allongée,  mais  non  périodique,  usage  conti- 
nuel du  participe,  de  l'ablatif  absolu,  et  pour  gain  de  ce  moule  nou- 
veau, ou  presque,  relief,  antithèse,  trait,  mais  aussi,  la  rançon  :  affec- 
tation, obscurité. 

D'ailleurs  par  dessus  les  procédés,  les  traditions,  les  souvenirs 
d'école,  un  magnifique  génie  poétique  qui   transporte  l'écrivain  au 


•)S-> 


delà  de  ce  que  ces  éléments  ont  de  limitatif,  le  dégage  de  l'artifice 
pour  l'élever  sans  peine  au  grand  art. 

Tels  sont,  un  peu  au  hasard  de  la  plume,  les  principaux  traits  qui 
ressortent  des  ingénieuses  analyses  de  M.  Courbaud.  Un  vœu  pour 
finir.  Sans  doute  on  peut  dire  que  Tacite  est  déjà  tout  entier  dans 
son  premier  grand  ouvrage  historique.  11  y  a  toutefois  dans  les 
Annales  une  gravité,  une  sobriété,  une  profondeur  qui  s'affirment. 
Par  où  l'art  des  Annales  diffère  de  celui  des  Histoires,  nous  serions 
curieux  que  M.  Courbaud,  si  bien  préparé,  nous  le  montrât  quelque 
jour.  André  Baudrillart. 


Mémoires  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  du  commerce 
et  «le  l'industrie  en  France,  publiés  sous  la  direction  de  Julien 
IIayem.  5°  série.  Paris,  Hachette,  1917,  in-8  de  xui-277  p.  —  Prix  : 
9  fr. 

La  collection  dont  M.  Julien  Tlayeni  a  entrepris  depuis  plusieurs 
années  la  publication  n'a  pas  besoin  d'être  définie  :  son  titre  en  in- 
dique avec  assez  de  netteté  l'objet  pour  qu'il  soit  inutile  de  l'indiquer 
à  nouveau.  Mieux  vaut  insister  sur  les  travaux  contenus  dans  chaque 
série  successivement  :  c'est  ce  que  nous  allons  faire,  sans  tarder  da- 
vantage, pour  la  cinquième  série,  la  dernière  parue.  Elle  contient 
trois  mémoires,  d'un  même  auteur,  M.  Philippe  Barrey,  le  savant 
archiviste  de  la  ville  du  Havre,  et  consacrés  à  un  même  sujet  :  l'essor 
maritime  du  Havre-de-Grâce  sous  l'ancien  régime.  Dans  le  premier 
de  ces  trois  mémoires  (Les  Normands  au  Maroc  au  xvi«  siècle,  p.  1-44), 
lauteur  prouve  que  le  Maroc  est  pour  la  Normandie,  et  en  particulier 
pour  le  Havre,  une  très  ancienne  connaissance  ;  sur  les  côtes  atlanti- 
quesde  ce  pays,  les  marins  normands  ont  fréquenté  de  bonne  heure  ;  la 
liste  des  115  navires  havrais  partis  pour  le  Maroc  entre  1568  et  1610 
en  fournit  une  démonstration  éclatante.  —  De  même  en  est-il  pour  les 
Antilles,  pour  les  lies  du  Pérou.,  comme  on  disait  alors,  où  363  na- 
vires havrais  (dont  M.  Barrey  donne  la  liste  aux  p.  16.3-209)  se  seraient 
rendus,  à  en  croire  les  minutes  plus  ou  moins  bien  conservées  du 
tabellionage,  entre  1571  et  1610.  Il  y  a  donc  eu  une  véritable  naviga- 
tion transatlantique  au  xvr  siècle  ;  aussi  M.  Barrey  a-t-il  bien  fait  de 
donnera  sa  seconde  dissertation  la  plus  étendue  (p.  47-209),  le  titre 
de  :  Le  Havre  transallanlique  de  lï>71  à  1610.  —  Dans  un  dernier  cha- 
pitre, consacré  au  Havre  et  la  Navigation  aux  Antilles  sous  l'ancien 
réf/ime  ;  la  question  coloniale  en  17S9-179L  M.  Barrey  montre  (p.  211- 
276)  avec  quelle  continuité  de  très  nombreux  Havrais  se  rendirent 
aux  Antilles  au  xvtii«  siècle,  comment  les  controverses  qui  s'enga- 
gèrent au  temps  de  la  Constituante  sur  le  commerce  colonial,  sur  la 
question  des  hommes  de  couleur,  sur  la  traite  passionnèrent  la  popu- 


—  283  — 

îatioii  (le  la  ville,  combien  la  nouvelle  de  la  révolte  de  Saint-Dornin- 
<me  la  consterna.  Il  faut  lire  ces  éludes  de  M.  Harrey  ;  elles  sont  très 
intéressantes,  très  neuves,  très  documentées,  assises  sur  des  bases 
solides  et  jusqu'à  présent  inexploitées  :  les  mitmtes  du  tabcUionage 
du  Havre.  Elles  font  le  plus  grand  honneur  à  leur  auteur,  dout  il  e>l 
fâcheux  (lue  le  nom  ne  figure  pas  sur  la  couverture  d'un  volume  qu'il 
a  rédigé  à  lui  seul.  Henri  Froidevaux. 

Uéclts  du  temps  des  troubles  (XVIe  siècle)     Une  Famille.  Les 
d'Alègi-e,   par  Pierre   de  Vaissière.   Paris,   Émile-Paul.   1914.   in-8  de 
283  p.,  avec  7  planches.  —  Prix  :  7  fr.  50. 
Ce  livre  retrace  la  fortune  <-  de  toutes  parts  tragique  et  sanglante  ., 

de   la    famille   d'Alègre    dans    les   quarante   dernières   années     du 

xvi«  siècle. 

Un  conflit  d'intérêts  entre  les  deux  familles  alliées  Alègre  et  Duprat 
fat  envenimé  par  une  rixe  où  Christophe  d'Alègre  fut  blessé  par  An- 
toine et  François  Duprat.  unis  contre  lui  (ioHS).  laquelle  eut  pour 
^uite  le  meurtre  de  François  Duprat  par  le  frère  du  blessé.  Antoine 
d -Alègre,  seigneur  de  Meilhaud.  Pour  en  tirer  vengeance.  Guillaume, 
baron  de  Vitteaux.  frère  de  Duprat,  tua  à  son  tour  le  seigneur  de 
Meilhaud  (1573). 

Deux  frères   de   ce   dernier   vivaient  encore,   d'ailleurs   brouilles. 
L'aîné,  Yves  III.  baron,  puis  marquis  d'Alègre,  fut  chargé  d'une  mis- 
sion auprès  du  Saint-Siège  par  Catherine  de  Médicis  (1563).  prit  une 
part  active  au  siège  d'issoire,  où  il  fut  blessé  (1377).  et  mourut,  peu 
après,  dans  les  circonstances  restées  obscures  d'une  aventure  galante. 
Son  neveu  Yves,  fils  d'Antoine,  fut  envoyé  comme  otage  en  Alle- 
magne, à  la  place  d'Yves  m  (août   1576).  qui.  à  cette  occasion,  lui 
fit  donation  de  tous  ses  biens.  En   revenant   en    France  (septembre 
1381),  Yves  IV  les  trouva  usurpés  par  les  héritiers  de  Christophe 
(mort  en  1580)  et  de  là  sortit  un  procès  mémorable,   qui.   réglé  une 
première  fois  par  un  arrêt  de  1588,  traîna  jusqu'au  xyiii^  siècle.  \  ves, 
qui  tua  en  duel  le  baron  de  Vitteaux  (1583)  pour  venger  son  père, 
essaya  de  devenir  le  chef  du  parti  royaliste  en  Auvergne  et  périt  tra- 
giquement assassiné  avec  sa  maîtresse,  la  marquise  d'Estrées,  par  des 
habitants  d'issoire,  ville  de  laquelle  il  était  gouverneur  (1592). 

Le  livre  se  termine  par  l'histoire  de  Christophe  11  d'Alègre.  qui 
couronna  une  série  de  violences  ren  Normandie)  par  l'odieux  assassi- 
nat du  baron  de  Hallot  (159-2),  à  la  suite  de  quoi  il  n'échappa  qu  a 
grand'peine  au  dernier  supplice. 

Le  récit  de  ces  faits,  enrichi  de  nombreux  documents,  n'est  pas  seu- 
lement propre,  comme  dit  fauteur,  à  «  donner...  le  plus  colore  et  le 


plus  éclatant  exemple  [de]  ce  que  devinrent  en  ce  ...  temps  les  mœurs 
privées,  dans  le  débordement  de  passions,  de  haines,  de  violences,  de 
corruption  déchaînées  par  les  dissensions  politiques  et  religieuses  »  ; 
il  intéresse  aussi  l'histoire  de  France  en  général  (en  ce  qui  concerne, 
par  exemple,  l'exécution  de  certains  articles  de  la  paix  de  Monsieur) 
et  l'histoire  des  provinces  d'Auvergne,  de  Velay  et  de  Normandie. 
Enfin,  ceux  qui  ont  connu  la  «  psychose  des  fils  de  fer  barbelés  » 
dans  les  camps  de  prisonniers  du  «  triste  et  sauvage  pays  d'Alle- 
magne »  ne  liront  pas  sans  intérêt  le  récit  des  cinq  années  de  capti- 
vité d'Yves  IV,  «  à  la  merci  d'un  peuple  si  barbare  que  celui  de  Ger- 
manie »  (Simon  Marion)  :  deux  lettres  que  le  prisonnier  écrivit  du 
château  d'Heidelberg,  où  il  était  tenu  enfermé,  nous  le  montrent  en 
proie  au  «  cafard  »  (p.  126-127,  146-157). 

Corrections  et  additions  :  p.  135,  au  lieu  de  el,  de  là,  droit  du  pont, 
estrade  là  où  Je  me  trouverai  (ce  qui  n'a  pas  de  sens),  il  faut...  droit 
au  Pont-Estrade,  là  où...  (Pont-Estrade,  arrondissement  et  canton 
d'Issoire,  commune  de  Perrier,  est  un  pont  sur  la  Couze,  entre  Per- 
rier  et  Meilhaud).  —  P.  146,  lire  1576  au  lieu  de  1577.  —  La  dona- 
tion en  faveur  de  Morinot  de  Tourzel,  citée  p.  6,  a  été  éditée  :  Extraits 
du  trésor  des  chartes  depuis  Charles  VI  jusqu'en  1567,  Riom,  1901, 
p.  163  (L'Auvergne  hist.  litt.  et  artist.).  De  même  les  lettres  de  rémis- 
sion accordées  à  Antoine  d'Alègre  citées  p.  30  :  ibidem,  p.  128. 

Pierre-François  Fouhnier. 


French  Frotestaiitism,  by   Cai.eb  Guyeh  Kelly.  Baltimore,  Jobs  Hop- 
kins  Universily.  1918,  in-8  de  185  p. 

Dans  la  série  des  études  d'économie  politique  publiées  par  la 
«  Johns  Hopivins  University  »  de  Baltimore,  vient  de  paraître  un 
important  fascicule  intitulé:  French  Protesianti^m  (1559-1562).  Ce 
travail  est  conçu  d'une  façon  toute  nouvelle,  en  ce  sens  que  les  faits 
historiques  de  ces  trois  années  n'y  jouent  presque  aucun  rôle  et  que 
le  Protestantisme  n'est  envisagé  qu'au  point  de  vue  de  son  organisa- 
tion, de  ses  ressources  tant  extérieures  qu'intérieures,  de  la  façon  dont 
il  entendait  la  vie  nationale  à  ses  débuts  qui  sont  aussi,  selon  le  mot 
de  l'auteur,  son  apogée  :  The  re/orm  al  ils  lleight. 

On  peut  observer  tout  d'abord,  —  et  ce  n'est  pas  là  une  critique,  — 
que  l'ouvrage  entier  n'est  qu'une  apologie  raisonnée  du  calvinisme. 
Seuls  les  protestants  à  cette  époque  connaissaient  le  commerce,  sur- 
tout le  commerce  extérieur,  seuls  ils  pratiquaient  l'économie  en  face 
des  prodigalités  de  la  Cour  et  de  la  noblesse,  seuls  ils  avaient  une 
organisation,  ayant  divisé  le  royaume  en  seize  provinces  et  ayant  su 
se  créer  des  ressources  en  dehors  de  l'I^^tat,  qui,  surtout  depuis- 
Henri  11.  leur  était  ouvertement  hostile. 


—  28;;  — 

M.  Caleb  Guyer  Kelly  a  consulté  les  sources  historiques  de  l'époque 
et  il  les  énumère  à  peu  près  complètement  à  la  fin  de  son  volume, 
après  les  avoir  signalées  dans  de  nombreuses  notes.  Mais  il  n'utilise 
en  général  que  les  témoignages  favoraljles  aux  [)rol(slants  et  il  con- 
fond la  réalité  avec  les  tendances.  11  suffit  pour  s'en  convaincre  de 
citer  un  exemple.  Que  les  doctrines  de  Calvin  aient  abouti,  après  de 
longues  années,  à  la  Hépubli(|ue,  personne  ne  le  nie.  Mais  qu'au  déijut 
les  grandes  villes  de  France  aient  été  converties  à^  ce  mode  de  gouver- 
nement, c'est  une  assertion  qu'il  est  impossible  d'accepter.  Quand 
l'auteur  dit  (p.  70)  que  la  ville  d'Orléans.  «  nombril  protestant  du 
royaume  )>,  avait  adopté  de  1557  à  1558  «  le  mécanisme  de  l'admirable 
institution  de  Calvin,  modèle  encore  aujourd'bui  de  la  république 
démocratique  »,  c'est  au  point  de  vue  historique  une  fausseté  absolue. 
Jamais  Orléans  n'a  connu  ou  pratiqué  avarit  la  Révolution  les  idées 
républicaines.  Pendant  l'occupation  violente  de  Condé  lors  de  la  pre- 
mière guerre  civile,  la  municipalité  catholique  avait  été  chassée  et 
remplacée  par  des  protestants,  mais,  dès  le  départ  des  soldats  de  dW  nde- 
lot,  l'administration  de  la  cité  de  Jeanne  d'Arc  redevint  catholique  et 
monarchicpie  pour  au  moins  trois  siècles.  Il  en  est  de  même  de  beau- 
coup de  réformes  des  huguenots  qui  ne  laissèrent  pas  de  traces  en 
France,  en  dehors  des  dévastations  barbares  que  l'auteur  a  bien  soin 
de  passer  sous  silence,  comme  n'étant  pas  de  son  sujet. 

Ces  réserves  faites,  il  est  certain  que  le  volume  de  M.  Caleb  Guyer 
Kelly  est  plein  d'observations  intéressantes  sur  les  mœurs  du  temps, 
sur  le  prix  des  denrées  et  les  vaiiations  du  pouvoir  de  l'argent,  sur 
les  partisans  de  la  Réforme  au  dedans  et  au  dehors,  sur  ce  qu'il 
nomme  «  l'arsenal  »  du  protestantisme.  Mais  au  point  de  vue  p<ili- 
tique,  son  chapitre  intitulé:  Guise  ou  Valois  ?  n'est  pas  exact  pour 
l'époque  qui  précède  la  bataille  de  Dreux. 

A  ce  moment  ne  s'agitait  aucunement  la  question  de  la  déchéance 
de  la  branche  des  Valois.  Charles  IX  pouvait  avoir  un  héritier  mâle  ; 
ses  frères,  le  duc  d'Anjou  et  le  duc  d'.\Iençon,  avaient  l'avenir  pour 
eux.  François  de  Guise  n'avait  pas  l'ambition  que  son  fils  pourra 
caresser  vingt  ans  plus  tard,  quand  Henri  III  se  sera  déconsidéré  et 
n'aura  pas  d'autre  successeur  éventuel  qu'un  protestant.  Plus  exact 
est  le  dernier  chapitre  qui  énumère  les  provinces  et  villes,  surtout 
dans  le  sud-ouest  de  la  France,  qui  formaient  «  l'arsenal  »>  du  protes- 
tantisme. Leur  résistance  au  pouvoir  établi  est  comparée  par  l'auteur 
aux  insurrections  de  la  Bretagne  et  de  la  Vendée  contre  la  Convention, 
qui  fut  un  mouvement  national  bien  différent.  C'est  le  malheur  des 
guerres  civiles  d'être  difficilement  comprises  par  les  étrangers,  en 
dépit  du  talent  véritable  dont  a  fait  preuve  M.  Caleb  Guyer  Kelly  et 
qui  est  tout  à  l'honneur  de  l'Université  de  Baltimore. 

G.  Baguenault  de  Puchesse. 


—  286  — 

Madame  de  Villeneuve,  née  Marie  I/Huillier  d'Interville,  fon- 
datrice et  institutrice  de  lu  Société  de  la  Croix  (1507-1G50), 

par  le  P.  A.  de  Salinis,  Paris,  Beauchesne,  1918,  in-8  de  xix-547  p.,  avec 
portrait.  — ■  Prix  :  6  fr. 
Madame  Carré  de  Malberg.  fondatrice  de  la  Société  des  Fillea 
de  Saint-François  de  Sales    (  1 829- 1  it9  i  ),    par    Mgr    Laveille. 
Tours,  Marne  ;  Paris,  Téqui,  1917,  in-8  de  xix-510p.  —  Prix  :  5  fr. 

—  L'histoire  de  la  Société  de  la  Croix  était  assez  connue  dans  ses 
grandes  lignes,  mais  celle  de  sa  fondatrice,  M°°'  de  Villeneuve,  l'était 
fort  peu,  n'ayant  jamais  été  écrite.  Aussi  l'ouvrage  du  P.  de  Salinis 
sera-t-il  accueilli  avec  un  vif  plaisir  par  tous  ceux  qui  cherchent  à 
connaître  dans  leurs  plus  minutieux  détails  les  origines  des  congréga- 
tions religieuses  nées  en  France.  Et  il  sera  d'autant  mieux  accueilli 
qu'il  contient  beaucoup  plus  de  choses  que  son  litre  n'en  annonce. 
En  effet,  avant  de  créer  cet  institut  de  la  Croix,  qui  fut  un  des  plus 
admirables  résultats  de  l'organisation  de  la  charité  catholique  en 
France  dans  la  première  moitié  du  xvii*'  siècle,  M°"  de  Villeneuve 
avait  joué  un  rôle  des  plus  considérables  dans  l'établissement  à  Paris 
des  premiers  monastères  de  la  Visitation  et  devint,  bien  qu'elle  ne 
fût  pas  visitandine  elle-même,  la  fondatrice  de  la  maison  de  la  rue 
Saint-Jacques.  Un  autre  lien  très  étroit  l'unissait  à  la  Visitation,  car 
c'est  elle  qui,  après  l'avoir  arrachée  à  une  vie  mondaine  peu  édifiante, 
amena  sa  sœur  Hélène  au  couvent  de  la  rue  Saint-Antoine  où  celle-ci 
prit  le  voile  et  dont  elle  devint  la  supérieure  sous  le  nom  de  Mère 
flélène-Angélique.  Bref,  elle  déploya  pendant  de  longues  années  un 
tel  zèle  pour  l'établissement  et  le  développement  de  la  Visitation  à 
Paris  qu'elle  fut,  après  la  baronne  de  Chantai,  la  fille  préférée  de 
saint  François  de  Sales.  C'est  dans  ses  rapports  personnels  avec 
l'évêque  de  Genève,  qui  commencèrent  lors  de  sa  venue  à  Paris  en 
1618,  qu'elle  puisa  les  lumières  et  l'énergie  indispensable  pour  fon- 
der, sur  un  plan  tout  nouveau,  cette  congrégation  des  Filles  de  la  Croix, 
qui  devaient  exercer  toutes  sortes  d'œuvres  de  charité  envers  les  per- 
sonnes de  leur  sexe,  particulièrement  envers  les  plus  pauvres.  Elle  ne 
fit  en  somme  qu'exécuter  ce  que  saint  François  de  Sales  avait  projeté 
de  faire  lui-même,  car  le  genre  de  vie  et  le  programme  d'œuvres 
adoptés  par  les  sœurs  de  la  Croix  sont  précisément  ceux  qu'il  aviiit 
primitivement  l'intention  d'imposer  aux  religieuses  de  la  Visitation. 
Mais  s'il  dut  renoncer  à  son  dessein,  il  était  tellement  persuadé,  du 
jour  où  il  connut  et  dirigea  M""  de  Villeneuve,  qu'elle  le  réaliserait 
enfin,  qu'il  lui  remît  les  constitutions  qu'il  avait  rédigées  pour  la  Visi- 
tation suivant  sa  première  pensée.  Aussi,  bien  qu'il  soit  mort  plu- 
sieurs années  avant  la  fondation  de  la  société  de  la  Croix,  on  peut 
affirmer  qu'il  en  fut  l'inspirateur  et  que  M""  de  Villeneiivc  fut,  au  re- 
gard de  cette  nouvelle  congrégntion,  l'exécutrice  de  sa  volonté  presque 


—  '2H1   - 

au  mèuic  litre  (jue  M  ""  de  Chaulai  pour  la  Visilatioii.  Les  lignes  qui 
précèdent  suPriront  pour  rnotitrer  combien  est  grand  linlérêt  que  doit 
présenior,  telle  cpielle  apparaît  dans  h-  livre  du  P.  de  Salinis. 
celle  longue  série  d'événements  religieux  auxquels  M'""  de  Villeneuve 
fut  si  élroitement  mêlée  en  compagnie  diin  grand  nombre  d'illustres 
et  saints  personnages.  Kl  je  m'empresse  d'ajouter  que  la  façon  lumi- 
neuse et  attachante  avec  laquelle  le  savant  jésuite  les  fait  passer  sous 
nos  yeux  ne  contribue  pas  peu  à  augmenter  cet  intérêt. 

—  La  douce  et  bienfaisante  influence  du  saint  évêque  de  CJenève  ne 
s'est  pas  faitsentir  uniquement  pendant  sa  vie  et  durant  les  premières 
années  qui  suivirent  sa  mort,  mais  elle  s'est  prolongée  jusqu'à  nos 
jours,  puisque  c'est  en  conformité  avec  la  méthode  de  formation 
spirituelle  de  ce  grand  saint  qu'a  été  organisée  il  y  a  peu  de  temps 
une  Association  placée  directement  sous  son  vocable,  celle  des  Filles 
de  Saint-François  de  Sales,  une  association  qui  se  distingue  complè- 
tement de  toutes  les  congrégations  religieuses  proprement  dites. 
Aussi  ne  saurait-on  trop  admirer  la  merveilleuse  fécondité  de  cette 
méthode  salésienne  d'où  sont  sortis  trois  groupements  unis  par  un 
même  esprit  et  cependant  si  différents  par  le  programme  suivant  le- 
quel se  déploie  leur  activité,  c'est-à-dire  :  la  Visitation  Sainte-Marie, 
dont  les  membres  vivent  dans  un  cloître  et  n'ont  plus  de  relation  avec 
le  monde,  puis  les  Filles  de  la  Croix,  qui  sont  astreintes  aux  vœux 
simples,  mais  ne  sont  pas  cloîtrées  et  se  livrent  à  des  œuvres  de  cha- 
rité à  l'extérieur  de  leurs  monastères,  enfin  les  Filles  de  Saint-François 
de  Sales,  jeunes  filles,  veuves  et  même  femmes  mariées,  qui  naturelle- 
ment ne  sont  pas  cloîtrées,  ne  prononcent  pas  même  de  vœux  et  ne 
se  réunissent  que  pour  réaliser  plus  facilement  une  double  fin  :  leur 
propre  sanctification  et  un  constant  apostolat  soit  dans  leur  famille, 
soit  en  dehors.  Ce  que  M°"  de  Chantai  et  M""  de  Villeneuve  furent, 
la  première  pour  la  Visitation,  la  seconde  pour  la  Société  delà  Croix, 
M""  Carré  de  Malberg  le  fut  pour  l'Association  des  Filles  de  Saint- 
François  de  Sales.  Pour  faire  entrevoir  à  quel  degré  de  perfection  elle 
était  arrivée,  il  suffira  de  dire  que  cinq  ans  seulement  après  sa  mort 
survenue  en  1801,  la  cause  de  sa  béatification  fut  introduite  à  Rome. 
Mais  on  ne  pourra  s'empêcher  de  manifester  ime  extrême  surprise 
quand  on  apprendra  que  M""  Carré  de  Malbergn'élait  pas  veuve  quand 
elle  mourut  et  qu'on  vit  ce  phénomène  extraordinaire,  un  mari  dépo- 
sant au  procès  de  béatification  de  sa  femme.  Le  livre  si  bien  écrit  par 
Mgr  Laveille,  qui  contient  l'histoire  de  celle  grande  dame  devenue 
une  sainte  au  milieu  de  toutes  les  occupations  et  distractions  de  la  vie 
du  monde  et  réussissant  sans  jamais  négliger  aucun  de  ses  devoirs 
d'état,  à  fonder  une  vaste  et  admirable  famille  spirituelle,  ce  livre 
devrait  être  lu,  aujourd'hui  surtout,  par  toutes  les  femmes  de  France. 


—  288  — 

Elles  y  découvriraient  comment  on  peut  se  sanctifier  dans  les  liens 
du  mariage,  tout  en  vaquant  aux  devoirs  du  ménage,  en  élevant 
ses  enfants  et  sans  se  soustraire  aux  relations  sociales. 

Léon  Clugnet. 


Mémoires  de  Louis-Marie  de  Loménie,  comte  de  Brieniie,  dit 
le  jeune  Brienne,  publiés  d'après  le  manuscrit  autographe,  pour  la 
Société  de  l'histoire  de  France,  par  Paul  Bonxefon.  T.  III.  Paris,  Société 
de  l'histoire  de  France.  1919,  in-8  de  lvui-324  p.  —  Prix  :  9  fr. 

M.  Bonnefon  vient  d'achever  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France 
les  Mémoires  du  Jeune  Brienne,  qui  forment  trois  gros  volumes  et 
sont  consacrés  au  début  du  règne  de  Louis  XIV  (Voir  pour  les  deux 
premiers  tomes,  Polybiblion  de  février  1918,  t,  CXLIl,  p.  125-126). 
S'ils  ne  contiennent  pas  de  révélations  importantes,  ils  abondent  en 
anecdotes  et  en  observations  d'un  narrateur  dont  les  écrits  sont  beau- 
coup plus  raisonnables  que  la  personne.  Car  il  est  impossible  d'avoir 
gâché  aussi  complètement  une  vie  qui  commençait  sous  les  auspices 
les  plus  favorables.  Né  en  i<i36,  il  était  attaché  à  seize  ans  au  secré- 
tariat de  la  maison  du  Roi,  par  la  grâce  de  la  Reine-mère  et  de  Maza- 
rin,  comme  survivancier  de  son  père,  et  il  était  aussi  le  compagnon 
des  jeux  du  jeune  Roi  et  investi  de  toute  sa  confiance.  Ses  désordres, 
un  jeu  effréné  et  peu  honnête  le  firent  bientôt  tomber  en  disgrâce  ;  et 
comme  une  sorte  de  folie  le  rendait  assez  compromettant,  il  fut,  par 
lettre  de  cachet,  enfermé  dans  des  couvents,  où  il  charma  ses  loisirs 
par  une  monomanie  de  vers  latins  et  français  et  la  rédaction  de  ses 
Mémoires.  Très  lettré,  il  était  d'ailleurs  l'ami  de  Chapelain,  de  La  Fon- 
taine, de  Boileau,  de  M""'  Deshoulières.  de  la  famille  de  Pascal,  avec 
laquelle  il  prépara  une  édition  des  Pt-nsées,  jouissant  d'une  certaine 
liberté,  qui  lui  permettait  de  ne  pas  perdre  ses  relations.  Définitive- 
ment élargi  en  1696,  il  se  retira  volontairement  dans  une  abbaye  de 
chanoines  réguliers  de  Saint-Victor,  à  Château-Landon  ;  et  c'est  là 
qu'il  écrivit  une  seconde  version  de  ses  Mémoires,  celle  que  le  pré- 
seut  volume  reproduit,  d'après  un  très  beau  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque nationale. 

Brienne  avait  composé  beaucoup  d'autres  écrits  sur  des  sujets  très 
divers,  particulièrement  sur  le  jansénisme,  lesquels  avaient  circulé 
tant  imprimés  que  manuscrits  au  xviu«  siècle,  mais  qui,  on  ne  sait 
comment,  ont  tous  à  peu  près  disparu.  La  perte  n'est  peut-être  pas 
très  grande,  car  l'auteur  est  fort  incapable  de  diriger  sa  plume  avec 
quelque  méthode,  et  c'est  encore  dans  des  souvenirs  personnels  que 
le  décousu  est  le  plus  acceptable.  M.  Bonnefon  n'a  pas  dissimulé  tous 
cesdéfaiitsdansla  longue  et  intéressante  notice  qui  est  destinée  à  servir 
d'Introduction  à  ce  recueil  ;  il  a  eu  soin  de  corriger  parfois  les  asser- 


—  2H[)  — 

lions  douteuses  de  l'auteur;  il  a  partout  ajouté  les  notesles  plusérudites 
■et  les  plus  précises,  et  il  a  terminé  par  une  table  analytifjue  (jui  sera 
très  utile  aux  travailleurs.  Ou  connner>ceà  bien  rounaître  Louis  \IV  ; 
-mais  on  peut  toujours  découvrir  quekjue  point  qui  avait  écliappé  aux 
Jiistoriens,  surtout  dans  le  récit  d'un  témoin  (pii  pondant  quelques 
années  a  approché  de  si  près  le  souverain,  dont  le  caractère  ne  se  des- 
sina vraiment  qu'après  la  mort  de  Mazarin. 

G.  Baguenallt  de  Pcciikssr. 


Encyclopédie  polonaise.  Vie  économique  de  lu  Pologne,  publié 
par  le  Comité  des  publications  encyclopédiques  sur  la  Pologne.  Lausanne, 
imprimeries  réunies  S.  A.,  1919,  in-8  de  xxx-769  p.,  avec  30  cartes  dans 
le  texte  et  hors  texte,  et  des  diagrammes. 

Pour  permettre  à  ceux  qui  s'intéressent  à  la  Pologne  d'acquérir 
■facilement  les  données  qu'ils  cherchent  sur  elle,  et  surtout  pour  fournir 
-à  ceux  qui  ont  dû  décider  de  son  sort  les  informations  nécessaires 
pour  prendre  leurs  décisions  en  toute  connaissance  de  cause,  et  con- 
formément aux  données  fondamentales  sur  lesquelles  repose  toute  la 
-question  de  Pologne,  il  s'est  constitué  dès  l'année  1915  un  comité 
polonais.  Celui-ci  a  jugé  indispensable  de  publier  rapidement  un 
ouvrage  encyclopédique  assurant  des  informations  exactes  à  qui- 
conque voudrait  prendre  connaissance  de  la  question  polonaise  et 
l'étudier  dans  ses  rapports  avec  les  intérêts  des  autres  pays  européens. 
Sans  tarder,  il  s'est  mis  à  l'œuvre,  et  le  voici  qui,  après  trois  ans  de 
travail,  publie  l'Encyclopédie  polonaise.  En  six  volumes,  cet  ouvrage 
exposera  l'histoire  de  la  Pologne  indépendante  (t.  I),  la  géographie, 
l'ethnographie  et  la  démographie  de  la  contrée  (t.  Il),  sa  vie  écono- 
mique (t.  Ill),  son  organisation  politique  et  administrative,  judiciaire 
et  scolaire  (t.  IV  et  Y),  enfin  sa  vie  intellectuelle  et  morale  (t.  VI). 
Tel  est  le  plan  très  rationnel,  permettant  de  connaître  toute  la  vie  de 
Il  nation  polonaise,  qu'a  tracé  l'initiateur  de  l'ouvrage,  M.  Erasme 
Piltz,  directeur  de  la  «  Société  des  études  sociales  »  à  Varsovie.  — 
Mais  il  ne  suffît  pas  de  concevoir  un  plan,  il  faut  l'exécuter  ;  voilà  ce 
que  M.  Piltz  a  su  mener  à  bonne  fin  avec  l'aide  d'un  comité  de  rédac- 
tion dans  lequel  se  trouvent  les  savants  polonais  les  plus  éminents. 
Grâce  à  la  collaboration  de  ces  hommes 'de  bonne  volonté,  l'œuvre  a 
été  menée  rapidement  ;  en  voici  un  premier  volume,  consacré  à  la  vie 
économique  et  sociale  de  la  Pologne,  le  tome  III  de  l'ensemble  de 
l'ouvrage.  Rédigé  par  nombre  de  personnalités  compétentes,  dont 
M.  Stefan  L.  Zaleski  a  revu  les  manuscrits  afin  de  les  fondre  en  un 
tout  homogène,  ce  grps  volume  est  conçu  sur  un  plan  très  simple  : 
.  après  un  aperçu  d'ensemble  sur  les  richesses  naturelles  de  la  Pologne 
—  nous  voulons  dire  de  l'ancienne  république  de  Pologne,  dont  les 
Novembre-Décembre  1919.  A-  GXL^1.  19. 


—  2ÎK)  — 

frontières  délimitent  le  champ  géographique  de  la  publication  —  voici  i 
une  élude  de  chacune  des  trois  parties  entre  lesquelles  elle  a  été 
morcelée  :  Pologne  prussienne,  Galicie  et  Silésie  de  Cieszin  (Teschen) 
ou  Silésie  autrichienne,  enfin  royaume  de  Pologne  —  le  royaume  du 
Congrès  de  1815,  en  dehors  duquel  se  trouvent  encore  d'au  lies  parties 
de  l'ancienne  république  de  Pologne,  la  Lithuanie  et  la  Ruthénie,  et 
aussi  la  Gourlande,  auxquelles  est  consacrée  une  section  spéciale  du 
volume.  Dans  chacune  de  ces  quatres  sections,  l'ordre  adopté  est  le 
même.  Après  un  chapitre  d'Introduction  sur  révolution  économique 
du  pays  au  cours  du  xix^  siècle  et  jusqu'à  1914,  l'agriculture,  l'indus- 
trie, le  commerce,  les  voies  de  communication,  le  crédit,  les  sociétés 
coopératives,  la  question  ouvrière,  les  finatices  publiques,  font  l'objet, 
de  chapitres  spéciaux.  Rien  de  plus  intéressant,  pour  la  connaissance 
de  la  situation  respective  de  chacune  des  fractions  delà  Pologne,  que 
la  comparaison  des  quatre  chapitres  traitant  du  même  sujet.  —  Mais, 
dira-ton  peut-être,  quelle  garantie  peuvent  ofl'rir  les  données  fournies 
par  V Encyclopédie  polonaise  ?  Ses  rédacteurs  n'ont-ils  pas  visé  à  faire 
œuvre  tendancieuse  plutôt  que  scientifique  ?  Il  faut  tenir  compte 
d'abord  du  nom  même  de  ces  rédacteurs,  de  leur  autorité  et  de  leur 
probité  scientifiques  ;  ce  sont  là  des  garants  de  l'exactitude  des  faits 
énoncés  par  eux.  En  outre,  les  statistiques  ont  été  empruntées  presque 
exclusivement  aux  documents  officiels  des  Etats  copartageants  ;  les 
autres  sources  utilisées  sont  mentionnées  de  manière  explicite.  Enfin 
les  appréciations  et  les- jugements  personnels  ont  été  réduits  au  mini- 
mum. On  peut  donc  faire  confiance  au  volume  111  de  l'Encyclopédie 
polonaise,  qu'illustrent  trente  cartes  dans  le  texte  et  hors  texteet  de 
nombreux  graphiques,  et  dont  un  copieux  index  alphabétique  facilite 
la  consultatioîi.  Souhaitons-lui  une  cordiale  bienvenue  en  exprimant 
le  vœu  que  les  autres  tomes  de  cette  belle  publicalion  lui  ressemblent 
et  ne  tardent  pas  trop  à  paraître.  IIenui  Fhoidkvaux. 


Recueil  des  actes  diplomatiques,  traités  et  docuknents  concer- 
nant la  Pologne.  Tome  I.  Les  Parlages  de  la  Pologne  el  la  lutte  pour 
l'indépendance,  par  Kauol  Lutostanski.  Lausanne  el  l'aris,  Payot,  1918, 
in-4  de  xix-712-xli  p.,  avec  4  cartes  hors  texte. 

Tandis  qu'un  groupe  de  savants  polonais  entreprend  la  publication 
d'une  importante  Encyclopédie  polonaise,  un  érudit  de  grande  valeur, 
M.  Karol  Lulostanski,  professeur  à  l'Université  de  A'^arsovie,  fait 
paraître  un  recueil  considérable,  relatif  aux  partages  de  la  Pologne 
et  à  la  lutte  pour  l'indépendance.  Ce  recueil,  qui  va  de  1763  jusqu'en 
l'aimée  1804,  contient  dans  ses  369  numéros  autant  de  textes  dont  le 
premier  est  l'extrait  d'une  dépêche  du  nnuistrc  anglaisa  ^'arsovie, 
W.  Wroughton,  signalant  à  son  gouvernement  les  bruits  (pii  couTent. 


—  2ÎM  — 

dans  la  capitale  do  la  l'olopno  sur  l'existence  d'une  «  crileiilo  entre  le 
roi  de  Prusse  et  linipéralrice  de  Russie  pour  le  partage  de  la  plus 
grande  partie  des  terres  polonaises.  »  Le  dernier  est  une  dépôclie  de 
Bismarck  à  l'envoyé  pinssien  à  Saint-Pélersljourg,  lui  rocomniandaiit 
de  donner  au  vice-chancelier  Gorlcliakow  l'assurance  que  le  gouver- 
nennent  prussien  approuve  les  mesures  prises  par  la  Russie  à  l'égard 
du  clergé  catholique,  que  la  Prusse  est  prête  à  prendre  partie  à  une 
entente  des  trois  cabinets  de  Vienne,  de  Pétersbotirg  et  de  Berlin  en 
ce  qui  regarde  la  question  polonaise,  et  éventuellement  à  fournir  à  la 
Russie  une  aide  efficace  et  loyale.  Entre  ces  deux  textes,  qu'encadrent 
une  Introduction  sur  les  causes  essentielles  de  la  chute  de  la  répu- 
blique de  Pologne,  et  un  épilogue  étudiant  le  régime  des  puissances 
copartageanles  dans  les  territoires  de  cette  république  depuis  1864 
jusqu'à  1914,  se  développe  toute  la  série  des  documents  qui  racontent 
la  lamentable  histoire  des  partages  de  1772-1795,  du  grand-duché  de 
Varsovie  et  du  quatrième  partage,  de  l'insurrection  de  1830-1831  et 
de  ses, conséquences,  du  «  printemps  des  peuples  »  en  Pologne,  en 
1848,  enfin  de  l'insurrection  de  1863-1864. —  Ces  documents  sont 
classés  par  ordre  de  dates  et  reproduits  les  uns  intégralement  ou  eu 
extraits  constituant  un  tout  homogène,  les  autres  en  extraits  reliés 
les  uns  aux  autres  par  une  analyse  succincte  pour  laquelle  ont  été 
surtout  employés  les  termes  mêmes  des  originaux  ;  toussent,  comme 
il  convient,  précédés  de  leur  analyse  sommaire.  Pour  faciliter  aux 
lecteurs  l'intelligence  des  documents,  de  brèves  notices,  intercalées 
entre  les. pièces  reproduites,  rappellent  les  principaux  événements 
qui  se  sont  déroulés  à  l'époque.  Tel  est  le  système  suivi  par  M.  Karo^ 
Lutostaiiski  ;  grâce  à  des  différences  de  caractères  typographiques,  le 
lecteur  se  rend  compte  au  premier  coup  d'oeil  de'ce  qu'est  le  texte 
qu'il  lit  :  œuvre  de  l'éditeur,  texte  résumé  ou  texte  intégral.  Il  dispose 
d'autre  part,  pour  situer  les  localités  et  saisir  les  traits  géographiques 
des  partages,  de  quatre  excellentes  c^tes  hors  texte  dressées  par 
M.  Biske  ;  enfin,  pour  des  recherches  sur  un  point  déterminé,  il  peut 
recourir  à  une  excellente  tables  des  Actes,  contenant  la  date  et 
l'analyse  de  chacun  d'eux  et  l'indication  de  la  source  d'où  il  a  été 
tiré,  puis  à  un  copieux  index  des  noms  propres  de  localités  et  de 
personnes.  —  Tel  qu'il  est  ainsi  constitué,  le  volume  établi  par 
M.  Karol  Lutostanski  constitue  un  très  précieux  répertoire,  et  qui 
manquait  ;  il  faut  le  féliciter  d'avoir  dressé  ce  répertoire  avec  autant 
de  science  et  de  scrupule  à  la  fois.  Puissent  les  deux  volumes  qui 
doivent  l'encadrer,  et  qui  auront  trait  l'un  aux  relations  polono- 
lithuaniennes,  l'autre  à  la  guerre  mondiale,  être  les  dignes  frères  de 
celui-ci  et  constituer,  comme  lui,  de  précieux  instruments  de  travail  ! 

Henri  Froidevalx. 


—  292  — 

Notes  de  James  Hladison  sur  les  débats  de  la  Convention  fédé- 
rale de  1  7JJ7  et  leur  relation  avec  une  plus  parfaite  Société 
des  nations,  par  James  Brown  Scott  ;  trad.  par  A.  de  Lapradelle. 
Paris,  Bossard,  1919,  in-8  de  xx-160  p.  —  Prix  :  4  fr.  50. 

En  1778,  Içs  colonies  américaines  qui  se  sont  confédérées  contre 
l'Angleterre  ont  formé  une  Société  des  nations  dont  les  liens  se. sont 
resserrés  en  1787  ;  le  pacte  de  cette  dernière  date  n'est  plus  un  traité, 
mais  une  véritable  constitution  ;  et  les  peuples  de  ces  différents  États 
ne  sont  plus  des  peuples,  mais  un  seul  peuple,  celui  des  États-Unis. 
Pourquoi  n'en  serait-il  pas  ainsi  du  pacte  actuel  de  la  Société  des 
nations?  M.  James  Brown  Scott  entreprend  de  le  prouver,  sans  le 
dire  explicitement,  dans  son  étude  sur  les  excellentes  notes  prises 
par  James  Madison  au  cours  des  débats  de  la  Convention  fédérale  de 
1787.  Mais  reste  à  savoir  si  le  progrès  est  réalisable  dans  le  sens  où 
la  Société  des  nations  est  orientée  actuellement  ;  peut-être  le  sera-t-il 
plutôt  si  l'on  envisage,  au  lieu  de  la  médiation  d'un  corps  politique, 
le  développement  d'une  Cour  d'arbitrage  à  compétence  étendue  jus- 
qu'aux questions  politiques.  Telle  est  l'idée  qui  se  dégage  de  ce  petit 
livre  de  M.  James  Brown  Scott  que,  comme  les  légistes  et  les  fervents 
de  droit  international,  les  historiens  liront  avec  intérêt  et  avec  fruit 
mais  peut-être  aussi  avec  quelque  scepticisme.  H.  F. 


La  Révolution  française  et  le  réjjime  féodal,  par  .\lphonse  âulard. 
Paris,  Alcan,  1919,  in-t6,  de  iv-286  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

Dans  la  nuit  du  4  août,  la  Constituante  ne  détruisit  ^as  tout  le 
'régime  féodal.  Les  paysans  firent  des  insurrections  dans  le  Quercy  et 
provoquèrent  des  troubles  dans  le  Périgord.  En  août  1792,  après  la 
chute  de  la  Royauté,  la  Constituante  diminua  le  nombre  des  cas  de 
cens,  de  champart,  de  droits  seigneuriaux  quelconques,  mais  jus- 
qu'en juillet  1 793  les  Français  payaient  encore  le  cens  et  le  champart  ; 
les  particuliers,  possesseurs  des  droits  seigneuriaux  ont  pu,  en 
certaines  circonstances,  être  moins  rigoureux  sous  la  Révolution 
que  sous  l'ancien  régime,  mais  la  nation  deveime  propriétaire 
des  biens  du  clergé,  des  émigrés  et  du  Roi,  perçut  à  la  place  des 
anciens  possesseurs  les  droits  seigneuriaux  et  se  montra  plus  rigou- 
reuse que  les  particuliers  ou  les  corps.  M.  Aulard  expose  très  fine- 
ment les  raisons  de  cette  aggravation  du  système  féodal  entre  les 
mains  de  l'Administration,  Les  paysans  réclamaient  la  suppression 
de  ces  derniers  vestiges  de  la  féodalité.  Ils  veulent  le  règne  do  l'éga- 
lité comme  celui  de  la  liberté.  La  loi  du  17  juillet  1793  supprima 
sans  indemnité  toutes  redevances  ci-devant  seigneuriales,  droits  féo- 
daux, censuels,  fixes  et  casuels  ;  elle  sacrifiait  les  intérêts  de  quelques 
particuliers,  héritiers  des  droits  seigneuriaux,  et  môme  les  intérêts 


—  293  — 

pécuniaires  de  la  nation,  propriétaire  de  la  majeure  parlic  de.->  dioits 
supprimes.  Cette  loi  combattue  sous  le  Directoire  et  le  Consulat  ne 
put  pas  être  rapportée  devant  les  manifestations  in(jui(''tes  (]f\  l'opi- 
nion publique.  Ce  ne  fut  que  le  17  septembre  1793  que  la  r'V'ie  de 
l'enregistrement  recommanda  à  ses  agents  l'application  de  la  loi  par 
une  circulaire  reproduite  aux  pages  2t)8-273.  On  lira  avec  un  inlt'uct 
particulier  le^ chapitres  1  et  2  sur  le  régime  féodal  sous  Louis  \VI  et 
sur  la  nuit  du  4  août  et  on  remarquera  dans  les  chapitres  suivants  la 
prudence  avec  laquelle  M.  Aulard  s'appuie  sur  des  documents  encore 
peu  nombreux  dans  la  question  de  la  réalité  du  paiement  des  droits 
féodaux  soit  aux  particuliers,  soit  à  la  nation.  M.  Aulard  déclare 
n'avoir  pu  tracer  qu'une  esquisse,  mais  son  livre  sera  un  guide  néces- 
saire à  tous  ceux  qui  voudront  éludier  le  régime  féodal  sous  la  Révo- 
lution. G.  P. 


Les  Bénédictins    de    Saint-Vanne   et    la    Itévolution.   par    .Ikan 
GoDEFROY.  Paris,  Champion.  1918,  in-lG  do  322  p.  —  Prix  :  5  fr. 

La  vie  monastique  avait  perdu  begiucoup  de  sa  régularité  au  cours 
des  dissensions  religieuses  et  politiques  du  xvi'  siècle.  Déjà,  un  pre- 
mier groupe  d'abbayes  bénédictines  s'était  réuni  en  congrégation  et 
avait  pris  comme  centre  le  monastère  de  Chezal-Benoît  ;  Saint-Maiu" 
devait  profiter  ensuite  de  l'expérience  des  devanciers,  et  reprendre  le 
même  programme.  Les  bénédictins  de  l'est  formèrent  une  société 
indépendante  qui  débuta  par  l'union  des  abbayes  de  Saint-Vanne,  à 
Verdun,  et  de  Saint-Hydulphe,  à  iloyenmoutier.  En  1789,  la  réforme 
de  Saint- Vanne  était  adoptée  dans  une  cinquantaine  de  maisons  répar- 
ties dans  les  trois  provinces  de  Lorraine,  Franche-Comté  et  Cham- 
pagne. 

Que  devint  pendant  la  Révolution  cette  branche  de  l'arbre  béné- 
dictin ?  C'est  à  cette  question  que  M.  Godefroy  a  voulu  répondre  et 
il  l'a  fait  avec  beaucoup  de  savoir.  Son  livre  ne  contient  pas.  hélas  ! 
que  des  pages  édifiantes,  mais  si  l'auteur  est  obligé  de  dévoiler  beau- 
coup de  scandales,  il  le  fait  d'une  main  respectueusement  discrète  et 
avec  une  compassion  pieusement  attristée. 

Selon  lui,  le  principe  de  décadence  qui  s'était  assez  vile  développé 
chez  les  religieux  de  Saint-Vannedérivaitdun  vice  constitutionnel  de 
leur  compagnie.  Pour  renouveler  et  rajeunir  l'esprit  religieux,  pour 
éviter  les  longues  prélatures  dont  les  inconvénients  étaient  trop  con- 
nus, ils  limitaient  à  une  courte  période  les  pouvoirs  de  supérieurs  obli- 
gatoirement renouvelables  et  réduisaient  l'autorité  de  ces  supérieurs 
éphémères  en  les  pourvoyant  d'assistants  qui  neutralisaient  leur 
semblant  de  pouvoir.  Ce  régime  anémiant  avait  tué  toute  initiative  et 
toute  vue  à  longue  échéance  pouvant  déterminer  une  action  féconde. 


—  294  — 

Les  moines,  dont  les  bonnes  volontés  restaient  inutiles,  s'endorn:iaient 
dans  l'oisiveté  et  quand  la  tempête  révolutionnaire  se  leva,  leur  édi- 
fice s'écroula  en  ensevelissant  bien  des  victimes  sous  ses  ruines. 

P.   PlSA.NI, 


Les  Martyrs  de  Septembre,  par  Henri  Welschinger.  Paris.  Lecoffre, 
Gabalda.  1919.  in-12  de  xxiv-181  p.  (Collection  Les  Saints).  —Prix: 
3fr. 

Une  Préface  pleine  de  sentiments  généreux  et  de  foi  ardente  pré- 
lude au  récit  très  documenté  des  massacres  parisiens  de  1792  dans 
les  «  prisons  »  des  Carmes,  de  l'Abbaye,  de  la  Force  et  de  Saint- 
Firmin.  Mise  au  point  de  tous  les  témoignages  déjà  écrits  ou  impar- 
faitement connus,  et  corroborés  par  les  pièces  du  procès  de  béatifi- 
cation actuellement  en  Gour  de  Rome  et  très  avancé  par  les  soins 
du  savant  postulateur  Mgr  de  Teil.  —  A.  qui  incombe  la  responsabi- 
lité de  ces  massacres  (213  victimes  :  3  évêques,  207  prêtres,  3  laïcs)  ? 
M.  Welschinger  l'établit  avec  une  indépendance  d'historien  qui  ne 
craint  pas  de  prendre  la  respoasabililé  de  ses  jugements  :  il  conclut 
que  c'est  aux  pouvoirs  publics,  à  Danton.  A  côté  de  cet  aspect  poli- 
tique, il  y  a  l'intérêt  religie<ix  ;  ces  «  massacrés  »  furent  des  «  mar- 
tyrs »  victimes  de  leur  attachement  indéfectible  aux  lois  de  l'Église 
catholique.  M.  Welschinger  relève,  résume,  reproduit  les  preuves 
recueillies  et  admises  par  les  juges  compétents  du  tribunal  romain 
et  s'associe  à  l'hommage  mérité  par  les  nobles  serviteurs  de  la  vérité 
qui  refusèrent  de  prêter  un  serment  schismatique.  Pour  corroborer 
son  exposé  historique  il  donne,  avec  une  bibliographie  succincte, 
d'importantes  «  Annexes  »  dont  la  première  est  la  liste  alphabétique 
des  victimes.  Ce  petit  volume  est  donc  aussi  utile  qu'intéressant, 
auusi  émouvant  que  probant  ;  il  met  au  point  un  épisode  capital 
de  l'histoire  religieuse  de  la  Révolution.  G.  de  G. 


Histoire  de  la  Confédération  suisse,  par  Johannès  Dierauer  ;  tra- 
duit de  l'allemand  par  Auguste  Reymond.  Tome  V.  Première  partie.  De 
1798  à  1813.  Lausanne,  Payot,  1919,  in-8  de  vin-376  p.  —  Prix  :  10  fr. 

La  Suisse  ne  tarda  pas  à  essuyer  le  contre-coup  de  la  Révolution 
française  auquel  les  mauvaits  sujets  du  Club  helvétique  de  Paris 
-s'employèrent  assez  efficacement  à  ne  la  laisser  point  échapper.  Pour- 
tant, jusqu'en  1798,  le  magistrat  des  divers  États  conserva  son  pou- 
voir presque  intact,  et  la  République  française,  aidée  de  linfâme 
Gobel,  ancien  sufîragant  de  l'évêque  de  Bâle,  n'avait  encore  arraché  à 
leur  antique  Confédération  que  la  principauté  de  Porrentruy,  appar- 
tenant à  ce  prélat,  et  dont  elle  avait  fait,  en  1793,  le  département  du 
Mont-Terrible.  Mais,  dès  cette  époque,  la  Convention  formait  le  des- 


seit»  d'etivahîr  et  de  piller  tout  le  pays  de  ces  anciens  alliés  de  la  Cou- 
roune.  Ronapaile  décida,  en  1797,  d'accomplir  le  projet,  d'accord 
avec  le  jacobin  Rewbel  et  des  patriotes  tels  que  le  Hàlois  Ochs  et  le 
Vaudois  César  de  la  Harpe.  Les  tyrans  de  notre  démocratie  modèle 
prétendaient  délivrer  les  cantons  du  joug  de  leurs  souverains  aristo- 
crates, alors  que,  selon  la  parole  de  l'arnbâssadenr  de  France  niême, 
«  personne  n'ignorait  que  nul  peuple  n'était  plus  licurcux  que  le 
peuple  suisse,  que  nul  n'était  conduit  avec  plus  de  douceur,  plus 
d  bumanité,  plus  de  paternité.  »  (Papiers  de  Barlheleiny,  IH,  144). 
Aussi  tout  le  peuple  bonnête,  en  général,  demeurait-il  altacbé  aux 
anciens  gouvernements.  Il  s'agissait,  au  fond,  pour  le  Directoire,  en 
1798,  «  d'extorquer  les  millions  nécessaires  au  paiement  des  soldes 
arriérées  et  à  l'expédition  projetée  en  l^gypte  »,  puis  d'abolir  la  neu- 
tralité traditionnelle  de  la  Confédération  afin  d'établir  sur  son  terri- 
toire M  une  base  d'opérations  contre  l'Autriche.  »  (Dieraucr,  IV,  589). 
Sous  de  mauvais  prétextes,  les  Français,  après  s'être  annexé  Genève, 
envahirent  donc  la  Suisse.  Les  petits  cantons,  que  nous  nommions 
les  populaires ,  imaginèrent  na'ivement  que  la  grande  démocratie  voi- 
sine les  ménagerait  ;  ils  se  tinrent  sur  une  malheureuse  réserve  et  les 
Bernois  presque  seuls,  en  définitive,  résistèrent  avec  un  admirable 
courage  :  leur  peuple,  jusqu'aux  vieillards,  aux  enfants  et  aux 
femmes,  combattit  héro'i'quement.  Berne  succomba  le  5  mars  :  les 
«  libérateurs  »  s'emparèrent  de  son  trésor  et  firent  subir  a  toute  la 
Suisse  un  véritable  pillage  sous  la  direction  de  leurs  généraux  assistés 
de  fonctionnaires  tels  que  les  citoyens  Rapinat  (beau-frère  de  Rew- 
bel), Forfait  et  Grugeon,  aux  noms  curieusement  symboliques.  Le 
traître  Ochs  proclama  la  République  helvétique  une  et  indivisible,  à 
l'image  de  la  u  Grande  nation.  »  C'est  surtout  l'abominable  impiété 
des  armées  de  notre  République  qui  souleva  les  catholiques,  pour 
lesquels  l'Église  est  la  suprême  patrie,  contre  la  constitution  importée 
de  Paris,  déjà  qualifiée  de  Babylone  sans  Dieu.  Un  de  leurs  prêtres, 
montrant  le  crucifix  dressé  sur  la  place  publique,  s'écriait  :  «  Que  la 
religion  de  nos  pères  soit  notre  constitution,  la  croix  notre  arbre  de 
la  liberté  !  Vive  la  liberté  des  enfants  de  Dieu,  l'égalité  en  Jésus- 
Christ,  V unité  et  l'indivisibilité  de  notre  sainte  foi  catholique  !  » 
(V.  7).  Ils  livrèrent,  à  leur  tour,  d'héro'iques  combats  :  près  de  Stanz. 
102  femmes  et  25  enfants  y  périrent.  Ils  devaient  nécessairement 
succomber  sous  le  nombre  écrasant  des  envahisseurs  qui  commirent 
toutes  les  atrocités  imaginables  :  massacres,  viols,  incendies,  une 
déesse  Raison  assise  sur  l'autel  par  le  général  Xaintrailles  dans  les 
églises  du  Vallais,  etc..  Des  jacobins  tels  que  Jean  de  Bry  avouaient 
que  «  la  conduite  de  nos  gens  de  guerre  était  aussi  atroce  qu'impoli- 
tique.  »  Enchaînée  à  la  France  par  une  alliance  défensive  et  offensive. 


—  29C  — 

la  Suisse  fut  le  théâtre  delà  campagne  de  1799  contre  les  Autrichien»- 
et  les  Russes.  La  lutte  politiqiie  fut  vive,  dans  la  suite,  entre  unitaires^ 
el  fédéralistes.  Le  génie  de  l'homme  d'État,  supérieur  encore  chez-^ 
Napoléon  à  celui  de  l'honime  de  guerre,  Je  fit  se  prononcer  en  faveur 
des  défenseurs  de  la  tradition  historique  ;  il  dota  la  Suisse  de  l'acte 
de  médiation  du  19  février  1803  qui  rétablissait  l'autonomie  des 
Cantons  ;  a  la  Révolution  est  finie.  Monsieur  Ochs  »,  signifiait  il  sim- 
plement, ce  jour-là,  à  son  collaborateur  d'antan. 

La  Suisse  n'en  fut  pas  moins,  sous  ce  nouveau  régime,  traitée  en 
vassale  de  la  France  :  sa  neutralité  ne  fut  qu'un  vain  mot  pour  le 
conquérant  ;  le  recrutement  militaire,  dit  volontaire,  fut  en  réalité 
forcé  et  général  pour  le  service  de  France.  Le  maître  prit  la  vallée 
des  Dappes  au  canton  de  Vaud,  fit  du  Vallais  un  département  de  son 
empire,  occupa  le  canton tiu  Tessin  et  bombarda  prince  de  NeufchâteL 
son  féal  Berthier  ;  il  lui  sembla  élégant  de  se  faire  personnellement 
seigneur  de  Raezuns,  chez  les  Grisons,  à  la  place  du  chef  delà  maison 
d'Autriche,  On  peut  dire  toutefois  avec  un  contemporain  que  la 
Suisse  fut  alors  —  de  même  qu'elle  l'a  été  de  nos  tristes  jours,  pen- 
dant la  guerre  universelle  de  1914  à  1918 —  «comme  une  ère  de 
paix  et  de  bénédiction  dans  la  mer  universellement  démontée.  » 

En  1813,  la  Suisse  osa  refuser  à  Napoléon  une  nouvelle  levée  de 
sept  mille  hommes.  Après  Leipzig,  il  reconnut  la  neutralité  de  ce 
pays  qui  ne  pouvait  être  alors  qu'à  son  profit;  mais  ce  furent  les 
Alliés  qui  profitèrent  du  passage  et  s'en  allèrent  délivrer  Genève  de 
la  domination  française. 

Nous  ne  saurions  adopter  toutes  les  considérations  politiques  de 
M.  Dierauer  et  nous  aurions  bien  des  observations  à  lui  opposer  en- 
ce  qui  touche  la  religion  au  cours  de  ses  cinq  volumes  ;  son  œuvre, 
accompagnée     d'une    copieuse    bibliographie,     est    cependant     de- 
grande   valeur   au  point  de  vue  de  l'érudition  et  passe  de  beaucoup, 
à  cet  égard,   toutes  les  Histoires  de  la  Confédération  qui  ont  paru' 
jusqu'à  présent  ;  il    a  eu,  en  outre,  la  bonne  fortune  de  trouver  un 
habile  et  consciencieux  traducteur  en  la  personne  de  M.  Reymond. 

Un  helvéticisme,  le  mot  prélérité,  a  échappé  (p.  3o)  ;  il  faut  lire  : 
Holitor,  au  lieu  de  Mortier  (p.  98).  Htr^oix  db  Laisdosle. 


'Un  Journal  d'ouvriers.  «  I/Atelier  »  (1840-1850),  par  A.  Guvil- 
LIER.  Paris.  Alcan,  1914,  in-i6  de  xn-297  p.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

On  connaît  Bûchez,  fondateur  d'une  École  qui  se  détacha,  en  1829, 
de  l'École  saint-simonienne.  Il  rallia  d'assez  nombreux  disciples,  non 
seulement  parmi  les  intellectuels,  mais  parmi  les  ouvriers.  Ceux-ci; 
fondèrent,  en  1840,  le  journal  l'Atelier,  organe  des  intérêts  matériels 
el  moraux  des  ouvrier'    Rédigé  par  des  ouvriers,   pour  des  ouvriers,.. 


-  297  — 

le  journal  disparut  eu  1850,  faute  d'avoir  pu  trouver  le  cautionne- 
ment de  1800  francs  nécessaire.  C'est  l'histoire  de  cette  brève  carrière 
que  nous  présenle  M.  Cuvillier.  , 

L'intérêt  de  son  livre  vient  des  aperçus  qu'il  nous  donne  sur  les 
idées  des  ouvriers  dans  celte  période  si  niouvenionlée.  Les  rédac- 
teurs de  l'Atelier  constituaient  une  élite.  Ils  sont  imprégnés  d'un  spiri- 
tualisme sympathique  à  l'Église  catholique,  mais  ils  en  rejettent  la 
discipline  ;  les  catholiqties  démocrates  du  Sillon  les  ont  revendiqué» 
comme  des  précurseurs. 

Dans  l'ordre  économique  ils  s'opposent  au  syndicalisme,  placent  très 
haut  la  dignité  du  producteur,  se  méfient  de  l'intervention  de  l'État. 
Certaines  de  leurs  revendications  :  limitation  de  la  journée  de  travail, 
abolition  du  marchandage,  réglementation  du  placement,  transfor- 
mation des  conseils  des  prud'hommes,  fixation  du  salaire  minimurri 
méritent  d'être  signalées  comme  expression  des  idées  en  cours  dès 
celte  époque.  Ils  condamnent  la  lutte  déclasses. 

Mais  ce  qu'il  faut  surtout  retenir,  c'est  la  place  que  tient,  dans  leurs 
conceptions,  l'idéalisme  moral  et  religieux.  La  question  socialo  est 
avant  tout,  pour  eux.  une  question  morale  ;  le  problème  de  lorgani- 
sation  du  travail  est  posé  par  eux  en  ces  termes  :  «  Il  faut  que  le 
titre  du  travailleur  change,  que  d'instrument  il  devienne  homme  »^ 

Dans  sa  Préface,  M.  Bougie  insiste  sur  ce  fait,  que  l'effort  des  «  ate- 
liéristes  »  pour  ajuster  la  tradition  religieuse  aux  aspirations  égali- 
taires  est  peut-être  le  dernier  que  le  peuple  fera  dans  ce  sens,  et  il 
suggère  pour  la  cause  principale  du  divorce  accompli  entre  l'Église  et 
les  travailleurs,  IJappui  prêté  par  le  clergé  au  second  Empire.  Juge- 
ment superficiel,  qui  s'inspire  de  la  passion  politique  plus  que  de  l'es- 
prit scientifique.  Au  contraire,  dans  tout  le  cours  de  son  livre,  M.  Cu^ 
villier  montre  un  grand  souci  d'objectivité.  En  somme,  cet  ouvrage 
apporte  une  contribution  non  négligeable  à  l'histoire  du  mouvement 
social  au  siècle  dernier.  Il  est  complété  par  une  excellente  bibliogra- 
phie et  par  un  Index  de  noms  propres.  Tirage  irréprochable,  sur  du 
papier  auquel  nous  ne  sommes  plus  habitués  :  il  date  de  1914 

A.  DE  Tarlé. 


Notre   Expansion   coloniale   en    Afrique  de  lîîTO  à  nos  jours, 

par  Paul  Gaffarel.  Paris,  Alcan,  1918,  in-8  de  n-2S2  p.  —  Prix  :  o  fr. 

On  sait  quels  ouvrages  de  vulgarisation  M.  Paul  Gaffarel  n'a  cessé, 
depuis  de  longues  années,  de  publier  sur  nos  possessions  d'outre- 
mer ;  la  nomenclature  en  est  considérable  et  prouve  qu'à  côté  do 
ses  recherches  originales,  le  savant  doyen  honoraire  de  Faculté  n'a 
cessé  de  travailler  à  faire  comprendre  l'importance  des  colonies  pour 
la  France,   comme  aussi  de  travailler  à  faire  connaître  et  aimer  les 


—  29H  — 

bons  serviteurs  du  pays  dans  les  contrées  exotiques.  En  voici  une 
preuve  nouvelle  :  un  volume  sur  l'expansion  coloniale  de  la  France 
en  Afrique  depuis  1870,  qui  vient  reprendre  et  compléter  les  indica- 
tions sommaires  fournies  naguère  par  M.  Paul  Gaffarel  dans  son 
ouvrage  classique  —  publié  en  1880  et  dont  la  dernière  édition,  la  6«. 
date  de  1900  —  sur  les  Colonies  françaises.  Là,  notre  historien 
se  trouvait  à  l'étroit,  et  dans  l'impossibilité  de  traiter  avec  quelque 
ampleur  un  magnifique  sujet  ;  en  y  consacrant  un  volume  spécial, 
il  avait  au  contraire  toute  faculté  de  le  développer  à  sa  guise.  C'est 
précisément  ce  qu'il  a  fait  dans  Noire  Expansion  coloniale  en  Afrique 
de  iSlO  à  nos  jours.  —  Avant  de  publier  le  présent  volume,  M.  Paul 
Gaffarel  avait  déjà  traité  le  sujet,  dans  les  publications  faites  à  Mar- 
seille lors  de  la  magnifique  exposition  coloniale  de  J906  ;  il  n'a  eu 
qu'à  reprendre  ce  travail  e4;  à  le  mettre  au  courant  pour  constituer  ce 
nouveau  livre  de  la  «  Bibliothèque  d'histoire  contemporaine  »,  ce 
précieux  tableau  d'ensemble  de  l'activité  coloniale  de  nos  compa- 
triotes dans  les  pays  méditerranéens  du  Maghreb  puis,  par  delà  le 
Sahara,  dans  les  différentes  parties  du  «  Continent  noir  »  J'aurais 
■souhaité,  je  l'avoue,  que  le  point  de  vue  géographique  —  systémati- 
quement négligé  par  M.  Gaffarel,  lui-même  le  dit  dans  sa  Préface  — 
servît  du  moins  à  justifier  les  grandes  divisions  du  volume  ;  ainsi 
aurions-nous  eu  un  lien  entre  les  différentes  parties  d'un  livre  dont, 
autrement,  on  ne  s'explique  pas  toujours  très  bien  la  répartition  en 
chapitres.  Mais  n'insistons  pas  surcette  légère  critique  el  reconnaissons 
sans  hésiter  quel  intérêt  présente  le  travail  dans  lequel  M.  Gaffarel 
ineten  pleine  lumière  les  grandes  et  belles  figures  de  f3allay,  de  Brazza, 
de  Galliéni  et  de  tels  autres  de  nos  explorateurs  ou  de  nos  «  colo- 
niaux »,  les  travaux  d'organisations  comme  le  «  service  des  antiquités 
tunisiennes  «.  Souhaitons  seulement  que,  dans  une  nouvelle  édition, 
l'auteur  revise  soigneusement  ses  épreuves  et  rectifie  l'orthographe 
défectueuse  de  certains  noms  propres  :  Cartier  nu  lieu  de  Cartier 
(p.  101),  Fier/enschach  au  lieu  de  Ficgenschiih  (p.  240),  etc.  ;  dans 
un  livre  comme  celui  de  M.  Gaffarel,  il  est  de  stricte  justice  de  ne 
pas  écorcher  les  noms  des  héros  de  notre  admirable  épopée  coloniale. 

Henri  Froidevaix. 


'Les  Luttes  présentes  de  rL<|Iise.  4"  série.  Janvier  lOIG-décentbre  1917, 
par  le  R.  P.  Yves  de  la  Rhmiri:.  Paris,  Beancliesne,  1919,  iii-8  de  xiv- 
r,l8  p.  —  Prix  :  7  fr. 

Voici  la  quatrième  série  des  chroniques  que  le  P.  Yves  de  la  Brière 
oITre  tous  les  mois  aux  lecteurs  des  Eludes,  et  que  nous  trouvons 
aujourd'hui  réunies  dans  un  volume  dont  voudront  se  nantir  tous  les 
amis  (le  l'I'îglise  et  de  l'histoiie. 


—  2m  I  — 

Diplomatie  pontificale  ;  [*oliti(pic  reli',M(Mii5e  ;  Visions  du  passé. 
Perspectives  ti'av'iiir,  et  autant  de  h  secteurs  »du  Front  de  conibal  où 
>e  groupent,  contre  l'ennemi  commun,  toutes  les  forces,  tojites  les 
lessources  el  toutes  les  initiatives  du  monde  catholique. 

Lorsque  parurent  ces  chroniques,  «  la  guerre,  comme  le  dit  très 
bien  l'auteur,  tendait  à  se  prolonger  sans  limites  ;  la  forltme  des 
combats  paraissait  hésitante  )>.  Aujourd'hui  que  la  victoire  nous  a 
<iélivrés  des  anxiétés  qui  nous  étreignaient  au  printemps  de  lUlT,  le 
1*.  de  la  Brière  redoute  que  les  événements  de  cette  époque  et  les  com- 
mentaires qu'ils  lui  inspirèrent  «  n'apparaissent  maintenant  que 
comme  relégués  dans  un  passé  déjà  lointain  ». 

Crainte  illégitime  !  Les  déclarations  et  les  interventions  de  Benoît 
VV,  les  Relations  des  puissances  avec  le  Vatican,  la  destinée  des  Lieux- 
Saints,  les  Œuvres  de  guerre,  les  orphelins  de  la  guerre,  la  restau- 
ration de  la  famille,  l'organisation  des  forces  ratholi(jues,  les  réformes 
nécessaires,  l'assujettissement  du  prêtre  au  service  militaire,  etc.,  etc., 
iie  sont  point  de  ces  questions  éphémères  qu'engendre  la  mode  et  qui 
ne  survivent  pas  aux  préoccupations  du  jour.  Leur  actualité  est  éter- 
nelle. Tant  que  la  guerre  sévira,  tant  que  l'humanité  aura  lieu  d'appré- 
hender un  retour  de  la  barbarie,  la  médiation  pontificale,  par  exemple, 
qui  suggère  à  l'éminent  religieux  des  réflexions  si  justes,  ne  passion- 
nera-t-elle  pas  les  esprits  qu'inquiète  la  carence,  dans  notre  monde 
sécvilarisé,  d'un  défenseur  incorruptible  de  l'intérêt  universel? 

Si  l'humanité  ne  trouve  pas  la  paix  qu'elle  implore,  c'est  faute  de 
cet  arbitre  suprême  avec  lequel  rompirent,  au  seizième  siècle,  les 
Ktats  asservis  à  la  Réforme.  Cette  insurrection  contre  l'autorité  ponti- 
ficale porta  un  coup  funeste  à  tous  les  États,  —  aux  États  catholiques 
comme  aux  États  protestants.  Une  fois  amoindrie,  la  puissance  du 
Saint-Siçge  ne  fut  plus  à  même  de  rendre  les  mêmes  services  et  de 
tenir  le  même  langage  que  jadis  aux  nations  prévaricatrices.  Étant 
donné  l'obscurcissement  de  la  foi  dans  nombre  d'âmes,  surtout  chez 
les  détenteurs  du  pouvoir  et  les  maîtres  de  la  multitude,  une  remon- 
trance pontificale  analogue  à  celles  que  formulaient  les  Papes  du 
moyen  âge  risquerait  maintenant  de  faire  courir  les  plus  graves 
périls  à  l'unité  religieuse.  Dans  les  âges  de  foi  ardente,  an  xiii«  siècle, 
un  Souverain  Pontife,  Innocent  IV,  excommunie,  aux  applaudisse- 
ments de  tous  les  chrétiens,  l'empereur  Conrad  IV,  puis  fait  prêcher 
par  ses  légats  la  croisade  contre  le  fils  de  Frédéric  11.  A  cette  croi- 
sade doivent  prendre  part,  non  seulement  tous  les  seigneurs  tempo- 
rels  de  l'Allemagne,  mais  les  prélats,  eveques  et  archevêques  avec 
leur  cortège  de  vassaux.  L'archevêque  de  Mayence,  Christian  II, 
croit  devoir  se  dérober  à  fobligation  commune.  On  signale  ce  refus 
à  Rome.  Innocent  IV  reçoit  l'avis  que  Christian   II  affecte  de  ne  pas 


—  300  — 

vouloir  combattre,  les  armes  à  la  main,  l'ennemi  du  Saint-Siège. 
La  sanction  ne  se  fait  pas  attendre.  Innocent  IV  commence  par 
déposer  l'archevêque,  puis  les  cardinaux-légats,  Hugues  de  Saint- 
Gher  et  Henri  de  Suze,  archevêque  d'Embrun,  chargés  d'exécuter 
la  sentence,  remplacent  Christian  II  par  le  chanoine  Girard  (1251) 
tout  prêt  à  descendre  dans  l'arène.  Voilà  le  trait  que  nous  raconte 
un  des  plus  illustres  historiens  d'Outre- Rhin,  «  la  lumière  de  l'Alle- 
magne »,  dit  Baronius,  le  jésuite  Nicolas  Serrarius  {De  Rébus  Magiin- 
tinis,  p.  839).  Ainsi  que  le  déclarait  Pie  IX  lui-même,  dans  un  de 
ses  discours  les  plus  célèbres,  le  monde  n'a  plus  à  craindre  que. 
dans  les  temps  actuels,  le  Souverain  Pontife  dépose  un  souverain 
infidèle  à  ses  devoirs.  Mais  si  de  telles  immixtions  ne  s'ajustent  plus 
à  l'ambiance,  que  de  conjonctures  où  peut  s'exercer  la  médiation 
pontificale  pour  le  plus  grand  profit  de  la  civilisation  générale  !  Nos 
lecteurs  savent  qu'au  mois  d'août  1917.  Benoît  XV  offrit  à  tous  les 
belligérants  ses  bons  offices,  en  vue  de  la  cessation  des  hostilités. 
Gette  intervention  du  Saint-Siège  dicte  au  R.  P.  de  la  Brière  le  cha- 
pitre le  plus  émouvant  de  son  beau  livre.  Quelle  satisfaction  les 
chefs  des  États  en  guerre  n'eussent-ils  pas  accordée  à  leurs  peuples 
si,  déférant  aux  vœux  de  Benoît  XV,  ils  avaient  alors  arrêté  l'effusion 
du  sang  et  donné  au  monde  une  paix  conforme  à  la  véritable  équité  ! 
Tous  les  principes  que  le  traité  de  Versailles  a  fait  triompher  ;  la 
libération  totale  de  la  Belgique  et  de  nos  provinces  du  nord  ;  l'indé- 
pendance de  la  Pologne,  le  retour  de  1" Alsace-Lorraine  à  la  commu- 
nauté française,  le  P.  de  la  Brière  nous  les  montre,  figurant  dans  le 
message  pontifical  du  mois  d'août  1917.  Hélas  I  La  démarche  du 
Souverain  Pontife  échoua,  mais  à  qui  la  faute  ?  Ne  devons-nous  pas 
accuser  ici  les  hommes  d'État  qui  brisèrent  les  relations  de  la  France 
avec  le  Vatican,  et  qui,  par  cette  rupture,  déclarèrent  l'ostracisme 
à  l'ascendant  le  plus  favorable  à  notre  cause?  Criminelle  imprévo- 
yance !  En  voulant  amoindrir  le  Souverain  Pontife,  les  sectaires 
s'étaient  flattés  de  porter  un  coup  terrible  à  la  Papauté.  Or,  il  s'est 
trouvé  que  les  ennemis  de  Rome  avaient  surtout  conspiré  contre 
leur  propre  patrie.  Oscar  Havard. 


BULLETIN 

L'EIo<iiieiiza    di    l^ueio    MariiUM»    Siciilo,    Ji  Pietho   Verrua.  Pisa,   tip. 
MarioUi,  l'Ji:),  g'"-  i"-J<  tic  28  p. 

•  Lucio  Marineo  fui,  comme  on  sait,  un  brillant  liunianisle  italien,  né  en 
Sicile  vers  1460.  Après  avoir  professé  les  Icllrcs  grecques  et  latines  à  Paler- 
ine,  il  fut  appelé  en  Espagne  comme  chapelain  royal  et  devint  historio- 
i.Maphe  sous  Ferdinand  let  Isabelle.  Ses  écrits  sont  également  importants 
pour  l'hisloirc  de  l'iiunianisme  et  pour  l'histoire  d'Espagne.  C'est  à  carac- 


—  301  — 

tcriser  son  éloquence  que  s'est  nppliqn/'  ici  M.  Piclro  Verrua.  Il  expose 
d'abord  la  haute  estime  où  »''lnit  tenue  l'i-iocjnerice  aux  xv*  et  xvi"  siècle», 
puis  il  di-finit  l'art  tout  imprégné  des  modèles  antiques  de  Marineo  dans 
ses  ouvrages  historiques,  la  finesse  de  sa  dialectique,  la  bellw  tenue  de  sa 
langue,  et  l'éloquence  qui  lui  appartient  plus  en  propre  dans  ses  épltre» 
et  discouis  personnels.  Cette  seconde  série  ne  témoigne  pas  seulement 
d'une  grande  habileté  rhctoricienne,  mais  aussi  d'un  caractère  élevé  et 
d'un  courageux  amour  du  bien  et  du  vrai.  Les  exemples  heureusement 
choisis  qu'en  donne  M.  Verrua  constituent  une  petite  anthologie  vraiment 
intéressante  et  qui  aux  beaux  jours  du  discours  latin  eût  pu  fournir  d'ex- 
cellents modèles.  Mais  où  sont  les  neiges  d'antan...  ? 

AîiDRÉ   B.XLDKn.l.AhT. 

Riiiiiaiix  dWnjou,  par  Marc   Leclerc  ;  3'  édition,  illustrée  par  l'aiiteuB-  Angers, 
Liljrairi''  Sainte  Croix,  s.  d.  [1918],  petit  in-8  de  x.mi-276  p.  —  Prix  :  5  fr. 

M.  Leclerc,  capitaine  au  71'  régiment  d'infanterie  territoriale  a  fait  la 
majeure  partie  de  la  guerre  dans  les  rangs  de  cette  troupe  vaillante  entre 
toutes,  particdèslepremier  jour  et  qui  peut,  à  bon  droit,  s'enorgueillir  d'une 
gloire  chèrement  payée.  M.  Leclerc,  qui  avait,  pendant  le  temps  même  où 
il  se  battait  davantage,  publié  la  Passion  de  noire  frère  te  Poilu  et  les  Souve- 
nirs de.  lrani:hée  d'un  Poilu,  se  rappelle  agréablement  à  notre  souvenir  en 
nous  envoyant  aujourd'hui,  non  sans  une  pointe  d'Ituniour  bien  de  «  cheuz 
nous,  »  comme  il  dit,  une  nouvelle  édition  de  ses  Riniianx  d'Ànjon,  agré- 
mentée de  courts  médaillons  où  il  rend  un  hommage  mérité  à  quelques- 
uns   de   nos    meilleurs  provincialistes  et,   surtout,  illustrée  de  dessins  de 

^  son  crû. 

\  Il  y  a  bien  longtemps  déjà,  hélas  !  —  aux  temps  lointains  où  le  régionalis- 
me n'était  pas  encore  en  si  grande  vogue  qu'à  présent,  —  quelque  deux 
ou  trois  douzaines  d'Angevins,  en  exil  à  Paris,  se  réunissaient  pour  dîner 
de  compagnie  et  parler  du  cher  pays  natal.  C'est  dans  ces  réunions  que 
j'ai  entendu  M.  Leclerc  dire  pour  la  première  fois  une  partie  des  pièces 
composant  le  recueil  qui  m'occupe  :  Les  Coejfes  s'en  vont  ;  Ma  vieille  Or- 
moère  ;  Progrès  ;  Cheuz  nous  :  La  Pihole,  etc.  Et  je  ne  cache  pas  le  plaisir 
que  j'ai  éprouvé  à  les  relire,  imprimées  dans  ce  troisième  recueil  mieux 
présenté  et  plus  luxueux  que  la  première  édition,  qui  parut,  si  je  ne  m'a- 
buse, vers  la  fin  de  1913.  C^  Rimiaax  spirituels  sont  l'œuvre  d'un  folklo- 
riste  qui  connaît  bien  son  pays.  Sa  langue  patoise.  c'est  en  somme  celle  de 
Rabelais.  De  bien  jolies  choses  ont  été  dites  dans  cette  langue  rurale  ;  et 
le  volume  leur  peut  être  opposé  sans  danger  pour  lui.  Langue  colorée  et 
comme  patinée  par  les  siècles,  qui  est  comme  le  miroir  de  vieilles  choses 
éternelles  et  émouvantes.  La  verve  de  M.  Leclerc  ne  va  pas  —  et  je  l'en 
félicite  —  sans  quelques  gaillardises  du  meilleur  sel  gaulois.  Elle  est  bien 
dans  la  note. 

L'auteur  a  fait  suivre  ses  poésies  d'un  glossaire  d'un  très  réel  intérêt  lui 
aussi.  H.  B.\GUENIER  Desorme.\ux. 


Hors    d'œnvre,  par  G.  de  la.  Folchahdière.    Paris,  Payot,  1919,  iii-I6  de  288  p. 
—  Prix  :  4  fr.  .oO. 

De  l'esprit,  au  jour  le  jour.  Ce  ne  serait  déjà  pas  si  mal,  ni  si  commun. 
Mais  il  y  a,  ici,  tout  de  même,  autre  chose,  et  c'est  l'intention,  qui,  tel  un 
lien  souple  et  pourtant  ferme,  anime  et  gradue  les  observations  piquantes, 
renfermées  dans  ces  pages  sans  longueurs,  dont  la  lecture  de  chacune,  ou 


—  302  — 

presque,  est  une  récréation  et  un  stimulant.  C'est,  aussi  bien,  noter  qu'un 
judicieux  parti  pris  d'optimisme  a  inspiré  ces  «  pointes  sèches.  »  Un  opti- 
misme qui  cependant  n'est  pas  dupe.  Il  ne  s'en  laisse  pas  imposer  par  les 
fausses  grandeurs  et,  sil  pourrait  quelquefois  s'exprimer  avec  un  meilleur 
goût,  et  un  tacl  plus  délié,  sa  belle  humeur,  sa  belle  allure,  sont  plutôt 
faites,  à  l'ordinaire,  pour  nous  distraire  en  nous  apprenant  à  voir  clair  et  à 
juger  sans  lourdeur,  ni  enflure. 

On  aurait  là,  très   souvent,   des    monologues   de   choix,    des   fragments 
«  à  dire  »,  où  pétille  l'entrain  des  sous-entendus  de  l'actualité. 

Louis  Théron  de  Montaugé. 


Smyrne  ville  grecque,  par  Charles  Vkllai.  Paris,  Cliapelot,  1919,  petit in-8 


de  30  p 


Srhyrne,  ville  grecque?  Oui  et  non.  Il  serait  plus  exact  de  dire  que 
Smyrne  est  une  ville  turque  dont  la  moitié  de  la  i^opulation  est  de  langue 
grecque.  On  devrait  ajouter  que  la  plupart  de  ces  Grecs  et  une  partie  des 
Turcs  parlent  français  et,  cependant,  on  ne  sauiait  prétendre  que  Smyrne 
soit  une  ville  française.  Sans  doute,  ainsi  que  le  montre  l'auteur,  les  «  ins- 
titutions »  grecques  à  Smyrne  sont  nombreuses  et  florissantes,  mais  les 
((  institutions  »  françaises  ne  le  sont  guère  moins.  Sans  doute,  lors  du 
débarquement  des  Grecs,  les  Hellènes  de  Smyrne  ont  manifesté  bruyam- 
ment et  d'une  manière  parfois  touchante,  mais  si  les  socialistes  emplissent 
trop  souvent  de  leurs  cris  la  Chambre  française,  doit-on  en  conclure  que 
notre  Parlement  soit  socialiste?  Si  Ion  écoute  ces  manifestations  enthou- 
siastes, doit-on  fermer  l'oreille  aux  plaintes  et  aux  protestations  des  Turcs, 
injuriés,  pillés,  volés,  massacrés,  voyant  leurs  filles  violées  et  leurs  mai-* 
sons  brûlées  pendant  que,  à  quelques  pas  de  là,  sur  les  quais  —  propriété 
française  —  la  foule  applaudissait  les  marins  grecs  ?  Non,  la  cause  n'est 
pas  entendue.  Smyrne  est  une  ville  où  l'élément  grec  est  très  importani, 
mais  ce  n'est  pas  une  ville  grecque  que  la  justice  commande  impérieuse- 
ment de  rattacher  à  la  Gièce.  J.  C.  T. 


CHRONIQUE 

Nécrologie.  —  Bien  que  l'âge  avancé  de  Mgr  Baunaho  ne  dût  que  trop 
faire  prévoir  sa  fin  prochaine,  la  nouvelle  de  sa  mort,  survenue  le  11  no- 
vembre, n'en  sera  pas  moins  douloureuse  aux  innombrables  lecteurs  qui 
avaient  puisé  dans  ses  beaux  et  solides  écrits  instruction,  force  et  consola- 
tion. C'est  urr  véritable  deuil  pour  l'Église  de  France  et  pour  les  lettres 
chrétietmes.  Né  à  Bellegarde.  dans  le  Loiret,  le  25  août  1S2S,  Louis  Baunard 
reçut  l'onction  sacerdotale  en  185ïi,  et  il  fut  aussitôt  nommé  professeur  au 
petit  séminaire  d'Orléans,  auquel  Mgr  Dupanloup  avait  donné  une  si  forte 
'impulsion.  La  loi  sur  la  liberté  de  l'enseignement  supérieur  et  la  création 
des  Universités  catholiques  ofl'rit  un  nouveau  champ  à  son  activité.  Profes- 
seur de  patrologic  à  l'Université  catholique  de  Lille  en  1877  (ses  travaux 
antérieurs  sur  saint  Jean,  sur  saint  Ambroisc,  etc.,  le  désignaient  pour  ce 
poste)  il  en  devint  recteur  en  1888  et  il  exeiça  glorieusement  ses  fonction» 
de  recteur  jusqu'en  1008.  Ses  inulti[)les  ouvrages,  toujours  très  goûtés  du 
public,  assuraient  à  son  action  un  large  et  fécond  apostolat.  Voici  la  liste 
des  publications   principales  de  l'éminciit  et  pie^x  écrivain  que  Léon  XllI 


-  mi  - 

avait  élevé  à  la  di<,aiil(!  dft  prélat  do  sa  maison  :  Hludes  bioyrapliiqiirx. 
Mdilnine  la  comtesse  fie  Cfioiseul  il'Aillerunrl  (Paris,  1863.  in-H,  ;  —  Histoire 
briil)atii;(>ime.  Alêiin  de  Worsl  (Paris,  l.Sti.'i,  in-Wij  ;  —  Le  Pénilenl  de  Chn- 
lenimeiif  {Viirls.  1805.  iii-16)  ;  —  Uoinaine  de  Todi,  épisode  du  iv"  siècle,  par 
an  pèlerin  de  Home  (Paris,  IHGo,  in-Hi);  —  Jeunne  d  Arc  et  tu  l)éliuraiu;- 
d'drléiiiis  (Orléans,  ISfjX,  in  8)  ;  —  Alloridion  sur  l'élude  des  rhefs-d'ieuvre 
lill'raires  (Orléans,  I8(jl),  in-8)  ;  —  Histoire  de  saint  Ambroise  (Paris.  1871, 
in-8}  ;  —  Le  Pontifical  de  Pie  IX  (Orléans.  1871,  in-8)  ;  —  Comilé  cnlkoli- 
(jue  du  Loj/ci  (Orléans,  1873,  in-l2!)  ;  —  Uishire  de  Madame  Baral,  fontlalrice. 
de  II  Société  du  Sacré-Cœur  de  Jésus  (Paris,  1876,  2  vol.  in-8)  ;  —  Histoire 
de  Madame  Duchesne,  religieuse  de  la  Société  du  Sacré-Cœur  de  Jésus  et  fonda- 
trice des  premières  maisons  de  cette  Société  en  Amérique  (Paris,  1878,  in-8,  : 

—  Le  Vicomte  de  Melun  d'après  ses  Mémoires  el  sa  correspondance  (Paris, 
1880,  in-8)  ;  —  Sa'inl  François  de  Sales  et  les  lettres  chrétiennes  (.\rras,  188(». 
in-8)  ;  —  Dieu  dans  l'école.  Le  Collè(je  Saint-Joseph  de  Lille  {Vaiis,  18SX, 
in-8)  ;  —  Centenaire   de  saint  Alphonse-Marie  de  Liguori  (Lille,  1888,  in-8y  ; 

—  Panégyrique  de  saint  François  de  Sales  (Lille,  1889,  in-8)  ;  —  Le  Génénd 
de  So/u'.s  (Paris,  1890,  in-8)  ;  — Le  Cardinal  Lavigerie,  oraison  funèbre  pronon- 
cée à  Lille,  en  l'église  de  Noire-Dame  de  la  Treille  (Paris,  1892,  in-8)  :  —  Espé- 
rance, un  réve'il  de  l'idée  religieuse  en  /''rance  (Paris,  1892,  in-18)  ;  —  Inampi- 
ration  des  orgues  en  l'église  de  Notre-Dame  d' llazebrouck.  La  Musique  sacrée 
(Ha^iebrouck,  1895,  in-8)  ;  —  Le  Cardinal  Lavigerie  (Paris,  I8',J6,  2  vol. 
in-16)  ;  —  Jubilé  des  XXV  années  d'épiscopat  de  Mgr  Henri  Monnier  (Arias. 
1897,  in-8)  ;  —  Lettre  à  Nosseigneurs  les  évêques  el  à  MM.  les  directeurs  de 
séminaires  sur  l'utilité  de  iinstruclion  scienlifique  dans  le  clergé  (Paris,  1898, 
in-8)  ;  —  Autour  de  l  histoire,  scènes  et  récils  (Paris,  1898,  in-16)  ;  — 
Mgr  Gay,  évéque  d'Anlhédon,  auxiliaire  du  cardinal  Pie  (.\rras,  1899,  in-8)  ; 

—  Histoire  de  la  vénérable  Mère  Madeleine-Sophie  Barat  (Paris,  1900,  2  vol. 
in-8)  ;  —  Pie  VH  à  Saint-Sulpice  Discours  prononcé  à  Saint-Sulpi/e  (Paris, 
1902,  in-8)  ;  —  Un  Siècle  de  l'histoire  de  France  (imO-i900)  (Paris,  1002, 
in-8)  ;  —  L'Évangile  du  pauvre  (Paris,  1903,  in-I2)  ;  — •  Ernest  Lelièvre  (Paris. 
1904,  in-12)  ;  —  Philibert  Vrau  el  les  Œuvres  de  Lille  (1829- I90ô)  (Paris, 
1906,  in-8)  ;  —  BéatifiaUion  de  la  vénérable  Mère  Barat  (Paris,  19(J8,  in-4;  ; 

—  Vingt  Années  de  redorai  (1887-1908)  (Paris,  1908,  in-8)  ;  —  Préface  de 
V Introduction  à  la  vie  dévole,  élude  par  l'abbé  Boulenger  (Paris,  1900,  in-12)  ; 

—  Les  Deux  Frèr£s,  cinqwudè  années  de  l'action  catholique  à  Lille  (^Paris, 
1910-1912.  2  vol.  in-8)  ;  —  A  un  jeune  prêtre.  La  Tentation  du  Dr.  Wiseman 
(7827-/S35)  (Paris,  1902,  in-18)  ;  —  La  Vie  monlanle  ;  le  Vieillard  (Paris, 
1913,  in-18)  :  —  Léon  XHI  et  le  Toast  d'Alger  (Paris,  1914,  in-8)  ;  — Saints  el 
saintes  de  DifU  (Paris,  1914,  in-18). 

—  M.  Eugène  Demoldek  vient  de  mourir  à  Corbeil.  Né  à  Alolenbeck- 
Saint-Jean-les-Bruxelles,  le  16  décembre  1862,  il  fit  ses  études  à  l'Athénée 
de  Bruxelles,  puis  suivit  les  cours  de  l'Université  de  cette  ville  et  y  conquit 
le  litre  de  docteur  en  droit.  Entré  au  barreau  en  mars  1884,  il  se  fit  rapi- 
dement distinguer  par  sa  science,  collabora  au  Journal  des  tr{bunau:c  et 
dirigea  pendant  douze  ans  le  journal  le  Palais,  organe  du  jeune  barreau. 
Attaché  au  ministère  de  la  justice,  il  se  consacra  aux  réformes  législatives 
relatives  à  la  protection  d^  l'enfance,  au  vagabondage,  à  la  détention  pré- 
ventive, à  la  condamnation  conditionnelle.  .Mais  ses  occupations  juridiques 
et  professionnelles  ne  prenaient  pas  toute  son  activité  ;  il  se  livra  de  bonne 
heure  à  des  publications  d'un  genre  assez  varié  et  qui  le  mirent  au  pre-v 
mier  rang  des  écrivains  belges  contemporains.  Il  collabora  à  une  foule  de 


—  304    — 

journaux  et  revues  entre  autres  :  La  Justice,  la  Société  nouvelle,  lArl  mo- 
derne, la  Jeune  Belgique,  la  Wallotiie,  le  Caprice,  la  Revue  rouge,  le  Thyrse, 
la  Lutte,  l'Artiste,  etc.  —  En  1905  il  quitta  la  Belgique  pour  se  fixer  à 
Paris.  Dès  lors  il  s'abandonna  exclusivement  à  ses  goûts  littéraires.  Parmi 
ses  ouvrages  on  peut  citer  :  Impressions  d'art  (Bruxelles,  1889);  —  Contes 
d'Yperdamme  (Bruxelles,  1891,  in-16)  ;  —  James  Ensor,  avec  un  dessin  d'Eii- 
sor.  Mort  mystique  d'un  théologien  (Bruxelles,  1892.  in-8)  ;  —  Les  Récits  de 
Nazareth  (Bruxelles,  1893,  in-!0)  ;  —  Félicien  Hops.  Elude  patronymique 
(Bruxelles,  1894,  in-8)  ;  —  Le  lioyaume  authentique  du  grand  saint  Nicolas 
(Paris,  189G,  gr.  in-8)  ;  —  La  Légende  d'Yperdamme  (Paris,  1897,  in-8)  ;  — 
Quatuor  (Paris,  1897.  in-12)  ;  —  Sous  la  robe.  Notes  d'audiences' de  palais  cl 
d'ailleurs,  d'un  juge  de  paix  (Paris,  1897,  in-16)  ;  —  La  Houle  d'émeraud.' 
(Paris,  1899,  in-12)  ;  —  La  Mort  au  berceau,  noël  en  un  acte  joué  au  théâtre 
-de  Bruxelles  (Bruxelles,  1900)  ;  —  Les  Pantins  de  la  reine  de  Hollande 
(Bruxelles,  1901)  ;  —  Trois  contemporains,  élude  picturale  (Bruxelles,  1901)  ; 
—  L'Espagne  en  auto.  Impressions  de  voyage  (Paris,  1906,  in-12). 

—  Le  D'  Michel  Gangoi-phY;  vient  de  mourir  à  l'âge  de  61  ans  ;  c'est  une 
perte  sérieuse  pour  la  science.  Né  en  1857  à  Lyon,  il  se  sentit  de  bonne 
heure  attiré  par  la  carrière  médicale,  suivit  les  cours  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Lyon  dont  il  fut  l'un  des  meilleurs  élèves,  et  devint  bientôt 
profeïiseur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  sa  ville  natale.  Chirurgien 
de  premier  ordre,  il  se  fit  connaître  par  ses  nombreux  travaux  et  particu- 
lièrement par  un  ouvrage  considérable,  qui  fait  autorité,  sur  /es  Maladies 
infectieuses  des  os.  Nous  citerons  de  lui  :  De  l'Ostéotomie  dans  le  traitement 
des  cals  vicieux  (Lyon,  1882,  in-8)  ; —  Contribution  à  l'étude  des  localisations 
osseuses  de  la  syphilis  tertiaire.  De  l'Ostéomyélite  gommeuse  des  os  longs  (Paris. 
1885,  in-S)  ;  —  Cours  de  petite  chirurgie,  professé  aux  hospitalières  de  l' Hôtel- 
Dieu  et  de  l'hospice  de  la  Charité  (Lyon,  1888,  in-16)  ;  —  Guide  pralique  de 
petite  chirurgie  (Paris,  1889,  in-16)  ;  —  Sur  les  tumeurs  blanches  coimécutives 
à  des  tubercules  des  parties  ntolles  Juxtasynoviales  (Paris,  1892,  in-8)  :  — 
Maladies  infectieuses  et  parasitaires  des  os  (Paris,  1894,  gr.  in-8)  ;  —  Précis 
des  opérations  d'urgence  (Paris,  1901,  in-12)  ;  —  Des  Interventions  conserva- 
trices dans  les  osléosarcomes  préstunés  matins  du  membre  supérieur  (Paris, 
1905,  m-i'i)  ;— Arthrites  tuberculeuses  (Paris,  1908,  in-8);  —  Maladie  de 
l'œsophage  (Paris,  1912,  in-8). 

—  Un  érudit  distingué,  M.  Cnarles-Claude-Marie  Casati  dk  Casatis,  est 
mort  dernièrement.  Né  à  Lyon,  le  16  janvier  1833.  il  suivit  les  cours  de 
l'École  des  chartes  en  même  temps  que  ceux  de  la  Faculté  de  droit  de  Pa- 
ris. Archiviste  paléographe  en  1854  avec  une  thèse  sur  le  Pouvoir  législatif 
en  France,  docteur  en  droit  avec  une  thèse  sur /es  Principes  généraux  des  lois 
endroit  romain,  il  se  fit  d'abord  inscrire  au  barreau  de  Paris.  Ses  origines 

-italiennes  le  poussèrent  à  prendre  part  aux  luttes  de  l'indépendance  ita- 
lienne. Après  la  chute  de  l'Empire,  il  entra  dans  la  magistrature,  et  il  ter- 
mina sa  carrière  comme  conseiller    à   la   Cour  de    Paris.  Ses  occupations 

'professionnelles  ne  l'avaient  pas  détourné  des  travaux  d'érudition.  Membre 
de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France  et  de  la  SociéU^  fran- 
çaise d'archéologie,  il  s'est  occupé  spécialement  de  la  question  si  trou- 
blante de  l'ancienne  Elrurie.  Parmi  ses  publications  nous  mentionnerons  . • 
Du  r^ouvoir  législatif  en  France  (Paris,  1851-,  in-8)  ;  —  Faculté  de  droit  de 
Paris.  Thèses  pour  le  doctorat  (Paris,  1855,  in-8)  ;  —  Le  liéveil  de  la  question 

,d' Orient {P:nis,  1860,  in-8)  ;  —  Un  Mot  aux  Ub  brochures,  opinion  individuelle 
d'un  catholique  (Paris,  1800,  in-8)  ;  — Société  d'économie  charitable.  Le  Libre 


—  :^i)r.  _ 

Échange  atx  point  de  vue  de  la  ckar'dé  (Paris,  1861,  iti-8)  ;  —  Home  ou  Florence, 
quelle  doil  cire  la  capUnlr  de  l'Ilnlie  ?  (Paris,  l.S(j|,  in  8)  ;  —  Pas  encore  la. 
tjnerreen  Italie!  {Pans.  1X61.  in-8)  ;  —  Un  l'rojelde  loi  sttr  la  propriété  lillêraire 
et  artistique  (\*avis.  Isfj2.  in-8):  —  La  Meilleure  Alliée  de  la  France  c'est  l'Ha- 
lle (Paris.  1SG4,  in-^}  ;  —  La  Monarchie  Scandinave  à  propos  de  la  question 
danoise  (Paris,  ISOo,  in-8)  :  —  Venise  et  les  traités  de  IHGG  (Paris,  1806,  in-8)  ; 
Charte  de  Charles  d'Anjou  pour  la  république  de  Sienne  f  17  avril  1271)  (Pa- 
ris. 18(i7,  in  8)  ;  —  S.  A.  li.  Madame  Manpierite  de  Savoie  (Paris,  1868,  iii- 
16)  ;  —  Courrier  italien  (Paris,  1870,  in-8)  ;  —  Xote  sur  la  lettre  A  dans 
l'Alphahel  étrusque,  à  propos  d'une  inscription  récemment  découverte  (Lille, 
1873,  iii  8)  ;  —  A'o/e  sur  les  faïences  de  Talavera  la  Reyna  et  coup  d'œil  sur 
les  musées  de  Madrid  (Paris.  1873,  in-8)  ;  —  Notice  sur  les  Jaicnces  de  Inruta 
d'après  des  documents  nouveaux  (Paris,  1874,  in-8)  ;  —  Observations  pratiques 
sur  l'application  de  différents  articles  du  code  pénal  en  matière  criminelle  (Pa- 
ris, 1875,  in-8)  ;  —  Notice  sur  le  musée  du  château  de  liosemborg  en  Dane- 
mark, concluant  à  la  création  d'un  Musée  historique  de  France  (Paris,  1879. 
in-8)  ;  —  Petits  Musées  de  Hollande  et  grands  peintres  ignorés  (Paris,  1881, 
in-8)  ;  —  Forlis  Etruria  (Paris.  1883-18^0.  in-8)  ;  —  De  Igné  dissertaliones 
physicae  (Paris.  1894,  in-4)  ;  —  Jus  anliquum.  Vegoia.  Droit  papirien  :  Léges 
regiae.  Lex  XII  labularum.  S.  C.  Gaii  institutionum  commenlarii.  Extraits  de 
Caton,  Festus,  Varron,  Servius,  Ilyginus.  Frontiims,  lioethius.  Isidorus,  etc. 
(Paris.  1894,  in-8)  ;  —  Le  Général  Bernadolte,  ambassadeur  à  Vienne  (Paris. 
1898,  in-8)  :  —  Étude  sur  la  première  époque  de  l'art  français  et  sur  les 
monuments  de  France  les  plus  précieux  à  conserver  (Paris,  1899,  in-8)  ;  — 
Numismatique  étrusque.  Quel  mode  de  classification  doit-on  adopter  ?  (Paris. 
1900,  iri-8)  ;  —  Note  sur  les  deux  précurseurs  de  l'art  français,  le.  duc  de  lier- 
ry  et  le  roi  René,  et  sur  un  monument  historique  menacé  de  ruine  (Paris.  1904, 
in-8)  ;  —  Villes  et  châteaux  de  la  vieille  France.  Duché  d'Auvergne  (Pari.s. 
1900,  in-8)  ;  —  .Art  national  français  p;-à/u7//' (1450-1550),  notes  et  éludes  : 
André  Haltays,  etc.   (Paris,  1906,  in-8). 

—  Avec  M.  DE  Laness.an,  mort  à  76  ans,  le  8  novembre,  dans  sa  propriété 
d'Ecouen,  disparaît  un  homme  politique  d'une  grande  notoriété,  qui  fut 
aussi  un  savant  distingué.  ÎN'é  le  13  juillet  1843  à  Saint-André-de-Cubzac 
(Gironde),  Jean-Louis  de  Lanessan,  après  avoir  terminé  ses  études  clas- 
siques se  tourna  du  côté  de  la  médecine,  servit  qnclques  années  (1862- 
1870)  à  titre  médical  dans  la  marine,  notamment  en  Cochincliine  et  en 
.\frique  occidentale,  fît  la  campagne  de  1870-1871  comme  major  de  la 
garde  mobile  et  fut  appelé  en  187.5  à  professer  l'histoire  naturelle  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris.  Il  ne  tarda  pas  à  se  lancer  dans  la  politique 
active,  où  il  se  fit  remarquer  par  le  radicalisme  de  ses  opinions  et  par 
romporlement  de  son  anticléricalisme.  Conseiller  municipal  de  Paris 
en  1879.  il  brigua  et  obtint  en  1881  un  siège  de  député.  Il  s'occupa  surtout 
des  questions  économiques  et  coloniales.  >'ommé  en  1891  gouverneur  de 
rindo-Chine  française,  révoqué  en  1894  pour  avoir  communiqué  des  docu- 
ments à  un  journaliste  qui  fut  condamné  pour  escroquerie,  il  nen  fut  pas 
moins  appelé  en  1899  par  M.  Waldeelc  Rousseau  au  ministère  de  la  marine 
dont  il  conserva  le  portefeuille  jusqu'en  1902.  Battu  aux  élections  en  1906 
où  il  s'était  présenté  aux  suffrages  des  électeurs  du  Rhône,  il  essaya  en  vain 
en  1914  de  retrouver  un  siège  dans  la  Charente.  Voici  la  liste  des  princi- 
paux  ouvrages    sortis    de    sa    i^lume  :   Mémoire  sur  le  genre  Garcinia  [Clu- 

NoVEMDRt-DÉCEMBRE    1919.  T.    CXLVI.    20. 


—  30(>  — 

siacées)  el  sur  Voriffine  el  les  propriétés  de  la  gomine-gulte  (Paris,  -1872,  in-8)  ; 

—  Élude  de  la  doclrfiie  de  Darwin,  la  lulte  pour  l'existence  eU'associadon  pour 
la  lulle  (Paris,  1881,  in-12)  ;  —  Le  Transjorniisine.  évolution  de  la  matière  el 
des  êtres  vivants  (Paris.  1883,  in-12)  ;  —  Flore  de  Paris  (Phanérogames  et 
Cryptogames)  contenant  la  description  de  toutes  les  espèces  utiles  ou  nuisibles, 
avec  Vindicalion  de  leurs  propriétés  médicales,  industrielles  et  économiques 
(Paris,  1884,  in-12)  ;  —  Introduction  à  la  botanique.  Le  Sapin  (Paris,  1885, 
ia-8)  ;  —  Manuel  d'histoire  naturelle  médicale  [Ptur'is,  1885.  in-12.  2  vol.)  ;  — 
La  Coionisalion  française  en  Indo-Cliine  (Paris,  1895,  in-12)  ; —  La  Morale  des 
pliilosophes  chinois.  Extraits  des  livres  classiques  de  la  Chine  et  de  l'Aunani 
(Paris,  18!)6,  in-12)  ;  —  La  Répuljlique  démocratique  (Paris.  1897,  in-12)  ;  — 
Le  Programme  maritime,  de  1900  à  1906  (Paris,  1902,  in-18)  ;  —  La  Lutte 
pour  l'existence  et  l'évolution  des  sociétés  (Paris,  1903,  iti-8)  ;  —  La  Concur- 
rence sociale  el  les  devoirs  sociaux  (Paris.  1904.  in-8)  ;  —  Les  Enseignements 
maritimes  de  la  guerre  russo-Japonaise  (Paris,  1903,  in-12 1  ;  —  La  Mor<de  des 
religions  (Paris,  1905,  in-8)  ;  —  Les  Mis.fions  et  leurs  protectorats  (Paris,  1907, 
in-16)  ;  —  L'Éducation  de  la  fen\ine  moderne  (Paris,  1907.  in-i2)  ;  —  L'État 
et  les  Eglises  en  France  depuis  les  origines  jusqu'à  la  séparation  {Pnv'is.  in-16)  ; 

—  La  Morale  naturelle  (Paris,  1908,  in-16)  ;  —  Le  Bilan  de  noire  marine 
(Paris,  1909,  in-12)  ;  —  Nos  Forces  navales,  répartition  el  rec  institution 
(Paris,  1911.  in-16)  ;  —  La  Répartition  des  flottes  européennes  et  la  marine 
française  (Paris,  1912,  in-16)  ;  —  Notre  Défense  maritime  (Paris  1914  in-16)  ; 

—  Transjormisme  et  créationisme.  Contribution  à  l'iiistoire  du  transformisme 
depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos  jours  (Paris,  1914,  in-8)  ;  —  Pourquoi  les  Ger- 
mains seront  vaincus  (Paris,  1915,  in-16). 

—  Le  Po/j6t5/io/i  ne  peut  pas  ne  pas  consacrer  un  souvenir  spécial  à  M.  Ga- 
briel Martin,  mort  à  Airvault  (Deux-Sèvres)  à  70  ans,  le  7  septembre  der- 
nier. Nous  ne  saurions  oublier,  en  efTet.  les  services  qu'il  avait  rendus  à  la 
Société  bibliographique,  non  seulement  comme  membre  du  Conseil,  mais 
pendant  quelques  années  comme  secrétaire  général.  Le  même  dévouement 
aux  œuvres  catholiques  l'avait  fait  entrer  dans  le  Conseil  central  de  la  So- 
ciété de  Saint-Vincent-de.Paul,  où  sa  disparition  laisse  un  grand  vide.  C'est 
à  lui  qu'était  due  la  dernière  édition  du  Manuel.  Il  s'était  aussi  dépensé 
pour  la  Société  générale  d'éducation.  En  même  temps  qu'un  homme 
d'œuvres,  il  était  un  homme  de  science  et  un  érudil  distingué,  La  Société 
nationale  des  antiquaires  de  France  se  l'était  attaché  comme  associé  cor- 
respondant. Nous  citerons  de  lui  :  La  Question  des  programmes  de  l'enseigne- 
ment secondaire  (Paris,  1888,  in-8)  ;  —  Dix  ans  de  laïcisation  (Paris,  1890, 
in-8)  ;  —  Malval,  \a  seigneurie,  le  château  (Guéret,  1890,  in-8)  ;  —  Flore  de 
la  Creuse  (Gnéret,  1891.  in-8)  ;  —  Les  Petits  Catéchismes  (\^csnuçQ\^,  1891..  in- 
8)  ;  —  A  l'Ecole  primaire  (Paris,  1892,  in-16)  ;  —  La  Haute  March.e  au  wi* 
siècle  (Guéret,  1893,  in-8)  ;  —  L'Élendard  de  Jeanne  d'Arc  (Paris,  1894,  in- 
fol.)  ;  —  Histoire  d'une  froidière.  Aigurande  depuis  l'époque  gauloise  jusqu'à 
nos  jours.  Lenwvices  el  liituriges  ^Gnéret.  1905,  in-8)  ;  —  Ordiiudre  de  l'al)- 
baye  de  S.Pierre  d' Airvimll  {Vo'\V\ers,  1911,  in-8)  ;  —  Les  Injustices  de  /'ù/f- 
pd<(///-ec/  (Paris,  1906,  in-16). 

—  Un  écrivain  d'une  grande  disliiictiou  desprit,  en  même  temps  que 
d'une  parfaite  courtoisie  dans  les  relations,  ..M.  Henri  Wi:i,sc.iiini;eu  est 
mort  en  novendjre  dernier.  Il  aura  eu  la  joie  suprême  avant  de  mourir  de 
voir  sa  chère  terre  d'Alsace  rentrer  dans  le  sein  de  la  patrie  française.  Né 
à  Mullersholtz  le  2  février  1848,  il  avait  fait  ses  études  au  petit  séminaire 
de  Notre-Dame-dcs-Champs  à  Paris  et  ses  écrits  rendent  témoignage  à  l'ex- 


—  .307  — 

ccllence  do  rinslniclion  qu'il  y  r('(,iit.  Après  avoir  ('té  atrliivislc  do  l'As- 
semblfV  nationale,  il  fut  attacliô  au  Sénat  et  y  devint  le  chef  du  service  légis- 
latif. Tous  les  loisirs  que  lui  laissaient  ses  importantes  fondions  étaient 
occupés  à  la  rédactior)  des  ouvrages  qui  lui  valurent  plusieurs  distinctions 
académiques,  qui  finirent  par  le  conduire  à  l'Acadénne  des  sciences  mo- 
rales et  politiques  (1907)  et  qui  lui  assurent  un  rang  distingué  parmi  le» 
historiens  français  de  réjioque  contemporaine.  Voici  la  liste  de  ses  princi- 
pales publications  :  André  CUénier  (Paris,  1877,  in-S)  ;  —  Chat'lotle  Cordtiy 
(Paris,  1879.  in-8)  ;  —  Le  Phare  (i)oèine)  (l»aris,  1880.  in-12)  ;  —  Le  Théâlre 
de  la  ftérolalion,  1789-1700,  avec  doctimenls  inédits  (Paris,  1880,  in-l2)  ;  — 
Les  Bijoux  de  Madame  du  Rarry,  documents  inédits  (Paris,  1881,  in-12)  ;  —  La 
Censure  sons  le  premier  Empire  (Paris,  1882.  in-8;  ;  —  Le  Habot  du  petit 
mousse,  poème  (Paris.  188i.  in-8)  ;  —  Le  Maréclinl  Sey  (ISlb)  (Paris.  189.'{. 
gr.  in-8)  ;  —  Les  Aventures  de  guerre  et  d'amour  du  baron  de  Cormatin  (l'OU- 
t^tQ)  (Paris,  1894.  in-12j  ;  —  Le  lioi  de  Rome  (Paris.  1897,  gr.  in-8)  ;  —  La 
Mission  secrète  de  Mirabeau  à  Berlin  17SG-1787  (Paris,  1900,  in-8)  ;  —  Bis- 
marclc  (Paris.  1900,  in-12)  ;  —  Sainte  Odile  patronne  d'Alsace  (Paris.  1901, 
in-12)  ;  —  Slras()ourq  (Paris,  1905,  petit  in-8)  ;  —  Le  Pape  et  l'Empereur 
i!^0ù-18l')  (Paris,  I90.o,  in-8)  ;  —  Les  Martyrs  de  Septembre  {Paris.  1919, 
in-i2,. 

—  On  annonce  encore  la  mort  de  MM.  :  Jules  Akuolx,  fondateur  de  la 
Revue  de  la  prévoyance  et  de  la  mutualité,  auteur  d'ouvrages  tels  que  :  Le.^ 
Prisons  de  Paris  (Paris,  1881,  in-12)  ;  Manuel  de  l'Assistance  à  Paris  (Paris, 
1882.  in-12);  La  Mutualité  française.  Histoire  de  16  ans  (Paris,  1907.  in-8); 
Les  Oratf^urs  mutualistes  (Paris.  1914,  in-8),  mort  le  14  octobre  ;  —  Mgr  Am- 
BEHT,  supérieur  de  l'École  Saint-Grégoire  de  Pithiviers,  mort  le  1"  no- 
vembre ;  —  Joseph  CouRTY,  rédacteur  au  Journal  des  Débals,  mort  le 
9  octobre  ;  —  Ernest  Chos  Saint-Angk,  ancien  élève  et  ancien  professeur 
au  Conservatoire  national  de  musique,  mort  le  16  juillet  à  Marseille  :  — 
Joseph  Delfolr,  professeur  honoraire,  lequel  a  écrit  :  Les  .lésu'ilfs 
à  Poitiers,  histoire  du  collège  et  du  lycée  de  Poitiers,  mort  le  6  novem- 
bre dernier  ;  —  Henry  Deutsch,  de  la  Meurthe,  riche  industriel  et  philan- 
thrope, auteur  d'un  ouvrage  très  remarquable  sur  le  Pétrole  et  ses  applica- 
tions et  de  nombreux  travaux  sur  la  mécanique,  l'aérotechnique,  grand 
ami  des  arts  et  compositeur  lui-même  de  mélodies  et  d'un  opéra  :  Icare, 
représenté  en  1911,  et  qui,  par  une  dotation  magnifique,  a  assuré  le  sort  de 
TAéro-Glub,  mort  le  23  novembre;  —  Jules  Develle,  sénateur,  auteur 
d'un  Éloge  de  Berryer,  publié  en  187Q,  mort  le  31  octobre  ;  —  Octave  Doin, 
l'éditeur  médical  bien  connu,  mort  le  23  octobre  ;  —  M.  Dupl.\n,  inspec- 
teur honoraire  de  l'instruction  publique,  membre  du  Conseil  supérieur  de 
l'instruction  publique,  mort  en  octobre  ;  —  Georges  Dlval,  né  à  Paris  en 
1847,  chroniqueur  au  Temps,  romancier  et  auteur  dramatique  bien  connu, 
dont  nous  citerons  :  Madcune  Mascarille,  Les  Orphelins  d'Amsterdam.  Lau- 
retle,  le  Carnaval  parisien.  Coquin  de  printempsjr  le  Chant  du  cygne,  M.  Pic- 
kuick  (en  collaboration  avec  Xavier  Roux)  et  une  traduction  de  Shakes- 
peare, mort  le  26  septembre  :  —  M"^  Lucienne  DtwEz,  qui  a  collaboré  à 
plusieurs  revues  parisiennes  et,  sous  le  pseudonyme  de  Josée  Nohrre,  à  la 
Vie  doloise,  morte  dernièrement  à  Dole  (Jura)  ;  —  le  général  Ch.  Ebexeh, 
professeur  à  Saint-Cyr,  auteur  de  Conférences  sur  le  rôle  social  de  l'officier 
faites  en  1001  aux  élèves  de  l'École  spéciale  militaire  (Paris,  1909.  in-8),  mort 
le  22  octobre  ;  —  le  R.  P.  Edouard  de  Nécy,  né  Brière,  des  Frères  mineurs, 
prédicateur  distingué,  auteur  entre  autres  ouvrages  de  :  Manuel  du  prêtre 


—  308  — 

tertiaire  (1902,  în-16)  ;  Piélé  cJirélienne  el  sérnphique  (Paris,  1906,  in-16)  ; 
Vertus  théolofjales  el  cardinales  {Vav'x'i,  1907,  in-16)  ;  Béatitudes  et  vertus  mo- 
rales (Lille,  1907,  in-8)  ;  Foi,  espérance,  charité  (Paris,  1906,  in-16)  ;  Caté- 
chisme de  la  jeune  fille  (Paris,  1909,  in-16);  Caléchisme  du  jeune  homme 
(Paris,  1910,  in-16)  ;  Catéchisme  eucharistique  (Paris,  1910,  in-16),  mort  à 
64  ans,  le  2  novembre  ;  —  Mgr  Pierre-Josepli  Geay,  ancien  évêque  de 
Laval,  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  :  Oraison  funèbre  de  Mgr  Pierre- 
Emmanuel  Bouvier,  évêque  de  Tarentaise  (Laval,  1900,  in-8)  ;  Panégyrique  de 
Jeanne  d\Arc.  Dieu  dans  Jeanne  d'Are  (Lyon,  1894,  in-8),  mort  dernièrement 
à  Lyon  ;  —  le  vicomte  Maurice  de  Lestrangk,  dont  nous  rappellerons 
notamment  l'utile  publication  documentaire":  la  Question  religieuse  en 
France  pendant  la  guerre  (Paris,  1914-1915,  3  fasc.  in-12),  mort  subitement 
le  23  novembre  ;  —  Linol,  ancien  secrétaire  de  MM.  Casimir  Périer  et 
Conslans.  qui  laisse  plusieurs  ouvrages  estimés,  relatifs  à  la  liquidation 
des  sociétés,  mort  le  3  octobre  ;  —  Paul  Louis-Lûcas,  doyen  et  professeur 
de  droit  civil  à  la  Faculté  de.droit  de  Dijon,  ancien  collaborateur  du  Poly- 
biblion.  auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  :  Étude  sur  la  vénnlUé  des  charges 
el  fonctions  publiques  et  sur  celle  des  officiers  ministériels  depuis  l'antiquité 
romaine  jusqu'à  nos  jours  (Paris,  1882.  2  vol.  in-8)  ;  Du  Rôle  el  de  l'organisa- 
tion du  pouvoir  législatif  dans  les  sociétés  modernes  (Paris,  1892,  in-8),  mort 
à  Dijon,  à  la  fin  de  novembre  ;  —  Auguste  Luth,  collaborateur  au  journal 
le  Temps,  poète  chansonnier,  président  de  la  Lice  chansomiière,  mort  le 
18  octobre  ;  —  Alphonse  Makdrillon,  qui  a  collaboré  à  divers  journaux 
bisontins  ainsi  qu'à  la  Revue  littéraire  de  la  Franche-Comté,  mort  dernière- 
ment à  Besançon,  à  l'âge  de  80  ans  ;  —  Léopold  Michel,  ingénieur  des 
mines,  jirofesseur  de  minéralogie  à  la  Faculté  des  sciences,  mort  en  oc- 
tobre ;  —  René  Millet,  ancien  résident  général  de  France  en  Tunisie, 
au  leur,  entre  autres  ouvrages  de  :  Soire  Politique  extérieure  de  1898  à  lOO.j 
(Paris,  1905,  in-8),  mort  à  70  ans,  le  ler  décembre  ;  —  Joseph  Montel,  col- 
laborateur au  journal  le  Gaulois,  mort  le  28  octobre  ;  —  Mgr  Louis  Mouel. 
supérieur  honoraire  de  l'institution  de  la  Malgrange,  vicaire  général  hono- 
raire de  Nancy,  mort  à  78  ans,  le  9  novembre  ;  —  l'abbé  Eugène  Mogles, 
professeur  à  lécole  des  Cordelicrs  de  Dinan,  mort  le  8  novembre  ;  —  le 
R.  P.  Nouleau,  s.  J.,  professeur  à  Saint-Grégoire  de  Tours,  mort  à  80  ans, 
le  26  octobre  ;  —  Henri  Pagat,  rédacteur  au  Journal  des  Débals,  auteur  de 
nombreuses  études  telles  que  :  le  Monde  des  affaires  ;  la  Vie  de  province  ; 
Les  Funérailles  de  l'Argent,  dont  le  succès  fut  immense  ;  Le  Convive  (Paris, 
4902,  in-12)  ;  Le  Jeu  de  l'Amour  el  du  Suffrage  universel  (Paris,  1902,  in-12), 
mort  en  octobre  ;  —  le  général  Peaucellier,  auteur  de  :  Mémoire  sur  les 
conditions  de  stabilité  des  voûtes  en  berceau  (Paris,  1875,  in-8),  à  qui  l'on  doit 
d'importants  travaux  sur  les  systèmes  articulés  et  la  découverte  de  l'Inver- 
seur Peaucellier,  mort  le  8  octobre  ;  —  Laurent  Phache,  avocat  à  la  cour 
d'appel,  auteur  de  :  La  Pétition  contre  la  franc-maçonnerie  à  la  11'  commis- 
sion, exposé  el  conclusions  (Paris,  1905,  in-16),  mort  à  la  fin  d'octobre  :  — 
Eugène  Qdentin,  ancien  directeur  du  Journal  de  Péronne,  mort  en  novem- 
bre ;  —  Charles  Hemy,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris, 
auteur  de  travaux  parmi  lesquels  on  peut  citer  :  Traité  des  varices  des 
membres  inférieurs  (Paris,  19UU,  in-8);  Les  Rayons  X  el  l'extraction  des  pro- 
jectiles, en  collaboration  avec  M.  Paul  Peugnier  (Paris,  1904,  in-8),  mort  en 
octobre  ;  — l'abbé  Renaud,  professeur  à  l'institut  Sainl-Cyr,  à  ISevers,  inort 
h  52  ans,  en  octobre;  —  le  chanoine  de  Rocca-Serua,  vicaire  général  hono- 
raire, ancien  supérieur  du  séminaire  d'Ajaccio,  mort  à  Carjiaca  (Corse),  à 


—  aoo  — 

76  ans,  Ip  10  oclobio  ;  —  M.  J.  in:  Sai>t-Mi  smi.n,  coi  rosixmdarit  du  l'iijnro. 
mort  le  21  octobrr  ;  —  Joseph  Scukwakhf.l,  coll.'iboratenr  du  .hutiiml  des 
Débats,  inorl  en  octobre  ;  —  M.  l'abbé  tfiMON.  professeur  an  collèjfc  de  l'Iiii- 
macuIée-{.'oncep(ion,  à  Digne,  iiioit  le  22  octobre  ;  —  M.  Henri  Sihven, 
impriiiieiir-édilenr  à  Tonlonse,  président  de  l'Union  syndicale  des  niaitt'es 
imprimeurs  de  l'"rancc,  mort  le  14  novembre  ;  —  (Miarles  Stkigau.  compo- 
siteur de  musique,  qui  laisse  une  œuvre  iniporlanle  pour  l'ensiM^tieinent 
du  piano  et  du  violon,  mort  le  28  octobre  ;  —  la  princesse  (îeorgis  M.  Sim- 
BEY,  en  littératuie  Gustave  Haller,  auteur  de  :  Aos  ijrnnds  Peinlrea  (Paris. 
1899,  in-8)  ;  Le  Salon.  Dix  Ans  de  peinlnre  (Paris,  iOOi,  in-H).  morte  le 
6  octobre  ;  —  Laurent  Tau-hade,  homme  de  lellrcs,  dont  on  peut  citer  : 
Terre  Indne  (Paris.  1S!)8,  in-18i;  Lettres  familières  (Paris.  l'JOi,  in-lf»)  ; 
Louanges  de  Sophie  Cottin,  poème  (Paris,  1904,  in-8)  :  Poèmes  mistophn- 
nesqnes  (Paris,  1904,  in-18):  Poèmes  èlèijia(pies  :  le  Jardin  des  rci'cs  ;  rêve 
aniifjue  ;  In  forèl  {Paris,  1907.  in-12);  La  \oire  Idole,  élude  sur  la  morplàno- 
manie  (Paris.  1907.  in- 1:^1  :  La  Co'-ne  et  l'Épêe  (Paris.  l'.tOS.  in- 10)  ;  Le  Troum 
pean  d'Aristêe  (Paris.  1908,  in-Hi)  ;  La  l'arce  à  In  marmite  ;  la  feuille  à  l'en- 
vers revue  en  un  acte  (Paris.  1909.  in-12)  ;  Pour  la  paix,  suivi  de  Lettre  aux 
conscrits  (Paris,  1909,  in-12).  niort  le  4  novembre;  —  Léon  Valli':e.  conser- 
vateur adjoint  à  la  Bibliothèque  nationale,  auteur  des  ouvrages  suivants  : 
Essai  d'une  bihlioiiraphie  de  la  Souvelte-Calédouie  et  dépendances  (Paris.  1883, 
in-12)  ;  La  Bibliothèque  nationale.  Ciiolx  de  documents  pour  servir  à  l'histoire 
de  l'établissement  et  de  ses  collections  (Paris.  189;^.  gr.  in-8)  ;  Bitiliutjraphie 
des  bibliographies  (Paris,  1894,  gr.  in-8)  ;  La  Sibérie  et  le  Grand  Transsibé- 
rien (Paris.  1901,  in-8);  La  Sarabande,  ou  Choix  d'anecdotes,  bons  mots, 
chansons,  etc.,  réjle.rions  et  pièces  en  vers  f nuirais  deptds  le  x\'  siècle  jus- 
qu'à nos  jours  (Paris,  1903,  2  vol.  in-8)  ;  Bibliothèque  nationale.  Culalogue 
des  plans  de  Paris,  de  l'Ile-de-France,  etc..  (Paris.  11(08.  in-S),  mort  le 
18  novembre;  —  le  chanoine  Marie-Josepb-Loiiis  Valenti>,  doyen  de  la 
Faculté  libre  des  lettres,  auteur  de  nombreux  travaux  parmi  lesquels  nous 
rappellerons  la  Vie  du  chanoine  Marceille,  mort  le  30  octobre  ;  —  le  R.  P.  Ange 
Veruier,  professeur  à  l'École  apostolique  de  Kribourg  (Suisse),  murl  le 
13  octobre,  à  53  ans  ;  —  le  Dr  Robert  \\  uinz,  membre  de  l'Académie  de 
juédecine,  médecin  des  hôpitaux  de  Paris,  professeur  agrégé  à  la  Faculté, 
auteur  de  travaux  remarquables  sur  les  Maladies  exo'tiques.  l'Hygiène  de  nos 
colonies  et  les  Intoxications  industrielles,  mort  le  22  octobre. 

—  A  l'étranger,  on  annonce  la  mort  de  MM.  :  Heiuy  .Mills  .\Ll>E.^.  direc- 
teur du  llarper's  Magazine  auteur  de  God  in  his  world  (1890),  A  Study  of 
f/ea</i(189r)).  Magazine  wriiing  and  llie  neiv  literature  (1908),  uiort  le  7  octobre 
à  îSevv  York,  âgé  de  82  ans  :  —  le  vicomte  Astor.  propriétaire  de  la  Pnll 
Malt  Gazette  et  du  Pall  Mail  Magazine,  auteur  des  ouvrages  suivants  :  Valen- 
lino  ;  Une  victoire  à  Rome  ;  SJ'orza  ;  la  Fille  de  Pharaon,  mort  en  octobre  ; 
—  Ralph  Hart  Bovvles,  auteur  de  livres  pour  la  jeunesse,  mort  le  31  août  à 
Caldevell  (N.  J.)  ;  —  Don  Bruno  I^esthée,  sous-prieur  de  labbaye  des  béné- 
dictins du  Mont-Gésar  à  Louvain,  qui  a  publié  avec  son  frère  le  Journal  des 
Désirée,  auteur  également  de  :  Une  Mystique  incoiuuie  au  xvu"  siècle.  La  Mère 
Jeanne  de  Saint-Mathieu  Deleloé  (Lille,  1905.  in-16)  ;  Au  milieu  du  cheudn  de 
notre  vie,  poèmes  (Paris,  1908,  in-16)  ;  L'Office  des  compiles,  précédé  d'une 
notice  historique  sur  les  oblats  de  Saint-Benoit  (Paris,  1909.  in-8),  mort  en  no- 
vembre ;  —  Luis  DiAZ  Mn.iÂN.  correspondant  de  lAcadémie  royale  dliistoire. 
mort  en  octobres  Madrid  ;  — Funje  de  Salverda.  liistorien  hollandais,  à  qui 
l'on  doit  des  travaux  estimés,  mort  en  octobre  ;  —  Mgr  Adolph  Fritze.n,  né  à 


—  310  — 

Clève  en  1838^  auteur  d'un  travail  :  De  Cassandri  ejusque  sociorum  sludiis  ire- 
/acis  (1865).  qui,  après  avoir  fait  l'éducation  des  enfants  du  prince  Georges 
de  Saxe  fut  appelé  en  1801  à  l'évêché  de  Strasbourg,  où  il  sut  se  faire  estimer 
du  clergé  et  des  fidèles,  démissionnaire  à  la  suite  de  l'armistice  du  11  no- 
vembre, mort  dans  le  courant  de  septembre  ;  —  John  Franklin  Genung, 
professeur  de  littérature  à  Amherst  Collège,  auteur  de  Praclical  éléments 
ofrheloric  (1886),  The  Sliidy  of  rhetoric  in  Uie  collège  course  (1884),  Oullines 
of.  rheloric  (1893),  The  Woïking  principles  of  rhetoric  (1901),  mort  le  i"  oc- 
tobre ;  —  Francisco  de  Paulo  Gôngora  dei.  Caupio,  correspondant  de  l'Aca- 
démie d'histoire  de  Madrid,  mort  en  septembre  à  Grenade  ;  —  Alejandro 
Groizard,  président  de  l'Académie  royale  des  sciences  politiques  et  morales 
d'Espagne  et  membre  de  l'Académie  d'histoire,  mort  en  septembre  ;  — 
Hans  Peter  Olaf  Hansen,  libraire  à  Ilobro,  mort  le  18  septembre,  dans  sa 
65e  année  ;  —  William  Nathanael  Harben.  éditeur  du  Yonth's  companion. 
auteur,  entre  autres  ouvrages,  de  :  Abner  Daniel  (1902)  ;  The  Georgians 
^1904)  ;  Dixie  Hart  (1910)  ;  The  Triumph  (1917),  mort  le  7  août  à  New  York, 
âgé  de  61  ans  ;  —  Boris  Kritchevski,  ancien  rédacteur  à  l' Humanité,  mort 
en  octobre  ;  —  Spiridion  P.  Lambros,  érudit  grec  distingué,  auteur  notam- 
ment de  :  De  condilornm  coloniarum  graecarum  indole  (Lipsiae,  1873,  in-8)  ; 
AlÂG-/|vai,7r£p'(.TàT£lri  TO'jôwSExâ-o'j  aî.wvo- (Athènes,  1878,  in-8)  ;  'I^Topix.i 
;j.£À£Tr,ii.aTa  (Athènes,  1884,  in-8)  :  'IcyTooia  tt,;  EAlâSoç  (Athènes,  1885-1908, 
6  vol.  in-8);  Catalogne  of  the  Greek  mannscripis  oj  Mount  Athos  {Caiwhridge, 
d895-1900,  2  vol.  in-4)  et  de  multiples  éditions  d'écrivains  grecs  qui,  au  cou- 
chant de  sa  vie,  eut  le  tort  de  se  laisser  prendre  à  la  politique  et  qui  joua, 
aux  côtés  du  roi  Constantin,  le  rôle  misérableque  l'on  sait,  mort  en  octobre  à 
Athènes  ;  —  Luigi  Llciam,  professeur  de  physiologie  à  l'Université  de 
Rome  depuis  1893,  biologiste  éminent,  dont  la  Fisiologia  dell'uomo  a  eu  un 
retentissement  mondial,  mort  le  23  juin  dans  sa  80°  année  ;  —  le  celtisnnt 
bien  connu  KunoMEiEu,  foiidateur  de  lu  Zeitschrif If iir  cellisclie  Philologie  t^i 
de  l'Archiv  fiir  celtische  Lexikographie,  mort  à  61  ans,  à  Leipzig  :  — 
Mgr  Giovanni  Maria  Pellizari,  évcque  de  Plaisance  depuis  1905,  liturgisle 
éminent,  mort  dans  sa  ville  épiscopalc  le  22  août,  à  l'âge  de  70  ans  ;  — 
Adolphe  Prins.  professeur  de  droit  pénal  à  l'Université  d^  Bruxelles,  à  qui 
l'on  doit  notamment  :  La  Représentation  des  intérêts  (Bruxelles,  1891,  in-8)  ; 
L'Organisation  de  la  liberté  et  le  devoir  social  (Bruxelles,  1895.  in-8)  ;  De  la 
Santé  morale  dans  les  arts  el  les  lellres  de  notre  temps  (Bruxelles,  1897, 
in-8)  ;  Science  pénale  el  droit  /)osi7i/"  (Bruxelles,  1899,  gr.  in-8)  ;  Cours  de 
droit  pénal  (BruxeWes,  1898,  in-4)  ;  De  iEsprit  du  gouvernement  démocratique, 
essai  de  science  politique  (Bruxelles,  1905,  in-8).  mort  dernièrement  à 
75  ans  ;  —  le  D"^  Rodiuguez  Menuez,  savant  physicien  espagnol,  célèbre  par 
ses  nombreux  travaux,  mort  le  29  septembre  ;  —  S.  É.  Mgr  José  Maria 
Salvador  y  Barrera,  archevêque  de  Valence,  ancien  professeur  d'histoire 
critique  d'Espagne  à  la  Faculté  de  droit  du  Sacro-Monte  de  Grenade, 
membre  de  l'Académie  royale  d'histoire,  auteur  notamment  d'une  étude  sur 
l^j-ay  Enrique  Fierez  y  su  Espaila  sagrada  (1914),  dont  il  préparait  la  conti- 
nuation, mort  à  Vigo,  le  4  septembre,  à  69  ans  ;  —  Horace  Traubel,  coium 
surtout  par  sa  biographie  de  WaltWhit  ma  n.  dont  il  était  l'exécuteur  testamen- 
taire, mort  le  8  septembre,  âgé  de  01  ans,  à  Bon  Écho  (Canada)  ;  —  Ella 
VV'heeler  Wii.cox,  la  célèbre  poétesse  américaine,  dont  nous  rapix'llerons  no- 
tamment :  Men,  Women  and  émulions  (l'^Oi)  ;  Poems  of  senlimenL  (1906); 
Love  sonnets  of  Abclard  and  Hetoise  (1909;  ;  Women  of  Uie  icorld  (191l>)  ;  Tlie 
irorld  and  I  (1019).  moite  à  64  aii.s. 


—  ;ni  — 

Lec.tumes  kaitks  a  1,'AcAUiiMii;  dks  inm. imitions  i;t  HKU.i..s-i,T;TTi»r;s.  —  Le 
10  oitobie,  M.  CUal)ot  rcpreiul  I;i  lecturr  de  son  «'•tiidc  sur  qnrlques  inscrip- 
"^ions  c;irthaginoiscs  rapportées  de  sa  mission  en  Tunisie  ;  il  sijinnle,  en 
particulier,  une  dédicace  faite  à  une  divinité  rarement  mentionnée  dans 
le  panlliéon  phénicien,  le  dieu  Chadiafa,  dont  le  nom  parait  d'origine 
iranienne.  —  Le  18,  M.  le  comte  Diirrieii  donne  lecture  du  rapport  annuel 
sur  le  concours  des  antiquités  nationales.  —  ^^  Chabot  explique  le  texte 
d'une  inscription  phénicienne  découverte  à  <^!arthage  par  le  P.  Dclattre  : 
il  s'agit  du  tarif  des  oblalions  à  percevoir  par  les  prêtres  desservant  un 
temple.  —  M.  Pottier  lit  une  notice  de  M.  Capart,  conservateur  du  musée 
de  Rruxelles.  sur  le  «  dieu  dompteur  »  du  c<iuteau  égyptien  de  (îabel-el- 
Arah,  acquis  parle  musée  du  Louvre,  et  il  donne  lecture  également  d'une 
note  de  M.  Georges  Bénédite  qui  répond  à  une  objection  de  M.  Capart.  — 
Le  24,  M.  Iliiart  donne  lecture  d'un  rapport  sur  le  recueil  de  proverbes 
arabes  transmis  à  IWcadémie  par  la  commission  interministérielle  des 
alTaires  musulmanes  :  ce  recueil,  trouvé  au  Iledjaz  par  des  ofïiciers  fran- 
çais, ne  renferme  pas  moins  de  ^'.i\  proverbes  dont  la  transcription  et 
l'étude  sont  commencées.  —  M.  .Monceaux  continue  la  lecture  de  son  mé- 
moire :  Papes  donalisles  :  les  évéqnes  scliismatiqnes  de  Rotne.  —  AI.  Diehl  lit, 
au  nom  de  M.  lîréliier,  professeur  à  l'Université  de  Clermont-Ferrand,  un 
mémoire  sur  un  calice  d'argent,  pièce  d'orfèvrerie  syrienne,  qui  offre  de 
l'importance  pour  l'étude  de  l'école  artistique  d'Antioche  et  de  l'influence 
qu'elle  a  exercée.  —  Le  31  octobre.  M.  Pelliot  donne  lecture  d'une  étude 
où,  d'après  les  textes  classiques  et  chinois,  il  chcrcbe  à  établir  le  trajet  des 
anciens  itinéraires  qui,  au  début  de  notre  ère,  unissaient  r.\sie  antérieure 
à  l'Extrême-Orient.  —  MM.  Théodore  Reinach  et  Dieulafoy  présentent 
quelques  observations. 

Lectures  faites  a  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  —  Le 
10  octobre,  M.  Driault,  professeur  diiistoire  au  lycée  de  Versailles,  lit  une 
communication  intitulée  :  Le  Rôle  de  l'histoire  dans  l'éducalion  nalionale. 
—  Le  18,  M.  le  docteur  André  Collin  donne  lecture  d'un  travail  sur  Vili- 
lisadon  et  le  placement  des  enfants  à  réactions  antisociales,  basés  sur  les  con- 
clusions de  texamen  physique  et  mental  ;  mesures  préventives.  —  Le  8  novem- 
bre, M.  Arnauné  lit  un  rapport  sur  les  conclusions  qui  se  dégagent  de  la 
discussion  ouverte  à  la  suite  de  sa  communication  sur  les  causes  de  la 
cherté  actuelle  de  la  vie.  Des  observations  présentées  par  les  divers  mem- 
bres de  l'Académie  il  ressort  que  la  hausse  du  prix  résulte  principalement 
de  l'inflation  de  la  circulation  fiduciaire,  de  la  diminution  de  la  produc- 
tion, de  l'élévation  des  prix  de  revient,  de  l'intensité  accrue  de  la  demande. 
Le  rapport  rappelle  les  suggestions  émises  en  vue  de  faire  cesser  ou  de 
modérer  l'action  de  ces  diverses  causes  du  mal. 

Annuaire  général  de  la  France  et  de  l'étranger.  — Publié  sur  l'initia- 
tive du  Comité  du  livre  et  sous  la  direction  de  M.  Jacques  de  Dampierre. 
V Annuaire  général  de  la  France  et  de  l'étranger  pour  l'année  1919  (Paris. 
101,  rue  du  Bac,  in-8  de  xxxix-1222  p..  avec  les  portraits  de  MM.  Poincaré 
et  Clemenceau  et  des  maréchaux  JofTre  et  Foch)  ne  peut  être  que  bien  ac- 
cueilli du  public.  L'Introduction  est  remplie  par  lîn  aide-mémoire  géogia- 
phrque  et  un  aide-mémoire  historique  que  précède  un  aperçu  de  M.  Jean 
Brunhes  :  la  France.  Le  corps  de  lAnnuaire  est  divisé  en  trois  sections  : 
1.  La  France  politique  et  sociale  :  renseignements  succincts  et  précis  sur 
la  constitution,  lorganisation  politique,  judiciaire,  administrative  avec 
'-quatre  chapities  spéciaux  rédigés  par  MM.  Barthou  {La  République  el  la .^ 


] 

guerre),  Frank  Puaux  {Le  P rotes Innlisme  français),  Israël  Lévi  (l^es  Israé- 
lites français  pendnnl  la  guerre),  Mgr  H.  Baudrillart  (Les  Catholiques  fran- 
çais et  la  Guerre)  ;  —  II.  La  France  éconoiriique  et  commerciale,  avec  des 
articles  de  MM.  Paul  Doumer  {La  Fortune  nationale  après  laçiuerre)  et  Henry 
Sagnier  {L'A(]riculture  française  et  la  Guerre)  ;  —  III.  Les  Puissances  étran- 
gères, que  précède  une  noie  de  M.  Léon  Bourgeois  sur  la  France  et  la  So- 
ciété des  nations.  Celle  noie  est  suivie  dun  aperçu  sommaire  des  traités 
internationaux  du  xix'  siècle  et  de  la  liste  des  instilvitions  et  bureaux  inter- 
nationaux. Pour  chaque  pays  l'Annuaire  nous  donne  des  renseignements 
succincts  sur  la  constitulion,  sur  les  ordres  ol  décorations,  sur  le  gouver- 
nement, sur  la  population,  la  religion,  linstruction,  la  justice,  l'armée,  le 
mouvement  économique,  sur  les  relations  avec  la  France,  sur  les  colo- 
nies, etc.  ;  l'article  se  termine  par  une  bibliographie.  C'est,  on  le  voit,  un 
ouvrage  à  posséder  et  à  avoir  toujours  à  portée  de  la  main. 

Almanach  catholique  français.  —  Almanach  Hachette.  —  Avant  1914. 
les  almanachs  étaient  nombreux  ;  ils  ne  le  sont  plus  aujourd'hui.  Mais  si 
beaucoup  ont  disparu,  dont  plusieurs  avaient  acquis  une  certaine  noto- 
riété, quelques  autres  s'offrent  au  public  pour  la  première  fois.  Parmi  ces 
derniers,  le  plus  important,  le  plus  intéressant,  le  plus  utile,  c'est  assurément 
VAImanacli  cntlioUque  français  (Paris.  Blond  et  Gay.  in-16  de  -448  p.,  avec  de 
nombreux  desseins,  photographies  et  cartes).  Malheureusement  son  prix 
élevé  (5  fr.)  ne  le  rend  pas  accessible  à  toutes  les  bourses.  Une  Préface  de 
Mgr  Baudrillart  présente  et  explique  cette  nouvelle  publication  du  «  Comité 
catholique  de  propagande  française  à  l'étranger.  »  Nous  aurions  eu  plaisir 
à  la  reproduire  ici  intégralement  ;  mais  le  manque  de  place  nous  impose 
la  brièveté.  «  Après  le  calendrier,  dit  Mgr  Baudrillart  [un  calendrier  qui 
sort  des  sentiers  battus],  vient  un  petit  annuaire  du  monde  catholique  ;  il 
s'ouvre  par  un  portrait  du  Pape,  qu'a  bien  voulu  tracer  xin  professeur  de 
Sorbonne,  M.  F.  Strovvski...  Voici  les  cardinaux,  les  établissements  de  la 
France  à  Rome  ;  voici  les  plus  illustres  personnalités  du  monde  catho 
lique  dans  tous  les  ordres  [parmi  lesquels  figurent  plusieurs  collaborateurs 
anciens  ou  actuels  du  Polyfnblion]  ;  puis  nos  associations,  nos  oeuvres 
d'enseignement,  de  charité,  de  presse,  d'apostolat.  »  Telle  est  la  partie  fixe 
de  l'Almanach  que  l'on  retrouvera  tous  les  ans.  Quanta  l'actualité,  variable 
naturellement,  nous  en  donnerons  un  aperçu  très  réduit  en  citant  quelques 
titres  :  La  Paix  et  les  Catholiques  ;  —  U Anmônerie  militaire  pendant  la 
guerre  (article  aussi  intéressant  qu'instructif)  ;  —  Les  Nouvelles  Gloires  de 
l'Église  de  France  ;  —  Le  Nouveau  Code  canonique  ;  —  Petit  Dictionnaire  des 
objections  d'aujourd'hui  et  de  toujours  ;  —  Les  (îrandes  fleures  religieuses  de 
ta  famille.  Les  Sacrements  ;  —  La  Mode  et  la  Femme  chrétienne  ;  —  Ou  et  par 
(pii  J'aire  soigner  nos  malades?; —  Nos  grands  Sanctuaires  nalionau.v  ;  — 
Pèlerinages  patriotiques  aux  régions  dévastées  ;  — -  Les  Rapports  de  la  France 
avec  le  Vatican  pendant  la  guerre  ;  —  Une  Croisade  française  chez  les  neutres 
pendant  la  guerre.  —  Le  volume  se  clôt  par  les  Ephcmérides  de  l'année  reli- 
gieuse. Ensemble  excellent,  œuvre  de  sept  cents  collaborateurs  informés  et 
c/mipétents,  véritable  encyclopédie  qui  sera  consultée  avec  fruit  par  tout 
le  monde,  même  par  les  non  catholiques. 

—   L'Almanach  Ilacliette   est   aussi   une  encyclopédie,    mais   d'un   autre 
genre.  Cette  remarquable  publication,  universellement  connue  cl  appréciée 
el  qui  compte  déjà  27  années  d'existence,  n'a    besoin    que  d'être   rappelée  . 
ici  avec  une  indication  sommaire  de  ses  principaux  articles  pour  que  cha- 
cun soit  fixé  siu"  sa  physionomie  de  l'année  11)20  (in-lG  de  410  -\-  84  p.,  avec 


—  :\\:\  — 

un  grand  nombre  de  cartes,  porlijiils  cl  )4iii\ure>  de  Icmlo  xulcs.  I^iorlir  : 
3  fr.  ;  cari.  :  4  fr.).  M.  Pierre  Dauzol  —  qni  a  raconlé  périodiqnenienl  l'his- 
toire de  la  guerre,  au  fur  et  ù  mesure  que  nos  soldais  et  ceux  des  puissances 
alliées  et  associées  étaient  en  train  de  la  faire —  consacre  une  trentaine  de 
pages  à  la  relation  de  la  victoire,  des  traités  de  paix  cl  de  leurs  consé- 
quences. C'est  l'article  que  tout  le  monde  lira  d'abord.  Les  suivat)ls  sont 
des  plus  variés  ;  enregistrons-en  quelques-uns  :  \olre  Système  solaire  ;  — 
Les  Grands  Observatoires  ;  —  Les  Hévolulions  européennes  (en  Russie.  Fin- 
lande, Ukraine,  Allemagne,  Autriche,  Hongrie)  ;  —  Les  Hnrties-Iileues  (à 
propos  d  un  drame  récent)  ;  —  une  séiie  d'articles  visant  l'Année  po/r 
liqiie  française  el  étrangère  et  VAiinée  diploniatiffue,  religieuse,  éconoiniijue 
agricole,  niaritinie,  militaire,  médicale,  industrielle,  etc.  ;  —  Les  Pensions 
militaires  ;  —  La  Journée  de  huit  heures  ;  —  un  aperçu  de  la  Loi  sur  les  loyers  ; 
Les  Grands  Écrivains  de  lantiquilé  ; —  L'Histoire  des  almanaclis  ;  — Les 
Œuvres  d'art  sauvées  de  la  destruction  el  du  pillage  ;  —  Monuments  endom- 
magés ou  détruits  par  l'ennemi  ;  —  L'Aviidion  scientifique  el  pratique.  Comme 
nous  ne  pouvons  tout  inventorier,  nous  renvoyons  nos  lecteurs  à  VAlma- 
nacli  Hachette  même. 

Agend.\  P.-L.-M.  1920.  —  Cette  artistique  publication  offre  d'abord 
i  grandes  planches  de  caries  postales,  de  chacune  3  sujets,  où  l'on  trouve, 
[)arfaitenient  exécutées,  des  vues  des  Alpes,  d'Algérie,  du  midi  de  la  France 
et  aussi  de  Metz  et  de  Strasbourg.  Suivent  un  calendrier  pour  19:20,  un 
plan  du  Métropolitain  et  du  >ord-Sud  et  une  carte  du  réseau  P.-L.-M.  (le 
beau  volume,  renferme  :  un  excellent  article  de  M.  Louis  Harthou  sur 
\' Armée  frani^aise  (p.  7-8)  ;  quelques  pages  bien  intéressantes  sur  l'Alsace 
reconquise,  par  _\L  E.  Wellerlé,  avec  des  dessins  de  Ilansi  (p.  '.)-13)  ;  un  tableau 
réussi  de  l'Amérique,  pendant  la  guerre,  par  M.  Stéphane  Lnuzanne  (p.  14-1'J!  : 
une  notice  de  M.  Charles  d'Esparbès  relative  au  Lietour  de  Jeanne  d'Arc  dans  les 
rglises  de  Metz,  d'où  le  dernier  évèque  allemand,  Mgr  Benzier,  l'avait  pros- 
(  1  ite  (p.  20-23)  ;  une  esquisse  humoristique  de  Vicfiy  au  temps  de  Madame  de 
sévigné,  par  M°''  Marguerite  R  Broders  (p.  24-27)  ;  l'historique  succinct  de 
(Jiamonix  à  travers  les  âges,  par  un  écrivain  qui  signe  Palafilte  (p.  28-32)  ; 
Les  Sports  sur  le  réseau  P  -L.-M.,  par  M.  Georges  Rozet  (p.  33-36)  ;  L'Élec- 
trocliimie  et  l'électrométallungie  sur  le  réseau  du  P.-L.-M.  pétulant  la  guerre, 
par  M.  Georges  Flusin  (p.  37-40)  ;  un  curieux  travail  de  M.  Charles  de 
Fouchier,  qui  nous  fait  connaître  ce  que  sont  les  Fêtes  de  .\oël  en  Provence 
(p.  41-44)  ;  une  savante  et  agréable  élude  du  P.  A.-L.  Delatlre  sur  Carthage 
(p.  45-30)  ;  une  autre  élude,  très  inslrnctive.  intitulée  :  Pour  la  renaissance 
française.  La  ]'aleur  de  l'Algérie,  par  le  D'  Jean-Paul  Bounhiol,  professeur 
à  la  P'aculté  des  sciences  de  1  Université  d'Alger  (p.  ol-oo)  ;  une  nouvelle 
aussi  simple  et  pure  qu'émouvante  :  Le  (turdien  de  Camargue,  par  M.  Fer- 
nand  Beissier  (p.  36-60)  ;  enfin,  répartis  en  divers  endroits  de  r.\genda, 
3  articles,  savoir  :  Le  liéseau  P.-L.-M.  et  l'Agriculture  ;  L'Hotel-école  de  Be- 
sançon, par  M.  G.  Rozet  et  Quelques  châteaux  en  Bourgogne,  par  M.  l.h.  de 
Fouchier.  Tout  cela  est  bien  ;  mais  ce  qui  donne  à  l'Agenda,  imprimé  su»* 
papier  de  luxe  (sauf  la  partie  réservée  aux  noies  journalières)  sa  pleine 
valeur,  ce  sont  les  12  hors  texte  en  couleurs  (vues  superbes  de  l'Alsace, 
du  Dauphiné.  de  la  Savoie,  de  Lyon,  d'Algérie  el  de  Tunisie)  el  les  230  gra- 
vures ou  dessins  à  la  plume  qui  charment  les  yeux  (gr.  in-8  de  308  p.  Prix, 
cartonné  :  4  fr.  ;  franco  :  4  fr.  60  pour  la  France  et  5  fr.  Oo  pour  l'étran- 
ger. Paris,  à  l'Agence  .P.-L.-M.  de  renseignements,  88,  rue  Saint-Lazare  et 
au  Service  de  la  Publicité  de  la  compagnie  P.-L.-M.,  20,  boulevard  Diderot). 


—  314  — 

Le  Chanoine  Albanks.  —  Qui  mieux  que  l'illustre  auteur  du  Uéperloire 
des  soiircex  hisloi-iques  du  moyen  âije,  du  Regesle  dauphinois  et  de  tant  d'ou- 
vrages, dont  la  profonde  érudition  et  la  saine  et  solide  critique  ont  fait 
de  lui,  sans  conteste,  le  prince  des  historiens  dauphinois  et  l'un  des  maîtres 
de  la  science  historique  à  l'heure  actuelle,  qui  mieux  que  M.  le  chanoine 
Ulysse  Chevalier  pouvait  rendre  l'hommage  mérité  à  «  l'un  des  plus  grands 
hommes  de  Provence  »,  au  «  plus  laborieux  chercheur  »,  au  «  trouveur  le 
plus  heureux  que  la  Provence  ait  connu»,  à  cet  admirable  chanoine  Alba- 
nès  qiii,  avec  les  plus  humbles  ressources,  a  su  produire  une  des  œuvres 
scientifiques  les  plus  considérables  de  l'époque.  Sans  l'avoir  connu  assez 
pour  nous  donner  des  détails  précis  sur  sa  jeunesse  ou  sur  sa  vie  intime, 
M.  le  chanoine  Chevalier,  qui  la  secouru  dans  sa  détresse,  qui  lui  a  gé- 
néreusement oirert  les  moyens  de  publier  cette  Gallia  chrisliana  novissima 
qui  a  renouvelé  de  fond  en  comble  l'reuvre  des  bénédictins,  nous  trace  de 
cette  vie  de  savant,  traversée  par  tant  de  chagrins,  de  déceptions,  de  difficul- 
tés, une  esquisse  dramatique  qui  captjve  comme  un  roman  selon  l'expres- 
sion d'un  de  ceux  qui  en  onteu  la  primeur  à  la  Société  Dauphin  Humbert  II. 
Cette  belle  Notice  sur  la  vie  el.  les  œuvres  da  chanoine  J.-M.-H.  Albanès.  histo- 
riographe du  diocèse  de  Marseille  {  1822-1897)  (Paris,  A..  Picard,  1918,  in-8. 
de  80  p.),  est  ornée  d'un  beau  portrait  du  grand  érudit. 

Paris.  —  En  prenant  possession,  le  20  janvier  1919,  de  la  présidence  de 
la  Société  géologique  de  France,  M.  Emmanuel  de  Margerie,  tout  en 
approuvant  la  mesure  d'exclusion  prononcée  par  la  Société  contre  les 
membres  ressortissants  de  l'Allemagne  et  de  ses  complices,  a  justement  ob- 
servé qu'il  ne  faut  pas  confondre  la  science  avec  ceux  qui  l'exercent  et  qu'il 
vorait  puéril  de  contester  les  qualités  de  la  science  allemande  :  il  a  montré 
aussi  le  profit  que  nous  devrions  tirer,  en  certains  cas,  de  l'exemple  de 
nos  ennemis  {Société  géologique  de  France,  allocution  présidentielle  pro- 
noncée dans  la  séance  da  20  janvier  1919.  Extrait  du  Comp/e  rendu  sommaire 
des  séances  de  la  Société,  année  1919,  n»  2.  Mâcon,  imp.  de  Protat  frères, 
1919,  in-8,  de  8  pages,  avec  fac-similé  de  l'inscription  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  rappelant  la  visite  de  la  Société  en  1834).  11  a  signalé  notamment 
les  larges  crédits  dont  disposait  à  Strasbourg  le  service  de  la  carte  géolo- 
gique. Nous  espérons  que  le  gouvernement  français  qui  l'a  désigné  pour 
diriger  cet  important  service  ne  lui  refusera  pas  les  ressources  nécessaires. 

—  Nous  recevons  le  fascicule  de  juillet  1919  de  la  Cité,  bulletin  trimestriel 
de  la  Société  historique  et  archéologique  da  I  V  arrondissement  de  Paris  (Paria, 
mairie  de  l'hôtel  de  ville  ;  et  Champion,  in-8  paginé  179-248,  avec  grav.), 
lequel  s'ouvre  par  tin  travail  de  M.  A.  Boquet  sur  VÉpigraphie  campanaire 
da  III'  arrondissement  (p.  179-200).  a  Les  quatre  églises  (Saint-Nicolas-des- 
Champs,  Saintc-Élisabeth,  Saint-Denis  du  Saint-Sacrement,  Saint-.ïean- 
Saint-François)  du  IIP  arrondissement  [)ossèdent  onze  cloches  dont  une 
attribuabic  au  xv'  siècle,  une  du  xvi*.  deux  du  xvu%  une  du  xvm'.deux  de 
la  période  révolutionnaire  et  quatre  du  xix".  A  ces  onze  cloches  paroissiales 
-  il  convient  d'ajouter  deux  cloches  du  xvn°  siècle  déposées  au  Musée  Carna- 
valet el  provenant  de  corporations  religieuses  supprimées  ».  C'est  de  ces 
diverses  cloches  que  M.  .\.  Boquet  nous  donne  ici  la  dejcription  et  l'histo- 
rique, avec  des  détails  sur  les  fonde<irs  à  qui  elles  sont  dues.  —  Mention- 
nons ensuite  :  Une  Prison  révolutionnaire  dans  la  rue  des  Lions  Saiht-PauL 
par  M.  Lucien  Lambeau  (p.  201  200)  ;  —  Une  Scène  du  choléra  de  1832  en 
place  de  (irève,  par  M.  A.  L'Esprit  (p.  207-210,  avec  une  gravure)  :  —  Les 
C'iuperin,  organistes  de  l'église  Saint'-Ccrvais,  par  M.  Paul  .larry  (p,  211-218. 


-  :n:;  — 

<ivoc  une  giavurp)  :  —  Le  Baron  de.  Pinny  à  l'IuUel  CaniavulrI.  par  M  l'nnl 
îlEsli-t'C  (p.  210-228.  avec  une  gravure)  ;  —  /,<?  ///'  ari'ondixxi'ment  <i  la 
i!')minission  du  Vieux  Paris  (p.  229-23fi;. 

—  Du  [iullelin  de  la  Société  liislorifiuc  et  archéolugiijne  dit  II"  arrondisse- 
in,- ni  de  Paris,  la  Cité  davril  dernier,  M.  Cliailcs  l'egdal  u  extrait  l'étud*» 
(]u'il  a  consacrée  à  flérard  de  Nerval,  Parisien  de  Paris  (Paris.  fJlianipion  ; 
cl  Revne  contemporaine.  1910.  in-8  de  31  j)..  avec  un  poitrail  et  une  vignette 
IMix  :  1  fr.  50|.  I/auteur  nous  présente  d'abord  Ihomine.  dont  il  nous 
raconte  la  vie  décousue,  les  idées  étranges,  les  aspirations  folles,  puis  les 
a-uvres  principales  de  Nerval  — qui  s'appelait  en  réalité  (Jérard  Labrunie 
—  en  faisant  ressortir  les  détails  les  plus  curieux  s'appliquant  à  la  ville  rie 
Paris.  Travail  bien  exécuté  qui  n'intéressera  pas  les  seuls  Parisiens.  vi>,('s 
plus  spécialement  mais  non  de  façon   exclusive. 

—  L' Àçieiidn  de  l'armée  française  pour  1920  (Paris,  Cbarles-Lavauzelle. 
petit  in-8  de  IVll  p.  Prix  :  relié  toile  3  fr.  et  3  fr.  50  couverture  peau,  t(Me 
dorée)  en  est  à  sa  33'  année.  Carru't  portatif  mesurant  7  centimètres  et 
demi  sur  12,  il  comprend  toutes  les  nouvelles  circulaires  ministérielles 
relatives  aux  soldes  et  indemnités,  ainsi  que  l'emplacement  des  troupes. 
<;  est  le  vade-mecum  non  seulement  des  mililaires,  mais  aussi  des  employés 
des  administrations  civiles,  préfectures,  sous-préfectures,  mairies,  qui  ont 
à  s'occuper  journellement  des  choses  concernant  l'armée. 

Champagne.  —  Pour  avoir  été  préparé  pendant  la  dernière  année  de  la 
(Irande  Guerre,  le  tome  LV  de  la  3°  série  des  Mémoires  de  la  Société  acadé- 
mique d'agricallure,  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  dn  département  de  l'Aube 
n'en  est  pas  moins  très  important  (Troyes,  imp.  Paton.  1918,  in-8  de 
026  p.,  avec  2  cartes  hors  textes,  2  reproductions  de  sceaux  et  de  vieilles 
monnaies  et  16  figures).  Peu  de  sujets  ont  été  abordés,  mais  ils  ont  été 
presque  tous  traités  avec  ampleur.  Mentionnons-les  simplement  :  Considé- 
ndions  sur  la  classification  des  échinides  atélostomes.  par  M.  J.  Lambert  (p.  9- 
54);  — Journal  des  visites  capitulaires  et  des  visites  archidiaconales  de  Troyes 
-en  lio9,  iùGG  et  /5/ô,  publié  avec  un  Avant-Propos  et  des  notes  par 
M.  l'abbé  Arthur  Prévost  (p.  55-130)  ;  —  Essai  statistique  sur  la  dépopula- 
lion  des  campagnes  auboises,  par  M.  Lucien  Lagoguey  (p.  131-309,  avec  une 
carte  hors  texte)  ;  —  Comtes  de  Champagne  rois  de  Navarre,  a  Don  Thibaut 
>'l  Primera  »  ("comte  Thibaut  IV,  roi  Thibaut  /er),  123U-12Ô3,  par  M.  André 
i'inot  (p.  313-435,  avec  une  carte  hors  texte  et  des  reproductions  de  sceaux 
l't  de  monnaies)  :  —  Basidiomycètes  nouveau.x,  rares  ou  intéressants  du  dépar- 
lement de  l'Aube,  par  M.  A.  Ployé  (p.  439-511)  ;  —  Le  Traitement  des  fractures 
par  l'ostéosynthèse,  par  le  docteur  L.-G.  Bailleul  (p.  513-533,  avec  16  figures). 
\  noter  enfin  un  Programme  pour  la  rédaction  d'une  monographie  commu- 
nale très  bien  établi  (p.  535-541). 

Franche-Comté.  —  Depuisjuillet  dernier  paraît  à  Besançon  un  élégant  et 
intéressant  périodiquemensuel.  qui  a,  de  plus,  une  utilité  pratique.  Il  a  pour 
litre  :  Franche-Comté  et  Monts  Jura  (Besançon,  39,  rue  des  Granges.  Abon- 
nement annuel  :  France,  12  fr.  ;  Étranger,  15  fr.).  Cette  «  revue  régionale  » 
a  surtout  pour,  but  «  la  défense  des  intérêts  industriels,  commerciaux, 
agricoles,  artistiques,  touristiques  et  sportifs,  »  Mais  le  programme  rédigé 
par  M.  Claude  des  Perrières  déclare  justement  qu' «on  aime  mieux  sa  petite 
patrie  si  l'on  connaît  plus  complètement  son  passé  historique,  principale- 
ment celui  que  l'on  trouve  dans  les  comptes  rendus  dçs  Assemblées  délibé- 
rantes, dans  les  papiers  de  famille,  dans  les  Mémoires  de  personnages 
ayant  occupé  une  situation  en  vue.  Cette  ■'  Petite  Histoire  «  peut  nous  con- 


—  316  — 

duire  aussi  bien  au  Parlement  de  Franche-Comlé  que  dans  les  clubs  révo- 
lutionnaires. Elle  nous  introduit  dans  toutes  les  classes  sociales  d'autrefois  ; 
elle  fait  revivie  l'existence  de  nos  pères  en  nous  disant  leurs  joies,  leurs 
tristesses  et  aussi  leurs  espérances  ;  nous  n'aurons  garde  d'omettre  cette 
«  Chronique  du  bon  vieux  temps  »  dans  notre  Revue.  »  Ajoutons  que  de 
l'examen  des  cinq  premières  livraisons  de  Franche-Comlé  et  Monis  Jnrn,  nous 
avons  acquis  l'assurance  que  la  vie  littéraire  de  la  région  ne  sera  pas  plus 
négligée  que  tout  le  reste,  de  sorte  que  nous  aurons  là  une  nouvelle  revue 
provinciale  qui,  avec  le  temps,  se  développera.  A  ses  débuts,  d'ailleurs,  elle 
se  présente  bien  :  imprimée  avec  soin  sur  beau  papier,  elle  offre  un  texte 
très  varié  et  qui  plaira  d'autant  mieux  qu'il  est  relevé  de  nombreuses  et 
excellentes  illustrations.  La  Partie  technique  du  Polybihlion  a  inséré  le 
commencement  des  sommaires  de  Franche-Comlé  et  Monts  Jura  dans  sa  li- 
vraison d'octobre  ;  cette  insertion  se  poursuit  aujourd'hui  et  se  continuera 
régulièrement. 

Gatinais.  —  M.  Emile  Richemond,  à  qui  l'on  doit  d'importî^ntes 
Recherches  ijénéalogiques  sur  la  Jamllle  des  seigneurs  de  Nemours  daxi\'  an  W 
siècle,  parues  en  1907,  en  12  vojumes,  vient  de  publier  un  utile  complément 
à  cet  ouvrage,  sous  la  forme  d'une  brochure,  tirée  à  150  exemplaires  inti- 
tulée :  Partage  du  territoire  de  Fromonvitte  à  la  fin  du  xi''- siècle.  Éclaircisse- 
ments sur  l'origine  des  seigneurs  de  Nemours  (Nemours,  impr.  Vaillot,  1919, 
in-8  de  35  p.  et  plan).  Prenant  comme  point  dç  départ  de  ses  nouvelles  re- 
cherches quelques-unes  des  chartes  du  prieuré  de  Néronville  (commune  de 
Chàteau-Landon),  publiées  jadis  par  notre  très  distingué  collaborateur 
M.  H.  Slein,  M.  Richeiuond  montre  comment  le  territoire  de  Frnmonville, 
sur  la  rive  droite  du  Loing,  en  aval  de  Nemours,  fut  partagé  entre  les  trois^ 
filles  de  Dimon  de  Montereau,  fondateur  de  ce  prieuré,  et  par  quelles  flilia- 
lions,  du  mariage  de  ces  trois  sœurs  avec  divers  seigneurs  de  la  région  gà- 
tinaise,  sont  issus,  d'une  part  les  célèbres  Clément,  d'autre  part  les  sires 
de  Fay-lez-Nemours,  et  enfin  les  vicomtes  de  Melun  et  les  seigneurs  de 
Yerres.  Un  tableau  généalogique  de  la  postérité  de  ce  Dimon,  qui  termine 
la  brochure,  synthétise  très  clairement  les  conclusions  de  cette  savante 
dissertation. 

L.vNGUEDOC.  —  Après  une  assez  longue  interruption,  la  Société  archéolo- 
gique, scientifique  et  littéraire  de  Béziers  (Hérault)  a  repris  la  publication 
de  son  Bulletin  en  donhant  la  1"  livraison  du  tome  XI  de  la  troi- 
sième série  correspondant  au  volume  XMU  de  la  collection  (Béziers, 
iinp.  générale  Barthe,  Soueix,  Bourdon  et  RuI,  lOlfi-litlS,  in-8  de  63  p.)- 
Ce  fascicule  est  ainsi  composé  :  Note  sur  les  fouilles  d'Fnsérune.  par  M.  Mou- 
ret  (p.  i2-'23|  ;  —  Rapport  sur  les' fouilles  d'Ensérune  près  de  Béziers,  par 
MM.  E.  Pottier  et  S.  Reinach  (p.  2i-38)  :  ce  travail  est  un  extrait  des  Comptes 
rendus  et  séances  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  du  15  sep- 
tembre et  17  novembre  1916  ;  —  Les  Découvertes  d'Ensérune  (extrait  de 
VÉclair  de  Montpellier  (p.  34-42)  ;  —  Bernard  Dorna,  archidiacre  et  viguier 
de  Béziers  {xu['  siècle),  par  M.  Paul  Cassan  (p.  43-61). 

Lyonnais.  —  11  existe,  entre  Nimes  et  Montpellier,  deux  localités  appelées 
Madières,  dont  l'une  a  appartenu,  au  moins  depuis  le  xive  siècle,  à  la  fa- 
mille de  Ginestous,  qui  l'a  fait  ériger  en  marquisat  par  Louis  XV.  D'autre 
part,  il  existe  une  famille  de  Madières  dont  les  premiers  ancêtres  connus 
pratiquaient  le  négoce,  à  Lyon,  dans  la  seconde  moitié  du  xvi"  siècle. 
M.  E.  Salomon  et  un  auteur  qui  signe  «  Soulgé  »  se  sont  occupés  des  Gi- 
nestous de  Madières  et  des  Madières  lyonnais  (K.  Salomon,  Généalogie  df  la 


-  :^17  - 

famille  de  Mtidières  en  Lyonnais.  Forez,  Orléanais,  Ile  de  France,  avec  tine 
clude  liistoriquc  de  Soiilgé  sur  les  origiiio  des  Madièios-f'iiiieslous,  d'apiè"* 
les  titres  du  cliartiicr  (Je  Beauvoir.  Paris.  Darayor».  1!M9.  iii-8  de  \i>  p.. 
avec  fifï.).  M.  «  Soulgé  »  estime  qu'il  se  pourrait  que  ceux-ci  fussent  les 
cadets  de  ceux-là.  Sans  doute,  ce  n  est  pas  impossible,  mais  c'est  bien  peu 
probal)le. 

l'onou.  —  On  sait  qu'en  17!)2  les  évoques,  les  prc^tres  et  môme  quelques 
fidèl^s  liillérèient  de  sentiment  au  sujet  du  serment  dit  de  «  liberté  et 
égalité  »  (lui  fut  imposé  par  la  I.égislalive  aux  prêtres  qui  voulaierit  conti- 
nuer l'exercice  du  saint  ministère.  Certains  prélats  estimèrent  (juc  jurer 
était  une  pénible  nécessité  ;  d'autre?;  défendirent  à  leurs  subordonnés  un 
serment  qui  d'après  eux,  impliquait  une  reconnaissance  des  institutions 
républicaines.  Lévôque  de  Luçon.  M.  de  Mercy,  alors  émigré  à  Soleurc 
et  adversaire  du  serment,  avait  rédigé  un  mémoire  assez  étendu  dans 
lequel  il  motivait  son  opinion.  Ce  mémoire,  dont  une  copie  se  trouve  aux 
arcbives  de  I  arcbevèché  de  Lyon,  est  publié  aujourd'bui,  par  M.  labbé 
Uzureau  :  M(/r  de  Mercy,  évéque  de  Lnçon,  el  les  Seriuenls  de  l792-i7'J7)  (Poi- 
tiers, Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie),  1919,  in-8,  de  31  p. 
Extrait  du  Bullelin  des  antiquaires  de  l'Onesl).  Il  faut  lui  savoir  gré  d'avoir 
versé  une  pièce  de  plus  au  dossier  d'un  débat  qui,  quoi  qu'on  ait  dit,  n'eu 
est  pas  clos  pour  cela.  Si  les  documents  concernant  celle  controverse 
sont  lus  sans  emballement  et  si  les  questions  personnelles  ne  s'y  mêlent 
pas  d'une  façon  trop  encombrante,  il  y  a  lieu  d'espérer  qu'un  jour  on  fini- 
ra par  y  voir  clair  ou  tout  au  moins  par  se  mettre  d'accord. 

Bei.giqui:.  —  Avec  leur  mépris  insolent  des  conventions  de  la  Haye,  les 
Allemands  en  1914-  n'ont  pas  hésité  à  occuper  à  Bruxelles  le  palais  des 
Académies  Nous  avons  signalé  déjà  le  rapport  dans  lequel  M.  Le  Nain 
expose  les  déprédations  commises  cl  l'état  'des  locaux  transformés  en  b(5pi- 
tal.  Combien  ont  souirert  les  volumes  qui  constituaient  les  collections 
acadén)iques.  il  nous  le  redit  dans  le  court  \\erlissement  dont  il  fait  pré- 
céder le  Catalogne  onomaslisqne  des  accroissements  de  la  Bibliothèque,  depuis 
la  publication  du  dernier  catalogue  (IS83-1890).  Ce  catalogue  onomastifiue 
a  été  dressé  et  imprimé  clandestinement  pendant  1  occupation,  «  dans  le 
but  de  faciliter  autant  que  possible  le  récolement  aussitôt  l'évacuation. 
Des  trois  parties  qu'il  doit  comprendre,  comme  le  catalogue  général,  nous 
en  avons  deux  sous  les  yeux  :  Lettres  et  s'iences  morales  et  politiques  (li'^SJ- 
I9i^i)  (Bruxelles.  Hayez,  1919,  in-8  de  vu-380  p.)  ;  lieaux-arls  {iH90-l9Ui) 
(ibid..  1919,  in-8  de  vn-56  p.).  Ces  deux  catalogues,  dressés  avec  soin  par 
M.  Félicien  Leuridant  et  José  Perrée  nous  font  connaître  les  acquisitions 
en  ouvrages  indépendants  dont  sest  grossie  la  Bibliothèque  de  r.\cadé- 
mie  dans  une  période  de  plus  de  trente  ans  ;  «  on  les  estimera  certes  in- 
suffisantes h,  dit  M.  Le  Nain,  el  en  eflet  elles  comportent  bien  des  lacunes, 
mais  les  accroissements  consistent  surtout  en  dons  ;  le  budget  assez  mai- 
gre de  l'Académie  oblige  de  réduire  les  achats  «  à  des  ouvrages  absolument 
indispensables  pour  la  documentation  »,  et  d'ailleurs  la  principale  richesse 
de  l'institution  consiste  dans  les  périodiques  qui  ne  sont  pas  répertoriés 
ici.  Notons  que  ce  catalogue  onomastique  ne  comprend  pas  seulement 
les  nomg  des  auteurs  des  ouvrages  répertoriés,  mais  ceux  de  tous  les  per- 
sonnages mentionnés  aux  titres  des  ouvrages. 

Italie.  —  Nous  recevons  le  tome  XVllI  de  la  3'  série  (tome  XLIX  de  la 
collection)de  la  Miscdianea  di  storia  ilaliana  publiée  parla  H.  Deputazione  sovrn 
gli  studi  di  storia  patria  per  le  antiche  provincie  e  la  Lombardia  (Torino.  Boc- 


—  318  — 

ca,  1918,  gr.  in-8  de  L\xn-4S1  p.).  Trois  auteurs  seulement  ont  collaboré 
au  corps  de  ce  volume,  rempli,  pour  la  presque  totalité,  par  un  recueil  de 
textes  et  par  un  mémoire  très  étendus.  —  F  (p.  1-269).  Riccardo  Adalgisio 
Marini,  Gli  slaliUi  di  Villafranca  Piemonle  {138U),  co/i  aUri  documenli  e  ine- 
morie  sloriche  del  luogo.  Les  nombrenx  textes  compris  dans  cette  impor- 
tante publication  sont  répartis  en  deux  groupes.  En  tète  du  premier  de  ces 
groupes,  nous  trouvons  (p.  17-72)  une  longue  série  d'extraits  de  difTérenls 
ouvrages  manuscrits  des  derniers  siècles,  ayant  pour  auteurs  Mgr  F.  A. 
Délia  Chiesa,  F.  G.  Marini,  le  P.  Borsarelli,  G.  A.  Borla,  et  dans  lesquels 
abondent  les  renseignements  historiques  et  archéologiques  sur  Villafranca. 
Suit  (p.  73-81)  le  texte  des  franchises  octroyées  à  cette  petite  ville  piémon- 
taise  par  Philippe  de  Savoie,  prince  iTAchaïe,  en  1327.  Le  morceau  capital 
de  cette  première  partie  du  recueil,  ce  sont  les  Slatida  comtnnnitalis  Ville- 
franche  (p.  83-166),  document  d'un  haut  intérêt  pour  l'histoire  du  droit 
municipal.  Ges  statuts,  en  304  articles,  ne  sont  pas  datés  dans  les  deux 
copies  qui  nous  en  sont  parvenues  ;  M.  Marini  leur  assigne  avec  certitude 
la  date  de  1384.  Le  second  groupe  de  documents  est  entièrement  constitué 
par  un  cartulaire  factice  de  la  ville  de  Villafranca  (p.  167-269),  carlulaire 
comprenant  69  pièces,  qui  s'échelonnent  entre  les  années  1001  et  1620,  et 
appartiennent  pour  la  plupart  aux  xni',  xiV  et  xv^  siècles.  On  regrette 
l'absence  d'un  index  alphabétique  des  noms  de  lieux  et  de  personnes.  — 
Il  (p.  271-452).  G.  A.  de  Gerbaix  di  Sonnaz.  Gli  iillimi  unni  di  regno  di  \'iL- 
torio  Amedeo  III,  re  di  Sardegna  (1789-1796),  avec  portrait  du  roi.  Ample 
mémoire,  divisé  en  trente-huit  chapitres,  répartis  eux-mêmes  en  trois 
livres,  qu'il  ne  nous  est  pas  possible  ici  d'analyser,  mais  dont  nous  devons 
tout  au  moins  signaler  le  grand  intérêt  pour  l'hisloire  diplomatique  et 
militaire  de  la  Révolution  française.  On  y  trouve  insérés  d'importants 
documents.  —  111  (p.  453-479).  Gomte  F.  G.  de  Mareschal  de  Luciane, 
Les  Savoyards  à  la  bataille  de  Biilgnévitle  {Ui3l),  bataille  où  René  d'Anjou 
fut  défait  par  Antoine,  comte  de  Vaudémont.  L'auteur  signale,  d'après 
deux  montres  conservées  aux  Archives  de  la  Côte-d'Or,  un  certain  nombre 
de  chevaliers  ou  d'hommes  d'armes  savoyards  qui  ont  figuré  parmi  les 
troupes  de  ce  dernier,  et  ont  pu  contribuer  à  son  succès.  Ge  mémoire  est 
intéressant  notamment  pour  la  biographie  d'Ilumbert  Mareschal,  seigneur 
de  Meximieux.  —  En  tête  du  volume  sont  insérés  les  actes  delà  R.  Deputa- 
zione  pendant  ces  dernières  années  (procès-verbaux  des  années  1913-1918). 
Parmi  les  notices  nécrologiques,  nous  noterons  celles  de  Garlo  Cipolla, 
d'Antonio  Manno  et  de  notre  compatriote  Jules  Camus. 

Afrique.  —  G'est  un  document  vraiment  curieux  que  cttte  lettre  adressée 
en  1447  à  un  certain    «   Johanni  Mariono  »  de  Gènes  par  un  compatriote. 

^  Antonio  Malfante,  que  M.  de  la  Roncière  a  trouvée  dans  un  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale  et  qu'il  publie  dans  le  Ihdlelin  de  la  seclioii  de  géugi  a- 
j>liie  du  coinilé  des  travaux  hisloriqaes,  1918;  Découverte  d'une  relation  t/c 
voyage  datée  du  Toual  el  décrivant  en  Ififû  le  bassin  du  A'iger.  (Paris,  Impr. 

'  nationale.  1919,  in-8  de  32  p.,  cartes  et  fac  sim.).  Le  savant  conservateur  des 
imprimés  de  la  Hil)liothè(|ue  nationale  met  en  plein  relief  l'intérêt  saisissant 
dos  renseignenuMits  recueillis  par  Malfante  et  il  recherche  les  raisons  pour 
lesquelles  ils  sont  demeurés  lettre  morte  pour  la  géographie. 

États-Unis.  —  La  Smithsonian  Institution  United  Slates  National  Muséum, 
continue  k  publier  dans  son  liulletin  n°  103,  Washington,  Govcrment  prin- 
ling  olïice,  1919,  des  mémoires  sur  la  géologie  et  la  paléontologie  des 
environs  du  canal  de  Panama  :   Contributions  to  tlie  Geology  and  Paleonto- 


—  :ilî)  — 

logy  of  Ihe  canal  zone.  Panama,  ami  (leolfijicaUy  rrlaled  tireax  in  ci-nhal  Ame- 
rica and  llin  Wesl  Indies.  Deux  iiouvo.iiix  fasciculps  viciitinit  de  nous  par- 
venir :  le  premier  de  M.  Donald  Francis  M<ic-Donald.  The  sedinienlary  foi  - 
mations  of  lli:'  Panama  canal  zone,  irilli  s]iecial  référence  /o  llie  xlraliiiraithir 
rendions  of  (lie  fossiliferoiix  lieds  (21  p.  2  pi.)  nous  donne  une  élude  flrlail- 
lée  dps  diirérenls  terrains  traversés  par  le  canal  de  Panama  ;  deux  cartc> 
accompagnent  ce  mémoire  :  l'une  nous  montre  par  des  teintes  variées  les 
didérents  étages  géologiques  dont  se  compose  le  terrain,  l'antre  indique  les 
nombreux  points  où  des  études  spéciales,  ont  été  faites.  —  M.  Thoma» 
Wayland  Vaughan,  dans  le  second  fascicule  :  The  biologie  rharacler  ami 
geototjic  corrélation  of  ihe  sedinienlary  formations  oj  Panama  in  their  relation 
/o  Ihe  geohxiic  hislory  of  Central  America  and  the  West  Indies  (tifi  p.;,  com- 
plète, au  point  de  vue  paléontologique,  le  travail  précéder)},  en  nous  don- 
nant la  liste  des  fossiles  recueillis  dans  les  dilTérentes  stations  et  en  nous 
indiquant  les  relations  qui  existent  entre  ces  teirains  et  ceux  de  l'Amé- 
rique centrale  et  des  .\ntilles.  —  Un  volume  faisant  partie  du  Hulletiii 
n°  105  de  la  même  Institution  et  publié  par  M.  Joseph  li.  l.eavy.  imus  est 
également  parvenu  ;  cet  ouvrage  :  Catalogue  of  the  postage  stamps  imd 
stamped  envelopes  of  the  United  Slales  and  Possessions,  issued  prior  lo  January 
i.  1919  (204  p  ,  2  pi.)  contient  une  liste  complète  et  détaillée  des  timbres 
des  États-Unis,  de  Cuba,  de  Porto-Rico,  des  JMiilippines  et  de  la  zone  du 
canal  de  Panama,  comprenant  les  timbres  poste,  les  timbres  ofTiciels  des 
diirérents  ministères,  les  enveloppes  timbrées,  etc.  Les  plus  petites  variétés 
sont  cataloguées;  aus'si,  pour  certaines  enveloppes,  ces  variétés  atteignent 
le  nombre  de  cent.  —  Mentionnons  enfin  une  étude  de  M.  William  Healey 
Dali,  sur  les  Chitons  des  côtes  américaines  du  Pacifique  :  Descriptions  oJ 
neiv  species  of  Chitons  from  the  Pacific  coast  of  America  (18  p.  From  the 
«  Proceedings  of  the  United  States  National  Muséum  ».  Washington,  (jo- 
vernment  Printing  office,  1919,  in-8),  36  espèces  de  ces  mollusques  y  sont 
décrites  comme  nouvelles. 

Dekméues  Plblicatio.ns  illustrées.  —  A  la  dernière  heure,  nous  avons 
reçu  les  ouvrages  suivants  dont  il  sera  question  dans  notre  livraison  de 
janvier  1920  :  Le  Second  Livre  de  la  jungle,  par  Rldaard  Kipling  :  traduc- 
tion de  Louis  F.\BULET  et  Robei-.td'Humières.  Paris,  Delagrave,  s.  d.  ('1920), 
in-4  de  2i;l  p.,  illustrations  de  Roger  Reboussin.  Broché,  20  fr.  ;  relié. 
33  fr.  —  I^' Encyclopédie  de  la  jeunesse.  Qui?  Pourquoi?  Cotnmenl?  Tome  VI. 
Paris,  Larousse,  s.  d.  (1919),  gr.  in-8  de  720 p.  (72-3601  à  4320),  avec 900  grav.. 

9  hors-texte  en  couleurs,  et  un  Supplément  illustré  :  La  Vie  active,  tous  les 
sports.  Relié  toile  amateur,  tète  dorée.  20  fr.  —  Alphabet  pour  les  jeunes 
classes,  par  G.  Guékot.  Paris-?sancy-Strasbourg,  Berger-Levrault,  s.  d. 
(1920),  album  oblong.  avec  images  en  couleurs  et  en  noir  à  colorier.  Car- 
tonné, 20  fr.  —  En  avion,  vols  et  combats,  estampes  et  récits  de  la  Grande 
Guerre  191^-1918,  par  .Maurice  Busset.  Paris,  Delagrave.  1919,  albinn 
in-folio  de  24  estampes  composées  et  gravées  par  l'auteur  et  tirées  en 
camaïeu  en  2  tons,  couvertures  souples,  18  fr.  —  Quatre  Fables  de  La  Fon- 
taine en  douze  tableaux,  dessinées  et  mises  en  couleurs  par  Michel  Colle. 
Nancy-Paris-Strasbourg,  s.   d.    (1920),  album   oblong  de  34   p.  Cartonné. 

10  fr.  —  Bécassine  chez  les  Turcs.  Paris.  Gautier  et  Languereau.  s.  d.  (1920». 
album  in-4  de  62  p.,  illustrations  en  couleurs  de  J.  Pinchon.  Cartonné, 
7  fr.  50.  —  Bebé.'i  s'en  vont  en  guerre  .'  Une  histoire  et  des  images,  par  Simo.xe 
Bouglé.  Nancy-Paris-Strasbourg.  Berger-Levrault.  s.  d.  (1920),  album  gr. 
in -S  de  28  p.,  grav.  et  couleurs.  Cartonné.  5  fr.  "N  ise.not. 


—  320 


TABLE  METHODIQUE 

DES     OUVRAGES     ANALYSÉS 


THEOLOGIE 


Écriture  sainte.   Patristique.    Cantique    de    Sion    {H.   Péren- 

7iès) i  il 

Il  Primato  di  S.  Pictro  e  de'  suoi  successori  in  San  Giovanni 

Crisostomo  (Niccolô  card.  Marini) 191 

Liturgie.  L'Anapliore  apostolique  et  ses  lénioins  {Dom  Paul  Cagin).       269 
Théologie  dogmatique,  l.e  Dogme  de  la  Rédemption.  Étude  théo- 

iogique  {Jean  liivièrt^) ; 270 

Théologie  morale.  Prédication.  Cours  supérieur  de  religion 

{Louis  Prune/).  II.  L  Église.  III.  Les  Mystères.  IV.  La  Grâce..         5(> 

Paradoxes  du  catholicisme  {Mf/r  Robert  Ilur/h  Benson)  ;  Irad.  de 
l'anglais  par  Charles  Grolleau IIH 

Les  Soiu'ces  d'eau  vive.  Sermons  et  allocutions,  1915-1917  {le  cha- 
noine L.  Poulin) - 183 

Pour  les  jours  qui  viennent...  La  Religion  et  la  France.  Sermons 

et  notes  {l'abbé  Lalande). 183 

Jésus-Christ  veut  des  prêtres  {J.  Millot) 184 

Ascétisme.  Piété.  i/Évangile  proposé  à  ceux  qui  souffrent  {l'au- 
teur des  «  .4  vis  spirituels  ») 182 

L'Ésangile  tous  les  jours  (Mf/r  de  la  Porte) 183 

L'Ame  de  tout  apostolat  {Dom  J.-Ii.  Chautard) 18i 

II"  Kelraile  du   pèlerinage   national  à   Lourdes.  Instructions  et 

conférences  {le  T.  R.  P.  Emmanuel  Bailly) 18i 

Retraile  de  jeunes  filles  iJ.  Millot) '. 184 

Retraites  de  commimion  solennelle  {le  chanoine  Jean  Vaudon). 

\.  L'.\gneau  de  Dieu 18.") 

Veillez  et    priez.   Lectures  pour  le  temps  de  la  l''«  communion 

solennelle  {l'abbé  Maurice  Bouvet) 185 

Les  Saintes  Voies  de  la  Croix.  Réédition  d'un  opuscule  de  Henri- 
Marie  Boudon,  par  le  chanoine  A  .  Gonon 18"i 

Douleur  et  résignation  {L.  Rouzic) 181) 

A  ceux  qui  souffrent.  Les   Fondements   de  la  joie  chrétienne 

{Pierre  Germain) 180 

Les  Secrets  de  la  vie  religieuse'  découverts  à  une  novice  fervente 

{le  R.  P.  F.  Fressencourt) 180 

Lettres  de  saint  Bernard  les  plus  appropriées  aux  hesoins  des 
personnes  pieuses  et  des  gens  du  monde,  mists  en  ordre  par 
le  n.  P.  Melot 180 

La  Di'votion  au  Sacré-Cœur  de  Jésus.  Doctrine,  histoire  {J.-V. 
Bainrel) 180 

La  Très  Sainte  Rovauté  du  Cœur  ailorahle  de  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ   {Mgr  L.-A .  Lenfant) 187 

.\u  CdMU"  de  Jésus  agonisant.  Notre  Cœur  compatissant.  Douze 

.MiMlilalions  pour  l'heure  sainte  (,/.  Dargaud) 187 

Les  Trois  (ïrands  Privilèges  de  .Marie  :  Puissance,  sagesse,  miséri- 
corde {le  P.  Jean  Chrgsoslome) 187 

Mois  de  saint  Joseph.  Exposé  doctrinal  (>l  liislori(jue  de  la  dévo- 
tion il  saint  Joseph  (L.  Garriguet) 188 


—  321    — 

Œuvres  de  yuerrc.  Quelques  paroles  ù  îles  sol<lats  {Anatole  Mou- 
lard)  18X 

Manuel  du  soldai  catholique.  Conseils  pratiriues  pour  le  temps 

de  guerre  (f'n  aumônier  militaire) 188 

'Près  lie  l'autre  traneliée  (André  FonUiynères) 188 

Méiiitalions  du  prisonnier  {iJom  llrhrard) 18!l 

Pensées  ehréliennes  sur  la  guerre.  Kglise  et  l'atrie.  Mors  et  Vila 

(Jules  Lehretou) 18'.> 

.\  la  lueur  des  éclairs.  Entretiens  patriotiques  et  religieux  (/aÀée 

Élie  Blanc) 18!> 

Pour  lu  croisade  du  xx"*  siècle.  Sermons  et  conférences  {Th. 

Be/mont) 18« 

Du  .Miserere  à  la  Victoire  (l'aul  Delhant) 18'.» 

Le  Livre  liu  blessé  {l'abbé  Georges  Ardant) 190 

Il  n"v  a  [»as  de  morts  i.. .  (M;ir  A .  Pons) 190 

Corps   blesses,  cœurs  meurtris,  âmes  immortelles  {l'abbé  Th. 

Paravi/) 190 

Nos  morts.  Séparation  passagère.  Revoir  éternel  (L.  Garriguet).  191 

Sens  de  la  vie  et  de  la  mort,  d'après  la  Bible  {G.  Bontoux) . .  . .  191 

Hétérodoxie.  Les  Ecritures  manichéennes  {Prosper  Alfaric) 268 

JURISPRUDENCE 

Droit  coustitutioiiuel.  The  Privilèges  and  Immunities  of  State 

Citizenship  {Roger  ffowell) 116 

SCIENCES  ET  ARTS 

Education.  Enseignement.  L'Éducation  de  l'intelligence  et  du 

cœur  {G.  Méra) 117 

Education.    Un    essai    d'organisation    démocratique    (Ludovic 

Zoretti) 271 

L'École  primaire  et  les  Leçons  de  la  guerre  {Emile  Bugnon). ..       2:25 
L'Université  nouvelle   («  les  Compagnons  ».)  I.  (Les  Cahiers  de 
Probus) 139 

!»ciences  politiques,  économiciues  et  sociales.  Mémoires  et 
documents  pour  servir  à  l'histoire  du  commerce  et  de  l'indus- 
trie en   France,  publiés  sous  la  direction  de  Julien  Hagem, 

5e  série 282 

Aperçu  des  importations  principales  dans  les  divers  pavs.  de  1911 
à  1913,  avec  indication  des  provenances  françaises  et  étran- 
gères        117 

La   Banque  de  l'Algérie  {Bernard  Lavergne) 64 

La    Trinité    sociale.    Étude    sociale,    économique    et    politique 

[Pierre  Dugave) 142 

La  Hollande  sociale  {Henrg  Jolg) 143 

(Jéologie.   Physiologie.    La    Face   de  la  Terre   (Das  Antlitz  der 
.  Erde)  {1-aI.  Suess  ;  trad.  et  annoté  sous  la  direction  à' Emma- 
nuel de  Margerie.    T.  III,  4e  Partie  (Fin)  et  Tables  générales 

de  l'ouvrage 123 

L'Evolution  des  plantes  {Noël  Bernard) 37 

Flora  of  New  Mexico  {E.  0.  Wooton  and  Paul  C.  Standley) . . .       118 

La  Sélection  humaine  {le  prof.  Charles  Richet) 272 

Sciences  mathématiques.  Cours  de  géométrie  pure  et  appliquée 

de  l'École  polytechnique  {Maurice  d'Ocagn^) 193 

Beaux-arts.    Histoire  de    la  musique,  des  origines  à    la   mort  de 
Novembre-Décembre  1919.  T.  CXL^  I  2(. 


—  322  — 

Beethoven.  T.  II.  Du  xviie  siècle  à  la  mort  de   Beethoven  (7. 

Combariea) . .       115 

L'Accompagnement  du   chant  grégorien  en  cinq  leçons  (l'abbé 

Jules  Carillon) 110 

Le  Chant  grégorien   restauré  par  Pie  X.  Principes  traditionnels 

d'exécution  d'après  TEcoie  de  Solesmes  {iabhë  Th.  Laroche).       110 
Les  Musiciens  célèbres.  La   Musique  grégorienne  {Dom  Auf/us- 

tin  Gatard) 410 

Les  Maîtres  de  la  musique.  Mozart  {Henri  de  Carson) 111 

Les  Maîtres  de  musique.  Victoria  {Henri  Collet) 111 

Les   Maîtres  de  la   musique.  Les  Créateurs  de  ropéi*a-cotnique 

français  {Georges  Cacuel) 112 

Les  Maîtres  de   la  musique.  Un    Demi-Siècle   de   musique    fran- 
çaise. Entre  les  deux  guerres  (1870-1917)  {Julien  Tiersot) . . .  .       112 
Les  Genres  musicaux.  Quelques  mots  sur  la  sonate  (Évolution  du 

genre)  {Blanche  Seloa) 113 

Études  musicales  {Joseph  de  Marliave). ...... .A 113 

Le   Cas  Wagner,  suivi  de   Nietzsche   contre  Wagner  {Frédéric 

Nietzsche)  ;  trad.  par  Henri  Albert 114 

La  Trente-Deuxième  Cantate  de  Bach  (Henri  Maubel) •  114 

Au  courant  de  la  vie  {Camille  Saint-Saëns) 114 

OEuvres  en  prose  (Richard  Wagner)  ;  trad.  en  français  par  ./.-(z. 

Prod' homme,  F.   Holl,   F.   Caillé  et  L.    Van    Vassenhove. 

T.  IH  à  XI 193 

L'Année  musicale  {Michel  Brenet,  J.  Chantavoine,  L.    Laloy, 

E.  de  la  Laurencie).  3e  année,  1913 114 

Library  of  Congress.  Catalogue  of  early  books  on  music  (before    , 

1800)  {Julia  Gregory,  and  (J.  G.  Sonneck) 415 

Correspondance  de  Sonfflot  avec  Jes  directeurs  des  Bâtiments 

concernant  la  manufacture  des  Gobelins  (1750-1780),  publiée 

par  Jean  Mondain- Monval 60 

LITTÉRATLRE 

Folk-lore.  Ron(Jes   enfantines  et  quêtes  saisonnières.  Les  Liturgies 

populaires  (/'.  Saintyves) •. 224 

Poésie-Théâtre.   OEuvres  de   Virgile  (Texte  latin),  publiées,  avec 
Introduction   biographiqvio  et  littéraire,  des  notes  critiques  et 

explicatives  par  /''.  Plessis  et  P.  Lejay 142  ■ 

Les  Amours  {Pierre  de  Ronsard).  Texte  établi  sur  les  éditions  de 
MDLX  et  de  MDLXXVIIl,  et  publié  avec  les  additions  de  fau- 
teur, des  notes  et  des  commentaires,   par  Ad.   Van  Bever . . .       273 

Rimiaux  d'Anjou  {Marc  Leclerc) 301 

Poésie  de  guerre.  Les  Fêtes  de  la  victoire  (14  juillet  1919)  (Pierre  de 

Bouchaud) 179 

Pièces  inspirées  par  la  guerre.  Alerte  au  poste  {Paul  Croiset) 33 

Le  Uetonr  du  mutilé  {Paul  Croiset) 33 

Romans,  contes  et  nouvelles.  Sanguis  Martjruni  {Louis  Ber- 
trand)           45 

Monsieur  le  curé  d'Ozeron  (Francis  Jammes) 40 

César  Capéran,  ou  la  Tradition  {Louis  Codet).. 48 

Notre  Dame  du    Faul)0urg  {Jean  .Uorgan) 49 

Le  Baiser  de   l'Antéchrist,  conte  en  marge  de  l'histoire  {Lévis- 

Mirepoix). 49 

César-Napoléon  Gaillard  à  la  conquête  de  l'Amérique  (/eon/'ar- 

mer) '>t) 

L'Immaculée  {Edouard  Schneider) •'iO 

Histoire  dune  Société.  Si  Jeunesse  savait...  {René  Béhaine). . .         52. 


—  :]23  — 

Simon  le  Pallit'li(iiie  (Jean  <jirauil<)u.i:) 52 

Le  Mailrc   du  silence.  I.  Sous  le  niasqiif.  II.  Le  Sei  rel  «le  Kou- 

kounoor  (Uelly) 52 

Le  Hève  de  Suzj  {Henri  Ardel) 52 

Le    Hctoiir  à  la  terre  (d'dbert  Stent/er) 52 

Jacqueline  Lavefnel  (Etienne  (îarry) 52 

Dans  ri  vraie  {M. -IL  Ddssise) 52 

Scènes  de  la  vie  liltéraire  à  Paris  {Andn-  Bill!/} 52 

Le  .luslicier.  La  Cacliellc.  Le  Carré  dorties.  Le  Fruit  juge  l'ar- 
bre. L'.Xpaclie  (Paul  lionryet). ■ 52 

La  Vie  des   Ames  {M""  Adam  {Juliette  Lambert] 53 

Les  Iles  des  Bienheureux  (Philippe  de  Félire) 53 

Les   Reliques  {Piprre  de  liocières) 54 

Des   Koseaux   sous  le  vent  {(iracia  Deledda)  :  trad.  de  l'italien 

par   Marc  Nflys 55 

Un  Doigt  de  la  Lune,  conte  d'amour  hindou,  mis  en  anglais 
d'après  un  manuscrit  sanscrit  par  F.-W.  Bain  ;  trad  par  Sic- 
canne  Kar pelés 53 

Vers  l'école  de  demain,  souvenirs  d'un  maître  d'école  américain 

{Anf/plo  Patri)  :  trad.  de  l'anglais  par  L.  Herr oG 

Moll   Flanders  (Daniel   de   Foë)-,   trad.    française   Ae  Marcel 

Sch  wob 277 

Romans  de  guerre.  Les  Croix  de  bois  {Roland  Dorgelès) -41 

Clavel  soldat  {Léon    Wœrth) 42 

La  Koue  {Elie  Faure) -iS 

Mon  brigadier  Triboulère  [Eugène  Mont  fort) 43 

Le  Capitaine  {A  ntoine  Redier) 43 

Pomponius.  le  dernier  des  chevaliers  {Louis  Arraou) i3 

Henri  Hrémont,  vie  d'un  peintre  pendant  la  guerre  {A.-J.-Lobry).  i3 

La  Fin  de  Claude  (.)/.  Rei/nès-Montlaur) 44 

La  Faiblesse  des  forts  {Haston  Rageot) 44 

Filles  de  Metz  {Jeanne  d'Vrville) 43 

Filles  d'Alsace  (Jules  Hoclip) 43 

L'Immolation  (Léon  (îrégoirc) 45 

Le  Mempart  (  Victor  Goedorp). 239^ 

Bonnes  Gens  de  la  Grande  Guerre  {Paul  Wenz) 33 

Ouvrages  pour  la  jeunesse.  Ouvrages  inspirés  par  la  guerre. 

La    Mine   d'or   infernale  {Georges   Price) 203 

l'ierre  Dartav,  prisonnier  de  guerre  [Bougarel-Boudeville).  . .  .  2|j4 

Le  Massacre  des  innocents  {Alfred  Machard  et  Poulbot) 33 

Les  Gosses  dans  les  ruines  (Gsell  et  Poulbot) 33 

Les  Livres  roses  pour  la  jeunesse -^-^ 

Périodiques    illustrés  et  Albums.    Le  Monde  illustré,   revue 

française  et  du  foyer 206 

La  Semaine  deSuzette. t»3,  267 

A.  B.  C.  {Jules  Lemaître  et  Job) 264 

Bécassine  en  apprentissage  {J.  Pinchon) 26o 

Littérature  latine.    Horace,   sa  vie   et  sa  pensée  à  l'époque  des 

Epitres,  étude  sur  le  premier  Livre  (Edmond  Courbaud) llî> 

Les  Procédés  d'art  de  Tacite  {Edmond  Courbaud) 280 

Littérature  française.  Louis  Veuillot  et  les  mauvais  maîtres  des 

xvie,  xviie  et  xviiie  siècles  (G.  Bontoux) -  •  122 

La  Littérature  française  au  dis-neuvième  siècle.  Hl.  Romanciers 

(1830-1900)    {Paul  Halflants) • j;';^ 

Charles  Péguy  et  les  Cahiers  de  la  Quinzaine  {Daniel  Halevy)..  lyo 
Paul  Hervieu.  conteur,  moraliste  et  dramaturge,  essai  de  criti- 

que  littéraire   {Edmond  Estève) 2i3 


—  324  — 

Conférences  de  l'Odéon,  3e  série  (1917-1918),  publiées  par  Paul 
Gavault 274 

Les  Pierres  du  Foyer.  Essai  sur  l'hisloire  littéraire  de  la  famille 

française  {Henry  Bordeaux) 200 

Littératures  étrangères.  Sous  le  masque  d,e  William  Shakes- 
peare. William  Stanley,  IVe  comte  de  Derby  {Abel  Lefranc).  197 

Mystiques  et  réalistes  anglo-saxons  [Régis  Mtchaud) '.  . . .  278 

L'Eloquenza  di  Lucio  Marineo  Siculo  [Pietro   Verrua) 300 

Polvgraphes.  Mélanges.  Un  Humoriste  moraliste.  Pages  choisies 
dans  l'UEuvre  de  Paul  Stapfer  et  précédés  d'une  Introduc- 
tion par  Georges  Saintville 276 

De   qui  est-ce  ?  Choix  de  passages  tirés  des  meilleurs  écrivains 

classiques  et  modernes  ;  préface  de  Paul  Reboux 195 

Remarques  (André  Suarès).  V.-Xl 226 

Hors  d'oeuvre  [G.  de  la  Fouchardiére) 301 

Cinéma  elC'e,  confidences  d'un  spectateur  (Louis  Delluc) 143 

La  Diniension  nouvelle  {Lucien-Alphonse  Daudet) 64 

Florilegio  de  prosistas  uruguayos  (  Vicente  A.  Salaverri (Antôti 
Martin  Saavedra) 20i 

HISTOIRE 

Voyages.  Jerusalén  y  la  ïierra  Santa  (E.  Gômec  Carrillo) 279 

Histoire  ancienne.  Sept  Villes  mortes  (Cherchell,  Tipasa  de  Mau- 
rilanie.  Khémissa,  Madaure,  ïipasa  de  Numidie,  Théveste, 
Djemila)  {Martial  Duuël) 201 

Histoire  de  l'Eglise.    Les  Luttes   présentes  de  l'Eglise.  4*^  série. 

Janvier  1916-décembre  1917  (le  R.  P.  Yves  de  la  lirière) .  .  .       298 

Publications  relatives  à  la  guerreeuropéenne  1 9 14-1 ÎH  9 

(V^oir  aussi  plus  haut  :  Poésie  ;  Théâtre;  Romans  ;  Ouirrages 
pour  la  jeunesse. 

Généralités.    Les  Communiqués  officiels   depuis  la   déclaration    de 

guerre 260 

Chronologie  de  la  guerre  (S.R.) 260,261 

Histoire  de   la  Grande  Guerre  (  Victor  Giraud).    Première   et 

deuxième  parties. 162 

Histoire  générale  et  anecdotique  de  la  guerre  de  1914  (Jean- 
Bernard) 261 

La  Guerre  de  libération  1914-1918  (le  général  Zurlinden) 82 

Petite  Histoire  de  la  Grande  Guerre  (/).  Vast) 82 

Histoire  de  la  guerre   par  les  combattants  (août  1914-juin  1916) 

(Paul  Ginishj  et  le  capitaine  Maurice  Gagneur) 83 

La  Grande   (iuerre  sur  le  Front  occidental  (le  général  Palat). 

IV.  i^es  Batailles  de  Lorraine  (23  aoùt-13  septendjre  1914. ...         83 
Ojeada  sobre  las  operariones  en  el  Frente  oocidçntal  (le  colonel 

Juan  Garcia  Bénites) 105 

La  France  héroïque  et  ses  alliés  (Gustave  Geffroy,  Léopold- 

Lacour  et  Louis  Lumet).  Tome  H 262 

La  Marine  française  pendant  la  (îrande  Guerre  (août  1914-no- 

veinl)re  19IS  (G.  Clerc-Rampal) 164 

Nos  Marins  en  guerre  (le  capitaine  H.  Bornecque  ci  le  lieutenant 

Germain  Drouilly) 165 

Les  Héros  de  la  Grande  Guerre.  Ilurrah  !  les  cols  bleus  !  (  Valse- 

nard) 177 

Les  Chai's  d'assaut.  Leur  création  et  leur  rôle  pendant  la  guerre 

1915-1!M8  (le  capitaine  Dutil) 246 


—  325  — 

1914  {le   maréchal   Lord  Frenrh)  Tradiirlion   <lt'  Itolx-rl  linr- 

nand 2 12 

Rapports  oHiciels  du  maréchal  Sir  John  French.  roiutii.iiiljtnl 
en  cheC  de  larinée  bi-itaunique,  21  aoiil-29  noveinlirr  lî»U  ; 

Traduil  île  l'anf<lais  par  Théodore  Heinarh. 2i.'{ 

Les  Revers  de   1ÎH4  et  ses  causes  {le  lieut^-coloncl  de  Thomas-, 

son) .'        84 

La    Poursuite    victorieuse   (20  seplembre-11    novembre     lîMS) 

Georges  Guittoii) 247 

LaGraiide  Revanche.  Campagnes  de  France  (1870-1871)  —  I;(I4^ 

1919)  {le  coîtimandant  Leroxix) 12 

Les  Grands  Problèmes  coloniaux.    LEfTort  colonial  des  .alliés 

{Pierre  Perreau-Pradier  et   Maurice  Besson) 252 

Aspects  politiques  de  la  guerre  mondiale  (/'/////  Louis) 163 

Problèmes  de  la    siratégie   lires  de  la  liiierre  européenne     Le 

Problème  de  la  guerre  {le  ruloiiel  F.  Feuler) 10 

Origines  et  causes  df  la  guerre.  LKurope  au  jour  le   jour  {Auguste 

Gauvain).  T.  II.  à  VI 5 

LAvant-Guerre  comparée  en   Allemagne  et  en  France  (Jacques 

Cirrag) 8 

Manuel  tles  origines  de  la  guerre.  Causes  lointaines.  Cause   im- 
médiate (Fernand  Boches) 9 

L'Enccrclemenl  de  lAllemagne  {August-  Gauvain) 11 

Biographies.  Focli.   le   vainqueur  de  la  guerre  {Ragmond  Recoul g). 9i,MS 

Le  Maréchal  Foch  {le  commandant  A  .   (îrasset) 253 

Un  Tvpe  dotBcier  IVançais    Louis  de  Clermonl-Tonnerre,  com- 
mandant de  zouaves  (1877-1918)  {Louis  Gillel) 167 

Take  Jonesco  {D.  lancociri) 23 

Pilsudski  et  son  rôle  en  Pologne  {Stanislas  Sspotanski) 38 

Faits  particuliers.  La  56^  Division  au  feu.  Souvenirs  de  son  comman- 
dant. De  la  Woëvre  à  lOurcq,  à  lAisne  et  à  l'Oise  du  jer  août 

au  2  octobre  1914  {le  général  F.   de  Dartein) 85 

Lille  {le  général  Percin) 243 

L'Immortelle   Mêlée,  essai   sur  l'épopée  militaire   belge  (1914) 

{Paul  Crokaert) 34 

Le  Rôle  de  la  cavalerie  française  à  laile  gauche  de  la  première 

bataille  de  la  Marne  (J.  fféthag) 13 

Souvenirs  des  premiers  temps  de  guerre  {le  capitaine  Joachitn 

Merlaht) .       105 

La  Vérité  sur  le  siège  de  Maubeuge  {le  commandant  Paul  Cas- 
sou)  12 

Souvenir  d'un  chasseur  (août  1914-mars  1916)  {Louis  Thomas).         85 

Six  mois  en  Lorraine  {M.  Gabé  de  Champverl) 89 

La  Lorraine  dévastée  {Maurice  Barrés) 13 

Dix  Mois  à  Verdun  {Vabbé  Thellier  de  Poncherille) 163 

En 'batterie!  Verdun  (1916).  La  Somme.  LAisne.  Verdun  (1917) 

{le  lieutenant  Fonsagrive) 87 

L'Aisne  pendant  la  Grande  (iuerre  (Gabriel  Hunotaujc) 243 

Avec  les  chars  d  assaut  {le  capitaine  Maurice  Gagneur  et  le 

lieutenant  Marcel  Fournier) 87 

Le  San»  de  France,  récits  de  guerre  dun  officier  de  troupe.  1914- 

.  19I8^(.J/.  Laurentin) 89 

Le  20le  d'infanterie  en  campagne.  1914-1919 245 

Le   Chemin    des   Dames,   carnet   d'un    territorial   {Albert  Bes- 

siéres) 88 

Shellproof   Mack.  an  American's  fighling  storv  {Arthur  Mack).        18 
Souvenirs  de  chasse  aux  sous-marins  allemands.  Les  Patrouilles 
du  contre-torpilleur  «  Fanion  »  (le  capitaine.de  corvette  Fer- 
nand Darde) ^66 


—  326  — 

Les  Vagabonds  de  la  gloire.  III.  Matelots  aériens  (printemps  1916- 

automne  1917)  {René  Milan) 166 

Barbarie  germanique,  oustro-hongroise  et  bulgare.  La  France,  les 
Alliés  et  l'Allemagne  devant  la  doctrine  chrétienne  {Mgr  Cha- 
pon)           19 

Deutsche  Verbrechen  (Kriegsblatter,  1914-1918)  {Mirman.G.  Si- 
mon et  G.  Keller) 30 

La  Destruction  des  monuments  sur  le  Front  occidental.  Réponse 

aux  plaidoyers  allemands  {Auguste  Marguilliei') 248 

Le  Martyre  du  curé  de  Vareddes  {F.  Martin-Gi?wuvier) 29 

Saint-Dié  sous  la  botte.  Une  Mission  imposée  par  les  Allemands 

en  1914  {Ernest  Colin) 86 

Sedan  sous,  la  domination  allemande  (1914-1918)  {Philippe  Sté- 

phani) '. 87 

Rapport  succinct  sur  l'état  du  palais  des  Académies  après  le  dé- 
part des  Allemands  [Bruxelles] 179 

La  Vie  dans  un  couvent  de  la  Belgique  envahie  (4  août  1914- 
13  novembre  1917).  Relation  sur  la  vie  des  gardiennes  adora- 
trices de  l'Eucharistie  durant  ces  trois  années 34 

Les  Crimes  de  l'Allemagne.  Dinant.  Massacre  et  destruction  {Gus- 
tave Somville) 35 

Les  Déportations  de  civils  belges  en  Allemagne  et  dans  le  nord 

de  la  France  {René  Henning) 3.5 

Terres  dévastées  et  cités  mortes  {Xoëlle  Roger) 91 

Les  Captifs  (le  capitaine  R.  Christian-Froqé) 19 

Rapatriés  (J/ii«  Chaptal) '\ i06 

Le  Régime  austro-liongrois  {Tresic-Pavicic  et  31.  Vukotic). ...         40 
Les  Austro-Bulgaro-Allemands  en  Serbie  envahie.  Documents  de 
l'ennemi 109 

L'Opinion  et  la  Guerre.  L'Opinion  publique  dans  les  provinces  rhé- 
nanes et  en  Belgique,  1789-1815  {Louis  Engerand) 35 

La  France  pendant  la  guerre.  Prasident  Poincaré,  Ausgevvahlte  Re- 
den,  19141919,   autorierte  Uebertragung  mit  biographischer 

Skizze  (//.  Secholcer) 104 

Les  Grandes  Heures  {Henri  Ladevan).  4'  série  (3  mars  1917- 

22  décembre  1917) ' 13 

Paris  |)endanL  la  guerre  {Gaston  Cerfberr) 260 

Verdun  !  Paroles  de   guerre,  1914-1918  {Mgr  Ginisty) 164 

L'Alsace  et  la  Guerre  {l'abbé  E.  Wetterle) 249 

Sourires  d'Alsace.  1907-1914  (//.  Gislin) 180 

Les  Heures  merveilleuses  d'Alsace  et  de  Lorraine  {Louis  Made- 
lin)          90 

Le  Pangermanisle  en  Alsace  {Jules  Ft^œlifh) 230 

L'Alsace  et  la  Lorraine  (Le  Monde  illustré) 178 

La  France  à  Metz  {l'abbé  Thellier  de  I^onchei^ille) 178 

Français  de  la  Moselle,  des  Vosges  et  du  Rhin  (Emile  Hinzelin).        33 
En  ligne.  L'Kglise  de  France  pendant  la  Grande   Guerre  (1914- 

1918)    {Frédéric  Jiouvier) 245 

La  Question  religieuse  en  Fi'si.nce  pendant  la  guerre.  4«  série  {le 

vicomte  Maurice  de  Lestrange) 29 

Les  Paifs  étrauj/ers  et  la   Guerre.  L'Allemagne   des  Hohenzollern 

(191.5-1918  iJean-Édouard  Spenle) 93 

L'Ame  allemande  jugi-e  par  im  Anglais  (r/iomwà'  F.  A.  Smith)  ; 

trad.  <le  langlais  par  .J/'ne  Jean  l'évier .         20 

L'Allemagne  el  le  Ballikum  {Gaston  (laillard) 93 

Mein  Kriegs-Tagcbiich  (1)^  Alfred  H.  Fried)  l.  Das  erste  Kriegs- 

jabr  (7.  Augusl  1914  bis  28  Juli  1915) .\  .         16 

Notre  nouvelle  Amie  TAngleterre  {John  Charpentier) 92 


—  :v>l  — 

L'Irlande  dans  la  crise  universelle  (3  aoni    l!U4-i.")  jiiillil    1ÎH7) 

( Louis  Trri/u ic) 250 

Paysages  et  souvenirs  de  Belgii|iie  (André  Fotilainas) 3i 

Dans  la  mêlée  (Emile    \'<inderi:f/fle) 34 

Les  Mafivars  peints  par  eiix-mèmi-s  (I.-W  Pap/i  et  ./.  ICrdéh/i).         9i 
Les  Etapes  de  la  crise  grecque.  lîH.ViOlS  (Charles  Fréf/ier). . .       170 

Lettres  sur  la  jeune  Italie  ( Lucit'n  Corpeclio/) lOC» 

Ll'nité  de  la  politique  italienne  (Jitles  Chopin) lOH 

'  L'Italie  et  les  Yougoslaves,  avec  nn  exposé  des  relations  italo- 

vougoslaves  pendant  la    guerre  (Zden/co  Moravec 31 

Le  Pacte  de   Uonni,  l'Italie   et    sa    morale  {le   D^   Ivan  Mnrija- 

Cok) ■. . .       108 

Le  Monténégro,  pages  dliistoirc  diplomatique  (  Veritas) 39 

.  Jean  Pilsudzki  et  ses  légions  polonaises 38 

La  (iuerre  roumaine.  1910-1918  (  Mircea  Djurara) 169 

La  Koimianie  dans  la  guerre  et  dans  la  paix  (Xicolas  Basilesco).       168 

:  La  Question  roumaine  (Thomas  Jonesco) 169 

Nos  FrèresiTOumains  (Léo  Claretie) 170 

Le  Bolclievisme  on  Russie.  Livre  blanc  anglais  (avril  1919) 260 

Et  la  Suisse  ?  (Benjamin   Vallotton) 10<i 

,  La  Kcpuhlique  tchéco-slovaque  (Louise  Weiss) 24 

Chez  les  Slaves  libérés.  En  Yougoslavie  (Ck.  Rivet) 108 

Les  Croates  et  les  Slovènes  ont  été  les  amis  de  lEnlente  pen- 
dant la  guerre.  Quelques  documents  officiels  (François  Ba- 

rac) 109 

La  Situation  actuelle  de  Rijeka  (Fiume).  Conséquence  d'un  faux 

(Ferdo  de  Sisic) 108 

Lettre  ouverte  à  Messieurs  Wilson.  Clemenceau  et  Lloyd  George. 
Ce  que  j'ai  souffert.  Procédés  des  autorités  italiennes  dans  les 

territoires  yougoslaves  occupés  (Autun  Farcie) 109 

.Messages,  discours,  documents  diplomatiques  relatifs  à  la  guerre 
mondiale,  18  août  1914-8  janvier  1918.  du  président  W.  Wil- 
son  ;  trad.  conforme  aux  textes  officiels  publiée  avec  des  notes 

historiques  et  un  Index  par  D-siré  Roustan. 173 

The  German   secret   service  in  America  (John  Price  Jones  and 

Paul  Merrirk  Hollister) 17 

Les  États-L'nis  dAmérique  et  le  Conflit  européen  (4  août  1914- 

6  avril  1917)  (Achille  Viallate) 172 

Les    États-Unis   et  la   Guerre.   De  la   neutralité   à  la  croisade 

[Emile  Hoi^elaque) , 171 

De  la  sympathie  à  la  fraternité  d'armes  :  les  États-Unis  dans  la 

guerre  [Maurice  Barrés) 30 

La  Guerre  hors  de  France.  Les  États-Unis  (Paul  Délai/) 26 

En  .\mérique  :  jadis  et  maintenant  (J.-J.  Jusserand) 26 

Le  Monde  oriental  et  le   Problème  de  la   paix.  Le  Présent  à  la 

lumière  du  passé  (Basribeg   de  Dukagjin) 174 

Notes  sur  le  Japon.  Le  Japon   pendant  la  guerre  européenne 

1914-1918  {Michel  Ribaud) 171 

Les  Conditions  de  la  pair.  La  Société  d''s  nations.  L'Après-guerre. 

La  Paix  prochaine  et  la  Mission  des  .\lliés  (Maurice  Legendre).        27 

Au  seuil  de  la  paix  (le  comte  de  Fels) ^' 

Traité  de  Versailles  1919 261 

Atlas  de  la  paix.  1914-1919  (F.  Maurette) 104 

Les  Juifs  à  la  Conférence  de  la  paix  (/.  Grunberg) 32 

Les   Problèmes   internationaux   et    le  Congrès  de  la  paix  (A. 

Lugan) ^-^1 

La  Grande  Question  dOccident.  Au  pays  de  la  Sarre.  IIL  Sar- 

relouis  et  Sarrebruck  (Ernest  Babelon) 22 

.Le  Monténégro  devant  la  Conférence  de  la  paix i 261 


—  328  — 

La  Question  du  Slesvig  (Paul  Verrier) 30  • 

L'Attribution  des  îles  d'Aland  {Jean  Denier) 105 

La  Question  yougoslave  [Jules  Duhem) 107 

Les  Garanties  de  la  paix.  2e  partie.  Examen  critique  (  Yves-Guyot).       175 
Préliminaires  h.  la  Société  des  nations  {Francesco  Consenttni) ..        9S 
Vei*s  la  Société  des  nations  {Ferdinand  Buisson,  Jean  liriinhes, 
Aulard,  J.  Charles  Brun.  Maxime  Leroij,  J.  Ernest-Charles, 

Jean  Hennessij,  avec  une  Préface  de  Zec/t  Bourgeois) 99 

Par  eux,  essai  sur  la  Société  des  nations  (Fernand  I^ointier). . .         28 
Les  Nations  et  la  Société  des  nations  dans  la  politique  moderne 

(./.   Tchenwff, 100 

Fédération  européenne  ou  Ligue  des  nations  ?  {Giotrianni  Àgnelli 

et  .1  ttilio  Cabiati) 101 

La  Nueva  Revoluciôn  (P.  M.  Turull) 257 

Après  la  guerre.  La  Politique  et  les  affaires  {Biard  d'Aunet). . .         90 
Aujourd'hui.  Élude  pour  l'après-guerre  économique  {Albert  De- 

vèse) '. 96 

La  Démocratie  et  la  Guerre.  Après  la  paix  {Marcel  Berthellot) .         31 

La  Lutte  financière  entre  les  belligérants 259^ 

Mélanges.  Après   la   bataille.   Idées  d'avanl-guerre.    Événements  de 

guerre  (le  colonel  G.  Becker) \     31 

Préceptes  et  jugements  du  maréchal  Foch,  extraits  de  ses  œuvres, 
précédés  d'une   étude  sur  la  vie  militaire   du  maréchal  {le 

coynmandant  A .   Grasset) âl 

A  propos  de  doctrine.  Les  Leçons  du  passé  confirmées  par  celles 

de  la  tjrande  Guerre  (le  lieutenant-colonnel  E.  Cholet) 254 

Contribution  à  l'étude  des  blocus  nouveaux  {Jean  Alessandri) .       255 
La  Guerre  absolue.  Essai  de  pliilosopliie  de  l'histoire  {Georges 

Batault) • !..       2.56 

Sur  le  Rhin  {Henry  Bordeaue) 251 

Paroles  française  (,-l  .-D.  Sert  illanges) 25  i 

Les  Temps  nouveaux.  1914-1918.  Paroles  de  la  guerre  {Mgr  Gi- 
bier)        175 

Chambre   de  commerce   de   Marseille    Congres  français  de   la 
Syrie  (3,  A  et  5  janvier  1919).  Séances  et  travaux.  Fasc.  II. 
Section  d'archéologie,  histoire,  géographie  et  ethnographie.  .         24 
Après  la  victoire.  Notes  et  criti(jues  [le  général  Gabriel  Rou- 

querol) 244 

L'Abri  56-A-2,  suivi  de  «.  In  speculo  mortis  »  (Jean  Azaïs) 253 

L'Homme  né  de   la  guerre    Témoignage  dun  converti  (Yser- 

Artois  1915)  (Henri  Ghéan) 253 

Ceux  qui  vivent...  (Jean  Marot) 252 

La  Psychologie  du  soldat  (L.  Huot  et  P.   Voirenel) 176 

Mon  sac,  réflexions  d'un  soldat  de  la  Grande  Guerre  (Ji'an  Fleu- 

rier) 100 

Mémento  du  démobilisé 105 

La  Vie  chère  et  la  Santé  (/>'»  £".  Janselme,  Graham  Lusk,  Jules 

Renault,  Marcel  Labbé  et  Maurice  Mignon) 32 

Comment  éviter  les  impôts  mortels  (André  Chéradamé) 95  • 

Le  Poilu  tel  qu'il  se  parle.  Dictionnaire  des  termes  populaires  ré- 
cents et  neufs  employés  aux  armées  en  1914-1918,  étudiés  dans 
leur  étvHJologie,  leur  développement  et  leur  usage  (Gaston 

Esmnilt) 101 

Collection  France 179 

Bibliographie.   Essai   de  bibliogr.iphie    méthodique- de  la  guerre  de 
1914  (Ch.  Escalle).  (iénéralités.  mémoires,  correspondances, 

biographies,  origines  de  la  guerre 102 

Histoire  de  Fraiire.  Les  Journaux  du  Iri'sor  de  Charles  iV  le  Bel, 

publiés  par  Jules   Viard 58 


—  320  — 

Jeanne  d'Arc  (l'hilifiite  U'Kslail[<'ur-C/iant('r(iine) 225 

Krencli  l'roteslanlisiii    ((.'uleh  Gui/rr  h'el/i/) 284 

Momoires   «le   Louis- Mat-if  tle  Loinénic,  comte  de  lirienne,  dit 

le  jeune  lirienne,  piiblii'spourla  Société  de  l'iiisloirede  France, 

par  Paul  lionnefon.  T.   111 288 

Les  Dernières  Années  de  Turenne,  1GGO-I67o  {Camille-Georges 

Piravel) ,       200 

Un  Tricentenaire.    Un  grand   Ministre  de  la  marine   :  Colbert 

{Ch.  de  la  foncière) 128 

Le  Cardinal  Collier  (./.  Mnuipr-Jolain) i:iO 

Danton  et  la  paix  (Albert  }fnthiec) 209 

La   Prusse  et  la  rive  gauche  du  Rhin  ;  le  traité  de  BAle  (1794- 

1795)  {Ed.  de  Marcère) 133 

Histoire  religieuse.  Kpoquo  de  l'apostolat  de  saint  Saturnin  à 
Toulouse  et  des  premiers  prédicateurs  de  la  foi  dans  les  Gau- 
les, etc.  {P.    Fr.) 2ii 

Les  Questions  religieuses  dans  les  cahiers  de  1789  {A.  IJenys- 
Duirette 132 

Histoire  religieuse  de  la  Révolution  française  {Pierre  de  la  Gorce) 
T.  m 131 

Les  Martyrs  de  Septembre  {Henri    Welschinger) 294 

Les  Bénédictins  de  Saint-Vanne  et  la  Révolution  {Jean  Gode- 
^      frot/) 293 

Histoire   des   institutions  et  des    mœurs.   Les   Italiens   en 

France  au  xyi»   siècle  {Emile  Picot) 12H 

Gens  de  la  vieille  France.  Rèv«ries  pour   le   temps  présent  sur 

des  thèmes  anciens  {(r.  Lenotre) 61 

La  Révolution  française  et  le  régime  féodal  (Alphonse  Aulard).       292 
Un  Journal  d'ouvriers,  ti  L'Atelier  »  (1840-1850) (.J.  Cuvillier). .       290 
De  Taine  à  Péguy.  L'Evolution  des  idées  dans  la  France  contem- 
poraine {George  Fonsegrive) • 220 

Histoire  maritime  et  coloniale.  Notre  Expansion  coloniale  en 

Afrique  de   1870    à  nos  ]o\\v%  {Paul  Gaffarel) 297 

Histoire  provinciale  et  locale.  Recherches  sur  que^iues-  fonc- 
tionnaires royaux  des  xni"  et  xiye  siècles,  originaire  du  Gàti- 

nais  (Henri  Stein) 205 

L'Eglise  des  cordeliers  ou  mineurs  conventuels  devenue  la  cathé- 
drale de  Chambéry.  Son  histoire  abrégée  de  1430  et  1803  ;  ses 
patrons  et  vocables  successifs  :  le  triomphe  de  saint  Frfinçois  de 

Sales  lors  du  Concordat  de  1801-1802  (Jules  Cochon} 125 

Récits  du  temps  des  troubles  (xvie  siècle).  Une  Famille.  Les 
d'Alègre  (Pierre  de  Vaissière) 283 

Questions  du  jour.  Religion.  Famille.  Patrie  (Mgr  Gibier) 213 

La  Royauté   du   Christ,  la   vocation  de  la  France  et  le  drapeau 

du  Sacré-Cœur  (Edouard  Poulain) 224 

La  France  éternelle  (Gustave  Rodrigues). 212 

La  Paix  armée  et  le  Problème  d'Alsace  dans  l'opinion  des  nou- 
velles générations   françaises  {Marcel  Laurent,  Philippe  Xo- 

rard  et  Alexandre  Mercereau) 130 

Force  au  droit.  Le  Problème  d'Alsace-Lorraine  (//.  Maringer). .  210 

Qualités  à  acquérir  {Louis  de  Launay) 138 

La  Femme  devant  les  urnes  (Marguerite-Augustin  Fëraud).  . .  214 

Les  Conditions  de  la  paix  sociale  (le  cardinal    A  mette) 03 


—  330  — 

Conférences  de  la  «  Revue  des  jeunes.  »  LUlilisalion  de  ia  vic- 
toire, l.  Le  Prograimae  d'une  Revue  catholique  moderne 
{l'abbé  Sert  illanges).  —  II.  L'Héritage  des  jeunes  (  Victor  Bu- 
caille)  —  III.  Les  Sources  de  la  pensée  catholique  {le  R.  P. 
Gillet).  —  IV.  L'Esprit  nouveau  dans  les  lettres  françaises 
{Robert  Vallery-Radot).  —  V.  Les  Nouvelles  Directions  de 
lart  chrétien  {Maurice  Denis).  —  VI.  Notre  mission  sociale 
{Henry  Joly).  —  Vil.  L'Activité  féminine  de  demain  (J/'le 
Léontine  Zanta).  —  VIII.  Organisation  industrielle  et  organi- 
sation sociale  {Charles  Nicaise).  —  IX.  L'Ordre  dans  la  cité 
{René  Salotn;).  —  X.  La  Société  chrétienne  des  nations  {Mffr 

'  Simon   Deploige) 227 

Histoire  étrangère.  Voces  populi^   scènes  de   la  vie  anglaise  {F. 

Anstey  :  trad.  de  l'anglais  par  6^.  J.  M.  F 136 

Le  Comte  de  Cavour  et  son  confesseur  {M.  Mazziotti)  ;  trad.  de 

l'italien  par  le  co7n^  Weil 135 

L'Italia  odierna  {Michèle  Rosi) 134 

Recueil  des  actes  diplomatiques,  traités  et  documents  concer- 
nant la    Pologne.    Tome   1.  Les  Partages  de  la  Pologne  et  la 

lutte  pour  l'indépendance  {Karol  Lutostanski) 290 

Encyclo[iédie  polonaise.  Vie  économique  de  la  Pologne,  publié' 
par  le  Comité  des  publications  encvclopédiques  sur  la  Polo- 
gne  ' 289 

La  Pologne  inconnue  (A'.    Walissewski) #133 

Un  Prédicateur  de  la  Cour  de  Pologne  sous  Sigismond  III.  Pier- 
re Skarga  (153(i-I6l2),  étude  sur  la  Pologne  «lu  xvie  siècle  et 

le  protestantisme   polonais  (.4 .  Berga) 36 

Les  Sermons  politiques  (Sermons  de  Diète,  1597^,  de  P.  Skarga, 
S.  J.,  prédicateur  du  roi  de  Pologne  Sigismond  lll  ;  trad.  du 
polonais  en   français  et  accompagnés  d'une   Introduction  et 

de  notes  critiques  par  A.  Berga 37 

La  Femme  polonaise  ;  esquisse   historique  {Halka  Ducraine) .  .         37 

Une  Ville-Kglise  :  Genève,  I53.O-1907  (Georges  Gogau) 126 

Histoire  de  la  Confédération  suisse  {Johannès  Dierauer) ,;  trad. 
de  l'allemand  par  Auguste  Reyinond  Tome  V.  Première  par- 
tie. De  1798  il  I8I3 ". 294 

Histoire  nationale  succincte  des  Serbes,  des  Croates  et  des  Slo- 
vènes {St.  Stanoyévitch) 107 

Le  Rôle  des  Serbes  de  Hongrie  dans  la   vie  nationale  du  peuple 

serbe   {le  même) ^ 107 

Histoire  des  Serbes  île  Hongrie  (Yoimn  Radonitch) 107 

Le  Banat  {le  même) 107 

La  Batchka  {le  tnême) 107 

Serbes,  Croates  et  Slovènes  {A.  Chaboseau) 107 

Le  Rapport  secret  sur  le  congrès  de  Berlin  adressé  à  la  S.  Porte 

{Caratheodory  Pacha),  publié  par  Bertrand  Bareilles 108 

Smyrne  ville  grecque  (Charles    Vellay) 302 

La  Tradition  chevaleresque  des  .\rabes  {Wacyf  Boutros  Ghali).       202 

Le  Chili  et  la  France  {Francisco  Contreras) '      143 

Histoire  de  la  fondation  de   la  Nouvelle-Orléans  (1717-1622)  {le 

baron  Marc  de  V  illier  s) 129 

Notes  de  James  Madison  sur  les  débats  de  la  Convenlion  fi'dé- 
rale  de  1787  et  leur  relation  avec  une  plus  parfaite  Société 
des  nations  (James  Brotns  Scott)  ;  trad.  par  A.  de  Lapradelle.  29i 
Une  Femme  ih;  diplomale  au  M(>xiiiue  [)endant  la  drauiatique 
période  du8o<tobre  1913  au  23  avril  1914  (Edith  O'Shaugh- 
nessy)  ;  trad.  de  F.  Altiar , 218 


—  331  — 

Biographie  française  et  élruiujère.  Madame  <lc  Villeat'iivf. 
néo  Marie  I/lluillior  <l'lntorvillc.  fondalcico  et  in9lilutiM<*e  <!<• 
la  Sociélô    fir  la  Croix  (iri!n-ir.r;0)  (le  /'.  .1.  de  Salinis) ixtl 

L'Amiral  <lo  (Irasse  {le  chanoine  Max.  Caron) 20K 

Soiifflot  ;  sa   vie.  son   œuvre,  son  esthétique  (1713-1780)  (Jean 

Mondain-Monval) ^^ 

Le  Général  de  Cliaretle  {Jacques  de  In  Faije) 21  i 

Madame  Carri-  de  Malberg,  fondatrice  de  la  Société  des  Filles  de 

Saint-François  de  Sales  (1S-29-1S9I)  {Mf/r  Laveille) 287 

Emile  Ollivicr,  sa  jeunesse  d'après  son  journal  et  sa  correspon- 
dance {Marie- Thérèse  OUivier) .. , 21 1> 

Une  Ame  d'artiste.  Koi:er  Durey 217 

L'Apostolat  d'un  malade.  Louis   Peyrot  (1888-1910)  {Jean-Paul 
Bel  in) '  *  * 

Du  ThéAtre  à  l'Évangile.   Les   Étapes  d'une  conversion   (1850- 

1917)  {Joseph  Odetiii) 21!» 

L'Heure  du  sang  (élite  et  vocation)  {le  R.  P.  Albert  Bessiéres).       2i>b 


v>.) 


::•) 


Clemenceau  (.4 /(f/r^' .»/«u/v^/).  ,„,.,,, 

Fr   Luis  <le   Le'n  y   Fr.   Diego   de  Zuniga  {el    M.  R.  P.  M.  tr.      ^ 

Conrado  Muiilos  Snen:r) ;,•,•■       ""'* 

Treinta  aùos  de  mi  vida  {E.  Gôtnes  Carrillo).  Libro  1.  Kl  Des- 

pertar  <lel  aima v."  •■.•,•,■■,  :."  '-J  "  "l^  ' 

Treinta  aùos  de    ml   vida  {E .  Gomec   Carrillo).  Libro  2'J  :  Ln      ^^ 

plena  Bohemia --  ' 

\rchéolor|ie.  Ostia.  Cenni  storici  o  Guida  {Dante  Vaglieri) 201 

Héraldique.  .Armoriai  d'Avallon  et  de  l'.Avallonnais,  ou  Recueil  des 
armoiries  des  villes  des  corporations  civiles  et  religieuses  el 
des  familles  appartenant  à  la  région  qui  forme  aujourd  luu 
l'arrondissement  dAval.lon.  [l-e  partie]  {M.-X.  Bandeyiet)..  .         <.4 

Mélanges.    Les  ^  Maréchaux    de    France    à    TAcadémie    {le   baron      ^^^ 

Gabriel  d'Orgeval) "-* 

Portraits  parisiens  (André  Germain) ^^^i* 

.Ames  en  prison  (Louis  Amould) 

El  Libro  de  las  mujeres  {E.  Gêniez  Carrillo) 

Kiblioqraphie.  Bibliothèques.  Bibliographie  historique  du 
Rouergue  (Cam///^  Couderc).  1.  A.-K.  (Fasc.  1-  •^^.n'î  w'^^^'f  ^'' 
1  Bibliothèque   de   l'Université  de  Louvam  1636-1914  {bd.  de 


226 


La  Bibliothèque 
Moreau) 


140 
209 


—  332 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES    NOMS    D'AUTEURS 


Adam  (M"'e)  (Julielle  Lamber).  .  53 

Agnelli  (Giovanni) lOJ 

Albert  (Henri) Hi 

Alessandri  (Jean) 255 

Alfaric  (Prosper) 268 

Altiar  (E.) 218 

Amette  (le  cardinal) 63 

Anstey  (F.) 136 

Ardant  (l'abbé  Georges). ......  190 

Ardel  (Henri) 52 

Arnould  (Louis) 226 

Arraou  (Louis) 43 

Aulard  (Alphonse) 99,  292 

AUNET  (BlARD  d') 96 

Azaïs  (Jean) 253 

Babelon  (Ernest) 22 

Bailly  (le  T.  H.  P.  Emmanuel).  iU 

Baix  (F.-W.) 55 

Bainvel  (J.-V.) 186 

Barac  (François) 109 

Bareilles  (Bertrand) 108 

Barrés  (Maurice) 15,  30 

Basu^esco  (Nicolas) -168 

Basribeg  de  Dukagjin. 174 

Batault  (Georges) 256 

Baudenet  (M.-X.) 64 

Becker  (le  colonel  G.) 31 

BÉHAiNE  (René) 52 

Belin  (Jean-Paul) 144 

Belmoxt  (Th.) 189 

BE.MTEz(ie  colonelJuanGarcia).  105 

Benson  (Mgr  Robert  Hugh). ...  116 

Berga  (A.) 36,  37 

liERNARU  (Noël) 57 

Bernard  (saint) 186 

Berthei-lot  (Marcel) 31 

Bertra.nd  (Louis). 45 

Bessières  (le  R.  P.  Albert).     88,  226 

Bessoj)  (Maurice). 25-i 

BiARD  d'Aunet 96 

BiLi.Y  (André) .^  52 

liLANC  (l'abbé  Klie) 189 

BoNNEFON  (Paul) 288 

Bo.NTOUx(G.) 122,  191 

Bordeaux  (Henry) 200,  251 

BoR.NECQUE  (le  capoe  H.) 165 

BoucHACD  (Pierre  de) 179 

BouDON   (Henri-Marie) 185 

BoiCAMEI.-BoUDEVnJ.E 264 

BoiHOKois  (Léon) 99 


BouRGET  (Paul) 52 

Bouvet  (l'abbé  Maurice) 18.> 

Brenet  (Michel) 114 

Briennk  (Louis-Marie  de  Lomé- 

NiE,  comte  de) 288 

Brunhes  (Jean) w» 

BucAiLLE   (Victor) 228 

BuGNON  (Emile) 225 

Buisson  (Ferdinand) 9H 

BuRNAND  (Robert) 242 

Cabiati  (Attilio) 101 

Cagin  (Dom  Paul) 2(i9 

Caillé  (F.) 193 

Caratheodory  Pacha 10» 

Cabii.lion  (labbé  Jules) 110 

Carrillo  (E.  Gômez).     la7,  221,  222. 

279 

Caron  (le  chanoine  Max) 208 

(l\ssou  (le  comt  Paul) a 2 

Cerfberr   (Gaston) 260 

Cerfberr  de  Médelsheim  (G.). .  259 

Chabosrau  (A.) 107 

Champvert  (M.  Gabé  de) »9 

Chantavoine  (J.) 114 

Chapon  (Mgr) 19 

Chaptal  (Mlle) 106 

Charles-Bhun  (J.) 99 

Charpentier  (John) 92 

(jHAUTARD  (Dom  J.-B.) 184 

IJIhéradame  (André) 95 

Cholet  (le  lieuti-colonel  E.)...  254 

Chopin  (Jules). lOS 

Chri.stian-Frogé    (le    capitaine 

R.) 19 

Chrysostome  (le  P.  Jean) 187 

CivRAY  (Jacques) 8 

Claretie  (Léo) 170 

Clerc-Ra.mpal  (G.) 164 

Cochon  (Jules) 125 

(]odet  (Louis)..  . 48 

Colin  (Ernest) 8(5 

Collet  (Henri) 111 

C0.MBARIKU  (J.) 115 

Contreras  (Francisco) 143 

CoRPKCMOT  (Lucien) 10(> 

(>osentl\i  (Francesco) 98 

CouDERc  (Camille) 140 

C0URBAU1.  (Edmond) 119.  280 

Croiset  (i'aul) 32 


—  :n3 


'Crokaert  (^Paiilj 34 

<;ucL'EL  (Georges) 112 

Cl'rzon  (Henri  de) 111 

r.UVILI.lEM  (A.) 21)6 

Dahde  (k  capitaine  de  rorvetle 

Fernand). 166 

Daug.mu)  (.1.) 187 

Hahtein  (le  général  T.  dk)....  S."» 

Dassise  (.M.-K.) 5-2 

Daudet  (Lucien-Alphonse)....  6i 

l)Ei.AY  d'au!).. 2() 

I)ei,bant  (i'aul) 189 

Deledda  (Grazia) 55 

l)Ei-LUC  (Louis) 143 

Delly 32 

Denier   (Jean) 105 

Denis  (Maurice) 228 

Denys-Buirette  (A.) 132 

Devèze  (Albei-t) 96 

DiERAUER  (Joliannès) 294 

Djuvara    (Mircea) 169 

DoRGELÈs  (Holand) 41 

DorËL  (.Mai-lial) 201 

Drouilly   (le    lieutenant    (ier- 

main) 165 

■Di'CRAi.xE  (llalka) 37 

DcGAVE  (Fiei-re) 142 

DuHEM  (Jules) 107 

DiKAGJiN  (Basribeg  de). 174 

Dupi.oiGE  (Mgr  Simon) 228 

DuTiL  (le  capitaine) 246 

K.NGERA.ND   (Louis y 35 

Erdélyi  (J.) 94 

Ernest-Charles   (J.) 99 

ESCALLE  (Ch.) 102 

Es.\Aui/r   (Gaston) 101 

Estaili.eur-Chantkraine     (Phi- 
lippe d"). 225 

EsTÈvE  (Edmond) 275 

Farcic  (Autun) 109 

Farmer  (Jean) 50 

Faure  (Elie) 43 

Félice  (Philippe  de) .  s3 

Fels  (le  comte  de) 97 

Féraud  (Marguerite-Augustin..  214 

Feyler  (le  colonel) 10 

Fleuwer  (Jean) 106 

FoË  (Daniel  de) 277 

Fo.nsagrive  (le  lieutenant). ...  87 

Fo.nsegrive   (Georges) 220 

Fontagxères  (André) 188 

FoNi'AiMAZ  (André) 34 

FouRNiER  (le  lient'  Marcel). ...  «7 

Frégier  (Charles) 170 

FRE-NCHnemaiéchal  Lord  John).  242. 

^  243 

Fressencolrt  (le  R.  P.  F.). ... .  '  186 

Fried  (D>-  Altred-H.) 16 


FR(*;r,icH  (Jules) 250 

Garé  de  C.hami'veut  (M.) 89 

Gakfahei.  (Paul) 297 

Gag.neur  (le  capno  Maurice).     83,  «7 

Gau.i.ahd  ((iaslon) 93 

(iARRlGCKT    (L.) 188,  191 

Garry  (Etienne) 62 

(jatard  (Dorn  .Vuguste) 110 

(iAUVAi.v  (Afiguste) 5,11 

(;AVAtTLT  (Paul) 274 

Geffroy  (Gustave) 262 

Gër.main  (André) 63 

Germain  (Pierre). 186 

Ghéon  (Henri) 2.5:*. 

GiHiEK  .Mgr) 175,  213 

Giu.ET(le  H.  P.) 228 

GiLi.ET   (Louis) 1 63 

Gi.MSTY(Mgr) 164 

GiMSTY   (Paul) •.  .  .  83 

GiRAUD  (Victor) 162 

Giraudoux  (Jean) 32 

GoDEFROY  (Jean) 293 

GoEDORP  (Victor) 2.59 

GoMEz  Carrili.o  (E.).     137.  2il,  222. 

279 

Goxox  (le  chanoine  A.) 18.5 

GovAU  (Georges) 126 

Grasset  (le  coint  A.) 21,  252 

Grégoire  (Léon) •45 

Gregory  (Juli.t) 115 

Grolleau  (Charles). Ij6 

Gru-vberg  (L) 32 

Gsell 33 

GuiïTON  (Georges) '. 247 

Guyot  (Yves) '  "5 

Halévy  (Daniel). 19»^ 

Halfl.\nts  (Paul) li'S 

Hânotaux  (Gabriel) 243 

Haye.\i  (Julien) 282 

HÉBRARD  (Dom) 189 

HÉLYS  (Marcj 35 

HennesW  (Jean) ^'} 

Hen.ning  (  René) «'^5 

Herr(L.) 56 

Héthat  (J.) ^l 

HiNZhxiN  (Emile) 33 

Hoche  (Jules ) 45 

Hoi.L  (F.). lî>3 

HoLiJSTEK  (Paul  Merrick) 1  • 

HovELAQUE  (Emile) 1"! 

HowELL  (Roger) Jl'* 

HuoT  {L.J !'♦' 

[axcovici  (D.) -3 

Jammes  (Francis) 46 

Jaxselme  (le  Dr  E.) 32 

Je\x-Bernard 261 

Job 264 


—  334  — 


JoLY   (Henri) 143,  228 

Jones  (John   Price) 17 

JoNESco  (Thomas) 169 

JUSSERAND    (J.-J.) 26 

Kakpeles  (Suzanne) 33 

Keller  (G.) 30 

Kelly  (Cabel  Gujcr) 284 

Labbk  (Marcel) 32 

La  Briéue  (le  K.  F.  Yves  de).  ..  298 

La  Fave  (Jacques  de) 214 

La  Fouchakdière  (G.  de) 301 

La  Gorge  (Pierre  de) 131 

Lalande  (l'abbé) 183 

La  LaureiNcie  (E.  de) 114 

Laloy  (E.) 114 

Lamber  (Juliette)  [Mme  Adam].  53 

La  PoiiTE  (Mgr  de) 183 

Lapradelle  (A.  de) ".  .  292 

Laroche  (Labbé  Th.) 110 

La  Honcikre  (Ch.  de) 128 

Launay  (Louis  de) 138 

Laurent  (Marcel) 136 

Laurentin  (M.) 89 

Lavedan  (Henri) 13 

La  VEILLE  (Mgr) 287 

Lavergne  (Bertrand) 64 

Lebreto.x  (Jules). .' 189 

Leclerc  (Marc) 301 

Lefranc  (Abel). 197 

Legëndre  (Maurice) 27 

Lejay  (P.) 142 

Lemaître  (Jules) 264 

Leinfant  (Mgr  L.-A.) 187 

Le.notre  (J.) 61 

Léopold-Lacour  . .  .  .• 262 

Leroux  (le  com') 12 

Lehoy  (Maxime) 99 

Lestra.nge  (le  vicomte  Maurice 

de) 29 

LÉvis-MiREPOix 49 

Lorry  (A.-J.-A.).  . 43 

Loi.NTiER  (Fernand) 28 

LoMÉNiE  (Louis-Marie  de,  comte 

deBRiENNE) 288 

Louis  (Paul) 163 

LuGAN  (A.) 97 

LuMET  Louis) 262 

LusK  (Graham) 32 

LuïoSTÂN.sKi  (Karol) 290 

Machard  (.Ml'red) 33 

Mack  (Arlhur) 18 

Madklin  (Louis) 90 

-Mauchrk  (Ed.  de). 133 

MAHGKiiH';  (Euiinanuel  de) 123 

M.\ii(;i!iLLiEn  (Auguste) 248 

Marija-Cok  (le  Dr) 108 

MARLN<iKR     (II.) 210 

Mari.m  (cardinal  Niccolô) 191 


>L\RLiAVE  (Joseph  de) 113 

Marot  (Jean) 232 

MARTh\-(JL\OUVIER   (F.) 29 

Mathikz  (Albert) 209 

Maubel  (Henri) 114 

Maurel  (André) 223 

Mauretïe  (F.) 104 

Mazziotti  (M.). 133 

MÉDELSHEiM  (G.  Cerfbeer  de) . .  239 

Melot  (le  R.  p.). 186 

MÉRA  (G.) 117 

Mercereau  (Alexandre) 136 

Merlant  (le  cnp°e)  Joachim. . .  103 

MicHAUD  (Régis) 278 

Mignon  (Maurice) 32 

MiLA.x  (Kené) 166 

MiLLOT   (J.) 184 

MiRMAN 30 

MoNDAiN-MoNVAL  (Jean) 60 

MoNTFORï  (Eugène) 43 

MoRAVEC  (Zdenko) 31 

MoREAU  (Ed.  de) 209 

Morgan  (Jean) 49 

MouLARD  (Anatole) 188 

MuiNioz  Sâens  (Conrado) 203 

MUNIER-JOLAIX  (J.) 130 

NiQAisE  (Charles) 228 

NiETZscHK  (Frédéric) 114 

NoRARD  (Philippe) 136 

OcAGNE  (Maurice) 193 

Odelin  (Joseph) 219 

Ollivier  (Marie-Thérèse) 2I() 

Orgeval  (le  baron  Gabriel  d').  225 

O'Shaughnessy  (Edith) 218 

Palat  (le  général) 83 

Papp  (I.-V.) 94 

Paravy  (Fabbé  Th.) 190 

Patri  Angelo) 36 

Pehcin  (le  général) 243 

Pérennès  (H.) 142 

Périer  (Mme  Jean) 20 

Perreau-Pradier  (Pierre) 232 

PiCAVET  (Camille-Georges) 206 

Picot  (Emile) 12() 

PiNCHON    (J.) 2()3 

Pla.me.natz  (Yovan) 2«U 

Plessis  (F.) 142 

Pons  (Mgr.  A.) 190 

Poulain  (Edouard) 224 

POULROT 33 

PouLLN  (le  chanoine) 183 

Prick  (Georges) 263 

Prod'hoxme  (J.-G.) 193 

Prunel  (Louis) 36 

Uadonitcm  (Yovan) 107 

Uageot  (Gaston^ 4i 


—  XV.)  — 


Hkboux   (l'aiil) l!»r. 

Recol'i.v  (Uaviiioii(l) 91,  17« 

Hedieh  (Antoine) W 

Keinacii  (Thcoiiore) 243 

Ke.nali.t  (le  I»'  Jules) '.it 

Kevmh.ni)  (AMirnsIe) 2!»4 

KEy.NÈs-.MoMi.AiK  (M.) 44 

UiHALD  ^Micliel) 171 

MicnET  (le  prof.  Charles) 27:2 

UivET  (Ch.) 108 

KiviÉHE  (Jean) 270 

KocHES  (Kernand) 9 

RoDRKiUKs  iCliistavcj 212 

Roger  (Noëlle) 91 

Ho.NSAH.u  (Pierre  de) 273 

Uosi  (.Michèle) 134 

RouQiEHoi.  (le  général  Gabriel)  ^44 

Ror<;TAN  (Désiré) 173 

RoLviEK  (Frédéric) 245 

Rouzic  (L.) 18b- 

RoziÈRES  (Pierre  de) 54 

Saadevra  (Anton  Martin) 201 

Saint-Bernard 18() 

Saint-Saëns  (Camille) 114 

SAiNTviLiJi:  (Georges) 276 

Saintyves(P.) 224 

Salavekri  (Vicente  A.) 201 

Salinis  (le  P.  A.  de) 286 

Salo-MÉ  (René) 228 

Schneider  (Edouard) 50 

ScHwoB  (Marcel) 277 

Scott  (James  Brown) 292 

Sechoi-zkh  (H.) 104 

Sei.va  (Blanche) 113 

Sertili.anges  (l'abbé  A.-D.)     227.254 

S1.M0N  (G.) 30 

Sisic  (Ferdo  de) 108 

Sk-ABGA  (le  P.) 37 

Smith  (Thomas  F.  A.) 20 

SoMviLLE  (Gustave) 35 

-Sonneck  (0.  G.) 115 

SOITFLÙT 60 

Spenlé  (Jean-Edouard) 93 

Standley  (Paul  C.) 118 

Stanoyévitch  (St.) 107 

Stapfer  (Paul) 276 

Stein  (Henri) 205 

Stenger   ((iilbert) 52 

Stéfhani  (Philippe) 87 

Suarez  (André) 226 


SiTEss  (Kd.) 123 

Szi'oiANSKi   (Stanislas) 3H 

rcilERNHKK  ^J.) 100 

I'hKI.I.IKR  DE    PONCHEVILI.E     (lab- 

bé) 103,   178 

Chômas  ^ Louis) 85 

Tho.ma>js()n  (le  lieut'-colonel  DE)  84 

Tiersot  (Julien) ' 112 

Thégiiz  (Louis) 250 

Tresic-Pa  vicié 40 

TcHii.L(P.  .M.) 2r,7 

Urvii.i.e  ^Jeanne  d) 45 

V'a(;i.iehi  (Dante) 201 

Vatssièbe  (Pierre  de) 283 

Vaii.ery-Radot  (Robert) 228 

Vai.i.otton  (Benjamin) KH» 

Vai.se.\ard 177 

Van  Bkver  (Ad.) 273 

V'andervelde  (Lmile) 34 

Van  Vassenhove   (L.) 193 

Va<:t(H.) 82 

Vaudon  (le  chanoine  Jean). ...  185 

Vellay  (Charles) 30f 

Veritas 39 

Verrier   (Paul) bQ 

Verhl A  (Pietro) 300 

Viali.ate  (Acliille) 172 

ViARD  (Jules) 58 

A'iLi.iERS  (le  baron  .Marc  de).  . .  129 

Virgile 142 

Voive.vel  (P.) 1 76 

Vi-K0Tic(M.) 40 

Wacyf  Boutros  Ghali 202 

Wagner  (Richar.l) 193 

Wauszewski  (K.J 133 

Weii.  (lecom') 135- 

Weiss  (Louise; 24 

Welschi.vger  (Henri) 294 

\VE.Nz(Paul) a3 

Wetterlé  (l'abbé  E.) 249 

WiLsoN  (le  président  \V.) 173 

WcERTH  ^Léony 42 

WooTON  (E.  0.) 118 

YVES-GUYOT 1 75 

Zanta  (Mme  Léonline) 228 

ZisLiy  (H.) 180 

ZoRETTi  (Ludovic) 27 1 

Zl'runden  ^e  général) 82 


TABLE    DE    LA    CHRONIQUE 


Nécrologie  :  Baunard  (Mgr),  302.  — 
Bertillon  (le  Dr  Georges),  230.  — 
Bertillon  (le  D'  Jacques),  144.  — 


Bonet-Mairy  (Gaston).  65.  —  Car- 
negie (Andrew).  145.  —  Casati  de 
Casatis     (Charles-Claude-Marie)^ 


330  — 


304.  —  CouRCEL  (le  baron  Alphonse 
de),  66.  —  Cunisskt-Carnot  (Pieire- 
Paul-François),  67.  —  Dauchez  (le 
Dr  Henri),  67.  —  Demoldeb  (Eu- 
gène), 303.  —  DoHM  (Mme  Hedwig), 
J46.  —  Galtier-Boissière  (le  D' 
Émile-Marie-Théophile),  229.  — 
Gangolphe  (le  Dr  Michel).  304.  — 
HÉRON  DE  ViLLEFOSSE  (Antoïne-Ma- 
rie-Albert),  65.  —  Hinojosa  y  Na- 
VEROS  (Eduardo  de).  i47.  — Jul- 
LiEK  (Jean-Thomas-Edouard),  229. 
KiAER  (Anders  Nicolai)^  146.  — 
Lacombe  (Paul),  14S.  —  Lanessan 
(Jean-Louis  de),  30o.  —  Lilly 
(William  Samuel),  229.  --  Liszt 
(Franz  vox).  68.  —  Martin  (iia- 
briel),  306.  Naumann  (Friedrich), 
147.  —  Radlov  (Vasilii  Vasilie- 
vitch),  148.  — .  Kayleigh  (John 
William  Strutt,  baron),  149.  — 
Sidgreaves  (le  R.  P.  Waller),  149. 
Welschinger  (Henri),  306. 

Lectures  faites  à  l'Académie  des  ins- 
ci'iptions  et  belles-lettres,  70,  152, 
231,  311. 

iLectures  faites  à  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques,  71, 
153,  232,  311. 


Concours,  232.. 
Prix,  71,  154. 

Mélanges  :  Annuaire  général  de  la 
France  et  de  Fétranger,  311.  — 
Almanach  catholique  françaiSj312 

—  Almanach  Hachette,  312.  — Al- 
manach du  Bon  Français,  232.  — 
Autres  Almanachs  pour  1920,  233, 
Agenda  P.-L.-M.  1920,  313.  — 
Journées  grégoriennes  de  Lourdes, 
72.  —  Le  Chanoine   Albanès,  314. 

Nouvelles  :  Paris,  72,  154.  233.  314. 
Anjou,  75.  —   Bretagne,   75,  155. 

—  Cambrésis,  155.  —  Champagne. 
315..  —  Franche-Comté,  156,  236, 
315.  -^  Gàtinàis,  316.  —  Lan- 
guedoc, 236,  316.  —  Limousin,  76. 

—  Lyonnais.   316.   —  Maine,  76. 
.     —  Normandie,  156.  —  Orléanais, 

156.  —  Poitou,  76,  317.  —  Savoie, 
236.  —  Velaj,  156.  —  Belgique. 
317.  —  Espagne.  77,  157.  —  Italie, 

77,  157,  317.  —  Tchécoslovaquie- 
158.  —  Yougoslavie,  158.  —  Afri- 
que, 158,  318.  —  Afrique  occiden. 
taie  française,  237.  —  États-Unis. 

78,  158,  237,  318. 

Publications  nouvelles  :  78.  159.  238. 
Dernières  Publicationsillustrées.  319. 


ERRATUM 


Page  197,  ligne  16,  au  lieu  de:  un  certain  consul  des  États-Unis,  Santa- 
'(^vm,  lisez  :  un  certain  consul  des  Etats-Unis  à  Santa-Cruz  [ce  consul  se 
.nommait  Joseph  Hart], 


Le  Gérant  :  CHAl'UIS. 


Imprimerie  S.  Pactcau.  l.uçon. 


2       polybiblion;  re\aie  bibli- 
1007       ©graphique  universelle 

P73 

t.U5- 

U6 


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1.