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Full text of "Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace"

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TUE  J.  PAUL  GILHY  MUSEUM  LIliRARY 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  POUR  LA  CONSERVATION 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 
D  ALSACE 


BULLETIN 


DE   LA 


r  r 


SOCIETE  POUR  LA  CONSERVATION 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE 


II«  SÉRIE.  —  DIXIÈME  VOLUME 

(1876-1878) 


PREMIERE    PARTIE.  -  PROCES-VERBAUX 


STRASBOURG 

IMPRIMERIE    DE    R.    SCHULTZ    ET    C'^ 

Successeurs  de  Bekger-Levkault 
1879 


TH6  J  Paul  GETTV  CENTET 
LIBRAKV 


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SOCIETE 

POUR    LA 

CONSERVATION  DES  MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE. 
Séance  du  Comilé  du  10  janvier  187fi. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Blanck,  Kraus,  Nessel,  Ringeisen,  Salomon,  Sengenwald, 
G.  Schmidt,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  13  décembre  1875  est  approuvé  tel 
qu'il  a  été  publié. 

Les  ouvrages  suivants  ont  été  offerts  à  la  Société  : 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie.  Année  1(S75,  n°  3. 
Beiträge  zur  vaterländischen  Geschichte,  herausgegeben  von  der  his- 
torischen Gesellschaft  in  Basel.  lOter  Band. 
Mémoires  de  la  Société  Eduenne,  nouvelle  série.  Tome  4. 
Revue  des  Universités  catholiques.  20  décembre  1875. 

1°  M.  le  président  annonce  qu'il  a  reçu  de  l'autorité  supérieure  un 
mandat  de  1500  fr.,  somme  représentant  la  subvention  accordée  à  la 
Société  pour  l'année  1875. 

2°  M.  Winkler  communique  un  dessin  de  la  chaire  qui  se  trouve  à  l'ex-  chaire  extérieur 
lérieur  de  l'église  des  Récollets  à  Rouffach.  M.  le  président  donne  à  ce  suiet    ^'^^  Récoiiets 

.  '  •'  àRouffacli. 

les  détails  suivants  : 

La  chaire  extérieure  des  Récollets  de  Rouffach  servait  aux  prédications 
que  les  rehgieux  faisaient  certains  jours  au  peuple  assemblé  sur  le  cime- 

T.  X.  —  (P.-V.)  j 


—  2  - 

tière,  qui  devait  se  trouver  de  ce  côté  de  l'église.  J'ai  vu  une  chaire  ana- 
logue sur  le  eimetière  de  Reiningen  et  près  de  l'église  de  Saint-Georges 
à  Sr/ilestadt.  Cette  dernière  fut  élevée  en  153G  et  portait  l'inscription 
prœconio  dicatum. 
Exemples  de        Lc  iiombrc  dcs  chaires  anciennes,  solidement  construites  à  l'extérieur 

cbairei  extérieures. 

d'églises  ou  de  chapelles,  est  encore  assez  considérnhle  et  jtrouve  com- 
bien la  prédication  en  plein  air  devait  autrefois  être  fréquente.  Viollet- 
LE-Duc  fait  connaître  la  chaire  élevée  dans  le  cloître  de  la  cathédrale  de 
Saint-Dié,  et  la  chaire  extérieure  construite  à  l'un  des  angles  de  l'église 
Rn France.  (Ic  Salnt-Lo.  Couime  à  Rouflach,  celle  de  Saint-Dié  occupe  la  saillie  d'un 
conlre-forl;  clic  est  de  plus  couverte  d'un  auvent  qui  sert  d'abat-voix  {Dic- 
tionnaire raisonné  de  l'arch.  franc.  II,  412).  Une  chaire  très-élégante, 
également  couverte  d'un  abat-voix  en  pierre,  se  trouve  à  l'extrémité  sud- 
est  de  l'église  de  Notre-Dame  à  Vitré,  en  Bretagne.  (A.  Demmin,  Encyclo- 
pédie des  beaux-arts  plastiques ,  1048.) 

En  Allemagne.  L'Allemagne  et  surtout  l'Autriche  paraissent  plus  riches  en  monuments 
de  cette  espèce.  Otte  cite  la  chaire  extérieure  de  Christenberg  dans  la 
liesse  électorale,  celle  de  la  «  llerrgottskirche  » ,  près  Creglingen,  dans  le 
Wurtemberg,  et  celle  de  la  remarquable  chapelle  gothique  de  Saint- 
Michel,  à  Kiderich,  dans  le  Rheingau  {IIa?idbiich ,  etc.,  209).  La  chaire  de 
Kiderich  est  une  tribune  établie  sur  un  arc  surbaissé  entre  deux  contre- 
forts. L'opinion  émise  par  Otte  que  ces  tribunes  servaient  à  l'exhibition 
des  reliques  plutôt  qu'à  la  prédication  ne  me  paraît  pas  admissible  pour 
des  chapelles  de  cimetière ,  comme  celle  de  Kiderich,  où  les  fidèles  n'étaient 
point  appelés  pour  contempler  des  reliques,  mais  pour  méditer  sur  la 
mort.  Le  prédicateur  ne  pouvait  trouver  de  meilleur  emplacement  pour 
exposer  les  grands  sujets  de  nos  fins  dernières  qu'une  chaire  dressée  au 
milieu  des  tombes. 

EoAutrieLe.  Uu  monumeul  analogue,  auquel  se  rattache  un  souvenir  historique,  est 
conservé  à  Vienne,  au  côté  nord-est  de  la  cathédrale.  Cette  chaire,  illus- 
trée par  les  prédications  enthousiastes  de  Jean  Gapistran,  se  trouvait  autre- 
fois sur  le  sommet  d'une  petite  colline  près  du  «Domherrenbof»  actuel. 
La  Commission  centrale  des  monuments  historiques  des  États  d'Autriche 
<ij  ;i  puhhi';  une  notice  avec  dessins;  elle  a  également  fait  connaître  les 
chaires  extérieures  de  Deutsch-Altenburg,  deMarein,  de  Saint-Lambrecht 
et  de  .Mura  en  Styrie  (Milthciluufjen  der  K.  K.  Central-Commission  für 
Erforsch,  und  Erli.  der  JJauden/ümUer,  Bd.  XV,  p.  U2;  Rd.  XV,  p.  47). 
Celle  (Ic  Saint-Lambrecht  est  une  charmante  construction,  tout  isolée 
sur  le  sommet  irnm,'  linulcui',  ;ui  milieu  d'iui  site  accidenté,  qui  permet  à 


-  3  — 

une  foule  innombrable  d'assisler  au  «sermon  de  la  montagne  ».  La  chaire 
de  Mura  est  adossée  au  flanc  d'un  conlre-lbrt,  mais  n'est  surmontée,  comme 
celle  de  RoulTacli,  d'aucun  appendice  pouvant  servir  à  renforcer  la  voix 
du  prédicateur  ou  à  le  garantir  contre  les  ardeurs  du  soleil. 

Le  croquis  de  M.  Winkler  moiitre  la  face  orientale  de  la  tribune  à  prê- 
cher du  couvent  de  Rouffach  ;  du  côté  opposé,  la  galerie  découpée  à 
jour  présente  un  autre  dessin,  quoique  de  la  même  époque. 

L'église  des  Récollets,  construite  en  1250,    est   encore  intéressante  "^j^.'s^'lS'' 
sous  plus  d'un  rapport,  comme  l'ont  démontré  les  auteurs  du  Miiséc  pil-      ■'"«""''"''• 
loresqiie  et  liistorique  de  l'Alsace. 

J'ajoute  les  détails  suivants  relatifs  à  des  objets  du  mobilier  et  quelipies 
pierres  tombales  que  j'y  ai  observées. 

L'autel  est  un  travail  du  dix-huitième  siècle;  il  reproduit  en  général 
les  formes  de  nos  autels  à  baldaquin,  construits  en  style  corinthien. 

Un  tableau  qui  se  trouvait  autrefois  près  de  la  tribune,  donne  l'inscrip- 
tion suivante  : 

Im  Jahr  als  man  zall 

MDCIV  ward  gemall 
diser  Letner  mit  ver 
lag  Svsannce  Beclierin 
Witiwin  Vnd  1res  Sohns 
Apollinaris  Didanei  Biir 
gerl  Vnd  Marschalck 
Alhie. 

J'ai  consigné  dans  mes  notes  de  1859  un  groupe  sculpté  en  bois,  de  la 
fin  du  seizième  siècle,  qui  doit  encore  se  trouver  dans  l'église.  Il  repré- 
sente le  Christ  sur  les  genoux  de  sa  mère,  Madeleine  et  deux  saintes,  Jean 
soutenant  la  tête  du  Christ,  et  trois  hommes. 

Le  travail,  qui  n'est  pas  sans  intérêt  sous  le  rapport  du  costume,  sur- 
tout de  celui  de  sainte  Madeleine,  est  médiocre. 

Le  nombre  des  monuments  funéraires,  malheureusement  mutilés  pour 
la  plupart,  est  assez  considérable. 

Un  des  plus  importants  se  trouve  dans  la  sacristie  actuelle.  Il  est  de 
1G07  et  appartient  à  Eberhard,  comte  de  Manderscheit  et  Blankenheim, 
représenté  en  surplis,  à  genoux  devant  un  crucifix,  au-dessus  duquel  on 
voit  les  images  de  Dieu  le  Père  et  du  Saint-Esprit.  Quatre  écussons  se 
trouvent  de  chaque  côté.  A  gauche  du  spectateur,  on  distingue  ceux  de 
Manderscheit,  v.  der  March,  Bucholt,  à  droite,  ceux  de  Wiedt,  Virnen- 
burg,  Nassau  et  Messen. 


Dans  la  nef  on  remarque  : 

1)  L'épitaplie  de  dame  Marie  Slitzweckin,  f  1<^  -7  février  1635; 

:2)  Celle  de  Marguerite  Wetzel  de  Marsilien,  y  le  vendredi  après  l'An- 
noiiciation  de  l'an  1518; 

ij)  L'ne  lumlie  sur  lafpielle  figurent  un  compas,  un  poinyon  et  un  mar- 
teau de  tailleur  de  pierres. 

Il  sera  important  de  relever  tout  ce  qui  reste  d'inscriptions. 

Une  image  de  sainte  Anne,  de  la  Vierge  et  de  l'Enfant  a  St.  Anna  Itilf 
selb  dritli ,  également  du  quinzième  siècle,  avec  dorure  primitive. 

Acquisition  3°  M.  Ic  présideut  communi(iue  quelques  objets  romains  en  bronze, 

d  (ilijets  romains  r  i  i  i  .1  ' 

en  brome,  j^^^j^  jj  .^  ^^j^  Pacquisitiou,  mais  dont  la  provenance  lui  est  inconnue;  c'est 
une  petite  lampe  et  deux  statuettes.  M.  Nessel  rappelle  à  cette  occasion 
les  caractères  qui  permettent  de  constater  l'authenticité  des  monuments 

de  bronze.  • 

Détails  4."  ^Ql^i  (/(.  j/.  Salomon.  Lors(iu'en  18G9  une  des  tours  des  Ponts-Cou- 

iur  I  iiiténrur  ' 

a-une  des  tours  ycrls,  situcc  près  du  Wasserzoll,  fut  démolie,  on  trouva  dans  l'intérieur  de 
Ponu-couTcrts.  ^^^^  {quy,  à  uuc  profoudcur  de  2"i,50  sous  le  pavé  actuel,  un  dallage  en 
grosses  pierres  de  taille  de  0'",90  d'épaisseur  et  au  centre  un  puits  de 
•lni,20  de  diamètre. 

Ce  puits  était  recouvert  lui-même  jiar  deux  pierres  de  même  grandeur 
et  juxtaposées  de  0"\50  d'épaisseur. 

Dans  ces  pierres  et  moitié  dans  chacune  était  percé  un  trou  circulaire 
de  0"S23  de  diamètre  en  haut  et  0"',28  en  bas. 

Autour  de  ce  trou  se  trouvait  une  feuillure  carrée  pouvant  recevoir 
soit  une  petite  dalle,  soit  une  planche  servant  de  couvercle. 

On  se  demande  quelle  a  pu  être  la  destination  d'un  local  nécessitant  un 
dallage  aussi  formidable  (;'i  une  épofjuo  où  la  pierre  de  taille  était  bien 
rare  à  Slrasliourg)  cl  à  (piel  usage  devait  servir  un  puils  n'ayant  qu'un 
orilice  tro[j  petit  pour  pouvoir  livrer  passage  à  un  seau  ou  à  un  corps  de 
pompe  en  bois. 

Peut-êtr<'  ce  local  servait-il  df  prison  et  ce  jiuils  de  fosse  d'aisance 
comniuiiiquanl  avec  la  rivière. 

5"  M.  Kraus  oflie  à  la  Société  le  1'^''  volume  de  h  Stalistiq'nc  monumen- 
tale de  l'AIsficf.  Le  coniili''  lui  m  exprime  ses  remereîmeids. 

La  séance  csi  levée. 


Séance  du  Coniilé  du  7  février  'lS7(î. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Ringeisen,  Petiti,   Salomon,  0.    Sengenwald,  Klotz, 
R.  de  Türckheim,  D""  Kraus. 
M.  Kindler  de  Knoblocli  assiste  à  la  séance. 

Sont  admis  sur  la  présentation  de  M.  le  président,  —  lu  première  des     Ad.niss,v„,  .1« 

'  1^1  luenibres  nouveaux. 

personnes  nommées  à  la  suite  étant  en  outre  recommandée  par  M.  Kindler 
de  Knobloch  : 

1''  M.  de  Müllenheim,  I^""  adjudant  du  gouverneur  de  Rastatt; 

2°  M.  de  Poellnitz,  V^  lieutenant  au  corps  des  ingénieurs  (génie  mili- 
taire) à  Strasbourg. 

M.  Klotz  présente  au  comité  un  rapport  sur  les  comptes  des  deux  exer-     '^»■"p'«  '•'^'"i" 

'■  ^  ^  financier  des  deux 

cices  cumulés  de  1874  et  1875.  exercices 

1874  à  «876. 

Les  recettes  ordinaires  ont  été  de 9,860  Ir.  70  c. 

Les  recettes  extraordinaires  de 6,906    »    55  » 

16,767  fr.  25  c. 
Les  dépenses  ont  été  de 7,728   »    83  » 

Reste  solde  actif.  .  .     7,038  fr.  42  c. 
et  des  titres  s'élevant  à 8,621    »    20  » 

Total 15,659  fr.  62  c. 

Toutes  les  pièces  justilicalives  sont  produites  à  l'appui.  Décharge  est 
donnée  à  M.  le  trésorier,  auquel  le  comité  adresse  en  outre  ses  sincères 
remercîments. 

M.  Klotz  demande  si,  dans  l'éventualité  de  la  prochaine  réalisation  du  Restes  historique. 

delà 

projet  d'agrandissement  de  la  ville  de  Strasbourg,  le  comité  de  la  Société  viiie de  Strasbourg. 
pour  la  conservation  des  monuments  historiques  ne  devrait  pas  faire 
quelque  démarche  tendant  à  préserver  de  la  destruction  les  portes  de  la 
ville  qui  ont  une  valeur  historique  et  archéologique. 

Une  discussion  s'engage  à  ce  sujet,  mais  le  comité  se  met  promptement 
d'accord  pour  formuler  la  proposition  : 


—  6  — 

vœa.  Qy^^  \q  j)i-ési(lent  de  la  Sociélé  veuille  bien  demander  à  la  Présidence 

supérieure  d'Alsacc-Lorraiiie,  que  le  comité  soit  entendu  sur  la  question 
de  l'opportunité  de  ménager  les  portes  ayant  un  caractère  historique  et 
une  valeur  archéologique,  dans  le  cas  où  il  serait  donné  suite  aux 
projets  d'agrandissement  de  la  ville. 

Fixation  .!.■  h.        Lc  comlté  s'occupe  ensuite,  sur  la  demande  du  président,  de  la  fixation 

(laie  do  la  .  ,  , 

séance  générale    ^q  ]q  (jg^e  dc  Kl  procliainc  séaucc  générale  et  annuelle  qui,  en  raison  de 

cl  annuelle.  ■  "  ^        ' 

certains  retards  de  publication,  n'a  |)u  avoir  lieu  jusqu'à  présent. 

Il  est  décidé  que  cette  séance  aura  lieu  à  Strasbourg-,  le  jeudi  2  mars 
prochain. 

Les  membres  sortants  cette  année  sont:  MM.  Spach,  Ring-eisen,  Eissen, 
Nessel,  SengenAvald.  Il  y  a  en  outre  à  pourvoir  à  l'élection  du  président. 

Conformément  aux  statuts,  les  premiers  sont  rééligibles  et  feu  M.  le 
D""  Eissen  devra  être  remplacé.  M.  le  président  rappelle  à  cette  occasion 
que  M.  le  professeur  Kraus  n'a  pu  être  nommé  membre  du  comité  qu'à 
lilre  provisoire  et  en  remplacement  de  feu  M.  le  D*"  Eissen,  et  sauf  vali- 
dation par  l'assemblée  des  sociétaires. 

.,  ^^'".''''o'';:.         M.  le  président  annonce  au  comité  que  M.  G.  de  Golbéry,  avoué  à  Saint- 

M.  G.  de  Golbery,  '  ^  "^  ' 

sllni-Dié  ^^^»  ^"'  ^  envoyé  une  notice  sur  le  monastère  de  Saint-Marc,  près  de 
Gueberschwyr,  attribué  à  Dom  Calmet  et  tiré  d'un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque communale  de  Saint-Dié. 

La  notice  porte  pour  titre  :  Déclaration  des  biens  appartenant  au  mo- 
nastère de  Saint-Marc  avec  les  lieux  oii  ils  sont  situés.  Une  courte  intro- 
duction historique  fait  connaître  les  principales  phases  par  lesquelles  le 
couvent  a  passé  depuis  sa  fondation  par  Dagobert. 

Possédé  par  des  religieuses,  le  couvent  fut  abandonné  par  elles  au 
treizième  siècle  et,  du  consentement  des  évèques  de  llàlc  et  de  Strasbourg, 
transféré  aux  religieux  bénédictins  de  Saint-George,  dans  la  Forêt-Noire. 
L'état  financier  de  la  maison  était  déplorable;  un  certain  nombre  de  biens 
avaient  été  engagés  ou  aliénés.  L'abbé  de  Saint-George  s'offrit  d'employer 
les  fonds  de  son  abbaye,  se  réservant  de  se  faire  indemniser  dès  que  Saint- 
Marc  serait  en  meilleur  étal  :  ce  qui  lui  fut  accordé  par  les  évê(|ues  de  Dùle 
et  de  Strasbourg  en  1338. 

Dans  la  même  lettre  M.  de  Golbéry  apprend  au  président  qu'il  existe  à 
la  bihliulhè(jue  do  Saint-Dié  une  histoire  de  l'atihaye  de  Munster  au  val 
Saiid-Gréf/oire,  écrite  par  Dom  Calmet  et  dont  cojjie  a  été  prise  |»ar 
M.  Ad.  Ernst,  avoué  près  le  tribunal  civil.  M.  Ernst  lient  cette  copie  à  la 
diipu,-itiuii  de  la  Sociélé. 


—  7  — 

Le  comité  vole  des  remcrcîmcnts  à  M.  de  Golhéry  pour  l'intcressanle 
comnuinicalion  qu'il  a  bien  voulu  lui  lairc,  et  propose  d'adresser  une 
demande  à  M.  Ernst,  dans  le  but  d'avoir  communication  dudit  manuscrit. 

M.  Winkler  communique:   i"  un  dessin  de  la  maison  du  lirofcsscur     De.sinjoia 
Arnold,  détruite  il  y  a  i)eu  de  temps;  2"  le  croquis  d'une  dalle  trouvée  '"'sZ'ÀZît 
dans  l'église  de  Dorlisheim,  et  dont  il  attribue  l'origine  au  onzième  ou 
au  douzième  siècle.  M.  le  professeur  Kraus  pense  devoir  l'attribuer  à  une 
époque  de  beaucoup  postérieure. 


Séance  du  Comité  du  21  février  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  :  MM.  Brucker,  Kraus,  Petili,  Rodolphe  de  Türcklieim,  Salomon, 
Sengenwald,  Ch.  Schmidt,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  7  février  est  lu  par  M.  Rodolphe  de 
Türckheim  et  adopté. 

r  Depuis  la  dernière  séance,  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Oberbayerisches  Archiv  für  vaterländische  Geschichte.  T.  33,  2^  et 
3Miv.  T.  34,  r^et  2Miv. 

34.  und  35.  JaJiresbericJd  des  historischen  Vereins  vun  und  für  Ober- 
bayern, für  die  Jahre  1871  und  1872. 

Die  ägyptischen  Denkmäler  in  St.  Petersburg,  Helsinyfurs,  Upsala  und 
Copcnhagcn ,  von  Lieblein.  1873.  1  vol. 

Recherches  sur  la  chronologie  égyptienne  d'après  les  listes  généalogiques, 
par  Lieblein.  Christiania,  1873.  1  vol. 

2"  Le  comité  décide  que,  l'assemblée  générale  fixée  au  2  mars  prochain 
étant  celle  qui  aurait  dû  être  tenue  en  1875,  il  n'y  aura  pas  lieu  de  procéder  à 
d'autres  élections  qu'à  celles  des  membres  sortants  en  187o.  Aj)rès 
cette  opération  on  procédera  à  l'élection  du  président  pour  187G. 

3"  Sont  reçus  membres  de  la  Société  : 

Sur  la  proposition  de  M.  Salomon:  M.  Jacques  Stamm,  architecte  de  la 
ville  de  Schlestadt; 


-  8  - 

Sur  la  proposition  de  M.  G.  Sclimidl:  M.  Siebcr,  bibliothécaire  en  chef 
de  Bàle,  M.  Charles  Schmidt,  pasteur  à  Paris,  et  M.  Edmond  Schmidt, 
négociant  à  Paris. 

4^"  M.  le  président  annonce  qu'il  a  obtenu,  comme  par  le  passé,  de 
l'administration  des  chemins  de  fer  le  retour  gratuit  pour  les  membres  du 
dehors  qui  désirent  assister  à  l'assemblée  générale,  et  que  pour  celte 
réunion  on  a  mis  à  la  disposition  de  la  Société  la  grande  salle  de  l'Hôtel 
de  ville. 

5°  Gomme  dans  la  dernière  assemblée  générale  il  a  été  question  d'une 
restauration  de  la  chapelle  des  Zorn  dans  l'église  protestante  de  Saint- 
Pierre-le-Jeune,  M.  le  président  annoncera  dans-son  rapport  que,  ce  projet 
ayant  rencontré  quelques  difficultés,  l'exécution  en  a  dû  être  ajournée. 

La  séance  est  levée. 


Assemblée  générale  du  2  mars  4876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


L'assemblée  générale  s'est  réunie  le  2  mars  1876,  à  2  heures  de  l'après- 
midi,  dans  la  grande  salle  de  la  Mairie. 

Étaient  présents  au  bureau:  MM.  Blanck,  Brucker,  Conrad,  Kraus, 
Petiti,  Ringeisen,  Salomon,  J.  Sengenwald,  R.  de  Türckheini,  G.  Schmidt, 
secrétaire. 

M.  le  préfet  avait  délégué,  pour  le  représenter,  M.  Roffliack,  assesseur 
du  gouvernement. 

MM.  de  Schauenburg,  vice-président,  Klotz,  trésorier,  L.  Spach  et 
Ignace  Ghauffour  se  font  excuser. 

M.  le  président  ouvre  la  séance  par  l'ulloculion  suivante  : 

«Messieurs, 

«Avant  de  vous  entretenir  de  nos  travaux  de  l'aimée,  je  crois  devoir 
vous  (lojincr  quelques  explications  sur  le  relard  iju'a  éprouvé  la  convoca- 
lioi)  à  l'assemblée  générale.  Je  suis  forcé,  bien  malgré  moi,  de  ranger 
p;ii  ini  les  premières  causes  les  occupations  pn^ssaiites  du  jtrésidcnt,  au- 
qu(,'l  le  mois  (le  décembre,  mois  ii\é  jtar  nus  statuts  |)uur  le  terme  (Tune 
séance  générale,  a  amené  une  surcharge  exceptionnelle  de  travail.  De 
plus,  la  icjilrée  des  souscriptions  a  éprouvé  (]uelques  lenteurs,  qui  n'au- 


—  9  — 

raient  pas  permis  à  M.  le  trésorier  de  présenter  son  mémoire.  Puis  enfin , 
nous  nous  flattions,  en  remettant  à  deux  mois  plus  lard  la  tenue  de  la 
séance,  de  pouvoir  vous  offrir,  outre  la  seconde  livraison  du  Bulletin, 
quelques  planches  fac-similées  du  Horlus  deliciarmn.  Cet  espoir  a  été 
déçu,  et  nous  avons  acquis^  une  fois  de  plus,  la  conviction  qu'il  faut 
être  très-sobre  d'annonces  à  terme  fixe,  lorsqu'il  s'agit  de  publications. 
La  gravure  d'une  planche,  indispensable  pour  l'explication  d'un  mémoire, 
n'a  pas  pu  être  terminée,  ainsi  que  les  reproductions  des  miniatures 
de  Herrade.  J'ai  appris  presqu'au  dernier  moment  que  le  dessinateur 
chargé  de  ce  travail  délicat  est  tombé  malade,  il  y  a  trois  semaines, 
et  qu'une  seule  miniature  est  en  ce  moment  complètement  achevée. 
J'aime  à  croire  que  ce  contre-temps  n'est  qu'une  entrave  passagère,  (]ue 
la  publication  de  l'intéressant  recueil  de  dessins,  calqués  sur  le /Tor/ws 
deliciarum,  marchera  rapidement  et  que  rien  ne  s'opposera  à  ce  que  la 
prochaine  réunion  générale  ait  lieu  à  l'époque  fixée  par  nos  statuts. 

«  Je  passe  à  l'exposé  de  nos  travaux.  Ma  tâche  est  bien  allégée  par  les 
rapports  que  vont  présenter  deux  de  mes  honorables  collègues.  L'un  traite 
de  la  gestion  financière  pendant  le  dernier  exercice,  et  se  distingue  par 
cette  clarté  et  minutieuse  exactitude  dont  M.  l'architecte  Klotz  nous  donne 
chaque  année  une  nouvelle  preuve.  M.  le  trésorier,  ne  pouvant  en  donner 
lecture  lui-môme,  sera  remplacé  par  un  de  ses  honorables  collègues  du 
comité,  M.  do  Tiirckhcim,  qui  a  bien  voulu  accepter  cette  tâche.  —  Les 
travaux  exécutés,  ou  du  moins  entrepris  sous  les  auspices  de  la  Société, 
sont  l'objet  d'un  second  mémoire,  que  M.  l'architecte  Ringeisen  nous 
communiquera  tout  à  l'heure.  Il  ne  me  reste  donc  qu'à  vous  entretenir  de 
nos  publications,  à  rappeler  à  votre  souvenir  un  projet  de  restauratioji 
qui  n'a  pas  encore  pu  être  exécuté,  et  à  soumettre  à  votre  approbation 
une  mesure  que  le  comité  a  cru  devoir  prendre  dans  l'intérêt  de  tous  les 
sociétaires. 

«  La  livraison  du  Bulletin  qui  est  sous  presse  renferme  une  série  de  mé- 
moires, qui  sont  tous  d'un  intérêt  local.  Le  premier  est  dû  à  M.  D.  Fischer, 
maire  de  Saverne  :  c'est  une  notice  historique  sur  l'ancien  couvent  des 
récollets  de  Saverne,  avec  deux  planches  Hihographiées.  Nous  devons 
à  M.  le  professeur  Schmidt,  outre  une  note  sur  un  recueil  d'inscriptions 
lait  par  Thomas  Wolf,  de  Strasbourg,  au  commencement  du  seizième 
siècle,  un  mémoijc  sni-  le  couvent  et  l'église  des  dominicains  à  Strasbourg 
jusqu'au  seizième  siècle,  et  nue  note  sur  rem[)laccment  où  élait  situé  le 
couvent  des  dominicains.  M.  Salomon  a  bien  voulu  joindre  à  ce  travail 
une  notice  sur  l'ancien  Gymnase  et  le  Temple-Neuf.  Un  mot  du  président 


-  10  — 

sur  les  poteries  acoustiques  autrefois  murées  dans  celte  église  clôt 
la  série  d'articles  que  le  Bulletin  publie  sur  un  de  nos  monuments  les 
plus  intéressants  de  Slrasbourt;',  détruit  en  1870.  Enfin,  j'ai  à  signalei' 
un  travail  de  M.  Klotz  qui  présente  un  intérêt  spécial  en  ce  moment,  où 
l'Œuvre  Notre-Dame  fait  exécuter  les  nouvelles  portes  de  la  Cathédrale  : 
ce  sont  les  recherches  sur  un  bas-relief  en  bronze  attribué  aux  anciennes 
portes  de  notre  basilique  métropolitaine. 

«  La  simple  nomenclature  de  ces  travaux  vous  fournit  la  preuve,  Messieurs, 
que  le  zèle  et  l'activité  des  collaborateurs  du  Bulletin  ne  se  sont  pas 
ralentis. 

«  11  y  a  un  an,  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  entretenir  de  l'ancienne  chapelle 
des  Zorn,  dont  l'état  délabré  appelle  une  restauration.  Vous  avez  bien  voulu 
à  cette  occasion  voler  un  crédit  de  2000  fr.  —  Quelques  difficultés  sont 
survenues  dans  l'intervalle  ;  la  restauration  est  donc  remise  à  plus  tard. 

((  J'arrive  à  une  mesure  prise  parle  comité,  relativement  à  la  publication 
des  procès-verbaux.  Il  nous  a  semblé  que  messieurs  les  sociétaires  rece- 
vaient trop  tardivement  nouvelle  de  ce  qui  se  passe  dans  le  sein  du  comité. 
Le  mode  de  publication  par  les  journaux  pouvait  tôt  ou  tard  présenter  des 
difficultés.  Dans  cet  état  de  choses,  le  comité,  sur  la  proposition  du  prési- 
dent, a  résolu  de  publier  à  titre  d'essai  et  jusqu'à  ratification  de  cette 
mesure  par  l'assemblée  générale ,  chaque  procès-verbal,  quelques  jours 
après  la  séance  et  de  l'adresser  par  la  poste  à  tous  les  membres  de  la 
Société,  qui  apprcjnient  ainsi  régulièrement,  cl  à  intervalle  d'un  mois  à 
l'autre,  les  décisions  prises  par  le  comité  et  la  substance  des  communica- 
tions qui  lui  sont  faites. 

«La  compositioji  étant  réservée  j)ourle  Bulletin,  (|ui  dujniei'a  les  mêmes 
jirocès-verbaux  approuvés^  les  frais  sont  peu  importants.  Si  je  dois  juger 
par  les  lettres  que  plusieurs  membres  de  la  Société  m'ont  fait  l'honneur 
de  m'écrire  au  sujet  de  cette  innovation,  la  mesure  prise  par  le  comité  a 
•  'lé  favorablement  accueillie.  Je  viens,  Messieurs,  la  soumettre  à  votre 
approbation  définitive.» 

Le  mode  de  publicalion,  employé  par  le  comité  en  séance  du  1i  juin 
1875,  est  adopté. 

M.  le  président  invile  M.  l{ud(dphe  de  Türekheim  à  donner  lecture  du 
rajtpoit  financier,  présenté  par  M.  Klotz,  sur  l'exercice  1874  et  1875: 

«Messieurs, 

tfLe  compte  financier  de  l'exercice  1873,  soumis  à  l'assemblée  générale 
le  16  juillet  1874,  a  été  présenté  dans  des  conditions  exceptionnelles  : 


—  11  — 

d'une  part  le  nombre  des  quittances  acceptées  ne  répondait  pas  à  celui 
des  sociétaires  inscrits  au  registre,  cl,  de  l'autre,  aucune  dépense,  en 
dehors  de  celles  d'administration,  soit  pour  travaux  ou  publications,  n'a- 
vait été  votée  par  le  Comité. 

«Gomme  pour  l'exercice  1874,  la  situation,  en  ce  qui  concernait  le 
nombre  des  sociétaires,  n'avait  pu,  malgré  les  correspondances,  duplicata, 
etc.,  etc.,  être  tirée  au  clair  assez  à  temps,  il  a  paru  plus  convenable,  au 
lieu  de  donner  une  seconde  fois  un  compte  rendu  incomplet,  de  réunir, 
en  un  seul,  l'exposé  de  la  situation  financière  des  deux  exercices  1874. 
et  1875. 

«Il  a  fallu  deux  années  entières  pour  arriver  à  savoir  quels  étaient  des 
471  sociétaires  qui  ont  payé  la  cotisation  en  1869,  ceux  qui  étaient  à 
maintenir  sur  notre  liste  et  entendaient  continuer  à  faire  partie  de  la 
Société. 

«D'après  les  rentrées  de  1873,  ce  nombre  n'eût  été  que  de  123,  tandis 
qu'après  investigation  et  les  réappels,  il  s'est  élevé,  par  suite  de  58  paie- 
ments attardés,  à 181 

«C'est  donc  avec  290  sociétaires  de  moins  que  l'on  est  entré  dans 
l'exercice  1874. 

«Dans  le  courant  de  cette  même  année,  le  nombre  d'admissions 
de  nouveaux  membres  a  été  de 41 

«En  187.5,  il  s'est  élevé  à 20 

«De  sorte  qu'aujourd'hui  le  nombre  des  sociétaires  est  de  ...  .     242 
«La  situation  financière  n'a,  fojt  heureusement,  pas  suivi  la  même  voie 
rétrograde;  grâce  à  une  précédente  réduction  de  dépenses  et  à  la  conti- 
nuation des  subventions  départementales,  elle  présente  sur  l'avoir  de  lu 

Société  qui,  en  1869,  était  de 12,1 87 ''40'' 

une  augmentation  de 3,472  22 

qui  nous  donne,  pour  la  situation  arrêtée  au  15  janvier  1876, 

la  somme  de 15,659  62 

«Ces  explications  nous  ont  paru  devoir  précéder  le  nouveau  compte 
rendu  soumis  à  la  haute  approbation  de  l'assemblée,  afin  de  justifier  la 
réunion  de  deux  exercices  en  un  môme  compte  et  rendre  plus  compré- 
hensible une  situation  qui,  avec  un  nombre  plus  restreint  de  sociétaires, 
présente  un  chiffre  plus  élevé  de  receltes. 


12  — 


Compte  des  deux  années  1874  et  4875. 


RECETTES. 

Recettes  ordinaires. 

Chap.  P''.  Inlcréls  de  capitaux. 

Intérêts  de  25  obligations  nominatives  des  clieniins  de  fer  de  l'Est,  3Vo* 

en  1874 : SGS^'TO*^ 

en  1875 366  20 

729^90*^ 
Intérêts  des  fonds  déposés  en  compte  courant  à  la  Banque 

d'Alsace  et  de  Lorraine  : 

pour  l'année  1874 145^70'^ 

pour  l'année  1875 180  05 

325  75 

1,055  65 
CiiAP.  II.  Cotisation  des  sociétaires. 

Un  certain  nombre  de  quittances  de  l'année  1873  (87) 
n'ayant  été  ni  payées  ni  retournées,  le  trésorier  a  détaché 
des  duplicata  du  registre  à  souche,  qui  ont  été  expédiés 
pour  la  seconde  fois;  sur  ce  nouvel  envoi  58  (juitlances 
ont  été  payées,  ci 58 

Pour  l'année  1874,  les  quittances  acceptées   se 
montent  à 222 

Pour  1875  à 242 

soit  pour  les  trois  années quittances    522 

représentant,  à  raison  de  10  fr,  l'une,  la  somme  de .  .  .  .     5,220  — 

CuAP.  111.  Subventions. 

Subvention  de  la  Haute-Alsace  pour  1874'  .  .     500'^ — ^ 
»  de  la  Basse-Alsace  pour  1874  .  .  .  1,500  — 

»  »  pour  1875  .  .  .  1,500  - 

3,500  - 
A  reporter 9,775  05 

1.  A  la  date  du  22  janvier  I87G,  le  Hatit-lUiin  a  doiiiiô  une  subvcnlion  de  500  ir.  affé- 
reute  à  l'exercice  1875;  le  présent  compte  ayant  d6jà  6t6  clos  à  celle  époque,  celte 
somme  sera  portée  sur  le  compte  de  l'exercice  1876. 


—  13  — 

Report 9,775 '■65*' 

Chap.  IV.  Recettes  diverses. 

Produit  (le    la   vente    du  Bulletin  publié  par  la  Société 

en  1874 2//-'"—'= 

en  1875 4G  50 

Restitulions  après  vérification  des  comptes.  .  .      14  55 

85  05 


Total  des  recettes  ordinaires 9,800  70 


Recettes  extraordinaires. 
Reliquat  actif  du  compte  de  1873 6,900  55 


Récapitulation  : 

Recettes  ordinaires 9,800^70*^ 

Receltes  extraordinaires 0,906  55 


Total  général  des  recettes 16,767  25 


DEPENSES. 

Dépenses  ordinaires. 

Chap.  P^  Frais  de  bureau  et  d' administration. 
§  1.  Location  et  entretien  du  local  des  séances. 

A.  Loyer  pour  1874 350'—^ 

»      pour  1875 350  — 

B.  Assurance  contre  l'incendie  du  mobilier 

et   de   la   bibliothèque,   prime    pour 

1874 9  10 

prime  pour  1875 9  10 

G.  Balayage  du  local  en  1874 40  — 

))  »        en  1875 44  50 

D.  Indemnité  aux  garçons  de  bureau  de  la 
Mairie,  pour  disposition  de  la  salle  de 
l'assemblée  générale  en  juillet  et  no- 
vembre 1874 30  — 


A  reporter 832  70 


—  14  — 

Report SSS'^TO« 

§  2.  Frais  d'adminislralion. 

A.  Indemnité    au    commis    du   président, 

pour  1874 200'"-'^ 

pour  1875 200  — 

B.  Indemnité    au    commis    du    trésorier, 

pour  1874 150  — 

pour  1875 150  — 


§  P).  Frais  de  bureau. 

A.  Fourniture   de  billets  de   convocation, 

d'imprimés  divers  et  de  matéi'iel  de 

bureau ~.  .     240  55 

B.  Affranchissement  du  Bulletin 185  811 

C.  Affranchissement  de  la  publication  men- 

suelle des  procès-verbaux  des  séances.       05  29 

D.  Affranchissement  de  lettres  de  convoca- 

tion et  de  correspondance,  etc.  .  .  .      5.'^  05 

E.  Transport  à  domicile   des  bulletins  et 

convocations,  commissions  diverses, 

en  1874 30*"  |      ^^  _ 

en  1875 40   i 

F.  Frais  de  dépôt  de  25  obligations  Est, 

payés  à  la  Banque  d'Alsace  et  de  Lor- 
raine          5  — 


§  4.  Frais  de  reliure  et  de  mobilier. 

A.  lieliuro  des  volumes  de  la  bibliothèque 

de  la  Société 300  GO 

B.  Mobilier: 

Acquisition  d'une  armoire  de  biblio- 
thèque   120'"—*= 

J((cni  d'une  boîte-caisse  en 

ebene 55  — 

Rayons  et  casiers  pour  la 

Ijibliothèque  et  le  musée.     CI  87 

236  87 


700    - 


C59  G8 


)97  47 


A  reporlei^ 2,789  85 


—  15  — 

tieport 'IJS^^So" 

§  5,  Frais  de  perception. 

A.  Encaissement  des   qnittances   à   Stras- 
bourg, en  1874 40'" *= 

en  1875 40  -. 

1).  Ports  de  lettres  et  frais  de  commission 

pour  quittances  envoyées  au  dehors  .       67  03 

147  03 


2,936  88 
Ghap.  II.  Fouilles,  rexherclies,  travaux  de  conservation. 
§  1.  Fouilles,  recherches,  etc. 

Fouilles  à  Benfeld;  gratification  aux    ou- 
vriers        10  — 

§  2.  Travaux  de  conservation. 

Restauration  de  deux  verrières  de  l'église 

de  Vieux-Thann 1,000  — 

Calques  des  peintures  murales  de  l'église  de 

Rosenwiller,  exécutés  par  M.  Denecken.     647  — 
Calques  des  peintures  murales  de  la  cha- 
pelle de  Ilüttenheim,  exécutés  par  le 

même 350  — 

Cadres  ayant  servi  à  l'exposition  des  calques 

des  peintures  murales  de  Rosenwiller.  .      56  20 
Restauration  de  la  chapelle  de  Sainte-Mar- 
guerite à  Epfig 2,000  — 

Restauration  des  stalles  de  l'église  d'Ebers- 

münster 500  — 

4,503  20 
CiiAP.  m.  Publication  du  Dtdletin  de  la  Société. 
500  photographies  de  la  Tour  des  Martyrs  {Gul- 

denthurm) 220  — 

Frais  d'impression  de  la  l""*^  livraison  du  tome  IX 
du  Bulletin  de  la  Société  (tirage  à  600  exem- 
plaires), y  compris  600  exemplaires  de  deux 
photoglyptics 1,928  75 

2,148  75 
A  reporter 9,048  ^^^ 


-  16  — 

Report 9,648 '83"^ 

CnAP.  IV.  Dépenses  diverses  et  imprévues. 
^  1.  Encouragcmcnls  et  gralifications. 

Cralilicnliou  au  garde  du  château  de  Iloli-Kœnigs- 
hüurg,  pour  los  années  1872  à  1875,  à  raison 

de  20  fi-.  par  an ^^  — 

Total  des  dépenses  ordinaires.  .         0,728  83 

Dépenses  extraordinaires. 

Néant. 

Récapitulation  : 

Dépenses  ordinaires ^^'^^^  ^^ 

Déitenses  extraordinaires  (Néant) 


Tiital  général  des  dépenses 9,728  83 

RÉCAPITULATION. 

Recettes. 
Recettes  ordinaires. 

GiiAi'iTRE  P^  Intérêts  de  capitaux 1,055 '"65*= 

—  II.    Cotisations  des  sociétaires 5,220  — 

—  m.  Subventions -s^OO  — 

—  IV.  Recottes  diverses 8.)  05 

9,800  70 

Recettes  extraordinaires. 

ntli.Hial  aclildu  compte  do  1873 _0^900_5^ 

Total  général  des  recettes.  ....'....  •  16,767  25 

Dépenses. 

Dépenses  ordinaires. 

CiiAPiTiu:  P"".  Frais  do  bureau  et  d'administration.  2,936 ''88'^ 

—  11.   Fouilles,    recherches,    travaux    de 

conservation ■4,503  20 

—  III.  Publication  du  Üullolindr  la  Société.  2,14-8  75 

—  IV.  iJéponses  diverses  et  imprévues   .  .        80  — 

9,728  83 


—  17  ^ 

Dépenses  extraordinaires. 
Néant. 

Balance  : 

Recettes ICJCT^SS*^ 

Dépenses 9,728  83 

Reliquat 7,038  42 

Qui  se  décompose  ainsi  : 

Fonds  déposés  à  la  Banque  d'Alsace  et  de  Lor- 
raine  5,8-48  ^S^)'= 

Une  somme  de  1000  fr.,  que  l'ancien  président, 
M.  Eissen,  conservait  en  dépôt  pour  être  em- 
ployée à  des  travaux  de  restauration  sous  sa 
direction 1,000  — 

Solde  en  caisse 189  57 

■  7,038  42 

A  ajouter  à  l'avoir  de  la  Société  : 

Prix  d'acquisition  de  25  obligations  des  chemins  de  fer  de 

l'Est  37o 8,621  20 

Total  de  l'actif 15,659  62 

«Le  présent  compte  soumis  à  la  vérification  du  Comité  par  le  trésorier 

soussigné. 

«Strasbourg,  le  15  janvier  1876. 

«Klotz.» 

Ces  comptes  sont  approuvés  par  l'assemblée,  qui  vote  des  remercîments 
à  M.  l'architecte  Klotz. 

M.  Ringeisen  présente  ensuite  le  rapport  suivant  : 

«  Messieurs, 

«Je  suis  chargé  par  le  Comité  de  vous  rendre  compte  des  travaux  d'art 
entrepris  pendant  l'exercice  1875,  dans  la  Haute-  et  Basse-Alsace,  sur  les 
fonds  de  la  Société. 

«  Plusieurs  de  ces  travaux  n'ont  pu  être  commencés  en  1875,  d'autres 
sont  en  cours  d'exécution  et  demanderont  de  nouveau  votre  concours. 

«  Parmi  les  premiers  nous  mentionnerons  la  BanmvarthiUte  de  Thann  : 

«  M.  Ingold,  notre  collègue  de  Cernay,  a  été  le  premier  à  nous  signaler    Tiisnn.coufr. 
l'importance  des  inscriptions  lapidaires  de  la  Bannwarthütte  de  Thann. 

T.  X.  -  fP.-V.)  2 


-  18  - 

«  Ce  petit  bâtiment  rustique,  sans  avoir  la  même  destination  qu'autrefois, 
sert  encore  cependant  pour  les  besoins  du  service  rural.  Mais,  par  suite 
des  translbrniations  sociales,  le  mode  de  surveillance,  les  altribulions 
telles  qu'elles  étaient  ronrK'cs  antrelbis  à  quelques  citoyens,  ne  sont  plus 
que  des  sonveniis,  dont  bienlAt  il  no  restera  de  traces  que  dans  les  cliro- 
niques. 

«  Votre  comité  a  jugé  à  propos  de  faire  visiter  les  lieux  par  un  de  ses 
membres.  L'accueil  fait  à  son  délégué  par  la  munici|)alité  et  nos  collègues 
de  Tliaini  a  été  des  plus  sympathifjues. 

«  On  a  discuté  sur  place  la  valeur  des  documents  et  les  moyens  les 
plus  simples  pour  arriver  à  un  bon  résultat.  Il  a  été  reconnu  que  l'écusson 
eu  émail  et  les  25  cartels  en  pierre  qui  ont  été  plus  ou  moins  mutilés  et 
déplacés  dans  les  diverses  réparations,  seraient  d'abord  débadigeonnés  et 
inventoriés,  pour  être  ensuite  replacés  suivant  leur  ordre  primitif;  que 
les  13  peintures  sur  bois  et  les  3  sur  cartons,  avec  leurs  encadiements, 
seraient  également  nettoyées,  réparées  et  reposées  à  leur  place,  le  long- 
dès  parois.  La  municipalité  de  Thaini  veut  bien  se  cbargcr  de  la  répara- 
tion du  petit  bâtiment.  La  Société  pour  la  conservation  des  monuments 
historiques  fera  les  frais  nécessaires  pour  la  restauration  et  la  pose  des 
cartels  et  tableaux. 

«Les  dispositions  sont  prises  et,  dès  que  le  temps  le  permettra,  les  tra- 
vaux seront  commencés  sous  la  direction  de  nos  collègues  de  Tharni. 

«En  même  temps,  et,  nous  l'espérons,  sur  les  mêmes  fonds,  il  pourra 
être  procédé  au  débadigeoiniage  et  à  la  restauration  de  deux  petites  cus- 
todes, contenues  dans  les  ég-lises  de  Ccrnay  et  de  Vieux-Tliann.  Ces  édi- 
cules  du  qui]izicme  et  seizième  siècle  sont  en  pierre  sculptée,  isolés  de 
la  muraille.  Ils  sont  englués  de  peinture  et  de  badig-eon;  les  pinacles  et 
leurs  pyramidions  d'angle  sont  endommagés.  Il  serait  très-llicile  et  peu 
coûteux  de  rendre  à  ces  charmants  petits  monuments  leur  physionomie 
première. 

«  Si,  contre  notre  attente,  le  crédit  voté  était  insuftisant,  nous  f(Mions 
de  nouveau  appel  à  la  sollicitude  du  comité  et  nous  ne  doutons  pas 
qu'il  ne  soit  entendu. 

wi,.embourg.  «  L^  communc  de  Wissembourg  est  sur  le  point  d'entreprendre  des 
travaux  importants  de  restauration  à  son  église,  au  moyen  de  ses  propres 
ressources  et  principalement  des  subsides  accordés  par  l'Etat. 

«  Comme  déjà  depuis  longtemps  la  Société  pour  la  conservation  des 
m()nnmeiii>  historiques  d'Alsace  a  signalé  l'importance  de  ce  monumejit  et. 


1000  fr. 


—  19  — 

qu'à  l'aide  de  fonds  volés  sur  sou  propre  budget  et  du  concours  actif  de 
plusieurs  de  ses  membres,  elle  a  mis  à  jour  quelipies  parties  intéressantes 
au  point  de  vue  de  l'art,  notamment  des  peintiu'es  murales,  votre  comité 
a  cru  devoir  voter  une  nouvelbî  subventioji  do  1,000  francs  <pii,  tout  en 
facih'tant  le  travail  projeté,  lui  [»ermettra  de  doinier  son  avis  sur  quel- 
ques points  essejitiels  à  élucider. 

«  Ces  travaux,  qui  auraient  dû  être  exécutés  dans  le  courant  de  1875, 
ont  été  retardés  par  suite  de  formalités  à  remplir.  Tout  nous  fait  espérer 
qu'ils  seront  commencés,  et  nos  fonds  spéciaux  employés,  dans  le  courant 
de  cette  campagne. 

a  Des  travaux  importants  de  déblai  et  de  consolidation  du  donjon  priii-      r.andspprK. 
cipal  du  cliàteau  de  Landsperg  ont  été  pendant  les  années  1808  et  1800        ^'"^  '^''• 
entrepris  par  la  famille  de  Türckbeim,  à  laquelle  appartient  ce  cbâteau. 

«  La  Société  pour  la  conservation  des  moimments  bistoriques  a  voulu 
encourager  ces  travaux  en  promettant  un  concours  de  1,500  fr.  à  répartir 
en  trois  annuités.  Une  première  allocation  de  500  fr.  a  été  faite. 

«  Une  seconde  avait  été  mise  à  la  disposition  de  M.  de  Türckbeim  pour 
l'année  1875.  Malbeureusement  des  empêcbements  et  surtout  la  difficulté 
de  constituer  un  atelier  convenable  se  sont  opposés  à  la  repi'ise  des  tra- 
vaux pendant  la  dernière  campagne. 

«  Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  les  travaux  si  bien  commencés 
et  qui  ont  sauvé  de  la  ruine  cette  partie  importante  du  cliàteau,  vont  être 
repris  celte  année  et  seront  poussés  sans  interruption  jusqu'à  la  complète 
restauration  du  donjon. 

«  Je  suis  encore  heureux  d'ajouter  que  M.  de  Türckbeim  a  demandé  mon 
concours  pour  des  projets  sérieux  de  déblai  et  de  consolidatioji  de  la  part 
de  MM.  Scheidecker  et  Fux,  propriétaires  des  châteaux  de  llalhsambausen 
et  de  Dreystein,  situés  dans  le  voisinage  de  Landsperg. 

«  Si  ces  projets  se  réalisent  assez  promptement,  peut-être  pourra-t-on 
conjurer  les  craintes  trop  fondées  qu'inspire  l'état  précaire  de  ces  ma- 
gnifiques ruines. 

«  Dans  le  milieu  de  l'ajmée  1875  M.  Nicklès,  notre  collègue  de  Benfeld,      eu.  so  fr. 
informa  le  comité  que  plusieurs  découvertes  intéressantes  avaient  été 
faites  dans    les  environs  d'EU;  qu'un  pêcheur   avait   ramassé  dans   un 
bras  de  l'Ill  plusieurs  antiquités,  qu'il  pensait  acquérir  pour  20  fr.,  et  une 
petite  statuette  en  bronze  estimée  à  00  fr. 

«  Ces  deux  crédits  ont  été  immédiatement  ouverts.  Mais,  lorsque  je  me 


—  20  — 

rendis  sur  les  lieux,  ces  objets  avaient  été  vendus.  Heureusement  ils  ne 
sont  pas  perdus  pour  la  Société.  M.  Nessel,  notre  collè,auc,  a  j)u  en  recueil- 
lir quelques-uns,  et  il  en  rendra  compte  dans  le  travail  qu'il  préparc  sur 
nos  antiquités  celtiques  et  romaines. 

(1  J'ai  pu  voir  en  même  temps,  chez  M.  Rack,  maire  de  Benfeld,  trois 
ampoules  en  verre  et  un  vase  en  terre  qui  avaient  été  trouvés  dans  un 
sarcophaii'c  en  pierre,  déterré  récemment  dans  un  de  ses  champs,  situé 
dans  un  des  angles  formés  par  la  rencontre  du  chemin  de  fer  de  Benfeld 
à  Rhinau  et  par  la  voie  romaine,  du  côté  d'Ell. 

«  Ces  vases  étaient  aux  pieds  d'un  squelette  de  femme.  Ils  contiennent  : 

1**  Un  long-  flacon  à  odeur,  appelé  imguentarium,  de  40  centimètres  de 
haulcur  sur  5  centimètres  à  la  panse  et  15  millimètres  au  col; 

2°  Une  cruche  à  col  étroit,  à  petite  bouche  et  à  anse  plate,  appelée 
Guttiis,  de  39  centimètres  de  hauteur  sur  11  centimètres  à  la  panse  et 
3  centimètres  au  col; 

3°  Une  petite  olla  cinéraire  de  9  centimètres  de  hauteur  sur  10  centi- 
mètres de  largeur. 

a  Ces  trois  vases  sont  en  verre  blanc,  très-léger,  se  détachant  facile- 
ment en  lamelles  irisées. 

«Le  quatrième  vase  est  une  cruche  en  terre  grossière,  de  17  centi- 
mètres de  hauteur,  très-étroite  au  col,  avec  une  anse.  Ces  objets  ont  été 
offerts  par  le  propriétaire  à  M.  de  Mœhler  qui  s'y  intéressait. 

«Le  sarcophage  en  pierre  qui  les  contenait,  porte  des  striures  mérovin- 
giennes à  l'un  de  ses  angles;  le  couvercle  est  arrondi.  Ce  sarcophage  est 
en  fort  bon  état.  Il  a  été  recueilli  dans  la  cour  de  M.  Rack,  qui  l'a  mis 
gracieusement  à  la  disposition  de  la  Société.  Elle  voudra,  j'en  suis  sûr, 
joindre  ses  remercîments  aux  nôtres,  et  prendre  possession  de  ce  petit 
monument  dès  qu'un  nouveau  local  permettra  de  l'abriler  convenablement. 

«Le  crédit  disponible  pourrait  être  employé  aux  frais  de  transport  et 
d'installation. 

Ebersmanster,        «  ^ßg  travaux  cxécutés  au  chœur  de  l'ancienne  abbave  d'Ebersmiinster 

500  fr.  ,  .  , 

ont  trait  aux  deux  rangées  do  stalles  placées  du  côté  nord  et  au  siege 
adossé  à  l'autel  du  transsept  du  même  côté. 

Ils  consistent  en  dépose,  repose  et  consolidation  : 

1°  Du  gradin  sous  les  stalles; 

2«  Du  haut  lambris,  formant  dorsale  ; 

3"  Des  deux  rangées  de  stalles. 


—  21  — 

«  Toute  celle  boiserie,  en  menuiserie  de  chôiie,  dans  le  style  des  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle,  a  été  rétablie  par  parties,  stricte- 
ment suivant  les  dispositions  premières;  tous  les  parements  ont  été  grat- 
tés, lavés  et  rendus  à  leur  couleur  de  bois  naturel. 

«  Les  parties  de  menuiserie  manquantes  ont  été  refaites  à  neuf;  les 
quelques  sculptures  anciennes,  formant  consoles,  accoudoirs,  chapiteaux, 
frises,  qui  ont  échappé  à  la  destruction,  ont  été  ajustées  à  leur  place.  Les 
panneaux  des  basses  stalles,  en  bas-reliefs,  avec  légendes  aux  angles,  ont 
été  nettoyés  avec  un  soin  tout  particulier  et  rendus  au  jour.  Ces  bas- 
reliefs  représentent  : 

«  Le  i^^  S.  Fructuosus  ;  il  tient  sous  la  main  gauche  un  plan  et  une 
règle  ; 

«  Le  2®  S.  Forcarius,  abbas; 
«  Le  3®  S.  Magnus ,  abbas  ; 
<•(  Le  4®  S.  Arnolphus,  episcopus  ; 
«  Le  5^  S.  Othmannus,  abbas; 
«  Le  6®  S.  Berlinus,  abbas  ; 
«  Le  7®  S.  Oswaldus,  episcopus  ; 
«  Le  8^  S.  Martinus,  episcopus. 

«  Tous  ces  travaux  ont  été  faits  avec  beaucoup  de  conscience  par  un 
maître  menuisier  d'Ebersheim,  sous  la  surveillance  assidue  et  éclairée  de 
M.  l'abbé  Wetlerwald,  curé  de  la  paroisse  et  membre  de  notre  Société. 
Ils  ont  parfaitement  réussi.  Tout  le  gros  œuvre  est  terminé  ;  il  ne  reste 
plus  qu'à  le  compléter  par  le  remplacement  des  colonnettes,  des  frises  et 
motifs  de  décoration  en  bois  d'applique  sculpté  qui,  presque  tous,  ont 
disparu.  Ces  travaux  sont  indispensables  pour  rendre  à  ces  stalles  leur 
physionomie  primitive. 

«  Nous  étions  d'avis  d'en  achever  une  au  moins  entièrement,  pour  la 
faire  servir  de  type  aux  autres,  avant  d'entreprendre  la  réparation  des 
stalles  correspondantes  du  côté  sud. 

«  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  ajouter  que  M.  Wetterwald,  à  l'aide 
des  fonds  disponibles  et  de  dons  volontaires,  a  pu  déférer  à  cet  avis  et 
qu'il  continue  avec  ardeur  l'œuvre  si  bien  commencée. 

«  Comme  j'ai  eu  l'occasion  de  le  constater  dans  mes  différents  rapports,        ^pfig. 
les   travaux  effectués  jusqu'à  ce  jour  à  la  chapelle  Sainte-Marguerite  sainto-MarguerUe. 
d'Epfig  consistent  en  :  déblais  de  terre  autour  de  l'édifice,  pour  dégager 
les  abords  et  pour  rechercher  les  anciennes  substructions  qui  pouvaient 


—  22  - 

subsister,  notamment  du  côté  du  chœur;  démolition  des  [toitures  après 
coup;  reconstiuclion  du  mur  de  face  de  l'ossuaire,  qui  menaçait  ruine; 
reconstruction  de  l'angle  nord-ouest  du  croisillon  7iord,  qui  était  détaché  ; 
reprise  de  deux  parties  du  cloître,  à  Vouest  et  au  sud,  qui  étaient  déver- 
sées ;  réparations  aux  murs  de  la  tour  centrale  et  remaniement  de  la 
toiture  en  tuiles  plates  surmontant  ladite  tour;  sondages  et  rétablisse- 
ment des  maçonneries  endommagées  des  trois  pignons  de  la  nef  et  des 
croisillons  nord  et  sud;  repose  et  remplacement  d'une  partie  des  pierres 
de  (aille  manquantes  aux  angles,  aux  corniches  et  aux  rampants  des  trois 
pignons  susdits;  enfin,  pose  des  charpentes  restaurées  de  la  nef,  du  trans- 
sept,  du  chœur  et  du  cloître  ;  et  recouverlure  en  tuiles  plates  à  rebords  de 
ces  charpentes.  La  majeure  partie  de  ces  travaux  a  été  faite  dans  le  cours 
de  la  campagne  de  1875  par  le  petit  atelier,  composé  d'ouvriers  de  la 
commune  même,  sous  la  surveillance  intelligente  et  dévouée  de  M.  Ruhl- 
mann,  maire  d'Epfig. 

«  Ces  travaux  nous  ont  permis  de  constater  quelques-unes  des  prévisions 
que  nous  avions  émises  précédemment,  relativement  aux  constructions 
primitives  et  aux  modifications  apportées  par  suite  de  cas  fortuits  ou  de 
besoins  nouveaux,  ainsi: 
irc  époque.  ((La  nef,  le  transsept  et  le  chœur  avec  leurs  voûtes  ou  berceaux,  les 
deux  portes  d'entrée  et  les  trois  fenêtres  de  la  nef  sont  de  construction 
primitive,  d'un  seul  jet;  la  construction  est  faite  avec  de  petits  matériaux 
de  blocaillc  et  en  mauvais  mortier  terreux,  mélangé  de  débris  de  char- 
bon. Les  pierres  d'angle  extérieurs,  jusqu'à  hauteur  des  voûtes;  celles  de 
l'intérieur  avec  leurs  biseaux  ;  les  encadrements  rectangulaires  des  deux 
portes  et  ceux  cintrés  des  trois  petites  fenêtres  de  la  nef;  toutes  ces 
pierres,  irrégulières,  d'un  mauvais  appareil,  avec  ciselures  et  striures 
grossières  sur  les  parements,  font  reporter  la  construction  de  ce  petit 
monument,  au  moins  à  l'époque  carlovingienne. 

2« époque.  «Le  cloître,  d'une  maçonnerie  mieux  faite,  avec  arcatures  plein-cintre, 

appareil  et  taille  de  pierre  inieux  soignés,  indique  le  onzième  siècle. 

«  Le  socle  de  cette  petite  construction  est  placé  à  30  centimètres  au- 
dessus  de  celui  de  la  nef,  quantité  correspondant  à  l'élévation  des  teires 
du  cimetière  alejilour,  depuis  sa  construction;  à  cette  époque  les  coiniches 
de  la  chapelle  ont  été  refaites  et  les  murs  élevés  de  50  cenlimètres 
|HMir  |)eiinrilrc  rélablissemciil  du  toit  au-dessous. 

3'éj.oriue.  a  En  LMG  la  petite  chapelle,  dans  l'angle  du  chœur  et  du  croisillon 

sud,  a  été  construite.  Son  socle  est  élevé  de  25  centimètres  au-dessus  de 


celui  du  cloître  ;  on  fit  alors  l'ouverture  des  deux  arcades  intérieures  cor- 
respondantes, et  on  remplaça  les  fenêtres  des  croisillons  et  du  chœur. 

«  1601.  Date  inscrite  sur  une  pierre  du  pignon.  Incendie,  dont  le  sou-  4c époque. 
venir  est  encore  conservé  dans  la  population;  rétablissement  des  quatre 
pignons  avec  les  débris  des  vieilles  pierres  de  taille  ;  au  pignon  ouest 
console  ancienne  conservée,  du  côté  nord;  construction  de  la  tour  cen- 
trale et  des  toitures  du  bâtiment  avec  charpentes  saillantes,  apparentes; 
construction  de  la  sacristie  et  de  l'ossuaire. 

«Au  commencement  du  siècle,  pendant  la  construction  de  la  nouvelle      o« époque. 
église,  on  établit  des  adjutoriums  provisoires  autour  de  la  chapelle  ;  plus 
lard,  manque  d'entretien,  infiltrations;  remplacement  des  toitures  dis- 
tinctes par  de  nouvelles  plus  inclinées  à  une  seule  pente  sur  la  nef  et  les 
bas  côtés. 

«  Ces  observations  sont  recueillies  sur  des  attachements  réguliers  qui 
seront  produits  à  la  fin  des  travaux. 

«  Dans  nos  travaux  de  réparations  nous  avons  pris  pour  base  le  bâtiment 
tel  qu'il  a  dû  être  en  1601,  en  restituant  toutes  les  parties  anciennes  qui 
devaient  exister  à  cette  époque.  Il  reste  encore  à  terminer  les  toitures  et 
à  rétablir  les  murs  de  sacristie. 

«  Les  travaux  effectués  ont  presqu'entièrement  absorbé  les  2,000  fr. 
votés.  La  commune,  l'administration  et  notre  comité  portent  à  ce  petit 
monument  tout  l'intérêt  qu'il  mérite.  J'ai  l'espoir  qu'ils  voudront  bien 
accorder  encore  les  crédits  nécessaires  pour  terminer  tout  le  gros  œuvre. 

«  Tel  est  le  bilan  de  nos  travaux  en  1875. 

«  Gomme  je  vous  le  disais  l'année  dernière.  Messieurs,  nous  avons  vécu 
par  la  force  d'impulsion.  Dans  nos  oscillations  nous  pouvions  être  arrêtés 
court,  ou  tomber  dans  le  gouffre  de  l'oubli.  Dans  ces  moments  suprêmes 
des  hommes  de  foi  n'ont  pas  désespéré.  Ils  ont  tenu  tête  à  l'orage  et,  pen- 
dant l'accalmie  qui  s'en  est  suivie,  ils  ont  entretenu  le  feu  sacré. 

«  Il  résulte  de  l'exposé  que  vient  de  vous  faire  notre  honorable  trésorier 
M.  Klotz,  qui  a  bien  voulu  nous  continuer  le  concours  de  son 'expérience 
et  la  notoriété  de  son  nom,  que  notre  Société,  réduite  à  100  membres, 
après  avoir  flotté  dans  le  vague,  s'est  reconstituée,  s'est  renouvelée,  tout 
en  conservant  son  esprit,  ses  traditions,  et  s'élève  actuellement  au  chiffre 
respectable  de  près  de  300  membres.  Dans  cet  intervalle  de  transition 
nous  avons  enregistré  des  événements  tristes  pour  l'art.  Des  monuments 
d'un  haut  intérêt  ont  disparu  du  sol,  non  par  le  fait  de  la  guerre,  mais 
par  les  exigences  du  temps,  les  nécessités  de  la  vie  commune. 


—  24.  — 

siu.iumenis  ciis-        «  Lo  loui"  aiUiquc  près  de  Saint-Guillaume,  à  Strasbourg,  qui  terminait  si 
loGuidemhurm;  admirablement  la  })erspective  des  quais  des  bateliers  et  des  pêcheurs,  a 
disparu  de  l'horizon. 

2o  Porte  «La  porte  plus  récente  de  Schlestadt,  du  côté  de  Colmar,  construite  par 

de  SchleslaJt.       ^         ,  ,  ,  ,  ,     ,  ,  .       ,  ,  . 

Aauban  dans  le  style  ornemente  de  cette  époque,  git  eparse  sur  le  sol. 
11  n'en  reste  plus  qu'un  ridicule  ponton,  placé  comme  défi  à  l'angle  de  deux 
maisons.  Ces  actes  de  vandalisme  ne  se  sont  pas  accomplis  sans  protesta- 
lion  (le  notre  part;  des  propositions  très-élevées  pour  notre  budget,  et 
augmentées  dans  des  proportions  énormes  par  l'administration,  ont  dû  être 
retirées  devant  les  i)rétentions  insensées  de  la  spéculation. 

«  Déjà  un  peu  auparavant,  la  porte  de  Châlenois  avec  son  mur  crénelé 
vers  les  bains,  celle  de  Ville,  avec  son  corps  de  garde  sur  le  Giessen,  la 
[lorle  intérieure  A'Andlau  qui  encadrait  si  piltoresquement  la  longue  rue 
conduisant  à  la  vallée  et  au  château ,  la  porte  fortifiée  de  Saint-Hippohjle 
en  parlait  état  de  conservation,  ont  été  démolis  à  notre  grand  regret. 

«  Tous  ces  petits  monuments,  si  intéressants  comme  aspect  et  comme 
souvenir,  qu'il  eût  été  si  facile  d'accommoder  aux  besoins  de  la  circulation, 
sont  tombés  successivement,  sans  qu'il  n'en  reste  plus  vestige  ! 

Puries  conservées      «  Au  mllicu  dc  CCS  tristcsscs,  je  suis  heureux  de  vous  citer  Bœrsch  et 

et  restaurées  : 

lo  à  Bœrsch  et  à  Roslicim  qui  viennent  de  faire  restaurer  leurs  viedles  portes  d  entrée,   si 


Roshcim  ; 


appréciées  des  connaisseurs  et  des  touristes. 


20  Tour  des  sor-       «Jq  guls  cucorc  hcurcux  dc  VOUS  aunouccr  Quc  la  TouF  dcs  SoFciercs, 

cicres,  ' 

de  scbiesiadt.  ancienuc  porte  de  ville  de  Schlestadt  vers  Strasbourg,  au  quinzième 
siècle,  et  qui  avait  été  condamnée  tout  simplement  comme  vieillerie,  a  été 
maintenue,  grâce  aux  prescriptions  intelligentes  de  l'administration  supé- 
rieure. 

«Si  je  vous  entretiens  de  ces  portes  anciennes  maintenues  el  de  celles 
qui,  en  disparaissant,  n'ont  pas  eu  d'autre  avantage  que  de  rendre  ces 
petites  villes,  autrefois  si  attrayantes,  aussi  nues  que  de  grands  villages 
sans  histoire,  c'est  que  Strasbourg  est  appelé  à  reculer  son  enceinte  vers 
le  nord  et  l'est;  que  de  ce  côté  s'élèvent  de  grandes  portes  murales,  déjà 
atteintes  par  le  siège,  mais  dont  les  restes,  subsistant  encore,  j)résentent 
des  détails  du  plus  haut  intérêt  architectural  et  historique. 


UéiiiarcliCi  faites 
puiif  la  ciinser- 


«  Déjà  votre  Comité  s'est  ému  des  projets  [)résentés.  Il  pense  que 
messieurs  les  ingénieurs  et  les  ai'chitectes  chargés  des  nouveaux  tracés 
pourront  faire  entrer  ces  vestiges  d'un  autre  âge  dans  leurs  conceptions 
et  en  tirer  parti  au  pjofit  de  l'art  et  do  l'histoire.  Il  lui  a  semblé  que  la 


—  25  — 

population  est  sensil)lc  à  la  conservation  de  ces  vieux  restes.  Il  se  pro-, 
pose  donc  de  continuer  ses  démarches  auprès  de  l'administration  pré- 
posée à  la  garde  du  patrimoine  de  la  ville.  Il  espère,  qu'encouragé  par 
vos  sympathies  et  qu'appuyé  par  l'autorité  de  votre  nom ,  il  parviendra  à 
persuader  l'administration  et  à  transmettre  à  nos  enfants  ces  vieux  sou- 
venirs de  la  gloire  de  nos  pères.  Ce  sera  la  meilleure  manière  de  justifier 
la  renaissance  à  la  vie  de  notre  Société. 

«D'un  autre  côte,  en  dehors  des  travaux  techniques  dont  je  viens  d'avoir 
l'honneur  de  vous  entretenir,  il  est  à  ma  connaissance  que  des  travaux 
sérieux  d'un  autre  oi'dre  se  poursuivent  avec  persévéï-ance.  M.  Nicklès,  de 
Benfeld,  a  mis  la  dernière  main  à  son  mémoire  sur  Eli  et  ses  environs. 

«  M.  Nessel  nous  a  promis  son  grand  travail  sur  les  antiquités  celtiques, 
gauloises  et  mérovingiennes  nouvellement  découvertes  dans  la  Oasse- 
Alsace. 

«  M.  le  D'  Kraus,  membre  adjoint  du  Comité,  a  déjà  publié  un  fascicule 
de  la  monographie  sommaire  des  édifices  intéressants  de  l'Alsace-Lorraine. 

«Je  ne  crois  pas  être  indiscret  en  disant  que  notre  infatigable  président 
a  plusieurs  ouvrages  de  longue  haleine  prêts  à  voir  le  jour. 

«Enfin,  un  essai  de  reproduction  de  quelques  fragments  du  manuscrit 
de  Herrade  de  Landsperg,  si  malheureusement  perdu,  est  en  cours  de 
publication  par  les  soins  de  votre  Comité. 

«Ces  efforts  ne  seront  pas  perdus.  Nous  avons  le  ferme  espoir  qu'ils  en 
engendreront  de  nouveaux,  si  vous  voulez  bien  nous  soutenir  dans  notre 
œuvre  de  conservation.  » 

L'assemblée  écoute  cet  exposé  avec  un  vif  intérêt;  des  remercîmenls 
sont  votés  à  M.  Ringeisen. 

M.  le  président  propose,  au  nom  du  Comité,   de  décerner  à   M.   le       Médainc 

^  eu  vermeil  décernée 

D   Ruhlmann,  ?naire  d'Epfig,  une  médaille  en  vermeil,  pour  reconnaître  ^ 

,  ,       ^    ^  .  M.  le  D' Ruhlmann. 

ainsi  l'assistance  intelligente  et  dévouée  qu'il  a  prêtée  au  Comité  dans  les 
travaux  de  la  restauration  de  la  chapelle  de  Sainte-Marguerite.  Cette 
proposition  est  unanimement  adoptée. 

On  adopte  de  même  celle  de  décerner  le  titre  de  membre  honoraire  à  Ture  de  membre 

'  d'iiorineur 

M.  de  Moiiet,  colonel  du  ^énie  en  retraite,  qui  a  été  obligé  de  quitter    f'Tl'ÎJ'^ 

'  O  '1  Ol  colonel   de  Moilet. 

Strasbourg  par  suite  des  derniers  événements,  après  avoir  l'endu  à  la 
Société  les  services  les  plus  signalés. 

M.  Straub  rappelle  que  l'usage  de  décerner  le  titre  de  membre  d'hon- 
neur à  des  savants  distingués  a  été  suivi  par  la  Société,  dès  le  début,  pen- 
dant plusieurs  années.  Il  cite  M.  Forchhainmcr,  professeur  d'archéologie 


à  l'Université  de  Kiel,  nommé  dans  la  séance  générale  du  27  octobre 
1859;  M.  le  major-général  badois  Krieg- de  Ilocbfelden,  auteur  de  Vllisloire 
de  l'architecture  militaire  au  moyen  âge,  nommé  le  6  décembre  1860,  etc. 

Adjonction  au        M.    Ic   présldcut  cxposc  que,  d'après  les  Statuts,  il  devrait  y  avoir 

Comité   de   trois  i  i  -  -      -       i         .     /-i     i  i  i  i  •  « 

membres       annuellement  une  assemblée  generale  a  Lolmar,  que,  dans  les  dernières 

du  Haut-Rhin.  ^  ;-     l        ' 

années,  l'exécution  de  cette  mesure  a  été  impossible,  qu'il  n'y  a  pas  encore 
eu  moyen  de  reconstituer  à  Colmar  un  sous-comité,  ayant  ses  séances 
régulières  comme  autrefois,  et  traitant  plus  particulièrement  les  affaires 
delà  Haute-Alsace.  En  conséquence,  il  propose  d'adjoindre  temporai- 
rement au  Comité  de  Strasbourg-  MM.  Ignace  Ghauffour  et  Stoffel,  de 
Colmar,  et  M.  Ingold,  de  Cernay.  Adopté. 

''XcomitT"'  ^^  procède  au  renouvellement  partiel  du  Comité.  Les  quatre  mem- 
bres sortants  sont:  MM.  Nessel,  Ringeisen,  Spacli  et  Kraus,  ce  dernier 
n'ayant  été  adjoint  au  Comité  que  provisoirement  pour  remplacer  M.  Eissen, 
décédé. 

Le  nombre  des  votants  est  de  -40;  MM.  Ringeisen,  Nessel,  Kraus  et 
Spacb,  ayant  obtenu  la  majorité  des  voix,  sont  proclamés  membres  du 
Comité. 

Élection  du  piRsi-      M.  Ic  présidcul  dépose  son  mandat,  conformément  aux  statuts;  M.  Straub 
est  réélu  par  acclamation. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  roinité  du  î{  avril  4876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUß. 


Présents  :  MM.   Klotz,   Pcliti,   Ringeisen,   Salomon,   Sengenwald,  de 
ïurcklieim,  Winckler. 

M.  Ingold,  de  Cernay,  assiste  à  la  séance. 

nenouveiioment       Sout  rcnommcs  à  l'unanimité  et  par  acclamation: 

M.  lu  liaion  de  Scbuuenburg,  vice-président; 
M.  Klotz,  trésorier; 

MM.  Gh.  Sclimidt  et  Nessel,  secrétaires; 
M.  Salomon,  conservateur. 


du  Bureau. 


27  — 

M.  le  président  annonce  que  M.  l'abbé  Gyss,  d'Obernai,  lui  a  écrit  pour  i)6mi«sion ofr^ne 
offrir  sa  démission  de  membre  du  Comité,  en  donnant  pour  motif  la  difTi-  mcmbr,. .1,1  con.iié. 
culte  pour  lui  d'assister  aux  séances  du  Comité.  M.  le  président  veut  bien 
se  charger  de  prier  M.  Gyss  de  rester  encore  membre  du  Comité,  au  moins 
jusqu'au  prochain  renouvellement. 

Différentes  personnes,  qui  toutes  habitent  l'Alsace,  sont  proposées  comme  Proposiiions  a-aj- 

,  1      1      1.1        ■  '     '  •  mission. 

membres  de  la  bociete,  savou'  : 

M.  Walter,  architecte  à  Schlestadt,  par  M.  llingeisen; 
M.  Bach,  receveur  d'enregistrement  à  Molsheim,  par  M.  WincUler  ; 
M,  Schlosser,  propriétaire  à  Drulingen,  cl  M.  Déiivaiix,  libraire 
à  Strasbourg,  par  M.  Klotz. 

L'admission  de  ces  messieurs  est  prononcée. 

M.  le  président  communique  un  mémoire  qui  lui  a  été  adressé   oar       Mémoire 

•  '  ■*  r         de  M.  Merck,  sur  la 

M.  Merck,  ancien  membre  de  la  Société,  et  même  conservateur,  qui  en     pj'^repôiicl! 
demande  l'insertion  dans  le  Bulletin. 

Ce  mémoire  porte  pour  titre  : 

«  La  Hache  de  la  pierre  polie,  son  origine,  son.  usage  et  son  culte.  Extrait 
des  ouvrages  de  Le  Hon,  VHomme  fossile,  de  François  Lenormant,  les 
premières  civilisations,  etc.y> 

Le  Comité,  tout  en  accueillant  avec  reconnaissance  la  publication  do 
M.  Merck,  estime  que  la  place  de  ce  mémoire  n'est  pas  dans  un  bulletin 
qui  ne  s'occupe  que  des  monuments  historiques  proprement  dits,  et 
regrette  beaucoup  de  ne  pouvoir  donner  suite  à  la  demande  de  sou 
ancien  collègue. 

M.  le  président  croit  savoir  qu'une  de  nos  anciennes  maisons,  offrant  des  Anciennes  maisons 
détails  intéressants  en  bois  sculpté,  va  être  démolie,  —  et  propose  au  Comité  '  'l»A'"%TnT 

,,„.„.  ,  .       .  .  ,  ,   .  .  .  (le  (lig|iaraltrc. 

d  en  laire  taire  une  description  au  point  de  vue  architcctoniquc  avec  dessin 
et  plan,  peut-être  même  une  photographie. 

M.  Petiti  veut  bien  se  charger  de  faire  faire  ce  travail  pour  le  compte 
de  la  Société. 

M.  Salomon  veut  bien  se  charger  des  dessins  et  plan  de  la  maison  sise 
rue  de  l'Ail,  4,  qu'il  est  en  train  de  faire  démolir,  et  donne  des  détails 
intéressants  sur  cette  construction. 

A  ce  sujet  M.  Klolz  propose  qu'il  soit  mis  à  la  disposition  de  M.  le  cré,iii  aiioné  pour 
président  une  somme  de  400  fr.  avec  faculté  poui"  lui  de  faire  relever  le    '.""fai"  faire"* 

,  n    .  ,  .  ,  .  .  .  .  .  éventuellement. 

plan  ou  laire  dessiner  des  maisons  ou  constructions  anciennes,  qui  seraient 
éventuellement  condamnées  à  disparaître.  —  Adopte. 


—  28  — 
Sarcophage méro-      ^\  Rinrrciseii  01)1101106  0110  iM.  Rock,  maire  de  Benfcld,  fait  hommage 

vingien  de  o  J  '  '  ^ 

"■  "DenfeTd''"''  i^  la  Société  (lu  grand  sarcophage  mérovingien,  trouvé  par  lui  dans  sa 
propriété,  et  dont  M.  Uingeisen  a  déjà  rendu  compte  à  la  réunion  générale 
de  la  Société.  —  Remercîments. 
La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 


Séance   du   Comité   du   8   mai   1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  l'abbé  Guerber,  Kraus,  Ringeisen,  Salomon,  Sengenwald, 
Winkler,  G.  Schmidt,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  3  avril  1876  est  approuvé  tel  qu'il  a 
été  publié. 

4°  Sur  la  proposition  de  M.  le  président,  M.  Alfred  de  Sury,  rentier,  est 
reçu  membre  de  la  Société. 

2°  MM.  Ignace  Chaufîour,  de  Golmar,  et  higold,  de  Gernay,  s'excusent 
de  ne  pas  pouvoir  assister  à  la  séance. 

Le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  offerts  à  la 
Société  depuis  la  dernière  séance: 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  liistorique  de  la  Charente, 
//  série,  T.  IX,  années  i873  —  1874.  (1  vol.) 

Congrès  arcliéologique  de  France,  XXXVJP  session,  1870,  1871,  1872, 
1873.  {A  vol.) 

Die  Chronik  des  Hans  Fründ,  Landschreiber  zu  Schwitz.  Ghur.iSlö. 

Archiv  für  Schweizerische  Geschichte.  XX^*^""  Band,  1876. 

3"  M.  le  président  donne  communication  d'une  lettre  de  l'autorité  supé- 
rieure, au  sujet  de  la  chapelle  de  S'''^-Marguerite  à  Epfig.  A  cette  lettre 
est  joint  un  rapport  sur  la  même  chapelle  adressé  à  l'autorité  par 
M.  Winkler.  Le  comité  est  d'avis  de  prier  l'administration  supérieure  de 
V(juloir  bien  mettre  à  la  disposition  de  la  commune  d'Epfig  une  somme 
de  2,500  fr.  pour  l'achèvement  de  la  reslauralion  du  monument;  le  comité 
décide  de  donner  pour  le  même  objet  500  fr.  sur  les  fonds  de  la  Société. 


-  29  — 

h^  M.  Dagobert  Fischer,  de  Saverne,  écrit  pour  informer  la  Société 
qu'un  ouvrier  tic  Saverne  vient  de  trouver  dans  la  foret  de  Greifenslcin , 
non  loin  du  château  de  ce  nom,  une  médaille  de  bronze  doré  du  grand 
module,  à  l'effigie  de  l'empereur  Galba  (Servius  Sulpicius),  qui  ne  régna 
qu'un  an  (68  —  69  de  l'ère  chrétienne). 

A.  IMP.  SER.  SVLP.  GALBA.  CAES.  AVG.  TR.  POT. 

Tête  laurée  de  l'empereur,  tournée  à  gauche. 

R.  S.  G.  L'empereur  revêtu  de  son  armure,  debout  sur  une  estrade, 
harangue  des  troupes.  A  l'exergue  ADLOCVT(IO). 

Cette  pièce  intéressante  a  conservé  sa  fraîcheur  primitive,  sans  avoir 
subi  de  détérioration;  elle  vient  d'être  achetée  par  le  musée  de  Saverne. 

5"  M.  G.  Schmidt  communique  la  note  suivante  sur  deux  anciennes  vues 
de  Strasbourg. 

«Les  deux  vues  de  Strasbourg  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  Comité, 
me  paraissent  être  les  plus  anciennes  qui  existent;  pour  ma  part,  du  moins, 
je  n'en  connais  pas  qui  remontent  plus  haut.  La  première  est  tirée  de  la 
Chronique  du  médecin  nurembergeois  Hartmann  Schedel,  publiée  en  1493, 
en  latin  et  en  allemand,  par  l'imprimeur  Antoine  Koberger  de  Nuremberg; 
c'est  un  volume  grand  in-foho,  contenant  des  dessins  de  différentes  villes 
et  des  portraits  de  divers  hommes  illustres.  La  vue  de  Strasbourg  est 
prise  hors  la  porte  de  l'Hôpital,  laquelle  forme  le  milieu  du  tableau;  dans 
le  mur  d'enceinte,  flanqué  de  ses  tours,  on  voit  à  gauche  (du  spectateur) 
l'ancienne  porte  de  S'®-ÉHsabelh;  la  cathédrale  se  dresse  à  une  hauteur 
plus  grande  que  dans  la  réahlé;  à  sa  gauche  on  voit  l'hôpital  avec  sa 
chapelle;  derrière  l'hôpital  la  douane,  et  plus  à  gauche  l'église  de  S'^-Thomas; 
à  droite,  l'éghse  de  S'^^-Madeleine.  Le  dessin,  très-ferme,  révèle  la  main 
d'un  artiste,  bien  que  la  perspective  laisse  encore  beaucoup  à  désirer. 
Au  verso  du  dernier  feuillet  de  la  Chronique  on  lit:  aAdliibilis  tamcu 
viris  malhemaiicis  pingendique  artis  peritissimis  Michaele  Wol(/c77Wt  cl 
Wilhelmo  Pleydenwurff,  quarum  solerti  acmiratissimaque  animadversione 
tum  civitatum  tum  illustrium  virorum  figurœ  inserlœ  sunt.y>  Je  ne  sais 
rien  de  Guillaume  Pleidcnwurff;  mais  Michel  Wolgemut  est  connu  comme 
un  des  meilleurs  peintres  et  sculpteurs  en  bois  de  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle;  on  possède  aussi  de  lui  des  gravures  sur  bois,  remar- 
quables par  une  certaine  tendance  à  rendre  les  effets  de  la  lumière  et  de 
l'ombre;  cette  même  tendance  est  visible  sur  le  premier  plan  de  notre 
planche,  qui  est  formé  par  un  terrain  couvert  d'arbres;  l'œuvre  peut  donc 
être  attribuée,  avec  beaucoup  de  probabilité,  à  Michel  Wolgemut. 


—  30  — 

«La  seconde  vue  de  Strasbourg  se  trouve  à  la  finde  la  première  édition 
du  Heilir/enlefien  de  Sébastien  Brand,  qui  parut  chez  Griininger  à  Strasbourg 
en  1502,  et  dont  un  exemplaire  est  conservé  ô  la  bibliothèque  de  l'abbaye 
d'EinsiedIen  en  Suisse.  Les  éditions  suivantes  de  cet  ouvrage  n'ont  plus  la 
gravure,  mais  elle  est  reproduite  à  la  fin  d'un  recueil  de  sermons  de 
(Icik'r  de  Kaisersberg,  imprimé -en  1515,  également  chez  Grïminger,  et 
intitulé  Evanijdibiich.  La  vue  est  prise  hors  les  portes  de  Pierres  et  de 
Saverne;  au  milieu  est  la  cathédrale,  l'église  de  S' -Thomas,  bien  moins 
correctement  dessinée  que  sur  la  planche  de  1493,  se  voit  à  droite. 
Au-dessus  de  Strasbourg  est  l'image  de  la  Vierge,  comme  pationne  de  la 
ville;  des  deux  côtés  de  cette  dernière  est  le  jugement  final;  à  gauche 
vers  le  haut,  les  planètes  sous  forme  humaine;  dans  les  deux  coins  du 
haut,  des  personnifications  des  vents.  Le  fond  est  une  mer,  sur  laquelle 
trois  nacelles,  dans  chacune  un  homme  présentant  à  la  Vierge  un  livre; 
au-dessus  de  l'une  des  nacelles  est  écrit  S.  Brand,  au-dessus  de  la  seconde 
S.  MBU;  sur  la  troisième  il  y  a  les  huit  lettres  ATSAMNVN;  le  personnage 
qui  occupe  cette  barque  est  en  costume  monacal  et  un  ange  lui  tend 
une  couronne.  Le  livre  que  Sébastien  Brand  offre  à  la  Vierge,  est  évidem- 
ment son  Heiligenleben.  S.  MRH  est  peut-être  le  chanoine  Sébastien 
Murrlion,  de  Colmar,  qui  entre  autres  avait  écrit  un  commentaire  sur  les 
deux  premières  Parlhenicœ  du  carmélite  Baptiste  de  Mantoue,  dont  l'une 
est  consacrée  à  l'éloge  de  la  Vierge,  l'autre  à  celui  de  S^*^  Catherine; 
Brand  venait  de  publier  ce  commentaire  en  1501.  Quant  à  ATSAMNVN, 
cela  ne  peut  être  qu'une  méprise  du  graveur;  je  suis  porté  à  croire  qu'il 
aurait  dû  mettre  UATSAMHVSEN.  Le  seul  membre  de  la  famille  de 
ce  nom  qui  soit  connu  pour  avoir  appartenu  à  un  ordre  monastique,  est 
Philippe  de  Uatsamhausen,  en  1301  abbé  de  Pœris  dans  la  Haute-Alsace, 
depuis  1305  évêque  d'Eichslädt  et  mort  en  1322.  Il  est  l'auteur  d'une  vie 
de  S'®  Walburge  {Acta  SS.,  25  février)  et  d'un  traité  sur  quelques  saints 
particulièrement  vénérés  à  Eichstädt  {de  ecclesiœ  Eyslellensis  divis 
lidelaribus.  Ingolsz  1C17,  4'°).  La  couronne  tendue  au  personnage  désigné 
par  les  lettres  atsamnun  ijidique  qu'au  moment  de  l'exécution  du  dessin 
il  ne  vivait  plus;  et  comme  les  livres  offerts  à  la  Vierge  par  Brand  et  par 
Murrlion  sont  des  vies  de  saints,  on  doit  admettre  que  celui  que  tient 
Alsamnuu  traitait  de  sujets  analogues.  Je  crois  donc  qu'il  s'agit  de 
Philippe  de  Batsamhausen. 

«Quoi  qu'il  en  soit,  la  composition  de  l'image  qui  réunit,  d'une  manière  si 
bizarre,  l'allégorie  et  la  réalité,  me  paraît  être  conçue  })ar  Brand  hu- 
même.  Elle  l'appelle  (inel<|n('S-uns  des  dessins  qui  ornent  son  édition  de 


—  31  - 

Virgile;  les  divinités  surtout  qui  représentent  les  planètes,  sont  figurées 
exactement  comme  dons  ce  livre;  on  les  retrouve  de  Jiiême  sur  la  feuille 
volante  que  Brand  publia  en  1504:  Von  der  ivundcrUclien  Zusammenfwjunfj 
der  Planeten. 

«J'ajouterai  que  sur  les  deux  planches,  la  cathédrale,  vue  fantastiquement 
sous  des  angles  impossibles  afin  que  chaque  fois  on  puisse  apercevoir  la 
rosace,  est  remarquable  à  cause  d'une  sorte  de  construction  qui  s'élève 
sur  la  plate-forme;  sur  la  gravure  de  1493  c'est  comme  une  galerie  en- 
tourant la  plate-forme  et  composée  de  grands  arceaux  en  ogive;  sur  celle 
de  1502  c'est  comme  une  tourelle  fort  élégante.  Ces  détails  sont-ils  un 
produit  de  l'imagination  des  artistes,  ou  a-t-il  existé  quelque  chose  de 
ce  genre  à  la  fin  du  quinzième  et  au  commencement  du  seizième  siècle? 
Geiler  de  Kaisersberg,  parlant  dans  un  de  ses  sermons  de  la  cathédrale, 
mentionne  trois  tours,  dont  deux  ne  sont  que  commencées:  aWir  haben 
drei  thürn  und  einen  der  uszgemacJd  ist,  den  mögen  wir  kuni  in  bmv 
halten;  die  andern  seind  ungefangen,  bis  wen  werden  sie  uszgemacht?  d 
(Evangelia  mit  Uszlegung.  Strasb.  1517,  f°  223.)  Dans  les  griefs  qu'en 
janvier  1501  il  remit  au  magistrat,  il  se  plaint  en  outre  que  les  revenus 
de  l'Œuvre  Notre-Dame  ne  soient  pas  employés  exclusivement  à  l'entre- 
tien de  l'édifice.  Mais  quelles  sont  les  deux  tours  non  achevées?  En  tout 
cas,  le  passage  du  sermon  ne  paraît  pas  se  rapporter  à  ce  qu'on  voit  sur 
les  deux  gravures.» 

6°  M.  Salomon  met  sous  les  yeux  du  comité  un  dessin  de  la  maison, 
rue  de  l'Ail  n*'  4,  qui  vient  d'être  démolie.  Il  se  réserve  de  donnei',  dans 
une  prochaine  séance,  quelques  détails  historiques  sur  le  bâtiment  et  sur 
ceux  qui  l'ont  habité. 

7^  M.  Winkler  communique  un  fragment  d'une  inscription,  trouvé  dans 
le  dallage  du  porche  de  l'éghse  de  Dorhsheim.  Il  est  tellement  usé  par  les 
pieds  des  passants  qu'on  peut  à  peine  en  déchiffrer  quelques  syllabes. 
M.  Winkler  a  l'espoir  d'obtenir  d'autres  fragments,  provenant  de  la  même 
pierre;  il  sera  peut-être  possible  alors  de  déterminer  le  texte  de  l'in- 
scription. 

8"  M.  Kraus  dépose,  au  nom  de  M.  Mitscher,  une  brochure  que  ce 
dernier  vient  de  publier  sur  la  cathédrale.  —  Le  comité  vote  des  remercî- 
ments  à  M.  Mitscher. 

La  séance  est  levée. 


S«'anfe   du   roiiiité   du    12  juin  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Gucrbcr  Victor,  Pctiti, Ringeisen,  Salomon,Sengen\vald, 
Nessel,  secrétaire  en  fonctions.  M.  de  Pœllnitz  assiste  à  la  séance. M, Ignace 
GhaufTour,  de  Colmar,  s'excuse  par  lettre. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  adopté  sans  discussion. 

Le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  : 

Anzeige?'  für  lùmde  der  deutschen  Vorzeit,  1875. 

L'Émulation  jurassienne,  mars  et  avril  1876. 

Kieler  Stadibuch,  herausgegeben  von  Dr.  Ilasse. 

Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique,  V^  et  2®  livraisons. 

Recueil  delà  Société  archéologique  du  département  de  Constantine,  1875. 

Verhandlungen  der  gelehrten  Estnischen  Gesellschaft  zu  Dorpat. 
VIII.  Band,  3.  Heft. 

Sitzungsberichte.  Dorpat,  1875. 

Zeitschrift  der  Gesellschaft  für  Schleswig -Holstein-Lauenburgische  Ge- 
schichte. VI.  Band. 

M.  le  président  propose  l'admission  de  M.  Abt,  curé  de  Leimbach, 
comme  membre  de  la  Société. 

M.  le  président  communique  une  lettre  de  M.  Schlosser,  propriétaire  à 
Drulingen,  membre  delà  Société,  qui  annonce  la  découverte  d'un  monu- 
ment antique. 

En  creusant  une  fosse  au  nouveau  cimetière  de  Lohr,  commune  du  can- 
ton de  La  Petite-Pierre,  des  ouvriers  ont  mis  à  jour  un  bas-rehef  de 
Mercure;  le  dieu  porte  sur  son  bras  gauche  un  petit  génie  ailé,  qui  lui 
tend  le  symbole  habituel,  la  bourse;  à  ses  j)ieds  se  trouve  le  bouc;  à  la 
partie  supérieure  on  voit  les  restes  d'une  inscription  votive.  Malheu- 
reusement le  monument  a  beaucoup  souffert  et  est  brisé  et  endommagé 
en  plusieurs  endroits.  Déjà  à  plusieurs  reprises  des  subslructions  et  des 
sépultures  antiques  ont  été  rencontrées  en  cet  endroit. 

Le  comité  reçoit  cette  communication  avec  le  plus  vif  intérêt,  et,  après 
une  discussion  dans  laquelle  plusieurs  membres  font  ressortir  l'imporlance 
de  ces  découvertes  pour  l'histoire  locale  et  la  nécessité  de  conserver 
ciia;inl  (juc  pu.s.sil)le  les  monuments  à  l'endroit  même  où  ils  sont  trouvés, 


-  33  - 

considérant  que  c'est,  enlever  à  ces  témoins  d'un  autre  âge  une  grande 
parlie,  sinon  la  plus  imporlantc  de  leur  intérêt,  que  de  les  enlever  de  leur 
lieu  originaire,  décide  de  prier  M.  Schlosser  de  vouloir  bien  porter  ses  soins 
pour  que  le  bas-relief  restauré,  autant  que  faire  se  pourra,  soit  encastré 
dans  le  mur  du  cimetière  de  Lohr,  à  l'abri  des  dégradations.  Il  met  évon- 
luellement  à  la  disposition  de  M.  le  président  la  somme  nécessaire  pour 
exécuter  ce  petit  travail. 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  note  de  M.  D.  Fischer,  de  Savernc, 
sur  le  sceau  de  la  commune  de  Westhofcn,  qui  faisait  partie  du  comté 
de  Ilanau-Lichlenbcrg-.  La  matrice  de  ce  sceau,  dont  s'est  enrichi  le  musée 
de  Saverne  et  dont  deux  empreintes  sont  jointes  à  la  note,  donne  à  la 
commune  de  Westhofen  des  armoiries  différentes  de  celles  qui  lui  sont 
attribuées  par  l'armoriai  général  d'Alsace. 

«L'écusson  est  chargé  de  trois  cotices  et  d'un  heanmc  ouvert,  surmonté 
d'un  col  de  cygne,  posés  en  pal  et  brochant  sur  le  tout.  Cet  écusson 
est  en  outre  accompagné  de  six  roses,  quatre  en  chef  et  une  de  chaque 
côté;  il  porte  pour  légende: 

S  .  DER  •  STAT  •  WESTHOFEN  •  1  •  6  •  3  •  7  • 

«La  petite  ville  de  Westhofen  avait  selon  toute  probabilité  adopté  pour 
ses  armoiries  et  placé  dans  son  écusson  le  heaume  qui  timbrait  l'écusson 
des  comtes  de  Ilanau-Lichtenberg-,  ses  seigneurs  territoriaux,  et  qui  était 
surmonté  d'un  col  de  cygne. 

«Lorsque  le  gouvernement  de  Louis  XIV  fonda,  en  IGOC,  la  grande 
maîtrise,  qui  fut  chargée  de  rédiger  un  armoriai  général  et  d'enregistrer, 
après  vérification,  les  blasons  de  toutes  les  personnes  et  de  toutes  les 
corporations,  des  villes  et  des  communautés,  la  commune  de  Westhofen 
présenta  son  sceau  au  bureau  d'enregistrement,  qui  était  établi  à  Strasbourg. 
Mais  les  employés  de  ce  bureau  à  la  fois  héraldique  et  fiscal  ne  paraissent 
avoir  examiné  que  d'une  manière  superficielle  l'empreinte  du  sigillé 
qu'ils  avaient  à  blasonner,  car  ils  l'ont  complètement  défigurée.  Les  ar- 
moiries qu'ils  ont  données  à  la  commune  de  Westhofen  :  d'azur  à  une 
tête  et  col  de  cheval  coupés  d'or  et  trois  cotices  de  gueules  brochant  sur 
le  tout',  ne  paraissent  être  que  des  armoiries  de  fantaisie  et  sont  toutes 
différentes  de  celles  gravées  sur  son  sceau.» 

Remercîments  et  dépôt  dans  les  archives. 

1.  Armoriai  d'Alsace,  p.  49. 
T.  X.  -  (p.-v.)  3 


—  :Vt  — 

M.  Ernest  Lelir,  aujourd'hui  professeur  à  Lausanne,  écrit  à  M.  le  prési- 
dent pour  exprimer  le  vœu  de  voir  reproduire  dans  le  Bulletin,  en  fac- 
similé  ou  en  pljotograpliie,  les  deux  anciennes  vues  de  la  cathédrale  de 
Strashour,?,  communiquées  dans  la  dernière  séance  par  M.  C.  Schmidt. 
Plusieurs  memhres,  absents  lors  de  la  dernière  séance,  ne  connaissant 
pas  ces  gravures,  le  comité,  après  discussion,  ajourne  sa  décision  jusqu'à 
plus  ample  informé  sur  la  valeur  des  vues  en  question. 

M  le  curé  Gucrber  donne  lecture  d'une  notice  nécrologique  sur  M.  Louis 
Levrault,  ancien  mcmbie  du  comité,  dont  la  Société  a  eu  récemment  à 
déplorer  la  perle.  Le  comité  joint  ses  regrets  à  ceux  de  l'auteur  et  vote 
l'insertion  de  la  notice  au  Bulletin. 

M.  le  président  signale  la  perte  d'un  autre  membre  de  la  Société, 
.M.  Deharbe,  curé  d'Andlau,  et  rappelle  les  services  qu'il  a  rendus. 

«La  nomination  de  M.  Deharbe  à  la  cure  d'Andlau,  dit  M.  Straub,  ne  fut 
«pas  seulement  une  bonne  fortune  pour  les  habitants  de  cette  ville,  dont  il 
«  a  été  pendant  trente  ans  le  pasteur  zélé  et  charitable,  mais  encore  pour 
«  la  belle  église  que  nous  admirons  aujourd'hui,  et  qui  se  trouvait  alors  dans 
«  un  état  déplorable  d'abandon  et  de  dégradation.  La  commune  et  la  fa- 
«  briipie  de  l'église  mancjuaient  des  ressources  nécessaires  pour  une  res- 
<  laination  aussi  importante;  l'État  lardait  d'entreprendre  cette  œuvre 
<-  diflicile  et  coûteuse,  qui  risquait  d'être  ajournée  indéfiniment,  parce  que 
«  la  solidité  de  l'édifice  ne  paraissait  pas  compromise.  Dans  cet  état  de 
«choses,  .M.  Deharbe  n'hésita  point  de  se  charger  tout  seul  du  travail  de 
«  restauration,  et  de  consacrer  une  notable  partie  de  sa  fortune  à  cette  en- 
«ireprise  de  piété  patriotique.  Il  se  mit  à  l'œuvre  hardiment,  soignant,  di- 
«  rigeanl  tous  les  travaux,  suivant  les  moindres  détails,  et  grâce  à  ses  soins 
«  éclairés  et  à  ses  sacrifices,  il  rendit  à  l'édifice  sa  splendeur  primitive. 

«  L'intérieur  de  l'église  fut  débarrassé  du  badigeon  dont  le  mauvais  goût  du 
•  siècle  passé  l'avait  couvert;  les  remarquables  stalles  du  quatorzième  siècle, 
«'  dont  les  délicates  ciselures  étaient  à  peine  reconnaissables  sous  les  couches 
«!  multipliées  de  peinture  à  l'huile,  furent  retirées  de  la  crypte  où  on  les 
l'avait  reléguées  comme  vieux  meubles  hors  d'usage,  nettoyées  avec 
'.  soin  et  replacées  au  cbojur  de  l'église,  dont  elles  sont  aujourd'hui  un  des 
«principaux  ornements;  la  châsse,  qui  renferme  les  reliques  de  sainte 
'  l'.ifh.'iidc,  fut  restaurée  avec  goût,  etc. 

«  Dans  tous  ces  travaux,  M.  Deharbe,  qui  avait  un  souverain  respect 
"  ()0ur  les  œuvres  d'art  confiées  à  sa  garde,  procédait  avec  unccirconspec- 
«lion  rare,  se  faisant  uu  devoir,  dans  les  cas  douteux,  de  consulter  des 


—  35  — 

«  hommes  compétents,  et  ne  reculanl  devant  aucun  sacrifice  pour  arriver  à  la 
«  réaiisalion  de  son  œuvre.  Il  se  préoccupail  moins  de  doler  lY',i;lit>c  d'œuvres 
«nouvelles,  que  de  conserver  pieusement  toutes  celles  qu'elle  possédait 
«  déjà,  et  de  les  remettre  en  honneur,  à  quelque  style  qu'elles  appartinssent. 

«C'est  à  ce  principe  sage  que  nous  devons  la  conservation  et  la  reslaura- 
«  lion  intellii^ente  dcplusicurs  travaux  du  dix-huitième  siècle  de  haute  valeur, 
«comme  la  chaire,  quelques  autels,  etc. 

«En  séance  générale,  tenue  à  Strasbourg  le  5  décembre  1801,  la  Société 
«consacra,  dans  la  limite  de  ses  moyens,  le  mérite  de  M.  Deharbe,  eu  lui 
«décernant  une  médaille  en  vermeil,  et  aujourd'hui  elle  ne  peut  que  rocon- 
«  naître  de  nouveau  l'imporlance  de  l'œuvre  accomplie  et,  en  déplorant  la 
«  perte  de  cet  homme  de  bien  et  d'abnégation,  rendre  un  solennel  hommage 
«  à  son  goiil  et  à  son  zèle  dévoué  pour  la  conservation  des  monuments.  » 

M.  Guerber  communique  une  note  sur  Alban  Wôlfelin,  Schultheis  de 
Ilaguenau  au  milieu  du  treizième  siècle,  destinée  à  réhabiliter  la  mé- 
moire de  ce  fonctionnaire  vis-à-vis  des  imputations  légendaires  amassées 
contre  lui.  Le  comité  vote  l'impression  de  cette  notice. 


Dans  la  note  de  M.  C,  Schmidt,  sur  deux  anciennes  vues  de  Strasbourg 
(Procès-Verbaux,  n°  3),  le  lecteur  est  prié  de  coniger  les  errata  suivants: 

Page  24,  ligne  dernière  et  p.  25,  ligne  2,  il  faut  lire:  Pleidenwurß'(i>f)üü 

lieu  de  Plcidenwurst. 
Page  25,  ligne  il  d'en  bas,  M  II  II  au  lieu  de  R  M  IL 
Page  26,  ligne  19  arceaux  au  lieu  de  cerceaux. 
Page  26,  ligne  27  Evangelia  au  lieu  de  EvangeUo. 


Séance  du  Comité  du  iO  juillet  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Kraus,  Ingold,  Ringeisen,  Rod.  de Türckheim,  Winkler, 
G.  Schmidt,  secrétaire.  M.  Mitschcr,  membre  de  la  Société,  assiste  à  la 
séance.  M.  Ignace  Chauffonr,  de  Golmar,  s'txcuse  par  lettre. 

Le  procès-verbal  du  12  juin  est  approuvé  tel  qu'il  a  été  pid)lié. 


—  so- 
ie President  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  : 

Annales  de  la  Société  d'ar/ricuUure,  industrie,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  du  département  de  la  Loire.  T.  XIX.   1875. 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie.  1870,  n"  1. 

Congrès  archéologique  de  France,  :IS74. 

Bulletin  de  l'Institut  des  provinces  de  France.  Juillet  187G. 

^fé^noires  de  la  Société  littéraire,  historique  et  arcliéolof/iquc  de  Lyon. 

187  i- 1875. 

^inth  annual  report  of  the  Trustées  of  the  Peahodi/  Museum  of  ame- 
rican  archeolor/)/  and  ellinolof/i/.  \\)n\  187G. 

L'émulation  jurassienne.  V^  année,  mai  1870.  Délémont. 

1.  M.  le  président  donne  lecture  d'une  lellre  de  M.  Schlosser,  annon- 
çant que  des  mesures  ont  été  prises  pour  que  le  Mercure  trouvé  cà  Dru- 
lin,uen  soit  transféré  au  musée  de  Saverne,  et  donnant  la  description 
d'une  monnaie  romaine  en  argent  qu'on  a  découverte  à  Mackwiller. 

2.  Le  même  communique  une  lettre  de  M.  Sliclianer,  Kreisdirehtor  à 
^Yissembourg•;  il  en  résidle  que  l'autorité  supérieure  a  accordé  pour  la 
restauration  de  l'église  collégiale  de  ladite  ville  une  somme  de  8000  marcs. 
On  décide  de  porter  à  1250  fr.  la  subvention  de  1000  fr.  que  la  Société 
avait  votée  précédemment;  si  l'année  prochaine  les  travaux  sont  en  cours 
d'exécution,  le  comité  se  réserve  d'y  contribuer  par  un  nouveau  secours. 

3.  M.  Ringeisen  donne  quelques  renseignemcnls  sur  les  travaux  qui 
doivent  être  faits  au  chàlcau  de  IIoh-Kœnigsbourg-. 

4-.  Sur  la  proposition  de  M.  Rod.  de  Türckheim,  M.  Léon  Scheidecker, 
fiibricant  à  Luizelhouse,  est  reçu  membre  de  la  Société. 

5.  M.  le  professeur  Kraus  entretient  le  comité  de  plusieurs  documents  qui 
intéressent  l'histoire  de  la  construction  de  la  cathédiale  de  Strasbourg, 
et  qu'il  a  trouvés  aux  archives  de  TtKuvre  Notre-Dame.  11  en  cite  plusieurs 
(|Mi  lixent  d'une  manière  plus  précise  (ju'il  n'a  été  fait  jusqu'ici,  l'époque 
où  les  architectes  les  plus  notables  du  XV®  siècle  ont  été  chargés  de  l'œu- 
vre. Ces  documents  permettent  d'établir  que  maître  Ulrich  d'Ensingcn  y 
enlia  dès  l.jOS  et  resta  chargé  de  la  direction  des  travaux  jusqu'en  1418; 
que  Jean  IliÜtz,  de  Cologne,  dont  l'origine  est  pour  la  première  fois  prou- 
vée par  un  dociniutil,  dr  r('p(»(|ue,  succéda  à  Ulrich  d'Ensingen  en  1419 
et  resta  en  foiirtions  iii>qn';'i  sa  mort,  arriv<''e  en  1440;  (pie  Mathieu  d'En- 


on 
—   o  J   — 

singen,  fils  d'Ulrich,  fut  cliai'gé  de  l'œuvre  en  1150,  mais  pendant  fort 
peu  de  temps,  et  quitta  sa  cliai'gc  à  la  suite  de  démêlés  assez  désagréaiiles 
avec  le  Magistint,  puur  accc|)ter  la  mission  de  construire  la  calliédialc 
d'Ulm.  Il  ressort  d'un  de  ces  documents  que  Jean  Ilammcrer  de  AVerdc, 
auquel  la  cathédrale  doit  la  chaire  consti'uile  pour  le  prédicateur  Geiler, 
fut  appelé  à  l'œuvre  en  1486.  Son  litre  d'installation  est  du  jdus  haut 
intérêt  sous  divers  rapports.  Toutes  ces  pièces  seront  puhliées  dans  la 
2°  partie  du  premier  volume  «  Kunst  und  AUerlhum  in  Elsass-Lolhringenfi . 

M.  le  professeur  Kraus  expose  ensuite  les  fac-similé  de  deux  docu- 
ments conservés  aux  archives  de  l'Œuvre  Notre-Dame  et  très-importants 
pour  l'histoire  d'Erwin  et  de  sa  famille.  L'un  est  un  acte  de  vente  conclu 
en  1388,  en  présence  des  fabriciens  de  l'œuvre  et  d'autres  personnes; 
parmi  les  témoins  figurent:  maître  Gerlin  (Gerlach?)  Erwine,  maître 
Erlewin,  maître  Jean  Winling.  Le  second  diplôme  est  encore  plus  impor- 
tant. C'est  également  un  acte  de  vente,  daté  de  1284,  conclu  en  présence 
de  maître  Wehelin  LoJinherr  et  d'Erwin,  architecte. 

Il  est  à  remarquer  que  le  nom  d'Erwin  est  écrit  sur  une  rature  et(ju'on 
peut  se  demander  si  ce  nom  n'a  pas  été  postérieurement  substitué  à  un 
autre;  le  doute  est  très-légitime.  Ce  document,  le  seul  qu'on  ait  trouvé 
jusqu'ici,  présentant  le  nom  du  célèbre  architecte,  sera  reproduit  par  la 
photographie  et  figurera  dans  l'ouvrage  cité. 

Enfin  M.  Kraus  met  sous  les  yeux  du  comité  deux  titres  de  1408  et 
1482.  Le  premier  est  une  plainte  du  Magistrat  de  Lindau  adressé  à  celui 
de  Strasbourg;  le  second,  une  lettre  du  margrave  Frédéric  de  Bade,  por- 
tier du  grand  chapitre  de  Strasbourg,  adressée  au  même.  Ces  deux  lettres, 
qui  seront  textuellement  publiées  dans  le  Bulletin^  établissent  qu'on  faisait 
débit  de  livres  (manuscrits)  suj' la  terrasse  qui  précède  le  portail  du  transept 
sud  de  la  cathédrale  et  qu'on  appelait  alors  avff  den  Grelen)');  il  en  ressort 
que  semblable  vente  ne  se  faisait  pas  seulement  à  Strasbourg  aux  poitcs 
de  la  cathédrale,  mais  encore  dans  d'autres  endroits  à  l'entrée  des  églises 
et  des  abbayes,  a  An  andern  Enden,  v  ff  vil  SUfflen;  auch  fjeicon/ich^  das 
man  au  soUichcn  Stelen  vor  der  grelen,  vnd  Kirchthüren  bilcherc  fojlc 
hatt  vnd  die  an  den  enden  weysz  zu  finden.)) 

6.  M.  Rodolphe  de  Türckheim  donne  lecture  d'une  notice  sur  (juclqucs 
pierres  funéraires  des  XIV°,  XV®  et  XVP  siècles  au  monastère  de  Trutten- 
hausen: 

((  J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  comilé  la  description  de  (picl(]ucs 
pierres  funéraires  des  X1V°,  XV°  et  XVP  siècles  (jui  se  trouveiil  dant  un 


—  38  — 

parfait  état  de  conservation  dans  un  jardin  qui  occupe  la  place  de  l'ancien 
Klostergami  du  prieuré  de  Trultenliausen,  fondé,  comme  chacun  sait^ 
vers  la  lin  du  XIP  siècle  par  lierrad  de  Landsperg,  d'illustre  et  sympa- 
thique mémoire. 

«  1.  La  première  et  la  plus  ancienne  de  ces  pierres  mesure  S'^jOG  de 
long,  sur  une  largeur,  en  haut,  de  r",40,  en  bas,  de  i"VlO,  et  est  divisée 
par  le  milieu  de  la  longueur  en  deux  parties. 

•1  Sur  le  pourtour  se  lit  l'inscription  suivante  en  caractères  gothiques- 

^mui  pnmiui  M  •  CGC  •  XLVIII 

0    (1348) 

|àûU  JïuUi.  obiit  Cgcuolfue 

miles  tit  l'an'îiesbcrfl.  anima 

ejus  rquicscat  in  pacc.  ^^men 

fi  Sur  la  partie  supérieure  se  lisent  les  armes  de  Landsperg,  l'écu  incliné 
ou  couché,  avec  le  heaume  du  XIV^  siècle  assis  sur  l'angle  sénestre. 

«Au  bas  de  cet  écusson,  sur  une  bande  qui  divise  la  pierre  en  deux 
parties  égales,  se  lit  celte  inscription,  que  je  reproduis  autant  que  pos- 
sible avec  ses  caractères  originaux  : 

c 

^    î»    m    fcc  •  rrniiii 
0  II   llntki  •  î>  •  Jîimol)olt3  Ij 

«  Au-dessus,  c'est-à-dire  dans  le  compartiment  de  dessous,  se  trouve 
dans  la  même  position  que  l'écusson  de  Landsperg,  indiqué  plus  haut,  un 
écusson  paie  de  six  pièces  dont  les  émaux  ne  peuvent  naturellement  pas 
se  distinguer.  On  ne  retrouve  ces  armes  dans  aucune  de  celles  de  nos 
anciennes  familles  d'Alsace. 

«2.  La  seconde  pierre,  dans  l'ordre  chronologique,  mesure:  S'",!^  de 
long  sur  02^"™  de  large  et  porte  cette  inscription  : 

a  AiUio  ihii  M-  CCCC-  XII.  iiij.  Kal.  maji.  0  /obiil/  vcnerabilis  domimis 
Johannes  Tlieod.  rpwndani  plebanus  in  supcriori...  (puis  un  mot  à  peu 
près  illisible  et  qui  ressemble  à  ce  qui  suit):  ...  ehenhe- a'",  qui  doitsigni- 
lier  sans  doute:  Eheuheim  ()b  Superior  Ehenheim,  ce  serait  «  Obernai  » 
mais  je  n'ai  pas  trouvé  trace  jusqu'à  présent  dans  le  savant  ouvrage  de 
notre  collègue,  M.  l'abbé  Gyss,  d'un  curé  du  nom  de  Johannes  Theodorus, 
f.-t  üjjpartenant  à  la  ville  d'Obernai;  puis  (à  la  place  de  cujus)  anima 
rctjniesrat  in  jKire.  Amen. 

«  L'iiiléi'icur  purto  miic  »l'oix  simple  ornée  du  calice. 


—  39  — 

«3.  La  troisième  pierre  mesure:  2"\I2  sur  85*^'"  de  large  cl  porte  sur 
un  écu  échancré  ù  séneslre  les  armes  d'Andlau,  «d'or  à  la  croix  de 
gueules  »,  et  l'inscription  suivante  : 

«  Aniio  doiuinl  M-  CCCC ■  XXX-  III  •  Mil  ■  yd^  ■  autjusLl  •  obiil  fnUcr 
peter  in  aniniis  de  andelo  comilesus  (sie!)  luijus  donnes,  cujus  anima  re- 
quieseal  in  paec.  amen. 

«  L'écusson,  qui  occupe  la  partie  inférieure,  est  surmonté  d'une  croix 
simple,  qui,  sans  autre  ornement  ou  emblème,  occupe  le  reste  du 
champ. 

«  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Schmidt  un  renseignement 
sur  l'existence  d'un  Peter  von  Andelo,  qui  a  vécu  en  1412,  est  appelé 
dans  un  acte  de  cette  date  «  lier  Peler  von  Andelo  »  et  a  possédé  des 
biens  dans  la  banlieue  d'Eckwershcim,  mais  voilà  tout. 

((  4.  La  quatrième  pierre  mesure  2"',i0  de  long  sur  l"V10j  et  porte 
l'inscription  suivante  : 

€  Anno  millesimo  quingentesimo  decimo  XV- Kals  •  de{eembr)is  ■  obiit 
venerahilis  dominus  Adam  Pétri?  (sans  doute  Adam,  fds  de  Pierre)  prœ- 
positus  in  Sarwerda  cornes,  abbas  noster  cujus  anima  requieseat  in  pace. 
amen. 

«  L'intérieur  porte  l'image  très-bien  creusée  d'un  abbé  [)orlant  de  la 
main  gauche  appuyée  sur  son  cœur  le  calice  à  base  trilobée. 

«  Les  draperies  sont  très-bien  faites  et  l'ensemble  est  plein  de  grâce. 

«  5.  La  cinquième  pierre  enlin  mesure  i'",80  de  long  sur  Oo*^'"  et  porte 
l'inscription  suivante  : 

«  Anno  dni  millesimo  quiiigeidesimo  vicesimo.  tertio  decimo  Ivtl.  Ja- 
nuarii  O  ipbiit)  venerabiUs  pater  Johannes  de  Sonspach,  prior  liujns 

domus.  cubet  féliciter (la  suite  de  l'inscription  est  très-diiïîcile  à  lire, 

mais  on  peut  déchinVer,  quoiqu'avec  peine,  à  peu  près  ce  qui  suit):  hic 
requies  mea  \  in  secidum  seculi  |  hic  Iiabitabo  \  quonicun  eleyi  eam  \ 

«Cette  pierre  tombale  est  celle  de  Jean  VI  de  Schonbacli,  d'autres  disent 
«Sanspach»  ou  «  Sonspach  »,  l'avant-dernier  prieur,  que  les  auleurs  qui 
ont  écrit  sur  le  monastère  de  Truttenhausen  font  mourir  en  1520  seule- 
ment. L'intérieur  du  champ  ne  porte  que  le  calice  à  base  trilobée.  Les 
paroles:  hic  habitabo  etc.  se  trouvent  immédiatement  au-dessous. 


w  — 


«  6.  Je  citerai  enfin  une  pierre  votive,  vouée  à  sainte  Odile,  pierre  à 
peu  près  cubique,  formant  aciuellement  l'un  des  côtés  d'une  entrée  de 
jardin,  et  portant  sur  sa  face  l'inscription  suivante,  infiniment  moins 
inicrcssantc  que  les  autres: 


J)1V.E  OTIIILI/E 

OFFEIIEDAT  D.  JOANES 

LEONARD  BUEVERICE 

SATRAPA   ET   PROTIIO 

SGRIBA  IN  BARR. 

-1G17.)) 


Séance  du  Comilé  du  28  août  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Chauffour  Ign.,  Ringeisen,  Stoffel,  bibliothécaire  à  Colmar, 
et  Kindler  de  Knoblocli,  membre  de  la  Société.  —  M.  Ringeiscn  remplit 
les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  adopté. 

M.  Ringeisen  donne  des  détails  sur  les  travaux  de  consolidation  et  de 
recherches  exécutés  sous  sa  direction,  pendant  le  cours  de  cette  campagne, 
à  plusieurs  monuments  historiques,  sur  les  fonds  du  département  et  avec 
le  concours  des  propriétaires  et  de  la  Société  des  monuments  histoi'iques 
d'Alsace. 

x\u  Kœnigshonrfj ,  les  voûtes  du  grand  Làtiment,  qui  menaçaient  de  s'é- 
crouler, sont,  cjuant  à  présent,  hors  de  danger.  Les  travaux  seront  repris 
au  beau  temps,  lorsque  les  difficultés  de  comptabilité  seront  levées. 

A  Sainl-Georr/es  de  Sclilesladt,  en  baissant  le  sol  de  la  crypte,  on  a  trouvé 
les  traces  d'un  vaste  mur  circulaire  de  12  mètres  de  rayon,  bien  régu- 
lièrement tracé  dans  la  crypte  et  se  prolongeant  à  l'extérieur  jus(|ue  vers 
rexlrénn'lé  du  croisillon  nord  du  transept.  Selun  hjiile  apparence,  il  existe 
de  même  du  côté  sud,  et  probablement  il  se  complète  à  l'intérieur  de 
l'église  même.  Ce  massif,  avec  son  parement  en  pierres  de  taille  de  moyen 
appareil  cl  d'une  solidité  à  toute  épreuve,  indique  une  construction  anté- 


—  -il  — 

rieure  à  l'épocjoc  gothique  cl  même  romane  de  la  primitive  église  et  ouvre 
la  voie  à  des  recherches  intéressantes  sur  le  monument  qui  a  précédé  les 
transformations  de  l'édifice  chrétien  actuel. 

A  Sainte-Foi,  également  à  Schlcstadt,  en  débadigeonnant  le  narthex  et  les 
tribunes  ajoutées  en  1616,  on  a  trouvé  les  traces  des  anciennes  disposi- 
tions du  mur  de  la  haute  nef  et  des  tribunes  des  bas  côtés.  On  a  égale- 
ment trouvé  les  restes  d'un  chaînage  en  bois,  pratiqué  à  la  naissance  des 
voûtes  lors  de  la  construction  primitive.  Enfin  on  a  mis  à  jour  les  traces 
de  peintures  dont  les  voûtes  d'arête  et  les  arcs  doubleaux  étaient  revêtus. 
Sous  les  couches  successives  de  badigeon  qui  ont  été  superposées,  il  est 
bien  difficile,  malgré  tous  les  soins  possibles,  de  distinguer  les  tracés 
primitifs.  On  croit  reconnaître  des  motifs  grecs  et  romans  mélangés  avec 
le  mode  dit  renaissance.  M.  Ringeisen  pense  que  lors  de  l'établissement 
des  tribunes  on  a  utilisé  ou  rectifié  dans  le  goût  du  jour  la  polychromie 
primitive.  Il  a  suspendu  tout  grattage  de  ces  parties  principales.  Elles 
offrent  trop  d'intérêt  pour  être  laissées  à  l'intelligence  de  simples  ouvriers. 
Il  pense  que  le  Comité  devrait  allouer  un  crédit  de  300  fr.  pour  faire  des 
recherches  consciencieuses  et  produire  des  calques  et  des  relevés  exacts 
de  ces  peintures,  ainsi  que  de  celles  encore  existantes  sur  les  parois  de 
Saint-Georges. 

A  Sainle-Marguerite  d'Epfig,  à  l'aide  des  fonds  versés  directement  par  le 
Comité,  les  travaux  ont  pu  être  repris.  Tous  les  gros  travaux  de  murs  et 
de  couverture  sont  terminés;  la  reconstruction  de  la  sacristie,  qui  a  été 
mise  en  question  depuis,  ainsi  que  la  démolition  des  tribunes  qui  a  été 
prescrite,  ont  été  laissées  en  suspens  jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  statué  de  nou- 
veau à  cet  égard  par  le  Comité. 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau  une  série  d'ouvrages  qui  ont  été 
offerts  à  la  Société  depuis  la  dernière  séance  du  Comité,  en  voici  la  liste  : 

Annales  de  la  Société  cl' éniidation  des  Vosges.  1875  et  1876. 
Bulletin  de  la  Scciélé  des  antiquaires  de  Picardie.  1876,  n"  2. 
Bulletin  de  la  Commission  des  antiquités  départementales  du  Pas-de- 
Calais.  T.  IV.  if'  1,  %  3;  1875  et  1876. 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  lettre  qui  lui  a  été  adressée  le  2  août 
par  M.  le  président  de  la  Basse-Alsace  relativement  aux  travaux  qui  doivent 
être  exécutés  au  château  de  Hoh-Kœnigsbourg. 

Suivant  un  mémoire  de  M.  l'architecte  Ringeisen  une  somme  de  5000 
marcs  est  nécessaire  pour  des  travaux  de  consolidation,  dont  l'exécution 


.\.Q   — 

ne  pourrait  êlrc  ajournée  iju^au  délrimcnl  du  cluUeau.  M.  le  président  supé- 
rieur a  accordé,  sur  les  fonds  dcTb^tal,  une  allocation  de  2100  marcs,  et  fait 
poser  la  question  si  et  dans  quelle  proportion  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  historiques  d'Alsace  veut  contribuer  à  couvrir  le  déficit 
qui  est  de  2227  mores.  M.  Straub  rappelle  à  cette  occasion  que  dès  les 
premières  années  de  son  existence  la  Société  a  consacré  des  sommes 
considérables  à  la  restauration  de  IIoli-Kœnigsbourg-,  alors  piopriété  pri- 
vée; il  pense  qu'aujourd'hui  que  le  château  est  acquis  par  la  ville  de 
Sehlestadt  et  que  son  existence  est  assurée,  il  n'y  a  pas  lieu  de  refuser 
un  concours  à  son  entretien. 

Après  quel(jues  cxplicaliuns  de  M.  rarchitecle  Ringeisen,  qui  annonce 
que  lii  ville  de  Sehlestadt  a  également  alloué  un  crédit  à  cet  effet,  le 
comité  vote  une  somme  de  1000  fr.  jiour  les  travaux  projetés. 

Une  lettre  datée  du  19  août  et  adressée  au  président  par  M,  de  Stichaner, 
directeur  du  cercle  de  Wissembourg-,  annonce  que  les  travaux  de  déblai 
et  do  consolidation  entrepris  au  château  de  Fleckenstein  près  Lembach 
jiar  M.  l'architecte  Rœhrich  sont  terminés. 

Un  compte  détaillé  joint  à  cette  lettre  fait  voir  que  l'allocation  de  400  fr. 
accordée  par  la  Société  a  été  dépassée  de  87  fr.  50  c;  cette  somme  a 
été  soldée  par  la  commune  de  Lembach,  sur  l'invitation  de  M.  Stichaner. 

Ce  magisirat  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  l'utilité  qu'il  y  aurait  à 
faire  des  travaux  analogues  dans  plusieurs  châteaux  de  son  ressort.  Il  cite 
les  ruines  de  ^Vasgenstein,  IJohcnbourg,  Lœwenstein,  Arnsberg  etc.  Le 
président  a  demandé'  un  rapport  détaillé,  portant  sur  les  travaux  les  plus 
urgents,  et  mettant  le  comité  en  mesure  de  se  prononcer  avec  entière 
connaissance  de  cause. 

M.  l'architecte  Rœhrich  n'iJond  à  une  lettre  du  président  au  sujet  des 
peintures  murales  découvertes  dans  le  chœur  de  l'église  de  Niedcrbetsch- 
dorf.  Ce  chœur  est  du  XV^  siècle.  Quand  M.  l'architecte  est  arrivé  à  Nie- 
deibetschdorf,  une  grande  partie  de  la  voûte  était  déjà  débarrassée  du 
badigeon  qui  couvrait  les  peintures;  il  a  immédiatement  fait  cesser  les  tra- 
vaux opérés  jusque-là  avec  trop  de  précipitation  et  menaçant  de  faire  dis- 
paraîlre  ce  qui  restait  du  dessin  primitif.  La  description  donnée  par 
M.  Ilœhrich  permet  de  croire  que  le  chœur  représentait  cnire  autres  sujets 
les  (jualre  évangélistes.  Le  président  se  propose  de  visiter  prochainement 
celte  église  et  de  [»réscnter  un  travail  sur  son  anciemic  décoration  in- 
ii'i  iciiic. 


—  43  — 

Une  noie  de  M.  rarchilecle  Salomon  fait  connaître  la  dccouverle  d'un 
sarcophage  mérovingien  trouvé  à  Weslhofîcn. 

M.  Kindler  de  Knoblocli  donne  lecture  d'un  document  conserve  aux 
archives  de  l'hospice  civil  et  relatif  à  la  famille  du  chroniqueur  Jacques 
de  Kœnigshoffen.  Il  semble  ressortir  de  celte  pièce  que  le  chroniqueur 
n'a,  du  moins  du  côté  de  son  père,  pas  appartenu  à  la  famille  deTwinger, 
dont  M.  Kindler  de  Knobloch  présente  l'arbre  généalogique,  d'après  les 
documents  du  temps:  Voici  le  document  en  question  : 

Coram  nobis  Judice  curie  Argcnlinen.  constitutus  Nicolaus  fdiusquond. 
Ilenselini  dci.  Frilschenhenselin  pisloris  de  Kiinigeshovcn  Argenlinen.,  fia- 
tris  carnalis  et  legilimi  ut  dicilur  viri  discreti  Dni.  Jacobi  deKimigeshoven 
canonici  eccie  sti.  Thome  Argenlinen.  Sanus  mente  et  corpore  et  compos 
ralione  non  vi  nec  metu  nec  coactus  seu  aliqua  sagacitale  circumductus 
sed  sponte  ex  certa  scientia  et  animo  bene  deliberalo,  pro  se  et  hercdibus 
suis  universis,  in  presentia  dicti  Dni.  Jacobi  expresse  in  hec  consensit  libe- 
raliter  et  pure  Qu.  dct.  Dnus  Jacobus  de  omnibus  et  singulis  rebus  et  bo- 
nis suis  mobilibus  aut  immobilibus  per  euni  habifis  et  acquisitis  ad  pre- 
sens  vel  in  futurum  habendis  aut  derelinquendis  sui  obitus  tempore  sanus 
vel  infirmus  ad  placitum  suum  disponere  donare  depulare  legare  et  ordi- 
näre valeat  personis  locis  ecclesiis  domibus  monasteriis  et  prebendis  qui- 
buscunque  prout  eidem  Dno.  Jacobo  pro  salute  anime  sue  visum  fucrit 
expedire  Promisit  eliam  dcus  Nicolaus  pro  se  et  heredibus  suis  se  ralum 
et  gralum  alque  firmum  perpetuo  habilurum  quodquod  per  ipsum  Dom. 
Jacobum  de  bonis  et  rebus  suis  hujus  dispositum  donatum  depulalum  le- 
gatum  et  ordinatum  fuerit  modum  in  quemcunque.  Et  eliam  hujus  dispo- 
sitiones  donaliones  deputaliones  legata  et  ordinaliones  nunquam  impedire 
aut  infringere  aut  eorum  occasione  personas  loca  ecclesias  domos  monas- 
teria  et  prebendas  quibus  dcus  Dnus  Jacobus  donaverit  deputaverit  lega- 
verit  aut  ordinaverit  de  bonis  et  rebus  suis  hujus  nunquam  impetere  im- 
pedire vexare  moleslare  aut  perturbare  quovismodo  seu  hoc  fieri  procurare 
per  se  vel  alium  seu  alios  mediante  Judicio  vel  sine  Judicio  absque  fraude 
et  dolo  Renunciavit  insuper  predictus  Nicolaus  pro  se  et  heredibus  suis 
universis  et  singulis  exceptionibus  et  defensionibus etc. 


■14 


Séance  du  Comilé  du  30  octobre  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  :  MM.  Kraus,  Nessel,  Ringeiseii,  Salomon;  M.  Ucrnard  assiste 
à  la  séance.  —  M.  Nessel  remplit  les  functions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  d'octobre  est  lu  et  adopte. 

M.  le  j)résident  propose  l'admission  de  M.  Worni,  chanoine  honoraire, 
supérieur  de  la  congrégation  des  Sœurs  de  Uibeauvillé;  l'admission  est 
prononcée. 

L'échange  des  publications  de  la  Société  étabhe  à  Berlin  sous  la  déno- 
mination «Der  Herold»  et  s'occupant  de  recherches  généalogiques,  héral- 
diques et  sphragistiques,  est  proposé  et  adopté. 

M.  le  président  donne  lecture  de  la  correspondance  administrative,  an 
sujet  de  la  conservation  des  anciennes  portes  de  la  ville,  (jui  doivent  êlie 
démolies  avec  une  partie  des  remparts  : 

Il  ressort  d'une  connmniicalion  de  M.  l'administrateur  l'ack,  ipie  la 
construction  de  la  nouvelle  gare  de  chemin  de  fer  rendi'a  impossible  la 
conservation  de  la  porte  Blanche,  la  porte  de  Pierres  et  la  j)orte  de  Sa- 
vcrne  dont  le  passage  voûté  est,  du  reste,  sans  importance.  La  porte  des 
Juifs  et  celle  des  Pécheurs  seront  les  seules  dont  la  déinolilion  n'est 
point  absolument  nécessaire. 

Tuut  en  reconnaissant  que  ces  construclioiis  ont  un  caractèie  hislorique, 
leui'  valeur  au  point  de  vue  monumental  est  mise  en  doute;  les  besoins  de 
la  circulation  s'opposeront  probablement  à  leur  maintien.  L'administrai  ion 
se  montre  disposée  à  conserver  toutes  les  parties  de  ces  portes  qui  pour- 
ront présenter  un  intérêt  spécial,  et  à  les  faire  encastrer  dans  d'autres 
constructions  voisines. 

Le  Comité  croit  devoir  insister  sur  la  valeur  historique  et  monumenlale 
de  la  porte  des  Juifs  et  de  celle  des  l'écheurs.  Si  des  intérêts  majeuis 
exigent  la  démolilion  des  portes  situées  vers  l'oucsl,  il  espère  qu'il  sera 
possible  d'assurci'  la  couservatidii  au  moins  (](_'  ces  deux  portes.  Le  pré- 
sident fera  des  démarches  à  ce  sujrt. 

M.  de  Slichancr,  directeur  du  cercle  de  Wissembourg,  communique  à 
la  Société  un  rapport  sur  les  ancicimcs  portes  de  AVissembourg,  (]u"il  a  fait 


—  45  — 

pholographier  nvaiit  leur  démolilion.  Des  épreuves  de  la  porte  de  Landau 
et  de  celle  de  Ilagucnau  (vue  intérieure  et  vue  extérieure)  sont  joiiilos  au 
mémoire.  Rcmcrcîmcnls  et  dépôt  dans  les  archives. 

M.  Kindier  de  Knoblocli  transmet  une  notice  généalogique  sur  la  liimiile 
des  Jungholz;  la  notice  sera  publiée  dans  le  Bulletin. 

Le  président  donne  la  parole  à  M.  Bernard,  receveur  des  hospices  de 
Saint-Marc,  (jui  expose  Thistorique  de  cet  établissement  et  décrit  les  objets 
d'antiquité  qu'il  renferme  encore,  notamment  deux  tableaux  peints  sur 
bois  à  la  fin  du  XIV°  ou  au  commencement  du  XV®  siècle,  et  de  quatre  re- 
marquables bustes  sculptés  en  bois  moins  anciens.  Le  mémoire,  auquel 
l'auteur  a  annexé  un  plan,  sera  publié  dans  le  Bulletin. 

M.  le  professeur  Kraus  entretient  le  Comité  de  quelques  monumenis 
relatifs  à  l'Alsace  et  se  trouvant  hors  du  pays.  A  Stullgard  il  a  trouvé  un 
tableau  attribué  à  Ilolbein  et  représentant  Uans  Jacob  v.  Mœrsperg,  de 
Belfort,  —  A  l'exposition  de  Munich  a  figuré  une  tapisserie  provenant  de 
Sainte-Odile  et  faisant  aujourd'hui  partie  d'une  collection  privée  de  Canstatt. 
M.  Kraus  en  donnera  une  notice  avec  photographie.  —  Le  musée  germa- 
nique de  Nuremberg  possède  en  gravure  sur  bois  une  vue  cavalière  de 
Strasbourg,  de  la  deuxième  moitié  du  XVF  siècle. 

M.  Salomon  communique  que  dans  les  environs  de  Saint-Thpmas,  à 
l'occasion  d'une  série  de  constructions  dont  il  a  été  chargé,  il  a  remarqué 
des  différences  frappantes  dans  la  nature  du  sol,  des  couches  de  gravier 
cessant  brusquement  pour  faire  place  à  la  vase.  Soigneusement  notées  sur 
un  plan,  ces  indications  lui  ont  permis  de  conclure  à  l'existence  d'un  ancien 
bras  de  l'Ill,  aujourd'hui  comblé  et  en  partie  surbâti. 

M.  Salomon  met  également  sous  les  yeux  du  Comité  un  fragment  de 
vitrail  du  XlIP  siècle,  déposé  aux  archives  de  Saint-Thomas.  Il  représente 
un  clerc  tenant  en  main  un  petit  vitrail  dont  il  fait  donation. 


Séance  du  Comité  du  18  décembre  1870. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Brucker,  V.  Guerber,  Kraus,  Ringeisen,  Salomon, 
Ch.  Schmitt,  Sengenwald,  Winkler  et  Nessel,  qui  remplit  les  fonctions 
de  secrétaire;  M.  Kindler  do  Knobloch  assiste  à  la  séance. 


—  40  — 

Le  procès-veii)ol  do  la  séance  de  novembre  est  lu  et  approuve. 

M.  le  président  donne  conniiunication  de  l'annonce  qui  lui  a  élé  faite 
par  M.  le  président  de  la  Basse-Alsace,  sous  la  date  du  iG  courant  ([ue  la 
somme  de  2-400  marcs,  allouée  par  l'Administration  supérieure  pour  la 
restauration  du  cliàleau  de  IIoli-Kœnigsbourg,  vient  d'être  portée  au 
cliilTre  de  3  827  marcs  70  pfennigs. 

Il  expose  le  vœu  exprimé  par  la  Société  pbilomatiquc  de  Saint-Dié  d'en- 
trer en  relation  d'écbange  de  publications. 

Le  Comilé  accepte  la  proposition. 

M.  le  curé  Guerber  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  les  églises  forti- 
fiées. Il  entre  dans  des  détails  particuliers  relatifs  à  l'église  de  Luz,  dans 
les  Hautes-Pyrénées.  La  lecture  de  ce  travail  provoque  une  discussion  sur 
l'origine  des  églises  fortifiées  et  sur  leur  nombre  en  Alsace.  Le  mémoire 
sera  imprimé  dans  le  Bulletin. 

M.  Petili  rend  compte  de  la  visite  qu'il  a  faite  à  la  chapelle  de  Sainte- 
Marguerite,  à  Epfig,  avec  M.  le  président  et  M.  Klotz.  Le  monument  a  été 
restauré  jiar  M.  llingcisen,  auquel  M.  le  maire,  ainsi  que  M.  le  curé,  ont 
prêté  le  concours  le  plus  empressé.  La  physionomie  de  ce  petit  monu- 
ment, unique  en  Alsace,  est  complètement  rétablie  et  produit  le  plus  heu- 
reux effet.  M.  Petili  promet  de  le  visiter  à  loisir,  d'en  faire  une  étude  et 
de  donner  au  Comité  le  résultat  de  ses  investigations.  En  se  transportant 
à  Epfig,  en  décembre,  la  Commission  a  eu  pour  but  spécial  de  remettre 
à  M.  Bublmann,  maire  d'Epfig,  la  médaille  en  vermeil,  votée  en  séance 
générale,  sur  la  proposition  de  M.  Straub,  et  de  renouveler  les  remercî- 
rnciils  de  la  Société  à  ce  magistrat,  ainsi  qu'à  M.  Ringeisen,  dont  le 
dévouement  et  le  zèle  ont  été  au-dessus  de  tout  éloge. 

M.  le  président  propose  à  celte  occasion  de  voter  une  gratification  à 
(|ui'lques  ouvriers  qui  se  sont  distingués  dans  ces  travaux.  Le  Comité  vote 
la  somme  de  iOO  fr.  à  répartir  entre  le  maître-charpentier,  le  maçon  et 
le  fossoyeur. 

ijBd.t.«Tp.  M.  Bingeisen  fournil  un  compte  sommaire  des  travaux  de  déblai  et  de 

consolidation  exécutés  dans  le  courant  de  cette  année  au  château  de  Lands- 
porg  par  la  famille  de  Türckheim.  Ils  s'élèvent,  suivant  état  ci-joint  à 
rajipui,  à  la  somme  de  1494  fr.  20  cent.,  sur  lesquels  la  Société  des  mo- 
numents historiques  a  contribué  par  un  à-compte,  en  date  du  28  août 
1N70,  pour  une  somme  de  500  fr. 

M.  Bingcisen  se  propose,  dans  son  Piapport  général  de  fin  d'année,  de 


—  M  — 

dünner  un  compte  détaille  de  ces  travaux  ;  il  pense  que  le  hiircau  voudra 
bien  remercier  la  famille  de  Türckhcim  de  celle  licurcuse  initiative  et 
l'encourager  par  de  nouvelles  subventions. 

M.  Hingeisen  met  sous  les  yeux  du  Comité  deux  dessins  des  custodes  de  Ti"«nn.  c.Ti,ay. 
Cernay  et  de  Vieux-Thann,  qui  ont  été  reproduites  par  M.  Caringe,  archi- 
tecte à  Cernay.  Les  restaurations  de  ces  deux  petits  édicules  seiont  peu 
importantes.  Elles  seront  faites  sur  les  GOO  fr.  votés  à  cet  effet,  ainsi  que 
pour  la  BanivarlhilUc  de  Tliann.  Malheureusement  les  gros  travaux  à  faire 
à  ce  petit  bâtiment  par  la  municipalité  de  Thann  n'ont  pu  être  entrepris 
cette  année.  Il  pense  que  le  Comité  devra  s'adresser  directement  à  cette 
dernière;  que  les  difficultés  qui  les  ont  retardés  seront  facilement  levées, 
et  que  dès  lors  rien  n'empêchera  de  commencer  ces  travaux  pour  le  cou- 
rant de  l'année  prochaine. 

Remercîments  à  M.  Cariage  pour  les  deux  charmants  dessins. 

M.  Kindler  de  Knoblocli  annonce  qu'il  réiuiit  les  matériaux  d'un  nobi- 
liaire d'Alsace,  et  que  sous  peu  il  sera  en  mesure  de  soumettre  à  la  Société 
un  premier  fascicule  comprenant  la  lettre  A.  Le  Comité  remercie  M.  Kind- 
ler de  Knobloch  de  son  offre  et  l'encourage  à  poursuivre  son  travail. 

Trois  nouveaux  membres  sont  présentés  et  inscrits.  Ce  sont: 
MM.  Wenger,  professeur  au  Séminaire  diocésain;  le  baron  de  Ijibra, 
Kreisassessor  à  Ribeauvillé;  Mentzel,  conseiller  scolaire  à  Colmar. 


Séance  du  Comité  du  15  janvier  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Étaient  présents  :  MM.  le  prof.  Kraus,  Petili,  Uingeisen,  Salomon, 
.T.  Sengenwald,  R.  de  Tiirckheim,  membres  du  Comité.  —  M.  Kindler  de 
Knobloch  assiste  à  la  séance.  M.  le  prof.  Schmidt,  indisposé,  s'est  fait 
excuser. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  président  soumet  au  Comité  les  objets  qui  suivent  : 

M.  le  président  du  district  de  la  Basse-Alsace  lui  a  fait  remettre  une      AHocaiion 
somme  de  1200  marcs  =  1500  fr.  pour  l'exercice  187G  à  litre  d'alloca-     Basse-xisacc. 
tion  annuelle.  —  Remercîments. 


—  âS  — 
noin.nJo  Lq  Sociélé  Illslorisclicr  Verein  für  Oherbaycrn  ndresse  une  domniide 

do 

/y,.«.r,5c/.^r  rerrin  gy  g^jjj^t  (jn   Vorhommeii  dcv  Ilochacker-KuUur,  donl  les  traces  ont  été 

fur  Obtrba^rm.  _  .  M         '  »       '        i 

reconnues  dnns  ccrtanis  pays,  et  qui  est  attribuée  généralement  aux 
Celtes;  elle  désirerait  savoir  si  des  éludes  ont  été  faites  à  ce  sujet  en 
Alsace  ou  en  France. 

Le  Comité  est  d'avis  que,  quoique  cette  question  ne  soit  pas  directe- 
ment du  ressort  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  histo- 
riques, son  président  veuille  bien  se  charger  de  faire  des  recherches  à  ce 
sujet  et  répondre  audit  Yerein. 

TriTaiidc  M.  Dagobert  Fischer  a  communiqué  à  M.  le  président  son  travail  sur 

'"sur  ""    l'église  paroissiale  ou  Schlosskirchc  de  Saverne.  Ce   travail   étant  trop 
''^jr&l"r"nr''*élen(lu  pour  pouvoir  être  lu  dans  une  séance  ordinaire  du  Comité,  est 
remis  à  la  Commission  de  rédaction,  pour  l'insertion  dans  le  Bulletin. 

TriTïux  A  celte  occasion,  M.  l'abbé  Slraub  annonce  au  Comité  qu'il  se  fait  un 

f x^utrs  i  ladite  ,  ,  ,     .  ,  '     i  • 

*eii»e.        travail  de  restauration  très-sérieux  a  celte  église. 

Le  badigeon  qui  couvrait  les  murs  a  été  enlevé;  les  stalles  et  lambris, 
dans  le  goût  du  dernier  siècle,  très-délériorés  du  reste  et  nullement 
en  rapport  avec  l'église,  vont  être  remplacés  par  une  œuvre  moderne, 
exécutée  dans  le  style  du  chœur.  M.  Müller,  sculpteur,  est  chargé  de  la 
restauration  de  deux  monuments  funéraires,  (pii  ont  été  mutilés  pen- 
dant la  Révolution  et  qui  se  trouvaient  jusqu'ici  cachés  derrière  des  pan- 
neaux mobiles.  Le  premier  indique  la  sépulture  de  l'évêque  Robert  de 
Bavière,  mort  en  1478;  le  second  celle  de  l'évêque  Guillaume  III, 
comte  de  llonslein,  décédé  en  lo^i.  Une  très-belle  sculpture  en  haut- 
relief,  représentant  le  Christ  soutenu  par  la  Vierge  et  saint  Jean,  après  la 
descente  de  la  croix,  a  été  enlevée  de  la  place  qu'elle  occupait  au-des- 
sus de  la  porte  de  l'ancienne  sacristie,  où  elle  manquait  complètement  de 
jour,  rt  a  été  encastrée  depuis  avec  soin  dans  la  paroi  sud  de  la  nef.  Le 
.monument,  marqué  par  les  initiales  I.  M.  F.,  appartient  au  commencement 
du  seizième  siècle.  Durant  la  prochaine  saison,  des  travaux  seront  exécutés 
au  clocher  roman,  l'un  des  plus  remarquables  de  la  contrée.  Des  vitraux 
peints,  destinés  à  orner  le  chœur,  sont  en  voie  d'exécution,  et  bientôt 
l'église  de'  Saverne,  qui  est  illustrée  par  de  grands  souvenirs,  reprendra 
son  aspect  d'autrefuis. 

L'initiative  de  cette  œuvre  de  restauration  est  due  à  M.  le  curé  Cromer, 
qui  a  été  secondé,  avec  le  zèle  le  plus  louable,  par  M.  Dagobert  Fischer, 
niaiie  do  la  ville,  et  par  M.  rarchitecle  Fürst. 

.M.  le  |ii('si(l<'Mt  demande  s'il  n'y  a  pas  lieu  de  voter  une  petite  allô- 


lion 
pour  les  travaux 


-  A9  — 

cation,  à  litre  de  marque  d'iiilérêt,  par  exemple,  pour  les  fiais  de 
déplacement  et  d'eiicastrenient  d'un  Las-relief  cité  ei-dessus,  puiir  le 
débadigeonnage  de  la  chaire  construite  par  Jean  Ilammcrei? 

Le  Comité  vote  une  somme  de  250  francs  et  décide,  sur  la  proposition    ^^^\^\ 
de  son  président,  de  faire  une  mention  toute  spéciale  de  l'intelligente  i^giisc  l'amissiaic 
direction  imprimée  à  ces  travaux  par  les  autorités  locales.  Mcmk-n?' 

Communication  est  Aiite  ensuite  au  Comité  d'une  custode  très-intéres-       o.stmic 
santé  appartenant  à  l'église  paroissiale  de  Ville,  qui  a  servi  probablement  iv.giise paroissiale 
de  ciboire  pour  les  malades,  et  [jaraît  remonter  à  la  seconde  moitié  du       '"ß^'"^'- 
quinzième  siècle.  M.  le  président  en  fera  faire  un  dessin  pour  le  Bulletin, 
à  litre  d'inventaire,  et  peut-èlre  une  reproduction  en  plâtre  pour  la  col- 
lection de  la  Sociôlé. 

A  celte  occasion,  M.  le  président  propose  au  Comité  de  faire,  à  l'occa-      Exposition 

,         ,,  ,  ,  ,      ,       1  ,,  ..,,,.  h  faire  à  l'occakion 

sion   de  lune  des  séances  générales  annuelles,  une  exposition  d  oitjets        a-une 

,1,  iri         •HTTi  o  11  !)•  11  iir         séancc  générale, 

ayant  trait  a  I  archéologie.  M.  Jules  bengenwald  est  davis  que  I  assemblée        d-oijets 

>      »       1       1      A  at-in    'lia  1    '  •  11  ou  de  collections 

generale  de  1ö77  étant  trop  rapprochée  pour  pouvoir  prendre  les  mesures  arciiéoiogi.iuos. 
nécessaires  qu'il  conviendrait  pour  une  exhibition  pareille,  et  obtenir  le 
concours  des  détenteurs  de  pareils  objets  ou  collections,  il  serait  bon  de 
profiter  de  la  future  assemblée  générale  pour  faire  connaître  cette  inten- 
tion du  Comité.  M.  le  président  offre  en  conséquence  d'en  parler  dans  son 
discours  à  ladite  assemblée. 

Il   est  enfin  question  de  cette  assemblée  générale,  qui  tombera  sans  Assemiiée générale 
doute  sur  les  derniers  jours  de  février  prochain,  puiscjue  M.  Klotz,  tréso- 
rier, voudrait  pouvoir  soumettre  encore  son  rappoit  au  Comité,  (]ui  se 
réunirait  alors  le  premier  lundi  de  février. 

M.  Ringeisen  rend  compte  au  Comité  des  très-intéressants  travaux  qui       T^vanx 

"  _  dans  les  églises 

se  font  en  ce  moment  dans  les  églises  de  Saint-George  et  de  Sainle-Foy  de  de  saim-Gem-ge  « 
Schlesladt.  Un  crédit  de  2800  fr.  a  été  accordé  par  le  gouvernement  pour      scbustadi". 

,,       ,  ,  »»!->•  •  1  '  '  '  !•.        I  Supplément 

ces  travaux,  mais,  des  a  présent,  M.  Ringeisen  a  dei)asse  ces  crédits  de  de  atofr.  40ecnt. 
307  fr,  pour  l'une  et  de  3'3  fr.  40  cent,  pour  l'autre  de  ces  églises,  total    ,,„ iJcLité. 
346  fr.  40  cent.  Il  demande,  en  conséquence,  si  le  Comité  veut  bien  lui 
voter  pareille  somme  pour  lui  permettre  de  couvrir  ce  déficit.  —  Accordé. 

Il  annonce  en  môme  temps  qu'on  a  trouvé  sous  le  dallage  de  la  crypte  J,'"^''^^,,^,"'!- 
de  Sainte-Foy  un  carrelage  très-remarquable,  dont  il  exposera  prochaine-      saime-i-uj. 
ment  quelques  pièces.  Les  fouilles  se  continuent. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  40  minutes. 


(l'.-V.) 


—  50  — 
Séaucc  du  Comité  du  ö  février  1876. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


riéscnls  :  MM.  KIolz,  tiésurier,  Blaiick,  llingoisen,  Salomou,  A.  Sclimidl, 
secrétaire. 

.M.  lu  prc.^idcnt  donne  lecUire  du  procès-veihal  de  la  séance  du  15  jan- 
vier 1877.  —  11  est  adopté. 

r  M.  Klotz  doinie  lecture  des  comptes  du  dernier  exercice  de  la 
Sociélé;  ils  sont  adoptés.  Le  Comité  vote  à  M.  le  trésorier  des  remercî- 
menls  pour  les  soins  qu'il  a  donnés  à  la  gestion  des  fonds. 

2"  M.  Kingeisen  annonce  que  la  commune  de  Bolsenlieim  a  résolu  de 
démolir  l'église  située  au  milieu  du  cimetière  et  que  le  clocher  roman  de 
celte  église  mérite  d'èti'e  conservé  comme  monument  historique.  Le 
Comité  décide  d'intervenir  pour  qu'elle  renonce  à  la  démolition  projetée. 

3°  M.  le  président  comniuni(pie  des  ohjels  de  sa  colleclion:  un  coffret 
en  hois,  recouvert  de  plaques  en  fer  à  joui',  presque  jtareil  à  celui  dont 
.M.  Viollel-le-Duc  a  donné  un  dessin  dans  son  Didionnaire  d'avchUeciiire 
[\,  p.  8:3),  un  colfrel  plus  petit  en  fer  gravé,  une  entrée  de  serrure  et 
une  navette  en  acier.  Ces  ohjels  sont:  les  trois  premiers  de  la  fin  du 
ijuinzième  ou  du  commencement  du  seizième  siècle,  le  quatrième  de 
l'éjioque  de  Louis  XIII. 

4'^  .M.  Erichson,  directeur  du  collège  de  Saint-Guillaume,  présenté  par 
.M.  Salomon,  et  iM.  Kurtz,  négociant,  présenté  par  M.  lilanck,sont  admis 
comme  memhres  de  la  Société. 

5"  L'assemhlée  générale  est  fixée  au  jeudi,  l*^""  mars.  Il  y  aura  lieu  de 
renouveler  le  Comité  par  cinquième,  conformément  à  l'art.  3  des  Statuts; 
les  memhres  soitants  sont:  MM.  Strauh,  Sengenwald,  Gyss  et  Rodolphe 
de  ïiirckheim. 

La  séance  est  levée. 


-  51  - 
Séance  du  Coinilc  du  26  février  4870. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présonis  :  UM.  Scngcnwald,  Krnus,  Slofîel,  de  Colniar,  C.  Sclimidi, 
secrétaire.  MM.  Milscher  et  de  Pœllnilz,  membres  de  la  Société,  assistent 
à  la  séance. 

M.  Blanck  se  fait  excuser. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  5  février  est  approuve  tel  qu'il  a  été 
publié. 

1°  Sont  reçus  membres  de  la  Société  : 

Sur  la  proposition  de  M.  le  professeur  Kraus:  MM.  les  docteurs  Schœll 
et  Boichorst,  professeurs  à  l'Université; 

Sur  la  proposition  de  M.  Stoffel:  M.  Waltz,  trésorier  de  la  Société 
Scbœngaucr  à  Cohnar; 

Sur  la  proposition  de  M.  Scbmidt  :  M.  Rod.  Rcuss,  bibliolliécaire  de  la 
ville;  et  M.  Courvoisier,  candidat  en  théologie; 

Sur  la  proposition  de  M.  de  Pœllnitz  :  M.  le  comte  d'Andlau,  lieutenant 
au  15*^  régiment  d'ublans,  et  M.  d'Appel,  capitaine  du  génie; 

Sur  la  proposition  de  M.  le  président:  M.  Bachmann,  libraire  à  Stras- 
bourg. 

2"  M.  Dag.  Fischer  communiffue  un  dessin  du  clocher  de  l'église  de 
Saverne.  Ce  dessin  sera  joint  au  mémoire  de  l'auteur. 

3*^  M.  Schlosser,  de  Beltvviller,  envoie  un  mémoire  sur  u)i  soJarivm 
romain  qui  vient  d'être  trouvé  dans  celle  commune.  M.  Schlosser  consent 
à  communiquer  ce  monument  à  la  Société.  Son  mémoire  sera  publié  dans 
le  Bulletin. 

/j.°  M.  l'abbé  Dacheux  fait  hommage  à  la  Société  de  son  ouvrage  sur 
Geiler  de  Kaisersberg.  Le  Comité  lui  exprime  sa  vive  reconnaissance  pour 
ce  travail  aussi  consciencieux  que  bien  écrit. 

5"  M.  de  Pœllnilz  communique  au  Comité  divers  objets  antiques  trou- 
ves hors  des  portes  Blanche  et  de  Saverne,  lors  des  fouilles  faites  à  propos 


—  5!2  — 

(ies  Irnvnux  pour  ragrniidissenicnt  de  la  villo.  Il  ciilic  dans  des  délniis  sur 
ces  objets  el  sur  les  lieux  précis  où  ils  ont  élé  découveits.  Le  Comilc  le 
prie  de  rédiger  une  note  complète  pour  l'insérer  dans  le  lîullelin. 

0°  M.  le  président  dépose  la  copie  de  l'ancien  plan  de  P.uflacli,  exécutée 
par  décision  du  Comité;  il  a  dépensé  à  cet  effet  la  somme  de  20  fr. 

La  séance  est  levée. 


Assemblée  (jénérale  du  V''  mars  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


L'assemblée  générale  s'est  réunie,  à  2  heures,  dans  la  grande  salle  de 
rilùlel-de- Ville,  que  M.  l'administrateur  municipal  a  bien  voulu  mettre  à 
la  disposition  de  la  Société. 

Sont  présents  au  bureau  :  MM.  Sliaul),  président,  lîlanck,  Brucker, 
Kraus,  Petili,  Ringeisen,  Salomon,  J.  Sengenwald,  Rod.  de  ïiirckheim, 
Winkler,  C.  Sclimid,  secrétaire. 

M.  le  docteur  Rofiliack,  délégué  par  M.  le  président  de  la  Basse-Alsace, 
assiste  à  la  séance. 

M.  L.  Sjiacb,  président  honoraire,  et  M.  de  Schauenburg,  vice-prési- 
dent, se  font  excuser  pour  cause  de  maladie. 

I"  M.  le  président  ouvre  la  séance  par  l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs, 

«Je  reniiilis  un  devoir  en  remerciant  MM.  les  membres  présents  d'avoir 
répondu  en  si  grand  nombre  à  l'appel  du  Comité.  Plusieurs  d'entre  vous 
n'ont  pas  craint  de  franchir  de  gi-andes  distances,  quand  la  rigueur  de  la 
saison  et  le  mauvais  temps  subitement  survenus  les  autorisaient  à  rester 
dans  leurs  foyers.  C'est  la  meilleure  preuve  de  l'intérêt  qu'ils  portent  à  la 
conservation  de  nos  monuments  historiques. 

«Parmi  les  membres  qui  se  sont  fnh  excuser,  je  dois  nommer  en  pre- 
nii'.'i-  lieu  notre  président  d'honneur,  M.  Louis  Sjiach,  qui  relève  à  peine 


-  53  - 

d'une  maladie  grave,  et  M.  le  vice-présidenl,  baron  de  SchauenLui-g, 
auquel  l'âge  et  les  infirmités  n'ont  pas  permis  de  braver  les  rigueurs  du 
froid.  Personne  plus  que  moi  ne  saurait  regretter  l'absence  de  ces  véné- 
rables représentants  de  la  science  archéologique  en  Alsace. 

«La  lecture  des  procès-verbaux  parus  depuis  un  an  vous  a  rensei- 
gnés, Messieurs,  sur  l'ensemble  des  travaux  de  la  Société.  M.  l'arcliitccte 
Ringciscn  vous  présentera  tout  à  l'heure  un  mémoire  plus  détaillé  des 
travaux  de  consolidation  et  d'entretien,  opérés  avec  notre  concours,  ainsi 
(jue  de  quelques  restaurations  importantes  entreprises  en  majeure  partie 
par  les  communes.  Les  châteaux  de  Fleckenstein,  de  Landsperg  et  de 
Iloh-Kœnigsbourg  ont  été  l'objet  de  notre  attention  spéciale,  et  il  ne  vous 
reste  qu'à  exprimer  publiquement  notre  reconnaissance  tant  aux  aiclii- 
tectes  qu'aux  généreux  propriétaires,  qui  ont  bien  voulu  concourii-  à 
cette  œuvre  patrioliipie.  Je  ne  fais  que  citer  la  découverte  des  iiitéi'es- 
sanles  peintures  murales,  qui  décorent  le  chœur  de  l'église  mixte  de  Nie- 
derbelschdorf,  et  dont  la  conservation  est  assurée,  grâce  à  l'intervention 
de  M.  de  Slichaner,  directeur  du  cercle  de  Wisscmbourg;  les  travaux  de 
lestauralion  qui  se  poursuivent  dans  la  chapelle  de  Ilülteidieim,  et  sur- 
tout le  débadigeonnage  et  la  restauration  complète  de  l'église  paroissiale 
de  Saverne,  due  à  l'initiative  de  M.  le  curé  Cronier  et  de  M.  Dag.  Fischer, 
notre  collègue. 

«J'arrive  aux  travaux  littéraires.  La  prochaine  livraison  du  Bulletin 
renfermera  : 

(k  Les  lettres  écrites  à  la  cour,  par  M.  d'Angervilliers,  intendant  d'Alsace 
de  1710  à  ITâ^.  Cette  correspondance  a  été  transcrite  par  notie  ancien 
président  et  adressée  au  ministère  de  llnstruction  publi(iuc,  en  janvier 
1870.  M.  L.  Spach  a  reconstitué  son  travail  d'après  les  notes  cpTil  a  con- 
servées et  le  donne  au  Uullelhi. 

«Le  Comité  a  reçu,  il  y  a  peu  de  temps,  une  Notice  historique  et  des- 
criptive de  l'cijlise  de  Saverne,  par  M.  Dag.  Fischer.  (jucl(|ues  dessins, 
dus  à  M.  Mœstlé  et  à  M.  Fürst,  accompagnent  le  mémoire  (pii  va  être  mis 
sous  presse. 

«  Une  intéressante  élude  sur  ce  qui  reste  des  aucicnnes  foi'liiications 
de  notre  ville  à  Saint-Marc,  et  un  relevé  des  objets  anciens  conservés 
dans  cet  établissement,  nous  ont  été  remis  i)ar  M.  Bernard,  receveur  ile 
l'œuvre. 

«Il  sera  suivi  de  trois  documents  relatifs  à  l'hisluiie  de  l'art  en  Alsace 
vers  la  fin  du  moyen  âge.  Celte  communication  nous  a  été  faite  pai-  M.  le 
professeur  F.  X.  Kraus. 


—  54  — 

«M.  le  chanoine  V.  Guerber,  curé  de  Ilaguenan,  a  préparé  un  mémoire 
sur  les  églises  fortifiées  en  Alsace.  Le  Comité  en  a  voté  l'impression. 

«Vous  voyez,  à  votre  gauche,  Messieurs,  exposés  au-dessus  de  cet 
anliijue  cadran  solaire,  une  série  de  dessins  exécutés  par  M.  l'architecte 
Winkler,  et  représentant  :  1"  l'état  actuel,  2°  le  plan,  et  3°  une  vue  res- 
taurée de  chacun  des  trois  châteaux  de  Riheauvillé.  Une  nouvelle  planche, 
en  voie  de  reproduction,  donnera  les  détails  les  plus  importants  de  ces 
manoirs  si  {»ittoresques  et  si  intéressants  poni-  l'histoire  de  l'architecture 
mihtaire  dans  notre  province.  M.  Winkler  a  voulu  me  confier  le  texte  que 
je  prépare  pour  le  Bulletin. 

t' J'irais  au  devant  d'un  reproche  si  je  ne  disais  un  mot  des  miniatures 
du  llorlus  deliciarum,  dont  la  publication  a  souffert  des  retards  indépen- 
dants de  notre  volonté.  11  suffira,  je  l'espère,  de  donner  à  MM.  les 
membres  de  la  Société  l'assurance  que  cette  publication  n'est  pas  perdue 
de  vue  et  qu'il  en  paraîti'a  prochainement  une  première  livraison. 

«Je  termine,  Messieurs,  en  appelant  votre  attention  sur  les  objets 
antiques  trouvés  récemment  dans  le  rayon  de  nos  anciennes  fortifications 
et  acquis  à  notre  province.  M.  le  premier  lieutenant  de  Pœllnilz  a  bien 
voulu  se  charger  de  les  réunir  et  de  les  exposer  sous  vos  yeux  dans  une 
vitrine'.  Nous  devrons  à  ce  membre  zélé  et  actif  d'intéressantes  commu- 
iiic;i[ions  sur  ces  trouvailles. 

«Nous  exposons  également  un  antique  cadran  solaire  trouvé,  il  y  a  peu 
de  temps,  aux  environs  de  Drulingen,  et  que  M.  Schlosser  a  eu  l'obli- 
geance de  vouloir  nous  envoyer  à  cet  effet.  Le  Bulletin  publiera  une 
notice  rédigée  par  M.  Schlosser. 

cijuelques  cadrans  solaires,  beaucoup  moins  anciens  et  tirés  de  ma 
collection,  sont  placés  près  de  cet  objet  comme  une  preuve  de  la  per- 
sistance de  ce  système  d'horloge  qui  a  traversé  tout  le  moyen  âge  et  a 
liroduit  des  œuvres  très-remarquables  au  XV^  et  au  XVIP  siècle.  Nous 
restons  ainsi  fidèles  aux  traditions  de  la  Société,  qui,  à  l'occasion  de  ses 
réunions  générales,  a  presque  chaque  année  organisé  une  modeste  expo- 


1.  On  remarque  parmi  ces  antiquités  quelques  vases  en  verre  et  en  argile,  malheu- 
reusement brisôs  par  les  ouvriers,  des  restes  de  sculptures  en  pierre,  une  intôressantc 
fibule  en  bronze,  des  monnaies  romaines  et  surtout  un  objet  coulô  en  bronze  d'un 
travail  délicat  et  riclie  de  figures.  On  y  dislingue  ncltcracnt  Diane,  Mercure  et  Bacchus, 
surmontés  de  deux  images  d'ilercule  armé  de  la  massue.  Une  figure  d'Hercule  terrassant 
un  géant  (encore  visible)  et  couronnant  le  tout  a  disparu.  Des  recherches  ultérieures 
feront  peut-être  savoir  quelle  a  été  la  destination  de  cet  objet  d'art. 


00    — 


sition  de  quclcjucs  anliquilés  ou  d'ül)jels  en  voie  de  rcslauralion.  Qiiaiil 
à  une  exposilioii  plus  complète,  telle  que  je  la  désirerais  depuis  loii!^- 
lemps,  embrassant  des  objets  de  toutes  les  branches  de  l'art  ancien  en 
Alsace,  et  réunissant  pour  quelques  jours  les  trésors  caches  dans  les 
collections  parliculièies,  c'est  un  projet  à  exécuter  plus  tard.  Sa  i-éali- 
sation,  quelque  désirable  et  utile  qu'elle  puisse  être,  est  entourée  de 
(iiflicullés  très-grandes  et  nécessite  une  dépense  qui  serait  peut-être  en 
ce  moment  au-dessus  de  nos  forces. 

«Je  dois  vous  rappeler,  Messieurs,  que  mon  mandat  expire  à  la  fin  de 
cette  séance  et  ({ue  vous  avez  à  vous  prononcer  pour  l'élection  d'un  pré- 
sident. Veuillez  être  persuadés  que,  quel  que  soit  votre  vote,  je  me  ferai 
un  devoir  de  travailler  pour  la  Société  dans  la  mesure  de  mes  forces.  » 

2°  M.  Klotz,  trésorier,  étant  empêché  d'assister  à  la  réunion,  M.  Lîkuick 
donne  lecture  des  comptes  du  dernier  exercice. 

«Messieurs, 

«Le  compte  financier,  présenté  l'année  dei'nière,  ayant  coni[»rib  les 
deux  exercices  1874  et  1875,  dont  les  dépenses  n'ont  pas  été  égales,  vu 
qu'entre  autres  dans  l'une  des  années  seulement,  il  a  été  publié  un  bulle- 
tin et  dont  les  recettes  ont  également  varié  par  le  fait  de  l'augmentation 
successive  des  nouveaux  sociétaires,  il  n'a  pu  on  être  pris  des  indications 
précises  sur  la  marche  ultérieure  à  suivre. 

«11  en  est  résulté,  par  les  dépenses  continuées  à  être  faites  suivant  les 
anciens  errements,  tandis  que  les  recettes  ont  subi  une  marche  rétro- 
grade, un  regrettable  mécompte. 

«La  situation  arrêtée  à  la  date  du  15  janvier  187G  a  établi  que  l'avoir  de 
la  Société  s'élevait  alors  à 15,059^02'' 

«Celle  constatée  au  15  de  ce  mois  réduit  cet  avoir  à  la 
somme  de 12,018  8i) 

soit  une  différence  en  moins  de 3,040  77 

qui,  imputée  sur  le  reliquat  précédent  de  7,0o8  l'r.  42  c, 

a  réduit  celui  du  présent  compte  à o,097  (»a 

Somme  égale 7,038  42 

«En  continuant  cette  marche,  le  futur  reliquat,  celui  de  l'exercice  dans 
lequel  nous  entrons,  serait  forcément  Irèsréduil  et  presque  absorbe,  et 


-  50  - 

nor  la  siiile  on  se  verrait  dans  la  nécessite  de  vendre  les  obligations  de 
chemin  de  fer  (8,G21  fr.  20  c.)  que  possède  la  Société. 

«Comme  le  cliifTre  des  recettes  ne  paraît  pas  devoir  augmenter,  vu  que 
le  nombre  des  sociétaires  ne  s'est  élevé  que  de  5  nouveaux  membres  en 
une  année,  il  est  indispensable  que  celui  des  dépenses  reste  dans  la  même 
limite  et  ne  dépasse  pas  la  somme  des  recettes  qui  est  actuellement  de 
5,500  fr.  environ. 

c(Par  une  sévère  observation  de  ce  mode  d'opérer,  les  reliquats  annuels, 
au  lieu  d'être  absorbés  par  des  excédants  sur  les  dépenses  ordinaires, 
viendraient  s'ajouter  à  la  somme  représentée  par  les  obligations  formant 
noire  fonds  de  réserve  pour  contribuer  à  l'occasion,  soit  à  la  publication 
des  dessins  du  manuscrit  d'IIerradc  ou  à  toute  autre  entreprise  importante 
et  extraordinaire. 

«J'ai  cru  de  mon  devoir  de  présenter  ces  considérations  avant  de  vous 
exposer  le  compte  de  gestion  soumis  à  votre  approbation,  dont,  vous  vou- 
drez bien  le  reconnaître,  tous  les  actes,  appuyés  de  pièces  justificatives, 
sont  strictement  conformes  aux  décisions  et  votes  du  Comité. 


Compte  de  l'exercice  1876. 


RECETTES. 

Recettes  ordinaires. 
CiiAP.  P"".  LiLcrcls  de  capilaiix. 
Intérêts  de  25  obligations  nominalivcs  des  chemins  de  fer 

de  l'Est,  37o 365^—'^ 

Intérêts  des  fonds  déposés  en  compte  courant  à 
la  Banque  d'Alsace  et  do  Lorraine 150  50 

CiiAP.  II.  Colisation  des  sociélaires. 

Cotisations  perçues  pour  Texcrcice  1876  à  Strasbourg  101 
Au  dehors,  par  l'entremise  de  la  IJanque  d'Alsace 

cl  de  Loriaine -133 

niroclfinr-iil 13 


524. '50 


f.-;nc 


247 


A  leporler  .  .  .       524  50 


—  57  — 

ncjwrt 524 ''50*' 

A  10  fr.  l'une,  fait %/,lO  — 

Il  a  élu  détache  du  registre  à  souche  255  quittances  duiit 
247  recouvrées, 

G  de  démissionnaires  et  décédés, 
2  ajournées, 

Total  pareil     255 

GuAP.  m.  Subventions. 

Suhvenlioii  de  la  Ilaule-Alsace  pour  1875  .  .  .      500' — *^ 
»  »  pour  1870  ...      500  — 

»  de  la  Basse-Alsace  i)üur  1870  .  .  .  1,500  — 

2,500  — 

Chap.  IV.  Recettes  diverses. 

Produit  de  la  vente  du  Bulletin  publié  par  la 

Société 41  — 

41  — 


Total  des  recettes  ordinaires 5,535  50 

Recettes  extraordinaires. 
Reliquat  actif  du  compte  de  1874  et  1875  ..........     7,038  42 


Récapitulation  : 

Recettes  ordinaires 5,535*^50*^ 

Recettes  extraordinaires 7,038  42 

Total  i-énéral  des  recettes 12,573  92 


Ö 


DEPENSES. 

Dépenses  ordinaires. 

Chap.  P*".  Fîyùs  de  bureau  et  d'administration. 

§  1.  Location  et  entretien  du  local  des  séances. 

A.  Loyer  pour  1876 350  — 

B.  Assurance  contre  l'incendie  du  mobilier 

cl  de  la  bibliothèque,  prime  pour  1870 

et  nouvelle  police 10  3o 

A  reporter 300  35 


-  58  - 

nepori :m^'3y 

C.  Balayage  du  local 40  — 

D.  Inilemnité  aux  garçons  de  hiircaii  de  la 

Mairie,  pour  disposition  de  la  salle  de 
rassemblée  i-énérale  en  mars  1870.  .       20  — 


§  "2.  Frais  d"adniiiiislration. 

A.  Indemnité    au    commis    du   président, 

pour  1870 200  — 

B.  Indemnité    au    commis    du    trésorier, 

pour  1870 150  — 


§  3.  Frais  de  bureau. 

A.  Fourniture  de  billets  de   convocation, 

d'imprimés  divers  et  de  matériel  de 

bureau il-'  12 

B.  Aftranchissemenl  du  Bulletin 11,1  87 

C.  Affranchissement  de  la  publication  men- 

suelle des  procès-verbaux  des  séances.     101  81 

D.  Affranchissement  de  lettres  de  convoca- 

tion et  de  correspondance,  etc.  ...       34  05 

E.  Transport  à   domicile    des  bulletins  et 

convocations,  commissions  diverses  .       40  — 

F.  Frais  de  dépôt  de  25  obligations  FiSt, 

payés  à  la  Banque  d'Alsace-Lorraine  .         5  — 


§  4.  Frais  de  perception. 

A.  Encaissement  des   (piillanccs   à   Stras- 

bourg         40  — 

B.  Ports  de  letli'es  et  frais  de  commission 

jiuur  (juillauces  envoyées  au  dehors  .         G  50 


§  5.  Fiais  de  déplacement. 

Frais  de  déplacement  des  délégués  chargés 
de  rinspeclion  des  travaux  de  la  cha- 
pelle d'Ephg 28  — 


420 '"35'^ 


350 


409  85 


iO  50 


28  — 
1,254  70 


-  59  - 

Rcporl 1,25//. ''Ter 

CiiAr.  II.  Fouilles,  recherches ,  travaux  de  conscrvalion. 
§  1.  Fouilles,  recherches. 

Néant. 

§  2.  Travaux  do  conscrvalion. 

Pour  faire  relever  le  plan  ou  faire  dessiner 
des  maisons  ou  consiruclions  anciennes, 
qui  seraient  évenluellemenl  condamnées 
à  disparaître  (somme  mise  à  la  disposi- 
tion du  président) 400' — ^ 

Restauration  de  l'église  de  Wisseni bourg-  .1,250  — 

Restauration  du  château  de  Fleckenstein   .    400  — 

Restauration  du  château  de  Landsperg  (se- 
conde annuité) 500  — 

Restauration  de  la  ßannwarlhülte  de  Thann    600  — 

Travaux  de  restauration  de  la  chapelle  de 

Sainte-Marguerite  d'Epfig 500  — 

Conservation  d'une  memoria  autrefois  en- 
castrée au-dessus  de  la  porte  de  la  sa- 
cristie et  transférée  à  l'église  parois- 
siale de  Saverne,  et  de  monuments  funé- 
raires de  deux  évêques  de  Strasbourg, 
au  chœur  de  ladite  église 250  — 


CiiAP.  III.  Publication  du  Bulletin  de  la  Société. 

Frais  d'impression  de  la  2®  livraison  du  tome  IX 
du  Bulletin  de  la  Société  (tirage  à  GOO  exem- 
plaires), y  compris  différentes  planches  et 
photoglypties 2,384  CO 

GOO   exemplaires   d'une   planche   représentant 

Arislote 175  GO 

GOO  épreuves  des  vues  et  plans  des  châteaux  de 

Saint-Ulrich,  Girsberg  et  Ribeauvillé  ....    423  — 

Tirage,  papier  et  mise  sous  enveloppe  dos  pro- 
cès-verbaux publiés  mensuellement 427  37 


3,900  — 


3,410  57 


A  reporter 8,505  27 


-  60  — 

Pa'jwrl 8,505^^27*= 

CiiAP.  IV.  Dépenses  diverses  et  imprévues. 
s;  1.  Kiicouragemcnts  et  gralificatioiis. 

Gravure  crime  médaille  d'encouragemenl.  .     11''—'^ 


8,57()  27 
Dépenses  extraordinaires. 

Néant. 

Récapitulation  ; 

Déj)cnscs  ordinaires 8,.)7G  27 

Dépenses  extraordinaires  {JSéanl) —     — 


Total  général  des  dépenses 8,570  27 

RÉCAPITULATION    GÉNÉHALE. 

Recettes. 

RcccUcs  ordinaires. 

CiiAPiinE  P^  Intérêts  de  capitaux 52-4^50'^ 

—  II.    Cotisations  des  sociétaires 2,470  — 

—  III.  Subventiouo 2,500  — 

—  IV.  Recettes  diverses -41  — 

5,o35  50 

llecelles  extraordinaires. 
i;eli<piat  actif  du  compte  de  1874  et  1875 7,038  /i-2 


Total  iiénéral  des  recettes 12,573  02 


Dépenses. 

Dépenses  ordinaires. 

Cn.VF'ni;i;  1'^  Fi'aisde  bm'eauel  (radminislraliou.   1,25-4 '^70'^ 

—  H.    l'ouillcs,    recherches,    travaux    de 

conscrvalidii 3/100  — 

—  III.  Pultlication  du  Bulletin  de  la  Société.  3,410  57 

—  1\.  Dépenses  diverses  et  imprévues  .  .        11  — 

8,570  27 


01 


Drpenses  cxlraordinaircs.  (Néanl.) 

Balance  : 

Recelles 12,573 ''02^ 

Dépenses 8,570  27 

Ueliciuat 3,997  05 

Oui  se  décompose  ainsi: 

Fonds  déposés  à  la  Ranipie  d'Alsace  et  de  Lor- 
raine      1,090  35 

Solde  en  caisse 2,301  30' 

3,997 '"05^ 
A  ajouter  à  l'avoir  de  la  Société: 

Prix  d'acquisition  de  25  obligations  des  chemins  de  fer  de 

l'Est3°/o 8,021  20 

Total  de  l'actif. 12,018  85 

«Le  présent  compte  soumis  à  la  vérification  du  Comité  par  le  trésorier 
soussigné. 

«Strasbourg-,  le  15  janvier  1877. 

«Klotz.» 

3°  M.  Ringeisen  présente  le  rapport  sur  les  travaux  entrepris  par  la 
Société  et  sur  ceux  auxquels  elle  a  concouru  en  1870;  ce  rapport  est 
conçu  dans  les  termes  suivants  : 

«Messieurs, 

«J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  des  travaux  exécutés  pendant 
l'année  1870  sur  les  fonds  ou  avec  le  concours  de  la  Société  pour  la  con- 
servation des  monuments  historiques  d'Alsace. 

«  Nous  mentionnons,  pour  ordre  seulement,  les  subventions  accordées 
aux  trois  communes  suivantes,  et  qui  feront,  en  temps  et  lieu,  l'objet  de 
rapports  spéciaux. 

«Des  travaux  de  restauration  importants  sont  en  cours  d'ex(''culion  à  savcme  sho  rr, 
l'église  paroissiale  de  Saverne.  L'allocation  indiquée  ci- dessus  a  été  afibc- 

1.  Dont  fait  partie  une  somme -de  1000  fr.  mentionnée  dans  l'actif  du  compte  pré- 
cédent, comme  dépôt,  et  versée  à  la  caisse  de  la  Société  par  la  succession  Eisscn. 


-  02  - 

téo  aux  frais  de  déplaccmcnl  et  d'encastremcnl  d'une  sculpture  en  liaut- 
ivlief  et  au  débadigcuiiunge  de  la  chaire  construite  par  Jean  Ilammerer. 
Cette  légère  allocation  a  principalement  pour  but  d'indiquer  l'intérêt  que 
la  Société  porte  à  ces  travaux. 

wuscmbourg  ^^ j^)^^,;;  (lavaux,  d'inif  importance  majeure,  sont  entrepris  à  l'église 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul  de  Wissembourg  avec  le  concours  de  l'État. 

«i  Dès  à  présent,  les  bases  des  piliers  et  les  socles,  jusqu'à  ce  jour  en- 
terrés, ont  pu  être  dégagés  et  rendent  à  l'édifice  son  aspect  |irimitif 

«La  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace, 
consullée  sur  la  nature  des  restaurations  projetées,  a  voulu  montrer  l'im- 
portance quelle  attache  à  la  réalisation  de  ces  projets,  en  votant  un  crédit 
aussi  élevé  (|ue  lui  ont  [lermis  ses  ressources  financières. 


IJ-.O  fr 


400  fr. 


Fierkensuin .  y  Dcs  Irjvaux  iiid ispcusables  de  déblai  et  de  consolidation  aux  ruines 
de  Fleckenstcin  ,  près  Lembach ,  ont  été  dirigés  avec  intelligence  par  les 
soins  de  l'administration  forestière.  La  somme  allouée  à  cet  eflet  par  la 
Société  ayant  été  dépassée,  la  commune  de  Lembach  en  a  parfait  le  com- 
plément. 

«  Ces  travaux  sont  loin  d'elle  suffisants.  Comme  ces  ruines,  par  leur 
caractère  et  leui' importance,  méritent  une  attention  particulière,  le  Comité 
a  provoque  un  rapport  spécial  signalant  les  parties  les  plus  intéressantes 
à  sauver  au  point  de  vue  de  l'art,  afin,  au  besoin,  d'y  pourvoir  en  connais- 
sance de  cause. 


I  ijaiin,   i)Vi)  fr. 


«Nuus  mentioimons  encore,  pour  mémoire,  le  crédit  qui  devait  être 
affecté  aux  travaux  de  restauration  des  cartels  en  pierre  et  des  tableaux 
sur  bois  de  la  Ihnnui'niilintlc  de  Thann.  C(;  crédit  n'a  pu  être  employé 
[»ar  suite  du  retai'd  apporté  à  la  léparation  du  bâtiment  lui-même,  i)flr  la 
municipalité  de  Thann. 

<■  Nous  avons  tout  espoii' qu'ils  seront  entrepris  dans  le  courant  de  celte 
cam[)agne.  En  attendant,  M.  Cariage,  architecte  à  Gernay,  nous  a  adressé 
deux  charmants  dessins  des  custodes  en  jiieire  de  Cernay  et  de  Vieux- 
Thann,  ipii  seront  icjiroduils  dans  un  de  nos  prochains  bulletins.  Leur 
lépaialion,  peu  importante  d'ailleurs,  devra  être  imputée  sur  le  môme 
crédit  de  non  fi . 

na.p»rg .  500 fr.      ('Aijisi  (pi  il  avait  été  indiipié  dans  mon  précédent  compte  rendu  et 
malgré  les  difficullés  de  constituer  un  atelier  convenable,  la  famille  de 


-  1)3  - 

Türckhcim  a  fait  oxcciUer,  Taiincc  dernière,  aux  ruines  tic  Landspcrg  les 
travaux  intérieurs  suivants  : 

«Les  déblais  qui  avaient  clé  commencés  les  années  précédentes  j)ûur 
dégager  les  soubassements,  ont  été  continués;  les  aibrisscaux,  dont  les 
racines  avaient  pénétré  dans  les  murailles  et  qiîi  menaçaient  de  les 
disjoindre,  ont  été  enlevés;  les  maçonneries  ont  été  reprises  en  ces  en- 
droits; enfin,  le  parement  antérieur  du  donjon,  face  ouest,  a  été  recons- 
truit sur  une  hauteur  de  sept  assises,  en  pierres  d'appareil  à  bossages. 

«  Ces  travaux,  conformément  à  l'état  que  M.  de  ïurckheim  a  bien 
voulu  communiquer  au  l)ureau,  ont  occasionné  une  dépense  de  lAdA  fr. 
20  cent.,  sur  lesquels  la  Société  des  monuments  historiques  a  contribué 
pour  une  somme  de  500  fr. 

fl,  Gomme  les  échafaudages  sont  reconstitués  et  que  la  famille  de  Tiiick- 
heim  est  intentionnée  de  continuer  avec  vigueur  au  beau  tem|js  ces  Ira- 
vaux  de  restauration,  je  suis  convaincu  que  la  Société  des  monuments 
historiques  s'empressera  d'encourager  ces  heureuses  dis{)Ositions  et  de 
concourir  aux  dépenses  nouvelles  non-seulement  par  le  troisième  à- 
comple  de  500  francs  déjà  voté,  mais  même  par  de  nouveaux  crédits  en 
rapport  avec  l'importance  des  travaux. 

«Nous  avons  profité  du  voisinage  duDreystein  pour  le  visiter  avec  M.  de 
Türckheim.  On  ne  saurait  assez  s'extasier  sur  l'imprévu  et  le  pittoresque 
de  ces  ruines.  Après  avoii-  traversé  le  plateau  de  S'^-Odile  et  être  descendu 
pendant  quelque  temps,  à  travers  bois,  vers  la  vallée  ^l'ouest,  on  se  trouve 
tout  à  coup  en  présence  d'un  rocher  détaché  du  massif,  à  bizarres 
anfracluosités  et  surmonté  de  constructions  dont  on  ne  reconnaît  les 
formes  et  l'ampleur  qu'après  un  examen  et  des  détours  multif)liés. 

«  Puis  un  peu  plus  loin,  de  nouveaux  ravins,  de  nouveaux  rochers,  de  nou- 
velles constructions  plus  exfi-aordinairement  jetées. 

«Tout  cela,  grave  et  silencieux,  au  milieu  de  grands  arbres  séculaires, 
sous  un  jour  voilé,  ou  fantasquement  éclairé  par  les  rayons  du  soleil  (jui 
se  frayent  à  peine  quelques  trouées. 

«  Après  être  descendu  dans  les  fossés  et  être  parvenu,  à  tiavers  les  brous- 
sailles et  les  décombres,  ta  gagner  le  cœur  des  constructions,  on  est  en 
présence  d'un  tel  amoncellement  de  ruines  qu'il  est  impossible  de  se 
faire  une  idée  des  dispositions  premières  et  des  transformations  qui  ont 
été  apportées  par  les  siècles. 

«Toutes  les  parties  apparentes  sont  à  l'état  de  ruines  et  paraissent  de- 
voir se  maintenir  longtemps  encore.  Cependant  quelques  portes  et  fenêtres 


Droyslciii 
(rroposilion). 


-  04  - 

ayant  un  caractère  d'arcliitccture  propre  cl  iniliipinnt  les  époques  suc- 
cessives tlu  moyen  âge  depuis  le  roman  juscju'à  la  renaissance,  sont 
menacées  et  pourraient  encore  être  conservées  à  l'aide  de  réparations 
intelligentes. 

(S  Nous  estimons  que  les  travaux  à  faire  à  ces  ruines  devraient  consister  à  : 

«  1°  .Muiiilriiir  autant  que  possible  l'état  actuel;  n'enlever  d'arbres  que 
ceux  qui  couvicnl  immédiatement  les  côtés  ou  le  dessus  des  murs; 

«2°  Déblaver  Initérieur  des  ruines;  reconnaître  parmi  les  matériaux 
tous  ceux  qui  portent  des  (races  d'architecture  et  les  ranger  soigneuse- 
ment à  proximité  des  endroits  où  ils  ont  été  découverts; 

«3°  Heprendre  les  parties  de  murs  menaçant  ruine;  redresser  et  con- 
solider les  baies  compromises; 

«  ^°  Faciliter  les  accès. 

«  Ces  travaux  devraient  être  entrc[)ris  avec  une  discrétion  et  des  précau- 
tions extrêmes;  chaque  arbre  devrait  être  traité  avecle  même  soin  que  les 
pierres  de  l'édifice.  Kn  principe,  conserver  tout  ce  qui  ne  nuit  ni  ne  gêne. 

«.M.  Fuxje  proi)riétairedece  domaine,  nous  a  manifesté  Fintenlion  d'en- 
treprendre les  travaux  nécessaires,  sous  le  patronage  de  la  Société  des  mo- 
numents historiques.  Je  crois  que  ce  serait  le  cas  de  profiter  de  ces  bonnes 
dispositions  et  de  voter  un  concours  de  500  fr.  pour  témoigner  du  vif  in- 
térêt que  la  Société  porte  à  la  conservation  et  à  la  vulgarisation  de  ces 
magnifiques  ruines. 

n.iiiun.i.au*rn.  «  Nous  avous  cucorc  visité  le  château  de  Ralhsamhausen  en  compagnie 
de  M.  Scheidecker,  son  propriétaire.  Ces  ruines,  depuis  plus  de  20  ans  que 
nous  ne  les  avions  vues,  nous  ont  paru  généralement  bien  conservées. 

c  L'énorme  lézarde  de  l'angle  sud-ouest  qui  avait  si  vivement  préoccupé, 
dans  le  temps,  l'attention  de  la  Société  des  monuments  historiques,  est 
toujours  menaçante.  Mais  elle  ne  nous  a  pas  semblé  avoir  fait  les  progrès 
que  l'on  redoutait.  De  grosses  pierres  d'appareil  sont  tombées  dans  l'ou- 
verture supéiieure  et  agissent  comme  coins. 

c'Le  piemier  soin  sera  évidemment  de  vider  cette  lézarde  et,  pour  éviter 
l'action  de  la  pluie  et  de  la  gelée,  de  la  revêtir,  à  sa  partie  supérieure,  par 
une  forte  dalle  de  couronnement.  Nous  avions  pensé,  pour  arrêter  le  dé- 
versement de  la  face  ouest,  d'exhausser  le  mur  au-dessus  de  la  |)orte  d'entrée 
sous  forme  d'éperon.  Mais  outre  la  difTicullé  de  l'encastrer  efficacement 
dans  le  mur  à  soutenir,  nous  nous  sommes  aperçu  que  l'angle  formé  par 
ces  deux  murs  est  oblique  et  jiar  conséquent  d'un  effet  défavorable  à  la 
résistance. 


—  65  — 

(cM.  Scheidecker  est  dispose  à  obvier  à  cet  écartement  au  moyen  de 
forts  tirants  et  d'ancres  en  fer  à  placer  au  milieu  des  murs,  ainsi  qu'il  avait 
élc  proposé  dans  le  temps.  Quelque  opposé  que  nous  soyons  à  ce  système, 
qui  nous  paraît  dispendieux,  difficile  et  peu  efficace,  nous  avons  pensé 
qu'en  appliquant  les  tirants  intérieurement,  le  long  des  grands  murs  de 
face,  les  saillies  de  ces  murs  serviraient  à  dissimuler  ces  ferrements  et  à 
les  soulager  dans  leurs  portées.  Nous  avouerons  volontiers  que  cette  solu- 
tion laisse  fortement  à  désirer. 

«  Comme  ces  ruines  sont  d'un  haut  intérêt  archéologique,  que  leur  pro- 
priétaire se  trouve  dans  les  meilleures  dispositions  et  désire  être  bien  fixé 
avant  de  commencer,  nous  avons  profité  de  cette  réunion  générale  pour 
faire  un  appel  à  la  science  et  à  l'expérience  de  nos  collègues  des  monu- 
ments historiques  pour  la  solution  de  ce  problème  difficile. 

«  La  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace  a  "aut-Kœnig.sbo.irg 

,  ^  ,    .  .  iOOO  fr. 

entrepris,  de  1856  à186o,  une  série  de  travaux  de  déblai  et  de  consohda- 
lion  au  château  duHaut-Kœnigsbourg  s'élevant  à  5500  fr. 

«  Ces  travaux,  les  plus  indispensables  pour  sauver  de  la  destruction  ces 
immenses  ruines  abandonnées  depuis  longtemps,  ont  été  faits  dans  la  limite 
de  ses  faibles  ressources. 

«  Actuellement  que  la  commune  de  Schlestadt  est  devenue  propriétaire 
du  château,  elle  se  propose  de  l'entretenir  dignement  dès  que  les  lourdes 
charges  qui  grèvent  son  budget  le  lui  permettront.  Cependant  les  voûtes 
en  berceaux  du  deuxième  étage,  au-dessus  de  la  grande  salle  d'assemblée, 
étaient  en  partie  détruites. 

«  Les  deux  parties  extrêmes  de  ces  voûtes  au  nord  et  au  m/rfi  menaçaient 
ruine.  Des  pierres  s'en  détachaient  à  chaque  orage.  Il  était  triste  de  les 
voir  s'effondrer.  Nous  avons  signalé  à  plusieurs  reprises  cet  état  déplorable. 

«Dans  ces  circonstances,  l'administration  supérieure  a  bien  voulu 
prendre  l'initiative  et  nous  a  demandé  un  devis  des  travaux  les  plus  urgents 
à  faire  pour  prévenir  ces  avaries. 

«  Ce  devis,  présenté  le  13  juillet  1874,  a  été  approuvé  à  la  somme  de 
7784  fr.  70  c.  Des  difficultés  s'étant  élevées  pour  arriver  à  la  réalisation 
des  ressources  nécessaires,  et  les  voûtes  menaçant  de  s'écrouler,  nous 
avons  avisé,  après  nous  être  entendu  avec  M.  le  maire  de  Schlestadt,  à 
constituer  un  atelier  spécial  et  à  faire  exécuter  les  travaux  les  plus  indis- 
pensables pour  éviter  des  accidents. 

«Ces  travaux,  commencés  le  7  août  1876,  par  voie  de  régie,  sous  notre 
direction  et  sous  la  surveillance  à  pied-d'œuvre  de  M.  Kiefler,  garde  au 

T.  X. -(P.-V.)  Ö 


—  66  — 

Kœnigsbourg,  délégué  à  cet  ciïet,  onl  clé  terminés  le  16  septembre  1876. 
Ils  consistent: 

«  r  Dans  l'étançonnement  cl  la  reprise  par  fragments  de  la  partie  5«d  de 
la  irrande  salie,  sur  une  longueur  de  0  niclrcs; 

a  2°  Dans  la  consolidation  de  la  partie  correspondante  de  la  même  voûte 
au  )iord,  sur  une  longueur  de  5  mètres; 

«  T  Dans  le  même  travail  au\  voûtes  au-dessus  de  la  chapelle  et  des 
deux  pièces  adjacentes  au  sjid,  sur  une  longueur  de  15  mètres; 

«4."  Dans  quelcjues  travaux  urgents  aux  murs  et  aux  cheminées  qui  me- 
naçaient de  se  détacher. 

«Ces  premiers  travaux,  indispensables  pour  conjurer  la  ruine  des  par- 
ties les  plus  compromises,  nous  ont  permis  d'attcntlre  l'accomplissement 
des  formalités  adminislialivcs  pour  leur  continuation  ;  ils  ont  pu  être  exé- 
cutés encore  dans  le  bon  temps,  par  un  atelier  spécial  composé  de  5  char- 
pentiers, 5  maçons  et  4  manœuvres. 

«Ces  travaux,  d'une  exécution  difficile  et  périlleuse,  tout  manquant  sur 
place,  ont  donné  lieu  à  une  dépense  dûment  justifiée  s'éievant  à  2998  fr.  13  c. 
Ils  sont  convenablement  faits.  Nous  avons  tout  lieu  d'espérer  qu'ils  traver- 
seront convenablement  l'hiver  cl  qu'ils  justilicronl  nos  espérances  lors  du 
décinlrement. 

«  Maintenant  que  les  ressources  sont  assurées  par  les  1500  fr.  en  argent 
cl  par  les  matériaux  fournis  par  la  ville,  par  le  concours  de  1000  fr.  de  la 
Société,  et  par  le  subside  de  4534  fr.  70  c.  généreusement  accordé  par 
l'administration  supérieure,  ces  travaux,  forcément  interrompus  par  les 
ouragans  prématurés  (]ui  ont  sévi  en  septembre  dernier,  seront  repris  au 
beau  temps  avec  toute  la  célérité  que  comporte  leur  importance. 

c  Ils  sont  de  la  plus  grande  urgence,  tout  retard  aggravant  la  situa- 
tion et  la  dépense;  ils  sont  d'une  exécution  difficile  et  pleins  d'imprévu; 
ils  exigent  des  ouvriers  intelligents  et  consciencieux  et  une  surveillance 
continue. 

«M.  Diclsch,  Gustave,  notre  zélé  collaborateur  de  Lièpvre,  qui  a,  de  son 
initiative  privée,  entrepris  les  fouilles  si  intéressantes  entre  les  deux  grosses 
tours  du  front  ouest,  a  bien  voulu  nous  promettre  son  concours  assidu. 
Nous  avons  tout  espoir  que  ce  travail  sera  mené  à  bonne  fin  et  qu'il  justi- 
fieia  la  confiance  que  vous  avez  bien  voidii  nous  nrcordcr. 

Effig  bon  fr.  <  Lfs  liav;iux  de  rcslauratiiui  de  la  chapelle  S^°-Marguerite  d'Epfig, 
cnlrcjiris  en  1874  sous  le  jjalronage  de  la  Société  des  monuments  bislo- 
rifjues,  louchent  à  b-ur  fin.  Cràcc  à  la  dernière  subvenliou  de  500  fi',  de  la 


—  67  - 

Société  et  à  celle  de  2500  fr.  de  l'État,  tous  les  gros  travaux  uni  pu  être 
achevés  en  1870. 

«  La  petite  église  primitive,  composée  de  la  nef,  du  tiansept  et  du  chœur, 
voûtée  à  berceaux  plein  cintre  intérieurement,  dessine  actuf-llemcnt  à 
l'extérieur  la  croix  latine,  surmontée  à  la  croisée  de  son  petit  clocher 
carré  de  IGOl. 

«Le  cloîlrc,  à  colonnettes  du  XP  siècle,  au  sud  et  à  Youcsl,  ainsi  (pie 
l'ossuaire  de  1601,  au  nord,  se  profilent  maintenant  sous  forme  de  hns 
côtés,  comme  dans  leur  origine.  L'annexe  de  1516,  à  la  rencontre  (hi 
croisillon  sud  et  du  chœur,  a  été  également  maintenue. 

«  La  sacristie,  de  l'autre  côté,  en  pendant,  qui  était  en  trop  mauvais  élnt 
pour  être  conservée,  n'a  pas  encore  été  reconstruite.  Les  terres  du  cime- 
tière cfui  s'étaient  successivement  élevées,  ont  pu  être  décapées  sur  une 
longueur  de  4  mètres  et  une  hauteur  moyenne  de  75  centimètres,  tout 
au  pourtour  de  l'édifice,  et  montrent  actuellement  à  découvert  les  socles 
des  difTérentes  parties  ajoutées,  avec  leurs  niveaux  respectifs. 

«Voilà  pour  le  gros  œuvre. 

«En  procédant  ensuite  au  grattage  provisoire,  nous  avons  reconnu,  sous 
plusieurs  couches  de  badigeon,  que  les  faces  extérieures  étaient  arrêlces 
par  des  bandes  rouges  et  noires  et  que  tout  l'intérieur  était  couvert  de 
peintures  murales. 

«Nous  avons  pu  distinguer: 

«Dans  la  voûte  du  chœur,  le  Christ  bénissant,  accompagné,  aux  quatre 
angles,  des  figures  ailées  représenlant  les  quatre  évangélistes;  dans  les 
voûtes  du  transept,  des  bandes  simulant  des  arêtes  avec  rinceaux;  dans  la 
voûte  de  la  nef,  une  grande  figure  au  milieu,  et  deux  grandes  zones  longi- 
tudinales de  personnages. 

«Sur  les  parois  des  murs,  des  formes  géométriques  figurant  des  iijipa- 
reils  rectangulaires,  des  losanges,  des  dents  de  scie;  et  dans  un  coin,  un 
guerrier  revêtu  de  son  armure,  contre  lequel,  une  tige  d'arbre  d'une  facture 
rappelant  l'Orient. 

«Dans  le  chœur,  au-dessus  de  la  custode  en  pierre,  encastré  dans  la 
paroi  gauche,  les  hnéamenls  d'un  pyramidion  à  pinacle,  encadrant  un  ecce 
homo,  et  deux  personnages  à  côté,  d'un  dessin  fin  et  gracieux. 

«Toutes  ces  peintures  sont  généralement  très-endommagées.  Plusieurs 
parties  sont  anciennes  et  paraissent  avoir  été  modifiées  au  XV^  et  au 
XVIP  siècle. 

«Elles  seront  découvertes  avec  soin,  et  lorsqu'elles  auront  été  recon- 
nues intéressantes,  elles  seront  reproduites  par  des  dessins,  grandeur 


—    c^s  — 

nnliirelle,  à  l'oidc  du  crédit  ouvert  à  cet  ciïet  par  la  Société  des  monuments 
liisloiiques  pour  la  reproduction  des  peinlurcs  murales  de  S*-Georges  et 
de  S''-Foi  de  Schlesladt. 

tCes  liiivaux  de  rcslnuration ,  très-compliqués  et  d'une  exécution  déli- 
cate, ont  été  fails  par  un  i)etit  atelier  composé  de  simples  ouvriers  de  la 
commune,  sous  la  surveillance  continue  de  M.  Iluhlmann,  maijc  d'Epfig,  et 
sous  notre  direction.  Ils  ont  été  interrompus  et  repris  plusieurs  fois,  sui- 
vant (pie  les  ressources  étaient  assurées. 

cNous  espérons  les  conduire  à  bonne  fin  dès  que  le  temps  le  permettra. 

«Récemment,  une  commission,  composée  de  M.  le  Président  et  de 
MM.  Klotz  et  rV'lili,  s'est  Iransportée  sur  les  lieux.  Elle  s'est  plu  à  reconnaître 
le  l)0n  lésullnt  ohlenu,  le  dévouement  déjiloyé  par  M.  le  maire,  et  a  bien 
voulu  félicilcr  Tarcbitecte  de  la  bonne  direction  imprimée  aux  travaux. 

«Cet  bommage  flatteur  de  collègues  si  autorisés  est  une  bien  précieuse 
récompense  des  soins  consacrés  à  la  conservation  des  restes  vénérés  de 
notre  chère  Alsace;  el,  si  ce  témoignage  est  confirmé  par  voire  appro- 
bation, ce  sera  pour  nous  autres  modestes  techniciens  un  encouragement 
à  mirnx  faire  encore.» 

M.  le  président  exprime  la  reconnaissance  de  la  Société  envers 
•M.M.  Klutz  et  Ringeisen  pour  le  zèle  qu'ils  ont  déjdoyé,  le  premier,  en 
gérant  les  finances,  le  deuxième,  en  dirigeant  les  divers  travaux  de  res- 
tauration. 

4"  On  procède  au  renouvellement  partiel  du  Comité  :33  votants  prennent 
paît  au  scrutin;  MM.  J.  Sengfuwald,  Sliaub,  Rod.  de  Türckbeim  et  Gyss, 
membres  sortants,  ayant  obtenu  la  majorité,  sont  proclamés  réélus. 

.')"  M.  le  rbanoine  Straub  est  réélu  président  à  l'unanimité.  Sur  la  pro- 
[»osilidn  d'un  niend)re,  l'assf  ndilée  vote  des  rcmercîmenis  à  M.  Straub 
pour  le  dcvou(m(  ni  avec  icfiiicl  il  s'uccuj)e  de  l'œuvre  de  la  Société. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  Comité  du  2ÎÎ  avril  4877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Pctili,  Ringeisen,  Salomon,  Sengcnwald,  de  Türckheim, 
Winkler  el  bigold,  de  Cernay. 

M.  de  iVclJnit/  assiste  à  la  S('ance. 


—  G'J  — 
Les  procès-verbaux  du  26  février  el  de  rassemblée  cénéralc  du  l'""  mars  .    '*''"i"'<'" 

•^  lit-  |iruce(-vcrl>aur. 

sont  adoptés. 

Il  est  donné  connaissance  des  ouvrages  reçus,  parmi  lesquels   M.  le  ouvrag-,  rov«». 
jjrésident  signale  pai'licuiièremenl.  les  numéros  de  l'inléressanle  pnbli- 
ealion  Der  deidsclie  Herold  et  l'Élcd  de  Vcfjlise  d'Alsace  avant  la  ymnde 
lUvolidion,  par  M.  l'abbé  Schiekelé. 

L'administration  militaire  ayant  iait  enlever  les  anuuiries  (pii  ornaient  fio.,i..,i  .i..  rm- 
le  Ironton  de  1  ancienne  «Prévôté»  rue  de  la  Nuée-Uleue,  le  président        '"<"'• 

'  la  Nuée-Ulcue. 

annonce  que,  sur  son  invitation,  noire  habile  sculpteur  et  collègue, 
M.  Dock,  a  bien  voulu  se  charger  d'en  relever,  en  temps  opportun,  le 
dessin  pour  la  Société. 

L'antique  Hôtel  de  la  Haute-Montée  étant,  lui  aussi,  en  pleine  dénio-        ii.-.i.i.in 

,..  .  ,  mi,  1-  T.T.,,  la  Ilaulu-lluiilée. 

iition,  par  suite  do  vente,  notre  collègue,  M.  1  architecte  \Ainkler,  a  jju 
encore  y  prendre  des  esquisses.  M.  Salomon  signale  à  cette  occasion 
des  détails  curieux  du  comble  de  cette  maison,  et  se  propose  de  suivre 
attentivement  la  démolition  de  ce  vieil  édifice  strasbourgcois.  De  son  côté, 
M.  Winkler  prépare  un  travail  sur  cette  même  construction. 

Personne  ne  reconnaissant  la  nécessité  d'un  changement  dans  sa  coin-   Renouv.iiemcni 

du  bureau. 

position  actuelle,  le  bureau  reste  sous  la  |)résidencc  de  M.  le  chanuiue 
Straub,  composé  comme  suit: 

MM.  le  baron  de  Schauenburg-,  vice-président; 
Klotz,  trésorier; 
le  professeur  Gh.  Schmidt, 
Nessel, 
Salomon,  conservateur  et  bibhothécairc. 

M.  Ignace  Ghauffour,  à  Golmar,  par  une  lettre  adressée  à  M.  le  prési-  ,  •'roi>ofi"»n 

Ö  J  J    1  I  Ignace  (Jiauflour 

dent,  demande  si  la  Société  ne  pourrait  pas  prêter  son  concours  à  la  "j^'itlisla" 
restauration  de  la  couverture  de  la  Loggia  ou  avance  en  encorbellement  /o^yj^'"'^"'"; 
du  bâtiment  actuel  de  la  police,  vis-à-vis  de  l'église  i)aroissiale  de  Golmar. 
M.  Winkler  présente  un  dessin  de  la  toiture  ([u'on  pourrait  proj)oser  et 
qui  coûterait  tout  au  plus  un  millier  de  francs.  Ce  serait  un  véritable  tra- 
vail de  conservation,  et  le  Comité  serait  heureux  de  cette  occasion  de 
témoigner  de  son  intérêt  pour  les  monuments  civils  du  Ilaut-Rliin.  Aussi 
est-il  pleinement  d'accord  en  principe  pour  un  concours  de  la  Société,  et 
M.  l'architecte  Winkler  est  prié  de  vouloir  bien  étudier  un  projet  définitif, 
dont  le  devis  pourra  se  monter  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  mille 
francs. 


secrétaires; 


-  70  — 
L.iire  M   1.  nré^idcnl  communiiiiic  ensuite  une  intéressante  lettre  qu'il  a  reçue 

le  M.  le  professeur         *    '  f        "  '  .  .  ,, 

VrT"e'     lit-'  -^I-  '•-'  piulesseur  AVoltniann,  de  Prague,  au  sujet  d  une  peinture  d  un 
sulwgir'' artiste  alsacieji,  Sébastien  «  Stosskopf »  (commencement  du  dix-septième 
>.^\.  G';iko,,f.  ^..^j^^^  i-etrouvée  dans  la  Burg  de  Prague. 

«Celte  peinture,  dit  M.  Weltmann,  est  peut-être  la  seule  qui  reste  de 
Sébastien  Stosskopf,  connu  seulement  par  une  courte  notice,  publiée  par 
Sandrartdans  sa  Teutsche  Académie^))  D'après  cet  auteur,  Stosskopf  avait 
vécu  successivement  à  Paris,  à  Venise,  où  Sandrarl  avait  fait  sa  connaissance 
en  IG20,  une  seconde  fois  à  Paris,  puis  à  Strasbourg,  où  il  peignit  divers 
sujets  de  nature  morte,  comme  des  tables  chargées  de  bocaux,  de  verres,  de 
fruits,  de  vases  en  or  et  en  argent,  représentés  avec  un  soin  minutieux.  Un 
des  premiers  connaisseurs  du  temps,  Jean  de  Nassau,  grand  protecteur  des 
beaux-arts,  ofliit,  en  1651,  à  l'empereur  Ferdinand  III,  deux  tableaux  dus 
à  ce  maître.  Le  premier  figurait,  dit  Sandrart,  une  petite  corbeille  rem- 
plie de  toutes  sortes  de  vases  à  boire  fraîchement  rincés,  peints  avec  une 
vérité  et  un  soin  incomparables;  le  second  était  un  trompe-l'œil,  représen- 
tant une  gravure  fixée  sur  un  fond  avec  de  la  cire  à  cacheter,  et  produi- 
sant une  illusion  telle,  que  l'empereur  voulut  la  détacher  de  la  main.  Ces 
tableaux  furent  acquis  par  Ferdinand  III  et  placés  dans  sa  galerie  de  Prague. 

M.  Weltmann  a  vérifié  que  les  deux  peintures  sont  encore  mentionnées 
dans  un  inventaire-  des  tableaux  de  la  ßt<r^  de  Prague,  dressé  au  commen- 
cement du  dernier  siècle  et  signé  par  le  peintre  Pierre  Brandel  (t  1739). 

Depuis  lors,  la  collection  de  Prague  essuya  des  pertes  considérables; 
un  grand  nombre  de  tableaux  furent  transférés  dans  la  galerie  impériale 
de  Vienne,  en  1721  et  1723,  d'autres  furent  vendus  en  1748  à  la  cour  de 
Saxe  et  ornent  encore  la  galerie  de  Dresde.  Une  vente  publique  aux  en- 
chères, qui  eut  lieu  en  1782  sous  le  règne  de  Joseph  II,  occasionna  de 
nouvelles  pertes.  On  peut  s'expliquer  ainsi  la  disparition  du  trompe-l'œil 
de  Stosskopf;  il  ne  reste  plus  de  cet  artiste  que  le  tableau  indiqué  en  prc- 
nii(,'r  lieu,  et  marqué  dans  l'inventaire  actuel:  n"  102  Unbekannt. 


1.  V Xmileiniu  Todesca  délia  Architeclura,  ScuUiira  e  Pâtura  :  oder  Teutsche  Aca- 
démie der  edlen  Bau-,  Bild-  und  Mahlerey -Künste ,  etc.,  durch  Joachim  von  Sandrart 
auf  Slockau  iiud  .Nürnhcrg-.  1G75,  in-fol  ,  11,  310. 

2.  Une  copie  de  cet  inventaire,  appartenant  autrefois  à  Waagen,  est  devenue  la  pro- 
pri6t6  de  M.  Woltniann.  On  y  Ht  : 

"303.  Grosskopf,  a  me  i/icogf.;  allci/iand  Gläser  und  andere  Gescliirre.»  Une 

note  inarg-inale  du  copiste  reclKie  le  nom,  en  mettant  Stosskopf. 
«  i08.  Stosskoiif,  a  me  incogt.  eine  Meergöttin,  sowie  im  Kupferstich  gemacht.» 


—  71  - 

Voici  la  note  descriptive  qu'en  donne  M.  Woltmann  :  Une  nature  morte. 
Sur  le  premier  plan,  une  table  en  bois  portant  une  cuve  remplie  d'eau 
pour  rafraîchir  le  vin.  Au  milieu  de  l'eau  un  verre  et  un  beau  lianap 
ciselé  en  style  de  la  renaissance,  ainsi  que  les  morceaux  d'un  verre  brisé. 
Une  seconde  table,  placée  un  peu  plus  haut,  supporte  un  petit  gobelet  en 
argent  et  une  corbeille  dans  laquelle  se  trouvent  un  magnifique  bocal  et 
une  série  de  verres  vénitiens,  rangés  en  cercle  parfnit  et  dépassant  (juel- 
que  peu  le  bord  de  la  corbeille.  C'est  là,  sans  nul  doute,  le  tableau  que 
Sandrart  désigne  par  les  mois:  a  Körblein  frisch  gewaschener  Trink- 
gcschirre.y)  Il  est  peint  sur  toile  et  mesure  70  centimètres  en  hauteur,  sur 
58  centimètres  en  largeur.  La  composition,  bien  éclairée  dans  son  en- 
semble, présente  de  beaux  clairs-obscurs  et  se  dislingue  par  une  exquise 
délicatesse  d'exécution.  La  transparence  des  verres,  le  travail  du  vannier 
dans  la  corbeille,  ainsi  que  celui  du  ciseleur  dans  le  bocal,  sont  rendus 
avec  une  étonnante  vérité.  M.  Woltmann  estime  que  Sébastien  Stosskopf, 
de  Strasbourg,  ne  le  cède  pas  aux  meilleurs  peintres  hollandais  de  son 
temps,  qui  ont  exécuté  des  compositions  de  la  même  espèce,  comme  Heda, 
Kuif  et  d'autres. 

Le  Comité  vote  des  remercîments  à  M.  le  professeur  Wollmann  pour 
l'intéressante  communication  qu'il  a  bien  voulu  faire  à  la  Société. 

M.  Bernard,  membre  du  Comité,  est  intentionné  de  faire  prendre  une     rimiopraphic 

(in   tiipljtiuc  de 

pholoqranhie  du  triptyque  ou  tableau  représentant  les  armoiries  des  an-  ,  ssim-Mürc, 

i  o       i  1     j    I  1  figiirant  les  armes 

ciens  Pßeger  de  Saint-Marc;  il  en  offre  le  cliché  pour  la  reproduction  du     ^cs /'/i.jer. 
tableau  dans  le  Bulletin,  à  l'appui  du  mémoire  dont  il  a  donné  leclure 
dans  le  temps.  Accepté  avec  remercîments. 

M.  le  baron  de  Müllenheim-Rechberg,  officier  à  Neuf-Brisach,  adresse    ,  ,,'*"''" 

O  '  '  (le  M.   le  baron 

à  M.  le  président  une  notice  historique  sur  l'ancien  oratoire  de  la  Tous-    "''' Hethherg"'" 
saint,  lequel  établissement  a,  comme  l'on  sait,  été  fondé  par  la  famille  de 
cenom.  M.  le  président  en  présentera  un  rapport.  Remercîments  à  l'auteur. 

M.  Petili  offre  au  Comité  une  photographie  représentant  une  cellule  de  ''tSnfc'êi'iùïc"'' 
l'hospice  des  orphelins  de  Strasbourg,  dont  il  avait  été  chargé,  en  1836,     «i*!,!  orphelin» 

1       f.   •         1)  •!  r»  »  I       '    1'        .  de  Slra»bourg. 

de  faire  1  appareil.  —  RemercuTienîs  a  1  autour. 

M.   Winkler  communique  le  dessin    des  sculptures  qui  ornaient  une  d'„ne,fo"e?on.ane 
porte  romane  de  l'église  de  Walbourg,  se  trouvant  sur  le  côté  sud  et  peu    de'waïuurg. 
accessible  de  cet  édifice,  et  sur  laquelle  M.  le  président  croit  reconnaître, 
dans  une  partie  du  moins  de  cette  porte,  des  costumes  plus  anciens  et 
remontant  plutôt  à  l'époque  romaine. 


sur  l'ancien 

oratoire 

(le  la  Toussaint. 


—  7^2  — 

vuedeumauon       M.  Salomoii  commuiiiquc  une  vue  cavalière  de  la  maison  démolie,  rue 
ineni.        Je  l'Ail    4,  ct  veut  bien  se  charger  de  lau'e  un  pelil  memon-e  sur  celle 

tue  delAil,  4.  '  •  r>  ii     ii       • 

Par  SI.  saiomoD.  coHstruclion  fort  curieuse.  La  vue  en  question  ligurera  au  iiuiletin. 
itcj.id  de  la  ruine      M.  \Vinklcr,  cufin,  communique  au  Comité  une  vue  du  château  de  Guir- 

el  d'une  r.-cons- 

iruciion  supposée  badcu,  tol  (lu'il  cst  actuellemeiit ,  i)lus  un  plan  et  une  vue  dune  recons- 

du  château  '1  '    *  *  .  .  ,       , 

deRuirbaden.    trucliou  supposcc  du  châlcau,  dessins  destinés  à  faire  suite  à  1  ouvrage 

Par  M.  n  lullrr.  ri  '  ^ 

qu'il  est  en  train  de  faire  pour  la  Société,  et  dont  les  dessins  des  trois 
chàleaux  de  Ilibeauvillé  ont  formé  le  commencement. 


Propositions 

de  uouTeaux 

membres. 


Démission. 


M.  le  président  propose  comme  membres  de  la  Société: 

MM.  Ilueber,  propriétaire  à  Strasbourg, 
Harter,  curé  de  Bernolsheim, 

et  M.  Winkier  propose  : 

M.  Gemminger,  ingénieur  à  Strasbourg. 

M.  le  président  annonce  la  démission  de  M.  Charles  Grad,  de  Colmar. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 


Séance  du  Comilé  du  7  mai  i877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Guerber,  Kraus,  Ringeisen,  Salomon,  Sengcnwald, 
G.  Schmidt,  secrétaire. 

M.  le  président  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  du  23  avril; 
il  est  adopté. 

1.  M.  le  président  rend  compte  de  la  découverte,  dans  un  champ  de 
Ileidolshoim,  de  bracelets  en  or,  remontant,  selon  toute  apparence,  à 
l'époque  franque.  La  découverte  fut  laite  le  12  avril  par  une  jeune  fille, 
Marguerite  Sitller,  occupée  à  bêcher  la  terre  dans  un  champ  situé  à  500 
mètres  delà  première  maison  de  Ileidolsheim,  à  40  mètres  de  la  route 
qui  mène  à  .Marckolshoim,  à  700  mètres  environ  de  la  voie  romaine,  qui 


-  73  — 

traverse  celle  roule.  Le  premier  objet  mis  au  jour  fui  un  armillaire  de  la 
valeur  de  1200  à  1250  fr.,  en  or  massif;  à  juger  par  ses  dimensions,  il  a 
dû  servir  à  une  jeune  dame.  Bienlôl  après  parurent  dix  bracelets  en  spi- 
rale, de  grandeurs  diverses,  dont  les  plus  petits  ont  élc  placés  dans  les 
plus  grands  et  complètement  déformés  au  moment  de  l'enfunisscment. 
Trois  stries  qu'on  aperçoit  à  cliaque  extrémité  de  l'armillaire  et  un  jiclit 
nœud  terminé  en  spirale  qui  décore  un  des  bracelets,  sont  les  seuls  et 
uniques  ornements  de  ces  bijoux,  d'une  valeur  d'environ  4400  i'v.  en 
or  fin. 

Ces  renseignements  sont  complétés  par  une  note  de  M.  Ringeisen. 
«Le  terrain  dans  lequel  ces  objets  étaient  enfouis,  dit  M.  Uingeiscn, 
a  été  cultivé  de  temps  immémorial.  On  n'aperçoit  pas  de  mouve- 
ment de  terrain  dans  les  environs,  sauf  vers  la  limite  du  cliamp;  il 
paraît  provenir  de  la  culture.  J'ai  examiné  avec  soin  le  sous-sol  qu'on  a 
rejeté  au-dessus  pour  introduire  la  bonne  terre  au  pied  des  tiges  de  liou- 
blon;  il  est  en  nature  de  sable  et  de  gravier  roulé  et  ne  présente  pas  la 
moindre  trace  de  débris  de  tuilots  ou  de  pierres,  ni  de  subslructions, 
comme  cela  se  renconire  dans  le  rielb,  où  nous  avons  exécuté  des  fouilles, 
il  y  a  quelques  années,  avec  M.  Coste,  pour  la  détermination  de  l'emplace- 
ment d'Argentovaria.  » 

Ces  objets  ont  été  confiés,  pendant  quebjues  heures,  à  M.  le  président, 
qui  s'est  empressé  de  prendre  un  dessin  du  grand  bracelet  et  l'esquisse 
d'un  des  petits;  puis  il  a  fait  quelques  démarches  pour  les  faire  acquérir, 
s'il  était  possible,  dans  l'intérêt  d'un  de  nos  grands  établissements,  comme 
musée,  bibliothèque,  etc.  Il  serait  désirable  qu'il  restât  au  moins  un  spécimen 
dans  le  pays;  aussi  le  Comité  autorise  son  président  à  faire  l'acquisition 
d'un  de  ces  objets  pour  le  musée  de  la  Société. 

2.  M.  Schmidt  communique  un  travail  de  M.  le  docteur  Hückel,  sur  l'an- 
cien Hattgau.  Le  Comité  décide  l'insertion  de  ce  Mémoire  dans  le  pro- 
chain Bulletin. 

3.  M.  l'abbé  Guerber  donne  lecture  de  la  première  partie  d'un  mémoire 
sur  un  manuscrit  du  douzième  siècle,  provenant  du  couvent  de  Marbach. 
M.  Guerber  se  propose  de  compléter  son  étude. 

4.  M.  le  président  offre  à  la  Société  la  reproduction  photographique  d'un 
astrolabe  de  1481,  dont  il  possède  l'original.  Celui-ci  est  d'une  conserva- 
tion parfaite  et  le  plus  ancien  connu  portant  une  date.  —  Le  Comité  lui 
en  exprime  ses  remercîments. 


—  74  — 

5.  M.  le  prof.  Kraus  fait  hommage  à  la  Sociélé  de  la  2'^  partie  de  son 
oiivj-ao-e  sur  \ Archéologie  de  la  Basse-Alsace.  Le  Comité  accepte  ce  don 
avec  reconnaissance. 

6.  Le  même  annonce  que,  lors  d'un  récent  voyage  en  Italie,  il  a  vu  à 
Florence  et  à  Sienne  quelques  œuvres  de  Martin  Schöngauer;  à  Florence, 
dans  le  musée  degll  Vffcj,  ce  sont  4  dessins  à  la  plume  :  un  Christ  hénis- 
sant,  une  Vierge,  les  deux  en  huste;  un  chevalier  luttant  avec  le  diable; 
Marie  et  Joseph  en  adoration  devant  l'enfant  Jésus;  à  Sienne,  dans  la  gale- 
rie des  beaux-arts,  c'est  le  portrait  du  peintre,  peint  sur  bois,  38  centim. 
sur  4G,  avec  l'inscription  :  Ilipsck  Martin  Schöngauer  Maler,  i453;  à 
côté  un  écu  portant  un  croissant  rouge  sur  fond  jaune. 

La  séance  est  levée. 


Séance   du   Comité  du  4  juin  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  higold,  Salomon,  Sengenwald  et  C.  Schmidt,  secrétaire. 
M.  Kindler  de  Knobloch  assiste  à  la  séance. 

Le  président  propose  l'admission  de  M.  Schultz,  successeur  de  M.  Berger- 
Levrault,  à  Strasbourg.  Adopté. 

Il  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants,  qui  lui  ont  été  remis  pour 
la  bibliothèque  de  la  Société: 

Unger.  Hciligra  Manna  Sögur.  Christiania,  1877.  1   vol. 
L'Énmlalion  jurassienne.  Avril  1877.  1  broch. 
DuUelin  de  la  Sociélé  académique  de  Brest.  Deuxième  Série. 
Tome  II,  1874-1875. 

1.  M.  le  président  annonce  que  bracelets  et  anneaux  d'or,  trouvés  près 
de  llcidolsheim,  étaient  vendus  en  bloc,  quand  il  a  voulu,  conformément 
à  la  décision  du  Comité,  faire  acquisition  d'un  de  ces  objets. 

2.  M.  Salomon  met  sous  les  yeux  du  Comité  un  petit  vitrail,  propriété 
particulière.  H  représente  les  armoiries  de  Jacques  Beinheim,  «Salzverord- 
\u'Ai'.vt  do  Slr.'jsliour;^'  en  1G22.  Au-dessus  des  armes  se  trouve  une  vue 


—  75  — 

de  l'ancien  marché  au  sel.  Le  Comité  vole  la  reproduclion  de  celte  vue 
pour  le  Bulletin. 

3.  M.  le  président  rend  compte  de  la  découverte  de  près  de  quatre 
cents  monnaies  d'argent,  enfouies  aux  environs  de  Bisciihcim-am-Berg. 
La  plus  récente  portait  la  date  1G23.  Un  quart  à  peu  près  sortait  des 
monnaies  de  Strasbourg-,  un  cinquième  appartenait  à  l'évôché  de  Constance, 
un  sixième  à  celui  de  Salzbourg-,  un  dixième  à  l'Autriche,  —  le  reste  à 
divers  Etats  d'Allemagne.  Deux  pièces  venaient  du  margraviat  de  Baden  , 
une  de  la  ville  de  Saint-Gall;  pas  une  seule  n'appartenait  aux  pays  situés 
au  delà  des  Vosges.  Il  est  permis  de  supposer  que  ce  petit  trésor,  qui 
renfermait  aussi  un  ducat  en  or,  a  été  caché  pendant  la  guen  e  des  Rustauds, 
en  1525.  Ces  monnaies  ont  été  cédées  à  un  antiquaire. 

4.  Il  existe  à  Luemschwiller  (Haute-Alsace)  un  ancien  rétahle  d'autel, 
de  l'époque  de  Ilolbein.  L'intérieur  présente  une  statue  de  la  Vierge, 
malheureusement  repeinte  et  redorée  dans  les  derniers  temps  sans  aucune 
entente;  adroite  et  à  gauche,  sur  les  volets,  de  grandes  figures  en  bas- 
relief  de  sainte  Barbe  et  de  sainte  Marguerite  dans  les  costumes  gracieux 
du  seizième  siècle.  Les  faces  extérieures  sont  peintes  et  figurent  :  l'An- 
nonciation, la  Visitation,  la  Nativité,  l'Adoration  des  mages,  la  Présen- 
tation dans  le  Temple,  la  Fuite  en  Egypte  et  la  Mort  de  la  Vierge.  Sur  la 
prédelle  l'artiste,  qui  appartenait  certainement  à  l'école  de  Ilolbein,  a  re- 
présenté la  face  du  Christ  couronnée  d'épines.  Quelques  figures  ont  souffert 
par  le  frottement,  elles  sont  du  reste  de  mérite  fort  inégal. 

Cet  autel  devant  être  acquis  par  des  amateurs  de  Bâle,  le  président  a 
fait  les  démarches  nécessaires  pour  en  assurer  la  conservation  dans  le 
pays.  Il  s'est  transporté  à  Luemschwiller  en  société  de  M.  l'architecte 
Klotz,  dans  le  dessein  d'acquérir  le  rétable  pour  la  cathédrale  de  Strasbourg, 
si  l'œuvre  était  assez  importante  et  pouvait  trouver  une  place  dans  l'église 
métropolitaine.  Il  a  malheureusement  été  constaté  qu'elle  est  de  dimensions 
trop  petites,  pour  pouvoir  être  utilisée  dans  un  aussi  vaste  local. 

5.  D'après  l'annonce  parue  dans  les  journaux,  la  porte  d'vVusterlilz, 
un  des  restes  de  l'ancien  Strasbourg,  va  disparaître  à  la  suite  des  travaux 
d'agrandissement  de  cette  entrée  dans  la  ville. 

Cette  porte  date  de  1543;  la  partie  supérieure  a  été  remaniée  en  1702. 
Le  rez-de-chaussée,  dont  les  murs  ont  une  épaisseur  extraordinaire,  aune 
voûte  en  pendentif  avec  une  grande  ouverture  circulaire  garnie  de  quatre 
feuilles;  les  deux  étages  supérieurs,  auxquels  on  arrive  actuellement  par 


—  76  - 

une  porte  encadrée  d'un  cavct  et  ouvrant  sur  le  rempart,  forment  un 
retrait  considérable,  et  se  relient  à  l'extérieur  par  un  empâtement  couvert 
en  dôme.  Vers  l'extérieur  un  élégant  cartouche  sans  inscription  orne  la 
façade,  toute  en  pierres  bosselées.  Cette  porte,  la  seule  de  nos  anciennes, 
pi-ésente  les  ouvertures  pratiquées  pour  une  herse. 

En  comnuniiquant  ces  détails  au  Comité,  le  président  exprime  son  vif 
regi-et  de  ce  que  la  conservation  de  cette  tour,  intéressante  à  la  fois  par 
les  souvenirs  histori(iues  qui  s'y  rattachent  et  par  une  incontestable  valeur 
comme  monument  d'art,  n'ait  pu  être  prévue  dans  les  nouveaux  pro- 
jets de  construction.  Le  Comité  s'associe  à  son  regret,  et  le  prie  d'en 
faire  part  à  l'administration. 

Ü.  .M.  le  président  donne  connaissance  d'une  lettre  de  M.  Scheidecker 
au  sujet  de  la  restauration  de  l'ancien  Poêle  des  pelletiers.  M.  Scheidecker 
se  propose  de  faire  sculpter  au-dessus  de  la  porte  les  emblèmes  de  ladite 
corporation  et  fait  un  appel  au  Comité  pour  savoir  où  il  pourra  se  les 
procurer.  M.  C.  Schmidt  est  chargé  de  faire  à  cet  égard  les  recherches 
nécessaires. 

Li  séance  est  levée. 


Séance  du  Comité  du  9  juillet  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  I.  Chauffour,  Kraus,  Ohleyer,  Uingeisen,  Salomon, 
Stoffel,  C.  Schmidt,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  4  juin  est  lu  et  approuvé. 

\.  M.  Schlosser,  de  Drulingen,  fait  don  à  la  Société  (h3  deux  objets 
trouvés  dans  des  lombes  près  de  Durstel;  le  Comité  lui  en  exprime 
ses  lemcrcîments. 

M.  Schlosser  conimiiuiipie  en  même  temj)S  le  mémoire  suivant: 
IJi  INii/,  .M.  (le  .Mollet  terminait  i)ar  les  lignes  suivantes  une  ISoticcsur 
quelques  découvertes  archéologiques  effectuées  dans  les  cantons  de  Saar- 
i'nioH  cl  de  Dni.lhir/cn:  «Dans  celte  série  funèbre»,  disait-il,  ai)rès  avoir 


—  //  — 

spécialement  Iraifc  des  lombes  anciennes,  «ne  paraît  pas  la  sépiilinre  par 
incinération  que  j'ai  cherchée  en  vain  snr  le  sol  de  celle  pailie  do  la 
Lorraine  allemande,  où  les  monuments  de  l'époque  gallo-romaine  sont 
si  nombreux.  » 

Si,  comme  je  n'oserais  l'affirmer,  celte  lacune  existait  encore  na<?uère 
dans  la  série  des  monuments  funéraires  de  notre  région,  elle  se  trouve 
comblée  aujourd'hui,  grâce  aux  découvertes  qui  depuis  deux  ans  ont  été 
faites  à  plusieurs  reprises  auprès  de  Durstel,  commune  du  canton  de 
Drulingen. 

Depuis  le  mois  de  janvier  1875,  en  effet,  jusqu'au  mois  de  décembre 
dernier,  plusieurs  sépultures  romaines  par  incinération,  faisant  partie  d'un 
seul  et  môme  groupe,  ont  été  trouvées  successivement  à  200  mètres  à 
l'ouest  de  ce  village,  dans  des  prairies  très-humides  connues  sous  le  nom 
de  Dorfmailen. 

C'est  en  voulant  décaper  un  de  ses  prés,  qu'un  habitant  de  Durstel  a 
découvert  les  premières  tombes  en  1875. 

A  une  faible  profondeur,  il  a  rencontré  tout  d'abord  un  squelette  humain  , 
qui  semblait  avoir  été  déposé  en  pleine  terre  ;  parmi  les  ossements ,  l'inven- 
teur a  recueilli  une  plaque  métallique  de  forme  circulaire  qui  lui  paraissait 
être  une  plaque  de  ceinturon  et  qu'il  a  vendue  quelques  jours  plus  tard 
à  un  voyageur  de  commerce.  Cette  sépulture  par  ensevelissement,  la  seule 
de  ce  genre  qu'on  ait  trouvée  en  cet  endroit,  était  probablement  aussi 
d'origine  romaine,  mais  d'une  époque  plus  récente  que  celles  dont  je  vais 
parler  maintenant. 

En  poursuivant  ses  travaux,  le  propriétaire  du  champ  a  rencontré,  en 
effet,  une  sépulture  par  incinération  parfaitement  caractérisée  qui,  si  elle 
eût  été  mise  au  jour  avec  quelque  précaution,  aurait  donné  des  résultats 
très-intéressants.  Malheureusement,  je  n'ai  eu  connaissance  de  cette  dé- 
couverte qu'un  m'ois  après  qu'f^lle  eut  été  effectuée;  arrivé  alors  sur  les 
lieux,  je  n'ai  plus  trouvé  en  grande  partie  que  des  débris  infornîcs.  A  en 
juger  par  le  récit  qui  m'a  été  fait  de  cette  trouvaille,  cette  tombe,  qui 
probablement  était  celle  d'une  femme,  était  disposée  à  peu  près  comme 
suit:  Au-dessus  d'une  épaisse  couche  de  charbons  était  placée  une  urne 
cinéraire  en  terre  cuite  d'un  jaune  pâle  qui  renfermait  des  ossements  cal- 
cinés et  des  cendres.  Les  débris  de  ce  vase,  que  je  possède  encore,  ont 
une  épaisseur  de  2  centimètres.  A  côté  de  celte  urne  et  au  milieu  des 
charbons  ont  été  trouvés  par  le  propriétaire  du  champ:  1°  un  petit  tube 
cylindrique  en  or,  ayant  une  longueur  de  3  à  4  centimètres  et  un  diamètre 
de  2  5  3  millimètres;  cet  objet  a  été  presque  immédiatement  égaré;  2° un 


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vase  en  bronze,  sans  ornements,  retiré  intact  du  sol  et  mis  en  morceaux 
peu  de  temps  après;  3°  trois  monnaies  de  bronze  très-bien  conservées  et 
qui  eussent  pu  servir  à  dater  cette  sépulture;  elles  ont  été  également  ven- 
dues avant  mon  arrivée;  4"  plusieurs  fioles  de  verre  (lacrymaloires)  dont 
une  seule  fut  extraite  du  sol  en  bon  état  de  conservation.  Parmi  les  menus 
débris  qu'on  m'a  présentés  alors,  j'ai  remarqué  des  morceaux  de  verre 
provenant,  à  n'en  pas  douter,  d'un  seul  et  môme  flacon  et  dont  les  uns 
avaient  conservé  leur  forme  convexe  primitive,  tandis  que  d'autres,  exposés 
à  la  chaleur  intense  du  bûcher,  s'y  étaient  recroquevillés  et  y  avaient 
même  subi  un  commencement  de  fusion.  Ces  fragments  étaient  peut-être 
ceux  d'un  vase  qui  a  été  jeté  dans  le  brasier  du  rogus,  parce  que,  ayant 
renfermé  des  parfums  destinés  au  mort,  il  ne  devait  plus  dès  lors  servir 
aux  besoins  des  vivants. 

En  tamisant  encore  une  fois  les  charbons  extraits  de  cette  sépulture, 
j'y  ai  trouvé  trois  monnaies  de  bronze  entièrement  frustes  et  une  pende- 
loque de  cou  en  or  dont  la  face  exposée  à  la  vue  est  ornée  d'un  masque 
comique  pour  vieillard.  Je  reviendrai  plus  loin  sur  ce  bijou,  ne  voulant 
pas  pour  le  moment  interrompre  l'historique  des  fouilles. 

Ce  même  join',  en  ma  présence,  on  a  déterré  au  même  endroit  et  à  une 
profondeur  de  40  centimètres,  une  auge  cinéraire  en  grès  bigaixé  qui 
contenait  des  ossements  brûlés,  des  cendres  et  des  charbons.  Cette  auge, 
qui  approximativement  a  la  forme  d'un  tronc  de  cône  (hauteur  35  centi- 
mètres, diamètre  supérieur  45  centimètres),  était  placée  au  milieu  d'une 
couche  de  chai'])ons  ayant  une  épaisseur  d'environ  30  centimètres.  Grossiè- 
rement taillée  à  l'extérieur,  celte  pierre  présente  à  sa  surface  supérieure  une 
cavité  presque  cylindrique,  dont  la  paroi  a  été  soigneusement  égalisée  ou 
rendue  lisse  au  moyen  d'un  instrument  quelconque  à  dents  très-nombreuses 
et  très-rapprochées  que  l'on  a  fait  tourner  dans  l'excavation  simplement 
ébauchée;  c'est  ce  qu'indiquent  cloiicment  de  fines  stries  horizontales  et  pa- 
rallèles qu'on  remarrpje  sur  la  paroi  de  la  cavité.  Cette  auge,  que  je  possède 
encore,  n'était  pas  surmontée  d'un  couvercle.  Au  milieu  des  charbons  qui 
l'entouraient,  je  n'ai  trouvé  que  qucbpies  grands  clous  de  fer  et  des  frag- 
ments d'os  calcinés. 

J'ai  rccuniniiiiuh'  niors  au  jjpopriétaire  du  champ  de  procéder  avec  plus 
de  précaution  dans  le  cas  où,  à  l'avenir,  il  trouverait  de  nouvelles  lombes. 
Après  avoir  été  suspendus  pendant  près  de  deux  ans,  les  Iravaux  furent 
repris  au  mois  de  décendjre  deiuier,  à  une  époque  où  j'étais  absent.  A  mon 
l'etour,  je  m'aperçus,  ;'i  mon  très-grand  regret,  qu'on  n'avait  tenu  aucun 
compte  de  mes  recoiiMiininhilioiis  et  que  In  plupart  des  objets  trouvés 


-  70  — 

avaient  encore  été  brisés.  Le  proprictairc  du  pn;  avait,  en  efTet,  iléconverl 
une  nouvelle  auge  funéraire  en  giès  bigarré  qui,  comme  la  première,  était 
placée  au  milieu  d'une  épaisse  couche  de  charbons.  Sa  forme  cxicrieure 
est  celle  d'un  cylindre  (hauleur  ÔO  cenlimèlres,  diamètre  52  ccnliinèlrcs). 
La  cavité  de  cette  auge,  également  cylindrique  (diamètre  35  centimètres, 
profondeur  20  centimètres),  renfermait  une  urne  cinéraire  en  verre  qui 
contenait  des  ossements  et  des  cendres.  Cette  urne,  qui  avait  une  leinlc 
verdâlre  et  un  corps  très-renflé,  a  été  brisée  immédiatement  après  sa 
découverte.  La  cavité  dans  laquelle  elle  était  placée,  au  lieu  d'clre  lisse 
ou  polie,  comme  celle  de  l'auge  trouvée  précédemment,  était  simplement 
taillée  au  pic.  Cette  difl"érence  provient  sans  doute  de  ce  que,  au  lieu  de 
renfermer  les  derniers  restes  du  défunt,  elle  contenait  seulement  une 
urne  qui,  elle,  avait  reçu  ce  précieux  dépôt.  En  d'autres  termes,  l'auge 
n'est  pas  ici,  comme  dans  le  cas  précédent,  une  olla  ossuuria  en  pierre, 
mais  un  véritable  ossiiariiim,  c'est-à-dire  un  coffre  de  pierie  destiné  à 
recevoir  une  olla.  L'auge  elle-même  était  recouverte  d'un  couvercle 
conique  en  grès  bigarré,  dont  on  avait  légèrement  évidé  la  surface  infé- 
rieure, afin  de  ménager  plus  de  place  à  l'urne  funéraire. 

A  la  même  époque  et  toujours  dans  le  même  champ,  on  a  rencontré 
plusieurs  urnes  cinéraires  en  terre  cuite.  L'une  d'elles,  qui  avait  un  col 
étroit  pourvu  de  deux  anses,  était  probablement  un  vase  ordinaire  qui 
accidentellement  a  servi  d'urne  funéraire.  Auprès  de  l'une  de  ces  ollœ 
ont  été  trouvés  une  bague  en  verre,  d'un  bleu  opale,  et  un  petit  disque 
en  terre  cuite,  percé  d'un  trou;  au  moment  de  la  découverte,  on  pouvait 
très-bien  distinguer  que  la  surface  supérieure  de  ce  dernier  objet  était 
peinte  en  blanc  et  la  surface  inférieure  en  noir.  Depuis  lors  ces  deux 
couleurs  ont  presque  complètement  disparu.  J'ignore  quelle  a  pu  être  la 
destination  de  ce  disque. 

En  continuant  son  travail  de  décapement,  le  propriétaire  du  champ  est 
arrivé  à  la  limite  de  ce  cimetière.  Celte  limite,  qui  formait  une  ligne  assez 
irrégulière,  était  marquée  par  une  traînée  de  menues  pierres  calcaires 
(non  cimentées),  dont  la  section  transversale,  de  forme  triangulaire,  avait 
à  la  base  une  largeur  d'un  mètre  et  au  milieu  une  hauteur  d'environ 
50  centimètres.  Cette  limite  une  fois  franchie,  aucune  sépulture  n'a  plus 
été  trouvée,  quoique  le  sol  ait  été  fouillé  bien  au  delà. 

Ayant  remarqué  que  la  traînée  de  pierres  calcaires  se  prolonge  sous  la 
parcelle  voisine  et  ayant  appris  que  le  propriétaire  de  ce  pré  avait  aussi 
l'intention  de  le  décaper,  je  lui  ai  olfert,  au  mois  de  mars  dernier,  de  faire 
exécuter  ce  travail  à  mes  frais.  Mais  notre  homme,  supposant  sans  doute 


—  80  — 

que  j'étais  à  la  recherche  de  quelque  trésor,  a  déclaré  qu'il  s'acquitterait 
lui-même  de  celle  besogne  l'automne  prochain.  11  ne  reste  plus  d'ailleurs, 
de  ce  côté,  qu'une  surface  de  15  mètres  carrés  où  l'on  puisse  encore  espé- 
rer trouver  quehjues  lombes. 

Je  reviens  inninteiiant  au  pendant  de  collier  dont  j'ai  déjcà  parlé  anté- 
rieurement. 

Ce  bijou,  pi'ûbablcment  creux,  est  d'un  travail  assez  médiocre.  Au-dessus 
du  masque  romique  est  placé  un  anneau  de  suspension,  à  côtes,  qui  ne 
présente  aucune  trace  d'usure. 

Qu'une  femme  gallo-romaine  ait  songé  à  parer  son  cou  des  formes 
grotesques  d'un  masque  comique,  cela  n'a  rien  qui  puisse  étonner,  quand 
on  se  rappelle  que  dans  l'antiquité  grecque  et  romaine  les  femmes  aimaient 
à  porter  des  masques  de  tout  genre  suspendus  à  leurs  colliers.  Ainsi  le 
nuisée  de  Naples  possède  un  certain  nombre  de  colliers  trouvés  à  Pompé), 
à  Ilerculanum,  etc.,  auxquels  sont  attachés  un  ou  plusieurs  masques  de 
silènes  ou  de  satyres.  (Salle  des  objets  précieux,  n««  488,  489,  ^Sâ.)  Si 
mes  renseignements  sont  exacts,  le  collier  n"  488  de  celle  collection  est 
orné  de  trois  masques  comicjues.  Or,  si  dans  l'antifjuité  les  femmes  por- 
taient de  pareilles  pendeloques  (oscilla),  ce  n'est  pas  assurément  parce 
qu'elles  les  trouvaient  particulièrement  belles,  mais  bien  parce  qu'elles 
s'imaginaient  (pie  ces  figures,  parfois  laides  ou  grimaçantes,  avaient  la 
vertu  de  les  préserver  du  mauvais  œil  {invldia),cn  l'allirant  et  en  le  fixant 
ailleurs  par  l'effroi,  la  surprise  ou  le  rire.  En  un  mot,  c'étaient  des  amu- 
lelles.  Ainsi  on  considérait  notamment  comme  des  préservatifs  contre 
le  regard  fascinatcur  «les  figures  de  silènes,  de  satyres  el  d'autres,  appar- 
Icnantau  cycle  bacchique».  (V°AMULETUM,i9/d.  dcsanliq.,  deDaremberg.) 
Dans  celle  dernière  catégorie  rentrent  sans  doute  aussi  les  masques  humains 
exprimant  la  joie  ou  la  douleur  qui,  avant  d'èlre  employés  dans  les  thcàlies, 
généralement  consacrés  à  Bacchus,  avaient  servi  tout  d'abord  dans  les 
lèlcs  de  ce  dieu,  dans  les  dionysiatpics,  berceau  de  l'arl  dramaliipie.  Delà 
peut-être  cette  profusion  de  masques  comiques  et  lragi(jues  dans  tonte  l'or- 
nemenlalion  peinte  ou  sculptée  des  Romains.  On  en  a  mis  partout,  même 
sur  les  sarcophages,  où  le  médaillon  qui  renferme  le  buste  du  défunt  repose 
jiarfois  sur  un  masque  comique  placé  entre  deux  masques  tragiques'. 


1.  VAntiquarium  du  nouveau  Musée  de  Berlin  (section  des  pierres  gravées)  ren- 
ferme pluoieiirà  bagues  en  or,  sur  le  cliatoii  desquelles  est  figuré  en  intaillc  un 
masque  comique  ou  tragique.  Celte  même  collection  possède  un  masque  comique  eu 
verre  ou  en  cristal  de  roche,  dont  le  diamèlre  est  d'environ  2  centimètres,  et  qui 
est  pourvu  d'un  Irnu  de  suspension. 


-  81  — 

Les  tombes  trouvées  près  de  Durslcl  remonlcnt  sans  doute  à  la  fui  du 
deuxième  siècle  de  notre  ère;  peut-être  datent-elles  de  l'époque  même  uù 
l'on  commença  à  renoncer  à  la  sépulture  par  incinération,  si  toutefois 
la  tombe  découverte  en  premier  lieu  était  bien  d'origine  romaine. 

Des  sépultures  romaines  j)ar  ensevelissement  existaient  sans  aucun 
doute  au  ban  de  Durstel;  mais  la  seule  trace  certaine  que  l'on  en  ait 
trouvée  jusqu'ici  est  la  grande  pierre  tombale  portant  l'épitaphe  bien 
connue  de  Magiorix,  fds  de  Natalis,  qui  a  été  découverte,  il  y  a  environ 
lO  ans,  à  800  mètres  au  sud  des  tombes  précédemment  décrites,  au 
sommet  de  la  colline  du  Lupberg,  où  elle  formait  la  paroi  latéi'ale  d'une 
tombe  lianque. 

Un  groupe  d'habitations  paraît  avoir  cxisié,  à  l'époque  romaine,  près  de 
l'emplacement  actuel  du  village  de  Durstel,  au  canton  (]\\.  Kahlen,  à  300 
mètres  au  nord  des  sépultures  récemment  découvertes;  on  m'a  dit  qu'en 
cet  endroit  on  a  déjà  rencontré,  à  plusieurs  reprises,  d'anciennes substruc- 
lions.  —  D'après  la  carte  publiée  par  M.  de  Morlet,  la  voie  romaine  de 
Savej'ne  à  Trêves  traversait  la  banlieue  de  Durstel;  passait-elle  près  des 
tombes  en  question?  C'est  ce  que  j'ignore,  car  je  ne  suis  pas  encore  par- 
venu à  découvrir  le  moindre  vestige  de  cette  ancienne  route. 

2.  M.  le  président  met  sous  les  yeux  du  Comité  le  commencement 
d'un  travail  de  M.  Kindler  de  Knobloch  sur  les  anciennes  familles  nobles 
d'Alsace.  Le  Comité,  tout  en  regrettant  de  ne  pas  pouvoir  publier  dans 
le  Bulletin  un  ouvrage  aussi  considérable,  prie  MM.  CbaulTour  et  Stoffel 
de  l'examiner  et  d'en  faire  un  rapport. 

3.  M.  le  président  présente  trois  photographies  delà  porte  d'Austerlilz 
qui  est  en  voie  de  démolition.  Elles  seront  conservées  dans  le  Musée  de 
la  Société;  de  même  qu'une  photographie  delà  porte  d'une  maison  de 
Wissembourg,  construite  en  1540  par  Sébastien  Vogelsberger;  celte 
planche  est  offerte  par  M.  Slichancr,  Kreisdirektor,  auquel  M.  le  pré- 
sident exprimera  la  reconnaissance  du  Comité. 

M.  Ohleyer  donne  quelques  renseignements  sur  ladite  maison. 

4.  M.  le  président  rend  compte  d'une  excursion  qu'il  a  faite  avec 
d'autres  membres  de  la  Société  pour  visiter  les  travaux  de  restaura- 
tion du  château  de  Fleckenstein  ;  ces  travaux  s'exécutent  à  la  satis- 
faction du  Comité;  celui-ci  décide  de  parfaire  la  somme  à  laquelle 
s'élève  la  dépense,  moyennant  environ  40  fr. 

5.  Sur  la  proposition  de  M.  le  président  on  vote  une  subvention  de 

T.  X.  -  (P.-VJ  G 


—  82  — 

400  fr.  pour  quelques  travaux  de  restauration  à  entreprendre  au  châ- 
teau de  IJolienbûurg.  En  môme  temps  on  vole  une  médaille  en  argent 
à  chacun  des  deux  gardes  forestiers  qui  ont  surveille  ce  qui  s'est  fait 
à  Fleckenstein  et  à  Ilohenbourg. 

0.  Conformément  à  un  vote  de  l'année  passée,  on  accorde  pour 
1(S77  une  nouvelle  subvention  de  1250  fr.  pour  l'achèvement  de  la  restau- 
ration de  l'église  collégiale  de  ^Yissembüurg. 

7.  Sur  la  proposition  de  M.  le  président,  M."  Ilippolytc  Ott,  itcintre- 
décoratcur,  est  admis  comme  membre  de  la  Société. 

La  séance  est  levée. 


Séance   du   Coinilé   du   13   août   1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  à  la  séance:  MM.  Salomon,  architecte,  et  Erichson,  membre 
de  la  Société.  Plusieurs  membres  du  Comité  absents  de  Strasbourg  se 
font  excuser.  M.  Piingeisen  est  retenu  par  un  deuil  de  famille. 

Le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  : 

Bulletin  de  la  Soeiclc  des  antiquaires  de  la  Morinie.  Juillet — décem- 
bre 1876. 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  Langres.  Juillet 
1877. 

Festschrift  zur  vierten  Säcular-Feier  der  Eberhard- Karls -Universität 
zu  Tiibingen.  1877. 

L'Emulation  jurassienne.  Juin  1877. 

Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique.  1877,  S''  livraison. 

Compte  rendu  de  la  Commission  imperiale  archéologique  de  Saint- 
Pétersbourg.  1872,  187r>  et  1874,  avec  Allas  des  mômes  années. 

M.  le  pi'ésidenl  propose  l'admission  de  M.  Draun,  curé  de  Cléebourg, 
comme  membre  de  la  Société.  Il  donne  ensuite  lecture  du  travail  sui- 
v;miI,  (jui  lui  n  éié  adressé  par  M.  Gyss,  d'Obernai. 


—  83  — 


DE  L^ORIGINE  DES  NOMS  PATrxONYMIQUES  A  PROPOS  D^UNE  CHARTE 
DU  QUINZIÈME  SIÈCLE. 

L'usage  actuel  de  désigner  les  personnes  i)nr  deux  noms,  le  pré- 
nom et  le  nom  de  famille,  ne  remonte  pas  Irès-linni.  l'ind.ini 
de  longs  siècles  nos  ancêtres  se  contentaient  d'un  nom  unicpie,  nn 
de  ces  noms  gothiques,  qui,  à  la  suite  des  conquêtes  faites  jiar  les 
races  germaniques,  s'étaient  naturalisés  dans  les  pays  soumis  à  leur 
domination  et  se  modifièrent  plus  tard  suivant  le  génie  particulier  des 
différentes  langues  modernes.  Ces  noms  primitifs,  ordinairement  très- 
sonores  et  souvent  môme  agréablement  harmonieux,  nous  sont  révélés 
par  les  annales  et  les  chartes  des  époques  mérovingienne  et  carlovin- 
gienne.  En  voici  quelques-uns  à  titre  d'échantillon,  moins  l'orthographe 
fort  diverse,  mais  toujours  plus  ou  moins  barbare  dans  laquelle  on  les 
trouve  consignés:  Adalridt ,  Albcrich,  Ermanrich,  Hilderich,  Theodo- 
rich; Adalbert,  Clmnibert,  Ethelberl,  Engilbcrl,  Fulbert,  Ilildeberl,  Bat- 
berl,  Regimbert,  Sigebcrt,  Triilbert,  Walbert;  Adalfrid,  Baldfrid, 
llildefrid,  Olfrid,  Walafrid,  Warnefrid,  Winfrid;  Erkembcdd,  Elliel- 
bald,  lîinebcdd,  LuUbald,  Regimbcdd,  Winbald;  Ekehmi,  Engilharl, 
Mcginhart,  Nothart,  Ridhart;  Ballram,  Engilram,  Guntram,  Sintram, 
Walram,  Wolfram;  Ditinar,  Hinhmar,  Otmar,  Volmar,  Werinhar ; 
Arunif,  Baldulf,  Blidulf,  Hidulf,  Marcidf,  Bicidf,  etc.  Parmi  les  noms 
de  femmes  on  remarque  ceux  de  Amalhild,  Batliild,  Bilhild,  Brun- 
hild,  Chlotild,  Chrimhild,  Eimhild,  BichhUd,  Sivanehild ;  Edelind, 
Gcrlind,  GimdeUnd,  Riclind,  Theudelind  ;  Erenlnid,  Ilemellrml,  Ilillnid, 
Irmintrud  ;  Hlldegund,  Kunegimd,  Radegund;  Waltrad,  etc.  Tels  étaient 
les  noms  en  usage  durant  toute  la  première  moitié  du  moyen  âge,  et 
ces  noms  personnels,  par  lesquels  les  individus  se  distinguaient  l'un 
de  l'autre,  n'étaient  accompagnés  d'aucun  nom  commun,  propre  à  dé- 
signer collectivement  la  famille  à  laquelle  appartenait  l'individu.  Aussi, 
les  longues  séiies  de  noms  qui  se  rencontrent  parfois  dans  les  chartes 
de  ce  temps,  ne  nous  apprennent  rien  sur  l'origine  des  personnes 
qu'ils  représentent.  Quoique  ces  personnages,  en  qualité  iVingcnui  ou 
hommes  libres,  fussent  les  ancêtres  des  familles  nobles  qui  figurent 
en  si  grand  nombre  dans  les  siècles  suivants,  néanmoins  ils  ne  sont 
pas  rcconnaissables  généalogiquement,  par  cela  même  qu'ils  ne  portent 
qu'un  nom  propre.  C'est  pour  celle  raison  que  l'origine    première  i\cs 


—  84  — 

anciennes    familles    nobles   restera    tüiijuuis    couverte   du   linceul   de 

l'uiibli.  — 

La  simplicité  palriarchale  dont  témoigne  l'absence  de  noms  de  fa- 
mille, s'explique  par  l'état  économique  et  social  de  ces  temps.  Quand 
les  grandes  agglomérations  urbaines  n'existaient  pas  encore,  ou  du 
moins  étaient  furt  rares,  et  que  les  populations  rurales,  disséminées 
dans  une  infinité  de  petites  villas,  restaient  invariablement  attachées  à 
la  glèbe,  vivant  sous  l'anlique  régime  des  marches  et  des  colonges , 
(|uand  les  dynastes  ou  seigneurs  de  l'époque  n'étaient  eux-mêmes  que 
de  grands  propriétaires  fonciers  fixés  dans  leurs  domaines,  et  que 
même  les  palais  royaux,  si  nombreux  alors,  n'étaient  autre  chose  que 
de  vastes  fermes  ou  métairies,  qui  comprenaient  en  même  temps  les 
ateliers  dans  lesquels  se  confectionnaient  sur  place  les  objets  nécessaires 
à  la  cour,  quand,  en  un  mot,  les  habitudes  sociales  étaient  essentiellement 
sédentaires  et  les  relations  extérieures  presque  nulles,  un  nom  unique 
suflisait  largement  aux  besoins  des  communications  réciproques.  Dans 
le  cercle  restreint  et  uniforme  dans  lequel  se  mouvait  alors  la  vie  so- 
ciale, il  était  facile  aux  membres  individuels  de  ces  petits  groupes 
domestiques  de  se  distinguer  mutuellement  au  moyen  d'un  seul  et  même 
vocable. 

11  en  fut  autrement  à  partir  du  douzième  siècle,  quand,  à  la  suite 
des  croisades,  s'opéra  la  grande  transformation  sociale  qui  imprima  un 
caractère  nouveau  à  la  seconde  période  du  moyen  âge.  La  conversion 
des  grandes  propriétés  foncières  en  seigneuries  territoriales,  la  trans- 
mission héréditaire  des  offices  publics  et  des  revenus  féodaux  y  attachés, 
la  constitution  des  familles  investies  de  ces  fiefs  en  ordre  équestre  ou 
corps  de  noblesse,  puis  la  création  des  villes  et  à  sa  suite  l'apparition 
d'une  nouvelle  classe  sociale,  de  la  classe  bourgeoise,  l'organisation  de 
cette  dernière  en  tribus  et  corps  de  métiers,  et  par  suite  le  déve- 
loppement de  l'industrie  et  du  commerce,  enfin  la  part  active  que  prit 
dès  lors  la  bourgeoisie  des  villes,  conjointement  avec  la  noblesse,  aux 
affaires  pnl)li(pies,  toutes  ces  causes,  en  élargissant  amplement  le  cercle 
des  relations  sociales  et  en  multipliant  les  rapports,  ne  tardèrent  pas  à 
nécessiter  une  désignation  plus  précise  des  personnes,  et  donnèrent 
naissance  à  des  désignations  complémentaires,  propres  à  établir  une 
distinction,  non-seulement  entre  les  personnes  individuellement,  mais 
aussi  entre  les  familles  qui  formaient  la  communauté.  Aux  noms  propres, 
qui  ne  servaient  (pi'à  distinguer  les  individus,  vinrent  s'ajouter  d'autres 
noms  désignant  le  groupe  domestique  auquel  appartenaient  ces  individus, 


-  85  - 

lies  noms  de    lumillc  qui  se    transmirent  dès  lors    Ijéréditairemenl  aux 
descendants    de    celle-ci.    Les    noms    propres    primitifs    devinrent    dès 
maintenant  des  prénoms,  complétés  par  des  noms  patronymiques.  L'in- 
troduction de  ces  derniers  fut  l'œuvre  du  temps  et  des   circonstances, 
et  l'arbitraire  joua  longtemps  un  rôle  très-considérable  dans  leur  choix, 
jusqu'à  ce   qu'enfin    l'usage   eût    définitivement   réglé   leur   emploi.  — 
C'est  par  les  familles  placées  à  la  tôte  de  la   liiérarcliie   sociale  et  qui 
dans  la  suite  reçurent  la  qualification  spéciale  de  «nobles»,  que  s'intro- 
duisit le   nouvel,  usage.  Le    lieu  de    séjour  ou   d'habitation   fournit  un 
premier    contingent   de   noms   patronymiques.   Au   nom    personnel    (hi 
possesseur  d'un  castel  féodal  vint  s'ajouter  celui  du  château  de  famille 
qu'il   habitait,    comme   aussi  les   ministéiiaux  ou    officiers   publics  des 
seigneurs,  tant  ecclésiastiques  que  laïcs  et  leurs  vassaux,  adoptèrent  le 
nom  des  localités  dans  lesquelles  ils  résidaient  et  exerçaient  leurs  fonc- 
tions.   C'est   ainsi    que    surgirent  en   Alsace    les    sires    de   Holienburg, 
Ihincburg,    LïUzclburg ,    Girsberg ,    Landsberg,  LiclUenberg ,  Mocrshcrg, 
Fleckenslcin,  Greifenstein,  Hohenstein,  Hungerstein,  Lïdzelslein,  Oclisen- 
stein,  Ramstein,  Rappollstein,  Geroldseck,  Niedeck,  Gir baden,  etc.  C'est 
ainsi  qu'il  y  eut  en  même  temps  des  familles  nobles  de  Andlcm,  Ehen- 
hcim,  Roslicim,  Molsheim,  Hagenau,   Berckheim,   Bischof slieini,   Had- 
sicdt,  Ileiligenstein,  Mitlelhausen ,   Rumersheim-,   Schaf tohheim ,    Uilen- 
heini,   Schönem,   Wangen,   Wesihausen,  etc.  Il  est  même   à   remai'quer 
que  la  plupart  de  nos   anciennes   localités    prêtèrent  leur  nom  à  l'une 
ou  l'autre  des  ci-devant  familles  nobles  d'Alsace,  dont,  du  reste,  l'im- 
mense majorité   s'est  éteinte    depuis   longtemps.  Les  noms  des  rues  et 
la  situation  de  la  demeure   fournirent   également  des   dénominations  à 
ces  familles.  C'est  ainsi  qu'il  y  eut  à  Strasbourg  et  ailleurs  des  familles 
nobles  qui  s'appelaient  in  Kalbsgassen,  in    Obergass,  tinter  den  Kavf- 
leuten,  unter  den  Krämern,  vom   Steinburgthor,  zu  der  iserin  Thürc, 
zu  der   Schüren,   zum    Treubel,   zum  Ried,  zum  Rnst,   zum  Bach,  zu 
Rhyn,  uff  Griesz,  etc.  Le    nom  de    l'office  ou   de    la    charge    puhlique 
dont  les  nobles  étaient  investis  et  qui  se   transmettait   héréditairement 
à  leurs  descendants,   devint  aussi   pour   beaucoup   d'entre  eux  le  nom 
|)atronymique,  soit  seul,  soit   accompagné  du   lieu  de   séjour.  Il  y  eut 
des  nobles  Burggraf,  Marschalk,  Schcnck,    Vitzthum,  Schtdthciss,  Spen- 
der, etc.,  noms  qui,  dans  les  chartes  latines,  sont  ordinairement  latini- 
sés    ou    même    (raduits    en    latin  {burgravius,   marcscalcus,  pinccrna, 
viccdomus,  scultctus,  dfspensator).  D'autres  fois  encore  le  nom  j)roprc  du 
chef  de  la  famille  passa  à  ses  descendants  en  qualité  de  nom  palrony- 


—  8(3  — 

mique;  témoin  les  anciennes  familles  nobles  alsaciennes  de  Elnhart, 
Engclbrecld,  Erb  (Erbo),  Gossmar,  Mumhart,  Beimhold,  etc.  Grand 
nombre  de  noms  patronymiques  furent  aussi  dans  l'origine  des  sobriquets 
appliqués  à  tel  ou  tel  individu  (sobriquets  qui,  dans  les  vieux  temps, 
étaient  acceptés  de  bien  mcilh-ure  grâce  que  de  nos  jours),  et  qui  se 
transmettaient  régulièrement  aux  descendants.  Telle  paraît  être  l'origine 
des  noms  des  anciennes  familles  nobles  slrasbourgeoises  et  autres,  de 
Bock,  BochUn,  BilUcnzapfc,  Hoivemesser,  Jndenbrcller,  KCdbcUn,  Knob- 
lûcJi,  Kimiagel,  Merswin,  Norlwind,  Pfaffenlapp ,  Bebßtock,  Slubenweg, 
Virnckorn,  Zuckmanlel,  Wildemann,  etc.  Tous  ces  noms,  comme  aussi 
ceux  de  Arnibruster,  Bcger,  Bapsl,  Bcrer,  Berlin,  Bilgerin,  Dutsch- 
man,  Ilaffncr ,  Ililffel,  Kage,  Licbenzeller ,  Löselin,  Bichlcr,  ScJtmip, 
Schwarber,  Siehe,  Süsse,  Slurm,  Vceltsch,  Wepferman,  Zorn,  etc.,  tous 
ces  noms  qui  figurent  constamment  dans  les  litres  sans  adjonction  de 
particule,  nous  apprennent  que  la  particule  de,  qui  dans  noire  société 
démocratique  est  souvent  l'objet  de  bien  des  convoitises,  n'était  nulle- 
ment dans  l'origine  un  attribut  distinctif  de  la  noblesse.  Aussi  n'est-ce 
que  par  les  atli'ibuls  vraiment  nobiliaires,  tels  que  la  qualification  de 
cbevalier  ou  écuyer,  ou  par  les  fiefs  dont  les  porteurs  de  ces  noms 
étaient  investis,  que  se  distinguent  dans  les  litres  contemporains  les 
nobles  des  plébéiens.  Si  dans  la  suite  plusieurs  de  ces  familles  ajou- 
tèrent à  leur  nom  vulgaire  et  d'apparence  roturière  une  désignation 
de  lieu,  ce  fut  simplement  pour  établir  une  distinction  entre  les  diverses 
branches  de  leur  famille.  Ainsi  les  Beger  se  distinguèrent  plus  tard 
entre  Bcger  de  Bbjbcrg  et  Beger  de  Geispolsheim,  les  Bapst  en  Bapst 
d'Ichtratzheim  et  Bapst  de  Bolsenheim,  les  Zorn  en  Jungzorn,  Zorn 
de  Bulach  et  Zorn  de  Plobsheim. 

Telle  est  l'origine  des  noms  patronymiques  des  nobles;  telle  est  aussi 
celle  de  la  classe  des  plébéiens  ou  roturiers.  Naturellement  ces  derniers, 
en  raison  de  leur  grand  nombre,  ne  pouvaient  se'  distinguer  les  uns 
des  autres,  comme  les  nobles,  par  la  désignation  du  lieu  d'origine, 
sauf  le  cas  où  un  étranger  venait  se  faire  incorporer  à  la  bourgeoisie 
locale.  Alors  on  le  désignait  habituellement  du  nom  de  son  endroit 
natal,  lequel  se  transmellait  aussi  à  ses  descendants.  Il  n'est  pas  rare 
de  rcnconiroi-  dans  les  lilres  du  quatorzième  et  du  (piinzième  siècle 
des  noms  ayant  toute  l'apparence  d'appartenir  à  des  nobles  et  qui 
pourtant  étaient  poi'tés  par  des  roturiers,  tels  (pie  Ilans  von  Kuppcn- 
helm,  Klaus  von  Windenberg ,  Konrad  von  Wiggersheim,  Hans  von 
Fnndifurl,  clc.  Ce  n'est  que  plus  l;ird  qu'on  cnijjloya  une  autre  forme, 


—  87  - 

celle  de  Frankfurter,  Nürcnherger ,  Weisseuburger,  etc.,  comme  aiis^i 
Böhm,  Hess,  ScItoU,  Schwab,  Schivcitzer,  Teulsch,  Wâlsch,  etc.,  pour 
désigner  le  lieu  ou  le  pays  d'origine,  noms  qui  se  renconlrcnl  fré- 
quemment encore  de  nos  jours.  Toul  comme  chez  les  nobles,  les  em- 
plois servirent  aussi  à  désigner  les  familles  plébéiennes  qui  en  élaicni 
chargées.  C'est  ainsi  (pi'anjourd'hui  encore  se  rencontrent  fréquemment 
les  noms  de  Ilemburger ,  Mêler,  Keller,  Hofinann,  Iluber,  etc.,  qui 
élaicnt  ceux  des  préposés  et  des  membres  des  anciennes  associations 
colongères.  Dans  les  rangs  de  la  bourgeoisie  au  contraire,  laijuelle 
s'était  organisée  en  corps  de  métiers,  le  nom  du  métier  fournit  natu- 
rellement le  qualificatif  le  plus  propre  à  désigner  ceux  qui  l'exeicaienl, 
d'autant  plus  que  les  mêmes  professions  s'exerçaient  presque  hérédi- 
tairement dans  les  mômes  familles.  Témoins  en  sont  encore  maintenant, 
dans  tous  les  pays  et  dans  toutes  les  langues,  les  nombreux  noms 
paIronymi(iues  désignant  des  professions,  tels  que  Beck,  Küfer,  Metzger, 
Müller,  Schmid,  Schneider,  Schuster,  Weber  et  quantité  d'autres.  Les 
qualités  corporelles,  et  même  les  défauts  physiques,  fournirent  également 
leur  conlingcnt  de  dénominations  patronymiques  qui  se  transmirent 
du  clicf  de  la  famille  à  ses  descendants,  d'où  les  noms  si  fréquents 
de  Gross,  Klein,  Lang,  Kurtz,  Weiss,  Schivartz,  Both,  Braun,  etc. 
Comme  chez  les  nobles,  les  sobriquets  obtinrent  aussi  cet  honneur 
chez  les  plébéiens,  et  telle  fut  sans  doute  l'origine  du  nom  des  deux 
familles  patriciennes  de  Barpfennig  et  Mehlbrile,  dans  lesquelles  se 
recrutaient  au  quinzième  siècle  les  Ammeisler  de  la  ville  de  Sliasbourg. 
Un  dernier  contingent  de  noms  patronymiques  a  été  fourni  par  les 
noms  propres  même  des  chefs  de  famille,  qui  passèrent  plus  lard  à 
leurs  descendants  comme  noms  de  famille.  Les  primitifs  noms  propres 
gothiques  Arnold,  Bernhard,  DietricJt,  Erhard,  Guntrani,  'Herrmann, 
Lambert,  Ortlieb,  Ottmann,  Beichhard,  Walthcr,  Wernher,  etc.,  ainsi 
que  les  prénoms  lilurgiipies  Klaus,  Martin,  Simon,  Thomas,  etc.,  se 
rencontrent  encore  maintenant  très-fréquemment  comme  noms  de  fa- 
mille. Il  est  clair,  pour  plus  d'une  raison,  que  l'origine  et  la  signifi- 
cation de  quantité  de  nos  noms  patronymiques  actuels  échappent  à 
notre  investigation;  mais  ce  qui  est  certain,  c'est  que,  dans  le  principe, 
ces  noms  n'étaient  autre  chose  que  de  véritables  surnoms  empi'untés 
aux  circonstances  et  qui  se  transniii-ent  par  l'usage.  La  jireuve  en  est 
aussi  dans  les  chartes  même  qui  nous  révèlent  les  noms  iiatronymiques 
primitifs,  en  ce  qu'elles  rapportent  d'abord  le  nom  personnel  ou  prénom 
du  personnage  en  question,  et  ajoutent  ensuite  que  ce  [icrsonnagc  est 


-  88  — 

surnommé  de  telle  ou  telle  façon  (Conradus  dlctus  Slammeler,  Riidol- 
fus  didus  Schenke,  etc.). 

Parmi  les  anciens  noms  propres  gothiques  il  y  en  avait  beaucoup 
qui  elaiont  devenus  de  plus  en  plus  populaires,  en  ce  que,  dans  le 
cours  du  moyen  âge,  ils  avaient  été  portés  par  des  personnages  qui 
obtinrent  les  honneurs  du  culte  de  l'Église,  et  ceux-là  furent  choisis 
dès  maintenant  de  préférence  pour  prénoms.  Ainsi,  les  noms  de  Ans- 
hcliii,  Bernhard,  Burchhard,  Dcrihold,  Bruno,  Conrad,  Eberhard, 
Erhard,  Eruier  ich,  Gebhard,  Heinrich,  Hugo,  Ludivig ,  Otto,  Reich- 
hard,  Rudolf,  Sigfrid,  Thcobald,  Udalrich,  Wilhelm,  etc.  Mais  cn  même 
temps  on  continua  aussi  à  employer  un  grand  nondjre  d'autres  noms 
gothiques  restés  plus  ou  moins  profanes,  et  qui  ont  maintenant  passé 
d'usage  depuis  fort  longtemps.  C'est  ainsi  que  l'on  rencontre  encore 
fort  fréquenimcnt  dans  les  chartes  du  douzième  au  quinzième  siècle 
les  prénoms  suivants:  Ansldt,  Baldung,  Billunc,  Egcnolf,  Emich,  Er- 
tvin,  Gossmar,  Härtung,  Hetzet,  Helferich,  Günther,  Krafto,  Landolf, 
Matfrid,  JSibelung,  Ortlieb,  Orttvin,  Reimbold,  Rudiger,  Schafrid,  Sig- 
mar, Stahel,  Walther,  Wernher,  Wolfhelm,  etc.  Pour  ce  qui  concerne 
les  noms  de  femmes,  à  côté  des  Adelheid,  Bcrtha,  Brigid,  Gertrud, 
Hedwig,  Hildegard,  Kunigund,  Lutgard,  Mechtild,  Richard,  Wcdpurg, 
etc.,  on  voit  aussi  figurer  des  Dina,  GiUa,  Hatziga,  Hemma,  Richinza, 
Sawina,  des  Ellekind,  Herzelande,  Irmensind,  Luckhard,  etc.  C'est  dans 
la  classe  des  nobles  que  l'usage  des  prénoms  gothiques  se  maintint 
le  plus  longtemps,  tandis  que  parmi  les  plébéiens  s'introduisit  de  plus 
en  plus  celui  des  noms  des  saints  célébrés  dans  les  fêtes  liturgiques. 
Si  dans  cette  dernière  catégorie  les  nobles  adoptèrent  de  préférence 
les  noms  des  patrons  des  guerriers,  saint  Maurice  et  saint  George,  et 
parfois  aussi  celui  de  l'archange  saint  Michel,  par  contre,  les  plébéiens 
fixèrent  surtout  leui'  choix  sur  les  noms  des  apôtres  et  des  évangélisles, 
ainsi  que  sur  ceux  de  saint  Martin  et  saint  Nicolas,  les  deux  grands 
saints  que  le  moyen  fige  entourait  d'une  vénération  particulière.  Mais 
le  prénom  de  prédilection  des  vieux  temps,  ce  fut  celui  de  saint  Jean- 
Baptiste,  le  Jehan  des  Français,  le  Hans  des  Allemands,  sans  doute  en 
raison  de  sa  fête,  jadis  si  éminemment  populaire.  Si,  du  reste,  les  feux 
de  joie  du  solstice  d'été,  qui  s'allumaient  à  cette  fête  (laquelle,  pour 
cette  raison,  est  désignée  dans  les  anciennes  chartes  allemandes  sous 
le  vocable  de  Sant  Johans  zu  den  Sunnegichten),  étaient  de  vieilles 
réminiscences  païennes,  qui  se  rattachaient  à  l'ancienne  mythologie 
germam'quc,   l;i  fêle    cbiétienne  de  son  côté    éj)Uiait  ces    souvenirs  ca\ 


—  89  — 

cclébranf.  la  Nativité  de  celui  qui  annonça  le  lever  du  soleil  de  justice. 

Tous  ces  noms  subirent  au  quatorzième  et  au  quinzième  siècle  diverses 
modifications  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  signalei-.  De  même  fpie 
dans  la  langue  fiançaise  les  anciens  noms  germaniques  de  Lcudcgai-, 
Reinhard,  Rudolf,  Tlieodorich,  Waltlier,  etc.,  se  transformèrojit  en  Lé- 
ger, Régnier,  Raoul,  Thierry,  Gaulhier,  ces  noms  se  transformèrent 
aussi  chez  les  Allemands  au  moyen  de  contractions  analogues.  C'est 
ainsi  qu'Adalhert  devint  AlbrecJU,  Luilbald  Leopold,  Regiidjald  BeimbohI, 
Theolbald  Dieholl,  Theodorich  Didrich,  Uilalriih  Ulrich,  Wninhar 
Wernher,  etc.  Moyennant  d'autres  contractions  encore,  les  noms  de 
Dietrich,  Friederich,  Heinrich,  Kunrad,  Ludwig-,  etc.,  prirent  la  forme 
de  Dietsche,  Fritschc,  Ileiutze,  Kvnlze,  Liitze.  Par  contre,  à  la  môme 
époque  s'iniroduisit  aussi  l'usage  d'allonger  de  nouveau  ces  noms  ainsi 
raccourcis,  en  y  ajoutant  la  terminaison  de  mann,  comme  l'alteslent 
les  prénoms  si  fréquents  alors  de  Christmcui,  Didschemcm,  Frilsch- 
man  ou  Friedeman,  Hanscman  ou  Haneman,  Ilehdzeman,  Kimizeman 
ou  Kuneman,  lôweman ,  Lulzman  ou  Ludeman,  Olleman,  Pelcrman, 
Smasman,  etc.  Les  derniers  temps  du  moyen  âge  se  dislinguèrenl  aussi 
par  la  mode  des  diminutifs.  C'est  ainsi  que  les  noms  de  Ilans,  Ibigo, 
Klaus,  Jacob,  etc.,  se  transformèrent  en  Henscl,  Ilugcl,  Klausel  ou  Lm- 
wcl,  Jeckel,  ef.c.,  comme  aussi  les  litres  de  l'époijue  portent  de  iiom- 
breux  diminutifs  encore  plus  renforcés,  tels  que  ceux  de  Bczelin , 
Döldelin,  Eberlin,  Ilenselln,  Hesselin,  Hugelin,  JcckcUn,  Kwizelin, 
Lämbelin,  Lauivclin,  LenzcUn,  Reimboldelin,  Bippelin,  Sigelin,  Stche- 
lin,  Wenilin,  Werlifi,  Winlin,  Wolfelin,  etc.  Il  se  peut  que  ces  dimi- 
nutifs aient  servi  dans  le  principe  à  désigner  les  fils  des  pères  de  même 
nom,  et  qu'ils  restèrent  à  ceux-là  dans  l'âge  mûr.  C'est  surtout  l'asso- 
ciation de  ces  prénoms  aux  noms  de  famille  qui  imprime  aux  noms 
de  cette  époque  un  cachet  tout  particulier,  une  physionomie  à  la  fuis 
naïve  et  bizarre.  C'est  ainsi  qu'à  chaque  pas  on  rencontre  dans  les 
titres  du  quinzième  siècle  des  noms  tels  que  B'dgcrllœnig,  Diele) lilaiis, 
Fritseh eheinze,  Gensellauwelin,  Gossenhugcl,  Ilasenlartwelin,  Iliigü/nigel, 
Kle in f ritsch,  Martinhans,  Meigerklaus,  Melzenhensel,  Schalhslidz,  Scher- 
peter,  Sliidenhans,  Zaberhuck,  Zeiscnliensel,  etc. 

Après  avoir  énuméré  les  diverses  transformations  que  subit  le  mode 
de  dénomination  des  personnes,  nous  devons  ajouter  qu'au  quinzième 
siècle  l'usage  des  noms  patronymiques  n'était  pas  encore  définitivement 
fixé.  A  cette  époque,  il  était  encore  loisible  aux  particuliers  de  se  donner 
eux-mêmes    des  noms  à  leur   convenance.  C'est    ce    qui    résulte    entre 


—  90  — 

aulres  d'un  tilre  assez  curieux,  conservé  aux  archives  communales  d'Ober- 
nai,  et  dans  lequel  figure  une  série  de  noms  évidemment  choisis  pour 
la  circonstance.  Ce  litre  a  poui'  objet   une  de  ces  associations  charita- 
bles qui  au  moyen   âge   revêlaient  le    caractère  de   confraternités  reli- 
gieuses et  qu'on  avait  l'habilude  de  placer  sous  la  sauvegarde  du  ma- 
gistrat   des    villes.    Des   garçons  de    métier,    compagnons   forgerons  et 
charruns,  domiciliés  à  Obcrnai,  déclarent  dans  ce    document,    qu'étant 
la  plupart   étrangers,  ils  ont    établi   une   confraternité   dans  le  but  de 
pourvoir  réciproquement  au  salut  de  leurs  âmes,  en  cas  de  mort,  par 
des  services  religieux   régulièrement   célébrés,   comme   aussi  aux  frais 
d'un   enterrement   honorable  et  à  leur  sustentation   temporaire  en  cas 
de  maladie.  De  son  côté,  le  magistrat  déclare,  qu'en  signe  d'approbalion 
des  statuls  de  cette  confraternité,  il  a  apposé  le  sceau  de  la  ville  à  la 
présente  charte,  qui  est  datée  du   lundi   après  la  fête  de  saint   Michel 
de   Tannée   1407.    La   pièce   en  parchemin   commence  par  les  termes 
usuels:  «lT7r,  hans  Iterman  der  meister  und  der  Bat  zu  Obern  Ehen- 
heim  kundenl  menglichen  mit  disem  brieff  daz  für  unsern  Rot  komen 
sint  dise   nachrjenanten  personen,   Nemlich  die   Smidknecht,    Wagner- 
knecht  und  Karicherknecht   uff  dise  zit  by  uns   ivonhafj't   und   teilten 
uns  für  wie  sie,  elo)  Suit  l'exposé  des  statuts  de  l'association  et  l'appro- 
bation du  magistrat;  puis  viennent  les   noms  des   membres  de    l'asso- 
ciation :   Und  sint  dis  die   gesellen  die  solich  Bruderschaft   angefangen 
haben,  des  ersten  die  Smidknecht  caspar  hebysen,  hans  rimjscn,  hans 
zwügkysen,  hans   schellysen,  hans   vogelyscn,  klaiis   tvetterysen,   claus 
rippyscn,  heinrich  frischysen,  hans   dürryscn,    hcrman   zwigkennagel, 
heinrich  hertysen,  jost  silberysen,  barütolorne  hellyscn,  anlhcnig  zivick- 
ysen,  hans  spilzdennagcl,  so  denn  die  ivagncrknccht  heinrich  frycrmitt, 
hans  wagener,  sleffan  fryermut,  arnolt  linder,  andres  gilge.  Idem  die 
karichknecht  hans  flegkel,  philipshans,  heinrich  pfeffcrlin,  demcnknrin, 
Smidcuntz,  rnichel  und  thoman  von  meistertzheim  gebrüder,  peter  von 
sant  .  .  .  ein   (illisible),  hans   bösch,   mattern  von   heiligenstein,  hans 
von  hagenowd  und  hans  von   offenbiirgk  und  heitzlirckge.    Comme  on 
voll,  les  compagnons  forgerons  ou  Smidknecht,  parmi  lesquels  se  trou- 
vaient sans   doute  les  maréchaux-fcrranls,  les    serruriers,  les'cloutiers 
et  tous   ceux  qui    travaillaient  le  fer,  sont    désignés  tous,    dans    cette 
'harlr,  par  un  nom  qui  a  trait  à  leur  métier  et  la  plupart  de  ces  noms 
se  tcniiiiiriit  par  le  mot  yscn  ou    fei'.  A    coup   sûr  ce   Ji'élaient  pas  là 
les  noms  patronymiques  que  les  susdits  compagnons  avaient  hérités  de 
leurs   jièrcs;  il  est  clair,   au   conliairr,  iju'ils  les    ont  adoptés  de   leur 


—  91  - 

propre  chef,  pour  indiquer  la  profession  à  lû(|nclle  ils  appartenaient. 
Les  documents  d'Obernai  de  la  môme  époque  olTrent  encore  un  autre 
échantillon  de  noms  de  circonstance,  à  désinence  identique.  Les  comptes 
communaux  de  1i54  et  des  années  suivantes,  en  enregistrant  les  frais 
des  exercices  de  tir  à  canon,  mentionnent  un  meistcr  Klaus  Guckyscn, 
qui  était  le  chef  de  l'artillerie  urbaine.  On  sait  qu'à  cette  époque  les 
petites  villes  rivalisaient  de  zèle  avec  les  grandes  pour  l'acquisition  de 
ces  nouveaux  engins  de  guerre,  et  que  ces  canons  primitifs  étaient 
des  tubes  de  fer  cerclés,  dont  celui  qui  est  exposé  sur  la  place  du 
Vendredi,  à  Gand,  offre  encore  maintenant  au  touriste  un  échantillon 
fort  respectable.  11  est  fort  naturel  d'admettre  que  celui  qui  était 
chargé  de  la  direction  des  exercices  de  tir  et  qui  exerçait  les  bour- 
geois dans  le  pointement  de  ces  grosses  pièces  de  fer,  ait  reçu  ou  se 
soit  donné  lui-même  le  sobriquet  de  Giickysen,  en  guise  de  nom  pa- 
tronymique. Quoi  qu'il  en  soit,  la  collection  de  noms  que  renferme  la 
charte  susdite,  prouve  qu'au  quinzième  siècle  les  noms  patronymiques 
s'imposaient  encore  à  volonté.  Ce  n'est  qu'à  partir  du  seizième  siècle 
que  l'usage  en  régla  définitivement  l'emploi,  lequel  de  nos  jours  est 
fixé  officiellement  par  l'état  civil. 

La  séance  est  levée  à  3  heures. 


Séance  du  Comité  du  \i  novembre  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Blanck,  Nessel,  Oleyer,  Ringeisen,  Salomon,  J.  Sengen- 
wald,  Stoffel  et  C.  Schmidt,  secrétaire. 

MM.  Kiudlerde  Knobloch,  Ohleyer  et  Stoffel,  membres  de  la  Société, 
assistent  à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  13  août  1877  est  ajiprouvé  tel  qu'il  a 
été  publié. 

1.  M.  le  président  dépose  quelques  vues  photographiques  de  l'ancienne 
porte  d'Austerlitz, 


—  02  — 

2,  M.  I.  Cliauiïbur  ayant  écrit  pour  exprimer  le  désir  que  les  travaux 
fie  restauration  de  la  loggia  de  Colinar,  auxquels  la  Suciélé  a  décidé  de 
concourir,  soient  exécutés,  autant  que  possible,  avant  l'hiver,  le  Comité 
met  à  la  disposition  de  M.  CiiauITour  la  somme  volée,  en  le  priant  de  veil- 
ler aux  mesures  nécessaires  pour  hàler  l'exécution. 

3.  M.  Slichaner,  Kreisdirektor  de  Wissembourg-,  informe  le  Comité  de 
la  découverte  (pi'on  a  faite  dans  cet  arrondissement  de  diverses  antiquités 
l'omaines. 

/]•.  Le  même  communiijue  une  copie  |)liolograj)hique  d'une  reproduction 
en  bois  de  l'ancien  lustre  (Kronleuchter)  de  l'église  collégiale  de  AYisscm- 
boui'g.  Le  nuuumicnt  original,  tialant  du  onzième  siècle,  n'existe  plus. 
xM.  Stichaner  émet  le  vœu  que  la  Société  fasse  l'acquisiliou  de  la  reproduc- 
tion en  bois,  œuvre  d'un  artiste  du  dernier  siècle;  le  Comité  regrette  que 
les  statuts  ne  permettent  pas  d'acquérir  des  objets  de  celte  nature. 

5.  Les  déblais  dans  les  ruines  du  chàleau  de  Fleckenstein,  auxiiucls  la 
Société  a  contribué  déjà  pour  une  somme  de  450  Iv.,  ayant  dû  être  con- 
tinués et  étant  faits  avec  autant  de  soin  (pie  d'intelligence,  le  Comité 
accorde  un  nouveau  subside  de  200  fr. 

C.  M.  Slichaner  écrit  à  M.  le  président  pour  lui  annoncer  rachèvemcnt 
de  la  restauration  de  l'église  collégiale  de  Wissembourg-.  Il  expiime  au 
Comité  sa  reconnaissance  pour  les  subventions  qu'il  a  votées  pour  celle 
œuvre,  et  l'invite  à  venir  visiter  l'édifice.  M.  le  président  répondra  à 
M.  Stichaner  que  le  Comité  s'empressera  de  se  l'cndie  à  celle  invi- 
tation. 

7.  Le  même  annonce  que,  sous  sa  direction  et  aux  frais  du  gouverne- 
ment, on  a  restauré  les  églises  de  Surbourg,  de  llohwiller  et  de  Nieder- 
Belschdoif.  Le  Comité  lui  vole  des  remercîments. 

8.  M.  Salumun  met  sous  les  yeux  du  Comité  deux  pieiTCS  sculptées, 
récemment  trouvées  à  la  Montagne-Verte.  Elles  datent  de  la  lin  (hi 
seizième  ou  du  commencement  du  dix-septième  siècle,  et  paraissent  avoir 
servi  de  supports  à  un  poêle.  M.  Salomon  est  pi'ié  d'en  faire  faire  un  mou- 
lage pour  le  musée  de  la  Société  et  d'en  publier  dans  le  Bulletin  des  des- 
sins accompagnés  fl'uue  note. 

0.  .M.  1('  curé  de  Grauflbal  ay.iiil  manifesté  le  désir  d'êlie  mis  en  mesure 
de  faire  (pn'lipics  fmiilles,  .M.  le  président  annonce  (pi'au  ])iintciii|)s  il  se 
rcndia  sur  les  heiix  (lour  examiin'i'  ce  (ju'ii  convieiidia  de  l'aiie. 


-  9.^»  - 

10.  M.  le  président  communique  une  monnaie  tl'argcnl  qui  vient  d'èlrc 
trouvée  à  la  Musau;  elle  porte  rinscriplion  suivante  : 

Avers    ®  lOAN  •  1)   •  G   •  VA.FJ]   •  AltC   •  EP  •  AL  •  L  • 
Joannes  Dei  Gratia  electus  argcnlinensis 
Episcopus  Alsatia}  Landgravius 

Ecu     au   1    Strasbourg-  ;   au   2   et  o  de    Manderscheid 
et  Blanckenlicim;  au  4  Alsace. 

lîeucrs    RVDOLPIl  •  Il   •  IMP   •  AUG  •  P  •  F  •  DEC  • 

Pxvdolphvs  II  imperator  Augustus  publicarc  fecit  decrelo. 

11.  M.  Nessel  fait  un  rapport  vcibid  sur  les  sépultures  et  les  cimetières 
romains  de  la  Basse-Alsace,  dont  il  a  lui-même  découvert  et  l'unilir!  un 
certain  nombre;  sur  la  différence  des  tombes,  suivant  qu'elles  appar- 
tiennent à  la  période  de  l'incinération  des  morts  ou  à  celle  de  l'inhuma- 
tion; sur  les  objets  qu'on  y  trouve,  principalement  sur  les  urnes  et  les 
vases  et  sur  l'usage  auquel  ils  ont  servi.  Il  montre  un  vase  qu'il  a  trouvé 
sur  l'emplacement  de  l'ancien  village  de  Willer,  qui  jadis  a  existé  non 
loin  de  Gries;  ce  vase  présente  la  particularité,  peut-être  unitpie  dans 
son  genre,  de  porter,  tracé  au  moyen  d'un  instrument  pointu,  le  noui  de 
Maxima.  Sur  le  désir  exprimé  par  le  Comité,  M.  Nessel  veut  bien  rédiger 
son  rapport  sous  forme  de  mémoire  pour  le  Bullcliu. 

12.  M.  Stoffel  donne  leclure  du  rapport  suivant  : 

«Messieurs, 

«L'œuvre  projetée  de  M.  Kindler  deKnobloch,  sur  laquelle  vous  m'avez, 
chargé  de  vous  faire  un  rapport  succinct,  mérite,  à  tous  égards,  l'intérêt 
que  vous  avez  témoigné  dès  l'abord  à  son  apparition.  Jusqu'ici  l'histoire 
de  la  noblesse  et  du  patriciat  urbain  de  l'Alsace,  des  hommes  libres  en  un 
mot,  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  les  seuls  acteurs  du  moyen  âge,  n'a  été 
traitée  que  pour  la  part  que  leur  attribuent  les  chroniques  sur  la  scène 
des  temps  passés;  leur  histoire  intérieure,  le  Hausbuch  des  familles,  n'a 
été  qu'ébauchée  ou  est  restée  à  l'état  fragmentaire. 

«  C'est  pour  combler  cette  lacune  que  M.  de  Knobloch  a  entrepris  la  com- 
position de  son  recueil.  Loin  de  se  borner,  comme  cela  arrive  malheureuse- 
ment trop  souvent  dans  notre  province,  à  répéter,  faux  comme  vrai,  tout 
ce  qui  a  été  imprimé  déjà  à  foison,  il  est  allé  aux  sources,  et  les  spécimens 
d'articles  qu'il  vous  a  soumis  sont  riches  en  documents  nouveaux,  de 
même  que  ses  dessins  de  blason  sont  admirablement  réussis.  Il  a  puisé 


—  04  — 

aux  archives  publiques  et  privées  cl  a  su  coordonner  avec  les  données 
déjà  connues  les  trésors  cachés  dans  nos  dépôts. 

(1  Les  armoiries  et  sceaux  figurés  dans  le  texte  auront  une  importance 
toute  particulière.  Combien  de  fois  l'amateur  d'antiquités  n'esl-il  pas 
arrêté  à  la  vue  d'un  blason  représenté,  sans  inscription,  sur  des  objets 
d'art,  des  tableaux,  des  reliures,  des  pierres  tombales!  Avec  ces  dessins 
et  de  la  patience  il  ne  peut  manipier  de  trouver  le  nom  de  celui  à  qui  le 
blason  appartient. 

«Cependant,  malgré  tous  ces  mérites,  je  dois  signaler  quelques  lacunes, 
que  l'auteur  ne  pourra  combler  qu'en  étendant  davantage  encore  les  inves- 
lio-ations  qu'il  a  entreprises  sur  les  documents  originaux.  C'est  surtout 
dans  la  Haute-Alsace  qu'il  retrouvera  des  sources  où  il  pourra  puiser  des 
matériaux  indispensables  à  son  œuvre.  Les  obituaires  d'Unterlinden,  de 
Saint-Martin  de  Colmar,  de  Pairis,  les  cartulaires  et  urbaires  deMurbach, 
de  Lucelle,  de  la  régence  d'Ensisheim,  etc.,  et  avant  tout  les  parchemins 
scellés  sont  riches  en  indications  de  toutes  sortes.  Quelques  auteurs,  tels 
que  Stumpf  (Gem.  Löbl.  Ei/dgenos.  Citron.),  Leu  {AUgem.  Ilelvet.  Lex.), 
Wurstisen  (Ikisl.  Cliron.),  peuvent  être  consultés  sur  les  vassaux  de  l'Au- 
triche dans  le  Sundgau,  originaires  en  grande  partie  de  la  Suisse.  P.Fürst 
(Wappenb.)  fournit  les  armoiries  des  Bapst  de  Slaiïelfelden,  distincts  des 
Bapst  de  Bolsenhein.  Enfin  mon  Dicl.  top.  du  IIind-Biiin  renferme  quel- 
ques noms  qui  manquent  dans  la  nomenclature  de  la  lettre  A,  tels  que  les 
d'Altkirch,  d'Alt-Pfirt,  d'Altenwege  (art.  Niederenzen),  d'Anxolles  (Assel), 
d'Asucl  (Hasenburg)  ou  dapifer  de  Courtavon  (Ottendorf). 

«  {»'un  autre  côté,  le  livre  resterait  incomplet  s'il  ne  reproduisait  j)as  les 
anciennes  formes  des  noms.  M.  de  Knobloch  en  donne  bien  un  certain 
nombre  intercalées  dans  le  texte,  telles  que  Agenbach  pour  Hagenbach, 
Agone-Vallispourllagenthal,  mais  il  ne  donne  pas  celle  d'Oclie,  employée 
par  Königshofen,  pour  Arhe.  Sans  rien  changer  au  jirincipe  posé  pnr  lui 
de  classer  les  noms  d'après  l'orthographe  actuelle,  il  pourra  réunir  en 
une  table,  à  la  fin  du  volume,  les  anciennes  formes  avec  des  renvois. 

€  Certains  noms  devront  être  déjjlacés,  comme  par  ex.  celui  de  Adursam, 
qui  figurerait  mieux,  ce  me  semble,  à  la  lettre  U,  Ursam  (ad),  car  la 
forme  de  Jfc  Ursa  [domicclkis  de  Ursci)  est  également  usitée. 

«Ces  petites  observations  faites,  il  ne  reste  que  des  éloges  à  donner  au 
travail  de  M.  de  Kiiubbtcli.  Je  ne  puis  donc  que  vous  [iriei'  de  le  soutenir 
de  toute  vutn;  autoiité. 

.   «Colmar,  le  1':!  novembre  1S77. 

«  G.  Stoffel,  » 


—  95  - 

13,  Sont  odmis  comme  membres  de  la  Société  : 

Sur  la  proposiliou  de  M.  de  Mülleiilieim  :  M.  iliclianl  de  Müllonhcim  à 
Niedcrlœsnitz,  près  de  Dresde;  M.  Eiigler,  capilaine  d'ailülerie  à  lîasladl; 
Sur  celle  de  M.  Ringeisen  :  M.  Ridilmann,  curé  de  Saint-Pierre. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  Comité  du  40  décembre  1877. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  :  MM.  Blanck,  Kraus,  Nessel,  Petili,  Salomon,  Sengenwald, 
Rod.  de  Tiircklieim,  G.  Schmidt,  secrétaire. 

MM.  Erichson,  Kindler  de  Knobloch,  de  Müllenheim,  membres  de  la 
Société,  assistent  à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  12  novembre  est  approuvé  tel  qu'il  a 
été  publié. 

Les  ouvrages  suivants  ont  été  offerts  à  la  Société  : 

Der  Geschichtsfreiind.  Miilheilungen  des  historischen  Vereins  der  fünf 
Orte  Lnzern,  Uri,  Schiuiz,  Unterwaiden  und  Zng.  XXXIL  Band. 

Register  oder  Verzeichnisse  zu  Band  XXI  bis  und  mit  XXX  des  Ge- 
schichtsfreiindes.  \  877. 

Reuter,  Zur  Geschichte  des  römischen  Wiesbadens.  IV.  Römische 
Wasserleitungen  in  Wiesbaden  und  seiner  Umgebung.  1877. 

1°  M.  Blanck  dépose  le  socle  en  pierre  d'un  noyau  d'escalier  tournant 
qui  a  existé  dans  une  maison  delà  rue  delà  Fontaine.  Ce  petit  monument, 
qui  représente  un  boulanger,  est  du  même  style  et  de  la  môme  époque 
que  les  deux  dessous  de  cheminée  qu'avait  communiqués  M.  Salomon. 
n  en  sera  fait  un  moulage  pour  la  collection  de  la  Société  et  un  dessin 
pour  le  Bulletin. 

2°  Le  même  montre  une  petite  pierre  cubique  ayant  des  bas-reliefs  sur 
trois  de  ses  faces  et  paraissant  dater  du  seizième  siècle.  Il  est  difficile  de 
dire  quelle  a  pu  être  la  destination  de  cet  objet. 


—  00  — 

o°  M.  Schlosser,  de  Drulingen,  envoie  le  dessin  d'un  fragment  de  sculp- 
ture trouvé  dans  l'ancienne  église  de  Lohr,  en  juillet  1876,  et  rend  compte 
de  celte  découverte  par  la  lettre  suivante  : 

«Eu  démulissanl  la  vieille  et  caduque  église  de  Lohr,  on  a  trouvé 
dans  un  des  murs  de  la  nef,  à  3  ou  4  mètres  au-dessus  du  sol,  la  partie 
inférieure  d'un  bas-relief  qui,  selon  toute  apparence,  date  de  l'époque 
romaine. 

ftCe  fragment,  (pii  est  en  grès  bigarré,  mesure  0"\50  de  large.  De  l'en- 
cadrement primitif  du  bas-relief  il  reste  une  partie  du  bord  latéral  gauche 
(largeur:  0"\08)  et  presque  tout  le  bord  inférieur  (largeur  :  0"\25)  dont 
l'extrémité  droite  a  seule  disparu.  Le  bord  latéral  droit  manque  complète- 
ment. Ce  qui  subsiste  encore  de  la  bordure  de  l'anaglyphe  ne  présente 
d'ailleurs  aucune  trace  de  moulure  ou  d'inscription. 

«La  portion  de  la  pierre  qui  est  sculptée,  est  presque  plane  et  un  peu 
en  retraite  sur  l'encadrement;  sa  hauteur  est  de  0'",30  et  sa  largeur  de 
0"\'42.  La  partie  du  bas-relief  (p.ii  se  trouve  ainsi  conservée,  formait  à  peu 
près  les  deux  cinquièmes  de  la  sculpture  primitive,  dans  le  sens  de  la  hau- 
teur; mais  il  n'est  pas  bien  certain  que  ce  fragment  soit  intact  même  dans 
le  sens  de  la  largeur,  c'est-à-dire  vers  son  extrémité  droite,  là  où  la  bor- 
dure a  disparu. 

«En  allant  de  gauche  à  druite,  ce  morceau  de  sculpture  nous  fait  voir 
tout  d'abord  le  pied  (en  bois)  d'un  siège.  Ce  pied,  qui  a  en  quelque  sorte 
la  fuinic  d'un  bolustre,  n'offre  rien  de  caractéi'istique;  nul  doute  qu'il 
ne  doive  représenter  ici  un  siège  entier,  la  partie  étant  prise  pour  le  tout. 

«  A  côté  de  ce  premier  objet,  on  remarque  les  deux  jambes,  assez  écar- 
tées, d'un  personnage  qui,  ayant  à  peine  quitté  ce  siège,  s'avançait  vers  la 
droite  du  spectateur.  Les  jambes  et  les  pieds  paraissent  nus;  cependant  on 
ne  distingue  pas  ou  on  ne  distingue  plus  les  orteils. 

(î  Entre  les  jambes  de  ce  personnage  on  reconnaît  les  plis  assez  sail- 
lants d'une  étofl'e  qui  tombe  jusque  sur  le  sol  et  s'y  recourbe.  Ces  plis 
l'cctilignes  s'écartent  un  peu  de  la  verticale  et  s'inclinent  vers  la  droite,  de 
sorte  que  celte  draperie  participe  au  mouvement  de  la  figure  et  l'accentue 
encore  davantage.  D'autres  plis  moins  prononcés  —  peut-être  aussi  plus 
éloignés  du  spectateui'  —  sont  indiqués  à  droite  et  sans  doute  en  arrière 
de  la  jambe  gauche.  Il  semble  donc  que  ce  bas-relief  ait  représenté  une 
femme  ou  une  déesse  portant  une  tunique  à  longs  pans  ouverte  sur  les 
côtés  et  laissant  voir  les  jambes.  Mais,  au-dessus  de  ce  chilon,  la  figure 
portail  en  outre  une  tuni(pie  plus  courte  qui  ne  descendait  que  jusqu'aux 


-  97  — 

genoux.  L'anaglyphc  est  brise  de  telle  façon  qu'on  ne  voit  |)lus  aujourd'hui 
la  partie  inférieure  de  ce  second  vêtement  (juc  jusque  vers  le  milieu  des 
cuisses. 

«Enfin,  à  droite  de  ce  personnage,  le  bas-relief  nous  montre,  en  minia- 
ture, l'un  des  petits  côtés  et,  en  partie,  l'un  des  grands  côtés  d'une  laltle 
rectangulaii'e,  derrière  laquelle  est  assise  une  figure  humaine,  un  ouvrier 
sans  doute.  Cette  troisième  représentation  de  l'anaglyphe,  assurément  la 
jdus  curieuse  de  toutes,  n'est  peut-être  plus  entière  et,  dans  lous  les  cas, 
ce  (|ui  en  reste  est  considérablement  dégradé.  Cependant  on  l'cconnait 
sans  difficulté  que  les  pieds  de  la  table,  figurés  en  perspective,  sont  leliés 
entre  eux  par  des  traverses  à  deux  niveaux  différents.  Sur  la  traverse  infé- 
rieure de  devant  (grand  côté)  repose  le  pied  de  l'homme  assis  deiiiêre  ce 
meuble.  Plus  haut,  mais  encore  au-dessous  de  la  table,  on  distingue  à 
peine  sur  le  fond  du  bas-relief  les  faibles  traces  qu'a  laissées  la  jambe 
mutilée  de  cet  ouvrier.  Au-dessus  de  la  table  on  voit  encore  son  bras 
droit  et  la  partie  voisine  du  torse.  Ce  peut  homme  appuie  le  dos  de  la 
main  droite  sur  la  table  et  serre,  entre  le  pouce  et  les  autres  doigts,  un 
objet  quelconque  qu'il  semble  étaler  sur  le  meuble  en  question.  La  tête 
de  cette  figurine  a  totalement  disparu;  elle  ne  dépassait  pas  sur  l'anaglyphe 
le  niveau  des  hanches  du  personnage  principal. 

«Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  qu'à  plusieurs  reprises  déjà  on  a  trouvé 
en  Alsace  des  bas-reliefs  ou  des  fragments  de  bas-reliefs  romains,  en 
procédant  à  la  démolition  des  plus  vieilles  églises  de  notre  pays. 

«Ce  qui  me  fait  supposer  que  l'anaglyphe,  dont  il  ne  nous  reste  ici  que 
la  partie  inférieure,  était  bien  l'œuvre  d'un  sculpteur  gallo-romain,  c'est 
1°  le  costume  du  personnage  principal,  2°  la  nudité  de  ses  jambes,  3°  l'ai- 
sance de  sa  démarche  ou  de  son  attitude,  4°  l'observation  des  règles  de 
la  perspective  —  toutes  choses  qu'on  ne  retrouve  plus  sur  les  bas-reliefs 
du  moyen  âge.  Celte  sculplure  était  même  d'une  exécution  bien  supérieure 
à  celle  du  Mercure  qui,  l'an  dernier,  a  été  trouvé  au  nouveau  cimetière  de 
Lohr. 

«Quel  était  au  juste  le  sujet  figuré  sur  cette  sorte  d'ex-voto?  Ktait-ce 
Minerve,  en  tant  que  déesse  protectrice  d'une  industrie  qui,  sur  celle 
pierre,  aurait  été  représentée  par  un  ouvrier  ou  un  génie  travaillant 
auprès  de  la  petite  table?  Je  l'ignore  et  je  laisse  à  d'autres  le  soin  de 
trancher  cette  question.  » 

PS.  L'église  de  Lohr,  qui  vient  d'être  démolie,  présentait  à  l'extérieur 
une  particularité  assez  intéressante  :  sur  le  mur  latéral  droit  de  la  nef,  à 

T.  X. -(F.-V.)  7 


—  08  - 

1  ",  mètre  au-dessus  du  sol,  on  voyait  a[ipaiaître  sous  le  badigeon 
moderne  une  bande  noire  d'une  largeur  de  25  à  30  centimètres.  Les 
habitants  du  village  prétendent  que  leur  ancienne  église  a  été  revêtue  de 
cette  ceinture  de  deuil  à  l'époque  où  la  peste  noire  sévissait  dans  notre 
pays.  Mais  cette  tradition  paraît  quelque  peu  suspecte.  D'abord  il  n'est 
pas  certain  que  l'église  de  Lobr  ait  déjà  existé  au  milieu  du  quatorzième 
siècle;  d'ailleurs,  des  vilains  auraient-ils  pu  s'arroger  ainsi  le  droit  exclu- 
sivement seigneurial  de  litre  funéraire?  Cependant,  ce  qui  restait  encore  de 
cette  ceinlui-e  Amèbre  ne  présentait  aucune  trace  d'armoiries. 

■'i^  .M.  le  Prc.<ident  rend  comjite  de  l'excursion  à  Wissembourg: 

Le  22  novembre,  quatre  membres  du  Comité,  MM.  Nessel,  Ringeisen, 
J.  Sengenwald  et  Straub,  se  sont  rendus  à  la  gracieuse  invitation  de  M.  le 
directeur  du  cercle  de  Wissembourg,  pour  voir  l'état  des  travaux  exécutés 
dans  l'antique  collégiale  de  Wissembourg,  et  particulièrement  l'installa- 
tion du  musée  local  étabb  dans  le  cloître.  Sans  le  mauvais  temps  subite- 
ment survenu,  le  nombre  des  visiteurs  aurait  été  plus  que  double. 

Il  faut  avoir  vu  l'église  avant  les  importants  travaux,  déjà  commencés 
avant  la  guerre  et  poursuivis,  depuis  1873,  avec  un  zèle  et  une  ardeur 
au-dessus  de  tout  éloge,  pour  apprécier  les  résultats  obtenus  avec  des 
ressources  restreintes.  Après  le  débadigeonnage  complet  de  l'église,  qui  a 
eu  lieu  dans  les  années  soixante  et  qui  a  mis  au  jour  une  série  de  rcmar- 
(]uables  peintures  murales,  il  s'agissait,  avant  tout,  d'enlever  le  dallage 
moderne,  ainsi  que  les  remblais,  qui  cachaient  entièrement  les  bases  des 
colonnes.  Aujourd'hui  le  dallage  est  à  son  niveau  primitif,  et  l'église  a 
repi'is  les  proportions  de  hauteur  que  lui  avait  données  l'architecte  du 
treizième  siècle.  La  chaire  a  été  également  débarrassée  des  ignobles 
couches  de  couleurs  qui  empâtaient  les  détails  de  sculptures.  Une  rose 
qui  ouvre  dans  le  transept  nord,  mais  dont  l'ouverture  avait  été  masquée 
par  la  couverture  d'un  toit,  a  repris  sa  valeur  et  fait  voir  dans  ses  corolles 
un  beau  morceau  de  vitrerie  peinte  représentant  l'Annonciation  de  la 
Vierge.  A  l'extérieur  du  monument,  une  large  tranchée  a  été  pratiquée 
le  long  du  côté  sud  et  autour  du  chœur,  pour  remettre  à  nu  le  pied 
des  murailles  et  pour  ménager  un  rapide  écoulement  des  eaux.  A  j)art  un 
autel  moderne  en  style  iiéogothique,  (jui  paraît  heureusement  destiné  à 
disparaître,  et  l'emploi  d'un  carrelage  de  fabrique,  que  les  archéologues 
ne  tiuuveront  peut-être  pas  assez  conforme  au  style  sévère  du  monu- 
ment, tous  les  trav;iux  ont  dioit  à  des  éloges  et  font  honneur  à  ceux  qui 
les  ont  dirigés. 


—  90  — 

Il  en  est  de  même  de  la  restauralion  du  cloître,  où  se  trouve  disposée 
une  longue  série  de  dalles  funéraires,  de  monuments  gallo-romains,  de 
débris  du  moyen  âge,  et  où  tous  les  objets  anli(|ues  qui  seront  découverts 
dans  le  cercle  de  Wissembourg ,  trouveront  un  abri.  Les  objets  de  ce 
musée,  qui  est  une  création  de  M.  de  Sliclianer,  ont  été  provisoiiement 
classés  par  notre  zélé  collègue,  M.  le  professeur  Ohieyer. 

M.  le  Président  s'est  fait  un  devoir  d'exprimer  à  MM.  de  Stichaner, 
Rumpler  et  Ohieyer,  la  reconnaissance  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  historiques  d'Alsace,  pour  tout  ce  qui  a  él('  fiit  dons  l'in- 
térêt de  l'antique  collégiale  de  Saint-Pierre  et  Sainl-P;iiil,  (pii,  après  la 
restauration  du  clocher  surmontant  le  dôme,  sera  une  de  nus  plus  magis- 
trales constructions  du  treizième  siècle. 

5**  Le  Comité,  pour  prévenir  l'exportation  d'objets  d'art  appartenant  à 
des  églises,  est  d'avis  de  provoquer  de  la  part  des  autorités  compétentes 
la  défense  d'aliéner  ces  objets  sans  autorisation;  celle-ci  ne  devrait  êlre 
donnée  que  pour  la  vente  à  des  éiablissements  publics  de  la  province. 

G°  M.  Schmidt  communique  le  moulage  d'un  bas-relief  qui  se  trouve 
sur  la  face  postérieure  d'une  pierre  funéraire  de  1293,  récemment  déplacée 
dans  l'église  de  Saint-Thomas.  Ce  bas-relief  représente  le  buste  d'un 
évêque,  coiffé  de  la  mitre  basse  en  usage  au  douzième  et  au  treizième 
siècle;  le  buste  est  dans  un  écusson  triangulaire,  sans  aucune  trace 
d'inscription. 

7"  M.  Rodolphe  de  Türckheim  donne  lecture  d'une  lettre,  constatant  la 
dégradation  progressive  du  château  de  Lichtenberg,  un  des  monuments 
historiques  les  plus  importants  delà  province.  Comme  le  château  est  pro- 
bablement propriété  de  l'Étal,  la  Société  ne  pourra  qu'exprimer  à  cet 
égard  des  vœux  à  l'autorité  supérieure. 

8°  Sur  la  proposition  du  même  membre  on  décide  l'acquisition  des  cro- 
quis de  vieux  châteaux  exécutés  par  feu  M.  F.  Engelhardt.  Ces  croquis 
appartenant  à  M.  Merian,  directeur  des  forges  de  Niederbronn,  M.  Rodolphe 
de  Türckheim  veut  bien  se  charger  de  négocier  cette  affaire. 

9°  M.  Schmidt  soumet  au  Comité  un  mémoire  sur  l'Eglise  rouge  et  sur 
la  Léproserie  qui  jadis  ont  existé  près  de  Strasbourg.  On  en  décide  l'im- 
pression dans  le  Bulletin. 

10°  Sur  la  proposition  de  M.  Rodolphe  de  Türckheim  on  décide  qu'à 
l'avenir  les  membres  qui  auront  des  travaux  à  présenter  ou  des  communi- 
cations importantes  à  faire,  en  préviendront  M.  le  Président,  afin  que 


-  100  - 

celui-ci  puisse  en  f;iire  mention  sur  les  billets  de  convocation  aux 
séances. 

11°  Sont  admis  comme  membres  de  la  Société  : 

Sur  la  présentation  de  M.  Uodoljibe  de  Türckheim  :  M.  Walllier  Merian, 
directeur  des  forges  de  .\iederbronn; 

Sur  celle  de  M.  Kraus  :  M.  Martin,  professeur  à  l'Université. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  Comilé  du  7  janvier  4878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  .MM.  Blniick,  Kraus,  Petiti,  Pxingcisen,  Salomon,  C.  Schniiilt, 
J.  Sengenwald,  1».  de  Tiircklicim   et  Winckler. 

MM.  liiit  lieux,  Kindler  de  Knobloch  et  de  Pœllnilz,  membres  de  la 
Société,  assistent  à  la  séance. 

M.  C.  Schmidt  prie  M.  Dacheux  de  vouloir  tenir  la  plume  à  sa  place. 

Après    le   dépôt  des  livres  suivants,  offerts  à  la  Société: 

Mémoires  de  la  Société  dunkerqtioise  potir  l'encouragement  des 
sciences,  lettres  et  arts,  i873-i81i.  XVllP  volume. 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  Langres. 
P""  janvier  1878. 

Inscription  de  Périgueux  mentionnant  les  Primani,  par  Cli.  Ro- 
bert. Paris  1877. 

Rapport  sur  l'épigraphie  romaine  de  Vence  et  de  ses  environs, 
par  Ch.  Robert.  1877. 

lecture  est  donnée  du  procès- verbal  de  décembre  1877,  dont  des 
circonstances  imprévues  ont  retardé  l'impression.  Le  procès-veibal  est 
adopté. 

1  '  .M.  l!.  (le  Tiiickliciiii  appidle  l'attention  du  Comité  sur  l'état  des 
mines  du  (  bfilcaii  de  Lichtenberg,  et  demande  si  la  Société  a  qualité 
pour  ^'intéresser  à  leur  conservation,  qui  semble  gravement  compro- 
mise. .MM.  Winckler  et  de  Pœllnitz  pensent  que  ces  ruines  seront  entre- 
tenues aux  fiais  de  l'Etat,  dans  l'état  où  elles  se  sont  trouvées  à  l'issue  de 
l;i  guerre.  La  Soriété  n'a  ditnc  pas  à  intervenir. 


—   IUI   — 

2°  M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  N.  Nicklès,  ancien  membre 
du  Comité  et  collaborateur  zélé  qui  a  publié  dans  le  Bulletin  une  série  de 
mémoires  et  de  notes  sur  les  anli(iuilés  gallo-romaines  explorées  par 
lui  dans  le  rayon  de  Denfeld.  Des  engagements  pris  pour  le  8  janvier, 
jour  de  l'enterrement  du  défunt,  empêchent  M.  le  Président  de  rendre 
les  derniers  honneurs  à  son  regretté  collègue  ;  il  prie  M.  l'architecte 
Ringeisen  de  vouloir  bien  le  suppléer  dans  celle  triste  circonstance  et 
de  prononcer  quelipies  mots  d'adieu  sur  la  tombe  de  M.  Nicklès  au 
nom  du  Comité,  qui  n'oubliera  pas  les  excellents  rapports  entretenus 
avec  lui  depuis  la  fondation  de  la  Société.  M.  Ringeisen  accepte. 

3°  M.  1.  Ghaufl'our  accuse  réception  de  la  somme  de  1000  fi-.  que 
le  Comité  a  allouée  pour  la  restauration  de  la  loggia  de  Colmar. 
M.  Winckler  s'est  engagé  à  exécuter  les  travaux  dans  rinlervalle  de 
quatre  mois. 

4°  M.  Straub  expose  quelques  coffrets  en  bois  de  la  fin  du  seizième 
et  de  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle.  Le  plus  ancien,  daté 
de  1576,  est  entièrement  recouvert  de  peintures,  rehaussées  d'or*. 
L'intérieur  du  couvercle,  qui  affecte  la  forme  cylindrique,  montre  au- 
dessus  d'un  écusson  une  banderole  avec  l'inscriplion  : 

•D-  D-  1576-P-SM-D- 

L'écu  porte  de  (jueules  à  la  licorne  naissante  d'or  saillant  de  trois 
collines  de  sinople,  accoinpagnées  de  trois  roses  d'or,  dont  deux  sur  le 
champ  de  gueules  et  une  en  pointe  sur  le  sinople.  L'extérieur  du  cou- 
vercle est  orné  de  deux  écussons.  Celui  de  droite  est  de  sable  au 
chevron  d'argent,  accompagne  vers  le  haut  de  deux  fleurs  de  lis  d'argent, 
et  en  pointe  d'un  lion  de  même.  L'écusson  de  gauche  est  d'or,  à  trois 
jougs  de  sable  posés  en  fasce.  Les  parois  du  coffret,  tant  à  l'intérieur 
qu'à  l'extérieur,  sont  ornées  de  fleurs,  peintes  avec  beaucoup  de  soin 
sur  fond  d'or.  Deux  petits  tiroirs  oiïrant  les  mômes  ornements  sont 
dissimulés  par  la  face  antérieure  de  l'écrin,  qui  glisse  dans  deux  rai- 
nures, et  peut  être  enlevée,  si  le  couvercle  est  ouvert.  —  Il  est  permis 
(le  croire  que  c'est  un   cadeau   de  noces.   Des  recherches   ultérieures 


1.  Dimensions:  largeur  O^-jlS,  hauteur  O^.IS,  profondeur  à  la  base  O^OOS  ,    à  la 
naissance  du  couvercle  O"",!!. 


—  102  — 

concernant  los  armoiries  analysées  ci-dessus  feronl  peut-être  connaître 
le  jeune  couple,  ainsi  que  le  donateur  indiqué  à  l'intérieur  par  les  initiales 

•  F  •  S  •  M  -  D  • 

l»cu\  autres  cassettes,  poslûricures  de  près  d'un  siècle  à  celle  qui 
vient  d'être  décrite,  présentent  sur  le  devant  et  sur  les  faces  latérales 
un  système  de  décoration  archilectonicpie  en  marbre  blanc,  d'un  très- 
heureux  elTet.  Les  faces  latérales  glissent  dans  des  rainures  et  masquent 
plusieurs  tiroirs  avec  cachettes  pour  les  bijoux  et  autres  petits  objets  de 
prix  qu'on  y  déposait. 

L'une  et  l'autre  cassette  sont  ornées  sur  le  devant  de  deux  cens  gravés 
dans  le  marbre  et  destinés  sans  doute  à  recevoir  les  armoiries  des 
propriétaires.  Celte  particularité,  observée  sur  la  plupart  de  ces  écrins, 
dénote  qu'elles  étaient  également  destinées  à  servir  de  cadeaux  de  noces. 
La  parfaite  ressemblance  jusque  dans  de  petits  détails  et  le  nombre 
considérable  qu'on  rencontre  encore  de  ces  objets  indiquent  qu'ils  sortent 
du  même  pays,  peut-être  d'une  même  fabrique,  probablement  du  sud 
de  l'Allemagne,  sinon  du  nord  de  l'Italie. 

Les  coffrets  en  question  ont  la  forme  rectangulaire  et  sont  presque 
de  mêmes  dimensions.  Le  plus  grand  mesure  en  longueur  0'",3-4,  en 
hauteur  0"V17,  et  0"\2l  en  profondeur.  Le  milieu  du  couvercle  est 
muni  d'une  poignée  en  métal,  pour  faciliter  le  transport. 

Une  autre  espèce  de  ces  petits  meubles  affecte  la  forme  d'un  petit  bahut 
rempli  de  tiroirs  fermés  tous  ensemble  derrière  une  porte  à  deux  battants. 
On  en  rencontre  en  Italie  de  très-beaux  en  bois  d'ébène  avec  marqueterie 
en  ivoire,  en  pierres  dures,  etc.  Celui  que  le  Président  expose  sur  le 
bureau,  compte  parmi  les  plus  simples,  et  est  d'origine  alsacienne.  liest  en 
bois  ordinaire,  recouvert  tout  entier  de  peintures  dans  le  genre  de  celles 
qu'on  trouve  sur  de  vieux  meubles  dans  nos  campagnes.  Il  porte  la  date 
1G19.  Comme  les  précédents,  il  a  été  fait  pour  être  donné  en  cadeau 
à  deux  jeunes  mariés  qui  sont  représentés  sur  les  deux  battants  de  la 
porte  dans  le  riche  et  gracieux  costume  du  temjis.  Deux  personnages 
|)lus  âgés,  figurés  dans  un  médaillon  sur  la  face  de  dessus,  pourraient 
cire  les  parents  du  fiancé.  La  petite  serrure  est  une  imitation  de  celles 
qui  garnissent  nos  grands  bahuts  de  la  môme  époque,  si  fi-équents  en 
Alsace. 

Lu  séance  est  levée. 


—  103  - 
Séance  du  Comilé  du  A  février  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Blonck,  Kraus,  Pelili,  Ringeisen,  Salomon,  Sengenvvald, 
R.  de  Türckheim,  Gh.  Schmidt,  secrétaire. 

MM.  le  professeur  Martin,  Mitscher  et  de  Miihiheim,  membres  de  la 
Société,  assistent  à  la  séance. 

M.  Ohleyer  se  fait  excuser  pour  raison  de  santé. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  7  janvier  est  approuve  tel  qu'il  est  publié. 

1°  Quelques  membres  ayant  présenté  des  observations  sur  le  texte 
imprimé  du  procès-verbal  de  la  séance  du  10  décembre  1877,  le  Comité 
décide  que  ce  procès-verbal  sera  publié  in  extenso  parmi  ceux  qui  sont 
insérés  dans  le  Bulletin  et  qui  seuls  ont  un  caractère  officiel. 

2°  Sur  la  proposition  d'un  membre  on  décide  qu'à  l'avenir  les  procès- 
verbaux  ne  seront  plus  livrés  à  l'impression  qu'après  avoir  reçu  l'appro- 
bation du  Comité. 

3"  Sur  la  proposition  du  même  on  vote  l'impression  delà  liste  des  mem- 
bres de  la  Société,  avec  ceux  du  Comité  en  tête;  cette  liste  devra  paraître 
avant  la  prochaine  assemblée  générale. 

4°  M.  Schmidt  dépose,  au  nom  de  M.  Charles  Robert,  membre  de  l'his- 
titut  et  de  notre  Société,  deux  mémoires,  l'un  sur  l'épigraphie  de  Vence, 
l'autre  sur  les  Primani  mentionnés  dans  une  inscription  de  Périgueux. 
M.  Schmidt  est  chargé  d'en  exprimer  à  M.  Robert  les  remercîments  du 
Comité. 

5"  A  propos  de  la  logette  de  Colmar,  pour  la  restauration  de  laquelle  le 
Comité  a  voté  une  subvention,  M.  le  président  priera  M.  l'architecte  Winde- 
ier de  vouloir  bien  communiquer  son  croquis  définitif. 

G°  M.  le  président  annonce  le  décès  de  M.  le  colonel  de  Morlcl  à  Nancy. 
La  Société  perd  en  cet  homme  vénérable  un  de  ses  membres  les  plus  an- 
ciens, les  plus  instruits  et  les  plus  dévoués.  Une  notice  nécrologique  lui 
sera  consacrée  dans  le  Bulletin. 


—  104  — 

7°  M.  Ringeisen  rend  compte  de  la  mission  qui  lui  a  été  confiée  de  re- 
présenter le  Comité  aux  obsèques  de  M.  Nickiès  qui  ont  eu  lieu  àBcnfeld, 
le  7  janvier,  à  10  heures  du  malin,  au  milieu  d'une  nombreuse  assistance. 
Après  le  service  religieux  ayant  été  invité  à  prendre  la  parole,  il  s'est  ex- 
primé en  ces  termes: 

«  M.  le  président  de  la  Société  pour  la  conservalioii  des  monuments  his- 
toriques dt Alsace  a  donné  communication  hier,  à  la  séance  du  Comité,  de 
la  perle  douloureuse  que  la  Société  venait  d'éprouver  par  la  mort  de  notre 
digne  et  honoré  collègue,  M.  Napoléon  Nickiès,  ancien  membre  du  Comité. 

«M.  le  président  aurait  désiré  venir  aujourd'hui  porter  lui-même  sur 
cette  tombe  les  regrets  de  la  Société  pour  une  perte  aussi  sensible. 
Mais  empêché  par  des  engagements  antérieurs,  auxquels  il  n'a  pas  pu  se 
soustraire,  il  a  dû,  à  regret,  décliner  cet  honneur,  et  j'ai  été  désigné  par 
le  Comité  pour  le  représenter  à  cette  triste  cérémonie. 

«  En  attendant  qu'une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne  rende  compte 
des  travaux  de  notre  honoré  collègue,  des  services  rendus  à  la  science  et 
à  l'histoire  par  ses  nombreuses  et  patientes  recherches  sur  les  antiquités 
celtiques  et  romaines  de  sa  chère  contrée  d'Ehl,  le  Comité  de  la  Société 
pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace  a  tenu  à  lui 
donner,  en  ce  moment  supiôme,  ce  témoignage  public  de  son  estime  et 
de  sa  considération. 

«Puisse  cet  hommage  spontané  de  collègues  éminents  et  si  bien  placés 
pour  en  apprécier  le  mérite,  être  pour  la  famille  Nickiès,  si  cruellement 
éprouvée,  un  allégement  à  ses  douleurs  et  un  des  souvenirs  précieux  de 
l'héritage  patei'jiel.  » 

M.  Kingeisen  transmet  au  Comité  les  remercîments  de  M.  Nickiès,  fds, 
qui  a  été  Irès-touché  de  cette  marque  d'estime  et  do  considération  pour 
la  mémoire  de  son  père. 

S''  M.  If  jirésident  informe  le  Comité  qu'il  ;i  i<'(,'-u  du  Conseil  général  de 
la  iJasse-Alsace  la  subvenliuii  annuelle  de  1,500  fr.,  et  de  celui  de  la 
Haute-Alsace,  de  500  fr. 

9"  M.  iJlanck  l'ait  une  communication  sur  le  mur  romain  mis  à  décou- 
vert lurs  de  fouilles  faites  récemment  dans  la  rue  Mercière.  Il  a  constaté 
que  le  tiacé  de  ce  mur,  tel  qu'il  a  été  donné  par  M.  de  Morlet  sur  le  plan 
publié  daji.s  le  IJullelin  (t.  IV,  i8GI,  p.  32),  est  beaucoup  plus  exact  que 
•  ehii  rie  Silln.iinium  dans  sa  Loculyeschicldc. 


—  105  — 

10*^  M.  Ringeisen  rend  compte  d'une  trouvaille  qu'il  a  faite  à  Iliiscn- 
heim,  canton  de  Maickolslieim.  Elle  consiste  en  un  tronc  de  colonne  ro- 
maine, en  pierre  de  taille  sculptée,  de  V'\oO  de  lart^cur  environ,  prove- 
nant du  Kalsergaiien.  Il  estime  que,  moyciniant  la  somme  de  50  fr.,  il 
pourrait  en  faire  l'acquisition  pour  le  musée  de  la  Société. 

Après  plusieurs  explications  sur  la  valeur  archéologique  de  ce  petit 
monument  et  sur  sa  provenance,  le  Comité  en  vote  l'acquisition  et  ouvre 
un  crédit  de  50  fr.  à  cet  efl'et. 

il''  M.  le  président  donne  communication  de  la  lettre  suivante  qui  lui  a 
été  adressée  par  M.  Ringeiscn  au  sujet  de  la  démolition  de  la  petite  église 
paroissiale  de  Bolsenheim. 

«Monsieur  le  Président, 

«J'ai  reçu  avis,  le  9  du  courant,  du  maire  de  Dolsenheim,  qu'on  était 
en  train  de  démolir  l'ancienne  église  de  cette  commune.  Il  me  demandait 
s'il  était  forcé  de  conserver  le  clocher  et,  dans  ce  cas,  si  la  Société  pour 
la  conservation  des  Monuments  historiques  fournirait  pour  la  réparation 
les  500  francs  promis. 

«Je  me  suis  empressé  de  me  transporter  sur  les  lieux  le  10.  J'ai  trouvé 
la  nef  à  moitié  démolie  et  la  flèche  de  la  tour  en  cours  de  démolition. 

«  La  nef  esl  une  petite  construction  portant  les  traces  de  trois  agrandisse- 
ments successifs,  le  dernier  du  dix-huitième  siècle.  Les  murs  laissent  voir 
sous  le  badigeon,  dans  l'intérieur  de  l'église,  les  traces  de  peintures  murales 
dont  il  est  impossible  de  reconnaître  les  sujets.  Le  plafond  à  voussure  était 
orné  de  cartouches  avec  des  tableaux  représentant:  le  grand,  au  milieu, 
l'Assomption  de  la  Vierge;  et  les  quatre  petits  dans  les  angles:  la  Saluta- 
tion angélique,  la  Visitation,  la  Nativité  et  l'Adoration  des  mages.  Cette  nef 
menaçant  ruine  et  n'ayant  aucune  raison  d'être  conservée,  il  n'y  a  pas  lieu 
d'intervenir.  J'ai  recommandé  au.  maire  de  conserver  avec  soin  l'ancien 
encadrement  de  porte  romane  avec  ses  battants  et  ferrements  ainsi  qu'un 
bénitier  à  six  pans,  en  pierre,  et  un  grand  couvercle  de  tombe  romane  sur 
lequel  on  voit  encore  les  traces  de  trois  cercles  et  d'une  croix  grecque. 

«  La  tour  se  compose  de  trois  étages  bien  marqués.  Le  rez-de-chaussée 
à  voûte  d'arêtes,  refaite  au  dix-huitième  siècle,  laisse  voir  les  origines 
romanes  bien  conservées.  — 

«  Le  premier  étage  est  arrêté  par  un  cordon  en  pierre  à  biseau. 

«  Le  deuxième  étage,  exhaussé  d'un  étage  probablement  au  seizième 
siècle,  est  percé  sur  trois  faces  d'un  système  de  trois  petites  arcatures 


-  106  — 

plein-cintre,  supportées  par  des  colonneltes  romanes,  et  sur  la  quatrième 
face  par  un  système  scmbla])le,  mais  simplement  géminé.  Cette  tour  était 
terminée  par  une  flèche  octogonale,  aiguë,  recouverte  eu  tuiles  plates  et 
les  arêtes  en  tuiles  vernies. 

«Cette  tour  est  en  bon  étal.  11  serait  facile  et  intéressant  de  la  conser- 
ver. M.  le  Maiie  m'a  promis  de  la  maintenir  dans  son  état  actuel  jusqu'à 
ce  qu'il  ait  été  statué  par  l'Administration  supérieure. 

«Je  me  suis  empiessé  le  même  jour  de  pousser  jusqu'à  Strasbourg 
jtour  vous  rendre  compte  verbalement  de  cet  étal  de  choses  et  demander 
voti-e  concours.  Mais  je  n'ai  pas  eu  le  plaisir  de  vous  rencontrer. 

(J'ai  également  voulu  voir  M.  Winckler  chez  lui  et  à  son  bureau,  mais 
je  n'ai  pas  eu  plus  de  chance. 

«Ce  petit  monument  ayant  une  valeur  archéologique  réelle  et  étant  une 
propriété  communale,  j'estime  qu'il  y  a  heu  de  prier  l'Administration  su- 
périeure de  vouloir  bien  envoyer  sur  les  lieux  l'architecte  en  chef  pré- 
posé pour  les  monuments  historiques ,  afin  de  prendre  connaissance  de 
l'état  des  choses,  faire  ses  propositions  en  conséquence  et  offrir  de  con- 
tiibuer  aux  réparations  à  faire  dans  la  limite  de  nos  ressources. 

tt  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  respectueuse  de 
mes  sentiments  dévoués.» 

Le  Comité,  en  l'absence  de  M.  Winckler,  qui  est  indisposé,  invite  M.  le 
docteur  Kraus  à  se  transporter  sur  les  lieux,  à  s'entendre  avec  M.  Uing- 
eisen  et  M.  le  Maire  sur  les  mesures  à  prendre  et  à  indiquer  dans  quelle 
proportion  la  commune  et  l'État  voudront  participer  aux  travaux  de  con- 
servation de  la  tour. 

12°  M.  le  professeur  Kraus  communique  quelques  objets  romains  trou- 
vés à  Neuf-Brisach. 

13"  La  prochaine  assemblée  générale  est  fixée  au  jeudi,  28  février. 

Les  membres  sortants  du  Comité  sont  :  MM.  Dagobert  Fischer,  Blanck, 
Ohleyer  et  Guerber. 

La  séance  est  levée. 


—  107 


Assenibh'c  gniérale  du  28  février  iHlH. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


La  séance  a  lieu  dans  une  des  salles  de  riJôlel-de-Ville,  que  M.  l'admi- 
nislrateur  municipal  a  bien  voulu  mcllre  à  la  disposiliou  de  la  Société. 
Des  deux  côtés  de  la  salle,  une  cinquantaine  de  gravures,  faisant  partie 
du  cabinet  d'estampes  récemment  fondé  par  la  ville,  sont  exposées  par 
les  soins  de  M.  le  professeur  Kraus. 

Siègent  au  bureau:  MM.  D""  Roffback,  délégué  par  M.  le  président  de  la 
Basse-Alsace,  Blanck,  Drucker,  Salomon,  Ch.  Sclimidt,  Rod.de  Tiircklieim. 

Soixante-douze  membres  assistent  à  la  réunion.  MM.  Spach,  de  Schauen- 

bourg,  Klotz,  Gyss  et  Oleyer  se  font  excuser. 

Le  président  ouvre  la  séance  par  l'alloculion  suivante  : 

Messieurs, 

Conformément  aux  statuts  de  notre  Association,  nous  avons  l'bonneur 
de  vous  rendre  compte  de  la  gestion  du  Comité  et  de  vous  entretenir  de 
l'ensemble  des  travaux  littéraires  qui  ont  été  fournis  depuis  un  an,  ainsi 
que  de  quelques  actes  de  conservation. 

Mon  vénéré  collègue,  M.  Blanck,  nous  donnera  connaissance  du  rapport 
financier  présenté  par  M.  le  trésorier  Klotz,  empêcbé  d'assister  à  la  séance. 
Gomme  les  années  précédentes,  M.  l'architecte  Bingeisen  nous  fera  un 
exposé  des  travaux  de.consolidation,  de  fouilles  ou  de  déblais  qui  ont  eu 
lieu  sous  la  direction  ou  du  moins  sous  le  patronage  de  la  Société,  depuis 
la  dernière  assemblée  générale. 

Messieurs,  il  vous  a  été  facile  de  juger  vous-mêmes,  en  prenant  con- 
naissance de  nos  procès-verbaux,  que  les  séances  du  Comité  n'ont  pas 
seulement  été  régulièrement  tenues,  mais  encore  qu'elles  ont  été  en 
général  bien  remplies.  D'intéressantes  communications  nous  ont  été  adres- 
sées. Les  unes  ont  rapport  à  des  artistes  alsaciens,  comme  Sébastien 
Slosskopff,  dont  M.  le  professeur  Wollmann  a  découvert  une  œuvre  impor- 

T.  X.  -  (P.-V.)  8 


-  108  — 

tante  au  château  de  Prague,  comme  Marlin  Schœngauer,  dont  M.  le  pro- 
fesseur Kraus  a  signalé  quelques  tableaux  et  dessins,  conservés  à  Florence 
et  à  Sienne.  Les  autres  ont  pour  objet,  soit  la  découverte  d'antiquités, 
comme  les  bracelets  de  Ileidolsheim,  les  monnaies  d'argent  trouvées  à 
Bischofsheim,  soit  la  description  de  monuments  anciens.  Je  citerai  parmi 
ces  derniers  les  sépultures  romaines  de  Durstel,  cl  le  fragment  de  sculp- 
ture antique  trouvé  dans  l'église  de  Lolir,  et  décrit  par  M.  Schlosser,  de 
Drulingen. 

A  la  suite  des  mémoires  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  faire  l'énumé- 
ration  il  y  a  un  an,  ont  été  imprimés  : 

Une  Notice  sur  une  ancienne  maison  de  Strasbourg,  avec  planches, 
par  M.  l'archilecte  Salomon  ; 

Un  Mémoire  sur  l'ancienne  léproserie  (Gnlleulen)  de  Strasbourg,  par 
M.  le  professeur  Ch.  Schmidt; 

Un  Exposé  généalogique  sur  la  famille  de  Jean  d'Albe,  par  M.  Kindler 
de  Knobloch. 

L'impression  de  tous  ces  mémoires  est  terminée;  déjà  la  première 
livraison  du  dixième  volume  de  la  seconde  série  de  notre  Bulletin  serait 
entre  vos  mains,  si  nous  avions  pu  obtenir  à  temps  une  planche  photogra- 
phique qui  doit  orner  un  mémoire  et  que  l'artiste  photographe  ne  nous  a 
pas  pu  livrer  par  suite  d'un  accident.  Pour  haler  l'expédition,  nous  serons 
probablement  obligés  de  vous  adresser  cette  planche  plus  tard,  avec  la 
seconde  livraison  du  volume. 

J'arrive  aux  actes  de  conservation.  Un  ancien  retable  d'autel,  dont  les 
volets  sont  ornés  à  l'extérieur  de  bonnes  peintures  du  seizième  siècle  et 
qui  présente  à  l'intérieur  des  bas-reliefs  et  une  statue  de  madone  de  la 
même  époque,  allait  être  vendu  et  devait  passer  la  frontière.  Le  rétable 
appartient  à  l'iglise  de  Luemschwiller,  dans  la  Ilaute-Alsace.  Votre  prési- 
dcjit  n  f'nii  les  démarches  nécessaires  pour  en  assurer  la  conservation  au 
pays.  Le  rétable  ne  pourra  être  vendu  (]ue  pour  entrer  dans  une  collec- 
tion publique  d'Alsace. 

Il  en  est  de  même  d'un  ancien  tableau  de  1511,  appartenant  à  l'église 
de  l'iibffiuvillé  et  fpic  j'ai  eu  l'honneur  de  signaler  à  l'attention  des 
inomhvas  de  la  Société,  réunie  en  séance  générale  à  Colmar,  en  1860. 

Si  l'intervention  du  président,  agissant  au  nom  du  Comité,  est  restée 
sans  résultat,  en  ce  qui  concernait  le  maintien  de  l'ancienne  porte  des 
Bouchers,  dite  porte  d'Auslerlitz,  ce  monument  cher  aux  Strasbour- 
geois,  comme  tout  ce  qui  leur  rappelle  d'anciens  souvenirs,  nous  est  du 


-  109  — 

moins  conservé  par  une  série  de  vues  photographiques,  exécutées  à  nos 
frais  par  M.  Winter  et  classées  dans  les  cartons  de  notre  modeste  musée  ; 
ces  collections  ont  été  augmentées  de  quelques  photogra[)hies,  données 
parles  auteurs,  et  d'un  nombre  considérable  d'anciens  dessins  de  cliàteaux 
d'Alsace,  dus  au  crayon  de  feu  M.  Engelhard.  J'aime  à  croire.  Messieurs, 
qu'il  viendra  un  temps  où  la  question  du  local  de  notre  Association  n'em- 
pêchera plus  personne  de  nous  confier  le  dépôt  d'objets  antiques,  et  que 
notre  musée  prendra  un  accroissement  plus  considérable.  Dans  les  condi- 
tions où  nous  sommes,  un  développement  devient  presque  impossible,  à 
moins  de  vouloir  entasser  objets  sur  objets,  au  risque  de  les  détruire.  Je 
n'ai  pas  pu  me  défendre  d'un  sentiment,  j'allais  dire  de  secrète  envie,  en 
voyant  naguère  le  musée  d'antiquités  de  Saverne,  qui  trouve  déjà  un 
rival  dans  celui  de  Wissembourg,  organisé  depuis  quelques  mois  par  les 
soins  de  M.  le  directeur  du  cercle ,  de  Stichaner.  En  créant  ce  musée, 
dans  lequel  seront  réunis  successivement  les  objets  antiques  épars  dans 
les  nombreuses  communes  du  cercle  de  Wissembourg,  M.  de  Stichaner 
a  bien  mérité  de  notre  Société  ;  je  le  prie  de  vouloir  agréer  ici  l'expres- 
sion publique  de  notre  reconnaissance. 

J'ai  l'honneur  de  vous  rappeler.  Messieurs,  que  mon  mandat  expire  à  la 
fin  de  cette  séance  et  que  vous  avez  à  désigner  quatre  membres  pour 
compléter  le  Comité.  Les  membres  sortants  nous  sont  connus;  ils  sont 
rééhgibles,  à  l'exception  de  M.  Dagobert  Fischer,  qui  m'a  fait  l'honneur 
de  m'écrire  hier  que  ses  occupations  et  son  grand  âge  ne  lui  permettent 
plus  de  siéger  parmi  nous.  Le  président  se  fera  un  devoir  d'exprimer  à  ce 
membre  respectable  la  gratitude  de  la  Société  pour  tous  les  services  ren- 
dus. Peut-être  trouverez- vous  bon.  Messieurs,  que  le  titre  de  membre 
correspondant  pour  l'arrondissement  de  Saverne  lui  soit  décerné. 

M.  le  trésorier  Klotz  étant  empêché,  M.  Blanck  veut  bien,  sur  l'invitation 
qui  lui  est  faite  par  le  président,  communiquer  à  l'assemblée  les  comptes 
de  l'exercice  1877. 


—  110   - 


Compte  de  l'exercice  1877. 


RECETTES. 

Recettes  ordinaires. 

CiiAP.  F"".  Intérêts  de  capitaux. 

Intérêts  de  25  obligations  nominatives  dos  cliomins  de  fer 

de  l'Est  .S7o SGO^OS'^ 

Intérêts  des  fonds  déposés  en  compte  courant  à 

la  Banque  d'Alsace  et  de  Lorraine 102  80 

468^85'^ 
CnAP.  II.  Cotisations  des  sociétaires. 
Cotisations  perçues  pour  l'exercice  1877  à  Strasbourg    108 
Au  dehors,  par  la  Banrpie  d'Alsace  et  de  Lorraine.     142 

Directement. 2^ 

252 

A  10  fr.  l'une,  fait 2,520  — 

11  a  été  détaché  du  registre  à  souche  203  quittances, 
auxquelles  il  faut  ajouter  2  quittances 
ajournées  de  l'exercice  1876 2 

205 
dont  252  recouvrées, 

7  de  démissionnaires  et  décédés, 

6  ajournées, 

Total  pareil    265 

Cmap.  III.  Subventions. 

Subvention  de  la  Ilaute-Alsace  pour  1877  .  .  .      500''—^ 
»  de  la  Basse-Alsace  pour  1877  .  .  .  1,500  — 

2,000  — 
(In  A  p.  IV.  Recettes  diverses. 

Protluil  de  la  vente  du  Bulletin  publié  par  la  Société.  .  6  — 


Total  des  rccelles  ordinaires 4,904  85 


—  III  — 

Recettes  extraordinaires. 

Reliquat  actif  du  cuiiiplc  de  1870 3,007  Tm^ 

Récapitulation  : 

Recettes  ordinaires 4,99/i'  85 

Recettes  extraordinaires 3,907  65 


Total  général  des  recettes 8,902  50 


DEPENSES. 

Dépenses  ordinaires. 

Chap.  P'".  Frais  de  bureau  cl  d'administration. 
§  1.  Location  et  entretien  du  local  des  séances. 

A.  Loyer  pour  1877 350 ^—^^ 

B.  Assurance  contre  l'incendie  du  mobilier 

et  de  la  bibliothèque,  prime  pour  1877        8  35 

C.  Balayage  du  local 40  — 

D.  Indemnité  aux  garçons  de  bureau  de  la 

Mairie,  pour  disposition  de  la  salle  de 
l'assemblée  générale  en  mars  1877.  .      20  — 

E.  Chauffage  du  local 25  85 


2.  Frais  d'administration. 

A.  Indemnité  au  commis  du  président.  .  .     200  — 

B.  Indemnité  au  commis  du  trésorier  ...     150  — 


§  3.  Frais  de  bureau. 

A.  Fourniture  de  billets  de   convocation, 

d'imprimés  divers  et  de  matériel  de 

bureau 55  87 

B.  Affranchissement  du  Bulletin 4  81 

C.  Aiïranchisscment  de  la  publication  men- 

suelle des  procès-verbaux  des  séances.     102  08 


444  20 


350  - 


A  reporter  ...    103  36         794  20 


—  112  — 

Report leS^âe^^        TO^^SO*^ 

D.  Affranchissement  de  lettres  de  convoca- 

tion et  de  la  correspondance 30  O^ 

E.  Transport  à  domicile   des  bulletins  et 

convocations,  commissions  diverses  .40  — 

F.  Frais  de  dépôt  de  25  obligations  Est, 

payés  à  la  Banque  d'Alsace-Lorraine  .        5  — 

G.  Frais  de  bureau  divers 15  10 


§  4.  Frais  de  perception. 

A.  Encaissement  des   quittances   à   Stras- 

bourg        40  — 

B.  Ports  de  lettres  et  frais  de  commission 

pour  quittances  envoyées  au  dehors  .       12  75 


CuAi'.  III.  Publication  du  Bulletin  de  la  Société. 

Lithographie  du  château  de  Guirbaden   .  .     213  — 
Tirage   et  mise  sous  bandes  des  procès- 
verbaux  des  séances  publiés  à  part.  .  .     ICI  25 


254  40 


52  75 
§  5.  Frais  de  reliure  et  de  mobiher. 

Reliure  des  livres  de  la  bibliothèque  de  la  Société.  .  14  50 

CiiAP.  II.  Fouilles,  recherches ,  travaux  de  conservation. 

§  1.  Fouilles,  recherches. 

Néant. 

§  2.  Travaux  de  conservation. 

Restauration  des  églises  de  Sainte-Foi  et 

Saint-George  à  Schlcsladt 346  40 

Restauration  du  château  de  Ilohenbourg.  .     400  — 

Restauration  de  l'église  collégiale  de  Wis- 

sembourg 1,250  — 

Restauration  du  château  de  Fleckensteni.  .    200  — 

Restauration  de  la  loggia  de  Golmar.  .  .  .  1,000  — 


3,196  40 


374  25 


A  reporter 4,686  50 


—  113  - 

Report 4,086 ''50'' 

CnAP.  IV.  Dépenses  diverses  et  imprévues. 

§  1.  Encouragements  et  gratifications. 

Gratification  accordée  aux  charpentier,  ma- 
çon et  fossoyeur  employés  aux  travaux 
de  restauration  de  la  chapelle  d'E[)fig.  .     100*^ — ° 

Gratification  au  garde  du  chàlcau  de  Iloh- 

kœnigsbourg  pour  1876 20  — 


120 


Dépenses  extraordinaires. 

JSéant. 


Récapitulation  : 

Dépenses  ordinaires 4,806  50 

Dépenses  extraordinaires  (Néant) —     — 

Total  général  des  dépenses.  .  .  4,806  50      4,N(ir)  50 


RECAPITULATION    GENERALE. 

Recettes. 
Receltes  ordinaires. 

Chapitre  P^  Intérêts  de  capitaux 408  85 

—  II.    Cotisations  des  sociétaires 2,520  — 

—  III.  Subventions 2,000  — 

—  IV.  Recettes  diverses 6  — 

4,994  85 
Recettes  extraordinaires. 

Reliquat  actif  du  compte  de  1876 3,997  65 


Total  général  des  recettes '!^,\^\H  50 


Dépenses. 
Dépenses  ordinaires. 

Chapitre  P''.  Frais  de  bureau  et  d'administration.  1,115  So 

—  II.  Fouilles,    recherches,   travaux    de 

conservation 3,196  40 

—  III.  Publication  du  Bulletin  de  la  Société.      374  25 

—  IV.  Dépenses  diverses  et  imprévues   .  .      120  — 

4,800  50 
Dépenses  extraordinaires.  (Néant.) 


—  iU  — 

Balance  : 

Recettes 8,902^50*^ 

Dépenses ^■jSOC  50 

Reliquat 4,186  — 

Qui  se  décompose  ainsi  : 

Fonds  déposés  à  la  Ranque  d'Alsace  et  de  Lor- 
raine     3,567  45 

Solde  en  caisse 618  55 

4,186'"—^ 
A  ajouter  à  l'avoir  de  la  Société: 

Prix  d'acquisition  de  25  obligations  des  chemins  de  fer  de 

l'Est  3  7o 8,621  20 

Total  de  l'actif. 12,807  20 

Le  présent  compte  soumis  à  la  vérification  du  Comité  par  le  trésorier 
soussigné. 

Strasbourg,  le  2  février  1878.  Klotz. 

L'assemblée  vote  des  remercîmenls  à  M.  Klotz. 

Le  président  donne  la  parole  à  M.  Ringeisen,  qui  présente  un  rapport 
sur  les  travaux  exécutés  dans  le  courant  de  l'année. 

Messieurs, 

J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  des  travaux  exécutés,  pendant 
l'année  1877,  sur  les  fonds  ou  avec  le  concours  de  la  Société  pour  la  con- 
servation des  monuments  historiques  d'Alsace. 

wi.«nibourp.        Les  travaux  entrepris  à  l'éi^lise  de  Wissemboure-  sont  d'une  importance 

»,250  fr.  .  I  O  O  1 

majeure  et  demandent  pour  leur  achèvement  argent  et  temps.  La  com- 
mune et  l'Etat  y  ont  déjà  consacré  des  sommes  élevées  et  se  proposent  de 
les  continuer.  La  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques, 
appelée  à  donner  son  avis,  n'a  pas  failli  à  sa  mission  et,  dans  la  limite  de 
ses  ressources,  elle  a  voulu  montrer  tout  l'intérêt  qu'elle  portait  à  la  res- 
tauration de  ce  monumiMil  en  volant  un  nouveau  crédit  de  1,250  h'. 

Une  commission  tirée  de  votre  Comité,  sur  la  demande  expresse  de 
l'administration,  s'est  li-ansportée  sur  les  lieux  le  22  novembre  dernier. 
Elle  a  été  à  même  de  reconnaître  les  résultats  déjà  obtenus,  de  discuter 
sur  place  les  améliorations  qu'elle  croit  utile  d'entreprendre  et  les  moyens 
les  plus  pratiques  [»our  y  parvenir.  M.  le  président  de  la  Société,  dans  un 


-  115  - 

compte  rendu  détaillé,  a  déjà  indiqué  les  travaux  exécutés  et  les  personnes 
dévouées  qui  y  avaient  concouru.  Des  monuments  de  cette  importance 
exigeraient  une  monographie  spéciale.  Espérons  qu'après  la  terminaison 
des  travaux  il  se  trouvera  parmi  nous  un  homme  de  science,  qui  aura 
les  loisirs  nécessaires  pour  entreprendre  cette  page  d'histoire. 

En  attendant  nous  suivrons  avec  attention  toutes  les  phases  do  la  res- 
tauration, recueillant  tous  les  documents,  toutes  les  traces  qui  pourraient 
servir  à  élucider  et  fixer,  d'une  manière  certaine,  les  points  encore  ohscurs 
et  contestés. 

La  commission  qui  s'est  rendue  à  Wissembourg,  aurait  voulu  se  Irans-     «•■i«'_>''="»'<-"' . 

*  200  fr. 

porter  aux  châteaux  de  Fleckenstein  et  de  Ilohenbourg,  constater  pai-    ii.,:..-nbonrg, 
elle-même  les  travaux  exécutés  sous  la  haute  intervention  de  M.  le  Direc- 
teur du  cercle  et  par  les  soins  de  l'administration  forestière.  Malheureuse- 
ment le  temps  lui  a  manqué,  et  elle  a  été  obligée  de  remettre  à  un  moment 
plus  opportun  une  visite  à  laquelle  elle  ne  renonce  pas. 

En  attendant  elle  a  recueilli  les  renseignements  les  plus  précis  sur  l'im- 
portance des  travaux  exécutés,  eu  égard  surtout  au  peu  de  ressources 
disponibles,  la  bonne  direction  imprimée  et  les  excellents  résultats  obtenus. 

Le  Comité  s'est  donc  empressé  de  voter  les  200  fr.  d'une  part  et  les 
400  fr.  d'autre  part  demandés,  pour  faire  face  aux  dépenses  qui  avaient 
excédé  les  ressources,  et  il  a  exprimé,  en  même  temps,  les  encouragements 
les  plus  vifs  pour  faire  continuer  cette  œuvre  de  dévouement. 


400  fr. 


Nous  avons  rendu  compte  dans  le  rapport  de  l'année  dernière  des  travaux 


Sclilfstadt , 
Sainlc-Foi 


de  déblaiement  entrepris  à  la  crypte  de  l'église  Saint-George  et  les  travaux   et  saim-George, 

,        ^    .  ,,     •    .         346  fr.  iO  c. 

de  grattage  du  porche  et  des  tribunes  de  l'église  romane  de  bamte-roi  a 
Schlestadt.  Ces  travaux  ont  eu  pour  résultat  de  faire  découvrir  : 

Dans  la  première,  des  restes  de  substructions  anciennes  dont  on  ignorait 
l'existence  et  dont  il  faut  probablement  faire  remonter  l'origine  à  repotjue 
romaine  ; 

Et  dans  la  seconde,  les  formes  et  dispositions  de  l'édifice  roman  que  les 
modifications  successives,  notamment  celles  de  161  G,  avaient  masquées 
ou  mutilées. 

Ces  travaux,  entrepris  sur  les  fonds  de  l'État,  avaient  occasionné  un  excé- 
dant de  dépense  de  340  fr.  40  c,  que  la  Société  pour  la  conservation  des 
monuments  historiques  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disjiosilion,  après  avoir 
constaté  l'importance  des  résultats  obtenus. 

Je  suis  heureux  de  pouvoir  informer  la  Société  que  ces  premiers  travaux 
ont  eu  un  autre  résultat  heureux.  La  ville  de  Schlestadt  n'a  pas  voulu 


—  116  - 

rester  en  arrière.  Malgré  les  dépenses  considérables  auxquelles  sa  trans- 
formation actuelle  l'a  engagée,  son  Conseil  municipal  vient  de  voter  un 
crédil  de  5,000  fr.  pour  le  débadigeonnage  complet  de  l'église  Sainte-Foi 
et  pour  les  travaux  de  restauration  les  plus  urgents  que  celte  opération 
entraînera.  Nous  aurons  donc  la  satisfaction  de  pouvoir  apprécier  les 
ornementations  si  délicates  et  si  particulières  de  cette  architecture  rhénane, 
inspirée  de  l'art  byzantin,  qui  avaient  été  odieusement  cachées,  jusqu'à 
ce  jour,  sous  d'innombrables  couches  de  badigeon. 

Cûiojar.  i.öoofr.  Votrc  Comité  s'est  empressé  de  voter,  sur  le  rapport  de  notre  collègue 
éminent  du  Ilaut-Rhin,  M.  Chauffour,  un  crédit  de  1,000  fr.  pour  la  res- 
tauration de  la  petite  loge,  placée  sur  la  maison  municipale  de  Colmar,  en 
face  le  portail  Saint-Martin. 

Ce  petit  édicule  de  la  deuxième  moitié  du  seizième  siècle  est  d'un  dessin 
charmant.  Il  se  compose  d'une  ordonnance  de  cinq  petites  arcades  cin- 
trées, les  trois  du  miheu  faisant  saillie,  à  pans  coupés,  sur  les  deux  laté- 
rales. Ces  arcades  sont  arrêtées  par  de  petites  colonnes  corinthiennes 
cannelées,  supportant  un  entablement  complet  et  reposant  sur  des  piédes- 
taux à  mascarons  saillants,  avec  allèges  formant  un  appui  continu,  décoré 
d'écussons  et  de  bas-reliefs  à  son  socle.  11  ne  reste  plus  qu'un  écusson 
dans  son  tympan;  mais  on  y  aperçoit  encore  la  trace  des  anciens  qui  ont 
été  enlevés. 

Tout  cet  ensemble,  en  saillie  sur  le  nu  du  mur,  est  supporté  par  une 
puissante  corniche  à  modillons  et  oves,  épousant  la  forme  supérieure,  et 
terminée  par  un  cul-dc-lampe  qui  se  perd  dans  le  couronnement  de  la 
porte  principale  d'entrée  au-dessous.  Cette  porte,  à  arcade  plein  cintre, 
est  encadrée  d'une  ordonnance  dorique  de  la  môme  époque  et  de  même 
style  que  la  loge  au-dessus. 

Les  faces  du  bâtiment,  affecté  actuellement  à  la  police  municipale,  sont 
percées  de  deux  grandes  arcades  ogivales  sur  le  côté,  pour  le  passage  des 
voitures,  d'une  petite  porte  rectangulaire  sur  la  face,  avec  les  armes  de 
Colmar,  entre  le  millésime  de  1575,  et  enfin  de  plusieurs  baies  de  fenêtre 
rectangulaires,  de  la  même  époque,  à  meneaux  et  moulures  rentrantes, 
très-accentuées. 

Ce  petit  appendice,  d'un  dessin  et  de  détails  plus  délicats  que  ceux  que 
l'on  remarque  sur  les  autres  édicules  de  la  même  époque  qui  subsistent 
encore  dans  la  ville  de  Colmar,  a  été  fait  évidemment  sous  l'inspiration 
d'une  lo(j(jia  italienne  par  un  artiste  très-habile.  Le  couronnement  de  la 
porte  ."îurtoul,  port.inl  un  médaillon  à  personnage  et  des  rinceaux  à  en- 


—  117  — 

roulements  à  jour,  est  d'une  ténuité  et  d'une  délicatesse  exigeant  une 
expérience  extrême  du  ciseau.  On  comprend  diffîcilemenl  comment  ces 
sculptures  ont  pu  parvenir  aussi  intactes  jusqu'à  nous. 

Du  reste  tout  cet  ensemble  est  dans  un  assez  bon  état  de  conservation. 
Mais  la  partie  supérieure  s'arrête  net  à  sa  cornicbe.  Évidemment  elle  a  dû 
être  terminée  par  un  couronnement.  Mais  quel  élail-il?  Jusqu'à  présent 
on  n'a  pu  découvrir  aucun  document  certain  constatant  l'ancien  état. 
Était-il  en  pierre  formant  simple  balustrade?  mais,  dans  ce  cas,  il  y  eût 
eu  une  communication  avec  le  comble  au  moyen  d'une  grande  lucarne, 
comme  cela  existe  aux  logrjia  des  rues  des  Juifs  et  des  Clefs;  ou  bien 
terminé  en  pointe,  comme  à  celles  des  rues  Schôngaucr,  des  Marchands 
et  de  la  Grand'rue  ?  Ces  questions  intéressantes  ont  fait  l'objet  de  recherches 
sérieuses  de  la  part^de  votre  Comité.  M.  Winckler,  l'architecte  provincial 
et  un  de  nos  collègues,  dont  la  compétence  ne  peut  être  contestée,  a  con- 
senti à  se  charger  de  ces  travaux.  Il  a  présenté  un  premier  projet,  qui  a 
donné  lieu  à  plusieurs  observations  que  M.  Winckler  a  bien  voulu  prendre 
en  considération.  De  nouvelles  recherches,  de  nouvelles  combinaisons 
sont  à  l'étude;  enfin,  des  dispositions  sont  prises  pour  commencer  au 
beau  temps  les  travaux  auxquels  votre  Comité  tient  essentiellement, 
d'abord  pour  le  monument  en  lui-même  et  ensuite  pour  montrer  toute 
l'importance  qu'il  attache  aux  recommandations  de  nos  collègues  du  Haut- 
Rhin. 

A  ce  sujet  nous  sommes  heureux  de  vous  informer  que  les  travaux  de  Thann. 
grosses  réparations  à  la  Bannwarthütte  de  Thann,  qui  devaient  être  entre- 
pris par  les  soins  de  la  municipalité  de  cette  comnmne,  sous  la  direction 
de  M.  l'architecte  Cariage,  notre  collègue,  et  qui  avaient  été  retardés  par 
différentes  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté,  sont  actuelle- 
ment à  peu  près  terminés  ;  que  les  travaux  de  restaurations  des  différents 
cartels  en  pierre,  pour  lesquels  la  Société  avait  voté  une  somme  de  600  fr., 
ont  été  confiés  aux  soins  de  M.  Klemm,  sculpteur  bien  connu  de  Colmar, 
et  qu'ils  sont  aussi,  de  leur  côté,  presque  terminés.  M.  Klemm  n'est  arrêté 
que  par  le  rétablissement  de  quelques  parties  mutilées  qui  exigeraient  la 
présence  de  M.  Ingold,  que  des  conditions  de  nationalité  tiennent  encore 
éloigfné  de  nous. 


BaiiiiNvartliûtlc. 


'O' 


La  commune  de  Ililsenheim,  canton  de  Marckolsheim,  est  traversée  par     Hiupiihcim , 
la  voie  romaine  qui  va  d'Ehlà  Ilorbourg.  Vers  le  Siulào.  Ililsenheim  est  un        ^"''' 
emplacement  appelé  Kaisergarten  où  l'on  a  déjà  trouvé  de  nombreuses 
subslructions,   des  débris  de  tuiles  à  rebords  et  des  poteries  romaines. 


—  118  — 

M.  Coste,  dans  ses  recherches  sur  les  anciennes  voies  de  la  contrée,  a 
signalé  cet  emplacement  et  y  attachait  une  certaine  importance.  Peut-être 
serait-il  utile  de  continuer  ces  recherches.  Toujours  est-il  que  l'on  a 
dans  la  commune  le  souvenir  de  trouvailles  nombreuses  auxquelles  on 
n  a  pas  attaché  toute  l'importance  qu'elles  méritent.  Dans  une  de  mes  der- 
nières excursions  j'ai  vu  dans  la  cour  d'un  habitant  de  cette  localité  le 
tronçon  inférieur  d'une  colonne  en  pierre,  de  1"\30  environ  de  hauteur 
sur  30  centimètres  de  diamètre.  La  base  fait  corps  avec  le  fût  de  la  co- 
lonne. Elle  est  presqu'entièrement  mutilée  et  laisse  à  peine  deviner  les 
formes  de  la  base  attique.  Au-dessus  s'enroulent  en  spirales  de  larges 
guirlandes  de  Iruils  et  de  fleurs,  séparées  par  des  bandes.  Le  relief,  malgré 
les  frottements  et  l'action  du  temps,  est  encore  assez  prononcé  pour 
faire  apprécier  la  belle  exécution  de  la  sculpture.  Ce  tronçon  provient  du 
Kaisergarten.  La  partie  supérieure  a  été  cassée  et  employée  comme 
moellons  dans  une  habitation  particulière.  Le  sieur  Jehl,  propriétaire  du 
tronçon  conservé,  se  proposait  d'en  faire  une  pierre  tumulaire.  Le  Comité 
m'ayant  autorisé  à  en  faire  l'acquisition,  j'ai  pu  l'obtenir  pour  une  somme 
de  30  fr.  Elle  devra  être  transportée  à  Strasbourg  pour  enrichir  notre 
musée. 

On  profitera  de  cette  circonstance  pour  faire  parvenir  à  la  même  desti- 
nation l'ancien  sarcophage  trouvé  l'année  dernière  sur  la  même  voie 
romaine,  jirès  d'Ehl,  et  que  M.  le  docteur  Rack,  de  Benfeld,  a  bien  voulu 
mellre  à  la  disposition  de  la  Société. 

Cette  question  d'emplacement  remet  à  l'ordre  du  jour  celle  de  notre 
petit  musée  lapidaire  et  des  démarches  à  renouveler  auprès  de  l'adminis- 
tration municipale,  pour  tâcher  d'obtenir  un  asile  dans  un  des  bâtiments 
«lu'elle  consacre  à  la  science  et  aux  beaux-arts.  Je  ne  doute  pas,  (pi'appuyée 
par  vous.  Messieurs,  notre  demande  n'ait  quelque  chance  d'être  favorable- 
ment accueillie  par  une  administration  qui  s'est  toujours  montrée  si  bien- 
veillante à  notre  égard. 

En  nous  rendant  service,  ce  serait  en  même  temps  nous  permettre  de 
livrer  au  grand  jour  quelques  restes  intéressants  des  âges  anciens  qui 
sunt  perdus  pour  le  public. 

J'aurais  encore  voulu  vous  rendre  compte  des  dilïicultés  de  détail  que 
nous  <'|»i(.iuvon$  dans  l'exécution  des  travaux  entrej)i'is  aux  châteaux  de 
Iltjjikujnigsbourg  et  de  Landsperg,  ainsi  qu'à  la  cha])clle  d'Ej)fig,  des 
tl'''ni.'iiclies  poursuivies  pour  la  conservation  du  clocher  roman  de  Bolsen- 
iif'itii  ;  mais  comme  tous  ces  travaux,  ainsi  que  ceux  dont  il  a  été  ci-dessus 
question  et  pour  lesriuels  le  Comité  des  monuments  historiques  a  voté  des 


—  119  — 

subsides  l'année  dernière,  sont  en  cours  de  construction  et  donneront 
lieu,  après  leur  terminaison,  à  des  rapports  plus  comj)lc(s,  comme,  d'un 
autre  coté,  vos  moments  sont  comptés  et  que  vous  allez  être  appelés  à 
procéder  à  l'élection  des  membres  sortants  du  Comité,  j'ai  cru  devoir 
abréger  autant  que  possible  le  compte  rendu  de  cette  année. 

Espérons  que,  délivrés  des  préoccupations  brûlantes  ([ni  ai^itent  actuelle- 
ment l'Europe  et  auxquelles  chacun  de  nous,  dans  sa  sphère,  ne  saurait 
échapper,  nous  pourrons  enfin  trouver  la  sécurité  et  la  liberté  d'es[irit 
nécessaires  pour  nous  livrer  avec  bonheur,  sur  ce  terrain  neutre  où  nous 
pouvons  tous  nous  rencontrer,  à  l'exploration  et  à  la  conservalion  des 
richesses  archéologiques  de  notre  chère  Alsace. 

M.  le  professeur  Kraus  annonce  à  l'assemblée  la  création  d'un  musée 
d'estampes,  organisé  depuis  peu  par  l'administration  municipale  qui,  dans 
l'intervalle  de  quelques  mois,  s'est  trouvée  dans  le  cas  de  faire  d'excellentes 
acquisitions.  Le  but  spécial  de  cette  création  est  de  réunir  autant  (jue 
possible  toutes  les  œuvres  exécutées  par  des  graveurs  alsaciens,  ou  domi- 
ciUés  pendant  quelque  temps  en  Alsace.  D'intéressants  renseignements 
sont  fournis  par  M.  Kraus  sur  les  planches  exposées. 

L'ordre  du  jour  appelle  à  l'élection  des  membres  qui  doivent  compléter 
le  Comité.  Les  membres  sortants  sont:  MM.  Fischer  (démissionnaire), 
Blanck,  Oleyer  et  V.  Guerber.  Le  scrutin  des  votes  donne  les  résultats 
suivants  :  M.  Blanck  71  voix,  M.  Oleyer  71,  M.  Barack,  bibliothécaire  en 
chef  de  l'Université,  37,  M.  Mietscher,  juge  au  tribunal  civil,  33,  M.  Dock, 
sculpteur,  32,  M.  l'abbé  Dacheux  28,  M.  V.  Guerber  13. 

MM.  Blanck,  Oleyer,  Barack  et  Mietscher  sont  proclamés  membres  du 
Comité. 

M.  le  président  est  réélu  par  acclamation. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance   du    Comilé   du   4i    mars   4878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  le  D'^  Barack,  Blanck,  prof.   Kraus,  Mitscher,  Petiti, 
Ringeisen,  Salomon,  prof.  Schmidt,  Sengenwald,  Stoffel,  de  Türckheim. 
M.  de  Pœllnitz,  membre  de  la  Société,  assiste  à  la  séance. 


-  I2ri  — 


4e  M., - 


-i  du  p; 


:.  ^e  CoküäT.  et 
:]^  Rei:  er  à  Er- 

proposéî  par  ^  PangeiseD. 
ÎOL  Gn^xe  Petiti,  architécte-entrepr  ^', 


Th-  J.  K^'rl ,  id-  id- 

Hnber,  :e,  ü- 

proposa  par  M.  le  châDome  Stranb. 

)L  le  D' Rehîbardt  Toué,  é  rg, 

•iiiicher. 

M-  Fraotz  StôckhatiseD,  directeur  do  Conserratoire  de  Strasbourg, 
pr  ;•    -    "   --. 


Tf\r  -v.jreîien  e^  F--  ^  rendent  compte  de  la  coorâe  qnHî    .„:  :„:t:  à 

:.  ïor  U  i;  du  Comité,  au  snjet  do  clc'ober  de   cette 

me.  Us  sont  d  avis  qu'A  y  a  lieo  de  faire  que  pour  la 

on  de  ce  clocher,  et  :  de  Tot-r:  Zc  500  fr., 

:-  '— ^■^^^'-nent  d'A.c.. ,.-!-:■  rraine  &j,....-  ^,..-ctre  de  son 

.!.  Le  Comité  vote  les  500  fr.  demandés- 

-i  fonilles  entreprises  dans  la  me  de  la  Douane, 
pour  ation  des  eaui,  ont  mis  à  découvert  les  restes  d'une  ris- 

*  V^  "*"    benne  avec  pilotis  en  bois  de  pin. 

**^''"**"'        'T:'  -e  trouvait  à  peu  :        '     i  l'axe  de  bdüe  rue,  vis- 

•jrie,  et  était  di-  .  -^s  bord«  aetods  de  1111 
d'environ  âO  mètres.  La  largeur  du  cours  d^eau  a  donc  été  rétrécie  de 
toute  cette  étendue. 


—  121  — 

M.  le  président  donne  lecture  du  mémoire  de  M.  l'ahbé  Gvss  sur  un       M^moira 
document  relaln  au  cljatcau  de  Fleckenslein,  près  Wissenihouig  :  ».,r .m do.»,mnt 

ri'btir   au    cl.&lcuu 
ilf  FU'ckciitlein. 

Les  travaux  de  déblai  qui  ont  eu  lieu  récemment  au  château  de  Flecken- 
stein, aux  frais  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  iiisto- 
riques,  prêtent  un  certain  intérêt  d'actualité  aux  renseignements  relatifs  à 
ce  château.  C'est  le  cas  pour  un  titre  que  l'auteur  de  cette  note  a  trouvé 
récemment  parmi  une  série  de  parchemins  concernant  les  domaines  des 
sires  de  Fleckenstein  et  provenant  des  archives  privées  d'une  de  nos 
anciennes  familles  nobles  d'Alsace.  Pour  l'intelligence  de  la  pièce,  il  ne 
sera  pas  hors  de  propos  de  rappeler  en  peu  de  mots  les  origines  du  châ- 
teau et  de  la  famille. 

De  même  que  la  plupart  de  nos  anciens  dynastes,  les  sires  de  Flecken- 
stein commencent  à  figurer  dans  les  chartes  à  partir  du  douzième  siècle; 
conséquemmenl  le  château,  auquel  ces  seigneurs  empruntèrent  leur  nom, 
existait  déjà  à  cette  époque.  Toutefois  il  n'est  fait  mention  de  cette  forte- 
resse que  vers  la  fin  du  treizième  siècle,  et  cela  à  l'occasion  d'un  siège 
qu'elle  subit  de  la  part  de  l'empereur  Rodolphe  de  Habsbourg.  Le  sire  de 
Fleckenstein,  réclamant  de  l'évêque  de  Spire  une  satisfaction  pécuniaire 
pour  certains  services,  s'était  emparé  de  ce  prélat  et  le  retenait  pn'sonnier 
dans  son  château.  C'est  alors,  dans  le  courant  de  l'année  127G,  que  le 
nouveau  chef  de  l'empire,  que  les  électeurs  avaient  choisi  pour  rétablir 
l'ordre  public  après  les  troubles  de  l'interrègne,  vint  assiéger  la  forteresse; 
mais  le  sire  de  Fleckcnstcin,  se  jugeant  trop  faible  pour  résister  à  un  tel 
adversaire,  ne  tarda  pas  à  se  rendre  à  discrétion,  en  remettant  sa  personne, 
avec  tous  ses  domaines,  au  pouvoir  de  l'empereur.  Ce  sont  les  annales 
des  dominicains  de  Colmar  qui  nous  apprennent  ce  fait.  Au  siècle  suivant 
la  famille  de  Fleckenstein  se  partagea  en  deux  branches,  dont  l'une  se 
surnomma  de  Dagstuhl,  d'une  seigneurie  située  dans  la  Westrie  qui  lui 
était  advenue  par  voie  de  mariage,  tandis  que  la  branche  alsacienne  prit 
le  surnom  de  Sultz  (sous  forêts),  dans  l'enceinte  de  laquelle  localité  elle 
possédait  également  un  château  fort,  comme  aussi  à  Rödern  (Niedcrrodern). 
Ce  dernier  château  donna  naissance  plus  tard  à  une  sous-branche  sur- 
nommée de  Uödern.  La  branche  de  Sultz  possédait  en  outre  le  château 
de  Wasenstein,  situé  non  loin  du  Fleckenstein,  (jui  lui  ('Inil  advenu  par 
alliance  de  famille.  A  l'époque  à  laquelle  se  rapporte  la  charte  qui  fait 
l'objet  de  celte  notice,  c'est-à-dire  dans  la  première  moitié  du  quinzième 
siècle,  ces  derniers  castels  avec  leurs  dépendances  formaient  enr.ore, 
conjointement  avec  le  château  patrimonial  de  Fleckensfein,  un  domaine 


—  122  — 

compacte  et  indivis  qui  se  trouvait  entre  les  mains  du  chef  de  la  branche 
de  Fleckenslein-Sullz,  Henri  de  Fleckenslein  dit  le  Vieux.  En  considération 
dos  troubles  de  guerre  qui  agitaient  incessamment  le  pays,  et  de  la 
nécessité  de  pourvoir  à  la  sûreté  de  ces  châteaux,  en  réglant  le  mode  de 
leur  transmission  à  ses  descendants,  comme  aussi  dans  le  but  de  maintenir 
la  i)aix  et  la  concorde  parmi  ces  derniers,  ledit  Henri  de  Fleckenstein  prit 
en  'U2o,  conjointement  avec  son  épouse,  les  dispositions  suivantes,  qui 
nous  renseignent  en  même  temps  sur  l'armement  de  nos  forteresses  féo- 
dales à  cette  époque.  1"  Après  son  décès  et  celui  de  son  épouse,  tout 
rarmcmenl  du  château  de  Fleckenstein,  à  savoir  arquebuses  et  poudre, 
arbalètes  et  llèches,  cottes-de-mailles,  casques  de  fer  et  en  général  toutes 
les  munitions  de  guerr(3,  ainsi  que  les  approvisionnements  et  le  mobilier 
(pii  se  trouvent  dans  ce  château,  tout  cela  devra  y  rester  et  appartenir 
aux  fils  dudit  Henri  de  Fleckenstein,  à  l'exclusion  des  filles  et  de  tout 
autre  héritier.  2°  Les  munitions  de  guerre  qui  se  trouvent  dans  les  châ- 
teaux de  Ködern,  Suitz  et  Wasenstein  devront  également  appartenir 
exclusivement  aux  fils,  tandis  que  l'argent,  les  objets  précieux  et  le  mobi- 
lier se  trouvant  dans  lesdils  châteaux  devront  revenir  par  parts  égales 
aux  fils  et  aux  filles.  3"  En  cas  que  les  testateurs  susdits  décèdent  sans 
laisser  de  fils  ou  descendants  mâles,  tous  les  objets  ci-dessus  énumérés, 
qui  se  trouvent  au  cbàleau  de  Fleckenstein  et  dans  les  trois  autres  châ- 
teaux, devront  appartenir  à  leurs  filles,  qui  les  partageront  par  parts 
égales,  à  l'exclusion  de  tous  les  autres  héritiers.  4"  Les  archives  ou  titres 
de  propriété  appartiendront  de  droit  aux  fils,  à  l'exclusion  des  filles,  à 
moins  qu'ils  ne  veuillent  se  dessaisir  de  plein  gré  de  l'une  ou  l'autre  pièce 
en  faveur  des  dernières.  Voici  le  texte  de  la  charte. 

«  Ich  heinrich  von  fleckestein  der  elter  und  pelerys  von  heimstat  myn 
eliche  huszfrauwe  bekennen  uns  œfTelich  mit  diesem  briefe  und  dun  kunt 
allen  den  die  in  jemer  anesehent  oder  hörent  lesen  das  ^vir  angeschen 
und  betrachtet  liant  solichc  wielde  loyffe  die  jetzunt  in  den  landen  gewest 
und  noch  sint  und  auch  degelich  cntstent  also  dis  ein  grosz  notdurfft  ist 
wer  da  slos  hat  das  sie  der  wol  besorge  und  bestelle  zu  der  gewere  besonder 
mit  böchssen  böchssenbulver  armbrosten  pilen  pantzern  hüben  isenhüten 
und  anders  was  man  dan  zu  der  were  bedarlfund  sich  darzu  dreflen  mag 
Harumb  und  auch  umb  fryeden  frünlschafft  und  liebe  lebens  willen 
zusehen  unscrn  kinden  die  wir  jetzunt  han  oder  hernach  gewynen  möch- 
lenl  so  lian  wir  mit  wol  vorbedachtem  mute  und  mit  friem  willen  geordent 
und  yesalzt  orden  setzen  und  machen  mit  krafft  dis  briefes  in  die  wise 


—  123  - 

und  forme  als  hernach  geschrichen  steht  Zum  ersten  so  ist  unser  wille 
und  gantzc  mcynunge  wan  wir  von  tlodes  wegen  abcgnngen  sint  das  der 
ahnechlige  got  mit  sineii  gnaden  lange  verhallen  wolle  das  den  alles  das 
geschütze  was  dan  uff  die  zyt  in  unserm  slos  fleckestein  ist  es  sygcn 
böchssen  höchssenbulver  armbrost  pile  hlech  oder  i-yngliarnosch  oder 
anders  was  zu  der  gcwere  gehöret  oder  gehören  mag  und  auch  andei- 
farende  habe  als  fruchl  win  und  ander  husrat  was  da  ist  und  wir  noch 
unserm  dode  in  dem  obgenanten  slos  fleckestein  lassent  das  soi  alles  in 
dem  selben  slos  verüben  und  unsern  süncn  die  dan  im  leben  sint  den 
dasselbe  slos  gebürt  zu  haben  oder  deil  daran  liant  sin  werden  und  ver- 
liben  und  solle  keync  unser  dochter  die  wir  jetzund  liant  oder  hernachmals 
gewynen  möchlent  oder  niemant  von  iren  wegen  oder  ander  unser  erben 
deheynerleye  recht  daran  han  in  deheynerleye  wise  one  alle  geverde  Item 
was  auch  harnosch  böchssen  böchssenbolver  armbrost  pile  pantzer  blech 
oder  ringharnosch  und  anders  das  man  zu  der  were  bedarffwir  zu  rüdern 
zu  sultz  oder  zu  wahssestein  betten  und  noch  unserm  dode  liessen  das  soi 
auch  unser  süne  den  dieselben  slos  gehörent  zu  haben  oder  deyl  daran 
haut  sin  werden  und  veiiiben  unverdeilt  mit  iren  swestern  was  aber 
darüber  farende  habe  ist  als  froclit  win  golt  gelt  silberinn  geschyrrc  und 
ander  huszrat  was  des  ist  und  wir  in  den  vorgenantcn  dryen  slossen 
rüdern  sultz  und  wahssestein  nach  unserm  dode  lassent  daran  soll  unsern 
döchtern  ir  recht  ghch  den  sünen  behalten  sin  und  were  es  dasz  wir  nit 
süne  nach  unserm  dode  liessent  das  gott  nit  w'olle  so  sollcnt  die  vorge- 
nanten stücke  alle  in  den  jetzegenanten  unsern  slossen  zu  fleckestein  und 
auch  in  den  andern  dryen  unser  döchter  die  wir  dan  uff  die  zyt  lassent  sin 
und  verliben  und  das  dan  glich  deylen  also  das  eyme  also  vil  werde  als 
dem  anderm  und  soi  süst  keynen  andern  unsern  erben  nüstnit  daran  wer- 
den in  mahsz  vorgeschrieben  stet  Item  was  rechtbücher  wir  noch  unser 
dode  lassent  sollent  auch  unser  süne  bevor  usz  sin  werden  und  verliben 
und  unser  döchtern  nüstnit  schuldig  und  verbunden  sin  davon  zu  geben 
sie  dun  ob  dan  gern.  Und  des  zu  eyme  woren  Urkunde  und  zu  ewiger 
vester  stetekeit  so  han  ich  heinrich  und  peterys  beide  obgcnante  unser 
jegelichs  sin  eigen  ingesigel  gehenkt  an  diesen  brieff  uns  und  unsern 
erben  zu  übersagen  aller  vorgeschrieben  dinge  und  zunach  merer  gezüg- 
nisz  so  haben  wir  gebelten  die  vesten  bansen  von  hclmslat  und  bansen 
von  entzberg  unsere  lieben  swegere  das  sie  ir  ingesigele  by  die  unsern 
an  diesen  brieff  gchcnket  habent  des  ich  bans  von  heimstat  hern  bansen 
seligen  sun  und  hansz  von  entzberg  uns  bekennent  das  wir  von  betwcgen 
des  vorgenanten  heinrichs  und  peterys  zu  gezügnisz  und  in  gezügniszwise 

T.  X.-(P.-V.)  9 


-  124  — 

unser  ingesigelc  by  die  iren  an  diesen  briefl' gelienken  liabent  sie  und  ire 
erben  zu  übersagen  aller  vorgescbrieben  dinge  und  da  wart  diese  orde- 
nunge  und  geselzcde  geniacbl  und  dieser  brielT  geben  uff  mendag  nach 
sant  peter  und  sant  paiilus  dag  der  heiligen  zwölfljollen  des  jars  do  man 
zall  nach  Christus  gehurt  dusent  vierhundert  zwenzig  und  fünff  jare.» 

Les  quatre  sceaux  qui  étaient  appendus  à  la  charte,  manquent.  Le  dos 
du  parchemin  porte,  en  caractères  de  la  même  époque,  la  suscription 
suivante  :  Urkundt  und  Verordnung  wie  es  nach  absterben  heinrichs  von 
Flcrkenstein  und  seiner  liauszfrauen  mit  dem  geschilz  und  kriegswaflen 
zu  Fieckenstein,  Sultz  und  Redern  solle  gehalten  werden  1425.  Gomme 
on  sait,  le  château  patrimonial  de  Fleckenstein  resta  entre  les  mains  de 
la  branche  de  Flcckenstein-Sultz.  En  1074  cette  forteresse  féodale,  qui 
passait  pour  imprenable,  fut  livrée  sans  résistance  au  marquis  de  Vaubrun, 
qui  commandait  alors  les  troupes  royales  en  Alsace,  et  six  ans  après,  elle 
subit  le  sort  de  la  plupart  de  nos  châteaux  forts  des  montagnes,  qui  furent 
démolis  par  ordre  du  baron  de  Montclar,  gouverneur  de  l'Alsace.  Qua- 
rante ans  plus  tard,  en  1720,  décéda  aussi  le  dernier  survivant  de  l'ancienne 
dynastie  alsacienne  des  Fleckenstein,  dont  les  domaines  passèrent  alors 
aux  princes  de  Rohan-Soubise. 
neconttiiuiiou        Lc  Comité  procède  ensuite  à  la  reconstitution  de  son  bureau, 

du  bureau. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  président,  M.  le  baron  de  Schaucnburg, 
vice-président  de  la  Société,  et  que  son  grand  âge  empêche  depuis  long- 
temps de  venir  prendre  part  aux  travaux  du  Comité,  est  nommé  président 
d'honneur  de  la  Société. 

Sont  ensuite  nommés  : 

M.  le  professeur  Ch.  Schmidt,  comme  vice-président,  MM.  Nessel  et  de 
Tiirckheim,  secrétaires;  M.  Klotz,  trésorier;  M.  Salomon,  conservateur. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance   du   Comité   du   1"  avril  4878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  :   MM.   le  D'"  Barack,    Blanck,    Mitscher,   Petiti,    Salomon, 
S.  Scngenwald,  de  Tiirckheim,  Winckler. 
M.  de  Pœllnilz  assiste  à  la  séance. 
i„prlT»Ztbu\.      ^^  procès-verbal  de  la  séance  du  11  mars  est  lu  et  adopté. 


—  125  - 

M.  Salomon  propose  comme  membre  de  la  Société  M.  Rœhricli,  arclii-     '''opo'ii'on 
tecte  d'arrondissement  à  Wissembourg.  nouveau  menibr«. 

M.  le  président  présente  au  Comité  un  mémoire  de  M.  l'abbé  Gyss,       Mémoire 
d'Obernai,  sur  le  duc  d'Alsace  Atticb  (AUicus,  Eiiclton)  et  la  lliùse  si  con-  '  <iol\.  '   ^"' 


liiTiiai 


sur  l(!  iluc  (l'AUacc 
Alticli, 


troversée  de  l'existence  de  ce  prince.  M.  le  président  veut  bien  se  charger 

d'analyser  ce  mémoire,  dont  l'impression  au  Bulletin  est  décidée.  r.i.rcdc..inu.odii.. 

Il  donne  connaissance  d'une  lettre  de  M.  de  Sticbaner,  président  du        '■'•»"• 
cercle  de  Wissembourg,  en  date  du  31  mars,  au  sujet  des  vitraux  du  "«"ri/svaLT' 
treizième  siècle,  qui  existaient  dans  le  chœur  de  l'église  collégiale  de  Wis-  "  ■"'""^■^""""•'^  " 
sembourg,  et  qui  ont  été  remises  dans  les  archives  de  cette  église.  La  res-  iitwîsVmhïg!' 
tauration  de  ces  vitraux,  exposés  en  ce  moment  chez  M.  Ott  de  Strasbourg 
coûterait  environ  640  marcs  ou  800  fr.  que  ni  la  fabrique  de  Wissem- 
bourg, ni  la  ville  elle-même  ne  voudront  payer  à  eux  seuls,  et  M.  de 
Stichaner  demande  si  la  Société  ne  voudrait  pas  contribuer  dans  une 
certaine  mesure  à  cette  dépense. 

Une  discussion  s'engage  à  ce  sujet.  M.  le  président  et  plusieurs  autres 
membres  pensent  que  cette  coopération  de  la  Société  n'est  pas  tout  à  fait 
conforme  au  but  que  celle-ci  se  propose  et  qui  est  écrit  dans  son  titre  ; 
car  elle  conserve,  mais  ne  restaure  pas;  —  qu'on  aurait  d'ailleurs  pu 
réparer  à  bien  moindres  frais  ces  vitraux  il  y  a  une  quinzaine  d'années, 
au  lieu  de  les  mettre  de  côté,  de  les  faire  changer  de  local,  et  de  les  rem- 
placer par  des  vitraux,  qui  peuvent  présenter  de  l'intérêt,  mais  qui  ne 
valent  pas  à  beaucoup  près  ceux  dont  il  s'agit  ici.  Ils  étaient  originairement 
dans  la  chapelle  de  la  Sainte -Vierge,  et  maintenant  il  s'agit  de  les  pla- 
cer dans  la  chapelle  de  Saint-Joseph,  où  on  ne  les  verrait  pour  ainsi 
dire  pas. 

Le  Comité  nomme  finalement  une  commission  qui  ira  voir  ces  vitraux     commission 
chez  M.  le  président  et  formulera  un  avis  pour  la  prochaine  réunion.  —  de  formui?r'un  avii 
Sont  nommés  membres  de  cette  commission  :  ^  "  '"'" 

MM.  le  D''  Barack,  Mitscher,  Salomon  et  Winckler. 

M.  le  président  communique  une  autre  lettre  de  M.  de  Stichaner  qui       Mémoire 

^  '  des  travaux  do 

accompagne  l'envoi  du  mém.oire  des  travaux  de  conservation  faits  au  conservation  f«iu 

■  u  cliAteau 

château  de  Fleckenstein,  et  qui  demande  une  gratification  de  2')  fr.  pour  dePiecLenstein; 

1  ip  •  •  '11  •!)  111  •  communication 

le  garde-Ioreslier  qui  est  charge  de  la  surveillance  de  cette  belle  ruine.  dcM.desticii.ner. 

i,  1  r  Gratification  : 

Accorde.  25  rr. 

Communication  est  donnée  ensuite  d'une  invitation  de  la  Société  fran-       congrt. 

çaise  d'archéologie  pour  le  congrès  qui  se  tiendra  au  Mans  le  20  mai  de  société  française 
cette  année  et  jours  suivants;  invitation  dont  il  est  distribué  plusieurs      au  Mans. 


-   126  — 

exemplaires.  Le  Comité  est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  pour  notre  Société  de  se 
foire  représenter  au  Mans  si  possible.  M.  le  président,  prévoyant  quelque 
difficulté  à  se  rendre  au  Mans  à  l'époque  précitée,  s'entendra  avec  M.  le 
professeur  Schmidt,  vice-président,  qui  peut-être  pourra  y  représenter  la 
Société. 

Rei.rds  apportés       M.  le  présidcut  entrelient  le  Comité  des  retards  considérables  apportés 

^ '' ^Buüeiin"" '^^  à  la  publication  du  Bulletin  par  suite  d'un  accident  arrivé  à  une  planche. 

"  '"!    .    Il  en  est  de  même  de  la  publication  des  planches  du  Ilorlus  delicia- 

tirage  desplaiicbes  i  • 

'^"         non,  votée  par  la  Société. 


llortus  deliciarum. 


Une  discussion  approfondie  a  lieu  sur  ce  sujet.  M.  Salomon  propose  de 
se  servir  de  la  nouvelle  méthode  d'héliographie  pour  remplacer  la  htho- 
graphie  pour  les  dessins  de  Ilerrade  de  Landsperg.  Diverses  maisons 
sont  recommandées  sous  ce  rapport. 

Peinture«  murale.      >i.  Wlncklcr  aunoucc  qu'il  a  fait  copier  en  grandeur  naturelle  les  pein- 

de  l"t-plise  ...  ^ 

de.  Dominicains  turcs  muralcs  de  l'ancienne  église  des  Dominicains  de  Guebvviller,  par 

de  Guebwiller.       ,,^-.11  •  «i-i  i-ii  i- 

M.  Ebel,  penitre  a  Fegershemi.  11  veut  bien  communiquer  ces  copies  au 
Comité,  qui  les  examine  avec  tout  l'intérêt  que  méritent  l'œuvre  originale 
d'abord  et  le  talent  de  l'artiste,  auteur  de  ces  copies. 

Colonne  ^j.  ^q  Pœllnitz  si^ualc  au  Comité  une  colonne  qui  se  trouvait  au  coin 

de  Tancien  hôtel  °  ' 

<ie  '»         de  l'ancien  hôtel  de  la  Haute-Montée,  aujourd'hui  détruit  et  où  il  ne  restait 

Haute-Montée. 

plus  que  ce  seul  et  unique  vestige  de  l'ancienne  construction  du  seizième 
siècle;  il   propose   que  la   Société  l'achète  pour  la  placer  en  lieu  sûr. 
M.  Winckler  veut  se  cliarger  de  cette  acquisition. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


Séance  du  Coinilé  du  fi  mai  4878. 

Présidence   de   M.   le   chanoine   STRAUB. 


Adoption 


Présents:  MM.  le  D''  Darack,  Ign.  Chauffoui,  prof.  Kraus,  Mitscher, 
Nessel,  Petiti,  Ringeisen,  Salomon,  de  Türckheim. 

.M.  Ohleyer  se  fait  excuser  par  lettre  pour  indisposition. 

MM.  Eiichson,  Kindler  de  Knobloch,  Kurtz,  |)rof.  Michaelis,  baron  de 
,^hill(:nheim-Uecllberg,  prof.  Scliœll  assistent  à  la  séance. 


«uupiion  .  , 

du  proc*..TerLia.      Lc  proces-vefbal  de  la  séance  du  l*^""  avril  est  lu  et  adopté. 


-  127  — 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvroges  suivants,  offerts  à  In 
Société  depuis  la  dernière  séance  : 

Annales  de  l'Académie  d archéologie  de  Belgique,  t.  XXI-XXX  (11  vol.). 
Engel,  Documents  pour  servir  à  la  numismalique  de  l'Alsace  (1  brocli.). 
Jahrbuch  für  schweizerische  Geschichte,  2.  LIand. 

Est  admis  membre  de  la  Société  :  A.imii.ion 

d  uu 

M.  Hauptmann,  aumônier  militaire  à  Strasbourg,  présenté  par  M.  le  "»"^t»" membre. 
baron  de  Müllenheim-Rechberg. 

M.  le  président  rend  compte  au  Comité  des  fouilles  et  découvertes  faites  Antiquité»  romaine. 

*  *  üt'couverleii 

le  30  mars  dernier  et  jours  suivants   à  Kœnigshofcn  dans  la  pronriété    i» '"«üsion de. 

••  °  '         \  fouilles   faites    k 

Veith-Robin  et  des  trouvailles  de  nature  analogue  (antiquités  romaines)    Kœoigshofen. 
faites  dans  d'autres  propriétés  de  cette  banlieue. 

Le  Comité  vote  l'insertion  du  rapport  de  M.  le  chanoine  Slraub  au        ^'""• 
Bulletin,  ainsi  qu'un  plan  des  lieux  cl  quelques  dessins  des  objets  trouvés; 
il  vote  en  même  temps  la  continuation  des  fouilles  sur  la  propriété  Veith- 
Robin. 

Une  gratification  de  20  J/.  sera  allouée  à  l'agent  qui,  le  premier,  a 
donné  l'éveil  sur  l'existence  des  objets  trouvés. 

M.  le  professeur  Michaelis  veut  bien  se  charger  d'ailleurs  de  faire  une 
élude  sur  le  buste  de  femme  (déesse  ou  impératrice?)  trouvé  à  celte 
occasion. 


Nouveau 
local  à  cliorcbcr. 


Le  Comité  examine  ensuite  la  question  du  nouveau  local  à  chercher 
pour  ses  séances  et  pour  ses  collections,  puisque  la  Société  ne  pourra  pas 
conserver  indéfiniment  le  local  mis  à  sa  disposition  par  l'honorable  baron 
de  Schauenburg,  son  président  honoraire. 

A  cette  occasion,  M.  Petiti  signale  un  local  qui,  peut-être,  pourrait 
devenir  disponible  et  qui  renfermerait  également  une  très-belle  salle 
pour  les  réunions  générales.  (Ancienne  maison  Ilepp,  rue  Sainte-Eh- 
sabeth.) 

MM.  Petiti,  Ringeiscn  et  Salomon  se  chargent  d'examiner  le  local  en 
question  et,  si  possible,  d'en  négocier  la  location  à  la  Société. 

M.  Salomon  communifiue  au  Comité  quelques  médailles  romaines  cl      Médailles 

'  *  '  et  autres  objet. 

fragments  de  verre,  trouvés  dans  la  rue  de  l'Outre,  dans  les  caves  de       "^»"vé. 

^  par  M.  SaloDioo. 

la  maison  Heitz. 


—  128  — 
Keiard  j|]_  |^3  iirésidoiit  iciul  coiiiplc  des  dcmaiclies  faites  par  lui  auprès  de 

des    publicaliüus  '  i  i  i  i         r>     i         •  • 

du  Bulletin      M_  'Wiiiler,   photographe,  à  propos  des  planches  du  Bullelin  qui  sont 

et  des  planches  .  .  >  a  •  im       •  vi  •  » 

deHerrade  cu  rctard;  la  Situation  est  la  même  aujourdhui  qiul  y  a  un  mois.  A 
eLan^perg.  ^^^^^  occaslon,  M.  Ignacc  Ghauffour  demande  si  l'on  ne  pourrait  pas, 
pour  aller  plus  vite,  se  servir  de  la  méthode  dite  «Woodbury».  M.  le 
professeur  Michaelis  recommande  d'une  façon  toute  particulière  la  maison 
Obernetter  à  Munich,  et  communique  des  planches  exécutées  par  cette 
maison,  faisant  partie  de  l'ouvrage  :  Archäologische  Untersuchungen  in 
Saniothrakc.  M.  Kraus  cite  l'établissement  Kra3mer  à  Kehl,  qu'il  recom- 
mande à  tous  égards. 

M.  le  président  se   mettra  en  rapport  avec  l'une  ou  l'autre  de  ces 
maisons. 

Restauraiion        Lc  même  Tcud  compte  au  Comité  de  la  visite  faite  à  M.  Ott  au  sujet  des 

des  vitraux  de  .  .,  ,     ,  .  ,  i         t  i  •  » 

wissembourg.    vitraux  dc  Wisscmbourg,   dont  il  a  ete  question  lors  de  la  dernière 
séance. 

M.  Oit  parle  pour  l'assemblage  seul  des  fragments  de  ces  vitraux  d'une 
somme  de  700  à  800  fr.,  mais  de  grandes  lacunes  resteraient  à  remplir 
pour  pouvoir  utiliser  ces  vitraux  comme  décoration  de  l'église.  A  peine 
deux  ou  trois  sujets  sont-ils  à  peu  près  complets  sur  une  douzaine  qui 
existaient  autrefois.  Il  faudrait  quelques  milliers  de  francs  pour  reproduire 
les  vitraux  tels  qu'ils  étaient.  Le  Comité  est  d'avis  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'en- 
trer dans  cette  voie;  il  ne  resterait  qu'une  conservation  pure  et  simple, 
une  simple  «mise  en  plomb»,  à  laquelle  la  Société  pourrait  contribuer 
dans  la  hmite  de  ses  moyens,  sauf  à  prier  la  fabrique  de  l'église  de  Wis- 
sembourg de  faire  replacer  ces  vitraux  ainsi  assemblés  dans  un  local 
fermé,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  à  même  de  les  faire  restaurer  complètement. 
Le  Comité  est  d'avis  que  si  la  dépense  de  simple  conservation  était  de 
400  à  500  fr.,  la  Société  pourrait  y  contribuer  pour  une  somme  de  200  à 
250  fr.,  et  M.  le  président  veut  bien  se  charger  de  négocier  sur  cette 
base  avec  la  fabrique  en  question,  sous  la  condition  que  la  fabrique  fera 
déposer  les  vitraux  en  lieu  sûr  et  à  l'abri  de  toute  dégradation  ultérieure. 

Objet  tiouïé  M.Schlosser,  de  Drulingen,  fait  don  à  la  Société  d'un  petit  objet  à  desti- 
M.  s'-Mosser  Halion  incounuc,  trouvé  à  Bettwiller,  près  de  l'endroit  où  fut  découvert  le 
de  Drui.n^-en.    çgjp^q,-,  golairc  doiit  li'aitc  sa  notice.  —  Rcmercîments. 

La  séance  est  levée  à  4  Va  heures. 


—  129  — 
Séance  du  Comité  du  3  Juin  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Barack, Mitscher,  Kraus,  Ringeisen,  Sengenwald,  SlofTel 
et  Salomon.  MM.  de  Türcklieim  et  Ignace  Chaufîour  sc  font  excuser. 

En  l'absence  de  MM.  Nessel  et  de  Türcklieim,  M.  Salomon  veut  bien 
remplir  les  fonctions  de  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  6  mai  est  lu  et  adopté. 

L'un  des  membres  délégués  rend  compte  de  l'inspection  faite  par  la 
commission  du  nouveau  local  proposé  à  la  Société  ;  après  délibération , 
cette  question  est  renvoyée  à  une  prochaine  séance. 

M.  le  président  soumet  au  Comité  les  propositions  de  deux  photographes 
relatives  à  la  publication  des  calques  du  Horliis  deliciarum;  l'une  de 
M.  Winter  de  Strasbourg,  l'autre  de  M.  Krœmer  de  Kehl.  Lecture  faite 
des  lettres  relatives  à  celte  question,  le  comité  écarte  le  procédé  par 
photographie  pure  et  simple  comme  trop  coûteux  et  ne  présentant  pas  les 
garanties  de  durée;  il  écarte  également  celui,  appelé  transport  direct  de 
la  photographie  sur  pierre  lithographique,  parce  qu'il  donne  moins  de 
garantie  d'entière  exactitude,  en  raison  des  opérations  subsidiaires  qu'il 
exige  ;  le  Comité  se  prononce  pour  le  procédé  d'impression  aux  encres 
grasses  (Lichtdruck)  et  décide  de  demander  aux  deux  concurrents  de  re- 
produire jusqu'à  la  prochaine  séance  un  de  ces  calques  comme  spécimen. 

Il  est  décidé  en  outre  que  le  tirage  sera  de  600  exemplaires. 

Contre  le  bâtiment  dit  Salzhaus,  actuellement  en  démolition  au  quai 
au  Sable,  se  trouvait  l'indication  de  la  hauteur  des  eaux  de  l'IU  le  28 
octobre  1778;  la  pierre  qui  portait  cette  indication  a  été  momentanément 
déplacée,  mais,  sur  la  demande  du  président,  le  propriétaire  la  fera  re- 
mettre à  la  place  qu'elle  avait  occupée  précédemment. 

Sont  admis  comme  membres  de  la  Société  sur  la  proposition  de  M.  le 
Président  : 

M.  Gangloff,  curé  de  Ilirtzfelden,  et  M.  Gandelet,  secrétaire-archiviste 
de  l'Académie  de  Metz. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


—  430  — 
Séance  du  Comilé  du  i^'  Juillet  1878. 

Présidence  de  M.  le  prof.  Schmidt,  vice-président. 


Adoption  du 
procès- verbal. 


■ort  de  M.  le 
baron  P.  de 

Scbauenburg, 
président 

honoraire  de  la 
Société. 


ConlinualioD  det 

fouilles  de 

Kooigehofen 

et  du  faubourg 

National. 


Présents:  MM.  le  Dr,  Barack,  prof.  Kraus,  Mitscher,  Ringeisen,  Salo- 
mon ,  Stoffel  et  de  Tiirckheim. 

M.  le  baron  de  Müllenheim-Rechberg,  capitaine  d'infanterie,  assiste 
à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  3  juin,  rédigé  et  lu  par  M.  Salomon, 
est  adopté. 

M.  le  vice-président  Ch.  Schmidt  annonce  au  Comité  le  motif  doulou- 
reux qui  l'appelle  aujourd'hui  au  fauteuil  de  la  présidence.  M.  le  chanoine 
Slraub  assiste  en  ce  moment  même  aux  funérailles  du  vénérable  baron 
de  Schauenburg,  ancien  pair  de  France  et  président  honoraire  de  la 
Société,  mort  à  Geudertheim,  à  l'âge  de  85  ans.  M.  le  prof.  Schmidt  rend 
hommage  en  termes  émus  aux  nobles  qualités  et  à  la  position  eminente 
du  vénérable  défunt. 

Le  Comité  s'associe  de  cœur  à  cet  hommage  rendu  à  l'un  des  membres 
les  plus  anciens,  les  plus  méritants,  les  plus  sympathiques  de  notre  Société. 

M.  le  prof  Schmidt  rend  compte  ensuite  de  la  continuation  des  fouilles 
exécutées  sous  les  auspices  de  M.  le  chanoine  Straub  à  K(3nigshofen  et 
au  faubourg  National,  où  l'on  a  découvert  dans  la  maison  Martin  la  dalle 
funéraire  d'un  autre  soldat  de  la  deuxième  légion,  dont  le  président  a 
exécuté  un  estampage  à  la  manière  blanche,  qui  est  suspendu  dans  le 
local  des  séances  du  Comité. 

M.  le  président  en  fait  hommage  à  la  Société. 

Voici  le  rapport  de  M.  Slraub  sur  la  nouvelle  découverte  : 

«Le  procès-verbal  du  6  mai,  qui  donne  la  description  de  la  pierre  tom- 
bale d'un  soldat  de  la  deuxième  légion,  récemment  trouvée  à  Konigshofcn, 
était  à  peine  imprimé,  (jue  mes  recherches  ont  abouti  à  une  nouvelle  dé- 
couverte cl  me  mettent  en  mesure  d'ajouter  aux  deux  noms  déjà  connus, 
celui  d'un  troisième  guerrier  de  la  môme  légion,  enterré  dans  nos  pa- 
rages. En  retournant  à  Konigshofen,  pour  vérifier  quebpies  points  du  plan 
lopographi(|uc  joint  à  mon  mémoire,  j'appris  par  hasard  qu'une  pierre 
avec  inscription  était  encastrée  dans  les  murs  d'une  maison  du  faubourg 


131 


Blanc.  Quelque  vagues  el  incertaines  que  fussent  les  données,  j'en  suivis 
immédiatement  la  trace  et  fus  enfin  amené  devant  un  monument  romain, 
déterré  en  1873  lors  de  la  reconstruction  de  l'auberge  de  la  Charrue, 
aujourd'hui  if  60  de  la  rue  du  faubourg  Blanc.  D'après  les  récentes 
explications  de  M.  Martin,  le  monument  sépulcral  a  été  découvert  à  la 
place  où  se  trouve  le  nouveau  puits  de  sa  maison,  à  près  de  l^jGO  sous 
le  sol. 


«Le  monument  porte  l'inscription  : 


T(itus)  .  IVLIVS  ■  T(iti)  .  F(ilius)  • 
CAM(ilia  tribu)  ALB(a) -M 
ILES .  LEG(ionis)  ■  II)  (centurie)  BIE 
NI  .  AN(orum)  .  XXXV  • 
STIP(endiorum)  •  XVI 
Il(ic)  •  S(itus)  •  E  (est) 

Titus  Julius,  fds  de  Titus,  de  la 
Iribu  Camilia,  originaire  de  la  ville 
d'Albe,  soldai  de  la  deuxième  légion, 
de  la  centurie  de  Bienus,  âgé  de 
trente-cinq  ans,  après  seize  ans  de 
service,  a  trouvé  ici  sa  dernière 
demeure. 

«La  pierre  a  presque  la  même 
hauteur  que  celle  de  Largennius 
(l'^jöO),  mais  ne  compte  que  53  cen- 
timètres en  largeur.  Un  fronton  trian- 
gulaire, orné  au  centre  d'une  rose 
et  de  chaque  côté  de  palmetles  avec 
une  rose  plus  petite,  surmonte  l'ins- 
cription entaillée  dans  un  cadre, 
dont  la  moitié  supérieure  seulement 
est  remplie  par  l'épitaphe.  Le  reste 
est  vide;  on  peut  donc  s'étonner  que 
les  caractères  diminuent  de  propor- 
tions après  la  première  ligne.  Les 
lettres  de  celle-ci  ont  sept  centimè- 
tres de  haut,  celles  de  la  deuxième 
n'en  ont  que  six,  et  celles  des  troi- 
sième et  quatrième  descendent  même 


—  132  — 

jusqu'à  cinq.  Les  sigles  II  •  S  •  E  •  (|ui  lermincnt  l'inscriplion,  reprennent 
seuls  leur  valeur.  En  somme  la  taille  de  la  pierre  est  moins  soignée, 
rornemenlation  beaucoup  plus  simple  et  les  lettres  moins  régulièrement 
tracées  que  celles  du  monument  de  Largennius. 

('Au  point  de  vue  historique  la  pierre  a  son  importance.  C'est  le  troisième 
monument  de  la  deuxième  légion  trouvé  sur  cette  ligne  et  on  n'en  connaît 
que  quatre  dans  l'ancienne  Germanie  supérieure*.  C'est  aussi  le  premier 
objet  de  provenance  romaine  d'une  certaine  valeur  qui,  à  notre  sçu,  ait 
été  exhumé  au  Nord  de  la  route. 
Croix  sépulcrale  «Lc  gucrricr  était  enterré  presque  en  face  de  l'établissement  de  Sainte- 
de  1694.  trouvée  ß    ]^g   c'cst-à-dirc  dc  l'ancicn  Michelsbühl,  où  les  fouilles  du  siècle  passé 

dans  la  rue  du  '  '  '^ 

quariier  qj^i  ^[^  gy  jour  dc  sl  importautes  antiquités  sépulcrales.  Nous  avons  ainsi 
une  preuve  de  plus  que  la  rue  du  faubourg  National  correspond  exacte- 
ment avec  la  route  militaire  des  Romains,  dont  les  deux  côtés  devaient 
être  bordés  de  tombes  aux  abords  de  la  ville. 

«J'offre  au  musée  de  la  Société  l'un  des  deux  estampages  exposés 
dans  la  salle.  Il  pourra  servir  à  faire  exécuter  un  dessin  exact  pour  le 
Bulletin.» 

Une  seconde  notice  dc  M.  le  chanoine  Straub  rend  compte  de  la  décou- 
verte d'une  très-belle  croix  sépulcrale  portant  le  millésime  dc  1694.  Elle 
a  été  trouvée  au  milieu  de  la  propriété  Herrmann,  dans  la  rue  du  quartier 
Saint-Nicolas,  n°  1,  à  3  mètres  sous  le  sol.  L'endroit  d'où  le  petit  mo- 
nument a  été  extrait  se  trouve  à  17  mètres  de  l'axe  de  la  roule  qui  longe 
les  remparts  et  à  41  mètres  de  la  rue. 

Une  face  présente  l'image  mutilée  du  Christ,  exécutée  avec  soin;  l'autre 
porte  l'inscription  ci-contre. 

Autant  qu'il  est  possible  d'en  juger  aujourd'hui,  ce  terrain  formait 
l'ancien  cimetière  de  Saint-Nicolas  in  undis,  couvent  de  religieuses  fondé 
en  1252  dans  ce  quartier  souvent  submergé  par  les  eaux  du  Rhin  et 
supprimé  par  le  magistrat  en  avril  1592.  L'éghse  du  couvent,  qui  servit 
dès  lors  à  divers  usages,  fut  incendiée  le  7  avril  1G91. 

La  découverte  de  cette  croix  semble  prouver  qu'on  a  continué  d'inhu- 
mer des  morts  dans  le  cimetière  de  cette  église,  après  l'ordonnance  du 
magistrat  qui  a  supprimé  les  cimetières  situés  dans  l'enceinte  de  la  ville 
et  a  établi  hors  des  murs  ceux  de  Saint-Urbain,  de  Saint-Gall  et  de 
Sainte-Hélène,  en  1527. 

1.  Le  quatrième  a  été  trouvé,  en  17G9,  à  Brelzenlieim,  près  Mayence,  et  fait  aujourd'hui 
partie  du  musée  de  cette  ville.  (V.  13ccker,  Die  römischen  Inschriften  und  Sleinsculpturen 
der  Sladt  Mainz,  n"  141.) 


133 


Le  petit  monument,  orné  de  beaux  rinceaux  à  la  base  et  dû  à  un  bon 
ciseau,  a  été  offert  par  M.  Ilerrmann  pour  le  musée  de  notre  Société. 
M.  Straub  lui  a  exprimé  les  plus  vifs  remercîments. 

M.  le  prof.  Auguste  Stœber,  président  du  musée  bistorique  de  Mulhouse, 
a  écrit  à  M.  le  président  pour  lui  proposer  un  échange  de  publications 
entre  les  deux  Sociétés.  —  Adopté. 

Le  Comité  reprend  ensuite  la  délibération  au  sujet  du  concours  entre 
les  deux  photographes  désignés  dans  la  séance  précédente  et  à  l'un  desquels 


HIER  LIEG 

DT  BEGRABEN 

F  MARGRET 

HAFRIG 

IIELTIN 

GEBOII 

RNE  PERiONRE  WARD  GEOIREIl 

A  1669  DEN  13  JVLLY  SEHLIG 

VERSHEDEN  A  1694  DEN  10 

SEPTEM 

BEB 


Proposition  pour 

un  ^rliange 
ilo  puliiicalioni. 


It><proiluclion  dcl 

planilioi 

de  llcrradc  d« 

Lanilfclicrg. 

Concours  cntro 

MM.  Winter 

et  Krîcnior. 


le  Comité  voudrait  confier  la  reproduction  d'après  le  procédé  dit  «  Licht- 
druck »  des  planches  du  Hortus  deliciarum. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  A.  Winter  et  le  Comité  compare 
les  épreuves  remises  par  chacun  des  deux  concurrents.  M.  le  vice-prési- 


—  134  — 

dent  Schmidt  voudrait  voir  la  décision  sur  cette  question  remise  à  la 
prochaine  séance,  en  raison  de  l'ahsence  de  M.  le  chanoine  Strauh,  qui 
doit  posséder  encore  d'autres  renseignements  pouvant  guider  le  Comité 
dans  son  choix  et  pour  sa  décision  définitive, 

M.  le  prof.  Kraus  insiste  au  contraire  pour  que  la  question  soit  décidée 
dès  aujourd'hui. 

Une  longue  discussion  s'engage  à  ce  sujet,  cl  il  est  décidé  que  le  prési- 
dent convoquera  une  réunion  extraordinaire  du  Comité  dans  une  quinzaine 
de  jours,  à  l'effet  de  vider  cette  question,  réunion  à  laquelle  le  Comité 
s'attachera  aussi  d'une  manière  plus  spéciale  à  la  question  du  papier,  du 
format,  de  la  grandeur  des  planches  et  s'entourera  en  général  de  tous  les 
renseignements  pouvant  éclairer  sa  conscience. 

Proposition  de        La  Icttrc  dc  M.  Winter,  photographe,  citée  plus  haut,  demande  aussi, 
pLotograp^e',     ^'^^  Y  "^  '^^^  '  ^^^  prcudrc  pour  la  Société  une  vue  de  la  porte  de  Saverne 
au  sujei dune  vue  (XVP  sièclc)  ct  dc  cc  qui  rcstc  encore  dc  la  porte  Nationale. 

à  prendre 

deiaporiede        Lc  Comlté  décidc  qu'il  sera  pris  des  vues  photographiques  de  ces  portes, 
Saverne  ei  de  ce  ^^^^  j^  cliaquc  côlé,  cu  toul  douc  quatrc  vues.  M.  Winter,  dans  cette 

qui  resle  de  '  '  1  ' 

la  porie  Nationale  mêmc  Icttrc ,  communlquc  une  demande  de  M.  Wiedmeyer,  entrepreneur 

M.VLdmej^er.    ^c  fortificatious,  pour  l'ohtention  de  quelques  vues  photographiques  de 

l'ancienne  porte  d'Austerlitz  (^l/c/z^er/^or)  et  dont  les  clichés  appartiennent 

à  la  Société.  Accordé  sous  la  réserve  que  M.  Winter  n'en  donnera  ou  n'en 

vendra  à  personne  d'autre. 

Proposition         M.  Ic  présldcnt  Straub  propose  par  lettre  la  nomination  comme  membre 

membres.    ^  ^^  1^  Société  i  M.  Lorbccr,  curé  d'Obernai,  et  M.  Mitscher  propose  celle 

de  M.  le  Dr.  Albrecht,  conrector  au  gymnase  protestant  de  Strasbourg. 

Ouvrages  déposé!      ^c  Comllé  a  rcçu  les  ouvrages  suivants  : 
sur  le  bureau.        Ajuciffcr  füv  Kuude  dcv  deutschen  Vorzeit.  1877. 

Bulletin  de  la  Sociélé  des  antiquaires  de  la  Morinie.  Juillet — Dé- 
cembre 1877. 

Bulletin  dc  la  Société  historique  et  archéologique  de  Langres.  Octobre 
1877  ct  avril  1878. 

Congres  urcliéologique  de  France.  1870. 

Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  ct  d'histoire  de  la  Moselle.  14*^  vo- 
lume. 1870. 

Revue  littéraire  et  scientifique  de  la  Société  jurassienne  d'émulation. 
1877. 

Vcrhandhmgen  des  historischen  Vereines  von  Oberpfalz  und  Regens- 
burg. \H17. 


—  435  - 

Müihcilungen  der  historischen  und  antiquarischen  Gesellschaft  zu  Basel. 
1878.  Mil  7  Tafeln. 

Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique.  1878. 

M.  Mitschcr  rend  compte  de  l'aiinoncc  que  lui  a  faite  M.  le  directeur  ilu    a-^i"!»"'""  J" 
cercle  de  baverne,  de  1  acquisition  qui  vient  d  être  faite  par  l'Etat  d'Alsace-     de  iioh-B.rr 
Lorraine    (administration   des   forêts)   du   cliatcau    et    de    la    forêt    de      "'"'''^'=" 
IIoh-Barr. 

M.  Ringeisen  demande  au  Comité  si  le  maire  de  Bolsenlieim  a  été  avisé       Ann»nc« 
de  la  somme  allouée  par  la  Société  pour  la  consolidation  de  la  tour  de 
cette  commune  et  des  démarches  faites  auprès  du  gouvernement  pour 
obtenir  une  allocation  de  l'État.  faue.  «uprè. 

M.  le  président  est  prié  de  vouloir  bien  faire  une  communication  et  des  •^" '«'""'""''""'"'• 
démarches  dans  ce  sens. 

La  séance  est  levée  à  3  Va  heures. 


<Io  rullocation 

pour  la  tour 

(le  Bolsenlieim 

et  (1rs  (lémarclies 


Séance  extraordinaire  du  Comité  du  l'S  juillet  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents  :  MM.  le  Dr.  Barack,  Brucker,  Mitscher,  professeur  Ohleyer, 
Ringeisen,  Salomon,  G.  Schmidt,  R.  de  Tiirckheim  et  VVinckler. 


Le  procès-verbal  de  la  séance  du  1^"^  juillet  est  lu  et  adopté.  du  pr'ocèl'vërbai 

(lu  {"juillet. 

Revenant  à  la  proposition  de  M.  Winter  communiquée  dans  la  dernière         vues 

f  •  I  1  1   •  1  1  1  •  photographiques 

séance  au  sujet  des  vues  photographiques  a  prendre  de  ce   qui  reste         des 
encore  debout  des  anciennes  portes  de  la  ville,  M.  le  président  annonce  ^^TeTa^'ine."" 
au  Comité  qu'il  a  autorisé  M.  Winter,  une  fois  pour  toutes,  à  prendre  les 
vues  des  monuments  du  vieux  Strasbourg  pour  le  compte  de  la  Société, 
chaque  fois  qu'il  sera  question  de  la  démolition  de  l'un  d'eu.\,  et  qu'un 
retard  pourrait  compromettre  la  reproduction  par  la  photographie. 

M.  le  chanoine  Straub  propose  comme  membre  de  la  Société  :  Propo.ition« 

.  .  ^  de 

M.  Spitz,  archiprêtre  de  la  cathédrale.  nouyeaux membres. 

Sont  proposés  en  outre  par  M.  Winckler  : 
MM.  Siebert,  maire  à  Obernai; 

Bœhm ,  Kreisdirector  à  Erstein; 

Hatt,  inspecteur  des  écoles  à  Molsheim; 

Klemm,  artiste-sculpteur  à  Colmar; 

Baron  de  Bodelschwing,  Oberforstmeister  à  Colmar; 

Jung,  Kreisingenieur  à  Saverne. 


de  Landtberg. 


—  136  — 

Rcmerciments       ^i  Augusle  Stœbcr  rcmercie  de  l'acceptalion  par  le  Comité  de  l'échange 
M.Aug.stœber.  jgg  commuiiicalions  avec  la  Société  de  Mulhouse. 

Concours  j^|    ]g  pi'ésideiit  soumet  au  Comité  les  épreuves  envoyées  par  deux 

la  reproduction    photographcs  qul  s'offrent  à  faire  les  reproductions  d'après  le  procédé, 

L.chtdruck     connu  sous  le  nom  de  Lichtdruck,  aux  encres  grasses;  il  soumet  les 

des  plancLe:^  do 

Herrade  dimcusions  et  l'échantillon  du  papier  proposés  par  chacun  des  deux 
artistes  pour  les  planches  du  Horins  deliciarunij  ainsi  que  les  devis.  Le 
Comité  examine  avec  soin  les  épreuves  envoyées  par  les  deux  honorables 
concurrents. 

Après  une  discussion  très-approfondie ,  qui  porte  également  sur  la  qua- 
hté  du  papier  à  employer,  M.  le  président  clôt  les  débats  et  passe  au  scru- 
tin. Sur  dix  membres  présents,  six  se  prononcent  pour  l'acceptation  des 
propositions  de  M.  Krœmer  pour  toute  la  fourniture.  La  différence  de 
prix  est  de  3600  fr.  en  faveur  de  la  Société. 

MM.  Brucker,  Salomon,  prof.  Schmidt  et  de  Türckheim  ont  déclaré 
s'abstenir. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  45  minutes. 


Séance  du  29  juillet  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Barack,  Gyss,  Mitscher,  Ohleyer,  Ringeisen,  Salomon, 
J.  Sengenwald.  M.  Rod.  de  Türckheim  se  fait  excuser.  En  l'absence  des 
deux  secrétaires,  M.  Ringeisen  veut  bien  rempHr  leur  office. 

Le  procès- verbal  de  la  séance  du  15  juillet  est  lu  et  adopté. 

Le  président  donne  lecture  de  la  soumission  présentée  par  M.  Krsemer 
pour  l'impression  des  planches  du  Ilortus  deUciarum.  Quelques  change- 
ments de  forme  ayant  paru  nécessaires,  M.  Mitscher  se  charge  séance 
tenante  de  rédiger  la  pièce  sous  forme  de  contract,  qui  devra  être  écrite 
en  deux  exemplaires  et  signée  par  les  parties  contractantes'. 


1.  Le  coutrat  a  6t6  signé  le  22  août  1878. 


—  137  - 

M.  le  professeur  Ohleycr  communique  l'exlrait  suivant  d'un  document 
de  iWi,  qu'il  soumet  au  Comité  : 

Dem  ivünUgen  Edelen  Herrn  Herrn  Conradt  zu  Wildegraffcn  zu  Thune, 
zu  Kirburg,  nhgroffe  zum  Stein  &  hämmcr  sant  Peters  Stifß  zu  Wgszen- 
bürg  niynem  lieben  Bruder. 

Johann  Wildgraffe  zu  Thun  und  zu  Kirburg  Ringraff  vnd  vnderland- 
faudt  zu  Elsas. 

Würdiger  vnd  edler  lieber  Bruder  Min  früntlichen  Dinst  allezit  zuuor. 
Als  ir  mir  von  tvegen  mins  Herrn  des  Apts  von  Wiszenburg  gescrieben 
haut  ivie  Richart  von  Hoenburg  sich  understehe  Hcrlicheit  in  der  Montât 
mit  Fischen  und  jagen  das  jme  doch  nit  sunder  mynem  Herrn  von  Wiszem- 
burg  obgut  zusten  vnd  wie  uiver  brieff  davon  jnnehall  han  ich  verstanden 
vnd  vff  stundt  dem  selben  Richart  ernstlich  darumb  gescrieben  vnd  erfor- 
dert denselben  brieff  an  jne  stein  ich  der  statt  von  Wiszenburg  mit  jrem 
Rotten  gesant  hant,  inne  meinuge  das  sie  jme  den  Brieff  mit  myns  gned 
Herrn  Büchsen  überantworten  vnd  davon  ein  antwort  fordern  lassen,  vnd 
ivas  jne  zu  Antwort  wurde  das  sie  das  yffbrechen  vnd  lesen  vnd  ob  das 
not  sie  das  sie  dan  solchs  widder  an  mich  bringent  ob  dan  Richart  jre 
davon  nit  stan  wollte  das  ich  doch  nit  getruwe,  was  ich  dann  fürler  dazu 
gethun  möge  will  ich  willig  sie  Dan  tuas  ich  mynem  Herrn  von  Wisze7i- 
burg  ych  vnd  der  stadt  Wiszenburg  zu  Dinst  vnd  fruntschafl  gethun 
mocht,  dete  ich  gern. 

Gen  vff  sant  Sixtus  Dag  Anno  dmcclvj'°  : 

II  entretient  ensuite  le  Comité  des  travaux  qui  ont  été  exécutés  au 
cloître  de  Wissembourg,  converti  en  musée  local,  et  présente  une  nou- 
velle demande  d'allocation  à  cet  effet,  les  fonds  accordés  par  le  gouver- 
nement étant  absorbés  par  la  restauration  de  l'église. 

Pour  pouvoir  juger  avec  entière  connaissance  de  cause,  le  Comité  invite 
M.  Ohleyer  à  présenter  un  rapport  écrit  avec  indication  exacte  des  travaux 
qui  devront  être  exécutés. 

Une  gratification  annuelle  de  trente  marcs  est  accordée  à  deux  agents 
forestiers,  chargés  de  la  surveillance  dans  les  châteaux  de  Fleckenstein 
et  Hohenburg,  Cette  surveillance  s'exercera  surtout  à  certains  jours  de 
fête,  où  un  public  nombreux  a  coutume  de  s'y  rendre. 


—  138  — 

M.  Straul)  soumet  au  Comité  l'inscription  d'une  pierre  tombale,  trouvée, 
il  y  a  peu  de  jours,  à  l'occasiou  d'un  remaniement  du  dallage  dans  la 
grande  nef  de  la  cathédrale. 

La  pierre,  primitivement  plus  large  au  chevet  que  dans  la  partie  infé- 
rieure, a  été  malheureusement  mutilée  d'un  côté,  pour  pouvoir  servir  de 
dalle.  Elle  mesure  encore  une  largeur  de  72  centimètres  sur  une  longueur 
totale  de  2  mètres  2G  centimètres. 

Voici  ce  qui  reste  de  l'inscriplion  tracée  en  beaux  caractères  majus- 
cules de  10  centimètres  de  haut  : 


Ligne  supérieure  : 
Liffnc  du  côté  droit  : 


Ligne  d'en  bas 


AXNO    •  DNI   •  MGG  .  .  . 

RDI   .  0    •  HEÏNRIG   •  INSTITOR 

+  ANNO   .  DNI 


Ligne  du  côté  gauche  : 
MGGG    •  XVI    •  XVII    •  KL   •  JVNII   •  0    •  ANiNA   •  VXOR   •  SVA  -+- 

Le  monument  porte  de  plus,  au-dessous  de  la  première  ligne,  le 
chiffre  CIII  et  au  bas  un  grand  écusson  marqué  d'un  aigle  dont  la  tête 
a  été  fort  usée  par  les  pieds  des  passants. 

Depuis  le  dernier  siècle  le  dallage  de  plus  d'une  église  a  été,  en  partie 
du  moins,  composé  de  pierres  tombales  qu'on  a  retournées  pour  s'éviter 
la  peine  de  niveler  la  face  marquée  ordinairement  de  profondes  inci- 
sions. Le  président  pense  qu'il  est  utile  d'appeler  l'attention  sur  ce  point. 

La  séance  est  levée  à  4-  heures. 


Séance  do  Comité  du  20  août  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  dans  le  local  de  la  Société.  Sont 
présents  : 

MM.  Ringeisen  et  Nessel,  secrétaires.  M.  de  Türckheim  s'excuse  par 
lettre. 


-  139  — 

MM.  Kindler  de  Knobloch  et  de  Müllcnheim,  membres  de  la  Société, 
assistent  à  la  séance. 

M.  le  président  donne  lectnre  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance , 
qui  est  adopté  sans  observations;  puis  il  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages 
suivants,  offerts  à  la  Société: 

Bulletin  du  Musée  historique  de  Mulhouse.  Année  1878. 

Das  heilige  Namenbuch  von  Konrad  Dangkrotzheim ,  lierausgegeben 
mit  einer  Untersuchung-  über  die  Cisio-Jani,  von  Karl  Pickel.  Sirassburg, 
1878. 

Sur  la  présentation  de  M.  de  Knobloch,  le  Comité  prononce  l'admission 
comme  membre  de  la  Société  de  M.  Günther,  premier-lieulenanl  au 
15®  régiment  d'artillerie  à  pied. 

Sur  la  présentation  de  M.  de  Müllenheim,  sont  inscrits  comme  membres: 
MM.  le  colonel  de  Sallbach; 
le  major  Priwe  ; 
le  major  Jacobi  ; 

le  major  Schœring,  du  15®  régiment  d'artillerie  à  pied; 
le  capitaine  Sperling,  de  l'état-major  du  15®  corps  d'armée; 
le  directeur  de  pohce,  de  Saldern. 

M.  le  président  expose  que  la  Société  possède  vingt-cinq  obligations  de 
l'Est,  nominatives,  et  demande  l'autorisation  de  les  convertir  en  obligations 
au  porteur. 

Le  Comité  donne  à  M.  Klotz,  trésorier,  plein  pouvoir  pour  faire  tous 
les  actes  nécessaires  pour  obtenir  la  conversion  projetée. 

M.  de  Müllenheim  réfère  la  demande  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  Win- 
ter, photographe,  pour  être  autorisé  à  prendre  les  vues  des  portes  de  la 
ville,  qui  doivent  être  démolies.  Celte  autorisation  est  accordée  sous  les 
conditions  d'usage. 

M.  le  président  communique  les  épreuves  de  deux  planches  photolitho- 
graphiques, du  Hortus  deliciarum,  tirées  par  M.  Kraemer,  de  Kehl,  auquel 
a  été  confiée  la  reproduction  de  ces  dessins.  Le  Comité  estime  que  les 
deux  épreuves  qui  lui  sont  soumises,  satisfont  aux  conditions  posées  et  se 
déclare  satisfait  du  travail  commencé. 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  curé  de  Hunavvihr, 
exposant  que  la  foudre  a  frappé  la  tour  de  l'église  et  y  a  causé  de  notables 

T.  X.  -  (P.-V.)  10 


_  140  - 

dégâts  qui  comiirometlent  l'avenir  du  monument;  il  demande  l'aide  de  la 
Société  pour  faire  les  réparations  les  plus  urgentes.  M.  Ringeisen  veut 
bien  se  charger  de  constater  l'état  des  lieux  et  d'en  rendre  compte  dans 
une  prochaine  séance.  Le  Comité  l'autorise,  en  attendant,  à  faire  exécuter 
les  petits  travaux  nécessaires  pour  écarter  tout  péril  imminent. 

M.  Ringeisen  communique  un  rapport  sur  l'église  des  Cordeliers,  de 
Schlestadt,  donl  la  nef  es(  en  démolition  et  où  l'on  a  rencontré  des  pein- 
tures murales  de  différentes  époques.  Il  promet  de  fournir  pour  le  Bulletin 
une  monographie  sur  ce  sujet. 

M.  de  Türckheim  envoie  une  vue  et  un  plan  des  ruines  du  château  de 
Schœneck,  dans  le  Jajgerthal,  levés  par  M.  Mérian,  de  Niederbronn,  et 
demande  l'allocation  d'un  crédit  pour  le  déblaiement  de  cet  intéressant 
monument.  Le  Comité  vote  une  somme  de  400  fr. 

M.  le  président  annonce  que  les  travaux  de  restauration  de  la  Loggia 
de  Colmar  sont  terminés;  le  Comité  exprime  à  M.  Winckler,  architecte, 
les  remercîmenls  de  la  Société  pour  le  talent  et  le  zèle  qu'il  a  déployés  à 
cette  occasion. 

M.  Nessel  communique  le  dessin  d'un  fragment  de  sculpture  romaine, 
récemment  découverte  à  Seltz,  C'est  le  quart  d'un  autel  quadrilatère,  por- 
tant encore  sur  une  face  la  figure  bien  conservée  d'un  Mercure  et  sur 
l'autre  la  moitié  de  l'inscription,  dont  M.  Nessel  propose  la  restitution 
suivante  : 


' .'  /  ■       •■       /  .f  /  / 

•    '  '   ■--■'  ■'       ■  ''  ^'  ,' 
^, 


I  •    0 

ETiVM 


u 


VU 


stativs-prIIII 


ITVTqTlB-A-ii 
ETDRVlaO-COSJf|! 


V-  s  •  L  )■  î.  •  M 


—  \A\  — 

Si  cette  restitution  était  admise,  le  monument  serait  mi  des  plus  anciens 
de  notre  contrée,  le  consulat  de  Tibère  cl  de  Dnisiis  lonihanl  en  raniiéc 
21  après  .1.  G. 

La  séance  est  levée  à  â  heures. 


Séance  du  C.omilé  du  \  novembre  'IS7S. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Blanck,  Salonion,  Ringeisen,  Milsclier,  Bairack,  Peliti, 
Brucker,  Stoffel,  Winckler,  Scngenwald,  Schmidt  et  Nessel,   secrétaire. 

Assistent  comme  membres  hbres  :  MM.  de  Müllenheim,  abbé  Erhardl, 
Kindler  de  Knobloch  et  Reussner. 

Approbation  du  procès- verbal. 

M.  Salomon  propose  comme  membre  : 

M.  Schneegans,  directeur  du  Gymnase  protestant. 

M.  Schaller  propose  par  lettre  : 

MM.  Daniel  Wolff,  négociant, 
Schaufïler,  percepteur, 
Xavier  GilUot,  imprimeur,  les  trois  demeurant  à  Saverne. 

M.  le  baron  de  Müllenheim-Rechberg  propose  : 

Son  Excellence  M.  le  lieutenant-général  de  Schkopp,  gouverneur  de 

Strasbourg , 
M.  le  général  Bauer,  commandant  de  Strasbourg, 
M.  de  Höltzer,  capitaine  du  corps  des  ingénieurs. 

M.  l'abbé  Erhardt  propose  : 

M.  le  baron  de  Bulach,  fils. 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants,  offerts  à  la 
Société  : 

Beiträge  zur  Kunde  Steiermärkischer  Geschichte,  herausgegeben  vom 
historischen  Vereine  für  Steiermark.  1878. 

Bulletin  delà  Société  h istoriqtœ  et  archéologique  de  Laugres.  Juillet  1878. 


—  142  — 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie.  Janvier-Mars  1878. 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie.  N°  2.  1878. 

Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar.  1877-1878. 

Der  Geschichtsfreund.  Millheilungen  des  historischen  Vereins  der  fünf 
Orle  Luzern,  Uri,  Schwyz,  Unterwaiden  und  Zug.  1878.  (33.  Band.) 

Mémoires  de  la  Société  Eduenne.  Tome  3®.  1874. 

Bulletin  de  la  Société  académique  de  Brest.  3^  série.  T.  4.  187G-1877. 

Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie.  T.  IV  (3®  série).  1878. 

Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique.  3®  et  4*^  livr.  de  1877, 
3«  livr.  de  1878. 

Millheilungen  des  historischen  Vereines  für  Steiermark.  26.  tieft.  1878. 

Becueil  des  notices  et  mémoires  de  la  Société  archéologique  du  départe- 
ment de  Constantine.  1876-1877. 

Sitzung shei^ichte  der  gelehrten  estnischen  Gesellschaft  zu  Dorpat.  1877. 

Zeitschrift  der  Gesellschaft  für  Schleswig-Holstein.  Lauenburgische  Ge- 
schichte. 8.  Band.  1878. 

Der  deutsche  Herold.  1877. 

M.  le  président  annonce  qu'il  a  fait  auprès  de  l'Administration  munici- 
pale des  démarches  pour  éveiller  l'attention  sur  les  travaux  de  démolition 
des  remparts  près  la  porte  des  Juifs;  beaucoup  de  pierres  tombales  de 
l'ancien  cimetière  des  Juifs  doivent  avoir  été  employées  comme  matériaux 
en  cet  endroit  et  seront  probablement  remises  à  jour.  M.  l'Administrateur 
municipal  a  prorais  de  donner  des  ordres  en  conséquence  et  de  faire  re- 
mettre à  la  Société  les  pierres  qui  pourraient  être  découvertes. 

Hunswihr.         ^otc  dc  M.  Ringeiscn  sur  sa  visite  à  Hunawihr: 

ÉfUtt. 

Messieurs , 

Vous  avez  bien  voulu  me  charger,  dans  votre  séance  du  26  août  dernier, 
de  visiter  l'église  de  Hunav.ihr  (Ilaut-Hhin),  pour  laquelle  on  demandait 
le  concours  de  la  Société  des  Monuments  historiques  d'Alsace,  par  suite 
des  dégâts  occasionnés  par  la  foudre.  Je  me  suis  transporté  sur  les  lieux 
le  28  août  suivant  et  j'ai  pu  constater  que  l'effet  produit  sur  le  bâtiment 
était  sensible,  mais  ne  menaçait  d'entraîner  la  ruine  d'aucune  partie  inté- 
ressante de  l'édifice.  Je  me  suis  empressé  d'en  écrire  un  mot  à  M.  le  pré- 
sident, immédiatement  après  ma  visite  et,  comme  nos  séances  ont  été 
interrompues  depuis  cette  époque,  si  vous  le  voulez  bien,  Messieurs, 
j'entrerai  dans  quelques  détails  à  ce  sujet. 


—  143  — 

L'éyiise  de  Hunawilir  a  été  agrandie  et  modifiée  à  plusieurs  reprises. 
Elle  i)orle  principalement  les  traces  du  XV^  el  du  XVF  siècle. 

La  nef  à  arcades,  à  fenêtres  et  portes  ogivales,  est  plafonnée,  sauf  la 
première  travée  du  bas  côté  sud,  qui  est  voûtée  dans  la  manière  du 
XVF  siècle  et  forme  une  étoile  à  4  branches.  Dans  cette  travée  est  une 
petite  chaire  en  pierre  du  XVP  siècle,  très-intéressante  comme  forme  et 
dispositions. 

Le  chœur,  de  1524,  est  terminé  àl'oneïif  par  3  pans  avec  contreforts  aux 
angles.  Il  est  recouvert  par  un  réseau  de  14  compartiments  à  losanges, 
déterminés  par  les  voussures  dont  les  retombées  sont  supportées  par  autant 
de  colonnettes,  engagées  symétriquement  dans  les  5  pans  du  chœur  el 
dans  celui  de  l'arcade  triomphale.  Ces  colonnettes,  en  encubellement, 
reposent  sur  des  culs  de  lampe  armoriés.  Le  chœur  est  éclairé  par  4  fe- 
nêtres ogivales  sans  vitraux  de  couleur;  son  mobilier  est  modeiiK,-. 

La  sacristie  à  côté,  au  sud,  est  une  petite  construction  du  XVP  siècle 
sur  une  crypte  voûtée.  La  porte  de  communication  avec  le  chœur  est 
ancienne.  Elle  porte  la  date  de  1525.  Dans  la  sacristie  est  une  grande 
armoire  ouvragée,  en  chêne,  de  1752. 

La  tour,  contre  la  paroi  9iord  du  chœur,  est  une  construction  rectangu- 
laire à  2  étages,  percés  de  fenêtres  ogivales.  Celles  du  2^  étage  sont  du 
XVI^  siècle.  Une  de  ces  dernières  fenêtres,  à  V ouest,  porte  dans  son  tympan 
plein,  2  écussons.  Cette  tour  est  surmontée  d'une  flèche  octogonale  aiguë, 
recouverte  en  tuiles  plates.  Le  rez-de-chaussée  de  cette  tour  a  dû  servir 
autrefois  de  chœur.  Il  est  recouvert  d'une  voûte  étoilée  à  8  branches, 
4  grandes  dans  les  angles,  et  4  petites  contre  les  faces.  Il  est  en  commu- 
nication avec  la  nef  au  moyen  d'une  arcade  ogivale,  à  moulures  fouillées 
et  croisées  au  sommet,  établie  au  XVP  siècle  dans  une  arcade  plus  grande, 
antérieure. 

Cette  église,  construite  sur  un  monticule,  au  sud-ouest  du  village 
qu'elle  domine,  est  entourée  d'anciens  murs  de  fortifications  sur  2  étages. 
Elle  est  en  bon  état  d'entretien  et  sert  aux  deux  cultes  catholique  et  pro- 
testant. 

La  foudre  est  récemment  tombée  sur  la  flèche;  elle  a  brûlé  le  poinçon 
et  la  partie  supérieure  du  bois  de  cette  flèche.  Elle  a  produit  un  ébranle- 
ment qui  s'est  manifesté  par  des  lézardes  aux  arcs  des  baies  et  aux  ner- 
vures des  3  voûtes  indiquées  ci-dessus,  notamment  à  celle  du  chœur, 
dans  les  parties  attenantes  au  clocher.  Nous  ne  pensons  pas  que  ces  effets 
soient  compromettants  pour  l'avenir  de  ces  voûtes.  Cependant  il  y  aurait 
lieu  d'entreprendre  des  travaux  de  consolidation,  et  avant  tout  d'enlever 


-  U4  — 

les  enduits  des  parties  endommagées  ponr  reconnaître  l'effet  produit  sur 
les  murs  mêmes.  Ces  opérations  et  le  dcbadigeonnagc  des  voûtes  et  des 
parois  du  chœur  doivent  être  faits  avec  un  soin  particulier  afin  de  désen- 
gluer  sans  dommage  les  moulures,  les  sculptures  et  les  écussons  et  de 
permettre  de  reconnaître  les  traces  de  peinture  et  de  polychromie  (|ui 
recouvrent  probablement  les  parois. 

M.  l'adjoint  auquel  je  me  suis  adressé  en  l'absence  de  M.  le  maire,  a 
bien  voulu  m'assister  dans  mes  opérations.  Il  m'a  témoigné,  au  nom  de  la 
commune,  sa  reconnaissance  pour  les  bonnes  dispositions  que  la  Société 
des  Monuments  histoiitiues  a  montrées  jusqu'à  ce  jour  en  faveur  de  cet 
édifice;  le  désir  du  conseil  municipal  de  transmettre  aussi  intact  que  pos- 
sible à  leurs  enfants  ces  souvenirs  de  leurs  ancêtres;  mais  il  m'a  fait  ob- 
server que  les  ressources  communales  n'étaient  pas  élevées  et  qu'on  sera 
obligé  de  réduire  les  dépenses  au  strict  nécessaire;  que  déjà  un  devis  des 
réparations  les  plus  urgentes  est  à  l'approbation,  et  que  si  l'Administration 
supérieure  veut  bien  venir  en  aide  à  la  commune  pour  tout  ce  qui  pour- 
rait avoir  un  intérêt  historique,  elle  sera  heureuse  de  s'y  associer  dans  la 
limite  de  ses  ressources  et  de  recevoir  les  bons  avis  de  la  Société  des 
Monuments  historiques. 

Ce  monument  étant  très-intéressant  au  point  de  vue  de  l'art,  la  commune 
étant  bien  disposée  quoi  qu'ayant  peu  de  ressources,  je  suis  d'avis  qu'il 
y  aurait  lieu  de  le  recommander  vivement  à  la  bienveillance  de  l'Admi- 
nistration supérieure,  et  de  voter  un  concours  de  200  francs  pour  être 
employés  à  la  recherche,  à  la  conservation  ou  au  moins  à  la  reproduction 
des  objets  d'art,  tels  que  sculptures,  peintures  murales,  armoiries,  etc. 

Le  Comité  approuve  les  conclusions  de  M.  Ringeisen  et  vote  un  crédit 
de  200  francs. 

M.  le  président  fait  part  de  la  réception  d'un  mandat  de  500  fr.,  mon- 
tant de  la  subvention  allouée  par  la  Ilaute-Alsace. 

Compte  rendu  par  M.  le  chanoine  Straub  des  fouilles  opérées  à  la  porte 
Blanche. 

Le  Comité  exprime  à  M.  le  président  ses  vifs  remercîments  pour  l'ardeur 
et  le  zèle  intelligents  avec  lesquels  il  a  opéré  et  dirigé  ces  fouilles  ;  sans 
son  intervention  les  remarquables  découvertes  amenées  au  jour  auraient 
été  complètement  perdues  pour  l'histoire  de  notre  pays. 

Le  Comité  autorise  M.  le  président  à  solder  le  mémoire  des  travaux 
exécutés  pour  les  fouilles  à  la  |joite  Jllanche. 


—  145  — 

M.  Blanck  expose  que  malheureusement  le  vieux  Strasbourg-  s'en  va 
rapidement;  chaque  jour  amène  la  disparition  d'un  bâtiment  plus  ou 
moins  intéressant;  en  ce  moment  encore  l'ancienne  Douane  est  menacée; 
plusieurs  travées  sont  déjà  condamnées;  de  même  l'hôtel  du  Dra;^on,  une 
des  plus  anciennes  et  des  plus  curieuses  constructions  de  Strasbourg,  doit 
disparaître  ;  il  demande  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  d'intervenir  pour  demander, 
au  lieu  de  la  démolition,  l'appropriation  de  ces  bâtiments  à  des  destina- 
tions utiles,  comme  maisons  d'école,  par  exemple.  Après  discussion,  à 
laquelle  prennent  part  M.  le  président  et  M.  Petiti,  le  Comité  décide  (ju'il 
sera  demandé  à  l'Administration  municipale  de  conserver  les  bâtiments  en 
question  dans  leur  état  actuel,  autant  que  faire  se  pourra. 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  d'une  notice  de  M.  Benoît  de  Berthelcminir. 
sur  une  pierre  levée,  menhir  vosgien,  déjà  décrite  parM.  dcBaulicu,  mais 
complètement  perdue  depuis.  Cette  pierre,  connue  sous  le  nom  de  aScd- 
telfels)) ,  quadrangulaire  de  2'",60  de  haut  et  de  l""  de  côté,  sépare  la 
Lorraine  du  Bas-Rhin  ;  elle  se  trouve  dans  un  site  très-pittoresque  et  mérite 
d'attirer  la  visite  des  amateurs.  Remercîments. 

M.  Ringeisen  fait  part  de  photographies  qu'il  a  fait  exécuter  des  pein- 
tures murales  et  des  détails  d'architecture  de  l'église  des  Récollcts  à 
Schlestadt;  il  dépose  20  de  ces  photographies  sur  le  bureau  et  demande 
un  crédit  de  20  c/€  pour  couvrir  la  dépense.  —  Crédit  voté. 

La  séance  est  levée  à  A  heures. 


Séance  du  Comilé  du  2  décembre  1878. 

Présidence  de  M.  le  chanoine  STRAUB. 


Présents:  MM.  Blanck,  Petiti,  Ringeisen,  Salomon,  prof.  Schmidt, 
J.  Sengenwald,  de  Türckheim. 

MM.  Bœswillwald,  prof.  Waldeyer,  baron  de  Müllcnheim,  capitaine 
commandant,  et  Winckler,  ancien  membre  du  Comité,  assistent  à  la 
séance. 

MM.  le  docteur  Barack,  Mitscher  et  Nessel  se  font  excuser. 


—  1-iO  — 
Ouvrages  revu«.       M.  Ic  présidciit  (lé|)Ose  SLii'  la  table  ilu  bureau  \ci:  uuvrages  suivants: 

Jahrbücher  des  Vereins  von  Alterthumsfreunden,  tomes  01,  0'^,  03. 

Bidldin  de  la  Société  nivernaise,  tome  8. 

Jahrbuch  für  schweizerische  Geschichte,  tome  3. 

Bidletin  historique  de  Saint-Omer,  100®  livraison. 

Rapport  sur  les  annales  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des 
Alpes  maritimes,  par  M.  Cb.  Robert,  (ilapport  remis  par  M.  le  prof. 
Scbmidt.) 

Schriften  der  Universität  Kiel  aus  dem  Jahre  1877.  B.  XXIV. 

Adopiion  Le  procès-verbal  de  la  séance  du  4  novembre  est  lu  et  adopté. 

du  procès-verbal. 

phoiopraphie         iM.  Ic  présidcut  communique  une  photographie  envoyée  par  M.  de  Sti- 
"  Vi'égiïse'""  cbaner,  président  du  cercle  de  Wissembourg,  représentant  le  modèle  de 
l'ancien  «Kronleuchlei-»  de  l'égUse  collégiale  de  Wissembourg.  —  Remer- 
cîments. 


Admission  Sont  cnsuitc  reçus  membres  de  la  Société  sur  la  présentation 

nouveaux memire.«.  dc  M.  Ic  présidcnt  Straub,  savoir: 

M.  Kiiemer,  photographe  à  Kehl, 

M.  le  professeur  Waldeyer,  de  l'Univeisité  dc  la  ville; 

de  M.  Ringeisen  : 

M.  George  Duméril,  ingénieur  à  Vieux-Thann; 
de  M.  le  docteur  Barack: 

M.  Henri  Niessen,  professeur  à  l'Université; 

puis  sur  la  proposition  de  M.  le  président  Straub  et  sur  la  présentation  de 
M.  le  baron  de  Müllenheim,  qui  assiste  à  la  séance: 

MM.  Jung,  Landgerichtsrath , 

Schwab,  konigl.  Württemberg.  Auditeur, 
Schwicrtz ,  Divisionspfarrer, 

Wassmuth,  négociant  et  représentant   d'industrie,   tous  habitant 
Strasbourg. 

commuaiion         -M.  Ic  pfésidcnt  rcud  compte  de  la  continuation  des  fouilles  entreprises 

lie»  fouille»  près  .  .  .  <         i         i«  m  i  •  •       . 

delà  Porte  Bianchr-  ct  couduitcs  SOUS  SB  (lucction,  prcs  la  l'orte  Blanche,  et  qui  ont  misa 

et    nouvelU•^ 

découverte»,  déccjuvcit  uMi.'  Houvidlc  (juaiitité  de  tombes,  avec  des  urnes,  des  vases  et 
d'autres  objets  d'origine  romaine  suivant  lui.  Ces  fouilles  ont  porté  jusqu'à 
ce  j'MH'  sur  une  superficie  de  8^50  mètres  carrés. 


-   147  — 

Dans  l'une  de  ces  lonibes  le  squeletle  reposait  sui-  S  iiri<iuL's  iJe  {^lande 
dimension  juxtaposées,  dont  un  éclianlillon  liyure  sur  la  table  du  itincau. 
Il  porte  l'empreinte  de  la  VHP  légion. 

M.  le  chanoine  Straub  est  parvenu  à  sauver,  par  le  dessin,  un  Iragment 
de  meurtrière,  déterré  sous  le  sol,  et  qui  appartient  aux  anciennes  lortifi- 
cations  de  Specklé. 

M.  le  président  donne  lecture  d'un  travail  de  M.  Schlosser,  de  Drulingen,        nui.«.« 
membre  de  la  Société,  sur  une  meule  trouvée  à  la  Frohmühl,  canton  de -i«  i»r"ii"g'n."»"r 

T         r»       •  i~i-  une  munie  trouvée 

La  Petite  rierre.  a i-  iruhmoui. 

A  cause  de  l'intérêt  que  présente  cette  notice,  le  Comité  vote  son  inser- 
tion dans  le  Bulletin,  comme  mémoire,  —  et  des  remercîments  à  son 
auteur. 

M.  le  président  rend  compte  de  la  démarche  qu'il  a  faite  auprès  de      iK.narci,e 
M.  back,  administrateur  de  la  ville,  au  suiet  de  la  conservation  des  bâti-    ^hez  m.  Back, 

"  DQrgprmeister, 

ments  de  l'ancienne  Douane  et  de  l'hôtel  de  la  rue  du  Draçon,  de  l'aliéna-  "»  »'r"J«  "»  «=0"- 

Ö  '  servahiin  de  I  an- 

tion  ou  de  la  disparition  desquels  il  a  été  question  dans  ces  derniers  temps,    '"'"'"'i^^^'"""-- 
Il  a  reçu  de  cet  administrateur  des  explications  assez  rassurantes.  ""'"'  *""  ^"*""' 

Le  Comité,  sur  la  demande  de  plusieurs  de  ses  membres,  se  prononce 
dans  le  sens  de  nouvelles  démarches  à  faire  par  son  président,  et  s'il  le 
fallait,  même  auprès  de  M.  le  Président  supérieur. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  X. 


Séance  du  Comité  du  10  janvier  1876  (présidence  de  M.  Stnubi 

Ouvrages  remis  à  la  Société.  —  Subvention  de  la  Société.  —  Communicatiuu  du  dessin  de  la 
chaire  extérieure  de  l'église  des  Récollets  à  Rouffach.  —  Chaires  extérieures  eu  France,  en 
Allemagne,  en  Autriche.  —  Note  sur  l'église  des  Récollets  à  Rouffach.  —  Acquisition  d'objets 
romains  en  bronze.  —  Détails  sur  l'intérieur  d'une  des  tours  des  Ponts-Couverts. 

Séance  du  Comité  du  7  février  1876  (présidence  de  M.  Straub) 


Admission  de  membres  nouveaux.  —  Compte  rendu  financier  des  deux  exercices  1874  et  1875. — 
Restes  historiques  de  la  ville  de  Strasbourg.  —  Fixation  de  la  date  de  la  séance  générale  et 
annuelle.  —  Notice  sur  le  monastère  de  Saint-Marc  près  de  Gueberschwyr.  —  Communica- 
tion d'un  dessin  de  la  maison  du  professeur  Arnold. 

Séance  da  Comité  du  21  février  1876  (présidence  de  M.  Straub) 7 

Ouvrages  remis.  —  Fixation  de  l'assemblée  générale  et  membres  admis.  —  Difficultés  pour  la 
restauration  de  la  chapelle  des  Zorn  dans  l'église  protestante  de  Saint-Pierre-lc-Jeune. 


Assemblée  générale  du  2  mars  1876  (présidence  de  M.  Straub) 8 

Allocution  du  président.  —  Rapport  financier  du  trésorier  et  compte  des  deux  années  1874  et 
1875.  —  Rapport  de  M.  Ringeisen  sur  les  travaux  de  restauration  :  Thann  600  fr. ,  Wissem- 
bourg  1,000  fr.,  Landsperg  800  fr. ,  EU  80  fr. ,  Ebersmünster  500  fr.,  Epfig  chapelle  Sainte- 
Marguerite  2,000  fr.  (Iff  à  5«  époque).  —  Monuments  disparus  :  1°  Guldenthurm  ;  2»  Porte  de 
Schlestadt.  —  Portes  conservées  et  restaurées  :  1°  à  Bœrsch  et  à  Rosheim  ;  2»  Tour  des  Sor- 
cièi-es  à  Schlestadt.  — Démarches  faites  pour  la  conservation  des  portes  de  Strasbourg.  —  Mé- 
daille décernée  à  M.  le  D'  Ruhlmann.  —  Titre  de  membre  d'honneur  décerné  à  M.  le  colonel 
de  Morlet.  —  Adjonction  au  Comité  de  trois  membres  du  Haut-Rhin.  —  Renouvellement  du 
Comité.  —  Élection  du  président. 

Séance  du  Comité  du  3  avril  1876  (présidence  de  M.  Straub) 26 

Renouvellement  du  bureau.  —  Démission  offerte  par  un  membre  du  Comité.  —  Proposition  d'ad- 
mission de  membres.  —Mémoire  de  M.  Merck  sur  la  iHache  de  la  pierre  jioliei.  —  Anciennes 
maisons  de  Strasbourg  sur  le  point  de  disparaître.  —  Crédit  alloué  pour  plans  et  dessins  à 
faire  faire.  —  Sarcophage  mérovingien,  don  de  M.  Rack. 

Séance  du  Comité  du  8  mai  1876  (présidence  de  M.  Straub) 28 

Admission  d'un  membre.  —  Ouvrages  remis.  —  Communication  relative  à  la  chapelle  Sainte- 
Marguerite  â  Epfig.  —  Médaille  trouvée  à  Saverne.  —  Communication  de  M.  Schmidt  rela- 
tive aux  deux  anciennes  vues  de  Strasbourg.  —  Dessin  d'une  maison,  rue  de  l'Ail  n»  4,  remis 
par  M.  Salomon.  —  Conimunication  de  M.  Winckipr  d'une  inscription  trouvée  à  l'église  de 
Dorlisheim. 


150  TABLE   DES   MATIÈRES   DU    TOME   X. 

PAGES 

Séance  du  Comité  du  12  juin  1876  (présidence  de  M.  Straub) 32 

Ouvrages  remis.  —  Découverte  d'uu  monumeut  antique  au  cimetière  de  Lolir.  —  Note  de 
M.  Fischer  sur  le  sceau  de  la  commune  de  Westhofen.  —  Notice  nécrologique  sur 
M.  L.  Levrault  et  M.  Deharbc ,  curé  d'Andlau.  —  Note  de  M.  Guerber  sur  Albau  Wölfuliu, 
Schultheis  de  Uaguenau. 


Séance  du  Comité  du  10  juillet  1876  (présidence  de  M.  SlraubJ 35 

Ouvrages  remis.  —  Mercure  trouvé  à  Drulingeii.  —  (Subveutiou  accordée  par  l'autorité  supé- 
rieure pour  la  restauration  de  l'église  collégiale  de  Wissembourg.  —  Communication  de  M.  le 
professeur  Kraus  sur  la  cathédrale  de  Strasbourg.  —  Pierres  funéraires  dos  X[V'',XV'  et 
XVI'  siècles  au  monastère  de  Truttenhausen. 


Séance  du  Comité  du  28  août  1876  (présidence  de  M.  Straub) 40 

Communication  de  M.  Kingeisen  sur  les  travaux  de  restauration  au  Kœnigsbourg ,  à  Saint- 
Georges,  à  Sainte-Foi  de  Schlestadt,  et  à  Sainte-Marguerite  d'Epfig.  —  Ouvrages  remis. 
—  Peintures  murales  à  l'église  de  Niederbetschdorf.  —  Sarcophage  mérovingien  trouvé  à 
WesthofFeu.  —  Note  généalogique  sur  Jacques  de  Kœnigshofen. 

Séance  du  Comité  du  30  octobre  1876  (présidence  de  M.  Straub) 44 

Proposition  d'admission  d'un  membre.  —  Communication  relative  à  la  destruction  des  portes.  — 
Notice  généalogique  sur  la  famille  des  Juugholtz ,  par  Kindler  de  Knobloch. 

Séance  du  Comité  du  18  décembre  1876  (présidence  de  M.  Straubj 45 

Subvention  pour  la  restauration  du  château  de  IIoh-Kœuigsbourg.  —  NoticedeM.le  curé  Guerber 
sur  les  églises  fortifiées.  —  Restauration  de  la  chapelle  de  Sainte-Marguerite,  à  Epfig.  — 
Gratification  votée  aux  ouvriers.  —  Communication  de  M.  Ringeisen  sur  les  travaux  de 
restauration  au  château  de  Landsperg.  —  Deux  dessins  des  custodes  de  Cernay  et  de 
Vieux-Thann.  —  Nobiliaire  d'Alsace.  —  Nomination  de  nouveaux  membres. 

Séance  du  Comité  du  15  janvier  1877  (présidence  de  M.  Straubj 47 

Allocution  du  président  de  la  Basse-Alsace.  —  Demande  du  •  Historischer  Verein  für  Ober- 
bayern •.  —  Travail  de  M.  Dagobert  Fischer  sur  l'église  paroissiale  de  Saverne;  travaux 
exécutés;  allocation  pour  ces  travaux.  —  Custode  de  l'église  paroissiale  de  Ville.  —  Expo- 
sition d'objets  ou  do  collections  archéologiques.  —  Assemblée  générale  de  1877.  —  Travaux 
dans  les  églises  de  Saint-Georges  et  de  Sainte-Foi  de  Schlestadt.  Supplément  voté  par  le 
Comité.  —  Carrelage  trouvé  sous  le  dallage  de  Sainte-Foi. 

Séance  du  Comité  du  5  février  1877  (présidence  de  M.  Slraub) so 

Comptes  du  dernier  exercice.  —  Démolition  de  l'église  de  Bolsenheim.  —  Présentation  d'objets. 
—  Admission  de  membres. 


Séance  du  Comité  du  26  février  1877  (présidence  de  M.  Slraub) 51 

Réception  de  membres.  —  Diverses  communications. 


.assemblée  générale  du  I"  mars  1877  (présidence  de  M.  Slraub) 

Allocution  du  président.  -  Compte  de  l'exercice  187(i.  -  Rapport  de  M.  Ringcisen  sur  les 
travaux  de  r.-stauralion  :  Saverne.  250  fr.;  VÇrissembourg,  1250  fr.;  Fleckenstein,  400  fr.; 
Thann,  600  fr.;  Landsperg,  .WO  fr.;  Dreystein  (proposition);  Rathsamhausen  ;  Haut-Koenigs- 
bourg,  1000  fr.;  Epfig,  500  fr.  —  Renouvellement  du  Comité. 


52 


TABLE   DES   MATIÈRES   DU   TOME   X.  151 

PAoes 

Séance  du  Comité  du  23  avril  1877  (présidence  de  M.  Straub) 60 

Ouvrages  reçus.  —  Fronton  de  l'aucienuo  •  Prévôté  .,  rue  de  la  Nuée-Bleue.  —  Hôtel  de  la 
Haute-Moutée.—  Uenouvellemeut  du  bureau.—  Proposition  de  M.  Ignace  Chauffeur  au  sujet  du 
toit  de  la  Loggia  de  Cohnar.  —  Lettre  de  M.  le  professeur  Woltmann,  de  l'rague,  au  sujet 
du  peintre  stra.sbourgeois  .Sébast.  Stosskopf.  —  Photographie  du  triptyipio  de  .Saiiit-Maie, 
figurant  les  armes  des  Pfleger.  —  Notice  de  M.  le  baron  de  Miillcnheim-Iiechbcrg  sur  l'an- 
cien oratoire  de  la  Toussaint.  —  Photographie  d'uuc  ancienne  cellule  de  l'hospice  des 
orphelins  de  Strasbourg.  —  Dessin  d'une  porte  romane  de  l'église  de  Walbourg.  —  Vue  de 
la  maison  démolie,  rue  de  l'Ail,  4.  —  Dessin  de  la  ruine  et  d'une  reconstruclion  supposée 
du  château  de  Guirbaden.  —  Proposition  de  membres. 

Séance  du  Comité  du  7  mai  1877  (présidence  de  M.  Straub) 72 

Découverte  faite  à  Heidolsheim.  -—  Travail  de  M.  Hiickel  sur  l'ancien  Hattgau.  —  Mémoire  sur 
un  manuscrit  du  XII«  siècle,  par  M.  l'abbé  Guerber.  —  Dons. 

Séance  du  Comité  du  4  juin  1877  (présidence  de  M.  Straub) 74 

Admission  d'un  membre.  —  Ouvrages  reçus.  —  Reproduction  d'un  petit  vitrail.  —  400  monnaies 
d'argent.  —  Ancien  rétable  d'autel  à  Luomschwiller.  —  La  porte  d'Austerlitz.  —  L'ancien 
poêle  des  pelletiers. 

Séance  du  Comité  du  9  juillet  1877  (présidence  de  M.  Straub) 76 

Don  et  notice  de  M.  Schlosser.  —  Kindler  de  Kuobloch  sur  les  anciennes  familles  nobles 
d'Alsace.  —  Photographie  de  la  porte  d'Austerlitz.  —  Travaux  de  restauration  de  Flecken- 
stein. 

Séance  du  Comité  du  13  août  1877  (présidence  de  M.  Straub) 82 

Ouvrages  reçus.  —  De  l'origine  des  noms  patronymiques  à  propos  d'une  charte  du  XV«  siècle, 
par  M.  l'abbé  Gyss. 

Séance  du  Comité  du  12  novembre  1877  (présidence  de  M.  Straub) 91 

Photographie  de  l'ancienne  porte  d'Austerlitz.  —  La  loggia  de  Colmar.  —  Découvertes  dans 
l'arrondissement  de  Wissembourg.  —  Château  de  Fleckenstein;  nouveau  subside  de  200  fr. 

—  Achèvement  de  l'église  collégiale  de  Wissembourg.  —  Pierres  sculptées  trouvées  à  la 
Montagne-Verte.  —  Monnaie  d'argent  trouvée  à  la  Musau.  —  Rapport  de  M.  Nessel  sur  les 
cimetières  romains  de  la  Basse-Alsace.  —  Rapport  de  M.  Stoffel  sur  le  travail  de  M.  Kindier 
de  Knobloch.  —  Admission  de  membres. 

Séance  du  Comité  du  10  décembre  1877  (présidence  de  M.  Straub) 95 

Ouvrages  offerts.  —  Socle  en  pierre  d'un  noyau  d'escalier.  —  Fragment  de  sculpture  de  l'an- 
cienne église  de  Lohr  et  note  de  M.  Schlosser.  —  Compte  rendu  do  l'excursion  à  Wis.sem- 
bourg.  — Bas-relief  sur  une  pierre  funéraire  de  1293  à  l'église  Saint-Thomas.  —  Dégradation 
du  château  de  Lichtenberg.  —  Note  de  M.  Schmidt  sur  l'Église  rouge  et  sur  la  Léproserie. 

—  Admission  de  membres. 

Séance  du  Comité  du  7  janvier  1878  (présidence  de  M.  Straub) '.    100 

Ouvrages  reçus.  —  Mort  de  M.  Nickiès.  —  Restauration  de  la  Loggia  de  Colmar,  1000  fr.  —  Cof- 
frets en  bois  de  la  fin  du  XVI*  siècle. 

Séance  du  Comité  du  4  février  1878  (présidence  de  M.  Straubi 103 

Observations  sur  le  procès-verbal  de  la  séance  du  10  décembre  1877.  —  Liste  des  membres  de  la 
Société.  —  Décès  dé  M.  le  colonel  de  Morlet.  —  Obsèques  de  M.  Nickiès.  —  Subvention 
annuelle  du  Conseil  général  de  la  Basse- Alsace.  —  Mur  romain  découvert  dans  la  rue  Mer- 
cière. —  Trouvaille  faite  à  Hilsenheim.  —  Lettre  de  M.  Ringeisen  reUitive  à  la  démolition 
de  la  petite  église  de  Bolsenheim. 


152  TABLE    DES   MATIÈRES   BV    TOME    X. 

PAGES 

Assemblée  générale  du  28  février  1878  (présidence  de  M.  Straub) 407 

AUocutiou  du  président.  —  Comptes  de  l'exercice  1S77.  —  Rapport  de  M.  Ringeisnn  sur  les  tra- 
vaux exécutés  :  Wissembourg,  1250  fr.;  Fleckenstein,  200  fr.;  Ilohcnbourg,  400  fr.;  Schle- 
stadt,  Saiuto-Foi  et  Saint-Georges,  3iC)  fr.  40  c.;  Colinar,  1000  fr.;  Thann,  Bannvvarthütte, 
Ililsenheim,  50  fr.  —  Création  d'un  musée  d'estampes.  —  Election  des  membres  du  Comité. 

Séance  du  Comité  du  M  mars  1878  (présidence  de  M.  Straub) -119 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Proposition  de  nouveaux  membres.  —  Mort  de  M.  le  professeur 
Willmans.  —  Clocher  de  Bolsenheim,  500  fr.  —  Découvertes  par  les  fouilles  pour  la  distri- 
bution d'eau  de  Strasbourg.  —  Mémoire  de  M.  l'abbé  Gyss  sur  un  document  relatif  au  châ- 
teau de  Flockenstein.  —  Reconstitution  du  bureau. 

Séance  du  Comité  du  I"  avril  1878  (présidence  de  M.  Straub) 424 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Proposition  d'un  membre.  —  Mémoire  de  M.  l'abbé  Gyss,  d'Ober- 
nai,  sur  le  duc  d'Alsace  Attich,  père  de  sainte  Odile.  —  Lettre  de  M.  de  Stichaner  sur  les 
vitraux  du  XIII^  siècle  de  l'église  collégiale  de  Wissembourg.  —  Commission  chargée  de 
formuler  un  avis  à  ce  sujet.  —  Mémoire  des  travaux  de  conservation  faits  au  château  de 
Fleckenstcin.  Gratification.  —  Congrès  de  la  Société  française  d'archéologie  au  Mans.  — 
Retards  apportés  à  la  publication  du  Bulletin  et  au  tirage  des  planches  du  Hortus  deliciarum. 
—  Peintures  murales  de  l'église  des  Dominicains  de  Guebwiller.  —  Colonne  de  l'ancien 
hôtel  de  la  Haute-Montée. 

Séance  du  Comité  du  6  mai  1878  (présidence  de  W.  Straub) 126 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Ouvrages  offerts.  —  Admission  d'un  membre.  —  Anti(]uités 
romaines  découvertes  à  l'occasion  des  fouilles  faites  à  Kœnigshofcu.  —  Nouveau  local  de  la 
Société  à  chercher.  —  Médailles  et  autres  objets  trouvés  par  M.  Salomon.  —  Retard  des 
publications  du  Bulletin  et  des  planches  de  Herrade  de  Landsperg.  —  Restauration  de.« 
vitraux  de  Wissembourg.  —  Objets  trouvés  par  M.  Schlosser  à  Drulingen. 

Séance  du  Comité  du  3  juin  1878  (présidence  de  M.  Straubi 129 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Tirage  du  Hortus  deliciarum.  —  Pierre  du  bâtiment  dit  Salzhaus, 
indiquant  la  hauteur  des  eaux  de  l'Ill  le  28  octobre  1778.  —  Admission  de  membres. 

Séance  du  Comité  du  1«' juillet  1878  (présidence  de  M.  Schmidt) 130 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Mort  de  M.  le  baron  P.  de  Schauenburg.  —  Continuation  des  fouilles 
de  Kœnigshofen  et  du  faubourg  National  (avec  gravure).  —  Croix  sépulcrale  de  1694,  trouvée 
dans  la  rue  du  quartier  Saint-Nicolas.  —  Proposition  pour  un  échange  de  publication.  — 
Reproduction  des  planches  de  Herrade  de  Landsperg.  —  Concours  entre  MM.  Winter  et 
Kraîmer.  —  Proposition  de  M.  Winter  au  sujet  d'une  vue  à  prendre  de  la  porte  de  Saverne 
et  de  ce  qui  reste  de  la  porte  Nationale.  —  Proposition  de  membres.  —  Ouvrages  reçus.  — 
Acquisition  du  château  de  Hoh-Barr  par  l'Etat.  —  Allocation  pour  la  tour  de  Bolsenheim. 

Séance  extraordinaire  du  15  juillet  1878  (présidence  de  M.  Slraub) 135 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Vue  photographique  des  anciennes  portes  de  la  ville.  —  Proposi- 
tion de  membres.  —  Concours  pour  la  reproduction  par  Lichtdruck  des  planches  de  Herrade 
de  Landsperg. 

Séance  du  29  juillet  1878  (présidence  de  M.  Straub) 136 

Adoption  du  procès-verbal.  —  Lecture  de  la  soumission  présentée  par  M.  Kraîmer  pour  l'impres- 
sion des  planches  du  Hortus  deliciarum. —  Communication  par  M.  le  professeur  Ohleyer  d'un 
document  de  1404,  —  Surveillance  du  château  de  Fleckenstein.  —  Inscription  d'une  pierre 
tombale  trouvée  à  la  cathédrale. 


TABLE   DES   MATIÈRES   DU   TOME   X.  153 

PAOES 

Séance  du  Comité  du  26  août  1878  (présidence  de  M.  Straub' 138 

Adoption  du  proeès- verbal.  —  Ouvrages  reçus.  —  Admis^sion  de  membres.  —  iSprcuvos  commu- 
niquées du  Hortiis  deUciarum.  —  Uapport  de  M  Ringcison  sur  l'église  des  Cordeliers  de 
Schlestadt.  —  Déblaiement  des  ruines  du  château  de  Schœneck.  —  Fragments  de  sculpture 
romaine  découverts  à  Seltz,  communiqués  par  M.  Nessel. 

Séance  du  Comité  du  4  novembre  1878  (présidence  de  M.  Straub) 141 

Proposition  de  membres.  —  Ouvrages  reçus.  —  Démarche  faite  auprès  de  M.  l'administrateur 
municipal  pour  éveiller  son  attention  sur  les  travaux  de  démolition.  —  Rapport  de 
M.  Kingeison  sur  l'église  de  Huuawihr.  —  Compte  rendu  de  M.  Straub  des  fouilles  opérées 
à  la  porte  Blanche.  —  Notice  sur  le  Sattelfelsen.  —  Photographie  de  l'église  des  KécoUets  de 
Schlestadt. 

Séance  du  Comité  du  2  décembre  1878  (présidence  de  M.  Straubi 145 

Ouvrages  reçus.  —  Adoption  du  procès-verbal.  —  Photographie  du  «Kronleuchter»  de  l'église 
de  Wissembourg.  —  Admission  de  nouveaux  membres.  —  Continuation  des  fouilles  prés  de 
la  porte  Blanche  et  nouvelles  découvertes.  —  Notice  de  M.  Schlosser  de  Drillingen  sur  une 
meule  trouvée  à  la  Frohmiihl.  —  Démarche  faite  au  sujet  do  la  conservation  de  l'ancienne 
Douane  et  de  l'hôtel  du  Dragon. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


PROCES-VERBAUX  DES  SEANCES. 

PAGES. 

Séance  du  Comité  du  10  janvier  1876 I 

Séance  du  Comité  du  7  février  1876 ö 

Séance  du  Comité  du  21  février  1876 7 

Assemblée  générale  du  2  mars  1876 8 

Séance  du  Comité  du  3  avril  1876 26 

Séance  du  Comité  du  8  mai  1876 28 

Séance  du  Comité  du  12  juin  1876 32 

Séance  du  Comité  du  10  juillet  1876 35 

Séance  du  Comité  du  28  août  1876 40 

Séance  du  Comité  du  30  octobre  1876 44 

Séance  du  Comité  du  18  décembre  1876 45 

Séance  du  Comité  du  15  janvier  1877 47 

Séance  du  Comité  du  5  février  1877 50 

Séance  du  Comité  du  26  février  1877 51 

Assemblée  générale  du  l"  mars  1877 52 

Séance  du  Comité  du  23  avril  1877 68 

Séance  du  Comité  du  7  mai  1877 72 

Séance  du  Comité  du  4  juin  1877 74 

Séance  du  Comité  du  9  juillet  1877 76 

Séance  du  Comité  du  13  août  1877 82 

Séance  du  Comité  du  12  novembre  1877 91 

Séance  du  Comité  du  10  décembre  1877 95 

Séance  du  Comité  du  7  janvier  1878 100 

Séance  du  Comité  du  4  février  1878 103 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  POUR  LA  CONSERVATION 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 
D'ALSACE 


BULLETIN 


DE    LA 


r  r 


SOCIETE  POUR  LA  CONSERVATION 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE 


Ile  SERIE.  —  DIXIEME  VOLUME 

(1ST6-1878) 


DEUXIEME    PARTIE.  -  MEMOIRES. 


AVEC  GRAVURES  ET  PLANCHES 


STRASBOURG 
IMPRIMERIE    DE    R.    SCHULTZ    ET    C'« 

Successeurs  de  Beeger-Levi;aüi-t 

1879 


LETTRES  ÉCRITES  A  LA  COUR 

par  M.  D'ANGERVILLIERS, 

Intendant    d'Alsaco    do    17  lu    ù     172-1. 


NOTE  PRELIMINAIRE. 

En  1866  l'archivisle  du  département  du  Bas-Rhin  adressa  au  préfet  un 
rapport  sur  le  contenu  d'une  correspondance  de  M.  d'Angcrvilliers,  inten- 
dant d'Alsace  de  1717  à  1724,  avec  les  hauts  fonctionnaires  de  Versailles. 
Cette  correspondance  et  une  série  de  mémoires  sur  l'Alsace,  faisant  suite 
à  ces  rapports  officiels,  sont  contenues  dans  sept  volumes  in-folio,  manus- 
crits, qui  avaient  passé  de  la  famille  de  Serilly  (un  intendant  dans  le 
midi  de  la  France)  entre  les  mains  d'un  notaire  et  étaient  mis  en  vente  à 
l'époque  précitée.  Sous  les  auspices  de  M.  le  baron  Pron,  préfet  du  Bas- 
Rhin,  l'acquisition  eut  lieu;  le  Conseil  général  approuva  la  modique 
dépense. 

Il  n'est  pas  superflu  de  rappeler  ici  que  M.  d'Angervilliers  fut  un  admi- 
nistrateur distingué  de  son  époque.  M.  Spach  copia,  en  1869,  cette  inté- 
ressante correspondance,  et  l'adressa,  par  l'entremise  de  M.  Gheruel, 
alors  Recteur  de  l'Académie  de  Strasbourg,  à  M.  le  Ministre  de  l'instruc- 
tion publique  (janvier  1870).  De  nombreuses  notes  biographiques  for- 
mèrent le  commentaire  du  texte;  le  Comité  historique,  institué  auprès 
du  ministère,  décida  l'impression  de  ce  travail,  qui  fut  ajournée  à  la  suite 
des  graves  événements  de  la  même  année. 

M.  Spach  a  reconstitué  son  premier  travail ,  autant  que  le  lui  permet- 
taient les  notes  qu'il  avait  gardées  en  main;  il  le  livre  au  Bulletin  de  la 
Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace. 

On  croit  devoir  prévenir  le  lecteur  que  les  fautes  d'orthographe ,  de 
grammaire  et  de  syntaxe  du  manuscrit  sont  exactement  reproduites. 

T.  X.  1«  Liv.  —  (M.)     . 


9  — 


ANNEE  1716. 

A  M.  le  Maréchal  de  Villeroy  \ 
Le  27  Avril. 

Je  crois  devoir  vous  informer  que  les  Arrêts  du  Conseil  du  9  O^""*^  1715 
et  11  janvier  dernier  par  lesquels  Sa  Majesté  a  permis  la  sortie  des 
grains  de  son  royaume,  sans  payer  aucuns  droits,  n'ont  point  été  publiés 
en  Alsace,  et  qu'au  contraire  la  Traite  en  est  absolument  interdite  aux 
Etrangers  sur  cette  frontière.  Je  n'ai  pas  cru  devoir,  à  mon  arrivée 
ici,  faire  publier  l'arrest  du  14  mars,  rendu  sur  le  même  sujet,  et  que 
j'ay  reçu  depuis  peu  par  M.  Machaut,  sans  avoir  auparavant  examiné  la 
situation  de  la  Province,  par  raport  à  la  rareté  ou  abondance  des 
grains  et  sans  m'être  attiré  des  ordres  particuliers  du  Conseil  sur  le 
compte  que  j'en  vais  rendre. 

Je  trouve  que  tout  le  monde  convient  icy  de  deux  choses  :  l'une  que 
l'Alsace  produit  toujours  beaucoup  plus  de  grains  qu'il  n'en  faut  pour  la 
subsistance  des  habitants  du  Pays  et  du  nombre  de  troupes  que  le  Roy 


1.  Le  maréchal  de  Villeroi,  flls  du  maréchal  de  Villeroi,  gouverneur  de  Louis  XIV  et 
descendant  du  sieur  de  Villeroi,  secrétaire  d'État  de  Henri  III  et  Henri  IV,  a  laissé  une 
détestable  réputation  dans  les  annales  guerrières  de  la  France.  Son  incapacité  est  deve- 
nue proverbiale.  Né  eu  1643,  élevé  sous  Louis  XIV,  et  constamment  couvert  dans  la  suite 
par  la  faveur  du  roi,  il  fut  nommé  maréchal  de  France  eu  1693,  après  la  bataille  de 
Keerwinde,  où  il  avait  débuté  par  un  acte  de  courage. 

En  1695,  comme  commandant  en  chef  de  l'armée  de  Flandre,  il  laissa  capituler  Namur, 
après  avoir  été  spectateur  immobile  de  l'héroïque  défense  du  maréchal  de  Bouffiers. 

Pendant  la  guerre  de  succession,  il  se  fit  battre  à  Ghiari  par  le  prince  Eugène  (1701), 
se  laissa  prendre  lui-même  à  Crémone  (1702),  et  subit  une  épouvantable  déroute  à 
Ramillies  (1706).  A  partir  de  ce  moment,  il  ne  parut  plus  à  la  tète  des  armées;  mais  sur 
la  fin  du  règne  de  Louis  XIV,  il  obtint  de  l'aveugle  confiance  du  roi  la  place  de  gouver- 
neur de  son  arrière-petit-fils  et  la  faveur  d'être  désigné  pour  faire  partie  du  Conseil  de 
régence. 

A  ravénemeut  de  Louis  XV,  le  duc  d'Orléans  maintint  le  vieux  favori  dans  ce  Conseil 
et  le  plaça  à  la  tête  de  celui  des  finances.  Le  maréchal  de  Villeroi  paya  par  une  ingra- 
titude, égale  à  son  incapacité,  la  confiance  du  régent,  en  manifestant  des  craintes  hypo- 
crites sur  les  dangers  que  courait  la  vie  du  Roi-enfant.  Le  Régent,  fatigué  de  cette 
insolence,  finit  par  exiler  le  maréchal.  Personne  n'ignore  la  funeste  direction  que  le 
vieux  courtisan  avait  imprimée  à  l'éducation  de  sou  royal  élève. 

Le  maréchal  duc  de  Villeroi  est  mort  en  1730  à  l'âge  de  87  ans. 


-  3  - 

entretient  dans  les  Places,  en  lêms  de  paix;  l'autre  que  pour  que  les  Sei- 
gneurs et  les  Peuples  puissent  vivre  cümmodcnKjnt,  et  que  les  charges 
soient  acquittées,  il  faut  que  le  froment  soit  vendu  à  raison  de  12  ÏÏ  la 
mesure  du  Pays,  appelée  Rezal ,  qui  pesé  depuis  170  jusqu'à  180  L  poids 
de  marc. 

On  est  bien  éloigné  de  ce  taux  dans  le  moment  présent.  Le  resal  du 
plus  beau  froment  ne  vaut,  dans  les  marchés  de  Strasbourg,  que  7  à  8  ÏÏ, 
ce  qui  revient  <à  peine  à  5  ??  le  quintal  qui  devrait  être  porté  à  7  ÏÏ.  Le 
seigle  est  encore  plus  hors  de  proportion;  son  prix  actuel  étant  ûc  A  ÏÏ 
10  s.  le  resal;  ces  fixations  sont  même  faites  sur  le  pied  de  la  valeur  des 
espèces  en  Alsace,  où  elles  ont  cours  pour  un  dixième  de  plus  qu'en 
France. 

Il  est  certain  que  de  l'autre  côté  du  Rhin,  et  surtout  dans  le  Brisgau  et 
le  territoire  de  Basle,  les  grains  sont  rares  et  qu'ils  se  vendent  un  tiers 
davantage.  Il  parait  que  rien  ne  serait  plus  naturel  que  d'aider  nos  voisins 
de  l'Excédent  que  nous  avons  en  grains  et  de  nous  attirer  par  la  des 
espèces. 

La  Régence  de  Fribourg  a  depuis  peu  écrit  à  M.  le  Comte  du  Bourg  ', 
ainsi  qu'il  a  eu  l'honneur  de  vous  en  rendre  compte,  pour  se  plaindre  de 
l'interdiclion  du  passage  des  bleds,  comme  d'une  chose  contraire  à  la 
liberté  du  commerce  rétablie  par  le  dernier  Traité  de  paix.  Des  Députés 
de  Basle,  qui  vinrent  ici  il  y  a  quelques  jours,  me  firent  la  même  repré- 
sentation et  me  dirent  que  les  Cantons  Protestants  venaient  de  faire  partir 
un  de  leurs  Officiers  pour  demander  à  son  A.  W^  la  liberté  d'achetter  des 
grains  en  Alsace. 

Vous  êtes  sans  doute  informé  Mg"^  que  depuis  l'année  i694f,  le  Com- 


1.  Dubourg  (lieutenant-général),  Éléonore-Marie-des-Mamcs,  comte  du  Bourg,  né  en 
1655,  servit  avec  distinction  sous  Louis  XIV;  il  commanda  en  chef  l'armée  du  Rhin 
en  1709. 

On  se  rappelle  que  les  Allemands  avaient  repris  l'offensive  en  Alsace  en  1709,  au  mois 
d'août.  Le  maréchal  d'Harcourt  se  tenait  derrière  les  lignes  de  la  Lauter.  Le  général 
autrichien  de  Merci  se  portait  de  la  Souabe  sur  Neubourg,  entre  Huningue  et  Brisach, 
s'emparait  de  ce  poste  et  y  établissait  une  tête  de  pont  pour  entrer  dans  la  Haute-Alsace. 
Mais  d'Harcourt  expédia  en  toute  hâte  le  lieutenant-général  DuLourg,  qui  ramassa  si.^ 
mille  hommes  dans  les  garnisons  d'Alsace,  marcha  droit  sur  Neubourg  et  battit  le  géné- 
ral autrichien  (26  août  1709),  dont  le  corps  d'armée  fut  pris  ou  jeté  dans  le  Rhin. 

L'Alsace  était  sauvée. 

Le  lieutenanl-géuéral  du  liourg,  gouverneur  niililuire  de  l'Alsace  sous  Louis  XV,  fut 
fait  maréchal  de  Frimce  en  1724  et  mourut  en  1739. 


_  4  _ 

merce  des  grains,  qui  était  libre  auparavant  avec  les  Suisses,  a  été  réduit 
à  leur  permettre  seulement  de  tirer  le  produit  des  Terres  et  des  dixmes 
qu'ils  possèdent  en  Alsace,  ce  qui  peut  se  monter  à  neuf  mille  sacs  ou  envi- 
ron et  de  plus  à  1G8  sacs  par  semaine  qu'il  leur  a  été  permis  de  faire 
sortir  ])ar  Iluniiii^ue,  où  l'on  examinait  s'ils  se  contentaient  de  cette 
(juanlité  ;  que  lors  de  l'iri'uplion  en  Alsace  par  le  Territoire  de  Basle  de 
l'armée  de  l'Empereur,  commandée  par  M.  de  Mercy,  la  Ti-aite  des  grains 
fut  absolument  interdite  aux  Suisses,  mais  que  depuis  quelques  mois 
S.  A.  K'°  a  bien  voulu  rendre  la  liberté  de  tirer  leurs  dixmes  et  les  168 
sacs  par  semaine,  ils  ne  sont  pas  satisfaits  et  ne  prennent  pas  môme, 
quant  à  présent  les  168  sacs,  dans  l'espérance  où  ils  sont  d'obtenir  une 
permission  non  limitée  de  faire  des  achats. 

Je  ne  dois  pas  omettre  deux  considérations  bien  importantes,  l'une  que 
la  ville  de  Strasbourg  et  la  haute  Alsace  ne  peuvent  se  passer  de  faire 
venir  des  bestiaux  d'Allemagne  et  de  Suisse;  l'autre  que  la  partie  d'Alsace, 
appelée  le  Suntgau,  est  très-abondante  en  vins,  qui  n'ont  de  débouché 
que  par  les  achats  qui  s'y  font  par  les  gens  du  Territoire  de  Basle  et  du 
Brisgau.  Si  nos  voisins  prenaient  le  party,  par  représailles,  d'empêcher  le 
passage  des  bestiaux  et  de  tirer  nos  vins,  ils  nous  réduiraient  bientôt  à  la 
nécessité  de  leur  offrir  nos  bleds  pour  remettre  les  choses  au  premier 
Etat. 

Ces  raison  et  ces  considérations  me  font  penser  qu'il  conviendrait  par- 
faitement que  les  arrêts,  par  lesquels  Sa  Majesté  a  permis  la  sortie  des 
grains  de  son  Iloyaume,  eussent  heu  sur  cette  frontière,  je  scais  que 
M.  le  Comte  du  Bourg,  qui  connaît  la  Province  parfaitement,  pense  de 
même. 

Je  n'ignore  pas  les  raisons  qu'on  peut  opposer  à  ce  sentiment  comme 
de  dire  que  l'Alsace  est  environnée  d'Etals  étrangers;  que  cette  Province 
n'a  de  communication  avec  le  Boyaume  que  par  la  route  de  Phalsbourg  et 
celle  de  Belfort,  qui  sont  l'une  et  l'autre  dans  une  étendue  fort  étroite, 
la  première  étant  pressée  des  deux  côtés  par  les  Etats  de  M.  le  Duc  de 
Lorraine,  et  l'autre  par  ceux  de  Montbelliard  et  de  Pourrenlruy,  que  si 
les  grains  venaient  à  manquer  en  Alsace,  et  qu'en  même  têms  M.  le  Duc 
de  Lorraine,  d'un  côté,  et  les  Princes  de  l'Empire  de  l'autre,  se  por- 
tassent à  defl'endre  la  sortie  des  grains  de  chés  eux,  il  serait  très  difficile 
de  pouvoir  secourir  les  Peuples  et  les  Troupes  d'Alsace  par  l'jntérieur  du 
Boyaume, 

Ces  objections  pourraient  à  mon  sens  décider  dans  un  lêms  de  guerre 
actuelle  ou  apparente,  mais  il  faut  renoncer  absolument  à  laisser  jamais 


-  5  - 

sortir  des  grains  d'Alsace,  ou  donner  toute  la  liberté  lorsque  la  tranquil- 
lité et  la  paix  paraissent  bien  établis  et  qu'il  y  a  lieu  d'esj)érer  une  abon- 
dante récolte,  pour  cette  année,  étant  d'ailleurs  démontré  que  nous  avons 
un  grand  intérêt  de  nous  ménager  avec  ceux  qui  nous  aident  de  leurs 
bestiaux  et  qui  viennent  acheter  nos  vins. 

Si  l'on  voit  par  la  suite  (\\ic  le  prix  des  grains  augmente  trop,  il  sera 
aisé  d'en  arrêter  les  transports  et  d'ailleurs  le  dernier  arrêt  du  14  Mars 
n'établit  la  liberté  que  jusqu'au  premier  du  mois  de  Juillet  prochain. 

Les  fermiers  du  Domaine  d'Alsace  perçoivent  quelques  droits  modiques 
sur  les  grains  qui  sortent  d'Alsace,  ils  sont  fixés  à  2*^^  8  "  par  resal,  ce  qui 
revient  à  1^'  8°  par  quintal,  il  n'y  aurait  peut-être  pas  d'inconvénient  de 
les  laisser  subsister,  affin  qu'on  pût  toujours  connoître  par  les  Registres 
de  la  ferme  ce  qui  sort  de  grains  pour  l'Etranger. 

On  peut  encore  proposer  d'obliger  les  baslois  de  faire  passer  par  IIu- 
ningue,  les  grains  qu'ils  tireront  d'Alsace,  afin  qu'on  puisse  les  Controller 
et  avoir  inspection  sur  le  plus  ou  le  moins.  Quant  à  moy,  je  ne  vous  dis- 
simuleray  point  que  je  crois  très  volontiers  que  toutes  ces  contraintes  ne 
servent  à  autre  chose,  qu'à  donner  lieu  de  profiter  induement  aux  Em- 
ployés dont  on  se  sert  pour  observer;  la  voie  la  plus  sure,  et  qui  ne 
manque  jamais,  pour  connaître  si  les  grains  deviennent  rares,  est  d'avoir 
attention  aux  mouvements  qui  arrivent  dans  les  prix;  j'attendrai  Mg""  les 
ordres  du  Conseil  et  les  vôtres  sur  cette  matière,  que  j'ai  cru  devoir  trai- 
ter dans  toute  son  étendue. 

Il  se  peut  faire  après  tout  que  l'incertitude  où  l'on  est  jusqu'icy  sur  la 
rupture  entre  l'Empereur  et  le  Grand  Seigneur,  fera  penser  qu'il  est  à 
propos  de  laisser  encore  quelque  têms  les  choses  sur  le  pied  qu'elles 
sont,  ce  n'est  pas  à  moy  à  porter  mes  vues  jusques  là  ;  mais  j'ose  toujours 
repondre  que  les  grains  abondent  en  Alsace  et  en  Lorraine.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'HuxcllesK 
Le  11  May  171C. 

Je  reçois  Mg.""  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'écrirc  le  5 
de  ce  mois,  il  est  très  certain  qu'il  ne  conviendrait  pas  de  laisser  la  Pro- 


1.  Un  des  braves  ofTiciers  do  l'armée,  déjà  sous  Louis  XIV.  Comme  Ik'iitcnaiit-général, 
il  défendit,  en  1689,  la  place  de  Mayence  contre  le  duc  de  Lorraine  et  l'électeur  de 
Bavière.  Il  avait  pour  toute  garnison  une   troupe  de    lO.OnO  Lonnnes.   Les  assiégeants 


-  6  — 

vince  d'Alsace  se  dégarnir  de  grains,  au  point  qu'elle  ne  fût  pas  toujours 
en  etat  de  nous  fournir  une  ressource  pour  un  cas  imprévu,  mais  aussi 
vous  remarqués  avec  grande  raison,  qu'il  faut  lâcher,  dans  les  lems 
d'abondance,  de  procurer  aux  Peuples  quelque  facilité,  pour  qu'ils  puissent 
se  défaire  du  superflu  de  leurs  denrées  et  par  là,  se  mettre  en  état  d'ac- 
quitter leurs  charges  avec  un  peu  plus  d'aisance  qu'ils  ne  font  à  présent, 
ne  croiriés  vous  pas  Mg"",  que  ces  deux  intérêts  peuvent  aisément  être 
conciliés  icy,  en  obligeant  les  Etrangers  qui  viendront  acheter  des  grains, 
de  prendre  des  passeports  dans  lesquels  on  désignera  les  quantités  qu'ils 
pourront  faire  passer  et  les  lieux  de  sortie. 

étaient  au  nombre  de  60,000.  Le  siège  commence  au  mois  de  juillet  (1689).  Un  assaut, 
livré  au  mois  de  septembre  par  les  ennemis,  leur  coûta  5000  hommes;  néanmoins  le 
maréchal  d'IIuxelles  offrit  de  capituler  deux  jours  après;  ses  munitions  étaient  épuisées. 
En  1710.  après  la  bataille  de  Malplaquet,  le  maréchal  d'IIuxelles  l'ut  envoyé  par  le  Roi 
comme  négociateur  à  Gertruidenbourg;  il  était  accompagné  de  l'abbé  de  Polignac.  La 
France,  humiliée,  épuisée,  soupirait  après  la  paix.  Louis  XIV,  dans  ce  moment  critique, 
était  prêt  à  toute  espèce  de  concession  :  il  aurait  cédé  l'Alsace.  Il  offrait  môme  un  sub- 
side contre  le  roi  d'Espagne,  sou  petit-üls,  si  ce  dernier  se  refusait  à  un  arrangement 
qui  devait  le  déposséder.  La  position  du  maréchal  d'Huxelles,  que  l'on  abreuvait  d'humi- 
liations, était  insoutenable;  après  quatre  mois  de  pourparlers  infructueux,  les  deux  plé- 
uipotentiaires  partirent  de  Gertruidenbourg. 

Pour  les  dédommager  de  leur  triste  mission,  le  Roi  leur  confia,  deux  ans  plus  tard, 
en  janvier  1712,  les  négociations  d'Utrecht.  On  se  rappelle  que  le  27  août  1714,  le  Roi 
déposa  son  testament  entre  les  mains  du  premier  président  et  du  procureur  général ,  et 
que,  dans  cet  acte  de  dernière  volonté,  il  institua  un  Conseil  de  régence.  Le  maréchal 
d'Huxelles  en  faisait  partie.  En  prenant  les  rênes  des  affaires  après  la  mort  de  Louis  XIV, 
le  Régent  ne  conserva  point  le  maréchal  dans  ce  Conseil  souverain,  mais  il  lui  conûa  la 
présidence  de  celui  des  affaires  étrangères. 

Pendant  la  durée  de  ces  fonctions ,  il  se  trouva  en  rapport  avec  le  ministre  du  tzar 
Pierre  et  avec  le  tzar  lui-même  qui,  pendant  tout  son  séjour  à  Paris  (1717),  essayait  de 
se  substituer  à  la  Suède  et  d'obtenir  des  subsides  de  la  France.  Le  Régent  n'était  pas 
d'abord  fort  enchanté  de  ces  propositions  du  tzar,  qui  repartit  sans  avoir  rien  obtenu. 
Les  pourparlers  furent  transférés  en  Hollande  et  aboutirent,  le  5  août  1717,  à  un  traité 
entre  la  France,  la  Russie  et  la  Prusse. 

Antérieurement  à  cette  convention,  le  maréchal  d'Huxelles  avait  déjà  négocié  un 
traité  secret  avec  la  Prusse,  le  1  i  septembre  1716,  pacte  remarquable,  qui  rendait  à  la 
France  un  point  d'appui  en  Allemagne  contre  la  maison  d'Autriche. 

Lorsqu'on  1718,  le  Régent,  dirigé  par  Dubois,  se  laissa  entraîner  à  former  un  pacte 
avec  l'Angleterre  et  l'Autriche  contre  l'Espagne,  le  maréchal  d'Huxelles  témoigna  une 
indignation  qui  l'aurait  honoré,  s'il  avait  montré  jusqu'au  bout  quelque  indépendance 
do  caractère;  mais  le  Régent  l'ayant  menacé  de  lui  enlever  la  présidence  du  Conseil  des 
affaires  étrangères,  le  maréchal  céda  et  signa.  Grâce  aux  traditions  de  Louis  XIV,  il  était 
rompu  ù  l'obéissance  passive. 


—  7  - 

Je  vous  ajoutcray  deux  choses  :  l'uiio  que  les  dernières  pluycs  ont  aug- 
menté les  espérances  d'une  excellente  récolte,  pour  celte  année,  et  (jue 
le  prix  des  grains  baisse  tous  les  jours;  l'autre  qu'ils  ne  sont  cliers  de 
l'autre  côté  du  Rhin  que  parccque  les  Munitionnaires  de  l'Empereur  ont 
l'ait  faire  des  achats  considérables,  dans  les  environs  du  Danube,  pour  les 
Troupes  qui  sont  en  Hongrie.  Il  est  vraisemblable  qu'après  la  Uecolte, 
nous  ne  pourrons  plus  vendre,  avec  autant  d'avantage,  qu'a  présent,  ce 
que  nous  avons  de  trop.  Vous  scaurés  avant  moy  la  décision  du  Conseil,  à 
laquelle  vous  participerés  sans  doute,  et  j'espère  que  telle  quelle  soit, 
vous  voudrés  bien  me  marquer  de  quelle  manière  vous  croirés  qu'elle 
doit  être  exécutée,  ce  qui  me  servira  de  regle. 

J'ay  reçu  du  Conseil  du  dedans  du  Royaume  les  mémoires  concernant 
la  demande  des  Juifs,  je  vais  la  discuter  et  j'auray  l'honneur  de  vous  en 
rendre  compte  incessamment,  je  vous  diray  par  avance  Mg*",  que  je  crois 
comme  vous,  qu'en  cette  matière  et  en  beaucoup  d'autres,  on  ne  peut 
rien  faire  de  mieux  que  de  laisser  les  choses  sur  le  pied  qu'elles  sont  éta- 
blies. Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  de  Villeroy. 

Le  17  May  1716. 

Mgr. 

Je  reçois  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'écrire,  le  10  de 
ce  mois,  avec  le  memoire  qui  l'accompagnait,  concernant  la  proposition 
que  j'ay  fait  de  donner  aux  Suisses  et  aux  habitants  de  l'Empire,  la  liberté 
de  tirer  des  grains  de  l'Alsace;  quoique  vous  me  marquiés  Mg"",  que  le 
Conseil  de  Commerce  s'en  remet  au  party  qui  sera  jugé  icy  le  plus  conve- 
nable, je  ne  crois  pas  devoir  lever  l'interdiction  du  commerce  des  grains, 
entre  l'Alsace  et  les  Etrangers,  jusqu'à  ce  que  j'aye  reçu  des  ordres  plus 
positifs,  qu'il  vous  plaira  de  me  donner,  sur  l'explication  dans  lacjuelle  je 
vais  entrer,  en  peu  de  mots,  par  rapport  aux  difficultés  exposées  dans  le 
mémoire  joint  à  vôtre  lettre. 

Il  m'a  paru  que  les  raisons  contenues  dans  ce  mémoire  pour  empescher 
que  la  sortie  des  grains  de  cette  Province  ne  soit  permise  indéfiniment, 
et  sans  bornes,  pour  le  tôms  et  la  quantité,  sont  très  décisives,  je  pense 
aussi,  toutes  reflexions  faites,  que  nous  n'avons  pas  à  craindre  que  les 
Suisses  cessent  de  venir  achetter  les  vins  de  haute  Alsace  et  que  l'entrée 
des  bestiaux  dans  la  Province  du  côté  de  l'Empire,  soit  prohibée  par  les 
Princes  qui  occupent  l'autre  côté  du  Rliin. 


-  8  - 

On  convient  dans  lo  memoire  que  l'abondance  des  grains  en  Alsace  est 
prouvée  par  leur  utilité,  qu'il  est  têms  d'en  procurer  quelque  débouché 
aux  Peuples;  mais  on  voudrait  que  la  Sortie  n'eut  lieu  que  pour  les 
Suisses,  et  pour  un  téms  seulement,  cette  proposition  est  fondée  princi- 
palement, sur  la  facilité  avec  laquelle  on  dit  qu'on  peut  Controller  à 
lluningue,  les  grains  qui  sortiront  d'Alsace  pour  la  Suisse,  au  lieu  qu'il 
ne  paraît  pas  possible  de  garder  toute  l'Etendue  du  cours  du  Rhin. 

Je  suis  obligé  Mg*",  d'observer  que  la  fraude  est  bien  plus  pratiquable 
sur  la  sortie  des  grains  d'Alsace,  pour  la  Suisse  que  pour  le  Brisgaw,  les 
Terres  de  Basle  ou  autres  contiguës;  la  raison  est  que  l'Alsace  n'est  sépa- 
rée de  la  Suisse  par  aucune  rivière  ni  montagne  et  que  le  passage  de 
lluningue,  où  l'on  doit  Controller  les  grains,  peut  être  éludé. 

Je  ne  puis  m'empêcher  de  regarder  le  Rhin,  comme  une  barrière  bien 
plus  sure,  entre  nous  et  l'Empire,  et  bien  facile  à  garder,  par  raport  à  la 
sortie  des  grains,  on  peut  marquer  dans  la  permission  qui  sera  donnée, 
les  passages  par  où  les  grains  seront  transportés  d'Alsace,  dans  le  Bris- 
gaw, et  autres  terres  de  l'Empire  qui  avoisinent  ces  passages,  peuvent 
être  Neubourg,  Brisach,  Rhinau,  le  pont  de  Strasbourg  sur  le  Rhin  et  le 
Fort  Louis;  il  est  aisé  de  faire  Controller,  dans  tous  les  endroits,  les 
grains  qui  passeront.  Il  n'est  pas  à  craindre  qu'on  cherche  d'autres  pas- 
sages, dès  que  ceux  cy  seront  ouverts,  en  tout  cas,  on  ne  pourroit,  pour 
cette  fraude,  se  servir  que  de  petits  batteaux,  appelés  vedelins,  dont  la 
charge  est  trop  médiocre  pour  faire  un  objet. 

Je  ne  parle  point  du  passage  d'Huningue  parce  que  le  Conseil  me 
parait  absolument  disposé  à  l'ouvrir. 

Si  l'on  s'en  tenait  à  donner  seulement  aux  Suisses  la  faveur  de  pouvoir 
tirer  des  grains  d'Alsace,  n'en  pourrait-il  pas  résulter  quelques  plaintes 
du  côté  de  l'Empire,  sur  la  différence  du  traitement. 

Quant  à  moy  Mg"",  je  pense  qu'il  serait  convenable,  eu  égard  à  l'abon- 
dance actuelle  des  grains,  en  Alsace,  d'en  permettre  la  sortie  jusqu'au 
premier  du  mois  d'Aoust  prochain  pour  la  Suisse  et  les  Terres  de  l'Em- 
pire, par  les  passages  que  je  viens  de  designer,  on  pourrait  imposer  aux 
Etrangers  la  contrainte  de  ne  pas  achetter  dans  les  marchés,  de  peur 
qu'ils  n'y  missent  la  cherté,  on  pourrait  encore  exécuter  la  disposition  de 
l'arrêt  du  14  Mars  jdernier,  dans  lequel  il  est  porté  que  les  grains  desti- 
nés pour  aller  hors  du  Royaume,  seront  déclarés  devant  l'Intendant,  pour 
la  qualité  et  la  quantité,  au  moyen  de  quoi  on  serait  toujours  en  etat,  par 
les  Rr-gislres  âas  déclarations  et  ceux  des  Commis  de  la  ferme  des  Do- 


-  9  — 

maines,  dans  los  lieux  tic  sortie,  do  cünnoUro  cxaclenienl  co  (jiii  passe 
aux  Etrangers. 

Je  ne  sçais  Mg"",  si  pour  établir  toutes  les  dispositions,  ou  telles  autres 
qu'il  plaira  au  Conseil  de  faire,  il  ne  conviendrait  pas  d'expédier  un  arrêt 
parliculior  pour  l'Alsace,  en  tout  cas  je  prends  la  liberté  de  vous  envoyer 
un  projet  dans  le  sens  de  ma  lettre,  je  pourray  toujours,  dès  que  j'auray 
vos  ordres,  les  faire  exécuter  par  une  ordonnance  que  jo  lendray,  en 
attendant  que  l'arrest  soit  sorti  du  greffe  et  m'ait  été  envoyé.  Je  suis  etc. 


A  M  gl  le  Duc  de  Guichet 

Le  18  May  17IG. 

Pour  satisfaire  Mg''  à  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'iionneur  de  m'e- 
crire,  le  22  du  moi  passé,  je  me  suis  mis  au  fait  de  la  contestation  qui 
est,  entre  M.  Duvivier  Commandant  à  Ilaguenau,  et  le  Magistrat  de  celte 
ville,  au  sujet  d'une  graliffication  de  1000  «  dont  le  premier  demande  la 
continuation  sur  les  Revenus  communs,  et  qui  luy  est  refusée  depuis  cette 
année  seulement. 

Je  trouve  qu'en  1706  M.  de  Calais  qui  avait  servi  longtêms  à  la  tête  du 
Régiment  de  Coesquen  fut  établi  Commandant  à  Haguenau,  M.  Duvivier 
était  Major,  il  y  avait,  de  plus,  un  ayde  Major  et  un  capitaine  des  portes. 
M.  de  Calais  jouissait  de  2400  a  d'appointements  payés  par  l'Extraordi- 
naire des  guerres  et  de  1500  ïï  sur  la  Ville,  pour  son  ustencile,  à  l'égard 
de  M.  Duvivier  il  avait  1500  ÏÏ  d'appointements,  500  ÏÏ  d'ustenciles  et 
50  cordes  de  bois,  le  tout  aux  dépens  de  la  Ville,  sans  aucune  charge 
pour  Sa  Maj*%  même  des  appointements. 

En  1710  M.  de  Calais  étant  décédé,  M.  Duvivier,  Major,  obtint  le  com- 
mandement de  cette  Place,  par  un  brevet  du  23  aoust  de  la  même  année, 
l'employ  de  Major  ne  fut  point  remplacé.  Il  parait  qu'au  mois  de  Décembre 
suivant,  M.  de  la  Houssaye  fut  consulté  par  M.  Duvivier  et  le  magistrat 
sur  la  gratiffîcation  dont  il  s'agit  encore  aujourd'huy,  sur  quoy  M.  de  la 
Houssaye  décida  qu'au  premier  jour  de  l'année  suivante  1711,  le  Magis- 
trat donnerait  à  M.  Duvivier,  pour  une  fois  seulement,  une  graliffication 
de  1000  S"  en  considération  de  la  dépense  qu'il  avait  faite  depuis  la  mala- 
die de  M.  de  Calais,  on  raporte  la  lettre  de  M.  de  la  Houssaye,  dont  vous 


1.  Le  duc  do  Guiclie,  colonel  des  gardes  françaises  lors  de  ravéïiemcnt  de  Louis  XV, 
vend  pour  ßOO.OOO  livres  son  appui  au  duc  d'Orléans  contre  le  duc  de  Maine. 


-  10  - 

irouverés  une  copie,  parmy  les  pièces  que  je  renvoyé.  Il  faul  remarquer 
icy  que  M.  Du  vivier  n'était  encore  alors  regardé  que  comme  Major,  parce 
que  son  brevet,  quoique  datte  du  ^3  Aoust  1710,  ne  luy  fut  adressé  qu'à 
la  fin  du  mois  de  Dccend)re  1711.  Il  rapporte  la  lettre  d'envoy  qui  est  du 
10  de  ce  même  mois. 

Depuis  et  compris  1711  jusqu'en  1715,  inclusivement,  M.  Duvivier  a 
joui  de  cette  augmentation  de  1000  U ,  lesquelles  jointes  aux  500  %  qu'il 
avait  comme  Major  du  vivant  de  M.  de  Calais,  luy  formaient  une  ustencile 
de  1500  Ü  qu'il  tirait  de  la  ville  de  Ilaguenau,  outre  une  pareille  somme 
qui  luy  est  réglée  de  tout  tèms  sur  ses  appointements  sur  le  môme  fonds. 
Les  magistrats  ont  commencé,  au  mois  de  Janvier  dernier,  de  vouloir 
réduire  son  ustencile  aux  premières  500  n.  Ils  disent  pour  raison  que 
l'augmentation  de  1000  U  qui  a  été  donnée  pour  la  première  fois  au  pre- 
mier janvier  1711,  n'aurait  pas  du  avoir  de  suite,  aux  termes  même  de  la 
lettre  de  M.  de  la  lloussaye,  que  s'ils  l'ont  continué  en  1712,  1713,  1714 
et  1715  ce  n'a  été  que  par  la  considération  des  dépenses  dont  est  tenu  un 
Commandant  de  Place,  pendant  la  guerre,  qu'ils  se  sont  expliqués  la  des- 
sus au  commencement  de  1715  avec  M.  de  la  lloussaye,  qui  leur  a  dit  de 
discontinuer,  que  l'Employ  de  Commandant  de  Ilaguenau  ne  subsiste  plus, 
que  l'ustencile  qui  avait  été  attribuée  à  cette  Place,  doit  être  supprimée 
en  entier,  au  profit  de  la  ville,  comme  les  appointements  l'ont  été  pour  le 
Roy,  que  M,  Duvivier  n'a  d'autre  qualité  que  celle  de  Major,  et  que  s'il  a  un 
Brevet  pour  commander,  ce  n'est  qu'un  titre  d'iionneur. 

M.  Duvivier  représente  au  contraire  que  son  brevet  de  Commandant 
est  pur  et  simple,  et  qu'ainsy  il  doit  jouir,  sur  la  Ville,  des  mêmes  émolu- 
ments qui  ont  été  perçus  par  son  prédécesseur,  que  le  Magistrat  payait  à 
ce  dernier  1500  U  d'ustencile,  c'est  précisément  ce  que  demande  M.  Du- 
vivier, sçavoir  500^*  qui  lui  avaient  été  réglées  comme  Major  et  les  1000  U 
d'augmentation  qui  font  la  matière  du  procès.  Il  ajoute  que  c'est  l'emploi 
de  Major  qui  a  été  suprimé,  que  la  ville  doit  être  bien  contente  de  profiter 
par  cet  événement  de  l'ustencile  de  500  Tl  qui  formait  la  portion  du  Major, 
que  lorsque  M.  de  la  lloussaye  a  écrit  en  1710,  qu'on  luy  donnât  une  gra- 
tification de  1000  U  pour  une  fois  seulement,  il  ne  connaissait  que  sa 
qualité  de  Major,  le  Drevet  de  Commandant  n'ayant  pas  encore  paru  pour 
lors,  mais  que  dès  que  ce  brevet  fut  sçu  de  M.  de  la  lloussaye,  il  comprit 
bien  qu'il  ne  convenait  pas  que  M.  Duvivier,  venant  à  augmenter  de  grade, 
n'eut  pas  en  même  têms  quelque  avantage  utile  et  que  par  cette  considé- 
r;itiun  les  1000  U,  qui  dans  l'origine  ne  furent  accordées  que  pour  une 
Ibis,  furent  confiimées  définitivement  pour  toujours,  qu'effectivement  les 


-  11  - 

Magistrats  n'ont  elcvc  de  diflicultc  la  dessus  qu'au  mois  de. J;invier  dciiiier, 
après  le  départ  de  M.  de  la  Iloussaye,  qu'au  surplus  la  ville  vient  encore 
de  profiter  nouvellement  d'une  ustencile  de  020  î(,  (pi'elle  pnyail  ;'i  l'ayde 
major,  dont  l'Employ  a  été  supprimé. 

Quant  à  moy  Mg'",  je  crois  que  pour  décider  cette  (picstion,  il  ne  faut 
que  se  rappellcr  que  le  S.  de  Calais,  cy  devant  Commandant  de  llaguenau 
jouissait  d'une  ustencile  de  1500  ît  sur  la  ville,  et  que  M.  Duvivier  luy  a 
succédé  par  un  Brevet  pur  et  simple  du  23  Aoust  1710.  Je  ne  vois  point 
de  raisons  solides  pour  que  celuy  cy  ne  perçoive  pas  les  mêmes  émolu- 
ments qui  étaient  attribués  à  l'autre.  La  ville  doit  être  contente  de  ce  qu'elle 
épargne,  par  la  suppression  des  Emplois  de  Major  et  d'ayde  major,  et 
mon  avis  serait  qu'il  plût  au  Conseil  de  Guerre,  ordonner  qu'elle  conti- 
nuera de  payer  à  M.  Duvivier  annuellement  1500  ît  d'uslcncile,  outre  une 
pareille  somme  dont  il  a  toujours  joui  sur  le  même  fonds  pour  les  aj»poin- 
tements  qui  lui  ont  été  réglés. 

Je  joins  icy  les  pièces  et  mémoires  produits  par  l'une  et  l'autre  partie, 
et  la  lettre  de  M,  Duvivier  accompagnée  de  son  placct,  qu'il  vous  a  plu  de 
me  renvoyer.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Marquis  de  BrancasK 

Le  23  May  17iG. 

M. 

J'ay  receu  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le  16  de 
ce  mois,  et  le  memoire  qui  l'accompagnait,  concernant  quelques  mesures 
que  l'auteur  croit  qu'il  y  aurait  à  prendre,  pour  cmpesclier  l'entrée  des 
chevaux  Etrangers  dans  le  Royaume,  et  par  ce  moyen  de  donner  le  goût, 
aux  habitants  de  nos  Provinces,  où  il  y  a  des  fourages,  de  s'attacher  à  la 
nourriture  des  chevaux. 

Je  ne  sçais  M''  s'il  ne  vous  paraîtra  pas  que  cette  interdiction  serait  un 
peu  trop  précipitée,  et  qu'il  faut  auparavant  que  d'envenir  jusques  là,  qu'il 
y  ait  une  augmentation  considérable  dans  les  haras  du  Royaume,  ce  qui 
ne  se  peut  faire  qu'avec  le  têms  et  cinq  ou  six  ans  après  que  par  vos  soins, 
il  aura  été  distribué  de  beaux  Etalons  de  la  plus  grande  taille. 

1.  Bnincas  (Louis  de),  descciulaiit  d'une  famille  française  originaire  du  royannic  de 
Naples,  marquis  de  Géreste,  servit  sur  terre  et  sur  mer  sous  Louis  XIV  et  Louis  XV; 
maréchal  de  France  en  1710,  il  mourut  en  1750,  âgé  de  79  ans. 


-  12  - 

Je  crois  devoir  me  contenter  de  cette  reflexion  generalle,  n'ayant  rien 
à  vous  proposer  de  particulier  pour  l'Alsace,  où  il  n'y  a  point  d'Etalons 
envoyés  par  le  Roy,  et  d'autant  plus  que  je  ne  crois  pas  qu'il  convient  d'y 
faire  cet  établissement. 

Il  y  a  une  très  grande  quantité  de  chevaux  dans  cette  Province  et  je  ne 
puis  mieux  vous  prouver  celte  abondance  qu'en  vous  disant,  qu'en  1713, 
on  y  avait  rassemblé  jusqu'à  quatre  mille  chariots,  attelés  de  quatre  che- 
vaux chacun,  qui  servaient  aux  Sièges  de  Landau  et  de  Fribourg. 

Ces  chevaux  sont  de  petites  bêtes  du  prix  depuis  50  jusques  à  120  S"  au 
plus,  le  Pays  de  l'Alsace  étant  absolument  plat,  et  les  terres  étant  assés 
legeres,  les  paysants  n'ont  pas  besoin,  pour  leurs  travaux  ordinaires  de 
chevaux  plus  forts. 

Je  crois  d'ailleurs  qu'il  faut  considérer  qu'il  convient  d'avoir  toujours 
en  Alsace  une  ressource  de  voitures  pour  la  guerre,  les  paysans  envoyent, 
sans  répugnance  et  au  premier  ordre,  leurs  chevaux  pour  le  service  par 
raport  à  la  petite  valeur  qu'ils  bazardent  et  que  perdant  un  cheval  il  ne 
leur  en  coule  que  vingt  écus  pour  le  remplacer;  il  n'en  serait  pas  de 
même  s'ils  avaient  des  chevaux  de  20  pistolles,  et  d'ailleurs  tel  qui  entre- 
tient 7  à  8  chevaux  n'en  pourrait  avoir  que  le  tiers. 

J'entends  dire  icy  qu'on  y  établit,  il  y  a  environ  vingt  ans,  des  Etalons 
envoyés  par  le  Roy,  mais  que  bientôt  après,  on  reconnut  les  inconvénients 
qui  en  résultaient,  et  qu'on  prit  le  parti  de  ne  les  plus  renouveller,  en 
sorte  qu'il  n'en  reste  aucun  à  présent.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Maréchal  d'Huxelles, 

Le  9  Juin  171C. 
Extrait. 

Je  reçois  M.  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le  4 
de  ce  mois.  M.  le  Maréchal  de  Villeroy  par  sa  réponse  à  ma  dernière 
dépêche  sur  le  commerce  des  bleds,  me  mande  que  le  Conseil  a  approuvé 
que  je  rendisse  une  ordonnance  portant  permission,  jusqu'au  premier  du 
mois  d'Aoust  prochain,  d'en  faire  passer  à  l'Etranger,  en  usant  des  pré- 
cnulions  que  je  vous  ay  marquées,  c'est  ce  que  je  vais  faire,  et  j'espère 
que  ce  débouché  rendra  quebjues  espèces  à  la  province.  Il  est  certain 
que  la  disette  d'argent  s'y  fait  sentir  comme  ailleurs,  et  c'est  au  point  que 
les  Peuples,  qui  payaient  cy  devant  régulièrement  leurs  impositions,  ne 
donnent  rien  depuis  trois  mois.  Je  suis  etc. 


—  iS  ~ 

A  s.  A,  Rie  Ml'  le  Duc  d' Orleans  au  Conseil  du  dedans  du  Uoyaumc. 

Le  li  Juin  171G. 

Je  vais  avoir  l'honneur  de  rendre  compte  au  Conseil  des  faits  exposés. 
Dans  les  mémoires  cy  joints  qui  m'ont  été  envoyés,  avec  une  lettre  du  2 
du  mois  passé,  ils  ont  été  présentés  l'un,  par  les  habitants  de  Liclilem- 
berg  et  l'autre  de  la  part  de  M.  le  Comte  de  Hanau  '.  Les  premiers  deman- 
dent d'être  déclarés  exempts  de  la  Jurisdiction  de  ce  Seigneur,  qu'il  soit 
dit  qu'ils  n'ont  d'autre  supérieur  que  le  Gouverneur  du  Château,  qu'il 
leur  soit  permis  de  prendre  des  bois,  soit  pour  leur  chauffage  ou  pour 
leurs  bâtiments  par  tout  où  bon  leur  semblera,  même  dans  les  forêts  de 
M.  le  Comte  de  Hanau,  et  enfin  qu'ils  ne  soient  pas  assujetis  au  payement 
des  dixmes  et  autres  droits  seigneuriaux.  C'est  au  moins  ce  que  j'ay  pu 
recueillir  des  deux  espèces  de  Requêtes,  assés  informes,  t[ui  ont  été  dres- 
sées à  Paris  et  icy. 

M.  le  Comte  de  Hanau  prétend  au  contraire  qu'il  est  Seigneur  du  lieu 
de  Lichtemberg  et  que  par  conséquent  ceux  qui  l'habitent  sont  tenus  des 
mêmes  droits  et  services,  à  son  égard,  que  tous  ses  autres  vassaux. 

Je  crois  devoir  d'abord  exposer  au  Conseil  quelques  faits  qui  sont  de 
notoriété  publique,  et  d'où  dépend,  à  mon  sens,  la  décision  de  cette 
affaire. 

Il  est  incontestable  que  le  château  et  le  terrain  du  village  de  Lichtem- 
berg sont  de  l'ancien  patrimoine  de  la  branche  de  Hanau,  qui  est  établie 
en  Alsace,  depuis  plusieurs  siècle§,  et  qui  portait  même  le  surnom  de 
Lichtenberg,  pour  la  distinguer  de  la  branche  ainée,  qui  possédait  le 
comté  de  Hanau  sur  le  Meyn;  ces  deux  branches  sont  à  présent  reunies 
dans  la  personne  de  M.  le  comte  de  Hanau  d'aujourd'huy.  Les  armes  de 
sa  maison  sont  encore  en  sculpture  dans  plusieurs  endroits  du  château 
de  Lichtemberg,  c'était  même  le  lieu  de  sépulture  de  ses  ancestres,  dont 
les  corps  ont  été  portés  depuis  vingt  ans  à  Bouxweiller,  qui  est  à  présent 
le  chef  lieu  des  terres  de  M.  le  Comte  de  Hanau,  en  Alsace. 


1.  Jean  Reué  II,  comte  de  Ilanau-Lichtenhcrg  de  1712  à  1730.  Voy.  la  Monographie 
de  L.  Spach  :  Le  comté  de  Hanau-Lichtenberg  {Bulletin  de  la  Société  pour  la  conservai, 
des  77107mm.  histor.  d'Alsace,  3«  vol.,  1850- 18G0),  et  Œuvres  choisies,  du  même  auteur, 
t.  III,  p.  36Ü  et  suiY. 


—  14  — 

En  1678  M.  le  iMarechal  de  Créqui  '  fit  occuper  par  les  lrüu[)cs  du  Roy 
ce  fort,  où  il  y  avait  une  garnison  jmpériale,  et  brûla  dans  sa  retraite  le 
villase,  qui  était  au  pied  et  hors  de  l'enceinte,  et  cet  événement  obligea 
les  liabilants  de  se  disperser. 

Depuis  ce  temps  S.  M.**"  a  toujours  une  garnison  dans  le  château  de 
Licbtemberg,  il  y  a  actuellement  deux  compagnies  djnvalides,  M.  de 
Pierreval  y  commande,  par  un  brevet  du  Roy  et  a  un  Mnjor  sous  sa 
charge. 

Comme  le  terrain  que  les  habitants  cultivaient,  produisait  peu,  étant 
situé  au  niih'eu  du  bois  dans  les  Montagnes  qui  séparent  l'Alsace  de  la 
Lorraine  allemande,  les  propriétaires  ne  se  pressèrent  point  de  revenir. 

En  1G8G  il  fut  rendu  un  arrest  du  Conseil,  dont  je  joins  icy  une  copie, 
par  lequel  sa  Majesté  ordonna  que  les  habitants  de  la  Province  de  la  Sarre, 
(|ui  défricheraient  des  terres  abandonnées  seraient  exempts  pendant  dix 
ans  de  dixmes  et  de  tous  droits  Seigneuriaux,  c'est  dans  ce  tèms  là  que  le 
village  de  Licbtemberg,  qui  était  alors  de  l'Intendance  de  la  Sarre,  à 
commencé  à  se  repeupler,  et  l'on  y  compte  à  présent  quarante  ou  cinquanle 
chefs  de  Aimille. 

Dans  les  premiers  tèms,  les  officiers  de  M.  le  Comte  de  Hanau  ne  don- 
nèrent aucune  inquiétude  aux  habitants  qui  revenaient,  par  l'aport  aux 
droits  du  Seigneur,  tout  se  réglait  le'phis  souvent  par  les  soins  du  Com- 
mandant du  château,  ce  qui  a  continué  pendant  les  dernières  guerres;  le 
commandant  y  trouve  âon  avantage,  par  quelques  petits  secours  qu'il  en 
retire,  et  les  habitants  de  leur  part,  dans  la  crainte  de  servir  à  deux  maîtres, 
voudraient  bien  n'avoir  à  faire  qu'à  lui,  c'est  ce  qui  fait  élever  les  uns  et 
les  autres,  contre  quelques  démarches  qui  ont  été  faites  de  la  part  du 
Seigneur,  pour  faire  reconnaître  sa  Jurisdiction. 

J'ai  fait  venir  devant  moy  des  Députés  du  lieu  de  Licbtemberg,  je  les  ay 
entendus  contradicloirement  avec  un  des  principaux  officiers  de  M.  le 
Comte  de  Hanau.  Celuici  a  mis  en  fait,  en  leur  présence,  que  le  village  de 
Lichtemberg  a  toujours  été  de  l;i  Jurisdiction  de  M.  le  Comte  de  Hanau,  et 
que  ses  juges  ont  connu  plusieurs  fois  des  différends  des  habitants,  même 
depuis  que  le  Roy  en  est  le  maître,  il  a  exposé  qu'il  était  absurde  qu'ils  pré- 
tendissent prendre  des  bois  dans  les  forêts  de  M.  le  Comte  de  Hanau,  sans 
les  payer,  et  enfin  il  a  déclaré,  au  nom  de  son  maître  qu'à  l'égard  des  dix- 


1.  Cr6qiii  fFraiiçois  de  Bonne  <lo),  maréclial  de  France,  se  signala  en  Flandre,  Alsace 
et  Lorraine  de  1GG7-1G78,  prit  Luxcmljourg  en  lG8i,  et  mourut  |eii  lG87àràffede 
03  aDs. 


—  15  — 

mes  et  droits  seigneuriaux,  il  s'en  lient  à  la  disposition  de  l'arresldeiGSO, 
par  lesquels,  les  terres  nouvellement  défrichées,  en  sont  exemptes,  pendant 
dix  ans.  Les  Députés  de  la  Communauté  m'ont  paru  satisfaits  et  dans  la 
résolution  d'en  demeurer  là.  Il  ne  faut  pas  s'étonner  s'ils  ont  abbandonné 
si  facilement  leurs  prétentions,  puis  qu'elles  ne  sont  fondées  sur  aucnn 
titre;  je  ne  repondrais  pas  cependant  qu'ils  ne  les  renouvellent  à  la  pre- 
mière occasion. 

Je  suis  fâché  d'être  obligé  de  dire  que  toute  cette  affaire  est  suscitée 
par  les  officiers  de  l'Etat  major  qui  se  sont  imaginés  que  l'autorité  du 
Seigneur,  dans  ce  lieu,  est  incompatible  avec  la  leur. 

Au  surplus,  c'est  très  mal  à  propos  (et  les  députés  de  la  Communauté 
en  sont  convenus  eux  mêmes)  que  l'on  a  insinué  dans  le  placet  présenté 
à  S.  A.  R'®  que  les  officiers  de  M.  le  Comte  de  Hanau  inquiétaient  les  ha- 
bitants catholiques  sur  le  fait  de  la  Religion.  Je  puis  assurer  qu'il  n'y  a 
point  de  Seigneur  dans  la  Province,  qui  ait  plus  d'attention  à  faire  obser- 
ver les  Reglements  intervenus  sur  ce  sujet  et  qui  ont  pour  base  la  paix 
de  Westphalie. 

Dans  cet  état  je  prendray  la  liberté  de  proposer  au  Conseil  qu'il  luy 
plaise  d'écrire  à  M.  de  Pierreval,  Commandant  au  Château  de  Lichtemberg, 
que  l'intention  de  S.  A.  R'^  est  qu'il  ne  se  mesle  en  aucune  façon  des  dif- 
férents qui  peuvent  survenir  entre  les  habitants  et  M.  le  Comte  de  Hanau, 
soit  pour  la  Jurisdiction,  les  droits  Seigneuriaux  ou  toute  autre  matière  et 
qu'il  ait  à  faire  sçavoir  aux  habitants  que  ces  contestations  doivent  être 
traitées,  par  les  voyes  de  la  justice,  et  dans  les  tribunaux  ordinaires  qui 
sont  en  première  et  seconde  instance,  les  Baillis  et  les  officiers  de  la  Ré- 
gence de  M.  le  Comte  de  Hanau,  et  en  dernière  le  Conseil  Supérieur 
d'Alsace.  Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  besoin  d'un  arrest  du  Conseil  dans  une 
affaire  qui  n'est  agitée  que  par  des  mémoires  non  signés  et  qui  ne  con- 
tiennent, de  la  part  des  habitants,  que  des  demandes  bazardées,  sans  être 
soutenues  d'aucunes  pièces.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Maréchal  d'IItixclles. 

Le  22  Juin  171  G. 

M.  le  Prince  de  Birkenfeld  S  le  Père  m'a  envoyé  depuis  par  Mg'  les 


1.  Chrétien  III,  de  la  maison  palatine  de  Birkenfcld ,  descendait  de  Cliarles,  comte 
palatin  de  Deux-Ponts.  Il  était  l'aïeul  de  MaximUieu  1=' Joseph,  électeur  de  Bavière  en 
1799,  et  roi  de  Bavière  en  1805. 


—  16  - 

deux  pièces  cy  jointes.  La  première  est  un  décret  du  Conseil  aulique  de 
l'Empereur,  du  13  May  dernier,  parlequel  il  luy  est  deflendu,  sous  peine 
d'amende,  de  reconnaître  d'autres  juges  que  ceux  de  l'Empire,  sur  les 
difll'rends  qu'il  a  avec  l'Electeur  Palatin  '  pour  la  succession  du  feu  Prince 
Palatin  de  Weldentz  -,  et  particulièrement  pour  les  baillages  de  Goutlem- 
berg  et  la  Petite  Pierre. 

L'autre  pièce  est  un  memoire  dans  lequel  on  explique  les  circonstances 
de  celte  aiïaire.  Vous  y  verres  Mg'",  par  deux  arrêts  contradictoires  du 
Conseil  Supérieur  d'Alsace,  des  24  Septembre  1095  et  29  Janvier  1697  que 
M.  le  Prince  de  Birkenfeld  a  été  maintenu  par  provision  dans  la  posses- 
sion de  ces  deux  Terres,  qu'en  1099  le  Conseil  aulique  de  l'Empereur 
rendit  un  jugement  pareil  à  celuy  dont  on  se  plaint  aujourd'bui.  Sur  quoy 
le  Procureur  gênerai  du  Roy,  au  Conseil  Supérieur  d'Alsace  s'éleva,  et 
fit  rendre  sur  sa  requête  le  27  Septembre  1700  un  arrêt  par  lequel  il  est 
ordonné  que  les  deux  précédents  de  1095  et  1099  seront  exécutés,  et  que 
sans  avoir  égard  au  mandement  du  conseil  aulique  de  l'Empereur,  qui  est 
déclaré  nul.  Les  parties  continueront  de  procéder  au  Conseil  d'Alsace,  sur 
ce  qui  concerne  Gouttemberg  et  la  Petite  Pierre.  Je  joins  une  copie  de 
cet  arrêt. 

Les  choses  en  sont  demeurées  là^  pendant  la  dernière  guerre;  mais  le 
nouveau  décret  du  Conseil  aulique  de  l'Empereur,  du  13  Mai  dernier, 
donne  de  l'inquiétude  à  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  à  cause  de  l'amende 
prononcé  par  ce  même  jugement,  faute  par  lui  de  s'y  conformer,  il  craint 
qu'on  ne  l'exécute  sur  la  partie  dont  il  jouit  du  Comté  de  Sponheim,  situé 
dans  l'Empire.  11  m'a  même  fait  dire  que  celle  considération  l'empeschait 
de  se  pourvoir  au  Conseil  Supérieur  d'Alsace  pour  demander  un  arrêt 
contraire  aux  mandements  du  Tribunal  de  l'Empereur. 

Il  désirerait  Mg'',  deux  choses:  l'une  qu'il  vous  plût  procurer  des  ordres 
à  M.  le  Procureur  gênerai  d'Alsace,  pour  que  paraissant  agir  de  lui  même, 
et  par  le  seul  devoir  de  son  minislere,  il  ait  a  requérir,  comme  il  fit  en 
1099,  que  le  décret  du  Conseil  aulique  du  13  may  dernier,  soit  déclaré 
nul,  comme  attentatoire  à  la  Souveraineté  du  Roy,  sur  les  terres  dont  la 
propriété  est  contestée  entre  les  parties.  11  désirerait  encore  que  vous 


1.  Lo  rompctiteur  de  Clirélicri  111.  prince  di^  BirkcnfcJd.  était  Gustavc-Samucl-Lôopold, 
de  la  maison  palatine  de  Deux-ronts,  né  eu  1(J70  et  mort  eu  1731.  11  était  iil-s  d'Adolplie- 
Jcan,  ronde  du  Roi  do  Suède  Gliarlis  XI. 

2.  La  branche  de  Veldentz,  collatérale  de  Deux-Poiils,  s'éteignit  eu  1094  daus  la  per- 
sonne de  Léopold-Loui^. 


-   17  - 

eussiez  la  bonlé  de  charger  M.  le  Curnte  du  Luc  de  dcmniidci',  (|ii..  |Hiiir 
l'execulion  du  décret  jmpcrial,  il  ne  soil  fait  aucune  saisie  dans  les  terres 
que  M.  le  Prince  de  Bij-kenleld  jjosscde  dans  riùiipire,  ce  (|ui  parait  d'au- 
tant plus  naturel  que  je  vois,  par  des  mémoires  (|ui  ni'unl  (jlc  laissés  par 
M.  de  la  lloussayc,  qu'il  y  a  actuellement  une  négociation  ouverte  à  Vienne 
pour  régler  les  limites  de  l'Alsace,  et  que  les  Baillages  de  Goutlcinher"-  et 
de  la  Petite  Pierre,  étant  situé  endeça  de  la  Queich,  sont  nécessairement 
de  la  Souveraineté  du  Roy.  Je  suis  etc. 


A  S.  A.  Rie  au  Conseil  de  la  guerre  le  23  Juin  iliô. 

Pour  satisfaire  aux  éclaircissements  que  le  Conseil  de  la  guerre  m'a 
fait  l'honneur,  par  sa  lettre  du  7  du  présent  mois,  de  me  demander  sur 
celle  cy  jointe,  de  M.  de  Ghavigny',  Commandant  à  Colmar,  qui  se  plaint 
de  ce  que  les  communautés  de  Munster  et  de  Turckeim  refusent  de  luy 
continuer  une  gratiffication  de  cinquante  sacs  d'avoine  dont  il  a  joui  pen- 
dant plusieurs  années,  je  me  suis  informé  des  officiers  de  ces  Commu- 
nautés, des  raisons  qu'ils  pourraient  avoir  pour  changer  de  conduite  à 
cet  égard;  ils  m'ont  repondu  que  cette  fourniture  a  commencé  en  1704, 
qu'elle  fut  faite  sur  un  ordre  verbal  que  M.  de  la  Iloussaye  donna,  en  con- 
sidération de  la  dépense  à  laquelle  M.  de  Chavigny  était  exposé,  par  le 
passage  continuel  des  Officiers  et  des  Troupes,  ils  ajoutent  que  cette  rai- 
son ayant  cessé  pendant  la  paix,  ils  ne  croient  pas  être  tenus  de  conti- 
nuer plus  longtêms  cette  contribution.  M.  de  Chavigny,  de  sa  part,  pré- 
tend que  ce  fut  M.  de  Chamillart"  lui-même,  qui  ordonna  cette  fourniture 
d'avoine,  pour  le  dédommager  du  retranchement  qu'on  lui  fit  de  1000  ît, 
sur  une  pension  de  3000  U  dont  il  jouissait,  et  de  ce  qu'il  consentit  de 
ne  pas  établir  de  cantine  à  Colmar. 

Je  crois  devoir  remarquer  la  dessus  deux  choses  :  la  première  que  tous 
ces  faits  allégués  de  part  et  d'autre,  il  n'en  parait  rien  par  écrit,  et  l'au- 


1.  Cliavigny  (Tliéodore  Gliavignard,  connu  sous  le  nom  de),  l'un  des  plus  habiles  diplo- 
mates du  dix-huitième  siècle,  né  en  1G87  à  Bcaune,  gagna  la  confiance  du  cardinal 
Dubois,  et  parvint  à  faire  signer  à  Francfort  le  traité  d'union;  il  mourut  à  l'aris  en  1771. 

2.  Chamillart  (Michel  de),  contrôleur  des  finances,  né  en  1G51.  Employé  aux  afi'aires 
dans  les  temps  les  plus  malheureux  du  règne  du  grand  Roi;  malgré  ses  grands  services, 
sa  modération  et  sa  prolnté,  il  quit(;i,  eu  1708.  roniploi  des  liiuiurcs  où  il  avait  été 
nommé  en  1699,  et  en  1709  celui  de  la  /guerre.  Il  mourut  en  17J  I. 

T.  X.  —  (M.)  2 


-  18 


Ire  quo  la  ville  de  Golmar  qui  sc  trouve  pour  cinquante  sacs,  dans  le 
même  cas  (lUc  Turckcini  et  Munster,  continue  d'en  l'aire  la  livraison  à 
M.  de  Chavigny.  J'ajoute  un  mémoire  de  ce  que  luy  produit  son  eniploy. 
Je  suis  etc. 


A  M.  Dodiiu\ 

Le  2i  Juin  I71G. 
M. 

Je  crois  que  la  lecture  des  deux  arrêts  du  Conseil,  dont  je  joins  icy  des 
copies,  suffira  pour  vous  faire  connoître  que  la  prétention  du  nouveau 
fermier  des  droits  sur  les  huiles,  dont  je  vous  renvoyé  le  memoire,  ten- 
dant à  établir  sa  Regie  en  Alsace,  ne  peut  être  écouté.  Vous  trouvères 
dans  le  premier,  dont  la  datte  est  du  29  novembre  1700,  que  la  subven- 
tion, qui  tient  lieu  de  taille  dans  cette  province,  ne  montait  en  1699  et 
les  années  précédentes,  qu'à  99  mille  livres  et  que  par  cet  arrêt  elle  est 
portée  à  300  mille  livres,  moyennant  quoi  S.  W^  décharge  la  province  de 
l'exécution  de  tous  les  Edits  rendus  ou  à  rendre  pendant  la  paix,  portant 
création  de  nouveaux  offices,  ou  établissement  de  droits  nouveaux,  c'est 
ce  qui  a  été  parfaitement  exécuté  de  part  et  d'autre,  et  môme  pendant 
tout  le  têms  qu'a  duré  la  guerre  qui  vient  de  finir,  et  depuis  la  dernière 
paix  jusques  à  présent.  J'ai  encore  imposé  pour  l'année  courante  171G,  la 
Subvention  sur  le  pied  de  300  mille  livres,  en  exécution  du  second  arrcst, 
dont  je  viens  de  vous  parler,  qui  est  du  9  Nov.^""®  1715. 

Je  crois  qu'il  seroit  inutile  au  fermier  des  huiles  de  dire  que  l'arrêt  de 
1700  ne  devoit  avoir  lieu  que  pendant  la  paix  qui  a  précédé  la  dernière 
guerre,  et  qu'il  ne  peut  pas  aujourd'hui  luy  être  opposé;  on  luy  repondrait 
que  S.  M""  a  confirmé  depuis,  d'année  en  année,  par  de  nouveaux  arrêts, 
cet  abbandonnem.ent  gênerai,  et  qu'enfin  s'il  se  trouvoit  moyen  d'y  faire 
donner  atteinte,  la  province  seroit  en  droit  de  recourir  à  la  justice  du 
Conseil  et  de  demander  que  la  subvention  fut  réduite  comme  elle  était  en 
1700,  c'est  à  dire  à  99  mille  livres.  Je  doute  que  ce  parti  puisse  paroitre 
le  plus  avantageux  pour  les  intérêts  de  sa  Majesté. 

Je  vous  ajouteray  M'",  qu'il  seroit  d'ailleurs  bien  difficile  de  ne  pas  ecou- 


1.  Doduii  (Cliarics- Gaspard),  roiilnjlcur  général  des  finaneos,  17'22-I72G,  occupait 
auparavant  déjà  une  liante  position  dau.s  celle  administration.  1!  s'était  fait,  selon  l'ex- 
pression de  Henri  Martin,  l'exécuteur  impitoyable  des  ordres  de  l'àris  Duvcrney,  pour 
les  applications  des  lois  et  règlements  relatifs  aux  mendiants  et  vagabonds. 


—  19  — 

1er  la  ville  de  Strasbourg-  et  toute  la  noblesse  de  la  basse  Alsace,  qui  ne 
manqueraient  pas  au  premier  bruit  de  ce  nouvel  établissement  de  représen- 
ter que  le  feu  Uoy,  par  la  capitulation  de  Strasbourg,  a  promis  aux  liabi- 
tants  de  cette  ville  de  ne  les  assujettir  à  aucune  contribution,  et  de  la 
part  de  la  noblesse,  qu'elle  relcvoit  immédiatement  de  l'Empire,  et  que 
sa  M*^,  après  avoir  fait  reunir  à  sa  souveraineté ,  par  un  arrest  du  Conseil 
de  Brisach,  toute  la  basse  Alsace,  a  accordé  à  cette  Noblesse  des  Lettres 
patentes  portant  confirmation  de  tous  ses  privilèges,  dont  le  principal  est 
de  ne  point  payer  de  droits  nouveaux,  il  y  a  un  grand  nombre  de  Gentils- 
hommes, en  basse  Alsace,  qui  ont  des  moulins  à  buile,  et  qui  ne  ver- 
roient  qu'avec  peine  des  commis  y  lever  des  droits. 

Au  surplus  M.  il  ne  se  fait  aucun  commerce  d'huile  considérable  dans 
cette  province,  il  n'y  a  point  de  manufacture  de  draperie,  ce  qui  produit 
ailleurs  beaucoup  de  consommation.  Il  nous  vient  peu  d'huile  d'olive  ou 
de  poisson,  on  fabrique  en  Alsace  des  huiles  de  pavot  et  de  navette,  dont 
les  Peuples  se  servent  pour  leur  manger  et  pour  s'éclairer. 

Je  ne  puis  finir  sans  vous  suplier  de  faire  attention  combien  il  est  néces- 
saire de  ménager  cette  province  pendant  la  paix,  afin  qu'elle  soit  en  état, 
si  les  têms  viennent  à  changer,  de  fournir  les  secours  immenses  qu'on 
en  tire  pendant  la  guerre. 

Je  suis  etc. 


A  M.  de  Puysegtir  *  Lieuf  gênerai  et  Conseiller  au  Conseil  de  la  guerre, 

le  2  Juillet  i7i6. 

Dés  que  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le  28  du 
mois  de  raay  dernier,  m'a  été  rendue,  avec  les  Mémoires  qui  l'accompa- 
gnoient,  concernant  les  privilèges  et  exemptions  dont  les  Troupes  Suisses 
prétendent  devoir  jouir,  lorsqu'elles  seront  en  garnison  dans  les  Places 
d'Alsace,  comme  il  est  pratiqué  dans  le  reste  du  Royaume,  et  même  en 
flandres,  j'en  ay  donné  communication  aux  Magistrats  des  villes  de  Stras- 
bourg et  de  Landau,  ou  vous  me  marques  que  par  l'arrangement  que 
S.  A.  R^^  vient  de  faire  il  doit  y  avoir  des  Troupes  Suisses  en  garnison. 

1.  Puységur  (Jacques-François  de  Cliastenet,  marquis  de),  marôclial  de  France,  cheva- 
lier des  ordres  du  Roi,  comte  de  Gliessi,  vicomte  de  Busanci,  fut  considéré  comme  un 
des  hommes  de  guerre  les  plus  expérimentés  de  son  siècle.  Né  en  1655,  il  eut  une 
grande  part  dans  les  événements  qui  consolidèrent  Philippe  V  sur  le  trône  d'Espagne.  Il 
reçut  le  bâton  de  maréchal  en  1734  et  mourut  en  1743. 


—  20  - 

Je  ii'ay  rien  oublié  pour  persuader  à  ces  Mogislrails  qu'il  convenoit  qu'ils 
se  prêtassent  volonlairement  à  l'exemption  demandée  et  qu'ils  se  rédui- 
sissent à  chercher  et  proposer  les  moyens  d'empescher  que  les  vivandiers 
suisses  n'excédassent  leurs  privilèges. 

Je  les  ay  trouvés  très  vifs  sur  cette  affaire  et  déterminés  à  faire  valoir 
autant  qu'ils  pourront  les  raisons  qui  furent  allégués,  l'année  passée,  à 
l'occasion  du  Regiment  de  Villars-Chaudieu,  et  la  décision  favorable  que 
les  Magistrats  de  Landau  obtinrent,  par  une  lettre  de  M.  le  Chancelier 
du  31  S^--^  ilU. 

Dans  ces  circonstances  je  crois,  M"",  qu'avant  qu'il  soit  question,  de  ma 
part,  de  faire  le  règlement  que  vous  demandés  pour  fixer  cette  exemption, 
il  est  d'un  préalable  nécessaire  que  S.  A.  R'"  ou  le  Conseil  de  la  guerre 
décide,  si  l'exemption  de  tous  droits  sur  les  denrées  qui  serve  à  la  con- 
sommation des  officiers  et  Soldats  des  Troupes  Suisses,  aura  lieu  en  Alsace, 
ou  non,  le  cas  arrivant. 

La  ville  de  Strasbourg  se  deffend  d'abord  par  sa  capitulation,  elle  dit 
que  dans  l'art.  2  S.  M'Muy  accorde  la  confirmation  de  tous  ses  privilèges, 
et  que  dans  le  cinq®  il  est  stipulé  qu'elle  continuera  de  jouir  de  tous  ses 
revenus  et  droits,  comme  elle  les  avoit  possédés  jusqu'alors,  elle  ajoute 
que  les  privilèges  des  Suisses  n'ont  rien  de  plus  authentique  que  suivant 
h'  droit  cümiiiun,  le  feu  Roy  et  ses  Prédécesseurs  n'ont  point  eu  l'intention 
d'accorder  aux  Suisses  la  franchise  des  droits  qui  appartenoient  à  un  tiers; 
qu'il  se  trouve  actuellement  dans  la  ville  de  Strasbourg  300  familles  suis- 
ses qui  payent  les  mêmes  entrées  que  les  autres  bourgeois,  que  plusieurs 
autres  fois  il  y  a  eu  des  Troupes  de  cette  nation  en  garnison  dans  la  ville, 
et  en  dernier  lieu  le  Regiment  des  Gardes  qui  n'a  jamais  élevé  de  question 
sur  les  franchises,  et  enfin  que  cette  affaire  est  décidée  par  la  lettre  de 
M.  le  Chancelier  que  j'ai  déjà  citée. 

La  ville  de  Landau  rappelle  le  Traité  de  Westphalie,  où,  dans  le  para- 
graphe, portant  cession  des  dix  villes  jmperialles  d'Alsace,  il  est  expressé- 
ment dit  que  leurs  privilèges  et  immunités  leur  seront  réservés,  elle  se 
sert  des  mômes  raisons  et  exemples  raportés  par  celle  de  Strasbourg  et 
ajoute  que  ses  revenus  ne  peuvent  suffire  pour  acquitter  les  charges  dont 
la  pluspart  concernent  le  Service  du  Roi,  comme  les  ustenciles  que  tirent 
les  officiers  de  l'Etat  major,  les  logements,  les  fournitures  de  bois  dans 
les  cazernes  et  les  lits,  pour  une  parlie  de  la  garnison,  qui  est  distribuée 
chés  les  bourgeois. 

Vous  previendrés  aisément  M.  ce  ijn'on  |)Ciil  repondre  à  ces  représenta- 
tions, je  ne  feindruy  point  de  dire  que  rLmpei'eur  et  rLiupiie,  ayant  cédé 


—  21  — 

par  le  Trailé  de  Riswick  la  ville  de  Strashoiiri;-  an  Roy,  il  est  assez  hors 
de  propos  d'avoir  recours  à  la  capitulation;  d'ailleurs  dans  cette  capitula- 
tion il  n'est  point  dit  que  les  denrées  qui  servent  à  la  consommation  des 
Troupes  payeront  les  droits  dont  la  ville  jouit,  les  privilèges  qui  luy  sont 
conservés  ne  peuvent  jamais  regarder  que  les  habitants,  Sa  Majesté  ne 
s'est  point  engagé  d'entretenir  des  Troupes  dans  Strasbourg. 

Ce  que  les  Troupes  y  consomment  forme  un  excédent  qui  peut  être 
exempt  de  tous  droits,  sans  que  les  revenus  ordinaires  de  la  ville  soient 
diminués,  elle  ne  peut,  à  mon  sens,  demander  autre  chose,  si  ce  n'est 
qu'on  prenne  des  précautions  pour  que  les  vivandiers  suisses  renfer- 
ment la  débite  de  leurs  denrées  aux  officiers  et  Soldats  de  leur  nation, 
et  c'est  à  quoy  il  est  du  bon  ordre  de  tenir  la  main. 

Il  est  vray  qu'il  y  a  des  bourgeois  suisses  dans  Strasbourg  qui  ne  jouis- 
sent d'aucuns  privilèges,  mais  ils  se  sont  soumis  à  cette  condition,  on 
demandant  ce  qu'on  appelle  icy  droit  de  manance  ou  de  bourgeoisie,  et  il 
est  absurde  d'en  tirer  une  conséquence  pour  les  Troupes  de  la  nation. 

L'exemple  de  ce  qui  s'est  pratiqué  pour  les  Regiments  Suisses,  qui  ont 
été  ou  sont  encore  dans  la  Province,  prouve  seulement  l'usage  qui  a  été 
observé  jusqu'icy.  J'apprends  par  M.  de  Bernières  qu'avant  1701  les  privi- 
lèges des  Troupes  Suisses  n'etoient  pas  plus  connus  en  Flandres. 

Je  crois  qu'on  peut  employer  les  mêmes  raisons  contre  celles  alléguées 
par  la  ville  de  Landau;  mais  ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  cette  Place, 
c'est  que  les  Officiers  de  l'Etat  major  y  jouissent  actuellement  d'une  can- 
tine, qui  est  affermée  quatre  mille  francs,  à  la  vérité  elle  ne  produit  point 
d'exemption  effective,  parce  qu'elle  est  entre  les  mains  du  même  fermiei-, 
qui  tient  les  revenus  de  la  ville,  mais  il  n'est  pas  moins  vray  de  dire  qu'elle 
a  reconnu  le  droit  dont  jouissent  les  Officiers  des  Etats-majors,  d'établir  des 
vivandiers  pour  les  Troupes,  même  pour  les  françaises  avec  franchise  sur 
les  denrées  qui  servent  à  leur  consommation,  et  c'est  ce  droit  que  le  fer- 
mier de  la  ville  de  Landau  rachette  annuellement,  moyennant  la  somme 
de  quatre  mille  hvres,  sans  quoy  la  cantine  serait  affermée  séparément. 
La  ville  de  Landau  paye  d'ailleurs  aux  Officiers  Majors  un  ustencile  en  ar- 
gent pour  tenir  lieu  de  bois  et  autres  commodités.  Il  y  a  pareillement  des 
cantines  dans  plusieurs  autres  Places  d'Alsace,  comme  Iluningue,  Belfort, 
le  Neuf-Brisach,  le  fort  Louis  et  même  à  Schlestat,  ci  devant  ville  jnipe- 
rialle,  à  Strasbourg  la  ville  paye  à  M''^  les  Officiers  de  l'Etat  major  un  us- 
tencile très  fort  et  qui  a  été  réglé  sur  ce  pied  par  rapport  à  la  suppression 
de  la  cantine. 

J'ay  aussi  recouvré  le  memoire  qui  fut  envoyé  par  M.  de  la  Iloussaye, 


—  22  — 

lorsque  celle  môme  quoslioii  fut  agitée  poui'  le  Regiment  de  Villars-Cliau- 
(lieu,  il  m'a  paru  qu'il  s'altachoit  principalement  à  conibattre  en  gênerai, 
les  privilèges  des  Troupes  suisses,  mais  je  ne  vois  pas  comment  on  pour- 
loit  surmonter  l'usage  qui  se  pratique,  à  cet  égard,  dans  tout  le  Royaume 
et  même  dans  les  villes  de  flandres,  il  me  semble  qu'il  faut  se  réduire  à 
examiner,  dans  le  cas  présent,  s'il  n'est  pas  réellement  vray  que  l'exemp- 
tion des  Troupes  suisses  peut  avoir  lieu,  sans  que  les  privilèges  des  villes 
d'Alsace  reçoivent  aucune  atteinte. 

Les  denrées  que  les  munitionnaires,  les  Entrepreneurs  des  Etapes  et 
autres  fournitures,  que  font  entrer  ceux  qui  sont  chargés  du  service,  con- 
cernant les  Troupes,  n'ont  jamais  payé  de  droit  aux  fermiers  des  villes  en 
Alsace,  pas  même  à  Strasbourg,  sans  que  celte  franchise  ait  été  regardée 
comme  une  infraction  des  privilèges  des  villes,  ce  qui  me  paroit  former 
un  préjugé  assés  pressant  pour  le  cas  dont  il  s'agit. 

Je  vous  suplie  M.  de  me  faire  sçavoir  la  décision  qui  sera  intervenue  et 
si  elle  est  favorable  aux  Troupes  Suisses,  le  Reglement  que  j'auray  à  faire 
pour  fixer  la  quantité  des  denrées  qui  entreront  en  franchise,  et  pour 
prescrire  les  formalités  qu'il  faudra  observer,  affin  d'empêcher  l'abus,  ne 
lardera  pas  à  être  rendu,  je  ne  prévois  pas  même  qu'il  puisse  y  avoir  de 
difficulté  la  dessus,  j'ay  les  Reglements  qui  s'observent  en  flandres  et  qui 
ont  été  approuvés  de  la  Cour,  je  pense  qu'il  n'y  a  qu'a  s'y  conformer  à 
peu  près,  pour  le  principal,  et  n'y  faire  d'autre  changement  que  celuy  qu'exi- 
gera la  différence  des  mesures  connues  en  Alsace,  et  des  foimalilés  qui 
s'observent  icy  pour  la  Regie  des  Revenus  des  villes.  Je  vous  envoyé  cepen- 
dant une  copie  du  memoire  de  M.  Reynold,  sur  lequel  j'ay  mis  des  apos- 
tilles à  chaque  article,  qui  vous  feront  connoître  pour  quelle  quantité  de 
denrées  j'estime  que  les  Suisses  peuvent  demander  l'exemption. 

S'il  était  possible,  après  tout,  qu'il  ne  fût  point  envoyé  de  Troupes 
Suisses  dans  ce  département,  ce  seroit  prévenir  la  peine  que  le  nouvel 
établissement  des  Cantines  ne  manquera  pas  de  faire  à  la  ville  de  Stras- 
bourg et  aux  autres  de  la  Province,  il  paroit  assés  par  le  memoire  donné 
par  M.  le  Duc  du  Maine  que  son  sentiment  la  dessus,  et  même  celuy  des 
Troupes,  se  rapportent  parfaitement  à  ce  qu'on  désire  de  ce  côté  cy. 

I*our  que  les  raisons  des  villes  de  Strasbourg  et  de  Landau  ne  soient 
pas  affaiblies,  je  joins  icy  les  mémoires  qu'elles  m'ont  remis  et  quelques 
pièces  dont  elles  i)relendent  s'aider. 

Il  est  certain  que  les  revenus  de  la  ville  de  Landau,  (jui  ne  se  montent  qu'à 
AO  mille  livres,  suffisent  à  peine  pour  subvenir  aux  charges  annuelles;  en 
cas  que  rexeiiijilion  des  Suisses  vint  à  y  a])porler  quelque  diminution  con- 


-  23  — 

sidcrablc.  S.  M'*  pourroit  l'nidcr,  en  prenant  surson  compic,  In  fourniture 
des  bois  des  Corps  de  garde  que  la  ville  a  payée  jusqu'icy.  Il  nie  parait  M. 
suivant  vôtre  lettre,  que  le  Conseil  de  la  guerre  inclinerait  assés  à  prendre 
un  tempérament  de  cette  espèce,  mais  je  crois  qu'avant  (jue  de  rien  déter- 
miner, il  faut  voir  quel  sera  l'effet  de  l'exemption,  et  ce  que  la  ville  de 
Landau  et  môme  celle  de  Strasbourg-,  ne  manqueront  pas  de  demander  à 
cet  égard. 

J'aurois  bien  pu,  dès  à  présent,  vous  envoyer  un  projet  de  Reglement, 
mais  je  voudrois  le  concerter  auparavant  avec  le  magistrat,  par  raport 
aux  précautions  qui  sont  à  prendre  pour  empescber  l'abus,  et  je  ne  pour- 
ray  les  engager  à  concourir  à  celle  fin,  qu'après  qu'ils  am*ont  perdu,  par 
une  décision  de  la  cour,  la  prévention  où  ils  sont  que  les  Suisses  ne  doi- 
vent point  avoir  de  Cantines  en  Alsace. 

Je  trouve  dans  le  memoire  de  M.  le  Duc  Du  Maine,  que  dans  le  Traité 
fait  avec  les  cantons  catholiques,  au  mois  de  May  1715,  il  est  porté  que 
les  vivandiers  qui  excéderont  la  quantité  de  denrées  qu'il  leur  sera  permis 
de  faire  entrer  en  franchise,  seront  soumis  à  la  confiscation  et  livrés  à  la 
justice  seule,  pour  être  châtiés,  je  crois  qu'il  est  du  bon  ordre  que  la 
confiscation  soit  prononcée  par  l'Intendant  ou  les  Commissaires  des 
guerres,  ayant  la  police  de  la  Place,  et  que  ce  n'est  que  la  punilion  cor- 
porelle qui  concerne  la  justice  seule. 

Il  n'est  point  demandé  dans  le  memoire  de  M.  de  Reynold,  d'exemption 
pour  les  grains  et  farines,  il  n'en  est  pas  parlé  non  plus  dans  les  Regle- 
ments intervenus  pour  la  flandres.  Ainsy  je  ne  pense  pas  qu'il  en  doive 
être  question  non  plus  ici.  Je  suis  etc. 


A  Mgf  le  Duc  de  Noailles  '. 

Le  13  Juillet  1710. 

J'ai  receu  Mg''  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrirc,  le  27 
du  mois  passé,  avec  l'arrcst  du  Conseil  par  lequel  Sa  M**^  permet  jusqu'au 
premier  Septembre  prochain,  de  transporter  des  grains  hors  du  Royaume, 


1.  Noailles  (duc  et  maréchal  de),  neveu  du  cardinal,  persécuteur  des  Jansénistes,  se 
disliugua  dans  la  guerre  de  la  succession  d'Espagne.  Gouverneur  du  Uoussillon,  il  chasse, 
en  1710,  les  Anglais  d'Agde  et  de  Cette,  assiège  et  prend  Girone  (1710-1711). 

Après  la  mort  du  Roi  en  1715,  il  préside  le  Conseil  des  finances.  Délesté  et  injurié  par 
Saint-Simon,  il  avait  nue  intelligence  vive  et  èlendue,  de  riiislraclidii,  l'andiitiim  de  liien 


—  24  — 

et  le  memoire  contenant  les  ecclaircissements  que  S.  A.  iV^  désire  qno 
j'envoye  sur  tout  ce  qui  peut  avoir  raport  au  commerce  des  grains  dans 
ce  Département. 

Je  commence  dès  aujourd'hui  à  vous  envoyer  deux  Etats,  l'un  conte- 
nant la  quantité  de  grains  qui  est  sortie  d'Alsace  pour  l'Etranger,  depuis  le 
quinze  du  mois  dernier  jusqu'à  présent.  Dans  l'autre  j'ai  marqué  le  prix 
actuel  des  grains  et  celuy  auquel  il  seroit  à  désirer  qu'ils  fussent  pour 
que  les  habitants  et  les  fermiers  pussent  vivre  commodément,  et  acquit- 
ter leurs  charges.  Il  vous  paroîtra  qu'il  s'en  faut  plus  d'un  tiers  qu'ils  ne 
se  vendent,  dans  le  moment  présent,  à  ce  prix  de  convenance. 

Vous  n'ignorés  pas  Mg''  que  les  précédents  arrêts,  portant  permission 
de  sortir  des  grains  du  Royaume  n'ont  pas  eu  lieu  en  Alsace,  vous  aurés 
entendu  au  Conseil  de  commerce,  la  lecture  des  lettres  que  je  me  suis 
donné  l'honneur  d'écrire  à  ce  sujet,  dans  le  mois  d'Avril  et  de  Mai  der- 
niers, à  M.  le  i\P^'  de  Villeroy,  je  vous  rappeleray  ce  qu'elles  contenoient , 
par  la  copie  que  je  joins  icy  de  la  dernière  du  17  may.  J'y  ajoute  une 
copie  de  celle  de  M.  le  M^'*'  de  Villeroy  du  30  du  même  mois,  sur  laquelle 
j'ay  cru  devoir  rendre  une  ordonnance,  dont  je  vous  envoyé  un  Exem- 


faire.  Il  émet  une  circulaire  contre  les  abus  de  la  perception  des  tailles  (4  octobre  1715). 
De  grandes  améliorations  furent  introduites  dans  la  gestion  des  deniers  publics,  les 
droits  sur  la  circulation  des  bestiaux  supprimés;  l'exportation  des  grains  fut  permise, 
ainsi  que  l'entrée  en  franchise  des  bestiaux.  Mais,  d'un  autre  côté,  on  réduisit  les  rentes. 
Un  édit  parut  en  août  171G  contre  les  traitants,  coupables  d'exaction;  une  véritable  ter- 
reur fut  établie;  ou  vit  des  traitants  échapper  par  le  suicide  à  la  rigueur  des  mesures 
adoptées  contre  eux.  Au  bout  de  six  mois  les  poursuites  cessèrent.  Une  alliance  de  la 
noblesse  avec  les  Gnances  se  forma.  La  vénalité  des  Chambres  de  justice  commença. 

De  nouvelles  faveurs  furent  accordées  au  commerce ,  mais  on  réduisit  les  pensions.  Le 
27  juin  1717,  un  rapport  général  sur  les  finances  depuis  Sully  signala  les  afTreuses 
.suites  de  la  révocation  de  l'Édit  de  Kantes.  En  août  1717,  l'abolition  de  l'impôt  du 
dixième  sur  les  propriétés  foncières  fut  tentée;  on  veut  substituer  la  taille  proporlion- 
nelle  à  la  taille  arbitraire. 

Le  duc  se  démit  de  la  présidence  du  Conseil  des  finances  en  1717  et  Inlta  conire  le 
système  de  Law.  La  suite  de  sa  carrière  se  distingue  plutôt  par  ses  actes  militaires.  En 
17.35,  parvenu  à  la  dignité  de  maréchal,  il  commanda  l'armée  d'Italie  et  essaya  de  rame- 
ner la  discipline  gravement  compromise.  Pendant  la  guerre  pour  la  succession  d'Au- 
triche, il  livre  la  bataille  indécise  de  Dettingen  (1743).  Il  cul  le  mérite  de  faire  doiiuer 
le  bâton  de  maréchal  au  comte  de  Saxe  (1741),  prit  lus  villes  forestières  du  Uhin  et 
Fribourg.  Ambassadeur  en  Espagne  (1747),  il  fait,  par  ses  sourdes  intrigues,  renvoyer 
le  marquis  d'Argen.son. 

On  le  consultait  encore  dans  ses  vieux  jours,  au  commencement  de  la  guerre  de  .sept 
ans  (I75C).  Né  en  1078,  il  meurt  en  17CC. 


—  25  — 

plaire,  portant  permission  aux  hahilants  d'Alsace  de  faire  passer  des  grains 
en  Suisse  et  dans  les  Terres  de  l'Empire  jusqu'au  premier  du  mois  d'Aoust 
prochain.  Comme  la  récolte,  qui  est  instante,  promet  beaucoup,  je  crois 
qu'il  faut  proroger  cette  liberté,  au  terme  du  nouvel  arrest,  jusqu'au 
prem""  Septembre. 

Vous  remarqucrés  que  dans  mon  ordonnance  d'assujettir  les  grains  qui 
sortent,  aux  droits  de  la  ferme,  j'ay  cru  devoir  en  user  ainsy,  parceque  la 
ferme  d'Alsace  est  séparée  du  Bail  de  celles  du  Royaume  et  que  j'ay  appré- 
hendé que  l'exemption  ne  produisit  de  la  part  du  fermier,  une  demande 
d'indemnité.  Ces  droits  sont  d'ailleurs  très  médiocres  puisqu'ils  ne  mon- 
tent qu'à  1*^  7''  par  quintal,  je  me  suis  expliqué  la  dessus  dans  ma  pre- 
mière lettre  à  M.  le  i\P^'  de  Villeroy,  du  24  Avril. 

Si  vous  croyés  comme  moy  iMg''  qu'eu  égard  au  vil  prix  des  denrées,  en 
Alsace,  et  à  l'abondance  que  la  nouvelle  récolte  nous  promet  encore,  il 
convient  que  l'Excédent,  que  cette  Province  peut  avoir  en  grains,  continue 
à  être  transporté  de  l'autre  côté  du  Rhin,  je  vous  suplie  de  me  le  faire 
sçavoir  le  plutôt  qu'il  sera  possible,  affin  que  je  sois  à  lêms  pour  rendre 
une  nouvelle  ordonnance,  l'arrest  ne  pouvant  pas  être  pubhé  sur  cette 
frontière,  supposé  que  vous  approuviés  que  le  fermier  continue  à  lever  les 
droits  de  sortie.  Je  suis  etc. 


Au  Conseil  du  dedans  du  Royaume.  Le  24  Juillet  iH6, 

J'ai  enfin  l'honneur  d'envoyer  au  Conseil  un  memoire  que  j'ay  dressé, 
sur  ce  qui  concerne  les  corvées  dont  M.  le  Duc  deMazarin'  jouit  en  Haute 
Alsace,  en  conséquence  de  plusieurs  arrêts  du  Conseil  et  qui  luy  sont  de 
nouveau  contestées  par  les  habitants  qui  ont  fait  présenter  le  placet  cy 
joint,  sur  lequel  le  Conseil  a  daigné  me  consulter,  par  sa  lettre  du  18  avril , 
j'espère  que  ce  memoire  et  les  pièces  qui  l'accompagnent,  fourniront  les 
ecclaircissements  nécessaires,  pour  former  une  décision  telle  qu'il  ne  puisse 
y  avoir  aucun  retour. 

Je  dois  des  Excuses  au  Conseil  de  ce  que  j'ay  tant  tardé  à  luy  rendre 
compte  de  cette  affaire,  mais  en  même  têms  je  prendray  la  Uberté  de  luy 
dire  que  ce  n'est  pas  une  chose  facile  en  ce  Pays  cy,  que  d'approffondir  une 

1.  Paul-Jules,  duc  de  Mazaria  et  de  la  Meilleraye,  fils  (rArmaml-Cliarlos  de  la  Porto, 
duc  de  la  Meillcraye,  premier  duc  de  Mazarin,  et  de  Hortcuse  Maru-ini,  uiùce  du  car- 
dinal. 


—  '26  — 

matière.  On  ne  trouve  presque  aucun  reglemenl  sur  quoy  que  ce 
jiLiissc  être,  les  parties  ignorent  souvent  elles  mêmes  les  pièces  qu'elles 
auroienl  à  produire,  on  ne  traite  les  aiïaircs  que  par  tradition  et  par  l'usage 
et  encore  y  a-l-il  beaucoup  de  vaiialion,  suivant  les  difl'erenles  personnes 
avec  (jui  l'on  s'entretient.  J'avoue  qu'il  me  répugne  de  parler  à  mes  Supé- 
rieurs d'une  affaire  sans  être  en  etat  de  la  leur  expliquer  en  entier  et  avec 
cerliluilc  Je  suis  etc. 


A  M.  de  la  Iloussayc. 
Le  21  Juillet  I71(i. 

J'ay  receu  M.  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ccrirc,  le  25 
du  mois  passé,  et  j'ay  examiné  les  deux  Requêtes  qui  les  accompagnoient, 
vous  les  trouvères  cy  jointes. 

M.  le  Duc  de  Mazarin  demande  au  Conseil  d'être  déchargé  de  deux  as- 
signations (jui  luy  ont  été  données  au  Conseil  supérieur  de  Colmar,  par 
un  particulier  et  une  Communauté  qui  refusent  de  se  soumettre  au  droit 
de  Corvées,  dont  il  jouit  dans  ses  Terres. 

Je  vous  avoue  M.  que  je  ne  pense  point  du  tout,  la  dessus,  comme  ceux 
qui  conduisent  les  affaires  de  M.  le  Duc  de  Mazarin.  Ils  ont  dans  l'esprit 
qu'il  ne  doit  reconnoîlre  pour  juge  sur  le  fait  des  Corvées  que  le  Conseil 
du  Roy,  parce  que  ce  droit  ayant  été  établi  par  des  arrêts  du  Conseil,  ils 
regardent  toutes  les  contestations  qui  peuvent  naître  dans  la  suite,  sur 
cette  matière,  comme  une  dépendance  qui  ne  peut  être  traitée  que  dans  le 
même  Tribunal. 

Il  me  paroit  que  quoyque  un  droit  soit  établi  de  la  manière  la  plus  au- 
thentique, il  n'est  pas  possible  qu'il  n'y  ait  toujours  quelqu'un  qui,  par  des 
raisons  singulières,  croit  pouvoir  pretendie  qu'il  doit  être  excepté  de  la 
regle  commune.  C'est  une  chose  qui  paroit  dure  et  jjcu  soutenable  que 
d'interdire  à  ce  particulier  la  voye  de  demander  justice  au  Tribunal  de  sa 
Province,  aussi  cette  conduite  ji'a  servi  jusqu'icy  qu'à  indisposer  les  vassaux 
contre  le  droit  des  Corvées. 

Il  vous  sera  peut-être  revenu  M.,  (ju'il  a  ét('  dcj)uis  peu,  présenté  à  la 
Cour  des  placets  au  nom  des  habitants  des  Baillages  de  M.  le  Duc  de 
Mazarin  qui  s'elevent  de  nouveau  contre  le  droit  de  corvées,  et  préten- 
dent qu'on  ne  doit  compter  pour  rien  les  arrêts  du  Conseil,  intervenus 
sur  celte  matière,  alléguants  qu'ils  ont  été  surpris  par  le  credit  du  Sei- 
gneur et  sans  qu'ils  ayent  été  fntcndus. 


27  — 

Comme  vous  avés  une  parfaite  connoissance  de  ce  qui  s'est  passé  la 
dessus,  et  de  l'usage  gênerai  en  Allemagne  et  en  Alsace  du  droit  de  Cor- 
vées, vous  présumerés  aisément  que  je  ne  pense  pas  qu'il  faut  rejctter  la 
l)lainte  de  ces  habitants,  ou  plutôt  par  un  nouvel  arrest,  ordonner  l'exccu- 
tion  des  précédentes,  c'est  ce  que  je  propose  au  Conseil  du  dedans  du 
Royaume,  d'où  le  placet  m'est  revenu;  mais  j'ajoute  que  je  crois  que  M. 
le  Duc  de  Mazarin  doit  faire  addi'csser,  par  des  Lettres  patentes  l'exécution 
de  ce  nouvel  arrest  et  des  précédents  au  Conseil  de  Colmar,  et  je  cite 
l'exemple  de  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  dont  le  droit  de  Corvées  est  éta- 
bli de  môme  par  des  Lettres  patentes,  enregistrées  dans  ce  Tribunal. 

Pour  dire  un  mot  du  fait  des  questions  dont  il  s'agit  dans  les  deux  Ile- 
quêtes  qui  me  donnent  lieu  de  traitter  cette"  matière  avec  vous,  je  vois  que 
les  habitants  de  Velbach  prétendent  être  dans  la  Seigneurie  des  jésuites, 
et  non  dans  celle  de  M.  le  Duc  de  Mazarin,  et  qu'i'l  y  a  sur  cette  contesta- 
tion un  procès  actuellement  pendant  au  Conseil  de  Colmar.  Ils  demandent 
incidemment  de  n'être  point  assujettis  aux  Corvées  de  M.  le  Duc  de  Ma- 
zaïin  qu'ils  soutiennent  n'être  pas  leur  Seigneur;  n'est  ce  pas  une  suite 
de  la  question  principale?  Je  sçais  qu'il  est  intervenu  un  arrest  qui  regle 
e  possessoire  et  que  M.  de  Mazarin  prétend  qu'il  a  toujours  perçu  les  cor- 
vées sur  les  habitants  de  Velbach;  mais  dès  qu'il  justiffiera  ce  fait  et  qu'il 
produira  les  arrest  du  Conseil  qu'il  a  par  devers  luy;  le  Conseil  d'Alsace 
peut-il  se  dispenser  de  le  maintenir  dans  le  possessoire  du  droit  de  Cor- 
vées sur  les  habitants  de  Velbach. 

Il  en  est  de  même  de  la  prétention  de  M.  de  Ferette  Gentilhomme  de 
la  haute  Alsace  qui  soutient  que  son  fermier  ne  doit  point  être  assujetti 
aux  Corvées  de  M.  le  Duc  de  Mazarin  ;  il  ne  peut  avoir  que  deux  moyens, 
l'un  de  dire  que  le  bien  dont  il  s'agit  n'est  pas  dans  les  Terres  de  M.  de 
Mazarin,  l'autre  que  ce  bien  par  sa  qualité  de  fief  ou  celle  du  Possesseur, 
quoyque  situé  dans  une  Terre  où  le  droit  de  corvées  est  établi,  ne  doit 
point  y  être  assujetti,  ni  le  fermier  qui  le  fait  valoir.  Il  me  paroit  que  ces 
deux  questions,  dont  la  première  est  de  fait  et  l'autre  de  droit  ne  peuvent 
naturellement  être  traitées  que  dans  le  Conseil  de  Colmar.  Je  pense  donc 
M'"  que  les  deux  Requêtes  cy  jointes  doivent  être  rendues  et  qu'il  est  con- 
venable au  bien  de  la  justice  et  même  aux  intérêts  de  M.  le  Duc  de  Maza- 
rin qu'il  prenne  la  voye  de  se  deffendre  dans  le  Tribunal,  où  il  a  été  attaqué. 
Je  suis  etc. 


—  28  - 
Au  Conseil  de.  la  Guerre. 

Le  29  .luilk't   17 IG. 

Pour  satisfaire  à  l'ordre  qui  m'a  été  donné  par  le  Conseil  de  la  Guerre 
le  G  de  ce  mois,  je  me  suis  informé  de  l'usage  qui  a  été  observé  jusqu'icy 
à  Landau  pour  la  fourniture  du  bois  aux  officiers  de  l'Etat  major.  Le  ma- 
gistrat m'a  envoyé  la  copie  cy  jointe  d'un  règlement  fait  à  ce  sujet  le  2G 
Décembre  1690,  par  M.  de  la  Grange'  cy  devant  Intendant  en  Alsace,  le 
Conseil  y  trouvera  qu'en  conséquence  d'une  décision  de  M.  de  Louvois,  il 
ordonne  qu'en  payant  par  la  ville  aux  officiers  de  l'Etat-major  la  somme 
de  3300  à'  par  forme  d'ustencile,  le  Magistrat  sera  déchargé  de  toutes 
prétentions  pour  bois,  voitures  ou  autres  fournitures  quelconques,  à  la  re- 
serve du  simple  logement. 

Je  suis  fâché  d'avoir  à  dire  que  la  demande  contenue  dans  le  placet  cy 
joint  de  M.  de  Chastenet  Lieutenant  de  Roy  à  Landau  pour  que  la  ville  soit 
tenue  de  luy  fournir  du  bois,  est  absolument  contraire  au  règlement  et  à 
l'usage  que  je  viens  d'expliquer. 

Il  est  vray  d'ailleurs  que  M.  de  Chastenet  est  dans  un  poste  qui  exige 
beaucoup  de  dépense,  que  son  goût  l'y  porte,  qu'il  n'a  d'appointements  du 
Roy  que  3000  ÏÏ  et  que  son  employ  en  tout  ne  peut  luy  produire  au  plus 
que  4ü00  ïï  déduction  faite  de  la  capitalion  et  du  dixième.  C'est  un  homme 
d'une  probité  et  d'une  retenue  à  l'épreuve  de  tout;  il  est  obligé,  toutl'hy- 
ver,  d'avoir  plusieurs  poêles  allumés  pour  chauffer  les  officiers  de  la  gar- 
nison qui  n'ont  d'autre  ressource  à  Landau  que  de  se  tenir  cliés  luy.  Je 
suis  persuadé  que  les  magistrats  eux-mêmes  desireroient  que  le  Conseil 
fit  quelque  chose  en  sa  faveur  et  qu'ils  ne  reclameroient  pas  s'il  leur  était 
ordonné  de  luy  fournir  cent  cordes  de  bois  par  an.  Je  suis  etc. 

A  M.  Amelol^  Conseiller  d'Etat  ordinaire. 

Le  31  Juillet  1710. 

J'ai  roceu  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire  le  24  de 
ce  mois,  je  vais,  comme  vous  le  prescrives,  rendre  une  ordonnance  pour 
permettre  la  sortie  des  grains  jusqu'au  prcm""  de  Septembre. 

1.  Jacques  de  Lagrauf^e,  iiitcndaiit  d'Alsace  de  1G74  à  1G98. 

2.  M.  Amelot  de  Cliaiiloii  fiit,  i»ar  Ja  suite,  miiiisti-c  des  afl'aircs  étrangères  (1737-1744)  , 
inals.romme  tel,  l'aveugle  instrument  de  M.  de  Maurepas  par  rinllucuce  de  Mad.  do 
Cliateanroux. 


—  29  — 

Au  surplus  M.,  il  y  a  toutes  les  apparences  du  monde  que  la  recolle  qui 
se  fait  actuellement  dans  ce  Pays  ci,  se  trouvera  très  abondante.  Rien  ne 
prouve  mieux  quelle  est  l'opinion  des  Peuples  la  dessus,  que  de  voir  que 
nonobstant  la  quantité  assez  considérable  de  grains  qui  est  sortie  d'Alsace 
depuis  deux  mois,  le  prix  n'en  augmente  pas. 

Je  vous  ajouteray  M""  que  les  Suisses  peuvent  sufïiie  pour  tirer  seul  l'ex- 
cédent des  grains  de  la  baute  Alsace,  mais  depuis  Colmar  jusqu'à  Landau, 
nous  ne  pouvons  trouver  de  débouché  pour  ce  que  nous  avons  de  trop 
qu'en  le  donnant  aux  sujets  de  l'Empire.  Je  suis  etc. 


A  M.  Darmenonville  Conseiller^  Secrétaire  d'Etat. 

Le   10  Aoust  171  G. 

La  Requête  cy  jointe  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  me  renvoyer 
M"",  avec  vôtre  lettre  du  17  du  mois  de  may  dernier,  contient  deux  chefs 
de  plainte  de  la  part  de  la  Communauté  de  heiteren,  située  en  haute 
Alsace  entre  les  S""^  de  Boisgautier,  Müller,  Gomé  et  Neef,  Officiers  au  Con- 
seil Supérieur  de  la  Province,  la  veuve  du  S'"  Schepelin  cy  devant  Secré- 
taire à  la  Chancellerie  de  Colmar  et  le  S,  Chabrun  Lieutn*^  de  la  Maré- 
chaussée, elle  expose  que  tous  les  particuliers  refusent  de  contribuer  pour 
les  biens  qu'ils  ont  nouvellement  acquis  dans  cette  communauté,  aux 
impositions  qui  sont  faites  pour  le  Roy  et  à  une  rente  foncière  de  60  sacs 
d'avoine  que  la  Communauté  paye  annuellement  à  la  ville  de  Colmar. 

Cette  requête  ayant  été  communiquée  aux  parties  intéressées ;,  il  y  a  été 
repondu  de  la  part  des  officiers  du  Conseil  de  Colmar  sur  le  premier  chef 
qui  concerne  les  impositions  Royalles,  que  par  l'usage  établi  dans  la  pro- 
vince, les  nobles  qui  font  valoir  leurs  biens  par  leurs  mains  sont  exempts 
de  payer  les  charges;  que  dans  l'Edit  de  création  de  leurs  officiers  du  mois 
d'Avril  1694  il  est  dit  qu'ils  jouiront  des  mêmes  privilèges  et  exemptions 
que  les  officiers  des  Parlements,  que  les  biens  qu'ils  possèdent  dans  la 
Communauté  de  heiteren  sont  exploités  par  des  valets  à  gages ,  et  que  par 
conséquent  c'est  mal  à  propos  que  la  communauté  s'avise  aujourd'hui  de 
les  inquiéter. 

Sur  la  rente  en  avoine  le  S""  Gomé  Conseiller  au  Conseil  d'Alsace  et  l'un 
de  ceux  contre  lesquels  la  Communauté  agit,  a  passé  un  acte  le  23  du 


1.  Josepb-Jcan-Baptistc  Flcuriau,  Seigneur  d'Armeiioiiville,  gnrijc  des  sceaux  depuis  la 
mort  du  marquis  d'Argeuson,  17'20,  jusqu'en  l'auuée  1727. 


—  30  - 

mois  de  Juillet  dernier,  par  le(|uel  il  declnre  aux  liabitanls  (ju'il  coiisenl 
d'y  contribuer  tant  pour  le  passe  que  pour  l'avenir,  ses  trois  Conliercs, 
bien  loin  de  suivre  cet  exemple,  s'obstinent  à  dire  que  la  rente  n'est  pas 
foncière,  et  pour  prouver  qu'elle  est  personnelle,  ils  allèguent  que  tous 
les  manants  de  la  Communauté  même  ceux  qui  n'y  possèdent  aucuns  biens 
en  fonds,  ne  laissent  pas  d'en  payer  leur  part  ;  ils  ajoutent  enfin  que  dès 
qu'ils  n'ont  point  de  fermiers,  ils  doivent  être  exempts  de  toutes  impositions, 
soit  qu'elles  se  fassent  pour  le  Uoy  ou  pour  d'autres  destinations. 

La  veuve  du  S.  Schepelin  se  soumet  à  la  rente  en  avoine,  mais  quant 
aux  impositions  Pxoyales,  elle  fonde  l'excmjjtion  qu'elle  prétend  avoir  pour 
les  biens  qui  ne  sont  point  affermés,  sur  le  privilège  attaclié  à  la  charge 
de  Secrétaire  de  la  Chancellerie  de  Colmar,  dont  son  mary  est  mort  re- 
vi'lu  au  mois  d'Aoust  dernier,  j)0ur  prévenir  l'objection  qu'on  peut  luy  faire 
sur  ce  que  par  l'Edit  du  mois  de  Juin  1715  tous  les  anciens  Officiers  des 
Chancelleries  ont  été  suprimés  aussi  bien  que  les  privilèges  dont  jouissoient 
ceux  qui  ont  étaient  pourvus,  et  que  par  l'article  du  second  Edit  du  mois 
de  Décembre  de  la  même  année  intervenue  sur  cette  matière,  il  est  dit 
que  ceux  des  anciens  officiers  qui  n'auront  pas  fait  avant  le  premier  Fé- 
vrier suivant  leur  soumission  de  payer  la  finance  des  nouveaux  offices 
demeureront  déchus  de  toutes  exemptions,  elle  m'a  fait  dire  qu'elle  était 
prête  de  prendre  à  cet  effet  tel  engagement  qui  seroit  jugé  convenable. 

Le  S""  Chabrun  a  déclaré  pareillement  qu'il  ne  prétend  pas  être  exempt 
de  la  rente  en  grains,  il  consent  de  la  payer  à  l'avenir  et  même  de  faire 
raison  à  la  Communauté  de  ce  qu'il  peut  devoir  des  arrérages  du  passé, 
quant  aux  impositions  Royales  il  soutient  qu'il  en  est  exempt  par  le  Titre 
de  sa  charge,  il  rapporte  à  cet  effet  l'Edit  de  création  de  la  maréchaussée 
d'Alsace  du  mois  de  Mars  1692,  où  il  est  dit  que  les  Officiers  seront 
exempts  de  tailles.  Subventions  et  autres  charges  ])ul)liques,  il  joint 
aussi  une  copie  de  ses  provisions  où  les  mêmes  dispositions  sont  rap- 
pellées. 

La  Communauté  pour  réplique,  a  dit  qu'elle  ne  prétend  point  contester 
pour  les  impositions  Royallcs,  le  privilège  des  Officiers  du  Conseil  de  Col- 
mar et  des  deux  auties,  au  moyen  de  quoy  la  question  est  réduite  à  sça- 
voir  s'ils  font  valoir  leuis  biens  par  leurs  mains,  ou  s'ils  ont  des  fermiers, 
les  habitants  conviennent  de  bonne  foy  que  le  S.  Nccf  procureur  gênerai 
au  Conseil  de  Colmar  et  la  veuve  Scheppelin  sont  dans  le  premier  cas,  ils 
prétendent  que  les  autres  ont  des  fermiers,  avouant  néanmoins  qu'ils  ne 
sont  pas  en  etat  d'en  rapporter  la  preuve  et  à  tout  evenenient  ils  deman- 
fl'.iit  que  si  ces  gfficiers  sont  déclarés  exempts,  la  portion  dont  ils  de- 


—  31  — 

vroicnt  contribuer  aux  impositions  Royallcs,  suit  rojcttéc  sur  le  Baillagc 
ou  sur  le  reste  de  la  Province. 

Quant  à  la  rente  en  avoine  les  habitants  disent  qu'elle  est  efTcctivoment 
réelle  et  personnelle,  et  attaquent  les  trois  officiers  du  Conseil  de  Colmar 
qui  refusent  d'y  contribuer  par  l'exemple  de  la  conduite  opposée  du  S.  Gomé 
leur  Confrère,  de  la  veuve  Scheppelin  et  du  S.  Chabrun  qui  viennent  de 
donner  leur  consentement  pour  y  contribuer;  mais  ce  qui  est  de  plus  fort, 
ils  rapportent  le  rolle  de  l'année  1715  contenant  la  repartition  des  60  sacs 
d'avoine,  et  dans  ce  Rolle  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  Seigneur  du  lieu  est 
à  la  teste  de  ceux  qui  doivent  la  supporter. 

Pour  ne  rien  omettre  des  faits  qui  résultent  des  pièces  qui  m'ont  été 
produites,  je  dois  dire  qu'il  y  a  eu  une  instance  au  Conseil  d'Alsace, 
entre  la  ville  de  Colmar,  d'une  part,  qui  poursuivoit  la  Communauté  de 
heiteren  pour  quelques  arrérages  dus  de  la  rente,  et  cette  communauté 
qui  pretendoit  que  les  habitants,  en  gênerai,  n'étoient  pas  tenus  de  satis- 
faire pour  ceux  qui  refusoient  d'y  contribuer,  ces  Refusants  étoicnt  les 
mêmes  d'aujourd'huy  et  etoient  aussi  parties  ayant  été  assignés  par  la 
Communauté;  sur  quoy  par  arrêt  du  13  juin  1715  la  Communauté  de 
heiteren  a  été  condamnée  de  payer  les  arrérages,  sauf  à  se  pourvoir  par 
les  voyes  de  droit  contre  ceux  qui  pourroient  être  contribuables,  deffenses 
au  contraire.  Ces  trois  officiers  du  Conseil  de  Colmar  qui  s'opiniatrent  à 
soutenir  qu'ils  sont  exempts  de  la  rente,  prennent  avantage  de  cet  arrêt 
et  disent  que  si  la  Communauté  a  quelque  chose  à  leur  demander  à  cet 
égard,  elle  doit  s'addresser  à  ce  même  Tribunal. 

n  ne  me  reste  plus.  M.,  qu'à  vous  expliquer  mon  avis  que  vous  m'avés 
fait  l'honneur  de  me  demander  sur  celte  affaire,  je  commenceray  par  ce 
qui  concerne  la  rente  en  avoine,  j'avois  demandé  le  litre  constitutif  pour 
connoîlre  si  elle  était  foncière  ou  non;  mais  il  ne  s'est  pas  trouvé  dans  les 
Archives  de  Colmar,  on  m'a  seulement  raporté  une  copie  traduite  d'un 
acte  du  10  avril  1713.  Ce  sont  des  lettres  patentes  par  lesquelles  l'Empe- 
reur Maximilien  approuve  la  rente  d'un  fief  dont  il  est  dit  que  les  soixante 
sacs  d'avoine  sur  la  Communauté  de  heiteren  font  partie  et  il  en  éteint  la 
féodalité  en  faveur  de  l'acquéreur  qui  a  depuis  vendu  cette  rente  en  1536 
aux  Magistrats  de  Colmar. 

Il  est  certain  qu'une  rente  qui  faisoit  partie  d'un  fief  ne  peut  être  que 
foncière,  il  est  même  evident  qu'elle  est  reconnue  comme  telle  de  tout 
têms,  puisque  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  contribue  et  que  trois  de  ceux 
qui  jusqu'à  ce  jour  avoient  constamment  refusé  d'en  payer  leur  part, 
viennent  de  s'y  soumettre. 


—  32  — 

Ouand  même  il  y  auroit  quelque  doute  sur  la  qualité  de  la  Rente,  il  sc- 
roil  toujours  vray  de  dire,  comme  il  est  allégué  daus  un  des  mémoires  de 
la  Communauté,  que  le  Roy  ne  donne  d'exemption  que  pour  les  imposi- 
tions qui  le  concernent  et  non  pour  celles  qui  intéressent  des  Tiers.  On 
ne  peut  s'empcscher  de  regarder  avec  peine  la  résistance  dans  laquelle 
demeurent  à  cet  égard  les  S'"^  de  Boisgautier,  Müller  etNeef  dont  les  deux 
premiers  sont  Conseillers  au  Conseil  de  Golmar  et  le  3^  procureur  gé- 
néral. 

Il  est  vray  cependant  que  cette  contestation,  par  sa  nature,  est  de  la  com- 
pétence de  la  justice  ordinaire,  mais  je  crois  que  la  Communauté  seroit 
bien  à  plaindre,  si  pour  se  procurer  justice  elle  n'avoit  d'autre  ressource 
que  de  s'addresser  au  Conseil  de  Colmar.  Je  pense  M"",  que  l'affaire  finiroit 
si  S.  A.  R'®  vouloit  bien  faire  écrire  de  sa  part  à  M.  le  Premier  President 
du  Conseil  de  Colmar  pour  qu'il  eût  à  faire  connoîlre  à  ces  trois  officiers 
combien  peu  leur  conduite  est  convenable  au  caractère  qu'ils  ont  d'être 
Membres  du  premier  Tribunal  de  la  Province,  et  les  engager  par  ses  re- 
monliances  et  son  authorilé  à  suivre  l'exemple  du  S'"  Gomé  l'un  d'eux. 

Je  prévois  qu'il  pourra  rester  quelque  difficulté  pour  régler  à  quoy  pour- 
ront monter  les  arrérages  dûs  par  les  uns  et  par  les  autres,  je  me  cbarge- 
ray  volontiers  de  terminer  celte  discussion,  si  vous  voulés  bien  m'y  aulbo- 
l'iser  par  une  simple  lettre. 

Je  viens  à  la  question  de  l'exemption  des  impositions  du  Roy,  je  ne  mets 
pas  en  doute  (jue  les  officiers  du  Conseil  de  Colmar  ne  doivent  jouir  des 
mêmes  privilèges  que  les  Genlilsbommes  pour  les  biens  qu'ils  exploitent 
par  leurs  mains;  mais  on  se  plaint  généralement  dans  la  Province  que  la 
pluspart  des  nobles  passent  leurs  baux,  sous  signature  privée,  pour  avoir 
moyen  de  les  tenir  cacbés  et  exempter  leurs  biens,  en  disant  qu'ils  les  font 
valoir  par  des  Domestiques.  Le  désordre  s'est  établi  avec  d'autant  plus  de 
liberté  qu'on  ne  connoîl  point  icy  les  règles  obseivées  en  France  par  les- 
quelles le  privilège  dont  un  Exempt  doit  jouir,  est  limité  parle  nombre  de 
charuës  qu'il  peut  entretenir  sans  payer  la  taille  du  bien  (pi'il  fait  valoir. 
Toutes  les  questions  de  la  laillabilité  se  décident  icy  à  la  mode  d'Alle- 
magne, c'est  à  dire  d'une  manière  très  arbitiaire  et  sans  aucun  principe 
certain.  Il  y  a  presque  autant  d'usages  différents  d'asseoir  les  impositions 
et  de  régler  les  exemptions,  qu'il  y  a  de  Raillys  et  de  Raillages.  Comme  la 
guerre  a  presque  toujours  été  sur  cette  frontière  depuis  que  l'Alsace  est 
au  Roy,  il  n'a  pas  été  possible  de  songer  à  faire  des  Reglements.  Lorsque 
j'auray  acquis  une  plus  ample  connoissance  des  usages  et  des  affaires  du 
Pays,  je  tàcheray  de  dresser  ipiehpie  projet  là  dessus,  mais  je  nie  propose 


-  3rî  — 

bien  d'user  de  tout  le  meiiagenienl  posi^ible,  car  je  n'ignore  pas  combien 
les  nouveautés  sont  susceptibles  de  contradictions. 

Pour  revenir  au  fait  dont  il  s'agit,  dès  que  les  babilants  de  la  Commu- 
nauté de  heiteren  ne  sont  pas  en  estât  de  prouver  que  les  biens  possédés 
dans  leurs  Communautés  par  4  Oflîcicrs  du  Conseil  de  Colmar,  sont  ex- 
ploités par  des  fermiers,  je  ne  vois  pas  qu'ils  soient  fondés  à  les  com- 
prendre dans  les  impositions;  il  sera  juste  d'y  avoir  attention  dans  la  j)ro- 
chaine  imposition  des  tailles  et  de  soulager  la  Communauté  à  proportion 
de  ce  qu'elle  perd  par  celte  exemj)(ion,  et  je  feray  la  dessus  ce  qu'il  con- 
vient si  S.  A.  R'®  juge  à  propos  de  faire  écrire  à  M.  le  Premier  President, 
comme  je  l'ay  proposé,  il  pourrait  encore  être  chargé  dans  celle  lettre 
d'exciter  ces  officiers  de  declai'er  de  bonne  foy  s'ils  ont  des  fermiers  ou 
non.  On  insinue  un  fait  assés  singulier,  c'est  que  le  S""  Gomé  Conseiller  au 
Conseil  de  Colmar  prête  son  nom  à  un  huissier  pour  le  bien  qu'il  paroit 
posséder  à  heileren  dans  le  dessein  de  luy  procurer  des  Exemptions,  c'est 
le  bruit  du  Pays,  et  ses  Confrères  semblent  laisser  entendre  dans  un  Me- 
moire qu'ils  ont  donné  en  dernier  lieu  qu'ils  en  ont  quelque  soupçon. 
Après  tout  le  S^  Gomé  a  produit  son  conlracl  de  vente  et  m'a  écrit  qu'il 
offroit  d'affirmer  par  serment  aue  le  bien  luy  appartenoil. 

Je  crois  que  la  veuve  Scheppelin  ne  doit  plus  jouir  d'aucune  exemp- 
tion, puisque  la  charge  de  Secrétaire  de  la  Chancellerie  dont  son  Mary 
était  revêtu  a  été  supriméepar  l'Edil  du  mois  de  juin  1715.  Celle  femme 
ne  peut  pas  d'ailleurs  mettre  sur  sa  tête  un  des  offices  nouvellement  créés, 
ainsy  la  soumission  qu'elle  office  de  passer  à  cet  égard  est  absurde.  Si  vous 
m'aulhorisés  à  dire  à  la  Communauté  que  la  veuve  Scheppelin  est  contri- 
buable, il  est  hors  de  doute  quelle  sera  comprise  dans  les  Rolles  de 
l'année  prochaine. 

Le  S.  Chabrun  Lieutenant  et  Prcvot  est  certainement  exempt  pai'  l'Edil 
de  création  de  sa  charge  de  1G94  et  ses  provisions;  il  estvray  que  par 
l'Edil  du  mois  d'Aoust  i71o  toutes  les  exemptions  attribuées  aux  charges 
dont  la  finance  est  en  dessous  de  dix  mille  livres,  sont  supprimées,  et 
que  celle  de  l'Office  du  S""  Chabrun  n'est  que  de  GOOO  ïï ,  mais  je  ne  crois 
pas  que  la  disposition  de  l'Edil  de  1715  concerne  les  Officiers  des  Maré- 
chaussées, attendu  leurs  services  continuels  et  dispendieux,  quajid  ils 
veulent  faire  leur  devoir;  je  pense  donc  que  la  question  entre  le  S""  Cha- 
brun et  la  Communauté  de  Heiteren  se  réduit  à  sçavoir  s'il  a  un  fermier 
ou  non,  dans  le  bien  dont  il  s'agit,  je  pourrois  chercher  à  ecclaircir  ce  fait 
par  une  Enquête,  que  je  ferois  faire  par  mon  subdelegué,  et  ensuite,  si 
S.  A.  R^®  l'approuve,  décider  suivant  ce  qu'il  en  résultera. 

T.  X.  -  (M.).  3 


u  — 


Vous  Irouverés  M'",  dans  ce  paquet,  outre  le  placct  que  vous  m'avés  l'ait 
rhoiincur  de  me  renvoyer,  les  mémoires  et  les  pièces  que  les  parties  ont 
Ibuniics  ilevant  moy  pour  soutenir  leurs  prétentions.  Je  suis  etc. 


A  M(f  le  Maréchal  d'Huxelles. 
Le  II  AoiLst   1716. 

Je  crois  Mg^  que  vous  ne  serés  pas  lâché  d'apprendre  que  depuis  (jue 
la  permission  a  été  donnée  de  laisser  sortir  des  i^rains  d'Alsace  pour  les 
terres  de  l'Empire  et  de  la  Suisse,  il  y  en  a  passé  jusqu'icy  près  de  60 
mille  quintaux,  sans  que  néanmoins  le  prix  en  ait  augmenté  dans  la  Pro- 
vince, où  le  quintal  du  plus  beau  froment  vaut  à  peine  4  f? '10^  argent 
d'Alsace,  la  récolte  que  l'on  fait  actuellement  est  plus  belle  qu'elle  n'a 
jamais  été  de  memoire  d'bomme  et  les  gerbes  rendent  un  grand  tiers  plus 
que  l'année  passée;  comme  elle  est  presque  aussi  abondante  de  l'autre 
côté  du  Rhin,  nous  n'y  trouverons  pas  désormais  beaucoup  de  ressource 
pour  consommer  notre  excédent. 

Le  Magistrat  de  Strasbourg  est  avec  raison  pénétré  de  la  plus  vive 
reconnaissance  de  l'arrest  que  vous  luy  avés  procuré,  portant  confirma- 
tion de  la  capitulation  de  la  ville,  celte  marque  de  protection  de  la  part 
du  gouvernement  présent  ne  peut  faire  qu'un  bon  effet  sur  toute  cette 
frontière.  On  ne  sçauroit  certainement  trop  soutenir  une  ville  qui  est 
d'une  aussi  grande  ressource  que  celle  cy  et  dont  les  Magistrats  et  les 
habitants  sont  très  affectionnés  au  service  du  Roy.  Je  suis  etc. 


Au  Conseil  du  dedans  du  Royaume,  le  6  Ibre  i7i6. 

Je  dois  réponse  au  Gojiseil  sur  les  ecclaircissements  qu'il  m'a  fait  l'hon- 
neur de  me  demander,  |)ar  la  lettre  du  onze  juillet  au  sujet  du  placct  de 
M.  le  lîaron  de  Sickingen*,  Président  au  Directoire  de  la  Noblesse  du 
l!ii:>gau,  Terre  de  l'Empire,  tendant  à  ce  qu'il  plaise  au  Roy  de  lui  per- 
mettre d'ahener  un  fief  relevant  de  sa  Majesté,  qui  fait  partie  de  la  Sei- 
gneurie de  Hochembourg,  située  près  de  Wissembourg  en  basse  Alsace. 


1 .  Les  Sickiiigcn ,  originaires  du  Kraicligau ,  comptent  parmi  leurs  ancôtrcs  un  Unter- 
landuogl  impérial,  Rcn6  III  et  Fraiitz  de  Sickingeu,  illustre  par  sa  lutte  avecl'archevCque 
de  Trêves  et  le  Latidç/ruve  de  liesse.  Il  mourut  en  défendant  sou  cbàteau  de  Landstuhl 
en  1523. 


—  35  - 

Celle  démarche  est  foiidée  sur  la  disposilioii  du  droil  Komaiu,  (jiii  est 
observé  en  Allemagne  el  en  Alsace,  et  suivant  lequel  le  Vassal  pei'd  son 
fief,  lorsqu'il  en  dispose  par  vente,  sans  le  consentement  du  SeigncTur 
dominant. 

La  terre  de  Ilocliembouig  dont  il  s'agit,  peut  valoir  sept  à  huit  cents 
livres  de  rente;  elle  est  composée  de  biens  allodiaux  et  de  fiefs,  une  partie 
des  fiefs  relevé  du  Comte  de  lianau,  l'autre  du  Roy,  comme  étant  aux 
droits  de  l'Empereur  el  de  l'Empire.  Ce  qui  est  dans  la  niouvniice  de  Sa 
Majesté  est  estimé  200  U  de  revenu  et  consiste  en  la  moitié  de  la  Seigneu- 
rie d'un  petit  village,  un  vieux  château  inhabité  et  quelques  rentes  fon- 
cières. 

J'ay  demandé  à  M.  le  Baron  de  Sickingen  les  derniers  actes  de  sa  pres- 
tation de  foy  et  hommage,  surquoy  il  rapporte  trois  pièces  qui  sont  : 

P°  Une  investiture  qui  a  été  accordée  à  ses  auteurs  le  \o  O'^'*'  iOOO  par 
l'Empereur  Ferdinand  second. 

2°  Un  acte  de  foy  et  hommage  prêté  en  son  nom  et  de  ses  frères  par 
leur  Tuteur  à  l'Empereui-  Leopold  le  19  juin  de  l'année  1692. 

3°  Une  Requête  qui  vient  d'èti'e  présentée  le  26  Aoust  dernier  au  Con- 
seil de  Colmar  par  laquelle  le  Baron  de  Sickingen  demande  d'être  receu 
à  prêter  la  foy  et  hommage  aux  offres  qu'il  fait  de  fournir  dans  le  têms 
les  aveux  et  dénombrement;  cette  Requeste  est  répondue  d'une  ordon- 
nance, portant  qu'elle  sera  montrée  au  procureur  gênerai,  je  joins  des 
copies  de  ces  trois  pièces. 

Je  ne  puis  me  dispenser  d'observer  icy  qu'il  est  bien  extraordinaire  que 
le  fief  dont  il  s'agit  ait  été  repris  de  l'Empereur  en  1692.  Toute  la  basse 
Alsace  avait  été  reunie  au  Royaume  dès  l'année  1680  par  des  arrêts  du 
Conseil  de  Brisach  des  22  mai's  et  9  aoust  de  la  même  année,  et  cette 
reunion  éloit  fondée  sur  les  dispositions  du  Traité  de  Paix  de  Munster  qui 
n'avoient  pas  été  jusques  là  pleinement  exécutées,  M.  de  Montclar',  qui 
commandoit  alors  dans  le  Pays,  exigea  et  reçut  les  serments  de  fideUté  de 
tous  les  Seigneurs  et  Gentilshommes  de  la  basse  Alsace;  il  est  à  présumer 
que  le  Père  du  Baron  de  Sickingen  le  prêta  comme  les  auties,  on  ne  peut 
s'empescher  de  regarder  comme  une  félonie  la  démarche  qui  fut  fuite  au 
nom  de  celuy  cy  et  de  ses  frères  auprès  de  l'Empereur  en  1692,  têms 


t.  Montclar  (Joseph  du  Pont,  baron  de)  succéda  cji  l(i79  au  marquis  Henri  de  Ruz6 
comme  Lieutenant  du  grand-bailli  de  la  Préfecture  de  Ilaguenau.  (Voy.  pour  les  altrilni- 
tions  attachées  à  celte  fonction  le  Rapport  de  L.  Spach  sur  le  fonds  de  la  l'rélccliuv  de 
Haguenau  et  de  la  Régence  d'Eusisheini.  Strasbourg  185G.) 


—  ^0  — 

iimjiit'l  Sa  M''-'  clail  iccUüiiieiU  en  possession  de  la  pailie  de  la  province 
où  le  liefest  situé.  Il  y  a  plus:  la  famille  de  ces  Gentilshommes  est  établie 
depuis  plusieurs  siècles  à  friboui'g,  dont  le  Roy  étoit  aussi  le  Maître,  cette 
Place  luy  ayant  été  cédée  par  le  Traité  de  Nimeguc. 

Celuy  qui  m'a  parlé  pour  le  Baron  de  Sickingen  repond  que  cet  ctcte 
de  foy  et  hommage  a  été  rendu  par  un  Tuteur,  et  que  sa  faule  ne  peut  pas 
prejudicier  au  Possesseur  d'aujourd'hui,  qui  était  élevé  en  1G92  à  la  Cour 
de  Vienne,  qu'on  ne  regardoit  pas  alors  dans  l'Empire,  la  basse  Alsace 
comme  cédée  à  la  France;  que  le  droit  sur  ce  Pays  n'a  été  parfaitement 
acquis  à  Sa  M^"^'  que  par  le  traité  de  lliswick,  et  qu'enfin  dans  ce  dernier 
Traité  il  est  expressément  dit  à  l'article  -46  que  ceux  qui  auront  été  privés 
de  leurs  biens  pour  n'avoir  pas  prêté  l'hommage,  en  reprendront  la  pos- 
session, nonobstant  toute  confiscation  commise. 

On  ne  peut  admettre  que  cette  dernière  exception,  qui  seroit  môme 
susceptible  de  quelques  difficultés  par  rnport  au  cas  présent;  mais  tout  ce 
que  le  Baron  de  Sickingen  peut  espérer  de  mieux,  c'est  que  l'acte  de  foy 
et  hommage  qu'il  a  prêté  en  1002  à  l'Empereur,  soit  regardé  comme  non 
avenu,  il  était  tenu  du  moins  de  reprendre  du  Roy  le  fief  dans  l'an  et  jour, 
à  compter  de  la  datte  de  la  Signature  du  traité  de  paix  de  Piiswick,  ce  qu'il 
n'a  pas  fait  il  pouvoit  encore  reparer  sa  négligence  dans  l'an  et  jour,  à 
compter  de  la  datte  de  la  ratiffîcation  du  Tj-aité  de  Baden,  c'est  encore  ce 
qu'il  a  négligé,  il  est  juge  de  la  noblesse  du  Brisgaw  en  qualité  de  Presi- 
dent du  Directoire,  il  ne  peut  pas  ignorer  que  le  droit  Romain  qui  fait  loy, 
n'y  porte  en  termes  formels,  au  titre,  24  du  livre  Second  des  fiefs,  que  le 
Vassal  perd  son  fief  lorsqu'il  n'a  pas  prêté  la  foy  et  hommage  dans  l'an  et 
jour  de  la  mutation  arrivée  dans  sa  personne  ou  dans  celle  du  Seigneur, 
le  premier  acte  qu'il  produit  de  cette  espèce  est  de  l'année  1620,  il  prétend 
être  en  etat  d'en  raporter  un  autre  de  l'année  1647.  Son  père  qui  posse- 
doit  lors  des  reunions  de  1680,  était  certainement  mort  en  1092,  ce  n'est 
qu'au  mois  d'Aoust  1716  que  le  fils  se  présente  au  Conseil  deColmarpour 
faire  son  devoir,  sa  requête  a  été  renvoyée  au  Procureur  gênerai  et  je  ne 
serois  point  surpi-is  que  cet  officier  après  avoir  examiné  les  pièces  l)ien 
loin  de  conclure  à  ce  que  le  Demandeur  soit  admis  au  Serment  accoutumé, 
ne  vînt  à  rerpicrir  la  réunion  du  fief  au  Domaine  du  Roy,  faute  par  le  vas- 
sal d'avoir  prêté  la  foy  et  hommage  dans  l'an  et  jour,  de  la  ratification  des 
Traités  de  Riswick  et  de  Baden, 

Je  dois  dire  d'un  autre  côté  que  le  Baron  de  Sickingen  est  un  gentil- 
homme de  très  grande  distinction  dans  le  Biisgaw;  que  j'apprends  par  M. 
le  Cumlc  l»u  Buiug  (jue  M*""^  les  Généraux  ont  été  très  contents  de  la  ma- 


—  :!7  — 

niere  dont  il  s'est  comporté  pour  le  Service  de  Sa  Majesté,  depuis  la  con- 
quête que  nous  fismes  de  Friljourgeni713jus(iu'à  la  dernière  évacuation; 
j'ajouteray  que  le  iiel"  qu'il  veut  vendre  est  de  très  peu  de  conséquence 
puisqu'il  ne  vaut  que  deux  à  trois  cens  livres  de  rente;  que  le  Baron  de 
Sickingen  a  [)lusieurs  Enfans  mâles  capables  de  le  posséder  après  luv,  sui- 
vant la  première  investiture,  et  que  par  conséquent  Sa  M'*  n'a  point 
d'intérêt  apparent  d'empescher  que  ce  fief  ne  passe  dans  une  nouvelle 
famille. 

Si  ce  Gentilhomme  était  en  regle  à  l'égard  de  la  foy  et  hommage,  je 
n'hesiterois  pas  à  proposer  que  la  grâce  qu'il  demande  luy  soit  accordée, 
mais  j'avoue  que  par  raport  au  cas  où  il  se  trouve  et  aux  conséquences,  je 
ne  puis  m'empesclier  de  penser  qu'avant  que  de  luv  rendre  une  réponse 
positive  il  convient  d'attendre  l'evenemenl  de  la  Requête  qu'il  a  présentée 
au  Conseil  de  Golmar  pour  être  admis  au  Serment.  Je  me  range  à  cet  avis 
d'autant  plus  librement  qu'il  ne  me  paroit  pas  que  le  Baron  de  Sickingen 
ait  un  acquéreur  en  main  pour  son  fief  et  qu'il  est  d'usage  en  pareil  cas 
que  la  permission  de  vendre  n'intervient  que  lorsque  l'acquéreur  est  con- 
nu, affin  que  le  Seigneur  direct  puisse  juger  s'il  luv  est  agréable.  Je  crois 
même  qu'il  n'est  pas  à  négliger  qu'il  paroisse  qu'un  Sujet  de  l'Empire  a 
reconnu  le  Roy  pour  Souverain  dans  la  basse  Alsace. 

J'ai  fait  espérer  à  M.  le  Baron  de  Sickingen  (jue  le  Conseil  voudroilbien 
me  faire  part  de  sa  décision,  et  que  je  la  luy  ferois  scavoir  immédiatement 
après.  Je  suis  etc. 


A  M.  Darmenonville,  le  iO  Sépl^^^  1716. 

Je  viens,  W,  de  communiquer  au  Père  Recteur  des  jésuites  du  College 
de  Strasbourg  la  lettre  du  2  de  ce  mois,  par  laquelle  vous  me  faites  l'hon- 
neur de  me  marquer  que  sur  les  instances  de  M.  de  Penterrider,  Mg""  le 
Duc  d'Orléans  a  décidé  que  les  jésuites  du  College  de  Fribourg  doivent 
rentrer  en  possession  des  Prieurés  de  S^  Morand  et  d'Oelembourg,  situés 
en  Alsace  et  dont  la  jouissance  qui  appartenoit  au  Roy,  par  confiscation, 
pendant  la  guerre  avoit  été  donnée  au  College  des  jésuites  de  Stias- 
bourg. 

Le  Père  Robinet  Recteur  de  cette  maison  m'a  dit  qu'il  obeiroit  avec  sou- 
mission, mais  que  cependant  il  croyoit  que  la  disposition  du  titre  et  des 
Revenus  de  ce  bénéfice  appartenoit  à  sa  Majesté;  que  du  moins  le  feu  Roy 
en  étoit  persuadé,  puisque  par  un  Brevet  exprès  du  23  du  mois  de  juin 


-  38  — 

1715  il  en  avoil  confirmé  le  don,  précédemment  fait  aux  jésuites  de  Stras- 
bourg-, je  crois  même  qu'ils  sont  dans  le  dessein  de  faire  quelques  repré- 
sentations; je  ne  sçaurais  M*"  vous  prévenir  sur  les  raisons  qu'ils  ont  à 
alléguer,  parce  que  je  n'ay  pas  vu  leurs  pièces,  j'ay  d'ailleurs  bien  de  la 
peine  à  croire  qu'elles  soient  assés  bonnes  pour  faire  changer  une  décision 
qui  est  fondée  sur  les  Traités  de  paix,  mais  il  m'a  paru  que  je  devois  vous 
renvoyer  comme  je  fais,  une  copie  de  ce  dernier  brevet,  et  qu'il  conve- 
noit  que  cette  pièce  vous  fût  connue,  parce  que  peut-être  vous  pourrés 
jiigi-r  qu'il  est  nécessaire  d'expédier  un  arrest  du  Conseil  pour  détruire  un 
acte  de  cette  nature. 

Je  m'attends  bien  que  les  jésuites  deFribourg  envoyèrent  incessamment 
icy  pour  demander  l'exécution  de  l'ordre  dont  il  s'agit,  mais  je  compte 
aussi  que  dans  peu  vous  voudrés  bien  me  faire  sçavoir  si  dès  à  présent  il 
faut  aller  en  avant  ou  si  nous  devons  attendre  un  arrest  du  Conseil,  et  ce 
(lue  vous  me  marquerés  sera  sur  le  champ  exécuté  par  M.  le  Comte  du 
15ourg  et  moy.  Ces  deux  bénéfices  ne  laissent  pas  que  d'être  un  objet  assés 
considérable,  ils  valent  dans  un  têms  ordinaire  environ  5000  S"  de  revenu 
et  ils  ont  plus  que  triplé  pendant  la  guerre. 

Je  crois  M.  qu'il  n'est  pas  hors  de  propos  que  je  vous  observe  que  c'est 
par  le  Traité  de  Nimegue  que  la  ville  de  Fribourg  a  été  cédée  au  Roy,  et 
que  cette  Place  n'a  été  restituée  à  l'Empire  que  par  celuy  de  Riswick, 
ninsy  il  ne  se  peut  pas  que  pendant  la  guerre  qui  a  précédé,  les  revenus 
des  Prieurés  d'Oelembourg  et  de  S*  Morand,  aient  été  confisqués.  Il  est 
vraisemblable  au  contraire  que  les  jésuites  de  Fribourg  qui  étoient  dans 
une  Place  acquise  au  Roy  par  un  Traité  de  Paix,  en  ont  toujours  joui, 
c'est  ce  qui  me  fait  croire  qu'on  s'est  trompé  quand  on  a  dit  que  les  jésuites 
de  Fribourg  avoient  été  rétablis  dans  les  deux  bénéfices  en  vertu  du  Traité 
de  Riswick.  Je  suis  etc. 


An,  Conseil  du  dedans  du  Royaume. 
Le  17  Septembre   1716. 

Pour  salisfaire  à  ce  (ju'il  n  plu  au  Conseil  de  me  demander  par  la  lollre 
du  22  du  mois  d'Aoust  dernier,  je  suis  entré  autant  que  je  l'ay  pu  en 
connoissance  des  faits  exposés  dans  le  memoire  cy  joint  qui  est  présenté 
par  le  S.  Sebastien  Gamps,  l'un  des  anciens  Ammcistres  de  la  ville  de 
Slra.^bourîc. 


—  30  — 

Je  crois  qu'il  esta  propos  que  je  commence  par  dire  que  le  S""  flam]).s' 
eut  le  malheur  sur  la  fin  de  l'année  1704  de  tomber  en  démence,  et  que 
de  son  aveu  môme  il  est  resté  en  cet  Etat  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1715, 
il  prétend  être  à  présent  parfaitement  rétabli,  mais  il  est  seul  dans  cette 
opinion,  je  l'ay  entretenu  il  y  a  quelques  jours  à  l'occasion  de  son  me- 
moire, et  je  puis  dire  qu'il  ne  me  parut  nullement  être  dans  une  Situation 
d'esprit,  susceptible  d'aucune  administration  publique.  Je  vais  à  présent 
entrer  en  matières. 

La  ville  de  Strasbourg  est  gouvei'née  par  un  College  très  nombreux  de 
Magistrats  qui  se  divisent  en  plusieurs  chambres.  A  la  teste  de  tous  ces 
officiers  sont  douze  personnes,  six  Gentilshommes,  qu'on  appelle  Stadt- 
meistres,  six  bourgeois  appelés  ammeistres,  sur  le  tout  est  un  Prêteur 
Royal,  pourveu  par  le  Roy  ;  je  n'ay  à  parler  que  des  ammeistres. 

On  Elit  chaque  année  un  Ammeislre  dont  les  fonctions  principales  sont 
de  présider  au  Sénat,  où  l'on  administre  la  justice  et  de  pourvoir  par  luy 
même  à  tout  ce  qui  peut  arriver  d'urgent  à  la  ville. 

Au  moyen  de  cette  disposition  chaque  Ammeistre  est  hors  de  Régence 
pendant  cinq  ans  et  n'y  rentre  que  la  Sixième  année. 

Par  un  Reglement  fait  en  1482  entre  les  Gentilshommes  et  "les  bour- 
geois de  la  ville  de  Strasbourg,  il  est  porté  que  nul  ne  pourra  être  élu 
pour  Regent  qu'il  n'ait  vaqué  cinq  ans,  c'est  une  regle  qui  a  toujours  été 
littéralement  observée  depuis. 

Lorsqu'un  Ammeistre  vient  à  mourir,  on  attend  pour  luy  donner  un 
Successeur  que  l'année  revienne  dans  laquelle  la  Régence  appartient  à  la 
place  vaccante,  en  sorte  que  le  dernier  Elu  entre  toujours  sur  le  champ 
en  Régence. 

Je  reviens  au  S''  Gambs  :  au  mois  de  may  1704-  il  fut  élu  pour  ameistre 
Regent,  il  exerça  toute  l'année,  mais  néanmoins  sur  la  fin  on  s'apperçut 
des  nuages  qui  commençoienl  à  le  troubler. 

Pendant  les  cinq  années  suivantes  on  ne  le  vit  plus  à  l'hôtel  de  ville, 
ni  ailleurs,  personne  n'ignorait  la  raison  qui  l'obligeait  à  ne  point  paraître 
et  le  dérangement  de  son  esprit  fut  porté  au  point  que  les  Ministres  de  la 
communion  luthérienne  dont  il  fait  proffession  cessèrent  de  l'admettre  à 
la  cène. 

En  1710  son  tour  revint  de  rentrer  en  régence;  quelques  jours  avant 
celuy  marqué  pour  remplir  la  formalité  de  l'Election,  plusieurs  personnes 

1.  Gambs  n'était  pas  complètement  dans  son  tort.  Jcan-Raptistc  de  Kliiiglin  fraya  la 
voie  à  son  fils  qui  a  laissé  dans  les  annales  de  Strasbourg  une  détestable  réputation. 


~  40  - 

du  Magistrat  allèrent  le  visiter  pour  sçavoir  son  étal;  il  convint  luy-même 
dans  un  bon  inlervale  qu'il  ne  pouvait  pas  exercer  la  Régence,  et  enfin  on 
luy  substitua  le  S.  Sclierer. 

J'ay  dit  qu'il  ne  devoit  y  avoir  (jue  six  amcistres,  le  S.  Scberer  faisoit 
le  7®.  Il  paroil  qu'il  était  naturel,  ne  s'agissant  que  de  la  Régence  de  sub- 
stituer au  S""  Gambs  en  1710  celuy  qui  devoit  l'exercer  en  1711 ,  plutôt 
que  d'y  appellcr  un  Etranger  et  de  mettre  un  Sepl^  arneister;  mais  on 
repoml  la  dessus  qu'on  ne  peut  s'éloigner  de  la  loy  qui  est  expresse,  por- 
tant (juc  nul  îuiieislre  ne  pouria  êlic  Regent  qu'il  n'ait  vacqué  cinq  ans; 
qu'à  l'égard  du  nombre  des  Ameistres  il  n'est  fixé  à  six  que  par  l'usage; 
que  même  il  est  arrivé  plusieurs  fois  qu'un  ameistre  étant  hors  d'état 
d'entrer  en  Régence  par  raport  à  des  incommodités  corporelles,  on  a  mis 
à  sa  [)!ace  un  7°,  pai'ce  que  celuy  dont  le  Tour  est  passé  une  fois  n'est  re- 
gardé que  comme  Ameistre  bonoraire  et  ne  rentre  plus  dans  la  Régence 
qui  ne  tourne  effectivement  qu'entre  six  personnes. 

Aussi  le  S""  Gamps  n'a-t-il  point  reclamé  contre  l'Election  du  S""  Scberer 
et  il  est  resté  dans  le  Silence  jusqu'à  la  fin  de  1715.  En  1716  le  S""  Scberer 
substitué  dès  1710  au  S""  Gamps  est  rentré  en  Régence  et  l'exerce  actuel- 
lement. 

Il  est  vray  que  sur  la  fin  de  1715,  après  onze  ans  de  silence  et  d'absence 
de  l'hôtel  de  ville,  le  S''  Gambs  s'est  donné  quelques  mouvements,  mais  il 
n'a  jamais  prétendu  devoir  reprendre  nécessairement  les  fonctions  de  Re- 
gent, il  demandoit  seulement  d'être  admis  à  avoir  entrée  à  l'hôtel  de  ville, 
comme  ancien  ameistre  et  d'y  avoir  le  rang  que  sa  place  luy  donnait. 

C'est  à  l'occasion  des  Requêtes  par  luy  présentées,  à  cet  effet  au  Magis- 
trat, qu'il  prétend  avoir  des  sujets  enormes  de  se  plaindre  du  S^  Klinglin 
Prêteur  Royal,  et  il  en  est  frappé  au  point  qu'il  ne  peut  entendre  pronon- 
cer son  nom,  sans  être  prêt  d'entrer  en  fureur,  j'ay  été  témoin  moy-même, 
il  n'y  a  pas  longtèms  d'un  pareil  mouvement. 

Le  S""  Gambs  expose  qu'il  a  donné  jusqu'à  trois  Requêtes  sur  lesquelles 
on  a  refusé  de  faire  droit,  le  Magistrat  repond  qu'il  y  a  des  formes  établies 
dans  lesquelles  les  Requêtes  doivent  être  présentées;  que  le  S""  Gambs  n'a 
pas  jugé  à  propos  de  les  suivre,  et  qu'il  ne  doit  imputer  qu'à  luy-même, 
s'il  n'a  pas  obtenu  un  jugement  qu'on  est  toujours  prêt  à  luy  donner  quand 
il  voudra  le  demander  dans  les  règles,  on  produit  môme  la  Requête  pré- 
sentée par  le  S*"  Gambs  avec  l'ordonnance  du  Magistrat  du  15  février  1716, 
portant  que  lorsque  le  Requerent  aura  présenté  ses  Requêtes  suivant  l'u- 
sage, et  dans  la  manière  accoutumée,  il  luy  sera  rendu  bonne  et  brieve 
justice  et  fait  droit  ainsy  qu'il  appartiendra. 


-  M   - 

Je  ne  m'éloigne  pas  de  croire  que  le  Magistral,  si  le  S""  Gambs  luy  eut 
été  agréable,  n'auroit  peut-être  pas  tant  incidente  sur  la  forme,  mais  après 
tout  on  ne  peut  pas,  ce  me  semble,  luy  sçavoir  mauvais  gré  de  ne  pas  aller 
au  devant  d'un  homme  qui,  de  son  propre  aveu  a  été  aliéné  d'esprit  pendant 
dix  à  onze  ans,  et  qui  certainement  n'est  pas  encore  dans  une  bonne  as- 
siette. Quel  effet  peut  d'ailleurs  espérer  le  S""  Gambs  de  ses  Keqiiètcs?  je 
prévois  que  s'il  s'opiniatre  à  demander  une  décision,  on  ordonnera  (ju'avant 
toutes  clioses  il  soit  fait  une  enquête  de  l'Etat  où  il  a  été  et  de  la  Situa- 
lion  où  il  se  trouve  actuellement,  il  n'est  pas  douteux  (ju'il  en  résultera 
une  pleuve  juridique  de  la  faiblesse  de  son  esprit  et  ensuite  un  jugement 
par  lequel  il  sera  déclaré  incapable  d'exercer  aucunes  fonctions  dans  la 
Magistrature. 

Je  ne  vois  pas  cependant  que  sur  le  memoire  présenté  à  S.  A.  Il''^  par 
le  S*"  Gambs  on  puisse  luy  faire  dire  autre  chose,  si  ce  n'est  qu'avant  de  se 
plaindre  il  doit  se  procurer  un  jugement  sur  ses  Requêtes  présentées  au 
magistrat  et  pour  cet  effet  les  dresser  et  donner  dans  la  forme  ordinaire, 
ainsy  qu'il  est  porté  par  l'ordonnance  de  la  ville  du  15  février  1716.  Si  le 
S''  Gamps,  après  la  décision  qui  interviendra,  croit  n'en  devoir  pas  être 
content,  il  pourra  se  pourvoir  par  la  voye  ordinaire  de  l'appel  au  Conseil 
de  Colmar. 

Il  dit  qu'étant  allé  rendre  visite  au  S""  Klinglin ,  il  en  reçut  plusieurs 
mauvais  traitements,  celuy  ci  soutient  qu'il  en  usa  avec  politesse,  mais  que 
peu  à  peu  le  S""  Gambs  s'ecbauffa  et  alla  jusqu'à  luy  dire  des  injures  et  le 
menacer  avec  une  espèce  de  fureur;  que  de  sa  pai't  il  ne  fit  autre  chose 
que  de  le  conduire  insensiblement  du  côlé  de  la  porte.  Que  le  lendemain 
le  Magistrat  informé  de  cette  scène,  vouloit  en  prendre  connaissance  et 
procurer  des  réparations  à  son  chef,  mais  qu'il  leur  représenta  que  la 
Situation  d'esprit  du  S'"  Gamps  ne  méritait  autre  chose  que  de  la  compas- 
sion. Pour  juger  dans  des  faits  aussi  contraires,  de  quel  côté  est  la  vérité, 
je  crois  qu'il  faut  faire  attention  à  l'état  des  personnes,  et  sur  ce  principe 
je  suis  très  persuadé  que  le  S""  Gamps  a  tort;  j'ay  déjà  dit  que  dans  la  con- 
versation, que  j'ay  eu  depuis  avec  luy,  j'ay  remarqué  que  le  seul  nom  de 
prêteur  le  met  hors  de  luy. 

Le  S""  Gamps  dans  son  memoire  jette  encore  quelques  traits  contre  cet 
officier,  il  prétend  qu'il  est  le  Maître  de  toutes  les  délibérations  qui  se 
prennent  dans  le  Magistrat,  que  son  humeur  hautaine  est  insuporlable  et 
qu'il  abuse  de  son  authorité. 

Ce  ne  sont  là  que  des  faits  vagues,  qui  ne  méritent,  ce  me  semble,  au- 
cune attention:  le  S""  KHnglin  est  un  homme  sçavant  dans  le  droit  et  dans 


—  42  -< 

les  usages  d'Allemagne,  et.  qui  parle  avec  facilité  et  même  fort;  ceux  qui 
composent  le  Magistrat  sont  quelques  Gentilshommes  et  bourgeois,  fort 
peu  versés  la  plupart  dans  les  affaires,  je  crois  bien  que  l'avis  du  S''Kling- 
lin  influe  beaucoup  sur  les  décisions  qui  interviennent;  mais  je  crois  aussi 
que  l'on  peut  dire  que  c'est  l'objet  que  le  Roy  a  eu,  quand  il  a  créé  la 
charge  de  Prêteur  Royal  dans  la  ville  de  Sli'asbourg,  Le  S""  Klinglin  dans 
sa  jeunesse  était  avocat  au  Conseil  de  Colmar  et  avait  grande  réputation. 
Il  fut  appelé  par  le  Magistrat  de  Strasbourg  pour  remplir  la  fonction  d'a- 
vocat gênerai,  il  fut  ensuite  pourveu  par  le  Roy  de  la  charge  de  Syndic 
Royal,  et  enfin  sur  la  connaissance  qui  fut  donnée  au  feu  Roy,  de  la  part 
de  ceux  qui  administraient  les  affaires  de  sa  M'"  en  Alsace,  de  l'aflection 
que  le  S""  Klinglin  avait  témoignée  pour  son  service  dans  différentes  char- 
ges qu'il  avoit  remplies.  Sa  M'^  le  pourvût  de  celle  de  Prêteur,  après  la 
mort  du  S'"  Obrecht.  J'entends  dire  que  depuis  il  a  beaucoup  contribué  à 
procurer  les  secours  pour  la  subsistance  des  armées  et  les  ressources  qu'on 
a  trouvées  dans  la  ville  de  Strasbourg,  pendant  quelques  années  de  la  der- 
nière guerre. 

Je  ne  croiray  jamais  qu'un  memoire  bazardé  contre  un  homme  de  ce 
caractère  par  un  autre,  qui  de  notoriété  publique,  a  été  pendant  longtêms 
aliéné  d'esprit,  et  qui  certainement  n'est  pas  encore  dans  son  bon  sens, 
mérite  d'être  écouté. 

Je  pense  donc  que  la  plainte  que  le  S.  Gamps  a  portée  à  S.  A.  R'^  n'ad- 
met d'autre  réponse,  sinon  qu'il  peut  se  pourvoir  par  les  voies  ordinaires 
de  la  justice. 

Je  joins  au  Memoire  du  S""  Gamps  une  expédition  de  l'ordonnance  du 
Magistrat  de  Strasbourg  du  15  février  1710,  par  laquelle  il  a  été  dit  que 
lorsque  le  S""  Gamps  présenterait  ses  Requêtes  en  forme  il  y  serait  fait  droit 
et  un  memoire  donné  par  le  Magistrat,  contenant  quelques  exemples,  où  il 
est  arrivé  que  l'ameistre  qui  devait  entrer  en  régence,  se  trouvant  incom- 
modé, on  a  élu  un  Etranger  à  sa  place.  Je  suis  etc. 


A.  M.  DarmenonviUc,  le  3  S'^e  d7d6. 

Je  trouve  icy  M.  au  retour  d'une  Tournée  que  je  viens  de  faire,  la  lettre 
que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'ecrire  le  22  du  mois  passé,  au  sujet 
des  prieurés  de  S'  Morand  et  d'Oelemberg  dont  le  Titre  et  la  possession 
doivent  être  restitués  aux  jésuites  du  Collège  de  Fribourg,  suivant  les  or- 


—  43  — 

dres  de  S.  A.  R'®  contenus  dans  votre  lettre  du  2  du  même  mois.  J'y  ay 
trouvé  aussi  deux  jésuites  de  cette  maison  qui  m'altendoient,  pour  deman- 
der comme  ils  ont  fait,  avec  un  extrême  empressement  à  M.  le  Comte  du 
Bourg  et  à  moy  l'exécution  de  ces  premiers  ordres;  je  leur  ay  d'abord 
opposé  la  nécessité  où  j'étais  d'attendre  une  expédition  de  l'arrest  du  Con- 
seil qui  doit  intervenir  pour  révoquer  le  don  que  le  feu  Iloy  a  fait  de  ces 
mêmes  bénéfices  le  23  Juin  de  l'année  dernière  aux  jésuites  de  Strasbourg, 
je  leur  ay  ensuite  proposé  les  deux  partis  que  vous  remarquez,  sçavoir  de 
laisser  le  soin  de  l'administration  des  Revenus  aux  jésuites  de  Strasbourg 
qui  leur  en  rendroient  compte  et  retiendroient  seulement  ce  qui  seroit  né- 
cessaire pour  la  desserte  des  Cures  attachées  à  ces  bénéfices,  si  mieux  ils 
n'aiment  les  régir  par  eux  mêmes,  et  payer  des  portions  congrues  aux  jé- 
suites de  Strasbourg  qui  se  chargeroient  de  faire  le  Service  dans  les  Cures; 
ils  m'ont  marqué  M.  un  eloignement  egal  pour  l'un  et  l'autre  de  ces  expé- 
dients dont  le  dernier  est  même  rejette  par  ceux  de  Strasbourg;  je  leur 
ay  ensuite  parlé  de  l'inquiétude  qu'on  donne  à  ceux  cypour  la  partie  située 
dans  l'Empire,  de  l'abbaye  de  Seltz  qui  a  été  unie  au  College  de  Strasbourg 
dès  l'année  i691  et  je  leur  ay  fait  entendre  qu'ils  dévoient  s'entremettre 
pour  que  cette  affaire  finît  promptement  à  la  satisfaction  de  S.  A.  R'^  en 
considération  de  la  justice  qu'elle  était  disposée  à  leur  rendre  pour  S' Mo- 
rand et  Oelemberg,  j'ay  eu  pour  réponse  qu'ils  n'avoient  aucune  connois- 
sance  des  faits  qui  concernent  l'abbaye  de  Seltz,  que  cette  affaire  n'avoit 
rien  de  commun  avec  la  leur  qui  avait  été  décidée  à  leur  avantage  par  S. 
A.  R^*^  sur  les  instances  d'un  Ministre  de  l'Empereur;  qu'ils  rendroient 
compte  à  la  Cour  de  Vienne  de  ce  qui  se  passoit,  et  qu'au  Surplus  ils  me 
prioient  de  les  faire  avertir,  dès  que  j'aurois  l'arrest  du  Conseil,  que  je  leur 
disois  être  par  moy  attendu ,  sur  quoy  ils  se  sont  retirés.  Il  est  certain 
M.,  comme  vous  l'avez  prevû  que  les  jésuites  de  Strasbourg  et  ceux  de 
Fribourg  ne  s'accord croient  jamais  d'eux-mêmes  pour  admettre  aucun 
tempérament  sur  la  restitution  pleine  et  entière  du  Titre  et  Revenus  des 
maisons  dont  il  s'agit,  peut  être  M.  le  Comte  du  Luc  trouvera-t-il  plus  de 
facilité  à  la  Cour  de  Vienne. 

Je  crois  que  vous  estes  informé  que  le  fondement  du  trouble  qu'on  ap- 
porte aux  jésuites  de  Strasbourg  dans  la  jouissance  d'une  partie  de  l'abbaye 
de  Seltz,  vient  de  ce  que  l'Electeur  Palatin  prétend  que  ce  lieu  est  dans 
sa  Souveraineté  et  non  dans  celle  du  Roy,  cette  question  se  traite  actuel- 
lement à  Vienne.  Je  suis  persuadé  que  les  raisons  dont  nous  nous  servons 
pour  nous  maintenir  à  Seltz,  sont  bonnes;  mais  s'il  arrivait  que  cette 
affaire  fut  décidée  en  faveur  de  l'Election,  je  crois  aussi  qu'il  serait  bien 


—  44  - 


difficile  de  soutenir  l'union  de  l'abbaye  de  Seltz  au  College  de  Strasbourg-, 
je  pourrois  si  vous  le  désires  vous  envoyer  quelques  mémoires  la  dessus, 
qui  m'ont  été  laissés  par  M.  de  la  lloussaye.  Je  suis  etc. 


A  M.  Darmenonville. 
Le  30  Octobre  1716. 

Dés  que  j'ay  ou  la  lettre  (juc  vous  m'avez  fait  l'iionneur  de  m'ocrire  le 
12  de  ce  mois  et  l'arrêt  du  Conseil  qui  y  était  joint,  par  lequel  Sa  M"-  or- 
donne que  le  College  des  jésuites  de  P^ribourg-  sera  remis  en  possession 
des  Prieurés  de  S'  Morand  et  d'Oelemberg,  j'en  ay  donné  communication 
au  Recteur  du  College  de  Strasbourg.  Peu  de  jours  après  les  jésuites  de 
Fribourg,  sur  l'avis  que  je  leur  ay  donné,  ont  envoyé  icy  un  de  leurs  Peres 
avec  les  pouvoirs  nécessaires  pour  reprendre  la  jouissance  de  ces  deux 
bénéfices.  Les  choses  se  sont  passées  à  l'amiable  entre  les  uns  et  les  au- 
tres, et  ceux  de  Fribourg  sont  actuellement  en  possession  de  S^  Morand 
et  d'Oelemberg;  il  se  peut  faire  que  dans  la  suite  il  s'eleveia  quelques 
questions  pour  les  années  échues  depuis  le  traité  de  paix,  mais  il  n'en  a 
été  parlé  que  légèrement  jusqu'icy. 

J'attends  à  tous  moments  une  Soumission  que  le  College  de  Fribourg 
doit  m'envoyer  en  Corps  {)ar  laquelle  les  Supérieurs  de  celle  Maison  s'en- 
gageront de  ne  faire  desservir  les  Cures  annexées  à  ces  Prieurés  que  par 
des  Prêtres  séculiers  ou  réguliers,  nés  sujets  du  Roy.  Dès  que  je  l'auray, 
je  ne  manqueiay  pas  de  vous  en  envoyer  une  copie  ou  même  l'original, 
si  vous  le  désirés.  Je  suis  etc. 


ANNEE  1717. 
A  M,  le  Maréchal  d'IIuxetles. 

Le   Ki  Janvier   1717. 

J'ay  receu  Mgi"  la  lellie  du  10  de  ce  mois  par  laquelle  vous  me  faites 
l'honneur  de  me  demander  de  vous  rendre  compte  de  la  voye  (jui  a  été 
prise  pour  procurer  au  Canton  de  Basle  la  liberté  indéfinie  de  tirer  des 
grains  d'Alsace,  et  des  avaiitages  ou  des  inconvénients  qui  peuvent  arri- 
ver du  changement  qui  a  été  a[iorté  à  cet  égard. 

Je  commenceray  M^"  par  vous  rappeller  que  dès  les  premiers  têms  que 


—  45  — 

je  fus  anivé  dans  celle  province,  je  j)iis  la  liberté  de  vous  informer  que 
le  Pays  élait  rempli  de  grains,  dont  on  ne  Irouvoit  pas  la  debile,  cl  que 
la  noblesse  et  les  Peuples  demandoient  également  qu'il  leur  fut  permis 
d'en  vendre  aux  Etrangers,  je  vous  adressay  même  une  lettre  que  j'écrivis 
sur  celle  matière  à  M.  le  M^»^'  de  Villeroy,  et,  c'est  par  vous  qu'il  l'a  reçue, 
ainsy  que  vous  me  l'avés  mandé,  le  5  may.  M.  le  M«'»*'''  de  Villeroy  par  sa 
réponse  du  30  du  môme  mois,  m'ayant  marqué  que  l'intention  du  Conseil 
était  que  le  commerce  de  grains  fut  libre,  entre  l'Alsace  et  les  Terres  des 
Suisses  et  de  l'Empire;  je  vous  en  ai  informé  par  une  lettre  du  9  juin,  et 
en  même  lêms,  j'ay  rendu  une  ordonnance  pour  annoncer  cette  permis- 
sion qui  devait,  suivant  les  ordres  sur  lesquels  j'agissois,  durer  jusqu'au 
prem^"  septembre. 

Depuis  M.  le  W^^  de  Noailles  s'est  saisi  de  la  matière,  et  m'a  envoyé 
l'arrêt  du  8  du  mois  d'Aousl,  par  lequel  sa  Majesté  permet  la  Sortie  des 
grains  de  son  Royaume,  jusqu'au  prem^  Mars,  je  l'ay  fait  publier  et  exé- 
cuter en  Alsace,  et  je  pouvois  d'autant  moins  m'en  dispenser,  qu'ainsy 
que  vous  pourrés  le  remarquer  dans  l'Exemplaire  cy  joint,  celte  province 
y  est  expressément  nommée.  Voila  Mg^,  ce  qui  s'est  passé  la  dessus  et  où 
nous  en  sommes. 

Je  dois  vous  dire  à  présent  que  la  dernière  recolle  a  été  tellement 
abondante  que  quoyque  depuis  que  la  liberté  n  été  rendue,  il  soit  passé, 
ou  en  Suisse  ou  de  l'autre  côté  du  Rhin,  plus  de  150  mille  quintaux  de 
grains,  il  se  trouve  néanmoins  qu'actuellement  le  quintal  de  froment 
vaut  à  peine  4  'a  monnaye  d'Alsace,  et  encore  est-il  certain  qu'aucun  Sei- 
gneur Ecclésiastique  ou  Laïc,  n'a  jusqu'icy  touché  à  ses  greniers. 

Il  est  naturel  de  penser  la  dessus  que  rien  ne  convient  mieux  à  l'inle- 
rest  de  la  province  que  de  ne  luy  pas  ôler  les  moyens  de  se  défaire  du 
superflu  de  ses  grains,  et  ce  superflu  est  néanmoins,  cette  année,  très 
abondant.  Je  ne  parle  que  par  raport  à  ce  qui  touche  le  Pays,  parce 
qu'il  ne  m'appartient  pas  de  pénétrer,  s'il  pourroit  y  avoir  quelque  raison 
d'user  de  reserve,  à  l'égard  du  canton  de  Basic. 

Vous  me  marqués  Mg^,  qu'il  convient  que  je  me  mette  en  relation  avec 
M.  le  Marquis  d'Avaray,  c'est  ce  que  je  liens  à  honneur,  je  luy  ay  déjà 
écrit  plusieurs  lettres  d'honnêteté,  auxquelles  il  a  repondu  avec  politesse 
et  bonté,  et  quand  il  se  présentera  des  affaires  qui  auront  raport  à  son 
ministère  et  à  mes  fonctions,  je  ne  manqueray  pas  de  faire  ce  qui  convient 
la  dessus.  Je  suis  elc. 


—  46  — 
A  M.  le  Maréchal  (THuxelles. 

Le  24  Janvier  1717. 

Je  reçois  Mg"",  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire  le 
18  de  ce  mois,  au  sujet  des  plaintes  qui  vous  ont  été  portées  par  plusieurs 
de  vos  gardes  sur  ce  que  les  baillis  les  comprennent  dans  les  impositions. 
Comme  je  sçais  que  vous  aimés  la  règle,  je  ne  feray  point  de  difficulté  de 
vous  envoyer  la  copie  cy  jointe  d'un  arrêt  du  Conseil,  rendu  à  ce  sujet  en 
1G92,  vous  y  trouvères  une  décision  bien  rigoureuse,  mais  je  vous  ajou- 
teray  en  même  têras  que  je  ne  crois  pas  qu'elle  ait  été  exécutée  à  la  lettre 
nulle  part,  et  voicy  ce  que  je  crois  pouvoir  être  pratiqué  en  Alsace. 

Vous  sçavés  Mg'",  que  dans  les  Communautés  de  cette  Province,  les  im- 
positions sont  reparties,  partie  par  proportion  des  fonds  que  chaque  habi- 
tant possède,  et  partie  sur  le  pied  de  l'industrie.  Je  crois  qu'il  convient 
que  vos  gardes  soient  exempts  de  la  portion  qui  tombe  sur  l'industrie, 
et  de  plus  de  toutes  autres  charges  personnelles,  comme  corvées,  guet  et 
garde,  mais  à  l'égard  de  ce  qu'ils  doivent,  par  raport  aux  fonds  qui  leur 
appartiennent ,  je  présume  que  vous  deciderés  vous  même  qu'il  faut  qu'ils 
le  payent,  sans  quoy  les  plus  gros  taillables  d'une  Communauté  cherche- 
roicnt  à  se  procurer,  par  cette  voye,  des  exemptions. 

Quant  aux  arrérages  dont  vous  me  parlés,  toutes  les  fois  que  la  question 
s'est  présentée  devant  moy,  j'ay  décidé  favorablement  pour  vos  gardes,  à 
la  reserve  d'une  affaire  qui  touche  deux  d'entr'eux,  établis  à  Ribeauvillé. 
Ces  deux  gardes  avoient  été  condamnés  dès  1712  par  M.  de  la  lloussaye, 
à  payer  la  taille  de  leurs  fonds,  sur  quoy  les  habitants  les  ont  compris  dans 
les  [{elles,  pour  les  années  suivantes,  mais  sans  en  avoir  lien  pu  exiger.  Il 
m'a  paru  que  la  Communauté  ayant  un  jugement  pour  elle  dès  1712,  on  ne 
pouvoit  se  dispenser  de  le  faire  exécuter. 

Je  vous  suplie  donc  Mg""  de  me  marquer  si  vous  estimes  qu'il  convienne 
de  s'en  tenir  à  ce  que  je  prends  la  liberté  de  proposer,  c'est  à  dire  que  les 
Gardes  du  Gouvernement  soient  exempts  de  toutes  les  charges  et  Corvées 
personnelles,  mais  qu'ils  doivent  payer  pour  leurs  fonds,  bien  entendu  né- 
anmois  qu'ils  seront  déchargés  de  leurs  arrérages.  En  cas  que  vous  desiriés 
qu'on  fasse  quelque  chose  de  plus  pour  eux,  vous  aurés  la  bonté  de  me  le 
marquer  et  je  m'y  conformeray.  Je  suis  etc. 


-  47  — 

A  M.  le  Maréchal  d'Huxelles. 
Le  18  Février  1717. 

Je  reçois  M.  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrirc,  le  10 
de  ce  mois,  par  laquelle  vous  avés  la  bonté  de  consentir  au  Reglement  que 
je  vous  ay  proposé  pour  fixer  la  manière  dont  vos  Gardes,  dans  le  dépar- 
tement d'Alsace,  seront  compris  dans  les  impositions.  Vous  pouvés  regar- 
der, comme  une  chose  certaine,  qu'ils  seront  exempts  de  toutes  contribu- 
tions personnelles,  soit  en  argent,  corvées,  guet  et  garde  ou  toute  autre 
espèce,  et  que  de  plus  on  les  laissera  en  repos  pour  les  arrérages  qu'on 
leur  demande  dans  quelques  Communautés,  où  ils  n'uni  point  été  employés 
dans  les  Rolles,  même  pour  la  partie  dont  ils  devroient  contribuer  pai'  ra- 
port  à  leurs  biens  fonds.  Vous  me  marqués  que  vous  desireriés  qu'ils  fus- 
sent par  moy  taxés  d'office,  c'est  ce  que  jeferay  ou  du  moins  d'une  manière 
équivalente.  Je  vais  faire  part  aux  Baillis,  dans  le  département  desquels  il 
y  a  de  vos  gardes,  de  la  regle  qui  doit  être  observée  à  leur  égard,  et  je 
leur  manderay  en  même  têms  de  m'envoyer  un  Etat  des  Cottes  de  ces 
gardes,  et  de  me  marquer,  s'ils  n'ont  point  été  trop  chargés,  eu  égard  à 
la  valeur  de  leurs  fonds,  leur  observant  que  je  les  rendray  responsables, 
si,  par  la  suite,  quelques  uns  de  ces  gardes  obtiennent  une  diminution  de 
moy  en  connoissance  de  cause.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'Huxelles. 

Le  25  Février  1717. 

Je  crois  Mg'',  devoir  vous  informer  des  mesures  que  nous  prenons  icy 
pour  rétablir  l'ordre  dans  l'administration  de  M""^  les  officiers  du  Directoire 
de  la  noblesse  de  la  basse  Alsace,  par  raport  aux  impositions  qu'ils  sont  en 
usage  de  faire,  sur  les  quatre  vingt  villages,  ou  environ,  qui  sont  compris 
dans  leur  matricule. 

Vous  vous  rappellerés  aisément  Mg"",  que  dans  les  lettres  patentes  que 
le  feu  Roy  accorda  au  mois  de  Décembre  1680,  à  la  noblesse  de  la  basse 
Alsace,  il  est  expressément  porté  qu'elle  pourra  imposer  sur  les  habitants 
qui  en  dépendent,  les  sommes  de  deniers  pour  lesquelles  Sa  AF  donnera 
des  permissions,  après  qu'il  aura  été  justifié  devant  l'Intendant,  de  la  né- 
cessité d'en  faire  la  levée. 


—  48  — 

Il  y  avoit  dès  lors  une  imposition  connue  et  ordinaire,  c'est  celle  de 
l'entretien  des  officiers  du  Directoire,  il  était  naturel  de  la  faire  régler  et 
de  demander  un  arrôl  du  Conseil,  par  lequel  S.  W^  avait  ordonné  une  im- 
pdsilion  aiuiuelle  de  la  Somme  qu'elle  auroit  fixée  pour  cet  usage,  c'est 
ainsi  qu'en  ont  usé  feu  M.  le  Cardinal  de  Furslcmberg,  pour  l'Evêché  de 
Strasbourg-,  M.  le  Comte  de  Hanau  et  M,  le  Prince  de  Birkenfeld,  tous  trois 
en  différents  tèms,  ont  obtenu  des  Lettres  patentes  par  lesquelles  Sa  M^e  leur 
a  permis  d'imposer  annuellement  4000  ïï  sur  les  babitants  de  leurs  Terres, 
pour  l'entretien  des  Officiers. 

Ceux  du  Directoire  de  la  Noblesse  ont  négligé  cette  précaution,  et  ont 
toujours  imposé  de  leur  seule  autborilé,  ce  qu'ils  ont  jugé  à  propos,  pour 
les  frais  de  leur  Tribunal. 

Ils  ont  néanmoins  usé  de  quelque  modération  pendant  les  premiers 
tèms,  et  ils  n'ont  fait  lever  que  dix  mille  livres  par  an,  jusqu'en  1700. 
Depuis  cette  époque  il  n'y  a  plus  eu  de  mesure  et  ils  ont  poussé  les  impo- 
sitions jusqu'à  30  et  40  mille  livres,  dans  une  seule  année,  ce  qu'ils  ont 
renouvelle  plusieurs  fois  même  depuis  la  paix. 

Il  y  a  plusieurs  ans  une  assemblée  de  toute  la  noblesse  qui  fut  tenue  en 
1699  sous  vôtre  autborilé,  le  corps  nomma  huit  Gentilshommes  pour  assis- 
ter les  Officiers  du  Directoire,  dans  les  délibérations  importantes,  et  il 
paroit  par  l'acte,  dont  j'ai  une  copie,  que  cette  disposition  fut  vôtre  ou- 
vrage, toutes  les  impositions  ont  été  faites,  sans  jamais  consulter  ces  huit 
assistants. 

Au  mois  de  Novembre  dernier,  je  fus  averti  par  quelques  Gentilshommes 
de  l'Excès  de  ces  levées,  ils  se  plaignoient  qu'elles  epuisoient  leurs  habi- 
tants, au  point  qu'ils  n'etoient  plus  en  etat  de  payer  les  droits  Seigneu- 
riaux, ils  se  plaignoient  encore  de  ce  que  les  huit  Gentilshommes  nommés 
en  1099,  n'étoienl  jamais  appelles. 

Je  m'en  expliquay  avec  M''^  les  Officiers  du  Directoire  qui  venoient  en- 
core récemment  de  faire  une  imposition  extraordinaire  de  dix  à  douze 
mille  livres,  sans  m'en  avoir  rien  communiqué.  Je  leur  representay  qu'aux 
termes  des  Lettres  patentes  de  1080,  il  leur  était  expressément  deffendu 
de  lever  aucuns  deniers,  sans  la  permission  du  Roy,  (jue  c'éloit  l'usage 
comuiui]  du  Royaume,  auquel  s'etoient  soumis  M.  l'Evêquedc  Strasbourg-, 
M.  le  Comte  de  Hanau  et  M.  le  Prince  de  Birckenfeld.  Ils  se  deffendircnt 
sur  ce  qu'on  ne  leur  avoit  jamais  donné  de  rin(juietude  la  dessus,  sur  les 
dettes  qu'ils  avoient  été  obligés  de  contracter,  au  nom  de  la  Noblesse,  à 
l'occasion  de  différents  procès  qu'ils  avoient  soutenu  pour  l'interest  cora- 
iiiiin,  el  enfin  sur  l'augmentation  de  plusieurs  dépenses  annuelles,  aux- 


-  A9  - 

quelles  ils  étaient  tenus  de  satisfaire.  Je  leur  demanday  des  Etals,  et  de 
leurs  dettes  et  de  leurs  dépenses  annuelles. 

Apiès  trois  mois  de  delay,  ils  viennent  de  me  remettre  ces  Etals,  et 
j'en  joins  icy  des  copies,  l'un  contient  la  Somme  qu'ils  prétendent  leui- 
être  nécessaire  pour  les  dépenses  annuelles  du  Tribunal;  vous  trouvères 
qu'ils  les  font  monter  à  rîO  mille  livres,  quoyque  réellement  jusqu'en  169Ü 
ils  n'ayent  levé  que  dix  mille  livres  pour  celte  destination;  mais  je  ne 
doute  pas  qu'en  même  têms  il  ne  vous  paraisse  qu'il  y  a  plusieurs  articles 
à  retrancher  et  qui  ne  devraient  pas  même  être  proposes.  L'autre  Etat 
concerne  leurs  dettes  qui  montent  à  66  mille  livres.  Les  ecclaircisScmenls 
qu'ils  ont  mis  sur  chaque  article,  ne  font  que  trop  connaître  que  la  plus- 
part  de  ces  sommes,  par  raport  à  l'employ,  qui  en  a  été  fait,  ne  devroient 
pas  être  payées  par  les  habitants,  qui  n'avoient  aucun  interest  aux  procès 
auxquels  elles  ont  servi. 

J'ay  eu  avec  M^s  les  Officiers  du  Directoire  une  nouvelle  conférence  au 
sujet  de  ces  deux  Etats,  sans  me  jetter  dans  le  detail  des  questions  qui 
ont  été  agitées.  Je  crois  qu'il  suffit  Mg"",  que  j'aye  l'honneur  de  vous  rendre 
compte  de  ce  qui  a  été  résolu. 

Ils  doivent  incessamment  convoquer  ceux  qui  existent  encore  des  huit 
gentilshommes,  nommés  en  1699,  et  procéder  au  remplacement  de  deux 
qui  sont  decedés  et  de  deux  autres,  qui,  parleurs  incommodités  ne  peu- 
vent s'acquitter  de  ces  fonctions,  ils  vous  informeront  sur  le  champ  de 
ceux  qui  auront  été  élus  et  vous  suplieront  de  donner  vôtre  agrément  à 
leur  choix  et  de  procurer  aussi  celuy  de  sa  M'^.  Cette  démarche  est  non 
seulement  de  devoir,  mais  d'une  nécessité  absolue,  parce  que  les  Officiers 
du  Directoire  n'ont  pas  le  pouvoir  de  remplacer  ceux  qui  manquent  des 
huit  assistants  qui  ont  été  établis  par  le  Corps  de  la  Noblesse  en  1G99.  Il 
ne  conviendroit  pas  d'engager  à  présent  tous  les  Gentilshommes  dans  les 
frais  d'une  convocation  generalle,  pour  un  simple  remplacement,  on  n 
cherché  un  équivalent  et  ce  sur  l'agrément  de  S.  M^^'  et  le  vôtre  pour  ceux 
qui  seront  élus. 

Dès  que  le  nombre  des  huit  assistants  sera  rempli,  ils  s'assembleront 
de  nouveau  avec  les  Officiers  du  Directoire  et  arrêteront  deux  projets 
d'Etats,  l'un  de  la  dépense  annuelle  pour  l'entretien  du  Tribunal,  Tautie 
contenant  les  dettes  et  les  moyens  qu'ils  auront  à  proposer  pour  les  payer. 
Ces  deux  Etals  me  seront  remis,  je  les  disculeray  avec  eux  de  nouveau, 
je  vous  rendray  compte  et  vous  aurés  agréable  de  décider  sur  ce  qu'il  y 
aura  à  faire. 

Je  prendray  la  liberté  de  vous   dire  à  l'avance  Mg*",  que  quant  aux 

T.  X.  —  (M.)-  4 


-  50  — 

dépenses  annuelles,  je  pense  qu'après  que  vous  en  aurcs  approuvé  l'Etat, 
qui  vrayscmblablement,  sera  bien  plus  faible  que  celuy  qu'on  présente 
aujourd'luiy,  il  faudra  nécessairement  demander  un  arrest  du  Conseil  par 
lequel  l'imposition  annuelle  sera  ordonnée  de  la  Somme  convenue. 

Quant  au  montant  des  dettes,  la  matière  est  plus  délicate;  car  enfin  de 
quel  droit  faire  payer  à  des  paysans  20  mille  ecus  pour  les  frais  de  deux 
procès,  l'un  soutenu  contre  le  Parlement  de  Metz,  au  sujet  de  la  reprise 
des  fiefs,  et  l'autre  contre  le  Magistrat  de  Strasbourg  pour  une  question 
de  Jurisdiction;  mais  aussi  d'un  autre  côté  il  n'y  auroitpas  moyen  de  rejet- 
ter  une  si  grosse  Somme  sur  les  seuls  Gentilshommes.  Je  prévois  qu'il 
faudra  que  les  pauvres  Communautés  de  la  matricule  supportent  encore 
cette  charge,  et  qu'elle  soit  imposée  sur  elles  en  plusieurs  années,  au 
moyen  d'un  second  arrest  du  Conseil  qu'il  sera  nécessaire  encore  de 
demander,  je  chercheray  d'ailleurs  les  moyens  de  les  soulager  sur  les  im- 
positions Royalles. 

Je  crois  Mg"",  qu'en  même  têms  il  vous  paroitra  convenable  qu'on  prenne 
quelques  précautions  pour  qu'au  moins  à  l'avenir,  huit  des  Gentilshommes 
qui  composent  le  directoire  et  qui  s'abbandonnent  entièrement  à  la  con- 
duite d'un  Docteur,  qui  est  le  S""  Steinhel  leur  Consulent,  ne  soient  pas 
les  Maîtres  d'engager  tout  le  Corps  de  la  Noblesse  dans  des  procès  à  leur 
seule  fiantaisie,  d'en  régler  les  frais  et  les  dépens,  sans  mesure,  et  d'acca- 
bler ensuite  de  leur  authorilé  privée,  par  des  impositions  outrées  et  in- 
justes, les  vassaux  de  la  Noblesse  qui  sont  les  sujets  du  Roy.  Il  sera  facile 
de  mettre  dans  les  arrêts  des  dispositions  pour  arrêter  cet  abus. 

Au  surplus  Mg"",  je  n'ay  qu'a  me  louer  de  la  docilité  que  j'ay  trouvée  dans 
M'"^  les  Officiers  du  Directoire  {)Our  rentrer  dans  la  regle;  et  c'est  ce  qui 
m'engage  encore  plus  à  penser  qu'il  faut  leur  donner  la  main  pour  les 
tirer  du  passé,  j'entends  parler  des  dettes  contractées. 

Je  vous  suplie  de  me  marquer  si  vous  donnés  votre  approbation  à  ce 
que  nous  faisons,  parceque  c'est  la  route  que  vous  nous  tracerés  qui  sera 
suivie. 

Je  mets  dans  ce  paquet  avec  les  Etats  présentés  par  les  Officiers  du 
Directoire,  de  leur  dépense  annuelle  et  de  leurs  dettes,  un  Extrait  de 
deux  articles  de  la  délibération  de  1699;  dans  l'un,  la  noblesse  établit  les 
huit  Gentilshommes  pour  assister  aux  délibérations  importantes.  Dans 
l'autre  il  est  dit  que  jusques  là,  l'imposition  pour  l'entretien  du  Directoire 
n'était  que  de  10000  U  par  an.  J'ajoute  encore  un  Extrait  de  l'endroit  des 
Lettres  patentes  de  1080,  où  il  est  parlé  de  la  conduite  que  la  noblesse 
doit  tenir  sur  le  fait  des  impositions.  Je  suis  etc. 


—  51  — 
A  M.  le  Maréchal  d'IIuxelles. 

Le  4  Mars  1717. 

La  liberté  accordée  Mg"^,  aux  habitants  d'Alsace,  comme  à  ceux  des 
autres  provinces  du  Royaume,  de  faire  passer  des  grains  a  l'Etranger,  est 
expirée,  au  premier  de  ce  mois,  suivant  la  disposition  de  l'arrêt  du  Con- 
seil du  8  Aoust  de  l'année  dernière,  j'écris  à  M.  le  Duc  de  Noailles  pour 
sçavoir  comment  il  en  doit  être  usé  pour  l'avenir,  je  luy  observe  on  même 
têms  deux  choses  :  l'une  que  le  quintal  de  froment,  poids  de  marc,  se 
vend  à  peine  3  ^io^  sur  le  marché  de  Strasbourg,  l'autre  que  les  appa- 
rences promettent  que  la  Récolte  prochaine  sera  très-abbondanie.  Il  est 
certain  que  dans  la  rareté  d'espèces,  où  l'on  est  icy,  les  gens  de  tout 
ordre  seroient  bien  mortifïiés,  si  la  liberté  de  vendre  à  rt]tranger  l'Excé- 
dent de  leurs  denrées,  venoit  à  être  interdite. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire  depuis  peu  Mg""  sur  cette  ma- 
tière, par  raport  à  l'intérêt  de  la  ville  et  du  Canton  de  Basle,  qui  n'ont  eu 
pendant  plusieurs  années  la  faculté  de  tirer  des  grains  d'Alsace,  que  jus- 
qu'à concurrence  de  468  sacs  par  semaine,  ce  qui  a  été  changé  au  moyen 
de  la  liberté  indéfinie  accordée  par  l'arrêt  du  8  Aoust  dernier.  Si  quel- 
ques raisons  particulières  vous  faisoient  penser  qu'il  fallût  mettre  des 
bornes  à  la  sortie  des  grains  pour  Basle,  vous  estes  à  temps  de  prendre 
des  mesures  la  dessus.  Comme  de  ma  part  je  ne  raisonne  que  par  raport 
à  la  convenance  du  Pays  où  je  suis ,  je  ne  sçaurais  dire  autre  chose  si  ce 
n'est  que  le  seul  moyen  de  soutenir  tant  soit  peu  le  commerce  de  la  pro- 
vince, est  que  les  grains  puissent  en  sortir  librement. 

Je  suis  etc. 

A  M.  Darmenonville. 

Le  9  Mars  1717. 

J'ay  l'honneur  M.  de  vous  renvoyer  les  placets  que  vous  avés  adressés 
avec  vôtre  lettre  du  19  du  mois  passé.  Ces  placets  et  mémoires  ont  été 
donnés  par  le  S.  Maurice  Ilumbourg  et  le  S'"  Jean  Robert,  qui  se  pré- 
sentent l'un  et  l'autre  pour  remplir  la  place  de  Notaire  Royal,  vaccante  par 
le  décès  de  jean  Joseph  Ilumbourg. 

Je  crois  devoir  commencer  par  vous  dire  M'  qu'il  n'y  a  que  deux 
Notaires  pourvus  par  le  Roy  à  Strasbourg,  l'établissement  en  fut  fait  im- 


—  55  - 

mediatement  après  que  cette  ville  fut  soumise  à  l'obéissance  du  Roy,  il  y 
a  d'ailleurs  vingt  notaires  qui  prennent  leurs  provisions  au  Magistrat,  qui 
a  été  contirmé  dans  cet  usage,  par  un  arrèst  du  Conseil  du  24  may  iG84. 

Quoyque  ces  derniers  ayeiit  tout  le  même  pouvoir  que  les  Notaires 
Royaux,  il  est  indispensable  d'entretenir  l'établissement  de  ceux  cy  pour 
le  service  des  François  qui  sont  dans  cette  ville  en  assés  grand  nombre;  les 
notaires  allemands  n'entendent  pas  assés  nôtre  langue  et  les  usages  du 
Royaume  leur  sont  trop  étrangers  pour  que  les  françois  puissent  les  em- 
ployer. 

Le  S"^  Maurice  Humbourg  n'est  nullement  propre  pour  celte  charge. 
A  l'égard  du  S^"  Jean  Robert,  comme  sa  dernière  profession  a  été  d'être 
Capitaine  d'Infanterie  pendant  dix  ans,  dans  un  Regiment  de  nouvelle  le- 
vée, j'avais  peine  à  me  persuader  qu'il  pût  encore  se  souvenir  des  principes 
de  la  pratique,  qu'il  dit  avoir  appris  dans  les  Etudes  de  plusieurs  Notaires 
de  Paris;  je  l'ay  fait  examiner  par  mon  subdelegué,  en  présence  de  plu- 
sieurs habiles  notaires  du  Magistrat,  il  s'est  trouvé,  à  mon  grand  etonne- 
ment,  capable  de  cette  fonction,  ainsi  que  vous  le  verres  par  le  certifficat 
que  je  vous  envoyé,  j'y  joins  une  copie  des  provisions  de  feu  jean  Joseph 
humbourg.  Il  ne  faut  pas  s'attendre  qu'il  se  présente  pour  remplir  cette 
place  aucun  particulier  de  ceux  établis  icy,  qui  soit  plus  habile  que  le 
S'"  Robert  et  encore  moins  qu'il  en  vienne  de  dehors,  ainsy  je  crois  M.  que 
vous  ne  pouvés  mieux  faire  que  de  choisir  le  S""  Robert  et  de  luy  expedier 
des  provisions.  Je  suis  etc. 


Au  Conseil  du  dedans  du  Royaume. 

Le  22  Mars  1717. 

Je  dois  rendre  compte  au  Conseil  des  ecclaircissements  qui  m'ont  été 
demandés  par  la  lettre  du  11  janvier  dernier  sur  le  placet  cy  joint. 

Il  est  présenté  au  nom  de  deux  Gentilshommes  d'Alsace  qui  sont,  les 
S""^  philippe  de  Ferrette  et  jean  Jacques  de  Reichenstein'.  Ils  demandent  la 
permission  de  vendre,  aliener  ou  hipotequer  quelques  fiefs  qu'ils  disent 
être  tenus  par  eux  dans  la  mouvance  du  Roy,  aux  environs  des  lieux  de 
Thann  et  d'Altkirch ,  ils  exposent  qu'ils  ont  des  intérêt  de  famille  à  demê- 


1.  Les  Ileidi  de  üeiclu'iLstein  datent  du  treizième  siècle;  ils  prennent  leur  nom  d'un 
château  détruit  entre  Milnchenstein  et  Birscck,  sur  la  terre  de  l'évôchè  de  Bùle;  ils 
étaient  cliambellans  de  l'Éfrlise  de  Bâie. 


—  os- 
ier et  qu'ils  ne  peuvent  les  régler  qu'autant  que  cette  grâce  leur  sera  ac- 
cordée. Pour  l'obtenir  plus  aisément,  ils  font  valoir  les  services  dans  les 
Troupes  du  Roy  de  plusieui's  Gentilshommes  de  leur  famille. 

Je  crois  devoir  dire  dabord  que  les  fiefs  dont  il  s'agit,  sont  possédés  par 
le  Sr  Philippe  de  ferettc  seul,  qui  est  actuellement  chanoine  dans  l'Eglise 
de  Basle,  ce  qui  est  parfaitement  justiffié  par  l'acte  de  foy  et  hommage 
qu'il  en  a  prêté  au  Conseil  Supérieur  d'Alsace,  le  17  du  mois  de  janvier 
dernier.  J'en  joins  une  copie. 

Ce  chanoine  est  le  dernier  mâle  de  sa  famille,  sa  Sœur  est  mariée  au 
S""  de  Reichenstein  et  en  a  des  Enfants,  le  S"^  ferrette  voudroit  de  son 
vivant  leur  faire  passer  ces  fiefs,  et  c'est  l'objet  du  placet. 

Le  Conseil  est  informé  que  les  fiefs  d'Alsace,  mouvants  du  Roy,  sont  re- 
versibles à  Sa  W*^  et  qu'elle  en  peut  disposer  après  l'extinction  de  la  des- 
cendance masculine  du  premiei'  investi.  C'est  donc  une  grâce  qu'il  s'agit 
d'accorder. 

Pour  mettre  en  etat  le  Conseil  de  prendre  le  party  qui  sera  jugé  conve- 
nable, je  crois  qu'il  ne  me  reste  qu'à  expliquer  la  valeur  de  ces  fiefs,  les 
services  des  parents  de  ceux  au  nom  de  qui  le  placet  est  présenté,  et  l'Etat 
actuel  de  leur  famille. 

Les  fiefs  du  S""  de  ferrette  consistent  en  un  château  ou  maison,  situé  au 
lieu  de  Zillisheim,  quelques  rentes  en  grains  et  des  fours  de  Terres  dans 
le  Bourg  de  Thann,  on  estime  que  le  tout  peut  produire  4  à  5  C  S"  de 
rente.  Ce  detail  se  trouve  dans  le  dénombrement  qui  a  été  donné  le  14 
Septembre  1712  par  jean  gaspard  de  ferrette,  frère  de  celuy  d'aujourd'hui , 
en  conséquence  de  la  foy  et  hommage,  prêté  par  le  premier  le  jour  précè- 
dent. J'envoye  copie  de  ces  pièces. 

Le  Sr  ferrette  Chanoine  a  eu  un  frère  Officier  dans  le  Regiment  Suisse 
de  Greder,  qui  a  été  tué  dans  Lille,  leur  père  commun  Gaspard  a  été  suc- 
cessivement Capitaine  de  Cavalerie  dans  le  Regiment  de  Roltembourg  et 
Lient.  Colonel  du  Regiment  de  milice  de  la  haute  Alsace.  Le  S'' de  Reichen- 
stein, qui  parle  dans  le  placet,  a  luy  même  servi  quinze  ans  dans  le  Regimt. 
d'Alsace. 

Ce  dernier  a  quatre  garçons,  en  bas  âge,  et  il  assure  qu'il  les  destine  à 
porter  les  armes  dans  le  service  du  Roy. 

Je  ne  pus  m'empescher  de  penser  qu'il  convient  d'attirer  autant  que 
faire  se  peut  la  Noblesse  de  ce  Pays  dans  les  Trouppes  de  S.  M'".  Il  est 
connu  que  par  raport  à  la  conformité  de  la  langue  et  de  mœurs,  les  gen- 
tilshommes d'Alsace  se  portent  volontiers  à  prendre  de  l'Employ  chez  les 
P  rinces  de  l'Empire. 


—  54  — 

Pour  revenir  à  la  demande  contenue  dans  le  placct,  le  Conseil  me  per- 
mettra de  dire  qu'il  me  paroit,  qu'eu  égard  à  la  médiocrité  du  fief,  et  aux 
services  de  plusieurs  personnes  de  la  famille  de  celuy  qui  le  possède,  j'es- 
time qu'il  convient  parfaitement  que  S.  M^«'  ait  la  bonté  d'en  accorder  la 
Survivance  au  S^  de  Reichenstein,  qui  a  plusieurs  Enfants  en  etat  de 
servir. 

Je  dois  cependant  remarquer  que  dans  le  placet,  on  ne  demande  autre 
chose  que  de  pouvoir  aliener  ou  hypothéquer  le  fief,  par  raporl  à  des  in- 
térêts de  famille  qui  sont  à  régler.  Le  S""  de  ferrelle  devait  parler  plus  nette- 
ment et  proposer  à  sa  M^^  qu'il  luy  plût,  parles  considérations  qui  viennent 
d'être  exphquées,  d'en  donner  la  survivance  à  son  beau  frère;  je  ne  puis 
douter,  sur  ce  qui  m'a  été  dit,  que  ce  ne  soit  sa  vue,  mais  il  convient  qu'il 
le  dise  au  Conseil,  c'est  pourquoy  dans  les  circonstances  présentes,  je  me 
réduis  à  proposer  qu'il  plaise  au  Conseil,  faire  repondre  au  S^  de  ferrette 
sur  son  placet  que  S.  M'«'  ne  veut  pas  permettre  que  le  fief  puisse  être 
vendu,  ni  aliéné,  ce  qui  est  absolument  contraire  à  la  nature  de  ces  sortes 
de  biens  et  pourroit  tirer  à  conséquence,  mais  que  si  le  S""  de  ferrette  veut 
le  faire  passer  au  S''  de  Reichenstein  son  beau  frère,  et  que  celuy  cy  soit 
dans  le  dessein  de  mettre  ses  Enfants  dans  le  service,  Sa  M'"'  accordera 
cette  faveur,  aussitôt  que  le  S^  de  Reichenstein  aura  fait  prendre  ce  party 
à  l'un  de  ses  fils.  Je  suis  etc. 


A  M.  Desforts  ^  le  H  May. 

Je  dois  rendre  compte  au  Conseil  de  la  manière  dont  se  sont  conduits 
jusqu'icy,  les  Officiers  du  Directoire,  au  Conseil  de  la  Noblesse  de  la  basse 
Alsace,  par  ra()ort  aux  impositions  qu'ils  sont  en  usage  de  faire  sur  quatre 
vingt  villages  qui  dépendent  de  leur  matricule,  et  des  mesures  que  j'es- 
time devoir  être  prises  pour  mettre  une  regle  certaine  dans  cette  adminis- 
tration. 

Ce  tribunal,  appelé  Directoire  ou  Conseil  de  la  Noblesse  de  la  basse 
Alsace,  était  établi  longlèms  avant  que  le  Roy  fut  le  maître  de  la  Province, 
chaque  Corps  de  la  noblesse  immédiate  dans  l'Empire,  en  a  un  pareil. 

Le  feu  Roy  par  ses  letli'es  patentes  du  mois  de   décembre  1C8Ü  et  du 


1.  Michel  Robert  Lepelletier  des  forts,  contrôleur  f^ônéral  des  finances  de  1706  à  1730. 
Au  moment  où  l'intendant  d'Alsace  lui  ôcrit,  il  occupait  6videmmcnt  déjà  l'une  des  posi- 
tions supérieures  dans  le  Conseil  du  dedans. 


-  55  — 

mois  de  may  1681,  a  confirmé  le  Conseil  de  la  basse  Alsace  dans  sa  Juris- 
diction et  luy  donne  le  pouvoir  de  juger  les  causes  des  Nobles,  à  l'exemple 
des  Presidiaux  du  Royaume,  en  dernier  ressort,  jusqu'à  concurrence  de 
250  et  500  U  par  provision.  Dans  les  cas  ordinaires  on  appelle  du  Conseil 
de  la  Noblesse  au  Conseil  supérieur  de  Colmar. 

Dans  les  Lettres  patentes  de  1680  il  est  expressément  porté  que  la  No- 
blesse pourra  imposer  et  faire  lever  sur  tous  les  habitants  de  sa  dépen- 
dance, les  sommes  de  deniers  que  Sa  M'«  leur  permettra  d'imposer,  et  (jui 
seront  jugées  nécessaires  pour  le  payement  des  dettes  communes,  après 
néanmoins  qu'il  aura  été  justiffié  devant  l'Intendant  de  la  nécessité  de 
l'jmposition. 

Il  y  avoit  dès  lors  une  imposition  connue  et  ordinaire,  c'est  celle  de 
l'entretien  des  officiers  du  Directoire,  Il  était  naturel  de  la  faire  regder  par 
sa  W'^.  C'est  ainsy  qu'en  ont  usé  M.  le  Cardinal  de  furstemberg'  pour 
l'Evêché  de  Strasbourg,  M.  le  Comte  de  hanau  et  M.  le  Prince  de  Bircken- 
feld,  tous  trois  en  différents  têms,  ont  obtenu  des  Lettres  patentes,  par  les- 
quelles Sa  Majesté  leur  a  permis  de  lever  annuellement  4000  'u,  sur  les 
habitants  de  leurs  Terres,  pour  l'entretien  des  Officiers. 

Ceux  du  Directoire  de  la  Noblesse  ont  négligé  cette  précaution  et  ont 
toujours  imposé,  de  leur  seule  authorité,  ce  qu'ils  ont  jugé  à  propos  pour 
les  frais  de  leur  Tribunal,  quoyque  le  contraire  leur  fût  prescrit  par  les 
Lettres  patentes  de  1680. 

Ils  ont  néanmoins  usé  de  quelque  modération  pendant  les  premiers 
têms,  et  jusqu'en  1700,  ils  n'ont  fait  lever  que  10000^  ou  environ  par  an. 
Depuis  cette  époque  il  n'y  a  plus  eu  de  mesures,  et  ils  ont  poussé  les  im- 
positions jusques  à  30  et  40  mille  hvres  dans  une  seule  année  et  qu'ils  ont 
même  continué  depuis  la  paix. 

Il  y  a  plus,  depuis  20  ans  ils  ont  emprunté  plusieurs  sommes,  au  nom 
de  la  Noblesse,  et  ces  dettes  contractées  montent  actuellement  en  princi- 
pal à  la  somme  de  70  mille  livres,  ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  quoy- 
que la  plus  grande  partie  des  fonds  empruntés  ayent  été  employés  pour 
les  frais  de  deux  procès  de  Jurisdiction,  soutenus  contre  le  magistrat  de 
Strasbourg  et  le  Parlement  de  Metz,  ou  autres  dépenses  concernant  uni- 
quement la  Noblesse,  on  prétend  néanmoins  que  c'est  aux  habitants  des 
80  villages  de  la  matricule  à  payer  le  tout,  sans  qu'il  en  coûte  rien  aux 
Gentilshommes  et  en  effet  le  Directoire  en  a  dcja  imposé  les  intérêts  pen- 
dant plusieurs  années;  on  fait  valoir  à  ce  sujet,  la  supériorité  territoriale 

1.  Guillaume  Egon  de  Furstemberg ,  évêque  de  Strasbourg,  1682-1704. 


—  5fi  — 

dont,  les  Gentilsliommes  de  la  bosse  Alsace  jouissoient  autrefois  sur  leurs 
Ten  es,  au  moyen  de  quoy  ils  pouvoient  mettre  sur  leurs  sujets  telles  char- 
ges que  bon  leur  semblait.  Je  crois  pouvoir  an  moins,  quant  à  présent, 
me  dispenser  de  raisonner  sur  l'usage  qu'on  doit  faire  sous  la  domination 
du  Ivoy,  de  ces  privilèges  de  la  supériorité  territoriale. 

Dès  que  ces  desordres  me  furent  connus,  je  m'en  expliquay  avec  les 
Officiers  du  Directoire  et  je  les  ay  conduit  au  point  de  convenir  de  l'irre- 
gulnrilé  ijui  se  rencontrait  dans  tout  ce  qu'ils  avoicnt  fait  jusqu'icy  et  à 
travailler  à  établir  un  ordre  certain  dans  leurs  affaires. 

Pour  cet  effet  ils  ont  tenu  une  assemblée  extraordinaire  à  laquelle  ils 
ont  appelle  huit  Gentilsliommes  qui  leur  ont  été  donnés  pour  Conseil,  par 
tout  le  Corps  de  la  Noblesse  qui  fut  convo(iué  en  1699. 

Il  a  été  deliliéré  cl  sur  les  charges  annuelles  et  sur  les  moyens  d'acquit- 
ter les  dettes. 

Ouant  aux  dépenses  annuelles  le  Conseil  de  la  Noblesse  demande  de 
pouvoir  imposer  chaque  année  de  22592  ïï  pour  les  usages  expliqués  dans 
un  memoire  que  je  mettray  dans  ce  paquet. 

A  l'égard  des  dettes  contractées  montant  à  70  mille  livres,  on  demande 
à  imposer  10000  iï  par  an,  tant  pour  le  principal  que  pour  les  intérêts, 
jusqu'à  ce  que  les  Créanciers  soient  payés. 
'  Sur  le  premier  ailicle  j'estime  qu'il  suffit  de  permettre  une  imposition 
annuelle  de  17  812  ïï\  Je  joins  encore  un  memoire  des  parties  qui  peuvent, 
à  mon  sens,  être  retranchées  avec  un  projet  d'arrest,  dans  lequel  est  ex- 
pli(jué  l'Employ  de  la  Somme  que  je  propose  qu'il  soit  permis  d'imposer. 

Sur  ce  qui  cuncenie  les  dettes  contractées  je  crois  qu'avant  toutes 
choses  il  faut  en  connaître  l'Etendue  et  pour  cela  en  faire  une  veriffication 
dans  les  formes  ordinaires,  et  c'est  dans  ce  sens  que  j'ay  aussi  dressé  un 
projet  d'arrest  que  vous  trouvères  dans  les  pièces. 

Je  crois  que  sur  le  premier  qui  concerne  l'imposition  annuelle,  il  fau- 
di'a  des  lettres  patentes  addressées  au  Conseil  de  Colmar. 

Je  ne  dois  pas  omettre  de  vous  dire  M^  que  j'ay  communiqué  tout  ce 
detail  à  M.  le  M'''''  d'huxelles,  qui  m'a  paru  penser  conmie  moy. 

Je  suis  etc. 

A  M.  Desforts  le  i3  may  ilil. 

.M.  Il  se  fiiit  fictuellemenl  sur  les  Conniiniinutés  qui  dépendent  de  l'Eve- 
cIm;  de  Strasbourg,  une  inqiosifiun  Ai'  50111  «?' par  nii,  pour  l'acquittement 
des  di;ttes  cy  devnnt  lii|ni(lées  et  cette  imj)()silion  doit  durer  j'usqu'en  1722 


-  57  " 

inclusivement,  en  examinant  cette  aiïaire  il  m'a  paru  (jue  dans  son  arran- 
gement il  manqnoit  quelque  chose  du  coté  delà  foi  me,  je  m'inquietc  peut- 
être  mal  à  propos,  mais  quoy  qu'il  en  soit  je  vous  suplie  de  me  permettre 
de  vous  expliquer  le  fait  en  deux  mots. 

En  conséquence  d'un  arrest  du  Conseil  rendu  en  1687,  M.  de  la  Grange 
Intendant  d'Alsace  et  M.  Obrecht'  Prêteur  Royal  de  Strasbourg,  travail- 
lèrent <à  la  liquidation  des  dettes  de  l'Eveché  qui  se  trouvèrent  monter, 
pour  les  baillages  en  deçà  du  Rhin,  en  principaux  et  intérêts  à  la  somme 
de  417921  S".  Dans  leur  procès  verbal,  datte  du  29  mars  1G94,  il  est  dit 
que  cette  somme  sera  imposée  en  huit  années  consécutives,  qui  ne  com- 
menceront qu'à  la  paix. 

En  1699  il  intervint  un  second  arrest  du  Conseil  du  11  7''^'^  portant  que 
par  M.  de  la  fond  il  seroit  arrêté  de  nouveau  un  Etat  de  ce  qui  était  du 
aux  Créanciers  et  que  l'imposition  en  seroit  faite  en  dix  années  consécu- 
tives. Il  avait  couru  des  intérêts  depuis  1694  jusqu'en  1699,  c'est  ce  qui 
faisait  la  matière  du  travail  de  M.  de  la  fond. 

Suivant  son  procès  verbal  dalté  du  20  janvier  1700  il  était  du  aux  Cré- 
anciers 501113,  dont  il  ordonne,  conformément  à  l'arrest  du  Conseil,  que 
l'imposition  sera  faite  dans  dix  ans. 

En  effet  en  1700  par  M.  de  la  fond  et  en  1701  par  M.  de  la  houssaye, 
il  a  été  imposé  50111  It  au  profit  des  Créanciers  et  ils  en  ont  touché  ce 
fonds,  au  moyen  des  Etats  de  distribution  arrêtés  par  l'un  et  l'autre. 

En  1702  la  guerre  étant  revenue  cette  imposition  a  été  surcise  jusqu'à 
la  paix. 

Il  est  néanmoins  arrivé  que  Mad®  la  Comtesse  de  furstenberg  qui  restoit 
créancière  de  l'Evêché  de  la  Somme  de  60411  U  9^  A'^,  obtint  en  1700 
des  ordres  particuliers  du  Roy  pour  être  payée,  ce  qui  a  été  exécuté,  au 
moyen  de  l'imposition  qui  a  été  faite  de  cette  partie  en  plusieurs  années, 
depuis  1707  jusqu'en  1713  inclusivement. 

Après  la  paix  de  Baden  les  Créanciers  ont  demandé  qu'on  recommençât 
à  imposer  ce  qui  leur  était  du,  et  ils  pretendoient,  non  sans  raison,  des 
intérêts  nouveaux  pour  le  têms  de  surseance  depuis  1702  jusqu'en  1715. 
C'est  ce  que  M.  de  la  houssaye  expose  dans  une  lettre  à  feu  M.  le  Chance- 
lier du  10  janvier  1715  et  faisant  en  même  têms  connoître  que  ces  der- 
niers intérêts  qui  auraient  monté  à  plus  de  200  mille  livres,  seraient 
trop  à  charge  aux  Communautés,  il  dit  que  les  Créanciers  se  contenteront 


I.  Ulric  Obrcclit  fut  prêteur  royal  do  Strasbourg-  après  la  réuuiou:  mori  ru  1701. 


-  58  — 

que  dans  l'imposition  qui  sera  faite,  on  ne  diminue  point  la  partie  de 
60411  «  1>  i<^  payée  à  Mad^  la  Comtesse  de  furstenberg,  en  sorte  que 
l'excédent  qui  en  résultera,  soit  partagé  entre  eux  tous,  ce  qui  leur  tien- 
dra lieu  de  dédommagement  pour  le  retardement  du  payem^.  Cet  expé- 
dient parait  avoir  été  approuvé  par  M.  le  Chancelier,  par  une  réponse  à 
M.  de  la  lioussaye  du  2  février  1715. 

Dès  la  même  année  M.  de  la  houssaye  a  commencé  à  imposer  50111  Si" 
sans  aucune  diminution  de  ce  qui  a  été  payé  à  Mad^  la  Comtesse  de 
furstemberg,  j'ai  continué  de  même  pour  1716  et  1717,  et  comme  j'ay  dit, 
celte  imposition  doit  durer  jusques  et  compris  1722. 

Il  est  très  certain  qu'en  s'en  tenant  littéralement  aux  arrêts  du  Conseil 
et  à  la  procédure  de  liquidation  de  M.  de  la  fond;  nous  imposons  60  411  U, 
plus  qu'il  ne  paroit  être  dû  aux  Créanciers.  J'entends  bien  que  c'est  pour 
leur  tenir  lieu  des  intérêts  qui  ont  couru  depuis  1702  jusqu'en  1715,  mais 
je  ne  trouve  rien  de  bien  décisif  la  dessus  dans  la  lettre  de  M.  le  Chance- 
lier du  2  janvier  1715.  Je  ne  sais  même,  si  en  matière  d'imposition,  on  ne 
doit  pas  désirer  autre  chose  qu'une  lettre. 

Il  y  a  plus,  je  demande  où  est  l'acte  par  lequel  les  créanciers  ont  con- 
senti que  les  nouveaux  intérêts  qu'ils  avoient  légitimement  à  prétendre, 
fussent  réduits  à  60411  U.  Il  n'en  paroit  point  et  je  sçais  qu'il  n'y  en  a 
jamais  eu;  ne  peut-on  pas  craindre  qu'après  l'expiration  des  cinq  années 
pendant  lesquelles  l'imposition  doit  encore  durer,  les  Créanciers  ne  se 
reveillent  et  ne  demandent  qu'elle  soit  continuée  pour  raison  de  ces 
intérêts. 

C'est  ce  qu'il  me  semble  qu'on  pourroit  prévenir,  en  rendant  un  arrêt 
du  Conseil,  dont  je  prends  la  liberté  de  joindre  icy  le  projet. 

Je  mets  encore  dans  ce  paquet  toutes  les  autres  pièces  dont  j'ay  parlé 
dans  cette  lettre.  J'ay  à  vous  suplier  de  vouloir  bien  me  les  renvoyer 
(|uund  vous  en  aurés  fait  l'usage  que  vous  jugerés  convenable. 

Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'Hiixellcs. 

Le    10  .liiiii    1717. 

Je  dois  repondre  Mg'"  à  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de 
m'ecrirc  le  2  du  mois,  accompagnée  de  la  copie  cy  jointe  de  celle  du 
grand  Maitre  de  l'ordre  Teutonique,  qui  demande  que  le  village  de  Uied- 
zeltz,  .<ilu('  dans  le  Mnndal  de  Weissembourg,  luy  soit  restitué,  comme 


-  59  - 

appartenant  à  son  ordre,  ou  que  du  moins  ce  lieu  soit  exempt  de  toutes 
impositions  et  qu'il  ait  la  liberté  d'y  niellre  un  IJailiy. 

Deux  raisons  s'opposent  à  la  restitution,  l'une  que  la  communauté  de 
Riedseltz  est  située  constamment  en  Alsace,  puisqu'elle  est  du  Mundal  de 
Weissembourg,  et  que  sa  W^  aux  termes  du  Traité  de  Uiswick,  ne  doit 
restituer  des  lieux  reunis  que  ceux  qui  sont  hors  de  l'Alsace,  l'autre  que 
le  Mundat  de  Weissembourg  est  de  la  dépendance  de  la  préfecture  de  ila- 
guenau,  dont  la  souveraineté  a  été  cédée  au  Roy  dans  les  termes  les  plus 
formels  par  le  Traité  de  Munster.  On  trouve  à  l'hôtel  de  Weissembourg  un 
livre  contenant  les  statuts  et  privilèges  de  la  justice  du  xMundat  de  l'année 
1568,  dans  lequel  il  est  dit  que  dix  huit  villages  le  composent  et  celuy  de 
Riedseltz  y  est  nommé  comme  tel.  On  y  trouve  aussi  une  prestation  de 
serment  de  tout  le  iAIundat  du  21  Avril  1653  entre  les  mains  de  M.  le 
Comte  d'Harcourt  en  sa  qualité  de  grand  liailly  d'IIaguenau ,  et  encore 
une  pareille  prestation  de  serment  du  29  avril  1662  entre  les  mains  de 
M.  le  Marquis  de  Ruré,  sous  Bailly  pour  M.  le  Duc  de  Mazarin. 

Quant  à  la  franchise  des  impositions,  le  grand  Maitre  de  l'Ordre  Teuto- 
nique  se  sert  de  l'exemple  de  ce  qui  se  pratique  pour  Lauterbourg,  Alten- 
statl  et  S'  Remy,  dont  la  Souveraineté  est  contestée  par  l'Evêque  de 
Spire,  et  pour  les  Baillages  de  Seltz  et  de  Gouttemberg,  que  l'Electeur 
Palatin  reclame,  il  prétend  encore  que  le  Roy  de  Suède,  comme  Duc  des 
Deux-Ponts,  possède  dans  le  Mundat  de  Weissembourg  des  villages  qui  ne 
sont  point  imposés.  Il  se  trompe  sur  le  dernier  fait  à  l'égard  des  Terres 
qui  appartiennent  proprietairement  à  l'Electeur  Palatin  et  à  l'Evêque  de 
Spire,  il  est  vray  que  pendant  le  têms  que  la  paix  de  Riswick  a  duré  et 
depuis  celle  de  Baden,  on  ne  leur  a  demandé  aucuns  subsides  de  la  part 
du  Roy.  Je  n'en  vois  d'autre  raison,  si  ce  n'est  que  S.  M'^  a  voulu  user  de 
ménagement  pour  ces  Princes,  dans  l'espérance  que  les  lieux  disputés 
luy  seroient  bientôt  adjugés,  comme  il  ne  peut  manquer  d'arriver,  si  l'af- 
faire est  décidée  d'une  manière  impartiale.  Il  est  hors  de  doute  que  si  la 
Souveraineté  du  Roy  est  une  fois  reconnue  dans  ces  Terres  appartenantes 
proprietairement  à  l'Electeur  Palatin  et  à  l'Evêque  de  Spire,  S.  M^*^  sera 
en  droit  de  les  faire  comprendre  dans  les  impositions. 

11  ne  servira  de  rien  à  ces  Princes  d'objecter  leur  prétendue  supériorité 
territorialle,  qui  est  absolument  incompatible  avec  la  Souveraineté  du 
Roy,  encore  leur  pourrait-on  dire  que  comme  leurs  Terres  contribuent 
aux  besoins  de  l'Empire,  par  l'imposition  des  mois  Romains,  de  même 
celles  qu'ils  possèdent,  sous  la  domination  du  Roy,  doivent  participer  aux 
charges  du  Royaume. 


—  60  — 

On  a  les  mêmes  égards  pour  la  Terre  de  Benlieim,  appartenante  à  la 
maison  de  IJaden,  et  on  ne  la  comprend  point  dans  les  impositions  d'Al- 
sace. Je  ne  puis  imaginer  sur  quoy  cela  s'est  fait,  puisque  la  Souveraineté 
du  Roy  sur  15enheim  est  incontestable,  il  seroit  bon  Mg^,  que  vous  eussiés 
agréable  de  me  marquer  si  l'intention  de  Mg""  le  Regent  est  que  l'on  con- 
tinue à  en  user  ainsy. 

Je  trouve  encore  une  différence  entre  les  exemples  cy  dessus  raportés 
et  la  prétention  du  grand  Maître  de  l'ordre  Teutonique  que  pour  exemp- 
ter Riedseltz,  puisque  c'est  un  droit  dépendant  de  la  haute  justice,  et  que 
tous  les  Seigneurs  d'Alsace  en  jouissent,  je  ne  sçache  pas  qu'on  les  ait  jamais 
inquiété  la  dessus,  j'entrevois  néanmoins  ce  qu'il  veut  dire.  J'ay  établi  un 
Subdelegué  dans  la  basse  Alsace,  c'est  le  Prêteur  de  Landau,  il  voudroit 
que  cet  officier  ne  pût  envoyer  aucun  ordre  à  Riedseltz,  cela  seroit  bon 
si  ce  village  sortoit  de  la  souveraineté  du  Roy,  mais  sa  prétention  n'est 
pas  soutenable,  tant  que  l'autorité  du  Roy  y  sera  reconnue. 

Je  dois  vous  dire  Mg^  que  les  habitants  de  Riedzeltz,  excités  par  le 
Commandeur  de  Wissembourg  et  les  Officiers  du  grand  Maître,  se  rendent 
toujours  refusants  de  payer  les  impositions  et  que  depuis  que  je  suis  en 
Alsace ,  on  a  été  obligé  d'emprisonner  les  principaux  habitants  pour  les 
y  contraindre,  c'est  ce  qui  me  fait  penser  qu'il  est  absolument  nécessaire 
(jue  vous  ayiés  agréable  de  détromper  M.  le  grand  Maître  de  l'Ordre  Teu- 
tonique des  idées  qu'on  luy  a  mal  à  propos  données  sur  son  droit  à  Ried- 
zeltz. M.  de  Klinglin  m'a  envoyé  sur  cette  affaire  un  memoire  qui  m'a  paru 
ti'ès  bon;  je  le  joins  icy.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'IIuxdles. 

Le    li  8bic  1717. 

Je  dois  Mg"",  réponse  à  une  lettre  que  vous  ra'avés  fait  l'honneur  de 
m'ecrire  le  14  du  mois  d'aoust  dernier,  en  me  renvoyant  l'Extrait  cy  joint 
d'une  de  M.  le  M'^  d'Avaray,  par  laquelle  il  vous  rend  compte  des  instan- 
ces qui  luy  ont  été  faites  par  les  Députés  de  Basle,  pour  qu'il  soit  permis 
aux  habitants  de  ce  Canton  de  tirer  des  bestiaux  d'Alsace. 

C'est  par  un  arrest  du  17  juin  dernier,  dont  je  mets  un  exemplaire  dans 
ce  paquet,  que  la  sortie  des  bestiaux  de  toute  espèce  a  été  interdite,  mais 
vous  pourrés  remarquer  qu'à  la  fin  du  même  arrêt,  la  Comté  de  Bour- 
gogne est  excepté  de  cette  Règle,  ce  ne  peut-être  (juen  faveur  des 
Suisses  et  par  la  considération  que  les  grains  et  les  vins  qu'ils  viennent 


—  (vi    — 

achetter  sur  nos  frontières  sont  d'un  tel  objet  qu'on  a  cru  ([u'il  était  im- 
portant de  ne  les  pas  rebuter.  Il  est  à  croire  aussi  que  les  bestiaux  sont 
abondants  et  à  un  prix  raisonnable  en  francbe  Comte. 

Toutes  les  mêmes  raisons  existent  icy  pour  qu'il  en  soit  usé  de  même 
en  Alsace,  par  raport  à  la  sortie  des  bestiaux,  dont  les  prix  commencent 
à  baisser  considérablement. 

Au  surplus  Mg"",  il  est  très  certain  que  les  Peuples  d'Alsace  tirent  eux- 
mêmes  beaucoup  de  bestiaux  de  Suisse,  où  il  y  en  a,  comme  tout  le 
monde  sçait,  grande  abondance,  on  ne  peut  par  conséquent,  à  mon 
sens,  craindre  en  aucun  têms  que  les  Suisses  en  fassent  des  aclials 
trop  considérables  dans  la  province.  Tout  l'objet  de  la  demande  des 
baslois  n'est  que  pour  avoir  la  liberté  d'en  tirer  quelques  bœufs  et  vacbes 
maigres  qu'il  font  engraisser  dans  leurs  pâturages  et  nous  revendent  en- 
suite. Ils  ont  aussi  besoin  de  cochons  et  effectivement  c'est  sur  celte 
espèce  de  bestiaux  que  M.  le  M'^  d'Avaray  appuyé  davantage  dans  sa 
lettre. 

Quant  à  moy,  je  crois  que  sans  aucun  inconvénient,  on  peut  donner  aux 
Suisses  la  satisfaction  qu'ils  demandent,  que  du  moins  on  ne  peut  pas  la 
leur  refuser  pour  les  cochons. 

Si  la  liberté  de  tirer  des  bestiaux  d'Alsace  leur  est  donnée  en  gênerai , 
il  faut  y  pourvoir  par  un  arrest  du  Conseil,  particulier  pour  cette  pro- 
vince, comme  il  a  été  pratiqué  pour  la  franche  Comté.  Si  l'on  ne  se  re- 
lâche que  pour  les  cochons,  je  crois  qu'il  suffira  que  j'en  sois  instruit  par 
une  lettre  du  Conseil  des  finances,  surquoy  je  rendray  une  ordonnance. 

Je  suis  etc. 

A  M.  le  Maréchal  d'Huxelles. 
Le  14  octobre  !7I7. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  Mgr,  de  me  renvoyer  le  23  de  juillet  dernier 
le  placet  cy  joint,  par  lequel  les  jésuites  de  fribourg  qui  ont  été  remis  en 
possession  des  Prieurés  d'Oelemberg  et  de  S'  Morand,  demandent  à  ceux 
de  Strasbourg  la  restitution  des  fruits  qui  ont  été  perçus  par  ces  derniers, 
depuis  le  jour  de  la  signature  de  la  paix  de  Baden ,  jusqu'à  celuy  qu'ils  ont 
quitté  ces  deux  bénéfices,  les  jésuites  de  fribourg  demandent  encore  les 
Titres  dont  ils  disent  que  ceux  de  Strasbourg  sont  restés  saisis. 

Sur  l'article  des  Titres  les  jésuites  de  Strasbourg  repondent  que  lors  de 
la  déclaration  de  la  dernière  guerre,  ceux  de  fribourg  firent  porter  à 
Porenti*uy  chez  les  Jésuites  tous  les  effets  mobiliaires  et  papiers  qu'ils 


—  62  — 

avoicnl  dans  ces  deux  maisons,  qu'à  la  vérité  lorsque  les  Peres  du  College 
de  Strasbourg-,  pendant  leur  jouissance,  ont  eu  besoin  de  quelques  Titres, 
ils  les  ont  demandés  aux  jésuites  de  Porentruy  qui  les  leur  ont  confiés. 
Ils  ajoutent  que  lorsque  les  jésuites  de  fribourg  sont  rentrés  en  posses- 
sion d'Œlemberg  et  de  S'  Morand,  tous  les  papiers  et  documents  qui 
étaient  dans  ces  maisons,  y  ont  été  laissés,  le  procureur  du  College  de 
Strasbourg,  représente  même  doux  inventaires  des  pièces  qui  concernent 
S'  Morand,  au  bas  desquels  sont  deux  récépissés,  l'un  du  Père  Steinard, 
Vice-Recteur  du  Collège  de  fribourg  du  27  8^'''^  1716  et  l'autre  du  frère 
Zwing  du  même  College  du  10  9^"^*-'  suivant;  quant  aux  Titres  du  Prieuré 
d'Œlemberg,  le  même  procureur  dit  que  le  Père  Steinard  ,  qui  vint  l'année 
passée  sur  les  lieux,  ne  voulut  pas  entrer  dans  le  même  détail,  mais  que 
les  jésuites  de  Strasbourg,  avant  de  sortir  de  la  maison ,  eurent  la  pré- 
caution de  faire  voir  au  Receveur,  qui  exerce  cet  Employ  depuis  trente 
ans  que  les  papiers  étaient  en  ordre  dans  les  archives. 

On  ne  peut,  ce  me  semble  Mg'",  douter  de  ce  fait,  au  moyen  de  quoy  je 
pense  que  si  les  jésuites  de  fribourg  continuent  à  demander  des  papiers, 
il  faut  qu'ils  envoyent  icy  quelqu'un  pour  s'en  expliquer  avec  les  jésuites 
de  Strasbourg,  où  ils  pourront  voir  les  inventaires  que  ceux  cy  ont  pour 
S^  Morand ,  et  faire  venir  le  Receveur  cité  pour  Oelemberg. 

Quant  à  la  restitution  des  fruits  depuis  la  paix,  les  jésuites  de  Stras- 
bourg se  deffendent  par  un  moyen  unique,  c'est  la  represaille  qu'ils  disent 
être  en  droit  d'exercer  pour  des  dépenses  du  Prieuré  de  Seltz,  dont  ils  ne 
jouissent  pas,  parce  que  l'Electeur  Palatin,  dans  les  Terres  de  qui  elles 
sont  situées,  les  empesche,  il  est  de  vôtre  connaissance  que  quoyquc  la 
Souveraineté  du  Roy  sur  le  Baillage  de  Seltz,  soit  parfaitement  établie, 
elle  n'est  pas  néanmoins  consentie  du  côté  de  l'Empire,  je  crois  à  parler 
naturellement  que  l'événement  de  la  question  qui  a  été  élevée  sur  la  vali- 
dité ou  invalidité  de  l'union  faite  en  1091  du  Prieuré  de  Seltz  au  Collège 
de  Strasbourg,  dépend  fort  de  la  décision  qui  interviendra  sur  la  souve- 
raineté de  ce  Baillage;  vous  estes  informé  Mg"",  qu'un  abbé  Stephani,  aumô- 
nier du  feu  Electeur  Palatin  *  a  obtenu  en  1708  des  bulles  de  Rome  de  ce 
Bénéfice  de  Seltz,  mais  il  est  hors  de  doute  qu'elles  ne  peuvent  avoir  lieu 
si  ce  Pays  reste  au  Roy,  parce  que  l'union  qui  a  été  faite  dès  1691  par 
sa  W*^,  se  trouvera  dans  les  règles. 

Il  se  peut  fort  bien  que  cette  question  de  Souveraineté  ne  soit  pas  sitôt 
finie,  mais  il  me  paroît  qu'il  est  très  naturel,  qu'en  attendant,  les  jésuites 

1.  Jean  Guillaume,  électeur  palaliu.  brandie  de  Neubourg,  1C90 — 1710. 


-  03  — 

de  Strasbourg  retiennent  les  jouissances  qu'ils  ont  perçues,  depuis  lu  paix, 
de  S'  Morand  et  d'Oeleniberg-,  pour  les  dédommager  des  Revenus  dont 
ils  sont  privés  de  la  partie  du  Prieure  de  Seltz  qui  est  siluce  dans  le  Pala- 
tinat.  Comme  le  Père  Robinet  est  actuellement  à  Paris,  vous  pourrés  peut 
être  tirer  de  luy  des  éclaircissements  encore  plus  précis. 

Je  vous  envoie  cependant  le  memoire  qui  m'a  été  donné  icy.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Duc  de  JSoailles. 
Le  21  Octobre  1717. 

Vous  sçavés  Mg'"  que  M.  le  Prince  d'Armstalt,  a  épousé  depuis  quelques 
mois,  par  permission  du  Roy,  la  fille  unique  de  M.  le  Comte  de  Hanau, 
celuy  cy  possède  au  delà  du  Rhin,  vis  à  vis  du  fort  Louis  des  Terres  très- 
considerables  qui  sont  dans  la  mouvance  de  l'Evêché  de  Strasbourg, 
comme  ce  sont  des  fiefs  masculins,  il  est  hors  de  doute  qu'après  la  mort 
du  Comte  de  Hanau,  l'Evêque  de  Strasbourg  en  pourrait  disposer.  M.  le 
Cardinal  de  Rohan  *  signa  hier  un  Traité  par  lequel  il  s'engage  de  donner 
à  M.  le  Prince  d'Armstatt  l'Expectative  de  ces  fiefs. 

Les  conditions  sont  que  M.  le  Comte  de  Hanau  donne  à  S.  Em^^  en 
argent  comptant  et  en  trois  termes  de  six  mois  en  six  mois,  cent  mille 
ecus,  qui  doivent  être  employés,  suivant  la  délibération  du  Chapitre, 
sçavoir,  deux  cent  soixante  mille  livres  à  acquitter,  des  dettes  dont  l'Evêché 
avait  été  chargé  sous  W^  de  furstemberg.  Il  en  revient  200  mille  livres  à 
M.  le  Prince  de  Vaudemont  et  le  reste  à  un  autre  Créancier,  ce  qui  aug- 
mentera les  revenus  de  l'Evêché  de  quatorze  mille  francs  par  an,  au  profit 
de  M.  le  Cardinal  de  Rohan  et  de  ses  successeurs,  les  40  mille  livres  res- 
tants sont  destinés  pour  l'embelissemenl  de  la  maison  Episcopale  de 
Saverne,  il  y  a  de  plus  un  pot  de  vin  de  12  mille  Ecus  pour  S.  Em^«',  et  de 
plus  encore  M.  le  Comte  assure,  après  sa  mort,  des  biens  allodiaux  qu'il 
possède  en  Alsace  et  qui  valent  35  000  ïï  de  rente,  à  M.  le  Prince  de 
Rohan,  qui  pourra  les  reunir  à  la  Baronie  de  fleckenstein,  dont  il  a 
depuis  longtêms  l'Expectative  et  dont  il  jouira  sans  doute  bientôt,  puisque 
le  Baron  de  fleckenstein  ^  dernier  de  sa  Maison  a  85  ans,  les  Terres  de 

1.  Armand  Gaston  de  Rohan-Soubise,  évêque  de  Strasbourg,  1704-1749. 

2.  Henri-Jacques,  baron  de  Fleckensteln ,  de  la  branche  de  Soultz,  mort  en  1720.  Sa 
Seigneurie  passa  au  Cardinal  de  Rohan. 

Les  barons  de  Fleckenstein  remontent  au  douzième  siècle.  Au  treizième ,  ils  se  sépa- 
rent eu  trois  branches  :  celle  de  Dagstuhl,  de  Wolfram  et  de  Soultz.  Cette  dernière  avait 
réuni  au  dix-septième  siècle  tous  les  biens  de  l'ancienae  seigneurie. 


—  M    - 

fleckenstein  sont  composées  de  40  villages  et  en  têms  ordinaire  valent 
pins  (le  vingt  cinq  mille  livres  de  rente. 

M.  le  Cardinal  de  Uolian  donnera  l'investilnre  dès  qu'il  aura  louché  le 
premier  payement. 

Il  est  d'usage  en  Allemagne  que  les  Evêques  ne  peuvent  donner  l'Ex- 
pectalive  des  fiefs  mouvants  de  leurs  Bénéfices  que  du  consentement  de 
leurs  Chapitres,  et  ordinairement  les  Chapitres  n'entrent  dans  ces  sortes 
d'affaires  qu'à  condition  que  l'argent  (jui  en  provient  est  employé  utile- 
ment pour  l'Evêché,  c'est  aussi  ce  qui  vient  d'être  pratiqué  icy  pour  les 
cent  mille  Ecus  énoncés  dans  le  Conlract. 

M.  de  Hanau  n'a  olTert,  pendant  longlèms  que  20  mille  écus,  mais  heu- 
reusement pour  M.  le  Cardinal  de  Rohan,  Mad^  la  Princesse  de  Baden 
s'est  mise  sur  les  rangs,  pour  les  Princes  ses  Enfants,  et  cette  concur- 
rence a  porté  l'affaire  jusqu'au  point  où  elle  est  restée. 

Je  ne  dois  pas  omettre  de  dire  que  dans  l'investiture  les  Comtes  de 
Linange,  neveux  du  Comte  de  Hanau,  sont  appelles,  après  la  postérité 
mâle  de  Mad®  la  Pi'incessc  '  d'Armslall,  ou  en  cas  qu'elle  n'en  ait  point; 
comme  je  sçais  Mg"^  l'amitié  que  vous  avés  pour  M.  le  Cardinal  de  Rohan  , 
j'ay  cru  que  je  vous  ferais  plaisir,  en  vous  rendant  compte  de  cet  événe- 
ment. Je  suis  etc. 


A  M.  le  M' s  de  Brancas. 

Le    18   Nov-hre   1717. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  M"",  de  me  charger  à  Paris,  de  la  part  du 
Conseil,  de  rendre  compte  des  pièces  cy  jointes  qui  vous  ont  été  remises 
au  nom  de  M.  le  Comte  philippe  de  Löwenstein  abhé  de  Mourbachl 

Ce  Prélat  demande  qu'il  plaise  au  Koy  de  confirmer  l'abhé  et  l'abbaye 


1.  Cliarl()lt(;-Cliri.sliiu;  (de  IIaii;ii)-Liclilciil)org)  épousa  le  prince  (1(>  Darnislalt. 

2.  L'abbaye  de  Mnrbaeh  fondée  en  727  par  saint  Pirmiii ,  abbé  de  Reiclienaii,  sur  le 
ruisseau  du  Murbacii,  fui  ravagée  par  les  Hongrois  en  929.  Saint  Leger  patron.  Les  Carlo- 
vingicns  la  dotèrent;  elli'  possédait  la  vallée  de  Saiiit-Amarin,  Lncerne.  Prospérité  à  la 
fin  (lu  quinzième  siècle  lors  de  la  découverte  des  mines  de  fer. 

Ln  I5G0  Pie  IV  réunit  l'abbaye  de  Lure  à  colle  de  Murbacii.  Des  arcliiducs  dWnlriclie 
figurent  sur  la  liste  des  abbés.  Eberhard  de  Lœwenstcin  fonda  en  1699  la  verrerie  de 
Wildenstein  et  bâtit  le  cbàtean  de  We.sserling.  En  I7G4  Clément  XIII  .sécularise  l'abbaye. 
Lf  Chapitre  siège  à  Guebwiller.  L'abbé  était  prince  de  l'Empire.  Le  dernier  abbé  fut 
Benoit  dWndIau,  mort  en  ISaii  à  Kidi.-^läll. 


—  65  - 

de  Mourbach,  situé  en  Alsace,  dans  le  droit  d'avoir  une  Régence  pour 
exercer  en  seconde  instance,  la  justice  dans  les  Terres  de  cette  Maison,  à 
la  charge  néanmoins  de  l'appel,  tant  en  matière  civile  que  criminelle  au 
Conseil  Supérieur  d'Alsace. 

C'est  ce  qui  se  prati(pie  en  Allemagne,  où  les  Princes  et  Etats  immédiats 
de  l'Empire  font  rendre  la  justice  à  leurs  Sujets  au  premier  degré  j)ar  des 
Baillis,  et  au  second  par  des  Tribunaux  appelles  Régences  ou  Chancelleries, 
qui  connaissent  en  dernier  ressort  du  Criminel,  mais  dont  on  appelle  pour 
le  civil  aux  Chambres  jmpériales. 

Les  Seigneurs  qui  jouissent  de  l'immediateté  en  Alsace,  avant  que  cette 
Province  fût  au  Roy,  pouvaient  sans  difïîculté  avoir  des  Régences  parce 
que  c'est  une  prérogative  de  la  supériorité  territorialle,  tels  étaient  l'Evêque 
et  Prince  de  Strasbourg,  l'abbé  et  Prince  de  Mourbach,  le  Comte  de  Hanau 
et  le  Baron  de  fleckenstein.  La  maison  d'Autriche  avait  aussi  une  Régence, 
pour  les  Terres  qu'elle  possédait  en  haute  Alsace.  La  ville  de  Strasbourg 
et  les  dix  villes  jmpérialles  et  la  Préfecture  de  Ilagenau,  exerçaient  aussi 
par  leurs  Magistrats  dans  leur  Territoire,  la  justice  en  dernier  ressort  pour 
le  criminel,  et  à  la  charge  de  l'appel  pour  le  civil  au  Conseil  aulique,  ou  à 
la  Chambre  de  Wetzlaw. 

On  a  toujours  eu  pour  principe  icy  que  dès  que  le  Roy  a  été  Maître  du 
Pays,  tous  les  Seigneurs  d'Alsace,  Princes,  Comtes  immédiats  de  l'Empire 
ou  autres,  ont  élé  réduits  au  rang  de  Seigneurs  Hauts-justiciers,  c'est  ce 
qui  fait  qu'on  les  a  laissés  dans  l'usage  de  faire  rendre  la  justice  à  leurs 
vassaux  en  première  instance  par  les  Baillis;  mais  quant  aux  Régences  le 
Conseil  supérieur  de  la  Province  n'en  a  plus  voulu  reconnaître,  sur  le  fon- 
dement que  la  Supériorité  territoriale,  ne  peut  en  aucune  façon  s'accomo- 
der  avec  la  Souveraineté  du  Roy. 

En  effet  un  Seigneur  immédiat  en  Allemagne  est  en  quelque  façon  Em- 
pereur dans  ses  Terres,  il  peut  battre  monnoye,  fortiffier  des  Places,  con- 
tracter des  alliances  étrangères,  pourveu  qu'elles  ne  soient  pas  contraires 
aux  intérêts  de  l'Empire,  et  enfin  il  a  le  droit  de  Collecte,  c'est  à  dire  de 
faire  telles  impositions  que  bon  luy  semble  sur  ses  sujets,  celuy  de  glaive 
et  celuy  de  ressort.  Les  prérogatives  ne  peuvent  être  divisées  et  la  dernière 
tombe  avec  les  autres. 

C'est  sans  doute  cette  considération  qui  détermina  M.  le  Cardinal  de 
furstemberg  à  demander,  dès  les  premiers  tèms  au  Roy  pour  la  conserva- 
tion de  sa  Régence,  ce  qui  luy  fut  accordé  par  des  Lettres  patentes  du  mois 
de  7^re  1682,  M.  le  Comte  de  Hanau  a  depuis,  sur  des  considérations  par- 
ticulières, obtenu  la  même  chose  en  1707.  Cette  grâce  a  été  encore  accor- 

T.  X.  —  (M  ).  â 


—  66  - 

déc  au  Corps  de  la  Noblesse  immédiate  de  la  basse  Alsace,  par  des  Lettres 
patentes  de  1681,  portant  confirmation  de  leur  Directoire  pour  juger  les 
affaires  des  Genlilsliommes  en  première  instance. 

Ces  trois  Tribunaux  sont  sujets  à  l'apel  au  Conseil  Supérieur  de  la  pro- 
vince, tant  au  Criminel  qu'au  civil,  avec  cette  différence  néanmoins  que  les 
Officiers  de  la  Régence  de  l'Evêché  de  Strasbourg^  et  ceux  du  Directoire 
de  la  Noblesse  jugent  dans  les  causes  civiles  en  dernier  ressort,  comme 
les  Presidiaux  du  Royaume  jusqu'à  concurrence  de  500  ît.  Les  jugements 
(le  la  Régence  de  Hanau,  sont,  dans  tous  les  cas  sujets  à  l'appel. 

Dans  la  ville  de  Strasbourg  les  magistrats  jugent  souverainement  dans 
les  matières  criminelles,  et  jusqu'à  concurrence  de  1000  îi  dans  les  ma- 
tières civiles.  Cette  prérogative  est  expressément  stipulée  dans  la  capitula- 
tion de  la  ville,  ce  qui  a  été  depuis  confirmé  par  un  arrest  du  Conseil  et 
des  lettres  patentes,  obtenues  l'année  dernière. 

Pour  revenir  à  l'abbaye  de  Mourbach  je  dois  rappeler  icy  que  nous  avons 
toujours,  avec  fondement,  soutenu  et  prétendu  que  toute  l'Alsace,  tant  la 
baute  que  la  basse,  avait  été  cédée  au  Roy  par  le  Traité  de  Munster,  il  est 
néanmoins  très  vray  que  ce  n'est  qu'en  vertu  des  arrêts  de  reunion  de 
1681  du  Conseil  Supérieur  d'Alsace  séant  alors  à  Brisach  que  l'abbaye  de 
Mourbacli  et  les  autres  Seigneuries  d'Alsace,  immédiates  de  l'Empire,  ont 
passé  réellement  sous  la  domination  du  Roy.  Dans  l'instant  l'Evoque  de 
Strasbourg  et  la  Noblesse  immédiate  ont  recouru  à  sa  Maj^"'  pour  obtenir 
que  la  Régence  de  l'Evêché  et  le  Directoire  de  la  Noblesse  fussent  main- 
tenus, M.  le  Comte  de  Hanau  est  venu  après,  et  enfin  l'abbé  de  Mourbach 
paroit  aujourdliuy. 

Il  est  certain  qu'à  considérer  le  titre  de  Prince,  la  session  aux  Diettes 
de  l'Empire  qu'il  avait  en  cette  qualité,  et  les  prééminences  dont  les  abbés 
de  Mourbach  ont  joui,  lorsque  leur  Territoire  faisoit  partie  du  Corps  ger- 
manique, M.  le  Comte  de  Löwenstein  n'est  pas  moins  fondé  pour  demander 
une  Régence  que  l'Evêque  de  Strasbourg  qui  l'a  obtenue;  il  est  même  par 
le  titre  de  principauté,  cy  devant  affecté  à  son  abbaye,  dans  un  degré  su- 
périeur au  Comte  de  hanau,  et  à  la  noblesse  immédiate  d'Alsace.  Je  dois 
encore  dire  icy  que  l'abbaye  de  Mourbach  était  du  nombre  des(]uatresqui 
seules  donnent  rang  et  séance  à  leurs  Titulaires  dans  les  Diettes  au  Collège 
des  Princes. 

Pour  ne  rien  omettre  de  ce  qui  peut  être  favorable  à  M.  l'abbé  de  Mour- 
bach, j'ajouteray  qu'il  m'a  fait  déclarer  depuis  peu,  qu'il  entendoit  que  les 
Officiers  de  sa  Régence  seroient  entretenus  aux  dépens  de  l'abbaye,  sans 
(pi'il  en  coûtât  rien  à  ses  sujets  ou  vassaux  et  que  mêmeil  eonsentoit  qu'il 


-  fi7  - 

en  fut  fait  mention  expresse  dnns  les  Lettres  patentes.  L'Evoque  de  Stras- 
bourg et  le  Comte  de  hanau  font  imposer  dans  leurs  Terres  chacun  4000  S" 
pour  payer  leurs  officiers.  Cette  permission  leur  est  expressément  donnée, 
par  leurs  Lettres  patentes.  En  vertu  d'un  pareil  Titre  les  vassaux  de  la  No- 
blesse immédiate  payent  annuellement  17500  ??  pour  la  Solde  du  Direc- 
toire. 

Je  dois  dire  encore  qu'il  vient  d'être  passé  un  acte  par  lequel  tous  les 
Prévôts  et  Bourgmestres  des  villages  dépendants  de  l'abbaye  de  Mourbach 
ont  délibéré  d'adhérer  à  la  demande  de  leur  Prélat  au  sujet  de  la  Régence. 
Cette  pièce  m'a  été  remise  avec  quelque  autres  dont  j(;  ne  parle  point 
parce  qu'elles  ne  me  paroissent  pas  absolument  décisives.  J'en  ay  fait  une 
liasse  séparée  des  premières  que  j'ay  receuës  de  vous,  le  tout  est  dans  ce 
paquet. 

Il  me  semble  après  tout  que  j'en  ay  assés  dit  pour  faire  connoître  que 
l'objet  de  la  demande  de  M.  le  Prince  de  Mourbach,  est  une  pure  grâce 
qu'il  dépend  absolument  de  S.  A.  R^^  d'accorder  ou  de  refuser,  je  crois 
n'avoir  rien  omis  de  ce  qui  peut  luy  être  avantageux.  Je  crois  aussi  ne 
pouvoir  me  dispenser  d'exposer  les  inconvénients  qu'il  peut  y  avoir  à  eta- 
tablir  une  nouvelle  Régence  à  Mourbach. 

Les  Terres  de  cette  Abbaye  sont  composées  de  deux  Bailliages  seule- 
ment, ce  qui  fait  environ  trente  villages  qui  portent  4000  ?*  d'impositions. 

Dans  la  Régence  de  l'Evêché  de  Strasbourg  il  y  a  cent  deux  Commu- 
nautés divisées  en  huit  Bailliages  qui  payent  au  Roy  44  mille  livres.  Dans 
la  Comté  de  hanau  il  y  a  sept  baillages  et  quatre  vingt  huit  Communautés, 
sur  lesquelles  on  impose  25  mille  livres. 

Si  M.  l'Abbé  de  Murbach  obtient  une  Régence,  il  est  bien  à  croire  que 
M.  le  Baron  de  fleckenstein  ou  plutôt  M.  le  Prince  deRohan,  qui  a  l'Expec- 
tative de  ce  fief,  et  qui  n'attendra  pas  longtôms  vraisemblablement,  puis- 
que le  possesseur  a  83  ans,  demandera  bientôt  la  même  grâce,  les  Terres 
de  fleckenstein  ne  sont  pas  moins  considérables  que  celles  de  Mourbach, 
avec  cette  différence  neantmoins  que  l'abbé  était  reconnu  prince  de  l'Em- 
pire et  que  le  Baron  de  fleckenstein  n'avait  de  rang  que  parmy  les  Comtes. 
M.  le  Prince  de  Birkenfeld  à  qui  le  Feu  Roy  par  des  Lettres  patentes  de 
1712  a  accordé  tous  les  droits  régaliens  dans  sa  Terre  de  Ribeauvillé,  com- 
posée de  cinquante  Communautés,  ne  tardera  pas  aussi  à  prétendre  une 
Régence.  Ne  serait-il  pas  à  craindre  que  tant  de  Régences  multipliées  n'en- 
tretinssent un  peu  trop  les  Peuples  dans  le  goût  et  les  mœurs  de  l'Allemagne, 
étant  certain  que  les  officiers  de  ces  Tribunaux  donnent  tous  leurs  soins 
pour  empêcher  qu'on  ne  forme  des  appels  de  leurs  jugements,  ce  qui  peut 


—  68  — 

faire  qu'à  la  fin  les  habitanls  viendront  à  ne  connaître  qne  leurs  Seigneurs 
et  leurs  officiers. 

Au  commencement  du  Siècle  précèdent  l'abbaye  de  Mourbacli  qui  avait 
été  en  reiile  jusques  là,  fut  mise  en  commande  pour  un  Prince  de  la  Mai- 
son d'Autriche,  des  Princes  et  Comtes  de  furslemberg  l'ont  possédée  depuis 
de  même.  Enfin  en  1686  M.  le  Comte  de  Lôwcnstein'  d'aujourdhuy  futelu, 
mais  le  Pape  n'a  donné  des  Bulles  que  sous  la  condition  expresse,  qu'après 
luy  cette  abbaye  retomberait  en  regle  et  que  dès  lors  on  luy  nommeroit 
un  Coadjuteur,  ce  qui  a  été  exécuté  dans  la  personne  d'un  lielig-ieux  qui 
est  d'une  famille  noble  de  Suisse,  au  Canton  d'Ury,  du  nom  de  Berol- 
dingen. 

M.  le  premier  President  du  Conseil  souverain  de  Colmar  est  à  Paris,  on 
m'a  dit  qu'il  avait  eu  communication  de  la  demande  de  M.  l'abbé  de  Mour- 
bach,  et  qu'il  avait  déclaré  au  nom  de  sa  Compagnie,  qu'il  ne  s'y  opposoit 
pas,  c'est  ce  qui  vient  de  m'étre  confirmé  icy  par  plusieurs  officiers  de  ce 
Corps,  et  c'est  une  circonstance  que  je  crois  devoir  relever  par  raport  aux 
intérêts  de  M.  l'abbé  de  Mourbach. 

Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'Huxelles. 

Le  25  Novembre  1717. 

Vous  avés  jugé  à  propos  Mg"",  de  faire  surseoir  dans  la  ville  de  Haguenau 
à  l'Election  de  deux  Stattmeistres  dont  les  places  sont  vaccantes,  vôtre 
raison  a  été  que  celle  ville  est  si  considérablement  diminuée  aussi  bien 
que  ses  Revenus  qu'il  convenoit  d'y  proportionner  le  nombre  des  Magis- 
trats et  appointements  qui  sont  à  sa  charge,  vous  m'avés  cependant  chargé 
d'examiner,  à  mon  retour  icy^,  ce  qu'il  seroit  plus  convenable  d'y  faire  et 
de  vous  en  rendre  compte. 

Je  trouve  Mg'',  que  le  magistrat  de  haguenau  était  ordinairement  com- 
posé d'un  Prêteur,  quatre  Staltmcistres,  quatre  Maréchaux  et  neuf  conseil- 
lers, sans  compter  le  greffier  et  le  Sousgreffîer  et  les  bas  officiers  qui  sont 
les  deux  serg^cnts  de  ville  et  le  Wagmcislre. 


1.  Descendant  de  la  deuxième  ligne  des  comtes  de  Lœwenstein  par  Jean  Théodore, 
qui  mourut  en  1644.  Cette  famille  tirait  son  origine  de  Louis  I«"",  fils  de  Frédéric-le-Victo- 
rieux,  comte  Palatin.  Celui-ci  avait  acquis,  au  quinzième  siècle,  par  achat,  les  droits  du 
dernier  des  comtes  de  Lœwenstein  qui  possédaient  des  domaines  en  Franconie  et  en 
Souabe. 


-  09  — 

Je  crois  Mg-'",  qu'il  conviendroit  qu'il  y  eut  trois  Stallmeistres,  en  sorte 
que  deux  de  ces  Places  étant  vaccantes,  il  y  enauroit  une  Troisième  à  rem- 
plir. Cette  disposition  me  paroit  d'autant  plus  nécessaire,  dans  les  circons- 
tances présentes,  que  le  S^  Gain,  Prêteur  à  Haguenau,  n'est  pas  le  plus 
habile  homme  du  monde,  que  le  S.  Worstatt,  premier  Slattmeistre,  ne  me 
paroit  pas  d'un  caractère  à  luy  confier  l'administration  principale  d'une 
ville  et  que  le  S.  Niedheimer,  Second  Slattmeistre  qui  est  homme  de  con- 
dition, s'adonne  plus  à  ses  plaisirs  qu'aux  fonctions  de  son  Employ. 

Je  crois  en  recompense,  qu'on  pourroit  suprimer  les  quatre  Maréchaux 
qui  sont  des  espèces  de  Lieutenants  de  Stattmeislres  et  gens  fort  inutiles, 
je  crois  encore  qu'au  lieu  de  neuf  Conseillers  de  ville,  il  sufïiroit  d'en  con- 
server six. 

Un  Troisième  Slattmeistre  augmentera  la  dépense  de  la  ville  de  six  cens 
livres  pour  ses  gages  et  la  soustraction  des  quatre  Maréchaux  luy  produira 
un  bénéfice  de  800  îi  annuellement,  à  raison  de  200  S"  chacun,  dont  ils 
jouissent,  la  réduction  de  neuf  Conseillers  à  six,  donnera  encore  une  dimi- 
nution de  dépense  de  24  î6  chacun. 

Dans  ce  système  il  est  question  de  trouver  un  sujet  pouro*^  Staltmeistre 
et  de  choisir  ceux  des  Maréchaux  ou  Conseillers  de  ville  qui  seront  con- 
servés sous  le  titre  de  Conseillers  de  ville,  dans  le  nombre  de  six,  à  quoy 
ils  doivent  être  réduits;  le  choix  de  tous  ces  personnages  devroit  être  na- 
turellement laissé  aux  habitants  légitimement  convoqués  dans  une  assem- 
blée gen  eralle,  mais  je  vous  observeray  qu'il  y  a  encore  tant  de  feu  et  tant 
de  division  entre  les  Magistrats  et  les  Bourgeois  de  la  ville  de  Haguenau, 
que  je  crois  qu'il  est  absolument  nécessaire  pour  le  bien  de  la  paix  et  pour 
celte  fois  sans  tirer  à  conséquence,  que  sa  Majesté  ait  agréable  de  pourvoir 
par  son  authorilé  à  ces  changements  et  de  nommer  les  sujets. 

Le  S.  Wimpff  Bailly  de  Goutleraberg,  vous  a  été  proposé  Mg"",  pour 
Staltmeistre,  M.  le  Duc  de  S'  Simon  vous  en  a  parlé,  mais  indépendam- 
ment de  cette  recommandation,  je  puis  vous  assurer  que  le  S^"  Wimpff 
qui  est  beau-frere  du  S^  Billerey  est  un  Excellent  sujet  et  tel  qu'il  ne 
seroit  pas  possible  d'en  trouver  un  si  bon  dans  la  ville  de  haguenau,  et 
peut-être  dans  toute  la  basse  Alsace.  Je  crois  même  qu'il  a  l'honneur  d'être 
connu  de  vous. 

A  l'égard  des  Conseillers  dont  il  faut  six,  je  crois  qu'il  faut  prendre  dans 
les  Maréchaux,  et  dans  les  Conseillers,  actuellement  en  place,  ceux  qui 
paraissent  les  plus  intelhgents,  qui  sont  les  S^^  Daniel  Barth,  philippe  fre- 
deric,  hassel,  jean  Jacques,  Melsheim,  nicolas  Conrad  Capparon,  jean  Roth 
et  Joseph  Guehl;  il  y  a  un  nommé  jean  nicolas  Schoulmeistre,  actuellement 


—  70  — 

maréchal,  qui  mérite  une  exclusion  formelle,  parceque  c'est  un  esprit  très 
dangereux  et  grand  amateur  de  la  cabale. 

Au  surplus  il  nie  paroit  qu'il  est  indispensable  que  toutes  ces  dispositions 
soient  faites  par  un  arrest  du  Conseil.  J'en  joins  icy  un  projet,  s'il  n'est 
pas  bien,  M.  Darmenonville,  à  (jui  je  présume  que  vous  vous  adresserés, 
pour  consommer  cette  affaire,  sçaura  bien  le  reformer.  Je  mets  encore 
dans  ce  Pacjuct  un  Etat  à  deux  Colonnes,  contenant  sur  l'une,  les  Magistrats 
actuellement  en  place,  et  sur  l'autre  les  changements  que  j'estime  devoir 
être  faits.  Je  suis  etc. 


A  M.  Desfort,  le  20  O^^e  ^7^7. 

Dans  la  partie  de  l'Alsace  où  le  fermier  du  Roy  est  chargé  de  la  fourni- 
ture du  sel,  le  prix  auquel  il  doit  le  vendre  est  fixé  par  son  bail  à  10  S" 
lO'^  8'^  le  minot.  Il  y  a  dans  cette  Province  trois  villes  nouvelles,  (jui  sont 
Huningue,  le  Neuf  Brisach  et  le  fort  Louis,  lesquelles  par  des  privilèges 
particuliers  ne  le  payent  qu'à  7  S"  10'-^.  Ces  privilèges  sont  accordés  par  des 
Lettres  patentes  du  mois  de  juillet  1684  en  faveur  de  la  ville  d'huningue; 
par  d'autres  Lettres  pattentes  du  mois  de  janvier  1G91,  en  faveur  du  fort 
Louis,  et  Enfin  par  des  Lettres  pattentes  du  mois  de  juillet  1684  pour  la 
ville  neuve  de  Brisach,  depuis  par  une  lettre  de  M.  de  Chamillart  du  20 
Octobre  1701,  après  ({ue  l'jsle  du  Rhin,  où  la  ville  neuve  de  Brisach  étoit 
située,  fut  rendue  à  l'Empereur  en  exécution  de  la  paix  de  Riswick,  cette 
grâce  a  été  apphquée  au  neuf  Brisach  qu'on  a  bâti  sur  la  terre  ferme  en 
deçà  pour  opposer  au  vieux  Brisach  et  tenir  lieu  de  la  ville  neuve,  qui  était 
entre  les  deux  et  qu'on  a  détruite. 

Il  est  aisé  de  connoître  que  l'objet  de  cette  fixation  favorable  du  prix  du 
sel  a  été  d'attirer  des  habitants  dans  l'enceinte  de  ces  nouvelles  villes,  ce 
qui  a  réussi  assés  bien,  puisquactuellement  il  se  trouve  à  Huningue,  envi- 
ron 700  habitants,  1000  au  neuf  Brisach  et  1800  au  fort  Louis,  mais  ce  sonl 
presque  tous  des  vivandiers  des  Ti'oupes,  et  des  gens  ramassés  de  toutes 
parts  qui  n'ont  à  cultiver  hors  des  murailles  et  qui  ne  vivent  que  par  le 
Commerce  qu'ils  font  pour  la  subsistance  des  garnisons. 

Depuis  quelque  téms  le  fermier  s'est  avisé  d'ordonner  de  leur  vendre 
le  sel  au  prix  naturel  de  son  Bail  de  10  ît  16<^  8"-^  et  il  se  fonde  sur  l'Ait. 
4,  de  l'Edit  du  mois  d'Aoust  dernier,  portant  revocation  de  tous  privi- 
lèges. 

Je  ne  sçais  Mgr  s'il  paioitra  au  Conseil  (jue  cette  disposition  doive  avoir 


—  71   - 

lieu  pour  les  habitants  des  trois  villes  dont  il  s'agit,  mais  je  dois  lepi-esen- 
ter  qu'ils  sont  dans  un  Etat  très  languissant  depuis  la  paix ,  attendu  qu'ils 
n'ont  plus  les  ressources  que  les  armées  leur  produisoient  poui-  le  com- 
merce des  denrées,  il  est  môme  à  craindre  que  plusieurs  ne  prennent  le 
party  de  se  retirer  ailleurs,  d'aulanl  plus  qu  ils  sont  la  pluspart  accoutu- 
més à  suivre  les  Camps  et  à  courir  tous  les  Pays;  les  habitations  que  quel- 
ques uns  ont  fait  construhc  sont  de  trop  peu  de  valeur  pour  les  rctenii-. 
Enfin  l'importance  dont  il  est  pour  l'Etat  que  ces  nouvelles  villes  devien- 
nent peuplées,  me  paroit  devoir  déterminer  à  les  exempter  de  la  revocation 
portée  par  l'Edit  du  mois  d'Aoust. 

J'ay  cru  devoir  obliger  le  fermier  à  leur  fournir  provisionellemcnt  le 
Sel  sur  le  prix  ordinaire,  sur  la  soumission  du  Magistrat  d'en  payer  l'Ex- 
cédent, s'il  est  ainsy  ordonné. 

Je  joins  icy  les  copies  des  Titres  que  j'ai  cités  au  Commencement  de  ma 
lettre.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal,  de   Villars  \ 
Le  8  Décembre  1717. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  Mgr,  de  me  charger  par  vôtre  lettre  du  14 
du  mois  passé,  de  vous  donner  les  ecclaircissements  nécessaires  sur  celle 
cy  jointe  des  magistrats  de  haguenau,  qui  se  plaignent  que  M.  Duvivier, 
outre  les  deux  milles  Livres  qui  luy  ont  été  réglées  en  dernier  lieu,  veut 
encore  exiger  400  ÏÏ  pour  son  chauffage,  et  de  plus  retient  la  jouissance 
des  fossés. 

Sur  le  premier  article  j'ay  verifïîé  que  depuis  1706  qu'il  fut  etabh  pour 
la  première  fois  un  Commandant  à  haguenau  jusqu'en  1715  exclusivement 
la  ville  a  toujours  fourni  à  M.  Duvivier  et  à  M.  de  Cales  son  prédécesseur  tout 
le  bois  dont  ils  auroient  besoin  pour  leur  maison  sans  qu'il  y  eut  rien  de 
fixé  la  dessus,  et  qu'en  1715  les  Magistrats  proposèrent  d'eux  mêmes  à  M. 
Duvivier  d'Evaluer  cette  fourniture  à  400  ït  par  an,  ce  qui  fut  par  luy  ac- 


1.  Le  15  septembre  1715,  établissement  du  Conseil  de  guerre  sous  la  présidence  du 
maréchal  de  Villars.  Le  marquis  d'Armenonville  le  remplace,  pour  la  signature,  du 
11  février  I7IG  au  24  septembre  1717.  Le  ministèi'e  est  rétabli.  Le  maréchal  de  Yillars, 
vainqueur  à  Denain  (1712),  négociateur  du  traité  de  Rastatt,  membre  du  Conseil  de 
Régence  après  la  mort  de  Louis  XIV,  maréchal-général  de  France  en  1732,  conquérant 
du  Milanais  en  1732,  est  mort  à  Turin  en  173ià  l'âge  de  83  ans. 


—  72  — 

ceplé  et  môme  confirmé  par  l'approbation  de  M.  de  la  lioussayc,  c'est  ce 
qui  a  toujours  clé  depuis  exécuté.  H  paroit  par  la  lettre  des  Magistrats  qu'ils 
croient  être  en  droit  de  retrancher  cette  fourniture,  parce  qu'ils  ont  obtenu 
un  arrest  du  Conseil,  portant  que  M.  IJuvivicr  n'aura  en  tout  pour  appointe- 
ments que  2000  ÏL  au  lieu  de  trois  dont  il  jouissoit  cy  devant  sur  la  Com- 
munauté. Quant  à  moy  Mg'',  je  crois  que  le  Conseil  a  eu  intention  de  fixer 
et  de  réduire  les  appointements  de  M.  Duvivier,  mais  de  ne  rien  cbanger 
à  ce  qui  était  établi  pour  le  bois.  Je  vous  observeray  même  qu'il  n'y  a  pas 
une  jilacc,  en  alsace,  ou  les  officiers  majors  ne  jouissent  de  cette  petite 
douceur.  Quant  à  l'évaluation  de  400  ît  ce  sont  les  magistrats  eux  mêmes 
qui  se  sont  fait  la  loy. 

A  l'égard  des  fossés  M.  Duvivier  en  jouit  depuis  1700  qu'il  fut  établi 
Major  sous  M.  de  Cales  Commandant.  Il  a  fait,  dit-on,  jilus  de  1000  îl  de 
dépense  pour  les  faire  curer  et  en  ôter  les  roseaux;  et  après  tout  ces  fos- 
sés y  compris  13  demi-lunes  et  le  Chemin  couvert,  ne  peuvent  luy  rappor- 
ter 50  Ecus  par  an.  Il  y  avoit  pendant  la  guerre  des  glacis  qui  ont  été 
rendus  par  ordre  de  M.  le  Comte  Dubourg  aux  propriétaires.  La  difficulté 
que  les  Magistrats  de  îlaguenau  veulent  élever  la  dessus  contre  M.  Duvivier, 
me  paroit  une  pure  chicane  et  un  effet  de  l'animosité  qui  est  entre  eux 
depuis  longtèms,  il  est  cependant  nécessaire  que  vous  ayés  agréable  Mg^",  de 
prononcer  définitivement  sur  ces  deux  questions  et  de  me  mettre  en  état 
de  faire  connoîlre  vos  ordi-es  à  cet  egoid,  et  à  M.  Duvivier  et  aux  Magis- 
trats de  Ilagnenau,  sans  quoy  ils  ne  cesseront  de  se  harceler  les  uns  les 
autres.  Je  suis  cependant  peisuadé  que  tout  n'est  pas  fini  et  qu'après  cette 
affaire  terminée,  il  en  renaîtra  bientôt  quelque  autre.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Duc  d' Antin  \ 
Le  2iX''f<;  1717. 

J'ay  l'honneur  Mg'',  de  vous  envoyer  un  Extrait  en  français,  du  procès 
veibal  qui  a  été  dressé  le  20  du  mois  passé  à  Lautembach*  pour  l'Election 


1.  Le  duc  (l'Antin,  fils  de  M"«  do  Montespan,  préside,  en  1715,  In  Conseil  du  dedans. 
Il  6(ait  le  type  du  parfait  courtisan,  sans  honneur  et  sans  liumeur,  mais  lioinme  d'esprit 
et  de  ressources.  Pendant  le  séjour  du  czar  Pierre  à  Paris,  en  1717,  le  duc  d'Antiii  a  été 
son  cicérone  oDDciel. 

2.  Couvent  de  Lautcnbacli ,  fondé  en  810  par  Boatus,  abbé  de  Ilonau ,  a  été  érigé  en 
collégiale  au  douziém(!  siècle.  L'église  de  Lautenbacli  est  de  style  roman.  Mangold,  cha- 
noine dr  Lantoiibacli  (109i),  a  été  l'un  des  maîtres  de  Guillaume  de  Cliaiiipeau.x. 


—  73  - 

qui  a  été  faite  en  présence  de  M.  le  Comte  Dubourg-  et  moy,  comme  Com- 
missaire du  Uoy,  d'un  Prevùl  de  celte  Eglise.  M.  l'Abbé  de  Visée  y  était 
aussi  en  qualité  de  troisième  Commissaire  du  Roy,  et  il  a  de  plus  luit  ses 
fonctions  Ecclésiastiques,  comme  chargé  de  pouvoirs  de  M.  le  Cardinal  de 
Ivohan  Evêque  Diocezain. 

Le  Choix  de  la  plui-ahté  des  Suffrages  est  tombé  sur  les  S-^^  Adam  Valen- 
tin Iloldt,  natif  d'Alsace,  et  revêtu  d'ailleurs  de  toutes  les  qualités  i-e- 
(|uises. 

Il  semble  qu'après  une  pareille  Election  le  S^  bold  n'auroit  aulie  chose 
à  faire,  que  de  s'adresser,  après  en  avoir  pris  l'agrément  du  Uoy  à  l'ordi- 
naire, pour  obtenir  la  confirmation.  11  a  cependant  toujours  été  pratiqué 
icy  d'expédier,  au  nom  de  S.  M^«  en  favem-  de  l'Elu  un  Brevet  de  nommi- 
nation,  dans  lequel  il  n'est  point  parlé  de  l'Election,  et  qui  est  conçu  dans 
le  môme  stile  de  ceux  que  le  Roy  donne  pour  les  bénéfices  du  Royaume, 
qui  depuis  le  Concordat  sont  réellement  à  sa  nommination. 

Je  joins  icy  une  copie  du  Brevet  qui  a  été  expédié  en  1709  i)ünr  un 
Prévôt  dans  l'Eglise  Collegialle  de  Neuweiller.  C'est  un  Chapitre  absolu- 
ment semblable  à  celuy  de  Lautembach  dont  il  s'agit  icy.  J'y  ajoute  des 
copies  des  brevets  donnés  par  les  abbayes  de  Neubourg,  Marmoutier  et 
Ebersmunster,  vous  les  trouvères  tous  semblables,  si  ce  n'est  que  dans  les 
deux  premiers  il  est  dit  que  sa  Majesté  permet  aux  Elus  de  se  pourvoir 
pour  obtenir  du  Pape,  de  l'Evêque  Diocezain  ou  autres  Supérieurs  Ecclé- 
siastiques, toutes  Bulles  apostoliques  et  provisions  de  confirmations  qu'il 
appartiendra. 

Je  vous  avoue  qu'il  me  paroit  singuher  qu'une  Election,  étant  faite  en 
présence  des  Commissaires  du  Roy,  il  soit  ensuite  expédié  à  l'Elu  un  bre- 
vet dans  lequel  S.  W^  sans  rappeler  l'Election,  dit  qu'elle  confère  le  béné- 
fice de  plein  droit.  11  est  constant  d'ailleurs  que  le  Roy  ne  nomme  à  aucun 
Bénéfice  dans  toute  l'Alsace,  ou  le  droit  commun  et  le  Concordat  germa- 
nique sur  les  Elections  sunt  exactement  observés,  il  paroitroil  plus  naturel 
que  le  brevet  portât  seulement  une  approbation  de  S.  M^e  de  l'Election 
faite  et  permission  à  l'Elu  de  se  pourvoir,  pour  obtenir  des  Supérieurs 
Ecclésiastiques  la  confirmation.  Vous  trouvères  encore  dans  ce  paquet  un 
projet  qui  a  été  construit  dans  ce  sens,  et  qui  m'a  été  remis  icy. 

Vous  estes  à  portée  Mg^,  de  conférer  la  dessus  avec  M.  le  Cardinal  de 
Rohan,  qui  peut  beaucoup  mieux  traitter  ces  matières  que  je  ne  sçaurois 
le  faire. 

Vous  avés  de  plus  les  exemples  de  ce  qui  se  pratique  en  flandres;  ce 
n'est  pas  qu'on  prétende  icy  que  c'est  par  un  Titre  particulier  que  les  Sou- 


—  lA  — 

verains  des  Paysbas  peuvciil  choisir  pour  les  bénéfices  celuy  qu'ils  veulent 
clans  trois  sujets  qui  leur  sont  proposés  par  les  Chapitres,  au  lieu  qu'en 
Alsace  les  Archiducs  se  sont  toujours  contentés  d'envoyer  des  Commissaires 
aux  Elections.  L'usage  de  flandres  avait  d'abord  été  pratiqué  en  Alsace  et 
l'on  obligeoit  les  Chapitres  à  proposer  trois  sujets,  mais  cela  fut  changé  du 
têms  que  M.  l'Evêquc  de  Toul  était  grand  Vicaire  à  Strasbourg,  et  je  ne 
suis  pas  assez  instruit  de  ce  detail  pour  en  parler. 

Vous  jugerés  peut  être  aussi  qu'avant  que  de  rien  innover,  il  conviendra 
que  celle  matière  qui  ne  laisse  pas  d'avoir  sa  délicatesse,  soit  examinée 
un  peu  plus  à  fonds,  et  que  cependant  pour  cette  fois,  il  n'y  a  qu'à  donner 
un  brevet  à  l'ordinaire,  j'ay  même  lieu  de  croire  que  M.  le  Cardinal  de 
Rohan  n'elevera  aucune  difficulté  la  dessus,  mais  j'ay  pensé  que  je  devais, 
par  les  pièces  que  je  vous  envoyé  et  le  raport  que  je  vous  fais  de  ce  qui 
s'est  dit,  vous  mettre  en  elat  de  prendre  le  parly  que  vous  croirés  le  plus 
convenable;  je  prévois  qu'il  y  aura  par  la  suite  quelques  difficultés  à  ré- 
gler pour  le  Cérémonial  des  Elections,  à  cause  de  la  double  fonction  que 
remplit  le  troisième  Commissaire,  lorsqu'il  se  trouve,  en  même;  tèms, 
grand  vicaire  et  chargé  des  pouvoirs  de  l'Evêque,  M.  le  Cardinal  de  Uohan 
pourra  vous  en  parler  et  même  vous  dire  ce  qui  fait  qu'on  n'envoyé  à  la 
Cour  qu'un  Extrait  du  procès-verbal,  aulieu  d'en  envoyer  une  copie  exacte, 
traduite  mot  à  mot  et  non  tronquée,  et  pour  que  vous  n'ayez  rien  à  dési- 
rer la  dessus,  je  mets  encore  dans  ce  paquet  une  expédition  originale  de 
ce  procès  verbal  en  latin.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Duc  de  Noaillcs. 

Le  27Xbre  1717. 

J'eus  l'honjicur  Mi^"",  quelques  jours  avant  que  de  m'cloigner  do  vous, 
de  vous  remettre  un  Memoire  concernant  la  Tuillabilité  de  l'Alsace.  Je 
sçais  qu'il  est  entre  les  mains  de  M.  Robin;  par  le  compte  qui  vous  en  sera 
rendu,  vous  pourrés  penser  qu'il  convient  d'établir  par  la  suite  une  loi  sur 
le  fait  des  impositions  dans  celte  province,  où  l'on  n'en  connoit  presque 
aucune  en  ce  genre. 

Il  y  a  cependant  un  abus  qui  exige  qu'il  y  soit  pourveu  sur  le  champ. 
C'est  b  possession  où  sont  Il'S  lîaillis  de  ne  compter  à  personne  durecou- 
vjiinenl  qui  jiusse  par  huis  mains.  Il  y  a  en' Alsace  38  Baillages,  chaque 
baillago  est  composé  de  20  ou  25  Communautés  plus  ou  moins;  l'Etendue 
des  Seigneuiies  fait  oïdinaiicnicnt  cflle  du  Daillago,  le  Dailly  qui  fslpour- 


-  75  - 

vcu  parle  Seigneur,  rend  la  justice  en  première  instance,  aullioi-ise  les 
Ilolles  des  impositions,  en  fuit  le  recouvrement  sur  les  Collecteurs  et  porte 
l'argent  au  lleceveur  du  lluy,  pour  raison  de  quoy  les  Baillis  ont  trois  de- 
niers de  luxations.  On  uddresse  au  Bailly  les  niandemenls  poui'  toutes  les 
Communautés  de  son  département,  mais  le  Lîailly  est  en  usage  de  les  re- 
tenir, et  il  se  contente  de  donner  à  chaque  Comnmnauté  un  Borderàu 
signé  de  luy,  des  sommes  qui  sont  à  imposer;  il  y  a  plus;  il  y  ajoute  ordi- 
nairement, de  sa  seule  authorité  d'autres  impositions,  sous  le  nom  de  frais 
extraordinaires  de  Baillag-c,  ce  sont  des  réparations  de  chemins,  des  en- 
vois de  Messagers,  des  vaccations,  des  gralilTica tiens  pour  luy  même,  et 
autres  prétextes  de  pareille  nature,  dont  la  plusparl  n'ont  nulle  réalité. 
Quand  le  Recouvrement  est  fait  le  Bailly  remet  l'argent  au  Receveur  des 
finances,  et  en  retire  une  quittance  generalle  qu'il  garde  encore  par  devers 
luy,  sans  qu'il  en  retourne  rien  aux  Communautés,  de  sorte  que  les  Peuples 
sont  absolument  dans  la  main  du  Bailly,  sans  avoir  la  moindre  connoissance 
des  ordres  sur  lesquels  l'imposition  est  faite,  ni  de  l'employ  des  deniers 
qu'ils  payent,  et  ce  qu'il  y  a  de  très  singuUer,  c'est  que  jamais  le  Bailly  ne 
rend  compte. 

De  ce  desordre  il  est  arrivé  que  lors  de  l'établissement  de  la  Chambre 
de  justice,  tous  les  Peuples  se  sont  élevés  contre  les  Baillis  et  les  ont  atta- 
qués avec  fureur,  les  accusant  d'avoir  fait  de  leur  chef  des  impositions  ex- 
cessives, de  ne  leur  avoir  point  tenu  compte  des  diminulions  qui  ont  été 
accordées  par  des  arrêts  particuliers,  rendus  après  l'imposition  faite,  en 
faveur  de  quelques  Baillages  qui  avoient  le  plus  souffert  pendant  le  séjour 
des  Armées,  et  ce  mouvement  n'est  pas  encore  éteint  dans  la  province. 

Il  m'a  paru  Mg^,  qu'il  était  bien  facile  de  corriger  ces  desordres  pour 
l'avenir  et  que  pour  y  parvenir  il  n'y  a  qu'à  obliger  le  bailly  à  delivi'er  à 
chaque  Communauté  le  Mandement  qui  la  concerne,  luy  interdire  la  liberté 
de  faire  aucune  imposition  de  son  chef,  ordonner  au  Receveur  du  Roy  de 
délivrer  au  Bailly  autant  de  quittances  qu'il  y  a  de  Communautés  et 
tenir  la  main  à  cequeceluy-ci  les  distribue,  et  enfin  mettre  les  Baillis  dans 
l'usage  de  compter  de  leur  maniement,  tous  les  ans,  devant  rinlcndant;  ce 
sont  les  dispositions  que  j'ay  tâché  d'expliquer  dans  l'ordonnance  que  je 
viens  de  rendre,  et  dont  je  joins  une  copie. 

Comme  cette  ordonnance  ne  contient  rien  qui  ne  soit  de  droit  commun, 
et  comme  d'ailleurs  il  est  important  qu'elle  soit  connue  en  même  têms  que 
le  mandement  des  impositions  de  l'année  prochaine  sera  envoyé,  j'espère 
Mg-i",  que  vous  ne  desaprouverés  pas  que  je  prenne  sur  moy  de  la  lendrc 
pubficjue  avant  que  d'avoir  leceu  vos  oidres,  et  d'autant  mieux  (picpurun 


—  76  - 

arrest  du  Conseil,  que  vous  avés  fait  rendre  le  dix  juillet  dei-nier,  il  m'est 
déjà  ordonné  d'arrêter,  chaque  année,  les  comptes  des  villes  qui  sont  gou- 
vernées par  leurs  magistrats. 

Je  ne  vous  propose  pas  même  d'authoriser  mon  ordonnance  par  un  ar- 
rêt du  Conseil,  attendu  qu'il  y  faudi-oil  revenir  plus  d'une  fois,  et  que  j'es- 
time qu'il  convient  mieux  d'établir  en  même  têms  toutes  les  règles  qui 
nous  manquent  en  Alsace  sur  le  fait  des  impositions  et  de  rendre  à  cet 
effet  une  déclaration  dont  je  prendray  la  liberté,  si  vous  ne  mêle deflendés, 
de  vous  en  envoyer  un  projet  dans  quelque  têms. 

Je  suis  e(c. 


A  M.  de  Bcr'inghen\ 
Le  31  X'»o  1717. 

J'ai  satisfait  M'"  à  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'écrira  le 
17  de  ce  mois,  en  vous  envoyant  le  projet  cy  joint  d'un  arrest,  pour  com- 
mettre les  S'"^  de  Regemorte  Père  et  fils  aux  fonctions  d'Inspecteurs  des 
réparations  des  chemins  en  Alsace,  avec  une  attribution  de  3000  U  d'ap- 
pointrmenls. 

Avant  que  le  S""  de  Regemorte  partit  pour  se  rendre  à  vos  ordres,  il  a 
arrêté  des  Etals  de  ce  qu'il  y  avait  de  plus  instant  à  faire  pour  rendre  les 
chemins  libres.  On  y  a  travaillé,  par  corvées,  sur  ses  mémoires  dans  le 
printêms  et  dans  l'automne.  Son  fils  a  conduit  le  tout  et  il  est  encore  de- 
puis six  semaines,  occupé  à  faire  une  visite  generalle  dans  la  province  pour 
dresser  un  Etal  de  ce  que  nous  avons  à  faire  l'année  prochaine.  Le  jeune 
homme  fait  bien  voir  qu'il  a  un  bon  maître.  Je  compte,  sous  vôtre  bon 
plaisir,  faire  commencer  les  appointements  de  3000  U  de  l'année  1717. 
Dans  le  projet  d'arrêt  il  n'est  fait  mention  que  de  l'année  1718,  et  des 
suivantes,  paice  qu'il  y  auroit  eu  quelque  embarras  à  parler  du  passé,  mais 
je  Irouveray  sur  le  fonds  imposé  pour  les  fourages  de  la  Cavalerie,  quelque 
excédent  dont  je  disposcray  en  faveur  du  S*"  Regemorte  jusqu'à  concurrence 
de  ce  que  vous  luv  avés  réglé.  Je  ne  me  ferois  même  ])as  de  peine,  ayant 
vôtre  approbation  pai'  écrit,  de  le  faire  payer  à  l'avenir  sans  arrêt,  mais 
j'imagine  que  le  S""  de  Regemorte  pensera  qu'un  arrest,  par  raport  au 
changement  auquel  les  Places  ou  je  suis  sont  sujettes,  assurera  plus  son 


1.  Di.'  Lcringlicii,  Jacques-Louis  (maicjuis  de).  i)rciiu(!i-  6euyer  de  la  petite  Ocui'ie  du 
Roi,  cordou  bleu,  iTifurt  en  17-23.  CüUecleur  d'estampes. 


—  77  — 

Etat  qu'une  Lettre,  que  ccluy  à  qui  elle  est  écrite  emporte,  quand  il  quitte 
la  province. 

Au  surplus  M"",  autant  que  j'avois,  l'année  passée,  mauvaise  opinion  des 
Corvées  pour  les  réparations  des  Chemins,  autant  je  pense  aiijourd'liuy 
qu'il  faut  s'en  servir  icy  et  les  employer;  j'en  juge  avec  certitude  sur  le 
travail  qui  a  été  fait  cette  année,  et  que  j'ay  vu  avec  etonnement,  mais 
l'honneur  principal  en  est  du  au  S'"  de  Regemorte  qui  non  seulement  a 
pris  soin  de  faire  les  mémoires  des  réparations,  mais  aussi  de  distribuer 
l'ouvrage  aux  Communautés,  suivant  la  portée  de  chacune  et  avec  tant 
d'ordre  et  de  justesse  que  tout  ce  qui  a  été  commandé  a  été  fait  sans  re- 
présentations. 

Si  comme  j'ay  lieu  de  le  croire,  parce  que  vous  me  marqués,  vous  ne 
nous  enlevés  pas  totalement  le  S""  de  Regemorte,  etsilapaix  dure,  nous  ne 
nous  en  tiendrons  pas  aux  simples  réparations  des  chemins,  nous  avions  à 
vous  proposer  des  canaux  à  rétablir,  d'autres  à  ouvrir,  des  terrains  à  des- 
sécher, et  nous  vous  mettrons  en  évidence  la  très  grande  utilité  que  la 
province  en  retirera,  puisque  par  les  bontés  de  S.  A.  R^^  je  me  trouve 
fixé  icy,  je  tâcheray  de  n'y  pas  rester  inutile  et  je  m'appliqueray  avec  grand 
plaisir  aux  choses  qui  me  pourront  procurer  l'honneur  d'être  en  relation 
avec  vous.  Etc. 


ANNEE  1718. 

A  M.  le  Maréchal  d'huxclles. 
Le  4  Avril  1718. 

C'est  de  vôtre  connoissance  et  de  vôtre  approbation  Mg^',  que  le  Conseil 
a  rendu  l'arrêt  du  5  Juin  1717,  dont  je  joins  icy  une  copie  portant  que  les 
Créanciers  du  Directoire  de  la  Noblesse  de  la  basse  Alsace,  représenteront 
devant  M.  le  Comte  Dubourg  et  moy  leurs  Titres  pour  être  ensuite  or- 
donné par  Sa  Majesté  ce  qu'il  appartiendra  sur  leur  payement.  L'arrêta  été 
exécuté,  j'ai  entre  mes  mains  les  Titres  des  Créanciers.  J'ay  dressé  le  pro- 
cès verbal  de  liquidation,  par  lequel  il  paroit  que  le  Directoire  doit  environ 
80000  fb  que  nous  proposons,  M.  le  Comte  Du  Bourg  et  moy,  d'imposer 
en  six  ans  sur  les  villages  de  la  noblesse;  mais  en  même  têms  nous  croyons 
qu'il  est  bien  essentiel  que  pour  l'avenir  toute  liberté  soit  interdite  aux 
Officiers  du  Directoire,  de  faire  aucuns  emprunts,  sans  permission  du  Roy, 


—  78  ~ 

et  ce  ne  sera  que  les  renielire  dans  la  regle  qui  leur  a  été  rlonnée  par  les 
Lettres  patentes  de  1G80  et  dont  ils  se  sont  bien  écartés. 

Il  s'agit  à  présent  d'envoyer  au  Conseil  le  pro/^ès  verbal  contenant  la 
liquidation  des  dettes  du  Directoire  et  nôtre  avis.  Je  de\  rois  naturellement 
l'adresser  à  M.  de  Gaumont  ',  Conseiller  au  Conseil  des  finances,  parceque 
les  dettes  des  Communautés  sont  dans  ce  Departement,  mais  je  prévois 
que  si  l'aflaire  prend  celte  Roule  elle  souffrira  des  difficultés  sans  nombre. 
Mf"*  les  Conseillers  des  finances,  accoutumés  à  la  regle,  seront  bien  éton- 
nés de  voir  que  cinq  ou  six  Gentilshommes  ayent  pu  prendre  sur  eux 
d'emprunter  des  sommes  aussi  considérables,  au  nom  de  tout  le  Corps  de 
la  Noblesse,  sans  être  revêtus  d'aucun  pouvoir  ni  mission,  et  qu'ils  aient 
ainsy  contrevenu  manifestement  au  premier  Titre  qui  leur  a  été  accordé, 
après  qu'ils  eurent  reconnu  la  domination  du  Roy,  de  voir  qu'on  n'est  pas 
en  etat  aujourdhui  de  justiffier  de  l'Employ  de  la  plus  grande  partie  de  ces 
sommes,  et  que  pour  le  seul  procès  que  le  Directoire  a  eu  contre  le  Ma- 
gistrat de  Strasbourg,  les  officiers  de  la  Noblesse  ont  emprunté  d'un  juif 
jusqu'à  50  mille  francs,  sans  qu'on  puisse  donner  à  présent  le  moindre 
ecclaircissement  sur  la  manière  dont  cet  argent  a  été  dépensé,  mais  ce  qui 
m'embarasse  encore  plus,  c'est  de  parvenir  à  faire  approuver  au  Conseil 
des  finances  que  les  frais  immenses  d'un  procès,  où  il  s'agissoit  de  sçavoir 
si  quelques  Gentilshommes  de  la  basse  Alsace,  demeurants  à  Strasbourg, 
seraient  juticiables  du  Magistrat  ou  non,  soient  à  présent  payés  par  la  voie 
d'imposition  sur  les  villages  de  la  dépendance  du  Directoire.  Les  autres 
dettes  n'ont  pas  eu  des  causes  plus  interessantes  pour  le  Peuple.  Je  vous 
avoue  Mgï",  que  je  craindrois  qu'il  ne  fût  ordonné  que  ceux  qui  ont  signé 
les  actes  d'emprunts,  ou  au  moins  tous  les  membres  de  la  Noblesse,  paye- 
ront les  Créanciers  sans  qu'il  en  soit  rien  rejette  sur  les  Villages. 

Je  suis  cependant  bien  persuadé  que  ce  party  ne  doit  pas  être  pris;  la 
Noblesse  ne  pourroit  pas  soutenir  cette  charge;  d'ailleurs  les  offiiciers  du 
Directoire,  dans  le  peu  d'ordre  qu'ils  ont  gardé,  ont  été  séduits  par  l'exces- 
sive liberté  qui  leur  a  été  laissée  surtout  depuis  1701,  où  commence 
l'Epoque  des  trois  quaris  et  plus  de  leurs  deltes.  Je  pense  enfin  qu'en 
pareille  matière  il  faut  songer  principalement  a  établir  l'ordre  pour  l'ave- 
nir; mais  en  même  têms  finir  le  passé  à  quelque  prix  que  ce  soit.  Jeme  sou- 
viens Mg'",  que  c'était  vôtre  sentiment,  lorsque  j'ay  eu  l'honneur  de  vous 
parler  de  celte  affaire;  mais  pour  parvenir  à  ce  but,  je  crois  encore  une 
fois  qu'il  faut  éviter  qu'elle  ne  tombe  au  Conseil  des  finances.  Il  s'agit 

I.  'jaiiiijont  (li'üii-ljüiiti.stc  de),  inlrndaiil  drs  finances. 


—  70  — 

d'expcdicr  un  arrêt,  pour,  en  aulhorisant  le  procès  verbal  dressé,  au  nom 
de  M.  le  Comte  Dubourg  et  de  moy,  ordonner  l'imposition  des  dettes  exis- 
tantes, en  six  ans,  avec  deffense  au  Directoire  de  faire  à  l'avenir  aucuns 
emprunts  de  son  chef,  j'imagine  que  si  vous  vouliés  en  parler  à  M.  le 
Garde  des  Sceaux,  il  consentiroit,  peut-être,  de  charger  un  de  ses  Commis 
de  luy  rendre  compte  en  particulier  de  cette  affaire  pour  la  porter  ensuite 
luy  même  à  Mg"^  le  Regent,  et  après  avoir  pris  son  ordre,  faire  expedier 
l'arrêt  nécessaire.  Je  remarque  que  l'arrest  préparatoire,  dont  je  vous  en- 
voyé la  copie,  a  été  envoyé  par  M.  Darmenonville;  ne  se  pourroit-il  pas 
encore  que  M.  Darmenonville  fût  chargé  par  Mg^  le  Regent  d'examiner  le 
travail  que  je  suis  prêt  d'envoyer  et  qu'il  en  rendit  ensuite  com[t(e  à  S.  A. 
Ri<^  devant  vous  Ug^  et  M.  le  Garde  des  Sceaux. 

J'attends  Mg"^,  vos  ordres,  pour  sçavoir  à  qui  j'enverray  les  papiers  et 
mon  procès  verbal.  Si  vous  vouliés  les  recevoir,  le  volume  n'en  est  pas 
gros,  vous  en  fériés  ensuite  l'usage  que  vous  jugeriés  à  propos,  ou  si  vous 
l'aimés  mieux,  je  l'adresseray,  suivant  que  vous  me  l'indiquerés,  à  M.  le 
Garde  des  Sceaux  ou  à  M.  Darmenonville. 

Au  Surplus  si  je  suis  assés  heureux  pour  obtenir  la  liberté  d'aller  à  Paris, 
je  vous  demanderay  la  permission  de  vous  entretenir  de  ce  que  je  pense 
qu'il  y  auroit  à  faire,  pour  établir  dans  le  Directoire  un  peu  plus  d'ordre 
qu'il  n'y  en  a,  soit  pour  l'administration  de  la  justice  aux  particuliers  ou 
pour  la  conduite  des  affaires  publiques.  Je  suis  etc. 


A  M.  Dargenson^  le  5  Avril  iliS. 

Mg\ 

J'ay  receu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le  25  du 
mois  passé,  au  Sujet  des  ecclaircisscments  que  vous  demandés  sur  les  oc- 
trois et  revenus  des  villes  et  Communautés.  Je  ne  perdrois  pas  un  moment 
à  me  mettre  en  Etat  de  vous  satisfaire,  si  je  n'etois  arrêté  par  une  consi- 
dération. C'est  qu'il  se  peut  que  vôtre  intention  ne  soit  pas  que  l'Alsace 
soit  comprise  dans  l'adjudication  generalle  qui  regarde  à  cet  égard  le 
Royaume,  et  comme  les  esprits  sont  faits  icy  de  manière  que  la  mohidre 
idée  de  nouveauté  les  effarouche,  je  craindrois,  si  j'allois  en  avant,  de  faire 
des  démarches  inutiles,  qui  ne  seraient  pas  néanmoins  sans  inconvénient. 

1.  Marc  René  de  Voyer  de  Paiilmy,  marquis  d'Argeuson,  a  été  cliargé  de  l'administra- 
tion des  finances  de  1718  à  1720. 


—  80  — 

Je  vais  Mg'',  vous  donner  une  idée  des  revenus  des  Villes  d'Alsace  et  de 
leur  administration,  vous  dcciderés  ensuite  sur  ce  que  vous  desirerés  que 
je  fasse  et  vous  serés  bien  obéi. 

Je  vous  pnrlerny  d'abord  de  la  ville  de  Strasbourg:  Par  la  ca[)itulalion 
accordée  à  cette  ville  lorsqu'elle  se  soumit  à  l'obéissance  du  lloy  le  oO  T'^'"'^ 
1681.  Il  est  expressément  porté  aux  articles  4,  5,  6,  7  et  8  que  le  Magis- 
trat restera  dans  l'Etal  où  il  se  trouve  avec  tous  ses  droits,  et  que  la  ville 
continuera  d'avoir  la  libre  jouissance  et  disposition  de  tous  ses  Revenus. 
Cette  capitulation  a  depuis  peu  été  confirmée  par  un  arrcst  du  29  juillet 
1716,  suivi  de  Lettres  patientes  qui  ont  été  registrées  au  Conseil  Supérieur 
de  Colmar.  Sous  le  bénéfice  de  celle  capitulation,  le  magistrat  de  Stras- 
bourg a  toujours  administré  et  administre  encore  les  Revenus  communs 
de  la  ville,  les  afferme  ou  les  faits  régir  et  arrête  les  Comptes  des  fermiers 
et  Receveurs,  sans  qu'aucun  officier  du  Roy  y  participe. 

Les  Revenus  de  la  ville  de  Strasbourg  consistent  dans  la  débite  du  sel 
et  les  droits  de  Douanne,  dans  un  droit  appelé  umgeldt  qui  est  une  espèce 
d'aide  (pii  est  perçue  sur  les  boissons  que  les  cabaretiers  vendent,  quelques 
impositions  que  le  Magistrat  fait  sur  les  habitants,  et  enfin  en  plusieurs 
Terres  et  Seigneuries  à  la  campagne,  que  la  ville  possède  proprietairement. 
J'ay  souvent  oui  dire  que  le  produit  annuel  de  toute  les  espèces  de  reve- 
nus montant  à  cinq  ou  600000  lÊ.  Surquoy  la  ville  est  chargée  au  profit 
du  Roy  de  l'entretien  des  Gazernes,  des  lits  et  du  bois  qu'on  fournit  à  la  gar- 
nison, elle  donne  de  plus  20  mille  ecus  pour  les  fortiffications  de  la  Place 
et  aux  Officiers  de  l'Etat  major  un  ustencile  en  argent,  le  reste  est  employé 
aux  dépenses  qui  concernent  l'intérieur  de  la  ville  et  qui  ne  sont  pas  mé- 
diocres. Les  principaux  magistrats  me  disent  souvent  en  conversation  que 
dans  ce  têms,  où  le  Commerce  n'est  pas  florissant,  ils  ont  peine  à  tenir 
leur  Recette  et  leur  dépense  dans  une  balance  égale.  Il  est  evident,  xMg'', 
que  si  je  viens  à  demander  au  Magistrat  de  Strasbourg  des  ecclaircisse- 
menls  en  detail  sur  les  Revenus  et  les  charges  de  la  ville,  ils  prendront 
d'abord  de  l'inquiétude,  ils  croiront  qu'on  cherche  a  donner  quelque 
atteinte  à  leurs  privilèges,  établis  par  une  capitulation,  un  arrêt  du  Con- 
seil et  des  Lettres  patentes,  et  que  la  dessus  ils  vous  feront  des  représen- 
tations. 

Nous  avons  ensuite  les  dix  villes  cy  devant  jmperiales  de  la  Préfecture 
d'IIaguenau,  ce  sont  Colmar,  Schlcstalt,  Turckeim,  Munster,  Kaysersberg, 
Obcinheim,  Rosheim,  Ilaguenau,  Weissemburg  et  Landau,  chacune  de  ces 
Communautés  a  des  Revenus  de  la  même  espèce,  a  peu  près,  que  ceux  de 
lu  ville  de  Strasbourg,  mais  beaucoup  moins  forts,  les  Revenus  de  la  ville 


-  81  — 

(le  Gülnitir,  (jui  est  la  principale  de  sa  Classe,  sont  acluelIfMiieiil  unciiiiés 
58000  /tel ceux  deTurckheim,  qui  est  laplus  failjle,  ne  moulent  (ju'à  oGOO  U. 
Il  y  a  de  plus  dans  la  province  quelques  petites  villes  ou  Bouiys  (pii  jouis- 
sent aussi  de  quelques  Uevenus  pareils.  Il  me  seroit  facile  de  vous  satisfaire 
sur  ce  qui  rey^arde  les  dix  Villes  de  la  Préfecture  d'haguenau  et  autres 
Villes  et  Bourgs  dont  je  viens  de  parler,  parcequ'il  est  d'usage  (pie  les 
Baux  en  sont  passés  par  les  Intendants  ou  leurs  Subdelegués,  il  a  même 
été  rendu  à  ce  sujet  un  arrêt  du  Conseil  le  10  juillet  dernier  portant  que 
non  seulement  les  baux  des  Conimunaulés  seront  adjuges  devant  l'Inten- 
dant, mais  encore  que  les  Comptes  de  la  dépense  seront  arrêtés  par  luy; 
mais  il  me  paroit,  suivant  le  modele  d'Etat  qui  etoit  joint  à  vôtre  lellre, 
que  vôtre  attention  se  porte  principalement  sur  les  deniers  d'octrois  et  je 
dois  vous  observer  qu'il  n'en  a  été  accordé  à  aucun  des  endroits  que  je 
viens  de  nommer,  leurs  Revenus  consistent  en  quelques  droits,  très  an- 
ciens, dont  on  ne  pourroit  retrouver  les  Titres,  ou  en  biens  réels,  possédés 
à  titre  de  propriété. 

Enfin  dans  l'Alsace  il  y  a  trois  Villes  nouvellement  construites,  qui  sont 
le  fort  Louis,  le  neuf  Brisach  et  Huningue,  les  Revenus  communs  de  ces 
trois  Villes  sont  purement  deniers  d'octrois,  et  ont  été  accordés  par  des 
Lettres  patentes.  Ce  sont  des  levées  principalement  sur  la  débite  du  vin  et 
de  la  viande,  elles  produisent  à  chacune  de  ces  Villes  quatre  à  5000  'a  par 
an  qui  suffisent  à  peine  à  acquitter  leurs  Charges. 

Je  dois  vous  dire  encore  Mgr,  que  par  un  arrest  du  Conseil  du  26  juin 
dernier,  sa  W"^  a  ordonné  qu'on  travaillerait  à  la  liquidation  des  dettes 
des  Communautés  de  la  Province  et  à  la  fixation  de  leurs  charges,  à  l'ex- 
ception néanmoins  de  ce  qui  concerne  la  Ville  de  Strasbourg-,  cet  arrêt 
a  été  publié,  il  y  a  environ  six  semaines,  et  dès  que  les  délais  qu'il  porte 
seront  expirés  je  commenceray  cette  opération. 

Je  crois  devoir  vous  envoyer  Mg'',  un  Exemplaire  de  la  capitulation  de 
Strasbourg,  de  l'arrest  qui  la  confirme  et  des  Lettres  patentes  rendues  en 
conséquence,  un  Etat  contenant  les  Revenus  des  Villes  et  autres  Comnm- 
nautés  d'Alsace  à  l'exception  néanmoins  de  celle  de  Strasbourg-,  dont  je  ne 
pourrais  parler  que  très  imparfaitement,  une  copie  de  l'arrêt  par  lequel  le 
Roy  a  ordonné  que  les  Baux  à  ferme  des  Revenus  des  Villes,  seraient 
donnés  par  l'Intendant  et  que  les  comptes  seraient  par  luy  ariêlés,  et  en- 
fin une  copie  de  l'arrest  pour  la  liquidation  des  dettes  des  Communautés 
de  la  province  et  la  fixation  de  leurs  charges. 

C'est  à  vousàpresent  Mg'",  à  me  donner  vos  ordres  (jue  je  làcheray  d'exé- 
cuter tels  qu'ils  soient.  Je  suis  etc. 

T.  X.  -  (M.).  6 


—  85  — 
A  M.  le  Maréchal  d'Huxclles. 

Le   17  Avril    1718. 

Je  dois  réponse  Mg^,  à  la  lettre  que  vous  m'avcs  Aiil  l'honneur  de  m'e- 
crire  le  il  de  ce  mois  au  Sujet  du  S'"  Ilatzel.  Je  vais  vous  parler  naturel- 
lement, mais  pour  vous  seul,  s'il  vous  plait. 

Je  commenceray  par  dire  que  plus  je  fais  reflexion  sur  l'arrêt  par  lequel 
cet  homme  a  été  admis  à  justiiïîcr  sa  conduite,  plus  cette  forme  de  traitter 
une  pareille  affaire  me  paroit  nouvelle  et  singulière. 

C'est  par  un  Brevet  signé  d'un  Secrétaire  d'Etat  que  le  S''  Ilatzel,  en 
1706,  a  été  établi  Syndic  de  la  ville  de  Strasbourg.  Par  un  ordre  de  même 
espèce  il  a  été  destitué  en  1717.  Cet  ordre  de  destitution  est  fondé  sur 
l'incompatibilité  qui  se  trouveentrerOfficede  Syndic  de  laVilledeStrasbourg 
et  les  fonctions  de  Lieutenant  du  grand  Bailiy  de  haguenau,  dont  le  même 
était  revêtu. 

L'incompatibilité  est  evidente:  Le  syndic  de  Strasbourg  est  tenu  d'assis- 
ter à  toutes  les  assemblées  de  la  maison  de  Ville,  d'y  veiller  à  ce  qui  con- 
vient au  Service  du  Roy  et  au  bien  de  la  Communauté.  11  est  le  Directeur 
de  la  Chancellerie,  c'est  à  dire  du  Greffe,  et  en  cette  qualité  toutes  les 
expéditions  passent  par  ses  mains.  Bien  plus  il  opine  le  premier  dans  toutes 
les  affaires;  à  la  vérité  sa  voix  n'est  que  consultative,  mais  en  ce  fait  son 
ministère  n'est  pas  moins  important  que  celuy  d'un  avocat  gênerai  dans  la 
grande-Chambre.  Au  Surplus  le  magistrat  de  Strasbourg  s'assemble  tous 
les  jours  et  juge,  comme  vous  le  sçavés  les  affaires  criminelles  en  dernier 
ressort  et  de  même  les  Civiles  jusques  à  concurrence  de  mille  Livres. 

Le  Lieutenant  du  grand  Bailiy  d'haguenau,  de  la  manière  dont  cette 
charge  a  été  conférée  au  S'"  Ilatzel,  rend  luy  seul  la  justice,  en  première 
instance,  à  trente  trois  Communautés  qui  composent  ce  baillagc,  il  n'y  a 
même  aucun  autre  officier  etabh  pour  doubler  cette  fonction,  d'où  il  est 
arrivé  que  depuis  un  an  que  le  S''  Ilatzel  est  absent,  les  habitants  du  liail- 
lage  ont  été  sans  juges,  jusqu'à  ce  qu'enün  le  Conseil  de  Colniar  commit, 
il  y  a  quelques  jours  un  avocat  pour  en  faire  l'exercice  en  l'absence  du 
Lieutenant. 

J'ai  peine  à  concevoir  ce  qu'on  pourroit  alléguer  pour  combattre  l'in- 
compatibilité de  ces  deux  emplois,  c'est  à  mon  sens,  comme  si  le  Procu- 
reur du  Roy  du  Chatelet  de  Paris,  vouloit  être  en  même  têms  Lieutenant 
gcneial  ilu  Baiilage  à  Orleans. 


—  88  — 

C'est  néanmoins  la  destitution  de  l'Employ  de  Syndic  de  Strasbourg,  qui 
a  donné  lieu  à  l'arrêt  par  lequel  le  S""  IJatzel  a  été  admis  à  sa  jusliffication. 
Si  l'arrest  portoit  qu'on  examinera  la  question  de  compatibilité  ou  d'in- 
compatibilité dans  les  deux  fonctions  et  consequemment  si  IJatzel  doit  être 
réintégré  ou  s'il  demeurera  destitué,  ondemesleroit  unobjet.  Sila  fonclion 
de  Syndic  de  la  ville  de  Strasbourg  était  exigée  en  Titre  d'OlTice  formé, 
pour  lequel  il  eut  été  expédié  des  provisionsau  S^"  Ilatzcl,  on  pourroit  dire 
que  par  les  ordonnances  du  Royaume  un  officier  ne  peut  être  dépossédé 
sans  qu'on  luy  fasse  son  procès  et  qu'ainsy  Hatzel  a  raison  de  demander 
qu'on  luy  nomme  ses  dénonciateurs,  de  presser  pour  qu'il  soit  fait  une 
instruction  entre  eux  et  luy  et  que  s'il  est  déclaré  innocent  on  luy  donne 
satisfaction,  mais  c'est  de  quoy  il  ne  s'agit  nullement,  puisque  l'Employ 
de  Syndic  n'est  pas  une  charge  et  que  d'ailleurs  Mg^  le  Duc  d'Orléans  et 
M.  le  Chancelier  se  sont  assés  expliqués,  que  quelque  événement  qu'eût 
cette  affaire,  Hatzel  ne  devait  pas  espérer  de  rentrer  dans  la  fonclion  de 
Syndic:  S.  A.  Ri^  et  M.  le  Chancelier  me  l'ont  dit  à  moy  même,  lorsqu'en 
partant  de  Paris  pour  venir  icy,  je  demanday  si  je  devais  à  mon  arrivée, 
recevoir  le  Serment  du  nouveau  Syndic,  ou  attendre  la  fin  de  la  discussion, 
dans  laquelle  on  était  entré  à  l'égard  de  l'ancien. 

Je  crois  bien  Mg^,  que  lorsque  vous  avés  demandé  la  deposscssion 
d'HaIzel  vous  avés  été  déterminé  nonseulement  par  l'incompatibilité  des 
deux  fonctions,  mais  encore  par  l'ancienne  connoissance  que  vous  avés 
prise  du  Caractère  de  ce  personnage,  pendant  le  têms  que  vous  avés  com- 
mandé en  Alsace  et  plus  encore  par  le  désir  de  mettre  fin  à  l'esprit  de  di- 
vision que  cet  homme  apportoit  dans  le  Magistrat  qu'il  cherchoilà  soulever 
contre  le  Prêteur  Royal;  on  sçait  assés  qu'il  attaquoit  ouvertement  cet 
officier  par  des  mémoires  présentés  malgré  la  deffense  expresse  que  vous 
luy  aviés  faite,  sur  ce  qu'il  vous  avoit  paru  qu'il  n'agissoit  que  par  envie 
et  dans  un  esprit  de  cabale.  On  dira  peut-être  qu'il  n'étoit  question  que 
d'un  règlement  à  faire  dans  les  fonctions  des  Charges  de  Prêteurs  et  de 
Syndic;  mais  si  les  mémoires  qui  paroissent  aujourd'huy  ne  parlent  pas 
d'autre  chose,  il  n'en  est  pas  moins  certain  qu'il  y  en  a  eu  de  secrets  qui 
touchent  l'honneur  du  Prêteur  et  je  n'en  puis  douter,  puisque  31.  le  Chan- 
celier m'en  a  parlé,  je  dis  donc,  Mg'^,  qu'il  se  peut  que  vous  vous  soyés 
expliqué  sur  vôtre  manière  de  penser  a  l'Egard  d'IIatzel,  mais  si  toutes  les 
fois  qu'un  Supérieur,  tel  qu'un  Gouverneur  de  Province  dira  son  sentiment 
sur  un  Subalterne,  tel  que  le  Syndic  d'une  ville,  il  faut  sur  le  champ  en- 
trer en  hce  et  fournir  des  preuves,  je  doute  que  cela  puisse  être  introduit, 
sans  que  l'harmonie  du  gouvernement  en  reçoive  atteinte.  Si  l'on  objecte 


—  84.  — 

qu'il  ne  ij'ugit  point  icy  de  simples  discours,  mais  de  la  depossessioii  d'un 
olïiciei',  je  réponds  que  llatzel  n'est  point  officier  et  que  c'est  pour  pure 
cause  d'incompatibilité  (ju'il  est  destitué  de  l'oflîce  de  Syndic,  on  ne  trou- 
vera rien  autre  chose  dans  l'ordre  expédié  pour  sa  destitution  :  c'est  aller 
trop  loin  que  de  vouloir  pénétrer  les  motifs  (|ui  vous  ont  fait  agir  à  l'égard 
d'un  personnage  de  l'étoffe  du  S^  Hatzel. 

Je  ne  vois  donc  pas  quel  est  le  fait  sur  lequel  il  peut  être  admis  à  se  jus- 
tiffier,  puisqu'avant  l'arrest  qui  luy  nomme  des  Commissaires  il  n'avait 
point  été  donné  de  mémoires  contre  luy,  et  effectivement  autant  qu'il  peut 
m'en  souvenir,  il  n'est  pas  fait  mention  dans  le  veu  de  l'arrest  d'aucune 
accusation.  Au  surplus  le  S""  Ilalzel  doit  avoir  beau  jeu,  puisqu'il  estreceu 
à  travailler  luy  même  et  sans  contradiction  à  sa  propre  canonisation. 

W^  les  Commissaires  n'auroient-ils  eu  d'autre  mission  que  d'examiner  les 
Services  importants  que  cet  liomme  prétend  avoir  rendus  à  l'occasion  du 
dernier  Traité  de  paix  avec  l'Empereur?  Je  sçais  que  M.  de  la  houssaye  veut 
persuader  que  le  S»"  Hatzel  est  l'unique  ouvrier  de  ce  grand  ouvrage,  mais 
je  sçais  aussi  que  M.  le  M-'^^''^  de  Villars  prétend  que  Hatzel  n'y  a  eu  d'autre 
part  que  celle  d'entretenir  quelque  commerce  d'Espions  et  de  loger  mi 
Envoyé  secret  de  l'Electeur  Palatin;  la  faveur  de  M.  de  la  Houssaye  luy  a 
obtenu  des  Lettres  de  noblesse,  la  confiscation  d'une  maison  dans  Stras- 
bourg qu'il  a  depuis  vendu  22000  ÏÏ;  La  lieutenance  à  titre  de  fief,  pour 
luy  et  sa  postérité  masle,  du  grand  Bailly  d'Haguenau,  ce  qui  luy  produit 
huit  à  neuf  mille  francs  par  an,  le  Syndicat  de  la  ville  de  Strasbourg  qui 
vaut  5000  îc  et  enfin  une  pension  de  3000  ïï  sur  les  Revenus  de  la 
même  ville.  Il  a  perdu  le  Syndicat.  Si  on  ne  le  trouvoit  pas  assez  recom- 
pensé par  tout  ce  qui  luy  resloit,  il  me  semble  Mg"",  qu'on  pouvoit  luy 
procurer  d'autres  libéralités  dans  l'aparat  d'une  Commission  Extrord'""  du 
Conseil. 

Ce  n'etoit  pas  aussi  Mg»",  le  but  de  M.  de  la  houssaye,  qui  ne  connoit  au- 
cune mesure  dans  ses  affections,  ni  dans  les  sentiments  contraires  qu'il 
prend  volontiers  contre  ceux  qui  n'ont  pas  assés  de  lumières  pour  penser 
absolument  et  tout  comme  luy,  il  a  voulu  faire  un  Eclat,  en  présumant, 
non  sans  quelque  fondement,  de  son  credit,  son  dessein  a  été  de  faire  dé- 
clarer par  un  jugement  authenti(|ue  que  sa  créature  avait  été  dépossédée 
avec  injustice  et  en  faire  tomber  toute  la  haine  sur  moy.  Je  sçais  les  pro- 
pos ipu!  ;i  tenus  à  .M'"'^  les  Commissaires,  je  me  garderay  de  penser  qu'il 
n'ait  pas  eu  la  retenue  de  rester  dans  le  silence  à  votre  égard,  vousscavés 
cpendani  .Mg"",  que  je  n'ay  eu  aucune  paft  à  l'aventure  de  Hatzel.  Osorois- 
je  vous  rappeler  (^ue  dès  que  vous  m'eûtes  confié  votre  dessein,  je  pris  la 


—  85  — 

liherlô  do  vous  rcprescnlor  (\uc  jo  nroyois  qu'il  cloil  ronvonnblc  rine  vous 
en  ])arlassics  n  M.  le  CJiniiccIier,  que  j'ollay  prier  M.  Darmeiionville  de  vous 
proposer  la  iiiôme  chose,  cl  qu'enfin  lorsque  je  sçus  par  vons  que  M.  le 
Duc  d'Orléans  avoit  donné  l'ordre  de  la  destitution  d'Ifalzel,  je  vous  de- 
manday  avec  la  dernière  instance  la  permission  que  vous  m'accordâtes 
d'aller  l'apprendre  à  M.  le  Cliancclier  el  de  luy  dire  même  que  vousluy  en 
aviés  parlé  quelques  jours  auparavant.  M.  de  la  Iloussaye  ne  peut,  pas 
ignorer  que  M.  le  Chancelier  m'ayant  pressé  à  diiïcrenles  reprises  de  luy 
dire  ce  que  je  pensois  sur  Ilatzel,  je  m'en  defTcndis  toujours,  en  sorte  que 
ne  pouvant  plus  reculer,  je  luy  avancay  que  cet  homme  m'avait  offense 
personnellement,  en  ce  qu'il  avait  cherché  à  me  brouiller  avec  M.  Voisin' 
et  M.  de  Chalillon^  au  sujet  de  quelque  detail  de  la  charge  de  grand  Bailly 
d'IIaguenau,  j'ajoutay  que  quoyque  M.  le  Chancelier  Voisin,  sur  une  lettre 
que  je  me  donnay  l'honneur  de  luy  écrire,  m'eut  fait  une  réponse  satisfai- 
sante, au  delà  de  ce  que  je  pouvois  espérer,  il  m'en  restoit  toujours  assés 
de  ressentiment  contre  hatzel  pour  me  faire  prendre  le  parly  de  me  taire 
sur  ce  qui  le  regardoit.  Il  est  vray  que  depuis  M.  le  Chancelier  ayant  sçu 
par  vous,  qu'il  m'avoit  été  présente  une  Requête  contenant  des  faits  assés 
graves  contre  Ilalzel,  il  m'ordonna  de  la  luy  remettre,  ce  que  je  n'ay  fait 
que  quatre  mois  après  et  sur  trois  semonces  qui  m'en  furent  faites;  je  ne 
sçais  ce  que  celte  pièce  est  devenue,  elle  a  du  naturellement  tomber  à  M, 
de  Machault.  Si  elle  a  paru  dans  la  discussion  de  l'affaire  d'IIalzel,  j'aurois 
peine  à  concevoir  comment  M''^  les  Commissaires  n'auroienl  pas  trouvé 
qu'une  plainte  signé  de  15  ou  vingt  personnes,  contenant  des  faits  graves 
meriloit  quelque  altention.  J'avois  cette  Requête  six  mois  avant  que  hatzel 
parût  à  Paris,  je  ne  feindray  pas  de  dire  que  sans  le  ménagement  que 
j'avais  pour  la  protection  de  M.  de  la  houssaye  envers  cet  homme,  j'aurois 
agi  pour  eclaircir  la  matière  et  procurer  justice.  Au  moins  M.  de  la  hous- 
saye ne  se  desavouera  pas,  puisque  j'en  ay  la  preuve  par  des  Lettres  de 
luy  même  qu'à  la  fin  de  1716  le  Si"  hatzel  s'etanl  trouvé  impliqué  dans  le 
divertissement  d'une  somme  de  13000  ÏÏ  sur  les  impositions  du  Bailliage 


1.  Voisin,  Seigncm-  de  la  Moraye,  chancelier  de  1714  à  1717.  11  avait  commencé  par 
ètro  intendant  du  Hainant.  Il  fut  successivement  économe  du  pensionnat  de  Saint-Cyr. 
ministre  de  la  gnerre,  puis  chancelier.  En  cette  qnalité  il  redoubla  les  persécutions 
contre  les  reformés.  Il  est  appelé  par  le  testament  de  Louis  XIV  an  Conseil  de  Rég-cnce. 
11  révéla  au  duc  d'Orléans  les  dernières  dispositions  du  Roi  défuiil.  Le  duc  se  maiiilii'ut 
au  Conseil  de  Régence  et  meurt  en  1717. 

2.  De  Chatillon.  grand  bailly  de  Ilagnenau  à  parlir  de  1713.  Le  grand  bailhige  lui 
avait  été  donné  à  titre  de  fief. 


—  m  — 

(riiaguenan,  dont  il  faisoit  le  rccoiivi'Gnient,  comme  Bailly,  je  n'ay  jamais 
écrit  de  cette  affaire  qu'à  M.  de  la  hougsaye,  cherchant  à  l'en  rendre  le 
Maître  et  luy  proposant  de  la  terminer  sans  éclat  pour  sa  créature. 
Il  est  vray  que  M.  tle  la  houssaye  me  repondit  d'abord  poliment,  mais  comme 
je  luy  raarquay  de  la  répugnance  à  prendre  les  partis  qu'il  me  propo- 
soit,  il  m'écrivit  avec  une  hauteur  à  lacjuelle  je  ne  devois  pas  m'atlendre, 
que  j'apprendrois  la  décision  du  Conseil  par  M.  Desforts  qui  avoit  la  pro- 
vince d'Alsace  dans  son  département.  Il  me  vint  effectivement  une  lettre 
de  M.  Desforls,  mais  comme  je  reconnus  par  le  stile  que  M.  de  la  houssaye 
en  était  l'auteur,  je  m'en  expliquay  moy  même  à  Paris  avec  M.  Desforts, 
qui  convint  qu'elle  avait  été  fabriquée  par  M.  de  la  houssaye;  l'affaire  fut 
enfin  discutée,  entre  M.  Desforts  M.  de  la  houssaye  et  moy,  comme  celuy 
cy  s'échauffait,  je  dis  à  l'un  et  à  l'autre  (ju'ils  pouvoient  donner  une  déci- 
sion par  un  arrest  du  Conseil,  que  je  l'executerois  telle  qu'elle  fut;  mais 
que  s'il  falloit  que  je  rendisse  une  ordonnance,  je  n'aurois  jamais  assés  de 
complaisance  pour  personne,  pour  en  faire  une  contraire  à  mon  propre 
sentiment;  quelques  jours  après  je  communiquay  un  projet  d'ordonnance 
à  M.  Desforls  qui  l'approuva  et  l'affaire  a  été  terminée  sans  que  M.  de  la 
houssaye  ni  hatzel  aient  entrepris  de  faire  reformer  mon  jugement.  Il  m'a 
été  mandé  depuis  peu  qu'il  pourroit  arriver  que  M.  le  Garde  des  Sceaux  me 
demanderoit  des  éclaircissements  sur  les  affaires  présentes  de  haizel.  Je 
vous  avoue  Mg"",  que  je  serois  embaïassé  de  répondre  par  deux  raisons: 
l'une  que  je  ne  me  sens  pas  encore  assés  de  vertu  chrétienne  pour  oublier 
les  procédés  de  hatzel  et  de  son  protecteur  à  mon  égard  et  que  dans  cette 
situation,  il  ne  me  seroit  pas  séant  de  parler;  l'autre  qu'il  ne  me  paraitroit 
pas  prudent  de  prendre  part  dans  une  affaire  qui  me  doit  être  absolument 
indiffei-ente,  sçachant  surtout  que  S.  A.  R'^  a  été  prévenue  en  faveur 
d'halzel  par  M.  le  Chancelier  et  par  Madame  qui  sollicite  ouvertement  pour 
cet  homme.  Je  vous  assure  que  je  verray  tranquilement  Ilalzel  élevé  par 
un  arrêt  et  accablé  de  nouvelles  recompenses.  Je  ne  changeray  pas  à  la 
vérité  de  sentiment  pour  luy,  malgré  le  respect  que  j'ay  pourMf's  les  Com- 
missaires, ma  raison  est  que  je  crois  sçavoir  des  choses  que  vraisembla- 
blement ils  ignorent;  je  crois  donc  que  si  M.  le  Garde  des  sceaux  m'écrit 
j'useray  à  son  egaid  de  la  même  reserve  que  j'ay  déjà  prati(iuée  en  pareil 
cas  pour  M.  le  Chancelier. 

Quant  à  vous  Mg"",  vous  n'êtes  point  juge  de  cette  affaire,  je  crois  pou- 
voir vous  parler  avec  plus  d'ouverture.  Depuis  que  je  suis  en  Alsace  il 
m'est  veim  beaucoup  de  plaintes  contre  le  S.  haizel  sur  son  administration 
dans  le  baillagc  d'haguenau.  Je  les  ay  toujours  lebutées,  d'abord  par  égard 


—  87  — 

pour  la  protection  dont  il  est  iionoré  par  M.  do  la  lioiissayc,  et  ensuite  par 
mépris  pour  hatzel,  il  m'en  est  cependant  resté  quelques  unes  ou  cet 
homme  est  accusé  de  n'avoir  jamais  tenu  compte  aux  Communautés  du 
Baillage  d'haguenau  des  diminutions  qui  leur  ont  été  accordées  par  diiïe- 
rents  arrêts  du  Conseil  d'avoir  exigé  des  Peuples  40  pour  cent  pour  la 
différence  de  l'argent  d'Alsace  à  celuy  de  france,  lorsquelle  n'était  réelle- 
ment que  de  dix  et  douze,  d'avoir  imposé  des  Corvées  pour  la  construction 
d'un  château  qu'il  a  fait  élever  près  de  Weissembourg  et  de  sa  maison  à 
Strasbourg,  d'avoir  obligé  plusieurs  habitants  de  ces  Communautés  à  se 
redimer  en  argent  de  ces  Corvées,  et  cnlui  d'avoir  obligé  les  Prévôts  des 
Communautés  d'haguenau  à  passer  au  profit  de  Garnier  son  commis  une 
obligation  de  30000  U  causée  pour  des  prétextes  frivoles.  Ces  plaintes  à  la 
vérité  sont  signées,  mais  comme  j'ay  toujours  évité  de  rien  approfondir,  je 
ne  puis  dire  si  dans  une  procédure  réglée,  la  preuve  suivroit  ou  non.  Je 
sçais  que  hatzel  sauve  presque  tous  ces  faits,  en  soutenant  hardiment  qu'il 
n'a  jamais  été  chargé  de  recouvrement  dans  le  Baillage  d'haguenau,  etjus- 
tiffîant  son  dire  par  des  Certifïicats  dont  la  fabrique  est  à  sa  disposition, 
mais  cela  est  bon  jusqu'à  contredit,  et  si  la  question  en  etoit  réduite  là,  il 
ne  seroit  pas  difficile  de  prouver  par  des  pièces  de  dattes  non  suspectes 
que  hatzel,  ainsy  que  tous  les  autres  Baillis  de  la  province  a  toujours  fait 
l'exaction  des  deniers  du  Roy  dans  le  Baillage  d'haguenau,  soit  par  luy 
même,  ou  par  un  appelé  Garnier  son  Commis,  que  hatzel  hazarderoit  beau- 
coup si  l'on  en  venoit  à  une  information.  Mais  d'un  côté  vous  ne  voulés 
pas,  ainsy  que  vous  me  le  marqués,  la  mort  du  Pécheur,  et  de  l'autre  n'y 
at-il  pas  assés  de  justes  soupçons  sur  la  conduite  de  cet  homme  pour  qu'il 
doive  être  absolument  éconduit?  Ne  devroit-il  pas  se  trouver  heureux  qu'en 
luy  laissant  tout  ce  qu'il  lient  encore  de  la  libéralité  du  feu  Roy  on  luy 
ordonnât  de  se  retirer  et  d'être  à  l'avenir  plus  circonspect  et  plus  réservé 
dans  ses  fonctions  de  Bailly  d'haguenau;  on  pourroitmême,  par  un  Excès 
de  complaisance  ne  luy  pas  ôter  la  pension  dont  il  jouit  sur  les  Revenus  de 
la  ville,  il  luy  en  couteroit  dans  ce  Système  le  Syndicat;  mais  son  peu 
de  talent  pour  les  affaires  judiciaires  aurait  du  l'en  exclure  depuis  longtêms. 
Feu  M.  Voisin  connaissoit  bien  le  S'"  hatzel;  je  me  souviens  que  (|uand 
je  passay  à  Paris,  allant  de  Dauphiné  en  Alsace,  il  me  dit  en  présence  de 
M.  de  Chalillon,  qu'il  avoit  fait  la  fortune  d'hatzel,  mais  que  dans  la  suite 
il  avait  reconnu  que  cet  homme  était  un  ingrat  et  ne  valoit  rien.  Il  est 
vray  que  depuis  hatzel  est  rentré  dans  les  bonnes  grâces  de  M.  de  Chalil- 
lon; mais  cela  ne  détruit  pas  tout  a  fait  dans  mon  esprit  l'idée  que  je  me 
suis  faite  du  jugement  porté  par  M.  son  beau  père. 


—  88  - 

Je  ne  puis  me  refuser  AFg'',  de  vous  envoyer  In  copie  de  la  leltrc  que  je 
reçus  de  M.  Voysin,  à  roccasion  de  l'affaire  que  halzel  voulût  me  susciter 
avec  M.  de  Clialillon. 

Je  joins  encore  des  copies  du  brevet  de  Syndic  d'iiatzel  et  des  Lettres 
de  rinfcodalion  à  luy  accordée,  de  la  charge  de  Lieutenant  du  grand  Bailly. 
Je  doute  qu'après  avoir  leu  ces  deux  pièces  il  y  ait  personne  au  monde  qui 
puisse  dire  que  l'une  et  l'autre  fonction  sont  compatibles  dans  la  mdme 
personne. 

Je  finis  Mg"",  cette  très  longue  lettre,  comme  je  l'ay  commencée,  en  vous 
suppliant  très  humblement  qu'elle  ne  soit  lue  que  de  vous,  car  encore  une 
fois,  je  ne  cherche  point  du  tout  à  me  mesler  de  l'affaire  d'hatzel;  bien 
esl-il  vray  que  j'ay  lieu  d'être  extrêmement  piqué  contre  M.  de  laboussaye, 
mais  mon  intention  n'est  pas  de  tomber  sur  la  partie  faible.  J'iray  peut- 
être  un  jour  à  Paris,  je  parleray  aussi  à  mon  tour  à  Mf's  les  Commissaires 
et  je  le  feray  avec  d'autant  plus  de  satisfaction  qu'alors  l'affaire  dont  il  s'agit 
se  trouvera  vraisemblablement  terminée.  Je  suis  etc. 


A  M.  Trudaine  '. 

Le  21   Avril    1718. 

Puisque  j'ay  commencé  M.  à  vous  entretenir  de  la  prétention  que  la  ville 
de  Landau  eleve  contre  les  fonctions,  en  ce  qui  la  regarde,  de  la  charge  de 
grand  Bailly  d'haguenau,  il  faut  que  je  vous  mette  au  fait  de  ce  quia 
suivi. 

Je  vous  ay  déjà  mandé  que  je  croyois  qu'il  convenoit  que  M.  le  Comte  de 
Chatillon  en  parlât  à  M.  le  Maréchal  d'huxelles.  Je  juge  que  cette  démarche 
a  été  faite,  puisque  M.  le  W^^  d'IIuxelles  m'écrivit  il  y  a  quelques  jours  une 
lettre  contenant  deux  choses;  l'une  qu'independament  de  la  difficulté  qui 
est  entre  la  ville  et  M.  le  grand  Bailly,  il  luy  paroit  qu'il  convient  que  l'on 
procède  à  l'Election  d'un  sujet  pour  la  place  vaccante  dans  le  Magistrat  de 
Landau,  l'autre  qu'il  pense  qu'il  est  du  service  du  Roy  que  l'aulhorité  du 
grand  Bailly  y  soit  reconnue.  J'ay  écrit  très  vivement  en  conséquence  aux 
Magistrats  et  à  mon  subdelegué,  mais  j'ay  eu  une  grande  attention  à  em- 
pescher  qu'ils  exécutassent  le  premier  point  sans  prendre  de  parly  sur 


1.  Tnidainc,  Seigneur  de  Montigny,  maîlro  des  reqnètes  on  1G3().  li  fut  prévôt  des 
marcliaiid.s  de  Paris,  inleiidant  à  Lyon  en  1701,  à  Dijon  en  1710. 


-  80  — 

ronlrc.  Vous  roniprenés  bien  fjuc  M.  le  grnml  iuiilly  cl  ?nii  Liriiicuniit 
n'étant  point  clans  la  province,  il  était  assés  naturel  que  les  Imlilhuils  de 
Landau  procédassent  sur  le  champ  à  l'Election  et  (pic  celle  absence  leur 
auroit  fourni  une  excuse  plausible  en  cas  que  par  la  suilc  ils  succombassent 
envers  M.  de  Chalillon,  mais  j'ay  pensé  en  même  lêms  qu'une  pareille  de- 
marche  ne  laisseroit  pas  d'intéresser  en  quelque  façon  les  droits  du  grand 
Bailly. 

Je  vous  envoyé  des  copies  des  réponses  que  j'ay  reçues  de  mon  Subdc- 
legué  et  des  magistials  de  Landau,  vous  y  trouvères  que  ces  derniers  per- 
sistent absolument  dans  la  resolution  de  soutenir  leur  prétendue  immunité; 
j'en  rends  compte  à  M.  le  M^^^^  d'huxelles  et  je  luy  propose  deux  voyes  : 
l'une  qu'il  croit  agréable  d'écrire  en  droiture  aux  Magistrats  de  Landau  pour 
leur  ordonner  de  se  soumettre  à  l'autborité  de  M.  de  Chalillon,  l'autre  qui 
n'est  que  subsidiaire  est  qu'il  fasse  nommer  par  le  Roy  pour  celle  fois  seu- 
lement et  sans  tirer  à  conséquence,  le  sujet  qu'il  destine  pour  remplir  la 
place  qui  vague,  ce  qui  s'est  déjà  pratiqué  plus  d'une  fois. 

Je  crois  donc  qu'il  faut  que  M.  de  Chalillon  travaille  de  nouveau  la  des- 
sus auprès  de  M.  le  M''^^  d'huxelles.  La  première  voye  est  la  plus  décisive. 
Je  me  persuade  volontiers  que  si  M.  le  M^^^  d'huxelles  veut  écrire  fortement 
aux  Magistrats  de  Landau,  ils  obéiront.  M.  de  Chalillon  peut  à  mon  sens 
représenter  que  la  ville  de  Landau  est  la  plus  exposée  d'Alsace,  qu'elle 
peut  tomber  de  nouveau  au  pouvoir  des  jmperinux,  et  qu'en  ce  cas  il  ne 
seroit  pas  indifferent  pour  la  revendiquer  dans  un  Traité  de  paix  d'être  en 
etat  de  justiffier  qu'elle  a  toujours  été  soumise  à  la  préfecture  de  haguenau. 
J'ay  lieu  de  croire  que  M.  de  Chalillon  trouvera  M.  le  M''^'''^  d'IIuxelles  dans 
le  principe  qui  est  effectivement  bon. 

Si  M.  le  W^^  d'IIuxelles  ne  peut  être  déterminé  à  prendre  ce  parly,  je 
crois  que  M.  de  Chalillon  doit  faire  en  sorte  que  l'autre  soil  suivy,  qui 
est  de  faire  nommer  par  le  Roy  un  Bourgmestre  afïîn  que  son  droit 
ne  reçoive  point  d'atteinte.  II  auroit  par  ce  moyen  le  lêms  de  l'expliquer 
et  de  le  faire  valoir,  et  je  considère  d'ailleurs  que  Son  Lieutenant, 
qui  est  actuellement  absent,  se  trouvant  pour  une  autre  fois  dans  la 
province,  il  seroit  en  etat  d'agir,  au  lieu  que  personne  ne  paroil  aujour- 
d'huy. 

J'ay  quelque  lieu  de  croire  que  M.  de  Chalillon  qui  est  obsédé  par  ce 
Lieutenant  que  vous  connaisses,  s'imagine  quelque  fois  que  je  ne  fais  pas 
dans  cette  occasion  tout  ce  que  je  pourrois,  mais  je  n'y  prends  pas  garde, 
et  je  continue  à  chercher  à  le  servir,  parceque  je  me  flalle  que  je  vous 
fais  en  même  lêms  plaisir  et  que  d'ailleurs  j'honore  la  personne  de  M.  de 


—  90  — 

Chatillon  et  respecte  sa  naissance.  An  snrplus  je  vons  snplie  qnc  cette  let- 
tre ne  sorte  point  de  vos  mains,  elle  peut  nous  servir  à  donner  un  Memoire 
à  M.  de  Chatillon.  Je  suis  etc. 


A  M(jr  Dar  (/en  son. 

Le  22  May   1718. 

J'ay  receu  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire  le  6  de 
ce  mois  et  l'arrêt  du  premier  par  lequel  sa  M^''  a  ordonné  que  tous  les 
Possesseurs  des  domaines  à  quel  tître  que  ce  puisse  être,  seront  tenus  de 
les  représenter  dans  deux  mois.  Je  vais  vous  expliquer  les  raisons  qui  me 
font  croire  que  cet  arrêt  ne  doit  pas  être  publié  en  Alsace. 

Les  Terres  que  les  Gentilshommes  de  cette  province  possèdent,  viennent 
certainement  pour  la  pluspart  de  la  libéralité  des  Empereurs  et  des  anciens 
Souverains  du  Pays  qui  les  leur  ont  conférés  à  tître  de  fief  masculin  ou 
feminin.  Le  Roy  par  le  Trailé  de  Munster  ayant  acquis  les  droits  de  l'Em- 
pereur et  de  l'Empire  et  des  Princes  de  la  Maison  d'autriche,  est  devenu 
le  Seigneur  dominant  de  tous  ces  fiefs,  et  dispose  de  ceux  qui  vaquent  par 
forfaiture  ou  par  l'exlinclion  de  la  descendance  de  celuy  qui  a  été  le  pre- 
mier investy,  il  est  evident  que  l'arrest  ne  peut  concerner  les  fiefs  sur  les- 
quels Sa  M'ö  n'a  jamais  eu  que  le  Domaine  direct,  qui  luy  appartient  encore 
aujourdhuy. 

La  Maison  d'Aulriche  possedoit  elle  même  en  Alsace  des  fiefs  considé- 
rables de  l'Empiie,  ce  sont  les  Baillagesde  Belfort,  Delle,  Thann,  Allkirch, 
Isenheim  et  Landser.  Par  la  paix  de  Munster  ces  Terres  ont  été  cédées 
au  Roy  mais  sa  M'*^'  en  a  disposé  à  titre  de  don,  les  Baillages  de  Belfort, 
Delle,  Thann,  Allkirch  et  Isenheim  ont  été  conférés  par  des  Lettres  pattenlcs 
du  mois  de  Décembre  1658  à  M.  le  Cardinal  Mazarin,  M.  leDucdeMazarin 
comme  son  héritier  en  jouit  actuellement.  Ces  biens  sont  affermés  par 
un  Bail  genei'al  GOOOO  ît.  Vous  Irouverés  Mg^,  dans  les  Lettres  patientes 
dont  je  joins  icy  une  copie,  les  raisons  qui  me  font  croire  que  ces  six  bail- 
lages ne  doivent  pas  être  regardés  connue  un  Domaine  aliéné,  la  princi- 
pale est  que  dans  le  Traité  de  Munster  qui  est  de  1048,  il  est  stipulé  que 
le  Roy  d'Espagne  confirmera  la  cession  des  biens  de  la  Maison  d'Aulriche 
en  Alsace,  ce  (jui  n'a  eu  lieu  qu'au  Trailé  des  Piiennées,  signé  le  7  O^""" 
1658.  Le  don  fait  à  M.  le  Cardinal  Mazarin  est  du  mois  de  Décembre  sui- 
vant. Il  est  par  conséquent  viai  de  dire  (juc.  la  chose  donnée  n'a  jamais  été 
unie  et  incorpoiée  au  Domaine  du  Roy. 


-  91  — 

Le  Baillage  de  Landser  est  possédé  par  M.  l'Abbé  de  Goiivernel,  comme 
héritier  de  feu  M.  llervart,  au  père  duquel  Sa  M^",  pour  recompeuse  d'un 
service  important,  donna  celte  Terre  par  des  Lettres  patentes  du  mois  de 
février  1645  qui  ont  été  confirmées  par  d'autres  Lettres  du  18  mars  1679. 
Je  mets  dans  ce  paquet  des  copies  des  deux  Lettres.  Cette  Seigneurie  vaut 
15  à  16  mille  livres  de  rente,  il  est  encore  evident  qu'elle  n'a  jamais  fait 
partie  du  Domaine  de  la  Couronne. 

Je  crois  devoir  parler  aussi  de  la  Charge  de  grand  Bailly  de  haguenau 
qui  emporte  la  Seigneurie  de  trente  Villages  et  dont  le  revenu  annuel  peut 
être  de  25000  tt.  C'est  par  des  Lettres  Patentes  du  mois  d'Avril  1713  (jue 
le  tout  a  été  conféré,  à  litre  de  fiefj  à  M.  le  Comte  de  Clialillon.  Voussçavés 
Mg»",  qu'il  y  a  la  dessus  un  procès  au  Conseil  où  les  Titres  sont  produits. 
On  peut  mettre  dans  la  même  Classe  la  charge  du  Lieutenant  du  grand 
Bailly  qui  a  été  inféodée  au  S^  Ilatzel  par  des  lettres  patentes  du  mois  de 
février  1712  et  dont  on  dit  qu'il  tire  7  à  8  mille  francs  par  an. 

Je  finiray  par  des  dixmes  qui  ontété  données  à  l'abbaye d'Ottmarsheim', 
ce  monastère  qui  est  très  ancien  est  situé  entre  Colmaret  le  Rhin,  il  avait 
été  absolument  ruiné  par  les  Guerres  qui  ont  précédé  le  Traité  de  Munster, 
le  feu  Roy  voulut  le  rétablir,  pour  cet  efl'et,  par  des  Lettres  patentes  du 
mois  de  janvier  1687.  S.  M'^'^  donna  à  cette  maison  la  Seigneurie  de  trois 
ou  quatre  villages  qui  s'etoient  nouvellement  formés  dans  des  Terrains  dé- 
frichés, depuis  1648.  Il  arriva  que  ce  Terrain,  que  Sa  M'^'  croyoit  luy  ap- 
partenir, se  trouva  dans  la  Seigneurie  de  Landser,  en  sorte  que  par  arrêt 
contradictoire  du  Conseil  d'Alsace  du  27  7i^''e  4794,,  l'abbaye  d'Ottmarsheim 
fut  évincée  du  don.  Pour  l'en  dédommager  le  Roy  par  des  lettres  patentes 
du  mois  de  janvier  1705,  luy  donna  les  dixmes  de  quelques  Terres  défri- 
chées dans  la  forest  de  la  Hart,  appartenant  à  S.  M'"'.  L'abbaye  en  jouit  et 
en  tire  une  dixme  de  5  à  6000  a  par  an.  Vous  verres  Mgi",  par  la  copie 
ci  jointe  des  dernières  Lettres  patentes,  que  la  condition  d'entretenir  six 
Chanoinesses  de  plus,  a  été  aposée  à  la  libéralité  de  Sa  IVP^^ 

Vous  pouvés  être  assuré  Mg'',  que  ce  que  je  viens  d'avoir  l'honneur  de 
vous  expliquer  comprend  toute  la  matière  des  Domaines  en  Alsace.  Je  crois 
donc  que  l'arrest  du  premier  de  ce  mois  ne  peut  concerner  les  possesseurs 
des  fiefs  et  que  M.  de  Mazarin  et  M.  de  Gouvernet  ne  sont  point  dans  le 


1.  L'abbaye  bénédictine  d'OUmarsheim  fut  fondée  par  Rodolphe,  frère  de  l'évéque 
Werinlier,  de  Strasbourg  (onzième  siècle).  Elle  fut  consacrée  par  le  pape  saint  Léon  IX. 
L'église  est  octogone  et  construite  sur  le  modèle  de  la  chapelle  du  couronnement  à  Aix- 
la-Chapelle. 


—  02  -- 

cns.  Oiinnl  à  l'nlïaire  tlo  lAl.  de  (-linlilloii  clic  esl.  devnnt  vous  jiGur  rnbiiayo 
d'Ottmarslieim;  il  est  hors  de  doute  qu'aux  termes  de  l'arrêt,  on  est  en 
droit  de  luy  demander  ses  Tîlres,  mais  je  suis  sûr  que  cette  maison  n'a 
rien  autre  chose  à  produire  que  ce  que  j'ay  l'honneur  de  vous  renvoyer. 
C'est  sur  ces  considérations  que  je  prends  sur  moy  Mg'',  d'attendre  de  nou- 
veaux ordres  de  vous,  avant  que  de  donner  connoissance  de  l'arrêt  du 
premier  de  ce  mois,  dont  je  prévois  que  la  publication  jetteroil  quelque 
inquiétude  dans  ce  Pays  cy. 


A  M.  le  Jhic  jyantin. 

Lo  ^1  Aoiisl   171  S. 

Je  reponds  Mg^,  à  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'eciire  le 
4  de  ce  mois,  en  me  renvoyant  celle  cy  jointe  de  M.  le  Comte  de  Hanau. 
Il  demande  que  les  denrées  et  effets  qu'il  fait  conduire  de  ses  Terres 
d'Alsace  dans  celles  qu'il  possède  de  l'autre  coté  du  Rhin,  et  aussi  de  ces 
dernières  aux  autres,  passent  en  franchise  sans  payer  aucuns  droits  aux  fer- 
miers de  sa  M'^'^'.  Il  fonde  sa  prétention  sur  trois  moyens.  Le  premier  qu'il  a 
toujours  joui  de  cette  exemption  et  que  le  trouble  qu'on  luy  fait  aujourd- 
huy  est  une  nouveauté.  Le  second  que  toute  la  noblesse  d'Alsace  n'est  point 
assujetie  à  ces  droits,  et  l'autre  que  lorsque  Sa  M'^'^'  fait  conduire,  par  le 
Rhin,  des  munitions  au  fort  Louis  et  à  Lauterhourg,  les  officiers  de  la  mai- 
son de  Hanau,  qui  a  des  péages  sur  les  bords  du  Rhin,  du  côté  de  l'Empire, 
n'exigent  jamais  rien. 

Sur  le  premier  moyen  les  fermiers  disent  qu'ils  n'ont  point  de  connois- 
sance que  M.  le  Comte  de  Hanau  ait  jamais  été  exempt,  et  que  si  les  droits, 
dans  quelques  occasions,  ont  été  négligés,  cela  ne  peut  faire  un  litre  pour 
luy. 

Je  n'entends  pas  bien  ce  qu'il  veut  dire  lorsqu'il  expose  que  toute  la  No- 
blesse d'Alsace  jouit  de  l'exemption  des  droits;  ceux  qui  la  composent  ont 
leurs  Terres  sous  la  domination  du  Roy.  Il  est  bien  certain  que  pour  trans- 
porter des  denrées  et  des  effets,  d'un  village  à  l'autre,  dans  l'intérieur  de 
la  Province,  nul  droit  n'est  levé,  non  seulement  sur  les  Gentilshommes, 
mais  encore  sur  les  paysans.  Il  ne  s'agit  icy  que  des  droits  de  sortie  sur  ce 
qui  se  passe  à  l'Etranger,  ou  d'entrée  pour  ce  qui  en  vient,  les  Gentils- 
hommes y  sont  assujetis  comme  les  autres. 

Oiinnt  au  troisième  moyen,  la  partie  n'est  ni  juste  ni  concluante.  Ce  n'est 


-  93  - 

guères  d'ailleurs  (jiic  pendant  la  guerre,  qu'on  a  occasion  de  se  servir  (Ju 
Rhin  pour  approvisionner  le  fort  Louis  et  Laulci'bourg-,  en  cas  que  le  Roy 
est  le  maître  des  deux  bords  de  ce  fleuve,  et  les  Terres  de  la  Maison  de 
Hanau  qui  sont  de  l'autre  côté,  étant  regardées  comme  Ennemies,  il  est 
bien  naturel  que  ceux  ({ui  conduisent  des  provisions  pour  le  Roy  se  dis- 
pensent d'y  payer  des  péages. 

Je  dois  à  présent  avoir  l'honneur  de  vous  dire  qu'il  est  d'un  usage  con- 
stant, en  Allemagne,  entre  les  Princes  et  autres  Seigneurs  de  l'Etat  de  M. 
le  Comte  de  Hanau,  qu'ils  se  (ont  remise  réciproquement  des  péages  pour 
ce  qui  se  passe  pour  leur  compte,  et  sous  les  passeports  de  leurs  Chancel- 
leries. Celte  question,  à  l'égard  du  Roy,  s'est  même  présente  en  1716,  de 
la  part  de  Mad^  la  Princesse'  de  Baden  et  de  M.  le  Prince  de  Dourlach^, 
au  sujet  de  quelques  droits  que  le  fermier  du  Roy  avait  exigés  sur  les  den- 
rées que  Mad^  de  Baden  avait  tirées  d'une  Terre  qu'elle  possède  en  Alsace, 
auprès  du  fort  Louis,  appelée  Benheim  et  des  denrées  que  M.  de  Dourlach 
faisait  venir  par  le  Rhin,  des  Terres  qu'il  a  près  de  Basle  dans  l'Empire; 
vous  trouvères  le  detail  de  cette  affaire  dans  les  copies  cy  jointes  de 
deux  lettres,  l'une  par  moy  écrite  à  M.  Desforts,  et  l'autre  par  laquelle 
il  me  repond  que  le  Conseil  a  décidé  favorablement  pour  l'un  et  pour 
l'autre. 

Je  reviens  à  M.  de  hanau,  il  passe  ordinairement  six  mois  en  Alsace  et 
le  reste  de  l'année  dans  l'Empire,  il  a  des  Terres  sur  les  deux  bords  du 
Rhin  et  qui  ne  sont  séparées  que  par  ce  fleuve.  Il  est  presque  impossible 
qu'il  ne  soit  continuellement  dans  la  nécessité  de  s'aider  des  unes  et  des 
autres,  soit  pour  des  bois,  des  avoines,  des  vins,  des  bestiaux  et  autres 
choses,  je  conçois  qu'en  ce  cas  il  luy  est  importun  de  payer  continuellement 
des  droits  pour  ce  qu'il  tire  de  son  propre  fonds.  Je  diray  même  que  j'ay 
vu  sur  la  frontière  de  Dauphiné,  que  les  gens  qui  possèdent  du  bien  dans 
les  Communautés  voisines  de  savoie  et  de  Piedmont,  sont  exempts  de  payer 
aucuns  droits  de  la  ferme  sur  ce  qu'ils  font  passer  en  deçà.  R  est  vrai  que 
le  contraire  se  pratique  en  Alsace,  surtout  auprès  de  Landau,  mais  cela 
vient,  peut-être,  de  ce  que  ceux  qui  ont  intérêt  n'ont  jamais  reclamé.  Je 
crois  d'ailleurs  qu'il  faut  sçavoir  gré  à  M.  le  Comte  de  Hanau  de  ce  qu'il 


t.  La  margravine  Sibylle  de  Bade-Bade,  veuve  du  margrave  Louis-Guillaume,  vain- 
queur des  Turcs,  tutrice  de  son  fus  Louis-George  (1707—1720).  Elle  était  une  princesse 
de  Saxe-Laueubourg;  elle  fut  mariôe  en  1690  et  mourut  en  1733.  Elle  passa  ses  dernières 
années  dans  une  retraite  absolue  à  la  Favorite. 

2.  Charles-Guillaume,  margrave  de  Bade-Durlacü  (1700— 173SJ.  11  construisit  Carls- 
rulic  en  1715. 


—  u  — 

passe  six  mois  chaque  année  en  Alsace,  ce  qui  fait  dans  le  Pays  une  con- 
sommation de  250  mille  Livres  de  rente  qu'il  y  possède  ou  environ. 

Celte  considération  et  les  exemples  que  j'ay  cités  me  portent  à  proposer 
qu'il  plaise  à  S.  A.  R'*^  d'accorder  à  M.  le  Comte  de  Hanau,  la  franchise 
des  droits  pour  le  passage  des  denrées  et  effets  qui  seront  destinés  à  la 
consommation  de  sa  maison  et  aux  réparations  et  entretiens  de  ses  Terres 
et  bâtiments,  excluant  ce  qu'il  ferait  entrer  et  sortir  pour  être  vendu,  on 
pourroit  même,  pour  une  plus  grande  précaution,  l'obliger  de  prendre  un 
passeport  de  riiitendanl.  Je  suis  etc. 


A  M.  Desforts. 

Le  23  71"-''  1718. 

M. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  de  me  renvoyer,  il  y  a  déjà  quelque  têms, 
une  Requête  présentée  par  l'agent  général  de  l'ordre  de  Malthe,  tendante 
à  ce  que  trois  maisons  dépendantes  de  cet  ordre,  dans  le  Dioceze  de  Stras- 
bourg, soient  déchargées  de  la  demande  qui  leur  a  été  faite  par  le  Rece- 
veur de  la  Capitation  de  ce  Dioceze,  de  la  Somme  de  11025  ïï  pour  qua- 
torze années  d'arrérages  à  raison  de  630  ît  pour  chacune.  L'ordre  de 
Malthe  se  fonde  sur  un  arrêt  d'abonnement  du  19  juillet  1701  par  lequel 
S.  W'*,  en  acceptant  l'offre  de  30  mille  Livres  par  an,  tant  que  la  guerre 
durera,  pour  tenir  lieu  à  l'ordre  de  la  capitation,  luy  a  permis  de  repartir 
cette  somme  sur  tous  les  membres  qui  en  dépendent,  dans  toute  l'éten- 
due des  six  grands  Prieurés  du  Royaume  et  des  Pays  conquis  et  reconquis, 
Terres  et  Seigneuries  de  l'obéissance  de  S.  M'"'. 

Le  Clergé  de  Strasbourg  prend  droit,  par  ce  même  arrêt,  et  soutient  que 
l'abonnement  ne  concerne  que  les  six  grands  Prieurés  de  france,  y  compris 
l'Etendue  qu'ils  peuvent  avoir  dans  les  Pays  conquis,  ou  de  l'obéissance 
du  Roy,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  l'Alsace,  ou  les  biens  de  l'ordre  dépendent 
des  grands  Prieurés  d'Allemagne.  Ils  interpellent  l'ordre  de  déclarer,  si  les 
Commandcries  d'Alsace  sont  comprises  dans  la  repartition  de  30  mille 
livres  et  de  le  justiffier.  Enfin  ils  produisent  un  arrêt  du  12  Aoust  1710, 
par  lequel  Sa  W^  a  receu  le  Clergé  de  Rasle,  pour  la  partie  qui  est  en  al- 
sace,  à  l'abonnement  de  la  somme  de  3000  îi  pour  le  rachat  des  offices 
d'Economis  Séquestres.  Dans  cet  arrêt  les  biens  de  l'ordre  de  Malthe  sont 
expressément  nommés,  au  nombre  de  ceux  qui  doivent  contribuer,  et 
l'Execution  aussi. 


-  95  — 

L'agent  de  l'ordre  de  Mallhe  repond  qu'il  n'y  a  qu'à  lire  l'arrêt,  f)Oiir 
voir  que  l'abonnement  concerne  non  seulement  les  six  grands  Piicurés  de 
france,  mais  même  tous  les  biens  de  l'ordi'e,  situés  dans  les  Terres  de 
l'obéissance  du  Roy,  soit  qu'ils  soient  des  six  grands  Piieurés  ou  non,  que 
ce  n'est  point  en  france,  où  se  fait  la  répartition  des  30  mille  Livres,  pour 
l'abonnement,  mais  bien  à  MaUbe,  par  les  principaux  officiers;  que  dans 
les  Rolles  chaque  bien  de  l'ordre,  en  quelque  lieu  qu'il  soit  situé,  est  com- 
pris à  une  certaine  somme;  dont  la  destination  n'est  point  libellée,  et  que 
c'est  dans  la  caisse  commune,  après  le  recouvrement  où  l'application  est 
faite  à  chaque  nature  de  dépense;  que  par  conséquent  ils  ne  peuvent  pro- 
duire aucune  répartition  des  30  mille  Livres,  puisqu'il  n'en  existe  point. 
Sur  l'arrêt  de  i  710  ils  disent  qu'il  s'agissoit  d'une  somme  très  médiocre  et 
qu'il  a  echapé  à  ceux  qui  veillent  à  l'interest  de  l'ordre,  d'en  demander  la 
décharge,  ce  qu'ils  n'auroient  pas  manqué  de  faire,  s'ils  enavoient  eu  con- 
noissance,  parceque  de  tout  têms  l'ordre  de  Mallhe  n'est  point  mêlé  dans 
le  Clergé,  et  traite  à  part  avec  le  Roy,  dans  de  pareilles  occasions. 

Quant  a  mon  avis,  que  vous  me  faites  l'honneur  M.  de  me  demander,  je 
diray  d'abord  que,  par  le  droit  commun  et  par  l'usage,  suivi  longtêms  dans 
le  Royaume,  les  biens  de  l'ordre  de  Mallhe  doivent  naturellement  être 
compris  dans  les  répartitions  faites  sur  le  Clergé.  Les  mémoires  du  Clergé 
en  fournissent  plusieurs  exemples,  il  faut  en  même  têms  convenir  que, 
depuis  un  assés  grand  nombre  d'années,  l'ordre  de  Mallhe  a  fait  des  abon- 
nements particuliers,  indépendamment  du  Clergé,  c'est  ce  qui  a  été  prati- 
qué pour  la  capitation,  dont  il  s'agit  aujourdhuy;  il  n'y  a  qu'à  lire  l'arrest 
du  19  juillet  1710  pour  connoître  que  la  Somme  de  30000  ïï  est  acceptée 
pour  la  capitation  de  l'ordre  de  Mallhe,  non  seulement  pour  les  biens  situés 
dans  l'étendue  des  grands  Prieurés  de  france,  mais  même  pour  tous  ceux 
qui  se  trouvent  dans  les  Terres  de  l'obéissance  du  Roy,  on  ne  peut  douter 
que  l'alsace  ne  soit  dans  ce  cas. 

Dès  que  la  question  est  décidée,  pour  la  Loy  de  l'arrêt,  il  est  inutile  de 
rechercher  si,  dans  le  Rolle  de  repartition  des  30000  S*  les  Commanderies 
d'Alsace  sont  comprises  ou  non.  Ce  que  l'agent  de  l'ordre  dit  la  dessus  paroît 
même  assez  vraisemblable,  sçavoir  qu'on  fait  un  Rolle  gênerai  à  Mallhe  de 
toutes  les  dépenses,  et  qu'on  demande  à  chaque  maison  sa  cotte,  sans  en 
expliquer  l'Employ.  Je  croirois  cependant  volontiers  que  lors  de  l'abonne- 
ment de  30000  ïï,  le  Roy  n'a  eu  en  vue  que  les  six  grands  Prieurés  de 
france.  Comme  le  Clergé  de  Strasbourg  paye  sa  capitation,  par  un  Titre 
particulier,  et  à  part,  de  celle  du  Clergé  du  Royaume,  il  ne  seroit  pas  éton- 
nant que  les  biens  de  l'ordre  de  Mallhe,  en  Alsace,  qui  dépendent  des 


—   !J6   — 

Prieurés  d'Allemagne,  lussent  tenus  de  payer  une  portion  de  la  Capitation, 
indépendamment  des  six  grands  Prieurés.  C'est  une  attention  qui  pourra 
être  foile,  s'il  est  jamais  question  de  rcnouveller  l'abonnement  gênerai,  ou 
de  traitter  sur  une  nouvelle  imposition,  mais  pour  celle  d'aujourdhuy,  la 
question  est  jugée  decisivement  par  l'arrest.  Je  diray  un  mot  de  l'induction 
tirée  par  le  Clergé  de  Strasbourg,  de  la  taxe  payée  en  1710,  parle  Clergé 
du  Dioceze  de  Basle,  dans  laquelle  les  biens  de  l'ordre  de  Malthe  ont  con- 
tribué, il  ne  paroit  pas  que  l'ordre  de  Malthe  eut  fait  d'abonnement  pour 
l'affaire  dont  il  s'agissoit  alors,  il  y  en  a  un  pour  la  capitation,  l'arrêt  qui 
regle  la  taxe  de  1710,  y  comprend  iiommemcnt  les  biens  de  l'ordre  de 
Maltlie.  Celui  qui  fixe  la  capitation  du  Clergé  de  Strasbourg,  et  dont  je  joins 
icy  une  copie,  n'en  fait  aucune  mention.  Ces  deux  différences  se  font  assez 
sentir.  Enfin  le  Clergé  de  Strasbourg  a  été  quatorze  ans,  sans  former  la 
demande  (pi'il  eleve  aujourdbuy.  Je  crois  ne  pas  me  tromper  en  pensant 
que  c'est  une  tentative  dont  le  peu  de  succès  n'aportera  point  de  déran- 
gement au  recouvrement,  et  que  les  cottes  auxquelles  on  a  compris  les 
biens  de  l'ordre,  se  trouvent  par  excédent  dans  les  Rolles. 

C'est  par  ces  raisons  M.  que  j'estime  qu'il  a  lieu  d'accorder  à  l'ordi'c  de 
Malthe  un  arrêt  tel  qu'il  le  demande,  par  la  Requête  que  je  vous  renvoyé 
avec  toutes  les  pièces  et  mémoires  produits  à  ce  sujet,  de  part  et  d'autre. 

Je  vous  supplie  d'avoir  la  bonté  de  me  faire  se/avoir  qu'elle  aura  été  la 
décision. 


Ä  M.  le  Blanc'. 

Le  8  ö'"-'-'  1718. 

Vous  in'avés  fait  l'honneur  M"",  de  renvoyer  le  premier  de  ce  mois,  les 
deux  lettres  cy  jointes,  l'une  de  M.  ilarnoult,  Lieutenant  de  Roy  de  la  Ci- 
tadelle de  Strasbourg,  et  l'autre  des  Officiers  de  justice  de  cette  Citadelle, 
au  sujet  de  la  plainte  que  forment  ces  derniers,  de  ce  que  les  officiers  de 
l'Etat  major  les  troublent  dans  leurs  fonctions,  sunjuoy  vous  me  deman- 
dés de  vous  cclaircir  le  fait  et  de  vous  expliquer  ce  que  c'est  que  cette 
Jurisdiction.  Je  vais  commencer  par  ce  dernier  point. 

Dès  que  le  Roy  fut  maître  de  la  ville  de  Strasbourg,  il  fit  construire  une 
Citadelle  et  deux  forts,  l'un  appelle  le  fort  de  la  Porte  de  pierre,  et  l'autre 
le  foit  de  la  porte  blanche.  Dans  la  Citadelle  (jui  est  très  vaste,  S.  M^'-'  a 


1.  Le  Blauc,  luiiibstre  <Jc  la  {juciTe  de  1726  à  1728. 


—  07  — 

fait  donner  du  Terrain  à  tous  ceux  qui  ont  voulu  y  hatîr.  Il  peut  y  avoir  :"i 
présent  une  trentaine  d'habitants,  il  y  a  aussi  dans  les  forts  quclijnes  vivan- 
diers. Le  Magistrat  de  Strasbourg  a  la  justice  ordinaire  dans  l'intérieur  de 
la  ville,  mais  la  Citadelle  et  les  forts  ne  sont  pas  de  sa  Jurisdiction.  Le  Roy 
y  a  établi  un  juge  particulier,  c'est  ce  que  vous  connaitrés,  par  les  copies 
que  je  joins  icy,  des  deux  Commissions,  accordées,  l'une  en  1G82  au  S"" 
Bausire,  et  l'autre  en  1702  au  S""  Meder  qui  exerce  encore  actuellement. 
Le  Roy  n'a  point  commis  de  procureur,  ni  de  Greffier,  mais  le  juge  prend 
pour  ces  fonctions  qui  bon  luy  semble. 

Quant  aux  faits  particuliers,  il  y  en  a  deux  que  je  vais  discuter  suctinr- 
temcnt. 

Un  cabaretier,  demeurant  dans  la  Citadelle,  étant  decedé  au  mois  de 
juillet  dernier,  et  ayant  laissé  une  femme  sans  enfants,  le  juge  procéda 
d'office  à  l'apposition  du  Scellé.  Le  S""  Tessoniere,  Ayde  Major  de  la  Place 
survint,  et  prétendit  que  cette  fonction  luy  apparlenoit,  surquoy  rliacnn 
étant  bien  lesolu  de  ne  point  céder,  le  scellé  fut  apposé  par  les  deux;  la 
veuve  de  son  côté,  alla  trouver  M.  Darnoult,  luy  présenta  un  testament, 
par  lequel  son  mary  l'avait  instituée  bcriliere,  se  plaignit  de  l'apposition 
du  scellé,  que  personne  n'avait  requis,  et  dit  que  le  juge  n'avait  com- 
mencé cette  procédure  que  dans  la  seule  vue  de  se  procurer  des  vaccations. 
M.  Darnoult  fit  venir  ce  juge,  luy  fit  une  réprimande,  et  luy  ordonna  d'al- 
ler lever  son  scellé,  ce  qui  fut  exécuté  sur  le  champ;  au  fonds  je  ne  vois 
pas  qu'aucun  Créancier  ni  héritier  du  mort  se  plaigne  de  la  levée  du  scellé, 
je  crois  bien  aussi  que  le  juge  a  eu  pour  motif  de  sa  diligence,  les  vac- 
cations; d'un  autre  côté  je  pense  que  l'ayde  major  n'a  point  de  droit  de 
mettre  le  scellé,  chés  un  habitant  de  la  Citadelle.  Dans  ces  circonstances  je 
prendray  la  liberté  de  vous  proposer  M"",  de  mander,  en  réponse,  à  M. 
Darnoult,  qu'il  doit  laisser  aux  officiers  de  justice,  établis  par  le  Roy  dans 
la  Citadelle,  le  libre  exercice  de  leurs  fonctions,  sur  les  habitants  qui  ne 
sont  point  militaires,  et  que  si  le  juge  fait  quelque  chose  qui  soit  digne  de 
reprehension  il  doit  se  contenter  d'en  avertir  M.  le  Comte  du  Bourg  et 
l'Intendant.  Quant  au  juge,  je  me  chargeray,  si  vous  le  jugés  à  propos,  à 
mon  retour  à  Strasbourg,  de  luy  faire  connoîlre  qu'il  ne  doit  procéder  à 
l'apposition  du  scellé  que  lorsqu'il  en  est  requis,  ou  lorsqu'il  y  a  dis 
mineurs. 

L'autre  fait  est  au  sujet  d'une  signiffication  que  faisoit  un  huissier,  qui 
en  fut  empesché  par  l'atroupement  des  habitants  et  les  menaces  de  M. 
Darnoult  ;  ce  que  je  puis  dire  de  mieux  la  dessus,  c'est  que  l'affaire  a  été 
accommodée  ensuite  par  M.  Darnoult,  mais  je  crois  qu'il  sera  toujours 

T.  X.  —  (M.)  7 


-  98  — 

bon  que  vous  luy  fassiez  sentir,  dans  la  lellre  que  je  présume  que  vous 
luy  eciirés,  qu'une  i)areillc  conduite  de  sa  part  n'est  pas  reguliere  et  qu'il 
doit  éviter  d'y  retonibci'. 
Je  suis  etc. 


.1  M.  lAhbc  Dubois'. 

Le    17  S''"-'   !71S. 

Je  reponds  W  à  la  Ictti'e  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le 
prem'^  de  ce  mois,  par  laquelle,  en  me  marquant  que  M.  de  Reynold  fait 
instance  pour  obtenir  en  faveur  de  deux  sujets  du  Canton  de  fribourg,  la 
})ermission  qui  leur  est  nécessaire,  pour  être  admis  dans  l'abbaye  de  Lu- 
xelles-,  située  en  Alsace.  Vous  me  demandés  quel  a  été  jusqu'icy  l'usage 
observé  à  cet  égard. 

Je  dois  donc  vous  dire  M*",  que  par  une  déclaration  du  mois  de  janvier 
1087,  il  est  expressément  dcflendu  à  tous  (-ollateurs,  de  nommer  des 
Etrangers  aux  Bénéfices  situés  dans  les  Pays,  cédés  par  les  Traités  de  Mun- 
ster et  autres  qui  ont  suivi.  Je  vous  ajouleray  qu'en  Alsace  on  a  étendu 
celle  deffense  jusqu'aux  Ueligicux  des  Monastères  réguliers,  la  raison  en 
est  evidente.  Le  Ruy  n'a  point  d'jndult  poui-  les  bénéfices  en  Alsace.  Les 
dignités  des  maisons  Eclesiastiques  sont  icmplies  par  le  Iloy  de  l'Election 
(jui  est  faite,  en  présence  des  Commissaires  que  le  Roy  y  envoyé.  Si  une 
maison  venoit  a  être  lemplie  de  Religieux,  nés  non  Sujets  du  Roy,  il  arri- 
vcroit  que  par  succession  de  têms,  le  choix,  pour  remplir  une  première 
dignité,  ne  pourroil  tomber  que  sur  un  Etranger,  et  c'est  précisément  le 
cas  prohibé  par  la  déclaration;  lorsque  les  Commissaires  du  Roy  assistent 
à  une  Election,  leur  premier  soin  est  de  s'informer  du  lieu  de  la  naissance 
de  chaque  Religieux,  et  de  donner  l'Exclusion  formelle  pour  toute  voix, 
active  et  passive,  à  tous  ceux  dont  les  parents  ne  sont  pas  établis  dans  les 
Terres  di.'  l'obéissance  de  Sa  M**^. 

Vous  voyés  M.  que  suivant  cet  usage,  que  je  crois  très  inq)oilanl  de  ne 
point  allerer,  la  demande  de  M.  de  Reynold  ne  peut  être  accordée.  11  fau- 


1.  iJuijois,  GuillaiiUK;  (l'aliljéj,  niiiii.slrc  des  alliiircs  clrangèrca  de  1718  à  1723, 
arclicvôquc  de  Cambrai  en  1720  et  cardinal  en  1721. 

2.  L'abbaye  b0ii6diclinc  de  Lucelles,  sur  les  confins  de  la  Franche-Comté  et  de  la 
Siiis.se.  Elle  fut  fondée  au  douzième  .siècle  par  des  Seigneurs  de  Montfancon.  L'èglisc  fut 
iiiangnréi'  jiar  saint  llernard.  Les  vestiges  de  l'abbaye  'int  loul  à  fait  disiiani. 


—  09  — 

droit  du  moins  qu'il  nommât  les  deux  sujets  qu'il  propose,  alïîn  que  M. 
Davarny  pût  cxamiiiei-  si  l(!ur  famille  est  aiïeclionnéo  à  la  francc,  et  si,  par 
la  cousidcialion  de  ce  fait,  que  je  suppose.  Sa  Majesté  voulait  se  i-elàclicr 
en  leur  faveur  de  la  ret-lc  (ju'ellc  a  elablie,  il  conviendroit  de  les  avertir 
auparavant  que  ce  n'est  qu'a  condition  qu'ils  ne  pourront  jamais  être  élus, 
ni  donner  leur  voix  dans  les  élections,  mais  le  plus  court,  à  mon  sens  est 
de  s'entenir  à  ce  <pii  a  été  observé  jusqu'icy.  Je  suis  etc. 


A  M.  Vdhhé  Jhihuis  le  S2  A'^'-'-  1718. 

J'ai  riionneur  de  vous  envoyer  un  memoire  qui  vient  de  m'ètre  ivmis, 
par  les  Peres  jésuites  du  College  de  Sirasbourg-,  au  sujet  du  trouble  doni 
ils  sont  menacés  dans  la  possession  de  l'abbaye  de  Sellz,  di'  la  paît  des 
officiers  de  l'Electeur  Palatin. 

Je  dois  vous  rappeller  que  ce  Prince  conteste  au  Roy  la  Souveraineté 
sur  le  Baillage  de  Seitz.  Je  n'enireray  point  icy  dans  le  detail  de  la  ques- 
tion, qu'il  seroit  inutile  de  discuter,  [)ar  raport  à  l'objet  demaleltre;  il  me 
suffira  de  dire  que  le  Roy  prétend  que  le  Baillage  de  Sellz  luy  appartient, 
comme  faisant  partie  de  l'Alsace  et  que  Sa  M*"',  depuis  la  paix,  a  toujours 
tenu  et  tient  encore  garnison  dans  le  Glief  lieu. 

En  1692,  M.  le  Cardinal  de  furstemberg.  Evoque  de  Strasbourg,  a  uni 
au  College  des  jésuites  de  Strasbourg,  l'abbaye  de  Seltz  et  cette  reunion 
a  été  confirmée  par  des  Lettres  patentes  du  feu  Roy,  enregistiéf^s  au  Con- 
seil de  Colmar.  Depuis  ce  têms  là  les  jésuites  ont  toujours  joui  des  Reve- 
nus de  la  partie  du  bénéfice,  située  en  Alsace,  l'Electeui'  Palatin  de  sa  part, 
a  disposé  par  voye  de  fait,  des  fi-uits  de  l'autre  partie,  qui  est  dans  ses 
Etats.  En  1708  le  S""  Stephani,  Evoque  de  Spiga,  en  jtalie,  et  aumônier  du 
feu  Electeur,  obtint  des  bulles  en  Cour  de  lîome,  de  l'abbaye  de  Sellz,  il 
fit  quelqes  démarches,  lors  de  la  paix,  de  Jiadeii,  pour  faire  valoii'  ses  Bul- 
les, mais  inutilement. 

Il  est  bien  certain  M.  que  si,  comme  il  est  apparent,  le  lieu  de  Sellz  de- 
meure au  Roy,  l'union  de  l'abbaye  au  College  des  jésuites  ne  peut  souflVir 
aucune  atteinte,  étant  faite  dans  toutes  les  formes,  et  par  le  concours  des 
deux  Puissances  Temporelle  et  Spirituelle.  S'il  arrivoit,  quoyque  tout  le 
droit  soit  du  coté  de  Sa  M^'',  que  la  Souveraineté  sur  le  lieu  de  Sellz,  fut 
adjugée  à  l'Empire,  les  jésuites  deffendroicnt  encore  leur  union,  par  l'ar- 
ticle 47  du  Traité  de  RisAvick,  où  il  est  dit  que  les  bénéfices  conférés, 
pendant  ou  avant  la  guerre,  par  l'une  ou  Taulre  des  parties,  dansles  lieux 


—    KKI   — 

(jui  hiy  eloienl  soumis,  resteront  à  ceux  qui  les  possedoienl,  lors  de  la 
Signature  de  la  poix. 

La  Régence  d'heydclberg  a  envoyé  depuis  peu  un  ordre  au  Bailiy  de 
Seltz,  portant  qui!  ait  à  exiger  les  llevcnus  de  ce  Bcnclîcc,  au  profit  de 
TEvêque  de  Spiga  et  d'empescher  les  jésuites  de  rien  percevoir,  à  moins 
qu'ils  n'usent  d'exécution  mililaire.  Le  môme  Tribunal  a  fait  citer  à  Iley- 
delberg  le  Prévôt  de  l'abbaye  do  Seltz,  tout  ce  mouvement  est  fondé  sur 
une  lettre  qui  a  été  écrite  à  l'Electeur  Palatin,  par  le  S.  Massiolli  son  Re- 
sident à  Rome,  qui  mande  à  S.  A.  K'°  que  le  Pape  a  été  surpris  de  ce 
qu'on  difieroit  de  mettre  en  possession  de  l'Abbaye  de  Seltz,  l'Evêque  de 
Spiga,  et  qu'on  se  servît  du  prétexte  que  l'Electeur  possedoil  ce  bénéfice  à 
litre  de  bien  Sécularisé  par  la  paix  de  Weslpbalie,  ajoutant  que  la  contes- 
tation quon  sçavoit  qu'il  y  avait  eue,  à  ce  sujet,  avec  les  jésuites  de  Stras- 
bourg, avait  été  terminée  par  M.  Sadola.  Ce  fait  est  absolument  supposé  et 
le  Père  Recteur  m'a  dit  que  ni  luy,  ni  aucun  Religieux  de  sa  maison  n'avoit 
j'aniais  entendu  parler  de  ce  M.  Sadola. 

Je  joins  icy  M.  des  copies  des  ordres  et  de  la  citation  de  la  Régence 
d'heydclberg  et  de  la  dépêche  du  S''Massioltià  l'Electeur  et  aussi  une  copie 
de  la  lettre  écrite  à  ce  sujet  au  Recteur  du  College  de  Strasbourg  par  le 
Bailiy  de  Seltz,  qui  a  envoyé  les  autres  pièces. 

H  est  vray  que  de  la  part  de  l'Electeur,  on  avait  d'abord  mis  en  avant, 
que  l'abbaye  de  Seltz  avait  été  sécularisée  au  Traité  de  Westphalie,  mais  il 
paroit  que  ce  moyen  est  a  présent  abandonné,  par  conséquent  la  cause  des 
jésuites  se  trouve  liée  avec  celle  de  la  Souveraineté  du  Roy,  étant  certain 
que  l'union  qui  a  été  faite  de  ce  bénéfice  est  hors  d'atteinte,  si  le  Baillage 
de  Seltz  reste  à  Sa  M^"  au  lieu  qu'elle  pourroit  péricliter  nonobstant  l'article 
47  du  Traité  de  Riswick,  si  l'Empire  rentroit  dans  le  Suprême  Domaine 
de  ce  Territoire. 

Au  Surplus  M'"  j'ay  cru,  dans  les  circonstances  présentes,  ne  devoir  pas 
refuser  aux  Peres  jésuites  une  ordonnance  qu'ils  m'ont  demandée,  portant 
deffenses  au  Bailiy  de  Seltz  de  les  inquiéter  dans  laperception  des  Revenus 
de  cette  maison,  située  en  Alsace,  ni  de  publier  à  ce  sujet  aucun  ordre 
contraire  à  la  Souveraineté  du  Roy  ;  ce  que  j'ay  fait  d'autant  plus  volontiers 
que  par  trois  arrêts  du  Conseil  de  Colmar  des  10  février  1700,  30  8'""*^ 
1709  et  8  janvier  1715,  les  jésuites  ont  été  maintenus  et  gardés  en  la 
possession  et  jouissance  de  l'abbaye  de  Seltz,  droits,  Rentes  et  Revenus 
en  dépendants  et  y  appartenants,  et  que  déplus,  au  mois  de  Novi""°  17L5, 
M.  le  Comte  Du  Bourg,  en  conséquence  des  ordres  de  la  Cour,  en  expédia 
un,  (loiil  j<;  joins  une  copie,  pour  que  l'ofiicier  qui  commandoit  les  Troupes 


—  101  — 

à  Sellz  prelàt  main  forte  à  l'Iiuissier  chargé  de  l'exécution  du  dernier  arrest 
du  Conseil  de  Colmar. 

Vous  trouvères  sans  doute  M"*,  dans  vos  bureaux,  des  memoire  et  des  pièces 
pour  dcflendrc  les  droits  de  sa  Majesté  sur  Sellz,  M.  de  la  houssaye  qui  a 
ti'availlé  sur  cette  afiairc,  peut  encore  vous  en  fournir,  et  si  vous  le  désires 
je  m'y  employcray  nioy  même.  Je  ne  puis,  en  attendant  vos  ordres,  m'em- 
pêcher  de  vous  représenter  qu'il  est  d'une  extrême  importance  de  ne  pas 
relâcher  sur  Sellz,  parcequ'infailliblcmenl  la  môme  question  scroil  élevée 
bientôt  pour  la  plus  grande  partie  de  la  basse  Alsace. 

Il  me  semble  que  l'Electeur  Palatin,  ne  peut  avec  raison  refuser,  jusqu'à 
ce  que  l'alTaire  principale  soit  éludée  sur  Seltz,  de  laisser  les  jésuites  jouir 
des  mêmes  Revenus,  qu'ils  ont  perçus  depuis  les  Traités  de  Rastatt  et  de 
Baden.  Du  coté  de  Rome  j'imagine  que  le  Pape  sera  arrêté  en  luy  faisant 
connoître  que  le  prétendu  accommodement  fait  par  le  Ministère  du  S'  Sa- 
dola,  ne  se  trouve  pas  véritable.  Je  suis  etc. 


A.  M.  D'Armcnoni'iUc. 

Le   12  XI" c   1718. 

Il  y  a  M.  dans  la  ville  de  Strasbourg,  une  Gommanderie  de  l'ordre  de 
Mallhe,  qui  est  desservie  par  des  Prclrcs  qui  vivent  en  commun,  au  nombre 
de  douze,  sous  l'aulhorité  d'un  Supérieur,  appelé  Commandeur,  (jui  reçoit 
la  bénédiction  Abbatiale  et  qu'ils  ont  droit  d'élire,  à  la  charge  de  le  faire 
confirmer  par  le  grand  Prieur  d'Allemagne,  et  le  grand  Maitre  de  Maltlie. 
Ce  privilège  leur  a  été  accordé  par  un  bref  du  Pape  Clement  S''.  Celte 
maison  peut  avoir  12000  û  de  lente,  ou  environ. 

Le  dernier  Commandeur,  nommé  Parthelemy  Kobel  est  decedé  le  9  du 
présent  mois,  et  la  Communauté  n'attend  que  les  ordres  du  grand  Prieur 
d'Allemagne,  d'où  elle  dépend,  et  un  Commissaire  de  sa  part,  pour  le 
remplacer,  par  la  voye  de  l'Election. 

Vous  sçavés  M""  que  depuis  que  la  Province  d'Alsace  est  soumise  au 
Ruy,  S.  M^"  a  toujours  eu  attention  d'envoyer  des  Commissaires  pour  as- 
sister en  son  nom,  aux  Elcclions  des  piemieres  dignités  Eclesiastitpies, 
dans  toute  les  maisons,  soit  séculières  soit  régulières,  leur  fonction  est  de 
tenir  la  main  à  ce  que  l'Elu,  soit  né  sujet  du  Roy  et  affectionné  à  son 
service. 

Sur  cet  usage,  M.  le  Comte  du  Bourg  et  moi  nous  avons  dit  aux  Prêtres 
de  la  Commanderie  de  Strasbourg  qu  ds  dévoient  attendre  les  ordres  de 


-    10i>  - 

s.  M^'-'  avant  que  de  procéder  à  rEleclion  d'un  Commandeur,  ils  nous  ont 
présenté  la  dessus  une  lelîre  ccrile  par  M.  de  Barbezicux  '  le  17  7'""^  1G95 
à  M.  l'abbé  de  Gamilly  alors  grand  vicaire  de  Strasbourg,  portant  que  Sa 
M^*^  ne  veut  point  se  mêler  de  l'Election  à  faire  d'un  Commandeur  dans 
cette  môme  maison,  attendu  que  S.  M'^'  est  informée  qu'elle  dépend  de 
l'ordre  de  Maltlie. 

11  y  auroità  mon  sens,  d'autant  moins  d'inconvénient  d'en  user  aujour- 
dhuy,  comme  il  a  été  fait  en  1GU5,  que  je  sçais  que  tous  les  Prêtres  qui  se 
trouvent  dans  la  Commanderie  de  Strasbourg-,  sont  nés  alsaciens,  et  par 
conséquent  sujets  du  Roy.  On  pourroil,  pour  ne  négliger  aucune  précaution, 
leur  faire  dire  que  l'intention  de  Sa  M^"'  est  qu'aucun  Etranger  ne  puisse 
cire  admis  pour  remplir  la  dignité  qui  est  vacante. 

Je  dois  néanmoins  vous  observer  M'"  qu'en  Alsace  on  ne  tolère  point  que 
les  Supérieurs  Eclesiastiques  Etrangers,  exccrcent  aucune  Jurisdiction 
dans  les  maisons  régulières  de  la  Province.  Cette  question  se  présente 
tous  les  jours  pour  les  Cordeliers,  les  Recolets,  les  Capucins  et  autres,  on 
oblige  leurs  provinciaux  à  donner  leurs  pouvoirs,  même  pour  des  visites, 
à  des  Religieux,  nés  sujets  du  Uoy;  dans  l'espèce  qui  se  présente  le  Com- 
missaire qui  sera  envoyé  de  la  part  du  grand  Prieur  d'Allemagne  pour 
assister  à  l'Election  du  Commandeur  de  Strasbourg,  ne  pourra  être  qu'un 
Allemand,  celuy  qui  vint  en  4695  l'était,  et  ce  fut  un  Chevalier  portant 
l'Epée;  l'ordre  de  Maltlie  n'a  que  quatre  Maisons  en  Alsace,  dont  deux 
dépendent  de  la  Commanderie  de  Strasbourg,  la  quatrième  est  la  Com- 
manderie de  Sultz,  en  haute  Alsace,  dont  le  Titulaire  est  à  Malthe,  il  n'y 
a  pas  d'apparence  qu'un  Supérieur  d'Allemagne,  donne  la  Commission  à 
un  chevalier  du  grand  Prieuré  de  france,  d'assister  à  l'Election  du  Com- 
mandeur de  Strasbourg,  celte  difficulté  ne  se  rencontre  point  pour  les 
ordres  Religieux  que  j'ay  cités,  et  dont  il  y  a  plusieurs  Maisons  en  al- 
sace,  parceque  les  Provinciaux  peuvent  choisir  un  sujet  dans  un  couvent, 
et  le  charger  du  soin  de  faire  la  visite  dans  un  autre. 

J'ai  cru  M"",  devoir  vous  rendre  compte  de  ce  detail  pour  que  vous  soyés 
(Il  Etat  de  prendre  les  ordres  de  S.  A.  Il'^  cl  me  les  faire  connoître.  Je 
suis  etc. 


1.  De  Barbezicux  (Louis-FraDÇOis-Marii,'  Ldi'lliii',  marquis  de),  iiiiiiistre  de  la  guerre, 
1081-1701. 


10^^. 


ANNEE  1710. 
A  M.  DcsforLs. 

Le  .')  jn  II  vier  171Ü. 


M. 


Sur  les  iiilanccs  de  iM.  le  Cardinal  do  lîuliaii  (jiii  vous  dil  qu'il  avuit  avis 
de  Strasbouig-,  qu'on  avoit  recouvré  de  nouvelles  pièces  qui  pouvoienl  in- 
fluer sur  la  conleslalion  (jui  a  élé  j»orlée  au  Conseil,  entre  son  Clergé  et 
l'ordre  de  Malllie,  au  sujet  de  la  capilalion,  vous  avés  eu  agréable  de 
surseoir  l'expédition  de  l'arrct  qui  avait  élé  résolu  sur  cette  afl'aire;  vous 
ni'avés,  en  même  tèms,  marcpié  que  vous  desiriés  que  j'examinasse  ces 
pièces  et  que  je  vous  les  envoyasse.  C'est  à  quoi  je  satisfais. 

Vous  trouvères  M'"  dans  ce  paquet,  une  copie  authentique  d'une  transac- 
tion solemnelle,  passée  le  2G  d^"^^  1G30,  entre  le  Clergé  des  Etats  del'au- 
triclie  anicrieure,  c'est  à  dire  du  Brisgaw  et  de  TAIsace  d'une  part  et  le 
grand  Prieur  de  l'ordre  de  Malthe  en  Allemagne,  de  l'autre,  par  laquelle 
il  paroit  qu'après  une  longue  contestation  qui  durait  depuis  IGl 2,  pour 
sçavoir  si  les  maisons  de  l'ordre  de  Maltlic  devaient  contribuer  aux  impo- 
sitions que  le  Clergé  faisoit,  pour  fournir  des  deniers  au  Prince;  après 
plusieurs  exécutions  juridiques  et  militaires,  faites  de  l'autlioritô  des  Ar- 
chiducs et  de  leur  Régence,  séante  à  Ensisheim,  en  Alsace.  Sur  les  Maisons 
de  l'ordre  de  Malthe,  il  a  été  enlîn  convenu  que,  par  provision,  elles 
payeroient  tous  les  arrérages  dupj^sé  et  coniribueroient  pour  l'avenir  aux 
impositions  du  Clergé,  chacune  des  parties  restant  néanmoins  dans  ses 
droits,  quant  au  petitoire,  dont  le  jugement  était  dévolu  à  l'Empereur. 

Je  joins  encore  M.  un  memoire  contenant  les  inductions  que  le  Clergé 
de  Strasbourg  prétend  tirer  de  cette  transaction. 

Quant  à  moy  M'",  il  me  paroit  que  cotte  pièce  prouve  tout  au  plus  que 
par  le  droit  comnum,  en  Allemagne,  les  Maisons  de  l'ordre  de  Malllie 
jiarticipent  aux  impositions  du  Clergé.  C'est  de  même  en  h-ancc,  mais  cela 
n'empêche  pas  que  le  Iloy  ne  fasse  dans  son  royaume  des  abonnements 
particuliers  avec  l'ordre  de  Malthe,  au  moyen  de  quoy  les  maisons  (jui  on 
dépendent  sont  tiièes  des  Rolles  du  Clergé.  C'est  précisément  l'especo 
dont  il  s'agit.  Le  Roy  a  fait  un  traitement  particulier  sur  la  capitation,  à 
l'ordre  de  Malthe,  non  seulement  pour  les  biens  situés  dans  l'Etendue  des 
six  grands  Prieurés  de  h-ance,  mais  même  pour  tous  ceux  qui  se  trouvent 


-  Uli  — 

dans  les  pays  conquis  et  Terres  de  l'obéissance  du  Uoy.  Ce  senties  termes 
précis  de  l'arrêt  du  i9  juillet  1701  qui  regle  la  cnpitation  de  l'ordre  de 
Malllic. 

Tout  ce  que  le  Clergé  de  Strasbourg  peut  espérer  de  mieux,  à  mon 
sens,  dans  cette  occasion,  est  que  dans  l'arrêt  qui  interviendra,  il  soit 
mis  une  clause  portant  que  la  décision,  sur  le  fait  dont  il  s'agit,  ne  pourra 
porter  aucun  préjudice  au  droit  du  Clergé  de  Strasbourg,  et  à  l'usage  où 
il  peut  être  de  comprendre  les  maisons  de  l'ordre  de  Mallbe,  dans  les  ré- 
partitions qu'il  aura  cy  après  à  faire,  pour  les  sommes  qui  devront  être 
fournies  à  Sa  W*^. 


A  M.  Darinenonville. 

Le  10  Janvier  1710. 


M. 


Je  vais  tâcher  de  satisfaire  aux  éclaircissements  que  vousm'avés  fait  l'hon- 
neur de  me  demander,  par  vôtre  lettre  du  24  du  mois  passé,  surleplacel, 
cy  joint,  présenté  au  nom  du  Commandeur  provincial  de  l'ordre  Teutonique, 
en  Alsace,  qui  demande  qu'il  plaise  au  Roy  d'homologuer,  par  un  arrest, 
le  contract  de  vente  passé  en  faveur  de  l'ordre  le  1 1  7'''''  1 71 5  par  M.  le  Baron 
de  fleckenstein,  de  la  Terre  de  fessenheim,  située  en  Alsace,  et  principale- 
ment l'acte  capitulaire  du  27  may  1718,  par  lequel  cette  Terre  a  été  unie 
et  incorporée  à  perpétuité  à  la  Commanderie  de  Mulhouse  et  Rixheim,  qui 
est  aussi  en  Alsace. 

Je  commenceray  M',  par  avoir  l'hofineur  de  vous  dire  que  la  Terre  de 
fessenheim  est  un  bien  allodial,  qui  ne  relevé  de  personne,  c'est  ce  qu'on 
appelle  en  france,  un  franc  aleu,  par  conséquent  le  propriétaire  en  a  pu 
disposer  librement,  comme  il  a  fait:  au  Surplus  elle  est  sur  les  bords  du 
lUiin,  près  du  Neuf  Brisach,  et  peut  valoir  3000  U  de  revenu  ou  environ. 

(Juant  à  l'approbation  qu'on  demande  de  l'union  de  cette  Terre,  à  une 
Conimandcrie  de  l'ordre  Theulonique,  il  me  semble  qu'il  n'en  peut  pas 
êlre  question  par  la  nature  même  du  contract,  qui  n'est  à  proprement  par- 
ler, (ju'un  engagement,  j)uisque  la  faculté  de  rachat  y  est  expressément 
réservée  au  vendeur,  et  cette  faculté  est  imprescriptible,  ainsyM.  le  Baron 
de  fleckenstein  pourra  l'exercer,  quand  il  luy  plaira,  et  après  luy  elle  pas- 
sera à  ses  héritiers,  il  a  même  en  Alsace,  une  nièce  fdle  de  sa  sœur,  et  cette 
nièce  est  mariée  au  S""  Klinglin  fils  du  Prêteur  Royal  de  Slrasbouig.  Il  paroit 
(in"il  est  absolument,  coiilrt;  la  droite  raison,  de  proposer  (ju'un  bien  iiiii 


-  105  - 

peut  êlrc  à  loul  moment  retiré  par  les  anciens  propriétaires,  soit  uni  à 
une  maison  de  mainmorte.  Jene  sçais  même  s'il  convient  de  i)ermettreque 
l'ordre  Tlieutonique  elende  ses  possessions  en  Alsace,  puisque  les  Coni- 
manderies  qui  sont  dans  cette  province  sont  piesque  toujours  remplies  par 
des  Etrangers,  celle  de  Mulhouse  et  Uixheim,  à  laquelle  ont  veut  faire  l'union, 
dont  il  s'ag-it,  est  actuellement  entre  les  mains  de  M.  de  ferrelle,  Gentil- 
homme né  dans  le  ßrisgavv  et  qui  a  longtèms  servi  dans  les  Troui)es  de 
l'Empereur. 

Il  y  a  quatre  Commanderies  de  l'ordre  Tlieutonique  en  alsace,  celle  de 
Rixheim  dont  je  viens  de  parler,  celle  de  HufTach  possédée  par  le  Baron 
de  Prasberg,  celle  de  Weissembourg  possédée  par  le  Baron  de  Waldeck, 
tous  deux  résidants  dans  l'Empire,  et  enfin  celle  d'Andlau,  possédée  par 
M.  de  Reynach',  gentilhomme  de  la  Province  d'alsace.  11  n'y  a  pas  long- 
tèms même  que  le  Titulaire  de  celte  dernière  était  un  Comte  fugger,  sujet 
de  l'Empire.  Les  revenus  de  ces  Commanderies  sont  estimés,  pour  la  pre- 
mière à  6000  S",  pour  la  seconde  à  4500  ?«,  pour  la  o*^  à  COOO  U  et  pour 
l'autre  à  800  U. 

Je  ne  sçache,  quant  à  présent,  qu'un  seul  gentilhomme  d'alsace  qui 
soit  Chevalier  de  l'ordre  Theutonique,  c'est  le  Baron  de  Montjoye,  qui 
demeure  auprès  de  Belforl,  ce  n'est  pas  qu'il  n'y  en  ail  beaucoup  d'autres  qui 
soient  susceptibles,  par  leur  naissance,  et  par  la  pureté  de  leur  noblesse, 
d'y  èlre  admis,  mais  on  m'a  assuré  qu'on  leur  préfère  toujours  les  sujets 
de  l'Empire,  pour  éviter  de  conférer  à  ceux  du  Roy  les  biens  que  l'ordre 
possède  en  Alsace. 

11  paroit  d'abord  qu'il  seroit  facile  de  remédier  à  cette  affectation,  en 
faisant  connoîlre  de  la  part  de  Sa  M'^  qu'elle  entend  que  les  Commanderies 
qui  sont  dans  les  Terres  de  son  obéissance  soient  données  à  ses  sujets, 
et  qu'elle  ne  permettra  point  que  des  étrangers  en  prennent  possession, 
cette  regle  suivroit  même  assés  naturellement,  d'une  déclaration  du  Roy 
du  mois  de  janvier  1681,  pariaquelle  Sa  M'«  a  ordonné  que  dans  les  Pays 
à  elle  cédés,  par  les  Traittés  de  Munster,  des  Pirennées,  Aix  la  Chapelle 
elNimegue,  les  bénéfices  Eclesiastiques  ne  pourroient  être  conférés  à 
d'autres  qu'à  des  gens,  nés  dans  les  Terres  de  son  obéissance,  mais  on 
oposerait  d'abord  l'article  11  du  Traité  de  Riswick,  où  il  est  dit   que 


1.  Les  de  Rcinach,  qui  tirent  leur  nom  d'un  château  situé  dans  le  canton  de  Luccrnc 
on  Suisse ,  s'établirent  en  Alsace  au  neuvième  siècle.  Hamann ,  qui  se  battit  dans  les 
rangs  des  Autrichiens  à  Scmpach,  vint  plus  tard  s'établir  dans  le  Sundgau  avec  son  fils 
Ulrich,  de  qui  descendent  toutes  les  branches  de  celte  antique  l'amillc. 


-   100  - 

l'ordre  Thonloiiiqncjo^^/^v/  de  loules  les  Commamlerles  et  biens  ([u  il  pos- 
sède, sous  la  doniinaiion  du  lloy,  avec  les  mêmes  usages  el  privilèges ,  tant 
à  l'égard  de  la  collation  que  de  l'administration  dont  il  a  joui  cy  devant, 
selon  ses  staluts  ctloix,  el  doid  l'ordre  de  S<  Jean  de  Jerusaleta  a  accou- 
tumé de  jouir.  Ainsy  je  présume  M.  (|u'il  vous  paioilra  qu'il  faut  rcincllrc 
à  un  autre  tcms,  à  élever  aucune  qucsliün  I;i  dessus,  môme  par  la  voye 
de  négociation. 

Pour  en  revenir  à  l'approbalioii  deinaïulée,  de  l'union  faite  de  la  Terre 
de  Fessenheim  à  la  Gonimanderie  de  Mulhouse  et  Ilixheim,  je  crois  que 
non  seulement  il  convient  que  Sa  M'''  ne  l'accorde  pas,  mais  même  que 
l'acte  capitulaire  du  27  may  1718  qui  conlicnt  cette  union,  soit  cassé  par 
uu  arrêt  qui  sera  envoyé  avec  des  Lellres  patentes  au  Conseil  de  Colmar  ; 
il  n'en  sera  pas  moins  libre  au  Commandeur  provincial,  de  laisser  jouir  le 
Commandeur  de  Rixlieim,  des  Revenus  de  Fessenheim,  tant  que  cette 
Terre  ne  sera  point  retirée  par  le  vendeur  ou  ses  ayant  cause.  Je  suis  etc. 


.4  M.  Darmoionvillc. 
Le  -21  février  17l'.i. 

M' 
Vous  ni'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire  le  30  du  mois  de  décembre  der- 
nier pour  avoir  mon  avis  sur  le  placet  cy  joint,  par  lequel  le  S^ferrelte'  de 
florimont,  gentilhomme  de  la  haute  Alsace,  demande  qu'il  plaise  au  Roy  luy 
faire  don  du  droit  du  retrait  féodal,  dont  il  prelend  que  sa  M^*^'  peut  user 
sur  la  Terre  de  florimont,  qu'il  dit  avoir  été  vendue  depuis  peu  au  Comte 
de  Sponeck,  gentilhomme  de  Silesie,  (pii  fait  ju'ofession  de  la  Religion 
Luthérienne  et  qui  est  au  service  du  Prince  de  Monthclliard;  le  S^"  de  fer- 
rette  expose  qu'il  porte  déjà  lu  nom  de  cetle  Terre,  il  fait  ensuite  valoir 
les  dommages  qu'il  a  soufferts  dans  des  bois  à  hiy  appartenants,  par  des  cou- 

1.  La  laiiiilli'  lies  coiiiles  de  JVrrelle  (l'Jirl)  reiiKiiile  au  Irei/.ième  siècle.  Klle  .se  suIj- 
(livLse  en  plusieurs  liraiiclics;  celle  de  l'ioriuioiit  descend  de  Jacques  Cliiisloiilie,  (ils  de 
riiiiippe-Heiiri,  mort  à  l'rague  en  157G. 

Ou  voit  fjue  l'iuteudaut  d'Alsace  couleste  au  geutillioiuuK,'  uieiilidiiué  dans  celte 
dépèclic,  le  droit  de  porter  le  titre  de  FlorJjnont.  La  petite  commune  de  ce  luim  est 
siluôe  dans  rarrondissenienl  de  Delle;  elle  était  le  clicl-lien  d'une  Seif^ncurie  vendue  en 
1281  par  llrie  d<;  liliinieidjourg  (Florimont)  au  couile  Thidiaut  île  l'errette.  Celui-ci  la 
donna  en  lief  en  130iJ  à  J'évèque  de  Uûle.  La  Seigiienrie  passa  en  diverses  mains.  Ten- 
dant la  frucrre  de  Trente  ans  elle  appartient  au  colonel  Wurmbraud ,  puis  à  Jean  de 
lloscn.  Le  rliàlcau  fui  'Irlniit  en  17:i."jpar  le.s  Français  (voy.  Daqunl-Hislolimel.ier). 


—  107  — 

pcs  que  l'on  y  a  faites  pour  les  forlifïicalions  des  Places  d'Alsace,  cl  dont 
il  ifa  jamais  pu  obtenir  de  dcdonimagenicnl. 

Je  commenceray  M""  par  avoir  l'honneur  de  vous  diie  (jue  le  S""  ferrette 
porte,  à  la  vérité,  le  nom  de  florimont;  mais  qu'il  l'a  pris,  à  l'occasion  de 
(juclijues  fonds  qu'il  possède  dans  la  paroisse  de  florimont,  sans  avoir 
néanmoins  aucun  droit  à  la  Seigneurie,  et  dans  la  vue  de  se  distinguer  de 
plusieurs  autres  gentilshommes  de  la  province  qui  portent  le  nom  de 
ferette. 

A  l'égard  des  pertes  qu'il  a  souffertes  dans  ses  bois,  il  a  déjà,  depuis 
que  je  suis  en  Alsace,  présenté  deux  placels  à  ce  sujet,  (pii  m'ayant  été 
envoyés,  l'un  par  M.  le  M»"!  de  Villars,  et  le  second  par  M.  fagon,  j'ay 
rendu  compte,  à  l'un  et  à  l'autre,  de  ce  que  je  pensois  sur  cette  prétention, 
c'est  ce  que  vous  trouvères  dans  les  copies  cy  jointes  des  Lettres  qui  leur 
ont  été  écrites  par  moy.  Je  vous  ajouteray  seulement  que  je  suis  persuadé 
qu'il  est  très  réel  que  lorsqu'on  travailloit,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  aux 
forliffîcations  des  Places  d'Huningue  etdc  Belfort  il  a  été  pris  beaucoup  de 
bois  au  S""  de  ferrette,  mais  il  eut  été  à  souhaiter  pour  luy  que  ses  au- 
Iheurs  eussent  agi  plus  vivement  dans  le  tèms,  pour  demander  justice,  ou 
même  qu'à  présent,  le  nombre  de  ceux  qui  auroient  de  pareilles  préten- 
tions à  élever,  fût  moins  grand. 

Pour  en  revenir  à  l'objet  du  placet,  je  vous  diray  que  la  demande 
du  S'"  ferrette  ne  peut  plus  avoir  lieu,  parceque  la  vente  que  le  S'"  Bar- 
baud,  propriétaire  de  la  Terre  de  florimont,  avait  effectivement  passé 
au  Comte  de  Sponeck,  a  été  résolue,  du  'consentement  de  l'acquéreur. 
Le  vendeur  avait  pris  le  party  d'aliéner  cette  Terre,  pour  satisfaire  ses 
Créanciers;  mais  ayant  trouvé  à  vendre  des  bois,  pour  un  prix  considé- 
rable, il  a  changé  de  résolution,  et  s'est  accommodé  avec  le  Comte  de 
Sponeck. 

Comme  néanmoins  celte  question  de  retrait  féodal,  en  Alsace,  peut  se 
présenter  dans  d'autres  occasions,  je  crois  qu'il  ne  sera  pas  inutile  que  je 
vous  expose  quel  est  la  dessus  l'usage  de  la  Province. 

Je  commenceray  par  vous  observer  que  la  Terre  de  florimont  était  cy 
devant  du  Domaine  propre  des  Princes  de  la  maison  d'autriche,  c'etoit  un 
bien  allodial,  ce  qu'on  appelle  en  france,  un  franc  aleu.  (Juelque  tèms 
avant  que  l'Alsace  fût  cédée  au  Roy,  parle  Traité  de  Munster,  celle  Terre 
fut  engagée  au  Corntc  fuggcr,  celuy  cy  voyant  que  la  Province  clian- 
geoit  de  domination,  la  vendit  à  un  homme  de  Monlbelliard  appelle  Bar- 
bant, moyennant  la  somme  de  .36000  ti.  Depuis  le  Roy  étant  informé 
que  la  Terre  de  florimont  ajtparlenoit  à  luy  môme,  comme  ayant  les  droils 


—  108  — 

des  arcliiducs  d'aulriclic,  anciens  Souverains  d'alsace,  Sa  I\^"  j)ar  des  Let- 
tres patentes  du  mois  de  May  1682  en  lit  don  à  M""  de  la  Grange,  Inten- 
dant d'alsace,  sous  la  condition  de  rembourser  au  S'"  Barbant  ce  qu'il  avoit 
payé  au  comte  fugger,  et  avec  faculté  au -Donnataire  d'en  disposer  par 
vente  ou  autrement,  comme  de  son  propre  bien,  Sa  Majesté  ne  se  reser- 
vant que  la  foy  et  hommage,  le  ressort  et  le  Souveraineté. 

M.  de  la  Grange  revendit,  quel({ues  années  après,  la  Terre  au  S'" 
Barbant  fds,  moyennant  une  somme  de  CO  mille  Livres,  elle  est  restée 
dans  cette  famille  et  le  petit  fils  de  celuy  qui  l'avait  acquise  des  Comtes 
de  fugger,  la  possède  encore  actuellement. 

Il  est  essentiel  d'observer  que  par  les  lettres  paltentes,  accordées  à  M.  de 
la  Grange,  la  Terre  de  florimont  qui  elait  allodialle,  est  devenue  fief,  non 
de  la  nature  des  fiefs  proprement  dits,  qui  sont  inaliénables,  et  qui  de 
plein  droit  reviennent  au  Domaine  du  Seigneur  Suzerain,  par  l'extinction 
de  la  descendance  du  premier  jnvesty;  les  fiefs  de  celte  espèce  sont  les 
seuls  connus  en  Allemagne. 

Par  la  faculté  que  le  Iloy  a  donné  à  M.  de  la  Grange  de  disposer  de  la 
Terre  de  florimont,  sous  la  reserve  de  la  foy  et  hommage,  elle  est  deve- 
nue fief,  à  la  manière  de  ceux  qu'on  possède  en  franco,  qui  peuvent  être 
aliénés.  Cet  exemple  n'est  pas  le  seul  de  pareils  fiefs  érigés  en  alsace,  et 
c'est  de  cette  manière  que  le  Duc  de  Mazarin  y  possède  six  baillages  qui 
faisoient  autrefois  le  principal  domaine  de  la  Maison  d'autriche. 

La  question  qui  se  présente  seroit  de  sçavoir  si  le  Uoy  pourroit,  en  al- 
sace, exercer  le  retrait  féodal. 

Il  est  certain  que  ce  droit  est  absolument  inconnu  dans  l'Empire  et  en 
alsace,  la  raison  en  est  evidente.  Le  vassal  qui  possède  un  fief,  propre- 
ment dit,  ne  peut  l'aliéner  que  du  consentement  de  son  Seigneur,  et  par 
conséquent  il  n'y  a  jamais  lieu  au  retrait.  A  l'égard  des  fiefs  impropres, 
qui  ont  été  établis  depuis  peu  en  alsace,  pour  M.  le  Duc  de  Mazarin  et  pour 
M.  de  la  Grange,  le  cas  ne  s'est  pas  encore  présenté.  Je  crois  qu'à  la  ri- 
gueur, le  droit  de  retrait  [)ourroit  être  exercé  sur  ceux  cy,  quoiqu'il  ne 
soit  pas  d'usage,  même  en  franco,  que  le  Roy  en  use  à  l'égard  des  fiefs 
qui  sont  dans  sa  mouvance. 

On  pourroit  encore  traitter  la  question  de  sçavoir  si  un  Etranger,  comme 
le  Comte  deSponeck,  pourroit  acquérir  un  fief  sous  la  domination  du  Boy, 
je  crois  qu'il  luy  faudroit  la  permission  de  sa  Majesté  et  je  ne  doute  jtas 
qu'il  ne  l'obtint,  à  moins  (juil  n'y  eut  des  raisons  parliculiores  d'em- 
peschemcnt,  mais  il  serait  obligé  de  se  présenter  en  jjcrsonne  pour  prêter 
bcs  foy  cl  liniuinagc,  et  dans  la  suite  il  lombcroit  dans  le  cas  de  félonie. 


—  100  — 

si,  sans  la  permission  de  sa  Maj^"'  il  entroit  ou  demcuroit  au  Service  d'un 
Prince  Etranger. 

On  peut  enfin  demander  si  un  Luthérien,  tel  que  le  Comte  de  Sponeck, 
peut  posséder  un  fief  dans  les  Terres  de  l'ancienne  domination  de  la  Mai- 
son d'Autriche,  la  raison  de  douter  vient  de  ce  que  par  le  Trailé  de  Mun- 
ster, Sa  M'"  s'est  engagé  de  conserver  la  Religion  calholiquo  dans  les 
Terres  qui  appartcnoient  proprielairernent  aux  archiducs;  mais  on  repond 
que  cela  doit  s'entendre  du  seul  exercice  public  et  ne  peut  contraindre, 
sur  la  Religion,  des  particuliers,  même  des  Seigneurs,  attendu  que  par  le 
Trailé  d'Osnabruck,  les  trois  Religions,  la  Catholique,  la  Luthérienne  et  la 
Calviniste,  sont  également  établis  dans  l'Empire.  On  pourroit  rapporter 
plusieurs  exemples  de  Luthériens  et  Calvinistes,  qni  possèdent  des  biens 
dans  les  Etats  les  plus  catholiques  de  l'Empire,  et  même  dans  la  partie 
d'Alsace,  qui  appartenoit  autrefois  proprielairement  à  la  maison  d'au- 
triche.  Je  me  contenleray  de  citer  le  S""  Barbant,  possesseur  actuel  de  la 
Terre  de  florimont;  il  est  calviniste  et  cependant  le  Conseil  Supérieur 
d'Alsace  n'a  pas  fait  difficulté  de  recevoir  ses  foy  et  hommage  et  celles  de 
son  père. 

Je  reviens  encore  pour  un  moment  au  S'"deferrette,  je  crois  que  par  la 
situation  de  ses  affaires,  il  est  peu  en  etat  d'achetter  une  Terre  aussi  con- 
sidérable que  celle  de  florimont,  mais  il  avait  vraisemblablement  en  vnü 
de  s'accommoder  avec  l'acquéreur  et  d'en  tirer  quelque  gratiffîcation. 

Je  suis  etc. 

A  M.  Darmenonville. 

Le  2i  jMars  1710. 

w 

Au  mois  de  Septembre  1717,  S.  A.  W^  écrivit  à  M.  le  Comte  Du- 
bourg,  à  M.  le  Premier  President  et  à  M.  le  Procureur  gênerai  du  Conseil 
de  Golmar,  une  lettre  commune,  contenant  en  termes  généraux  que  son 
intention  etoit  qu'ils  tinssent  exactement  la  main  à  l'exécution  des  déclara- 
tions, ordonnances,  arrêts,  règlements  et  usages  qui  avoient  été  observés 
jusqu'alors,  sur  le  fait  de  la  Religion,  dans  l'Evêché  de  Strasbourg. 

Je  sçus  dans  le  têms  que  cette  lettre  m'avoit  été  demandée  que  pour 
l'opposer  à  quelques  mauvais  propos  qui  avoient  été  débités  icy  par  les 
Luthériens;  mais  M.  le  Procureur  gênerai  a  pensé  qu'il  de  voit  aller  plus 
loin,  et  je  crois  ne  pouvoir  me  dispenser  de  vous  rendre  compte  des  mou- 
vements qu'il  s'est  donnés. 


—   IUI  - 

Dus  le  commencement  de  l'année  1718,  sur  la  délation  d'un  Capucin, 
très  indiscret,  il  fil  assigner  au  Conseil  des  Communautés  entières,  au 
nom  coUeclif  du  Daillagc  de  Goullemberg,  qui  est  possédé  en  commun, 
par  M.  le  Duc  des  Deux  Ponts  et  M.  le  Prince  de  Birkenfeld.  Ce  hailiagc 
est  siluc  à  l'extrémité  de  la  province,  auprès  de  Landau,  et  je  diray  en 
passant  que  la  Souvcraijiclé  est  conlesiéc  nu  lloy  par  l'Electeur  Palalin. 

Il  s'agissoit  d'une  disi)ute  entre  les  Gallioliqucs  et  les  Luthériens  d'une 
paroisse,  où  l'Eglise  est  commune  entre  les  deux  Religions,  sur  l'endroit 
où  la  Bannière  des  Catholiques  seroit  placée.  Je  me  souviens  que  je  fis  ce 
que  je  pus,  par  lettres,  pour  engager  M.  le  Procureur  gênerai  à  donner 
un  delay  aux  parties  pour  s'accommoder;  je  ne  pus  rien  obtenir,  mais  je 
me  trouvay  quelque  tèms  après  à  Colmar,  j'en  parlay  aux  principaux  offi- 
ciers du  Conseil  qui  voulurent  bien  entrer  dans  mes  vues,  j'envoyay  un 
subdelegué  sur  les  lieux,  l'affaire  fut  accommodée,  dans  ce  moment,  et  à 
l'avantage  de  la  Religion  catholique. 

Dans  le  môme  tèms,  ou  à  peu  près,  M.  le  Procureur  gênerai  commença 
d'autres  poursuites  dans  la  Comté  de  Hanau.  Au  mois  d'avril  1718,  il  ob- 
tint un  arrêt  du  Conseil  de  Colmar,  portant  permission  de  faire  informer 
contre  plusieurs  habitants  du  village  de  Viltsbruch,  qu'il  accusoit  d'avoir 
quitté  la  Religion  catholique  pour  embrasser  la  Luthérienne  ou  de  s'être 
mariés  à  des  personnes  de  différente  Religion.  Peu  de  jours  après,  dix 
sept  témoins  furent  entendus  et  ensuite  le  ministre  de  ce  village,  et  envi- 
ron 40  habitants  des  deux  sexes  furent  décrétés  de  prise  de  corps.  Le  25 
juin  suivant  il  fit  une  seconde  réquisition,  contre  six  habitants  du  baillage 
dcWerlh,  qui  est  encore  de  la  Comté  de  Hanau,  et  sur  celte  simple 
plainte,  les  accusés  furent  pareillement  décrétés  de  prise  de  Corps,  par 
arrêt  de  ce  même  Tribunal. 

Presque  tous  ceux  compris  dans  ces  deux  Décrets,  se  sont  absentés,  et 
leurs  biens  ont  été  saisis  et  annotés.  Il  en  est  seulement  resté  cinq,  qui 
ayant  eu  le  courage  de  se  présenter  au  Conseil  de  Colmar,  ont  été  élargis, 
à  la  charge  de  se  représenter. 

Dès  la  naissance  de  cette  procédure,  M.  le  Comte  de  Hanau,  qui  etoit 
en  Allemagne,  me  fit  riioimcur  de  m'en  écrire,  représentant  que  celte ri- 
gueurqui  n'avoitpour  objet  que  de  malheureux  paysans,  faisoitperdreauRoy 
des  Sujets,  et  à  luy  des  vassaux;  qu'au  Surplus  il  était  aisé  de  justiffîer  que 
tous  ces  accusés  étoiont  nés  et  avoient  toujours  vécu  dans  la  Religion  lu- 
thérienne, et  que  par  conséquent  ils  n'ctoient  pas  coupables,  mais  que  les 
procédures  criminelles  les  ruinoient.  J'en  écrivis  a  M.  le  Procureur  gene- 
liil,  [l'iiir  ifuber  (le  modérer  son   zclo,  il  ne  me  repondit  qu'en  termes 


—  111  — 

gcncrnux.  .l'allny,  sur  ces  entrefaites,  à  Paris,  où  M.  le  Maréclinl  d'iiuxellcs, 
à  qui  M.  le  Comte  de  Hanau  avoit  porté  ses  plaintes,  me  parla  de  cette 
aiTaire,  je  sçus  quelque  tèms  après  que  M.  le  M^-''  d'IIuxelles  manda  par 
ordre  de  S.  A.  K'°  à  M.  le  Procureur  gênerai  de  surseoir  à  toutes  pour- 
suites. Je  ne  vois  pas  effectivement  qu'il  ait  rien  été  fait  depuis,  mais  ce- 
pendant les  fugitifs  n'osent  revenir  chés  eux  et  leurs  biens  sont  aban- 
donnés. 

Lorsque  j'ay  été  de  retour  icy,  M.  le  Comte  de  Hanau  m'a  fait  jirier  de 
làclier  de  procurer  quelque  solution  dans  cette  adaire.  Je  me  suis  donné 
riionncur  d'en  écrire  à  M.  le  Premier  President ,  qui  voulut  bien  ni'(Mivoyer 
les  informations.  D'un  autre  côté  M.  le  Comte  de  Hanau  m'a  fait  remettre 
quelques  mémoires  et  pièces  en  faveur  des  accusés.  Sur  le  tout  il  m'a  été 
aisé  (le  connaître  que  les  faits  d'accusation  étaient  minimes,  à  l'égard  ilijs 
uns,  et  absolument  détruits  à  l'égard  des  auti'cs,  par  les  pièces  qui  m'a- 
voient  été  fournies.  Je  pris  la  dessus  leparly  d'expliquer  à  M.  lepreni''  Pre- 
sident ce  que  j'en  pensois,  luy  marquant  que  je  disposerois  facilement  M. 
le  Comte  de  Hanau  à  faire  comparoître  les  accusés  au  Conseil  de  Colmar, 
supposé  qu'il  y  eut  lieu  d'espérer  que  cette  affaire  n'auroit  pas  d'autres 
suites,  et  que  M.  le  Procureur  gênerai  ne  s'attaclieroit  pas  à  cliercber  par 
une  procédure  ruineuse,  pour  ces  pauvres  paysants,  dos  preuves  que  vrai- 
semblablement il  ne  trouveroit  jamais.  Je  representois  que  la  pluspart  des 
faits  ne  meriloient  pas  d'être  suivis. 

M.  le  prem^  President  me  fit  écrire  par  un  officier  principal  du  Conseil 
qu'il  ne  pouvoit  s'assurer  de  rien  de  la  part  de  M.  le  Procureur  gênerai, 
ni  même  de  sa  Compagnie,  qui  est  dans  l'babitude  de  déférer  aveuglement 
à  tout  ce  que  M.  le  Procureur  gênerai  demande,  parceque  dans  l'occasion, 
il  sçait  faire  agir  un  grand  nombre  de  Conseillers,  qui  sont  ses  parents. 
Enfin  M.  le  prenir  President  me  conseilla  luy  même  de  rendre  compte  de 
cette  affaire  à  la  Cour,  et  je  reconnois  que  c'est  le  seul  parly  qui  reste  à 
prendre. 

Je  mets  donc  M""  dans  ce  pacpiet  une  liasse  qui  contient  la  procédure 
faite  contre  les  accusés. 

J'y  joins  un  extrait  dans  lequel  j'ay  rappelé  sur  cbacun  d'eux  les  faits 
dont  il  est  cliargé  parles  témoins,  les  moyens  et  les  pièces  reportés  pour 
sa  justiffîcation,  avec  des  observations  que  j'ay  mises  à  chaque  article. 

Je  doute  M.  qu'il  vous  paroisse  convenable  d'abandonner  tous  ces  mal- 
heureux, à  la  mauvaise  humeur  de  M.  le  Procureur  gênerai.  Il  y  auroil,  ce 
me  semble,  deux  voies  pour  leur  procurer  une  justice  plus  favorable,  l'une 
qu'il  vous  plût,  après  avoir  pris  l'ordre  de  S.  A.  R''',  de  faire  [larl  de  ses 


—  112  — 

intentions  à  M.  le  Procureur  gênerai  et  à  M.  le  premier  President ,  après 
quoy  si  vous  le  jugés  à  propos,  je  ferois  dire  aux  accusés  de  se  présenter 
au  Conseil  de  Colmar;  l'autre  voye,  plus  prompte  encore,  et  moins  coû- 
teuse, seroit  d'évoquer  l'affaire,  par  un  arrêt  du  Conseil,  et  de  la  renvoyer 
pour  être  jugée  par  moy  avec  des  gradués.  Je  hazarde  un  projet  d'arrest 
dans  ce  système. 

Je  ne  dois  pas  omettre  de  vous  dire  M"",  que  M.  Neef  Procureur  gênerai 
de  Colmar  etoit,  il  y  a  peu  d'années,  Bailly  de  M.  le  Comte  de  Hanau,  à 
Bouxweiller  et  à  ses  gages.  Je  sçais  qu'ils  se  séparèrent  peu  contents  l'un 
de  l'autre.  Ne  pourroit-on  pas  soupçonner  M.  Neef  de  chercher  dans  cette 
occasion,  à  faire  sentir  à  son  ancien  Maître,  l'aulhorilé  que  luy  donne  son 
changement  d'Etat? 

Je  crois  devoir  vous  envoyer  avec  les  autres  pièces  une  copie  de  la 
lettre  écrite  par  S.  A.  R'°  à  M.  le  Comte  du  Bourg,  M.  le  premier  President 
et  M.  le  Procureur  gênerai,  et  aussi  une  copie  de  l'accomodementque  j'ay 
fait  faire  dans  le  Baillage  de  Guttemberg  pour  le  fait  que  j'ay  touché  au 
commencement  de  cette  lettre.  Je  suis  etc. 


A  M.  le  Maréchal  d'HuxcUes. 

Le  3  avril   1719. 

Dans  une  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  Mg"",  de  m'ecrire  de  vôIre 
main,  le  27  du  mois  passé,  vous  me  marqués  que  les  gentilshommes  de 
la  haute  Alsace  et  les  officiers  du  Conseil  de  Colmar  se  plaignent  que 
contre  leurs  privilèges,  je  les  oblige  de  payer  la  subvention,  sur  quoy  vous 
me  témoignés  désirer  que  je  vous  mette  au  fait  de  ce  qui  se  passe  à  cet 
égard. 

Je  commenceray  Mg'',  par  vous  dire  que  je  sçais  que  les  officiers  du 
Conseil  de  Colmar  ont  écrit  la  dessus  à  M.  d'Armenonville;  je  m'attends 
que  leurs  mémoires  me  seront  renvoyés,  et  dès  (jue  je  les  auray  reçus,  je 
ne  tarderay  pas  à  en  faire  un  de  ma  part  qui  eclaircira  la  matière.  Je 
compte  bien  vous  en  envoyer  un  double,  et  cependant  je  vais  d'avance, 
vous  donner  une  idée  de  la  question. 

Il  faut  d'abord  Mg"",  supposer  deux  principes  incontestables,  l'un  que 
dans  l'Empire  il  n'y  a  de  biens  exempts,  des  impositions  que  ceux  qui 
appartiennent  à  l'Eglise,  par  anciennes  dottalions,  ceux  qui  font  partie  des 
fiefs  des  gentilshommes,  et  enfin  les  allodiaux  qui  ont  toujours  été  possé- 
dés par  des  Eclesiastiques  ou  dfs  nobles;  il  est  d'un  usage  constant  que  les 


-  113  - 

biens  de  rolurc,  qui  sont  acquis  par  des  Eclesiasliques  ou  des  nobles,  con- 
tinuent d'être  imposés  comme  ils  eloicnt,  entre  les  mains  des  anciens  pos- 
sesseurs, c'est  ce  que  je  suis  en  etat  de  prouver,  non  seulement  par  le 
témoignage  de  tous  les  autheurs  allemands,  qui  traitent  des  impositions, 
mais  encore  par  les  exemples  de  ce  qui  se  pratique  actuellement  dans  le 
Palatinat  et  ailleurs  dans  l'Empire.  Si  vous  voulés  même  prendre  la  peine 
d'ouvrir  le  livre  que  la  noblesse  de  la  basse  alsace  a  fait  imprimer,  conte- 
nant le  Recueil  des  privilèges  accordés  à  ce  Corps  en  différents  lêms,  vous 
y  trouvères  des  Lettres  de  Charlequint  de  1550,  contenant  que  les  biens 
de  la  Noblesse  seront  exempts,  à  l'exception  des  fonds  que  les  Gentilshommes 
acquereront  des  Roturiers,  et  qu'ils  continueront  d'être  imposés. 

L'autre  principe  est  qu'en  Alsace,  le  feu  Roy  n'a  jamais  fait  de  règlement 
sur  les  impositions,  et  que  par  conséquent  les  loix  de  l'Empire  doivent 
continuer  à  y  être  suivies. 

Vous  n'ignorés  pas  Mg^,  que  jusqu'icy  les  affaires  des  finances  d'alsace 
ont  été  Iraittées  d'une  manière  très  arbitraire,  les  baillis  ont  été  les  maîtres 
de  régler  les  impositions  comme  ils  vouloient;  il  se  trouve  des  Commu- 
nautés entières,  même  dans  la  haute  Alsace,  qui  n'ont  jamais  rien  payé, 
sans  qu'on  en  voye  la  raison,  il  y  aurait  beaucoup  à  parler  icy,  mais  il  se- 
roit  inutile  d'entrer  dans  un  plus  grand  detail. 

J'ay  verifîîé  que  cy  devant  quelques  Gentilshommes  de  la  haute  alsace 
ont  payé  la  subvention  pour  les  biens  roturiers  qu'ils  possedoient.  J'ay 
trouvé  que  d'autres  ont  sçu  s'en  exempter,  c'etoit  l'effet  du  plus  ou  moins 
de  credit  que  chaque  Seigneur  avoit  sur  ses  paysans.  Quant  aux  Conseillers 
de  Colmar,  il  n'est  pas  douteux  qu'aucun  Bailly  n'oseroit  les  faire  com- 
prendre dans  les  RoUes, 

Il  est  cependant  arrivé  que  quelques  Gentilshommes  riches  ont  acquis 
des  biens  roturiers,  à  toutes  mains.  Je  vous  citeray  M.  de  Foussemagne  et 
j'en  pourrois  citer  d'autres.  J'ay  verioîé  que  deux  Conseillers  de  Colmar 
possèdent  actuellement,  par  acquisition,  les  deux  tiers  des  fonds  d'une 
Communauté.  Les  paysans  pressés  se  sont  élevés  et  se  sont  pourvus  à  moy 
pour  avoir  justice.  Je  ne  m'en  suis  pas  tenu  à  examiner  les  règles  de  l'Em- 
pire, j'ai  cherché  ce  qui  se  pratiquoit  en  franche  Comté  ;  j'ay  trouvé  que  par 
un  Reglement  du  feu  Roy  de  1706,  il  etoit  expressément  porté  que  les  biens 
taillables  possédés  en  franche  Comté  par  des  Gentilshommes  continueront 
d'être  imposés.  J'ay  lâché  quelques  ordonnances  conformes  à  ce  Système, 
aucun  Gentilhomme  d'alsace  n'a  encore  cru  devoir  s'en  plaindre  publique- 
ment, et  je  n'en  suis  point  surpris,  parceque  dès  qu'ils  vont  à  la  consul- 
tation, on  ne  peut  que  leur  dire  que  je  suis  en  regle.  Les  Conseillers  de 

T.  X.  -  (M.).  8 


Colmar  s'eslimenl  fort  au  dessus  de  la  noblesse,  ils  ont  cru  devoir  relever 
la  chose  et  même  soutenir  jusqu'au  moindre  de  leurs  GrcfTiers  et  les 
Chautre-cires  de  leur  Chancellerie:  ils  se  sont  d'abord  adressés  à  moy,  je 
leur  ay  expliqué  mes  raisons  et  comme  ils  ne  s'y  sont  pas  rendus,  je  leur 
ay  conseillé  de  s'adresser  à  la  Cour,  ce  qu'ils  ont  fait,  et  j'en  suis  très  aise, 
parceque  vraysemblablement  il  en  résultera  un  Ileglcment,  et  tout  ce  que 
je  demande  c'est  (ju'on  sçache  à  quoy  s'en  tenir,  mon  intention  est  de  pro- 
poser le  Reglement  de  franche  Comte,  qui  ne  laisse  pas  de  contenir  (piel- 
ques  adoucissements  et  pour  les  genlilshonmies  et  pour  les  officiers  de 
justice,  je  m'en  suis  même  ouvert  avec  les  officiers  du  Conseil  de  Colmar, 
mais  ils  prétendent  qu'il  leur  en  est  du  beaucoup  davantage,  ils  auraient 
cependant  bien  à  dccheoir  s'ils  n'etoient  traités  que  comme  les  officiers 
non  nobles,  de  la  Chambre  de  Wetzlaei-  et  du  Conseil  aulique  le  sont  dans 
FKnipire,  en  ftiit  d'impositions. 

11  ne  sera  pas  inutile  que  je  vous  observe  icy,  que  presque  tous  les 
gentilhommes  et  officiers  du  Conseil  de  Colmar,  qui  possèdent  des  biens 
roturiers  les  font  exploiter  par  des  fermiers,  mais  les  baux  restent  secrets 
et  ils  donnent  à  leurs  fermiers,  qu'ils  font  passer  pour  valets,  des  procura- 
tions, au  moyen  de  quoy  tout  le  fardeau  retombe  sur  les  miserables  et 
non  deffendus.  Aussi  ces  M^^  pour  trancher  toute  difficulté,  ont,  je  crois, 
demandé  par  leur  memoire,  que  même  leurs  fermiers  soient  exempts,  ce 
qui  est  de  la  dernière  absurdité. 

Voila  Mgi'  comme  je  vous  l'ay  annoncé  une  première  idée  de  l'affaire 
dont  vous  me  parlés,  s'il  vous  reste  encore  quelque  doute,  je  vous  suplic 
d'attendre  le  memoire  que  je  vous  promets,  et  soyés  sûr  que  vous  serés 
averty  de  tout.  Je  suis  etc. 


A  M.  Darnicnonvillc. 

Le  28  Avril   1719. 

Vous  estes  sans  doute  informé  M"",  que  le  Roy  est  en  droit  d'exercer, 
dans  les  Eglises  d'alsace,  le  droit  des  premières  prières,  comme  l'Empe- 
l'cur  en  jouissoit  avant  le  Traité  de  Munster,  et  comme  il  en  jouit  encore 
dans  l'Empire,  ce  droit  est  précisément  le  même  que  celuy  ((ue  nous  con- 
noissohs  en  franco,  sous  le  nom  de  joyeux  avènement  à  la  Couronne,  peut 
nommer  un  Sujet  pour  if'mj)lir  le  jircmicr  bénéfice  vaccant  dans  chaque 
Eglis«'  de  son  rioyaume. 


C'est  sur  les  mémoires  de  M.  le  Cardinal  de  Rohan,  que  les  brevets  des 
premières  prières  ont  été  expédiés  dans  le  Dioceze  de  Strasbourg,  Mg"^  le 
Regent  s'etant  remis  à  S.  Em<^^  du  choix  des  sujets,  aux(|uels  ces  grâces 
seroient  conférées. 

Le  Chapitre  de  la  Cathédrale  de  Strasbourg  est  composé  de  M'"'*  les  Cha- 
noines et  de  vingt  autres  Eclesiastirpies,  qui  desservent  la  même  Eglise, 
sous  le  Titre  de  vicaires  ou  de  IVebendiers.  Ces  derniers  sont  encore  con- 
nus, sous  le  nom  collectif  de  grand  Chœur. 

M.  le  Cardinal  de  Rohan  etoit  dans  l'opinion  que  le  grand  Chœur  n'etoit 
point  sujet  au  droit  des  premières  prières,  le  feu  Roy  ne  l'a  point  exercé 
dans  l'Eglise  cathédrale  de  Strasbourg  et  il  y  en  a  plusieurs  en  Allemagne 
qui  par  des  Titres  particuliers  en  sont  exempts,  à  l'égard  de  l'Empereur, 
c'est  ce  qui  fit  que  le  grand  Chœur  de  la  Cathédrale  de  Strasbourg  ne  fut 
point  employé  dans  le  memoire  que,  des  les  premiers  tèms  de  la  Régence, 
M.  le  Cardinal  de  Rohan  donna  des  Eglises  de  son  dioceze,  où  le  droit  de 
premières  prieies  pouvoit  être  conféré. 

Depuis,  à  l'occasion  d'un  procès  qui  s'est  mû  avec  quehjue  vivacité, 
entre  M'-'*  les  Chanoines  et  les  Vicaires  ou  Prebcndiers,  il  a  été  mis  en  évi- 
dence que  l'Empereur  avoit  exercé  plusieurs  fois  le  droit  de  premières 
prières,  dans  le  grand  Chœur,  et  que  par  conséquent  le  Roy  peut  et  doit 
faire  la  même  chose.  Il  seroit  naturel  que  M.  le  Cardinal  de  Rohan  be 
donnât  l'honneur  de  proposer  à  Mgr  le  Regent  un  Eclesiasti(pie  ])our  exer- 
cer ce  droit,  ce  seroit  une  suite  delà  grâce  generallequi  fut  faite  la  dessus 
A  S.  Em«^*^  au  commencement  de  la  Régence,  mais  comme  la  connoissance 
qu'on  vient  d'avoir  du  droit  du  Roy,  est  la  suite  du  procès,  M.  le  Cardinal 
se  fait  quelque  peine  de  se  mêler  de  cette  affaire. 

Dans  CCS  circonstances,  je  prends  M"",  la  liberté  de  demander  à  S.  A. 
r\}^  la  nommination  de  sa  Majesté,  par  le  droit  de  premières  prières  dans  le 
grand  Chœur  de  l'Eglise  Cathédrale  de  Strasbourg,  en  faveur  du  S.  Gilbert 
Louis  de  Rergerel,  il  est  fils  de  l'ancien  Gouverneur  de  la  Citadelle  de 
Strasbourg,  qui  a  laissé  icy  une  veuve  avec  plusieurs  enfants,  sans  au- 
cuns biens;  l'ainé  est  actuellement  capitaine  dans  le  Regiment  d'Inf"^' 
d'Enghien. 

Plusieurs  personnes  de  la  première  considération,  qui  aiment  et  estiment 
Mad^  de  Bergeret  vous  parleront  à  cette  occasion  en  faveur  de  son  fils. 
De  ma  part  M""  je  me  flatte  que  vous  serés  bien  persuadé  que  je  n'agis  que 
de  concert  avec  M.  le  Cardinal  qui,  depuis  longlèms,  a  accordé  à  Mad«^  de 
Bergeret  et  à  sa  famille  une  protection  très  déclarée. 

Le  Bénéfice  dont  il  s'agit  peut  valoir  1000  ïï  de  revenu.  Je  jpins  un  me- 


^  116  — 

moire  qui  fait  mention  des  Titres  qui  fondent  le  droit  du  Roy  dans  l'Eglise 
de  Strasbourg,  et  une  copie  d'un  brevet  accordé  pour  une  Eglise  de  ce 
Dioceze  et  qui  pourra  servir  de  modele. 
Je  suis  etc. 

A  M.  Darmcnonville. 
Le   i  May  1719. 

M^'s  les  officiers  du  Conseil  de  Colmar  m'ont  communiqué,  dansletèms, 
un  memoire  qu'ils  vous  ont  envoyé  sur  l'exemption  dont  ils  prétendent 
jouir,  par  raport  aux  impositions,  pour  tous  les  biens  qu'ils  possèdent,  de 
quelque  nature  qu'ils  soient.  Je  vous  diray  même  que  je  les  ay  fort  excités 
à  prendre  cetle  route,  dans  la  vue  de  nous  procurer,  de  la  part  du  Roy,  quel- 
que regle  certaine,  suivant  laquelle  on  puisse  administrer  en  Alsace  les 
affaires  de  la  Taillabilité  qui  jusqu'icy  ont  été  traitées  d'une  manière  pu- 
rement arbitraire,  et  par  conséquent  qui  a  varié,  suivant  la  différence  des 
opinions  et  des  circonstances. 

On  m'écrit  de  Colmar  qu'on  y  a  vu  une  lettre  par  laquelle  vous  avés 
mandé  à  M.  de  Corberon  '  que  vous  confereriés  de  cette  affaire  avec  M.  le 
Carde  des  Sceaux  et  M.  de  la  houssaye,  ce  qui  a  donné  lieu  à  quelques 
officiers  du  Conseil  de  dire  qu'elle  seroit  décidée,  sans  que  je  fusse  con- 
sulté. Comme  je  suis  très  impartial  et  que  mon  unique  bul,  comme  j'ay 
dcja  dit,  est  d'avoir  une  regle,  aucun  motif  de  délicatesse  ne  me  porte  à 
demander  d'être  entendu.  Je  vous  avoueray  cependant  M"",  qu'il  me  pa- 
reil difficile  que  celte  question  puisse  être  déterminée,  sans  retour,  à 
moins  que  le  Conseil  ne  soit  parfaitement  instruit  des  usages  de  l'Empire 
sur  le  fait  des  impositions  et  de  ce  qui  a  été  pratiqué  la  dessus  jusqu'à 
présent,  en  Alsace,  comme  aussi  des  Règles  qu'on  suit  dans  le  Pays  Messin 
et  dans  la  franche  Comté,  qui  etoient  pareillement,  cy  devant,  gouvernées 
par  les  loix  d'Allemagne;  j'ay  tous  les  matériaux  nécessaires  pour  dresser 
un  memoire  où  la  question  sera  traitée  à  fonds,  et  qui  pourra  servir  à  la 
décider,  en  connoissance  de  cause;  j'atlendois,  pour  former  ce  memoire 
que  celuy  de  .M'"^  les  officiers  de  Colmar  me  fût  renvoyé  à  l'ordinaire, 
j'avais  même  oui  dire  (jue  M.  de  foussemague^  gentilhomme  de  la  haute 


1.  Corberon,  premier  président  au  Conseil  souverain  d'Alsace  en  1700  et  plus  tard 
conseiller  d'État  par  brevet  du  20  janvier  1723,  avait  6t6  procureur  g-énéral  au  Parle- 
ment de  Metz. 

2.  Les  Foussemagne  étaient  une  branche  de  Ja  famille  de  Ucinacb;  une  branche  par- 
ticulière est  celle  de  Hirtzbach.  actuellement  existante. 


—  117  — 

Alsace  qui  est  à  Paris  depuis  longlêms,  avoit  aussi  dessein  d'intervenir,  au 
nom  de  la  Noblesse,  et  je  croyois  devoir  différer  à  faire  mon  travail,  jus- 
qu'à ce  que  j'eusse  toutes  les  demandes  et  même  les  pièces  de  ceux  qui 
agissent.  Je  resleray  encore  dans  l'inaction,  en  attendant  M""  que  vous  ayés 
eu  la  bonté  de  me  mander  si  l'afiaire  me  sera  renvoyée  pour  donner  des 
éclaircissements,  si  je  puis  toujours  vous  envoyer  à  l'avance,  mon  memoire, 
ou  si  je  dois  ne  m'en  point  mêler.  Je  hazarderay  cependant  de  vous  dire 
dès  a  présent  que  je  crois  que  je  ne  seray  point  embarrassé  de  faire  con- 
noîtrc  que  les  ordonnances  que  j'ay  rendues,  et  dont  je  sçais  qu'on  s'est 
plaint,  sont  fondées  sur  le  droit  et  sur  l'usage  véritable  du  Pays. 

Je  reconnois  que  les  lumières  de  M.  de  la  houssayo,  dans  toutes  choses, 
et  principalement  dans  les  affaires  d'alsace,  doivent  être  d'un  grand  poids. 
Je  soupçonne  que  j'ay  le  malheur  de  penser  différemment  de  luy,  dans 
l'affaire  dont  il  s'agit,  je  ne  refuseray  cependant  pas,  s'il  le  faut,  d'entrer 
en  lice;  quoy  qu'il  en  soit,  je  ne  puis  me  départir  de  croire  que  si  nous 
avons  besoin  d'un  Reglement,  dans  un  Pays,  où  il  n'y  en  a  jamais  eu,  de- 
puis 70  ans  qu'il  est  au  Roy,  nous  en  trouverons  un  dans  une  province  du 
voisinage,  qui  est  dans  la  même  espèce;  et  que  par  cet  exemple  la  question 
qui  est  traitée,  pourroit  être  bien  abrégée  et  finie,  en  usant  d'un  tempéra- 
ment très  convenable  aux  officiers  et  aux  peuples  taillables. 

Je  suis  etc. 


.^1  M.  Dargenson. 

Le   11  May   1719. 

M'''*  les  officiers  du  Conseil  de  Colmar  m'ont  communiciué,  dans  le 
lêms,  un  memoire  qu'ils  se  sont  donné  l'honneur  de  vous  envoyer,  sur  lu 
prétention  où  ils  sont  que  tous  les  biens  qu'ils  possèdent  de  quelque  nature 
que  ce  soit,  doivent  être  exempts  de  toutes  impositions.  Je  vous  diray 
même  que  je  les  ay  fort  excités  à  faire  cette  démarche,  dans  la  vue  de  nous 
procurer  une  regle  certaine,  suivant  laquelle  on  puisse  administrer  les 
affaires  de  la  Taillabilité,  en  Alsace,  où  jusqu'icy  elles  ont  été  traitées  d'une 
manière  purement  arbitraire,  et  qui  par  conséquent  a  varié,  suivant  la 
différence  des  opinions  et  des  circonstances. 

On  m'écrit  de  Colmar  <{ue  W^  les  officiers  du  Conseil  affectent  de  dire, 
que  cette  affaire  avoit  été  renvoyée  à  M.  de  la  houssaye,  et  qu'elle  seia 
décidée  sur  son  avis,  sans  que  je  sois  consulté;  comme  je  suis  très  impar- 
tial et  que  mon  unique  but,  comme  je  l'ay  dcja  dit,  est  d'avoir  une  regle, 


—  118  — 

aucun  motif  de  délicatesse  ou  autre,  ne  peut  me  porter  à  demander  d'être 
entendu.  Je  vous  avoueray  cependant  Mg'"  qu'il  me  paroil  difficile  que  cette 
affaire  puisse  être  terminée  sans  retour,  à  moins  qu'on  n'ait  mis  sous  vos 
yeux  les  usages  de  l'Empire  sur  le  fait  des  impositions  et  la  suite  de  ce 
qui  a  été  pratiqué,  sur  cette  matière  jusques  à  présent  en  Alsace.  J'ay  tous 
les  matériaux  nécessaires  pour  traiter  la  question  à  fonds  dans  un  me- 
moire; j'attendois  pour  le  former,  que  le  jjlacet  de  M'"^  les  officiers  de 
Golmar  me  fût  renvoyé,  à  l'ordinaire.  J'ay  même  oui  dire  que  M''^  les 
Gentilhommes  de  la  haute  alsace  avoient  dessein  d'intervenir,  par  le  mi- 
nislere de  l'un  d'eux,  qui  est  depuis  longtems  à  Paris.  Je  croyois  devoir 
différer  à  faire  mon  travail  jusqu'à  ce  que  je  connusse  parfaitement  les 
demandes  et  même  les  pièces  de  tous  ceux  qui  agissent.  Je  resteray  en- 
core dans  l'inaction  jusqu'à  ce  que  vous  ayés  eu  la  bonté  de  me  faire 
sçavoir  si  l'affaire  me  sera  renvoyée  pour  donner  des  éclaircissements, 
ou  si  je  puis  dresser  mon  memoire  sur  celuy  de  W^  de  Golmar,  dont  je 
liens  d'eux  une  copie,  ce  que  je  ferois  avec  d'autant  plus  d'exactitude  et 
d'application  que  je  soupçonne  que  j'ay  le  malheur  de  ne  pas  penser  sur 
cette  affaire  comme  M.  de  la  houssaye.  Je  hazarderay  cependant  de  dire, 
dès  à  présent,  par  raport  aux  ordonnances  que  j'ay  rendues,  et  dont  je 
sçais  qu'on  s'est  plaint,  que  je  les  crois  fondées,  sur  le  droit  et  sur  l'usage 
véritable  du  Pays.  En  deux  mots  Mg"",  c'est  un  principe  incontestable,  dans 
l'Empire,  qu'il  n'y  a  de  biens  exempts  des  impositions  que  ceux  qui  appar- 
tiennent à  l'Eglise,  par  ancienne  doltalion,  ceux  qui  font  partie  des  fiefs, 
et  enfin  les  Aliodiaux  qui  ont  toujours  été  possédés  par  des  Eclesiastiques 
ou  des  nobles;  les  biens  de  rotures  doivent  continuer  d'être  imposés  sans 
égard  à  la  qualité  du  Possesseur,  c'est  ce  que  je  suis  en  Etat  de  prouver, 
non  seulement  par  le  témoignage  de  tous  les  autheurs  allemands  qui 
Irailtent  des  impositions,  mais  encore  par  les  Exemples  de  ce  qui  se  pra- 
tique actuellement  dans  l'Empire  cl  par  les  privilèges  accordés  par  les 
Empereurs  aux  Gorps  des  noblesses  immédiates,  ou  nommément  à  l'égard 
de  celle  d'alsace,  il  est  dil  que  les  biens  de  roture,  possédés  par  les  Gentil- 
hommes  de  ce  Gorps,  doivent  demeurer  chai'gés  des  impositions  ordinaires. 
J'njouleray  que  depuis  que  la  province  est  au  Roy,  jamais  Sa  Majesté  n'a 
fait  de  Pveglemenl  sur  les  impositions,  d'où  il  est  evident  que  les  loix  de 
l'Empire  doivent  y  être  suivies. 

Je  feray  encore  voir  que  les  deux  Gonseillers  de  Golmar,  qui  ont  reclamé 
de  mon  ordonnance,  ont  acquis  depuis  peu,  presque  la  moitié  entière  des 
biens  laillablcs  d'une  seule  commun;iul('.  J'avouëque  j'ay  été  suipris,  lors- 
que j'îiy  appris  (pi'ils  [tretendoient  une  exemption  indéfinie,  tant  pour  leurs 


—   110  — 

fermiers  que  pour  les  biens  qu'ils  tiennent  par  leurs  mains  et  sans  au- 
cune liniilalion  du  nombre  de  cliarnës. 

Sur  le  loutj'avois  dessein  de  projioser  un  tenipcrnnicnl,  à  peu  près 
semblable  à  celuy  qui  a  clé  établi,  par  une  déclaration  du  18  may  17ÛG 
pour  la  francbe  Comté,  qui  clait  cy  devant  régie  de  même  que  l'Alsace 
l'est  encore  par  les  loix  de  l'I^mpire. 

Quoy  qu'il  en  soit  Mgr,  je  remellray  à  parler  d'avantage  jusqu'à  ce  que 
j'aye  reçu  vos  ordres,  en  tout  cas,  dès  (pie  la  décision  me  sera  connue;  je 
l'executeray  à  la  lettre,  telle  qu'elle  soit.  Je  suis  etc. 

A  M.  de  Gaumonl. 

Le  18  May  1719. 

Sur  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ccrire  le  iU  du  mois 
de  janvier  dernier,  j'ay  communiqué  à  W^  du  grand  Chapitre  de  l'Eglise 
de  Strasbourg  la  Requête  et  les  pièces  des  Magistrats  de  la  ville  de  Schles- 
talf,  qui  demandent  que  leurs  bourgeois  soient  maintenus  et  gardés  dans  le 
droit  et  possession  de  ne  payer  aucun  droit,  dans  les  Terres  delà  Province 
d'Alsace,  comme  aussi  d'habiter  et  cultiver  leurs  biens  sans  être  sujets  à 
aucun  impôt  qu'à  la  ville  de  Schicstalt. 

Cette  UKjuetc  a  été  présentée,  à  l'occasion  d'un  jugement  rendu  le  23 
juillet  171  S,  par  le  Bailly  de  Chatenois,  Terre  du  grand  Chapitre,  qui  con- 
damne un  lîourgeois  de  Schlestatt  à  payer  au  Seigneurie  30*^  denier  d'un 
bien  qu'il  uvoit  acquis  dans  ce  lieu,  dès  170G.  Lemèmc  juge  avoit  ordonné 
que  les  habitants  de  Schlestatt,  qui  possedoicnt  des  fonds  à  Chatenois, 
seroient  tenus,  dans  le  cas  d'enchère  et  de  vente,  de  reconnoitre  sa  Juris- 
diction. Il  fut  interjette  appel  de  celte  sentence,  par  le  Magistrat  de  Schle- 
statt, au  Conseil  de  Colmar.  Ce  Tribunal,  par  un  arrest  du  mois  de  février 
1709,  a  ordonné  que  les  appellants  se  retireroicnt  par  devers  le  Roy,  en 
interprétation  des  Lettres  patentes  obtenues  en  1G82  par  l'Evèque  cl  le 
Chapitre  de  Strasbourg,  entre  autres  droits,  celuy  de  prendre  et  percevoir 
dans  leurs  Terres,  le  30<^  denier  de  toutes  les  ventes  des  immeubles  et  le 
50°  des  ventes  des  meubles.  Il  est  dit  dans  le  préambule  des  Lettres  pat- 
lentes  que  cette  concession  est  faite  pour  dédommager  l'Evèffue  et  le 
grand  Chapitre  des  droits  de  péage  dont  ils  jouissoienl  cy  devant,  et  (jui 
avoient  été  suprimés  par  un  arrêt  du  3  8'""°  1G80. 

C'est  de  ce  droit  que  les  bourgeois  de  Schlestatt,  possédants  des  biens 
à  Chatenois,  prétendent  devoir  être  exempts,  soutenant  que  par  d'anciens 


—  120  — 

privilèges,  dont  le  premier  est  de  1215,  ils  eloient  afTranchis,  dans  lonles 
les  Terres  de  l'Empire,  des  péages  dont  le  30  et  le  50^  denier,  établis  par 
les  Lettres  patientes  de  1682,  en  faveur  de  TEvêque  et  du  Chapitre  de 
Strasbourg,  tiennent  à  présent  lieu.  Ils  forment  en  même  têms  un  second 
chef  de  demande,  tendant  à  ce  que  les  biens  qu'ils  possèdent  à  Chatenois 
soient  exempts  de  toutes  les  impositions  dans  ce  lieu.  Ils  raporlent  encore 
sur  ce  point  leurs  anciens  privilèges  et  notamment  un  mandement  jmpe- 
rial  du  19  juillet  1607  par  lequel,  à  l'occasion  d'une  imposition  faite  sur 
les  biens  des  bourgeois  de  Schleslatt,  à  Chatenois,  l'Empereur  Leopold 
ordonne  au  grand  Chapitre  de  les  laisser  jouir  de  leurs  privilèges. 

Le  Chapitre  a  repondu,  et  dans  son  memoire  que  vous  trouvères  dans 
ce  paquet,  avec  la  Requête  des  Demandeurs,  et  les  pièces  des  deux  parts, 
il  vous  paroitraque  les  deffendcurs  opposent  privilèges  à  privilèges;  qu'ils 
soutiennent  que  ceux  accordés  aux  bourgeois  de  Schlestalt,  ne  concernoient 
que  les  péages,  induement  établis,  et  non  ceux  qui  eloient  levés  par  con- 
cession des  Empereurs,  tels  que  sont  les  péages  à  la  place  desquels  le  Roy 
a  accordé  à  l'Eglise  de  Strasbourg,  la  perception  des  30^  et  50*^  denier, 
sur  le  prix  des  ventes  des  biens  immeubles  ou  meubles  qui  sont  passées 
dans  ses  Terres,  on  rapporte  différentes  pièces  ou  Registres,  pour  justifTier 
que  les  anciens  péages  de  Chatenois  eloient  payés  par  les  bourgeois  de 
Schlestalt  et  que  depuis  1682  les  mêmes  ont  encore  acquitté  les  droits 
de  30  et  50^  denier  qui  ont  été  substituées  aux  péages. 

Quant  aux  impositions,  le  grand  Chapitre  dit  qu'étant  faites  sur  les  biens, 
les  bourgeois  de  Schlestalt,  qui  ont  des  possessions  à  Chatenois,  doivent 
en  payer  leur  part  et  que  c'est  l'usage  d'Allemagne  et  d'alsace,  que  même 
cet  usage  a  toujours  eu  lieu,  nonobstant  quelques  privilèges  particuliers 
qui  peuvent  avoir  été  accordés  en  différents  têms  par  surprise. 

Quant  à  moy  M.  je  ne  puis  m'empêcher  de  penser  que  les  habitants  de 
Schleslatt  sont  également  mal  fondés,  dans  l'un  et  dans  l'autre  chef.  Le 
Chapitre  de  Strasbourg  prouve  sa  possession  sur  les  habitants  de  Schlestalt, 
tant  pour  les  anciens  péages  <jue  pour  le  droit  de  30  et  50^^  denier,  ce  sont 
d'ailleurs  des  droits  de  lots  et  ventes  qui  doivent  être  regardés  comme 
réels.  Les  prétendus  privilèges  de  la  ville  de  Schlestalt  ne  me  touchent 
point,  ils  n'ont  point  été  confirmés  par  le  Roy.  Il  pareil  d'ailleurs  qu'effec- 
tivement ce  n'est  que  des  péages,  induement  établis,  que  les  Empereurs 
ont  eu  intention  d'exempter  les  bourgeois  de  Schleslatt  et  que  par  celte 
raison  ils  se  sont  servi  de  ce  terme  avexalione  Telonii.  Le  Chapitre  a  aussi 
ses  concessions  en  bonne  forme,  il  n'y  a  presque  point  de  villes  ni  de 
Seigneurs  dans  l'Empire,  et  par  conserpicnl  en  Alsace,  qui  ne  puisse  repre- 


—  121  — 

senler  un  grand  nombre  de  privilèges  qui  ne  sçauroient  être  exécutés  à  la 
Icllrc,  sans  des  conlradiclions  manifestes;  il  faut  nécessairement,  quand 
des  questions  se  présentent  à  juger,  en  ces  sortes  de  matières  les  décider 
par  le  droit  commun  et  l'équité,  s'il  eloit  permis  aux  bourgeois  de  Sclile- 
statt  d'acquérir,  avec  francbisc,  autant  de  biens  qu'ils  voudroicnt  a  Cbate- 
nois;  ce  seroit  les  inviter  à  y  augmenter  leurs  possessions,  au  point  ([uela 
concession  faite  en  1682  au  grand  Chapitre  du  30  et  50®  denier,  luv  de- 
viendroit  absolument  infructueuse  dans  ce  lieu. 

Je  viens  à  la  question  de  l'imposition.  La  ville  de  Sirasbourg  et  plusieurs 
autres  de  la  province  d'Alsace,  ont  de  pareils  privilèges  pour  que  leurs 
bourgeois  ne  contribuent  point  aux  impositions,  à  raison  des  biens  qu'ils 
ont  dans  d'autres  Communautés.  C'est  cependant  ce  (jiii  n'a  jamais  été  exé- 
cuté, les  Seigneurs  ont  toujours  supposé  que  les  Empereurs  n'avoient 
pas  eu  intention  de  leur  faire  tort  et  à  leurs  sujets;  les  Empereurs  de  leur 
côté,  contents  d'avoir  accordé  aux  villes  principales  ce  qu'elles  demandoient 
dans  les  temps  où  elles  fournissoient  à  la  caisse  jmperialle,  des  subsides 
considérables,  ne  se  sont  pas  mis  en  peine  de  faire  exécuter  ces  privilèges, 
qui  auroient  attiré  des  plaintes  dans  les  diettes  de  la  part  des  Etals  de 
l'Empire.  Si  les  bourgeois  de  Schlestalt  obtenoient  ce  qu'ils  demandent 
sur  cet  article,  il  paraitroit  bientôt  au  Conseil  un  grand  iiombre  de  pareilles 
Requêtes. 

C'est  par  ces  raisons  M'',  que  j'estime  qu'il  y  a  lieu  de  débouter  les 
bourgmestres.  Magistrats  et  Conseil  de  la  ville  de  Schlestatt,  des  conclu- 
sions contenues  dans  leur  Requête,  et  en  conséquence  ordonner  que  dans 
le  lieu  de  Chatenois,  les  bourgeois  de  Schlestatt  seroient  sujets  aux  droits 
du  30e  et  50e  denier,  accordés  au  Chapitre  de  Strasbourg,  par  les  Lettres 
patentes  du  mois  de  T^^^e  1682  et  que  leurs  biens  fonds  seront  compris 
dans  les  Rolles  des  impositions  du  lieu.  Je  suis  etc. 

A  M.  le  Blanc. 
Le  5  Décembre  1719. 

Vous  estes  informé  M'  que  la  Régence  de  Ileydelberg  a,  depuis  peu,  en- 
voyé un  ordre  au  Bailly  de  Seltz  d'empêcher  les  jésuites  de  Strasbourg  de 
percevoir  les  fruits  du  bénéfice  qu'ils  ont  dans  le  lieu.  Vous  sçavés  aussi 
que  S,  A.  Rie  a  ordonné  au  procureur  gênerai  du  Conseil  d'alsace  de  faire 
casser  par  un  arrêt  de  ce  Tribunal,  l'ordonnance  des  oflficiers  de  l'Electeur 
Palatin. 


—  122  — 

Je  reçois  clans  ce  moment  la  lettre  cy  jointe  de  M.  le  Comte  Du  Bourg 
avec  la  copie  de  celle  qui  luy  a  été  écrite  par  le  Bailly  de  Scltz  sur  le 
même  sujet.  Vous  y  trouvères  qu'il  paroit  que  du  côté  de  l'Electeur,  on  est 
déterminé  à  se  faire  obéir. 

Je  ne  puis  m'empècher  de  vous  représenter  que  par  des  raisons  qui 
vous  sont  connues,  il  est  d'une  extrême  conséquence,  par  raport  à  la  sou- 
veraineté du  Roy,  dans  la  basse  Alsace,  de  ne  point  mollir  de  nôtre  part, 
dans  celte  occasion. 

H  y  avait  cy  devant,  à  Seltz,  un  detacbemcnt  de  la  garnison  du  fort  Louis, 
conmic  il  y  en  a  encore  actuellement  de  la  garnison  de  Landau  à  Lauter- 
bourg-,  à  Altcnstatl  et  à  S^  Bemy,  dont  la  Souveraineté  est  pareillement 
contestée  au  Hoy.  Comme  la  garnison  du  fort  Louis  se  trouva  fort  foibb", 
cet  été,  on  prit  le  party  de  retirer  le  détachement  qui  était  à  Sellz  sur  la 
])arule  (|uc  le  Liailly  donna  que  l'Electeur  n'y  envoycroit  point  de  troupes. 

Je  crois  M.  que  dans  les  circonstances  présentes,  il  seroit  convenable  de 
mettre  à  Sellz  un  (lelaclicnicnt  des  Troupes  du  Hoy,  ne  fut-il  que  de  dix 
hommes,  mais  il  faudroit,  à  mon  sens,  y  tenir  un  officier  sage  et  intclligcnf, 
qui  ne  seroit  point  relevé,  et  dont  la  mission  seroit  de  faire  exécuter  l'ar- 
rêt du  Conseil  de  Colmar  et  de  faire  reconnoître  la  Souveraineté  du  Roy, 
sans  donner  alleinte  à  l'authorilé  de  l'Electeur  Palatin,  comme  Seigneur 
haut  justicier. 

Je  suis  persuadé  (jue  si  S.  A.  11'^  agrée  cette  proposition  et  la  fait  exé- 
cuter, nous  n'enlendrons  plus  parler  de  la  Régence  de  Ileydelberg,  et  (pie 
l'Electeur  Palatin  attendra  patiemment  la  fin  de  la  négociation,  qu'on  dit 
que  le  Ministre  de  l'Empereur  est  sur  le  point  d'entamer  icy  sur  les  limites 
de  l'alsacc.  Je  suis  etc. 

ANNÉE   1720. 
^l  M.  Darmenonville. 

l<c  prciii'"  .laiiviff   17'2U. 

Je  suis  en  demeure  de  satisfaire  aux  éclaircissements  que  vous  me  faites 
riionncur  de  nie  demander,  il  y  a  déjà  quelque  têms,  sur  l'affaire  dont  il  s'agit, 
dans  le  dossier  cy  joint,  mais  c'est  une  matière  beneficialle  (jui  interesse 
essentiellement  le  droit  du  Uoy.  J'ay  cru  que  vous  approuveriés  que  je 
ne  parlasse  que  lorsque  je  seroisassés  instruit  pour  présenter  la  question 
daus  tout  son  jour,  je  crois  devoir  commencer  par  rétablir  les  noms  qui 
uni  été  mal  copiés. 


-  1-23  — 

C'est  le  Si"  Ilatzel,  fils  de  celiiy  qui  eloit  cy  devant  Syndic  de  la  Ville  de 
Strasbourg,  qui  demande  des  lettres  d'attache  sur  une  i5ullede  la  Cour  de 
Rome  du  iß.  X'""'^  1718,  par  laquelle  cet  Eclesiastique,  sur  la  résignation 
du  S""  Dupont,  a  été  pourveu  de  la  Prévôté  de  l'Eglise  Collegialle  de  Neu- 
willer,  au  Dioceze  de  Strasbourg. 

Ce  Chapitre  ctoit  autrefois  une  abbaye  reguliere,  qui  a  été  sécularisée,  il 
y  a  déjà  plusieurs  siècles.  Le  prévôt  (jui  représente  l'abbé  a  conservé  la 
mitre  et  la  crosse. 

Celte  dignité,  qui  est  la  première  du  Chapitre  a  toujours  été  remplie  par 
la  voie  d'élection,  ainsy  qu'il  etoit  usé  pour  l'abbé  avant  la  sécularisation. 
Celuy  qui  a  resigné  et  tous  ses  prédécesseurs,  depuis  que  l'alsace  est  au  Roy, 
ont  été  élus  en  présence  des  commissaires  envoyés  par  sa  Majesté. 

C'est  un  principe  certain,  dans  l'Empire,  que  les  Eglises  qui  sont  en 
possession  d'élire,  jouissent  de  leur  droit,  sans  aucune  conlradiclion  de  la 
part  du  Pape,  et  qu'en  un  mot  les  résignations  ne  sont  admises  pour  les 
premières  dignités  que  dans  les  maisons  où  l'usage  particulier  y  est  con- 
forme. Toutes  les  Eglises  Collegialles  du  Dioceze  de  Strasbourg,  exceplé 
celle  de  S'  Pierre  le  jeune,  sont  dans  le  cas  d'élire  la  résignation  et  la  Pré- 
vôté de  Neuwiller  est  la  première  qui  ait  jamais  paru  dans  ce  Dioceze.  11 
n'est  certainement  convenable  que  le  Roy  protecteur  des  Canons  et  de  la 
liberté  des  Eglises  de  son  Royaume,  authorise  une  Rulle  qui  les  détruit, 
qui  tend  à  anneantir  les  Elections  qui  sont  fondées  sur  le  droit  commun 
et  les  loix  les  plus  anciennes  de  l'Eglise,  une  Bulle  qui  introduit  une  dispo- 
sition nouvelle  qui  seroit  étendue  peu  à  peu  sur  toutes  les  Eglises  d'Alsace, 
môme  sur  les  Régulières. 

On  peut  dire,  en  faveur  du  Resignataire,  que  le  Concordat  germanique 
passé  en  1447  entre  le  Pape  Nicolas  5  et  l'Empereur  frederic,  est  observé 
en  alsace,  et  que  par  ce  Concordat  la  disposition  des  premières  dignités 
des  Chapitres  est  réservée  au  Pape. 

On  a  déjà  prévenu  cette  objection,  en  explicjuant  que  l'article  5  du  Concor- 
dat où  il  est  parlé  de  celte  reserve,  n'a  jamais  eu  d'exécution  cl  n'en  a 
pas  encore  dans  le  plus  grand  nombre  des  Eglises  de  l'Empire  et  que  le 
Chapitre  de  Neuwillerest  du  nombre  de  celles  qui  se  sont  maintenues  dans 
une  pleine  et  entière  liberté  d'élire.  Il  faut  encore  remarquer  que  dans  la 
Bulle  dont  il  s'agit,  le  Pape  a  eu  lieu  de  faire  mention  de  la  recherche 
portée  par  le  Concordat;  il  ne  parle  que  de  la  reserve  generalle  qu'il 
prétend  luy  appartenir  sur  tous  les  bénéfices  qui  vacquent  entre  ses  mains 
par  une  libre  démission  du  Titulaire. 
On  doit  dire  de  plus  que  les  élections  ne  peuvent  être  laites,  sans  la 


—  iU  — 

permission  expresse  du  Roy,  et  sans  l'assislance  de  ses  Commissaires  qui 
parleur  attention,  etleur  aulhorité  maintiennent  le  bon  ordre  et  veillent  à 
ce  que  l'Election  tombe  sur  un  sujet  afîectioné  à  l'Etat,  qu'ensuite  l'Elu 
ne  peut  prendre  ses  provisions  de  la  puissance  Ecclésiastique,  qu'après  en 
avoir  obtenu  la  permission  du  Roy,  par  un  brevet  exprès.  Il  est  aisé  de 
concevoir  que  si  les  résignations  etoient  tolérées  dans  les  Eglises,  où  elles 
ne  sont  pas  usitées,  ce  seroit  priver  le  Roy  de  la  part  essentielle  qu'il  doit 
avoir  dans  la  disposition  des  bénéfices  d'Alsace. 

C'est  en  vain  qu'on  diroit  que  des  Lettres  d'attache,  sur  la  Bulle,  pour- 
roient  suppléer  à  tout  ce  qui  interesse  Sa  Majesté. 

n  est  aisé  de  sentir  la  difierence  qui  se  trouve  entre  permettre  l'exécu- 
tion d'une  Bulle  ou  à  approuver  une  Election,  le  premier  acte  est  regardé 
comme  une  pure  formalité,  qui  ne  suppose  pas  toujours  une  discussion 
préalable,  et  ne  concerne  que  la  publication  des  Lettres  apostoliques,  l'autre 
acte  influe,  en  quelque  manière  sur  le  titre  et  par  felection,  qui  devient 
efïectivement  caduque  si  le  Roy  n'y  donne  son  agrément. 

Ce  sont  ces  raisons  M''  qui  me  font  croire  qu'en  bonne  regle  les  Lellrcs 
d'attache  que  demande  le  S'"  Ilatzel  sur  la  Bulle,  j)ar  laquelle  la  Prévôté 
de  Neuwillcr  luy  est  conférée,  sur  la  démission  du  S''  Dupont  doivent  être 
refusées. 

Je  suis  néanmoins  très  mortiffié  d'être  obligé  de  proposer  ce  party, 
parceque  je  me  souviens  parfaitement  que  S.  A.  R'"  avoit  témoigné  quel- 
que dessein  de  dédommager  le  Père  de  ce  jeune  Ecclésiastique,  du  Syndi- 
cat de  la  ville  de  Strasbourg  qui  luy  fut  ôté  en  1717,  et  le  bénéfice  dont 
il  s'agit  vaut  3000  îi  de  revenu.  Je  sçais  d'ailleurs  que  le  S'"  Ilalzel  est  pro- 
tégé par  des  gens  que  j'honore  et  respecte  infiniment,  mais  par  préférence 
à  tout,  je  dois  rendre  un  compte  fidèle  des  alfaires  sur  lesquelles  je  dois 
être  consulté,  et  d'ailleurs  je  sens  que  si  S.  A.  W^^  veut  faire  des  grâces  à 
cette  famille,  il  luy  sera  bien  facile  d'y  placer  un  bénéfice  autre  que  celuy  cy. 

Je  suis  etc. 


A  M.  Dannenonville. 
Le  19  Janvier  1720. 

Parune  lettre,  du  21  du  mois  d'Aoust dernier,  vous  ni'avés  fait riiomieur 
de  me  mander  que  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  avait  stiplié  Mg'  le  Duc 
d'Orléans  de  luy  accorder  la  permission  de  lover,  sur  les  Teires  tpi'il  l'OS- 


—  125  - 

sede  en  Alsace,  une  somme  de  30  mille  livres  pour  les  frais  de  son  mariage. 
Sur  quoy  vous  m'avés  marqué  qu'au  préalable  S.  A.  W^  desiroit  d'être  in- 
formé si  M.  le  Prince  de  Birkenfcld  avait  ce  droit  sur  ses  Terres  et  si  les 
habitants  seroienl  en  droit  de  supporter  une  pareille  imposition;  vous 
m'avés  en  même  Icms  chargé  d'ccclaircir  un  exemj)lc  de  M.  le  Comic 
d'IIanau,  qui  a  été  cité  par  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  c'est  par  où  je  vais 
commencer. 

M.  le  Comte  d'IIanau  m'a  fait  l'honneur  de  me  dire  que  lorscju'il  se  maria, 
il  écrivit  à  M.  le  Maréchal  d'huxellcs,  qui  était  alors  à  Strasbourg  etcom- 
mandoit  dans  la  première  province,  pour  avoir  son  agrément  sur  une  levée 
de  12000  florins,  faisant  24000  ^  qu'il  avoit  dessein  de  faire  sur  ses  Terres  : 
que  M.  le  M''»i  d'Huxelles  fut  trois  semaines  ou  un  mois  sans  luy  repondre, 
après  quoi  il  luy  manda  qu'il  pouvoit  imposer  les  12000  florins.  M.  le 
Comte  de  Hanau  présume  que  dans  cet  intervale  M.  le  M'^'''  d'Huxelles 
en  écrivit  à  la  Cour,  qui  sans  doute  fit  une  réponse  favorable. 

Je  reviens  à  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  ses  officiers  m'ont  dit  plusieurs 
fois  que  dans  les  Comptes  des  Communautés  de  ses  Terres,  ils  avoienl  trouvé 
qu'il  éioit  fait  mention  de  différentes  sommes  payées  aux  Seigneurs,  lors- 
qu'ils s'étaient  mariés,  enfin  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  vient  de  m'envoyer 
la  délibération  cy  jointe  des  Communautés  qui  composent  la  Comté  de 
Bibeaupierre;  il  paroit,  par  cet  acte,  qu'elles  offrent  de  leur  plein  gré, 
à  leur  Seigneur,  en  considération  de  son  mariage,  la  somme  de  28750  ÏÏ 
payable  en  quatre  ans. 

Comme  cette  offre  est  absolument  volontaire,  elle  peut  servir  de  preuve 
de  l'usage  et  de  la  possibilité  de  la  part  des  habitants  d'y  satisfaire. 

Je  vous  ajouteray  même  que  cet  usage  est  assés  commun  en  Alle- 
magne, et  que  même  en  Alsace  plusieurs  Gentilshommes  particuliers  en 
jouissent,  entr'autres  la  maison  de  Montjoye.  Au  surplus  M.  je  ne  sçais 
s'il  vous  paroitra  nécessaire  ou  même  convenable  que  la  permission  de- 
mandée par  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  luy  soit  accordée  par  un  arrêt. 
J'estime  qu'il  suffîroit  qu'il  apprît  par  vous  que  S.  A.  W^  trouve  bon  qu'il 
accepte  l'offre  qui  luy  est  faite  par  les  habitants  de  ses  terres,  et  que  le 
soin  de  la  levée  soit  laissé  aux  Officiers  de  la  Comté  de  Bibeaupierre. 

Les  habitants  de  cette  terre  sont  imposés  pour  le  Boy,  en  la  présente 
année  à  41763  ^  et  l'on  y  compte  environ  2000  familles,  ce  qui  pourra 
vous  faire  connaître,  à  peu  près  leurs  forces.  Je  suis  etc. 


—  120  — 
A  M.  le  Blanc. 

Le  30  Juiu  1719. 

Le  S'"  Willcmnnn,  Bailly  do  Laulcrbourg-,  nous  informa  Mr,  il  y  a  (|iicî- 
qucs  jours,  iM.  le  Comte  Du  Bourg- et  moy,  que  des  officiers  de  justice  de 
l'Evêché  de  Spire  avoient  paru  dans  des  baillages,  dépendants  de  cet 
Ktal,  silué  en  deçà  delà  rivière  de  (Jueich,  et  qui  sont  par  conséquent 
dans  la  Souveraineté  du  Roy.  Il  nous  mandoit  que  ces  officiers  exercoient 
des  actes  de  Jurisdiction,  informoient  sur  des  malversations  des  Receveurs, 
et  exigeoientà  cet  effet  le  serment  de  plusieurs  habitants,  qu'ils  enlendoient. 
Ce  Bailly  observoit,  avec  raison,  que  cette  démarche  donne  atteinte  à  la 
Souveraineté  du  Roy,  parceque  suivant  tous  les  principes  du  droit  pubHc, 
le  nouvel  Evèque  de  Spire  ne  peut  user  d'aucune  Jurisdiction  dans  celles 
de  ses  terres  qui  sont  en  Alsace,  qu'il  n'ait  auparavant  demandé  à  cet 
égard,  l'investiture  qu'il  doit  recevoir  de  Sa  M^*^'. 

Le  S""  Willemann  ayant  fait  part  du  même  fait  à  M.  le  Procureur  gênerai, 
au  Conseil  supérieur  de  Colmar,  ce  Tribunal  a  rendu  un  arrest  portant 
deffenses  aux  habitants  de  la  dépendance  de  Spire,  dans  les  Terres  du 
Roy,  de  reconnoître  cette  Commission,  avec  injonction  aux  Commissaires 
de  se  retirer.  Cet  arrest  a  été  signiffié  à  tous  les  BailHs,  mais  les  officiers 
de  Spire,  bien  loin  d'y  déférer,  ont  afl'ecté  de  venir  dans  un  village  du 
Baillage  de  Lauterbourg,  d'où  ils  ont  écrit  au  S""  Willemann  des  lettres 
fâcheuses,  luy  déclarant  qu'ils  alloient  protester  contre  l'arrêt,  qu'ils  enten- 
doient  suivre  leur  mission  et  le  menaçant  d'une  destitution  prochaine  de 
son  office.  Sur  quoy  ce  Bailly  demande  ce  qu'il  doit  faire,  et  implore  la 
protection  du  Roy  pour  être  maintenu  ou  du  moins  dédommagé. 

Je  luy  ai  repondu,  de  concert  avec  M.  le  Comte  Du Bom^g,  que  si  ces 
Commissaires  vouloient  s'en  tenir  à  agir  comme  des  particuliers,  à  prendre 
des  instructions  sur  les  affaires  de  leur  Maitre,  il  pouvoit  les  laisser  faire, 
mais  s'il  s'appercevoit  qu'ils  se  missent  en  devoir  de  continuer  à  deman- 
der des  prestations  de  serment,  il  leur  fit  pressentir  qu'ils  s'exposoient 
beaucoup.  Il  seroit  effectivement  facile  de  faire  exécuter  l'arrêt  et  les  ob- 
liger de  s'en  aller,  et  cela  seroit  même  convenable  pour  maintenir  les 
droits  du  Roy,  mais  comme  les  démarches  qu'il  faudroit  faire  pour  y  parve- 
nir sont  assés  délicates  à  bazarder,  sans  avoir  des  ordres  Supérieurs,  nous 
nous  contenterons  de  faire  enjoindre  de  nouveau  aux  habitants,  d'exécuter 
l'airêl  f|ni  leur  défend  de  reconnoître  la  Jurisdiction  de  ces  Commissaires. 


—  127  — 

On  pourra  de  plus  faire  casser  par  un  second  arrêt  de  Colniar  la  procé- 
dure qu'ils  auront  faite.  Il  en  résultera  du  moins  que  si  dans  la  discus- 
sion des  limites,  on  nous  allègue  l'exercice  de  Jurisdiction  de  l'ICvcque 
de  Spire,  nous  aurons  un  coi-rcclif  à  y  opposer. 

Je  trouve  bien  que  dans  une  lettre,  par  vous  écrite  à  M.  le  Comte  Du 
Bourg,  le  3  avril  dernier,  et  dont  je  joins  icy  une  copie,  vousluy  dilcs 
qu'il  est  important  que  le  nouvel  Evêque  de  Spire  ne  puisse  prendre 
possession  des  baillages  dépendant  de  son  bénéfice,  qui  sont  situés  en  alsacc 
jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  receu  l'investiture  du  Roy;  mais  on  ne  peut  pas  dire 
absolument  que  la  manœuvre  actuelle  des  Commissaires  de  Spire,  soit 
une  prise  de  possession  expresse,  quoyque  cependant  tout  acte  d'exercice 
de  Jurisdiction  puisse  être  regardé  comme  un  équivalent. 

Dans  la  même  lettre  vous  cbargés  M.  Dubourg  d'assurer  le  S""  Willemann 
delà  protection  du  Roy.  Je  puis  vous  repondre  qu'ill'a  mérité,  par  l'atten- 
tion qu'il  a  toujours  eue  à  la  conservation  des  intérêts  de  Sa  Majesté,  et 
par  les  avis  importants  qu'en  téms  de  guerre,  il  a  souvent  donnés  àM^^^les 
Généraux.  M.  le  Comte  Dubourg  a  déjà  écrit  au  Commandant  de  Lauter- 
bourg,  qu'en  cas  que  l'Evêque  de  Spire  voulût  faire  attenter  sur  la  per- 
sonne de  ce  Bailly,  ouïe  déposséder  d'une  maison  appartenante  à  l'Evêclié, 
qu'il  occupe,  il  eut  à  s'y  opposer.  Je  prévois  que  l'Evêque  de  Spire  com- 
mencera par  vouloir  tenter  sa  destitution,  mais  il  y  a  bon  moyen  de  l'en 
empêcher:  par  d'anciens  arrêts  du  Conseil  d'Etat  il  a  été  réglé  qu'aucun 
Bailly,  en  alsace,  ne  pourra  exercer  qu'il  ne  soit  gradué  et  receu  au  Con- 
seil de  Colmar,  on  a  eu  la  condescendance  de  ne  point  exiger  ces  deux 
conditions  pour  les  officiers  des  Baillages  dont  l'Evêque  de  Spire  conteste 
la  Souveraineté.  Si  le  S""  Willemann  reçoit  ordre  de  Spire  de  céder  la 
place  à  un  successeur,  le  Conseil  de  Colmar  pourra  deffendre  à  celuyci 
de  prendre  possession  de  la  charge,  sans  s'être  présenté  au  serment;  c'est 
à  quoy  l'Evêque  de  Spire  ne  voudra  jamais  consentir,  et  alors  le  Conseil 
de  Colmar  pourra,  se  tenant  dans  la  Regle,  ordonner  que  par  provision 
le  S""  Willemann  continuera  d'exercer  l'office  de  Bailly. 

J'ay  cru  W  devoir  vous  rendre  compte  de  ce  detail  pour  que  vous 
puissiés  nous  faire  sçavoir  les  volontés  de  S.  A.  R'®  sur  les  différentes 
suites  que  cette  affaire  peut  avoir. 

Je  suis  etc. 


—  128  — 
A  M.  Darmenonville. 

Le   19  Juillet  1720. 

Vous  avés  sans  doute  été  informé ,  par  M.  le  Procureur  gênerai  au 
Conseil  de  Colmar,  de  l'arrêt  que  celte  Compagnie  rendit,  il  y  a  quelque 
tèms,  pour  deffendre  aux  habitants  des  Baillages  de  la  dépendance  de 
l'Evèché  de  Spire,  qui  sont  situés  en  alsace,  et  se  trouvent  par  conséquent 
dans  la  Souveraineté  du  Roy,  de  reconnoitre  les  ordres  de  quelques  officiers 
de  l'Evêché  de  Spire,  qui  s'etoient  transportés  dans  ce  territoire,  où  sous 
prétexte  de  faire  des  recherches  des  malversations  des  receveurs,  ils  exi- 
geoicnt  des  prestations  de  serment,  et  faisoient  des  actes  presque  équiva- 
lents à  une  prise  de  possession.  Ce  même  arrêt  portoit  injonction  à  ces  Com- 
missaires de  se  retirer,  l'huissier  qui  en  etoit  porteur,  nous  vit  en  passant, 
M.  le  Comte  Dubourg  et  moy.  Son  instruction  portoit  qu'il  le  signiffieroit 
aux  Baillis  et  aux  Commissaires  mêmes.  Nous  crûmes  qu'il  suffîsoit  de  faire 
la  signiffication  aux  Baillis  et  qu'il  les  chargeât,  par  l'exploit,  d'en  donner 
connoissance  aux  Commissaires  de  Spire. 

C'est  ce  qui  a  été  exécuté,  mais  il  est  arrivé  que  les  Commissaires  n'ont 
pas  laissé  de  continuer  à  faire  leurs  procédures  dans  toutes  les  principales 
Communautés  de  la  campagne,  et  de  nôtre  côté  nous  n'avons  pas  cru  de- 
voir user  des  voies  de  fait,  parcequc  nôtre  unique  objet  était  d'empêcher 
que  les  jmperiaux  ne  pussent  se  faire  un  titre  contre  la  souveraineté  du 
Boy.  Si  dans  la  discussion  qui  se  fera  tôt  ou  tard  de  celte  matière,  on  nous 
oppose  les  procédures  des  Commissaires  de  Spire,  nous  pourrons  repondre 
par  l'arrêt  de  Colmar. 

Ces  Commissaires  vinrent  il  y  a  quelque  jours  à  Lauterbourg,  chef  lieu 
du  Baillage  de  ce  nom,  où  le  Boy  lient  un  Commandant  et  une  garnison. 
Le  Commandant,  prévenu  par  les  ordres  de  M.  le  Comte  Du  Bourg,  dès 
qu'il  les  scût  arrivés,  se  transporta  chés  eux,  leur  fit  beaucoup  de  poHlesse, 
d'honnêteté  et  d'offres  de  service,  leur  déclarant  qu'ils  pouvoient,  en 
toute  liberté,  travailler  aux  affaires  de  leur  Maître  et  examiner  les  comptes 
de  ses  Beceveurs,  c'est  en  un  mot  faire  tout  ce  qu'ils  voudroient  en  ce 
genre,  mais  il  leur  ajouta  que  s'ils  pretendoient  faire  assembler  la  bour- 
geoisie, exiger  des  sommes,  ou  faire  quelque  acte  de  Jurisdiction,  il  s'y 
opposeroit.  Les  Commissaires  se  sont  arrêtés  la  dessus,  et  ont  écrit  à  M.  le 
Cardinal  de  Schonborn*,  Evoque  de  Spire  pour  avoir  de  nouveaux  ordres. 


1.  Scliœjiliorri  CD.uiiif.'n-niip^ucs-Philippc-Anloinc,  (.-onitc  de),  coadjiilcur  de  l'cvêque 


—  129  — 

Le  S'  Willemann,  Bailly  de  Lauleibourg,  me  mande  le  18  de  ce  mois, 
qu'ils  les  ont  reçus,  sur  quoy  ils  ont  envoyé  chercher  le  chef  de  la  Bour- 
geoisie, et  luy  ont  commandé  de  la  faire  assembler,  et  que  leur  ayant  été 
repondu  qu'il  y  avoit  des  deffenses  du  Commandant,  ils  ont  déclaré  ((u'ils 
protestoient  et  s'en  sont  allés. 

Le  même  Bailly  de  Laulerhourg-,  qui  est  né  sujet  du  Roy,  a  été  établi 
dans  celte  charge,  pendant  la  guerre,  par  M.  de  la  houssaye,  qui  connais- 
soit  son  affection  au  service  de  Sa  Majesté  me  mande  encore  qu'il  y  a 
grand  lieu  de  s'étonner  de  ce  qu'on  veut  troubler  son  maître  dans  l'ad- 
ministration de  ses  terres,  et  que  le  dernier  arrêt  de  Colmar  est  contraire 
à  la  disposition  de  celuy  du  Conseil  d'Etat  du  28  juin  1719  que  vous  avés 
fait  expedier,  et  par  lequel  Sa  M^^  a  évoqué  à  elle  la  connoissance  de  la 
contestation  commencée  par  le  procureur  gênerai  de  Colmar  contre 
l'Evêque  de  Spire,  pour  l'obliger  de  prêter  serment  de  fidélité  nu  Roy, 
comme  Prévôt  du  Chapitre  de  Weissembourg. 

Il  est  aisé  de  repondre  qu'il  ne  s'agit  point  icy  d'empescher  M.  l'Evêque 
de  Spire,  de  recevoir  le  revenu  de  ses  terres,  mais  seulement  défaire  des 
actes  de  prise  de  possession  ou  autres  équivalents,  jusqu'à  ce  qu'il  ait 
prêté  serment  de  fidélité  au  Roy  et  receu  de  Sa  M^«  l'investiture  des  biens 
qu'il  possède  en  alsace,  à  cause  de  la  Pfevôlé  de  Weissembourg;  qu'à  l'é- 
gard de  l'arrest  de  1719  c'est  M.  le  Cardinal  de  Schonbornn  qui  vient  d'y 
contrevenir  par  la  Commission  qu'il  a  envoyée  dans  les  terres  qui  luy  ap- 
partiennent, sur  la  souveraineté  du  Roy,  et  qu'il  etoit  bien  naturel  que  les 
officiers  principaux  de  sa  W^  chargés  de  la  conservation  de  ses  droits ,  les 
deffendissent  par  les  mêmes  armes  qu'ils  etoient  attaqués. 

J'ay  cru  xM""  devoir  vous  rendre  compte  de  toute  la  suite  de  cette  affaire,  et 
vous  suplier  de  vouloir  bien  me  faire  sçavoir  si  S.  A.  R^^  approuve  ce  qui 
a  été  fait  et  les  ménagements  dont  il  a  été  usé.  Je  suis  etc. 

A  M.  Desforts. 

Lo  2  Décembre  1720. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'envoyer,  le  23  du  mois  de  Septembre 
dernier,  le  placet  cy  joint,  par  lequel  les  officiers  de  la  monnoye  de  Stras- 
bourg se  plaignent  que,  quoyque  les  anciens  privilèges  attachés  à  leurs 

de  Constance,  élu  à  l'évêché  de  Spire  le  30  mai  1719  et  en  même  temps  prévôt  du  cha- 
pitre de  Wissembourg-.  Il  mourut  lo  19  août  1743  (voy.  L.  Spacli,  Œuvres  choisies,  t.  III, 
p.  68,  et  la  Monographie  speciale  sur  l'abbaye  de  Wissembourg). 

T.  X.  -  (M.).  9 


-  130  - 

offices  aient  été  depuis  peu  confirmes  par  des  Lellres  patentes  du  mois  de 
Décembre  1719,  on  ne  laisse  pas,  de  la  part  du  Magistrat  de  cette  ville,  de 
les  obliger  à  payer  le  droit  appelé  l'umguell,  surquoy  vous  me  charges 
M*"  de  vous  mander  ce  que  c'est  que  ce  droit  et  de  vous  rendre  compte 
des  raisons  des  uns  et  des  autres  et  de  mon  avis. 

Umgeld,  est  un  mot  allemand  qui  signifiie  un  impôt  sur  les  boissons: 
le  magistrat  le  fait  percevoir  à  l'entrée,  sur  toutes  les  liqueurs  qui  passent 
pour  la  consommation  de  la  ville  et  c'est  ce  qui  forme  le  produit  principal 
des  revenus  communs. 

Les  officiers  de  la  monnoye  fondent  le  privilège  qu'ils  prétendent,  à  cet 
égard,  sur  des  lettres  patientes  du  mois  de  Décembre  1719,  où  il  est  ex- 
pressément dit  qu'ils  seront  exempts  de  tous  droits  d'entrée  et  sortie  de 
ville  et  impôts  sur  les  boissons. 

Le  Magistrat  de  Strasbourg  repond  que  le  Roy  n'a  sans  doute  entendu 
parler  (jue  des  droits  (jui  appartiennent  à  Sa  W*^,  et  non  de  ceux  qui  font 
partie  des  Revenus  de  la  ville,  que  par  la  capitulation  de  Strasbourg,  aullio- 
risée  encore  depuis  par  des  lettres  paltentes,  données  en  1716  et  enregis- 
trées au  Conseil  de  Colmar,  il  est  dit  à  l'art.  5^  que  le  Magistrat  sera  con- 
servé dans  la  jouissance  de  ses  revenus;  que  tous  les  Seigneurs,  Gentils- 
hommes, Ecclesiatiques  et  officiers  militaires,  qui  habitent  dans  la  ville, 
y  sont  assujettis,  et  ne  peuvent  jouir  de  la  franchise  qu'autant  que  le  Ma- 
gistrat leur  en  fait  libéralité;  que  M.  le  Prince  de  Rirkciifeld  et  M.  le  Duc 
des  Deux  Ponts  de  la  maison  Palatine,  sont  exempts  par  des  Traitlés  par- 
ticuliers qu'ils  ont  la  dessus  avec  le  Magistral.  Qu'en  1717  M.  le  Comte  de 
Hanau  ayant  prétendu  que  de  droit,  on  en  devait  user  de  même  à  son 
égard,  il  se  pourvut  au  Conseil  du  dedans  du  Royaume,  où  l'affaire  fut 
discutée  et  ensuite  décidée  en  faveur  du  Magistrat,  suivant  une  lettre  ra- 
portée  de  M.  le  Duc  d'Antiu  du  20  juin  1717. 

Le  Magistrat  convient  que  les  Gentilshommes  immatriculés,  dans  le 
Corps  di^  la  Noblesse  de  la  basse  Alsace,  jouissent  de  l'exemption  par  un 
ancien  usage  dont  ils  ne  voient  point  le  commencement. 

Dans  le  militaire  les  officiers  de  l'Etat  major,  leChef  de  l'artillerie,  celuy 
des  foi liffi cations,  les  Colonels,  Lieutenants-Colonels  et  Majors  de  chaque 
Regiment  et  le  Trésorier  ne  payent  point  le  droit  d'Umgeld,  le  Directeur  de 
la  ferme  des  Domaines  en  a  aussi  été  déchargé,  mais  ce  n'est  que  depuis 
peu,  en  HO^  et  par  l'effet  d'une  considération  particulière  du  Magistrat, 
n'y  ayant  point  d'ordre  supérieur  la  dessus. 

Le  Magistrat  ayant  ajouté  à  toutes  ces  raisons  cl  exemples  que  depuis  que 
la  ville  de  Slrasbourg  est  au  pouvoir  du  Roy,  les  officiers  de  la  monnoye 


-  131  - 

ont  toujours  payé  le  droit  d'umgcldt,  sans  aucune  disconlinualion,  de 
même  qu'il  est  aclucllemcnl  pratiqué  jtar  tous  les  Ecclésiastiques,  Sei- 
gneurs, Gentilshommes,  officiers  et  Employés,  autres  que  ceux  qui  vien- 
nent d'être  cités,  et  qui  ont  obtenu  l'exemption. 

Je  vous  diray,  de  ma  part  M.,  que  j'ay  écrit  à  Lyon  et  à  Grenoble  pour 
sçavoir  comment  on  en  usait  à  l'égard  des  officiers  de  la  monnoyc.  M.  le 
Prévôt  des  marchands  m'a  repondu,  du  9  de  ce  mois,  et  il  me  mande,  en 
termes  exprès,  que  les  officiers  monnoyeurs  et  ouvriers  de  la  monnoye, 
pas  même  M.  de  S'  Maurice,  qui  a  la  commission  de  l'intérieur  du  travail, 
ne  sont  exempts  des  droits  d'entrée  sur  le  vin,  qui  appartiennent  à  la  ville  de 
Lyon,  il  en  est  de  même  à  Grenoble,  suivant  qu'il  m'a  été  écrit  en  der- 
nier lieu,  par  le  subdelegué  de  cette  ville. 

Je  ne  puis  donc  M.  m'empêcher  de  penser  que  les  officiers  de  la  mon- 
noye de  Strasbourg  doivent  être  totalement  éconduils  do  leur  demande, 
mais  comme  celte  affaire  dure  depuis  longtêms  et  qu'ils  sont  venus  à  la 
récharge  plusieurs  fois,  je  crois  M.,  qu'il  sera  nécessaire  que  vous  ayés 
agréable  de  me  mettre  en  etat  de  leur  faire  connoîlre  la  décision  qui  in- 
terviendra. 

Je  mets  dans  ce  paquet  les  pièces  et  mémoires  que  le  Magistrat  de  Stras- 
bourg m'a  donnés  sur  cette  affaire. 
Je  suis  etc. 


A  M.  V Archevêque  de  Cambray** 

Le  31  Xb--«  1720. 

Je  reçois  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire,  le  27  de 
ce  mois,  sur  les  représentations  que  W^  de  Basle  ont  faites  depuis  quel- 
que têms,  au  sujet  de  l'interdiction  du  passage  des  grains  de  la  province 
d'Alsace  dans  leur  Etat. 

Je  crois  M.,  que  pour  vous  metlre  parfaitement  au  fait  de  cette  affaire, 
il  est  nécessaire  que  je  vous  rappelle  ce  qui  a  été  fait  la  dessus  depuis 
quelques  années. 

Pendant  les  derniers  têms  de  la  guerre  qui  a  fini  par  le  Traité  de  Baden, 


1.  Dubois  (abbé),  né  en  165G,  précepteur  du  Régent,  archevêque  de  Cambrai  en 
1720,  cardinal  en  1721,  premier  ministre  en  1722,  meurt  en  1723  à  Versailles.  Sa  scan- 
daleuse carrière  est  suffîsamment  connue..  (Voy.  au  surplus  l'excellente  notice  de 
M.  Ourry  {Encyclopédie  des  gens  du  monde,  t.  VIll,  p,  027  et  suiv.). 


-   132  - 

on  ne  laissoit  sortir  aucuns  grains  de  celle  province  en  Suisse.  Deux  rai- 
sons avoiont  donné  lieu  à  celle  inlcrdiclion  :  l'une  le  njéconlentoment 
(ju'on  eut  du  Canton  de  15aslc  en  1709,  sur  ce  qu'il  avoit  laissé  violer  son 
Territoire,  par  (piclques  troupes  de  l'Empereur,  commandées  par  M.  de 
Mercy;  l'autre  que  les  magazins  du  Roy  étant  mal  approvisionnés,  on  con- 
servoit,  avec  grande  raison,  les  ressources  du  Pays  pour  l'armée  de 
Sa  M'^ 

Sur  la  fin  de  1715,  W^  de  Basle,  après  plusieurs  instances,  oblinienl 
(pfon  leur  laisseroit  passer  cent  soixante  quatre  sacs  du  poids  de  200  L. 
chacun,  par  semaine. 

J'arrivay  en  Alsace,  pour  la  première  ft»is,au  mois  d'avril  1710.  Je 
trouvay  la  province  pleine  de  grains,  plusieurs  gens  de  tous  Etats  me 
i-epr-esentercnt  que  les  bleds  étaient  à  vil  prix  dans  le  pays,  qu'ils  n'en 
Irouvoienl  pas  même  le  débit  et  qu'ils  etoient  privés  parla  de  leurs  reve- 
nus. On  me  fit  considérer  d'ailleurs  que  les  Suisses  etoient  dans  l'iiabi- 
lude  de  tirer  des  vins  d'Alsace  pour  des  sommes  très  considérables  et  qu'il 
ctoit  à  craindre,  qu'en  leur  refusant  des  bleds,  ils  ne  cessassent  de  pren- 
dre nos  vins:  de  plus  encore  que  c'est  chés  les  Suisses  et  dans  l'Em- 
pire, qu'on  va  chercher  tous  les  bestiaux  qui  servent  à  la  consommation 
d'Alsace,  et  qu'on  nous  menaçoit  de  représailles  sur  les  bestiaux,  si  on 
continuait  de  ce  côté  cy,  à  tenir  rigueur  à  l'égard  des  grains.  Je  rendis 
compte  à  la  Cour  de  cette  affaire,  dont  je  tàchay  de  faire  connoître  l'im- 
portance. Le  Canton  de  Basle  y  joignit  de  nouvelles  remontrances,  et  enfin 
après  une  assés  longue  discussion,  il  fut  décidé  que  la  sortie  des  grains 
d'alsace  serait  [lermise,  comme  elle  l'étoit  déjà,  de  toutes  les  provinces 
duUuyaume.  Depuis  ce  tôms  l'alsace  a  toujours  été  comprise  dans  les  ar- 
rêts qui  ont  été  renouvelles,  de  têms  en  tèms,  pour  continuer  cette  per- 
mission generalle,  au  lieu  que  dans  les  premiers  il  n'eloit  pas  fait  mention 
de  cette  province. 

Le  dernier  de  ces  arrêts  qui  est  du  18  février  1710,  permet  la  sortie 
des  grains  hors  du  Royaume,  jusqu'au  premier  Septembre  suivant,  et  n'a 
point  été  renouvelle  du  moins  de  ma  connoissance. 

(^omme[)ar  l'article  0  du  titre  huit  de  l'ordonnance  generalle  des  fermes, 
du  mois  de  février  10<S7,  la  sortie  des  grains  est  defienduë,  il  s'en  suit 
(pi'il  faut  s'en  tenir  là,  lorsqu'il  n'y  a  point  d'arrêt  qui  la  permette,  c'est 
ce  qui  fit  qu'au  prem''  7bre  1719  on  se  mil  en  devoir  icy,  de  fermer  le  pas- 
sage aux  grains,  soit  j)Onr  les  Suisses  ou  [»oui-  l'Empire. 

.l'allay  quehpies  têms  après  à  Paris,  je  remontray  à  M.  Dargenson  qu'il 
y  avoit  dans  lu   l'rovince  un  excédant  de  grains  dont  on  ne  pouvoit  faire 


—  133  - 

usage  que  pour  rctrangcr,  il  me  permit  de  rendre  la  dessus  la  libellé, 
sans  néanmoins  faire  paroître  d'ordonnance  puhliijue,  et  je  m'y  con- 
formay. 

Au  mois  de  Mars  M.  Law,  alors  ConlroUcur  gênerai,  m'écrivit  que  S.A. 
Rio  etoit  dans  l'intention  que  la  traite  des  grains  pour  l'eli-anger  lût  inter- 
dite pour  l'Alsace  et  il  fallut  obéir. 

Depuis,  les  variations  réitérées  sur  les  espèces  et  l'augmentation  du  mois 
d'aoust,  ont  fait  monter  en  alsace  cette  denrée  à  un  si  haut  prix  qu'il  n'y 
avoit  pas  moyen  de  songera  en  aider  nos  voisins;  il  semble  aussi  qu'ils  se 
prêloient  à  nôtre  Elal,  car  pendant  tout  ce  tèms  ils  ne  ni'unt  rien  demandé 
à  cet  égard. 

Enfin  quand  la  dernière  récolte,  et  un  commencement  de  diminution 
sur  les  espèces,  ont  eu  procuré  quelque  relâchement  sur  le  prix  d.  s  grains  ; 
W^  du  Canton  de  Basle,  dans  les  derniers  jours  du  mois  d'octobre,  m'en- 
voyèrent une  deputalion  pour  demander  de  faire  ouvrir  les  passages,  je 
leur  repondis  que  j'en  ecrirois. 

C'est  aussi  ce  que  je  fis,  et  M.  Desforts  me  fit  l'honneur  de  me  repondre 
le  16  9'^'"'^  que  son  S.  A.  lî'*^  vouloit  bien  que  je  laissasse  aller  à  Basle  104 
sacs  par  semaine,  comme  il  etoit  pratiqué  en  1715,  mais  les  Magistrats  de 
celle  ville  en  ayant  eu  l'avis  parmoy,  m'ont  mandé  le  4  X'^''^  qu'ils  ne  pou- 
voient  pas  accepter  mon  offre,  et  que  d'ailleurs  cette  affaire  regardant 
tout  le  Corps  helvétique,  ils  en  alloient  faire  part  aux  Cantons,  c'est  là  M"" 
que  nous  en  sommes  restés  icy. 

Si  vous  désirés,  à  présent,  que  je  vous  dise  ce  que  je  pense,  je  ne  vous 
dissimuleray  point  que  j'ay  pour  principe,  qu'a  moins  d'une  disette  ex- 
traordinaire il  convient  toujours  à  deux  Elats  voisins,  de  se  fournir  réci- 
proquement le'î  choses  dont  les  peuples  ont  besoin  de  part  et  d'autre.  Nous 
ne  sommes  au  surplus  nullement  dans  le  cas  d'une  disette,  il  est  vray  que 
les  grains  paraissent  être  encore  sur  un  pied  très  haut,  puiscpie  la  mesure 
du  Pays,  qui  peze  170  L.  a  été  vendue  10  ît  ou  envhon,  au  dernier  mar- 
ché de  Strasbourg,  mais  c'est  l'eflet  du  haut  prix  des  espèces,  étant  cer- 
tain que  toutes  les  denrées  haussent  et  baissent  dans  la  même  proportion 
que  les  monnoyes:  je  hazarderay  même  un  païadoxe,  c'est  que  l'interdic- 
tion de  la  sortie  des  grains  contribué  à  entretenir  la  cherté.  J'ay  souvent 


1.  Law  (Jean),  né  à  Eiliinl)Ourg-  en  1G7!,  inventeni-  du  li(i|)  liininix  syslùinr  qui  iiorle 
son  nom.  Il  reçut  des  lettres  patentes  du  Régent  en  171  G,  lut  noninic  en  1719  contrôleur 
général  des  finances.  Il  ne  tarda  pas  de  tomber  en  disgrâce.  Il  mourut  à  Venise  ou  1729 
dans  un  état  voisin  de  la  misère. 


—  134  — 

remarqué  que  dans  de  pareils  cas  ceux  qui  en  sont  pourvus,  s'imaginent 
qu'on  est  menacé  d'une  disselle  et  les  resserenl.  Je  crois  que  vous  apper- 
cevrés  aisément  le  colé  où  je  panche  sur  la  proposition  de  W^  de  Basle, 
mais  il  est  de  mon  devoir  de  m'en  rapporter  à  ce  que  M.  de  la  houssaye 
pourra  croire  être  convenable,  et  d'autant  plus  qu'outre  que  celle  aflaire 
concerne  naturellement  les  fonctions  de  sa  charge,  il  a  une  connoissance 
particulière  de  la  province  d'Alsace,  de  sa  force  et  de  son  commerce. 
Je  suis  etc. 


ANNEE  1721. 
A  M.  Darmenonville. 

Le  17  Janvier  1721. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur,  par  une  lettre  du  10  du  mois  passé,  de 
me  demander  des  ecclaircissemenls  sur  quelques  faits  de  la  part  de  l'Elec- 
teur Palatin  et  de  l'Evoque  de  Spire  que  M.  Néef  procureur  gênerai,  au 
Conseil  de  Colmar  vous  a  déféré,  comme  de  nouvelles  entreprises  sur  la 
Souveraineté  du  Roy  dans  la  basse  alsace;  je  vais  M""  vous  expliquer  de 
quoy  il  s'agit  le  plus  succinctement  qu'il  sera  possible. 

Il  paroit  que  M.  Néef  vous  a  parlé  d'abord  d'un  péage  que  l'Electeur 
Palatin  fait  sur  les  habitants  du  Mundat  de  Weissembourg,quoyquece  ter- 
ritoire et  la  ville  de  ce  nom,  soient  de  la  Souveraineté  du  Roy,  etquelcsElec- 
teurs  et  Etats  de  l'Empire  ne  puissent  établir  de  nouveaux  péages  dans 
les  Pays  qui  dépendent  d'eux  sans  la  permission  de  l'Empereur. 

Ce  principe  est  très  certain,  mais  dans  le  cas  dont  il  s'agit  il  n'y  a  nulle 
nouveauté. 

Le  Baillage  d'Altenstatt  apparlenoit  cy  devant  par  indivis  à  l'Electeur 
Palatin  et  à  l'Evoque  de  Spire.  Depuis  par  des  conventions  particulières, 
faites  entre  ces  deux  Princes,  ce  Baillage  est  resté  en  entier  à  l'Evêché,  à  la 
reserve  néanmoins  du  péage  que  l'Electeur  a  conservé,  au  moyen  de  quoy 
un  Receveur  perçoit  encore  actuellement  des  droits  sur  les  denrées  et 
marchandises  que  les  habitants  du  Mundat  portent  à  Weissembourg. 

Je  dois  vous  dire  icy  qu'autrefois  l'Evêque  de  Strasbourg,  le  Comte  de 
Hanau  et  quel({ucs  autres  Seigneurs,  qui  jouissoient  en  Alsace  de  l'imme- 
dialilé  de  l'Empire,  levoient  de  pareils  droits  sur  tout  ce  qui  se  passoit 
dans  leurs  terres.  Peu  de  têms  après  les  reunions  Sa  M'^'  par  un  arrêt  du 
Conseil  annulla  tous  ces  péages,  ordonna  ({ue  le  commerce  de  l'intérieur 
ilu  pays  seiait  libre,  et  f[u'il  ne  serait  perçu  de  droits  qu'à  son  profit  el  à 


rentrée  cl  à  la  sortie  de  la  province,  c'est  ce  qui  fait  une  partie  principale 
(Je  la  ferme  appellée  les  Domaines  d'alsacc.  l'Evèque  de  Strasbourg  et  le 
Comte  de  Hanau  ont  été  dédommagés  par  des  droits  nouveaux  qu'ils  ont  obte- 
nus de  pouvoir  exercer  dans  leurs  terres.  Les  autres  Seigneurs  n'ont  rien 
demandé,  parceque  vraiscmlilablemcnt  ils  n'a  voient  point  de  titre. 

Il  est  certain  qu'en  suivant  l'esprit  de  cet  arrêt,  il  faudroil  à  la  rigueur 
détruire  ce  péage  d'Altenstatt ,  mais  en  même  lêms  il  faudroit  aussi  faire 
supprimer  ceux  que  l'Electeur  Palatin  et  l'Evcque  de  Spire  lèvent  à  Lau- 
terbourg  et  à  Scltz  et  celuy  qui  est  établi  par  la  maison  de  Baden,  à  Hein- 
heim,  près  du  fort  Louis. 

Vous  sçavés  M"",  que  la  souveraineté  est  contestée  au  Roy,  sur  tous  ces 
lieux,  et  que  le  Baillage  d'Altenstatt  est  dans  le  même  cas;  on  a  eu  jus- 
qu'ici l'attention,  pour  ne  point  trop  effaroucher  les  princes,  à  qui  ces 
terres  appartiennent,  de  les  laisser  jouir  de  tous  les  droits  utiles,  même 
de  ne  rien  imposer  au  profit  du  Roy  sur  leurs  habitants;  il  faut  espérer  qu'à 
la  fin  il  interviendra  un  Reglement  définitif  sur  les  limites  d'alsace,  soit  au 
Congrès  de  Cambray  ou  ailleurs,  et  cependant  je  présume  que  l'inlention 
de  S.  A.  R'®  est  que  l'on  continue  à  en  user  avec  la  même  modération 
observée  jusqu'icy. 

11  est  vrai  qu'il  s'est  élevé  quelque  contestation  entre  le  receveur  d'Al- 
tenstatt et  les  habitants  du  Mundat  sur  la  qualité  de  ces  droits ,  par  rapoit 
à  des  denrées  que  ces  derniers  prétendent  devoir  être  exemptes ,  mais 
l'aflaire  est  restée  indécise  parceque  les  oflicicrs  de  l'Electeur  et  ceux  de 
l'Evêque  disputent  la  Jurisdiction  sur  ce  fait.  Il  se  présente  d'abord  à  l'es- 
prit que  pour  maintenir  la  Souveraineté  du  Roy,  il  seroit  à  propos  que  je 
me  saisisse  de  l'affaire  et  que  je  la  jugeasse,  mais  vous  obscrverés  s'il  vous 
plait,  que  ce  seroit  de  ma  part  reconnoître  le  droit  de  l'Electeur  pour  un 
péage,  contre  la  disposition  de  l'arrêt  gênerai  que  j'ay  cité.  D'ailleurs  rien 
ne  presse,  à  mon  sens,  que  je  prenne  ce  parly,  puisque  les  habitants  du 
Mundat  ne  se  sont  point  justju'icy,  pourvus  devant  moy;  je  crois  qu'il 
convient  mieux  que  j'attende  qu'il  y  ait  un  jugement,  rendu  par  les  offi- 
ciers de  l'Electeur,  ou  par  ceux  de  l'Evoque  de  Spire,  pour,  immediale- 
ment  après,  casser  ce  jugement,  comme  rendu  imcompetcment  et  ordon- 
ner que  les  parties  se  retireront  devant  moy;  par  là  je  pareray  à  l'alteinlc 
qu'on  aura  voulu  donnera  la  Souveraineté  du  Roy,  et  m'en  Icnant  à  celle 
démarche,  je  pourray  attendre  le  règlement  définitif  des  limites  et  les  or- 
dres du  Roy,  pour  prononcer  sur  le  fonds. 

Je  viens  M.  à  l'autre  fait,  dont  M.  Néof  vous  a  écrit,  et  dans  lequel  il  en 
a  confondu  deux  qu'il  faut  traiter  séparément. 


—  136  — 

Le  Receveur  du  péage  d'AJtenstatt  a  mallrailé  un  liabitanl  du  lieu,  il  en 
a  résulté  un  procès  que  le  Bailly  de  l'Evêché  de  Spire  à  Allcnstatt  a  jugé; 
le  receveur  a  appelé  à  la  Régence  de  Spire,  et  ce  tribunal  par  un  acte  du 
24  octobre  dernier,  luy  a  accordé  un  sauf  conduit  pour  venir  à  sa  suite 
plaider;  j'avois  proposé  à  M.  le  Procureur  gênerai  de  faire  casser  par  un 
arrêt  du  Conseil  de  Colmar,  et  le  sauf  conduit  et  l'appel,  et  d'ordonner 
que  les  procédures  luy  seroicnt  raportées  pour  en  prendre  connoissance. 
M.  Néef  me  repond  qu'il  faudroit  pour  cela  qu'il  eut  en  main  une  copie  en 
forme  du  Sauf  conduit,  je  vais  lâcher  de  la  luy  procurer,  mais  je  crois  ce- 
pendant qu'en  pareille  matière  le  Conseil  de  Colmar  pourroit  agir  sur  un 
simple  memoire  et  la  notoriété  publique. 

Voicy  le  dernier  fait:  deux  habitants  d'Altenslatt  ont  pris  querelle;  un  a 
été  tué,  et  le  meurtrier  s'est  sauvé;  le  Railly  de  l'Evêque  en  a  pris  connois- 
sance et  a  envoyé  la  procédure  à  la  Régence  de  Spire.  Le  Bailly  Royal  à 
Weissembourg  a  voulu  de  son  côté,  instruire  l'affaire,  sur  quoy  l'Evêque 
a  fait  deffense  aux  habitants  d'Altenslatt  d'obéir  à  cet  officier.  L'Office  de 
Bailly  Royal  à  Weissembourg  fut  créé  en  I69i,  lêms  auquel  les  Seigneurs 
particuliers  des  villages  du  Mundat,  dont  Altenstatt  fait  partie,  avaient  fait 
retirer  leurs  baillis  pour  éviter  qu'ils  se  soumissent  à  la  Souveraineté  du 
Roy,  en  sorte  que  le  Bailly  Royal,  dans  sa  naissance,  connoissait  en  pre- 
mière instance,  des  affaires  dans  les  terres  des  Seigneurs  du  Mundat. 

Après  la  paix  de  Riswick  les  Baillis  des  Seigneurs  reparurent  et  repri- 
rent leur  Jurisdiction  avec  d'autant  plus  de  facihté  que  l'office  de  Bailly 
Royal  de  Weissembourg  était  alors  vaccanl.  Le  S'Mennweg,  qui  vient  d'en 
êlrepourveu,  paroitdans  le  dessein  de  reveiller  les  anciennes  prérogatives 
de  sa  charge.  Son  dioit  me  parait  assés  équivoque,  mais  quoy  qu'il  en  soit, 
luy  et  le  Bailly  d'Altenslatt  ayant  leur  Siège  dans  la  Souveraineté  du  Roy, 
leur  querelle  ne  peut  être  legilimement  vuidée  qu'au  Conseil  de  Colmar, 
aussi  le  S""  Mcnnvveg  s'y  est-il  pourveu,  et  j'apprends  par  M.  le  procureur 
gênerai  qu'on  est  sur  le  point  de  luy  faire  gagner  son  procès  par  défaut, 
contre  le  Bailly  d'Altenslatt,  qui  n'a  pas  comparu.  Je  mande  à  M.  le  Pro- 
cureur gênerai  qu'il  me  paroil  bien  essentiel  que  dans  l'arrêt,  l'ordonnance 
de  l'Evêque  de  Spire,  portant  deffcnses  aux  habitants  d'Altenslatt  d'obéir 
au  Bailly  Royal,  soit  cassé  et  que  même  il  seroit  à  propos  de  prononcer 
avec  quelque  sévérité  contre  le  Bailly  d'Altenstall,  i)our  avoir  envoyé  sa 
procédure  à  Spire.  Je  suis  etc. 


—  137  - 
A.  M.  DarnienonviUe. 

Le  18  .Janvier  1721. 

J'ay  eu  l'iioniieur  de  vous  rendre  compte,  le  17  du  mois  de  Novembre 
dernier,  du  party  que  je  prenois  de  diiïerer  de  présenter  au  Conseil  Supé- 
rieur de  Colmar,  les  lettres  d'investiture  de  la  terre  de  la  vallée  de  la 
Pierre  ou  Ban  de  la  Roche,  qui  m'ont  été  accordées  sous  la  condition  de 
n'en  jouir  qu'après  la  mort  de  Mad*^  la  Duchesse  des  Deux  Ponts,  qui  pos- 
sède actuellement  ce  fief,  quoyque  vaccant  et  ouvert  depuis  la  mort  du 
Prince  son  Père  ;  je  vous  marquay  M.  que  M.  le  Duc  des  Deux  Ponts  m'ayant 
écrit  que  suivant  les  pactes  de  famille  de  la  Maison  Palatine,  ce  bien  devait 
luy  revenir,  après  la  mort  de  la  Princesse  son  Epouse.  Jeluy  avois  repondu 
que  j'étais  prêt  à  recevoir  tous  les  ecclaircissements  qu'il  voudroitbien  me 
donner,  et  qu'en  cas  que  son  droit  fut  justifîîé,  je  mecondamnerois  sur  le 
champ  moy-mème  et  qu'en  attendant  je  m'abstiendrois  de  faire  usage  de 
mes  lettres. 

Il  me  fut  répliqué  de  la  part  de  M.  le  Duc  des  Deux  Ponts,  que  peu  de 
jours  après  il  m'envoyeroit  un  memoire  et  des  pièces,  mais  rien  n'étant 
venu,  j'écrivis  le  16  Décembre  au  premier  officier  de  ce  Prince  qu'il  ne 
m'était  pas  possible  de  remettre  davantage  à  demander  l'enregistrement, 
et  que  je  supliois  son  Maître  d'agréer  que  je  fisse  cette  démarche;  on  me 
repondit  le  19  que  des  affaires  survenues  avoient  empesché  qu'on  eut 
travaillé  au  Memoire,  mais  qu'il  me  seroit  envoyé  incessamment,  que  ce- 
pendant M.  le  Duc  et  Mad®  la  Duchesse  des  Deux  Ponts  me  sçavoient  gré 
de  mes  attentions,  et  qu'au  surplus  puisque  j'etois  dans  le  dessein  de  de- 
mander l'enregistrement  de  mon  investiture,  je  ne  devois  pas  trouver  étrange 
qu'il  y  fût  formé  opposition. 

Mes  lettres  ont  été  rapportées  au  Conseil  de  Colmar  et  enregistrées  le 
23  Xbi"û  en  la  forme  ordinaire.  Il  parut  en  même  têms  une  Requête  d'op- 
position, au  nom  de  M.  le  Duc  des  Deux  Ponts,  mais  comme  elle  n'etoit 
accompagnée  d'aucune  pièce,  et  que  de  ma  part  j'avois  joint  à  mes  lettres 
des  titres  qui  justiffient  avec  évidence  le  droit  du  Roy,  sur  le  fief  dont  il 
s'agit,  le  Conseil  de  Colmar  crut  qu'il  sulfissoit,  sans  relarder  l'enregistre- 
ment de  l'investiture,  de  mettre  sur  la  Requête  de  M.  le  Duc  des  Deux 
Ponts  une  ordonnance  de  renvoy  à  l'audience. 

Celte  ordonnance  n'a  point  été  signiffiée  etil  y  a  bien  de  l'apparence  que 
M.  le  Duc  des  Deux  Ponts  ne  se  pressera  pas  d'instruire  l'affaire,  parceque 


—  138  — 

sa  prétention  est  réellement  dénuée  de  tout  fondement.  Mais  d'un  autre 
côté  il  est  bien  essentiel  pour  moy  de  me  mettre  en  état  de  jouir  un 
jour,  sans  trouble,  du  bienfait  que  j'ay  receu  par  vous  de  S.  A.  U'*^. 

Pour  peu  fpie  l'alTairc  fut  douteuse,  j'ose  vous  assurer  M*",  que  [tar  ra- 
port  au  rang  du  Prince,  contre  qui  j'ay  à  faire,  et  aussi  par  raport  à  ce 
(jue  je  dois  à  la  place  que  j'ay  riionneur  d'occuper  en  alsace,  je  scroisbien 
éloigné  du  goût  d'avoir  un  procès,  mais  lieurcusement  le  droit  du  lîoy, 
que  j'exerce,  est  établi  d'une  manière  incontestable. 

Vous  aurés  vu  M'  par  les  pièces  jointes  au  premier  memoire  qui  vous 
fut  remis  sur  celte  afïaire,  que  le  fief  du  cbateau  de  la  Pierre  ou  du  Ban 
de  la  Rocbe,  est  entré  dans  la  Branche  Palatine  de  Weldentz,  par  acqui- 
sition, que  le  Gontract  porte  que  c'est  un  fiel  masculin,  qu'il  restera  tel, 
et  que  ces  clauses  sont  encore  répétées  et  prescrites  dans  la  permission  qui 
est  intervenue  de  l'Empereur,  pour  authoriser  cette  vente. 

M.  le  Duc  des  Deux  Ponts  oppose  dans  sa  llequète,  présentée  au  Conseil 
de  Colmar,  que  suivant  les  pactes  de  famille  de  la  maison  Palatine,  tous 
les  fiefs  d'une  branche  éteinte  doivent  passer  à  l'autre,  que  de  plus  par 
son  contrat  de  mariage,  la  Princesse  son  Epouse  Iny  a  fait  don  de  tousses 
biens,  qu'en  tout  cas  la  terre  du  Ban  de  la  Roche,  ayant  été  achettée,  à 
prix  d'argent,  elle  ne  peut  sortir  des  mains  de  l'héritier  de  l'acquéreur, 
qu'en  remboursant  la  somme  portée  par  le  Gontract,  et  qu'enfin  s'il  ne 
peut  pas  à  présent  déduire  plus  amplement  son  droit,  c'est  que  tous  les 
Titres  qui  concernent  cette  affaire  se  trouvent  dans  les  archives  de  la 
Maison  de  Weldentz,  qui  sont  sous  le  scellé  à  Strasbourg. 

J'ay  fait  examiner  très  scrupuleusement  les  pactes  de  famille  de  la  Maison 
Palatine,  ils  sont  tous  antérieurs  au  têmsque  le  fief  de  la  vallée  de  la  Pierre 
a  été  acquis,  par  le  Bisaycul  de  la  Duchesse  des  Deux  Ponts;  d'ailleurs  ces 
actes  ne  parlent  que  des  fiefs  et  biens  qui  composent  l'Eleclorat,  et  n'ont 
aucune  aplication  à  un  fief  comme  celuy  cy,  qui  est  particulier  dans  une 
Branche. 

11  n'est  pas  proposable  de  dire  (pie  lorsque  la  descendance  mascuUnc 
de  celuy  qui  a  acquis  un  fief  à  prix  d'argent,  vient  à  s'éteindre,  le  Seigneur 
dominant  n'en  peut  disposer  sans  rembourser  les  héritiers  du  premier  in- 
vesty,  et  cette  (jucstion  n'exige  pas  de  réponse. 

Je  n'ay  pas  vu  le  Gontract  de  mariage  de  Mad°  la  Duchesse  des  Deux 
Ponts,  mais  quand  bien  même,  par  acte,  elle  auroit  donné  au  Prince  son 
Mary  tous  ses  biens,  et  nommément  le  fief  de  la  vallée  de  la  Pierre,  le 
Droit  de  Seigneur  dominant  n'en  peut  recevoir  aucune  atteinte.  Je  vais 
vous  cxpli(pjcr  le  fait  des  archives  de  la  Maison  de  Weldentz,   qu'on  dit 


—  130  — 

être  encore  sous  le  Scellé.  En  1694  le  derniei'  Prince  de  ce  nom,  Perc 
de  la  Duchesse  des  Deux  Ponts,  mourut.  Il  laissa  trois  princesses  héritières 
de  ses  biens  libres,  mais  les  fiefs  qu'il  possedoit,  comme  apanage,  dévoient 
retourner  aux  Princes  des  autres  branches  de  la  Maison  Palatine.  Tous 
avoient  par  conséquent  intérêt  à  la  conservation  des  Titres  et  documents 
de  la  branche  de  Weldentz;  c'est  ce  qui  donna  lieu  à  un  ordre  du  Hoy 
pour  l'exécution  duquel  le  S""  Baudouin  Subdclegué  de  M.  de  la  Grange 
Intendant  d'Alsace,  fit  faire  dans  les  archives  de  l'hôtel  de  AVeldcnlz  à 
Strasbourg,  une  reconnoissance  des  Titres  qui  s'y  trouvèrent  en  le  rap- 
portant et  comparant  avec  les  inventaires  qui  pareillement  y  etoienl;  après 
quoy  la  porte  des  archives  fut  fermée  et  scellée.  Six  semaines  après  à  la 
réquisition  de  Mad*^  la  Duchesse  des  Deux  Ponts,  M.  Obrecht  Prêteur  Royal 
de  la  ville  de  Strasbourg  fit  ouvrir  les  mêmes  archives,  d'où  l'on  lira 
plusieurs  pièces  qui  furent  deUvrés  à  cette  Princesse:  Elle  les  garda  jus- 
qu'au mois  d'Aoust  1696  qu'elle  les  fit  remettre.  Tous  ces  faits  sont  jus- 
tiffîés  par  des  procès  verbaux  que  j'ay  en  original;  mais  ce  qu'il  y  a  de  sin- 
gulier, c'est  que  les  pièces  que  Mad*'  la  Duchesse  des  Deux  Ponts  a  pris  en 
communication,  sont  précisément  celles  qui  concernent  les  fiefs  du  Ban 
de  la  Pierre;  il  n'est  pas  douteux  qu'elle  n'en  ait  gardé  des  copies  collation- 
nées:  M.  le  Duc  des  Deux  Ponts  ne  peut  donc  pas  dire  que  le  Scellé  qui 
est  apposé  sur  les  archives  de  l'hôtel  de  Weldentz,  le  met  hors  d'état  de 
pouvoir  justiffîer  de  son  droit  :  d'ailleurs  rien  ne  l'empesche  de  demander 
à  S.  A.  Rie,  comme  la  Princesse  son  Epouse  a  déjà  fait  une  fois  au  feu  Roy, 
la  permission  de  chercher  sur  les  inventaires  et  danslesTîtres  des  mêmes 
archives,  ce  qui  pourrait  servir  à  sa  prétention,  et  sans  doute  il  l'obtiendroit. 
Il  n'est  pas  à  croire  que  M.  le  Duc  des  deux  Ponts  ait  aussi  peu  de  con- 
noissance  de  cette  affaire,  comme  on  le  met  en  avant,  puisque  du  moins 
ses  conseillers  ne  peuvent  ignorer  la  teneur  du  Testament  du  dernier 
prince  de  Weldentz  en  1692,  j'en  ay  une  copie  authentique,  et  je  prends 
la  liberté  de  mettre  dans  ce  paquet  une  traduction  de  rarlicle  seizième 
de  cet  acte:  vous  y  trouvères  W,  que  le  Testateur  lègue  aux  Princesses  ses 
filles,  dont  la  Duchesse  des  Deux  Ponts  est  restée  seule,  la  terre  de  la  vallée 
de  la  Pierre,  mais  qu'en  même  têms  il  reconnoit  que  c'est  un  fief  masculin, 
ajoutant  que  son  dessein  est  de  se  pourvoir  après  la  paix  au  Seigneur 
Dominant  pour  obtenir  qu'il  soit  changé  en  fief  feminin  ou  de  quenouille: 
l'intention  de  ce  prince  semble  parfaitement  remplie,  puisque  S.  A.  Ri° 
vient  d'assurer  à  Mad^  la  Duchesse  des  Deux  Pouls,  pendant  sa  vie,  la  jouis- 
sance de  ces  mêmes  fiefs  et  que  n'ayant  point  d'enfants  et  étant  liors  d'âge 
d'en  avoir,  elle  ne  peut  rien  prétendre  que  [>our  elle. 


—  l/fO  - 

La  nature  des  biens  de  la  vallée  de  la  Pierre,  était  si  bien  connue  dans 
la  Maison  Palatine,  que  les  héritiers  féodaux  du  Prince  de  ^Veldentz  se  sont 
emparés  de  tous  les  fiefs  qu'il  tenoit  de  leur  autheur  commun,  soit  en 
alsace  ou  ailleurs;  telle  est  la  Principauté  de  la  Petite  Pierre,  dont  M""  le 
Prince  de  Birkenfeld  jouit  actuellement,  et  tel  est  encore  le  Baillage  de 
Goultemberg-,  que  le  môme  prince  des  Deux  Ponts  possède  par  indivis  ; 
quant  à  la  Principauté  de  Weldentz  située  au  Palatinat,  l'Electeur  s'en  est 
emparé,  mais  ni  les  uns  ni  les  autres  n'ont  jamais  rien  prétendu  au  fief  de 
la  vallée  de  la  Picire,  parceque  c'était  une  acquisition  particulière  de  la 
branche  de  Weldentz. 

Dans  le  testament  que  j'ay  rapporté,  il  est  dit  qu'il  y  a  des  allodiaux 
mêlés  avec  les  fiefs  de  la  vallée  de  la  Pierre,  il  est  sans  difficulté  qu'ils 
appartiennent  aux  héritiers  de  l'acquéreur  et  s'il  en  faut  venir  à  les  recon- 
noître,  je  puis  bien  assurer  que  je  ne  me  rendray  pas  difficile. 

Je  vous  avoue  M.  que  je  me  reproche  le  têms  que  vous  venés  de  perdre 
dans  la  lecture  d'une  lettre  aussi  longue,  et  qui  traite  d'une  affaire  qui  ne 
regarde  uniquement  que  moy,  mais  je  suis  accoutumé  à  vos  bontés,  et  je 
sçais  qu'elles  sont  inépuisables  pour  ceux  que  vous  honorés  de  vôtre 
bienveillance.  Je  viens  à  la  conclusion,  c'est  de  vous  supplier  de  vouloir 
bien  faire  approuver  à  S.  A.  R^^  que  je  fasse  au  Conseil  de  Colmar  les  de- 
marches  nécessaires  pour  parvenir  à  la  levée  de  l'opposition  formée  à  mes 
lettres  d'investiture,  étant  bien  résolu  de  n'agir  dans  cette  affaire,  dont  le 
principe  est  une  pure  grâce,  qu'autant  que  S.  A.  R'*^  m'en  donnera  la 
liberté. 

Je  suis  etc. 


A  M.  Darmenonville. 

Le  29  Janvier  1721. 

Je  reçois  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honnenr  de  m'ecrire,  le  22  de 
ce  mois,  au  sujet  des  représentations  que  M""«  de  la  Régence  de  fribourg 
m'ont  mandé  qu'ils  feroient  à  la  Cour  jmperialle  sur  les  ordres  qu'ils  en 
ont  reçus,  d'interdire  tout  commerce  avec  la  france.  Vous  m'ajoutes  à  celle 
occasion  que  S.  A.  R'*^  désire  que  je  marque  ce  que  j'estime  pouvoir  être 
fait  sur  les  instances  pressantes  qu'elle  reçoit  d'une  part,  par  les  Suisses, 
pour  obtenir  la  liberté  de  tirer  des  grains  d'Alsace,  et  d'autre,  par  la  Lor- 
raine pour  des  bestiaux. 

Je  ne  sçaurois  mieux  M"",  vous  informer  de  ce  qui  se  passe  sur  le  pre- 


—  141  — 

mier  point  clans  le  Drisgaw,  qu'en  vous  envoyant  les  copies  cyjoinles  d'une 
lettre  que  je  reçus  hier  des  ofliciers  de  la  lîegcnce  de  fribourg  et  du  man- 
dement dont  ils  m'ont  donné  communication  l'un  et  l'autre,  dattes  du  7. 
Je  ne  puis  pénétrer  ce  qui  a  fait  que  ce  paquet  a  été  si  longlcms  en  che- 
min, il  me  paroit  surtout  singulier  qu'il  ait  été  expédié  précisément  dans 
le  tèms  que  M.  Gayot,  que  nous  avions  envoyé  auprès  de  ces  officiers,  eloit 
encore  à  fribourg.  Il  est  certain  que  dans  le  Brisgavv,  qui  appartient  à  la 
Maison  d'autriche,  on  ne  laisse  entrer  que  les  habitants  et  les  denrées  des 
Communautés  d'alsace,  qui  sont  sur  les  bords  du  Rhin,  et  que  les  autres 
n'y  sont  point  admis.  A  la  vérité  ce  procédé  ne  dérange  pas  beaucoup  les 
voyageurs,  parceque  ceux  qui  veulent  aller  dans  l'Empire,  ou  en  Itahe, 
prennent  leur  route  par  le  fort  de  Kehl  où  l'on  se  contente  jusqu'icy  d'exi- 
ger des  certifficats  de  santé;  cette  différence  vient  de  ce  que  les  territoires 
voisins  du  fort  de  Kehl  ne  dépendent  pas  immédiatement  de  l'Empereur, 
j'ay  fait  écrire  à  Augsbourg  et  à  Ulm,  pour  sçavoir  si  lorsque  ceux  qui 
vont  de  france  en  Italie,  entrent  dans  le  Tyrol,  qui  est  une  province  héré- 
ditaire de  la  Maison  d'autriche,  on  les  oblige  à  subir  une  quarantaine,  je 
n'en  aypas  encore  réponse.  Je  vais  écrire  à  W^  de  la  Régence  de  fribourg 
pour  accuser  la  réception  de  leur  lettre  du  7.  Je  leur  marquerayenmême 
tèms,  ma  surprise  de  l'ancienneté  de  sa  datte  et  de  ce  qu'elle  ne  paroit 
pas  absolument  conforme  à  ce  qu'ils  ont  dit  de  bouche  à  M.  Gayot,  je  les 
prieray  en  même  tèms,  et  de  rechef,  de  m'avertir  dès  qu'ils  auront  receu 
les  nouveaux  ordres  de  l'Empereur,  qu'ils  ont  demandés,  et  je  leur  feray 
entendre  que  nous  réglerons  exactement  nôtre  conduite  sur  la  leur.  Je  ne 
crois  pas  devoir  aller  plus  loin,  quant  à  présent,  parceque  s'il  paraissoit, 
de  ce  côté  cy,  une  ordonnance  pour  rompre  commerce  avec  les  sujets  des 
Pays  héréditaires,  il  en  pourroit  résulter  que  l'Empereur  engageroit  les 
princes  de  l'Empire  à  en  user  avec  la  même  rigueur  à  notre  égard, 
comme  il  est  deja  pratiqué  dans  le  Brisgaw,  et  dés  lors  le  passage  de  Kehl, 
et  tous  les  autres  de  la  basse  alsace,  seroient  interdits,  l'Empereur  pour- 
roit d'ailleurs,  par  luy  même,  arrêter  dans  le  Tyrol,  nôtre  commerce 
d'jtalie. 

Je  ne  dois  pas  omettre  de  vous  dire  que  les  habitants  de  haute  alsace 
etoienl  en  coutume  de  tirer  des  bestiaux  du  Brisgaw,  d'où  on  ne  leur  en 
laisse  plus  passer,  mais  nous  ne  sçaurions  nous  plaindre  sur  cet  article, 
puisqu'il  est  deffendu  dans  l'Alsace,  comme  dans  le  reste  du  Royaume,  d'y 
fournir  des  bestiaux  et  des  bleds  aux  Etrangers. 

Je  viens  à  la  demande  des  Suisses,  sur  la  traite  des  grains.  11  est  vray, 
comme  M.  de  la  houssaye  l'a  dit  à  S.  A.  R'^  que  pendant  la  dernière 


—  142  — 

guerre  on  donnoit  aux  Suisses  des  passeports  pour  tirer  les  grains  pro- 
venants des  dixnics  et  rentes  qu'ils  pciçoivcnt  en  alsace,  et  que  de  plus  on 
leur  permeltoit  d'achelter  164-  sacs  par  semaine,  au  marché  d'huningue, 
et  de  les  transporter  chés  eux,  voicy  ce  qui  a  suivi. 

En  171G  les  grains  se  Irouvants  en  abondance  et  à  vil  prix,  dans  la  pro- 
vince, S.  A.  R'"  ordonna  qu'il  serait  permis  d'en  vendre  aux  Etrangers.  De- 
puis l'alsace  a  toujours  été  comprise  dans  les  arrêts  qui  ont  été  renouvelles, 
de  lêms  en  têms  pour  continuer  cette  permission  dans  tout  le  Royaume. 
Le  dernier  de  ces  arrêts,  qui  est  du  18  février  1719,  fixe  la  fin  de  cette 
liberté  au  premier  Septembre  suivant. 

Comme  par  l'arlicle  6  du  Titre  8  de  l'ordonnance  generalle  des  fermes 
du  mois  de  février  1687,  la  sortie  des  grains  est  defTenduë,  il  s'en  suit 
qu'il  s'en  faut  tenir  là,  lorsqu'il  n'y  a  point  d'arrêt  contraire. 

Je  remarquay  cependant  sur  la  fin  de  1719  que  les  grains  n'encheris- 
soient  point  en  Alsace,  où  il  y  en  aurait  toujours  de  très  grandes  quantités. 
J'etois  à  Paris,  j'en  parlay  à  M.  Dargenson,  qui  trouva  bon  qu'on  laissât 
passer  d'icy  des  grains  aux  Etrangers,  sans  neanmois  faire  paroître  d'or- 
donnance publique,  à  cet  effet,  et  je  m'y  conformay. 

Au  mois  de  Mars  dernier  M.  Law,  alors  Conlrolleur  gênerai,  m'écrivit 
que  l'intention  de  S.  A.  R'*^  etoit  que  la  Traite  des  Grains  pour  l'Etranger, 
fut  interdite  en  alsace  et  nous  obéimes.  Depuis,  les  variations  réitérées 
sur  les  espèces,  ont  fait  monter  en  alsace  cette  denrée  à  un  si  haut  prix 
qu'il  n'y  avoit  pas  moyen  de  songer  à  en  aider  nos  voisins.  H  semble  aussi 
qu'ils  se  prêtoient  à  nôtre  état ,  car  pendant  tout  ce  têms  ils  ne  m'ont  rien 
demandé  à  cet  égard. 

Enfin  après  que  la  dernière  récolte  et  un  commencement  de  diminution 
sur  les  espèces  ont  eu  procuré  quelque  relâchement  sur  le  prix  des  grains, 
M"  du  Canton  de  Basle,  dans  les  derniers  jours  du  mois  d'Octobre,  m'en- 
voyèrent une  deputation  et  me  demandèrent  de  faire  ouvrir  les  passages,  je 
reponds  que  je  me  donncrois  l'honneur  d'en  écrire  à  la  cour. 

C'est  aussi  ce  que  je  fis,  tant  pour  les  baslois  que  pour  plusieurs  habi- 
tants de  l'Empire,  nobles  et  autres,  qui  demandoient  qu'on  leur  laissât  au 
moins  retirer  les  grains  qu'ils  avoient  recueillis,  sur  les  terres  à  eux  appar- 
tenantes, en  alsace.  M.  Desforts  me  fit  l'honneur  de  me  repondre  le  16  O^*"" 
que  S,  A.  R'''  trouvoit  bon  que  je  donnasse  des  passeports  pour  les  grains 
dont  les  propriétaires  étaient  étrangers  et  que  de  plus  je  laissasse  achetter 
aux  Baslois  1 64  sacs  par  semaine,  comme  il  etoit  pratiqué  pendant  la  guerre. 
Ceux  cy  en  ayant  eu  avis,  par  moy,  m'ont  écrit  le  4  Décembre  que  cette 
affaire  regardoit  tout  le  Corps  helveti(iuc,  qu'ils  en  allaient  faire  part  à 


—  US  — 

leurs  Confédérés,  et  que  ccpcndanl  ils  ne  pourroicnl  pas  acccjdcr  TofTro 
de  164  sacs  par  semaine,  depuis  je  n'ay  rien  eu  la  dessus  de  leur  pari. 

Je  m'en  suis  (cnu  cl.  je  m'en  liens  acluellement  àrexeculion  lillerale  de 
la  IcUre  de  M.  Desforis.  II  se  prcsenle  souvent  des  Etrangers  de  liasle,  du 
Brisgaw  ou  d'aulres  lieux ,  qui  me  demandent  des  passeports  pour  les 
grains  qu'ils  ont  recuellis,  en  alsace,  je  les  oblige  demc  rapporter  des ccr- 
lifTicals  des  Ofliciers  des  lieux,  pour  jusliflîer  les  quantités,  et  ensuite  je 
leur  donne  satisfaction,  à  la  charge  de  payer  par  eux  les  droits  des  fermes, 
j'ay  même,  à  cet  effet,  fait  publier  une  ordonnancegeneralle,  dont  je  joins 
un  exemplaire,  aussi  bien  qu'une  copie  de  la  lettre  de  M.  Desforis. 

Il  est  certain  M.  que  dans  un  léms  de  paix ,  il  paroitroit  parfaitement 
convenable  d'entretenir  un  commerce  entièrement  libre  sur  le  fait  des 
denrées  avec  nos  voisins,  et  surtout  à  l'égard  des  Suisses,  dont  le  com- 
merce est  infiniment  profitable  à  l'alsace,  puisqu'on  vins  et  en  grains  ils 
tirent  de  cette  Province  une  valeur  six  fois  plus  forte  que  celle  de  ce  qu'ils 
nous  fournissent,  qui  ne  consiste  qu'en  bestiaux,  d'où  il  resuite  un  retour 
en  espèces,  qui  met  en  etat  les  habitants  de  la  haute  alsace  d'acquitter 
leurs  charges;  mais  cette  idée  peut  être  combattue  par  la  médiocrité  de  la 
dernière  récolte,  par  le  haut  prix  oui  sont  encore  les  grains  en  alsace,  et 
enfin  par  la  nécessité  de  ménager  de  quoy  approvisionner  les  magazins 
du  Roy,  dans  les  Places  de  guerre,  quisontabsolument  dépourvues  de  ma- 
tières. Je  crois  qu'il  est  à  propos  que  je  joigne  l'état  de  la  valeur  des  grains 
au  dernier  marché  de  Strasbourg,  vous  observant  neanmois  qu'eu  égard 
à  la  valeur  numéraire  des  espèces,  il  n'y  a  rien  d'excessif.  C'est  une  chose 
très  certaine  icy,  que  les  denrées  et  les  marchandises  y  suivent  exacte- 
ment la  proportion  de  la  monnoye.  Par  ce  tarif  il  est  vrai  de  dire  que  les 
grains  sont  encore  à  meilleur  marché  en  alsace  que  dans  l'Empire.  Les 
munitionnaires  de  la  garnison  de  Kchl  en  viennent  achetter  toutes  les  se- 
maines icy,  quoyqu'ils  en  pussent  tirer  deSuabe:  il  y  a  la  dessus  une  per- 
mission particulière  de  S,  A.  R'°. 

J'estime  néanmoins  M.  que  dans  les  circonstances  présentes,  les  baslois 
se  doivent  contenter  des  164  sacs,  par  semaine,  qui  leur  ont  été  offerts  ou 
de  200  au  plus,  si  S.  A.  R'°  veut  bien  en  augmenter  jusques  là  la  fixation. 
Sur  le  tout  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  me  rapporter  à  ce  que  M.  de  la 
houssaye  pourra  croire  être  convenable,  puisqu'il  a  une  connoissance  plus 
exacte  de  la  province  d'Alsace,  de  sa  force  et  de  son  commerce,  que  je  ne 
puis  l'acquérir  de  longtêms. 

Il  me  reste  M.  à  vous  parler  de  la  Lorraine,  je  lîe  vois  aucune  difficulté 
à  laisser  passer  aux  habitants  de  ce  Pays,  des  bestiaux  d'alsace,  et  d'autant 


—  IM  — 

plus  que  nous  les  tirons  nous  mêmes  de  Suisse  et  de  l'Empire,  ainsy  nous 
ne  ferons  en  quelque  façon,  que  prêter  nôtre  territoire  pour  ce  Traité, 
mais  il  est  bien  essentiel  de  vous  observer  que  depuis  six  semaines,  M.  le 
Duc  (le  Lorraine  a  fait  des  deffenses  très  sévères,  dans  ses  Etats,  de  sortir 
aucuns  grains  ni  bestiaux  pour  l'alsace,  nous  en  souffrons  beaucoup,  sur- 
tout par  raport  aux  avoines,  dont  on  recueille  peu  en  alsace  et  au  point  que 
les  Entrepreneurs  de  fouragcs  de  la  cavalerie,  sont  en  coutume  de  tirer 
presque  toutes  leurs  avoines  de  Lorraine.  Je  présume  que  si  Ug^  le  Regent 
se  porte  à  permettre  la  sortie  des  bestiaux  d'alsace  pour  la  Lorraine,  il 
luy  paroitra  juste  d'exiger,  en  môme  têms,  la  levée  des  deffenses,  faites  en 
Lorraine,  de  nous  vendre  des  bestiaux  et  des  grains.  Je  suis  etc. 


ANNEE  1722. 
A  M.  le  Garde  des  Sceaux  \ 

Le  50  avril  1722. 


Mß' 


Pour  satisfaire  à  la  lettre,  cfue  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire 
le  12  de  ce  mois,  en  me  renvoyant  celle  cy  jointe  de  M.  Néef,  Procureur 
gênerai  au  Conseil  de  Colmar,  j'auray  celuy  de  vous  dire  que  les  deux  vil- 
lages de  Sebach  et  Schleytal  font  partie  du  Baillage  d'Altenstalt,  qui  ap- 
partient à  l'Evôché  de  Spire,  ce  Baillage  est  de  ceux  où  la  Souveraineté 
est  contestée  au  Roy.  On  prétend ,  du  coté  de  l'Empire,  qu'il  est  compris 
dans  les  reunions  qui  ont  été  annullées  par  le  Traité  de  Riswick.  Nous  di- 
sons au  contraire,  et  avec  fondement,  que  le  Baillage  d'Altenstalt,  étant  en 
alsace,  est  resté,  en  vertu  du  même  Traité  dans  la  Souveraineté  de  Sa 
Majesté. 

Dans  les  deux  villages  dont  il  s'agit,  la  seule  Religion  calviniste  etoit 
exercée  autrefois,  mais  immédiatement  après  la  reunion  arrivée  en  1680, 
le  Roy  y  fil  établir  le  culte  catholique.  Par  l'article  A  du  Traité  de  Ris- 


1.  Louis- Auguste  le  Tonnelier,  baron  de  Breteuil;  nommé  secrétaire  d'Etat  par  le  car- 
dinal Dubois,  pour  le  recompenser  de  services  peu  honorables  rendus  au  cardinal,  on  sa 
qualité  d'intendant  du  Limnnsin.  Les  faits,  rapportés  par  le  duc  de  Saint-Simon  dans  ses 
Mémoires,  sont  contestés  par  M.  Onrry,  dans  sa  Notice  biographique  sur  le  Cardinal, 
archevêque  de  Cambray.  L'intendant  «lu  Limousin  est  grand-père  du  ministre  de  la  mai- 
son <ln  Hoi  Lniiis  XVI  (.ii  1783). 


—  Ii5  — 

vvick,  il  est  dit  que  dans  les  Terres  réunies  et  qui  sont  restituées,  la  Reli- 
ligion  catholique  sera  conservée  sur  le  pied  qn'elh'  ctoit  alors,  ainsy  en 
supposant  même  que  les  villages  de  Sebach  et  Sclilrital  eussent  été  reunis 
sous  la  Souveraineté  de  l'Empire,  il  est  evident  que  les  habitants  n'auroient 
aucun  droit  de  demander  que  l'exercice  de  la  Ueligion  calviniste  leur  fût 
permis:  ils  doivent  encore  moins  être  écoutés,  puisque  réellement  ces  Com- 
munautés font  partie  de  l'ulsace,  et  que  le  Suprême  Domaine  en  appartient 
au  Roy. 

Dans  ces  deux  villages  plusieurs  habitants  ont  persisté  dans  la  Religion 
catholique,  mais  d'autres,  en  assés  grand  nombre,  ont  retourné  au  Cal- 
vinisme: ceux  cy  ont  fait,  en  différents  téms,  des  tentatives  pour  avoir 
l'exercice  de  leur  culte. 

Un  envoyé  d'Angleterre,  qui  etoit  à  la  Cour  Palatine,  étant  venu  se  pro- 
mener à  Strasbourg,  il  y  a  deux  ans,  m'en  parla  avec  ardeui-,  et  je  luv  re- 
pondis par  les  raisons  que  je  viens  d'expliquer:  ensuite  le  Senat  Ecclesias- 
ti(|ue  de  Ileydelberg  m'en  écrivit,  mais  je  crus  devoir  m'abstenir  de  faire 
réponse,  parceque  cette  chambre,  ou  tribunal,  ne  peut  point  cire  reconnu 
par  nous,  lorsque  ceux  qui  le  composent  ne  parlent  pas  au  nom  de  l'Elec- 
teur leur  Maître. 

Enfin  il  y  a  deux  mois  que  les  habitants  de  ces  deux  villages  s'émanci- 
pèrent de  faire  venir  un  maître  d'école  calviniste,  M.  le  Comte  du  Bourg, 
en  étant  averty,  le  fit  chasser;  quelques  jours  après,  trente  habitants 
allèrent  chez  le  Curé,  en  murmurant,  quoyque  sans  armes,  et  usèrent  de 
menace,  si  on  ne  rappelloit  pas  leur  m^  d'école.  M.  le  C^^  du  Bourg  en 
ayant  eu  avis,  ordonna  à  un  Bailly  voisin,  de  faire  venir  devant  luy  les 
principaux  habitants  calvinistes  et  de  leur  déclarer  que  s'ils  faisoient  en- 
core le  moindre  mouvement,  on  cnvoyeroit  deux  compagnies  de  dragons 
loger  chés  eux,  à  discrétion.  Depuis  tout  est  tranquile. 

Vous  pouvés  être  assuré  Mg'"  que  nous  aurons  attention  à  ce  qu'il  ne  soit 
rien  innové,  sur  la  Religion,  dans  ces  deux  Communautés  et  autres  qui 
peuvent  être  dans  le  môme  cas;  mais  comme  celles  cy  appartiennent  à  un 
Prince  p]tranger,  et  qu'il  y  a  même  contestation  sur  la  souveraineté,  nous 
croyons  devoir  user  de  ménagement,  affin  de  nepascomprometre  l'autho- 
rité  du  Roy;  et  c'est  aussi  par  cette  raison,  que  j'estime  que  M.  le  Procu- 
reur gênerai,  dont  le  zèle  est  très  louable,  doit  rester  dans  le  silence,  sur 
la  plainte  qui  luy  a  été  faite  de  la  part  des  habitants  catholiques  des  villages 
de  Sebach  et  Schleythal.  Je  suis  etc. 


(T.  X.  -  M.).  10 


-   140  — 

A  M.  le  Garde  des  Sceaîtx, 

Le  28  Avril  1722. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur,  par  une  Ir-ttre  dn  20  aoust  1710,  de  me  ren- 
voyer une  Requête  accompagnée  de  plusieurs  pièces  présentées  de  la  part  de 
M.  le  Comte  de  Hanau,  au  sujet  de  la  Jurisdiction  qu'il  prétend  luy  apparte- 
nir sur  les  officiers  et  domestiques  du  Chapitre  de  Neuwiller,  ce  que  les 
Chanoines  de  cette  Eglise  luy  disputent,  disant  que  quoyque  M.  le  Comte 
de  Hanau  soit  Seigneur  Territorial  de  la  ville  ou  bourg  de  Neuwiller,  ils 
sont  néanmoins  fondés  en  titre  et  possession  pour  avoir  un  juge  qui  con- 
noitdes  causes  des  gens  de  leur  dépendance,  à  l'exclusion  de  celuy  de  M.  le 
Comte  de  Hanau.  Celte  alTaire  a  d'abord  été  portée  et  traitée  au  Conseil  de 
Colmar,  où  par  un  arrêt  du  25  janvier  1718,  elle  fut  appointée.  Après 
deux  ans  d'intruction,  et  sur  de  très  amples  productions  des  parties,  il  en 
est  enfin  résulté  un  arrest  le  27  Avril  1720,  qui  renvoyé  les  parties  à  se 
pourvoir  au  lloy,  en  règlement  de  Jurisdiction. 

J'avoue  y\g\  que  je  ne  puis  comprendre  quel  est  le  motif  sur  lequel  le 
Conseil  de  Colmar  a  jugé  à  propos  de  se  dépouiller  de  la  connoisance  de 
ce  procès.  C'est  une  affaire  de  particulier  à  particulier.  Il  s'agit  uniquement 
de  sçavoir  si  le  Chapitre  de  Neuwiller  a  un  droit  de  justice  ou  non.  Je  ne 
vois  rien  dans  cette  discussion  qui  |)uisse  interesser  le  Roy  ou  le  Public  ; 
ce  n'est  pas  non  plus  une  dépendance,  ni  une  suite  des  Lettres  patientes 
qui  ont  été  accordées  à  M.  le  Comte  de  Hanau,  pour  régler  les  droits  dont 
il  doit  jouir  dans  ses  Terres.  J'ay  écrit  à  Colmar  pour  sçavoir  s'il  y  avoit 
quelque  chose  de  particulier  qui  eut  déterminé  le  Conseil  Supérieur  de 
la  province  à  croire  que  cette  affaire  devoit  être  portée  au  Conseil  du  Roy. 
Il  m'a  été  repondu  que  les  juges  se  trouvèrent  partagés,  les  uns  voulant 
prononcer,  et  les  autres  proposant  de  renvoyer  les  parties  à  la  Cour,  et 
qu'enfin  ce  dernier  avis  a  prévalu. 

Quoyqu'il  en  soit,  l'affaire  est  suffisamment  instruite  devant  moy,  je  l'ay 
examiné,  et  je  suis  prêt  de  dresser  mon  avis,  mais  je  crois  auparavant  de- 
voir, pour  l'intérêt  des  parties,  vous  faire  quelques  observations. 

Les  productions  de  part  et  d'autre,  contiennent  environ  (30  pièces,  dont 
il  y  en  a  qui  remontent  jusques au  12®  siècle,  elles  sontla  pluspart conçues 
originairement  en  allemand,  et  traduites  en  français,  mais  la  fidélité  de 
la  version,  à  l'égard  de  quelques  unes,  est  debatuë.  Chaque  partie,  pour  sou- 
i''iiii-  son  droit,  etahht  desprincipes,  tirés  dudroit  germanique.  Oncitcdes 


—  147  — 

autheurs  très  inconnus  à  Paris,  et  l'on  se  sert  d'expressions  dont  on  mj 
peut  connoître  la  force  (|u'autant qu'on  entend  l'allemand,  ou  que  l'on  est 
à  portée  de  se  les  faire  expliquer. 

Je  n'imagine  point  du  tout  Mg"",  qu'au  milieu  des  occupations  dont  vous 
estes  environné,  vous  puissiés  jamais  trouver  le  lêms  d'examiner  une 
pareille  affaire,  pour  en  rendre  compte  à  Mg*"  le  Regent,  soit  dans  une 
audience  particulière,  ou  au  Conseil  des  dépêches;  je  doute  pareillement 
que  S.  A.  R'°  et  même  M""^  les  Ministres  qui  l'assistent  au  Conseil,  veuillent 
prononcer  sur  une  affaire  de  celte  nature,  sans  qu'elle  ait  été  vue  par  des 
Commissaires.  Il  faudra  donc  commettre  un  raporteur  et  nommer  des  Com- 
missaires, alors  les  parties  voudront  écrire  de  nouveau,  les  avocats  du 
Conseil  mêleront,  il  faudra  leur  envoyer  des  gens  de  ce  pays  pour  leur 
expliquer  les  termes,  les  usages  et  les  points  de  droit  germanique  qu'ils 
n'entendront  point  et  celte  affaire  ne  finira  que  dans  un  très  long  espace 
de  têms,  et  après  qu'il  en  aura  coulé  aux  parties  de  très  grands  frais. 

C'est  ce  que  le  chapitre  de  Neuwiller,  qui  est  assés  pauvre,  ne  pourroil 
jamais  supporter,  et  c'est  aussi  sur  cette  considération  que  des  Députés  d(! 
celte  Eglise,  qui  sont  venus  auprès  de  moy,  m'ont  demandé  par  écrit  de 
vous  proposer  de  renvoyer  de  nouveau  l'affaire  au  Conseil  de  Colmar,  pour 
y  être  jugée  définitivement,  M.  le  Comte  de  Hanau  n'est  pas  icy,  mais  j'en 
ai  parlé  à  celuy  qui  gouverne  ses  affaires,  et  il  m'a  dit  qu'il  ne  s'opposoit 
point  à  ce  que  l'affaire  prît  cette  route. 

Quanta  moy  Mgf,  je  ne  vous  dissimuleray  point  que  je  suis  persuadé  que 
c'est  tout  ce  qu'on  peut  faire  de  mieux,  pour  donner  lieu  aux  parlies  de 
voir  la  fin  de  leur  contestation,  et  leur  épargner  des  dépenses  qui  exce- 
deroient  les  forces  du  Chapitre.  D'ailleurs  plus  je  réfléchis  sur  le  point  de 
la  contestation  et  plus  je  trouve  qu'elle  est  absolument  de  la  compétence 
du  Tribunal  ordinaire  de  la  Province. 

Je  joins  icy  Mg*"  une  copie  de  l'arrêt,  par  lequel  le  Conseil  de  Colmar  a 
abdiqué  le  jugement  de  l'affaire  et  la  demande  du  Chapitre  de  Neuwiller, 
pour  qu'elle  soit  renvoyée  devant  les  mêmes  juges. 

Si  vous  approuvés  ce  party,  dès  que  vous  me  Taures  fait  connoître,  j'en 
informeray  M.  le  Comte  de  Hanau  et  le  Chapitre  de  Neuwiller,  et  ils  agi- 
ront pour  faire  expedier,  dans  vos  bureaux,  l'arrêt  qui  sera  nécessaire 
pour  le  renvoy.  Si  vous  désirés  au  contraire  Mgr,  que  je  vous  donne  mon 
avis,  je  seray  dans  peu  en  elat  de  vous  satisfaire. 

Au  surplus  ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'une  affaire  dont  le  Conseil 
de  Colmar  s'était  dépouillé  de  la  même  manière,  liiy  a  été  renvoyée.  Je 
ioins  la  copie  du  dispositif  d'un  arrêt,  rendu  par  vous,  Mg'',  en  pareil  cas 


—  148  - 

le  25  juin  1720.  Je  mets  encore  dans  ce  paquet  la  requête  de  M.  le  Comic 
de  Hanau,  parccqu'il  me  semble  qu'elle  peut  servir  pour  l'exposé,  sur  le- 
quel l'arrest  de  renvoy  pourra  être  ex[tedié.  Je  suis  etc. 


A   M.    Doilvn. 

Le  2;f  may  172'2. 

J'av  receu  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'iionneur  de  m'ecriro,  le  17  de 
ec  mois,  en  m'envoyant  l'arrêt  duO,  par  lequel  Sa  M'"'  a  ordonné  que  cc- 
luy  du  22  mars  précèdent,  concernant  le  rétablissement  pour  six  ans  des 
droits  de  courtiers  jaugcurs,  et  de  ceux  des  inspecteurs  des  boucheries  et 
des  boissons,  sera  exécuté  dans  toutes  les  villes,  bourgs  et  lieux  du  Royaume, 
Sa  M'*^  se  reservant  de  pourvoir  sur  les  cas  particuliers. 

Je  crois  M.  ne  devoir  jtas  difTerer  à  vous  faire  connoître  que  la  province 
d'alsace  ne  doit  et  ne  peut,  en  aucune  façon,  être  assujetie  à  la  perception 
de  ces  droits.  Je  suis  persuadé  que  vous  l'aurés  déjà  pensé  de  môme,  et 
que  ce  n'est,  que  pai'  hazard,  que  vôtre  Lettre  qui  est  circulaire,  m'a  été 
envoyée. 

Je  commcnccray  par  vous  dire  que  jamais  la  province  d'alsace  n'a  eu  do 
part  aux  affaires  extraordinaires,  cette  franchise  a  eu  j)our  principe  l'im- 
portance de  ne  point  effaroucher,  par  d(!S  choses  nouvelles,  les  peuples  do 
(!Cllo  frontière,  dont  les  mœurs  sont  aussi  différentes  de  colles  des  habitants 
du  Uoyauiue  que  le  langage.  On  a  d<'ja  lait  attention  sur  les  secours  im- 
menses, en  voitures  et  en  denrées  que  le  lloy  lire  do  l'Alsace,  en  tcms  de 
guerre;  on  peut  encore  ajouter  que  les  Seigneurs  du  Pays,  perçoivent 
sur  les  habitants  des  droits  bien  plus  considérables  qu'on  ne  fait  dans  les 
autres  provinces,  et  qu'ils  y  ont  été  confirmés  par  le  Roy. 

Ce  n'est  pas  que  l'alsace  n'ait  de  lêms  en  lêms  donné  des  secours  extra- 
ordinaires en  argent,  au  Roy;  par  un  arrêt  du  14  juin  1694  Sa  Majesté  a 
ordonné  une  levée  iuiuelle  de  GOO  mille  livres  sur  l'Alsace,  pendant  la 
guerre,  moyennant  quoy  elle  est  déclarée  non  sujette  aux  nouvelles  aflaires 
de  finances.  En  1008  la  paix  étant  faite,  l'imposition  de  COO  mille  livres 
prit  fin  et  il  ne  fut  levée  sur  l'alsace  que  la  subvention  ordinaire,  qui  doit 
de  90  mille  livres;  en  1700,  à  l'occasion  de  (pielques  affaires  nouvelles 
qui  furent  faites,  il  intervint  un  second  arrêt  du  20  0'"''^'  portant  (ju'cn 
payant  par  la  Province,  pendant  (jue  la  paix  dureroit,  une  subvention  de 
300000  ÏÏ  diU  lieu  de  99  mille  livres,  elle  ne  sveroit  point  compris  dans  les 
Edils  (pii  pouiroiont  êtn-  publiés,   aussi  pondant  la   paix,  pour  création 


—  U\)  — 

(Je  nouveaux  offices  ou  elublissemenls  des  droits  nouveaux,  au  jdolil  de 
sa  M''".  La  guerre  recommença  peu  de  mois  après,  et  cependant  l'im- 
position de  300  mille  livres  continua  toujours.  La  dernière  paix  a  été  faite 
en  1713,  et  alors  au  moins  la  province  devoit  être  remise  à  son  ancienne 
subvention  de  99  mille  livres,  mais  le  contraire  est  arrivé,  et  elle  paye  encore 
actuellement  300  mille  livres  par  an  et  de  plus  une  grande  partie  des  fou- 
rages,  pour  raison  de  quoy  il  se  fait  une  imposition  particulière  qui  peut 
monter,  année  commune,  à  200  mille  livres. 

Je  ne  doute  pas  W,  (\iic  sur  cet  exposé  il  ne  vous  paroisse  que  les  201 
mille  livres  de  subvention  que  la  Province  donne  de  plus  (|u'elle  ne  de- 
vroit,  en  regle,  doivent  luy  tenir  lieu  de  quelque  chose,  et  ({ue  les  droits  de 
jaugeurs  et  jnspecteurs  aux  boucheries  sont  fort  inférieurs  à  une  pareille 
valeur,  il  faut  encore  s'il  vous  plait,  y  joindre  les  considérations  dont  j'ay 
parlé  d'abord  de  l'extrême  conséquence  dont  il  est  de  conserver  un  Pays, 
(jui  seul  dans  des  années  malheureuses  de  guerre,  peut  fournir  des  res- 
sources à  l'armée  du  lîliin.  M.  Paiis  Duverney  peut  mieux  que  personne 
vous  dire  ce  qu'on  en  lira  pour  les  sièges  de  Landau  et  de  fribourg. 

Je  joins  icy  des  copies  des  arrêts  de  1094  et  de  1700  que  j'ay  cités. 
Je  suis  etc. 


A  Mg>'  le  Garde  des  Sceaux. 

Le   13  juin  1722. 

J'ay  eu  l'honneui',  à  l'occasion  d'une  lettre  qui  vous  fut  écrite,  par  M.  le 
Procureur  gênerai  du  Conseil  de  Golmar,  de  vous  rendre  compte,  le  20 
du  mois  d'avril  dernier,  des  mouvements  que  quelques  habitants  des  villages 
de  Sebach  et  de  Schleylal  s'étaient  donnés  depuis  quelque  têms,  pour  par- 
venir à  la  liberté  d'exercer  la  Picligion  calviniste,  à  laquelle  ils  sont  re- 
tournés; vous  aurés  veu,  par  ma  lettre,  que  ces  deux  Communautés,  qui 
font  partie  du  Baillage  d'Alfenstatt,  ayant  passé  dans  la  souveraineté  du 
Roy,  la  catholique  y  fut  établie. 

Je  vous  ay  rappelle  que  par  l'article  4  du  Traité  de  llisvvick,  il  est  porté 
que  dans  les  Terres  reunies,  même  celles  qui  dévoient  être  )  eslituées  à 
l'Empire,  la  Religion  catholique  sera  conservée  sur  le  pied  qu'elle  eloit 
alors,  en  sorte  que  quand  bien  même  les  villages  de  Sébach  et  de  Scliley- 
thal  scroient  retournés  sous  une  domination  étrangère,  il  serait  toujours 
de  la  regle  que  le  culte  catholique  y  fut  exercé  à  l'exclusion  de  tout  autre, 
et  à  plus  forte  raison,  celte  loy  doit  avoir  lieu  aujourdhuy,  puisque  ces  deux 


—  150  — 

Comniuiiaulés  sont  restées  sous  la  Souveraineté  du  Roy,  eomme  faisant  par- 
lie  de  l'alsace,  et  quant  aux  Termes  du  môme  Traité,  nous  avons  conservé 
les  Terres  reunies  dans  l'intérieur  de  la  province  ;  je  vous  ay  enfin  marqué 
que  M.  le  Comte  du  Bourg  avait  f;iit  chasser  de  ces  deux  villages  des  M^^ 
d'école,  qui  s'y  etoient  introduits,  et  avoit  déclaré  aux  habitants  que  s'ils 
continuoient  à  s'assembler  et  à  se  remuer,  comme  ils  avoient  commencé 
de  faire,  on  envoyeroit  chés  eux  des  troupes  pour  les  contenir,  la  copie  de 
ma  lettre,  que  je  joins  icy,  vous  rappellera  toute  l'idée  de  cette  affaire; 
voicy  un  incident  survenu  depuis. 

Les  habitants  Calvinistes  de  Sébach  ont  rnpellé  le  ]VP  d'école  de  leur  Re- 
ligion, ils  se  sont  assemblés  dans  des  f>Tanges,  où  ils  l'ont  fait  catéchiser, 
et  présider  à  leur  prières,  nous  avons  la  dessus,  donné  ordre  à  un  exempt 
de  la  Maréchausée,  qui  réside  à  Weissembourg,  de  tâcher  d'arrêter  ce  W 
d'école,  c'est  ce  qui  a  été  exécuté  le  22  du  mois  passé.  Les  habitants  cal- 
vinistes, à  la  vue  des  archers,  ont  sonné  le  Tocsin  et  ont  fait  mine  de 
vouloir  suivre  les  archers;  deux  de  ces  habitants  s'etant  approchés,  plus 
près  que  les  autres,  ils  ont  été  pris  et  conduits  avec  le  ]\P  d'école  qu'on 
tenoit  déjà,  dans  les  prisons  de  Weissembourg,  où  les  trois  sont  encore. 
II  s'agit  de  sçavoir  ce  que  l'on  fera  d'eux,  et  quelle  punition  sera  imposée 
à  la  Communauté.  M.  le  Comte  du  Bourg  et  moy  nous  pensons  qu'on 
peut  relâcher  leM^  d'école,  qui  est  des  Terres  des  Deux  Ponts,  en  luy  décla- 
rant que  s'il  reparoit  dans  le  Pays  pour  faire  le  même  métier,  son  procès 
luy  sera  fait..  Quant  à  la  Communauté  il  paroit  tout  simple  d'y  envoyer 
un  détachement  d'un  Regiment  de  dragons  qui  est  dans  le  voisinage, 
avec  ordre  de  loger  chés  les  Calvinistes,  auxquels  cependant  on  tiendra 
la  main  qu'il  ne  soit  fait  aucune  vexation.  Il  est  très  apparent  que  ces  ha- 
bitants ne  farderont  pas  à  venir  témoigner  leur  repentance,  et  alors  on 
pourra  les  soulager  des  Trouppes,  mais  il  y  a  eu  trop  de  mutinerie  de 
leur  part,  lors  de  l'enlèvement  du  W  d'école,  pour  qu'on  puisse  absolu- 
ment dissimuler  ce  procédé.  Il  reste  à  prononcer  sur  les  deux  habitants, 
qui  sont  à  Weissembourg,  on  pourra  les  relâcher  dans  lemêmelêmsque 
les  Troupes  iront  dans  la  Communauté,  quant  aux  frais  du  Prévôt,  c'est  sans 
doute  aux  habitants  calvinistes  en  gênerai  à  les  payer. 

Au  reste  le  gazettier  Ilollandois  de  Leyden  a  déjà  jugé  à  propos  de  rendre 
compte  de  ce  fait  au  public,  dans  son  suplémenl  du  5  de  ce  mois,  et  d'en 
forger  une  histoire  qu'il  semble  vouloir  mettre  sur  le  compte  de  l'Electeur 
Palatin  et  de  l'Evêriue  de  Spire,  ce  qui  prouve  que  les  habitants  de  Sébach 
entretiennent  des  correspondances  sur  le  fait  de  Religion  avec  des  Puis- 
sances Etrangères,  c'est  ejicore  une  raison  qui  semble  exiger  qu'on  les  pu- 


—  151   - 

nisse;  vous  aurés  vu  dans  ma  IcUie,  du  40  avril,  (|uc  dès  1720  ils  ctoicnl 
déjà  en  commerce  et  en  relation  avec  un  Envoyé  d'Angleterre  à  la  Cour 
Palatine  et  avec  le  Senat  Eclesiaslique  de  Ileydelberg. 
Je  suis  etc. 

A  M.  Dodun. 

Le  l'J  .luiii  1722. 

J'ay  receu  la  lettre  que  vous  m'avcsfaitriionneurdem'ecrire,  lelO  dece 
mois,  par  laquelle,  après  avoir  rappelle  les  raisons  dont  je  nie  suis  servi, 
dans  la  mienne  du  23  may  dernier,  pour  fonder  l'opinion  où  je  suis  que  la 
province  d'alsace  n'est  nullement  susceptible  de  l'établissement  des  droits 
de  courtiers  jaugeurs,  non  plus  (|ue  de  ceux  des  jnspectcurs  des  Boucheries 
et  des  boissons,  vous  me  témoignés  que  vous  vous  attendes  que  je  prendray 
incessamment  les  mesures  nécessaires  pour  en  assurer  la  levée. 

Il  y  a  deux  voyes  W,  pour  faire  contribuer  l'alsacc  à  la  finance  (jui  doit 
provenir  de  l'Execution  de  l'arrêt  du  G  may,  ce  sont  la  perception  des  droits 
en  nature,  ou  un  abonnement.  Je  ne  puis  m'empcclier  do  croire  (pie  vous 
penserés  vous  même  que  le  premier  parly  ne  peut  en  aucune  fagon  être 
admis  icy,  dès  que  vous  aurés  agréable  de  vous  faire  rendre  compte  de 
plusieurs  circonstances  qui  funt  qu'en  fait  de  finances  la  province  d'alsace 
doit  être  gouvernée  tout  différemment  du  reste  du  Uoyaume. 

Le  pays,  par  sa  situation,  est  resté  nécessairement  dans  l'habitude  de 
n'avoir  de  commerce  qu'avec  l'Empire,  de  là  vient  que  le  langage  et  les 
mœurs  des  habitants  sont  encore  les  mômes  qu'elles  etoient  lorsque  la  pro- 
vince a  été  cédée  au  Roy,  en  IG'iS;  c'est  ce  qui  fait  que  les  Peuples  d'al- 
sace sont  absolument  inhabiles  à  supporter  les  établissements  nouveaux, 
maison  recompense  ils  fournissent  au  lîoy  des  secours  très  inconnus,  dans 
le  Royaume  et  en  môme  tôms  très  utiles.  On  vous  dira  (pie  le  feu  Roy  a 
attribué  ou  conservé  aux  premiers  Seigneurs  du  Pays  de  très  grands  droits 
dans  leurs  Terres  pour  les  dédommager  de  la  Souveraineté,  ou  pour  par- 
ler plus  correctement  de  la  Supériorité  territorialle  dont  ils  jom'ssuient 
avant  le  Traité  de  Munster.  On  vous  ajoutera  que  cette  grâce  tut  une  espèce 
de  recompense  de  la  soumission  qu'ils  témoignèrent  pour  prêter  à  Sa  M^'- 
le  serment  de  fidélité,  lors  des  reunions  en  1C81.  Tels  sont  l'Evoque  de 
Strasbourg,  le  Comte  de  Hanau,  le  Prince  de  Birkenfeld  et  toute  la  noblesse 
de  la  basse  Alsace,  ce  qui  fait  plus  de  la  moitié  de  la  Piovince.  Il  est  hors 
de  doute  que  tous  au  premier  bruit  d'elablisscment  de  nouveaux  droits 
reclameront  leurs  Lettres  patientes,  et  lusage  dans  lequel  on  les  a  tou- 


--  152  — 

jours  régulièrement  maintenus  jusqu'icy,  de  ne  point  assujettir  leurs  Terres 
aux  Créations  nouvelles,  soit  de  charges,  soit  de  droits.  La  ville  de  Stras- 
bourg produira  sa  capitulation,  où  il  est  dit  à  l'art.  G'^  que  les  Bourgeois  de- 
meureront exempts  de  toutes  contributions  et  autres  payements;  elle  s'ap- 
puyera  sur  un  arrêt  du  Conseil  du  29  juillet  1716,  suivi  de  Lettres  pattentes 
par  lesquelles  le  Roy,  à  présent  Uegnant,  a  confirmé  ces  dispositions  dans 
la  forme  la  plus  authentique,  les  autres  villes,  cy  devant  jmperialles,  tien- 
dront à  peu  près  le  même  langage  et  enfin  M'",  le  Pays  en  gênerai,  vous 
représentera  l'attention  que  tous  les  Ministres  ont  eu  depuis  iC48,  de  ne 
le  point  assujettir  aux  charges  extraordinaires  du  Iloyaume.  J'ajouteray  de 
mon  chef  que  si  nous  mettons  des  droits  sur  la-viande  et  sur  les  boissons, 
les  vivres  augmenteront  sur  le  champ  d'autant,  et  cependant  il  est  très 
connu  qu'actuellement  les  officiers  et  les  soldats  peuvent  à  peine  vivre  de 
leur  solde  sur  cette  frontière,  où  toutes  les  choses  nécessaires  à  la  consom- 
mation journalière,  suiventdans  leur  prix,  la  valeur  intrinsèque  des  espèces, 
et  cela  ne  peut  pas  être  autrement,  parceque  les  marchandises  elles  denrées, 
pour  la  plus  grande  partie,  sont  tirées  de  l'Empire;  ce  sont  certainement 
les  villes  qui  font  l'objet  principal  dans  l'établissement  des  droits  dont  il 
s'agit,  et  c'est  précisément  dans  les  villes,  où  les  Troupes  sont  en  garnison; 
ce  point  à  mon  sens,  mérite  une  très  grande  attention. 

Au  surplus  M.  il  ne  seroit  pas  juste  que  je  fusse  cru  seul,  sur  des  dé- 
tails d'une  aussi  grande  importance;  mais  il  y  a  trois  personnes  à  Paris  qui 
peuvent  vous  en  parler  avec  une  connoissance  bien  exacte.  .le  vous  cite- 
ray  d'abord  M.  de  la  Houssaye,  qui  a  administré  la  Province  pendant 
vingt  ans;  il  est  tellement  persuadé  de  la  nécessité  de  ménager  les  esprits 
des  Peuples  d'Alsace,  en  leur  ôlant  toute  idée  de  nouveauté,  qu'il  n'a  pas 
voulu,  et  avec  grande  raison,  que  l'on  ait  icy,  demandé  aux  Notaires  des 
Extraits  des  actes  pour  la  dernière  opération  du  visa,  M.  le  Maréchal  d'hu- 
xelles  peut  encore  vous  parler  sur  l'alsace.  11  y  a  commandé  longtêms  et 
s'est  appliqué  à  connaître  la  Province  à  fonds,  et  il  y  est  parvenu.  Enfin 
M.  le  Cardinal  deRohan,  par  les  grands  établissements  qu'il  a  dans  le  Pays, 
et  les  longs  séjours  qu'il  y  fait  dès  sa  jeunesse,  peut  encore  autant  que 
personne,  dire  ce  qui  convient,  ou  ne  convient  pas,  à  nos  Peuples. 

Quant  à  moy,  je  ne  puis  M"",  m'empeschcr  de  respecter  une  forme  d'ad- 
ministration, suivi  depuis  quatre  vingts  ans;  commencerons  nous  à  y  don- 
ner atteinte  })ar  des  droits  absolument  inconnus,  et  au  point  que  moy 
même,  qui  sers  depuis  vingt  ans,  dans  le  métier  que  je  fais,  je  n'ay  jamais 
rencontré  ceux  des  Courtiers  jaugeurs,  et  j'ignore  encore  en  quoy  ils  con- 
sistent? 


—  153  — 

Il  reste  donc  la  voye  de  l'abonnement,  il  est  certain  que  dès  que  S.  A.  Ri« 
l'aura  décidée,  elle  sera  obéië,  et  il  ne  restera  plus  (ju'à  régler  quelles 
sommes  la  Province  fournira  et  en  combien  d'années  l'imposition  en  sera 
faite,  mais  en  attendant,  permettes  moy  M"",  de  vous  faire  deux  observations 
et  comme  je  sçais  que  vous  aimés  la  regle,  je  me  persuade  que  vous  les 
recevrés  en  bonne  part.  La  première  est  que  la  province  d'alsace  n'est  dans 
aucun  des  cas  prévus,  par  l'arrêt  du  G  may.  La  seconde  qu'elle  a  un  Titre 
bien  précis,  et  que  je  renouvelle  chaque  année,  d'une  manière  très  onéreuse, 
pourn'être  point  assujettie  aux  nouveaux  droits,  c'est  ce  queje vais  essayer 
de  vous  démontrer. 

Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  dire  que  la  Province  d'alsace  paroisse  com- 
prise dans  aucune  autre  branche  de  l'arrêt  du  6  may,  que  dans  celle,  où 
il  est  dit  que  dans  les  provinces,  qui  se  sont  rachettées  des  droits  en  ques- 
tion, le  Roy  n'a  pas  profité  de  celte  finance,  attendu  la  remise  que  Sa  W*" 
leur  a  faite  par  l'arrêt  du  21  X^^^e  jyjg^  jg  tous  les  restes  dûs  sur  la 
Taille,  la  capitation  et  les  impositions  extraordinaires  des  annés  anté- 
rieures, lesquels  restes,  suivant  que  l'arrêt  le  porte,  excedoient  le  montant 
des  sommes  imposées  pour  le  rachat  des  droits.  La  réponse  est  courte 
et  précise;  c'est  que  lors  de  l'arrest  du  21  X'^'""  1719  il  n'etoit  rien  du  en 
alsace,  d'ancienne  nature  d'impositions  de  1718,  ni  des  années  précé- 
dentes, par  conséquent  la  province  n'a  point  participé  à  cette  libéralité 
du  Roy;  par  conséquent  elle  n'est  point  dans  le  cas  prevû  par  l'arrêt  du 
6  May. 

La  preuve  de  la  seconde  proposition  n'est  pas  moins  evidente;  l'imposi- 
tion ordinaire  de  la  province,  appelée  subvention,  ne  doit  être  que  de  99 
mille  livres,  c'est  ce  que  j'ay  eu  l'honneur  devons  expliquer  dans  ma  lettre 
du  23  may.  Par  un  arrêt  du  29  9bre  4700,  le  Roy,  en  acceptant  les  offres 
des  habitants  d'Alsace,  regle  qu'ils  payeront  désormais  une  subvention  de 
300  mille  livres,  moyennant  quoy  ils  seront  déchargés  de  toutes  affaires 
extraordinaires,  la  province  a  toujours  fourni  depuis,  et  d'une  façon  qui 
n'est  rien  moins  que  gratuite. 

Je  sçais  bien  M'",  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  facile  que  de  remettre  les 
choses  en  forme,  en  faisant  expedier,  pour  l'alsace  ,  un  arrêt  particulier, 
portant  que  nonobstant  les  deux  derniers  moyens  d'opposition  queje  viens 
devons  expliquer,  la  province  payera  une  certaine  somme,  pour  se  ra- 
chetter  des  droits  dont  il  s'agit.  Mais  peut  être  S.  A.  R'^  scra-t-elle  tou- 
chée de  fournitures  immenses  que  le  Pays  a  faites,  pendant  les  deux  der- 
nières guerres  et  de  la  convenance  de  bonifier  cette  province  dans  la  Paix, 
affin  de  ménager  les  mêmes  ressources  pour  des  occasions  qui  arrivent  tou- 


—  154  — 

jours  nécessairement  en  lèms  de  guerre,  parceque  l'alsacc  elant  séparée 
du  reste  du  Royaume,  larmée  qui  est  sur  le  Rliin  ne  peut  vivre  que  du 
Pays  même.  Je  suis  etc. 


A   M.    Dodun. 
Le  22  juin  1722. 

J'eus  l'honneur  de  vous  écrire  avant  hier  une  assés  amjjle  dépêche  pour 
vous  expliquer  les  raisons  qui  me  persuadent  que  la  province  d'alsace 
n'est  en  aucune  façon  susceptible  de  l'établissement  des  droits  de  cour- 
tiers jaugeurs,  jnspecteurs  aux  boucheries  et  aux  boissons  et  autres  sem- 
blables. Je  m'appuyay  en  partie  sur  la  manière  dont  on  avoit  toujours  pensé 
et  agi  dans  le  gouvernement,  à  cet  égard,  depuis  le  jour  que  l'alsace  fut  acquise 
au  Royaume,  en  1048.  Je  crois  M"",  qu'il  ne  sera  pas  inutile  que  je  prenne  la 
liberté  devons  ajouter  que  les  droits,  les  plus  universellement  établis  dans 
le  Royaume,  n'ont  point  lieu  icy,  comme  par  exemple:  le  papier  marqué 
et  le  Contrôle  des  actes  et  des  Exploits.  Rien  plus  les  ventes  et  distribu- 
tions de  sel,  ne  sont  faites  au  profit  du  Roy  que  dans  la  partie  de  la 
province,  qui  appartenoit  proprietairement  à  la  Maison  d'autriche,dans  la 
ville  de  Strasbourg,  dans  les  dix  villes  de  la  préfecture  de  llagucnau  qui, 
eloient  cy  devant  jmperialles,  le  Roy  a  confirmé  les  magistrats  dans  les 
droits  où  ils  etoicnt  de  prendre  le  sel,  où  bon  leur  semble,  et  de  le  ven- 
dre aux  prix  qu'ils  y  mettent,  à  leurs  habitants;  il  en  est  de  même  de 
tous  les  Seigneurs  dont  les  Terres  relevoient  immédiatement  de  l'Empire, 
et  ces  Terres  jointes  aux  villes  cy  devant  jmperialles,  font  plus  des  deux 
Tiers  de  la  province;  je  doute  fort  M.  que  le  rétablissement  des  droits 
dont  il  s'agit,  paroisse  mériter  la  préférence  sur  le  papier  marqué,  le  con- 
trôle des  actes  et  des  Exploits  et  sur  la  distribution  du  sel. 

n  se  trouve  des  têms  où  le  Pays,  par  des  fournitures  et  des  corvées, 
l'emporte  au  centuple  sur  les  autres  provinces,  en  fait  de  Contributions 
aux  charges  de  l'Etat,  ce  sont  les  têms  de  guerre.  Je  compte  qu'il  y  a  ac- 
tuellement plus  de  quarante  mille  chevaux  en  alsace,  prêts  à  marcher  au 
premier  besoin,  cela  est  prodigieux  pour  un  aussi  petit  Pays,  mais  il  est 
evident  que  si  par  des  impôts,  les  paysans  se  trouvent  hors  de  la  possibi- 
lité d'entretenir  ces  ressources,  la  subsistance  des  armées  sur  le  Rhin 
tombera  dans  des  difficultés  presque  insurmontables.  Il  est  vray  que  de- 
puis sept  ans  la  province  est  tranqnile,  mais  c'est  ce  qu'on  n'avoit  pas  veu 
depuis  un  siècle.  Je  suis  etc. 


—  155  - 


ANNEE  1723. 

A    M.    le    Blanc. 

'     Le  30  juin  1723. 

Je  trouve  icy  M.  une  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrirc, 
le  8  mars  dernier,  au  sujet  des  bénéfices  de  ce  département,  qui  peuvent 
être  sujets  en  conséquence  d'un  arrêt  du  Conseil  du  15  O^'"«  1716,  au  paye- 
ment des  pensions  des  Religieux  Lays,  destinées  à  l'entretien  des  officiers 
et  soldats  qui  sont  admis  dans  l'hôtel  Royal  des  jnvalides. 

Vous  y  avés  joint  un  projet  de  Rolle,  dont  je  vous  renvoyé  une  copie, 
avec  une  partie  des  ecclaircissements  que  vous  avés  désiré  recevoir  de 
moy.  Il  me  reste  à  vous  donner  le  principal ,  qui  est  de  sçavoir  si  tous  ces 
bénéfices  sont  de  fondation  Royale,  Ducale  ou  de  Seigneurs  dont  les  Do- 
maines ayent  été  reunis  à  la  Couronne,  mais  voicy  la  raison  qui  m'a  re- 
tenu sur  la  discussion  de  ce  point. 

Par  l'arrêt  du  15  9^re  47^6^  i^  Roy  n'assujettit  au  droit  d'oblat  que  les 
bénéfices  qui  sont  à  sanomination,etilsetrouve  que  dans  la  province  d'al- 
sace  aucun  bénéfice  n'est  dans  ce  cas.  Toutes  les  dignités  sont  remplies, 
par  élection,  suivant  le  droit  commun  et  le  Concordat  germanique.  Il  est 
vray  que  les  Elections  se  font  en  présence  de  Commissaires  nommés  par 
le  Roy,  comme  il  se  pratique  encore  en  Allemagne,  où  l'Empereur  use  du 
même  droit.  Ces  Commissaires  ont  le  pouvoir  de  donner  l'exclusion  à 
ceux  qu'ils  ne  croient  pas  susceptibles  d'être  élus,  par  raport  à  l'intérêt 
de  leur  Maître,  mais  celuy  qui,  par  le  scrutin,  a  eu  le  nombre  suffisant  de 
voix,  est  proclamé  sur  le  champ  et  se  pourvoit  aux  Supérieurs  Ecclésias- 
tiques pour  obtenir  sa  confirmation.  Je  vous  observeray  cependant  qu'en 
alsace,  il  faut  que  l'Elu  commence  par  recevoir  du  Roy,  un  brevet,  qui 
luy  permette  de  s'addresser  à  l'Evêque  ou  en  Cour  de  Rome;  il  y  a  même 
des  exemples  récents  que  dans  ces  sortes  de  brevet  le  Roy,  sans  parler  de 
l'Election,  paroit  nommer  de  plein  droit  au  bénéfice,  mais  celuy  qui  en  est 
porteur  se  garde  bien  de  le  produire  à  Rome  ou  à  l'Evêque,  s'il  est  Etran- 
ger, et  il  ne  se  sert  uniquement  en  demandant  la  confirmation  que  du 
procès  verbal  d'Election. 

Il  me  suffit  M.  de  vous  avoir  mis  au  fait,  et  c'est  à  présent  à  S.  A.  R  à 
décider  si  les  bénéfices  d'alsace  sont  dans  le  cas  de  payer  le  droit  d'oblot, 
mais  s'il  en  doit  être  ainsy,  ne  croiriés  vous  pas  W  qu'il  seroit  convenable 


—   150  — 

d'clendre  par  un  nouvel  arrêt,  la  disposition  de  celuy  du  171G,  jusques 
sur  les  bénéfices  qui  sont  de  fondation  Royale,  indépendamment  du  droit 
que  )e  Roy  peut  avoir  ou  n'avoir  pas  d'y  nommer. 

Je  dois  encore  vous  dire  que  plusieurs  beneficiers  d'alsace  sont  dans 
l'habitude  de  payer  les  droits  d'oblat.  sans  qu'il  paroisse  qu'ils  aient  reclamé, 
mais  cela  n'cmpèchc  pas  (jiic  je  ne  pense  que  pour  la  regle,  et  pour  pré- 
venir ce  qui  pourroil  être  dit,  par  ceux  qu'on  se  propose  d'attacjucr  nou- 
vellement, il  faudroit  quelque  chose  de  plus  positif  que  ce  qui  est  perlé 
dans  l'arrest  de  1710. 

J'ay  cru  M.  qu'il  convenoit  que  ce  préliminaire  fût  décidé,  avant  que  je 
lisse  des  démarches  pour  parvenir  à  la  connoissance  de  la  nature  de  la 
fondation  de  chaque  bénéfice.  Je  crois  même  qu'il  conviendroit  mieux ,  si 
Taflairc  doit  avoir  lieu,  de  commencer  par  comprendre,  dans  le  Rolle, 
tous  les  bénéfices  qu'on  croira  sujets  au  droit  d'oblat,  et  d'attendre,  pour 
leur  rendre  justice,  que  d'eux  mêmes  ils  viennent  à  représentation  et  s'ap- 
puyent  sur  les  titres  qu'ils  produiront.  On  en  aura  bien  plutôt  raison  par 
là,  que  si  l'on  commence  par  vouloir  discuter  leurs  Titres,  qu'ils  ne  mon- 
treroient,  en  ce  cas,  qu'à  la  dernière  extrémité,  et  après  avoir  épuisé  tous 
les  délais  qu'il  {)ourroit  ajtporler. 

Je  suis  etc. 

A  Mgr  le  Cardinal  Dubois. 

Le  5  juillet  1723. 

Mgr. 

Un  mois  environ  avant  que  je  partisse  de  Paris,  M.  l'andjassadeur  de 
hollande  me  fit  Thonncur  de  me  dire  qu'il  etoit  pressé  par  les  Députés  du 
Corps  Evangelique,  assemblés  à  Ratisbonne,  de  demander  au  Roy  la  per- 
mission d'exercer  la  religion  calviniste,  pour  les  deux  villages  de  Sebach 
et  Schleytal ,  dans  la  basse  alsace,  qui  appartiennent  à  M.  l'Kvêqnc  de  Spire; 
il  etoit  dans  l'opinion  (jue  par  le  Traité  de  Munster  et  autres  qui  ont  suivi, 
le  Roy  etoit  obligé  d'avoir  cette  tolérance.  Je  làchay  de  luy  faire  connoître 
le  contraire,  et  je  luy  établis  que  rien  ne  contraignoit  le  Roy  en  alsace 
sur  le  fait  de  la  Religion.  Il  consulta  même  le  Traité  de  Munster,  et  n'ayant 
rien  trouvé  de  ce  qu'il  croyoit  y  être,  il  me  dit  qu'il  alloit  ecrin!  à  Ratis- 
bonne pour  (ju'on  luy  envoyât  des  mémoires  la  dessus,  et  qu'en  cas,  comme 
il  commoiçoit  à  le  croire,  fjue  le  Roy  ne  fût  point  tenu,  j)ar  les  Traités 
de  paix,  à  entretenir  la  Religion  calviniste,  dans  les  deux  villages  dont  il 
s'agit,  il  pourroit  prendre  le  party  de  le  demander,  au  nom  de  ses  Maitrcs 


—  157  — 

comme  une  grâce.  Je  vois  par  des  nouvelles  qui  me  sont  venues  de  Ralis- 
bonne,  du  24  du  mois  passé,  que  M.  l'Ambassadeur  de  Hollande  a  eiïccli- 
vement  écrit  sur  cette  matière,  et  qu'il  a  été  reconnu  i)ar  les  députés  Evan- 
geliques,  que  les  deux  villages  de  Sébach  et  Schleital  ne  pouvoient  avoir 
d'autre  ressource  que  dans  la  clémence  du  Roy,  pour  l'exercice  public  de 
la  Religion  calviniste,  qu'une  partie  de  leurs  habitants  professent. 

Comme  il  se  peut  faire  que  M.  l'ambassadeur  de  Hollande  parlera  de 
celte  affaire  à  V.  Emc«,  j'ay  cru  Mgr,  devoir  vous  rendre  compte  de  ce  de- 
tail, et  môme  vous  envoyer  un  memoire  que  j'eus  occasion,  l'année  pas- 
sée, de  faire  précisément  sur  cette  question. 

.le  dois  au  surplus  observer  à  V.  Em<^°  que  sur  toutes  les  matières  de 
Religion,  qui  concernent  l'alsace,  personne  n'est  plus  en  etat  de  dire  ce 
qu'il  convient  de  faire  que  M.  le  M^^^  d'IIuxelles.  Il  commandoit  en  alsace, 
dans  les  têms  les  plus  difficiles  sur  le  fait  de  la  Religion,  et  il  Irouvoit 
moyen  de  satisfaire  et  la  Cour  et  le  Pays,  et  les  gens  les  plus  opposés  en 
sentiments.  Je  suis  etc. 


A  Mgr  le  Garde  des  Scemix. 
Le  30  juillet  1723. 

Mgr. 

Je  dois  réponse  à  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honneur  de  m'ecrire , 
le  2  de  ce  mois,  en  m'envoyant  l'arrest  du  22  juin,  par  lequel  le  Roy  a 
renouvelle  les  deffenses  d'imprimer  dans  le  Royaume  aucun  livre  ni  livret 
sans  privilège  ou  permission. 

Je  crois  qu'avant  de  faire  publier  cet  arrêt,  il  convient  que  je  vous  in- 
forme des  usages  de  ce  Pays  cy,  sur  celte  matière,  affin  que  vous  soyés 
en  Etat  Mgr,  de  me  donner  les  ordres  que  vous  croirés  convenables. 

A  Strasbourg  le  Magistrat  s'est  maintenu  jusqu'icy  dans  l'authorité  en- 
tière et  exclusive  sur  les  imprimeurs;  les  livres  qu'on  leur  donne  sont^ 
examinés  par  des  Censeurs,  préposés  par  le  Magistrat,  et  dès  qu'ils  sont 
approuvés,  l'imprimeur  les  donne  au  public.  Le  Magistrat  de  Strasbourg 
prétend  tirer  son  droit  des  art.  2  et  4  de  la  Capitulation,  où  il  est  porté 
que  le  Roy  le  maintient  dans  tous  ses  privilèges  et  déclare  qu'il  veut  lais- 
ser les  choses  dans  l'Etat  où  il  les  trouve.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
l'usage  n'a  point  varié  sur  le  fait  de  l'Imprimerie  à  Strasbourg,  depuis 
que  cette  ville  est  au  Roy,  le  Prêteur  Royal  m'a  môme  remis  la  copie  cy 
jointe,  d'une  lettre  écrite  en  1707  au  Magistrat,  par  le  Procureur  gênerai 


—  158  — 

(lu  Cüiiseil  de  Golmar  qui  dit  que  M.  le  Chancelier  de  Ponlcliartrain  l'a 
chargé  de  déclarer  au  magistrat  de  Strasbourg,  que  sçacliant  que  la  ville 
se  gouverne  par  des  loix  particulières,  suivant  sa  capitulation,  son  inten- 
tion n'est  pas  d'y  donner  atteinte,  en  ce  qui  concerne  l'imprimerie. 

Si  vous  désirés  sçavoir  Mg'",  quelles  sont  la  dessus  les  loix  observés 
dans  l'Empire,  je  vous  diray  que  suivant  des  Recès  des  années  1529  et 
1579  il  ne  doit  y  avoir  d'imprimerie  que  dans  les  villes  où  resident  les 
Electeurs  ou  les  Princes,  dans  les  villes  jmperialles  et  dans  celles  où  il  y 
a  une  université  et  que  tous  les  livres  ne  doivent  être  imprimés  qu'après 
avoir  été  approuvés  par  le  Seigneur  Territorial,  soit  Electeur,  Prince  ou 
Magistrat,  ou  par  ceux  qu'ils  ont,  à  cet  efl'et  commis,  au  surplus  les  jm- 
primeurs  sont  tenus  de  nommer  l'auteur  du  livre,  de  faire  mention  de 
l'approbation,  comme  aussi  de  marquer  le  nom  et  le  lieu,  où  l'ouvrage  a 
été  donné  au  public. 

Il  resuite  de  là  une  question  qui  est  de  sçavoir,  si  le  droit  de  donner 
des  permissions  pour  imprimer  à  Strasbourg,  appartient  encore  au  Magis- 
trat, ou  s'il  est  dévolu  au  Roy.  Je  crois  qu'elle  n'est  pas  douteuse:  Si  le 
Magistrat  de  Stasbourg  jouit  encore  de  quelques  attributs  de  la  Supériorité 
Territorialle,  ce  n'est  que  par  un  pur  effet  de  grâce  que  SaM'*^  a  bien  voulu 
luy  accorder  en  différents  têms,  mais  il  ne  paroit  pas  qu'elle  se  soit  expli- 
qué positivement  sur  l'imprimerie,  pas  même  dans  la  capitulation. 

Au  reste  il  y  a  dans  Strasbourg,  huit  jmprimeurs,  dont  deux  seulement  ont 
quelque  occupation,  leur  principal  travail  est  sur  des  almanachs,  des  Thèses, 
des  faclums,  des  programmes,  des  Epitalammes,  des  oraisons  funèbres, 
car,  en  ce  pays  cy,  aucun  Bourgeois  ne  se  marie  qu'il  n'en  resuite 
quelque  pièce  de  vers  latins  de  l'université,  et  à  la  mort  l'histoire  de  sa 
vie  ne  manque  jamais  d'être  donnée  au  public.  Ils  impriment  encore  assés 
communément  des  livres  de  prières  ou  de  grammaire,  et  quelquefois  ils 
donnent  de  nouveau  au  public,  d'anciens  livres  dont  les  Exemplaires  man- 
quent; ce  sont  pour  la  plupart  des  ouvrages  de  Theologie,  de  droit  ou 
de  médecine. 

Dans  la  ville  de  Golmar,  il  y  a  un  seul  jmprimeur  qui  consomme  tout 
son  têms  sur  les  factums  des  parties  et  les  Edils  et  déclarations  qui  luy 
viennent  du  Procureur  gênerai.  S'il  voulait  donner  quelque  autre  chose 
au  Public,  il  est  certain  qu'il  ne  le  pourroit  que  sur  l'approbation  du  Ma- 
gistral. 

Enfin  dans  les  Terres  de  M.  le  Prince  de  Birkenfeld,  à  S'*'  Marie  aux 
Mines,  il  s'est  établi  depuis  trois  ans,  un  Jmprimeur,  par  la  permission 
des  officiers  du  Seigneur,  cet  ouvrier,  à  ce  qu'on  m'assure,  gagne  sa  vie 


—  159  — 

à  imprimer  des  almanachs  et  quelques  livres  de  prières,  à  l'usage  des  Lu- 
thériens. 

Dans  le  reste  de  la  Proviiict!  il  n'y  a  aueun  jmprimeur. 

C'est  à  vous  maintenant  My^,  à  prescrire  ce  que  vous  désirés  être  fait, 
mais  vous  sçavés  que  l'alsace  a  toujours  été  traitée  d'une  manière  différente 
des  autres  Provinces,  et  je  puis  d'ailleurs  vous  assurer  qu'il  ne  m'est  point 
revenu  que  les  jmprimeurs  de  Strasbourg,  non  plus  que  les  deux  autres, 
aient  jamais  mis  au  jour  rien  qui  puisse  iuterresser  la  Ueligioji ,  l'Etat  ou 
les  bonnes  mœurs. 

Je  suis  etc. 


ANNEE  1724. 
A  M.  de  Dretcuil. 

Le  31  janvier  172i. 

Vous  m'avés  fait  l'honneur  Mr,  par  une  lettre  du  17  du  mois  d'octobre 
dernier  de  me  témoigner  que  le  Roy  desiroil  que  le  Magistral  de  la  ville 
de  Strasbourg  se  chargeât  de  la  cantine  de  la  Citadelle  et  de  celle  des 
deux  forts,  en  dédommageant  les  Commandants  qui  jouissent  de  ce  droit. 

Vous  trouvères  cy  joint  M.  un  memoire  par  lequel  ce  Magistrat  offre  de 
prendre  ce  party,  sous  plusieurs  conditions  qui  paroissent  êlre  du  bon 
ordre,  et  qu'il  se  soumet  de  donner  à  Mi^^les  officiers  de  l'Etat-Major  de  la 
Citadelle  2600  ïï  par  an  et  1000  ÏÏ  à  chacun  de  M''-'^  les  Commandants  du 
fort  de  la  Porte  Blanche  et  de  celuy  de  la  Porte  de  Pierre,  et  de  plus,  le 
franc  salé  aux  uns  et  aux  autres. 

Le  Bail  de  la  cantine  de  la  Citadelle  est  actuellement  à  2600  ïï.  Le  Magis- 
trat propose  de  donner  la  même  somme  à  M''^  de  l'Elat-Major,  mais  on 
retranche,  en  même  têms,  deux  autres  parties,  l'une  la  franchise  de  seize 
sacs  par  semaine,  que  le  Magistrat  laissoit  passer  sans  payer  aucun  droit, 
ce  qui  faisoit  que  le  canlinier  leur  donnoil  le  pain  à  quelque  chose  de 
meilleur  marché  qu'il  ne  le  vendoit  aux  bourgeois  et  aux  soldats  de  la 
même  Place,  l'autre,  personnelle  au  Major,  est  une  rétribution  de  trente 
sols,  par  mois,  qu'il  levoit  sur  chaque  cabaret  de  la  Cidatelle  et  il  y  en 
avoit  treize. 

Le  bail  de  la  cantine  du  fort  de  Pierre  est  de  1600  ^,  et  celuy  de  la 
Porte  blanche  à  1250  ÏÏ.  Le  Magistrat,  dans  son  memoire,  ne  donne  que 
1000  S"  à  l'un  et  à  l'autre. 


—   100  — 

Nous  avons  fait  tout  ce  que  nous  avons  pu,  M.  le  Comte  Dubourg  et 
moy,  pour  le  porter  à  s'avancer  un  peu  davantage,  surtout  pour  les  Com- 
mandants des  forts,  mais  nous  n'avons  pas  pu  y  parvenir,  quoyque, 
comme  vous  le  remarquerés,  sans  doute,  la  négociation  ait  assés  duré. 
Le  Magistrat  dit,  pour  ses  raisons,  que  le  prix  de  ces  cantines  n'est 
monté  au  point  où  il  est,  que  par  l'abus  qu'on  en  laisse  faire  à  ceux  qui 
les  exploitent;  qu'en  1709  le  bail  de  la  cantine  du  fort  de  la  Porte  blanclie, 
n'etoit  qu'à  800  U,  et  celuy  du  fort  de  la  Porte  de  Pierre  à  500??;  que 
dans  le  même  têms  le  bail  de  la  canline  de  la  Citadelle  n'etoit  qu'à  2000^ 
et  2400  ÏÏ.  Le  Magistrat  ajoute  que  lorsqu'il  fera  valoir  ces  cantines,  le 
produit  sera  encore  beaucoup  au  dessous,  parceque  les  portes  de  la  Cita- 
delle et  des  forts,  étant  fermées  aux  soldats  de  la  garnison  de  Strasbourg 
et  aux  bourgeois,  l'augmentation  qui  en  pourra  revenir  aux  fermes  de  la 
ville,  sera  peu  considérable,  n'étant  pas  douteux  que  telle  personne  qui 
eloit  excitée  à  aller  boire  dans  la  Citadelle  et  dans  les  forts,  par  la  grande 
liberté,  qu'on  y  laissoit  régner,  s'abstiendra  de  faire  de  pareilles  débau- 
ches dans  la  ville;  où  d'ailleurs  elles  ne  seroient  pas  tolérées.  Quant  à 
moy  M*",  je  pense  que  la  proposition  du  Magistrat  est  avantageuse  au  ser- 
vice du  Koy  et  à  M""^  des  Etats  Majors  de  la  Citadelle  et  des  forts,  en  ce  que 
les  jours  de  fêtes  et  de  dimanches,  ces  places  ne  seront  plus  remplies 
d'une  quantité  prodigieuse  de  gens  de  dehors,  dont  le  nombre  se  trouve 
très  souvent  supérieur  à  celuy  de  la  garnison,  aux  officiers  des  Etats  ma- 
jors, parcequ'ils  sont  assurés  d'une  somme  fixe  et  considérable,  au  lieu 
qu'ils  eloient  tous  les  jours  au  moment  de  recevoir  un  ordre  de  la  Cour, 
(Hi  (le  M.  le  Comte  Dubourg,  pour  réduire  la  consommation  de  leurs  can- 
tines à  celle  de  la  garnison,  auquel  cas  le  Magistral  ne  pouvant  être  forcé 
de  s'en  charger,  le  pioduit  tomberoit  des  trois  quarts  et  demy;  je  crois 
que  M.  le  Comte  du  Bourg  vous  marquera  luy  môme  qu'il  pense  absolu- 
ment comme  moy. 

Je  ne  vois,  en  souffrance,  dans  cet  arrangement,  que  quelques  habi- 
tants qui  sont  établis  dans  la  Citadelle,  où  ils  ont  bâti  des  maisons,  sur 
des  emplacements  que  le  Roy  leur  a  donnés.  Il  y  a  treize  propriétaires  qui 
relouent  chèrement  à  quinze  ou  seize  autres  chefs  de  famille,  une  partie 
de  leurs  habitations,  ils  tiennent  presque  tous  cabaret,  et  ils  avoient  un 
grand  débit  les  jours  de  fêtes,  parceque  tout  ce  qui  entroitnepouvoitpas 
être  fourni  chez  le  cantinier,  il  est  evident  que  ce  commerce  va  finir,  et 
«lue  beaucoup  d'habitants  quitteront  la  Citadelle,  pour  aller  chercher  à 
vivre  ailleurs,  mais  ce  n'est  pas  un  grand  mal:  les  cabaretiers  sont 
iiujlile.s  dans  une  (Citadelle,  et  vaudroit  mieux  lâcher  d'y  attirer  de  bons 


—  ICI  — 

ouvriers  en  fer  et  en  bois,  et  chercher  à  leur  procurer  quelques  petits 
avantages. 

Par  des  Lettres  patentes  du  mois  de  février  1684,  S.  M'*^  a  afTranchi  les 
habitants  de  la  Citadelle  de  tous  impôts  ,  sur  les  denrées  qu'ils  feront 
entrer.  Gela  ne  peut  jamais  s'entendre  que  de  la  consommation  de  leurs 
ménages,  et  non  de  ce  qu'ils  peuvent  distribuer  dans  un  cabaret.  Par  le 
memoire  du  Magistrat  cette  liberté  leur  est  réservée  à  l'art.  3. 

Le  Magistrat  demande  M"",  que  si  ses  offres  sont  agrées,  elles  soient 
authorisées  par  une  ordonnance  du  Roy ,  en  forme  de  règlement ,  et  je 
me  persuade  qu'il  vous  paroîlra  que  cela  convient. 

Je  suis  etc. 


A  M.  de  Morvillc\ 
Le  13  Février  172'». 

w 

Pendant  que  j'etois  à  Paris,  l'année  passée,  M""  le  P^o  de  Birkenfeld 
m'envoya  des  délibérations  des  Communautés  de  ses  Terres,  portant 
qu'elles  consenloient  de  luy  faire  un  présent,  à  l'occasion  du  fils  qui  luy 
etoit  né.  Je  temoignay  à  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  qu'il  convenoit  qu'il 
s'addressât  directement  à  la  Cour;  enfin  il  m'a  fait  remettre,  depuis  peu, 
la  copie  d'une  lettre  qu'il  a  reçue  de  vous,  le  21  du  mois  de  décembre 
dernier,  par  laquelle  vous  luy  marqués  que  dès  que  vous  serés  instruit  de 
l'aflaire,  par  moy,  vous  en  rendrés  compte  à  Sa  M*^.  Je  vais  donc  M.  satis- 
faire à  ce  qui  peut  me  regarder. 

Par  un  arrêt  du  6  février  1720,  dont  je  joins  une  copie,  le  Roy  a  per- 
mis à  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  de  faire  imposer  sur  ses  Terres  la  somme  de 
28750  lÊ  que  les  habitants  luy  avoient  offert  pour  les  frais  de  son  mariage, 
cette  somme  a  été  levée  en  quatre  années,  dont  1723  a  été  la  dernière. 

Les  mêmes  habitants,  par  les  actes  cy  joints,  ont  deUberé  de  luy  donner 
encore,  pour  la  naissance  du  jeune  Prince  son  fils,  le  Quart  de  ce  qu'ils 
ont  payé  pour  le  mariage,  c'est  à  dire  7187  S"  10^  Il  ne  s'agit  donc  que 
de  continuer  encore  pour  cette  année,  l'imposition  qui  a  déjà  eu  lieu  pen- 
dant quatre  ans. 

Quant  à  moy  Mr,  je  n'ay  rien  à  dire  la  dessus,  si  ce  n'est  que  puisque 

1.  Morville  (Charles-Jean-Baptiste-Fleuriau,  comte  de),  flls  du  garde  des  sceaux 
Flcuriau  d'Armenonville,  ministre  des  aflaires  étrangères  de  1723  à  1727. 

T.  X.  -  (M.).  1 1 


—  102  — 

les  Communautés  le  veulent  oinsy,  on  peut  sans  lui  faire  tort  accorder 
cette  petite  douceur  à  M.  le  Prince  de  Birkenfcld.  Je  me  souviens  que 
dans  le  têms  qu'il  obtint  l'arrêt  pour  son  mariage,  on  veriflia  que  les 
Comtes  de  Ribeaupierre,  auxquels  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  a  succédé,  du 
chef  de  sa  mère,  etoient  en  usage  d'exiger  de  pareilles  gratifTications  dans 
les  mêmes  occasions. 

L'arrest  de  1720  pourra  servir  de  modele  pour  celuy  qui  sera  à  expe- 
dier, si  la  demande  de  M.  le  Prince  de  Birkenfeld  réussit,  il  seroit  bien  à 
souhaiter  qu'il  luy  vint  quelque  ressource,  d'une  nature  différente  et  plus 
considérable  que  celle  cy,  car  le  bruit  n'est  pas  que  ses  affaires  soient  en 
bon  ordre. 

Je  suis  etc. 


NOTICE  HISTORIQUE 

SUR  L'ANCIENNE  ÉGLISE  COLLÉGIALE,  AUJOURD'HUI  PAROISSIALE, 

DES  A  V  E  R  N  K. 

Avec    deux    planches    lithographiées. 


L'ancienne  église  supérieure  de  Saverne,  avant  d'être  érigé«  en  église 
collégiale  et  paroissiale,  servait  d'église  au  château,  on  l'appelait  commu- 
nément Schlosskirche;  elle  était  placée  sous  le  vocable  de  Saint-Rarthélemi 
et  de  Saint-Udalrlch ;  elle  était  un  édifice  roman,  construit  dans  le  style 
simple  et  sévère  du  douzième  siècle,  et  à  peu  près  orienté  d'après  les  pres- 
criptions liturgiques.  La  tour  est  la  seule  partie  de  la  construction  primi- 
tive qui  soit  arrivée  jusqu'à  nous;  elle  présente  par  les  moulures  qui 
ornent  ses  corniches,  par  ses  pilastres,  ses  pendentifs  et  son  appareil, 
une  grande  analogie  avec  la  façade  de  l'ancienne  église  abbatiale  de  Mar- 
moutier.  Cette  tour,  qui  forme  l'avant-corps  occidental,  est  carrée  et  di- 
visée en  cinq  étages  ou  compartiments  servant  de  clocher;  elle  était  autre- 
fois couronnée  d'un  toit  pyramidal  à  quatre  pans  et  en  charpente.  Son 
étage  inférieur  a  une  arcade  cintrée  où  se  trouve  la  porte  d'entrée  égale- 
ment à  plein  cintre  et  un  narthex  ou  vestibule  intérieur,  qui,  séparé  de 
la  nef  par  une  porte,  rappelle  la  division  réservée  autrefois  aux  catéchu- 
mènes. Le  cinquième  étage  est  percé  sur  ses  quatre  faces  de  fenêtres 
demi-circulaires,  très-rapprochées,  géminées,  étroites,  dépourvues  d'or- 
nements et  refendues  par  des  colonnettes  massives  à  chapiteaux  cubiques 
décorés  d'entrelacs.  Les  fenêtres  de  la  façade  occidentale  sont  surmontées 
d'une  grande  baie  circulaire  ou  oculus,  dont  le  contour  est  uni.  Les  étages 
intermédiaires  sont  percés  de  petites  baies  romanes  ébrasées  à  l'intérieur. 
Chaque  étage  est  orné  de  cordons  à  larges  moulures,  de  pilastres  et  de 
pendentifs.  Cette  tour  surpassait  en  élévation  et  en  grosseur  toutes  les 


—  1G4  - 

tours  dont  la  muraille  d'enceinte  était  hérissée,  et  se  distingue  par  son 
archilecturo  massive  et  son  aspect  imposant.  A  droite  de  la  porte  d'entrée 
la  face  occidentale  de  la  tour  offre  aux  regards  la  mesure  du  bois  de 
chaufï'age,  qu'on  y  a  sculptée  comme  prototype  de  la  mesure  légale,  avec 
l'inscription  en  caractères  carlovingiens  qui  suit  : 


lits  •  ift    lii  •  l)iil{j  ■  lian  ' 


Le  plus  ancien  document  qui  fasse  mention  de  cette  église  est  un  ins- 
trument d'oblation  du  27  mars  1285".  Le  chevalier  Henri  de  Borre,  du 
consentement  d'Eisa,  sa  femme,  fit,  par  cet  acte,  donation  pour  le  salut 
de  leurs  âmes,  à  la  fabrique  de  l'église  supérieure,  de  quatre  pièces  de 
terre  arable,  à  condition  qu'elle  ferait  brûler  après  leur  mort,  pendant 
la  nuit,  un  luminaire  devant  l'autel  de  Saint-Barthélemi. 

L'évêque  de  Strasbourg  Robert  de  Bavière  institua  dans  l'église  supé- 
rieure en  1470  la  confrérie  de  Saint-Sébastien  et  la  plaça  sous  sa  protec- 
tion spéciale  et  celle  de  ses  successeurs.  Celte  confrérie,  qui  était  accessible 
aux  personnes  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  de  tout  rang  et  de  toute  con- 
dition, fut  approuvée  en  1480  par  le  magistrat  de  la  ville  et  confirmée 
l'aimée  d'après  par  l'évoque  Albert  de  Bavière  ^ 

Une  bulle  émise  à  Rome  le  1*""  juillet  1487  par  quatorze  cardinaux, 
accorda  cent  jours  d'indulgences  à  tous  les  mend)res  de  cette  confrérie 
qui  assisteraient  avec  régularité  aux  quatre  ofTices  qui  seront  célébrés 
dans  l'année  sur  l'autel  de  Saint-Sébastien  dans  l'église  supérieure  de 
Saverne.  Ces  lettres  d'indulgences  furent  confirmées  en  1488  par  l'évêque 
Albert  de  Bavière  et  en  1509  par  l'évêque  Guillaume  de  Ilonstein*. 

La  confrérie  de  Saint-Sébastien,  instituée  «pour  le  bien  public»,  eut 
l'honneur  de  compter  en  1509  au  nombre  de  ses  membres  l'évêque  Guil- 
laume de  Ilonstein  et  les  personnages  les  plus  considérables  de  la  ville. 
Le  magistrat  plaça  en  1604  la  Société  des  arquebusiers  qui  portait  autre- 
fois le  titre  de  Société  des  arbalétriers,  sous  l'invocation  de  ce  saint,  en 
mémoire  de  ce  qu'il  fut  grièvement  blessé  à  coups  de  flèches  lancées  au 
moyen  de  l'arbalète  avant  de  recevoir  la  palme  du  martyre  par  ordre  de 
l'empereur  Dioclélien.  Cette  Société  guerrière  était  en  si  grande  consi- 


t.  Dan  est  un  vieux  mot  tudesque  qui  veut  dire  mesure.  Voy.  le  Glossaire  de  Scliertz, 
2.  Archives  de  Saverne,  carton  17. 
:i.  Ihiii. 
'i.  Wid. 


—  165  — 

déralion  que  tous  les  dimanches,  après  le  sennon,  on  proclanKiil  du  haut 
de  la  chaire,  le  nom  de  ses  membres,  et  tous  les  ans  revecjue  et  le  ma- 
gistrat lui  témoignaient  leur  gratitude  et  récompensaient  son  dévouement 
par  de  beaux  présents  qu'elle  recevait  avec  reconnaissance. 

Le  souverain  ponlife  Sixte  IV,  par  une  bulle  émise  à  Saint-Pierre  de 
Rome  le  17  juin  14.8:2  •,  autorisa  l'érection  de  l'église  supérieure  deSaverne 
en  église  collégiale  et  commanda  par  autorité  apostolique  à  l'évécpie  de 
Strasbourg,  Albert  de  Bavière,  d'élever  à  la  dignité  de  chanoines  séculiers, 
chargés  de  la  desservir,  les  frères  hospitaliers  de  Steigen  et  de  séculariseï' 
leur  couvent  de  Saverne.  L'évèque  Albert  publia  celte  bulle  par  un  man- 
dement du  24  mai  1483,  sécularisa  le  couvent  de  Sainte-Marie  de  Saverne 
et  érigea  le  9  juillet  1485  l'église  de  Saint-Barlhélemi  au  rang  d'église 
collégiale.  Le  nouveau  chapitre  fut  placé  sous  l'invocation  de  la  bicidieu- 
reuse  Vierge  Marie.  aC'fjteUaitt  propc  curiam  Jiabilallonls  nostre  siluiii 
(du  Ecclcsiaui collcgialam suh  tilulo  d nomine (jlorlosisslmc  Vii<jin'is  Marie 
aerigimus  et  creamus.i>  Ainsi  s'exprime  l'évèque  Albert  dans  l'acte  d'érec- 
tion de  l'église  supérieure  au  rang  de  collégiale.  Le  nombre  des  chanoines 
fut  fixé  à  dix;  on  comptait  parmi  eux  quatre  dignitaires:  le  prévôt,  le 
doyen,  le  custode  et  le  chantre,  et  on  leur  adjoignit  trois  vicaires  prébendes. 
Les  dignités  du'chapitre  étaient  électives  et  le  pape  Sixie  IV,  par  une  bulle 
émise  en  1485,  renvoya  à  l'Ordinaire  la  confnmation de  l'élection  du  prévôt 
et  des  chanoines  \  L'évèque  Albert  unit  la  plébanie  au  chapitre  sur  les 
vives  sollicitations  du  révérend  Paul  Ilock,  alors  curé  de  Saverne,  et 
éleva  celui-ci  à  la  dignité  de  chanoine;  il  conclut  le  20  juillet  1484  avec 
le  chapitre  collégial  et  le  curé  une  convention  pour  l'ordre  des  offices 
religieux  et  incorpora  au  chapitre  tous  les  revenus  de  la  paroisse  de  Berg- 
bietenheim,  qui  ne  fut  à  partir  de  cette  époque  desservie  que  par  un 
vicaire. 

Le  révérend  Jean  Riisser,  qui  remplissait  les  fonctions  de  prieur  au 
couvent  de  Sainte-Marie  au  moment  de  sa  sécularisation,  fut  élevé  à  la 
dignité  de  prévôt  de  la  nouvelle  collégiale;  le  nouveau  chapitre  se  décida 
pour  la  cessation  de  la  vie  commune,  les  revenus  du  couvent  et  ceux  de 
la  paroisse  de  Bergbietenheim  furent  destinés  aux  besoins  des  chanoines 
et  divisés  en  prébendes,  et  les  religieux  sécularisés  furent  revêtus  de 
tous  les  insignes  et  de  tous  les  honneurs  attachés  à  la  dignité  de  chanoines 
séculiers. 

t.  Archives  do  Savcrue,  raitoii  17. 
2.  Ibid. 


—  166  — 

Comme  le  nouveau  chapitre  reconnaissait  la  sainte  Vierge  pour  sa  prin- 
cipale patronne,  il  prit  la  dénomination  de  chapitre  de  Notre-Dame  de 
Saverne  et  son  sigillé  représentait  la  sainte  Vierge  dehout  dans  une  niche 
gothique  nimhée  et  tenant  sur  son  bras  dexlre  l'enfant  Jésus,  avec  cette 
inscription  : 

S.  CAPITULI  ECCLESIE  COLLEGIATE  BTE  MARIE  VIRGINIS 

IN  ZAB. 

Le  chapitre  reconnaissait  pour  deuxième  patron  saint  Barthélemi;  son 
petit  sigillé  représentait  un  saint  Barthélemi  contourné,  tenant  de  sa 
main  dextre  un  couteau  et  accosté  à  dextre  et  à  sénestre  de  deux  tiges 
de  rosier,  garnies  chacune  de  trois  roses.  Légende  : 

SIGILLUM  MINUTUM  COLLEGII  TABERJSENSIS. 

La  confrérie  des  tailleurs,  que  Tévêque  Albert  de  Bavière  avait  instituée 
en  1-450  dans  l'église  des  religieux  de  Steigen  sous  le  nom  de  confrérie 
de  Saint-Valentin,  fut  transférée  en  148^  dans  l'éghse  supéiieure,  et  après 
qu'un  siècle  se  fut  écoulé,  elle  fut  l'objet  delà  sollicitude  de  quatre  car- 
dinaux, qui  l'enrichirent  d'une  lettre  d'indulgences'. 

Une  troisième  confrérie  était  encore  étabhe  dans  l'église  supérieure; 
c'était  la  confrérie  de  Sainte-Anne,  où  l'on  admettait  des  personnes  de 
l'un  et  de  l'auti'e  sexe-. 

La  nef  de  la  primitive  égUse,  dont  le  chœur  avait  déjà  subi  une  réno- 
vation totale  au  commencement  du  quinzième  siècle,  ayant  été  trouvée 
insuffisante  pour  une  éghse  collégiale  et  paroissiale,  fut  démolie  et  recons- 
truite sur  la  fin  du  même  siècle  par  l'évêque  Albert  de  Bavière^  qui,  peu 
favorisé  des  dons  de  la  fortune,  a  dû  adopter  un  style  d'architecture  en 
rapport  avec  ses  faibles  ressources.  Il  défigura  la  disposition  de  l'église 
primitive  par  l'adjonction  d'une  chapelle  latérale,  s'appuyant  sur  la  nef, 
et  de  cette  adjonction  est  résulté  un  édifice  irrégulier  et  disgracieux, 
composé  de  parties  hétérogènes,  où  l'absence  presque  complète  d'orne- 
mentation extérieure  accuse  un  grand  besoin  d'économie,  et  dont  les 
combles  sont,  suivant  l'usage  du  temj>s,  d'une  grande  hauteur.  Le  toit 
était  dans  l'origine  couvert  en  ardoises,  puis  en  bardeaux,  mais  ayant  été 

1.  Anliives  de  Saveriic,  carlou   17. 

2.  Ibid. 

3.  Wiiniilieling,  Cala/,  ppis.  argent.,  p.  115,  et  Guilliman,  De  épis,  argent,  p.  i31. 


—  107  — 

fortenienl  endommagé  pendant  le  siège  que  la  ville  avait  essuyé  en  1G3C, 
il  fut  refait  en  1644,  réparé  en  1678  et  couvert  en  tuiles,  tel  qu'on  le 
voit  aujourd'hui. 

L'évêque  Albert  fit  de  grands  sacrifices  pour  la  construction  de  celte 
église.  D'après  ses  ordres  une  collecte  fut  faite  dans  les  six  archiprètrés 
ou  chapitres  ruraux  de  la  Basse-Alsace.  L'appel  qu'il  fit  à  la  pieuse  muni- 
ficence des  hahilants  de  son  diocèse  fut  entendu  et  les  offiandes  qu'on 
recueillit,  furent  employées  au  saint  usage  auquel  les  destinait  la  libéra- 
lité des  fidèles. 

L'église,  ainsi  agrandie,  fut  érigée  au  rang  de  principale  paroisse  de  la 
ville;  elle  fut  placée  sous  l'invocation  de  Notre-Dame  en  sa  Nativité,  pa- 
tronne de  la  cité,  et  elle  reconnaissait  encore  pour  deuxièmes  patrons 
saint  Barthélemi  et  saint  Udalrich.  Les  dates  de  1501  et  de  M.  1).  IIL, 
que  deux  des  contre-forts  de  la  face  méi-idionale  offrent  aux  regards, 
attestent  qu'elle  ne  fut  achevée  que  dans  les  premières  années  du  seizième 
siècle. 

La  date  de  1493,  gravée  sur  le  contre-fort  de  la  cha|iellc  et  celle  de 
1494,  sculptée  sur  la  porte  d'entrée  du  collatéral,  mai'quent  l'époque  de 
leur  construction,  qui  fut  dirigée  par  maître  Jean  Ludemann,  architecte 
de  l'évêque.  Cette  chapelle  fut  consacrée  le  dimanche  après  la  fête  de 
l'exaltalion  de  la  Sainte-Croix,  1496,  et  dédiée  à  lasainle  Vierge,  à  sainte 
Anne,  sa  mère,  à  saint  Mathieu,  apôtre,  à  saint  Christophe,  martyr,  à 
saint  Arbogast  et  à  saint  Hubert^  L'évêque  y  fonda,  le  samedi  4  mai 
1504,  un  anniversaire  pour  le  salut  et  le  repos  de  son  âme  et  y  choisit 
le  lieu  de  sa  sépullure^ 

La  fête  de  la  dédicace  de  l'église  collégiale  et  paroissiale  de  Saverne 
se  célébrait  le  dimanche  après  l'octave  de  la  Visitation  de  Notre-Dame. 

C'est  dans  le  chœur  de  l'église  collégiale  de  Saverne  que  s'est  tenu  en 
1549,  sous  la  présidence  de  l'évêque  Erasme  de  Limbourg,  un  synode 
diocésain  devenu  célèbre  sous  le  nom  de  Conférences  de  Saverne. 

Ce  choeur,  qui  nous  rappelle  de  précieux  souvenirs,  souvenirs  d'un  passé 
lointain,  souvenirs  historiques,  souvenirs  de  famille,  a  été  jusqu'en  1733 
exclusivement  réservé  au  service  canonial.  Jusqu'à  cette  époque  l'autel  de 
la  paroisse,  appelé  FrohnaUar  ou.  Pfarrallar  {allarcplebani),  élmlphcé  en 
avant  du  chœur,  pour  être  bien  en  vue  de  tous  côtés.  Le  chœur  élail 
garni  de  stalles  qui  se  distinguaient  par  une  grande  pureté  de  dessin. 


1.  Archives  de  Saverne,  Reg-.  509. 

2.  Archives  du  Bas-Rhin.  G.  (il28. 


—  108  — 

L'évêque  Guillaume  tie  Ilonslein  les  avait  commandées  au  sculpteur  Jean 
de  Haguenau;  mais  cet  artiste  mourut  en  1519  sans  avoir  pu  les  achever', 
et  l'on  fut  forcé  d'en  confier  l'achèvement  à  un  autre  aitiste,  dont  le  nom 
n'est  pas  parvenu  jusqu'à  nous.  A  quelle  époque  les  a-t-on  fait  disparaître? 
On  l'ignore.  Le  chœur  fut  garni  en  1752  de  nouvelles  stalles  et  de  boise- 
ries que  l'on  devait  au  ciseau  d'un  artiste  savernois,  ayant  nom  Frédéric 
François,  et  qui  eurent  l'inconvénient  de  masquer  des  monuments  funé- 
raires fort  intéressants. 

Entre  le  chœur  et  la  nef  était  placé  un  jubé  supportant  une  tribune  où 
l'on  venait  hre  l'évangile.  Sur  ce  jubé  se  trouvait  également  l'orgue,  qui 
fut  transféré  en  1717  sur  la  tribune  placée  contre  la  tour.  Cette  tribune, 
qui  repose  sur  des  arcatures  d'une  belle  exécution,  et  à  lafpielle  conduit 
extérieurement  un  escalier  en  pierre,  était  ornée  d'une  balustrade  en 
pierre  élégamment  sculptée,  qu'on  a  remplacée  il  y  a  une  cinquantaine 
d'années  par  d'insignifiants  lambris  en  bois. 

L'orgue  actuel  est  l'œuvre  de  Sébastien  Krœmer,  facteur  à  Mutzig;  on 
donna  au  facteur,  outre  l'ancien  orgue,  la  somme  de  3600  livres,  dont 
l'évêché ,  la  ville  et  le  chapitre  supportèrent  chacun  le  tiers.  Sur  le  grand 
tuyau  de  cet  orgue  se  lit  l'inscriplion  suivante: 

Aetatis  specie  XIII  Mens.  Xaile:  Francis:  filia  Fran:  Adami  Meycr, 
organistae  et  Mariae  Magda  :  de  Watteville  hanc  i"*""'  fislulcmi  posuit  die 
1  ""  X'"'"  il  84,  et  Kraemer  Organum  fecit. 

La  chaire  mérite  un  examen  attentif;  elle  est  l'œuvre  de  maître  Ilans 
llammerer,  sculpteur  distingué,  qui  exécuta  en  1480  la  chaire  de  la  cathé- 
drale de  Strasbourg;  elle  est  en  pierre  et  riche  en  détails  élégants;  «elle 
«affecte,  dit  M.  Iluot,  dans  ses  Excursion  alsaciennes^ ,\dikYï\\e.  d'une  cuve 
i  octogone  supportée  par  une  console  termhiée  en  biseau  et  dont  les  ner- 
«  vures  antérieures  sont  décorées  de  figures  d'anges  agenouillées  et  les 
«mains  croisées  sur  la  poitrine;  la  bordure  de  chacun  des  huit  pans  est 
«une  véritable  dentelle  malheureusement  empâtée  d'une  peinture  gris- 
«  perle  qui  jure  avec  le  style  des  ornements.»  Ilàtons-nous  d'ajouter 
qu'elle  vient  d'être  débarrassée  de  cet  ignoble  badigeon. 

La  chaire  porte  la  date  de  "1  5^  P  ^  ?  surmontée  du  monogramme  du 


1.  M.  le  clianoine  Straiib,  Procès-Verbaux  de  la  Société  pour  la  conservation  des  mo- 
numents liistoriques  d'Alsace,  de  l'année  1875,  w"  G.  p.  3. 

2.  P.  24. 


PLAN   DE  L  ÉGLISE  PAROISSIALE  DE    SAVERNE. 


AvIbM  «*/i7.Cnrillr/«^/ ^nw«Tt»tf>iw /*u  M««««  JtAW-.  ^< 


TOUR  DE   LECLISE   PAROISSIALE, 


X 

L 

1 

—^i 

Plan  de  l'ancienne  flèche 


Massstab  von  o"oo5  Rir  i  Meter. 


%iMw  Hri'j Sotirfc pcnrlaivaM-niilton  rir.smomt  /n.t(t<r.  Jmic  \. 


^■rkXSrSiiltrAC.$vr^S'r^«^4'9rr.Ji^»rAi:» 


—  169  — 

sculpteur,  consistant  dans  un  M  sommé  d'une  croix,  et  accosté  à  dcxtre 
et  à  sénestre  de  la  lettre  II. 

La  chapelle  de  la  Vierge  est  fermée  par  un  grillage  en  fer  artistement 
travaillé  dans  le  style  de  la  Renaissance  et  orné  de  guirlandes  de  fleurs 
d'une  exécution  parfaite. 

A  la  sacristie,  qui  est  adossée  au  côté  nord  du  chœur  et  dont  la  clef 
de  voûte  est  ornée  des  armoiries  de  l'évêque  Albert  de  Bavière,  on  accola 
en  1C19  une  salle  qui  fut  affectée  aux  assemblées  capilulaires.  On  ne  se 
contenta  pas  de  cette  addition  disgracieuse;  la  sacristie  et  la  salle  capitulaire 
furent  encore  surmontées  d'une  grande  salle,  appelée  communément 
salle  de  la  noblesse  ou  R'dlerslube.  La  disposition  de  cette  salle,  d'où  l'on 
pouvait  voir  le  prêtre  officiant  à  l'autel,  indiquait  une  destination  reli- 
gieuse; elle  servait  de  tribune  aux  nobles  qui,  même  à  l'église,  n'aimaient 
pas  à  être  confondus  avec  les  hommes  des  classes  inférieures  de  la  sociélé 
et  voulaient  entendre  la  messe  à  leur  aise.  Le  bâtiment,  situé  derrière 
l'église  et  qu'on  appelait  le  corridor,  permettait  aux  gens  du  château  d'y 
accéder  sans  traverser  la  rue.  La  déplorable  addition  de  cette  salle  eut 
non-seulement  l'inconvénient  de  faire  murer  quatre  fenêtres  du  chœur, 
mais  encore  de  produire  l'effet  d'une  excroissance  monstrueuse  sur  le 
corps  de  l'édifice.  En  1753  la  sacristie  fut  affectée  aux  assemblées  capi- 
lulaires; la  salle  où  se  tenaient  ces  assemblées  fut  convertie  en  sacristie 
et  l'on  perça  à  l'extrémité  de  la  nouvelle  sacristie  une  porte  (jui  communi- 
quait dans  le  chœur'. 

La  toiture  qui  couvre  le  chœur  était  autrefois  surmontée  d'un  cloche- 
ton octogone,  svelle  et  gracieux,  dont  la  charpente  était  revêtue  de  lames 
de  plomb  et  qui  se  mariait  heureusement  avec  la  flèche  pyramidale  de  la 
tour  romane.  Au  dix-huitième  siècle  cette  flèche,  dont  on  vantait  l'aspect 
imposant,  était  dans  un  état  de  dégradation  alarmant;  les  chanoines,  dont 
quelques-uns  demeuraient  dans  le  voisinage,  craignaient  qu'elle  ne  s'écrou- 
lât et  n'écrasât  de  ses  débris  la  voûte  de  l'église  et  les  maisons  voisines. 
Ils  en  demandèrent  la  démolition;  le  cardinal  Louis-Constantin  deRohan, 
cédant  à  leurs  instances,  la  fit  examiner,  en  1760,  par  son  architecte 
M.  Pinot.  Cet  homme  de  l'art  constata  que  son  état  de  vétusté  exigeait  une 
prompte  démolition.  On  se  hâta  de  la  démolir  pour  ne  pas  la  voir  s'écrou- 
ler, et  elle  fut  remplacée  par  le  toit  obtus  à  quatre  pans,  qui  couronne 
actuellement  la  tour.  «Celte  démoUlion,  dit  M.  Sauthier,  alors  curé  de 


1.  Archive*  ilc  Saverne,  536. 


—  170  — 

dSaverne',  a  été  commencée  le  3  jiuvembrc  vers  midi  el  achevée  à  la  fin 
«du  même  mois,  ainsi  que  le  nouveau  toit  qu'on  a  mis  sur  la  tour,  en 
«attendant  quelque  chose  de  mieux.  »  Construit  à  la  hâte  pour  n'être  que 
provisoire,  ce  toit  subsiste  depuis  plus  d'un  siècle  et  subsistera  probable- 
ment encore  longtemps. 

Le  clocheton  aérien,  couronné  d'un  co(|  doré,  subsista  jusqu'en  1842, 
où  l'on  conçut  des  inquiétudes  sur  sa  solidité,  et  quoique  son  état  de  dé- 
ijTadation  n'exigeât  que  de  promptes  réparations,  telle  était  l'insouciance 
du  conseil  municipal  que  sans  chercher  à  retarder  sa  ruine,  il  le  lit 
abattre. 

Dans  le  chœur  de  la  nef  reposent  les  cendres  de  l'évoque  Robert  do 
Bavière  et  celles  de  son  successeur  médiat,  Guillaume  de  llonstein.  L'épi- 
taphe  de  l'évêque  Robert  est  encastrée  dans  la  paroi  du  chœur  du  côté  de 
l'Évangile,  elle  est  ainsi  conçue: 


HIC  •  lACET  •  IN  •  XPO  •  P  •  ET  ■  D  •  DNS  •  RV^^TVS  •  ILL'  • 
DVX  •  BAVARIE  •  AC  •  COMES  PAL'  •  ÎTn  •  INSIGNIS 
ECCLÎE  •  ARGENÏINENSIS  ËÎ'S  •  ALSACIE  ■  Q3 
LANTGRAVIVS  •  Q'  •  ANNO  ■  DNI  •  M  •  CCCC  •  LXX 
VIII  •  D'  •  XVII  •  OCÏOR'  •  XPIANISSIIME  •  ORIIT  • 
IN  •  DNO  •  PONTIFICATVS  •  SVI  •  ANNO  •  XXXVIII  • 


Du  côté  de  l'épître  se  trouve  encastré  dans  la  paroi  du  mur  le  mausolée 
de  l'évêque  Guillaume  de  llonstein.  Ce  monument  en  grès  grisâtre  montre 
le  prélat,  revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  la  tête  nue,  dans  l'attitude  de 
la  prière  aux  pieds  du  Christ  expirant  sur  la  croix  et  ayant  à  ses  côtés  la 
sainte  Vierge  et  saint  Jean,  le  disciple  aimé,  qui  se  tiennent  debout  et  ont 
la  tête  nimbée  d'un  cercle  de  fer.  La  sainte  Vierge  a  les  mains  croisées 
sur  la  poitrine,  tandis  que  saint  Jean  les  lient  élevées  vers  le  ciel.  On  voit 
dans  le  fond  la  ville  de  Jérusalem  avec  ses  tours,  ses  portes,  ses  murs  et 
ses  créneaux.  Sur  le  socle  du  monument  se  développe  l'inscription  sui- 
vante : 

HIC  •  lACKT  ■  WIMIKLMUS  •  COMES  •  DE  •  HONSTEIN  •  9  •  OCT  •  1506  •  ELEGTUS 
EPUS- ARG  •  HUGA  •  GAPLUM  •  TAB  •  MUNIFICVS    OBIIT  •  29  •  JUNII  •  1541  «^ 


I.  Archives  de  Savcnic,  iN.  536. 


-   171   - 

Cemonumcnl.  a  subi  de  noliibles  dégradai  ions;  il  étail  dominé  parl'écus- 
son  de  révètjue  Guillaume,  écartelé  au  P'"  des  armoiries  de  révèclié  de 
Strasbourg,  au  2*^  et  au  f\^  c\[u\  points  d'argent  é(jui|)objs  à  quatre  de 
gueules  qui  est  de  Ilonslein,  et  au  4°  des  armes  du  landgraviat  de  la 
Basse-Alsace. 

En  1757,  le  29  août,  mourut  au  château  de  Saverne  Madame  la  princesse 
de  Montauban;  sa  dépouille  mortelle  fut  inhumée  dans  le  chœur  de  l'église 
collégiale  de  Saverne,  du  côté  del'épître,  où  l'on  voyait  sonépilaphe,  qui 
était  ainsi  conçue: 

e  Cy  gil  très  haute  et  très  puissante  et  très  illustre  princesse ,  son  Altesse 
Madame  Eleonore  Eugénie  de  Bethisy,  princesse  de  Montauban ,  Dame  du 
palais  de  la  reine,  épouse  du  très  haut  et  très  puissant  et  très  illustre  prince 
son  Altesse  Monseigneur  Charles  de  Rökan,  prince  de  Montauban,  gou- 
verneur des  villes  et  citadelle  de  JSismes  et  de  Saint- Hypoli te  et  lieutenant 
général  des  armées  de  sa  Majesté. 

Tout  fut  grand  en  elle,  la  naissance,  les  grâces,  l'esprit  et  les  vertus; 
la  religion  avait  perfectionné  les  qualités  de  son  cœur  et  pendant  sa  vie  le 
bonheur  d'autrui  fut  son  occupation  la  phis  chère. 

Elle  est  morte  au  château  de  Saverne  le  vingt  neuvième  aoust  mil  sept 
cent  cinquante  sept,  âgée  de  quarante  neuf  ans  et  demi.y> 

L'évêque  Albert  de  Bavière  s'est  érigé  dans  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Yierge  un  lieu  consacré  à  sa  sépulture.  Son  successeur  immédiat  l'évêque 
Guillaume  de  Honstein  lui  fit  ériger  un  mausolée,  qui  ne  subsiste  plus.  On 
y  lisait  l'inscription  suivante: 

Hic  situs  est  reverendus  Dominus  et  princeps  Albertus  Argentinensis 
sedis  episcopus,  ac  Alsatiae  Landgravius,  ex  alla  Bavariae  domo  dux 
illustris  progenitus  ;  dementia  siquidem  et  vitae  ac  morum  honestale  prae- 
clarus,  pacisque  et  justitlae  cultor  eximius,  dum.  ccclesiae  suae  in  annum 
usque  XXVJII  gubernaculn  tenuisset,  anno  scdutis  nostrae  sexto  supra 
quindecies  centesimo,  die  XX  mensis  Augusti  e  vita  hac  misera  migravil 
ad  coelos,  deo  pro  meritis,  in  gloria  perpétua  fruiturus.  Amen. 

Cujus  ne  digna  evanescat  memoria  Reverendus  Dominus  generosa  ex 
stirpe  comitum  de  Honstein  creatus  in  episcopatu  successor  hoc  opuscon- 
stituil,  Anna  M.  D.  XXHI. 

Les  caveaux  de  la  chapelle  renferment  encore  les  tombeaux  des  évoques 
Erasme  de  Limbourg  et  Jean  de  Manderscheid,  mais  leurs  pierres  tumu- 
laires  ne  subsistent  plus. 


—  172  — 

L'épilaplie  de  l'évêque  Erasme  était  ainsi  conçue: 

Hic  requiescil  Erasmus  Argcntinensis  episcopus  cl  landgravius  Alsallae 
qui,  in  Christo  obdormivil  anno  MDLXVIII die  XXVII ISovcmbris,  prac- 
stdatîis  siii  XX  VIL 

Ce  prélat  avait  encore  une  autre  épilaphe  dans  la  collégiale,  elle  était 
de  la  teneur  suivante  : 

Erasmus,  episc.  argent.,  Alsatiaeq.  Cornes  provincialis,  ex  illnstris.  im- 
perii  semperq.  libéra  piiicernarum  a  Limburg  familia  natus,  qui  cum 
XXVII  annis  mensibus  III,  dicbus  XV,  ecclesiae  suae,  commissoq.  gregi 
acsubditis,  durissaneet  iniquis  temporibus ,  in  omnipacc  et  tranquillitate, 
dira  vicinorum  omnium  injuriatn  et  olfensionem  laudabiliter  praefuis- 
sct,  tandem  sabbalho  XXVII  die  rnensis  nov.  sub  horam  noctis  XII  in  vera 
ccdholicae  religionis  confessione  pietatisqtie  aljectupic  et  placide  in  Christo 
non  sine  gravi  totius  provinciue  bonorumq.  omnium  luctu,  obdormivil 
anno  aelatis  suae  LXI,  salutis  vero  humanae  M.  D.  L.  X  VlII. 

La  pierre  lumulaire  de  Jean  de  Manderscheid  représentait  ce  prélat  re- 
vêtu de  ses  habits  pontificaux  et  agenouillé  sur  un  prie-Dieu  avec  cette 
inscription  : 

Quem  colui  vivîis  passum  le,  Chrisle  redemplor 
Me  in  tua  suscipias  gaudia  sancta  precor. 

Au-dessous  de  ce  distique  se  lisait  l'épitaphe  suivante  : 

Epitaphium 
/?.  R.  et  illuslrissimi  principis  ac  I).  Domini 

Joh annis  episcopi  argentinensis ,  ac 

Landgravii  Alsatiae,  ex  familia 

Comitum  à  Manderscheidl 

et  Blankenheim 

1596  facicbat  Ilenricus  Hoffmann,  trevirensis  : 

Est  Argentinae  dura  delatus  honoris 

Tempore  Johanni  pontificalis  apex. 

Quinque  ferè  luslris  partes  antistitis  egit, 

Pervigil  eleclo  pro  gregc  praesulcral , 

Est  sacra  tutatus ,  fidei  defcnsor  avitac, 

Ilereticos  fugil,jussit  abesse  domo, 


-  173  — 

Jngenio  mitis,  moistu'  frugalin  amiciis, 

Cullor  Jionc.statis,  virgineusquc  fuit. 

Molshemii  studiis  discendas  condidit  aedes 

Saepe  palmm  popnlus  voce  gementc  vocal 

ConCessIt  fato  qVo  leMporc  Cernh  IN  Ipso 

Ver  sic  VLo ,  Isopto  paX  sal  Va  Vlla  q  Vies. 

L'année  de  la  mort  du  prélat  est  indiquée  par  le  chronogramme  contenu 
dans  le  dernier  distique. 

Le  cardinal  Armand  de  Uohan-Soubise  reçut  aussi  la  sépulture  dans  la 
chapelle  de  la  Sainte-Vierge;  son  épitaphe  était  ainsi  conçue: 

Hic  requiescit 

Serenissimiis  princeps 

Armandus  de  Bolian-Soubise 

Sanctae  romanae  ecclesiae  cardinalis, 

Argentoraleusis  episcopus  et  princeps, 

Ahaliae  Landgraviiis , 

Murbacensis  et  Luderensis  abbas 

Princeps  S''  imperii  etc.  ' 

Splendides  natales  aequavivit  titulos, 

Animo  super av il: 

Ar  tes  egrcgias  quas  ultro  coluerat  puer , 

Ornavit  juvenis , 

Bapido  progressu  summa  consecutus 

Academiae  parisiensi  ac  praesertim  Sorbonae 

Praeluxit  ingenio,  honore  praefuit 

Vcri  etjusti  tenaXy 

Ingenti  patruo 

Similitudine  virlutum  commendatus, 

lisdem  in  vestigiis,  in  eadèm  statione  collocatus 

Ut  episcopatûs 

Sic  accerrimi  ecclesiae  tuendae  siudii 

Successor  non  degener 

Heu!  lanto  viro  non  impar, 

Si  non  ipsa  aetalis  flore  succisus  ! 

Inmedio  cursu  laborum,  quo  pro  ecclesia  susceperat 

Mortem  obrepere  senti  en  s, 

Hue  ad  vos  evolavit 

0  Ahatiac  cives, 


—  174  — 

n  in  sinn  vestro  extremum  Spiritvm  dcponerd 

IIiiuc  praecordiis  vestris  incluswn, 

Fovete,  lugelc,  ac  precibns  apud  deum  adjtivate. 

Ohiit  die  S8  junü  il 56,  aelatis  anno  39. 

L'archevêque  de  Reims  Armand-Jules  de  Rohan,  grand-prévôt  du  cha- 
pitre de  Strasbourg,  qui  était  venu  mourir  au  château  de  Saverne  chez 
son  fréro,  le  cardinal  Louis-Constantin  de  Rohan,  évêque  de  Strasbourg, 
fui  aussi  inhumé  dans  la  chapelle  de  la  Vierge. 

Les  restes  mortels  de  ce  prélat  sont  renfermés  dans  un  cercueil  de 
plomb,  doublé  extérieurement  de  gros  madriers  de  chêne  et  portant  l'in- 
scription suivante  : 

Ilicjacet  reverendissimus  et  serenissimns  Princeps  Armandns  Jnlius 
de  Jiohan,  archiepiscopus  duxRemensis,  primus  par  Franciae ,  calhedra- 
lis  ecclesiae  praepositiis  !  Obiit  die  29  Augusli,  anno  il 62. 

L'église  paroissiale  et  collégiale  subit  bien  des  vicissitudes.  Dans  la  né- 
faste année  1525  les  troupes  du  duc  Antoine  de  Lorraine,  ivres  de  sang 
et  de  carnage,  la  livrèrent  au  pillage;  le  chapitre  fit  vainement  réclamer 
au  prince,  par  rcnlremise  de  la  Régence  de  l'évêché,  la  restitution  des 
objets  précieux  {Kleinodien),  que  ses  soldats  avaient  enlevés  et  emportés 
avec  eux  '. 

En  1C22  le  père  Séraphin  Siccus,  docteur  en  théologie  et  général  de 
l'ordre  des  prêcheurs,  institua,  à  la  dejnande  des  habitants  de  Saverne  et 
à  la  recommandation  de  l'archiduc  Leopold  d'Autriche,  évêque  de  Strasbourg, 
la  confrérie  du  Saint-Rosaire  dans  la  chapelle  de  l'église  collégiale  et  pa- 
roissiale*. Cette  confrérie  fut  fondée  dans  le  but  de  perpétuer  le  souvenir 
de  la  glorieuse  résistance  que  les  habitants  de  Saverne  avaient  opposée 
aux  armes  partout  victorieuses  de  Mansfeld  et  des  dangers  imminents 
qu'ils  avaient  évités,  grâce  à  la  protection  de  la  Vierge  Marie,  palronne  de 
la  cité.  La  bulle  de  fondation  donnée  à  Rome  le  28  oclobre  1G22  place 
cette  confrérie  sous  l'invocation  de  la  glorieuse  mère  de  Dieu  et  porte  que 
la  fête  du  Saint-Rosaire  sera  célébrée  le  premier  dimanche  du  mois  d'oc- 
tobre (Iniis  cette  chapelle,  qui  depuis  cette  époque  fut  aussi  appelée  la 
chapelle  du  Soint-Rosaire. 

1.  Registre  de  la  chancellerie  de  l'évêché  de  l'an  1525,  versé  en  1864  des  archives  du 
tribunal  civil  de  Saverne  dans  celles  du  départomonl  du  Pas-Rliin. 

2.  Archives  de  Saverne.  carton  17. 


—  175  — 

Outre  la  fctc  du  Saint-Rosaire,  qui  était  la  fêle  principale  ou  titulaire  de 
cette  confrérie,  il  y  avait  encore  quatre  fêtes  moindres  :  l'Ascension  de 
Notre-Seigneur,  l'Assomption  de  Marie,  la  Toussaint  et  Noël.  Cette  con- 
frérie a  été  enrichie  d'indulgences  et  de  faveurs  particulières;  on  y  admet- 
tait des  personnes  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  de  tout  rang  et  de  toute 
condition  ;  elle  subsista  jusqu'à  l'époque  de  la  Révolution. 

L'évêque  Leopold  d'Autriche  fît  vers  le  même  temps  donation  au  chapitre 
collégial  de  Saverne  de  la  somme  de  mille  florins  destinée  à  la  fondation 
de  Borate^  dans  l'église  collégiale,  et  à  peine  ce  prince  eut-il  résigné  l'évê- 
ché  et  renoncé  à  ses  bénéfices,  qu'il  écrivit  de  Ferrare  à  la  date  du  A  fé- 
vrier 1626  aux  vénérables  prévôt,  doyen  et  chanoines  de  la  collégiale  de 
Saverne,  que  déférant  à  leur  sollicitation ,  il  leur  faisait  une  nouvelle  do- 
nation de  mille  florins,  pour  régulariser  la  fondation  du  Rorate  et  en  assurer 
l'existence  '. 

L'entretien  de  la  collégiale  avait  donné  lieu  à  des  conflits  entre  le  cha- 
pitre et  le  magistrat  de  la  ville.  L'évêque  Erasme  de  Limbourg,  qui  n'avait 
rien  de  plus  à  cœur  que  de  maintenir  la  paix  et  la  concorde  dans  sa  rési- 
dence, conclut  le  mardi  après  Saint-iMédard  1548  un  traité  avec  le  magis- 
trat et  le  chapitre  au  sujet  de  l'entretien  de  cette  église  et  il  fut  stipulé  que 
l'évêché,  la  ville  et  le  chapitre  y  contribueraient  chacun  pour  un  tiers. 
Cette  convention  fut,  sur  les  vives  réclamations  du  magistrat,  modifiée  en 
1616  par  l'archiduc  Leopold  d'Autriche,  et  l'on  imposa  à  la  fabrique  de 
l'église  l'obligation  de  contribuer  pour  un  quart  aux  frais  des  menues  ré- 
parations. Mais  comme  la  fabrique  était  dénuée  de  ressources  et  réputée 
sans  fonds,  la  convention  de  1616  était  presque  considérée  comme  une 
lettre  morte. 

Pendant  la  tourmente  révolutionnaire  la  tombe  du  cardinal  Armand  de 
Rohan-Soubise  fut  violée  et  son  cercueil  mis  au  pillage;  on  retira  au  ca- 
davre du  prélat  son  anneau  pastoral  et  ses  ossements  furent  inhumés  dans 
l'ancien  cimetière  attenant  à  l'église.  Les  profanateurs  de  cette  époque 
s'étaient  flattés  de  trouver  des  objets  de  grande  valeur  et  ne  craignirent 
pas  d'outrager  d'augustes  restes.  La  réprobation  s'est  attachée  à  ceux  qui 
commirent  cette  violation  sacrilège.  Le  cercueil  de  l'archevêque  de  Reims 
échappa  à  toute  profanation. 

L'église  collégiale  et  paroissiale  subit  à  cette  époque  le  sort  de  bien  des 
églises:  elle  fut  profanée  et  souillée  de  toute  manière  et  se  vit  enlever  les 

1   Chant  que  l'on  chante  à  la  première  messe  pendant  l'Avent. 
2.  Archives  de  Saverne,  536. 


—  17C  — 

magnifiques  éciissons  en  cuivre  ciselé  qui  décoraient  les  boiseries  du 
chœur  et  les  cloches  qui  sont  allées  avec  bien  d'autres  dans  les  ateliers 
de  la  monnaie  de  Strasbourg,  pour  y  être  fondues.  Parmi  ces  cloches  se 
trouvait  un  vénérable  monument  de  l'art  campanaire,  dont  on  doit  vive- 
ment regretter  la  perte.  C'était  la  cloche  des  morts,  dont  le  pourtour  était 
occupé  par  l'inscription  suivante  : 

ANNO  ab  incartionc  Dni  i250.  4"  mensis  Julii. 

La  cloche  des  bourgeois  fut  seule  conservée  pour  servir  de  tocsin  et 
sonner  les  heures,  grâce  à  l'énergie  de  la  municipalité,  qui  s'opposa  à  son 
enlèvement. 

Cette  belle  cloche  a  été  fondue  vers  1475  par  maître  Thomas  Jost,  fon- 
deur à  Strasbourg;  elle  est  remarquable  par  l'inscription  et  les  ornements 
qui  la  décorent;  d'un  côté  on  voit  la  sainte  Vierge  avec  l'enfant  Jésus,  de 
l'autre  Jésus-Christ  expirant  sur  la  croix,  au  pied  de  laquelle  sont  la  Vierge 
Marie  et  saint  Jean,  le  disciple  bien-aimé.  On  y  voit  encore  l'empreinte  des 
sigillés  de  la  ville  de  Saverne  et  de  l'évêque  Uobert  de  Bavière. 

Cette  cloche,  dont  le  diamètre  est  de  l'",40,  est  dans  un  état  de  con- 
servation parfaite.  Voici  l'inscription  qui  règne  en  haut  dans  tout  son 
pourtour,  avec  toutes  les  imperfections  ou  plutôt  ses  fautes  de  typo- 
graphie '. 

PATIiONVS  ILLE  BEISGMT  TEMPLO  GUI  CO N AT  ALTO  GLORIA 
PTŒCEJSS  VOCATAD  OPUS  DAliTOLOMEI  DEVOTOS. 

Jost  Glockengieser. 

En  1826  le  conseil  de  fabrique  de  l'église  paroissiale  conçut  le  dessein 
de  faire  fondre  cette  cloche  vénérable  pour  obtenir  une  sonnerie  complète; 
ce  projet  impie  souleva  un  cri  unanime  de  réprobation  parmi  les  habitants. 
Ils  s'adressèrent  à  M.  Esmangart,  préfet  du  Bas-Rhin,  pour  le  prier  de  re- 
fuser son  approbation  à  cette  résolution  qui  allait  priver  leur  cité  d'un 
monument  de  l'art  campanaire  des  plus  intéressants.  Ce  magistrat  enten- 
dit leur  réclamation.  «Cette  cloche,  écrivait-il  à  M.  le  sous-préfet  de 
« Saveine,  a  plusieurs  siècles,  elle  rappelle  des  souvenirs  chers  aux  habi- 
«  tants  de  la  ville  ;  c'est  un  monument  qui  a  été  respecté  par  plus  d'une 


t.  Les  inscriptions  des  cloches  s'imprimaient  d'abord  en  creux  à  l'aide  de  caractères 
mobiles,  dan.s  uni;  matrice  placée  à  l'intérieur  du  moule  et  qui  les  reproduisait  en  relief 

sur  la  cloclic  même. 


—  177  - 

«  révolution,  le  vœu  formé  pour  sa  conservation  me  paraît  lui-même  tout 
«à  fait  respectable. 

<i  Je  sais  que  le  conseil  de  fabrique,  qui  n'avait  conçu  son  projet  que  pour 
«obtenir  une  sonnerie  complète,  trouve  lui-même,  depuis  qu'il  est  informé 
«  du  vœu  des  habitants,  que  la  clocbe  doit  être  respectée  et  propose  un 
«autre  moyen  pour  arriver  à  compléter  la  sonnerie  projetée.  » 

Ce  projet,  qui  consistait  à  faire  fondre  trois  nouvelles  cloches  d'inégale 
grandeur,  ne  fut  exécuté  qu'en  1836. 

Maintenant  il  nous  reste  encore  à  faire  connaissance  avec  le  chapitre 
collégial  de  Saverne.  «Le  chapitre  est  celui  de  tout  le  diocèse  qui  a  été 
«le  plus  vexé  depuis  sa  fondation,  soit  par  la  perte  de  plusieurs  biens  de 
«la  fondation  même  du  temps  du  Luthéranisme  et  par  les  guerres  fir- 
«quentes  alors  en  Alsace,  soit  par  d'autres  traverses  qui  se  sont  succédé 
«les  unes  aux  autres,  et  qui  ont  été  cause  que  pendant  un  très-grand 
«  nombre  d'années,  il  n'y  avait  dans  le  chapitre  ni  ordre,  ni  règle,  ni  poHce; 
«tout  y  était  en  confusion,  point  de  mense,  point  de  grains  sur  les  gre- 
«niers,  tantôt  trois  chanoines  seulement,  tantôt  quatre,  tantôt  cinq,  quel- 
«(|uefois  six,  quelquefois  sept;  ce  qui  prouve  clairement  que  ledit  chapitre 
«a  été  bien  agité  et  molesté  dans  son  berceau,  et  qu'il  a  fallu  beaucoup 
«  de  temps  pour  y  faire  la  régularité  '.  » 

Le  mémoire  sur  l'Alsace,  composé  en  1697  par  ordre  de  M.  delà  Grange, 
intendant  de  celle  province,  contient  sur  l'église  collégiale  de  Saverne  les 
renseignements  suivants:  «Il  y  a  dans  cette  église  un  prévôt,  un  doyen 
«  cl  huit  canonicats;  chaque  prébende  y  vaut  environ  cinq  à  six  cents  Hvres, 
«la  prévôté  un  foudre  de  vin  et  cinquante  sacs  de  grains,  le  doyenne  un 
«demi-foudre  de  vin  et  vingt-cinq  sacs  de  grains;  le  prévôt  a  encore  quel- 
«ques  vignes;  cette  dignité  est  élective  aussi  bien  que  celle  du  doyen.  .  .  . 
«Des  vicaires  font  le  service  de  la  paroisse  qui  sert  de  chapelle  au  château, 
«le  curé  est  toujours  au  château,  y  ayant  une  prébende  de  vie  pour  la  cure, 
«fondée  par  l'évêque  Erasme  au  siècle  dernier.  » 

Le  chapitre,  aux  termes  de  la  bulle  de  sécularisation  du  couvent  de 
Sainte-Marie  du  1 7  juin  1482,  se  composait  dans  l'origine  de  dix  canonicats; 
mais  ses  modiques  revenus  le  forcèrent  à  réduire  le  nombre  des  chanoines 
à  six,  y  compris  les  divers  dignitaires,  et  en  outre  aucune  mention  n'a  été 
faite  dans  cette  bulle  de  la  dignité  d'écolâtre.  Pour  remédier  à  cet  état  de 
choses,  l'évêque  de  Strasbourg,  Érasme  de  Limbourg,  fonda  en  1544  une 
nouvelle  prébende  ;  il  y  attacha  la  cure  et  l'écolâtrie   et  s'en  réserva  la 

1 .  Archives  de  Saverne  ,  536. 

T.  X.  -  (M.).  12 


—  178  — 

collation.  Toutefois  les  fonctions  curiales  ne  durent  pas  être  exclusivement 
conférées  à  récolàtre  et  tout  autre  chanoine  pouvait  en  être  revêtu.  Mais 
en  1732  le  chapitre  arrêta,  à  la  demande  du  cardinal  Armand-Gaston  de 
Rohan,  que  les  fonctions  curiales  seraient  désormais  incompatibles  avec 
la  dignité  de  prévôt  et  de  doyen. 

Un  nouveau  canonicat  fut  fondé  en  1548  par  Henri  Eberhard,  prévôt  de 
la  collégiale  de  Surbourg,  moyennant  la  somme  de  800  florins  sous  la  ré- 
serve du  droit  de  collation  pour  l'aîné  de  sa  famille,  qui  devait  le  conférer 
à  l'un  de  ses  parents. 

Un  neuvième  canonicat  fut  fondé  en  1737  par  le  chapitre  lui-même,  et 
à  la  demande  du  cardinal  Armand-Gaston  de  Rohan,  M.  François-Louis  de 
la  Volpilière,de  Mutzig,  sous-diacre  et  bibliothécaire  du  château,  y  fut  nommé 
capitulairement  et  en  fut  mis  en  possession.  «Les  chanoines  pouvaient-ils, 
«ainsi  s'exprime  M.  le  chanoine  Bataille',  ne  pas  déférer  aux  instances  d'un 
«  Seigneur  Evêque,  ipii  de  tout  temps  leur  avait  donné  des  marques  d'une 
^<  aflection  particulière;  aussi  par  une  juste  reconnaissance  lesdits  chanoines 
V«  ont-ils  reçu  ledit  sieur  de  la  Volpilièrc  en  résidence  et  lui  ont  donné  une 
«compétence  égale  à  la  leur.  »  Le  neuvième  canonicat  n'avait  ni  vignes,  ni 
jardin,  ni  maison. 

Le  dernier  ou  dixième  canonicat  était  de  collation  laïque,  il  fut  fondé 
on  17 il  et  doté  de  20,000  livres  par  le  R.  Jean-Michel  Sigel,  curé  à 
Minvcrshcim,  pour  son  neveu  .Iean-Jac(jucs  Sigel  et  les  descendants  de  ses 
soîm^s.  Le  droit  de  collation  était  réservé  à  la  famille  du  fondateur  et  au 
défaut  de  celle-ci  au  magistrat  de  Molsheim.  Le  chapitre  a  reçu  M.  Sigel 
en  résidence,  et  pour  égaler  sa  compétence  à  celle  de  MM.  ses  confrèies, 
il  y  a  suppléé  de  ses  {»ropres  fonds. 

Le  chapitre  de  Saverne  était  affranchi  du  don  de  joyeux  avènement;  il 
n'(''tait  pas  soumis  au  concordat  germanique;  la  pleine  collation  de  six  ca- 
nonicats  lui  appartenait;  l'évêque  avait  le  droit  d'en  conférer  deux,  à  l'un 
desquels  était  attachée  la  cure,  et  deux  patrons  laïques  avaient  la  collation 
des  deux  canonicats  restants^ 

Le  chapiti'e  collégial  était  bien  plus  riche  que  ne  le  laisse  supposer  le 
mémoire  de  M.  de  la  Grange.  Il  jouissait  conjointement  avec  l'évêque  de 
la  grosse  et  menue  dîme  au  ban  de  Savcrnc  et  il  affermait  sa  part  de  cette 
dîme  pour  un  canon  annuel  de  70  rezeaux  de  froment  et  de  75  rezeaux 
d'orge.  L'évêque  percevait  seul  la  dîme  en  vin;  mais  il  était  tenu  délivrer 


1.  Archives  de  Savcrnc,  53C. 

2.  Ordonnances  d'Alsace,  t.  I.  j».  LXl. 


—  170  — 

annuellement  au  chapitre  trois  foudres  ou  72  mesures  pour  sa  part  de  cette 
dîme.  Le  chapitre  jouissait  du  tiers  de  la  dîme  en  grains  et  en  vin  au  ban 
d'Otterwiller;  il  percevait  le  tiers  de  la  dîme  en  vin  à  Hergliioten  et  à 
Flcxbourg;  il  jouissait  à  Rohr  d'une  dîme  fixe,  qui  piodnisail  aiinuellenrent 
4-  rezeaux  de  froment  et  G  rezeaux  de  seigle;  il  était  seul  décimateur  à 
Allenwiller;  il  possédait  de  beaux  corps  de  biens  dans  plus  de  quatre-vingts 
communes,  outre  les  capitaux,  les  rentes  foncières  et  emphytéuliques. 
L'évêque  Guillaume  de  Honstein  lui  avait  fait  donation  en  15il  du  couvent 
abandonné  d'Obersteigen,  dont  l'advocatie  appartenait  aux  comtes  de  Li- 
nange-Dabo  et  qu'il  avait  uni  peu  de  temps  auparavant  à  sa  crosse.  Dans 
cette  donation  étaient  compris  tous  les  droits  qui  compétaient  à  l'évêché 
sur  le  couvent,  ses  dépendances  et  ses  propriétés  consistant  en  maisons, 
terres  arables,  prairies  et  une  magnifique  foret  de  haute  futaie  de  la  super- 
ficie de  423  hectares,  à  l'exceplion  toutefois  du  droit  de  chasse  que  le  pré- 
lat donateur  se  réserva  expressément.  Cette  donation  était  failc  sous  la 
condition  que  le  chapitre  donataire  entretiendrait  l'église  d'Obersteigen 
en  bon  état,  qu'il  y  ferait  dire  au  moins  une  messe  par  semaine  et  qu'il 
tiendrait  tous  les  ans  un  anniversaire  dans  l'église  collégiale  pour  le 
repos  et  le  salut  de  l'âme  du  donateur. 

Au  moyen  âge  l'avouerie  d'un  monastère,  si  elle  n'en  valait  pas  presque 
la  propriété,  était  du  moins  une  charge,  à  l'aide  de  laquelle  ceux  (pii  en 
étaient  revêtus  pouvaient  impunément  en  dépouiller  l'établissement  confié 
à  leur  protection.  Les  comtes  deLinange-Dagsbourg,  abusant  de  leur  pou- 
voir comme  tous  les  avoués  de  cette  époque,  avaient  changé  leurs  droits 
de  patronage  en  supériorité  territoriale  et  considéraient  le  monastère 
d'Obersteigen  et  le  village  auquel  il  avait  donné  naissance  comme  faisant 
partie  intégrante  de  leur  comté  de  Dagsbourg.  En  vain  le  chapitre  collé- 
gial de  Saverne  prétendait-il  que  la  souveraineté  territoriale  sur  ce  village 
lui  appartenait  en  vertu  de  la  donation  que  l'évoque  de  Strasbourg  Guil- 
laume de  Honstein  lui  avait  faite  du  couvent  et  de  ses  dépendances  en 
154i.  Enfin  lorsque  les  habitants  d'Obersteigen  eurent  été  contraints  en 
1660  à  rendre  hommage  aux  comtes  de  Linange,  il  en  résulta  un  litige 
qui  fut  soumis  au  parlement  de  Metz.  Il  s'ensuivit  une  longue  procédure, 
qui  ne  se  termina  que  par  deux  arrèls  rendus  en  1689  et  1697  et  aux 
termes  desquels  la  juridiction  sur  le  village  d'Obersteigen  fut  reconnue  à 
.lean-Charles-Auguste  comte  de  Linangc-Dabo-Falkenbourg'. 

Le  règlement  fait  par  le  cardinal  Armand-Gaston  de  Rohan  lors  de  la 

1.  Archives  de  Saverno.  536. 


—  180  — 

visite  du  10  août  1733,  conslatc  que  les  revenus  de  la  mcnse  capilulaire 
étaient  de  I040  rezeaux  de  grains,  de  540  mesures  de  vin  et  de  5270 
livres  de  rente;  chaque  prébende  de  chanoine  pouvait  valoir  à  cette  époque 
la  somme  de  2000  livres. 

La  compétence  du  prévôt  était  de  55  rezeaux  do  froment,  de  30  rezeaux 
de  seigle,  de  25  rezeaux  d'orge,  de  20  rezeaux  d'avoine  et  de  55  mesures 
de  vin;  celle  du  doyen  était  de  47  rezeaux  et  demi  de  froment,  de  32  re- 
zeaux et  demi  de  seigle,  de  22  rezeaux  et  demi  d'orge,  de  12  rezeaux  et 
demi  d'avoine  et  de  42  mesures  et  demi  de  vin.  Les  autres  prébendes  re- 
cevaient une  compétence  de  40  rezeaux  de  froment,  de  15  rezeaux  de 
seigle,  de  20  rezeaux  d'orge,  de  5  sacs  d'avoine  et  de  30  mesures  de  vin. 

La  prébende  attachée  à  la  cure  consistait,  outre  le  casuel,  en  une  rente 
de  220  livres,  de  48  mesures  de  vin  et  de  23  rezeaux  de  seigle.  Le  curé 
recevait  de  la  ville  12  cordes  de  bois  de  compétence  et  300  fagots  et  avait 
la  jouissance  de  quelques  arpents  de  terre.  Quoiijue  la  communauté  d'Ot- 
lersthal  fût  une  annexe  et  filiale  de  sa  cure,  il  n'en  retirait  aucun  profit; 
il  en  avait  abandonné  tous  les  revenus  aux  R.  P.  Récollets  de  Saverne, 
sous  la  condition  de  la  desservir  et  d'y  faire  les  fonctions  curiales.  II  rece- 
vait encore  annuellement  d-es  fermiers  du  Creuzfeld,  en  remplacement  de 
la  dîme  novale,  3  rezeaux  de  froment,  3  rezeaux  de  seigle  et  3  mesures 
de  vin. 

Le  chapitre  accordait  annuellement,  à  titre  d'aumune,  aux  Récollets  de 
Saverne  et  aux  Capucins  de  Phalsbourg,  un  rezal  de  froment,  un  rezal 
d'orge  et  deux  mesures  de  vin.  11  avait  la  collation  de  la  cure  protestante 
d'AUenwiller  et  était  tenu,  en  sa  qualité  de  décimateur,  d'entretenir  et  de 
loger  convenablement  le  pasteur;  celui-ci  jouissait  d'un  modeste  traitement 
de  12  florins,  de  20  rezeaux  de  seigle,  de  10  rezeaux  d'avoine  et  de  15 
mesures  de  vin,  outre  le  casuel.  Tout  protestant  d'AUenwiller  qui  partici- 
pait ou  sacrement  de  la  sainte  Cène,  était  tenu  de  faire  une  offrande  de 
quatre  deniers,  dont  le  produit  était  versé  par  le  pasteur  entre  les  mains 
du  receveur  du  chapitre. 

Le  chapitre  possédait  à  Saverne,  à  l'époque  de  la  révolution,  le  presby- 
tère, huit  maisons  canoniales,  presque  toutes  récemment  construites,  une 
maison  habitée  par  son  receveur,  deux  petites  maisons  qui  servaient  de  de- 
meuie  à  l'organiste  et  au  sacristain  et  de-s  bâtiments  servant  de  grange 
dîmière  et  de  magashis.  Après  que  l'ouragan  révolutionnaire  eut  emporté 
le  chapitre,  les  maisons  canoniales  et  les  autres  bâtiments  furiiit  vendus 
comme  biens  nationaux,  à  l'exceplinn  «In  presbytère,  qui  fut  considéré 
comme  propriété  de  la  ville. 


—  181  — 

Le  chapitre  poiMait,  selon  l'armoriai  d'Alsace',  d'azur  à  un  Saitit-Baillié- 
lenii  contourné,  tenant  de  sa  main  dexlre  un  couteau,  le  tout  d'or  sur 
une  terrasse  de  même. 

La  cure  de  Saverne  avait  son  sigillé  particulier  (jui  représentait  la  sainte 
Vierge  en  sa  nativité,  que  la  ville  honore  comme  sa  patronne,  c'est-à- 
dire  sainte  Anne  assise  sous  un  dais,  tenant  sur  ses  genoux  son  enfant 
Marie  et  recevant  la  visite  de  ses  deux  sœurs,  avec  cette  légende: 

t  S.  PAR.   IN  ZADERK  DIOCES.  ARGEN. 

Le  sigillé  de  la  prévôté  ne  portait  [)oinl  de  légende  ;  il  représentait  la 
sainte  Vierge  couronnée,  debout  dans  une  niche  et  tenant  l'enfant  Jésus 
sur  son  bras  sénestre. 

Le  chœur  de  l'église  collégiale  et  paroissiale  de  Saverne  était  orné  de 
la  statue  de  la  Vierge  et  des  statues  de  saint  Barthélemi,  de  saint  Wolf- 
gang,  de  saint  Udalric  et  de  sainte  Agnès,  qu'on  vénérait  comme  les  pa- 
trons de  la  ville.  Ces  statues  en  bois  avaient-elles  une  certaine  valeur  ai- 
tistique?  A  quelle  époque  rcmonlaient-elles?  On  l'ignore.  Elles  étaient 
dorées  et  au  mois  d'août  1757  la  chambre  des  comptes,  le  chapitre  et  la 
ville  les  firent  dorer  de  nouveau  moyennant  306  livres,  faisant  102  livres 
pour  chacune  des  trois  parties*. 

L'église  paroissiale  de  Saverne  possédait  autrefois  une  série  de  tableaux 
peints  sur  bois,  qui  représentaient  les  sujets  de  la  vie  douloureuse  du  Sau- 
veur; ces  tableaux  étaient  d'une  grande  valeur  artistique;  on  les  attribuait 
à  Michel  Wohlgemuth  de  Nuremberg,  qui  fut,  comme  on  sait,  le  maître 
d'Albert  Dürer.  Il  lui  en  reste  encore  quatre,  qui  font  vivement  regretter 
la  perte  des  autres;  ils  représentent  les  scènes  suivantes:  Jésus  au  jardin 
des  Oliviers,  le  baiser  de  Judas,  Jésus  livré  au  peuple  et  Jésus  portant  la 
croix. 

Au-dessus  de  la  porte  de  la  sacristie  était  encastré  un  haut-relief  en  cal- 
caire blanc  de  la  Meuse,  représentant  la  Vierge  douloureuse  soutenant  le 
corps  inanimé  du  Sauveur,  devant  lequel  se  tient  le  disciple  bien-aimé.  Ce 
haut-rehef  d'un  artiste  inconnu  est  d'une  belle  exécution;  il  est  surmonté 
de  l'inscription  suivante: 

DOMINE  ■  DEVS  ■  NOSTRI    MISERERE  ■ 


1.  p.  OG. 

2.  Archives  de  Saverne,  53G. 


—  182  — 

Au-dessous  de  celte  belle  sculpture  se  voit  disposé  en  trois  lignes  le 
sixième  verset  du  psaume  LXVIII  : 

CONFORT  ATI     S  FAT-  QVI  ■  PEIiSECVTI  ■  SVNT  ■  ME-  IM  MCI 
MEI  ■  IMVSTE  ■  QVAE    NON    HAB  II  ■  TUNC  ■  EXOLVEBAM  • 

•  Au  bas  de  cette  inscription  sont  gravés  les  siglcs  1  M  F  et  au-dessous 
de  ces  trois  sigles  se  voit  la  lettre  0. 

Ce  monument  est  maintenant  encastré  dans  la  paroi  méridionale  de  la 
nef. 

Lors  de  la  restauration  du  culte,  l'église  de  Notre-Dame  de  Saverne  fut 
bénite,  purifiée  de  ses  souillures  et  de  nouveau  aiïeclée  au  service  parois- 
sial. L'église  d'Ottersthal  continua  à  en  être  une  filiale  jusqu'en  1845  où 
elle  fut  érigée  en  succursale  par  une  ordonnance  royale  du  25  avril  de  la- 
dite année.  «  Gomme  en  ces  derniers  tems  tout  a  été  interrompu  et  tout 
«exercice  de  piété  publique  proscrit,  on  a  obtenu  derechef  un  induit  du 
«Saint-Siège,  et  à  sa  suite  un  diplôme  épiscopal  du  31  juillet  1805,  qui 
«rétablissent  la  confrérie  du  Saint-Rosaire  dans  l'église  paroissiale  de 
«  Saverne,  en  faveur  des  âmes  pieuses  des  deux  sexes,  de  la  campagne  et 
«de  la  ville,  (pii  s'y  étaient  déjà  fait  inscrire,  ainsi  que  de  celles  qui  s'y 
«feront  recevoir  dans  la  suite'.» 

Depuis  longtemps  le  conseil  de  fabrique  avait  conçu  le  dessein  de  faire 
subir  à  l'église  paroissiale  de  grandes  réparations,  mais  il  dut  reculer  de- 
vant les  faibles  ressources  dont  il  pouvait  disposer.  M.  l'abbé  Cromer,  dès 
qu'il  eut  pris,  vers  la  fin  de  l'année  1873,  possession  de  la  cure  à  laquelle 
il  venait  d'être  appelé  par  ordonnance  de  l'empereur  d'Allemagne,  consi- 
déra la  restauration  de  cette  église  comme  une  impérieuse  nécessité  et 
n'hésita  pas  à  engager  ses  paroissiens  à  faire  des  sacrifices  propoi'lionnés 
aux  réparations  réclamées.  Son  appel  fut  entendu;  une  collecte  abondante, 
à  laquelle  vint  se  joindre  une  allocation  de  10,000  francs  votée  par  le  Con- 
seil municipal,  le  mit  à  même  d'entreprendre  les  travaux  de  restauration. 
Faire  enlever  du  chœur  les  boiseries  et  les  stalles  qui  avaient  autrefois 
prémuni  les  chanoines  contre  l'humidité  de  la  pierre,  débarrasser  ses  pa- 
rois et  ses  colonnes  de  l'ignoble  badigeon  (jui  les  couvrait,  convertir  la 
sacristie  et  l'ancienne  salle  capilulaire  en  une  espèce  de  chapelle  ayant 
vue  sur  le  chœur  et  transférer  la  sacristie  dans  l'ancien  promenoir  du  cha- 
pitie,  situé  dans  le  bàtiiiieiit  perpendiculaire  au  chœur  de  l'église,  tel  fut 

1.  La  confrérie  du  Saint-Rosaire  rôtablic  dans  l'ég-lise  paroissiale  de  Saverne.  Stras- 
ijourg-,   1800,  p.  3. 


-  183  — 

le  |)lan  des  travaux  qui  fui  adopté,  et  iM.  rarcliitecte  Fürst,  habitué  à  de 
semblables  restaurations,  fut  chargé  de  les  diriger.  l*eu  apiès  le  coniuieri- 
cement  des  travaux,  on  reconnut  l'impossibilité  de  convertir  la  sacristie  et 
l'ancienne  salle  capitulaire  en  chapelle  et  l'on  fut  obligé  de  constater  que 
l'on  ne  ferait  qu'une  restauration  incomplète,  bâtarde,  si  on  laissait  sub- 
sister la  tribune,  qui  se  trouve  soudée  au  chœur  d'une  manière  si  (hsgra- 
cieuse.  Le  plan  de  restauration,  d'abord  timidement  conçu,  fut  modilié.  La 
tribune,  détestable  addition  du  dix-septième  siècle,  fut  démolie  et,  pour 
rendre  au  chœur  son  caractère  originel,  on  ne  conserva  (juc  la  sacristie 
qui  lui  avait  été  accolée  dans  le  principe.  La  tribune  de  l'orgue  subit 
aussi  un  grand  changement;  ses  deux  ailes,  qui  s'étendaient  des  deux  cotés 
de  la  nef  et  qui  avaient  l'inconvénient  d'y  ternir  la  lumière,  furent  suppri- 
mées et  l'on  y  rétablit  l'ancienne  balustrade  en  pierre,  dont  la  plus  grande 
partie  fut  retrouvé  dans  la  cave  d'une  maison  particulière.  Celte  balustrade 
où  s'épanouissent  les  gracieuses  et  légères  découpures  du  système  ogival 
flamboyant,  fait  l'admiration  de  tous  ceux  qui  visitent  l'église. 

La  nouvelle  sacristie  est  voûtée;  elle  est  très-intéressante  et  présente 
toutes  les  commodités  désirables.  Les  retombées  de  ses  voûtes  reposent 
sur  une  file  de  colonnes  qui  faisait  autrefois  de  cette  pièce  une  sorte  de 
double  galerie.  L'une  des  clefs  de  voûte  offre  aux  regards  l'écusson  sculpté 
de  l'évéque  Guillaume  de  Honslein.  La  sacristie  ne  possède  qu'un  seul 
meuble  antique;  c'est  un  très-grand  coffre,  garni  de  curieux  bardeaux  de 
fer  et  muni  d'une  serrure  fort  intéressante.  On  croit  que  ce  meuble  est 
du  quinzième  siècle. 

L'éghse  rajeunie  a  été  restituée  au  culte  le  l^'"  novembre  1876.  Le  chœur 
sera  garni  dans  le  cours  de  l'année  1877  de  vitraux  peints  dont  l'exécution 
a  été  confiée  à  M.  Margraf  de  Munich,  lequel  s'est  engagé  à  les  livrer  pour 
la  somme  de  22,000  francs.  Aux  anciens  autels  on  substituera  des  autels 
dont  le  style  sera  en  rapport  avec  celui  de  l'église. 

Voici  maintenant  les  principales  dimensions  de  notre  église,  dans 
oîuvre  : 

Longueur  totale 47 '",60 

Longueur  du  chœur  , 17  "',30 

Largeur  du  chœur 8 '",40 

Longueur  de  la  nef.  .  . 25"\00 

Largeur  de  la  nef 12*",20 

Longueur  de  la  chapelle 0'",45 

Largeur  de  la  chapelle 5 "',40 


-  184.  — 

Longueur  du  bas-côté 1G"\46 

Largeur  du  bas-côté G '",05 

Longueur  du  narlbex 5'^,30 

Largeur  du  narlbex 5'",30 

Un  beau  font  baptismal  de  réj)0(iue  de  la  renaissance  était  encastré 
dans  l'autel  de  saint  Jean-ljapliste;  il  est  en  grès  bigarré  et  monopédiculé, 
avec  calice  octogone  reposant  sur  un  pédicule  de  même  forme;  il  porte 
la  date  de  1GL5.  Sur  les  liuit  pans  du  calice  sont  figurés:  le  Christ  baptisé 
dans  le  Jourdain  par  saint  Jean-Baptiste,  saint  Mathieu,  saint  Marc, 
saint  Ambroise,  le  Monogramme  du  Christ,  saint  Augustin,  saint  Luc  et 
saint  Jean. 

Ce  baptistère,  qui  est  l'œuvre  d'un  sculpteur  savernois  nommé  Jean 
Faber*,  se  trouve  actuellement  placé  dans  l'ancienne  sacristie. 

A  l'entrée  de  la  sacristie  qui  vient  d'être  démolie  était  placé  un  bénitier 
sculpté  en  pierre;  il  se  compose  d'un  réservoir  hexagonal  et  porte  la  date 
de  1476.  Il  a  été  transféré  au  musée  de  la  ville. 

Série  des  prévôts  de  ta  collégiale. 

1483  Jean  Rüsser,  f  en  1503. 

1503  Georges  Eberstein. 

1509  Pierre  Braun. 

1512  François  comte  de  Honstein,  chanoine  de  Strasbourg,  f  le  4 sep- 
tembre 1515. 

1515  Jean  Brucker. 

1517  Michel  Schaffner. 

1523  Vite  Vetteroheim. 

1527  Sébastien  Wurmser,  s.  s.  Theologiic  doctor  et  ancien  chanoine 
du  chapitre  de  Saint-Thomas  de  Strasbourg. 

1538  Michel  Hammer,  f  le  7  août  1558. 

1558  Mathias  Antoni,  f  le  28  mars  1564. 

1564  Chrétien  Luthemeistcr,  dit  Latomus,  ancien  prébendier  du  grand- 
chœur,  t  1g  25  févriei'  15GG. 

1566  Nicolas  Klein. 


1.  Jean  Faber,  fils  do  Nicolas,  reçut,  pour  l'exécution  de  ('C  baptistère,   30  livres 
dcuiers  (22G  fr.  50  cent.,  valeur  de  Tépoque).  Il  est  d6c6d6  le  8  janvier  lf.35. 


—  185  — 

1595  Theodore  Kirscli,  de  Saint- Jcan-des-Choux,  chanoine  de  Sainl- 
Pierre-le-Vicux  de  Strasbourg. 

1621  Nicolas  Siberius,  f  cn  1022. 

1622  Jean  Klein,  s.  s.  Tlieologia)  dr.,  f  le  15  janvier  1634. 

1634  Jean  Rcineri,  chanoine  du  chapitre  de  Saint-Léonard,   roi  du 
chœur  et  conseiller  ecclésiastique,  f  à  Molsheim  le  27  décembre  1600. 
1661  Jean  Charles  Zwanger,  curé  de  Saverne. 
1669  Quirin  Speeth,  f  le  13  juillet  1671. 
1671  Jean  Dourdann,  f  le  14  mars  1697. 

1697  Georges-François  Goulon,  de  Belfort,  f  à  Lutran  près  de  Danne- 
marie  le  9  septembre  1704. 

1704  Jean  Degermann,  de  Ribeau ville,  f  le  27  mars  1732. 

1732  Hubert-Joseph  Mehlem,  f  le  17  janvier  1744. 

1744  Jean-Georges  Brucker,  f  le  10  mars  1765. 

1765  François-Joseph  Bataille,  f  le  30  mars  1778. 

1778  Pierre  Aubry,  f  le  27  août  1780. 

1780  Jean-Jacques  Sigel,  de  Molsheim,  f  à  Saverne  le  23  avril  1802. 

Série  des  doyens. 

1483  Berthold  Münch  de  Wilsperg. 
1501  Pierre  Braun. 
1513  Vite  Vetteroheim. 

1522  Michel  Hammer  «Deckan  und  Büwmeister  der  Stifïlkirchen  zu 
Zabern. » 

1538  Marzolf  Krautweiler. 

1541  Jean  Braun. 

1555  Windehn  Hoffmann,  f  le  3  février  1562. 

1562  Paul  Pinckel,  de  Saverne. 

1586  Théodore  Kirsch. 

1596  Kilian  Hoffmann. 

1605  Théodore  Koch,  dit  Paludanus. 

1614  Mathias  Zipp. 

1624  Jean  Sauer,  de  Saverne,  f  le  17  octobre  1633. 

1633  Jean  Hôffel,  de  Haguenau,  f  le  16  août  1647. 

1647  Jean  Charles  Zwanger. 

1664  André  Mœrs. 

1675  Georges-François  Goulon. 

1698  Hubert  Bender. 


—  186  — 

1725  François-Léopold  Goulon,  f  le  2  septembre  1731. 

1731  Hubert  Meblcm. 

1732  Antoine  Fritsch. 

1735  Jacques-Malhurin  Ilusson,  de  Paris,  f  à  Strasbourg   en    mars 
17G0  comme  prébendier  du  grand  chœur. 

1736  Antoine-Prudent  Perrin,  f  le  25  février  1761. 
1761  François-Joseph  Bataille,  d'Épinal. 

1765  Pierre  Aubry. 

1778  Kotger-François-Joseph  Imhaus,  d'Olpen,  près  de  Cologne,  f  le 
4  avril  1779. 

1770  Jean-Jacques  Sigel. 

1780  Nicolas-Jacques  Knœj)nier,  de  Saverne,  f  le  8  février  1806. 

Séné  des  curés. 

1203  Ilenricus  plebanus  de  Zabernia. 

1228  Eberhard. 

1285  Gœlzo. 

1303  Walram  de  Finstingen. 

1329  Henri  Altknabe. 

1408  Nicolas  Schoner,  vicaire  perpétuel. 

1434  Jean  Ber. 

1445  Jean  Nuwcrt. 

1446  Tliiebaut  Walteri  de  Zabernia,  perpetuus  vicarius  ecclesiai  paro- 
chialis  et  notarius. 

1454  Jean  Roberspacli, 
1475  Paulus  Hock. 

1500  Pierre  Wickgramm,   plus  lard   prédicateur  à  la  cathédrale  de 
Strasbourg. 

1505  Augustin  Spengeler. 

1522  Jean  Dempfîin. 

1544  Jean  Kenn. 

1566  Nicolas  Kicnlin. 

1595  Georges  Bosch. 

1612  Joachim  Haldenberger. 

1020  Gaspard-Frédéiic  Mager,  f  le  13  décembre  1630. 

1631  Michel  Dumbs,  de  Gebwiller,  f  le  20  avril  1639. 

1639  Jean-Charles  Zwanger,  f  le  20  mai  1669. 

I<><i9  Sébastien  IJlrici,  f  I.-  6  octobre  1675. 


—  187  — 

IG75  André  Jeune,  f  le  31  mars  IGDc}. 

1003  Hubert  Bender. 

1 725  Hubert  Mehlem. 

1732  Jean-Georges  Brucker. 

1744,  François  Louis  de  la  Volpilièrc,  de  Mulzig. 

175G  François- Louis  Sciivvend,  nommé  en  17C3  prébendier  du  {^n-and 
chœur. 

1763  Gaspard  Sauthier,  f  le  il  décembre  1779. 

1780  Jean-Antoine  Jansen;  ayant  refusé  de  prêter  le  serment  civique, 
il  fut  remplacé  par 

Jean-Baptiste  Keppel,  de  Mayence,  prêtre  incorporé  dans  le  diocèse 
du  département  du  Bas-Rhin  et  nommé  en  1791  administrateur  intéri- 
maire de  la  paroisse  par  l'évêque  constitutionnel  François-Antoine  Brendel. 

1803  J.  A.  Jansen,  renommé  curé  de  Saverne,  f  le  C  octobre  1810. 

1810  François-Xavier  Prévôt,  neveu  du  précédent,  f  le  29  juin  1827. 

1828  Jean-Thiébaut  Naclibaur,  de  Lutterbacli,  ancien  proviseur  du 
collège  royal  de  Strasbourg,  nommé  en  1887  chanoine  de  la  Cathédrale 
de  celle  ville  et  dans  la  suite  grand- vicaire  de  l'évêché,  f  le  5  avril  185U 
à  l'âge  de  85  ans. 

1837  Grégoire-François-Joseph  Gulhmann,  né  à  Ribeauvillé  le  3  mars 
1801,  fie  18  avril  1840. 

1840  M.  Laurent  Fischer,  né  en  1806  à  Miltelscha3fTolsheim,  nommé  en 
1873  chanoine  de  Strasbourg. 

1873  M.  Jacques  Cromer,  né  en  1821  à  Stotzheim,  clianoine  honoraire. 

Personnel  du  chapitre  au  moment  de  sa  suppression. 

Le  chapitre  collégial  était  composé  à  l'époque  de  la  révolution,  outre 
le  prévôt  et  le  doyen,  de: 

Georges-Joseph-Guillaume  Wackerzapp,  de  Haguenau,  custode. 
Jean-Antoine  Kohlmann,  chantre; 
Jean-Antoine  Jansen,  de  Strasbourg,  écolàtre  et  curé; 
Jean-François-Nicolas  Danzas,   de   Golmar,  ancien  jésuite   et  depuis 
vicaire  général; 
François-Xavier  Gérard,  de  Golmar; 
Ignace  Rudloff; 

Claude-Nicolas  Möhre,  de  Wald; 
François-Xavier  Prévôt,  de  Strasbourg, 


—  188  — 

cl  de  trois  vicaires  prébendes  : 

Louis-Antoine  Beck,  de  Ilibeauvillé; 

Ignace  Dubois,  de  Sainte-Marie-aux-Mines,  et 

Jean  Jlubert  Cromcr,  de  Saverne. 

Inscriptiuhs  tnurales  transférées  de  l'ét/lise  de  Saverne  an  musée 
qui  y  est  attenant. 

I. 

A  la  droite  de  la  porte  d'entrée  du  collatéral  se  lisait  l'épilaphe 
suivante  : 

D.     0.    M. 

Anna  Wetzlerin,  uxor  ChrlstopJiori  Welsingerii,  C.^  eumvar Us  corporis 
aegriludinib.  acerbissimisque  membror.  dolor,  per  plures  annos  graviter 
pre)neretiü\  puerpera  iani  inqae  lucem  procreato  infante  Chridoplioro, 
filiolo  dulciss.,  uiortuis  aidea  ioann.  iacobo  et  ioann.  Christophoro  filiis, 
unnum  aelate  XXXVIII atlingens,  in  die  sancti  stephani  protomar.  anno 
Immanae  incarnationis  MDLXII,  patiente  et  cunstanti  aniniopie  in  Christo 
ohdormivit:  Cnjus  niatris  fata  secutus  est  et  infans  Christopitorus,  ac  tan- 
dem Hierunym.  ßius,  cum  declmum  aetatis  annum  ageret,  non  sine  gravi 
patris  dolore,  Friburgi  p^  mens.  Augusti  Anno  Domini 

il/.    D.     OD.    LXIII. 

Sinite  pueros  et  nolile  eos  proliibere  ad  me  venire,  talium  enim  est 
regnum  coelorum. 

U. 

Dans  la  paroi  du  collatéral  était  encastrée  une  j)laijue  en  marbre  noir 
sur  laijuelle  est  gravée  en  lettres  d'or  l'épilaphe  suivante: 

D.     0.    M. 

Pientissimae  niatronae  Deatrici  Graesin  tabernen.  aevilernae  quieti  et 
niemoriae  nobilis  Dns  Josephus  Bilonius  I.  V.  D.  episcopalus  argentin 
câcellarius  moeslus  maritus  pietatis  et  honoris  ergo  saa^ivit  ac  posuit, 
quae  animam  Christo  reddidit,  die  XXIII  Dccembris  anno  M.  D.  C.  XL 
Ilis  bene  precarc  viator.  ]Se  lardas  bestiis  animas  confitenles  tibi  et 
animas  pjauperum  luorum  ne  obliviscaris  in  fmem.  psalm.  LXXIII. 


I    Consilifirii  Erasmi  fpiscupi  Argentinensis. 


—  189  - 

Pierres  tombales  provenant  du  chœur. 

Les  travaux  de  restauration  que  l'on  a  fait  subir  au  ciiœur  de  l'église 
paroissiale  en  1876  ont  nécessité  le  déplacement  de  quelques  pierres 
tombales  historiées  qui  étaient  incrustées  dans  le  pavé.  Ces  grandes  dalles, 
quoiqu'elles  soient  en  partie  usées  par  les  chaussures  des  fidèles  qui  ont 
chaque  jour  circulé  au  chœur  depuis  l'époque  de  sa  construction,  olTi-ent 
encore  de  l'intérêt;  elles  ont  été  conservées  et  déposées  au  musée  de  cette 
ville.  Celle  qui  est  la  moins  endommagée  est  du  quatorzième  siècle  et  se 
trouvait  déjà  dans  le  chœur  roman  démoli  au  commencement  du  quinzième 
siècle,  ainsi  que  l'atteste  l'inscription  gravée  sur  la  bordure.  Cette  inscrip- 
tion en  caractères  gothiques  est  ainsi  conçue  : 

t  ANNO.  DNl.  M.  CGC.  LXX.  IUI.  NS.  IVNI.  0.  IIENfiC.  FIL. 
HEimiCL  DE.   VALKENST{EIN.)  MIL{ITIS). 

Sur  cette  pierre  se  voient  deux  écu^sons  en  relief;  l'un  d'eux  représente 
les  armoiries  parlantes  de  la  maison  de  Falkenstein,  trois  faucons  rangés 
2  et  1,  et  l'autre  un  griffon  ou  les  armoiries  de  la  maison  de  Greifenstein. 

Tout  autour  et  sur  le  haut  de  la  pierre  tombale  de  Gerlac,  comte  d'isen- 
bourg,  chanoine  de  Cologne  et  de  Strasbourg,  décédé  à  Saverne  le  3  juillet 
1562,  est  gravée  une  inscription  qui  offre  plusieurs  lettres  liées  et  encla- 
vées les  unes  dans  les  autres  et  dont  quelques  mots  sont  entièrement 
effacés.  Je  pense  qu'elle  doit  se  lire  ainsi: 

A^  DI  i502.  3.  Juin,  obi-it  venerabilis  ac  generosus  Dominus  Gerlacu^s 
comes  ab  Isenburg,  Dominus  in  Grensaw ,  metropoUtanae  ecclcsiae  colo- 
niensis  canonicus  et  ecclesiae  argentinensls  thesaurarius ,  cujus  anima  in 
pace  requiescat!  Amen. 

Sur  cette  dalle  est  sculpté  en  relief  l'écusson  du  comte  d'Isenbourg  qui 
portait  d'argent  à  deux  fasces  de  sable,  timbré  de  deux  heaumes  d'or,  tarés 
de  front,  ornés  de  lambrequins  d'argent  et  de  sable,  et  sommés  chacun 
d'une  aile  de  sable,  semée  de  sept  feuilles  de  tilleul  d'or,  rangées  1,  2,  1, 
2  eti. 

Le  registre  mortuaire  de  la  paroisse  de  Saverne  de  l'an  1562  contient 
au  sujet  de  ce  comte  d'Isenbourg  la  mention  suivante  : 

Die  5  Juin  i562  sepultus  est  in  choro  ecclesiae  collegiatae  in  Zabern, 
venerabilis  et  generosus  Gerlacus  comes  de  Ysenburg,  canonicus  majoris 
ecclesiae  argentinensis. 


—  100  - 

Sous  la  marche  du  maître-autel  on  a  découvert  une  tablette  de  grès 
grisâtre,  haute  de  0"\6C  et  large  de  0"\G8i  sur  laquelle  se  développe  en 
huit  lignes  l'inscription  lumulaire  suivante  : 

Auf  den  27  Junii  anno  i56S 

ist  der  edel  iorg  von  Plet- 
lenberg,  ein  Kriegsmann  aus 
Franckrcich ,  vcrivundt 
hid'  gefvrt.  Hie  todls  ver- 
schieden und  ver- 
graben dem  G  Ol  ge- 
nad. 

A  la  gauche  des  dernières  lignes  figure  un  écusson  qui  n'es!  chargé 
d'aucun  meuble. 

Grandidier  a  recueilli  les  inscriptions  tumulaires  suivantes,  qui  de  sou 
temps  existaient  encore  dans  l'église  collégiale  de  Saverne. 

I. 

Dans  la  chapelle  de  la  Sainte-Vierge: 

Anna  Domini  i5i5,  predie  nouas  Septcinhris  ohiit  vcnernhUis  el  genc- 
rosus  Dominus  Franciscus  cornes  de  Uonstein  dominus  in  Lare  et  Cleen- 
berg,  canonicus  insignis  ecclesiae  argentinensis. 

IL 
Dans  le  chœur,  à  gauche  : 

Anno  Domini  MCCCCXXXIX  sccunda  nouas  oclohris  obiit  honorabilis 
Dominus  D.  Antonius  Ilcnricvs  Anstcb. 

III. 

[inj  metnoria  honorabilis  Domini  Johannis  Brucher^  canonici  et  unius 
hic  praebendae  fundatoris  qui  obiit  anno  i520. 

IV. 

(inj  memoria  honorabilis  domini  Jacobi  Ilelwig,  canonici  ejus  succcs- 
soris,  qui  obiit  Argentinae.  .  .  . 

V. 

Dans  la  nef  du  côté  gauche  près  du  banc  des  marguilliers  : 

Anno  i557  den  ersten  tag  herbstmonats  starb  Herr  herr  Michel  Ilamcr 
probst  in  Zabern^. 


1.  \.:i  ijifrrc  fommémorativf!  du  juevöt  Hammer  a  été  relrouv6('  en  187C  et  trans- 
f/'i'éc  au  musée. 


-   IUI  — 

Vf. 

Anno  i5GG  den  S5  hormings  starb  herr  Christmann  Latomiis,  auch 
probst  ;  dem  Gott  gnadd. 

VII. 

Hie  in  dieser  Kirch  ligtt  begraben  die  edell  und  dugentreich  Jumkfraw 
fieichhart  LentzUn.  Gott  gibt  ir  ein  frelich  ufferstehung,  Amen.  Starb  im 
iarr  unsers  herrn  i515. 

VIII. 

Sur  la  colonne  vis-à-vis  de  l'autel  de  Saint-Séhaslien  se  lisait  l'inscrip- 
tion suivante  : 

Domino  Georgio  Körner  à  Wagenburg ,  viro  praestantissimo,  qui 
cum  abieunte  aetate  bonis  litteris  institutus,  in  ipsâ  adolescentiâ  singularis 
ingenii  ac  virtutis  spécimen  apud  stios  dediscet,  et  tandem  hue  ad  aulica 
negotia  ctccersitus,  in  eis  expediendis  prudentiam,  diligentiani  ac  modera- 
tionem  praestitit,  lit  tribus  Beverendissimis  Episcopis  Argentinensibus, 
Alberto  Bavaro,  Wilhelmio  Honsteinio  et  Erasmo  Limburgio,  in  episco- 
patu  sibi  invicem  succedentibus,  à  secretis  et  consiliisfuerit,  in  qua  func- 
tione  magna  fidelitate  et  indefatigahili  studio  per  quinquaginta  annos 
versatus,  dum  praeclare  suos  principes  consilio  et  operâ  juvat,  ab  iisdem 
vicissim  amatus  et  honoratus;  tandem  senex  confectus,  gravique  morbo 
correptus,  animam  Deo  anno  aetatis  LXXIX  reddidit.JacobusetMarcellus 
Koerner  à  Wagenburg  ßllii  patri  carissimo  posuerunt.  Obiit  anno  Domini 
M.  D.  LIV.  die  XXX  tnensis  martii. 

IX. 

A  la  même  colonne  se  voyait  encore  l'épitaplie  suivante  : 

Claudius  Paulus  à  Beaufremont,  Marchio  à  Listenois,  avallensis  satra- 
piae  praefectus,  equestris  ordinis  in  parlamento  dolensi  primus  et  secun- 
darum  legionum  grandioris  armaturae  'equitum  et  peditum  Coloncllus 
inclytus,  in  praelio  à  Gallis  prope  Argentinam  et  Caesarianis  commisso 
vulneratus,  hic  mortuus  et  ad  pedem  hujus  columnae  sepultus  die  28  oc- 
tobris  anni  1674. 

Dans  le  pignon  nord  de  la  maison  occupée  par  le  concierge  de  l'hôtel 
de  la  direction  du  cercle  il  exrste  une  inscription  que  M.  Liblin  a  publiée 
dans  son  supplément  aux  essais  historiques  de  Grandidiersur  la  cathédrale 


—  102  — 

de  Strasbourg \  telle  qu'il  l'a  trouvée  dans  les  épaves  manuscrites  de  cet 
écrivain  célèbre.  Les  fautes  dont  cette  inscription  est  émaillée  et  la  grande 
lacune  qu'y  a  laissée  un  copiste  assez  novice  en  épigrapliic  la  rendent  in- 
intelligible. Après  l'avoir  vérifiée  à  l'endroit  où  elle  existe,  nous  en  repro- 
duisons le  texte,  la  forme  et  la  disposition  matérielle. 

On  voit  encore  au  milieu  de  la  date  dont  cette  inscri[)tion  est  surmontée 
les  traces  d'un  écusson  qui  a  été  martelé  à  l'époque  de  la  Révolution. 

L'inscription,  qui  est  en  vers  gazons,  doit  être  rétablie  ainsi  qu'il  suit: 

Anno  Domini  mil- 
lesimo  quin-  Q  -gcnlesimo 
Sexto  XVII  lus  Aprilifi. 
Quisquis  hic  transis,  viator  siste  gressum 
Quousq.   quâ  tibi  post  fnla   optas   hic   scpultis 
Oraveris   qnictem.    Cristicolas   qnondam   amici   sa- 
Cro  hoc  condidére  loco,  sed  heu!  diri  casus  et  tris- 
Tia  tempôm  fata  religiosa  hec  in  stahula  vertut  quo- 
Jlum  sterquilinio  atq.  pedore  multis  tegimur  annis, 
Donec  Altissimus  sub  inclito  presule  Alberto  ex 
Ducibus  Bavarie  genito  hec  diruta  restatirate 
Ossa  nostra  delexit  sacroq.  commisit  edi. 

Dans  le  mur  qui  sépare  le  jardin  du  sieur  Sclimilt  de  la  cour  de  riiAlcl 
du  Cercle  se  trouve  encastrée  une  pierre  commémorative  d'un  des  digni- 
taires du  grand  chapitre  de  Strasbourg.  L'inscription,  en  lettres  liées  et 
enclavées  les  unes  dans  les  autres,  est  ainsi  conçue: 

{in)  Memoriam  venerabili  ac  generoso  Domino  Iloyero  ex  Barbi  ac  Mu- 
lingen  familia,  summi  Argentinensis  (capituli)  decano  dignissimo,  rerum 
suarum  geslores  vosuere,  obitus  sui  anno  i52i.  Pacem  aeternam  Uli  via- 
tor exopta. 

Dag.  Fischer. 


1.  Pages  91  et  92. 


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SAINT-MARC  ET  SES  ALENTOURS 

A  STRASBOURG. 


Avec    un    plan    lithographio. 


L'établissement  connu  à  Strasbourg  sous  le  nom  de  Saint-Marc  a  pris 
ce  nom  du  couvent  de  Saint-Marc-Saint-Jean  dont  faisait  partie  l'église 
actuelle  de  Saint-Jean,  et  qu'occupait  en  dernier  lieu  le  Mont-de-Piélé. 

Deux  couvents  situés  l'un  et  l'autre  hors  des  murs,  celui  de  Saint-Marc 
et  celui  de  Saint-Jean  in  undis,  avaient  été  rasés-  en  l^TS  par  ordre  du 
magistrat  pour  garantir  lu  ville  contre  les  événements  de  la  guerre  \ 

Après  la  destruction  de  leurs  monastères  les  religieuses  demandèrent 
et  obtinrent  l'incorporation  des  deux  couvents,  et  construisirent  celui  que 
nous  venons  de  nommer  et  qui  prit  le  nom  de  Saint-Marc-Saint-Jean. 

Cinquante  ans  plus  tard,  les  religieuses  de  Saint-Marc-Saint- Jean  em- 
brassaient la  réforme,  et  par  un  acte  du  20  septembre  1525  elles  faisaient 
abandon  volontaire  à  la  ville  de  la  totalité  de  leurs  biens  pour  le  soula- 
gement des  pauvres. 

Une  aumônerie  publique  (baô  gemeine  5{(mufen)  avait  été  créée  à  Stras- 
bourg en  1523  pour  arrêter  le  débordement  de  la  mendicité. 

Cette  institution,  mise  en  possession  des  biens  et  des  bâtiments  du  cou- 
vent abandonné,  s'y  installa  le  29  octobre  1529,  et  prit,  à  partir  de  cette 
époque,  le  nom  de  Fondation  de  Saint-Marc. 

Elle  y  demeura  jusqu'en  1687  où,  par  suite  d'une  transaction  entre  la 
ville  et  les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  l'église  et  le  couvent 
furent  cédés  à  l'Ordre  en  échange  des  terrains  et  des  bâtiments  que 
celui-ci  possédait  encore  dans  l'île  verte  (im  grünen  2Börtl^),  aujourd'hui  la 
maison  de  détention. 


1.  Cinq  autres  couvents,  également  situés  hors  des  murs,  ont  été  rasés  à  la  même 
époque. 

T.X.  -(M.).  13 


—  VM  — 

L'aimiùnerie  dut  alors  èlrc  transférée  ailleurs;  le  mai^istrat  lui  assigna 
les  bâtiments  du  Dlalterhaus. 

La  question  ayant  été  posée  de  savoir  quel  nom  prendrait  la  nouvelle 
installation,  elle  fut  résolue  en  ce  sens  que  là  où  les  Fondations  s'éta- 
blissent, elles  apportent  leur  nom  avec  elles.  (2Bo  bie  Fundationcs  l^in= 
ge^en,  ba  nefjmen  fie  if^vcn  5îamcn  mit  fit^.) 

C'est  ainsi  (pie  l'ancien  Blallerliaus  reçut  et  conserva  depuis  le  nom  de 
Saint-Marc. 

Le  Blatlerhaxis  était  dans  l'origine,  suivant  Specklin,  un  établisse- 
ment qu'un  habitant  charitable,  du  nom  de  Sébastien  Erb,  avait  créé 
en  1495'  au  Finckwiller,  pour  le  traitement  des  malheureux  atteints 
du  mal  vénérien  qui  avait  été  importé  à  Strasbourg-  par  des  soldats 
revenant  de  l'armée  française  avec  laquelle  ils  avaient  fait  la  campagne 
de  Naples. 

En  1687  les  malades  du  Blattei^haus  axaienl  été  transférés  dans  d'autres 
maisons;  son  administration,  d'abord  distincte,  fut  annexée  plus  tard  à 
celle  de  Saint-Marc,  et  elle  s'éteignit  en  17(S9  par  la  translation  à  l'hùpilal 
du  traitement  des  maladies  vénériennes. 

Tel  est,  en  lésumé,  l'historique  administratif  de  l'établissement  de 
Saint-Marc. 

SituaUon  topographique.  Saint-Marc  touche  aux  anciennes  fortifications 
de  la  ville;  les  restes  qui  y  subsistent  et  ceux  qu'on  retrouve  sous  le  sol 
d'alentour  fournissent  matière  à  quel(|ues  détails. 

Ainsi  que  le  montre  le  plan  joint  à  la  présente  notice,  l'enclos  forme  un 
vaste  triangle  dont  la  base  s'appuie  au  mur  d'enceinte  commencé  en  1228 
du  enté  du  Finckwiller. 

Cette  enceinte  qui,  suivant  Silbermann,  ne  fut  terminée  qu'en  1344, 
s'étendait,  comme  on  sait,  jusqu'au  Gulden- T/iuru',  démoli  en  1873,  et 
dont  la  Société  a  conservé  l'aspect  dans  une  planche  photographique 
jointe  au  t.  IX  du  Bulletin. 

Le  fossé  avait  été  tracé  sur  un  cours  d'eau  alimenté  alors  par  un  bras 
du  lîhin  torlu,  et  avait  été  prolongé  de  manière  à  recevoir  les  eaux  de 
l'ill  au-dessus  de  son  entrée  en  ville'.  Le  mur  était  crénelé,  un  chemin  de 


1.  En  1499,  suivant  Hcrzo;.'-. 

2.  Goldene  Tliurn,  suivant  un  jilan  datt'  de  1780  qui  nous  a  bXc  cnmmuniqiu'  par  l'an 
cicii  proiiriôlairo. 

3.  L'no  dcruièrc  porlion  du  iossô  suijsislc  au  i)ird  du  ilura.^;. 


-  195  — 

ronde  régnait  à  la  liauleur  des  créneaux  *.  Des  tours  à  plusieurs  étages 
faisant  saillie  intérieure  s'élevaient  de  dislance  en  dislance  sur  l'épaisseur 
du  mur.  Des  escaliers  extérieurs''  conduisaient  au  chemin  de  ronde  et  au 
premier  étage  des  tours;  celles-ci  servaient  de  corps  de  garde. 

Enfin,  un  chemin  de  ronde,  dont  un  dernier  vestige  est  sur  le  point 
de  disparaître  dans  l'enceinle  de  Saint-Marc,  régnait  au  pied  du  mur  et 
contournait  ou  traversait  les  tours. 

Telle  était  la  disposition  générale  de  ce  système  de  fortification;  les 
tours  étaient  des  postes  d'observation,  la  défense  se  faisait  du  haut  du 
mur. 

Dans  l'intérieur  de  Saint-Marc  le  mur  est  généralement  arasé  à  une 
hauteur  de  deux  mètres.  Une  partie  a  été  démolie  à  fond  en  1809,  lors 
de  la  construction  des  greniers  des  hospices.  Sa  démolition  a  donné  lieu 


1.  La  partie  la  mieux  conservée  de  ce  mur  clôt 
du  côté  du  midi  l'ancien  couvent  de  Sainte-Made- 
leine, aujourd'hui  l'Hospice  des  Orphelins.  Ses  dimen- 
sions sont  les  suivantes  par  suite  de  l'exhaussement 
que  le  mur  a  subi  en  1370  dans  toute  son  étendue  : 

Épaisseur  totale  du  mur l^.ii 

Épaisseur  à  la  hauteur  des  créneaux.  .  0™,70 
Hauteur  des  créneaux  au-dessus  du 

chemin  de  ronde 3™,  10 

Espacement  des  créneaux 2"',20 

Largeur  de  chaque  créneau 1™,04 

Hauteur  d'appui t™,35 

Profondeur  de  l'embrasure 0",40 

Hauteur  supputée  du  chemin  de  ronde 

au-dessus  du  sol 4'", 20 

Largeur  approximative  du  chemin  de 

ronde  d'après  le  plan  du  Guklen- 

Thurn 2",50 

Le  chemin  de  ronde  n'existe  plus,  mais  on  retrouve 
la  trace  des  corbeaux  qui  le  supportaient.  Ces  cor- 
beaux, de  0™,45  de  hauteur  sur  O^^SO  de  largeur 
étaient  espacés  de  l''\65  et  portaient  apparemment 
des  dalles  de  0^,20  à  0'",25  d'épaisseur. 

2.  Cette  disposition  d'escaliers  pouvait  se  voir  contre  la  tour  de  la  porte  de  l'Hôpital 
avant  la  construction  du  service  anatomique.  D'après  le  plan  du  Gulden- Thum ,  c'était 
aussi  par  un  escalier  extérieur  qu'on  arrivait  au  chemin  de  ronde  et  au  premier  étage  de 
la  tour. 


—  100  — 

de  constater  qu'il  n'était  supporte  par  aucune  tbndalion,  et  que  sa  base, 
construite  en  grosses  pierres  de  taille,  reposait  simplement  sur  le  fond  du 
fossé.  Ce  vice  de  construction,  dû  peut-être  à  la  précipitation  avec  laquelle 
on  avait  dû  se  fortifier,  explique  la  catastrophe  survenue  en  14.21,  où  une 
crue  extraordinaire  des  eaux  fit  écrouler  toute  la  partie  comprise  entre 
la  porte  Sainte-Elisabeth  et  celle  de  l'Hôpital  '. 

Tours.  xVu  voisinage  de  Saint-Marc  se  trouvaient  : 

1''  Le  Däumel  TImrm,  ainsi  nommé  parce  qu'on  y  appliquait  autrefois 
la  torture  aux  accusés.  Les  substruclions  découvertes  récemment  sous  le 
pavé  de  la  rue  ont  permis  de  constater  l'emplacement  exact  de  cette  tour. 
M.  l'architecte  de  la  ville  a  bien  voulu  faire  marquer  l'emplacement  par 
une  ligne  de  gros  pavés. 

Silbermann  rapporte  qu'on  y  voyait  une  poterne  murée  qui,  autrefois, 
donnait  issue  sur  la  campagne  l  Cette  poterne  s'appelait  le  Finkivciler- 
Thurlein.  La  tour  a  été  démolie  en  1700,  d'après  Herrmann. 

La  deuxième  tour  se  trouvait  dans  l'enceinte  même  ôa  BlaUerhaus , 
dont  elle  avait  pris  le  nom;  elle  figure  encore,  quoiqu'à  tort,  sur  le  plan 
le  plus  récent  de  la  ville.  Rasée  d'abord  à  hauteur  du  premier  étage,  ses 
restes  ont  été  démolis  vers  le  commencement  du  siècle  actuel. 

La  troisième  tour,  dont  les  fondations  profondément  lézardées  et  déta- 
chées du  mur  d'enceinte  ont  été  reconnues  lors  de  la  construclion  des 
greniers  des  hospices,  était  placée  à  l'extrémité  de  l'impasse  du  Haras. 

D'après  Silbermann,  cette  tour  avait  été  également  percée  d'une  po- 
terne, mais  avait  été  démolie  depuis  longtemps. 

Enfin,  la  tour  et  porte  Sainte-Elisabeth  dont,  à  moins  de  fouilles,  l'em- 
placement ne  saurait  être  exactement  déterminé  ^ 

Seconde  enceinte.  Déjà  en  1313,  même  avant  l'achèvement  de  la  pre- 
mière enceinte,  on  avait  reconnu  l'insuffisance  de  ce  moyen  de  défense; 
un  second  mur  avec  un  second  fossé  avaient  été  construits  depuis  la  porte 
des  Bouchers  jusqu'à  la  tour  Sainte-Catherine. 


1.  La  partie  démolie  par  les  hospices  surploiubail  de  0%jO  sur  la  base  du  côtô  du 
fossé. 

2.  Le  cIieiuiQ  extérieur  qui  partait  de  cette  poterne  est  indiqué  dans  le  plau  XI  de 
SUbermauu. 

3.  Suivant  Silbermann,  les  deux  tours  extérieures  à  cette  porte  ont  été  démolies  en 
1G57.  Il  ne  dit  rien  de  la  démolitioji  de  la  tour  principale.  Toutefois  elle  ne  figure  plus 
sur  le  plau  de  l'architecte  Bloiidel  qui  date  de  1765, 


—  107  — 

MaLi  ce  ne  fut  qu'un  siècle  et  demi  plus  tord,  en  1475,  que  celle 
seconde  enceinte  fut  prolongée  depuis  la  porte  des  Bouchers  jusqu'à  l'ïll. 

La  portion  voisine  de  Saint-Marc  de  ce  second  mur  et  de  ses  tours  a 
été  découverte,  en  1851,  par  M.  le  colonel  de  Morlet,  à  l'occasion  d'un 
remarquable  mémoire  militaire  sur  la  place  de  Strasbourg. 

Ce  qu'il  y  a  de  particulièrement  intéressant  dans  celle  partie  de  la 
seconde  enceinte,  c'est  qu'elle  témoigne  du  changement  survenu  dans 
l'art  de  la  guerre  par  l'emploi  de  la  poudre  à  canon. 

Ainsi  que  le  montrent  les  plans  XII  et  XIII  de  Silbermann,  les  tours 
font  saillie  extérieure  et  sont  percées  d'ouvertures  pour  protéger  les 
flancs  du  mur  au  moyen  de  l'artillerie. 

L'une  de  ces  tours,  le  eckichte  Timm  ou  Scharfen-Eck,  se  voit  encore 
aujourd'hui  ;  elle  est  enclavée  dans  la  maison  de  l'éclusicr  du  grand  bar- 
rage, en  face  de  la  caserne  des  Ponts-Couverts. 

Les  fondations  de  la  seconde  se  retrouveraient  à  l'entrée  d'une  vinai- 
grerie,  derrière  ce  qu'on  appelait  les  vieilles  casernes,  aujourd'hui  recons- 
truites. 

La  troisième,  de  forme  ronde,  se  trouvait  au  pied  de  l'emplacement 
des  glacières.  11  y  a  une  vingtaine  d'années  qu'on  trouvait  encore  dans  la 
cave  d'une  maison  de  la  rue  des  Botteleurs,  aujourd'hui  le  Heubinder- 
gässchen  n°  4,  le  pourtour  des  embrasures  à  canons  de  celte  tour,  diri- 
gées, les  unes,  vers  la  campagne,  les  autres,  suivant  les  flancs  du  mur. 

Le  mur  passait  lui-même  sur  l'emplacement  de  la  malterie  de  MM.  Hall 
et  se  retrouverait  sous  le  sol  de  la  ruelle. 

Ce  second  mur  d'enceinte  et  son  fossé  disparurent  lors  de  la  construc- 
tion dans  le  cours  de  1653  à  1678  des  deux  bastions  de  l'Ill  et  de  Sainte- 
Elisabeth  ,  d'après  les  plans  des  ingénieurs  suédois  que  la  ville  avait  appe- 
lés à  son  aide  ;  mais  les  tours  subsistaient  encore  du  temps  de  Silbermann 
(en  1775). 

Silbermann  rapporte  le  fait  suivant  au  sujet  de  la  tour  ronde  qui  ser- 
vait de  poudrière  : 

En  1623,  le  jour  de  saint  Jean-Baptiste,  un  violent  orage  éclata  sur  la 
ville  à  quatre  heures  du  matin,  et  un  coup  de  foudre  mit  le  feu  à  la  toi- 
ture de  la  tour;  les  voisins  fuyaient  dans  la  crainte  d'une  explosion,  quand 
deux  hommes  courageux,  un  charpentier  et  un  valet  de  l'Arsenal,  mon- 
tèrent dans  la  tour  et  se  rendirent  maîtres  du  feu. 

Antiquités  et  objets  d'art.  Saint-Marc  possède  divers  objets  d'art  et 
d'antiquité  qui  offrent  de  l'intérêt;  ce  sont  : 

1°  Deux  tableaux,  l'un  de  la  fin  du  quatorzième  siècle,  l'autre  peut- 


—  198  - 

être  du  commencement  du  quinzième,  remarquables  surtout  par  la 
naïveté  des  détails;  l'un  représente  saint  Joseph  au  moment  où  il  se  dis- 
pose à  quitter  sa  fiancée,  la  vierge  Marie.  Un  ange  descendant  du  ciel 
l'instruit  du  mystère  (Évangile  de  saint  Mathieu,  chap.  I,  18-20).  L'autre 
représente  une  scène  d'intérieur  de  la  sainte  famille. 

Ces  tableaux,  restaurés  autant  que  leur  état  de  dégradation  l'a  permis, 
proviennent  probablement  de  l'ancien  couvent  dont  le  mobilier  serait 
resté  à  la  fondation  de  Saint-Marc. 

2"  Quatre  bustes,  qui  paraissent  remonter  à  la  fin  du  quinzième  ou  au 
commencement  du  seizième  siècle,  mais  qui  n'offrent,  à  l'heure  qu'il  est, 
qu'un  intérêt  artistique,  attendu  qu'on  n'a  pu  jusqu'à  présent  trouver 
trace  de  leur  origine  et  de  leur  véritable  signification. 

L'une  de  ces  figures  représente  un  personnage  à  l'air  patelin,  avec  les 
yeux  fermés  et  tenant  à  la  main  une  charte  munie  de  son  sceau.  Ce  pour- 
rait être  le  portrait  ou  d'un  donateur  ou  d'un  ancien  Stadtschreiber. 
L'autre,  dû  au  même  ciseau,  pourrait  être  celui  d'un  plaideur. 

Des  deux  autres  bustes,  l'un,  sous  la  figure  d'un  juif,  représente  apparem- 
ment l'usure;  l'autre,  aux  traits  hagards  et  sous  une  coiffure  à  laquelle  pen- 
dent deux  grelots,  paraît  devoir  caractériser  la  folie  ou  peut-être  un  lépreux. 
Si  mes  recherches  aboutissent,  j'en  ferai  l'objet  d'une  notice  spéciale. 

S°  Un  diptyque  renfermant  le  portrait  de  Maurice  Ueberheu ,  ancien 
prévôt  de  Saint-Pierre-le-Jeune ,  qui  légua  à  la  fondation  la  totalité  de  sa 
fortune,  et  entre  autres  un  capital  de  8000  florins  destiné  à  procurer  des 
subsides  à  des  étudiants  sans  fortune,  fondation  qui  s'exécute  encore  au- 
jourd'hui. 

Ce  monument,  dont  nous  donnons  la  photographie,  a  été  érigé  en 
1608  à  la  mémoire  du  bienfaiteur  par  les  administrateurs  de  l'œuvre. 
(Voy.  p.  200  et  201  les  inscriptions  que  portent  les  panneaux.)  Ueberheu 
avait,  comme  le  fait  voir  l'inscription,  passé  au  protestantisme. 

4°  Les  écussons  de  vingt-neuf  anciens  Pßeger  de  l'aumônerie.  Diverses 
familles  de  Strasbourg  y  retrouveraient  les  noms  de  leurs  ancêtres.  L'ad- 
ministration des  hospices  a  bien  voulu  faire  restituer  ces  objets  dans  leur 

état  piimitif. 

5"  Le  sceau  de  l'aumônerie  instituée  en  1523.  Ce 

sceau  se  compose  d'une  croix  imitée  de  celle  de 

l'hôpital  avec  les  branches  doublement  recoupées; 

|le  milieu  est  traversé  d'un  A  majuscule  {Almosen); 

l'exergue  porte  :  S.  des  gemeinen  Almusen  zu  Strass- 

hury. 


Pierres  himulaircs.  L'atlminislralion  de  Sainl-Marc  clail  autrefois  char- 
gée de  la  police  des  sépultures  et  avait  à  sa  disposition  les  pierres  tumii- 
laires  abandonnées. 

Il  paraît  qu'en  cas  d'encombrement  on  disposait  parfois  de  ces  pierres 
ou  de  leurs  débris  pour  des  constructions  ou  réparations.  Plusieurs  ont 
été  trouvées  dans  des  touilles  faites  à  Saint-Marc  et  ont  été  enchâssées 
dans  le  mur  du  bâtiment.  Un  débris  de  croix  porte  l'épitaphe  suivante: 

HEIR   •  RVGET  IN 

GOTT   •  DER  •   HOCHACH 

BAREN   •  VND   •  KVNSTBRIMETEN 

HERR  •   lOSEF   •  LAVTENSCHLAGER 

GEWESNER   •  STEINMETZEN   •  WERK 

MEISTER   •   DES   •   MVNSTERS   •  AVCH 

EINES   •  ERSAMEN   •   GROSEN 

RATHS   •   WAR  •   GEBOREN 

ANNO   •    1632    •   DEN  6  DE 

CEMBER 

Une  autre  pierre,  d'un  beau  travail,  porte,  suspendus  à  un  pa'mier, 
deux  écussons  qui  jusqu'à  présent  n'ont  pu  être  définis.  J'invite  mes- 
sieurs les  membres  de  la  Société  à  venir  visiter  les  dilTérents  objets  que 
je  viens  de  décrire  et  à  apporter  le  concours  de  leurs  lumièics  pour  ce 
qui  reste  à  éclaircir  à  leur  sujet. 

J.  Bernhard. 


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NOTICE 


UNE  ANCIENNE  MAISON  DE  STRASBOURG. 


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La  ville  de  Strasbourg  a  subi  dans  les  dernières  années  bien  des 
changements,  une  foule  d'anciennes  constructions  ont  été  démolies,  le 
cachet  moyen  âge  que  notre  ville  portait  encore  à  un  si  haut  degré 
s'est  passablement  effacé,  j'ai  donc  pensé  que  chaque  architecte  ou 
constructeur  qui  est  dans  le  cas  de  faire  disparaître  un  de  ces  témoins 
des  temps  passés  devrait  en  conserver  l'image  aux  générations  fulures. 

C'est  ce  que  j'ai  déjà  tenté  de  faire  pour  notre  ancien  Gymnase  ainsi 
que  pour  le  vieux  Temple-Neuf. 

Aujourd'hui  c'est  une  construction  bien  moins  en  évidence,  une 
ancienne  maison  canoniale  de  Saint-Thomas  que  je  voudrais  sauver  de 
l'oubli. 

C'est  à  l'extrémité  de  la  rue  de  l'Ail  {Knohlochgasse,  au  treizième 
siècle  Kalbergassc ,  au  quatorzième  siècle  aussi  Spettergassé) ,  où  elle 
portait  en  dernier  lieu  le  n"  4,  que  se  Irouvait  cette  ancienne  habita- 
tion ;  elle  se  composait  de  deux  coips  de  logis  distincts,  l'un  ayant 
son  pignon  sur  la  rue  de  l'Ail,  l'autre  situé  plus  en  arrière  entre 
cour  et  jardin;  il  y  avait  en  outre  des  dépendances  dont  il  va  être 
question  ci-après. 

La  propriété  était  bornée  au  nunl  par  la  rue  de  l'Ail,  à  l'est  par 
deux  propriétés  particulières  (maisons  Klose  vers  le  (juai  et  Widmann 
vers  la  rue  de  l'Ail),  à  l'ouest  par  une  ruelle  ou  plutôt  un  fossé  la 
séparant  d'uiif;  auti'c  jnopriété  de  Saint-Thomas  (le  Leirhhœffd) ^  au  sud 
le  jardin  iilluil  jusqu'à  la  rivière  (avant  la  conslrurlion  du  <puii  en 
1772J. 


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—  203  — 

L'entrée  principale  de  la  propriété  se  trouvait  dans  la  rue  de  l'Ail, 
c'était  une  porte  cochère  en  ogive  ;  une  autre  porte  donnait  de  la  rue 
directement  accès  aux  caves. 

La  porte  en  ogive  était  surmontée  d'une  construction  assez  originale 
ne  contenant  qu'une  seule  pièce,  devant  avoir  servi  de  loge  de  por- 
tier. Cette  petite  construction  reposait  sur  le  mur  de  façade  et  sur  le 
mur  latéral  vers  la  ruelle,  un  seul  gros  poteau  en  chêne  portait  le 
quatrième  angle.  Cette  loge  était  éclairée  sur  la  rue  par  une  fenêtre 
trigéminée. 

Il  est  à  remarquer  que  cette  petite  construction  portait  un  nom 
particulier,  Nussbickei'. 

Après  avoir  franchi  la  porte  cochère  on  se  trouvait  dans  une  cour 
assez  spacieuse,  à  gauche  un  perron  donnait  accès  au  rez-de-chaussée 
du  bâtiment  vers  la  rue.  Ce  bâtiment  à  rez-de-chaussée  et  un  étage 
était  construit  en  maçonnerie,  au  centre  de  ce  rez-de-chaussée  se 
trouvait  un  énorme  vestibule;  à  droite,  une  grande  pièce  donnant  sur 
la  cour  avec  une  dépendance  sombre;  à  gauche  une  pièce  et  une  cui- 
sine, l'escalier  se  trouvait  vis-à-vis,  il  conduisait  au  premier,  qui  con- 
tenait une  rangée  de  pièces  sur  la  cour  et  une  cuisine,  deux  greniers 
surmontaient  le  tout. 

La  maison  entre  cour  et  jardin  était  analogue  à  la  première  avec  la 
différence  que  le  premier  étage  était  en  pans  de  bois  et  que  l'escalier 
était  logé  dans  une  tourelle  accolée  à  la  façade  vers  le  jardin,  ce  qui 
donnait  à  cette  partie  des  bâtiments  beaucoup  d'originalité. 

Outre  les  bâtiments  déjà  signalés,  il  existait  entre  celui  du  centre 
et  celui  vers  la  rue  un  bâtiment  de  dépendances  avec  écuries  et  remise 
au  rez-de-chaussée,  une  galerie  ouverte  et  des  galetas  au  premier. 
Un  autre  bâtiment  de  peu  de  profondeur  s'étendait  le  long  du  fossé 
du  Leichhœ/fel  et  mettait  la  maison  sise  entre  cour  et  jardin  en  com- 
munication avec  le  Niissbicker;  au  rez-de-chaussée  ce  bâtiment  ne 
paraît  avoir  servi  que  de  bûcher,  au  premier  de  galerie,  plus  tard 
convertie  en  une  rangée  de  chambres. 

Cette  maison  devant  servir  de  demeure  aux  chanoines  et  à  leurs 
successeurs  les  professeurs,  on  avait  sans  doute  jugé  nécessaire  de  leur 
permettre  de  se  rendre,  sans  passer  par  la  rue,  aux  autres  bâtiments 
du  chapitre  {Schaff eneij ,  etc.)  qui  se  trouvaient  de  l'autre  côté  du  Leicli- 
hœffel,  et  à  cet  effet  on  avait  établi  un  petit  pont  sur  le  fossé  entre 
les  deux  propriétés  ;  ce  pont,  recouvert  d'une  toiture  en  tuiles,  se  trouve 
encore  mentionne  dans  un  état  des  lieux  dressé  en  1830. 


—  204  — 

La  vue  perspective  jointe  à  la  présente  notice  est  supposée  prise  au- 
dessus  du  presbytère  accolé  à  l'église  de  Saint-Thomas;  sui' le  premier 
plan  à  droite  se  trouve  la  maison  du  sacristain,  à  côté  la  porte  en 
plein  cintre  donnant  accès  au  Leichhœ/fel,  les  divers  bâtiments  décrits 
ci-dessus  se  reconnaissent  facilement,  au  fond  on  aperçoit  la  rivière, 
riiùtel  du  Dragon  (hôtel  du  Gouvernement)  et  quelques  maisons  du 
quai  Saint-Nicolas. 

En  faisant  les  fouilles  pour  les  nouvelles  constructions,  j'ai  constaté 
que  vers  la  rue  de  l'Ail  le  sol,  sous  le  terrain  rapporté,  était  formé 
de  sable  vaseux  à  une  profondeur  de  5"V'0  à  partir  du  pavé  actuel 
de  la  rue,  tandis  que  poui'  les  constructions  du  même  emplacement, 
mais  vers  le  quai,  l'établissement  de  fondations  solides  a  présenté  bien 
moins  de  difficultés;  la  même  expérience  a  déjà  été  faite  pour  la  mai- 
son rue  Saint-Thomas  n°  i  et  pour  le  bâtiment  du  réfectoire  dans  la 
cour  du  Séminaire  protestant.  C'étaient  toujours  les  fondations  les  plus 
éloignées  de  la  rivière  actuelle  qui  étaient  les  plus  difficiles  à  établir; 
en  outre  l'ancien  mur  de  soutènement,  à  partir  de  la  maison  rue  Saint- 
Thomas  n°  1  jusqu'à  la  Monnaie,  formait  un  angle  rentrant;  un  terrain 
vaseux  analogue  s'est  présenté  lors  du  creusement  des  fondations  des 
maisons  rue  du  Puits  n°  2  et  rue  de  l'Ail  n°  5. 

L'état  de  ces  divers  terrains  et  leur  situation  sur  une  ligne  à  peu 
près  droite  me  font  supposer  qu'un  bras  de  l'Ill  a  dû  se  séparer  de 
la  rivière  près  de  l'hôtel  de  la  Monnaie  et  suivre  la  direction  de  la 
façade  sud  de  l'église  Saint-Thomas  et  de  la  rue  de  l'Ail. 

On  a  trouvé  dans  les  fouilles  des  nouvelles  constructions  rue  de 
l'Ail  n°  4-: 

1°  Une  petite  lampe  romaine  en  terre  cuite, 

2°  Un  pot  en  terre  cuite  (0™,20  de  haut)  avec  goulot  et  anse, 

S°  Une  brique  romaine  (0'",23  sur  0'",23)  avec  la  marque  de  la  8^ 
légion, 

4°  Ouekjues  médailles,  dont  2  petites  monnaies  romaines  et  une  série 
de  jetons;  l'un  de  ces  derniers,  devant  remonter  au  quatorzième  siècle, 
représente  un  homme  velu,  un  autre  présente  d'un  côté  Vulcanus,  de 
l'autre  Ciparissus. 

Une  question  intéressante  se  présente  encore:  par  qui  celte  maison 
a-l-elle  été  habitée?  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Widmann,  le  proprié- 
taire voisin  qui  a  bien  voulu  me  communiquer  ses  titres  de  propriété 
remontant  jusqu'en  1459,  j'ai  pu  constater  (pie  la  maison  a  été  habitée  : 

En  151o  par  le  chanoine  (Thumherr)  Jacob  Sclienckbecher, 


-  205  — 

En  1520  par  Materne  von  Reichshofïen  (chanoine  dès  \A%,  mort  le 
16  novembre  1527), 

En  1552  c'est  Herr  Sturniius  Timmherr  qui  habile  ce  Tlmmherrn- 
pfrïmdnerhaus. 

Un  litre  de  1553  mentionne  le  même  Tliuniherr  Johann   Slurmius. 

En  1602  la  maison  fut  habitée  par  Georg  Obrecht,  docteur  en 
droit. 

Plus  tard  elle  fut  destinée  au  logement  du  receveur  (Schaffner)  de 
Saint-Thomas. 

M.  Klauhold,  receveur,  l'habita  do  1805  à  1817  et  M.  Wieger,  son 
successeur,  de  1817  à  1855. 

Divers  locataires  ont  occupé  ces  bâtiments  de  1855  à  1860. 

Après  l'incendie  du  Gymnase  et  du  collège  Saint-Guillaume  en  1860 
une  partie  de  ce  dernier  établissement  y  fut  installée;  M.  Bronner,  son 
directeur,  occupait  le  premier  étage  du  bâtiment  vers  le  jardin  ;  au 
rez-de-chaussée  on  avait  établi  les  cuisines  et  le  réfectoire. 

Plus  tard  ces  bâtiments  servirent  de  presbytère  provisoire  et  furent 
habités  successivement  par  MM.  les  pasteurs   Braunwald    et   ßühlmann. 


Relevé  des  anciens  titres  de  la  maison  Widmann, 

rue  de  l'Ail  u»  8. 

1"  1459.  (Titre  allemand.)  —  Arbitrage  entre  Junker  Ludwig  von  Rooshehn  und  Junker 
Claus  Lentzel.  Etaient  arbitres:  Jost  von  Wurms,  Werkmeister  unserer  liehen  Frauen 
Münster,  Hanns  Ammeister,  Murer,  und  Claus  Graseck,  limbcrmann. 

2°  I  i70.  (Titre  latin.)  —  Barbara  Wurseler,  veuve  de  feu  Kuntz  dit  Merkelskuntz, 
reconnaît  que  sa  maison  dite  Fern  Hartburg  doit  une  renie  de  1  livres  et  2  chapons.  Il 
n'est  pas  sûr  que  ce  titre  se  rapporte  à  la  maison  Widmann. 

3°  1513.  22  avril.  (Titre  latin.)  —  Walter  Riff,  écuyer  {Junker),  et  sa  femme  Brigitte 
i"c//o/Z  empruntent  sur  leur  maison  dite  zmn  Gulden  in  der  Knobelochsgasse  100  Uorins 
contre  une  rente  de  4  %  florins.  La  maison  canoniale  attenante  était  alors  habitée  par 
le  Tliumherr  Jacob  Schenkbecher.  (Jacques  Schenkbecher  est  mort  en  1513.) 

4"  1520.  24  janvier.  (Titre  latin.)  —  Junker  Walter  Riff  emçvxmie  à  Catherine  Riff',  veuve 
de  Hugues  Bietenheim,  300  florins  d'or  contre  une  rente  de  12  florins  d'or  sur  une  maison 
dite  zum  Gulden.  La  maison  canoniale  attenante  est  habitée  par  le  Ihumherr  Materne 
von  Richshoffen  (chanoine  dès  1495,  mort  le  IG  novembre  1527). 


—  206  — 

5"  1552. —  Georg  Messi/u/er  et  sa  femme  Catharinu  Münc/iifi\o]H\vul  à  Paul  Schofictà 
sa  femme  Margaretha  von  Bcrkheim  ein  Haus  in  der  Knobelochgasse  genannt  v  zum  Gul- 
den» nebeji  eines  Ihunihcrrnpfrilndnerliaus  zu  St.  Thomann ,  ivelches  Herr  Sturmius , 
Thumherr,  besitzt.  (Jean  Sturm  de  Sleide,  né  le  I"  octobre  1507,  est  arrivé  à  Strasbourg- 
le  6  janvier  1537;  Is  10  novembre  1555  il  est  élu  prévôt  du  chapitre  et  a  dû  alors  quitter 
sa  maison  de  chanoine,  rue  de  l'Ail,  pour  la  maison  de  la  prévôté  [Probsteifio/],  rue 
des  Cordonniers,  1  ;  il  est  mort  dans  cette  dernière  maison  le  3  mars  1589.) 

G»  1553.  —  Paulus  Schott  et  sa  femme  Margarefh  von  Berkheim  vendent  à  Hans  Sclimal- 
zen  ein  Haus,  Knoblochgasse ,  neben  einem  ThumpJ'rilndnerhaus,  ivelches  Herr  Johann 
Stîtrmius,  Thumherr  von  St.  Thonian,  besitzt. 

7"  1553.  —  Titre  presque  identique  au  précédent. 

8°  1G02.  — Jacob  Schmalz  vend  à  Siegmund  Flach  da.s  Haus  «zum  Goldgulden»;  la 
maison  canoniale  attenante  est  habitée  jiar  Georg  Ohrecht.  Docl.  der  Rechte. 

9°  1614.  —  Siegmund  Flach  vend  à  Johann  Heller,  Amtma?in  zu  W'asslenheim. 

10°  1638.  —  Les  exécuteurs  testamentaires  de  Justina  Engelhardin  unseres  gewesenen 
alten  Ammeisters  des  fürsichlig  und  wysen  Herrn  Johann  Hellers  nachgelassener  Wittib 
vendent  à  Johann  Karl  Wesener. 

\i°  1714.  —  Johann  Jacob  Weszener  vend  à  Johann  Philipp  Weszener  la  moitié  de  la 
maison. 

12»  1718.  —  Johann  Philipp  Wess7ier  vend  la  maison  à  Andreas  Altenberger,  Silber- 
arbeiter. 

13"  173G.  —  Veuve  Altenberger  vend  la  maison  à  Jacob  Bernouillij,  Handelsmann. 

14°  17Gi.  —  Johann  Michael  Häring,  chargé  de  procuration  de  Fr.  Maria  Margaretha 
geb.  Breissiverlcin  unseres  Burgers  Jacob  Bernouilli  des  von  hier  ausgetretenen  Handels- 
mann Ehejrau,  vend  la  maison  à  Frau  Felzig  geb.  Hilthi/t. 

!5°  1777.  —  Frau  Maria  Üorolhea  Felzigin  geb.  Hulhin  vend  la  maison  au  notaire  Ens- 
felder,  avec  la  condition  dass  das  Haus  7iiemalen  an  einen  Juden  dürfe  verkauft  oder 
verleh/it  iverden  bei  Strafe  vo)i,  Zweilausend  Guldeji,  wovoti  die  Hälfte  dem  Waisenhaus , 
die  Hälfte  dem  Spital. 

1  G°  1 G  brumaire  an  8.  —  Partage  par  lequel  la  maison  échut  à  Philipp  Ludwig  Ensf eider. 

17°  1810.  —  Philippe-Louis  Ensfelder  vend  la  maison  à  Jean-Georges  Klein. 

18°  1821.  —  Louis-Antoine-Joseph  Prost  (gendre  de  J.  G.  Klein)  la  vend  à  Placide- 
Constantin  Vaccari. 

E.   Salomon, 

Architecte. 


LES 


EGLISES    FORTIFIEES. 


I. 


Messieurs , 


On  est  frappé  de  renconlrer  parfois  dans  ses  pérégrinations  archéolo- 
giques des  églises,  surtout  des  tours  d'églises  et  des  cimetières,  qui 
conservent  de  notables  restes  de  fortifications.  Ces  fortifications  permet- 
taient jadis  aux  communes  et  à  leurs  seigneurs-patrons  de  défendre  le 
sanctuaire  contre  certaines  attaques.  On  s'aperçoit  aisément  que  ces  défenses 
n'étaient  point  d'un  usage  purement  transitoire  ou  de  circonstance.  Elles 
portent  un  caractère  de  permanence;  l'église  et  le  champ  du  repos  avaient 
besoin  d'être  abrités  contre  les  dangers  de  la  situation  politique  et  sociale, 
et  durant  des  siècles  les  monuments  religieux  pourvus  de  défenses  visaient 
ce  but  bien  défini. 

A-t-on  traité  cette  question  comme  elle  mérite  de  l'être? Nous  ne  savons; 
mais  il  nous  sera  permis,  même  après  d'autres  publicistcs,  d'émettre 
une  opinion  et  d'envisager  la  question  à  son  point  de  vue  historique.  L'Al- 
sace, qui  comptait  jadis  un  nombre  fort  respectable  d'églises  fortifiées, 
n'en  cite  aujourd'hui  que  de  rares,  mais  de  précieux  exemples.  Nous  nom- 
mons d'abord  le  cimetière  de  Ilartmannswiller  et  celui  de  Hunawihr  dans 
le  Haut-Rhin,  la  tour  de  l'église  de  Châtenois,  des  restes  d'enceinte  de 
Saint-Jean  de  Dorlisheim,  enfin  le  mur  qui  entourait  la  célèbre  abbaye  de 
Wissembourg.  Dans  le  Palatinat  bavarois,  le  cimetière  de  Dürrenbach 
offre  un  curieux  exemple  d'une  position  stratégique  du  moyen  âge,  et  la 
vallée  du  Rhin  possède  des  clochers,  garnis  de  mâchicoulis  et  de  vigies, 
qui  attestent  leur  origine  et  leur  but. 

Ailleurs,  surtout  dans  le  midi  de  la  France,  ces  exemples  se  multiplient 
et  les  sanctuaires  fortifiés  se  présentent  dans  un  état  de  conservation  bien 


—  208  — 

plus  parfait  quo  dans  nos  contrées.  La  cathédrale  de  Viviers  semble  avoir 
été  jadis  bien  garantie  contre  une  attaque  éventuelle.  Tout  près  d'Arles' 
les  formidables  ruines  de  l'abbaye  de  Montmajour  attestent  que  l'établisse- 
ment, avant  d'être  couché  à  terre,  a  dû  vaillamment  se  défendre.  On  sait 
que  dans  les  terribles  incursions  des  Sarrasins,  l'abbaye  avait  soutenu 
plus  d'un  siège  contre  ces  sauvages  conquérants.  Marseille  possède  les 
vénérables  restes  d'un  monument  du  genre  dans  l'abbaye  de  Saint-Victor. 
A  l'exlrémité  est  de  celte  grande  ville,  presqu'aux  bords  de  la  Méditer- 
ranée, les  murs  crénelés  de  cette  antique  pépinière  de  savants  émergent 
des  maisons  qui  l'étreignent.  Saint- Victor  mériterait  à  plus  d'un  point  de 
vue  le  bienveillant  patronage  de  la  municipalité.  Ce  fut  au  cinquième  siècle 
l'un  des  berceaux  du  christianisme  prêché  dès  les  premiers  temps  par  les 
Lazare  et  les  Maximin.  Dans  les  siècles  féodaux,  Saint- Victor  dut  pourvoir 
à  sa  défense  et  devint  forteresse.  Aujourd'hui  ses  bâtiments  sont  délabrés; 
son  église  et  sa  curieuse  crypte  sont  peu  soignées,  et  l'œuvre  d'une  reslau- 
latioii  foncière  et  intelligente,  que  l'établissement  mériterait  à  tant  d'égards, 
se  fait  attendre.  On  y  songera  peut-être  quand  il  sera  trop  tard. 

Les  provinces  pyrénéennes  ont  eu  le  privilège,  peu  enviable  peut-être, 
d'avoir  de  nombreuses  églises  fortifiées;  nous  en  dirons  la  raison.  Les 
belles  vallées,  couvertes  jadis  de  monastères,  étaient  souvent  exposées 
aux  ravages  des  musulmans  d'Espagne  et  des  Normands  du  Nord,  et  le 
grand  nombre  des  églises  paroissiales  et  conventuelles  durent  être  entou- 
rées de  murs  de  défense.  Cette  circonstance  explique  le  fait,  mais  ne 
donne  pas  la  solution  de  la  question  générale,  que  nous  allons  examiner. 

Une  des  causes  qui  ont  dû  contribuer  davantage  à  fortifier  les  églises, 
c'est  leur  position  topographique  favorable.  Dans  les  luttes,  l'armée  amie 
ou  ennemie  avait  intérêt  à  occuper  ces  bâtiments  ainsi  que  les  cimetières, 
ordinairement  établis  en  éminence,  et  olliant  des  points  stratégiques  d'une 
facile  défense.  Dans  toutes  les  guerres  on  peut  le  constater. 

Les  églises  avaient  leurs  patrons,  et  souvent  ces  seigneurs  occupaient 
leur  château  sur  le  territoire  ou  la  paroisse  de  l'égUse.  Dans  ce  cas,  les 
seigneurs  avaient  double  intérêt  à  mettre  en  bon  état  de  défense  et  leur 
château  et  l'église  patronnée  par  eux.  C'était  le  cas,  pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  de  Ilartmannswiller,  dont  l'éghse  et  le  cimetière  fortifiés  avaient 
les  Waldncr  de  Freundstein  pour  patrons  temporels.  Cette  famille  habitait 
sur  les  confins  de  la  paroisse  un  donjon  à  l'abri  d'une  attaque. 

Le  même  motif  engageait  les  chefs  de  monastères  à  mettre  à  l'abri  d'un 
coup  de  main  leur  abbaye  d'abord,  ainsi  que  l'église,  puis  les  églises  qui 
relevaient  de  leurs  possessions  teriilurialeä.  Les  abbés  ([ui  avaient  juridic- 


—  209  — 

lion  spirituelle  et  temporelle  sur  un  certain  nombre  de  viliag-es,  se  virent 
obligés  de  désigner  des  avocats  cbargés  de  la  défense  de  leurs  propriétés, 
et  souvent,  aux  époques  de  décadence  et  d'anarcbie,  ils  durent  eux-mêmes 
endosser  la  cotte  de  mailles,  pour  repousser  les  attaques  fréquentes  de 
leurs  voisins  turbulents.  Les  terribles  incursions  des  Normands  au  nord, 
celles  des  Sarrasins  sur  les  côtes  d'Italie  et  de  France  rendaient  ces  pré- 
cautions nécessaires;  églises  et  abbayes  reçurent  des  fortifications.  Pour 
des  raisons  moins  majeures  et  afin  de  se  mettre  à  l'abri  des  convoitises  de 
mécliants  voisins,  les  chefs  de  diocèses  et  d'ordres  religieux  munissaient 
de  défenses  les  églises  de  leur  juridiction.  Ces  exemples  ne  sont  pas  rares; 
on  en  voit  un  de  nos  jours  dans  la  curieuse  église  de  Royat,  près  deClcr- 
mont  en  Auvergne,  église  solidement  fortifiée  et  qui  relevait  de  l'abbaye 
de  Mozat,  aux  portes  de  Riom. 

Les  communes  elles-mêmes  devaient  en  temps  et  lieu  recourir  à  ce 
moyen,  pour  se  prémunir  contre  les  agresseurs.  Elles  faisaient  en  petit 
ce  que  les  bourgades  et  les  petites  villes  furent  forcées  de  faire  sur  une 
plus  vaste  échelle,  et  ne  pouvant  entourer  de  murs  leur  village  souvent 
disséminé,  on  voulait  se  créer  un  appui  et  un  refuge  dans  l'enceinte  du 
sanctuaire  et  du  champ  de  repos.  La  période  de  l'interrègne  (fin  treizième 
et  quatorzième  siècles),  après  la  mort  du  dernier  Hohenslaufen,  était  en 
particulier  celle  où  chaque  communauté,  religieuse  ou  civile,  fut  forcée 
de  pourvoir  à  sa  sauvegarde. 

Nous  trouvons  enfin  une  dernière  cause,  et  une  des  principales,  dans 
l'établissement  des  ordres  religieux-militaires,  nés  en  Europe  ou  trans- 
plantés de  la  Palestine  dans  nos  régions.  Ces  ordres  étaient  éminemment 
militants,  et  comme  tels  ils  eurent  l'habitude  de  munir  de  défenses  leurs 
établissements.  L'Alsace  en  possédait  plusieurs,  ceux  entre  autres  des 
chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 

On  voit  que  les  causes  qui  amenaient  la  nécessité  de  fortifier  les  églises 
sont  multiples.  Certains  sanctuaires,  situés  aux  extrémités  des  villes  et 
des  bourgades,  entraient  naturellement  dans  le  rayon  des  fortifications 
qu'on  allait  élever;  on  ne  les  démolissait  point,  mais  on  les  faisait  servira 
la  défense  locale.  Les  clochers  devenaient  des  observatoires,  et  les  combles 
se  garnissaient  d'un  chemin  de  ronde.  La  vallée  du  Rhin,  de  Mayence  à 
Coblence,  en  fournit  plus  d'un  exemple,  et  les  deux  belles  églises  ogivales 
d'Obervvesel  portent  encore  le  cachet  de  leurs  anciennes  défenses. 


T.X.  -(M.)  14 


—  210  - 


II. 


Nous  pensons,  Messieurs,  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt  d'entrer  dans 
(]uelqucs  détails  et  d'analyser,  pour  servir  d'exemple,  l'un  ou  l'autre  de 
ces  curieux  monumenis. 

L'Alsace  en  possédait  un  nombre  considérable,  qui  depuis  ont  cédé  à 
des  périodes  moins  tourmentées  et  à  une  civilisation  diflérente.  L'église 
de  IlartmannswJller  est  ceinte  d'un  mur  de  cimetière  forlifié.  L'enceinte 
forme  un  carré;  aux  quatre  angles  s'élevaient  des  tours,  dont  deux  sont 
conservées.  Ces  tours,  reliées  entre  elles  par  un  petit  chemin  couvert, 
étaient  susceptibles  d'une  bonne  défense,  et  l'ensemble  donnait  à  l'occa- 
sion un  refuge  aux  habitants;  les  nobles  Waldncr,  à  la  tête  des  hommes 
valides,  dirigeaient  la  défense. 

Le  cimetière  de  Ilimavvihr,  près  de  Ribeauvillé,  a  conservé  également 
son  enceinte  fortifiée.  Celle-ci  forme  un  pentagone,  dont  chaque  angle 
était  muni  d'une  vigie  comme  à  Ilartmannswiller.  Celait,  avec  l'église,  un 
jioint  stratégique  fort  respectable,  qui  a  dû  servir  d'abri  à  la  population 
dans  plus  d'une  circonstance.  Schöpflin'  fait  mention  d'une  famille  de 
nobles,  seigneurs  de  l'endroit.  L'historien  fut  frappé  de  cette  enceinte  for- 
tifiée, au  point  de  penser  que  l'église  avait  été  bâtie  sur  l'emplacement 
d'un  castel,  dont  on  aurait  conservé  le  mur  de  circonvallalion.  Il  se 
trompe;  certaines  parties  de  l'église  ont  pour  le  moins  läge  du  mur  du 
cimetière,  et  le  but  et  l'intention  de  l'ensemble  accusent  un  sanctuaire 
fortifié,  non  l'existence  hypothétique  d'un  château  fort  plus  ancien. 

Nous  avons  nommé  le  clocher  de  l'église  de  Châtenois,  qui  porte  égale- 
ment l'empreinte  d'une  vigie. 

11  ne  reste  de  l'ancien  établissement  des  chevaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  à  Dorlisheim,  Ja(h's  Thorolzheim,  (jue  quelques  restes  du  mm- 
d'enceinte  et  d'une  porte  d'entrée.  Il  est  aisé  de  voir  que  ce  monastère 
avec  l'hôpital  desservi  par  les  chevaliers-moines  était  fortifié.  Du  temps  de 
Schöpflin,  les  murs  d'enceinte  et  le  fossé  existaient;  seulement  il  n'est 
pas  facile  de  distinguer  si  l'établissement  des  chevaliers  hospitaliers  était 
compris  ou  non  dans  le  vicus  de  Thorolzheim.  Quoiqu'il  en  soit,  les  cheva- 
liers furent  les  défenseurs  naturels  et  du  village  et  de  leur  monastère. 


1.  Msul.  itlusl.,   [.   II     p.   70. 


—  211  — 

Riclier  de  Senones  fait  menlioii  de  riiùpitnl  de  Durlisheiiii,  et  les  cheva- 
liers, établis  également  à  Ilagiiciiau,  avaient  icçii,  dès  le  ((nnlor/.ièine 
siècle,  la  desserte  de  l'église  de  Saint-George. 

Enfin  la  célèbre  abbaye  de  Wisscmbourg  avait  été  fortifiée  dans  le  cou- 
rant des  âges.  Gonirc  ses  ennemis  du  dehors  elle  avait  élevé  aux  flancs  de 
son  territoire  quatre  forts;  contre  ses  rivaux  de  la  ville  elle-même  elle 
devait  se  prémunir  par  une  enceinte  solide,  encore  fort  visible  aujourd'hui. 
La  bourgeoisie  naissante  usait  comme  ailleurs  des  franchises  qu'on  lui 
avait  octroyées,  pour  molester  les  abbés  de  la  fondation  de  Dagobert. 
C'était  mal  reconnaître  les  bienfaits  de  l'abbaye.  Toutefois  ce  rjue  nous 
venons  de  dire  de  l'Alsace,  ne  concerne  que  des  fortifications  rendues  utiles 
à  certaines  époques;  les  églises  elles-mêmes  ne  furent  pas  fortifiées  dès 
rorigine  sur  un  plan  spécial,  celles  des  moines  hospitaliers  exceptées. 
Pour  trouver  des  exemples  d'églises  fortifiées  proprement  dites,  il  faut  se 
transporter  dans  le  midi  de  la  France,  dans  les  vallées  <les  Pyrénées,  où 
la  curiosité  de  l'archéologue  sera  satisfaite. 

La  célèbre  abbaye  de  Montmajour  était  dans  ce  cas.  Malheureusement 
elle  est  complètement  ruinée,  et  ces  ruines,  quoique  immenses,  échappent, 
pour  ce  qui  regarde  l'ancienne  église,  à  une  analyse  exacte.  Par  contre. 
Saint- Victor  de  Marseille  est  assez  conservé,  et  son  église,  fortifiée  dans 
toute  son  étendue,  offre  les  curieux  détails  d'un  édifice  religieux  garni  de 
donjons  et  de  créneaux,  parfaitement  appropriés  à  la  défense.  Nous  croyons 
que  les  Marseillais,  en  restaurant  ce  vénérable  établissement,  feraient 
preuve  de  justice  et  d'intelligence,  et  s'attireraient  la  gratitude  de  tous  les 
amis  de  l'art  et  de  l'histoire.  Malheureusement  les  intérêts  du  commerce 
et  de  l'industrie  priment  ceux  de  l'art,  etil  est  fort  à  craindre  que  la  grande 
cité  commerçante,  si  âpre  au  gain  et  si  portée  à  se  diviser  sur  les  ques- 
tions de  politique,  ne  songera  pas  de  longtemps  à  venir  au  secours  de  son 
monument  le  plus  remarquable,  tout  délaissé  entre  les  masures  qui  l'en- 
tourent et  le  cachent. 

L'église  de  Royat,  au  pied  du  Puy-de-Dôme,  est  romane;  sa  crypte  est 
remarquable,  mais  son  intérieur  est  négligé.  Elle  semble  avoir  été  fortifiée 
dès  l'origine  et  conserve  tous  les  caractères  d'un  castel  prêt  à  opposer  de 
la  résistance  à  une  attaque.  Le  mur  d'enceinte,  appuyé  sur  le  rocher  et 
dominant  la  délicieuse  vallée  de  Royat,  est  crénelé. 

Je  passe  d'un  bond  aux  Pyrénées,  qui  ont  conservé  en  plus  grand 
nombre  des  sanctuaires  fortifiés.  La  vallée  de  Barcges,  que  j'ai  visitée  jus- 
qu'au cirque  de  Gavarnie,  en  possède  plusieurs,  et  dans  le  nombre,  le 
plus  curieux,  puisqu'il  est  le  plus  complet,  celui  de  Luz.  Luz ,  avec  Saint- 


_  212  

Sauveur  et  Inirèges,  forme  la  trilogie  thermale  de  cette  vallée,  et  son 
église  paroissiale  actuelle  est  ce  monument  qui  frappe  tous  les  amateurs 
et  que  nous  allons  faire  connaître. 

Le  petit  croquis  que  je  joins  à  cette  notice  servira  à  en  donner  une 
idée  assez  exacte.  L'église  était  celle  des  Templiers,  qui  avaient  de  nom- 
breuses possessions  dans  ces  vallées.  Toute  sa  disposition  prouve  que  les 
défenses  entraient  dans  son  plan;  l'arcliitecte  voulait  élever  un  édifice 
sacré  qui  jiùlse  défendre,  et  cela  était  de  coutume  dans  ces  contrées  très- 
exposées  aux  incursions  des  Normands,  des  Sarrasins  d'Espagne,  et  plus 
tard  aux  attaques  furieuses  des  Albigeois.  L'historien  de  la  Bigorre, 
M.  de  Lagrcze ',  dit  «qu'une  particularité  remarquable  de  cette  province, 
c'est  le  grand  nombre  d'églises  crénelées,  fortifiées  et  même  entourées 
de  remparts.  Après  les  invasions  des  Normands,  la  Bigorre  eut  à  subir 
l'hérésie  des  Albigeois,  et  Gaston  de  Béarn  fut  surnommé  le  profanateur 
des  églises.  Les  Bigorrais  résistèrent  à  ces  profanations  et  sentirent  la 
nécessité  de  mettre  leurs  temples  en  état  de  défense.  Plus  tard,  lorsque 
les  huguenots  renouvelèrent  les  horreurs  du  treizième  siècle,  les  fortifica- 
tions furent  de  nouveau  reconnues  indispensables  et  réparées.» 

L'église  de  Luz  offre  d'abord  une  enceinte  crénelée,  dont  la  base  est  en 
forme  de  parapet.  Deux  fortes  tours  sont  établies  entre  le  chœur  et  la  nef. 
On  a  fait  de  celle  du  Sud  un  clocher;  primitivement  elle  n'était  point  clo- 
cher, mais  tour  de  défense,  comme  celle  du  flanc  nord,  et  garnie,  de  même 
que  celle-ci,  de  mâchicoulis,  ainsi  que  couronnée  de  créneaux.  La  tour 
nord,  voûtée  au  rez-de-chaussée,  sert  de  passage  à  l'église.  La  porte 
fermée,  l'église  et  l'enceinte  du  cimetière  étaient  en  élat  de  défense.  Si 
l'ennemi  réussissait  à  forcer  la  première  enceinte,  les  défenseurs  se  reti- 
raient dans  les  tours  et  écrasaient  l'ennemi  par  des  masses  de  pierres 
qu'on  faisait  tomber  des  mâchicoulis.  Et  par  les  meuitrières  du  chemin 
de  ronde  des  combles  on  lui  lançait  des  flèches  et  plus  tard  des  balles. 
On  conserve  quelques  arquebuses  de  ce  temps.  La  chose  la  plus  curieuse 
peut-être,  c'est  ce  chemin  de  ronde  supérieur,  établi  à  la  naissance  des 
toits  et  contournant  tout  le  bâtiment,  chœur  et  nef.  Ce  chemin,  parfaite- 
ment couvert,  était  éminemment  propre  à  la  défense  et  achevait  de  faire 
de  l'église  un  véritable  fort. 

Pour  l'ensemble  et  les  détails,  Luz  est  peut-être  l'exemple  le  plus 
remarquable  de  cette  sorte  de  monuments  religieux.  L'église  est  de  la  pé- 
rind(^  de  iran.sition,  lin  du  douzième  et  commencement  du  treizième  siècle; 


1.   Ile  Lag^rèzc ,   JUsloim  relUjicuse  df  la   P-'Djorrc,  p.    1 


—  218  — 

le  portail  principal  est  au  flanc  nord;  il  est  de  jilcin  cinlrc,  uiné  dans  ses 
voussures  do  rinceaux  et  de  hilleUes;  les  colonnelles  et  la  picri'e  en 
général  sont  un  calcaire  ou  plutôt  un  niaihie  gris,  fort  cunnnini  dans  ces 
régions.  Sur  la  base  d'une  des  colonnettes  on  lit  :  Flcdl  non  possuni,  cum 
reclus  sum.  «Je  ne  fléchis  point,  si  je  suis  bien  dressé.» 

Une  autre  église  fortifiée,  très-remarquable,  est  celle  de  Saint-Savin, 
entre  Pierrefite  et  Argelès,  et  (ju'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Saint-Savin 
en  Anjou. 

L'ermite  saint  Savin  est  un  des  apôtres  de  ces  contrées  pyrénéennes.  Il 
partage  avec  saint  Orens,  autre  apôtre,  les  faveurs  du  bon  peuple.  11  avait 
établi  son  ermitage  sur  un  mamelon  qui  dominait  la  belle  vallée  de  Pierre- 
fite,  et  après  qu'il  se  fut  endormi  dans  la  paix  du  Seigneur,  on  éleva  sur 
sa  tombe  un  sanctuaire,  (pii  devint  bientôt  le  berceau  delà  célèbre  abliaye 
de  Saint-Savin,  dont  la  fondation  est  attribuée  à  Gharlemagne,  et  dont 
l'abbé  siégeait  aux  Étals  deBigorre.  L'église  survécut  à  l'abbaye.  Elle  cou- 
ronne pittoresquement  une  belle  montagne  couverte  de  marronniers.  Le 
village,  composé  de  vieilles  maisons,  entoure  le  monument.  Par  une 
chaude  journée  de  juillet,  je  gravis  les  flancs  de  la  montagne;  je  remar- 
quai aux  bords  de  la  route  le  monument  modeste  du  poëte  des  Pyrénées 
Despourrins,  mort  en  1749,  puis  l'antique  chapelle  de  la  Pietal,  enfin 
j'entrai  à  Saint-Savin.  Les  maisons  datent  du  bon  vieux  temjis  de  l'abbaye; 
les  petits  enfants,  c'était  un  dimanche,  saluent  le  prêtre;  les  jeunes  gens 
jouent  aux  quilles  béarnaises  devant  l'auberge;  la  curieuse  basilique  est 
devant  moi  et  révèle  facilement  ses  dispositions  architecloniques.  J'y  entre. 
Le  plan  de  la  basilique  est  celui  de  la  croix  latine,  à  une  nef,  comme  la 
plupart  des  églises  du  Midi,  itransepts  assez  déveloj)pés,  trois  absides  en 
demi-cercle.  Celle  du  milieu  abrite  au  fond  le  tombeau  du  patron  saint 
Savin.  C'est  un  sarcophage  roman-primordial,  très-simple,  orné  d'une 
arcalure  romane,  peu  soignée,  et  dont  le  caractère  général  permet  du 
l'attribuer  à  l'époque  de  la  mort  du  saint.  Il  a  dû  se  trouver  dans  le  sanc- 
tuaire primitif;  l'église  abbatiale  est  du  douzième  siècle.  Un  dôme  s'élève 
sur  l'intersection  de  la  croix.  Un  grand  tableau  peint  sur  bois,  du  quinzième 
au  seizième  siècle,  détaille  dans  dix-huit  compartiments  la  vie  de  saint 
Savin;  les  inscriptions  sont  en  patois  du  i)ays.  L'ensemble  de  l'ameuble- 
ment est  pauvre;  on  voit  que  c'est  encore  l'ancien,  et  ce  défaut  d'orne- 
mentation intérieure  est  général  dans  les  églises  du  Midi.  Le  grand  portail 
est  curieux;  neuf  colonnes  en  retraite  de  chaque  côté  portent  les  vous- 
sures. L'ancienne  salle  capitulairc,  romane.,  fort  jolie,  est  seule  conservée 
des  bâtiments  claustraux. 


—  214  — 

SainL-Savin  jouait  un  rôle  considérable  à  travers  tout  le  moyen  âge. 
Son  abbé  était  membre  ne  des  États  bigorréens,  et  sa  juridiction,  appelée 
Paschcd  de  Samt-Savin,  s'étendait  sur  les  vallées  environnantes.  Elle  s'ap- 
pelait la  république  de  Saint-Savin,  et  on  a  conservé  jusqu'à  nos  jours 
des  restes  d'une  organisation',  qui  se  basait  sur  le  régime  de  l'autorité 
paternelle  et  qui  faisait  le  bonheur  du  pays. 

La  basilique  al)baliale  n'avait  point  été  fortifiée  à  son  origine.  Quand 
des  temps  orageux  le  rendirent  nécessaire,  les  moines  surélevèrent  les 
murs  et  le  pignon  occidental  poui'  y  établir  des  meurlrières  et  un  chemin 
de  ronde,  tels  ({n'on  les  voit  à  bon  nombre  d'églises  du  pays;  on  y  ajouta 
une  enceinte  fortifiée,  démolie  aujourd'hui.  L'abbaye,  parfaitement  placée 
au  sommet  de  la  verte  montagne,  pouvait  facilement  se  défendre. 

Telles  sont  les  données  que  nous  avons  pu  recueillir  sur  plusieurs  sanc- 
tuaires fortifiés.  J'ai  indiqué  les  causes  historiques-  qui  amenaient  nos 
ancêtres  à  se  donner  dans  l'église  et  l'enceinte  du  cimetière  un  refuge 
souvent  salutaire  contre  les  agressions  du  dehors.  Ils  défendaient  ainsi  ce 
qu'ils  avaient  de  plus  précieux  :  leur  sanctuaire,  leurs  tombeaux  et  leurs 
fanulles.  Les  riches  abbayes  y  défendaient  la  vie  de  leurs  religieux  contre 
les  fureurs  d'assaillants  barbares,  et  leui'  juridiction  féodale  contre  les 
convoitises  de  jaloux  voisins;  les  communes  enfin,  dans  les  guerres  de 
religion,  sauvegardaient  derrière  ces  enceintes  fortifiées  le  dépôt  de  la  foi. 
Les  grandes  et  petites  basiliques  fortifiées  avaient  donc  leur  raison  d'être, 
raison  dont  nous  ne  devons  point  souhaiter  le  renouvellement.  C'est  ce 
point  (pie  nous  tenions  à  définir. 


1.  Syndicat  de  Saiut-Saviii. 

2.  La  migratiüii  des  peuples,  ces  invasions  réitérées  des  nations  harlwres,  furent  pro- 
bablement la  prejiiière  occasion  de  forlilier  les  églises,  les  monastères  et  les  palais  épis- 
copaux.  Celui  de  l'arclieveque  de  Trêves  formait  castel  dès  le  septième  siècle. 


ViCT.  GUEKBKH, 

Curé   de   Hiußicnau. 


NOTIGES  SUR  L'ANCIEN  HATTGAU. 


I. 

LE  COMTÉ  DU  IIATTGAU. 

(Treizième  siècle.) 

Depuis  le  quinzième  siècle  on  entend  généralement  piu'  Hattgau  l'an- 
cien bailliage  hanau-lichtenbergeois  de  Hatten,  das  Ilattener  Amt,  (jui 
comprenait  les  huit  villages  de  Hatten,  Rittershoffen ,  Ober-  et  Nieder- 
Betschdorf,  Schwabweiler,  Reimerswciler,  Kühlendorf  et  Leuterswoiler, 
auxquels  est  venu  se  joindre  Bühl'  après  l'extinction  de  la  famille  des 
Fleckenstein  en  1 720. 

Ce  bailliage  ne  formait  cependant  qu'une  partie,  la  partie  orientale  du 
Hattgau  primitif,  duHettenkouwe,  Hettegou,  Hettgau,  Hettcgouwe,  comme 
on  disait  aux  treizième,  quatorzième  et  quinzième  siècles,  qui,  suivant  des 
documents  très-expHcites  à  ce  sujet,  comprenait  tout  le  territoire  entre  la 
Sure  et  la  Selzbach,  de  Wœrtli  à  Niederrœdern,  des  Vosges  au  Ried  et  au 
territoire  de  Selz.  Gœrsdorf  et  la  ville  de  Wœrtli  elle-même  étaient  situés, 
au  quatorzième  siècle,  dans  le  Hatigau;  c'est  Henri  IV  de  Lichtenberg, 
dit  le  Jeune,  qui  nous  l'apprend;  car,  quand  en  1360  il  donne  en  garantie 


1.  Les  Fleckenstein  avaient  acheté  Biilil  des  comtes  d'Eberstein  en  1360  ;  ils  le  repri- 
rent en  flef  des  comtes  de  Deux-Ponts  en  1369.  En  1570  les  Hanau-Lichtenberg  acquirent 
le  domaine  direct  de  Bilhl  et  les  Fleckenstein  devinrent  leurs  fcudataires  pour  cet  endroit. 
A  la  mort  du  dernier  des  Fleckenstein,  en  1720,  les  Hanau-Lichtenberg- entrèrent  en  jouis- 
sance du  domaine  utile  et  prirent  possession  du  village  (Als.  illusL,  t.  H,  p.  231.  Arch.  E. 
1771).  En  1483  le  chevalier  Frédéric  de  Fleckenstein  vendit  pour  1600 11.  au  comte  Frédé- 
ric de  Bitsch,  frère  de  Simon  Wecker  IV,  les  trois  villages  de  Lœnbach  (Lembach),  à  l'ex- 
ception de  ce  qui  appartenait  à  Wegelnburg,  BQhel  et  Tilgenbach,  près  Slundwillcr,  tels 
qu'il  les  avait  reçus  dans  le  partage  d'avec  son  frère  Jacques,  —  Ce  Tilgenbach  est-ce  un 
endroit  disparu  ou  ne  serait-ce  pas  pour  Drigcnbach,  c'est-à-dire  Trimbacb?  —  Voy. 
Lehmann,  t.  II,  p.  345.  —  Les  Fleckenstein  ont  dû  les  racheter. 


—  216  - 

(Je  la  dot  (le  sa  femme  Ad(!'laide,  comtesse  de  Veldcnz,  cuire   autres  pos- 
sessions, la  ville  et  le  cliàteaii  de  Wœrlh,  il  dit  expressément  dans  le 
document  y  relatif  qu'ils  sont  situes  dans  le  Ilaltgau,  j)rès  de  Gœrsdorf, 
a  Werd,  Bnry  und  Sladl,   im  Hctlgau  bei  GerUngcsdorf  gelegene   Et 
Henri  II  de  Fleckcnstein  dislingue  en  1303  ses  possessions  pour  être 
situées  dans  les  Vosges,  dans  le  llatigau,  ou  dans  le  Ried.  Le  Ilaltgau  se 
trouvait  donc  entre  les  montagnes  et  les  terres  basses  près  du  Illiin, 
appelées  Ried,  en  latin  palus.  «Unsere  vcsten  mit  nahmen  Fleckenstein  die 
Rurg,  und  alle  die  gütere,  dœrfer  und  gerichlc. ..  sie  sint  gelegen  in  dem 
Gebürge  oder  in  dem  Ilellenkouue,  oder  anderswo;  und   darnach  Rehi- 
heim  die  Statt  und  Rurg,  und  alle  die  güicr,  d(:irfer  und  gerichte... .  sie 
sint  gelegen  in  dem  Riet  oder  anderswo'.»  Donc,  d'aj»ics  cette  transac- 
tion, dit  Schœpflin,  le  Ilatlgau,  pris  dans  un  sens  plus  large,  ne  comprend 
pas  seulement  le  bailliage  lichlcnbergeois  de  Hallen,  mais  aussi  les  bail- 
liages des  Fleckenstein,  Soulz  et  Rœdern.  «  Hatgovia  ita(jue,  sensu  latiore 
hic  sumlo,  non  Lichtenbergensem  tantum  Prœfecturam  Hatten,    sed  et 
PrœfccturasFleckensteinenses,  Sulzensem  etRœdcrensem  complectitur\)) 
Mais  (juand  il  dit:  «Hallgovia:....  limites  sunt  amnes  Sclza*  et  Sura,  vici 
Rœdern,  Forstfelden,  Ivœnigsbri;ick,  Surburg,  Suiza  et  Leilersweiler,» 
Schœpflin  ne  donne  fju'uiio  délimitation  incomplète  du  Ilatlgau,  et  il  faut 
ajouter,  d'après  ce  qui  précède,  Gœrsdorf  et  Wœrlli  inclusivement,  c'est-à- 
dire  étendre  les  limites  du  Hattgau  jusqu'aux  Vosges.  D'autres  [)assages 
viennent  à  l'appui  de  cette  thèse.  Ainsi,  dans  le  partage  que  firent  en  1335 
les  seigneurs  de  Lichtenberg  de  leurs  biens,  Wœrth  et  Gœrsdorf  compre- 
naient les  gens  du  Hattgau  «Rurg  und  Stadt  Weide,  die  hälfle  der  Stadt 
Gcrlingentorf  sammt  der  halben  Mühle  und  den  Leuten  im  HettegovS^ 
Dans  les  actes  lichtenbcrgeois  du  quatorzième  siècle  les  villages  de  Preusch- 
dorf,  Diefenbach,  Oberndorf,  etc.,  sont  souvent  menlionnés  après  les 
villages  du  bailliage  de  Ilatleji  sans  autre  indication.  Et  dans  la  vente  que 
fit  Jacques  de  Fleckenslein  de  ses  droits  dans  le  Ilallgau  à  Phiiijtpe  II  de 
Hanau-Lichtenberg  en  I  iOO,  il  se  réserve  entre  autres  le  droit  de  chasse 
sur  le  territoire  compris  entre  la  Selz  et  la  Surbach,  au-dessus  de  la  roule 


1.  Lcliinaiiij,  HniKiii-LidUenhcr'j,  1.  I,  ji.  l'Jl. 

2.  Als.  m.,  1.  II,  p.  2iO. 

3.  Ibidem. 

i.  Appelée  au  liuiliùiuc  ^iciclu  Salaxsia.  Voy.  Tradil.  Wzlni.,  n"  7.  _  Cf.  La  Saiil.x    on 
Lorraine. 

5.  Leljiiiaiiii,  t.  I,  ji.  105. 


—  217   - 

qui,  venant  de  Ilaguenaii,  passait  par  l!etscli(Jorf«übciliallj  deiLaiidslrasse 
die  von  Hagenau  durch  Bctschdorf  ziehe,  zwischen  den  Bächen  Sure  und 
Sels,  hasen  und  hühner  hetzen  und  heyssen  zu  dürfen'»,  c'est-à-dire  de 
Belschdorf  aux  Vosges.  —  La  Selz  et  la  Sure  foinient  de()uis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  ce  jour,  de  Soulz  à  liœdern,  de  Wœrlh  à  Kœnigsliruck, 
la  limite  entre  les  communes  riveraines  avec  une  seule  inteiruplion  à 
Biblisheim"  qui,  comme  Wœrlh,  a  aussi  quelques  possessions  sur  la  rive 
gauche  de  la  Surbach.  Soulz  et  Rœdern  étendent  leurs  possessions  sur  les 
deux  rives  de  la  Selz;  Rœdern,  cependant,  n'appartenait  au  Ilatlgau  que 
par  son  seul  château,  qui  pour  cette  raison  aussi  est  devenu,  lors  du  jjar- 
tage  de  la  forêt  d'Aspruch  en  18^0,  une  annexe  de  Hatten.  —  Le  prési- 
dent du  tribunal  de  ilaguenau,  le  landvogt  de  la  Basse-Alsace,  Caspar,  baron 
de  Morimont,  commence  l'exposé  du  jugement  d'un  pioccs  en  1511  par 
les  mots  :  Il  y  a  dans  le  Ilaltgau  des  quatre  villages  susdits  (Halten,  Rillers- 
hoffen  et  les  deux  Belschdorf)  une  forêt:  «Es  were  im  Hallgau  der  vier 
dœrfer  vorbenannt  mit  Zwingen,  Bennen  und  nämlicher  Mark,  ein  Wald 
der  Aspruch  (Aspruch?)  genannt»,  qui  prouvent  bien  aussi  qu'on  consi- 
dérait encore  à  cette  époque  les  quatre  villages  comme  n'occupant  qu'une 
partie  du  Hatigau.  Les  droits  des  Fleckenstein  dans  l'Aspruch  reposaient 
uniquement  sur  leur  château  (près  Rœdern),  qui  était  situé  dans  le 
Hattgau;  ces  droits  ont  été  réservés  dans  la  vente  de  1490  et  consistaient 
à  pouvoir  prendre  dans  cette  forêt,  sous  la  surveillance  des  Waldmei- 
ster^ ou  maîtres  de  forêt  des  quatre  communes,  le  bois  de  construc- 
tion et  de  chauffage  nécessaire  au  château  et  à  y  envoyer  à  la  glandée  les 
porcs  élevés  dans  les  porcheries  du  chàleau.  Quand,  en  1508,  Nicolas  de 
Fleckenstein  eut  fait  venir  de  son  château  des  Vosges  21  porcs  pour  les 
joindre  à  son  troupeau  de  Rœdern,  les  gardes  forestiers  des  quatre  villages 
lui  en  saisirent*  sept  et  les  villages  lui  intentèrent  un  procès  pour  les  avoir 
lésés  dans  leurs  intérêts  en  outrepassant  ses  droits  tant  quant  au  parcours 


1.  Lehmann,  t.  II,  p.  431, 

2.  L'abbaye  des  bénédictines,  fondée  en  1131,  .se  trouvait  sous  la  juridictiou  des  archi- 
ducs d'Autriche. 

3.  Seuls  les  quatre  Waldmeister  veillaient  à  l'exécution  des  règlements  de  forêts  qu'ils 
arrêtaient  de  concert  avec  les  heimburger  et  notables  sans  qu'un  seigneur  y  participât 
jamais.  —  Voy.  les  Waidsprüche  (ms.)  de  I  iG9  à  Iü30. 

4.  Et  ce  n'était  pas  la  première  saisie  de  ce  genre;  précédemment  déjà  les  forestiers 
de  Hatten  avaient  saisi  deux  porcs  aux  Fleckenstein,  et  l'acte  du  procès  de  151 1  ajoute 
en  rapportant  le  fait:  «Sie  haben  die  Pfaudung  genonamcn,  niedergeschlagen  und  ge- 
gessen und  verkauft  »,  c'ett-à-dire  qu'ils  ont  saisi  le  gage,  l'ont  aliattu,  mangé  ou  vendu. 


—  218  — 

que  pour  avoir  pris  dans  leur  forêt  du  bois  de  construction  pour  son 
moulin  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  Selzbacli,  c'est-à-dire  en  dehors  du 
Hattgau;  avec  cela  ses  domestiques  avaient  commis  le  délit  de  couper  des 
arbres  chênes'  réservés. 

Le  défendeur,  qui  s'efforce  à  faire  accepter  le  moulin  construit  par  ses 
ancêtres  comme  formant  une  partie  intégrante  du  château ,  nous  apprend 
que  ce  dernier  était  fief  pour  la  moitié  du  Palatinat,  pour  un  tiers  du 
comte  de  Spanheim  (Sponheim)  et  pour  les  deux  autres  tiers  seule- 
ment du  Saint-Empire.  «Es  rührt  oder  gang  auch  nit  Alles  vom  heil. 
Reich  zu  leben,  das  im  Getzirk  oder  Begriff  des  Ilattgau's  gelegen  denn  es 
sei  offenbar  dass  Rœdern  das  Schloss  mit  seiner  Zugehœr,  nœmlich  das 
Halblheil  von  der  Pfalz  und  das  Drittheil  von  der  Grafschaft  Spanheim  zu 
lehen  geht  laut  der  Lehenbrief  die  er  liab.  »  Le  tribunal  maintient  les  vil- 
lages dans  leurs  droits,  tout  en  accordant  à  Nicolas  de  Fieckenstein  la 
faculté  de  prendre  pour  cette  fois-ci  dans  l'Aspruch  le  bois  de  construc- 
tion nécessaire  pour  son  moulin. 

Le  droit  de  prendre  dans  cette  forêt  le  bois  de  construction  et  de  chauf- 
fage pour  le  château  ne  lui  avait  pas  été  contesté,  aussi  peu  que  le  par- 
cours pour  les  porcs  élevés  dans  le  château.  C'était  un  droit  dont  il  jouis- 
sait en  sa  qualité  d'habitant  du  Hattgau,  comme  tout  autre  bourgeois. 
Voici  le  texte  de  l'arrêt  du  tribunal  :  «Zu  Recht  erkannt  dass  Niclauss  von 
Fleckenstein  zu  seiner  nothurfft  zu  dem  Schloss  Rœdern  im  Wald  Aspruch 
Bauw  und  Brenholz  hauwen  mœg,  auch  im  Aspruch  so  vil  Schwein  Eckhern 
und  weiden  als  er  im  Schloss  Rœdern  erzeucht,  dann  der  Mülen  halben 
mag  er  zu  diser  Zeit  zu  nothurfft  derselben  auch  Bauwholz  im  Aspruch 
liawen  und  sollen  beyde  Theil  Iren  Costen  diser  Sach  halb  vffgelûfTen  ahn 


1.  Le  chêne  était  extrêmement  ménagé  à  cette  époque  pour  sou  fruit;  les  règlements 
prononcent  des  amendes  très-fortes  pour  délit  touchant  cet  arbre,  et  un  article  (72) 
prescrit  aux  jeunes  gens  venant  de  recevoir  le  droit  de  bourgeoisie  dans  l'une  des  quatre 
communes,  l'obligation  absolue  de  planter  un  chêne  et  de  veiller  à  son  développement, 
sous  peiue  de  perdre  tous  leurs  droits  aux  communaux.  Les  jeunes  gens,  en  devenant 
«GcbQr»,  c'est-à-dire  eu  recevant  le  droit  de  bourgeoisie,  «gaben  dem  Waldmeister  ihr 
Trew  an  Aydtstatt«,  prêtaient  serment,  car,  aussi  bien  que  les  employés,  les  bourgeois 
avaient  l'obligation  de  veiller  à  la  forêt  et  aux  communaux.  Voici  une  formule  de  serment 
des  forestiers  :  cDass  Ich  mfin  Treiiw  geben  hal)  und  mit  Worten  Beschaiden  bin,  dem 
will  icli  aih'S  Trewiiclir'ii  narhiinniiiifMi  Al.ss,  so  schwüre  Icii  dass  mir  Gott  helfl"  und  dass 
heylig  Kvaiigeliuni.«  Elle  sc  trouve  ajoutée  aux  Waldsprilche  et  signilie  :  que  j'ai  donné 
ma  foi  et  reçu  (oralement)  mes  instructions  que  je  suivrai  en  tout  lidèlement,  je  le  jure, 
que  Dieu  me  vienne  en  aide  et  le  saint  Évangile. 


—  210  — 

Inen  selbs  habend  »  Cliocuii  y  fut  pour  ses  frais  et  dépens.  Dans  la  suite  on 
préféra  s'arranger  à  l'amiable.  Ainsi,  en  IGOl,  des  fondés  de  pouvoir  du 
couvent  de  Kœnigsbriick  et  deux  des  «  liiiitcrsassen»  de  l'Ii.  de  Flecken- 
stein de  llœdern  tpii  n'avaient  fait  qu'exécuter  les  ordres  de  leur  sei- 
gneur, comparurent  pour  délits,  etc.,  devant  le  tribunal  des  Vingt  sur  le 
«Rücgberg»  pour  s'arranger  à  l'amiable  au  sujet  de  la  «  Einung  »  ou 
amende,  ceux-ci  avec  le  Waldmeister,  ceux-là  avec  le  Ileimburger  et  le 
Waldmeister,  en  attendant,  «vor  dem  Wein»,  le  verre  en  main,  l'expédi- 
tion de  l'acte  du  jugement. 

L'acte  du  procès  représente  les  droits  des  quatre  villages  à  la  forêl 
d'Aspruch  uniquement  comme  une  «Gonung»  ou  tolérance  des  Hanau- 
Lichtenberg  qui  l'eussent  possédée  comme  un  fief  de  l'Empire.  Les  villages 
étaient  bien  des  fiefs  de  l'Empire,  mais  avec  leurs  communaux  qui  ne 
pouvaient  pas  en  être  séparés. 

Des  procès  interminables  entre  les  seigneurs  de  Hanau-Lichtenberg  et 
les  quatre  communes  au  sujet  de  cette  forêt  commencèrent  quelques  années 
après  la  guerre  des  paysans  de  1525  et  ne  prirent  fin  que  vers  1730;  les 
villageois  qui  ont  su  si  bien  défendre  leurs  droits  et  frontières  contre  les 
empiétements  des  Fleckenstein,  n'ont  pas  moins  vaillamment  défendu  leur 
bien  contre  les  usurpations  des  Hanau-Lichtenberg,  car,  après  deux  siècles 
de  procès,  la  forêt  leur  est  restée,  une  forêt  d'environ  2,800  hectares; 
elle  en  valait  la  peine. 

Depuis  le  milieu  du  quinzième  siècle  déjà  le  nom  de  Hattgau  ne  paraît 
plus  guère  s'appliquer  qu'au  bailliage  de  Hatten.  Ainsi  quand,  lors  de  la 
guerre  des  Linanges,  Louis  V  de  Lichtenberg  et  sa  femme  Elisabeth  vendent 
au  comte  palatin  pour  2000  florins  d'or  rhén.,  avec  la  réserve  du  droit 
de  rachat,  le  quart  de  la  petite  ville  de  Gœrsdorf,  la  moitié  de  Lampcrts- 
loch,  de  Milschdorf,  du  château  et  du  village  de  Hatten  et  de  tous  les 
autres  endroits  du  dit  bailliage,  le  document,  qui  est  de  l'année  1450, 
ajoute  qu'on  appelle  ces  derniers  endroits  le  Hettegouwe ,  «  letztere  Orte 
genannt  das  Hettegouwe^». 

Voici  la  description  qu'en  fait  Schœpflin  :  ccPrinceps  vicus  Hatten,  in 

1.  Hagenaw  :  vtf  Freitagk  negst  nach  Saut  l'etterstag  ad  viuciila  als  man  zalilt  von  der 
Gepurt  Christi  viiseres  lieben  Herrn  fünfzchen  hundert  vnd  eylll  Jahre. 

2.  Le  tribunal  forestier  des  20  sur  la  montagne,  «Das  20  Männer  gericlit  aufm  iîerg') , 
se  composait  des  notables  des  quatre  cunuuunes  :  les  seigneurs  n'y  avaient  aucune  part. 
Il  était  complètement  indépendant  du  tribunal  des  échevins. 

3.  Lehmann,  t.  I,  p.  268.  —  Le  moulin  de  Forstleid  appartenait  aussi  a  l'adminislra- 
tion  lichtembergeoise  de  Hatten  depuis  le  di.'c-septième  siècle  (E.  178-3). 


-  220  — 

medio  feiesitus,  nomen  indidil  Pago....  Sub  Liclilcnbergensihus,  Ilaiiüicis 
et  Darnistadtensibiis,  Pagi  hujus  Prcefectura  noveni  vicis,  Hallen,  Ober- 
Betschdorf,  Niederbetschdorf,  Rillershofen,  Schvvabweiler,  Ueimcrsweiler, 
Kuhlendorf,  Leutersweiler,  Bühl  semper  conslitit.  Omiiis  Prœfectura 
Imperiale  olim,  nunc  Regium  feuddum  est.  Pago  huic  inclusus  fuit  Comi- 
lalLis  cognominis,  nisi  Comilalum  et  Paguni  lieic  synonyma  dixeris^»  Et 
ailleurs:  ^(Prtefectura  Ilallensis  olim  llalgoviic  Pagus,  imo  et  comilalus 
dicta,  imperialibus  regiisve  conijjonilur  (eudis,  qua' sub  Ilatgoviœ  nomine 
comprehcnsa  sunt  omnia-.  d 

En  disant  que  le  llallgau  renfermait  un  comté,  ou  était  un  comté, 
Scliœpflin  avait  présente  à  la  mémoire  une  transaction  passée  en  1266^ 
entre  le  landgrave  Sigebert  et  sa  femme  Gertiude  d'une  part,  et  la  mère 
du  landgrave  Elisabeth,  née  de  Montfort,  avec  son  second  mari  le  wild- 
grafou  comte  silveslre  Émichon*,  d'autre  part.  Cette  transaction  n'est 
qu'une  modification  d'une  convention  de  1205^  en  ce  qu'elle  substitue 
entre  autres  au  comté  du  Ried,  le  comté  du  Hattgau  pour  plus  amples 
garanties  des  revenus  que  le  landgrave  avait  assurés  à  sa  mère,  mettant 
ainsi  fin  aux  réclamations  de  celle-ci  pour  douaire  et  autres  droits.  «  Wir 
sulnlwiderlctjen)),  est-il  dit,  ((die  Graveshaft  immc  HeUenkouuc  gegen 
der  Graveshaft  imme  Ried.  » 

Une  charte  de  1220^  parle  déjà  du  comté  du  Hattgau  à  n'en  pas  douter 
sans  qu'elle  le  nomme  explicitement.  Schœpfiin,  qui  ne  connaissait  pas 
l'emplacement  d'Ostcrndorf,  ne  sait  trop  que  faire  de  ce  comté  anonyme^ 
et  songe  mal  à  propos  au  Ried. 

Enumérant  les  possessions  du  couvent  de  Kœnigsbriick ,  le  diplôme 
confirmatif  des  droits  et  privilèges  de  ce  couvent  que  lui  accorde  Henri, 
roi  de  Rome,  fils  de  l'empereur  Frédéric  II,  f  1250,  nomme  finalement 
aussi  un  bien-fonds  Vgrangia),  situé  dans  le  comté  à  Oslrendorf.  «Grangiam 
quoque  Oslrendorf  ab  avo  nostro  piio  mémorise  jam  diclo  cœnobio  ex 
maxima  paite  comparalam,  infra  comilalum  silam.»  Or,  Oslrendorf  était 

t.  A/5.  z7/.,  t.  II,  p.  126. 

2.  Ibid.,  p.  230. 

3.  Als.  dipL,  t.  I,  n°  G39. 

i.  Ce  comte  Kmiclioii  est  mentionné  en  1275  comme  expcil  du  monastère  de  Wissem- 
Ijoury.  Voy.  Tradit.  Wzùg.,  p.  330. 
5.  Als.  dipl.,  t.  I ,  n°  632. 
G.  Als.  dipl.,  t.  I,  II»  439,  p.  35  i. 

7.  A/s.  m.,  t.  il,  ]).  45Ü  :  «  Ostenidorf  in  Comilatii  anoiiyjiio  Alsalia",  l'orte  Hicdensi, 
nlji  ffran;,àam  Regispontano  cœnobio  ab  Henrico  VI.  Imp.  inaximam  partem  traditam 
nepos  ejus  Henricu.s  I^ex  anno  t22G  mcmorat.» 

8.  Grangia  ,  le  diplôme  de  II  87  dit  curia. 


—  221  — 

situé, comme  on  va  voir  ri-nprès,  sur  la  route  de  Halten  à  lielsehdorf,  dans 
la  banlieue  actuelle  de  Rilleishoflen,  et  le  comté  dont  parle  celte  cliarlc 
est  le  même  que  celui  dont  parle  quarante  ans  plus  tard  la  charte  du 
landgrave  Sigebert,  c'est-à-dire  le  comté  du  Ilattgau,  «die  Graveshafl  irn 
Hettenkowe  ».  Oslrendorf  ou  Oslendorf  est  déjà  mentionné  dans  des  chartes 
des  septième  et  neuvième  siècles'.  Les  terres  que  ledit  couvent  pos- 
sédait à  Osterndorf,  éparses ,  à  ce  qu'il  paraît ,  dans  la  banlieue  de  cet 
endroit,  avaient  été  achetées  pour  lui  en  majeure  partie  par  le  grand- 
père  du  roi  Henri  (f  1242),  c'est-à-dire  par  l'empereur  Henri  VI  (f  1107). 
Frédéric  le  Borgne  (f  11-47),  duc  de  Souabe,  a  été  le  fondateur  du  cou- 
vent de  Kœnigsbriick. 

En  1187,  Frédéric  P""  Barberousse  (f  1190),  fds  de  ce  dernier,  a  con- 
firmé les  privilèges  et  possessions  du  couvent  fondé  par  son  père;  son 
diplôme^  n'ajoute  aucun  détail  aux  noms  des  villages  cités,  qui  sont  abso- 
lument les  mêmes  que  dans  le  diplôme  d'Henri.  Voici  ce  qu'il  dit  du  fon- 
dateur du  couvent  : 

«Ex  propter  justis  poslulalionibus  clementer  annuimus  et  cenobium 
béate  Marie  quod  in  Regisponle  a  pâtre  nostro  Friderico  fundatum  est,  in 
nostram  imperialem  protectionem  suscipiraus  et  presentis  sciipti  privi- 
légie communimus.  » 

Les  Hohenslaufen,  ducs  de  Souabe  et  d'Alsace,  avaient,  à  ce  qu'il  paraît, 
une  certaine  prédilection  pour  l'Alsace  et  en  particulier  pour  la  forêt  sainte, 
où  plusieurs  fondations  en  font  foi.  Leur  séjour  fréquent  dans  la  contrée  et 
les  belles  chasses  de  cette  forêt  de  plus  de  20^000  hectares  y  ont  attiré, 
dès  les  douzième  et  treizième  siècles,  un  grand  nombre  de  seigneurs: 
les  Fleckenstein,  les  Lichtenberg',  les  Ochsenstein*,  les  ducs  de  Teck,  etc., 
sont  tous  des  noms  qui  se  rencontrent  dans  le  Hattgau  à  cette  époque  ; 
plus  tard,  les  Hohenbourg,  Thalheim,  Fegersheim,  Bamberg;  les  comtes 
de  Sponheim  au  onzième  siècle  déjà. 

Avant  le  treizième  siècle,  les  comtés  se  désignaient  par  les  noms  des 
comtes  qui,  comme  les  ducs,  pouvaient  réunir  sous  leur  administration, 
par  héritage,  achat,  services  rendus,  un  nombre  plus  ou  moins  grand  des 
comtés  primitifs.  Par  suite  de  l'hérédité  de  ces  fonctions,  deux  ou  plusieurs 

1 .  Voy.  ci-après  Osterndorf. 

2.  Als.  dipl.,X.\,n°  341,  p.  289  s. 

3.  L'acte  de  procès  de  1511  parle  de  trois  à  quatre  siècles  avant  1511,  que  les  Lichten- 
berg, ainsi  que  les  Fleckenstein,  auraient  été  intéressés  dans  la  contrée. 

4.  Ce  fut  un  Oclisenstein,  Berlliold,  qui  a  transmis  à  sou  chapitre  de  Honau  le  "jus  pa- 
tronatus"  à  Hatten. 


—  222  — 

seigneurs  pouvaient  être  intéressés  au  même  comté;  cette  hérédité  date 
du  temps  des  Carlovingicns.  Le  diplôme  de  l'empereur  Ollion  P*",  par  lequel 
celui-ci  donne,  en  008,  à  l'impératrice  Adélaïde  sa  femme,  qui  avait  choisi 
Selz  jiour  sa  résidence,  des  fermes  (villas)  à  «Iloclifeldon,  Sarameres- 
heim  (près  Benfeld),  Suechusen,  Morinzanwilare  et  Salise»,  dit  qu'elles  sont 
situées  dans  le  comté  du  comte  flugues  :  (fsitas  in  Elsazium  in  comitatu 
lliigonis  conu'tis'».  En  1005,  l'empereur  Henri  11!  donna  au  comte  Eber- 
hard de  Sponheim  Ilochfelden  et  Schweighausen,  avec  la  forêt  sainte  dans 
le  comté  du  comte  Gerhard  «cum  foreslo  heiligen  forst  nominato  in  comi- 
talu  Gerliardi  comilis  in  pago  Nortgowe». 

Les  petits  et  modestes  comtés  du  Ried  et  du  llaltgau  semblent  être  des 
débris  mesquins,  datant  de  la  dissolution  de  l'ancienne  «  Gau  Verfassung», 
de  ces  grands  comtés  des  dixième  et  onzième  siècles.  Nouvelles  créations 
sans  doute  des  landgraves  qui  en  ont  gardé  l'administration  jusqu'au  qua- 
torzième siècle,  en  partie  du  moins,  ces  petils  comtés  des  douzième, 
treizième  et  quatorzième  siècles  empruntaient  leur  nom  à  la  contrée,  à  la 
localité  même. 

Mais  ils  doivent  être  bien  plus  anciens  comme  arrondissemenls  admi- 
nistratifs^ et  remonter  aux  premiers  temps  de  l'occupation  germanique. 
Les  principaux  villages,  Hatten  et  Nicder-Betschdorf,  par  exemple,  se 
trouvent  près  ou  sur  des  emplacements  de  villages  gallo-romains.  Les 
deux  i^euples  paraissent  avoir  habité  la  contrée  simultanément.  Qu'il  ait 
compris^  tout  le  territoire  du  Ried  aux  Vosges  ou  les  villages  du  bailliage 
de  Hatten  seulement,  le  comté  du  «  Hettenkowe  »  ne  formait  toujours 
qu'un  bien  petit  district,  car  de  Wœrth  à  Rœdern  il  n'y  a  pas  plus  de  5  à 
0  lieues,  et  la  plus  grande  largeur  entre  la  Sure  et  la  Solz  ne  dépasse 
guère  6  kilomètres.  Mais  il  est  plus  que  probable  que  ce  comté  ne  com- 
prenait que  le  bailliage  de  Halten.  Ce  bailliage  se  composait  des  huit  vil- 
lages souvent  cités  et  de  trois  endroits  annexés  ou  disparus:  la  Gravcschaft 
du  Ried  n'en  avait  pas  davantage  et  la  moitié  des  émoluments  de  la  Gravc- 
schaft y  revenait  aux  Flcckcnstein.  «Die  Graveschafl  die  er  (Sigebert)  gemein 
bat  ime  Rierl  mit  den  von  Fleckenstein*, »  tandis  qu'il  paraît  avoir  eu  à 
lui  seul  la  Graveschaft  du  Hattgau.  Le  Hatlgau  avait  ses  deux  tribunaux  : 


1.  A!x.  (Hpl,  t.  1,11°  150,  p.  122. 

2.  l'arcils  aux  petits  cantons  do  la  Suisse. 

3.  un  canton  forestier  de  la  forôt  de  Hag'ucnau,  près  de  la  ville,  dans  l'aug-le  que 
forme  la  roule  de  Laiili'rhonrg  aviT  la  HlnTJKieli,  s'appelle  d'aHciciine  date  les  «Hat- 
leiiier  Stangen«. 

i    M  s.  ilipl.,  I.  1,  p.  i  02. 


—  223  — 

Hatten  et  Ober-Betscluiorl',  tout  comme  le  Uied,  Sessenheim  et  Giessen- 
heim  \ 

Dans  la  transaction  de  I35G  entre  Simon  de  Lichtenberg  et  Henri  de 
Fleckenstein,  touchant  ledit  bailliage,  on  rencontre  aussi  encore  le  mot  de 
«  üraveschaft»,  non  pour  désigner  le  district  ou  ressoit  judiciaire,  l'ar- 
rondissement administratif,  ni  les  fonctions  du  comte  de  veiller  et  de  pré- 
sider à  la  justice,  d'organiser  le  tribunal  et  d'exécuter  ses  arrêts,  mais  dans 
le  sens  d'émoluments  à  partager  entre  les  deux  seigneurs,  provenant  sans 
doute  des  frais  de  chancellerie,  d'écritures  ou  droits  d'enregistrement  qui, 
avec  les  amendes  des  coupables  et  les  dons,  bénévoles  d'abord,  obliga- 
toires avec  le  temps,  formaient  le  seul  salaire  des  anciennes  fonctions  de 
comte.  Aussi  le  mot  de  «  Graveschaft  »  est-il  ici  mis  de  pair  avec  le  ban- 
win,  l'avoine  et  les  poules. 

Voici  ce  passage':  «Dass  wir  Sigmunt  besundcrs  vorus  haben:  die 
hochgerichte  und  herberge  in  den  vorgenannten  liöifern,  bennen  und 
gerichten;  und  donach  sollent  wir  und  Heinrich  von  Fleckenstein  gemeine 
haben  und  niessen  alle  andere  Gerichte,  benne  und  lüteinden  vorgenann- 
ten Dörfern  und  gerichten,  banwine,  Graveschaft,  habern,  liünrc,  etc.»  — 
«Nous  Simon  de  Lichtenberg  nous  avons  d'abord  à  nous  seul  la  haute 
justice  et  le  droit  de  gîte  dans  lesdits  villages,  banlieues  et  juridictions; 
après  cela  nous  devons  jouir  en  commun  avec  Henri  de  Fleckenstein  de 
tous  les  autres  jugements,  privilèges  et  gens  dans  les  susdits  villages  cl 
juridictions,  savoir:  banvin*,  graveschaft,  avoine,  poules,  etc.» 


1.  Le  territoire  du  bailliage  de  Hatten  mesure  (sur  la  carte)  12  kilom.  sur  G  '/s  tilom. 
Le  Ricd  (anc.  haut  ail.  lu'iod  =  carex)  comprend  les  terres  basses  entre  la  forêt  et  le 
Rhin,  entre  Drusenheim  et  Seltz.  Il  se  compose  du  Ried  proprement  «lit,  dont  Beinlieim, 
sur  la  Surbach,  occupe  le  centre,  et  du  Ried  supérieur,  U/Tried,  dont  seul  il  est  ici  ques- 
tion; celui-ci  a,  sur  la  carte,  de  Dalhunden  à  Roppenlieim  11  kilom.  sur  6,  celui-là  n'a 
que  4  kilom.  sur  G. 

2.  Als.  m.,  t.  II,  p.  23t.  Lehmann,  t.  I,  p.  127,  donne  une  analyse  de  ce  document, 
mais  omet  le  mot  de  «graveshaft».  Schœpflin  lui-même  ne  cite  que  le  petit  passage  ci- 
dessus. 

3.  Bauvin,  vin  dont  la  vente  était  réservée  au  seigneur;,  bann,  pi.  benne,  M.  A.  =  pri- 
vilège, monopole,  etc.  L'art.  7  du  Jahresspruch  du  Hattgau  dit  :  «Nos  deux  seigneurs  ont 
le  droit  de  vendre  en  détail,  mais  à  Hatten  seulement,  une  charrette  de  vin.  Ce  banvin 
commence  à  la  Pentecôte  et  dure  G  semaines  et  2  jours.  Us  pourront  débiter  le  pot  1  de- 
nier plus  cher  qu'il  ne  se  paie  à  la  Pentecôte.»  Yoy.  Hanauer,  Const.,  p.  1  \l.  —  No(a.  Une 
charrette  de  vin,  appelée  carrata,  plaustrum  et  foudre  (Kuder),  contenait  en  Alsace  24 
amas  ou  Ohm,  soit,  à  24  maas  de  1  lit.  87  ccnlil.,  10  licctol.  77  lit.  Ailleurs  un  «Fudor» 
contenait  généralement  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  de  9  hectol.;  à  Carlsruhe  (Baden), 
il  était  de  15  liectol.:  ù  Stuttgart  de  17  hectol.  G 4  lit.;  à  Vienne  (Autriche)  de  18  hectol.; 
à  Darmstadt  (Hesse)  de  20  hectol.,  et  à  Brunswig  (Braunscliweig)  de  9  hectol. 


—  224  — 


II. 
TÜOIS  VILLAGES  OUBLIÉS  DE  L'ANCIEN  IIATTGAU. 

(Oiintorziènie  siècle.) 

Westhofen  ou  Weslhehn,  Eentershofen  et  Osterndorf  dans  les  banlieues 
de  Hatten  et  Rittershoffen. 

Les  documents  du  quinzième  siècle  et  suivants,  concernant  le  Ilattgau,  ne 
parlent  que  des  huit  villages  de  Hatten,  RittershofTen,  Ober-  etNieder-Belsch- 
dorf,  Schwabweil cr,  Külilendorf,  Rcimersweilcr  et  Leutersweiler,  tandis 
que  les  documents  du  qualorzième  siècle  nomment  aussi  avec  ces  villages 
Weslhofen  ou  Wesllieim,  RenLershofen  ou  Renlersdorf  et  Osterndorf, 
comme  nous  avons  vu  dans  le  chapitre  précédent.  Ainsi,  Simon  de  Lich- 
tenberg donne,  le  21  août  1370,  en  garantie  de  la  dot  de  3,500  petits 
florins  d'or  qu'avait  reçue  la  femme  de  son  fds  Jean  (IV),  Lorale  ou  Lorette 
de  Bitsch,  «la  moitié  du  château  de  Hatten  et  la  moitié  des  villages  de 
Halten,  Weslhouen,  Riitershoven,  Rentershovcn,  sa  cour  à  Osterndorf, 
Niedern-  et  Obern-Bettensdorf,  Swawiler,  Rembrechtzwilre,  Kielendorf, 
Luterswilre,  Bruningesdorf  (Preuschdorf),  Diefenbach  et  Oberndorf.  » 

Quels  sont  ces  trois  endroits  de  Weslhofen,  Rentershofen  et  Ostcrndorf 
dont  personne  n'a  jamais  parlé  et  qui  ont  cependant  existé  entre  Hallen  et 
Betschdorf?  Les  données  que  nous  avons  pu  nous  en  procurer  sont  cer- 
taines et  positives,  car  la  tradition  s'en  souvient  et  les  localités  en  onl 
conservé  les  noms,  au  point  d'en  indiquer  remplacement  exact,  et  quand 
la  tradition,  les  localités  et  des  documents  tant  imprimés  qu'inédits  sont 
d'accord,  le  doute  n'est  plus  possible 

Westhofen,  annexe  de  Hatten. 

Weslhofen  existe  encore  aujourd'hui  comme  partie  intégrante  du  village 
de  Hallen,  dont  il  forme  la  partie  la  j)lus  occidentale,  à  vingt  minutes  de 
Rittershoffen,  et  s'appelle  toujours  encore  le  «  WesthofTen  »,  le  village,  la 
cour  à  l'ouest,  c'est-à-dire  du  village-mère,  de  Hallen.  L'autonomie  de 


1.  I.(  liiiiaiiii,  t.  1,  j).  l(i:j. 


_  225  

Weslhofen,  au  quatorzième  siècle,  osl  prouvée  parle  passage  cité  de  1370. 
Dans  la  vente  que  fit  le  landgrave  Ulrich  aux  seigneurs  de  Lichtenberg, 
en  1332,  il  est  mentionné  spécialement  sous  le  nom  de  «  Werstheim  » 
chez  Schœpflin  et  de  «Weslheim»  chez  [.ehiiinnn;  l'intercalation  d'un  r 
n'est  pas  rare  dans  le  dialecte  franc;  on  dit  aussi  Oslcrndorf  pour  Oslen- 
dorf.  Gel  acte  de  vente  nomme,  après  d'aulrcs  localilés,  «Rcitershoven  » 
(Lehm,  a  Uutershoven),  Hatten,  Werslheim  (Lehm,  dit  Westheim)  et  tous 
nos  droits  aux  deux  Betlensdœrffern  *.  Celte  ancienne  forme  du  nom 
indi(pic  que  ce  n'était  pas  une  simple  ferme  ou  cour,  mais  un  village. 

En  1345',  Hatten  et  Westheim  servent,  avccBetschdorf,  Rütershofen  et 
d'autres  endroits,  de  garantie  de  la  dot  de  la  femme  de  Simon  de  Lich- 
tenberg, Adélaïde,  comtesse  de  Helfenstein,  et  l'arrangement  ou  transac- 
tion de  1356'  entre  Simon  de  Lichtenberg  et  Henri  de  Fleckenslein  au 
sujet  de  leurs  droits  respectifs  dans  le  Hattgau  comprend,  outre  les  sept 
autres  villages,  finalement  aussi  Hatten  et  Westhoucn. 

Le  nom  de  Westheim  a  donc  été  remplacé  par  celui  de  Weslhofen  sous 
l'administration  lichlenbergeoise  au  milieu  du  quatorzième  siècle,  par 
ordre  sans  doute  de  Simon  de  Lichtenberg  qui,  à  cette  époque,  s'occupait 
beaucoup  du  Hattgau  et  de  Hatten  en  particulier,  car  il  y  construisait  son 
château,  son  castrum  ou  Burg,  qu'en  13G6\  le  lendemain  de  la  Saint- 
Michel,  il  donna  à  l'électeur  palatin,  pour  le  reprendre  de  lui  comme  fieP. 
L'incorporation  de  Westheim,  devenu  Weslhofen,  à  Hatten,  doit  avoir  eu 
lieu  bientôt  après. 

L'administration  lichlenbergeoise  du  bailliage  de  Hatten,  qui  résidait  à 
Hatten,  ne  parle  jamais  dans  ses  comptes  et  écritures  de  Halten  seul,  mais 
toujours  de  «  Hallen  et  Weslhofen  »  réunis.  Ainsi,  l'hiventaire  sommaire 
des  Archives  du  département  du  Bas-Rhin,  1. 1,  2,  p.  339,  porte  :  «Compla- 
bililé  du  bailliage  de  Hatten  et  Weslhofen.  Compte  rendu  par  Dietrich  de 
Buch,  bailli  de  Hatten  et  Weslhofen.  Recelte  à  «Hatten  et  Weslhofen  »  à 
la  Chandeleur  de  l'année  1030,  pour  la  taille  due  à  Monseigneur,  53  livres 
3  schillings  et  pour  la  taille  personnelle  (Leibbetl),  7  livres  6  schillings.» 
Je  ferai  observer  en  passant  que  la  taille,  qui  est  la  conversion  en  argent 


1.  Lehmann,  t.  I,  p.  98,  et  Als.  dipf.,  t.  II,  n°  953,  p.  I  iC. 

2.  Lelimanii,  t.  I,  p.  144  et  145. 

3.  lùid.,  p.  127,  et  Als.  ilL,  t.  II,  p.  231. 

4.  Lehmann,  t.  I,  p.  138. 

5.  Ce  fief  n'a  été  racheté  ([iicn  1731,  sous  Louis  XV,  par  Jean  René  Ut  avec  tes  flefs 
de  Gottesheim  et  du  qiiai-l  de  IIunal)üiu'i;-. 

(T.  X. -M.).  15 


-  256  — 

du  droit  de  gî(c  et  d'hébergement  (Atz  on  Herberge),  conversion  opérée 
dans  le  Ilattgau ,  sans  doute  par  Simon  de  Lichtenberg,  vers  la  fin  du 
quatorzième    siècle,   a  été   fixée    une    fois  pour    toutes   pour   les  huit 
communes  solidairement  à  231  '  livres  slrasb.,  à  répartir  entre  les  vil- 
lages selon  leur  importance   ou   population   d'alors.   La  quote-part  de 
«  Halten-Westhofen  »  a  donc  été  fixée  d'une  manière  stable  à  53  livres 
10  sols,  suivant  M.  Hanauer,  qui  s'appuie  sur  un  livre  sali(jue  de  151 4'-; 
pourquoi  en  1G30  n'est-elle  que  de  53  hvres  3  sols?  La  différence  de 
7  sols  ou  schillings  serait-elle  une  déduction  du  percepteur  pour  frais 
quelcon(jues?  La  taille  personnelle  à  1  sol  ou  schilling  par  ménage  étant, 
en  1630,  de  7  livres  6  schillings,  ou  146  schillings,  nous  indi(jue  qu'il  y  avait 
en  1630  14-6  feux  ou  ménages  à  Hatten  et  Weslhofen  réunis,  tout  comme 
la  taille  personnelle  de  5  livres  14  sous,  en  1514,  prouve  qu'il  y  avait 
alors  114  feux.  Dans  le  bailliage  de  Hatten,  la  livre  à  20  sols  ou  schillings 
a  été  remplacée,  entre  1663  et  1666*,  par  le  florin  à  10  schillings;  le 
schilling  avait  12  deniers,  et  on  a  compté  par  «gülden,  schilly  etpfenny» 
jusqu'à  la  Révolution  française,  où  l'on  a  commencé  à  compter  par  francs. 
Autre  exemple  emprunté  à  l'Inventaire  sommaire,  ibid.  p.  343,  E.  3345, 
année  1729.  «Compte  du  bailliage  de  Halten,  j-endu  par  le  receveur  Mader, 
Recette  du  Schirmgeld  (pour  la  protection)  des  juils,  108  florins;  de  TOhm- 
geld  à  Hatten  et  à  Westhofen,  perçu  d'A.  H.,  aubergiste  à  l'enseigne  de  la 
Couronne,  36  florins  1  schilling  6  deniers;  de  V.  R.,  aubergiste  à  l'enseigne 
du  Cheval  noir,  30 florins  7 schillings 6  deniers.»  Aucune  de  ces  auberges 
ne  se  trouvait  dans  le  Weslhofen. 

Le  livre  terrier  de  1 739  ss.  parle  du  maître  d'école  de  Weslhoffen,  Wer- 
ner, et  en  faisant  le  relevé  des  maisons  cl  jardins  du  village,  ce  livre  (ms.) 
mentionne  spécialement  le  Weslhoflen,  et  sans  lui  donner  une  autre  série  de 
numéros;  selon  lui,  le  Weslboffen  commence  à  la  bifurcation  de  la  grande 
roule  ou  rue  principale  (Dorfgasse)  et  de  la  Schlupfgasse  et  comprend 
entre  les  numéros  161  et  232,  37  propriétés  (Hofstätte  und  Rehausungen), 
composées  de  maisons  et  cours,  j)resque  toutes  avec  dépendances  et  jar- 
dins, et  34  jardins*  isolés  sans  aucun  bâtiment.  11  comprend  aujourd'hui 


1.  Jahrcssprucli,  art.  2.  Voy.  Hanauer,  ji.  1 10. 

2.  Hanauer,  p.  107.  E.  1870. 

3.  luveutairo  sommaire,  p.  339  et  388.  Un  llorin  d'or  (srizième  siècle)  valait  14  scliil- 
ings.  —  Cf.  Inventaire,  p.  301,  E.  2882. 

4.  Les  plus  con.sidùrabJes  en  étaient:  le  Gressengarten,  Orbans-,  Kilblcrs-,  Stupfel- 
garlen,  et  un  peu  au  delà  de  l'enceinte,  les  Capp.sgaîrten  et  la  Bilz.  Sclimcller,  t.  I, 
p.  315,  explique  ce  mot  avec  Vilmar  «Iiessisclie  i.liotismeii» ,  p.  38,  par  iJaumgarteii, 


-  227  — 

une  cinquantaine  de  propriétés  composées  de  la  même  manière  et  plus  ou 
moins  complètes. 

Deux  triangles  rectangles  adjacents,  dont  la  perpendiculaire  est  repré- 
sentée par  la  rue  principale  et  la  base  par  une  partie  de  l'Altstrasse  et  son 
prolongement  vers  le  nord,  appelé  l'Issgasse,  composent  tout  le  West- 
hofen;  la  Sclilupfgassc  forme  l'hypoténuse  au  sud,  et  la  Siratzgasse,  celle 
du  côté  opposé,  au  nord. 

Le  prolongement  de  la  Issgasse  ou  Eisgasse  s'appelle  la  Vicliwaider- 
gass  et  se  dirige  comme  telle  vers  la  Selzbach  à  travers  champs;  la 
Stratzgasse,  dont  le  nom  indique  l'ancienne  origine,  est  aujourd'hui 
tronquée  par  la  Ackergasse,  qui,  en  1752,  avait  encore  des  maisons  dont 
elle  est  complètement  dépourvue  actuellement,  de  même  que  la  Stratz- 
ou  Strassgasse,  qui  paraît  avoir  relié  un  ancien  allodium  ou  «predium», 
le  Brett,  situé  au  delà  du  petit  ruisseau,  à  la  grande  route. 

Un  règlement  de  forêt  de  1595  fait  également  mention  du  Westhofen. 
Le  Grasweg  de  Westhofen,  dit-il,  en  traitant  du  ban  de  Hatten,  doit  être 
bordé  des  deux  côtés  de  haies  vives  «  Haltener  Bann  n°  2:  der  west- 
hœffner  Grasvi^eg  (soll)  zu  beeden  seiten  mit  hœgen  gehalten  werden». 
Ce  chemin  traversait  les  champs  situés  au  sud  du  village  de  Halten,  qu'on 
appelait  le  «  Grossfeld»,  sans  doute  par  suite  de  la  réunion  des  bans  de 
Hatten  et  de  Westhofen  et  de  quelques  parcelles  de  celui  de  Rentershofen , 
dont  il  va  être  question;  le  Westhœffner  Grasweg  débouchait  par  la  Hub^ 
dans  la  forêt  d'Aspruch,  non  loin  du  Hattener  Grasweg. 

Le  canton  du  Grossfeld,  qui  avoisine  les  jardins  du  village,  s'appelle 
«Hinterhoffen»,  c'est-à-dire  derrière  les  cours.  Ce  sont  ces  «Hœfe»  qui, 
flanquant  la  grande  roule,  ont  formé  avec  le  temps  le  trait  d'union  entre 
Hatten  et  Westheim. 

Le  village  de  Hatten  renferme  dans  sa  banlieue  et  dans  sa  forêt  des 
cantons  qui  témoignent  d'une  colonisation  bien  plus  ancienne  que  le  Wesl- 


verger;  bizzuma  en  est  l'ancienne  forme.  A  Nieder-Betsclulorf  il  y  a  une  «grosse  Bitz» , 
et  ie  Waldspruch  de  1595  parle  d'un  «Bitzwasen»  à  RittersliolTen.  Ce  nom,  qui  se  ren- 
contre dans  bien  des  localités,  paraît  avoir  désigné  un  communal  (enclos)  d'une  des- 
tination particulière.  Neugart.  Codex  diplom.,  t.  II,  n»  1110  :  «und  das  Gesœsse  da  daz 
Kloster  war  und  den  Brügel  (Brühl)  der  darzuo  beeret  (gelioert)  der  in  der  Bizum  lit 
(liegt)».  Gf.  Lexer,  Handwœrterbicch :  «man  soll  dem  vogt,  des  Dorfes  fridc  in  dem 
Bütze  (m.)  17  schuhe  weit  uf  tun».  —  Bitsch,  ne  serait-il  pas  le  mémo  mot?  —  Caps- 
gœrten,  signifie  jardins  potagers;  Krautgïcrten ,  de  Kabez,  Kabus,  le  chou  cabus  (lat. 
caput),  weisser  Ivopfkohl. 


—  228  — 

liofeii;  par  exemple  au  Buch ',  rAltliufel,  ancien  canton  forestier  snr  la 
Selzbach,  vers  Nicder-Uœdern;  le  Ileidcngiessel,  sur  la  petite  pente  dite 
«Trambacher  Berg»,  en  face  de  Bühl,  où  les  cantons  dits  ((Weycrgœrlen, 
Li[ipsliüschel,  Abbenlœchel,  etc.»  dénotent,  parla  fornfiie  de  leurs  contours 
et  par  les  matériaux  de  snbstjuclions  qu'on  a  retirés  du  sol,  d'une  très- 
ancienne  colonisation.  Pour  le  moment,  je  ne  m'y  arrête  pas.  La  pente 
très-douce  du  Westhoffen  vers  la  forêt  et  la  Surbach  porte  le  nom  de 
«Westhœffner  Berg».  En  poursuivant,  au  sortir  du  Westhoffen,  l'anciennc- 
grande  route,  l'Altslrass,  qui,  en  cet  endroit,  avait  en  4752  encore  une 
largeur  de  28  pieds  (0"\10)  et  qui  aujourd'hui  n'est  plus  dans  la  ban- 
lieue de  Halten  qu'un  «Feldweg»  de  3  à  4  mètres,  on  arrive  du  côté 
méridional  de  Biltershoffen  à  la  rue  dite  le  «  Renterserberg»,  dont  la 
petite  pente  s'incline  également  vers  la  forêt  et  la  Surbach.  C'est  là  que 
se  trouvait  au  moyen  âge  un  autre  petit  endroit  appelé 

Rentershoffen  ou  Renlersdorf. 

Rentershoffen ,  dont  le  territoire  touchait  à  celui  de  Westhoffen,  était 
situé  dans  la  banlieue  de  Bittershofl'en,  au  sud  de  ce  village.  Le  nom  est 
la  seule  chose  qui  soit  restée  de  cette  localité;  il  se  retrouve  dans  les  déno- 
minations des  cantons  forestiers  et  ruraux  environnants,  tant  dans  la  ban- 
lioiie  de  Riltershoffen  que  dans  celle  de  Hatten;  tels  sont  ici  le  Renter- 
scherpfad,  le  Renlerschervviidvcl,  la  Rentcrscrmatt,  les  Rcnterscr-Elzel'; 
là,  le  Renterscherhœffner  Feld,  les  ricnlersermattcn,  etc. 

Un  règlement  de  foret  de  1595  dit,  en  parlant  du  ban  de  Riltershoffen 
au  numéro  7,  que  tout  le  district  des  champs  de  Rentershoffen  doit  être 
entouré  dorénavant  de  haies  vives,  excepté  cependant  l'enceinte  du  village 
lui-même.  «Dcss  (das)  Rentershoffer  fcldt  mil  seinem  gezirkh  solle  nun- 
uirtler  vmbhreget  sein  aussgcnommen  dess  Dorffes  Etter  Rennttershoflen.» 


1.  Dans  Ic'liaiipoil  de  M.  de  Uiiig  sur  les  (rouvaillcs  ilc  M.  Ziipfrl  ilhi//rf..  l.  III,  î«-,  Mèiii., 
p.  22Ü),  ce  nom  de  canton  est  écrit  «l^ilscli«  au  lieu  de  «Iliicli». 

2.  La  grande  route  actuelle  qui,  perçant  le  Wcsllioiïen,  relie  Halten  à  Uiller.sliufl'en, 
n'a  été  construite  qu'à  la  fin  du  dernier  siècle. 

3.  Etzel,  nom  fréquent  dans  les  anciens  livres  terriers,  diminutif  de  Atz,  Etzweide, 
signifie  une  pièce  de  pâturage  déterminée,  délimitée,  souvent  entourée  de  haies  vives, 
il(;  la  contenance,  généralement  il'un  aipcnl,  de  'lO  à  50  arcs.  Le  Iciricr  d(>  1739-1752 
dit  :  l'zwci  Viertzel  Morgen  oder  die  Ikelfte  eines  Etzel,»  c'est-à-dire  deu.\  quarts  d'arpent 
ou  la  moitié  d'un  Etzel.  Etzel  parait  donc  avoir  été  pour  les  pâturages  ce  que  la  Manns- 
matl  ('■l.iit  pour  les  prés,  le  Morgi'ii  pour  les  champs. 


-  259  - 

Le  village  existait  donc  encore  en  \b%,  mais  annexe  à  la  commune  de 
IiittershofTen.  La  tradition  veut  que  tous  ses  liabitants  aient  succombé  à 
une  épidémie  (schwarzen  Jjlalteni)  [1(300?]  et  (jue  seule  une  vieille 
femme,  qui  s'était  attaché  un  crapaud  vivant  sui-  la  puiliine,  y  ait  sur- 
vécu. 

Sauf  quelques  petites  parcelles  situées  dans  la  banlieue  de  Hatten,  tout 
le  territoire  de  cet  ancien  petit  village  a  été  incorporé  à  la  banlieue  de 
Rittcrshofl'en. 

Osterndorf. 

Ce  village,  appelé  au  septième  siècle  «  Austondorph»  et  au  neuvième 
«Ostcrendorf»  pour  «  Ostcndorf»,  le  village  de  l'Est,  était  situé  à  l'est  de 
Niedcr-Betschdorf,  son  village-mère,  et  au  sud  de  Rittershoffen,  sur  l'an- 
cienne route  de  Hatten  à  Detscbdorf  etWœrth.  Son  emplacement  est  constaté 
par  certains  cantons  ruraux  de  Rittershoffen,  auquel  il  a  été  incorporé,  qui 
en  portent  encore  le  nom;  tels  sont  l'Osterfeld  avec  le  cimetière  d'Ostern- 
dorf,  qui  appartient  aujourd'hui  à  l'église  protestante  de  RiltershotTen.  Le 
règlement  de  forêt  de  1595*  parle,  à  propos  du  «Riieltershoffnerban»,  aux 
numéros  i  à  4  du  lac  d'Osterdorf,  du  petit  Osterfeld,  du  Ostcrfeldt  depuis 
la  Serre  «von  der  Seren  an»,  c'est-à-dire  depuis  la  barrière  (sera  de 
serare,  fermer)  et  de  l'Osterfeld,  derrière  le  cimetière.  L'emplacement 
du  « Osterdorffersee  ))  est  facile  à  reconnaître  à  côté  de  la  route,  au  pied 
de  la  petite  descente  vers  Nieder-Betschdorf.  Le  Liesmattgraben  venant 
de  Kühlendorf,  et l'Allmendgraben ,  venant  de  Hohwiller,  forment  parleur 
jonction  «  rEschengraben  »,  qui  doit  avoir  traversé  le  lac  ou  étang  en  ques- 
tion. Le  dWaldspruch»  de  1480  nomme  comme  maître  de  forêt  de  Nieder- 
Betschdorf  «Thoman  am  Oster-Ende»,  ce  qui  veut  bien  dire  demeurant  à 
l'extrémité  orientale  du  village  de  Nieder-Betschdorf  ou  du  c(5té  d'Ostern- 
dorf. 

Osterndorf  est  déjà  mentionné  en  693  et  en  808,  sous  les  rois  méro- 


1.  Voici  les  dénominations  du  Waldsprncli  de  1595  :  «OstcrdorfTersce,  Klein  Osterfeld  , 
Osterfeld  von  der  Seren  an,  Osterfeld  licinderm  KircliholT.  —  A'oto.  L'Osterfeld  a  été  défri- 
ché de  nouveau  et  les  étangs  réparés  au  dix-liuitième  siècle  (E.  1819).  Je  tiens  de  bonne 
source  que  le  champ  dit  cimetière  d'Osterdorf  se  compose  de  deux  parcelles  de  39  ares 
25  centiares  et  39  ares  60  ceutiares,  soit  d'une  superticie  totale  de  78  ares  85  centiares, 
Ce  bien  est  situé  sur  la  droite  de  la  route  conduisant  à  Niedcr-Betsclidorf,  à  deux  cents 
pas  au  delà  du  petit  pont  appelé  le  "Escheiigrabenlnilckcl".  La  notice  ajoute  qu'il  arrive 
encore  souvent  que  le  soc  do  la  eliarrue  met  au  jour  dans  ce  champ  des  tuiles  et  d'au- 
tres «rudera»  d'anciennes  constructions  (de  l'église?). 


—  230  — 

vingiens  et  les  carloviiigicns ,  clans  deux  chartes  concernant  des  donations 
faites  an  monastère  de  Wissembourg,  dont  l'analyse  se  trouve  ci-après. 

Au  douzième  siècle,  le  couvent  de  Kœnigsbriick  '  avait,  comme  nous 
avons  vu,  un  bien-fonds  à  Osterndorf,  mentionné  avec  les  autres  posses- 
sions du  couvent  dans  une  charte  confirmalivc  de  l'empereur  Frédéric  P"" 
Barberoussc  en  1187,  et  dans  une  autre  charte  de  Henri,  roi  de  Home, 
arrière-pelit-fils  de  Barberousse,  en  lîi2G.  Cette  dernière  nous  ap[)rend 
que  les  terres,  que  le  couvent  possédait  à  Osterndorf,  avaient  été  achetées 
pour  lui  en  mnjoure  partie  par  l'empereur  Ileru'i  VI  et  qu'Ostcrndorf  était 
situé  dans  le  comté;  nous  avons  vu  que  ce  comté  n'était  autre  que  le 
comté  du  Ilaltgau.  Le  diplôme  de  1 187  de  Frédéric  Barberousse  est  pour 
le  fond  identique  avec  celui  de  1226  et,  sauf  le  dernier  nom,  OfTerendorf 
jiour  Osterndorf,  tous  les  noms  de  villages  sont  écrits  de  la  même  manière 
dans  les  deux  documents.  Mais  il  n'y  a  pas  d'endroit  appelé  OfTerendorf, 
et  Schœpflin,  songeant  à  Offendorf,  ajoute  cependant  que  le  couvent  n'y 
avait  pas  de  possessions.  Il  n'y  a  pas  de  doute;  le  diplôme  de  1226  rectifie 
celui  de  1187,  et  il  s'agit  ici  également  d'Osterndorf. 

En  1370,  Simon  de  Lichtenberg  avait,  comme  le  prouve  notre  citation, 
une  cour,  une  ferme  à  Osterndorf,  qu'avec  d'autres  biens  il  donna  en 
garantie  de  la  dot  de  sa  bru  Lorette  de  Bitsch. 

La  dernière  mention  que  j'ai  trouvée  de  ce  village  date  de  l'année  1383. 
Dans  la  querelle  de  Jean  IV  de  Lichtenberg  avec  la  ville  ou  la  landvogtei 
de  Ilaguenau,  qui  lui  disputait  la  haute  justice  dans  le  Ilattgau,  on  cite, 
entre  autres  griefs,  l'assassinat  d'un  habitant  d'Osterndorf  par  les  fils  de 
H.  G.^ 

De  même  que  Westhoffen  a  été  incorporé  à  Hatten,  ainsi  Rentershoffen 
et  Osterndorfparaissent  avoir  été  incorporés  définitivement  à  Rittershofl'en 
dès  le  quinzième  siècle.  Tandis  qu'en  1595  il  est  encore  question  du  vil- 
lage de  Bcntershofcn  (dans  le  «  Wahlspruch  »),  on  ne  nomme  plus  le  village 
d'Osterndorf  à  cette  époque,  mais  seulement  l'Oslerfeld.  L'autonomie  de 

1.  Le  couvent  de  Königsbrück  doit  avoir  été  fondé  entre  1130  et  1 1 40.  Adélaïde  de 
Veclienlieim  (près  Kaufenlicini),  Agnès,  sa  sœur,  L'tta,  Agnès  de  Rode  (Rolt)  et  Utta  de 
Surburc  en  étaient  les  premières  abbesses.  —  Suivant  les  diplômes  cités,  le  couvent 
avait  des  terres  à  Vechenlifim  ,  Wintcrstiusen,  Kessetbach  (ancien  emplacement  de  Kes- 
seldorf, à  l'intersection  de  lu  Hinlerstrasse  et  du  Kessclbaicliel ,  .sur  la  lisière  de  la 
forêt  de  Hatten);  Ebcrbacli  (E.-Seltz),  Driegenbacli,  Hugcsbergcn,  Danckrateslieim  (Dan- 
golslieim),  Wiherslicini ,  Hotbadi,  grangiam  quuque  Ostcriidorf.  A/s.  dip/oin.,  t.  I,  n"^  311 
et  430. 

2.  Lclimann,  t.  1,  p.  141J  :  «So  eineu  aus  Osterdorf  ermordet.» 


-  231   - 

ces  trois  cntlroils  avait  ccrtain(3mcnt  cessé  en  14'.)0  ',  cor  le  «  Jalin's.s(iriicli  >; 
du  llattgau,  qui  a  été  renouvelé  alors,  ne  pai-Ie  que  des  liuil  viUayes  sou- 
vent cités;  déjà  le  partage  de  \AiO~  n'en  parlait  plus  explicitement. 

La  cour  colongère  de  lliltcrshoffen  se  trouve  mentionnée  j)oui'  la  pre- 
mière fois  sous  le  nom  de  Uottersliouen  en  12!:27.  Otlion  de  Uollcrsliouen' 
assiste,  avec  son  frère  Frédéric  de  SulTellieim  el  Vohjuinus  Sumer  de  15ct- 
tcnsdorf,  et  d'autres  témoins,  à  une  procédure  judiciaire  passée  sous  le 
clicne  de  Vechenheim*,  près  Kaufenheim,  «sub  qiiercu  Veclienhoim  », 
comme  dit  le  diplôme  de  Henri  VI,  au  sujet  d'un  bien,  prediolum  ou  novale", 
des  environs  appartenant  aux  religieuses  de  Kœnigsbriick,  auxquelles 
Henri  «plebanus  de  Gochenheim  »  (Kaufenheim)  avait  injustement  réclamé 
la  dîme  de  ce  bien,  dont  cependant,  comme  elles  étaient  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  leurs  droits  régaliens  les  dispensaient. 

En  I0G6,  le  preux  chevalier  «der  veste  Ritter  »  Lulzemann  de  lîotters- 
dorf  représente  l'empereur  et  l'empire  au  tribunal  des  Treize,  du  c  Land- 
friedensgericht  »  en  Alsace. 

En  1356,  les  Fleckenstein  étaient  possesseurs  d'une  cour  colongère 
(Hubhof^)  à  Rûtershouen  et  d'une  autre  à  Swawilre;  la  vente  de  1490 
ne  mentionne  plus  que  cette  dernière,  el  l'acte  de  procès  de  1511  parle 
de  deux  «  Meierh(cfen  »  à  Swowiler. 

En  1385,  la  colongede  Rittershoffen  appartenait  au  monastère  de  Sur- 
bourg qui,  à  cette  époque,  a  fait  rédiger  les  coutumes  de  la  colonge  devant 
l'officialité  de  Strasbourg.  Suivant  l'extrait  que  nous  en  donne  M.  Hanauer, 
le  maire  de  la  colonge  de  «Ruotershofen»  pouvait  compter,  en  cas  de 
besoin,  sur  l'appui  du  seigneur  de  Fleckenstein  ou  de  son  vogt,  comme 
aussi  sur  celui  du  prévôt  de  Haguenau  pour  l'exécution  d'une  sentence 
prononcée  par  les  colongers;  il  payait  pour  cela  à  chacun  des  deux  3  sols 
par  an.  Les  amendes  étaient  partagées  par  tiers  entre  les  colongers,  le 
maire  et  l'avoué  (fougt).  La  cour  des  colongers  avait,  en  cas  de  désac- 
cord pour  une  sentence ,  un  appel  au  plaid  de  Surbourg,  Selon  M.  Hanauer", 

1.  Lehmann,   t.  II,  p.  430. 

2.  lOicl.J.  l,  p.  253. 

3.  i/«.  diplom.,  t.  I,  n"  451 . 

4.  Gaslrum  (Schlösse]),  près  Kaucheuheini  ou  Kaufenheim. 

5.  Ce  bien  leur  avait  été  donné  en  1 153  par  Welf  ou  Gueif  IH  à  perpétuité,  (idilcctissi- 
marum  collcctioni  dominarum  q.  d.  Kuningesbruke».  Als.  diplom.,  t.  I,  n"  288. 

6.  Als.  diplom.,  t.  Il,  p.  250,  n»  1529. 

7.  Lehmann,  t.  I,  p.  128. 

8.  Hanauer,  p.  132  s. 


—  232  — 

la  cülongc  a  été  achclée  au  seizième  siècle  par  llanau-Lichleiibcrg'.  Oji  ne 
sait  à  quelle  époque  renionle  la  fondation  de  celte  colonge,  ni  par  qui  elle 
a  été  fondée.  Comprise  entre  Hatten  et  IJetschdurf,  deux  anciens  centres 
d'habitations,  cette  contrée  de  Rittersliofen,  UeiUershofen,  Westliofen 
et  Ostendorf,  j)araît  avoir  été  défrichée  et  colonisée  par  eux ,  témoins 
les  deux  derniers  noms.  (Le  nom  de  Ilenlershofen  ne  serait-il  pas 
lui-même  une  mauvaise  prononciation  pour  Rcutcrshofen?)  La  colonge, 
propriété  particulière,  doit  être  de  fondation  i)lus  récente  que  les  trois 
autres  endroits.  Le  «in  crodo»  du  n°  136  des  Tradit.  Wzbg.  de  l'an- 
née 745,  cité  avec  Betschdorf  (Kühlendorf  et  Osterndorf),  pourrait  bien 
se  rapporter  à  cette  contrée.  Rittersliofen  est  mcniionné  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1227,  sous  le  nom  de  Ruttcrshofen.  Or,  un  «rotier» 
était  un  défricheur,  de  «roden»,  défricher,  «radiées  evellcre».  A  Hat- 
ten il  y  a  une  rue  appelée  «  Roltergass»,  la  rue  des  Défricheurs  (?) ,  et 
un  canton  rural  dit  «gerott  »  pourgerode,  terrahi  défiiché.  Cet  ancien  nom 
explique  le  nom  actuel  de  Rittershoffen,  qui  ne  vient  pas  de  «ritter»  che- 
valier, mais  de  «router»,  synonyme  de  «rotter»,  comme  reuten  est  synonyme 
de  roden  et  geieute  de  gerode.  Le  dialecte  du  pays  prononce  eu  (anc.  m) 
comme  i  ou  ie  {il);  pour  gereute  on  dit  gritt";  pour  reuten,  ritten,  pour 
Reulershofen ,  Rittershoffen.  Au  treizième  siècle  on  disait  Rottershoven; 
au  quatorzième  siècle  Reiters-,  Ri^iters-,  Ruotershofen;  ce  n'est  qu'à  partir 
du  milieu  du  quinzième  siècle  qu'on  rencontre  Rittershofenl  Des  seigneurs, 
«Juncker  ou  Ritter»  étant  devenus  propriétaires  de  la  colonge,  on  a  appelé 
la  maîtresso-cour  le  «Ritterhof»,  c'est  ce  qui  a  fait  admettre  une  autre 
origine  du  nom  et  a  valu  un  éperon  à  la  bannière  du  village. 

Resserrée  entre  Hatten  et  Kühlendorf,  entre  la  Selzbach  et  les  terri- 
toires d'Osterndorf  et  Rentershofen,  la  colonge  de  Rittersliofen  finit  par 
s'incorporer,  non  sans  faire  violence,  à  ce  qu'il  paraît,  à  la  légalité,  les 
deux  derniers  endroits  qui  la  séparaient  de  la  grande  forêt. 

1.  Voy.  le  chapitre  suivant. 

2.  Cantons  ruraux  à  Hatten  :  G'ritl,  Griltlœclicl,  avec  Ja  (irillniülil;  Gcrolt,  RotsjnaU  etc. 

3.  Riltendorf,  voy.  Hanauer,  p.  125  et  132.  Le  Waldsprncli  de  1595  a  UiletlershotTen , 
i.clui  de  1589  Rietterslioffeii,  de  1585  Rittersliofen,  de  I4G9,  le  plus  ancien  des  Wald- 
sprüclie,  a  Ritlersliollen.  Les  gens  de  Leiitersweiler  disent,  à  ce  qu'on  iirapprend,  encore 
aujourd'hui  Riulerseliliollen.  —  Nola.  Scion  ie  Waldspruch  de  1595,  la  limite  entre  le  ban 
de  Hatten  et  celui  de  Rittershotl'en  commençait  non  pas  à  la  Selzbach  comme  aujourd'hui , 
mais  au  Gauspruch,  au  iNord  du  «Roch»  (Reeg),  non  loin  de  la  grande  route  actuelle; 
c'est  que,  suivant  la  tradition,  la  partie  entre  le  Gauspruch  ou  Gauclisbruch  et  la  Selz, 
dite  Riiller,  6tait  encore  couverte  d'une  forêt  de  pins  il  y  a  trois  siècles.  C'est  au  Reeg  ou 
Riiegberg  (de  rügen,  connaître  et  [umir  des  délits)  que  sit'g-eait  sans  nul  doute  le  tribu- 
nal forestier  des  Vingt.  —  Le  Gunsjirurji  iraiirait-il  pus  une  scmblalile  origine  ■/  — 


Osterndorf  cxislait  déjà  sous  les  Mcroviiiyleii^,  cai-  vers  la  lin  du  sep- 
tième siècle,  le  monastère  de  Wissemboui'g-  y  acquiert  des  biens  par  suite 
d'une  donation  décrite  dans  la  charte  n"  38  des  Trad.  WzJxj.,  le  plus 
ancien  document  de  toute  lacollecliun.  Gœrsdorf  et  Billigliciui  (l'alatiual) 
y  sont  également  mentionnés.  En  voici  le  conteim: 

Le  1'^''  mai  693,  troisième  aimée  du  règne  de  Clovis  111,  roi  des  Francs, 
Ilildifiid,  Managold  et  Waldsuuinda,  frères  et  miuY,  ipii  dans  leur  cjdbiice 
avaient  été  accueillis  comme  orphelins  et  bien  tiaités  dans  le  monastère, 
donnent,  Ilildifrid  étant  devenu  moine,  en  reconnaissance  des  biejifaits 
reçus  et  pour  le  salut  de  leur  âme,  au  monastère  du  Speiergau,  situé  sur 
la  Lauter,  dans  les  Vosges,  construit  en  l'honneur  de  saint  Pieire  et  de 
saint  Paul,  les  possessions  cju'ils  avaient  à  Gœrsdorf  et  à  Osterndorf  «renj 
nostram  in  uillare  gairelaigo  et  ni  austondorphe  »  situés  en  Alsace, 
ainsi  que  l'héritage  (]ue  leur  père  Bodegisl  et  leur  oncle  Ueghifrid,  en 
mourant,  leur  avaient  laissé  à  Billigheim  «in  bolinchaime  »,  situé  sur  le 
Rohrbaschel,  dans  le  district  de  Spire.  Les  biens  donnés  consistaient  en 
manses,  maisons,  édiiiees  ou  dépendances,  les  esclaves  Zacion,  Waldulpia 
et  leur  fils  Godon,  et  les  paysans  qui  restaient  avec  eux;  en  champs,  prés, 
pâturages,  forêts,  eaux  et  cours  d'eaux,  tout  bien  légalement  acquis  par 
héritage,  achat,  ou  n'importe  de  quelle  autre  manière. 

La  lettre  de  donation,  adressée  au  vénérable  père  «  in  Christo  »  l'abbé  Bat- 
frid,  porte,  comme  presque  toutes  les  lettres  de  donation,  la  clause  que 
si  quelqu'un,  fussent-ce  les  donateurs  eux-mêmes,  voulait  rompre  cette  dona- 
tion ou  y  faire  opposition,  il  eût  à  verser  au  fisc,  pour  le  compte  ou  au 
profit  «ad  parlibus  »  du  monastère,  une  fivre  d'or  et  deux  livres  d'argent 
pesant  sans  qu'il  puisse  arriver  à  ses  fins. 

Remarque.  Ce  document  est  intitulé  «Prœsfarium»  comme  d'autres 
chartes  dans  les  Trad.  sont  intitulées  «donatio,  tradilio,  venditio,  cun- 
cambium»,  selon  qu'il  s'agit  d'une  simple  donation,  d'une  vente  ou  d'un 
échange;  bref,  quand  il  est  question  d'un  affranchissement  d'esclaves;  le 
titre  ordinaire  cependant  de  ces  actes,  n'importe  leur  contenu,  est  pure- 
ment et  simplement  «carta»,  suivi  également  du  nom  du  donateur;  ils 
s'appellent  «prestaria  et  precaria»,  quand,  après  l'exposé  et  la  description 
des  biens  à  donner,  elles  contiennent  la  demande  «petitio»  du  donateur  à 
pouvoir  garder  les  biens  donnés  en  usufruit  viager  moyennant  un  cens  à 
payer  annuellement  au  monastère  et  souvent  aussi  à  prendre  en  outre 
d'autres  biens  du  monastère  en  usufruit. 

Le  prestaria  contient  les  conditions  débattues  et  arrêtées  d'avance  aux- 


—  234  — 

quelles  on  donne;  le  precaria,  la  promesse  de  remplir  les  condilions 
(payer  le  cens,  par  exemple)  prescrites  par  le  monastère'.  La  charte  suivante, 
intitulée  «  carta  erbioni  »,  est  au  fond  un  prœstarium.  Il  y  est  dit  :  «  De  iure 
iiiiM)  in  iureiii  dominaciunis  veslre  trado  atque  Iransfiuido  postca  quoque 
niea  fuit  pclicio,  et  vestra  decrcvit  voluntas  contra  istas  res  quod  vobis 
Iradidi  res  vestras  prestare  deberctis  quod  ita  et  fccistis  mihi  et  infantibus 
meis,  uodone  et  eugenie  diebus  uite  noslre  ad  usufrucluario  ordine.  » 

Pour  la  date  de  l'acte,  je  m'en  rapporte  à  Zeuss  :  Trad.,  p.  oiO,  n°  1  (38). 
L'acte  est  signé  du  notaire  Vadalgarius,  des  donateurs  Ilildifrid  «moine  » 
auteur  de  la  donation,  et  de  sa  sœur  Waldswindane;  ManaL;old  n'a  pas 
jugé  à  propos  d'y  mettre  son  nom;  puis  de  douze  témoins  (jui  s'appelaient  : 
adalberti,  rodoaldi,  seulaigo,  grimulfi,  rihmundi,  uualtharii,  asulh,  heri- 
berti,  uuilliharii,  lantfridi,  adalrammi,  adalgisi. 

En  808,  Osterndorf  est  mentionné  dans  la  charte  n"  19  des  Trad.  pour 
le  tiers  d'une  hoube"  que  céda  au  monastère,  avec  d'autres  biens  consi- 
dérables, situés  tant  en  Alsace  que  dans  le  Speiergau  et  le  Wormsgau,  un 
riche  {)ropriétaire  nommé  Erbion,  dont  le  bien  situé  dans  la  marche 
de  Kühlendorf  s'appelait,  d'après  lui,  la  «marche  d'Erbenwiller ».  Voici 
cette  charte,  datée  du  1'^'"  mai  de  la  huitième  année  du  règne  de  l'empe- 
reur Charles  (magne),  808,  rédigée  par  Wolfliard,  le  même  qui  deux 
mois  auparavant  en  avait  rédigé  une  autre  concernant  Hatten;  elle  est 
adressée  à  l'abbé-évêque  Justolf,  vénérable  «  en  Christ  »  pour  que 
personne  n'en  ignore  :  «  dum  et  omnibus  non  habetur  incognitum  »  et 
signée  du  donateur  et  de  treize  témoins.  En  Alsace,  Erbion  donna  quatre 
houbes  intégrales  situées  dans  le  canton  de  la  marche  de  Kielendorf  «in 
Kielcnheimeromarcu  ^)  qu'on  appelait  la  marche  d'Erbenweiler  «sivein 
ipsa  marca  q  d.  erbenuuilare;  le  tiers  d'une  hoube  à  Osterndorf  et  à 
Stmheim  une  hoube  entière  «in  osterendorf  tertiam  parlem  de  una  hoba; 
in  scmheim  hoba  I.  »  et  dans  le  Wormsgau  une  hoube  et  des  vignes  qui 
donnent  vingt  sigles  de  vin,  ce  qui  fait  ensemble  sept  houbes  avec  dix 
esclaves,  savoir:  otmunl  et  hildithiu  avec  leuis  enfants;  ercanheii  et  lon- 
hilt  avec  leurs  trois  enfants;  sibicho,  onolf,  olguiit,  thiotheid  «h.  s.  man- 
cipia  decem»,  les  enfants  comptaient,  à  ce  qu'il  paraît,  selon  leur  âge,  pour 


1.  Cf.  Neugart,  Codex  diplom.,  t.  I,  u"  12. 

2.  Une  lioba  avait,  .selon  la  localité,  40,  30  et  20  jugera  ou  arpents;  trold  huobnior- 
gcn  font  deux  morgen  ordinaires  (voy.  Colongc  de  RitterstiofTcn ,  Hanauer,  Constitut, 
p.  133).  Le  morgen  ordinaire  comi)renait  42  ares  25  cenliares,  donc  le  houbmorgen 
était  de  28  ares  et  une  hoube  d'environ  11  hectares,  ou  8  hectares,  ou  5  hectares 
50  ares. 


—  235  — 

une  fraction  d'eschne.  Dans  lo  Speioigau  il  donna  une  petite  cour  et  quatre 
houbes  à  «  Otliereslicim  »  et  une  Iiouhc  à  «cnulileslioim^)  (Knitteislieini, 
entre  Landau  et  Gcrmershcim)  et  à  llohcnstadt  un  vignohle;  ce  dcruier 
était,  ainsi  que  la  petite  cour  «curtilc»,  un  bénéfice  du  nioiiastèic;  il 
donna  avec  cela  aussi  dix  esclaves.  Moyennant  un  cens  annuel  de  2  sols, 
payable  à  la  Saint-Martin,  Erbion  se  réserva  l'usufiuil  viager  de  tous  ces 
biens  pour  lui  et  ses  deux  enfants,  Vadon  et  Eugénie,  en  s'engageant  à 
bien  entretenir  ces  propriétés  qui,  avec  toutes  les  améliorations  et  construc- 
tions, revenaient  à  leur  mort  au  monastère  «et  post  nostrum  quoque  dis- 
cessum  cum  omni  re  meliorata  vel  superposita  ad  casa  saiicli  pétri  uuizen- 
burg  revertalur.  Facta  traditio  sub  die  kl.  mad.  anno  Vlll  régnante  Karolo 
imperatore.  T.  erbione ,  ratman,  dudo,  gebolf,  uuidagauuuo,  hildiberti, 
herimanni,  uuinimanni,  uuelimanni,  sindicboni,  uuillirih,  fruaril,  uuluicho, 
hartrat  et  Wolfhard». 

Dr.    IlÜCKEL. 

{La  suite  dans  une  prochaine  livraison.) 


NOTICE 


L'EGLISE  ROUGE  ET  LA  LEPROSERIE  DE  STRASBOURG. 


I.  L'EGLISE  ROUGE. 

Sur  une  partie  do  remplacement  occupé  aujourd'hui  par  le  cimetière  de 
Sainte-Hélène  s'élevait  jadis  une  église  dite  l'Église  rouge;  non  loin  de  là 
se  trouvaient  les  bâtiments  de  la  Léproserie  de  la  ville.  A  cause  de  leur 
voisinage,  les  deux  établissements,  quoique  indépendants  l'un  de  l'autre, 
ont  souvent  été  confondus;  il  importe  de  les  distinguer  et  de  laisser  à 
chacun  son  caractère  particulier.  Comme  ils  ont  disparu  depuis  longtemps, 
je  ne  ci'ois  pas  faire  un  travail  inutile  en  réunissant  ce  qu'on  peut  trouver 
sur  leurs  destinées. 

L'Eglise  rouge  est  une  de  celles  qui  ont  laissé  le  moins  de  souvenirs 
dans  notre  histoire  locale;  il  ne  me  paraît  pas  impossible  toutefois  de 
remonter  jusqu'à  son  origine,  lors  même  que  toutes  les  données  nous 
manquent  pour  assigner  à  sa  première  construction  une  date  précise. 

Dans  la  charte  de  8-45,  par  latjuelle  l'empereur  Lolbaire  confirme  les 
possessions  de  l'abbaye  de  Saint-Etienne,  il  est  {)ai'lé  d'une  localité  nommée 
Bolhebur,  voisine  de  Schiltighcim*.  C'est  là  ce  qui  peut  nous  mettre  sur  la 
voie.  Le  terme  de  Bolhebur,  il  est  vrai,  serait  difficile  à  expliquer;  mais  je 
ne  crains  pas  de  hasarder  une  conjecture  aventureuse,  en  proposant  de 
substituer  à  cette  forme  insolite  celle  de /^c/c^m-,  qui  se  rencontre,  quoique 
écrite  Bellehur,  dans  une  tiaduction  allemande  de  ladite  charte "\  L'ancien 
mot  germanique  Bur  signifiait  maison'*;  dans  le  hiliii  (ki  moyen  âge  bura 

1.  Msnt.  dipfom.,  t.  I,  p.  82. 

2.  ScliiKcr,  Addilions  à  KO/u'tjs/io/e/i,  p.  530. 

3.  Graf,  AUhochdeulscher  Sprachschatz ,  p.  18. 


—  237  — 

était  plus  spécialement  unu  éeliupp(!,  servant  de  remise  aux  voitures'; 
chez  Rabelais  et  encore  anjourd'liiii  en  Auvergne  on  trouve  bvrnn  pour 
cabane  de  paysan.  Le  vi(Mix  nom  Bine  clait  rcsh;  cbcz  nous  ;'i  ipi^'lipu-s 
groupes  d'habilations  rurales;  depuis  le  dixième  jusqnini  (piator/ième 
siècle  on  mentionne  un  Bnrc  dans  la  banlieue  de  Sclnveinbeim,  au  treizième 
u\]  autre  dans  celle  de  Westbofen;  à  un  endroit  ^  i/ni  ol'nn  dicelxrinr 
Burreî),  l'abbaye  de  Ilonau  possédait  au  treizième  siècle  une  cui'ia  arnia- 
meniaria  ou  ferme  pour  son  bétail.  Près  de  Souitz  il  y  avait  encore  en 
1450  un  village  dit  zu  Ilofcn  und  zu  Bure-.  On  rencontre  enfin  un  FÀhcs- 
bure,  ainsi  appelé  d'après  celui  qui  le  premier  l'avait  établi.  Par  BcLchur 
on  entendait  une  maison  de  prière,  un  oratoire^  comme  jadis  on  en  élevait 
au  milieu  des  champs;  dans  la  suite  des  temps  il  arriva  que  des  hameaux, 
des  villages  mêmes,  se  groupèrent  autour  de  ces  chapelles  et  en  gardèrent 
le  nom;  du  dixième  au  quatorzième  siècle  le  village  de  Klein-Gœfl  ne 
paraît  que  sous  la  dénomination  de  villa  Bclebur;  encore  du  temps  de 
Schœpflin  il  y  avait  là  une  chapelle  de  Saint-Alban  appelée  Betbur\  Dans 
une  charte  faussement  attribuée  à  Dagobert  et  se  rapportant  à  l'abbaye  de 
Wissembourg,  on  cite  un  Bedcbur'%  qui  se  retrouve  dans  un  autre  docu- 
ment relatif  au  même  monastère  et  daté  de  1007".  11  existait  enfin  unvieux 
Bettebur  près  de  Zutzendorf,  1293. 

C'est  un  pareil  Belebur  qu'on  éleva,  sans  doute  bien  avant  le  neuvième 
siècle,  hors  des  murs  de  Strasbourg,  du  côté  nord  delà  ville,  où  de  bonne 
heure  une  vaste  étendue  de  terrain  était  livrée  à  des  cultures  diverses;  la 
chapelle  était  destinée  aux  colons  disséminés  dans  les  environs.  D'autres 
églises,  comme  celles  de  Saint-Thomas, de  Sainte-Aurélie,  de  Saint-Pierre- 
le-Jeune,  se  trouvaient  également  dans  les  anciens  temps  extra  muros,  et 
avaient  été  fondées  probablement  dans  un  but  analogue  d'évangélisalion. 
Maintenant,  n'esl-il  pas  permis  d'admettre  que  le  hameau  de  Belebur,  qui 
en  845  appartenait  à  l'abbaye  de  Saint-Etienne,  avait  tiré  son  nom  de  la 
chapelle  et  qu'avec  celle-ci  on  peut  identifier  l'Église  rouge?  Il  n'y  a  du 
moins  rien  qui  s'y  oppose.  La  désignation  de  l'édifice,  d'après  la  couleur, 
paraît  fort  ancienne;  on  peut  la  constater  dès  le  onzième  siècle.    D'après 


t.  Ducange,  éd.  Henschol,  1. 1,  p.  808. 

2.  Hof  en  désignait  sans  doute  les  Ho/e  ou  fermes  des  paysans,  Bure  les  cabanes  des 
serfs. 

3.  Belebur,  sacellum.  Hoffmann  von  1-allcrsleben ,  Sumerlaten.  Wien  1831,  p.  lu. 

4.  Alsat.  illusl.,  t.  1,  p.  G50,  note  1. 

5.  Alsat.  diplom.,  t.  1,  p.  23. 

G.  Alsat.  illust.,  t.  1,  p.  (J50,  noie  1. 


—  238  — 

une  bulle  dn  pape  Alexandre  III,  l'évêcjue  Guillaume  donna  au  monastère 
d'Eschau  ccclcsiam  RoUicnkirchen  cum  parochia  SciUecliei)n  ;  la  bulle,  il 
est  vrai,  est  de  1180;  mais  comme  elle  ra[)pelle  une  donation  faite  enlre 
1028  et  1047,  époque  pendant  laquelle  siégea  l'évêque  Guillaume,  on 
peut  en  conclure  qu'elle  reproduit  les  termes  d'un  acte  de  ce  dernier, 
aujourd'hui  perdu,  et  que  par  conséquent  le  nom  d'Église  rouge  était 
usité  au  moins  dès  le  commencement  du  onzième  siècle.  Il  reparaît  sous 
la  forme  de  ccclesia  rufa  dans  une  légende  de  Sainte-Aurélie,  laquelle, 
puis(iu'il  y  est  parlé  du  siège  de  Strasbourg  par  l'empereur  Philippe  en 
1199,  ne  saurait  être  écrite  qu'au  treizième  siècle  au  plus  tôt'.  L'église 
était  soit  bâtie  en  briques  rouges ,  dont  la  matière  était  tirée  d'une 
carrière  d'argile,  qui  s'est  trouvée  pendant  longtemps  dans  le  voisinage^ 
ou  bien  elle  était  peinte  en  rouge.  Si  l'on  peut  se  fier  à  la  copie  d'un 
dessin,  dont  la  provenance  m'est  inconnue,  c'était  un  bâtiment  d'une  con- 
struction très-simple,  avec  une  seule  porte,  de  chaque  côté  (juatre  fenêtres 
étroites  et  basses,  et  deux  petites  tours  carrées  se  terminant  en  pointes, 
le  tout  sans  aucun  indice  d'ornement.  Je  ne  sais  si  ce  dessin  avait  un  carac- 
tère authentique,  ou  s'il  n'était  qu'une  œuvre  de  fantaisie;  en  ce  dernier 
cas,  toutefois,  l'artiste  aurait  reproduit  assez  correctement  le  type  d'une 
chapelle  de  la  première  période  romane,  et  dont  l'architecture  a  dû  être 
nécessairement  très-rustique. 

Près  du  hameau  de  Betebur  et  de  son  église  rouge,  il  se  forma,  sur  un 
coteau  voisin,  le  village  de  Schiltigheim,  mentionné  dans  la  même  charte 
de  845  sous  le  nom  défiguré  de  Skilimjdlshiüiel.  Ce  Bnliel  csl  ce  que  nous 
appelons  encore  actuellement  le  Buckel  de  Schiltigheim;  au  lieu  de  Ski- 
tin  g  ie  n'hésite  pas  à  lire  SkiUing.  Les  noms  delà  plupart  de  nos  villages 
révèlent  ceux  des  premiers  occupants  germaniques  du  sol  :  Eckbolt,  Geis- 
bolt,  Luitbolt,  Lingolf,  Markulf,  etc.;  Förstemann  signale  au  neuvième 
siècle  un  Scilluiig^;  ce  fut  évidemment  un  Schillung  ou  Schilling  qui  le 
premier  s'établit  sur  le  coteau  près  de  Betebur,  en  réunissant  autour  de 
son  heim  ses  fermes  et  les  cases  de  ses  serfs.  Au  neuvième  siècle  c'était 
devenu  un  village,  villa,  qui  dès  845  figurait  parmi  les  possessions  de 
Saint-Étienne.  La  preuve  que  le  fondateur  a  dû  s'appeler  comme  je  le 
suppose,  c'est  que  pendant  tout  le  moyen  âge  le  nom  du  village  n'est 


1.  Grandidier,  Histoire  de  l' Église  de  Strasbourg,  t.  1,  preuves,  p.  xvii. 

2.  Dans  la  légende  do  Sainte-Aurélie  il  csi  \);n\r  iVuwv  /'ossa  apial  ecclcsiam  rii/aDt , 
d'où  l'on  retirait  du  limus. 

3.  Namenbuch ,  ]>.  1079. 


—  239  — 

jamnis  écrit  Scliilliglieim,  mais  toujours  de  mniiièrc  à  Inisscr  deviner  un 
Scliilting'. 

Plus  tard  Betcl)ur  et  Schiltigheini  s'éteiidircul  l'un  vei's  l'autre  et  ne 
formèrent  plus  qu'une  seule  comnnuue.  L'évêquc  Wernlier,  (juand  en  100/|. 
il  confirma  de  nouveau  les  propriétés  de  Sainl-Klicnne,  parle  de  la  vUlu 
mincvpala  Bolchury  et  in  nova  Iransjwsitionc  Schiltencltcim^.  En  écrivant 
Boteburg,  le  rédacteur  de  la  charte  fournit  la  preuve  que  le  sens  priniilif 
du  mot,  déjà  corrompu  dans  le  document  de  8i5,  était  perdu;  désormais 
le  mot  lui-même  fut  oublié.  La  prépondérance  (jue  prit  Scliilliglieim  s'ex- 
plique sans  aucun  doute  par  l'établissement,  sur  la  hauteur,  d'un  château 
qui  donna  son  nom  à  une  famille  noble  d'origine  strasbourgeoise.  L'Église 
rouge  resta  celle  des  deux  villages  réunis,  qui  formèrent  ensemble  la 
paroisse  de  Sainte-Hélène;  c'est  à  cette  sainte  que  l'église  était  consacrée. 
Les  limites  du  han  de  la  paroisse,  c'est-à-dire  de  la  circonscription  dans 
laquelle  on  avait  à  percevoir  les  dîmes,  étaient  les  banlieues  de  Nieder- 
hausbergen,  de  Königshofen ,  de  Bischheim;  du  côté  de  la  ville  c'était  le 
Bruch^.  La  partie,  formée  jadis  par  l'ancien  Betebur,  prit  le  nom  même  de 
l'Eglise  rouge  :  village,  banlieue  de  Bothenhirchen;  ce  nom  à  son  tour 
finit  par  disparaître,  quand  lors  de  la  guerre  des  Armagnacs,  en  1439,  les 
maisons  les  plus  rapprochées  de  la  ville  furent  démolies,  pour  être  recon- 
struites plus  près  de  Schilligheim,  d'où  un  chemin  particulier  conduisait  à 
l'église,  qui  seule,  avec  les  terrains  environnants,  garda  encore  son  ancienne 
dénomination*.  A  Schiltigheim  même  il  n'y  avait  qu'une  chapelle. 

J'ai  dit  plus  haut  que  l'évêque  Guillaume  céda  à  l'abbaye  d'Eschau 
l'Église  rouge  avec  sa  paroisse;  cet  acte  fut  confirmé,  le  13  juin  1180,  par 
le  pape  Alexandre  IIP.  Eschau  devint  ainsi  le  patron  de  la  paroisse,  dont 
Saint-Étienne  était  le  seigneur.  Cette  situation  amena  de  fréquents  conflits 


1.  Sclnldincheim  882,  Schildcnclicn,  neuvième  siècle,  SldKoicJiei m  \0(i'i,  Sciltcnkeim  , 
onzième  siècle,  Schiltiiujhcim  Vlll,  1302,  etc.  Nous  avons  encore  d'autres  villages  dont  les 
noms  rappellent  des  noms  d'hommes  se  terminant  en  ing  :  BruiUngouilare  719,  Brunin- 
geshcim  132i  etc.  (Brcunsheim);  Dubincheim  95!,  DubiiKjheim  1281,  etc.  (Düppiglieim). 

2.  Alsat.  diplotn.,  t.  I,  p.  1  i7.  Le  sens  de  iransposilio  n'est  pas  bien  clair;  on  apprend 
toutefois  par  le  passage  que  dès  lors  Betebur  était  appelé  Schilligheim. 

3.  Bannus  Schiltingheim  et  parochialis  ecclesiœ  S.  Ilelenœ;  bannus  villœ  Schilling- 
heim  vel  bannus  ecclesiœ  S.  Helenœ,  li82. 

4.  Zit  Rotenkirchen,  1318  et  suiv.;  villa  Rolenkirchen ,  1339,  1398;  bannus  Rolen- 
kirchen,  1382,  1385.  —  Schiltingheimer  Kirchueg  nach  S.  Helenen,  1450. 

5.  Original,  Archives  de  la  Basse-Alsace.  WUrdtwein,  Nova  siibsidia  iliplom..  1.  X, 
p.  90. 


—  240  — 

entre  les  deux  monaslères;  c'est  ainsi  qu'en  12C9  Saint-Élienne  réclama 
la  moitié  des  dîmes  des  biens  qui  dans  la  banlieue  appartenaient  à  divers 
couvents  de  Strasbourg;  le  recteur  de  l'Kglise  rouge,  soutenu  par  sa 
patronne,  l'abbesse  d'Eschau,  s'y  refusa;  de  là  un  procès,  dans  lequel  le 
recteur  cl  l'abbesse  furent  menacés  d'excommunicalion'.  Il  y  avait  en  outre 
(juelques  relations,  mal  définies,  entre  Sainte-Hélène  et  le  cbapitre  de 
Saint-Piorre-le-Jeune;  la  seule  chose  positive  que  l'on  sache,  c'est  que  le 
25  avril,  jour  de  Saint- Marc,  les  chanoines  faisaient  à  Rolhenkirchen  la 
procession  des  rogations  dite  la  grande  litanicl 

Les  revenus  de  l'église  étaient  peu  considérables,  quelques  redevances  en 
blé  et  en  cire,  quelques  rentes  en  argent,  les  aumônes  déposées  sur  l'autel 
ou  dans  les  troncs,  de  temps  à  autre  un  petit  legs  fait  par  un  paroissien,  un 
vieil  habit,  une  chemise,  un  meuble,  une  épéc,  etc.;  le  curé  avait  une 
partie  des  dîmes  et  des  oblations.  On  rencontre  parmi  les  recteurs  des  fils 
de  familles  patriciennes:  en  1269  maître  Henri  Marsilius,  en  1309  Erbo  de 
Kageneck;  pour  ces  prêtres  la  cure  n'était  qu'une  prébende  qu'ils  cumu- 
laient avec  d'autres;  Erbo  de  Kageneck,  fils  du  chevalier  Nicolas,  était  en 
même  temps  chanoine  et  cellérier  de  Saint-Pierre-le-Jeune.  Les  fonctions 
étaient  remplies  par  des  vicaires. 

En  1290  Günther  de  Landsberg,  vidame  de  l'évoque,  et  sa  femme,  Adel- 
heid de  Dhan,  firent  rebâtir  l'église^  qui  depuis  longtemps  ne  suffisait 
plus  à  la  population.  A  en  juger  d'après  un  sceau  de  1392*,  le  nouveau 
bâtiment  n'avait  (lu'une  tour  avec  un  toit  se  terminant  en  pointe;  au-des- 
sous du  toit  était  un  étage  avec  des  ouvertures  à  plcin-cintre.  L'intérieur 
devait  être  une  nef  avec  deux  bas-côtés.  Il  est  parlé  aussi  d'une  Vorhirche, 
tribune  élevée  à  l'extrémité  delà  nef  et  tournée  vers  le  chœur.  Une  rosace, 
Bundfemler,  surmontait  le  portail.  Oulre  l'autel  placé  dans  le  chœur  il  y 
en  avait  un  dans  la  nef;  le  premier  était  consacré  à  la  Vierge,  le  second  à 
sainte  Hélène;  de  plus,  l'église  possédait  un  baplistèi'C,  une  niche  dans  le 
mur  pour  y  enfermer  l'ostensoir^,  un  saint-sépulcre  et  quelques  statues; 
sur  les  parois  on  voyait  des  fresques.  Les  administrateurs  de  l'église,  Pjlc- 

t.  Archives  de  la  Basse-Alsace. 

2.  «25  Aprilis  fit  processio  in  Rotenhirchen.n  Liber  vitœ  de  Saiiil-l'icrre-Ie-Jeune. 
Grandidier,  Œuvres  inédiles,  t.  VI,  p.  290. 

.3.  Œuvres  inédites,  t.  II,  p.  345.  l'ar  eneiir,  Grandidier  duiiiic  à  la  femme  de  Gilutlier 
le  nom  d'Adellieid  de  Dallieim. 

4.  Archives  d<;  l'iiùpilal.  Dfvanl  l'ôglise  est,  sur  le  .sceau,  une  iiiclie  avec  une  image 
de  sainte  IK'lùne,  tenant  une  croix. 

5.  »Ucr  stein  in  der  muren  do  das  h.  Sacranient  in  slot.» 


—  241  — 

ger,  nommés  par  la  commune,  veillaient  avec  soin  à  l'cnlrclien  de  l'édi- 
fice ;  on  apprend  par  leurs  comptes,  qui  sont  conservés  depuis  l/i-ol  jusqu'en 
149C',  que  chaque  auni'e  ils  dépensaient  des  sommes  assez  fortes  pour  la 
réparation  de  la  toiture,  des  fenêtres,  du  parvis,  et  pour  la  restauration 
des  peintures;  en  1493  ils  Hrent  déplacer  le  baptistère,  qui  menaçait  de 
s'enfoncer  dans  le  sol,  au-dessous  duipiel  il  y  avait  un  ancien  tombeau'. 
A  la  fin  du  (juinzième  siècle  le  trésor  de  l'église  se  composait  de  deux 
calices  dorés,  d'un  bassin  et  d'une  cruche  en  métal  jaune  pour  le  bap- 
tême, de  quelques  autres  vases  en  cuivre  et  en  étain,  de  deux  chandeliers, 
de  vingt-quatre  nappes  d'autel,  de  six  draps  noirs  avec  des  croix,  servant 
à  couvrir  l'autel  pendant  le  carême,  de  deux  linges  pour  le  saint  sépulcre, 
d'une  chasuble  en  damas  noir  ornée  d'une  croix  d'or,  de  divers  aufi-es 
vêtements  sacerdotaux,  d'une  robe  en  soie  rouge  pour  la  Vierge  et  d'une 
autre  pour  sainte  IIélène^  11  y  avait  en  outre  une  douzaine  de  livres  litur- 
giques, un  Manuel  de  la  confession  et  un  Glossaire  latin-allemand*;  en 
1490  un  certain  maître  Melchior  fit  don  d'une  agende  imprimée  l  Tous  ces 
objets  étaient  confiés  à  la  garde  du  sacristain,  qui  devait  veiller  à  ce  que 
rien  ne  fût  rongé  par  les  souris  ni  détérioré  par  l'humidité^ 

En  1463  l'abbesse  de  Saint-Étienne,  Agnès  de  Rathsamhausen,  donna 
Schilligheim  en  fief  à  Georges  d'Ochsenstein,  qui  mourut  en  1489.  Bientôt 
après  le  village  appartient  aux  Völtsch;  en  1501  un  des  membres  de  cette 
famille,  le  chevalier  Pierre,  le  vendit  avec  le  château  à  la  ville  de  Stras- 
bourg, qui,  en  1500,  acheta  aussi  le  droit  de  nommer  le  Schullheiss'.  Dès 
lors  ce  fut  le  magistrat  qui  eut  à  s'occuper  de  l'Église  rouge;  en  1527  il 
fit  agrandir  le  cimetière,  pour  le  faire  servir  aussi  à  la  population  stras- 
bourgeoise;  c'est  celui  qui  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de  cimetière 
de  Sainte-Hélène.  Quand  la  commune  de  Schiltigheim  se  fut  déclarée  pour 


1.  Archives  deriiôpit;il. 

2.  «  X//  sch.  den  ton/)'  zu  rucken  und  die  staffeln  abzunemen,  wen  sie  woren  nif  ver- 
sorgt und  sunckent  mit  dein  louffijn  das  fundament,  tvas  holl  {inwendig  con  einem  grab, 
was  yngesehen,  und  woren  zu  breit,  vcrßugent  zu  vil.  » 

3.  «  ....Ein  swartz  dumast  siden  casel  mit  cim  guldin  crütz,  XII  karsutzel  (?),  Xalben 
gut  und  bösz,  XXIV  altartücher,  hantqwelen,  VI  fasle  ntiicJier  mit  criilzen.»  La  robe  de 
sainte  Hélène  fut  renouvelée  en  1478;  elle  était  conservée  dans  une  boite,  d'où  on  ne  la 
retirait  que  lors  des  fêtes  :  die  schindellad  do  S.  Helenen  cleider  in  liegen. 

4.  Dans  l'inventaire  c'est  indiqué  comme  glosenarium. 

5.  Nova  agenda  in  pressura. 

G.  L'inventaire  est  conservé  aux  Archives  de  l'hôpital. 
7.  Alsal.  illusl ,  t.  H,  \).  270. 
(T.  x.-M.)  IG 


—  24-2  — 

la  Reformation,  on  démolit,  au  commencement  de  1531,  l'Église  rouge  et 
son  presl)Ytère',  cl  on  transféra  le  culte  dans  l'ancienne  chapelle  du  village, 
qui  devint  dès  lors  Téglise  paroissiale. 

Près  de  Sainte-Hélène  il  avait  existé  au  moyen  âge  une  cluse,  habitée 
par  quelques  béguines,  sous  la  direction  d'une  mayislra;  on  la  trouve 
mentionnée  en  1271  et  encore  en  1401"^;  Grandidier  a  eu  tort  de  la  con- 
fondre avec  la  Léproserie l  La  supposition,  assez  naturelle,  que  ces  recluses 
aui'aient  servi  aux  lépreux  d'hifirmières,  n'est  confirmée  par  aucun  docu- 
ment. 

II.  LA  LÉPROSERIE. 

1°  Histoire  jusqu'au  commencemettl  du  seizième  siècle. 

C'est  près  de  l'Eglise  rouge  que  se  trouvait  la  grande  Léproserie  de 
Strasbourg;  je  suis  en  mesure  de  donner  sur  l'histoire  et  le  régime  de 
cette  maison  quelques  détails  qui,  vu  le  peu  de  renseignements  qu'en 
général  on  possède  sur  les  hospices  de  ce  genre,  seront  peut-être  accueillis 
avec  intérêt. 

Je  n'ai  pas  à  ra'occupcr  de  la  maladie  qui,  sous  le  nom  de  lèpre,  Aus- 
satz, a  été  au  moyen  âge  un  objet  de  terreur  pour  les  peuples.  Il  suffit  de 
constater  l'existence  du  fléau  et  l'opinion  généralement  admise  qu'il  se 
communiquait  par  le  contact  et  qu'il  semblait  incurable.  D'où  est-il  venu 
dans  nos  contrées  et  quand  s'y  est-il  montré  d'abord?  Il  est  difficile  de  le 
dire.  Suivant  quelques  auteurs,  la  lèpre  fut  rapportée  d'Orient  par  les 
croisés;  mais  on  a  la  preuve  qu'elle  était  acclimatée  en  Occident  bien 
avant  les  expéditions  d'outre-mer.  Une  fois  établie  quelque  part,  elle  devait 
se  répandre  avec  une  rapidité  effrayante;  les  conditions  de  la  vie,  l'étroi- 
tesse  des  logements,  le  manque  d'air  et  de  lumière,  l'étrange  insouciance 
de  nos  ancêtres  pour  ce  qui  regarde  la  propreté,  contribuaient  nécessaire- 
ment à  propager  l'infection. 

Il  est  plus  que  probable  qu'il  y  a  eu  des  b'prcux  en  Alsace  i\h?~  les  pre- 
miers temps  du  moyen  âge.  Ottfiied  de  Wissembourg,  dans  son  Harmonie 


1.  n  1531  mense  januario  hat  man  angefungcji  die  pfarrhirch  und  ilas  pfarrlius  abze- 
brechcn».  Actes  maiiuscrites  du  premier  paslcur  pvoleslaut  tic  Scliillij^lieini  (Arcliivcs  de 
lliöpitai). 

1.  Closnerin  zu  Rolenkirchca  1271;  vuKjistra  inclusorii  S.  llclenœ  13G5,  1398;  (/«e 
Close  zu  S.  Helenen  1401. 

3.   Œuvres  incdite.s ,  I.  VI,  p.  2'JÜ. 


—  243  — 

des  Évangiles,  tradiill  kprosus  par  liorivjiJn'Hader^  ;  comme  il  n  écrit  son 
poëme  pour  que  les  Francs,  en  l'enlendanl  réciter,   pussent  apprendre 
l'histoire  de  Jésus-Christ  et  renoncer  à  leurs  chansons  païennes,  il  a  dû 
s'exprimer  de  manière  à  être  compris  d'eux,  il  n'a  donc  pu   employer 
((ue  des  termes  répondant  à  des  notions  ou  à  des  choses  qui  leur  étaient 
connues;  le  mot  horuf/ibruader  leur  rappelait  des  gfns  qu'ils  voyaient  au 
milieu  d'eux.  On  le  retrouve  dans  une  autre  traduction  de  Vlhrmonic  des 
Évangiles,  faite  également  au  neuvième  siècle,  et  où  le  passage  saint 
Marc  xiv,  3,  in  domo  Simonis  leprosi,  est  rendu  par  in  liuse  Simones  Ihes 
horngibnioder^.  J'ai  vainement  cherché  dans  les  lexiques,  anciens  et  récents, 
une  explication  satisfaisante  de  l'étymologie  du  terme";  mais  il  me  suffil 
de  savoir  qu'il  a  fait  partie  de  la  langue  populaire,  pour  désigner  des  per- 
sonnes souffrant  d'une  maladie  analogue  à  la  lèpre,  mentionnée  dans  le 
Nouveau  Testament.  On  sait  d'ailleurs  par  une  lettre  du  pape  Zacharie  à 
saint  Boniface,  et  par  un  capilulaire  de  Pépin  le  Bref,  qu'au  huitième  siècle 
la  lèpre  régnait  en  Germanie  et  dans  l'empire  franc.  En  751  Zacharie , 
qui  la  qualifiait  de  maladie  royale,  comme  l'avait  déjà  fait  saint  Jérôme, 
ordonna  d'éloigner  des  villes  ceux  qui  en  étaient  frappés  dès  leur  nais- 
sance; quant  à  ceux  qui  la  prenaient  par  accident,  on  ne  devait  pas  les 
expulser,  mais  tâcher  de  les  guérir''.  En  757  Pépin  permit  la  dissolution 
du  mariage,  quand  un  des  époux  devenait  lépreuxl  II  y  a  là,  ainsi  que 
dans  les  actes  de  quelques  conciles  tenus  antérieurement  en  Gaule®,  les 
premiers  germes  de  la  législation  qui  fut  observée  à  l'égard  de  ces  malheu- 
reux pendant  plusieurs  siècles,  et  qui  elle-même  se  justifiait  par  les  pres- 
criptions de  l'Ancien  Testament;  chez  les  Juifs,  le  lépreux  était  considéré 
comme  impur;  il  lui  était  défendu  de  vivre  dans  des  lieux  habités.  Mais 
avant  le  onzième  siècle  on  ne  connaît  aucun  indice  certain  de  l'existence 
de  maisons  destinées  à  servir  d'asiles  aux  malades;  les  léproseries  ou 
ladreries  ne  deviennent  nombreuses  qu'à  partir  du  douzième  siècle.  Gran- 
didier  place  la  fondation  de  celle  de  Strasbourg  vers  le  milieu  de  ce  siècle; 
c'est  possible,  mais  on  n'en  a  pas  de  preuve'. 


1. 11,  24,  vers  9;  éd.  de  Graf,  p.  170. 

2.  Éd.  de  Sic  vers,  1872,  p.  137. 

3.  Le  glossaire  de  la  nouvelle  édition  d'Ottfriod.  par  Kelle,  n'a  pas  encore  paru  (jan- 
vier 187G). 

4.  Mansi,  Collectio  conciliorum,  t.  Xll,  p.  34G. 

5.  Baluzius,  Capitularia,  éd.  de  Ghiniac,  t.  I,  p.  184. 
G.  Marlene,  De  antiquis  ecclesiœ  rilibics ,  t.  111,  p.  531. 

7.  OEuvrcs  incdites,  t.  II,  p.  339.  Ou  trouve  des  détails  sur  quelques  léproscrios  do 


—  2/a4.  - 

Je  (rouve  les  lépreux  de  Strasbourg-  mcnlionnés  pour  la  première  fois 
dans  un  mandement  de  l'évêquc  BerLliold,  du  mois  de  mai  12oV.  Gomme 
les  pmiperes  leprosi  Argentinenses  n'ont  pas  de  fortune,  l'évêque  invite  les 
fidèles  du  diocèse  à  leur  venir  en  aide;  il  fait  remise  de  dix  jours  de  péni- 
tence à  ceux  qui  apporteront  personnellement  leurs  aumônes  à  l'endroit 
où  sont  les  malades,  ou  qui  enverront  des  dons  par  des  messagers.  Dans 
ce  document  il  n'est  pas  dit  qu'on  venait  seulement  de  fonder  une  lépro- 
serie; l'évêque  parle  du  locus  prœdictorum  pauperum,  sans  en  indiquer  la 
situation;  il  suppose  que  celle-ci  est  connue;  on  peut  donc  admettre  que 
la  maison  existait  depuis  quelque  temps.  Elle  devait  sans  doute  son  ori- 
gine à  l'initiative  de  l'évêque  et  à  la  libéralité  des  habitants  et  se  trouvait 
placée,  de  même  que  l'hôpital,  sous  la  juridiction  et  l'administration  épis- 
copale.  Comme  un  canon  du  concile  de  Lalran  de  1179  accordait  aux 
léproseries  des  oratoires,  des  cimetières  et  des  chapelains,  la  nôtre  eut 
de  bonne  heure  une  chapelle,  un  cimetière  et  un  prêtre  pour  les  des- 
servir; la  chapelle  était  dédiée  à  sainte  Sophie". 

Par  le  traité  fait  en  1263  entre  la  ville  et  l'évêque  Henri,  après  la  guerre 
avec  Wallher  de  Geroldseck,  l'hôpital  entre  autres  fut  soumis  au  magistrat 
et  il  fut  déclaré  que  désormais  celui-ci  en  nommerait  les  P/lcger  ou  admi- 
nistrateurs l  La  Léproserie  est  passée  sous  silence;  mais  il  est  hors  de 
doute  qu'elle  suivit  le  sort  de  l'hôpital,  car  bientôt  après  paraissent  pour 
elle  des  P/lcgcr  laïques,  institués  par  le  Conseil  de  la  ville'*.  Un  des  prc- 


l'Allemagne  du  Sud  et  delà  Suisse,  cliez  Mono:  Ueber  Armen-  und  Krankenpflege  in 
früherer  Zeit.  Carlsrulie  1861,  p.  21  et  suiv.  Une  notice  fort  intéressante  est  celle  de 
Liilolf  sur  les  lôproscries  de  Lucerne,  dans  le  Gesdiichlsfreund.  Einsiedeln,  t.  XVI  (année 
1800).  p.  187  et  suiv.  Suivant  cet  écrivain,  on  prétend  que  sainte  Odile  avait  fondé  une 
maison  de  lépreux;  j'ij^iiore  où  il  a  pris  ce  renseignement;  on  attribue  à  sainte  Odile  l'é- 
taljlissemeiil  irnii  liosj)ice  à  Niedermiinstcr,  mais  il  n'est  dit  nulle  part  qu'elle  i'cùt  des- 
tiné à  des  lépreux.  J'ajouterai  que,  par  acte  du  24  juin  1421,  Pierre  d'EpOg-,  prévôt  de 
Saint-Pierre-le-Vicux,  Agnès  d'Andlau,  religieuse  de  Saint-Éticnne,  dame  Engel  Klein  et 
demoiselle  Gertrudc  de  Miilnlicim,  fondèrent  près  de  NiedermQnster,  avec  le  consente- 
ment de  Suzanne  de  Rutlisundiausen,  abbesse  de  ce  couvent,  un  hospice  pour  des  pèle- 
rins pauvres  qui  veulent  monter  à  Sainte-Odile  et  se  reposer  en  route.  Dans  ce  document 
il  n'est  pas  fait  menlion  il'un  liospice  déjà  existant  {Archives  de  la  Basse-Alsace). 

1.  Archives  de  Tliôpital. 

2.  Dans  un  acte  de  1407  il  est  dit  que  iwr  langen  lÂlen  l'hospice  avait  une  lierliche 
Kapell. 

3.  Schilter,  Additions  à  Konigshofen,  p.  730. 

4.  IJi  1301J  les  Pfleger  sont  le  chevalier  Jacques  de  Barre,  mend)re  du  sénat,  et  Walther 
de  .Meisterslieim;  le  premier  était  aussi  un  dos  adiiiinislraleiirs  de  rhô|)ilal. 


—  245  — 

miers  objets  de  leur  sollicilude  fui  de  régler  les  rapports  entre  le  chape- 
lain de  la  Léproserie  et  le  recteur  de  l'Eglise  rouge,  il  y  avait  entre  les 
deux  prêtres  de  fréquentes  contestations  au  sujet  de  leurs  salaires  respec- 
tifs. Le  curé  revendiquait  les  dîmes  de  tout  ce  qui  était  plant(;  dans  l'enclos 
de  la  Léproserie,  et  de  plus  les  ohlations  déposées  dans  la  cliapellc;  il  païaît 
que  primitivement  celle-ci  avait  été  considérée  comme  une  dépendance  de 
l'Eglise  rouge,  et  (pie  par  conséquent  le  curé  avait  eu  le  droit  d'en  perce- 
voir les  revenus.  En  1309  les  P/leger  convinrent  avec  lui  de  rindcmniser 
par  une  somme  anmicllc  de  deux  onces  de  deniers  slrasboui-g-eois;  en 
retour  il  i-cconnut  la  liberté  du  chapelain  d'entendre  les  confessions  des 
malades,  de  leur  imposer  des  pénitences,  de  leur  donner  les  saci'ements, 
de  les  enterrer  et  de  toucher  les  oblations  et  les  dîmes'.  Un  autre  coidlit 
eut  lieu  environ  quatre-vingts  ans  plus  tard  ;  le  recteur  de  Sainte-Hélène, 
Walther  de  Rosbeim,  après  avoir  lait  réparer  une  croix,  placée  sur  la 
route  entre  son  église  et  la  maison  des  lépreux,  y  avait  attaché  un  tronc 
dont  le  produit  devait  lui  couvrir  les  frais  de  réparation.  Comme  les  pas- 
sants, qui  ignoraient  la  destination  de  ce  tronc,  y  déposaient  aussi  des 
pièces  de  monnaie  pour  la  Léproserie,  Jean  zum  Trubel,  un  des  administra- 
teurs de  cette  dernière ,  remboursa  au  curé  ses  dépenses  pour  qu'il 
renonçât  aux  aumônes  sa  vie  durant;  il  fut  stipulé  en  même  temps  que  si 
un  de  ses  successeurs  élevait  des  prétentions  au  sujet  du  tronc,  il  auiait  à 
restituer  aux  lépreux  la  somme  payée  à  Walther  de  Rosbeim'. 

Jean  zum  TrübeP,  que  je  viens  de  nommer,  était  plein  de  zèle  pour  la 
Léproserie;  il  s'y  dévouait  comme  nos  ancêtres  savaient  se  dévouer  aux 
missions  que  leur  confiait  le  gouvernement  de  notre  cité  libre.  Il  fut  frappé 
surtout  des  inconvénients  qui  résultaient  de  la  non-résidence  du  chape- 
lain ;  celui-ci  demeurait  en  ville  et  ne  remplissait  qu'accidentellement  ses 
fonctions  chez  les  lépreux;  Jean  zum  Trubel  vovdut  qu'il  pût  s'établir  auprès 
de  ceux  qui  chaque  jour  pouvaient  avoir  besoin  de  ses  secours  spirituels; 
à  cet  effet  il  fallait  attacher  à  la  chapelle  une  prébende  sacerdotale.  Jean 
et  son  collègue,  Jean  Pciger,  reçurent  de  l'évêque  l'autorisation  de  faire 
une  collecte  dans  les  paroisses  du  diocèse;  ils  obtinrent  ainsi  des  dons. 


1.  IG  juin  1309;  Faccord  l'ut  approuté  par  Tévêque  Jean  (Archives  de  riiôi)i(cil). 

2.  23  août  1392;  il  s'agissait  d'une  somme  de  1  livre  7  deniers  (Archives  de  l'iiopital). 

3.  Fils  de  Cuatz  s«f?;t  rr««(eZ  et  de  Catherine  de  Kageneck,  qui,  tous  les  deux,  lirent 
des  legs  à  la  Léproserie.  Jean  avait  deux  frères,  Rcimbold  et  Cunlz  ;  ce  dernier  fut  un 
des  Pfleger  du  couvent  de  Sainte-Marguerite  et  de  l'hospice  des  pauvres  passants;  en 
1440  il  devint  Stettmeister. 


—  246  — 

moyennant  lesquels  le  magistrat,  «à  la  gloire  de  Dieu  et  pour  le  bien  des 
malades»,  créa,  par  acte  du 23  août  1 407  et  avec  l'approbation  de  l'évêque 
Guillaume  de  Diest, la  prébende  nécessaire'.  Dans  ce  document  toutes  les 
précautions  sont  prises  pour  procurer  à  la  Léproserie  un  prêtre  fidèle.  Le 
magistrat,  comme  fondateur  du  bénéfice,  en  devint  le  collaleur;  il  se 
réserva  de  présenter  un  candidat  au  custode  du  grand-chapitre,  qui  aurait 
à  le  confirmer.  Le  chapelain  devait  être  un  homme  de  mœurs  respectables, 
d'une  bonne  réputation  et  n'ayant  pas  d'autre  prébende;  si  au  moment  de 
sa  présentation  il  en  possédait  une,  il  s'engageait  à  la  résigner  dans  les 
huit  jours  après  sa  confirmation,  sinon  celle  delà  Léproserie  serait  de  nou- 
veau déclarée  vacante;  s'il  en  obtenait  une  autre  pendant  la  durée  de  ses 
foncfions,  il  perdait  celle  de  la  chapelle.  On  voulut  prévenir  ainsi  l'abus 
d'un  cumul,  qui  aurait  empêché  le  chapelain  de  remplir  son  ministère 
journalier.  Les  autres  conditions  furent  les  suivantes  :  pour  les  répons  et 
le  service  de  l'autel,  le  chapelain  sera  assisté  d'un  écolier  ou  enfant  de 
chœur;  une  ou  deux  fois  par  semaine  il  pourra  se  faire  remplacer  par  un 
autre  prêtre  «honnête»;  les  administrateurs  auront  le  droit  de  l'autoriser 
à  s'absenter  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  à  condition  qu'il  présente 
un  suppléant  auquel  il  cédera  son  revenu  pendant  toute  la  durée  de  l'ab- 
sence. S'il  tombe  malade  ou  si  la  ville  est  frappée  de  l'interdit,  il  ne  per- 
dra rien  de  sa  prébende.  A  celle-ci  le  magistrat  assigna  comme  dotation 
une  maison  dans  la  rue  du  Fort,  une  rente  de  15  deniers  par  semaine  sur 
un  bain  public,  près  du  PfennigÜnirn ,  à  côté  de  l'hôtel  de  l'abbaye  de 
Marmoulier,  les  revenus  en  blé,  cire,  pain,  légumes,  sel,  argent,  qui  depuis 
longtemps  appartenaient  à  la  chapelle;  enfin  il  devait  percevoir  les  obla- 
tions  déposées  sur  l'autel  par  les  malades  ou  par  d'auties  personnes, 
excepté  celles  qui  étaient  données  lors  de  trois  fêtes^  et  qu'on  réservait  au 
profit  de  l'établissement.  Chaque  chapelain  devait  jurer,  en  présence  des 
P/lcfjer  et  de  l'archidiacre,  de  se  conformer  à  ces  articles.  Jean  zum  Trubel 
disposa  en  outre  que  le  chapelain  pourrait,  en  cas  de  besoin,  appeler  à  son 
aide  deux  prêtres  «  pauvres,  honnêtes,  instruits  dans  le  chant  et  jouissant 
d'une  bonne  réputation  »  ;  ils  seront  à  choisir  de  concert  par  lui  et  par  les 
administrateurs;  si  l'un  d'entre  eux  obtient  une  prébende,  il  sera  congé- 
dié; si  l'on  ne  trouve  pas  de  prêtres,  on  se  contentera  de  diacres;  leurs 


t.  Original  latin,  avec  les  sceaux  de  l'èvèque  et  de  la  ville.  Archives  de  l'Iiûpilal,  tra- 
duction allemande  ,  fol.  78  et  suiv.  du  Règlement  dont  il  sera  parlé  plus  loin. 

2.  Ces  fêtes  étaient  celles  de  sainte  Sophie  ou  de  la  dédicace  de  la  chapelle,  du  Jeudi- 
Saiut,  et  de  la  Vierge  als  sic  in  das  Gebirge  f/iuf/  (Saint-Luc  I,  39  :  fétc  de  la  Visitation). 


—  247  — 

honoraires  consisteront  en  des  distrihiiliüJis  d'ai-gent  clinijuc  l'ois  (|ii'ils 
fonctionneront. 

Le  premier  chapelain  choisi  par  I(!  inai-isliat  lut  Nicolas  Kern;  aussitôt 
après  sa  nomination  il  fit  un  voyage  de  collecte,  pour  rac(|uisition  d'un 
calice,  de  livres  lituriçiques  et  d'ornements;  ieanzuni  Trilhd  lui  donna  un 
écrit  pour  le  recommander  aux  fidèles  et  pour  attester  (jue  les  aumônes 
n'étaient  recueillies  que  dans  l'intérêt  de  la  prébende  et  (pie  Kein  ncjiuur- 
rait  en  prélever  que  ses  frais  de  route'. 

(Juant  à  la  Léproserie  elle-même,  il  ressort  d'un  règlemcjit  dont  il  sera 
parlé  plus  bas  et  datant  du  quinzième  siècle,  qu'elle  avait  déjà,  sinon  des 
statuts,  du  moins  des  coutumes  pour  le  maintien  de  l'ordre  et  de  la  dis- 
cipline ^ 

Une  seconde  maison  pour  des  lépreux  strasbourgeois,  et  dont  la  pre- 
mière origine  est  aussi  peu  connue  que  celle  de  l'établissement  près  de 
l'Église  rouge,  se  trouvait,  au  moins  depuis  le  quatorzième  siècle,  à  un 
endroit  nommé  le  Schnelling,  dans  la  banlieue  de  Königshofen,  sur  les 
bords  de  la  Bruche,  non  loin  d'un  moulin,  d'un  pont  et  de  la  tour  appelée 
Breuscheck\  Pauvre  elle-même,  cette  maison  ne  recevait  que  les  gens  les 
plus  pauvres;  elle  était  une  annexe  de  celle  de  Sainte-Hélène,  dont  les 
Pfleger  étaient  aussi  les  siens.  Elle  avait  une  chapelle,  qui  en  1415  n'était 
pas  encore  consacrée,  soit  qu'elle  fût  de  construction  récente,  soit  que 
personne  n'eût  encore  songé  à  y  célébrer  le  culte.  Le  iO  avril  de  ladite 
année,  l'évoque  Guillaume,  «prenant  en  pitié  des  malheureux,  séparés  de 
la  communion  des  chrétiens  et  ne  subsistant  que  d'aumônes»,  annonça 
qu'il  ferait  consacrer  la  chapelle  et  son  autel;  comme  l'édifice  se  trouvait 
dans  la  circonscription  de  la  paroisse  de  Sainte-Aurélie,  laquelle  dépendait  du 
chapitre  de  Saint-Thomas,  l'évêque  déclara  que  la  consécration  ne  porterait 
aucun  préjudice  aux  droits  du  curé  de  Sainte-Aurélie  et  que,  sans  le  consente- 
ment du  chapitre,  personne  ne  pourrait  doter  la  chapelle  d'une  prébende*. 
Une  prébende,  toutefois,  était  indispensable  pour  l'entretien  d'un  prêtre; 
aussi,  deux  mois  après  la  décision  de  l'évoque,  Eisa,  veuve  de  Jean  Nuyge, 
bourgeois  de  Strasbourg,  fit-elle  don  à  la  chapelle  de  130  livres  en  argent 
comptant;  les  administraleui's,  en  recevant  cette  somme,  prirent  l'engage- 


1.  22  août  1409  (Archives  de  l'Jiôpital). 

2.  Dans  le  Règ-lemeiU  il  est  dit  plusieurs  fois  :  als  das  von  alters  hnrliomnicn  ist. 

3.  In  campo  an  dem  Sneliingc;  u, ff'  der  Brüschen  bei  der  Warten. 

4.  L'autel  fut  consacré  à  Jésus-Christ,  à  la  Vierge,  à  sainte  Marie-Madeleine,  à  saint 
Jérôme,  saint  Nicolas  et  saint  Tliiébaiilt  {Histoire  du  chapitre  de  Saint-Thomas ,  p.  420). 


—  248  ~ 

ment  d'avoir  soin  que  tous  les  mardis  et  jeudis  un  prêtre  dît  la  messe,  que 
chaque  aimée  il  célébrât  l'anniversaire  de  la  donatrice  et  de  sa  famille,  et 
qu'en  cas  de  nécessité  il  donnât  aux  lépreux  les  sacrements;  s'il  arrivait 
qu'on  attachât  à  la  chapelle  une  prébende  sacerdotale  perpétuelle,  le  prêtre 
qui  l'obtiendrait  serait  chargé  de  dire,  outre  les  messes  journalières,  celles 
instituées  par  Eisa;  si,  par  négligence  ou  pour  toute  autre  cause,  le  culte 
était  interrompu  pendant  six  mois,  les  revenus  des  130  livres  seraient 
assignés  à  l'hôpital;  enfin,  si  la  chapelle  était  supprimée,  la  fondation  serait 
transférée  à  la  Léproserie  de  Sainte-Hélène,  et  le  restant  des  biens  du 
Schnelling  destiné  à  l'entretien  et  à  la  nourriture  des  malades  \  Quelques 
années  plus  lard,  la  maison  et  la  chapelle  du  Schnelling  furent  en  efiet 
supprimées  et  unies  à  l'établissement  près  de  l'Eglise  rouge;  là  on  érigea 
un  bâtiment  spécial  pour  les  pauvres,  auquel  on  conserva  le  nom  d'IIos- 
[)ice  du  Schnelling. 

2°  Administration  et  régime  intérieur. 
1.  Les  bâtiments.  Les  administrateurs,  le  receveur,  le  chapelain. 

Je  décrirai  notre  Léproserie  telle  qu'elle  était  constituée  au  quinzième 
siècle;  à  cette  époque  elle  avait  reçu,  en  partie  d'après  des  traditions  plus 
anciennes,  en  partie  d'après  des  idées  plus  modernes,  son  organisation 
définitive.  Pour  les  points  les  plus  essentiels,  de  même  que  pour  des  détails 
très-accessoires,  je  puis  me  servir  d'un  règlement  très-remarquable,  le 
seul,  à  ma  connaissance,  qui  embrasse  tout  ce  qui  concernait  un  pareil 
établissement;  il  donne  une  image  curieuse  du  régime  et  de  la  vie  de 
malheureux,  qu'on  croyait  devoir  séquestrer  complètement  d'avec  le 
monde'. 

La  lèpre  était  appelée  chez  nous  tantôt  Ussatz ,  tantôt  Malatrie  ou 
Malatzei;  on  sait  que  ce  dernier  terme  était  d'origine  française'.  Les 
malades  eux-mêmes,  le  peuple  les  qualifiait  de  inalalz,  malotz,  maUdzig^  ; 
le  nom  officiel  était  celui  de  bonnes  gens,  (jute  tüte;  ce  nom  indique  que, 


1.  7  juin  lilô  (Arcliives  de  l'iiopitalj. 

2.11  existe  aux  archives  de  la  ville  deux  exemplaires  de  ce  Rèplenient,  l'un  sur  par- 
clierniii,  l'autre  sur  papier,  tous  les  deux  écrits  au  cümineiiceiueiit  du  seizième  siècle. 

3.  Dans  l'ancien  français  ?/trt/ö(/rcz(x  sii^'uifiait  spéciak'uient  léprutix;  de  là  maladerie, 
ladrerie. 

4.  Chez  Geiler  de  Kaisersber^  on  trouve  aussi  mat/z-,  ma/izifj;  le  Üiclionnuire  de  Dasy- 
podius  (Strasbourg  1537J  a  encore  maltzUj,  leprosus. 


—  2i9  — 

malgré  le  rlëgoùl  (juinspiraient  les  lépreux,  ils  élaient  l'objet  de  la  pitié 
universelle;  on  les  considérait  comme  frappés  d'un  jugement  spécial  de 
Dieu*;  c'étaient  de  bonnes  gens  ou,  comme  on  disait  à  liàle,  de  pauvres 
enfants,  arme  Kinder^,  que  la  charité  cbrétiemie  ne  devait  pas  abandonner. 
Pour  désigner  une  personne  saine,  on  ne  disait  pas  senlenKMit  (pi'ello  clail 
pure,  rein,  mais  qu'elle  élail  belle,  schœn,  par  opj)osilion  au  lépreux  dont 
l'aspect  était  plus  ou  moins  repoussant. 

L'hospice  était  devenu  un  vaste  enclos,  entouré  de  murs,  avec  une 
grande  porte  donnant  sur  la  route  de  Schiitiglicim.  On  l'appelait  der  (jtden 
lille  hus  ou  simplement  der  hof  zu  Rot/icnliirclien.  Il  se  composait  de  mai- 
sons diverses  :  deux  pour  les  malades  (jui  étaient  bourgeois  de  la  ville,  l'une 
de  ces  deux  pour  les  hommes,  l'autre  pour  les  femmes;  celle  dite  du 
Schnelling,  destinée  aux  pauvres  qui  n'avaient  pas  le  droit  de  bourgeoisie; 
enfin  plusieurs  plus  petites,  pour  les  personnes  qui  voulaient  vivre  seules. 
Les  maisons  communes  contenaient,  outre  des  salles  servant  de  réfectoires 
et  en  hiver  de  lieux  de  réunion,  des  chambres  assez  nombreuses  pour  que 
chaque  malade  pût  avoir  la  sienne,  puis  les  cuisines,  des  chambres  de 
bain,  des  écuries,  des  caves.  Il  y  avait  un  jardin  réservé  aux  femmes,  un 
autre  pour  les  hommes,  un  troisième  pour  les  habitants  du  Schnelling. 
Dans  le  même  enclos  se  trouvaient  la  chapelle  et  la  maison  du  chapelain 
avec  un  jardin.  La  chapelle  avait  reçu  au  quinzième  siècle  quelques  em- 
bellissements; un  chevalier,  Jean  de  Mülnheim,  avait  consacré  trois  livres  et 
demie  pour  la  réparer.  Catherine  de  Landsberg,  chanoinesse  de  Saint- 
Etienne,  morte  en  1387,  avait  donné  25  onces  d'argent  pour  acheter  un 
nouvel  ostensoir^  Plus  tard,  Nicolas Mosung, un  des  malades  delà  maison, 
légua  une  horloge  sonnant  les  heures*;  la  mère  d'un  autre  pensionnaire 
fit  cadeau  d'un  calice;  Nicolas  Kochei-sberg  donna,  pour  fonder  son  anni- 
versaire, une  chasuble  en  damas  blanc,  quelques  autres  vêtements  sacer- 
dotaux et  une  bannière.  L'autel  principal  était  dans  le  chœur;  après  la 
translation  à  Sainte-Hélène  de  l'établissement  du  Schnelling,  l'autel  de  ce 
dernier  fut  érigé  dans  la  nef. 

Les  malades  formaient  une  sorte  de  communauté,  Gemeine.  A  partir  du 


1.  «....  Nos  attendcntes  miseriam  dictoram  paiiperum  et  qtwl  Dci  jttdicio  sinf  lacti...« 
L'évêque  Guillaume  de  Strasbourg-,  1415  (Hist.  du  chapitre  de  Saint-Thomas,  p.  420). 

2.  Fechter,  Topographie  Basels,  dans  Basel  im  XIV.  Jahrhundert.  185G,  p.  72.  —  Çà  et 
là  on  les  appelait  Sondersiechen,  malades  séparés  du  monde,  abgesondert. 

3.  Ein  Monstrantz  oder  Krystall  {Liber  Vitœ). 

4.  Ei7i  zitglock  zu  eim  Urle  {Ibid.,  Urlei ,  de  horologium). 


—  250  — 

moment  de  leur  admission  ils  étaient  appelés  fi'ères  et  sœurs,  Brüdern 
und  Scinocstern  des  Ilofs.  Tous  étaient  placés  sous  la  même  surveillance 
et  la  même  administration;  mais  ce  qui  était  légué  ou  domié  à  la  maison 
l)rincipale  ne  pouvait  pas  être  employé  aux  besoins  de  celle  du  Schnclling- 
et  réciproquement.  La  direction  supérieure  appartenaitaux  Pßeger,  désignés 
par  le  magistrat.  Pendant  longtemps  il  n'y  en  avait  eu  chaque  fois  que 
deux,  en  1466  on  décida  de  leur  adjoindre  un  troisième*;  dès  lors  ce 
lurent  toujours  un  noble  et  deux  bourgeois;  ils  étaient  nommés  à  vie. 
Avant  de  commencer  leurs  fondions,  ils  juraient  de  les  remplir  fidèle- 
ment, de  veiller  à  la  prospérité  de  l'institution  confiée  à  leurs  soins,  de 
faire  exécuter  les  statuts  par  les  employés  et  par  les  malades.  Ils  jugeaient 
les  infractions  et  étaient  munis  à  cet  eflet  d'un  pouvoir  disciplinaire  consi- 
dérable. Quand  on  leur  signalait  des  personnes  soupçonnées  d'être  atteintes 
de  la  lèpre,  ils  devaient  en  avertir  les  inspecteurs  commis  par  le  magistrat 
pour  examiner  ces  gens.  Ils  avaient  sous  leur  autorité  le  chapelain  et  le 
receveur  qui,  sans  leur  consentement,  ne  pouvaient  introduire  aucune 
innovation;  en  particulier  ils  étaient  tenus  d'empêcher  que  le  chapelain 
engageât  les  malades  à  former  des  confréries,  dont  chaque  membre  lui 
payerait  une  cotisation.  Ils  se  rendaient  à  l'hospice  à  des  époques  fixes  et 
chaque  fois  que,  pour  une  cause  quelconque,  le  chapelain  ou  le  receveur 
jugeaient  leur  présence  nécessaire.  Ils  assistaient  à  la  reddition  des  comptes 
et  en  faisaient  rapport  au  conseil  de  la  ville;  chez  l'un  d'entre  eux  était 
déposée  l'armoire  contenant  les  litres  de  propriété;  elle  s'ouvrait  au  moyen 
de  trois  clefs,  dont  une  était  gardée  par  chacun  des  administrateurs.  Pour 
leurs  peines  ils  recevaient  chacun  à  Noël  30  schillings,  5  lors  de  la  reddi- 
tion des  comptes,  et  à  la  Saint-Martin  un  demi-quart  de  vin  et  deux 
chapons. 

Le  receveur,  Schaßner,  également  nommé  par  le  magistrat,  prêtait  le 
serment  de  gérer  loyalement  la  fortune  de  l'hospice;  il  fouiiiissait  une 
caution  de  50  livres.  A  la  Saint- Jean  d'été  il  rendait  ses  comptes  aux 
Pßeger,  auxquels  il  devait  obéissance.  Il  n'avait  pas  à  s'occuper  de  la  ges- 
tion des  propriétés  personnelles  des  malades,  à  moins  qu'il  ne  le  fît  par 
bonne  volonté.  Il  résidait  dans  rétablissement,  emmagasinait  les  redevances 
en  nature  dans  les  granges;  les  revenus  en  argent,  il  les  remettait  au  cha- 
pelain, avec  lequel  il  faisait  les  distrihnlions  aux  pensionnaires.  La  maison 
possédait  des  biens  dans  une  quinzaine  de  banlieues.  Pour  augmenter  le 
revenu,   Erhaid  Kocheisberg,  receveur  dans  les   dernières  années   du 


1.  Règlciinnt,  ('■  .S8. 


—  251  — 

quinzième  siècle,  obliiit,  par  rentremisc  de  l'évèqne  Albei'l,  une  bulle 
d'Alexandre  VI  accordant  cent  jours  d'indulgence  à  ceux  qui,  lors  de  cinq 
fêtes,  assisteraient  aux  vêpres  dans  la  cbapellc  des  lépreux  et  feraient  à 
ceux-ci  des  aumônes*. 

Le  cliayelaln  devait  faire  sonner  la  cloclic  tous  les  jours  pour  appeler 
les  pensionnaires  à  la  messe  et  aux  autres  ofTiccs;  le  dimanclie  il  était  tenu 
de  leur  prôcber  et  de  leur  lire  en  allemand  l'évangile  du  jour,  l'oraison 
dominicale,  le  symbole  apostolique  et  la  confession  des  péchés.  Il  avait  la 
cure  d'âmes  des  malades  et  leur  donnait  les  sacrements.  Il  s'engageait  à 
chanter  régulièrement  les  messes  instituées  en  souvenir  des  bienfaiteur.s 
de  la  maison,  à  n'employer  que  pour  le  culte  la  cire  donnée  aux  collec- 
teurs d'aumônes,  à  remettre  aux  Pßegcr,  en  temps  de  trouble  ou  de  guerre, 
les  calices,  les  ornements,  les  livres  liturgiques.  On  attendait  de  lui  (ju'il 
donnât  l'exemple  d'une  vie  irréprochable  et  qu'il  n'eût  que  des  domes- 
tiques honnêtes.  Lors  de  la  Chandeleur  il  devait  donner  à  chacun  des  deux 
prêtres  qui  l'assistaient  un  cierge  pesant  une  demi-hvre,  au  sacristain,  à 
l'enfant  de  chœur,  aux  domestiques  et  aux  malades  venant  à  la  chapelle,  à 
chacun  un  cierge,  dont  huit  faisaient  une  livre.  Il  avait  la  jouissance  d'une 
maison  et  d'un  jardin,  recevait  chaque  année  six  cordes  de  bois  et  cent 
fagots,  touchait  les  oblations  et  prenait  de  chaque  nouvel  arrivant  deux 
schillings  et  demi;  avec  celte  dernière  somme  étaient  payés  d'avance  les 
offices  des  morts;  il  lui  était  interdit  de  rien  accepter  des  mourants.  11 
participait,  en  outre,  d'après  un  règlement  spécial  fait  par  Jean  zum  Tru- 
bel, à  des  distributions  en  nature  lors  de  certaines  fêtes  et  lors  des  anni- 
versaires des  personnes  qui  avaient  fait  à  l'hospice  des  legs;  c'est  ainsi,  par 
exemple,  que  quand  le  mercredi  des  cendres  il  bénit  les  cendres  et  fait  le 
tour  de  la  chapelle  en  chantant  les  litanies,  il  reçoit  un  boisseau  de  fro- 
ment; à  Pâques,  deux  boisseaux  de  seigle  et  un  quarteron  de  cire;  à  la 
Toussaint,  un  boisseau  de  pois,  un  de  lentilles  et  un  de  fèves;  le  jour  des 
Trépassés,  cinquante  têtes  de  choux;  la  veille  de  Noël,  un  boisseau  de 
noix,  et  le  jour  même  de  la  fête,  quatre  boisseaux  de  noix  et  un  quarteron 
de  cire.  Les  autres  distributions  consistaient  en  diverses  quantités  de 
blé. 


l.  La  huile  est  du  25  niai  1500;  elle  fut  publiée  par  révèqtie  ie  3  avril  1501,  avec  iuvi- 
tation  au  clergé  du  diocèse  de  l'annoncer.  Les  cinq  fêtes  étaient  celles  de  la  Visitation  et 
de  rAssomption  de  la  Vierge,  le  Jeudi-Saint,  le  jour  de  sainte  Sophie  ou  de  la  dédicace 
de  la  chapelle,  le  jour  de  l'Invention  de  la  croix.  Cette  dernière  parait  avoir  été  ajoutée 
à  cause  du  voisinage  de  l'église  de  Sainte-Hélène. 


252  

Une  contestation  s'étant  élevée  en  1503  entre  le  chapelain'  et  le  receveur 
au  sujet  des  distributions,  on  convint  de  faire  deux  Selhüchcr  ou  libri 
vitœ,  dans  lesquels  fut  inscrit,  d'après  l'ordre  du  calendrier,  ce  qu'aux 
divers  anniversaires  et  fêtes  le  chapelain  devait  recevoir.  L'un  de  ces 
volumes  dut  restei'  dans  la  chapelle,  attaché  à  une  chaîne',  l'autre  fut 
déposé  chez  l'un  des  administrateurs \  Il  fut  dit  aussi  que  le  chapelain  no 
pourrait  plus  accepter  aucun  testament  sans  l'avis  des  P/Je[/cr;  il  était 
arrivé  que  des  pensionnaires  avaient  fait  des  dispositions  onéreuses  pour 
la  maison;  on  ne  voulut  pas  que  cela  pût  se  renouveler*. 

Ajoutons  encore  que  le  chapelain  des  lépreux  était  aussi  l'aumônier  des 
prisons.  Le  chevalier  Guillaume  Mœcklin ,  un  des  administrateurs  de  la 
Léproserie,  et  sa  femme  Ursule  AVurmser  léguèrent  à  l'hospice  une  cer- 
taine somme,  dont  une  partie  devait  servir  à  payer  le  chapelain  quand, 
selon  la  coulume,  il  donne,  le  mardi  de  Pà(|ues,  le  sacrement  aux  prison- 
niers dans  les  trois  tours. 

2.  Les  malades. 

1.  Constatation  de  la  maladie.  Les  gens  atteints  de  la  lèpre  n'étaient  pas 
toujours  disposés  à  se  laisser  enfermer.  Le  magistrat  avait  pris  à  cet  égard 
(juelques  mesures  pour  les  empêcher  de  rester  en  ville.  Un  agent  spécial 
était  chargé  d'éloigner  les  lépreux  étrangers;  le  même  avertissait  les  admi- 
nistrateurs de  rhosj)ice,  quand  il  apprenait  qu'un  habitant  de  Strasbourg 
même  était  soupçonné  d'être  attaqué  du  mal.  Parfois  aussi  c'était  la  lamille 
d'un  malade  qui  réclamait  son  éloignement.  Pour  constater  la  lèpre,  quatre 
hommes  notables,  deux  médecins  et  deux  chirurgiens,  désignés  et  asser- 
mentés par  le  magistrat,  avaient,  en  qualité  de  visiteurs,  IJeselier'%\a  mis- 
sion d'examiner  les  personnes  suspectes;  ils  devaient  se  faire  montrer 
l'urine,  pratiquer  des  saignées  et  «l'aire  en  général  toutes  les  autres  choses 
nécessaires»  pou)'  jtiuduire  une  conviction;  il  leur  était  enjoint  de  n'avoir 
égard  ni  à  l'âge,  ni  au  sexe,  ni  à  la  position  sociale.  Ouiconque  refusait  de 
se  laisser  visiter,  était  dénoncé  par  eux  à  l'ammeisler.  Quand  ils  avaient 


1.  Eu  1500,  le  chapelain  avait  étô  Eucharlus  Henner,  en  latiu  Gallinarius,  uu  des  dis- 
ciples de  Wimplieling;  deux  annùes  après  il  est  à  Spire,  se  qualifiaut  de  nuper plebanus 
ecclesiœ  Argailinensis. 

2.  In  der  Kirchen  bij  den  (julen  lillcn  an  einer  Keilen  eersiiii/dei. 

3.  Les  archives  de  la  ville  possèdent  deux  excjnj)!aires  de  ce  Liber  vilœ,  l'un  sur  par- 
chemin, l'autre  sur  papier. 

4.  «...  Umb  das  das  lias  der  guten  lüte  domii  nit  wider  billich  bfstceri  werde.» 
h.  11  y  avait  de  ces  Beseher  à  Dàlc  et  à  Lucerne. 


—  253  — 

constaté  que  l'individu  examiné  avait  bien  la  lepro,  ils  en  [)révenaicnl  les 
administrateurs.  Leurs  lionoiaires  pour  cliri(|nc  visite  étaient  (ixés  au 
minimum  d'une  livre,  à  partager  entre  eux,  si  la  fortune  du  malade  dépas- 
sait cent  livres;  était-elle  moindre,  le  magistrat  leur  donnait  5  scliillings 
et  le  malade  était  dis{)ensé.  Si,  au  contraire,  ils  tiouvaient  que  la  personne 
suspecte  était  saine,  elle  ne  leur  devait  ni  honoraires  ni  gratification;  ils 
recevaient  5  sc[iillings  du  magistrat.  Dans  le  cas  que  les  symptômes  leur 
semblaient  insuffisants,  ils  procédaient  à  une  seconde  visite.  Tous  ceux 
qui  à  Strasbourg  pratiquaient  la  médecine,  hommes  et  femmes,  ainsi  que 
les  chirurgiens,  les  barbiers,  les  baigneurs,  leurs  aides  et  valets',  étaient 
tenus  de  jurer  d'en  informer  aussitôt  les  visiteurs  si  une  personne  quel- 
conque leur  paraissait  suspecte;  il  leur  était  défendu  de  la  soigner  eux- 
mêmes.  Ils  ne  pouvaient  recevoir  dans  leur  corporation  aucun  membre 
nouveau,  avant  qu'il  eût  prêté  ce  serment  devant  les  Pflcf/er  de  la  Lépro- 
serie; leurs  domestiques  avaient  à  prêter  le  même  serment  dans  les  huit 
jours  après  leur  entrée  en  service. 

2.  Conditions  d'admission.  Il  importe  de  rappeler  d'abord  que  l'hospice 
se  composait  de  deux  établissements  unis,  mais  distincts,  l'un  pour  des 
personnes  aisées,  l'autre  pour  des  pauvres,  die  riehen  und  die  armen.  Il 
semble  étrange  que,  la  séquestration  des  lépreux  étant  obligatoire,  l'ad- 
mission n'ait  pas  été  absolument  gratuite;  mais  comme  les  dons  recueillis 
pour  l'entretien  étaient  restés  insuffisants,  la  ville  ne  pouvait  pas  se  char- 
ger de  nourrir  des  gens  qui,  s'ils  refusaient  d'entrer  à  la  Léproserie  où 
ils  trouvaient  une  sorte  de  bien-être  relatif,  auraient  été  obligés  de  quitter 
la  banlieue  au  risque  de  se  voir  renvoyés  de  partout  où  ils  se  seraient 
présentés.  On  exigeait  donc  des  malades  qui  demandaient  à  être  reçus,  des 
sommes  proportionnées  à  l'état  de  leur  fortune.  Le  règlement  contient  à 
ce  sujet  des  dispositions  très-minutieuses.  Pour  entrer  comme  pension- 
naire ou  prébendier,  Pfrûndner^,  dans  la  maison  riche,  il  fallait  en  pre- 
mier lieu  prouver  qu'au  moins  depuis  dix  ans  on  avait  joui  à  Strasbourg 
du  droit  de  bourgeoisie.  Quand  il  se  présentait  des  cas  qui  faisaient  excep- 
tion à  cette  règle,  les  administrateurs  étaient  autorisés  à  en  décider  selon 
les  circonstances,  comme  par  exemple  quand  quelqu'un  avait  acheté  récem- 
ment le  droit  de  bourgeoisie,  pour  profiter  des  avantages  qu'il  procurait, 
et  dont  l'un  était  l'admission  éventuelle  à  l'hospice  des  lépreux.  Mais  dans 


1.  «Aile  artzote,  artzotinne,  wundeartzot ,  scherer  tindbader».  Lqs  artzotinnen  étaient 
les  sages-femmes.  Une  Agnès  medica  est  mentionute  à  Strasbourg  au  quatorzième  siècle. 

2.  Gepfründete  brüder  und  swcstcrn. 


-  254  - 

nucun  cas  on  ne  devait  recevoir  dans  la  maison  riche  des  Sclmltheissen- 
burffcr^;  c'étaient  ceux  qui,  possédant  moins  de  10  livres  de  fortune, 
n'avaient  pas  le  gross  Burgerrecht  ;  ils  pouvaient  entrer  comme  membres 
dans  une  corporation  de  métier,  mais  étaient  incapables  de  devenir,  soit 
maîtres  de  leur  tribu,  soit  échevins. 

Le  récipiendaire  devait  déclarer  par  serment  devant  les  administrateurs 
l'étal  de  sa  fortune;  donnait-il  lors  de  son  entrée  40  livres,  il  était  dispensé 
de  faire  celte  déclaration.  Celui,  au  contraire,  qui  se  soumellait  à  cette 
formalité,  donnait,  s'il  })ossédait  plus  de  200  livres,  le  cinquième  pfennig 
s'il  n'avait  pas  d'enfants,  le  dixième  s'il  en  avait.  La  proportion  était  dimi- 
nuée selon  qu'on  avait  de  100  à  200  livres,  de  50  à  100,  de  20  à  50,  de 
15  à  20.  Les  malades  de  cette  dernière  catégorie,  s'ils  avaient  une  famille 
à  entretenir,  ne  payaient  que  ce  qu'on  appelait  le  service,  Dienst;  c'était 
une  somme  de  5  livres  5  schillings,  qui  était  exigée  de  tous  les  pension- 
naires sans  distinction;  2  livres  et  demie  en  revenaient  à  l'hospice,  2  livres 
et  demie  étaient  réparties  entre  les  malades  présents;  les  5  schillings  se 
partageaient  entre  les  domestiques  et  le  chapelain;  c'est  à  cause  de  cette 
contribution  que  le  chapelain  était  tenu  de  ne  rien  prendre  des  mourants. 
Les  parents  ayant  plus  de  200  livrée"  de  fortune  et  envoyant  à  l'hospice 
un  enfant,  le  faisaient  entretenir  à  leurs  frais;  si  l'enfant  était  unique  et 
s'il  survivail  à  ses  parents,  la  maison  recevait  après  la  mort  du  père 
25  livres  et  15  après  la  mort  de  la  mère;  dans  le  cas  qu'il  n'était  pas 
unique,  la  part  n'était  que  de  12  livres  après  le  décès  du  père,  et  de  5 
après  celui  de  la  mère.  Suivant  la  fortune  des  parents,  on  suivait  la  même 
proportion  descendante  que  ci-dessus,  de  100  à  200  livres,  etc. 

On  devait  apporter  en  outre  un  mobilier,  du  linge  de  lit  et  de  table  et 
quebjuc  vaisselle  :  un  ht  valant  une  livre,  un  lit  de  sangle,  un  paillasson,  un 
oreiller,  deux  coussins,  quatre  draps  de  lit,  une  couverture,  un  plumon, 
une  table,  deux  nappes,  deux  essuie-mains,  une  armoire,  deux  cruches  de 
grandeur  différente,  une  canette  et  une  salière. 

Un  moine  d'un  couvent  de  Strasbourg  pouvait  être  admis,  si  le  couvent 


\.  Comp.  ]c  Gk}ssariu?n  de  Schcrl'A,  p.  1448.  L'orij^iiic  du  (('iiiic  Sdndllicisscnbitrger 
est  incortaiiic.  On  sait  fjn'a  Strasliourg  le  Sclnillhciss  a  6(6  priniitivcniciit  un  dos 
fonctiounaircs  judiciaires  iiistiliiés  par  l'ùvôque;  quand  la  ville  se  fui  aflVancliie  de  la 
souveraineté  épiscopale,  le  prélat  continua  de  nommer  un  SchuHliciss  et  mémo  uu 
Unler-Schullheiss ,  mais  d'année  en  année  leur  juridiction  se  trouva  plus  restreinte.  Les 
Sdiultlicissenburcjcr  paraissent  avoir  été  ceux  qui,  Iro])  pauvres  |)our  exercer  le  droit  de 
ijourgeoisie  complet,  étaient  ou  avaient  été  sous  uiuj  certaine  dépendance  du  ScliaUliciss. 


—  255  — 

payait  pour  lui  10  livres  pour  le  service  et  si,  pour  le  reste,  il  reiilrcteiiait 
sans  frais  pour  la  maison.  Enfin  un  prêtre,  reçu  comme  l('pi-cux,  avait  la 
faculté  de  lire  la  messe  dans  la  chapelle,  mais  à  l'autel  de  la  nef,  non  à 
celui  du  chœur,  et  en  s'hahillant  ailleurs  que  dans  la  sacri.slie. 

On  pouvait  aussi  acheter  le  droit  d'être  pensionnaire  en  payant  une  fois 
pour  toutes  une  somme  de  GO  livres  ou  plus,  selon  le  rang-  de  la  personne 
qui  faisait  la  demande;  les  administrateurs  en  décidaient.  Ces  pension- 
naires hbres  avaient  à  payer  en  outre,  lors  de  leur  entrée,  les  5  livres 
5  schillings  pour  le  service  et  à  fournir  le  même  mobilier  que  les  autres. 
Ils  recevaient  2  schiUings  G  deniers  par  semaine  et  prenaient  part  aux 
distributions  lors  des  fêles.  S'ils  devenaient  assez  malades  pour  avoir 
besoin  de  domestiques  particuliers,  l'entretien  de  ces  derniers  était  à  leur 
charge. 

Dans  des  cas  exceptionnels  les  administrateurs  étaient  autorisés  à  per- 
mettre à  un  étranger  de  prendre  son  logement  dans  l'hospice;  il  payait  à 
cet  effet  20  livres,  mais  on  ne  lui  devait  que  la  chambre. 

Ceux  enfin  qui  ne  voulaient  pas  vivre  avec  les  pensionnaires,  pouvaient 
acheter  pour  la  somme  de  15  livres  une  des  petites  maisons  situées  dans 
l'enclos;  ils  donnaient  15  autres  livres  pour  le  droit  de  demeurer  dans 
l'hospice.  Ils  vivaient  à  leurs  frais,  s'engageaient  à  entretenir  leur  maison 
en  bon  état,  à  n'y  recevoir  personne  du  dehors,  à  ne  la  vendre  ni  à  la 
louer,  et  à  se  soumettre  à  toutes  les  prescriptions  concernant  le  régime 
intérieur.  Quand  ils  mouraient,  la  maison,  avec  tout  ce  qu'elle  renfermait, 
revenait  à  l'étabhssement. 

Les  pauvres,  c'est-à-dire  les  SchuUheissenburger,  ceux  dont  la  fortune 
ne  dépassait  pas  10  livres,  étaient  reçus  au  Schnelling;  mais  il  fallait  qu'ils 
eussent  dix  ans  de  bourgeoisie,  ou  au  moins  dix  ans  de  résidence  en  ville; 
pendant  cette  période  ils  ne  devaient  s'être  attiré  aucune  condamnation 
judiciaire.  Les  dix  ans  étaient  de  rigueur;  on  n'accordait  pas  d'exception. 
Ces  pensionnaires  pauvres  payaient,  lors  de  leur  entrée,  2  livres  pour  le 
fonds  commun,  15  schillings  pour  le  chauffage,  i/o/%c'W,  1  schilling  pour 
les  assiettes  et  les  plats,  A  deniers  à  chaque  malade  et  G  deniers  à  la 
domestique;  quant  au  chapelain,  ils  ne  lui  devaient  rien.  Le  mobilier  qu'ds 
avaient  à  apporter  était  le  même  que  celui  des  pensionnaires  riches,  sauf 
qu'on  n'exigeait  d'eux  qu'un  lit  valant  12  schillings  et  un  peu  moins  de 
linge.  Quelqu'un  était-il  tellement  pauvre  qu'il  ne  pouvait  fournir  ni  argent 
ni  meuble,  une  personne  notable,  connue  des  Pßegcr,  devait  se  charger 
de  faire  une  quête  pour  lui;  nul  n'était  admis  gratuitement.  Si  un  des 
pensionnaires  du  Schnelling  acquérait,  par  héritage  ou  de  toute  autre 


—  ^J5G  — 

manière  honnête,  quelque  fortune,  il  lui  était  loisible  de  passer  dans  l'autre 
maison'. 

Dans  notre  Règlement  il  n'est  pas  parlé  de  cérémonies  religieuses,  telles 
qu'elles  étaient  usitées  dans  quelques  diocèses,  quand  il  s'agissait  de  sépa- 
rer un  lépreux  du  monde.  Gà  et  là  en  France  et  en  Lorraine,  quand  un 
individu  était  convaincu  d'être  atteint  de  la  lèpre,  le  curé  de  sa  paroisse 
se  rendait,  précédé  d'une  croix,  dans  sa  demeure  et  de  là  le  conduisait  à 
l'église,  où,  isolé  dans  un  coin,  il  assistait  à  une  messe,  pendant  laquelle 
on  disait  des  prières  pour  lui.  Sur  une  table  étaient  placés  les  objets  qu'on 
lui  destinait  :  un  manteau,  un  baril,  une  crécelle,  des  gants,  une  besace; 
en  lui  remettant  le  manteau,  le  prêtre  lui  disait  de  le  porter  en  signe 
d'humilité  et  de  ne  jamais  sortir  sans  en  être  revêtu;  en  lui  donnant  le 
baril ,  il  l'avertissait  qu'il  ne  devait  ni  boire  ni  se  laver  à  des  fontaines 
publiques;  la  crécelle  signifiait  qu'il  lui  était  défendu  d'adresser  la  parole 
à  d'autres  qu'à  ses  compagnons  d'infortune:  c'est  par  le  moyen  de  l'instru- 
ment qu'il  pouvait  attirer  l'attention  des  passants,  sans  trop  s'approcher 
d'eux;  les  gants  étaient  le  symbole  qu'il  ne  devait  toucher  de  ses  mains 
rien  de  ce  qui  ne  lui  appartenait  pas;  la  besace  enfin  lui  servait  à  recueillir 
les  aumônes l  Ailleurs  on  célébrait  même  pour  les  lépreux  l'office  des 
morts,  et  en  les  installant  à  la  ladrerie  on  les  soumettait  presque  aux 
mêmes  rites  que  lors  d'un  enterrement;  c'était  un  souvenir  de  l'ancienne 
notion  juive;  Josephe  avait  dit  qu'un  lépreux  ne  différait  guère  d'un  mort\ 

J'ignore  si  dans  les  premiers  temps  du  moyen  âge  on  avait  suivi  chez 
nous  des  pratiques  de  ce  genre;  au  quinzième  siècle  en  tout  cas  elles 
n'étaient  plus  observées;  l'éloignement  d'un  lépreux  était  devenu  une 
simple  mesure  de  police  sanitaire;  c'était  plus  humain  que  de  traiter  ces 
malheureux  comme  des  morts. 

S.  Béffime  interieur.  Une  fois  entré  dans  la  léproserie,  on  n'était  pas 
privé  de  tous  ses  droits  civils.  Notre  règlement,  fondé  sur  le  principe  que 
la  lèpre  se  communiquait  par  le  contact,  ne  tendait  qu'à  empêcher  les 
malades  de  se  mettre  en  rapport  immédiat  avec  les  personnes  saines;  il 


1.  Dans  la  Léprosirie  (](,'  Liiccriic  il  y  avail  aussi  deux  cspùoos  de  pensionnaires,  les 
Pfrüitdner  et  les  ]jaiivres. 

2.  RiUiels  de  Reims,  Bourges,  Sens,  Cliâlons.  Marlùne,  De  auliquis  ceci,  rilibus,  t.  III, 
p.  532  et  suiv. 

3.  knliquiit.  m,  11,3.  —  Dans  un  rituel  de  Gierniont  de  1490  le  lépreux  est  qualifié 
de  slmilUiidinein  mortui  (jerens  quumvis  vivat  corpore  et  spiritu.  Ducange,  t.  iV, 
p.  7(J. 


—  257  — 

admettait  même  des  cas  où  ce  rapport  pouvait  être  toléi-é,  pourvu  qu'il  n'y 
eût  pas  d'attouchement;  il  est  à  supposci-  d'après  cela  que  le  chapelain,  en 
donnant  les  sacrements,  les  transmettait  par  (pielque  moyen  intermé- 
diaire. 

Les  pensionnaires  pouvaient  se  marier  entre  eux,  mais  à  moins  de  payer 
une  certaine  somme,  ils  étaient  exclus  alors  de  l'étahlissement.  En  1440, 
un  harhier,  Pierre  Goch,  épousa  une  certaine  Marguerite;  tous  les  deux 
demeuraient  au  Schnelling;  pour  pouvoir  y  rester,  ils  donnèrent  40  livres. 
Quand  on  était  marié  avant  d'être  admis  à  l'hospice,  le  mariage  n'était  pas 
dissous;  l'époux  sain  pouvait  même  visiter  le  malade.  Toutefois  il  arrivait 
qu'on  [)rononçât  la  séparation  des  biens.  La  femme  de  l'imprimeur  lAlalthias 
Hupfuff  étant  devenue  lépreuse  en  1509,  il  obtint  un  jugement  l'autorisant 
à  faire  avec  elle  un  partage  des  meubles,  des  ustensiles,  de  l'argen- 
terie'. 

En  outre  les  pensionnaires  étaient  capables  d'accepter  les  successions 
qui  leur  survenaient  pendant  leur  maladie  l  Mais  ils  n'avaient  que  l'usu- 
fruit de  leurs  biens;  ils  ne  pouvaient  les  aliéner  que  du  consentement  de 
leurs  héritiers  les  plus  proches.  Il  leur  était  interdit,  quand  ils  voulaient 
fonder  des  messes  dans  la  chapelle,  d'y  consacrer  plus  d'un  pour  cent  de 
leur  capital;  pour  le  reste  de  leur  fortune,  ils  pouvaient  à  leur  gré  en 
disposer  par  testament,  à  moins  d'avoir  des  héritiers  directs.  Seulement, 
pour  empêcher  que  l'infection  se  propageât  au  dehors,  si  leurs  vêtements 
et  les  objets  dont  ils  s'étaient  servis  venaient  à  sortir  de  l'enclos,  il  était 
stipulé  qu'en  cas  de  décès  d'un  homme,  ce  qu'il  laissait  en  fait  d'habits, 
capuchons,  chapeaux,  bourses,  sacs  de  voyage'',  ceintures,  chemises,  pan- 
talons, souhers,  serait  distribué  entre  les  pensionnaires  mâles;  lors  du 
décès  d'une  femme,  on  partageait  entre  les  sœurs  ses  voiles,  ses  chemises, 
ses  manches  fourrées,  ses  manches  de  toile,  ses  ceintures,  sa  chaussure, 
ses  poches,  ses  bijoux,  mais  pas  au  delà  d'une  valeur  totale  de  5  schillings  ; 
tout  le  reste,  ainsi  que  les  ustensiles  et  les  meubles,  était  acquis  à  l'éta- 
blissement, à  la  seule  condition  que  rien  ne  fût  vendu  à  des  personnes 
saines.  Un  article,  qui  semble  en  contradiction  avec  ce  qui  précède,  por- 
tait que  si  un  pensionnaire  laissait  à  l'hospice  une  somme  de  10  hvres, 


1.  Registres  de  ]a  Gliambre  des  contrats,  année  1509.  Archives  de  la  ville. 

2.  De  même  à  Znricli  où,  dès  1251,  on  déclara  qn'en  privaid  les  lépreux  du  droit  d'hé- 
ritage, on  leur  ferait  expier  injustement  le  mal  dont  l)i(ni  les  avait  tra|)pés. 

3.  Eser,  sac  dans  lequel  on  mettait  les  vivres  en  allant  en  voyage.  Le  mot  se  trouve 

aussi  dans  la  Chronique  de  Closener. 

17 
(T.  X.  —  M.)  *' 


-  258  - 

toîite  sa  succession  mobilière  était  recueillie  par  ses  héritiers;  cela  s'ex- 
plique en  admettant  que  ceux-ci  étaient  avertis  de  ne  profiter,  ni  pour  eux 
ni  pour  d'autres,  d'aucun  effet  qui  eût  pu  occasionner  une  contagion. 

Tandis  que  les  règlements  d'autres  léproseries  contenaient  des  instruc- 
tions détaillées  sur  la  nourriture  journalière  des  malades  ',  le  nôtre  n'en 
dit  pas  un  mot.  Nous  apprenons  que  les  pensionnaires  prenaient  leurs 
repas  en  commun;  mais  nous  ne  savons  rien  du  régime  alimentaire.  Le 
Règlement  se  tait  de  même  sur  la  manière  de  traiter  la  maladie,  si  tant 
est  qu'on  s'en  occupât;  il  n'est  parlé  ni  d'un  médecin  spécial  attaché  à  l'é- 
tablissement, ni  de  visites  régulières  qu'auraient  faites  les  médecins  de  la 
ville.  On  se  figurait  évidemment  que  les  lépreux  étaient  incurables;  on  ne 
songeait  qu'à  leur  rendre  l'existence  aussi  peu  dure  que  possible. 

Ceux  qui  étaient  admis  dans  la  maison  riche,  avaient  chacun  une  Pfründe 
ou  prébende.  Je  n'ai  trouvé  aucun  renseignement  ni  sur  la  fondation  de 
ces  bénéfices,  ni  sur  ce  qu'ils  rapportaient;  tout  ce  qu'on  sait,  c'est  que 
tous  les  fjuinze  jours  le  receveur  remettait  à  chaque  pensionnaire  la  part 
à  laquelle  il  avait  droit  ;  en  même  temps  il  leur  faisait  les  distributions 
d'argent  instituées  par  des  legs.  Des  bourgeois,  des  nobles,  des  prêtres,  les 
uns  ayant  habité  l'hospice,  les  autres  par  pure  charité,  avaient  destiné  à 
cet  Jeffet  des  sommes  en  général  peu  considérables,  mais  dont  le  total 
constituait  néanmoins  un  revenu  assez  fort.  (Juelques-uns  de  ces  testa- 
ments contenaient  des  dispositions  spéciales;  le  barbier  Pierre  Goch  légua 
10  livres,  dont  la  rente  devait  être  répartie  entre  les  malades  qui  annuelle- 
ment assisteraient  à  son  anniversaire;  Jean  Knapp,  chanoine  de  Saint- 
Pierre-le-Jeune,  laissa  10  livres  pour  être  partagées,  en  une  fois,  entre  tous 
les  lépreux  présents  à  Strasbourg,  indigènes  ou  étrangers^  En  1271,  un 
bourgeois  riche,  fils  d'une  veuve  appelée  Babe^  légua  sa  fortune  au  cou- 
vent de  Sainte-Elisabeth,  à  la  condition  que  ce  dernier  fournirait  chaque 
année,  lors  de  l'anniversaire  du  testateur,  60  pains  blancs*  à  chacun  des 
couvents  de  Strasbourg  ainsi  qu'à  l'hôpital,  50  à  la  Léproserie,  dont  20  pour 


1.  Par  exemple  un  Hèglement  du  quinzièuie  siècle  pour  lu  léproserie  de  PfuUenilorf. 
Mone,  /.  c,  p.  51. 

2.  Allen  siechen  menschen,  sie  sigent frömd  oder  heimesch»  {Liber  Vitœ). 

3.  Heinrich  Buben  sun.  Bähe  est  aussi  rare  comme  nom  propre  que  comme  nom  com- 
mun ;  le  mot  signifiait  mère  et,  en  général,  femme.  La  coutume  de  désigner  un  lils  de 
veuve  par  le  nom  de  sa  mère  était  fréquente  chez  nous  :  Johannes  miles  dictas  der 
Kelbin  sun,  1285;  Johannes  der  Pynen  sun,  1299;  Dieiericus  dictas  vron  Dinen  sii/t 
(le  Mit/cUivs,  1303;  Johannes  dictus  vern  Kuntzin  sun  de  villa  Wcsthnrrn .  1335.  etc. 

i.  l'Jt'niiifjsyineln.  —  L'anniversain'  ilf  iiciii-i  était  le  2  juin. 


-  -259  — 

le  chapelain,  enfin  10  aux  recluses  établies  près  de  l'Église  rouge;  en 
reconnaissance  de  ce  bienfait,  on  devait  dans  toutes  ces  maisons  prier 
pour  le  repos  de  son  âme;  il  ajoutait  que  si  les  religieuses  de  Saiiite- 
Élisabelh  négligeaient  de  s'acquitter  de  la  prestation,  la  fondation  tout 
entière  reviendrait  aux  lépreux,  et  que  si  ceux-ci  oubliaient  de  prier  pour 
lui,  la  part  qui  leur  était  assignée  cesserait  de  leur  être  fournie'.  Des  deux 
côtés  on  resta  fidèle  à  la  volonté  du  bienfaiteur;  encore  au  commencement 
du  seizième  siècle,  les  50  pains  étaient  délivrés  à  la  Léproserie  par  le 
couvent  de  Saint-Marc,  qui  avait  succédé  à  celui  de  Sainte-Elisabeth.  Les 
aumônes,  déposées  par  des  passants  ou  des  visiteurs  dans  les  troncs  placés 
dans  la  cour  de  l'hospice  et  devant  la  porte,  et  une  partie  des  quêtes  jour- 
nalières faites  en  ville  par  des  employés  spéciaux,  étaient  également  distri- 
buées entre  les  malades.  Enfin,  le  mercredi  de  la  Semaine-Sainte ^  en  vertu 
d'une  fondation  dont  j'ai  vainement  cherché  l'origine,  le  chapitre  de  Saint- 
Pierre-le-Jeune  donnait  aux  pensionnaires ,  riches  et  pauvres ,  un  repas, 
Imbiss,  auquel  étaient  admis  aussi  les  lépreux  étrangers;  quand  la  cloche 
sonnait  trois  heures,  tous  avaient  à  quitter  la  ville. 

Une  des  particularités  de  notre  Règlement  est  qu'il  laissait  aux  pen- 
sionnaires quelques  facilités  qui,  tout  en  étant  entourées  de  restrictions, 
avaient  pour  but,  les  unes,  de  diminuer  pour  eux  les  ennuis  de  l'isole- 
ment, les  autres,  de  leur  procurer  des  aumônes  et  des  moyens  de  subsis- 
tance. Selon  qu'ils  avaient  un  métier,  ils  pouvaient  l'exercer,  mais  unique- 
ment pour  les  frères  et  les  sœurs  de  l'hospice.  Ils  recevaient  les  visites  de 
leurs  familles  ou  de  leurs  amis.  Ceux  qui  habitaient  la  maison  riche  avaient 
le  droit,  les  hommes,  de  stationner,  debout  ou  assis,  devant  la  grande  porte, 
les  femmes  devant  la  chapelle.  Il  leur  était  permis  d'accompagner  les  per- 
sonnes qui  venaient  les  voir,  jusqu'à  la  maison  de  garde  la  plus  rapprochée 
(Wickhüsel);  mais  ils  ne  devaient  ni  traverser  les  champs  ni  aller  jusqu'à 
la  croix  qui  marquait  la  limite  de  la  banlieue  de  la  ville  (Echterkrülz).  Ils 
pouvaient  mettre  leurs  chevaux  dans  les  écuries  de  l'hospice.  En  cas  de 
nécessité,  les  administrateurs  les  autorisaient  soit  à  se  rendre  en  ville,  soit 
à  faire  des  voyages;  excepté  dans  des  circonstances  graves,  leur  absence 
ne  devait  pas  se  prolonger  au  delà  de  trois  jours;  le  costume  des  hommes 


1.  Archives  de  l'Iirtpital  et  île  Saint-Thomas. 

2.  LiOer  Vitœ.  »Ander  Krommitwuche»  ;  le  mut,  très-usité  à  Strasbourg,  se  trouve 
aussi  écrit  Knimmitivuche.  Sclierz,  p.  835.  Aucune  des  étymologies  proposées  dans  cet 
ouvrage  ne  parait  adjnissible.  Ne  serait-ce  pas  simplement  une  corruiition  de  kunnil- 
iruchc  ? 


—  260  — 

coiisislail  alors  en  un  manlcau  gris  et  un  chapeau  large  en  feutre  gris; 
celui  (les  femmes,  égaleuienl  en  un  manleau  gris  et  un  capuchon  de  même 
couleur,  porté  par-dessus  le  voile.  Ils  pouvaient  débiter  entre  eux  du  vin, 
à  condilion  de  ne  pas  en  vendre  à  des  personnes  saines  et  de  subir  eux- 
mêmes  les  pertes  si  le  vin  se  gâtait  ou  s'il  coulait  du  tonneau.  Il  leur  était 
même  pei'inis  d'avoir  des  domesti(|ues  particuliers,  mais  pour  les  engager 
ou  les  renvoyer  ils  avaient  besoin  du  consentement  des  administrateurs. 

Les  pauvres  du  Schnelling,  auxquels  il  était  interdit  de  se  tenir  sur  la 
grande  route  el  de  poser  devant  la  porte  des  chaises  avec  des  plats,  invi- 
tant les  passants  à  déposer  des  aumônes,  pouvaient,  l'après-midi,  aller 
memlier  en  ville  au  nombre  de  deux  et  dans  un  costume  pareil  à  celui  qui 
vient  d'être  décrit*.  Maisonleur  défendait  d'entrerdans  les  églises,  de  fré- 
quenter les  marchés,  la  boucherie  et  en  général  les  -endroits  où  il  y  avait 
foule;  c'était  aussi  à  cause  des  foules  qu'ils  étaient  retenus  dans  l'hospice 
lors  de  la  procession  de  la  Fête-Dieu  et  le  jour  où  les  bourgeois,  réunis 
devant  la  Cathédrale,  juraient  fidélité  à  leur  Constitution  {Schwörlay).  On 
leur  permettait,  au  contraire,  de  stationner  comme  mendiants,  près  du  pont 
de  Saint-Arbogast;  c'était  une  tradition,  conservée  depuis  l'époque  où  le 
Schnelling  s'était  encore  trouvé  dansées  environs.  Le  jour  de  sainte  Made- 
leine cinq  d'entre  eux  demandaient  l'aumône  près  de  l'église  de  ce  nom. 
Ce  qu'ils  rapportaient  chaque  soir  était  partagé  entre  tous. 

4.  Mesures  d'ordre  et  de  discipline.  Les  pensionnaires,  riches  et  pauvres, 
juraient  lors  de  leur  admission  d'observer  tous  les  articles  des  statuts  qui 
les  concernaient;  pour  (|ue  ces  articles  ne  fussent  pas  oubliés,  ils  étaient 
écrits  sur  des  tableaux  suspendus  dans  les  salles.  Chacun  était  suivi  de  la 
mention  do  la  peine  (jui  frappait  ceux  qui  le  violaient.  Riches  et  pauvres 
étaient  tenus  de  prier  pour  les  bienfaiteurs  de  l'institution,  d'aller  matin 
et  soir  aux  offices,  de  se  laisser,  le  Jeudi-Saint,  laver  les  mains  et  les  pieds 
dans  la  chapelle,  et  spécialement  de  ne  pas  manquer  la  messe  le  jour  de 
sainte  Sophie;  ce  jour-là  elle  était  chantée  chez  eux  par  les  Franciscains. 
Entre  9  et  10  heures  du  soir  on  devait  être  couché;  il  était  défendu  de  se 
déshabiller  et,  le  matin,  de  s'habiller  dans  la  salle  commune.  Un  malade 
était-il  marié,  l'époux  sain  pouvait  le  visiter  une  ou  deux  fois  par  semaine, 
dans  le  courant  de  la  journée;  le  sain  n'avait  le  droit  de  passer  la  nuit 
chez  raulie,  (|uo  quéuid  celui-ci  gardait  le  lit  pour  cause  de  maladie.  Les 
enfants  avaient  la  permission  de  voir  leur  père  ou  leur  mère,  une  fois  par 
semaine  et  seulement  le  jour.  Quatre  fois  par  semaine  on  chaufl'ait  la 


I.  Il  n'csl  pas  iJil  qu'ils  devaient  avuir  une  crécelle,  mais  c'est  probable. 


—  261  — 

grande  étuve'  et  une  fois  la  pelite  de  la  maison  des  pauvres;  il  élail  défendu 
d'y  enlrcr  la  nuit  et,  le  jour,  d'y  rester  après  que  la  cloclie  eût  sonné  VAvc 
Maria.  Celui  qui  demandait  un  bain  d'eau,  payait  4  deniers  pour  le  chauf- 
fage; si  deux  se  servaient  de  la  même  cuve,  chacun  donnait  3  deniers. 

Les  articles  concernant  la  discipline  morale  étaient  le  fruit  d'une  longue 
expérience;  par  ce  qui  était  défendu,  on  voit  quels  désordies  se  produi- 
saient dans  ces  agglomérations  d'hommes  et  de  femmes  appartenant  à  des 
conditions  diverses  et  privés  deleur  liberté.  Toutes  les  passions  mauvaises, 
l'impudicilé,  la  colère,  la  haine,  l'envie,  la  violence,  l'avarice,  étaient  inces- 
samment sur  le  point  d'éclater  et  prenaient  des  formes  d'autant  j)lus  révol- 
tantes, que  ceux  qui  s'y  livraient  étaient  atteints  d'un  mal  jdus  dégoùtanl. 
Aussi  les  administrateurs  avaienl-ils  réuni  une  série  d'arlicles,  destinés  à 
prévenir  les  scandales  par  la  menace  de  punitions  sévères.  Il  était  défendu 
de  jurer,  de  jouer  pour  de  l'argent,  de  faire  du  tapage  avec  des  instru- 
ments bruyants^  de  chanter  des  chansons  obscènes,  de  s'injuriei-,  de  se 
battre  à  coups  de  poing  ou  de  bâton  ou  avec  des  couteaux;  aux  hommes 
il  était  interdit  de  se  montrer  dans  des  habits  courts,  d'embrasser  des  per- 
sonnes saines,  d'entretenir  des  rapports  avec  les  femmes  de  la  maison  ou 
avec  des  filles  du  dehors  {fahrende  Töchter);  aux  femmes,  de  se  décolle- 
ter et  en  général  de  provoquer  les  hommes;  à  tous  enfin  de  calomnier 
quelqu'un  en  prétendant  faussement  qu'il  avait  la  lèpre. 

Des  mesures  non  moins  sévères  étaient  prises  pour  habituer  les  malades 
à  une  certaine  propreté,  et  pour  les  empêcher  de  propager  la  contagion. 
L'eau  destinée  à  la  cuisine  ou  à  la  boisson  ne  devait  servir  à  laver  ni  les 
linges,  ni  les  mains  ou  les  pieds;  il  élait  défendu  de  jeter  dans  les  cours  et 
jardins  ou  sur  la  giande  route  l'eau  des  bains,  les  emplâtres,  les  linges 
avec  lesquels  on  avait  bandé  des  plaies;  de  verser  l'urine  par  la  fenêtre,  — 
chose  bizarre,  cette  défense  ne  s'appliquait  qu'au  temps  depuis  Pà(|ues  jus- 
qu'à la  Saint-MicheP;  de  puiser  de  l'eau  aux  deux  fontaines  qui  se  trou- 
vaient, l'une  devant  l'Église  rouge,  l'autre  en  dehors  de  la  maison  du 
Schnelling,  et  dont  se  servaient  les  jardiniers  quand  ils  travaillaient  dans 
les  champs;  d'entrer  dans  la  maison  ou  dans  le  jardin  du  chapelain  et  dans 


{.Badstub;  on  y  prenait  des  bains  do  vapeur  pour  provoquer  la  transpiration.  Si, 
après  le  bain,  le  malade  voulait  être  frotté  par  le  domestique,  il  lui  devait  un  denier. 

2.  Pfiffen,  hürnen,  (rummen,  noch  andei-  Gewüle. 

3.  <(  Desglichen  siillcnt  ouch  aile...  nit  schütten  jhrcn  harn  usz  iron  kctmmern  vornan 
noch  hindenaa  für  ir  husz  noch  in  den  garten,  von  Ostern  hisz  sante  Michels  lag,  da/in 
die  gesundete  do  loanddn.  Sil  sollent  die  zit  solir.h.<s  tragen  und  schütten  in  das  sprnch- 
hvsz.  »  On  voit  qu'en  fait  de  propreté  on  n'était  pas  encore  très-exigeant. 


—  ^62  — 

le  chœur  de  la  chapelle;  d'aiTèler  les  gens  qui  de  Schillighcim  se  ren- 
daient aux  marchés  de  la  ville,  de  loucher  les  ohjets  qu'ils  i)orlaient,  de 
IrafKiuer  avec  eux  pour  du  bétail  ou  des  comestibles,  et  en  général  de 
vendre  ou  de  donner  (pioi  cpie  ce  fût  à  des  personnes  saines. 

5.  Employés  et  domestiques.  Dans  chacune  des  deux  parties  de  l'hospice 
la  surveillance  de  l'ordre  et  de  la  discipline  était  confiée  à  un  maître, 
Meister,  pour  les  hommes,  et  à  une  maîtresse,  Meisterin,  pour  les  femmes, 
sous  l'aiilorité  des  administrateurs.  Ce  n'est  pas  un  des  faits  les  moins 
curieux  dans  l'histoire  de  l'instilution,  que  ces  surveillants  étaient  pris 
parmi  les  pensionnaires  et  choisis  par  eux-mêmes;  leur  communauté. 
Gemeine,  formait  sous  ce  rapport  une  vraie  république.  Quand  celle-ci 
était  mécontente  d'un  maître  ou  d'une  maîtresse,  elle  en  prévenait  les 
Pfleger  qui,  selon  les  cas,  accordaient  ou  refusaient  une  élection  nouvelle. 
Une  fois  élu,  on  n'avait  pas  le  droit  de  décliner  la  cbai'ge  qui,  dans  ce 
petit  monde  mal  disposé,  exposait  à  des  jalousies  et  à  toutes  sortes  de  tra- 
casseries; une  femme,  choisie  en  14-50  pour  être  maîtresse,  voulut  s'y 
soustraire;  elle  ne  céda  que  devant  la  menace  d'être  privée  de  sa  pré- 
bende. 

Maîtres  et  maîtresses  juraient  de  veiller  au  maintien  des  statuts  et  à  la 
conservation  de  tout  ce  qui  aj)partenait  à  l'établissement.  Ils  avaient  chacun 
sa  chambre  particulière,  présidaient  à  table  et  occupaient  dans  la  chapelle 
des  sièges  placés  de  manière  à  leur  permettre  de  voir  ce  qui  se  passait 
dans  l'assemblée.  Quand  éclatait  une  querelle,  ils  devaient  «commander  la 
paix»  ;  dans  les  circonstances  graves,  ils  en  référaient  immédiatement  aux 
administrateurs.  Il  leur  était  défendu  d'introduire  de  leur  propre  chef  des 
coutumes  nouvelles.  Les  maîtresses  avaient  à  examiner  les  effets  des  nou- 
veaux arrivants;  elles  refusaient  ce  qui  n'était  pas  en  bon  état.  Lors  du 
décès  d'un  frère,  le  maître  s'emparait  de  ses  vêtements,  meubles  et  usten- 
siles, pour  les  mettre  à  la  disposition  des  administrateurs;  la  maîtresse 
faisait  de  même  de  la  succession  des  femmes;  oji  a  vu  j)lus  haut  la  desti- 
nation qu'on  assignait  à  ces  objets. 

L'hospice  riche  et  le  Schnelling  avaient  chacun  un  domostique,  appelé 
Klingeler,  sonneur',  nommé  et  assermenté  par  les  administrateurs,  aux- 
quels, ainsi  qu'au  chapelain,  aux  maîtres  et  aux  maîtresses,  il  tlevait  obéis- 
sance. Voici  on  (pioi  consistait  sa  charge:  aller  cha(jue  jour  en  ville,  nnini 
d'une  sonnette  —  de  là  son  nom  —  pour  avertir  les  passants;  recueillir 
dans  un  panier  les  aumônes  en  pain,  et  dans  une  boîte  celles  en  argent  ; 


1.  I,e  m<ïine  nom  parait  «laiis  la  Léproserie  de  Bàlc. 


~  263  — 

fendre  le  bois  pour  les  cuisines;  en  hiver  chauffer  le  malin  et  le  soir  les 
salles  communes;  fermer  le  soir  les  portes  et  les  fenêtres  et  les  ouvrir  le 
matin;  nettoyer  les  cours;  aider  à  préparer  les  provisions';  acheter  le  vin, 
soit  au  marché,  soit  sur  les  bateaux  près  de  la  Douane  ou  dans  les  caves 
des  marchands;  faire  le  service  des  étuves  et  des  bains.  Il  n'était  tenu  à 
rien  envers  les  malades  qui  dans  l'enclos  habitaient  des  maisons  parlicu- 
liéres.  Il  concourait  à  la  surveillance  de  la  discipline ,  et  devait  prévenir 
les  Pßeger  chaque  fuis  qu'il  remanpiait  un  désordre,  un  attentat  aux 
mœurs,  une  querelle,  un  jurement,  un  jeu  défendu,  etc.  Le  pain  et  l'argent 
qu'il  rapportait  chaque  jour  étaient  distribués  à  la  fin  de  la  semaine  entre 
les  malades.  Son  salaire  se  composait  d'autant  de  pain  qu'il  pouvait  man- 
ger de  celui  qu'il  collectait  et  d'une  part  d'argent  égale  à  celle  de  chacjue 
pensionnaire,  de  1  livre  15  deniers  par  trimestre,  de  26  deniers  tous  les 
quinze  jours  pour  sa  nourriture,  de  1  schilling  par  an  pour  son  éclairage, 
de  5  schillings  poui'  un  habit  de  travaiP,  de  2  schillings  pour  un  pantalon 
et  de  2  pour  une  paire  de  souliers;  chaque  homme  nouvellement  admis  à 
l'hospice  lui  devait  18  deniers,  chaque  femme  1  schilling;  à  la  Chande- 
leur le  chapelain  lui  devait  un  cierge. 

Un  autre  employé  était  chargé  de  faire,  au  nom  du  Saint-Esprit,  des 
quêtes  dans  les  rues  et  dans  les  églises,  dans  ces  dernières  surtout  lors  de 
funérailles  et  d'anniversaires^;  il  demandait  de  l'argent,  de  la  cire  et  des 
cierges;  pendant  le  carême  les  boui'geois  lui  donnaient  des  œufs  de  l'àques. 
On  faisait  trois  parts  de  ce  qu'il  rapportait  en  fait  d'argent  et  d'œufs,  une 
j)Our  les  pensionnaires  riches,  une  pour  ceux  du  Schnelling,  une  troisième 
pour  lui-même;  quant  à  la  cire  et  aux  cierges,  il  en  prenait  un  tiers,  le 
reste  était  pour  le  chapelain. 

Les  servantes,  Äi^^/er/nnc//,  étaient  engagées  et  assermentées  de  la  même 
manière  que  les  Klingeler.  Chaque  soir  elles  demandaient  aux  malades  si 
le  lendemain  ils  avaient  des  commissions  à  faire  en  ville;  elles  partaient 
de  bon  matin,  afin  d'être  de  retour  à  temps  pour  s'occuper  des  travaux  de 
la  cuisine  et  du  ménage.  Celle  du  Schnelling  lavait  le  linge  du  chapelain, 
qui,  à  cet  effet,  lui  donnait  par  trimestre  4  schillings.  Le  salaire  de  ces 
domestiques,  dont,  outre  celle  du  Schnelling,  une  était  attachée  à  la  mai- 


1.  Den  gumpost   siede/i.    Giimposl,    compositum,    choucroute    et    autres    légumes 
coiilits. 

2.  Schanz,  sorte  de  l)louse  ou  de  tunique  eu  toile  grossière,  comme  eu  portaient  les 
paysans. 

3.  A  Bàle  ce  quêteur  s'appelait  der  Bitter. 


—  264  — 

son  des  hommes  et  une  à  la  maison  des  femmes,  était  à  peu  près  le  même 
que  celui  du  sonneur'. 

6.  État  moral.  Il  a  été  dit  plus  haut  que  les  lépreux  admis  à  l'hospice 
juraient  de  se  conformer  aux  statuts  disciplinaires,  et  que  ceux-ci,  écrits 
sur  des  tableaux,  étaient  sans  cesse  devant  leurs  yeux;  cela  ne  les  em- 
pêchait pas  de  sans  cesse  les  violer.  Qu'on  se  représente  la  société  réunie 
dans  ces  maisons!  Ony  rencontrait  pêle-mêle  des  gens  honnêtes,  qui  avaient 
peut-être  pris  le  mal  en  s'approchant  d'un  lépreux  par  charité,  des  débau- 
chés qui  se  l'étaient  attiré  par  le  vice,  des  malheureux  qui  le  devaient  à 
l'insalubrité  de  leurs  demeures;  la  séparation  d'avec  le  monde,  la  néces- 
sité de  passer  la  vie  dans  un  milieu  infect,  l'idée  désolante  d'être  censé 
incurable,  aigrissaient  les  caractères;  en  général,  d'ailleurs,  les  mœurs 
étaient  plus  grossières  que  polies.  Il  y  avait  parmi  nos  lépreux  des  hommes 
et  des  femmes  des  premières  familles  de  Strasbourg;  au  quinzième  siècle 
on  rencontre  le  chevalier  Hamann  de  Wickersheim,  les  nobles  {Junker) 
Jean  et  Nicolas  de  Duntzenheim,  Henri  deBerstett,  Jean  Sturm  de  Sturm- 
eck,  Frédéric  Büchsener,  Gaspard  Böckelin,  les  riches  bourgeois  Diebolt 
Dritzehn,  Nicolas  Mosung,  Gaspard  Klobelouch,  les  dames  Susanne  Pfaffen- 
lap.  Glaire  zum  Stauff,  etc.  On  trouvait  en  outre  des  prêtres,  des  moines, 
des  religieuses.  Ceux  de  la  noblesse  étaient  souvent  les  plus  turbulents  et 
les  plus  insoumis. 

Quiconque  dans  la  maison  s'apercevait  d'une  infraction  à  la  règle,  devait 
la  dénoncer  au  maître  ou  à  la  maîtresse,  qui  à  leur  tour  avaient  à  en  pré- 
venir les  administrateurs,  sous  peine  d'être  exclus  pour  un  an.  Aussitôt 
prévenus,  les  Pßeger  se  rendaient  à  l'hospice ,  faisaient  venir  l'accusateur 
et  l'accusé,  entendaient  la  plainte  de  l'un  et  la  défense  de  l'autre,  et  jugeaient 
soit  d'après  le  règlement,  soit  selon  «leur  meilleure  intelligence».  Les 
peines  étaient  proportionnées  aux  délits  :  ceux  qui  quittaient  la  cour  sans 
permission,  étaient  exclus  pour  un  an  s'ils  étaient  pensionnaires  riches,  pour 
six  mois  s'ils  demeuraient  au  Schnelling;  les  impudiques  et  les  voleurs 


1.  Les  deux  servantes  de  l'hospice  riche  avaient  chacune  tous  les  quinze  jours  4  schil- 
lings, chaque  trimestre  2  '/»  schillings,  par  an  3  schillings  pour  une  paire  de  souliers  et 
pour  l'éclairage;  du  pain  rapporté  par  le  Klingeler,  on  leur  donnait  une  portion  égale  à 
celle  des  malades;  la  servante  des  hommes  recevait  de  chaque  nouvel  arrivant  1  schil- 
ling, celle  des  fenmics,  de  chaque  femme  admise  18  deniers;  à  la  Chandeleur,  le  chape- 
lain leur  devait  à  chacune  un  cierge.  La  servante  du  Schnelling  avait  18  deniers  par 
trimestre  et  8  schillings  par  an,  de  chaque  nouvel  arrivant  6  deniers,  un  cierge  à  la  Chan- 
deleur, autant  de  pain  qu'elle  pouvait  manger.  Les  lépreux  étrangers,  passant  la  unit  an 
Schnelling,  lui  donnaient  1  denier  à  titre  de  schlollgolt. 


—  265  — 

l'étaient  pour  toujours.  Ceux  qui  se  rendaient  coupables  de  blessures  fï^iaves 
ou  de  meurtre,  étaient  livrés  au  magistral.  Les  infractions  moindres  entraî- 
naient tantôt  la  perte  de  la  prébende  pour  un  temps  plus  ou  moins  long, 
tantôt  le  renvoi  pour  un  ou  pour  deux  mois,  tantôt  de  simples  amendes. 
Celles-ci  le  receveur  les  retenait  sur  les  distributions;  elles  étaient  déjxjsées 
dans  une  caisse  à  part,  et  servaient  à  l'achat  de  cire,  d'huile  et  d'autres 
objets  pour  le  culte. 

Il  existe  un  volume  intitulé  Urleilbuch^  et  contenant  les  sentences  des 
Pßeger  sur  une  foule  de  cas;  les  plaintes  les  plus  fré(]uenles  se  rapportent 
à  l'impudicité,  au  jeu,  aux  jurements,  à  des  (|uerelles  et  surtout  à  des 
injures  entre  femmes.  C'est  là  qu'on  apprend  à  connaître  la  vie  intérieure 
d'une  léproserie  du  moyen  âge;  l'impression  (|u'on  en  reçoit  n'est  pas 
réjouissante.  Parmi  les  sidns  ou  les  beaux,  comme  on  les  appelait,  il  y 
avait  peut-être  autant  d'hommes  vicieux  que  parmi  les  lépreux;  mais  on 
est  particulièrement  attristé  en  voyant  la  corruption  morale  régner  au 
milieu  de  gens,  qu'un  malheur  commun  aurait  dû  rendre  plus  résignés  et 
plus  charitables.  Je  ne  citerai  qu'un  petit  nombre  d'exemples,  choisis  au 
hasard. 

En  14'40,  Jean  Sus,  dit  Wasenecker,  profère,  dans  une  dispute  avec  la 
servante,  d'afîreux  jurements^;  il  est  puni  d'une  amende  de  C  schillings. 
En  1461  Jean  Bernhard,  du  Schnelling,  et  Christine,  la  maîtresse  de 
cette  maison,  convaincus  d'avoir  vécu  ensemble,  sont  chassés  et  jurent  de 
ne  plus  se  montrer  dans  la  banlieue  de  Strasbourg.  En  l^G^  Jean  Schult- 
heiss  va  sans  permission  en  ville  au  Marché  aux  Chevaux;  une  autre  fois  il 
joue  aux  quilles  pour  de  l'argent  dans  la  cour  même  de  l'hospice;  il  est 
privé  pour  deux  mois  de  sa  prébende,  puni  d'une  amende  de  5  schillings, 
et  obligé  d'acheter  pour  l'argent  qu'il  a  gagné  deux  cierges  pour  la  cha- 
pelle. En  1467  un  malade  garde  pendant  cinq  nuits  sa  femme  auprès  de 
lui;  il  perd  pour  six  mois  sa  prébende,  mais  peut  rester  dans  la  maison. 
En  \^1\  le  noble  Jean  Sturm  se  rend  un  matin  en  ville,  pénètre  dans  sa 
maison,  maltraite  sa  femme,  la  contraint  à  se  sauver  par  une  fenêtre,  et 
emporte  de  l'argent  et  des  bijoux;  les  administrateurs  le  font  emprisonner; 

1.  Manuscrit  ea  papier,  fol.  Archives  de  la  ville. 

2.  Il  jura  par  boxlung,  les  poumons  de  Dieu.  On  avait  riiai)itude  de  jurer  par  les  mem- 
bres du  Christ;  au  lieu  du  génitif  gots,  on  disait  bolz  ou  box;  de  là  l'exciamatiou  alle- 
mande i)o^z.  Eu  1379  un  chevalier  strasbourgeois  jura  in  sermo7ie  vulgari  per  membrum 
virile  Dei.  Geiler,  Brant,  Murner  ont  de  nombreux  exemples  de  ces  locutions  sacriR'ges: 
Botz  Blul,  Lung,  Leber,  Buch,  etc.  Dans  les  formes  françaises  corbleu ,  paluambleu ,  bleu 
est  pour  Dieu,  corps  de  Dieu,  par  le  sang  de  Dieu. 


—  266  — 

comme  il  jure  de  se  leiiii' trniiqiiille,  il  peut  revenir  à  l'hospice;  il  y  rentre 
arme  d'une  épée  dont  il  menace  les  frères,  sur  quoi  on  lui  fait  remise  de 
30  livres  qu'il  devait  encore,  et  il  prêle  serment  de  quitter  la  banlieue. 
En  1472  Frédéric  ßüchsener,  écuyer,  est  insolent,  tire  l'épée  contre  le 
maîlre,  conduit  son  cheval  à  l'abreuvoir  près  de  la  porte  de  Pierres,  s'écrie 
qu'il  voudrait  que  Dieu  frappât  d'épilepsie  les  magistrats  et  bourgeois  de 
Strasbourg;  il  est  mis  en  prison  et,  après  avoir  juré  de  garder  la  paix, 
obligé  de  quitter  l'hospice.  En  1475  un  des  pauvres  du  Schnelling,  Œbcr- 
lin,  est  surpris  avec  une  fdle;  on  l'expulse  en  le  faisant  jurer  de  s'éloigner 
de  la  banlieue.  En  1  iTO  Anne,  la  femme  de  l'imprimeur  Henri  Knoblilzer', 
insulte  les  frères  et  les  sœurs,  n'écoule  pas  les  réprimandes,  dit  des  injures 
aux  administrateurs;  elle  est  renvoyée;  etc. 

3.  La  Léproserie  jusqu'à  sa  suppression. 

Outre  la  grande  Léproserie  de  Rothenkirchen,  le  magistral  de  Stras- 
bourg en  entretenait  une  plus  petite  à  lllkirch,  dont  depuis  1418  il  était  le 
seigneur.  Elle  existait  au  moins  depuis  le  quatorzième  siècle;  en  1357  il 
est  fait  mention  près  d'illkirch  d'un  Malatzhuhel,  colline  des  lépreux.  Quand 
le  village  eut  passé  sous  la  souveraineté  de  Strasbourg,  l'administration  de 
l'établissement  fut  confiée  aux  Pjlcger  de  celui  de  Rothenkirchen.  On  ne 
devait  y  recevoir  que  des  malades  d'illkirch,  de  Grafenstaden  et  de  Saint- 
Oswald^  Quand  il  ne  s'en  trouvait  pas,  on  y  transférait  un  ou  deux  des 
pauvres  du  Schnelling,  ou  l'on  y  donnait  asile  à  un  lépreux  étranger.  Dans 
le  cas  que  la  maison  était  habitée  par  plusieurs  frères,  un  seul  d'entre  eux 
avait  le  droit  d'aller  mendier  en  ville,  en  suivant  un  chemin  indiqué  par 
les  administrateurs  :  il  entrait  par  la  porte  des  Carmes',  passait  près  de 
l'église  de  Saint-Nicolas,  suivait  le  quai  et  la  ruelle  de  Ilorneck,  traversait 
une  partie  du  Finckwillcr  et  ressortait  par  la  porte  de  Sainle-Élisabclh.  Il 
paraît  que  cet  établissement  fut  supi)rimé  dès  avant  la  lin  du  (juinzième 
siècle;  à  partir  de  cette  époque  on  n'en  trouve  plus  de  trace  dans  les  docu- 
ments. 


1.  C'est  sous  ce  nom  qu'il  paraît  dans  la  sentence,  ainsi  que  dans  une  de  ses  publica- 
tions de  1484.  Dans  d'autres  livres  imprimés  par  lui,  il  est  appelé  Knoblochzer.  Schœpf- 
tin,  Vindiciœ  (ypogr.,  p.  108,  dit:  Filins  ejus  fuisse  videtur  Joh.  Knobloch ,  nomine 
païUulum  ad  euphoniam  viitigato.  Cette  supposition  est  contredite  par  le  fait  que  Jean 
Knobloch  était  de  Zofingen  et  qu'il  devint  bourgeois  de  Strasbourg  pour  avoir  épousé 
en  1501  la  veuve  de  l'imprimeur  Martin  l'iacli. 

2.  Aujourd'hui  Ostwald. 

3.  Unser  FrowcnbiüdciUior,  porte  de  l'IlùjMtal, 


—  267  - 

Au  commencement  du  seizième  siècle  le  mng-islrnl  pril  des  mesures  pour 
empêcher  la  circulation  des  lépreux  en  ville;  en  152.)  il  leur  défendit  de 
demander  l'aumône  dans  les  rues;  les  deux  Kimgelcr  ne  devaient  jdus 
quêter  ni  de  l'argent,  ni  du  pain  ou  des  œufs  de  Pâques.  Kn  comj)ensalion 
le  receveur  reçut  l'ordre  de  distribuer  aux  pensioiuiaiies  riches,  à  chafjue 
homme  deux  pots  de  vin  par  semaine  et  tous  les  quinze  jours  U  schillings 
pour  améliorer  la  cuisine,  Küchenspeiss;  à  chaque  femme  8  schillings,  à 
chaque  domestique  1  denier  pai'  jour  pour  du  pain,  et  tous  les  (juinze 
jours  2  schillings  3  deniers  pour  In  nourriture;  à  chaque  pauvre  du  Schnel- 
ling  i  schilling  par  jour  pour  du  pain  et  deux  pots  de  vin  par  semaine. 
Gela  souleva  des  plaintes,  mais  le  magistrat  maintint  son  règlement;  il  se 
borna  à  réparer  les  bâtiments,  de  manière  à  rendre  le  séjour  un  peu  plus 
confortable.  A  partir  de  1536  on  put  faire  encore  davantage;  la  situation 
financière  fut  améliorée  par  l'abandon  à  la  Léproserie  des  propriétés  du 
couvent  des  Dominicains.  Les  cinq  derniers  moines  lui  cédèrent  leur  maison 
et  leurs  revenus;  les  administrateurs  se  chargèrent  de  la  pension  viagère 
de  ces  religieux.  L'hospice  n'ayant  pas  besoin  du  monastère,  le  magistrat 
le  donna  en  1538  au  Gymnase.  Je  n'ai  pas  l'intention  de  suivre  l'his- 
toire de  nos  lépreux  jusqu'au  bout;  aussi  bien  n'offre-t-elle  plus  qu'un 
intérêt  médiocre;  l'administration  continua  d'être  exercée  par  une  com- 
mission de  trois  membres;  les  statuts  restèrent  en  général  les  mêmes 
qu'au  moyen  âge.  La  maladie  finit  par  disparaître,  de  sorte  qu'en  1078  on 
put  démolir  les  bâtiments;  en  1082  les  biens  furent  incorporés  à  l'ordre  de 
Saint-Lazare,  qui  les  garda  jusqu'en  1093;  cinq  ans  plus  tard  on  les  unit  à 
ceux  de  l'hôpital,  dont  ils  font  partie  encore  aujourd'hui'. 

4.  Lépreux  étrangers. 

Le  lecteur  se  souvient  que,  pour  être  reçu  à  la  Léproserie  de  Stras- 
bourg, il  fallait  être  bourgeois  de  la  ville.  Le  magistrat  ne  se  croyait  pas 
obligé  de  laisser  des  étrangers  jouir  des  avantages  d'une  institution,  fon- 
dée et  entretenue  par  la  libéralité  des  Slrasbourgeois  et  qui,  dès  l'origine, 
n'était  destinée  qu'à  servir  d'asile  à  des  indigènes,  forcément  expulsés  de 
la  cité. 

Parmi  les  nombreux  mendiants  qui  au  moyen  âge  parcouraient  le  pays, 
beaucoup  étaient  des  lépreux.  C'étaient  des  gens  originaires  de  villages  où 
il  n'y  avait  pas  de  maisons  pour  recevoir  les  Feldsiechen,  comme  ils  étaient 


1.  Le  nom  du  Gattütehus  s'est  conservé  dans  celui  qu'à  Strasbourg  ou  donne  au  cime- 
tière de  Sainte-Hélène,  Gutliite,  Gotlilte. 


—  268  — 

qualifiés  chez  nous;  on  les  chassait,  chacun  les  fuyait,  on  refusait  d'acheter 
ce  qu'ils  offraient;  renvoyés  de  partout,  ils  menaient  une  vie  de  vagabon- 
dage et  de  misère.  Le  même  agent  qui,  à  Strasbourg,  devait  en  informer 
les  administrateurs  quand  un  bourgeois  était  soupçonné  d'être  atteint  delà 
lèpre,  était  chargé  aussi  d'arrêter  et  d'éloigner  les  lépreux  étrangers;  s'ils 
résistaient  à  ses  injonctions,  ils  étaient  enfermés  dans  une  des  tours,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  eussent  juré  de  quitter  la  ville  et  de  ne  plus  y  rentrer.  Cepen- 
dant on  leur  accordait  quelques  Hcences;  le  jour  de  sainte  Madeleine  cinq 
d'entre  eux  avaient  le  droit  de  demander  l'aumône  devant  la  porte  de 
l'église  des  Pénitentes;  tous  ceux  enfin  qui  se  présentaient  pouvaient  assis- 
ter au  repas  donné  le  mercredi  de  la  Semaine- Sainte  par  le  chapitre  de 
Saint-Pierre-le-Jeune.  Là  ils  étaient  sous  la  surveillance  de  l'agent  sus- 
mentionné; quand  il  sonnait  3  heures,  il  les  faisait  sortir  par  la  porte  de 
Pierres. 

Dans  l'hospice  de  Rothenkirchen  il  était  défendu  d'inviter  au  repas  com- 
mun des  lépreux  étrangers,  à  moins  que  la  communauté  n'y  consentît;  si 
elle  s'y  opposait,  celui  qui  invitait,  devait  aller  avec  son  hôte  au  Schnel- 
ling.  C'est  là  aussi  qu'on  pouvait  héberger  pour  une  nuit  un  étranger;  si  la 
maladie  ou  le  mauvais  temps  l'empêchaient  de  continuer  sa  route,  on  le 
gardait  plus  longtemps,  mais  il  fallait  une  permission  expresse  des  Pfleger. 
Le  Schnelling  était  en  quelque  sorte  l'hospice  pour  les  lépreux  passants, 
comme  V Elenden-Herbergc  était  celui  des  voyageurs  pauvres. 

Le  magistrat  veillait  avec  un  soin  rigoureux  à  ce  qu'il  n'y  eût  pas  d'autre 
léproserie  trop  près  de  la  ville.  11  ne  permettait  pas  que  les  communes  de 
Lingolsheim,  d'Ikkbolshcim  et  de  Ilausbergen  en  établissent  du  côté  de 
Strasbourg;  s'il  leur  en  fallait,  elles  devaient  les  bâtir  au  delà  des  villages, 
n'y  recevoir  que  leurs  propres  malades  et,  quand  elles  n'avaient  plus  d'ha- 
bitants, les  brûler  «conformément  à  l'ancien  usage».  Il  paraît,  d'après 
cela  que,  quand  un  paysan  prenait  la  lèpre,  la  commune,  quand  elle 
n'avait  pas  de  léproserie  permanente,  élevait  pour  lui  une  hutte,  qu'on 
pouvait  facilement  faiie  disparaître;  on  la  détruisait  par  le  feu,  afin  de 
détruire  en  même  temps  les  germes  de  l'infection.  En  1450  le  magistrat 
de  Strasbourg  eut  à  se  plaindre  de  la  commune  d'Eckbolsheim,  (jui  avait 
érigé  une  «maison  de  bonnes  gens»  du  côté  de  la  ville;  on  y  recevait  pour 
de  l'argent  des  lépreux  d'autres  localités  et  on  les  laissait  aller  et  trafiquer 
jusque  dans  le  faubourg  Ulanc.  Le  seigneur  d'Eckbolsheim  était  le  chapitre 
de  Saint-Thomas;  leclievalier  Henri  de  Miilnlieim,  avoué  {Vogl)  du  village, 
intercéda  auprès  des  Slrasbourgcois,  promettant  (ju'on  n'admeltrail  j)lüsde 
nouveaux  jtensionnaires,  et  qu'après  l'extinction  des  onze  qui  se  trouvaient 


—  2C9  — 

acliiellemenl  dans  la  maison,  colle-ci  serait  hiûlée.  I.e  maf,nslral  y  con- 
sentit; en  l^GS,  le  nunibie  des  malades  étant  réduit  à  sept,  on  décida  d'at- 
tendre encore  un  an;  après  ce  délai,  Eckholslieini  serait  sonuné  d'établir 
un  autre  hospice  plus  éloigné  de  la  ville,  et  de  ne  plus  y  admettie  (|ue  des 
sens  de  la  commune  '.  La  suite  de  cette  affaire  m'est  inconnue. 

11  serait  intéressant  de  recueillir  dans  les  archives  communales  de  la 
Basse-Alsace  les  données  sur  les  léproseries  de  campagne;  je  ne  puis  que 
constater  ici  qu'outre  celles  des  villes  de  Schlestadt,  de  Saverne,  d'Ober- 
nai,  de  Haguenau,  de  Molsheim,  de  liosheim,  j'ai  trouvé,  du  treizième  au 
quinzième  siècle,  la  trace  de  maladreries  dans  les  banlieues  d'une  tren- 
taine de  communes.  (Iclui  (|ni  (»oilorait  son  attention  sur  ce  sujet,  (|ui  est 
un  des  côtés  les  moins  connus  des  mœuis  du  moyen  âge,  rendrait  un  vrai 
service  à  notre  histoire  provinciale. 

1.  Urteilbuch. 

Charles  Schmidt. 


URKUNDLICHES 


ELS.ESSISCHEN  KUNST-  UND  CULTURGESGHICHTE. 


I. 

1408. 

Den.  wisen.  fürsichtigen,  dem,  Ammanmeister  vnd  gemeinen  rate 
der  statt  ze  Strazzburg  vnsern  guten  fründen  entbieten  wir  vnser 
willig  dienst  in  allen  saclien.  Lieben  herren  :  wir  tùnd  üwerer  wiss- 
heit  ze  wissen,  daz  zwen  klaiue  kirchlin  vfF  dem  Land  nit  verre 
von  vnser  stat  gelegen  sint ,  die  ain  kirch  ist  genannt  Sigmarzelle 
vnd  die  ander  Roggenzelle,  ze  denselben  kirchen  het  gedient,  ain 
fremder  pfaflf  vnd  hat  die  selben  zwai  kirchlin  et  wilang  besungen, 
vnd  am  lesten  do  het  er  sich  vnfrüntlich  dannen  geschaiden.  vnd 
het  sich  haimlich  uff  gemacht  vnd  het  mit  ime  hingetragen  zwai 
buch,  ietweder  kirchen  ains.  der  buch  ist  ains  rot  vnd  das  ander 
wiss.  Des  (?)  ist  kuntschaft  komen.  wie  daz  dieselben  buch  komen 
sien  in  unser  statt  gen  Strazzburg  vnd  ligint  hindcr  ainen  schriber 
ist  genant  Peter  von  Ilaselo.  der  die  bûcher  verkauft,  vf  den 
greden  ze  vnser  frowen  Münster,  der  wolt  nü  der  buch  nit  wider- 
geben ,  denne  daz  er  och  gelt  darum  wolt.  Bitten  wir  uwer  wissheit 
mit  ernst  vüssig  daz  ir  alz  wol  tun  wollen,  durch  gottes  willen  vnd 
och  durch  unsern  willen,  vnd  mit  demselben  Peter  von  Ilaselo 
schaffint  vnd  in  zu  wisent,  daz  er  die  zwei  buch  den  armen  kirchen 
wider  lazz  volgen  vmb  ain  beschaiden  gelt,  vnd  die  buch  antwurt 
\iu\  gebe  diesem  boten  von  der  gewisser  Ijot  darumb  ist.  daz  wollen 


-  271  — 

wir  in  allen  Sachen  vmb  uwer  wissheit  mit  willen  vnd  mit  vlizz 
gedienen.  Datum  feria  seeunda  ante  Vrbani  anno  domini  MCCC(J 
octavo. 

Von   vns  den 
von   Lindow. 
Pergament  ohne  Siegel.  St.  A.  Frauenhaua.    -  K. 

II. 

Fridrich    von    gottes    gnaden    Marggraf    zu    Baden,    Thumherr    vnd 
Portener  des  hohen  Stifft  zu  Straszburg  etc. 

Unsern  früntlichen  gruz.  Zuvor  ersamen  fursichtigen  vnd  wyszcn 
lieben  besondern.  Wir  sind  ungezwifelt.  Ir  wissend,  als  auch  vnver- 
dechtlich  herkomen.  Vnd  allweg  also  gehalten  worden  ist  wie  ein 
Porttener  der  hohen  Stifft  Straszburg ,  der  wir  ytzt  sind,  vnder 
andern  gerechtigkeit  vnd  fryheyten  sins  ambts,  euch  hatt  zu  be wa- 
ren vnd  zu  verwalten  ettliche  gewychte  stett,  desselben  stiffts  zum 
Münster  gehörig,  der  selben  gerechtigkeit  sich  auch  fast  nyemand 
anders  hat  zugebrauchen.  Vber  das  werdett  vns  furbracht.  Ir  habend 
kurtzlich.  vns  inn  solliche,  vnnser  gerechtigkeit  gegriflfen.  vnd  vns 
oder  den  vnnsern,  die  vir  doch  alweg  inn  vnnserm  hofe  by  ych  zu 
Straszburg  haben,  vnanbracht  die  jhenen,  so  vff  den  grefen  des 
benanten  Münsters  hiszher  hant  gepflegen  biichere  feyle  zu  haben , 
vnd  zu  uerkauffen,  da  dannen  getrieben.  Des  wir  vns  nach  dem  Ir 
wissent,  das  vch,  als  leyen,  nit  zusteet,  solliche  gefrey te,  gewychte 
stette,  nyemand  zu  verbietten  oder  zuherlauben ,  nit  versehen 
betten.  So  ist  es  ouch  nit  ein  fremde,  oder  nuwe  furnemen.  sonnder 
an  andern  enden,  vff  vil  stifften.  Auch  gewonlich  das  man  an  sollichen 
steten,  vor  den  greten  vnd  kirchthüren  buchere  feyle  hatt.  Vnd  die 
an  den  enderi  loeysz  zu  finden.  Darvmb  so  bitten  wir  vch  mit  frunt- 
licher  begirde.  Ir  wollet  vns  nit  mynder  achtten.  dann  vnser  vor- 
faren.  by  uch  gehalten  vnd  gelassen  worden  sind.  Sunder  uwer 
obgemelt  furnemen  gutlich  widder  abstellen  vnd  vns  Inn  vnnser 
freyheit  vnd  gerechtigkeit  keynen  inbruche  machen  ,  dann  wo  das 
nit  geschee ,  das  wir  vch  nit  wollen  getreuwen ,  so  musten  wir  es 
darfür  haben,  das  sollich  nuwerung  gegen  vns  vsz  sonndern  widder 
willen,  anders  dann  gegen  allen  vnsern  vorfaren  on  not  fürgenomen 
würde  das  vns  nit  hob.  auch  widder  vnnser  gut  getruwen  were,  so 
wir  biszheer    zu    vch    gehabt    vnd  noch  haben ,  das  ir  vns   ee  sollen 


—  272  — 

hilfflich  syn.  Unnserm  ampt  sin  vnnerdechtliche  gerechtigkeit  vnd 
frcyheit  zu  Lehalten.  vnd  zii  hanthaben,  dann  des  abbruch  zfi  tunde. 
vnd  begern  hervfF  uwer  verschriben  antwurt.  Datum  Tryer  vfF  frytag 
nach  dem  sonntag  Cantate  Anno  MCCCCLXXXIF. 

Den  ersamen  fürsichtigen  vnd    wyszen    vnnsern    lieben    besondern 
Meister  vnd  rate  der  stat  Straszburg  (1482). 

Stadtarchiv. 

Die  beiden  Urkunden  sind  interessant  für  die  Geschichte  des  Buch- 
handels in  Strassburg.  —  Friedrich  von  Baden  war  Canonicus  in 
Trier,  s.  Hontheim ,  Eist.  dipl.   Trev.,  II  470  f.  (J.  1483). 

III. 

Vff  den  karfritag  als  man  die  passion  In  dem  münster  bredigte 
do  wart  ein  gross  vfif  wüschen  vnd  gelaiff  in  dem  volck,  des  schellen 
lüten  halp,  so  der  wahter  vff  dem  münster  det ,  vmb  daz  din  zit 
glock  still  stunt  vnd  nit  slug,  nû  ist  die  vrle  kurtzlich  aber  stille 
gestanden,  das  die  glock  über  nit  geslagen  hat,  des  halp  das  die 
münster  knelit  nit  allewegen  hin  uff  gan  mögent,  zu  der  urle  steten 
zu  sehen ,  als  doch  (?)  die  wahter  aber  in  einer  so  steten  vff  dem 
turn  sint  wol  do  zu  sehen  vnd  fürderung  do  zu  getan  mögent  vnd 
obe  sü  es  an  dem  anfange  nit  wol  kundent,  so  sint  sie  es  doch 
bald  zu  leren,  daz  ir  einer  es  so  wol  kund  als  der  münster  kneht, 
dann  es  ist  nit  ein  gross  kunst,  sonder  gar  bald  geleret,  nuwent 
von  zu  sehen  vnd  von  eim  oder  zwein  shehten  zoigen ,  vnd  were 
ein  notdurfft  daz  solichs  würde  geordnet  vnd  daz  den  wahtern  auch 
geben  würde  ein  slüssel  zu  der  vrley  vnd  daz  ouch  jeglich  teil 
bliben  solt  by  dem  alten  lone  vnd  das  die  münsterkneht  nit  deste 
mynd  zu  der  vrley  fürbas  sehen  vnd  das  beste  tun  solten. 

Stadtarchiv.  Ohne  Datum.  Schrift  des  15.  Jahrhunderts. 


IV. 

Ich  Ulrich  Storck  einer  gnedigen  herrschaft  Rapoltzsteiner  statt- 
schaffen zii  Rapoltzwiller  thun  kundt  mengelichen  Das  uff  hût  datum 
dis  brieffs  für  mich  komen  vnd  erschienen  ist  der  ersam  meister 
Lorentz  der  bilJsrhnider  burger  zu  Rapoltzwiller  vnd  öffnet  vor  mir 
aida    wie    das    ime   Virich  vnd  Lorentz  die  kellern  gebruder  burger 


—  273  — 

zu  Vossen  etwas  gelts  schuldig  weren  lut  der  verscliribung  so  er 
von  inen  hete  vnd  wann  aber  der  erstgenant  meistcr  Lorentz  sunst 
annderer  anliegender  gctchelïten  halbe  dar  innc  als  er  sprach  nit 
gehandelt  könndt  oder  niöcht,  gab  er  aida  vor  mir  sinen  gantzen 
volraechtigen  gewalt  vnnd  macht  Lienharten  Küblern  ein  burger  zu 
Rapoltzwiller  in  der  sach  gütlich  und  rechtlich  ze  handeln  ze  thun 
vnd  ze  losen  nach  sincm  besten  willen  vnd  gcvallen ,  gelopt  ouch 
mir  damit  in  min  hannde  was  durch  den  genanten  Lienhart  Küblern 
also  gehandelt  gethan  vnd  gelaussen  (!)  wirt,  das  stet  vnnd  vestge- 
halten,  getruwlich  zu  volfürn  vnd  dawider  nit  ze  thun  zc  reden 
noch  ze  schafFenn  gethon  werden  in  dehein  wyse  vnnd  ob  er  ouch 
durch  erkenns  oder  sunst  nach  gewonheit  merens  vnd  volkomendens 
gewalts  dann  an  diesem  brieffe  geschribcn  stet  ze  haben  notturftig 
wurde,  den  wolte  er  ime  hiemit  yetz  alsdann  vnd  dann  als  ietz  in 
mos  als  ob  der  hier  inne  von  wort  zu  Avort  gespecificiert  vnnd  ge- 
schrieben stunde  vollkommen  glich  gegeben  haben.  Zu  vrkund  vor- 
gescbribner  Dinge  han  ich  statschaff'ner  obgenannt  min  eigen  Insigel 
gehenckt  zu  end  diser  geschrift  an  disen  brieffe  der  geben  war 
vff  zinstag  vor  sännet  Barthlemes  des  heiligen  Appostels  tag  nach 
Cristi  gepurt  viertzehennhundert  nuntzig  vnnd  acht  jarc. 

Papierhandschrift  des  Stadtarchivs  zu  Rappoltsweiler  (Gg  3,  2). 
Eine  handschriftliche  Notiz  vermuthet,  der  Bildschneider  Lorenz  habe 
das  später  nach  Rappoltsweiler  gebrachte  Muttergottesbild  zu  Dusen- 
bach  geschnitzt. 

Das  genannte  Archiv  besitzt  auch  ein  Inventar  der  Dusenbacher 
Kapelle  aus  dem  Jahre  1750,  das  indessen  nichts  der  Erwähnung 
Werthes  enthält.  Interessanter  sind  die  noch  ins  IG.  und  17.  Jahr- 
hundert hinaufreichenden  Tauf-  und  TodtenhUcher  von  Kappolts- 
weiler.  Die  ersteren  enthalten  zum  Jahre  1635,  p.  288,  den  Tauf- 
act  ßpeners,  der  bereits  bekannt  ist.  Aus  letzteren,  die  bis  1531 
reichen,  und  eine  eingehende  Untersuchung  verdienten,  theile  ich 
Kachstthendes  mit. 

V. 

28  Febr. 

A"   1654  den     ,^  ,, '—  h.  12  11  antem.  auf  öffentlichem  Markte 

10  Mart, 

alhie  mit  dem  Schwerte  gerichtet  Anna  Rosina von ',  weil 

\.  Gräfln  Charlotten  Caramcrmagd. 
T.  X.  —  (M.).  18 


—  274  — 

Sie,  in  Ihr  Gräfl,   Gn.   Gräfin  Charlotten  Gemach,  bey  nächtl.  weile, 
ihr    durch    unzacht    erzieltes    Kindlein,    des    Lebens    vnd  der  Taufe 

beraubet;    nach    dem    Sie    aingezogen    worden,   den  —  Febr.    Starb 

zweifeis  fry  selig,  neben  dem  offenlichen  Zuspruch  des  Hufpr.  Stollij. 
Hie  Actus  hujus  speciei  secundus  erat. 

(Todtenbuch,  p.  589,  n°  59.) 


YI. 

3 

A°  1652  den   -rö  -^^pi'ü  ^i-  1^-  antem.  mit  dem  Schwerte  alhie  auf 
±o 

dem  Markte  gerichtet  A^iiia von   Ostheim,  weil  sie  in  der  Krem- 

pen-Diebolds   Hause    ihr    durch    Unzucht    erzieltes  Kindlein  heimlich 

umgebracht    und    also    des    Lebens    vnnd    der  Taufe  beraubet;   nacli 

11  31 

dem  Sie  seit  dem  — —  Martij  gefangen  gehalten  vnnd  den  -— -  Mart. 

besichert  worden.  Starb,  wiewol  sie  sehr  roh  ins  gefängniss  kam  mit 
feiner  wissenschafft,  guter  andacht  vnnd  slandhaftigkeit,  auf  zwiffels 
fry  selig,  unter  dem  Zuspruch  des  Hofpredigers  Stollii. 

(Eh.,  n'^  54.  Einige  darauf  folgende  Zeilen  sind  ausgelöscht.) 

Das  Wort  hesiehern  ist  meines  ^Vissens  sonst  nicht  nachgewiesen. 
Oheriin- Scherz  hat  hesiebcnen  =  mit  sieben  Zeugen  überführen;  doch 
fehlen  dafür  wie  für  hesihenung  über  das  17.  Jahrhundert  hinaus- 
reichendc  Belege.  Vgl.  Lexer,  Mhd.  Wörterb.,  I   217. 


X.  Kraus. 


BEITRAGE 


GESCHICHTE  DBS  ELSÄSSISCIIEN  ADELS. 


Hierzu    eine    lithographirte    Tnfel. 


I.  JOHANN  VON  ALBE. 

Im  ersten  Bande  der  Bulletins  dieser  Gesellschaft  p.  133  sq.  findet 
sich  ein  Artikel,  betitelt  «Z.e  château  de  Lœîvenstein  >> ,  zu  dessen  Vervoll- 
ständigung die  nachfolgenden  Notizen  dienen  dürften.  Die  zwei  Urkunden 
(im  Bezirksarchiv  des  Unter-Elsass,  Fond  Hanau-Lichtenberg,  subE232ü, 
N°  2)  bezeugen,  dass: 

1)  Die  Familie  von  Albe  noch  141 1  bestand  und  also  nicht  1368 
(nach  Herzog)  oder  1398  (Bulletins  I,  142)  mit  Hans  von  Albe 
auf  dem  Schaffot  erloschen  ist. 

Derselbe  hinterliess  (eventuell  ausser  anderen  Kindern)  zwei 
Söhne,  von  denen  der  Jüngere  nach  dem  Vater,  der  Aeltere 
Thoraan  nach  dem  Dorfe  Berris  (Berns)  in  Lothringen  hiess.  Der 
Letztere  war  Burggraf  zu  Saargemünd. 

2)  Die  Burg  zu  Niedermodern  1405  für  den  minorennen  Johann  von 
Albe  gekauft  und  von  demselben,  nachdem  er  mündig  geworden, 
1411  wieder  verkauft  worden  ist.  Der  Kaufpreis  ist  allerdings  ein 
so  niedriger,  dass  es  den  Anschein  hat  als  sei  die  Burg  sehr 
unbedeutend  oder  in  einem  elenden  Zustande  gewesen.  Zerstört 
war  sie  wohl  nicht,  da  sonst  in  der  Urkunde  der  Ausdruck 
«  Burgstall  »  ffebraucht  worden  wäre. 


—  27C  - 

War  es  Picläl,  flass  Juhniin  die  Burg  kaufte,  in  der  einst  sein  Vater 
gehaust  halle?  Dass  er  (he  Schuld  am  Tode  des  Vaters  der  Siadt  Sirass- 
burg  nicht  vergessen  konnte,  zeigte  er  l^^S,  als  er  in  dem  Kriege  des 
Rischof  WilhehTi  wider  dieselbe,  ihr  im  Verein  mit  dem  Schultheissen  von 
Alben  (Saaralben),  Ileintz  von  Windeberg  und  Bernhart  Fille  von  Geis- 
bollzheim,  Edelknechten,  einen  Absagebrief  schickte,  dessen  Original 
sich  im  Archiv  der  Stadt  Strassburg  findet. 

Urhvnde  I.  i4ü5,  den  iO.  April. 

«  Ich  Johans  Rill  er  sclidflene  zu  Ilagenowe  vergihe  das  vor  mich  kom 
Clawes  wagener  von  Busswilr  vnd  Ennel  sine  eliche  Würtin  vnd  haut  mit 
gesamenter  liant  verkouft  vnd  geben  zu  kouffe  Reht  und  Redelichen 
vnveischeidenlichen  vür  sich  vnd  ire  erben  dem  vesten  Edelknehte 
Thoman  von  Berris  Burggrafen  zu  gemünde  der  es  empfing  von  Johans 
von  albe  sins  brüder  wegen  als  er  mir  verlach  vnd  desselben  sins  brüder 
erben  die  Burg  hüsere  höfe  garten  vnd  hovestetle  mit  allem  gebn  begriffe 
Rechten  Witen  vnd  zugehorden  als  sü  gelegen  sint  zu  Nidermater  vff  der 
.Malern  an  der  Biucke  zwüschent  Hensel  grewel  vnd  der  malern.  Vnd  ist 
dirrc  kouff  gescheen  vmbe  drissig  pfunt  vnd  dirlehalp  pfunt  pfennige 
Stiassburger  genger  vnd  geber  die  sü  von  yme  empfangen  haut  vnd  in 
iren  nutz  kumen  sint  gar  vnd  gentzliche  als  die  vorg.  verkoifTere  vor  mir 
veriachent.  Ouch  haut  sü  globet  vnverscheidenlichen  vür  sich  vnd  ire 
erben  zu  werende  den  vorg.  koiffer  vnd  sine  erben  der  egenanlen  Büi'ge 
hüsere  höfe  garten  vnd  hovestette  Jemerme  Ewiclichen  vür  vnverwidemet 
vnd  vnverseret  vür  vnd  gegen  aller  menglichen  als  ein  Reht  ist  vnd 
disen  kouff  Stete  vnd  veste  zu  hallende  vnde  nemernie  dowider  zulunde 
noch  schaffen  getan  werden  In  keinerleye  weg  ane  allerleye  argelisle 
vnd  geverde.  Ouch  soi  die  vorg.  Burg  hüsere  höfe  garten  vnd  Hoveslelle 
keinen  zins  me  geben  denne  zehen  Schillinge  geltz  den  Herren  zun  Angu- 
stinnern  zu  Ilagenowe  sint  abzulösen  mit  fünff  pfunt  pfennigen  als  die 
vorg.  veikoiffere  vor  mir  veriahenl  Weres  aber  dass  den  vorg.  koiffer 
oder  sine  erben  Jemon  anspreche  oder  bekümberle  von  der  obgen.  Bürge 
hüse  höfe  garten  hovestetle  kouffes  oder  von  ine  zinse  wegen  danne  vor- 
geschriben  Stent  nü  oder  hernach  mit  geistlichem  oder  mit  Weltlichem 
gerillte  was  schaden  Er  oder  sin  erben  des  nement  den  süllent  ynen  die 
obgen.  verkoiffcre  vnd  ir  erben  ouch  allen  vfi'ichlen  ane  AViderrede  vnd 
harufi  liant  sü  sich  veizeigen  viir  sich  vnd  ire  erben  alles  Schirmes  aller 
frilicite  aller  hellTc   vnd  aller  gerillte  creistlichs  vnd   welllichs  '^m\   alles 


-  277  - 

des  keinrelcye  vsgcnunimcii  dümillc  su  uder  ii'  cilicn  sicli  Ijcliclllcn  odci 
beschinnen  rnoîilent  vvider  discn  kouiï  oder  wider  das  in  disem  hrii  If 
geschr.  slat  vnd  des  zii  vrkünde  so  hau  ich  der  vorgeii.  seliön'cii  min 
Ingesigel  gehenckel  an  disen  biiefl"  der  geben  wart  vll"  den  m.lislen 
donreslag  vor  dem  heiligen  oslerlage  do  man  zalle  von  goUes  gehüric 
vierlzehenhunderl  vnd  füidF  Jare.  »  — Das  an  dieser  Pergamenlurkunde 
hängende  Siegel  in  grünem  Wachs  zeigt  einen  qnergelheillen  Schild, 
unten  schräg  sciiraffirl,  oben  ein  wachsender  Feuer  speiender  Löwe  oder 
Drache.  Umschrift:  S.  lOUANNlS  UlTTEU.  Die  Uilter  von  Ilagenau 
führten  sonst  das  Wappen,  wie  es  Herzog  IX,  1G6  giebl,  nämlich  einen 
gespaltenen  Schild,  vorn  ein  kleines  c,  hinten  ein  Stern.  Auf  drm  Helme 
ein  offener  Flug,  im  vorderen  Flügel  ein  e,  im  anderen  ein  Siern.  Der- 
artig ist  das  Siegel  des  Emmerich  Ritter,  Zinsmeisler  der  Pflege  llagenau 
14.83.  Das  Siegel  seines  Ei.l.ijls  Emmerich  Ritler  von  Hagenauw  (nul  dem 
das  Geschlecht  ISüß  im  Mannsslamtn  erlosch;  1505  lebte  ausser  ihm  noch 
sein  Bruder  Florentz,  während  der  älteste  Bruder  Anton  vorher  gestorben 
war)  an  einem  biscliöflichen  Lehenbiiefe  zeigt  dasselhe  Wappen,  nur  fehlt 
im  vorderen  Felde  und  Flügel  das  C,  so  dass  der  Schild  dem  der  Biumalei- 
Ganerbcngeschlechler  gleicht. 

Urkunde  IL  Mil,  den  9.  Jainuir. 

«Ich  Johans  schölte  genant  Weldel  vnd  ich  Günrat  Dangkrotzheim 
schöffene  zu  Hagenowe  Veriehent  das  vor  vns  kam  der  Erber  Edelkneht 
Johans  von  Albe  Johanses  seligen  sun  von  Albe  vnd  het  verkoufl  vnd 
geben  zu  kouffe  Bebt  vnd  Bedelichen  vür  sich  vnd  alle  sine  erben  den) 
erbern  bescheiden  Berhtolt  büchberter  bürger  zu  Hagenowe  vnd  sinon 
erben  die  Burg  büsere  höfe  garten  vnd  hovestette  mit  allem  gebuwe  vnd 
allem  dem  das  daruffe  stal  vnd  mit  aller  zugehörunge  vnd  Behiun 
gelegen  zu  nidermaler  vfl  der  malern  an  der  brücke  zwüschent  Hensel 
grewel  vnd  der  Motern  die  Thoman  \o{\  Berris  Burggrafe  zu  gemünde 
von  des  egenanlen  Johans  von  Albe  sins  brüder  wegen  vor  zilcn  koult 
hat  vmbe  Claus  Wagener  von  Buhswiir  vnd  Ennel  sine  eliclie  würiin  als 
das  lüterlichen  vsswisset  ein  kouffhrieff  den  er  von  ynen  versigell  mit  des 
Erbern  Johans  Rilters  schoflen  zu  Hagenowe  Ingesigel  darüber  hat  den  er 
mit  allen  Rehten  dem  obgcn.  koiffere  Inhendes  geben  hat  vml  die  briele 
vnd  alle  die  ackere  vnd  gülten  die  in  denselben  briefen  geschriben  slont 
die  er  vmbe  die  geistlichen  herren  den  prior  vnd  den  Convenle  des  Clu- 
sters zu  den  Aiiguslinern  zu  Hagenowe  l<oult  hat  Alse  daz  eigentliche 


—  278  - 

vsswiset  der  kouffbriefl  den  er  von  ynen  darüber  liat  versigelt  mit  iren 
vnd  des  Erbern  Cüntzel  Reissers  scliofTen  zu  Ilagenowe  Ingesigeln  den  er 
mit  den  briefcn  die  in  demselben  koufbriefe  gerürt  vnd  benanl  sint  der 
mit  namen  fünfe  sint  der  drie  wisent  über  dirtehalb  pfiint  gcllz  vnd  ein 
zugbriefT  vnd  ein  iissspriicbbrieff  die  dartzu  geborent  dem  egenanten 
koiiïer  mit  allen  Hebten  nacli  irc  vsswisunge  oucli  Inhendes  geben  bat  zu 
disem  briefe  vmbe  Sehtzig  Rinschcr  güldin  genger  guter  vnd  geber  an 
golde  vnd  an  gewihte  die  er  bar  von  dem  egenanten  koifTer  empfangen 
vnd  in  sinen  bessern  nutz  gekert  bat  gar  vnd  gcntzlicbe  als  der  vorg. 

Johans  von  Albe  vor  vns  voricbent  bat u.  s.  w.  Geben  vff 

den  andern  tag  nach  sanle  Erharlztag  des  Bischofs  do  man  zalte  von 
goltes  gebürte  viertzehen  hundert  vnd  EilffJare.  »  — 

Pergament-Urkunde  mit  3  kleinen  runden  Siegeln  in  grünem  Wachs. 
Das  des  Johann  Schotte  gen.  Weldel,  wie  bei  Herzog,  IX,  163.  Das  Siegel 
des  als  Dichter  bekannten  Conrad  von  Dankratzheim  ist  beschrieben  in 
der  Zeitschrift  für  Geschichte  des  Oberrheins  IF,  324.  Die  von  Mone  nicht 
entzifferte  Umschrift  lautet  : 

S  •  CÔRADI  •  SCIIEAN  •  D  •  DÄKRAZEM  • 

Der  Schild  zeigt  die  schräggeslellte  Pfeilspitze  ebenso  wie  im  Siegel 
des  Johans  von  Tankcrtzheim,  Edelknechts,  Schullheissen  zu  Ilagenau 
1369  und  wie  sie  auch  die  den  von  Dankratzheim  stammverwandten 
Geschlechter  Blenckel,  Knobloch,  Sick  und  Spiegel  in  Strassbuig  führten. 
Conrad  ist  jedenfalls  der  Letzte  des  nach  dem  Dürfe  Dengeisheim  bei  Dru- 
senheim benannten  Adelsgeschlechts,  das  zu  den  Burgmannen  in  Brumat 
und  Ungenau  zählte  und  letzerer  Stadt  zwei  Schultheissen  gab.  Schean  ist 
wahrscheinlich  eine  Verunstaltung  von  Jean,  denn  die  Vornamen  Johann 
und  Conrad  kommen  bei  den  Männern  des  Geschlechts  fast  ausnahms- 
los vor. 

Das  Siegel  des  Johann  von  Albe  ist  sehr  zerbröckelt  und  zeigt  nur  noch 
(aber  ganz  deutlich)  ein  Stück  des  Helms  und  einen  schräggestellten  drei- 
eckigen Schild  mit  drei  hei-aldischen  Lilien,  zwei  oben  und  eine  unten.— 

Die  von  Albe  führten  ihren  Namen  wohl  nach  der  Stadt  Saaralben.  Dass 
die  in  nachfolgenden  Notizen  genannten  Personen  sämmthch  einem  und 
demselben  Geschlechte  angehùren,  ist  kaum  anzunehmen. 

1251   Ilesso  von  Alben  (Specklin,  Aedificm  sacra,  I,  134,  nach  einer  hand- 
schrJAlichcn  Notiz). 


—  270  — 

1255  Fridericus  dictiis  de  Alpa,  civis  oryeiitincnsis,  et  Julianncs,  liliiis 
ejus,  Zeugen  einer  Urkunde  des  Deulscliordenshauses  in  I);iii, 
12.  März  1255  (Mone,  Zeilschrift  fär  die  Gesch.  des  Obevrheins, 
XV,  1G1). 

120-4  in  craslino  Lcale  Agnetis  virg^inis:  Egidius  de  AVarncsherg,  rnilos, 
Gotfridus  de  Küchingen  filius  avunculi  neinricicümilisGeminiponlis 
et  Wernherus  de  Werd  caslro  Warnesberg,  Albeilns  de  Dolloclien, 
Johannes  de  Mörledingen,  Lamperlus  de  Gyrspcrg,  Heimbüldus  (K; 
Alba,  nepoles  Ileinrici  et  Waldicri  j)r£C(hc(orum  et  Malliiceus  pater 
proedictorum  Ileinrici  et  Wallheii  etc.  (Stadtarchiv  Sirassburg, 
Briefbuch  A,  foh'o  CO"). 

1267  im  Januar.  Johannes  natus  Friderici  hone  memorie  dicti  de  Alba 
domum  suam  in  platea  S.  Crucis  Arg.  in  anime  sui  palris  rcmediuin 
donavit  monasterio  S.  Stcphani  Argent.  (Dezirksarchiv  Strass- 
burg,  II  2683,  \f  3). 

1273  Johannes  de  Albe,  cellerarius  majoris  ceci.  arg.  (Grandidier,  Œaur. 
hist.  inédites,  IV,  39). 

1353  Nicolaus  de  Alba,  Conventualis  monasterii  in  Lixhcim  (Zeitschr.  für 
die  Gesch.  des  Oberrheins,  Vi,  426  und  XIV,  409). 


Einen  weiteren  Aufschluss  über  die  Familie  des  Johannes  von  Albe 
ebl  eine  im  Grossherzogl.  Genei'al 
Variis  Alsalicis  befindliche  Urkunde 


giebl  eine  im  Grossherzogl.  Genei'al-Landesarchiv  in  Carlsruhe  unter  ilen 


«Ich  Anne  Johanses  von  Albe  seligen  willewe  eines  cdelen  knehlcs  vnd 
Ich  Johans  vnd  Obrecht  gebrüdere  der  selben  frowe  Annen  süne  vnd  ich 
Anne  Euffrides  von  Burne  elich  gemechede  der  Egen.  frowe  Annen 
dochter  »  verzichten  auf  alle  Ansprüche  an  das  Gut  zu  Kinlweiler,  das 
Johans  schere  von  Lampertheim,  Edelknecht,  an  bern  heinrich  Abeslag, 
Leutpriester  zu  swcichnsen  anno  1367  verkauft  hatte.  Es  siegeln  Volinar 
von  Wickersheim,  Schultheiss  in  Ilagenau  (Schild  mit  Gänsefiiss);  Här- 
tung König,  Schöffe  in  Hagenau  (Siegel  ab);  die  Wiltwe  Anna  (nach  der 
Umschrift  des  Siegels  eine  von  Kirrweiler:  in  dem  mit  gczackicm  Schild- 
rande umgebenen  Schilde  ein  gekrönter  Löwe).  Die  Siegel  ihrer  Söhne 
Johans  und  Albrecht  und  des  Euffrid  von  Burn,  dessen  Gallin  Anna  noch 
kein  eigenes  Siegel  hat,  sind  abgefallen.  Gegeben  an  Saiil  Tlinmans 
Tag  1374. 

Die  beiden  nachfolgenden  Notizen  aus  Herzogs  Chronik  beziehen  sich 


—  280  — 

wohl  auf  lien  in  den  2  Urkunden  von  -I405  und  '14-I1  envähnlen  Ilnns 
von  Albe. 

1447  Hans  von  Alben  sagte  in  der  Fehde  des  Hans  Brcchter  von  Un- 
genau wider  Herrn  Ludwig  von  Lichtenberg  dem  Letzteren  ah 
(IIb.  V,  p.  17) 

1462  «Burckel  Ballram  hat  1462  von  Johansen  von  Alben  gelöst 
12  Viertel  Roggen,  so  er  Pfandweise  von  Bürkels  Schweher, 
Jühansen  von  Monbron,  inne  hatte  (lib.  VI,  p.  156). 

Stammtafel  der  von  Albe. 


Joliaiuies  von  Albe,  Edelknecht,  todt  1374,  starb  wold  13C8. 
Uxor  :  Anna  von  Kirrweiler,  1374. 


Johannes  von  Albe,  Edelknecht,  Albrecht  von  Albe,  Anna,  1374,  Gattin 

1374,  wurde  wegen  Stegreifs  Edelknecht,  1374.  des  Edelknechts  Euffrid 

enthauptet.  von  Burn. 


Thomas  von  Bcrris,  Hans  von  Albe  1405 

Burggraf  in  Saargemünd,    minorenn,  1411  Edelknecht, 
1  i05,  Edelknecht.  lebte  wohl  noch  1462. 


IL  DIE  VON  JUNGHOLZ. 

Im  Protokoll  vom  10.  Juli  1877  wurden  mehrere  in  der  ehemaligen 
Abtei  Trutlenhausen  aufgefundene  Grabmäler  besprochen,  darunter  auch 
das  des  am  1.  Juli  1348  verstorbenen  Egenolfus  miles  de  Landesberg, 
dessen  gleichnamiger  Vater  Vitzthum  des  Bisthum  Sirassburg  war.  In 
Bucelini  Germania  sacra  et  profana,.  Slammlafcl  der  Landsberg,  ist  als 
Gemahlin  Egelolfs  Galharina  Jungoltzin,  sein  Todesjahr  aber  fälschlich 
1310  genannt.  Grandidier,  Œuvr.  hist.  inédites,  IV,  562  erwähnt  seiner 
ohne  Angabe  der  Zeit  unter  i\(in  Vasallen  des  Bislhums;  Egenolfus  de 
Landesberg,  filius  quond.  vicedomini,  habet  in  feodo  partent  suam  in  opido 
Ebenheim  infcriori,  item  parlem  suam  in  villa  Dutteinheim  etc. 

Die  voi'genannte,  im  Jahre  1338  verstorbene  Galharina  von  Jungholz 
war  vermuthlich  der  letzte  Sprössling  des  ritterlichen  Geschlechts,  das 
sich  nach  der  gleichnamigen  Burg  bei  Sulz  im  Oberelsass  nannte.  Die 
Klingenberger  Chronik  (ed.  Henne)  und  Slumpff,  Chron.  hdi'.,  lib.  IV, 
iX'chnen  die  von  Jungholz  zu  (\cn  Adelsgeschlechtcrn  im  Thurgau.  Das 


V.  ^LBE.  —  V.  JUNGHOLZ.  —  TWINGE% 


ErÎLlarung  der  Siegeltafel. 


1.  Siegel  in  grünem  Wachs  an  einer  Urkunde  vom  i6.  Apnl   1405:  Johannes  Kittcr,   Schöffe  in  Hagenau  (Bezirksarchiv  Ui.tcr. 
Elsass,  E  ,  2325,  Nr.  2). 

2.  Siegel  in  grünem  Wachs  an  einer  Urkunde  vom  Mittwoch  nach  St.  Lucien  Tag,   1412,  Conrad  von  Dankratzheim,  Schöffe 
in  Hagenau  (Bezirksarchiv  Unter-Elsass ,  H,  953)- 

3.  Siegel   in    grünem    Wachs    an   einer    Urkunde   vom    9.    Januar    141 1  :    Hans   von    Albe,    Edelknecht   (Bezirksarchiv  Umer- 
Elsass,  E,  2325,  Nr.  2). 

4.  Siegel  in  braunem  Wachs  an  einer  Urkunde  vom  Donnerstag    nach  St.   Marcus  Tag,   1278  :  Cuno  von  Jungholz  (Hczirks- 
archiv  Unter-Elsass,  H,   1475.  Nr.  4). 

5.  Siegel  in  grünem  Wachs  am  Schwörbriefe  vom  ersten  Tage  nach  St.   Gallen    Tag,   1534   :    Burkart    Twinger,    AmmciMcr 
(Stadtarchiv  Strassburg). 

6.  Siegel  in  grünem  Wachs  an  einem   Statut   des  St.    Thomas   Kapitels   vom    26.  April    1408  :    Jacob    Twinger   von    Königs- 
hofen,  canonicus  ecclesiae  S.  Thomae  (St.  Thomasarchiv  Strassburg). 

7.  Siegel  in  grauem  Wachs  an  einer  Urkunde  vom  9.  Juni   1303  :  Johannes  de  KüngeShofen ,  miles  (Spitalarchiv  Str.-»ssburg , 
2.  Gewölbe,  L.nd.   48). 


liA.R  Sckuia.it  C£er^frJ,mrcuiMj-Jia^i/'J>^a.Jfé? 


—  281  — 

Wappen  war  nach  Siebmacher,  III,  175:  von  Uolh  und  Gold  sechsmal 
pfahhveise  gelhcilt  (pale  de  gueules  el  d'or  de  six  pièces);  auf  dem  llelni« 
ein  rolhes  und  ein  goldenes  Büflelhorn,  auswendig  mit  je  dr-'i  ITaulcdcin 
hcsteckl.  Ilelmdeckcn  roihgolden.  Giamlidici,  IV,  501  ei\\iilinl  nach  einem 
um  1336  verfasslcn  Lehen-Codex  desBislIium  Süassburg: 

«  Ilarlman  von  Junghollz,  ein  Riller,  hat  zu  Lehen  die  Liirg  zu 
Junghollz  also  die  graben  begriffen  hanl. 

Wcrnher  und  Wilhelm  Runlscban  von  Jungliollz  hnnl  zu  Leben 
die  Burg  zu  Junghollz  elc. 

Cuno  et  Egelolfus  de  Junghollz  mililes  habent  in  feodo  ab  ecclesia 
Argent,  caslrum  Junghollz  cum  omnibus  suis  perlinentiis. 

Wilhelmus  diclus  Runlschan  miles  et  Egenolfus  armiger  fdius 
fralris  sui  de  Junghollz. 

Wernherus  de  Junghollz  miles  et  Wilhelmus  frater  ejus  habent 
in  feodo  medietatem  castri  in  Junghollz.  »  — 

Der  Code  hlst.  el  dipl.  de  la  ville  de  Strasbourg,  II,  p.  31,  nennt  unter 
den  Lehensleuten  des  Biscbofs  von  Sirassburg  in  der  obern  Mundat  (ex 
chron.  Malerni  Berler): 

«tlanneman  von  Junghollz,  Ritter,  hat  die  Burg  zu  Jungbollz 
«  als  die  graben  begriffen  haut  die  her  Gune  selge  von  Junghollz 
synen  Kynden  verliess  die  lehensgenoss  sint.  »  —  Wernher  und 
Wilhelm  Runtschan  von  Junghollz  haben  die  halbe  Burg  zu  leben 
in  Gundollzheim.  Gunn  und  Egenolf  von  Junghollz  haben  die  Burg 
zu  Junghollz  und  das  Wasser,  die  Rintbacb.  Wilhelm  genaunt 
Runtschan,  Ritter,  und  EgenolfT,  Ritter,  seines  Bruders  Sohn,  liaben 
Güter  in  Gundollzheim.  Wernher  von  Junghollz,  Ritler,  und  Wd- 
helm,  sein  Bruder,  haben  das  Schloss  zu  Junghollz,  Lehen  in  Iluflach 
und  Gundollzheim.  —  Da  der  Runtschan  und  her  Egenolf  selge  von 
Junghollz,  Ritler,  ohne  Leibeserben  starben,  zog  Bischof  Berlhold 
(1328  —  53)  ihre  Lehen  an  das  Bislhum  zuri;ick.  »  — 

Die  von  Junghollz  waren  auch  Lehensmannen  der  Abtei  Murbach 
(Luenig,  Reichsarchiv,  XIX,  p.  94-9). 


—  28^2  — 

Regesien, 

1233  Ulricli,  Graf  von  Pfirt,  giebt  der  Kirclie  in  Basel  Güter  in  Dirlins- 
doriï  und  Wolscliwiller,  25.  Januar  12o3.  Unter  den  Zeugen,  de 
ministerialibus:  Gonradus  de  Juiicliolz  (Herrgott,  Genal.  dipl. 
Habsb.,  II,  244;  Trouiilat,  Monuments  de  l'liisloire  de  l'ancien  évêché 
de  Bäle,  I,  528). 

1247  Gertrud  von  Juniihollz  als  eine  berühmte  Kloslerfrau  des  Prediger 
Ordens  genannt  (Mone,  Quellensarnml.  zur  Bad.  LandesgescJächte, 
IV,  p.  16). 

1249  Ulrich,  Graf  von  Pfirt,  bestätigt  der  Abtei  Lien-croissant  die  von 
seinem  Vater  Friederich  als  Ersatz  für  (]en  ihr  zugefügten  Scha- 
den gemachte  Schenkung  eines  Lehens  in  Olwiller,  «de  quo  feodo 
partem  habet  Cuonradus  de  Jungholtz,  Junca  de  Basilea  et  Bela, 
sue  sorores  racione  rnatris,  filie  Burchardi  militis  de  Trubelherg» 
(Trévilliers).  (Trouiilat,  I,  582.  Schœpflin,  Als.  dlpl.,l,  p.  402). 

1250  Cuno  de  Jungholz  (Stoffel,  Topojr.  Wörterbicch.dcs  Ober-Elsasses, 
P-277). 

1260  Certum  feochim  in  banno  Sulce,  Basiliensis  diocesis,  rpiod  Cunradus 
de  Trubelberc  et  frater  ejus  dominus  Erchenboldus  de  Sancta  Mar- 
gareta  a  dominis  de  Juncholz  habuerunt;  28.  Januar  1260 
(Trouiilat,  II,  96). 

1263  Conrardus  de  Joncoz,  miles,  bekennt  mit  der  Abtei  Lieu-croissant 
wegen  einigci'  Zehnten  im  Bann  von  Sulz  verglichen  zu  sein,  die  er 
von  Graf  Ulrich  von  Pfirt  zu  Lehen  erhalten  iialtc.  Vermittler  waren  : 
T.  de  Bercoz  (Dergholz),  canonicus  et  custos  ecclesie  Lutenbacensis, 
dominus  V.  de  Sulce,  dorn.  W.  de  Lovbegassen,  milites,  et  Johannes 
Robarius,  civis  Basiliensis.  Actum  apud  Sulce  1203,  mens,  octobri 
(Trouiilat,  II,  136). 

1268  Fridericus  comes  Ferrelensis  et  Budcgcrus  prcposilus  S.  Amurini, 
Rudolfus  de  Lulcnbach,  Guno,  Cunradus  de  Jungholz  et  Ilodolfus 
de  Alswiler  stiften  Fiiedcn  zwischen  Berchtold  Abt  von  Murbach 
und  Dominus  Ilarlmannus  de  S.  Amarino  (Schœpflin,  Als.  dipl., 
1,400). 

1270  Bischof  Heinrich  von  Basel  beauftragt  eil  prcpositus  Golpaciicensis 
et  fraler  peregrinus  comendator  d(jmus  theotonice  et  G.  dictus 
Waldenarius  et  Jo.  de  Juncholz,  nobiles  viri,  milites  »  darüber  zu 
wachen,  dass  der  Kircljc  St.  Leonhard  in  Basel  eine  Weinrente  \n 


-  283  — 

Sulz   nicht  cnltVcmdel  werde.  Dalum    l'elill;    um    lins   Jahr    1-J70 
(Trouillat,  II,  106). 

1276  In  SiiUz  prope  Rubeacum  decoclus  fiiil  rnunelarius,  sorvus  domiiii 
Joannis  de  Junghollz  {Annales  Colniaricnscs  ad  annuni  itilG; 
Bœhmer,  Fontes  renim  Germ.,  II,  p.  10). 

1278  Cuno  von  Juncholtz  verkauft  mit  ^VilIGn  seiner  «AVirlin  ELsa  hcm 
hartmannes  tohter  von  Racenhusen  d  um  00  Mark  Silheis  dem 
Johanniter  Ordenshause  in  Duilisheim  140  Vierlei  und  Sesler,  halli 
Gersten  und  Roggen,  von  seinem  Gute  zu  Innenheim,  das  er  und 
seine  Schwester  von  lohegassen  aus  der  Erbschaft  ihrer  Muller 
hatten.  Cuno  und  sein  Schwiegervater  siegeln.  Zeugen:  Ulrich, 
Bruder  Gunos  und  Hesse  von  Hittenheim.  Donnerstag  nach  Sanct 
Marcus  Tag  1278  (Orig.  Urk.  mit  anhangenden  Siegeln  im  Bezirks- 
archiv Unter-Elsass,  II,  1473). 

1280  Graf  Thiebald  von  Phirrete  erweitert  ein  Lehen  der  Gebrüder 
Waldner  «for  vil  vnsere  mannen»  :  Johannes,  Conrad  und  Egiluff 
gebrüder  und  Cuno  von  Junghollz,  Heinrich  Walther  von  Shini- 
brunne,  Conrad  von  Heilewilr,  AVernher  von  Lobegasse,  Wilhelm 
von  Hungerstein,  Johannes  Nortwint,  Heinrich  der  Bcchiler,  der 
Wurand  und  Hug  von  Wunnenberg,  rittere,  Albrech  von  Ilorburg, 
und  Bartholome  Schaüerel.  Die  genannten  siegeln.  De  dato  Sullz 
2.  Juli  1280  (Schœpflin,  i/5.  cbpL,  II,  20). 

1280  Urkunde  des  Theobaldus  comes  Phirrelarum:  c  Noveril  universilas 
vestra  (?)  quod  Wallherus  de  Vellkilch,  miles,  jus  palronalus 
ecclesie  de  Vellkilch,  quod  a  nobis  in  feodum  habebat,  in  mnnus 
nostras  non  coactus  sed  liberoarbitrio  libère  resignavit,  quodquidcm 
jus  patronatus  ecclesie  de  Veltkilch  Cunoni  de  Junghollz  milili  in 
rectum  feodum  duximus  concedendum.  —  De  dato  Tanne  21.  No- 
vember 1280  (Schœpfîin,  Als.  clipL,  II,  22). 

1284  Urkunde  des  Raths  der  Stadt  Sulz  vom  18.  Febr.  Als  erster  Zeuge: 
Dom.  Jo.  de  Juncholz  miles  (Trouillat,  II,  300). 

1287  «  Vrouwe  Anne  von  Juncholtz  hern  Wernhers  seligen  des  Roden  von 
lovbegazzen  Wirtin  »  verkauft  dc^}  Johannitern  in  Dorlisheim  25  Vier- 
tel Roggen  und  Gersten  Gelds  in  Innenheim  um  34  Mark.  Her  Wern- 
her,  her  heinrich,  Cuno  und  Rudolf  von  lovbegazzen,  die  Söhne 
Annas,  willigen  ein.  Zeugen:  her  Johannes  von  Juncholtz,  her  kune 
von  lovbegazzen,  her  buch  der  Baseler,  her  Wernher  von  lovbe- 
gazzen, Bertolt  der  alte  Kunich,  Bertolt  des  Kunges  sun,  Bertolt  der 
Gezzcler,  Bertolt  Billunges  sun  und  Otte  von  MVlienshcim  (Mer- 


—  28/i.  — 

chensheim).  Siegel  der  Sladt  Ruffach.  Datum  in  Uufacli  in  der 
niinre  brüdor  liof  Si)nnlag-  iiacli  vnser  frowen  Licht  messe  1287 
(Orig.  Ulk.  im  IJcziiksarcIiiv  Üiilcr-Elsnss,  11,  1473). 

1287, 22.  Februar.  Do  quibusdam  bonis  in  Ijanno  Sulzc  danlur  annualim 
qualuor  solidi  denariorum  monclc  Basiliensis  domino  Choiioni 
militi  de  Jungholz  nomine  ccnsus,  in  festo  beati  Martini  (Trouillat, 
II,  441). 

1288  Cuonradus  dictus  de  Monceneheim  (Muntzenheim)  vermacht  in 
seinem  Testament  domino  Cuononi  de  Juncholz  2  solidos,  domino 
Egelolfo  2  solidos.  9.  Januar  1288  (Trouillat,  II,  452). 

1289,28  Mai.  Duo  scadi  in  banno  Sülze  prope  vincas  domini  Cunonis  de 
Junchültz  militis  (Trouillat,  II,  409). 

1291,24  Juli.  Der  Abt  von  Lieu-croissant  und  der  Johanniter  Contbur  in 
Sulz  tauschen  einige  Güter,  unter  deren  Inhabern  genannt  ist: 
Dominus  Egelolfus  de  Junkholz  apud  Sigelbrunne  fruslum  unum 
quod  fuit  domini  C.  mililis  de  Ludre  (Trouillat,  II,  510). 

1295  Pelrus,  Episcopus  Basiliensis,  eandem  concessionem  jin-is  palronatus 
in  Veltkilch  ficlam  Cunoni  de  Junghollz  in  feodum  per  virum 
nobilem  dominum  Theobaldum  comitem  Ferretensem  confirmavit 
(Schœpflin,  Als.  dipl,  II,  22,  Notiz). 

1297  Cuno  miles  de  Juncholtz  im  Burgfrieden  der  Waldner  erwähnt 
^Schœpflin,  Als.  dipl,  II,  07;  Als.  ilL,  II,  052). 

1312  Graf  Ulrich  von  Pfiil  entscheidet  einen  Streit  zwischen  der  Abtei 
Lützel  einerseils  und  den  Rittern  Conrad  und  Burkard  Münch  von 
Basel,  Gebrüder,  und  Conrad  von  Iltzich.  Rathleute  der  letzteren 
Partei  waren  her  Wernhcr  von  Junghollz  und  her  Wernher  von 
Trothofen,  21.  April  1312  (Trouillat,  111,  177). 

1314,31.  M.ii.  Her  Cimrat  von  Ansoltzbeim,  Riitcr,  lier  Fiidrich  von 
Ansolzhcim,  Ritter,  her  Cune  von  Junghollz,  Ritter,  her  Hartmann 
von  Baldccken,  Ritter,  und  her  Oswald  von  llliiziclie,  Riller  von 
Colmar,  haben  von  der  Heri'schaft  Rappoltstcin,  das  Dorf  Ileiterheim 
ZI]  Lehen  (Bezirksarcliiv  Obcr-Elsass,  E,  882.  Schœpflin,  Als.  dipl., 
II,  108;i/6-.  ///.,  II,  117). 

1323  Reinwardus  de  Stralenberg  bekennt  sich  als  caslrensis  in  Scba- 
weiiburg.  Datum  in  opido  Ileiligenstad,  1323  in  vigilia  beati 
Laurcntii  maityris,  teslibiis  Coiiiado  Riidcn  et  Wernbero  de  jiink- 
hollz  (auch  jiiiicliolcz)  miliiihiis  (Wunltwein  ,  h'ora  subsiditf  dipl., 
111,121). 


—  285  — 

132i  Herzog  Leopold  von  Oeslorreicli  bclehiil  Williclin  Jungholz,  ge- 
nannt Hnnbchi,  mil  18  Plünd  Lields  ünf  der  llcrhsisicuer  zu  Ilolir- 
dorf,  1)  Anglist  (Archiv  für  Schweiz.  Geschichte,  II,  ;;i). 

1338  starb  Catharina  von  Jungliullz,  Oemalilin  des  Hithji-  Egenolf  von 
Landesberg. 


IIL  JACOB  TWlNÜEfl  VON  KŒNIGSIIOVEN. 

Die  Herkunft  des  Chronisten  Jacob  Tvvinger  von  Kœnigshofcn  war 
bisher  trolz  vielseitiger  Nachforschungen  in  geheimnissvolies  Hunkcl 
gehüllt  geblieben.  Man  hat  sich  ebenso  vergeblich  i)cmühl  seine  Ellern 
«  Pritsche  de  Kiiii-eshoffen  et  Meiza  ejus  uxor»  unter  denadlichen  Fami- 
lien, die  sich  nach  dem  Dorfe  Koenigshofen  bei  Sirassburg  nannten, 
aufzufinden,  als  sie  mit  dem  Stiassburger  Geschlecht  der  Twmger  in  Ver- 
bindung zu  bringen. 

Eine  Ui künde  im  strassburger  Spitalarchiv  (2tes  Gewölbe,  Lad.  33) 
giebl  uns  endlich  insoweit  Aufschluss  als  sie  den  leiblichen  Bruder  und 
einen  Neffen  nennt  und  durch  des  Ersteren  Gewerbe  die  bürgerliche 
Herkunft  der  ganzen  Familie  darthut.  Die  Urkunde  lautet  : 

«  Coiam  nobis  judice  curie  argentinensis  conslitutus  Nicolaus 
filius  quondam  Henselini  dictiFritschenhenselinpistoris  de  Kuniges- 
lioven  Argentinensis,  fratris  carnalis  et  legitimi  utdicitur  viridiscreli 
Domini  Jacobi  de  Kûnigeshoven  canonici  ecclesie  sancli  Thome 
Argentinensis  sanus  mente  et  corpore  et  compos  ratione  non  vi  nee 
metu  nee  coactus  seu  aüqua  sagacilate  circumductus  sed  sponle  ex 
certa  scientia  et  animo  bene  deliberato  pro  se  et  heredibus  suis 
universis  in  presentia  dicli  domini  Jacobi  expresse  in  hec  consensit 
liberaliter  et  pure  (juod  dictus  dominus  .lacobus  de  omnibus  et 
singulis  rebus  et  bonis  suis  mobilibus  aul  immobilibus  per  eum 
habitis  et  acquisitis  ad  presens  vel  in  futurum  habendis  aul  derelin- 
quendis  sui  obitus  tempore  sanus  vel  infirmus  ad  placitum  suum 
disponere,  donare,  depulare,  legare  et  ordinäre  valeat  personis, 
locis,  ecclesiis,  domibus,  monasteriis  et  prebendis  quibuscunque 
prout  eidem  domino  Jacobo  pro  sainte  anime  sue  visum  fuci'it  expe- 
dire  promisit  eciam  diclus  Nicolaus  pro  se  et  herebidus  suis  se 
ratum  et  gralum  alque  firmum  perpeluo  habiturum  quidquid  per 
ipsum  dominum  Jacobum  de  bonis  et  rebus  suis  hujusmodi  disposi- 
tum  donatum  deputalum  legatum  et  ordinnlum   fuerit  modum  in 


—  286  — 

quemciinquc  et  eciam  hujusmodi  disposicioncs,  donationcs,  dcputa- 
ciones,  legata  et  ordinaliones  iiunquam  ïmpedire  aut  infringere  aiU 
eoriim  occasione  personas,  loca,  ecclesias,  domos,  monasteria  et 
prebendas,  quibus  dictus  dominus  Jacobus  donaverit,  depulaverit, 
legaverit  aut  ordinaverit  de  bonis  et  rebus  suis  hujusmodi  nunquam 
impetere,  impedire,  vexare,  moleslare  aut  perturbare  quovismodo 
seu  hoc  fieri  procurare  per  se  vel  alium  seu  alios  mediante  judicio 
vel  sine  judicio  absque  fraude  et  dolo.  Renunciavit  insuper  predictus 
Nicolaus  pro  se  et  berebidus  suis  universis  et  singulis  exceptionibus 
et  defensionibus  cxceplione  doli  mali  actioni  in  futurum  beneficio 
reslitutionis  in  integrum  et  quo  deceptioni  seu  circumvenlioni  sub- 
vcnitur  omnique  juris  auxilio  canonici  et  civilis  consuetudinibus  et 
statutis  publicis  et  privatis  sibi  et  heredibus  suis  adveniendis  contra 
premissa  quomodolibet  valituris  et  in  premissorum  lestimonium 
sigillum  curie  argentinensis  ad  diclarum  partium  pelilionem  presen- 
tibus  est  appensum.  Actum  XVI  Kai.  februarii  anno  Domini  raille- 
simo  irecentesimo  nonogesimo  sexto.  » 

Das  Siegel  des  Richters  in  rothem  Wachs  hängt  an  einem  Pergament- 
streifen. 

Aufzuklären  bliebe  nun  noch  immer  wie  Jacob  von  Kœnigshofen  zu 
dem -Beinamen  Twinger  gekommen  ist.  Dass  seine  Mutter  eine  Twinger 
gewesen  sei,  lässt  sich  kaum  annehmen,  da  sie  sonst  wohl  in  den 
zahlreichen  Anniversarienstiftungen  des  Geschlechts  einmal  genannt 
worden  wäre.  Verdankte  er  etwa  seine  Erziehung  dem  Stättmeister 
Johannes  Twinger,  der  schon  den  Priester  Pritsche  Klosener  zur  Nieder- 
schreibung  seiner  Chronik  veranlasst  hatle?  Jedenfalls  bewogen  den 
Chronisten  Jacob  Twinger  Gefühle  der  aufrichtigsten  Verehrung  und 
Dankbarkeit  gegen  den  vorerwähnten  Johannes  Twinger  ihn  «  dominus 
meus  generosus  »  zu  nennen  und  ausnahmsweise  sein  (f  1376)  und  seiner 
Gattin  Nesa  Gürtlerin  (f  1395)  Todesjahre  in  die  Chronik  aufzunehmen. 
Der  ältere  Johannes  Twinger,  dessen  Gatlin  auch  Nesa  hiess,  kann  hiermit 
nicht  gemeint  sein,  denn  er  wird  schon  1366  als  todt  genannt.  Mit  seinen 
Töchtern  tritt  der  Chronist  in  Beziehungen  auf,  die  auf  Verwandtschaft  zu 
deuten  scheinen,  z.  B.  29.  Juli  1395  JacobusTwinger,presbyter  argentin., 
rector  ecclesie  in  Trusenhcim  et  Dina  Twingcrin  filia  quond.  Johannis 
dct.  Twinger,  executores  lestamenli  quond.  Nese  dct.  Gürtlerin,  olim  uxoris 
Dieterici  dicti  Burggrave,  armigeri  argentinensis. 

Jacob  Twinger  wurde  nacii  seiner  eigenen  Angabe  im   Jahre   1346 


—  287  — 

geboren,  tritt  1379  zuerst  als  clericus  argenlincnsis  auf  und  wurde  1382 
zum  Piiesler  geweiht.  1384  und  noch  1305  kommt  er  cils  Kircliheir  in 
Drusenheim  vor  und  wurde  im  letzleren  .Uihre  Canonicus  ccclesiaj 
S.  Thomao  Argentinensis;  als  solcher  slaih  er  (laut  Inschrifl  in  dieser 
Kirche)  27.  Dezember  1420.  Von  seiner  sonstigen  Amislhiitigkeit  sei  noch 
erwähnt,  dass  er  I39i  publicus  apostolica  et  imperiali  aucturilale  tiula- 
rius,  1396  Administrator  des  Phynenspilals  und  lilO  gubernalur  ca|)ella} 
S.  Galli  in  Kungeslioven  genannt  wird.  Eine  Urkunde  des  Spitalarcliivs 
vom  7.  October  1408  nennt  «magistrum  dilectum  Jacohum  Twinger, 
Canonicum  eccl.  S.  Thomœ,  Arg.  olim  ut  dicitur  perpetuum  vicarium  eccl. 
S.  Martini  Arg.  » 

Die  letztere  Stelle  mag  er  inne  gehabt  haben,  ehe  er  als  Kirchherr 
nach  Drusenheim  ging,  wenigstens  finden  sich  Conradus  de  Düringheim 
1385  perpetuus  vicarius,  Johannes  Hudolfli  de  Endingen  1390  plebanus, 
Iiudolffus  de  Endingen  1408  perpetuus  vicarius  ecclesiaî  S.  Martini. 

Zur  Begründung  der  nachfolgenden  Stammtafel  der  Twinger  ist  es 
nöthig  einige  Regesten  anzuführen. 

1290  Burkart  Twinger,  ein  Fischer  in  Strassburg,  Gertrul  seine  Gattin. 

Hans  Twingerlin,  der  junge  Twinger,  gleichfalls  Fischer,  wohl  Sohn 

der  Vorigen  {Slrassburgs  Gassen-  und  Häusernamen,  p,  166). 
1313  Domus  Burcardi  dicli  Twinger  juxta  domum  zu  der  Gruben  retro 

Sanct.  Martinum  (Archiv  in  Oslhausen,  Collect,  geneal.,  II,  347). 
1320  Johannes  Twinger,  civis  arg.,  curator  Johannis  et  Anne,  liberorum 

Pauli  dct.  Mosung,  civis  arg.,  ex  priori  malrimonio  (Bezirksarchiv 

Unter-Elsass,  H,  1616). 
1324  Erbo  dct.  Weldelin,  miles  arg.  et  uxor  ejus  Agnes  Tanlz  vendiderunl 

Burcardo  dct.  Twinger,  civi  arg.,  et  Grede,  ejus  uxori,  ac  Anne, 

sorori  Grede,  3  Gartenäcker  bei  Strassburg  (Bezirksarchiv  Unler- 

Elsass,  II,  3122). 
1331  Die  vorigen  3  Käufer  kaufen  von  Hans  Kelbclin  4  Pfund  Gelds  auf 

der    Badstube   zu   dem   Eber   (Spitalarchiv   Strassburg,   S.    Marci 

Briefbuch  Nr.  183,  fol.  462). 
1333  Burkart  Twinger  der  Jüngere  {Bibliothek  Heitz,  Nr.  14,  Collect. 

geneal.). 
1337  Burcardus  dictus  Twinger,  Magister  scabinorum  civitatis  argent,  et 

Johannes  ejus  frater  stiften  mit  2  Pfund  Gelds  auf  dem  Spital  in 

Molsheim  Anniversarien  für:  Gerlrudis  dct.  Twingerin  quarta  die 

post  festum  benti  Andrée;  quond.  Ebelinus  dct.  fürn.,  piscalor  arg., 


—  288  — 

in  die  beali  florenlii;  quondam  lliisa  dicia  Twingerin  etBcrclitoldus 
dct.  Twinger  terlia  die  ante  exalhuionis  S.  Crucis;  zu  begehen  bei 
den  Barfüssern.  28  November  1337  (St.  Thomas-Archiv,  ßarfüss. 
Registr.,  I,  fol.  115). 

13GG  Johannes,  Nesa,  Clara,  Dina  et  Anna,libei'i  qiioiid.  Johnnnis  Twinger, 
civis  arg.  (Bilil.  Ilcilz,  Nr.  {A,  Coli.  gen.). 

1401  Rudolf  Twinger  im  Ralh  von  der  Rilterschnft  (Archiv  in  Osthausen, 
Collect,  genealogica,  II,  3-47);  wird  aber  im  Ralhsbuche  nicht  genannt. 

1450  VI.  Kai.  Martii  hat  Margaretha  Twinger,  Witlwe  des  Petrus  Voltz, 
dem  grossen  Spital  in  Strassburg  um  ihr  Seelenheil  willen  3  Pfund 
Heller  Gelds  übergeben  {Bibl.  Ikilz,  Nr.  14,  Coli,  geneal.). 

Unter  dem  12.  August  wurde  im  Spital  in  Strassburg  das  Gedächlniss 
folgender  Personen  gefeiert:  Wilhelmi  Twinger,  Eugelin  uxoris  ejus,  ac 
domiui  Wilhelmi  ßöckel  et  Margarelhe  Twingerin,  ejus  uxoris,  cum  tribus 
sacerdotibus. 

Dieser  Rudolf  und  die  2  Margarethen  sind  in  der  Stammtafel  nicht  auf- 
geführt. 


-  280 


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—  290  — 

Nachstellend  seien  noch   einige  Personen  angefüinl,  die  un  1er  dem 
Namen  von  Kœnigshofen  vorkommen: 
113:^  Adelgotus,   pra:'positus   argenlinensis,   Burgardo  ^le   Kiinigshoven 

miiili  niansum  in  Ilugeshergen  locavil. 
1215  Benzelinus  de  K. 
1220  Johannes  de  Kunegeshoven,  Ministerial  des  Bischofs,  im  lîalh  der 

Stadt  Strashurg-. 

1230  Burcardus  de  cuiia  regis,  Zeuge  einer  iîisciiulh'chcn  Urkunde. 

1231  33,  37,  39,  44,  40,  7i  Johannes  de  Küngeshoven. 
1244,49  Ilelfericus  de  K.  miles. 

1246  Oiïemia  de  Kunigeshoven  uxor  Ilugonis  de  Mitlellius,  mililis. 

1278  Gertrudis  relicla  quond.  Johannis  de  Kuncgcshofen  dicli  Joler  et 
liberi  eorum. 

1292  1305  Joannes,  nobilis  vir  diclus  Kœfelin  de  Königshofen,  civis  argen- 
linensis. 1303  erscheint  er  als  patronus  ecclesiœ  S.  Andrea)  arg. 
Er  führte  dem  Siegel  nach  das  von  Luck  angeführte  Wappen,  in 
Blau  2  silberne  Querbalken,  von  denen  der  obere  mit  3,  der 
untere  mit  2  rothen  Kugeln  belegt  ist. 

1304  Ileinricus  scultetus  de  Kunegeshofen  empfängt  vom  Kloster  S.Clara 
auf  dem  Rossmarkt  eine  Ilofslalt  in  Königshofen  in  Eibpacht. 

1340^ Gertrudis  relicta  qu.  Ulrici  dct.  de  Kunigeshoven,  mililis  arg. 

1350  Dietscho  de  Kunigeshoven  armiger  arg. 

1358  Ileinricus  dct.  Kempff  de  Königshofen  et  uxor  ejus  Lucardis. 

1359  Johannes  fdius  Philippi  de  K.,  civis  arg.,  procurator  monasterii 
S.  Nicolai. 

1400  Ottemannus  dictus  Schullheisse  filius  qu.  Ileinrici  dct.  Seh.,  pani- 

ficis  de  K. 
1403, 12  Frater  Rudolfus  de  K.  convcntualis  domus  fratrum  minorumargcnt. 

Ein  fraler  Kudolfiis  de  K.  auch  1303  Guardian  desselben  Hauses. 
1422  starb  Catharina  von  K.  (nach  Luck  Schwester  des  Chronisten). 
1431  Katharina  de  Künigeshofen,  mercatrix  argenlinensis. 
1450  Catharina  von  K.,  gemeinsame  oberste  Regclmeisterin  der  Beginen 

vnu  der  drillen  Regel  in  Sirassburg. 

Kindler  von  Knoüloch. 


NOTIGE 

SLR    UN 

CADMN  SOLAIRE  ANTIQUE 

DÉCOUVERT  A  BETTWILLER  (CANTON  DE  DRULINGEN). 


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Je  crois  qu'il  importe  de  signaler  à  la  Société  pour  la  conservation  des 
monuments  historiques  d'Alsace  une  découverte  archéologique  assez  inté- 
ressante qui,  au  mois  de  janvier  dernier,  a  été  faite  à  Bettwiller,  com- 
mune du  canton  de  Drulingen. 

Un  habitant  de  ce  village,  en  décapant  un  petit  verger  attenant  à  sa 
maison,  a  trouvé  dans  le  sol,  à  une  profondeur  de  30  à  AO  centimètres, 
un  cadran  solaire  qui  date  de  l'époque  romaine  et  dont  la  hase  est  ornée 
sur  ses  quatre  faces  verticales  de  quatre  figures  sculptées  en  rehef.  Auprès 
de  cette  pierre,  le  propriétaire  du  terrain  a  en  outre  mis  à  jour  un  cani- 
veau en  grès  bigarré,  des  moellons  calcaires,  des  débris  de  tuiles  à  rebords, 
des  tessons  de  poteries  rouges  et  noires,  enfin  quantité  de  charbons  épars 
dans  le  sol  à  un  même  niveau.  Mais  les  travaux  exécutés  jusqu'à  ce  jour 
n'ont  pas  encore  amené  la  découverte  d'un  dé  ou  d'un  pilier  ayant  pu 
servir  de  piédestal  au  cadran  solaire,  lequel  d'ailleurs  ne  présente  pas  à  sa 
surface  inférieure  un  trou  de  scellement  indiquant  qu'il  ait  été  fixé  quel- 
que part  à  perpétuelle  demeure. 

Ce  petit  monument,  dont  je  me  suis  rendu  acquéreur,  est  loin  d'être 
intact.  Les  mutilations  qu'il  a  subies  lui  ont  été  infligées  pour  la  plupart 
au  moment  de  son  extraction  du  sol,  ainsi  que  le  prouve  la  fraîcheur  de 
presque  toutes  les  cassures;  pourtant  quelques-unes  de  ces  lésions 
remontent  à  une  époque  bien  plus  éloignée,  au  temps  sans  doute  où  ce 
cadran  a  été  enseveli  pour  quatorze  ou  quinze  siècles  sous  un  amas  de 
décombres. 

T.  X.  —  (M.)  19 


292  — 


Le  solarium  découvert  à  Dcltwiller  csl  taillé  dans  un  l)loc  de  grès 
bigarré  très-micacé  et  d'un  blanc  grisâtre;  il  a  53  centimèlres  de  baut; 
chacune  des  faces  veilicales,  prise  à  mi-hauteur,  a  20  centimètres  de 


large. 


Je  me  propose  de  décrire  tout  d'abord  riiui-loge  solaire  d  puis  ensuite 
les  bas-reliefs  qui  en  décorent  la  base. 


I. 

Dans  l'niiliipiilé,  les  cadrans  solaires  présentaient  des  formes  très- 
variées.  Vitruve*  en  nomme  jusqu'à  treize  espèces  différentes  et  encore 
fait-il  remarquer  que  cette  énumération  est  loin  d'être  complète.  Cepen- 
dant les  divers  cadrans  que  mentionne  l'arcbilecle  romain,  peuvent  être 
subdivisés  on  trois  groupes  principaux:  ils  sont,  en  effet,  sphériques, 
coniques  ou  plans,  suivant  que  les  lignes  qu'ils  portent  sont  tracées  sur 
une  surface  oflrant  l'un  ou  l'autre  de  ces  trois  caractères. 

Les  cadrans  sphériques  sont  ceux  dont  les  lignes  horaires  sont  gravées 
sur  une  surface  concave  ayant  la  forme  d'une  demi-sphère  ou  d'un  quart 
de  sphère.  Ils  se  ramènent  à  deux  espèces,  savoir  :  Vheinispliacrium, 
dont  l'invention  est  attribuée  à  Aristarque  de  Samos,  et  Mimnicyclium, 
dont  l'auteur  est,  dit-on,  le  Chaldéen  Bérosc  l 

Ce  dernier  cadran  —  le  seul  dont  Vitruve  nous  donne  en  passant  une 
description,  très-incomplète  d'ailleurs  —  est  le  plus  simple  et  peut-être 
le  plus  ancien  de  tous\  Il  paraît  avoir  été  le  plus  communément  en  usage 
chez  les  Grecs  et  les  llomains.  Il  consiste  en  un  quart  de  sphère  concave 
qui  est  creusé  à  la  surface  supérieure  d'une  pierre  et  dont  les  bords  ho- 


1.  De  architeclura ,  Jib.  IX,  cap.  8.  Dans  ce  neuvième  livre  de  son  ouvrage,  Vitruve 
traite  spécialement  de  la  gnomonique  [de  gnomonicis  rationibus)  ou  plutôt  de  l'art  de 
construire  les  cadrans  solaires  et  les  clepsydres.  Mais  il  ne  décrit  pas  les  diverses  espèces 
de  cadrans  connues  de  son  temps:  quas  res  praetermisi,  dit-il  (IX,  7),  ne  milita  scri- 
bendo  offcndain;  a  quibus  inventa  simt  gênera  horologiorum  exponam. 

2.  Vitruve,  IX,  8  :  Hemicyclium  excavatum  ex  quadrato  ad  enclimaque  succisum  Be- 
rosus  Chuldœus  dicilur  invenisse.  Scaphen  sive  hemisphœriiim  Aristarchus  Samius 

3.  G.  Rayet,  Des  cadrans  sol.  coniq.,  p.  3—5.  Cependant  Hérodote,  qui  vivait  au  milieu 
du  cinquième  siècle  avant  notre  ère,  disait  déjà  (H,  lO'Ji  :  «  La  géométrie  fut  inventée 
par  les  Égyptiens;  quant  au  cadran  solaire,  au  gnomon  et  aux  douze  divisions  du  jour, 
les  Grecs  les  ont  reçus  des  Babyloniens.  »  L'invention  des  cadrans  solaires  est  attribuée 
par  Diogène  LaC-rce  an  philosophe  Aiiaximandre  (mort  en  5 16  av.  J.-Ch.),  par  l'Iine,  à 
Aaaximènc,  disciple  d'Ânaximandrc. 


-  293  - 

rizoïilaux  décrivent  un  demi-cercle  (/tcmicyclus).  Vitiiive  se  conlenle  de 
dire  que  Yhemicyclium  est  creusé  dans  un  carré  ou  —  suivant  certains 
traducteurs  —  dajis  un  bloc  carré  (excavation  ex  (jnadralo)  et  (jue  sa 
face  antérieure  est  inclinée  parallèlement  au  plan  de  requateur  {ad  en- 
clima  succisvm).  Mais  il  est  probable  que  ces  deux  caractères  n'étaient 
pas  essentiels.  Le  cadran  de  IJérosc,  à  en  juger  par  des  sjjécimens  qui 
nous  ont  été  conservés,  ne  portait  d'autres  lig-nes  que  celles  des  heures'. 

L'horloge  solaire  qui  a  été  trouvée  à  Bettwillcr  a  aussi  la  forme  dis- 
tinclive  de  Vhemicyclium;  mais  elle  présente  de  plus  le  perfectionnement 
apporté,  selon  toute  apparence,  à  cet  insliument  par  l'astronome  grec 
Eudoxe  de  Gnide  (vers  370  avant  Jésus-Christ).  En  d'autres  termes,  c'est 
un  hémicycle  où  au  tracé  des  lignes  horaires  est  joint  celui  des  lignes 
des  saisons,  de  telle  sorte  que  l'intersection  de  ces  deux  espèces  de  traits 
produit  un  dessin  qui  rappelle  la  structure  d'une  toile  d'araignée  :  d'où  le 
nom  d'arachné  que  l'on  a  donné  aux  cadrans  du  système  de  Bérosc  qui 
offrent  cette  remarquable  combinaison  \ 

En  elTet,  la  surface  supérieure  de  cette  pierre,  qui  constitue  un  carré  de 
20  centimètres  de  côté,  présente  une  cavité,  considérablement  dégradée, 
qui  à  l'origine  avait  sans  doute  approximativement  la  forme  d'un  quart  de 
sphère  (hemicydmm  excavatum  ex  quadrato).  L'intersection  des  parois 
de  cette  cavité  avec  le  plan  horizontal  supérieur  du  bloc  de  grès  engen- 
drait primitivement  des  arêtes  vives  qui  étaient  disposées  à  peu  près  en 
demi-cercle  autour  de  l'excavation;  mais  par  suite  des  mutilations  qu'a 
essuyées  le  cadran,  ces  bords  de  l'hémicycle  sont  aujourd'hui  tellement 
émoussés  sur  tout  leur  pourtour  que  la  ligne  courbe  qu'ils  formaient 
autrefois  a  presque  entièrement  disparu. 

Par  son  ouverture  inférieure,  la  cavité  du  cadran  vient  entailler  la 
face  antérieure  de  la  pierre,  qui,  lorsque  cette  horloge  était  utilisée, 
devait  nécessairement  être  tournée  vers  le  Sud  (face  sud).  Les  plus  grandes 


1.  RicL,  Dict.  des  antiq.,  v°  Ilemicyclium. 

2.  Vitruve,  loc.  cit.  :  Arachnen  Eudoxus  astrologus  {dicitur  invcnisse) ,  nonnulli  di- 

citnt  Apollonium Dioaysodorus  conum aliaque  gênera,  et  qui  supra  scripli  sunt, 

et  alii  plures  inventa  reliquerunt,  uti  conaracJmen Le  célèbre  géomètre  Apollonius 

(lePerga  (vers  250  avant  notre  ère),  dont  il  est  ici  question,  parait  être  riuventeur  non 
pas  de  Varachné  simple  ou  sphériqae,  mais  bien  de  \a  conarach?ié  ou  toile  d'araignée 
coiiique,  dont  Vitruve  ne  nous  fait  pas  connaître  l'auteur.  Il  aurait  ainsi  api)liqu6  au 
cadran  conique  inventé  par  Dionysodore  de  Milo  le  même  perfectionnement  qu'Eudoxe 
de  Gnide  avait  déjà  apporté  au  cadran  sphériquc  de  Bérose,  c'est-à-dire  le  tracé  des 
lignes  des  saisons.  G.Rayet.  Des  cadrans  sol.  coniq..  p.  8. 


—  294  — 

dimensions  de  cette  échancrure  presque  semi-circulaire  étaient  sans  doute 
8  centimètres  dans  le  sens  de  la  profondeur  et  17  centimcli'cs  environ 
dans  le  sens  de  la  largeur.  Sur  les  cadrans  solaires  coniques,  celte  échan- 
crure de  la  face  sud  est,  à  diamètre  égal,  généralement  bien  j)lus  pro- 
fonde, parce  que  l'axe  du  cône  dont  la  surface  concave  poite  alors  les 
lignes  horaires,  devait,  pour  chaque  lieu  en  particulier  et  eu  égard  à  sa 
latitude,  être  incliné  parallèlement  à  l'axe  du  monde  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  à  la  ligne  des  pôles.  Au  contraire,  l'axe  d'un  hémicycle  du 
système  de  Bérose,  quoique  se  trouvant  aussi  dans  le  plan  méridien,  est 
toujours  dirigé  parallèlement  à  l'horizon. 

L'axe  de  la  cavilé  qui  nous  occupe  avait,  à  la  surface  supérieure  de  la 
pierre,  une  longueur  d'environ  12  centimètres.  Ce  chiffre  pourrait  fort 
bien  n'être  pas  tout  à  fait  exact,  car,  étant  donné  l'état  actuel  du  cadran, 
il  est  Irès-diflicile  de  mesurer  cette  ligne  médiane  sud-nord. 

Derrière  l'hémicycle  et  sur  le  prolongement  de  son  axe,  est  creusé  un 
trou  de  scellement,  de  forme  rectangulaire,  où  était  fixé  le  style  ou 
gnomon  du  cadran  solaire.  Cette  tige  métallique,  qui  n'a  pas  été  retrou- 
vée, avait  la  même  direction  que  l'axe  de  la  cavité,  c'est-à-dire  qu'au  ni- 
veau de  la  surface  supérieure  de  la  pierre,  elle  s'avançait  horizontalement 
et  dans  le  plan  méridien,  vers  la  face  sud  du  cadran  que  probablement 
elle  dépassait  un  peu.  Grâce  à  cette  disposition,  le  gnomon  projetait  né- 
cessairement son  ombre  sur  une  partie  quelconque  de  l'hémicycle,  dès  et 
aussi  longtemps  que  le  soleil  se  montrait  au-dessus  de  l'horizon. 

Le  trou  de  scellement  du  style,  qui  primitivement  avait  une  profondeur 
de  6  centimètres,  présente  aujourd'hui  des  parois  en  partie  ébréchées.  Il 
paraît,  en  effet,  qu'à  une  époque  quelconque  —  peut-être  au  moment 
de  son  enfouissement  —  ce  cadran  a  été  violemment  précipité  sur  sa 
surface  supérieure,  de  telle  sorte  que  le  gnomon  a  fait  éclater  la  pierr.e 
tout  autour  de  lui  et  principalement  vers  la  face  nord  ou  postérieure  du 
monument. 

Bien  que  la  cavité  du  solarium  soit  très-endommagée,  on  peut  cepen- 
dant distinguer  encore  à  la  surface  de  ce  qui  en  reste,  un  certain 
nombre  de  lignes  qui  répondent  aux  principales  divisions  de  l'année  et 
du  jour. 

Et  d'abord,  on  y  remarque  deux  arcs  de  cercle  CD,  EF,  qui,  lorsque 
leurs  extrémités  n'avaient  pas  encore  disparu,  traversaient  tout  l'hémicycle 
de  la  face  est  vers  la  face  ouest;  ils  sont  tracés  parallèlement  au  bord 
inférieur  ou  méridional  de  la  cavité,  l'un  à  4  Va  centimètres,  l'autre  à 
8  7ï  centimèties  en  arrière  de  ce  bord.  Ces  deux  lignes  circulaires  et  celle 


—  295  — 

AB,  formée  par  le  bord  même  du  cadran',  iiidi(|uciil  sans  doule  les  che- 
mins que  l'ondjie  de  l'exlrémilé  du  slyle  parcourait  en  un  seul  jour,  de 
l'Ouest  vers  l'Est,  à  l'épurpie  dus  é(juinoxes  (CD)  et  des  solstices  d'été  (AB) 
et  d'hiver  (EF).  Ces  trois  courbes  reproduisent  ainsi  sur  la  concavité  de 
l'hémicycle  les  aies  de  cercle  (pi'en  ces  divers  temps  le  soleil  déci-it  île 
l'Est  vers  l'Ouest  sur  la  moitié  méiidionale  de  la  voûte  céleste.  Ces  lif^nes 
d'ombre  sont  connues  sous  les  noms  de:  ligne  des  équinoxes,  lij-iie  du 
solstice  d'été,  ligne  du  solstice  d'hiver.  Chez  les  Uomains,  elles  étaient 
très-probablement  appelées  linca  aeqidnocUalis ,  Linea  acaiiud ,  linea  hi- 
berna, suivant  qu'elles  correspondaient  au  dies  aequinociialis ,  au  dies 
solstilialis  (solstice  d'été)  et  au  dies  brurnalis  (solstice  d'hiver)  l  Comme 
à  ces  différentes  époques  de  l'année,  le  soleil,  dans  son  mouvement  appa- 
rent, traverse  l'équateur  ou  s'arrête  à  l'un  des  tropiques,  on  dit  aussi 
quelquefois  que  ces  trois  courbes,  réellement  tracées  ou  noji,  consliluejit 
sur  les  horloges  solaires,  l'une,  celle  du  milieu,  le  cercle  de  réfjuateiu-, 
et  les  deux  autres  les  cercles  des  tropiques ^  Quoi  (pi'il  en  soit  de  ces 
dénominations,  ce  sont  là  sur  le  cadran  qui  nous  occupe,  des  lignes 
d'ombre  qui  répondent  à  la  division  de  l'année  en  quatre  (juarls  ou  en 
quatre  saisons  dont  elles  marquent  le  commencement  ou  la  fin.  En  un 
mot,  ce  sont  les  lignes  des  saisons  qui  par  leur  combinaison  avec  les 
lignes  horaires  font  de  cet  Jiemicyclium  une  véritable  aracimc.  Ces  trois 
arcs  de  cercle  correspondant  aux  équinoxes  et  aux  solstices  se  rencontrent 
sur  quelques-uns  des  cadrans  sphériques  du  système  de  Bérose  que  l'an- 
tiquité nous  a  légués;  mais  on  les  retrouve  bien  plus  fréquemment  sur 
les  cadrans  coniques  datant  de  cette  époque;  le  tracé  de  ces  lignes  donne 
alors  à  ceux-ci  le  caractère  de  conarachnésK 

Si  nous  revenons  à  l'horloge  solaire  découverte  à  Bettwiller,  nous  y 
remarquerons  ensuite  un  certain  nombre  de  lignes  qui,  partant  du  bord 


1.  Yoy.  G.  Rayet,  p.  23  et  2i,  description  du  cadran  conique  de  l'Acropole  d'Athènes. 

2.  Vltruve,  IX,  7:  Quum  hoc  ita  sit  expUcatum,  sive  per  hibernas  lineas,  sive  per 
aestivas,  sive  per  aequinoctiales  aut  etiam  per  menstruas ,  in  subjectionibus  rationes 
horarum  erunt  ex  a7ialemmatis  describendae Vitruve  emploie  dans  un  sens  ana- 
logue les  expressions  :  solis  radius  hlbernus,  radius  aeslivus. 

3.  Ricli ,  Biet,  des  ayitiq.,  Y"  Arachnë. 

4.  G.  Rayet,  p.  6.  Certaines  arachnés  coniqiies  portent  entre  les  trois  lignes  correspon- 
dant aux  équinoxes  et  aux  solstices  quatre  autres  lignes  parallèles  à  celles-ci  et  groupées 
deux  par  deux.  Ces  sept  lignes,  qui  laissent  entre  elles  six  intervalles  inégaux,  mar- 
quaient l'entrée  du  soleil  dans  les  douze  signes  du  zodiaque  et  indiquaient  par  consé- 
quent la  division  de  l'année  en  douze  mois  [Hneae  menstriiae). 


—  296  - 

inférieur  de  la  cavité  du  cadran  (ligne  du  solstice  d'été),  coupent  la  ligne 
des  équinoxes  et  celle  du  solstice  d'hiver  et  semblent  avoir  convergé  vers 
le  pied  du  style,  sans  toutefois  l'avoir  atteint.  Ce  sont  V  la  ligne  mé- 
ridienne et  2°  les  lignes  tri  horaires. 

La  ligne  méridienne,  qui  est  tracée  au  milieu  de  l'hémicycle  et  qui 
devait  se  trouver  dans  le  plan  méridien,  marque  le  midi  vrai.  Elle  indi- 
quait ainsi  le  milieu  du  jour  naturel'  (dies  naturalis,  cl.  vcrus,  Inx), 
c'est-à-dire  de  l'espace  de  temps  compris  entre  le  lever  et  le  coucher  du 
soleil,  et  séparait,  pour  ce  joui',  h's  horœ  anlemeridianœ  des  horœ  pome- 
ridianœ.  Cette  division  du  jour  naturel  en  deux  moitiés,  le  iempus  ante- 
meridiamim  et  le  tempns  postmeridianum,  est  la  plus  ancienne  de  toutes; 
elle  fut  même  la  seule  en  usage  à  Rome  pendant  j)lus  de  quatre  siècles  et 
demi,  alors  qu'on  n'y  connaissait  encore  ni  les  cadrans  solaires'-,  ni,  par 
suite,  la  division  du  jour  en  heures^  Comme  le  cadran  dont  il  est  ici 
question,  a  sans  doute  servi  à  une  ou  plusieurs  exploitations  agricoles,  il 
n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  rappeler  que  chez  les  Romains  le  tem- 
pus  meridiamim  était,  d'après  la  coutume  ou  la  loi,  l'heure  du  repos 
pour  les  ouvriers  qui  n'étaient  pas  de  condition  servile.  Ainsi  le  droit 
de  faire  la  méridienne  {meridiari)  appartenait,  du  moins  pendant  la 
belle  saison,  aux  hommes  libres  qui  travaillaient  pour  autrui  moyennant 
un  salaire  et  aux  affranchis  lorsqu'ils  rendaient  gratuitement  à  leur  ancien 
maître  les  services  qu'ils  lui  devaient  en  vertu  de  l'acte  de  manumission*. 


1.  Celte  Jig-iie  marquait  aussi  le  milieu  du  joui'  civil  des  Homains  (dies  civilis,  dies 
Romnnus)  rjui,  comme  celui  des  Éj^yptiens,  se  comptait  de  minuit  à  minuit.  Cet  espace  de 
temps  comprenait  ainsi  more  romuno  duas  diinidiatas  noctes  et  biceni  mcdUnn  et  renfer- 
mait en  toute  saison  douze  heures  de  jour  et  douze  heures  de  nuit.  Loi  8,  IHg.,  dej'eriis, 
[W,  12).  Aulu-Gelle,  N.  A.,  III,  2.  Censoriaus,  De  die  natali,  cap.  23. 

2.  Le  premier  cadran  solaire  que  l'on  vit  à  Rome  lut,  d'après  Pline  {lîisl.  nul.,  Vil,  GO), 
celui  que  L.  l'apirius  Cursor  y  érigea  Fan  293  avant  J.-Ch.;  suivant  d'autres  auteurs,  ce 
fut  celui  que  M.  Valerius  Mcs.sala  y  apporta  de  Catane,  lors  de  la  première  guerre  punique, 
vers  l'an  2G3.  Ceusorinu.s,  qui  écrivait  au  troisième  siècle  de  notre  ère,  dit  peut-être  avec 
plus  de  raison  (De  die  nat,  cap.  23):  (Solarium)  antiquissimum   qnod  J'uerit  (Romœ) , 

invenlu  difficile  est Illud  salis  conslat,   nulluni  in  Foro  prias  fuisse,  qnnm   id 

qxod  M.  Valerius  ex  Sicilia  advcctum  ad  Rosira  in  columna  posiiit. 

3.  Censorinus,  loc.  cit.:  Scd  hoc  (la  diyision  du  jour  en  heures)  credo  Romœ  posl 
reperla  sola?-ia  obseroalum....  llorarum  nomen  non  minus  annos  300  Romœ  ignoratum 
esse ,  credibile  est.  Nam  in  Xfl  Tabulis  nusquam  nominatas  horas  inoenias,  ut  in  aliis 
poslea  legibus,  sed  «  ante  mei-idiem  » ,  eô  videlicet  qxod  partes  dici  bifariam  Inm  divisi 
mcridies  discerncbat.  —  l'iaute  dans  Aulu-Gelle,  III,  3. 

•i.  Loi  20,  pr.  Dig.,  de  operis  liberlorum,  38,  I  :  dummodo  [patronus)  liberales  opéras 


-  597  — 

Sur  les  cadrans  solaires  des  anciens,  la  ligne  méridienne  indiijuait, 
üLitre  le  nn'di,  la  sixième  heure  du  juur;  car,  à  l'exemple  des  Babyloniens, 
les  Grecs  et  les  Romains  partageaient  le  joui-  naluicl  en  douze  li,  iMcs(jui 
se  comptaienl  à  partir  du  lever  du  soleil  et  dont  la  sixième  finissait  tou- 
jours à  n)idi.  Comme  la  durée  des  jours  varie  suivant  les  saisons,  il  en 
résulte  que  dans  l'antiquité  celle  des  heures  diurnes  variait  en  même 
temps  et  dans  la  môme  proportion'.  Dans  notre  |)ays,  pai-  exemple,  nne 
heure  du  jour  était  au  solstice  de  juin  {Itora  süls/illalis)  deux  (bis  plus 
longue  (ju'au  solstice  de  décembre  {hora  brumaUs).  Comme  la  division 
duodécimale,  appliquée  d'abord  au  jour,  fut  plus  tard  étendue  à  la  nuit, 
la  même  diversité  existait  aussi  à  l'époque  romaine  dans  la  durée  des 
heures  nocturnes  qui,  elles,  se  comptaient  à  partir  du  coucher  du  soleil. 
Ainsi  les  heures  du  jour  et  celles  de  la  nuit,  qui  étaient  égales  entre  elles 
au  temps  des  équinoxes  {horae  aequinodialcs),  ne  cessaient  ensuite  les 
unes  de  s'allonger,  les  autres  de  se  raccourcir  pendant  tout  le  reste  de 
l'année,  si  bien  qu'à  l'époque  des  solstices  d'été  et  d'hiver,  les  unes  étaient 
dans  notre  région  deux  fois  plus  longues  ou  deux  fois  plus  courtes  que 
les  autres  l  Cette  étrange  manière  de  régler  la  dui'ée  des  heures  fut  chez 
les  anciens  une  conséquence  naturelle  de  l'emploi  à  peu  près  exclusif  des 
horloges  solaires  pour  la  mesure  du  temps.  En  effet,  les  diverses  espèces 
de  cadrans  qui  étaient  alors  en  usage  avaient,  comme  le  dit  Vitruve,  cela 
de  commun,  qu'elles  divisaient  en  douze  heures  tous  les  jours  de  l'année, 
les  plus  courts  comme  les  plus  longs,  celui  du  solstice  d'hiver  aussi  bien 
que  ceux  des  équinoxes  et  du  solstice  d'été \  Ainsi,  pour  construire  une 
arachné  sphérique  ou  conique,  on  avait  généralement  soin  de  partager 
en  douze  parties  égales  chacune  des  trois  lignes  d'ombre  correspondant 
aux  équinoxes  et  aux  solstices;  cela  fait,  il  suffisait  de  joindre  par  un  trait 
continu  les  points  de  division  de  même  ordre  pour  obtenir  un  instrument 
partageant  en  douze  heures  tous  les  jours  de  l'année  indistinctement.  Une 
horloge  solaire  devait  donc  nécessairement  marquer  des  heures  variables 


ab  eis  [liberlis]  exUjeret,  hoc  est  ut  meridiano  tempore  acquiescerc....  sineret.  Kotc  de 
Jacq.  Godcfi'oi  :  eodeiii  modo  qui  opéras  alicui  conduxerunt  invito  locutore  mcridiari 
possiint.  —  Martial,  IV,  8:  Se.r.ta  (hora)  quies  lassis. 

1.  Vitruve,  IX,  8  :  Sol  per  siderum  spatia  vadens,  dilatai  contrahilque  dies  et  haras. 

2.  Vie  de  César,  par  KapoJôon  III.  Appendice  B,  table  de  concordance  des  Leurcs  ro- 
maines et  modernes  sous  la  latitude  de  Paris,  par  Lcverricr. 

3.  Vitruve,  IX,  7:  Subjicientur  muUae  varietates  et  gênera  horologiorum Omnium 

autem  figurarum  descriptionumque  earum  effectus  unus,  ut  dies  aequinoctiulis  bruma- 
lisque  itemque  solstitialis  iti  duodecim  partes  aeqïialiter  sit  divisus. 


—  298  — 

de  longueur  suivant  les  saisons,  en  lui  niul,  des  heures  temporaires.  La 
clepsydre,  au  contraire,  j)ouvait  donnei-  toute  l'année  des  heures  d'une 
durée  constante,  semblahles  aux  nùlres  (heures  éiiuinoxiales);  mais  il  en 
était  rarement  ainsi  et  le  plus  souvent  les  hoiloges  à  eaU;  qui  servaient 
prhicipalemcnt  en  hiver  {huroloyla  hiberna),  étaient,  elles  aussi,  disposées 
de  manière  à  marquer  des  heures  temporaiies  soit  pour  le  jour,  soit  poui- 
la  nuit'. 

Certains  peuples  de  l'antiquité  ne  se  contentaient  pas  de  diviser  ainsi  et 
le  jour  et  la  nuit  en  douze  pai'ties  égales;  ils  partageaient  en  outre  l'un  et 
l'autre  de  ces  deux  espaces  de  temps  en  fjactions  i)lus  considérables,  c'est- 
à-dire  en  quatre  quarts  dont  chacun  comprenait  trois  heures  temporaires. 
Cette  division,  qui  est  peut-être  plus  ancienne  que  celle  du  jour  en  heures, 
était  usitée  notamment  chez  les  Chaldéens  et  les  Phéniciens';  elle  s'intro- 
duisit également  à  Rome,  sans  doute  en  même  temps  que  la  division 
horaire,  et  s'y  maintint  jusqu'à  la  fin  de  l'Empire.  Ainsi  les  Romains  parta- 
geaient le  jour  en  quatre  parties  égales,  que  l'on  appelait  sans  doute  exm- 
biœ  et  la  nuit  en  quatre  quarts  que  l'on  nommait  vigiliœ.  Ces  subdivi- 
sions du  jour  et  de  la  nuit  étaient  appelées  selon  leur  ordre,  première, 
seconde,  troisième  et  quatrième  excnhia  ou  vigilia\  A  l'époque  de  la 
domination  romaine,  cette  division  du  temps  avait  surtout  une  grande  im- 
portance au  point  de  vue  militaire  {divisio  militaris)  pour  le  service  des 
factions  de  jour  (excubiœ)  et  des  factions  de  nuit  {viyiliœY.  D'autre  part, 

1.  Ou  arrivait  à  ce  résultat  soit  en  augmentant  ou  en  diminuant  de  diverses  manières 
r écoulement  de  l'eau,  soit  en  employant  pour  chaque  mois  une  échelle  horaire  diffé- 
rente, de  telle  sorte  que  les  intervalles  correspondant  aux  heures  y  étaient  tantôt  un 
peu  plus  grands,  tantôt  un  peu  plus  petits,  secundinn  horunnn  cresccntias  aul  correp- 
tiones.  Vitruve,  IX,  8,  éd.  Panckoucke,  notes  lOG,  Il  1  et  figures. 

2.  Revue  archéologique,  mars  1877,  p.  179,  note  1. 

3.  Gensorinus,  c.  23:  Alii  diem  quadripartito ,  sed  et  noctem  simililer,  dioidcbant, 
idque  divisio  testatur  militaris,  ubi  dicitur  vifjilia  prima,  item  sccunda ,  et  lerlia  et 
quarta.  La  quadripartitio  du  jour  ne  paraît  pas  avoir  eu  chez  les  Homains  la  même  im- 
portance que  celle  de  la  nuit.  Aucun  auteur  latin  ne  nous  a  transmis,  que  je  sache,  le 
nom  que  l'on  donnait  à  Rome  aux  quatre  quarts  du  jour.  J'ai  suivi  sur  ce  point  l'opinion 
de  Nieupoort  qui  dit  {Rit.  Rom.  explic.,  IV,  4,  3)  :  Sed  alias  dies,  nt  et  nox ,  in  quatuor 
partes,  excubias ,  sive  vigilias  dictas,  erat  divisa.  —  Liltré,  biet..  Vis  Tierce,  Sexte, 
Aonc. 

4.  Forcellini  (Lexic,  v»  Excubiae)  :  VigiHue  sunt  tantum  nocturnae,  cxcubiae  noc- 
lurnae  et  diurnae.  —  Dans  les  camps  romains,  le  commencement  de  chaque  veille 
était  annoncé  au  son  de  la  trompette,  buccina.  De  là  les  expressions  de  buccina  prima, 
secioida,  lerlia,  etc.  —  A  celte  division  militaire  et  civile  de  la  nuit  chez  les  Romains  se 
rattache  l'origine  des  quatre  veilles  chrétiennes  que  Ton  observait  dans  la  ininiilive  Église 


—  209  — 

il  est  probable  aussi  (juu  clic/  les  anciens,  coniine  de  nos  juins,  les  sa- 
laires des  ouvriei's  étaient  souvent  réglés  par  (piails  de  journée  {tiuadrans 
operœ,VierteUa(/).  Ainsi,  dans  l'apologue  du  vigneron  (Êvang.  saint  Mallb., 
G.  20,  V.  1—8),  on  voit  le  propriétaire  du  vignoble  engager  successive- 
ment des  journaliers  au  lever  du  soleil,  à  la  troisième,  à  la  sixième  et  à 
la  neuvième  heure  du  jour,  enfin,  par  exccplion,  à  la  onzième.  Celle  dis- 
tribution du  jour  et  de  la  nuit  survécut  à  la  cliule  de  l'Empire  romain  et 
persista,  en  même  tcmi)s  que  l'emploi  général  des  cadrans  solaires,  jus(jue 
vers  la  fin  du  moyen  uge.  Pendant  cette  période  de  l'bistoire,  en  efl'el,  le 
jour  notamment  était  encore  divisé  en  France  en  quatre  parties  égales, 
que  l'on  appelait  la  prime,  la  lierce,  la  sexlc  et  la  noue,  parce  qu'elles 
commençaient  respectivement  à  la  première,  à  la  troisième,  à  la  sixième 
et  à  la  neuvième  heure  du  jour,  ou,  comme  on  disait  alors,  aux  lieures 
de  prime,  de  tierce,  de  sexte  et  de  none'.  Cette  ancienne  division  du 
jour  en  quatre  quarts  semble  aussi  avoir  laissé  des  traces  dans  ces  mois 
de  la  langue  allemande  :  Morgens,  VormiUags,  Nachmillags  et  Abends. 

Cette  seconde  distribution  du  jour  naturel,  rarement  indiquée  sur  les 
cadrans  solaires  de  l'antiquité,  est  marquée  sur  celui  qui  nous  occupe  par 
les  lignes  trihoraires  que  j'ai  déjà  mentionnées  plus  haut.  De  ce  nombre 
est  tout  d'abord  la  ligne  méridienne  qui,  par  cela  même  qu'elle  répond  à 
la  sixième  heure  du  jour,  détermine  le  commencement  de  la  sexte  et  la 
fin  de  la  tierce.  Deux  autres  lignes  trihoraires  se  voient  encore  sur  ce 
cadran,  l'une  à  gauche,  l'autre  à  droite  de  la  ligne  méridienne;  elles  cor- 
respondent l'une  à  la  troisième,  l'autre  à  la  neuvième  lieure  du  jour  et 
indiquent  par  conséquent,  la  première  le  commencement  de  la  tierce,  la 
seconde  celui  de  la  none.  Il  ne  reste  pour  ainsi  dire  aucun  vestige  des 
lignes  trihoraires  extrêmes  qui  marquaient  le  commencement  et  la  fin  du 
jour  (inane  et  vespere)  et  par  suite  aussi  le  commencement  de  la  prime  et 
la  fin  de  la  none;   celles-ci  n'étaient  pas  réellement  tracées  sur  la  pierre 


et  à  la  fm  desquelles  on  chantait  successivement  le  premier,  le  second  et  le  troisième 
nocturne,  enfin  les  matines  {laudes).  A  partir  du  cinquième  siècle  s'introduisit  pou  à  peu 
l'usage  de  réciter  à  la  (in  de  la  quatrième  veille  et  les  trois  nocturnes  (matines)  et  l'office 
de  laudes.  {DicL  des  aniiq.  chréf.,  par  l'abbé  Martigny,  v  Office). 

1.  Au  quinzième  siècle  encore,  Froissart  dit  par  exemple,  1,  I  :  i7  estait  heure  de  haute 
tierce  (près  de  midi)  ;  —  III,  8  :  l'usage  du  comte  de  Foix  estait  qu'il  se  descouchait  à 
haute  nonne;  —  1,1:  Environ  petite  nonne  (vers  quatre  heures)  un  lièvre  seti  vint  tres- 
passant  parmi  les  champs.  Ducange  (v»  tertia)  cite  un  texte  du  quatorzième  siècle  ainsi 
conçu:  comme  il  feu  si  tierce  de  nuit  ou  environ.  En  vieux  français,  noner  signifiait 
goûter,  allemand  vespem  (Scheler,  Dict.  d'c'tym./r.,  v»  i\one.} 


—  300  - 

mais  elles  se  confondaient  avec  les  arêtes  vives  qui  terminaient  autrefois 
l'hémicycle  encore  intact  vers  l'Est  et  vers  rOucsl  ou,  si  l'on  veut,  à  gauche 
et  à  di'oile  du  style*. 

Sur  la  plupart  des  aracJinés  sphériques  ou  coniques  de  Tanlifjuite,  les 
lignes  horaires  s'étendent  toutes  indistinclenienl  depuis  le  bord  inférieur 
de  la  cavité  qui  les  porte  jusqu'au  pied  du  gnomon  ou  tout  au  moins  jus- 
qu'à la  ligne  du  solstice  d'hiver.  Sur  le  cadran  trouvé  à  Bettvviller,  au  con- 
traire, les  lignes  trihoraires  seules  ont  une  pareille  longueur,  puisque, 
connue  je  l'ai  déjà  dit,  celles  qui  sont  réellement  gravées  sur  la  pierre 
dépassent  la  ligne  du  solstice  d'hiver.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  en  ce 
qui  ccjncerne  les  lignes  horaires  simples  qui  sur  cette  horloge  mar- 
quaient ce  que  l'on  pourrait  en  quelque  sorte  appeler  les  petites  heures 
du  jour,  c'est-à-dire  les  heures  autres  que  manc,  tierce,  scxte,  none  et 
vêpres.  Ces  lignes  lioraires  de  moindre  importance  ne  sont  tracées  que 
sur  la  partie  de  la  cavité  qui  se  trouve  comprise  entre  le  bord  inférieur 
de  l'hémicycle  (ligne  du  solstice  d'été)  et  le  premier  arc  de  cercle  paral- 
lèle à  ce  bord  (ligne  des  équinoxes).  Il  semble  donc  que  ce  cadran  n'a 
jamais  dû  servir  beaucoup  pendant  le  temps  compris  entre  l'équinoxe  d'au- 
tomne et  celui  du  printemps  où  dans  notre  pays  le  ciel  est  souvent  couvert; 
pendant  cette  moitié  de  l'année,  en  effet,  l'horloge  solaire  n'indiquait  plus 
toutes  les  heures  du  jour.  Des  huit  lignes  horaires  simples  que  portait 
autrefois  ce  cadran,  il  n'en  reste  plus  que  cinq;  ce  sont,  en  les  désignant, 
comme  le  faisaient  les  anciens,  d'après  les  heures  du  jour  dont  elles 
marquent  la  fin,  la  linea  quarta,  la  quinla,  la  septima,  Yoctava  et  la  décima'^. 


1.  Cette  division  du  jour  en  quatre  périodes,  de  trois  heures  chacune,  parait  avoir  eu  une 
certaine  importance,  même  au  point  de  vue  religieux,  cliez  les  Juifs  qui  avaient  l'hal)!- 
tude  de  prier  dans  le  temple  ou  chez  eux  aux  heures  de  tierce,  de  sexte,  de  none  et  de 
vôprcs  (Actes  des  Apôtres:  II,  15;  X,  D;  III,  I).  L'Éf^lisc  chrétienne  tint  également  compte 
de  cette  distribution  civile  du  jour,  lorsqu'elle  régla  la  célébration  de  rollice.  Preca- 
tiones  facite,  dit  une  Constitution  apostolique  (VIII,  34)  de  la  fin  du  quatrième  siècle, 

viane,  et  tertia  hora,  et  sexta,  et  nona,  et  vespere. Les  prières  ainsi  prescrites  ne  sont 

autre  chose  que  les  heures  canoniques  de  matines,  de  tierce,  de  sexte,  de  7ione  et  de 
vêpres,  qui,  dans  les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  furent  ainsi  appelées  du  nom  des 
heures  du  jour  auxquelles  on  les  récitait  alors.  C'est,  comme  on  sait,  depuis  le  neuvième 
siècle  que  dans  l'Église  romaine  on  chante  l'heure  de  vêpres  immédiatement  après  celle 
de  none.  (Dict.  des  Anliq.  chrétiennes ,  par  l'abhé  Martigny,  V  Office.) 

2.  Ausone  {Ephenieris\  presse  en  ces  termes  son  cuisinier  Sosie  de  préparer  le  dé- 
jeuner : 

Sosia,  prandendum  est  :  quartamjam  lohis  in  horam 

Sol  cald;  ail  quinlam  flcdilur  lanbra  noUun. 


-  301  — 

Les  trois  espèces  de  lignes  duiil  j'ai  successivenieiit  parlé  —  lignes  des 
saisons,  lignes  trihoraires,  lignes  horaires  simples  —,  sont  assez  grossière- 
ment Iracécs;  aussi  la  posilion  de  quehpies-uiics  d'enlre  elles  n'est-elle 
peut-être  pas  rigoureusement  exacte.  Il  est  proliahlc  (pic  priinilivemcnl 
elles  étaient  toutes  j)einles  en  rouge. 

Le  cadran  solaire  découvert  à  Bcttwiller  ne  présente  pas  d'ailleurs  un 
des  caractères  habituels  des  hémicycles  du  système  de  Bérose;  il  n'est 
pas,  comme  dit  Vilruve,  succisiim  ad  encUma\  En  d'autres  termes,  la  l'ace 
antérieure  de  la  |)ierre  n'est  pas  inclinée  parallèlement  au  plan  de  ré(pia- 
teur,  de  manière  à  former  avec  la  verticale  un  angle  égal  à  la  latitude 
(clima)  du  lieu  où  l'horloge  devait  être  placée.  Si  ce  cadran  eût  été  taillé 
d'après  la  latitude  de  Bettwiller  qui  est  d'environ  48°  50',  sa  face  sud 
serait  inclinée,  sinon  sur  toute  sa  hauteur,  du  moins  au  niveau  de  la 
cavité,  de  telle  façon  qu'elle  ferait  un  angle  de  près  de  41"  (90°—  48"  50') 
avec  le  plan  horizontal  supérieur  de  la  pierre.  Il  est  possible  que  le  con- 
structeur de  ce  solarium  ait  ignoré  la  latitude  de  Bettwiller;  peut-être  aussi 
a-t-il  négligé  de  l'indiquer  de  la  sorte,  parce  qu'il  avait  l'intention  de 
décorer  la  base  du  cadran  des  sculptures  dont  il  me  reste  à  parler  main- 
tenant. 


II. 


J'aborde  ainsi  la  description  des  bas-reliefs  que  ce  petit  monument 
présente  sur  ses  quatre  faces  verticales  et  qui,  sous  ce  rapport,  le  font 
ressembler  à  certains  autels  de  l'antiquité  païenne  {ViergüUeraUärey. 

Ces  sculptures  sont  d'une  exécution  plus  que  médiocre.  Les  proportions 
du  corps  ne  sont  pas  bien  observées;  les  attitudes  violentes  de  certaines 
figures   sont   mal  rendues.  Toutes  les  têtes  féminines  se  ressemblent, 


On  sait  que  les  Romains  avaient  g-énéralement  l'Iiahitude  de  déjeuner  {prandere)  vers 
la  sixième  lieure  du  jour  et  de  diner  {cœnare)  vers  la  neuvième.  Martial,  IV,  8:  hiiperat 
excelsos  frangere  7iona  toros. 

1.  Ce  caractère  n'est  pas  propre  aux  hémicycles  de  Bérose,  comme  on  pourrait  le 
croire  d'après  la  description  que  nous  en  donne  Vitruve.  On  le  retrouve,  en  cfTet,  sur 
tous  les  cadrans  coniques  de  l'antiquité  qui,  au  nombre  de  onze,  sont  parvenus  jusqu'à 
nous.  (G.  Rayet,  ouvrage  cité,  p.  8  et  15.) 

2.  La  décoration  des  cadrans  spliériques  et  coniques  consiste  presque  toujours  en 
deux  pattes  de  lion  qui  sont  placées  aux  deux  angles  de  la  face  sud  et  qui  géiiératement 
suivent  les  inflexions  de  celle-ci,  lorsqu'elle  est  succisa  ad  enclima. 


-   302  — 

comme  si  le  sculpteur  n'avait  eu  ù  cet  égard  (ju'un  seul  type  à  sa  dispo- 
sition. Cet  ouvrier  semble  d'ailleurs  avoir  eu  une  prédilection  marquée 
pour  les  nudités.  Les  anaglypljes  en  question  ne  |trésentent  plus  aucune 
Irace  de  peinture,  si  tant  est  qu'ils  aient  jamais  été  coloriés.  Enfin,  ils  ne 
sont  accompagnés  d'aucune  inscription. 

Les  quatre  figures  représentées  sur  ce  monument  ne  sont  pas  placées 
dans  de  véritables  niches.  Le  sculpteur  s'est  contenté  de  laisser  aux  pieds 
de  chacune  d'elles  une  petite  base,  sans  moulures,  de  3  centimètres  de 
haut  et  de  creuser  ensuite  chaque  face  en  taillant  la  pierre  obliquement 
tout  autour  de  chacune  de  ces  quatre  images.  La  hauteur  de  ces  figurines 
vaiie  de  0,40  à  0,47  centimètres  suivant  les  côtés. 

Face  sud.  Je  décrirai  tout  d'abord  le  bas-relief  qui,  sur  la  face  antérieure 
de  la  pierre,  est  placé  au-dessous  de  l'échancrure  produite  par  la  cavité 
du  cadran  solaire.  Cet  anaglyphe,  le  plus  petit,  mais  aussi  le  plus  soigné 
de  tous,  a  été  assez  habilement  rattaché  à  cet  instrument  horaire'.  Il  repré- 
sente, en  effet,  une  femme  complètement  nue,  qui  lève  les  bras  pour  sou- 
tenir le  cadran  qu'elle  porte  sur  la  tête  à  la  manière  d'une  canéphore,  et 
qui  pourtant,  malgré  ce  fardeau,  semble  passer  rapidement  devant  le 
spectateur  en  dansant  ou  en  courant.  Rien  ne  s'oppose,  il  me  semble,  à 
ce  qu'on  voie  dans  cette  figure  la  représentation  de  l'une  des  Heures, 
veloces  Horae,  comme  les  appelle  Ovide,  bien  qu'on  ne  retrouve  pas  ici 
les  attributs,  d'aillein^s  fort  peu  constants,  de  ces  divinités.  La  déesse  a  des 
cheveux  très-abondants  qui,  partagés  sur  le  miUeu  de  la  tète,  encadrent 
la  face  et  se  relèvent  en  arrière  en  couvrant  entièrement  les  oreilles.  Le 
visage,  un  peu  large  et  épais,  n'a  rien  de  beau  ni  même  de  juvénile.  Le 
front  est  très-haut;  le  nez,  légèrement  mutilé.  Les  seins  sont  à  peine 
indiqués;  par  contre,  d'autres  caractères  sexuels  le  sont  trop  et,  sous  ce 
rapport,  le  sculpteur  (si  c'est  bien  lui)  a  quelque  peu  «bravé l'honnêteté». 
Le  torse,  d'un  relief  assez  vigoureux,  se  présente  presque  de  face  et  ne 
participe  pas  suffisamment  au  mouvement  des  membres  inférieurs  qui,  à 
paitir  du  genou,  sont  entièrement  retournés  et  ne  se  voient  plus  que  de 
|irofii.  La  déesse  s'appuie  sur  la  jambe  droite  qui,  dressée  verticalement, 
ne  repose  que  sur  la  pointe  du  pied.  La  jambe  gauche,  d'une  longueur 


1.  S'il  faut  cil  croire  certains  vers  attribués  à  Ausoiic  [De  mensibus  tctrasticha),  le 
cadran  solaire  aurait,  du  moins  eu  peinture  et  particulièrement  dans  les  illustrations  des 
calendriers,  servi  à  caractériser  le  mois  de  Juin  personnilié  : 

Nudus  viembra  dehinc  solares  respicit  liorus 
Junius,  uc  l'Iiocbiini  ßcctere  monslral  Her. 


—  303  — 

disproportionnée ,  est  rejetce  en  arrière  et  inflécliie  de  telle  sorte 
(jue  la  plante  du  pied  est  perpendiculaire  au  sol  et  paraît  ne  pas  y  tou- 
cher. C'est,  comme  on  voit,  l'attitude  assez  mal  rendue,  il  est  viai, 
d'une  femme  qui  court  ou  qui  danse;  c'est  aussi ,  si  je  ne  me  liompe, 
une  image  symb()li(iue  du  cours  ou  de  la  fuite  rapide  des  heures,  cursus 
horarum. 

Face  est.  Lorsque,  après  avoir  considéré  ce  premier  has-relicf,  on  v^'ut 
ensuite  faire  le  tour  de  la  pierre  pour  examiner  les  autres,  on  est  naturel- 
lement porté  à  prendre  à  droite  et  à  se  placer  tout  d'abord  devant  la  face 
est  de  ce  petit  monument.  —  L'anaglyphe  qui  décore  ce  côté  du  cadran , 
représente  également  une  femme  qui  n'a  pour  tout  vêtement  qu'une  sorte 
d'écharpe  nouée  autour  des  reins.  C'est  une  autre  Heure  sans  doute.  Celle-ci 
est  bien  certainement  occupée  à  danser;  elle  tourne  sur  elle-même,  de 
droite  à  gauche,  en  déployant  au-dessus  de  sa  tête  un  voile  dans  les  plis 
duquel  ses  bras  relevés  disparaissent  à  partir  du  coude.  La  diva  saltatrix 
présente  le  dos  au  spectateur  et  pourtant,  grâce  à  l'inhabileté  du  sculpteur, 
elle  parvient  à  nous  montrer  son  visage  de  trois  quarts.  Cette  seconde 
Heure  a  la  môme  physionomie  que  la  première;  elle  a  aussi  la  même  coif- 
fure, à  cette  différence  près  toutefois  que  deux  longues  boucles  descendent 
derrière  ses  oreilles  et  vont  tomber  au  milieu  du  dos.  La  déesse  s'appuie 
légèrement  sur  la  pointe  du  pied  gauche.  La  jambe  droite  est  très-muti- 
lée; elle  est  rejetée  en  arrière  sans  être  ployée  et  ne  porte  que  sur  les 
extrémités  des  orteils.  Il  me  semble  donc  que,  sans  avoir  l'imagination 
trop  complaisante,  on  peut  voir  dans  cette  sculpture  une  personnification 
des  heures  qui  tournent  et  reviennent  sans  cesse  sur  elles-mêmes.  Com- 
ment d'ailleurs  admettre  qu'une  vulgaire  danseuse  puisse  figurer  ici  à 
côté  des  grandes  divinités  qui  vont  suivre  ou  même  avoir  le  pas  sur 
elles? 

Face  nord.  En  effet,  sur  la  paroi  postérieure  du  monument,  Mercure 
nous  apparaît  de  face  et  debout;  dans  la  main  gauche  abaissée,  le  dieu  du 
commerce  porte  un  grand  caducée;  il  tient  la  bourse  de  la  main  droite, 
qui  est  appuyée  sur  le  milieu  du  corps.  Cette  divinité  est  aussi  dans  un 
état  de  complète  nudité.  La  tête  du  dieu,  qui  était  placée  derrière  le  Irou 
de  scellement  du  gnomon,  a  presque  totalement  disparu.  Cette  cassure  est 
ancienne,  comme  l'indique  une  concrétion  terreuse  qui  dans  le  sol  s'est 
formée  peu  à  peu  à  la  surface  de  la  partie  endommagée  de  la  pierre. 
Si,  même  après  la  conquête  romaine.  Mercure  est  resté  le  principal 
dieu  de  notre  pays,  melior  deonim,  comme  dit  une  inscription,  on 
comprend  toutefois  que  sur  un  cadran  solaire  il  ait  dû  céder  le  premier 


-  304  — 

rang  à  dos  divinilcs  plus  spécialement  cliargées  de  présider  aux  iieures 
du  jour. 

Face  ouest.  Enfin,  sur  le  culé  ouest  de  la  jjierre,  le  (|uatrième  ctdcnn'cr 
l»as-rclicf  nous  présente  debout  et  de  face  une  délié  entièrement  nue  qui 
lient  dans  la  main  j^auclie  et  le  long-  du  flanc  gauche  un  arc  de  forme 
ordinaiie.  La  main  droite,  ramenée  sur  le  milieu  du  corps,  désigne  au 
moyen  de  l'index  allongé,  un  être  quelconque,  homme  ou  animal,  que  la 
divinité  vient  de  jiercer  de  ses  traits.  Des  pieds  de  la  figure  partent  en  tous 
sens  de  minces  rainures  reclilignes  qui  sans  doute  représentent  des  rayons 
lumineux  et  (jui,  comme  les  layons  divergents  d'une  gloire,  entoiu'ent 
riinagc  de  toutes  parts.  Assurément  nous  avons  devant  nous  Tiui  des 
enfants  de  Latone;  mais  est-ce  Diane,  est-ce  Apollon?  Le  sexe  de  la  figure 
n'est  pas  facilement  reconnaissaltle.  Les  piidenda  sont  mutilés  et  le  bas- 
relief  est  d'un  travail  tellement  grossier  que  les  saillies  de  la  poitrine 
peuvent  tout  aussi  bien  être  considérées  comme  des  seins  ipie  comme  de 
simples  pectoraux.  Ce  (jui  me  semble  trancher  la  question  en  faveui-  de 
Diane,  c'est  la  tête  môme  de  la  divinité  qui  est  bien  celle  d'une  femme; 
même  physionomie,  même  coifl'ure  que  celles  des  llorœ;  deux  longues 
boucles  ou  tresses  tombent  sur  la  poitrine  et  vont  finir  en  pointe  à  la  par- 
tie supérieure  des  bras.  Je  suis  donc  porlé  à  croire  que  sur  cette  face  du 
monument,  le  sculpt<'ur  a  voulu  représenter  Diane  à  la  fois  comme  déesse 
de  la  chasse  et  comme  déesse  de  la  lune.  Et  pourtant  il  peut  sembler 
étrange  que  celle  chaste  divinité  que  l'art  anti(jue  nous  présente  toujours 
vêtue  d'une  tunique  longue  ou  courte,  se  montre  ici  à  nous  dans  un  état 
de  nudité  qui  conviendrait  bien  mieux  à  son  frère  Apollon.  Un  détail  de 
la  sculpture  qui  nous  occupe,  pourrait  aussi  à  la  rigueur  être  invoqué  en 
faveur  de  ce  dernier  dieu.  On  pourrait  soutenir,  en  elîet,  que  la  figure  ne 
dirige  pas  l'index  de  la  main  droite  vers  l'horizon  pour  nous  faire  com- 
prendre la  puissance  de  ses  coups,  mais  qu'elle  lève  ce  doigt  jiour  mon- 
trer le  cadran  solaire  qui  se  trouve  sur  la  face  voisine,  la  face  sud  de  la 
pierre,  et  que  par  consécpient  la  déité  ici  représentée  doit  être  Apollon,  le 
dieu  du  soleil,  celui-ci  ayant  naturellement  plus  de  rapports  avec  une 
horloge  solaire  que  la  déesse  de  la  lune.  Cependant  ces  considérations 
plus  ou  moins  plausibles  ne  sauraient,  à  mon  avis,  prévaloir  contre  les 
caractèies  neltemenl  féminins  qu'offrent  le  visage  et  la  coiffure  de  la  divi- 
nité qui  nous  aj»j)araîl  sur  ce  bas-relief.  —  Il  est  bon  de  rcmar(p]er  que 
Diane  ne  porte  pas  ici  à  la  iiinin  uufi  torche  ou  nu  llaïubeau,  bien  (pi'elle 
soit  représentée  comme  déesse  de  la  lune.  D'autre  part,  les  rayons  lumi- 
neux qui  la  caractérisent  en  tant  que  dca  lucifcra,  parlent  des  pieds  de 


-  305  - 

la  divinité  cl  ne  jaillissent  pas  de  la  lèlc,  comme  cela  se  voit  frétincm- 
ment  sur  les  images  d'Apollon  ou  de  Milliras. 

Des  qualie  bas-reliels  qui  ont  successivement  passé  sous  nos  yeux,  les 
deux  premiers,  ceux  qui,  à  mon  sens,  lepiésenlcnt  des  Heures,  ont  sans 
nul  doute  une  relation  très-étroite  avec  l'hoiloge  solaire  proprement 
dite.  Mais  y  a-t-il  une  conncxité  quelconcpie  entre  cet  instrument  horaire 
et  les  anaglyphcs  de  Mercure  et  de  Diane?  Je  ne  le  |»ensc  [)as.  Les  anciens 
croyaient,  il  est  vrai,  que  les  douze  grands  dieux  de  l'Olympe  présidaient 
chacun  à  l'un  des  mois  solaires  de  l'année,  Mercure  et  Diane,  jtar  exemple, 
aux  mois  |)lacés  sous  les  signes  zodiacaux  du  Cancer  et  du  Sagittaire.  Vers 
la  lin  de  réj)0(pie  romaine,  on  s'imaginait  de  plus  <pie  la  déesse  de  la  lune 
et  Mercure,  en  tant  (jiie  divinités  planétaires,  avaient  dans  leiii'  lutcllc 
deux  des  jours  civils  de  la  semaine  (le  lundi  et  le  mercredi)  et  même 
ceitaines  heures  de  chaque  jour.  Mais  il  est  probable  que  ces  croyances 
ne  sont  jamais  devenues  bien  populaires  dans  les  régions  un  peu  recu- 
lées de  l'empire  romain.  D'ailleurs,  lorstpie  dans  l'antiquité  on  voidait 
faire  allusion  à  ces  idées  sur  un  cadran  solaire  ou  sur  tout  autre  monu- 
ment, on  avait  soin  d'y  représenter  la  série  complète  des  douze  grands 
dieux  (cadran  solaire  de  Gabies  au  Musée  du  Louvre)  ou  tout  au  moins 
celle  des  sept  divinités  planétaires  (autel  d'Ilavange  au  Musée  de  Metz). 
Il  y  a  donc  tout  lieu  de  croire  que,  bien  qu'ils  servent  à  la  décoration 
d'une  horloge  solaire,  les  anaglyphes  de  Mercure  et  de  Diane  n'ont  pas 
ici  une  signification  autre  que  celle  qu'on  leur  attribue  d'oi'dinaire. 

Aucun  indice  ne  permet  d'assigner  au  petit  monumeni  que  je  viens  de 
décrire  une  date  précise;  il  est  probable  qu'il  remonte  aux  derniers  temjis 
de  la  période  romaine. 

L'ornementation  si  variée  dont  il  est  revêtu  autorise  à  croire  qu'à  l'époque 
que  je  viens  d'indiquer,  cette  horloge  solaire  était  consacrée  à  un  usage 
public  et  qu'elle  servait  à  un  groupe  d'habitations  plus  ou  moins  considé- 
rable. Ce  cadran,  en  effet,  a  été  découvert  à  50  mètres  à  l'Est  de  l'église 
(orientée)  de  Betlwiller;  or,  il  y  a  nombre  d'années  déjà,  le  propriétaire 
de  la  première  maison  située  à  l'Ouest  du  môme  édifice,  a  également  ren- 
contré des  substructions  antiques  en  faisant  des  fouilles  dans  son  fonds. 
Sur  plusieurs  autres  points  du  village,  on  a  aussi  déjà  trouvé  des  fragments 
de  tuiles  à  rebords.  Enfin,  tout  près  de  cette  localité,  dans  les  vignes  qui 
bordent  là  forêt  dite  Buchwald,  on  a  mis  à  jour,  il  y  a  six  ou  sept  ans,  les 
restes  d'une  petite  construction  romaine  en  pierre,  d'où  l'on  pouvait  jouir 
d'une  vue  très-étendue  sur  tout  le  revers  occidental  des  Vosges,  depuis 
les  hauteurs  de  Rohrbach  jusqu'au  delà  du  Donon.  Il  est  donc  Irès-pro- 


-  306  - 

bablc  que  sur  l'emplacement  actuel  de  Bettwiller,  il  existait  au  temps  de 
la  (luminaiion  romaine  un  petit  viens  qui,  s'il  possédait  des  terres  d'une 
fertilité  médiocre,  avait  au  moins  l'avantage  d'être  situé  à  une  faible 
distance  de  la  voie  (jui  conduisait  alors  de  Saverne  à  Trôves\ 

II.  Schlosser. 


1.  JSodce  sur  les  voies  romaines  du  dcparlemcid  du   Bas  lihi/i,   par  M.  de  Murlet, 
p.  3Ü,  3i,  35  et  carte. 


LE    SATTELFELSEN. 


LimTE  DES  COMMUNES  DE  DABO,  D'ENGENTHAL  ET  DE  REINIIARDMÜNSTER. 


Avec    deux    gravures. 


Un  heureux  hasard  m'a  fait  rencontrer  le  menhir  vosgien  qu'a  décou- 
vert en  1836  M.  de  Beauheu  et  qu'il  a  décrit  dans  son  histoire  du  Comté 
de  Bagsbourg  (Dabo),  2^  édition ,  imge  219,  et  que  feu  M.  le  professeur 
Küss,  de  Strasbourg,  avait  vainement  cherché  en  1858,  malgré  qu'il  eût 
questionné  le  maire  d'Obersteigen-Engenthal,  et  qu'il  eût  parcouru  le 
canton  dit  Grâdelrcdh  (Credaithal  de  Beaulieu),  qui  est  aborné  par  la 
pierre  levée  de  M.  de  Beaulieu'. 

Les  instituteurs  de  Wangenbourg  et  d'Engenthal  ont  de  suite  reconnu 
cette  borne  à  la  description  que  je  leur  en  avais  faite,  et  le  plan  cadastral 
de  cette  dernière  commune,  dressé  en  1832  par  le  géomètre  J.  B.  Heim- 
burger,  la  marque  et  l'indique  sous  le  nom  de  Sattelsfels,  nom  sous  lequel 
elle  est  très-connue  dans  le  pays  et  qui  lui  vient  de  la  forme  singulière  de 
sa  partie  supérieure,  qui,  en  effet,  ressemble  à  une  selle  de  cavalier. 

J'ai  donc  pu  la  trouver,  grâce  au  guide  Buffenach  d'Obersleigen  (le 
professeur  Küss  ayant  parfaitement  raison,  quand  il  dit  de  prendre  des 
guides,  la  carte  d'état-major  étant  d'un  médiocre  secours  dans  un  pays 

1.  Feu  M.  Jung  m'avait  indiqué  à  la  Bibliotlièque  de  Strasbourg  les  notes  manus- 
crites du  docteur  Küss  ajoutées  à  la  première  édition  de  l'ouvrage  de  M.  de  Beau- 
lieu.  J'ai  inséré  ces  notes  curieuses  dans  la  Bibliographie  alsacienne,  1871,  p.  175, 
et  mon  frère  les  a  également  insérées  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie 
lorraine,  1868,  p.  361. 

T.  X.  -  (M.)  20 


—  308  — 

très-boisc).  Celte  pierre  levée,  placée  sur  le  versant  oriental  de  la  mon- 
tagne, sépare  les  deux  départements  de  la  Lorraine  et  de  la  Basse-Alsace, 
les  arrondissements  de  Saverne,  Molslieim  (Strasbourg)  et  Sarrebourg,  et 
les  communes  d'Engenlbal,  de  Reinhardmünster  et  de  Dabo.  Elle  se  Irouve 


NORD 


l^aî^^iV^ 


SUD 


complètement  en  Alsace,  le  comté  de  Dabo  étant  de  cette  province,  et  le 
village  se  trouvant,  avant  le  Concordat,  du  diocèse  de  Strasbourg,  archi- 
prêtré  de  Dettbur.  C'est  donc  une  pierre  Iriboque. 

Elle  est  quadrangulaire,  ayant  près  de  1  mètre  de  largeur  de  chaque 
côté  et  peut-être  un  peu  moins  à  la  partie  supérieure.  Sa  hauteur  serait 
de  S'^jOO  à  2"\60.  Elle  est  en  grès  vosgien,  recouvert  d'une  patine  blan- 
châtre, qui  la  fait  reconnaître  de  loin  au  milieu  de  la  verdure  fores- 
tière qui  l'entoure.  Elle  est  très-fortement  penchée  vers  le  couchant. 

Sur  le  côté  Nord  on  a  gravé  la  marque  de  l'abbaye  des  bénédictins  de 
Marmoutier,  la  crosse  abbatiale  tournée  à  droite,  coupant  verticalement 
une  M,  puis  le  n^  179,  bien  plus  bas;  sur  le  côté  Ouest,  le  millésime  de 
1747  ayant  une  petite  croix  au  milieu;  puis  au-dessous  le  n"  1883  et  vers 
la  gauche  la  même  marque  de  Marmoutier,  mais  la  crosse  tournée  à 
gauche;  une  petite  croix  sépare  ce  signe  des  trois  alérions  gravés  en 
creux,  posés  2  et  1,  des  comtes  de  Linange,  seigneurs  du  comté  de  Dabo. 
Comme  l'on  voit,  le  menhir  de  Beaulicu  séparait  les  forêts  des  moines  et 
du  comté,  bans  de  Dabo  et  de  Reinhardmünster. 

Sur  le  côté  Est  de  la  borne  il  y  a  une  croix  gravée  en  creux,  et  au  Sud 
deux  autres  croix,  placées  l'une  au-dessus  de  l'autre.  Ces  deux  côtés 
seraient  situés  ban  d'Engenthal  et  sépareraient  les  cantons  forestiers  dits 


—  309  — 

Abtsiiph^  et  Satlelfcisen,  triage  du  Wcycrmatt,  ancionncs  forêls  du 
chapitre  de  Saverne,  successeur  des  religieux  de  l'ancien  couvent  d'Ubcr- 
steigen. 


Je  n'ai  pu  recueillir  aucun  renseignement  local  sur  ce  singulier  monu- 
ment. Personne  n'en  a  plus  parlé  depuis  M.  de  Beaulieu.  Notre  érudit  con- 
frère, M.  Dagobert  Fischer,  de  Saverne,  dans  sa  notice  sur  Obersteigen*, 
mentionne  la  visite  judiciaire  faite  en  1720  par  M.  de  Fontaine,  conseiller 
à  la  Cour  souveraine  de  Golmar  : 

«Etant  passé,  dit-il,  à  la  borne  Sattelstein,  nous  aurions  trouvé  ladite 
«borne  être  de  la  hauteur  de  deux  hommes,  marquée  d'une  croix,  sur 
«  chacune  de  ses  faces  qui  sont  au  nombre  de  4  et  qui  séparent  les  biens 
«de  Dabo,  de  la  Marck  et  d'Obersteigen  et  le  canton  dit  Ablshueb. » 

Pour  se  rendre  d'Obersteigen  au  Sattelfelsen,  on  parcourt  des  sites 
bien  peu  connus.  On  prend  dans  la  forêt  dite  Blottkopf  und  Rippdhcrg, 
la  vieille  route  de  Dabo  à  Wasselonne,  dite  Y  Alte  Steige,  encore  pavée 
presque  partout  d'énormes  blocs  de  grès  vosgien;  on  gravit  assez  péni- 


1.  Abbaye  d'Andlau?? 

2.  1875,  Las  Kloster  und  das  Dorf  Obersleigen.  Colmar,  p.  38.  M.  D.  Fischer  donne 
une  description  très-exacte  dn  mnnnmrnt. 


—  310  — 

blement  cette  voie,  qui  doit  remonter  à  l'origine  du  couvent  et  qui  longe 
le  HoUcnlocIt ,  au  fond  duquel  les  religieux  avaient  construit  l'aqueduc  qui 
mène  l'eau  au  couvent.  (Le  conduit  en  pierres  de  taille  longues  de  deux 
mètres  sert  encore).  Puis  on  parvient  aux  deux  tiers  de  la  montée  à  la 
limite  des  départements,  où  l'on  trouve  des  bornes  au  millésime  1825. 
On  suit  ces  dernières,  et  dans  la  direction  Nord-E.-E.,  à  une  demi-heure 
de  marche,  les  pierres  dites  Breitlenstcin  (ainsi  marquées  sur  le  plan 
cadastral)  se  présentent  couvertes  de  mousse.  Ce  sont  d'énormes  blocs  de 
grès  vosgien  de  4  à  5  mètres  de  longueur  sur  1  ou  2  de  largeur, 
ayant  aussi  des  cuvettes  dites  des  sorcières  (?).  Sonl-ce  des  menhirs  ou 
des  dolmens?  Elles  sont  manitenant  à  plat  sur  le  sol  el  occupent  bien  une 
étendue  de  près  de  50  mètres  de  long.  Une  borne  départementale 
est  au  milieu  de  ces  blocs.  On  voit,  depuis  leur  emplacement,  poindre  au 
milieu  des  arbres,  le  sommet  blanchâtre  du  Sattelfelsen,  que  l'on  atteint 
après  quelques  minutes  de  marche  el  dont  la  vue  fait  oublier  les  fatigues 
du  voyage. 

A  quelques  pas  plus  bas,  on  a  une  vue  magnifique  sur  le  Gaisfels,  un 
des  plus  beaux  rochers  de  celte  partie  des  Vosges.  On  rejoint  la  char- 
manie  route  de  Reinhardmijnster  par  un  sentier  très-raide.  On  trouve  un 
peu  plus  loin  la  borne  kilométrique  n°  5,  près  d'une  source  agréablement 
située. 

Telle  est,  étant  à  Wangenbourg,  la  description  de  ma  petite  excur- 
sion au  Sattelfelsen.  Puisse-t-elle  attirer  les  regards  vers  ce  petit  coin 
ignoré  des  Vosges! 

A.  Benoit. 


ENCORE  UN  MOT 


LES    ORIGINES     ALSATIQUES. 


Naguère  encore  les  annales  de  l'Alsace  débutaient  par  une  page  bien 
intéressante.  Le  septième  siècle  représentait  pour  notre  province  l'inau- 
guration d'une  ère  nouvelle.  Jusqu'alors  territoire  sans  nom,  habité  par 
des  races  différentes  et  faisant  partie,  sous  l'administration  romaine,  de 
circonscriptions  diverses,  la  contrée  située  entre  le  Rhin  et  les  Vosges  ne 
nous  est  guère  connue  que  par  les  débris  de  la  civihsation  romaine  en- 
fouis dans  son  sol  et  par  les  batailles  que  les  Romains  y  livrèrent  pour 
repousser  les  invasions  d'outre  Rhin.  Puis,  pendant  la  longue  période 
des  invasions  des  Barbares,  notre  histoire  s'enveloppe  d'un  linceuil  épais, 
et  ce  n'est  qu'à  partir  du  septième  siècle  que  le  chaos  commence  à 
se  débrouiller.  Déjà  le  nom  d'Alsace  figure  dans  l'histoire,  et  nous  appre- 
nons à  connaître  les  foyers  domestiques  des  nouveaux  habitants  de  la 
province.  Aux  villas  romaines  à  noms  celtiques  latinisés  se  sont  substituées 
des  villas  à  noms  germaniques,  lesquels  indiquent  l'origine  de  ces  nou- 
veaux habitants,  et,  sous  l'orthographe  barbare  de  cette  époque,  se  dé- 
voilent successivement  la  plupart  deslocahtés  alsaciennes  encore  actuelle- 
ment existantes.  Ces  noms  nous  sont  révélés  par  les  chartes  de  fondation  et 
de  dotation  de  nos  anciennes  abbayes,  et  ces  abbayes,  qui  furent  pour  les 
habitants,  encore  semi-barbares,  de  l'Alsace  autant  de  foyers  de  culture  à 
la  fois  matérielle  et  intellectuelle,  elles  durent  la  plupart  leur  origine  à 
une  dynastie  célèbre,  qui  a  laissé  des  traces  ineffaçables  dans  nos  annales. 
C'est  la  dynastie  ducale  de  l'Alsace  mérovingienne,  dynastie  dotée  de 
riches  possessions  territoriales,  et  qui,  dans  ses  descendants,  les  comtes 


-  312  — 

des  deux  Pogi  ou  Gau  alsaciens,  continua  encore  bien  longtemps  à  prési- 
der aux  destinées  de  notre  j)rovince.  Au  berceau  même  de  cette  dynastie 
apparaît  un  nom  radieux,  qui  domine  tous  les  autres  par  sa  pojjularité  et 
qui  s'est  irrévocablement  attaché  à  une  montagne  célèbre,  laquelle,  en- 
tourée de  débris  d'une  antiquité  préhistorique,  réveille  en  môme  temps  la 
plupart  des  souvenirs  de  l'Alsace  mérovingienne.  Aussi  les  historiographes 
des  derniers  siècles  ont-ils  traité  avec  une  sorte  de  prédilection  cette 
partie  de  nos  annales,  en  soumettant  les  nombreux  renseignements  four- 
nis par  les  documents  et  par  les  traditions  du  moyen  âge  à  une  critique 
consciencieuse,  en  élucidant  les  uns  par  les  autres  et  en  éliminant  tout  ce 
qui  s'était  glissé  d'erronné  ou  d'apocryphe  dans  ces  récits. 

De  nos  jours  tout  cela  est  remis  en  question.  Le  nom  radieux  d'Odile 
a  perdu  son  prestige,  et,  si  l'on  veut  bien  encore  consentir  à  accorder  à 
celle-ci  le  bénéfice  d'une  existence  problématique,  par  contre,  le  chef  de 
la  dynastie,  préconisé  depuis  tant  de  siècles,  passe  décidément  pour  un 
personnage  fabuleux.  La  fdiation  rpii  rattachait  ensemble  les  divers 
membres  de  cette  dynastie  est  lacérée,  et  les  annales  de  l'Alsace  mérovin- 
gienne, qui  brillaient  d'un  si  vif  éclat,  se  recouvrent  d'épaisses  ténèbres. 
C'est  que,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  une  élude  critique,  qui  a  paru 
dans  YAlsaUa,  s'est  chargée  de  faire  table  rase  de  nos  origines,  et  de- 
puis lors  les  convictions  sont  ébranlées,  le  pyrrhonisme  a  remplacé  la  cer- 
titude et  continue  à  trouver  son  expression  dans  les  diveises  i)ublications 
qui  paraissent  sur  ce  sujet.  Pourtant  le  procès  n'est  pas  perdu  et  la  cause 
est  loin  d'être  définitivement  jugée.  En  tout  cas,  l'Alsace,  qui  s'est  vouée 
à  la  conservation  des  monumenls  de  son  histoire,  ne  consentira  pas  à  ce 
que  la  première  page  de  cette  histoire  passe  pour  être  déchirée. 

Voici  l'argumentation  de  ladite  étude  critique.  Ni  les  monumenls  du 
couvent  de  Sainte-Odile,  ni  les  documents  que  l'on  prétend  attester  la 
fondation  de  cette  maison  religieuse,  ne  remontent  au  septième  siècle. 
L'existence  de  l'abbaye  de  Ilohenbourg  n'est  historiquement  constatée 
qu'à  partir  du  temps  de  Gharlemagne,  et  l'abbaye  de  Niedermünster  ne 
date  (jue  de  l'époque  de  l'abbesse  Ilerrade,  c'est-à-dire  de  la  fin  du 
douzième  siècle.  Pour  ce  qui  concerne  la  prétendue  fondatrice  de  ces 
deux  abbayes,  ce  n'est  qu'à  partir  du  onzième  siècle  qu'on  voit  le  nom 
«  Odile  D  rattaché  à  Ilohenbourg.  La  légende  de  cette  sainte  est  d'origine 
lorraine;  mais  au  commencement  dudit  onzième  siècle  elle  avait  déjà 
franchi  les  Vosges,  pour  se  fixer  à  Ilohenbourg.  C'est  qu'à  cette  époque 
un  aura  découvert  là-haut,  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste,  un  tom- 
beau, et  c'est  à  ce  tombeau  (pi'on  auia  rattaché  la  légende  lorraine.  Le 


-  313  - 

pape  alsacien  Léon  IX  qui,  comme  évè(iuu  de  Tuul,  aviiiliw-slünre  l'abbaye 
■  de  Hohenboui'g,  dans  laquelle  plusieurs  de  ses  parentes  avaieiil  vécu  cuinine 
religieuses,  accrédita  cette  légende  par  l'autorité  pontilicale  de  sa  bulle  de 
1050.  Puis  cette  même  légende  reçut  ses  derniers  dévcloj)pemeiits  (.-t  sa 
forme  définitive  des  moines  d'Ebersmiinster,  (pii  étaient  k-s  dirrctours 
spirituels  des  religieuses  de  Hohenbourg  et  qui  sont  bien  connus  d'ailbnus 
par  leur  métier  de  fabricants  de  pièces  apocryphes.  C'est  (laii<  leur  chro- 
nique qu'ils  ont  consigné  leurs  inventions,  et  c'est  à  eux  aussi  (|u'il  faut 
attribuer  la  biographie  de  sainte  Odile  de  l'auteur  anonyme,  telle  (jue  nous 
la  connaissons.  Gonséquemment  tout  ce  que  la  légende  a  groupé  autour 
du  nom  de  sainte  Odile  est  chimérique  et  croule  par  sa  base.  Le  |)rétendu 
père  de  la  sainte,  le  duc  Adalrich  ou  Eltichon,  est  un  personnage  fabuleux, 
et  l'existence  de  la  dynastie,  dont  il  est  supposé  le  chef,  et  dont  Schojpflin, 
ainsi  que  d'autres,  ont  si  laborieusement  construit  la  généalogie,  n'est  pas 
historiquement  constatée.  L'histoire  de  l'Alsace  primitive  est  à  refaire. 

Nous  n'avons  pas  l'intention  de  combattre  en  détail  les  prétendus  lésul- 
tats  obtenus  par  l'érudit  auteur  de  l'étude  critique,  ni  les  hypothèses  qu'il 
a  artistement  combinées  pour  étayer  ses  conclusions.  D'autres  se  sont 
acquittés  de  cette  tâche.  La  nôtre  est  de  reprendre  la  question  là  où  ledit 
auteur  l'a  laissée,  afin  de  revendiquer  l'existence  historique  de  celte  dynas- 
tie adalricienne  à  laquelle  se  rattachent  nos  souvenirs  alsatiques  du  sep- 
tième siècle,  et  de  la  maintenir  dans  toute  son  intégrité.  Car  nous  croyons 
pouvoir  admettre  avec  le  savant  éditeur  de  la  chronique  de  Kœnigshofen, 
le  D^  Hegel,  que  «l'existence  de  la  famille  adalricienne,  entourée  d'un 
vaste  cercle  de  traditions,  est  basée  sur  un  fond  historique  bien  solide». 
(Introd.  p.  11.)  Si  ce  que  les  récits  traditionnels  du  moyen  âge  nous  ont 
appris  sur  le  compte  de  cette  dynastie  trouve  son  appui  dans  des  titres 
contemporains,  dont  jusqu'à  présent  l'authenticité  n'a  pas  été  contestée, 
alors  ces  récits  seront  également  justifiés  du  côté  où  les  documents  indu- 
bitablement contemporains  semblent  leur  faire  défaut,  et  à  son  tour  la 
légende  sera  réhabihtée  par  les  titres  qui  garantissent  l'existence  de  la 
dynastie.  En  essayant  pour  notre  compte  de  remettre  au  jour  des  pièces 
justificatives  qui  semblent  aujourd'hui  vouées  à  l'oubli,  et  en  prenant  pour 
guides  nos  historiographes  d'Alsace,  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper 
avec  eux  des  recherches  sur  l'origine  du  chef  de  cette  dynastie,  laquelle 
a  fourni  matière  à  bien  des  controverses  superflues,  ni  à  apprécier  la 
valeur  des  systèmes  généalogiques  qui  ont  été  établis  pour  rattacher  à 
cette  dynastie  l'origine  des  maisons  souveraines  d'Europe.  Ce  sont  là, 
comme  on  sait,  des  travaux  exclusivement  scientifiques,  auxquels  la  Iradi- 


—  314  — 

lion  historique  n'a  pos  eu  de  part,  et  d'ailleurs  l'intérêt,  qui  s'attachait 
jadis  à  l'origine  de  ces  maisons,  a  grandement  baissé  de  nos  jours.  Tout 
ce  qu'il  y  a  de  constaté  à  ce  sujet,  c'est  qu'il  existe  des  affinités  évidentes 
entre  la  race  de  nos  anciens  comtes  d'Alsace  et  les  ancêtres  desdites  mai- 
sons, mais  que,  en  raison  de  la  rareté  des  renseignements  historiques  de 
cette  époque  intermédiaire,  les  divers  anneaux  de  la  chaîne  ne  pourront 
plus  être  retrouvés,  et  que  conséquemment  ces  systèmes  présentent  des 
lacunes  qu'il  sera  à  jamais  impossible  de  combler. 

Reportons-nous  à  l'époque  des  rois  carlovingiens,  des  successeurs  de 
Charlemagne,  connus  par  leurs  dissensions  domestiques  et  par  leur  inap- 
titude à  conserver  l'héritage  du  grand  empereur.  C'est  à  leur  cour  et  active- 
ment mêlés  aux  intrigues  politiques  du  temps,  que  nous  retrouvons  nos 
comtes  d'Alsace,  qui  avaient  succédé  aux  ducs  de  l'époque  mérovingienne. 
Dans  les  graves  conflits  qui  éclatèrent  entre  le  faible  Louis  le  Débonnaire 
et  son  fils  aîné  Lothaire,  déjà  associé  à  l'empire,  un  comte  Hugues  em- 
brasse le  parti  de  ce  dernier  et  devient  dès  lors  l'un  des  acteurs  de  la  scène 
de  trahison  qui  s'accomplit  en  Alsace  au  lieu  dit  Champ-du-Mensonge.  Le 
malheureux  empereur,  qui  pardonna  à  son  fds  rebelle,  accorda  aussi  sa 
grâce  au  comte  Hugues  et  le  rétabht  dans  la  possession  de  ses  terres  d'Al- 
sace. A  son  tour,  le  fils  de  ce  dernier,  le  comte  Luitfrid,  se  signale  par 
une  condescendance  coupable  envers  le  fils  de  l'empereur  Lothaire,  Lo- 
thaire II,  roi  de  Lorraine;  il  est  l'intime  confident  de  ce  prince  et  l'un  des 
complices  qui  favorisèrent  la  liaison  adultère  de  Lothaire  avec  la  fameuse 
Waltrade,  scandale  dont  l'Alsace  fut  témoin  lors  du  séjour  du  roi  dans  son 
palais  de  Marlegia  ou  Marlenheim.  Un  autre  membre  de  la  famille,  le 
comte  Eberhard,  se  rend  coupable  de  la  même  complicité.  Le  fils  de  Luit- 
frid, un  autre  comte  Hugues,  hérite  aussi  du  crédit  dont  son  père  avait 
joui  auprès  du  roi  Lothaire  II  et  exerce  par  là  une  grande  influence  sur 
les  affaires.  Aussi  quand,  après  la  mort  de  ce  dernier,  Charles  le  Chauve 
fut  sur  le  point  de  se  faire  couronner  roi  de  Lorraine  à  Metz,  au  détri- 
ment de  son  frère  Louis  le  Germanique,  et  du  fils  de  Lothaire,  Louis  le 
Jeune,  il  s'empressa  de  se  rendre  en  Alsace  pour  mettre  dans  ses  intérêts 
le  comte  Hugues.  D'un  autre  côté,  quelques  années  plus  tard,  un  oncle  de 
ce  même  Hugues,  le  comte  Adalard,  se  fait  remarquer  à  la  cour  de  Louis 
le  Germanique,  lequel  le  charge  de  négocier  avec  Charles  le  Chauve  le 
partage  de  l'héritage  de  leur  neveu,  l'empereur  Louis  le  Jeune.  Que  ces 
relations  si  intimes  ne  nous  surprennent  point.  Nos  comtes  d'Alsace  étaient 
liés  par  les  liens  du  sang  aux  princes  carlovingiens.  L'épouse  de  l'empe- 
reur Lothaije,  l'impératrice  Ermengarde,  (jui  perpétua  sa  mémoire   en 


—  315  — 

Alsace  par  la  fondation  de  l'abbaye  de  Ilerinstein  ou  Ersiciii,  élail  hi  lillo 
du  premier  de  ces  comtes  Hugues  que  nous  venons  de  mentionner.  C'est 
un  annaliste  contemporain,  le  biograplie  de  Louis  le  Débonnaire,  qui  nous 
l'apprend,  en  disant  que  Lotbaire,  déjà  associé  à  l'empire,  épuusa  en  821 
Ermengarde,  lîlle  du  comte  Hugues,  de  la  race  du  duc  Éditb.  iNous  aurons 
à  revenir  sur  ce  dernier  nom,  qui  est  ici  évidemment  tronqué,  mais  pas 
moins  reconnaissable  pour  cela.  L'origine  d'Ermengarde  nous  est  révélée 
d'une  manière  plus  explicite  encore  par  l'empereur  Lotbaire  lui-même. 
Dans  le  diplôme  qu'il  accorda  en  SAbîx  l'abbaye  de  Saint-Élienne  à  Stras- 
bourg, il  donne  à  l'aïeul  du  comte  Hugues,  au  duc  Adelbert,  fondateur  de 
l'abbaye  de  Saint-Etienne,  la  qualification  de  progéniteur  de  son  épouse 
{illustris  parentelœ  nostrœ  progenitoris ,  ducis  Adalherli,  (jni  fundavil  jam 
dictum  locum)  et  à  l'abbesseBasille,  qui  était  la  tante  d'Ermengarde,  celle 
de  parente  (cognata  nostra).  Puis  vient  à  son  tour  le  fds  de  Lotbaire  et 
d'Ermengarde,  Lotbaire  II,  roi  de  Lorraine,  lequel,  dans  un  diplôme 
accordé  en  866  au  monastère  de  Grandval,  appelle  le  comte  Luitfrid,  frère 
d'Ermengarde,  son  oncle.  D'autres  cbartes  nous  apprennent  que  le  comte 
Hugues,  père  de  l'impératrice  Ermengarde,  fut  le  petit-fds  du  duc  Luit- 
frid, fils  lui-même  du  duc  Adelbert,  et  dès  lors  nous  touchons  aux  descen- 
dants immédiats  de  ce  dernier.  Ces  descendants  immédiats  ou  fils  du  duc 
Adelbert  sont  le  duc  Luitfrid  et  le  comte  Eberbard,  qui  figurent  tous  deux 
dans  de  nombreuses  cbartes  de  l'époque.  Quand  vers  l'année  725  le  roi 
Thierry  IV  confirma  l'élection  d'un  nouvel  abbé  du  monastère  de  Ilonau, 
il  adressa  le  brevet  d'investiture  au  duc  Luitfrid  (Luitfrido  duci)  et  à  son 
frère  Eberhard.  Dès  l'année  722,  par  une  charte  datée  de  Honau  même, 
les  deux  frères  avaient  fait  don  à  ce  monastère  de  la  partie  de  l'île  que 
leur  père ,  le  duc  Adelbert,  leur  avait  délaissée  à  sa  mort  (quantum  cun- 
que  genitor  noster  Adelbertus  dux  nobis  morieus  dereUquit).  A  côté  des 
signatures,  que  Luitfrid  et  Eberhard  apposèrent  à  ce  titre,  figuie  aussi 
celle  d'une  abbesse  Eugénie  {ego  Eugenia,  ac  si  indigna  abbatissa,  que 
consensï).  Comme  la  tradition  nous  fait  connaître  une  Eugénie ,  seconde 
abbesse  de  Hohcnbourg,  dont  le  tombeau  se  trouvait  vis-à-vis  de  celui  de 
sainte  Odile,  et  que  la  même  tradition  nous  apprend  que  celte  Eugénie  fut 
la  nièce  de  sainte  Odile,  fille  de  son  frère  Adcibert,  et  par  conséquent  sœur 
de  Luitfrid  et  d'Eberhard,  il  est  bien  permis,  malgré  ce  qu'en  dit  l'auteur 
de  l'étude  critique,  de  reconnaître  dans  l'abbesse  Eugénie  de  la  charte 
celle  que  nous  connaissons  déjà  par  la  tradition.  Plusieurs  chartes,  trans- 
crites dans  l'ancien  cartulaire  de  l'abbaye  de  Wissembourg,  nous  apprennent 
en  outre  que,  dans  les  années  733— 7o9,  le  duc  Luitfiid  céda,  du  conscn- 


—  316  — 

tenient  de  son  épouse  llillrude,  à  cette  abbaye  divers  domaines  qu'il  avait 
eus  en  héritage  de  son  père  Adelbert,  en  équivalent  de  ce  qui  était  échu 
à  sou  frère  Eberhard.  Ces  dernières  chartes  sont  toutes  datées  de  la  ville 
de  Strasbouig  (in  civitale  Argcntoracinse),  ce  qui  fait  supi)oser  que  le  duc 
Luilfrid  résidait  habituellement  dans  cette  ville,  à  l'exemple  de  son  père 
Adelbcrt.  Luilfrid,  qui  administra  l'Alsace  sous  les  derniers  rois  mérovin- 
giens, fut  aussi  le  dciiiicr  duc  d'Alsace  de  la  période  franijuc,  les  rois  car- 
lovingiens  ayant  supprimé  les  ducs  pour  ne  laisser  subsister  que  les  deux 
comtes,  tout  en  conservant  le  titre  du  duché.  Le  comte  Eberhard,  dont 
nous  avons  déjà  vu  le  nom  associé  à  celui  de  son  frère  Luilfrid,  illustra  sa 
mémoire  par  la  fondation  de  l'abbaye  de  Murbach,  fondation  qui  lut  con- 
firmée en  727  par  le  roi  Thierry  IV.  Les  nombreuses  chartes  relatives  à  la 
dotation  de  cetle  abbaye,  et  dans  lesquelles  le  duc  Luitfrid  figure  aussi 
comme  cofondateur,  sont  connues.  A  la  même  époque  cul  aussi  lieu  la 
fondation  de  l'abbaye  de  Massevaux,  attribuée  par  la  tradition  à  un  autre 
lils  du  ducAdclbert,  au  comte  Mason,  et,  en  effet,  un  diplôme  confirmatif, 
que  celte  abbaye  reçut  en  823  de  l'empereur  Louis  le  Débonnaire,  qualifie 
le  comte  Mason  de  frère  du  duc  Luitfrid  et  d'Eberhard,  fondateur  de  Mur- 
bach. Des  fils  passons  au  père,  au  duc  Adelbert,  si  célèbre  dans  les  annales 
de  la  ville  de  Strasbourg  par  la  fondation  de  l'abbaye  de  Saint-Etienne. 
Gomme  nous  venons  de  voir,  il  est  mentionné  dans  les  chartes  comme 
père  du  duc  Luilfrid  et  du  comte  Eberhard,  et  c'est  aussi  lui  que  l'empe- 
reur Lothaire  désigne  comme  le  progéniteur  de  son  épouse.  Cette  dernière 
charte  nous  apprend  que  le  duc  Adelbert  érigea  la  susdite  abbaye  sur  un 
terrain  solitaire,  situé  au  milieu  des  ruines  de  l'ancien  Argentorat  et  fai- 
sant partie  des  domaines  qui  lui  étaient  échus  de  son  héritage  paternel. 
Les  chroniques  aussi  bien  que  les  chartes  allribuent  aussi  au  duc  Adelbert 
la  fondation  de  l'abbaye  de  Honau,  dans  l'île  du  Rhin  de  ce  nom,  qui  était 
propriété  de  sa  famille.  Le  fragment  du  diplôme  de  721 ,  par  lequel  Adel- 
bert  céda  à  l'abbaye  l'emplacement  même  sur  lequel  elle  fut  construite, 
est  connu.  La  pièce  est  datée  du  palais  des  rois  mérovingiens  à  Strasbourg, 
et  il  y  est  dit  que  le  duc  Adelbert  avait  fait  construire  ce  palais  à  neuf. 
Dans  les  diplômes  confirmalifs  accordés  à  l'abbaye  de  Honau  par  Pépin 
le  Bref,  en  750,  et  par  Garloman,  en  770,  le  duc  Adelbert  est  également 
désigné  comme  fondateur  de  cette  maison  religieuse.  D'autres  chartes  de 
celte  époque  ont  pour  objet  les  donations  faites  successivement  par  les 
divers  membres  de  la  famille  de  leurs  parts  respectives  de  l'île  et  nous 
font  connaître  les  noms  des  descendants  du  duc  Adelbert.  —  Nous  en 
sommes  mainleiiaiit  au  chef  de  la  dynastie.  Le  nom  de  ce  chef  nous  est 


-  317  — 

bien  connu  par  les  traditions  du  moyen  âge,  consii^nées  dans  une  multi- 
tude de  clironi(|ues,  liagiograiiliies  et  auln.'s  docuineiils.  Il  s';igil  du  duc, 
Adalricli,  nommé  aussi  par  contraction  Atticli,  Kllidi  et  l^tlicliiin,  et  oi'di- 

nairement  désigné  par  deux  de  ces  noms  à  la  fois  (Adalricus  sivcAlliicus 

(jui  cliam  alio  nomhw  Edich —  vcl  allô  nonùnc  llcUicho).  P^'^\  importe 
cette  diversité  d'ortliograplie  et  de  prononciation;  elle  n'autorise  pas  à 
attribuer  ces  noms  à  des  personnages  divers,  car  on  ne  trouvera  guère  un 
nom  de  l'époque  mérovingienne  à  orthogiaplie  idenli(|ue.  C'est  ce  duc 
Adaliicb  ou  Elticlion  que  non-seulement  la  tradition  des  abbayes  do  Ilobcn- 
bourg  et  de  Niedermünster,  mais  aussi  les  annales  des  diverses  autres 
maisons  religieuses  fondées  par  la  dynastie  ducale  sont  unanimes  à  recon- 
naître pour  duc  d'Alsace,  gratifié  de  cette  dignité  par  le  roi  Ciiildéiic,  et 
pour  cbef  de  ladite  dynastie.  Or,  comme  ces  récits  traditionnels  sont  [dei- 
nement  confirmés  par  les  documents  contemporains  dans  tout  ce  qui  con- 
cerne les  fondations  faites  par  les  fils  et  les  petits-fils  du  duc,  elles  ne 
méritent  pas  moins  de  créance,  quand  elles  proclament  le  nom  de  l'aïeul 
et  du  père  de  ces  derniers,  cette  attestation  ne  fût-elle  même  garantie  par 
aucun  document  contemporain.  Car,  que  la  valeur  bistorique  d'un  récit 
dépende  exclusivement  d'une  circonstance  fortuite,  à  savoir  s'il  existe 
encore  de  nos  jours  un  document  contemporain  qui  confirme  ce  récit, 
c'est  ce  qui  ne  saurait  jamais  être  admis  comme  principe  absolu  en  fait  de 
critique  historique.  Si  ce  principe  trouve  son  application  là  où  les  sources 
historiques  coulent  à  plein  bord,  évidemment  il  n'en  saurait  être  de  même 
pour  l'histoire  de  l'Alsace  au  septième  siècle.  Que  si  néanmoins  les  rares 
titres  de  cette  époque  mentionnent  formellement  un  duc  du  nom  d'Attich 
ou  Ettich,  administrant  notre  Alsace  à  cette  même  époque,  la  critique  la 
plus  sévère  ne  pourra  se  refuser  d'admettre  aussi  en  ce  point  la  véra- 
cité de  la  tradition.  Ce  chef  de  notre  dynastie  ducale  nous  a  déjà  été  signalé 
par  un  document  du  neuvième  siècle.  Le  biographe  contemporain  de  Louis 
le  Débonnaire,  en  racontant  le  mariage  du  fils  amé  de  l'empereur  avec 
Ermengarde,  fille  du  comte  alsacien  Hugues,  ajoute  que  ce  comte  était 
issu  de  la  race  d'un  certain  duc  du  nom  d'Edith  {filiam  Hugonis  comitis 
qui  erat  de  stirpe  cujusdam  duels  nomine  Edith.  Theganus,  de  geslls  Lu- 
dovicipii).  Ce  n'est  pas  exactement  notre  nom;  mais  d'après  les  termes 
même  dans  lesquels  s'exprime  le  biographe,  on  voit  qu'il  ne  connaissait 
ce  nom  que  vaguement.  Peut-être  aussi  qu'il  faut  voir  ici  la  faute  d'un 
copiste,  qui  aurait  pris  un  ch  pour  un  th  et  aurait  écrit  Edith  au  lieu  de 
Edich.  Mais  tout  tronqué  qu'il  soit,  le  nom  n'en  est  pas  moins  reconnais- 
sable.  Il  y  a  cependant  encore  mieux  que  cela;  nous  pouvons  en  appeler  à 


—  318  — 

des  documents  rigoureusement  contemporains.  Parmi  les  rares  titres  alsa- 
ciens du  septième  siècle  qui  ont  échappé  à  l'injure  du  temps  et  qui  sont 
reconnus  comme  aulhenliques  (il  y  en  a  quatre  en  tout),  deux  de  ces  titres, 
qui  sont  même  des  pièces  oflîcielles,  signalent  le  duc  Alhic  comme  haut 
administrateur  de  la  province.  Le  plus  ancien  diplôme  autographe  de  l'Al- 
sace, celui  que  le  roi  Ghildéric  II  accorda  en  673  à  l'ahhaye  de  Münster, 
alors  récemment  fondée,  porte  que  l'acte  fut  expédié  sous  l'administration 
du  duc  Chadich  et  du  comte  Rodebert  {Chadicho  duce,  Rodeherto  comité). 
Onze  ans  plus  tard,  en  684,  le  roi  Thierry  III  accorda  à  l'abbaye  d'Ebers- 
münster,  aussi  récemment  fondée,  un  privilège  d'exemption,  qui,  tout  en 
n'existant  qu'en  copie  aux  archives  del'évêché,  est  considéré  comme  bien 
réellement  authentique.  Le rescrit  royal  est  adressé  au  duc  Attic,  au  comte 
Adelbert  et  aux  autres  receveurs  du  fisc  royal  (Altico  duci,  Adelberto  co- 
mili  céleri sque  fisci  noslri  exactorihns).  Le  comte  Adelbert  mentionné  ici 
n'est  sans  doute  pas  autre  que  le  fils  môme  du  duc  Attic,  qui  lui  succéda 
dans  la  dignité  ducale.  Comme  on  voit,  les  deux  diplômes  attestent  que 
l'Alsace  était  administrée  à  celte  époque  par  un  duc  qui  est  appelé  Attich 
dans  la  seconde  de  ces  pièces  et  Chadich  dans  la  première.  L'aspiration 
gutturale  de  celle-ci  s'explique  naturellement  par  l'idiome  alémannique, 
qui  est  encore  maintenant  celui  du  sud  de  l'Alsace.  C'est  aussi  sous  le  nom 
de  Chatich  que  le  duc  figure  dans  la  biographie  d'un  saint  contemporain, 
de  saint  Germain,  abbé  de  Grandval.  Il  est  vrai  que  le  biographe  accuse  le 
duc  d'avoir  occasionné  le  meurtre  de  ce  saint;  mais  ce  trait  de  barbarie 
n'est  pas  étranger  au  caractère  du  leude  franc,  tel  qu'il  nous  est  aussi 
dépeint  ailleurs.  Le  nom  est  évidemment  le  même,  comme  aussi  il  y  a 
concordance  pour  l'époque.  On  pourrait  faire  observer  que  la  contrée,  dans 
laquelle  était  situé  le  monastère  de  Grandval,  ne  fait  pas  partie  de  l'Alsace 
et  que  conséquemment  il  ne  s'agirait  pas  d'un  duc  d'Alsace;  mais  il  est 
constaté  par  divers  documents,  que  cette  contrée  du  Jura,  connue  autrefois 
sous  le  nom  d'Elsgau,  faisait  alors  réellement  partie  de  ce  duché.  Encore  en 
849,  dans  un  diplôme  accordé  par  l'empereur  Lothaire  à  cette  môme 
abbaye  de  Grandval,  celle-ci  est  dite  située  dans  le  duché  d'Alsace. 

De  toutes  ces  données  si  positives  il  nous  est  bien  permis  de  conclure 
que  l'existence  de  notre  duc  Athic  ou  Eltichon,  loin  d'être  fabuleuse,  est 
non-seulement  historiquement  constatée,  mais  aussi  incontestablement 
liée  à  la  dynastie  ducale,  dont  il  est  proclamé  le  chef  par  la  tradition.  Nous 
en  concluons  encore  que  les  récils  traditionnels  du  moyen  âge  étant  de  ce 
côté  pleinement  confirmés  par  les  documents,  le  père  du  fondateur  de 
Saint-Élietme  et  de  Ilonau,  l'aïeul  des  fondateurs  de  Murbach  et  de  Mas- 


—  319  — 

sevaux,  après  avoir  fondé  lui-mùmc  Tahbayc  d'Ehersmünster,  fonda  aussi 
celle  de  Holienbourg  en  faveur  de  la  fille  avcugle-née  que  nous  connais- 
sons sous  le  nom  de  sainte  Odile,  et  que  celte  même  abbaye  de  Holien- 
bourg, dont  l'existence  du  temps  de  Cbarlemagne  est  iiistoriquement 
constatée,  existait  déjà  à  l'époque  mérovingienne.  Que  si  à  lout  prix 
l'existence  de  sainte  Odile  devait  dépendre  d'un  document  indubilablemenl 
contemporain,  nous  demanderions  à  notre  tour,  quel  est  le  document  con- 
temporain qui  porte  les  noms  de  saint  Arbogaste  et  de  saint  Florent, 
également  fondateurs  d'abbayes  et  en  outre  évoques  de  Strasbourg?  El 
cependant  dans  le  catalogue  si  embrouillé  de  nos  premiers  évèques,  les 
noms  de  ces  deux  saints  avec  les  circonstances  de  leur  vie  forment  à  peu  près 
le  point  de  départ  pour  l'bistoire  de  l'évêché.  D'un  aulre  côté  il  ne  faut 
pas  oublier  que  la  tradition  s'est  déjà  vengée  à  mainte  reprise  de  l'injuste 
dédain  dont  elle  avait  été  l'objet,  par  la  découverte  de  documents  bisto- 
riques  qui  ont  reparu  au  grand  jour.  Un  exemple  pris  dans  notre  sujet 
même  en  fournit  la  preuve.  Le  judicieux  Scbœpflin,  dérogeant  à  sa  cir- 
conspection ordinaire,  a  rayé  de  son  tableau  généalogique  du  duc  Atbic 
le  nom  d'un  Batlacbon  ou  Battichon,  que  la  tradition  comptait  parmi  les 
frères  de  sainte  Odile,  en  alléguant  pour  motif  que  ce  nom  ne  figure  dans 
aucun  ancien  document.  Or,  ce  nom  a  reparu  depuis,  comme  celui  d'un 
ßls  du  duc  Atbic,  non-seulement  dans  la  notice  généalogique  de  Ilonau 
mise  au  jour  par  Grandidier,  mais  aussi  dans  un  document  paifaitement 
contemporain,  inséré  dans  le  précieux  carlulaire  des  Tradiliones  posses- 
sionesque  Wizzenhurgenses ,  découvert  presque  de  nos  jours.  Un  certain 
Boronus,  que  la  tradition  a  constamment  relié  à  la  famille  de  sainte  Odile 
et  duquel  émanent  aussi  plusieurs  chartes,  entre  autres  une  de  723,  par 
laquelle  il  fit  don  à  l'abbaye  de  Honau  delà  partie  de  l'île  ({u'il  avait  héritée 
de  son  père,  mentionne  ledit  Battachon  et  le  nomme  son  père  dans  une 
autre  charte  de  739,  par  laquelle  il  fit  don  à  l'abbaye  de  Wissembourg 
d'un  certain  nombre  de  domaines  situés  dans  diverses  villas  du  pagus 
d'Alsace,  qu'il  dit  avoir  hérités  de  son  père  Battachon  {de  gcnitorc  meo 
hadocuné).  Pour  revenir  à  notre  sainte  Odile,  si  l'auteur  de  l'élude  cri- 
tique est  surpris  de  ne  pas  retrouver  son  nom  dans  les  anciens  martyro- 
loges, c'est  qu'il  oublie  qu'à  cette  époque  encore  le  culte  d'un  saint  ou 
d'une  sainte  était  essentiellement  local  et  ne  se  répandait  que  successive- 
ment dans  d'autres  diocèses.  D'ailleurs  on  cite  des  calendriers  ecclésias- 
tiques du  neuvième  et  du  dixième  siècle  qui  portent  ce  nom.  De  même  il 
figure,  avec  des  détails  biographiques  plus  ou  moins  explicites,  dans  les 
suppléments  de  tous  les  anciens  martyrologes  connus,  et  c'est  ce  qui  a 


—  320  — 

déterminé  le  savant  cardinal  Baronius  à  l'insérer  également  dans  le  mar- 
tyrologe romain,  lors  de  la  révision  de  ce  livre  liturgique.  Enfin  le  culte 
même  de  notre  sainte  Odile,  lequel  au  douzième  siècle  se  trouvait  déjà 
établi  non-seulement  en  Alsace,  mais  aussi  dans  les  contrées  voisines, 
prouve  suffisamment  que  l'existence  de  cette  sainte  n'est  pas  une  inven- 
tion de  quelques  moines  alsaciens  de  celte  époque. 

Notre  tâche  serait  terminée,  si  nous  n'avions  encore  à  présenter  cer- 
taines observations  sur  les  récits  traditionnels  qui  nous  ont  transmis  les 
renseignements  que  nous  possédons  sur  l'Alsace  mérovingienne,  observa- 
lions  qui  sont  de  nature  à  confirmer  en  tout  point  la  véracité  de  ces  ren- 
seignements. Il  y  a  une  tradition  que  l'on  pourrait  appeler  littéraire,  en 
ce  sens  qu'elle  se  forme  successivement  par  la  transcription  multipliée  d'un 
seul  et  même  récit.  Dans  ce  cas  il  est  clair  que,  quelque  nombreux  que 
soient  les  auteurs  qui  la  reproduisent,  cette  tradition  artificielle  n'ajuste 
de  valeur  qu'autant  que  la  source  même  dont  elle  provient.  Tel  n'est  pas 
le  caractère  des  traditions  dont  nous  nous  occupons.  Ici,  en  effet,  il  s'agit, 
non  d'une  tradition  isolée,  mais  de  toute  une  série  de  traditions  indépen- 
dantes l'une  de  l'autre  et  essentiellement  locales  dans  leur  principe,  en  ce 
sens  qu'elles  ont  leur  racine  dans  des  faits  locaux  par  lesquels  notre  dynastie 
ducale  a  marqué  son  passage,  traditions  par  cela  même  divergentes  dans 
bien  des  détails  accessoires  ou  même  dans  des  détails  essentiels,  mais  qui 
ne  se  rattachent  pas  directement  à  la  localité  de  laquelle  la  tradition 
émane.  A  cet  effet  nous  faisons  abstraction  des  récits  de  notre  vieux  chro- 
niqueur Kœnigshofen,  qui  lui-même  a  utilisé  des  récits  préexistants,  et  nous 
ne  mentionnons  aussi  que  pour  mémoire  Jérôme  Gebwiler,  qui,  au  com- 
mencement du  seizième  siècle,  a  publié  le  premier  travail  historique  sur 
ce  sujet.  Notre  but  est  de  passer  sommairement  en  revue  les  diverses  tra- 
ditions locales  elles-mêmes,  telles  qu'elles  avaient  cours  dans  la  seconde 
moitié  du  moyen  âge,  afin  de  constater  le  caractère  propre  de  chacune  de 
ces  traditions  ou  plutôt  versions  de  la  tradition  générale. 

En  commençant  par  les  traditions  alsaciennes,  nous  rencontrons  en 
premier  lieu  celle  des  abbayes  de  Hohenbourg  et  de  Niedermünster.  A 
défaut  d'annales,  ces  deux  abbayes  en  appelaient  à  leurs  monuments.  A 
Hohenbourg,  l'église  abbatiale,  telle  qu'elle  existait  encore  avant  l'incen- 
die de  154-0,  montrait  le  tombeau  des  parents  de  la  sainte  fondatrice,  le 
sarcophage  du  duc  Adalrich  et  de  son  épouse  Berswinde,  et  ce  père  de  la 
sainte,  les  religieuses  le  qualifiaient  aussi  de  saint  et  célébraient  son  anni- 
versaire. Dans  la  chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste  le  tombeau  de  sainte  Odile 
était  le  but  dos  pèleiiiiagcs  des  fidèles.  Ce  tombeau,  (juc  le  pape  alsacien 


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Léon  IX  avait  visité  en  1049  et  qu'il  mentionne  dans  sa  bulle  pontificale, 
l'empereur  Charles  IV  le  lit  ouvrir  en  1354,  pour  en  extraire  une  reli(|ue 
dont  il  gratifia  sa  chère  cathédrale  de  Prague.  Vis-à-vis  de  ce  tombeau  se 
trouvait  celui  de  sainte  Eugénie,  que  l'abbaye  de  Ilolienbourg  reven- 
diquait pour  sa  seconde  abbesse  et  comme  nièce  de  sainte  Odile.  L'his- 
toire de  sa  fondation,  ou  la  donation  du  château  de  Ilolienbourg  faite 
par  le  duc  Ettichon  à  sa  fille,  l'abbaye  l'inscrivit figurativement  sur  le  der- 
nier feuillet  du  Hortus  deliciarum,  comme  aussi  elle  la  fit  sculpter  en 
pierre  sur  le  célèbre  bas-relief.  De  son  côté  le  Moûticr  inférieur,  l'abbaye 
de  Niedermünster,  qui  vénérait  également  sainte  Odile  comme  la  fonda- 
trice commune,  honorait  particuhèrement,  comme  sa  première  abbesse 
après  sainte  Odile,  sainte  Gundelinde,  sœur  de  sainte  Eugénie  et  de  sainte 
x\ltale  et  autre  nièce  de  sainte  Odile,  et  conservait  ses  reliques  dans  un 
riche  reliquaire  exposé  sur  le  maître-autel  de  l'église  abbatiale.  C'est  aussi 
à  sainte  Gundelinde  qu'était  dédiée  cette  éghse,  comme  nous  l'apprend  le 
diplôme  accordé  en  1017  par  l'empereur  Henri  II  à  l'abbaye  de  Nieder- 
münster. L'auteur  de  l'étude  critique  suppose  que  le  texte  de  cette  charte 
n'existe  pas  et  croit  pouvoir  l'attribuer  à  un  autre  monastère  de  ce  nom. 
Il  se  trompe;  la  charte  a  été  pubUée  par  W'^ürdtwein  et  par  Grandidier  et 
elle  se  rapporte  bien  réellement  à  notre  abbaye  alsacienne.  Leur  origine 
commune,  ainsi  que  celle  des  domaines  dont  elles  avaient  été  dotées  par 
la  munificence  du  père  de  sainte  Odile,  les  deux  abbayes  la  consignèrent 
aussi  dans  leurs  titres  de  propriété  et  jusque  dans  les  rotules  des  cours 
colongères  qu'elles  possédaient  dans  diverses  locaHtés  de  l'Alsace;  elles  la 
consignèrent  surtout  dans  leurs  chartes  apocryphes  que  nous  possédons 
encore.  Gardons-nous  cependant  de  confondre  ces  pièces  avec  nos  faux 
actuels  en  écriture  pubhque  ou  privée;  le  moyen  âge  ne  connaissait  guère 
ce  genre  d'industrie.  A  cette  époque  où  l'état  civil,  tel  qu'il  fonctionne  de 
nos  jours,  n'existait  pas  encore,  et  où,  en  dehors  du  fait  de  la  possession 
d'un  domaine  (laquelle  elle-même  pour  les  riches  abbayes  n'était  que  trop 
souvent  compromise  par  la  cupidité  de  leurs  vassaux,  qui  tenaient  d'elles 
ces  domaines  en  fief),  il  n'y  avait  d'autres  titres  de  propriété  que  les  par- 
chemins de  leurs  archives  abbatiales,  et  que  ces  titres  n'étaient  que  trop 
fréquemment  emportés  par  des  incendies  ou  parles  ravages  de  la  guerre, 
il  importait  alors  de  remplacer  les  titres  originaux  perdus  par  d'autres 
équivalents.  On  s'y  prenait  tant  bien  que  mal,  soit  en  copiant  les  cartu- 
laires  encore  existants,  soit,  à  défaut  de  ceux-ci,  en  rédigeant  de  nouveaux 
titres  à  l'aide  des  anciennes  traditions  et  réminiscences.  Souvent  aussi, 
quand  le  titre  original  présentait  des  lacunes,  on  crut  devoir  y  suppléer 


—  322  — 

par  une  nouvelle  rédaction,  dans  laquelle  on  accentuait  particulièrement' 
ou  développait  même  dans  le  sens  de  ces  traditions  les  points  qui  étaient 
devenus  litigieux.  Là-haut  aussi,  entre  les  deux  abbayes  du  mont  Saint- 
Odile,  il  y  avait  des  litiges  et  des  rivalités,  et  ce  sont  ces  litiges  qui  ont 
donné  naissance  aux  deux  pièces  apocryphes  que  nous  connaissons,  à 
savoir  le  faux  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire  et  le  testament  de  sainte 
Odile,  si  toutefois  cette  dernière  charte  doit  décidément  êlre  rangée  dans 
cette  catégorie.  L'auteur  de  l'étude  critique,  qui   attribue   aux  moines 
d'Ebersmiinster  l'invention  des  détails  relatifs  à  la  fondation  de  llohen- 
bourg,  est  aussi  tenté  de  leur  attribuer  la  rédaction  de  ces  pièces  apo- 
cryphes. Ce  n'est  guère  admissible,  à  moins  qu'ils  aient  servi  à  la  fois  les 
deux  parties.  La  vérité  est  que  ces  pièces  ont  été  rédigées  d'après  les  tra- 
ditions existantes  et  également  admises  par  les  deux  abbayes.  C'est  par 
ces  pièces  même  que  nous  connaissons  aussi  l'objet  principal  du  litige.  Gel 
objet  est  la  haute  Cour  sahque  que  les  deux  abbayes  possédaient  en  com- 
mun à  Ehenheim,  et  à  laquelle  était  aussi  attaché  le  droit  de  patronage  de 
l'église  paroissiale  renfermée  dans  cette  même  cour,  et  par  suite  la  per- 
ception des  dîmes  de  la  banlieue,  toutes  choses  que  les  deux  abbayes 
attribuaient  d'un  commun  accord  aux  dispositions  prises  par  sainte  Odile 
et  par  son  père,  le  duc  Adalrich.  L'importance  des  revenus  en  question 
nous  est  révélée  par  les  nombreuses  usurpations  qu'ils  subirent.  C'est  en 
effet  ce  droit  de  patronage  qui,  usurpé  par  les  ducs  et  les  empereurs  de 
la  maison  de  Ilohenstaufen,  fut  restitué  après  leur  chute  aux  deux  abbayes 
par  l'empereur  Guillaume,  puis  accordé  par  le  même  empereur,  en  récom- 
pense de  services  rendus,  au  chapitre  de  Mayence,  et  partagé  alors  pen- 
dant au  delà  d'un  siècle  entre  ce  chapitre  et  les  deux  abbayes,  jusqu'à  ce 
qu'enfin,  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle,  celles-ci  rentrèrent  exclusive- 
ment dans  leur  ancienne  possession,  mais  non  sans  qu'elle  fut  déjà  nota- 
blement amoindrie.  Nous  apprenons  aussi  par  les  documents  de  cette 
époque,  que  l'abbaye  de  Niedermünster  ne  touchait  qu'un  tiers  de  ces 
revenus  et  par  conséquent  se  trouvait  dans  un  état  d'infériorité  vis-à-vis 
de  celle  de  Ilohenbourg.  Ce  fut  là,  sans  aucun  doute,  déjà  antérieurement 
aux  usurpations,  le  motif  du  conflit,  lequel  se  révèle  aussi  dans  les  pièces 
en  question.  A  l'aide  de  la  charte  de  fondation  des  deux  abbayes,  connue 
sous  le  nom  de  testament  de  sainte  Odile  et  rédigée  soit  simplement  d'après 
les  anciennes  tiaditions  des  deux  maisons  religieuses,  soit  sur  un  ancien 
document  qui  était  peut-être  la  lettre  de  fondation  originale,  l'abbaye  de 
Niedermünster  atteste  l'égahté  parfaite  qui,  d'après  la  volonté  de  leur  fon- 
datrice, doit  exister  entre  elles,  égalité  dont  la  jouissance  commune  delà 


—  323  — 

cour  d'Ehenhcim,  qui  élait  la  ci-devant  cour  judiciaire  du  duc,  devait  cire 
le  symbole  malériel.  De  son  côté  l'abbaye  de  llolicubourg-  clierclia  à  établir 
sa  supériorité,  eu  attestant  que  le  duc  Adalrich,  père  de  sainte  Odile,  avait 
cboisi  pour  séjour  le  mont  et  non  la  vallée  et  avait  fojulc  lui-même  l'ab- 
baye supérieure,  tandis  que  ce  ne  fut  que  longtemps  après  sa  mort  (pie 
sainte  Odile  érigea  le  monastère  inférieur.  Dans  ce  but  on  copia,  en  l'am- 
plifiant, un  diplôme  authentique  que  l'abbaye  avait  obtenu  en  837  de  l'em- 
pereur Louis  le  Débonnaire,  et  on  y  inséra  lesdits  détails,  comme  aussi 
on  eut  soin  d'ajouter,  que  le  duc  gratifia  sa  fille  sainte  Odile,  en  faveur  de 
l'abbaye  supérieure ,  de  la  juridiction  de  la  Cour  seigneuriale  d'Ehcnlicim 
supérieur,  conjointement  avec  l'église  située  dans  cette  cour  et  le  druit  de 
patronage  de  ladite  église  avec  tout  ce  qui  en  dépend.  De  l'autre  côté, 
encore  dans  les  années  1351  et  1358,  l'abbaye  de  Niedermünster  fit  ouvrir 
une  enquête,  pour  faire  constater  ses  droits  par  les  ducs  d'Autriche  Albert 
et  Rodolphe,  qui  étaient  ses  vassaux  pour  les  fiefs  qu'ils  tenaient  des  deux 
abbayes  de  temps  immémorial,  et  obtinrent  d'eux  deux  attestations,  l'une 
datée  d'Ensisheim,  l'autre  de  Rheinfelden,  par  lesquelles  il  fut  déclaré  que, 
en  vertu  de  la  charte  que  l'abbaye  tenait  de  sainte  Odile,  la  cour  d'Ehcn- 
heim,  appelée  autrefois  la  cour  ducale,  conjointement  avec  le  droit  de 
haute  justice  et  du  patronage  de  l'église  et  avec  toutes  ses  autres  dépen- 
dances, devait  appartenir  en  commun  au  monastère  inférieur  et  au  mo- 
nastère supérieur  de  Hohenbourg. 

A  la  tradition  des  deux  abbayes  fondées  par  sainte  Odile,  lesquelles 
attestaient  hautement  lem^  foi  en  leur  origine  commune,  viennent  s'asso- 
cier les  traditions  des  autres  maisons  religieuses  de  l'Alsace  fondées  par 
les  divers  membres  de  la  famille  adalricienne.  C'est  d'abord  l'abbaye 
d'Ebersmünster,  qui  attribue  aux  parents  même  de  la  sainte,  au  duc  Adal- 
rich ou  Attic  et  à  son  épouse  Berswinde,  sa  dotation  et  l'origine  de  ses 
domaines.  Cette  tradition,  les  moines  d'Ebersmünster  la  consignèrent  non- 
seulement  dans  leurs  chartes  apocryphes,  mais  ils  la  firent  aussi  insérer 
dans  les  diplômes  authentiques  qu'ils  obtinrent  en  770  du  roi  Carloman, 
et  en  810  de  l'empereur  Charlemagne.  Le  chroniqueur  d'Ebersmünster  du 
douzième  siècle  l'inséra  également  dans  les  annales  de  cette  abbaye,  se 
bornant  toutefois  strictement  aux  détails  qui  concernent  son  monastère, 
comme  nous  verrons  plus  loin.  —  Vient  ensuite  la  tradition  de  l'abbaye 
de  Saint-Etienne  de  Strasbourg,  qui  reconnaît  pour  fondateur  le  ducAdel- 
bert,  fils  du  duc  Adalrich  et  frère  de  sainte  Odile,  attribue  l'éducation 
religieuse  de  sainte  Altale,  sa  première  abbesse,  à  sa  tante  sainte  Odile, 
et  associe  les  abbayes  de  Saint-Etienne  et  de  Hohenbourg  dans  une  sainte 

T.   X.   -  (M.)  21 


—  324  — 

allinnce  de  famille.  Les  témoins  de  cette  tradition  sont,  outre  les  diplômes 
confirmatifs  obtenus  par  l'abbaye,  les  leçons  des  anciens  bréviaii'es  ma- 
nuscrits de  l'église  de  Strasbourg,  dont  l'une  a  été  publiée  par  Schiller 
dans  son  édition  de  Kœnigshofen,  une  ancienne  biographie  allemande  de 
sainte  Attale,  annexée  à  la  légende  d'or  et  également  publiée  par  Schilter, 
comme  aussi  la  représentation  des  divers  épisodes  de  la  vie  de  sainte  Odile 
et  de  sainte  Attale  sur  les  anciennes  tapisseries  de  l'abbaye  de  Saint- 
Etienne.  —  L'abbaye  de  Honau,  qui  reconnaissait  également  pour  fonda- 
teur le  duc  Adelberl  et  tous  les  membres  de  sa  famille  pour  ses  bienfai- 
teurs, attribuait  même  en  principe  ces  donations  au  chef  de  la  famille,  au 
duc  Adahicli  ou  Ettichon,  lequel  aurait  recommandé  à  ces  derniers  les  moines 
irlandais  qui  s'étaient  établis  dans  cette  île.  Outre  les  nombreuses  chartes  qui 
attestent  ces  donations  et  qui  se  trouvent  transcrites  dans  l'ancien  cartu- 
laire  de  l'éghse  collégiale  de  Saint-Pierre-le-Vieux  à  Strasbourg  et  aussi 
en  partie  dans  un  autre  cartulaire  conservé  aux  archives  de  l'évèché,  la 
tradition  de  l'abbaye  de  Honau  est  consignée  dans  les  annales  de  cette 
abbaye  publiées  par  Schiller,  comme  aussi  dans  la  précieuse  notice  généalo- 
gique de  la  famille  adalricienne,  découverte  par  Grandidier,  laquelle,  en 
enregistrant  les  noms  des  premiers  bienfaiteurs  de  l'abbaye,  a  en  même 
temps  fixé  la  filiation  des  descendants  immédiats  du  duc  Athic  et  servi  à 
rectifier  cette  généalogie  dans  ce  qu'elle  présentait  encore  de  défectueux. 
—  Des  traditions  analogues  existaient  dans  les  abbayes  de  Murbach  et  de 
Massevaux,  qui  reconnaissaient  pour  leurs  fondateurs  les  neveux  de  sainte 
Odile,  petits-fils  du  duc  Athic  et  frères  du  duc  Adelbert,  traditions  qui  trou- 
vèrent leur  expression  dans  les  livres  liturgiques  de  ces  maisons  reli- 
gieuses. 

Si  des  traditions  alsaciennes  nous  passons  à  celles  des  contrées  voisines, 
la  tradition  lorraine  se  présente  en  première  ligne.  C'est  celle  de  l'abbaye 
de  Moyen-Moùticr,  laquelle  revendiquait  pour  saint  Ilidulphe,  son  fonda- 
teur, l'honneur  d'avoir,  conjointement  avec  son  frère  saint  Erhard,  lequel 
était  venu  le  visiter  dans  sa  solitude  des  Vosges,  conféré  le  baptême  à 
sainte  Odile  et  d'avoir  rendu  la  vue  à  l'enfant  aveugle-née.  Cette  tradition 
est  consignée  dans  la  biographie  de  saint  Ilidulphe,  écrite  au  dixième 
siècle,  et  dans  l'ancienne  chronique  de  Moyen-Moûtier,  qui  date  du  onzième 
siècle.  Dans  la  première,  le  père  de  l'enfant  est  simplement  qualifié  de 
duc  (Heticonis  ducis  filia);  la  seconde  ajoute  qu'il  était  duc  d'Alsace  {Eli- 
conis  ducis  Elisalii  fdia).  La  chronique  de  l'abbaye 'voisine  de  Senones, 
composée  au  treizième  siècle,  en  racontant  également  le  baptême  et  la 
guérison  miraculeuse  d'Odile  par  les  deux  saints,  passe  même  sous  silence 


-  325  - 

la  dignité  du  père  de  sainte  Oi\\\e(c^jusdam  nohilix  fdiam. ...  quam  palcr 
ejus  Ethico  nomine),  mais  njoulc  d'aulrcs  détails  connus,  entre  autres  la 
conversion  du  château  de  Hocmhorch  en  couvent  et  la  fondation  du  mo- 
nastère inférieur.  C'est  conformément  à  cette  tradition  que  Ir  l)a|itêuic  de 
sainte  Odile  était  représenté  autrefois  sur  les  plaques  d'argent  de  l'antique 
reliquaire  de  saint  Ilidulplic,  exposé  dans  l'église  abbatiale  de  Moyeu- 
Moûtier  et  que  Schœpflin  a  reproduit  en  partie  dans  son  Alsace  illustrée. 
Vers  le  milieu  du  onzième  siècle  le  monastère  de  Moyen-Moûtier  avait  pour 
abbé  Humbert,  plus  tard  cardinal,  qui  était  l'ami  de  notre  pape  alsacien 
Léon  IX,  alors  évoque  de  Toul.  C'est  de  cet  abbé  Ilumbert  que  la  chro- 
nique de  Senones,  ainsi  que  celle  deMoycn-Moûlier  de  Jean  de  Bayon,du 
quatorzième  siècle,  rapportent  qu'il  composa  en  1044  des  hymnes  ou  des 
antiennes  en  l'honneur  des  saints  Cyriaque,  Hidulphe,  Déodat,  Odile,  Gré- 
goire et  Colomban,  et  qu'il  les  dédia  à  son  ami,  l'évoque  Brunon  de  Toul, 
lequel  les  mit  en  musique.  L'auteur  de  l'élude  critique  prétend  qu'on  ne 
connaît  pas  le  contenu  de  ces  antiennes,  et  que  Icsdits  saints  étant  honorés 
en  Lorraine,  la  vierge  Odile  devait  aussi  être  une  sainte  lorraine.  Il  se 
trompe;  la  chronique,  ainsi  que  les  antiennes,  dont  le  texte  existe  encore, 
parlent  de  la  sainte  Odile  baptisée  et  miraculeusement  guérie  par  saint 
Hidulphe  et  son  frère  saint  Erhard.  Quant  aux  autres  saints,  ils  étaient 
également  bien  connus  en  Alsace  et  leurs  louanges  pouvaient  fort  Inen 
être  adressées  à  l'évêque  alsacien  de  Toul.  Notamment  le  martyr  saint 
Cyriaque  était  le  patron  de  l'abbaye  d'Allorf,  fondée  par  les  ancêtres  de 
Léon  IX,  lequel  la  gratifia  plus  tard  d'une  relique  de  ce  saint.  Quant  à  ce 
que  ledit  auteur  fait  observer  au  sujet  de  l'épiscopat  de  Trêves,  que  saint 
Hidulphe  doit  avoir  occupé  avant  de  se  retirer  dans  la  solitude  des  Vosges, 
à  savoir  que  l'existence  d'un  saint  Hidulphe,  évêque  de  Trêves  au  septième 
siècle,  ne  serait  pas  historique,  cela  ne  touche  en  rien  notre  sujet.  Dans 
sa  préoccupation  de  faire  passer  notre  Odile  pour  une  sainte  d'origine  lor- 
raine, il  raconte  aussi  l'histoire  de  sainte  Salaberge,  laquelle,  aveugle  dans 
son  enfance,  recouvra  la  vue  par  les  prières  de  saint  Eustase,  abbé  de 
Luxeuil,  et  fonda  alors  à  Laon  un  monastère  en  l'honneur  de  saint  Jean- 
Baptiste,  dans  lequel  elle  se  retira,  comme  aussi  son  frère  Bodon  se  fit 
moine  et  mourut  en  odeur  de  sainteté  comme  évêque  de  Toul,  Parmi  les 
religieuses  qui  vécurent  sous  la  direction  de  sainte  Salaberge,  se  distin- 
guait par  sa  ferveur  sa  belle-sœur,  Odila,  jadis  l'épouse  de  Bodon.  Notre 
auteur  voit  ici  le  germe  de  la  légende  alsacienne  de  sainte  Odile;  il  serait 
superflu  de  le  contredire.  —  Parallèlement  à  la  tradition  lorraine  de  l'ab- 
baye de  Moyen-Moûtier  marche  la  tradition  bourguignonne  de  l'antique 


—  326  — 

abbaye  de  Beaume-les-Dames,  qui  place  dans  ce  monastère  le  baptême  de 
sainte  Odile  par  saint  Erhard,  comme  aussi  l'éducation  rclii^icuse  de  la 
sainte.  Cette  tradition  n'est  consignée  dans  aucun  document  local,  car  il 
n'existe  pas  d'annales  de  ladite  abbaye;  mais  elle  a  trouvé  son  expression 
dans  la  liturgie  du  diocèse  de  Besançon,  comme  aussi  on  conservait  jadis 
dans  l'abbaye  de  Beaume,  à  titre  de  monument,  un  voile  précieux,  que 
l'on  prétendait  provenir  de  la  sainte,  et  qui,  dans  les  temps  de  grande 
calamité,  était  exposé  à  la  vénération  des  fidèles.  —  Enfin  il  y  a  aussi  une 
tradition  bavaroise.  Celle-ci  s'identifie  avec  les  biographies  de  saint  Erhard, 
dont  la  plus  ancienne  date  du  onzième  siècle  et  appelle  le  père  de  sainte 
Odile  le  duc  Etlichen  {eo  lemporc  duci  EUichonl  filia  cœca  nascehatiir). 
Cette  tradition  a  aussi  trouvé  son  expression  dans  la  liturgie  de  ce  pays, 
laquelle  associe  les  louanges  de  sainte  Odile  à  celles  de  saint  Erhard.  Au 
sujet  de  saint  Erhard,  qui  dans  certains  documents  est  qualifié  «évêque  de 
Ratisbonne»,  l'auteur  de  l'étude  critique  fait  observer  également,  ce  qui 
d'ailleurs  est  bien  connu,  qu'un  tel  évêque  n'est  pas  historique.  Il  ne  s'agit 
en  effet  que  d'un  évêque  régionnaire  ou  missionnaire.  Aussi  la  biographie 
de  sainte  Odile,  ainsi  que  celles  de  saint  Hidulphe  et  de  saint  Erhard, 
disent  simplement  que  ce  dernier  vint  du  pays  des  Bavarois  {de  parlibus 
Bcnvarorum...  in  partibus  Bcnvariœ).  —  Nous  ne  mentionnons  que  pour 
mémoire  une  tradition  badoise  du  Brisgau,  relative  à  un  épisode  bien 
connu  de  la  vie  de  sainte  Odile.  Celle-ci  n'a  d'autre  base  qu'une  légende 
populaire,  qui  se  rattache  à  une  ancienne  chapelle  située  dans  les  environs 
de  Fribourg-. 

Nous  terminons  notre  article  par  la  biographie  anonyme  de  sainte  Odile , 
qui  a  été  publiée  pour  la  première  fois  par  Mabillon  dans  ses  Actes  des 
saints  de  l'ordre  de  saint  Benoît,  et  qui,  au  milieu  des  diverses  traditions 
que  nous  venons  de  passer  en  revue,  occupe  un  rang  tout  exceptionnel. 
L'auteur  de  l'étude  critique,  qui  gratifie  les  moines  d'Ebersmünster  de  la 
fabrication  de  la  légende  de  sainte  Odile,  attribue  à  ces  mêmes  religieux 
ladite  biographie.  Mais  un  simple  coup  d'œil  sur  cette  biographie-,  com- 
parée à  la  chronique  d'Ehersmiinster,  suffît  pour  faire  voir  que  ces  deux 
écrits,  qu'il  prétend  provenir  de  la  môme  souice,  n'ont  rien  de  commun 
entre  eux.  Puur  établir  une  prétendue  affinité  entre  les  deux  documents , 
il  cite,  outre  les  noms  des  principaux  personnages,  lesquels  sont  naturel- 
lement à  peu  près  les  mêmes  dans  les  deux  écrits,  divers  détails  qui, 
d'après  lui,  se  trouvent  à  la  fois  dans  les  deux  documents.  Ainsi,  par 
exemple,  il  dit  qu'on  trouve  à  la  fois  dans  la  chronique  et  dans  la  biogra- 
piiie  le  num  celto-romain  d'Altitona  du  château  de  lïohenbourg  et  celui 


—  327  — 

d'un  roi  Marcelliii ,  cüiisliucUnir  de  cello  forteresse.  Or,  cela  n'est  pas. 
Le  nom  d'Altilona  se  trouve  dans  la  chronique,  mais  non  dans  la  biogra- 
phie, et  celui  du  roi  Marccllin  (ou  plulùl  Maxiinien,  tel  (pi'il  figiu-e  dans 
une  version  allemande)  se  trouve  dans  la  bioijraphie  et  non  dans  la 
chronique.  Mais  ce  qui  est  plus  saillant,  ce  sont  les  dinéiences  (|ui  existent 
entre  les  deux  documents.  D'un  côté  le  chroniqueur  d'Ehersmünsler  ra- 
conte fort  en  détail  la  part  que  prirent  le  duc  Athic  et  son  éponse  Bers- 
winde  à  la  fondation  et  à  la  dotation  de  son  abbaye,  ainsi  (pu;  la  coinnm- 
nauté  spiriluelle  que,  d'après  lui,  sainte  Odile  établit  entre  les  monastères 
de  Hohenbourg  et  d'Ebersmiinster;  mais  il  ne  fait  pas  môme  mention  du 
baptême  de  sainte  Odile  et  de  sa  guérison  miraculeuse,  tout  aussi  peu  que 
de  la  fondation  des  abbayes  de  Hohenbourg  et  de  Niedermünsler  et  d'autres 
détails  sur  la  sainte.  D'un  autre  côté  le  biographe  de  sainte  Odile  ne  dit 
pas  un  mot  de  l'abbaye  d'Ebersmiinster,  ce  que  certes  un  reli,^icux  de 
cette  abbaye  n'eût  pas  négligé  de  faire.  Pour  ce  qui  concerne  la  rédaction, 
ainsi  que  le  fait  observer  judicieusement  l'auteur  de  l'étude  critique ,  le 
chroniqueur  d'Ebersmûnster  sait  se  parer  d'une  teinte«  d'érudition  univer- 
selle, en  rattachant  à  l'histoire  générale  les  divers  détails  de  l'origine  de 
son  couvent  et  en  faisant  l'histoire  ancienne  de  l'île  dans  laquelle  ce  mo- 
nastère était  situé;  il  établit  aussi  la  fdiation  des  ancêtres  du  duc  Athic, 
en  le  faisant  descendre  du  célèbre  maire  du  palais  Erchinoald.  L'auteur 
de  la  biographie  au  contraire  ne  présente  pas  la  moindre  trace  d'érudi- 
tion; c'est  un  simple  religieux  qui,  dans  un  latin  peu  châtié,  raconte  naïve- 
ment ce  qu'il  a  appris  par  ouï-dire.  Aussi  ne  connaît-il  que  très-vaguement 
les  noms  des  divers  membres  de  la  famille  ducale,  sur  laquelle  cependant 
les  traditions  alsaciennes  fournissent  des  indications  si  précises.  De  l'avis 
de  tous  les  critiques,  il  ne  connaissait  pas  même  de  vue  la  localité  qu'il 
décrit,  et  conséquemment  il  ne  séjournait  pas  en  Alsace.  Une  expression 
dont  il  se  sert  pour  désigner  un  certain  objet,  trahit  ouvertement  sa  na- 
fionahté  française.  C'est  en  raison  de  cette  dernière  circonstance  que  Gran- 
didier  a  cru  devoir  attribuer  cette  œuvre  aux  religieux  prémontrés  d'Elival, 
que  l'abbesse  Herrade  appela  à  Hohenbourg  vers  la  fin  du  douzième  siècle; 
mais  sa  conjecture  est  inadmissible  précisément  à  cause  de  l'ignorance  des 
traditions  locales  et  du  peu  de  connaissance  des  lieux,  que  Grandidier 
lui-même  reproche  à  l'auteur.  D'ailleurs  ce  document  paraît  être  plus  an- 
cien. La  bibliothèque  de  l'Université  d'Erlangen  possède  un  manuscrit  de 
cette  biographie  qui  remonte  déjà  au  douzième  siècle.  Mabillon  et  dom 
Rivet  dans  son  Histoire  littéraire  de  France  la  placent  au  onzième  siècle, 
et  Laguille  la  rapportait  même  au  neuvième.  On  ne  serait  pas  mieux  fondé 


—  328  - 

d'atlribuer  celle  biographie  à  un  religieux  d'une  nuire  abbaye  lorraine, 
puiscjue  sa  version  sur  le  baplênie  de  sainte  Odile  difiere  totalement  de  la 
version  lorraine  de  Moyen-xMoûticr,  tandis  qu'elle  est  tout  à  fait  en  accord 
avec  la  biographie  de  sahit  Erhard,  qu'elle  semble  aussi  avoir  utilisée.  S'il 
était  permis  d'élablir  une  nouvelle  hypothèse,  on  pourrait  atlribuer  notre 
biographie  de  sainte  Odile  à  quelque  religieux  d'une  abbaye  bourguignonne 
en  rapport  avec  celle  de  Bcaume-les-Danies,  et  qui  aurait  été  chargé  delà 
rédiger  pour  ce  dernier  monastère.  Le  développement  qu'elle  donne  au 
récit  du  baptême  de  sainte  Odile  et  du  séjour  de  la  sainte  dans  le  monas- 
tère de  Palma  pourrait  autoriser  cette  hypothèse.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette 
biographie  paraît  avoir  été  peu  connue  en  Alsace.  Parmi  les  manuscrits 
assez  nombreux  qui  en  existaient  autrefois  dans  les  bibliothèques  abba- 
tiales de  différents  pays,  il  n'y  en  a  qu'un  seul  qui  appartienne  à  l'Alsace, 
celui  de  l'abbaye  de  Murbach.  Au  quatorzième  siècle  cette  biographie  trouva 
place  comme  appendice  dans  la  célèbre  légende  d'or  dite  Lampartica 
iiistoria,  comme  aussi  elle  fut  insérée,  conjointement  avec  la  vie  de  sainte 
Attale,  dans  la  version  allemande  de  cette  légende.  Ces  deux  pièces  ont 
été  publiées  par  Schiller  dans  son  édition  de  Kœnigshofen. 

C'est  ainsi  que  les  diverses  traditions  alsaciennes  et  autres  attestent  par 
leur  divergence  même  la  réalité  historique  du  fond  de  leurs  récits,  et  la 
biographie  de  sainte  Odile  même  proteste  hautement  contre  l'origine  fan- 
tastique qu'on  a  voulu  lui  atlribuer.  Ces  témoignages  traditionnels,  à  la 
fois  si  multiples  et  d'origine  si  diverse,  conjointement  avec  les  documents 
qui  leur  servent  d'appui,  l'auteur  de  cet  article  les  a  réunis  dans  un  seul 
et  même  cadre  et  cités  textuellement  dans  un  livre  allemand  qui  a  paru 
sous  le  litre  der  Odilienherg.  Dans  une  récente  publication  archéologique 
l'article  qui  traite  cette  même  matière  et  mentionne  les  controverses  sou- 
levées à  ce  sujet,  déclare  l'argumentation  dudil  livre  insuffisante.  Ce  juge- 
ment est  sans  doute  une  inadvertance,  puisque,  sauf  qucl(|ues  lignes  d'al- 
lusion à  ces  débals,  le  livre  ne  renferme  pas  d'argumentation.  L'auteur 
s'en  est  abstenu  à  dessein  el  s'est  contenté  de  mettre  sous  les  yeux  du 
public  les  pièces  du  procès.  Pour  son  compte  il  croit  que  la  critique,  que 
l'un  dit  être  le  flambeau  de  l'histoire,  a  pour  mission  d'éclairer  et  non  de 
répandre  des  ténèbres,  et  conséquemment  que,  pour  les  temps  si  reculés 
dont  il  s'agit,  la  tradition  el  les  documents  doivent  se  tendre  mutuelle- 
ment la  main,  que  là  même  où  les  documents  rigoureusement  contempo- 
rains font  défaut,  les  récils  traditionnels  ont  néamnoins  droit  à  nos  égards, 
et  enfin  que  même  la  légende,  avec  tout  le  merveilleux  par  lequel  elle  se 
caractérise  d'ordinaire  dans  ses  détails,  n'est  autre  chose  (jue  la  poésie  de 


-  329  — 

l'histoire.  —  Au  conimeiicemciil  du  siècle  dciiiiui-,  un  s.nanl,  fort  connu 
j)ar  lu  singulaiité  de  ses  opiniuns,  dépensa  une  portion  considérahle  de 
sa  vaste  érudition  à  soutenir  que  toutes  les  chartes  de  l'épociue  mérovin- 
gienne, ainsi  que  les  écrits  des  Pères  de  l'Église  el  des  anciens  auteurs 
profanes,  même  les  Odes  d'Horace  et  V Enéide  de  Virgile,  ont  été  fabri- 
qués par  les  moines  du  moyen  âge.  Il  réussit  aussi  à  se  créer  des  disci- 
ples qui  propagèrent  les  opinions  de  leur  maître.  Le  temps  a  fait  justice 
de  ces  paradoxes.  11  en  sera  de  môme  de  la  thèse  qui  soulii'iit  que  nus 
traditions  alsaciennes  du  septième  siècle  et  les  monuments  (pii  h.'s  con- 
firment sont  l'œuvre  des  moines  d'Ebersmiinster. 


J.   GySS,  cliuiioine  lionorairc. 


RAPPORT 

SUR   LES 

ANTIQUITÉS  ROMAINES  DÉCOUVERTES  A  KŒNIGSIIOFEN 

PRÈS  STRASBOUllG, 

notamment    en    mars    et    avril    1878. 

Avec  gravures  dans  le  texte  et  une  carte. 

Messieurs , 

Découverte         Lb  30  tTiars  demiei',  des  ouvriers  occupés  à  creuser  une  cave  pour  la 

monumen"  funèbre  nouvcUc  coiistrucliou  dc  MM.  Vcilli  et  Robin,  presqu'à  l'entrée  de  Kœnigs- 

soidaîromain     hofcn,  à  gauchc  dc  la  route  de  Paris,  entre  les  n°'  27  et  29,  décou- 

,    .''^'",  .      vrircnl  une  pierre  rectangulaire  de  l"\oO  de  lonii'  sur  0"\65  de  laro-e. 

deuxième  légion.  '  '-'  '  o  /  o 

Elle  était  couchée  à  plat,  à  1"\65  de  profondeur,  dans  la  direction  nord- 
ouest,  à  10  mètres  environ  de  la  route.  Quand  les  ouvriers  l'eurent  dres- 
sée pour  la  retirer  de  l'excavation  et  que  la  face  inférieure  mise  au  jour 
fut  nettoyée,  les  sculptures  et  l'inscription  qui  la  décorent  firent  recon- 
naître le  monument  funéraire  d'un  guerrier  romain.  Le  buste  de  celui-ci 
est  sculpté  en  demi-relief,  dans  une  niche  au  cintre  surbaissé,  sous  un 
fronton  décoré  de  palmettes  aux  angles  et  reposant  sur  des  colonneltes 
nettement  indiquées  dans  la  pierre.  Cinq  rosettes  avec  feuillage,  dont 
l'une  au  centre  du  fronton,  les  autres  en  dehors,  complètent  la  décora- 
lion  architectonique.  Le  soldat  est  représenté  imberbe.  Par-dessus  la 
tunique  à  manches  courtes,  il  porte  la  pœmtla,  une  casaque  de  laine,  qui 
lui  tombe  à  larges  plis  sur  le  dos  et  que  sa  main  droite  retient  sur  la  poi- 
trine, tandis  que  de  la  gauche  il  porte  mi  objet  (peut-être  un  rouleau) 
dont  on  n'aperçoit  plus  qu'un  leslc  très-fruste.  Au  flanc  droit  l'épée,  au 


SOCIETE 

peur  la  Conservation  des  Monuments  h 

D  ALSACE 


tWK 


rniwzr-T^ 


WMMi'm 


lH:^Zs  , 


■x:- 


i^ 


MONUMENT  FUNERAIRE 
irc'jvé  à  Koeniéshofen  [  Strasbourg] 


—  331  — 

côté  gauche  le  poignard,  sont  suspendus  ;i  deux  ceinturons  distincts,  re- 
couverts d'ujie  série  de  plaques  cnri'ées  en  métal.  L'exlréniilé  (jni  pusse 
par  la  boucle,  s'amincit  cji  élroile  lanière.  A  juger  par  les  plis  de  la  tunitjue 
retroussée,  la  taille  est  serrée  par  une  troisième  ceinture,  (jui  n'est  pas 
apparente.  Elle  relient  sans  doute  l'espèce  de  plastron  carré,  en  cuir  ou 
en  métal,  qui  protège  l'abdomen,  et  auquel  paraissent  appailenir  les  huit 
lanières,  garnies  chacune  d'une  série  de  grosses  tètes  de  clous  et  orjiécs 
aux  extrémités  d'objets  en  métal,  sous  forme  de  pendelocpies  '. 
Voici  l'inscription  tracée  en  beaux  caractères  majuscules  : 


C-  LARGENNIVs 
C-  FAB    LVC-  MIL 
LEG    II  >  SCAEVAE 
AN    XXXVII    STIP 
XVIII    H    S    E  • 


G  .  LARGENNIVS 

G(aii  niius)  FABia(lribu)  LVG(a)  MIL(es) 
LEG(ionis)  II  )  (centuriœ)  SGAEVAE 
AN(norum)  XXXVH  •  STIP(endiorum). 
XVIII  .  H(ic)  .  S(itus)  .  E(st). 


«Caius  Largennius,  fds  de  Gains,  originaire  de  Lucques,  de  la  tiibu 
de  Fabia,  soldat  de  la  deuxième  légion,  de  la  centurie  de  Scaiva,  âgé 
de  trente-sept  ans,  ayant  dix-huit  ans  de  service,  repose  ici.» 

Sans  être  une  œuvre  d'art,  l'image  est  sortie  d'un  bon  atelier.  Plusieurs 
détails  ont  été  traités  avec  un  soin  minutieux  ;  les  caractères  surtout  sont 
tracés  avec  une  sûreté  remarquable.  Pour  ne  pas  risquer  un  éclat,  à 
cause  d'une  défectuosité  de  la  pierre,  le  sculpteui'  a,  dans  la  troisième 
ligne,  laissé  un  intervalle  entre  les  lettres  S  et  G,  au  risque  de  dérouter 
un  moment  les  lecteurs  d'un  autre  âge. 

La  sculpture  n'a  pas  beaucoup  souffert;  toutefois  la  figure  du  soldat  est 
un  peu  mutilée,  le  poignard  pendu  à  la  ceinture  du  soldat  a  été  écorné 
dans  celte  dernière  opération,  et  la  trace  des  leviers  est  visible  sur  plu- 
sieurs parties  de  la  pierre.  Au  point  de  vue  archéologique,  celle  trouvaille 
a  une  haute  importance,  la  deuxième  légion,  dite  Angusta,  n'ayant  laissé 
que  très-peu  de  traces  de  son  séjour  dans  la  Germanie  supérieure,  où  elle 
a  stationné  depuis  l'an  9  à  l'an  43  de  notre  ère.  On  n'en  connaissait  jus- 
qu'ici que  deux  pierres  tombales  dans  nos  régions. 

1.  Pour  plus  amples  détails  sur  ce  curieux  ornement  des  soldats  romains,  voy.  Lin- 
dcuschmit,  Die  Alterthilmer  unserer  heidnischen  Vorzeit,  vol.  I,  livr.  IX,  pi.  4,  n"  I; 
livr.  X,  pi.  5,  u"  I  ;  vol.  II,  livr.  X,  pi.  4,  n"  2.  —  Cf.  Hill^ner,  Relief  eines  römischen 
Kriegers  im  Museum  zu  Berlin,  in-4°.  Berlin  1866,  p.  8.  —  Maller,  Programm  des  Gym- 
nasiunis zu  Plön,  1873  :  Das  Cingitlum  mililiœ,  iii-4"',  p.  12. 


—  332  -- 

Averti  rie  cette  découverte  par  les  soins  officieux  du  commissaire  cen- 
tral, M.  le  D'"  Mans,  qui  eut  l'obligeance  de  m'adresser  un  rapport  à  la  date 
du  4  avril,  je  me  rendis  à  Kœnigsliofen  avec  mes  collègues  MM.  Peliti 
et  Milschcr,  afin  de  prendie  les  mesui-es  jugées  nécessaires  jjour  la  con- 
servation du  monument.  Déjà  deux  jours  auparavant,  M.  Mitsclier  l'avait 
examiné  sur  ma  prière,  et  avait  obtenu  de  M.  Vcilli  (pi'il  fût  transféré  en 
lieu  sùi'  et  sousirait  à  l'action  d'une  jeunesse  luibulente,  malheureusement 
Iroj)  disposée  à  commettre  des  mulilatious. 

Le  meilleur,  peut-être  le  seul  moyeu  de  le  conserver,  était  d'en  l'aii'e 
l'acquisition  au  profit  de  notre  musée.  Après  d'assez  longs  pourparlers, 
dont  il  est  inutile  de  rappeler  ici  les  incidents,  la  pierre  fut  acquise  le 
8  avril,  et  le  même  jour  provisoirement  placée  dans  le  modeste  local,  où 
vous  venez  de  l'examiner. 

J'ai  omis  de  dire,  Messieurs,  que  par  suite  d'une  erreur  les  travaux  d'ex- 
cavation avaient  été  enlrcj)ris  dans  la  partie  du  terrain  qui  appartient  en- 
core à  la  première  zone  des  fortifications,  et  (jue  le  monument  était  à  peine 
extrait  du  sol,  quand  le  génie  militaire  ordonna  de  combler  la  cave.  Il  y 
avait  toute  apparence  qu'en  continuant  les  fouilles,  oh  rencontrerait  d'autres 
objets,  peut-être  une  voûte,  ou  du  moins  un  cippe,  renfermant  l'urne 
cinéraire.  Les  ouvriers  me  parlaient  d'un  mur  qu'ils  venaient  de  décou- 
vj'ir  ;iu  mumcnt  où  l'on  donna  l'ordre  de  combler  la  cave.  Des  rensei- 
gnements que  je  pris  sur  place  me  donnèrent  la  certitude  que  le  monu- 
ment du  vétéran  de  la  deuxième  légion,  L.  AYTliONIVS,  dont  feu  M.  le 
bibliothécaire  Jung-  a  donné  une  description  dans  le  Courrier  cht  Bas- 
Rhin,  en  1851,  a  été  trouvé  à  la  distance  de  6  ou  7  mètres  au  plus 
de  l'emplacement  où  gisait  notre  pierre.  Je  résolus  dès  lors  de  poursuivre 
les  recherches,  et  je  posai  à  l'achat  de  la  pierre  la  condition  qu'il  nous 
serait  permis  d'explorer  ce  terrain.  Les  démarches  auprès  de  l'adminis- 
tration supérieure  pour  obtenir  l'autorisation  d'opérer  des  fouilles  dans 
un  but  scientifique  eurent  le  résultat  désiré.  Je  fus  secondé  dans  cette 
entreprise  avec  un  empressement  et  une  bienveillance  que  je  me  fais  un 
devoir  de  reconnaître  publiquement.  Le  9  avril,  à  3  heures  de  l'après- 
midi,  j'eus  l'honneur  de  remettre  à  S.  Exe.  M.  le  général  gouverneur  de 
Schkopp  un  rapport  sur  la  trouvaille,  accompagné  d'une  demande  moti- 
vée et  d'une  esquisse  des  lieux;  deux  heures  plus  tard  l'aulorisalion 
écrite  fut  entre  mes  mains. 

Le  lendemain,  à  G  heures  du  matin,  je  me  dirigeai  sur  Kœnigshofen 
avec  deux  ouvriers,  poin-  commencer  les  travaux. 


—  333 


I. 


Jo  ne  vous  faliguerai  pas,  Messieurs,  j)ai-  la  lecture  «lu  juurual ,  dans  «••<)"'"". 
lequel  j'ai  consigné  minulieusemenl  la  marche  des  travaux,  le  {^iscuieut 
des  objets  trouvés  et  les  divers  incidents  de  toute  nature  arrivés  durant 
les  12,  13,  -15,  10,  17  cl  20  avril.  Je  m'étais  installé  à  Kœnigshofen,  el 
je  restais  avec  les  ouvriers  du  matin  au  soir,  liornn"s  (juclques  raies 
interruptions  pour  aflaiics  survenues.  Pendant  mes  heures  d'absence, 
M.  le  l*^""  lieutenant  de  Pœllnitz,  dont  le  zèle  pour  tout  ce  qui  louche 
aux  intérêts  de  notre  Société  vous  est  connu,  voulut  bien  me  rempla- 
cer à  deux  reprises.  Un  utile  concours  me  fut  également  prêté  avec  le 
plus  louable  empressement  par  un  jeune  étudiant  en  droit,  M.  Oscar 
Kahle,  de  Berlin,  qui  logeait  à  proximité. 

Le  terrain  fouillé  jusqu'à  des  profondeurs  diverses,  variant  entre  3"\2ri 
el  2™,30,  sur  une  longueur  de  18  mètres  et  une  largeur  de  2"\40  à  3'",50, 
renfei-mait  un  nombre  considérable  de  tessons  de  poterie  romaine,  de  lui- 
leaux  à  rebords,  de  vases  el  de  coupes  ayant  dû  servir  aux  usages  les  plus 
divers  et  qui  paraissaient  avoir  été  brisés  avec  violence.  C'est  particu- 
lièrement en  deux  endroits,  distants  l'un  de  l'autre  de  près  de  4  mètres, 
el  sur  toute  la  largeur  de  la  tranchée,  que  les  débris  se  trouvaient  amassés. 

Les  spectateurs,  attirés  par  la  curiosité,  se  perdaient  en  conjectures  sur 
ces  nombreux  débris,  dont  la  présence  dans  une  ancienne  nécropole  n'a 
rien  qui  doive  étonner.  Les  uns  y  voyaient  un  entrepôt  de  produits  céra- 
miques, brisés  par  quelque  accident;  d'autres,  l'appendice  d'un  atelier  de 
poterie  où  l'on  jetait  les  produits  manques  et  qui  devait,  selon  eux,  se 
prolonger  vers  l'ouest.  Je  ne  parle  pas  de  ceux  —  c'étaient  pendant  deux 
ou  trois  jours  les  plus  réguliers  au  poste  —  qui  s'attendaient  à  la  décou- 
verte d'un  trésor  et  dont  les  yeux  suivaient  chaque  coup  de  pioche  avec 
une  dévorante  impatience. 

Toutes  les  pièces  ont  été  retirées  avec  les  précautions  qu'exige  une 
semblable  opération,  où  il  n'est  pas  toujours  facile  de  modérer  la  trop 
grande  ardeur  de  l'ouvrier.  J'ai  recueilli  soigneusement  ce  qui  semblait 
avoir  la  moindre  importance;  —  les  morceaux  les  plus  curieux  sont  expo- 
sés et  soumis  à  votre  examen. 


Les  vases  appartiennent  à  plusieurs  espèces.  Quelques-uns,  les  plus 
simples,  sont  en  terre  grise  ou  en  argile  commune.  Un  seul  pourra  être 
reconstitué  dans  son  ensemble.  C'est  de  la  poterie  tout  ordinaire,  telle 
qu'on  la  trouve  en  Alsace  dans  les  sépultures  gallo-romaines.  Près  de  ce 


Résultai 
>lct  fouilles. 


-  334  — 

vase  sc  trouvaient  des  débris  d'amphores,  dont  quelques-uns  en  grès,  mais 
réduits  au  plus  déplorable  état  de  mutilation. 

Plusieurs  morceaux  présentent  l'emploi  de  la  terre  noire,  enduite  des 
deux  côtés  d'une  légère  couche  de  terre  rouge.  Il  n'a  été  trouvé  que  deux 
morceaux  de  vases  en  terre  noire  très-fine,  avec  striures. 

Par  contre  les  débris  de  poterie  en  terre  rouge  vernissée,  ou  en  terre 
de  Samos,  sont  très-nombreux.  Ceux  que  nous  avons  ramassés  proviennent 
de  plus  de  soixante-dix  vases,  difîérents  de  forme  et  de  dimensions,  presque 
tous  d'une  pâte  très-fine  et  recouverts  d'un  vernis  auquel  dix-sept  ou 
dix-huit  siècles  de  séjour  dans  la  terre  n'ont  rien  enlevé  de  son  brillant. 
Je  signalerai  les  restes  suivants,  qui  appartiennent  la  plupart  à  ce  que 
nous  appellerions  la  vaisselle  de  luxe,  et  qui  oflrent  une  étonnante  variété 
de  gracieux  motifs  d'ornementation. 

1)  Un  grand  vase  à  bords  relevés  qui  pouvait  avoir  0™,35  de  diamètre. 
Trois  fragments  considérables  permettent  de  le  reconstituer  par  le  dessin. 
Il  présente  sous  une  bordure,  simulant  des  draperies,  un  cep  de  vigne,  un 
animal  fantastique,  etc.  Soit  dit  en  passant,  la  bordure  que  je  viens  d'indi- 
quer est  un  ornement  traditionnel  et  très-souvent  employé  dans  les  ateliers 
des  céramistes  romains.  Notre  collection  en  possède  déjà  des  échantillons 
trouvés  dans  la  propriété  de  MM.  Gruber  et  Reeb. 

2)  Un  vase  analogue,  mais  plus  petit.  Sous  la  bordure,  des  médaillons, 
renfermant  une  corbeille  chargée  de  fruits,  alternent  avec  un  animal  posé 
sur  une  sorte  de  meuble,  qui  rappelle  assez  la  forme  de  nos  guéridons 
modernes.  Le  vase  complet  pouvait  avoir  eu  0"V17  de  diamètre. 

3)  De  faibles  restes  de  cinq  ou  six  autres  vases  historiés.  Sur  l'un  on 
voit  encore  la  partie  inférieure  de  plusieurs  personnages  engagés  dans 
une  danse;  sur  un  autre,  une  femme  vêtue  d'une  ample  robe  et  traînant 
à  grands  efforts  une  bête  de  somme  chargée  de  paniers  de  fruits,  etc. 

4)  Restes  d'une  grande  poterie  avec  large  rebord  plat  de  près  de  0"\05, 
presque  verticalement  incliné  vers  le  bas  et  passant  tout  autour  du  haut 
du  vase.  Une  poterie  analogue  a  été  trouvée  en  1859  à  Montans.  Le  dessin 
en  a  été  publié  dans  le  Bulletin  monumental  de  M.  de  Caumont  (vol.  XXVII , 
p.  401). 

5)  Cin(|  fonds  de  vases,  portant  la  signature  des  potiers  : 

NIVALIS  F 
PROPIVS  F 
IVIPCI 
OMVF 
BITVNVS 


—  335  — 

Ce  dernier  nom  figure  sur  un  vase  découvert  à  Ladenbourg  en  Bavière 
rhénane';  je  n'ai  trouvé  les  autres  dans  aucun  des  ouvrages  (jue  j'ai  sous 
la  main.  L'estampille  servant  à  imprimer  la  maïque  NIVALIS  F  était  j)ro- 
bablement  en  métal,  car  l'empreinte  est  d'une  remarquable  netteté. 

6)  Ajoutons  à  ces  trouvailles  celle  d'une  petite  fiole  lacrymatoire,  muti- 
lée à  la  base  et  ébrécliée  à  la  partie  supérieure;  une  pierre  à  aiguisai',  ipii 
pourrait  être  un  objet  d'un  usage  tout  moderne,  si  je  ne  l'avais  vu  letirer 
de  terre,  à  1  V2  mètre  de  profondeur. 

Vous  croirez  sans  peine.  Messieurs,  que  notre  attention  fut  jjarticuliè- 
rement  stimulée  quand  nous  arrivâmes  à  l'endroit  d'où  l'on  a  extrait  le 
monument  du  soldat  de  la  deuxième  légion.  A  l'",80  sous  le  sol  panuL'iit 
les  restes  d'une  maçonnerie  construite,  en  partie  du  moins,  en  pierres 
calcaires  et  posées  sur  des  moellons  dressés  verticalement.  Les  murs,  qui 
n'avaient  plus  quede0'",50  à  0'",80  d'élévation,  mesuraient  0"ViO  d'épais- 
seur et  enveloppaient  un  espace  rectangulaire  de  l'",63  de  long  sur  l"',50 
de  large.  Les  petits  murs  étaient  parallèles  à  la  route.  A  l'intérieur  et  tout 
à  l'entour  on  voyait  les  restes  d'un  rebord,  sur  lequel  peut-être  posait 
autrefois  un  dallage.  Évidemment,  la  maçonnerie,  de  hauteur  très-iné- 
gale, était  primitivement  plus  élevée.  Le  tout  formait-il  l'enveloppe  de 
l'urne  cinéraire,  et  celte  tombe  aurait-elle  été  fouillée  après  l'une  des 
destructions  de  Kœnigsliofen?  Je  ne  hasarderai  pour  le  moment  aucune 
supposition.  Il  se  peut  que  la  continuation  des  fouilles  vers  la  route  nous 
fournisse  quelque  donnée  à  cet  égard.  J'ajouterai  seulement,  pour  n'o- 
mettre aucun  détail  qui  pourrait  aider  à  éclaircir  cette  question,  que  tout 
à  côté  de  cette  maçonnerie,  à  1  mètre  environ  au-dessus  d'elle,  la 
pioche  a  rencontré  une  couche  horizontale  de  gravier  de  12  à  15  centi- 
mètres d'épaisseur,  sur  une  largeur  de  près  de  '1"\20.  Cette  couche  de 
gravier,  très-régulièrement  étendue  dans  le  lehm  qui  l'encastre,  se  con- 
tinue vers  le  couchant,  parallèlement  à  la  route,  comme  il  a  été  facile  de 
le  constater  dans  les  caves  fraîchement  creusées  à  20  mètres  de  distance. 
Nous  avons  cru  y  reconnaître  les  restes  d'un  sentier  qui  menait  autrefois 
à  la  place  où  le  monument  a  été  découvert. 

Tout  prés  de  ces  restes  de  construction  et  à  la  même  profondeur 
gisaient  deux  dalles  très-épaisses  longues  de  1™  70  l'une,  de  l  mètre  l'autre, 
qui  paraît  n'être  plus  complète.  Les  deux  sont  très-grossièrement  appa- 
reillées. La  partie  supérieure  se  rapproche  de  la  forme  semi-cylindrique 


I.  Juhrbiicher  des  Vereins  von  AUeHhumsfreundcn  im  Rheinlande,  XMV  ii.  XLV,  p.  23. 


-  33ß  — 

et  peut  faire  croire  que  ces  dalles  ont  primitivement  servi  de  couvercle 
à  deux  sarcophages. 

J'avoue,  Messieurs,  que  j'ai  éprouvé  une  sensible  déception  en  ne  trou- 
vant nul  vestige  d'urne  cinéraire,  ni  débris  d'armes,  ni  ornement  quel- 
conque, aucune  de  ces  révélations  sépulcrales  qui  font  le  bonheur  de 
l'archéologue.  Pas  même  une  monnaie  n'a  paru  sous  la  pioche  des  travail- 
leurs. Par  contre,  l'exploration  modeste  et  commencée  sur  une  humble 
échelle  m'a  mis  sur  la  trace  d'autres  découvertes,  complètement  inatten- 
dues, dont  j'ai  hâte  de  vous  entretenir. 

Déconvenc         Pour  rcstcr  à  proximité  de  mon  poste  d'observation,  je  pris  la  pen- 
en  ""'"''"  sion  chez  M"'"  veuve  Heidmann,  dont  les  soins  délicats  pour  ses  hôtes  et 

inarijre   blanc.        i»  il«  ••  f     •  ha  •  t  ,  ^ 

1  excellente  cuisine  mentent  detre  signales.  La  maison  (n°  51)  est  dis- 
tante de  la  propriété  Veith-Robin  de  80  à  100  mètres  au  plus.  Le  troisième 
jour  de  mon  stationnement,  voyant  l'intérêt  que  je  mettais  à  recueillir  des 
renseignements  sur  les  découvertes  antérieurement  faites  à  Kœnigshofen, 
M"^  Heidmann  me  parla  de  grands  vases  en  grès,  de  plusieurs  urnes  en 
verre  remplis  d'ossements  calcinés,  que  les  ouvriers  trouvèrent  dans  sa 
propriété  en  1867  lors  de  la  construction  de  quelques  bâtiments  écono- 
miques et  du  creusement  de  la  cave  qui  existe  sous  le  salon  du  rez-de- 
chaussée.  J'appris  que  de  tous  ces  objets,  trouvés  à  une  profondeur  d'en- 
viron 1  '/a  mètre  sous  terre,  il  ne  restait  plus  qu'une  tête  déposée  dans  la 
petite  cour  de  service.  J'étais  impatient  de  la  voir.  C'était  la  belle  tète 
en  marbre  blanc  que  j'ai  l'honneur  d'exposer  sous  vos  yeux,  et  qui  est 
aujourd'hui  une  des  plus  remarquables  pièces  de  notre  musée,  car 
M""^  Heidmann  a  eu  la  générosité  d'en  faire  hommage  à  la  Société  pour  la 
conservation  des  monuments  historiques  d'Alsace.  Je  me  suis  empressé 
d'accepter  celte  offre  patriotique  et  de  faire  en  votre  nom  les  plus  chaleu- 
reux reraercîments.  Malgré  les  mutilations  du  nez,  malgré  l'état  poudreux 
dans  lequel  se  trouvait  la  figure,  je  me  suis  senti  fasciné  par  ce  marbre, 
où  tout  respire  la  vie,  et  qui,  sous  l'apparente  simplicité  de  ses  lignes  har- 
monieuses, révèle  d'admirables  délicatesses  de  ciseau.  C'est  un  monument 
de  sculpture  magistrale  qui  remonte  probablement  au  premier  siècle,  un 
éloquent  témoin  d'une  civilisation  éteinte  que  les  légions  romaines  ont 
propagée  jus(ju'aux  extrémités  du  monde.  Sa  découverte  est  pour  nous 
une  nouvelle  preuve  de  l'importance  qu'avait  la  station  de  Kœnigshofen 
sous  la  domination  romaine. 

Déplorons  qu'aucune  recherche  ultérieure,  qui  serait  aujourd'hui  plus 
que  difficile,  puisqu'une  partie  du  terrain  a  été  surbâtie,  n'ait  été  opé- 


soc  lETÉ 

pour  iaCoRservailcr.:  ces  McTLuments  historiques 

D'ALSACE 


MARBRE  ANTIQUE    ■ 
trouvé  dans  Is  propriété  Heiâmaiin  3  Koenlêshcfm  (Strasbourg 


SOCIETE 

pour  la  Ccnservaîion  des  Me  : 

D' ALS  ACE 


MARBRE  ANTIQ! 
trouvé  danslaproririéié  Heidn:.... 


-  3rî7  — 

rée  à  l'époque  de  la  découverte;  on  eût  pcul-clre  trouvé  le  reste  de 
la  statue  à  peu  de  distance,  et  nous  reconnaîtrions  plus  fhcilcnienl  quel 
personnage  l'artiste  a  voulu  représenter.  Est-ce  l'image  (rnne  diviuilé,  de 
Junon  par  exemple,  comme  je  l'ai  cru  un  moment,  ou  plulni  celle  d'une 
noble  romaine,  d'un  membre  de  la  famille  impéi'iale?  Des  voi\  plus  auto- 
risées nous  l'apprcndrojit  quelque  jour. 

Presqu'à  la  même  heure  de  précieux  renseignements  me  furent  Irans-      s/^pnims 

iIccoiivPrlK  (Iniiii    l:i 

mis  par  M.  Fuchs  sur  la  découverte  de  deux  urnes  fiuiéraires,  faite  loi's  propri/iiéi-ii<iif. 

'  c-nlST.I. 


■o,3B--- 


■  C.4.C- 


du  creusement  d'une  fosse  près  du  «  Schlôssel  »  (n^o)  en  1873.  Ces  urnes 
en  verre,  placées  dans  des  réceptacles  en  pierre  grossièrement  sculptés,  et 
renfermant  encore  des  cendres  et  des  ossements  calcinés,  furent  trouvées 
l'une  à  côté  de  l'autre  et  retirées  intactes,  à  15  ou  20  mètres  environ  de 
la  route  et  à  une  profondeur  d'environ  1"\60  sous  le  sol. 

Le  fait  de  celte  découverte  a  passé  inaperçu;  du  moins  les  journaux,  que 
je  sache,  n'en  ont  point  parlé,  et  aucune  nouvelle  n'en  a  été  transmise  à 
notre  Société.  Ayant  appris  par  M.  Fuchs  que  ces  objets  ont  été  cédés  à 
M.Arnold  fds,  entrepreneur  à  Strasbourg,  j'ai  profité  du  premier  jour 
libre  pour  lui  demander  la  permission  de  les  examiner  et  d'en  faire  un 
dessin.  Les  ossuaires  ou  enveloppes  des  urnes  sont  des  blocs  en  grès  rouge 
creusés  à  l'intérieur,  à  peine  dégrossis  au  dehors.  L'un  ^ffecte  la  forme 
cubique,  l'autre  est  coupé  à  huit  faces,  sans  la  moindre  trace  de  moulure. 
Les  couvercles  sont  plus  rudimentaires  encore.  Un  seul  est  évidé,  l'autre 
n'est  qu'une  dalle  s'adaplant  au  bloc.  La  plus  grande  des  urnes  cinéraires 
est  encore  intacte.  Au  toucher  il  s'en  détache  des  pellicules  d'un  aspect 
métalhque  légèrement  irisé.  Elle  mesure  0"\1 6  de  haut;  le  diamètre  de 
l'orifice  est  deO'",14,  celui  de  la  panse  de  0"\23.  Le  pied  n'en  a  que  0"',08. 


—  338  — 

La  seconde  est  aujourd'Iiui  brisée;  mais  toutes  les  parties  tiennent  encore 
ensemble,  ou  du  moins  occupent  leur  place  primitive,  parce  que  le  vase 
n'a  pas  été  dérangé.  Le  couvercle  en  pierre,  qui  est  cassé  en  deux,  ayant 
une  assez  profonde  excavation,  on  peut  supposer  que  l'urne  était  encore 
couverte  à  l'intérieur  d'un  autre  vase  ou  d'un  tuilot  qui  a  disparu  de- 
puis. Une  pierre  sé])ulcrale,  entièrement  analogue,  a  été  trouvée  à  Pasly, 
en  18Cr. 

M.  Fuchs  €st  persuadé  de  l'existence  d'un  souterrain  (|ui  avait  autrefois 
entrée  dans  sa  cave.  Quelques  fouilles  pourraient  éclaircir  ce  point;  sans 
aucun  doute  elles  auraient  des  résultats  importants. 

A  la  distance  de  25  à  30  mètres  de  ces  sépulcres,  vers  l'ouest  (propriété 
n°  5),  on  tiouva,  lors  des  dernières  constructions  élevées  après  le  siège. 


un  nombre  considérable  de  vases  antiques,  tous  brisés.  La  plupart  étaient 
en  terre  rouge  très-fine,  comme  ceux  que  nous  déterrions  chaque  jour. 
Par  malheur  rien  n'a  été  conservé, 

A  la  veille  d'arrêter  provisoirement  les  travaux,  parce  que  MM,  Veith  et 
Robin  se  trouvaient  gênés  dans  leurs  constructions,  j'appris  qu'en  creu- 
sant la  cave  d'une  maison  nouvellement  élevée  au  bord  de  la  roule  qui 
mène  à  Eckbolsheim,  ettout  à  l'extrémité  de  Kœnigshofen,  on  avait  trouvé 
un  objet  antique  en  terre  cuite,  dont  on  ne  s'expliquait  pas  la  destination. 

M'élanl  rendu  dans  la  demeure  indiquée  ^  j'y  vis  l'objet  que  je  dépose 
sur  le  bureau  —  probablement  un  tuyau  de  conduite  d'eau  — ,  avec  deux 
autres  restes  de  poterie  romaine,  qui  me  furent  cédés  pour  notre  musée. 
En  perquisition#de  cette  nature,  les  plus  petits  éléments  peuvent  avoir  leur 
importance  et  devenir  le  point  de  départ  pour  de  nouvelles  recherches. 


1.  Jiullctin  monumoital ,  vol.  XXXIV,  p.  151.  —  Les  deux  ossuaires  ont  été  donnés 
à  la  Société  par  M.  Arnold  fils  et  se  trouvent  depuis  le  mois  de  juillet  1879  dans 
notre  petit  musée. 

2.  La  maison  w  porlo  p:i.s  eneoro  de  numéro.  Elle  est  Iinbitée  par  la  famille  Millier. 


3fî9  — 


Permettez,  Messieurs,  qu'à  l'exposé  des  trouvailles  (raiitiquilés  romninos 
faites  à  Kœnigshofen  pendant  celte  dernière  campagne,  j'ajonlc  mir  ('nu- 
mération succincte  de  celles  qui  ont  eu  lieu  anli'rieuremcnt  sur  celle  ligin', 
depuis  le  faubourg  Blanc,  qui  n'a  été  compris  dans  l'onccintc  de  la  ville 
que  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle,  et  dont  la  rue  principale  coïncidait 
avec  l'ancienne  voie  romaine.  Je  me  bornerai  dans  cette  énuméralion  ;iu\ 
détails  indispensables,  en  indiquant  les  ouvrages  dans  lesquels  il  en  est 
question,  ou,  s'il  est  possible,  les  personnes  auxquelles  je  dois  des  com- 
munications orales;  mon  but  n'est  que  de  vous  faire  embrasser  d'un  seul 
coup  d'œil  une  matière  dont  les  éléments  se  trouvent  dispersés  dans 
divers  ouvrages  et  qu'il  me  semble  utile  de  réunir  pour  un  sujet  d'études. 

La  carte  ci-jointe  indique,  aussi  exactement  qu'il  m'a  été  possible  de  le 
faire  à  petite  échelle,  la  place  où  les  monuments  ont  été  trouvés.  Nous 
suivons  l'ordre  topographique  de  l'est  à  l'ouest,  en  indi(|uant  chaque  fois 
l'occasion  qui  a  amené  la  découverte. 

1.  Nivellement  de  la  bulle  de  Saint-Michel  (Michelsbühl),  dans  le  fav- 
hourg  Blanc,  en  i767.  —  Après  la  démolition  de  la  chapelle  de  Saint- 
Michel ,  qui  s'élevait  à  l'entrée  de  Sainte-Barbe,  on  vérifia  que  le  tertre, 
qui,  d'après  la  légende  de  Saint-Arbogast,  aurait  sous  les  Francs  servi  de 
lieu  d'exécution,  était  un  antique  tumulus.  On  déterra  une  quantité  prodi- 
gieuse d'urnes,  de  verres,  de  lampes,  de  briques  portant  la  marque  de  la 
huitième  légion,  des  médailles  d'Antonia  Augusta  et  de  Domitien,  et  un 
monument  funèbre  d'une  haute  importance,  dont  voici  l'inscription, 
d'après  le  dessin  qu'en  a  pubhé  Ravenez  : 

T  •  FLAVIVS  •  T  •  F  • 
OFFNTINA 
PEREGRINVS 
MEDIOLANNI_ 
MIL  •  LEG  VIII 
AVG  ^VP 

Ml  GELERINI  % 

VIX  •  AN  XXV  • 
STIPENDIO  lin 
FHFC^ 

1.  Miisœum  Schœpflinianum ,  p.  30,  105,  113,  150.  —  Ravenez,  t.  III,  p.  53,  planclie 
compl.  III,  n"  IV.  —  Silbermann,  Localgeschichle,  p.  35.  —  Scliweighfcuser,  Memoire  si'r 
les  antiquités  roinaines  de  la  ville  de  Strosb.,  p.  42.  —  Granilidier,  Uist.  d'Alsace,  p.  IGO. 

T.  X.  —  (M.)  22 


—  340  — 

Les  religieuses  de  Noire-Dame,  alors  établies  dans  l'enclos  de  Sainte- 
Barbe,  oiïnrent  ce  müniimenl  à  l'historiographe  Schœpflin.  Peut-être  le 
retrouverons-nous  parmi  les  objets  anciens  provenant  du  musée  de  l'an- 
cienne bibliothèque  de  la  ville  et  déposés  dans  les  souterrains  du  château. 

En  creusant  une  cave  derrière  le  tertre  on  rencontra  encore,  outre 
une  grande  quantité  de  poteries  en  tciro  do  Samos,  trois  cercueils  de 
pierre,  et  tout  auprès  trois  monnaies  cji  bronze  des  empereurs  Adi'ien, 
Maximien  et  Dioclétien. 

En  1817  M.  Hindermayer,  alors  propiiétaire  de  l'emplacement  du 
Michelsbühl,  continua  les  travaux  de  nivellement.  Des  urnes  nombreuses, 
des  vases  en  poterie  moins  fine,  une  coupe  de  verre  couverte  à  l'inlérieur 
d'un  dépôt  rougcâtrc,  le  squelette  d'une  jeune  femme  portant  encore  les 
bracelets  en  cuivre  jaune,  et  une  médaille  de  Diadumeniamis,  grand 
module,  furent  déterrés  à  cette  occasion  '. 

En  1873,  des  travaux  entrepris  à  l'est  de  Sainte-Barbe,  à  In  suite  du 
bündjai'denicnt,  amenèrent  la  découverte  de  [dusieurs  tombes  antiques, 
construites  en  dalles  posées  de  champ.  Lu  communication  m'a  été  faite 
par  des  ouvriers. 

2.  KtvcUciiicnl  de  la  lunileur  vers  le  cimeliére  de  Sainl-Gall,  en  juillet 
iô6S,  hors  la  porte  Blanche.  —  Silbermann  nous  a  conservé  le  passage 
de  Speckie,  d'aiirùs  lecpicl  ces  travaux  onl  mis  au  jour  plus  de  cent  ui'ues 
cinéraires  en  grès  et  au  delà  de  vingt  sarcophages  en  pierre.  Au  plus  inté- 
ressant élail  jointe  une  tablette  avec  l'inscrijjtion  suivante  : 

L  •  LICINIVS  •  L  •  F 
CLAVD  •  MAXIM 
VS  •  AEQUO 
F  •  CV  •  ^ 

Eeprise  de  ces  travaux  en  iOOS  et  en  1627,  vers  le  même  point.  —  La 
première  année,  découverte  d'tm  sépulcre  fait  de  tuiles  épaisses,  juxta- 
posées de  manière  à  former  un  angle  dièdre  et  porlant  chacune  l'estam- 
pille de  la  huitième  légion  Augusta.  La  seconde,  découverte  d'une  réunion 
de  sarcopliages,  d'urnes  et  de  vases  .sans  inscriptions".  Silbormann  signale 


t.  Sctnvpiçliseiiser,  p.  4G.  —  Ravcncz,  t.  Ill,  p.  57. 

2.  Silbcrmann ,  Localgcxchichte,  p.  39.  —  Grandidior,  Histoire  d'Alsace ,  t.  I,  p.  15G. 
Scliœplliri,  Als.  ill.,  t.  I,  j).  .008. 

3.  Scliœplliii,  Als.  m.,  t.  I,  p.  508.  —  GralididiLT,  Uistoint  d'Alsace,  p.  157. 


—  341  — 

des  découvertes  analogues  faites  aux  emiroiis  de  la  luurlJlajiclie  eu  lOOi, 
1G09,  1634,  1671  et  1674 '. 

3.  Construction  de  In  noctuelle  porte  Blanche,  en  iSll-iSlS.  —  Ujic 
partie  des  objcis  trouves  dans  ce  rayon  a  été  cxiMJsét'  dans  la  grande  salle 
de  la  Mairie,  lors  de  notre  assemblée  générale;  du  l^""  mars  1877.  Les 
trouvailles  consistaient  en  poterie  romaine  de  diiïérentes  espèces,  en  mé- 
dailles, en  fibules,  en  quelques  restes  de  sculptures  anciennes  et  surtout 
en  un  bronze  historié,  d'une  imporlance  de  premier  ordre  coiiMiie  exé- 
cution artistique.  Le  manche  figure  en  relief  Bacchus,  Diane  et  Mercure; 
la  poignée  représentait  la  lutte  d'une  divinité  avec  les  géants.  L'usage 
de  l'objet  n'est  pas  encore  connu  "-. 

4.  Travaux  de  fortifications  élevés  avant  le  blocns  de  i8i5  antonr  de 
la  7naison  de  M.  Thicss.  —  La  maison  qui  servit  quehjue  temps  de  corps 
de  garde  est  aujourd'hui  le  «Schlössel»,  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  En 
1815  on  déterra  dans  le  jardin  un  grand  nombre  d'urnes  cinéraires,  un 
beau  vase  en  terre  de  Samos,  des  fragments  d'urnes  en  verre  et  un 
sépulcre  en  pierre  pareil  à  ceux  que  j'ai  décrits  et  qui  furent  trouvés  dans 
la  même  propriété.  Il  a  été  donné  à  M.  Schnœringer  et  se  tj'ouve  aujour- 
d'hui sans  doute  dans  la  collection  de  M.  Engel-Dollfus ,  à  Dornnch.  Les 
autres  objets  ont  été  offerts  à  M.  Schweighœuser,  pour  le  musée  de  la 
ville.  Ce  savant  fait  observer  qu'on  n'a  fouillé  à  cette  occasion  (ju'ime 
très-petite  partie  de  terrain  ^ 

5.  Pendant  l'hiver  de  1815  à  1816,  quelques  travaux  dansi  nn  cliamp 
voisin  des  n°^  i5  et  iO  (propriété  Ruhlmann),  où  il  s'était  subitement 
produit  un  affaissement  du  sol,  mirent  à  jour  plusieurs  urnes  en  verre 
remplies  d'ossements  et  un  nombre  considérable  de  vases  en  terre 
rouge.  Les  objets  trouvés  furent  transportés  à  Sti-asbourg.  (Communica- 
tion orale  d'un  vieillard  qui  a  été  témoin  oculaire  de  la  découverte, 
M.  Kiïtzel,  domicilié  à  Kœnigshofen  *.) 

6.  Creîisement  des  caves  de  la  maison  Broly,  ?i°  21 ,  en  mars  1851.  —     iinumrraiion 

des   ilt-euiiverli-s 
faites 
~  h  Kœnigsliorcn 

avant   ISTO. 

1.  Silbci-mann,  p.  4  ot  5. 

2.  F.  X.  Kraus,  Kunst  und  Altcrfltuni  im  Ünter-Elsoss ,  B.  I,  \^.  üSi.  —  Bulletin,  {.  X 
(P.-V.),  p.  54. 

3.  Schweigliseusor,  p.  48,  etc. 

4.  Cf.  Schweiglia'user,  p.  50.  Les  fouilles,  conimenc^'es  par  le  propriélaire,  furent  con- 
tinuées par  ordre  de  M.  de  Kentzinger,  maire  de  Strasbourg. 


—  342  — 

Découverte  du  monument  l'unèbre  en  marbre  blanc  d'un  vétéran  de  la 
deuxième  légion,  avec  l'inscription  : 

L  •  AVTRONIVS 
L  •  F  •  SERGIA  NOR" 
SILO  •  VETERAN  •  EX 
LEG  •  Il  •  HEREDES 
EX  •  TESTAMENTO  • 

Le  vétéran  Autrünius,  placé  an  quatrième  siècle  dans  la  notice  cilée 
plus  liant,  peut  fort  bien  avoir  été  le  contemporain  de  Largennius,  (|ni  a 
trouvé  sa  sépulture  à  côté  de  ce  monument.  Les  deux  tombes  sont  à 
une  distance  d'environ  10  mètres  de  la  routée 

La  pierre  tumulaire  d'Autronius  fut  donnée  par  M.  Broly  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  de  Strasbourg,  où  elle  paraît  avoir  péri  dans  le  bom- 
bardement de  1870.  11  ne  m'a  pas  été  possible  de  la  retrouver  parmi  les 
restes  de  notre  ancien  musée  delà  bibliothèque  publique,  disposés  aujour- 
d'hui provisoirement  dans  les  caves  du  château. 

Une  esquisse  du  monument  que  je  retrouve  parmi  mes  papiers,  me 
permet  d'ajouter  la  note  descriptive  qui  suit:  La  pierre  forme  un  rectangle 
de  l'",85  de  haut  sur  0"\60  de  large;  l'épaisseur  n'est  que  de  O'^jSö.  L'in- 
scription se  trouve  dans  un  cadre  surmonté  d'un  fronton  triangulaire 
dunt  le  sommet  touche  au  bord  du  monument.  Des  palmettes  s'élèvent 
aux  angles  du  fronton,  orné  au  milieu  d'une  rose  ou  d'une  fleur  de  lotus. 
Deux  fleurs  semblables  se  trouvent  entre  les  rampes  extérieures  et  les 
palmettes  acrotères.  La  partie  historiée  de  la  pierre  occupe  environ  les 
75  de  la  surface.  —  Le  dessous  est  vide-. 

7  et  8.  Je  ne  rappelle  que  pour  souvenir  le  résultat  de  nos  fouilles  et 
les  trouvailles  faites  dans  la  maison  ?Ieidmann. 

La  découverte  de  deux  pierres  tombales,  de  nombreux  débris  gallo- 
romains,  et,  à  une  petite  distance,  celle  d'urnes  en  verre  et  d'un  marbre 
antique,  donne  à  ce  quartier  une  importance  peu  commune. 

9.  Creusement  des  caves  du  n"  98,  i862-67.  Statuette  de  Mercure  en 
bronze.  Nombreux  débris  de  vases  en  terre  sigillée. 

1.  Voy.  l'article  de  M.  Jullf,^  publié  dans  le  Courrier  du  Bas-Rhin  on  1851  et  repro- 
duit par  Havenoz  dans  sa  traduction  de  VAlsace  illxsfrre ,  t.  III,  p.  C88.  —  De  Morlet, 
Notice  sur  les  voies  romaines  du  déparfcmonl  du  Bns-RliiUf  p.  W.  —  Tiranibacli,  Corpus 
inscript ionum  Wienanarum.  1892. 

2.  Notr-  />eritf  en  juillet  18C2. 


-   343  - 

10.  Creusement  des  caves  de  M.  RotUenhach  en  i85i  (n"  55).— Décou- 
verte d'un  pelil  aulel  njmtiin  un  grès  vos^^ieii,  de  (l"',9()  de  li;nil  sur  ()"',.iO 
de  large.  L'inscriplioii  porluil  : 

IN  H  DD 

(GE)  NID  VICI  CA 

(NA)  ABAR  ET  VI 

(CA)  NOR  CAN 

(A)  BENSIVM 

MARTIVS 

OPTATVS 

QVI  •  COLVMNAM 

ET  STATVAM 

D  D*^ 

M.  Rolhenbacli  fit  don  de  cet  autel  à  la  bibliolliècme  de  lu  ville. 


11.  Creusement  des  caves  de 
MM.  Gruber  et  Reeb  en  i805-i86G 
{n°  i25).  —  Sur  un  emplacement  de 
40  mètres  environ  sur  12  de  large, 
à  la  distance  de  30  à  50  mètres  de 
la  route,  furent  trouvés  : 

a)  Un  petit  autel  en  grès  Ligarié 
et  presque  intact,  de  0'",54  de  haut, 
portant  l'inscription  : 


l(ovi)  •  O(ptimo)  •  M(aximo)  • 

lASSV 

S     EX    VO 

TO  •  P(usuit)  •  L(ubens)  •  L(ibero) 
M (un ère) ^ 


1.  Voy.  Courrier  du  Bas-Rhin,  11  juin  1851.  —  De  Moriot,  ouvrage  cité,  p.  45.  — 
Brambacli,  ouvrage  cité,  1891. 

2.  Voy.  Bulletin,  série  IV,  t.  II,  l'.-V.,  p.  8.  —  Cf.  BrauiLacli,,  ouvrage  cité.  2074. 


-  344 


b)  Un  autel  vulif  tiédie  à  Mercure, 
en  grès  rouge,  de  0'",G7  de  hau- 
teur sur  O-^^SS  de  largeur  et  0"\19 
de  profondeur,  dont  voici  la  lé- 
gende : 

DEO-  M 
ERCVRIQ 
AVGVSTVS 
TOCISSE  FIL 
EX  VOTO 
V-S-L-  L-  M' 

c)  Le  torse  d'une  statuette  en 
grès,  peut-être  d'une  image  de 
Mercure,  très-bien  exécutée \ 

d)  La  partie  inférieure  d'un  bas- 
relief,  qui  a  été  attribuée  à  Bacchus. 
Ce  monument  est  en  grès  rouge  et 
mesure  encore  0'",55  de  haut.  On  a 

reconnu  une  panthère  dans  l'ani- 
mal couchéaux  pieds  de  laslatue^ 

e)  Une  stèle  funéraire  sans  in- 
scription, haute  de  0"\Gü,  sur 
0'",27  de  large  \ 

f)  Une  grande  quantité  de  frag- 
ments de  vases  en  terre  de  Sa- 
mos,  des  restes  de  tuyaux  d'aque- 
duc, de  glandes  amphores  en 
grès,  etc.  Plusieurs  fragments  de 
poterie  en  terre  rouge  se  dis- 
tinguent par  des  ornements  en 
relief  d'une  remarquable  pureté 
de  dessin. 

1.  Voy.  Ihilictiu,  [).  133.  —  BuUelin 
de  la  Soriélc  des  (uitUjKuircs  de  France. 
180G,  [).  71.  —  Braiiihacli,  ouvrage 
cité.  2073. 

2.  Bulletin,  p.  9. 

3.  Ibid.,  série  il,  t.  IV,  P.-V.,  p.  I3i. 
1.  Ibid. 


—  345  - 

g)  Uijc  liiile  |iüil;iiil  r('iii|in'iiili;  dr  l;i  (|ii;iliiùiii'  li'i^ioii,  dilc  Miirrdo- 
nienne'.  Celle  légion  a  siiccc'dc  d;iiis  nus  cuiiliccs  à  l;i  dcuxiùmt'  h'-gidii 
Augusla,  Uaiisplanléc  en  Biclagne,  quand  Claude  alla  :"i  la  coiMiurh'  de  ce 

Tous  ces  objets  oui  élé  olTerls  en  don  au  musée  de  nuire  Soeiélé  par 
MM.  Giuber  et  Reeb  cl  décrils  dans  le  Bulletin  jiar  M.  .Mcick. 

Citons  pour  méniuire  une  giande  collection  d'objets  gallo  ruinains, 
comme  statuettes  en  bronze,  boucles,  colliers  d'and)re,  etc.,  (jui  ont  élé 
tiouvcs  à  Kœnigsboicn  à  différentes  é])0(iues  et  que  M.  Jung  lit  voir  au 
Comité  dans  sa  séance  du  2  février  18C3'.  Le  regretté  bibliothécaire  est 
mort  avant  d'avoir  i)U  rédiger  le  travail  (pi'ilnous  proniità  cette  occasion; 
il  nous  eût  indiipie  sans  doute  en  quels  endroits  ces  objets  fui(;nl  décou- 
verts. Il  est  inutile  de  dire  (juils  ont  péri  avec  notre  bibliotlièijue. 


Sans  compter  le  rayon  de  l'ancienne  Cbarlrcuse,  où  l'on  délcrie 
souvent  des  tuiles  marquées  du  coin  de  la  huitième  légion,  voilà 
une  douzaine  de  groupes  de  monuments  gallo-romains  (pii  i)ronvent 
mieux  que  ne  le  feraient  des  chartes  l'antiquité  et  rinq)Oitance  (pi'avail 
autrefois  Kœnigshofen,  ressuscité  seulement  depuis  la  construction  île 
lionedu  chemin  de  fer  de  Strasbourg  h  Bâle. 

Une  remarque  que  vous  avez  faite  avec  moi,  Messieurs,  cest  (juc 
toutes  ces  découvertes,  sans  en  excepter  une  seule,  (pii  ont  été  cons- 
tatées hors  ville,  ont  eu  lieu  sur  le  bord  de  la  route  actuelle.  Aussi  je 
n'hésite  pas  à  en  conclure  que  l'ancienne  voie  romaine  d'Ai-gentoiat  à 
Tres-Tabernœ  ne  coïncidait  pas  seulement  avec  la  rue  du  faubourg  Blanc, 
mais  qu'elle  suivait  encore  la  route  actuelle  de  Kœnigshofen  et  non 
l'Altweg,  situé  à  300  mètres  plus  au  noid.  J'invoque  pour  toute  preuve  la 
série  de  tombes  échelonnées  sur  le  bord  de  la  route,  dei)uis  la  ville  jus- 
qu'à la  ligne  du  chemin  de  fer  ^ 


;i 


1.  Bulletin,  série  II,  t.  V,  p.  57.  -  Braml^acli,  ouvrage  cité.  1894. 

2.  Ibid.,  série  II,  t.  II,  p.  6. 

3.  Depuis  la  lecture  de  ce  mémoire,  uue  série  de  découvertes  ont  eu  lieu  te  long  de 
la  route  et  fournisseut  de  nouvelles  preuves  à  ma  thèse.  La  plus  importante  est  celle 
d'une  notable  partie  de  l'ancien  cimetière  gallo-romain,  prés  de  la  porte  lîianclie.  Un 
rapport  détaillé  avec  planches  en  rendra  compte  dans  la  prochaine  livraison  du  Bulletin. 
Il  a  paru  bon  toutefois  de  noter  sur  notre  carte  ces  découvertes  récentes,  ainsi  que 
d'autres  dont  je  n'ai  eu  connaissance  que  depuis  peu  de  temps.  Elles  y  flgurent  sans 
numéro  d'ordre. 


—  346  — 

On  sait  le  respect  que  les  Romains  professaient  partout  pour  les  morts 
et  le  soin  avec  lequel  ils  cherchaient  à  en  perpétuer  la  mémoii'e  el  à 
signaler  les  services  à  la  reconnaissance  puhlique.  Au  lieu  de  reléguer 
leurs  cimetières  à  l'écart  et  loin  de  la  circulation ,  comme  on  tend  à  le 
l'aire  généralement  de  nos  jours,  ils  les  établissaient  le  long  des  routes 
les  plus  fréquentées  et  exposaient  aux  regards  des  passants  les  cippes  funé- 
raires, ornés  quelquefois  de  l'image  du  défunt,  dont  l'inscription  faisait 
coimaître  le  nom,  le  rang  et  les  états  de  service.  Les  abords  de  Pompeï 
nous  ont  conservé  un  exemple  frappant  de  cet  usage  que  les  Romains  ont 
établi  dans  toutes  les  stations  importantes. 

Je  ne  ferai  pas  valoir  la  circonstance  que  dans  presque  tout  son  parcours 
l'Altweg  est  de  2  mètres  en  contre-bas  de  la  route  et  des  terrains  où  ont 
été  trouvées  la  plupart  iks  antiquités  énumérées  ci-dessus;  mais  à  la  suite 
des  renseignements  qui  m'ont  été  donnés  et  que  je  suis  autorisé  à  cioire 
exacts,  j'ajouterai  qu'aucune  trouvaille  d'antiquité  n'a  encore  été  constatée 
le  long  de  l'ARweg,  dont  le  nom,  invoqué  comme  preuve,  a  pu  induire 
en  erreur  les  savants  qui  se  sont  occupés  de  cette  question.  Dans  la 
bouche  du  peuple  un  chemin,  pratiqué  au  moyen  âge  et  abandonné  plus 
tard,  prenait  le  nom  d'Altweg  dès  qu'on  revenait  à  la  voie  primitive. 

Je  pense  ne  rien  hasarder  en  disant  que  les  cartes  des  voies  romaines 
en  Alsace,  parues  jusqu'à  ce  jour,  sont  à  rectifier  sur  ce  point. 


DÉCOUVERTES  D'ANTIQUITÉS  ROMAINES 

FAITES 

ä  KŒNIOSHOFEN  (Strasbourg). 

:éciioiio  1 .  10  0(10. 


-\,  Ancienne  butte  de  S'-MIchel,  1767-1817. 
-  i     -MonuiiiPnt  d'un  soldat  de  U  II«  légion   Augiulu 
d"  Bièclo),  d(';couvert  on  l«78. 


^/ ——■<. L ^    Tombe   renfermant   troi»    vaaes   romainn,    décuu- 

verte  eu  mai  1879 


~\v5yl2Sik^_r^TB jT^ î   Découvertes  nombreuRes  do  monuments  romains. 


faites  en  1568,  1603,  ie04,  1609,  1(;27  ,  ir.34, 
1663,  1671  et  1674,  dans  la  direction  iudi'juée. 


CARTE 


_3   Nombreuses  poteries  romaines,  médailles,   fibules, 
bronze  historié,  etc.  1877  et  1878. 


i    Urnes  cinéraires.  1815  ,  1873. 

Nombreux  débris  de  poterie.  1873. 


_Cf^ 5    Urnes  en  verre.  1815,  18ie. 


\X ^     Monument  du  vétéran  Autronius.  1851. 

'    Monument  de  Largennius,  poterie.  1878. 


8  Tête  antique  on  marbre  blanc,  urnes  funéraires, 
grand  nombre  de  débris  de  vases  ancien»! 
1867. 


y  Statuette  en  bronze.  —  Nombreux  (lébris  de  v.ibpb 

.»;':'-»^*;.J^Vi•  ■*<'?•,. ^^  ,,u  terre  sigillée.   18(i2-lS<>7. 

-■~jt 10  Autel    romain    en   grès  vosgien,   débris  de  pote- 
rie, etc.  1851. 


Plusieurs  tombes  antiques,   nombreuses  poteries, 

monnaies  romaines  des  deux  premiers  siècles, 
grand  chapiteau  historié,  16'3-1C79. 


,1-    11  Stèle  funéraire,  deux  autels,  torse  d'une  statuette, 
'  bas-relief;    nombreux    fragments    do    vases, 

tuiles,  etc.  1865,  1866. 


JtiA  Sdailltte"^  .Strtiluirt  AStm/71 


NÉCROLOGUES. 


M.  L.  LEVIUULT,  f  ISTî 

Corrospoudaul  du  miuistùre  do  l'iustructiou  publitiue  pour  les  travaux  Uisturiques. 


Séance  du  12  juin  1870. 


Messieurs, 

La  tombe  vient  de  se  fermer  sur  un  homme  de  bien  dont  le  souvenir 
nous  est  cher  et  qui  a  laissé  des  traces  de  l'intérêt  qu'il  portait  à  notre 
Société,  non-seulernent  dans  nos  bulletins,  mais  encore  et  surtout  dans  le 
cœur  de  ses  collègues. 

Rappelons  un  instant  les  titres  de  M.  Louis  Levrault  à  nos  souvenirs  et 
à  notre  fraternelle  gratitude.  M.  Levrault  était  un  enfant  de  la  bonne  ville 
de  Strasbourg,  membre  d'une  famille  justement  estimée  dans  nos  annales 
littéraires  et  administratives.  Voué  d'abord  à  l'étude  de  la  jurisprudence, 
le  jeune  Levrault  entra  bientôt  dans  l'administration  de  la  Monnaie  et 
remplit  onze  ans  durant  les  fonctions  de  contrôleur  de  notre  élabhsse- 
raent  monétaire.  Il  prit  ensuite,  par  piété  fdiale,  la  succession  de  son  véné- 
rable père  comme  receveur  municipal  d'Obernai  et  conserva  cette  position 
jusqu'en  1870. 

Un  attrait  singulier  l'avait  porté  de  bonne  heure  vers  le  domaine  de  nos 
traditions  provinciales  alsatiques;  il  en  étudia  l'histoire,  et  nos  monuments 
historiques  eurent  le  privilège  d'éveiller  en  lui  toutes  les  sollicitudes  d'un 
amateur  éclairé  et  sympathique.  Son  mérite  littéraire  fut  bientôt  connu  et 
apprécié;  plusieurs  publications  contemporaines  se  disputaient  sa  collabo- 
ration, et  il  était  toujours  heureux  de  transformer  en  sanctuaire  littéraire 
son  bureau  de  perception.  On  dira,  sans  crainte  d'être  démenti,  que  la 
plume  de  M.  Levrault  fut  une  des  plus  pures  et  des  plus  charmantes,  et 
nous  le  mettons  volontiers  au  nombre  de  nos  meilleurs  littéraleurs  con- 
temporains d'Alsace.  Ses  travaux  lui  valurent  bientôt  le  litre  de  membre 


-  348  — 

cori'es|)üiiti;iiit  du  iiiiiiislère  ilc  rinlérieur  püiir  les  monumonls  liistorif|nes, 
lilre  (jii'il  yarda  jusqu'à  la  lin,  et  qui,  dans  les  prcniièics  années  surluul, 
ne  lut  nullement  slérile. 

Quand  nuire  Société  piit  naissance,  M.  Leviault  eut,  dès  le  principe, 
sa  place  manjuée  dans  la  commission  permanente,  et  le  public  ratifia  ce 
choix.  Comme  tel,  il  utilisait  ses  loisirs  pour  traiter  diverses  (jueslions 
d'ai'cliéologie  qui  se  lattachaient  particulièrement  au  sol  qu'il  habitait.  11 
aimait  de  jiassion  les  belles  montagnes  de  sa  province  natale,  ne  se  lassait 
point  de  les  parcourir,  de  les  étudier,  en  rêvant  sur  les  ruines  qui  en  cou- 
ronnent les  mamelons  élevés.  Sainte-Odile  avait  naturellement  ses  [iréfé- 
rences,  et  un  des  Iruits  de  ses  explorations  fut  son  beau  travail  sur  le  mur 
[laïen,  travail  qui  témoignera  longtemps  encore  de  son  esprit  sagace  et 
diligent. 

Nous  eimies  assez  souvent  l'avantage  de  l'accompagner  dans  ces  courses 
iécondes;  d'autres  eurent  la  même  jouissance  et  se  rappelleront  toujours 
la  généreuse  hospitalité  de  sa  maison  et  les  grâces  de  son  connnerce  pei'- 
sonncl.  L'automne  dernier  encore,  malgré  ses  70  ans  bien  comptés, 
M.  Levrault,  en  vaillant  marcheur,  gravissait  avec  moi  les  lianes  de  llohen- 
hourg,  et  dilatait  son  cœur  dans  l'atmosphère  pure  et  embaumée  des 
belles  forets.  On  peut  affirmer  que  ces  moments  furent  de  ceux  qu'il  appré- 
ciait le  plus  dans  sa  vie. 

Depuis  quelques  années  il  avait  renoncé  au  litre  de  membre  de  notre 
cummission,  sans  cesser  de  faire  partie  de  la  Société.  Nous  tous,  nous  avons 
connu  et  apprécié  les  rares  (jualités  de  son  intelligence,  son  cœur  ouvert 
à  toutes  les  aspirations  généreuses.  Il  aimait  l'Alsace  autant  qu'un  eidant 
du  noble  pays  peutl'aimei'  et  cet  amour  il  l'euiportadans  un  monde  meil- 
leur. 11  avait  bravement  traversé  le  lujig  hiver  et  se  disposait  à  aller 
planter  sa  tente  auprès  de  son  hls,  quand  il  fut  pris  d'une  hillammation 
londjaire  qui,  dans  l'espace  de  peu  de  jours,  le  ravit  à  l'alfeclion  de  sa 
famille  et  de  ses  amis.  11  vit  la  mort  venii-  sans  la  redouter  et  en  brave 
chrétien  il  s'y  prépara  et  la  reçut  comme  le  messager  d'un  monde  réniu- 
néiateur.  Qu'il  nous  soit  permis  de  déposer  dans  les  annales  de  notre 
Société  toute  l'expression  de  nos  regrets  et  le  vœu  sincèie  de  voir  con- 
I inner  dans  noire  sein  raniuur  de  nos  monuments  et  le  zèle  de  contribuer 
à  les  bien  faii  e  connaître.  V.  G. 


-  340 


M.   du  MOULI'T,  t  i  lùvricr  KSnS. 

M.  Gljai'Ies-Cjabricl-BeuudcL  de  Muiiel  (.'sl  iiû  à  Paris,  le  <S  ociulur  IT'.Ki. 
Il  avait  à  peine  alleiiil  l'âge  de  dix-sept  ans,  luisqn'il  lut  reçu  coiuinc  élève 
de  l'Ecole  polytcehniijue,  où  ses  connaissances  lin'  assnrèienl  nn  lanj; 
honorable.  Le  1^"^  oclobr(j  '1(S|5,  api'ès  deux  caniiiaj^iies,  il  fui  admis 
comme  sous-lieiUenant  dans  l'Kcolc  d'aiiplicalioii  (]<■  Melz.  Liciil(_'n;ml  en  -J*^ 
au  l^*"  régiment  du  génie  le  <1  lévrier  1818,  lieutenant  en  1*""  le  14  mai 
1819,  il  entra  connue  lieulenaiit  dans  l'état-major  le  12  janvier  I82'i.  Six 
ans  plus  tard  il  lui  capilaine  en  l*^""  de  sapeurs.  iNonmié  capihiine  de 
V^  classe  de  Tétat-major  le  11)  janvier  1833,  chcl'de  bataillon  à  llagucnaii 
le  I.j  mars  1841,  lieulenanl-colonel  à  Strasbourg  le  14  juillet  l.SiiS,  il  lut 
promu  au  grade  de  colonel  directeui'  des  fortifications,  d'abord  de  Be- 
sançon (14  novembre  1851),  puis  de  Strasbourg  (13  septenibie  1804),  où 
il  fit  valoir  ses  droits  à  la  retraite  deux  ans  plus  lard. 

Le  30  mai  1837,  M.  de  Morlet,  dont  les  services  importants  avaient  été 
plusieurs  fois  signalés  au  ministère,  fut  inscrit  dans  la  Légion  d'honneur. 
Il  reçut  la  croix  d'ofïîcicr  le  22  août  18.50,  et  enfin  celle  de  commandeur 
le  12  juhi  1856.  S'étant  allié  deux  fois  à  des  familles  alsaciennes,  il  se  fixa 
à  Strasbourg  et  consacra  ses  loisirs  à  l'étude  de  nos  aiiti(piilés  mililaiics. 
La  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historitpies  d'Alsace  venait 
alors  de  se  constituer;  M.  de  Morlet  fut  reçu  membre  du  Comilé  à  l'une 
des  premières  vacances  et  se  signala  par  un  zèle  éclairé,  autant  (pie  par 
une  activité  dont  ses  anciens  collègues  garderont  le  meilleiu'  souvenir  et 
qui  est  attestée  par  une  longue  série  de  rcmaripiables  Mémoires,  parus 
dans  le  Bulletin  de  la  Société. 

Nous  citerons  son  Mémoire  sur  les  anciens  aqueducs  de  Slrasboury,  les 
JSotices  sur  l'enceinte  d' Arg entor aluni ,  sur  les  voies  romaines  du  déparle- 
ment du  Bas- Rhin,  siir  quelques  monuments  de  l'époque  gallo-romaine 
trouvés  sur  les  sommités  des  Vosges,  etc.  Les  nombreuses  noies  ipi'il  lit 
insérer  dans  les  procès-verbaux  des  séances  mensuelles  prouvent  avec 
quel  soin  il  suivait  le  mouvement  archéologique  en  Alsace  et  l'intérêt  qu'il 
prenait  aux  découvertes  à  l'occasion  des  fouilles  opérées  sur  plusieurs 
points  du  pays,  notamment  aux  environs  de  Lorentzen,  Mackwiilei-,  Bru- 
math,  Odratzheim  et  Saverne.  L'organisation  du  Musée  d'antiquités  établi 
à  Saverne  est  l'œuvre  de  M.  de  Morlet,  qui  passait  régulièrenienl  ses 
vacances  dans  celle  ville.  Ajoutons  que  jus(iu'à  la  guerre  de  1870  il  sié- 


-  350  — 

seail  au  Conseil  des  bâtiments  communaux  et  lui  prêtait  un  concours 
actif,  doublement  utile  (juand  il  s'agissait  d'aplanir  les  dillicultés  opposées 
par  le  génie  militaire.  Peu  d'anciens  officiers  en  retraite  ont  dû  être  dans 
le  cas  de  rendre  des  services  aussi  nombreux  et  de  mener  une  vie  aussi 
active  à  un  âge  où  le  repos  est  bien  légitime. 

Quand  les  événements  de  1871  forcèrent  M.  de  Morlet  de  se  retirer  en 
France,  il  emporta  les  regrets  de  tous  ceux  qui  ont  eu  l'occasion  d'appi'écier 
son  dévouement  cl  sa  Irancliise  d'allures,  reliaussés  par  le  cbarme  de 
la  j)lus  affectueuse  aménité  de  cœur  cl  par  les  formes  exquises  de  la 
noblesse  d'origine. 

Il  y  a  deux  ans,  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  liisto- 
riques  d'Alsace  a  voulu  lui  rendre  un  hommage  de  reconnaissance  et 
d'estime,  en  lui  adressant  un  diplôme  de  membre  d'honneur.  La  nouvelle 
de  sa  mort,  portée  au  Comité  pendant  la  séance  de  ce  mois,  a  causé  une 
vive  émotion  de  douleur  à  ses  anciens  collègues.  A.  S. 


G.    WILMANNS,   f   6.   März    1878. 


Silzmi"-  vom  tl.  März  1878. 


Piol'.  JJ'".  F.  X.  Kraus  widmet  dem  Andenken  eines  heimgegangeneu' 
Mitgliedes  der  Gesellschaft,  Prof.  G.  Wilmanns  (f  6.  März  zu  Baden-Baden) 
einige  Worte.  Gustav  Wilmanns,  dessen  sterbliche  Reste  am  10.  März 
seinem  Wunsche  gemäss  aul' dem  Kirchhof  zu  Illenau  beigesetzt  wurden, 
war  1845  zu  Jüterbogk  in  der  Mark  Brandenburg  geboren,  unter  Haupt 
und  Mommsen  in  Berlin  gebildet,  vorübergehend  akademischer  Lehrer 
in  Dorpat,  dann  1872  an  die  Universität  Strassburg  berufen.  Seine  wissen- 
schaftliche Thäligkeit  lag  wesentlich  auf  dem  Gebiet  der  Epigraphik,  in 
welcher  Richtung  zunächst  seine  Exempla  Inscripüonmii  latinarum, 
Berol.  1873,  2  vol.,  ein  glänzendes  Zeugniss  für  seine  Beherrschung  des 
Gegenstandes  geben,  hi  wie  hohem  Grade  er  geschickt  war,  seine  epigra- 
phischen Studien  lür  die  römischen  Staatsalterlhümer  u.  s.  f.  zu  ver- 
werthen,  legen  mehrere  Abhandlungen,  besonders  seine  Betheiligung  an 
dei'  von  Henzen,  Mommsen  und  de  Rossi  herausgegebenen  Ephemcris 


-  851   - 

cpigraphica  nn  don  Tng-.  Sein  Ilnuphvork  i.slnhor.lio  Snmmlimfr  dov  nord- 
afrikanischen  Tmchriflen,  clic  er  im  Aurtrng  ,lcr  kr,„i;^lirl,Pn  .\k:.,|..,...V 
(1er  Wissenschaften  in  llerlin  vorbercilete,  v.n  Nvel.lieni  Zweck.;  er  /uvinial 
längere  Zeit  in  Tunis  und  Algerien  zuhiaclile.  Diese  Ledentendc  Arbeit  H 
zur  grossem  Hälfte  g:edruckt,  und  es  steht  zu  hoflen,  dnss  der  Zustand 
des  hinlcrlassenen  lAhaterials  es  seinen  Freunden  gestalten  werde ,  .las  h.j.h- 
vvichtige  Werk  zu  Ende  zu  führen. 

Wilmanns  war,  trotz  seiner  Jugend,  bereits  anerkainit  als  einer  dei- 
ersten  Epigraphiker  der  Gegenwart.  Wenn  seine  vor  Allem  auf  Ahika 
gerichtete  Beschäftigung  ihm  auch  wenige  Zeil  für  die  IJestrebungen 
unseres  Vereins  übrig  Hess,  so  verfolgte  er  dieselben  doch  mil  Interesse 
und  würde  ohne  Zweifel  einst  Ihätigen  Anlhcil  an  denselben  g.'nomm.-n 
haben.  Die  Gesellschaft  kann  somit  nicht  umhin,  den  schweren  Verlust,  d.'n 
die  Wissenschaft,  den  die  Slrassburger  Universität  dur.li  dm  liüh.-n'  T...! 
dieses  ausgezeichneten  Gelehrten  erlilten,  auch  ihierseils  aufs  lebhafteste 
zu  beklagen. 


M.  le  baron  de  SCHAUENBURG,  f  28  juin  1878. 

L'une  des  pertes  les  plus  regrettables  faites  par  la  Société  des  monu- 
ments historiques  d'Alsace  dans  le  courant  de  1(S78  est  sans  contredit  celle 
de  M.  le  baron  Pierre-Reille  de  Schauenburg,  né  le  18  mars  170o  et 
décédé  le  28  juin  1878  dans  son  château  de  Geudertheim.  L'oiigine  cer- 
taine de  sa  famille  remonte  à  1330;  elle  se  partagea  en  plusieursbranches; 
celle  de  notre  vénéré  collègue,  et  qui  doit  seule  nous  occuper  ici,  est  la 
branche  alsacienne  de  Jungholtz^  —  Le  nom  lui  vient  du  château  de 
Schauenburg,  situé  au-dessus  de  la  petite  ville  d'Oberkirch  dans  le  grand- 
duché  de  Bade.  Quant  au  château  de  Junghollz,  résidence  de  la  branche 
alsacienne  et  conservé  jusqu'en  1793,  il  était  situé  dans  l'ancien  départe- 
ment du  Haut-Rhin.  M.  de  Schauenburg  lui  a  consacré  une  notice, 
insérée  dans  notre  Bulletin,  et  il  en  a  reproduit  la  vue  pittoresque. 

Parmi  les  ancêtres  de  M.  de  Schauenburg,  l'arbre  généalogique  pré- 
sente toute  une  série  d'illustrations  et  d'affiliations  h  des  familles  nobles 
de  la  province  d'Alsace ,  de  la  France  et  de  l'Empire  germanique.  Le  père 

1.  Pour  tons  les  détails  généalogiques ,  nons  renvoyons  à  l'article  ScHAUENnuRO  .lanf5 
le  Toinmc  ITT  de  V AJsoc.p,  noble,  de  M.  Ernest  Lehr. 


—  352  - 

(le  notre  collègue  se  trouvait  colonel  du  régiment  de  Nassau-Infanterie  à 
l'époque  de  la  Révolution  de  1789  et  prit  une  part  active  à  la  bataille  de 
Valmy  (1792)  comme  chef  d'état-major  du  général  Kellermann.  En  1790 
il  concourut,  avec  plein  succès,  à  la  défense  improvisée  de  Strasbourg  et 
de  Kehl;  en  1799  il  livra,  près  de  Berne,  comme  général  républicain,  le 
combat  de  Grauholz  et  prit  d'assaut  le  canton  d'Unterwalden,  levé  en 
masse  contre  l'invasion  française.  Les  derniers  faits  d'armes  ont  été  repro- 
duits dans  les  dessins  de  l'artiste  strasbourgeois  Zix,  auquel  notre  collègue 
a  consacré  une  curieuse  notice  insérée  dans  notre  Bulletin. 

M.Pierre  de  Schauenburg  a  fourni,  comme  officier  d'abord,  et  puis 
comme  chef  d'escadron,  une  belle  carrière  dans  les  armées  du  |)remier 
Empire,  et  sous  le  gouvernement  de  Louis-Philippe,  comme  député,  enfin 
comme  pair  de  France.  Nous  devons  signaler  comme  l'un  de  ses  actes  les 
plus  méritoires  et  les  plus  honorables  de  s'être  mis  à  la  disposition  du 
général  Gavaignac,  pendant  les  terribh^s  journées  de  juin  1848. 

Dans  ces  fonctions  inqtrovisées  et  temporaires  d'adjudant,  il  a  eu  la 
satisfaction  de  contribuer  au  rétablissement  de  l'ordre  public. 

Pendant  presque  toute  la  durée  du  second  Empire  il  a  siégé  au  Conseil 
général  du  Bas-lîhin,  et  n'a  cessé  de  donner,  pendant  celle  époque  de 
sa  verte  vieillesse,  des  preuves  de  sa  persistante  activité. 

En  1841,  encore  sous  le  régime  de  Juillet,  il  avait  présidé  une  com- 
mission, convoquée  par  M.  Sers,  alors  préfet  du  Bas-Khin,  pour  décider 
et  hâter  la  construction  d'un  chemin  de  fer  direct  de  Paris  à  Strasbourg. 
Le  décret  de  juin  1842  consacra  le  vœu  formulé  par  le  département; 
riionueur  de  cette  décision,  prise  contre  les  prétentions  d'une  absurde 
concurrence,  revient  en  bonne  partie  à  notre  collègue,  qui  était  alors 
dans  toute  la  force  de  l'âge  et  des  bonnes  traditions  parlementaires. 

Dès  le  premier  moment  où  notre  Société  fut  créée  sous  les  auspices  de 
M.  Mignerel,  préfet  du  Bas-Rhin  (décembre  1855),  M.  le  baron  de  Schauen- 
burg j)ril  un  vif  intérêt  à  la  jeune  institution.  Il  ne  siégea  point,  de  i)rime 
abord,  dans  notre  Comité;  mais  presque  dès  son  origine,  il  y  assistait 
comme  membre  libre,  ainsi  que  M.  de  Morlet.  A  partir  de  1857 à  187:3  il 
remplit  assidûment  son  mandat  de  membre  définitif,  quoique  non  résidant 
à  Strasbourg  pendant  l'été.  Il  n'est  presque  point  de  séance  durant  ce  long 
espace  de  temps,  où  il  n'apportât  son  concours,  soit  par  des  communica- 
tions verbales,  soit  par  des  mémoires  instructifs;  nos  procès-verbaux 
l'attestent. 

Dans  les  discussions  quelquefois  tiès-vives,  el  en  face  de  contradicteurs 


—  853  - 

moins  habitués  quo  lui  au  langage  parlementaire,  il  se  nioiitia  tdujours 
homme  du  monde  accompli  cl  modèle  du  parfait  gentilhonum'. 

11  discutait  le  plus  volontiers  les  (jucslious  l'clativus  à  l'ail  Mulilairo  des 
Romains  et  au  décor  des  églises  du  moyen  âge. 

Rappelons  ici  (pi'il  s'était  îidouné  liii-nième,  avec  une  passion  juvénile 
et  nne  intelligence  [jai-faitc  de  l'art  liiér;ili(pi(.',  à  la  pi'inlnic  .sur  verre.  Une 
monographie  histori((ue  à  ce  sujet  a  été  commuiH'(pi(''e  par  lui,  en  1<S(!5, 
dans  l'une  des  séances  publiques  de  la  Société  littéi'aire.  Le  tirage  de  cette 
lectuie  a  été  distribué  libéralement  par  lui  à  ses  nombreux  amis.  Plusieurs 
chapelles  de  notre  |)ays  conservent  les  produits  de  ses  |)eiiiturcs;  sa  rési- 
dence de  Geudertlieim  en  est  décorée.  Il  s'inspirait  des  peintures  des  cala- 
combes  de  Rome,  dont  il  avait  spécialement  étudié  les  repi'oductions  dans 
les  ouvrages  érudits,  disponibles  il  y  a  quinze  et  vingt  ans.  Avec  (piel 
enthousiasme  n'a-t-il  pas  salué  les  travaux  contemporains,  plus  étendus 
et  plus  complets  de  M.  Rossi,  dont  il  a  pu  fêter  le  passage  à  Stia.-liuiu'g, 
pendant  le  congrès  archéologique  de  1859  ! 

Mais  retournons  à  ses  travaux  personnels.  Indépendamment  (ks  notices 
déjà  mentionnées,  il  a  fait  un  rapport  détaillé  sur  les  ti'avaux  exécutés 
dans  l'église  collégiale  de  Saint-Martin  de  Golmar  par  feu  M.  le  curé 
Meyer;  il  les  a  mis  en  parallèle  avec  les  restaurations  plus  considérables  de 
l'église  d'AndIau  par  feu  M.  le  curé  Deharbe.  Les  lecteurs  de  notre  llidielin 
se  rappelleront  sans  doute  que  deux  médailles  en  vermeil  ont  été  décer- 
nées, en  séance  générale,  à  ces  dignes  ecclésiastiques. 

Un  travail  complet  sur  les  antiquités  de  Stephansfeld,  avec  planches,  a 
été  présenté  en  1864  par  M.  de  Schauenbuig,  (jui  a  pu  constater  (pie  la 
plus  grande  partie  de  ces  objets  appartenaient  à  l'époque  romaine. 

Une  pierre  aux  armes  de  Jean  llammcrer,  ammeister  de  Strasbourg 
(de  1554 à  1568),  fut  dessinée  par  lui  avec  son  exactitude  habituelle;  puis 
une  note  sur  le  camp  romain  (présumé)  près  de  Leutenheim,  et  sur  une 
sépulture  romaine  près  de  Bernolsheim  (communications  de  1864  à  1805). 

Nous  ajouterons  à  titre  de  renseignements  biographiques  qiuj  notre 
vénéré  confrère,  vice-président  de  la  Société  pendant  une  longue  séi'ic 
d'années,  était  officier  de  la  Légion  d'honneur.  Tous  nous  avons  consci'vé 
le  souvenir  de  son  caractère  serviable,  qui  étendait  ses  effets  sur  les 
opinions  différentes  des  siennes,  au  point  de  vue  politique  ou  religieux, 
quoique  lui-même  demeurât  fermement  attaché  à  ses  convictions  per- 
sonnelles. 

Ses  funérailles  ont  été  célébrées  le  l'^'' juillet  1878  dans  l'église  mixte 
de  Geuderlheim,  et  solenniséesparun  concours  nombreux  d'amis  accourus 


—  Sor- 
tie près  et  de  loin  pour  honorer  celte  chère  mémoire.  Sa  dcpouillc  mor- 
telle a  été  déposée  dans  la  chapelle  mortuaire  attenant  à  son  domaine.  Des 
discours  éloquents,  inspirés  par  le  souvenir  de  l'homme  de  bien  et  parles 
circonslances  émouvantes,  ont  été  prononcées  par  M.  le  chanoine  Straub, 
M.  le  chanoine  Joseph  Guerbcr  (de  Ilaguennu)  et  M.  le  baron  Zorn  de 
Bulach,  père. 

Nous  consignerons  ici,  comme  détails  de  famille,  que  notre  confrère 
avait  eu  la  douleur  de  perdre,  avant  la  guerre,  l'un  de  ses  fds,  officier  de 
cavalerie;  qu'un  autre  de  ses  fils,  M.  le  baron  Alexis  de  Schauenburg-,  a 
siégé  pendant  quelques  années  comme  député  du  «centre»  au  Heichs- 
rath,  et  (jue  sa  fille  unique,  la  baronne  Isaurc  de  Schauenburg,  a  été, 
durant  la  maladie  de  notre  vénéré  collègue,  l'ange  de  charité  et  de  filial 
dévouement.  L.  S. 


TABLE  DES  MATIÈRES  J)l^  TOMK  X. 


MEMOIRES. 

L.  Spach.  Lettres  écrites  à  la  cour,  par  M.  d'Aiii^ervillicrs,  intendant  d'Alsace  de 

ITie  à  1724 I 

Dag.  FisciiKii.  Notice  historique  sur  l'ancienne  Église  collégiale,  aujotird  Imi 

paroissiale,  de  Saverne.  (Avec  deux  planches  lithograpliiées.) 103 

J.  Bernhard.  Saint-Marc  et  ses  alentours  à  Strasbourg.  (Avec  un  i)lan  iillio- 

graphié  et  deux  planches  photolithographiées.' 193 

E.  Salomon.  Notice  sur  une  ancienne  maison  de  Strasbourg.  (Avec  une  iilanche 

lithographiée.) 202 

VicT.  GuERBER.  Lcs  Églises  fortifiées 207 

D''  IliicKEL.  Notices  sur  l'ancien  llatigau  : 

I.  Le  comté  de  Hattgau  (treizième  siècle) 215 

II.  Trois  villages  oubliés  de  l'ancien  Ilattgau  (quatorzième  siècle) 224 

Ch.  Schmidt.  Notice  sur  l'Église  rouge  et  la  Léproserie  de  Strasbourg: 

I.   L'Église  rouge 23G 

IL  La  Léproserie  : 

1.  Histoire  jusqu'au  commencement  du  seizième  siècle 242 

2.  Administration  et  régime  intérieur  : 

4.  Les  bâtiments,  les  administrateurs,  le  receveur,  le  chapelain  ....  248 

2.  Les  malades 252 

3.  L^  Léproserie  jusqu'à  sa  suppression 266 

4.  Lépreux  étrangers 267 

X.  Kraus.  Urkundliches  zur  elsässischen  Kunst-  und  Culturgeschichle 270 

Kindler  de  Knobloch.  Beitr.äge  zur  Geschichte  des  elsässischen  Adels  (hierzu 

eine  lithographirte  Tafel)  : 

I.    Johann  von  Albe 271 

IL   Die  von  Jungholz 280 

IIL  Jacob  Twinger  von  Kœnigshoveu 281 

II.  Schlosser.  Notice  sur  un  cadran  solaire  antique,  découvert  ;\  Beltwiller  (can- 
ton de  Drulingen) 291 

A.Benoît.  Le  Sattelfelsen,  limite  des  communes  de  Dabo,  d'Engenthal  et  de 
Reinhardmünster  (avec  deux  gravures) 307 

T.  X.  -  (M.)  23 


TABLE   DES    MATIÈRES. 

PAGES 

J.  Gyss.  Encore  un  mot  sur  les  origines  alsaliques 3i1 

A.  Straub.  Rapport  sur  les  antiquités  romaines  découvertes  à  Kœnigshofen ,  près 

Strasbourg  (avec  gravures  et  une  cartei 330 

Nécrologies  : 

M.  L.  LEVR.4tLT,  t  1876 347 

M.  de  MoKLET,  t  4  février  1878 349 

M.  G.  AViLMANNs.  t  6  mars  1878 350 

M.  le  baron  de  Schaticnbcrc  ,  f  20  juin  -1878 351 


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