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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION
DES
MONUMENTS HISTORIQUES
D ALSACE
BULLETIN
DE LA
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SOCIETE POUR LA CONSERVATION
DES
MONUMENTS HISTORIQUES
D'ALSACE
II« SÉRIE. — DIXIÈME VOLUME
(1876-1878)
PREMIERE PARTIE. - PROCES-VERBAUX
STRASBOURG
IMPRIMERIE DE R. SCHULTZ ET C'^
Successeurs de Bekger-Levkault
1879
TH6 J Paul GETTV CENTET
LIBRAKV
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SOCIETE
POUR LA
CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES
D'ALSACE.
Séance du Comilé du 10 janvier 187fi.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Blanck, Kraus, Nessel, Ringeisen, Salomon, Sengenwald,
G. Schmidt, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 13 décembre 1875 est approuvé tel
qu'il a été publié.
Les ouvrages suivants ont été offerts à la Société :
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. Année 1(S75, n° 3.
Beiträge zur vaterländischen Geschichte, herausgegeben von der his-
torischen Gesellschaft in Basel. lOter Band.
Mémoires de la Société Eduenne, nouvelle série. Tome 4.
Revue des Universités catholiques. 20 décembre 1875.
1° M. le président annonce qu'il a reçu de l'autorité supérieure un
mandat de 1500 fr., somme représentant la subvention accordée à la
Société pour l'année 1875.
2° M. Winkler communique un dessin de la chaire qui se trouve à l'ex- chaire extérieur
lérieur de l'église des Récollets à Rouffach. M. le président donne à ce suiet ^'^^ Récoiiets
. ' •' àRouffacli.
les détails suivants :
La chaire extérieure des Récollets de Rouffach servait aux prédications
que les rehgieux faisaient certains jours au peuple assemblé sur le cime-
T. X. — (P.-V.) j
— 2 -
tière, qui devait se trouver de ce côté de l'église. J'ai vu une chaire ana-
logue sur le eimetière de Reiningen et près de l'église de Saint-Georges
à Sr/ilestadt. Cette dernière fut élevée en 153G et portait l'inscription
prœconio dicatum.
Exemples de Lc iiombrc dcs chaires anciennes, solidement construites à l'extérieur
cbairei extérieures.
d'églises ou de chapelles, est encore assez considérnhle et jtrouve com-
bien la prédication en plein air devait autrefois être fréquente. Viollet-
LE-Duc fait connaître la chaire élevée dans le cloître de la cathédrale de
Saint-Dié, et la chaire extérieure construite à l'un des angles de l'église
Rn France. (Ic Salnt-Lo. Couime à Rouflach, celle de Saint-Dié occupe la saillie d'un
conlre-forl; clic est de plus couverte d'un auvent qui sert d'abat-voix {Dic-
tionnaire raisonné de l'arch. franc. II, 412). Une chaire très-élégante,
également couverte d'un abat-voix en pierre, se trouve à l'extrémité sud-
est de l'église de Notre-Dame à Vitré, en Bretagne. (A. Demmin, Encyclo-
pédie des beaux-arts plastiques , 1048.)
En Allemagne. L'Allemagne et surtout l'Autriche paraissent plus riches en monuments
de cette espèce. Otte cite la chaire extérieure de Christenberg dans la
liesse électorale, celle de la « llerrgottskirche » , près Creglingen, dans le
Wurtemberg, et celle de la remarquable chapelle gothique de Saint-
Michel, à Kiderich, dans le Rheingau {IIa?idbiich , etc., 209). La chaire de
Kiderich est une tribune établie sur un arc surbaissé entre deux contre-
forts. L'opinion émise par Otte que ces tribunes servaient à l'exhibition
des reliques plutôt qu'à la prédication ne me paraît pas admissible pour
des chapelles de cimetière , comme celle de Kiderich, où les fidèles n'étaient
point appelés pour contempler des reliques, mais pour méditer sur la
mort. Le prédicateur ne pouvait trouver de meilleur emplacement pour
exposer les grands sujets de nos fins dernières qu'une chaire dressée au
milieu des tombes.
EoAutrieLe. Uu monumeul analogue, auquel se rattache un souvenir historique, est
conservé à Vienne, au côté nord-est de la cathédrale. Cette chaire, illus-
trée par les prédications enthousiastes de Jean Gapistran, se trouvait autre-
fois sur le sommet d'une petite colline près du «Domherrenbof» actuel.
La Commission centrale des monuments historiques des États d'Autriche
<ij ;i puhhi'; une notice avec dessins; elle a également fait connaître les
chaires extérieures de Deutsch-Altenburg, deMarein, de Saint-Lambrecht
et de .Mura en Styrie (Milthciluufjen der K. K. Central-Commission für
Erforsch, und Erli. der JJauden/ümUer, Bd. XV, p. U2; Rd. XV, p. 47).
Celle (Ic Saint-Lambrecht est une charmante construction, tout isolée
sur le sommet irnm,' linulcui', ;ui milieu d'iui site accidenté, qui permet à
- 3 —
une foule innombrable d'assisler au «sermon de la montagne ». La chaire
de Mura est adossée au flanc d'un conlre-lbrt, mais n'est surmontée, comme
celle de RoulTacli, d'aucun appendice pouvant servir à renforcer la voix
du prédicateur ou à le garantir contre les ardeurs du soleil.
Le croquis de M. Winkler moiitre la face orientale de la tribune à prê-
cher du couvent de Rouffach ; du côté opposé, la galerie découpée à
jour présente un autre dessin, quoique de la même époque.
L'église des Récollets, construite en 1250, est encore intéressante "^j^.'s^'lS''
sous plus d'un rapport, comme l'ont démontré les auteurs du Miiséc pil- ■'"«""''"''•
loresqiie et liistorique de l'Alsace.
J'ajoute les détails suivants relatifs à des objets du mobilier et quelipies
pierres tombales que j'y ai observées.
L'autel est un travail du dix-huitième siècle; il reproduit en général
les formes de nos autels à baldaquin, construits en style corinthien.
Un tableau qui se trouvait autrefois près de la tribune, donne l'inscrip-
tion suivante :
Im Jahr als man zall
MDCIV ward gemall
diser Letner mit ver
lag Svsannce Beclierin
Witiwin Vnd 1res Sohns
Apollinaris Didanei Biir
gerl Vnd Marschalck
Alhie.
J'ai consigné dans mes notes de 1859 un groupe sculpté en bois, de la
fin du seizième siècle, qui doit encore se trouver dans l'église. Il repré-
sente le Christ sur les genoux de sa mère, Madeleine et deux saintes, Jean
soutenant la tête du Christ, et trois hommes.
Le travail, qui n'est pas sans intérêt sous le rapport du costume, sur-
tout de celui de sainte Madeleine, est médiocre.
Le nombre des monuments funéraires, malheureusement mutilés pour
la plupart, est assez considérable.
Un des plus importants se trouve dans la sacristie actuelle. Il est de
1G07 et appartient à Eberhard, comte de Manderscheit et Blankenheim,
représenté en surplis, à genoux devant un crucifix, au-dessus duquel on
voit les images de Dieu le Père et du Saint-Esprit. Quatre écussons se
trouvent de chaque côté. A gauche du spectateur, on distingue ceux de
Manderscheit, v. der March, Bucholt, à droite, ceux de Wiedt, Virnen-
burg, Nassau et Messen.
Dans la nef on remarque :
1) L'épitaplie de dame Marie Slitzweckin, f 1<^ -7 février 1635;
:2) Celle de Marguerite Wetzel de Marsilien, y le vendredi après l'An-
noiiciation de l'an 1518;
ij) L'ne lumlie sur lafpielle figurent un compas, un poinyon et un mar-
teau de tailleur de pierres.
Il sera important de relever tout ce qui reste d'inscriptions.
Une image de sainte Anne, de la Vierge et de l'Enfant a St. Anna Itilf
selb dritli , également du quinzième siècle, avec dorure primitive.
Acquisition 3° M. Ic présideut communi(iue quelques objets romains en bronze,
d (ilijets romains r i i i .1 '
en brome, j^^^j^ jj .^ ^^j^ Pacquisitiou, mais dont la provenance lui est inconnue; c'est
une petite lampe et deux statuettes. M. Nessel rappelle à cette occasion
les caractères qui permettent de constater l'authenticité des monuments
de bronze. •
Détails 4." ^Ql^i (/(. j/. Salomon. Lors(iu'en 18G9 une des tours des Ponts-Cou-
iur I iiiténrur '
a-une des tours ycrls, situcc près du Wasserzoll, fut démolie, on trouva dans l'intérieur de
Ponu-couTcrts. ^^^^ {quy, à uuc profoudcur de 2"i,50 sous le pavé actuel, un dallage en
grosses pierres de taille de 0'",90 d'épaisseur et au centre un puits de
•lni,20 de diamètre.
Ce puits était recouvert lui-même jiar deux pierres de même grandeur
et juxtaposées de 0"\50 d'épaisseur.
Dans ces pierres et moitié dans chacune était percé un trou circulaire
de 0"S23 de diamètre en haut et 0"',28 en bas.
Autour de ce trou se trouvait une feuillure carrée pouvant recevoir
soit une petite dalle, soit une planche servant de couvercle.
On se demande quelle a pu être la destination d'un local nécessitant un
dallage aussi formidable (;'i une épofjuo où la pierre de taille était bien
rare à Slrasliourg) cl à (piel usage devait servir un puils n'ayant qu'un
orilice tro[j petit pour pouvoir livrer passage à un seau ou à un corps de
pompe en bois.
Peut-êtr<' ce local servait-il df prison et ce jiuils de fosse d'aisance
comniuiiiquanl avec la rivière.
5" M. Kraus oflie à la Société le 1'^'' volume de h Stalistiq'nc monumen-
tale de l'AIsficf. Le coniili'' lui m exprime ses remereîmeids.
La séance csi levée.
Séance du Coniilé du 7 février 'lS7(î.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Ringeisen, Petiti, Salomon, 0. Sengenwald, Klotz,
R. de Türckheim, D"" Kraus.
M. Kindler de Knoblocli assiste à la séance.
Sont admis sur la présentation de M. le président, — lu première des Ad.niss,v„, .1«
' 1^1 luenibres nouveaux.
personnes nommées à la suite étant en outre recommandée par M. Kindler
de Knobloch :
1'' M. de Müllenheim, I^"" adjudant du gouverneur de Rastatt;
2° M. de Poellnitz, V^ lieutenant au corps des ingénieurs (génie mili-
taire) à Strasbourg.
M. Klotz présente au comité un rapport sur les comptes des deux exer- '^»■"p'« '•'^'"i"
'■ ^ ^ financier des deux
cices cumulés de 1874 et 1875. exercices
1874 à «876.
Les recettes ordinaires ont été de 9,860 Ir. 70 c.
Les recettes extraordinaires de 6,906 » 55 »
16,767 fr. 25 c.
Les dépenses ont été de 7,728 » 83 »
Reste solde actif. . . 7,038 fr. 42 c.
et des titres s'élevant à 8,621 » 20 »
Total 15,659 fr. 62 c.
Toutes les pièces justilicalives sont produites à l'appui. Décharge est
donnée à M. le trésorier, auquel le comité adresse en outre ses sincères
remercîments.
M. Klotz demande si, dans l'éventualité de la prochaine réalisation du Restes historique.
delà
projet d'agrandissement de la ville de Strasbourg, le comité de la Société viiie de Strasbourg.
pour la conservation des monuments historiques ne devrait pas faire
quelque démarche tendant à préserver de la destruction les portes de la
ville qui ont une valeur historique et archéologique.
Une discussion s'engage à ce sujet, mais le comité se met promptement
d'accord pour formuler la proposition :
— 6 —
vœa. Qy^^ \q j)i-ési(lent de la Sociélé veuille bien demander à la Présidence
supérieure d'Alsacc-Lorraiiie, que le comité soit entendu sur la question
de l'opportunité de ménager les portes ayant un caractère historique et
une valeur archéologique, dans le cas où il serait donné suite aux
projets d'agrandissement de la ville.
Fixation .!.■ h. Lc comlté s'occupe ensuite, sur la demande du président, de la fixation
(laie do la . , ,
séance générale ^q ]q (jg^e dc Kl procliainc séaucc générale et annuelle qui, en raison de
cl annuelle. ■ " ^ '
certains retards de publication, n'a |)u avoir lieu jusqu'à présent.
Il est décidé que cette séance aura lieu à Strasbourg-, le jeudi 2 mars
prochain.
Les membres sortants cette année sont: MM. Spach, Ring-eisen, Eissen,
Nessel, SengenAvald. Il y a en outre à pourvoir à l'élection du président.
Conformément aux statuts, les premiers sont rééligibles et feu M. le
D"" Eissen devra être remplacé. M. le président rappelle à cette occasion
que M. le professeur Kraus n'a pu être nommé membre du comité qu'à
lilre provisoire et en remplacement de feu M. le D*" Eissen, et sauf vali-
dation par l'assemblée des sociétaires.
., ^^'".''''o'';:. M. le président annonce au comité que M. G. de Golbéry, avoué à Saint-
M. G. de Golbery, ' ^ "^ '
sllni-Dié ^^^» ^"' ^ envoyé une notice sur le monastère de Saint-Marc, près de
Gueberschwyr, attribué à Dom Calmet et tiré d'un manuscrit de la biblio-
thèque communale de Saint-Dié.
La notice porte pour titre : Déclaration des biens appartenant au mo-
nastère de Saint-Marc avec les lieux oii ils sont situés. Une courte intro-
duction historique fait connaître les principales phases par lesquelles le
couvent a passé depuis sa fondation par Dagobert.
Possédé par des religieuses, le couvent fut abandonné par elles au
treizième siècle et, du consentement des évèques de llàlc et de Strasbourg,
transféré aux religieux bénédictins de Saint-George, dans la Forêt-Noire.
L'état financier de la maison était déplorable; un certain nombre de biens
avaient été engagés ou aliénés. L'abbé de Saint-George s'offrit d'employer
les fonds de son abbaye, se réservant de se faire indemniser dès que Saint-
Marc serait en meilleur étal : ce qui lui fut accordé par les évê(|ues de Dùle
et de Strasbourg en 1338.
Dans la même lettre M. de Golbéry apprend au président qu'il existe à
la bihliulhè(jue do Saint-Dié une histoire de l'atihaye de Munster au val
Saiid-Gréf/oire, écrite par Dom Calmet et dont cojjie a été prise |»ar
M. Ad. Ernst, avoué près le tribunal civil. M. Ernst lient cette copie à la
diipu,-itiuii de la Sociélé.
— 7 —
Le comité vole des remcrcîmcnts à M. de Golhéry pour l'intcressanle
comnuinicalion qu'il a bien voulu lui lairc, et propose d'adresser une
demande à M. Ernst, dans le but d'avoir communication dudit manuscrit.
M. Winkler communique: i" un dessin de la maison du lirofcsscur De.sinjoia
Arnold, détruite il y a i)eu de temps; 2" le croquis d'une dalle trouvée '"'sZ'ÀZît
dans l'église de Dorlisheim, et dont il attribue l'origine au onzième ou
au douzième siècle. M. le professeur Kraus pense devoir l'attribuer à une
époque de beaucoup postérieure.
Séance du Comité du 21 février 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents : MM. Brucker, Kraus, Petili, Rodolphe de Türcklieim, Salomon,
Sengenwald, Ch. Schmidt, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 7 février est lu par M. Rodolphe de
Türckheim et adopté.
r Depuis la dernière séance, la Société a reçu les ouvrages suivants :
Oberbayerisches Archiv für vaterländische Geschichte. T. 33, 2^ et
3Miv. T. 34, r^et 2Miv.
34. und 35. JaJiresbericJd des historischen Vereins vun und für Ober-
bayern, für die Jahre 1871 und 1872.
Die ägyptischen Denkmäler in St. Petersburg, Helsinyfurs, Upsala und
Copcnhagcn , von Lieblein. 1873. 1 vol.
Recherches sur la chronologie égyptienne d'après les listes généalogiques,
par Lieblein. Christiania, 1873. 1 vol.
2" Le comité décide que, l'assemblée générale fixée au 2 mars prochain
étant celle qui aurait dû être tenue en 1875, il n'y aura pas lieu de procéder à
d'autres élections qu'à celles des membres sortants en 187o. Aj)rès
cette opération on procédera à l'élection du président pour 187G.
3" Sont reçus membres de la Société :
Sur la proposition de M. Salomon: M. Jacques Stamm, architecte de la
ville de Schlestadt;
- 8 -
Sur la proposition de M. G. Sclimidl: M. Siebcr, bibliothécaire en chef
de Bàle, M. Charles Schmidt, pasteur à Paris, et M. Edmond Schmidt,
négociant à Paris.
4^" M. le président annonce qu'il a obtenu, comme par le passé, de
l'administration des chemins de fer le retour gratuit pour les membres du
dehors qui désirent assister à l'assemblée générale, et que pour celte
réunion on a mis à la disposition de la Société la grande salle de l'Hôtel
de ville.
5° Gomme dans la dernière assemblée générale il a été question d'une
restauration de la chapelle des Zorn dans l'église protestante de Saint-
Pierre-le-Jeune, M. le président annoncera dans-son rapport que, ce projet
ayant rencontré quelques difficultés, l'exécution en a dû être ajournée.
La séance est levée.
Assemblée générale du 2 mars 4876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
L'assemblée générale s'est réunie le 2 mars 1876, à 2 heures de l'après-
midi, dans la grande salle de la Mairie.
Étaient présents au bureau: MM. Blanck, Brucker, Conrad, Kraus,
Petiti, Ringeisen, Salomon, J. Sengenwald, R. de Türckheini, G. Schmidt,
secrétaire.
M. le préfet avait délégué, pour le représenter, M. Roffliack, assesseur
du gouvernement.
MM. de Schauenburg, vice-président, Klotz, trésorier, L. Spach et
Ignace Ghauffour se font excuser.
M. le président ouvre la séance par l'ulloculion suivante :
«Messieurs,
«Avant de vous entretenir de nos travaux de l'aimée, je crois devoir
vous (lojincr quelques explications sur le relard iju'a éprouvé la convoca-
lioi) à l'assemblée générale. Je suis forcé, bien malgré moi, de ranger
p;ii ini les premières causes les occupations pn^ssaiites du jtrésidcnt, au-
qu(,'l le mois (le décembre, mois ii\é jtar nus statuts |)uur le terme (Tune
séance générale, a amené une surcharge exceptionnelle de travail. De
plus, la icjilrée des souscriptions a éprouvé (]uelques lenteurs, qui n'au-
— 9 —
raient pas permis à M. le trésorier de présenter son mémoire. Puis enfin ,
nous nous flattions, en remettant à deux mois plus lard la tenue de la
séance, de pouvoir vous offrir, outre la seconde livraison du Bulletin,
quelques planches fac-similées du Horlus deliciarmn. Cet espoir a été
déçu, et nous avons acquis^ une fois de plus, la conviction qu'il faut
être très-sobre d'annonces à terme fixe, lorsqu'il s'agit de publications.
La gravure d'une planche, indispensable pour l'explication d'un mémoire,
n'a pas pu être terminée, ainsi que les reproductions des miniatures
de Herrade. J'ai appris presqu'au dernier moment que le dessinateur
chargé de ce travail délicat est tombé malade, il y a trois semaines,
et qu'une seule miniature est en ce moment complètement achevée.
J'aime à croire que ce contre-temps n'est qu'une entrave passagère, (]ue
la publication de l'intéressant recueil de dessins, calqués sur le /Tor/ws
deliciarum, marchera rapidement et que rien ne s'opposera à ce que la
prochaine réunion générale ait lieu à l'époque fixée par nos statuts.
« Je passe à l'exposé de nos travaux. Ma tâche est bien allégée par les
rapports que vont présenter deux de mes honorables collègues. L'un traite
de la gestion financière pendant le dernier exercice, et se distingue par
cette clarté et minutieuse exactitude dont M. l'architecte Klotz nous donne
chaque année une nouvelle preuve. M. le trésorier, ne pouvant en donner
lecture lui-môme, sera remplacé par un de ses honorables collègues du
comité, M. do Tiirckhcim, qui a bien voulu accepter cette tâche. — Les
travaux exécutés, ou du moins entrepris sous les auspices de la Société,
sont l'objet d'un second mémoire, que M. l'architecte Ringeisen nous
communiquera tout à l'heure. Il ne me reste donc qu'à vous entretenir de
nos publications, à rappeler à votre souvenir un projet de restauratioji
qui n'a pas encore pu être exécuté, et à soumettre à votre approbation
une mesure que le comité a cru devoir prendre dans l'intérêt de tous les
sociétaires.
« La livraison du Bulletin qui est sous presse renferme une série de mé-
moires, qui sont tous d'un intérêt local. Le premier est dû à M. D. Fischer,
maire de Saverne : c'est une notice historique sur l'ancien couvent des
récollets de Saverne, avec deux planches Hihographiées. Nous devons
à M. le professeur Schmidt, outre une note sur un recueil d'inscriptions
lait par Thomas Wolf, de Strasbourg, au commencement du seizième
siècle, un mémoijc sni- le couvent et l'église des dominicains à Strasbourg
jusqu'au seizième siècle, et nue note sur rem[)laccment où élait situé le
couvent des dominicains. M. Salomon a bien voulu joindre à ce travail
une notice sur l'ancien Gymnase et le Temple-Neuf. Un mot du président
- 10 —
sur les poteries acoustiques autrefois murées dans celte église clôt
la série d'articles que le Bulletin publie sur un de nos monuments les
plus intéressants de Slrasbourt;', détruit en 1870. Enfin, j'ai à signalei'
un travail de M. Klotz qui présente un intérêt spécial en ce moment, où
l'Œuvre Notre-Dame fait exécuter les nouvelles portes de la Cathédrale :
ce sont les recherches sur un bas-relief en bronze attribué aux anciennes
portes de notre basilique métropolitaine.
« La simple nomenclature de ces travaux vous fournit la preuve, Messieurs,
que le zèle et l'activité des collaborateurs du Bulletin ne se sont pas
ralentis.
« 11 y a un an, j'ai eu l'honneur de vous entretenir de l'ancienne chapelle
des Zorn, dont l'état délabré appelle une restauration. Vous avez bien voulu
à cette occasion voler un crédit de 2000 fr. — Quelques difficultés sont
survenues dans l'intervalle ; la restauration est donc remise à plus tard.
(( J'arrive à une mesure prise parle comité, relativement à la publication
des procès-verbaux. Il nous a semblé que messieurs les sociétaires rece-
vaient trop tardivement nouvelle de ce qui se passe dans le sein du comité.
Le mode de publication par les journaux pouvait tôt ou tard présenter des
difficultés. Dans cet état de choses, le comité, sur la proposition du prési-
dent, a résolu de publier à titre d'essai et jusqu'à ratification de cette
mesure par l'assemblée générale , chaque procès-verbal, quelques jours
après la séance et de l'adresser par la poste à tous les membres de la
Société, qui apprcjnient ainsi régulièrement, cl à intervalle d'un mois à
l'autre, les décisions prises par le comité et la substance des communica-
tions qui lui sont faites.
«La compositioji étant réservée j)ourle Bulletin, (|ui dujniei'a les mêmes
jirocès-verbaux approuvés^ les frais sont peu importants. Si je dois juger
par les lettres que plusieurs membres de la Société m'ont fait l'honneur
de m'écrire au sujet de cette innovation, la mesure prise par le comité a
• 'lé favorablement accueillie. Je viens, Messieurs, la soumettre à votre
approbation définitive.»
Le mode de publicalion, employé par le comité en séance du 1i juin
1875, est adopté.
M. le président invile M. l{ud(dphe de Türekheim à donner lecture du
rajtpoit financier, présenté par M. Klotz, sur l'exercice 1874 et 1875:
«Messieurs,
tfLe compte financier de l'exercice 1873, soumis à l'assemblée générale
le 16 juillet 1874, a été présenté dans des conditions exceptionnelles :
— 11 —
d'une part le nombre des quittances acceptées ne répondait pas à celui
des sociétaires inscrits au registre, cl, de l'autre, aucune dépense, en
dehors de celles d'administration, soit pour travaux ou publications, n'a-
vait été votée par le Comité.
«Gomme pour l'exercice 1874, la situation, en ce qui concernait le
nombre des sociétaires, n'avait pu, malgré les correspondances, duplicata,
etc., etc., être tirée au clair assez à temps, il a paru plus convenable, au
lieu de donner une seconde fois un compte rendu incomplet, de réunir,
en un seul, l'exposé de la situation financière des deux exercices 1874.
et 1875.
«Il a fallu deux années entières pour arriver à savoir quels étaient des
471 sociétaires qui ont payé la cotisation en 1869, ceux qui étaient à
maintenir sur notre liste et entendaient continuer à faire partie de la
Société.
«D'après les rentrées de 1873, ce nombre n'eût été que de 123, tandis
qu'après investigation et les réappels, il s'est élevé, par suite de 58 paie-
ments attardés, à 181
«C'est donc avec 290 sociétaires de moins que l'on est entré dans
l'exercice 1874.
«Dans le courant de cette même année, le nombre d'admissions
de nouveaux membres a été de 41
«En 187.5, il s'est élevé à 20
«De sorte qu'aujourd'hui le nombre des sociétaires est de ... . 242
«La situation financière n'a, fojt heureusement, pas suivi la même voie
rétrograde; grâce à une précédente réduction de dépenses et à la conti-
nuation des subventions départementales, elle présente sur l'avoir de lu
Société qui, en 1869, était de 12,1 87 ''40''
une augmentation de 3,472 22
qui nous donne, pour la situation arrêtée au 15 janvier 1876,
la somme de 15,659 62
«Ces explications nous ont paru devoir précéder le nouveau compte
rendu soumis à la haute approbation de l'assemblée, afin de justifier la
réunion de deux exercices en un môme compte et rendre plus compré-
hensible une situation qui, avec un nombre plus restreint de sociétaires,
présente un chiffre plus élevé de receltes.
12 —
Compte des deux années 1874 et 4875.
RECETTES.
Recettes ordinaires.
Chap. P''. Inlcréls de capitaux.
Intérêts de 25 obligations nominatives des clieniins de fer de l'Est, 3Vo*
en 1874 : SGS^'TO*^
en 1875 366 20
729^90*^
Intérêts des fonds déposés en compte courant à la Banque
d'Alsace et de Lorraine :
pour l'année 1874 145^70'^
pour l'année 1875 180 05
325 75
1,055 65
CiiAP. II. Cotisation des sociétaires.
Un certain nombre de quittances de l'année 1873 (87)
n'ayant été ni payées ni retournées, le trésorier a détaché
des duplicata du registre à souche, qui ont été expédiés
pour la seconde fois; sur ce nouvel envoi 58 (juitlances
ont été payées, ci 58
Pour l'année 1874, les quittances acceptées se
montent à 222
Pour 1875 à 242
soit pour les trois années quittances 522
représentant, à raison de 10 fr, l'une, la somme de . . . . 5,220 —
CuAP. 111. Subventions.
Subvention de la Haute-Alsace pour 1874' . . 500'^ — ^
» de la Basse-Alsace pour 1874 . . . 1,500 —
» » pour 1875 . . . 1,500 -
3,500 -
A reporter 9,775 05
1. A la date du 22 janvier I87G, le Hatit-lUiin a doiiiiô une subvcnlion de 500 ir. affé-
reute à l'exercice 1875; le présent compte ayant d6jà 6t6 clos à celle époque, celte
somme sera portée sur le compte de l'exercice 1876.
— 13 —
Report 9,775 '■65*'
Chap. IV. Recettes diverses.
Produit (le la vente du Bulletin publié par la Société
en 1874 2//-'"—'=
en 1875 4G 50
Restitulions après vérification des comptes. . . 14 55
85 05
Total des recettes ordinaires 9,800 70
Recettes extraordinaires.
Reliquat actif du compte de 1873 6,900 55
Récapitulation :
Recettes ordinaires 9,800^70*^
Receltes extraordinaires 0,906 55
Total général des recettes 16,767 25
DEPENSES.
Dépenses ordinaires.
Chap. P^ Frais de bureau et d' administration.
§ 1. Location et entretien du local des séances.
A. Loyer pour 1874 350'—^
» pour 1875 350 —
B. Assurance contre l'incendie du mobilier
et de la bibliothèque, prime pour
1874 9 10
prime pour 1875 9 10
G. Balayage du local en 1874 40 —
)) » en 1875 44 50
D. Indemnité aux garçons de bureau de la
Mairie, pour disposition de la salle de
l'assemblée générale en juillet et no-
vembre 1874 30 —
A reporter 832 70
— 14 —
Report SSS'^TO«
§ 2. Frais d'adminislralion.
A. Indemnité au commis du président,
pour 1874 200'"-'^
pour 1875 200 —
B. Indemnité au commis du trésorier,
pour 1874 150 —
pour 1875 150 —
§ P). Frais de bureau.
A. Fourniture de billets de convocation,
d'imprimés divers et de matéi'iel de
bureau ~. . 240 55
B. Affranchissement du Bulletin 185 811
C. Affranchissement de la publication men-
suelle des procès-verbaux des séances. 05 29
D. Affranchissement de lettres de convoca-
tion et de correspondance, etc. . . . 5.'^ 05
E. Transport à domicile des bulletins et
convocations, commissions diverses,
en 1874 30*" | ^^ _
en 1875 40 i
F. Frais de dépôt de 25 obligations Est,
payés à la Banque d'Alsace et de Lor-
raine 5 —
§ 4. Frais de reliure et de mobilier.
A. lieliuro des volumes de la bibliothèque
de la Société 300 GO
B. Mobilier:
Acquisition d'une armoire de biblio-
thèque 120'"—*=
J((cni d'une boîte-caisse en
ebene 55 —
Rayons et casiers pour la
Ijibliothèque et le musée. CI 87
236 87
700 -
C59 G8
)97 47
A reporlei^ 2,789 85
— 15 —
tieport 'IJS^^So"
§ 5, Frais de perception.
A. Encaissement des qnittances à Stras-
bourg, en 1874 40'" *=
en 1875 40 -.
1). Ports de lettres et frais de commission
pour quittances envoyées au dehors . 67 03
147 03
2,936 88
Ghap. II. Fouilles, rexherclies, travaux de conservation.
§ 1. Fouilles, recherches, etc.
Fouilles à Benfeld; gratification aux ou-
vriers 10 —
§ 2. Travaux de conservation.
Restauration de deux verrières de l'église
de Vieux-Thann 1,000 —
Calques des peintures murales de l'église de
Rosenwiller, exécutés par M. Denecken. 647 —
Calques des peintures murales de la cha-
pelle de Ilüttenheim, exécutés par le
même 350 —
Cadres ayant servi à l'exposition des calques
des peintures murales de Rosenwiller. . 56 20
Restauration de la chapelle de Sainte-Mar-
guerite à Epfig 2,000 —
Restauration des stalles de l'église d'Ebers-
münster 500 —
4,503 20
CiiAP. m. Publication du Dtdletin de la Société.
500 photographies de la Tour des Martyrs {Gul-
denthurm) 220 —
Frais d'impression de la l""*^ livraison du tome IX
du Bulletin de la Société (tirage à 600 exem-
plaires), y compris 600 exemplaires de deux
photoglyptics 1,928 75
2,148 75
A reporter 9,048 ^^^
- 16 —
Report 9,648 '83"^
CnAP. IV. Dépenses diverses et imprévues.
^ 1. Encouragcmcnls et gralifications.
Cralilicnliou au garde du château de Iloli-Kœnigs-
hüurg, pour los années 1872 à 1875, à raison
de 20 fi-. par an ^^ —
Total des dépenses ordinaires. . 0,728 83
Dépenses extraordinaires.
Néant.
Récapitulation :
Dépenses ordinaires ^^'^^^ ^^
Déitenses extraordinaires (Néant)
Tiital général des dépenses 9,728 83
RÉCAPITULATION.
Recettes.
Recettes ordinaires.
GiiAi'iTRE P^ Intérêts de capitaux 1,055 '"65*=
— II. Cotisations des sociétaires 5,220 —
— m. Subventions -s^OO —
— IV. Recottes diverses 8.) 05
9,800 70
Recettes extraordinaires.
ntli.Hial aclildu compte do 1873 _0^900_5^
Total général des recettes. ....'.... • 16,767 25
Dépenses.
Dépenses ordinaires.
CiiAPiTiu: P"". Frais do bureau et d'administration. 2,936 ''88'^
— 11. Fouilles, recherches, travaux de
conservation ■4,503 20
— III. Publication du Üullolindr la Société. 2,14-8 75
— IV. iJéponses diverses et imprévues . . 80 —
9,728 83
— 17 ^
Dépenses extraordinaires.
Néant.
Balance :
Recettes ICJCT^SS*^
Dépenses 9,728 83
Reliquat 7,038 42
Qui se décompose ainsi :
Fonds déposés à la Banque d'Alsace et de Lor-
raine 5,8-48 ^S^)'=
Une somme de 1000 fr., que l'ancien président,
M. Eissen, conservait en dépôt pour être em-
ployée à des travaux de restauration sous sa
direction 1,000 —
Solde en caisse 189 57
■ 7,038 42
A ajouter à l'avoir de la Société :
Prix d'acquisition de 25 obligations des chemins de fer de
l'Est 37o 8,621 20
Total de l'actif 15,659 62
«Le présent compte soumis à la vérification du Comité par le trésorier
soussigné.
«Strasbourg, le 15 janvier 1876.
«Klotz.»
Ces comptes sont approuvés par l'assemblée, qui vote des remercîments
à M. l'architecte Klotz.
M. Ringeisen présente ensuite le rapport suivant :
« Messieurs,
«Je suis chargé par le Comité de vous rendre compte des travaux d'art
entrepris pendant l'exercice 1875, dans la Haute- et Basse-Alsace, sur les
fonds de la Société.
« Plusieurs de ces travaux n'ont pu être commencés en 1875, d'autres
sont en cours d'exécution et demanderont de nouveau votre concours.
« Parmi les premiers nous mentionnerons la BanmvarthiUte de Thann :
« M. Ingold, notre collègue de Cernay, a été le premier à nous signaler Tiisnn.coufr.
l'importance des inscriptions lapidaires de la Bannwarthütte de Thann.
T. X. - fP.-V.) 2
- 18 -
« Ce petit bâtiment rustique, sans avoir la même destination qu'autrefois,
sert encore cependant pour les besoins du service rural. Mais, par suite
des translbrniations sociales, le mode de surveillance, les altribulions
telles qu'elles étaient ronrK'cs antrelbis à quelques citoyens, ne sont plus
que des sonveniis, dont bienlAt il no restera de traces que dans les cliro-
niques.
« Votre comité a jugé à propos de faire visiter les lieux par un de ses
membres. L'accueil fait à son délégué par la munici|)alité et nos collègues
de Tliaini a été des plus sympathifjues.
« On a discuté sur place la valeur des documents et les moyens les
plus simples pour arriver à un bon résultat. Il a été reconnu que l'écusson
eu émail et les 25 cartels en pierre qui ont été plus ou moins mutilés et
déplacés dans les diverses réparations, seraient d'abord débadigeonnés et
inventoriés, pour être ensuite replacés suivant leur ordre primitif; que
les 13 peintures sur bois et les 3 sur cartons, avec leurs encadiements,
seraient également nettoyées, réparées et reposées à leur place, le long-
dès parois. La municipalité de Thaini veut bien se cbargcr de la répara-
tion du petit bâtiment. La Société pour la conservation des monuments
historiques fera les frais nécessaires pour la restauration et la pose des
cartels et tableaux.
«Les dispositions sont prises et, dès que le temps le permettra, les tra-
vaux seront commencés sous la direction de nos collègues de Tharni.
«En même temps, et, nous l'espérons, sur les mêmes fonds, il pourra
être procédé au débadigeoiniage et à la restauration de deux petites cus-
todes, contenues dans les ég-lises de Ccrnay et de Vieux-Tliann. Ces édi-
cules du qui]izicme et seizième siècle sont en pierre sculptée, isolés de
la muraille. Ils sont englués de peinture et de badig-eon; les pinacles et
leurs pyramidions d'angle sont endommagés. Il serait très-llicile et peu
coûteux de rendre à ces charmants petits monuments leur physionomie
première.
« Si, contre notre attente, le crédit voté était insuftisant, nous f(Mions
de nouveau appel à la sollicitude du comité et nous ne doutons pas
qu'il ne soit entendu.
wi,.embourg. « L^ communc de Wissembourg est sur le point d'entreprendre des
travaux importants de restauration à son église, au moyen de ses propres
ressources et principalement des subsides accordés par l'Etat.
« Comme déjà depuis longtemps la Société pour la conservation des
m()nnmeiii> historiques d'Alsace a signalé l'importance de ce monumejit et.
1000 fr.
— 19 —
qu'à l'aide de fonds volés sur sou propre budget et du concours actif de
plusieurs de ses membres, elle a mis à jour quelipies parties intéressantes
au point de vue de l'art, notamment des peintiu'es murales, votre comité
a cru devoir voter une nouvelbî subventioji do 1,000 francs <pii, tout en
facih'tant le travail projeté, lui [»ermettra de doinier son avis sur quel-
ques points essejitiels à élucider.
« Ces travaux, qui auraient dû être exécutés dans le courant de 1875,
ont été retardés par suite de formalités à remplir. Tout nous fait espérer
qu'ils seront commencés, et nos fonds spéciaux employés, dans le courant
de cette campagne.
a Des travaux importants de déblai et de consolidation du donjon priii- r.andspprK.
cipal du cliàteau de Landsperg ont été pendant les années 1808 et 1800 ^'"^ '^''•
entrepris par la famille de Türckbeim, à laquelle appartient ce cbâteau.
« La Société pour la conservation des moimments bistoriques a voulu
encourager ces travaux en promettant un concours de 1,500 fr. à répartir
en trois annuités. Une première allocation de 500 fr. a été faite.
« Une seconde avait été mise à la disposition de M. de Türckbeim pour
l'année 1875. Malbeureusement des empêcbements et surtout la difficulté
de constituer un atelier convenable se sont opposés à la repi'ise des tra-
vaux pendant la dernière campagne.
« Je suis heureux de vous annoncer que les travaux si bien commencés
et qui ont sauvé de la ruine cette partie importante du cliàteau, vont être
repris celte année et seront poussés sans interruption jusqu'à la complète
restauration du donjon.
« Je suis encore heureux d'ajouter que M. de Türckbeim a demandé mon
concours pour des projets sérieux de déblai et de consolidatioji de la part
de MM. Scheidecker et Fux, propriétaires des châteaux de llalhsambausen
et de Dreystein, situés dans le voisinage de Landsperg.
« Si ces projets se réalisent assez promptement, peut-être pourra-t-on
conjurer les craintes trop fondées qu'inspire l'état précaire de ces ma-
gnifiques ruines.
« Dans le milieu de l'ajmée 1875 M. Nicklès, notre collègue de Benfeld, eu. so fr.
informa le comité que plusieurs découvertes intéressantes avaient été
faites dans les environs d'EU; qu'un pêcheur avait ramassé dans un
bras de l'Ill plusieurs antiquités, qu'il pensait acquérir pour 20 fr., et une
petite statuette en bronze estimée à 00 fr.
« Ces deux crédits ont été immédiatement ouverts. Mais, lorsque je me
— 20 —
rendis sur les lieux, ces objets avaient été vendus. Heureusement ils ne
sont pas perdus pour la Société. M. Nessel, notre collè,auc, a j)u en recueil-
lir quelques-uns, et il en rendra compte dans le travail qu'il préparc sur
nos antiquités celtiques et romaines.
(1 J'ai pu voir en même temps, chez M. Rack, maire de Benfeld, trois
ampoules en verre et un vase en terre qui avaient été trouvés dans un
sarcophaii'c en pierre, déterré récemment dans un de ses champs, situé
dans un des angles formés par la rencontre du chemin de fer de Benfeld
à Rhinau et par la voie romaine, du côté d'Ell.
« Ces vases étaient aux pieds d'un squelette de femme. Ils contiennent :
1** Un long- flacon à odeur, appelé imguentarium, de 40 centimètres de
haulcur sur 5 centimètres à la panse et 15 millimètres au col;
2° Une cruche à col étroit, à petite bouche et à anse plate, appelée
Guttiis, de 39 centimètres de hauteur sur 11 centimètres à la panse et
3 centimètres au col;
3° Une petite olla cinéraire de 9 centimètres de hauteur sur 10 centi-
mètres de largeur.
a Ces trois vases sont en verre blanc, très-léger, se détachant facile-
ment en lamelles irisées.
«Le quatrième vase est une cruche en terre grossière, de 17 centi-
mètres de hauteur, très-étroite au col, avec une anse. Ces objets ont été
offerts par le propriétaire à M. de Mœhler qui s'y intéressait.
«Le sarcophage en pierre qui les contenait, porte des striures mérovin-
giennes à l'un de ses angles; le couvercle est arrondi. Ce sarcophage est
en fort bon état. Il a été recueilli dans la cour de M. Rack, qui l'a mis
gracieusement à la disposition de la Société. Elle voudra, j'en suis sûr,
joindre ses remercîments aux nôtres, et prendre possession de ce petit
monument dès qu'un nouveau local permettra de l'abriler convenablement.
«Le crédit disponible pourrait être employé aux frais de transport et
d'installation.
Ebersmanster, « ^ßg travaux cxécutés au chœur de l'ancienne abbave d'Ebersmiinster
500 fr. , . ,
ont trait aux deux rangées do stalles placées du côté nord et au siege
adossé à l'autel du transsept du même côté.
Ils consistent en dépose, repose et consolidation :
1° Du gradin sous les stalles;
2« Du haut lambris, formant dorsale ;
3" Des deux rangées de stalles.
— 21 —
« Toute celle boiserie, en menuiserie de chôiie, dans le style des pre-
mières années du dix-huitième siècle, a été rétablie par parties, stricte-
ment suivant les dispositions premières; tous les parements ont été grat-
tés, lavés et rendus à leur couleur de bois naturel.
« Les parties de menuiserie manquantes ont été refaites à neuf; les
quelques sculptures anciennes, formant consoles, accoudoirs, chapiteaux,
frises, qui ont échappé à la destruction, ont été ajustées à leur place. Les
panneaux des basses stalles, en bas-reliefs, avec légendes aux angles, ont
été nettoyés avec un soin tout particulier et rendus au jour. Ces bas-
reliefs représentent :
« Le i^^ S. Fructuosus ; il tient sous la main gauche un plan et une
règle ;
« Le 2® S. Forcarius, abbas;
« Le 3® S. Magnus , abbas ;
<•( Le 4® S. Arnolphus, episcopus ;
« Le 5^ S. Othmannus, abbas;
« Le 6® S. Berlinus, abbas ;
« Le 7® S. Oswaldus, episcopus ;
« Le 8^ S. Martinus, episcopus.
« Tous ces travaux ont été faits avec beaucoup de conscience par un
maître menuisier d'Ebersheim, sous la surveillance assidue et éclairée de
M. l'abbé Wetlerwald, curé de la paroisse et membre de notre Société.
Ils ont parfaitement réussi. Tout le gros œuvre est terminé ; il ne reste
plus qu'à le compléter par le remplacement des colonnettes, des frises et
motifs de décoration en bois d'applique sculpté qui, presque tous, ont
disparu. Ces travaux sont indispensables pour rendre à ces stalles leur
physionomie primitive.
« Nous étions d'avis d'en achever une au moins entièrement, pour la
faire servir de type aux autres, avant d'entreprendre la réparation des
stalles correspondantes du côté sud.
« Nous sommes heureux de pouvoir ajouter que M. Wetterwald, à l'aide
des fonds disponibles et de dons volontaires, a pu déférer à cet avis et
qu'il continue avec ardeur l'œuvre si bien commencée.
« Comme j'ai eu l'occasion de le constater dans mes différents rapports, ^pfig.
les travaux effectués jusqu'à ce jour à la chapelle Sainte-Marguerite sainto-MarguerUe.
d'Epfig consistent en : déblais de terre autour de l'édifice, pour dégager
les abords et pour rechercher les anciennes substructions qui pouvaient
— 22 -
subsister, notamment du côté du chœur; démolition des [toitures après
coup; reconstiuclion du mur de face de l'ossuaire, qui menaçait ruine;
reconstruction de l'angle nord-ouest du croisillon 7iord, qui était détaché ;
reprise de deux parties du cloître, à Vouest et au sud, qui étaient déver-
sées ; réparations aux murs de la tour centrale et remaniement de la
toiture en tuiles plates surmontant ladite tour; sondages et rétablisse-
ment des maçonneries endommagées des trois pignons de la nef et des
croisillons nord et sud; repose et remplacement d'une partie des pierres
de (aille manquantes aux angles, aux corniches et aux rampants des trois
pignons susdits; enfin, pose des charpentes restaurées de la nef, du trans-
sept, du chœur et du cloître ; et recouverlure en tuiles plates à rebords de
ces charpentes. La majeure partie de ces travaux a été faite dans le cours
de la campagne de 1875 par le petit atelier, composé d'ouvriers de la
commune même, sous la surveillance intelligente et dévouée de M. Ruhl-
mann, maire d'Epfig.
« Ces travaux nous ont permis de constater quelques-unes des prévisions
que nous avions émises précédemment, relativement aux constructions
primitives et aux modifications apportées par suite de cas fortuits ou de
besoins nouveaux, ainsi:
irc époque. ((La nef, le transsept et le chœur avec leurs voûtes ou berceaux, les
deux portes d'entrée et les trois fenêtres de la nef sont de construction
primitive, d'un seul jet; la construction est faite avec de petits matériaux
de blocaillc et en mauvais mortier terreux, mélangé de débris de char-
bon. Les pierres d'angle extérieurs, jusqu'à hauteur des voûtes; celles de
l'intérieur avec leurs biseaux ; les encadrements rectangulaires des deux
portes et ceux cintrés des trois petites fenêtres de la nef; toutes ces
pierres, irrégulières, d'un mauvais appareil, avec ciselures et striures
grossières sur les parements, font reporter la construction de ce petit
monument, au moins à l'époque carlovingienne.
2« époque. «Le cloître, d'une maçonnerie mieux faite, avec arcatures plein-cintre,
appareil et taille de pierre inieux soignés, indique le onzième siècle.
« Le socle de cette petite construction est placé à 30 centimètres au-
dessus de celui de la nef, quantité correspondant à l'élévation des teires
du cimetière alejilour, depuis sa construction; à cette époque les coiniches
de la chapelle ont été refaites et les murs élevés de 50 cenlimètres
|HMir |)eiinrilrc rélablissemciil du toit au-dessous.
3'éj.oriue. a En LMG la petite chapelle, dans l'angle du chœur et du croisillon
sud, a été construite. Son socle est élevé de 25 centimètres au-dessus de
celui du cloître ; on fit alors l'ouverture des deux arcades intérieures cor-
respondantes, et on remplaça les fenêtres des croisillons et du chœur.
« 1601. Date inscrite sur une pierre du pignon. Incendie, dont le sou- 4c époque.
venir est encore conservé dans la population; rétablissement des quatre
pignons avec les débris des vieilles pierres de taille ; au pignon ouest
console ancienne conservée, du côté nord; construction de la tour cen-
trale et des toitures du bâtiment avec charpentes saillantes, apparentes;
construction de la sacristie et de l'ossuaire.
«Au commencement du siècle, pendant la construction de la nouvelle o« époque.
église, on établit des adjutoriums provisoires autour de la chapelle ; plus
lard, manque d'entretien, infiltrations; remplacement des toitures dis-
tinctes par de nouvelles plus inclinées à une seule pente sur la nef et les
bas côtés.
« Ces observations sont recueillies sur des attachements réguliers qui
seront produits à la fin des travaux.
« Dans nos travaux de réparations nous avons pris pour base le bâtiment
tel qu'il a dû être en 1601, en restituant toutes les parties anciennes qui
devaient exister à cette époque. Il reste encore à terminer les toitures et
à rétablir les murs de sacristie.
« Les travaux effectués ont presqu'entièrement absorbé les 2,000 fr.
votés. La commune, l'administration et notre comité portent à ce petit
monument tout l'intérêt qu'il mérite. J'ai l'espoir qu'ils voudront bien
accorder encore les crédits nécessaires pour terminer tout le gros œuvre.
« Tel est le bilan de nos travaux en 1875.
« Gomme je vous le disais l'année dernière. Messieurs, nous avons vécu
par la force d'impulsion. Dans nos oscillations nous pouvions être arrêtés
court, ou tomber dans le gouffre de l'oubli. Dans ces moments suprêmes
des hommes de foi n'ont pas désespéré. Ils ont tenu tête à l'orage et, pen-
dant l'accalmie qui s'en est suivie, ils ont entretenu le feu sacré.
« Il résulte de l'exposé que vient de vous faire notre honorable trésorier
M. Klotz, qui a bien voulu nous continuer le concours de son 'expérience
et la notoriété de son nom, que notre Société, réduite à 100 membres,
après avoir flotté dans le vague, s'est reconstituée, s'est renouvelée, tout
en conservant son esprit, ses traditions, et s'élève actuellement au chiffre
respectable de près de 300 membres. Dans cet intervalle de transition
nous avons enregistré des événements tristes pour l'art. Des monuments
d'un haut intérêt ont disparu du sol, non par le fait de la guerre, mais
par les exigences du temps, les nécessités de la vie commune.
— 24. —
siu.iumenis ciis- « Lo loui" aiUiquc près de Saint-Guillaume, à Strasbourg, qui terminait si
loGuidemhurm; admirablement la })erspective des quais des bateliers et des pêcheurs, a
disparu de l'horizon.
2o Porte «La porte plus récente de Schlestadt, du côté de Colmar, construite par
de SchleslaJt. ^ , , , , , , , . , , .
Aauban dans le style ornemente de cette époque, git eparse sur le sol.
11 n'en reste plus qu'un ridicule ponton, placé comme défi à l'angle de deux
maisons. Ces actes de vandalisme ne se sont pas accomplis sans protesta-
lion (le notre part; des propositions très-élevées pour notre budget, et
augmentées dans des proportions énormes par l'administration, ont dû être
retirées devant les i)rétentions insensées de la spéculation.
« Déjà un peu auparavant, la porte de Châlenois avec son mur crénelé
vers les bains, celle de Ville, avec son corps de garde sur le Giessen, la
[lorle intérieure A'Andlau qui encadrait si piltoresquement la longue rue
conduisant à la vallée et au château , la porte fortifiée de Saint-Hippohjle
en parlait état de conservation, ont été démolis à notre grand regret.
« Tous ces petits monuments, si intéressants comme aspect et comme
souvenir, qu'il eût été si facile d'accommoder aux besoins de la circulation,
sont tombés successivement, sans qu'il n'en reste plus vestige !
Puries conservées « Au mllicu dc CCS tristcsscs, je suis heureux de vous citer Bœrsch et
et restaurées :
lo à Bœrsch et à Roslicim qui viennent de faire restaurer leurs viedles portes d entrée, si
Roshcim ;
appréciées des connaisseurs et des touristes.
20 Tour des sor- «Jq guls cucorc hcurcux dc VOUS aunouccr Quc la TouF dcs SoFciercs,
cicres, '
de scbiesiadt. ancienuc porte de ville de Schlestadt vers Strasbourg, au quinzième
siècle, et qui avait été condamnée tout simplement comme vieillerie, a été
maintenue, grâce aux prescriptions intelligentes de l'administration supé-
rieure.
«Si je vous entretiens de ces portes anciennes maintenues el de celles
qui, en disparaissant, n'ont pas eu d'autre avantage que de rendre ces
petites villes, autrefois si attrayantes, aussi nues que de grands villages
sans histoire, c'est que Strasbourg est appelé à reculer son enceinte vers
le nord et l'est; que de ce côté s'élèvent de grandes portes murales, déjà
atteintes par le siège, mais dont les restes, subsistant encore, j)résentent
des détails du plus haut intérêt architectural et historique.
UéiiiarcliCi faites
puiif la ciinser-
« Déjà votre Comité s'est ému des projets [)résentés. Il pense que
messieurs les ingénieurs et les ai'chitectes chargés des nouveaux tracés
pourront faire entrer ces vestiges d'un autre âge dans leurs conceptions
et en tirer parti au pjofit de l'art et do l'histoire. Il lui a semblé que la
— 25 —
population est sensil)lc à la conservation de ces vieux restes. Il se pro-,
pose donc de continuer ses démarches auprès de l'administration pré-
posée à la garde du patrimoine de la ville. Il espère, qu'encouragé par
vos sympathies et qu'appuyé par l'autorité de votre nom , il parviendra à
persuader l'administration et à transmettre à nos enfants ces vieux sou-
venirs de la gloire de nos pères. Ce sera la meilleure manière de justifier
la renaissance à la vie de notre Société.
«D'un autre côte, en dehors des travaux techniques dont je viens d'avoir
l'honneur de vous entretenir, il est à ma connaissance que des travaux
sérieux d'un autre oi'dre se poursuivent avec persévéï-ance. M. Nicklès, de
Benfeld, a mis la dernière main à son mémoire sur Eli et ses environs.
« M. Nessel nous a promis son grand travail sur les antiquités celtiques,
gauloises et mérovingiennes nouvellement découvertes dans la Oasse-
Alsace.
« M. le D' Kraus, membre adjoint du Comité, a déjà publié un fascicule
de la monographie sommaire des édifices intéressants de l'Alsace-Lorraine.
«Je ne crois pas être indiscret en disant que notre infatigable président
a plusieurs ouvrages de longue haleine prêts à voir le jour.
«Enfin, un essai de reproduction de quelques fragments du manuscrit
de Herrade de Landsperg, si malheureusement perdu, est en cours de
publication par les soins de votre Comité.
«Ces efforts ne seront pas perdus. Nous avons le ferme espoir qu'ils en
engendreront de nouveaux, si vous voulez bien nous soutenir dans notre
œuvre de conservation. »
L'assemblée écoute cet exposé avec un vif intérêt; des remercîmenls
sont votés à M. Ringeisen.
M. le président propose, au nom du Comité, de décerner à M. le Médainc
^ eu vermeil décernée
D Ruhlmann, ?naire d'Epfig, une médaille en vermeil, pour reconnaître ^
, , ^ ^ . M. le D' Ruhlmann.
ainsi l'assistance intelligente et dévouée qu'il a prêtée au Comité dans les
travaux de la restauration de la chapelle de Sainte-Marguerite. Cette
proposition est unanimement adoptée.
On adopte de même celle de décerner le titre de membre honoraire à Ture de membre
' d'iiorineur
M. de Moiiet, colonel du ^énie en retraite, qui a été obligé de quitter f'Tl'ÎJ'^
' O '1 Ol colonel de Moilet.
Strasbourg par suite des derniers événements, après avoir l'endu à la
Société les services les plus signalés.
M. Straub rappelle que l'usage de décerner le titre de membre d'hon-
neur à des savants distingués a été suivi par la Société, dès le début, pen-
dant plusieurs années. Il cite M. Forchhainmcr, professeur d'archéologie
à l'Université de Kiel, nommé dans la séance générale du 27 octobre
1859; M. le major-général badois Krieg- de Ilocbfelden, auteur de Vllisloire
de l'architecture militaire au moyen âge, nommé le 6 décembre 1860, etc.
Adjonction au M. Ic présldcut cxposc que, d'après les Statuts, il devrait y avoir
Comité de trois i i - - - i . /-i i i i i • «
membres annuellement une assemblée generale a Lolmar, que, dans les dernières
du Haut-Rhin. ^ ;- l '
années, l'exécution de cette mesure a été impossible, qu'il n'y a pas encore
eu moyen de reconstituer à Colmar un sous-comité, ayant ses séances
régulières comme autrefois, et traitant plus particulièrement les affaires
delà Haute-Alsace. En conséquence, il propose d'adjoindre temporai-
rement au Comité de Strasbourg- MM. Ignace Ghauffour et Stoffel, de
Colmar, et M. Ingold, de Cernay. Adopté.
''XcomitT"' ^^ procède au renouvellement partiel du Comité. Les quatre mem-
bres sortants sont: MM. Nessel, Ringeisen, Spacli et Kraus, ce dernier
n'ayant été adjoint au Comité que provisoirement pour remplacer M. Eissen,
décédé.
Le nombre des votants est de -40; MM. Ringeisen, Nessel, Kraus et
Spacb, ayant obtenu la majorité des voix, sont proclamés membres du
Comité.
Élection du piRsi- M. Ic présidcul dépose son mandat, conformément aux statuts; M. Straub
est réélu par acclamation.
La séance est levée.
Séance du roinité du î{ avril 4876.
Présidence de M. le chanoine STRAUß.
Présents : MM. Klotz, Pcliti, Ringeisen, Salomon, Sengenwald, de
ïurcklieim, Winckler.
M. Ingold, de Cernay, assiste à la séance.
nenouveiioment Sout rcnommcs à l'unanimité et par acclamation:
M. lu liaion de Scbuuenburg, vice-président;
M. Klotz, trésorier;
MM. Gh. Sclimidt et Nessel, secrétaires;
M. Salomon, conservateur.
du Bureau.
27 —
M. le président annonce que M. l'abbé Gyss, d'Obernai, lui a écrit pour i)6mi«sion ofr^ne
offrir sa démission de membre du Comité, en donnant pour motif la difTi- mcmbr,. .1,1 con.iié.
culte pour lui d'assister aux séances du Comité. M. le président veut bien
se charger de prier M. Gyss de rester encore membre du Comité, au moins
jusqu'au prochain renouvellement.
Différentes personnes, qui toutes habitent l'Alsace, sont proposées comme Proposiiions a-aj-
, 1 1 1.1 ■ ' ' • mission.
membres de la bociete, savou' :
M. Walter, architecte à Schlestadt, par M. llingeisen;
M. Bach, receveur d'enregistrement à Molsheim, par M. WincUler ;
M, Schlosser, propriétaire à Drulingen, cl M. Déiivaiix, libraire
à Strasbourg, par M. Klotz.
L'admission de ces messieurs est prononcée.
M. le président communique un mémoire qui lui a été adressé oar Mémoire
• ' ■* r de M. Merck, sur la
M. Merck, ancien membre de la Société, et même conservateur, qui en pj'^repôiicl!
demande l'insertion dans le Bulletin.
Ce mémoire porte pour titre :
« La Hache de la pierre polie, son origine, son. usage et son culte. Extrait
des ouvrages de Le Hon, VHomme fossile, de François Lenormant, les
premières civilisations, etc.y>
Le Comité, tout en accueillant avec reconnaissance la publication do
M. Merck, estime que la place de ce mémoire n'est pas dans un bulletin
qui ne s'occupe que des monuments historiques proprement dits, et
regrette beaucoup de ne pouvoir donner suite à la demande de sou
ancien collègue.
M. le président croit savoir qu'une de nos anciennes maisons, offrant des Anciennes maisons
détails intéressants en bois sculpté, va être démolie, — et propose au Comité ' 'l»A'"%TnT
,,„.„. , . . . , , . . . (le (lig|iaraltrc.
d en laire taire une description au point de vue architcctoniquc avec dessin
et plan, peut-être même une photographie.
M. Petiti veut bien se charger de faire faire ce travail pour le compte
de la Société.
M. Salomon veut bien se charger des dessins et plan de la maison sise
rue de l'Ail, 4, qu'il est en train de faire démolir, et donne des détails
intéressants sur cette construction.
A ce sujet M. Klolz propose qu'il soit mis à la disposition de M. le cré,iii aiioné pour
président une somme de 400 fr. avec faculté poui" lui de faire relever le '.""fai" faire"*
, n . , . , . . . . . éventuellement.
plan ou laire dessiner des maisons ou constructions anciennes, qui seraient
éventuellement condamnées à disparaître. — Adopte.
— 28 —
Sarcophage méro- ^\ Rinrrciseii 01)1101106 0110 iM. Rock, maire de Benfcld, fait hommage
vingien de o J ' ' ^
"■ "DenfeTd''"'' i^ la Société (lu grand sarcophage mérovingien, trouvé par lui dans sa
propriété, et dont M. Uingeisen a déjà rendu compte à la réunion générale
de la Société. — Remercîments.
La séance est levée à 3 heures et demie.
Séance du Comité du 8 mai 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. l'abbé Guerber, Kraus, Ringeisen, Salomon, Sengenwald,
Winkler, G. Schmidt, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 3 avril 1876 est approuvé tel qu'il a
été publié.
4° Sur la proposition de M. le président, M. Alfred de Sury, rentier, est
reçu membre de la Société.
2° MM. Ignace Chaufîour, de Golmar, et higold, de Gernay, s'excusent
de ne pas pouvoir assister à la séance.
Le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants offerts à la
Société depuis la dernière séance:
Bulletin de la Société archéologique et liistorique de la Charente,
// série, T. IX, années i873 — 1874. (1 vol.)
Congrès arcliéologique de France, XXXVJP session, 1870, 1871, 1872,
1873. {A vol.)
Die Chronik des Hans Fründ, Landschreiber zu Schwitz. Ghur.iSlö.
Archiv für Schweizerische Geschichte. XX^*^"" Band, 1876.
3" M. le président donne communication d'une lettre de l'autorité supé-
rieure, au sujet de la chapelle de S'''^-Marguerite à Epfig. A cette lettre
est joint un rapport sur la même chapelle adressé à l'autorité par
M. Winkler. Le comité est d'avis de prier l'administration supérieure de
V(juloir bien mettre à la disposition de la commune d'Epfig une somme
de 2,500 fr. pour l'achèvement de la reslauralion du monument; le comité
décide de donner pour le même objet 500 fr. sur les fonds de la Société.
- 29 —
h^ M. Dagobert Fischer, de Saverne, écrit pour informer la Société
qu'un ouvrier tic Saverne vient de trouver dans la foret de Greifenslcin ,
non loin du château de ce nom, une médaille de bronze doré du grand
module, à l'effigie de l'empereur Galba (Servius Sulpicius), qui ne régna
qu'un an (68 — 69 de l'ère chrétienne).
A. IMP. SER. SVLP. GALBA. CAES. AVG. TR. POT.
Tête laurée de l'empereur, tournée à gauche.
R. S. G. L'empereur revêtu de son armure, debout sur une estrade,
harangue des troupes. A l'exergue ADLOCVT(IO).
Cette pièce intéressante a conservé sa fraîcheur primitive, sans avoir
subi de détérioration; elle vient d'être achetée par le musée de Saverne.
5" M. G. Schmidt communique la note suivante sur deux anciennes vues
de Strasbourg.
«Les deux vues de Strasbourg que j'ai l'honneur de soumettre au Comité,
me paraissent être les plus anciennes qui existent; pour ma part, du moins,
je n'en connais pas qui remontent plus haut. La première est tirée de la
Chronique du médecin nurembergeois Hartmann Schedel, publiée en 1493,
en latin et en allemand, par l'imprimeur Antoine Koberger de Nuremberg;
c'est un volume grand in-foho, contenant des dessins de différentes villes
et des portraits de divers hommes illustres. La vue de Strasbourg est
prise hors la porte de l'Hôpital, laquelle forme le milieu du tableau; dans
le mur d'enceinte, flanqué de ses tours, on voit à gauche (du spectateur)
l'ancienne porte de S'®-ÉHsabelh; la cathédrale se dresse à une hauteur
plus grande que dans la réahlé; à sa gauche on voit l'hôpital avec sa
chapelle; derrière l'hôpital la douane, et plus à gauche l'église de S'^-Thomas;
à droite, l'éghse de S'^^-Madeleine. Le dessin, très-ferme, révèle la main
d'un artiste, bien que la perspective laisse encore beaucoup à désirer.
Au verso du dernier feuillet de la Chronique on lit: aAdliibilis tamcu
viris malhemaiicis pingendique artis peritissimis Michaele Wol(/c77Wt cl
Wilhelmo Pleydenwurff, quarum solerti acmiratissimaque animadversione
tum civitatum tum illustrium virorum figurœ inserlœ sunt.y> Je ne sais
rien de Guillaume Pleidcnwurff; mais Michel Wolgemut est connu comme
un des meilleurs peintres et sculpteurs en bois de la seconde moitié du
quinzième siècle; on possède aussi de lui des gravures sur bois, remar-
quables par une certaine tendance à rendre les effets de la lumière et de
l'ombre; cette même tendance est visible sur le premier plan de notre
planche, qui est formé par un terrain couvert d'arbres; l'œuvre peut donc
être attribuée, avec beaucoup de probabilité, à Michel Wolgemut.
— 30 —
«La seconde vue de Strasbourg se trouve à la finde la première édition
du Heilir/enlefien de Sébastien Brand, qui parut chez Griininger à Strasbourg
en 1502, et dont un exemplaire est conservé ô la bibliothèque de l'abbaye
d'EinsiedIen en Suisse. Les éditions suivantes de cet ouvrage n'ont plus la
gravure, mais elle est reproduite à la fin d'un recueil de sermons de
(Icik'r de Kaisersberg, imprimé -en 1515, également chez Grïminger, et
intitulé Evanijdibiich. La vue est prise hors les portes de Pierres et de
Saverne; au milieu est la cathédrale, l'église de S' -Thomas, bien moins
correctement dessinée que sur la planche de 1493, se voit à droite.
Au-dessus de Strasbourg est l'image de la Vierge, comme pationne de la
ville; des deux côtés de cette dernière est le jugement final; à gauche
vers le haut, les planètes sous forme humaine; dans les deux coins du
haut, des personnifications des vents. Le fond est une mer, sur laquelle
trois nacelles, dans chacune un homme présentant à la Vierge un livre;
au-dessus de l'une des nacelles est écrit S. Brand, au-dessus de la seconde
S. MBU; sur la troisième il y a les huit lettres ATSAMNVN; le personnage
qui occupe cette barque est en costume monacal et un ange lui tend
une couronne. Le livre que Sébastien Brand offre à la Vierge, est évidem-
ment son Heiligenleben. S. MRH est peut-être le chanoine Sébastien
Murrlion, de Colmar, qui entre autres avait écrit un commentaire sur les
deux premières Parlhenicœ du carmélite Baptiste de Mantoue, dont l'une
est consacrée à l'éloge de la Vierge, l'autre à celui de S^*^ Catherine;
Brand venait de publier ce commentaire en 1501. Quant à ATSAMNVN,
cela ne peut être qu'une méprise du graveur; je suis porté à croire qu'il
aurait dû mettre UATSAMHVSEN. Le seul membre de la famille de
ce nom qui soit connu pour avoir appartenu à un ordre monastique, est
Philippe de Uatsamhausen, en 1301 abbé de Pœris dans la Haute-Alsace,
depuis 1305 évêque d'Eichslädt et mort en 1322. Il est l'auteur d'une vie
de S'® Walburge {Acta SS., 25 février) et d'un traité sur quelques saints
particulièrement vénérés à Eichstädt {de ecclesiœ Eyslellensis divis
lidelaribus. Ingolsz 1C17, 4'°). La couronne tendue au personnage désigné
par les lettres atsamnun ijidique qu'au moment de l'exécution du dessin
il ne vivait plus; et comme les livres offerts à la Vierge par Brand et par
Murrlion sont des vies de saints, on doit admettre que celui que tient
Alsamnuu traitait de sujets analogues. Je crois donc qu'il s'agit de
Philippe de Batsamhausen.
«Quoi qu'il en soit, la composition de l'image qui réunit, d'une manière si
bizarre, l'allégorie et la réalité, me paraît être conçue })ar Brand hu-
même. Elle l'appelle (inel<|n('S-uns des dessins qui ornent son édition de
— 31 -
Virgile; les divinités surtout qui représentent les planètes, sont figurées
exactement comme dons ce livre; on les retrouve de Jiiême sur la feuille
volante que Brand publia en 1504: Von der ivundcrUclien Zusammenfwjunfj
der Planeten.
«J'ajouterai que sur les deux planches, la cathédrale, vue fantastiquement
sous des angles impossibles afin que chaque fois on puisse apercevoir la
rosace, est remarquable à cause d'une sorte de construction qui s'élève
sur la plate-forme; sur la gravure de 1493 c'est comme une galerie en-
tourant la plate-forme et composée de grands arceaux en ogive; sur celle
de 1502 c'est comme une tourelle fort élégante. Ces détails sont-ils un
produit de l'imagination des artistes, ou a-t-il existé quelque chose de
ce genre à la fin du quinzième et au commencement du seizième siècle?
Geiler de Kaisersberg, parlant dans un de ses sermons de la cathédrale,
mentionne trois tours, dont deux ne sont que commencées: aWir haben
drei thürn und einen der uszgemacJd ist, den mögen wir kuni in bmv
halten; die andern seind ungefangen, bis wen werden sie uszgemacht? d
(Evangelia mit Uszlegung. Strasb. 1517, f° 223.) Dans les griefs qu'en
janvier 1501 il remit au magistrat, il se plaint en outre que les revenus
de l'Œuvre Notre-Dame ne soient pas employés exclusivement à l'entre-
tien de l'édifice. Mais quelles sont les deux tours non achevées? En tout
cas, le passage du sermon ne paraît pas se rapporter à ce qu'on voit sur
les deux gravures.»
6° M. Salomon met sous les yeux du comité un dessin de la maison,
rue de l'Ail n*' 4, qui vient d'être démolie. Il se réserve de donnei', dans
une prochaine séance, quelques détails historiques sur le bâtiment et sur
ceux qui l'ont habité.
7^ M. Winkler communique un fragment d'une inscription, trouvé dans
le dallage du porche de l'éghse de Dorhsheim. Il est tellement usé par les
pieds des passants qu'on peut à peine en déchiffrer quelques syllabes.
M. Winkler a l'espoir d'obtenir d'autres fragments, provenant de la même
pierre; il sera peut-être possible alors de déterminer le texte de l'in-
scription.
8" M. Kraus dépose, au nom de M. Mitscher, une brochure que ce
dernier vient de publier sur la cathédrale. — Le comité vote des remercî-
ments à M. Mitscher.
La séance est levée.
S«'anfe du roiiiité du 12 juin 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Gucrbcr Victor, Pctiti, Ringeisen, Salomon,Sengen\vald,
Nessel, secrétaire en fonctions. M. de Pœllnitz assiste à la séance. M, Ignace
GhaufTour, de Colmar, s'excuse par lettre.
Le procès-verbal de la précédente séance est adopté sans discussion.
Le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants :
Anzeige?' für lùmde der deutschen Vorzeit, 1875.
L'Émulation jurassienne, mars et avril 1876.
Kieler Stadibuch, herausgegeben von Dr. Ilasse.
Messager des sciences historiques de Belgique, V^ et 2® livraisons.
Recueil delà Société archéologique du département de Constantine, 1875.
Verhandlungen der gelehrten Estnischen Gesellschaft zu Dorpat.
VIII. Band, 3. Heft.
Sitzungsberichte. Dorpat, 1875.
Zeitschrift der Gesellschaft für Schleswig -Holstein-Lauenburgische Ge-
schichte. VI. Band.
M. le président propose l'admission de M. Abt, curé de Leimbach,
comme membre de la Société.
M. le président communique une lettre de M. Schlosser, propriétaire à
Drulingen, membre delà Société, qui annonce la découverte d'un monu-
ment antique.
En creusant une fosse au nouveau cimetière de Lohr, commune du can-
ton de La Petite-Pierre, des ouvriers ont mis à jour un bas-rehef de
Mercure; le dieu porte sur son bras gauche un petit génie ailé, qui lui
tend le symbole habituel, la bourse; à ses j)ieds se trouve le bouc; à la
partie supérieure on voit les restes d'une inscription votive. Malheu-
reusement le monument a beaucoup souffert et est brisé et endommagé
en plusieurs endroits. Déjà à plusieurs reprises des subslructions et des
sépultures antiques ont été rencontrées en cet endroit.
Le comité reçoit cette communication avec le plus vif intérêt, et, après
une discussion dans laquelle plusieurs membres font ressortir l'imporlance
de ces découvertes pour l'histoire locale et la nécessité de conserver
ciia;inl (juc pu.s.sil)le les monuments à l'endroit même où ils sont trouvés,
- 33 -
considérant que c'est, enlever à ces témoins d'un autre âge une grande
parlie, sinon la plus imporlantc de leur intérêt, que de les enlever de leur
lieu originaire, décide de prier M. Schlosser de vouloir bien porter ses soins
pour que le bas-relief restauré, autant que faire se pourra, soit encastré
dans le mur du cimetière de Lohr, à l'abri des dégradations. Il met évon-
luellement à la disposition de M. le président la somme nécessaire pour
exécuter ce petit travail.
M. le président donne lecture d'une note de M. D. Fischer, de Savernc,
sur le sceau de la commune de Westhofcn, qui faisait partie du comté
de Ilanau-Lichlenbcrg-. La matrice de ce sceau, dont s'est enrichi le musée
de Saverne et dont deux empreintes sont jointes à la note, donne à la
commune de Westhofen des armoiries différentes de celles qui lui sont
attribuées par l'armoriai général d'Alsace.
«L'écusson est chargé de trois cotices et d'un heanmc ouvert, surmonté
d'un col de cygne, posés en pal et brochant sur le tout. Cet écusson
est en outre accompagné de six roses, quatre en chef et une de chaque
côté; il porte pour légende:
S . DER • STAT • WESTHOFEN • 1 • 6 • 3 • 7 •
«La petite ville de Westhofen avait selon toute probabilité adopté pour
ses armoiries et placé dans son écusson le heaume qui timbrait l'écusson
des comtes de Ilanau-Lichtenberg-, ses seigneurs territoriaux, et qui était
surmonté d'un col de cygne.
«Lorsque le gouvernement de Louis XIV fonda, en IGOC, la grande
maîtrise, qui fut chargée de rédiger un armoriai général et d'enregistrer,
après vérification, les blasons de toutes les personnes et de toutes les
corporations, des villes et des communautés, la commune de Westhofen
présenta son sceau au bureau d'enregistrement, qui était établi à Strasbourg.
Mais les employés de ce bureau à la fois héraldique et fiscal ne paraissent
avoir examiné que d'une manière superficielle l'empreinte du sigillé
qu'ils avaient à blasonner, car ils l'ont complètement défigurée. Les ar-
moiries qu'ils ont données à la commune de Westhofen : d'azur à une
tête et col de cheval coupés d'or et trois cotices de gueules brochant sur
le tout', ne paraissent être que des armoiries de fantaisie et sont toutes
différentes de celles gravées sur son sceau.»
Remercîments et dépôt dans les archives.
1. Armoriai d'Alsace, p. 49.
T. X. - (p.-v.) 3
— :Vt —
M. Ernest Lelir, aujourd'hui professeur à Lausanne, écrit à M. le prési-
dent pour exprimer le vœu de voir reproduire dans le Bulletin, en fac-
similé ou en pljotograpliie, les deux anciennes vues de la cathédrale de
Strashour,?, communiquées dans la dernière séance par M. C. Schmidt.
Plusieurs memhres, absents lors de la dernière séance, ne connaissant
pas ces gravures, le comité, après discussion, ajourne sa décision jusqu'à
plus ample informé sur la valeur des vues en question.
M le curé Gucrber donne lecture d'une notice nécrologique sur M. Louis
Levrault, ancien mcmbie du comité, dont la Société a eu récemment à
déplorer la perle. Le comité joint ses regrets à ceux de l'auteur et vote
l'insertion de la notice au Bulletin.
M. le président signale la perte d'un autre membre de la Société,
.M. Deharbe, curé d'Andlau, et rappelle les services qu'il a rendus.
«La nomination de M. Deharbe à la cure d'Andlau, dit M. Straub, ne fut
«pas seulement une bonne fortune pour les habitants de cette ville, dont il
« a été pendant trente ans le pasteur zélé et charitable, mais encore pour
« la belle église que nous admirons aujourd'hui, et qui se trouvait alors dans
« un état déplorable d'abandon et de dégradation. La commune et la fa-
« briipie de l'église mancjuaient des ressources nécessaires pour une res-
< laination aussi importante; l'État lardait d'entreprendre cette œuvre
<- diflicile et coûteuse, qui risquait d'être ajournée indéfiniment, parce que
« la solidité de l'édifice ne paraissait pas compromise. Dans cet état de
«choses, .M. Deharbe n'hésita point de se charger tout seul du travail de
« restauration, et de consacrer une notable partie de sa fortune à cette en-
«ireprise de piété patriotique. Il se mit à l'œuvre hardiment, soignant, di-
« rigeanl tous les travaux, suivant les moindres détails, et grâce à ses soins
« éclairés et à ses sacrifices, il rendit à l'édifice sa splendeur primitive.
« L'intérieur de l'église fut débarrassé du badigeon dont le mauvais goût du
• siècle passé l'avait couvert; les remarquables stalles du quatorzième siècle,
«' dont les délicates ciselures étaient à peine reconnaissables sous les couches
«! multipliées de peinture à l'huile, furent retirées de la crypte où on les
l'avait reléguées comme vieux meubles hors d'usage, nettoyées avec
'. soin et replacées au cbojur de l'église, dont elles sont aujourd'hui un des
«principaux ornements; la châsse, qui renferme les reliques de sainte
' l'.ifh.'iidc, fut restaurée avec goût, etc.
« Dans tous ces travaux, M. Deharbe, qui avait un souverain respect
" ()0ur les œuvres d'art confiées à sa garde, procédait avec unccirconspec-
«lion rare, se faisant uu devoir, dans les cas douteux, de consulter des
— 35 —
« hommes compétents, et ne reculanl devant aucun sacrifice pour arriver à la
« réaiisalion de son œuvre. Il se préoccupail moins de doler lY',i;lit>c d'œuvres
«nouvelles, que de conserver pieusement toutes celles qu'elle possédait
« déjà, et de les remettre en honneur, à quelque style qu'elles appartinssent.
«C'est à ce principe sage que nous devons la conservation et la reslaura-
« lion intellii^ente dcplusicurs travaux du dix-huitième siècle de haute valeur,
«comme la chaire, quelques autels, etc.
«En séance générale, tenue à Strasbourg le 5 décembre 1801, la Société
«consacra, dans la limite de ses moyens, le mérite de M. Deharbe, eu lui
«décernant une médaille en vermeil, et aujourd'hui elle ne peut que rocon-
« naître de nouveau l'imporlance de l'œuvre accomplie et, en déplorant la
« perte de cet homme de bien et d'abnégation, rendre un solennel hommage
« à son goiil et à son zèle dévoué pour la conservation des monuments. »
M. Guerber communique une note sur Alban Wôlfelin, Schultheis de
Ilaguenau au milieu du treizième siècle, destinée à réhabiliter la mé-
moire de ce fonctionnaire vis-à-vis des imputations légendaires amassées
contre lui. Le comité vote l'impression de cette notice.
Dans la note de M. C, Schmidt, sur deux anciennes vues de Strasbourg
(Procès-Verbaux, n° 3), le lecteur est prié de coniger les errata suivants:
Page 24, ligne dernière et p. 25, ligne 2, il faut lire: Pleidenwurß'(i>f)üü
lieu de Plcidenwurst.
Page 25, ligne il d'en bas, M II II au lieu de R M IL
Page 26, ligne 19 arceaux au lieu de cerceaux.
Page 26, ligne 27 Evangelia au lieu de EvangeUo.
Séance du Comité du iO juillet 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Kraus, Ingold, Ringeisen, Rod. de Türckheim, Winkler,
G. Schmidt, secrétaire. M. Mitschcr, membre de la Société, assiste à la
séance. M. Ignace Chauffonr, de Golmar, s'txcuse par lettre.
Le procès-verbal du 12 juin est approuvé tel qu'il a été pid)lié.
— so-
ie President dépose sur le bureau les ouvrages suivants :
Annales de la Société d'ar/ricuUure, industrie, sciences, arts et belles-
lettres du département de la Loire. T. XIX. 1875.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. 1870, n" 1.
Congrès archéologique de France, :IS74.
Bulletin de l'Institut des provinces de France. Juillet 187G.
^fé^noires de la Société littéraire, historique et arcliéolof/iquc de Lyon.
187 i- 1875.
^inth annual report of the Trustées of the Peahodi/ Museum of ame-
rican archeolor/)/ and ellinolof/i/. \\)n\ 187G.
L'émulation jurassienne. V^ année, mai 1870. Délémont.
1. M. le président donne lecture d'une lellre de M. Schlosser, annon-
çant que des mesures ont été prises pour que le Mercure trouvé cà Dru-
lin,uen soit transféré au musée de Saverne, et donnant la description
d'une monnaie romaine en argent qu'on a découverte à Mackwiller.
2. Le même communique une lettre de M. Sliclianer, Kreisdirehtor à
^Yissembourg•; il en résidle que l'autorité supérieure a accordé pour la
restauration de l'église collégiale de ladite ville une somme de 8000 marcs.
On décide de porter à 1250 fr. la subvention de 1000 fr. que la Société
avait votée précédemment; si l'année prochaine les travaux sont en cours
d'exécution, le comité se réserve d'y contribuer par un nouveau secours.
3. M. Ringeisen donne quelques renseignemcnls sur les travaux qui
doivent être faits au chàlcau de IIoh-Kœnigsbourg-.
4-. Sur la proposition de M. Rod. de Türckheim, M. Léon Scheidecker,
fiibricant à Luizelhouse, est reçu membre de la Société.
5. M. le professeur Kraus entretient le comité de plusieurs documents qui
intéressent l'histoire de la construction de la cathédiale de Strasbourg,
et qu'il a trouvés aux archives de TtKuvre Notre-Dame. 11 en cite plusieurs
(|Mi lixent d'une manière plus précise (ju'il n'a été fait jusqu'ici, l'époque
où les architectes les plus notables du XV® siècle ont été chargés de l'œu-
vre. Ces documents permettent d'établir que maître Ulrich d'Ensingcn y
enlia dès l.jOS et resta chargé de la direction des travaux jusqu'en 1418;
que Jean IliÜtz, de Cologne, dont l'origine est pour la première fois prou-
vée par un dociniutil, dr r('p(»(|ue, succéda à Ulrich d'Ensingen en 1419
et resta en foiirtions iii>qn';'i sa mort, arriv<''e en 1440; (pie Mathieu d'En-
on
— o J —
singen, fils d'Ulrich, fut cliai'gé de l'œuvre en 1150, mais pendant fort
peu de temps, et quitta sa cliai'gc à la suite de démêlés assez désagréaiiles
avec le Magistint, puur accc|)ter la mission de construire la calliédialc
d'Ulm. Il ressort d'un de ces documents que Jean Ilammcrer de AVerdc,
auquel la cathédrale doit la chaire consti'uile pour le prédicateur Geiler,
fut appelé à l'œuvre en 1486. Son litre d'installation est du jdus haut
intérêt sous divers rapports. Toutes ces pièces seront puhliées dans la
2° partie du premier volume « Kunst und AUerlhum in Elsass-Lolhringenfi .
M. le professeur Kraus expose ensuite les fac-similé de deux docu-
ments conservés aux archives de l'Œuvre Notre-Dame et très-importants
pour l'histoire d'Erwin et de sa famille. L'un est un acte de vente conclu
en 1388, en présence des fabriciens de l'œuvre et d'autres personnes;
parmi les témoins figurent: maître Gerlin (Gerlach?) Erwine, maître
Erlewin, maître Jean Winling. Le second diplôme est encore plus impor-
tant. C'est également un acte de vente, daté de 1284, conclu en présence
de maître Wehelin LoJinherr et d'Erwin, architecte.
Il est à remarquer que le nom d'Erwin est écrit sur une rature et(ju'on
peut se demander si ce nom n'a pas été postérieurement substitué à un
autre; le doute est très-légitime. Ce document, le seul qu'on ait trouvé
jusqu'ici, présentant le nom du célèbre architecte, sera reproduit par la
photographie et figurera dans l'ouvrage cité.
Enfin M. Kraus met sous les yeux du comité deux titres de 1408 et
1482. Le premier est une plainte du Magistrat de Lindau adressé à celui
de Strasbourg; le second, une lettre du margrave Frédéric de Bade, por-
tier du grand chapitre de Strasbourg, adressée au même. Ces deux lettres,
qui seront textuellement publiées dans le Bulletin^ établissent qu'on faisait
débit de livres (manuscrits) suj' la terrasse qui précède le portail du transept
sud de la cathédrale et qu'on appelait alors avff den Grelen)'); il en ressort
que semblable vente ne se faisait pas seulement à Strasbourg aux poitcs
de la cathédrale, mais encore dans d'autres endroits à l'entrée des églises
et des abbayes, a An andern Enden, v ff vil SUfflen; auch fjeicon/ich^ das
man au soUichcn Stelen vor der grelen, vnd Kirchthüren bilcherc fojlc
hatt vnd die an den enden weysz zu finden.))
6. M. Rodolphe de Türckheim donne lecture d'une notice sur (juclqucs
pierres funéraires des XIV°, XV® et XVP siècles au monastère de Trutten-
hausen:
(( J'ai l'honneur de soumettre au comilé la description de (picl(]ucs
pierres funéraires des X1V°, XV° et XVP siècles (jui se trouveiil dant un
— 38 —
parfait état de conservation dans un jardin qui occupe la place de l'ancien
Klostergami du prieuré de Trultenliausen, fondé, comme chacun sait^
vers la lin du XIP siècle par lierrad de Landsperg, d'illustre et sympa-
thique mémoire.
« 1. La première et la plus ancienne de ces pierres mesure S'^jOG de
long, sur une largeur, en haut, de r",40, en bas, de i"VlO, et est divisée
par le milieu de la longueur en deux parties.
•1 Sur le pourtour se lit l'inscription suivante en caractères gothiques-
^mui pnmiui M • CGC • XLVIII
0 (1348)
|àûU JïuUi. obiit Cgcuolfue
miles tit l'an'îiesbcrfl. anima
ejus rquicscat in pacc. ^^men
fi Sur la partie supérieure se lisent les armes de Landsperg, l'écu incliné
ou couché, avec le heaume du XIV^ siècle assis sur l'angle sénestre.
«Au bas de cet écusson, sur une bande qui divise la pierre en deux
parties égales, se lit celte inscription, que je reproduis autant que pos-
sible avec ses caractères originaux :
c
^ î» m fcc • rrniiii
0 II llntki • î> • Jîimol)olt3 Ij
« Au-dessus, c'est-à-dire dans le compartiment de dessous, se trouve
dans la même position que l'écusson de Landsperg, indiqué plus haut, un
écusson paie de six pièces dont les émaux ne peuvent naturellement pas
se distinguer. On ne retrouve ces armes dans aucune de celles de nos
anciennes familles d'Alsace.
«2. La seconde pierre, dans l'ordre chronologique, mesure: S'",!^ de
long sur 02^"™ de large et porte cette inscription :
a AiUio ihii M- CCCC- XII. iiij. Kal. maji. 0 /obiil/ vcnerabilis domimis
Johannes Tlieod. rpwndani plebanus in supcriori... (puis un mot à peu
près illisible et qui ressemble à ce qui suit): ... ehenhe- a'", qui doitsigni-
lier sans doute: Eheuheim ()b Superior Ehenheim, ce serait « Obernai »
mais je n'ai pas trouvé trace jusqu'à présent dans le savant ouvrage de
notre collègue, M. l'abbé Gyss, d'un curé du nom de Johannes Theodorus,
f.-t üjjpartenant à la ville d'Obernai; puis (à la place de cujus) anima
rctjniesrat in jKire. Amen.
« L'iiiléi'icur purto miic »l'oix simple ornée du calice.
— 39 —
«3. La troisième pierre mesure: 2"\I2 sur 85*^'" de large cl porte sur
un écu échancré ù séneslre les armes d'Andlau, «d'or à la croix de
gueules », et l'inscription suivante :
« Aniio doiuinl M- CCCC ■ XXX- III • Mil ■ yd^ ■ autjusLl • obiil fnUcr
peter in aniniis de andelo comilesus (sie!) luijus donnes, cujus anima re-
quieseal in paec. amen.
« L'écusson, qui occupe la partie inférieure, est surmonté d'une croix
simple, qui, sans autre ornement ou emblème, occupe le reste du
champ.
« Je dois à l'obligeance de M. le professeur Schmidt un renseignement
sur l'existence d'un Peter von Andelo, qui a vécu en 1412, est appelé
dans un acte de cette date « lier Peler von Andelo » et a possédé des
biens dans la banlieue d'Eckwershcim, mais voilà tout.
(( 4. La quatrième pierre mesure 2"',i0 de long sur l"V10j et porte
l'inscription suivante :
€ Anno millesimo quingentesimo decimo XV- Kals • de{eembr)is ■ obiit
venerahilis dominus Adam Pétri? (sans doute Adam, fds de Pierre) prœ-
positus in Sarwerda cornes, abbas noster cujus anima requieseat in pace.
amen.
« L'intérieur porte l'image très-bien creusée d'un abbé [)orlant de la
main gauche appuyée sur son cœur le calice à base trilobée.
« Les draperies sont très-bien faites et l'ensemble est plein de grâce.
« 5. La cinquième pierre enlin mesure i'",80 de long sur Oo*^'" et porte
l'inscription suivante :
« Anno dni millesimo quiiigeidesimo vicesimo. tertio decimo Ivtl. Ja-
nuarii O ipbiit) venerabiUs pater Johannes de Sonspach, prior liujns
domus. cubet féliciter (la suite de l'inscription est très-diiïîcile à lire,
mais on peut déchinVer, quoiqu'avec peine, à peu près ce qui suit): hic
requies mea \ in secidum seculi | hic Iiabitabo \ quonicun eleyi eam \
«Cette pierre tombale est celle de Jean VI de Schonbacli, d'autres disent
«Sanspach» ou « Sonspach », l'avant-dernier prieur, que les auleurs qui
ont écrit sur le monastère de Truttenhausen font mourir en 1520 seule-
ment. L'intérieur du champ ne porte que le calice à base trilobée. Les
paroles: hic habitabo etc. se trouvent immédiatement au-dessous.
w —
« 6. Je citerai enfin une pierre votive, vouée à sainte Odile, pierre à
peu près cubique, formant aciuellement l'un des côtés d'une entrée de
jardin, et portant sur sa face l'inscription suivante, infiniment moins
inicrcssantc que les autres:
J)1V.E OTIIILI/E
OFFEIIEDAT D. JOANES
LEONARD BUEVERICE
SATRAPA ET PROTIIO
SGRIBA IN BARR.
-1G17.))
Séance du Comilé du 28 août 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Chauffour Ign., Ringeisen, Stoffel, bibliothécaire à Colmar,
et Kindler de Knoblocli, membre de la Société. — M. Ringeiscn remplit
les fonctions de secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.
M. Ringeisen donne des détails sur les travaux de consolidation et de
recherches exécutés sous sa direction, pendant le cours de cette campagne,
à plusieurs monuments historiques, sur les fonds du département et avec
le concours des propriétaires et de la Société des monuments histoi'iques
d'Alsace.
x\u Kœnigshonrfj , les voûtes du grand Làtiment, qui menaçaient de s'é-
crouler, sont, cjuant à présent, hors de danger. Les travaux seront repris
au beau temps, lorsque les difficultés de comptabilité seront levées.
A Sainl-Georr/es de Sclilesladt, en baissant le sol de la crypte, on a trouvé
les traces d'un vaste mur circulaire de 12 mètres de rayon, bien régu-
lièrement tracé dans la crypte et se prolongeant à l'extérieur jus(|ue vers
rexlrénn'lé du croisillon nord du transept. Selun hjiile apparence, il existe
de même du côté sud, et probablement il se complète à l'intérieur de
l'église même. Ce massif, avec son parement en pierres de taille de moyen
appareil cl d'une solidité à toute épreuve, indique une construction anté-
— -il —
rieure à l'épocjoc gothique cl même romane de la primitive église et ouvre
la voie à des recherches intéressantes sur le monument qui a précédé les
transformations de l'édifice chrétien actuel.
A Sainte-Foi, également à Schlcstadt, en débadigeonnant le narthex et les
tribunes ajoutées en 1616, on a trouvé les traces des anciennes disposi-
tions du mur de la haute nef et des tribunes des bas côtés. On a égale-
ment trouvé les restes d'un chaînage en bois, pratiqué à la naissance des
voûtes lors de la construction primitive. Enfin on a mis à jour les traces
de peintures dont les voûtes d'arête et les arcs doubleaux étaient revêtus.
Sous les couches successives de badigeon qui ont été superposées, il est
bien difficile, malgré tous les soins possibles, de distinguer les tracés
primitifs. On croit reconnaître des motifs grecs et romans mélangés avec
le mode dit renaissance. M. Ringeisen pense que lors de l'établissement
des tribunes on a utilisé ou rectifié dans le goût du jour la polychromie
primitive. Il a suspendu tout grattage de ces parties principales. Elles
offrent trop d'intérêt pour être laissées à l'intelligence de simples ouvriers.
Il pense que le Comité devrait allouer un crédit de 300 fr. pour faire des
recherches consciencieuses et produire des calques et des relevés exacts
de ces peintures, ainsi que de celles encore existantes sur les parois de
Saint-Georges.
A Sainle-Marguerite d'Epfig, à l'aide des fonds versés directement par le
Comité, les travaux ont pu être repris. Tous les gros travaux de murs et
de couverture sont terminés; la reconstruction de la sacristie, qui a été
mise en question depuis, ainsi que la démolition des tribunes qui a été
prescrite, ont été laissées en suspens jusqu'à ce qu'il ait été statué de nou-
veau à cet égard par le Comité.
M. le président dépose sur le bureau une série d'ouvrages qui ont été
offerts à la Société depuis la dernière séance du Comité, en voici la liste :
Annales de la Société cl' éniidation des Vosges. 1875 et 1876.
Bulletin de la Scciélé des antiquaires de Picardie. 1876, n" 2.
Bulletin de la Commission des antiquités départementales du Pas-de-
Calais. T. IV. if' 1, % 3; 1875 et 1876.
M. le président donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée le 2 août
par M. le président de la Basse-Alsace relativement aux travaux qui doivent
être exécutés au château de Hoh-Kœnigsbourg.
Suivant un mémoire de M. l'architecte Ringeisen une somme de 5000
marcs est nécessaire pour des travaux de consolidation, dont l'exécution
.\.Q —
ne pourrait êlrc ajournée iju^au délrimcnl du cluUeau. M. le président supé-
rieur a accordé, sur les fonds dcTb^tal, une allocation de 2100 marcs, et fait
poser la question si et dans quelle proportion la Société pour la conservation
des monuments historiques d'Alsace veut contribuer à couvrir le déficit
qui est de 2227 mores. M. Straub rappelle à cette occasion que dès les
premières années de son existence la Société a consacré des sommes
considérables à la restauration de IIoli-Kœnigsbourg-, alors piopriété pri-
vée; il pense qu'aujourd'hui que le château est acquis par la ville de
Sehlestadt et que son existence est assurée, il n'y a pas lieu de refuser
un concours à son entretien.
Après quel(jues cxplicaliuns de M. rarchitecle Ringeisen, qui annonce
que lii ville de Sehlestadt a également alloué un crédit à cet effet, le
comité vote une somme de 1000 fr. jiour les travaux projetés.
Une lettre datée du 19 août et adressée au président par M, de Stichaner,
directeur du cercle de Wissembourg-, annonce que les travaux de déblai
et do consolidation entrepris au château de Fleckenstein près Lembach
jiar M. l'architecte Rœhrich sont terminés.
Un compte détaillé joint à cette lettre fait voir que l'allocation de 400 fr.
accordée par la Société a été dépassée de 87 fr. 50 c; cette somme a
été soldée par la commune de Lembach, sur l'invitation de M. Stichaner.
Ce magisirat appelle l'attention de la Société sur l'utilité qu'il y aurait à
faire des travaux analogues dans plusieurs châteaux de son ressort. Il cite
les ruines de ^Vasgenstein, IJohcnbourg, Lœwenstein, Arnsberg etc. Le
président a demandé' un rapport détaillé, portant sur les travaux les plus
urgents, et mettant le comité en mesure de se prononcer avec entière
connaissance de cause.
M. l'architecte Rœhrich n'iJond à une lettre du président au sujet des
peintures murales découvertes dans le chœur de l'église de Niedcrbetsch-
dorf. Ce chœur est du XV^ siècle. Quand M. l'architecte est arrivé à Nie-
deibetschdorf, une grande partie de la voûte était déjà débarrassée du
badigeon qui couvrait les peintures; il a immédiatement fait cesser les tra-
vaux opérés jusque-là avec trop de précipitation et menaçant de faire dis-
paraîlre ce qui restait du dessin primitif. La description donnée par
M. Ilœhrich permet de croire que le chœur représentait cnire autres sujets
les (jualre évangélistes. Le président se propose de visiter prochainement
celte église et de [»réscnter un travail sur son anciemic décoration in-
ii'i iciiic.
— 43 —
Une noie de M. rarchilecle Salomon fait connaître la dccouverle d'un
sarcophage mérovingien trouvé à Weslhofîcn.
M. Kindler de Knoblocli donne lecture d'un document conserve aux
archives de l'hospice civil et relatif à la famille du chroniqueur Jacques
de Kœnigshoffen. Il semble ressortir de celte pièce que le chroniqueur
n'a, du moins du côté de son père, pas appartenu à la famille deTwinger,
dont M. Kindler de Knobloch présente l'arbre généalogique, d'après les
documents du temps: Voici le document en question :
Coram nobis Judice curie Argcnlinen. constitutus Nicolaus fdiusquond.
Ilenselini dci. Frilschenhenselin pisloris de Kiinigeshovcn Argenlinen., fia-
tris carnalis et legilimi ut dicilur viri discreti Dni. Jacobi deKimigeshoven
canonici eccie sti. Thome Argenlinen. Sanus mente et corpore et compos
ralione non vi nec metu nec coactus seu aliqua sagacitale circumductus
sed sponte ex certa scientia et animo bene deliberalo, pro se et hercdibus
suis universis, in presentia dicti Dni. Jacobi expresse in hec consensit libe-
raliter et pure Qu. dct. Dnus Jacobus de omnibus et singulis rebus et bo-
nis suis mobilibus aut immobilibus per euni habifis et acquisitis ad pre-
sens vel in futurum habendis aut derelinquendis sui obitus tempore sanus
vel infirmus ad placitum suum disponere donare depulare legare et ordi-
näre valeat personis locis ecclesiis domibus monasteriis et prebendis qui-
buscunque prout eidem Dno. Jacobo pro salute anime sue visum fucrit
expedire Promisit eliam dcus Nicolaus pro se et heredibus suis se ralum
et gralum alque firmum perpetuo habilurum quodquod per ipsum Dom.
Jacobum de bonis et rebus suis hujus dispositum donatum depulalum le-
gatum et ordinatum fuerit modum in quemcunque. Et eliam hujus dispo-
sitiones donaliones deputaliones legata et ordinaliones nunquam impedire
aut infringere aut eorum occasione personas loca ecclesias domos monas-
teria et prebendas quibus dcus Dnus Jacobus donaverit deputaverit lega-
verit aut ordinaverit de bonis et rebus suis hujus nunquam impetere im-
pedire vexare moleslare aut perturbare quovismodo seu hoc fieri procurare
per se vel alium seu alios mediante Judicio vel sine Judicio absque fraude
et dolo Renunciavit insuper predictus Nicolaus pro se et heredibus suis
universis et singulis exceptionibus et defensionibus etc.
■14
Séance du Comilé du 30 octobre 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents : MM. Kraus, Nessel, Ringeiseii, Salomon; M. Ucrnard assiste
à la séance. — M. Nessel remplit les functions de secrétaire.
Le procès-verbal de la séance d'octobre est lu et adopte.
M. le j)résident propose l'admission de M. Worni, chanoine honoraire,
supérieur de la congrégation des Sœurs de Uibeauvillé; l'admission est
prononcée.
L'échange des publications de la Société étabhe à Berlin sous la déno-
mination «Der Herold» et s'occupant de recherches généalogiques, héral-
diques et sphragistiques, est proposé et adopté.
M. le président donne lecture de la correspondance administrative, an
sujet de la conservation des anciennes portes de la ville, (jui doivent êlie
démolies avec une partie des remparts :
Il ressort d'une connmniicalion de M. l'administrateur l'ack, ipie la
construction de la nouvelle gare de chemin de fer rendi'a impossible la
conservation de la porte Blanche, la porte de Pierres et la j)orte de Sa-
vcrne dont le passage voûté est, du reste, sans importance. La porte des
Juifs et celle des Pécheurs seront les seules dont la déinolilion n'est
point absolument nécessaire.
Tuut en reconnaissant que ces construclioiis ont un caractèie hislorique,
leui' valeur au point de vue monumental est mise en doute; les besoins de
la circulation s'opposeront probablement à leur maintien. L'administrai ion
se montre disposée à conserver toutes les parties de ces portes qui pour-
ront présenter un intérêt spécial, et à les faire encastrer dans d'autres
constructions voisines.
Le Comité croit devoir insister sur la valeur historique et monumenlale
de la porte des Juifs et de celle des l'écheurs. Si des intérêts majeuis
exigent la démolilion des portes situées vers l'oucsl, il espère qu'il sera
possible d'assurci' la couservatidii au moins (](_' ces deux portes. Le pré-
sident fera des démarches à ce sujrt.
M. de Slichancr, directeur du cercle de Wissembourg, communique à
la Société un rapport sur les ancicimcs portes de AVissembourg, (]u"il a fait
— 45 —
pholographier nvaiit leur démolilion. Des épreuves de la porte de Landau
et de celle de Ilagucnau (vue intérieure et vue extérieure) sont joiiilos au
mémoire. Rcmcrcîmcnls et dépôt dans les archives.
M. Kindier de Knoblocli transmet une notice généalogique sur la liimiile
des Jungholz; la notice sera publiée dans le Bulletin.
Le président donne la parole à M. Bernard, receveur des hospices de
Saint-Marc, (jui expose Thistorique de cet établissement et décrit les objets
d'antiquité qu'il renferme encore, notamment deux tableaux peints sur
bois à la fin du XIV° ou au commencement du XV® siècle, et de quatre re-
marquables bustes sculptés en bois moins anciens. Le mémoire, auquel
l'auteur a annexé un plan, sera publié dans le Bulletin.
M. le professeur Kraus entretient le Comité de quelques monumenis
relatifs à l'Alsace et se trouvant hors du pays. A Stullgard il a trouvé un
tableau attribué à Ilolbein et représentant Uans Jacob v. Mœrsperg, de
Belfort, — A l'exposition de Munich a figuré une tapisserie provenant de
Sainte-Odile et faisant aujourd'hui partie d'une collection privée de Canstatt.
M. Kraus en donnera une notice avec photographie. — Le musée germa-
nique de Nuremberg possède en gravure sur bois une vue cavalière de
Strasbourg, de la deuxième moitié du XVF siècle.
M. Salomon communique que dans les environs de Saint-Thpmas, à
l'occasion d'une série de constructions dont il a été chargé, il a remarqué
des différences frappantes dans la nature du sol, des couches de gravier
cessant brusquement pour faire place à la vase. Soigneusement notées sur
un plan, ces indications lui ont permis de conclure à l'existence d'un ancien
bras de l'Ill, aujourd'hui comblé et en partie surbâti.
M. Salomon met également sous les yeux du Comité un fragment de
vitrail du XlIP siècle, déposé aux archives de Saint-Thomas. Il représente
un clerc tenant en main un petit vitrail dont il fait donation.
Séance du Comité du 18 décembre 1870.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Brucker, V. Guerber, Kraus, Ringeisen, Salomon,
Ch. Schmitt, Sengenwald, Winkler et Nessel, qui remplit les fonctions
de secrétaire; M. Kindler do Knobloch assiste à la séance.
— 40 —
Le procès-veii)ol do la séance de novembre est lu et approuve.
M. le président donne conniiunication de l'annonce qui lui a élé faite
par M. le président de la Basse-Alsace, sous la date du iG courant ([ue la
somme de 2-400 marcs, allouée par l'Administration supérieure pour la
restauration du cliàleau de IIoli-Kœnigsbourg, vient d'être portée au
cliilTre de 3 827 marcs 70 pfennigs.
Il expose le vœu exprimé par la Société pbilomatiquc de Saint-Dié d'en-
trer en relation d'écbange de publications.
Le Comilé accepte la proposition.
M. le curé Guerber donne lecture d'un mémoire sur les églises forti-
fiées. Il entre dans des détails particuliers relatifs à l'église de Luz, dans
les Hautes-Pyrénées. La lecture de ce travail provoque une discussion sur
l'origine des églises fortifiées et sur leur nombre en Alsace. Le mémoire
sera imprimé dans le Bulletin.
M. Petili rend compte de la visite qu'il a faite à la chapelle de Sainte-
Marguerite, à Epfig, avec M. le président et M. Klotz. Le monument a été
restauré jiar M. llingcisen, auquel M. le maire, ainsi que M. le curé, ont
prêté le concours le plus empressé. La physionomie de ce petit monu-
ment, unique en Alsace, est complètement rétablie et produit le plus heu-
reux effet. M. Petili promet de le visiter à loisir, d'en faire une étude et
de donner au Comité le résultat de ses investigations. En se transportant
à Epfig, en décembre, la Commission a eu pour but spécial de remettre
à M. Bublmann, maire d'Epfig, la médaille en vermeil, votée en séance
générale, sur la proposition de M. Straub, et de renouveler les remercî-
rnciils de la Société à ce magistrat, ainsi qu'à M. Ringeisen, dont le
dévouement et le zèle ont été au-dessus de tout éloge.
M. le président propose à celte occasion de voter une gratification à
(|ui'lques ouvriers qui se sont distingués dans ces travaux. Le Comité vote
la somme de iOO fr. à répartir entre le maître-charpentier, le maçon et
le fossoyeur.
ijBd.t.«Tp. M. Bingeisen fournil un compte sommaire des travaux de déblai et de
consolidation exécutés dans le courant de cette année au château de Lands-
porg par la famille de Türckheim. Ils s'élèvent, suivant état ci-joint à
rajipui, à la somme de 1494 fr. 20 cent., sur lesquels la Société des mo-
numents historiques a contribué par un à-compte, en date du 28 août
1N70, pour une somme de 500 fr.
M. Bingcisen se propose, dans son Piapport général de fin d'année, de
— M —
dünner un compte détaille de ces travaux ; il pense que le hiircau voudra
bien remercier la famille de Türckhcim de celle licurcuse initiative et
l'encourager par de nouvelles subventions.
M. Hingeisen met sous les yeux du Comité deux dessins des custodes de Ti"«nn. c.Ti,ay.
Cernay et de Vieux-Thann, qui ont été reproduites par M. Caringe, archi-
tecte à Cernay. Les restaurations de ces deux petits édicules seiont peu
importantes. Elles seront faites sur les GOO fr. votés à cet effet, ainsi que
pour la BanivarlhilUc de Tliann. Malheureusement les gros travaux à faire
à ce petit bâtiment par la municipalité de Thann n'ont pu être entrepris
cette année. Il pense que le Comité devra s'adresser directement à cette
dernière; que les difficultés qui les ont retardés seront facilement levées,
et que dès lors rien n'empêchera de commencer ces travaux pour le cou-
rant de l'année prochaine.
Remercîments à M. Cariage pour les deux charmants dessins.
M. Kindler de Knoblocli annonce qu'il réiuiit les matériaux d'un nobi-
liaire d'Alsace, et que sous peu il sera en mesure de soumettre à la Société
un premier fascicule comprenant la lettre A. Le Comité remercie M. Kind-
ler de Knobloch de son offre et l'encourage à poursuivre son travail.
Trois nouveaux membres sont présentés et inscrits. Ce sont:
MM. Wenger, professeur au Séminaire diocésain; le baron de Ijibra,
Kreisassessor à Ribeauvillé; Mentzel, conseiller scolaire à Colmar.
Séance du Comité du 15 janvier 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Étaient présents : MM. le prof. Kraus, Petili, Uingeisen, Salomon,
.T. Sengenwald, R. de Tiirckheim, membres du Comité. — M. Kindler de
Knobloch assiste à la séance. M. le prof. Schmidt, indisposé, s'est fait
excuser.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président soumet au Comité les objets qui suivent :
M. le président du district de la Basse-Alsace lui a fait remettre une AHocaiion
somme de 1200 marcs = 1500 fr. pour l'exercice 187G à litre d'alloca- Basse-xisacc.
tion annuelle. — Remercîments.
— âS —
noin.nJo Lq Sociélé Illslorisclicr Verein für Oherbaycrn ndresse une domniide
do
/y,.«.r,5c/.^r rerrin gy g^jjj^t (jn Vorhommeii dcv Ilochacker-KuUur, donl les traces ont été
fur Obtrba^rm. _ . M ' » ' i
reconnues dnns ccrtanis pays, et qui est attribuée généralement aux
Celtes; elle désirerait savoir si des éludes ont été faites à ce sujet en
Alsace ou en France.
Le Comité est d'avis que, quoique cette question ne soit pas directe-
ment du ressort de la Société pour la conservation des monuments histo-
riques, son président veuille bien se charger de faire des recherches à ce
sujet et répondre audit Yerein.
TriTaiidc M. Dagobert Fischer a communiqué à M. le président son travail sur
'"sur "" l'église paroissiale ou Schlosskirchc de Saverne. Ce travail étant trop
''^jr&l"r"nr''*élen(lu pour pouvoir être lu dans une séance ordinaire du Comité, est
remis à la Commission de rédaction, pour l'insertion dans le Bulletin.
TriTïux A celte occasion, M. l'abbé Slraub annonce au Comité qu'il se fait un
f x^utrs i ladite , , , . , ' i •
*eii»e. travail de restauration très-sérieux a celte église.
Le badigeon qui couvrait les murs a été enlevé; les stalles et lambris,
dans le goût du dernier siècle, très-délériorés du reste et nullement
en rapport avec l'église, vont être remplacés par une œuvre moderne,
exécutée dans le style du chœur. M. Müller, sculpteur, est chargé de la
restauration de deux monuments funéraires, (pii ont été mutilés pen-
dant la Révolution et qui se trouvaient jusqu'ici cachés derrière des pan-
neaux mobiles. Le premier indique la sépulture de l'évêque Robert de
Bavière, mort en 1478; le second celle de l'évêque Guillaume III,
comte de llonslein, décédé en lo^i. Une très-belle sculpture en haut-
relief, représentant le Christ soutenu par la Vierge et saint Jean, après la
descente de la croix, a été enlevée de la place qu'elle occupait au-des-
sus de la porte de l'ancienne sacristie, où elle manquait complètement de
jour, rt a été encastrée depuis avec soin dans la paroi sud de la nef. Le
.monument, marqué par les initiales I. M. F., appartient au commencement
du seizième siècle. Durant la prochaine saison, des travaux seront exécutés
au clocher roman, l'un des plus remarquables de la contrée. Des vitraux
peints, destinés à orner le chœur, sont en voie d'exécution, et bientôt
l'église de' Saverne, qui est illustrée par de grands souvenirs, reprendra
son aspect d'autrefuis.
L'initiative de cette œuvre de restauration est due à M. le curé Cromer,
qui a été secondé, avec le zèle le plus louable, par M. Dagobert Fischer,
niaiie do la ville, et par M. rarchitecle Fürst.
.M. le |ii('si(l<'Mt demande s'il n'y a pas lieu de voter une petite allô-
lion
pour les travaux
- A9 —
cation, à litre de marque d'iiilérêt, par exemple, pour les fiais de
déplacement et d'eiicastrenient d'un Las-relief cité ei-dessus, puiir le
débadigeonnage de la chaire construite par Jean Ilammcrei?
Le Comité vote une somme de 250 francs et décide, sur la proposition ^^^\^\
de son président, de faire une mention toute spéciale de l'intelligente i^giisc l'amissiaic
direction imprimée à ces travaux par les autorités locales. Mcmk-n?'
Communication est Aiite ensuite au Comité d'une custode très-intéres- o.stmic
santé appartenant à l'église paroissiale de Ville, qui a servi probablement iv.giise paroissiale
de ciboire pour les malades, et [jaraît remonter à la seconde moitié du '"ß^'"^'-
quinzième siècle. M. le président en fera faire un dessin pour le Bulletin,
à litre d'inventaire, et peut-èlre une reproduction en plâtre pour la col-
lection de la Sociôlé.
A celte occasion, M. le président propose au Comité de faire, à l'occa- Exposition
, ,, , , , , 1 ,, ..,,,. h faire à l'occakion
sion de lune des séances générales annuelles, une exposition d oitjets a-une
,1, iri •HTTi o 11 !)• 11 iir séancc générale,
ayant trait a I archéologie. M. Jules bengenwald est davis que I assemblée d-oijets
> » 1 1 A at-in 'lia 1 ' • 11 ou de collections
generale de 1ö77 étant trop rapprochée pour pouvoir prendre les mesures arciiéoiogi.iuos.
nécessaires qu'il conviendrait pour une exhibition pareille, et obtenir le
concours des détenteurs de pareils objets ou collections, il serait bon de
profiter de la future assemblée générale pour faire connaître cette inten-
tion du Comité. M. le président offre en conséquence d'en parler dans son
discours à ladite assemblée.
Il est enfin question de cette assemblée générale, qui tombera sans Assemiiée générale
doute sur les derniers jours de février prochain, puiscjue M. Klotz, tréso-
rier, voudrait pouvoir soumettre encore son rappoit au Comité, (]ui se
réunirait alors le premier lundi de février.
M. Ringeisen rend compte au Comité des très-intéressants travaux qui T^vanx
" _ dans les églises
se font en ce moment dans les églises de Saint-George et de Sainle-Foy de de saim-Gem-ge «
Schlesladt. Un crédit de 2800 fr. a été accordé par le gouvernement pour scbustadi".
,, , , »»!->• • 1 ' ' ' !•. I Supplément
ces travaux, mais, des a présent, M. Ringeisen a dei)asse ces crédits de de atofr. 40ecnt.
307 fr, pour l'une et de 3'3 fr. 40 cent, pour l'autre de ces églises, total ,,„ iJcLité.
346 fr. 40 cent. Il demande, en conséquence, si le Comité veut bien lui
voter pareille somme pour lui permettre de couvrir ce déficit. — Accordé.
Il annonce en môme temps qu'on a trouvé sous le dallage de la crypte J,'"^''^^,,^,"'!-
de Sainte-Foy un carrelage très-remarquable, dont il exposera prochaine- saime-i-uj.
ment quelques pièces. Les fouilles se continuent.
La séance est levée à 3 heures 40 minutes.
(l'.-V.)
— 50 —
Séaucc du Comité du ö février 1876.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
riéscnls : MM. KIolz, tiésurier, Blaiick, llingoisen, Salomou, A. Sclimidl,
secrétaire.
.M. lu prc.^idcnt donne lecUire du procès-veihal de la séance du 15 jan-
vier 1877. — 11 est adopté.
r M. Klotz doinie lecture des comptes du dernier exercice de la
Sociélé; ils sont adoptés. Le Comité vote à M. le trésorier des remercî-
menls pour les soins qu'il a donnés à la gestion des fonds.
2" M. Kingeisen annonce que la commune de Bolsenlieim a résolu de
démolir l'église située au milieu du cimetière et que le clocher roman de
celte église mérite d'èti'e conservé comme monument historique. Le
Comité décide d'intervenir pour qu'elle renonce à la démolition projetée.
3° M. le président comniuni(pie des ohjels de sa colleclion: un coffret
en hois, recouvert de plaques en fer à joui', presque jtareil à celui dont
.M. Viollel-le-Duc a donné un dessin dans son Didionnaire d'avchUeciiire
[\, p. 8:3), un colfrel plus petit en fer gravé, une entrée de serrure et
une navette en acier. Ces ohjels sont: les trois premiers de la fin du
ijuinzième ou du commencement du seizième siècle, le quatrième de
l'éjioque de Louis XIII.
4'^ .M. Erichson, directeur du collège de Saint-Guillaume, présenté par
.M. Salomon, et iM. Kurtz, négociant, présenté par M. lilanck,sont admis
comme memhres de la Société.
5" L'assemhlée générale est fixée au jeudi, l*^"" mars. Il y aura lieu de
renouveler le Comité par cinquième, conformément à l'art. 3 des Statuts;
les memhres soitants sont: MM. Strauh, Sengenwald, Gyss et Rodolphe
de ïiirckheim.
La séance est levée.
- 51 -
Séance du Coinilc du 26 février 4870.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présonis : UM. Scngcnwald, Krnus, Slofîel, de Colniar, C. Sclimidi,
secrétaire. MM. Milscher et de Pœllnilz, membres de la Société, assistent
à la séance.
M. Blanck se fait excuser.
Le procès-verbal de la séance du 5 février est approuve tel qu'il a été
publié.
1° Sont reçus membres de la Société :
Sur la proposition de M. le professeur Kraus: MM. les docteurs Schœll
et Boichorst, professeurs à l'Université;
Sur la proposition de M. Stoffel: M. Waltz, trésorier de la Société
Scbœngaucr à Cohnar;
Sur la proposition de M. Scbmidt : M. Rod. Rcuss, bibliolliécaire de la
ville; et M. Courvoisier, candidat en théologie;
Sur la proposition de M. de Pœllnitz : M. le comte d'Andlau, lieutenant
au 15*^ régiment d'ublans, et M. d'Appel, capitaine du génie;
Sur la proposition de M. le président: M. Bachmann, libraire à Stras-
bourg.
2" M. Dag. Fischer communiffue un dessin du clocher de l'église de
Saverne. Ce dessin sera joint au mémoire de l'auteur.
3*^ M. Schlosser, de Beltvviller, envoie un mémoire sur u)i soJarivm
romain qui vient d'être trouvé dans celle commune. M. Schlosser consent
à communiquer ce monument à la Société. Son mémoire sera publié dans
le Bulletin.
/j.° M. l'abbé Dacheux fait hommage à la Société de son ouvrage sur
Geiler de Kaisersberg. Le Comité lui exprime sa vive reconnaissance pour
ce travail aussi consciencieux que bien écrit.
5" M. de Pœllnilz communique au Comité divers objets antiques trou-
ves hors des portes Blanche et de Saverne, lors des fouilles faites à propos
— 5!2 —
(ies Irnvnux pour ragrniidissenicnt de la villo. Il ciilic dans des délniis sur
ces objets el sur les lieux précis où ils ont élé découveits. Le Comilc le
prie de rédiger une note complète pour l'insérer dans le lîullelin.
0° M. le président dépose la copie de l'ancien plan de P.uflacli, exécutée
par décision du Comité; il a dépensé à cet effet la somme de 20 fr.
La séance est levée.
Assemblée (jénérale du V'' mars 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
L'assemblée générale s'est réunie, à 2 heures, dans la grande salle de
rilùlel-de- Ville, que M. l'administrateur municipal a bien voulu mettre à
la disposition de la Société.
Sont présents au bureau : MM. Sliaul), président, lîlanck, Brucker,
Kraus, Petili, Ringeisen, Salomon, J. Sengenwald, Rod. de ïiirckheim,
Winkler, C. Sclimid, secrétaire.
M. le docteur Rofiliack, délégué par M. le président de la Basse-Alsace,
assiste à la séance.
M. L. Sjiacb, président honoraire, et M. de Schauenburg, vice-prési-
dent, se font excuser pour cause de maladie.
I" M. le président ouvre la séance par l'allocution suivante :
« Messieurs,
«Je reniiilis un devoir en remerciant MM. les membres présents d'avoir
répondu en si grand nombre à l'appel du Comité. Plusieurs d'entre vous
n'ont pas craint de franchir de gi-andes distances, quand la rigueur de la
saison et le mauvais temps subitement survenus les autorisaient à rester
dans leurs foyers. C'est la meilleure preuve de l'intérêt qu'ils portent à la
conservation de nos monuments historiques.
«Parmi les membres qui se sont fnh excuser, je dois nommer en pre-
nii'.'i- lieu notre président d'honneur, M. Louis Sjiach, qui relève à peine
- 53 -
d'une maladie grave, et M. le vice-présidenl, baron de SchauenLui-g,
auquel l'âge et les infirmités n'ont pas permis de braver les rigueurs du
froid. Personne plus que moi ne saurait regretter l'absence de ces véné-
rables représentants de la science archéologique en Alsace.
«La lecture des procès-verbaux parus depuis un an vous a rensei-
gnés, Messieurs, sur l'ensemble des travaux de la Société. M. l'arcliitccte
Ringciscn vous présentera tout à l'heure un mémoire plus détaillé des
travaux de consolidation et d'entretien, opérés avec notre concours, ainsi
(jue de quelques restaurations importantes entreprises en majeure partie
par les communes. Les châteaux de Fleckenstein, de Landsperg et de
Iloh-Kœnigsbourg ont été l'objet de notre attention spéciale, et il ne vous
reste qu'à exprimer publiquement notre reconnaissance tant aux aiclii-
tectes qu'aux généreux propriétaires, qui ont bien voulu concourii- à
cette œuvre patrioliipie. Je ne fais que citer la découverte des iiitéi'es-
sanles peintures murales, qui décorent le chœur de l'église mixte de Nie-
derbelschdorf, et dont la conservation est assurée, grâce à l'intervention
de M. de Slichaner, directeur du cercle de Wisscmbourg; les travaux de
lestauralion qui se poursuivent dans la chapelle de Ilülteidieim, et sur-
tout le débadigeonnage et la restauration complète de l'église paroissiale
de Saverne, due à l'initiative de M. le curé Cronier et de M. Dag. Fischer,
notre collègue.
«J'arrive aux travaux littéraires. La prochaine livraison du Bulletin
renfermera :
(k Les lettres écrites à la cour, par M. d'Angervilliers, intendant d'Alsace
de 1710 à ITâ^. Cette correspondance a été transcrite par notie ancien
président et adressée au ministère de llnstruction publi(iuc, en janvier
1870. M. L. Spach a reconstitué son travail d'après les notes cpTil a con-
servées et le donne au Uullelhi.
«Le Comité a reçu, il y a peu de temps, une Notice historique et des-
criptive de l'cijlise de Saverne, par M. Dag. Fischer. (jucl(|ues dessins,
dus à M. Mœstlé et à M. Fürst, accompagnent le mémoire (pii va être mis
sous presse.
« Une intéressante élude sur ce qui reste des aucicnnes foi'liiications
de notre ville à Saint-Marc, et un relevé des objets anciens conservés
dans cet établissement, nous ont été remis i)ar M. Bernard, receveur ile
l'œuvre.
«Il sera suivi de trois documents relatifs à l'hisluiie de l'art en Alsace
vers la fin du moyen âge. Celte communication nous a été faite pai- M. le
professeur F. X. Kraus.
— 54 —
«M. le chanoine V. Guerber, curé de Ilaguenan, a préparé un mémoire
sur les églises fortifiées en Alsace. Le Comité en a voté l'impression.
«Vous voyez, à votre gauche, Messieurs, exposés au-dessus de cet
anliijue cadran solaire, une série de dessins exécutés par M. l'architecte
Winkler, et représentant : 1" l'état actuel, 2° le plan, et 3° une vue res-
taurée de chacun des trois châteaux de Riheauvillé. Une nouvelle planche,
en voie de reproduction, donnera les détails les plus importants de ces
manoirs si {»ittoresques et si intéressants poni- l'histoire de l'architecture
mihtaire dans notre province. M. Winkler a voulu me confier le texte que
je prépare pour le Bulletin.
t' J'irais au devant d'un reproche si je ne disais un mot des miniatures
du llorlus deliciarum, dont la publication a souffert des retards indépen-
dants de notre volonté. 11 suffira, je l'espère, de donner à MM. les
membres de la Société l'assurance que cette publication n'est pas perdue
de vue et qu'il en paraîti'a prochainement une première livraison.
«Je termine, Messieurs, en appelant votre attention sur les objets
antiques trouvés récemment dans le rayon de nos anciennes fortifications
et acquis à notre province. M. le premier lieutenant de Pœllnilz a bien
voulu se charger de les réunir et de les exposer sous vos yeux dans une
vitrine'. Nous devrons à ce membre zélé et actif d'intéressantes commu-
iiic;i[ions sur ces trouvailles.
«Nous exposons également un antique cadran solaire trouvé, il y a peu
de temps, aux environs de Drulingen, et que M. Schlosser a eu l'obli-
geance de vouloir nous envoyer à cet effet. Le Bulletin publiera une
notice rédigée par M. Schlosser.
cijuelques cadrans solaires, beaucoup moins anciens et tirés de ma
collection, sont placés près de cet objet comme une preuve de la per-
sistance de ce système d'horloge qui a traversé tout le moyen âge et a
liroduit des œuvres très-remarquables au XV^ et au XVIP siècle. Nous
restons ainsi fidèles aux traditions de la Société, qui, à l'occasion de ses
réunions générales, a presque chaque année organisé une modeste expo-
1. On remarque parmi ces antiquités quelques vases en verre et en argile, malheu-
reusement brisôs par les ouvriers, des restes de sculptures en pierre, une intôressantc
fibule en bronze, des monnaies romaines et surtout un objet coulô en bronze d'un
travail délicat et riclie de figures. On y dislingue ncltcracnt Diane, Mercure et Bacchus,
surmontés de deux images d'ilercule armé de la massue. Une figure d'Hercule terrassant
un géant (encore visible) et couronnant le tout a disparu. Des recherches ultérieures
feront peut-être savoir quelle a été la destination de cet objet d'art.
00 —
sition de quclcjucs anliquilés ou d'ül)jels en voie de rcslauralion. Qiiaiil
à une exposilioii plus complète, telle que je la désirerais depuis loii!^-
lemps, embrassant des objets de toutes les branches de l'art ancien en
Alsace, et réunissant pour quelques jours les trésors caches dans les
collections parliculièies, c'est un projet à exécuter plus tard. Sa i-éali-
sation, quelque désirable et utile qu'elle puisse être, est entourée de
(iiflicullés très-grandes et nécessite une dépense qui serait peut-être en
ce moment au-dessus de nos forces.
«Je dois vous rappeler, Messieurs, que mon mandat expire à la fin de
cette séance et ({ue vous avez à vous prononcer pour l'élection d'un pré-
sident. Veuillez être persuadés que, quel que soit votre vote, je me ferai
un devoir de travailler pour la Société dans la mesure de mes forces. »
2° M. Klotz, trésorier, étant empêché d'assister à la réunion, M. Lîkuick
donne lecture des comptes du dernier exercice.
«Messieurs,
«Le compte financier, présenté l'année dei'nière, ayant coni[»rib les
deux exercices 1874 et 1875, dont les dépenses n'ont pas été égales, vu
qu'entre autres dans l'une des années seulement, il a été publié un bulle-
tin et dont les recettes ont également varié par le fait de l'augmentation
successive des nouveaux sociétaires, il n'a pu on être pris des indications
précises sur la marche ultérieure à suivre.
«11 en est résulté, par les dépenses continuées à être faites suivant les
anciens errements, tandis que les recettes ont subi une marche rétro-
grade, un regrettable mécompte.
«La situation arrêtée à la date du 15 janvier 187G a établi que l'avoir de
la Société s'élevait alors à 15,059^02''
«Celle constatée au 15 de ce mois réduit cet avoir à la
somme de 12,018 8i)
soit une différence en moins de 3,040 77
qui, imputée sur le reliquat précédent de 7,0o8 l'r. 42 c,
a réduit celui du présent compte à o,097 (»a
Somme égale 7,038 42
«En continuant cette marche, le futur reliquat, celui de l'exercice dans
lequel nous entrons, serait forcément Irèsréduil et presque absorbe, et
- 50 -
nor la siiile on se verrait dans la nécessite de vendre les obligations de
chemin de fer (8,G21 fr. 20 c.) que possède la Société.
«Comme le cliifTre des recettes ne paraît pas devoir augmenter, vu que
le nombre des sociétaires ne s'est élevé que de 5 nouveaux membres en
une année, il est indispensable que celui des dépenses reste dans la même
limite et ne dépasse pas la somme des recettes qui est actuellement de
5,500 fr. environ.
c(Par une sévère observation de ce mode d'opérer, les reliquats annuels,
au lieu d'être absorbés par des excédants sur les dépenses ordinaires,
viendraient s'ajouter à la somme représentée par les obligations formant
noire fonds de réserve pour contribuer à l'occasion, soit à la publication
des dessins du manuscrit d'IIerradc ou à toute autre entreprise importante
et extraordinaire.
«J'ai cru de mon devoir de présenter ces considérations avant de vous
exposer le compte de gestion soumis à votre approbation, dont, vous vou-
drez bien le reconnaître, tous les actes, appuyés de pièces justificatives,
sont strictement conformes aux décisions et votes du Comité.
Compte de l'exercice 1876.
RECETTES.
Recettes ordinaires.
CiiAP. P"". LiLcrcls de capilaiix.
Intérêts de 25 obligations nominalivcs des chemins de fer
de l'Est, 37o 365^—'^
Intérêts des fonds déposés en compte courant à
la Banque d'Alsace et do Lorraine 150 50
CiiAP. II. Colisation des sociélaires.
Cotisations perçues pour Texcrcice 1876 à Strasbourg 101
Au dehors, par l'entremise de la IJanque d'Alsace
cl de Loriaine -133
niroclfinr-iil 13
524. '50
f.-;nc
247
A leporler . . . 524 50
— 57 —
ncjwrt 524 ''50*'
A 10 fr. l'une, fait %/,lO —
Il a élu détache du registre à souche 255 quittances duiit
247 recouvrées,
G de démissionnaires et décédés,
2 ajournées,
Total pareil 255
GuAP. m. Subventions.
Suhvenlioii de la Ilaule-Alsace pour 1875 . . . 500' — *^
» » pour 1870 ... 500 —
» de la Basse-Alsace i)üur 1870 . . . 1,500 —
2,500 —
Chap. IV. Recettes diverses.
Produit de la vente du Bulletin publié par la
Société 41 —
41 —
Total des recettes ordinaires 5,535 50
Recettes extraordinaires.
Reliquat actif du compte de 1874 et 1875 .......... 7,038 42
Récapitulation :
Recettes ordinaires 5,535*^50*^
Recettes extraordinaires 7,038 42
Total i-énéral des recettes 12,573 92
Ö
DEPENSES.
Dépenses ordinaires.
Chap. P*". Fîyùs de bureau et d'administration.
§ 1. Location et entretien du local des séances.
A. Loyer pour 1876 350 —
B. Assurance contre l'incendie du mobilier
cl de la bibliothèque, prime pour 1870
et nouvelle police 10 3o
A reporter 300 35
- 58 -
nepori :m^'3y
C. Balayage du local 40 —
D. Inilemnité aux garçons de hiircaii de la
Mairie, pour disposition de la salle de
rassemblée i-énérale en mars 1870. . 20 —
§ "2. Frais d"adniiiiislration.
A. Indemnité au commis du président,
pour 1870 200 —
B. Indemnité au commis du trésorier,
pour 1870 150 —
§ 3. Frais de bureau.
A. Fourniture de billets de convocation,
d'imprimés divers et de matériel de
bureau il-' 12
B. Aftranchissemenl du Bulletin 11,1 87
C. Affranchissement de la publication men-
suelle des procès-verbaux des séances. 101 81
D. Affranchissement de lettres de convoca-
tion et de correspondance, etc. ... 34 05
E. Transport à domicile des bulletins et
convocations, commissions diverses . 40 —
F. Frais de dépôt de 25 obligations FiSt,
payés à la Banque d'Alsace-Lorraine . 5 —
§ 4. Frais de perception.
A. Encaissement des (piillanccs à Stras-
bourg 40 —
B. Ports de letli'es et frais de commission
jiuur (juillauces envoyées au dehors . G 50
§ 5. Fiais de déplacement.
Frais de déplacement des délégués chargés
de rinspeclion des travaux de la cha-
pelle d'Ephg 28 —
420 '"35'^
350
409 85
iO 50
28 —
1,254 70
- 59 -
Rcporl 1,25//. ''Ter
CiiAr. II. Fouilles, recherches , travaux de conscrvalion.
§ 1. Fouilles, recherches.
Néant.
§ 2. Travaux do conscrvalion.
Pour faire relever le plan ou faire dessiner
des maisons ou consiruclions anciennes,
qui seraient évenluellemenl condamnées
à disparaître (somme mise à la disposi-
tion du président) 400' — ^
Restauration de l'église de Wisseni bourg- .1,250 —
Restauration du château de Fleckenstein . 400 —
Restauration du château de Landsperg (se-
conde annuité) 500 —
Restauration de la ßannwarlhülte de Thann 600 —
Travaux de restauration de la chapelle de
Sainte-Marguerite d'Epfig 500 —
Conservation d'une memoria autrefois en-
castrée au-dessus de la porte de la sa-
cristie et transférée à l'église parois-
siale de Saverne, et de monuments funé-
raires de deux évêques de Strasbourg,
au chœur de ladite église 250 —
CiiAP. III. Publication du Bulletin de la Société.
Frais d'impression de la 2® livraison du tome IX
du Bulletin de la Société (tirage à GOO exem-
plaires), y compris différentes planches et
photoglypties 2,384 CO
GOO exemplaires d'une planche représentant
Arislote 175 GO
GOO épreuves des vues et plans des châteaux de
Saint-Ulrich, Girsberg et Ribeauvillé .... 423 —
Tirage, papier et mise sous enveloppe dos pro-
cès-verbaux publiés mensuellement 427 37
3,900 —
3,410 57
A reporter 8,505 27
- 60 —
Pa'jwrl 8,505^^27*=
CiiAP. IV. Dépenses diverses et imprévues.
s; 1. Kiicouragemcnts et gralificatioiis.
Gravure crime médaille d'encouragemenl. . 11''—'^
8,57() 27
Dépenses extraordinaires.
Néant.
Récapitulation ;
Déj)cnscs ordinaires 8,.)7G 27
Dépenses extraordinaires {JSéanl) — —
Total général des dépenses 8,570 27
RÉCAPITULATION GÉNÉHALE.
Recettes.
RcccUcs ordinaires.
CiiAPiinE P^ Intérêts de capitaux 52-4^50'^
— II. Cotisations des sociétaires 2,470 —
— III. Subventiouo 2,500 —
— IV. Recettes diverses -41 —
5,o35 50
llecelles extraordinaires.
i;eli<piat actif du compte de 1874 et 1875 7,038 /i-2
Total iiénéral des recettes 12,573 02
Dépenses.
Dépenses ordinaires.
Cn.VF'ni;i; 1'^ Fi'aisde bm'eauel (radminislraliou. 1,25-4 '^70'^
— H. l'ouillcs, recherches, travaux de
conscrvalidii 3/100 —
— III. Pultlication du Bulletin de la Société. 3,410 57
— 1\. Dépenses diverses et imprévues . . 11 —
8,570 27
01
Drpenses cxlraordinaircs. (Néanl.)
Balance :
Recelles 12,573 ''02^
Dépenses 8,570 27
Ueliciuat 3,997 05
Oui se décompose ainsi:
Fonds déposés à la Ranipie d'Alsace et de Lor-
raine 1,090 35
Solde en caisse 2,301 30'
3,997 '"05^
A ajouter à l'avoir de la Société:
Prix d'acquisition de 25 obligations des chemins de fer de
l'Est3°/o 8,021 20
Total de l'actif. 12,018 85
«Le présent compte soumis à la vérification du Comité par le trésorier
soussigné.
«Strasbourg-, le 15 janvier 1877.
«Klotz.»
3° M. Ringeisen présente le rapport sur les travaux entrepris par la
Société et sur ceux auxquels elle a concouru en 1870; ce rapport est
conçu dans les termes suivants :
«Messieurs,
«J'ai l'honneur de vous rendre compte des travaux exécutés pendant
l'année 1870 sur les fonds ou avec le concours de la Société pour la con-
servation des monuments historiques d'Alsace.
« Nous mentionnons, pour ordre seulement, les subventions accordées
aux trois communes suivantes, et qui feront, en temps et lieu, l'objet de
rapports spéciaux.
«Des travaux de restauration importants sont en cours d'ex(''culion à savcme sho rr,
l'église paroissiale de Saverne. L'allocation indiquée ci- dessus a été afibc-
1. Dont fait partie une somme -de 1000 fr. mentionnée dans l'actif du compte pré-
cédent, comme dépôt, et versée à la caisse de la Société par la succession Eisscn.
- 02 -
téo aux frais de déplaccmcnl et d'encastremcnl d'une sculpture en liaut-
ivlief et au débadigcuiiunge de la chaire construite par Jean Ilammerer.
Cette légère allocation a principalement pour but d'indiquer l'intérêt que
la Société porte à ces travaux.
wuscmbourg ^^ j^)^^,;; (lavaux, d'inif importance majeure, sont entrepris à l'église
Saint-Pierre et Saint-Paul de Wissembourg avec le concours de l'État.
«i Dès à présent, les bases des piliers et les socles, jusqu'à ce jour en-
terrés, ont pu être dégagés et rendent à l'édifice son aspect |irimitif
«La Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace,
consullée sur la nature des restaurations projetées, a voulu montrer l'im-
portance quelle attache à la réalisation de ces projets, en votant un crédit
aussi élevé (|ue lui ont [lermis ses ressources financières.
IJ-.O fr
400 fr.
Fierkensuin . y Dcs Irjvaux iiid ispcusables de déblai et de consolidation aux ruines
de Fleckenstcin , près Lembach , ont été dirigés avec intelligence par les
soins de l'administration forestière. La somme allouée à cet eflet par la
Société ayant été dépassée, la commune de Lembach en a parfait le com-
plément.
« Ces travaux sont loin d'elle suffisants. Comme ces ruines, par leur
caractère et leui' importance, méritent une attention particulière, le Comité
a provoque un rapport spécial signalant les parties les plus intéressantes
à sauver au point de vue de l'art, afin, au besoin, d'y pourvoir en connais-
sance de cause.
I ijaiin, i)Vi) fr.
«Nuus mentioimons encore, pour mémoire, le crédit qui devait être
affecté aux travaux de restauration des cartels en pierre et des tableaux
sur bois de la Ihnnui'niilintlc de Thann. C(; crédit n'a pu être employé
[»ar suite du retai'd apporté à la léparation du bâtiment lui-même, i)flr la
municipalité de Thann.
<■ Nous avons tout espoii' qu'ils seront entrepris dans le courant de celte
cam[)agne. En attendant, M. Cariage, architecte à Gernay, nous a adressé
deux charmants dessins des custodes en jiieire de Cernay et de Vieux-
Thann, ipii seront icjiroduils dans un de nos prochains bulletins. Leur
lépaialion, peu importante d'ailleurs, devra être imputée sur le môme
crédit de non fi .
na.p»rg . 500 fr. ('Aijisi (pi il avait été indiipié dans mon précédent compte rendu et
malgré les difficullés de constituer un atelier convenable, la famille de
- 1)3 -
Türckhcim a fait oxcciUer, Taiincc dernière, aux ruines tic Landspcrg les
travaux intérieurs suivants :
«Les déblais qui avaient clé commencés les années précédentes j)ûur
dégager les soubassements, ont été continués; les aibrisscaux, dont les
racines avaient pénétré dans les murailles et qiîi menaçaient de les
disjoindre, ont été enlevés; les maçonneries ont été reprises en ces en-
droits; enfin, le parement antérieur du donjon, face ouest, a été recons-
truit sur une hauteur de sept assises, en pierres d'appareil à bossages.
« Ces travaux, conformément à l'état que M. de ïurckheim a bien
voulu communiquer au l)ureau, ont occasionné une dépense de lAdA fr.
20 cent., sur lesquels la Société des monuments historiques a contribué
pour une somme de 500 fr.
fl, Gomme les échafaudages sont reconstitués et que la famille de Tiiick-
heim est intentionnée de continuer avec vigueur au beau tem|js ces Ira-
vaux de restauration, je suis convaincu que la Société des monuments
historiques s'empressera d'encourager ces heureuses dis{)Ositions et de
concourir aux dépenses nouvelles non-seulement par le troisième à-
comple de 500 francs déjà voté, mais même par de nouveaux crédits en
rapport avec l'importance des travaux.
«Nous avons profité du voisinage duDreystein pour le visiter avec M. de
Türckheim. On ne saurait assez s'extasier sur l'imprévu et le pittoresque
de ces ruines. Après avoii- traversé le plateau de S'^-Odile et être descendu
pendant quelque temps, à travers bois, vers la vallée ^l'ouest, on se trouve
tout à coup en présence d'un rocher détaché du massif, à bizarres
anfracluosités et surmonté de constructions dont on ne reconnaît les
formes et l'ampleur qu'après un examen et des détours multif)liés.
« Puis un peu plus loin, de nouveaux ravins, de nouveaux rochers, de nou-
velles constructions plus exfi-aordinairement jetées.
«Tout cela, grave et silencieux, au milieu de grands arbres séculaires,
sous un jour voilé, ou fantasquement éclairé par les rayons du soleil (jui
se frayent à peine quelques trouées.
« Après être descendu dans les fossés et être parvenu, à tiavers les brous-
sailles et les décombres, ta gagner le cœur des constructions, on est en
présence d'un tel amoncellement de ruines qu'il est impossible de se
faire une idée des dispositions premières et des transformations qui ont
été apportées par les siècles.
«Toutes les parties apparentes sont à l'état de ruines et paraissent de-
voir se maintenir longtemps encore. Cependant quelques portes et fenêtres
Droyslciii
(rroposilion).
- 04 -
ayant un caractère d'arcliitccture propre cl iniliipinnt les époques suc-
cessives tlu moyen âge depuis le roman juscju'à la renaissance, sont
menacées et pourraient encore être conservées à l'aide de réparations
intelligentes.
(S Nous estimons que les travaux à faire à ces ruines devraient consister à :
« 1° .Muiiilriiir autant que possible l'état actuel; n'enlever d'arbres que
ceux qui couvicnl immédiatement les côtés ou le dessus des murs;
«2° Déblaver Initérieur des ruines; reconnaître parmi les matériaux
tous ceux qui portent des (races d'architecture et les ranger soigneuse-
ment à proximité des endroits où ils ont été découverts;
«3° Heprendre les parties de murs menaçant ruine; redresser et con-
solider les baies compromises;
« ^° Faciliter les accès.
« Ces travaux devraient être entrc[)ris avec une discrétion et des précau-
tions extrêmes; chaque arbre devrait être traité avecle même soin que les
pierres de l'édifice. Kn principe, conserver tout ce qui ne nuit ni ne gêne.
«.M. Fuxje proi)riétairedece domaine, nous a manifesté Fintenlion d'en-
treprendre les travaux nécessaires, sous le patronage de la Société des mo-
numents historiques. Je crois que ce serait le cas de profiter de ces bonnes
dispositions et de voter un concours de 500 fr. pour témoigner du vif in-
térêt que la Société porte à la conservation et à la vulgarisation de ces
magnifiques ruines.
n.iiiun.i.au*rn. « Nous avous cucorc visité le château de Ralhsamhausen en compagnie
de M. Scheidecker, son propriétaire. Ces ruines, depuis plus de 20 ans que
nous ne les avions vues, nous ont paru généralement bien conservées.
c L'énorme lézarde de l'angle sud-ouest qui avait si vivement préoccupé,
dans le temps, l'attention de la Société des monuments historiques, est
toujours menaçante. Mais elle ne nous a pas semblé avoir fait les progrès
que l'on redoutait. De grosses pierres d'appareil sont tombées dans l'ou-
verture supéiieure et agissent comme coins.
c'Le piemier soin sera évidemment de vider cette lézarde et, pour éviter
l'action de la pluie et de la gelée, de la revêtir, à sa partie supérieure, par
une forte dalle de couronnement. Nous avions pensé, pour arrêter le dé-
versement de la face ouest, d'exhausser le mur au-dessus de la |)orte d'entrée
sous forme d'éperon. Mais outre la difTicullé de l'encastrer efficacement
dans le mur à soutenir, nous nous sommes aperçu que l'angle formé par
ces deux murs est oblique et jiar conséquent d'un effet défavorable à la
résistance.
— 65 —
(cM. Scheidecker est dispose à obvier à cet écartement au moyen de
forts tirants et d'ancres en fer à placer au milieu des murs, ainsi qu'il avait
élc proposé dans le temps. Quelque opposé que nous soyons à ce système,
qui nous paraît dispendieux, difficile et peu efficace, nous avons pensé
qu'en appliquant les tirants intérieurement, le long des grands murs de
face, les saillies de ces murs serviraient à dissimuler ces ferrements et à
les soulager dans leurs portées. Nous avouerons volontiers que cette solu-
tion laisse fortement à désirer.
« Comme ces ruines sont d'un haut intérêt archéologique, que leur pro-
priétaire se trouve dans les meilleures dispositions et désire être bien fixé
avant de commencer, nous avons profité de cette réunion générale pour
faire un appel à la science et à l'expérience de nos collègues des monu-
ments historiques pour la solution de ce problème difficile.
« La Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace a "aut-Kœnig.sbo.irg
, ^ , . . iOOO fr.
entrepris, de 1856 à186o, une série de travaux de déblai et de consohda-
lion au château duHaut-Kœnigsbourg s'élevant à 5500 fr.
« Ces travaux, les plus indispensables pour sauver de la destruction ces
immenses ruines abandonnées depuis longtemps, ont été faits dans la limite
de ses faibles ressources.
« Actuellement que la commune de Schlestadt est devenue propriétaire
du château, elle se propose de l'entretenir dignement dès que les lourdes
charges qui grèvent son budget le lui permettront. Cependant les voûtes
en berceaux du deuxième étage, au-dessus de la grande salle d'assemblée,
étaient en partie détruites.
« Les deux parties extrêmes de ces voûtes au nord et au m/rfi menaçaient
ruine. Des pierres s'en détachaient à chaque orage. Il était triste de les
voir s'effondrer. Nous avons signalé à plusieurs reprises cet état déplorable.
«Dans ces circonstances, l'administration supérieure a bien voulu
prendre l'initiative et nous a demandé un devis des travaux les plus urgents
à faire pour prévenir ces avaries.
« Ce devis, présenté le 13 juillet 1874, a été approuvé à la somme de
7784 fr. 70 c. Des difficultés s'étant élevées pour arriver à la réalisation
des ressources nécessaires, et les voûtes menaçant de s'écrouler, nous
avons avisé, après nous être entendu avec M. le maire de Schlestadt, à
constituer un atelier spécial et à faire exécuter les travaux les plus indis-
pensables pour éviter des accidents.
«Ces travaux, commencés le 7 août 1876, par voie de régie, sous notre
direction et sous la surveillance à pied-d'œuvre de M. Kiefler, garde au
T. X. -(P.-V.) Ö
— 66 —
Kœnigsbourg, délégué à cet ciïet, onl clé terminés le 16 septembre 1876.
Ils consistent:
« r Dans l'étançonnement cl la reprise par fragments de la partie 5«d de
la irrande salie, sur une longueur de 0 niclrcs;
a 2° Dans la consolidation de la partie correspondante de la même voûte
au )iord, sur une longueur de 5 mètres;
« T Dans le même travail au\ voûtes au-dessus de la chapelle et des
deux pièces adjacentes au sjid, sur une longueur de 15 mètres;
«4." Dans quelcjues travaux urgents aux murs et aux cheminées qui me-
naçaient de se détacher.
«Ces premiers travaux, indispensables pour conjurer la ruine des par-
ties les plus compromises, nous ont permis d'attcntlre l'accomplissement
des formalités adminislialivcs pour leur continuation ; ils ont pu être exé-
cutés encore dans le bon temps, par un atelier spécial composé de 5 char-
pentiers, 5 maçons et 4 manœuvres.
«Ces travaux, d'une exécution difficile et périlleuse, tout manquant sur
place, ont donné lieu à une dépense dûment justifiée s'éievant à 2998 fr. 13 c.
Ils sont convenablement faits. Nous avons tout lieu d'espérer qu'ils traver-
seront convenablement l'hiver cl qu'ils justilicronl nos espérances lors du
décinlrement.
« Maintenant que les ressources sont assurées par les 1500 fr. en argent
cl par les matériaux fournis par la ville, par le concours de 1000 fr. de la
Société, et par le subside de 4534 fr. 70 c. généreusement accordé par
l'administration supérieure, ces travaux, forcément interrompus par les
ouragans prématurés (]ui ont sévi en septembre dernier, seront repris au
beau temps avec toute la célérité que comporte leur importance.
c Ils sont de la plus grande urgence, tout retard aggravant la situa-
tion et la dépense; ils sont d'une exécution difficile et pleins d'imprévu;
ils exigent des ouvriers intelligents et consciencieux et une surveillance
continue.
«M. Diclsch, Gustave, notre zélé collaborateur de Lièpvre, qui a, de son
initiative privée, entrepris les fouilles si intéressantes entre les deux grosses
tours du front ouest, a bien voulu nous promettre son concours assidu.
Nous avons tout espoir que ce travail sera mené à bonne fin et qu'il justi-
fieia la confiance que vous avez bien voidii nous nrcordcr.
Effig bon fr. < Lfs liav;iux de rcslauratiiui de la chapelle S^°-Marguerite d'Epfig,
cnlrcjiris en 1874 sous le jjalronage de la Société des monuments bislo-
rifjues, louchent à b-ur fin. Cràcc à la dernière subvenliou de 500 fi', de la
— 67 -
Société et à celle de 2500 fr. de l'État, tous les gros travaux uni pu être
achevés en 1870.
« La petite église primitive, composée de la nef, du tiansept et du chœur,
voûtée à berceaux plein cintre intérieurement, dessine actuf-llemcnt à
l'extérieur la croix latine, surmontée à la croisée de son petit clocher
carré de IGOl.
«Le cloîlrc, à colonnettes du XP siècle, au sud et à Youcsl, ainsi (pie
l'ossuaire de 1601, au nord, se profilent maintenant sous forme de hns
côtés, comme dans leur origine. L'annexe de 1516, à la rencontre (hi
croisillon sud et du chœur, a été également maintenue.
« La sacristie, de l'autre côté, en pendant, qui était en trop mauvais élnt
pour être conservée, n'a pas encore été reconstruite. Les terres du cime-
tière cfui s'étaient successivement élevées, ont pu être décapées sur une
longueur de 4 mètres et une hauteur moyenne de 75 centimètres, tout
au pourtour de l'édifice, et montrent actuellement à découvert les socles
des difTérentes parties ajoutées, avec leurs niveaux respectifs.
«Voilà pour le gros œuvre.
«En procédant ensuite au grattage provisoire, nous avons reconnu, sous
plusieurs couches de badigeon, que les faces extérieures étaient arrêlces
par des bandes rouges et noires et que tout l'intérieur était couvert de
peintures murales.
«Nous avons pu distinguer:
«Dans la voûte du chœur, le Christ bénissant, accompagné, aux quatre
angles, des figures ailées représenlant les quatre évangélistes; dans les
voûtes du transept, des bandes simulant des arêtes avec rinceaux; dans la
voûte de la nef, une grande figure au milieu, et deux grandes zones longi-
tudinales de personnages.
«Sur les parois des murs, des formes géométriques figurant des iijipa-
reils rectangulaires, des losanges, des dents de scie; et dans un coin, un
guerrier revêtu de son armure, contre lequel, une tige d'arbre d'une facture
rappelant l'Orient.
«Dans le chœur, au-dessus de la custode en pierre, encastré dans la
paroi gauche, les hnéamenls d'un pyramidion à pinacle, encadrant un ecce
homo, et deux personnages à côté, d'un dessin fin et gracieux.
«Toutes ces peintures sont généralement très-endommagées. Plusieurs
parties sont anciennes et paraissent avoir été modifiées au XV^ et au
XVIP siècle.
«Elles seront découvertes avec soin, et lorsqu'elles auront été recon-
nues intéressantes, elles seront reproduites par des dessins, grandeur
— c^s —
nnliirelle, à l'oidc du crédit ouvert à cet ciïet par la Société des monuments
liisloiiques pour la reproduction des peinlurcs murales de S*-Georges et
de S''-Foi de Schlesladt.
tCes liiivaux de rcslnuration , très-compliqués et d'une exécution déli-
cate, ont été fails par un i)etit atelier composé de simples ouvriers de la
commune, sous la surveillance continue de M. Iluhlmann, maijc d'Epfig, et
sous notre direction. Ils ont été interrompus et repris plusieurs fois, sui-
vant (pie les ressources étaient assurées.
cNous espérons les conduire à bonne fin dès que le temps le permettra.
«Récemment, une commission, composée de M. le Président et de
MM. Klotz et rV'lili, s'est Iransportée sur les lieux. Elle s'est plu à reconnaître
le l)0n lésullnt ohlenu, le dévouement déjiloyé par M. le maire, et a bien
voulu félicilcr Tarcbitecte de la bonne direction imprimée aux travaux.
«Cet bommage flatteur de collègues si autorisés est une bien précieuse
récompense des soins consacrés à la conservation des restes vénérés de
notre chère Alsace; el, si ce témoignage est confirmé par voire appro-
bation, ce sera pour nous autres modestes techniciens un encouragement
à mirnx faire encore.»
M. le président exprime la reconnaissance de la Société envers
•M.M. Klutz et Ringeisen pour le zèle qu'ils ont déjdoyé, le premier, en
gérant les finances, le deuxième, en dirigeant les divers travaux de res-
tauration.
4" On procède au renouvellement partiel du Comité :33 votants prennent
paît au scrutin; MM. J. Sengfuwald, Sliaub, Rod. de Türckbeim et Gyss,
membres sortants, ayant obtenu la majorité, sont proclamés réélus.
.')" M. le rbanoine Straub est réélu président à l'unanimité. Sur la pro-
[»osilidn d'un niend)re, l'assf ndilée vote des rcmercîmenis à M. Straub
pour le dcvou(m( ni avec icfiiicl il s'uccuj)e de l'œuvre de la Société.
La séance est levée.
Séance du Comité du 2ÎÎ avril 4877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Pctili, Ringeisen, Salomon, Sengcnwald, de Türckheim,
Winkler el bigold, de Cernay.
M. de iVclJnit/ assiste à la S('ance.
— G'J —
Les procès-verbaux du 26 février el de rassemblée cénéralc du l'"" mars . '*''"i"'<'"
•^ lit- |iruce(-vcrl>aur.
sont adoptés.
Il est donné connaissance des ouvrages reçus, parmi lesquels M. le ouvrag-, rov«».
jjrésident signale pai'licuiièremenl. les numéros de l'inléressanle pnbli-
ealion Der deidsclie Herold et l'Élcd de Vcfjlise d'Alsace avant la ymnde
lUvolidion, par M. l'abbé Schiekelé.
L'administration militaire ayant iait enlever les anuuiries (pii ornaient fio.,i..,i .i.. rm-
le Ironton de 1 ancienne «Prévôté» rue de la Nuée-Uleue, le président '"<"'•
' la Nuée-Ulcue.
annonce que, sur son invitation, noire habile sculpteur et collègue,
M. Dock, a bien voulu se charger d'en relever, en temps opportun, le
dessin pour la Société.
L'antique Hôtel de la Haute-Montée étant, lui aussi, en pleine dénio- ii.-.i.i.in
,.. . , mi, 1- T.T.,, la Ilaulu-lluiilée.
iition, par suite do vente, notre collègue, M. 1 architecte \Ainkler, a jju
encore y prendre des esquisses. M. Salomon signale à cette occasion
des détails curieux du comble de cette maison, et se propose de suivre
attentivement la démolition de ce vieil édifice strasbourgcois. De son côté,
M. Winkler prépare un travail sur cette même construction.
Personne ne reconnaissant la nécessité d'un changement dans sa coin- Renouv.iiemcni
du bureau.
position actuelle, le bureau reste sous la |)résidencc de M. le chanuiue
Straub, composé comme suit:
MM. le baron de Schauenburg-, vice-président;
Klotz, trésorier;
le professeur Gh. Schmidt,
Nessel,
Salomon, conservateur et bibhothécairc.
M. Ignace Ghauffour, à Golmar, par une lettre adressée à M. le prési- , •'roi>ofi"»n
Ö J J 1 I Ignace (Jiauflour
dent, demande si la Société ne pourrait pas prêter son concours à la "j^'itlisla"
restauration de la couverture de la Loggia ou avance en encorbellement /o^yj^'"'^"'";
du bâtiment actuel de la police, vis-à-vis de l'église i)aroissiale de Golmar.
M. Winkler présente un dessin de la toiture ([u'on pourrait proj)oser et
qui coûterait tout au plus un millier de francs. Ce serait un véritable tra-
vail de conservation, et le Comité serait heureux de cette occasion de
témoigner de son intérêt pour les monuments civils du Ilaut-Rliin. Aussi
est-il pleinement d'accord en principe pour un concours de la Société, et
M. l'architecte Winkler est prié de vouloir bien étudier un projet définitif,
dont le devis pourra se monter jusqu'à concurrence de la somme de mille
francs.
secrétaires;
- 70 —
L.iire M 1. nré^idcnl communiiiiic ensuite une intéressante lettre qu'il a reçue
le M. le professeur * ' f " ' . . ,,
VrT"e' lit-' -^I- '•-' piulesseur AVoltniann, de Prague, au sujet d une peinture d un
sulwgir'' artiste alsacieji, Sébastien « Stosskopf » (commencement du dix-septième
>.^\. G';iko,,f. ^..^j^^^ i-etrouvée dans la Burg de Prague.
«Celte peinture, dit M. Weltmann, est peut-être la seule qui reste de
Sébastien Stosskopf, connu seulement par une courte notice, publiée par
Sandrartdans sa Teutsche Académie^)) D'après cet auteur, Stosskopf avait
vécu successivement à Paris, à Venise, où Sandrarl avait fait sa connaissance
en IG20, une seconde fois à Paris, puis à Strasbourg, où il peignit divers
sujets de nature morte, comme des tables chargées de bocaux, de verres, de
fruits, de vases en or et en argent, représentés avec un soin minutieux. Un
des premiers connaisseurs du temps, Jean de Nassau, grand protecteur des
beaux-arts, ofliit, en 1651, à l'empereur Ferdinand III, deux tableaux dus
à ce maître. Le premier figurait, dit Sandrart, une petite corbeille rem-
plie de toutes sortes de vases à boire fraîchement rincés, peints avec une
vérité et un soin incomparables; le second était un trompe-l'œil, représen-
tant une gravure fixée sur un fond avec de la cire à cacheter, et produi-
sant une illusion telle, que l'empereur voulut la détacher de la main. Ces
tableaux furent acquis par Ferdinand III et placés dans sa galerie de Prague.
M. Weltmann a vérifié que les deux peintures sont encore mentionnées
dans un inventaire- des tableaux de la ßt<r^ de Prague, dressé au commen-
cement du dernier siècle et signé par le peintre Pierre Brandel (t 1739).
Depuis lors, la collection de Prague essuya des pertes considérables;
un grand nombre de tableaux furent transférés dans la galerie impériale
de Vienne, en 1721 et 1723, d'autres furent vendus en 1748 à la cour de
Saxe et ornent encore la galerie de Dresde. Une vente publique aux en-
chères, qui eut lieu en 1782 sous le règne de Joseph II, occasionna de
nouvelles pertes. On peut s'expliquer ainsi la disparition du trompe-l'œil
de Stosskopf; il ne reste plus de cet artiste que le tableau indiqué en prc-
nii(,'r lieu, et marqué dans l'inventaire actuel: n" 102 Unbekannt.
1. V Xmileiniu Todesca délia Architeclura, ScuUiira e Pâtura : oder Teutsche Aca-
démie der edlen Bau-, Bild- und Mahlerey -Künste , etc., durch Joachim von Sandrart
auf Slockau iiud .Nürnhcrg-. 1G75, in-fol , 11, 310.
2. Une copie de cet inventaire, appartenant autrefois à Waagen, est devenue la pro-
pri6t6 de M. Woltniann. On y Ht :
"303. Grosskopf, a me i/icogf.; allci/iand Gläser und andere Gescliirre.» Une
note inarg-inale du copiste reclKie le nom, en mettant Stosskopf.
« i08. Stosskoiif, a me incogt. eine Meergöttin, sowie im Kupferstich gemacht.»
— 71 -
Voici la note descriptive qu'en donne M. Woltmann : Une nature morte.
Sur le premier plan, une table en bois portant une cuve remplie d'eau
pour rafraîchir le vin. Au milieu de l'eau un verre et un beau lianap
ciselé en style de la renaissance, ainsi que les morceaux d'un verre brisé.
Une seconde table, placée un peu plus haut, supporte un petit gobelet en
argent et une corbeille dans laquelle se trouvent un magnifique bocal et
une série de verres vénitiens, rangés en cercle parfnit et dépassant (juel-
que peu le bord de la corbeille. C'est là, sans nul doute, le tableau que
Sandrart désigne par les mois: a Körblein frisch gewaschener Trink-
gcschirre.y) Il est peint sur toile et mesure 70 centimètres en hauteur, sur
58 centimètres en largeur. La composition, bien éclairée dans son en-
semble, présente de beaux clairs-obscurs et se dislingue par une exquise
délicatesse d'exécution. La transparence des verres, le travail du vannier
dans la corbeille, ainsi que celui du ciseleur dans le bocal, sont rendus
avec une étonnante vérité. M. Woltmann estime que Sébastien Stosskopf,
de Strasbourg, ne le cède pas aux meilleurs peintres hollandais de son
temps, qui ont exécuté des compositions de la même espèce, comme Heda,
Kuif et d'autres.
Le Comité vote des remercîments à M. le professeur Wollmann pour
l'intéressante communication qu'il a bien voulu faire à la Société.
M. Bernard, membre du Comité, est intentionné de faire prendre une rimiopraphic
(in tiipljtiuc de
pholoqranhie du triptyque ou tableau représentant les armoiries des an- , ssim-Mürc,
i o i 1 j I 1 figiirant les armes
ciens Pßeger de Saint-Marc; il en offre le cliché pour la reproduction du ^cs /'/i.jer.
tableau dans le Bulletin, à l'appui du mémoire dont il a donné leclure
dans le temps. Accepté avec remercîments.
M. le baron de Müllenheim-Rechberg, officier à Neuf-Brisach, adresse , ,,'*"''"
O ' ' (le M. le baron
à M. le président une notice historique sur l'ancien oratoire de la Tous- "''' Hethherg"'"
saint, lequel établissement a, comme l'on sait, été fondé par la famille de
cenom. M. le président en présentera un rapport. Remercîments à l'auteur.
M. Petili offre au Comité une photographie représentant une cellule de ''tSnfc'êi'iùïc"''
l'hospice des orphelins de Strasbourg, dont il avait été chargé, en 1836, «i*!,! orphelin»
1 f. • 1) •! r» » I ' 1' . de Slra»bourg.
de faire 1 appareil. — RemercuTienîs a 1 autour.
M. Winkler communique le dessin des sculptures qui ornaient une d'„ne,fo"e?on.ane
porte romane de l'église de Walbourg, se trouvant sur le côté sud et peu de'waïuurg.
accessible de cet édifice, et sur laquelle M. le président croit reconnaître,
dans une partie du moins de cette porte, des costumes plus anciens et
remontant plutôt à l'époque romaine.
sur l'ancien
oratoire
(le la Toussaint.
— 7^2 —
vuedeumauon M. Salomoii commuiiiquc une vue cavalière de la maison démolie, rue
ineni. Je l'Ail 4, ct veut bien se charger de lau'e un pelil memon-e sur celle
tue delAil, 4. ' • r> ii ii •
Par SI. saiomoD. coHstruclion fort curieuse. La vue en question ligurera au iiuiletin.
itcj.id de la ruine M. \Vinklcr, cufin, communique au Comité une vue du château de Guir-
el d'une r.-cons-
iruciion supposée badcu, tol (lu'il cst actuellemeiit , i)lus un plan et une vue dune recons-
du château '1 ' * * . . , ,
deRuirbaden. trucliou supposcc du châlcau, dessins destinés à faire suite à 1 ouvrage
Par M. n lullrr. ri ' ^
qu'il est en train de faire pour la Société, et dont les dessins des trois
chàleaux de Ilibeauvillé ont formé le commencement.
Propositions
de uouTeaux
membres.
Démission.
M. le président propose comme membres de la Société:
MM. Ilueber, propriétaire à Strasbourg,
Harter, curé de Bernolsheim,
et M. Winkier propose :
M. Gemminger, ingénieur à Strasbourg.
M. le président annonce la démission de M. Charles Grad, de Colmar.
La séance est levée à 3 heures et demie.
Séance du Comilé du 7 mai i877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Guerber, Kraus, Ringeisen, Salomon, Sengcnwald,
G. Schmidt, secrétaire.
M. le président donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 avril;
il est adopté.
1. M. le président rend compte de la découverte, dans un champ de
Ileidolshoim, de bracelets en or, remontant, selon toute apparence, à
l'époque franque. La découverte fut laite le 12 avril par une jeune fille,
Marguerite Sitller, occupée à bêcher la terre dans un champ situé à 500
mètres delà première maison de Ileidolsheim, à 40 mètres de la route
qui mène à .Marckolshoim, à 700 mètres environ de la voie romaine, qui
- 73 —
traverse celle roule. Le premier objet mis au jour fui un armillaire de la
valeur de 1200 à 1250 fr., en or massif; à juger par ses dimensions, il a
dû servir à une jeune dame. Bienlôl après parurent dix bracelets en spi-
rale, de grandeurs diverses, dont les plus petits ont élc placés dans les
plus grands et complètement déformés au moment de l'enfunisscment.
Trois stries qu'on aperçoit à cliaque extrémité de l'armillaire et un jiclit
nœud terminé en spirale qui décore un des bracelets, sont les seuls et
uniques ornements de ces bijoux, d'une valeur d'environ 4400 i'v. en
or fin.
Ces renseignements sont complétés par une note de M. Ringeisen.
«Le terrain dans lequel ces objets étaient enfouis, dit M. Uingeiscn,
a été cultivé de temps immémorial. On n'aperçoit pas de mouve-
ment de terrain dans les environs, sauf vers la limite du cliamp; il
paraît provenir de la culture. J'ai examiné avec soin le sous-sol qu'on a
rejeté au-dessus pour introduire la bonne terre au pied des tiges de liou-
blon; il est en nature de sable et de gravier roulé et ne présente pas la
moindre trace de débris de tuilots ou de pierres, ni de subslructions,
comme cela se renconire dans le rielb, où nous avons exécuté des fouilles,
il y a quelques années, avec M. Coste, pour la détermination de l'emplace-
ment d'Argentovaria. »
Ces objets ont été confiés, pendant quebjues heures, à M. le président,
qui s'est empressé de prendre un dessin du grand bracelet et l'esquisse
d'un des petits; puis il a fait quelques démarches pour les faire acquérir,
s'il était possible, dans l'intérêt d'un de nos grands établissements, comme
musée, bibliothèque, etc. Il serait désirable qu'il restât au moins un spécimen
dans le pays; aussi le Comité autorise son président à faire l'acquisition
d'un de ces objets pour le musée de la Société.
2. M. Schmidt communique un travail de M. le docteur Hückel, sur l'an-
cien Hattgau. Le Comité décide l'insertion de ce Mémoire dans le pro-
chain Bulletin.
3. M. l'abbé Guerber donne lecture de la première partie d'un mémoire
sur un manuscrit du douzième siècle, provenant du couvent de Marbach.
M. Guerber se propose de compléter son étude.
4. M. le président offre à la Société la reproduction photographique d'un
astrolabe de 1481, dont il possède l'original. Celui-ci est d'une conserva-
tion parfaite et le plus ancien connu portant une date. — Le Comité lui
en exprime ses remercîments.
— 74 —
5. M. le prof. Kraus fait hommage à la Sociélé de la 2'^ partie de son
oiivj-ao-e sur \ Archéologie de la Basse-Alsace. Le Comité accepte ce don
avec reconnaissance.
6. Le même annonce que, lors d'un récent voyage en Italie, il a vu à
Florence et à Sienne quelques œuvres de Martin Schöngauer; à Florence,
dans le musée degll Vffcj, ce sont 4 dessins à la plume : un Christ hénis-
sant, une Vierge, les deux en huste; un chevalier luttant avec le diable;
Marie et Joseph en adoration devant l'enfant Jésus; à Sienne, dans la gale-
rie des beaux-arts, c'est le portrait du peintre, peint sur bois, 38 centim.
sur 4G, avec l'inscription : Ilipsck Martin Schöngauer Maler, i453; à
côté un écu portant un croissant rouge sur fond jaune.
La séance est levée.
Séance du Comité du 4 juin 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. higold, Salomon, Sengenwald et C. Schmidt, secrétaire.
M. Kindler de Knobloch assiste à la séance.
Le président propose l'admission de M. Schultz, successeur de M. Berger-
Levrault, à Strasbourg. Adopté.
Il dépose sur le bureau les ouvrages suivants, qui lui ont été remis pour
la bibliothèque de la Société:
Unger. Hciligra Manna Sögur. Christiania, 1877. 1 vol.
L'Énmlalion jurassienne. Avril 1877. 1 broch.
DuUelin de la Sociélé académique de Brest. Deuxième Série.
Tome II, 1874-1875.
1. M. le président annonce que bracelets et anneaux d'or, trouvés près
de llcidolsheim, étaient vendus en bloc, quand il a voulu, conformément
à la décision du Comité, faire acquisition d'un de ces objets.
2. M. Salomon met sous les yeux du Comité un petit vitrail, propriété
particulière. H représente les armoiries de Jacques Beinheim, «Salzverord-
\u'Ai'.vt do Slr.'jsliour;^' en 1G22. Au-dessus des armes se trouve une vue
— 75 —
de l'ancien marché au sel. Le Comité vole la reproduclion de celte vue
pour le Bulletin.
3. M. le président rend compte de la découverte de près de quatre
cents monnaies d'argent, enfouies aux environs de Bisciihcim-am-Berg.
La plus récente portait la date 1G23. Un quart à peu près sortait des
monnaies de Strasbourg-, un cinquième appartenait à l'évôché de Constance,
un sixième à celui de Salzbourg-, un dixième à l'Autriche, — le reste à
divers Etats d'Allemagne. Deux pièces venaient du margraviat de Baden ,
une de la ville de Saint-Gall; pas une seule n'appartenait aux pays situés
au delà des Vosges. Il est permis de supposer que ce petit trésor, qui
renfermait aussi un ducat en or, a été caché pendant la guen e des Rustauds,
en 1525. Ces monnaies ont été cédées à un antiquaire.
4. Il existe à Luemschwiller (Haute-Alsace) un ancien rétahle d'autel,
de l'époque de Ilolbein. L'intérieur présente une statue de la Vierge,
malheureusement repeinte et redorée dans les derniers temps sans aucune
entente; adroite et à gauche, sur les volets, de grandes figures en bas-
relief de sainte Barbe et de sainte Marguerite dans les costumes gracieux
du seizième siècle. Les faces extérieures sont peintes et figurent : l'An-
nonciation, la Visitation, la Nativité, l'Adoration des mages, la Présen-
tation dans le Temple, la Fuite en Egypte et la Mort de la Vierge. Sur la
prédelle l'artiste, qui appartenait certainement à l'école de Ilolbein, a re-
présenté la face du Christ couronnée d'épines. Quelques figures ont souffert
par le frottement, elles sont du reste de mérite fort inégal.
Cet autel devant être acquis par des amateurs de Bâle, le président a
fait les démarches nécessaires pour en assurer la conservation dans le
pays. Il s'est transporté à Luemschwiller en société de M. l'architecte
Klotz, dans le dessein d'acquérir le rétable pour la cathédrale de Strasbourg,
si l'œuvre était assez importante et pouvait trouver une place dans l'église
métropolitaine. Il a malheureusement été constaté qu'elle est de dimensions
trop petites, pour pouvoir être utilisée dans un aussi vaste local.
5. D'après l'annonce parue dans les journaux, la porte d'vVusterlilz,
un des restes de l'ancien Strasbourg, va disparaître à la suite des travaux
d'agrandissement de cette entrée dans la ville.
Cette porte date de 1543; la partie supérieure a été remaniée en 1702.
Le rez-de-chaussée, dont les murs ont une épaisseur extraordinaire, aune
voûte en pendentif avec une grande ouverture circulaire garnie de quatre
feuilles; les deux étages supérieurs, auxquels on arrive actuellement par
— 76 -
une porte encadrée d'un cavct et ouvrant sur le rempart, forment un
retrait considérable, et se relient à l'extérieur par un empâtement couvert
en dôme. Vers l'extérieur un élégant cartouche sans inscription orne la
façade, toute en pierres bosselées. Cette porte, la seule de nos anciennes,
pi-ésente les ouvertures pratiquées pour une herse.
En comnuniiquant ces détails au Comité, le président exprime son vif
regi-et de ce que la conservation de cette tour, intéressante à la fois par
les souvenirs histori(iues qui s'y rattachent et par une incontestable valeur
comme monument d'art, n'ait pu être prévue dans les nouveaux pro-
jets de construction. Le Comité s'associe à son regret, et le prie d'en
faire part à l'administration.
Ü. .M. le président donne connaissance d'une lettre de M. Scheidecker
au sujet de la restauration de l'ancien Poêle des pelletiers. M. Scheidecker
se propose de faire sculpter au-dessus de la porte les emblèmes de ladite
corporation et fait un appel au Comité pour savoir où il pourra se les
procurer. M. C. Schmidt est chargé de faire à cet égard les recherches
nécessaires.
Li séance est levée.
Séance du Comité du 9 juillet 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. I. Chauffour, Kraus, Ohleyer, Uingeisen, Salomon,
Stoffel, C. Schmidt, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 4 juin est lu et approuvé.
\. M. Schlosser, de Drulingen, fait don à la Société (h3 deux objets
trouvés dans des lombes près de Durstel; le Comité lui en exprime
ses lemcrcîments.
M. Schlosser conimiiuiipie en même temj)S le mémoire suivant:
IJi INii/, .M. (le .Mollet terminait i)ar les lignes suivantes une ISoticcsur
quelques découvertes archéologiques effectuées dans les cantons de Saar-
i'nioH cl de Dni.lhir/cn: «Dans celte série funèbre», disait-il, ai)rès avoir
— // —
spécialement Iraifc des lombes anciennes, «ne paraît pas la sépiilinre par
incinération que j'ai cherchée en vain snr le sol de celle pailie do la
Lorraine allemande, où les monuments de l'époque gallo-romaine sont
si nombreux. »
Si, comme je n'oserais l'affirmer, celte lacune existait encore na<?uère
dans la série des monuments funéraires de notre région, elle se trouve
comblée aujourd'hui, grâce aux découvertes qui depuis deux ans ont été
faites à plusieurs reprises auprès de Durstel, commune du canton de
Drulingen.
Depuis le mois de janvier 1875, en effet, jusqu'au mois de décembre
dernier, plusieurs sépultures romaines par incinération, faisant partie d'un
seul et môme groupe, ont été trouvées successivement à 200 mètres à
l'ouest de ce village, dans des prairies très-humides connues sous le nom
de Dorfmailen.
C'est en voulant décaper un de ses prés, qu'un habitant de Durstel a
découvert les premières tombes en 1875.
A une faible profondeur, il a rencontré tout d'abord un squelette humain ,
qui semblait avoir été déposé en pleine terre ; parmi les ossements , l'inven-
teur a recueilli une plaque métallique de forme circulaire qui lui paraissait
être une plaque de ceinturon et qu'il a vendue quelques jours plus tard
à un voyageur de commerce. Cette sépulture par ensevelissement, la seule
de ce genre qu'on ait trouvée en cet endroit, était probablement aussi
d'origine romaine, mais d'une époque plus récente que celles dont je vais
parler maintenant.
En poursuivant ses travaux, le propriétaire du champ a rencontré, en
effet, une sépulture par incinération parfaitement caractérisée qui, si elle
eût été mise au jour avec quelque précaution, aurait donné des résultats
très-intéressants. Malheureusement, je n'ai eu connaissance de cette dé-
couverte qu'un m'ois après qu'f^lle eut été effectuée; arrivé alors sur les
lieux, je n'ai plus trouvé en grande partie que des débris infornîcs. A en
juger par le récit qui m'a été fait de cette trouvaille, cette tombe, qui
probablement était celle d'une femme, était disposée à peu près comme
suit: Au-dessus d'une épaisse couche de charbons était placée une urne
cinéraire en terre cuite d'un jaune pâle qui renfermait des ossements cal-
cinés et des cendres. Les débris de ce vase, que je possède encore, ont
une épaisseur de 2 centimètres. A côté de celte urne et au milieu des
charbons ont été trouvés par le propriétaire du champ: 1° un petit tube
cylindrique en or, ayant une longueur de 3 à 4 centimètres et un diamètre
de 2 5 3 millimètres; cet objet a été presque immédiatement égaré; 2° un
- 78 -
vase en bronze, sans ornements, retiré intact du sol et mis en morceaux
peu de temps après; 3° trois monnaies de bronze très-bien conservées et
qui eussent pu servir à dater cette sépulture; elles ont été également ven-
dues avant mon arrivée; 4" plusieurs fioles de verre (lacrymaloires) dont
une seule fut extraite du sol en bon état de conservation. Parmi les menus
débris qu'on m'a présentés alors, j'ai remarqué des morceaux de verre
provenant, à n'en pas douter, d'un seul et môme flacon et dont les uns
avaient conservé leur forme convexe primitive, tandis que d'autres, exposés
à la chaleur intense du bûcher, s'y étaient recroquevillés et y avaient
même subi un commencement de fusion. Ces fragments étaient peut-être
ceux d'un vase qui a été jeté dans le brasier du rogus, parce que, ayant
renfermé des parfums destinés au mort, il ne devait plus dès lors servir
aux besoins des vivants.
En tamisant encore une fois les charbons extraits de cette sépulture,
j'y ai trouvé trois monnaies de bronze entièrement frustes et une pende-
loque de cou en or dont la face exposée à la vue est ornée d'un masque
comique pour vieillard. Je reviendrai plus loin sur ce bijou, ne voulant
pas pour le moment interrompre l'historique des fouilles.
Ce même join', en ma présence, on a déterré au même endroit et à une
profondeur de 40 centimètres, une auge cinéraire en grès bigaixé qui
contenait des ossements brûlés, des cendres et des charbons. Cette auge,
qui approximativement a la forme d'un tronc de cône (hauteur 35 centi-
mètres, diamètre supérieur 45 centimètres), était placée au milieu d'une
couche de chai'])ons ayant une épaisseur d'environ 30 centimètres. Grossiè-
rement taillée à l'extérieur, celte pierre présente à sa surface supérieure une
cavité presque cylindrique, dont la paroi a été soigneusement égalisée ou
rendue lisse au moyen d'un instrument quelconque à dents très-nombreuses
et très-rapprochées que l'on a fait tourner dans l'excavation simplement
ébauchée; c'est ce qu'indiquent cloiicment de fines stries horizontales et pa-
rallèles qu'on remarrpje sur la paroi de la cavité. Cette auge, que je possède
encore, n'était pas surmontée d'un couvercle. Au milieu des charbons qui
l'entouraient, je n'ai trouvé que qucbpies grands clous de fer et des frag-
ments d'os calcinés.
J'ai rccuniniiiiuh' niors au jjpopriétaire du champ de procéder avec plus
de précaution dans le cas où, à l'avenir, il trouverait de nouvelles lombes.
Après avoir été suspendus pendant près de deux ans, les Iravaux furent
repris au mois de décendjre deiuier, à une époque où j'étais absent. A mon
l'etour, je m'aperçus, ;'i mon très-grand regret, qu'on n'avait tenu aucun
compte de mes recoiiMiininhilioiis et que In plupart des objets trouvés
- 70 —
avaient encore été brisés. Le proprictairc du pn; avait, en efTet, iléconverl
une nouvelle auge funéraire en giès bigarré qui, comme la première, était
placée au milieu d'une épaisse couche de charbons. Sa forme cxicrieure
est celle d'un cylindre (hauleur ÔO cenlimèlres, diamètre 52 ccnliinèlrcs).
La cavité de cette auge, également cylindrique (diamètre 35 centimètres,
profondeur 20 centimètres), renfermait une urne cinéraire en verre qui
contenait des ossements et des cendres. Cette urne, qui avait une leinlc
verdâlre et un corps très-renflé, a été brisée immédiatement après sa
découverte. La cavité dans laquelle elle était placée, au lieu d'clre lisse
ou polie, comme celle de l'auge trouvée précédemment, était simplement
taillée au pic. Cette difl"érence provient sans doute de ce que, au lieu de
renfermer les derniers restes du défunt, elle contenait seulement une
urne qui, elle, avait reçu ce précieux dépôt. En d'autres termes, l'auge
n'est pas ici, comme dans le cas précédent, une olla ossuuria en pierre,
mais un véritable ossiiariiim, c'est-à-dire un coffre de pierie destiné à
recevoir une olla. L'auge elle-même était recouverte d'un couvercle
conique en grès bigarré, dont on avait légèrement évidé la surface infé-
rieure, afin de ménager plus de place à l'urne funéraire.
A la même époque et toujours dans le même champ, on a rencontré
plusieurs urnes cinéraires en terre cuite. L'une d'elles, qui avait un col
étroit pourvu de deux anses, était probablement un vase ordinaire qui
accidentellement a servi d'urne funéraire. Auprès de l'une de ces ollœ
ont été trouvés une bague en verre, d'un bleu opale, et un petit disque
en terre cuite, percé d'un trou; au moment de la découverte, on pouvait
très-bien distinguer que la surface supérieure de ce dernier objet était
peinte en blanc et la surface inférieure en noir. Depuis lors ces deux
couleurs ont presque complètement disparu. J'ignore quelle a pu être la
destination de ce disque.
En continuant son travail de décapement, le propriétaire du champ est
arrivé à la limite de ce cimetière. Celte limite, qui formait une ligne assez
irrégulière, était marquée par une traînée de menues pierres calcaires
(non cimentées), dont la section transversale, de forme triangulaire, avait
à la base une largeur d'un mètre et au milieu une hauteur d'environ
50 centimètres. Cette limite une fois franchie, aucune sépulture n'a plus
été trouvée, quoique le sol ait été fouillé bien au delà.
Ayant remarqué que la traînée de pierres calcaires se prolonge sous la
parcelle voisine et ayant appris que le propriétaire de ce pré avait aussi
l'intention de le décaper, je lui ai olfert, au mois de mars dernier, de faire
exécuter ce travail à mes frais. Mais notre homme, supposant sans doute
— 80 —
que j'étais à la recherche de quelque trésor, a déclaré qu'il s'acquitterait
lui-même de celle besogne l'automne prochain. 11 ne reste plus d'ailleurs,
de ce côté, qu'une surface de 15 mètres carrés où l'on puisse encore espé-
rer trouver quehjues lombes.
Je reviens inninteiiant au pendant de collier dont j'ai déjcà parlé anté-
rieurement.
Ce bijou, pi'ûbablcment creux, est d'un travail assez médiocre. Au-dessus
du masque romique est placé un anneau de suspension, à côtes, qui ne
présente aucune trace d'usure.
Qu'une femme gallo-romaine ait songé à parer son cou des formes
grotesques d'un masque comique, cela n'a rien qui puisse étonner, quand
on se rappelle que dans l'antiquité grecque et romaine les femmes aimaient
à porter des masques de tout genre suspendus à leurs colliers. Ainsi le
nuisée de Naples possède un certain nombre de colliers trouvés à Pompé),
à Ilerculanum, etc., auxquels sont attachés un ou plusieurs masques de
silènes ou de satyres. (Salle des objets précieux, n«« 488, 489, ^Sâ.) Si
mes renseignements sont exacts, le collier n" 488 de celle collection est
orné de trois masques comicjues. Or, si dans l'antifjuité les femmes por-
taient de pareilles pendeloques (oscilla), ce n'est pas assurément parce
qu'elles les trouvaient particulièrement belles, mais bien parce qu'elles
s'imaginaient (pie ces figures, parfois laides ou grimaçantes, avaient la
vertu de les préserver du mauvais œil {invldia),cn l'allirant et en le fixant
ailleurs par l'effroi, la surprise ou le rire. En un mot, c'étaient des amu-
lelles. Ainsi on considérait notamment comme des préservatifs contre
le regard fascinatcur «les figures de silènes, de satyres el d'autres, appar-
Icnantau cycle bacchique». (V°AMULETUM,i9/d. dcsanliq., deDaremberg.)
Dans celle dernière catégorie rentrent sans doute aussi les masques humains
exprimant la joie ou la douleur qui, avant d'èlre employés dans les thcàlies,
généralement consacrés à Bacchus, avaient servi tout d'abord dans les
lèlcs de ce dieu, dans les dionysiatpics, berceau de l'arl dramaliipie. Delà
peut-être cette profusion de masques comiques et lragi(jues dans tonte l'or-
nemenlalion peinte ou sculptée des Romains. On en a mis partout, même
sur les sarcophages, où le médaillon qui renferme le buste du défunt repose
jiarfois sur un masque comique placé entre deux masques tragiques'.
1. VAntiquarium du nouveau Musée de Berlin (section des pierres gravées) ren-
ferme pluoieiirà bagues en or, sur le cliatoii desquelles est figuré en intaillc un
masque comique ou tragique. Celte même collection possède un masque comique eu
verre ou en cristal de roche, dont le diamèlre est d'environ 2 centimètres, et qui
est pourvu d'un Irnu de suspension.
- 81 —
Les tombes trouvées près de Durslcl remonlcnt sans doute à la fui du
deuxième siècle de notre ère; peut-être datent-elles de l'époque même uù
l'on commença à renoncer à la sépulture par incinération, si toutefois
la tombe découverte en premier lieu était bien d'origine romaine.
Des sépultures romaines j)ar ensevelissement existaient sans aucun
doute au ban de Durstel; mais la seule trace certaine que l'on en ait
trouvée jusqu'ici est la grande pierre tombale portant l'épitaphe bien
connue de Magiorix, fds de Natalis, qui a été découverte, il y a environ
lO ans, à 800 mètres au sud des tombes précédemment décrites, au
sommet de la colline du Lupberg, où elle formait la paroi latéi'ale d'une
tombe lianque.
Un groupe d'habitations paraît avoir cxisié, à l'époque romaine, près de
l'emplacement actuel du village de Durstel, au canton (]\\. Kahlen, à 300
mètres au nord des sépultures récemment découvertes; on m'a dit qu'en
cet endroit on a déjà rencontré, à plusieurs reprises, d'anciennes substruc-
lions. — D'après la carte publiée par M. de Morlet, la voie romaine de
Savej'ne à Trêves traversait la banlieue de Durstel; passait-elle près des
tombes en question? C'est ce que j'ignore, car je ne suis pas encore par-
venu à découvrir le moindre vestige de cette ancienne route.
2. M. le président met sous les yeux du Comité le commencement
d'un travail de M. Kindler de Knobloch sur les anciennes familles nobles
d'Alsace. Le Comité, tout en regrettant de ne pas pouvoir publier dans
le Bulletin un ouvrage aussi considérable, prie MM. CbaulTour et Stoffel
de l'examiner et d'en faire un rapport.
3. M. le président présente trois photographies delà porte d'Austerlilz
qui est en voie de démolition. Elles seront conservées dans le Musée de
la Société; de même qu'une photographie delà porte d'une maison de
Wissembourg, construite en 1540 par Sébastien Vogelsberger; celte
planche est offerte par M. Slichancr, Kreisdirektor, auquel M. le pré-
sident exprimera la reconnaissance du Comité.
M. Ohleyer donne quelques renseignements sur ladite maison.
4. M. le président rend compte d'une excursion qu'il a faite avec
d'autres membres de la Société pour visiter les travaux de restaura-
tion du château de Fleckenstein ; ces travaux s'exécutent à la satis-
faction du Comité; celui-ci décide de parfaire la somme à laquelle
s'élève la dépense, moyennant environ 40 fr.
5. Sur la proposition de M. le président on vote une subvention de
T. X. - (P.-VJ G
— 82 —
400 fr. pour quelques travaux de restauration à entreprendre au châ-
teau de IJolienbûurg. En môme temps on vole une médaille en argent
à chacun des deux gardes forestiers qui ont surveille ce qui s'est fait
à Fleckenstein et à Ilohenbourg.
0. Conformément à un vote de l'année passée, on accorde pour
1(S77 une nouvelle subvention de 1250 fr. pour l'achèvement de la restau-
ration de l'église collégiale de ^Yissembüurg.
7. Sur la proposition de M. le président, M." Ilippolytc Ott, itcintre-
décoratcur, est admis comme membre de la Société.
La séance est levée.
Séance du Coinilé du 13 août 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents à la séance: MM. Salomon, architecte, et Erichson, membre
de la Société. Plusieurs membres du Comité absents de Strasbourg se
font excuser. M. Piingeisen est retenu par un deuil de famille.
Le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants :
Bulletin de la Soeiclc des antiquaires de la Morinie. Juillet — décem-
bre 1876.
Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres. Juillet
1877.
Festschrift zur vierten Säcular-Feier der Eberhard- Karls -Universität
zu Tiibingen. 1877.
L'Emulation jurassienne. Juin 1877.
Messager des sciences historiques de Belgique. 1877, S'' livraison.
Compte rendu de la Commission imperiale archéologique de Saint-
Pétersbourg. 1872, 187r> et 1874, avec Allas des mômes années.
M. le pi'ésidenl propose l'admission de M. Draun, curé de Cléebourg,
comme membre de la Société. Il donne ensuite lecture du travail sui-
v;miI, (jui lui n éié adressé par M. Gyss, d'Obernai.
— 83 —
DE L^ORIGINE DES NOMS PATrxONYMIQUES A PROPOS D^UNE CHARTE
DU QUINZIÈME SIÈCLE.
L'usage actuel de désigner les personnes i)nr deux noms, le pré-
nom et le nom de famille, ne remonte pas Irès-linni. l'ind.ini
de longs siècles nos ancêtres se contentaient d'un nom unicpie, nn
de ces noms gothiques, qui, à la suite des conquêtes faites jiar les
races germaniques, s'étaient naturalisés dans les pays soumis à leur
domination et se modifièrent plus tard suivant le génie particulier des
différentes langues modernes. Ces noms primitifs, ordinairement très-
sonores et souvent môme agréablement harmonieux, nous sont révélés
par les annales et les chartes des époques mérovingienne et carlovin-
gienne. En voici quelques-uns à titre d'échantillon, moins l'orthographe
fort diverse, mais toujours plus ou moins barbare dans laquelle on les
trouve consignés: Adalridt , Albcrich, Ermanrich, Hilderich, Theodo-
rich; Adalbert, Clmnibert, Ethelberl, Engilbcrl, Fulbert, Ilildeberl, Bat-
berl, Regimbert, Sigebcrt, Triilbert, Walbert; Adalfrid, Baldfrid,
llildefrid, Olfrid, Walafrid, Warnefrid, Winfrid; Erkembcdd, Elliel-
bald, lîinebcdd, LuUbald, Regimbcdd, Winbald; Ekehmi, Engilharl,
Mcginhart, Nothart, Ridhart; Ballram, Engilram, Guntram, Sintram,
Walram, Wolfram; Ditinar, Hinhmar, Otmar, Volmar, Werinhar ;
Arunif, Baldulf, Blidulf, Hidulf, Marcidf, Bicidf, etc. Parmi les noms
de femmes on remarque ceux de Amalhild, Batliild, Bilhild, Brun-
hild, Chlotild, Chrimhild, Eimhild, BichhUd, Sivanehild ; Edelind,
Gcrlind, GimdeUnd, Riclind, Theudelind ; Erenlnid, Ilemellrml, Ilillnid,
Irmintrud ; Hlldegund, Kunegimd, Radegund; Waltrad, etc. Tels étaient
les noms en usage durant toute la première moitié du moyen âge, et
ces noms personnels, par lesquels les individus se distinguaient l'un
de l'autre, n'étaient accompagnés d'aucun nom commun, propre à dé-
signer collectivement la famille à laquelle appartenait l'individu. Aussi,
les longues séiies de noms qui se rencontrent parfois dans les chartes
de ce temps, ne nous apprennent rien sur l'origine des personnes
qu'ils représentent. Quoique ces personnages, en qualité iVingcnui ou
hommes libres, fussent les ancêtres des familles nobles qui figurent
en si grand nombre dans les siècles suivants, néanmoins ils ne sont
pas rcconnaissables généalogiquement, par cela même qu'ils ne portent
qu'un nom propre. C'est pour celle raison que l'origine première i\cs
— 84 —
anciennes familles nobles restera tüiijuuis couverte du linceul de
l'uiibli. —
La simplicité palriarchale dont témoigne l'absence de noms de fa-
mille, s'explique par l'état économique et social de ces temps. Quand
les grandes agglomérations urbaines n'existaient pas encore, ou du
moins étaient furt rares, et que les populations rurales, disséminées
dans une infinité de petites villas, restaient invariablement attachées à
la glèbe, vivant sous l'anlique régime des marches et des colonges ,
(|uand les dynastes ou seigneurs de l'époque n'étaient eux-mêmes que
de grands propriétaires fonciers fixés dans leurs domaines, et que
même les palais royaux, si nombreux alors, n'étaient autre chose que
de vastes fermes ou métairies, qui comprenaient en même temps les
ateliers dans lesquels se confectionnaient sur place les objets nécessaires
à la cour, quand, en un mot, les habitudes sociales étaient essentiellement
sédentaires et les relations extérieures presque nulles, un nom unique
suflisait largement aux besoins des communications réciproques. Dans
le cercle restreint et uniforme dans lequel se mouvait alors la vie so-
ciale, il était facile aux membres individuels de ces petits groupes
domestiques de se distinguer mutuellement au moyen d'un seul et même
vocable.
11 en fut autrement à partir du douzième siècle, quand, à la suite
des croisades, s'opéra la grande transformation sociale qui imprima un
caractère nouveau à la seconde période du moyen âge. La conversion
des grandes propriétés foncières en seigneuries territoriales, la trans-
mission héréditaire des offices publics et des revenus féodaux y attachés,
la constitution des familles investies de ces fiefs en ordre équestre ou
corps de noblesse, puis la création des villes et à sa suite l'apparition
d'une nouvelle classe sociale, de la classe bourgeoise, l'organisation de
cette dernière en tribus et corps de métiers, et par suite le déve-
loppement de l'industrie et du commerce, enfin la part active que prit
dès lors la bourgeoisie des villes, conjointement avec la noblesse, aux
affaires pnl)li(pies, toutes ces causes, en élargissant amplement le cercle
des relations sociales et en multipliant les rapports, ne tardèrent pas à
nécessiter une désignation plus précise des personnes, et donnèrent
naissance à des désignations complémentaires, propres à établir une
distinction, non-seulement entre les personnes individuellement, mais
aussi entre les familles qui formaient la communauté. Aux noms propres,
qui ne servaient (pi'à distinguer les individus, vinrent s'ajouter d'autres
noms désignant le groupe domestique auquel appartenaient ces individus,
- 85 -
lies noms de lumillc qui se transmirent dès lors Ijéréditairemenl aux
descendants de celle-ci. Les noms propres primitifs devinrent dès
maintenant des prénoms, complétés par des noms patronymiques. L'in-
troduction de ces derniers fut l'œuvre du temps et des circonstances,
et l'arbitraire joua longtemps un rôle très-considérable dans leur choix,
jusqu'à ce qu'enfin l'usage eût définitivement réglé leur emploi. —
C'est par les familles placées à la tôte de la liiérarcliie sociale et qui
dans la suite reçurent la qualification spéciale de «nobles», que s'intro-
duisit le nouvel, usage. Le lieu de séjour ou d'habitation fournit un
premier contingent de noms patronymiques. Au nom personnel (hi
possesseur d'un castel féodal vint s'ajouter celui du château de famille
qu'il habitait, comme aussi les ministéiiaux ou officiers publics des
seigneurs, tant ecclésiastiques que laïcs et leurs vassaux, adoptèrent le
nom des localités dans lesquelles ils résidaient et exerçaient leurs fonc-
tions. C'est ainsi que surgirent en Alsace les sires de Holienburg,
Ihincburg, LïUzclburg , Girsberg , Landsberg, LiclUenberg , Mocrshcrg,
Fleckenslcin, Greifenstein, Hohenstein, Hungerstein, Lïdzelslein, Oclisen-
stein, Ramstein, Rappollstein, Geroldseck, Niedeck, Gir baden, etc. C'est
ainsi qu'il y eut en même temps des familles nobles de Andlcm, Ehen-
hcim, Roslicim, Molsheim, Hagenau, Berckheim, Bischof slieini, Had-
sicdt, Ileiligenstein, Mitlelhausen , Rumersheim-, Schaf tohheim , Uilen-
heini, Schönem, Wangen, Wesihausen, etc. Il est même à remai'quer
que la plupart de nos anciennes localités prêtèrent leur nom à l'une
ou l'autre des ci-devant familles nobles d'Alsace, dont, du reste, l'im-
mense majorité s'est éteinte depuis longtemps. Les noms des rues et
la situation de la demeure fournirent également des dénominations à
ces familles. C'est ainsi qu'il y eut à Strasbourg et ailleurs des familles
nobles qui s'appelaient in Kalbsgassen, in Obergass, tinter den Kavf-
leuten, unter den Krämern, vom Steinburgthor, zu der iserin Thürc,
zu der Schüren, zum Treubel, zum Ried, zum Rnst, zum Bach, zu
Rhyn, uff Griesz, etc. Le nom de l'office ou de la charge puhlique
dont les nobles étaient investis et qui se transmettait héréditairement
à leurs descendants, devint aussi pour beaucoup d'entre eux le nom
|)atronymique, soit seul, soit accompagné du lieu de séjour. Il y eut
des nobles Burggraf, Marschalk, Schcnck, Vitzthum, Schtdthciss, Spen-
der, etc., noms qui, dans les chartes latines, sont ordinairement latini-
sés ou même (raduits en latin {burgravius, marcscalcus, pinccrna,
viccdomus, scultctus, dfspensator). D'autres fois encore le nom j)roprc du
chef de la famille passa à ses descendants en qualité de nom palrony-
— 8(3 —
mique; témoin les anciennes familles nobles alsaciennes de Elnhart,
Engclbrecld, Erb (Erbo), Gossmar, Mumhart, Beimhold, etc. Grand
nombre de noms patronymiques furent aussi dans l'origine des sobriquets
appliqués à tel ou tel individu (sobriquets qui, dans les vieux temps,
étaient acceptés de bien mcilh-ure grâce que de nos jours), et qui se
transmettaient régulièrement aux descendants. Telle paraît être l'origine
des noms des anciennes familles nobles slrasbourgeoises et autres, de
Bock, BochUn, BilUcnzapfc, Hoivemesser, Jndenbrcller, KCdbcUn, Knob-
lûcJi, Kimiagel, Merswin, Norlwind, Pfaffenlapp , Bebßtock, Slubenweg,
Virnckorn, Zuckmanlel, Wildemann, etc. Tous ces noms, comme aussi
ceux de Arnibruster, Bcger, Bapsl, Bcrer, Berlin, Bilgerin, Dutsch-
man, Ilaffncr , Ililffel, Kage, Licbenzeller , Löselin, Bichlcr, ScJtmip,
Schwarber, Siehe, Süsse, Slurm, Vceltsch, Wepferman, Zorn, etc., tous
ces noms qui figurent constamment dans les litres sans adjonction de
particule, nous apprennent que la particule de, qui dans noire société
démocratique est souvent l'objet de bien des convoitises, n'était nulle-
ment dans l'origine un attribut distinctif de la noblesse. Aussi n'est-ce
que par les atli'ibuls vraiment nobiliaires, tels que la qualification de
cbevalier ou écuyer, ou par les fiefs dont les porteurs de ces noms
étaient investis, que se distinguent dans les litres contemporains les
nobles des plébéiens. Si dans la suite plusieurs de ces familles ajou-
tèrent à leur nom vulgaire et d'apparence roturière une désignation
de lieu, ce fut simplement pour établir une distinction entre les diverses
branches de leur famille. Ainsi les Beger se distinguèrent plus tard
entre Bcger de Bbjbcrg et Beger de Geispolsheim, les Bapst en Bapst
d'Ichtratzheim et Bapst de Bolsenheim, les Zorn en Jungzorn, Zorn
de Bulach et Zorn de Plobsheim.
Telle est l'origine des noms patronymiques des nobles; telle est aussi
celle de la classe des plébéiens ou roturiers. Naturellement ces derniers,
en raison de leur grand nombre, ne pouvaient se' distinguer les uns
des autres, comme les nobles, par la désignation du lieu d'origine,
sauf le cas où un étranger venait se faire incorporer à la bourgeoisie
locale. Alors on le désignait habituellement du nom de son endroit
natal, lequel se transmellait aussi à ses descendants. Il n'est pas rare
de rcnconiroi- dans les lilres du quatorzième et du (piinzième siècle
des noms ayant toute l'apparence d'appartenir à des nobles et qui
pourtant étaient poi'tés par des roturiers, tels (pie Ilans von Kuppcn-
helm, Klaus von Windenberg , Konrad von Wiggersheim, Hans von
Fnndifurl, clc. Ce n'est que plus l;ird qu'on cnijjloya une autre forme,
— 87 -
celle de Frankfurter, Nürcnherger , Weisseuburger, etc., comme aiis^i
Böhm, Hess, ScItoU, Schwab, Schivcitzer, Teulsch, Wâlsch, etc., pour
désigner le lieu ou le pays d'origine, noms qui se renconlrcnl fré-
quemment encore de nos jours. Toul comme chez les nobles, les em-
plois servirent aussi à désigner les familles plébéiennes qui en élaicni
chargées. C'est ainsi (pi'anjourd'hui encore se rencontrent fréquemment
les noms de Ilemburger , Mêler, Keller, Hofinann, Iluber, etc., qui
élaicnt ceux des préposés et des membres des anciennes associations
colongères. Dans les rangs de la bourgeoisie au contraire, laijuelle
s'était organisée en corps de métiers, le nom du métier fournit natu-
rellement le qualificatif le plus propre à désigner ceux qui l'exeicaienl,
d'autant plus que les mêmes professions s'exerçaient presque hérédi-
tairement dans les mômes familles. Témoins en sont encore maintenant,
dans tous les pays et dans toutes les langues, les nombreux noms
paIronymi(iues désignant des professions, tels que Beck, Küfer, Metzger,
Müller, Schmid, Schneider, Schuster, Weber et quantité d'autres. Les
qualités corporelles, et même les défauts physiques, fournirent également
leur conlingcnt de dénominations patronymiques qui se transmirent
du clicf de la famille à ses descendants, d'où les noms si fréquents
de Gross, Klein, Lang, Kurtz, Weiss, Schivartz, Both, Braun, etc.
Comme chez les nobles, les sobriquets obtinrent aussi cet honneur
chez les plébéiens, et telle fut sans doute l'origine du nom des deux
familles patriciennes de Barpfennig et Mehlbrile, dans lesquelles se
recrutaient au quinzième siècle les Ammeisler de la ville de Sliasbourg.
Un dernier contingent de noms patronymiques a été fourni par les
noms propres même des chefs de famille, qui passèrent plus lard à
leurs descendants comme noms de famille. Les primitifs noms propres
gothiques Arnold, Bernhard, DietricJt, Erhard, Guntrani, 'Herrmann,
Lambert, Ortlieb, Ottmann, Beichhard, Walthcr, Wernher, etc., ainsi
que les prénoms lilurgiipies Klaus, Martin, Simon, Thomas, etc., se
rencontrent encore maintenant très-fréquemment comme noms de fa-
mille. Il est clair, pour plus d'une raison, que l'origine et la signifi-
cation de quantité de nos noms patronymiques actuels échappent à
notre investigation; mais ce qui est certain, c'est que, dans le principe,
ces noms n'étaient autre chose que de véritables surnoms empi'untés
aux circonstances et qui se transniii-ent par l'usage. La jireuve en est
aussi dans les chartes même qui nous révèlent les noms iiatronymiques
primitifs, en ce qu'elles rapportent d'abord le nom personnel ou prénom
du personnage en question, et ajoutent ensuite que ce [icrsonnagc est
- 88 —
surnommé de telle ou telle façon (Conradus dlctus Slammeler, Riidol-
fus didus Schenke, etc.).
Parmi les anciens noms propres gothiques il y en avait beaucoup
qui elaiont devenus de plus en plus populaires, en ce que, dans le
cours du moyen âge, ils avaient été portés par des personnages qui
obtinrent les honneurs du culte de l'Église, et ceux-là furent choisis
dès maintenant de préférence pour prénoms. Ainsi, les noms de Ans-
hcliii, Bernhard, Burchhard, Dcrihold, Bruno, Conrad, Eberhard,
Erhard, Eruier ich, Gebhard, Heinrich, Hugo, Ludivig , Otto, Reich-
hard, Rudolf, Sigfrid, Thcobald, Udalrich, Wilhelm, etc. Mais cn même
temps on continua aussi à employer un grand nondjre d'autres noms
gothiques restés plus ou moins profanes, et qui ont maintenant passé
d'usage depuis fort longtemps. C'est ainsi que l'on rencontre encore
fort fréquenimcnt dans les chartes du douzième au quinzième siècle
les prénoms suivants: Ansldt, Baldung, Billunc, Egcnolf, Emich, Er-
tvin, Gossmar, Härtung, Hetzet, Helferich, Günther, Krafto, Landolf,
Matfrid, JSibelung, Ortlieb, Orttvin, Reimbold, Rudiger, Schafrid, Sig-
mar, Stahel, Walther, Wernher, Wolfhelm, etc. Pour ce qui concerne
les noms de femmes, à côté des Adelheid, Bcrtha, Brigid, Gertrud,
Hedwig, Hildegard, Kunigund, Lutgard, Mechtild, Richard, Wcdpurg,
etc., on voit aussi figurer des Dina, GiUa, Hatziga, Hemma, Richinza,
Sawina, des Ellekind, Herzelande, Irmensind, Luckhard, etc. C'est dans
la classe des nobles que l'usage des prénoms gothiques se maintint
le plus longtemps, tandis que parmi les plébéiens s'introduisit de plus
en plus celui des noms des saints célébrés dans les fêtes liturgiques.
Si dans cette dernière catégorie les nobles adoptèrent de préférence
les noms des patrons des guerriers, saint Maurice et saint George, et
parfois aussi celui de l'archange saint Michel, par contre, les plébéiens
fixèrent surtout leui' choix sur les noms des apôtres et des évangélisles,
ainsi que sur ceux de saint Martin et saint Nicolas, les deux grands
saints que le moyen fige entourait d'une vénération particulière. Mais
le prénom de prédilection des vieux temps, ce fut celui de saint Jean-
Baptiste, le Jehan des Français, le Hans des Allemands, sans doute en
raison de sa fête, jadis si éminemment populaire. Si, du reste, les feux
de joie du solstice d'été, qui s'allumaient à cette fête (laquelle, pour
cette raison, est désignée dans les anciennes chartes allemandes sous
le vocable de Sant Johans zu den Sunnegichten), étaient de vieilles
réminiscences païennes, qui se rattachaient à l'ancienne mythologie
germam'quc, l;i fêle cbiétienne de son côté éj)Uiait ces souvenirs ca\
— 89 —
cclébranf. la Nativité de celui qui annonça le lever du soleil de justice.
Tous ces noms subirent au quatorzième et au quinzième siècle diverses
modifications qu'il n'est pas sans intérêt de signalei-. De même fpie
dans la langue fiançaise les anciens noms germaniques de Lcudcgai-,
Reinhard, Rudolf, Tlieodorich, Waltlier, etc., se transformèrojit en Lé-
ger, Régnier, Raoul, Thierry, Gaulhier, ces noms se transformèrent
aussi chez les Allemands au moyen de contractions analogues. C'est
ainsi qu'Adalhert devint AlbrecJU, Luilbald Leopold, Regiidjald BeimbohI,
Theolbald Dieholl, Theodorich Didrich, Uilalriih Ulrich, Wninhar
Wernher, etc. Moyennant d'autres contractions encore, les noms de
Dietrich, Friederich, Heinrich, Kunrad, Ludwig-, etc., prirent la forme
de Dietsche, Fritschc, Ileiutze, Kvnlze, Liitze. Par contre, à la môme
époque s'iniroduisit aussi l'usage d'allonger de nouveau ces noms ainsi
raccourcis, en y ajoutant la terminaison de mann, comme l'alteslent
les prénoms si fréquents alors de Christmcui, Didschemcm, Frilsch-
man ou Friedeman, Hanscman ou Haneman, Ilehdzeman, Kimizeman
ou Kuneman, lôweman , Lulzman ou Ludeman, Olleman, Pelcrman,
Smasman, etc. Les derniers temps du moyen âge se dislinguèrenl aussi
par la mode des diminutifs. C'est ainsi que les noms de Ilans, Ibigo,
Klaus, Jacob, etc., se transformèrent en Henscl, Ilugcl, Klausel ou Lm-
wcl, Jeckel, ef.c., comme aussi les litres de l'époijue portent de iiom-
breux diminutifs encore plus renforcés, tels que ceux de Bczelin ,
Döldelin, Eberlin, Ilenselln, Hesselin, Hugelin, JcckcUn, Kwizelin,
Lämbelin, Lauivclin, LenzcUn, Reimboldelin, Bippelin, Sigelin, Stche-
lin, Wenilin, Werlifi, Winlin, Wolfelin, etc. Il se peut que ces dimi-
nutifs aient servi dans le principe à désigner les fils des pères de même
nom, et qu'ils restèrent à ceux-là dans l'âge mûr. C'est surtout l'asso-
ciation de ces prénoms aux noms de famille qui imprime aux noms
de cette époque un cachet tout particulier, une physionomie à la fuis
naïve et bizarre. C'est ainsi qu'à chaque pas on rencontre dans les
titres du quinzième siècle des noms tels que B'dgcrllœnig, Diele) lilaiis,
Fritseh eheinze, Gensellauwelin, Gossenhugcl, Ilasenlartwelin, Iliigü/nigel,
Kle in f ritsch, Martinhans, Meigerklaus, Melzenhensel, Schalhslidz, Scher-
peter, Sliidenhans, Zaberhuck, Zeiscnliensel, etc.
Après avoir énuméré les diverses transformations que subit le mode
de dénomination des personnes, nous devons ajouter qu'au quinzième
siècle l'usage des noms patronymiques n'était pas encore définitivement
fixé. A cette époque, il était encore loisible aux particuliers de se donner
eux-mêmes des noms à leur convenance. C'est ce qui résulte entre
— 90 —
aulres d'un tilre assez curieux, conservé aux archives communales d'Ober-
nai, et dans lequel figure une série de noms évidemment choisis pour
la circonstance. Ce litre a poui' objet une de ces associations charita-
bles qui au moyen âge revêlaient le caractère de confraternités reli-
gieuses et qu'on avait l'habilude de placer sous la sauvegarde du ma-
gistrat des villes. Des garçons de métier, compagnons forgerons et
charruns, domiciliés à Obcrnai, déclarent dans ce document, qu'étant
la plupart étrangers, ils ont établi une confraternité dans le but de
pourvoir réciproquement au salut de leurs âmes, en cas de mort, par
des services religieux régulièrement célébrés, comme aussi aux frais
d'un enterrement honorable et à leur sustentation temporaire en cas
de maladie. De son côté, le magistrat déclare, qu'en signe d'approbalion
des statuls de cette confraternité, il a apposé le sceau de la ville à la
présente charte, qui est datée du lundi après la fête de saint Michel
de Tannée 1407. La pièce en parchemin commence par les termes
usuels: «lT7r, hans Iterman der meister und der Bat zu Obern Ehen-
heim kundenl menglichen mit disem brieff daz für unsern Rot komen
sint dise nachrjenanten personen, Nemlich die Smidknecht, Wagner-
knecht und Karicherknecht uff dise zit by uns ivonhafj't und teilten
uns für wie sie, elo) Suit l'exposé des statuts de l'association et l'appro-
bation du magistrat; puis viennent les noms des membres de l'asso-
ciation : Und sint dis die gesellen die solich Bruderschaft angefangen
haben, des ersten die Smidknecht caspar hebysen, hans rimjscn, hans
zwügkysen, hans schellysen, hans vogelyscn, klaiis tvetterysen, claus
rippyscn, heinrich frischysen, hans dürryscn, hcrman zwigkennagel,
heinrich hertysen, jost silberysen, barütolorne hellyscn, anlhcnig zivick-
ysen, hans spilzdennagcl, so denn die ivagncrknccht heinrich frycrmitt,
hans wagener, sleffan fryermut, arnolt linder, andres gilge. Idem die
karichknecht hans flegkel, philipshans, heinrich pfeffcrlin, demcnknrin,
Smidcuntz, rnichel und thoman von meistertzheim gebrüder, peter von
sant . . . ein (illisible), hans bösch, mattern von heiligenstein, hans
von hagenowd und hans von offenbiirgk und heitzlirckge. Comme on
voll, les compagnons forgerons ou Smidknecht, parmi lesquels se trou-
vaient sans doute les maréchaux-fcrranls, les serruriers, les'cloutiers
et tous ceux qui travaillaient le fer, sont désignés tous, dans cette
'harlr, par un nom qui a trait à leur métier et la plupart de ces noms
se tcniiiiiriit par le mot yscn ou fei'. A coup sûr ce Ji'élaient pas là
les noms patronymiques que les susdits compagnons avaient hérités de
leurs jièrcs; il est clair, au conliairr, iju'ils les ont adoptés de leur
— 91 -
propre chef, pour indiquer la profession à lû(|nclle ils appartenaient.
Les documents d'Obernai de la môme époque olTrent encore un autre
échantillon de noms de circonstance, à désinence identique. Les comptes
communaux de 1i54 et des années suivantes, en enregistrant les frais
des exercices de tir à canon, mentionnent un meistcr Klaus Guckyscn,
qui était le chef de l'artillerie urbaine. On sait qu'à cette époque les
petites villes rivalisaient de zèle avec les grandes pour l'acquisition de
ces nouveaux engins de guerre, et que ces canons primitifs étaient
des tubes de fer cerclés, dont celui qui est exposé sur la place du
Vendredi, à Gand, offre encore maintenant au touriste un échantillon
fort respectable. 11 est fort naturel d'admettre que celui qui était
chargé de la direction des exercices de tir et qui exerçait les bour-
geois dans le pointement de ces grosses pièces de fer, ait reçu ou se
soit donné lui-même le sobriquet de Giickysen, en guise de nom pa-
tronymique. Quoi qu'il en soit, la collection de noms que renferme la
charte susdite, prouve qu'au quinzième siècle les noms patronymiques
s'imposaient encore à volonté. Ce n'est qu'à partir du seizième siècle
que l'usage en régla définitivement l'emploi, lequel de nos jours est
fixé officiellement par l'état civil.
La séance est levée à 3 heures.
Séance du Comité du \i novembre 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Blanck, Nessel, Oleyer, Ringeisen, Salomon, J. Sengen-
wald, Stoffel et C. Schmidt, secrétaire.
MM. Kiudlerde Knobloch, Ohleyer et Stoffel, membres de la Société,
assistent à la séance.
Le procès-verbal de la séance du 13 août 1877 est ajiprouvé tel qu'il a
été publié.
1. M. le président dépose quelques vues photographiques de l'ancienne
porte d'Austerlitz,
— 02 —
2, M. I. Cliauiïbur ayant écrit pour exprimer le désir que les travaux
fie restauration de la loggia de Colinar, auxquels la Suciélé a décidé de
concourir, soient exécutés, autant que possible, avant l'hiver, le Comité
met à la disposition de M. CiiauITour la somme volée, en le priant de veil-
ler aux mesures nécessaires pour hàler l'exécution.
3. M. Slichaner, Kreisdirektor de Wissembourg-, informe le Comité de
la découverte (pi'on a faite dans cet arrondissement de diverses antiquités
l'omaines.
/]•. Le même communiijue une copie |)liolograj)hique d'une reproduction
en bois de l'ancien lustre (Kronleuchter) de l'église collégiale de AYisscm-
boui'g. Le nuuumicnt original, tialant du onzième siècle, n'existe plus.
xM. Stichaner émet le vœu que la Société fasse l'acquisiliou de la reproduc-
tion en bois, œuvre d'un artiste du dernier siècle; le Comité regrette que
les statuts ne permettent pas d'acquérir des objets de celte nature.
5. Les déblais dans les ruines du chàleau de Fleckenstein, auxiiucls la
Société a contribué déjà pour une somme de 450 Iv., ayant dû être con-
tinués et étant faits avec autant de soin (pie d'intelligence, le Comité
accorde un nouveau subside de 200 fr.
C. M. Slichaner écrit à M. le président pour lui annoncer rachèvemcnt
de la restauration de l'église collégiale de Wissembourg-. Il expiime au
Comité sa reconnaissance pour les subventions qu'il a votées pour celle
œuvre, et l'invite à venir visiter l'édifice. M. le président répondra à
M. Stichaner que le Comité s'empressera de se l'cndie à celle invi-
tation.
7. Le même annonce que, sous sa direction et aux frais du gouverne-
ment, on a restauré les églises de Surbourg, de llohwiller et de Nieder-
Belschdoif. Le Comité lui vole des remercîments.
8. M. Salumun met sous les yeux du Comité deux pieiTCS sculptées,
récemment trouvées à la Montagne-Verte. Elles datent de la lin (hi
seizième ou du commencement du dix-septième siècle, et paraissent avoir
servi de supports à un poêle. M. Salomon est pi'ié d'en faire faire un mou-
lage pour le musée de la Société et d'en publier dans le Bulletin des des-
sins accompagnés fl'uue note.
0. .M. 1(' curé de Grauflbal ay.iiil manifesté le désir d'êlie mis en mesure
de faire (pn'lipics fmiilles, .M. le président annonce (pi'au ])iintciii|)s il se
rcndia sur les heiix (lour examiin'i' ce (ju'ii convieiidia de l'aiie.
- 9.^» -
10. M. le président communique une monnaie tl'argcnl qui vient d'èlrc
trouvée à la Musau; elle porte rinscriplion suivante :
Avers ® lOAN • 1) • G • VA.FJ] • AltC • EP • AL • L •
Joannes Dei Gratia electus argcnlinensis
Episcopus Alsatia} Landgravius
Ecu au 1 Strasbourg- ; au 2 et o de Manderscheid
et Blanckenlicim; au 4 Alsace.
lîeucrs RVDOLPIl • Il • IMP • AUG • P • F • DEC •
Pxvdolphvs II imperator Augustus publicarc fecit decrelo.
11. M. Nessel fait un rapport vcibid sur les sépultures et les cimetières
romains de la Basse-Alsace, dont il a lui-même découvert et l'unilir! un
certain nombre; sur la différence des tombes, suivant qu'elles appar-
tiennent à la période de l'incinération des morts ou à celle de l'inhuma-
tion; sur les objets qu'on y trouve, principalement sur les urnes et les
vases et sur l'usage auquel ils ont servi. Il montre un vase qu'il a trouvé
sur l'emplacement de l'ancien village de Willer, qui jadis a existé non
loin de Gries; ce vase présente la particularité, peut-être unitpie dans
son genre, de porter, tracé au moyen d'un instrument pointu, le noui de
Maxima. Sur le désir exprimé par le Comité, M. Nessel veut bien rédiger
son rapport sous forme de mémoire pour le Bullcliu.
12. M. Stoffel donne leclure du rapport suivant :
«Messieurs,
«L'œuvre projetée de M. Kindler deKnobloch, sur laquelle vous m'avez,
chargé de vous faire un rapport succinct, mérite, à tous égards, l'intérêt
que vous avez témoigné dès l'abord à son apparition. Jusqu'ici l'histoire
de la noblesse et du patriciat urbain de l'Alsace, des hommes libres en un
mot, qui sont, pour ainsi dire, les seuls acteurs du moyen âge, n'a été
traitée que pour la part que leur attribuent les chroniques sur la scène
des temps passés; leur histoire intérieure, le Hausbuch des familles, n'a
été qu'ébauchée ou est restée à l'état fragmentaire.
« C'est pour combler cette lacune que M. de Knobloch a entrepris la com-
position de son recueil. Loin de se borner, comme cela arrive malheureuse-
ment trop souvent dans notre province, à répéter, faux comme vrai, tout
ce qui a été imprimé déjà à foison, il est allé aux sources, et les spécimens
d'articles qu'il vous a soumis sont riches en documents nouveaux, de
même que ses dessins de blason sont admirablement réussis. Il a puisé
— 04 —
aux archives publiques et privées cl a su coordonner avec les données
déjà connues les trésors cachés dans nos dépôts.
(1 Les armoiries et sceaux figurés dans le texte auront une importance
toute particulière. Combien de fois l'amateur d'antiquités n'esl-il pas
arrêté à la vue d'un blason représenté, sans inscription, sur des objets
d'art, des tableaux, des reliures, des pierres tombales! Avec ces dessins
et de la patience il ne peut manipier de trouver le nom de celui à qui le
blason appartient.
«Cependant, malgré tous ces mérites, je dois signaler quelques lacunes,
que l'auteur ne pourra combler qu'en étendant davantage encore les inves-
lio-ations qu'il a entreprises sur les documents originaux. C'est surtout
dans la Haute-Alsace qu'il retrouvera des sources où il pourra puiser des
matériaux indispensables à son œuvre. Les obituaires d'Unterlinden, de
Saint-Martin de Colmar, de Pairis, les cartulaires et urbaires deMurbach,
de Lucelle, de la régence d'Ensisheim, etc., et avant tout les parchemins
scellés sont riches en indications de toutes sortes. Quelques auteurs, tels
que Stumpf (Gem. Löbl. Ei/dgenos. Citron.), Leu {AUgem. Ilelvet. Lex.),
Wurstisen (Ikisl. Cliron.), peuvent être consultés sur les vassaux de l'Au-
triche dans le Sundgau, originaires en grande partie de la Suisse. P.Fürst
(Wappenb.) fournit les armoiries des Bapst de Slaiïelfelden, distincts des
Bapst de Bolsenhein. Enfin mon Dicl. top. du IIind-Biiin renferme quel-
ques noms qui manquent dans la nomenclature de la lettre A, tels que les
d'Altkirch, d'Alt-Pfirt, d'Altenwege (art. Niederenzen), d'Anxolles (Assel),
d'Asucl (Hasenburg) ou dapifer de Courtavon (Ottendorf).
« {»'un autre côté, le livre resterait incomplet s'il ne reproduisait j)as les
anciennes formes des noms. M. de Knobloch en donne bien un certain
nombre intercalées dans le texte, telles que Agenbach pour Hagenbach,
Agone-Vallispourllagenthal, mais il ne donne pas celle d'Oclie, employée
par Königshofen, pour Arhe. Sans rien changer au jirincipe posé pnr lui
de classer les noms d'après l'orthographe actuelle, il pourra réunir en
une table, à la fin du volume, les anciennes formes avec des renvois.
€ Certains noms devront être déjjlacés, comme par ex. celui de Adursam,
qui figurerait mieux, ce me semble, à la lettre U, Ursam (ad), car la
forme de Jfc Ursa [domicclkis de Ursci) est également usitée.
«Ces petites observations faites, il ne reste que des éloges à donner au
travail de M. de Kiiubbtcli. Je ne puis donc que vous [iriei' de le soutenir
de toute vutn; autoiité.
. «Colmar, le 1':! novembre 1S77.
« G. Stoffel, »
— 95 -
13, Sont odmis comme membres de la Société :
Sur la proposiliou de M. de Mülleiilieim : M. iliclianl de Müllonhcim à
Niedcrlœsnitz, près de Dresde; M. Eiigler, capilaine d'ailülerie à lîasladl;
Sur celle de M. Ringeisen : M. Ridilmann, curé de Saint-Pierre.
La séance est levée.
Séance du Comité du 40 décembre 1877.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents : MM. Blanck, Kraus, Nessel, Petili, Salomon, Sengenwald,
Rod. de Tiircklieim, G. Schmidt, secrétaire.
MM. Erichson, Kindler de Knobloch, de Müllenheim, membres de la
Société, assistent à la séance.
Le procès-verbal de la séance du 12 novembre est approuvé tel qu'il a
été publié.
Les ouvrages suivants ont été offerts à la Société :
Der Geschichtsfreiind. Miilheilungen des historischen Vereins der fünf
Orte Lnzern, Uri, Schiuiz, Unterwaiden und Zng. XXXIL Band.
Register oder Verzeichnisse zu Band XXI bis und mit XXX des Ge-
schichtsfreiindes. \ 877.
Reuter, Zur Geschichte des römischen Wiesbadens. IV. Römische
Wasserleitungen in Wiesbaden und seiner Umgebung. 1877.
1° M. Blanck dépose le socle en pierre d'un noyau d'escalier tournant
qui a existé dans une maison delà rue delà Fontaine. Ce petit monument,
qui représente un boulanger, est du même style et de la môme époque
que les deux dessous de cheminée qu'avait communiqués M. Salomon.
n en sera fait un moulage pour la collection de la Société et un dessin
pour le Bulletin.
2° Le même montre une petite pierre cubique ayant des bas-reliefs sur
trois de ses faces et paraissant dater du seizième siècle. Il est difficile de
dire quelle a pu être la destination de cet objet.
— 00 —
o° M. Schlosser, de Drulingen, envoie le dessin d'un fragment de sculp-
ture trouvé dans l'ancienne église de Lohr, en juillet 1876, et rend compte
de celte découverte par la lettre suivante :
«Eu démulissanl la vieille et caduque église de Lohr, on a trouvé
dans un des murs de la nef, à 3 ou 4 mètres au-dessus du sol, la partie
inférieure d'un bas-relief qui, selon toute apparence, date de l'époque
romaine.
ftCe fragment, (pii est en grès bigarré, mesure 0"\50 de large. De l'en-
cadrement primitif du bas-relief il reste une partie du bord latéral gauche
(largeur: 0"\08) et presque tout le bord inférieur (largeur : 0"\25) dont
l'extrémité droite a seule disparu. Le bord latéral droit manque complète-
ment. Ce qui subsiste encore de la bordure de l'anaglyphe ne présente
d'ailleurs aucune trace de moulure ou d'inscription.
«La portion de la pierre qui est sculptée, est presque plane et un peu
en retraite sur l'encadrement; sa hauteur est de 0'",30 et sa largeur de
0"\'42. La partie du bas-relief (p.ii se trouve ainsi conservée, formait à peu
près les deux cinquièmes de la sculpture primitive, dans le sens de la hau-
teur; mais il n'est pas bien certain que ce fragment soit intact même dans
le sens de la largeur, c'est-à-dire vers son extrémité droite, là où la bor-
dure a disparu.
«En allant de gauche à druite, ce morceau de sculpture nous fait voir
tout d'abord le pied (en bois) d'un siège. Ce pied, qui a en quelque sorte
la fuinic d'un bolustre, n'offre rien de caractéi'istique; nul doute qu'il
ne doive représenter ici un siège entier, la partie étant prise pour le tout.
« A côté de ce premier objet, on remarque les deux jambes, assez écar-
tées, d'un personnage qui, ayant à peine quitté ce siège, s'avançait vers la
droite du spectateur. Les jambes et les pieds paraissent nus; cependant on
ne distingue pas ou on ne distingue plus les orteils.
(î Entre les jambes de ce personnage on reconnaît les plis assez sail-
lants d'une étofl'e qui tombe jusque sur le sol et s'y recourbe. Ces plis
l'cctilignes s'écartent un peu de la verticale et s'inclinent vers la droite, de
sorte que celte draperie participe au mouvement de la figure et l'accentue
encore davantage. D'autres plis moins prononcés — peut-être aussi plus
éloignés du spectateui' — sont indiqués à droite et sans doute en arrière
de la jambe gauche. Il semble donc que ce bas-relief ait représenté une
femme ou une déesse portant une tunique à longs pans ouverte sur les
côtés et laissant voir les jambes. Mais, au-dessus de ce chilon, la figure
portail en outre une tuni(pie plus courte qui ne descendait que jusqu'aux
- 97 —
genoux. L'anaglyphc est brise de telle façon qu'on ne voit |)lus aujourd'hui
la partie inférieure de ce second vêtement (juc jusque vers le milieu des
cuisses.
«Enfin, à droite de ce personnage, le bas-relief nous montre, en minia-
ture, l'un des petits côtés et, en partie, l'un des grands côtés d'une laltle
rectangulaii'e, derrière laquelle est assise une figure humaine, un ouvrier
sans doute. Cette troisième représentation de l'anaglyphe, assurément la
jdus curieuse de toutes, n'est peut-être plus entière et, dans lous les cas,
ce (|ui en reste est considérablement dégradé. Cependant on l'cconnait
sans difficulté que les pieds de la table, figurés en perspective, sont leliés
entre eux par des traverses à deux niveaux différents. Sur la traverse infé-
rieure de devant (grand côté) repose le pied de l'homme assis deiiiêre ce
meuble. Plus haut, mais encore au-dessous de la table, on distingue à
peine sur le fond du bas-relief les faibles traces qu'a laissées la jambe
mutilée de cet ouvrier. Au-dessus de la table on voit encore son bras
droit et la partie voisine du torse. Ce peut homme appuie le dos de la
main droite sur la table et serre, entre le pouce et les autres doigts, un
objet quelconque qu'il semble étaler sur le meuble en question. La tête
de cette figurine a totalement disparu; elle ne dépassait pas sur l'anaglyphe
le niveau des hanches du personnage principal.
«Je n'ai pas besoin de rappeler qu'à plusieurs reprises déjà on a trouvé
en Alsace des bas-reliefs ou des fragments de bas-reliefs romains, en
procédant à la démolition des plus vieilles églises de notre pays.
«Ce qui me fait supposer que l'anaglyphe, dont il ne nous reste ici que
la partie inférieure, était bien l'œuvre d'un sculpteur gallo-romain, c'est
1° le costume du personnage principal, 2° la nudité de ses jambes, 3° l'ai-
sance de sa démarche ou de son attitude, 4° l'observation des règles de
la perspective — toutes choses qu'on ne retrouve plus sur les bas-reliefs
du moyen âge. Celte sculplure était même d'une exécution bien supérieure
à celle du Mercure qui, l'an dernier, a été trouvé au nouveau cimetière de
Lohr.
«Quel était au juste le sujet figuré sur cette sorte d'ex-voto? Ktait-ce
Minerve, en tant que déesse protectrice d'une industrie qui, sur celle
pierre, aurait été représentée par un ouvrier ou un génie travaillant
auprès de la petite table? Je l'ignore et je laisse à d'autres le soin de
trancher cette question. »
PS. L'église de Lohr, qui vient d'être démolie, présentait à l'extérieur
une particularité assez intéressante : sur le mur latéral droit de la nef, à
T. X. -(F.-V.) 7
— 08 -
1 ", mètre au-dessus du sol, on voyait a[ipaiaître sous le badigeon
moderne une bande noire d'une largeur de 25 à 30 centimètres. Les
habitants du village prétendent que leur ancienne église a été revêtue de
cette ceinture de deuil à l'époque où la peste noire sévissait dans notre
pays. Mais cette tradition paraît quelque peu suspecte. D'abord il n'est
pas certain que l'église de Lobr ait déjà existé au milieu du quatorzième
siècle; d'ailleurs, des vilains auraient-ils pu s'arroger ainsi le droit exclu-
sivement seigneurial de litre funéraire? Cependant, ce qui restait encore de
cette ceinlui-e Amèbre ne présentait aucune trace d'armoiries.
■'i^ .M. le Prc.<ident rend comjite de l'excursion à Wissembourg:
Le 22 novembre, quatre membres du Comité, MM. Nessel, Ringeisen,
J. Sengenwald et Straub, se sont rendus à la gracieuse invitation de M. le
directeur du cercle de Wissembourg, pour voir l'état des travaux exécutés
dans l'antique collégiale de Wissembourg, et particulièrement l'installa-
tion du musée local étabb dans le cloître. Sans le mauvais temps subite-
ment survenu, le nombre des visiteurs aurait été plus que double.
Il faut avoir vu l'église avant les importants travaux, déjà commencés
avant la guerre et poursuivis, depuis 1873, avec un zèle et une ardeur
au-dessus de tout éloge, pour apprécier les résultats obtenus avec des
ressources restreintes. Après le débadigeonnage complet de l'église, qui a
eu lieu dans les années soixante et qui a mis au jour une série de rcmar-
(]uables peintures murales, il s'agissait, avant tout, d'enlever le dallage
moderne, ainsi que les remblais, qui cachaient entièrement les bases des
colonnes. Aujourd'hui le dallage est à son niveau primitif, et l'église a
repi'is les proportions de hauteur que lui avait données l'architecte du
treizième siècle. La chaire a été également débarrassée des ignobles
couches de couleurs qui empâtaient les détails de sculptures. Une rose
qui ouvre dans le transept nord, mais dont l'ouverture avait été masquée
par la couverture d'un toit, a repris sa valeur et fait voir dans ses corolles
un beau morceau de vitrerie peinte représentant l'Annonciation de la
Vierge. A l'extérieur du monument, une large tranchée a été pratiquée
le long du côté sud et autour du chœur, pour remettre à nu le pied
des murailles et pour ménager un rapide écoulement des eaux. A j)art un
autel moderne en style iiéogothique, (jui paraît heureusement destiné à
disparaître, et l'emploi d'un carrelage de fabrique, que les archéologues
ne tiuuveront peut-être pas assez conforme au style sévère du monu-
ment, tous les trav;iux ont dioit à des éloges et font honneur à ceux qui
les ont dirigés.
— 90 —
Il en est de même de la restauralion du cloître, où se trouve disposée
une longue série de dalles funéraires, de monuments gallo-romains, de
débris du moyen âge, et où tous les objets anli(|ues qui seront découverts
dans le cercle de Wissembourg , trouveront un abri. Les objets de ce
musée, qui est une création de M. de Sliclianer, ont été provisoiiement
classés par notre zélé collègue, M. le professeur Ohieyer.
M. le Président s'est fait un devoir d'exprimer à MM. de Stichaner,
Rumpler et Ohieyer, la reconnaissance de la Société pour la conservation
des monuments historiques d'Alsace, pour tout ce qui a él(' fiit dons l'in-
térêt de l'antique collégiale de Saint-Pierre et Sainl-P;iiil, (pii, après la
restauration du clocher surmontant le dôme, sera une de nus plus magis-
trales constructions du treizième siècle.
5** Le Comité, pour prévenir l'exportation d'objets d'art appartenant à
des églises, est d'avis de provoquer de la part des autorités compétentes
la défense d'aliéner ces objets sans autorisation; celle-ci ne devrait êlre
donnée que pour la vente à des éiablissements publics de la province.
G° M. Schmidt communique le moulage d'un bas-relief qui se trouve
sur la face postérieure d'une pierre funéraire de 1293, récemment déplacée
dans l'église de Saint-Thomas. Ce bas-relief représente le buste d'un
évêque, coiffé de la mitre basse en usage au douzième et au treizième
siècle; le buste est dans un écusson triangulaire, sans aucune trace
d'inscription.
7" M. Rodolphe de Türckheim donne lecture d'une lettre, constatant la
dégradation progressive du château de Lichtenberg, un des monuments
historiques les plus importants delà province. Comme le château est pro-
bablement propriété de l'Étal, la Société ne pourra qu'exprimer à cet
égard des vœux à l'autorité supérieure.
8° Sur la proposition du même membre on décide l'acquisition des cro-
quis de vieux châteaux exécutés par feu M. F. Engelhardt. Ces croquis
appartenant à M. Merian, directeur des forges de Niederbronn, M. Rodolphe
de Türckheim veut bien se charger de négocier cette affaire.
9° M. Schmidt soumet au Comité un mémoire sur l'Eglise rouge et sur
la Léproserie qui jadis ont existé près de Strasbourg. On en décide l'im-
pression dans le Bulletin.
10° Sur la proposition de M. Rodolphe de Türckheim on décide qu'à
l'avenir les membres qui auront des travaux à présenter ou des communi-
cations importantes à faire, en préviendront M. le Président, afin que
- 100 -
celui-ci puisse en f;iire mention sur les billets de convocation aux
séances.
11° Sont admis comme membres de la Société :
Sur la présentation de M. Uodoljibe de Türckheim : M. Walllier Merian,
directeur des forges de .\iederbronn;
Sur celle de M. Kraus : M. Martin, professeur à l'Université.
La séance est levée.
Séance du Comilé du 7 janvier 4878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: .MM. Blniick, Kraus, Petiti, Pxingcisen, Salomon, C. Schniiilt,
J. Sengenwald, 1». de Tiircklicim et Winckler.
MM. liiit lieux, Kindler de Knobloch et de Pœllnilz, membres de la
Société, assistent à la séance.
M. C. Schmidt prie M. Dacheux de vouloir tenir la plume à sa place.
Après le dépôt des livres suivants, offerts à la Société:
Mémoires de la Société dunkerqtioise potir l'encouragement des
sciences, lettres et arts, i873-i81i. XVllP volume.
Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres.
P"" janvier 1878.
Inscription de Périgueux mentionnant les Primani, par Cli. Ro-
bert. Paris 1877.
Rapport sur l'épigraphie romaine de Vence et de ses environs,
par Ch. Robert. 1877.
lecture est donnée du procès- verbal de décembre 1877, dont des
circonstances imprévues ont retardé l'impression. Le procès-veibal est
adopté.
1 ' .M. l!. (le Tiiickliciiii appidle l'attention du Comité sur l'état des
mines du ( bfilcaii de Lichtenberg, et demande si la Société a qualité
pour ^'intéresser à leur conservation, qui semble gravement compro-
mise. .MM. Winckler et de Pœllnitz pensent que ces ruines seront entre-
tenues aux fiais de l'Etat, dans l'état où elles se sont trouvées à l'issue de
l;i guerre. La Soriété n'a ditnc pas à intervenir.
— IUI —
2° M. le Président annonce la mort de M. N. Nicklès, ancien membre
du Comité et collaborateur zélé qui a publié dans le Bulletin une série de
mémoires et de notes sur les anli(iuilés gallo-romaines explorées par
lui dans le rayon de Denfeld. Des engagements pris pour le 8 janvier,
jour de l'enterrement du défunt, empêchent M. le Président de rendre
les derniers honneurs à son regretté collègue ; il prie M. l'architecte
Ringeisen de vouloir bien le suppléer dans celle triste circonstance et
de prononcer quelipies mots d'adieu sur la tombe de M. Nicklès au
nom du Comité, qui n'oubliera pas les excellents rapports entretenus
avec lui depuis la fondation de la Société. M. Ringeisen accepte.
3° M. 1. Ghaufl'our accuse réception de la somme de 1000 fi-. que
le Comité a allouée pour la restauration de la loggia de Colmar.
M. Winckler s'est engagé à exécuter les travaux dans rinlervalle de
quatre mois.
4° M. Straub expose quelques coffrets en bois de la fin du seizième
et de la première moitié du dix-septième siècle. Le plus ancien, daté
de 1576, est entièrement recouvert de peintures, rehaussées d'or*.
L'intérieur du couvercle, qui affecte la forme cylindrique, montre au-
dessus d'un écusson une banderole avec l'inscriplion :
•D- D- 1576-P-SM-D-
L'écu porte de (jueules à la licorne naissante d'or saillant de trois
collines de sinople, accoinpagnées de trois roses d'or, dont deux sur le
champ de gueules et une en pointe sur le sinople. L'extérieur du cou-
vercle est orné de deux écussons. Celui de droite est de sable au
chevron d'argent, accompagne vers le haut de deux fleurs de lis d'argent,
et en pointe d'un lion de même. L'écusson de gauche est d'or, à trois
jougs de sable posés en fasce. Les parois du coffret, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur, sont ornées de fleurs, peintes avec beaucoup de soin
sur fond d'or. Deux petits tiroirs oiïrant les mômes ornements sont
dissimulés par la face antérieure de l'écrin, qui glisse dans deux rai-
nures, et peut être enlevée, si le couvercle est ouvert. — Il est permis
(le croire que c'est un cadeau de noces. Des recherches ultérieures
1. Dimensions: largeur O^-jlS, hauteur O^.IS, profondeur à la base O^OOS , à la
naissance du couvercle O"",!!.
— 102 —
concernant los armoiries analysées ci-dessus feronl peut-être connaître
le jeune couple, ainsi que le donateur indiqué à l'intérieur par les initiales
• F • S • M - D •
l»cu\ autres cassettes, poslûricures de près d'un siècle à celle qui
vient d'être décrite, présentent sur le devant et sur les faces latérales
un système de décoration archilectonicpie en marbre blanc, d'un très-
heureux elTet. Les faces latérales glissent dans des rainures et masquent
plusieurs tiroirs avec cachettes pour les bijoux et autres petits objets de
prix qu'on y déposait.
L'une et l'autre cassette sont ornées sur le devant de deux cens gravés
dans le marbre et destinés sans doute à recevoir les armoiries des
propriétaires. Celte particularité, observée sur la plupart de ces écrins,
dénote qu'elles étaient également destinées à servir de cadeaux de noces.
La parfaite ressemblance jusque dans de petits détails et le nombre
considérable qu'on rencontre encore de ces objets indiquent qu'ils sortent
du même pays, peut-être d'une même fabrique, probablement du sud
de l'Allemagne, sinon du nord de l'Italie.
Les coffrets en question ont la forme rectangulaire et sont presque
de mêmes dimensions. Le plus grand mesure en longueur 0'",3-4, en
hauteur 0"V17, et 0"\2l en profondeur. Le milieu du couvercle est
muni d'une poignée en métal, pour faciliter le transport.
Une autre espèce de ces petits meubles affecte la forme d'un petit bahut
rempli de tiroirs fermés tous ensemble derrière une porte à deux battants.
On en rencontre en Italie de très-beaux en bois d'ébène avec marqueterie
en ivoire, en pierres dures, etc. Celui que le Président expose sur le
bureau, compte parmi les plus simples, et est d'origine alsacienne. liest en
bois ordinaire, recouvert tout entier de peintures dans le genre de celles
qu'on trouve sur de vieux meubles dans nos campagnes. Il porte la date
1G19. Comme les précédents, il a été fait pour être donné en cadeau
à deux jeunes mariés qui sont représentés sur les deux battants de la
porte dans le riche et gracieux costume du temjis. Deux personnages
|)lus âgés, figurés dans un médaillon sur la face de dessus, pourraient
cire les parents du fiancé. La petite serrure est une imitation de celles
qui garnissent nos grands bahuts de la môme époque, si fi-équents en
Alsace.
Lu séance est levée.
— 103 -
Séance du Comilé du A février 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Blonck, Kraus, Pelili, Ringeisen, Salomon, Sengenvvald,
R. de Türckheim, Gh. Schmidt, secrétaire.
MM. le professeur Martin, Mitscher et de Miihiheim, membres de la
Société, assistent à la séance.
M. Ohleyer se fait excuser pour raison de santé.
Le procès-verbal de la séance du 7 janvier est approuve tel qu'il est publié.
1° Quelques membres ayant présenté des observations sur le texte
imprimé du procès-verbal de la séance du 10 décembre 1877, le Comité
décide que ce procès-verbal sera publié in extenso parmi ceux qui sont
insérés dans le Bulletin et qui seuls ont un caractère officiel.
2° Sur la proposition d'un membre on décide qu'à l'avenir les procès-
verbaux ne seront plus livrés à l'impression qu'après avoir reçu l'appro-
bation du Comité.
3" Sur la proposition du même on vote l'impression delà liste des mem-
bres de la Société, avec ceux du Comité en tête; cette liste devra paraître
avant la prochaine assemblée générale.
4° M. Schmidt dépose, au nom de M. Charles Robert, membre de l'his-
titut et de notre Société, deux mémoires, l'un sur l'épigraphie de Vence,
l'autre sur les Primani mentionnés dans une inscription de Périgueux.
M. Schmidt est chargé d'en exprimer à M. Robert les remercîments du
Comité.
5" A propos de la logette de Colmar, pour la restauration de laquelle le
Comité a voté une subvention, M. le président priera M. l'architecte Winde-
ier de vouloir bien communiquer son croquis définitif.
G° M. le président annonce le décès de M. le colonel de Morlcl à Nancy.
La Société perd en cet homme vénérable un de ses membres les plus an-
ciens, les plus instruits et les plus dévoués. Une notice nécrologique lui
sera consacrée dans le Bulletin.
— 104 —
7° M. Ringeisen rend compte de la mission qui lui a été confiée de re-
présenter le Comité aux obsèques de M. Nickiès qui ont eu lieu àBcnfeld,
le 7 janvier, à 10 heures du malin, au milieu d'une nombreuse assistance.
Après le service religieux ayant été invité à prendre la parole, il s'est ex-
primé en ces termes:
« M. le président de la Société pour la conservalioii des monuments his-
toriques dt Alsace a donné communication hier, à la séance du Comité, de
la perle douloureuse que la Société venait d'éprouver par la mort de notre
digne et honoré collègue, M. Napoléon Nickiès, ancien membre du Comité.
«M. le président aurait désiré venir aujourd'hui porter lui-même sur
cette tombe les regrets de la Société pour une perte aussi sensible.
Mais empêché par des engagements antérieurs, auxquels il n'a pas pu se
soustraire, il a dû, à regret, décliner cet honneur, et j'ai été désigné par
le Comité pour le représenter à cette triste cérémonie.
« En attendant qu'une voix plus autorisée que la mienne rende compte
des travaux de notre honoré collègue, des services rendus à la science et
à l'histoire par ses nombreuses et patientes recherches sur les antiquités
celtiques et romaines de sa chère contrée d'Ehl, le Comité de la Société
pour la conservation des monuments historiques d'Alsace a tenu à lui
donner, en ce moment supiôme, ce témoignage public de son estime et
de sa considération.
«Puisse cet hommage spontané de collègues éminents et si bien placés
pour en apprécier le mérite, être pour la famille Nickiès, si cruellement
éprouvée, un allégement à ses douleurs et un des souvenirs précieux de
l'héritage patei'jiel. »
M. Kingeisen transmet au Comité les remercîments de M. Nickiès, fds,
qui a été Irès-touché de cette marque d'estime et do considération pour
la mémoire de son père.
S'' M. If jirésident informe le Comité qu'il ;i i<'(,'-u du Conseil général de
la iJasse-Alsace la subvenliuii annuelle de 1,500 fr., et de celui de la
Haute-Alsace, de 500 fr.
9" M. iJlanck l'ait une communication sur le mur romain mis à décou-
vert lurs de fouilles faites récemment dans la rue Mercière. Il a constaté
que le tiacé de ce mur, tel qu'il a été donné par M. de Morlet sur le plan
publié daji.s le IJullelin (t. IV, i8GI, p. 32), est beaucoup plus exact que
• ehii rie Silln.iinium dans sa Loculyeschicldc.
— 105 —
10*^ M. Ringeisen rend compte d'une trouvaille qu'il a faite à Iliiscn-
heim, canton de Maickolslieim. Elle consiste en un tronc de colonne ro-
maine, en pierre de taille sculptée, de V'\oO de lart^cur environ, prove-
nant du Kalsergaiien. Il estime que, moyciniant la somme de 50 fr., il
pourrait en faire l'acquisition pour le musée de la Société.
Après plusieurs explications sur la valeur archéologique de ce petit
monument et sur sa provenance, le Comité en vote l'acquisition et ouvre
un crédit de 50 fr. à cet efl'et.
il'' M. le président donne communication de la lettre suivante qui lui a
été adressée par M. Ringeiscn au sujet de la démolition de la petite église
paroissiale de Bolsenheim.
«Monsieur le Président,
«J'ai reçu avis, le 9 du courant, du maire de Dolsenheim, qu'on était
en train de démolir l'ancienne église de cette commune. Il me demandait
s'il était forcé de conserver le clocher et, dans ce cas, si la Société pour
la conservation des Monuments historiques fournirait pour la réparation
les 500 francs promis.
«Je me suis empressé de me transporter sur les lieux le 10. J'ai trouvé
la nef à moitié démolie et la flèche de la tour en cours de démolition.
« La nef esl une petite construction portant les traces de trois agrandisse-
ments successifs, le dernier du dix-huitième siècle. Les murs laissent voir
sous le badigeon, dans l'intérieur de l'église, les traces de peintures murales
dont il est impossible de reconnaître les sujets. Le plafond à voussure était
orné de cartouches avec des tableaux représentant: le grand, au milieu,
l'Assomption de la Vierge; et les quatre petits dans les angles: la Saluta-
tion angélique, la Visitation, la Nativité et l'Adoration des mages. Cette nef
menaçant ruine et n'ayant aucune raison d'être conservée, il n'y a pas lieu
d'intervenir. J'ai recommandé au. maire de conserver avec soin l'ancien
encadrement de porte romane avec ses battants et ferrements ainsi qu'un
bénitier à six pans, en pierre, et un grand couvercle de tombe romane sur
lequel on voit encore les traces de trois cercles et d'une croix grecque.
« La tour se compose de trois étages bien marqués. Le rez-de-chaussée
à voûte d'arêtes, refaite au dix-huitième siècle, laisse voir les origines
romanes bien conservées. —
« Le premier étage est arrêté par un cordon en pierre à biseau.
« Le deuxième étage, exhaussé d'un étage probablement au seizième
siècle, est percé sur trois faces d'un système de trois petites arcatures
- 106 —
plein-cintre, supportées par des colonneltes romanes, et sur la quatrième
face par un système scmbla])le, mais simplement géminé. Cette tour était
terminée par une flèche octogonale, aiguë, recouverte eu tuiles plates et
les arêtes en tuiles vernies.
«Cette tour est en bon étal. 11 serait facile et intéressant de la conser-
ver. M. le Maiie m'a promis de la maintenir dans son état actuel jusqu'à
ce qu'il ait été statué par l'Administration supérieure.
«Je me suis empiessé le même jour de pousser jusqu'à Strasbourg
jtour vous rendre compte verbalement de cet étal de choses et demander
voti-e concours. Mais je n'ai pas eu le plaisir de vous rencontrer.
(J'ai également voulu voir M. Winckler chez lui et à son bureau, mais
je n'ai pas eu plus de chance.
«Ce petit monument ayant une valeur archéologique réelle et étant une
propriété communale, j'estime qu'il y a heu de prier l'Administration su-
périeure de vouloir bien envoyer sur les lieux l'architecte en chef pré-
posé pour les monuments historiques , afin de prendre connaissance de
l'état des choses, faire ses propositions en conséquence et offrir de con-
tiibuer aux réparations à faire dans la limite de nos ressources.
tt Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression respectueuse de
mes sentiments dévoués.»
Le Comité, en l'absence de M. Winckler, qui est indisposé, invite M. le
docteur Kraus à se transporter sur les lieux, à s'entendre avec M. Uing-
eisen et M. le Maire sur les mesures à prendre et à indiquer dans quelle
proportion la commune et l'État voudront participer aux travaux de con-
servation de la tour.
12° M. le professeur Kraus communique quelques objets romains trou-
vés à Neuf-Brisach.
13" La prochaine assemblée générale est fixée au jeudi, 28 février.
Les membres sortants du Comité sont : MM. Dagobert Fischer, Blanck,
Ohleyer et Guerber.
La séance est levée.
— 107
Assenibh'c gniérale du 28 février iHlH.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
La séance a lieu dans une des salles de riJôlel-de-Ville, que M. l'admi-
nislrateur municipal a bien voulu mcllre à la disposiliou de la Société.
Des deux côtés de la salle, une cinquantaine de gravures, faisant partie
du cabinet d'estampes récemment fondé par la ville, sont exposées par
les soins de M. le professeur Kraus.
Siègent au bureau: MM. D"" Roffback, délégué par M. le président de la
Basse-Alsace, Blanck, Drucker, Salomon, Ch. Sclimidt, Rod.de Tiircklieim.
Soixante-douze membres assistent à la réunion. MM. Spach, de Schauen-
bourg, Klotz, Gyss et Oleyer se font excuser.
Le président ouvre la séance par l'alloculion suivante :
Messieurs,
Conformément aux statuts de notre Association, nous avons l'bonneur
de vous rendre compte de la gestion du Comité et de vous entretenir de
l'ensemble des travaux littéraires qui ont été fournis depuis un an, ainsi
que de quelques actes de conservation.
Mon vénéré collègue, M. Blanck, nous donnera connaissance du rapport
financier présenté par M. le trésorier Klotz, empêcbé d'assister à la séance.
Gomme les années précédentes, M. l'architecte Bingeisen nous fera un
exposé des travaux de.consolidation, de fouilles ou de déblais qui ont eu
lieu sous la direction ou du moins sous le patronage de la Société, depuis
la dernière assemblée générale.
Messieurs, il vous a été facile de juger vous-mêmes, en prenant con-
naissance de nos procès-verbaux, que les séances du Comité n'ont pas
seulement été régulièrement tenues, mais encore qu'elles ont été en
général bien remplies. D'intéressantes communications nous ont été adres-
sées. Les unes ont rapport à des artistes alsaciens, comme Sébastien
Slosskopff, dont M. le professeur Wollmann a découvert une œuvre impor-
T. X. - (P.-V.) 8
- 108 —
tante au château de Prague, comme Marlin Schœngauer, dont M. le pro-
fesseur Kraus a signalé quelques tableaux et dessins, conservés à Florence
et à Sienne. Les autres ont pour objet, soit la découverte d'antiquités,
comme les bracelets de Ileidolsheim, les monnaies d'argent trouvées à
Bischofsheim, soit la description de monuments anciens. Je citerai parmi
ces derniers les sépultures romaines de Durstel, cl le fragment de sculp-
ture antique trouvé dans l'église de Lolir, et décrit par M. Schlosser, de
Drulingen.
A la suite des mémoires dont j'ai eu l'honneur de vous faire l'énumé-
ration il y a un an, ont été imprimés :
Une Notice sur une ancienne maison de Strasbourg, avec planches,
par M. l'archilecte Salomon ;
Un Mémoire sur l'ancienne léproserie (Gnlleulen) de Strasbourg, par
M. le professeur Ch. Schmidt;
Un Exposé généalogique sur la famille de Jean d'Albe, par M. Kindler
de Knobloch.
L'impression de tous ces mémoires est terminée; déjà la première
livraison du dixième volume de la seconde série de notre Bulletin serait
entre vos mains, si nous avions pu obtenir à temps une planche photogra-
phique qui doit orner un mémoire et que l'artiste photographe ne nous a
pas pu livrer par suite d'un accident. Pour haler l'expédition, nous serons
probablement obligés de vous adresser cette planche plus tard, avec la
seconde livraison du volume.
J'arrive aux actes de conservation. Un ancien retable d'autel, dont les
volets sont ornés à l'extérieur de bonnes peintures du seizième siècle et
qui présente à l'intérieur des bas-reliefs et une statue de madone de la
même époque, allait être vendu et devait passer la frontière. Le rétable
appartient à l'iglise de Luemschwiller, dans la Ilaute-Alsace. Votre prési-
dcjit n f'nii les démarches nécessaires pour en assurer la conservation au
pays. Le rétable ne pourra être vendu (]ue pour entrer dans une collec-
tion publique d'Alsace.
Il en est de même d'un ancien tableau de 1511, appartenant à l'église
de l'iibffiuvillé et fpic j'ai eu l'honneur de signaler à l'attention des
inomhvas de la Société, réunie en séance générale à Colmar, en 1860.
Si l'intervention du président, agissant au nom du Comité, est restée
sans résultat, en ce qui concernait le maintien de l'ancienne porte des
Bouchers, dite porte d'Auslerlitz, ce monument cher aux Strasbour-
geois, comme tout ce qui leur rappelle d'anciens souvenirs, nous est du
- 109 —
moins conservé par une série de vues photographiques, exécutées à nos
frais par M. Winter et classées dans les cartons de notre modeste musée ;
ces collections ont été augmentées de quelques photogra[)hies, données
parles auteurs, et d'un nombre considérable d'anciens dessins de cliàteaux
d'Alsace, dus au crayon de feu M. Engelhard. J'aime à croire. Messieurs,
qu'il viendra un temps où la question du local de notre Association n'em-
pêchera plus personne de nous confier le dépôt d'objets antiques, et que
notre musée prendra un accroissement plus considérable. Dans les condi-
tions où nous sommes, un développement devient presque impossible, à
moins de vouloir entasser objets sur objets, au risque de les détruire. Je
n'ai pas pu me défendre d'un sentiment, j'allais dire de secrète envie, en
voyant naguère le musée d'antiquités de Saverne, qui trouve déjà un
rival dans celui de Wissembourg, organisé depuis quelques mois par les
soins de M. le directeur du cercle , de Stichaner. En créant ce musée,
dans lequel seront réunis successivement les objets antiques épars dans
les nombreuses communes du cercle de Wissembourg, M. de Stichaner
a bien mérité de notre Société ; je le prie de vouloir agréer ici l'expres-
sion publique de notre reconnaissance.
J'ai l'honneur de vous rappeler. Messieurs, que mon mandat expire à la
fin de cette séance et que vous avez à désigner quatre membres pour
compléter le Comité. Les membres sortants nous sont connus; ils sont
rééhgibles, à l'exception de M. Dagobert Fischer, qui m'a fait l'honneur
de m'écrire hier que ses occupations et son grand âge ne lui permettent
plus de siéger parmi nous. Le président se fera un devoir d'exprimer à ce
membre respectable la gratitude de la Société pour tous les services ren-
dus. Peut-être trouverez- vous bon. Messieurs, que le titre de membre
correspondant pour l'arrondissement de Saverne lui soit décerné.
M. le trésorier Klotz étant empêché, M. Blanck veut bien, sur l'invitation
qui lui est faite par le président, communiquer à l'assemblée les comptes
de l'exercice 1877.
— 110 -
Compte de l'exercice 1877.
RECETTES.
Recettes ordinaires.
CiiAP. F"". Intérêts de capitaux.
Intérêts de 25 obligations nominatives dos cliomins de fer
de l'Est .S7o SGO^OS'^
Intérêts des fonds déposés en compte courant à
la Banque d'Alsace et de Lorraine 102 80
468^85'^
CnAP. II. Cotisations des sociétaires.
Cotisations perçues pour l'exercice 1877 à Strasbourg 108
Au dehors, par la Banrpie d'Alsace et de Lorraine. 142
Directement. 2^
252
A 10 fr. l'une, fait 2,520 —
11 a été détaché du registre à souche 203 quittances,
auxquelles il faut ajouter 2 quittances
ajournées de l'exercice 1876 2
205
dont 252 recouvrées,
7 de démissionnaires et décédés,
6 ajournées,
Total pareil 265
Cmap. III. Subventions.
Subvention de la Ilaute-Alsace pour 1877 . . . 500''—^
» de la Basse-Alsace pour 1877 . . . 1,500 —
2,000 —
(In A p. IV. Recettes diverses.
Protluil de la vente du Bulletin publié par la Société. . 6 —
Total des rccelles ordinaires 4,904 85
— III —
Recettes extraordinaires.
Reliquat actif du cuiiiplc de 1870 3,007 Tm^
Récapitulation :
Recettes ordinaires 4,99/i' 85
Recettes extraordinaires 3,907 65
Total général des recettes 8,902 50
DEPENSES.
Dépenses ordinaires.
Chap. P'". Frais de bureau cl d'administration.
§ 1. Location et entretien du local des séances.
A. Loyer pour 1877 350 ^—^^
B. Assurance contre l'incendie du mobilier
et de la bibliothèque, prime pour 1877 8 35
C. Balayage du local 40 —
D. Indemnité aux garçons de bureau de la
Mairie, pour disposition de la salle de
l'assemblée générale en mars 1877. . 20 —
E. Chauffage du local 25 85
2. Frais d'administration.
A. Indemnité au commis du président. . . 200 —
B. Indemnité au commis du trésorier ... 150 —
§ 3. Frais de bureau.
A. Fourniture de billets de convocation,
d'imprimés divers et de matériel de
bureau 55 87
B. Affranchissement du Bulletin 4 81
C. Aiïranchisscment de la publication men-
suelle des procès-verbaux des séances. 102 08
444 20
350 -
A reporter ... 103 36 794 20
— 112 —
Report leS^âe^^ TO^^SO*^
D. Affranchissement de lettres de convoca-
tion et de la correspondance 30 O^
E. Transport à domicile des bulletins et
convocations, commissions diverses .40 —
F. Frais de dépôt de 25 obligations Est,
payés à la Banque d'Alsace-Lorraine . 5 —
G. Frais de bureau divers 15 10
§ 4. Frais de perception.
A. Encaissement des quittances à Stras-
bourg 40 —
B. Ports de lettres et frais de commission
pour quittances envoyées au dehors . 12 75
CuAi'. III. Publication du Bulletin de la Société.
Lithographie du château de Guirbaden . . 213 —
Tirage et mise sous bandes des procès-
verbaux des séances publiés à part. . . ICI 25
254 40
52 75
§ 5. Frais de reliure et de mobiher.
Reliure des livres de la bibliothèque de la Société. . 14 50
CiiAP. II. Fouilles, recherches , travaux de conservation.
§ 1. Fouilles, recherches.
Néant.
§ 2. Travaux de conservation.
Restauration des églises de Sainte-Foi et
Saint-George à Schlcsladt 346 40
Restauration du château de Ilohenbourg. . 400 —
Restauration de l'église collégiale de Wis-
sembourg 1,250 —
Restauration du château de Fleckensteni. . 200 —
Restauration de la loggia de Golmar. . . . 1,000 —
3,196 40
374 25
A reporter 4,686 50
— 113 -
Report 4,086 ''50''
CnAP. IV. Dépenses diverses et imprévues.
§ 1. Encouragements et gratifications.
Gratification accordée aux charpentier, ma-
çon et fossoyeur employés aux travaux
de restauration de la chapelle d'E[)fig. . 100*^ — °
Gratification au garde du chàlcau de Iloh-
kœnigsbourg pour 1876 20 —
120
Dépenses extraordinaires.
JSéant.
Récapitulation :
Dépenses ordinaires 4,806 50
Dépenses extraordinaires (Néant) — —
Total général des dépenses. . . 4,806 50 4,N(ir) 50
RECAPITULATION GENERALE.
Recettes.
Receltes ordinaires.
Chapitre P^ Intérêts de capitaux 408 85
— II. Cotisations des sociétaires 2,520 —
— III. Subventions 2,000 —
— IV. Recettes diverses 6 —
4,994 85
Recettes extraordinaires.
Reliquat actif du compte de 1876 3,997 65
Total général des recettes '!^,\^\H 50
Dépenses.
Dépenses ordinaires.
Chapitre P''. Frais de bureau et d'administration. 1,115 So
— II. Fouilles, recherches, travaux de
conservation 3,196 40
— III. Publication du Bulletin de la Société. 374 25
— IV. Dépenses diverses et imprévues . . 120 —
4,800 50
Dépenses extraordinaires. (Néant.)
— iU —
Balance :
Recettes 8,902^50*^
Dépenses ^■jSOC 50
Reliquat 4,186 —
Qui se décompose ainsi :
Fonds déposés à la Ranque d'Alsace et de Lor-
raine 3,567 45
Solde en caisse 618 55
4,186'"—^
A ajouter à l'avoir de la Société:
Prix d'acquisition de 25 obligations des chemins de fer de
l'Est 3 7o 8,621 20
Total de l'actif. 12,807 20
Le présent compte soumis à la vérification du Comité par le trésorier
soussigné.
Strasbourg, le 2 février 1878. Klotz.
L'assemblée vote des remercîmenls à M. Klotz.
Le président donne la parole à M. Ringeisen, qui présente un rapport
sur les travaux exécutés dans le courant de l'année.
Messieurs,
J'ai l'honneur de vous rendre compte des travaux exécutés, pendant
l'année 1877, sur les fonds ou avec le concours de la Société pour la con-
servation des monuments historiques d'Alsace.
wi.«nibourp. Les travaux entrepris à l'éi^lise de Wissemboure- sont d'une importance
»,250 fr. . I O O 1
majeure et demandent pour leur achèvement argent et temps. La com-
mune et l'Etat y ont déjà consacré des sommes élevées et se proposent de
les continuer. La Société pour la conservation des monuments historiques,
appelée à donner son avis, n'a pas failli à sa mission et, dans la limite de
ses ressources, elle a voulu montrer tout l'intérêt qu'elle portait à la res-
tauration de ce monumiMil en volant un nouveau crédit de 1,250 h'.
Une commission tirée de votre Comité, sur la demande expresse de
l'administration, s'est li-ansportée sur les lieux le 22 novembre dernier.
Elle a été à même de reconnaître les résultats déjà obtenus, de discuter
sur place les améliorations qu'elle croit utile d'entreprendre et les moyens
les plus pratiques [»our y parvenir. M. le président de la Société, dans un
- 115 -
compte rendu détaillé, a déjà indiqué les travaux exécutés et les personnes
dévouées qui y avaient concouru. Des monuments de cette importance
exigeraient une monographie spéciale. Espérons qu'après la terminaison
des travaux il se trouvera parmi nous un homme de science, qui aura
les loisirs nécessaires pour entreprendre cette page d'histoire.
En attendant nous suivrons avec attention toutes les phases do la res-
tauration, recueillant tous les documents, toutes les traces qui pourraient
servir à élucider et fixer, d'une manière certaine, les points encore ohscurs
et contestés.
La commission qui s'est rendue à Wissembourg, aurait voulu se Irans- «•■i«'_>''="»'<-"' .
* 200 fr.
porter aux châteaux de Fleckenstein et de Ilohenbourg, constater pai- ii.,:..-nbonrg,
elle-même les travaux exécutés sous la haute intervention de M. le Direc-
teur du cercle et par les soins de l'administration forestière. Malheureuse-
ment le temps lui a manqué, et elle a été obligée de remettre à un moment
plus opportun une visite à laquelle elle ne renonce pas.
En attendant elle a recueilli les renseignements les plus précis sur l'im-
portance des travaux exécutés, eu égard surtout au peu de ressources
disponibles, la bonne direction imprimée et les excellents résultats obtenus.
Le Comité s'est donc empressé de voter les 200 fr. d'une part et les
400 fr. d'autre part demandés, pour faire face aux dépenses qui avaient
excédé les ressources, et il a exprimé, en même temps, les encouragements
les plus vifs pour faire continuer cette œuvre de dévouement.
400 fr.
Nous avons rendu compte dans le rapport de l'année dernière des travaux
Sclilfstadt ,
Sainlc-Foi
de déblaiement entrepris à la crypte de l'église Saint-George et les travaux et saim-George,
, ^ . ,, • . 346 fr. iO c.
de grattage du porche et des tribunes de l'église romane de bamte-roi a
Schlestadt. Ces travaux ont eu pour résultat de faire découvrir :
Dans la première, des restes de substructions anciennes dont on ignorait
l'existence et dont il faut probablement faire remonter l'origine à repotjue
romaine ;
Et dans la seconde, les formes et dispositions de l'édifice roman que les
modifications successives, notamment celles de 161 G, avaient masquées
ou mutilées.
Ces travaux, entrepris sur les fonds de l'État, avaient occasionné un excé-
dant de dépense de 340 fr. 40 c, que la Société pour la conservation des
monuments historiques a bien voulu mettre à ma disjiosilion, après avoir
constaté l'importance des résultats obtenus.
Je suis heureux de pouvoir informer la Société que ces premiers travaux
ont eu un autre résultat heureux. La ville de Schlestadt n'a pas voulu
— 116 -
rester en arrière. Malgré les dépenses considérables auxquelles sa trans-
formation actuelle l'a engagée, son Conseil municipal vient de voter un
crédil de 5,000 fr. pour le débadigeonnage complet de l'église Sainte-Foi
et pour les travaux de restauration les plus urgents que celte opération
entraînera. Nous aurons donc la satisfaction de pouvoir apprécier les
ornementations si délicates et si particulières de cette architecture rhénane,
inspirée de l'art byzantin, qui avaient été odieusement cachées, jusqu'à
ce jour, sous d'innombrables couches de badigeon.
Cûiojar. i.öoofr. Votrc Comité s'est empressé de voter, sur le rapport de notre collègue
éminent du Ilaut-Rhin, M. Chauffour, un crédit de 1,000 fr. pour la res-
tauration de la petite loge, placée sur la maison municipale de Colmar, en
face le portail Saint-Martin.
Ce petit édicule de la deuxième moitié du seizième siècle est d'un dessin
charmant. Il se compose d'une ordonnance de cinq petites arcades cin-
trées, les trois du miheu faisant saillie, à pans coupés, sur les deux laté-
rales. Ces arcades sont arrêtées par de petites colonnes corinthiennes
cannelées, supportant un entablement complet et reposant sur des piédes-
taux à mascarons saillants, avec allèges formant un appui continu, décoré
d'écussons et de bas-reliefs à son socle. 11 ne reste plus qu'un écusson
dans son tympan; mais on y aperçoit encore la trace des anciens qui ont
été enlevés.
Tout cet ensemble, en saillie sur le nu du mur, est supporté par une
puissante corniche à modillons et oves, épousant la forme supérieure, et
terminée par un cul-dc-lampe qui se perd dans le couronnement de la
porte principale d'entrée au-dessous. Cette porte, à arcade plein cintre,
est encadrée d'une ordonnance dorique de la môme époque et de même
style que la loge au-dessus.
Les faces du bâtiment, affecté actuellement à la police municipale, sont
percées de deux grandes arcades ogivales sur le côté, pour le passage des
voitures, d'une petite porte rectangulaire sur la face, avec les armes de
Colmar, entre le millésime de 1575, et enfin de plusieurs baies de fenêtre
rectangulaires, de la même époque, à meneaux et moulures rentrantes,
très-accentuées.
Ce petit appendice, d'un dessin et de détails plus délicats que ceux que
l'on remarque sur les autres édicules de la même époque qui subsistent
encore dans la ville de Colmar, a été fait évidemment sous l'inspiration
d'une lo(j(jia italienne par un artiste très-habile. Le couronnement de la
porte ."îurtoul, port.inl un médaillon à personnage et des rinceaux à en-
— 117 —
roulements à jour, est d'une ténuité et d'une délicatesse exigeant une
expérience extrême du ciseau. On comprend diffîcilemenl comment ces
sculptures ont pu parvenir aussi intactes jusqu'à nous.
Du reste tout cet ensemble est dans un assez bon état de conservation.
Mais la partie supérieure s'arrête net à sa cornicbe. Évidemment elle a dû
être terminée par un couronnement. Mais quel élail-il? Jusqu'à présent
on n'a pu découvrir aucun document certain constatant l'ancien état.
Était-il en pierre formant simple balustrade? mais, dans ce cas, il y eût
eu une communication avec le comble au moyen d'une grande lucarne,
comme cela existe aux logrjia des rues des Juifs et des Clefs; ou bien
terminé en pointe, comme à celles des rues Schôngaucr, des Marchands
et de la Grand'rue ? Ces questions intéressantes ont fait l'objet de recherches
sérieuses de la part^de votre Comité. M. Winckler, l'architecte provincial
et un de nos collègues, dont la compétence ne peut être contestée, a con-
senti à se charger de ces travaux. Il a présenté un premier projet, qui a
donné lieu à plusieurs observations que M. Winckler a bien voulu prendre
en considération. De nouvelles recherches, de nouvelles combinaisons
sont à l'étude; enfin, des dispositions sont prises pour commencer au
beau temps les travaux auxquels votre Comité tient essentiellement,
d'abord pour le monument en lui-même et ensuite pour montrer toute
l'importance qu'il attache aux recommandations de nos collègues du Haut-
Rhin.
A ce sujet nous sommes heureux de vous informer que les travaux de Thann.
grosses réparations à la Bannwarthütte de Thann, qui devaient être entre-
pris par les soins de la municipalité de cette comnmne, sous la direction
de M. l'architecte Cariage, notre collègue, et qui avaient été retardés par
différentes circonstances indépendantes de notre volonté, sont actuelle-
ment à peu près terminés ; que les travaux de restaurations des différents
cartels en pierre, pour lesquels la Société avait voté une somme de 600 fr.,
ont été confiés aux soins de M. Klemm, sculpteur bien connu de Colmar,
et qu'ils sont aussi, de leur côté, presque terminés. M. Klemm n'est arrêté
que par le rétablissement de quelques parties mutilées qui exigeraient la
présence de M. Ingold, que des conditions de nationalité tiennent encore
éloigfné de nous.
BaiiiiNvartliûtlc.
'O'
La commune de Ililsenheim, canton de Marckolsheim, est traversée par Hiupiihcim ,
la voie romaine qui va d'Ehlà Ilorbourg. Vers le Siulào. Ililsenheim est un ^"'''
emplacement appelé Kaisergarten où l'on a déjà trouvé de nombreuses
subslructions, des débris de tuiles à rebords et des poteries romaines.
— 118 —
M. Coste, dans ses recherches sur les anciennes voies de la contrée, a
signalé cet emplacement et y attachait une certaine importance. Peut-être
serait-il utile de continuer ces recherches. Toujours est-il que l'on a
dans la commune le souvenir de trouvailles nombreuses auxquelles on
n a pas attaché toute l'importance qu'elles méritent. Dans une de mes der-
nières excursions j'ai vu dans la cour d'un habitant de cette localité le
tronçon inférieur d'une colonne en pierre, de 1"\30 environ de hauteur
sur 30 centimètres de diamètre. La base fait corps avec le fût de la co-
lonne. Elle est presqu'entièrement mutilée et laisse à peine deviner les
formes de la base attique. Au-dessus s'enroulent en spirales de larges
guirlandes de Iruils et de fleurs, séparées par des bandes. Le relief, malgré
les frottements et l'action du temps, est encore assez prononcé pour
faire apprécier la belle exécution de la sculpture. Ce tronçon provient du
Kaisergarten. La partie supérieure a été cassée et employée comme
moellons dans une habitation particulière. Le sieur Jehl, propriétaire du
tronçon conservé, se proposait d'en faire une pierre tumulaire. Le Comité
m'ayant autorisé à en faire l'acquisition, j'ai pu l'obtenir pour une somme
de 30 fr. Elle devra être transportée à Strasbourg pour enrichir notre
musée.
On profitera de cette circonstance pour faire parvenir à la même desti-
nation l'ancien sarcophage trouvé l'année dernière sur la même voie
romaine, jirès d'Ehl, et que M. le docteur Rack, de Benfeld, a bien voulu
mellre à la disposition de la Société.
Cette question d'emplacement remet à l'ordre du jour celle de notre
petit musée lapidaire et des démarches à renouveler auprès de l'adminis-
tration municipale, pour tâcher d'obtenir un asile dans un des bâtiments
«lu'elle consacre à la science et aux beaux-arts. Je ne doute pas, (pi'appuyée
par vous. Messieurs, notre demande n'ait quelque chance d'être favorable-
ment accueillie par une administration qui s'est toujours montrée si bien-
veillante à notre égard.
En nous rendant service, ce serait en même temps nous permettre de
livrer au grand jour quelques restes intéressants des âges anciens qui
sunt perdus pour le public.
J'aurais encore voulu vous rendre compte des dilïicultés de détail que
nous <'|»i(.iuvon$ dans l'exécution des travaux entrej)i'is aux châteaux de
Iltjjikujnigsbourg et de Landsperg, ainsi qu'à la cha])clle d'Ej)fig, des
tl'''ni.'iiclies poursuivies pour la conservation du clocher roman de Bolsen-
iif'itii ; mais comme tous ces travaux, ainsi que ceux dont il a été ci-dessus
question et pour lesriuels le Comité des monuments historiques a voté des
— 119 —
subsides l'année dernière, sont en cours de construction et donneront
lieu, après leur terminaison, à des rapports plus comj)lc(s, comme, d'un
autre coté, vos moments sont comptés et que vous allez être appelés à
procéder à l'élection des membres sortants du Comité, j'ai cru devoir
abréger autant que possible le compte rendu de cette année.
Espérons que, délivrés des préoccupations brûlantes ([ni ai^itent actuelle-
ment l'Europe et auxquelles chacun de nous, dans sa sphère, ne saurait
échapper, nous pourrons enfin trouver la sécurité et la liberté d'es[irit
nécessaires pour nous livrer avec bonheur, sur ce terrain neutre où nous
pouvons tous nous rencontrer, à l'exploration et à la conservalion des
richesses archéologiques de notre chère Alsace.
M. le professeur Kraus annonce à l'assemblée la création d'un musée
d'estampes, organisé depuis peu par l'administration municipale qui, dans
l'intervalle de quelques mois, s'est trouvée dans le cas de faire d'excellentes
acquisitions. Le but spécial de cette création est de réunir autant (jue
possible toutes les œuvres exécutées par des graveurs alsaciens, ou domi-
ciUés pendant quelque temps en Alsace. D'intéressants renseignements
sont fournis par M. Kraus sur les planches exposées.
L'ordre du jour appelle à l'élection des membres qui doivent compléter
le Comité. Les membres sortants sont: MM. Fischer (démissionnaire),
Blanck, Oleyer et V. Guerber. Le scrutin des votes donne les résultats
suivants : M. Blanck 71 voix, M. Oleyer 71, M. Barack, bibliothécaire en
chef de l'Université, 37, M. Mietscher, juge au tribunal civil, 33, M. Dock,
sculpteur, 32, M. l'abbé Dacheux 28, M. V. Guerber 13.
MM. Blanck, Oleyer, Barack et Mietscher sont proclamés membres du
Comité.
M. le président est réélu par acclamation.
La séance est levée à 4 heures.
Séance du Comilé du 4i mars 4878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. le D'^ Barack, Blanck, prof. Kraus, Mitscher, Petiti,
Ringeisen, Salomon, prof. Schmidt, Sengenwald, Stoffel, de Türckheim.
M. de Pœllnitz, membre de la Société, assiste à la séance.
- I2ri —
4e M., -
-i du p;
:. ^e CoküäT. et
:]^ Rei: er à Er-
proposéî par ^ PangeiseD.
ÎOL Gn^xe Petiti, architécte-entrepr ^',
Th- J. K^'rl , id- id-
Hnber, :e, ü-
proposa par M. le châDome Stranb.
)L le D' Rehîbardt Toué, é rg,
•iiiicher.
M- Fraotz StôckhatiseD, directeur do Conserratoire de Strasbourg,
pr ;• - " --.
Tf\r -v.jreîien e^ F-- ^ rendent compte de la coorâe qnHî .„: :„:t: à
:. ïor U i; du Comité, au snjet do clc'ober de cette
me. Us sont d avis qu'A y a lieo de faire que pour la
on de ce clocher, et : de Tot-r: Zc 500 fr.,
:- '— ^■^^^'-nent d'A.c.. ,.-!-:■ rraine &j,....- ^,..-ctre de son
.!. Le Comité vote les 500 fr. demandés-
-i fonilles entreprises dans la me de la Douane,
pour ation des eaui, ont mis à découvert les restes d'une ris-
* V^ "*" benne avec pilotis en bois de pin.
**^''"**"' 'T:' -e trouvait à peu : ' i l'axe de bdüe rue, vis-
•jrie, et était di- . -^s bord« aetods de 1111
d'environ âO mètres. La largeur du cours d^eau a donc été rétrécie de
toute cette étendue.
— 121 —
M. le président donne lecture du mémoire de M. l'ahbé Gvss sur un M^moira
document relaln au cljatcau de Fleckenslein, près Wissenihouig : ».,r .m do.»,mnt
ri'btir au cl.&lcuu
ilf FU'ckciitlein.
Les travaux de déblai qui ont eu lieu récemment au château de Flecken-
stein, aux frais de la Société pour la conservation des monuments iiisto-
riques, prêtent un certain intérêt d'actualité aux renseignements relatifs à
ce château. C'est le cas pour un titre que l'auteur de cette note a trouvé
récemment parmi une série de parchemins concernant les domaines des
sires de Fleckenstein et provenant des archives privées d'une de nos
anciennes familles nobles d'Alsace. Pour l'intelligence de la pièce, il ne
sera pas hors de propos de rappeler en peu de mots les origines du châ-
teau et de la famille.
De même que la plupart de nos anciens dynastes, les sires de Flecken-
stein commencent à figurer dans les chartes à partir du douzième siècle;
conséquemmenl le château, auquel ces seigneurs empruntèrent leur nom,
existait déjà à cette époque. Toutefois il n'est fait mention de cette forte-
resse que vers la fin du treizième siècle, et cela à l'occasion d'un siège
qu'elle subit de la part de l'empereur Rodolphe de Habsbourg. Le sire de
Fleckenstein, réclamant de l'évêque de Spire une satisfaction pécuniaire
pour certains services, s'était emparé de ce prélat et le retenait pn'sonnier
dans son château. C'est alors, dans le courant de l'année 127G, que le
nouveau chef de l'empire, que les électeurs avaient choisi pour rétablir
l'ordre public après les troubles de l'interrègne, vint assiéger la forteresse;
mais le sire de Fleckcnstcin, se jugeant trop faible pour résister à un tel
adversaire, ne tarda pas à se rendre à discrétion, en remettant sa personne,
avec tous ses domaines, au pouvoir de l'empereur. Ce sont les annales
des dominicains de Colmar qui nous apprennent ce fait. Au siècle suivant
la famille de Fleckenstein se partagea en deux branches, dont l'une se
surnomma de Dagstuhl, d'une seigneurie située dans la Westrie qui lui
était advenue par voie de mariage, tandis que la branche alsacienne prit
le surnom de Sultz (sous forêts), dans l'enceinte de laquelle localité elle
possédait également un château fort, comme aussi à Rödern (Niedcrrodern).
Ce dernier château donna naissance plus tard à une sous-branche sur-
nommée de Uödern. La branche de Sultz possédait en outre le château
de Wasenstein, situé non loin du Fleckenstein, (jui lui ('Inil advenu par
alliance de famille. A l'époque à laquelle se rapporte la charte qui fait
l'objet de celte notice, c'est-à-dire dans la première moitié du quinzième
siècle, ces derniers castels avec leurs dépendances formaient enr.ore,
conjointement avec le château patrimonial de Fleckensfein, un domaine
— 122 —
compacte et indivis qui se trouvait entre les mains du chef de la branche
de Fleckenslein-Sullz, Henri de Fleckenslein dit le Vieux. En considération
dos troubles de guerre qui agitaient incessamment le pays, et de la
nécessité de pourvoir à la sûreté de ces châteaux, en réglant le mode de
leur transmission à ses descendants, comme aussi dans le but de maintenir
la i)aix et la concorde parmi ces derniers, ledit Henri de Fleckenstein prit
en 'U2o, conjointement avec son épouse, les dispositions suivantes, qui
nous renseignent en même temps sur l'armement de nos forteresses féo-
dales à cette époque. 1" Après son décès et celui de son épouse, tout
rarmcmenl du château de Fleckenstein, à savoir arquebuses et poudre,
arbalètes et llèches, cottes-de-mailles, casques de fer et en général toutes
les munitions de guerr(3, ainsi que les approvisionnements et le mobilier
(pii se trouvent dans ce château, tout cela devra y rester et appartenir
aux fils dudit Henri de Fleckenstein, à l'exclusion des filles et de tout
autre héritier. 2° Les munitions de guerre qui se trouvent dans les châ-
teaux de Ködern, Suitz et Wasenstein devront également appartenir
exclusivement aux fils, tandis que l'argent, les objets précieux et le mobi-
lier se trouvant dans lesdils châteaux devront revenir par parts égales
aux fils et aux filles. 3" En cas que les testateurs susdits décèdent sans
laisser de fils ou descendants mâles, tous les objets ci-dessus énumérés,
qui se trouvent au cbàleau de Fleckenstein et dans les trois autres châ-
teaux, devront appartenir à leurs filles, qui les partageront par parts
égales, à l'exclusion de tous les autres héritiers. 4" Les archives ou titres
de propriété appartiendront de droit aux fils, à l'exclusion des filles, à
moins qu'ils ne veuillent se dessaisir de plein gré de l'une ou l'autre pièce
en faveur des dernières. Voici le texte de la charte.
« Ich heinrich von fleckestein der elter und pelerys von heimstat myn
eliche huszfrauwe bekennen uns œfTelich mit diesem briefe und dun kunt
allen den die in jemer anesehent oder hörent lesen das ^vir angeschen
und betrachtet liant solichc wielde loyffe die jetzunt in den landen gewest
und noch sint und auch degelich cntstent also dis ein grosz notdurfft ist
wer da slos hat das sie der wol besorge und bestelle zu der gewere besonder
mit böchssen böchssenbulver armbrosten pilen pantzern hüben isenhüten
und anders was man dan zu der were bedarlfund sich darzu dreflen mag
Harumb und auch umb fryeden frünlschafft und liebe lebens willen
zusehen unscrn kinden die wir jetzunt han oder hernach gewynen möch-
lenl so lian wir mit wol vorbedachtem mute und mit friem willen geordent
und yesalzt orden setzen und machen mit krafft dis briefes in die wise
— 123 -
und forme als hernach geschrichen steht Zum ersten so ist unser wille
und gantzc mcynunge wan wir von tlodes wegen abcgnngen sint das der
ahnechlige got mit sineii gnaden lange verhallen wolle das den alles das
geschütze was dan uff die zyt in unserm slos fleckestein ist es sygcn
böchssen höchssenbulver armbrost pile hlech oder i-yngliarnosch oder
anders was zu der gcwere gehöret oder gehören mag und auch andei-
farende habe als fruchl win und ander husrat was da ist und wir noch
unserm dode in dem obgenanten slos fleckestein lassent das soi alles in
dem selben slos verüben und unsern süncn die dan im leben sint den
dasselbe slos gebürt zu haben oder deil daran liant sin werden und ver-
liben und solle keync unser dochter die wir jetzund liant oder hernachmals
gewynen möchlent oder niemant von iren wegen oder ander unser erben
deheynerleye recht daran han in deheynerleye wise one alle geverde Item
was auch harnosch böchssen böchssenbolver armbrost pile pantzer blech
oder ringharnosch und anders das man zu der were bedarffwir zu rüdern
zu sultz oder zu wahssestein betten und noch unserm dode liessen das soi
auch unser süne den dieselben slos gehörent zu haben oder deyl daran
haut sin werden und veiiiben unverdeilt mit iren swestern was aber
darüber farende habe ist als froclit win golt gelt silberinn geschyrrc und
ander huszrat was des ist und wir in den vorgenantcn dryen slossen
rüdern sultz und wahssestein nach unserm dode lassent daran soll unsern
döchtern ir recht ghch den sünen behalten sin und were es dasz wir nit
süne nach unserm dode liessent das gott nit w'olle so sollcnt die vorge-
nanten stücke alle in den jetzegenanten unsern slossen zu fleckestein und
auch in den andern dryen unser döchter die wir dan uff die zyt lassent sin
und verliben und das dan glich deylen also das eyme also vil werde als
dem anderm und soi süst keynen andern unsern erben nüstnit daran wer-
den in mahsz vorgeschrieben stet Item was rechtbücher wir noch unser
dode lassent sollent auch unser süne bevor usz sin werden und verliben
und unser döchtern nüstnit schuldig und verbunden sin davon zu geben
sie dun ob dan gern. Und des zu eyme woren Urkunde und zu ewiger
vester stetekeit so han ich heinrich und peterys beide obgcnante unser
jegelichs sin eigen ingesigel gehenkt an diesen brieff uns und unsern
erben zu übersagen aller vorgeschrieben dinge und zunach merer gezüg-
nisz so haben wir gebelten die vesten bansen von hclmslat und bansen
von entzberg unsere lieben swegere das sie ir ingesigele by die unsern
an diesen brieff gchcnket habent des ich bans von heimstat hern bansen
seligen sun und hansz von entzberg uns bekennent das wir von betwcgen
des vorgenanten heinrichs und peterys zu gezügnisz und in gezügniszwise
T. X.-(P.-V.) 9
- 124 —
unser ingesigelc by die iren an diesen briefl' gelienken liabent sie und ire
erben zu übersagen aller vorgescbrieben dinge und da wart diese orde-
nunge und geselzcde geniacbl und dieser brielT geben uff mendag nach
sant peter und sant paiilus dag der heiligen zwölfljollen des jars do man
zall nach Christus gehurt dusent vierhundert zwenzig und fünff jare.»
Les quatre sceaux qui étaient appendus à la charte, manquent. Le dos
du parchemin porte, en caractères de la même époque, la suscription
suivante : Urkundt und Verordnung wie es nach absterben heinrichs von
Flcrkenstein und seiner liauszfrauen mit dem geschilz und kriegswaflen
zu Fieckenstein, Sultz und Redern solle gehalten werden 1425. Gomme
on sait, le château patrimonial de Fleckenstein resta entre les mains de
la branche de Flcckenstein-Sultz. En 1074 cette forteresse féodale, qui
passait pour imprenable, fut livrée sans résistance au marquis de Vaubrun,
qui commandait alors les troupes royales en Alsace, et six ans après, elle
subit le sort de la plupart de nos châteaux forts des montagnes, qui furent
démolis par ordre du baron de Montclar, gouverneur de l'Alsace. Qua-
rante ans plus tard, en 1720, décéda aussi le dernier survivant de l'ancienne
dynastie alsacienne des Fleckenstein, dont les domaines passèrent alors
aux princes de Rohan-Soubise.
neconttiiuiiou Lc Comité procède ensuite à la reconstitution de son bureau,
du bureau.
Sur la proposition de M. le président, M. le baron de Schaucnburg,
vice-président de la Société, et que son grand âge empêche depuis long-
temps de venir prendre part aux travaux du Comité, est nommé président
d'honneur de la Société.
Sont ensuite nommés :
M. le professeur Ch. Schmidt, comme vice-président, MM. Nessel et de
Tiirckheim, secrétaires; M. Klotz, trésorier; M. Salomon, conservateur.
La séance est levée à 4 heures.
Séance du Comité du 1" avril 4878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents : MM. le D'" Barack, Blanck, Mitscher, Petiti, Salomon,
S. Scngenwald, de Tiirckheim, Winckler.
M. de Pœllnilz assiste à la séance.
i„prlT»Ztbu\. ^^ procès-verbal de la séance du 11 mars est lu et adopté.
— 125 -
M. Salomon propose comme membre de la Société M. Rœhricli, arclii- '''opo'ii'on
tecte d'arrondissement à Wissembourg. nouveau menibr«.
M. le président présente au Comité un mémoire de M. l'abbé Gyss, Mémoire
d'Obernai, sur le duc d'Alsace Atticb (AUicus, Eiiclton) et la lliùse si con- ' <iol\. ' ^"'
liiTiiai
sur l(! iluc (l'AUacc
Alticli,
troversée de l'existence de ce prince. M. le président veut bien se charger
d'analyser ce mémoire, dont l'impression au Bulletin est décidée. r.i.rcdc..inu.odii..
Il donne connaissance d'une lettre de M. de Sticbaner, président du '■'•»"•
cercle de Wissembourg, en date du 31 mars, au sujet des vitraux du "«"ri/svaLT'
treizième siècle, qui existaient dans le chœur de l'église collégiale de Wis- " ■"'""^■^""""•'^ "
sembourg, et qui ont été remises dans les archives de cette église. La res- iitwîsVmhïg!'
tauration de ces vitraux, exposés en ce moment chez M. Ott de Strasbourg
coûterait environ 640 marcs ou 800 fr. que ni la fabrique de Wissem-
bourg, ni la ville elle-même ne voudront payer à eux seuls, et M. de
Stichaner demande si la Société ne voudrait pas contribuer dans une
certaine mesure à cette dépense.
Une discussion s'engage à ce sujet. M. le président et plusieurs autres
membres pensent que cette coopération de la Société n'est pas tout à fait
conforme au but que celle-ci se propose et qui est écrit dans son titre ;
car elle conserve, mais ne restaure pas; — qu'on aurait d'ailleurs pu
réparer à bien moindres frais ces vitraux il y a une quinzaine d'années,
au lieu de les mettre de côté, de les faire changer de local, et de les rem-
placer par des vitraux, qui peuvent présenter de l'intérêt, mais qui ne
valent pas à beaucoup près ceux dont il s'agit ici. Ils étaient originairement
dans la chapelle de la Sainte -Vierge, et maintenant il s'agit de les pla-
cer dans la chapelle de Saint-Joseph, où on ne les verrait pour ainsi
dire pas.
Le Comité nomme finalement une commission qui ira voir ces vitraux commission
chez M. le président et formulera un avis pour la prochaine réunion. — de formui?r'un avii
Sont nommés membres de cette commission : ^ " '"'"
MM. le D'' Barack, Mitscher, Salomon et Winckler.
M. le président communique une autre lettre de M. de Stichaner qui Mémoire
^ ' des travaux do
accompagne l'envoi du mém.oire des travaux de conservation faits au conservation f«iu
■ u cliAteau
château de Fleckenstein, et qui demande une gratification de 2') fr. pour dePiecLenstein;
1 ip • • '11 •!) 111 • communication
le garde-Ioreslier qui est charge de la surveillance de cette belle ruine. dcM.desticii.ner.
i, 1 r Gratification :
Accorde. 25 rr.
Communication est donnée ensuite d'une invitation de la Société fran- congrt.
çaise d'archéologie pour le congrès qui se tiendra au Mans le 20 mai de société française
cette année et jours suivants; invitation dont il est distribué plusieurs au Mans.
- 126 —
exemplaires. Le Comité est d'avis qu'il y a lieu pour notre Société de se
foire représenter au Mans si possible. M. le président, prévoyant quelque
difficulté à se rendre au Mans à l'époque précitée, s'entendra avec M. le
professeur Schmidt, vice-président, qui peut-être pourra y représenter la
Société.
Rei.rds apportés M. le présidcut entrelient le Comité des retards considérables apportés
^ '' ^Buüeiin"" '^^ à la publication du Bulletin par suite d'un accident arrivé à une planche.
" '"! . Il en est de même de la publication des planches du Ilorlus delicia-
tirage desplaiicbes i •
'^" non, votée par la Société.
llortus deliciarum.
Une discussion approfondie a lieu sur ce sujet. M. Salomon propose de
se servir de la nouvelle méthode d'héliographie pour remplacer la htho-
graphie pour les dessins de Ilerrade de Landsperg. Diverses maisons
sont recommandées sous ce rapport.
Peinture« murale. >i. Wlncklcr aunoucc qu'il a fait copier en grandeur naturelle les pein-
de l"t-plise ... ^
de. Dominicains turcs muralcs de l'ancienne église des Dominicains de Guebvviller, par
de Guebwiller. ,,^-.11 • «i-i i-ii i-
M. Ebel, penitre a Fegershemi. 11 veut bien communiquer ces copies au
Comité, qui les examine avec tout l'intérêt que méritent l'œuvre originale
d'abord et le talent de l'artiste, auteur de ces copies.
Colonne ^j. ^q Pœllnitz si^ualc au Comité une colonne qui se trouvait au coin
de Tancien hôtel ° '
<ie '» de l'ancien hôtel de la Haute-Montée, aujourd'hui détruit et où il ne restait
Haute-Montée.
plus que ce seul et unique vestige de l'ancienne construction du seizième
siècle; il propose que la Société l'achète pour la placer en lieu sûr.
M. Winckler veut se cliarger de cette acquisition.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Séance du Coinilé du fi mai 4878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Adoption
Présents: MM. le D'' Darack, Ign. Chauffoui, prof. Kraus, Mitscher,
Nessel, Petiti, Ringeisen, Salomon, de Türckheim.
.M. Ohleyer se fait excuser par lettre pour indisposition.
MM. Eiichson, Kindler de Knobloch, Kurtz, |)rof. Michaelis, baron de
,^hill(:nheim-Uecllberg, prof. Scliœll assistent à la séance.
«uupiion . ,
du proc*..TerLia. Lc proces-vefbal de la séance du l*^"" avril est lu et adopté.
- 127 —
M. le président dépose sur le bureau les ouvroges suivants, offerts à In
Société depuis la dernière séance :
Annales de l'Académie d archéologie de Belgique, t. XXI-XXX (11 vol.).
Engel, Documents pour servir à la numismalique de l'Alsace (1 brocli.).
Jahrbuch für schweizerische Geschichte, 2. LIand.
Est admis membre de la Société : A.imii.ion
d uu
M. Hauptmann, aumônier militaire à Strasbourg, présenté par M. le "»"^t»" membre.
baron de Müllenheim-Rechberg.
M. le président rend compte au Comité des fouilles et découvertes faites Antiquité» romaine.
* * üt'couverleii
le 30 mars dernier et jours suivants à Kœnigshofcn dans la pronriété i» '"«üsion de.
•• ° ' \ fouilles faites k
Veith-Robin et des trouvailles de nature analogue (antiquités romaines) Kœoigshofen.
faites dans d'autres propriétés de cette banlieue.
Le Comité vote l'insertion du rapport de M. le chanoine Slraub au ^'""•
Bulletin, ainsi qu'un plan des lieux cl quelques dessins des objets trouvés;
il vote en même temps la continuation des fouilles sur la propriété Veith-
Robin.
Une gratification de 20 J/. sera allouée à l'agent qui, le premier, a
donné l'éveil sur l'existence des objets trouvés.
M. le professeur Michaelis veut bien se charger d'ailleurs de faire une
élude sur le buste de femme (déesse ou impératrice?) trouvé à celte
occasion.
Nouveau
local à cliorcbcr.
Le Comité examine ensuite la question du nouveau local à chercher
pour ses séances et pour ses collections, puisque la Société ne pourra pas
conserver indéfiniment le local mis à sa disposition par l'honorable baron
de Schauenburg, son président honoraire.
A cette occasion, M. Petiti signale un local qui, peut-être, pourrait
devenir disponible et qui renfermerait également une très-belle salle
pour les réunions générales. (Ancienne maison Ilepp, rue Sainte-Eh-
sabeth.)
MM. Petiti, Ringeiscn et Salomon se chargent d'examiner le local en
question et, si possible, d'en négocier la location à la Société.
M. Salomon communifiue au Comité quelques médailles romaines cl Médailles
' * ' et autres objet.
fragments de verre, trouvés dans la rue de l'Outre, dans les caves de "^»"vé.
^ par M. SaloDioo.
la maison Heitz.
— 128 —
Keiard j|]_ |^3 iirésidoiit iciul coiiiplc des dcmaiclies faites par lui auprès de
des publicaliüus ' i i i i r> i • •
du Bulletin M_ 'Wiiiler, photographe, à propos des planches du Bullelin qui sont
et des planches . . > a • im • vi • »
deHerrade cu rctard; la Situation est la même aujourdhui qiul y a un mois. A
eLan^perg. ^^^^^ occaslon, M. Ignacc Ghauffour demande si l'on ne pourrait pas,
pour aller plus vite, se servir de la méthode dite «Woodbury». M. le
professeur Michaelis recommande d'une façon toute particulière la maison
Obernetter à Munich, et communique des planches exécutées par cette
maison, faisant partie de l'ouvrage : Archäologische Untersuchungen in
Saniothrakc. M. Kraus cite l'établissement Kra3mer à Kehl, qu'il recom-
mande à tous égards.
M. le président se mettra en rapport avec l'une ou l'autre de ces
maisons.
Restauraiion Lc même Tcud compte au Comité de la visite faite à M. Ott au sujet des
des vitraux de . ., , , . , i t i • »
wissembourg. vitraux dc Wisscmbourg, dont il a ete question lors de la dernière
séance.
M. Oit parle pour l'assemblage seul des fragments de ces vitraux d'une
somme de 700 à 800 fr., mais de grandes lacunes resteraient à remplir
pour pouvoir utiliser ces vitraux comme décoration de l'église. A peine
deux ou trois sujets sont-ils à peu près complets sur une douzaine qui
existaient autrefois. Il faudrait quelques milliers de francs pour reproduire
les vitraux tels qu'ils étaient. Le Comité est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'en-
trer dans cette voie; il ne resterait qu'une conservation pure et simple,
une simple «mise en plomb», à laquelle la Société pourrait contribuer
dans la hmite de ses moyens, sauf à prier la fabrique de l'église de Wis-
sembourg de faire replacer ces vitraux ainsi assemblés dans un local
fermé, jusqu'à ce qu'elle soit à même de les faire restaurer complètement.
Le Comité est d'avis que si la dépense de simple conservation était de
400 à 500 fr., la Société pourrait y contribuer pour une somme de 200 à
250 fr., et M. le président veut bien se charger de négocier sur cette
base avec la fabrique en question, sous la condition que la fabrique fera
déposer les vitraux en lieu sûr et à l'abri de toute dégradation ultérieure.
Objet tiouïé M.Schlosser, de Drulingen, fait don à la Société d'un petit objet à desti-
M. s'-Mosser Halion incounuc, trouvé à Bettwiller, près de l'endroit où fut découvert le
de Drui.n^-en. çgjp^q,-, golairc doiit li'aitc sa notice. — Rcmercîments.
La séance est levée à 4 Va heures.
— 129 —
Séance du Comité du 3 Juin 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Barack, Mitscher, Kraus, Ringeisen, Sengenwald, SlofTel
et Salomon. MM. de Türcklieim et Ignace Chaufîour sc font excuser.
En l'absence de MM. Nessel et de Türcklieim, M. Salomon veut bien
remplir les fonctions de secrétaire.
Le procès-verbal de la séance du 6 mai est lu et adopté.
L'un des membres délégués rend compte de l'inspection faite par la
commission du nouveau local proposé à la Société ; après délibération ,
cette question est renvoyée à une prochaine séance.
M. le président soumet au Comité les propositions de deux photographes
relatives à la publication des calques du Horliis deliciarum; l'une de
M. Winter de Strasbourg, l'autre de M. Krœmer de Kehl. Lecture faite
des lettres relatives à celte question, le comité écarte le procédé par
photographie pure et simple comme trop coûteux et ne présentant pas les
garanties de durée; il écarte également celui, appelé transport direct de
la photographie sur pierre lithographique, parce qu'il donne moins de
garantie d'entière exactitude, en raison des opérations subsidiaires qu'il
exige ; le Comité se prononce pour le procédé d'impression aux encres
grasses (Lichtdruck) et décide de demander aux deux concurrents de re-
produire jusqu'à la prochaine séance un de ces calques comme spécimen.
Il est décidé en outre que le tirage sera de 600 exemplaires.
Contre le bâtiment dit Salzhaus, actuellement en démolition au quai
au Sable, se trouvait l'indication de la hauteur des eaux de l'IU le 28
octobre 1778; la pierre qui portait cette indication a été momentanément
déplacée, mais, sur la demande du président, le propriétaire la fera re-
mettre à la place qu'elle avait occupée précédemment.
Sont admis comme membres de la Société sur la proposition de M. le
Président :
M. Gangloff, curé de Ilirtzfelden, et M. Gandelet, secrétaire-archiviste
de l'Académie de Metz.
La séance est levée à 4 heures.
— 430 —
Séance du Comilé du i^' Juillet 1878.
Présidence de M. le prof. Schmidt, vice-président.
Adoption du
procès- verbal.
■ort de M. le
baron P. de
Scbauenburg,
président
honoraire de la
Société.
ConlinualioD det
fouilles de
Kooigehofen
et du faubourg
National.
Présents: MM. le Dr, Barack, prof. Kraus, Mitscher, Ringeisen, Salo-
mon , Stoffel et de Tiirckheim.
M. le baron de Müllenheim-Rechberg, capitaine d'infanterie, assiste
à la séance.
Le procès-verbal de la séance du 3 juin, rédigé et lu par M. Salomon,
est adopté.
M. le vice-président Ch. Schmidt annonce au Comité le motif doulou-
reux qui l'appelle aujourd'hui au fauteuil de la présidence. M. le chanoine
Slraub assiste en ce moment même aux funérailles du vénérable baron
de Schauenburg, ancien pair de France et président honoraire de la
Société, mort à Geudertheim, à l'âge de 85 ans. M. le prof. Schmidt rend
hommage en termes émus aux nobles qualités et à la position eminente
du vénérable défunt.
Le Comité s'associe de cœur à cet hommage rendu à l'un des membres
les plus anciens, les plus méritants, les plus sympathiques de notre Société.
M. le prof Schmidt rend compte ensuite de la continuation des fouilles
exécutées sous les auspices de M. le chanoine Straub à K(3nigshofen et
au faubourg National, où l'on a découvert dans la maison Martin la dalle
funéraire d'un autre soldat de la deuxième légion, dont le président a
exécuté un estampage à la manière blanche, qui est suspendu dans le
local des séances du Comité.
M. le président en fait hommage à la Société.
Voici le rapport de M. Slraub sur la nouvelle découverte :
«Le procès-verbal du 6 mai, qui donne la description de la pierre tom-
bale d'un soldat de la deuxième légion, récemment trouvée à Konigshofcn,
était à peine imprimé, (jue mes recherches ont abouti à une nouvelle dé-
couverte cl me mettent en mesure d'ajouter aux deux noms déjà connus,
celui d'un troisième guerrier de la môme légion, enterré dans nos pa-
rages. En retournant à Konigshofen, pour vérifier quebpies points du plan
lopographi(|uc joint à mon mémoire, j'appris par hasard qu'une pierre
avec inscription était encastrée dans les murs d'une maison du faubourg
131
Blanc. Quelque vagues el incertaines que fussent les données, j'en suivis
immédiatement la trace et fus enfin amené devant un monument romain,
déterré en 1873 lors de la reconstruction de l'auberge de la Charrue,
aujourd'hui if 60 de la rue du faubourg Blanc. D'après les récentes
explications de M. Martin, le monument sépulcral a été découvert à la
place où se trouve le nouveau puits de sa maison, à près de l^jGO sous
le sol.
«Le monument porte l'inscription :
T(itus) . IVLIVS ■ T(iti) . F(ilius) •
CAM(ilia tribu) ALB(a) -M
ILES . LEG(ionis) ■ II) (centurie) BIE
NI . AN(orum) . XXXV •
STIP(endiorum) • XVI
Il(ic) • S(itus) • E (est)
Titus Julius, fds de Titus, de la
Iribu Camilia, originaire de la ville
d'Albe, soldai de la deuxième légion,
de la centurie de Bienus, âgé de
trente-cinq ans, après seize ans de
service, a trouvé ici sa dernière
demeure.
«La pierre a presque la même
hauteur que celle de Largennius
(l'^jöO), mais ne compte que 53 cen-
timètres en largeur. Un fronton trian-
gulaire, orné au centre d'une rose
et de chaque côté de palmetles avec
une rose plus petite, surmonte l'ins-
cription entaillée dans un cadre,
dont la moitié supérieure seulement
est remplie par l'épitaphe. Le reste
est vide; on peut donc s'étonner que
les caractères diminuent de propor-
tions après la première ligne. Les
lettres de celle-ci ont sept centimè-
tres de haut, celles de la deuxième
n'en ont que six, et celles des troi-
sième et quatrième descendent même
— 132 —
jusqu'à cinq. Les sigles II • S • E • (|ui lermincnt l'inscriplion, reprennent
seuls leur valeur. En somme la taille de la pierre est moins soignée,
rornemenlation beaucoup plus simple et les lettres moins régulièrement
tracées que celles du monument de Largennius.
('Au point de vue historique la pierre a son importance. C'est le troisième
monument de la deuxième légion trouvé sur cette ligne et on n'en connaît
que quatre dans l'ancienne Germanie supérieure*. C'est aussi le premier
objet de provenance romaine d'une certaine valeur qui, à notre sçu, ait
été exhumé au Nord de la route.
Croix sépulcrale «Lc gucrricr était enterré presque en face de l'établissement de Sainte-
de 1694. trouvée ß ]^g c'cst-à-dirc dc l'ancicn Michelsbühl, où les fouilles du siècle passé
dans la rue du ' ' '^
quariier qj^i ^[^ gy jour dc sl importautes antiquités sépulcrales. Nous avons ainsi
une preuve de plus que la rue du faubourg National correspond exacte-
ment avec la route militaire des Romains, dont les deux côtés devaient
être bordés de tombes aux abords de la ville.
«J'offre au musée de la Société l'un des deux estampages exposés
dans la salle. Il pourra servir à faire exécuter un dessin exact pour le
Bulletin.»
Une seconde notice dc M. le chanoine Straub rend compte de la décou-
verte d'une très-belle croix sépulcrale portant le millésime dc 1694. Elle
a été trouvée au milieu de la propriété Herrmann, dans la rue du quartier
Saint-Nicolas, n° 1, à 3 mètres sous le sol. L'endroit d'où le petit mo-
nument a été extrait se trouve à 17 mètres de l'axe de la roule qui longe
les remparts et à 41 mètres de la rue.
Une face présente l'image mutilée du Christ, exécutée avec soin; l'autre
porte l'inscription ci-contre.
Autant qu'il est possible d'en juger aujourd'hui, ce terrain formait
l'ancien cimetière de Saint-Nicolas in undis, couvent de religieuses fondé
en 1252 dans ce quartier souvent submergé par les eaux du Rhin et
supprimé par le magistrat en avril 1592. L'éghse du couvent, qui servit
dès lors à divers usages, fut incendiée le 7 avril 1G91.
La découverte de cette croix semble prouver qu'on a continué d'inhu-
mer des morts dans le cimetière de cette église, après l'ordonnance du
magistrat qui a supprimé les cimetières situés dans l'enceinte de la ville
et a établi hors des murs ceux de Saint-Urbain, de Saint-Gall et de
Sainte-Hélène, en 1527.
1. Le quatrième a été trouvé, en 17G9, à Brelzenlieim, près Mayence, et fait aujourd'hui
partie du musée de cette ville. (V. 13ccker, Die römischen Inschriften und Sleinsculpturen
der Sladt Mainz, n" 141.)
133
Le petit monument, orné de beaux rinceaux à la base et dû à un bon
ciseau, a été offert par M. Ilerrmann pour le musée de notre Société.
M. Straub lui a exprimé les plus vifs remercîments.
M. le prof. Auguste Stœber, président du musée bistorique de Mulhouse,
a écrit à M. le président pour lui proposer un échange de publications
entre les deux Sociétés. — Adopté.
Le Comité reprend ensuite la délibération au sujet du concours entre
les deux photographes désignés dans la séance précédente et à l'un desquels
HIER LIEG
DT BEGRABEN
F MARGRET
HAFRIG
IIELTIN
GEBOII
RNE PERiONRE WARD GEOIREIl
A 1669 DEN 13 JVLLY SEHLIG
VERSHEDEN A 1694 DEN 10
SEPTEM
BEB
Proposition pour
un ^rliange
ilo puliiicalioni.
It><proiluclion dcl
planilioi
de llcrradc d«
Lanilfclicrg.
Concours cntro
MM. Winter
et Krîcnior.
le Comité voudrait confier la reproduction d'après le procédé dit « Licht-
druck » des planches du Hortus deliciarum.
Il est donné lecture d'une lettre de M. A. Winter et le Comité compare
les épreuves remises par chacun des deux concurrents. M. le vice-prési-
— 134 —
dent Schmidt voudrait voir la décision sur cette question remise à la
prochaine séance, en raison de l'ahsence de M. le chanoine Strauh, qui
doit posséder encore d'autres renseignements pouvant guider le Comité
dans son choix et pour sa décision définitive,
M. le prof. Kraus insiste au contraire pour que la question soit décidée
dès aujourd'hui.
Une longue discussion s'engage à ce sujet, cl il est décidé que le prési-
dent convoquera une réunion extraordinaire du Comité dans une quinzaine
de jours, à l'effet de vider cette question, réunion à laquelle le Comité
s'attachera aussi d'une manière plus spéciale à la question du papier, du
format, de la grandeur des planches et s'entourera en général de tous les
renseignements pouvant éclairer sa conscience.
Proposition de La Icttrc dc M. Winter, photographe, citée plus haut, demande aussi,
pLotograp^e', ^'^^ Y "^ '^^^ ' ^^^ prcudrc pour la Société une vue de la porte de Saverne
au sujei dune vue (XVP sièclc) ct dc cc qui rcstc encore dc la porte Nationale.
à prendre
deiaporiede Lc Comlté décidc qu'il sera pris des vues photographiques de ces portes,
Saverne ei de ce ^^^^ j^ cliaquc côlé, cu toul douc quatrc vues. M. Winter, dans cette
qui resle de ' ' 1 '
la porie Nationale mêmc Icttrc , communlquc une demande de M. Wiedmeyer, entrepreneur
M.VLdmej^er. ^c fortificatious, pour l'ohtention de quelques vues photographiques de
l'ancienne porte d'Austerlitz (^l/c/z^er/^or) et dont les clichés appartiennent
à la Société. Accordé sous la réserve que M. Winter n'en donnera ou n'en
vendra à personne d'autre.
Proposition M. Ic présldcnt Straub propose par lettre la nomination comme membre
membres. ^ ^^ 1^ Société i M. Lorbccr, curé d'Obernai, et M. Mitscher propose celle
de M. le Dr. Albrecht, conrector au gymnase protestant de Strasbourg.
Ouvrages déposé! ^c Comllé a rcçu les ouvrages suivants :
sur le bureau. Ajuciffcr füv Kuude dcv deutschen Vorzeit. 1877.
Bulletin de la Sociélé des antiquaires de la Morinie. Juillet — Dé-
cembre 1877.
Bulletin dc la Société historique et archéologique de Langres. Octobre
1877 ct avril 1878.
Congres urcliéologique de France. 1870.
Mémoires de la Société d'archéologie ct d'histoire de la Moselle. 14*^ vo-
lume. 1870.
Revue littéraire et scientifique de la Société jurassienne d'émulation.
1877.
Vcrhandhmgen des historischen Vereines von Oberpfalz und Regens-
burg. \H17.
— 435 -
Müihcilungen der historischen und antiquarischen Gesellschaft zu Basel.
1878. Mil 7 Tafeln.
Messager des sciences historiques de Belgique. 1878.
M. Mitschcr rend compte de l'aiinoncc que lui a faite M. le directeur ilu a-^i"!»"'"" J"
cercle de baverne, de 1 acquisition qui vient d être faite par l'Etat d'Alsace- de iioh-B.rr
Lorraine (administration des forêts) du cliatcau et de la forêt de "'"'''^'="
IIoh-Barr.
M. Ringeisen demande au Comité si le maire de Bolsenlieim a été avisé Ann»nc«
de la somme allouée par la Société pour la consolidation de la tour de
cette commune et des démarches faites auprès du gouvernement pour
obtenir une allocation de l'État. faue. «uprè.
M. le président est prié de vouloir bien faire une communication et des •^" '«'""'""''""'"'•
démarches dans ce sens.
La séance est levée à 3 Va heures.
<Io rullocation
pour la tour
(le Bolsenlieim
et (1rs (lémarclies
Séance extraordinaire du Comité du l'S juillet 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents : MM. le Dr. Barack, Brucker, Mitscher, professeur Ohleyer,
Ringeisen, Salomon, G. Schmidt, R. de Tiirckheim et VVinckler.
Le procès-verbal de la séance du 1^"^ juillet est lu et adopté. du pr'ocèl'vërbai
(lu {"juillet.
Revenant à la proposition de M. Winter communiquée dans la dernière vues
f • I 1 1 • 1 1 1 • photographiques
séance au sujet des vues photographiques a prendre de ce qui reste des
encore debout des anciennes portes de la ville, M. le président annonce ^^TeTa^'ine.""
au Comité qu'il a autorisé M. Winter, une fois pour toutes, à prendre les
vues des monuments du vieux Strasbourg pour le compte de la Société,
chaque fois qu'il sera question de la démolition de l'un d'eu.\, et qu'un
retard pourrait compromettre la reproduction par la photographie.
M. le chanoine Straub propose comme membre de la Société : Propo.ition«
. . ^ de
M. Spitz, archiprêtre de la cathédrale. nouyeaux membres.
Sont proposés en outre par M. Winckler :
MM. Siebert, maire à Obernai;
Bœhm , Kreisdirector à Erstein;
Hatt, inspecteur des écoles à Molsheim;
Klemm, artiste-sculpteur à Colmar;
Baron de Bodelschwing, Oberforstmeister à Colmar;
Jung, Kreisingenieur à Saverne.
de Landtberg.
— 136 —
Rcmerciments ^i Augusle Stœbcr rcmercie de l'acceptalion par le Comité de l'échange
M.Aug.stœber. jgg commuiiicalions avec la Société de Mulhouse.
Concours j^| ]g pi'ésideiit soumet au Comité les épreuves envoyées par deux
la reproduction photographcs qul s'offrent à faire les reproductions d'après le procédé,
L.chtdruck connu sous le nom de Lichtdruck, aux encres grasses; il soumet les
des plancLe:^ do
Herrade dimcusions et l'échantillon du papier proposés par chacun des deux
artistes pour les planches du Horins deliciarunij ainsi que les devis. Le
Comité examine avec soin les épreuves envoyées par les deux honorables
concurrents.
Après une discussion très-approfondie , qui porte également sur la qua-
hté du papier à employer, M. le président clôt les débats et passe au scru-
tin. Sur dix membres présents, six se prononcent pour l'acceptation des
propositions de M. Krœmer pour toute la fourniture. La différence de
prix est de 3600 fr. en faveur de la Société.
MM. Brucker, Salomon, prof. Schmidt et de Türckheim ont déclaré
s'abstenir.
La séance est levée à 3 heures 45 minutes.
Séance du 29 juillet 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Barack, Gyss, Mitscher, Ohleyer, Ringeisen, Salomon,
J. Sengenwald. M. Rod. de Türckheim se fait excuser. En l'absence des
deux secrétaires, M. Ringeisen veut bien rempHr leur office.
Le procès- verbal de la séance du 15 juillet est lu et adopté.
Le président donne lecture de la soumission présentée par M. Krsemer
pour l'impression des planches du Ilortus deUciarum. Quelques change-
ments de forme ayant paru nécessaires, M. Mitscher se charge séance
tenante de rédiger la pièce sous forme de contract, qui devra être écrite
en deux exemplaires et signée par les parties contractantes'.
1. Le coutrat a 6t6 signé le 22 août 1878.
— 137 -
M. le professeur Ohleycr communique l'exlrait suivant d'un document
de iWi, qu'il soumet au Comité :
Dem ivünUgen Edelen Herrn Herrn Conradt zu Wildegraffcn zu Thune,
zu Kirburg, nhgroffe zum Stein & hämmcr sant Peters Stifß zu Wgszen-
bürg niynem lieben Bruder.
Johann Wildgraffe zu Thun und zu Kirburg Ringraff vnd vnderland-
faudt zu Elsas.
Würdiger vnd edler lieber Bruder Min früntlichen Dinst allezit zuuor.
Als ir mir von tvegen mins Herrn des Apts von Wiszenburg gescrieben
haut ivie Richart von Hoenburg sich understehe Hcrlicheit in der Montât
mit Fischen und jagen das jme doch nit sunder mynem Herrn von Wiszem-
burg obgut zusten vnd wie uiver brieff davon jnnehall han ich verstanden
vnd vff stundt dem selben Richart ernstlich darumb gescrieben vnd erfor-
dert denselben brieff an jne stein ich der statt von Wiszenburg mit jrem
Rotten gesant hant, inne meinuge das sie jme den Brieff mit myns gned
Herrn Büchsen überantworten vnd davon ein antwort fordern lassen, vnd
ivas jne zu Antwort wurde das sie das yffbrechen vnd lesen vnd ob das
not sie das sie dan solchs widder an mich bringent ob dan Richart jre
davon nit stan wollte das ich doch nit getruwe, was ich dann fürler dazu
gethun möge will ich willig sie Dan tuas ich mynem Herrn von Wisze7i-
burg ych vnd der stadt Wiszenburg zu Dinst vnd fruntschafl gethun
mocht, dete ich gern.
Gen vff sant Sixtus Dag Anno dmcclvj'° :
II entretient ensuite le Comité des travaux qui ont été exécutés au
cloître de Wissembourg, converti en musée local, et présente une nou-
velle demande d'allocation à cet effet, les fonds accordés par le gouver-
nement étant absorbés par la restauration de l'église.
Pour pouvoir juger avec entière connaissance de cause, le Comité invite
M. Ohleyer à présenter un rapport écrit avec indication exacte des travaux
qui devront être exécutés.
Une gratification annuelle de trente marcs est accordée à deux agents
forestiers, chargés de la surveillance dans les châteaux de Fleckenstein
et Hohenburg, Cette surveillance s'exercera surtout à certains jours de
fête, où un public nombreux a coutume de s'y rendre.
— 138 —
M. Straul) soumet au Comité l'inscription d'une pierre tombale, trouvée,
il y a peu de jours, à l'occasiou d'un remaniement du dallage dans la
grande nef de la cathédrale.
La pierre, primitivement plus large au chevet que dans la partie infé-
rieure, a été malheureusement mutilée d'un côté, pour pouvoir servir de
dalle. Elle mesure encore une largeur de 72 centimètres sur une longueur
totale de 2 mètres 2G centimètres.
Voici ce qui reste de l'inscriplion tracée en beaux caractères majus-
cules de 10 centimètres de haut :
Ligne supérieure :
Liffnc du côté droit :
Ligne d'en bas
AXNO • DNI • MGG . . .
RDI . 0 • HEÏNRIG • INSTITOR
+ ANNO . DNI
Ligne du côté gauche :
MGGG • XVI • XVII • KL • JVNII • 0 • ANiNA • VXOR • SVA -+-
Le monument porte de plus, au-dessous de la première ligne, le
chiffre CIII et au bas un grand écusson marqué d'un aigle dont la tête
a été fort usée par les pieds des passants.
Depuis le dernier siècle le dallage de plus d'une église a été, en partie
du moins, composé de pierres tombales qu'on a retournées pour s'éviter
la peine de niveler la face marquée ordinairement de profondes inci-
sions. Le président pense qu'il est utile d'appeler l'attention sur ce point.
La séance est levée à 4- heures.
Séance do Comité du 20 août 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
La séance est ouverte à 2 heures, dans le local de la Société. Sont
présents :
MM. Ringeisen et Nessel, secrétaires. M. de Türckheim s'excuse par
lettre.
- 139 —
MM. Kindler de Knobloch et de Müllcnheim, membres de la Société,
assistent à la séance.
M. le président donne lectnre du procès-verbal de la dernière séance ,
qui est adopté sans observations; puis il dépose sur le bureau les ouvrages
suivants, offerts à la Société:
Bulletin du Musée historique de Mulhouse. Année 1878.
Das heilige Namenbuch von Konrad Dangkrotzheim , lierausgegeben
mit einer Untersuchung- über die Cisio-Jani, von Karl Pickel. Sirassburg,
1878.
Sur la présentation de M. de Knobloch, le Comité prononce l'admission
comme membre de la Société de M. Günther, premier-lieulenanl au
15® régiment d'artillerie à pied.
Sur la présentation de M. de Müllenheim, sont inscrits comme membres:
MM. le colonel de Sallbach;
le major Priwe ;
le major Jacobi ;
le major Schœring, du 15® régiment d'artillerie à pied;
le capitaine Sperling, de l'état-major du 15® corps d'armée;
le directeur de pohce, de Saldern.
M. le président expose que la Société possède vingt-cinq obligations de
l'Est, nominatives, et demande l'autorisation de les convertir en obligations
au porteur.
Le Comité donne à M. Klotz, trésorier, plein pouvoir pour faire tous
les actes nécessaires pour obtenir la conversion projetée.
M. de Müllenheim réfère la demande qui lui a été adressée par M. Win-
ter, photographe, pour être autorisé à prendre les vues des portes de la
ville, qui doivent être démolies. Celte autorisation est accordée sous les
conditions d'usage.
M. le président communique les épreuves de deux planches photolitho-
graphiques, du Hortus deliciarum, tirées par M. Kraemer, de Kehl, auquel
a été confiée la reproduction de ces dessins. Le Comité estime que les
deux épreuves qui lui sont soumises, satisfont aux conditions posées et se
déclare satisfait du travail commencé.
M. le président donne lecture d'une lettre de M. le curé de Hunavvihr,
exposant que la foudre a frappé la tour de l'église et y a causé de notables
T. X. - (P.-V.) 10
_ 140 -
dégâts qui comiirometlent l'avenir du monument; il demande l'aide de la
Société pour faire les réparations les plus urgentes. M. Ringeisen veut
bien se charger de constater l'état des lieux et d'en rendre compte dans
une prochaine séance. Le Comité l'autorise, en attendant, à faire exécuter
les petits travaux nécessaires pour écarter tout péril imminent.
M. Ringeisen communique un rapport sur l'église des Cordeliers, de
Schlestadt, donl la nef es( en démolition et où l'on a rencontré des pein-
tures murales de différentes époques. Il promet de fournir pour le Bulletin
une monographie sur ce sujet.
M. de Türckheim envoie une vue et un plan des ruines du château de
Schœneck, dans le Jajgerthal, levés par M. Mérian, de Niederbronn, et
demande l'allocation d'un crédit pour le déblaiement de cet intéressant
monument. Le Comité vote une somme de 400 fr.
M. le président annonce que les travaux de restauration de la Loggia
de Colmar sont terminés; le Comité exprime à M. Winckler, architecte,
les remercîmenls de la Société pour le talent et le zèle qu'il a déployés à
cette occasion.
M. Nessel communique le dessin d'un fragment de sculpture romaine,
récemment découverte à Seltz, C'est le quart d'un autel quadrilatère, por-
tant encore sur une face la figure bien conservée d'un Mercure et sur
l'autre la moitié de l'inscription, dont M. Nessel propose la restitution
suivante :
' .' / ■ •■ / .f / /
• ' ' ■--■' ■' ■ '' ^' ,'
^,
I • 0
ETiVM
u
VU
stativs-prIIII
ITVTqTlB-A-ii
ETDRVlaO-COSJf|!
V- s • L )■ î. • M
— \A\ —
Si cette restitution était admise, le monument serait mi des plus anciens
de notre contrée, le consulat de Tibère cl de Dnisiis lonihanl en raniiéc
21 après .1. G.
La séance est levée à â heures.
Séance du C.omilé du \ novembre 'IS7S.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Blanck, Salonion, Ringeisen, Milsclier, Bairack, Peliti,
Brucker, Stoffel, Winckler, Scngenwald, Schmidt et Nessel, secrétaire.
Assistent comme membres hbres : MM. de Müllenheim, abbé Erhardl,
Kindler de Knobloch et Reussner.
Approbation du procès- verbal.
M. Salomon propose comme membre :
M. Schneegans, directeur du Gymnase protestant.
M. Schaller propose par lettre :
MM. Daniel Wolff, négociant,
Schaufïler, percepteur,
Xavier GilUot, imprimeur, les trois demeurant à Saverne.
M. le baron de Müllenheim-Rechberg propose :
Son Excellence M. le lieutenant-général de Schkopp, gouverneur de
Strasbourg ,
M. le général Bauer, commandant de Strasbourg,
M. de Höltzer, capitaine du corps des ingénieurs.
M. l'abbé Erhardt propose :
M. le baron de Bulach, fils.
M. le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants, offerts à la
Société :
Beiträge zur Kunde Steiermärkischer Geschichte, herausgegeben vom
historischen Vereine für Steiermark. 1878.
Bulletin delà Société h istoriqtœ et archéologique de Laugres. Juillet 1878.
— 142 —
Bulletin de la Société des antiquaires de la Morinie. Janvier-Mars 1878.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. N° 2. 1878.
Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar. 1877-1878.
Der Geschichtsfreund. Millheilungen des historischen Vereins der fünf
Orle Luzern, Uri, Schwyz, Unterwaiden und Zug. 1878. (33. Band.)
Mémoires de la Société Eduenne. Tome 3®. 1874.
Bulletin de la Société académique de Brest. 3^ série. T. 4. 187G-1877.
Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie. T. IV (3® série). 1878.
Messager des sciences historiques de Belgique. 3® et 4*^ livr. de 1877,
3« livr. de 1878.
Millheilungen des historischen Vereines für Steiermark. 26. tieft. 1878.
Becueil des notices et mémoires de la Société archéologique du départe-
ment de Constantine. 1876-1877.
Sitzung shei^ichte der gelehrten estnischen Gesellschaft zu Dorpat. 1877.
Zeitschrift der Gesellschaft für Schleswig-Holstein. Lauenburgische Ge-
schichte. 8. Band. 1878.
Der deutsche Herold. 1877.
M. le président annonce qu'il a fait auprès de l'Administration munici-
pale des démarches pour éveiller l'attention sur les travaux de démolition
des remparts près la porte des Juifs; beaucoup de pierres tombales de
l'ancien cimetière des Juifs doivent avoir été employées comme matériaux
en cet endroit et seront probablement remises à jour. M. l'Administrateur
municipal a prorais de donner des ordres en conséquence et de faire re-
mettre à la Société les pierres qui pourraient être découvertes.
Hunswihr. ^otc dc M. Ringeiscn sur sa visite à Hunawihr:
ÉfUtt.
Messieurs ,
Vous avez bien voulu me charger, dans votre séance du 26 août dernier,
de visiter l'église de Hunav.ihr (Ilaut-Hhin), pour laquelle on demandait
le concours de la Société des Monuments historiques d'Alsace, par suite
des dégâts occasionnés par la foudre. Je me suis transporté sur les lieux
le 28 août suivant et j'ai pu constater que l'effet produit sur le bâtiment
était sensible, mais ne menaçait d'entraîner la ruine d'aucune partie inté-
ressante de l'édifice. Je me suis empressé d'en écrire un mot à M. le pré-
sident, immédiatement après ma visite et, comme nos séances ont été
interrompues depuis cette époque, si vous le voulez bien, Messieurs,
j'entrerai dans quelques détails à ce sujet.
— 143 —
L'éyiise de Hunawilir a été agrandie et modifiée à plusieurs reprises.
Elle i)orle principalement les traces du XV^ el du XVF siècle.
La nef à arcades, à fenêtres et portes ogivales, est plafonnée, sauf la
première travée du bas côté sud, qui est voûtée dans la manière du
XVF siècle et forme une étoile à 4 branches. Dans cette travée est une
petite chaire en pierre du XVP siècle, très-intéressante comme forme et
dispositions.
Le chœur, de 1524, est terminé àl'oneïif par 3 pans avec contreforts aux
angles. Il est recouvert par un réseau de 14 compartiments à losanges,
déterminés par les voussures dont les retombées sont supportées par autant
de colonnettes, engagées symétriquement dans les 5 pans du chœur el
dans celui de l'arcade triomphale. Ces colonnettes, en encubellement,
reposent sur des culs de lampe armoriés. Le chœur est éclairé par 4 fe-
nêtres ogivales sans vitraux de couleur; son mobilier est modeiiK,-.
La sacristie à côté, au sud, est une petite construction du XVP siècle
sur une crypte voûtée. La porte de communication avec le chœur est
ancienne. Elle porte la date de 1525. Dans la sacristie est une grande
armoire ouvragée, en chêne, de 1752.
La tour, contre la paroi 9iord du chœur, est une construction rectangu-
laire à 2 étages, percés de fenêtres ogivales. Celles du 2^ étage sont du
XVI^ siècle. Une de ces dernières fenêtres, à V ouest, porte dans son tympan
plein, 2 écussons. Cette tour est surmontée d'une flèche octogonale aiguë,
recouverte en tuiles plates. Le rez-de-chaussée de cette tour a dû servir
autrefois de chœur. Il est recouvert d'une voûte étoilée à 8 branches,
4 grandes dans les angles, et 4 petites contre les faces. Il est en commu-
nication avec la nef au moyen d'une arcade ogivale, à moulures fouillées
et croisées au sommet, établie au XVP siècle dans une arcade plus grande,
antérieure.
Cette église, construite sur un monticule, au sud-ouest du village
qu'elle domine, est entourée d'anciens murs de fortifications sur 2 étages.
Elle est en bon état d'entretien et sert aux deux cultes catholique et pro-
testant.
La foudre est récemment tombée sur la flèche; elle a brûlé le poinçon
et la partie supérieure du bois de cette flèche. Elle a produit un ébranle-
ment qui s'est manifesté par des lézardes aux arcs des baies et aux ner-
vures des 3 voûtes indiquées ci-dessus, notamment à celle du chœur,
dans les parties attenantes au clocher. Nous ne pensons pas que ces effets
soient compromettants pour l'avenir de ces voûtes. Cependant il y aurait
lieu d'entreprendre des travaux de consolidation, et avant tout d'enlever
- U4 —
les enduits des parties endommagées ponr reconnaître l'effet produit sur
les murs mêmes. Ces opérations et le dcbadigeonnagc des voûtes et des
parois du chœur doivent être faits avec un soin particulier afin de désen-
gluer sans dommage les moulures, les sculptures et les écussons et de
permettre de reconnaître les traces de peinture et de polychromie (|ui
recouvrent probablement les parois.
M. l'adjoint auquel je me suis adressé en l'absence de M. le maire, a
bien voulu m'assister dans mes opérations. Il m'a témoigné, au nom de la
commune, sa reconnaissance pour les bonnes dispositions que la Société
des Monuments histoiitiues a montrées jusqu'à ce jour en faveur de cet
édifice; le désir du conseil municipal de transmettre aussi intact que pos-
sible à leurs enfants ces souvenirs de leurs ancêtres; mais il m'a fait ob-
server que les ressources communales n'étaient pas élevées et qu'on sera
obligé de réduire les dépenses au strict nécessaire; que déjà un devis des
réparations les plus urgentes est à l'approbation, et que si l'Administration
supérieure veut bien venir en aide à la commune pour tout ce qui pour-
rait avoir un intérêt historique, elle sera heureuse de s'y associer dans la
limite de ses ressources et de recevoir les bons avis de la Société des
Monuments historiques.
Ce monument étant très-intéressant au point de vue de l'art, la commune
étant bien disposée quoi qu'ayant peu de ressources, je suis d'avis qu'il
y aurait lieu de le recommander vivement à la bienveillance de l'Admi-
nistration supérieure, et de voter un concours de 200 francs pour être
employés à la recherche, à la conservation ou au moins à la reproduction
des objets d'art, tels que sculptures, peintures murales, armoiries, etc.
Le Comité approuve les conclusions de M. Ringeisen et vote un crédit
de 200 francs.
M. le président fait part de la réception d'un mandat de 500 fr., mon-
tant de la subvention allouée par la Ilaute-Alsace.
Compte rendu par M. le chanoine Straub des fouilles opérées à la porte
Blanche.
Le Comité exprime à M. le président ses vifs remercîments pour l'ardeur
et le zèle intelligents avec lesquels il a opéré et dirigé ces fouilles ; sans
son intervention les remarquables découvertes amenées au jour auraient
été complètement perdues pour l'histoire de notre pays.
Le Comité autorise M. le président à solder le mémoire des travaux
exécutés pour les fouilles à la |joite Jllanche.
— 145 —
M. Blanck expose que malheureusement le vieux Strasbourg- s'en va
rapidement; chaque jour amène la disparition d'un bâtiment plus ou
moins intéressant; en ce moment encore l'ancienne Douane est menacée;
plusieurs travées sont déjà condamnées; de même l'hôtel du Dra;^on, une
des plus anciennes et des plus curieuses constructions de Strasbourg, doit
disparaître ; il demande s'il n'y aurait pas lieu d'intervenir pour demander,
au lieu de la démolition, l'appropriation de ces bâtiments à des destina-
tions utiles, comme maisons d'école, par exemple. Après discussion, à
laquelle prennent part M. le président et M. Petiti, le Comité décide (ju'il
sera demandé à l'Administration municipale de conserver les bâtiments en
question dans leur état actuel, autant que faire se pourra.
M. le secrétaire donne lecture d'une notice de M. Benoît de Berthelcminir.
sur une pierre levée, menhir vosgien, déjà décrite parM. dcBaulicu, mais
complètement perdue depuis. Cette pierre, connue sous le nom de aScd-
telfels)) , quadrangulaire de 2'",60 de haut et de l"" de côté, sépare la
Lorraine du Bas-Rhin ; elle se trouve dans un site très-pittoresque et mérite
d'attirer la visite des amateurs. Remercîments.
M. Ringeisen fait part de photographies qu'il a fait exécuter des pein-
tures murales et des détails d'architecture de l'église des Récollcts à
Schlestadt; il dépose 20 de ces photographies sur le bureau et demande
un crédit de 20 c/€ pour couvrir la dépense. — Crédit voté.
La séance est levée à A heures.
Séance du Comilé du 2 décembre 1878.
Présidence de M. le chanoine STRAUB.
Présents: MM. Blanck, Petiti, Ringeisen, Salomon, prof. Schmidt,
J. Sengenwald, de Türckheim.
MM. Bœswillwald, prof. Waldeyer, baron de Müllcnheim, capitaine
commandant, et Winckler, ancien membre du Comité, assistent à la
séance.
MM. le docteur Barack, Mitscher et Nessel se font excuser.
— 1-iO —
Ouvrages revu«. M. Ic présidciit (lé|)Ose SLii' la table ilu bureau \ci: uuvrages suivants:
Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden, tomes 01, 0'^, 03.
Bidldin de la Société nivernaise, tome 8.
Jahrbuch für schweizerische Geschichte, tome 3.
Bidletin historique de Saint-Omer, 100® livraison.
Rapport sur les annales de la Société des lettres, sciences et arts des
Alpes maritimes, par M. Cb. Robert, (ilapport remis par M. le prof.
Scbmidt.)
Schriften der Universität Kiel aus dem Jahre 1877. B. XXIV.
Adopiion Le procès-verbal de la séance du 4 novembre est lu et adopté.
du procès-verbal.
phoiopraphie iM. Ic présidcut communique une photographie envoyée par M. de Sti-
" Vi'égiïse'"" cbaner, président du cercle de Wissembourg, représentant le modèle de
l'ancien «Kronleuchlei-» de l'égUse collégiale de Wissembourg. — Remer-
cîments.
Admission Sont cnsuitc reçus membres de la Société sur la présentation
nouveaux memire.«. dc M. Ic présidcnt Straub, savoir:
M. Kiiemer, photographe à Kehl,
M. le professeur Waldeyer, de l'Univeisité dc la ville;
de M. Ringeisen :
M. George Duméril, ingénieur à Vieux-Thann;
de M. le docteur Barack:
M. Henri Niessen, professeur à l'Université;
puis sur la proposition de M. le président Straub et sur la présentation de
M. le baron de Müllenheim, qui assiste à la séance:
MM. Jung, Landgerichtsrath ,
Schwab, konigl. Württemberg. Auditeur,
Schwicrtz , Divisionspfarrer,
Wassmuth, négociant et représentant d'industrie, tous habitant
Strasbourg.
commuaiion -M. Ic pfésidcnt rcud compte de la continuation des fouilles entreprises
lie» fouille» près . . . < i i« m i • • .
delà Porte Bianchr- ct couduitcs SOUS SB (lucction, prcs la l'orte Blanche, et qui ont misa
et nouvelU•^
découverte», déccjuvcit uMi.' Houvidlc (juaiitité de tombes, avec des urnes, des vases et
d'autres objets d'origine romaine suivant lui. Ces fouilles ont porté jusqu'à
ce j'MH' sur une superficie de 8^50 mètres carrés.
- 147 —
Dans l'une de ces lonibes le squeletle reposait sui- S iiri<iuL's iJe {^lande
dimension juxtaposées, dont un éclianlillon liyure sur la table du itincau.
Il porte l'empreinte de la VHP légion.
M. le chanoine Straub est parvenu à sauver, par le dessin, un Iragment
de meurtrière, déterré sous le sol, et qui appartient aux anciennes lortifi-
cations de Specklé.
M. le président donne lecture d'un travail de M. Schlosser, de Drulingen, nui.«.«
membre de la Société, sur une meule trouvée à la Frohmühl, canton de -i« i»r"ii"g'n."»"r
T r» • i~i- une munie trouvée
La Petite rierre. a i- iruhmoui.
A cause de l'intérêt que présente cette notice, le Comité vote son inser-
tion dans le Bulletin, comme mémoire, — et des remercîments à son
auteur.
M. le président rend compte de la démarche qu'il a faite auprès de iK.narci,e
M. back, administrateur de la ville, au suiet de la conservation des bâti- ^hez m. Back,
" DQrgprmeister,
ments de l'ancienne Douane et de l'hôtel de la rue du Draçon, de l'aliéna- "» »'r"J« "» «=0"-
Ö ' servahiin de I an-
tion ou de la disparition desquels il a été question dans ces derniers temps, '"'"'"'i^^^'"""--
Il a reçu de cet administrateur des explications assez rassurantes. ""'"' *"" ^"*""'
Le Comité, sur la demande de plusieurs de ses membres, se prononce
dans le sens de nouvelles démarches à faire par son président, et s'il le
fallait, même auprès de M. le Président supérieur.
La séance est levée à 3 heures et demie.
TABLE DES MATIERES DU TOME X.
Séance du Comité du 10 janvier 1876 (présidence de M. Stnubi
Ouvrages remis à la Société. — Subvention de la Société. — Communicatiuu du dessin de la
chaire extérieure de l'église des Récollets à Rouffach. — Chaires extérieures eu France, en
Allemagne, en Autriche. — Note sur l'église des Récollets à Rouffach. — Acquisition d'objets
romains en bronze. — Détails sur l'intérieur d'une des tours des Ponts-Couverts.
Séance du Comité du 7 février 1876 (présidence de M. Straub)
Admission de membres nouveaux. — Compte rendu financier des deux exercices 1874 et 1875. —
Restes historiques de la ville de Strasbourg. — Fixation de la date de la séance générale et
annuelle. — Notice sur le monastère de Saint-Marc près de Gueberschwyr. — Communica-
tion d'un dessin de la maison du professeur Arnold.
Séance da Comité du 21 février 1876 (présidence de M. Straub) 7
Ouvrages remis. — Fixation de l'assemblée générale et membres admis. — Difficultés pour la
restauration de la chapelle des Zorn dans l'église protestante de Saint-Pierre-lc-Jeune.
Assemblée générale du 2 mars 1876 (présidence de M. Straub) 8
Allocution du président. — Rapport financier du trésorier et compte des deux années 1874 et
1875. — Rapport de M. Ringeisen sur les travaux de restauration : Thann 600 fr. , Wissem-
bourg 1,000 fr., Landsperg 800 fr. , EU 80 fr. , Ebersmünster 500 fr., Epfig chapelle Sainte-
Marguerite 2,000 fr. (Iff à 5« époque). — Monuments disparus : 1° Guldenthurm ; 2» Porte de
Schlestadt. — Portes conservées et restaurées : 1° à Bœrsch et à Rosheim ; 2» Tour des Sor-
cièi-es à Schlestadt. — Démarches faites pour la conservation des portes de Strasbourg. — Mé-
daille décernée à M. le D' Ruhlmann. — Titre de membre d'honneur décerné à M. le colonel
de Morlet. — Adjonction au Comité de trois membres du Haut-Rhin. — Renouvellement du
Comité. — Élection du président.
Séance du Comité du 3 avril 1876 (présidence de M. Straub) 26
Renouvellement du bureau. — Démission offerte par un membre du Comité. — Proposition d'ad-
mission de membres. —Mémoire de M. Merck sur la iHache de la pierre jioliei. — Anciennes
maisons de Strasbourg sur le point de disparaître. — Crédit alloué pour plans et dessins à
faire faire. — Sarcophage mérovingien, don de M. Rack.
Séance du Comité du 8 mai 1876 (présidence de M. Straub) 28
Admission d'un membre. — Ouvrages remis. — Communication relative à la chapelle Sainte-
Marguerite â Epfig. — Médaille trouvée à Saverne. — Communication de M. Schmidt rela-
tive aux deux anciennes vues de Strasbourg. — Dessin d'une maison, rue de l'Ail n» 4, remis
par M. Salomon. — Conimunication de M. Winckipr d'une inscription trouvée à l'église de
Dorlisheim.
150 TABLE DES MATIÈRES DU TOME X.
PAGES
Séance du Comité du 12 juin 1876 (présidence de M. Straub) 32
Ouvrages remis. — Découverte d'uu monumeut antique au cimetière de Lolir. — Note de
M. Fischer sur le sceau de la commune de Westhofen. — Notice nécrologique sur
M. L. Levrault et M. Deharbc , curé d'Andlau. — Note de M. Guerber sur Albau Wölfuliu,
Schultheis de Uaguenau.
Séance du Comité du 10 juillet 1876 (présidence de M. SlraubJ 35
Ouvrages remis. — Mercure trouvé à Drulingeii. — (Subveutiou accordée par l'autorité supé-
rieure pour la restauration de l'église collégiale de Wissembourg. — Communication de M. le
professeur Kraus sur la cathédrale de Strasbourg. — Pierres funéraires dos X[V'',XV' et
XVI' siècles au monastère de Truttenhausen.
Séance du Comité du 28 août 1876 (présidence de M. Straub) 40
Communication de M. Kingeisen sur les travaux de restauration au Kœnigsbourg , à Saint-
Georges, à Sainte-Foi de Schlestadt, et à Sainte-Marguerite d'Epfig. — Ouvrages remis.
— Peintures murales à l'église de Niederbetschdorf. — Sarcophage mérovingien trouvé à
WesthofFeu. — Note généalogique sur Jacques de Kœnigshofen.
Séance du Comité du 30 octobre 1876 (présidence de M. Straub) 44
Proposition d'admission d'un membre. — Communication relative à la destruction des portes. —
Notice généalogique sur la famille des Juugholtz , par Kindler de Knobloch.
Séance du Comité du 18 décembre 1876 (présidence de M. Straubj 45
Subvention pour la restauration du château de IIoh-Kœuigsbourg. — NoticedeM.le curé Guerber
sur les églises fortifiées. — Restauration de la chapelle de Sainte-Marguerite, à Epfig. —
Gratification votée aux ouvriers. — Communication de M. Ringeisen sur les travaux de
restauration au château de Landsperg. — Deux dessins des custodes de Cernay et de
Vieux-Thann. — Nobiliaire d'Alsace. — Nomination de nouveaux membres.
Séance du Comité du 15 janvier 1877 (présidence de M. Straubj 47
Allocution du président de la Basse-Alsace. — Demande du • Historischer Verein für Ober-
bayern •. — Travail de M. Dagobert Fischer sur l'église paroissiale de Saverne; travaux
exécutés; allocation pour ces travaux. — Custode de l'église paroissiale de Ville. — Expo-
sition d'objets ou do collections archéologiques. — Assemblée générale de 1877. — Travaux
dans les églises de Saint-Georges et de Sainte-Foi de Schlestadt. Supplément voté par le
Comité. — Carrelage trouvé sous le dallage de Sainte-Foi.
Séance du Comité du 5 février 1877 (présidence de M. Slraub) so
Comptes du dernier exercice. — Démolition de l'église de Bolsenheim. — Présentation d'objets.
— Admission de membres.
Séance du Comité du 26 février 1877 (présidence de M. Slraub) 51
Réception de membres. — Diverses communications.
.assemblée générale du I" mars 1877 (présidence de M. Slraub)
Allocution du président. - Compte de l'exercice 187(i. - Rapport de M. Ringcisen sur les
travaux de r.-stauralion : Saverne. 250 fr.; VÇrissembourg, 1250 fr.; Fleckenstein, 400 fr.;
Thann, 600 fr.; Landsperg, .WO fr.; Dreystein (proposition); Rathsamhausen ; Haut-Koenigs-
bourg, 1000 fr.; Epfig, 500 fr. — Renouvellement du Comité.
52
TABLE DES MATIÈRES DU TOME X. 151
PAoes
Séance du Comité du 23 avril 1877 (présidence de M. Straub) 60
Ouvrages reçus. — Fronton de l'aucienuo • Prévôté ., rue de la Nuée-Bleue. — Hôtel de la
Haute-Moutée.— Uenouvellemeut du bureau.— Proposition de M. Ignace Chauffeur au sujet du
toit de la Loggia de Cohnar. — Lettre de M. le professeur Woltmann, de l'rague, au sujet
du peintre stra.sbourgeois .Sébast. Stosskopf. — Photographie du triptyipio de .Saiiit-Maie,
figurant les armes des Pfleger. — Notice de M. le baron de Miillcnheim-Iiechbcrg sur l'an-
cien oratoire de la Toussaint. — Photographie d'uuc ancienne cellule de l'hospice des
orphelins de Strasbourg. — Dessin d'une porte romane de l'église de Walbourg. — Vue de
la maison démolie, rue de l'Ail, 4. — Dessin de la ruine et d'une reconstruclion supposée
du château de Guirbaden. — Proposition de membres.
Séance du Comité du 7 mai 1877 (présidence de M. Straub) 72
Découverte faite à Heidolsheim. -— Travail de M. Hiickel sur l'ancien Hattgau. — Mémoire sur
un manuscrit du XII« siècle, par M. l'abbé Guerber. — Dons.
Séance du Comité du 4 juin 1877 (présidence de M. Straub) 74
Admission d'un membre. — Ouvrages reçus. — Reproduction d'un petit vitrail. — 400 monnaies
d'argent. — Ancien rétable d'autel à Luomschwiller. — La porte d'Austerlitz. — L'ancien
poêle des pelletiers.
Séance du Comité du 9 juillet 1877 (présidence de M. Straub) 76
Don et notice de M. Schlosser. — Kindler de Kuobloch sur les anciennes familles nobles
d'Alsace. — Photographie de la porte d'Austerlitz. — Travaux de restauration de Flecken-
stein.
Séance du Comité du 13 août 1877 (présidence de M. Straub) 82
Ouvrages reçus. — De l'origine des noms patronymiques à propos d'une charte du XV« siècle,
par M. l'abbé Gyss.
Séance du Comité du 12 novembre 1877 (présidence de M. Straub) 91
Photographie de l'ancienne porte d'Austerlitz. — La loggia de Colmar. — Découvertes dans
l'arrondissement de Wissembourg. — Château de Fleckenstein; nouveau subside de 200 fr.
— Achèvement de l'église collégiale de Wissembourg. — Pierres sculptées trouvées à la
Montagne-Verte. — Monnaie d'argent trouvée à la Musau. — Rapport de M. Nessel sur les
cimetières romains de la Basse-Alsace. — Rapport de M. Stoffel sur le travail de M. Kindier
de Knobloch. — Admission de membres.
Séance du Comité du 10 décembre 1877 (présidence de M. Straub) 95
Ouvrages offerts. — Socle en pierre d'un noyau d'escalier. — Fragment de sculpture de l'an-
cienne église de Lohr et note de M. Schlosser. — Compte rendu do l'excursion à Wis.sem-
bourg. — Bas-relief sur une pierre funéraire de 1293 à l'église Saint-Thomas. — Dégradation
du château de Lichtenberg. — Note de M. Schmidt sur l'Église rouge et sur la Léproserie.
— Admission de membres.
Séance du Comité du 7 janvier 1878 (présidence de M. Straub) '. 100
Ouvrages reçus. — Mort de M. Nickiès. — Restauration de la Loggia de Colmar, 1000 fr. — Cof-
frets en bois de la fin du XVI* siècle.
Séance du Comité du 4 février 1878 (présidence de M. Straubi 103
Observations sur le procès-verbal de la séance du 10 décembre 1877. — Liste des membres de la
Société. — Décès dé M. le colonel de Morlet. — Obsèques de M. Nickiès. — Subvention
annuelle du Conseil général de la Basse- Alsace. — Mur romain découvert dans la rue Mer-
cière. — Trouvaille faite à Hilsenheim. — Lettre de M. Ringeisen reUitive à la démolition
de la petite église de Bolsenheim.
152 TABLE DES MATIÈRES BV TOME X.
PAGES
Assemblée générale du 28 février 1878 (présidence de M. Straub) 407
AUocutiou du président. — Comptes de l'exercice 1S77. — Rapport de M. Ringeisnn sur les tra-
vaux exécutés : Wissembourg, 1250 fr.; Fleckenstein, 200 fr.; Ilohcnbourg, 400 fr.; Schle-
stadt, Saiuto-Foi et Saint-Georges, 3iC) fr. 40 c.; Colinar, 1000 fr.; Thann, Bannvvarthütte,
Ililsenheim, 50 fr. — Création d'un musée d'estampes. — Election des membres du Comité.
Séance du Comité du M mars 1878 (présidence de M. Straub) -119
Adoption du procès-verbal. — Proposition de nouveaux membres. — Mort de M. le professeur
Willmans. — Clocher de Bolsenheim, 500 fr. — Découvertes par les fouilles pour la distri-
bution d'eau de Strasbourg. — Mémoire de M. l'abbé Gyss sur un document relatif au châ-
teau de Flockenstein. — Reconstitution du bureau.
Séance du Comité du I" avril 1878 (présidence de M. Straub) 424
Adoption du procès-verbal. — Proposition d'un membre. — Mémoire de M. l'abbé Gyss, d'Ober-
nai, sur le duc d'Alsace Attich, père de sainte Odile. — Lettre de M. de Stichaner sur les
vitraux du XIII^ siècle de l'église collégiale de Wissembourg. — Commission chargée de
formuler un avis à ce sujet. — Mémoire des travaux de conservation faits au château de
Fleckenstcin. Gratification. — Congrès de la Société française d'archéologie au Mans. —
Retards apportés à la publication du Bulletin et au tirage des planches du Hortus deliciarum.
— Peintures murales de l'église des Dominicains de Guebwiller. — Colonne de l'ancien
hôtel de la Haute-Montée.
Séance du Comité du 6 mai 1878 (présidence de W. Straub) 126
Adoption du procès-verbal. — Ouvrages offerts. — Admission d'un membre. — Anti(]uités
romaines découvertes à l'occasion des fouilles faites à Kœnigshofcu. — Nouveau local de la
Société à chercher. — Médailles et autres objets trouvés par M. Salomon. — Retard des
publications du Bulletin et des planches de Herrade de Landsperg. — Restauration de.«
vitraux de Wissembourg. — Objets trouvés par M. Schlosser à Drulingen.
Séance du Comité du 3 juin 1878 (présidence de M. Straubi 129
Adoption du procès-verbal. — Tirage du Hortus deliciarum. — Pierre du bâtiment dit Salzhaus,
indiquant la hauteur des eaux de l'Ill le 28 octobre 1778. — Admission de membres.
Séance du Comité du 1«' juillet 1878 (présidence de M. Schmidt) 130
Adoption du procès-verbal. — Mort de M. le baron P. de Schauenburg. — Continuation des fouilles
de Kœnigshofen et du faubourg National (avec gravure). — Croix sépulcrale de 1694, trouvée
dans la rue du quartier Saint-Nicolas. — Proposition pour un échange de publication. —
Reproduction des planches de Herrade de Landsperg. — Concours entre MM. Winter et
Kraîmer. — Proposition de M. Winter au sujet d'une vue à prendre de la porte de Saverne
et de ce qui reste de la porte Nationale. — Proposition de membres. — Ouvrages reçus. —
Acquisition du château de Hoh-Barr par l'Etat. — Allocation pour la tour de Bolsenheim.
Séance extraordinaire du 15 juillet 1878 (présidence de M. Slraub) 135
Adoption du procès-verbal. — Vue photographique des anciennes portes de la ville. — Proposi-
tion de membres. — Concours pour la reproduction par Lichtdruck des planches de Herrade
de Landsperg.
Séance du 29 juillet 1878 (présidence de M. Straub) 136
Adoption du procès-verbal. — Lecture de la soumission présentée par M. Kraîmer pour l'impres-
sion des planches du Hortus deliciarum. — Communication par M. le professeur Ohleyer d'un
document de 1404, — Surveillance du château de Fleckenstein. — Inscription d'une pierre
tombale trouvée à la cathédrale.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME X. 153
PAOES
Séance du Comité du 26 août 1878 (présidence de M. Straub' 138
Adoption du proeès- verbal. — Ouvrages reçus. — Admis^sion de membres. — iSprcuvos commu-
niquées du Hortiis deUciarum. — Uapport de M Ringcison sur l'église des Cordeliers de
Schlestadt. — Déblaiement des ruines du château de Schœneck. — Fragments de sculpture
romaine découverts à Seltz, communiqués par M. Nessel.
Séance du Comité du 4 novembre 1878 (présidence de M. Straub) 141
Proposition de membres. — Ouvrages reçus. — Démarche faite auprès de M. l'administrateur
municipal pour éveiller son attention sur les travaux de démolition. — Rapport de
M. Kingeison sur l'église de Huuawihr. — Compte rendu de M. Straub des fouilles opérées
à la porte Blanche. — Notice sur le Sattelfelsen. — Photographie de l'église des KécoUets de
Schlestadt.
Séance du Comité du 2 décembre 1878 (présidence de M. Straubi 145
Ouvrages reçus. — Adoption du procès-verbal. — Photographie du «Kronleuchter» de l'église
de Wissembourg. — Admission de nouveaux membres. — Continuation des fouilles prés de
la porte Blanche et nouvelles découvertes. — Notice de M. Schlosser de Drillingen sur une
meule trouvée à la Frohmiihl. — Démarche faite au sujet do la conservation de l'ancienne
Douane et de l'hôtel du Dragon.
TABLE DES MATIÈRES.
PROCES-VERBAUX DES SEANCES.
PAGES.
Séance du Comité du 10 janvier 1876 I
Séance du Comité du 7 février 1876 ö
Séance du Comité du 21 février 1876 7
Assemblée générale du 2 mars 1876 8
Séance du Comité du 3 avril 1876 26
Séance du Comité du 8 mai 1876 28
Séance du Comité du 12 juin 1876 32
Séance du Comité du 10 juillet 1876 35
Séance du Comité du 28 août 1876 40
Séance du Comité du 30 octobre 1876 44
Séance du Comité du 18 décembre 1876 45
Séance du Comité du 15 janvier 1877 47
Séance du Comité du 5 février 1877 50
Séance du Comité du 26 février 1877 51
Assemblée générale du l" mars 1877 52
Séance du Comité du 23 avril 1877 68
Séance du Comité du 7 mai 1877 72
Séance du Comité du 4 juin 1877 74
Séance du Comité du 9 juillet 1877 76
Séance du Comité du 13 août 1877 82
Séance du Comité du 12 novembre 1877 91
Séance du Comité du 10 décembre 1877 95
Séance du Comité du 7 janvier 1878 100
Séance du Comité du 4 février 1878 103
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION
DES
MONUMENTS HISTORIQUES
D'ALSACE
BULLETIN
DE LA
r r
SOCIETE POUR LA CONSERVATION
DES
MONUMENTS HISTORIQUES
D'ALSACE
Ile SERIE. — DIXIEME VOLUME
(1ST6-1878)
DEUXIEME PARTIE. - MEMOIRES.
AVEC GRAVURES ET PLANCHES
STRASBOURG
IMPRIMERIE DE R. SCHULTZ ET C'«
Successeurs de Beeger-Levi;aüi-t
1879
LETTRES ÉCRITES A LA COUR
par M. D'ANGERVILLIERS,
Intendant d'Alsaco do 17 lu ù 172-1.
NOTE PRELIMINAIRE.
En 1866 l'archivisle du département du Bas-Rhin adressa au préfet un
rapport sur le contenu d'une correspondance de M. d'Angcrvilliers, inten-
dant d'Alsace de 1717 à 1724, avec les hauts fonctionnaires de Versailles.
Cette correspondance et une série de mémoires sur l'Alsace, faisant suite
à ces rapports officiels, sont contenues dans sept volumes in-folio, manus-
crits, qui avaient passé de la famille de Serilly (un intendant dans le
midi de la France) entre les mains d'un notaire et étaient mis en vente à
l'époque précitée. Sous les auspices de M. le baron Pron, préfet du Bas-
Rhin, l'acquisition eut lieu; le Conseil général approuva la modique
dépense.
Il n'est pas superflu de rappeler ici que M. d'Angervilliers fut un admi-
nistrateur distingué de son époque. M. Spach copia, en 1869, cette inté-
ressante correspondance, et l'adressa, par l'entremise de M. Gheruel,
alors Recteur de l'Académie de Strasbourg, à M. le Ministre de l'instruc-
tion publique (janvier 1870). De nombreuses notes biographiques for-
mèrent le commentaire du texte; le Comité historique, institué auprès
du ministère, décida l'impression de ce travail, qui fut ajournée à la suite
des graves événements de la même année.
M. Spach a reconstitué son premier travail , autant que le lui permet-
taient les notes qu'il avait gardées en main; il le livre au Bulletin de la
Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace.
On croit devoir prévenir le lecteur que les fautes d'orthographe , de
grammaire et de syntaxe du manuscrit sont exactement reproduites.
T. X. 1« Liv. — (M.) .
9 —
ANNEE 1716.
A M. le Maréchal de Villeroy \
Le 27 Avril.
Je crois devoir vous informer que les Arrêts du Conseil du 9 O^""*^ 1715
et 11 janvier dernier par lesquels Sa Majesté a permis la sortie des
grains de son royaume, sans payer aucuns droits, n'ont point été publiés
en Alsace, et qu'au contraire la Traite en est absolument interdite aux
Etrangers sur cette frontière. Je n'ai pas cru devoir, à mon arrivée
ici, faire publier l'arrest du 14 mars, rendu sur le même sujet, et que
j'ay reçu depuis peu par M. Machaut, sans avoir auparavant examiné la
situation de la Province, par raport à la rareté ou abondance des
grains et sans m'être attiré des ordres particuliers du Conseil sur le
compte que j'en vais rendre.
Je trouve que tout le monde convient icy de deux choses : l'une que
l'Alsace produit toujours beaucoup plus de grains qu'il n'en faut pour la
subsistance des habitants du Pays et du nombre de troupes que le Roy
1. Le maréchal de Villeroi, flls du maréchal de Villeroi, gouverneur de Louis XIV et
descendant du sieur de Villeroi, secrétaire d'État de Henri III et Henri IV, a laissé une
détestable réputation dans les annales guerrières de la France. Son incapacité est deve-
nue proverbiale. Né eu 1643, élevé sous Louis XIV, et constamment couvert dans la suite
par la faveur du roi, il fut nommé maréchal de France eu 1693, après la bataille de
Keerwinde, où il avait débuté par un acte de courage.
En 1695, comme commandant en chef de l'armée de Flandre, il laissa capituler Namur,
après avoir été spectateur immobile de l'héroïque défense du maréchal de Bouffiers.
Pendant la guerre de succession, il se fit battre à Ghiari par le prince Eugène (1701),
se laissa prendre lui-même à Crémone (1702), et subit une épouvantable déroute à
Ramillies (1706). A partir de ce moment, il ne parut plus à la tète des armées; mais sur
la fin du règne de Louis XIV, il obtint de l'aveugle confiance du roi la place de gouver-
neur de son arrière-petit-fils et la faveur d'être désigné pour faire partie du Conseil de
régence.
A ravénemeut de Louis XV, le duc d'Orléans maintint le vieux favori dans ce Conseil
et le plaça à la tête de celui des finances. Le maréchal de Villeroi paya par une ingra-
titude, égale à son incapacité, la confiance du régent, en manifestant des craintes hypo-
crites sur les dangers que courait la vie du Roi-enfant. Le Régent, fatigué de cette
insolence, finit par exiler le maréchal. Personne n'ignore la funeste direction que le
vieux courtisan avait imprimée à l'éducation de sou royal élève.
Le maréchal duc de Villeroi est mort en 1730 à l'âge de 87 ans.
- 3 -
entretient dans les Places, en lêms de paix; l'autre que pour que les Sei-
gneurs et les Peuples puissent vivre cümmodcnKjnt, et que les charges
soient acquittées, il faut que le froment soit vendu à raison de 12 ÏÏ la
mesure du Pays, appelée Rezal , qui pesé depuis 170 jusqu'à 180 L poids
de marc.
On est bien éloigné de ce taux dans le moment présent. Le resal du
plus beau froment ne vaut, dans les marchés de Strasbourg, que 7 à 8 ÏÏ,
ce qui revient <à peine à 5 ?? le quintal qui devrait être porté à 7 ÏÏ. Le
seigle est encore plus hors de proportion; son prix actuel étant ûc A ÏÏ
10 s. le resal; ces fixations sont même faites sur le pied de la valeur des
espèces en Alsace, où elles ont cours pour un dixième de plus qu'en
France.
Il est certain que de l'autre côté du Rhin, et surtout dans le Brisgau et
le territoire de Basle, les grains sont rares et qu'ils se vendent un tiers
davantage. Il parait que rien ne serait plus naturel que d'aider nos voisins
de l'Excédent que nous avons en grains et de nous attirer par la des
espèces.
La Régence de Fribourg a depuis peu écrit à M. le Comte du Bourg ',
ainsi qu'il a eu l'honneur de vous en rendre compte, pour se plaindre de
l'interdiclion du passage des bleds, comme d'une chose contraire à la
liberté du commerce rétablie par le dernier Traité de paix. Des Députés
de Basle, qui vinrent ici il y a quelques jours, me firent la même repré-
sentation et me dirent que les Cantons Protestants venaient de faire partir
un de leurs Officiers pour demander à son A. W^ la liberté d'achetter des
grains en Alsace.
Vous êtes sans doute informé Mg"^ que depuis l'année i694f, le Com-
1. Dubourg (lieutenant-général), Éléonore-Marie-des-Mamcs, comte du Bourg, né en
1655, servit avec distinction sous Louis XIV; il commanda en chef l'armée du Rhin
en 1709.
On se rappelle que les Allemands avaient repris l'offensive en Alsace en 1709, au mois
d'août. Le maréchal d'Harcourt se tenait derrière les lignes de la Lauter. Le général
autrichien de Merci se portait de la Souabe sur Neubourg, entre Huningue et Brisach,
s'emparait de ce poste et y établissait une tête de pont pour entrer dans la Haute-Alsace.
Mais d'Harcourt expédia en toute hâte le lieutenant-général DuLourg, qui ramassa si.^
mille hommes dans les garnisons d'Alsace, marcha droit sur Neubourg et battit le géné-
ral autrichien (26 août 1709), dont le corps d'armée fut pris ou jeté dans le Rhin.
L'Alsace était sauvée.
Le lieutenanl-géuéral du liourg, gouverneur niililuire de l'Alsace sous Louis XV, fut
fait maréchal de Frimce en 1724 et mourut en 1739.
_ 4 _
merce des grains, qui était libre auparavant avec les Suisses, a été réduit
à leur permettre seulement de tirer le produit des Terres et des dixmes
qu'ils possèdent en Alsace, ce qui peut se monter à neuf mille sacs ou envi-
ron et de plus à 1G8 sacs par semaine qu'il leur a été permis de faire
sortir ])ar Iluniiii^ue, où l'on examinait s'ils se contentaient de cette
(juanlité ; que lors de l'iri'uplion en Alsace par le Territoire de Basle de
l'armée de l'Empereur, commandée par M. de Mercy, la Ti-aite des grains
fut absolument interdite aux Suisses, mais que depuis quelques mois
S. A. K'° a bien voulu rendre la liberté de tirer leurs dixmes et les 168
sacs par semaine, ils ne sont pas satisfaits et ne prennent pas môme,
quant à présent les 168 sacs, dans l'espérance où ils sont d'obtenir une
permission non limitée de faire des achats.
Je ne dois pas omettre deux considérations bien importantes, l'une que
la ville de Strasbourg et la haute Alsace ne peuvent se passer de faire
venir des bestiaux d'Allemagne et de Suisse; l'autre que la partie d'Alsace,
appelée le Suntgau, est très-abondante en vins, qui n'ont de débouché
que par les achats qui s'y font par les gens du Territoire de Basle et du
Brisgau. Si nos voisins prenaient le party, par représailles, d'empêcher le
passage des bestiaux et de tirer nos vins, ils nous réduiraient bientôt à la
nécessité de leur offrir nos bleds pour remettre les choses au premier
Etat.
Ces raison et ces considérations me font penser qu'il conviendrait par-
faitement que les arrêts, par lesquels Sa Majesté a permis la sortie des
grains de son Iloyaume, eussent heu sur cette frontière, je scais que
M. le Comte du Bourg, qui connaît la Province parfaitement, pense de
même.
Je n'ignore pas les raisons qu'on peut opposer à ce sentiment comme
de dire que l'Alsace est environnée d'Etals étrangers; que cette Province
n'a de communication avec le Boyaume que par la route de Phalsbourg et
celle de Belfort, qui sont l'une et l'autre dans une étendue fort étroite,
la première étant pressée des deux côtés par les Etats de M. le Duc de
Lorraine, et l'autre par ceux de Montbelliard et de Pourrenlruy, que si
les grains venaient à manquer en Alsace, et qu'en même têms M. le Duc
de Lorraine, d'un côté, et les Princes de l'Empire de l'autre, se por-
tassent à defl'endre la sortie des grains de chés eux, il serait très difficile
de pouvoir secourir les Peuples et les Troupes d'Alsace par l'jntérieur du
Boyaume,
Ces objections pourraient à mon sens décider dans un lêms de guerre
actuelle ou apparente, mais il faut renoncer absolument à laisser jamais
- 5 -
sortir des grains d'Alsace, ou donner toute la liberté lorsque la tranquil-
lité et la paix paraissent bien établis et qu'il y a lieu d'esj)érer une abon-
dante récolte, pour cette année, étant d'ailleurs démontré que nous avons
un grand intérêt de nous ménager avec ceux qui nous aident de leurs
bestiaux et qui viennent acheter nos vins.
Si l'on voit par la suite (\\ic le prix des grains augmente trop, il sera
aisé d'en arrêter les transports et d'ailleurs le dernier arrêt du 14 Mars
n'établit la liberté que jusqu'au premier du mois de Juillet prochain.
Les fermiers du Domaine d'Alsace perçoivent quelques droits modiques
sur les grains qui sortent d'Alsace, ils sont fixés à 2*^^ 8 " par resal, ce qui
revient à 1^' 8° par quintal, il n'y aurait peut-être pas d'inconvénient de
les laisser subsister, affin qu'on pût toujours connoître par les Registres
de la ferme ce qui sort de grains pour l'Etranger.
On peut encore proposer d'obliger les baslois de faire passer par IIu-
ningue, les grains qu'ils tireront d'Alsace, afin qu'on puisse les Controller
et avoir inspection sur le plus ou le moins. Quant à moy, je ne vous dis-
simuleray point que je crois très volontiers que toutes ces contraintes ne
servent à autre chose, qu'à donner lieu de profiter induement aux Em-
ployés dont on se sert pour observer; la voie la plus sure, et qui ne
manque jamais, pour connaître si les grains deviennent rares, est d'avoir
attention aux mouvements qui arrivent dans les prix; j'attendrai Mg"" les
ordres du Conseil et les vôtres sur cette matière, que j'ai cru devoir trai-
ter dans toute son étendue.
Il se peut faire après tout que l'incertitude où l'on est jusqu'icy sur la
rupture entre l'Empereur et le Grand Seigneur, fera penser qu'il est à
propos de laisser encore quelque têms les choses sur le pied qu'elles
sont, ce n'est pas à moy à porter mes vues jusques là ; mais j'ose toujours
repondre que les grains abondent en Alsace et en Lorraine. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'HuxcllesK
Le 11 May 171C.
Je reçois Mg."" la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrirc le 5
de ce mois, il est très certain qu'il ne conviendrait pas de laisser la Pro-
1. Un des braves ofTiciers do l'armée, déjà sous Louis XIV. Comme Ik'iitcnaiit-général,
il défendit, en 1689, la place de Mayence contre le duc de Lorraine et l'électeur de
Bavière. Il avait pour toute garnison une troupe de lO.OnO Lonnnes. Les assiégeants
- 6 —
vince d'Alsace se dégarnir de grains, au point qu'elle ne fût pas toujours
en etat de nous fournir une ressource pour un cas imprévu, mais aussi
vous remarqués avec grande raison, qu'il faut lâcher, dans les lems
d'abondance, de procurer aux Peuples quelque facilité, pour qu'ils puissent
se défaire du superflu de leurs denrées et par là, se mettre en état d'ac-
quitter leurs charges avec un peu plus d'aisance qu'ils ne font à présent,
ne croiriés vous pas Mg"", que ces deux intérêts peuvent aisément être
conciliés icy, en obligeant les Etrangers qui viendront acheter des grains,
de prendre des passeports dans lesquels on désignera les quantités qu'ils
pourront faire passer et les lieux de sortie.
étaient au nombre de 60,000. Le siège commence au mois de juillet (1689). Un assaut,
livré au mois de septembre par les ennemis, leur coûta 5000 hommes; néanmoins le
maréchal d'IIuxelles offrit de capituler deux jours après; ses munitions étaient épuisées.
En 1710. après la bataille de Malplaquet, le maréchal d'IIuxelles l'ut envoyé par le Roi
comme négociateur à Gertruidenbourg; il était accompagné de l'abbé de Polignac. La
France, humiliée, épuisée, soupirait après la paix. Louis XIV, dans ce moment critique,
était prêt à toute espèce de concession : il aurait cédé l'Alsace. Il offrait môme un sub-
side contre le roi d'Espagne, sou petit-üls, si ce dernier se refusait à un arrangement
qui devait le déposséder. La position du maréchal d'Huxelles, que l'on abreuvait d'humi-
liations, était insoutenable; après quatre mois de pourparlers infructueux, les deux plé-
uipotentiaires partirent de Gertruidenbourg.
Pour les dédommager de leur triste mission, le Roi leur confia, deux ans plus tard,
en janvier 1712, les négociations d'Utrecht. On se rappelle que le 27 août 1714, le Roi
déposa son testament entre les mains du premier président et du procureur général , et
que, dans cet acte de dernière volonté, il institua un Conseil de régence. Le maréchal
d'Huxelles en faisait partie. En prenant les rênes des affaires après la mort de Louis XIV,
le Régent ne conserva point le maréchal dans ce Conseil souverain, mais il lui conûa la
présidence de celui des affaires étrangères.
Pendant la durée de ces fonctions , il se trouva en rapport avec le ministre du tzar
Pierre et avec le tzar lui-même qui, pendant tout son séjour à Paris (1717), essayait de
se substituer à la Suède et d'obtenir des subsides de la France. Le Régent n'était pas
d'abord fort enchanté de ces propositions du tzar, qui repartit sans avoir rien obtenu.
Les pourparlers furent transférés en Hollande et aboutirent, le 5 août 1717, à un traité
entre la France, la Russie et la Prusse.
Antérieurement à cette convention, le maréchal d'Huxelles avait déjà négocié un
traité secret avec la Prusse, le 1 i septembre 1716, pacte remarquable, qui rendait à la
France un point d'appui en Allemagne contre la maison d'Autriche.
Lorsqu'on 1718, le Régent, dirigé par Dubois, se laissa entraîner à former un pacte
avec l'Angleterre et l'Autriche contre l'Espagne, le maréchal d'Huxelles témoigna une
indignation qui l'aurait honoré, s'il avait montré jusqu'au bout quelque indépendance
do caractère; mais le Régent l'ayant menacé de lui enlever la présidence du Conseil des
affaires étrangères, le maréchal céda et signa. Grâce aux traditions de Louis XIV, il était
rompu ù l'obéissance passive.
— 7 -
Je vous ajoutcray deux choses : l'uiio que les dernières pluycs ont aug-
menté les espérances d'une excellente récolte, pour celte année, et (jue
le prix des grains baisse tous les jours; l'autre qu'ils ne sont cliers de
l'autre côté du Rhin que parccque les Munitionnaires de l'Empereur ont
l'ait faire des achats considérables, dans les environs du Danube, pour les
Troupes qui sont en Hongrie. Il est vraisemblable qu'après la Uecolte,
nous ne pourrons plus vendre, avec autant d'avantage, qu'a présent, ce
que nous avons de trop. Vous scaurés avant moy la décision du Conseil, à
laquelle vous participerés sans doute, et j'espère que telle quelle soit,
vous voudrés bien me marquer de quelle manière vous croirés qu'elle
doit être exécutée, ce qui me servira de regle.
J'ay reçu du Conseil du dedans du Royaume les mémoires concernant
la demande des Juifs, je vais la discuter et j'auray l'honneur de vous en
rendre compte incessamment, je vous diray par avance Mg*", que je crois
comme vous, qu'en cette matière et en beaucoup d'autres, on ne peut
rien faire de mieux que de laisser les choses sur le pied qu'elles sont éta-
blies. Je suis etc.
A M. le Maréchal de Villeroy.
Le 17 May 1716.
Mgr.
Je reçois la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire, le 10 de
ce mois, avec le memoire qui l'accompagnait, concernant la proposition
que j'ay fait de donner aux Suisses et aux habitants de l'Empire, la liberté
de tirer des grains de l'Alsace; quoique vous me marquiés Mg"", que le
Conseil de Commerce s'en remet au party qui sera jugé icy le plus conve-
nable, je ne crois pas devoir lever l'interdiction du commerce des grains,
entre l'Alsace et les Etrangers, jusqu'à ce que j'aye reçu des ordres plus
positifs, qu'il vous plaira de me donner, sur l'explication dans lacjuelle je
vais entrer, en peu de mots, par rapport aux difficultés exposées dans le
mémoire joint à vôtre lettre.
Il m'a paru que les raisons contenues dans ce mémoire pour empescher
que la sortie des grains de cette Province ne soit permise indéfiniment,
et sans bornes, pour le tôms et la quantité, sont très décisives, je pense
aussi, toutes reflexions faites, que nous n'avons pas à craindre que les
Suisses cessent de venir achetter les vins de haute Alsace et que l'entrée
des bestiaux dans la Province du côté de l'Empire, soit prohibée par les
Princes qui occupent l'autre côté du Rliin.
- 8 -
On convient dans lo memoire que l'abondance des grains en Alsace est
prouvée par leur utilité, qu'il est têms d'en procurer quelque débouché
aux Peuples; mais on voudrait que la Sortie n'eut lieu que pour les
Suisses, et pour un téms seulement, cette proposition est fondée princi-
palement, sur la facilité avec laquelle on dit qu'on peut Controller à
lluningue, les grains qui sortiront d'Alsace pour la Suisse, au lieu qu'il
ne paraît pas possible de garder toute l'Etendue du cours du Rhin.
Je suis obligé Mg*", d'observer que la fraude est bien plus pratiquable
sur la sortie des grains d'Alsace, pour la Suisse que pour le Brisgaw, les
Terres de Basle ou autres contiguës; la raison est que l'Alsace n'est sépa-
rée de la Suisse par aucune rivière ni montagne et que le passage de
lluningue, où l'on doit Controller les grains, peut être éludé.
Je ne puis m'empêcher de regarder le Rhin, comme une barrière bien
plus sure, entre nous et l'Empire, et bien facile à garder, par raport à la
sortie des grains, on peut marquer dans la permission qui sera donnée,
les passages par où les grains seront transportés d'Alsace, dans le Bris-
gaw, et autres terres de l'Empire qui avoisinent ces passages, peuvent
être Neubourg, Brisach, Rhinau, le pont de Strasbourg sur le Rhin et le
Fort Louis; il est aisé de faire Controller, dans tous les endroits, les
grains qui passeront. Il n'est pas à craindre qu'on cherche d'autres pas-
sages, dès que ceux cy seront ouverts, en tout cas, on ne pourroit, pour
cette fraude, se servir que de petits batteaux, appelés vedelins, dont la
charge est trop médiocre pour faire un objet.
Je ne parle point du passage d'Huningue parce que le Conseil me
parait absolument disposé à l'ouvrir.
Si l'on s'en tenait à donner seulement aux Suisses la faveur de pouvoir
tirer des grains d'Alsace, n'en pourrait-il pas résulter quelques plaintes
du côté de l'Empire, sur la différence du traitement.
Quant à moy Mg"", je pense qu'il serait convenable, eu égard à l'abon-
dance actuelle des grains, en Alsace, d'en permettre la sortie jusqu'au
premier du mois d'Aoust prochain pour la Suisse et les Terres de l'Em-
pire, par les passages que je viens de designer, on pourrait imposer aux
Etrangers la contrainte de ne pas achetter dans les marchés, de peur
qu'ils n'y missent la cherté, on pourrait encore exécuter la disposition de
l'arrêt du 14 Mars jdernier, dans lequel il est porté que les grains desti-
nés pour aller hors du Royaume, seront déclarés devant l'Intendant, pour
la qualité et la quantité, au moyen de quoi on serait toujours en etat, par
les Rr-gislres âas déclarations et ceux des Commis de la ferme des Do-
- 9 —
maines, dans los lieux tic sortie, do cünnoUro cxaclenienl co (jiii passe
aux Etrangers.
Je ne sçais Mg"", si pour établir toutes les dispositions, ou telles autres
qu'il plaira au Conseil de faire, il ne conviendrait pas d'expédier un arrêt
parliculior pour l'Alsace, en tout cas je prends la liberté de vous envoyer
un projet dans le sens de ma lettre, je pourray toujours, dès que j'auray
vos ordres, les faire exécuter par une ordonnance que jo lendray, en
attendant que l'arrest soit sorti du greffe et m'ait été envoyé. Je suis etc.
A M gl le Duc de Guichet
Le 18 May 17IG.
Pour satisfaire Mg'' à la lettre que vous m'avés fait l'iionneur de m'e-
crire, le 22 du moi passé, je me suis mis au fait de la contestation qui
est, entre M. Duvivier Commandant à Ilaguenau, et le Magistrat de celte
ville, au sujet d'une graliffication de 1000 « dont le premier demande la
continuation sur les Revenus communs, et qui luy est refusée depuis cette
année seulement.
Je trouve qu'en 1706 M. de Calais qui avait servi longtêms à la tête du
Régiment de Coesquen fut établi Commandant à Haguenau, M. Duvivier
était Major, il y avait, de plus, un ayde Major et un capitaine des portes.
M. de Calais jouissait de 2400 a d'appointements payés par l'Extraordi-
naire des guerres et de 1500 ïï sur la Ville, pour son ustencile, à l'égard
de M. Duvivier il avait 1500 ÏÏ d'appointements, 500 ÏÏ d'ustenciles et
50 cordes de bois, le tout aux dépens de la Ville, sans aucune charge
pour Sa Maj*% même des appointements.
En 1710 M. de Calais étant décédé, M. Duvivier, Major, obtint le com-
mandement de cette Place, par un brevet du 23 aoust de la même année,
l'employ de Major ne fut point remplacé. Il parait qu'au mois de Décembre
suivant, M. de la Houssaye fut consulté par M. Duvivier et le magistrat
sur la gratiffîcation dont il s'agit encore aujourd'huy, sur quoy M. de la
Houssaye décida qu'au premier jour de l'année suivante 1711, le Magis-
trat donnerait à M. Duvivier, pour une fois seulement, une graliffication
de 1000 S" en considération de la dépense qu'il avait faite depuis la mala-
die de M. de Calais, on raporte la lettre de M. de la Houssaye, dont vous
1. Le duc do Guiclie, colonel des gardes françaises lors de ravéïiemcnt de Louis XV,
vend pour ßOO.OOO livres son appui au duc d'Orléans contre le duc de Maine.
- 10 -
irouverés une copie, parmy les pièces que je renvoyé. Il faul remarquer
icy que M. Du vivier n'était encore alors regardé que comme Major, parce
que son brevet, quoique datte du ^3 Aoust 1710, ne luy fut adressé qu'à
la fin du mois de Dccend)re 1711. Il rapporte la lettre d'envoy qui est du
10 de ce même mois.
Depuis et compris 1711 jusqu'en 1715, inclusivement, M. Duvivier a
joui de cette augmentation de 1000 U , lesquelles jointes aux 500 % qu'il
avait comme Major du vivant de M. de Calais, luy formaient une ustencile
de 1500 Ü qu'il tirait de la ville de Ilaguenau, outre une pareille somme
qui luy est réglée de tout tèms sur ses appointements sur le môme fonds.
Les magistrats ont commencé, au mois de Janvier dernier, de vouloir
réduire son ustencile aux premières 500 n. Ils disent pour raison que
l'augmentation de 1000 U qui a été donnée pour la première fois au pre-
mier janvier 1711, n'aurait pas du avoir de suite, aux termes même de la
lettre de M. de la lloussaye, que s'ils l'ont continué en 1712, 1713, 1714
et 1715 ce n'a été que par la considération des dépenses dont est tenu un
Commandant de Place, pendant la guerre, qu'ils se sont expliqués la des-
sus au commencement de 1715 avec M. de la lloussaye, qui leur a dit de
discontinuer, que l'Employ de Commandant de Ilaguenau ne subsiste plus,
que l'ustencile qui avait été attribuée à cette Place, doit être supprimée
en entier, au profit de la ville, comme les appointements l'ont été pour le
Roy, que M, Duvivier n'a d'autre qualité que celle de Major, et que s'il a un
Brevet pour commander, ce n'est qu'un titre d'iionneur.
M. Duvivier représente au contraire que son brevet de Commandant
est pur et simple, et qu'ainsy il doit jouir, sur la Ville, des mêmes émolu-
ments qui ont été perçus par son prédécesseur, que le Magistrat payait à
ce dernier 1500 U d'ustencile, c'est précisément ce que demande M. Du-
vivier, sçavoir 500^* qui lui avaient été réglées comme Major et les 1000 U
d'augmentation qui font la matière du procès. Il ajoute que c'est l'emploi
de Major qui a été suprimé, que la ville doit être bien contente de profiter
par cet événement de l'ustencile de 500 Tl qui formait la portion du Major,
que lorsque M. de la lloussaye a écrit en 1710, qu'on luy donnât une gra-
tification de 1000 U pour une fois seulement, il ne connaissait que sa
qualité de Major, le Drevet de Commandant n'ayant pas encore paru pour
lors, mais que dès que ce brevet fut sçu de M. de la lloussaye, il comprit
bien qu'il ne convenait pas que M. Duvivier, venant à augmenter de grade,
n'eut pas en même têms quelque avantage utile et que par cette considé-
r;itiun les 1000 U, qui dans l'origine ne furent accordées que pour une
Ibis, furent confiimées définitivement pour toujours, qu'effectivement les
- 11 -
Magistrats n'ont elcvc de diflicultc la dessus qu'au mois de. J;invier dciiiier,
après le départ de M. de la Iloussaye, qu'au surplus la ville vient encore
de profiter nouvellement d'une ustencile de 020 î(, (pi'elle pnyail ;'i l'ayde
major, dont l'Employ a été supprimé.
Quant à moy Mg'", je crois que pour décider cette (picstion, il ne faut
que se rappellcr que le S. de Calais, cy devant Commandant de llaguenau
jouissait d'une ustencile de 1500 ît sur la ville, et que M. Duvivier luy a
succédé par un Brevet pur et simple du 23 Aoust 1710. Je ne vois point
de raisons solides pour que celuy cy ne perçoive pas les mêmes émolu-
ments qui étaient attribués à l'autre. La ville doit être contente de ce qu'elle
épargne, par la suppression des Emplois de Major et d'ayde major, et
mon avis serait qu'il plût au Conseil de Guerre, ordonner qu'elle conti-
nuera de payer à M. Duvivier annuellement 1500 ît d'uslcncile, outre une
pareille somme dont il a toujours joui sur le même fonds pour les aj»poin-
tements qui lui ont été réglés.
Je joins icy les pièces et mémoires produits par l'une et l'autre partie,
et la lettre de M, Duvivier accompagnée de son placct, qu'il vous a plu de
me renvoyer. Je suis etc.
A M. le Marquis de BrancasK
Le 23 May 17iG.
M.
J'ay receu la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire, le 16 de
ce mois, et le memoire qui l'accompagnait, concernant quelques mesures
que l'auteur croit qu'il y aurait à prendre, pour cmpesclier l'entrée des
chevaux Etrangers dans le Royaume, et par ce moyen de donner le goût,
aux habitants de nos Provinces, où il y a des fourages, de s'attacher à la
nourriture des chevaux.
Je ne sçais M'' s'il ne vous paraîtra pas que cette interdiction serait un
peu trop précipitée, et qu'il faut auparavant que d'envenir jusques là, qu'il
y ait une augmentation considérable dans les haras du Royaume, ce qui
ne se peut faire qu'avec le têms et cinq ou six ans après que par vos soins,
il aura été distribué de beaux Etalons de la plus grande taille.
1. Bnincas (Louis de), descciulaiit d'une famille française originaire du royannic de
Naples, marquis de Géreste, servit sur terre et sur mer sous Louis XIV et Louis XV;
maréchal de France en 1710, il mourut en 1750, âgé de 79 ans.
- 12 -
Je crois devoir me contenter de cette reflexion generalle, n'ayant rien
à vous proposer de particulier pour l'Alsace, où il n'y a point d'Etalons
envoyés par le Roy, et d'autant plus que je ne crois pas qu'il convient d'y
faire cet établissement.
Il y a une très grande quantité de chevaux dans cette Province et je ne
puis mieux vous prouver celte abondance qu'en vous disant, qu'en 1713,
on y avait rassemblé jusqu'à quatre mille chariots, attelés de quatre che-
vaux chacun, qui servaient aux Sièges de Landau et de Fribourg.
Ces chevaux sont de petites bêtes du prix depuis 50 jusques à 120 S" au
plus, le Pays de l'Alsace étant absolument plat, et les terres étant assés
legeres, les paysants n'ont pas besoin, pour leurs travaux ordinaires de
chevaux plus forts.
Je crois d'ailleurs qu'il faut considérer qu'il convient d'avoir toujours
en Alsace une ressource de voitures pour la guerre, les paysans envoyent,
sans répugnance et au premier ordre, leurs chevaux pour le service par
raport à la petite valeur qu'ils bazardent et que perdant un cheval il ne
leur en coule que vingt écus pour le remplacer; il n'en serait pas de
même s'ils avaient des chevaux de 20 pistolles, et d'ailleurs tel qui entre-
tient 7 à 8 chevaux n'en pourrait avoir que le tiers.
J'entends dire icy qu'on y établit, il y a environ vingt ans, des Etalons
envoyés par le Roy, mais que bientôt après, on reconnut les inconvénients
qui en résultaient, et qu'on prit le parti de ne les plus renouveller, en
sorte qu'il n'en reste aucun à présent. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'Huxelles,
Le 9 Juin 171C.
Extrait.
Je reçois M. la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire, le 4
de ce mois. M. le Maréchal de Villeroy par sa réponse à ma dernière
dépêche sur le commerce des bleds, me mande que le Conseil a approuvé
que je rendisse une ordonnance portant permission, jusqu'au premier du
mois d'Aoust prochain, d'en faire passer à l'Etranger, en usant des pré-
cnulions que je vous ay marquées, c'est ce que je vais faire, et j'espère
que ce débouché rendra quebjues espèces à la province. Il est certain
que la disette d'argent s'y fait sentir comme ailleurs, et c'est au point que
les Peuples, qui payaient cy devant régulièrement leurs impositions, ne
donnent rien depuis trois mois. Je suis etc.
— iS ~
A s. A, Rie Ml' le Duc d' Orleans au Conseil du dedans du Uoyaumc.
Le li Juin 171G.
Je vais avoir l'honneur de rendre compte au Conseil des faits exposés.
Dans les mémoires cy joints qui m'ont été envoyés, avec une lettre du 2
du mois passé, ils ont été présentés l'un, par les habitants de Liclilem-
berg et l'autre de la part de M. le Comte de Hanau '. Les premiers deman-
dent d'être déclarés exempts de la Jurisdiction de ce Seigneur, qu'il soit
dit qu'ils n'ont d'autre supérieur que le Gouverneur du Château, qu'il
leur soit permis de prendre des bois, soit pour leur chauffage ou pour
leurs bâtiments par tout où bon leur semblera, même dans les forêts de
M. le Comte de Hanau, et enfin qu'ils ne soient pas assujetis au payement
des dixmes et autres droits seigneuriaux. C'est au moins ce que j'ay pu
recueillir des deux espèces de Requêtes, assés informes, t[ui ont été dres-
sées à Paris et icy.
M. le Comte de Hanau prétend au contraire qu'il est Seigneur du lieu
de Lichtemberg et que par conséquent ceux qui l'habitent sont tenus des
mêmes droits et services, à son égard, que tous ses autres vassaux.
Je crois devoir d'abord exposer au Conseil quelques faits qui sont de
notoriété publique, et d'où dépend, à mon sens, la décision de cette
affaire.
Il est incontestable que le château et le terrain du village de Lichtem-
berg sont de l'ancien patrimoine de la branche de Hanau, qui est établie
en Alsace, depuis plusieurs siècle§, et qui portait même le surnom de
Lichtenberg, pour la distinguer de la branche ainée, qui possédait le
comté de Hanau sur le Meyn; ces deux branches sont à présent reunies
dans la personne de M. le comte de Hanau d'aujourd'huy. Les armes de
sa maison sont encore en sculpture dans plusieurs endroits du château
de Lichtemberg, c'était même le lieu de sépulture de ses ancestres, dont
les corps ont été portés depuis vingt ans à Bouxweiller, qui est à présent
le chef lieu des terres de M. le Comte de Hanau, en Alsace.
1. Jean Reué II, comte de Ilanau-Lichtenhcrg de 1712 à 1730. Voy. la Monographie
de L. Spach : Le comté de Hanau-Lichtenberg {Bulletin de la Société pour la conservai,
des 77107mm. histor. d'Alsace, 3« vol., 1850- 18G0), et Œuvres choisies, du même auteur,
t. III, p. 36Ü et suiY.
— 14 —
En 1678 M. le iMarechal de Créqui ' fit occuper par les lrüu[)cs du Roy
ce fort, où il y avait une garnison jmpériale, et brûla dans sa retraite le
villase, qui était au pied et hors de l'enceinte, et cet événement obligea
les liabilants de se disperser.
Depuis ce temps S. M.**" a toujours une garnison dans le château de
Licbtemberg, il y a actuellement deux compagnies djnvalides, M. de
Pierreval y commande, par un brevet du Roy et a un Mnjor sous sa
charge.
Comme le terrain que les habitants cultivaient, produisait peu, étant
situé au niih'eu du bois dans les Montagnes qui séparent l'Alsace de la
Lorraine allemande, les propriétaires ne se pressèrent point de revenir.
En 1G8G il fut rendu un arrest du Conseil, dont je joins icy une copie,
par lequel sa Majesté ordonna que les habitants de la Province de la Sarre,
(|ui défricheraient des terres abandonnées seraient exempts pendant dix
ans de dixmes et de tous droits Seigneuriaux, c'est dans ce tèms là que le
village de Licbtemberg, qui était alors de l'Intendance de la Sarre, à
commencé à se repeupler, et l'on y compte à présent quarante ou cinquanle
chefs de Aimille.
Dans les premiers tèms, les officiers de M. le Comte de Hanau ne don-
nèrent aucune inquiétude aux habitants qui revenaient, par l'aport aux
droits du Seigneur, tout se réglait le'phis souvent par les soins du Com-
mandant du château, ce qui a continué pendant les dernières guerres; le
commandant y trouve âon avantage, par quelques petits secours qu'il en
retire, et les habitants de leur part, dans la crainte de servir à deux maîtres,
voudraient bien n'avoir à faire qu'à lui, c'est ce qui fait élever les uns et
les autres, contre quelques démarches qui ont été faites de la part du
Seigneur, pour faire reconnaître sa Jurisdiction.
J'ai fait venir devant moy des Députés du lieu de Licbtemberg, je les ay
entendus contradicloirement avec un des principaux officiers de M. le
Comte de Hanau. Celuici a mis en fait, en leur présence, que le village de
Lichtemberg a toujours été de l;i Jurisdiction de M. le Comte de Hanau, et
que ses juges ont connu plusieurs fois des différends des habitants, même
depuis que le Roy en est le maître, il a exposé qu'il était absurde qu'ils pré-
tendissent prendre des bois dans les forêts de M. le Comte de Hanau, sans
les payer, et enfin il a déclaré, au nom de son maître qu'à l'égard des dix-
1. Cr6qiii fFraiiçois de Bonne <lo), maréclial de France, se signala en Flandre, Alsace
et Lorraine de 1GG7-1G78, prit Luxcmljourg en lG8i, et mourut |eii lG87àràffede
03 aDs.
— 15 —
mes et droits seigneuriaux, il s'en lient à la disposition de l'arresldeiGSO,
par lesquels, les terres nouvellement défrichées, en sont exemptes, pendant
dix ans. Les Députés de la Communauté m'ont paru satisfaits et dans la
résolution d'en demeurer là. Il ne faut pas s'étonner s'ils ont abbandonné
si facilement leurs prétentions, puis qu'elles ne sont fondées sur aucnn
titre; je ne repondrais pas cependant qu'ils ne les renouvellent à la pre-
mière occasion.
Je suis fâché d'être obligé de dire que toute cette affaire est suscitée
par les officiers de l'Etat major qui se sont imaginés que l'autorité du
Seigneur, dans ce lieu, est incompatible avec la leur.
Au surplus, c'est très mal à propos (et les députés de la Communauté
en sont convenus eux mêmes) que l'on a insinué dans le placet présenté
à S. A. R'® que les officiers de M. le Comte de Hanau inquiétaient les ha-
bitants catholiques sur le fait de la Religion. Je puis assurer qu'il n'y a
point de Seigneur dans la Province, qui ait plus d'attention à faire obser-
ver les Reglements intervenus sur ce sujet et qui ont pour base la paix
de Westphalie.
Dans cet état je prendray la liberté de proposer au Conseil qu'il luy
plaise d'écrire à M. de Pierreval, Commandant au Château de Lichtemberg,
que l'intention de S. A. R'^ est qu'il ne se mesle en aucune façon des dif-
férents qui peuvent survenir entre les habitants et M. le Comte de Hanau,
soit pour la Jurisdiction, les droits Seigneuriaux ou toute autre matière et
qu'il ait à faire sçavoir aux habitants que ces contestations doivent être
traitées, par les voyes de la justice, et dans les tribunaux ordinaires qui
sont en première et seconde instance, les Baillis et les officiers de la Ré-
gence de M. le Comte de Hanau, et en dernière le Conseil Supérieur
d'Alsace. Je ne crois pas qu'il soit besoin d'un arrest du Conseil dans une
affaire qui n'est agitée que par des mémoires non signés et qui ne con-
tiennent, de la part des habitants, que des demandes bazardées, sans être
soutenues d'aucunes pièces. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'IItixclles.
Le 22 Juin 171 G.
M. le Prince de Birkenfeld S le Père m'a envoyé depuis par Mg' les
1. Chrétien III, de la maison palatine de Birkenfcld , descendait de Cliarles, comte
palatin de Deux-Ponts. Il était l'aïeul de MaximUieu 1=' Joseph, électeur de Bavière en
1799, et roi de Bavière en 1805.
— 16 -
deux pièces cy jointes. La première est un décret du Conseil aulique de
l'Empereur, du 13 May dernier, parlequel il luy est deflendu, sous peine
d'amende, de reconnaître d'autres juges que ceux de l'Empire, sur les
difll'rends qu'il a avec l'Electeur Palatin ' pour la succession du feu Prince
Palatin de Weldentz -, et particulièrement pour les baillages de Goutlem-
berg et la Petite Pierre.
L'autre pièce est un memoire dans lequel on explique les circonstances
de celte aiïaire. Vous y verres Mg'", par deux arrêts contradictoires du
Conseil Supérieur d'Alsace, des 24 Septembre 1095 et 29 Janvier 1697 que
M. le Prince de Birkenfeld a été maintenu par provision dans la posses-
sion de ces deux Terres, qu'en 1099 le Conseil aulique de l'Empereur
rendit un jugement pareil à celuy dont on se plaint aujourd'bui. Sur quoy
le Procureur gênerai du Roy, au Conseil Supérieur d'Alsace s'éleva, et
fit rendre sur sa requête le 27 Septembre 1700 un arrêt par lequel il est
ordonné que les deux précédents de 1095 et 1099 seront exécutés, et que
sans avoir égard au mandement du conseil aulique de l'Empereur, qui est
déclaré nul. Les parties continueront de procéder au Conseil d'Alsace, sur
ce qui concerne Gouttemberg et la Petite Pierre. Je joins une copie de
cet arrêt.
Les choses en sont demeurées là^ pendant la dernière guerre; mais le
nouveau décret du Conseil aulique de l'Empereur, du 13 Mai dernier,
donne de l'inquiétude à M. le Prince de Birkenfeld à cause de l'amende
prononcé par ce même jugement, faute par lui de s'y conformer, il craint
qu'on ne l'exécute sur la partie dont il jouit du Comté de Sponheim, situé
dans l'Empire. 11 m'a même fait dire que celle considération l'empeschait
de se pourvoir au Conseil Supérieur d'Alsace pour demander un arrêt
contraire aux mandements du Tribunal de l'Empereur.
Il désirerait Mg'', deux choses: l'une qu'il vous plût procurer des ordres
à M. le Procureur gênerai d'Alsace, pour que paraissant agir de lui même,
et par le seul devoir de son minislere, il ait a requérir, comme il fit en
1099, que le décret du Conseil aulique du 13 may dernier, soit déclaré
nul, comme attentatoire à la Souveraineté du Roy, sur les terres dont la
propriété est contestée entre les parties. 11 désirerait encore que vous
1. Lo rompctiteur de Clirélicri 111. prince di^ BirkcnfcJd. était Gustavc-Samucl-Lôopold,
de la maison palatine de Deux-ronts, né eu 1(J70 et mort eu 1731. 11 était iil-s d'Adolplie-
Jcan, ronde du Roi do Suède Gliarlis XI.
2. La branche de Veldentz, collatérale de Deux-Poiils, s'éteignit eu 1094 daus la per-
sonne de Léopold-Loui^.
- 17 -
eussiez la bonlé de charger M. le Curnte du Luc de dcmniidci', (|ii.. |Hiiir
l'execulion du décret jmpcrial, il ne soil fait aucune saisie dans les terres
que M. le Prince de Bij-kenleld jjosscde dans riùiipire, ce (|ui parait d'au-
tant plus naturel que je vois, par des mémoires (|ui ni'unl (jlc laissés par
M. de la lloussayc, qu'il y a actuellement une négociation ouverte à Vienne
pour régler les limites de l'Alsace, et que les Baillages de Goutlcinher"- et
de la Petite Pierre, étant situé endeça de la Queich, sont nécessairement
de la Souveraineté du Roy. Je suis etc.
A S. A. Rie au Conseil de la guerre le 23 Juin iliô.
Pour satisfaire aux éclaircissements que le Conseil de la guerre m'a
fait l'honneur, par sa lettre du 7 du présent mois, de me demander sur
celle cy jointe, de M. de Ghavigny', Commandant à Colmar, qui se plaint
de ce que les communautés de Munster et de Turckeim refusent de luy
continuer une gratiffication de cinquante sacs d'avoine dont il a joui pen-
dant plusieurs années, je me suis informé des officiers de ces Commu-
nautés, des raisons qu'ils pourraient avoir pour changer de conduite à
cet égard; ils m'ont repondu que cette fourniture a commencé en 1704,
qu'elle fut faite sur un ordre verbal que M. de la Iloussaye donna, en con-
sidération de la dépense à laquelle M. de Chavigny était exposé, par le
passage continuel des Officiers et des Troupes, ils ajoutent que cette rai-
son ayant cessé pendant la paix, ils ne croient pas être tenus de conti-
nuer plus longtêms cette contribution. M. de Chavigny, de sa part, pré-
tend que ce fut M. de Chamillart" lui-même, qui ordonna cette fourniture
d'avoine, pour le dédommager du retranchement qu'on lui fit de 1000 ît,
sur une pension de 3000 U dont il jouissait, et de ce qu'il consentit de
ne pas établir de cantine à Colmar.
Je crois devoir remarquer la dessus deux choses : la première que tous
ces faits allégués de part et d'autre, il n'en parait rien par écrit, et l'au-
1. Cliavigny (Tliéodore Gliavignard, connu sous le nom de), l'un des plus habiles diplo-
mates du dix-huitième siècle, né en 1G87 à Bcaune, gagna la confiance du cardinal
Dubois, et parvint à faire signer à Francfort le traité d'union; il mourut à l'aris en 1771.
2. Chamillart (Michel de), contrôleur des finances, né en 1G51. Employé aux afi'aires
dans les temps les plus malheureux du règne du grand Roi; malgré ses grands services,
sa modération et sa prolnté, il quit(;i, eu 1708. roniploi des liiuiurcs où il avait été
nommé en 1699, et en 1709 celui de la /guerre. Il mourut en 17J I.
T. X. — (M.) 2
- 18
Ire quo la ville de Golmar qui sc trouve pour cinquante sacs, dans le
même cas (lUc Turckcini et Munster, continue d'en l'aire la livraison à
M. de Chavigny. J'ajoute un mémoire de ce que luy produit son eniploy.
Je suis etc.
A M. Dodiiu\
Le 2i Juin I71G.
M.
Je crois que la lecture des deux arrêts du Conseil, dont je joins icy des
copies, suffira pour vous faire connoître que la prétention du nouveau
fermier des droits sur les huiles, dont je vous renvoyé le memoire, ten-
dant à établir sa Regie en Alsace, ne peut être écouté. Vous trouvères
dans le premier, dont la datte est du 29 novembre 1700, que la subven-
tion, qui tient lieu de taille dans cette province, ne montait en 1699 et
les années précédentes, qu'à 99 mille livres et que par cet arrêt elle est
portée à 300 mille livres, moyennant quoi S. W^ décharge la province de
l'exécution de tous les Edits rendus ou à rendre pendant la paix, portant
création de nouveaux offices, ou établissement de droits nouveaux, c'est
ce qui a été parfaitement exécuté de part et d'autre, et môme pendant
tout le têms qu'a duré la guerre qui vient de finir, et depuis la dernière
paix jusques à présent. J'ai encore imposé pour l'année courante 171G, la
Subvention sur le pied de 300 mille livres, en exécution du second arrcst,
dont je viens de vous parler, qui est du 9 Nov.^""® 1715.
Je crois qu'il seroit inutile au fermier des huiles de dire que l'arrêt de
1700 ne devoit avoir lieu que pendant la paix qui a précédé la dernière
guerre, et qu'il ne peut pas aujourd'hui luy être opposé; on luy repondrait
que S. M"" a confirmé depuis, d'année en année, par de nouveaux arrêts,
cet abbandonnem.ent gênerai, et qu'enfin s'il se trouvoit moyen d'y faire
donner atteinte, la province seroit en droit de recourir à la justice du
Conseil et de demander que la subvention fut réduite comme elle était en
1700, c'est à dire à 99 mille livres. Je doute que ce parti puisse paroitre
le plus avantageux pour les intérêts de sa Majesté.
Je vous ajouteray M'", qu'il seroit d'ailleurs bien difficile de ne pas ecou-
1. Doduii (Cliarics- Gaspard), roiilnjlcur général des finaneos, 17'22-I72G, occupait
auparavant déjà une liante position dau.s celle administration. 1! s'était fait, selon l'ex-
pression de Henri Martin, l'exécuteur impitoyable des ordres de l'àris Duvcrney, pour
les applications des lois et règlements relatifs aux mendiants et vagabonds.
— 19 —
1er la ville de Strasbourg- et toute la noblesse de la basse Alsace, qui ne
manqueraient pas au premier bruit de ce nouvel établissement de représen-
ter que le feu Uoy, par la capitulation de Strasbourg, a promis aux liabi-
tants de cette ville de ne les assujettir à aucune contribution, et de la
part de la noblesse, qu'elle relcvoit immédiatement de l'Empire, et que
sa M*^, après avoir fait reunir à sa souveraineté , par un arrest du Conseil
de Brisach, toute la basse Alsace, a accordé à cette Noblesse des Lettres
patentes portant confirmation de tous ses privilèges, dont le principal est
de ne point payer de droits nouveaux, il y a un grand nombre de Gentils-
hommes, en basse Alsace, qui ont des moulins à buile, et qui ne ver-
roient qu'avec peine des commis y lever des droits.
Au surplus M. il ne se fait aucun commerce d'huile considérable dans
cette province, il n'y a point de manufacture de draperie, ce qui produit
ailleurs beaucoup de consommation. Il nous vient peu d'huile d'olive ou
de poisson, on fabrique en Alsace des huiles de pavot et de navette, dont
les Peuples se servent pour leur manger et pour s'éclairer.
Je ne puis finir sans vous suplier de faire attention combien il est néces-
saire de ménager cette province pendant la paix, afin qu'elle soit en état,
si les têms viennent à changer, de fournir les secours immenses qu'on
en tire pendant la guerre.
Je suis etc.
A M. de Puysegtir * Lieuf gênerai et Conseiller au Conseil de la guerre,
le 2 Juillet i7i6.
Dés que la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire, le 28 du
mois de raay dernier, m'a été rendue, avec les Mémoires qui l'accompa-
gnoient, concernant les privilèges et exemptions dont les Troupes Suisses
prétendent devoir jouir, lorsqu'elles seront en garnison dans les Places
d'Alsace, comme il est pratiqué dans le reste du Royaume, et même en
flandres, j'en ay donné communication aux Magistrats des villes de Stras-
bourg et de Landau, ou vous me marques que par l'arrangement que
S. A. R^^ vient de faire il doit y avoir des Troupes Suisses en garnison.
1. Puységur (Jacques-François de Cliastenet, marquis de), marôclial de France, cheva-
lier des ordres du Roi, comte de Gliessi, vicomte de Busanci, fut considéré comme un
des hommes de guerre les plus expérimentés de son siècle. Né en 1655, il eut une
grande part dans les événements qui consolidèrent Philippe V sur le trône d'Espagne. Il
reçut le bâton de maréchal en 1734 et mourut en 1743.
— 20 -
Je ii'ay rien oublié pour persuader à ces Mogislrails qu'il convenoit qu'ils
se prêtassent volonlairement à l'exemption demandée et qu'ils se rédui-
sissent à chercher et proposer les moyens d'empescher que les vivandiers
suisses n'excédassent leurs privilèges.
Je les ay trouvés très vifs sur cette affaire et déterminés à faire valoir
autant qu'ils pourront les raisons qui furent allégués, l'année passée, à
l'occasion du Regiment de Villars-Chaudieu, et la décision favorable que
les Magistrats de Landau obtinrent, par une lettre de M. le Chancelier
du 31 S^--^ ilU.
Dans ces circonstances je crois, M"", qu'avant qu'il soit question, de ma
part, de faire le règlement que vous demandés pour fixer cette exemption,
il est d'un préalable nécessaire que S. A. R'" ou le Conseil de la guerre
décide, si l'exemption de tous droits sur les denrées qui serve à la con-
sommation des officiers et Soldats des Troupes Suisses, aura lieu en Alsace,
ou non, le cas arrivant.
La ville de Strasbourg se deffend d'abord par sa capitulation, elle dit
que dans l'art. 2 S. M'Muy accorde la confirmation de tous ses privilèges,
et que dans le cinq® il est stipulé qu'elle continuera de jouir de tous ses
revenus et droits, comme elle les avoit possédés jusqu'alors, elle ajoute
que les privilèges des Suisses n'ont rien de plus authentique que suivant
h' droit cümiiiun, le feu Roy et ses Prédécesseurs n'ont point eu l'intention
d'accorder aux Suisses la franchise des droits qui appartenoient à un tiers;
qu'il se trouve actuellement dans la ville de Strasbourg 300 familles suis-
ses qui payent les mêmes entrées que les autres bourgeois, que plusieurs
autres fois il y a eu des Troupes de cette nation en garnison dans la ville,
et en dernier lieu le Regiment des Gardes qui n'a jamais élevé de question
sur les franchises, et enfin que cette affaire est décidée par la lettre de
M. le Chancelier que j'ai déjà citée.
La ville de Landau rappelle le Traité de Westphalie, où, dans le para-
graphe, portant cession des dix villes jmperialles d'Alsace, il est expressé-
ment dit que leurs privilèges et immunités leur seront réservés, elle se
sert des mômes raisons et exemples raportés par celle de Strasbourg et
ajoute que ses revenus ne peuvent suffire pour acquitter les charges dont
la pluspart concernent le Service du Roi, comme les ustenciles que tirent
les officiers de l'Etat major, les logements, les fournitures de bois dans
les cazernes et les lits, pour une parlie de la garnison, qui est distribuée
chés les bourgeois.
Vous previendrés aisément M. ce ijn'on |)Ciil repondre à ces représenta-
tions, je ne feindruy point de dire que rLmpei'eur et rLiupiie, ayant cédé
— 21 —
par le Trailé de Riswick la ville de Strashoiiri;- an Roy, il est assez hors
de propos d'avoir recours à la capitulation; d'ailleurs dans cette capitula-
tion il n'est point dit que les denrées qui servent à la consommation des
Troupes payeront les droits dont la ville jouit, les privilèges qui luy sont
conservés ne peuvent jamais regarder que les habitants, Sa Majesté ne
s'est point engagé d'entretenir des Troupes dans Strasbourg.
Ce que les Troupes y consomment forme un excédent qui peut être
exempt de tous droits, sans que les revenus ordinaires de la ville soient
diminués, elle ne peut, à mon sens, demander autre chose, si ce n'est
qu'on prenne des précautions pour que les vivandiers suisses renfer-
ment la débite de leurs denrées aux officiers et Soldats de leur nation,
et c'est à quoy il est du bon ordre de tenir la main.
Il est vray qu'il y a des bourgeois suisses dans Strasbourg qui ne jouis-
sent d'aucuns privilèges, mais ils se sont soumis à cette condition, on
demandant ce qu'on appelle icy droit de manance ou de bourgeoisie, et il
est absurde d'en tirer une conséquence pour les Troupes de la nation.
L'exemple de ce qui s'est pratiqué pour les Regiments Suisses, qui ont
été ou sont encore dans la Province, prouve seulement l'usage qui a été
observé jusqu'icy. J'apprends par M. de Bernières qu'avant 1701 les privi-
lèges des Troupes Suisses n'etoient pas plus connus en Flandres.
Je crois qu'on peut employer les mêmes raisons contre celles alléguées
par la ville de Landau; mais ce qu'il y a de particulier dans cette Place,
c'est que les Officiers de l'Etat major y jouissent actuellement d'une can-
tine, qui est affermée quatre mille francs, à la vérité elle ne produit point
d'exemption effective, parce qu'elle est entre les mains du même fermiei-,
qui tient les revenus de la ville, mais il n'est pas moins vray de dire qu'elle
a reconnu le droit dont jouissent les Officiers des Etats-majors, d'établir des
vivandiers pour les Troupes, même pour les françaises avec franchise sur
les denrées qui servent à leur consommation, et c'est ce droit que le fer-
mier de la ville de Landau rachette annuellement, moyennant la somme
de quatre mille hvres, sans quoy la cantine serait affermée séparément.
La ville de Landau paye d'ailleurs aux Officiers Majors un ustencile en ar-
gent pour tenir lieu de bois et autres commodités. Il y a pareillement des
cantines dans plusieurs autres Places d'Alsace, comme Iluningue, Belfort,
le Neuf-Brisach, le fort Louis et même à Schlestat, ci devant ville jnipe-
rialle, à Strasbourg la ville paye à M''^ les Officiers de l'Etat major un us-
tencile très fort et qui a été réglé sur ce pied par rapport à la suppression
de la cantine.
J'ay aussi recouvré le memoire qui fut envoyé par M. de la Iloussaye,
— 22 —
lorsque celle môme quoslioii fut agitée poui' le Regiment de Villars-Cliau-
(lieu, il m'a paru qu'il s'altachoit principalement à conibattre en gênerai,
les privilèges des Troupes suisses, mais je ne vois pas comment on pour-
loit surmonter l'usage qui se pratique, à cet égard, dans tout le Royaume
et même dans les villes de flandres, il me semble qu'il faut se réduire à
examiner, dans le cas présent, s'il n'est pas réellement vray que l'exemp-
tion des Troupes suisses peut avoir lieu, sans que les privilèges des villes
d'Alsace reçoivent aucune atteinte.
Les denrées que les munitionnaires, les Entrepreneurs des Etapes et
autres fournitures, que font entrer ceux qui sont chargés du service, con-
cernant les Troupes, n'ont jamais payé de droit aux fermiers des villes en
Alsace, pas même à Strasbourg, sans que celte franchise ait été regardée
comme une infraction des privilèges des villes, ce qui me paroit former
un préjugé assés pressant pour le cas dont il s'agit.
Je vous suplie M. de me faire sçavoir la décision qui sera intervenue et
si elle est favorable aux Troupes Suisses, le Reglement que j'auray à faire
pour fixer la quantité des denrées qui entreront en franchise, et pour
prescrire les formalités qu'il faudra observer, affin d'empêcher l'abus, ne
lardera pas à être rendu, je ne prévois pas même qu'il puisse y avoir de
difficulté la dessus, j'ay les Reglements qui s'observent en flandres et qui
ont été approuvés de la Cour, je pense qu'il n'y a qu'a s'y conformer à
peu près, pour le principal, et n'y faire d'autre changement que celuy qu'exi-
gera la différence des mesures connues en Alsace, et des foimalilés qui
s'observent icy pour la Regie des Revenus des villes. Je vous envoyé cepen-
dant une copie du memoire de M. Reynold, sur lequel j'ay mis des apos-
tilles à chaque article, qui vous feront connoître pour quelle quantité de
denrées j'estime que les Suisses peuvent demander l'exemption.
S'il était possible, après tout, qu'il ne fût point envoyé de Troupes
Suisses dans ce département, ce seroit prévenir la peine que le nouvel
établissement des Cantines ne manquera pas de faire à la ville de Stras-
bourg et aux autres de la Province, il paroit assés par le memoire donné
par M. le Duc du Maine que son sentiment la dessus, et même celuy des
Troupes, se rapportent parfaitement à ce qu'on désire de ce côté cy.
I*our que les raisons des villes de Strasbourg et de Landau ne soient
pas affaiblies, je joins icy les mémoires qu'elles m'ont remis et quelques
pièces dont elles i)relendent s'aider.
Il est certain que les revenus de la ville de Landau, (jui ne se montent qu'à
AO mille livres, suffisent à peine pour subvenir aux charges annuelles; en
cas que rexeiiijilion des Suisses vint à y a])porler quelque diminution con-
- 23 —
sidcrablc. S. M'* pourroit l'nidcr, en prenant surson compic, In fourniture
des bois des Corps de garde que la ville a payée jusqu'icy. Il nie parait M.
suivant vôtre lettre, que le Conseil de la guerre inclinerait assés à prendre
un tempérament de cette espèce, mais je crois qu'avant (jue de rien déter-
miner, il faut voir quel sera l'effet de l'exemption, et ce que la ville de
Landau et môme celle de Strasbourg-, ne manqueront pas de demander à
cet égard.
J'aurois bien pu, dès à présent, vous envoyer un projet de Reglement,
mais je voudrois le concerter auparavant avec le magistrat, par raport
aux précautions qui sont à prendre pour empescber l'abus, et je ne pour-
ray les engager à concourir à celle fin, qu'après qu'ils am*ont perdu, par
une décision de la cour, la prévention où ils sont que les Suisses ne doi-
vent point avoir de Cantines en Alsace.
Je trouve dans le memoire de M. le Duc Du Maine, que dans le Traité
fait avec les cantons catholiques, au mois de May 1715, il est porté que
les vivandiers qui excéderont la quantité de denrées qu'il leur sera permis
de faire entrer en franchise, seront soumis à la confiscation et livrés à la
justice seule, pour être châtiés, je crois qu'il est du bon ordre que la
confiscation soit prononcée par l'Intendant ou les Commissaires des
guerres, ayant la police de la Place, et que ce n'est que la punilion cor-
porelle qui concerne la justice seule.
Il n'est point demandé dans le memoire de M. de Reynold, d'exemption
pour les grains et farines, il n'en est pas parlé non plus dans les Regle-
ments intervenus pour la flandres. Ainsy je ne pense pas qu'il en doive
être question non plus ici. Je suis etc.
A Mgf le Duc de Noailles '.
Le 13 Juillet 1710.
J'ai receu Mg'' la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrirc, le 27
du mois passé, avec l'arrcst du Conseil par lequel Sa M**^ permet jusqu'au
premier Septembre prochain, de transporter des grains hors du Royaume,
1. Noailles (duc et maréchal de), neveu du cardinal, persécuteur des Jansénistes, se
disliugua dans la guerre de la succession d'Espagne. Gouverneur du Uoussillon, il chasse,
en 1710, les Anglais d'Agde et de Cette, assiège et prend Girone (1710-1711).
Après la mort du Roi en 1715, il préside le Conseil des finances. Délesté et injurié par
Saint-Simon, il avait nue intelligence vive et èlendue, de riiislraclidii, l'andiitiim de liien
— 24 —
et le memoire contenant les ecclaircissements que S. A. iV^ désire qno
j'envoye sur tout ce qui peut avoir raport au commerce des grains dans
ce Département.
Je commence dès aujourd'hui à vous envoyer deux Etats, l'un conte-
nant la quantité de grains qui est sortie d'Alsace pour l'Etranger, depuis le
quinze du mois dernier jusqu'à présent. Dans l'autre j'ai marqué le prix
actuel des grains et celuy auquel il seroit à désirer qu'ils fussent pour
que les habitants et les fermiers pussent vivre commodément, et acquit-
ter leurs charges. Il vous paroîtra qu'il s'en faut plus d'un tiers qu'ils ne
se vendent, dans le moment présent, à ce prix de convenance.
Vous n'ignorés pas Mg'' que les précédents arrêts, portant permission
de sortir des grains du Royaume n'ont pas eu lieu en Alsace, vous aurés
entendu au Conseil de commerce, la lecture des lettres que je me suis
donné l'honneur d'écrire à ce sujet, dans le mois d'Avril et de Mai der-
niers, à M. le i\P^' de Villeroy, je vous rappeleray ce qu'elles contenoient ,
par la copie que je joins icy de la dernière du 17 may. J'y ajoute une
copie de celle de M. le M^'*' de Villeroy du 30 du même mois, sur laquelle
j'ay cru devoir rendre une ordonnance, dont je vous envoyé un Exem-
faire. Il émet une circulaire contre les abus de la perception des tailles (4 octobre 1715).
De grandes améliorations furent introduites dans la gestion des deniers publics, les
droits sur la circulation des bestiaux supprimés; l'exportation des grains fut permise,
ainsi que l'entrée en franchise des bestiaux. Mais, d'un autre côté, on réduisit les rentes.
Un édit parut en août 171G contre les traitants, coupables d'exaction; une véritable ter-
reur fut établie; ou vit des traitants échapper par le suicide à la rigueur des mesures
adoptées contre eux. Au bout de six mois les poursuites cessèrent. Une alliance de la
noblesse avec les Gnances se forma. La vénalité des Chambres de justice commença.
De nouvelles faveurs furent accordées au commerce , mais on réduisit les pensions. Le
27 juin 1717, un rapport général sur les finances depuis Sully signala les afTreuses
.suites de la révocation de l'Édit de Kantes. En août 1717, l'abolition de l'impôt du
dixième sur les propriétés foncières fut tentée; on veut substituer la taille proporlion-
nelle à la taille arbitraire.
Le duc se démit de la présidence du Conseil des finances en 1717 et Inlta conire le
système de Law. La suite de sa carrière se distingue plutôt par ses actes militaires. En
17.35, parvenu à la dignité de maréchal, il commanda l'armée d'Italie et essaya de rame-
ner la discipline gravement compromise. Pendant la guerre pour la succession d'Au-
triche, il livre la bataille indécise de Dettingen (1743). Il cul le mérite de faire doiiuer
le bâton de maréchal au comte de Saxe (1741), prit lus villes forestières du Uhin et
Fribourg. Ambassadeur en Espagne (1747), il fait, par ses sourdes intrigues, renvoyer
le marquis d'Argen.son.
On le consultait encore dans ses vieux jours, au commencement de la guerre de .sept
ans (I75C). Né en 1078, il meurt en 17CC.
— 25 —
plaire, portant permission aux hahilants d'Alsace de faire passer des grains
en Suisse et dans les Terres de l'Empire jusqu'au premier du mois d'Aoust
prochain. Comme la récolte, qui est instante, promet beaucoup, je crois
qu'il faut proroger cette liberté, au terme du nouvel arrest, jusqu'au
prem"" Septembre.
Vous remarqucrés que dans mon ordonnance d'assujettir les grains qui
sortent, aux droits de la ferme, j'ay cru devoir en user ainsy, parceque la
ferme d'Alsace est séparée du Bail de celles du Royaume et que j'ay appré-
hendé que l'exemption ne produisit de la part du fermier, une demande
d'indemnité. Ces droits sont d'ailleurs très médiocres puisqu'ils ne mon-
tent qu'à 1*^ 7'' par quintal, je me suis expliqué la dessus dans ma pre-
mière lettre à M. le i\P^' de Villeroy, du 24 Avril.
Si vous croyés comme moy iMg'' qu'eu égard au vil prix des denrées, en
Alsace, et à l'abondance que la nouvelle récolte nous promet encore, il
convient que l'Excédent, que cette Province peut avoir en grains, continue
à être transporté de l'autre côté du Rhin, je vous suplie de me le faire
sçavoir le plutôt qu'il sera possible, affin que je sois à lêms pour rendre
une nouvelle ordonnance, l'arrest ne pouvant pas être pubhé sur cette
frontière, supposé que vous approuviés que le fermier continue à lever les
droits de sortie. Je suis etc.
Au Conseil du dedans du Royaume. Le 24 Juillet iH6,
J'ai enfin l'honneur d'envoyer au Conseil un memoire que j'ay dressé,
sur ce qui concerne les corvées dont M. le Duc deMazarin' jouit en Haute
Alsace, en conséquence de plusieurs arrêts du Conseil et qui luy sont de
nouveau contestées par les habitants qui ont fait présenter le placet cy
joint, sur lequel le Conseil a daigné me consulter, par sa lettre du 18 avril ,
j'espère que ce memoire et les pièces qui l'accompagnent, fourniront les
ecclaircissements nécessaires, pour former une décision telle qu'il ne puisse
y avoir aucun retour.
Je dois des Excuses au Conseil de ce que j'ay tant tardé à luy rendre
compte de cette affaire, mais en même têms je prendray la Uberté de luy
dire que ce n'est pas une chose facile en ce Pays cy, que d'approffondir une
1. Paul-Jules, duc de Mazaria et de la Meilleraye, fils (rArmaml-Cliarlos de la Porto,
duc de la Meillcraye, premier duc de Mazarin, et de Hortcuse Maru-ini, uiùce du car-
dinal.
— '26 —
matière. On ne trouve presque aucun reglemenl sur quoy que ce
jiLiissc être, les parties ignorent souvent elles mêmes les pièces qu'elles
auroienl à produire, on ne traite les aiïaircs que par tradition et par l'usage
et encore y a-l-il beaucoup de vaiialion, suivant les difl'erenles personnes
avec (jui l'on s'entretient. J'avoue qu'il me répugne de parler à mes Supé-
rieurs d'une affaire sans être en etat de la leur expliquer en entier et avec
cerliluilc Je suis etc.
A M. de la Iloussayc.
Le 21 Juillet I71(i.
J'ay receu M. la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ccrirc, le 25
du mois passé, et j'ay examiné les deux Requêtes qui les accompagnoient,
vous les trouvères cy jointes.
M. le Duc de Mazarin demande au Conseil d'être déchargé de deux as-
signations (jui luy ont été données au Conseil supérieur de Colmar, par
un particulier et une Communauté qui refusent de se soumettre au droit
de Corvées, dont il jouit dans ses Terres.
Je vous avoue M. que je ne pense point du tout, la dessus, comme ceux
qui conduisent les affaires de M. le Duc de Mazarin. Ils ont dans l'esprit
qu'il ne doit reconnoîlre pour juge sur le fait des Corvées que le Conseil
du Roy, parce que ce droit ayant été établi par des arrêts du Conseil, ils
regardent toutes les contestations qui peuvent naître dans la suite, sur
cette matière, comme une dépendance qui ne peut être traitée que dans le
même Tribunal.
Il me paroit que quoyque un droit soit établi de la manière la plus au-
thentique, il n'est pas possible qu'il n'y ait toujours quelqu'un qui, par des
raisons singulières, croit pouvoir pretendie qu'il doit être excepté de la
regle commune. C'est une chose qui paroit dure et jjcu soutenable que
d'interdire à ce particulier la voye de demander justice au Tribunal de sa
Province, aussi cette conduite ji'a servi jusqu'icy qu'à indisposer les vassaux
contre le droit des Corvées.
Il vous sera peut-être revenu M., (ju'il a ét(' dcj)uis peu, présenté à la
Cour des placets au nom des habitants des Baillages de M. le Duc de
Mazarin qui s'elevent de nouveau contre le droit de corvées, et préten-
dent qu'on ne doit compter pour rien les arrêts du Conseil, intervenus
sur celte matière, alléguants qu'ils ont été surpris par le credit du Sei-
gneur et sans qu'ils ayent été fntcndus.
27 —
Comme vous avés une parfaite connoissance de ce qui s'est passé la
dessus, et de l'usage gênerai en Allemagne et en Alsace du droit de Cor-
vées, vous présumerés aisément que je ne pense pas qu'il faut rejctter la
l)lainte de ces habitants, ou plutôt par un nouvel arrest, ordonner l'exccu-
tion des précédentes, c'est ce que je propose au Conseil du dedans du
Royaume, d'où le placet m'est revenu; mais j'ajoute que je crois que M.
le Duc de Mazarin doit faire addi'csser, par des Lettres patentes l'exécution
de ce nouvel arrest et des précédents au Conseil de Colmar, et je cite
l'exemple de M. le Prince de Birkenfeld, dont le droit de Corvées est éta-
bli de môme par des Lettres patentes, enregistrées dans ce Tribunal.
Pour dire un mot du fait des questions dont il s'agit dans les deux Ile-
quêtes qui me donnent lieu de traitter cette" matière avec vous, je vois que
les habitants de Velbach prétendent être dans la Seigneurie des jésuites,
et non dans celle de M. le Duc de Mazarin, et qu'i'l y a sur cette contesta-
tion un procès actuellement pendant au Conseil de Colmar. Ils demandent
incidemment de n'être point assujettis aux Corvées de M. le Duc de Ma-
zaïin qu'ils soutiennent n'être pas leur Seigneur; n'est ce pas une suite
de la question principale? Je sçais qu'il est intervenu un arrest qui regle
e possessoire et que M. de Mazarin prétend qu'il a toujours perçu les cor-
vées sur les habitants de Velbach; mais dès qu'il justiffiera ce fait et qu'il
produira les arrest du Conseil qu'il a par devers luy; le Conseil d'Alsace
peut-il se dispenser de le maintenir dans le possessoire du droit de Cor-
vées sur les habitants de Velbach.
Il en est de même de la prétention de M. de Ferette Gentilhomme de
la haute Alsace qui soutient que son fermier ne doit point être assujetti
aux Corvées de M. le Duc de Mazarin ; il ne peut avoir que deux moyens,
l'un de dire que le bien dont il s'agit n'est pas dans les Terres de M. de
Mazarin, l'autre que ce bien par sa qualité de fief ou celle du Possesseur,
quoyque situé dans une Terre où le droit de corvées est établi, ne doit
point y être assujetti, ni le fermier qui le fait valoir. Il me paroit que ces
deux questions, dont la première est de fait et l'autre de droit ne peuvent
naturellement être traitées que dans le Conseil de Colmar. Je pense donc
M'" que les deux Requêtes cy jointes doivent être rendues et qu'il est con-
venable au bien de la justice et même aux intérêts de M. le Duc de Maza-
rin qu'il prenne la voye de se deffendre dans le Tribunal, où il a été attaqué.
Je suis etc.
— 28 -
Au Conseil de. la Guerre.
Le 29 .luilk't 17 IG.
Pour satisfaire à l'ordre qui m'a été donné par le Conseil de la Guerre
le G de ce mois, je me suis informé de l'usage qui a été observé jusqu'icy
à Landau pour la fourniture du bois aux officiers de l'Etat major. Le ma-
gistrat m'a envoyé la copie cy jointe d'un règlement fait à ce sujet le 2G
Décembre 1690, par M. de la Grange' cy devant Intendant en Alsace, le
Conseil y trouvera qu'en conséquence d'une décision de M. de Louvois, il
ordonne qu'en payant par la ville aux officiers de l'Etat-major la somme
de 3300 à' par forme d'ustencile, le Magistrat sera déchargé de toutes
prétentions pour bois, voitures ou autres fournitures quelconques, à la re-
serve du simple logement.
Je suis fâché d'avoir à dire que la demande contenue dans le placet cy
joint de M. de Chastenet Lieutenant de Roy à Landau pour que la ville soit
tenue de luy fournir du bois, est absolument contraire au règlement et à
l'usage que je viens d'expliquer.
Il est vray d'ailleurs que M. de Chastenet est dans un poste qui exige
beaucoup de dépense, que son goût l'y porte, qu'il n'a d'appointements du
Roy que 3000 ÏÏ et que son employ en tout ne peut luy produire au plus
que 4ü00 ïï déduction faite de la capitalion et du dixième. C'est un homme
d'une probité et d'une retenue à l'épreuve de tout; il est obligé, toutl'hy-
ver, d'avoir plusieurs poêles allumés pour chauffer les officiers de la gar-
nison qui n'ont d'autre ressource à Landau que de se tenir cliés luy. Je
suis persuadé que les magistrats eux-mêmes desireroient que le Conseil
fit quelque chose en sa faveur et qu'ils ne reclameroient pas s'il leur était
ordonné de luy fournir cent cordes de bois par an. Je suis etc.
A M. Amelol^ Conseiller d'Etat ordinaire.
Le 31 Juillet 1710.
J'ai roceu la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire le 24 de
ce mois, je vais, comme vous le prescrives, rendre une ordonnance pour
permettre la sortie des grains jusqu'au prcm"" de Septembre.
1. Jacques de Lagrauf^e, iiitcndaiit d'Alsace de 1G74 à 1G98.
2. M. Amelot de Cliaiiloii fiit, i»ar Ja suite, miiiisti-c des afl'aircs étrangères (1737-1744) ,
inals.romme tel, l'aveugle instrument de M. de Maurepas par rinllucuce de Mad. do
Cliateanroux.
— 29 —
Au surplus M., il y a toutes les apparences du monde que la recolle qui
se fait actuellement dans ce Pays ci, se trouvera très abondante. Rien ne
prouve mieux quelle est l'opinion des Peuples la dessus, que de voir que
nonobstant la quantité assez considérable de grains qui est sortie d'Alsace
depuis deux mois, le prix n'en augmente pas.
Je vous ajouteray M"" que les Suisses peuvent sufïiie pour tirer seul l'ex-
cédent des grains de la baute Alsace, mais depuis Colmar jusqu'à Landau,
nous ne pouvons trouver de débouché pour ce que nous avons de trop
qu'en le donnant aux sujets de l'Empire. Je suis etc.
A M. Darmenonville Conseiller^ Secrétaire d'Etat.
Le 10 Aoust 171 G.
La Requête cy jointe que vous m'avés fait l'honneur de me renvoyer
M"", avec vôtre lettre du 17 du mois de may dernier, contient deux chefs
de plainte de la part de la Communauté de heiteren, située en haute
Alsace entre les S""^ de Boisgautier, Müller, Gomé et Neef, Officiers au Con-
seil Supérieur de la Province, la veuve du S'" Schepelin cy devant Secré-
taire à la Chancellerie de Colmar et le S, Chabrun Lieutn*^ de la Maré-
chaussée, elle expose que tous les particuliers refusent de contribuer pour
les biens qu'ils ont nouvellement acquis dans cette communauté, aux
impositions qui sont faites pour le Roy et à une rente foncière de 60 sacs
d'avoine que la Communauté paye annuellement à la ville de Colmar.
Cette requête ayant été communiquée aux parties intéressées ;, il y a été
repondu de la part des officiers du Conseil de Colmar sur le premier chef
qui concerne les impositions Royalles, que par l'usage établi dans la pro-
vince, les nobles qui font valoir leurs biens par leurs mains sont exempts
de payer les charges; que dans l'Edit de création de leurs officiers du mois
d'Avril 1694 il est dit qu'ils jouiront des mêmes privilèges et exemptions
que les officiers des Parlements, que les biens qu'ils possèdent dans la
Communauté de heiteren sont exploités par des valets à gages , et que par
conséquent c'est mal à propos que la communauté s'avise aujourd'hui de
les inquiéter.
Sur la rente en avoine le S"" Gomé Conseiller au Conseil d'Alsace et l'un
de ceux contre lesquels la Communauté agit, a passé un acte le 23 du
1. Josepb-Jcan-Baptistc Flcuriau, Seigneur d'Armeiioiiville, gnrijc des sceaux depuis la
mort du marquis d'Argeuson, 17'20, jusqu'en l'auuée 1727.
— 30 -
mois de Juillet dernier, par le(|uel il declnre aux liabitanls (ju'il coiisenl
d'y contribuer tant pour le passe que pour l'avenir, ses trois Conliercs,
bien loin de suivre cet exemple, s'obstinent à dire que la rente n'est pas
foncière, et pour prouver qu'elle est personnelle, ils allèguent que tous
les manants de la Communauté même ceux qui n'y possèdent aucuns biens
en fonds, ne laissent pas d'en payer leur part ; ils ajoutent enfin que dès
qu'ils n'ont point de fermiers, ils doivent être exempts de toutes impositions,
soit qu'elles se fassent pour le Uoy ou pour d'autres destinations.
La veuve du S. Schepelin se soumet à la rente en avoine, mais quant
aux impositions Pxoyales, elle fonde l'excmjjtion qu'elle prétend avoir pour
les biens qui ne sont point affermés, sur le privilège attaclié à la charge
de Secrétaire de la Chancellerie de Colmar, dont son mary est mort re-
vi'lu au mois d'Aoust dernier, j)0ur prévenir l'objection qu'on peut luy faire
sur ce que par l'Edit du mois de Juin 1715 tous les anciens Officiers des
Chancelleries ont été suprimés aussi bien que les privilèges dont jouissoient
ceux qui ont étaient pourvus, et que par l'article du second Edit du mois
de Décembre de la même année intervenue sur cette matière, il est dit
que ceux des anciens officiers qui n'auront pas fait avant le premier Fé-
vrier suivant leur soumission de payer la finance des nouveaux offices
demeureront déchus de toutes exemptions, elle m'a fait dire qu'elle était
prête de prendre à cet effet tel engagement qui seroit jugé convenable.
Le S"" Chabrun a déclaré pareillement qu'il ne prétend pas être exempt
de la rente en grains, il consent de la payer à l'avenir et même de faire
raison à la Communauté de ce qu'il peut devoir des arrérages du passé,
quant aux impositions Royales il soutient qu'il en est exempt par le Titre
de sa charge, il rapporte à cet effet l'Edit de création de la maréchaussée
d'Alsace du mois de Mars 1692, où il est dit que les Officiers seront
exempts de tailles. Subventions et autres charges ])ul)liques, il joint
aussi une copie de ses provisions où les mêmes dispositions sont rap-
pellées.
La Communauté pour réplique, a dit qu'elle ne prétend point contester
pour les impositions Royallcs, le privilège des Officiers du Conseil de Col-
mar et des deux auties, au moyen de quoy la question est réduite à sça-
voir s'ils font valoir leuis biens par leurs mains, ou s'ils ont des fermiers,
les habitants conviennent de bonne foy que le S. Nccf procureur gênerai
au Conseil de Colmar et la veuve Scheppelin sont dans le premier cas, ils
prétendent que les autres ont des fermiers, avouant néanmoins qu'ils ne
sont pas en etat d'en rapporter la preuve et à tout evenenient ils deman-
fl'.iit que si ces gfficiers sont déclarés exempts, la portion dont ils de-
— 31 —
vroicnt contribuer aux impositions Royallcs, suit rojcttéc sur le Baillagc
ou sur le reste de la Province.
Quant à la rente en avoine les habitants disent qu'elle est efTcctivoment
réelle et personnelle, et attaquent les trois officiers du Conseil de Colmar
qui refusent d'y contribuer par l'exemple de la conduite opposée du S. Gomé
leur Confrère, de la veuve Scheppelin et du S. Chabrun qui viennent de
donner leur consentement pour y contribuer; mais ce qui est de plus fort,
ils rapportent le rolle de l'année 1715 contenant la repartition des 60 sacs
d'avoine, et dans ce Rolle M. le Prince de Birkenfeld, Seigneur du lieu est
à la teste de ceux qui doivent la supporter.
Pour ne rien omettre des faits qui résultent des pièces qui m'ont été
produites, je dois dire qu'il y a eu une instance au Conseil d'Alsace,
entre la ville de Colmar, d'une part, qui poursuivoit la Communauté de
heiteren pour quelques arrérages dus de la rente, et cette communauté
qui pretendoit que les habitants, en gênerai, n'étoient pas tenus de satis-
faire pour ceux qui refusoient d'y contribuer, ces Refusants étoicnt les
mêmes d'aujourd'huy et etoient aussi parties ayant été assignés par la
Communauté; sur quoy par arrêt du 13 juin 1715 la Communauté de
heiteren a été condamnée de payer les arrérages, sauf à se pourvoir par
les voyes de droit contre ceux qui pourroient être contribuables, deffenses
au contraire. Ces trois officiers du Conseil de Colmar qui s'opiniatrent à
soutenir qu'ils sont exempts de la rente, prennent avantage de cet arrêt
et disent que si la Communauté a quelque chose à leur demander à cet
égard, elle doit s'addresser à ce même Tribunal.
n ne me reste plus. M., qu'à vous expliquer mon avis que vous m'avés
fait l'honneur de me demander sur celte affaire, je commenceray par ce
qui concerne la rente en avoine, j'avois demandé le litre constitutif pour
connoîlre si elle était foncière ou non; mais il ne s'est pas trouvé dans les
Archives de Colmar, on m'a seulement raporté une copie traduite d'un
acte du 10 avril 1713. Ce sont des lettres patentes par lesquelles l'Empe-
reur Maximilien approuve la rente d'un fief dont il est dit que les soixante
sacs d'avoine sur la Communauté de heiteren font partie et il en éteint la
féodalité en faveur de l'acquéreur qui a depuis vendu cette rente en 1536
aux Magistrats de Colmar.
Il est certain qu'une rente qui faisoit partie d'un fief ne peut être que
foncière, il est même evident qu'elle est reconnue comme telle de tout
têms, puisque M. le Prince de Birkenfeld contribue et que trois de ceux
qui jusqu'à ce jour avoient constamment refusé d'en payer leur part,
viennent de s'y soumettre.
— 32 —
Ouand même il y auroit quelque doute sur la qualité de la Rente, il sc-
roil toujours vray de dire, comme il est allégué daus un des mémoires de
la Communauté, que le Roy ne donne d'exemption que pour les imposi-
tions qui le concernent et non pour celles qui intéressent des Tiers. On
ne peut s'empcscher de regarder avec peine la résistance dans laquelle
demeurent à cet égard les S'"^ de Boisgautier, Müller etNeef dont les deux
premiers sont Conseillers au Conseil de Golmar et le 3^ procureur gé-
néral.
Il est vray cependant que cette contestation, par sa nature, est de la com-
pétence de la justice ordinaire, mais je crois que la Communauté seroit
bien à plaindre, si pour se procurer justice elle n'avoit d'autre ressource
que de s'addresser au Conseil de Colmar. Je pense M"", que l'affaire finiroit
si S. A. R'® vouloit bien faire écrire de sa part à M. le Premier President
du Conseil de Colmar pour qu'il eût à faire connoîlre à ces trois officiers
combien peu leur conduite est convenable au caractère qu'ils ont d'être
Membres du premier Tribunal de la Province, et les engager par ses re-
monliances et son authorilé à suivre l'exemple du S'" Gomé l'un d'eux.
Je prévois qu'il pourra rester quelque difficulté pour régler à quoy pour-
ront monter les arrérages dûs par les uns et par les autres, je me cbarge-
ray volontiers de terminer celte discussion, si vous voulés bien m'y aulbo-
l'iser par une simple lettre.
Je viens à la question de l'exemption des impositions du Roy, je ne mets
pas en doute (jue les officiers du Conseil de Colmar ne doivent jouir des
mêmes privilèges que les Genlilsbommes pour les biens qu'ils exploitent
par leurs mains; mais on se plaint généralement dans la Province que la
pluspart des nobles passent leurs baux, sous signature privée, pour avoir
moyen de les tenir cacbés et exempter leurs biens, en disant qu'ils les font
valoir par des Domestiques. Le désordre s'est établi avec d'autant plus de
liberté qu'on ne connoîl point icy les règles obseivées en France par les-
quelles le privilège dont un Exempt doit jouir, est limité parle nombre de
charuës qu'il peut entretenir sans payer la taille du bien (pi'il fait valoir.
Toutes les questions de la laillabilité se décident icy à la mode d'Alle-
magne, c'est à dire d'une manière très arbitiaire et sans aucun principe
certain. Il y a presque autant d'usages différents d'asseoir les impositions
et de régler les exemptions, qu'il y a de Raillys et de Raillages. Comme la
guerre a presque toujours été sur cette frontière depuis que l'Alsace est
au Roy, il n'a pas été possible de songer à faire des Reglements. Lorsque
j'auray acquis une plus ample connoissance des usages et des affaires du
Pays, je tàcheray de dresser ipiehpie projet là dessus, mais je nie propose
- 3rî —
bien d'user de tout le meiiagenienl posi^ible, car je n'ignore pas combien
les nouveautés sont susceptibles de contradictions.
Pour revenir au fait dont il s'agit, dès que les babilants de la Commu-
nauté de heiteren ne sont pas en estât de prouver que les biens possédés
dans leurs Communautés par 4 Oflîcicrs du Conseil de Colmar, sont ex-
ploités par des fermiers, je ne vois pas qu'ils soient fondés à les com-
prendre dans les impositions; il sera juste d'y avoir attention dans la j)ro-
chaine imposition des tailles et de soulager la Communauté à proportion
de ce qu'elle perd par celte exemj)(ion, et je feray la dessus ce qu'il con-
vient si S. A. R'® juge à propos de faire écrire à M. le Premier President,
comme je l'ay proposé, il pourrait encore être chargé dans celle lettre
d'exciter ces officiers de declai'er de bonne foy s'ils ont des fermiers ou
non. On insinue un fait assés singulier, c'est que le S"" Gomé Conseiller au
Conseil de Colmar prête son nom à un huissier pour le bien qu'il paroit
posséder à heileren dans le dessein de luy procurer des Exemptions, c'est
le bruit du Pays, et ses Confrères semblent laisser entendre dans un Me-
moire qu'ils ont donné en dernier lieu qu'ils en ont quelque soupçon.
Après tout le S^ Gomé a produit son conlracl de vente et m'a écrit qu'il
offroit d'affirmer par serment aue le bien luy appartenoil.
Je crois que la veuve Scheppelin ne doit plus jouir d'aucune exemp-
tion, puisque la charge de Secrétaire de la Chancellerie dont son Mary
était revêtu a été supriméepar l'Edil du mois de juin 1715. Celle femme
ne peut pas d'ailleurs mettre sur sa tête un des offices nouvellement créés,
ainsy la soumission qu'elle office de passer à cet égard est absurde. Si vous
m'aulhorisés à dire à la Communauté que la veuve Scheppelin est contri-
buable, il est hors de doute quelle sera comprise dans les Rolles de
l'année prochaine.
Le S. Chabrun Lieutenant et Prcvot est certainement exempt pai' l'Edil
de création de sa charge de 1G94 et ses provisions; il estvray que par
l'Edil du mois d'Aoust i71o toutes les exemptions attribuées aux charges
dont la finance est en dessous de dix mille livres, sont supprimées, et
que celle de l'Office du S"" Chabrun n'est que de GOOO ïï , mais je ne crois
pas que la disposition de l'Edil de 1715 concerne les Officiers des Maré-
chaussées, attendu leurs services continuels et dispendieux, quajid ils
veulent faire leur devoir; je pense donc que la question entre le S"" Cha-
brun et la Communauté de Heiteren se réduit à sçavoir s'il a un fermier
ou non, dans le bien dont il s'agit, je pourrois chercher à ecclaircir ce fait
par une Enquête, que je ferois faire par mon subdelegué, et ensuite, si
S. A. R^® l'approuve, décider suivant ce qu'il en résultera.
T. X. - (M.). 3
u —
Vous Irouverés M'", dans ce paquet, outre le placct que vous m'avés l'ait
rhoiincur de me renvoyer, les mémoires et les pièces que les parties ont
Ibuniics ilevant moy pour soutenir leurs prétentions. Je suis etc.
A M(f le Maréchal d'Huxelles.
Le II AoiLst 1716.
Je crois Mg^ que vous ne serés pas lâché d'apprendre que depuis (jue
la permission a été donnée de laisser sortir des i^rains d'Alsace pour les
terres de l'Empire et de la Suisse, il y en a passé jusqu'icy près de 60
mille quintaux, sans que néanmoins le prix en ait augmenté dans la Pro-
vince, où le quintal du plus beau froment vaut à peine 4 f? '10^ argent
d'Alsace, la récolte que l'on fait actuellement est plus belle qu'elle n'a
jamais été de memoire d'bomme et les gerbes rendent un grand tiers plus
que l'année passée; comme elle est presque aussi abondante de l'autre
côté du Rhin, nous n'y trouverons pas désormais beaucoup de ressource
pour consommer notre excédent.
Le Magistrat de Strasbourg est avec raison pénétré de la plus vive
reconnaissance de l'arrest que vous luy avés procuré, portant confirma-
tion de la capitulation de la ville, celte marque de protection de la part
du gouvernement présent ne peut faire qu'un bon effet sur toute cette
frontière. On ne sçauroit certainement trop soutenir une ville qui est
d'une aussi grande ressource que celle cy et dont les Magistrats et les
habitants sont très affectionnés au service du Roy. Je suis etc.
Au Conseil du dedans du Royaume, le 6 Ibre i7i6.
Je dois réponse au Gojiseil sur les ecclaircissements qu'il m'a fait l'hon-
neur de me demander, |)ar la lettre du onze juillet au sujet du placct de
M. le lîaron de Sickingen*, Président au Directoire de la Noblesse du
l!ii:>gau, Terre de l'Empire, tendant à ce qu'il plaise au Roy de lui per-
mettre d'ahener un fief relevant de sa Majesté, qui fait partie de la Sei-
gneurie de Hochembourg, située près de Wissembourg en basse Alsace.
1 . Les Sickiiigcn , originaires du Kraicligau , comptent parmi leurs ancôtrcs un Unter-
landuogl impérial, Rcn6 III et Fraiitz de Sickingeu, illustre par sa lutte avecl'archevCque
de Trêves et le Latidç/ruve de liesse. Il mourut en défendant sou cbàteau de Landstuhl
en 1523.
— 35 -
Celle démarche est foiidée sur la disposilioii du droil Komaiu, (jiii est
observé en Allemagne el en Alsace, et suivant lequel le Vassal pei'd son
fief, lorsqu'il en dispose par vente, sans le consentement du SeigncTur
dominant.
La terre de Ilocliembouig dont il s'agit, peut valoir sept à huit cents
livres de rente; elle est composée de biens allodiaux et de fiefs, une partie
des fiefs relevé du Comte de lianau, l'autre du Roy, comme étant aux
droits de l'Empereur el de l'Empire. Ce qui est dans la niouvniice de Sa
Majesté est estimé 200 U de revenu et consiste en la moitié de la Seigneu-
rie d'un petit village, un vieux château inhabité et quelques rentes fon-
cières.
J'ay demandé à M. le Baron de Sickingen les derniers actes de sa pres-
tation de foy et hommage, surquoy il rapporte trois pièces qui sont :
P° Une investiture qui a été accordée à ses auteurs le \o O'^'*' iOOO par
l'Empereur Ferdinand second.
2° Un acte de foy et hommage prêté en son nom et de ses frères par
leur Tuteur à l'Empereui- Leopold le 19 juin de l'année 1692.
3° Une Requête qui vient d'èti'e présentée le 26 Aoust dernier au Con-
seil de Colmar par laquelle le Baron de Sickingen demande d'être receu
à prêter la foy et hommage aux offres qu'il fait de fournir dans le têms
les aveux et dénombrement; cette Requeste est répondue d'une ordon-
nance, portant qu'elle sera montrée au procureur gênerai, je joins des
copies de ces trois pièces.
Je ne puis me dispenser d'observer icy qu'il est bien extraordinaire que
le fief dont il s'agit ait été repris de l'Empereur en 1692. Toute la basse
Alsace avait été reunie au Royaume dès l'année 1680 par des arrêts du
Conseil de Brisach des 22 mai's et 9 aoust de la même année, et cette
reunion éloit fondée sur les dispositions du Traité de Paix de Munster qui
n'avoient pas été jusques là pleinement exécutées, M. de Montclar', qui
commandoit alors dans le Pays, exigea et reçut les serments de fideUté de
tous les Seigneurs et Gentilshommes de la basse Alsace; il est à présumer
que le Père du Baron de Sickingen le prêta comme les auties, on ne peut
s'empescher de regarder comme une félonie la démarche qui fut fuite au
nom de celuy cy et de ses frères auprès de l'Empereur en 1692, têms
t. Montclar (Joseph du Pont, baron de) succéda cji l(i79 au marquis Henri de Ruz6
comme Lieutenant du grand-bailli de la Préfecture de Ilaguenau. (Voy. pour les altrilni-
tions attachées à celte fonction le Rapport de L. Spach sur le fonds de la l'rélccliuv de
Haguenau et de la Régence d'Eusisheini. Strasbourg 185G.)
— ^0 —
iimjiit'l Sa M''-' clail iccUüiiieiU en possession de la pailie de la province
où le liefest situé. Il y a plus: la famille de ces Gentilshommes est établie
depuis plusieurs siècles à friboui'g, dont le Roy étoit aussi le Maître, cette
Place luy ayant été cédée par le Traité de Nimeguc.
Celuy qui m'a parlé pour le Baron de Sickingen repond que cet ctcte
de foy et hommage a été rendu par un Tuteur, et que sa faule ne peut pas
prejudicier au Possesseur d'aujourd'hui, qui était élevé en 1G92 à la Cour
de Vienne, qu'on ne regardoit pas alors dans l'Empire, la basse Alsace
comme cédée à la France; que le droit sur ce Pays n'a été parfaitement
acquis à Sa M^"^' que par le traité de lliswick, et qu'enfin dans ce dernier
Traité il est expressément dit à l'article -46 que ceux qui auront été privés
de leurs biens pour n'avoir pas prêté l'hommage, en reprendront la pos-
session, nonobstant toute confiscation commise.
On ne peut admettre que cette dernière exception, qui seroit môme
susceptible de quelques difficultés par rnport au cas présent; mais tout ce
que le Baron de Sickingen peut espérer de mieux, c'est que l'acte de foy
et hommage qu'il a prêté en 1002 à l'Empereur, soit regardé comme non
avenu, il était tenu du moins de reprendre du Roy le fief dans l'an et jour,
à compter de la datte de la Signature du traité de paix de Piiswick, ce qu'il
n'a pas fait il pouvoit encore reparer sa négligence dans l'an et jour, à
compter de la datte de la ratiffîcation du Tj-aité de Baden, c'est encore ce
qu'il a négligé, il est juge de la noblesse du Brisgaw en qualité de Presi-
dent du Directoire, il ne peut pas ignorer que le droit Romain qui fait loy,
n'y porte en termes formels, au titre, 24 du livre Second des fiefs, que le
Vassal perd son fief lorsqu'il n'a pas prêté la foy et hommage dans l'an et
jour de la mutation arrivée dans sa personne ou dans celle du Seigneur,
le premier acte qu'il produit de cette espèce est de l'année 1620, il prétend
être en etat d'en raporter un autre de l'année 1647. Son père qui posse-
doit lors des reunions de 1680, était certainement mort en 1092, ce n'est
qu'au mois d'Aoust 1716 que le fils se présente au Conseil deColmarpour
faire son devoir, sa requête a été renvoyée au Procureur gênerai et je ne
serois point surpi-is que cet officier après avoir examiné les pièces l)ien
loin de conclure à ce que le Demandeur soit admis au Serment accoutumé,
ne vînt à rerpicrir la réunion du fief au Domaine du Roy, faute par le vas-
sal d'avoir prêté la foy et hommage dans l'an et jour, de la ratification des
Traités de Riswick et de Baden,
Je dois dire d'un autre côté que le Baron de Sickingen est un gentil-
homme de très grande distinction dans le Biisgaw; que j'apprends par M.
le Cumlc l»u Buiug (jue M*""^ les Généraux ont été très contents de la ma-
— :!7 —
niere dont il s'est comporté pour le Service de Sa Majesté, depuis la con-
quête que nous fismes de Friljourgeni713jus(iu'à la dernière évacuation;
j'ajouteray que le iiel" qu'il veut vendre est de très peu de conséquence
puisqu'il ne vaut que deux à trois cens livres de rente; que le Baron de
Sickingen a [)lusieurs Enfans mâles capables de le posséder après luv, sui-
vant la première investiture, et que par conséquent Sa M'* n'a point
d'intérêt apparent d'empescher que ce fief ne passe dans une nouvelle
famille.
Si ce Gentilhomme était en regle à l'égard de la foy et hommage, je
n'hesiterois pas à proposer que la grâce qu'il demande luy soit accordée,
mais j'avoue que par raport au cas où il se trouve et aux conséquences, je
ne puis m'empesclier de penser qu'avant que de luv rendre une réponse
positive il convient d'attendre l'evenemenl de la Requête qu'il a présentée
au Conseil de Golmar pour être admis au Serment. Je me range à cet avis
d'autant plus librement qu'il ne me paroit pas que le Baron de Sickingen
ait un acquéreur en main pour son fief et qu'il est d'usage en pareil cas
que la permission de vendre n'intervient que lorsque l'acquéreur est con-
nu, affin que le Seigneur direct puisse juger s'il luv est agréable. Je crois
même qu'il n'est pas à négliger qu'il paroisse qu'un Sujet de l'Empire a
reconnu le Roy pour Souverain dans la basse Alsace.
J'ai fait espérer à M. le Baron de Sickingen (jue le Conseil voudroilbien
me faire part de sa décision, et que je la luy ferois scavoir immédiatement
après. Je suis etc.
A M. Darmenonville, le iO Sépl^^^ 1716.
Je viens, W, de communiquer au Père Recteur des jésuites du College
de Strasbourg la lettre du 2 de ce mois, par laquelle vous me faites l'hon-
neur de me marquer que sur les instances de M. de Penterrider, Mg"" le
Duc d'Orléans a décidé que les jésuites du College de Fribourg doivent
rentrer en possession des Prieurés de S^ Morand et d'Oelembourg, situés
en Alsace et dont la jouissance qui appartenoit au Roy, par confiscation,
pendant la guerre avoit été donnée au College des jésuites de Stias-
bourg.
Le Père Robinet Recteur de cette maison m'a dit qu'il obeiroit avec sou-
mission, mais que cependant il croyoit que la disposition du titre et des
Revenus de ce bénéfice appartenoit à sa Majesté; que du moins le feu Roy
en étoit persuadé, puisque par un Brevet exprès du 23 du mois de juin
- 38 —
1715 il en avoil confirmé le don, précédemment fait aux jésuites de Stras-
bourg-, je crois même qu'ils sont dans le dessein de faire quelques repré-
sentations; je ne sçaurais M*" vous prévenir sur les raisons qu'ils ont à
alléguer, parce que je n'ay pas vu leurs pièces, j'ay d'ailleurs bien de la
peine à croire qu'elles soient assés bonnes pour faire changer une décision
qui est fondée sur les Traités de paix, mais il m'a paru que je devois vous
renvoyer comme je fais, une copie de ce dernier brevet, et qu'il conve-
noit que cette pièce vous fût connue, parce que peut-être vous pourrés
jiigi-r qu'il est nécessaire d'expédier un arrest du Conseil pour détruire un
acte de cette nature.
Je m'attends bien que les jésuites deFribourg envoyèrent incessamment
icy pour demander l'exécution de l'ordre dont il s'agit, mais je compte
aussi que dans peu vous voudrés bien me faire sçavoir si dès à présent il
faut aller en avant ou si nous devons attendre un arrest du Conseil, et ce
(lue vous me marquerés sera sur le champ exécuté par M. le Comte du
15ourg et moy. Ces deux bénéfices ne laissent pas que d'être un objet assés
considérable, ils valent dans un têms ordinaire environ 5000 S" de revenu
et ils ont plus que triplé pendant la guerre.
Je crois M. qu'il n'est pas hors de propos que je vous observe que c'est
par le Traité de Nimegue que la ville de Fribourg a été cédée au Roy, et
que cette Place n'a été restituée à l'Empire que par celuy de Riswick,
ninsy il ne se peut pas que pendant la guerre qui a précédé, les revenus
des Prieurés d'Oelembourg et de S* Morand, aient été confisqués. Il est
vraisemblable au contraire que les jésuites de Fribourg qui étoient dans
une Place acquise au Roy par un Traité de Paix, en ont toujours joui,
c'est ce qui me fait croire qu'on s'est trompé quand on a dit que les jésuites
de Fribourg avoient été rétablis dans les deux bénéfices en vertu du Traité
de Riswick. Je suis etc.
An, Conseil du dedans du Royaume.
Le 17 Septembre 1716.
Pour salisfaire à ce (ju'il n plu au Conseil de me demander par la lollre
du 22 du mois d'Aoust dernier, je suis entré autant que je l'ay pu en
connoissance des faits exposés dans le memoire cy joint qui est présenté
par le S. Sebastien Gamps, l'un des anciens Ammcistres de la ville de
Slra.^bourîc.
— 30 —
Je crois qu'il esta propos que je commence par dire que le S"" flam]).s'
eut le malheur sur la fin de l'année 1704 de tomber en démence, et que
de son aveu môme il est resté en cet Etat jusqu'à la fin de l'année 1715,
il prétend être à présent parfaitement rétabli, mais il est seul dans cette
opinion, je l'ay entretenu il y a quelques jours à l'occasion de son me-
moire, et je puis dire qu'il ne me parut nullement être dans une Situation
d'esprit, susceptible d'aucune administration publique. Je vais à présent
entrer en matières.
La ville de Strasbourg est gouvei'née par un College très nombreux de
Magistrats qui se divisent en plusieurs chambres. A la teste de tous ces
officiers sont douze personnes, six Gentilshommes, qu'on appelle Stadt-
meistres, six bourgeois appelés ammeistres, sur le tout est un Prêteur
Royal, pourveu par le Roy ; je n'ay à parler que des ammeistres.
On Elit chaque année un Ammeislre dont les fonctions principales sont
de présider au Sénat, où l'on administre la justice et de pourvoir par luy
même à tout ce qui peut arriver d'urgent à la ville.
Au moyen de cette disposition chaque Ammeistre est hors de Régence
pendant cinq ans et n'y rentre que la Sixième année.
Par un Reglement fait en 1482 entre les Gentilshommes et "les bour-
geois de la ville de Strasbourg, il est porté que nul ne pourra être élu
pour Regent qu'il n'ait vaqué cinq ans, c'est une regle qui a toujours été
littéralement observée depuis.
Lorsqu'un Ammeistre vient à mourir, on attend pour luy donner un
Successeur que l'année revienne dans laquelle la Régence appartient à la
place vaccante, en sorte que le dernier Elu entre toujours sur le champ
en Régence.
Je reviens au S'' Gambs : au mois de may 1704- il fut élu pour ameistre
Regent, il exerça toute l'année, mais néanmoins sur la fin on s'apperçut
des nuages qui commençoienl à le troubler.
Pendant les cinq années suivantes on ne le vit plus à l'hôtel de ville,
ni ailleurs, personne n'ignorait la raison qui l'obligeait à ne point paraître
et le dérangement de son esprit fut porté au point que les Ministres de la
communion luthérienne dont il fait proffession cessèrent de l'admettre à
la cène.
En 1710 son tour revint de rentrer en régence; quelques jours avant
celuy marqué pour remplir la formalité de l'Election, plusieurs personnes
1. Gambs n'était pas complètement dans son tort. Jcan-Raptistc de Kliiiglin fraya la
voie à son fils qui a laissé dans les annales de Strasbourg une détestable réputation.
~ 40 -
du Magistrat allèrent le visiter pour sçavoir son étal; il convint luy-même
dans un bon inlervale qu'il ne pouvait pas exercer la Régence, et enfin on
luy substitua le S. Sclierer.
J'ay dit qu'il ne devoit y avoir (jue six amcistres, le S. Scberer faisoit
le 7®. Il paroil qu'il était naturel, ne s'agissant que de la Régence de sub-
stituer au S"" Gambs en 1710 celuy qui devoit l'exercer en 1711 , plutôt
que d'y appellcr un Etranger et de mettre un Sepl^ arneister; mais on
repoml la dessus qu'on ne peut s'éloigner de la loy qui est expresse, por-
tant (juc nul îuiieislre ne pouria êlic Regent qu'il n'ait vacqué cinq ans;
qu'à l'égard du nombre des Ameistres il n'est fixé à six que par l'usage;
que même il est arrivé plusieurs fois qu'un ameistre étant hors d'état
d'entrer en Régence par raport à des incommodités corporelles, on a mis
à sa [)!ace un 7°, pai'ce que celuy dont le Tour est passé une fois n'est re-
gardé que comme Ameistre bonoraire et ne rentre plus dans la Régence
qui ne tourne effectivement qu'entre six personnes.
Aussi le S"" Gamps n'a-t-il point reclamé contre l'Election du S"" Scberer
et il est resté dans le Silence jusqu'à la fin de 1715. En 1716 le S"" Scberer
substitué dès 1710 au S"" Gamps est rentré en Régence et l'exerce actuel-
lement.
Il est vray que sur la fin de 1715, après onze ans de silence et d'absence
de l'hôtel de ville, le S'' Gambs s'est donné quelques mouvements, mais il
n'a jamais prétendu devoir reprendre nécessairement les fonctions de Re-
gent, il demandoit seulement d'être admis à avoir entrée à l'hôtel de ville,
comme ancien ameistre et d'y avoir le rang que sa place luy donnait.
C'est à l'occasion des Requêtes par luy présentées, à cet effet au Magis-
trat, qu'il prétend avoir des sujets enormes de se plaindre du S^ Klinglin
Prêteur Royal, et il en est frappé au point qu'il ne peut entendre pronon-
cer son nom, sans être prêt d'entrer en fureur, j'ay été témoin moy-même,
il n'y a pas longtèms d'un pareil mouvement.
Le S"" Gambs expose qu'il a donné jusqu'à trois Requêtes sur lesquelles
on a refusé de faire droit, le Magistrat repond qu'il y a des formes établies
dans lesquelles les Requêtes doivent être présentées; que le S"" Gambs n'a
pas jugé à propos de les suivre, et qu'il ne doit imputer qu'à luy-même,
s'il n'a pas obtenu un jugement qu'on est toujours prêt à luy donner quand
il voudra le demander dans les règles, on produit môme la Requête pré-
sentée par le S*" Gambs avec l'ordonnance du Magistrat du 15 février 1716,
portant que lorsque le Requerent aura présenté ses Requêtes suivant l'u-
sage, et dans la manière accoutumée, il luy sera rendu bonne et brieve
justice et fait droit ainsy qu'il appartiendra.
- M -
Je ne m'éloigne pas de croire que le Magistral, si le S"" Gambs luy eut
été agréable, n'auroit peut-être pas tant incidente sur la forme, mais après
tout on ne peut pas, ce me semble, luy sçavoir mauvais gré de ne pas aller
au devant d'un homme qui, de son propre aveu a été aliéné d'esprit pendant
dix à onze ans, et qui certainement n'est pas encore dans une bonne as-
siette. Quel effet peut d'ailleurs espérer le S"" Gambs de ses Keqiiètcs? je
prévois que s'il s'opiniatre à demander une décision, on ordonnera (ju'avant
toutes clioses il soit fait une enquête de l'Etat où il a été et de la Situa-
lion où il se trouve actuellement, il n'est pas douteux (ju'il en résultera
une pleuve juridique de la faiblesse de son esprit et ensuite un jugement
par lequel il sera déclaré incapable d'exercer aucunes fonctions dans la
Magistrature.
Je ne vois pas cependant que sur le memoire présenté à S. A. Il''^ par
le S*" Gambs on puisse luy faire dire autre chose, si ce n'est qu'avant de se
plaindre il doit se procurer un jugement sur ses Requêtes présentées au
magistrat et pour cet effet les dresser et donner dans la forme ordinaire,
ainsy qu'il est porté par l'ordonnance de la ville du 15 février 1716. Si le
S'' Gamps, après la décision qui interviendra, croit n'en devoir pas être
content, il pourra se pourvoir par la voye ordinaire de l'appel au Conseil
de Colmar.
Il dit qu'étant allé rendre visite au S"" Klinglin , il en reçut plusieurs
mauvais traitements, celuy ci soutient qu'il en usa avec politesse, mais que
peu à peu le S"" Gambs s'ecbauffa et alla jusqu'à luy dire des injures et le
menacer avec une espèce de fureur; que de sa pai't il ne fit autre chose
que de le conduire insensiblement du côlé de la porte. Que le lendemain
le Magistrat informé de cette scène, vouloit en prendre connaissance et
procurer des réparations à son chef, mais qu'il leur représenta que la
Situation d'esprit du S'" Gamps ne méritait autre chose que de la compas-
sion. Pour juger dans des faits aussi contraires, de quel côté est la vérité,
je crois qu'il faut faire attention à l'état des personnes, et sur ce principe
je suis très persuadé que le S"" Gamps a tort; j'ay déjà dit que dans la con-
versation, que j'ay eu depuis avec luy, j'ay remarqué que le seul nom de
prêteur le met hors de luy.
Le S"" Gamps dans son memoire jette encore quelques traits contre cet
officier, il prétend qu'il est le Maître de toutes les délibérations qui se
prennent dans le Magistrat, que son humeur hautaine est insuporlable et
qu'il abuse de son authorité.
Ce ne sont là que des faits vagues, qui ne méritent, ce me semble, au-
cune attention: le S"" KHnglin est un homme sçavant dans le droit et dans
— 42 -<
les usages d'Allemagne, et. qui parle avec facilité et même fort; ceux qui
composent le Magistrat sont quelques Gentilshommes et bourgeois, fort
peu versés la plupart dans les affaires, je crois bien que l'avis du S''Kling-
lin influe beaucoup sur les décisions qui interviennent; mais je crois aussi
que l'on peut dire que c'est l'objet que le Roy a eu, quand il a créé la
charge de Prêteur Royal dans la ville de Sli'asbourg, Le S"" Klinglin dans
sa jeunesse était avocat au Conseil de Colmar et avait grande réputation.
Il fut appelé par le Magistrat de Strasbourg pour remplir la fonction d'a-
vocat gênerai, il fut ensuite pourveu par le Roy de la charge de Syndic
Royal, et enfin sur la connaissance qui fut donnée au feu Roy, de la part
de ceux qui administraient les affaires de sa M'" en Alsace, de l'aflection
que le S"" Klinglin avait témoignée pour son service dans différentes char-
ges qu'il avoit remplies. Sa M'^ le pourvût de celle de Prêteur, après la
mort du S'" Obrecht. J'entends dire que depuis il a beaucoup contribué à
procurer les secours pour la subsistance des armées et les ressources qu'on
a trouvées dans la ville de Strasbourg, pendant quelques années de la der-
nière guerre.
Je ne croiray jamais qu'un memoire bazardé contre un homme de ce
caractère par un autre, qui de notoriété publique, a été pendant longtêms
aliéné d'esprit, et qui certainement n'est pas encore dans son bon sens,
mérite d'être écouté.
Je pense donc que la plainte que le S. Gamps a portée à S. A. R'^ n'ad-
met d'autre réponse, sinon qu'il peut se pourvoir par les voies ordinaires
de la justice.
Je joins au Memoire du S"" Gamps une expédition de l'ordonnance du
Magistrat de Strasbourg du 15 février 1710, par laquelle il a été dit que
lorsque le S"" Gamps présenterait ses Requêtes en forme il y serait fait droit
et un memoire donné par le Magistrat, contenant quelques exemples, où il
est arrivé que l'ameistre qui devait entrer en régence, se trouvant incom-
modé, on a élu un Etranger à sa place. Je suis etc.
A. M. DarmenonviUc, le 3 S'^e d7d6.
Je trouve icy M. au retour d'une Tournée que je viens de faire, la lettre
que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire le 22 du mois passé, au sujet
des prieurés de S' Morand et d'Oelemberg dont le Titre et la possession
doivent être restitués aux jésuites du Collège de Fribourg, suivant les or-
— 43 —
dres de S. A. R'® contenus dans votre lettre du 2 du même mois. J'y ay
trouvé aussi deux jésuites de cette maison qui m'altendoient, pour deman-
der comme ils ont fait, avec un extrême empressement à M. le Comte du
Bourg et à moy l'exécution de ces premiers ordres; je leur ay d'abord
opposé la nécessité où j'étais d'attendre une expédition de l'arrest du Con-
seil qui doit intervenir pour révoquer le don que le feu Iloy a fait de ces
mêmes bénéfices le 23 Juin de l'année dernière aux jésuites de Strasbourg,
je leur ay ensuite proposé les deux partis que vous remarquez, sçavoir de
laisser le soin de l'administration des Revenus aux jésuites de Strasbourg
qui leur en rendroient compte et retiendroient seulement ce qui seroit né-
cessaire pour la desserte des Cures attachées à ces bénéfices, si mieux ils
n'aiment les régir par eux mêmes, et payer des portions congrues aux jé-
suites de Strasbourg qui se chargeroient de faire le Service dans les Cures;
ils m'ont marqué M. un eloignement egal pour l'un et l'autre de ces expé-
dients dont le dernier est même rejette par ceux de Strasbourg; je leur
ay ensuite parlé de l'inquiétude qu'on donne à ceux cypour la partie située
dans l'Empire, de l'abbaye de Seltz qui a été unie au College de Strasbourg
dès l'année i691 et je leur ay fait entendre qu'ils dévoient s'entremettre
pour que cette affaire finît promptement à la satisfaction de S. A. R'^ en
considération de la justice qu'elle était disposée à leur rendre pour S' Mo-
rand et Oelemberg, j'ay eu pour réponse qu'ils n'avoient aucune connois-
sance des faits qui concernent l'abbaye de Seltz, que cette affaire n'avoit
rien de commun avec la leur qui avait été décidée à leur avantage par S.
A. R^*^ sur les instances d'un Ministre de l'Empereur; qu'ils rendroient
compte à la Cour de Vienne de ce qui se passoit, et qu'au Surplus ils me
prioient de les faire avertir, dès que j'aurois l'arrest du Conseil, que je leur
disois être par moy attendu , sur quoy ils se sont retirés. Il est certain
M., comme vous l'avez prevû que les jésuites de Strasbourg et ceux de
Fribourg ne s'accord croient jamais d'eux-mêmes pour admettre aucun
tempérament sur la restitution pleine et entière du Titre et Revenus des
maisons dont il s'agit, peut être M. le Comte du Luc trouvera-t-il plus de
facilité à la Cour de Vienne.
Je crois que vous estes informé que le fondement du trouble qu'on ap-
porte aux jésuites de Strasbourg dans la jouissance d'une partie de l'abbaye
de Seltz, vient de ce que l'Electeur Palatin prétend que ce lieu est dans
sa Souveraineté et non dans celle du Roy, cette question se traite actuel-
lement à Vienne. Je suis persuadé que les raisons dont nous nous servons
pour nous maintenir à Seltz, sont bonnes; mais s'il arrivait que cette
affaire fut décidée en faveur de l'Election, je crois aussi qu'il serait bien
— 44 -
difficile de soutenir l'union de l'abbaye de Seltz au College de Strasbourg-,
je pourrois si vous le désires vous envoyer quelques mémoires la dessus,
qui m'ont été laissés par M. de la lloussaye. Je suis etc.
A M. Darmenonville.
Le 30 Octobre 1716.
Dés que j'ay ou la lettre (juc vous m'avez fait l'iionneur de m'ocrire le
12 de ce mois et l'arrêt du Conseil qui y était joint, par lequel Sa M"- or-
donne que le College des jésuites de P^ribourg- sera remis en possession
des Prieurés de S' Morand et d'Oelemberg, j'en ay donné communication
au Recteur du College de Strasbourg. Peu de jours après les jésuites de
Fribourg, sur l'avis que je leur ay donné, ont envoyé icy un de leurs Peres
avec les pouvoirs nécessaires pour reprendre la jouissance de ces deux
bénéfices. Les choses se sont passées à l'amiable entre les uns et les au-
tres, et ceux de Fribourg sont actuellement en possession de S^ Morand
et d'Oelemberg; il se peut faire que dans la suite il s'eleveia quelques
questions pour les années échues depuis le traité de paix, mais il n'en a
été parlé que légèrement jusqu'icy.
J'attends à tous moments une Soumission que le College de Fribourg
doit m'envoyer en Corps {)ar laquelle les Supérieurs de celle Maison s'en-
gageront de ne faire desservir les Cures annexées à ces Prieurés que par
des Prêtres séculiers ou réguliers, nés sujets du Roy. Dès que je l'auray,
je ne manqueiay pas de vous en envoyer une copie ou même l'original,
si vous le désirés. Je suis etc.
ANNEE 1717.
A M, le Maréchal d'IIuxetles.
Le Ki Janvier 1717.
J'ay receu Mgi" la lellie du 10 de ce mois par laquelle vous me faites
l'honneur de me demander de vous rendre compte de la voye (jui a été
prise pour procurer au Canton de Basle la liberté indéfinie de tirer des
grains d'Alsace, et des avaiitages ou des inconvénients qui peuvent arri-
ver du changement qui a été a[iorté à cet égard.
Je commenceray M^" par vous rappeller que dès les premiers têms que
— 45 —
je fus anivé dans celle province, je j)iis la liberté de vous informer que
le Pays élait rempli de grains, dont on ne Irouvoit pas la debile, cl que
la noblesse et les Peuples demandoient également qu'il leur fut permis
d'en vendre aux Etrangers, je vous adressay même une lettre que j'écrivis
sur celle matière à M. le M^»^' de Villeroy, et, c'est par vous qu'il l'a reçue,
ainsy que vous me l'avés mandé, le 5 may. M. le M«'»*''' de Villeroy par sa
réponse du 30 du môme mois, m'ayant marqué que l'intention du Conseil
était que le commerce de grains fut libre, entre l'Alsace et les Terres des
Suisses et de l'Empire; je vous en ai informé par une lettre du 9 juin, et
en même lêms, j'ay rendu une ordonnance pour annoncer cette permis-
sion qui devait, suivant les ordres sur lesquels j'agissois, durer jusqu'au
prem^" septembre.
Depuis M. le W^^ de Noailles s'est saisi de la matière, et m'a envoyé
l'arrêt du 8 du mois d'Aousl, par lequel sa Majesté permet la Sortie des
grains de son Royaume, jusqu'au prem^ Mars, je l'ay fait publier et exé-
cuter en Alsace, et je pouvois d'autant moins m'en dispenser, qu'ainsy
que vous pourrés le remarquer dans l'Exemplaire cy joint, celte province
y est expressément nommée. Voila Mg^, ce qui s'est passé la dessus et où
nous en sommes.
Je dois vous dire à présent que la dernière recolle a été tellement
abondante que quoyque depuis que la liberté n été rendue, il soit passé,
ou en Suisse ou de l'autre côté du Rhin, plus de 150 mille quintaux de
grains, il se trouve néanmoins qu'actuellement le quintal de froment
vaut à peine 4 'a monnaye d'Alsace, et encore est-il certain qu'aucun Sei-
gneur Ecclésiastique ou Laïc, n'a jusqu'icy touché à ses greniers.
Il est naturel de penser la dessus que rien ne convient mieux à l'inle-
rest de la province que de ne luy pas ôler les moyens de se défaire du
superflu de ses grains, et ce superflu est néanmoins, cette année, très
abondant. Je ne parle que par raport à ce qui touche le Pays, parce
qu'il ne m'appartient pas de pénétrer, s'il pourroit y avoir quelque raison
d'user de reserve, à l'égard du canton de Basic.
Vous me marqués Mg^, qu'il convient que je me mette en relation avec
M. le Marquis d'Avaray, c'est ce que je liens à honneur, je luy ay déjà
écrit plusieurs lettres d'honnêteté, auxquelles il a repondu avec politesse
et bonté, et quand il se présentera des affaires qui auront raport à son
ministère et à mes fonctions, je ne manqueray pas de faire ce qui convient
la dessus. Je suis elc.
— 46 —
A M. le Maréchal (THuxelles.
Le 24 Janvier 1717.
Je reçois Mg"", la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire le
18 de ce mois, au sujet des plaintes qui vous ont été portées par plusieurs
de vos gardes sur ce que les baillis les comprennent dans les impositions.
Comme je sçais que vous aimés la règle, je ne feray point de difficulté de
vous envoyer la copie cy jointe d'un arrêt du Conseil, rendu à ce sujet en
1G92, vous y trouvères une décision bien rigoureuse, mais je vous ajou-
teray en même têras que je ne crois pas qu'elle ait été exécutée à la lettre
nulle part, et voicy ce que je crois pouvoir être pratiqué en Alsace.
Vous sçavés Mg'", que dans les Communautés de cette Province, les im-
positions sont reparties, partie par proportion des fonds que chaque habi-
tant possède, et partie sur le pied de l'industrie. Je crois qu'il convient
que vos gardes soient exempts de la portion qui tombe sur l'industrie,
et de plus de toutes autres charges personnelles, comme corvées, guet et
garde, mais à l'égard de ce qu'ils doivent, par raport aux fonds qui leur
appartiennent , je présume que vous deciderés vous même qu'il faut qu'ils
le payent, sans quoy les plus gros taillables d'une Communauté cherche-
roicnt à se procurer, par cette voye, des exemptions.
Quant aux arrérages dont vous me parlés, toutes les fois que la question
s'est présentée devant moy, j'ay décidé favorablement pour vos gardes, à
la reserve d'une affaire qui touche deux d'entr'eux, établis à Ribeauvillé.
Ces deux gardes avoient été condamnés dès 1712 par M. de la lloussaye,
à payer la taille de leurs fonds, sur quoy les habitants les ont compris dans
les [{elles, pour les années suivantes, mais sans en avoir lien pu exiger. Il
m'a paru que la Communauté ayant un jugement pour elle dès 1712, on ne
pouvoit se dispenser de le faire exécuter.
Je vous suplie donc Mg"" de me marquer si vous estimes qu'il convienne
de s'en tenir à ce que je prends la liberté de proposer, c'est à dire que les
Gardes du Gouvernement soient exempts de toutes les charges et Corvées
personnelles, mais qu'ils doivent payer pour leurs fonds, bien entendu né-
anmois qu'ils seront déchargés de leurs arrérages. En cas que vous desiriés
qu'on fasse quelque chose de plus pour eux, vous aurés la bonté de me le
marquer et je m'y conformeray. Je suis etc.
- 47 —
A M. le Maréchal d'Huxelles.
Le 18 Février 1717.
Je reçois M. la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrirc, le 10
de ce mois, par laquelle vous avés la bonté de consentir au Reglement que
je vous ay proposé pour fixer la manière dont vos Gardes, dans le dépar-
tement d'Alsace, seront compris dans les impositions. Vous pouvés regar-
der, comme une chose certaine, qu'ils seront exempts de toutes contribu-
tions personnelles, soit en argent, corvées, guet et garde ou toute autre
espèce, et que de plus on les laissera en repos pour les arrérages qu'on
leur demande dans quelques Communautés, où ils n'uni point été employés
dans les Rolles, même pour la partie dont ils devroient contribuer pai' ra-
port à leurs biens fonds. Vous me marqués que vous desireriés qu'ils fus-
sent par moy taxés d'office, c'est ce que jeferay ou du moins d'une manière
équivalente. Je vais faire part aux Baillis, dans le département desquels il
y a de vos gardes, de la regle qui doit être observée à leur égard, et je
leur manderay en même têms de m'envoyer un Etat des Cottes de ces
gardes, et de me marquer, s'ils n'ont point été trop chargés, eu égard à
la valeur de leurs fonds, leur observant que je les rendray responsables,
si, par la suite, quelques uns de ces gardes obtiennent une diminution de
moy en connoissance de cause. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'Huxelles.
Le 25 Février 1717.
Je crois Mg'', devoir vous informer des mesures que nous prenons icy
pour rétablir l'ordre dans l'administration de M""^ les officiers du Directoire
de la noblesse de la basse Alsace, par raport aux impositions qu'ils sont en
usage de faire, sur les quatre vingt villages, ou environ, qui sont compris
dans leur matricule.
Vous vous rappellerés aisément Mg"", que dans les lettres patentes que
le feu Roy accorda au mois de Décembre 1680, à la noblesse de la basse
Alsace, il est expressément porté qu'elle pourra imposer sur les habitants
qui en dépendent, les sommes de deniers pour lesquelles Sa AF donnera
des permissions, après qu'il aura été justifié devant l'Intendant, de la né-
cessité d'en faire la levée.
— 48 —
Il y avoit dès lors une imposition connue et ordinaire, c'est celle de
l'entretien des officiers du Directoire, il était naturel de la faire régler et
de demander un arrôl du Conseil, par lequel S. W^ avait ordonné une im-
pdsilion aiuiuelle de la Somme qu'elle auroit fixée pour cet usage, c'est
ainsi qu'en ont usé feu M. le Cardinal de Furslcmberg, pour l'Evêché de
Strasbourg-, M. le Comte de Hanau et M, le Prince de Birkenfeld, tous trois
en différents tèms, ont obtenu des Lettres patentes par lesquelles Sa M^e leur
a permis d'imposer annuellement 4000 ïï sur les babitants de leurs Terres,
pour l'entretien des Officiers.
Ceux du Directoire de la Noblesse ont négligé cette précaution, et ont
toujours imposé de leur seule autborilé, ce qu'ils ont jugé à propos, pour
les frais de leur Tribunal.
Ils ont néanmoins usé de quelque modération pendant les premiers
tèms, et ils n'ont fait lever que dix mille livres par an, jusqu'en 1700.
Depuis cette époque il n'y a plus eu de mesure et ils ont poussé les impo-
sitions jusqu'à 30 et 40 mille livres, dans une seule année, ce qu'ils ont
renouvelle plusieurs fois même depuis la paix.
Il y a plusieurs ans une assemblée de toute la noblesse qui fut tenue en
1699 sous vôtre autborilé, le corps nomma huit Gentilshommes pour assis-
ter les Officiers du Directoire, dans les délibérations importantes, et il
paroit par l'acte, dont j'ai une copie, que cette disposition fut vôtre ou-
vrage, toutes les impositions ont été faites, sans jamais consulter ces huit
assistants.
Au mois de Novembre dernier, je fus averti par quelques Gentilshommes
de l'Excès de ces levées, ils se plaignoient qu'elles epuisoient leurs habi-
tants, au point qu'ils n'etoient plus en etat de payer les droits Seigneu-
riaux, ils se plaignoient encore de ce que les huit Gentilshommes nommés
en 1099, n'étoienl jamais appelles.
Je m'en expliquay avec M''^ les Officiers du Directoire qui venoient en-
core récemment de faire une imposition extraordinaire de dix à douze
mille livres, sans m'en avoir rien communiqué. Je leur representay qu'aux
termes des Lettres patentes de 1080, il leur était expressément deffendu
de lever aucuns deniers, sans la permission du Roy, (jue c'éloit l'usage
comuiui] du Royaume, auquel s'etoient soumis M. l'Evêquedc Strasbourg-,
M. le Comte de Hanau et M. le Prince de Birckenfeld. Ils se deffendircnt
sur ce qu'on ne leur avoit jamais donné de rin(juietude la dessus, sur les
dettes qu'ils avoient été obligés de contracter, au nom de la Noblesse, à
l'occasion de différents procès qu'ils avoient soutenu pour l'interest cora-
iiiiin, el enfin sur l'augmentation de plusieurs dépenses annuelles, aux-
- A9 -
quelles ils étaient tenus de satisfaire. Je leur demanday des Etals, et de
leurs dettes et de leurs dépenses annuelles.
Apiès trois mois de delay, ils viennent de me remettre ces Etals, et
j'en joins icy des copies, l'un contient la Somme qu'ils prétendent leui-
être nécessaire pour les dépenses annuelles du Tribunal; vous trouvères
qu'ils les font monter à rîO mille livres, quoyque réellement jusqu'en 169Ü
ils n'ayent levé que dix mille livres pour celte destination; mais je ne
doute pas qu'en même têms il ne vous paraisse qu'il y a plusieurs articles
à retrancher et qui ne devraient pas même être proposes. L'autre Etat
concerne leurs dettes qui montent à 66 mille livres. Les ecclaircisScmenls
qu'ils ont mis sur chaque article, ne font que trop connaître que la plus-
part de ces sommes, par raport à l'employ, qui en a été fait, ne devroient
pas être payées par les habitants, qui n'avoient aucun interest aux procès
auxquels elles ont servi.
J'ay eu avec M^s les Officiers du Directoire une nouvelle conférence au
sujet de ces deux Etats, sans me jetter dans le detail des questions qui
ont été agitées. Je crois qu'il suffit Mg"", que j'aye l'honneur de vous rendre
compte de ce qui a été résolu.
Ils doivent incessamment convoquer ceux qui existent encore des huit
gentilshommes, nommés en 1699, et procéder au remplacement de deux
qui sont decedés et de deux autres, qui, parleurs incommodités ne peu-
vent s'acquitter de ces fonctions, ils vous informeront sur le champ de
ceux qui auront été élus et vous suplieront de donner vôtre agrément à
leur choix et de procurer aussi celuy de sa M'^. Cette démarche est non
seulement de devoir, mais d'une nécessité absolue, parce que les Officiers
du Directoire n'ont pas le pouvoir de remplacer ceux qui manquent des
huit assistants qui ont été établis par le Corps de la Noblesse en 1G99. Il
ne conviendroit pas d'engager à présent tous les Gentilshommes dans les
frais d'une convocation generalle, pour un simple remplacement, on n
cherché un équivalent et ce sur l'agrément de S. M^^' et le vôtre pour ceux
qui seront élus.
Dès que le nombre des huit assistants sera rempli, ils s'assembleront
de nouveau avec les Officiers du Directoire et arrêteront deux projets
d'Etats, l'un de la dépense annuelle pour l'entretien du Tribunal, Tautie
contenant les dettes et les moyens qu'ils auront à proposer pour les payer.
Ces deux Etals me seront remis, je les disculeray avec eux de nouveau,
je vous rendray compte et vous aurés agréable de décider sur ce qu'il y
aura à faire.
Je prendray la liberté de vous dire à l'avance Mg*", que quant aux
T. X. — (M.)- 4
- 50 —
dépenses annuelles, je pense qu'après que vous en aurcs approuvé l'Etat,
qui vrayscmblablement, sera bien plus faible que celuy qu'on présente
aujourd'luiy, il faudra nécessairement demander un arrest du Conseil par
lequel l'imposition annuelle sera ordonnée de la Somme convenue.
Quant au montant des dettes, la matière est plus délicate; car enfin de
quel droit faire payer à des paysans 20 mille ecus pour les frais de deux
procès, l'un soutenu contre le Parlement de Metz, au sujet de la reprise
des fiefs, et l'autre contre le Magistrat de Strasbourg pour une question
de Jurisdiction; mais aussi d'un autre côté il n'y auroitpas moyen de rejet-
ter une si grosse Somme sur les seuls Gentilshommes. Je prévois qu'il
faudra que les pauvres Communautés de la matricule supportent encore
cette charge, et qu'elle soit imposée sur elles en plusieurs années, au
moyen d'un second arrest du Conseil qu'il sera nécessaire encore de
demander, je chercheray d'ailleurs les moyens de les soulager sur les im-
positions Royalles.
Je crois Mg"", qu'en même têms il vous paroitra convenable qu'on prenne
quelques précautions pour qu'au moins à l'avenir, huit des Gentilshommes
qui composent le directoire et qui s'abbandonnent entièrement à la con-
duite d'un Docteur, qui est le S"" Steinhel leur Consulent, ne soient pas
les Maîtres d'engager tout le Corps de la Noblesse dans des procès à leur
seule fiantaisie, d'en régler les frais et les dépens, sans mesure, et d'acca-
bler ensuite de leur authorilé privée, par des impositions outrées et in-
justes, les vassaux de la Noblesse qui sont les sujets du Roy. Il sera facile
de mettre dans les arrêts des dispositions pour arrêter cet abus.
Au surplus Mg"", je n'ay qu'a me louer de la docilité que j'ay trouvée dans
M'"^ les Officiers du Directoire {)Our rentrer dans la regle; et c'est ce qui
m'engage encore plus à penser qu'il faut leur donner la main pour les
tirer du passé, j'entends parler des dettes contractées.
Je vous suplie de me marquer si vous donnés votre approbation à ce
que nous faisons, parceque c'est la route que vous nous tracerés qui sera
suivie.
Je mets dans ce paquet avec les Etats présentés par les Officiers du
Directoire, de leur dépense annuelle et de leurs dettes, un Extrait de
deux articles de la délibération de 1699; dans l'un, la noblesse établit les
huit Gentilshommes pour assister aux délibérations importantes. Dans
l'autre il est dit que jusques là, l'imposition pour l'entretien du Directoire
n'était que de 10000 U par an. J'ajoute encore un Extrait de l'endroit des
Lettres patentes de 1080, où il est parlé de la conduite que la noblesse
doit tenir sur le fait des impositions. Je suis etc.
— 51 —
A M. le Maréchal d'IIuxelles.
Le 4 Mars 1717.
La liberté accordée Mg"^, aux habitants d'Alsace, comme à ceux des
autres provinces du Royaume, de faire passer des grains a l'Etranger, est
expirée, au premier de ce mois, suivant la disposition de l'arrêt du Con-
seil du 8 Aoust de l'année dernière, j'écris à M. le Duc de Noailles pour
sçavoir comment il en doit être usé pour l'avenir, je luy observe on même
têms deux choses : l'une que le quintal de froment, poids de marc, se
vend à peine 3 ^io^ sur le marché de Strasbourg, l'autre que les appa-
rences promettent que la Récolte prochaine sera très-abbondanie. Il est
certain que dans la rareté d'espèces, où l'on est icy, les gens de tout
ordre seroient bien mortifïiés, si la liberté de vendre à rt]tranger l'Excé-
dent de leurs denrées, venoit à être interdite.
Vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire depuis peu Mg"" sur cette ma-
tière, par raport à l'intérêt de la ville et du Canton de Basle, qui n'ont eu
pendant plusieurs années la faculté de tirer des grains d'Alsace, que jus-
qu'à concurrence de 468 sacs par semaine, ce qui a été changé au moyen
de la liberté indéfinie accordée par l'arrêt du 8 Aoust dernier. Si quel-
ques raisons particulières vous faisoient penser qu'il fallût mettre des
bornes à la sortie des grains pour Basle, vous estes à temps de prendre
des mesures la dessus. Comme de ma part je ne raisonne que par raport
à la convenance du Pays où je suis , je ne sçaurais dire autre chose si ce
n'est que le seul moyen de soutenir tant soit peu le commerce de la pro-
vince, est que les grains puissent en sortir librement.
Je suis etc.
A M. Darmenonville.
Le 9 Mars 1717.
J'ay l'honneur M. de vous renvoyer les placets que vous avés adressés
avec vôtre lettre du 19 du mois passé. Ces placets et mémoires ont été
donnés par le S. Maurice Ilumbourg et le S'" Jean Robert, qui se pré-
sentent l'un et l'autre pour remplir la place de Notaire Royal, vaccante par
le décès de jean Joseph Ilumbourg.
Je crois devoir commencer par vous dire M' qu'il n'y a que deux
Notaires pourvus par le Roy à Strasbourg, l'établissement en fut fait im-
— 55 -
mediatement après que cette ville fut soumise à l'obéissance du Roy, il y
a d'ailleurs vingt notaires qui prennent leurs provisions au Magistrat, qui
a été contirmé dans cet usage, par un arrèst du Conseil du 24 may iG84.
Quoyque ces derniers ayeiit tout le même pouvoir que les Notaires
Royaux, il est indispensable d'entretenir l'établissement de ceux cy pour
le service des François qui sont dans cette ville en assés grand nombre; les
notaires allemands n'entendent pas assés nôtre langue et les usages du
Royaume leur sont trop étrangers pour que les françois puissent les em-
ployer.
Le S"^ Maurice Humbourg n'est nullement propre pour celte charge.
A l'égard du S^" Jean Robert, comme sa dernière profession a été d'être
Capitaine d'Infanterie pendant dix ans, dans un Regiment de nouvelle le-
vée, j'avais peine à me persuader qu'il pût encore se souvenir des principes
de la pratique, qu'il dit avoir appris dans les Etudes de plusieurs Notaires
de Paris; je l'ay fait examiner par mon subdelegué, en présence de plu-
sieurs habiles notaires du Magistrat, il s'est trouvé, à mon grand etonne-
ment, capable de cette fonction, ainsi que vous le verres par le certifficat
que je vous envoyé, j'y joins une copie des provisions de feu jean Joseph
humbourg. Il ne faut pas s'attendre qu'il se présente pour remplir cette
place aucun particulier de ceux établis icy, qui soit plus habile que le
S'" Robert et encore moins qu'il en vienne de dehors, ainsy je crois M. que
vous ne pouvés mieux faire que de choisir le S"" Robert et de luy expedier
des provisions. Je suis etc.
Au Conseil du dedans du Royaume.
Le 22 Mars 1717.
Je dois rendre compte au Conseil des ecclaircissements qui m'ont été
demandés par la lettre du 11 janvier dernier sur le placet cy joint.
Il est présenté au nom de deux Gentilshommes d'Alsace qui sont, les
S""^ philippe de Ferrette et jean Jacques de Reichenstein'. Ils demandent la
permission de vendre, aliener ou hipotequer quelques fiefs qu'ils disent
être tenus par eux dans la mouvance du Roy, aux environs des lieux de
Thann et d'Altkirch , ils exposent qu'ils ont des intérêt de famille à demê-
1. Les Ileidi de üeiclu'iLstein datent du treizième siècle; ils prennent leur nom d'un
château détruit entre Milnchenstein et Birscck, sur la terre de l'évôchè de Bùle; ils
étaient cliambellans de l'Éfrlise de Bâie.
— os-
ier et qu'ils ne peuvent les régler qu'autant que cette grâce leur sera ac-
cordée. Pour l'obtenir plus aisément, ils font valoir les services dans les
Troupes du Roy de plusieui's Gentilshommes de leur famille.
Je crois devoir dire dabord que les fiefs dont il s'agit, sont possédés par
le Sr Philippe de ferettc seul, qui est actuellement chanoine dans l'Eglise
de Basle, ce qui est parfaitement justiffié par l'acte de foy et hommage
qu'il en a prêté au Conseil Supérieur d'Alsace, le 17 du mois de janvier
dernier. J'en joins une copie.
Ce chanoine est le dernier mâle de sa famille, sa Sœur est mariée au
S"" de Reichenstein et en a des Enfants, le S"^ ferrette voudroit de son
vivant leur faire passer ces fiefs, et c'est l'objet du placet.
Le Conseil est informé que les fiefs d'Alsace, mouvants du Roy, sont re-
versibles à Sa W*^ et qu'elle en peut disposer après l'extinction de la des-
cendance masculine du premiei' investi. C'est donc une grâce qu'il s'agit
d'accorder.
Pour mettre en etat le Conseil de prendre le party qui sera jugé conve-
nable, je crois qu'il ne me reste qu'à expliquer la valeur de ces fiefs, les
services des parents de ceux au nom de qui le placet est présenté, et l'Etat
actuel de leur famille.
Les fiefs du S"" de ferrette consistent en un château ou maison, situé au
lieu de Zillisheim, quelques rentes en grains et des fours de Terres dans
le Bourg de Thann, on estime que le tout peut produire 4 à 5 C S" de
rente. Ce detail se trouve dans le dénombrement qui a été donné le 14
Septembre 1712 par jean gaspard de ferrette, frère de celuy d'aujourd'hui ,
en conséquence de la foy et hommage, prêté par le premier le jour précè-
dent. J'envoye copie de ces pièces.
Le Sr ferrette Chanoine a eu un frère Officier dans le Regiment Suisse
de Greder, qui a été tué dans Lille, leur père commun Gaspard a été suc-
cessivement Capitaine de Cavalerie dans le Regiment de Roltembourg et
Lient. Colonel du Regiment de milice de la haute Alsace. Le S'' de Reichen-
stein, qui parle dans le placet, a luy même servi quinze ans dans le Regimt.
d'Alsace.
Ce dernier a quatre garçons, en bas âge, et il assure qu'il les destine à
porter les armes dans le service du Roy.
Je ne pus m'empescher de penser qu'il convient d'attirer autant que
faire se peut la Noblesse de ce Pays dans les Trouppes de S. M'". Il est
connu que par raport à la conformité de la langue et de mœurs, les gen-
tilshommes d'Alsace se portent volontiers à prendre de l'Employ chez les
P rinces de l'Empire.
— 54 —
Pour revenir à la demande contenue dans le placct, le Conseil me per-
mettra de dire qu'il me paroit, qu'eu égard à la médiocrité du fief, et aux
services de plusieurs personnes de la famille de celuy qui le possède, j'es-
time qu'il convient parfaitement que S. M^«' ait la bonté d'en accorder la
Survivance au S^ de Reichenstein, qui a plusieurs Enfants en etat de
servir.
Je dois cependant remarquer que dans le placet, on ne demande autre
chose que de pouvoir aliener ou hypothéquer le fief, par raporl à des in-
térêts de famille qui sont à régler. Le S"" de ferrelle devait parler plus nette-
ment et proposer à sa M^^ qu'il luy plût, parles considérations qui viennent
d'être exphquées, d'en donner la survivance à son beau frère; je ne puis
douter, sur ce qui m'a été dit, que ce ne soit sa vue, mais il convient qu'il
le dise au Conseil, c'est pourquoy dans les circonstances présentes, je me
réduis à proposer qu'il plaise au Conseil, faire repondre au S^ de ferrette
sur son placet que S. M'«' ne veut pas permettre que le fief puisse être
vendu, ni aliéné, ce qui est absolument contraire à la nature de ces sortes
de biens et pourroit tirer à conséquence, mais que si le S"" de ferrette veut
le faire passer au S'' de Reichenstein son beau frère, et que celuy cy soit
dans le dessein de mettre ses Enfants dans le service, Sa M'"' accordera
cette faveur, aussitôt que le S^ de Reichenstein aura fait prendre ce party
à l'un de ses fils. Je suis etc.
A M. Desforts ^ le H May.
Je dois rendre compte au Conseil de la manière dont se sont conduits
jusqu'icy, les Officiers du Directoire, au Conseil de la Noblesse de la basse
Alsace, par ra()ort aux impositions qu'ils sont en usage de faire sur quatre
vingt villages qui dépendent de leur matricule, et des mesures que j'es-
time devoir être prises pour mettre une regle certaine dans cette adminis-
tration.
Ce tribunal, appelé Directoire ou Conseil de la Noblesse de la basse
Alsace, était établi longlèms avant que le Roy fut le maître de la Province,
chaque Corps de la noblesse immédiate dans l'Empire, en a un pareil.
Le feu Roy par ses letli'es patentes du mois de décembre 1C8Ü et du
1. Michel Robert Lepelletier des forts, contrôleur f^ônéral des finances de 1706 à 1730.
Au moment où l'intendant d'Alsace lui ôcrit, il occupait 6videmmcnt déjà l'une des posi-
tions supérieures dans le Conseil du dedans.
- 55 —
mois de may 1681, a confirmé le Conseil de la basse Alsace dans sa Juris-
diction et luy donne le pouvoir de juger les causes des Nobles, à l'exemple
des Presidiaux du Royaume, en dernier ressort, jusqu'à concurrence de
250 et 500 U par provision. Dans les cas ordinaires on appelle du Conseil
de la Noblesse au Conseil supérieur de Colmar.
Dans les Lettres patentes de 1680 il est expressément porté que la No-
blesse pourra imposer et faire lever sur tous les habitants de sa dépen-
dance, les sommes de deniers que Sa M'« leur permettra d'imposer, et (jui
seront jugées nécessaires pour le payement des dettes communes, après
néanmoins qu'il aura été justiffié devant l'Intendant de la nécessité de
l'jmposition.
Il y avoit dès lors une imposition connue et ordinaire, c'est celle de
l'entretien des officiers du Directoire, Il était naturel de la faire regder par
sa W'^. C'est ainsy qu'en ont usé M. le Cardinal de furstemberg' pour
l'Evêché de Strasbourg, M. le Comte de hanau et M. le Prince de Bircken-
feld, tous trois en différents têms, ont obtenu des Lettres patentes, par les-
quelles Sa Majesté leur a permis de lever annuellement 4000 'u, sur les
habitants de leurs Terres, pour l'entretien des Officiers.
Ceux du Directoire de la Noblesse ont négligé cette précaution et ont
toujours imposé, de leur seule authorité, ce qu'ils ont jugé à propos pour
les frais de leur Tribunal, quoyque le contraire leur fût prescrit par les
Lettres patentes de 1680.
Ils ont néanmoins usé de quelque modération pendant les premiers
têms, et jusqu'en 1700, ils n'ont fait lever que 10000^ ou environ par an.
Depuis cette époque il n'y a plus eu de mesures, et ils ont poussé les im-
positions jusques à 30 et 40 mille hvres dans une seule année et qu'ils ont
même continué depuis la paix.
Il y a plus, depuis 20 ans ils ont emprunté plusieurs sommes, au nom
de la Noblesse, et ces dettes contractées montent actuellement en princi-
pal à la somme de 70 mille livres, ce qu'il y a de singulier, c'est que quoy-
que la plus grande partie des fonds empruntés ayent été employés pour
les frais de deux procès de Jurisdiction, soutenus contre le magistrat de
Strasbourg et le Parlement de Metz, ou autres dépenses concernant uni-
quement la Noblesse, on prétend néanmoins que c'est aux habitants des
80 villages de la matricule à payer le tout, sans qu'il en coûte rien aux
Gentilshommes et en effet le Directoire en a dcja imposé les intérêts pen-
dant plusieurs années; on fait valoir à ce sujet, la supériorité territoriale
1. Guillaume Egon de Furstemberg , évêque de Strasbourg, 1682-1704.
— 5fi —
dont, les Gentilsliommes de la bosse Alsace jouissoient autrefois sur leurs
Ten es, au moyen de quoy ils pouvoient mettre sur leurs sujets telles char-
ges que bon leur semblait. Je crois pouvoir an moins, quant à présent,
me dispenser de raisonner sur l'usage qu'on doit faire sous la domination
du Ivoy, de ces privilèges de la supériorité territoriale.
Dès que ces desordres me furent connus, je m'en expliquay avec les
Officiers du Directoire et je les ay conduit au point de convenir de l'irre-
gulnrilé ijui se rencontrait dans tout ce qu'ils avoicnt fait jusqu'icy et à
travailler à établir un ordre certain dans leurs affaires.
Pour cet effet ils ont tenu une assemblée extraordinaire à laquelle ils
ont appelle huit Gentilsliommes qui leur ont été donnés pour Conseil, par
tout le Corps de la Noblesse qui fut convo(iué en 1699.
Il a été deliliéré cl sur les charges annuelles et sur les moyens d'acquit-
ter les dettes.
Ouant aux dépenses annuelles le Conseil de la Noblesse demande de
pouvoir imposer chaque année de 22592 ïï pour les usages expliqués dans
un memoire que je mettray dans ce paquet.
A l'égard des dettes contractées montant à 70 mille livres, on demande
à imposer 10000 iï par an, tant pour le principal que pour les intérêts,
jusqu'à ce que les Créanciers soient payés.
' Sur le premier ailicle j'estime qu'il suffit de permettre une imposition
annuelle de 17 812 ïï\ Je joins encore un memoire des parties qui peuvent,
à mon sens, être retranchées avec un projet d'arrest, dans lequel est ex-
pli(jué l'Employ de la Somme que je propose qu'il soit permis d'imposer.
Sur ce qui cuncenie les dettes contractées je crois qu'avant toutes
choses il faut en connaître l'Etendue et pour cela en faire une veriffication
dans les formes ordinaires, et c'est dans ce sens que j'ay aussi dressé un
projet d'arrest que vous trouvères dans les pièces.
Je crois que sur le premier qui concerne l'imposition annuelle, il fau-
di'a des lettres patentes addressées au Conseil de Colmar.
Je ne dois pas omettre de vous dire M^ que j'ay communiqué tout ce
detail à M. le M''''' d'huxelles, qui m'a paru penser conmie moy.
Je suis etc.
A M. Desforts le i3 may ilil.
.M. Il se fiiit fictuellemenl sur les Conniiniinutés qui dépendent de l'Eve-
cIm; de Strasbourg, une inqiosifiun Ai' 50111 «?' par nii, pour l'acquittement
des di;ttes cy devnnt lii|ni(lées et cette imj)()silion doit durer j'usqu'en 1722
- 57 "
inclusivement, en examinant cette aiïaire il m'a paru (jue dans son arran-
gement il manqnoit quelque chose du coté delà foi me, je m'inquietc peut-
être mal à propos, mais quoy qu'il en soit je vous suplie de me permettre
de vous expliquer le fait en deux mots.
En conséquence d'un arrest du Conseil rendu en 1687, M. de la Grange
Intendant d'Alsace et M. Obrecht' Prêteur Royal de Strasbourg, travail-
lèrent <à la liquidation des dettes de l'Eveché qui se trouvèrent monter,
pour les baillages en deçà du Rhin, en principaux et intérêts à la somme
de 417921 S". Dans leur procès verbal, datte du 29 mars 1G94, il est dit
que cette somme sera imposée en huit années consécutives, qui ne com-
menceront qu'à la paix.
En 1699 il intervint un second arrest du Conseil du 11 7''^'^ portant que
par M. de la fond il seroit arrêté de nouveau un Etat de ce qui était du
aux Créanciers et que l'imposition en seroit faite en dix années consécu-
tives. Il avait couru des intérêts depuis 1694 jusqu'en 1699, c'est ce qui
faisait la matière du travail de M. de la fond.
Suivant son procès verbal dalté du 20 janvier 1700 il était du aux Cré-
anciers 501113, dont il ordonne, conformément à l'arrest du Conseil, que
l'imposition sera faite dans dix ans.
En effet en 1700 par M. de la fond et en 1701 par M. de la houssaye,
il a été imposé 50111 It au profit des Créanciers et ils en ont touché ce
fonds, au moyen des Etats de distribution arrêtés par l'un et l'autre.
En 1702 la guerre étant revenue cette imposition a été surcise jusqu'à
la paix.
Il est néanmoins arrivé que Mad® la Comtesse de furstenberg qui restoit
créancière de l'Evêché de la Somme de 60411 U 9^ A'^, obtint en 1700
des ordres particuliers du Roy pour être payée, ce qui a été exécuté, au
moyen de l'imposition qui a été faite de cette partie en plusieurs années,
depuis 1707 jusqu'en 1713 inclusivement.
Après la paix de Baden les Créanciers ont demandé qu'on recommençât
à imposer ce qui leur était du, et ils pretendoient, non sans raison, des
intérêts nouveaux pour le têms de surseance depuis 1702 jusqu'en 1715.
C'est ce que M. de la houssaye expose dans une lettre à feu M. le Chance-
lier du 10 janvier 1715 et faisant en même têms connoître que ces der-
niers intérêts qui auraient monté à plus de 200 mille livres, seraient
trop à charge aux Communautés, il dit que les Créanciers se contenteront
I. Ulric Obrcclit fut prêteur royal do Strasbourg- après la réuuiou: mori ru 1701.
- 58 —
que dans l'imposition qui sera faite, on ne diminue point la partie de
60411 « 1> i<^ payée à Mad^ la Comtesse de furstenberg, en sorte que
l'excédent qui en résultera, soit partagé entre eux tous, ce qui leur tien-
dra lieu de dédommagement pour le retardement du payem^. Cet expé-
dient parait avoir été approuvé par M. le Chancelier, par une réponse à
M. de la lioussaye du 2 février 1715.
Dès la même année M. de la houssaye a commencé à imposer 50111 Si"
sans aucune diminution de ce qui a été payé à Mad^ la Comtesse de
furstemberg, j'ai continué de même pour 1716 et 1717, et comme j'ay dit,
celte imposition doit durer jusques et compris 1722.
Il est très certain qu'en s'en tenant littéralement aux arrêts du Conseil
et à la procédure de liquidation de M. de la fond; nous imposons 60 411 U,
plus qu'il ne paroit être dû aux Créanciers. J'entends bien que c'est pour
leur tenir lieu des intérêts qui ont couru depuis 1702 jusqu'en 1715, mais
je ne trouve rien de bien décisif la dessus dans la lettre de M. le Chance-
lier du 2 janvier 1715. Je ne sais même, si en matière d'imposition, on ne
doit pas désirer autre chose qu'une lettre.
Il y a plus, je demande où est l'acte par lequel les créanciers ont con-
senti que les nouveaux intérêts qu'ils avoient légitimement à prétendre,
fussent réduits à 60411 U. Il n'en paroit point et je sçais qu'il n'y en a
jamais eu; ne peut-on pas craindre qu'après l'expiration des cinq années
pendant lesquelles l'imposition doit encore durer, les Créanciers ne se
reveillent et ne demandent qu'elle soit continuée pour raison de ces
intérêts.
C'est ce qu'il me semble qu'on pourroit prévenir, en rendant un arrêt
du Conseil, dont je prends la liberté de joindre icy le projet.
Je mets encore dans ce paquet toutes les autres pièces dont j'ay parlé
dans cette lettre. J'ay à vous suplier de vouloir bien me les renvoyer
(|uund vous en aurés fait l'usage que vous jugerés convenable.
Je suis etc.
A M. le Maréchal d'Hiixellcs.
Le 10 .liiiii 1717.
Je dois repondre Mg'" à la lettre que vous m'avés fait l'honneur de
m'ecrirc le 2 du mois, accompagnée de la copie cy jointe de celle du
grand Maitre de l'ordre Teutonique, qui demande que le village de Uied-
zeltz, .<ilu(' dans le Mnndal de Weissembourg, luy soit restitué, comme
- 59 -
appartenant à son ordre, ou que du moins ce lieu soit exempt de toutes
impositions et qu'il ait la liberté d'y niellre un IJailiy.
Deux raisons s'opposent à la restitution, l'une que la communauté de
Riedseltz est située constamment en Alsace, puisqu'elle est du Mundal de
Weissembourg, et que sa W^ aux termes du Traité de Uiswick, ne doit
restituer des lieux reunis que ceux qui sont hors de l'Alsace, l'autre que
le Mundat de Weissembourg est de la dépendance de la préfecture de ila-
guenau, dont la souveraineté a été cédée au Roy dans les termes les plus
formels par le Traité de Munster. On trouve à l'hôtel de Weissembourg un
livre contenant les statuts et privilèges de la justice du xMundat de l'année
1568, dans lequel il est dit que dix huit villages le composent et celuy de
Riedseltz y est nommé comme tel. On y trouve aussi une prestation de
serment de tout le iAIundat du 21 Avril 1653 entre les mains de M. le
Comte d'Harcourt en sa qualité de grand liailly d'IIaguenau , et encore
une pareille prestation de serment du 29 avril 1662 entre les mains de
M. le Marquis de Ruré, sous Bailly pour M. le Duc de Mazarin.
Quant à la franchise des impositions, le grand Maitre de l'Ordre Teuto-
nique se sert de l'exemple de ce qui se pratique pour Lauterbourg, Alten-
statl et S' Remy, dont la Souveraineté est contestée par l'Evêque de
Spire, et pour les Baillages de Seltz et de Gouttemberg, que l'Electeur
Palatin reclame, il prétend encore que le Roy de Suède, comme Duc des
Deux-Ponts, possède dans le Mundat de Weissembourg des villages qui ne
sont point imposés. Il se trompe sur le dernier fait à l'égard des Terres
qui appartiennent proprietairement à l'Electeur Palatin et à l'Evêque de
Spire, il est vray que pendant le têms que la paix de Riswick a duré et
depuis celle de Baden, on ne leur a demandé aucuns subsides de la part
du Roy. Je n'en vois d'autre raison, si ce n'est que S. M'^ a voulu user de
ménagement pour ces Princes, dans l'espérance que les lieux disputés
luy seroient bientôt adjugés, comme il ne peut manquer d'arriver, si l'af-
faire est décidée d'une manière impartiale. Il est hors de doute que si la
Souveraineté du Roy est une fois reconnue dans ces Terres appartenantes
proprietairement à l'Electeur Palatin et à l'Evêque de Spire, S. M^*^ sera
en droit de les faire comprendre dans les impositions.
11 ne servira de rien à ces Princes d'objecter leur prétendue supériorité
territorialle, qui est absolument incompatible avec la Souveraineté du
Roy, encore leur pourrait-on dire que comme leurs Terres contribuent
aux besoins de l'Empire, par l'imposition des mois Romains, de même
celles qu'ils possèdent, sous la domination du Roy, doivent participer aux
charges du Royaume.
— 60 —
On a les mêmes égards pour la Terre de Benlieim, appartenante à la
maison de IJaden, et on ne la comprend point dans les impositions d'Al-
sace. Je ne puis imaginer sur quoy cela s'est fait, puisque la Souveraineté
du Roy sur 15enheim est incontestable, il seroit bon Mg^, que vous eussiés
agréable de me marquer si l'intention de Mg"" le Regent est que l'on con-
tinue à en user ainsy.
Je trouve encore une différence entre les exemples cy dessus raportés
et la prétention du grand Maître de l'ordre Teutonique que pour exemp-
ter Riedseltz, puisque c'est un droit dépendant de la haute justice, et que
tous les Seigneurs d'Alsace en jouissent, je ne sçache pas qu'on les ait jamais
inquiété la dessus, j'entrevois néanmoins ce qu'il veut dire. J'ay établi un
Subdelegué dans la basse Alsace, c'est le Prêteur de Landau, il voudroit
que cet officier ne pût envoyer aucun ordre à Riedseltz, cela seroit bon
si ce village sortoit de la souveraineté du Roy, mais sa prétention n'est
pas soutenable, tant que l'autorité du Roy y sera reconnue.
Je dois vous dire Mg^ que les habitants de Riedzeltz, excités par le
Commandeur de Wissembourg et les Officiers du grand Maître, se rendent
toujours refusants de payer les impositions et que depuis que je suis en
Alsace , on a été obligé d'emprisonner les principaux habitants pour les
y contraindre, c'est ce qui me fait penser qu'il est absolument nécessaire
(jue vous ayiés agréable de détromper M. le grand Maître de l'Ordre Teu-
tonique des idées qu'on luy a mal à propos données sur son droit à Ried-
zeltz. M. de Klinglin m'a envoyé sur cette affaire un memoire qui m'a paru
ti'ès bon; je le joins icy. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'IIuxdles.
Le li 8bic 1717.
Je dois Mg"", réponse à une lettre que vous ra'avés fait l'honneur de
m'ecrire le 14 du mois d'aoust dernier, en me renvoyant l'Extrait cy joint
d'une de M. le M'^ d'Avaray, par laquelle il vous rend compte des instan-
ces qui luy ont été faites par les Députés de Basle, pour qu'il soit permis
aux habitants de ce Canton de tirer des bestiaux d'Alsace.
C'est par un arrest du 17 juin dernier, dont je mets un exemplaire dans
ce paquet, que la sortie des bestiaux de toute espèce a été interdite, mais
vous pourrés remarquer qu'à la fin du même arrêt, la Comté de Bour-
gogne est excepté de cette Règle, ce ne peut-être (juen faveur des
Suisses et par la considération que les grains et les vins qu'ils viennent
— (vi —
achetter sur nos frontières sont d'un tel objet qu'on a cru ([u'il était im-
portant de ne les pas rebuter. Il est à croire aussi que les bestiaux sont
abondants et à un prix raisonnable en francbe Comte.
Toutes les mêmes raisons existent icy pour qu'il en soit usé de même
en Alsace, par raport à la sortie des bestiaux, dont les prix commencent
à baisser considérablement.
Au surplus Mg"", il est très certain que les Peuples d'Alsace tirent eux-
mêmes beaucoup de bestiaux de Suisse, où il y en a, comme tout le
monde sçait, grande abondance, on ne peut par conséquent, à mon
sens, craindre en aucun têms que les Suisses en fassent des aclials
trop considérables dans la province. Tout l'objet de la demande des
baslois n'est que pour avoir la liberté d'en tirer quelques bœufs et vacbes
maigres qu'il font engraisser dans leurs pâturages et nous revendent en-
suite. Ils ont aussi besoin de cochons et effectivement c'est sur celte
espèce de bestiaux que M. le M'^ d'Avaray appuyé davantage dans sa
lettre.
Quant à moy, je crois que sans aucun inconvénient, on peut donner aux
Suisses la satisfaction qu'ils demandent, que du moins on ne peut pas la
leur refuser pour les cochons.
Si la liberté de tirer des bestiaux d'Alsace leur est donnée en gênerai ,
il faut y pourvoir par un arrest du Conseil, particulier pour cette pro-
vince, comme il a été pratiqué pour la franche Comté. Si l'on ne se re-
lâche que pour les cochons, je crois qu'il suffira que j'en sois instruit par
une lettre du Conseil des finances, surquoy je rendray une ordonnance.
Je suis etc.
A M. le Maréchal d'Huxelles.
Le 14 octobre !7I7.
Vous m'avés fait l'honneur Mgr, de me renvoyer le 23 de juillet dernier
le placet cy joint, par lequel les jésuites de fribourg qui ont été remis en
possession des Prieurés d'Oelemberg et de S' Morand, demandent à ceux
de Strasbourg la restitution des fruits qui ont été perçus par ces derniers,
depuis le jour de la signature de la paix de Baden , jusqu'à celuy qu'ils ont
quitté ces deux bénéfices, les jésuites de fribourg demandent encore les
Titres dont ils disent que ceux de Strasbourg sont restés saisis.
Sur l'article des Titres les jésuites de Strasbourg repondent que lors de
la déclaration de la dernière guerre, ceux de fribourg firent porter à
Porenti*uy chez les Jésuites tous les effets mobiliaires et papiers qu'ils
— 62 —
avoicnl dans ces deux maisons, qu'à la vérité lorsque les Peres du College
de Strasbourg-, pendant leur jouissance, ont eu besoin de quelques Titres,
ils les ont demandés aux jésuites de Porentruy qui les leur ont confiés.
Ils ajoutent que lorsque les jésuites de fribourg sont rentrés en posses-
sion d'Œlemberg et de S' Morand, tous les papiers et documents qui
étaient dans ces maisons, y ont été laissés, le procureur du College de
Strasbourg, représente même doux inventaires des pièces qui concernent
S' Morand, au bas desquels sont deux récépissés, l'un du Père Steinard,
Vice-Recteur du Collège de fribourg du 27 8^'''^ 1716 et l'autre du frère
Zwing du même College du 10 9^"^*-' suivant; quant aux Titres du Prieuré
d'Œlemberg, le même procureur dit que le Père Steinard , qui vint l'année
passée sur les lieux, ne voulut pas entrer dans le même détail, mais que
les jésuites de Strasbourg, avant de sortir de la maison , eurent la pré-
caution de faire voir au Receveur, qui exerce cet Employ depuis trente
ans que les papiers étaient en ordre dans les archives.
On ne peut, ce me semble Mg'", douter de ce fait, au moyen de quoy je
pense que si les jésuites de fribourg continuent à demander des papiers,
il faut qu'ils envoyent icy quelqu'un pour s'en expliquer avec les jésuites
de Strasbourg, où ils pourront voir les inventaires que ceux cy ont pour
S^ Morand , et faire venir le Receveur cité pour Oelemberg.
Quant à la restitution des fruits depuis la paix, les jésuites de Stras-
bourg se deffendent par un moyen unique, c'est la represaille qu'ils disent
être en droit d'exercer pour des dépenses du Prieuré de Seltz, dont ils ne
jouissent pas, parce que l'Electeur Palatin, dans les Terres de qui elles
sont situées, les empesche, il est de vôtre connaissance que quoyquc la
Souveraineté du Roy sur le Baillage de Seltz, soit parfaitement établie,
elle n'est pas néanmoins consentie du côté de l'Empire, je crois à parler
naturellement que l'événement de la question qui a été élevée sur la vali-
dité ou invalidité de l'union faite en 1091 du Prieuré de Seltz au Collège
de Strasbourg, dépend fort de la décision qui interviendra sur la souve-
raineté de ce Baillage; vous estes informé Mg"", qu'un abbé Stephani, aumô-
nier du feu Electeur Palatin * a obtenu en 1708 des bulles de Rome de ce
Bénéfice de Seltz, mais il est hors de doute qu'elles ne peuvent avoir lieu
si ce Pays reste au Roy, parce que l'union qui a été faite dès 1691 par
sa W*^, se trouvera dans les règles.
Il se peut fort bien que cette question de Souveraineté ne soit pas sitôt
finie, mais il me paroît qu'il est très naturel, qu'en attendant, les jésuites
1. Jean Guillaume, électeur palaliu. brandie de Neubourg, 1C90 — 1710.
- 03 —
de Strasbourg retiennent les jouissances qu'ils ont perçues, depuis lu paix,
de S' Morand et d'Oeleniberg-, pour les dédommager des Revenus dont
ils sont privés de la partie du Prieure de Seltz qui est siluce dans le Pala-
tinat. Comme le Père Robinet est actuellement à Paris, vous pourrés peut
être tirer de luy des éclaircissements encore plus précis.
Je vous envoie cependant le memoire qui m'a été donné icy. Je suis etc.
A M. le Duc de JSoailles.
Le 21 Octobre 1717.
Vous sçavés Mg'" que M. le Prince d'Armstalt, a épousé depuis quelques
mois, par permission du Roy, la fille unique de M. le Comte de Hanau,
celuy cy possède au delà du Rhin, vis à vis du fort Louis des Terres très-
considerables qui sont dans la mouvance de l'Evêché de Strasbourg,
comme ce sont des fiefs masculins, il est hors de doute qu'après la mort
du Comte de Hanau, l'Evêque de Strasbourg en pourrait disposer. M. le
Cardinal de Rohan * signa hier un Traité par lequel il s'engage de donner
à M. le Prince d'Armstatt l'Expectative de ces fiefs.
Les conditions sont que M. le Comte de Hanau donne à S. Em^^ en
argent comptant et en trois termes de six mois en six mois, cent mille
ecus, qui doivent être employés, suivant la délibération du Chapitre,
sçavoir, deux cent soixante mille livres à acquitter, des dettes dont l'Evêché
avait été chargé sous W^ de furstemberg. Il en revient 200 mille livres à
M. le Prince de Vaudemont et le reste à un autre Créancier, ce qui aug-
mentera les revenus de l'Evêché de quatorze mille francs par an, au profit
de M. le Cardinal de Rohan et de ses successeurs, les 40 mille livres res-
tants sont destinés pour l'embelissemenl de la maison Episcopale de
Saverne, il y a de plus un pot de vin de 12 mille Ecus pour S. Em^«', et de
plus encore M. le Comte assure, après sa mort, des biens allodiaux qu'il
possède en Alsace et qui valent 35 000 ïï de rente, à M. le Prince de
Rohan, qui pourra les reunir à la Baronie de fleckenstein, dont il a
depuis longtêms l'Expectative et dont il jouira sans doute bientôt, puisque
le Baron de fleckenstein ^ dernier de sa Maison a 85 ans, les Terres de
1. Armand Gaston de Rohan-Soubise, évêque de Strasbourg, 1704-1749.
2. Henri-Jacques, baron de Fleckensteln , de la branche de Soultz, mort en 1720. Sa
Seigneurie passa au Cardinal de Rohan.
Les barons de Fleckenstein remontent au douzième siècle. Au treizième , ils se sépa-
rent eu trois branches : celle de Dagstuhl, de Wolfram et de Soultz. Cette dernière avait
réuni au dix-septième siècle tous les biens de l'ancienae seigneurie.
— M -
fleckenstein sont composées de 40 villages et en têms ordinaire valent
pins (le vingt cinq mille livres de rente.
M. le Cardinal de Uolian donnera l'investilnre dès qu'il aura louché le
premier payement.
Il est d'usage en Allemagne que les Evêques ne peuvent donner l'Ex-
pectalive des fiefs mouvants de leurs Bénéfices que du consentement de
leurs Chapitres, et ordinairement les Chapitres n'entrent dans ces sortes
d'affaires qu'à condition que l'argent (jui en provient est employé utile-
ment pour l'Evêché, c'est aussi ce qui vient d'être pratiqué icy pour les
cent mille Ecus énoncés dans le Conlract.
M. de Hanau n'a olTert, pendant longlèms que 20 mille écus, mais heu-
reusement pour M. le Cardinal de Rohan, Mad^ la Princesse de Baden
s'est mise sur les rangs, pour les Princes ses Enfants, et cette concur-
rence a porté l'affaire jusqu'au point où elle est restée.
Je ne dois pas omettre de dire que dans l'investiture les Comtes de
Linange, neveux du Comte de Hanau, sont appelles, après la postérité
mâle de Mad® la Pi'incessc ' d'Armslall, ou en cas qu'elle n'en ait point;
comme je sçais Mg"^ l'amitié que vous avés pour M. le Cardinal de Rohan ,
j'ay cru que je vous ferais plaisir, en vous rendant compte de cet événe-
ment. Je suis etc.
A M. le M' s de Brancas.
Le 18 Nov-hre 1717.
Vous m'avés fait l'honneur M"", de me charger à Paris, de la part du
Conseil, de rendre compte des pièces cy jointes qui vous ont été remises
au nom de M. le Comte philippe de Löwenstein abhé de Mourbachl
Ce Prélat demande qu'il plaise au Koy de confirmer l'abhé et l'abbaye
1. Cliarl()lt(;-Cliri.sliiu; (de IIaii;ii)-Liclilciil)org) épousa le prince (1(> Darnislalt.
2. L'abbaye de Mnrbaeh fondée en 727 par saint Pirmiii , abbé de Reiclienaii, sur le
ruisseau du Murbacii, fui ravagée par les Hongrois en 929. Saint Leger patron. Les Carlo-
vingicns la dotèrent; elli' possédait la vallée de Saiiit-Amarin, Lncerne. Prospérité à la
fin (lu quinzième siècle lors de la découverte des mines de fer.
Ln I5G0 Pie IV réunit l'abbaye de Lure à colle de Murbacii. Des arcliiducs dWnlriclie
figurent sur la liste des abbés. Eberhard de Lœwenstcin fonda en 1699 la verrerie de
Wildenstein et bâtit le cbàtean de We.sserling. En I7G4 Clément XIII .sécularise l'abbaye.
Lf Chapitre siège à Guebwiller. L'abbé était prince de l'Empire. Le dernier abbé fut
Benoit dWndIau, mort en ISaii à Kidi.-^läll.
— 65 -
de Mourbach, situé en Alsace, dans le droit d'avoir une Régence pour
exercer en seconde instance, la justice dans les Terres de cette Maison, à
la charge néanmoins de l'appel, tant en matière civile que criminelle au
Conseil Supérieur d'Alsace.
C'est ce qui se prati(pie en Allemagne, où les Princes et Etats immédiats
de l'Empire font rendre la justice à leurs Sujets au premier degré j)ar des
Baillis, et au second par des Tribunaux appelles Régences ou Chancelleries,
qui connaissent en dernier ressort du Criminel, mais dont on appelle pour
le civil aux Chambres jmpériales.
Les Seigneurs qui jouissent de l'immediateté en Alsace, avant que cette
Province fût au Roy, pouvaient sans difïîculté avoir des Régences parce
que c'est une prérogative de la supériorité territorialle, tels étaient l'Evêque
et Prince de Strasbourg, l'abbé et Prince de Mourbach, le Comte de Hanau
et le Baron de fleckenstein. La maison d'Autriche avait aussi une Régence,
pour les Terres qu'elle possédait en haute Alsace. La ville de Strasbourg
et les dix villes jmpérialles et la Préfecture de Ilagenau, exerçaient aussi
par leurs Magistrats dans leur Territoire, la justice en dernier ressort pour
le criminel, et à la charge de l'appel pour le civil au Conseil aulique, ou à
la Chambre de Wetzlaw.
On a toujours eu pour principe icy que dès que le Roy a été Maître du
Pays, tous les Seigneurs d'Alsace, Princes, Comtes immédiats de l'Empire
ou autres, ont élé réduits au rang de Seigneurs Hauts-justiciers, c'est ce
qui fait qu'on les a laissés dans l'usage de faire rendre la justice à leurs
vassaux en première instance par les Baillis; mais quant aux Régences le
Conseil supérieur de la Province n'en a plus voulu reconnaître, sur le fon-
dement que la Supériorité territoriale, ne peut en aucune façon s'accomo-
der avec la Souveraineté du Roy.
En effet un Seigneur immédiat en Allemagne est en quelque façon Em-
pereur dans ses Terres, il peut battre monnoye, fortiffier des Places, con-
tracter des alliances étrangères, pourveu qu'elles ne soient pas contraires
aux intérêts de l'Empire, et enfin il a le droit de Collecte, c'est à dire de
faire telles impositions que bon luy semble sur ses sujets, celuy de glaive
et celuy de ressort. Les prérogatives ne peuvent être divisées et la dernière
tombe avec les autres.
C'est sans doute cette considération qui détermina M. le Cardinal de
furstemberg à demander, dès les premiers tèms au Roy pour la conserva-
tion de sa Régence, ce qui luy fut accordé par des Lettres patentes du mois
de 7^re 1682, M. le Comte de Hanau a depuis, sur des considérations par-
ticulières, obtenu la même chose en 1707. Cette grâce a été encore accor-
T. X. — (M ). â
— 66 -
déc au Corps de la Noblesse immédiate de la basse Alsace, par des Lettres
patentes de 1681, portant confirmation de leur Directoire pour juger les
affaires des Genlilsliommes en première instance.
Ces trois Tribunaux sont sujets à l'apel au Conseil Supérieur de la pro-
vince, tant au Criminel qu'au civil, avec cette différence néanmoins que les
Officiers de la Régence de l'Evêché de Strasbourg^ et ceux du Directoire
de la Noblesse jugent dans les causes civiles en dernier ressort, comme
les Presidiaux du Royaume jusqu'à concurrence de 500 ît. Les jugements
(le la Régence de Hanau, sont, dans tous les cas sujets à l'appel.
Dans la ville de Strasbourg les magistrats jugent souverainement dans
les matières criminelles, et jusqu'à concurrence de 1000 îi dans les ma-
tières civiles. Cette prérogative est expressément stipulée dans la capitula-
tion de la ville, ce qui a été depuis confirmé par un arrest du Conseil et
des lettres patentes, obtenues l'année dernière.
Pour revenir à l'abbaye de Mourbach je dois rappeler icy que nous avons
toujours, avec fondement, soutenu et prétendu que toute l'Alsace, tant la
baute que la basse, avait été cédée au Roy par le Traité de Munster, il est
néanmoins très vray que ce n'est qu'en vertu des arrêts de reunion de
1681 du Conseil Supérieur d'Alsace séant alors à Brisach que l'abbaye de
Mourbacli et les autres Seigneuries d'Alsace, immédiates de l'Empire, ont
passé réellement sous la domination du Roy. Dans l'instant l'Evoque de
Strasbourg et la Noblesse immédiate ont recouru à sa Maj^"' pour obtenir
que la Régence de l'Evêché et le Directoire de la Noblesse fussent main-
tenus, M. le Comte de Hanau est venu après, et enfin l'abbé de Mourbach
paroit aujourdliuy.
Il est certain qu'à considérer le titre de Prince, la session aux Diettes
de l'Empire qu'il avait en cette qualité, et les prééminences dont les abbés
de Mourbach ont joui, lorsque leur Territoire faisoit partie du Corps ger-
manique, M. le Comte de Löwenstein n'est pas moins fondé pour demander
une Régence que l'Evêque de Strasbourg qui l'a obtenue; il est même par
le titre de principauté, cy devant affecté à son abbaye, dans un degré su-
périeur au Comte de hanau, et à la noblesse immédiate d'Alsace. Je dois
encore dire icy que l'abbaye de Mourbach était du nombre des(]uatresqui
seules donnent rang et séance à leurs Titulaires dans les Diettes au Collège
des Princes.
Pour ne rien omettre de ce qui peut être favorable à M. l'abbé de Mour-
bach, j'ajouteray qu'il m'a fait déclarer depuis peu, qu'il entendoit que les
Officiers de sa Régence seroient entretenus aux dépens de l'abbaye, sans
(pi'il en coûtât rien à ses sujets ou vassaux et que mêmeil eonsentoit qu'il
- fi7 -
en fut fait mention expresse dnns les Lettres patentes. L'Evoque de Stras-
bourg et le Comte de hanau font imposer dans leurs Terres chacun 4000 S"
pour payer leurs officiers. Cette permission leur est expressément donnée,
par leurs Lettres patentes. En vertu d'un pareil Titre les vassaux de la No-
blesse immédiate payent annuellement 17500 ?? pour la Solde du Direc-
toire.
Je dois dire encore qu'il vient d'être passé un acte par lequel tous les
Prévôts et Bourgmestres des villages dépendants de l'abbaye de Mourbach
ont délibéré d'adhérer à la demande de leur Prélat au sujet de la Régence.
Cette pièce m'a été remise avec quelque autres dont j(; ne parle point
parce qu'elles ne me paroissent pas absolument décisives. J'en ay fait une
liasse séparée des premières que j'ay receuës de vous, le tout est dans ce
paquet.
Il me semble après tout que j'en ay assés dit pour faire connoître que
l'objet de la demande de M. le Prince de Mourbach, est une pure grâce
qu'il dépend absolument de S. A. R^^ d'accorder ou de refuser, je crois
n'avoir rien omis de ce qui peut luy être avantageux. Je crois aussi ne
pouvoir me dispenser d'exposer les inconvénients qu'il peut y avoir à eta-
tablir une nouvelle Régence à Mourbach.
Les Terres de cette Abbaye sont composées de deux Bailliages seule-
ment, ce qui fait environ trente villages qui portent 4000 ?* d'impositions.
Dans la Régence de l'Evêché de Strasbourg il y a cent deux Commu-
nautés divisées en huit Bailliages qui payent au Roy 44 mille livres. Dans
la Comté de hanau il y a sept baillages et quatre vingt huit Communautés,
sur lesquelles on impose 25 mille livres.
Si M. l'Abbé de Murbach obtient une Régence, il est bien à croire que
M. le Baron de fleckenstein ou plutôt M. le Prince deRohan, qui a l'Expec-
tative de ce fief, et qui n'attendra pas longtôms vraisemblablement, puis-
que le possesseur a 83 ans, demandera bientôt la même grâce, les Terres
de fleckenstein ne sont pas moins considérables que celles de Mourbach,
avec cette différence neantmoins que l'abbé était reconnu prince de l'Em-
pire et que le Baron de fleckenstein n'avait de rang que parmy les Comtes.
M. le Prince de Birkenfeld à qui le Feu Roy par des Lettres patentes de
1712 a accordé tous les droits régaliens dans sa Terre de Ribeauvillé, com-
posée de cinquante Communautés, ne tardera pas aussi à prétendre une
Régence. Ne serait-il pas à craindre que tant de Régences multipliées n'en-
tretinssent un peu trop les Peuples dans le goût et les mœurs de l'Allemagne,
étant certain que les officiers de ces Tribunaux donnent tous leurs soins
pour empêcher qu'on ne forme des appels de leurs jugements, ce qui peut
— 68 —
faire qu'à la fin les habitanls viendront à ne connaître qne leurs Seigneurs
et leurs officiers.
Au commencement du Siècle précèdent l'abbaye de Mourbacli qui avait
été en reiile jusques là, fut mise en commande pour un Prince de la Mai-
son d'Autriche, des Princes et Comtes de furslemberg l'ont possédée depuis
de même. Enfin en 1686 M. le Comte de Lôwcnstein' d'aujourdhuy futelu,
mais le Pape n'a donné des Bulles que sous la condition expresse, qu'après
luy cette abbaye retomberait en regle et que dès lors on luy nommeroit
un Coadjuteur, ce qui a été exécuté dans la personne d'un lielig-ieux qui
est d'une famille noble de Suisse, au Canton d'Ury, du nom de Berol-
dingen.
M. le premier President du Conseil souverain de Colmar est à Paris, on
m'a dit qu'il avait eu communication de la demande de M. l'abbé de Mour-
bach, et qu'il avait déclaré au nom de sa Compagnie, qu'il ne s'y opposoit
pas, c'est ce qui vient de m'étre confirmé icy par plusieurs officiers de ce
Corps, et c'est une circonstance que je crois devoir relever par raport aux
intérêts de M. l'abbé de Mourbach.
Je suis etc.
A M. le Maréchal d'Huxelles.
Le 25 Novembre 1717.
Vous avés jugé à propos Mg"", de faire surseoir dans la ville de Haguenau
à l'Election de deux Stattmeistres dont les places sont vaccantes, vôtre
raison a été que celle ville est si considérablement diminuée aussi bien
que ses Revenus qu'il convenoit d'y proportionner le nombre des Magis-
trats et appointements qui sont à sa charge, vous m'avés cependant chargé
d'examiner, à mon retour icy^, ce qu'il seroit plus convenable d'y faire et
de vous en rendre compte.
Je trouve Mg'', que le magistrat de haguenau était ordinairement com-
posé d'un Prêteur, quatre Staltmcistres, quatre Maréchaux et neuf conseil-
lers, sans compter le greffier et le Sousgreffîer et les bas officiers qui sont
les deux serg^cnts de ville et le Wagmcislre.
1. Descendant de la deuxième ligne des comtes de Lœwenstein par Jean Théodore,
qui mourut en 1644. Cette famille tirait son origine de Louis I«"", fils de Frédéric-le-Victo-
rieux, comte Palatin. Celui-ci avait acquis, au quinzième siècle, par achat, les droits du
dernier des comtes de Lœwenstein qui possédaient des domaines en Franconie et en
Souabe.
- 09 —
Je crois Mg-'", qu'il conviendroit qu'il y eut trois Stallmeistres, en sorte
que deux de ces Places étant vaccantes, il y enauroit une Troisième à rem-
plir. Cette disposition me paroit d'autant plus nécessaire, dans les circons-
tances présentes, que le S^ Gain, Prêteur à Haguenau, n'est pas le plus
habile homme du monde, que le S. Worstatt, premier Slattmeistre, ne me
paroit pas d'un caractère à luy confier l'administration principale d'une
ville et que le S. Niedheimer, Second Slattmeistre qui est homme de con-
dition, s'adonne plus à ses plaisirs qu'aux fonctions de son Employ.
Je crois en recompense, qu'on pourroit suprimer les quatre Maréchaux
qui sont des espèces de Lieutenants de Stattmeislres et gens fort inutiles,
je crois encore qu'au lieu de neuf Conseillers de ville, il sufïiroit d'en con-
server six.
Un Troisième Slattmeistre augmentera la dépense de la ville de six cens
livres pour ses gages et la soustraction des quatre Maréchaux luy produira
un bénéfice de 800 îi annuellement, à raison de 200 S" chacun, dont ils
jouissent, la réduction de neuf Conseillers à six, donnera encore une dimi-
nution de dépense de 24 î6 chacun.
Dans ce système il est question de trouver un sujet pouro*^ Staltmeistre
et de choisir ceux des Maréchaux ou Conseillers de ville qui seront con-
servés sous le titre de Conseillers de ville, dans le nombre de six, à quoy
ils doivent être réduits; le choix de tous ces personnages devroit être na-
turellement laissé aux habitants légitimement convoqués dans une assem-
blée gen eralle, mais je vous observeray qu'il y a encore tant de feu et tant
de division entre les Magistrats et les Bourgeois de la ville de Haguenau,
que je crois qu'il est absolument nécessaire pour le bien de la paix et pour
celte fois sans tirer à conséquence, que sa Majesté ait agréable de pourvoir
par son authorilé à ces changements et de nommer les sujets.
Le S. Wimpff Bailly de Goutleraberg, vous a été proposé Mg"", pour
Staltmeistre, M. le Duc de S' Simon vous en a parlé, mais indépendam-
ment de cette recommandation, je puis vous assurer que le S^" Wimpff
qui est beau-frere du S^ Billerey est un Excellent sujet et tel qu'il ne
seroit pas possible d'en trouver un si bon dans la ville de haguenau, et
peut-être dans toute la basse Alsace. Je crois même qu'il a l'honneur d'être
connu de vous.
A l'égard des Conseillers dont il faut six, je crois qu'il faut prendre dans
les Maréchaux, et dans les Conseillers, actuellement en place, ceux qui
paraissent les plus intelhgents, qui sont les S^^ Daniel Barth, philippe fre-
deric, hassel, jean Jacques, Melsheim, nicolas Conrad Capparon, jean Roth
et Joseph Guehl; il y a un nommé jean nicolas Schoulmeistre, actuellement
— 70 —
maréchal, qui mérite une exclusion formelle, parceque c'est un esprit très
dangereux et grand amateur de la cabale.
Au surplus il nie paroit qu'il est indispensable que toutes ces dispositions
soient faites par un arrest du Conseil. J'en joins icy un projet, s'il n'est
pas bien, M. Darmenonville, à (jui je présume que vous vous adresserés,
pour consommer cette affaire, sçaura bien le reformer. Je mets encore
dans ce Pacjuct un Etat à deux Colonnes, contenant sur l'une, les Magistrats
actuellement en place, et sur l'autre les changements que j'estime devoir
être faits. Je suis etc.
A M. Desfort, le 20 O^^e ^7^7.
Dans la partie de l'Alsace où le fermier du Roy est chargé de la fourni-
ture du sel, le prix auquel il doit le vendre est fixé par son bail à 10 S"
lO'^ 8'^ le minot. Il y a dans cette Province trois villes nouvelles, (jui sont
Huningue, le Neuf Brisach et le fort Louis, lesquelles par des privilèges
particuliers ne le payent qu'à 7 S" 10'-^. Ces privilèges sont accordés par des
Lettres patentes du mois de juillet 1684 en faveur de la ville d'huningue;
par d'autres Lettres pattentes du mois de janvier 1G91, en faveur du fort
Louis, et Enfin par des Lettres pattentes du mois de juillet 1684 pour la
ville neuve de Brisach, depuis par une lettre de M. de Chamillart du 20
Octobre 1701, après ({ue l'jsle du Rhin, où la ville neuve de Brisach étoit
située, fut rendue à l'Empereur en exécution de la paix de Riswick, cette
grâce a été apphquée au neuf Brisach qu'on a bâti sur la terre ferme en
deçà pour opposer au vieux Brisach et tenir lieu de la ville neuve, qui était
entre les deux et qu'on a détruite.
Il est aisé de connoître que l'objet de cette fixation favorable du prix du
sel a été d'attirer des habitants dans l'enceinte de ces nouvelles villes, ce
qui a réussi assés bien, puisquactuellement il se trouve à Huningue, envi-
ron 700 habitants, 1000 au neuf Brisach et 1800 au fort Louis, mais ce sonl
presque tous des vivandiers des Ti'oupes, et des gens ramassés de toutes
parts qui n'ont à cultiver hors des murailles et qui ne vivent que par le
Commerce qu'ils font pour la subsistance des garnisons.
Depuis quelque téms le fermier s'est avisé d'ordonner de leur vendre
le sel au prix naturel de son Bail de 10 ît 16<^ 8"-^ et il se fonde sur l'Ait.
4, de l'Edit du mois d'Aoust dernier, portant revocation de tous privi-
lèges.
Je ne sçais Mgr s'il paioitra au Conseil (jue cette disposition doive avoir
— 71 -
lieu pour les habitants des trois villes dont il s'agit, mais je dois lepi-esen-
ter qu'ils sont dans un Etat très languissant depuis la paix , attendu qu'ils
n'ont plus les ressources que les armées leur produisoient poui- le com-
merce des denrées, il est môme à craindre que plusieurs ne prennent le
party de se retirer ailleurs, d'aulanl plus qu ils sont la pluspart accoutu-
més à suivre les Camps et à courir tous les Pays; les habitations que quel-
ques uns ont fait construhc sont de trop peu de valeur pour les rctenii-.
Enfin l'importance dont il est pour l'Etat que ces nouvelles villes devien-
nent peuplées, me paroit devoir déterminer à les exempter de la revocation
portée par l'Edit du mois d'Aoust.
J'ay cru devoir obliger le fermier à leur fournir provisionellemcnt le
Sel sur le prix ordinaire, sur la soumission du Magistrat d'en payer l'Ex-
cédent, s'il est ainsy ordonné.
Je joins icy les copies des Titres que j'ai cités au Commencement de ma
lettre. Je suis etc.
A M. le Maréchal, de Villars \
Le 8 Décembre 1717.
Vous m'avés fait l'honneur Mgr, de me charger par vôtre lettre du 14
du mois passé, de vous donner les ecclaircissements nécessaires sur celle
cy jointe des magistrats de haguenau, qui se plaignent que M. Duvivier,
outre les deux milles Livres qui luy ont été réglées en dernier lieu, veut
encore exiger 400 ÏÏ pour son chauffage, et de plus retient la jouissance
des fossés.
Sur le premier article j'ay verifïîé que depuis 1706 qu'il fut etabh pour
la première fois un Commandant à haguenau jusqu'en 1715 exclusivement
la ville a toujours fourni à M. Duvivier et à M. de Cales son prédécesseur tout
le bois dont ils auroient besoin pour leur maison sans qu'il y eut rien de
fixé la dessus, et qu'en 1715 les Magistrats proposèrent d'eux mêmes à M.
Duvivier d'Evaluer cette fourniture à 400 ït par an, ce qui fut par luy ac-
1. Le 15 septembre 1715, établissement du Conseil de guerre sous la présidence du
maréchal de Villars. Le marquis d'Armenonville le remplace, pour la signature, du
11 février I7IG au 24 septembre 1717. Le ministèi'e est rétabli. Le maréchal de Yillars,
vainqueur à Denain (1712), négociateur du traité de Rastatt, membre du Conseil de
Régence après la mort de Louis XIV, maréchal-général de France en 1732, conquérant
du Milanais en 1732, est mort à Turin en 173ià l'âge de 83 ans.
— 72 —
ceplé et môme confirmé par l'approbation de M. de la lioussayc, c'est ce
qui a toujours clé depuis exécuté. H paroit par la lettre des Magistrats qu'ils
croient être en droit de retrancher cette fourniture, parce qu'ils ont obtenu
un arrest du Conseil, portant que M. IJuvivicr n'aura en tout pour appointe-
ments que 2000 ÏL au lieu de trois dont il jouissoit cy devant sur la Com-
munauté. Quant à moy Mg'', je crois que le Conseil a eu intention de fixer
et de réduire les appointements de M. Duvivier, mais de ne rien cbanger
à ce qui était établi pour le bois. Je vous observeray même qu'il n'y a pas
une jilacc, en alsace, ou les officiers majors ne jouissent de cette petite
douceur. Quant à l'évaluation de 400 ît ce sont les magistrats eux mêmes
qui se sont fait la loy.
A l'égard des fossés M. Duvivier en jouit depuis 1700 qu'il fut établi
Major sous M. de Cales Commandant. Il a fait, dit-on, jilus de 1000 îl de
dépense pour les faire curer et en ôter les roseaux; et après tout ces fos-
sés y compris 13 demi-lunes et le Chemin couvert, ne peuvent luy rappor-
ter 50 Ecus par an. Il y avoit pendant la guerre des glacis qui ont été
rendus par ordre de M. le Comte Dubourg aux propriétaires. La difficulté
que les Magistrats de îlaguenau veulent élever la dessus contre M. Duvivier,
me paroit une pure chicane et un effet de l'animosité qui est entre eux
depuis longtèms, il est cependant nécessaire que vous ayés agréable Mg^", de
prononcer définitivement sur ces deux questions et de me mettre en état
de faire connoîlre vos ordi-es à cet egoid, et à M. Duvivier et aux Magis-
trats de Ilagnenau, sans quoy ils ne cesseront de se harceler les uns les
autres. Je suis cependant peisuadé que tout n'est pas fini et qu'après cette
affaire terminée, il en renaîtra bientôt quelque autre. Je suis etc.
A M. le Duc d' Antin \
Le 2iX''f<; 1717.
J'ay l'honneur Mg'', de vous envoyer un Extrait en français, du procès
veibal qui a été dressé le 20 du mois passé à Lautembach* pour l'Election
1. Le duc (l'Antin, fils de M"« do Montespan, préside, en 1715, In Conseil du dedans.
Il 6(ait le type du parfait courtisan, sans honneur et sans liumeur, mais lioinme d'esprit
et de ressources. Pendant le séjour du czar Pierre à Paris, en 1717, le duc d'Antiii a été
son cicérone oDDciel.
2. Couvent de Lautcnbacli , fondé en 810 par Boatus, abbé de Ilonau , a été érigé en
collégiale au douziém(! siècle. L'église de Lautenbacli est de style roman. Mangold, cha-
noine dr Lantoiibacli (109i), a été l'un des maîtres de Guillaume de Cliaiiipeau.x.
— 73 -
qui a été faite en présence de M. le Comte Dubourg- et moy, comme Com-
missaire du Uoy, d'un Prevùl de celte Eglise. M. l'Abbé de Visée y était
aussi en qualité de troisième Commissaire du Roy, et il a de plus luit ses
fonctions Ecclésiastiques, comme chargé de pouvoirs de M. le Cardinal de
Ivohan Evêque Diocezain.
Le Choix de la plui-ahté des Suffrages est tombé sur les S-^^ Adam Valen-
tin Iloldt, natif d'Alsace, et revêtu d'ailleurs de toutes les qualités i-e-
(|uises.
Il semble qu'après une pareille Election le S^ bold n'auroit aulie chose
à faire, que de s'adresser, après en avoir pris l'agrément du Uoy à l'ordi-
naire, pour obtenir la confirmation. 11 a cependant toujours été pratiqué
icy d'expédier, au nom de S. M^« en favem- de l'Elu un Brevet de nommi-
nation, dans lequel il n'est point parlé de l'Election, et qui est conçu dans
le môme stile de ceux que le Roy donne pour les bénéfices du Royaume,
qui depuis le Concordat sont réellement à sa nommination.
Je joins icy une copie du Brevet qui a été expédié en 1709 i)ünr un
Prévôt dans l'Eglise Collegialle de Neuweiller. C'est un Chapitre absolu-
ment semblable à celuy de Lautembach dont il s'agit icy. J'y ajoute des
copies des brevets donnés par les abbayes de Neubourg, Marmoutier et
Ebersmunster, vous les trouvères tous semblables, si ce n'est que dans les
deux premiers il est dit que sa Majesté permet aux Elus de se pourvoir
pour obtenir du Pape, de l'Evêque Diocezain ou autres Supérieurs Ecclé-
siastiques, toutes Bulles apostoliques et provisions de confirmations qu'il
appartiendra.
Je vous avoue qu'il me paroit singuher qu'une Election, étant faite en
présence des Commissaires du Roy, il soit ensuite expédié à l'Elu un bre-
vet dans lequel S. W^ sans rappeler l'Election, dit qu'elle confère le béné-
fice de plein droit. 11 est constant d'ailleurs que le Roy ne nomme à aucun
Bénéfice dans toute l'Alsace, ou le droit commun et le Concordat germa-
nique sur les Elections sunt exactement observés, il paroitroil plus naturel
que le brevet portât seulement une approbation de S. M^e de l'Election
faite et permission à l'Elu de se pourvoir, pour obtenir des Supérieurs
Ecclésiastiques la confirmation. Vous trouvères encore dans ce paquet un
projet qui a été construit dans ce sens, et qui m'a été remis icy.
Vous estes à portée Mg^, de conférer la dessus avec M. le Cardinal de
Rohan, qui peut beaucoup mieux traitter ces matières que je ne sçaurois
le faire.
Vous avés de plus les exemples de ce qui se pratique en flandres; ce
n'est pas qu'on prétende icy que c'est par un Titre particulier que les Sou-
— lA —
verains des Paysbas peuvciil choisir pour les bénéfices celuy qu'ils veulent
clans trois sujets qui leur sont proposés par les Chapitres, au lieu qu'en
Alsace les Archiducs se sont toujours contentés d'envoyer des Commissaires
aux Elections. L'usage de flandres avait d'abord été pratiqué en Alsace et
l'on obligeoit les Chapitres à proposer trois sujets, mais cela fut changé du
têms que M. l'Evêquc de Toul était grand Vicaire à Strasbourg, et je ne
suis pas assez instruit de ce detail pour en parler.
Vous jugerés peut être aussi qu'avant que de rien innover, il conviendra
que celle matière qui ne laisse pas d'avoir sa délicatesse, soit examinée
un peu plus à fonds, et que cependant pour cette fois, il n'y a qu'à donner
un brevet à l'ordinaire, j'ay même lieu de croire que M. le Cardinal de
Rohan n'elevera aucune difficulté la dessus, mais j'ay pensé que je devais,
par les pièces que je vous envoyé et le raport que je vous fais de ce qui
s'est dit, vous mettre en elat de prendre le parly que vous croirés le plus
convenable; je prévois qu'il y aura par la suite quelques difficultés à ré-
gler pour le Cérémonial des Elections, à cause de la double fonction que
remplit le troisième Commissaire, lorsqu'il se trouve, en même; tèms,
grand vicaire et chargé des pouvoirs de l'Evêque, M. le Cardinal de Uohan
pourra vous en parler et même vous dire ce qui fait qu'on n'envoyé à la
Cour qu'un Extrait du procès-verbal, aulieu d'en envoyer une copie exacte,
traduite mot à mot et non tronquée, et pour que vous n'ayez rien à dési-
rer la dessus, je mets encore dans ce paquet une expédition originale de
ce procès verbal en latin. Je suis etc.
A M. le Duc de Noaillcs.
Le 27Xbre 1717.
J'eus l'honjicur Mi^"", quelques jours avant que de m'cloigner do vous,
de vous remettre un Memoire concernant la Tuillabilité de l'Alsace. Je
sçais qu'il est entre les mains de M. Robin; par le compte qui vous en sera
rendu, vous pourrés penser qu'il convient d'établir par la suite une loi sur
le fait des impositions dans celte province, où l'on n'en connoit presque
aucune en ce genre.
Il y a cependant un abus qui exige qu'il y soit pourveu sur le champ.
C'est b possession où sont Il'S lîaillis de ne compter à personne durecou-
vjiinenl qui jiusse par huis mains. Il y a en' Alsace 38 Baillages, chaque
baillago est composé de 20 ou 25 Communautés plus ou moins; l'Etendue
des Seigneuiies fait oïdinaiicnicnt cflle du Daillago, le Dailly qui fslpour-
- 75 -
vcu parle Seigneur, rend la justice en première instance, aullioi-ise les
Ilolles des impositions, en fuit le recouvrement sur les Collecteurs et porte
l'argent au lleceveur du lluy, pour raison de quoy les Baillis ont trois de-
niers de luxations. On uddresse au Bailly les niandemenls poui' toutes les
Communautés de son département, mais le Lîailly est en usage de les re-
tenir, et il se contente de donner à chaque Comnmnauté un Borderàu
signé de luy, des sommes qui sont à imposer; il y a plus; il y ajoute ordi-
nairement, de sa seule authorité d'autres impositions, sous le nom de frais
extraordinaires de Baillag-c, ce sont des réparations de chemins, des en-
vois de Messagers, des vaccations, des gralilTica tiens pour luy même, et
autres prétextes de pareille nature, dont la plusparl n'ont nulle réalité.
Quand le Recouvrement est fait le Bailly remet l'argent au Receveur des
finances, et en retire une quittance generalle qu'il garde encore par devers
luy, sans qu'il en retourne rien aux Communautés, de sorte que les Peuples
sont absolument dans la main du Bailly, sans avoir la moindre connoissance
des ordres sur lesquels l'imposition est faite, ni de l'employ des deniers
qu'ils payent, et ce qu'il y a de très singuUer, c'est que jamais le Bailly ne
rend compte.
De ce desordre il est arrivé que lors de l'établissement de la Chambre
de justice, tous les Peuples se sont élevés contre les Baillis et les ont atta-
qués avec fureur, les accusant d'avoir fait de leur chef des impositions ex-
cessives, de ne leur avoir point tenu compte des diminulions qui ont été
accordées par des arrêts particuliers, rendus après l'imposition faite, en
faveur de quelques Baillages qui avoient le plus souffert pendant le séjour
des Armées, et ce mouvement n'est pas encore éteint dans la province.
Il m'a paru Mg^, qu'il était bien facile de corriger ces desordres pour
l'avenir et que pour y parvenir il n'y a qu'à obliger le bailly à delivi'er à
chaque Communauté le Mandement qui la concerne, luy interdire la liberté
de faire aucune imposition de son chef, ordonner au Receveur du Roy de
délivrer au Bailly autant de quittances qu'il y a de Communautés et
tenir la main à cequeceluy-ci les distribue, et enfin mettre les Baillis dans
l'usage de compter de leur maniement, tous les ans, devant rinlcndant; ce
sont les dispositions que j'ay tâché d'expliquer dans l'ordonnance que je
viens de rendre, et dont je joins une copie.
Comme cette ordonnance ne contient rien qui ne soit de droit commun,
et comme d'ailleurs il est important qu'elle soit connue en même têms que
le mandement des impositions de l'année prochaine sera envoyé, j'espère
Mg-i", que vous ne desaprouverés pas que je prenne sur moy de la lendrc
pubficjue avant que d'avoir leceu vos oidres, et d'autant mieux (picpurun
— 76 -
arrest du Conseil, que vous avés fait rendre le dix juillet dei-nier, il m'est
déjà ordonné d'arrêter, chaque année, les comptes des villes qui sont gou-
vernées par leurs magistrats.
Je ne vous propose pas même d'authoriser mon ordonnance par un ar-
rêt du Conseil, attendu qu'il y faudi-oil revenir plus d'une fois, et que j'es-
time qu'il convient mieux d'établir en même têms toutes les règles qui
nous manquent en Alsace sur le fait des impositions et de rendre à cet
effet une déclaration dont je prendray la liberté, si vous ne mêle deflendés,
de vous en envoyer un projet dans quelque têms.
Je suis e(c.
A M. de Bcr'inghen\
Le 31 X'»o 1717.
J'ai satisfait M'" à la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrira le
17 de ce mois, en vous envoyant le projet cy joint d'un arrest, pour com-
mettre les S'"^ de Regemorte Père et fils aux fonctions d'Inspecteurs des
réparations des chemins en Alsace, avec une attribution de 3000 U d'ap-
pointrmenls.
Avant que le S"" de Regemorte partit pour se rendre à vos ordres, il a
arrêté des Etals de ce qu'il y avait de plus instant à faire pour rendre les
chemins libres. On y a travaillé, par corvées, sur ses mémoires dans le
printêms et dans l'automne. Son fils a conduit le tout et il est encore de-
puis six semaines, occupé à faire une visite generalle dans la province pour
dresser un Etal de ce que nous avons à faire l'année prochaine. Le jeune
homme fait bien voir qu'il a un bon maître. Je compte, sous vôtre bon
plaisir, faire commencer les appointements de 3000 U de l'année 1717.
Dans le projet d'arrêt il n'est fait mention que de l'année 1718, et des
suivantes, paice qu'il y auroit eu quelque embarras à parler du passé, mais
je Irouveray sur le fonds imposé pour les fourages de la Cavalerie, quelque
excédent dont je disposcray en faveur du S*" Regemorte jusqu'à concurrence
de ce que vous luv avés réglé. Je ne me ferois même ])as de peine, ayant
vôtre approbation pai' écrit, de le faire payer à l'avenir sans arrêt, mais
j'imagine que le S"" de Regemorte pensera qu'un arrest, par raport au
changement auquel les Places ou je suis sont sujettes, assurera plus son
1. Di.' Lcringlicii, Jacques-Louis (maicjuis de). i)rciiu(!i- 6euyer de la petite Ocui'ie du
Roi, cordou bleu, iTifurt en 17-23. CüUecleur d'estampes.
— 77 —
Etat qu'une Lettre, que ccluy à qui elle est écrite emporte, quand il quitte
la province.
Au surplus M"", autant que j'avois, l'année passée, mauvaise opinion des
Corvées pour les réparations des Chemins, autant je pense aiijourd'liuy
qu'il faut s'en servir icy et les employer; j'en juge avec certitude sur le
travail qui a été fait cette année, et que j'ay vu avec etonnement, mais
l'honneur principal en est du au S'" de Regemorte qui non seulement a
pris soin de faire les mémoires des réparations, mais aussi de distribuer
l'ouvrage aux Communautés, suivant la portée de chacune et avec tant
d'ordre et de justesse que tout ce qui a été commandé a été fait sans re-
présentations.
Si comme j'ay lieu de le croire, parce que vous me marqués, vous ne
nous enlevés pas totalement le S"" de Regemorte, etsilapaix dure, nous ne
nous en tiendrons pas aux simples réparations des chemins, nous avions à
vous proposer des canaux à rétablir, d'autres à ouvrir, des terrains à des-
sécher, et nous vous mettrons en évidence la très grande utilité que la
province en retirera, puisque par les bontés de S. A. R^^ je me trouve
fixé icy, je tâcheray de n'y pas rester inutile et je m'appliqueray avec grand
plaisir aux choses qui me pourront procurer l'honneur d'être en relation
avec vous. Etc.
ANNEE 1718.
A M. le Maréchal d'huxclles.
Le 4 Avril 1718.
C'est de vôtre connoissance et de vôtre approbation Mg^', que le Conseil
a rendu l'arrêt du 5 Juin 1717, dont je joins icy une copie portant que les
Créanciers du Directoire de la Noblesse de la basse Alsace, représenteront
devant M. le Comte Dubourg et moy leurs Titres pour être ensuite or-
donné par Sa Majesté ce qu'il appartiendra sur leur payement. L'arrêta été
exécuté, j'ai entre mes mains les Titres des Créanciers. J'ay dressé le pro-
cès verbal de liquidation, par lequel il paroit que le Directoire doit environ
80000 fb que nous proposons, M. le Comte Du Bourg et moy, d'imposer
en six ans sur les villages de la noblesse; mais en même têms nous croyons
qu'il est bien essentiel que pour l'avenir toute liberté soit interdite aux
Officiers du Directoire, de faire aucuns emprunts, sans permission du Roy,
— 78 ~
et ce ne sera que les renielire dans la regle qui leur a été rlonnée par les
Lettres patentes de 1G80 et dont ils se sont bien écartés.
Il s'agit à présent d'envoyer au Conseil le pro/^ès verbal contenant la
liquidation des dettes du Directoire et nôtre avis. Je de\ rois naturellement
l'adresser à M. de Gaumont ', Conseiller au Conseil des finances, parceque
les dettes des Communautés sont dans ce Departement, mais je prévois
que si l'aflaire prend celte Roule elle souffrira des difficultés sans nombre.
Mf"* les Conseillers des finances, accoutumés à la regle, seront bien éton-
nés de voir que cinq ou six Gentilshommes ayent pu prendre sur eux
d'emprunter des sommes aussi considérables, au nom de tout le Corps de
la Noblesse, sans être revêtus d'aucun pouvoir ni mission, et qu'ils aient
ainsy contrevenu manifestement au premier Titre qui leur a été accordé,
après qu'ils eurent reconnu la domination du Roy, de voir qu'on n'est pas
en etat aujourdhui de justiffier de l'Employ de la plus grande partie de ces
sommes, et que pour le seul procès que le Directoire a eu contre le Ma-
gistrat de Strasbourg, les officiers de la Noblesse ont emprunté d'un juif
jusqu'à 50 mille francs, sans qu'on puisse donner à présent le moindre
ecclaircissement sur la manière dont cet argent a été dépensé, mais ce qui
m'embarasse encore plus, c'est de parvenir à faire approuver au Conseil
des finances que les frais immenses d'un procès, où il s'agissoit de sçavoir
si quelques Gentilshommes de la basse Alsace, demeurants à Strasbourg,
seraient juticiables du Magistrat ou non, soient à présent payés par la voie
d'imposition sur les villages de la dépendance du Directoire. Les autres
dettes n'ont pas eu des causes plus interessantes pour le Peuple. Je vous
avoue Mgï", que je craindrois qu'il ne fût ordonné que ceux qui ont signé
les actes d'emprunts, ou au moins tous les membres de la Noblesse, paye-
ront les Créanciers sans qu'il en soit rien rejette sur les Villages.
Je suis cependant bien persuadé que ce party ne doit pas être pris; la
Noblesse ne pourroit pas soutenir cette charge; d'ailleurs les offiiciers du
Directoire, dans le peu d'ordre qu'ils ont gardé, ont été séduits par l'exces-
sive liberté qui leur a été laissée surtout depuis 1701, où commence
l'Epoque des trois quaris et plus de leurs deltes. Je pense enfin qu'en
pareille matière il faut songer principalement a établir l'ordre pour l'ave-
nir; mais en même têms finir le passé à quelque prix que ce soit. Jeme sou-
viens Mg'", que c'était vôtre sentiment, lorsque j'ay eu l'honneur de vous
parler de celte affaire; mais pour parvenir à ce but, je crois encore une
fois qu'il faut éviter qu'elle ne tombe au Conseil des finances. Il s'agit
I. 'jaiiiijont (li'üii-ljüiiti.stc de), inlrndaiil drs finances.
— 70 —
d'expcdicr un arrêt, pour, en aulhorisant le procès verbal dressé, au nom
de M. le Comte Dubourg et de moy, ordonner l'imposition des dettes exis-
tantes, en six ans, avec deffense au Directoire de faire à l'avenir aucuns
emprunts de son chef, j'imagine que si vous vouliés en parler à M. le
Garde des Sceaux, il consentiroit, peut-être, de charger un de ses Commis
de luy rendre compte en particulier de cette affaire pour la porter ensuite
luy même à Mg"^ le Regent, et après avoir pris son ordre, faire expedier
l'arrêt nécessaire. Je remarque que l'arrest préparatoire, dont je vous en-
voyé la copie, a été envoyé par M. Darmenonville; ne se pourroit-il pas
encore que M. Darmenonville fût chargé par Mg^ le Regent d'examiner le
travail que je suis prêt d'envoyer et qu'il en rendit ensuite com[t(e à S. A.
Ri<^ devant vous Ug^ et M. le Garde des Sceaux.
J'attends Mg"^, vos ordres, pour sçavoir à qui j'enverray les papiers et
mon procès verbal. Si vous vouliés les recevoir, le volume n'en est pas
gros, vous en fériés ensuite l'usage que vous jugeriés à propos, ou si vous
l'aimés mieux, je l'adresseray, suivant que vous me l'indiquerés, à M. le
Garde des Sceaux ou à M. Darmenonville.
Au Surplus si je suis assés heureux pour obtenir la liberté d'aller à Paris,
je vous demanderay la permission de vous entretenir de ce que je pense
qu'il y auroit à faire, pour établir dans le Directoire un peu plus d'ordre
qu'il n'y en a, soit pour l'administration de la justice aux particuliers ou
pour la conduite des affaires publiques. Je suis etc.
A M. Dargenson^ le 5 Avril iliS.
Mg\
J'ay receu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire, le 25 du
mois passé, au Sujet des ecclaircisscments que vous demandés sur les oc-
trois et revenus des villes et Communautés. Je ne perdrois pas un moment
à me mettre en Etat de vous satisfaire, si je n'etois arrêté par une consi-
dération. C'est qu'il se peut que vôtre intention ne soit pas que l'Alsace
soit comprise dans l'adjudication generalle qui regarde à cet égard le
Royaume, et comme les esprits sont faits icy de manière que la mohidre
idée de nouveauté les effarouche, je craindrois, si j'allois en avant, de faire
des démarches inutiles, qui ne seraient pas néanmoins sans inconvénient.
1. Marc René de Voyer de Paiilmy, marquis d'Argeuson, a été cliargé de l'administra-
tion des finances de 1718 à 1720.
— 80 —
Je vais Mg'', vous donner une idée des revenus des Villes d'Alsace et de
leur administration, vous dcciderés ensuite sur ce que vous desirerés que
je fasse et vous serés bien obéi.
Je vous pnrlerny d'abord de la ville de Strasbourg: Par la ca[)itulalion
accordée à cette ville lorsqu'elle se soumit à l'obéissance du lloy le oO T'^'"'^
1681. Il est expressément porté aux articles 4, 5, 6, 7 et 8 que le Magis-
trat restera dans l'Etal où il se trouve avec tous ses droits, et que la ville
continuera d'avoir la libre jouissance et disposition de tous ses Revenus.
Cette capitulation a depuis peu été confirmée par un arrcst du 29 juillet
1716, suivi de Lettres patientes qui ont été registrées au Conseil Supérieur
de Colmar. Sous le bénéfice de celle capitulation, le magistrat de Stras-
bourg a toujours administré et administre encore les Revenus communs
de la ville, les afferme ou les faits régir et arrête les Comptes des fermiers
et Receveurs, sans qu'aucun officier du Roy y participe.
Les Revenus de la ville de Strasbourg consistent dans la débite du sel
et les droits de Douanne, dans un droit appelé umgeldt qui est une espèce
d'aide (pii est perçue sur les boissons que les cabaretiers vendent, quelques
impositions que le Magistrat fait sur les habitants, et enfin en plusieurs
Terres et Seigneuries à la campagne, que la ville possède proprietairement.
J'ay souvent oui dire que le produit annuel de toute les espèces de reve-
nus montant à cinq ou 600000 lÊ. Surquoy la ville est chargée au profit
du Roy de l'entretien des Gazernes, des lits et du bois qu'on fournit à la gar-
nison, elle donne de plus 20 mille ecus pour les fortiffications de la Place
et aux Officiers de l'Etat major un ustencile en argent, le reste est employé
aux dépenses qui concernent l'intérieur de la ville et qui ne sont pas mé-
diocres. Les principaux magistrats me disent souvent en conversation que
dans ce têms, où le Commerce n'est pas florissant, ils ont peine à tenir
leur Recette et leur dépense dans une balance égale. Il est evident, xMg'',
que si je viens à demander au Magistrat de Strasbourg des ecclaircisse-
menls en detail sur les Revenus et les charges de la ville, ils prendront
d'abord de l'inquiétude, ils croiront qu'on cherche a donner quelque
atteinte à leurs privilèges, établis par une capitulation, un arrêt du Con-
seil et des Lettres patentes, et que la dessus ils vous feront des représen-
tations.
Nous avons ensuite les dix villes cy devant jmperiales de la Préfecture
d'IIaguenau, ce sont Colmar, Schlcstalt, Turckeim, Munster, Kaysersberg,
Obcinheim, Rosheim, Ilaguenau, Weissemburg et Landau, chacune de ces
Communautés a des Revenus de la même espèce, a peu près, que ceux de
lu ville de Strasbourg, mais beaucoup moins forts, les Revenus de la ville
- 81 —
(le Gülnitir, (jui est la principale de sa Classe, sont acluelIfMiieiil unciiiiés
58000 /tel ceux deTurckheim, qui est laplus failjle, ne moulent (ju'à oGOO U.
Il y a de plus dans la province quelques petites villes ou Bouiys (pii jouis-
sent aussi de quelques Uevenus pareils. Il me seroit facile de vous satisfaire
sur ce qui rey^arde les dix Villes de la Préfecture d'haguenau et autres
Villes et Bourgs dont je viens de parler, parcequ'il est d'usage (pie les
Baux en sont passés par les Intendants ou leurs Subdelegués, il a même
été rendu à ce sujet un arrêt du Conseil le 10 juillet dernier portant que
non seulement les baux des Conimunaulés seront adjuges devant l'Inten-
dant, mais encore que les Comptes de la dépense seront arrêtés par luy;
mais il me paroit, suivant le modele d'Etat qui etoit joint à vôtre lellre,
que vôtre attention se porte principalement sur les deniers d'octrois et je
dois vous observer qu'il n'en a été accordé à aucun des endroits que je
viens de nommer, leurs Revenus consistent en quelques droits, très an-
ciens, dont on ne pourroit retrouver les Titres, ou en biens réels, possédés
à titre de propriété.
Enfin dans l'Alsace il y a trois Villes nouvellement construites, qui sont
le fort Louis, le neuf Brisach et Huningue, les Revenus communs de ces
trois Villes sont purement deniers d'octrois, et ont été accordés par des
Lettres patentes. Ce sont des levées principalement sur la débite du vin et
de la viande, elles produisent à chacune de ces Villes quatre à 5000 'a par
an qui suffisent à peine à acquitter leurs Charges.
Je dois vous dire encore Mgr, que par un arrest du Conseil du 26 juin
dernier, sa W"^ a ordonné qu'on travaillerait à la liquidation des dettes
des Communautés de la Province et à la fixation de leurs charges, à l'ex-
ception néanmoins de ce qui concerne la Ville de Strasbourg-, cet arrêt
a été publié, il y a environ six semaines, et dès que les délais qu'il porte
seront expirés je commenceray cette opération.
Je crois devoir vous envoyer Mg'', un Exemplaire de la capitulation de
Strasbourg, de l'arrest qui la confirme et des Lettres patentes rendues en
conséquence, un Etat contenant les Revenus des Villes et autres Comnm-
nautés d'Alsace à l'exception néanmoins de celle de Strasbourg-, dont je ne
pourrais parler que très imparfaitement, une copie de l'arrêt par lequel le
Roy a ordonné que les Baux à ferme des Revenus des Villes, seraient
donnés par l'Intendant et que les comptes seraient par luy ariêlés, et en-
fin une copie de l'arrest pour la liquidation des dettes des Communautés
de la province et la fixation de leurs charges.
C'est à vousàpresent Mg'", à me donner vos ordres (jue je làcheray d'exé-
cuter tels qu'ils soient. Je suis etc.
T. X. - (M.). 6
— 85 —
A M. le Maréchal d'Huxclles.
Le 17 Avril 1718.
Je dois réponse Mg^, à la lettre que vous m'avcs Aiil l'honneur de m'e-
crire le il de ce mois au Sujet du S'" Ilatzel. Je vais vous parler naturel-
lement, mais pour vous seul, s'il vous plait.
Je commenceray par dire que plus je fais reflexion sur l'arrêt par lequel
cet homme a été admis à justiiïîcr sa conduite, plus cette forme de traitter
une pareille affaire me paroit nouvelle et singulière.
C'est par un Brevet signé d'un Secrétaire d'Etat que le S'' Ilatzel, en
1706, a été établi Syndic de la ville de Strasbourg. Par un ordre de même
espèce il a été destitué en 1717. Cet ordre de destitution est fondé sur
l'incompatibilité qui se trouveentrerOfficede Syndic de laVilledeStrasbourg
et les fonctions de Lieutenant du grand Bailiy de haguenau, dont le même
était revêtu.
L'incompatibilité est evidente: Le syndic de Strasbourg est tenu d'assis-
ter à toutes les assemblées de la maison de Ville, d'y veiller à ce qui con-
vient au Service du Roy et au bien de la Communauté. 11 est le Directeur
de la Chancellerie, c'est à dire du Greffe, et en cette qualité toutes les
expéditions passent par ses mains. Bien plus il opine le premier dans toutes
les affaires; à la vérité sa voix n'est que consultative, mais en ce fait son
ministère n'est pas moins important que celuy d'un avocat gênerai dans la
grande-Chambre. Au Surplus le magistrat de Strasbourg s'assemble tous
les jours et juge, comme vous le sçavés les affaires criminelles en dernier
ressort et de même les Civiles jusques à concurrence de mille Livres.
Le Lieutenant du grand Bailiy d'haguenau, de la manière dont cette
charge a été conférée au S'" Ilatzel, rend luy seul la justice, en première
instance, à trente trois Communautés qui composent ce baillagc, il n'y a
même aucun autre officier etabh pour doubler cette fonction, d'où il est
arrivé que depuis un an que le S'' Ilatzel est absent, les habitants du liail-
lage ont été sans juges, jusqu'à ce qu'enün le Conseil de Colniar commit,
il y a quelques jours un avocat pour en faire l'exercice en l'absence du
Lieutenant.
J'ai peine à concevoir ce qu'on pourroit alléguer pour combattre l'in-
compatibilité de ces deux emplois, c'est à mon sens, comme si le Procu-
reur du Roy du Chatelet de Paris, vouloit être en même têms Lieutenant
gcneial ilu Baiilage à Orleans.
— 88 —
C'est néanmoins la destitution de l'Employ de Syndic de Strasbourg, qui
a donné lieu à l'arrêt par lequel le S"" IJatzel a été admis à sa jusliffication.
Si l'arrest portoit qu'on examinera la question de compatibilité ou d'in-
compatibilité dans les deux fonctions et consequemment si IJatzel doit être
réintégré ou s'il demeurera destitué, ondemesleroit unobjet. Sila fonclion
de Syndic de la ville de Strasbourg était exigée en Titre d'OlTice formé,
pour lequel il eut été expédié des provisionsau S^" Ilatzcl, on pourroit dire
que par les ordonnances du Royaume un officier ne peut être dépossédé
sans qu'on luy fasse son procès et qu'ainsy Hatzel a raison de demander
qu'on luy nomme ses dénonciateurs, de presser pour qu'il soit fait une
instruction entre eux et luy et que s'il est déclaré innocent on luy donne
satisfaction, mais c'est de quoy il ne s'agit nullement, puisque l'Employ
de Syndic n'est pas une charge et que d'ailleurs Mg^ le Duc d'Orléans et
M. le Chancelier se sont assés expliqués, que quelque événement qu'eût
cette affaire, Hatzel ne devait pas espérer de rentrer dans la fonclion de
Syndic: S. A. Ri^ et M. le Chancelier me l'ont dit à moy même, lorsqu'en
partant de Paris pour venir icy, je demanday si je devais à mon arrivée,
recevoir le Serment du nouveau Syndic, ou attendre la fin de la discussion,
dans laquelle on était entré à l'égard de l'ancien.
Je crois bien Mg^, que lorsque vous avés demandé la deposscssion
d'HaIzel vous avés été déterminé nonseulement par l'incompatibilité des
deux fonctions, mais encore par l'ancienne connoissance que vous avés
prise du Caractère de ce personnage, pendant le têms que vous avés com-
mandé en Alsace et plus encore par le désir de mettre fin à l'esprit de di-
vision que cet homme apportoit dans le Magistrat qu'il cherchoilà soulever
contre le Prêteur Royal; on sçait assés qu'il attaquoit ouvertement cet
officier par des mémoires présentés malgré la deffense expresse que vous
luy aviés faite, sur ce qu'il vous avoit paru qu'il n'agissoit que par envie
et dans un esprit de cabale. On dira peut-être qu'il n'étoit question que
d'un règlement à faire dans les fonctions des Charges de Prêteurs et de
Syndic; mais si les mémoires qui paroissent aujourd'huy ne parlent pas
d'autre chose, il n'en est pas moins certain qu'il y en a eu de secrets qui
touchent l'honneur du Prêteur et je n'en puis douter, puisque 31. le Chan-
celier m'en a parlé, je dis donc, Mg'^, qu'il se peut que vous vous soyés
expliqué sur vôtre manière de penser a l'Egard d'IIatzel, mais si toutes les
fois qu'un Supérieur, tel qu'un Gouverneur de Province dira son sentiment
sur un Subalterne, tel que le Syndic d'une ville, il faut sur le champ en-
trer en hce et fournir des preuves, je doute que cela puisse être introduit,
sans que l'harmonie du gouvernement en reçoive atteinte. Si l'on objecte
— 84. —
qu'il ne ij'ugit point icy de simples discours, mais de la depossessioii d'un
olïiciei', je réponds que llatzel n'est point officier et que c'est pour pure
cause d'incompatibilité (ju'il est destitué de l'oflîce de Syndic, on ne trou-
vera rien autre chose dans l'ordre expédié pour sa destitution : c'est aller
trop loin que de vouloir pénétrer les motifs (|ui vous ont fait agir à l'égard
d'un personnage de l'étoffe du S^ Hatzel.
Je ne vois donc pas quel est le fait sur lequel il peut être admis à se jus-
tiffier, puisqu'avant l'arrest qui luy nomme des Commissaires il n'avait
point été donné de mémoires contre luy, et effectivement autant qu'il peut
m'en souvenir, il n'est pas fait mention dans le veu de l'arrest d'aucune
accusation. Au surplus le S"" Ilalzel doit avoir beau jeu, puisqu'il estreceu
à travailler luy même et sans contradiction à sa propre canonisation.
W^ les Commissaires n'auroient-ils eu d'autre mission que d'examiner les
Services importants que cet liomme prétend avoir rendus à l'occasion du
dernier Traité de paix avec l'Empereur? Je sçais que M. de la houssaye veut
persuader que le S»" Hatzel est l'unique ouvrier de ce grand ouvrage, mais
je sçais aussi que M. le M-'^^''^ de Villars prétend que Hatzel n'y a eu d'autre
part que celle d'entretenir quelque commerce d'Espions et de loger mi
Envoyé secret de l'Electeur Palatin; la faveur de M. de la Houssaye luy a
obtenu des Lettres de noblesse, la confiscation d'une maison dans Stras-
bourg qu'il a depuis vendu 22000 ÏÏ; La lieutenance à titre de fief, pour
luy et sa postérité masle, du grand Bailly d'Haguenau, ce qui luy produit
huit à neuf mille francs par an, le Syndicat de la ville de Strasbourg qui
vaut 5000 îc et enfin une pension de 3000 ïï sur les Revenus de la
même ville. Il a perdu le Syndicat. Si on ne le trouvoit pas assez recom-
pensé par tout ce qui luy resloit, il me semble Mg"", qu'on pouvoit luy
procurer d'autres libéralités dans l'aparat d'une Commission Extrord'"" du
Conseil.
Ce n'etoit pas aussi Mg»", le but de M. de la houssaye, qui ne connoit au-
cune mesure dans ses affections, ni dans les sentiments contraires qu'il
prend volontiers contre ceux qui n'ont pas assés de lumières pour penser
absolument et tout comme luy, il a voulu faire un Eclat, en présumant,
non sans quelque fondement, de son credit, son dessein a été de faire dé-
clarer par un jugement authenti(|ue que sa créature avait été dépossédée
avec injustice et en faire tomber toute la haine sur moy. Je sçais les pro-
pos ipu! ;i tenus à .M'"'^ les Commissaires, je me garderay de penser qu'il
n'ait pas eu la retenue de rester dans le silence à votre égard, vousscavés
cpendani .Mg"", que je n'ay eu aucune paft à l'aventure de Hatzel. Osorois-
je vous rappeler (^ue dès que vous m'eûtes confié votre dessein, je pris la
— 85 —
liherlô do vous rcprescnlor (\uc jo nroyois qu'il cloil ronvonnblc rine vous
en ])arlassics n M. le CJiniiccIier, que j'ollay prier M. Darmeiionville de vous
proposer la iiiôme chose, cl qu'enfin lorsque je sçus par vons que M. le
Duc d'Orléans avoit donné l'ordre de la destitution d'Ifalzel, je vous de-
manday avec la dernière instance la permission que vous m'accordâtes
d'aller l'apprendre à M. le Cliancclier el de luy dire même que vousluy en
aviés parlé quelques jours auparavant. M. de la Iloussaye ne peut, pas
ignorer que M. le Chancelier m'ayant pressé à diiïcrenles reprises de luy
dire ce que je pensois sur Ilatzel, je m'en defTcndis toujours, en sorte que
ne pouvant plus reculer, je luy avancay que cet homme m'avait offense
personnellement, en ce qu'il avait cherché à me brouiller avec M. Voisin'
et M. de Chalillon^ au sujet de quelque detail de la charge de grand Bailly
d'IIaguenau, j'ajoutay que quoyque M. le Chancelier Voisin, sur une lettre
que je me donnay l'honneur de luy écrire, m'eut fait une réponse satisfai-
sante, au delà de ce que je pouvois espérer, il m'en restoit toujours assés
de ressentiment contre hatzel pour me faire prendre le parly de me taire
sur ce qui le regardoit. Il est vray que depuis M. le Chancelier ayant sçu
par vous, qu'il m'avoit été présente une Requête contenant des faits assés
graves contre Ilalzel, il m'ordonna de la luy remettre, ce que je n'ay fait
que quatre mois après et sur trois semonces qui m'en furent faites; je ne
sçais ce que celte pièce est devenue, elle a du naturellement tomber à M,
de Machault. Si elle a paru dans la discussion de l'affaire d'IIalzel, j'aurois
peine à concevoir comment M''^ les Commissaires n'auroienl pas trouvé
qu'une plainte signé de 15 ou vingt personnes, contenant des faits graves
meriloit quelque altention. J'avois cette Requête six mois avant que hatzel
parût à Paris, je ne feindray pas de dire que sans le ménagement que
j'avais pour la protection de M. de la houssaye envers cet homme, j'aurois
agi pour eclaircir la matière et procurer justice. Au moins M. de la hous-
saye ne se desavouera pas, puisque j'en ay la preuve par des Lettres de
luy même qu'à la fin de 1716 le Si" hatzel s'etanl trouvé impliqué dans le
divertissement d'une somme de 13000 ÏÏ sur les impositions du Bailliage
1. Voisin, Seigncm- de la Moraye, chancelier de 1714 à 1717. 11 avait commencé par
ètro intendant du Hainant. Il fut successivement économe du pensionnat de Saint-Cyr.
ministre de la gnerre, puis chancelier. En cette qnalité il redoubla les persécutions
contre les reformés. Il est appelé par le testament de Louis XIV an Conseil de Rég-cnce.
11 révéla au duc d'Orléans les dernières dispositions du Roi défuiil. Le duc se maiiilii'ut
au Conseil de Régence et meurt en 1717.
2. De Chatillon. grand bailly de Ilagnenau à parlir de 1713. Le grand bailhige lui
avait été donné à titre de fief.
— m —
(riiaguenan, dont il faisoit le rccoiivi'Gnient, comme Bailly, je n'ay jamais
écrit de cette affaire qu'à M. de la hougsaye, cherchant à l'en rendre le
Maître et luy proposant de la terminer sans éclat pour sa créature.
Il est vray que M. tle la houssaye me repondit d'abord poliment, mais comme
je luy raarquay de la répugnance à prendre les partis qu'il me propo-
soit, il m'écrivit avec une hauteur à lacjuelle je ne devois pas m'atlendre,
que j'apprendrois la décision du Conseil par M. Desforts qui avoit la pro-
vince d'Alsace dans son département. Il me vint effectivement une lettre
de M. Desforls, mais comme je reconnus par le stile que M. de la houssaye
en était l'auteur, je m'en expliquay moy même à Paris avec M. Desforts,
qui convint qu'elle avait été fabriquée par M. de la houssaye; l'affaire fut
enfin discutée, entre M. Desforts M. de la houssaye et moy, comme celuy
cy s'échauffait, je dis à l'un et à l'autre (ju'ils pouvoient donner une déci-
sion par un arrest du Conseil, que je l'executerois telle qu'elle fut; mais
que s'il falloit que je rendisse une ordonnance, je n'aurois jamais assés de
complaisance pour personne, pour en faire une contraire à mon propre
sentiment; quelques jours après je communiquay un projet d'ordonnance
à M. Desforls qui l'approuva et l'affaire a été terminée sans que M. de la
houssaye ni hatzel aient entrepris de faire reformer mon jugement. Il m'a
été mandé depuis peu qu'il pourroit arriver que M. le Garde des Sceaux me
demanderoit des éclaircissements sur les affaires présentes de haizel. Je
vous avoue Mg"", que je serois embaïassé de répondre par deux raisons:
l'une que je ne me sens pas encore assés de vertu chrétienne pour oublier
les procédés de hatzel et de son protecteur à mon égard et que dans cette
situation, il ne me seroit pas séant de parler; l'autre qu'il ne me paraitroit
pas prudent de prendre part dans une affaire qui me doit être absolument
indiffei-ente, sçachant surtout que S. A. R'^ a été prévenue en faveur
d'halzel par M. le Chancelier et par Madame qui sollicite ouvertement pour
cet homme. Je vous assure que je verray tranquilement Ilalzel élevé par
un arrêt et accablé de nouvelles recompenses. Je ne changeray pas à la
vérité de sentiment pour luy, malgré le respect que j'ay pourMf's les Com-
missaires, ma raison est que je crois sçavoir des choses que vraisembla-
blement ils ignorent; je crois donc que si M. le Garde des sceaux m'écrit
j'useray à son egaid de la même reserve que j'ay déjà prati(iuée en pareil
cas pour M. le Chancelier.
Quant à vous Mg"", vous n'êtes point juge de cette affaire, je crois pou-
voir vous parler avec plus d'ouverture. Depuis que je suis en Alsace il
m'est veim beaucoup de plaintes contre le S. haizel sur son administration
dans le baillagc d'haguenau. Je les ay toujours lebutées, d'abord par égard
— 87 —
pour la protection dont il est iionoré par M. do la lioiissayc, et ensuite par
mépris pour hatzel, il m'en est cependant resté quelques unes ou cet
homme est accusé de n'avoir jamais tenu compte aux Communautés du
Baillage d'haguenau des diminutions qui leur ont été accordées par diiïe-
rents arrêts du Conseil d'avoir exigé des Peuples 40 pour cent pour la
différence de l'argent d'Alsace à celuy de france, lorsquelle n'était réelle-
ment que de dix et douze, d'avoir imposé des Corvées pour la construction
d'un château qu'il a fait élever près de Weissembourg et de sa maison à
Strasbourg, d'avoir obligé plusieurs habitants de ces Communautés à se
redimer en argent de ces Corvées, et cnlui d'avoir obligé les Prévôts des
Communautés d'haguenau à passer au profit de Garnier son commis une
obligation de 30000 U causée pour des prétextes frivoles. Ces plaintes à la
vérité sont signées, mais comme j'ay toujours évité de rien approfondir, je
ne puis dire si dans une procédure réglée, la preuve suivroit ou non. Je
sçais que hatzel sauve presque tous ces faits, en soutenant hardiment qu'il
n'a jamais été chargé de recouvrement dans le Baillage d'haguenau, etjus-
tiffîant son dire par des Certifïicats dont la fabrique est à sa disposition,
mais cela est bon jusqu'à contredit, et si la question en etoit réduite là, il
ne seroit pas difficile de prouver par des pièces de dattes non suspectes
que hatzel, ainsy que tous les autres Baillis de la province a toujours fait
l'exaction des deniers du Roy dans le Baillage d'haguenau, soit par luy
même, ou par un appelé Garnier son Commis, que hatzel hazarderoit beau-
coup si l'on en venoit à une information. Mais d'un côté vous ne voulés
pas, ainsy que vous me le marqués, la mort du Pécheur, et de l'autre n'y
at-il pas assés de justes soupçons sur la conduite de cet homme pour qu'il
doive être absolument éconduit? Ne devroit-il pas se trouver heureux qu'en
luy laissant tout ce qu'il lient encore de la libéralité du feu Roy on luy
ordonnât de se retirer et d'être à l'avenir plus circonspect et plus réservé
dans ses fonctions de Bailly d'haguenau; on pourroitmême, par un Excès
de complaisance ne luy pas ôter la pension dont il jouit sur les Revenus de
la ville, il luy en couteroit dans ce Système le Syndicat; mais son peu
de talent pour les affaires judiciaires aurait du l'en exclure depuis longtêms.
Feu M. Voisin connaissoit bien le S'" hatzel; je me souviens que (|uand
je passay à Paris, allant de Dauphiné en Alsace, il me dit en présence de
M. de Chalillon, qu'il avoit fait la fortune d'hatzel, mais que dans la suite
il avait reconnu que cet homme était un ingrat et ne valoit rien. Il est
vray que depuis hatzel est rentré dans les bonnes grâces de M. de Chalil-
lon; mais cela ne détruit pas tout a fait dans mon esprit l'idée que je me
suis faite du jugement porté par M. son beau père.
— 88 -
Je ne puis me refuser AFg'', de vous envoyer In copie de la leltrc que je
reçus de M. Voysin, à roccasion de l'affaire que halzel voulût me susciter
avec M. de Clialillon.
Je joins encore des copies du brevet de Syndic d'iiatzel et des Lettres
de rinfcodalion à luy accordée, de la charge de Lieutenant du grand Bailly.
Je doute qu'après avoir leu ces deux pièces il y ait personne au monde qui
puisse dire que l'une et l'autre fonction sont compatibles dans la mdme
personne.
Je finis Mg"", cette très longue lettre, comme je l'ay commencée, en vous
suppliant très humblement qu'elle ne soit lue que de vous, car encore une
fois, je ne cherche point du tout à me mesler de l'affaire d'hatzel; bien
esl-il vray que j'ay lieu d'être extrêmement piqué contre M. de laboussaye,
mais mon intention n'est pas de tomber sur la partie faible. J'iray peut-
être un jour à Paris, je parleray aussi à mon tour à Mf's les Commissaires
et je le feray avec d'autant plus de satisfaction qu'alors l'affaire dont il s'agit
se trouvera vraisemblablement terminée. Je suis etc.
A M. Trudaine '.
Le 21 Avril 1718.
Puisque j'ay commencé M. à vous entretenir de la prétention que la ville
de Landau eleve contre les fonctions, en ce qui la regarde, de la charge de
grand Bailly d'haguenau, il faut que je vous mette au fait de ce quia
suivi.
Je vous ay déjà mandé que je croyois qu'il convenoit que M. le Comte de
Chatillon en parlât à M. le Maréchal d'huxelles. Je juge que cette démarche
a été faite, puisque M. le W^^ d'IIuxelles m'écrivit il y a quelques jours une
lettre contenant deux choses; l'une qu'independament de la difficulté qui
est entre la ville et M. le grand Bailly, il luy paroit qu'il convient que l'on
procède à l'Election d'un sujet pour la place vaccante dans le Magistrat de
Landau, l'autre qu'il pense qu'il est du service du Roy que l'aulhorité du
grand Bailly y soit reconnue. J'ay écrit très vivement en conséquence aux
Magistrats et à mon subdelegué, mais j'ay eu une grande attention à em-
pescher qu'ils exécutassent le premier point sans prendre de parly sur
1. Tnidainc, Seigneur de Montigny, maîlro des reqnètes on 1G3(). li fut prévôt des
marcliaiid.s de Paris, inleiidant à Lyon en 1701, à Dijon en 1710.
- 80 —
ronlrc. Vous roniprenés bien fjuc M. le grnml iuiilly cl ?nii Liriiicuniit
n'étant point clans la province, il était assés naturel que les Imlilhuils de
Landau procédassent sur le champ à l'Election et (pic celle absence leur
auroit fourni une excuse plausible en cas que par la suilc ils succombassent
envers M. de Chalillon, mais j'ay pensé en même lêms qu'une pareille de-
marche ne laisseroit pas d'intéresser en quelque façon les droits du grand
Bailly.
Je vous envoyé des copies des réponses que j'ay reçues de mon Subdc-
legué et des magistials de Landau, vous y trouvères que ces derniers per-
sistent absolument dans la resolution de soutenir leur prétendue immunité;
j'en rends compte à M. le M^^^^ d'huxelles et je luy propose deux voyes :
l'une qu'il croit agréable d'écrire en droiture aux Magistrats de Landau pour
leur ordonner de se soumettre à l'autborité de M. de Chalillon, l'autre qui
n'est que subsidiaire est qu'il fasse nommer par le Roy pour celle fois seu-
lement et sans tirer à conséquence, le sujet qu'il destine pour remplir la
place qui vague, ce qui s'est déjà pratiqué plus d'une fois.
Je crois donc qu'il faut que M. de Chalillon travaille de nouveau la des-
sus auprès de M. le M''^^ d'huxelles. La première voye est la plus décisive.
Je me persuade volontiers que si M. le M^^^ d'huxelles veut écrire fortement
aux Magistrats de Landau, ils obéiront. M. de Chalillon peut à mon sens
représenter que la ville de Landau est la plus exposée d'Alsace, qu'elle
peut tomber de nouveau au pouvoir des jmperinux, et qu'en ce cas il ne
seroit pas indifferent pour la revendiquer dans un Traité de paix d'être en
etat de justiffier qu'elle a toujours été soumise à la préfecture de haguenau.
J'ay lieu de croire que M. de Chalillon trouvera M. le M''^'''^ d'IIuxelles dans
le principe qui est effectivement bon.
Si M. le W^^ d'IIuxelles ne peut être déterminé à prendre ce parly, je
crois que M. de Chalillon doit faire en sorte que l'autre soil suivy, qui
est de faire nommer par le Roy un Bourgmestre afïîn que son droit
ne reçoive point d'atteinte. II auroit par ce moyen le lêms de l'expliquer
et de le faire valoir, et je considère d'ailleurs que Son Lieutenant,
qui est actuellement absent, se trouvant pour une autre fois dans la
province, il seroit en etat d'agir, au lieu que personne ne paroil aujour-
d'huy.
J'ay quelque lieu de croire que M. de Chalillon qui est obsédé par ce
Lieutenant que vous connaisses, s'imagine quelque fois que je ne fais pas
dans cette occasion tout ce que je pourrois, mais je n'y prends pas garde,
et je continue à chercher à le servir, parceque je me flalle que je vous
fais en même lêms plaisir et que d'ailleurs j'honore la personne de M. de
— 90 —
Chatillon et respecte sa naissance. An snrplus je vons snplie qnc cette let-
tre ne sorte point de vos mains, elle peut nous servir à donner un Memoire
à M. de Chatillon. Je suis etc.
A M(jr Dar (/en son.
Le 22 May 1718.
J'ay receu la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire le 6 de
ce mois et l'arrêt du premier par lequel sa M^'' a ordonné que tous les
Possesseurs des domaines à quel tître que ce puisse être, seront tenus de
les représenter dans deux mois. Je vais vous expliquer les raisons qui me
font croire que cet arrêt ne doit pas être publié en Alsace.
Les Terres que les Gentilshommes de cette province possèdent, viennent
certainement pour la pluspart de la libéralité des Empereurs et des anciens
Souverains du Pays qui les leur ont conférés à tître de fief masculin ou
feminin. Le Roy par le Trailé de Munster ayant acquis les droits de l'Em-
pereur et de l'Empire et des Princes de la Maison d'autriche, est devenu
le Seigneur dominant de tous ces fiefs, et dispose de ceux qui vaquent par
forfaiture ou par l'exlinclion de la descendance de celuy qui a été le pre-
mier investy, il est evident que l'arrest ne peut concerner les fiefs sur les-
quels Sa M'ö n'a jamais eu que le Domaine direct, qui luy appartient encore
aujourdhuy.
La Maison d'Aulriche possedoit elle même en Alsace des fiefs considé-
rables de l'Empiie, ce sont les Baillagesde Belfort, Delle, Thann, Allkirch,
Isenheim et Landser. Par la paix de Munster ces Terres ont été cédées
au Roy mais sa M'*^' en a disposé à titre de don, les Baillages de Belfort,
Delle, Thann, Allkirch et Isenheim ont été conférés par des Lettres pattenlcs
du mois de Décembre 1658 à M. le Cardinal Mazarin, M. leDucdeMazarin
comme son héritier en jouit actuellement. Ces biens sont affermés par
un Bail genei'al GOOOO ît. Vous Irouverés Mg^, dans les Lettres patientes
dont je joins icy une copie, les raisons qui me font croire que ces six bail-
lages ne doivent pas être regardés connue un Domaine aliéné, la princi-
pale est que dans le Traité de Munster qui est de 1048, il est stipulé que
le Roy d'Espagne confirmera la cession des biens de la Maison d'Aulriche
en Alsace, ce (jui n'a eu lieu qu'au Trailé des Piiennées, signé le 7 O^"""
1658. Le don fait à M. le Cardinal Mazarin est du mois de Décembre sui-
vant. Il est par conséquent viai de dire (juc. la chose donnée n'a jamais été
unie et incorpoiée au Domaine du Roy.
- 91 —
Le Baillage de Landser est possédé par M. l'Abbé de Goiivernel, comme
héritier de feu M. llervart, au père duquel Sa M^", pour recompeuse d'un
service important, donna celte Terre par des Lettres patentes du mois de
février 1645 qui ont été confirmées par d'autres Lettres du 18 mars 1679.
Je mets dans ce paquet des copies des deux Lettres. Cette Seigneurie vaut
15 à 16 mille livres de rente, il est encore evident qu'elle n'a jamais fait
partie du Domaine de la Couronne.
Je crois devoir parler aussi de la Charge de grand Bailly de haguenau
qui emporte la Seigneurie de trente Villages et dont le revenu annuel peut
être de 25000 tt. C'est par des Lettres Patentes du mois d'Avril 1713 (jue
le tout a été conféré, à litre de fiefj à M. le Comte de Clialillon. Voussçavés
Mg»", qu'il y a la dessus un procès au Conseil où les Titres sont produits.
On peut mettre dans la même Classe la charge du Lieutenant du grand
Bailly qui a été inféodée au S^ Ilatzel par des lettres patentes du mois de
février 1712 et dont on dit qu'il tire 7 à 8 mille francs par an.
Je finiray par des dixmes qui ontété données à l'abbaye d'Ottmarsheim',
ce monastère qui est très ancien est situé entre Colmaret le Rhin, il avait
été absolument ruiné par les Guerres qui ont précédé le Traité de Munster,
le feu Roy voulut le rétablir, pour cet efl'et, par des Lettres patentes du
mois de janvier 1687. S. M'^'^ donna à cette maison la Seigneurie de trois
ou quatre villages qui s'etoient nouvellement formés dans des Terrains dé-
frichés, depuis 1648. Il arriva que ce Terrain, que Sa M'^' croyoit luy ap-
partenir, se trouva dans la Seigneurie de Landser, en sorte que par arrêt
contradictoire du Conseil d'Alsace du 27 7i^''e 4794,, l'abbaye d'Ottmarsheim
fut évincée du don. Pour l'en dédommager le Roy par des lettres patentes
du mois de janvier 1705, luy donna les dixmes de quelques Terres défri-
chées dans la forest de la Hart, appartenant à S. M'"'. L'abbaye en jouit et
en tire une dixme de 5 à 6000 a par an. Vous verres Mgi", par la copie
ci jointe des dernières Lettres patentes, que la condition d'entretenir six
Chanoinesses de plus, a été aposée à la libéralité de Sa IVP^^
Vous pouvés être assuré Mg'', que ce que je viens d'avoir l'honneur de
vous expliquer comprend toute la matière des Domaines en Alsace. Je crois
donc que l'arrest du premier de ce mois ne peut concerner les possesseurs
des fiefs et que M. de Mazarin et M. de Gouvernet ne sont point dans le
1. L'abbaye bénédictine d'OUmarsheim fut fondée par Rodolphe, frère de l'évéque
Werinlier, de Strasbourg (onzième siècle). Elle fut consacrée par le pape saint Léon IX.
L'église est octogone et construite sur le modèle de la chapelle du couronnement à Aix-
la-Chapelle.
— 02 --
cns. Oiinnl à l'nlïaire tlo lAl. de (-linlilloii clic esl. devnnt vous jiGur rnbiiayo
d'Ottmarslieim; il est hors de doute qu'aux termes de l'arrêt, on est en
droit de luy demander ses Tîlres, mais je suis sûr que cette maison n'a
rien autre chose à produire que ce que j'ay l'honneur de vous renvoyer.
C'est sur ces considérations que je prends sur moy Mg'', d'attendre de nou-
veaux ordres de vous, avant que de donner connoissance de l'arrêt du
premier de ce mois, dont je prévois que la publication jetteroil quelque
inquiétude dans ce Pays cy.
A M. le Jhic jyantin.
Lo ^1 Aoiisl 171 S.
Je reponds Mg^, à la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'eciire le
4 de ce mois, en me renvoyant celle cy jointe de M. le Comte de Hanau.
Il demande que les denrées et effets qu'il fait conduire de ses Terres
d'Alsace dans celles qu'il possède de l'autre coté du Rhin, et aussi de ces
dernières aux autres, passent en franchise sans payer aucuns droits aux fer-
miers de sa M'^'^'. Il fonde sa prétention sur trois moyens. Le premier qu'il a
toujours joui de cette exemption et que le trouble qu'on luy fait aujourd-
huy est une nouveauté. Le second que toute la noblesse d'Alsace n'est point
assujetie à ces droits, et l'autre que lorsque Sa M'^'^' fait conduire, par le
Rhin, des munitions au fort Louis et à Lauterhourg, les officiers de la mai-
son de Hanau, qui a des péages sur les bords du Rhin, du côté de l'Empire,
n'exigent jamais rien.
Sur le premier moyen les fermiers disent qu'ils n'ont point de connois-
sance que M. le Comte de Hanau ait jamais été exempt, et que si les droits,
dans quelques occasions, ont été négligés, cela ne peut faire un litre pour
luy.
Je n'entends pas bien ce qu'il veut dire lorsqu'il expose que toute la No-
blesse d'Alsace jouit de l'exemption des droits; ceux qui la composent ont
leurs Terres sous la domination du Roy. Il est bien certain que pour trans-
porter des denrées et des effets, d'un village à l'autre, dans l'intérieur de
la Province, nul droit n'est levé, non seulement sur les Gentilshommes,
mais encore sur les paysans. Il ne s'agit icy que des droits de sortie sur ce
qui se passe à l'Etranger, ou d'entrée pour ce qui en vient, les Gentils-
hommes y sont assujetis comme les autres.
Oiinnt au troisième moyen, la partie n'est ni juste ni concluante. Ce n'est
- 93 -
guères d'ailleurs (jiic pendant la guerre, qu'on a occasion de se servir (Ju
Rhin pour approvisionner le fort Louis et Laulci'bourg-, en cas que le Roy
est le maître des deux bords de ce fleuve, et les Terres de la Maison de
Hanau qui sont de l'autre côté, étant regardées comme Ennemies, il est
bien naturel que ceux ({ui conduisent des provisions pour le Roy se dis-
pensent d'y payer des péages.
Je dois à présent avoir l'honneur de vous dire qu'il est d'un usage con-
stant, en Allemagne, entre les Princes et autres Seigneurs de l'Etat de M.
le Comte de Hanau, qu'ils se (ont remise réciproquement des péages pour
ce qui se passe pour leur compte, et sous les passeports de leurs Chancel-
leries. Celte question, à l'égard du Roy, s'est même présente en 1716, de
la part de Mad^ la Princesse' de Baden et de M. le Prince de Dourlach^,
au sujet de quelques droits que le fermier du Roy avait exigés sur les den-
rées que Mad^ de Baden avait tirées d'une Terre qu'elle possède en Alsace,
auprès du fort Louis, appelée Benheim et des denrées que M. de Dourlach
faisait venir par le Rhin, des Terres qu'il a près de Basle dans l'Empire;
vous trouvères le detail de cette affaire dans les copies cy jointes de
deux lettres, l'une par moy écrite à M. Desforts, et l'autre par laquelle
il me repond que le Conseil a décidé favorablement pour l'un et pour
l'autre.
Je reviens à M. de hanau, il passe ordinairement six mois en Alsace et
le reste de l'année dans l'Empire, il a des Terres sur les deux bords du
Rhin et qui ne sont séparées que par ce fleuve. Il est presque impossible
qu'il ne soit continuellement dans la nécessité de s'aider des unes et des
autres, soit pour des bois, des avoines, des vins, des bestiaux et autres
choses, je conçois qu'en ce cas il luy est importun de payer continuellement
des droits pour ce qu'il tire de son propre fonds. Je diray même que j'ay
vu sur la frontière de Dauphiné, que les gens qui possèdent du bien dans
les Communautés voisines de savoie et de Piedmont, sont exempts de payer
aucuns droits de la ferme sur ce qu'ils font passer en deçà. R est vrai que
le contraire se pratique en Alsace, surtout auprès de Landau, mais cela
vient, peut-être, de ce que ceux qui ont intérêt n'ont jamais reclamé. Je
crois d'ailleurs qu'il faut sçavoir gré à M. le Comte de Hanau de ce qu'il
t. La margravine Sibylle de Bade-Bade, veuve du margrave Louis-Guillaume, vain-
queur des Turcs, tutrice de son fus Louis-George (1707—1720). Elle était une princesse
de Saxe-Laueubourg; elle fut mariôe en 1690 et mourut en 1733. Elle passa ses dernières
années dans une retraite absolue à la Favorite.
2. Charles-Guillaume, margrave de Bade-Durlacü (1700— 173SJ. 11 construisit Carls-
rulic en 1715.
— u —
passe six mois chaque année en Alsace, ce qui fait dans le Pays une con-
sommation de 250 mille Livres de rente qu'il y possède ou environ.
Celte considération et les exemples que j'ay cités me portent à proposer
qu'il plaise à S. A. R'*^ d'accorder à M. le Comte de Hanau, la franchise
des droits pour le passage des denrées et effets qui seront destinés à la
consommation de sa maison et aux réparations et entretiens de ses Terres
et bâtiments, excluant ce qu'il ferait entrer et sortir pour être vendu, on
pourroit même, pour une plus grande précaution, l'obliger de prendre un
passeport de riiitendanl. Je suis etc.
A M. Desforts.
Le 23 71"-'' 1718.
M.
Vous m'avés fait l'honneur de me renvoyer, il y a déjà quelque têms,
une Requête présentée par l'agent général de l'ordre de Malthe, tendante
à ce que trois maisons dépendantes de cet ordre, dans le Dioceze de Stras-
bourg, soient déchargées de la demande qui leur a été faite par le Rece-
veur de la Capitation de ce Dioceze, de la Somme de 11025 ïï pour qua-
torze années d'arrérages à raison de 630 ît pour chacune. L'ordre de
Malthe se fonde sur un arrêt d'abonnement du 19 juillet 1701 par lequel
S. W'*, en acceptant l'offre de 30 mille Livres par an, tant que la guerre
durera, pour tenir lieu à l'ordre de la capitation, luy a permis de repartir
cette somme sur tous les membres qui en dépendent, dans toute l'éten-
due des six grands Prieurés du Royaume et des Pays conquis et reconquis,
Terres et Seigneuries de l'obéissance de S. M'"'.
Le Clergé de Strasbourg prend droit, par ce même arrêt, et soutient que
l'abonnement ne concerne que les six grands Prieurés de france, y compris
l'Etendue qu'ils peuvent avoir dans les Pays conquis, ou de l'obéissance
du Roy, ce qui n'a pas lieu pour l'Alsace, ou les biens de l'ordre dépendent
des grands Prieurés d'Allemagne. Ils interpellent l'ordre de déclarer, si les
Commandcries d'Alsace sont comprises dans la repartition de 30 mille
livres et de le justiffier. Enfin ils produisent un arrêt du 12 Aoust 1710,
par lequel Sa W^ a receu le Clergé de Rasle, pour la partie qui est en al-
sace, à l'abonnement de la somme de 3000 îi pour le rachat des offices
d'Economis Séquestres. Dans cet arrêt les biens de l'ordre de Malthe sont
expressément nommés, au nombre de ceux qui doivent contribuer, et
l'Execution aussi.
- 95 —
L'agent de l'ordre de Mallhe repond qu'il n'y a qu'à lire l'arrêt, f)Oiir
voir que l'abonnement concerne non seulement les six grands Piicurés de
france, mais même tous les biens de l'ordi'e, situés dans les Terres de
l'obéissance du Roy, soit qu'ils soient des six grands Piieurés ou non, que
ce n'est point en france, où se fait la répartition des 30 mille Livres, pour
l'abonnement, mais bien à MaUbe, par les principaux officiers; que dans
les Rolles chaque bien de l'ordre, en quelque lieu qu'il soit situé, est com-
pris à une certaine somme; dont la destination n'est point libellée, et que
c'est dans la caisse commune, après le recouvrement où l'application est
faite à chaque nature de dépense; que par conséquent ils ne peuvent pro-
duire aucune répartition des 30 mille Livres, puisqu'il n'en existe point.
Sur l'arrêt de i 710 ils disent qu'il s'agissoit d'une somme très médiocre et
qu'il a echapé à ceux qui veillent à l'interest de l'ordre, d'en demander la
décharge, ce qu'ils n'auroient pas manqué de faire, s'ils enavoient eu con-
noissance, parceque de tout têms l'ordre de Mallhe n'est point mêlé dans
le Clergé, et traite à part avec le Roy, dans de pareilles occasions.
Quant a mon avis, que vous me faites l'honneur M. de me demander, je
diray d'abord que, par le droit commun et par l'usage, suivi longtêms dans
le Royaume, les biens de l'ordre de Mallhe doivent naturellement être
compris dans les répartitions faites sur le Clergé. Les mémoires du Clergé
en fournissent plusieurs exemples, il faut en même têms convenir que,
depuis un assés grand nombre d'années, l'ordre de Mallhe a fait des abon-
nements particuliers, indépendamment du Clergé, c'est ce qui a été prati-
qué pour la capitation, dont il s'agit aujourdhuy; il n'y a qu'à lire l'arrest
du 19 juillet 1710 pour connoître que la Somme de 30000 ïï est acceptée
pour la capitation de l'ordre de Mallhe, non seulement pour les biens situés
dans l'étendue des grands Prieurés de france, mais même pour tous ceux
qui se trouvent dans les Terres de l'obéissance du Roy, on ne peut douter
que l'alsace ne soit dans ce cas.
Dès que la question est décidée, pour la Loy de l'arrêt, il est inutile de
rechercher si, dans le Rolle de repartition des 30000 S* les Commanderies
d'Alsace sont comprises ou non. Ce que l'agent de l'ordre dit la dessus paroît
même assez vraisemblable, sçavoir qu'on fait un Rolle gênerai à Mallhe de
toutes les dépenses, et qu'on demande à chaque maison sa cotte, sans en
expliquer l'Employ. Je croirois cependant volontiers que lors de l'abonne-
ment de 30000 ïï, le Roy n'a eu en vue que les six grands Prieurés de
france. Comme le Clergé de Strasbourg paye sa capitation, par un Titre
particulier, et à part, de celle du Clergé du Royaume, il ne seroit pas éton-
nant que les biens de l'ordre de Mallhe, en Alsace, qui dépendent des
— !J6 —
Prieurés d'Allemagne, lussent tenus de payer une portion de la Capitation,
indépendamment des six grands Prieurés. C'est une attention qui pourra
être foile, s'il est jamais question de rcnouveller l'abonnement gênerai, ou
de traitter sur une nouvelle imposition, mais pour celle d'aujourdhuy, la
question est jugée decisivement par l'arrest. Je diray un mot de l'induction
tirée par le Clergé de Strasbourg, de la taxe payée en 1710, parle Clergé
du Dioceze de Basle, dans laquelle les biens de l'ordre de Malthe ont con-
tribué, il ne paroit pas que l'ordre de Malthe eut fait d'abonnement pour
l'affaire dont il s'agissoit alors, il y en a un pour la capitation, l'arrêt qui
regle la taxe de 1710, y comprend iiommemcnt les biens de l'ordre de
Maltlie. Celui qui fixe la capitation du Clergé de Strasbourg, et dont je joins
icy une copie, n'en fait aucune mention. Ces deux différences se font assez
sentir. Enfin le Clergé de Strasbourg a été quatorze ans, sans former la
demande (pi'il eleve aujourdbuy. Je crois ne pas me tromper en pensant
que c'est une tentative dont le peu de succès n'aportera point de déran-
gement au recouvrement, et que les cottes auxquelles on a compris les
biens de l'ordre, se trouvent par excédent dans les Rolles.
C'est par ces raisons M. que j'estime qu'il a lieu d'accorder à l'ordi'c de
Malthe un arrêt tel qu'il le demande, par la Requête que je vous renvoyé
avec toutes les pièces et mémoires produits à ce sujet, de part et d'autre.
Je vous supplie d'avoir la bonté de me faire se/avoir qu'elle aura été la
décision.
Ä M. le Blanc'.
Le 8 ö'"-'-' 1718.
Vous in'avés fait l'honneur M"", de renvoyer le premier de ce mois, les
deux lettres cy jointes, l'une de M. ilarnoult, Lieutenant de Roy de la Ci-
tadelle de Strasbourg, et l'autre des Officiers de justice de cette Citadelle,
au sujet de la plainte que forment ces derniers, de ce que les officiers de
l'Etat major les troublent dans leurs fonctions, sunjuoy vous me deman-
dés de vous cclaircir le fait et de vous expliquer ce que c'est que cette
Jurisdiction. Je vais commencer par ce dernier point.
Dès que le Roy fut maître de la ville de Strasbourg, il fit construire une
Citadelle et deux forts, l'un appelle le fort de la Porte de pierre, et l'autre
le foit de la porte blanche. Dans la Citadelle (jui est très vaste, S. M^'-' a
1. Le Blauc, luiiibstre <Jc la {juciTe de 1726 à 1728.
— 07 —
fait donner du Terrain à tous ceux qui ont voulu y hatîr. Il peut y avoir :"i
présent une trentaine d'habitants, il y a aussi dans les forts quclijnes vivan-
diers. Le Magistrat de Strasbourg a la justice ordinaire dans l'intérieur de
la ville, mais la Citadelle et les forts ne sont pas de sa Jurisdiction. Le Roy
y a établi un juge particulier, c'est ce que vous connaitrés, par les copies
que je joins icy, des deux Commissions, accordées, l'une en 1G82 au S""
Bausire, et l'autre en 1702 au S"" Meder qui exerce encore actuellement.
Le Roy n'a point commis de procureur, ni de Greffier, mais le juge prend
pour ces fonctions qui bon luy semble.
Quant aux faits particuliers, il y en a deux que je vais discuter suctinr-
temcnt.
Un cabaretier, demeurant dans la Citadelle, étant decedé au mois de
juillet dernier, et ayant laissé une femme sans enfants, le juge procéda
d'office à l'apposition du Scellé. Le S"" Tessoniere, Ayde Major de la Place
survint, et prétendit que cette fonction luy apparlenoit, surquoy rliacnn
étant bien lesolu de ne point céder, le scellé fut apposé par les deux; la
veuve de son côté, alla trouver M. Darnoult, luy présenta un testament,
par lequel son mary l'avait instituée bcriliere, se plaignit de l'apposition
du scellé, que personne n'avait requis, et dit que le juge n'avait com-
mencé cette procédure que dans la seule vue de se procurer des vaccations.
M. Darnoult fit venir ce juge, luy fit une réprimande, et luy ordonna d'al-
ler lever son scellé, ce qui fut exécuté sur le champ; au fonds je ne vois
pas qu'aucun Créancier ni héritier du mort se plaigne de la levée du scellé,
je crois bien aussi que le juge a eu pour motif de sa diligence, les vac-
cations; d'un autre côté je pense que l'ayde major n'a point de droit de
mettre le scellé, chés un habitant de la Citadelle. Dans ces circonstances je
prendray la liberté de vous proposer M"", de mander, en réponse, à M.
Darnoult, qu'il doit laisser aux officiers de justice, établis par le Roy dans
la Citadelle, le libre exercice de leurs fonctions, sur les habitants qui ne
sont point militaires, et que si le juge fait quelque chose qui soit digne de
reprehension il doit se contenter d'en avertir M. le Comte du Bourg et
l'Intendant. Quant au juge, je me chargeray, si vous le jugés à propos, à
mon retour à Strasbourg, de luy faire connoîlre qu'il ne doit procéder à
l'apposition du scellé que lorsqu'il en est requis, ou lorsqu'il y a dis
mineurs.
L'autre fait est au sujet d'une signiffication que faisoit un huissier, qui
en fut empesché par l'atroupement des habitants et les menaces de M.
Darnoult ; ce que je puis dire de mieux la dessus, c'est que l'affaire a été
accommodée ensuite par M. Darnoult, mais je crois qu'il sera toujours
T. X. — (M.) 7
- 98 —
bon que vous luy fassiez sentir, dans la lellre que je présume que vous
luy eciirés, qu'une i)areillc conduite de sa part n'est pas reguliere et qu'il
doit éviter d'y retonibci'.
Je suis etc.
.1 M. lAhbc Dubois'.
Le 17 S''"-' !71S.
Je reponds W à la Ictti'e que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire, le
prem'^ de ce mois, par laquelle, en me marquant que M. de Reynold fait
instance pour obtenir en faveur de deux sujets du Canton de fribourg, la
})ermission qui leur est nécessaire, pour être admis dans l'abbaye de Lu-
xelles-, située en Alsace. Vous me demandés quel a été jusqu'icy l'usage
observé à cet égard.
Je dois donc vous dire M*", que par une déclaration du mois de janvier
1087, il est expressément dcflendu à tous (-ollateurs, de nommer des
Etrangers aux Bénéfices situés dans les Pays, cédés par les Traités de Mun-
ster et autres qui ont suivi. Je vous ajouleray qu'en Alsace on a étendu
celle deffense jusqu'aux Ueligicux des Monastères réguliers, la raison en
est evidente. Le Ruy n'a point d'jndult poui- les bénéfices en Alsace. Les
dignités des maisons Eclesiastiques sont icmplies par le Iloy de l'Election
(jui est faite, en présence des Commissaires que le Roy y envoyé. Si une
maison venoit a être lemplie de Religieux, nés non Sujets du Roy, il arri-
vcroit que par succession de têms, le choix, pour remplir une première
dignité, ne pourroil tomber que sur un Etranger, et c'est précisément le
cas prohibé par la déclaration; lorsque les Commissaires du Roy assistent
à une Election, leur premier soin est de s'informer du lieu de la naissance
de chaque Religieux, et de donner l'Exclusion formelle pour toute voix,
active et passive, à tous ceux dont les parents ne sont pas établis dans les
Terres di.' l'obéissance de Sa M**^.
Vous voyés M. que suivant cet usage, que je crois très inq)oilanl de ne
point allerer, la demande de M. de Reynold ne peut être accordée. 11 fau-
1. iJuijois, GuillaiiUK; (l'aliljéj, niiiii.slrc des alliiircs clrangèrca de 1718 à 1723,
arclicvôquc de Cambrai en 1720 et cardinal en 1721.
2. L'abbaye b0ii6diclinc de Lucelles, sur les confins de la Franche-Comté et de la
Siiis.se. Elle fut fondée au douzième .siècle par des Seigneurs de Montfancon. L'èglisc fut
iiiangnréi' jiar saint llernard. Les vestiges de l'abbaye 'int loul à fait disiiani.
— 09 —
droit du moins qu'il nommât les deux sujets qu'il propose, alïîn que M.
Davarny pût cxamiiiei- si l(!ur famille est aiïeclionnéo à la francc, et si, par
la cousidcialion de ce fait, que je suppose. Sa Majesté voulait se i-elàclicr
en leur faveur de la ret-lc (ju'ellc a elablie, il conviendroit de les avertir
auparavant que ce n'est qu'a condition qu'ils ne pourront jamais être élus,
ni donner leur voix dans les élections, mais le plus court, à mon sens est
de s'entenir à ce <pii a été observé jusqu'icy. Je suis etc.
A M. Vdhhé Jhihuis le S2 A'^'-'- 1718.
J'ai riionneur de vous envoyer un memoire qui vient de m'ètre ivmis,
par les Peres jésuites du College de Sirasbourg-, au sujet du trouble doni
ils sont menacés dans la possession de l'abbaye de Sellz, di' la paît des
officiers de l'Electeur Palatin.
Je dois vous rappeller que ce Prince conteste au Roy la Souveraineté
sur le Baillage de Seitz. Je n'enireray point icy dans le detail de la ques-
tion, qu'il seroit inutile de discuter, [)ar raport à l'objet demaleltre; il me
suffira de dire que le Roy prétend que le Baillage de Sellz luy appartient,
comme faisant partie de l'Alsace et que Sa M*"', depuis la paix, a toujours
tenu et tient encore garnison dans le Glief lieu.
En 1692, M. le Cardinal de furstemberg. Evoque de Strasbourg, a uni
au College des jésuites de Strasbourg, l'abbaye de Seltz et cette reunion
a été confirmée par des Lettres patentes du feu Roy, enregistiéf^s au Con-
seil de Colmar. Depuis ce têms là les jésuites ont toujours joui des Reve-
nus de la partie du bénéfice, située en Alsace, l'Electeui' Palatin de sa part,
a disposé par voye de fait, des fi-uits de l'autre partie, qui est dans ses
Etats. En 1708 le S"" Stephani, Evoque de Spiga, en jtalie, et aumônier du
feu Electeur, obtint des bulles en Cour de lîome, de l'abbaye de Sellz, il
fit quelqes démarches, lors de la paix, de Jiadeii, pour faire valoii' ses Bul-
les, mais inutilement.
Il est bien certain M. que si, comme il est apparent, le lieu de Sellz de-
meure au Roy, l'union de l'abbaye au College des jésuites ne peut souflVir
aucune atteinte, étant faite dans toutes les formes, et par le concours des
deux Puissances Temporelle et Spirituelle. S'il arrivoit, quoyque tout le
droit soit du coté de Sa M^'', que la Souveraineté sur le lieu de Sellz, fut
adjugée à l'Empire, les jésuites deffendroicnt encore leur union, par l'ar-
ticle 47 du Traité de RisAvick, où il est dit que les bénéfices conférés,
pendant ou avant la guerre, par l'une ou Taulre des parties, dansles lieux
— KKI —
(jui hiy eloienl soumis, resteront à ceux qui les possedoienl, lors de la
Signature de la poix.
La Régence d'heydclberg a envoyé depuis peu un ordre au Bailiy de
Seltz, portant qui! ait à exiger les llevcnus de ce Bcnclîcc, au profit de
TEvêque de Spiga et d'empescher les jésuites de rien percevoir, à moins
qu'ils n'usent d'exécution mililaire. Le môme Tribunal a fait citer à Iley-
delberg le Prévôt de l'abbaye do Seltz, tout ce mouvement est fondé sur
une lettre qui a été écrite à l'Electeur Palatin, par le S. Massiolli son Re-
sident à Rome, qui mande à S. A. K'° que le Pape a été surpris de ce
qu'on difieroit de mettre en possession de l'Abbaye de Seltz, l'Evêque de
Spiga, et qu'on se servît du prétexte que l'Electeur possedoil ce bénéfice à
litre de bien Sécularisé par la paix de Weslpbalie, ajoutant que la contes-
tation quon sçavoit qu'il y avait eue, à ce sujet, avec les jésuites de Stras-
bourg, avait été terminée par M. Sadola. Ce fait est absolument supposé et
le Père Recteur m'a dit que ni luy, ni aucun Religieux de sa maison n'avoit
j'aniais entendu parler de ce M. Sadola.
Je joins icy M. des copies des ordres et de la citation de la Régence
d'heydclberg et de la dépêche du S''Massioltià l'Electeur et aussi une copie
de la lettre écrite à ce sujet au Recteur du College de Strasbourg par le
Bailiy de Seltz, qui a envoyé les autres pièces.
H est vray que de la part de l'Electeur, on avait d'abord mis en avant,
que l'abbaye de Seltz avait été sécularisée au Traité de Westphalie, mais il
paroit que ce moyen est a présent abandonné, par conséquent la cause des
jésuites se trouve liée avec celle de la Souveraineté du Roy, étant certain
que l'union qui a été faite de ce bénéfice est hors d'atteinte, si le Baillage
de Seltz reste à Sa M^" au lieu qu'elle pourroit péricliter nonobstant l'article
47 du Traité de Riswick, si l'Empire rentroit dans le Suprême Domaine
de ce Territoire.
Au Surplus M'" j'ay cru, dans les circonstances présentes, ne devoir pas
refuser aux Peres jésuites une ordonnance qu'ils m'ont demandée, portant
deffenses au Bailiy de Seltz de les inquiéter dans laperception des Revenus
de cette maison, située en Alsace, ni de publier à ce sujet aucun ordre
contraire à la Souveraineté du Roy ; ce que j'ay fait d'autant plus volontiers
que par trois arrêts du Conseil de Colmar des 10 février 1700, 30 8'""*^
1709 et 8 janvier 1715, les jésuites ont été maintenus et gardés en la
possession et jouissance de l'abbaye de Seltz, droits, Rentes et Revenus
en dépendants et y appartenants, et que déplus, au mois de Novi""° 17L5,
M. le Comte Du Bourg, en conséquence des ordres de la Cour, en expédia
un, (loiil j<; joins une copie, pour que l'ofiicier qui commandoit les Troupes
— 101 —
à Sellz prelàt main forte à l'Iiuissier chargé de l'exécution du dernier arrest
du Conseil de Colmar.
Vous trouvères sans doute M"*, dans vos bureaux, des memoire et des pièces
pour dcflendrc les droits de sa Majesté sur Sellz, M. de la houssaye qui a
ti'availlé sur cette afiairc, peut encore vous en fournir, et si vous le désires
je m'y employcray nioy même. Je ne puis, en attendant vos ordres, m'em-
pêcher de vous représenter qu'il est d'une extrême importance de ne pas
relâcher sur Sellz, parcequ'infailliblcmenl la môme question scroil élevée
bientôt pour la plus grande partie de la basse Alsace.
Il me semble que l'Electeur Palatin, ne peut avec raison refuser, jusqu'à
ce que l'alTaire principale soit éludée sur Seltz, de laisser les jésuites jouir
des mêmes Revenus, qu'ils ont perçus depuis les Traités de Rastatt et de
Baden. Du coté de Rome j'imagine que le Pape sera arrêté en luy faisant
connoître que le prétendu accommodement fait par le Ministère du S' Sa-
dola, ne se trouve pas véritable. Je suis etc.
A. M. D'Armcnoni'iUc.
Le 12 XI" c 1718.
Il y a M. dans la ville de Strasbourg, une Gommanderie de l'ordre de
Mallhe, qui est desservie par des Prclrcs qui vivent en commun, au nombre
de douze, sous l'aulhorité d'un Supérieur, appelé Commandeur, (jui reçoit
la bénédiction Abbatiale et qu'ils ont droit d'élire, à la charge de le faire
confirmer par le grand Prieur d'Allemagne, et le grand Maitre de Maltlie.
Ce privilège leur a été accordé par un bref du Pape Clement S''. Celte
maison peut avoir 12000 û de lente, ou environ.
Le dernier Commandeur, nommé Parthelemy Kobel est decedé le 9 du
présent mois, et la Communauté n'attend que les ordres du grand Prieur
d'Allemagne, d'où elle dépend, et un Commissaire de sa part, pour le
remplacer, par la voye de l'Election.
Vous sçavés M"" que depuis que la Province d'Alsace est soumise au
Ruy, S. M^" a toujours eu attention d'envoyer des Commissaires pour as-
sister en son nom, aux Elcclions des piemieres dignités Eclesiastitpies,
dans toute les maisons, soit séculières soit régulières, leur fonction est de
tenir la main à ce que l'Elu, soit né sujet du Roy et affectionné à son
service.
Sur cet usage, M. le Comte du Bourg et moi nous avons dit aux Prêtres
de la Commanderie de Strasbourg qu ds dévoient attendre les ordres de
- 10i> -
s. M^'-' avant que de procéder à rEleclion d'un Commandeur, ils nous ont
présenté la dessus une lelîre ccrile par M. de Barbezicux ' le 17 7'""^ 1G95
à M. l'abbé de Gamilly alors grand vicaire de Strasbourg, portant que Sa
M^*^ ne veut point se mêler de l'Election à faire d'un Commandeur dans
cette môme maison, attendu que S. M'^' est informée qu'elle dépend de
l'ordre de Maltlie.
11 y auroità mon sens, d'autant moins d'inconvénient d'en user aujour-
dhuy, comme il a été fait en 1GU5, que je sçais que tous les Prêtres qui se
trouvent dans la Commanderie de Strasbourg-, sont nés alsaciens, et par
conséquent sujets du Roy. On pourroil, pour ne négliger aucune précaution,
leur faire dire que l'intention de Sa M^"' est qu'aucun Etranger ne puisse
cire admis pour remplir la dignité qui est vacante.
Je dois néanmoins vous observer M'" qu'en Alsace on ne tolère point que
les Supérieurs Eclesiastiques Etrangers, exccrcent aucune Jurisdiction
dans les maisons régulières de la Province. Cette question se présente
tous les jours pour les Cordeliers, les Recolets, les Capucins et autres, on
oblige leurs provinciaux à donner leurs pouvoirs, même pour des visites,
à des Religieux, nés sujets du Uoy; dans l'espèce qui se présente le Com-
missaire qui sera envoyé de la part du grand Prieur d'Allemagne pour
assister à l'Election du Commandeur de Strasbourg, ne pourra être qu'un
Allemand, celuy qui vint en 4695 l'était, et ce fut un Chevalier portant
l'Epée; l'ordre de Maltlie n'a que quatre Maisons en Alsace, dont deux
dépendent de la Commanderie de Strasbourg, la quatrième est la Com-
manderie de Sultz, en haute Alsace, dont le Titulaire est à Malthe, il n'y
a pas d'apparence qu'un Supérieur d'Allemagne, donne la Commission à
un chevalier du grand Prieuré de france, d'assister à l'Election du Com-
mandeur de Strasbourg, celte difficulté ne se rencontre point pour les
ordres Religieux que j'ay cités, et dont il y a plusieurs Maisons en al-
sace, parceque les Provinciaux peuvent choisir un sujet dans un couvent,
et le charger du soin de faire la visite dans un autre.
J'ai cru M"", devoir vous rendre compte de ce detail pour que vous soyés
(Il Etat de prendre les ordres de S. A. Il'^ cl me les faire connoître. Je
suis etc.
1. De Barbezicux (Louis-FraDÇOis-Marii,' Ldi'lliii', marquis de), iiiiiiistre de la guerre,
1081-1701.
10^^.
ANNEE 1710.
A M. DcsforLs.
Le .') jn II vier 171Ü.
M.
Sur les iiilanccs de iM. le Cardinal do lîuliaii (jiii vous dil qu'il avuit avis
de Strasbouig-, qu'on avoit recouvré de nouvelles pièces qui pouvoienl in-
fluer sur la conleslalion (jui a élé j»orlée au Conseil, entre son Clergé et
l'ordre de Malllie, au sujet de la capilalion, vous avés eu agréable de
surseoir l'expédition de l'arrct qui avait élé résolu sur cette afl'aire; vous
ni'avés, en même tèms, marcpié que vous desiriés que j'examinasse ces
pièces et que je vous les envoyasse. C'est à quoi je satisfais.
Vous trouvères M'" dans ce paquet, une copie authentique d'une transac-
tion solemnelle, passée le 2G d^"^^ 1G30, entre le Clergé des Etats del'au-
triclie anicrieure, c'est à dire du Brisgaw et de TAIsace d'une part et le
grand Prieur de l'ordre de Malthe en Allemagne, de l'autre, par laquelle
il paroit qu'après une longue contestation qui durait depuis IGl 2, pour
sçavoir si les maisons de l'ordre de Maltlic devaient contribuer aux impo-
sitions que le Clergé faisoit, pour fournir des deniers au Prince; après
plusieurs exécutions juridiques et militaires, faites de l'autlioritô des Ar-
chiducs et de leur Régence, séante à Ensisheim, en Alsace. Sur les Maisons
de l'ordre de Malthe, il a été enlîn convenu que, par provision, elles
payeroient tous les arrérages dupj^sé et coniribueroient pour l'avenir aux
impositions du Clergé, chacune des parties restant néanmoins dans ses
droits, quant au petitoire, dont le jugement était dévolu à l'Empereur.
Je joins encore M. un memoire contenant les inductions que le Clergé
de Strasbourg prétend tirer de cette transaction.
Quant à moy M'", il me paroit que cotte pièce prouve tout au plus que
par le droit comnum, en Allemagne, les Maisons de l'ordre de Malllie
jiarticipent aux impositions du Clergé. C'est de même en h-ancc, mais cela
n'empêche pas que le Iloy ne fasse dans son royaume des abonnements
particuliers avec l'ordre de Malthe, au moyen de quoy les maisons (jui on
dépendent sont tiièes des Rolles du Clergé. C'est précisément l'especo
dont il s'agit. Le Roy a fait un traitement particulier sur la capitation, à
l'ordre de Malthe, non seulement pour les biens situés dans l'Etendue des
six grands Prieurés de h-ance, mais même pour tous ceux qui se trouvent
- Uli —
dans les pays conquis et Terres de l'obéissance du Uoy. Ce senties termes
précis de l'arrêt du i9 juillet 1701 qui regle la cnpitation de l'ordre de
Malllic.
Tout ce que le Clergé de Strasbourg peut espérer de mieux, à mon
sens, dans cette occasion, est que dans l'arrêt qui interviendra, il soit
mis une clause portant que la décision, sur le fait dont il s'agit, ne pourra
porter aucun préjudice au droit du Clergé de Strasbourg, et à l'usage où
il peut être de comprendre les maisons de l'ordre de Mallbe, dans les ré-
partitions qu'il aura cy après à faire, pour les sommes qui devront être
fournies à Sa W*^.
A M. Darinenonville.
Le 10 Janvier 1710.
M.
Je vais tâcher de satisfaire aux éclaircissements que vousm'avés fait l'hon-
neur de me demander, par vôtre lettre du 24 du mois passé, surleplacel,
cy joint, présenté au nom du Commandeur provincial de l'ordre Teutonique,
en Alsace, qui demande qu'il plaise au Roy d'homologuer, par un arrest,
le contract de vente passé en faveur de l'ordre le 1 1 7''''' 1 71 5 par M. le Baron
de fleckenstein, de la Terre de fessenheim, située en Alsace, et principale-
ment l'acte capitulaire du 27 may 1718, par lequel cette Terre a été unie
et incorporée à perpétuité à la Commanderie de Mulhouse et Rixheim, qui
est aussi en Alsace.
Je commenceray M', par avoir l'hofineur de vous dire que la Terre de
fessenheim est un bien allodial, qui ne relevé de personne, c'est ce qu'on
appelle en france, un franc aleu, par conséquent le propriétaire en a pu
disposer librement, comme il a fait: au Surplus elle est sur les bords du
lUiin, près du Neuf Brisach, et peut valoir 3000 U de revenu ou environ.
(Juant à l'approbation qu'on demande de l'union de cette Terre, à une
Conimandcrie de l'ordre Theulonique, il me semble qu'il n'en peut pas
êlre question par la nature même du contract, qui n'est à proprement par-
ler, (ju'un engagement, j)uisque la faculté de rachat y est expressément
réservée au vendeur, et cette faculté est imprescriptible, ainsyM. le Baron
de fleckenstein pourra l'exercer, quand il luy plaira, et après luy elle pas-
sera à ses héritiers, il a même en Alsace, une nièce fdle de sa sœur, et cette
nièce est mariée au S"" Klinglin fils du Prêteur Royal de Slrasbouig. Il paroit
(in"il est absolument, coiilrt; la droite raison, de proposer (ju'un bien iiiii
- 105 -
peut êlrc à loul moment retiré par les anciens propriétaires, soit uni à
une maison de mainmorte. Jene sçais même s'il convient de i)ermettreque
l'ordre Tlieutonique elende ses possessions en Alsace, puisque les Coni-
manderies qui sont dans cette province sont piesque toujours remplies par
des Etrangers, celle de Mulhouse et Uixheim, à laquelle ont veut faire l'union,
dont il s'ag-it, est actuellement entre les mains de M. de ferrelle, Gentil-
homme né dans le ßrisgavv et qui a longtèms servi dans les Troui)es de
l'Empereur.
Il y a quatre Commanderies de l'ordre Tlieutonique en alsace, celle de
Rixheim dont je viens de parler, celle de HufTach possédée par le Baron
de Prasberg, celle de Weissembourg possédée par le Baron de Waldeck,
tous deux résidants dans l'Empire, et enfin celle d'Andlau, possédée par
M. de Reynach', gentilhomme de la Province d'alsace. 11 n'y a pas long-
tèms même que le Titulaire de celte dernière était un Comte fugger, sujet
de l'Empire. Les revenus de ces Commanderies sont estimés, pour la pre-
mière à 6000 S", pour la seconde à 4500 ?«, pour la o*^ à COOO U et pour
l'autre à 800 U.
Je ne sçache, quant à présent, qu'un seul gentilhomme d'alsace qui
soit Chevalier de l'ordre Theutonique, c'est le Baron de Montjoye, qui
demeure auprès de Belforl, ce n'est pas qu'il n'y en ail beaucoup d'autres qui
soient susceptibles, par leur naissance, et par la pureté de leur noblesse,
d'y èlre admis, mais on m'a assuré qu'on leur préfère toujours les sujets
de l'Empire, pour éviter de conférer à ceux du Roy les biens que l'ordre
possède en Alsace.
11 paroit d'abord qu'il seroit facile de remédier à cette affectation, en
faisant connoîlre de la part de Sa M'^ qu'elle entend que les Commanderies
qui sont dans les Terres de son obéissance soient données à ses sujets,
et qu'elle ne permettra point que des étrangers en prennent possession,
cette regle suivroit même assés naturellement, d'une déclaration du Roy
du mois de janvier 1681, pariaquelle Sa M'« a ordonné que dans les Pays
à elle cédés, par les Traittés de Munster, des Pirennées, Aix la Chapelle
elNimegue, les bénéfices Eclesiastiques ne pourroient être conférés à
d'autres qu'à des gens, nés dans les Terres de son obéissance, mais on
oposerait d'abord l'article 11 du Traité de Riswick, où il est dit que
1. Les de Rcinach, qui tirent leur nom d'un château situé dans le canton de Luccrnc
on Suisse , s'établirent en Alsace au neuvième siècle. Hamann , qui se battit dans les
rangs des Autrichiens à Scmpach, vint plus tard s'établir dans le Sundgau avec son fils
Ulrich, de qui descendent toutes les branches de celte antique l'amillc.
- 100 -
l'ordre Thonloiiiqncjo^^/^v/ de loules les Commamlerles et biens ([u il pos-
sède, sous la doniinaiion du lloy, avec les mêmes usages el privilèges , tant
à l'égard de la collation que de l'administration dont il a joui cy devant,
selon ses staluts ctloix, el doid l'ordre de S< Jean de Jerusaleta a accou-
tumé de jouir. Ainsy je présume M. (|u'il vous paioilra qu'il faut rcincllrc
à un autre tcms, à élever aucune qucsliün I;i dessus, môme par la voye
de négociation.
Pour en revenir à l'approbalioii deinaïulée, de l'union faite de la Terre
de Fessenheim à la Gonimanderie de Mulhouse et Ilixheim, je crois que
non seulement il convient que Sa M''' ne l'accorde pas, mais même que
l'acte capitulaire du 27 may 1718 qui conlicnt cette union, soit cassé par
uu arrêt qui sera envoyé avec des Lellres patentes au Conseil de Colmar ;
il n'en sera pas moins libre au Commandeur provincial, de laisser jouir le
Commandeur de Rixlieim, des Revenus de Fessenheim, tant que cette
Terre ne sera point retirée par le vendeur ou ses ayant cause. Je suis etc.
.4 M. Darmoionvillc.
Le -21 février 17l'.i.
M'
Vous ni'avés fait l'honneur de m'ecrire le 30 du mois de décembre der-
nier pour avoir mon avis sur le placet cy joint, par lequel le S^ferrelte' de
florimont, gentilhomme de la haute Alsace, demande qu'il plaise au Roy luy
faire don du droit du retrait féodal, dont il prelend que sa M^*^' peut user
sur la Terre de florimont, qu'il dit avoir été vendue depuis peu au Comte
de Sponeck, gentilhomme de Silesie, (pii fait ju'ofession de la Religion
Luthérienne et qui est au service du Prince de Monthclliard; le S^" de fer-
rette expose qu'il porte déjà lu nom de cetle Terre, il fait ensuite valoir
les dommages qu'il a soufferts dans des bois à hiy appartenants, par des cou-
1. La laiiiilli' lies coiiiles de JVrrelle (l'Jirl) reiiKiiile au Irei/.ième siècle. Klle .se suIj-
(livLse en plusieurs liraiiclics; celle de l'ioriuioiit descend de Jacques Cliiisloiilie, (ils de
riiiiippe-Heiiri, mort à l'rague en 157G.
Ou voit fjue l'iuteudaut d'Alsace couleste au geutillioiuuK,' uieiilidiiué dans celte
dépèclic, le droit de porter le titre de FlorJjnont. La petite commune de ce luim est
siluôe dans rarrondissenienl de Delle; elle était le clicl-lien d'une Seif^ncurie vendue en
1281 par llrie d<; liliinieidjourg (Florimont) au couile Thidiaut île l'errette. Celui-ci la
donna en lief en 130iJ à J'évèque de Uûle. La Seigiienrie passa en diverses mains. Ten-
dant la frucrre de Trente ans elle appartient au colonel Wurmbraud , puis à Jean de
lloscn. Le rliàlcau fui 'Irlniit en 17:i."jpar le.s Français (voy. Daqunl-Hislolimel.ier).
— 107 —
pcs que l'on y a faites pour les forlifïicalions des Places d'Alsace, cl dont
il ifa jamais pu obtenir de dcdonimagenicnl.
Je commenceray M"" par avoir l'honneur de vous diie (jue le S"" ferrette
porte, à la vérité, le nom de florimont; mais qu'il l'a pris, à l'occasion de
(juclijues fonds qu'il possède dans la paroisse de florimont, sans avoir
néanmoins aucun droit à la Seigneurie, et dans la vue de se distinguer de
plusieurs autres gentilshommes de la province qui portent le nom de
ferette.
A l'égard des pertes qu'il a souffertes dans ses bois, il a déjà, depuis
que je suis en Alsace, présenté deux placels à ce sujet, (pii m'ayant été
envoyés, l'un par M. le M»"! de Villars, et le second par M. fagon, j'ay
rendu compte, à l'un et à l'autre, de ce que je pensois sur cette prétention,
c'est ce que vous trouvères dans les copies cy jointes des Lettres qui leur
ont été écrites par moy. Je vous ajouteray seulement que je suis persuadé
qu'il est très réel que lorsqu'on travailloit, il y a plus de vingt ans, aux
forliffîcations des Places d'Huningue etdc Belfort il a été pris beaucoup de
bois au S"" de ferrette, mais il eut été à souhaiter pour luy que ses au-
Iheurs eussent agi plus vivement dans le tèms, pour demander justice, ou
même qu'à présent, le nombre de ceux qui auroient de pareilles préten-
tions à élever, fût moins grand.
Pour en revenir à l'objet du placet, je vous diray que la demande
du S'" ferrette ne peut plus avoir lieu, parceque la vente que le S'" Bar-
baud, propriétaire de la Terre de florimont, avait effectivement passé
au Comte de Sponeck, a été résolue, du 'consentement de l'acquéreur.
Le vendeur avait pris le party d'aliéner cette Terre, pour satisfaire ses
Créanciers; mais ayant trouvé à vendre des bois, pour un prix considé-
rable, il a changé de résolution, et s'est accommodé avec le Comte de
Sponeck.
Comme néanmoins celte question de retrait féodal, en Alsace, peut se
présenter dans d'autres occasions, je crois qu'il ne sera pas inutile que je
vous expose quel est la dessus l'usage de la Province.
Je commenceray par vous observer que la Terre de florimont était cy
devant du Domaine propre des Princes de la maison d'autriche, c'etoit un
bien allodial, ce qu'on appelle en france, un franc aleu. (Juelque tèms
avant que l'Alsace fût cédée au Roy, parle Traité de Munster, celle Terre
fut engagée au Corntc fuggcr, celuy cy voyant que la Province clian-
geoit de domination, la vendit à un homme de Monlbelliard appelle Bar-
bant, moyennant la somme de .36000 ti. Depuis le Roy étant informé
que la Terre de florimont ajtparlenoit à luy môme, comme ayant les droils
— 108 —
des arcliiducs d'aulriclic, anciens Souverains d'alsace, Sa I\^" j)ar des Let-
tres patentes du mois de May 1682 en lit don à M"" de la Grange, Inten-
dant d'alsace, sous la condition de rembourser au S'" Barbant ce qu'il avoit
payé au comte fugger, et avec faculté au -Donnataire d'en disposer par
vente ou autrement, comme de son propre bien, Sa Majesté ne se reser-
vant que la foy et hommage, le ressort et le Souveraineté.
M. de la Grange revendit, quel({ues années après, la Terre au S'"
Barbant fds, moyennant une somme de CO mille Livres, elle est restée
dans cette famille et le petit fils de celuy qui l'avait acquise des Comtes
de fugger, la possède encore actuellement.
Il est essentiel d'observer que par les lettres paltentes, accordées à M. de
la Grange, la Terre de florimont qui elait allodialle, est devenue fief, non
de la nature des fiefs proprement dits, qui sont inaliénables, et qui de
plein droit reviennent au Domaine du Seigneur Suzerain, par l'extinction
de la descendance du premier jnvesty; les fiefs de celte espèce sont les
seuls connus en Allemagne.
Par la faculté que le Iloy a donné à M. de la Grange de disposer de la
Terre de florimont, sous la reserve de la foy et hommage, elle est deve-
nue fief, à la manière de ceux qu'on possède en franco, qui peuvent être
aliénés. Cet exemple n'est pas le seul de pareils fiefs érigés en alsace, et
c'est de cette manière que le Duc de Mazarin y possède six baillages qui
faisoient autrefois le principal domaine de la Maison d'autriche.
La question qui se présente seroit de sçavoir si le Uoy pourroit, en al-
sace, exercer le retrait féodal.
Il est certain que ce droit est absolument inconnu dans l'Empire et en
alsace, la raison en est evidente. Le vassal qui possède un fief, propre-
ment dit, ne peut l'aliéner que du consentement de son Seigneur, et par
conséquent il n'y a jamais lieu au retrait. A l'égard des fiefs impropres,
qui ont été établis depuis peu en alsace, pour M. le Duc de Mazarin et pour
M. de la Grange, le cas ne s'est pas encore présenté. Je crois qu'à la ri-
gueur, le droit de retrait [)ourroit être exercé sur ceux cy, quoiqu'il ne
soit pas d'usage, même en franco, que le Roy en use à l'égard des fiefs
qui sont dans sa mouvance.
On pourroit encore traitter la question de sçavoir si un Etranger, comme
le Comte deSponeck, pourroit acquérir un fief sous la domination du Boy,
je crois qu'il luy faudroit la permission de sa Majesté et je ne doute jtas
qu'il ne l'obtint, à moins (juil n'y eut des raisons parliculiores d'em-
peschemcnt, mais il serait obligé de se présenter en jjcrsonne pour prêter
bcs foy cl liniuinagc, et dans la suite il lombcroit dans le cas de félonie.
— 100 —
si, sans la permission de sa Maj^"' il entroit ou demcuroit au Service d'un
Prince Etranger.
On peut enfin demander si un Luthérien, tel que le Comte de Sponeck,
peut posséder un fief dans les Terres de l'ancienne domination de la Mai-
son d'Autriche, la raison de douter vient de ce que par le Trailé de Mun-
ster, Sa M'" s'est engagé de conserver la Religion calholiquo dans les
Terres qui appartcnoient proprielairernent aux archiducs; mais on repond
que cela doit s'entendre du seul exercice public et ne peut contraindre,
sur la Religion, des particuliers, même des Seigneurs, attendu que par le
Trailé d'Osnabruck, les trois Religions, la Catholique, la Luthérienne et la
Calviniste, sont également établis dans l'Empire. On pourroit rapporter
plusieurs exemples de Luthériens et Calvinistes, qni possèdent des biens
dans les Etats les plus catholiques de l'Empire, et même dans la partie
d'Alsace, qui appartenoit autrefois proprielairement à la maison d'au-
triche. Je me contenleray de citer le S"" Barbant, possesseur actuel de la
Terre de florimont; il est calviniste et cependant le Conseil Supérieur
d'Alsace n'a pas fait difficulté de recevoir ses foy et hommage et celles de
son père.
Je reviens encore pour un moment au S'"deferrette, je crois que par la
situation de ses affaires, il est peu en etat d'achetter une Terre aussi con-
sidérable que celle de florimont, mais il avait vraisemblablement en vnü
de s'accommoder avec l'acquéreur et d'en tirer quelque gratiffîcation.
Je suis etc.
A M. Darmenonville.
Le 2i jMars 1710.
w
Au mois de Septembre 1717, S. A. W^ écrivit à M. le Comte Du-
bourg, à M. le Premier President et à M. le Procureur gênerai du Conseil
de Golmar, une lettre commune, contenant en termes généraux que son
intention etoit qu'ils tinssent exactement la main à l'exécution des déclara-
tions, ordonnances, arrêts, règlements et usages qui avoient été observés
jusqu'alors, sur le fait de la Religion, dans l'Evêché de Strasbourg.
Je sçus dans le têms que cette lettre m'avoit été demandée que pour
l'opposer à quelques mauvais propos qui avoient été débités icy par les
Luthériens; mais M. le Procureur gênerai a pensé qu'il de voit aller plus
loin, et je crois ne pouvoir me dispenser de vous rendre compte des mou-
vements qu'il s'est donnés.
— IUI -
Dus le commencement de l'année 1718, sur la délation d'un Capucin,
très indiscret, il fil assigner au Conseil des Communautés entières, au
nom coUeclif du Daillagc de Goullemberg, qui est possédé en commun,
par M. le Duc des Deux Ponts et M. le Prince de Birkenfeld. Ce hailiagc
est siluc à l'extrémité de la province, auprès de Landau, et je diray en
passant que la Souvcraijiclé est conlesiéc nu lloy par l'Electeur Palalin.
Il s'agissoit d'une disi)ute entre les Gallioliqucs et les Luthériens d'une
paroisse, où l'Eglise est commune entre les deux Religions, sur l'endroit
où la Bannière des Catholiques seroit placée. Je me souviens que je fis ce
que je pus, par lettres, pour engager M. le Procureur gênerai à donner
un delay aux parties pour s'accommoder; je ne pus rien obtenir, mais je
me trouvay quelque tèms après à Colmar, j'en parlay aux principaux offi-
ciers du Conseil qui voulurent bien entrer dans mes vues, j'envoyay un
subdelegué sur les lieux, l'affaire fut accommodée, dans ce moment, et à
l'avantage de la Religion catholique.
Dans le môme tèms, ou à peu près, M. le Procureur gênerai commença
d'autres poursuites dans la Comté de Hanau. Au mois d'avril 1718, il ob-
tint un arrêt du Conseil de Colmar, portant permission de faire informer
contre plusieurs habitants du village de Viltsbruch, qu'il accusoit d'avoir
quitté la Religion catholique pour embrasser la Luthérienne ou de s'être
mariés à des personnes de différente Religion. Peu de jours après, dix
sept témoins furent entendus et ensuite le ministre de ce village, et envi-
ron 40 habitants des deux sexes furent décrétés de prise de corps. Le 25
juin suivant il fit une seconde réquisition, contre six habitants du baillage
dcWerlh, qui est encore de la Comté de Hanau, et sur celte simple
plainte, les accusés furent pareillement décrétés de prise de Corps, par
arrêt de ce même Tribunal.
Presque tous ceux compris dans ces deux Décrets, se sont absentés, et
leurs biens ont été saisis et annotés. Il en est seulement resté cinq, qui
ayant eu le courage de se présenter au Conseil de Colmar, ont été élargis,
à la charge de se représenter.
Dès la naissance de cette procédure, M. le Comte de Hanau, qui etoit
en Allemagne, me fit riioimcur de m'en écrire, représentant que celte ri-
gueurqui n'avoitpour objet que de malheureux paysans, faisoitperdreauRoy
des Sujets, et à luy des vassaux; qu'au Surplus il était aisé de justiffîer que
tous ces accusés étoiont nés et avoient toujours vécu dans la Religion lu-
thérienne, et que par conséquent ils n'ctoient pas coupables, mais que les
procédures criminelles les ruinoient. J'en écrivis a M. le Procureur gene-
liil, [l'iiir ifuber (le modérer son zclo, il ne me repondit qu'en termes
— 111 —
gcncrnux. .l'allny, sur ces entrefaites, à Paris, où M. le Maréclinl d'iiuxellcs,
à qui M. le Comte de Hanau avoit porté ses plaintes, me parla de cette
aiTaire, je sçus quelque tèms après que M. le M^-'' d'IIuxelles manda par
ordre de S. A. K'° à M. le Procureur gênerai de surseoir à toutes pour-
suites. Je ne vois pas effectivement qu'il ait rien été fait depuis, mais ce-
pendant les fugitifs n'osent revenir chés eux et leurs biens sont aban-
donnés.
Lorsque j'ay été de retour icy, M. le Comte de Hanau m'a fait jirier de
làclier de procurer quelque solution dans cette adaire. Je me suis donné
riionncur d'en écrire à M. le Premier President , qui voulut bien ni'(Mivoyer
les informations. D'un autre côté M. le Comte de Hanau m'a fait remettre
quelques mémoires et pièces en faveur des accusés. Sur le tout il m'a été
aisé (le connaître que les faits d'accusation étaient minimes, à l'égard ilijs
uns, et absolument détruits à l'égard des auti'cs, par les pièces qui m'a-
voient été fournies. Je pris la dessus leparly d'expliquer à M. lepreni'' Pre-
sident ce que j'en pensois, luy marquant que je disposerois facilement M.
le Comte de Hanau à faire comparoître les accusés au Conseil de Colmar,
supposé qu'il y eut lieu d'espérer que cette affaire n'auroit pas d'autres
suites, et que M. le Procureur gênerai ne s'attaclieroit pas à cliercber par
une procédure ruineuse, pour ces pauvres paysants, dos preuves que vrai-
semblablement il ne trouveroit jamais. Je representois que la pluspart des
faits ne meriloient pas d'être suivis.
M. le prem^ President me fit écrire par un officier principal du Conseil
qu'il ne pouvoit s'assurer de rien de la part de M. le Procureur gênerai,
ni même de sa Compagnie, qui est dans l'babitude de déférer aveuglement
à tout ce que M. le Procureur gênerai demande, parceque dans l'occasion,
il sçait faire agir un grand nombre de Conseillers, qui sont ses parents.
Enfin M. le prenir President me conseilla luy même de rendre compte de
cette affaire à la Cour, et je reconnois que c'est le seul parly qui reste à
prendre.
Je mets donc M"" dans ce pacpiet une liasse qui contient la procédure
faite contre les accusés.
J'y joins un extrait dans lequel j'ay rappelé sur cbacun d'eux les faits
dont il est cliargé parles témoins, les moyens et les pièces reportés pour
sa justiffîcation, avec des observations que j'ay mises à chaque article.
Je doute M. qu'il vous paroisse convenable d'abandonner tous ces mal-
heureux, à la mauvaise humeur de M. le Procureur gênerai. Il y auroil, ce
me semble, deux voies pour leur procurer une justice plus favorable, l'une
qu'il vous plût, après avoir pris l'ordre de S. A. R''', de faire [larl de ses
— 112 —
intentions à M. le Procureur gênerai et à M. le premier President , après
quoy si vous le jugés à propos, je ferois dire aux accusés de se présenter
au Conseil de Colmar; l'autre voye, plus prompte encore, et moins coû-
teuse, seroit d'évoquer l'affaire, par un arrêt du Conseil, et de la renvoyer
pour être jugée par moy avec des gradués. Je hazarde un projet d'arrest
dans ce système.
Je ne dois pas omettre de vous dire M"", que M. Neef Procureur gênerai
de Colmar etoit, il y a peu d'années, Bailly de M. le Comte de Hanau, à
Bouxweiller et à ses gages. Je sçais qu'ils se séparèrent peu contents l'un
de l'autre. Ne pourroit-on pas soupçonner M. Neef de chercher dans cette
occasion, à faire sentir à son ancien Maître, l'aulhorilé que luy donne son
changement d'Etat?
Je crois devoir vous envoyer avec les autres pièces une copie de la
lettre écrite par S. A. R'° à M. le Comte du Bourg, M. le premier President
et M. le Procureur gênerai, et aussi une copie de l'accomodementque j'ay
fait faire dans le Baillage de Guttemberg pour le fait que j'ay touché au
commencement de cette lettre. Je suis etc.
A M. le Maréchal d'HuxcUes.
Le 3 avril 1719.
Dans une lettre que vous m'avés fait l'honneur Mg"", de m'ecrire de vôIre
main, le 27 du mois passé, vous me marqués que les gentilshommes de
la haute Alsace et les officiers du Conseil de Colmar se plaignent que
contre leurs privilèges, je les oblige de payer la subvention, sur quoy vous
me témoignés désirer que je vous mette au fait de ce qui se passe à cet
égard.
Je commenceray Mg'', par vous dire que je sçais que les officiers du
Conseil de Colmar ont écrit la dessus à M. d'Armenonville; je m'attends
que leurs mémoires me seront renvoyés, et dès (jue je les auray reçus, je
ne tarderay pas à en faire un de ma part qui eclaircira la matière. Je
compte bien vous en envoyer un double, et cependant je vais d'avance,
vous donner une idée de la question.
Il faut d'abord Mg"", supposer deux principes incontestables, l'un que
dans l'Empire il n'y a de biens exempts, des impositions que ceux qui
appartiennent à l'Eglise, par anciennes dottalions, ceux qui font partie des
fiefs des gentilshommes, et enfin les allodiaux qui ont toujours été possé-
dés par des Eclesiastiques ou dfs nobles; il est d'un usage constant que les
- 113 -
biens de rolurc, qui sont acquis par des Eclesiasliques ou des nobles, con-
tinuent d'être imposés comme ils eloicnt, entre les mains des anciens pos-
sesseurs, c'est ce que je suis en etat de prouver, non seulement par le
témoignage de tous les autheurs allemands, qui traitent des impositions,
mais encore par les exemples de ce qui se pratique actuellement dans le
Palatinat et ailleurs dans l'Empire. Si vous voulés même prendre la peine
d'ouvrir le livre que la noblesse de la basse alsace a fait imprimer, conte-
nant le Recueil des privilèges accordés à ce Corps en différents lêms, vous
y trouvères des Lettres de Charlequint de 1550, contenant que les biens
de la Noblesse seront exempts, à l'exception des fonds que les Gentilshommes
acquereront des Roturiers, et qu'ils continueront d'être imposés.
L'autre principe est qu'en Alsace, le feu Roy n'a jamais fait de règlement
sur les impositions, et que par conséquent les loix de l'Empire doivent
continuer à y être suivies.
Vous n'ignorés pas Mg^, que jusqu'icy les affaires des finances d'alsace
ont été Iraittées d'une manière très arbitraire, les baillis ont été les maîtres
de régler les impositions comme ils vouloient; il se trouve des Commu-
nautés entières, même dans la haute Alsace, qui n'ont jamais rien payé,
sans qu'on en voye la raison, il y aurait beaucoup à parler icy, mais il se-
roit inutile d'entrer dans un plus grand detail.
J'ay verifîîé que cy devant quelques Gentilshommes de la haute alsace
ont payé la subvention pour les biens roturiers qu'ils possedoient. J'ay
trouvé que d'autres ont sçu s'en exempter, c'etoit l'effet du plus ou moins
de credit que chaque Seigneur avoit sur ses paysans. Quant aux Conseillers
de Colmar, il n'est pas douteux qu'aucun Bailly n'oseroit les faire com-
prendre dans les RoUes,
Il est cependant arrivé que quelques Gentilshommes riches ont acquis
des biens roturiers, à toutes mains. Je vous citeray M. de Foussemagne et
j'en pourrois citer d'autres. J'ay verioîé que deux Conseillers de Colmar
possèdent actuellement, par acquisition, les deux tiers des fonds d'une
Communauté. Les paysans pressés se sont élevés et se sont pourvus à moy
pour avoir justice. Je ne m'en suis pas tenu à examiner les règles de l'Em-
pire, j'ai cherché ce qui se pratiquoit en franche Comté ; j'ay trouvé que par
un Reglement du feu Roy de 1706, il etoit expressément porté que les biens
taillables possédés en franche Comté par des Gentilshommes continueront
d'être imposés. J'ay lâché quelques ordonnances conformes à ce Système,
aucun Gentilhomme d'alsace n'a encore cru devoir s'en plaindre publique-
ment, et je n'en suis point surpris, parceque dès qu'ils vont à la consul-
tation, on ne peut que leur dire que je suis en regle. Les Conseillers de
T. X. - (M.). 8
Colmar s'eslimenl fort au dessus de la noblesse, ils ont cru devoir relever
la chose et même soutenir jusqu'au moindre de leurs GrcfTiers et les
Chautre-cires de leur Chancellerie: ils se sont d'abord adressés à moy, je
leur ay expliqué mes raisons et comme ils ne s'y sont pas rendus, je leur
ay conseillé de s'adresser à la Cour, ce qu'ils ont fait, et j'en suis très aise,
parceque vraysemblablement il en résultera un Ileglcment, et tout ce que
je demande c'est (ju'on sçache à quoy s'en tenir, mon intention est de pro-
poser le Reglement de franche Comte, qui ne laisse pas de contenir (piel-
ques adoucissements et pour les genlilshonmies et pour les officiers de
justice, je m'en suis même ouvert avec les officiers du Conseil de Colmar,
mais ils prétendent qu'il leur en est du beaucoup davantage, ils auraient
cependant bien à dccheoir s'ils n'etoient traités que comme les officiers
non nobles, de la Chambre de Wetzlaei- et du Conseil aulique le sont dans
FKnipire, en ftiit d'impositions.
11 ne sera pas inutile que je vous observe icy, que presque tous les
gentilhommes et officiers du Conseil de Colmar, qui possèdent des biens
roturiers les font exploiter par des fermiers, mais les baux restent secrets
et ils donnent à leurs fermiers, qu'ils font passer pour valets, des procura-
tions, au moyen de quoy tout le fardeau retombe sur les miserables et
non deffendus. Aussi ces M^^ pour trancher toute difficulté, ont, je crois,
demandé par leur memoire, que même leurs fermiers soient exempts, ce
qui est de la dernière absurdité.
Voila Mgi' comme je vous l'ay annoncé une première idée de l'affaire
dont vous me parlés, s'il vous reste encore quelque doute, je vous suplic
d'attendre le memoire que je vous promets, et soyés sûr que vous serés
averty de tout. Je suis etc.
A M. Darnicnonvillc.
Le 28 Avril 1719.
Vous estes sans doute informé M"", que le Roy est en droit d'exercer,
dans les Eglises d'alsace, le droit des premières prières, comme l'Empe-
l'cur en jouissoit avant le Traité de Munster, et comme il en jouit encore
dans l'Empire, ce droit est précisément le même que celuy ((ue nous con-
noissohs en franco, sous le nom de joyeux avènement à la Couronne, peut
nommer un Sujet pour if'mj)lir le jircmicr bénéfice vaccant dans chaque
Eglis«' de son rioyaume.
C'est sur les mémoires de M. le Cardinal de Rohan, que les brevets des
premières prières ont été expédiés dans le Dioceze de Strasbourg, Mg"^ le
Regent s'etant remis à S. Em<^^ du choix des sujets, aux(|uels ces grâces
seroient conférées.
Le Chapitre de la Cathédrale de Strasbourg est composé de M'"'* les Cha-
noines et de vingt autres Eclesiastirpies, qui desservent la même Eglise,
sous le Titre de vicaires ou de IVebendiers. Ces derniers sont encore con-
nus, sous le nom collectif de grand Chœur.
M. le Cardinal de Rohan etoit dans l'opinion que le grand Chœur n'etoit
point sujet au droit des premières prières, le feu Roy ne l'a point exercé
dans l'Eglise cathédrale de Strasbourg et il y en a plusieurs en Allemagne
qui par des Titres particuliers en sont exempts, à l'égard de l'Empereur,
c'est ce qui fit que le grand Chœur de la Cathédrale de Strasbourg ne fut
point employé dans le memoire que, des les premiers tèms de la Régence,
M. le Cardinal de Rohan donna des Eglises de son dioceze, où le droit de
premières prieies pouvoit être conféré.
Depuis, à l'occasion d'un procès qui s'est mû avec quehjue vivacité,
entre M'-'* les Chanoines et les Vicaires ou Prebcndiers, il a été mis en évi-
dence que l'Empereur avoit exercé plusieurs fois le droit de premières
prières, dans le grand Chœur, et que par conséquent le Roy peut et doit
faire la même chose. Il seroit naturel que M. le Cardinal de Rohan be
donnât l'honneur de proposer à Mgr le Regent un Eclesiasti(pie ])our exer-
cer ce droit, ce seroit une suite delà grâce generallequi fut faite la dessus
A S. Em«^*^ au commencement de la Régence, mais comme la connoissance
qu'on vient d'avoir du droit du Roy, est la suite du procès, M. le Cardinal
se fait quelque peine de se mêler de cette affaire.
Dans CCS circonstances, je prends M"", la liberté de demander à S. A.
r\}^ la nommination de sa Majesté, par le droit de premières prières dans le
grand Chœur de l'Eglise Cathédrale de Strasbourg, en faveur du S. Gilbert
Louis de Rergerel, il est fils de l'ancien Gouverneur de la Citadelle de
Strasbourg, qui a laissé icy une veuve avec plusieurs enfants, sans au-
cuns biens; l'ainé est actuellement capitaine dans le Regiment d'Inf"^'
d'Enghien.
Plusieurs personnes de la première considération, qui aiment et estiment
Mad^ de Bergeret vous parleront à cette occasion en faveur de son fils.
De ma part M"" je me flatte que vous serés bien persuadé que je n'agis que
de concert avec M. le Cardinal qui, depuis longlèms, a accordé à Mad«^ de
Bergeret et à sa famille une protection très déclarée.
Le Bénéfice dont il s'agit peut valoir 1000 ïï de revenu. Je jpins un me-
^ 116 —
moire qui fait mention des Titres qui fondent le droit du Roy dans l'Eglise
de Strasbourg, et une copie d'un brevet accordé pour une Eglise de ce
Dioceze et qui pourra servir de modele.
Je suis etc.
A M. Darmcnonville.
Le i May 1719.
M^'s les officiers du Conseil de Colmar m'ont communiqué, dansletèms,
un memoire qu'ils vous ont envoyé sur l'exemption dont ils prétendent
jouir, par raport aux impositions, pour tous les biens qu'ils possèdent, de
quelque nature qu'ils soient. Je vous diray même que je les ay fort excités
à prendre cetle route, dans la vue de nous procurer, de la part du Roy, quel-
que regle certaine, suivant laquelle on puisse administrer en Alsace les
affaires de la Taillabilité qui jusqu'icy ont été traitées d'une manière pu-
rement arbitraire, et par conséquent qui a varié, suivant la différence des
opinions et des circonstances.
On m'écrit de Colmar qu'on y a vu une lettre par laquelle vous avés
mandé à M. de Corberon ' que vous confereriés de cette affaire avec M. le
Carde des Sceaux et M. de la houssaye, ce qui a donné lieu à quelques
officiers du Conseil de dire qu'elle seroit décidée, sans que je fusse con-
sulté. Comme je suis très impartial et que mon unique bul, comme j'ay
dcja dit, est d'avoir une regle, aucun motif de délicatesse ne me porte à
demander d'être entendu. Je vous avoueray cependant M"", qu'il me pa-
reil difficile que celte question puisse être déterminée, sans retour, à
moins que le Conseil ne soit parfaitement instruit des usages de l'Empire
sur le fait des impositions et de ce qui a été pratiqué la dessus jusqu'à
présent, en Alsace, comme aussi des Règles qu'on suit dans le Pays Messin
et dans la franche Comté, qui etoient pareillement, cy devant, gouvernées
par les loix d'Allemagne; j'ay tous les matériaux nécessaires pour dresser
un memoire où la question sera traitée à fonds, et qui pourra servir à la
décider, en connoissance de cause; j'atlendois, pour former ce memoire
que celuy de .M'"^ les officiers de Colmar me fût renvoyé à l'ordinaire,
j'avais même oui dire (jue M. de foussemague^ gentilhomme de la haute
1. Corberon, premier président au Conseil souverain d'Alsace en 1700 et plus tard
conseiller d'État par brevet du 20 janvier 1723, avait 6t6 procureur g-énéral au Parle-
ment de Metz.
2. Les Foussemagne étaient une branche de Ja famille de Ucinacb; une branche par-
ticulière est celle de Hirtzbach. actuellement existante.
— 117 —
Alsace qui est à Paris depuis longlêms, avoit aussi dessein d'intervenir, au
nom de la Noblesse, et je croyois devoir différer à faire mon travail, jus-
qu'à ce que j'eusse toutes les demandes et même les pièces de ceux qui
agissent. Je resleray encore dans l'inaction, en attendant M"" que vous ayés
eu la bonté de me mander si l'afiaire me sera renvoyée pour donner des
éclaircissements, si je puis toujours vous envoyer à l'avance, mon memoire,
ou si je dois ne m'en point mêler. Je hazarderay cependant de vous dire
dès a présent que je crois que je ne seray point embarrassé de faire con-
noîtrc que les ordonnances que j'ay rendues, et dont je sçais qu'on s'est
plaint, sont fondées sur le droit et sur l'usage véritable du Pays.
Je reconnois que les lumières de M. de la houssayo, dans toutes choses,
et principalement dans les affaires d'alsace, doivent être d'un grand poids.
Je soupçonne que j'ay le malheur de penser différemment de luy, dans
l'affaire dont il s'agit, je ne refuseray cependant pas, s'il le faut, d'entrer
en lice; quoy qu'il en soit, je ne puis me départir de croire que si nous
avons besoin d'un Reglement, dans un Pays, où il n'y en a jamais eu, de-
puis 70 ans qu'il est au Roy, nous en trouverons un dans une province du
voisinage, qui est dans la même espèce; et que par cet exemple la question
qui est traitée, pourroit être bien abrégée et finie, en usant d'un tempéra-
ment très convenable aux officiers et aux peuples taillables.
Je suis etc.
.^1 M. Dargenson.
Le 11 May 1719.
M'''* les officiers du Conseil de Colmar m'ont communiciué, dans le
lêms, un memoire qu'ils se sont donné l'honneur de vous envoyer, sur lu
prétention où ils sont que tous les biens qu'ils possèdent de quelque nature
que ce soit, doivent être exempts de toutes impositions. Je vous diray
même que je les ay fort excités à faire cette démarche, dans la vue de nous
procurer une regle certaine, suivant laquelle on puisse administrer les
affaires de la Taillabilité, en Alsace, où jusqu'icy elles ont été traitées d'une
manière purement arbitraire, et qui par conséquent a varié, suivant la
différence des opinions et des circonstances.
On m'écrit de Colmar <{ue W^ les officiers du Conseil affectent de dire,
que cette affaire avoit été renvoyée à M. de la houssaye, et qu'elle seia
décidée sur son avis, sans que je sois consulté; comme je suis très impar-
tial et que mon unique but, comme je l'ay dcja dit, est d'avoir une regle,
— 118 —
aucun motif de délicatesse ou autre, ne peut me porter à demander d'être
entendu. Je vous avoueray cependant Mg'" qu'il me paroil difficile que cette
affaire puisse être terminée sans retour, à moins qu'on n'ait mis sous vos
yeux les usages de l'Empire sur le fait des impositions et la suite de ce
qui a été pratiqué, sur cette matière jusques à présent en Alsace. J'ay tous
les matériaux nécessaires pour traiter la question à fonds dans un me-
moire; j'attendois pour le former, que le jjlacet de M'"^ les officiers de
Golmar me fût renvoyé, à l'ordinaire. J'ay même oui dire que M''^ les
Gentilhommes de la haute alsace avoient dessein d'intervenir, par le mi-
nislere de l'un d'eux, qui est depuis longtems à Paris. Je croyois devoir
différer à faire mon travail jusqu'à ce que je connusse parfaitement les
demandes et même les pièces de tous ceux qui agissent. Je resteray en-
core dans l'inaction jusqu'à ce que vous ayés eu la bonté de me faire
sçavoir si l'affaire me sera renvoyée pour donner des éclaircissements,
ou si je puis dresser mon memoire sur celuy de W^ de Golmar, dont je
liens d'eux une copie, ce que je ferois avec d'autant plus d'exactitude et
d'application que je soupçonne que j'ay le malheur de ne pas penser sur
cette affaire comme M. de la houssaye. Je hazarderay cependant de dire,
dès à présent, par raport aux ordonnances que j'ay rendues, et dont je
sçais qu'on s'est plaint, que je les crois fondées, sur le droit et sur l'usage
véritable du Pays. En deux mots Mg"", c'est un principe incontestable, dans
l'Empire, qu'il n'y a de biens exempts des impositions que ceux qui appar-
tiennent à l'Eglise, par ancienne doltalion, ceux qui font partie des fiefs,
et enfin les Aliodiaux qui ont toujours été possédés par des Eclesiastiques
ou des nobles; les biens de rotures doivent continuer d'être imposés sans
égard à la qualité du Possesseur, c'est ce que je suis en Etat de prouver,
non seulement par le témoignage de tous les autheurs allemands qui
Irailtent des impositions, mais encore par les Exemples de ce qui se pra-
tique actuellement dans l'Empire cl par les privilèges accordés par les
Empereurs aux Gorps des noblesses immédiates, ou nommément à l'égard
de celle d'alsace, il est dil que les biens de roture, possédés par les Gentil-
hommes de ce Gorps, doivent demeurer chai'gés des impositions ordinaires.
J'njouleray que depuis que la province est au Roy, jamais Sa Majesté n'a
fait de Pveglemenl sur les impositions, d'où il est evident que les loix de
l'Empire doivent y être suivies.
Je feray encore voir que les deux Gonseillers de Golmar, qui ont reclamé
de mon ordonnance, ont acquis depuis peu, presque la moitié entière des
biens laillablcs d'une seule commun;iul('. J'avouëque j'ay été suipris, lors-
que j'îiy appris (pi'ils [tretendoient une exemption indéfinie, tant pour leurs
— 110 —
fermiers que pour les biens qu'ils tiennent par leurs mains et sans au-
cune liniilalion du nombre de cliarnës.
Sur le loutj'avois dessein de projioser un tenipcrnnicnl, à peu près
semblable à celuy qui a clé établi, par une déclaration du 18 may 17ÛG
pour la francbe Comté, qui clait cy devant régie de même que l'Alsace
l'est encore par les loix de l'I^mpire.
Quoy qu'il en soit Mgr, je remellray à parler d'avantage jusqu'à ce que
j'aye reçu vos ordres, en tout cas, dès (pie la décision me sera connue; je
l'executeray à la lettre, telle qu'elle soit. Je suis etc.
A M. de Gaumonl.
Le 18 May 1719.
Sur la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ccrire le iU du mois
de janvier dernier, j'ay communiqué à W^ du grand Chapitre de l'Eglise
de Strasbourg la Requête et les pièces des Magistrats de la ville de Schles-
talf, qui demandent que leurs bourgeois soient maintenus et gardés dans le
droit et possession de ne payer aucun droit, dans les Terres delà Province
d'Alsace, comme aussi d'habiter et cultiver leurs biens sans être sujets à
aucun impôt qu'à la ville de Schicstalt.
Cette UKjuetc a été présentée, à l'occasion d'un jugement rendu le 23
juillet 171 S, par le Bailly de Chatenois, Terre du grand Chapitre, qui con-
damne un lîourgeois de Schlestatt à payer au Seigneurie 30*^ denier d'un
bien qu'il uvoit acquis dans ce lieu, dès 170G. Lemèmc juge avoit ordonné
que les habitants de Schlestatt, qui possedoicnt des fonds à Chatenois,
seroient tenus, dans le cas d'enchère et de vente, de reconnoitre sa Juris-
diction. Il fut interjette appel de celte sentence, par le Magistrat de Schle-
statt, au Conseil de Colmar. Ce Tribunal, par un arrest du mois de février
1709, a ordonné que les appellants se retireroicnt par devers le Roy, en
interprétation des Lettres patentes obtenues en 1G82 par l'Evèque cl le
Chapitre de Strasbourg, entre autres droits, celuy de prendre et percevoir
dans leurs Terres, le 30<^ denier de toutes les ventes des immeubles et le
50° des ventes des meubles. Il est dit dans le préambule des Lettres pat-
lentes que cette concession est faite pour dédommager l'Evèffue et le
grand Chapitre des droits de péage dont ils jouissoienl cy devant, et (jui
avoient été suprimés par un arrêt du 3 8'""° 1G80.
C'est de ce droit que les bourgeois de Schlestatt, possédants des biens
à Chatenois, prétendent devoir être exempts, soutenant que par d'anciens
— 120 —
privilèges, dont le premier est de 1215, ils eloient afTranchis, dans lonles
les Terres de l'Empire, des péages dont le 30 et le 50^ denier, établis par
les Lettres patientes de 1682, en faveur de TEvêque et du Chapitre de
Strasbourg, tiennent à présent lieu. Ils forment en même têms un second
chef de demande, tendant à ce que les biens qu'ils possèdent à Chatenois
soient exempts de toutes les impositions dans ce lieu. Ils raporlent encore
sur ce point leurs anciens privilèges et notamment un mandement jmpe-
rial du 19 juillet 1607 par lequel, à l'occasion d'une imposition faite sur
les biens des bourgeois de Schleslatt, à Chatenois, l'Empereur Leopold
ordonne au grand Chapitre de les laisser jouir de leurs privilèges.
Le Chapitre a repondu, et dans son memoire que vous trouvères dans
ce paquet, avec la Requête des Demandeurs, et les pièces des deux parts,
il vous paroitraque les deffendcurs opposent privilèges à privilèges; qu'ils
soutiennent que ceux accordés aux bourgeois de Schlestalt, ne concernoient
que les péages, induement établis, et non ceux qui eloient levés par con-
cession des Empereurs, tels que sont les péages à la place desquels le Roy
a accordé à l'Eglise de Strasbourg, la perception des 30^ et 50*^ denier,
sur le prix des ventes des biens immeubles ou meubles qui sont passées
dans ses Terres, on rapporte différentes pièces ou Registres, pour justifTier
que les anciens péages de Chatenois eloient payés par les bourgeois de
Schlestalt et que depuis 1682 les mêmes ont encore acquitté les droits
de 30 et 50^ denier qui ont été substituées aux péages.
Quant aux impositions, le grand Chapitre dit qu'étant faites sur les biens,
les bourgeois de Schlestalt, qui ont des possessions à Chatenois, doivent
en payer leur part et que c'est l'usage d'Allemagne et d'alsace, que même
cet usage a toujours eu lieu, nonobstant quelques privilèges particuliers
qui peuvent avoir été accordés en différents têms par surprise.
Quant à moy M. je ne puis m'empêcher de penser que les habitants de
Schleslatt sont également mal fondés, dans l'un et dans l'autre chef. Le
Chapitre de Strasbourg prouve sa possession sur les habitants de Schlestalt,
tant pour les anciens péages <jue pour le droit de 30 et 50^^ denier, ce sont
d'ailleurs des droits de lots et ventes qui doivent être regardés comme
réels. Les prétendus privilèges de la ville de Schlestalt ne me touchent
point, ils n'ont point été confirmés par le Roy. Il pareil d'ailleurs qu'effec-
tivement ce n'est que des péages, induement établis, que les Empereurs
ont eu intention d'exempter les bourgeois de Schleslatt et que par celte
raison ils se sont servi de ce terme avexalione Telonii. Le Chapitre a aussi
ses concessions en bonne forme, il n'y a presque point de villes ni de
Seigneurs dans l'Empire, et par conserpicnl en Alsace, qui ne puisse repre-
— 121 —
senler un grand nombre de privilèges qui ne sçauroient être exécutés à la
Icllrc, sans des conlradiclions manifestes; il faut nécessairement, quand
des questions se présentent à juger, en ces sortes de matières les décider
par le droit commun et l'équité, s'il eloit permis aux bourgeois de Sclile-
statt d'acquérir, avec francbisc, autant de biens qu'ils voudroicnt a Cbate-
nois; ce seroit les inviter à y augmenter leurs possessions, au point ([uela
concession faite en 1682 au grand Chapitre du 30 et 50® denier, luv de-
viendroit absolument infructueuse dans ce lieu.
Je viens à la question de l'imposition. La ville de Sirasbourg et plusieurs
autres de la province d'Alsace, ont de pareils privilèges pour que leurs
bourgeois ne contribuent point aux impositions, à raison des biens qu'ils
ont dans d'autres Communautés. C'est cependant ce (jiii n'a jamais été exé-
cuté, les Seigneurs ont toujours supposé que les Empereurs n'avoient
pas eu intention de leur faire tort et à leurs sujets; les Empereurs de leur
côté, contents d'avoir accordé aux villes principales ce qu'elles demandoient
dans les temps où elles fournissoient à la caisse jmperialle, des subsides
considérables, ne se sont pas mis en peine de faire exécuter ces privilèges,
qui auroient attiré des plaintes dans les diettes de la part des Etals de
l'Empire. Si les bourgeois de Schlestalt obtenoient ce qu'ils demandent
sur cet article, il paraitroit bientôt au Conseil un grand iiombre de pareilles
Requêtes.
C'est par ces raisons M'', que j'estime qu'il y a lieu de débouter les
bourgmestres. Magistrats et Conseil de la ville de Schlestatt, des conclu-
sions contenues dans leur Requête, et en conséquence ordonner que dans
le lieu de Chatenois, les bourgeois de Schlestatt seroient sujets aux droits
du 30e et 50e denier, accordés au Chapitre de Strasbourg, par les Lettres
patentes du mois de T^^^e 1682 et que leurs biens fonds seront compris
dans les Rolles des impositions du lieu. Je suis etc.
A M. le Blanc.
Le 5 Décembre 1719.
Vous estes informé M' que la Régence de Ileydelberg a, depuis peu, en-
voyé un ordre au Bailly de Seltz d'empêcher les jésuites de Strasbourg de
percevoir les fruits du bénéfice qu'ils ont dans le lieu. Vous sçavés aussi
que S, A. Rie a ordonné au procureur gênerai du Conseil d'alsace de faire
casser par un arrêt de ce Tribunal, l'ordonnance des oflficiers de l'Electeur
Palatin.
— 122 —
Je reçois clans ce moment la lettre cy jointe de M. le Comte Du Bourg
avec la copie de celle qui luy a été écrite par le Bailly de Scltz sur le
même sujet. Vous y trouvères qu'il paroit que du côté de l'Electeur, on est
déterminé à se faire obéir.
Je ne puis m'empècher de vous représenter que par des raisons qui
vous sont connues, il est d'une extrême conséquence, par raport à la sou-
veraineté du Roy, dans la basse Alsace, de ne point mollir de nôtre part,
dans celte occasion.
H y avait cy devant, à Seltz, un detacbemcnt de la garnison du fort Louis,
conmic il y en a encore actuellement de la garnison de Landau à Lauter-
bourg-, à Altcnstatl et à S^ Bemy, dont la Souveraineté est pareillement
contestée au Hoy. Comme la garnison du fort Louis se trouva fort foibb",
cet été, on prit le party de retirer le détachement qui était à Sellz sur la
])arule (|uc le Liailly donna que l'Electeur n'y envoycroit point de troupes.
Je crois M. que dans les circonstances présentes, il seroit convenable de
mettre à Sellz un (lelaclicnicnt des Troupes du Hoy, ne fut-il que de dix
hommes, mais il faudroit, à mon sens, y tenir un officier sage et intclligcnf,
qui ne seroit point relevé, et dont la mission seroit de faire exécuter l'ar-
rêt du Conseil de Colmar et de faire reconnoître la Souveraineté du Roy,
sans donner alleinte à l'authorilé de l'Electeur Palatin, comme Seigneur
haut justicier.
Je suis persuadé (jue si S. A. 11'^ agrée cette proposition et la fait exé-
cuter, nous n'enlendrons plus parler de la Régence de Ileydelberg, et (pie
l'Electeur Palatin attendra patiemment la fin de la négociation, qu'on dit
que le Ministre de l'Empereur est sur le point d'entamer icy sur les limites
de l'alsacc. Je suis etc.
ANNÉE 1720.
^l M. Darmenonville.
l<c prciii'" .laiiviff 17'2U.
Je suis en demeure de satisfaire aux éclaircissements que vous me faites
riionncur de nie demander, il y a déjà quelque têms, sur l'affaire dont il s'agit,
dans le dossier cy joint, mais c'est une matière beneficialle (jui interesse
essentiellement le droit du Uoy. J'ay cru que vous approuveriés que je
ne parlasse que lorsque je seroisassés instruit pour présenter la question
daus tout son jour, je crois devoir commencer par rétablir les noms qui
uni été mal copiés.
- 1-23 —
C'est le Si" Ilatzel, fils de celiiy qui eloit cy devant Syndic de la Ville de
Strasbourg, qui demande des lettres d'attache sur une i5ullede la Cour de
Rome du iß. X'""'^ 1718, par laquelle cet Eclesiastique, sur la résignation
du S"" Dupont, a été pourveu de la Prévôté de l'Eglise Collegialle de Neu-
willer, au Dioceze de Strasbourg.
Ce Chapitre ctoit autrefois une abbaye reguliere, qui a été sécularisée, il
y a déjà plusieurs siècles. Le prévôt (jui représente l'abbé a conservé la
mitre et la crosse.
Celte dignité, qui est la première du Chapitre a toujours été remplie par
la voie d'élection, ainsy qu'il etoit usé pour l'abbé avant la sécularisation.
Celuy qui a resigné et tous ses prédécesseurs, depuis que l'alsace est au Roy,
ont été élus en présence des commissaires envoyés par sa Majesté.
C'est un principe certain, dans l'Empire, que les Eglises qui sont en
possession d'élire, jouissent de leur droit, sans aucune conlradiclion de la
part du Pape, et qu'en un mot les résignations ne sont admises pour les
premières dignités que dans les maisons où l'usage particulier y est con-
forme. Toutes les Eglises Collegialles du Dioceze de Strasbourg, exceplé
celle de S' Pierre le jeune, sont dans le cas d'élire la résignation et la Pré-
vôté de Neuwiller est la première qui ait jamais paru dans ce Dioceze. 11
n'est certainement convenable que le Roy protecteur des Canons et de la
liberté des Eglises de son Royaume, authorise une Rulle qui les détruit,
qui tend à anneantir les Elections qui sont fondées sur le droit commun
et les loix les plus anciennes de l'Eglise, une Bulle qui introduit une dispo-
sition nouvelle qui seroit étendue peu à peu sur toutes les Eglises d'Alsace,
môme sur les Régulières.
On peut dire, en faveur du Resignataire, que le Concordat germanique
passé en 1447 entre le Pape Nicolas 5 et l'Empereur frederic, est observé
en alsace, et que par ce Concordat la disposition des premières dignités
des Chapitres est réservée au Pape.
On a déjà prévenu cette objection, en explicjuant que l'article 5 du Concor-
dat où il est parlé de celte reserve, n'a jamais eu d'exécution cl n'en a
pas encore dans le plus grand nombre des Eglises de l'Empire et que le
Chapitre de Neuwillerest du nombre de celles qui se sont maintenues dans
une pleine et entière liberté d'élire. Il faut encore remarquer que dans la
Bulle dont il s'agit, le Pape a eu lieu de faire mention de la recherche
portée par le Concordat; il ne parle que de la reserve generalle qu'il
prétend luy appartenir sur tous les bénéfices qui vacquent entre ses mains
par une libre démission du Titulaire.
On doit dire de plus que les élections ne peuvent être laites, sans la
— iU —
permission expresse du Roy, et sans l'assislance de ses Commissaires qui
parleur attention, etleur aulhorité maintiennent le bon ordre et veillent à
ce que l'Election tombe sur un sujet afîectioné à l'Etat, qu'ensuite l'Elu
ne peut prendre ses provisions de la puissance Ecclésiastique, qu'après en
avoir obtenu la permission du Roy, par un brevet exprès. Il est aisé de
concevoir que si les résignations etoient tolérées dans les Eglises, où elles
ne sont pas usitées, ce seroit priver le Roy de la part essentielle qu'il doit
avoir dans la disposition des bénéfices d'Alsace.
C'est en vain qu'on diroit que des Lettres d'attache, sur la Bulle, pour-
roient suppléer à tout ce qui interesse Sa Majesté.
n est aisé de sentir la difierence qui se trouve entre permettre l'exécu-
tion d'une Bulle ou à approuver une Election, le premier acte est regardé
comme une pure formalité, qui ne suppose pas toujours une discussion
préalable, et ne concerne que la publication des Lettres apostoliques, l'autre
acte influe, en quelque manière sur le titre et par felection, qui devient
efïectivement caduque si le Roy n'y donne son agrément.
Ce sont ces raisons M'' qui me font croire qu'en bonne regle les Lellrcs
d'attache que demande le S'" Ilatzel sur la Bulle, j)ar laquelle la Prévôté
de Neuwillcr luy est conférée, sur la démission du S'' Dupont doivent être
refusées.
Je suis néanmoins très mortiffié d'être obligé de proposer ce party,
parceque je me souviens parfaitement que S. A. R'" avoit témoigné quel-
que dessein de dédommager le Père de ce jeune Ecclésiastique, du Syndi-
cat de la ville de Strasbourg qui luy fut ôté en 1717, et le bénéfice dont
il s'agit vaut 3000 îi de revenu. Je sçais d'ailleurs que le S'" Ilalzel est pro-
tégé par des gens que j'honore et respecte infiniment, mais par préférence
à tout, je dois rendre un compte fidèle des alfaires sur lesquelles je dois
être consulté, et d'ailleurs je sens que si S. A. W^^ veut faire des grâces à
cette famille, il luy sera bien facile d'y placer un bénéfice autre que celuy cy.
Je suis etc.
A M. Dannenonville.
Le 19 Janvier 1720.
Parune lettre, du 21 du mois d'Aoust dernier, vous ni'avés fait riiomieur
de me mander que M. le Prince de Birkenfeld avait stiplié Mg' le Duc
d'Orléans de luy accorder la permission de lover, sur les Teires tpi'il l'OS-
— 125 -
sede en Alsace, une somme de 30 mille livres pour les frais de son mariage.
Sur quoy vous m'avés marqué qu'au préalable S. A. W^ desiroit d'être in-
formé si M. le Prince de Birkenfcld avait ce droit sur ses Terres et si les
habitants seroienl en droit de supporter une pareille imposition; vous
m'avés en même Icms chargé d'ccclaircir un exemj)lc de M. le Comic
d'IIanau, qui a été cité par M. le Prince de Birkenfeld, c'est par où je vais
commencer.
M. le Comte d'IIanau m'a fait l'honneur de me dire que lorscju'il se maria,
il écrivit à M. le Maréchal d'huxellcs, qui était alors à Strasbourg etcom-
mandoit dans la première province, pour avoir son agrément sur une levée
de 12000 florins, faisant 24000 ^ qu'il avoit dessein de faire sur ses Terres :
que M. le M''»i d'Huxelles fut trois semaines ou un mois sans luy repondre,
après quoi il luy manda qu'il pouvoit imposer les 12000 florins. M. le
Comte de Hanau présume que dans cet intervale M. le M'^''' d'Huxelles
en écrivit à la Cour, qui sans doute fit une réponse favorable.
Je reviens à M. le Prince de Birkenfeld, ses officiers m'ont dit plusieurs
fois que dans les Comptes des Communautés de ses Terres, ils avoienl trouvé
qu'il éioit fait mention de différentes sommes payées aux Seigneurs, lors-
qu'ils s'étaient mariés, enfin M. le Prince de Birkenfeld vient de m'envoyer
la délibération cy jointe des Communautés qui composent la Comté de
Bibeaupierre; il paroit, par cet acte, qu'elles offrent de leur plein gré,
à leur Seigneur, en considération de son mariage, la somme de 28750 ÏÏ
payable en quatre ans.
Comme cette offre est absolument volontaire, elle peut servir de preuve
de l'usage et de la possibilité de la part des habitants d'y satisfaire.
Je vous ajouteray même que cet usage est assés commun en Alle-
magne, et que même en Alsace plusieurs Gentilshommes particuliers en
jouissent, entr'autres la maison de Montjoye. Au surplus M. je ne sçais
s'il vous paroitra nécessaire ou même convenable que la permission de-
mandée par M. le Prince de Birkenfeld, luy soit accordée par un arrêt.
J'estime qu'il suffîroit qu'il apprît par vous que S. A. W^ trouve bon qu'il
accepte l'offre qui luy est faite par les habitants de ses terres, et que le
soin de la levée soit laissé aux Officiers de la Comté de Bibeaupierre.
Les habitants de cette terre sont imposés pour le Boy, en la présente
année à 41763 ^ et l'on y compte environ 2000 familles, ce qui pourra
vous faire connaître, à peu près leurs forces. Je suis etc.
— 120 —
A M. le Blanc.
Le 30 Juiu 1719.
Le S'" Willcmnnn, Bailly do Laulcrbourg-, nous informa Mr, il y a (|iicî-
qucs jours, iM. le Comte Du Bourg- et moy, que des officiers de justice de
l'Evêché de Spire avoient paru dans des baillages, dépendants de cet
Ktal, silué en deçà delà rivière de (Jueich, et qui sont par conséquent
dans la Souveraineté du Roy. Il nous mandoit que ces officiers exercoient
des actes de Jurisdiction, informoient sur des malversations des Receveurs,
et exigeoientà cet effet le serment de plusieurs habitants, qu'ils enlendoient.
Ce Bailly observoit, avec raison, que cette démarche donne atteinte à la
Souveraineté du Roy, parceque suivant tous les principes du droit pubHc,
le nouvel Evèque de Spire ne peut user d'aucune Jurisdiction dans celles
de ses terres qui sont en Alsace, qu'il n'ait auparavant demandé à cet
égard, l'investiture qu'il doit recevoir de Sa M^*^'.
Le S"" Willemann ayant fait part du même fait à M. le Procureur gênerai,
au Conseil supérieur de Colmar, ce Tribunal a rendu un arrest portant
deffenses aux habitants de la dépendance de Spire, dans les Terres du
Roy, de reconnoître cette Commission, avec injonction aux Commissaires
de se retirer. Cet arrest a été signiffié à tous les BailHs, mais les officiers
de Spire, bien loin d'y déférer, ont afl'ecté de venir dans un village du
Baillage de Lauterbourg, d'où ils ont écrit au S"" Willemann des lettres
fâcheuses, luy déclarant qu'ils alloient protester contre l'arrêt, qu'ils enten-
doient suivre leur mission et le menaçant d'une destitution prochaine de
son office. Sur quoy ce Bailly demande ce qu'il doit faire, et implore la
protection du Roy pour être maintenu ou du moins dédommagé.
Je luy ai repondu, de concert avec M. le Comte Du Bom^g, que si ces
Commissaires vouloient s'en tenir à agir comme des particuliers, à prendre
des instructions sur les affaires de leur Maitre, il pouvoit les laisser faire,
mais s'il s'appercevoit qu'ils se missent en devoir de continuer à deman-
der des prestations de serment, il leur fit pressentir qu'ils s'exposoient
beaucoup. Il seroit effectivement facile de faire exécuter l'arrêt et les ob-
liger de s'en aller, et cela seroit même convenable pour maintenir les
droits du Roy, mais comme les démarches qu'il faudroit faire pour y parve-
nir sont assés délicates à bazarder, sans avoir des ordres Supérieurs, nous
nous contenterons de faire enjoindre de nouveau aux habitants, d'exécuter
l'airêl f|ni leur défend de reconnoître la Jurisdiction de ces Commissaires.
— 127 —
On pourra de plus faire casser par un second arrêt de Colniar la procé-
dure qu'ils auront faite. Il en résultera du moins que si dans la discus-
sion des limites, on nous allègue l'exercice de Jurisdiction de l'ICvcque
de Spire, nous aurons un coi-rcclif à y opposer.
Je trouve bien que dans une lettre, par vous écrite à M. le Comte Du
Bourg, le 3 avril dernier, et dont je joins icy une copie, vousluy dilcs
qu'il est important que le nouvel Evêque de Spire ne puisse prendre
possession des baillages dépendant de son bénéfice, qui sont situés en alsacc
jusqu'à ce qu'il en ait receu l'investiture du Roy; mais on ne peut pas dire
absolument que la manœuvre actuelle des Commissaires de Spire, soit
une prise de possession expresse, quoyque cependant tout acte d'exercice
de Jurisdiction puisse être regardé comme un équivalent.
Dans la même lettre vous cbargés M. Dubourg d'assurer le S"" Willemann
delà protection du Roy. Je puis vous repondre qu'ill'a mérité, par l'atten-
tion qu'il a toujours eue à la conservation des intérêts de Sa Majesté, et
par les avis importants qu'en téms de guerre, il a souvent donnés àM^^^les
Généraux. M. le Comte Dubourg a déjà écrit au Commandant de Lauter-
bourg, qu'en cas que l'Evêque de Spire voulût faire attenter sur la per-
sonne de ce Bailly, ouïe déposséder d'une maison appartenante à l'Evêclié,
qu'il occupe, il eut à s'y opposer. Je prévois que l'Evêque de Spire com-
mencera par vouloir tenter sa destitution, mais il y a bon moyen de l'en
empêcher: par d'anciens arrêts du Conseil d'Etat il a été réglé qu'aucun
Bailly, en alsace, ne pourra exercer qu'il ne soit gradué et receu au Con-
seil de Colmar, on a eu la condescendance de ne point exiger ces deux
conditions pour les officiers des Baillages dont l'Evêque de Spire conteste
la Souveraineté. Si le S"" Willemann reçoit ordre de Spire de céder la
place à un successeur, le Conseil de Colmar pourra deffendre à celuyci
de prendre possession de la charge, sans s'être présenté au serment; c'est
à quoy l'Evêque de Spire ne voudra jamais consentir, et alors le Conseil
de Colmar pourra, se tenant dans la Regle, ordonner que par provision
le S"" Willemann continuera d'exercer l'office de Bailly.
J'ay cru W devoir vous rendre compte de ce detail pour que vous
puissiés nous faire sçavoir les volontés de S. A. R'® sur les différentes
suites que cette affaire peut avoir.
Je suis etc.
— 128 —
A M. Darmenonville.
Le 19 Juillet 1720.
Vous avés sans doute été informé , par M. le Procureur gênerai au
Conseil de Colmar, de l'arrêt que celte Compagnie rendit, il y a quelque
tèms, pour deffendre aux habitants des Baillages de la dépendance de
l'Evèché de Spire, qui sont situés en alsace, et se trouvent par conséquent
dans la Souveraineté du Roy, de reconnoitre les ordres de quelques officiers
de l'Evêché de Spire, qui s'etoient transportés dans ce territoire, où sous
prétexte de faire des recherches des malversations des receveurs, ils exi-
geoicnt des prestations de serment, et faisoient des actes presque équiva-
lents à une prise de possession. Ce même arrêt portoit injonction à ces Com-
missaires de se retirer, l'huissier qui en etoit porteur, nous vit en passant,
M. le Comte Dubourg et moy. Son instruction portoit qu'il le signiffieroit
aux Baillis et aux Commissaires mêmes. Nous crûmes qu'il suffîsoit de faire
la signiffication aux Baillis et qu'il les chargeât, par l'exploit, d'en donner
connoissance aux Commissaires de Spire.
C'est ce qui a été exécuté, mais il est arrivé que les Commissaires n'ont
pas laissé de continuer à faire leurs procédures dans toutes les principales
Communautés de la campagne, et de nôtre côté nous n'avons pas cru de-
voir user des voies de fait, parcequc nôtre unique objet était d'empêcher
que les jmperiaux ne pussent se faire un titre contre la souveraineté du
Boy. Si dans la discussion qui se fera tôt ou tard de celte matière, on nous
oppose les procédures des Commissaires de Spire, nous pourrons repondre
par l'arrêt de Colmar.
Ces Commissaires vinrent il y a quelque jours à Lauterbourg, chef lieu
du Baillage de ce nom, où le Boy lient un Commandant et une garnison.
Le Commandant, prévenu par les ordres de M. le Comte Du Bourg, dès
qu'il les scût arrivés, se transporta chés eux, leur fit beaucoup de poHlesse,
d'honnêteté et d'offres de service, leur déclarant qu'ils pouvoient, en
toute liberté, travailler aux affaires de leur Maître et examiner les comptes
de ses Beceveurs, c'est en un mot faire tout ce qu'ils voudroient en ce
genre, mais il leur ajouta que s'ils pretendoient faire assembler la bour-
geoisie, exiger des sommes, ou faire quelque acte de Jurisdiction, il s'y
opposeroit. Les Commissaires se sont arrêtés la dessus, et ont écrit à M. le
Cardinal de Schonborn*, Evoque de Spire pour avoir de nouveaux ordres.
1. Scliœjiliorri CD.uiiif.'n-niip^ucs-Philippc-Anloinc, (.-onitc de), coadjiilcur de l'cvêque
— 129 —
Le S' Willemann, Bailly de Lauleibourg, me mande le 18 de ce mois,
qu'ils les ont reçus, sur quoy ils ont envoyé chercher le chef de la Bour-
geoisie, et luy ont commandé de la faire assembler, et que leur ayant été
repondu qu'il y avoit des deffenses du Commandant, ils ont déclaré ((u'ils
protestoient et s'en sont allés.
Le même Bailly de Laulerhourg-, qui est né sujet du Roy, a été établi
dans celte charge, pendant la guerre, par M. de la houssaye, qui connais-
soit son affection au service de Sa Majesté me mande encore qu'il y a
grand lieu de s'étonner de ce qu'on veut troubler son maître dans l'ad-
ministration de ses terres, et que le dernier arrêt de Colmar est contraire
à la disposition de celuy du Conseil d'Etat du 28 juin 1719 que vous avés
fait expedier, et par lequel Sa M^^ a évoqué à elle la connoissance de la
contestation commencée par le procureur gênerai de Colmar contre
l'Evêque de Spire, pour l'obliger de prêter serment de fidélité nu Roy,
comme Prévôt du Chapitre de Weissembourg.
Il est aisé de repondre qu'il ne s'agit point icy d'empescher M. l'Evêque
de Spire, de recevoir le revenu de ses terres, mais seulement défaire des
actes de prise de possession ou autres équivalents, jusqu'à ce qu'il ait
prêté serment de fidélité au Roy et receu de Sa M^« l'investiture des biens
qu'il possède en alsace, à cause de la Pfevôlé de Weissembourg; qu'à l'é-
gard de l'arrest de 1719 c'est M. le Cardinal de Schonbornn qui vient d'y
contrevenir par la Commission qu'il a envoyée dans les terres qui luy ap-
partiennent, sur la souveraineté du Roy, et qu'il etoit bien naturel que les
officiers principaux de sa W^ chargés de la conservation de ses droits , les
deffendissent par les mêmes armes qu'ils etoient attaqués.
J'ay cru xM"" devoir vous rendre compte de toute la suite de cette affaire, et
vous suplier de vouloir bien me faire sçavoir si S. A. R^^ approuve ce qui
a été fait et les ménagements dont il a été usé. Je suis etc.
A M. Desforts.
Lo 2 Décembre 1720.
Vous m'avés fait l'honneur de m'envoyer, le 23 du mois de Septembre
dernier, le placet cy joint, par lequel les officiers de la monnoye de Stras-
bourg se plaignent que, quoyque les anciens privilèges attachés à leurs
de Constance, élu à l'évêché de Spire le 30 mai 1719 et en même temps prévôt du cha-
pitre de Wissembourg-. Il mourut lo 19 août 1743 (voy. L. Spacli, Œuvres choisies, t. III,
p. 68, et la Monographie speciale sur l'abbaye de Wissembourg).
T. X. - (M.). 9
- 130 -
offices aient été depuis peu confirmes par des Lellres patentes du mois de
Décembre 1719, on ne laisse pas, de la part du Magistrat de cette ville, de
les obliger à payer le droit appelé l'umguell, surquoy vous me charges
M*" de vous mander ce que c'est que ce droit et de vous rendre compte
des raisons des uns et des autres et de mon avis.
Umgeld, est un mot allemand qui signifiie un impôt sur les boissons:
le magistrat le fait percevoir à l'entrée, sur toutes les liqueurs qui passent
pour la consommation de la ville et c'est ce qui forme le produit principal
des revenus communs.
Les officiers de la monnoye fondent le privilège qu'ils prétendent, à cet
égard, sur des lettres patientes du mois de Décembre 1719, où il est ex-
pressément dit qu'ils seront exempts de tous droits d'entrée et sortie de
ville et impôts sur les boissons.
Le Magistrat de Strasbourg repond que le Roy n'a sans doute entendu
parler (jue des droits (jui appartiennent à Sa W*^, et non de ceux qui font
partie des Revenus de la ville, que par la capitulation de Strasbourg, aullio-
risée encore depuis par des lettres paltentes, données en 1716 et enregis-
trées au Conseil de Colmar, il est dit à l'art. 5^ que le Magistrat sera con-
servé dans la jouissance de ses revenus; que tous les Seigneurs, Gentils-
hommes, Ecclesiatiques et officiers militaires, qui habitent dans la ville,
y sont assujettis, et ne peuvent jouir de la franchise qu'autant que le Ma-
gistrat leur en fait libéralité; que M. le Prince de Rirkciifeld et M. le Duc
des Deux Ponts de la maison Palatine, sont exempts par des Traitlés par-
ticuliers qu'ils ont la dessus avec le Magistral. Qu'en 1717 M. le Comte de
Hanau ayant prétendu que de droit, on en devait user de même à son
égard, il se pourvut au Conseil du dedans du Royaume, où l'affaire fut
discutée et ensuite décidée en faveur du Magistrat, suivant une lettre ra-
portée de M. le Duc d'Antiu du 20 juin 1717.
Le Magistrat convient que les Gentilshommes immatriculés, dans le
Corps di^ la Noblesse de la basse Alsace, jouissent de l'exemption par un
ancien usage dont ils ne voient point le commencement.
Dans le militaire les officiers de l'Etat major, leChef de l'artillerie, celuy
des foi liffi cations, les Colonels, Lieutenants-Colonels et Majors de chaque
Regiment et le Trésorier ne payent point le droit d'Umgeld, le Directeur de
la ferme des Domaines en a aussi été déchargé, mais ce n'est que depuis
peu, en HO^ et par l'effet d'une considération particulière du Magistrat,
n'y ayant point d'ordre supérieur la dessus.
Le Magistrat ayant ajouté à toutes ces raisons cl exemples que depuis que
la ville de Slrasbourg est au pouvoir du Roy, les officiers de la monnoye
- 131 -
ont toujours payé le droit d'umgcldt, sans aucune disconlinualion, de
même qu'il est aclucllemcnl pratiqué jtar tous les Ecclésiastiques, Sei-
gneurs, Gentilshommes, officiers et Employés, autres que ceux qui vien-
nent d'être cités, et qui ont obtenu l'exemption.
Je vous diray, de ma part M., que j'ay écrit à Lyon et à Grenoble pour
sçavoir comment on en usait à l'égard des officiers de la monnoyc. M. le
Prévôt des marchands m'a repondu, du 9 de ce mois, et il me mande, en
termes exprès, que les officiers monnoyeurs et ouvriers de la monnoye,
pas même M. de S' Maurice, qui a la commission de l'intérieur du travail,
ne sont exempts des droits d'entrée sur le vin, qui appartiennent à la ville de
Lyon, il en est de même à Grenoble, suivant qu'il m'a été écrit en der-
nier lieu, par le subdelegué de cette ville.
Je ne puis donc M. m'empêcher de penser que les officiers de la mon-
noye de Strasbourg doivent être totalement éconduils do leur demande,
mais comme celte affaire dure depuis longtêms et qu'ils sont venus à la
récharge plusieurs fois, je crois M., qu'il sera nécessaire que vous ayés
agréable de me mettre en etat de leur faire connoîlre la décision qui in-
terviendra.
Je mets dans ce paquet les pièces et mémoires que le Magistrat de Stras-
bourg m'a donnés sur cette affaire.
Je suis etc.
A M. V Archevêque de Cambray**
Le 31 Xb--« 1720.
Je reçois la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire, le 27 de
ce mois, sur les représentations que W^ de Basle ont faites depuis quel-
que têms, au sujet de l'interdiction du passage des grains de la province
d'Alsace dans leur Etat.
Je crois M., que pour vous metlre parfaitement au fait de cette affaire,
il est nécessaire que je vous rappelle ce qui a été fait la dessus depuis
quelques années.
Pendant les derniers têms de la guerre qui a fini par le Traité de Baden,
1. Dubois (abbé), né en 165G, précepteur du Régent, archevêque de Cambrai en
1720, cardinal en 1721, premier ministre en 1722, meurt en 1723 à Versailles. Sa scan-
daleuse carrière est suffîsamment connue.. (Voy. au surplus l'excellente notice de
M. Ourry {Encyclopédie des gens du monde, t. VIll, p, 027 et suiv.).
- 132 -
on ne laissoit sortir aucuns grains de celle province en Suisse. Deux rai-
sons avoiont donné lieu à celle inlcrdiclion : l'une le njéconlentoment
(ju'on eut du Canton de 15aslc en 1709, sur ce qu'il avoit laissé violer son
Territoire, par (piclques troupes de l'Empereur, commandées par M. de
Mercy; l'autre que les magazins du Roy étant mal approvisionnés, on con-
servoit, avec grande raison, les ressources du Pays pour l'armée de
Sa M'^
Sur la fin de 1715, W^ de Basle, après plusieurs instances, oblinienl
(pfon leur laisseroit passer cent soixante quatre sacs du poids de 200 L.
chacun, par semaine.
J'arrivay en Alsace, pour la première ft»is,au mois d'avril 1710. Je
trouvay la province pleine de grains, plusieurs gens de tous Etats me
i-epr-esentercnt que les bleds étaient à vil prix dans le pays, qu'ils n'en
Irouvoienl pas même le débit et qu'ils etoient privés parla de leurs reve-
nus. On me fit considérer d'ailleurs que les Suisses etoient dans l'iiabi-
lude de tirer des vins d'Alsace pour des sommes très considérables et qu'il
ctoit à craindre, qu'en leur refusant des bleds, ils ne cessassent de pren-
dre nos vins: de plus encore que c'est chés les Suisses et dans l'Em-
pire, qu'on va chercher tous les bestiaux qui servent à la consommation
d'Alsace, et qu'on nous menaçoit de représailles sur les bestiaux, si on
continuait de ce côté cy, à tenir rigueur à l'égard des grains. Je rendis
compte à la Cour de cette affaire, dont je tàchay de faire connoître l'im-
portance. Le Canton de Basle y joignit de nouvelles remontrances, et enfin
après une assés longue discussion, il fut décidé que la sortie des grains
d'alsace serait [lermise, comme elle l'étoit déjà, de toutes les provinces
duUuyaume. Depuis ce tôms l'alsace a toujours été comprise dans les ar-
rêts qui ont été renouvelles, de têms en tèms, pour continuer cette per-
mission generalle, au lieu que dans les premiers il n'eloit pas fait mention
de cette province.
Le dernier de ces arrêts qui est du 18 février 1710, permet la sortie
des grains hors du Royaume, jusqu'au premier Septembre suivant, et n'a
point été renouvelle du moins de ma connoissance.
(^omme[)ar l'article 0 du titre huit de l'ordonnance generalle des fermes,
du mois de février 10<S7, la sortie des grains est defienduë, il s'en suit
(pi'il faut s'en tenir là, lorsqu'il n'y a point d'arrêt qui la permette, c'est
ce qui fit qu'au prem'' 7bre 1719 on se mil en devoir icy, de fermer le pas-
sage aux grains, soit j)Onr les Suisses ou [»oui- l'Empire.
.l'allay quehpies têms après à Paris, je remontray à M. Dargenson qu'il
y avoit dans lu l'rovince un excédant de grains dont on ne pouvoit faire
— 133 -
usage que pour rctrangcr, il me permit de rendre la dessus la libellé,
sans néanmoins faire paroître d'ordonnance puhliijue, et je m'y con-
formay.
Au mois de Mars M. Law, alors ConlroUcur gênerai, m'écrivit que S.A.
Rio etoit dans l'intention que la traite des grains pour l'eli-anger lût inter-
dite pour l'Alsace et il fallut obéir.
Depuis, les variations réitérées sur les espèces et l'augmentation du mois
d'aoust, ont fait monter en alsace cette denrée à un si haut prix qu'il n'y
avoit pas moyen de songera en aider nos voisins; il semble aussi qu'ils se
prêloient à nôtre Elal, car pendant tout ce tèms ils ne ni'unt rien demandé
à cet égard.
Enfin quand la dernière récolte, et un commencement de diminution
sur les espèces, ont eu procuré quelque relâchement sur le prix d. s grains ;
W^ du Canton de Basle, dans les derniers jours du mois d'octobre, m'en-
voyèrent une deputalion pour demander de faire ouvrir les passages, je
leur repondis que j'en ecrirois.
C'est aussi ce que je fis, et M. Desforts me fit l'honneur de me repondre
le 16 9'^'"'^ que son S. A. lî'*^ vouloit bien que je laissasse aller à Basle 104
sacs par semaine, comme il etoit pratiqué en 1715, mais les Magistrats de
celle ville en ayant eu l'avis parmoy, m'ont mandé le 4 X'^''^ qu'ils ne pou-
voient pas accepter mon offre, et que d'ailleurs cette affaire regardant
tout le Corps helvétique, ils en alloient faire part aux Cantons, c'est là M""
que nous en sommes restés icy.
Si vous désirés, à présent, que je vous dise ce que je pense, je ne vous
dissimuleray point que j'ay pour principe, qu'a moins d'une disette ex-
traordinaire il convient toujours à deux Elats voisins, de se fournir réci-
proquement le'î choses dont les peuples ont besoin de part et d'autre. Nous
ne sommes au surplus nullement dans le cas d'une disette, il est vray que
les grains paraissent être encore sur un pied très haut, puiscpie la mesure
du Pays, qui peze 170 L. a été vendue 10 ît ou envhon, au dernier mar-
ché de Strasbourg, mais c'est l'eflet du haut prix des espèces, étant cer-
tain que toutes les denrées haussent et baissent dans la même proportion
que les monnoyes: je hazarderay même un païadoxe, c'est que l'interdic-
tion de la sortie des grains contribué à entretenir la cherté. J'ay souvent
1. Law (Jean), né à Eiliinl)Ourg- en 1G7!, inventeni- du li(i|) liininix syslùinr qui iiorle
son nom. Il reçut des lettres patentes du Régent en 171 G, lut noninic en 1719 contrôleur
général des finances. Il ne tarda pas de tomber en disgrâce. Il mourut à Venise ou 1729
dans un état voisin de la misère.
— 134 —
remarqué que dans de pareils cas ceux qui en sont pourvus, s'imaginent
qu'on est menacé d'une disselle et les resserenl. Je crois que vous apper-
cevrés aisément le colé où je panche sur la proposition de W^ de Basle,
mais il est de mon devoir de m'en rapporter à ce que M. de la houssaye
pourra croire être convenable, et d'autant plus qu'outre que celle aflaire
concerne naturellement les fonctions de sa charge, il a une connoissance
particulière de la province d'Alsace, de sa force et de son commerce.
Je suis etc.
ANNEE 1721.
A M. Darmenonville.
Le 17 Janvier 1721.
Vous m'avés fait l'honneur, par une lettre du 10 du mois passé, de
me demander des ecclaircissemenls sur quelques faits de la part de l'Elec-
teur Palatin et de l'Evoque de Spire que M. Néef procureur gênerai, au
Conseil de Colmar vous a déféré, comme de nouvelles entreprises sur la
Souveraineté du Roy dans la basse alsace; je vais M"" vous expliquer de
quoy il s'agit le plus succinctement qu'il sera possible.
Il paroit que M. Néef vous a parlé d'abord d'un péage que l'Electeur
Palatin fait sur les habitants du Mundat de Weissembourg,quoyquece ter-
ritoire et la ville de ce nom, soient de la Souveraineté du Roy, etquelcsElec-
teurs et Etats de l'Empire ne puissent établir de nouveaux péages dans
les Pays qui dépendent d'eux sans la permission de l'Empereur.
Ce principe est très certain, mais dans le cas dont il s'agit il n'y a nulle
nouveauté.
Le Baillage d'Altenstatt apparlenoit cy devant par indivis à l'Electeur
Palatin et à l'Evoque de Spire. Depuis par des conventions particulières,
faites entre ces deux Princes, ce Baillage est resté en entier à l'Evêché, à la
reserve néanmoins du péage que l'Electeur a conservé, au moyen de quoy
un Receveur perçoit encore actuellement des droits sur les denrées et
marchandises que les habitants du Mundat portent à Weissembourg.
Je dois vous dire icy qu'autrefois l'Evêque de Strasbourg, le Comte de
Hanau et quel({ucs autres Seigneurs, qui jouissoient en Alsace de l'imme-
dialilé de l'Empire, levoient de pareils droits sur tout ce qui se passoit
dans leurs terres. Peu de têms après les reunions Sa M'^' par un arrêt du
Conseil annulla tous ces péages, ordonna ({ue le commerce de l'intérieur
ilu pays seiait libre, et f[u'il ne serait perçu de droits qu'à son profit el à
rentrée cl à la sortie de la province, c'est ce qui fait une partie principale
(Je la ferme appellée les Domaines d'alsacc. l'Evèque de Strasbourg et le
Comte de Hanau ont été dédommagés par des droits nouveaux qu'ils ont obte-
nus de pouvoir exercer dans leurs terres. Les autres Seigneurs n'ont rien
demandé, parceque vraiscmlilablemcnt ils n'a voient point de titre.
Il est certain qu'en suivant l'esprit de cet arrêt, il faudroil à la rigueur
détruire ce péage d'Altenstatt , mais en même lêms il faudroit aussi faire
supprimer ceux que l'Electeur Palatin et l'Evcque de Spire lèvent à Lau-
terbourg et à Scltz et celuy qui est établi par la maison de Baden, à Hein-
heim, près du fort Louis.
Vous sçavés M"", que la souveraineté est contestée au Roy, sur tous ces
lieux, et que le Baillage d'Altenstatt est dans le même cas; on a eu jus-
qu'ici l'attention, pour ne point trop effaroucher les princes, à qui ces
terres appartiennent, de les laisser jouir de tous les droits utiles, même
de ne rien imposer au profit du Roy sur leurs habitants; il faut espérer qu'à
la fin il interviendra un Reglement définitif sur les limites d'alsace, soit au
Congrès de Cambray ou ailleurs, et cependant je présume que l'inlention
de S. A. R'® est que l'on continue à en user avec la même modération
observée jusqu'icy.
11 est vrai qu'il s'est élevé quelque contestation entre le receveur d'Al-
tenstatt et les habitants du Mundat sur la qualité de ces droits , par rapoit
à des denrées que ces derniers prétendent devoir être exemptes , mais
l'aflaire est restée indécise parceque les oflicicrs de l'Electeur et ceux de
l'Evêque disputent la Jurisdiction sur ce fait. Il se présente d'abord à l'es-
prit que pour maintenir la Souveraineté du Roy, il seroit à propos que je
me saisisse de l'affaire et que je la jugeasse, mais vous obscrverés s'il vous
plait, que ce seroit de ma part reconnoître le droit de l'Electeur pour un
péage, contre la disposition de l'arrêt gênerai que j'ay cité. D'ailleurs rien
ne presse, à mon sens, que je prenne ce parly, puisque les habitants du
Mundat ne se sont point justju'icy, pourvus devant moy; je crois qu'il
convient mieux que j'attende qu'il y ait un jugement, rendu par les offi-
ciers de l'Electeur, ou par ceux de l'Evoque de Spire, pour, immediale-
ment après, casser ce jugement, comme rendu imcompetcment et ordon-
ner que les parties se retireront devant moy; par là je pareray à l'alteinlc
qu'on aura voulu donnera la Souveraineté du Roy, et m'en Icnant à celle
démarche, je pourray attendre le règlement définitif des limites et les or-
dres du Roy, pour prononcer sur le fonds.
Je viens M. à l'autre fait, dont M. Néof vous a écrit, et dans lequel il en
a confondu deux qu'il faut traiter séparément.
— 136 —
Le Receveur du péage d'AJtenstatt a mallrailé un liabitanl du lieu, il en
a résulté un procès que le Bailly de l'Evêché de Spire à Allcnstatt a jugé;
le receveur a appelé à la Régence de Spire, et ce tribunal par un acte du
24 octobre dernier, luy a accordé un sauf conduit pour venir à sa suite
plaider; j'avois proposé à M. le Procureur gênerai de faire casser par un
arrêt du Conseil de Colmar, et le sauf conduit et l'appel, et d'ordonner
que les procédures luy seroicnt raportées pour en prendre connoissance.
M. Néef me repond qu'il faudroit pour cela qu'il eut en main une copie en
forme du Sauf conduit, je vais lâcher de la luy procurer, mais je crois ce-
pendant qu'en pareille matière le Conseil de Colmar pourroit agir sur un
simple memoire et la notoriété publique.
Voicy le dernier fait: deux habitants d'Altenslatt ont pris querelle; un a
été tué, et le meurtrier s'est sauvé; le Railly de l'Evêque en a pris connois-
sance et a envoyé la procédure à la Régence de Spire. Le Bailly Royal à
Weissembourg a voulu de son côté, instruire l'affaire, sur quoy l'Evêque
a fait deffense aux habitants d'Altenslatt d'obéir à cet officier. L'Office de
Bailly Royal à Weissembourg fut créé en I69i, lêms auquel les Seigneurs
particuliers des villages du Mundat, dont Altenstatt fait partie, avaient fait
retirer leurs baillis pour éviter qu'ils se soumissent à la Souveraineté du
Roy, en sorte que le Bailly Royal, dans sa naissance, connoissait en pre-
mière instance, des affaires dans les terres des Seigneurs du Mundat.
Après la paix de Riswick les Baillis des Seigneurs reparurent et repri-
rent leur Jurisdiction avec d'autant plus de facihté que l'office de Bailly
Royal de Weissembourg était alors vaccanl. Le S'Mennweg, qui vient d'en
êlrepourveu, paroitdans le dessein de reveiller les anciennes prérogatives
de sa charge. Son dioit me parait assés équivoque, mais quoy qu'il en soit,
luy et le Bailly d'Altenslatt ayant leur Siège dans la Souveraineté du Roy,
leur querelle ne peut être legilimement vuidée qu'au Conseil de Colmar,
aussi le S"" Mcnnvveg s'y est-il pourveu, et j'apprends par M. le procureur
gênerai qu'on est sur le point de luy faire gagner son procès par défaut,
contre le Bailly d'Altenslatt, qui n'a pas comparu. Je mande à M. le Pro-
cureur gênerai qu'il me paroil bien essentiel que dans l'arrêt, l'ordonnance
de l'Evêque de Spire, portant deffcnses aux habitants d'Altenslatt d'obéir
au Bailly Royal, soit cassé et que même il seroit à propos de prononcer
avec quelque sévérité contre le Bailly d'Altenstall, i)our avoir envoyé sa
procédure à Spire. Je suis etc.
— 137 -
A. M. DarnienonviUe.
Le 18 .Janvier 1721.
J'ay eu l'iioniieur de vous rendre compte, le 17 du mois de Novembre
dernier, du party que je prenois de diiïerer de présenter au Conseil Supé-
rieur de Colmar, les lettres d'investiture de la terre de la vallée de la
Pierre ou Ban de la Roche, qui m'ont été accordées sous la condition de
n'en jouir qu'après la mort de Mad*^ la Duchesse des Deux Ponts, qui pos-
sède actuellement ce fief, quoyque vaccant et ouvert depuis la mort du
Prince son Père ; je vous marquay M. que M. le Duc des Deux Ponts m'ayant
écrit que suivant les pactes de famille de la Maison Palatine, ce bien devait
luy revenir, après la mort de la Princesse son Epouse. Jeluy avois repondu
que j'étais prêt à recevoir tous les ecclaircissements qu'il voudroitbien me
donner, et qu'en cas que son droit fut justifîîé, je mecondamnerois sur le
champ moy-mème et qu'en attendant je m'abstiendrois de faire usage de
mes lettres.
Il me fut répliqué de la part de M. le Duc des Deux Ponts, que peu de
jours après il m'envoyeroit un memoire et des pièces, mais rien n'étant
venu, j'écrivis le 16 Décembre au premier officier de ce Prince qu'il ne
m'était pas possible de remettre davantage à demander l'enregistrement,
et que je supliois son Maître d'agréer que je fisse cette démarche; on me
repondit le 19 que des affaires survenues avoient empesché qu'on eut
travaillé au Memoire, mais qu'il me seroit envoyé incessamment, que ce-
pendant M. le Duc et Mad® la Duchesse des Deux Ponts me sçavoient gré
de mes attentions, et qu'au surplus puisque j'etois dans le dessein de de-
mander l'enregistrement de mon investiture, je ne devois pas trouver étrange
qu'il y fût formé opposition.
Mes lettres ont été rapportées au Conseil de Colmar et enregistrées le
23 Xbi"û en la forme ordinaire. Il parut en même têms une Requête d'op-
position, au nom de M. le Duc des Deux Ponts, mais comme elle n'etoit
accompagnée d'aucune pièce, et que de ma part j'avois joint à mes lettres
des titres qui justiffient avec évidence le droit du Roy, sur le fief dont il
s'agit, le Conseil de Colmar crut qu'il sulfissoit, sans relarder l'enregistre-
ment de l'investiture, de mettre sur la Requête de M. le Duc des Deux
Ponts une ordonnance de renvoy à l'audience.
Celte ordonnance n'a point été signiffiée etil y a bien de l'apparence que
M. le Duc des Deux Ponts ne se pressera pas d'instruire l'affaire, parceque
— 138 —
sa prétention est réellement dénuée de tout fondement. Mais d'un autre
côté il est bien essentiel pour moy de me mettre en état de jouir un
jour, sans trouble, du bienfait que j'ay receu par vous de S. A. U'*^.
Pour peu fpie l'alTairc fut douteuse, j'ose vous assurer M*", que [tar ra-
port au rang du Prince, contre qui j'ay à faire, et aussi par raport à ce
(jue je dois à la place que j'ay riionneur d'occuper en alsace, je scroisbien
éloigné du goût d'avoir un procès, mais lieurcusement le droit du lîoy,
que j'exerce, est établi d'une manière incontestable.
Vous aurés vu M' par les pièces jointes au premier memoire qui vous
fut remis sur celte afïaire, que le fief du cbateau de la Pierre ou du Ban
de la Rocbe, est entré dans la Branche Palatine de Weldentz, par acqui-
sition, que le Gontract porte que c'est un fiel masculin, qu'il restera tel,
et que ces clauses sont encore répétées et prescrites dans la permission qui
est intervenue de l'Empereur, pour authoriser cette vente.
M. le Duc des Deux Ponts oppose dans sa llequète, présentée au Conseil
de Colmar, que suivant les pactes de famille de la maison Palatine, tous
les fiefs d'une branche éteinte doivent passer à l'autre, que de plus par
son contrat de mariage, la Princesse son Epouse Iny a fait don de tousses
biens, qu'en tout cas la terre du Ban de la Roche, ayant été achettée, à
prix d'argent, elle ne peut sortir des mains de l'héritier de l'acquéreur,
qu'en remboursant la somme portée par le Gontract, et qu'enfin s'il ne
peut pas à présent déduire plus amplement son droit, c'est que tous les
Titres qui concernent cette affaire se trouvent dans les archives de la
Maison de Weldentz, qui sont sous le scellé à Strasbourg.
J'ay fait examiner très scrupuleusement les pactes de famille de la Maison
Palatine, ils sont tous antérieurs au têmsque le fief de la vallée de la Pierre
a été acquis, par le Bisaycul de la Duchesse des Deux Ponts; d'ailleurs ces
actes ne parlent que des fiefs et biens qui composent l'Eleclorat, et n'ont
aucune aplication à un fief comme celuy cy, qui est particulier dans une
Branche.
11 n'est pas proposable de dire (pie lorsque la descendance mascuUnc
de celuy qui a acquis un fief à prix d'argent, vient à s'éteindre, le Seigneur
dominant n'en peut disposer sans rembourser les héritiers du premier in-
vesty, et cette (jucstion n'exige pas de réponse.
Je n'ay pas vu le Gontract de mariage de Mad° la Duchesse des Deux
Ponts, mais quand bien même, par acte, elle auroit donné au Prince son
Mary tous ses biens, et nommément le fief de la vallée de la Pierre, le
Droit de Seigneur dominant n'en peut recevoir aucune atteinte. Je vais
vous cxpli(pjcr le fait des archives de la Maison de Weldentz, qu'on dit
— 130 —
être encore sous le Scellé. En 1694 le derniei' Prince de ce nom, Perc
de la Duchesse des Deux Ponts, mourut. Il laissa trois princesses héritières
de ses biens libres, mais les fiefs qu'il possedoit, comme apanage, dévoient
retourner aux Princes des autres branches de la Maison Palatine. Tous
avoient par conséquent intérêt à la conservation des Titres et documents
de la branche de Weldentz; c'est ce qui donna lieu à un ordre du Hoy
pour l'exécution duquel le S"" Baudouin Subdclegué de M. de la Grange
Intendant d'Alsace, fit faire dans les archives de l'hôtel de AVeldcnlz à
Strasbourg, une reconnoissance des Titres qui s'y trouvèrent en le rap-
portant et comparant avec les inventaires qui pareillement y etoienl; après
quoy la porte des archives fut fermée et scellée. Six semaines après à la
réquisition de Mad*^ la Duchesse des Deux Ponts, M. Obrecht Prêteur Royal
de la ville de Strasbourg fit ouvrir les mêmes archives, d'où l'on lira
plusieurs pièces qui furent deUvrés à cette Princesse: Elle les garda jus-
qu'au mois d'Aoust 1696 qu'elle les fit remettre. Tous ces faits sont jus-
tiffîés par des procès verbaux que j'ay en original; mais ce qu'il y a de sin-
gulier, c'est que les pièces que Mad*' la Duchesse des Deux Ponts a pris en
communication, sont précisément celles qui concernent les fiefs du Ban
de la Pierre; il n'est pas douteux qu'elle n'en ait gardé des copies collation-
nées: M. le Duc des Deux Ponts ne peut donc pas dire que le Scellé qui
est apposé sur les archives de l'hôtel de Weldentz, le met hors d'état de
pouvoir justiffîer de son droit : d'ailleurs rien ne l'empesche de demander
à S. A. Rie, comme la Princesse son Epouse a déjà fait une fois au feu Roy,
la permission de chercher sur les inventaires et danslesTîtres des mêmes
archives, ce qui pourrait servir à sa prétention, et sans doute il l'obtiendroit.
Il n'est pas à croire que M. le Duc des deux Ponts ait aussi peu de con-
noissance de cette affaire, comme on le met en avant, puisque du moins
ses conseillers ne peuvent ignorer la teneur du Testament du dernier
prince de Weldentz en 1692, j'en ay une copie authentique, et je prends
la liberté de mettre dans ce paquet une traduction de rarlicle seizième
de cet acte: vous y trouvères W, que le Testateur lègue aux Princesses ses
filles, dont la Duchesse des Deux Ponts est restée seule, la terre de la vallée
de la Pierre, mais qu'en même têms il reconnoit que c'est un fief masculin,
ajoutant que son dessein est de se pourvoir après la paix au Seigneur
Dominant pour obtenir qu'il soit changé en fief feminin ou de quenouille:
l'intention de ce prince semble parfaitement remplie, puisque S. A. Ri°
vient d'assurer à Mad^ la Duchesse des Deux Pouls, pendant sa vie, la jouis-
sance de ces mêmes fiefs et que n'ayant point d'enfants et étant liors d'âge
d'en avoir, elle ne peut rien prétendre que [>our elle.
— l/fO -
La nature des biens de la vallée de la Pierre, était si bien connue dans
la Maison Palatine, que les héritiers féodaux du Prince de ^Veldentz se sont
emparés de tous les fiefs qu'il tenoit de leur autheur commun, soit en
alsace ou ailleurs; telle est la Principauté de la Petite Pierre, dont M"" le
Prince de Birkenfeld jouit actuellement, et tel est encore le Baillage de
Goultemberg-, que le môme prince des Deux Ponts possède par indivis ;
quant à la Principauté de Weldentz située au Palatinat, l'Electeur s'en est
emparé, mais ni les uns ni les autres n'ont jamais rien prétendu au fief de
la vallée de la Picire, parceque c'était une acquisition particulière de la
branche de Weldentz.
Dans le testament que j'ay rapporté, il est dit qu'il y a des allodiaux
mêlés avec les fiefs de la vallée de la Pierre, il est sans difficulté qu'ils
appartiennent aux héritiers de l'acquéreur et s'il en faut venir à les recon-
noître, je puis bien assurer que je ne me rendray pas difficile.
Je vous avoue M. que je me reproche le têms que vous venés de perdre
dans la lecture d'une lettre aussi longue, et qui traite d'une affaire qui ne
regarde uniquement que moy, mais je suis accoutumé à vos bontés, et je
sçais qu'elles sont inépuisables pour ceux que vous honorés de vôtre
bienveillance. Je viens à la conclusion, c'est de vous supplier de vouloir
bien faire approuver à S. A. R^^ que je fasse au Conseil de Colmar les de-
marches nécessaires pour parvenir à la levée de l'opposition formée à mes
lettres d'investiture, étant bien résolu de n'agir dans cette affaire, dont le
principe est une pure grâce, qu'autant que S. A. R'*^ m'en donnera la
liberté.
Je suis etc.
A M. Darmenonville.
Le 29 Janvier 1721.
Je reçois la lettre que vous m'avés fait l'honnenr de m'ecrire, le 22 de
ce mois, au sujet des représentations que M""« de la Régence de fribourg
m'ont mandé qu'ils feroient à la Cour jmperialle sur les ordres qu'ils en
ont reçus, d'interdire tout commerce avec la france. Vous m'ajoutes à celle
occasion que S. A. R'*^ désire que je marque ce que j'estime pouvoir être
fait sur les instances pressantes qu'elle reçoit d'une part, par les Suisses,
pour obtenir la liberté de tirer des grains d'Alsace, et d'autre, par la Lor-
raine pour des bestiaux.
Je ne sçaurois mieux M"", vous informer de ce qui se passe sur le pre-
— 141 —
mier point clans le Drisgaw, qu'en vous envoyant les copies cyjoinles d'une
lettre que je reçus hier des ofliciers de la lîegcnce de fribourg et du man-
dement dont ils m'ont donné communication l'un et l'autre, dattes du 7.
Je ne puis pénétrer ce qui a fait que ce paquet a été si longlcms en che-
min, il me paroit surtout singulier qu'il ait été expédié précisément dans
le tèms que M. Gayot, que nous avions envoyé auprès de ces officiers, eloit
encore à fribourg. Il est certain que dans le Brisgavv, qui appartient à la
Maison d'autriche, on ne laisse entrer que les habitants et les denrées des
Communautés d'alsace, qui sont sur les bords du Rhin, et que les autres
n'y sont point admis. A la vérité ce procédé ne dérange pas beaucoup les
voyageurs, parceque ceux qui veulent aller dans l'Empire, ou en Itahe,
prennent leur route par le fort de Kehl où l'on se contente jusqu'icy d'exi-
ger des certifficats de santé; cette différence vient de ce que les territoires
voisins du fort de Kehl ne dépendent pas immédiatement de l'Empereur,
j'ay fait écrire à Augsbourg et à Ulm, pour sçavoir si lorsque ceux qui
vont de france en Italie, entrent dans le Tyrol, qui est une province héré-
ditaire de la Maison d'autriche, on les oblige à subir une quarantaine, je
n'en aypas encore réponse. Je vais écrire à W^ de la Régence de fribourg
pour accuser la réception de leur lettre du 7. Je leur marquerayenmême
tèms, ma surprise de l'ancienneté de sa datte et de ce qu'elle ne paroit
pas absolument conforme à ce qu'ils ont dit de bouche à M. Gayot, je les
prieray en même tèms, et de rechef, de m'avertir dès qu'ils auront receu
les nouveaux ordres de l'Empereur, qu'ils ont demandés, et je leur feray
entendre que nous réglerons exactement nôtre conduite sur la leur. Je ne
crois pas devoir aller plus loin, quant à présent, parceque s'il paraissoit,
de ce côté cy, une ordonnance pour rompre commerce avec les sujets des
Pays héréditaires, il en pourroit résulter que l'Empereur engageroit les
princes de l'Empire à en user avec la même rigueur à notre égard,
comme il est deja pratiqué dans le Brisgaw, et dés lors le passage de Kehl,
et tous les autres de la basse alsace, seroient interdits, l'Empereur pour-
roit d'ailleurs, par luy même, arrêter dans le Tyrol, nôtre commerce
d'jtalie.
Je ne dois pas omettre de vous dire que les habitants de haute alsace
etoienl en coutume de tirer des bestiaux du Brisgaw, d'où on ne leur en
laisse plus passer, mais nous ne sçaurions nous plaindre sur cet article,
puisqu'il est deffendu dans l'Alsace, comme dans le reste du Royaume, d'y
fournir des bestiaux et des bleds aux Etrangers.
Je viens à la demande des Suisses, sur la traite des grains. 11 est vray,
comme M. de la houssaye l'a dit à S. A. R'^ que pendant la dernière
— 142 —
guerre on donnoit aux Suisses des passeports pour tirer les grains pro-
venants des dixnics et rentes qu'ils pciçoivcnt en alsace, et que de plus on
leur permeltoit d'achelter 164- sacs par semaine, au marché d'huningue,
et de les transporter chés eux, voicy ce qui a suivi.
En 171G les grains se Irouvants en abondance et à vil prix, dans la pro-
vince, S. A. R'" ordonna qu'il serait permis d'en vendre aux Etrangers. De-
puis l'alsace a toujours été comprise dans les arrêts qui ont été renouvelles,
de lêms en têms pour continuer cette permission dans tout le Royaume.
Le dernier de ces arrêts, qui est du 18 février 1719, fixe la fin de cette
liberté au premier Septembre suivant.
Comme par l'arlicle 6 du Titre 8 de l'ordonnance generalle des fermes
du mois de février 1687, la sortie des grains est defTenduë, il s'en suit
qu'il s'en faut tenir là, lorsqu'il n'y a point d'arrêt contraire.
Je remarquay cependant sur la fin de 1719 que les grains n'encheris-
soient point en Alsace, où il y en aurait toujours de très grandes quantités.
J'etois à Paris, j'en parlay à M. Dargenson, qui trouva bon qu'on laissât
passer d'icy des grains aux Etrangers, sans neanmois faire paroître d'or-
donnance publique, à cet effet, et je m'y conformay.
Au mois de Mars dernier M. Law, alors Conlrolleur gênerai, m'écrivit
que l'intention de S. A. R'*^ etoit que la Traite des Grains pour l'Etranger,
fut interdite en alsace et nous obéimes. Depuis, les variations réitérées
sur les espèces, ont fait monter en alsace cette denrée à un si haut prix
qu'il n'y avoit pas moyen de songer à en aider nos voisins. H semble aussi
qu'ils se prêtoient à nôtre état , car pendant tout ce têms ils ne m'ont rien
demandé à cet égard.
Enfin après que la dernière récolte et un commencement de diminution
sur les espèces ont eu procuré quelque relâchement sur le prix des grains,
M" du Canton de Basle, dans les derniers jours du mois d'Octobre, m'en-
voyèrent une deputation et me demandèrent de faire ouvrir les passages, je
reponds que je me donncrois l'honneur d'en écrire à la cour.
C'est aussi ce que je fis, tant pour les baslois que pour plusieurs habi-
tants de l'Empire, nobles et autres, qui demandoient qu'on leur laissât au
moins retirer les grains qu'ils avoient recueillis, sur les terres à eux appar-
tenantes, en alsace. M. Desforts me fit l'honneur de me repondre le 16 O^*""
que S, A. R''' trouvoit bon que je donnasse des passeports pour les grains
dont les propriétaires étaient étrangers et que de plus je laissasse achetter
aux Baslois 1 64 sacs par semaine, comme il etoit pratiqué pendant la guerre.
Ceux cy en ayant eu avis, par moy, m'ont écrit le 4 Décembre que cette
affaire regardoit tout le Corps helveti(iuc, qu'ils en allaient faire part à
— US —
leurs Confédérés, et que ccpcndanl ils ne pourroicnl pas acccjdcr TofTro
de 164 sacs par semaine, depuis je n'ay rien eu la dessus de leur pari.
Je m'en suis (cnu cl. je m'en liens acluellement àrexeculion lillerale de
la IcUre de M. Desforis. II se prcsenle souvent des Etrangers de liasle, du
Brisgaw ou d'aulres lieux , qui me demandent des passeports pour les
grains qu'ils ont recuellis, en alsace, je les oblige demc rapporter des ccr-
lifTicals des Ofliciers des lieux, pour jusliflîer les quantités, et ensuite je
leur donne satisfaction, à la charge de payer par eux les droits des fermes,
j'ay même, à cet effet, fait publier une ordonnancegeneralle, dont je joins
un exemplaire, aussi bien qu'une copie de la lettre de M. Desforis.
Il est certain M. que dans un léms de paix , il paroitroit parfaitement
convenable d'entretenir un commerce entièrement libre sur le fait des
denrées avec nos voisins, et surtout à l'égard des Suisses, dont le com-
merce est infiniment profitable à l'alsace, puisqu'on vins et en grains ils
tirent de cette Province une valeur six fois plus forte que celle de ce qu'ils
nous fournissent, qui ne consiste qu'en bestiaux, d'où il resuite un retour
en espèces, qui met en etat les habitants de la haute alsace d'acquitter
leurs charges; mais cette idée peut être combattue par la médiocrité de la
dernière récolte, par le haut prix oui sont encore les grains en alsace, et
enfin par la nécessité de ménager de quoy approvisionner les magazins
du Roy, dans les Places de guerre, quisontabsolument dépourvues de ma-
tières. Je crois qu'il est à propos que je joigne l'état de la valeur des grains
au dernier marché de Strasbourg, vous observant neanmois qu'eu égard
à la valeur numéraire des espèces, il n'y a rien d'excessif. C'est une chose
très certaine icy, que les denrées et les marchandises y suivent exacte-
ment la proportion de la monnoye. Par ce tarif il est vrai de dire que les
grains sont encore à meilleur marché en alsace que dans l'Empire. Les
munitionnaires de la garnison de Kchl en viennent achetter toutes les se-
maines icy, quoyqu'ils en pussent tirer deSuabe: il y a la dessus une per-
mission particulière de S, A. R'°.
J'estime néanmoins M. que dans les circonstances présentes, les baslois
se doivent contenter des 164 sacs, par semaine, qui leur ont été offerts ou
de 200 au plus, si S. A. R'° veut bien en augmenter jusques là la fixation.
Sur le tout je ne puis mieux faire que de me rapporter à ce que M. de la
houssaye pourra croire être convenable, puisqu'il a une connoissance plus
exacte de la province d'Alsace, de sa force et de son commerce, que je ne
puis l'acquérir de longtêms.
Il me reste M. à vous parler de la Lorraine, je lîe vois aucune difficulté
à laisser passer aux habitants de ce Pays, des bestiaux d'alsace, et d'autant
— IM —
plus que nous les tirons nous mêmes de Suisse et de l'Empire, ainsy nous
ne ferons en quelque façon, que prêter nôtre territoire pour ce Traité,
mais il est bien essentiel de vous observer que depuis six semaines, M. le
Duc (le Lorraine a fait des deffenses très sévères, dans ses Etats, de sortir
aucuns grains ni bestiaux pour l'alsace, nous en souffrons beaucoup, sur-
tout par raport aux avoines, dont on recueille peu en alsace et au point que
les Entrepreneurs de fouragcs de la cavalerie, sont en coutume de tirer
presque toutes leurs avoines de Lorraine. Je présume que si Ug^ le Regent
se porte à permettre la sortie des bestiaux d'alsace pour la Lorraine, il
luy paroitra juste d'exiger, en môme têms, la levée des deffenses, faites en
Lorraine, de nous vendre des bestiaux et des grains. Je suis etc.
ANNEE 1722.
A M. le Garde des Sceaux \
Le 50 avril 1722.
Mß'
Pour satisfaire à la lettre, cfue vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire
le 12 de ce mois, en me renvoyant celle cy jointe de M. Néef, Procureur
gênerai au Conseil de Colmar, j'auray celuy de vous dire que les deux vil-
lages de Sebach et Schleytal font partie du Baillage d'Altenstalt, qui ap-
partient à l'Evôché de Spire, ce Baillage est de ceux où la Souveraineté
est contestée au Roy. On prétend , du coté de l'Empire, qu'il est compris
dans les reunions qui ont été annullées par le Traité de Riswick. Nous di-
sons au contraire, et avec fondement, que le Baillage d'Altenstalt, étant en
alsace, est resté, en vertu du même Traité dans la Souveraineté de Sa
Majesté.
Dans les deux villages dont il s'agit, la seule Religion calviniste etoit
exercée autrefois, mais immédiatement après la reunion arrivée en 1680,
le Roy y fil établir le culte catholique. Par l'article A du Traité de Ris-
1. Louis- Auguste le Tonnelier, baron de Breteuil; nommé secrétaire d'Etat par le car-
dinal Dubois, pour le recompenser de services peu honorables rendus au cardinal, on sa
qualité d'intendant du Limnnsin. Les faits, rapportés par le duc de Saint-Simon dans ses
Mémoires, sont contestés par M. Onrry, dans sa Notice biographique sur le Cardinal,
archevêque de Cambray. L'intendant «lu Limousin est grand-père du ministre de la mai-
son <ln Hoi Lniiis XVI (.ii 1783).
— Ii5 —
vvick, il est dit que dans les Terres réunies et qui sont restituées, la Reli-
ligion catholique sera conservée sur le pied qn'elh' ctoit alors, ainsy en
supposant même que les villages de Sebach et Sclilrital eussent été reunis
sous la Souveraineté de l'Empire, il est evident que les habitants n'auroient
aucun droit de demander que l'exercice de la Ueligion calviniste leur fût
permis: ils doivent encore moins être écoutés, puisque réellement ces Com-
munautés font partie de l'ulsace, et que le Suprême Domaine en appartient
au Roy.
Dans ces deux villages plusieurs habitants ont persisté dans la Religion
catholique, mais d'autres, en assés grand nombre, ont retourné au Cal-
vinisme: ceux cy ont fait, en différents téms, des tentatives pour avoir
l'exercice de leur culte.
Un envoyé d'Angleterre, qui etoit à la Cour Palatine, étant venu se pro-
mener à Strasbourg, il y a deux ans, m'en parla avec ardeui-, et je luv re-
pondis par les raisons que je viens d'expliquer: ensuite le Senat Ecclesias-
ti(|ue de Ileydelberg m'en écrivit, mais je crus devoir m'abstenir de faire
réponse, parceque cette chambre, ou tribunal, ne peut point cire reconnu
par nous, lorsque ceux qui le composent ne parlent pas au nom de l'Elec-
teur leur Maître.
Enfin il y a deux mois que les habitants de ces deux villages s'émanci-
pèrent de faire venir un maître d'école calviniste, M. le Comte du Bourg,
en étant averty, le fit chasser; quelques jours après, trente habitants
allèrent chez le Curé, en murmurant, quoyque sans armes, et usèrent de
menace, si on ne rappelloit pas leur m^ d'école. M. le C^^ du Bourg en
ayant eu avis, ordonna à un Bailly voisin, de faire venir devant luy les
principaux habitants calvinistes et de leur déclarer que s'ils faisoient en-
core le moindre mouvement, on cnvoyeroit deux compagnies de dragons
loger chés eux, à discrétion. Depuis tout est tranquile.
Vous pouvés être assuré Mg'" que nous aurons attention à ce qu'il ne soit
rien innové, sur la Religion, dans ces deux Communautés et autres qui
peuvent être dans le môme cas; mais comme celles cy appartiennent à un
Prince p]tranger, et qu'il y a même contestation sur la souveraineté, nous
croyons devoir user de ménagement, affin de nepascomprometre l'autho-
rité du Roy; et c'est aussi par cette raison, que j'estime que M. le Procu-
reur gênerai, dont le zèle est très louable, doit rester dans le silence, sur
la plainte qui luy a été faite de la part des habitants catholiques des villages
de Sebach et Schleythal. Je suis etc.
(T. X. - M.). 10
- 140 —
A M. le Garde des Sceaîtx,
Le 28 Avril 1722.
Vous m'avés fait l'honneur, par une Ir-ttre dn 20 aoust 1710, de me ren-
voyer une Requête accompagnée de plusieurs pièces présentées de la part de
M. le Comte de Hanau, au sujet de la Jurisdiction qu'il prétend luy apparte-
nir sur les officiers et domestiques du Chapitre de Neuwiller, ce que les
Chanoines de cette Eglise luy disputent, disant que quoyque M. le Comte
de Hanau soit Seigneur Territorial de la ville ou bourg de Neuwiller, ils
sont néanmoins fondés en titre et possession pour avoir un juge qui con-
noitdes causes des gens de leur dépendance, à l'exclusion de celuy de M. le
Comte de Hanau. Celte alTaire a d'abord été portée et traitée au Conseil de
Colmar, où par un arrêt du 25 janvier 1718, elle fut appointée. Après
deux ans d'intruction, et sur de très amples productions des parties, il en
est enfin résulté un arrest le 27 Avril 1720, qui renvoyé les parties à se
pourvoir au lloy, en règlement de Jurisdiction.
J'avoue y\g\ que je ne puis comprendre quel est le motif sur lequel le
Conseil de Colmar a jugé à propos de se dépouiller de la connoisance de
ce procès. C'est une affaire de particulier à particulier. Il s'agit uniquement
de sçavoir si le Chapitre de Neuwiller a un droit de justice ou non. Je ne
vois rien dans cette discussion qui |)uisse interesser le Roy ou le Public ;
ce n'est pas non plus une dépendance, ni une suite des Lettres patientes
qui ont été accordées à M. le Comte de Hanau, pour régler les droits dont
il doit jouir dans ses Terres. J'ay écrit à Colmar pour sçavoir s'il y avoit
quelque chose de particulier qui eut déterminé le Conseil Supérieur de
la province à croire que cette affaire devoit être portée au Conseil du Roy.
Il m'a été repondu que les juges se trouvèrent partagés, les uns voulant
prononcer, et les autres proposant de renvoyer les parties à la Cour, et
qu'enfin ce dernier avis a prévalu.
Quoyqu'il en soit, l'affaire est suffisamment instruite devant moy, je l'ay
examiné, et je suis prêt de dresser mon avis, mais je crois auparavant de-
voir, pour l'intérêt des parties, vous faire quelques observations.
Les productions de part et d'autre, contiennent environ (30 pièces, dont
il y en a qui remontent jusques au 12® siècle, elles sontla pluspart conçues
originairement en allemand, et traduites en français, mais la fidélité de
la version, à l'égard de quelques unes, est debatuë. Chaque partie, pour sou-
i''iiii- son droit, etahht desprincipes, tirés dudroit germanique. Oncitcdes
— 147 —
autheurs très inconnus à Paris, et l'on se sert d'expressions dont on mj
peut connoître la force (|u'autant qu'on entend l'allemand, ou que l'on est
à portée de se les faire expliquer.
Je n'imagine point du tout Mg"", qu'au milieu des occupations dont vous
estes environné, vous puissiés jamais trouver le lêms d'examiner une
pareille affaire, pour en rendre compte à Mg*" le Regent, soit dans une
audience particulière, ou au Conseil des dépêches; je doute pareillement
que S. A. R'° et même M""^ les Ministres qui l'assistent au Conseil, veuillent
prononcer sur une affaire de celte nature, sans qu'elle ait été vue par des
Commissaires. Il faudra donc commettre un raporteur et nommer des Com-
missaires, alors les parties voudront écrire de nouveau, les avocats du
Conseil mêleront, il faudra leur envoyer des gens de ce pays pour leur
expliquer les termes, les usages et les points de droit germanique qu'ils
n'entendront point et celte affaire ne finira que dans un très long espace
de têms, et après qu'il en aura coulé aux parties de très grands frais.
C'est ce que le chapitre de Neuwiller, qui est assés pauvre, ne pourroil
jamais supporter, et c'est aussi sur cette considération que des Députés d(!
celte Eglise, qui sont venus auprès de moy, m'ont demandé par écrit de
vous proposer de renvoyer de nouveau l'affaire au Conseil de Colmar, pour
y être jugée définitivement, M. le Comte de Hanau n'est pas icy, mais j'en
ai parlé à celuy qui gouverne ses affaires, et il m'a dit qu'il ne s'opposoit
point à ce que l'affaire prît cette route.
Quanta moy Mgf, je ne vous dissimuleray point que je suis persuadé que
c'est tout ce qu'on peut faire de mieux, pour donner lieu aux parlies de
voir la fin de leur contestation, et leur épargner des dépenses qui exce-
deroient les forces du Chapitre. D'ailleurs plus je réfléchis sur le point de
la contestation et plus je trouve qu'elle est absolument de la compétence
du Tribunal ordinaire de la Province.
Je joins icy Mg*" une copie de l'arrêt, par lequel le Conseil de Colmar a
abdiqué le jugement de l'affaire et la demande du Chapitre de Neuwiller,
pour qu'elle soit renvoyée devant les mêmes juges.
Si vous approuvés ce party, dès que vous me Taures fait connoître, j'en
informeray M. le Comte de Hanau et le Chapitre de Neuwiller, et ils agi-
ront pour faire expedier, dans vos bureaux, l'arrêt qui sera nécessaire
pour le renvoy. Si vous désirés au contraire Mgr, que je vous donne mon
avis, je seray dans peu en elat de vous satisfaire.
Au surplus ce n'est pas la première fois qu'une affaire dont le Conseil
de Colmar s'était dépouillé de la même manière, liiy a été renvoyée. Je
ioins la copie du dispositif d'un arrêt, rendu par vous, Mg'', en pareil cas
— 148 -
le 25 juin 1720. Je mets encore dans ce paquet la requête de M. le Comic
de Hanau, parccqu'il me semble qu'elle peut servir pour l'exposé, sur le-
quel l'arrest de renvoy pourra être ex[tedié. Je suis etc.
A M. Doilvn.
Le 2;f may 172'2.
J'av receu la lettre que vous m'avés fait l'iionneur de m'ecriro, le 17 de
ec mois, en m'envoyant l'arrêt duO, par lequel Sa M'"' a ordonné que cc-
luy du 22 mars précèdent, concernant le rétablissement pour six ans des
droits de courtiers jaugcurs, et de ceux des inspecteurs des boucheries et
des boissons, sera exécuté dans toutes les villes, bourgs et lieux du Royaume,
Sa M'*^ se reservant de pourvoir sur les cas particuliers.
Je crois M. ne devoir jtas difTerer à vous faire connoître que la province
d'alsace ne doit et ne peut, en aucune façon, être assujetie à la perception
de ces droits. Je suis persuadé que vous l'aurés déjà pensé de môme, et
que ce n'est, que pai' hazard, que vôtre Lettre qui est circulaire, m'a été
envoyée.
Je commcnccray par vous dire que jamais la province d'alsace n'a eu do
part aux affaires extraordinaires, cette franchise a eu j)our principe l'im-
portance de ne point effaroucher, par d(!S choses nouvelles, les peuples do
(!Cllo frontière, dont les mœurs sont aussi différentes de colles des habitants
du Uoyauiue que le langage. On a d<'ja lait attention sur les secours im-
menses, en voitures et en denrées que le lloy lire do l'Alsace, en tcms de
guerre; on peut encore ajouter que les Seigneurs du Pays, perçoivent
sur les habitants des droits bien plus considérables qu'on ne fait dans les
autres provinces, et qu'ils y ont été confirmés par le Roy.
Ce n'est pas que l'alsace n'ait de lêms en lêms donné des secours extra-
ordinaires en argent, au Roy; par un arrêt du 14 juin 1694 Sa Majesté a
ordonné une levée iuiuelle de GOO mille livres sur l'Alsace, pendant la
guerre, moyennant quoy elle est déclarée non sujette aux nouvelles aflaires
de finances. En 1008 la paix étant faite, l'imposition de COO mille livres
prit fin et il ne fut levée sur l'alsace que la subvention ordinaire, qui doit
de 90 mille livres; en 1700, à l'occasion de (pielques affaires nouvelles
qui furent faites, il intervint un second arrêt du 20 0'"''^' portant (ju'cn
payant par la Province, pendant (jue la paix dureroit, une subvention de
300000 ÏÏ diU lieu de 99 mille livres, elle ne sveroit point compris dans les
Edils (pii pouiroiont êtn- publiés, aussi pondant la paix, pour création
— U\) —
(Je nouveaux offices ou elublissemenls des droits nouveaux, au jdolil de
sa M''". La guerre recommença peu de mois après, et cependant l'im-
position de 300 mille livres continua toujours. La dernière paix a été faite
en 1713, et alors au moins la province devoit être remise à son ancienne
subvention de 99 mille livres, mais le contraire est arrivé, et elle paye encore
actuellement 300 mille livres par an et de plus une grande partie des fou-
rages, pour raison de quoy il se fait une imposition particulière qui peut
monter, année commune, à 200 mille livres.
Je ne doute pas W, (\iic sur cet exposé il ne vous paroisse que les 201
mille livres de subvention que la Province donne de plus (|u'elle ne de-
vroit, en regle, doivent luy tenir lieu de quelque chose, et ({ue les droits de
jaugeurs et jnspecteurs aux boucheries sont fort inférieurs à une pareille
valeur, il faut encore s'il vous plait, y joindre les considérations dont j'ay
parlé d'abord de l'extrême conséquence dont il est de conserver un Pays,
(jui seul dans des années malheureuses de guerre, peut fournir des res-
sources à l'armée du lîliin. M. Paiis Duverney peut mieux que personne
vous dire ce qu'on en lira pour les sièges de Landau et de fribourg.
Je joins icy des copies des arrêts de 1094 et de 1700 que j'ay cités.
Je suis etc.
A Mg>' le Garde des Sceaux.
Le 13 juin 1722.
J'ay eu l'honneui', à l'occasion d'une lettre qui vous fut écrite, par M. le
Procureur gênerai du Conseil de Golmar, de vous rendre compte, le 20
du mois d'avril dernier, des mouvements que quelques habitants des villages
de Sebach et de Schleylal s'étaient donnés depuis quelque têms, pour par-
venir à la liberté d'exercer la Picligion calviniste, à laquelle ils sont re-
tournés; vous aurés veu, par ma lettre, que ces deux Communautés, qui
font partie du Baillage d'Alfenstatt, ayant passé dans la souveraineté du
Roy, la catholique y fut établie.
Je vous ay rappelle que par l'article 4 du Traité de llisvvick, il est porté
que dans les Terres reunies, même celles qui dévoient être ) eslituées à
l'Empire, la Religion catholique sera conservée sur le pied qu'elle eloit
alors, en sorte que quand bien même les villages de Sébach et de Scliley-
thal scroient retournés sous une domination étrangère, il serait toujours
de la regle que le culte catholique y fut exercé à l'exclusion de tout autre,
et à plus forte raison, celte loy doit avoir lieu aujourdhuy, puisque ces deux
— 150 —
Comniuiiaulés sont restées sous la Souveraineté du Roy, eomme faisant par-
lie de l'alsace, et quant aux Termes du môme Traité, nous avons conservé
les Terres reunies dans l'intérieur de la province ; je vous ay enfin marqué
que M. le Comte du Bourg avait f;iit chasser de ces deux villages des M^^
d'école, qui s'y etoient introduits, et avoit déclaré aux habitants que s'ils
continuoient à s'assembler et à se remuer, comme ils avoient commencé
de faire, on envoyeroit chés eux des troupes pour les contenir, la copie de
ma lettre, que je joins icy, vous rappellera toute l'idée de cette affaire;
voicy un incident survenu depuis.
Les habitants Calvinistes de Sébach ont rnpellé le ]VP d'école de leur Re-
ligion, ils se sont assemblés dans des f>Tanges, où ils l'ont fait catéchiser,
et présider à leur prières, nous avons la dessus, donné ordre à un exempt
de la Maréchausée, qui réside à Weissembourg, de tâcher d'arrêter ce W
d'école, c'est ce qui a été exécuté le 22 du mois passé. Les habitants cal-
vinistes, à la vue des archers, ont sonné le Tocsin et ont fait mine de
vouloir suivre les archers; deux de ces habitants s'etant approchés, plus
près que les autres, ils ont été pris et conduits avec le ]\P d'école qu'on
tenoit déjà, dans les prisons de Weissembourg, où les trois sont encore.
II s'agit de sçavoir ce que l'on fera d'eux, et quelle punition sera imposée
à la Communauté. M. le Comte du Bourg et moy nous pensons qu'on
peut relâcher leM^ d'école, qui est des Terres des Deux Ponts, en luy décla-
rant que s'il reparoit dans le Pays pour faire le même métier, son procès
luy sera fait.. Quant à la Communauté il paroit tout simple d'y envoyer
un détachement d'un Regiment de dragons qui est dans le voisinage,
avec ordre de loger chés les Calvinistes, auxquels cependant on tiendra
la main qu'il ne soit fait aucune vexation. Il est très apparent que ces ha-
bitants ne farderont pas à venir témoigner leur repentance, et alors on
pourra les soulager des Trouppes, mais il y a eu trop de mutinerie de
leur part, lors de l'enlèvement du W d'école, pour qu'on puisse absolu-
ment dissimuler ce procédé. Il reste à prononcer sur les deux habitants,
qui sont à Weissembourg, on pourra les relâcher dans lemêmelêmsque
les Troupes iront dans la Communauté, quant aux frais du Prévôt, c'est sans
doute aux habitants calvinistes en gênerai à les payer.
Au reste le gazettier Ilollandois de Leyden a déjà jugé à propos de rendre
compte de ce fait au public, dans son suplémenl du 5 de ce mois, et d'en
forger une histoire qu'il semble vouloir mettre sur le compte de l'Electeur
Palatin et de l'Evêriue de Spire, ce qui prouve que les habitants de Sébach
entretiennent des correspondances sur le fait de Religion avec des Puis-
sances Etrangères, c'est ejicore une raison qui semble exiger qu'on les pu-
— 151 -
nisse; vous aurés vu dans ma IcUie, du 40 avril, (|uc dès 1720 ils ctoicnl
déjà en commerce et en relation avec un Envoyé d'Angleterre à la Cour
Palatine et avec le Senat Eclesiaslique de Ileydelberg.
Je suis etc.
A M. Dodun.
Le l'J .luiii 1722.
J'ay receu la lettre que vous m'avcsfaitriionneurdem'ecrire, lelO dece
mois, par laquelle, après avoir rappelle les raisons dont je nie suis servi,
dans la mienne du 23 may dernier, pour fonder l'opinion où je suis que la
province d'alsace n'est nullement susceptible de l'établissement des droits
de courtiers jaugeurs, non plus (|ue de ceux des jnspectcurs des Boucheries
et des boissons, vous me témoignés que vous vous attendes que je prendray
incessamment les mesures nécessaires pour en assurer la levée.
Il y a deux voyes W, pour faire contribuer l'alsacc à la finance (jui doit
provenir de l'Execution de l'arrêt du G may, ce sont la perception des droits
en nature, ou un abonnement. Je ne puis m'empcclier do croire (pie vous
penserés vous même que le premier parly ne peut en aucune fagon être
admis icy, dès que vous aurés agréable de vous faire rendre compte de
plusieurs circonstances qui funt qu'en fait de finances la province d'alsace
doit être gouvernée tout différemment du reste du Uoyaume.
Le pays, par sa situation, est resté nécessairement dans l'habitude de
n'avoir de commerce qu'avec l'Empire, de là vient que le langage et les
mœurs des habitants sont encore les mômes qu'elles etoient lorsque la pro-
vince a été cédée au Roy, en IG'iS; c'est ce qui fait que les Peuples d'al-
sace sont absolument inhabiles à supporter les établissements nouveaux,
maison recompense ils fournissent au lîoy des secours très inconnus, dans
le Royaume et en môme tôms très utiles. On vous dira (pie le feu Roy a
attribué ou conservé aux premiers Seigneurs du Pays de très grands droits
dans leurs Terres pour les dédommager de la Souveraineté, ou pour par-
ler plus correctement de la Supériorité territorialle dont ils jom'ssuient
avant le Traité de Munster. On vous ajoutera que cette grâce tut une espèce
de recompense de la soumission qu'ils témoignèrent pour prêter à Sa M^'-
le serment de fidélité, lors des reunions en 1C81. Tels sont l'Evoque de
Strasbourg, le Comte de Hanau, le Prince de Birkenfeld et toute la noblesse
de la basse Alsace, ce qui fait plus de la moitié de la Piovince. Il est hors
de doute que tous au premier bruit d'elablisscment de nouveaux droits
reclameront leurs Lettres patientes, et lusage dans lequel on les a tou-
-- 152 —
jours régulièrement maintenus jusqu'icy, de ne point assujettir leurs Terres
aux Créations nouvelles, soit de charges, soit de droits. La ville de Stras-
bourg produira sa capitulation, où il est dit à l'art. G'^ que les Bourgeois de-
meureront exempts de toutes contributions et autres payements; elle s'ap-
puyera sur un arrêt du Conseil du 29 juillet 1716, suivi de Lettres pattentes
par lesquelles le Roy, à présent Uegnant, a confirmé ces dispositions dans
la forme la plus authentique, les autres villes, cy devant jmperialles, tien-
dront à peu près le même langage et enfin M'", le Pays en gênerai, vous
représentera l'attention que tous les Ministres ont eu depuis iC48, de ne
le point assujettir aux charges extraordinaires du Iloyaume. J'ajouteray de
mon chef que si nous mettons des droits sur la-viande et sur les boissons,
les vivres augmenteront sur le champ d'autant, et cependant il est très
connu qu'actuellement les officiers et les soldats peuvent à peine vivre de
leur solde sur cette frontière, où toutes les choses nécessaires à la consom-
mation journalière, suiventdans leur prix, la valeur intrinsèque des espèces,
et cela ne peut pas être autrement, parceque les marchandises elles denrées,
pour la plus grande partie, sont tirées de l'Empire; ce sont certainement
les villes qui font l'objet principal dans l'établissement des droits dont il
s'agit, et c'est précisément dans les villes, où les Troupes sont en garnison;
ce point à mon sens, mérite une très grande attention.
Au surplus M. il ne seroit pas juste que je fusse cru seul, sur des dé-
tails d'une aussi grande importance; mais il y a trois personnes à Paris qui
peuvent vous en parler avec une connoissance bien exacte. .le vous cite-
ray d'abord M. de la Houssaye, qui a administré la Province pendant
vingt ans; il est tellement persuadé de la nécessité de ménager les esprits
des Peuples d'Alsace, en leur ôlant toute idée de nouveauté, qu'il n'a pas
voulu, et avec grande raison, que l'on ait icy, demandé aux Notaires des
Extraits des actes pour la dernière opération du visa, M. le Maréchal d'hu-
xelles peut encore vous parler sur l'alsace. 11 y a commandé longtêms et
s'est appliqué à connaître la Province à fonds, et il y est parvenu. Enfin
M. le Cardinal deRohan, par les grands établissements qu'il a dans le Pays,
et les longs séjours qu'il y fait dès sa jeunesse, peut encore autant que
personne, dire ce qui convient, ou ne convient pas, à nos Peuples.
Quant à moy, je ne puis M"", m'empeschcr de respecter une forme d'ad-
ministration, suivi depuis quatre vingts ans; commencerons nous à y don-
ner atteinte })ar des droits absolument inconnus, et au point que moy
même, qui sers depuis vingt ans, dans le métier que je fais, je n'ay jamais
rencontré ceux des Courtiers jaugeurs, et j'ignore encore en quoy ils con-
sistent?
— 153 —
Il reste donc la voye de l'abonnement, il est certain que dès que S. A. Ri«
l'aura décidée, elle sera obéië, et il ne restera plus (ju'à régler quelles
sommes la Province fournira et en combien d'années l'imposition en sera
faite, mais en attendant, permettes moy M"", de vous faire deux observations
et comme je sçais que vous aimés la regle, je me persuade que vous les
recevrés en bonne part. La première est que la province d'alsace n'est dans
aucun des cas prévus, par l'arrêt du G may. La seconde qu'elle a un Titre
bien précis, et que je renouvelle chaque année, d'une manière très onéreuse,
pourn'être point assujettie aux nouveaux droits, c'est ce queje vais essayer
de vous démontrer.
Je ne crois pas qu'on puisse dire que la Province d'alsace paroisse com-
prise dans aucune autre branche de l'arrêt du 6 may, que dans celle, où
il est dit que dans les provinces, qui se sont rachettées des droits en ques-
tion, le Roy n'a pas profité de celte finance, attendu la remise que Sa W*"
leur a faite par l'arrêt du 21 X^^^e jyjg^ jg tous les restes dûs sur la
Taille, la capitation et les impositions extraordinaires des annés anté-
rieures, lesquels restes, suivant que l'arrêt le porte, excedoient le montant
des sommes imposées pour le rachat des droits. La réponse est courte
et précise; c'est que lors de l'arrest du 21 X'^'"" 1719 il n'etoit rien du en
alsace, d'ancienne nature d'impositions de 1718, ni des années précé-
dentes, par conséquent la province n'a point participé à cette libéralité
du Roy; par conséquent elle n'est point dans le cas prevû par l'arrêt du
6 May.
La preuve de la seconde proposition n'est pas moins evidente; l'imposi-
tion ordinaire de la province, appelée subvention, ne doit être que de 99
mille livres, c'est ce que j'ay eu l'honneur devons expliquer dans ma lettre
du 23 may. Par un arrêt du 29 9bre 4700, le Roy, en acceptant les offres
des habitants d'Alsace, regle qu'ils payeront désormais une subvention de
300 mille livres, moyennant quoy ils seront déchargés de toutes affaires
extraordinaires, la province a toujours fourni depuis, et d'une façon qui
n'est rien moins que gratuite.
Je sçais bien M'", qu'il n'y a rien de plus facile que de remettre les
choses en forme, en faisant expedier, pour l'alsace , un arrêt particulier,
portant que nonobstant les deux derniers moyens d'opposition queje viens
devons expliquer, la province payera une certaine somme, pour se ra-
chetter des droits dont il s'agit. Mais peut être S. A. R'^ scra-t-elle tou-
chée de fournitures immenses que le Pays a faites, pendant les deux der-
nières guerres et de la convenance de bonifier cette province dans la Paix,
affin de ménager les mêmes ressources pour des occasions qui arrivent tou-
— 154 —
jours nécessairement en lèms de guerre, parceque l'alsacc elant séparée
du reste du Royaume, larmée qui est sur le Rliin ne peut vivre que du
Pays même. Je suis etc.
A M. Dodun.
Le 22 juin 1722.
J'eus l'honneur de vous écrire avant hier une assés amjjle dépêche pour
vous expliquer les raisons qui me persuadent que la province d'alsace
n'est en aucune façon susceptible de l'établissement des droits de cour-
tiers jaugeurs, jnspecteurs aux boucheries et aux boissons et autres sem-
blables. Je m'appuyay en partie sur la manière dont on avoit toujours pensé
et agi dans le gouvernement, à cet égard, depuis le jour que l'alsace fut acquise
au Royaume, en 1048. Je crois M"", qu'il ne sera pas inutile que je prenne la
liberté devons ajouter que les droits, les plus universellement établis dans
le Royaume, n'ont point lieu icy, comme par exemple: le papier marqué
et le Contrôle des actes et des Exploits. Rien plus les ventes et distribu-
tions de sel, ne sont faites au profit du Roy que dans la partie de la
province, qui appartenoit proprietairement à la Maison d'autriche,dans la
ville de Strasbourg, dans les dix villes de la préfecture de llagucnau qui,
eloient cy devant jmperialles, le Roy a confirmé les magistrats dans les
droits où ils etoicnt de prendre le sel, où bon leur semble, et de le ven-
dre aux prix qu'ils y mettent, à leurs habitants; il en est de même de
tous les Seigneurs dont les Terres relevoient immédiatement de l'Empire,
et ces Terres jointes aux villes cy devant jmperialles, font plus des deux
Tiers de la province; je doute fort M. que le rétablissement des droits
dont il s'agit, paroisse mériter la préférence sur le papier marqué, le con-
trôle des actes et des Exploits et sur la distribution du sel.
n se trouve des têms où le Pays, par des fournitures et des corvées,
l'emporte au centuple sur les autres provinces, en fait de Contributions
aux charges de l'Etat, ce sont les têms de guerre. Je compte qu'il y a ac-
tuellement plus de quarante mille chevaux en alsace, prêts à marcher au
premier besoin, cela est prodigieux pour un aussi petit Pays, mais il est
evident que si par des impôts, les paysans se trouvent hors de la possibi-
lité d'entretenir ces ressources, la subsistance des armées sur le Rhin
tombera dans des difficultés presque insurmontables. Il est vray que de-
puis sept ans la province est tranqnile, mais c'est ce qu'on n'avoit pas veu
depuis un siècle. Je suis etc.
— 155 -
ANNEE 1723.
A M. le Blanc.
' Le 30 juin 1723.
Je trouve icy M. une lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrirc,
le 8 mars dernier, au sujet des bénéfices de ce département, qui peuvent
être sujets en conséquence d'un arrêt du Conseil du 15 O^'"« 1716, au paye-
ment des pensions des Religieux Lays, destinées à l'entretien des officiers
et soldats qui sont admis dans l'hôtel Royal des jnvalides.
Vous y avés joint un projet de Rolle, dont je vous renvoyé une copie,
avec une partie des ecclaircissements que vous avés désiré recevoir de
moy. Il me reste à vous donner le principal , qui est de sçavoir si tous ces
bénéfices sont de fondation Royale, Ducale ou de Seigneurs dont les Do-
maines ayent été reunis à la Couronne, mais voicy la raison qui m'a re-
tenu sur la discussion de ce point.
Par l'arrêt du 15 9^re 47^6^ i^ Roy n'assujettit au droit d'oblat que les
bénéfices qui sont à sanomination,etilsetrouve que dans la province d'al-
sace aucun bénéfice n'est dans ce cas. Toutes les dignités sont remplies,
par élection, suivant le droit commun et le Concordat germanique. Il est
vray que les Elections se font en présence de Commissaires nommés par
le Roy, comme il se pratique encore en Allemagne, où l'Empereur use du
même droit. Ces Commissaires ont le pouvoir de donner l'exclusion à
ceux qu'ils ne croient pas susceptibles d'être élus, par raport à l'intérêt
de leur Maître, mais celuy qui, par le scrutin, a eu le nombre suffisant de
voix, est proclamé sur le champ et se pourvoit aux Supérieurs Ecclésias-
tiques pour obtenir sa confirmation. Je vous observeray cependant qu'en
alsace, il faut que l'Elu commence par recevoir du Roy, un brevet, qui
luy permette de s'addresser à l'Evêque ou en Cour de Rome; il y a même
des exemples récents que dans ces sortes de brevet le Roy, sans parler de
l'Election, paroit nommer de plein droit au bénéfice, mais celuy qui en est
porteur se garde bien de le produire à Rome ou à l'Evêque, s'il est Etran-
ger, et il ne se sert uniquement en demandant la confirmation que du
procès verbal d'Election.
Il me suffit M. de vous avoir mis au fait, et c'est à présent à S. A. R à
décider si les bénéfices d'alsace sont dans le cas de payer le droit d'oblot,
mais s'il en doit être ainsy, ne croiriés vous pas W qu'il seroit convenable
— 150 —
d'clendre par un nouvel arrêt, la disposition de celuy du 171G, jusques
sur les bénéfices qui sont de fondation Royale, indépendamment du droit
que )e Roy peut avoir ou n'avoir pas d'y nommer.
Je dois encore vous dire que plusieurs beneficiers d'alsace sont dans
l'habitude de payer les droits d'oblat. sans qu'il paroisse qu'ils aient reclamé,
mais cela n'cmpèchc pas (jiic je ne pense que pour la regle, et pour pré-
venir ce qui pourroil être dit, par ceux qu'on se propose d'attacjucr nou-
vellement, il faudroit quelque chose de plus positif que ce qui est perlé
dans l'arrest de 1710.
J'ay cru M. qu'il convenoit que ce préliminaire fût décidé, avant que je
lisse des démarches pour parvenir à la connoissance de la nature de la
fondation de chaque bénéfice. Je crois même qu'il conviendroit mieux , si
Taflairc doit avoir lieu, de commencer par comprendre, dans le Rolle,
tous les bénéfices qu'on croira sujets au droit d'oblat, et d'attendre, pour
leur rendre justice, que d'eux mêmes ils viennent à représentation et s'ap-
puyent sur les titres qu'ils produiront. On en aura bien plutôt raison par
là, que si l'on commence par vouloir discuter leurs Titres, qu'ils ne mon-
treroient, en ce cas, qu'à la dernière extrémité, et après avoir épuisé tous
les délais qu'il {)ourroit ajtporler.
Je suis etc.
A Mgr le Cardinal Dubois.
Le 5 juillet 1723.
Mgr.
Un mois environ avant que je partisse de Paris, M. l'andjassadeur de
hollande me fit Thonncur de me dire qu'il etoit pressé par les Députés du
Corps Evangelique, assemblés à Ratisbonne, de demander au Roy la per-
mission d'exercer la religion calviniste, pour les deux villages de Sebach
et Schleytal , dans la basse alsace, qui appartiennent à M. l'Kvêqnc de Spire;
il etoit dans l'opinion (jue par le Traité de Munster et autres qui ont suivi,
le Roy etoit obligé d'avoir cette tolérance. Je làchay de luy faire connoître
le contraire, et je luy établis que rien ne contraignoit le Roy en alsace
sur le fait de la Religion. Il consulta même le Traité de Munster, et n'ayant
rien trouvé de ce qu'il croyoit y être, il me dit qu'il alloit ecrin! à Ratis-
bonne pour (ju'on luy envoyât des mémoires la dessus, et qu'en cas, comme
il commoiçoit à le croire, fjue le Roy ne fût point tenu, j)ar les Traités
de paix, à entretenir la Religion calviniste, dans les deux villages dont il
s'agit, il pourroit prendre le party de le demander, au nom de ses Maitrcs
— 157 —
comme une grâce. Je vois par des nouvelles qui me sont venues de Ralis-
bonne, du 24 du mois passé, que M. l'Ambassadeur de Hollande a eiïccli-
vement écrit sur cette matière, et qu'il a été reconnu i)ar les députés Evan-
geliques, que les deux villages de Sébach et Schleital ne pouvoient avoir
d'autre ressource que dans la clémence du Roy, pour l'exercice public de
la Religion calviniste, qu'une partie de leurs habitants professent.
Comme il se peut faire que M. l'ambassadeur de Hollande parlera de
celte affaire à V. Emc«, j'ay cru Mgr, devoir vous rendre compte de ce de-
tail, et môme vous envoyer un memoire que j'eus occasion, l'année pas-
sée, de faire précisément sur cette question.
.le dois au surplus observer à V. Em<^° que sur toutes les matières de
Religion, qui concernent l'alsace, personne n'est plus en etat de dire ce
qu'il convient de faire que M. le M^^^ d'IIuxelles. Il commandoit en alsace,
dans les têms les plus difficiles sur le fait de la Religion, et il Irouvoit
moyen de satisfaire et la Cour et le Pays, et les gens les plus opposés en
sentiments. Je suis etc.
A Mgr le Garde des Scemix.
Le 30 juillet 1723.
Mgr.
Je dois réponse à la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'ecrire ,
le 2 de ce mois, en m'envoyant l'arrest du 22 juin, par lequel le Roy a
renouvelle les deffenses d'imprimer dans le Royaume aucun livre ni livret
sans privilège ou permission.
Je crois qu'avant de faire publier cet arrêt, il convient que je vous in-
forme des usages de ce Pays cy, sur celte matière, affin que vous soyés
en Etat Mgr, de me donner les ordres que vous croirés convenables.
A Strasbourg le Magistrat s'est maintenu jusqu'icy dans l'authorité en-
tière et exclusive sur les imprimeurs; les livres qu'on leur donne sont^
examinés par des Censeurs, préposés par le Magistrat, et dès qu'ils sont
approuvés, l'imprimeur les donne au public. Le Magistrat de Strasbourg
prétend tirer son droit des art. 2 et 4 de la Capitulation, où il est porté
que le Roy le maintient dans tous ses privilèges et déclare qu'il veut lais-
ser les choses dans l'Etat où il les trouve. Ce qui est certain, c'est que
l'usage n'a point varié sur le fait de l'Imprimerie à Strasbourg, depuis
que cette ville est au Roy, le Prêteur Royal m'a môme remis la copie cy
jointe, d'une lettre écrite en 1707 au Magistrat, par le Procureur gênerai
— 158 —
(lu Cüiiseil de Golmar qui dit que M. le Chancelier de Ponlcliartrain l'a
chargé de déclarer au magistrat de Strasbourg, que sçacliant que la ville
se gouverne par des loix particulières, suivant sa capitulation, son inten-
tion n'est pas d'y donner atteinte, en ce qui concerne l'imprimerie.
Si vous désirés sçavoir Mg'", quelles sont la dessus les loix observés
dans l'Empire, je vous diray que suivant des Recès des années 1529 et
1579 il ne doit y avoir d'imprimerie que dans les villes où resident les
Electeurs ou les Princes, dans les villes jmperialles et dans celles où il y
a une université et que tous les livres ne doivent être imprimés qu'après
avoir été approuvés par le Seigneur Territorial, soit Electeur, Prince ou
Magistrat, ou par ceux qu'ils ont, à cet efl'et commis, au surplus les jm-
primeurs sont tenus de nommer l'auteur du livre, de faire mention de
l'approbation, comme aussi de marquer le nom et le lieu, où l'ouvrage a
été donné au public.
Il resuite de là une question qui est de sçavoir, si le droit de donner
des permissions pour imprimer à Strasbourg, appartient encore au Magis-
trat, ou s'il est dévolu au Roy. Je crois qu'elle n'est pas douteuse: Si le
Magistrat de Stasbourg jouit encore de quelques attributs de la Supériorité
Territorialle, ce n'est que par un pur effet de grâce que SaM'*^ a bien voulu
luy accorder en différents têms, mais il ne paroit pas qu'elle se soit expli-
qué positivement sur l'imprimerie, pas même dans la capitulation.
Au reste il y a dans Strasbourg, huit jmprimeurs, dont deux seulement ont
quelque occupation, leur principal travail est sur des almanachs, des Thèses,
des faclums, des programmes, des Epitalammes, des oraisons funèbres,
car, en ce pays cy, aucun Bourgeois ne se marie qu'il n'en resuite
quelque pièce de vers latins de l'université, et à la mort l'histoire de sa
vie ne manque jamais d'être donnée au public. Ils impriment encore assés
communément des livres de prières ou de grammaire, et quelquefois ils
donnent de nouveau au public, d'anciens livres dont les Exemplaires man-
quent; ce sont pour la plupart des ouvrages de Theologie, de droit ou
de médecine.
Dans la ville de Golmar, il y a un seul jmprimeur qui consomme tout
son têms sur les factums des parties et les Edils et déclarations qui luy
viennent du Procureur gênerai. S'il voulait donner quelque autre chose
au Public, il est certain qu'il ne le pourroit que sur l'approbation du Ma-
gistral.
Enfin dans les Terres de M. le Prince de Birkenfeld, à S'*' Marie aux
Mines, il s'est établi depuis trois ans, un Jmprimeur, par la permission
des officiers du Seigneur, cet ouvrier, à ce qu'on m'assure, gagne sa vie
— 159 —
à imprimer des almanachs et quelques livres de prières, à l'usage des Lu-
thériens.
Dans le reste de la Proviiict! il n'y a aueun jmprimeur.
C'est à vous maintenant My^, à prescrire ce que vous désirés être fait,
mais vous sçavés que l'alsace a toujours été traitée d'une manière différente
des autres Provinces, et je puis d'ailleurs vous assurer qu'il ne m'est point
revenu que les jmprimeurs de Strasbourg, non plus que les deux autres,
aient jamais mis au jour rien qui puisse iuterresser la Ueligioji , l'Etat ou
les bonnes mœurs.
Je suis etc.
ANNEE 1724.
A M. de Dretcuil.
Le 31 janvier 172i.
Vous m'avés fait l'honneur Mr, par une lettre du 17 du mois d'octobre
dernier de me témoigner que le Roy desiroil que le Magistral de la ville
de Strasbourg se chargeât de la cantine de la Citadelle et de celle des
deux forts, en dédommageant les Commandants qui jouissent de ce droit.
Vous trouvères cy joint M. un memoire par lequel ce Magistrat offre de
prendre ce party, sous plusieurs conditions qui paroissent êlre du bon
ordre, et qu'il se soumet de donner à Mi^^les officiers de l'Etat-Major de la
Citadelle 2600 ïï par an et 1000 ÏÏ à chacun de M''-'^ les Commandants du
fort de la Porte Blanche et de celuy de la Porte de Pierre, et de plus, le
franc salé aux uns et aux autres.
Le Bail de la cantine de la Citadelle est actuellement à 2600 ïï. Le Magis-
trat propose de donner la même somme à M''^ de l'Elat-Major, mais on
retranche, en même têms, deux autres parties, l'une la franchise de seize
sacs par semaine, que le Magistrat laissoit passer sans payer aucun droit,
ce qui faisoit que le canlinier leur donnoil le pain à quelque chose de
meilleur marché qu'il ne le vendoit aux bourgeois et aux soldats de la
même Place, l'autre, personnelle au Major, est une rétribution de trente
sols, par mois, qu'il levoit sur chaque cabaret de la Cidatelle et il y en
avoit treize.
Le bail de la cantine du fort de Pierre est de 1600 ^, et celuy de la
Porte blanche à 1250 ÏÏ. Le Magistrat, dans son memoire, ne donne que
1000 S" à l'un et à l'autre.
— 100 —
Nous avons fait tout ce que nous avons pu, M. le Comte Dubourg et
moy, pour le porter à s'avancer un peu davantage, surtout pour les Com-
mandants des forts, mais nous n'avons pas pu y parvenir, quoyque,
comme vous le remarquerés, sans doute, la négociation ait assés duré.
Le Magistrat dit, pour ses raisons, que le prix de ces cantines n'est
monté au point où il est, que par l'abus qu'on en laisse faire à ceux qui
les exploitent; qu'en 1709 le bail de la cantine du fort de la Porte blanclie,
n'etoit qu'à 800 U, et celuy du fort de la Porte de Pierre à 500??; que
dans le même têms le bail de la canline de la Citadelle n'etoit qu'à 2000^
et 2400 ÏÏ. Le Magistrat ajoute que lorsqu'il fera valoir ces cantines, le
produit sera encore beaucoup au dessous, parceque les portes de la Cita-
delle et des forts, étant fermées aux soldats de la garnison de Strasbourg
et aux bourgeois, l'augmentation qui en pourra revenir aux fermes de la
ville, sera peu considérable, n'étant pas douteux que telle personne qui
eloit excitée à aller boire dans la Citadelle et dans les forts, par la grande
liberté, qu'on y laissoit régner, s'abstiendra de faire de pareilles débau-
ches dans la ville; où d'ailleurs elles ne seroient pas tolérées. Quant à
moy M*", je pense que la proposition du Magistrat est avantageuse au ser-
vice du Koy et à M""^ des Etats Majors de la Citadelle et des forts, en ce que
les jours de fêtes et de dimanches, ces places ne seront plus remplies
d'une quantité prodigieuse de gens de dehors, dont le nombre se trouve
très souvent supérieur à celuy de la garnison, aux officiers des Etats ma-
jors, parcequ'ils sont assurés d'une somme fixe et considérable, au lieu
qu'ils eloient tous les jours au moment de recevoir un ordre de la Cour,
(Hi (le M. le Comte Dubourg, pour réduire la consommation de leurs can-
tines à celle de la garnison, auquel cas le Magistral ne pouvant être forcé
de s'en charger, le pioduit tomberoit des trois quarts et demy; je crois
que M. le Comte du Bourg vous marquera luy môme qu'il pense absolu-
ment comme moy.
Je ne vois, en souffrance, dans cet arrangement, que quelques habi-
tants qui sont établis dans la Citadelle, où ils ont bâti des maisons, sur
des emplacements que le Roy leur a donnés. Il y a treize propriétaires qui
relouent chèrement à quinze ou seize autres chefs de famille, une partie
de leurs habitations, ils tiennent presque tous cabaret, et ils avoient un
grand débit les jours de fêtes, parceque tout ce qui entroitnepouvoitpas
être fourni chez le cantinier, il est evident que ce commerce va finir, et
«lue beaucoup d'habitants quitteront la Citadelle, pour aller chercher à
vivre ailleurs, mais ce n'est pas un grand mal: les cabaretiers sont
iiujlile.s dans une (Citadelle, et vaudroit mieux lâcher d'y attirer de bons
— ICI —
ouvriers en fer et en bois, et chercher à leur procurer quelques petits
avantages.
Par des Lettres patentes du mois de février 1684, S. M'*^ a afTranchi les
habitants de la Citadelle de tous impôts , sur les denrées qu'ils feront
entrer. Gela ne peut jamais s'entendre que de la consommation de leurs
ménages, et non de ce qu'ils peuvent distribuer dans un cabaret. Par le
memoire du Magistrat cette liberté leur est réservée à l'art. 3.
Le Magistrat demande M"", que si ses offres sont agrées, elles soient
authorisées par une ordonnance du Roy , en forme de règlement , et je
me persuade qu'il vous paroîlra que cela convient.
Je suis etc.
A M. de Morvillc\
Le 13 Février 172'».
w
Pendant que j'etois à Paris, l'année passée, M"" le P^o de Birkenfeld
m'envoya des délibérations des Communautés de ses Terres, portant
qu'elles consenloient de luy faire un présent, à l'occasion du fils qui luy
etoit né. Je temoignay à M. le Prince de Birkenfeld qu'il convenoit qu'il
s'addressât directement à la Cour; enfin il m'a fait remettre, depuis peu,
la copie d'une lettre qu'il a reçue de vous, le 21 du mois de décembre
dernier, par laquelle vous luy marqués que dès que vous serés instruit de
l'aflaire, par moy, vous en rendrés compte à Sa M*^. Je vais donc M. satis-
faire à ce qui peut me regarder.
Par un arrêt du 6 février 1720, dont je joins une copie, le Roy a per-
mis à M. le Prince de Birkenfeld de faire imposer sur ses Terres la somme de
28750 lÊ que les habitants luy avoient offert pour les frais de son mariage,
cette somme a été levée en quatre années, dont 1723 a été la dernière.
Les mêmes habitants, par les actes cy joints, ont deUberé de luy donner
encore, pour la naissance du jeune Prince son fils, le Quart de ce qu'ils
ont payé pour le mariage, c'est à dire 7187 S" 10^ Il ne s'agit donc que
de continuer encore pour cette année, l'imposition qui a déjà eu lieu pen-
dant quatre ans.
Quant à moy Mr, je n'ay rien à dire la dessus, si ce n'est que puisque
1. Morville (Charles-Jean-Baptiste-Fleuriau, comte de), flls du garde des sceaux
Flcuriau d'Armenonville, ministre des aflaires étrangères de 1723 à 1727.
T. X. - (M.). 1 1
— 102 —
les Communautés le veulent oinsy, on peut sans lui faire tort accorder
cette petite douceur à M. le Prince de Birkenfcld. Je me souviens que
dans le têms qu'il obtint l'arrêt pour son mariage, on veriflia que les
Comtes de Ribeaupierre, auxquels M. le Prince de Birkenfeld a succédé, du
chef de sa mère, etoient en usage d'exiger de pareilles gratifTications dans
les mêmes occasions.
L'arrest de 1720 pourra servir de modele pour celuy qui sera à expe-
dier, si la demande de M. le Prince de Birkenfeld réussit, il seroit bien à
souhaiter qu'il luy vint quelque ressource, d'une nature différente et plus
considérable que celle cy, car le bruit n'est pas que ses affaires soient en
bon ordre.
Je suis etc.
NOTICE HISTORIQUE
SUR L'ANCIENNE ÉGLISE COLLÉGIALE, AUJOURD'HUI PAROISSIALE,
DES A V E R N K.
Avec deux planches lithographiées.
L'ancienne église supérieure de Saverne, avant d'être érigé« en église
collégiale et paroissiale, servait d'église au château, on l'appelait commu-
nément Schlosskirche; elle était placée sous le vocable de Saint-Rarthélemi
et de Saint-Udalrlch ; elle était un édifice roman, construit dans le style
simple et sévère du douzième siècle, et à peu près orienté d'après les pres-
criptions liturgiques. La tour est la seule partie de la construction primi-
tive qui soit arrivée jusqu'à nous; elle présente par les moulures qui
ornent ses corniches, par ses pilastres, ses pendentifs et son appareil,
une grande analogie avec la façade de l'ancienne église abbatiale de Mar-
moutier. Cette tour, qui forme l'avant-corps occidental, est carrée et di-
visée en cinq étages ou compartiments servant de clocher; elle était autre-
fois couronnée d'un toit pyramidal à quatre pans et en charpente. Son
étage inférieur a une arcade cintrée où se trouve la porte d'entrée égale-
ment à plein cintre et un narthex ou vestibule intérieur, qui, séparé de
la nef par une porte, rappelle la division réservée autrefois aux catéchu-
mènes. Le cinquième étage est percé sur ses quatre faces de fenêtres
demi-circulaires, très-rapprochées, géminées, étroites, dépourvues d'or-
nements et refendues par des colonnettes massives à chapiteaux cubiques
décorés d'entrelacs. Les fenêtres de la façade occidentale sont surmontées
d'une grande baie circulaire ou oculus, dont le contour est uni. Les étages
intermédiaires sont percés de petites baies romanes ébrasées à l'intérieur.
Chaque étage est orné de cordons à larges moulures, de pilastres et de
pendentifs. Cette tour surpassait en élévation et en grosseur toutes les
— 1G4 -
tours dont la muraille d'enceinte était hérissée, et se distingue par son
archilecturo massive et son aspect imposant. A droite de la porte d'entrée
la face occidentale de la tour offre aux regards la mesure du bois de
chaufï'age, qu'on y a sculptée comme prototype de la mesure légale, avec
l'inscription en caractères carlovingiens qui suit :
lits • ift lii • l)iil{j ■ lian '
Le plus ancien document qui fasse mention de cette église est un ins-
trument d'oblation du 27 mars 1285". Le chevalier Henri de Borre, du
consentement d'Eisa, sa femme, fit, par cet acte, donation pour le salut
de leurs âmes, à la fabrique de l'église supérieure, de quatre pièces de
terre arable, à condition qu'elle ferait brûler après leur mort, pendant
la nuit, un luminaire devant l'autel de Saint-Barthélemi.
L'évêque de Strasbourg Robert de Bavière institua dans l'église supé-
rieure en 1470 la confrérie de Saint-Sébastien et la plaça sous sa protec-
tion spéciale et celle de ses successeurs. Celte confrérie, qui était accessible
aux personnes de l'un et de l'autre sexe, de tout rang et de toute con-
dition, fut approuvée en 1480 par le magistrat de la ville et confirmée
l'aimée d'après par l'évoque Albert de Bavière ^
Une bulle émise à Rome le 1*"" juillet 1487 par quatorze cardinaux,
accorda cent jours d'indulgences à tous les mend)res de cette confrérie
qui assisteraient avec régularité aux quatre ofTices qui seront célébrés
dans l'année sur l'autel de Saint-Sébastien dans l'église supérieure de
Saverne. Ces lettres d'indulgences furent confirmées en 1488 par l'évêque
Albert de Bavière et en 1509 par l'évêque Guillaume de Ilonstein*.
La confrérie de Saint-Sébastien, instituée «pour le bien public», eut
l'honneur de compter en 1509 au nombre de ses membres l'évêque Guil-
laume de Ilonstein et les personnages les plus considérables de la ville.
Le magistrat plaça en 1604 la Société des arquebusiers qui portait autre-
fois le titre de Société des arbalétriers, sous l'invocation de ce saint, en
mémoire de ce qu'il fut grièvement blessé à coups de flèches lancées au
moyen de l'arbalète avant de recevoir la palme du martyre par ordre de
l'empereur Dioclélien. Cette Société guerrière était en si grande consi-
t. Dan est un vieux mot tudesque qui veut dire mesure. Voy. le Glossaire de Scliertz,
2. Archives de Saverne, carton 17.
:i. Ihiii.
'i. Wid.
— 165 —
déralion que tous les dimanches, après le sennon, on proclanKiil du haut
de la chaire, le nom de ses membres, et tous les ans revecjue et le ma-
gistrat lui témoignaient leur gratitude et récompensaient son dévouement
par de beaux présents qu'elle recevait avec reconnaissance.
Le souverain ponlife Sixte IV, par une bulle émise à Saint-Pierre de
Rome le 17 juin 14.8:2 •, autorisa l'érection de l'église supérieure deSaverne
en église collégiale et commanda par autorité apostolique à l'évécpie de
Strasbourg, Albert de Bavière, d'élever à la dignité de chanoines séculiers,
chargés de la desservir, les frères hospitaliers de Steigen et de séculariseï'
leur couvent de Saverne. L'évèque Albert publia celte bulle par un man-
dement du 24 mai 1483, sécularisa le couvent de Sainte-Marie de Saverne
et érigea le 9 juillet 1485 l'église de Saint-Barlhélemi au rang d'église
collégiale. Le nouveau chapitre fut placé sous l'invocation de la bicidieu-
reuse Vierge Marie. aC'fjteUaitt propc curiam Jiabilallonls nostre siluiii
(du Ecclcsiaui collcgialam suh tilulo d nomine (jlorlosisslmc Vii<jin'is Marie
aerigimus et creamus.i> Ainsi s'exprime l'évèque Albert dans l'acte d'érec-
tion de l'église supérieure au rang de collégiale. Le nombre des chanoines
fut fixé à dix; on comptait parmi eux quatre dignitaires: le prévôt, le
doyen, le custode et le chantre, et on leur adjoignit trois vicaires prébendes.
Les dignités du'chapitre étaient électives et le pape Sixie IV, par une bulle
émise en 1485, renvoya à l'Ordinaire la confnmation de l'élection du prévôt
et des chanoines \ L'évèque Albert unit la plébanie au chapitre sur les
vives sollicitations du révérend Paul Ilock, alors curé de Saverne, et
éleva celui-ci à la dignité de chanoine; il conclut le 20 juillet 1484 avec
le chapitre collégial et le curé une convention pour l'ordre des offices
religieux et incorpora au chapitre tous les revenus de la paroisse de Berg-
bietenheim, qui ne fut à partir de cette époque desservie que par un
vicaire.
Le révérend Jean Riisser, qui remplissait les fonctions de prieur au
couvent de Sainte-Marie au moment de sa sécularisation, fut élevé à la
dignité de prévôt de la nouvelle collégiale; le nouveau chapitre se décida
pour la cessation de la vie commune, les revenus du couvent et ceux de
la paroisse de Bergbietenheim furent destinés aux besoins des chanoines
et divisés en prébendes, et les religieux sécularisés furent revêtus de
tous les insignes et de tous les honneurs attachés à la dignité de chanoines
séculiers.
t. Archives do Savcrue, raitoii 17.
2. Ibid.
— 166 —
Comme le nouveau chapitre reconnaissait la sainte Vierge pour sa prin-
cipale patronne, il prit la dénomination de chapitre de Notre-Dame de
Saverne et son sigillé représentait la sainte Vierge dehout dans une niche
gothique nimhée et tenant sur son bras dexlre l'enfant Jésus, avec cette
inscription :
S. CAPITULI ECCLESIE COLLEGIATE BTE MARIE VIRGINIS
IN ZAB.
Le chapitre reconnaissait pour deuxième patron saint Barthélemi; son
petit sigillé représentait un saint Barthélemi contourné, tenant de sa
main dextre un couteau et accosté à dextre et à sénestre de deux tiges
de rosier, garnies chacune de trois roses. Légende :
SIGILLUM MINUTUM COLLEGII TABERJSENSIS.
La confrérie des tailleurs, que Tévêque Albert de Bavière avait instituée
en 1-450 dans l'église des religieux de Steigen sous le nom de confrérie
de Saint-Valentin, fut transférée en 148^ dans l'éghse supéiieure, et après
qu'un siècle se fut écoulé, elle fut l'objet delà sollicitude de quatre car-
dinaux, qui l'enrichirent d'une lettre d'indulgences'.
Une troisième confrérie était encore étabhe dans l'église supérieure;
c'était la confrérie de Sainte-Anne, où l'on admettait des personnes de
l'un et de l'auti'e sexe-.
La nef de la primitive égUse, dont le chœur avait déjà subi une réno-
vation totale au commencement du quinzième siècle, ayant été trouvée
insuffisante pour une éghse collégiale et paroissiale, fut démolie et recons-
truite sur la fin du même siècle par l'évêque Albert de Bavière^ qui, peu
favorisé des dons de la fortune, a dû adopter un style d'architecture en
rapport avec ses faibles ressources. Il défigura la disposition de l'église
primitive par l'adjonction d'une chapelle latérale, s'appuyant sur la nef,
et de cette adjonction est résulté un édifice irrégulier et disgracieux,
composé de parties hétérogènes, où l'absence presque complète d'orne-
mentation extérieure accuse un grand besoin d'économie, et dont les
combles sont, suivant l'usage du temj>s, d'une grande hauteur. Le toit
était dans l'origine couvert en ardoises, puis en bardeaux, mais ayant été
1. Anliives de Saveriic, carlou 17.
2. Ibid.
3. Wiiniilieling, Cala/, ppis. argent., p. 115, et Guilliman, De épis, argent, p. i31.
— 107 —
fortenienl endommagé pendant le siège que la ville avait essuyé en 1G3C,
il fut refait en 1644, réparé en 1678 et couvert en tuiles, tel qu'on le
voit aujourd'hui.
L'évêque Albert fit de grands sacrifices pour la construction de celte
église. D'après ses ordres une collecte fut faite dans les six archiprètrés
ou chapitres ruraux de la Basse-Alsace. L'appel qu'il fit à la pieuse muni-
ficence des hahilants de son diocèse fut entendu et les offiandes qu'on
recueillit, furent employées au saint usage auquel les destinait la libéra-
lité des fidèles.
L'église, ainsi agrandie, fut érigée au rang de principale paroisse de la
ville; elle fut placée sous l'invocation de Notre-Dame en sa Nativité, pa-
tronne de la cité, et elle reconnaissait encore pour deuxièmes patrons
saint Barthélemi et saint Udalrich. Les dates de 1501 et de M. 1). IIL,
que deux des contre-forts de la face méi-idionale offrent aux regards,
attestent qu'elle ne fut achevée que dans les premières années du seizième
siècle.
La date de 1493, gravée sur le contre-fort de la cha|iellc et celle de
1494, sculptée sur la porte d'entrée du collatéral, mai'quent l'époque de
leur construction, qui fut dirigée par maître Jean Ludemann, architecte
de l'évêque. Cette chapelle fut consacrée le dimanche après la fête de
l'exaltalion de la Sainte-Croix, 1496, et dédiée à lasainle Vierge, à sainte
Anne, sa mère, à saint Mathieu, apôtre, à saint Christophe, martyr, à
saint Arbogast et à saint Hubert^ L'évêque y fonda, le samedi 4 mai
1504, un anniversaire pour le salut et le repos de son âme et y choisit
le lieu de sa sépullure^
La fête de la dédicace de l'église collégiale et paroissiale de Saverne
se célébrait le dimanche après l'octave de la Visitation de Notre-Dame.
C'est dans le chœur de l'église collégiale de Saverne que s'est tenu en
1549, sous la présidence de l'évêque Erasme de Limbourg, un synode
diocésain devenu célèbre sous le nom de Conférences de Saverne.
Ce choeur, qui nous rappelle de précieux souvenirs, souvenirs d'un passé
lointain, souvenirs historiques, souvenirs de famille, a été jusqu'en 1733
exclusivement réservé au service canonial. Jusqu'à cette époque l'autel de
la paroisse, appelé FrohnaUar ou. Pfarrallar {allarcplebani), élmlphcé en
avant du chœur, pour être bien en vue de tous côtés. Le chœur élail
garni de stalles qui se distinguaient par une grande pureté de dessin.
1. Archives de Saverne, Reg-. 509.
2. Archives du Bas-Rhin. G. (il28.
— 108 —
L'évêque Guillaume tie Ilonslein les avait commandées au sculpteur Jean
de Haguenau; mais cet artiste mourut en 1519 sans avoir pu les achever',
et l'on fut forcé d'en confier l'achèvement à un autre aitiste, dont le nom
n'est pas parvenu jusqu'à nous. A quelle époque les a-t-on fait disparaître?
On l'ignore. Le chœur fut garni en 1752 de nouvelles stalles et de boise-
ries que l'on devait au ciseau d'un artiste savernois, ayant nom Frédéric
François, et qui eurent l'inconvénient de masquer des monuments funé-
raires fort intéressants.
Entre le chœur et la nef était placé un jubé supportant une tribune où
l'on venait hre l'évangile. Sur ce jubé se trouvait également l'orgue, qui
fut transféré en 1717 sur la tribune placée contre la tour. Cette tribune,
qui repose sur des arcatures d'une belle exécution, et à lafpielle conduit
extérieurement un escalier en pierre, était ornée d'une balustrade en
pierre élégamment sculptée, qu'on a remplacée il y a une cinquantaine
d'années par d'insignifiants lambris en bois.
L'orgue actuel est l'œuvre de Sébastien Krœmer, facteur à Mutzig; on
donna au facteur, outre l'ancien orgue, la somme de 3600 livres, dont
l'évêché , la ville et le chapitre supportèrent chacun le tiers. Sur le grand
tuyau de cet orgue se lit l'inscriplion suivante:
Aetatis specie XIII Mens. Xaile: Francis: filia Fran: Adami Meycr,
organistae et Mariae Magda : de Watteville hanc i"*""' fislulcmi posuit die
1 "" X'"'" il 84, et Kraemer Organum fecit.
La chaire mérite un examen attentif; elle est l'œuvre de maître Ilans
llammerer, sculpteur distingué, qui exécuta en 1480 la chaire de la cathé-
drale de Strasbourg; elle est en pierre et riche en détails élégants; «elle
«affecte, dit M. Iluot, dans ses Excursion alsaciennes^ ,\dikYï\\e. d'une cuve
i octogone supportée par une console termhiée en biseau et dont les ner-
« vures antérieures sont décorées de figures d'anges agenouillées et les
«mains croisées sur la poitrine; la bordure de chacun des huit pans est
«une véritable dentelle malheureusement empâtée d'une peinture gris-
« perle qui jure avec le style des ornements.» Ilàtons-nous d'ajouter
qu'elle vient d'être débarrassée de cet ignoble badigeon.
La chaire porte la date de "1 5^ P ^ ? surmontée du monogramme du
1. M. le clianoine Straiib, Procès-Verbaux de la Société pour la conservation des mo-
numents liistoriques d'Alsace, de l'année 1875, w" G. p. 3.
2. P. 24.
PLAN DE L ÉGLISE PAROISSIALE DE SAVERNE.
AvIbM «*/i7.Cnrillr/«^/ ^nw«Tt»tf>iw /*u M«««« JtAW-. ^<
TOUR DE LECLISE PAROISSIALE,
X
L
1
—^i
Plan de l'ancienne flèche
Massstab von o"oo5 Rir i Meter.
%iMw Hri'j Sotirfc pcnrlaivaM-niilton rir.smomt /n.t(t<r. Jmic \.
^■rkXSrSiiltrAC.$vr^S'r^«^4'9rr.Ji^»rAi:»
— 169 —
sculpteur, consistant dans un M sommé d'une croix, et accosté à dcxtre
et à sénestre de la lettre II.
La chapelle de la Vierge est fermée par un grillage en fer artistement
travaillé dans le style de la Renaissance et orné de guirlandes de fleurs
d'une exécution parfaite.
A la sacristie, qui est adossée au côté nord du chœur et dont la clef
de voûte est ornée des armoiries de l'évêque Albert de Bavière, on accola
en 1C19 une salle qui fut affectée aux assemblées capilulaires. On ne se
contenta pas de cette addition disgracieuse; la sacristie et la salle capitulaire
furent encore surmontées d'une grande salle, appelée communément
salle de la noblesse ou R'dlerslube. La disposition de cette salle, d'où l'on
pouvait voir le prêtre officiant à l'autel, indiquait une destination reli-
gieuse; elle servait de tribune aux nobles qui, même à l'église, n'aimaient
pas à être confondus avec les hommes des classes inférieures de la sociélé
et voulaient entendre la messe à leur aise. Le bâtiment, situé derrière
l'église et qu'on appelait le corridor, permettait aux gens du château d'y
accéder sans traverser la rue. La déplorable addition de cette salle eut
non-seulement l'inconvénient de faire murer quatre fenêtres du chœur,
mais encore de produire l'effet d'une excroissance monstrueuse sur le
corps de l'édifice. En 1753 la sacristie fut affectée aux assemblées capi-
lulaires; la salle où se tenaient ces assemblées fut convertie en sacristie
et l'on perça à l'extrémité de la nouvelle sacristie une porte (jui communi-
quait dans le chœur'.
La toiture qui couvre le chœur était autrefois surmontée d'un cloche-
ton octogone, svelle et gracieux, dont la charpente était revêtue de lames
de plomb et qui se mariait heureusement avec la flèche pyramidale de la
tour romane. Au dix-huitième siècle cette flèche, dont on vantait l'aspect
imposant, était dans un état de dégradation alarmant; les chanoines, dont
quelques-uns demeuraient dans le voisinage, craignaient qu'elle ne s'écrou-
lât et n'écrasât de ses débris la voûte de l'église et les maisons voisines.
Ils en demandèrent la démolition; le cardinal Louis-Constantin deRohan,
cédant à leurs instances, la fit examiner, en 1760, par son architecte
M. Pinot. Cet homme de l'art constata que son état de vétusté exigeait une
prompte démolition. On se hâta de la démolir pour ne pas la voir s'écrou-
ler, et elle fut remplacée par le toit obtus à quatre pans, qui couronne
actuellement la tour. «Celte démoUlion, dit M. Sauthier, alors curé de
1. Archive* ilc Saverne, 536.
— 170 —
dSaverne', a été commencée le 3 jiuvembrc vers midi el achevée à la fin
«du même mois, ainsi que le nouveau toit qu'on a mis sur la tour, en
«attendant quelque chose de mieux. » Construit à la hâte pour n'être que
provisoire, ce toit subsiste depuis plus d'un siècle et subsistera probable-
ment encore longtemps.
Le clocheton aérien, couronné d'un co(| doré, subsista jusqu'en 1842,
où l'on conçut des inquiétudes sur sa solidité, et quoique son état de dé-
ijTadation n'exigeât que de promptes réparations, telle était l'insouciance
du conseil municipal que sans chercher à retarder sa ruine, il le lit
abattre.
Dans le chœur de la nef reposent les cendres de l'évoque Robert do
Bavière et celles de son successeur médiat, Guillaume de llonstein. L'épi-
taphe de l'évêque Robert est encastrée dans la paroi du chœur du côté de
l'Évangile, elle est ainsi conçue:
HIC • lACET • IN • XPO • P • ET ■ D • DNS • RV^^TVS • ILL' •
DVX • BAVARIE • AC • COMES PAL' • ÎTn • INSIGNIS
ECCLÎE • ARGENÏINENSIS ËÎ'S • ALSACIE ■ Q3
LANTGRAVIVS • Q' • ANNO ■ DNI • M • CCCC • LXX
VIII • D' • XVII • OCÏOR' • XPIANISSIIME • ORIIT •
IN • DNO • PONTIFICATVS • SVI • ANNO • XXXVIII •
Du côté de l'épître se trouve encastré dans la paroi du mur le mausolée
de l'évêque Guillaume de llonstein. Ce monument en grès grisâtre montre
le prélat, revêtu de ses habits pontificaux, la tête nue, dans l'attitude de
la prière aux pieds du Christ expirant sur la croix et ayant à ses côtés la
sainte Vierge et saint Jean, le disciple aimé, qui se tiennent debout et ont
la tête nimbée d'un cercle de fer. La sainte Vierge a les mains croisées
sur la poitrine, tandis que saint Jean les lient élevées vers le ciel. On voit
dans le fond la ville de Jérusalem avec ses tours, ses portes, ses murs et
ses créneaux. Sur le socle du monument se développe l'inscription sui-
vante :
HIC • lACKT ■ WIMIKLMUS • COMES • DE • HONSTEIN • 9 • OCT • 1506 • ELEGTUS
EPUS- ARG • HUGA • GAPLUM • TAB • MUNIFICVS OBIIT • 29 • JUNII • 1541 «^
I. Archives de Savcnic, iN. 536.
- 171 -
Cemonumcnl. a subi de noliibles dégradai ions; il étail dominé parl'écus-
son de révètjue Guillaume, écartelé au P'" des armoiries de révèclié de
Strasbourg, au 2*^ et au f\^ c\[u\ points d'argent é(jui|)objs à quatre de
gueules qui est de Ilonslein, et au 4° des armes du landgraviat de la
Basse-Alsace.
En 1757, le 29 août, mourut au château de Saverne Madame la princesse
de Montauban; sa dépouille mortelle fut inhumée dans le chœur de l'église
collégiale de Saverne, du côté del'épître, où l'on voyait sonépilaphe, qui
était ainsi conçue:
e Cy gil très haute et très puissante et très illustre princesse , son Altesse
Madame Eleonore Eugénie de Bethisy, princesse de Montauban , Dame du
palais de la reine, épouse du très haut et très puissant et très illustre prince
son Altesse Monseigneur Charles de Rökan, prince de Montauban, gou-
verneur des villes et citadelle de JSismes et de Saint- Hypoli te et lieutenant
général des armées de sa Majesté.
Tout fut grand en elle, la naissance, les grâces, l'esprit et les vertus;
la religion avait perfectionné les qualités de son cœur et pendant sa vie le
bonheur d'autrui fut son occupation la phis chère.
Elle est morte au château de Saverne le vingt neuvième aoust mil sept
cent cinquante sept, âgée de quarante neuf ans et demi.y>
L'évêque Albert de Bavière s'est érigé dans la chapelle de la Sainte-
Yierge un lieu consacré à sa sépulture. Son successeur immédiat l'évêque
Guillaume de Honstein lui fit ériger un mausolée, qui ne subsiste plus. On
y lisait l'inscription suivante:
Hic situs est reverendus Dominus et princeps Albertus Argentinensis
sedis episcopus, ac Alsatiae Landgravius, ex alla Bavariae domo dux
illustris progenitus ; dementia siquidem et vitae ac morum honestale prae-
clarus, pacisque et justitlae cultor eximius, dum. ccclesiae suae in annum
usque XXVJII gubernaculn tenuisset, anno scdutis nostrae sexto supra
quindecies centesimo, die XX mensis Augusti e vita hac misera migravil
ad coelos, deo pro meritis, in gloria perpétua fruiturus. Amen.
Cujus ne digna evanescat memoria Reverendus Dominus generosa ex
stirpe comitum de Honstein creatus in episcopatu successor hoc opuscon-
stituil, Anna M. D. XXHI.
Les caveaux de la chapelle renferment encore les tombeaux des évoques
Erasme de Limbourg et Jean de Manderscheid, mais leurs pierres tumu-
laires ne subsistent plus.
— 172 —
L'épilaplie de l'évêque Erasme était ainsi conçue:
Hic requiescil Erasmus Argcntinensis episcopus cl landgravius Alsallae
qui, in Christo obdormivil anno MDLXVIII die XXVII ISovcmbris, prac-
stdatîis siii XX VIL
Ce prélat avait encore une autre épilaphe dans la collégiale, elle était
de la teneur suivante :
Erasmus, episc. argent., Alsatiaeq. Cornes provincialis, ex illnstris. im-
perii semperq. libéra piiicernarum a Limburg familia natus, qui cum
XXVII annis mensibus III, dicbus XV, ecclesiae suae, commissoq. gregi
acsubditis, durissaneet iniquis temporibus , in omnipacc et tranquillitate,
dira vicinorum omnium injuriatn et olfensionem laudabiliter praefuis-
sct, tandem sabbalho XXVII die rnensis nov. sub horam noctis XII in vera
ccdholicae religionis confessione pietatisqtie aljectupic et placide in Christo
non sine gravi totius provinciue bonorumq. omnium luctu, obdormivil
anno aelatis suae LXI, salutis vero humanae M. D. L. X VlII.
La pierre lumulaire de Jean de Manderscheid représentait ce prélat re-
vêtu de ses habits pontificaux et agenouillé sur un prie-Dieu avec cette
inscription :
Quem colui vivîis passum le, Chrisle redemplor
Me in tua suscipias gaudia sancta precor.
Au-dessous de ce distique se lisait l'épitaphe suivante :
Epitaphium
/?. R. et illuslrissimi principis ac I). Domini
Joh annis episcopi argentinensis , ac
Landgravii Alsatiae, ex familia
Comitum à Manderscheidl
et Blankenheim
1596 facicbat Ilenricus Hoffmann, trevirensis :
Est Argentinae dura delatus honoris
Tempore Johanni pontificalis apex.
Quinque ferè luslris partes antistitis egit,
Pervigil eleclo pro gregc praesulcral ,
Est sacra tutatus , fidei defcnsor avitac,
Ilereticos fugil,jussit abesse domo,
- 173 —
Jngenio mitis, moistu' frugalin amiciis,
Cullor Jionc.statis, virgineusquc fuit.
Molshemii studiis discendas condidit aedes
Saepe palmm popnlus voce gementc vocal
ConCessIt fato qVo leMporc Cernh IN Ipso
Ver sic VLo , Isopto paX sal Va Vlla q Vies.
L'année de la mort du prélat est indiquée par le chronogramme contenu
dans le dernier distique.
Le cardinal Armand de Uohan-Soubise reçut aussi la sépulture dans la
chapelle de la Sainte-Vierge; son épitaphe était ainsi conçue:
Hic requiescit
Serenissimiis princeps
Armandus de Bolian-Soubise
Sanctae romanae ecclesiae cardinalis,
Argentoraleusis episcopus et princeps,
Ahaliae Landgraviiis ,
Murbacensis et Luderensis abbas
Princeps S'' imperii etc. '
Splendides natales aequavivit titulos,
Animo super av il:
Ar tes egrcgias quas ultro coluerat puer ,
Ornavit juvenis ,
Bapido progressu summa consecutus
Academiae parisiensi ac praesertim Sorbonae
Praeluxit ingenio, honore praefuit
Vcri etjusti tenaXy
Ingenti patruo
Similitudine virlutum commendatus,
lisdem in vestigiis, in eadèm statione collocatus
Ut episcopatûs
Sic accerrimi ecclesiae tuendae siudii
Successor non degener
Heu! lanto viro non impar,
Si non ipsa aetalis flore succisus !
Inmedio cursu laborum, quo pro ecclesia susceperat
Mortem obrepere senti en s,
Hue ad vos evolavit
0 Ahatiac cives,
— 174 —
n in sinn vestro extremum Spiritvm dcponerd
IIiiuc praecordiis vestris incluswn,
Fovete, lugelc, ac precibns apud deum adjtivate.
Ohiit die S8 junü il 56, aelatis anno 39.
L'archevêque de Reims Armand-Jules de Rohan, grand-prévôt du cha-
pitre de Strasbourg, qui était venu mourir au château de Saverne chez
son fréro, le cardinal Louis-Constantin de Rohan, évêque de Strasbourg,
fui aussi inhumé dans la chapelle de la Vierge.
Les restes mortels de ce prélat sont renfermés dans un cercueil de
plomb, doublé extérieurement de gros madriers de chêne et portant l'in-
scription suivante :
Ilicjacet reverendissimus et serenissimns Princeps Armandns Jnlius
de Jiohan, archiepiscopus duxRemensis, primus par Franciae , calhedra-
lis ecclesiae praepositiis ! Obiit die 29 Augusli, anno il 62.
L'église paroissiale et collégiale subit bien des vicissitudes. Dans la né-
faste année 1525 les troupes du duc Antoine de Lorraine, ivres de sang
et de carnage, la livrèrent au pillage; le chapitre fit vainement réclamer
au prince, par rcnlremise de la Régence de l'évêché, la restitution des
objets précieux {Kleinodien), que ses soldats avaient enlevés et emportés
avec eux '.
En 1C22 le père Séraphin Siccus, docteur en théologie et général de
l'ordre des prêcheurs, institua, à la dejnande des habitants de Saverne et
à la recommandation de l'archiduc Leopold d'Autriche, évêque de Strasbourg,
la confrérie du Saint-Rosaire dans la chapelle de l'église collégiale et pa-
roissiale*. Cette confrérie fut fondée dans le but de perpétuer le souvenir
de la glorieuse résistance que les habitants de Saverne avaient opposée
aux armes partout victorieuses de Mansfeld et des dangers imminents
qu'ils avaient évités, grâce à la protection de la Vierge Marie, palronne de
la cité. La bulle de fondation donnée à Rome le 28 oclobre 1G22 place
cette confrérie sous l'invocation de la glorieuse mère de Dieu et porte que
la fête du Saint-Rosaire sera célébrée le premier dimanche du mois d'oc-
tobre (Iniis cette chapelle, qui depuis cette époque fut aussi appelée la
chapelle du Soint-Rosaire.
1. Registre de la chancellerie de l'évêché de l'an 1525, versé en 1864 des archives du
tribunal civil de Saverne dans celles du départomonl du Pas-Rliin.
2. Archives de Saverne. carton 17.
— 175 —
Outre la fctc du Saint-Rosaire, qui était la fêle principale ou titulaire de
cette confrérie, il y avait encore quatre fêtes moindres : l'Ascension de
Notre-Seigneur, l'Assomption de Marie, la Toussaint et Noël. Cette con-
frérie a été enrichie d'indulgences et de faveurs particulières; on y admet-
tait des personnes de l'un et de l'autre sexe de tout rang et de toute
condition ; elle subsista jusqu'à l'époque de la Révolution.
L'évêque Leopold d'Autriche fît vers le même temps donation au chapitre
collégial de Saverne de la somme de mille florins destinée à la fondation
de Borate^ dans l'église collégiale, et à peine ce prince eut-il résigné l'évê-
ché et renoncé à ses bénéfices, qu'il écrivit de Ferrare à la date du A fé-
vrier 1626 aux vénérables prévôt, doyen et chanoines de la collégiale de
Saverne, que déférant à leur sollicitation , il leur faisait une nouvelle do-
nation de mille florins, pour régulariser la fondation du Rorate et en assurer
l'existence '.
L'entretien de la collégiale avait donné lieu à des conflits entre le cha-
pitre et le magistrat de la ville. L'évêque Erasme de Limbourg, qui n'avait
rien de plus à cœur que de maintenir la paix et la concorde dans sa rési-
dence, conclut le mardi après Saint-iMédard 1548 un traité avec le magis-
trat et le chapitre au sujet de l'entretien de cette église et il fut stipulé que
l'évêché, la ville et le chapitre y contribueraient chacun pour un tiers.
Cette convention fut, sur les vives réclamations du magistrat, modifiée en
1616 par l'archiduc Leopold d'Autriche, et l'on imposa à la fabrique de
l'église l'obligation de contribuer pour un quart aux frais des menues ré-
parations. Mais comme la fabrique était dénuée de ressources et réputée
sans fonds, la convention de 1616 était presque considérée comme une
lettre morte.
Pendant la tourmente révolutionnaire la tombe du cardinal Armand de
Rohan-Soubise fut violée et son cercueil mis au pillage; on retira au ca-
davre du prélat son anneau pastoral et ses ossements furent inhumés dans
l'ancien cimetière attenant à l'église. Les profanateurs de cette époque
s'étaient flattés de trouver des objets de grande valeur et ne craignirent
pas d'outrager d'augustes restes. La réprobation s'est attachée à ceux qui
commirent cette violation sacrilège. Le cercueil de l'archevêque de Reims
échappa à toute profanation.
L'église collégiale et paroissiale subit à cette époque le sort de bien des
églises: elle fut profanée et souillée de toute manière et se vit enlever les
1 Chant que l'on chante à la première messe pendant l'Avent.
2. Archives de Saverne, 536.
— 17C —
magnifiques éciissons en cuivre ciselé qui décoraient les boiseries du
chœur et les cloches qui sont allées avec bien d'autres dans les ateliers
de la monnaie de Strasbourg, pour y être fondues. Parmi ces cloches se
trouvait un vénérable monument de l'art campanaire, dont on doit vive-
ment regretter la perte. C'était la cloche des morts, dont le pourtour était
occupé par l'inscription suivante :
ANNO ab incartionc Dni i250. 4" mensis Julii.
La cloche des bourgeois fut seule conservée pour servir de tocsin et
sonner les heures, grâce à l'énergie de la municipalité, qui s'opposa à son
enlèvement.
Cette belle cloche a été fondue vers 1475 par maître Thomas Jost, fon-
deur à Strasbourg; elle est remarquable par l'inscription et les ornements
qui la décorent; d'un côté on voit la sainte Vierge avec l'enfant Jésus, de
l'autre Jésus-Christ expirant sur la croix, au pied de laquelle sont la Vierge
Marie et saint Jean, le disciple bien-aimé. On y voit encore l'empreinte des
sigillés de la ville de Saverne et de l'évêque Uobert de Bavière.
Cette cloche, dont le diamètre est de l'",40, est dans un état de con-
servation parfaite. Voici l'inscription qui règne en haut dans tout son
pourtour, avec toutes les imperfections ou plutôt ses fautes de typo-
graphie '.
PATIiONVS ILLE BEISGMT TEMPLO GUI CO N AT ALTO GLORIA
PTŒCEJSS VOCATAD OPUS DAliTOLOMEI DEVOTOS.
Jost Glockengieser.
En 1826 le conseil de fabrique de l'église paroissiale conçut le dessein
de faire fondre cette cloche vénérable pour obtenir une sonnerie complète;
ce projet impie souleva un cri unanime de réprobation parmi les habitants.
Ils s'adressèrent à M. Esmangart, préfet du Bas-Rhin, pour le prier de re-
fuser son approbation à cette résolution qui allait priver leur cité d'un
monument de l'art campanaire des plus intéressants. Ce magistrat enten-
dit leur réclamation. «Cette cloche, écrivait-il à M. le sous-préfet de
« Saveine, a plusieurs siècles, elle rappelle des souvenirs chers aux habi-
« tants de la ville ; c'est un monument qui a été respecté par plus d'une
t. Les inscriptions des cloches s'imprimaient d'abord en creux à l'aide de caractères
mobiles, dan.s uni; matrice placée à l'intérieur du moule et qui les reproduisait en relief
sur la cloclic même.
— 177 -
« révolution, le vœu formé pour sa conservation me paraît lui-même tout
«à fait respectable.
<i Je sais que le conseil de fabrique, qui n'avait conçu son projet que pour
«obtenir une sonnerie complète, trouve lui-même, depuis qu'il est informé
« du vœu des habitants, que la clocbe doit être respectée et propose un
«autre moyen pour arriver à compléter la sonnerie projetée. »
Ce projet, qui consistait à faire fondre trois nouvelles cloches d'inégale
grandeur, ne fut exécuté qu'en 1836.
Maintenant il nous reste encore à faire connaissance avec le chapitre
collégial de Saverne. «Le chapitre est celui de tout le diocèse qui a été
«le plus vexé depuis sa fondation, soit par la perte de plusieurs biens de
«la fondation même du temps du Luthéranisme et par les guerres fir-
«quentes alors en Alsace, soit par d'autres traverses qui se sont succédé
«les unes aux autres, et qui ont été cause que pendant un très-grand
« nombre d'années, il n'y avait dans le chapitre ni ordre, ni règle, ni poHce;
«tout y était en confusion, point de mense, point de grains sur les gre-
«niers, tantôt trois chanoines seulement, tantôt quatre, tantôt cinq, quel-
«(|uefois six, quelquefois sept; ce qui prouve clairement que ledit chapitre
«a été bien agité et molesté dans son berceau, et qu'il a fallu beaucoup
« de temps pour y faire la régularité '. »
Le mémoire sur l'Alsace, composé en 1697 par ordre de M. delà Grange,
intendant de celle province, contient sur l'église collégiale de Saverne les
renseignements suivants: «Il y a dans cette église un prévôt, un doyen
« cl huit canonicats; chaque prébende y vaut environ cinq à six cents Hvres,
«la prévôté un foudre de vin et cinquante sacs de grains, le doyenne un
«demi-foudre de vin et vingt-cinq sacs de grains; le prévôt a encore quel-
«ques vignes; cette dignité est élective aussi bien que celle du doyen. . . .
«Des vicaires font le service de la paroisse qui sert de chapelle au château,
«le curé est toujours au château, y ayant une prébende de vie pour la cure,
«fondée par l'évêque Erasme au siècle dernier. »
Le chapitre, aux termes de la bulle de sécularisation du couvent de
Sainte-Marie du 1 7 juin 1482, se composait dans l'origine de dix canonicats;
mais ses modiques revenus le forcèrent à réduire le nombre des chanoines
à six, y compris les divers dignitaires, et en outre aucune mention n'a été
faite dans cette bulle de la dignité d'écolâtre. Pour remédier à cet état de
choses, l'évêque de Strasbourg, Érasme de Limbourg, fonda en 1544 une
nouvelle prébende ; il y attacha la cure et l'écolâtrie et s'en réserva la
1 . Archives de Saverne , 536.
T. X. - (M.). 12
— 178 —
collation. Toutefois les fonctions curiales ne durent pas être exclusivement
conférées à récolàtre et tout autre chanoine pouvait en être revêtu. Mais
en 1732 le chapitre arrêta, à la demande du cardinal Armand-Gaston de
Rohan, que les fonctions curiales seraient désormais incompatibles avec
la dignité de prévôt et de doyen.
Un nouveau canonicat fut fondé en 1548 par Henri Eberhard, prévôt de
la collégiale de Surbourg, moyennant la somme de 800 florins sous la ré-
serve du droit de collation pour l'aîné de sa famille, qui devait le conférer
à l'un de ses parents.
Un neuvième canonicat fut fondé en 1737 par le chapitre lui-même, et
à la demande du cardinal Armand-Gaston de Rohan, M. François-Louis de
la Volpilière,de Mutzig, sous-diacre et bibliothécaire du château, y fut nommé
capitulairement et en fut mis en possession. «Les chanoines pouvaient-ils,
«ainsi s'exprime M. le chanoine Bataille', ne pas déférer aux instances d'un
« Seigneur Evêque, ipii de tout temps leur avait donné des marques d'une
^< aflection particulière; aussi par une juste reconnaissance lesdits chanoines
V« ont-ils reçu ledit sieur de la Volpilièrc en résidence et lui ont donné une
«compétence égale à la leur. » Le neuvième canonicat n'avait ni vignes, ni
jardin, ni maison.
Le dernier ou dixième canonicat était de collation laïque, il fut fondé
on 17 il et doté de 20,000 livres par le R. Jean-Michel Sigel, curé à
Minvcrshcim, pour son neveu .Iean-Jac(jucs Sigel et les descendants de ses
soîm^s. Le droit de collation était réservé à la famille du fondateur et au
défaut de celle-ci au magistrat de Molsheim. Le chapitre a reçu M. Sigel
en résidence, et pour égaler sa compétence à celle de MM. ses confrèies,
il y a suppléé de ses {»ropres fonds.
Le chapitre de Saverne était affranchi du don de joyeux avènement; il
n'(''tait pas soumis au concordat germanique; la pleine collation de six ca-
nonicats lui appartenait; l'évêque avait le droit d'en conférer deux, à l'un
desquels était attachée la cure, et deux patrons laïques avaient la collation
des deux canonicats restants^
Le chapiti'e collégial était bien plus riche que ne le laisse supposer le
mémoire de M. de la Grange. Il jouissait conjointement avec l'évêque de
la grosse et menue dîme au ban de Savcrnc et il affermait sa part de cette
dîme pour un canon annuel de 70 rezeaux de froment et de 75 rezeaux
d'orge. L'évêque percevait seul la dîme en vin; mais il était tenu délivrer
1. Archives de Savcrnc, 53C.
2. Ordonnances d'Alsace, t. I. j». LXl.
— 170 —
annuellement au chapitre trois foudres ou 72 mesures pour sa part de cette
dîme. Le chapitre jouissait du tiers de la dîme en grains et en vin au ban
d'Otterwiller; il percevait le tiers de la dîme en vin à Hergliioten et à
Flcxbourg; il jouissait à Rohr d'une dîme fixe, qui piodnisail aiinuellenrent
4- rezeaux de froment et G rezeaux de seigle; il était seul décimateur à
Allenwiller; il possédait de beaux corps de biens dans plus de quatre-vingts
communes, outre les capitaux, les rentes foncières et emphytéuliques.
L'évêque Guillaume de Honstein lui avait fait donation en 15il du couvent
abandonné d'Obersteigen, dont l'advocatie appartenait aux comtes de Li-
nange-Dabo et qu'il avait uni peu de temps auparavant à sa crosse. Dans
cette donation étaient compris tous les droits qui compétaient à l'évêché
sur le couvent, ses dépendances et ses propriétés consistant en maisons,
terres arables, prairies et une magnifique foret de haute futaie de la super-
ficie de 423 hectares, à l'exceplion toutefois du droit de chasse que le pré-
lat donateur se réserva expressément. Cette donation était failc sous la
condition que le chapitre donataire entretiendrait l'église d'Obersteigen
en bon état, qu'il y ferait dire au moins une messe par semaine et qu'il
tiendrait tous les ans un anniversaire dans l'église collégiale pour le
repos et le salut de l'âme du donateur.
Au moyen âge l'avouerie d'un monastère, si elle n'en valait pas presque
la propriété, était du moins une charge, à l'aide de laquelle ceux (pii en
étaient revêtus pouvaient impunément en dépouiller l'établissement confié
à leur protection. Les comtes deLinange-Dagsbourg, abusant de leur pou-
voir comme tous les avoués de cette époque, avaient changé leurs droits
de patronage en supériorité territoriale et considéraient le monastère
d'Obersteigen et le village auquel il avait donné naissance comme faisant
partie intégrante de leur comté de Dagsbourg. En vain le chapitre collé-
gial de Saverne prétendait-il que la souveraineté territoriale sur ce village
lui appartenait en vertu de la donation que l'évoque de Strasbourg Guil-
laume de Honstein lui avait faite du couvent et de ses dépendances en
154i. Enfin lorsque les habitants d'Obersteigen eurent été contraints en
1660 à rendre hommage aux comtes de Linange, il en résulta un litige
qui fut soumis au parlement de Metz. Il s'ensuivit une longue procédure,
qui ne se termina que par deux arrèls rendus en 1689 et 1697 et aux
termes desquels la juridiction sur le village d'Obersteigen fut reconnue à
.lean-Charles-Auguste comte de Linangc-Dabo-Falkenbourg'.
Le règlement fait par le cardinal Armand-Gaston de Rohan lors de la
1. Archives de Saverno. 536.
— 180 —
visite du 10 août 1733, conslatc que les revenus de la mcnse capilulaire
étaient de I040 rezeaux de grains, de 540 mesures de vin et de 5270
livres de rente; chaque prébende de chanoine pouvait valoir à cette époque
la somme de 2000 livres.
La compétence du prévôt était de 55 rezeaux do froment, de 30 rezeaux
de seigle, de 25 rezeaux d'orge, de 20 rezeaux d'avoine et de 55 mesures
de vin; celle du doyen était de 47 rezeaux et demi de froment, de 32 re-
zeaux et demi de seigle, de 22 rezeaux et demi d'orge, de 12 rezeaux et
demi d'avoine et de 42 mesures et demi de vin. Les autres prébendes re-
cevaient une compétence de 40 rezeaux de froment, de 15 rezeaux de
seigle, de 20 rezeaux d'orge, de 5 sacs d'avoine et de 30 mesures de vin.
La prébende attachée à la cure consistait, outre le casuel, en une rente
de 220 livres, de 48 mesures de vin et de 23 rezeaux de seigle. Le curé
recevait de la ville 12 cordes de bois de compétence et 300 fagots et avait
la jouissance de quelques arpents de terre. Quoiijue la communauté d'Ot-
lersthal fût une annexe et filiale de sa cure, il n'en retirait aucun profit;
il en avait abandonné tous les revenus aux R. P. Récollets de Saverne,
sous la condition de la desservir et d'y faire les fonctions curiales. II rece-
vait encore annuellement d-es fermiers du Creuzfeld, en remplacement de
la dîme novale, 3 rezeaux de froment, 3 rezeaux de seigle et 3 mesures
de vin.
Le chapitre accordait annuellement, à titre d'aumune, aux Récollets de
Saverne et aux Capucins de Phalsbourg, un rezal de froment, un rezal
d'orge et deux mesures de vin. 11 avait la collation de la cure protestante
d'AUenwiller et était tenu, en sa qualité de décimateur, d'entretenir et de
loger convenablement le pasteur; celui-ci jouissait d'un modeste traitement
de 12 florins, de 20 rezeaux de seigle, de 10 rezeaux d'avoine et de 15
mesures de vin, outre le casuel. Tout protestant d'AUenwiller qui partici-
pait ou sacrement de la sainte Cène, était tenu de faire une offrande de
quatre deniers, dont le produit était versé par le pasteur entre les mains
du receveur du chapitre.
Le chapitre possédait à Saverne, à l'époque de la révolution, le presby-
tère, huit maisons canoniales, presque toutes récemment construites, une
maison habitée par son receveur, deux petites maisons qui servaient de de-
meuie à l'organiste et au sacristain et de-s bâtiments servant de grange
dîmière et de magashis. Après que l'ouragan révolutionnaire eut emporté
le chapitre, les maisons canoniales et les autres bâtiments furiiit vendus
comme biens nationaux, à l'exceplinn «In presbytère, qui fut considéré
comme propriété de la ville.
— 181 —
Le chapitre poiMait, selon l'armoriai d'Alsace', d'azur à un Saitit-Baillié-
lenii contourné, tenant de sa main dexlre un couteau, le tout d'or sur
une terrasse de même.
La cure de Saverne avait son sigillé particulier (jui représentait la sainte
Vierge en sa nativité, que la ville honore comme sa patronne, c'est-à-
dire sainte Anne assise sous un dais, tenant sur ses genoux son enfant
Marie et recevant la visite de ses deux sœurs, avec cette légende:
t S. PAR. IN ZADERK DIOCES. ARGEN.
Le sigillé de la prévôté ne portait [)oinl de légende ; il représentait la
sainte Vierge couronnée, debout dans une niche et tenant l'enfant Jésus
sur son bras sénestre.
Le chœur de l'église collégiale et paroissiale de Saverne était orné de
la statue de la Vierge et des statues de saint Barthélemi, de saint Wolf-
gang, de saint Udalric et de sainte Agnès, qu'on vénérait comme les pa-
trons de la ville. Ces statues en bois avaient-elles une certaine valeur ai-
tistique? A quelle époque rcmonlaient-elles? On l'ignore. Elles étaient
dorées et au mois d'août 1757 la chambre des comptes, le chapitre et la
ville les firent dorer de nouveau moyennant 306 livres, faisant 102 livres
pour chacune des trois parties*.
L'église paroissiale de Saverne possédait autrefois une série de tableaux
peints sur bois, qui représentaient les sujets de la vie douloureuse du Sau-
veur; ces tableaux étaient d'une grande valeur artistique; on les attribuait
à Michel Wohlgemuth de Nuremberg, qui fut, comme on sait, le maître
d'Albert Dürer. Il lui en reste encore quatre, qui font vivement regretter
la perte des autres; ils représentent les scènes suivantes: Jésus au jardin
des Oliviers, le baiser de Judas, Jésus livré au peuple et Jésus portant la
croix.
Au-dessus de la porte de la sacristie était encastré un haut-relief en cal-
caire blanc de la Meuse, représentant la Vierge douloureuse soutenant le
corps inanimé du Sauveur, devant lequel se tient le disciple bien-aimé. Ce
haut-rehef d'un artiste inconnu est d'une belle exécution; il est surmonté
de l'inscription suivante:
DOMINE ■ DEVS ■ NOSTRI MISERERE ■
1. p. OG.
2. Archives de Saverne, 53G.
— 182 —
Au-dessous de celte belle sculpture se voit disposé en trois lignes le
sixième verset du psaume LXVIII :
CONFORT ATI S FAT- QVI ■ PEIiSECVTI ■ SVNT ■ ME- IM MCI
MEI ■ IMVSTE ■ QVAE NON HAB II ■ TUNC ■ EXOLVEBAM •
• Au bas de cette inscription sont gravés les siglcs 1 M F et au-dessous
de ces trois sigles se voit la lettre 0.
Ce monument est maintenant encastré dans la paroi méridionale de la
nef.
Lors de la restauration du culte, l'église de Notre-Dame de Saverne fut
bénite, purifiée de ses souillures et de nouveau aiïeclée au service parois-
sial. L'église d'Ottersthal continua à en être une filiale jusqu'en 1845 où
elle fut érigée en succursale par une ordonnance royale du 25 avril de la-
dite année. « Gomme en ces derniers tems tout a été interrompu et tout
«exercice de piété publique proscrit, on a obtenu derechef un induit du
«Saint-Siège, et à sa suite un diplôme épiscopal du 31 juillet 1805, qui
«rétablissent la confrérie du Saint-Rosaire dans l'église paroissiale de
« Saverne, en faveur des âmes pieuses des deux sexes, de la campagne et
«de la ville, (pii s'y étaient déjà fait inscrire, ainsi que de celles qui s'y
«feront recevoir dans la suite'.»
Depuis longtemps le conseil de fabrique avait conçu le dessein de faire
subir à l'église paroissiale de grandes réparations, mais il dut reculer de-
vant les faibles ressources dont il pouvait disposer. M. l'abbé Cromer, dès
qu'il eut pris, vers la fin de l'année 1873, possession de la cure à laquelle
il venait d'être appelé par ordonnance de l'empereur d'Allemagne, consi-
déra la restauration de cette église comme une impérieuse nécessité et
n'hésita pas à engager ses paroissiens à faire des sacrifices propoi'lionnés
aux réparations réclamées. Son appel fut entendu; une collecte abondante,
à laquelle vint se joindre une allocation de 10,000 francs votée par le Con-
seil municipal, le mit à même d'entreprendre les travaux de restauration.
Faire enlever du chœur les boiseries et les stalles qui avaient autrefois
prémuni les chanoines contre l'humidité de la pierre, débarrasser ses pa-
rois et ses colonnes de l'ignoble badigeon (jui les couvrait, convertir la
sacristie et l'ancienne salle capilulaire en une espèce de chapelle ayant
vue sur le chœur et transférer la sacristie dans l'ancien promenoir du cha-
pitie, situé dans le bàtiiiieiit perpendiculaire au chœur de l'église, tel fut
1. La confrérie du Saint-Rosaire rôtablic dans l'ég-lise paroissiale de Saverne. Stras-
ijourg-, 1800, p. 3.
- 183 —
le |)lan des travaux qui fui adopté, et iM. rarcliitecte Fürst, habitué à de
semblables restaurations, fut chargé de les diriger. l*eu apiès le coniuieri-
cement des travaux, on reconnut l'impossibilité de convertir la sacristie et
l'ancienne salle capitulaire en chapelle et l'on fut obligé de constater que
l'on ne ferait qu'une restauration incomplète, bâtarde, si on laissait sub-
sister la tribune, qui se trouve soudée au chœur d'une manière si (hsgra-
cieuse. Le plan de restauration, d'abord timidement conçu, fut modilié. La
tribune, détestable addition du dix-septième siècle, fut démolie et, pour
rendre au chœur son caractère originel, on ne conserva (juc la sacristie
qui lui avait été accolée dans le principe. La tribune de l'orgue subit
aussi un grand changement; ses deux ailes, qui s'étendaient des deux cotés
de la nef et qui avaient l'inconvénient d'y ternir la lumière, furent suppri-
mées et l'on y rétablit l'ancienne balustrade en pierre, dont la plus grande
partie fut retrouvé dans la cave d'une maison particulière. Celte balustrade
où s'épanouissent les gracieuses et légères découpures du système ogival
flamboyant, fait l'admiration de tous ceux qui visitent l'église.
La nouvelle sacristie est voûtée; elle est très-intéressante et présente
toutes les commodités désirables. Les retombées de ses voûtes reposent
sur une file de colonnes qui faisait autrefois de cette pièce une sorte de
double galerie. L'une des clefs de voûte offre aux regards l'écusson sculpté
de l'évéque Guillaume de Honslein. La sacristie ne possède qu'un seul
meuble antique; c'est un très-grand coffre, garni de curieux bardeaux de
fer et muni d'une serrure fort intéressante. On croit que ce meuble est
du quinzième siècle.
L'éghse rajeunie a été restituée au culte le l^'" novembre 1876. Le chœur
sera garni dans le cours de l'année 1877 de vitraux peints dont l'exécution
a été confiée à M. Margraf de Munich, lequel s'est engagé à les livrer pour
la somme de 22,000 francs. Aux anciens autels on substituera des autels
dont le style sera en rapport avec celui de l'église.
Voici maintenant les principales dimensions de notre église, dans
oîuvre :
Longueur totale 47 '",60
Longueur du chœur , 17 "',30
Largeur du chœur 8 '",40
Longueur de la nef. . . 25"\00
Largeur de la nef 12*",20
Longueur de la chapelle 0'",45
Largeur de la chapelle 5 "',40
- 184. —
Longueur du bas-côté 1G"\46
Largeur du bas-côté G '",05
Longueur du narlbex 5'^,30
Largeur du narlbex 5'",30
Un beau font baptismal de réj)0(iue de la renaissance était encastré
dans l'autel de saint Jean-ljapliste; il est en grès bigarré et monopédiculé,
avec calice octogone reposant sur un pédicule de même forme; il porte
la date de 1GL5. Sur les liuit pans du calice sont figurés: le Christ baptisé
dans le Jourdain par saint Jean-Baptiste, saint Mathieu, saint Marc,
saint Ambroise, le Monogramme du Christ, saint Augustin, saint Luc et
saint Jean.
Ce baptistère, qui est l'œuvre d'un sculpteur savernois nommé Jean
Faber*, se trouve actuellement placé dans l'ancienne sacristie.
A l'entrée de la sacristie qui vient d'être démolie était placé un bénitier
sculpté en pierre; il se compose d'un réservoir hexagonal et porte la date
de 1476. Il a été transféré au musée de la ville.
Série des prévôts de ta collégiale.
1483 Jean Rüsser, f en 1503.
1503 Georges Eberstein.
1509 Pierre Braun.
1512 François comte de Honstein, chanoine de Strasbourg, f le 4 sep-
tembre 1515.
1515 Jean Brucker.
1517 Michel Schaffner.
1523 Vite Vetteroheim.
1527 Sébastien Wurmser, s. s. Theologiic doctor et ancien chanoine
du chapitre de Saint-Thomas de Strasbourg.
1538 Michel Hammer, f le 7 août 1558.
1558 Mathias Antoni, f le 28 mars 1564.
1564 Chrétien Luthemeistcr, dit Latomus, ancien prébendier du grand-
chœur, t 1g 25 févriei' 15GG.
1566 Nicolas Klein.
1. Jean Faber, fils do Nicolas, reçut, pour l'exécution de ('C baptistère, 30 livres
dcuiers (22G fr. 50 cent., valeur de Tépoque). Il est d6c6d6 le 8 janvier lf.35.
— 185 —
1595 Theodore Kirscli, de Saint- Jcan-des-Choux, chanoine de Sainl-
Pierre-le-Vicux de Strasbourg.
1621 Nicolas Siberius, f cn 1022.
1622 Jean Klein, s. s. Tlieologia) dr., f le 15 janvier 1634.
1634 Jean Rcineri, chanoine du chapitre de Saint-Léonard, roi du
chœur et conseiller ecclésiastique, f à Molsheim le 27 décembre 1600.
1661 Jean Charles Zwanger, curé de Saverne.
1669 Quirin Speeth, f le 13 juillet 1671.
1671 Jean Dourdann, f le 14 mars 1697.
1697 Georges-François Goulon, de Belfort, f à Lutran près de Danne-
marie le 9 septembre 1704.
1704 Jean Degermann, de Ribeau ville, f le 27 mars 1732.
1732 Hubert-Joseph Mehlem, f le 17 janvier 1744.
1744 Jean-Georges Brucker, f le 10 mars 1765.
1765 François-Joseph Bataille, f le 30 mars 1778.
1778 Pierre Aubry, f le 27 août 1780.
1780 Jean-Jacques Sigel, de Molsheim, f à Saverne le 23 avril 1802.
Série des doyens.
1483 Berthold Münch de Wilsperg.
1501 Pierre Braun.
1513 Vite Vetteroheim.
1522 Michel Hammer «Deckan und Büwmeister der Stifïlkirchen zu
Zabern. »
1538 Marzolf Krautweiler.
1541 Jean Braun.
1555 Windehn Hoffmann, f le 3 février 1562.
1562 Paul Pinckel, de Saverne.
1586 Théodore Kirsch.
1596 Kilian Hoffmann.
1605 Théodore Koch, dit Paludanus.
1614 Mathias Zipp.
1624 Jean Sauer, de Saverne, f le 17 octobre 1633.
1633 Jean Hôffel, de Haguenau, f le 16 août 1647.
1647 Jean Charles Zwanger.
1664 André Mœrs.
1675 Georges-François Goulon.
1698 Hubert Bender.
— 186 —
1725 François-Léopold Goulon, f le 2 septembre 1731.
1731 Hubert Meblcm.
1732 Antoine Fritsch.
1735 Jacques-Malhurin Ilusson, de Paris, f à Strasbourg en mars
17G0 comme prébendier du grand chœur.
1736 Antoine-Prudent Perrin, f le 25 février 1761.
1761 François-Joseph Bataille, d'Épinal.
1765 Pierre Aubry.
1778 Kotger-François-Joseph Imhaus, d'Olpen, près de Cologne, f le
4 avril 1779.
1770 Jean-Jacques Sigel.
1780 Nicolas-Jacques Knœj)nier, de Saverne, f le 8 février 1806.
Séné des curés.
1203 Ilenricus plebanus de Zabernia.
1228 Eberhard.
1285 Gœlzo.
1303 Walram de Finstingen.
1329 Henri Altknabe.
1408 Nicolas Schoner, vicaire perpétuel.
1434 Jean Ber.
1445 Jean Nuwcrt.
1446 Tliiebaut Walteri de Zabernia, perpetuus vicarius ecclesiai paro-
chialis et notarius.
1454 Jean Roberspacli,
1475 Paulus Hock.
1500 Pierre Wickgramm, plus lard prédicateur à la cathédrale de
Strasbourg.
1505 Augustin Spengeler.
1522 Jean Dempfîin.
1544 Jean Kenn.
1566 Nicolas Kicnlin.
1595 Georges Bosch.
1612 Joachim Haldenberger.
1020 Gaspard-Frédéiic Mager, f le 13 décembre 1630.
1631 Michel Dumbs, de Gebwiller, f le 20 avril 1639.
1639 Jean-Charles Zwanger, f le 20 mai 1669.
I<><i9 Sébastien IJlrici, f I.- 6 octobre 1675.
— 187 —
IG75 André Jeune, f le 31 mars IGDc}.
1003 Hubert Bender.
1 725 Hubert Mehlem.
1732 Jean-Georges Brucker.
1744, François Louis de la Volpilièrc, de Mulzig.
175G François- Louis Sciivvend, nommé en 17C3 prébendier du {^n-and
chœur.
1763 Gaspard Sauthier, f le il décembre 1779.
1780 Jean-Antoine Jansen; ayant refusé de prêter le serment civique,
il fut remplacé par
Jean-Baptiste Keppel, de Mayence, prêtre incorporé dans le diocèse
du département du Bas-Rhin et nommé en 1791 administrateur intéri-
maire de la paroisse par l'évêque constitutionnel François-Antoine Brendel.
1803 J. A. Jansen, renommé curé de Saverne, f le C octobre 1810.
1810 François-Xavier Prévôt, neveu du précédent, f le 29 juin 1827.
1828 Jean-Thiébaut Naclibaur, de Lutterbacli, ancien proviseur du
collège royal de Strasbourg, nommé en 1887 chanoine de la Cathédrale
de celle ville et dans la suite grand- vicaire de l'évêché, f le 5 avril 185U
à l'âge de 85 ans.
1837 Grégoire-François-Joseph Gulhmann, né à Ribeauvillé le 3 mars
1801, fie 18 avril 1840.
1840 M. Laurent Fischer, né en 1806 à Miltelscha3fTolsheim, nommé en
1873 chanoine de Strasbourg.
1873 M. Jacques Cromer, né en 1821 à Stotzheim, clianoine honoraire.
Personnel du chapitre au moment de sa suppression.
Le chapitre collégial était composé à l'époque de la révolution, outre
le prévôt et le doyen, de:
Georges-Joseph-Guillaume Wackerzapp, de Haguenau, custode.
Jean-Antoine Kohlmann, chantre;
Jean-Antoine Jansen, de Strasbourg, écolàtre et curé;
Jean-François-Nicolas Danzas, de Golmar, ancien jésuite et depuis
vicaire général;
François-Xavier Gérard, de Golmar;
Ignace Rudloff;
Claude-Nicolas Möhre, de Wald;
François-Xavier Prévôt, de Strasbourg,
— 188 —
cl de trois vicaires prébendes :
Louis-Antoine Beck, de Ilibeauvillé;
Ignace Dubois, de Sainte-Marie-aux-Mines, et
Jean Jlubert Cromcr, de Saverne.
Inscriptiuhs tnurales transférées de l'ét/lise de Saverne an musée
qui y est attenant.
I.
A la droite de la porte d'entrée du collatéral se lisait l'épilaphe
suivante :
D. 0. M.
Anna Wetzlerin, uxor ChrlstopJiori Welsingerii, C.^ eumvar Us corporis
aegriludinib. acerbissimisque membror. dolor, per plures annos graviter
pre)neretiü\ puerpera iani inqae lucem procreato infante Chridoplioro,
filiolo dulciss., uiortuis aidea ioann. iacobo et ioann. Christophoro filiis,
unnum aelate XXXVIII atlingens, in die sancti stephani protomar. anno
Immanae incarnationis MDLXII, patiente et cunstanti aniniopie in Christo
ohdormivit: Cnjus niatris fata secutus est et infans Christopitorus, ac tan-
dem Hierunym. ßius, cum declmum aetatis annum ageret, non sine gravi
patris dolore, Friburgi p^ mens. Augusti Anno Domini
il/. D. OD. LXIII.
Sinite pueros et nolile eos proliibere ad me venire, talium enim est
regnum coelorum.
U.
Dans la paroi du collatéral était encastrée une j)laijue en marbre noir
sur laijuelle est gravée en lettres d'or l'épilaphe suivante:
D. 0. M.
Pientissimae niatronae Deatrici Graesin tabernen. aevilernae quieti et
niemoriae nobilis Dns Josephus Bilonius I. V. D. episcopalus argentin
câcellarius moeslus maritus pietatis et honoris ergo saa^ivit ac posuit,
quae animam Christo reddidit, die XXIII Dccembris anno M. D. C. XL
Ilis bene precarc viator. ]Se lardas bestiis animas confitenles tibi et
animas pjauperum luorum ne obliviscaris in fmem. psalm. LXXIII.
I Consilifirii Erasmi fpiscupi Argentinensis.
— 189 -
Pierres tombales provenant du chœur.
Les travaux de restauration que l'on a fait subir au ciiœur de l'église
paroissiale en 1876 ont nécessité le déplacement de quelques pierres
tombales historiées qui étaient incrustées dans le pavé. Ces grandes dalles,
quoiqu'elles soient en partie usées par les chaussures des fidèles qui ont
chaque jour circulé au chœur depuis l'époque de sa construction, olTi-ent
encore de l'intérêt; elles ont été conservées et déposées au musée de cette
ville. Celle qui est la moins endommagée est du quatorzième siècle et se
trouvait déjà dans le chœur roman démoli au commencement du quinzième
siècle, ainsi que l'atteste l'inscription gravée sur la bordure. Cette inscrip-
tion en caractères gothiques est ainsi conçue :
t ANNO. DNl. M. CGC. LXX. IUI. NS. IVNI. 0. IIENfiC. FIL.
HEimiCL DE. VALKENST{EIN.) MIL{ITIS).
Sur cette pierre se voient deux écu^sons en relief; l'un d'eux représente
les armoiries parlantes de la maison de Falkenstein, trois faucons rangés
2 et 1, et l'autre un griffon ou les armoiries de la maison de Greifenstein.
Tout autour et sur le haut de la pierre tombale de Gerlac, comte d'isen-
bourg, chanoine de Cologne et de Strasbourg, décédé à Saverne le 3 juillet
1562, est gravée une inscription qui offre plusieurs lettres liées et encla-
vées les unes dans les autres et dont quelques mots sont entièrement
effacés. Je pense qu'elle doit se lire ainsi:
A^ DI i502. 3. Juin, obi-it venerabilis ac generosus Dominus Gerlacu^s
comes ab Isenburg, Dominus in Grensaw , metropoUtanae ecclcsiae colo-
niensis canonicus et ecclesiae argentinensls thesaurarius , cujus anima in
pace requiescat! Amen.
Sur cette dalle est sculpté en relief l'écusson du comte d'Isenbourg qui
portait d'argent à deux fasces de sable, timbré de deux heaumes d'or, tarés
de front, ornés de lambrequins d'argent et de sable, et sommés chacun
d'une aile de sable, semée de sept feuilles de tilleul d'or, rangées 1, 2, 1,
2 eti.
Le registre mortuaire de la paroisse de Saverne de l'an 1562 contient
au sujet de ce comte d'Isenbourg la mention suivante :
Die 5 Juin i562 sepultus est in choro ecclesiae collegiatae in Zabern,
venerabilis et generosus Gerlacus comes de Ysenburg, canonicus majoris
ecclesiae argentinensis.
— 100 -
Sous la marche du maître-autel on a découvert une tablette de grès
grisâtre, haute de 0"\6C et large de 0"\G8i sur laquelle se développe en
huit lignes l'inscription lumulaire suivante :
Auf den 27 Junii anno i56S
ist der edel iorg von Plet-
lenberg, ein Kriegsmann aus
Franckrcich , vcrivundt
hid' gefvrt. Hie todls ver-
schieden und ver-
graben dem G Ol ge-
nad.
A la gauche des dernières lignes figure un écusson qui n'es! chargé
d'aucun meuble.
Grandidier a recueilli les inscriptions tumulaires suivantes, qui de sou
temps existaient encore dans l'église collégiale de Saverne.
I.
Dans la chapelle de la Sainte-Vierge:
Anna Domini i5i5, predie nouas Septcinhris ohiit vcnernhUis el genc-
rosus Dominus Franciscus cornes de Uonstein dominus in Lare et Cleen-
berg, canonicus insignis ecclesiae argentinensis.
IL
Dans le chœur, à gauche :
Anno Domini MCCCCXXXIX sccunda nouas oclohris obiit honorabilis
Dominus D. Antonius Ilcnricvs Anstcb.
III.
[inj metnoria honorabilis Domini Johannis Brucher^ canonici et unius
hic praebendae fundatoris qui obiit anno i520.
IV.
(inj memoria honorabilis domini Jacobi Ilelwig, canonici ejus succcs-
soris, qui obiit Argentinae. . . .
V.
Dans la nef du côté gauche près du banc des marguilliers :
Anno i557 den ersten tag herbstmonats starb Herr herr Michel Ilamcr
probst in Zabern^.
1. \.:i ijifrrc fommémorativf! du juevöt Hammer a été relrouv6(' en 187C et trans-
f/'i'éc au musée.
- IUI —
Vf.
Anno i5GG den S5 hormings starb herr Christmann Latomiis, auch
probst ; dem Gott gnadd.
VII.
Hie in dieser Kirch ligtt begraben die edell und dugentreich Jumkfraw
fieichhart LentzUn. Gott gibt ir ein frelich ufferstehung, Amen. Starb im
iarr unsers herrn i515.
VIII.
Sur la colonne vis-à-vis de l'autel de Saint-Séhaslien se lisait l'inscrip-
tion suivante :
Domino Georgio Körner à Wagenburg , viro praestantissimo, qui
cum abieunte aetate bonis litteris institutus, in ipsâ adolescentiâ singularis
ingenii ac virtutis spécimen apud stios dediscet, et tandem hue ad aulica
negotia ctccersitus, in eis expediendis prudentiam, diligentiani ac modera-
tionem praestitit, lit tribus Beverendissimis Episcopis Argentinensibus,
Alberto Bavaro, Wilhelmio Honsteinio et Erasmo Limburgio, in episco-
patu sibi invicem succedentibus, à secretis et consiliisfuerit, in qua func-
tione magna fidelitate et indefatigahili studio per quinquaginta annos
versatus, dum praeclare suos principes consilio et operâ juvat, ab iisdem
vicissim amatus et honoratus; tandem senex confectus, gravique morbo
correptus, animam Deo anno aetatis LXXIX reddidit.JacobusetMarcellus
Koerner à Wagenburg ßllii patri carissimo posuerunt. Obiit anno Domini
M. D. LIV. die XXX tnensis martii.
IX.
A la même colonne se voyait encore l'épitaplie suivante :
Claudius Paulus à Beaufremont, Marchio à Listenois, avallensis satra-
piae praefectus, equestris ordinis in parlamento dolensi primus et secun-
darum legionum grandioris armaturae 'equitum et peditum Coloncllus
inclytus, in praelio à Gallis prope Argentinam et Caesarianis commisso
vulneratus, hic mortuus et ad pedem hujus columnae sepultus die 28 oc-
tobris anni 1674.
Dans le pignon nord de la maison occupée par le concierge de l'hôtel
de la direction du cercle il exrste une inscription que M. Liblin a publiée
dans son supplément aux essais historiques de Grandidiersur la cathédrale
— 102 —
de Strasbourg \ telle qu'il l'a trouvée dans les épaves manuscrites de cet
écrivain célèbre. Les fautes dont cette inscription est émaillée et la grande
lacune qu'y a laissée un copiste assez novice en épigrapliic la rendent in-
intelligible. Après l'avoir vérifiée à l'endroit où elle existe, nous en repro-
duisons le texte, la forme et la disposition matérielle.
On voit encore au milieu de la date dont cette inscri[)tion est surmontée
les traces d'un écusson qui a été martelé à l'époque de la Révolution.
L'inscription, qui est en vers gazons, doit être rétablie ainsi qu'il suit:
Anno Domini mil-
lesimo quin- Q -gcnlesimo
Sexto XVII lus Aprilifi.
Quisquis hic transis, viator siste gressum
Quousq. quâ tibi post fnla optas hic scpultis
Oraveris qnictem. Cristicolas qnondam amici sa-
Cro hoc condidére loco, sed heu! diri casus et tris-
Tia tempôm fata religiosa hec in stahula vertut quo-
Jlum sterquilinio atq. pedore multis tegimur annis,
Donec Altissimus sub inclito presule Alberto ex
Ducibus Bavarie genito hec diruta restatirate
Ossa nostra delexit sacroq. commisit edi.
Dans le mur qui sépare le jardin du sieur Sclimilt de la cour de riiAlcl
du Cercle se trouve encastrée une pierre commémorative d'un des digni-
taires du grand chapitre de Strasbourg. L'inscription, en lettres liées et
enclavées les unes dans les autres, est ainsi conçue:
{in) Memoriam venerabili ac generoso Domino Iloyero ex Barbi ac Mu-
lingen familia, summi Argentinensis (capituli) decano dignissimo, rerum
suarum geslores vosuere, obitus sui anno i52i. Pacem aeternam Uli via-
tor exopta.
Dag. Fischer.
1. Pages 91 et 92.
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SAINT-MARC ET SES ALENTOURS
A STRASBOURG.
Avec un plan lithographio.
L'établissement connu à Strasbourg sous le nom de Saint-Marc a pris
ce nom du couvent de Saint-Marc-Saint-Jean dont faisait partie l'église
actuelle de Saint-Jean, et qu'occupait en dernier lieu le Mont-de-Piélé.
Deux couvents situés l'un et l'autre hors des murs, celui de Saint-Marc
et celui de Saint-Jean in undis, avaient été rasés- en l^TS par ordre du
magistrat pour garantir lu ville contre les événements de la guerre \
Après la destruction de leurs monastères les religieuses demandèrent
et obtinrent l'incorporation des deux couvents, et construisirent celui que
nous venons de nommer et qui prit le nom de Saint-Marc-Saint-Jean.
Cinquante ans plus tard, les religieuses de Saint-Marc-Saint- Jean em-
brassaient la réforme, et par un acte du 20 septembre 1525 elles faisaient
abandon volontaire à la ville de la totalité de leurs biens pour le soula-
gement des pauvres.
Une aumônerie publique (baô gemeine 5{(mufen) avait été créée à Stras-
bourg en 1523 pour arrêter le débordement de la mendicité.
Cette institution, mise en possession des biens et des bâtiments du cou-
vent abandonné, s'y installa le 29 octobre 1529, et prit, à partir de cette
époque, le nom de Fondation de Saint-Marc.
Elle y demeura jusqu'en 1687 où, par suite d'une transaction entre la
ville et les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, l'église et le couvent
furent cédés à l'Ordre en échange des terrains et des bâtiments que
celui-ci possédait encore dans l'île verte (im grünen 2Börtl^), aujourd'hui la
maison de détention.
1. Cinq autres couvents, également situés hors des murs, ont été rasés à la même
époque.
T.X. -(M.). 13
— VM —
L'aimiùnerie dut alors èlrc transférée ailleurs; le mai^istrat lui assigna
les bâtiments du Dlalterhaus.
La question ayant été posée de savoir quel nom prendrait la nouvelle
installation, elle fut résolue en ce sens que là où les Fondations s'éta-
blissent, elles apportent leur nom avec elles. (2Bo bie Fundationcs l^in=
ge^en, ba nefjmen fie if^vcn 5îamcn mit fit^.)
C'est ainsi (pie l'ancien Blallerliaus reçut et conserva depuis le nom de
Saint-Marc.
Le Blatlerhaxis était dans l'origine, suivant Specklin, un établisse-
ment qu'un habitant charitable, du nom de Sébastien Erb, avait créé
en 1495' au Finckwiller, pour le traitement des malheureux atteints
du mal vénérien qui avait été importé à Strasbourg- par des soldats
revenant de l'armée française avec laquelle ils avaient fait la campagne
de Naples.
En 1687 les malades du Blattei^haus axaienl été transférés dans d'autres
maisons; son administration, d'abord distincte, fut annexée plus tard à
celle de Saint-Marc, et elle s'éteignit en 17(S9 par la translation à l'hùpilal
du traitement des maladies vénériennes.
Tel est, en lésumé, l'historique administratif de l'établissement de
Saint-Marc.
SituaUon topographique. Saint-Marc touche aux anciennes fortifications
de la ville; les restes qui y subsistent et ceux qu'on retrouve sous le sol
d'alentour fournissent matière à quel(|ues détails.
Ainsi que le montre le plan joint à la présente notice, l'enclos forme un
vaste triangle dont la base s'appuie au mur d'enceinte commencé en 1228
du enté du Finckwiller.
Cette enceinte qui, suivant Silbermann, ne fut terminée qu'en 1344,
s'étendait, comme on sait, jusqu'au Gulden- T/iuru', démoli en 1873, et
dont la Société a conservé l'aspect dans une planche photographique
jointe au t. IX du Bulletin.
Le fossé avait été tracé sur un cours d'eau alimenté alors par un bras
du lîhin torlu, et avait été prolongé de manière à recevoir les eaux de
l'ill au-dessus de son entrée en ville'. Le mur était crénelé, un chemin de
1. En 1499, suivant Hcrzo;.'-.
2. Goldene Tliurn, suivant un jilan datt' de 1780 qui nous a bXc cnmmuniqiu' par l'an
cicii proiiriôlairo.
3. L'no dcruièrc porlion du iossô suijsislc au i)ird du ilura.^;.
- 195 —
ronde régnait à la liauleur des créneaux *. Des tours à plusieurs étages
faisant saillie intérieure s'élevaient de dislance en dislance sur l'épaisseur
du mur. Des escaliers extérieurs'' conduisaient au chemin de ronde et au
premier étage des tours; celles-ci servaient de corps de garde.
Enfin, un chemin de ronde, dont un dernier vestige est sur le point
de disparaître dans l'enceinle de Saint-Marc, régnait au pied du mur et
contournait ou traversait les tours.
Telle était la disposition générale de ce système de fortification; les
tours étaient des postes d'observation, la défense se faisait du haut du
mur.
Dans l'intérieur de Saint-Marc le mur est généralement arasé à une
hauteur de deux mètres. Une partie a été démolie à fond en 1809, lors
de la construction des greniers des hospices. Sa démolition a donné lieu
1. La partie la mieux conservée de ce mur clôt
du côté du midi l'ancien couvent de Sainte-Made-
leine, aujourd'hui l'Hospice des Orphelins. Ses dimen-
sions sont les suivantes par suite de l'exhaussement
que le mur a subi en 1370 dans toute son étendue :
Épaisseur totale du mur l^.ii
Épaisseur à la hauteur des créneaux. . 0™,70
Hauteur des créneaux au-dessus du
chemin de ronde 3™, 10
Espacement des créneaux 2"',20
Largeur de chaque créneau 1™,04
Hauteur d'appui t™,35
Profondeur de l'embrasure 0",40
Hauteur supputée du chemin de ronde
au-dessus du sol 4'", 20
Largeur approximative du chemin de
ronde d'après le plan du Guklen-
Thurn 2",50
Le chemin de ronde n'existe plus, mais on retrouve
la trace des corbeaux qui le supportaient. Ces cor-
beaux, de 0™,45 de hauteur sur O^^SO de largeur
étaient espacés de l''\65 et portaient apparemment
des dalles de 0^,20 à 0'",25 d'épaisseur.
2. Cette disposition d'escaliers pouvait se voir contre la tour de la porte de l'Hôpital
avant la construction du service anatomique. D'après le plan du Gulden- Thum , c'était
aussi par un escalier extérieur qu'on arrivait au chemin de ronde et au premier étage de
la tour.
— 100 —
de constater qu'il n'était supporte par aucune tbndalion, et que sa base,
construite en grosses pierres de taille, reposait simplement sur le fond du
fossé. Ce vice de construction, dû peut-être à la précipitation avec laquelle
on avait dû se fortifier, explique la catastrophe survenue en 14.21, où une
crue extraordinaire des eaux fit écrouler toute la partie comprise entre
la porte Sainte-Elisabeth et celle de l'Hôpital '.
Tours. xVu voisinage de Saint-Marc se trouvaient :
1'' Le Däumel TImrm, ainsi nommé parce qu'on y appliquait autrefois
la torture aux accusés. Les substruclions découvertes récemment sous le
pavé de la rue ont permis de constater l'emplacement exact de cette tour.
M. l'architecte de la ville a bien voulu faire marquer l'emplacement par
une ligne de gros pavés.
Silbermann rapporte qu'on y voyait une poterne murée qui, autrefois,
donnait issue sur la campagne l Cette poterne s'appelait le Finkivciler-
Thurlein. La tour a été démolie en 1700, d'après Herrmann.
La deuxième tour se trouvait dans l'enceinte même ôa BlaUerhaus ,
dont elle avait pris le nom; elle figure encore, quoiqu'à tort, sur le plan
le plus récent de la ville. Rasée d'abord à hauteur du premier étage, ses
restes ont été démolis vers le commencement du siècle actuel.
La troisième tour, dont les fondations profondément lézardées et déta-
chées du mur d'enceinte ont été reconnues lors de la construclion des
greniers des hospices, était placée à l'extrémité de l'impasse du Haras.
D'après Silbermann, cette tour avait été également percée d'une po-
terne, mais avait été démolie depuis longtemps.
Enfin, la tour et porte Sainte-Elisabeth dont, à moins de fouilles, l'em-
placement ne saurait être exactement déterminé ^
Seconde enceinte. Déjà en 1313, même avant l'achèvement de la pre-
mière enceinte, on avait reconnu l'insuffisance de ce moyen de défense;
un second mur avec un second fossé avaient été construits depuis la porte
des Bouchers jusqu'à la tour Sainte-Catherine.
1. La partie démolie par les hospices surploiubail de 0%jO sur la base du côtô du
fossé.
2. Le cIieiuiQ extérieur qui partait de cette poterne est indiqué dans le plau XI de
SUbermauu.
3. Suivant Silbermann, les deux tours extérieures à cette porte ont été démolies en
1G57. Il ne dit rien de la démolitioji de la tour principale. Toutefois elle ne figure plus
sur le plau de l'architecte Bloiidel qui date de 1765,
— 107 —
MaLi ce ne fut qu'un siècle et demi plus tord, en 1475, que celle
seconde enceinte fut prolongée depuis la porte des Bouchers jusqu'à l'ïll.
La portion voisine de Saint-Marc de ce second mur et de ses tours a
été découverte, en 1851, par M. le colonel de Morlet, à l'occasion d'un
remarquable mémoire militaire sur la place de Strasbourg.
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant dans celle partie de la
seconde enceinte, c'est qu'elle témoigne du changement survenu dans
l'art de la guerre par l'emploi de la poudre à canon.
Ainsi que le montrent les plans XII et XIII de Silbermann, les tours
font saillie extérieure et sont percées d'ouvertures pour protéger les
flancs du mur au moyen de l'artillerie.
L'une de ces tours, le eckichte Timm ou Scharfen-Eck, se voit encore
aujourd'hui ; elle est enclavée dans la maison de l'éclusicr du grand bar-
rage, en face de la caserne des Ponts-Couverts.
Les fondations de la seconde se retrouveraient à l'entrée d'une vinai-
grerie, derrière ce qu'on appelait les vieilles casernes, aujourd'hui recons-
truites.
La troisième, de forme ronde, se trouvait au pied de l'emplacement
des glacières. 11 y a une vingtaine d'années qu'on trouvait encore dans la
cave d'une maison de la rue des Botteleurs, aujourd'hui le Heubinder-
gässchen n° 4, le pourtour des embrasures à canons de celte tour, diri-
gées, les unes, vers la campagne, les autres, suivant les flancs du mur.
Le mur passait lui-même sur l'emplacement de la malterie de MM. Hall
et se retrouverait sous le sol de la ruelle.
Ce second mur d'enceinte et son fossé disparurent lors de la construc-
tion dans le cours de 1653 à 1678 des deux bastions de l'Ill et de Sainte-
Elisabeth , d'après les plans des ingénieurs suédois que la ville avait appe-
lés à son aide ; mais les tours subsistaient encore du temps de Silbermann
(en 1775).
Silbermann rapporte le fait suivant au sujet de la tour ronde qui ser-
vait de poudrière :
En 1623, le jour de saint Jean-Baptiste, un violent orage éclata sur la
ville à quatre heures du matin, et un coup de foudre mit le feu à la toi-
ture de la tour; les voisins fuyaient dans la crainte d'une explosion, quand
deux hommes courageux, un charpentier et un valet de l'Arsenal, mon-
tèrent dans la tour et se rendirent maîtres du feu.
Antiquités et objets d'art. Saint-Marc possède divers objets d'art et
d'antiquité qui offrent de l'intérêt; ce sont :
1° Deux tableaux, l'un de la fin du quatorzième siècle, l'autre peut-
— 198 -
être du commencement du quinzième, remarquables surtout par la
naïveté des détails; l'un représente saint Joseph au moment où il se dis-
pose à quitter sa fiancée, la vierge Marie. Un ange descendant du ciel
l'instruit du mystère (Évangile de saint Mathieu, chap. I, 18-20). L'autre
représente une scène d'intérieur de la sainte famille.
Ces tableaux, restaurés autant que leur état de dégradation l'a permis,
proviennent probablement de l'ancien couvent dont le mobilier serait
resté à la fondation de Saint-Marc.
2" Quatre bustes, qui paraissent remonter à la fin du quinzième ou au
commencement du seizième siècle, mais qui n'offrent, à l'heure qu'il est,
qu'un intérêt artistique, attendu qu'on n'a pu jusqu'à présent trouver
trace de leur origine et de leur véritable signification.
L'une de ces figures représente un personnage à l'air patelin, avec les
yeux fermés et tenant à la main une charte munie de son sceau. Ce pour-
rait être le portrait ou d'un donateur ou d'un ancien Stadtschreiber.
L'autre, dû au même ciseau, pourrait être celui d'un plaideur.
Des deux autres bustes, l'un, sous la figure d'un juif, représente apparem-
ment l'usure; l'autre, aux traits hagards et sous une coiffure à laquelle pen-
dent deux grelots, paraît devoir caractériser la folie ou peut-être un lépreux.
Si mes recherches aboutissent, j'en ferai l'objet d'une notice spéciale.
S° Un diptyque renfermant le portrait de Maurice Ueberheu , ancien
prévôt de Saint-Pierre-le-Jeune , qui légua à la fondation la totalité de sa
fortune, et entre autres un capital de 8000 florins destiné à procurer des
subsides à des étudiants sans fortune, fondation qui s'exécute encore au-
jourd'hui.
Ce monument, dont nous donnons la photographie, a été érigé en
1608 à la mémoire du bienfaiteur par les administrateurs de l'œuvre.
(Voy. p. 200 et 201 les inscriptions que portent les panneaux.) Ueberheu
avait, comme le fait voir l'inscription, passé au protestantisme.
4° Les écussons de vingt-neuf anciens Pßeger de l'aumônerie. Diverses
familles de Strasbourg y retrouveraient les noms de leurs ancêtres. L'ad-
ministration des hospices a bien voulu faire restituer ces objets dans leur
état piimitif.
5" Le sceau de l'aumônerie instituée en 1523. Ce
sceau se compose d'une croix imitée de celle de
l'hôpital avec les branches doublement recoupées;
|le milieu est traversé d'un A majuscule {Almosen);
l'exergue porte : S. des gemeinen Almusen zu Strass-
hury.
Pierres himulaircs. L'atlminislralion de Sainl-Marc clail autrefois char-
gée de la police des sépultures et avait à sa disposition les pierres tumii-
laires abandonnées.
Il paraît qu'en cas d'encombrement on disposait parfois de ces pierres
ou de leurs débris pour des constructions ou réparations. Plusieurs ont
été trouvées dans des touilles faites à Saint-Marc et ont été enchâssées
dans le mur du bâtiment. Un débris de croix porte l'épitaphe suivante:
HEIR • RVGET IN
GOTT • DER • HOCHACH
BAREN • VND • KVNSTBRIMETEN
HERR • lOSEF • LAVTENSCHLAGER
GEWESNER • STEINMETZEN • WERK
MEISTER • DES • MVNSTERS • AVCH
EINES • ERSAMEN • GROSEN
RATHS • WAR • GEBOREN
ANNO • 1632 • DEN 6 DE
CEMBER
Une autre pierre, d'un beau travail, porte, suspendus à un pa'mier,
deux écussons qui jusqu'à présent n'ont pu être définis. J'invite mes-
sieurs les membres de la Société à venir visiter les dilTérents objets que
je viens de décrire et à apporter le concours de leurs lumièics pour ce
qui reste à éclaircir à leur sujet.
J. Bernhard.
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NOTICE
UNE ANCIENNE MAISON DE STRASBOURG.
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La ville de Strasbourg a subi dans les dernières années bien des
changements, une foule d'anciennes constructions ont été démolies, le
cachet moyen âge que notre ville portait encore à un si haut degré
s'est passablement effacé, j'ai donc pensé que chaque architecte ou
constructeur qui est dans le cas de faire disparaître un de ces témoins
des temps passés devrait en conserver l'image aux générations fulures.
C'est ce que j'ai déjà tenté de faire pour notre ancien Gymnase ainsi
que pour le vieux Temple-Neuf.
Aujourd'hui c'est une construction bien moins en évidence, une
ancienne maison canoniale de Saint-Thomas que je voudrais sauver de
l'oubli.
C'est à l'extrémité de la rue de l'Ail {Knohlochgasse, au treizième
siècle Kalbergassc , au quatorzième siècle aussi Spettergassé) , où elle
portait en dernier lieu le n" 4, que se Irouvait cette ancienne habita-
tion ; elle se composait de deux coips de logis distincts, l'un ayant
son pignon sur la rue de l'Ail, l'autre situé plus en arrière entre
cour et jardin; il y avait en outre des dépendances dont il va être
question ci-après.
La propriété était bornée au nunl par la rue de l'Ail, à l'est par
deux propriétés particulières (maisons Klose vers le (juai et Widmann
vers la rue de l'Ail), à l'ouest par une ruelle ou plutôt un fossé la
séparant d'uiif; auti'c jnopriété de Saint-Thomas (le Leirhhœffd) ^ au sud
le jardin iilluil jusqu'à la rivière (avant la conslrurlion du <puii en
1772J.
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— 203 —
L'entrée principale de la propriété se trouvait dans la rue de l'Ail,
c'était une porte cochère en ogive ; une autre porte donnait de la rue
directement accès aux caves.
La porte en ogive était surmontée d'une construction assez originale
ne contenant qu'une seule pièce, devant avoir servi de loge de por-
tier. Cette petite construction reposait sur le mur de façade et sur le
mur latéral vers la ruelle, un seul gros poteau en chêne portait le
quatrième angle. Cette loge était éclairée sur la rue par une fenêtre
trigéminée.
Il est à remarquer que cette petite construction portait un nom
particulier, Nussbickei'.
Après avoir franchi la porte cochère on se trouvait dans une cour
assez spacieuse, à gauche un perron donnait accès au rez-de-chaussée
du bâtiment vers la rue. Ce bâtiment à rez-de-chaussée et un étage
était construit en maçonnerie, au centre de ce rez-de-chaussée se
trouvait un énorme vestibule; à droite, une grande pièce donnant sur
la cour avec une dépendance sombre; à gauche une pièce et une cui-
sine, l'escalier se trouvait vis-à-vis, il conduisait au premier, qui con-
tenait une rangée de pièces sur la cour et une cuisine, deux greniers
surmontaient le tout.
La maison entre cour et jardin était analogue à la première avec la
différence que le premier étage était en pans de bois et que l'escalier
était logé dans une tourelle accolée à la façade vers le jardin, ce qui
donnait à cette partie des bâtiments beaucoup d'originalité.
Outre les bâtiments déjà signalés, il existait entre celui du centre
et celui vers la rue un bâtiment de dépendances avec écuries et remise
au rez-de-chaussée, une galerie ouverte et des galetas au premier.
Un autre bâtiment de peu de profondeur s'étendait le long du fossé
du Leichhœ/fel et mettait la maison sise entre cour et jardin en com-
munication avec le Niissbicker; au rez-de-chaussée ce bâtiment ne
paraît avoir servi que de bûcher, au premier de galerie, plus tard
convertie en une rangée de chambres.
Cette maison devant servir de demeure aux chanoines et à leurs
successeurs les professeurs, on avait sans doute jugé nécessaire de leur
permettre de se rendre, sans passer par la rue, aux autres bâtiments
du chapitre {Schaff eneij , etc.) qui se trouvaient de l'autre côté du Leicli-
hœffel, et à cet effet on avait établi un petit pont sur le fossé entre
les deux propriétés ; ce pont, recouvert d'une toiture en tuiles, se trouve
encore mentionne dans un état des lieux dressé en 1830.
— 204 —
La vue perspective jointe à la présente notice est supposée prise au-
dessus du presbytère accolé à l'église de Saint-Thomas; sui' le premier
plan à droite se trouve la maison du sacristain, à côté la porte en
plein cintre donnant accès au Leichhœ/fel, les divers bâtiments décrits
ci-dessus se reconnaissent facilement, au fond on aperçoit la rivière,
riiùtel du Dragon (hôtel du Gouvernement) et quelques maisons du
quai Saint-Nicolas.
En faisant les fouilles pour les nouvelles constructions, j'ai constaté
que vers la rue de l'Ail le sol, sous le terrain rapporté, était formé
de sable vaseux à une profondeur de 5"V'0 à partir du pavé actuel
de la rue, tandis que poui' les constructions du même emplacement,
mais vers le quai, l'établissement de fondations solides a présenté bien
moins de difficultés; la même expérience a déjà été faite pour la mai-
son rue Saint-Thomas n° i et pour le bâtiment du réfectoire dans la
cour du Séminaire protestant. C'étaient toujours les fondations les plus
éloignées de la rivière actuelle qui étaient les plus difficiles à établir;
en outre l'ancien mur de soutènement, à partir de la maison rue Saint-
Thomas n° 1 jusqu'à la Monnaie, formait un angle rentrant; un terrain
vaseux analogue s'est présenté lors du creusement des fondations des
maisons rue du Puits n° 2 et rue de l'Ail n° 5.
L'état de ces divers terrains et leur situation sur une ligne à peu
près droite me font supposer qu'un bras de l'Ill a dû se séparer de
la rivière près de l'hôtel de la Monnaie et suivre la direction de la
façade sud de l'église Saint-Thomas et de la rue de l'Ail.
On a trouvé dans les fouilles des nouvelles constructions rue de
l'Ail n° 4-:
1° Une petite lampe romaine en terre cuite,
2° Un pot en terre cuite (0™,20 de haut) avec goulot et anse,
S° Une brique romaine (0'",23 sur 0'",23) avec la marque de la 8^
légion,
4° Ouekjues médailles, dont 2 petites monnaies romaines et une série
de jetons; l'un de ces derniers, devant remonter au quatorzième siècle,
représente un homme velu, un autre présente d'un côté Vulcanus, de
l'autre Ciparissus.
Une question intéressante se présente encore: par qui celte maison
a-l-elle été habitée? Grâce à l'obligeance de M. Widmann, le proprié-
taire voisin qui a bien voulu me communiquer ses titres de propriété
remontant jusqu'en 1459, j'ai pu constater (pie la maison a été habitée :
En 151o par le chanoine (Thumherr) Jacob Sclienckbecher,
- 205 —
En 1520 par Materne von Reichshofïen (chanoine dès \A%, mort le
16 novembre 1527),
En 1552 c'est Herr Sturniius Timmherr qui habile ce Tlmmherrn-
pfrïmdnerhaus.
Un litre de 1553 mentionne le même Tliuniherr Johann Slurmius.
En 1602 la maison fut habitée par Georg Obrecht, docteur en
droit.
Plus tard elle fut destinée au logement du receveur (Schaffner) de
Saint-Thomas.
M. Klauhold, receveur, l'habita do 1805 à 1817 et M. Wieger, son
successeur, de 1817 à 1855.
Divers locataires ont occupé ces bâtiments de 1855 à 1860.
Après l'incendie du Gymnase et du collège Saint-Guillaume en 1860
une partie de ce dernier établissement y fut installée; M. Bronner, son
directeur, occupait le premier étage du bâtiment vers le jardin ; au
rez-de-chaussée on avait établi les cuisines et le réfectoire.
Plus tard ces bâtiments servirent de presbytère provisoire et furent
habités successivement par MM. les pasteurs Braunwald et ßühlmann.
Relevé des anciens titres de la maison Widmann,
rue de l'Ail u» 8.
1" 1459. (Titre allemand.) — Arbitrage entre Junker Ludwig von Rooshehn und Junker
Claus Lentzel. Etaient arbitres: Jost von Wurms, Werkmeister unserer liehen Frauen
Münster, Hanns Ammeister, Murer, und Claus Graseck, limbcrmann.
2° I i70. (Titre latin.) — Barbara Wurseler, veuve de feu Kuntz dit Merkelskuntz,
reconnaît que sa maison dite Fern Hartburg doit une renie de 1 livres et 2 chapons. Il
n'est pas sûr que ce titre se rapporte à la maison Widmann.
3° 1513. 22 avril. (Titre latin.) — Walter Riff, écuyer {Junker), et sa femme Brigitte
i"c//o/Z empruntent sur leur maison dite zmn Gulden in der Knobelochsgasse 100 Uorins
contre une rente de 4 % florins. La maison canoniale attenante était alors habitée par
le Tliumherr Jacob Schenkbecher. (Jacques Schenkbecher est mort en 1513.)
4" 1520. 24 janvier. (Titre latin.) — Junker Walter Riff emçvxmie à Catherine Riff', veuve
de Hugues Bietenheim, 300 florins d'or contre une rente de 12 florins d'or sur une maison
dite zum Gulden. La maison canoniale attenante est habitée par le Ihumherr Materne
von Richshoffen (chanoine dès 1495, mort le IG novembre 1527).
— 206 —
5" 1552. — Georg Messi/u/er et sa femme Catharinu Münc/iifi\o]H\vul à Paul Schofictà
sa femme Margaretha von Bcrkheim ein Haus in der Knobelochgasse genannt v zum Gul-
den» nebeji eines Ihunihcrrnpfrilndnerliaus zu St. Thomann , ivelches Herr Sturmius ,
Thumherr, besitzt. (Jean Sturm de Sleide, né le I" octobre 1507, est arrivé à Strasbourg-
le 6 janvier 1537; Is 10 novembre 1555 il est élu prévôt du chapitre et a dû alors quitter
sa maison de chanoine, rue de l'Ail, pour la maison de la prévôté [Probsteifio/], rue
des Cordonniers, 1 ; il est mort dans cette dernière maison le 3 mars 1589.)
G» 1553. — Paulus Schott et sa femme Margarefh von Berkheim vendent à Hans Sclimal-
zen ein Haus, Knoblochgasse , neben einem ThumpJ'rilndnerhaus, ivelches Herr Johann
Stîtrmius, Thumherr von St. Thonian, besitzt.
7" 1553. — Titre presque identique au précédent.
8° 1G02. — Jacob Schmalz vend à Siegmund Flach da.s Haus «zum Goldgulden»; la
maison canoniale attenante est habitée jiar Georg Ohrecht. Docl. der Rechte.
9° 1614. — Siegmund Flach vend à Johann Heller, Amtma?in zu W'asslenheim.
10° 1638. — Les exécuteurs testamentaires de Justina Engelhardin unseres gewesenen
alten Ammeisters des fürsichlig und wysen Herrn Johann Hellers nachgelassener Wittib
vendent à Johann Karl Wesener.
\i° 1714. — Johann Jacob Weszener vend à Johann Philipp Weszener la moitié de la
maison.
12» 1718. — Johann Philipp Wess7ier vend la maison à Andreas Altenberger, Silber-
arbeiter.
13" 173G. — Veuve Altenberger vend la maison à Jacob Bernouillij, Handelsmann.
14° 17Gi. — Johann Michael Häring, chargé de procuration de Fr. Maria Margaretha
geb. Breissiverlcin unseres Burgers Jacob Bernouilli des von hier ausgetretenen Handels-
mann Ehejrau, vend la maison à Frau Felzig geb. Hilthi/t.
!5° 1777. — Frau Maria Üorolhea Felzigin geb. Hulhin vend la maison au notaire Ens-
felder, avec la condition dass das Haus 7iiemalen an einen Juden dürfe verkauft oder
verleh/it iverden bei Strafe vo)i, Zweilausend Guldeji, wovoti die Hälfte dem Waisenhaus ,
die Hälfte dem Spital.
1 G° 1 G brumaire an 8. — Partage par lequel la maison échut à Philipp Ludwig Ensf eider.
17° 1810. — Philippe-Louis Ensfelder vend la maison à Jean-Georges Klein.
18° 1821. — Louis-Antoine-Joseph Prost (gendre de J. G. Klein) la vend à Placide-
Constantin Vaccari.
E. Salomon,
Architecte.
LES
EGLISES FORTIFIEES.
I.
Messieurs ,
On est frappé de renconlrer parfois dans ses pérégrinations archéolo-
giques des églises, surtout des tours d'églises et des cimetières, qui
conservent de notables restes de fortifications. Ces fortifications permet-
taient jadis aux communes et à leurs seigneurs-patrons de défendre le
sanctuaire contre certaines attaques. On s'aperçoit aisément que ces défenses
n'étaient point d'un usage purement transitoire ou de circonstance. Elles
portent un caractère de permanence; l'église et le champ du repos avaient
besoin d'être abrités contre les dangers de la situation politique et sociale,
et durant des siècles les monuments religieux pourvus de défenses visaient
ce but bien défini.
A-t-on traité cette question comme elle mérite de l'être? Nous ne savons;
mais il nous sera permis, même après d'autres publicistcs, d'émettre
une opinion et d'envisager la question à son point de vue historique. L'Al-
sace, qui comptait jadis un nombre fort respectable d'églises fortifiées,
n'en cite aujourd'hui que de rares, mais de précieux exemples. Nous nom-
mons d'abord le cimetière de Ilartmannswiller et celui de Hunawihr dans
le Haut-Rhin, la tour de l'église de Châtenois, des restes d'enceinte de
Saint-Jean de Dorlisheim, enfin le mur qui entourait la célèbre abbaye de
Wissembourg. Dans le Palatinat bavarois, le cimetière de Dürrenbach
offre un curieux exemple d'une position stratégique du moyen âge, et la
vallée du Rhin possède des clochers, garnis de mâchicoulis et de vigies,
qui attestent leur origine et leur but.
Ailleurs, surtout dans le midi de la France, ces exemples se multiplient
et les sanctuaires fortifiés se présentent dans un état de conservation bien
— 208 —
plus parfait quo dans nos contrées. La cathédrale de Viviers semble avoir
été jadis bien garantie contre une attaque éventuelle. Tout près d'Arles'
les formidables ruines de l'abbaye de Montmajour attestent que l'établisse-
ment, avant d'être couché à terre, a dû vaillamment se défendre. On sait
que dans les terribles incursions des Sarrasins, l'abbaye avait soutenu
plus d'un siège contre ces sauvages conquérants. Marseille possède les
vénérables restes d'un monument du genre dans l'abbaye de Saint-Victor.
A l'exlrémité est de celte grande ville, presqu'aux bords de la Méditer-
ranée, les murs crénelés de cette antique pépinière de savants émergent
des maisons qui l'étreignent. Saint- Victor mériterait à plus d'un point de
vue le bienveillant patronage de la municipalité. Ce fut au cinquième siècle
l'un des berceaux du christianisme prêché dès les premiers temps par les
Lazare et les Maximin. Dans les siècles féodaux, Saint- Victor dut pourvoir
à sa défense et devint forteresse. Aujourd'hui ses bâtiments sont délabrés;
son église et sa curieuse crypte sont peu soignées, et l'œuvre d'une reslau-
latioii foncière et intelligente, que l'établissement mériterait à tant d'égards,
se fait attendre. On y songera peut-être quand il sera trop tard.
Les provinces pyrénéennes ont eu le privilège, peu enviable peut-être,
d'avoir de nombreuses églises fortifiées; nous en dirons la raison. Les
belles vallées, couvertes jadis de monastères, étaient souvent exposées
aux ravages des musulmans d'Espagne et des Normands du Nord, et le
grand nombre des églises paroissiales et conventuelles durent être entou-
rées de murs de défense. Cette circonstance explique le fait, mais ne
donne pas la solution de la question générale, que nous allons examiner.
Une des causes qui ont dû contribuer davantage à fortifier les églises,
c'est leur position topographique favorable. Dans les luttes, l'armée amie
ou ennemie avait intérêt à occuper ces bâtiments ainsi que les cimetières,
ordinairement établis en éminence, et olliant des points stratégiques d'une
facile défense. Dans toutes les guerres on peut le constater.
Les églises avaient leurs patrons, et souvent ces seigneurs occupaient
leur château sur le territoire ou la paroisse de l'égUse. Dans ce cas, les
seigneurs avaient double intérêt à mettre en bon état de défense et leur
château et l'église patronnée par eux. C'était le cas, pour ne citer qu'un
exemple, de Ilartmannswiller, dont l'éghse et le cimetière fortifiés avaient
les Waldncr de Freundstein pour patrons temporels. Cette famille habitait
sur les confins de la paroisse un donjon à l'abri d'une attaque.
Le même motif engageait les chefs de monastères à mettre à l'abri d'un
coup de main leur abbaye d'abord, ainsi que l'église, puis les églises qui
relevaient de leurs possessions teriilurialeä. Les abbés ([ui avaient juridic-
— 209 —
lion spirituelle et temporelle sur un certain nombre de viliag-es, se virent
obligés de désigner des avocats cbargés de la défense de leurs propriétés,
et souvent, aux époques de décadence et d'anarcbie, ils durent eux-mêmes
endosser la cotte de mailles, pour repousser les attaques fréquentes de
leurs voisins turbulents. Les terribles incursions des Normands au nord,
celles des Sarrasins sur les côtes d'Italie et de France rendaient ces pré-
cautions nécessaires; églises et abbayes reçurent des fortifications. Pour
des raisons moins majeures et afin de se mettre à l'abri des convoitises de
mécliants voisins, les chefs de diocèses et d'ordres religieux munissaient
de défenses les églises de leur juridiction. Ces exemples ne sont pas rares;
on en voit un de nos jours dans la curieuse église de Royat, près deClcr-
mont en Auvergne, église solidement fortifiée et qui relevait de l'abbaye
de Mozat, aux portes de Riom.
Les communes elles-mêmes devaient en temps et lieu recourir à ce
moyen, pour se prémunir contre les agresseurs. Elles faisaient en petit
ce que les bourgades et les petites villes furent forcées de faire sur une
plus vaste échelle, et ne pouvant entourer de murs leur village souvent
disséminé, on voulait se créer un appui et un refuge dans l'enceinte du
sanctuaire et du champ de repos. La période de l'interrègne (fin treizième
et quatorzième siècles), après la mort du dernier Hohenslaufen, était en
particulier celle où chaque communauté, religieuse ou civile, fut forcée
de pourvoir à sa sauvegarde.
Nous trouvons enfin une dernière cause, et une des principales, dans
l'établissement des ordres religieux-militaires, nés en Europe ou trans-
plantés de la Palestine dans nos régions. Ces ordres étaient éminemment
militants, et comme tels ils eurent l'habitude de munir de défenses leurs
établissements. L'Alsace en possédait plusieurs, ceux entre autres des
chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
On voit que les causes qui amenaient la nécessité de fortifier les églises
sont multiples. Certains sanctuaires, situés aux extrémités des villes et
des bourgades, entraient naturellement dans le rayon des fortifications
qu'on allait élever; on ne les démolissait point, mais on les faisait servira
la défense locale. Les clochers devenaient des observatoires, et les combles
se garnissaient d'un chemin de ronde. La vallée du Rhin, de Mayence à
Coblence, en fournit plus d'un exemple, et les deux belles églises ogivales
d'Obervvesel portent encore le cachet de leurs anciennes défenses.
T.X. -(M.) 14
— 210 -
II.
Nous pensons, Messieurs, qu'il ne sera pas sans intérêt d'entrer dans
(]uelqucs détails et d'analyser, pour servir d'exemple, l'un ou l'autre de
ces curieux monumenis.
L'Alsace en possédait un nombre considérable, qui depuis ont cédé à
des périodes moins tourmentées et à une civilisation diflérente. L'église
de IlartmannswJller est ceinte d'un mur de cimetière forlifié. L'enceinte
forme un carré; aux quatre angles s'élevaient des tours, dont deux sont
conservées. Ces tours, reliées entre elles par un petit chemin couvert,
étaient susceptibles d'une bonne défense, et l'ensemble donnait à l'occa-
sion un refuge aux habitants; les nobles Waldncr, à la tête des hommes
valides, dirigeaient la défense.
Le cimetière de Ilimavvihr, près de Ribeauvillé, a conservé également
son enceinte fortifiée. Celle-ci forme un pentagone, dont chaque angle
était muni d'une vigie comme à Ilartmannswiller. Celait, avec l'église, un
jioint stratégique fort respectable, qui a dû servir d'abri à la population
dans plus d'une circonstance. Schöpflin' fait mention d'une famille de
nobles, seigneurs de l'endroit. L'historien fut frappé de cette enceinte for-
tifiée, au point de penser que l'église avait été bâtie sur l'emplacement
d'un castel, dont on aurait conservé le mur de circonvallalion. Il se
trompe; certaines parties de l'église ont pour le moins läge du mur du
cimetière, et le but et l'intention de l'ensemble accusent un sanctuaire
fortifié, non l'existence hypothétique d'un château fort plus ancien.
Nous avons nommé le clocher de l'église de Châtenois, qui porte égale-
ment l'empreinte d'une vigie.
11 ne reste de l'ancien établissement des chevaliers de Saint-Jean de
Jérusalem à Dorlisheim, Ja(h's Thorolzheim, (jue quelques restes du mm-
d'enceinte et d'une porte d'entrée. Il est aisé de voir que ce monastère
avec l'hôpital desservi par les chevaliers-moines était fortifié. Du temps de
Schöpflin, les murs d'enceinte et le fossé existaient; seulement il n'est
pas facile de distinguer si l'établissement des chevaliers hospitaliers était
compris ou non dans le vicus de Thorolzheim. Quoiqu'il en soit, les cheva-
liers furent les défenseurs naturels et du village et de leur monastère.
1. Msul. itlusl., [. II p. 70.
— 211 —
Riclier de Senones fait menlioii de riiùpitnl de Durlisheiiii, et les cheva-
liers, établis également à Ilagiiciiau, avaient icçii, dès le ((nnlor/.ièine
siècle, la desserte de l'église de Saint-George.
Enfin la célèbre abbaye de Wisscmbourg avait été fortifiée dans le cou-
rant des âges. Gonirc ses ennemis du dehors elle avait élevé aux flancs de
son territoire quatre forts; contre ses rivaux de la ville elle-même elle
devait se prémunir par une enceinte solide, encore fort visible aujourd'hui.
La bourgeoisie naissante usait comme ailleurs des franchises qu'on lui
avait octroyées, pour molester les abbés de la fondation de Dagobert.
C'était mal reconnaître les bienfaits de l'abbaye. Toutefois ce rjue nous
venons de dire de l'Alsace, ne concerne que des fortifications rendues utiles
à certaines époques; les églises elles-mêmes ne furent pas fortifiées dès
rorigine sur un plan spécial, celles des moines hospitaliers exceptées.
Pour trouver des exemples d'églises fortifiées proprement dites, il faut se
transporter dans le midi de la France, dans les vallées <les Pyrénées, où
la curiosité de l'archéologue sera satisfaite.
La célèbre abbaye de Montmajour était dans ce cas. Malheureusement
elle est complètement ruinée, et ces ruines, quoique immenses, échappent,
pour ce qui regarde l'ancienne église, à une analyse exacte. Par contre.
Saint- Victor de Marseille est assez conservé, et son église, fortifiée dans
toute son étendue, offre les curieux détails d'un édifice religieux garni de
donjons et de créneaux, parfaitement appropriés à la défense. Nous croyons
que les Marseillais, en restaurant ce vénérable établissement, feraient
preuve de justice et d'intelligence, et s'attireraient la gratitude de tous les
amis de l'art et de l'histoire. Malheureusement les intérêts du commerce
et de l'industrie priment ceux de l'art, etil est fort à craindre que la grande
cité commerçante, si âpre au gain et si portée à se diviser sur les ques-
tions de politique, ne songera pas de longtemps à venir au secours de son
monument le plus remarquable, tout délaissé entre les masures qui l'en-
tourent et le cachent.
L'église de Royat, au pied du Puy-de-Dôme, est romane; sa crypte est
remarquable, mais son intérieur est négligé. Elle semble avoir été fortifiée
dès l'origine et conserve tous les caractères d'un castel prêt à opposer de
la résistance à une attaque. Le mur d'enceinte, appuyé sur le rocher et
dominant la délicieuse vallée de Royat, est crénelé.
Je passe d'un bond aux Pyrénées, qui ont conservé en plus grand
nombre des sanctuaires fortifiés. La vallée de Barcges, que j'ai visitée jus-
qu'au cirque de Gavarnie, en possède plusieurs, et dans le nombre, le
plus curieux, puisqu'il est le plus complet, celui de Luz. Luz , avec Saint-
_ 212
Sauveur et Inirèges, forme la trilogie thermale de cette vallée, et son
église paroissiale actuelle est ce monument qui frappe tous les amateurs
et que nous allons faire connaître.
Le petit croquis que je joins à cette notice servira à en donner une
idée assez exacte. L'église était celle des Templiers, qui avaient de nom-
breuses possessions dans ces vallées. Toute sa disposition prouve que les
défenses entraient dans son plan; l'arcliitecte voulait élever un édifice
sacré qui jiùlse défendre, et cela était de coutume dans ces contrées très-
exposées aux incursions des Normands, des Sarrasins d'Espagne, et plus
tard aux attaques furieuses des Albigeois. L'historien de la Bigorre,
M. de Lagrcze ', dit «qu'une particularité remarquable de cette province,
c'est le grand nombre d'églises crénelées, fortifiées et même entourées
de remparts. Après les invasions des Normands, la Bigorre eut à subir
l'hérésie des Albigeois, et Gaston de Béarn fut surnommé le profanateur
des églises. Les Bigorrais résistèrent à ces profanations et sentirent la
nécessité de mettre leurs temples en état de défense. Plus tard, lorsque
les huguenots renouvelèrent les horreurs du treizième siècle, les fortifica-
tions furent de nouveau reconnues indispensables et réparées.»
L'église de Luz offre d'abord une enceinte crénelée, dont la base est en
forme de parapet. Deux fortes tours sont établies entre le chœur et la nef.
On a fait de celle du Sud un clocher; primitivement elle n'était point clo-
cher, mais tour de défense, comme celle du flanc nord, et garnie, de même
que celle-ci, de mâchicoulis, ainsi que couronnée de créneaux. La tour
nord, voûtée au rez-de-chaussée, sert de passage à l'église. La porte
fermée, l'église et l'enceinte du cimetière étaient en élat de défense. Si
l'ennemi réussissait à forcer la première enceinte, les défenseurs se reti-
raient dans les tours et écrasaient l'ennemi par des masses de pierres
qu'on faisait tomber des mâchicoulis. Et par les meuitrières du chemin
de ronde des combles on lui lançait des flèches et plus tard des balles.
On conserve quelques arquebuses de ce temps. La chose la plus curieuse
peut-être, c'est ce chemin de ronde supérieur, établi à la naissance des
toits et contournant tout le bâtiment, chœur et nef. Ce chemin, parfaite-
ment couvert, était éminemment propre à la défense et achevait de faire
de l'église un véritable fort.
Pour l'ensemble et les détails, Luz est peut-être l'exemple le plus
remarquable de cette sorte de monuments religieux. L'église est de la pé-
rind(^ de iran.sition, lin du douzième et commencement du treizième siècle;
1. Ile Lag^rèzc , JUsloim relUjicuse df la P-'Djorrc, p. 1
— 218 —
le portail principal est au flanc nord; il est de jilcin cinlrc, uiné dans ses
voussures do rinceaux et de hilleUes; les colonnelles et la picri'e en
général sont un calcaire ou plutôt un niaihie gris, fort cunnnini dans ces
régions. Sur la base d'une des colonnettes on lit : Flcdl non possuni, cum
reclus sum. «Je ne fléchis point, si je suis bien dressé.»
Une autre église fortifiée, très-remarquable, est celle de Saint-Savin,
entre Pierrefite et Argelès, et (ju'il ne faut pas confondre avec Saint-Savin
en Anjou.
L'ermite saint Savin est un des apôtres de ces contrées pyrénéennes. Il
partage avec saint Orens, autre apôtre, les faveurs du bon peuple. 11 avait
établi son ermitage sur un mamelon qui dominait la belle vallée de Pierre-
fite, et après qu'il se fut endormi dans la paix du Seigneur, on éleva sur
sa tombe un sanctuaire, (pii devint bientôt le berceau delà célèbre abliaye
de Saint-Savin, dont la fondation est attribuée à Gharlemagne, et dont
l'abbé siégeait aux Étals deBigorre. L'église survécut à l'abbaye. Elle cou-
ronne pittoresquement une belle montagne couverte de marronniers. Le
village, composé de vieilles maisons, entoure le monument. Par une
chaude journée de juillet, je gravis les flancs de la montagne; je remar-
quai aux bords de la route le monument modeste du poëte des Pyrénées
Despourrins, mort en 1749, puis l'antique chapelle de la Pietal, enfin
j'entrai à Saint-Savin. Les maisons datent du bon vieux temjis de l'abbaye;
les petits enfants, c'était un dimanche, saluent le prêtre; les jeunes gens
jouent aux quilles béarnaises devant l'auberge; la curieuse basilique est
devant moi et révèle facilement ses dispositions architecloniques. J'y entre.
Le plan de la basilique est celui de la croix latine, à une nef, comme la
plupart des églises du Midi, itransepts assez déveloj)pés, trois absides en
demi-cercle. Celle du milieu abrite au fond le tombeau du patron saint
Savin. C'est un sarcophage roman-primordial, très-simple, orné d'une
arcalure romane, peu soignée, et dont le caractère général permet du
l'attribuer à l'époque de la mort du saint. Il a dû se trouver dans le sanc-
tuaire primitif; l'église abbatiale est du douzième siècle. Un dôme s'élève
sur l'intersection de la croix. Un grand tableau peint sur bois, du quinzième
au seizième siècle, détaille dans dix-huit compartiments la vie de saint
Savin; les inscriptions sont en patois du i)ays. L'ensemble de l'ameuble-
ment est pauvre; on voit que c'est encore l'ancien, et ce défaut d'orne-
mentation intérieure est général dans les églises du Midi. Le grand portail
est curieux; neuf colonnes en retraite de chaque côté portent les vous-
sures. L'ancienne salle capitulairc, romane., fort jolie, est seule conservée
des bâtiments claustraux.
— 214 —
SainL-Savin jouait un rôle considérable à travers tout le moyen âge.
Son abbé était membre ne des États bigorréens, et sa juridiction, appelée
Paschcd de Samt-Savin, s'étendait sur les vallées environnantes. Elle s'ap-
pelait la république de Saint-Savin, et on a conservé jusqu'à nos jours
des restes d'une organisation', qui se basait sur le régime de l'autorité
paternelle et qui faisait le bonheur du pays.
La basilique al)baliale n'avait point été fortifiée à son origine. Quand
des temps orageux le rendirent nécessaire, les moines surélevèrent les
murs et le pignon occidental poui' y établir des meurlrières et un chemin
de ronde, tels ({n'on les voit à bon nombre d'églises du pays; on y ajouta
une enceinte fortifiée, démolie aujourd'hui. L'abbaye, parfaitement placée
au sommet de la verte montagne, pouvait facilement se défendre.
Telles sont les données que nous avons pu recueillir sur plusieurs sanc-
tuaires fortifiés. J'ai indiqué les causes historiques- qui amenaient nos
ancêtres à se donner dans l'église et l'enceinte du cimetière un refuge
souvent salutaire contre les agressions du dehors. Ils défendaient ainsi ce
qu'ils avaient de plus précieux : leur sanctuaire, leurs tombeaux et leurs
fanulles. Les riches abbayes y défendaient la vie de leurs religieux contre
les fureurs d'assaillants barbares, et leui' juridiction féodale contre les
convoitises de jaloux voisins; les communes enfin, dans les guerres de
religion, sauvegardaient derrière ces enceintes fortifiées le dépôt de la foi.
Les grandes et petites basiliques fortifiées avaient donc leur raison d'être,
raison dont nous ne devons point souhaiter le renouvellement. C'est ce
point (pie nous tenions à définir.
1. Syndicat de Saiut-Saviii.
2. La migratiüii des peuples, ces invasions réitérées des nations harlwres, furent pro-
bablement la prejiiière occasion de forlilier les églises, les monastères et les palais épis-
copaux. Celui de l'arclieveque de Trêves formait castel dès le septième siècle.
ViCT. GUEKBKH,
Curé de Hiußicnau.
NOTIGES SUR L'ANCIEN HATTGAU.
I.
LE COMTÉ DU IIATTGAU.
(Treizième siècle.)
Depuis le quinzième siècle on entend généralement piu' Hattgau l'an-
cien bailliage hanau-lichtenbergeois de Hatten, das Ilattener Amt, (jui
comprenait les huit villages de Hatten, Rittershoffen , Ober- et Nieder-
Betschdorf, Schwabweiler, Reimerswciler, Kühlendorf et Leuterswoiler,
auxquels est venu se joindre Bühl' après l'extinction de la famille des
Fleckenstein en 1 720.
Ce bailliage ne formait cependant qu'une partie, la partie orientale du
Hattgau primitif, duHettenkouwe, Hettegou, Hettgau, Hettcgouwe, comme
on disait aux treizième, quatorzième et quinzième siècles, qui, suivant des
documents très-expHcites à ce sujet, comprenait tout le territoire entre la
Sure et la Selzbach, de Wœrtli à Niederrœdern, des Vosges au Ried et au
territoire de Selz. Gœrsdorf et la ville de Wœrtli elle-même étaient situés,
au quatorzième siècle, dans le Hatigau; c'est Henri IV de Lichtenberg,
dit le Jeune, qui nous l'apprend; car, quand en 1360 il donne en garantie
1. Les Fleckenstein avaient acheté Biilil des comtes d'Eberstein en 1360 ; ils le repri-
rent en flef des comtes de Deux-Ponts en 1369. En 1570 les Hanau-Lichtenberg acquirent
le domaine direct de Bilhl et les Fleckenstein devinrent leurs fcudataires pour cet endroit.
A la mort du dernier des Fleckenstein, en 1720, les Hanau-Lichtenberg- entrèrent en jouis-
sance du domaine utile et prirent possession du village (Als. illusL, t. H, p. 231. Arch. E.
1771). En 1483 le chevalier Frédéric de Fleckenstein vendit pour 1600 11. au comte Frédé-
ric de Bitsch, frère de Simon Wecker IV, les trois villages de Lœnbach (Lembach), à l'ex-
ception de ce qui appartenait à Wegelnburg, BQhel et Tilgenbach, près Slundwillcr, tels
qu'il les avait reçus dans le partage d'avec son frère Jacques, — Ce Tilgenbach est-ce un
endroit disparu ou ne serait-ce pas pour Drigcnbach, c'est-à-dire Trimbacb? — Voy.
Lehmann, t. II, p. 345. — Les Fleckenstein ont dû les racheter.
— 216 -
(Je la dot (le sa femme Ad(!'laide, comtesse de Veldcnz, cuire autres pos-
sessions, la ville et le cliàteaii de Wœrlh, il dit expressément dans le
document y relatif qu'ils sont situes dans le Ilaltgau, j)rès de Gœrsdorf,
a Werd, Bnry und Sladl, im Hctlgau bei GerUngcsdorf gelegene Et
Henri II de Fleckcnstein dislingue en 1303 ses possessions pour être
situées dans les Vosges, dans le llatigau, ou dans le Ried. Le Ilaltgau se
trouvait donc entre les montagnes et les terres basses près du Illiin,
appelées Ried, en latin palus. «Unsere vcsten mit nahmen Fleckenstein die
Rurg, und alle die gütere, dœrfer und gerichlc. .. sie sint gelegen in dem
Gebürge oder in dem Ilellenkouue, oder anderswo; und darnach Rehi-
heim die Statt und Rurg, und alle die güicr, d(:irfer und gerichte... . sie
sint gelegen in dem Riet oder anderswo'.» Donc, d'aj»ics cette transac-
tion, dit Schœpflin, le Ilatlgau, pris dans un sens plus large, ne comprend
pas seulement le bailliage lichlcnbergeois de Hallen, mais aussi les bail-
liages des Fleckenstein, Soulz et Rœdern. « Hatgovia ita(jue, sensu latiore
hic sumlo, non Lichtenbergensem tantum Prœfecturam Hatten, sed et
PrœfccturasFleckensteinenses, Sulzensem etRœdcrensem complectitur\))
Mais (juand il dit: «Hallgovia:.... limites sunt amnes Sclza* et Sura, vici
Rœdern, Forstfelden, Ivœnigsbri;ick, Surburg, Suiza et Leilersweiler,»
Schœpflin ne donne fju'uiio délimitation incomplète du Ilatlgau, et il faut
ajouter, d'après ce qui précède, Gœrsdorf et Wœrlli inclusivement, c'est-à-
dire étendre les limites du Hattgau jusqu'aux Vosges. D'autres [)assages
viennent à l'appui de cette thèse. Ainsi, dans le partage que firent en 1335
les seigneurs de Lichtenberg de leurs biens, Wœrth et Gœrsdorf compre-
naient les gens du Hattgau «Rurg und Stadt Weide, die hälfle der Stadt
Gcrlingentorf sammt der halben Mühle und den Leuten im HettegovS^
Dans les actes lichtenbcrgeois du quatorzième siècle les villages de Preusch-
dorf, Diefenbach, Oberndorf, etc., sont souvent menlionnés après les
villages du bailliage de Ilatleji sans autre indication. Et dans la vente que
fit Jacques de Fleckenslein de ses droits dans le Ilallgau à Phiiijtpe II de
Hanau-Lichtenberg en I iOO, il se réserve entre autres le droit de chasse
sur le territoire compris entre la Selz et la Surbach, au-dessus de la roule
1. Lcliinaiiij, HniKiii-LidUenhcr'j, 1. I, ji. l'Jl.
2. Als. m., 1. II, p. 2iO.
3. Ibidem.
i. Appelée au liuiliùiuc ^iciclu Salaxsia. Voy. Tradil. Wzlni., n" 7. _ Cf. La Saiil.x on
Lorraine.
5. Leljiiiaiiii, t. I, ji. 105.
— 217 -
qui, venant de Ilaguenaii, passait par l!etscli(Jorf«übciliallj deiLaiidslrasse
die von Hagenau durch Bctschdorf ziehe, zwischen den Bächen Sure und
Sels, hasen und hühner hetzen und heyssen zu dürfen'», c'est-à-dire de
Belschdorf aux Vosges. — La Selz et la Sure foinient de()uis les temps les
plus reculés jusqu'à ce jour, de Soulz à liœdern, de Wœrlh à Kœnigsliruck,
la limite entre les communes riveraines avec une seule inteiruplion à
Biblisheim" qui, comme Wœrlh, a aussi quelques possessions sur la rive
gauche de la Surbach. Soulz et Rœdern étendent leurs possessions sur les
deux rives de la Selz; Rœdern, cependant, n'appartenait au Ilatlgau que
par son seul château, qui pour cette raison aussi est devenu, lors du jjar-
tage de la forêt d'Aspruch en 18^0, une annexe de Hatten. — Le prési-
dent du tribunal de ilaguenau, le landvogt de la Basse-Alsace, Caspar, baron
de Morimont, commence l'exposé du jugement d'un pioccs en 1511 par
les mots : Il y a dans le Ilaltgau des quatre villages susdits (Halten, Rillers-
hoffen et les deux Belschdorf) une forêt: «Es were im Hallgau der vier
dœrfer vorbenannt mit Zwingen, Bennen und nämlicher Mark, ein Wald
der Aspruch (Aspruch?) genannt», qui prouvent bien aussi qu'on consi-
dérait encore à cette époque les quatre villages comme n'occupant qu'une
partie du Hatigau. Les droits des Fleckenstein dans l'Aspruch reposaient
uniquement sur leur château (près Rœdern), qui était situé dans le
Hattgau; ces droits ont été réservés dans la vente de 1490 et consistaient
à pouvoir prendre dans cette forêt, sous la surveillance des Waldmei-
ster^ ou maîtres de forêt des quatre communes, le bois de construc-
tion et de chauffage nécessaire au château et à y envoyer à la glandée les
porcs élevés dans les porcheries du chàleau. Quand, en 1508, Nicolas de
Fleckenstein eut fait venir de son château des Vosges 21 porcs pour les
joindre à son troupeau de Rœdern, les gardes forestiers des quatre villages
lui en saisirent* sept et les villages lui intentèrent un procès pour les avoir
lésés dans leurs intérêts en outrepassant ses droits tant quant au parcours
1. Lehmann, t. II, p. 431,
2. L'abbaye des bénédictines, fondée en 1131, .se trouvait sous la juridictiou des archi-
ducs d'Autriche.
3. Seuls les quatre Waldmeister veillaient à l'exécution des règlements de forêts qu'ils
arrêtaient de concert avec les heimburger et notables sans qu'un seigneur y participât
jamais. — Voy. les Waidsprüche (ms.) de I iG9 à Iü30.
4. Et ce n'était pas la première saisie de ce genre; précédemment déjà les forestiers
de Hatten avaient saisi deux porcs aux Fleckenstein, et l'acte du procès de 151 1 ajoute
en rapportant le fait: «Sie haben die Pfaudung genonamcn, niedergeschlagen und ge-
gessen und verkauft », c'ett-à-dire qu'ils ont saisi le gage, l'ont aliattu, mangé ou vendu.
— 218 —
que pour avoir pris dans leur forêt du bois de construction pour son
moulin situé sur la rive gauche de la Selzbacli, c'est-à-dire en dehors du
Hattgau; avec cela ses domestiques avaient commis le délit de couper des
arbres chênes' réservés.
Le défendeur, qui s'efforce à faire accepter le moulin construit par ses
ancêtres comme formant une partie intégrante du château , nous apprend
que ce dernier était fief pour la moitié du Palatinat, pour un tiers du
comte de Spanheim (Sponheim) et pour les deux autres tiers seule-
ment du Saint-Empire. «Es rührt oder gang auch nit Alles vom heil.
Reich zu leben, das im Getzirk oder Begriff des Ilattgau's gelegen denn es
sei offenbar dass Rœdern das Schloss mit seiner Zugehœr, nœmlich das
Halblheil von der Pfalz und das Drittheil von der Grafschaft Spanheim zu
lehen geht laut der Lehenbrief die er liab. » Le tribunal maintient les vil-
lages dans leurs droits, tout en accordant à Nicolas de Fieckenstein la
faculté de prendre pour cette fois-ci dans l'Aspruch le bois de construc-
tion nécessaire pour son moulin.
Le droit de prendre dans cette forêt le bois de construction et de chauf-
fage pour le château ne lui avait pas été contesté, aussi peu que le par-
cours pour les porcs élevés dans le château. C'était un droit dont il jouis-
sait en sa qualité d'habitant du Hattgau, comme tout autre bourgeois.
Voici le texte de l'arrêt du tribunal : «Zu Recht erkannt dass Niclauss von
Fleckenstein zu seiner nothurfft zu dem Schloss Rœdern im Wald Aspruch
Bauw und Brenholz hauwen mœg, auch im Aspruch so vil Schwein Eckhern
und weiden als er im Schloss Rœdern erzeucht, dann der Mülen halben
mag er zu diser Zeit zu nothurfft derselben auch Bauwholz im Aspruch
liawen und sollen beyde Theil Iren Costen diser Sach halb vffgelûfTen ahn
1. Le chêne était extrêmement ménagé à cette époque pour sou fruit; les règlements
prononcent des amendes très-fortes pour délit touchant cet arbre, et un article (72)
prescrit aux jeunes gens venant de recevoir le droit de bourgeoisie dans l'une des quatre
communes, l'obligation absolue de planter un chêne et de veiller à son développement,
sous peiue de perdre tous leurs droits aux communaux. Les jeunes gens, en devenant
«GcbQr», c'est-à-dire eu recevant le droit de bourgeoisie, «gaben dem Waldmeister ihr
Trew an Aydtstatt«, prêtaient serment, car, aussi bien que les employés, les bourgeois
avaient l'obligation de veiller à la forêt et aux communaux. Voici une formule de serment
des forestiers : cDass Ich mfin Treiiw geben hal) und mit Worten Beschaiden bin, dem
will icli aih'S Trewiiclir'ii narhiinniiiifMi Al.ss, so schwüre Icii dass mir Gott helfl" und dass
heylig Kvaiigeliuni.« Elle sc trouve ajoutée aux Waldsprilche et signilie : que j'ai donné
ma foi et reçu (oralement) mes instructions que je suivrai en tout lidèlement, je le jure,
que Dieu me vienne en aide et le saint Évangile.
— 210 —
Inen selbs habend » Cliocuii y fut pour ses frais et dépens. Dans la suite on
préféra s'arranger à l'amiable. Ainsi, en IGOl, des fondés de pouvoir du
couvent de Kœnigsbriick et deux des « liiiitcrsassen» de l'Ii. de Flecken-
stein de llœdern tpii n'avaient fait qu'exécuter les ordres de leur sei-
gneur, comparurent pour délits, etc., devant le tribunal des Vingt sur le
«Rücgberg» pour s'arranger à l'amiable au sujet de la « Einung » ou
amende, ceux-ci avec le Waldmeister, ceux-là avec le Ileimburger et le
Waldmeister, en attendant, «vor dem Wein», le verre en main, l'expédi-
tion de l'acte du jugement.
L'acte du procès représente les droits des quatre villages à la forêl
d'Aspruch uniquement comme une «Gonung» ou tolérance des Hanau-
Lichtenberg qui l'eussent possédée comme un fief de l'Empire. Les villages
étaient bien des fiefs de l'Empire, mais avec leurs communaux qui ne
pouvaient pas en être séparés.
Des procès interminables entre les seigneurs de Hanau-Lichtenberg et
les quatre communes au sujet de cette forêt commencèrent quelques années
après la guerre des paysans de 1525 et ne prirent fin que vers 1730; les
villageois qui ont su si bien défendre leurs droits et frontières contre les
empiétements des Fleckenstein, n'ont pas moins vaillamment défendu leur
bien contre les usurpations des Hanau-Lichtenberg, car, après deux siècles
de procès, la forêt leur est restée, une forêt d'environ 2,800 hectares;
elle en valait la peine.
Depuis le milieu du quinzième siècle déjà le nom de Hattgau ne paraît
plus guère s'appliquer qu'au bailliage de Hatten. Ainsi quand, lors de la
guerre des Linanges, Louis V de Lichtenberg et sa femme Elisabeth vendent
au comte palatin pour 2000 florins d'or rhén., avec la réserve du droit
de rachat, le quart de la petite ville de Gœrsdorf, la moitié de Lampcrts-
loch, de Milschdorf, du château et du village de Hatten et de tous les
autres endroits du dit bailliage, le document, qui est de l'année 1450,
ajoute qu'on appelle ces derniers endroits le Hettegouwe , « letztere Orte
genannt das Hettegouwe^».
Voici la description qu'en fait Schœpflin : ccPrinceps vicus Hatten, in
1. Hagenaw : vtf Freitagk negst nach Saut l'etterstag ad viuciila als man zalilt von der
Gepurt Christi viiseres lieben Herrn fünfzchen hundert vnd eylll Jahre.
2. Le tribunal forestier des 20 sur la montagne, «Das 20 Männer gericlit aufm iîerg') ,
se composait des notables des quatre cunuuunes : les seigneurs n'y avaient aucune part.
Il était complètement indépendant du tribunal des échevins.
3. Lehmann, t. I, p. 268. — Le moulin de Forstleid appartenait aussi a l'adminislra-
tion lichtembergeoise de Hatten depuis le di.'c-septième siècle (E. 178-3).
- 220 —
medio feiesitus, nomen indidil Pago.... Sub Liclilcnbergensihus, Ilaiiüicis
et Darnistadtensibiis, Pagi hujus Prcefectura noveni vicis, Hallen, Ober-
Betschdorf, Niederbetschdorf, Rillershofen, Schvvabweiler, Ueimcrsweiler,
Kuhlendorf, Leutersweiler, Bühl semper conslitit. Omiiis Prœfectura
Imperiale olim, nunc Regium feuddum est. Pago huic inclusus fuit Comi-
lalLis cognominis, nisi Comilalum et Paguni lieic synonyma dixeris^» Et
ailleurs: ^(Prtefectura Ilallensis olim llalgoviic Pagus, imo et comilalus
dicta, imperialibus regiisve conijjonilur (eudis, qua' sub Ilatgoviœ nomine
comprehcnsa sunt omnia-. d
En disant que le llallgau renfermait un comté, ou était un comté,
Scliœpflin avait présente à la mémoire une transaction passée en 1266^
entre le landgrave Sigebert et sa femme Gertiude d'une part, et la mère
du landgrave Elisabeth, née de Montfort, avec son second mari le wild-
grafou comte silveslre Émichon*, d'autre part. Cette transaction n'est
qu'une modification d'une convention de 1205^ en ce qu'elle substitue
entre autres au comté du Ried, le comté du Hattgau pour plus amples
garanties des revenus que le landgrave avait assurés à sa mère, mettant
ainsi fin aux réclamations de celle-ci pour douaire et autres droits. « Wir
sulnlwiderlctjen)), est-il dit, ((die Graveshaft immc HeUenkouuc gegen
der Graveshaft imme Ried. »
Une charte de 1220^ parle déjà du comté du Hattgau à n'en pas douter
sans qu'elle le nomme explicitement. Schœpfiin, qui ne connaissait pas
l'emplacement d'Ostcrndorf, ne sait trop que faire de ce comté anonyme^
et songe mal à propos au Ried.
Enumérant les possessions du couvent de Kœnigsbriick , le diplôme
confirmatif des droits et privilèges de ce couvent que lui accorde Henri,
roi de Rome, fils de l'empereur Frédéric II, f 1250, nomme finalement
aussi un bien-fonds Vgrangia), situé dans le comté à Oslrendorf. «Grangiam
quoque Oslrendorf ab avo nostro piio mémorise jam diclo cœnobio ex
maxima paite comparalam, infra comilalum silam.» Or, Oslrendorf était
t. A/5. z7/., t. II, p. 126.
2. Ibid., p. 230.
3. Als. dipL, t. I, n° G39.
i. Ce comte Kmiclioii est mentionné en 1275 comme expcil du monastère de Wissem-
Ijoury. Voy. Tradit. Wzùg., p. 330.
5. Als. dipl., t. I , n° 632.
G. Als. dipl., t. I, II» 439, p. 35 i.
7. A/s. m., t. il, ]). 45Ü : « Ostenidorf in Comilatii anoiiyjiio Alsalia", l'orte Hicdensi,
nlji ffran;,àam Regispontano cœnobio ab Henrico VI. Imp. inaximam partem traditam
nepos ejus Henricu.s I^ex anno t22G mcmorat.»
8. Grangia , le diplôme de II 87 dit curia.
— 221 —
situé, comme on va voir ri-nprès, sur la route de Halten à lielsehdorf, dans
la banlieue actuelle de Rilleishoflen, et le comté dont parle celte cliarlc
est le même que celui dont parle quarante ans plus tard la charte du
landgrave Sigebert, c'est-à-dire le comté du Ilattgau, «die Graveshafl irn
Hettenkowe ». Oslrendorf ou Oslendorf est déjà mentionné dans des chartes
des septième et neuvième siècles'. Les terres que ledit couvent pos-
sédait à Osterndorf, éparses , à ce qu'il paraît , dans la banlieue de cet
endroit, avaient été achetées pour lui en majeure partie par le grand-
père du roi Henri (f 1242), c'est-à-dire par l'empereur Henri VI (f 1107).
Frédéric le Borgne (f 11-47), duc de Souabe, a été le fondateur du cou-
vent de Kœnigsbriick.
En 1187, Frédéric P"" Barberousse (f 1190), fds de ce dernier, a con-
firmé les privilèges et possessions du couvent fondé par son père; son
diplôme^ n'ajoute aucun détail aux noms des villages cités, qui sont abso-
lument les mêmes que dans le diplôme d'Henri. Voici ce qu'il dit du fon-
dateur du couvent :
«Ex propter justis poslulalionibus clementer annuimus et cenobium
béate Marie quod in Regisponle a pâtre nostro Friderico fundatum est, in
nostram imperialem protectionem suscipiraus et presentis sciipti privi-
légie communimus. »
Les Hohenslaufen, ducs de Souabe et d'Alsace, avaient, à ce qu'il paraît,
une certaine prédilection pour l'Alsace et en particulier pour la forêt sainte,
où plusieurs fondations en font foi. Leur séjour fréquent dans la contrée et
les belles chasses de cette forêt de plus de 20^000 hectares y ont attiré,
dès les douzième et treizième siècles, un grand nombre de seigneurs:
les Fleckenstein, les Lichtenberg', les Ochsenstein*, les ducs de Teck, etc.,
sont tous des noms qui se rencontrent dans le Hattgau à cette époque ;
plus tard, les Hohenbourg, Thalheim, Fegersheim, Bamberg; les comtes
de Sponheim au onzième siècle déjà.
Avant le treizième siècle, les comtés se désignaient par les noms des
comtes qui, comme les ducs, pouvaient réunir sous leur administration,
par héritage, achat, services rendus, un nombre plus ou moins grand des
comtés primitifs. Par suite de l'hérédité de ces fonctions, deux ou plusieurs
1 . Voy. ci-après Osterndorf.
2. Als. dipl.,X.\,n° 341, p. 289 s.
3. L'acte de procès de 1511 parle de trois à quatre siècles avant 1511, que les Lichten-
berg, ainsi que les Fleckenstein, auraient été intéressés dans la contrée.
4. Ce fut un Oclisenstein, Berlliold, qui a transmis à sou chapitre de Honau le "jus pa-
tronatus" à Hatten.
— 222 —
seigneurs pouvaient être intéressés au même comté; cette hérédité date
du temps des Carlovingicns. Le diplôme de l'empereur Ollion P*", par lequel
celui-ci donne, en 008, à l'impératrice Adélaïde sa femme, qui avait choisi
Selz jiour sa résidence, des fermes (villas) à «Iloclifeldon, Sarameres-
heim (près Benfeld), Suechusen, Morinzanwilare et Salise», dit qu'elles sont
situées dans le comté du comte flugues : (fsitas in Elsazium in comitatu
lliigonis conu'tis'». En 1005, l'empereur Henri 11! donna au comte Eber-
hard de Sponheim Ilochfelden et Schweighausen, avec la forêt sainte dans
le comté du comte Gerhard «cum foreslo heiligen forst nominato in comi-
talu Gerliardi comilis in pago Nortgowe».
Les petits et modestes comtés du Ried et du llaltgau semblent être des
débris mesquins, datant de la dissolution de l'ancienne « Gau Verfassung»,
de ces grands comtés des dixième et onzième siècles. Nouvelles créations
sans doute des landgraves qui en ont gardé l'administration jusqu'au qua-
torzième siècle, en partie du moins, ces petils comtés des douzième,
treizième et quatorzième siècles empruntaient leur nom à la contrée, à la
localité même.
Mais ils doivent être bien plus anciens comme arrondissemenls admi-
nistratifs^ et remonter aux premiers temps de l'occupation germanique.
Les principaux villages, Hatten et Nicder-Betschdorf, par exemple, se
trouvent près ou sur des emplacements de villages gallo-romains. Les
deux i^euples paraissent avoir habité la contrée simultanément. Qu'il ait
compris^ tout le territoire du Ried aux Vosges ou les villages du bailliage
de Hatten seulement, le comté du « Hettenkowe » ne formait toujours
qu'un bien petit district, car de Wœrth à Rœdern il n'y a pas plus de 5 à
0 lieues, et la plus grande largeur entre la Sure et la Solz ne dépasse
guère 6 kilomètres. Mais il est plus que probable que ce comté ne com-
prenait que le bailliage de Halten. Ce bailliage se composait des huit vil-
lages souvent cités et de trois endroits annexés ou disparus: la Gravcschaft
du Ried n'en avait pas davantage et la moitié des émoluments de la Gravc-
schaft y revenait aux Flcckcnstein. «Die Graveschafl die er (Sigebert) gemein
bat ime Rierl mit den von Fleckenstein*, » tandis qu'il paraît avoir eu à
lui seul la Graveschaft du Hattgau. Le Hatlgau avait ses deux tribunaux :
1. A!x. (Hpl, t. 1,11° 150, p. 122.
2. l'arcils aux petits cantons do la Suisse.
3. un canton forestier de la forôt de Hag'ucnau, près de la ville, dans l'aug-le que
forme la roule de Laiili'rhonrg aviT la HlnTJKieli, s'appelle d'aHciciine date les «Hat-
leiiier Stangen«.
i M s. ilipl., I. 1, p. i 02.
— 223 —
Hatten et Ober-Betscluiorl', tout comme le Uied, Sessenheim et Giessen-
heim \
Dans la transaction de I35G entre Simon de Lichtenberg et Henri de
Fleckenstein, touchant ledit bailliage, on rencontre aussi encore le mot de
« üraveschaft», non pour désigner le district ou ressoit judiciaire, l'ar-
rondissement administratif, ni les fonctions du comte de veiller et de pré-
sider à la justice, d'organiser le tribunal et d'exécuter ses arrêts, mais dans
le sens d'émoluments à partager entre les deux seigneurs, provenant sans
doute des frais de chancellerie, d'écritures ou droits d'enregistrement qui,
avec les amendes des coupables et les dons, bénévoles d'abord, obliga-
toires avec le temps, formaient le seul salaire des anciennes fonctions de
comte. Aussi le mot de « Graveschaft » est-il ici mis de pair avec le ban-
win, l'avoine et les poules.
Voici ce passage': «Dass wir Sigmunt besundcrs vorus haben: die
hochgerichte und herberge in den vorgenannten liöifern, bennen und
gerichten; und donach sollent wir und Heinrich von Fleckenstein gemeine
haben und niessen alle andere Gerichte, benne und lüteinden vorgenann-
ten Dörfern und gerichten, banwine, Graveschaft, habern, liünrc, etc.» —
«Nous Simon de Lichtenberg nous avons d'abord à nous seul la haute
justice et le droit de gîte dans lesdits villages, banlieues et juridictions;
après cela nous devons jouir en commun avec Henri de Fleckenstein de
tous les autres jugements, privilèges et gens dans les susdits villages cl
juridictions, savoir: banvin*, graveschaft, avoine, poules, etc.»
1. Le territoire du bailliage de Hatten mesure (sur la carte) 12 kilom. sur G '/s tilom.
Le Ricd (anc. haut ail. lu'iod = carex) comprend les terres basses entre la forêt et le
Rhin, entre Drusenheim et Seltz. Il se compose du Ried proprement «lit, dont Beinlieim,
sur la Surbach, occupe le centre, et du Ried supérieur, U/Tried, dont seul il est ici ques-
tion; celui-ci a, sur la carte, de Dalhunden à Roppenlieim 11 kilom. sur 6, celui-là n'a
que 4 kilom. sur G.
2. Als. m., t. II, p. 23t. Lehmann, t. I, p. 127, donne une analyse de ce document,
mais omet le mot de «graveshaft». Schœpflin lui-même ne cite que le petit passage ci-
dessus.
3. Bauvin, vin dont la vente était réservée au seigneur;, bann, pi. benne, M. A. = pri-
vilège, monopole, etc. L'art. 7 du Jahresspruch du Hattgau dit : «Nos deux seigneurs ont
le droit de vendre en détail, mais à Hatten seulement, une charrette de vin. Ce banvin
commence à la Pentecôte et dure G semaines et 2 jours. Us pourront débiter le pot 1 de-
nier plus cher qu'il ne se paie à la Pentecôte.» Yoy. Hanauer, Const., p. 1 \l. — No(a. Une
charrette de vin, appelée carrata, plaustrum et foudre (Kuder), contenait en Alsace 24
amas ou Ohm, soit, à 24 maas de 1 lit. 87 ccnlil., 10 licctol. 77 lit. Ailleurs un «Fudor»
contenait généralement un peu plus ou un peu moins de 9 hectol.; à Carlsruhe (Baden),
il était de 15 liectol.: ù Stuttgart de 17 hectol. G 4 lit.; à Vienne (Autriche) de 18 hectol.;
à Darmstadt (Hesse) de 20 hectol., et à Brunswig (Braunscliweig) de 9 hectol.
— 224 —
II.
TÜOIS VILLAGES OUBLIÉS DE L'ANCIEN IIATTGAU.
(Oiintorziènie siècle.)
Westhofen ou Weslhehn, Eentershofen et Osterndorf dans les banlieues
de Hatten et Rittershoffen.
Les documents du quinzième siècle et suivants, concernant le Ilattgau, ne
parlent que des huit villages de Hatten, RittershofTen, Ober- etNieder-Belsch-
dorf, Schwabweil cr, Külilendorf, Rcimersweilcr et Leutersweiler, tandis
que les documents du qualorzième siècle nomment aussi avec ces villages
Weslhofen ou Wesllieim, RenLershofen ou Renlersdorf et Osterndorf,
comme nous avons vu dans le chapitre précédent. Ainsi, Simon de Lich-
tenberg donne, le 21 août 1370, en garantie de la dot de 3,500 petits
florins d'or qu'avait reçue la femme de son fds Jean (IV), Lorale ou Lorette
de Bitsch, «la moitié du château de Hatten et la moitié des villages de
Halten, Weslhouen, Riitershoven, Rentershovcn, sa cour à Osterndorf,
Niedern- et Obern-Bettensdorf, Swawiler, Rembrechtzwilre, Kielendorf,
Luterswilre, Bruningesdorf (Preuschdorf), Diefenbach et Oberndorf. »
Quels sont ces trois endroits de Weslhofen, Rentershofen et Ostcrndorf
dont personne n'a jamais parlé et qui ont cependant existé entre Hallen et
Betschdorf? Les données que nous avons pu nous en procurer sont cer-
taines et positives, car la tradition s'en souvient et les localités en onl
conservé les noms, au point d'en indiquer remplacement exact, et quand
la tradition, les localités et des documents tant imprimés qu'inédits sont
d'accord, le doute n'est plus possible
Westhofen, annexe de Hatten.
Weslhofen existe encore aujourd'hui comme partie intégrante du village
de Hallen, dont il forme la partie la j)lus occidentale, à vingt minutes de
Rittershoffen, et s'appelle toujours encore le « WesthofTen », le village, la
cour à l'ouest, c'est-à-dire du village-mère, de Hallen. L'autonomie de
1. I.( liiiiaiiii, t. 1, j). l(i:j.
_ 225
Weslhofen, au quatorzième siècle, osl prouvée parle passage cité de 1370.
Dans la vente que fit le landgrave Ulrich aux seigneurs de Lichtenberg,
en 1332, il est mentionné spécialement sous le nom de « Werstheim »
chez Schœpflin et de «Weslheim» chez [.ehiiinnn; l'intercalation d'un r
n'est pas rare dans le dialecte franc; on dit aussi Oslcrndorf pour Oslen-
dorf. Gel acte de vente nomme, après d'aulrcs localilés, «Rcitershoven »
(Lehm, a Uutershoven), Hatten, Werslheim (Lehm, dit Westheim) et tous
nos droits aux deux Betlensdœrffern *. Celte ancienne forme du nom
indi(pic que ce n'était pas une simple ferme ou cour, mais un village.
En 1345', Hatten et Westheim servent, avccBetschdorf, Rütershofen et
d'autres endroits, de garantie de la dot de la femme de Simon de Lich-
tenberg, Adélaïde, comtesse de Helfenstein, et l'arrangement ou transac-
tion de 1356' entre Simon de Lichtenberg et Henri de Fleckenslein au
sujet de leurs droits respectifs dans le Hattgau comprend, outre les sept
autres villages, finalement aussi Hatten et Westhoucn.
Le nom de Westheim a donc été remplacé par celui de Weslhofen sous
l'administration lichlenbergeoise au milieu du quatorzième siècle, par
ordre sans doute de Simon de Lichtenberg qui, à cette époque, s'occupait
beaucoup du Hattgau et de Hatten en particulier, car il y construisait son
château, son castrum ou Burg, qu'en 13G6\ le lendemain de la Saint-
Michel, il donna à l'électeur palatin, pour le reprendre de lui comme fieP.
L'incorporation de Westheim, devenu Weslhofen, à Hatten, doit avoir eu
lieu bientôt après.
L'administration lichlenbergeoise du bailliage de Hatten, qui résidait à
Hatten, ne parle jamais dans ses comptes et écritures de Halten seul, mais
toujours de « Hallen et Weslhofen » réunis. Ainsi, l'hiventaire sommaire
des Archives du département du Bas-Rhin, 1. 1, 2, p. 339, porte : «Compla-
bililé du bailliage de Hatten et Weslhofen. Compte rendu par Dietrich de
Buch, bailli de Hatten et Weslhofen. Recelte à «Hatten et Weslhofen » à
la Chandeleur de l'année 1030, pour la taille due à Monseigneur, 53 livres
3 schillings et pour la taille personnelle (Leibbetl), 7 livres 6 schillings.»
Je ferai observer en passant que la taille, qui est la conversion en argent
1. Lehmann, t. I, p. 98, et Als. dipf., t. II, n° 953, p. I iC.
2. Lelimanii, t. I, p. 144 et 145.
3. lùid., p. 127, et Als. ilL, t. II, p. 231.
4. Lehmann, t. I, p. 138.
5. Ce fief n'a été racheté ([iicn 1731, sous Louis XV, par Jean René Ut avec tes flefs
de Gottesheim et du qiiai-l de IIunal)üiu'i;-.
(T. X. -M.). 15
- 256 —
du droit de gî(c et d'hébergement (Atz on Herberge), conversion opérée
dans le Ilattgau , sans doute par Simon de Lichtenberg, vers la fin du
quatorzième siècle, a été fixée une fois pour toutes pour les huit
communes solidairement à 231 ' livres slrasb., à répartir entre les vil-
lages selon leur importance ou population d'alors. La quote-part de
« Halten-Westhofen » a donc été fixée d'une manière stable à 53 livres
10 sols, suivant M. Hanauer, qui s'appuie sur un livre sali(jue de 151 4'-;
pourquoi en 1G30 n'est-elle que de 53 hvres 3 sols? La différence de
7 sols ou schillings serait-elle une déduction du percepteur pour frais
quelcon(jues? La taille personnelle à 1 sol ou schilling par ménage étant,
en 1630, de 7 livres 6 schillings, ou 146 schillings, nous indi(jue qu'il y avait
en 1630 14-6 feux ou ménages à Hatten et Weslhofen réunis, tout comme
la taille personnelle de 5 livres 14 sous, en 1514, prouve qu'il y avait
alors 114 feux. Dans le bailliage de Hatten, la livre à 20 sols ou schillings
a été remplacée, entre 1663 et 1666*, par le florin à 10 schillings; le
schilling avait 12 deniers, et on a compté par «gülden, schilly etpfenny»
jusqu'à la Révolution française, où l'on a commencé à compter par francs.
Autre exemple emprunté à l'Inventaire sommaire, ibid. p. 343, E. 3345,
année 1729. «Compte du bailliage de Halten, j-endu par le receveur Mader,
Recette du Schirmgeld (pour la protection) des juils, 108 florins; de TOhm-
geld à Hatten et à Westhofen, perçu d'A. H., aubergiste à l'enseigne de la
Couronne, 36 florins 1 schilling 6 deniers; de V. R., aubergiste à l'enseigne
du Cheval noir, 30 florins 7 schillings 6 deniers.» Aucune de ces auberges
ne se trouvait dans le Weslhofen.
Le livre terrier de 1 739 ss. parle du maître d'école de Weslhoffen, Wer-
ner, et en faisant le relevé des maisons cl jardins du village, ce livre (ms.)
mentionne spécialement le Weslhoflen, et sans lui donner une autre série de
numéros; selon lui, le Weslboffen commence à la bifurcation de la grande
roule ou rue principale (Dorfgasse) et de la Schlupfgasse et comprend
entre les numéros 161 et 232, 37 propriétés (Hofstätte und Rehausungen),
composées de maisons et cours, j)resque toutes avec dépendances et jar-
dins, et 34 jardins* isolés sans aucun bâtiment. 11 comprend aujourd'hui
1. Jahrcssprucli, art. 2. Voy. Hanauer, ji. 1 10.
2. Hanauer, p. 107. E. 1870.
3. luveutairo sommaire, p. 339 et 388. Un llorin d'or (srizième siècle) valait 14 scliil-
ings. — Cf. Inventaire, p. 301, E. 2882.
4. Les plus con.sidùrabJes en étaient: le Gressengarten, Orbans-, Kilblcrs-, Stupfel-
garlen, et un peu au delà de l'enceinte, les Capp.sgaîrten et la Bilz. Sclimcller, t. I,
p. 315, explique ce mot avec Vilmar «Iiessisclie i.liotismeii» , p. 38, par iJaumgarteii,
- 227 —
une cinquantaine de propriétés composées de la même manière et plus ou
moins complètes.
Deux triangles rectangles adjacents, dont la perpendiculaire est repré-
sentée par la rue principale et la base par une partie de l'Altstrasse et son
prolongement vers le nord, appelé l'Issgasse, composent tout le West-
hofen; la Sclilupfgassc forme l'hypoténuse au sud, et la Siratzgasse, celle
du côté opposé, au nord.
Le prolongement de la Issgasse ou Eisgasse s'appelle la Vicliwaider-
gass et se dirige comme telle vers la Selzbach à travers champs; la
Stratzgasse, dont le nom indique l'ancienne origine, est aujourd'hui
tronquée par la Ackergasse, qui, en 1752, avait encore des maisons dont
elle est complètement dépourvue actuellement, de même que la Stratz-
ou Strassgasse, qui paraît avoir relié un ancien allodium ou «predium»,
le Brett, situé au delà du petit ruisseau, à la grande route.
Un règlement de forêt de 1595 fait également mention du Westhofen.
Le Grasweg de Westhofen, dit-il, en traitant du ban de Hatten, doit être
bordé des deux côtés de haies vives « Haltener Bann n° 2: der west-
hœffner Grasvi^eg (soll) zu beeden seiten mit hœgen gehalten werden».
Ce chemin traversait les champs situés au sud du village de Halten, qu'on
appelait le « Grossfeld», sans doute par suite de la réunion des bans de
Hatten et de Westhofen et de quelques parcelles de celui de Rentershofen ,
dont il va être question; le Westhœffner Grasweg débouchait par la Hub^
dans la forêt d'Aspruch, non loin du Hattener Grasweg.
Le canton du Grossfeld, qui avoisine les jardins du village, s'appelle
«Hinterhoffen», c'est-à-dire derrière les cours. Ce sont ces «Hœfe» qui,
flanquant la grande roule, ont formé avec le temps le trait d'union entre
Hatten et Westheim.
Le village de Hatten renferme dans sa banlieue et dans sa forêt des
cantons qui témoignent d'une colonisation bien plus ancienne que le Wesl-
verger; bizzuma en est l'ancienne forme. A Nieder-Betsclulorf il y a une «grosse Bitz» ,
et ie Waldspruch de 1595 parle d'un «Bitzwasen» à RittersliolTen. Ce nom, qui se ren-
contre dans bien des localités, paraît avoir désigné un communal (enclos) d'une des-
tination particulière. Neugart. Codex diplom., t. II, n» 1110 : «und das Gesœsse da daz
Kloster war und den Brügel (Brühl) der darzuo beeret (gelioert) der in der Bizum lit
(liegt)». Gf. Lexer, Handwœrterbicch : «man soll dem vogt, des Dorfes fridc in dem
Bütze (m.) 17 schuhe weit uf tun». — Bitsch, ne serait-il pas le mémo mot? — Caps-
gœrten, signifie jardins potagers; Krautgïcrten , de Kabez, Kabus, le chou cabus (lat.
caput), weisser Ivopfkohl.
— 228 —
liofeii; par exemple au Buch ', rAltliufel, ancien canton forestier snr la
Selzbach, vers Nicder-Uœdern; le Ileidcngiessel, sur la petite pente dite
«Trambacher Berg», en face de Bühl, où les cantons dits ((Weycrgœrlen,
Li[ipsliüschel, Abbenlœchel, etc.» dénotent, parla fornfiie de leurs contours
et par les matériaux de snbstjuclions qu'on a retirés du sol, d'une très-
ancienne colonisation. Pour le moment, je ne m'y arrête pas. La pente
très-douce du Westhoffen vers la forêt et la Surbach porte le nom de
«Westhœffner Berg». En poursuivant, au sortir du Westhoffen, l'anciennc-
grande route, l'Altslrass, qui, en cet endroit, avait en 4752 encore une
largeur de 28 pieds (0"\10) et qui aujourd'hui n'est plus dans la ban-
lieue de Halten qu'un «Feldweg» de 3 à 4 mètres, on arrive du côté
méridional de Biltershoffen à la rue dite le « Renterserberg», dont la
petite pente s'incline également vers la forêt et la Surbach. C'est là que
se trouvait au moyen âge un autre petit endroit appelé
Rentershoffen ou Renlersdorf.
Rentershoffen , dont le territoire touchait à celui de Westhoffen, était
situé dans la banlieue de Bittershofl'en, au sud de ce village. Le nom est
la seule chose qui soit restée de cette localité; il se retrouve dans les déno-
minations des cantons forestiers et ruraux environnants, tant dans la ban-
lioiie de Riltershoffen que dans celle de Hatten; tels sont ici le Renter-
scherpfad, le Renlerschervviidvcl, la Rentcrscrmatt, les Rcnterscr-Elzel';
là, le Renterscherhœffner Feld, les ricnlersermattcn, etc.
Un règlement de foret de 1595 dit, en parlant du ban de Riltershoffen
au numéro 7, que tout le district des champs de Rentershoffen doit être
entouré dorénavant de haies vives, excepté cependant l'enceinte du village
lui-même. «Dcss (das) Rentershoffer fcldt mil seinem gezirkh solle nun-
uirtler vmbhreget sein aussgcnommen dess Dorffes Etter Rennttershoflen.»
1. Dans Ic'liaiipoil de M. de Uiiig sur les (rouvaillcs ilc M. Ziipfrl ilhi//rf.. l. III, î«-, Mèiii.,
p. 22Ü), ce nom de canton est écrit «l^ilscli« au lieu de «Iliicli».
2. La grande route actuelle qui, perçant le Wcsllioiïen, relie Halten à Uiller.sliufl'en,
n'a été construite qu'à la fin du dernier siècle.
3. Etzel, nom fréquent dans les anciens livres terriers, diminutif de Atz, Etzweide,
signifie une pièce de pâturage déterminée, délimitée, souvent entourée de haies vives,
il(; la contenance, généralement il'un aipcnl, de 'lO à 50 arcs. Le Iciricr d(> 1739-1752
dit : l'zwci Viertzel Morgen oder die Ikelfte eines Etzel,» c'est-à-dire deu.\ quarts d'arpent
ou la moitié d'un Etzel. Etzel parait donc avoir été pour les pâturages ce que la Manns-
matl ('■l.iit pour les prés, le Morgi'ii pour les champs.
- 259 -
Le village existait donc encore en \b%, mais annexe à la commune de
IiittershofTen. La tradition veut que tous ses liabitants aient succombé à
une épidémie (schwarzen Jjlalteni) [1(300?] et (jue seule une vieille
femme, qui s'était attaché un crapaud vivant sui- la puiliine, y ait sur-
vécu.
Sauf quelques petites parcelles situées dans la banlieue de Hatten, tout
le territoire de cet ancien petit village a été incorporé à la banlieue de
Rittcrshofl'en.
Osterndorf.
Ce village, appelé au septième siècle « Austondorph» et au neuvième
«Ostcrendorf» pour « Ostcndorf», le village de l'Est, était situé à l'est de
Niedcr-Betschdorf, son village-mère, et au sud de Rittershoffen, sur l'an-
cienne route de Hatten à Detscbdorf etWœrth. Son emplacement est constaté
par certains cantons ruraux de Rittershoffen, auquel il a été incorporé, qui
en portent encore le nom; tels sont l'Osterfeld avec le cimetière d'Ostern-
dorf, qui appartient aujourd'hui à l'église protestante de RiltershotTen. Le
règlement de forêt de 1595* parle, à propos du «Riieltershoffnerban», aux
numéros i à 4 du lac d'Osterdorf, du petit Osterfeld, du Ostcrfeldt depuis
la Serre «von der Seren an», c'est-à-dire depuis la barrière (sera de
serare, fermer) et de l'Osterfeld, derrière le cimetière. L'emplacement
du « Osterdorffersee )) est facile à reconnaître à côté de la route, au pied
de la petite descente vers Nieder-Betschdorf. Le Liesmattgraben venant
de Kühlendorf, et l'Allmendgraben , venant de Hohwiller, forment parleur
jonction « rEschengraben », qui doit avoir traversé le lac ou étang en ques-
tion. Le dWaldspruch» de 1480 nomme comme maître de forêt de Nieder-
Betschdorf «Thoman am Oster-Ende», ce qui veut bien dire demeurant à
l'extrémité orientale du village de Nieder-Betschdorf ou du c(5té d'Ostern-
dorf.
Osterndorf est déjà mentionné en 693 et en 808, sous les rois méro-
1. Voici les dénominations du Waldsprncli de 1595 : «OstcrdorfTersce, Klein Osterfeld ,
Osterfeld von der Seren an, Osterfeld licinderm KircliholT. — A'oto. L'Osterfeld a été défri-
ché de nouveau et les étangs réparés au dix-liuitième siècle (E. 1819). Je tiens de bonne
source que le champ dit cimetière d'Osterdorf se compose de deux parcelles de 39 ares
25 centiares et 39 ares 60 ceutiares, soit d'une superticie totale de 78 ares 85 centiares,
Ce bien est situé sur la droite de la route conduisant à Niedcr-Betsclidorf, à deux cents
pas au delà du petit pont appelé le "Escheiigrabenlnilckcl". La notice ajoute qu'il arrive
encore souvent que le soc do la eliarrue met au jour dans ce champ des tuiles et d'au-
tres «rudera» d'anciennes constructions (de l'église?).
— 230 —
vingiens et les carloviiigicns , clans deux chartes concernant des donations
faites an monastère de Wissembourg, dont l'analyse se trouve ci-après.
Au douzième siècle, le couvent de Kœnigsbriick ' avait, comme nous
avons vu, un bien-fonds à Osterndorf, mentionné avec les autres posses-
sions du couvent dans une charte confirmalivc de l'empereur Frédéric P""
Barberoussc en 1187, et dans une autre charte de Henri, roi de Home,
arrière-pelit-fils de Barberousse, en lîi2G. Cette dernière nous ap[)rend
que les terres, que le couvent possédait à Osterndorf, avaient été achetées
pour lui en mnjoure partie par l'empereur Ileru'i VI et qu'Ostcrndorf était
situé dans le comté; nous avons vu que ce comté n'était autre que le
comté du Ilaltgau. Le diplôme de 1 187 de Frédéric Barberousse est pour
le fond identique avec celui de 1226 et, sauf le dernier nom, OfTerendorf
jiour Osterndorf, tous les noms de villages sont écrits de la même manière
dans les deux documents. Mais il n'y a pas d'endroit appelé OfTerendorf,
et Schœpflin, songeant à Offendorf, ajoute cependant que le couvent n'y
avait pas de possessions. Il n'y a pas de doute; le diplôme de 1226 rectifie
celui de 1187, et il s'agit ici également d'Osterndorf.
En 1370, Simon de Lichtenberg avait, comme le prouve notre citation,
une cour, une ferme à Osterndorf, qu'avec d'autres biens il donna en
garantie de la dot de sa bru Lorette de Bitsch.
La dernière mention que j'ai trouvée de ce village date de l'année 1383.
Dans la querelle de Jean IV de Lichtenberg avec la ville ou la landvogtei
de Ilaguenau, qui lui disputait la haute justice dans le Ilattgau, on cite,
entre autres griefs, l'assassinat d'un habitant d'Osterndorf par les fils de
H. G.^
De même que Westhoffen a été incorporé à Hatten, ainsi Rentershoffen
et Osterndorfparaissent avoir été incorporés définitivement à Rittershofl'en
dès le quinzième siècle. Tandis qu'en 1595 il est encore question du vil-
lage de Bcntershofcn (dans le « Wahlspruch »), on ne nomme plus le village
d'Osterndorf à cette époque, mais seulement l'Oslerfeld. L'autonomie de
1. Le couvent de Königsbrück doit avoir été fondé entre 1130 et 1 1 40. Adélaïde de
Veclienlieim (près Kaufenlicini), Agnès, sa sœur, L'tta, Agnès de Rode (Rolt) et Utta de
Surburc en étaient les premières abbesses. — Suivant les diplômes cités, le couvent
avait des terres à Vechenlifim , Wintcrstiusen, Kessetbach (ancien emplacement de Kes-
seldorf, à l'intersection de lu Hinlerstrasse et du Kessclbaicliel , .sur la lisière de la
forêt de Hatten); Ebcrbacli (E.-Seltz), Driegenbacli, Hugcsbergcn, Danckrateslieim (Dan-
golslieim), Wiherslicini , Hotbadi, grangiam quuque Ostcriidorf. A/s. dip/oin., t. I, n"^ 311
et 430.
2. Lclimann, t. 1, p. 141J : «So eineu aus Osterdorf ermordet.»
- 231 -
ces trois cntlroils avait ccrtain(3mcnt cessé en 14'.)0 ', cor le « Jalin's.s(iriicli >;
du llattgau, qui a été renouvelé alors, ne pai-Ie que des liuil viUayes sou-
vent cités; déjà le partage de \AiO~ n'en parlait plus explicitement.
La cour colongère de lliltcrshoffen se trouve mentionnée j)oui' la pre-
mière fois sous le nom de Uottersliouen en 12!:27. Otlion de Uollcrsliouen'
assiste, avec son frère Frédéric de SulTellieim el Vohjuinus Sumer de 15ct-
tcnsdorf, et d'autres témoins, à une procédure judiciaire passée sous le
clicne de Vechenheim*, près Kaufenheim, «sub qiiercu Veclienhoim »,
comme dit le diplôme de Henri VI, au sujet d'un bien, prediolum ou novale",
des environs appartenant aux religieuses de Kœnigsbriick, auxquelles
Henri «plebanus de Gochenheim » (Kaufenheim) avait injustement réclamé
la dîme de ce bien, dont cependant, comme elles étaient de l'ordre de
Cîteaux, leurs droits régaliens les dispensaient.
En I0G6, le preux chevalier «der veste Ritter » Lulzemann de lîotters-
dorf représente l'empereur et l'empire au tribunal des Treize, du c Land-
friedensgericht » en Alsace.
En 1356, les Fleckenstein étaient possesseurs d'une cour colongère
(Hubhof^) à Rûtershouen et d'une autre à Swawilre; la vente de 1490
ne mentionne plus que cette dernière, el l'acte de procès de 1511 parle
de deux « Meierh(cfen » à Swowiler.
En 1385, la colongede Rittershoffen appartenait au monastère de Sur-
bourg qui, à cette époque, a fait rédiger les coutumes de la colonge devant
l'officialité de Strasbourg. Suivant l'extrait que nous en donne M. Hanauer,
le maire de la colonge de «Ruotershofen» pouvait compter, en cas de
besoin, sur l'appui du seigneur de Fleckenstein ou de son vogt, comme
aussi sur celui du prévôt de Haguenau pour l'exécution d'une sentence
prononcée par les colongers; il payait pour cela à chacun des deux 3 sols
par an. Les amendes étaient partagées par tiers entre les colongers, le
maire et l'avoué (fougt). La cour des colongers avait, en cas de désac-
cord pour une sentence , un appel au plaid de Surbourg, Selon M. Hanauer",
1. Lehmann, t. II, p. 430.
2. lOicl.J. l, p. 253.
3. i/«. diplom., t. I, n" 451 .
4. Gaslrum (Schlösse]), près Kaucheuheini ou Kaufenheim.
5. Ce bien leur avait été donné en 1 153 par Welf ou Gueif IH à perpétuité, (idilcctissi-
marum collcctioni dominarum q. d. Kuningesbruke». Als. diplom., t. I, n" 288.
6. Als. diplom., t. Il, p. 250, n» 1529.
7. Lehmann, t. I, p. 128.
8. Hanauer, p. 132 s.
— 232 —
la cülongc a été achclée au seizième siècle par llanau-Lichleiibcrg'. Oji ne
sait à quelle époque renionle la fondation de celte colonge, ni par qui elle
a été fondée. Comprise entre Hatten et IJetschdurf, deux anciens centres
d'habitations, cette contrée de Rittersliofen, UeiUershofen, Westliofen
et Ostendorf, j)araît avoir été défrichée et colonisée par eux , témoins
les deux derniers noms. (Le nom de Ilenlershofen ne serait-il pas
lui-même une mauvaise prononciation pour Rcutcrshofen?) La colonge,
propriété particulière, doit être de fondation i)lus récente que les trois
autres endroits. Le «in crodo» du n° 136 des Tradit. Wzbg. de l'an-
née 745, cité avec Betschdorf (Kühlendorf et Osterndorf), pourrait bien
se rapporter à cette contrée. Rittersliofen est mcniionné pour la pre-
mière fois, en 1227, sous le nom de Ruttcrshofen. Or, un «rotier»
était un défricheur, de «roden», défricher, «radiées evellcre». A Hat-
ten il y a une rue appelée « Roltergass», la rue des Défricheurs (?) , et
un canton rural dit «gerott » pourgerode, terrahi défiiché. Cet ancien nom
explique le nom actuel de Rittershoffen, qui ne vient pas de «ritter» che-
valier, mais de «router», synonyme de «rotter», comme reuten est synonyme
de roden et geieute de gerode. Le dialecte du pays prononce eu (anc. m)
comme i ou ie {il); pour gereute on dit gritt"; pour reuten, ritten, pour
Reulershofen , Rittershoffen. Au treizième siècle on disait Rottershoven;
au quatorzième siècle Reiters-, Ri^iters-, Ruotershofen; ce n'est qu'à partir
du milieu du quinzième siècle qu'on rencontre Rittershofenl Des seigneurs,
«Juncker ou Ritter» étant devenus propriétaires de la colonge, on a appelé
la maîtresso-cour le «Ritterhof», c'est ce qui a fait admettre une autre
origine du nom et a valu un éperon à la bannière du village.
Resserrée entre Hatten et Kühlendorf, entre la Selzbach et les terri-
toires d'Osterndorf et Rentershofen, la colonge de Rittersliofen finit par
s'incorporer, non sans faire violence, à ce qu'il paraît, à la légalité, les
deux derniers endroits qui la séparaient de la grande forêt.
1. Voy. le chapitre suivant.
2. Cantons ruraux à Hatten : G'ritl, Griltlœclicl, avec Ja (irillniülil; Gcrolt, RotsjnaU etc.
3. Riltendorf, voy. Hanauer, p. 125 et 132. Le Waldsprncli de 1595 a UiletlershotTen ,
i.clui de 1589 Rietterslioffeii, de 1585 Rittersliofen, de I4G9, le plus ancien des Wald-
sprüclie, a Ritlersliollen. Les gens de Leiitersweiler disent, à ce qu'on iirapprend, encore
aujourd'hui Riulerseliliollen. — Nola. Scion ie Waldspruch de 1595, la limite entre le ban
de Hatten et celui de Rittershotl'en commençait non pas à la Selzbach comme aujourd'hui ,
mais au Gauspruch, au iNord du «Roch» (Reeg), non loin de la grande route actuelle;
c'est que, suivant la tradition, la partie entre le Gauspruch ou Gauclisbruch et la Selz,
dite Riiller, 6tait encore couverte d'une forêt de pins il y a trois siècles. C'est au Reeg ou
Riiegberg (de rügen, connaître et [umir des délits) que sit'g-eait sans nul doute le tribu-
nal forestier des Vingt. — Le Gunsjirurji iraiirait-il pus une scmblalile origine ■/ —
Osterndorf cxislait déjà sous les Mcroviiiyleii^, cai- vers la lin du sep-
tième siècle, le monastère de Wissemboui'g- y acquiert des biens par suite
d'une donation décrite dans la charte n" 38 des Trad. WzJxj., le plus
ancien document de toute lacollecliun. Gœrsdorf et Billigliciui (l'alatiual)
y sont également mentionnés. En voici le conteim:
Le 1'^'' mai 693, troisième aimée du règne de Clovis 111, roi des Francs,
Ilildifiid, Managold et Waldsuuinda, frères et miuY, ipii dans leur cjdbiice
avaient été accueillis comme orphelins et bien tiaités dans le monastère,
donnent, Ilildifrid étant devenu moine, en reconnaissance des biejifaits
reçus et pour le salut de leur âme, au monastère du Speiergau, situé sur
la Lauter, dans les Vosges, construit en l'honneur de saint Pieire et de
saint Paul, les possessions cju'ils avaient à Gœrsdorf et à Osterndorf «renj
nostram in uillare gairelaigo et ni austondorphe » situés en Alsace,
ainsi que l'héritage (]ue leur père Bodegisl et leur oncle Ueghifrid, en
mourant, leur avaient laissé à Billigheim «in bolinchaime », situé sur le
Rohrbaschel, dans le district de Spire. Les biens donnés consistaient en
manses, maisons, édiiiees ou dépendances, les esclaves Zacion, Waldulpia
et leur fils Godon, et les paysans qui restaient avec eux; en champs, prés,
pâturages, forêts, eaux et cours d'eaux, tout bien légalement acquis par
héritage, achat, ou n'importe de quelle autre manière.
La lettre de donation, adressée au vénérable père « in Christo » l'abbé Bat-
frid, porte, comme presque toutes les lettres de donation, la clause que
si quelqu'un, fussent-ce les donateurs eux-mêmes, voulait rompre cette dona-
tion ou y faire opposition, il eût à verser au fisc, pour le compte ou au
profit «ad parlibus » du monastère, une fivre d'or et deux livres d'argent
pesant sans qu'il puisse arriver à ses fins.
Remarque. Ce document est intitulé «Prœsfarium» comme d'autres
chartes dans les Trad. sont intitulées «donatio, tradilio, venditio, cun-
cambium», selon qu'il s'agit d'une simple donation, d'une vente ou d'un
échange; bref, quand il est question d'un affranchissement d'esclaves; le
titre ordinaire cependant de ces actes, n'importe leur contenu, est pure-
ment et simplement «carta», suivi également du nom du donateur; ils
s'appellent «prestaria et precaria», quand, après l'exposé et la description
des biens à donner, elles contiennent la demande «petitio» du donateur à
pouvoir garder les biens donnés en usufruit viager moyennant un cens à
payer annuellement au monastère et souvent aussi à prendre en outre
d'autres biens du monastère en usufruit.
Le prestaria contient les conditions débattues et arrêtées d'avance aux-
— 234 —
quelles on donne; le precaria, la promesse de remplir les condilions
(payer le cens, par exemple) prescrites par le monastère'. La charte suivante,
intitulée « carta erbioni », est au fond un prœstarium. Il y est dit : « De iure
iiiiM) in iureiii dominaciunis veslre trado atque Iransfiuido postca quoque
niea fuit pclicio, et vestra decrcvit voluntas contra istas res quod vobis
Iradidi res vestras prestare deberctis quod ita et fccistis mihi et infantibus
meis, uodone et eugenie diebus uite noslre ad usufrucluario ordine. »
Pour la date de l'acte, je m'en rapporte à Zeuss : Trad., p. oiO, n° 1 (38).
L'acte est signé du notaire Vadalgarius, des donateurs Ilildifrid «moine »
auteur de la donation, et de sa sœur Waldswindane; ManaL;old n'a pas
jugé à propos d'y mettre son nom; puis de douze témoins (jui s'appelaient :
adalberti, rodoaldi, seulaigo, grimulfi, rihmundi, uualtharii, asulh, heri-
berti, uuilliharii, lantfridi, adalrammi, adalgisi.
En 808, Osterndorf est mentionné dans la charte n" 19 des Trad. pour
le tiers d'une hoube" que céda au monastère, avec d'autres biens consi-
dérables, situés tant en Alsace que dans le Speiergau et le Wormsgau, un
riche {)ropriétaire nommé Erbion, dont le bien situé dans la marche
de Kühlendorf s'appelait, d'après lui, la «marche d'Erbenwiller ». Voici
cette charte, datée du 1'^'" mai de la huitième année du règne de l'empe-
reur Charles (magne), 808, rédigée par Wolfliard, le même qui deux
mois auparavant en avait rédigé une autre concernant Hatten; elle est
adressée à l'abbé-évêque Justolf, vénérable « en Christ » pour que
personne n'en ignore : « dum et omnibus non habetur incognitum » et
signée du donateur et de treize témoins. En Alsace, Erbion donna quatre
houbes intégrales situées dans le canton de la marche de Kielendorf «in
Kielcnheimeromarcu ^) qu'on appelait la marche d'Erbenweiler «sivein
ipsa marca q d. erbenuuilare; le tiers d'une hoube à Osterndorf et à
Stmheim une hoube entière «in osterendorf tertiam parlem de una hoba;
in scmheim hoba I. » et dans le Wormsgau une hoube et des vignes qui
donnent vingt sigles de vin, ce qui fait ensemble sept houbes avec dix
esclaves, savoir: otmunl et hildithiu avec leuis enfants; ercanheii et lon-
hilt avec leurs trois enfants; sibicho, onolf, olguiit, thiotheid «h. s. man-
cipia decem», les enfants comptaient, à ce qu'il paraît, selon leur âge, pour
1. Cf. Neugart, Codex diplom., t. I, u" 12.
2. Une lioba avait, .selon la localité, 40, 30 et 20 jugera ou arpents; trold huobnior-
gcn font deux morgen ordinaires (voy. Colongc de RitterstiofTcn , Hanauer, Constitut,
p. 133). Le morgen ordinaire comi)renait 42 ares 25 cenliares, donc le houbmorgen
était de 28 ares et une hoube d'environ 11 hectares, ou 8 hectares, ou 5 hectares
50 ares.
— 235 —
une fraction d'eschne. Dans lo Speioigau il donna une petite cour et quatre
houbes à « Otliereslicim » et une Iiouhc à «cnulileslioim^) (Knitteislieini,
entre Landau et Gcrmershcim) et à llohcnstadt un vignohle; ce dcruier
était, ainsi que la petite cour «curtilc», un bénéfice du nioiiastèic; il
donna avec cela aussi dix esclaves. Moyennant un cens annuel de 2 sols,
payable à la Saint-Martin, Erbion se réserva l'usufiuil viager de tous ces
biens pour lui et ses deux enfants, Vadon et Eugénie, en s'engageant à
bien entretenir ces propriétés qui, avec toutes les améliorations et construc-
tions, revenaient à leur mort au monastère «et post nostrum quoque dis-
cessum cum omni re meliorata vel superposita ad casa saiicli pétri uuizen-
burg revertalur. Facta traditio sub die kl. mad. anno Vlll régnante Karolo
imperatore. T. erbione , ratman, dudo, gebolf, uuidagauuuo, hildiberti,
herimanni, uuinimanni, uuelimanni, sindicboni, uuillirih, fruaril, uuluicho,
hartrat et Wolfhard».
Dr. IlÜCKEL.
{La suite dans une prochaine livraison.)
NOTICE
L'EGLISE ROUGE ET LA LEPROSERIE DE STRASBOURG.
I. L'EGLISE ROUGE.
Sur une partie do remplacement occupé aujourd'hui par le cimetière de
Sainte-Hélène s'élevait jadis une église dite l'Église rouge; non loin de là
se trouvaient les bâtiments de la Léproserie de la ville. A cause de leur
voisinage, les deux établissements, quoique indépendants l'un de l'autre,
ont souvent été confondus; il importe de les distinguer et de laisser à
chacun son caractère particulier. Comme ils ont disparu depuis longtemps,
je ne ci'ois pas faire un travail inutile en réunissant ce qu'on peut trouver
sur leurs destinées.
L'Eglise rouge est une de celles qui ont laissé le moins de souvenirs
dans notre histoire locale; il ne me paraît pas impossible toutefois de
remonter jusqu'à son origine, lors même que toutes les données nous
manquent pour assigner à sa première construction une date précise.
Dans la charte de 8-45, par latjuelle l'empereur Lolbaire confirme les
possessions de l'abbaye de Saint-Etienne, il est {)ai'lé d'une localité nommée
Bolhebur, voisine de Schiltighcim*. C'est là ce qui peut nous mettre sur la
voie. Le terme de Bolhebur, il est vrai, serait difficile à expliquer; mais je
ne crains pas de hasarder une conjecture aventureuse, en proposant de
substituer à cette forme insolite celle de /^c/c^m-, qui se rencontre, quoique
écrite Bellehur, dans une tiaduction allemande de ladite charte "\ L'ancien
mot germanique Bur signifiait maison'*; dans le hiliii (ki moyen âge bura
1. Msnt. dipfom., t. I, p. 82.
2. ScliiKcr, Addilions à KO/u'tjs/io/e/i, p. 530.
3. Graf, AUhochdeulscher Sprachschatz , p. 18.
— 237 —
était plus spécialement unu éeliupp(!, servant de remise aux voitures';
chez Rabelais et encore anjourd'liiii en Auvergne on trouve bvrnn pour
cabane de paysan. Le vi(Mix nom Bine clait rcsh; cbcz nous ;'i ipi^'lipu-s
groupes d'habilations rurales; depuis le dixième jusqnini (piator/ième
siècle on mentionne un Bnrc dans la banlieue de Sclnveinbeim, au treizième
u\] autre dans celle de Westbofen; à un endroit ^ i/ni ol'nn dicelxrinr
Burreî), l'abbaye de Ilonau possédait au treizième siècle une cui'ia arnia-
meniaria ou ferme pour son bétail. Près de Souitz il y avait encore en
1450 un village dit zu Ilofcn und zu Bure-. On rencontre enfin un FÀhcs-
bure, ainsi appelé d'après celui qui le premier l'avait établi. Par BcLchur
on entendait une maison de prière, un oratoire^ comme jadis on en élevait
au milieu des champs; dans la suite des temps il arriva que des hameaux,
des villages mêmes, se groupèrent autour de ces chapelles et en gardèrent
le nom; du dixième au quatorzième siècle le village de Klein-Gœfl ne
paraît que sous la dénomination de villa Bclebur; encore du temps de
Schœpflin il y avait là une chapelle de Saint-Alban appelée Betbur\ Dans
une charte faussement attribuée à Dagobert et se rapportant à l'abbaye de
Wissembourg, on cite un Bedcbur'% qui se retrouve dans un autre docu-
ment relatif au même monastère et daté de 1007". 11 existait enfin unvieux
Bettebur près de Zutzendorf, 1293.
C'est un pareil Belebur qu'on éleva, sans doute bien avant le neuvième
siècle, hors des murs de Strasbourg, du côté nord delà ville, où de bonne
heure une vaste étendue de terrain était livrée à des cultures diverses; la
chapelle était destinée aux colons disséminés dans les environs. D'autres
églises, comme celles de Saint-Thomas, de Sainte-Aurélie, de Saint-Pierre-
le-Jeune, se trouvaient également dans les anciens temps extra muros, et
avaient été fondées probablement dans un but analogue d'évangélisalion.
Maintenant, n'esl-il pas permis d'admettre que le hameau de Belebur, qui
en 845 appartenait à l'abbaye de Saint-Etienne, avait tiré son nom de la
chapelle et qu'avec celle-ci on peut identifier l'Église rouge? Il n'y a du
moins rien qui s'y oppose. La désignation de l'édifice, d'après la couleur,
paraît fort ancienne; on peut la constater dès le onzième siècle. D'après
t. Ducange, éd. Henschol, 1. 1, p. 808.
2. Hof en désignait sans doute les Ho/e ou fermes des paysans, Bure les cabanes des
serfs.
3. Belebur, sacellum. Hoffmann von 1-allcrsleben , Sumerlaten. Wien 1831, p. lu.
4. Alsat. illusl., t. 1, p. G50, note 1.
5. Alsat. diplom., t. 1, p. 23.
G. Alsat. illust., t. 1, p. (J50, noie 1.
— 238 —
une bulle dn pape Alexandre III, l'évêcjue Guillaume donna au monastère
d'Eschau ccclcsiam RoUicnkirchen cum parochia SciUecliei)n ; la bulle, il
est vrai, est de 1180; mais comme elle ra[)pelle une donation faite enlre
1028 et 1047, époque pendant laquelle siégea l'évêque Guillaume, on
peut en conclure qu'elle reproduit les termes d'un acte de ce dernier,
aujourd'hui perdu, et que par conséquent le nom d'Église rouge était
usité au moins dès le commencement du onzième siècle. Il reparaît sous
la forme de ccclesia rufa dans une légende de Sainte-Aurélie, laquelle,
puis(iu'il y est parlé du siège de Strasbourg par l'empereur Philippe en
1199, ne saurait être écrite qu'au treizième siècle au plus tôt'. L'église
était soit bâtie en briques rouges , dont la matière était tirée d'une
carrière d'argile, qui s'est trouvée pendant longtemps dans le voisinage^
ou bien elle était peinte en rouge. Si l'on peut se fier à la copie d'un
dessin, dont la provenance m'est inconnue, c'était un bâtiment d'une con-
struction très-simple, avec une seule porte, de chaque côté (juatre fenêtres
étroites et basses, et deux petites tours carrées se terminant en pointes,
le tout sans aucun indice d'ornement. Je ne sais si ce dessin avait un carac-
tère authentique, ou s'il n'était qu'une œuvre de fantaisie; en ce dernier
cas, toutefois, l'artiste aurait reproduit assez correctement le type d'une
chapelle de la première période romane, et dont l'architecture a dû être
nécessairement très-rustique.
Près du hameau de Betebur et de son église rouge, il se forma, sur un
coteau voisin, le village de Schiltigheim, mentionné dans la même charte
de 845 sous le nom défiguré de Skilimjdlshiüiel. Ce Bnliel csl ce que nous
appelons encore actuellement le Buckel de Schiltigheim; au lieu de Ski-
tin g ie n'hésite pas à lire SkiUing. Les noms delà plupart de nos villages
révèlent ceux des premiers occupants germaniques du sol : Eckbolt, Geis-
bolt, Luitbolt, Lingolf, Markulf, etc.; Förstemann signale au neuvième
siècle un Scilluiig^; ce fut évidemment un Schillung ou Schilling qui le
premier s'établit sur le coteau près de Betebur, en réunissant autour de
son heim ses fermes et les cases de ses serfs. Au neuvième siècle c'était
devenu un village, villa, qui dès 845 figurait parmi les possessions de
Saint-Étienne. La preuve que le fondateur a dû s'appeler comme je le
suppose, c'est que pendant tout le moyen âge le nom du village n'est
1. Grandidier, Histoire de l' Église de Strasbourg, t. 1, preuves, p. xvii.
2. Dans la légende do Sainte-Aurélie il csi \);n\r iVuwv /'ossa apial ecclcsiam rii/aDt ,
d'où l'on retirait du limus.
3. Namenbuch , ]>. 1079.
— 239 —
jamnis écrit Scliilliglieim, mais toujours de mniiièrc à Inisscr deviner un
Scliilting'.
Plus tard Betcl)ur et Schiltigheini s'éteiidircul l'un vei's l'autre et ne
formèrent plus qu'une seule comnnuue. L'évêquc Wernlier, (juand en 100/|.
il confirma de nouveau les propriétés de Sainl-Klicnne, parle de la vUlu
mincvpala Bolchury et in nova Iransjwsitionc Schiltencltcim^. En écrivant
Boteburg, le rédacteur de la charte fournit la preuve que le sens priniilif
du mot, déjà corrompu dans le document de 8i5, était perdu; désormais
le mot lui-même fut oublié. La prépondérance (jue prit Scliilliglieim s'ex-
plique sans aucun doute par l'établissement, sur la hauteur, d'un château
qui donna son nom à une famille noble d'origine strasbourgeoise. L'Église
rouge resta celle des deux villages réunis, qui formèrent ensemble la
paroisse de Sainte-Hélène; c'est à cette sainte que l'église était consacrée.
Les limites du han de la paroisse, c'est-à-dire de la circonscription dans
laquelle on avait à percevoir les dîmes, étaient les banlieues de Nieder-
hausbergen, de Königshofen , de Bischheim; du côté de la ville c'était le
Bruch^. La partie, formée jadis par l'ancien Betebur, prit le nom même de
l'Eglise rouge : village, banlieue de Bothenhirchen; ce nom à son tour
finit par disparaître, quand lors de la guerre des Armagnacs, en 1439, les
maisons les plus rapprochées de la ville furent démolies, pour être recon-
struites plus près de Schilligheim, d'où un chemin particulier conduisait à
l'église, qui seule, avec les terrains environnants, garda encore son ancienne
dénomination*. A Schiltigheim même il n'y avait qu'une chapelle.
J'ai dit plus haut que l'évêque Guillaume céda à l'abbaye d'Eschau
l'Église rouge avec sa paroisse; cet acte fut confirmé, le 13 juin 1180, par
le pape Alexandre IIP. Eschau devint ainsi le patron de la paroisse, dont
Saint-Étienne était le seigneur. Cette situation amena de fréquents conflits
1. Sclnldincheim 882, Schildcnclicn, neuvième siècle, SldKoicJiei m \0(i'i, Sciltcnkeim ,
onzième siècle, Schiltiiujhcim Vlll, 1302, etc. Nous avons encore d'autres villages dont les
noms rappellent des noms d'hommes se terminant en ing : BruiUngouilare 719, Brunin-
geshcim 132i etc. (Brcunsheim); Dubincheim 95!, DubiiKjheim 1281, etc. (Düppiglieim).
2. Alsat. diplotn., t. I, p. 1 i7. Le sens de iransposilio n'est pas bien clair; on apprend
toutefois par le passage que dès lors Betebur était appelé Schilligheim.
3. Bannus Schiltingheim et parochialis ecclesiœ S. Ilelenœ; bannus villœ Schilling-
heim vel bannus ecclesiœ S. Helenœ, li82.
4. Zit Rotenkirchen, 1318 et suiv.; villa Rolenkirchen , 1339, 1398; bannus Rolen-
kirchen, 1382, 1385. — Schiltingheimer Kirchueg nach S. Helenen, 1450.
5. Original, Archives de la Basse-Alsace. WUrdtwein, Nova siibsidia iliplom.. 1. X,
p. 90.
— 240 —
entre les deux monaslères; c'est ainsi qu'en 12C9 Saint-Élienne réclama
la moitié des dîmes des biens qui dans la banlieue appartenaient à divers
couvents de Strasbourg; le recteur de l'Kglise rouge, soutenu par sa
patronne, l'abbesse d'Eschau, s'y refusa; de là un procès, dans lequel le
recteur cl l'abbesse furent menacés d'excommunicalion'. Il y avait en outre
(juelques relations, mal définies, entre Sainte-Hélène et le cbapitre de
Saint-Piorre-le-Jeune; la seule chose positive que l'on sache, c'est que le
25 avril, jour de Saint- Marc, les chanoines faisaient à Rolhenkirchen la
procession des rogations dite la grande litanicl
Les revenus de l'église étaient peu considérables, quelques redevances en
blé et en cire, quelques rentes en argent, les aumônes déposées sur l'autel
ou dans les troncs, de temps à autre un petit legs fait par un paroissien, un
vieil habit, une chemise, un meuble, une épéc, etc.; le curé avait une
partie des dîmes et des oblations. On rencontre parmi les recteurs des fils
de familles patriciennes: en 1269 maître Henri Marsilius, en 1309 Erbo de
Kageneck; pour ces prêtres la cure n'était qu'une prébende qu'ils cumu-
laient avec d'autres; Erbo de Kageneck, fils du chevalier Nicolas, était en
même temps chanoine et cellérier de Saint-Pierre-le-Jeune. Les fonctions
étaient remplies par des vicaires.
En 1290 Günther de Landsberg, vidame de l'évoque, et sa femme, Adel-
heid de Dhan, firent rebâtir l'église^ qui depuis longtemps ne suffisait
plus à la population. A en juger d'après un sceau de 1392*, le nouveau
bâtiment n'avait (lu'une tour avec un toit se terminant en pointe; au-des-
sous du toit était un étage avec des ouvertures à plcin-cintre. L'intérieur
devait être une nef avec deux bas-côtés. Il est parlé aussi d'une Vorhirche,
tribune élevée à l'extrémité delà nef et tournée vers le chœur. Une rosace,
Bundfemler, surmontait le portail. Oulre l'autel placé dans le chœur il y
en avait un dans la nef; le premier était consacré à la Vierge, le second à
sainte Hélène; de plus, l'église possédait un baplistèi'C, une niche dans le
mur pour y enfermer l'ostensoir^, un saint-sépulcre et quelques statues;
sur les parois on voyait des fresques. Les administrateurs de l'église, Pjlc-
t. Archives de la Basse-Alsace.
2. «25 Aprilis fit processio in Rotenhirchen.n Liber vitœ de Saiiil-l'icrre-Ie-Jeune.
Grandidier, Œuvres inédiles, t. VI, p. 290.
.3. Œuvres inédites, t. II, p. 345. l'ar eneiir, Grandidier duiiiic à la femme de Gilutlier
le nom d'Adellieid de Dallieim.
4. Archives d<; l'iiùpilal. Dfvanl l'ôglise est, sur le .sceau, une iiiclie avec une image
de sainte IK'lùne, tenant une croix.
5. »Ucr stein in der muren do das h. Sacranient in slot.»
— 241 —
ger, nommés par la commune, veillaient avec soin à l'cnlrclien de l'édi-
fice ; on apprend par leurs comptes, qui sont conservés depuis l/i-ol jusqu'en
149C', que chaque auni'e ils dépensaient des sommes assez fortes pour la
réparation de la toiture, des fenêtres, du parvis, et pour la restauration
des peintures; en 1493 ils Hrent déplacer le baptistère, qui menaçait de
s'enfoncer dans le sol, au-dessous duipiel il y avait un ancien tombeau'.
A la fin du (juinzième siècle le trésor de l'église se composait de deux
calices dorés, d'un bassin et d'une cruche en métal jaune pour le bap-
tême, de quelques autres vases en cuivre et en étain, de deux chandeliers,
de vingt-quatre nappes d'autel, de six draps noirs avec des croix, servant
à couvrir l'autel pendant le carême, de deux linges pour le saint sépulcre,
d'une chasuble en damas noir ornée d'une croix d'or, de divers aufi-es
vêtements sacerdotaux, d'une robe en soie rouge pour la Vierge et d'une
autre pour sainte IIélène^ 11 y avait en outre une douzaine de livres litur-
giques, un Manuel de la confession et un Glossaire latin-allemand*; en
1490 un certain maître Melchior fit don d'une agende imprimée l Tous ces
objets étaient confiés à la garde du sacristain, qui devait veiller à ce que
rien ne fût rongé par les souris ni détérioré par l'humidité^
En 1463 l'abbesse de Saint-Étienne, Agnès de Rathsamhausen, donna
Schilligheim en fief à Georges d'Ochsenstein, qui mourut en 1489. Bientôt
après le village appartient aux Völtsch; en 1501 un des membres de cette
famille, le chevalier Pierre, le vendit avec le château à la ville de Stras-
bourg, qui, en 1500, acheta aussi le droit de nommer le Schullheiss'. Dès
lors ce fut le magistrat qui eut à s'occuper de l'Église rouge; en 1527 il
fit agrandir le cimetière, pour le faire servir aussi à la population stras-
bourgeoise; c'est celui qui porte encore aujourd'hui le nom de cimetière
de Sainte-Hélène. Quand la commune de Schiltigheim se fut déclarée pour
1. Archives deriiôpit;il.
2. « X// sch. den ton/)' zu rucken und die staffeln abzunemen, wen sie woren nif ver-
sorgt und sunckent mit dein louffijn das fundament, tvas holl {inwendig con einem grab,
was yngesehen, und woren zu breit, vcrßugent zu vil. »
3. « ....Ein swartz dumast siden casel mit cim guldin crütz, XII karsutzel (?), Xalben
gut und bösz, XXIV altartücher, hantqwelen, VI fasle ntiicJier mit criilzen.» La robe de
sainte Hélène fut renouvelée en 1478; elle était conservée dans une boite, d'où on ne la
retirait que lors des fêtes : die schindellad do S. Helenen cleider in liegen.
4. Dans l'inventaire c'est indiqué comme glosenarium.
5. Nova agenda in pressura.
G. L'inventaire est conservé aux Archives de l'hôpital.
7. Alsal. illusl , t. H, \). 270.
(T. x.-M.) IG
— 24-2 —
la Reformation, on démolit, au commencement de 1531, l'Église rouge et
son presl)Ytère', cl on transféra le culte dans l'ancienne chapelle du village,
qui devint dès lors Téglise paroissiale.
Près de Sainte-Hélène il avait existé au moyen âge une cluse, habitée
par quelques béguines, sous la direction d'une mayislra; on la trouve
mentionnée en 1271 et encore en 1401"^; Grandidier a eu tort de la con-
fondre avec la Léproserie l La supposition, assez naturelle, que ces recluses
aui'aient servi aux lépreux d'hifirmières, n'est confirmée par aucun docu-
ment.
II. LA LÉPROSERIE.
1° Histoire jusqu'au commencemettl du seizième siècle.
C'est près de l'Eglise rouge que se trouvait la grande Léproserie de
Strasbourg; je suis en mesure de donner sur l'histoire et le régime de
cette maison quelques détails qui, vu le peu de renseignements qu'en
général on possède sur les hospices de ce genre, seront peut-être accueillis
avec intérêt.
Je n'ai pas à ra'occupcr de la maladie qui, sous le nom de lèpre, Aus-
satz, a été au moyen âge un objet de terreur pour les peuples. Il suffit de
constater l'existence du fléau et l'opinion généralement admise qu'il se
communiquait par le contact et qu'il semblait incurable. D'où est-il venu
dans nos contrées et quand s'y est-il montré d'abord? Il est difficile de le
dire. Suivant quelques auteurs, la lèpre fut rapportée d'Orient par les
croisés; mais on a la preuve qu'elle était acclimatée en Occident bien
avant les expéditions d'outre-mer. Une fois établie quelque part, elle devait
se répandre avec une rapidité effrayante; les conditions de la vie, l'étroi-
tesse des logements, le manque d'air et de lumière, l'étrange insouciance
de nos ancêtres pour ce qui regarde la propreté, contribuaient nécessaire-
ment à propager l'infection.
Il est plus que probable qu'il y a eu des b'prcux en Alsace i\h?~ les pre-
miers temps du moyen âge. Ottfiied de Wissembourg, dans son Harmonie
1. n 1531 mense januario hat man angefungcji die pfarrhirch und ilas pfarrlius abze-
brechcn». Actes maiiuscrites du premier paslcur pvoleslaut tic Scliillij^lieini (Arcliivcs de
lliöpitai).
1. Closnerin zu Rolenkirchca 1271; vuKjistra inclusorii S. llclenœ 13G5, 1398; (/«e
Close zu S. Helenen 1401.
3. Œuvres incdite.s , I. VI, p. 2'JÜ.
— 243 —
des Évangiles, tradiill kprosus par liorivjiJn'Hader^ ; comme il n écrit son
poëme pour que les Francs, en l'enlendanl réciter, pussent apprendre
l'histoire de Jésus-Christ et renoncer à leurs chansons païennes, il a dû
s'exprimer de manière à être compris d'eux, il n'a donc pu employer
((ue des termes répondant à des notions ou à des choses qui leur étaient
connues; le mot horuf/ibruader leur rappelait des gfns qu'ils voyaient au
milieu d'eux. On le retrouve dans une autre traduction de Vlhrmonic des
Évangiles, faite également au neuvième siècle, et où le passage saint
Marc xiv, 3, in domo Simonis leprosi, est rendu par in liuse Simones Ihes
horngibnioder^. J'ai vainement cherché dans les lexiques, anciens et récents,
une explication satisfaisante de l'étymologie du terme"; mais il me suffil
de savoir qu'il a fait partie de la langue populaire, pour désigner des per-
sonnes souffrant d'une maladie analogue à la lèpre, mentionnée dans le
Nouveau Testament. On sait d'ailleurs par une lettre du pape Zacharie à
saint Boniface, et par un capilulaire de Pépin le Bref, qu'au huitième siècle
la lèpre régnait en Germanie et dans l'empire franc. En 751 Zacharie ,
qui la qualifiait de maladie royale, comme l'avait déjà fait saint Jérôme,
ordonna d'éloigner des villes ceux qui en étaient frappés dès leur nais-
sance; quant à ceux qui la prenaient par accident, on ne devait pas les
expulser, mais tâcher de les guérir''. En 757 Pépin permit la dissolution
du mariage, quand un des époux devenait lépreuxl II y a là, ainsi que
dans les actes de quelques conciles tenus antérieurement en Gaule®, les
premiers germes de la législation qui fut observée à l'égard de ces malheu-
reux pendant plusieurs siècles, et qui elle-même se justifiait par les pres-
criptions de l'Ancien Testament; chez les Juifs, le lépreux était considéré
comme impur; il lui était défendu de vivre dans des lieux habités. Mais
avant le onzième siècle on ne connaît aucun indice certain de l'existence
de maisons destinées à servir d'asiles aux malades; les léproseries ou
ladreries ne deviennent nombreuses qu'à partir du douzième siècle. Gran-
didier place la fondation de celle de Strasbourg vers le milieu de ce siècle;
c'est possible, mais on n'en a pas de preuve'.
1. 11, 24, vers 9; éd. de Graf, p. 170.
2. Éd. de Sic vers, 1872, p. 137.
3. Le glossaire de la nouvelle édition d'Ottfriod. par Kelle, n'a pas encore paru (jan-
vier 187G).
4. Mansi, Collectio conciliorum, t. Xll, p. 34G.
5. Baluzius, Capitularia, éd. de Ghiniac, t. I, p. 184.
G. Marlene, De antiquis ecclesiœ rilibics , t. 111, p. 531.
7. OEuvrcs incdites, t. II, p. 339. Ou trouve des détails sur quelques léproscrios do
— 2/a4. -
Je (rouve les lépreux de Strasbourg- mcnlionnés pour la première fois
dans un mandement de l'évêquc BerLliold, du mois de mai 12oV. Gomme
les pmiperes leprosi Argentinenses n'ont pas de fortune, l'évêque invite les
fidèles du diocèse à leur venir en aide; il fait remise de dix jours de péni-
tence à ceux qui apporteront personnellement leurs aumônes à l'endroit
où sont les malades, ou qui enverront des dons par des messagers. Dans
ce document il n'est pas dit qu'on venait seulement de fonder une lépro-
serie; l'évêque parle du locus prœdictorum pauperum, sans en indiquer la
situation; il suppose que celle-ci est connue; on peut donc admettre que
la maison existait depuis quelque temps. Elle devait sans doute son ori-
gine à l'initiative de l'évêque et à la libéralité des habitants et se trouvait
placée, de même que l'hôpital, sous la juridiction et l'administration épis-
copale. Comme un canon du concile de Lalran de 1179 accordait aux
léproseries des oratoires, des cimetières et des chapelains, la nôtre eut
de bonne heure une chapelle, un cimetière et un prêtre pour les des-
servir; la chapelle était dédiée à sainte Sophie".
Par le traité fait en 1263 entre la ville et l'évêque Henri, après la guerre
avec Wallher de Geroldseck, l'hôpital entre autres fut soumis au magistrat
et il fut déclaré que désormais celui-ci en nommerait les P/lcger ou admi-
nistrateurs l La Léproserie est passée sous silence; mais il est hors de
doute qu'elle suivit le sort de l'hôpital, car bientôt après paraissent pour
elle des P/lcgcr laïques, institués par le Conseil de la ville'*. Un des prc-
l'Allemagne du Sud et delà Suisse, cliez Mono: Ueber Armen- und Krankenpflege in
früherer Zeit. Carlsrulie 1861, p. 21 et suiv. Une notice fort intéressante est celle de
Liilolf sur les lôproscries de Lucerne, dans le Gesdiichlsfreund. Einsiedeln, t. XVI (année
1800). p. 187 et suiv. Suivant cet écrivain, on prétend que sainte Odile avait fondé une
maison de lépreux; j'ij^iiore où il a pris ce renseignement; on attribue à sainte Odile l'é-
taljlissemeiil irnii liosj)ice à Niedermiinstcr, mais il n'est dit nulle part qu'elle i'cùt des-
tiné à des lépreux. J'ajouterai que, par acte du 24 juin 1421, Pierre d'EpOg-, prévôt de
Saint-Pierre-le-Vicux, Agnès d'Andlau, religieuse de Saint-Éticnne, dame Engel Klein et
demoiselle Gertrudc de Miilnlicim, fondèrent près de NiedermQnster, avec le consente-
ment de Suzanne de Rutlisundiausen, abbesse de ce couvent, un hospice pour des pèle-
rins pauvres qui veulent monter à Sainte-Odile et se reposer en route. Dans ce document
il n'est pas fait menlion il'un liospice déjà existant {Archives de la Basse-Alsace).
1. Archives de Tliôpital.
2. Dans un acte de 1407 il est dit que iwr langen lÂlen l'hospice avait une lierliche
Kapell.
3. Schilter, Additions à Konigshofen, p. 730.
4. IJi 1301J les Pfleger sont le chevalier Jacques de Barre, mend)re du sénat, et Walther
de .Meisterslieim; le premier était aussi un dos adiiiinislraleiirs de rhô|)ilal.
— 245 —
miers objets de leur sollicilude fui de régler les rapports entre le chape-
lain de la Léproserie et le recteur de l'Eglise rouge, il y avait entre les
deux prêtres de fréquentes contestations au sujet de leurs salaires respec-
tifs. Le curé revendiquait les dîmes de tout ce qui était plant(; dans l'enclos
de la Léproserie, et de plus les ohlations déposées dans la cliapellc; il païaît
que primitivement celle-ci avait été considérée comme une dépendance de
l'Eglise rouge, et (pie par conséquent le curé avait eu le droit d'en perce-
voir les revenus. En 1309 les P/leger convinrent avec lui de rindcmniser
par une somme anmicllc de deux onces de deniers slrasboui-g-eois; en
retour il i-cconnut la liberté du chapelain d'entendre les confessions des
malades, de leur imposer des pénitences, de leur donner les saci'ements,
de les enterrer et de toucher les oblations et les dîmes'. Un autre coidlit
eut lieu environ quatre-vingts ans plus tard ; le recteur de Sainte-Hélène,
Walther de Rosbeim, après avoir lait réparer une croix, placée sur la
route entre son église et la maison des lépreux, y avait attaché un tronc
dont le produit devait lui couvrir les frais de réparation. Comme les pas-
sants, qui ignoraient la destination de ce tronc, y déposaient aussi des
pièces de monnaie pour la Léproserie, Jean zum Trubel, un des administra-
teurs de cette dernière , remboursa au curé ses dépenses pour qu'il
renonçât aux aumônes sa vie durant; il fut stipulé en même temps que si
un de ses successeurs élevait des prétentions au sujet du tronc, il auiait à
restituer aux lépreux la somme payée à Walther de Rosbeim'.
Jean zum TrübeP, que je viens de nommer, était plein de zèle pour la
Léproserie; il s'y dévouait comme nos ancêtres savaient se dévouer aux
missions que leur confiait le gouvernement de notre cité libre. Il fut frappé
surtout des inconvénients qui résultaient de la non-résidence du chape-
lain ; celui-ci demeurait en ville et ne remplissait qu'accidentellement ses
fonctions chez les lépreux; Jean zum Trubel vovdut qu'il pût s'établir auprès
de ceux qui chaque jour pouvaient avoir besoin de ses secours spirituels;
à cet effet il fallait attacher à la chapelle une prébende sacerdotale. Jean
et son collègue, Jean Pciger, reçurent de l'évêque l'autorisation de faire
une collecte dans les paroisses du diocèse; ils obtinrent ainsi des dons.
1. IG juin 1309; Faccord l'ut approuté par Tévêque Jean (Archives de riiôi)i(cil).
2. 23 août 1392; il s'agissait d'une somme de 1 livre 7 deniers (Archives de l'iiopital).
3. Fils de Cuatz s«f?;t rr««(eZ et de Catherine de Kageneck, qui, tous les deux, lirent
des legs à la Léproserie. Jean avait deux frères, Rcimbold et Cunlz ; ce dernier fut un
des Pfleger du couvent de Sainte-Marguerite et de l'hospice des pauvres passants; en
1440 il devint Stettmeister.
— 246 —
moyennant lesquels le magistrat, «à la gloire de Dieu et pour le bien des
malades», créa, par acte du 23 août 1 407 et avec l'approbation de l'évêque
Guillaume de Diest, la prébende nécessaire'. Dans ce document toutes les
précautions sont prises pour procurer à la Léproserie un prêtre fidèle. Le
magistrat, comme fondateur du bénéfice, en devint le collaleur; il se
réserva de présenter un candidat au custode du grand-chapitre, qui aurait
à le confirmer. Le chapelain devait être un homme de mœurs respectables,
d'une bonne réputation et n'ayant pas d'autre prébende; si au moment de
sa présentation il en possédait une, il s'engageait à la résigner dans les
huit jours après sa confirmation, sinon celle delà Léproserie serait de nou-
veau déclarée vacante; s'il en obtenait une autre pendant la durée de ses
foncfions, il perdait celle de la chapelle. On voulut prévenir ainsi l'abus
d'un cumul, qui aurait empêché le chapelain de remplir son ministère
journalier. Les autres conditions furent les suivantes : pour les répons et
le service de l'autel, le chapelain sera assisté d'un écolier ou enfant de
chœur; une ou deux fois par semaine il pourra se faire remplacer par un
autre prêtre «honnête»; les administrateurs auront le droit de l'autoriser
à s'absenter pour un temps plus ou moins long, à condition qu'il présente
un suppléant auquel il cédera son revenu pendant toute la durée de l'ab-
sence. S'il tombe malade ou si la ville est frappée de l'interdit, il ne per-
dra rien de sa prébende. A celle-ci le magistrat assigna comme dotation
une maison dans la rue du Fort, une rente de 15 deniers par semaine sur
un bain public, près du PfennigÜnirn , à côté de l'hôtel de l'abbaye de
Marmoulier, les revenus en blé, cire, pain, légumes, sel, argent, qui depuis
longtemps appartenaient à la chapelle; enfin il devait percevoir les obla-
tions déposées sur l'autel par les malades ou par d'auties personnes,
excepté celles qui étaient données lors de trois fêtes^ et qu'on réservait au
profit de l'établissement. Chaque chapelain devait jurer, en présence des
P/lcfjer et de l'archidiacre, de se conformer à ces articles. Jean zum Trubel
disposa en outre que le chapelain pourrait, en cas de besoin, appeler à son
aide deux prêtres « pauvres, honnêtes, instruits dans le chant et jouissant
d'une bonne réputation » ; ils seront à choisir de concert par lui et par les
administrateurs; si l'un d'entre eux obtient une prébende, il sera congé-
dié; si l'on ne trouve pas de prêtres, on se contentera de diacres; leurs
t. Original latin, avec les sceaux de l'èvèque et de la ville. Archives de l'Iiûpilal, tra-
duction allemande , fol. 78 et suiv. du Règlement dont il sera parlé plus loin.
2. Ces fêtes étaient celles de sainte Sophie ou de la dédicace de la chapelle, du Jeudi-
Saiut, et de la Vierge als sic in das Gebirge f/iuf/ (Saint-Luc I, 39 : fétc de la Visitation).
— 247 —
honoraires consisteront en des distrihiiliüJis d'ai-gent clinijuc l'ois (|ii'ils
fonctionneront.
Le premier chapelain choisi par I(! inai-isliat lut Nicolas Kern; aussitôt
après sa nomination il fit un voyage de collecte, pour rac(|uisition d'un
calice, de livres lituriçiques et d'ornements; ieanzuni Trilhd lui donna un
écrit pour le recommander aux fidèles et pour attester (jue les aumônes
n'étaient recueillies que dans l'intérêt de la prébende et (pie Kein ncjiuur-
rait en prélever que ses frais de route'.
(Juant à la Léproserie elle-même, il ressort d'un règlemcjit dont il sera
parlé plus bas et datant du quinzième siècle, qu'elle avait déjà, sinon des
statuts, du moins des coutumes pour le maintien de l'ordre et de la dis-
cipline ^
Une seconde maison pour des lépreux strasbourgeois, et dont la pre-
mière origine est aussi peu connue que celle de l'établissement près de
l'Église rouge, se trouvait, au moins depuis le quatorzième siècle, à un
endroit nommé le Schnelling, dans la banlieue de Königshofen, sur les
bords de la Bruche, non loin d'un moulin, d'un pont et de la tour appelée
Breuscheck\ Pauvre elle-même, cette maison ne recevait que les gens les
plus pauvres; elle était une annexe de celle de Sainte-Hélène, dont les
Pfleger étaient aussi les siens. Elle avait une chapelle, qui en 1415 n'était
pas encore consacrée, soit qu'elle fût de construction récente, soit que
personne n'eût encore songé à y célébrer le culte. Le iO avril de ladite
année, l'évoque Guillaume, «prenant en pitié des malheureux, séparés de
la communion des chrétiens et ne subsistant que d'aumônes», annonça
qu'il ferait consacrer la chapelle et son autel; comme l'édifice se trouvait
dans la circonscription de la paroisse de Sainte-Aurélie, laquelle dépendait du
chapitre de Saint-Thomas, l'évêque déclara que la consécration ne porterait
aucun préjudice aux droits du curé de Sainte-Aurélie et que, sans le consente-
ment du chapitre, personne ne pourrait doter la chapelle d'une prébende*.
Une prébende, toutefois, était indispensable pour l'entretien d'un prêtre;
aussi, deux mois après la décision de l'évoque, Eisa, veuve de Jean Nuyge,
bourgeois de Strasbourg, fit-elle don à la chapelle de 130 livres en argent
comptant; les administraleui's, en recevant cette somme, prirent l'engage-
1. 22 août 1409 (Archives de l'Jiôpital).
2. Dans le Règ-lemeiU il est dit plusieurs fois : als das von alters hnrliomnicn ist.
3. In campo an dem Sneliingc; u, ff' der Brüschen bei der Warten.
4. L'autel fut consacré à Jésus-Christ, à la Vierge, à sainte Marie-Madeleine, à saint
Jérôme, saint Nicolas et saint Tliiébaiilt {Histoire du chapitre de Saint-Thomas , p. 420).
— 248 ~
ment d'avoir soin que tous les mardis et jeudis un prêtre dît la messe, que
chaque aimée il célébrât l'anniversaire de la donatrice et de sa famille, et
qu'en cas de nécessité il donnât aux lépreux les sacrements; s'il arrivait
qu'on attachât à la chapelle une prébende sacerdotale perpétuelle, le prêtre
qui l'obtiendrait serait chargé de dire, outre les messes journalières, celles
instituées par Eisa; si, par négligence ou pour toute autre cause, le culte
était interrompu pendant six mois, les revenus des 130 livres seraient
assignés à l'hôpital; enfin, si la chapelle était supprimée, la fondation serait
transférée à la Léproserie de Sainte-Hélène, et le restant des biens du
Schnelling destiné à l'entretien et à la nourriture des malades \ Quelques
années plus lard, la maison et la chapelle du Schnelling furent en efiet
supprimées et unies à l'établissement près de l'Eglise rouge; là on érigea
un bâtiment spécial pour les pauvres, auquel on conserva le nom d'IIos-
[)ice du Schnelling.
2° Administration et régime intérieur.
1. Les bâtiments. Les administrateurs, le receveur, le chapelain.
Je décrirai notre Léproserie telle qu'elle était constituée au quinzième
siècle; à cette époque elle avait reçu, en partie d'après des traditions plus
anciennes, en partie d'après des idées plus modernes, son organisation
définitive. Pour les points les plus essentiels, de même que pour des détails
très-accessoires, je puis me servir d'un règlement très-remarquable, le
seul, à ma connaissance, qui embrasse tout ce qui concernait un pareil
établissement; il donne une image curieuse du régime et de la vie de
malheureux, qu'on croyait devoir séquestrer complètement d'avec le
monde'.
La lèpre était appelée chez nous tantôt Ussatz , tantôt Malatrie ou
Malatzei; on sait que ce dernier terme était d'origine française'. Les
malades eux-mêmes, le peuple les qualifiait de inalalz, malotz, maUdzig^ ;
le nom officiel était celui de bonnes gens, (jute tüte; ce nom indique que,
1. 7 juin lilô (Arcliives de l'iiopitalj.
2.11 existe aux archives de la ville deux exemplaires de ce Rèplenient, l'un sur par-
clierniii, l'autre sur papier, tous les deux écrits au cümineiiceiueiit du seizième siècle.
3. Dans l'ancien français ?/trt/ö(/rcz(x sii^'uifiait spéciak'uient léprutix; de là maladerie,
ladrerie.
4. Chez Geiler de Kaisersber^ on trouve aussi mat/z-, ma/izifj; le Üiclionnuire de Dasy-
podius (Strasbourg 1537J a encore maltzUj, leprosus.
— 2i9 —
malgré le rlëgoùl (juinspiraient les lépreux, ils élaient l'objet de la pitié
universelle; on les considérait comme frappés d'un jugement spécial de
Dieu*; c'étaient de bonnes gens ou, comme on disait à liàle, de pauvres
enfants, arme Kinder^, que la charité cbrétiemie ne devait pas abandonner.
Pour désigner une personne saine, on ne disait pas senlenKMit (pi'ello clail
pure, rein, mais qu'elle élail belle, schœn, par opj)osilion au lépreux dont
l'aspect était plus ou moins repoussant.
L'hospice était devenu un vaste enclos, entouré de murs, avec une
grande porte donnant sur la route de Schiitiglicim. On l'appelait der (jtden
lille hus ou simplement der hof zu Rot/icnliirclien. Il se composait de mai-
sons diverses : deux pour les malades (jui étaient bourgeois de la ville, l'une
de ces deux pour les hommes, l'autre pour les femmes; celle dite du
Schnelling, destinée aux pauvres qui n'avaient pas le droit de bourgeoisie;
enfin plusieurs plus petites, pour les personnes qui voulaient vivre seules.
Les maisons communes contenaient, outre des salles servant de réfectoires
et en hiver de lieux de réunion, des chambres assez nombreuses pour que
chaque malade pût avoir la sienne, puis les cuisines, des chambres de
bain, des écuries, des caves. Il y avait un jardin réservé aux femmes, un
autre pour les hommes, un troisième pour les habitants du Schnelling.
Dans le même enclos se trouvaient la chapelle et la maison du chapelain
avec un jardin. La chapelle avait reçu au quinzième siècle quelques em-
bellissements; un chevalier, Jean de Mülnheim, avait consacré trois livres et
demie pour la réparer. Catherine de Landsberg, chanoinesse de Saint-
Etienne, morte en 1387, avait donné 25 onces d'argent pour acheter un
nouvel ostensoir^ Plus tard, Nicolas Mosung, un des malades delà maison,
légua une horloge sonnant les heures*; la mère d'un autre pensionnaire
fit cadeau d'un calice; Nicolas Kochei-sberg donna, pour fonder son anni-
versaire, une chasuble en damas blanc, quelques autres vêtements sacer-
dotaux et une bannière. L'autel principal était dans le chœur; après la
translation à Sainte-Hélène de l'établissement du Schnelling, l'autel de ce
dernier fut érigé dans la nef.
Les malades formaient une sorte de communauté, Gemeine. A partir du
1. «.... Nos attendcntes miseriam dictoram paiiperum et qtwl Dci jttdicio sinf lacti...«
L'évêque Guillaume de Strasbourg-, 1415 (Hist. du chapitre de Saint-Thomas, p. 420).
2. Fechter, Topographie Basels, dans Basel im XIV. Jahrhundert. 185G, p. 72. — Çà et
là on les appelait Sondersiechen, malades séparés du monde, abgesondert.
3. Ein Monstrantz oder Krystall {Liber Vitœ).
4. Ei7i zitglock zu eim Urle {Ibid., Urlei , de horologium).
— 250 —
moment de leur admission ils étaient appelés fi'ères et sœurs, Brüdern
und Scinocstern des Ilofs. Tous étaient placés sous la même surveillance
et la même administration; mais ce qui était légué ou domié à la maison
l)rincipale ne pouvait pas être employé aux besoins de celle du Schnclling-
et réciproquement. La direction supérieure appartenaitaux Pßeger, désignés
par le magistrat. Pendant longtemps il n'y en avait eu chaque fois que
deux, en 1466 on décida de leur adjoindre un troisième*; dès lors ce
lurent toujours un noble et deux bourgeois; ils étaient nommés à vie.
Avant de commencer leurs fondions, ils juraient de les remplir fidèle-
ment, de veiller à la prospérité de l'institution confiée à leurs soins, de
faire exécuter les statuts par les employés et par les malades. Ils jugeaient
les infractions et étaient munis à cet eflet d'un pouvoir disciplinaire consi-
dérable. Quand on leur signalait des personnes soupçonnées d'être atteintes
de la lèpre, ils devaient en avertir les inspecteurs commis par le magistrat
pour examiner ces gens. Ils avaient sous leur autorité le chapelain et le
receveur qui, sans leur consentement, ne pouvaient introduire aucune
innovation; en particulier ils étaient tenus d'empêcher que le chapelain
engageât les malades à former des confréries, dont chaque membre lui
payerait une cotisation. Ils se rendaient à l'hospice à des époques fixes et
chaque fois que, pour une cause quelconque, le chapelain ou le receveur
jugeaient leur présence nécessaire. Ils assistaient à la reddition des comptes
et en faisaient rapport au conseil de la ville; chez l'un d'entre eux était
déposée l'armoire contenant les litres de propriété; elle s'ouvrait au moyen
de trois clefs, dont une était gardée par chacun des administrateurs. Pour
leurs peines ils recevaient chacun à Noël 30 schillings, 5 lors de la reddi-
tion des comptes, et à la Saint-Martin un demi-quart de vin et deux
chapons.
Le receveur, Schaßner, également nommé par le magistrat, prêtait le
serment de gérer loyalement la fortune de l'hospice; il fouiiiissait une
caution de 50 livres. A la Saint- Jean d'été il rendait ses comptes aux
Pßeger, auxquels il devait obéissance. Il n'avait pas à s'occuper de la ges-
tion des propriétés personnelles des malades, à moins qu'il ne le fît par
bonne volonté. Il résidait dans rétablissement, emmagasinait les redevances
en nature dans les granges; les revenus en argent, il les remettait au cha-
pelain, avec lequel il faisait les distrihnlions aux pensionnaires. La maison
possédait des biens dans une quinzaine de banlieues. Pour augmenter le
revenu, Erhaid Kocheisberg, receveur dans les dernières années du
1. Règlciinnt, ('■ .S8.
— 251 —
quinzième siècle, obliiit, par rentremisc de l'évèqne Albei'l, une bulle
d'Alexandre VI accordant cent jours d'indulgence à ceux qui, lors de cinq
fêtes, assisteraient aux vêpres dans la cbapellc des lépreux et feraient à
ceux-ci des aumônes*.
Le cliayelaln devait faire sonner la cloclic tous les jours pour appeler
les pensionnaires à la messe et aux autres ofTiccs; le dimanclie il était tenu
de leur prôcber et de leur lire en allemand l'évangile du jour, l'oraison
dominicale, le symbole apostolique et la confession des péchés. Il avait la
cure d'âmes des malades et leur donnait les sacrements. Il s'engageait à
chanter régulièrement les messes instituées en souvenir des bienfaiteur.s
de la maison, à n'employer que pour le culte la cire donnée aux collec-
teurs d'aumônes, à remettre aux Pßegcr, en temps de trouble ou de guerre,
les calices, les ornements, les livres liturgiques. On attendait de lui (ju'il
donnât l'exemple d'une vie irréprochable et qu'il n'eût que des domes-
tiques honnêtes. Lors de la Chandeleur il devait donner à chacun des deux
prêtres qui l'assistaient un cierge pesant une demi-hvre, au sacristain, à
l'enfant de chœur, aux domestiques et aux malades venant à la chapelle, à
chacun un cierge, dont huit faisaient une livre. Il avait la jouissance d'une
maison et d'un jardin, recevait chaque année six cordes de bois et cent
fagots, touchait les oblations et prenait de chaque nouvel arrivant deux
schillings et demi; avec celte dernière somme étaient payés d'avance les
offices des morts; il lui était interdit de rien accepter des mourants. 11
participait, en outre, d'après un règlement spécial fait par Jean zum Tru-
bel, à des distributions en nature lors de certaines fêtes et lors des anni-
versaires des personnes qui avaient fait à l'hospice des legs; c'est ainsi, par
exemple, que quand le mercredi des cendres il bénit les cendres et fait le
tour de la chapelle en chantant les litanies, il reçoit un boisseau de fro-
ment; à Pâques, deux boisseaux de seigle et un quarteron de cire; à la
Toussaint, un boisseau de pois, un de lentilles et un de fèves; le jour des
Trépassés, cinquante têtes de choux; la veille de Noël, un boisseau de
noix, et le jour même de la fête, quatre boisseaux de noix et un quarteron
de cire. Les autres distributions consistaient en diverses quantités de
blé.
l. La huile est du 25 niai 1500; elle fut publiée par révèqtie ie 3 avril 1501, avec iuvi-
tation au clergé du diocèse de l'annoncer. Les cinq fêtes étaient celles de la Visitation et
de rAssomption de la Vierge, le Jeudi-Saint, le jour de sainte Sophie ou de la dédicace
de la chapelle, le jour de l'Invention de la croix. Cette dernière parait avoir été ajoutée
à cause du voisinage de l'église de Sainte-Hélène.
252
Une contestation s'étant élevée en 1503 entre le chapelain' et le receveur
au sujet des distributions, on convint de faire deux Selhüchcr ou libri
vitœ, dans lesquels fut inscrit, d'après l'ordre du calendrier, ce qu'aux
divers anniversaires et fêtes le chapelain devait recevoir. L'un de ces
volumes dut restei' dans la chapelle, attaché à une chaîne', l'autre fut
déposé chez l'un des administrateurs \ Il fut dit aussi que le chapelain no
pourrait plus accepter aucun testament sans l'avis des P/Je[/cr; il était
arrivé que des pensionnaires avaient fait des dispositions onéreuses pour
la maison; on ne voulut pas que cela pût se renouveler*.
Ajoutons encore que le chapelain des lépreux était aussi l'aumônier des
prisons. Le chevalier Guillaume Mœcklin , un des administrateurs de la
Léproserie, et sa femme Ursule AVurmser léguèrent à l'hospice une cer-
taine somme, dont une partie devait servir à payer le chapelain quand,
selon la coulume, il donne, le mardi de Pà(|ues, le sacrement aux prison-
niers dans les trois tours.
2. Les malades.
1. Constatation de la maladie. Les gens atteints de la lèpre n'étaient pas
toujours disposés à se laisser enfermer. Le magistrat avait pris à cet égard
(juelques mesures pour les empêcher de rester en ville. Un agent spécial
était chargé d'éloigner les lépreux étrangers; le même avertissait les admi-
nistrateurs de rhosj)ice, quand il apprenait qu'un habitant de Strasbourg
même était soupçonné d'être attaqué du mal. Parfois aussi c'était la lamille
d'un malade qui réclamait son éloignement. Pour constater la lèpre, quatre
hommes notables, deux médecins et deux chirurgiens, désignés et asser-
mentés par le magistrat, avaient, en qualité de visiteurs, IJeselier'%\a mis-
sion d'examiner les personnes suspectes; ils devaient se faire montrer
l'urine, pratiquer des saignées et «l'aire en général toutes les autres choses
nécessaires» pou)' jtiuduire une conviction; il leur était enjoint de n'avoir
égard ni à l'âge, ni au sexe, ni à la position sociale. Ouiconque refusait de
se laisser visiter, était dénoncé par eux à l'ammeisler. Quand ils avaient
1. Eu 1500, le chapelain avait étô Eucharlus Henner, en latiu Gallinarius, uu des dis-
ciples de Wimplieling; deux annùes après il est à Spire, se qualifiaut de nuper plebanus
ecclesiœ Argailinensis.
2. In der Kirchen bij den (julen lillcn an einer Keilen eersiiii/dei.
3. Les archives de la ville possèdent deux excjnj)!aires de ce Liber vilœ, l'un sur par-
chemin, l'autre sur papier.
4. «... Umb das das lias der guten lüte domii nit wider billich bfstceri werde.»
h. 11 y avait de ces Beseher à Dàlc et à Lucerne.
— 253 —
constaté que l'individu examiné avait bien la lepro, ils en [)révenaicnl les
administrateurs. Leurs lionoiaires pour cliri(|nc visite étaient (ixés au
minimum d'une livre, à partager entre eux, si la fortune du malade dépas-
sait cent livres; était-elle moindre, le magistrat leur donnait 5 scliillings
et le malade était dis{)ensé. Si, au contraire, ils tiouvaient que la personne
suspecte était saine, elle ne leur devait ni honoraires ni gratification; ils
recevaient 5 sc[iillings du magistrat. Dans le cas que les symptômes leur
semblaient insuffisants, ils procédaient à une seconde visite. Tous ceux
qui à Strasbourg pratiquaient la médecine, hommes et femmes, ainsi que
les chirurgiens, les barbiers, les baigneurs, leurs aides et valets', étaient
tenus de jurer d'en informer aussitôt les visiteurs si une personne quel-
conque leur paraissait suspecte; il leur était défendu de la soigner eux-
mêmes. Ils ne pouvaient recevoir dans leur corporation aucun membre
nouveau, avant qu'il eût prêté ce serment devant les Pflcf/er de la Lépro-
serie; leurs domestiques avaient à prêter le même serment dans les huit
jours après leur entrée en service.
2. Conditions d'admission. Il importe de rappeler d'abord que l'hospice
se composait de deux établissements unis, mais distincts, l'un pour des
personnes aisées, l'autre pour des pauvres, die riehen und die armen. Il
semble étrange que, la séquestration des lépreux étant obligatoire, l'ad-
mission n'ait pas été absolument gratuite; mais comme les dons recueillis
pour l'entretien étaient restés insuffisants, la ville ne pouvait pas se char-
ger de nourrir des gens qui, s'ils refusaient d'entrer à la Léproserie où
ils trouvaient une sorte de bien-être relatif, auraient été obligés de quitter
la banlieue au risque de se voir renvoyés de partout où ils se seraient
présentés. On exigeait donc des malades qui demandaient à être reçus, des
sommes proportionnées à l'état de leur fortune. Le règlement contient à
ce sujet des dispositions très-minutieuses. Pour entrer comme pension-
naire ou prébendier, Pfrûndner^, dans la maison riche, il fallait en pre-
mier lieu prouver qu'au moins depuis dix ans on avait joui à Strasbourg
du droit de bourgeoisie. Quand il se présentait des cas qui faisaient excep-
tion à cette règle, les administrateurs étaient autorisés à en décider selon
les circonstances, comme par exemple quand quelqu'un avait acheté récem-
ment le droit de bourgeoisie, pour profiter des avantages qu'il procurait,
et dont l'un était l'admission éventuelle à l'hospice des lépreux. Mais dans
1. «Aile artzote, artzotinne, wundeartzot , scherer tindbader». Lqs artzotinnen étaient
les sages-femmes. Une Agnès medica est mentionute à Strasbourg au quatorzième siècle.
2. Gepfründete brüder und swcstcrn.
- 254 -
nucun cas on ne devait recevoir dans la maison riche des Sclmltheissen-
burffcr^; c'étaient ceux qui, possédant moins de 10 livres de fortune,
n'avaient pas le gross Burgerrecht ; ils pouvaient entrer comme membres
dans une corporation de métier, mais étaient incapables de devenir, soit
maîtres de leur tribu, soit échevins.
Le récipiendaire devait déclarer par serment devant les administrateurs
l'étal de sa fortune; donnait-il lors de son entrée 40 livres, il était dispensé
de faire celte déclaration. Celui, au contraire, qui se soumellait à cette
formalité, donnait, s'il })ossédait plus de 200 livres, le cinquième pfennig
s'il n'avait pas d'enfants, le dixième s'il en avait. La proportion était dimi-
nuée selon qu'on avait de 100 à 200 livres, de 50 à 100, de 20 à 50, de
15 à 20. Les malades de cette dernière catégorie, s'ils avaient une famille
à entretenir, ne payaient que ce qu'on appelait le service, Dienst; c'était
une somme de 5 livres 5 schillings, qui était exigée de tous les pension-
naires sans distinction; 2 livres et demie en revenaient à l'hospice, 2 livres
et demie étaient réparties entre les malades présents; les 5 schillings se
partageaient entre les domestiques et le chapelain; c'est à cause de cette
contribution que le chapelain était tenu de ne rien prendre des mourants.
Les parents ayant plus de 200 livrée" de fortune et envoyant à l'hospice
un enfant, le faisaient entretenir à leurs frais; si l'enfant était unique et
s'il survivail à ses parents, la maison recevait après la mort du père
25 livres et 15 après la mort de la mère; dans le cas qu'il n'était pas
unique, la part n'était que de 12 livres après le décès du père, et de 5
après celui de la mère. Suivant la fortune des parents, on suivait la même
proportion descendante que ci-dessus, de 100 à 200 livres, etc.
On devait apporter en outre un mobilier, du linge de lit et de table et
quebjuc vaisselle : un ht valant une livre, un lit de sangle, un paillasson, un
oreiller, deux coussins, quatre draps de lit, une couverture, un plumon,
une table, deux nappes, deux essuie-mains, une armoire, deux cruches de
grandeur différente, une canette et une salière.
Un moine d'un couvent de Strasbourg pouvait être admis, si le couvent
\. Comp. ]c Gk}ssariu?n de Schcrl'A, p. 1448. L'orij^iiic du (('iiiic Sdndllicisscnbitrger
est incortaiiic. On sait fjn'a Strasliourg le Sclnillhciss a 6(6 priniitivcniciit un dos
fonctiounaircs judiciaires iiistiliiés par l'ùvôque; quand la ville se fui aflVancliie de la
souveraineté épiscopale, le prélat continua de nommer un SchuHliciss et mémo uu
Unler-Schullheiss , mais d'année en année leur juridiction se trouva plus restreinte. Les
Sdiultlicissenburcjcr paraissent avoir été ceux qui, Iro]) pauvres |)our exercer le droit de
ijourgeoisie complet, étaient ou avaient été sous uiuj certaine dépendance du ScliaUliciss.
— 255 —
payait pour lui 10 livres pour le service et si, pour le reste, il reiilrcteiiait
sans frais pour la maison. Enfin un prêtre, reçu comme l('pi-cux, avait la
faculté de lire la messe dans la chapelle, mais à l'autel de la nef, non à
celui du chœur, et en s'hahillant ailleurs que dans la sacri.slie.
On pouvait aussi acheter le droit d'être pensionnaire en payant une fois
pour toutes une somme de GO livres ou plus, selon le rang- de la personne
qui faisait la demande; les administrateurs en décidaient. Ces pension-
naires hbres avaient à payer en outre, lors de leur entrée, les 5 livres
5 schillings pour le service et à fournir le même mobilier que les autres.
Ils recevaient 2 schiUings G deniers par semaine et prenaient part aux
distributions lors des fêles. S'ils devenaient assez malades pour avoir
besoin de domestiques particuliers, l'entretien de ces derniers était à leur
charge.
Dans des cas exceptionnels les administrateurs étaient autorisés à per-
mettre à un étranger de prendre son logement dans l'hospice; il payait à
cet effet 20 livres, mais on ne lui devait que la chambre.
Ceux enfin qui ne voulaient pas vivre avec les pensionnaires, pouvaient
acheter pour la somme de 15 livres une des petites maisons situées dans
l'enclos; ils donnaient 15 autres livres pour le droit de demeurer dans
l'hospice. Ils vivaient à leurs frais, s'engageaient à entretenir leur maison
en bon état, à n'y recevoir personne du dehors, à ne la vendre ni à la
louer, et à se soumettre à toutes les prescriptions concernant le régime
intérieur. Quand ils mouraient, la maison, avec tout ce qu'elle renfermait,
revenait à l'étabhssement.
Les pauvres, c'est-à-dire les SchuUheissenburger, ceux dont la fortune
ne dépassait pas 10 livres, étaient reçus au Schnelling; mais il fallait qu'ils
eussent dix ans de bourgeoisie, ou au moins dix ans de résidence en ville;
pendant cette période ils ne devaient s'être attiré aucune condamnation
judiciaire. Les dix ans étaient de rigueur; on n'accordait pas d'exception.
Ces pensionnaires pauvres payaient, lors de leur entrée, 2 livres pour le
fonds commun, 15 schillings pour le chauffage, i/o/%c'W, 1 schilling pour
les assiettes et les plats, A deniers à chaque malade et G deniers à la
domestique; quant au chapelain, ils ne lui devaient rien. Le mobilier qu'ds
avaient à apporter était le même que celui des pensionnaires riches, sauf
qu'on n'exigeait d'eux qu'un lit valant 12 schillings et un peu moins de
linge. Quelqu'un était-il tellement pauvre qu'il ne pouvait fournir ni argent
ni meuble, une personne notable, connue des Pßegcr, devait se charger
de faire une quête pour lui; nul n'était admis gratuitement. Si un des
pensionnaires du Schnelling acquérait, par héritage ou de toute autre
— ^J5G —
manière honnête, quelque fortune, il lui était loisible de passer dans l'autre
maison'.
Dans notre Règlement il n'est pas parlé de cérémonies religieuses, telles
qu'elles étaient usitées dans quelques diocèses, quand il s'agissait de sépa-
rer un lépreux du monde. Gà et là en France et en Lorraine, quand un
individu était convaincu d'être atteint de la lèpre, le curé de sa paroisse
se rendait, précédé d'une croix, dans sa demeure et de là le conduisait à
l'église, où, isolé dans un coin, il assistait à une messe, pendant laquelle
on disait des prières pour lui. Sur une table étaient placés les objets qu'on
lui destinait : un manteau, un baril, une crécelle, des gants, une besace;
en lui remettant le manteau, le prêtre lui disait de le porter en signe
d'humilité et de ne jamais sortir sans en être revêtu; en lui donnant le
baril , il l'avertissait qu'il ne devait ni boire ni se laver à des fontaines
publiques; la crécelle signifiait qu'il lui était défendu d'adresser la parole
à d'autres qu'à ses compagnons d'infortune: c'est par le moyen de l'instru-
ment qu'il pouvait attirer l'attention des passants, sans trop s'approcher
d'eux; les gants étaient le symbole qu'il ne devait toucher de ses mains
rien de ce qui ne lui appartenait pas; la besace enfin lui servait à recueillir
les aumônes l Ailleurs on célébrait même pour les lépreux l'office des
morts, et en les installant à la ladrerie on les soumettait presque aux
mêmes rites que lors d'un enterrement; c'était un souvenir de l'ancienne
notion juive; Josephe avait dit qu'un lépreux ne différait guère d'un mort\
J'ignore si dans les premiers temps du moyen âge on avait suivi chez
nous des pratiques de ce genre; au quinzième siècle en tout cas elles
n'étaient plus observées; l'éloignement d'un lépreux était devenu une
simple mesure de police sanitaire; c'était plus humain que de traiter ces
malheureux comme des morts.
S. Béffime interieur. Une fois entré dans la léproserie, on n'était pas
privé de tous ses droits civils. Notre règlement, fondé sur le principe que
la lèpre se communiquait par le contact, ne tendait qu'à empêcher les
malades de se mettre en rapport immédiat avec les personnes saines; il
1. Dans la Léprosirie (](,' Liiccriic il y avail aussi deux cspùoos de pensionnaires, les
Pfrüitdner et les ]jaiivres.
2. RiUiels de Reims, Bourges, Sens, Cliâlons. Marlùne, De auliquis ceci, rilibus, t. III,
p. 532 et suiv.
3. knliquiit. m, 11,3. — Dans un rituel de Gierniont de 1490 le lépreux est qualifié
de slmilUiidinein mortui (jerens quumvis vivat corpore et spiritu. Ducange, t. iV,
p. 7(J.
— 257 —
admettait même des cas où ce rapport pouvait être toléi-é, pourvu qu'il n'y
eût pas d'attouchement; il est à supposci- d'après cela que le chapelain, en
donnant les sacrements, les transmettait par (pielque moyen intermé-
diaire.
Les pensionnaires pouvaient se marier entre eux, mais à moins de payer
une certaine somme, ils étaient exclus alors de l'étahlissement. En 1440,
un harhier, Pierre Goch, épousa une certaine Marguerite; tous les deux
demeuraient au Schnelling; pour pouvoir y rester, ils donnèrent 40 livres.
Quand on était marié avant d'être admis à l'hospice, le mariage n'était pas
dissous; l'époux sain pouvait même visiter le malade. Toutefois il arrivait
qu'on [)rononçât la séparation des biens. La femme de l'imprimeur lAlalthias
Hupfuff étant devenue lépreuse en 1509, il obtint un jugement l'autorisant
à faire avec elle un partage des meubles, des ustensiles, de l'argen-
terie'.
En outre les pensionnaires étaient capables d'accepter les successions
qui leur survenaient pendant leur maladie l Mais ils n'avaient que l'usu-
fruit de leurs biens; ils ne pouvaient les aliéner que du consentement de
leurs héritiers les plus proches. Il leur était interdit, quand ils voulaient
fonder des messes dans la chapelle, d'y consacrer plus d'un pour cent de
leur capital; pour le reste de leur fortune, ils pouvaient à leur gré en
disposer par testament, à moins d'avoir des héritiers directs. Seulement,
pour empêcher que l'infection se propageât au dehors, si leurs vêtements
et les objets dont ils s'étaient servis venaient à sortir de l'enclos, il était
stipulé qu'en cas de décès d'un homme, ce qu'il laissait en fait d'habits,
capuchons, chapeaux, bourses, sacs de voyage'', ceintures, chemises, pan-
talons, souhers, serait distribué entre les pensionnaires mâles; lors du
décès d'une femme, on partageait entre les sœurs ses voiles, ses chemises,
ses manches fourrées, ses manches de toile, ses ceintures, sa chaussure,
ses poches, ses bijoux, mais pas au delà d'une valeur totale de 5 schillings ;
tout le reste, ainsi que les ustensiles et les meubles, était acquis à l'éta-
blissement, à la seule condition que rien ne fût vendu à des personnes
saines. Un article, qui semble en contradiction avec ce qui précède, por-
tait que si un pensionnaire laissait à l'hospice une somme de 10 hvres,
1. Registres de ]a Gliambre des contrats, année 1509. Archives de la ville.
2. De même à Znricli où, dès 1251, on déclara qn'en privaid les lépreux du droit d'hé-
ritage, on leur ferait expier injustement le mal dont l)i(ni les avait tra|)pés.
3. Eser, sac dans lequel on mettait les vivres en allant en voyage. Le mot se trouve
aussi dans la Chronique de Closener.
17
(T. X. — M.) *'
- 258 -
toîite sa succession mobilière était recueillie par ses héritiers; cela s'ex-
plique en admettant que ceux-ci étaient avertis de ne profiter, ni pour eux
ni pour d'autres, d'aucun effet qui eût pu occasionner une contagion.
Tandis que les règlements d'autres léproseries contenaient des instruc-
tions détaillées sur la nourriture journalière des malades ', le nôtre n'en
dit pas un mot. Nous apprenons que les pensionnaires prenaient leurs
repas en commun; mais nous ne savons rien du régime alimentaire. Le
Règlement se tait de même sur la manière de traiter la maladie, si tant
est qu'on s'en occupât; il n'est parlé ni d'un médecin spécial attaché à l'é-
tablissement, ni de visites régulières qu'auraient faites les médecins de la
ville. On se figurait évidemment que les lépreux étaient incurables; on ne
songeait qu'à leur rendre l'existence aussi peu dure que possible.
Ceux qui étaient admis dans la maison riche, avaient chacun une Pfründe
ou prébende. Je n'ai trouvé aucun renseignement ni sur la fondation de
ces bénéfices, ni sur ce qu'ils rapportaient; tout ce qu'on sait, c'est que
tous les fjuinze jours le receveur remettait à chaque pensionnaire la part
à laquelle il avait droit ; en même temps il leur faisait les distributions
d'argent instituées par des legs. Des bourgeois, des nobles, des prêtres, les
uns ayant habité l'hospice, les autres par pure charité, avaient destiné à
cet Jeffet des sommes en général peu considérables, mais dont le total
constituait néanmoins un revenu assez fort. (Juelques-uns de ces testa-
ments contenaient des dispositions spéciales; le barbier Pierre Goch légua
10 livres, dont la rente devait être répartie entre les malades qui annuelle-
ment assisteraient à son anniversaire; Jean Knapp, chanoine de Saint-
Pierre-le-Jeune, laissa 10 livres pour être partagées, en une fois, entre tous
les lépreux présents à Strasbourg, indigènes ou étrangers^ En 1271, un
bourgeois riche, fils d'une veuve appelée Babe^ légua sa fortune au cou-
vent de Sainte-Elisabeth, à la condition que ce dernier fournirait chaque
année, lors de l'anniversaire du testateur, 60 pains blancs* à chacun des
couvents de Strasbourg ainsi qu'à l'hôpital, 50 à la Léproserie, dont 20 pour
1. Par exemple un Hèglement du quinzièuie siècle pour lu léproserie de PfuUenilorf.
Mone, /. c, p. 51.
2. Allen siechen menschen, sie sigent frömd oder heimesch» {Liber Vitœ).
3. Heinrich Buben sun. Bähe est aussi rare comme nom propre que comme nom com-
mun ; le mot signifiait mère et, en général, femme. La coutume de désigner un lils de
veuve par le nom de sa mère était fréquente chez nous : Johannes miles dictas der
Kelbin sun, 1285; Johannes der Pynen sun, 1299; Dieiericus dictas vron Dinen sii/t
(le Mit/cUivs, 1303; Johannes dictus vern Kuntzin sun de villa Wcsthnrrn . 1335. etc.
i. l'Jt'niiifjsyineln. — L'anniversain' ilf iiciii-i était le 2 juin.
- -259 —
le chapelain, enfin 10 aux recluses établies près de l'Église rouge; en
reconnaissance de ce bienfait, on devait dans toutes ces maisons prier
pour le repos de son âme; il ajoutait que si les religieuses de Saiiite-
Élisabelh négligeaient de s'acquitter de la prestation, la fondation tout
entière reviendrait aux lépreux, et que si ceux-ci oubliaient de prier pour
lui, la part qui leur était assignée cesserait de leur être fournie'. Des deux
côtés on resta fidèle à la volonté du bienfaiteur; encore au commencement
du seizième siècle, les 50 pains étaient délivrés à la Léproserie par le
couvent de Saint-Marc, qui avait succédé à celui de Sainte-Elisabeth. Les
aumônes, déposées par des passants ou des visiteurs dans les troncs placés
dans la cour de l'hospice et devant la porte, et une partie des quêtes jour-
nalières faites en ville par des employés spéciaux, étaient également distri-
buées entre les malades. Enfin, le mercredi de la Semaine-Sainte ^ en vertu
d'une fondation dont j'ai vainement cherché l'origine, le chapitre de Saint-
Pierre-le-Jeune donnait aux pensionnaires , riches et pauvres , un repas,
Imbiss, auquel étaient admis aussi les lépreux étrangers; quand la cloche
sonnait trois heures, tous avaient à quitter la ville.
Une des particularités de notre Règlement est qu'il laissait aux pen-
sionnaires quelques facilités qui, tout en étant entourées de restrictions,
avaient pour but, les unes, de diminuer pour eux les ennuis de l'isole-
ment, les autres, de leur procurer des aumônes et des moyens de subsis-
tance. Selon qu'ils avaient un métier, ils pouvaient l'exercer, mais unique-
ment pour les frères et les sœurs de l'hospice. Ils recevaient les visites de
leurs familles ou de leurs amis. Ceux qui habitaient la maison riche avaient
le droit, les hommes, de stationner, debout ou assis, devant la grande porte,
les femmes devant la chapelle. Il leur était permis d'accompagner les per-
sonnes qui venaient les voir, jusqu'à la maison de garde la plus rapprochée
(Wickhüsel); mais ils ne devaient ni traverser les champs ni aller jusqu'à
la croix qui marquait la limite de la banlieue de la ville (Echterkrülz). Ils
pouvaient mettre leurs chevaux dans les écuries de l'hospice. En cas de
nécessité, les administrateurs les autorisaient soit à se rendre en ville, soit
à faire des voyages; excepté dans des circonstances graves, leur absence
ne devait pas se prolonger au delà de trois jours; le costume des hommes
1. Archives de l'Iirtpital et île Saint-Thomas.
2. LiOer Vitœ. »Ander Krommitwuche» ; le mut, très-usité à Strasbourg, se trouve
aussi écrit Knimmitivuche. Sclierz, p. 835. Aucune des étymologies proposées dans cet
ouvrage ne parait adjnissible. Ne serait-ce pas simplement une corruiition de kunnil-
iruchc ?
— 260 —
coiisislail alors en un manlcau gris et un chapeau large en feutre gris;
celui (les femmes, égaleuienl en un manleau gris et un capuchon de même
couleur, porté par-dessus le voile. Ils pouvaient débiter entre eux du vin,
à condilion de ne pas en vendre à des personnes saines et de subir eux-
mêmes les pertes si le vin se gâtait ou s'il coulait du tonneau. Il leur était
même pei'inis d'avoir des domesti(|ues particuliers, mais pour les engager
ou les renvoyer ils avaient besoin du consentement des administrateurs.
Les pauvres du Schnelling, auxquels il était interdit de se tenir sur la
grande route el de poser devant la porte des chaises avec des plats, invi-
tant les passants à déposer des aumônes, pouvaient, l'après-midi, aller
memlier en ville au nombre de deux et dans un costume pareil à celui qui
vient d'être décrit*. Maisonleur défendait d'entrerdans les églises, de fré-
quenter les marchés, la boucherie et en général les -endroits où il y avait
foule; c'était aussi à cause des foules qu'ils étaient retenus dans l'hospice
lors de la procession de la Fête-Dieu et le jour où les bourgeois, réunis
devant la Cathédrale, juraient fidélité à leur Constitution {Schwörlay). On
leur permettait, au contraire, de stationner comme mendiants, près du pont
de Saint-Arbogast; c'était une tradition, conservée depuis l'époque où le
Schnelling s'était encore trouvé dansées environs. Le jour de sainte Made-
leine cinq d'entre eux demandaient l'aumône près de l'église de ce nom.
Ce qu'ils rapportaient chaque soir était partagé entre tous.
4. Mesures d'ordre et de discipline. Les pensionnaires, riches et pauvres,
juraient lors de leur admission d'observer tous les articles des statuts qui
les concernaient; pour (|ue ces articles ne fussent pas oubliés, ils étaient
écrits sur des tableaux suspendus dans les salles. Chacun était suivi de la
mention do la peine (jui frappait ceux qui le violaient. Riches et pauvres
étaient tenus de prier pour les bienfaiteurs de l'institution, d'aller matin
et soir aux offices, de se laisser, le Jeudi-Saint, laver les mains et les pieds
dans la chapelle, et spécialement de ne pas manquer la messe le jour de
sainte Sophie; ce jour-là elle était chantée chez eux par les Franciscains.
Entre 9 et 10 heures du soir on devait être couché; il était défendu de se
déshabiller et, le matin, de s'habiller dans la salle commune. Un malade
était-il marié, l'époux sain pouvait le visiter une ou deux fois par semaine,
dans le courant de la journée; le sain n'avait le droit de passer la nuit
chez raulie, (|uo quéuid celui-ci gardait le lit pour cause de maladie. Les
enfants avaient la permission de voir leur père ou leur mère, une fois par
semaine et seulement le jour. Quatre fois par semaine on chaufl'ait la
I. Il n'csl pas iJil qu'ils devaient avuir une crécelle, mais c'est probable.
— 261 —
grande étuve' et une fois la pelite de la maison des pauvres; il élail défendu
d'y enlrcr la nuit et, le jour, d'y rester après que la cloclie eût sonné VAvc
Maria. Celui qui demandait un bain d'eau, payait 4 deniers pour le chauf-
fage; si deux se servaient de la même cuve, chacun donnait 3 deniers.
Les articles concernant la discipline morale étaient le fruit d'une longue
expérience; par ce qui était défendu, on voit quels désordies se produi-
saient dans ces agglomérations d'hommes et de femmes appartenant à des
conditions diverses et privés deleur liberté. Toutes les passions mauvaises,
l'impudicilé, la colère, la haine, l'envie, la violence, l'avarice, étaient inces-
samment sur le point d'éclater et prenaient des formes d'autant j)lus révol-
tantes, que ceux qui s'y livraient étaient atteints d'un mal jdus dégoùtanl.
Aussi les administrateurs avaienl-ils réuni une série d'arlicles, destinés à
prévenir les scandales par la menace de punitions sévères. Il était défendu
de jurer, de jouer pour de l'argent, de faire du tapage avec des instru-
ments bruyants^ de chanter des chansons obscènes, de s'injuriei-, de se
battre à coups de poing ou de bâton ou avec des couteaux; aux hommes
il était interdit de se montrer dans des habits courts, d'embrasser des per-
sonnes saines, d'entretenir des rapports avec les femmes de la maison ou
avec des filles du dehors {fahrende Töchter); aux femmes, de se décolle-
ter et en général de provoquer les hommes; à tous enfin de calomnier
quelqu'un en prétendant faussement qu'il avait la lèpre.
Des mesures non moins sévères étaient prises pour habituer les malades
à une certaine propreté, et pour les empêcher de propager la contagion.
L'eau destinée à la cuisine ou à la boisson ne devait servir à laver ni les
linges, ni les mains ou les pieds; il élait défendu de jeter dans les cours et
jardins ou sur la giande route l'eau des bains, les emplâtres, les linges
avec lesquels on avait bandé des plaies; de verser l'urine par la fenêtre, —
chose bizarre, cette défense ne s'appliquait qu'au temps depuis Pà(|ues jus-
qu'à la Saint-MicheP; de puiser de l'eau aux deux fontaines qui se trou-
vaient, l'une devant l'Église rouge, l'autre en dehors de la maison du
Schnelling, et dont se servaient les jardiniers quand ils travaillaient dans
les champs; d'entrer dans la maison ou dans le jardin du chapelain et dans
{.Badstub; on y prenait des bains do vapeur pour provoquer la transpiration. Si,
après le bain, le malade voulait être frotté par le domestique, il lui devait un denier.
2. Pfiffen, hürnen, (rummen, noch andei- Gewüle.
3. <( Desglichen siillcnt ouch aile... nit schütten jhrcn harn usz iron kctmmern vornan
noch hindenaa für ir husz noch in den garten, von Ostern hisz sante Michels lag, da/in
die gesundete do loanddn. Sil sollent die zit solir.h.<s tragen und schütten in das sprnch-
hvsz. » On voit qu'en fait de propreté on n'était pas encore très-exigeant.
— ^62 —
le chœur de la chapelle; d'aiTèler les gens qui de Schillighcim se ren-
daient aux marchés de la ville, de loucher les ohjets qu'ils i)orlaient, de
IrafKiuer avec eux pour du bétail ou des comestibles, et en général de
vendre ou de donner (pioi cpie ce fût à des personnes saines.
5. Employés et domestiques. Dans chacune des deux parties de l'hospice
la surveillance de l'ordre et de la discipline était confiée à un maître,
Meister, pour les hommes, et à une maîtresse, Meisterin, pour les femmes,
sous l'aiilorité des administrateurs. Ce n'est pas un des faits les moins
curieux dans l'histoire de l'instilution, que ces surveillants étaient pris
parmi les pensionnaires et choisis par eux-mêmes; leur communauté.
Gemeine, formait sous ce rapport une vraie république. Quand celle-ci
était mécontente d'un maître ou d'une maîtresse, elle en prévenait les
Pfleger qui, selon les cas, accordaient ou refusaient une élection nouvelle.
Une fois élu, on n'avait pas le droit de décliner la cbai'ge qui, dans ce
petit monde mal disposé, exposait à des jalousies et à toutes sortes de tra-
casseries; une femme, choisie en 14-50 pour être maîtresse, voulut s'y
soustraire; elle ne céda que devant la menace d'être privée de sa pré-
bende.
Maîtres et maîtresses juraient de veiller au maintien des statuts et à la
conservation de tout ce qui aj)partenait à l'établissement. Ils avaient chacun
sa chambre particulière, présidaient à table et occupaient dans la chapelle
des sièges placés de manière à leur permettre de voir ce qui se passait
dans l'assemblée. Quand éclatait une querelle, ils devaient «commander la
paix» ; dans les circonstances graves, ils en référaient immédiatement aux
administrateurs. Il leur était défendu d'introduire de leur propre chef des
coutumes nouvelles. Les maîtresses avaient à examiner les effets des nou-
veaux arrivants; elles refusaient ce qui n'était pas en bon état. Lors du
décès d'un frère, le maître s'emparait de ses vêtements, meubles et usten-
siles, pour les mettre à la disposition des administrateurs; la maîtresse
faisait de même de la succession des femmes; oji a vu j)lus haut la desti-
nation qu'on assignait à ces objets.
L'hospice riche et le Schnelling avaient chacun un domostique, appelé
Klingeler, sonneur', nommé et assermenté par les administrateurs, aux-
quels, ainsi qu'au chapelain, aux maîtres et aux maîtresses, il tlevait obéis-
sance. Voici on (pioi consistait sa charge: aller cha(jue jour en ville, nnini
d'une sonnette — de là son nom — pour avertir les passants; recueillir
dans un panier les aumônes en pain, et dans une boîte celles en argent ;
1. I,e m<ïine nom parait «laiis la Léproserie de Bàlc.
~ 263 —
fendre le bois pour les cuisines; en hiver chauffer le malin et le soir les
salles communes; fermer le soir les portes et les fenêtres et les ouvrir le
matin; nettoyer les cours; aider à préparer les provisions'; acheter le vin,
soit au marché, soit sur les bateaux près de la Douane ou dans les caves
des marchands; faire le service des étuves et des bains. Il n'était tenu à
rien envers les malades qui dans l'enclos habitaient des maisons parlicu-
liéres. Il concourait à la surveillance de la discipline , et devait prévenir
les Pßeger chaque fuis qu'il remanpiait un désordre, un attentat aux
mœurs, une querelle, un jurement, un jeu défendu, etc. Le pain et l'argent
qu'il rapportait chaque jour étaient distribués à la fin de la semaine entre
les malades. Son salaire se composait d'autant de pain qu'il pouvait man-
ger de celui qu'il collectait et d'une part d'argent égale à celle de chacjue
pensionnaire, de 1 livre 15 deniers par trimestre, de 26 deniers tous les
quinze jours pour sa nourriture, de 1 schilling par an pour son éclairage,
de 5 schillings poui' un habit de travaiP, de 2 schillings pour un pantalon
et de 2 pour une paire de souliers; chaque homme nouvellement admis à
l'hospice lui devait 18 deniers, chaque femme 1 schilling; à la Chande-
leur le chapelain lui devait un cierge.
Un autre employé était chargé de faire, au nom du Saint-Esprit, des
quêtes dans les rues et dans les églises, dans ces dernières surtout lors de
funérailles et d'anniversaires^; il demandait de l'argent, de la cire et des
cierges; pendant le carême les boui'geois lui donnaient des œufs de l'àques.
On faisait trois parts de ce qu'il rapportait en fait d'argent et d'œufs, une
j)Our les pensionnaires riches, une pour ceux du Schnelling, une troisième
pour lui-même; quant à la cire et aux cierges, il en prenait un tiers, le
reste était pour le chapelain.
Les servantes, Äi^^/er/nnc//, étaient engagées et assermentées de la même
manière que les Klingeler. Chaque soir elles demandaient aux malades si
le lendemain ils avaient des commissions à faire en ville; elles partaient
de bon matin, afin d'être de retour à temps pour s'occuper des travaux de
la cuisine et du ménage. Celle du Schnelling lavait le linge du chapelain,
qui, à cet effet, lui donnait par trimestre 4 schillings. Le salaire de ces
domestiques, dont, outre celle du Schnelling, une était attachée à la mai-
1. Den gumpost siede/i. Giimposl, compositum, choucroute et autres légumes
coiilits.
2. Schanz, sorte de l)louse ou de tunique eu toile grossière, comme eu portaient les
paysans.
3. A Bàle ce quêteur s'appelait der Bitter.
— 264 —
son des hommes et une à la maison des femmes, était à peu près le même
que celui du sonneur'.
6. État moral. Il a été dit plus haut que les lépreux admis à l'hospice
juraient de se conformer aux statuts disciplinaires, et que ceux-ci, écrits
sur des tableaux, étaient sans cesse devant leurs yeux; cela ne les em-
pêchait pas de sans cesse les violer. Qu'on se représente la société réunie
dans ces maisons! Ony rencontrait pêle-mêle des gens honnêtes, qui avaient
peut-être pris le mal en s'approchant d'un lépreux par charité, des débau-
chés qui se l'étaient attiré par le vice, des malheureux qui le devaient à
l'insalubrité de leurs demeures; la séparation d'avec le monde, la néces-
sité de passer la vie dans un milieu infect, l'idée désolante d'être censé
incurable, aigrissaient les caractères; en général, d'ailleurs, les mœurs
étaient plus grossières que polies. Il y avait parmi nos lépreux des hommes
et des femmes des premières familles de Strasbourg; au quinzième siècle
on rencontre le chevalier Hamann de Wickersheim, les nobles {Junker)
Jean et Nicolas de Duntzenheim, Henri deBerstett, Jean Sturm de Sturm-
eck, Frédéric Büchsener, Gaspard Böckelin, les riches bourgeois Diebolt
Dritzehn, Nicolas Mosung, Gaspard Klobelouch, les dames Susanne Pfaffen-
lap. Glaire zum Stauff, etc. On trouvait en outre des prêtres, des moines,
des religieuses. Ceux de la noblesse étaient souvent les plus turbulents et
les plus insoumis.
Quiconque dans la maison s'apercevait d'une infraction à la règle, devait
la dénoncer au maître ou à la maîtresse, qui à leur tour avaient à en pré-
venir les administrateurs, sous peine d'être exclus pour un an. Aussitôt
prévenus, les Pßeger se rendaient à l'hospice , faisaient venir l'accusateur
et l'accusé, entendaient la plainte de l'un et la défense de l'autre, et jugeaient
soit d'après le règlement, soit selon «leur meilleure intelligence». Les
peines étaient proportionnées aux délits : ceux qui quittaient la cour sans
permission, étaient exclus pour un an s'ils étaient pensionnaires riches, pour
six mois s'ils demeuraient au Schnelling; les impudiques et les voleurs
1. Les deux servantes de l'hospice riche avaient chacune tous les quinze jours 4 schil-
lings, chaque trimestre 2 '/» schillings, par an 3 schillings pour une paire de souliers et
pour l'éclairage; du pain rapporté par le Klingeler, on leur donnait une portion égale à
celle des malades; la servante des hommes recevait de chaque nouvel arrivant 1 schil-
ling, celle des fenmics, de chaque femme admise 18 deniers; à la Chandeleur, le chape-
lain leur devait à chacune un cierge. La servante du Schnelling avait 18 deniers par
trimestre et 8 schillings par an, de chaque nouvel arrivant 6 deniers, un cierge à la Chan-
deleur, autant de pain qu'elle pouvait manger. Les lépreux étrangers, passant la unit an
Schnelling, lui donnaient 1 denier à titre de schlollgolt.
— 265 —
l'étaient pour toujours. Ceux qui se rendaient coupables de blessures fï^iaves
ou de meurtre, étaient livrés au magistral. Les infractions moindres entraî-
naient tantôt la perte de la prébende pour un temps plus ou moins long,
tantôt le renvoi pour un ou pour deux mois, tantôt de simples amendes.
Celles-ci le receveur les retenait sur les distributions; elles étaient déjxjsées
dans une caisse à part, et servaient à l'achat de cire, d'huile et d'autres
objets pour le culte.
Il existe un volume intitulé Urleilbuch^ et contenant les sentences des
Pßeger sur une foule de cas; les plaintes les plus fré(]uenles se rapportent
à l'impudicité, au jeu, aux jurements, à des (|uerelles et surtout à des
injures entre femmes. C'est là qu'on apprend à connaître la vie intérieure
d'une léproserie du moyen âge; l'impression (|u'on en reçoit n'est pas
réjouissante. Parmi les sidns ou les beaux, comme on les appelait, il y
avait peut-être autant d'hommes vicieux que parmi les lépreux; mais on
est particulièrement attristé en voyant la corruption morale régner au
milieu de gens, qu'un malheur commun aurait dû rendre plus résignés et
plus charitables. Je ne citerai qu'un petit nombre d'exemples, choisis au
hasard.
En 14'40, Jean Sus, dit Wasenecker, profère, dans une dispute avec la
servante, d'afîreux jurements^; il est puni d'une amende de C schillings.
En 1461 Jean Bernhard, du Schnelling, et Christine, la maîtresse de
cette maison, convaincus d'avoir vécu ensemble, sont chassés et jurent de
ne plus se montrer dans la banlieue de Strasbourg. En l^G^ Jean Schult-
heiss va sans permission en ville au Marché aux Chevaux; une autre fois il
joue aux quilles pour de l'argent dans la cour même de l'hospice; il est
privé pour deux mois de sa prébende, puni d'une amende de 5 schillings,
et obligé d'acheter pour l'argent qu'il a gagné deux cierges pour la cha-
pelle. En 1467 un malade garde pendant cinq nuits sa femme auprès de
lui; il perd pour six mois sa prébende, mais peut rester dans la maison.
En \^1\ le noble Jean Sturm se rend un matin en ville, pénètre dans sa
maison, maltraite sa femme, la contraint à se sauver par une fenêtre, et
emporte de l'argent et des bijoux; les administrateurs le font emprisonner;
1. Manuscrit ea papier, fol. Archives de la ville.
2. Il jura par boxlung, les poumons de Dieu. On avait riiai)itude de jurer par les mem-
bres du Christ; au lieu du génitif gots, on disait bolz ou box; de là l'exciamatiou alle-
mande i)o^z. Eu 1379 un chevalier strasbourgeois jura in sermo7ie vulgari per membrum
virile Dei. Geiler, Brant, Murner ont de nombreux exemples de ces locutions sacriR'ges:
Botz Blul, Lung, Leber, Buch, etc. Dans les formes françaises corbleu , paluambleu , bleu
est pour Dieu, corps de Dieu, par le sang de Dieu.
— 266 —
comme il jure de se leiiii' trniiqiiille, il peut revenir à l'hospice; il y rentre
arme d'une épée dont il menace les frères, sur quoi on lui fait remise de
30 livres qu'il devait encore, et il prêle serment de quitter la banlieue.
En 1472 Frédéric ßüchsener, écuyer, est insolent, tire l'épée contre le
maîlre, conduit son cheval à l'abreuvoir près de la porte de Pierres, s'écrie
qu'il voudrait que Dieu frappât d'épilepsie les magistrats et bourgeois de
Strasbourg; il est mis en prison et, après avoir juré de garder la paix,
obligé de quitter l'hospice. En 1475 un des pauvres du Schnelling, Œbcr-
lin, est surpris avec une fdle; on l'expulse en le faisant jurer de s'éloigner
de la banlieue. En 1 iTO Anne, la femme de l'imprimeur Henri Knoblilzer',
insulte les frères et les sœurs, n'écoule pas les réprimandes, dit des injures
aux administrateurs; elle est renvoyée; etc.
3. La Léproserie jusqu'à sa suppression.
Outre la grande Léproserie de Rothenkirchen, le magistral de Stras-
bourg en entretenait une plus petite à lllkirch, dont depuis 1418 il était le
seigneur. Elle existait au moins depuis le quatorzième siècle; en 1357 il
est fait mention près d'illkirch d'un Malatzhuhel, colline des lépreux. Quand
le village eut passé sous la souveraineté de Strasbourg, l'administration de
l'établissement fut confiée aux Pjlcger de celui de Rothenkirchen. On ne
devait y recevoir que des malades d'illkirch, de Grafenstaden et de Saint-
Oswald^ Quand il ne s'en trouvait pas, on y transférait un ou deux des
pauvres du Schnelling, ou l'on y donnait asile à un lépreux étranger. Dans
le cas que la maison était habitée par plusieurs frères, un seul d'entre eux
avait le droit d'aller mendier en ville, en suivant un chemin indiqué par
les administrateurs : il entrait par la porte des Carmes', passait près de
l'église de Saint-Nicolas, suivait le quai et la ruelle de Ilorneck, traversait
une partie du Finckwillcr et ressortait par la porte de Sainle-Élisabclh. Il
paraît que cet établissement fut supi)rimé dès avant la lin du (juinzième
siècle; à partir de cette époque on n'en trouve plus de trace dans les docu-
ments.
1. C'est sous ce nom qu'il paraît dans la sentence, ainsi que dans une de ses publica-
tions de 1484. Dans d'autres livres imprimés par lui, il est appelé Knoblochzer. Schœpf-
tin, Vindiciœ (ypogr., p. 108, dit: Filins ejus fuisse videtur Joh. Knobloch , nomine
païUulum ad euphoniam viitigato. Cette supposition est contredite par le fait que Jean
Knobloch était de Zofingen et qu'il devint bourgeois de Strasbourg pour avoir épousé
en 1501 la veuve de l'imprimeur Martin l'iacli.
2. Aujourd'hui Ostwald.
3. Unser FrowcnbiüdciUior, porte de l'IlùjMtal,
— 267 -
Au commencement du seizième siècle le mng-islrnl pril des mesures pour
empêcher la circulation des lépreux en ville; en 152.) il leur défendit de
demander l'aumône dans les rues; les deux Kimgelcr ne devaient jdus
quêter ni de l'argent, ni du pain ou des œufs de Pâques. Kn comj)ensalion
le receveur reçut l'ordre de distribuer aux pensioiuiaiies riches, à chafjue
homme deux pots de vin par semaine et tous les quinze jours U schillings
pour améliorer la cuisine, Küchenspeiss; à chaque femme 8 schillings, à
chaque domestique 1 denier pai' jour pour du pain, et tous les (juinze
jours 2 schillings 3 deniers pour In nourriture; à chaque pauvre du Schnel-
ling i schilling par jour pour du pain et deux pots de vin par semaine.
Gela souleva des plaintes, mais le magistrat maintint son règlement; il se
borna à réparer les bâtiments, de manière à rendre le séjour un peu plus
confortable. A partir de 1536 on put faire encore davantage; la situation
financière fut améliorée par l'abandon à la Léproserie des propriétés du
couvent des Dominicains. Les cinq derniers moines lui cédèrent leur maison
et leurs revenus; les administrateurs se chargèrent de la pension viagère
de ces religieux. L'hospice n'ayant pas besoin du monastère, le magistrat
le donna en 1538 au Gymnase. Je n'ai pas l'intention de suivre l'his-
toire de nos lépreux jusqu'au bout; aussi bien n'offre-t-elle plus qu'un
intérêt médiocre; l'administration continua d'être exercée par une com-
mission de trois membres; les statuts restèrent en général les mêmes
qu'au moyen âge. La maladie finit par disparaître, de sorte qu'en 1078 on
put démolir les bâtiments; en 1082 les biens furent incorporés à l'ordre de
Saint-Lazare, qui les garda jusqu'en 1093; cinq ans plus tard on les unit à
ceux de l'hôpital, dont ils font partie encore aujourd'hui'.
4. Lépreux étrangers.
Le lecteur se souvient que, pour être reçu à la Léproserie de Stras-
bourg, il fallait être bourgeois de la ville. Le magistrat ne se croyait pas
obligé de laisser des étrangers jouir des avantages d'une institution, fon-
dée et entretenue par la libéralité des Slrasbourgeois et qui, dès l'origine,
n'était destinée qu'à servir d'asile à des indigènes, forcément expulsés de
la cité.
Parmi les nombreux mendiants qui au moyen âge parcouraient le pays,
beaucoup étaient des lépreux. C'étaient des gens originaires de villages où
il n'y avait pas de maisons pour recevoir les Feldsiechen, comme ils étaient
1. Le nom du Gattütehus s'est conservé dans celui qu'à Strasbourg ou donne au cime-
tière de Sainte-Hélène, Gutliite, Gotlilte.
— 268 —
qualifiés chez nous; on les chassait, chacun les fuyait, on refusait d'acheter
ce qu'ils offraient; renvoyés de partout, ils menaient une vie de vagabon-
dage et de misère. Le même agent qui, à Strasbourg, devait en informer
les administrateurs quand un bourgeois était soupçonné d'être atteint delà
lèpre, était chargé aussi d'arrêter et d'éloigner les lépreux étrangers; s'ils
résistaient à ses injonctions, ils étaient enfermés dans une des tours, jus-
qu'à ce qu'ils eussent juré de quitter la ville et de ne plus y rentrer. Cepen-
dant on leur accordait quelques Hcences; le jour de sainte Madeleine cinq
d'entre eux avaient le droit de demander l'aumône devant la porte de
l'église des Pénitentes; tous ceux enfin qui se présentaient pouvaient assis-
ter au repas donné le mercredi de la Semaine- Sainte par le chapitre de
Saint-Pierre-le-Jeune. Là ils étaient sous la surveillance de l'agent sus-
mentionné; quand il sonnait 3 heures, il les faisait sortir par la porte de
Pierres.
Dans l'hospice de Rothenkirchen il était défendu d'inviter au repas com-
mun des lépreux étrangers, à moins que la communauté n'y consentît; si
elle s'y opposait, celui qui invitait, devait aller avec son hôte au Schnel-
ling. C'est là aussi qu'on pouvait héberger pour une nuit un étranger; si la
maladie ou le mauvais temps l'empêchaient de continuer sa route, on le
gardait plus longtemps, mais il fallait une permission expresse des Pfleger.
Le Schnelling était en quelque sorte l'hospice pour les lépreux passants,
comme V Elenden-Herbergc était celui des voyageurs pauvres.
Le magistrat veillait avec un soin rigoureux à ce qu'il n'y eût pas d'autre
léproserie trop près de la ville. 11 ne permettait pas que les communes de
Lingolsheim, d'Ikkbolshcim et de Ilausbergen en établissent du côté de
Strasbourg; s'il leur en fallait, elles devaient les bâtir au delà des villages,
n'y recevoir que leurs propres malades et, quand elles n'avaient plus d'ha-
bitants, les brûler «conformément à l'ancien usage». Il paraît, d'après
cela que, quand un paysan prenait la lèpre, la commune, quand elle
n'avait pas de léproserie permanente, élevait pour lui une hutte, qu'on
pouvait facilement faiie disparaître; on la détruisait par le feu, afin de
détruire en même temps les germes de l'infection. En 1450 le magistrat
de Strasbourg eut à se plaindre de la commune d'Eckbolsheim, (jui avait
érigé une «maison de bonnes gens» du côté de la ville; on y recevait pour
de l'argent des lépreux d'autres localités et on les laissait aller et trafiquer
jusque dans le faubourg Ulanc. Le seigneur d'Eckbolsheim était le chapitre
de Saint-Thomas; leclievalier Henri de Miilnlieim, avoué {Vogl) du village,
intercéda auprès des Slrasbourgcois, promettant (ju'on n'admeltrail j)lüsde
nouveaux jtensionnaires, et qu'après l'extinction des onze qui se trouvaient
— 2C9 —
acliiellemenl dans la maison, colle-ci serait hiûlée. I.e maf,nslral y con-
sentit; en l^GS, le nunibie des malades étant réduit à sept, on décida d'at-
tendre encore un an; après ce délai, Eckholslieini serait sonuné d'établir
un autre hospice plus éloigné de la ville, et de ne plus y admettie (|ue des
sens de la commune '. La suite de cette affaire m'est inconnue.
11 serait intéressant de recueillir dans les archives communales de la
Basse-Alsace les données sur les léproseries de campagne; je ne puis que
constater ici qu'outre celles des villes de Schlestadt, de Saverne, d'Ober-
nai, de Haguenau, de Molsheim, de liosheim, j'ai trouvé, du treizième au
quinzième siècle, la trace de maladreries dans les banlieues d'une tren-
taine de communes. (Iclui (|ni (»oilorait son attention sur ce sujet, (|ui est
un des côtés les moins connus des mœuis du moyen âge, rendrait un vrai
service à notre histoire provinciale.
1. Urteilbuch.
Charles Schmidt.
URKUNDLICHES
ELS.ESSISCHEN KUNST- UND CULTURGESGHICHTE.
I.
1408.
Den. wisen. fürsichtigen, dem, Ammanmeister vnd gemeinen rate
der statt ze Strazzburg vnsern guten fründen entbieten wir vnser
willig dienst in allen saclien. Lieben herren : wir tùnd üwerer wiss-
heit ze wissen, daz zwen klaiue kirchlin vfF dem Land nit verre
von vnser stat gelegen sint , die ain kirch ist genannt Sigmarzelle
vnd die ander Roggenzelle, ze denselben kirchen het gedient, ain
fremder pfaflf vnd hat die selben zwai kirchlin et wilang besungen,
vnd am lesten do het er sich vnfrüntlich dannen geschaiden. vnd
het sich haimlich uff gemacht vnd het mit ime hingetragen zwai
buch, ietweder kirchen ains. der buch ist ains rot vnd das ander
wiss. Des (?) ist kuntschaft komen. wie daz dieselben buch komen
sien in unser statt gen Strazzburg vnd ligint hindcr ainen schriber
ist genant Peter von Ilaselo. der die bûcher verkauft, vf den
greden ze vnser frowen Münster, der wolt nü der buch nit wider-
geben , denne daz er och gelt darum wolt. Bitten wir uwer wissheit
mit ernst vüssig daz ir alz wol tun wollen, durch gottes willen vnd
och durch unsern willen, vnd mit demselben Peter von Ilaselo
schaffint vnd in zu wisent, daz er die zwei buch den armen kirchen
wider lazz volgen vmb ain beschaiden gelt, vnd die buch antwurt
\iu\ gebe diesem boten von der gewisser Ijot darumb ist. daz wollen
- 271 —
wir in allen Sachen vmb uwer wissheit mit willen vnd mit vlizz
gedienen. Datum feria seeunda ante Vrbani anno domini MCCC(J
octavo.
Von vns den
von Lindow.
Pergament ohne Siegel. St. A. Frauenhaua. - K.
II.
Fridrich von gottes gnaden Marggraf zu Baden, Thumherr vnd
Portener des hohen Stifft zu Straszburg etc.
Unsern früntlichen gruz. Zuvor ersamen fursichtigen vnd wyszcn
lieben besondern. Wir sind ungezwifelt. Ir wissend, als auch vnver-
dechtlich herkomen. Vnd allweg also gehalten worden ist wie ein
Porttener der hohen Stifft Straszburg , der wir ytzt sind, vnder
andern gerechtigkeit vnd fryheyten sins ambts, euch hatt zu be wa-
ren vnd zu verwalten ettliche gewychte stett, desselben stiffts zum
Münster gehörig, der selben gerechtigkeit sich auch fast nyemand
anders hat zugebrauchen. Vber das werdett vns furbracht. Ir habend
kurtzlich. vns inn solliche, vnnser gerechtigkeit gegriflfen. vnd vns
oder den vnnsern, die vir doch alweg inn vnnserm hofe by ych zu
Straszburg haben, vnanbracht die jhenen, so vff den grefen des
benanten Münsters hiszher hant gepflegen biichere feyle zu haben ,
vnd zu uerkauffen, da dannen getrieben. Des wir vns nach dem Ir
wissent, das vch, als leyen, nit zusteet, solliche gefrey te, gewychte
stette, nyemand zu verbietten oder zuherlauben , nit versehen
betten. So ist es ouch nit ein fremde, oder nuwe furnemen. sonnder
an andern enden, vff vil stifften. Auch gewonlich das man an sollichen
steten, vor den greten vnd kirchthüren buchere feyle hatt. Vnd die
an den enderi loeysz zu finden. Darvmb so bitten wir vch mit frunt-
licher begirde. Ir wollet vns nit mynder achtten. dann vnser vor-
faren. by uch gehalten vnd gelassen worden sind. Sunder uwer
obgemelt furnemen gutlich widder abstellen vnd vns Inn vnnser
freyheit vnd gerechtigkeit keynen inbruche machen , dann wo das
nit geschee , das wir vch nit wollen getreuwen , so musten wir es
darfür haben, das sollich nuwerung gegen vns vsz sonndern widder
willen, anders dann gegen allen vnsern vorfaren on not fürgenomen
würde das vns nit hob. auch widder vnnser gut getruwen were, so
wir biszheer zu vch gehabt vnd noch haben , das ir vns ee sollen
— 272 —
hilfflich syn. Unnserm ampt sin vnnerdechtliche gerechtigkeit vnd
frcyheit zu Lehalten. vnd zii hanthaben, dann des abbruch zfi tunde.
vnd begern hervfF uwer verschriben antwurt. Datum Tryer vfF frytag
nach dem sonntag Cantate Anno MCCCCLXXXIF.
Den ersamen fürsichtigen vnd wyszen vnnsern lieben besondern
Meister vnd rate der stat Straszburg (1482).
Stadtarchiv.
Die beiden Urkunden sind interessant für die Geschichte des Buch-
handels in Strassburg. — Friedrich von Baden war Canonicus in
Trier, s. Hontheim , Eist. dipl. Trev., II 470 f. (J. 1483).
III.
Vff den karfritag als man die passion In dem münster bredigte
do wart ein gross vfif wüschen vnd gelaiff in dem volck, des schellen
lüten halp, so der wahter vff dem münster det , vmb daz din zit
glock still stunt vnd nit slug, nû ist die vrle kurtzlich aber stille
gestanden, das die glock über nit geslagen hat, des halp das die
münster knelit nit allewegen hin uff gan mögent, zu der urle steten
zu sehen , als doch (?) die wahter aber in einer so steten vff dem
turn sint wol do zu sehen vnd fürderung do zu getan mögent vnd
obe sü es an dem anfange nit wol kundent, so sint sie es doch
bald zu leren, daz ir einer es so wol kund als der münster kneht,
dann es ist nit ein gross kunst, sonder gar bald geleret, nuwent
von zu sehen vnd von eim oder zwein shehten zoigen , vnd were
ein notdurfft daz solichs würde geordnet vnd daz den wahtern auch
geben würde ein slüssel zu der vrley vnd daz ouch jeglich teil
bliben solt by dem alten lone vnd das die münsterkneht nit deste
mynd zu der vrley fürbas sehen vnd das beste tun solten.
Stadtarchiv. Ohne Datum. Schrift des 15. Jahrhunderts.
IV.
Ich Ulrich Storck einer gnedigen herrschaft Rapoltzsteiner statt-
schaffen zii Rapoltzwiller thun kundt mengelichen Das uff hût datum
dis brieffs für mich komen vnd erschienen ist der ersam meister
Lorentz der bilJsrhnider burger zu Rapoltzwiller vnd öffnet vor mir
aida wie das ime Virich vnd Lorentz die kellern gebruder burger
— 273 —
zu Vossen etwas gelts schuldig weren lut der verscliribung so er
von inen hete vnd wann aber der erstgenant meistcr Lorentz sunst
annderer anliegender gctchelïten halbe dar innc als er sprach nit
gehandelt könndt oder niöcht, gab er aida vor mir sinen gantzen
volraechtigen gewalt vnnd macht Lienharten Küblern ein burger zu
Rapoltzwiller in der sach gütlich und rechtlich ze handeln ze thun
vnd ze losen nach sincm besten willen vnd gcvallen , gelopt ouch
mir damit in min hannde was durch den genanten Lienhart Küblern
also gehandelt gethan vnd gelaussen (!) wirt, das stet vnnd vestge-
halten, getruwlich zu volfürn vnd dawider nit ze thun zc reden
noch ze schafFenn gethon werden in dehein wyse vnnd ob er ouch
durch erkenns oder sunst nach gewonheit merens vnd volkomendens
gewalts dann an diesem brieffe geschribcn stet ze haben notturftig
wurde, den wolte er ime hiemit yetz alsdann vnd dann als ietz in
mos als ob der hier inne von wort zu Avort gespecificiert vnnd ge-
schrieben stunde vollkommen glich gegeben haben. Zu vrkund vor-
gescbribner Dinge han ich statschaff'ner obgenannt min eigen Insigel
gehenckt zu end diser geschrift an disen brieffe der geben war
vff zinstag vor sännet Barthlemes des heiligen Appostels tag nach
Cristi gepurt viertzehennhundert nuntzig vnnd acht jarc.
Papierhandschrift des Stadtarchivs zu Rappoltsweiler (Gg 3, 2).
Eine handschriftliche Notiz vermuthet, der Bildschneider Lorenz habe
das später nach Rappoltsweiler gebrachte Muttergottesbild zu Dusen-
bach geschnitzt.
Das genannte Archiv besitzt auch ein Inventar der Dusenbacher
Kapelle aus dem Jahre 1750, das indessen nichts der Erwähnung
Werthes enthält. Interessanter sind die noch ins IG. und 17. Jahr-
hundert hinaufreichenden Tauf- und TodtenhUcher von Kappolts-
weiler. Die ersteren enthalten zum Jahre 1635, p. 288, den Tauf-
act ßpeners, der bereits bekannt ist. Aus letzteren, die bis 1531
reichen, und eine eingehende Untersuchung verdienten, theile ich
Kachstthendes mit.
V.
28 Febr.
A" 1654 den ,^ ,, '— h. 12 11 antem. auf öffentlichem Markte
10 Mart,
alhie mit dem Schwerte gerichtet Anna Rosina von ', weil
\. Gräfln Charlotten Caramcrmagd.
T. X. — (M.). 18
— 274 —
Sie, in Ihr Gräfl, Gn. Gräfin Charlotten Gemach, bey nächtl. weile,
ihr durch unzacht erzieltes Kindlein, des Lebens vnd der Taufe
beraubet; nach dem Sie aingezogen worden, den — Febr. Starb
zweifeis fry selig, neben dem offenlichen Zuspruch des Hufpr. Stollij.
Hie Actus hujus speciei secundus erat.
(Todtenbuch, p. 589, n° 59.)
YI.
3
A° 1652 den -rö -^^pi'ü ^i- 1^- antem. mit dem Schwerte alhie auf
±o
dem Markte gerichtet A^iiia von Ostheim, weil sie in der Krem-
pen-Diebolds Hause ihr durch Unzucht erzieltes Kindlein heimlich
umgebracht und also des Lebens vnnd der Taufe beraubet; nacli
11 31
dem Sie seit dem — — Martij gefangen gehalten vnnd den -— - Mart.
besichert worden. Starb, wiewol sie sehr roh ins gefängniss kam mit
feiner wissenschafft, guter andacht vnnd slandhaftigkeit, auf zwiffels
fry selig, unter dem Zuspruch des Hofpredigers Stollii.
(Eh., n'^ 54. Einige darauf folgende Zeilen sind ausgelöscht.)
Das Wort hesiehern ist meines ^Vissens sonst nicht nachgewiesen.
Oheriin- Scherz hat hesiebcnen = mit sieben Zeugen überführen; doch
fehlen dafür wie für hesihenung über das 17. Jahrhundert hinaus-
reichendc Belege. Vgl. Lexer, Mhd. Wörterb., I 217.
X. Kraus.
BEITRAGE
GESCHICHTE DBS ELSÄSSISCIIEN ADELS.
Hierzu eine lithographirte Tnfel.
I. JOHANN VON ALBE.
Im ersten Bande der Bulletins dieser Gesellschaft p. 133 sq. findet
sich ein Artikel, betitelt «Z.e château de Lœîvenstein >> , zu dessen Vervoll-
ständigung die nachfolgenden Notizen dienen dürften. Die zwei Urkunden
(im Bezirksarchiv des Unter-Elsass, Fond Hanau-Lichtenberg, subE232ü,
N° 2) bezeugen, dass:
1) Die Familie von Albe noch 141 1 bestand und also nicht 1368
(nach Herzog) oder 1398 (Bulletins I, 142) mit Hans von Albe
auf dem Schaffot erloschen ist.
Derselbe hinterliess (eventuell ausser anderen Kindern) zwei
Söhne, von denen der Jüngere nach dem Vater, der Aeltere
Thoraan nach dem Dorfe Berris (Berns) in Lothringen hiess. Der
Letztere war Burggraf zu Saargemünd.
2) Die Burg zu Niedermodern 1405 für den minorennen Johann von
Albe gekauft und von demselben, nachdem er mündig geworden,
1411 wieder verkauft worden ist. Der Kaufpreis ist allerdings ein
so niedriger, dass es den Anschein hat als sei die Burg sehr
unbedeutend oder in einem elenden Zustande gewesen. Zerstört
war sie wohl nicht, da sonst in der Urkunde der Ausdruck
« Burgstall » ffebraucht worden wäre.
— 27C -
War es Picläl, flass Juhniin die Burg kaufte, in der einst sein Vater
gehaust halle? Dass er (he Schuld am Tode des Vaters der Siadt Sirass-
burg nicht vergessen konnte, zeigte er l^^S, als er in dem Kriege des
Rischof WilhehTi wider dieselbe, ihr im Verein mit dem Schultheissen von
Alben (Saaralben), Ileintz von Windeberg und Bernhart Fille von Geis-
bollzheim, Edelknechten, einen Absagebrief schickte, dessen Original
sich im Archiv der Stadt Strassburg findet.
Urhvnde I. i4ü5, den iO. April.
« Ich Johans Rill er sclidflene zu Ilagenowe vergihe das vor mich kom
Clawes wagener von Busswilr vnd Ennel sine eliche Würtin vnd haut mit
gesamenter liant verkouft vnd geben zu kouffe Reht und Redelichen
vnveischeidenlichen vür sich vnd ire erben dem vesten Edelknehte
Thoman von Berris Burggrafen zu gemünde der es empfing von Johans
von albe sins brüder wegen als er mir verlach vnd desselben sins brüder
erben die Burg hüsere höfe garten vnd hovestetle mit allem gebn begriffe
Rechten Witen vnd zugehorden als sü gelegen sint zu Nidermater vff der
.Malern an der Biucke zwüschent Hensel grewel vnd der malern. Vnd ist
dirrc kouff gescheen vmbe drissig pfunt vnd dirlehalp pfunt pfennige
Stiassburger genger vnd geber die sü von yme empfangen haut vnd in
iren nutz kumen sint gar vnd gentzliche als die vorg. verkoifTere vor mir
veriachent. Ouch haut sü globet vnverscheidenlichen vür sich vnd ire
erben zu werende den vorg. koiffer vnd sine erben der egenanlen Büi'ge
hüsere höfe garten vnd hovestette Jemerme Ewiclichen vür vnverwidemet
vnd vnverseret vür vnd gegen aller menglichen als ein Reht ist vnd
disen kouff Stete vnd veste zu hallende vnde nemernie dowider zulunde
noch schaffen getan werden In keinerleye weg ane allerleye argelisle
vnd geverde. Ouch soi die vorg. Burg hüsere höfe garten vnd Hoveslelle
keinen zins me geben denne zehen Schillinge geltz den Herren zun Angu-
stinnern zu Ilagenowe sint abzulösen mit fünff pfunt pfennigen als die
vorg. veikoiffere vor mir veriahenl Weres aber dass den vorg. koiffer
oder sine erben Jemon anspreche oder bekümberle von der obgen. Bürge
hüse höfe garten hovestetle kouffes oder von ine zinse wegen danne vor-
geschriben Stent nü oder hernach mit geistlichem oder mit Weltlichem
gerillte was schaden Er oder sin erben des nement den süllent ynen die
obgen. verkoiffcre vnd ir erben ouch allen vfi'ichlen ane AViderrede vnd
harufi liant sü sich veizeigen viir sich vnd ire erben alles Schirmes aller
frilicite aller hellTc vnd aller gerillte creistlichs vnd welllichs '^m\ alles
- 277 -
des keinrelcye vsgcnunimcii dümillc su uder ii' cilicn sicli Ijcliclllcn odci
beschinnen rnoîilent vvider discn kouiï oder wider das in disem hrii If
geschr. slat vnd des zii vrkünde so hau ich der vorgeii. seliön'cii min
Ingesigel gehenckel an disen biiefl" der geben wart vll" den m.lislen
donreslag vor dem heiligen oslerlage do man zalle von goUes gehüric
vierlzehenhunderl vnd füidF Jare. » — Das an dieser Pergamenlurkunde
hängende Siegel in grünem Wachs zeigt einen qnergelheillen Schild,
unten schräg sciiraffirl, oben ein wachsender Feuer speiender Löwe oder
Drache. Umschrift: S. lOUANNlS UlTTEU. Die Uilter von Ilagenau
führten sonst das Wappen, wie es Herzog IX, 1G6 giebl, nämlich einen
gespaltenen Schild, vorn ein kleines c, hinten ein Stern. Auf drm Helme
ein offener Flug, im vorderen Flügel ein e, im anderen ein Siern. Der-
artig ist das Siegel des Emmerich Ritter, Zinsmeisler der Pflege llagenau
14.83. Das Siegel seines Ei.l.ijls Emmerich Ritler von Hagenauw (nul dem
das Geschlecht ISüß im Mannsslamtn erlosch; 1505 lebte ausser ihm noch
sein Bruder Florentz, während der älteste Bruder Anton vorher gestorben
war) an einem biscliöflichen Lehenbiiefe zeigt dasselhe Wappen, nur fehlt
im vorderen Felde und Flügel das C, so dass der Schild dem der Biumalei-
Ganerbcngeschlechler gleicht.
Urkunde IL Mil, den 9. Jainuir.
«Ich Johans schölte genant Weldel vnd ich Günrat Dangkrotzheim
schöffene zu Hagenowe Veriehent das vor vns kam der Erber Edelkneht
Johans von Albe Johanses seligen sun von Albe vnd het verkoufl vnd
geben zu kouffe Bebt vnd Bedelichen vür sich vnd alle sine erben den)
erbern bescheiden Berhtolt büchberter bürger zu Hagenowe vnd sinon
erben die Burg büsere höfe garten vnd hovestette mit allem gebuwe vnd
allem dem das daruffe stal vnd mit aller zugehörunge vnd Behiun
gelegen zu nidermaler vfl der malern an der brücke zwüschent Hensel
grewel vnd der Motern die Thoman \o{\ Berris Burggrafe zu gemünde
von des egenanlen Johans von Albe sins brüder wegen vor zilcn koult
hat vmbe Claus Wagener von Buhswiir vnd Ennel sine eliclie würiin als
das lüterlichen vsswisset ein kouffhrieff den er von ynen versigell mit des
Erbern Johans Rilters schoflen zu Hagenowe Ingesigel darüber hat den er
mit allen Rehten dem obgcn. koiffere Inhendes geben hat vml die briele
vnd alle die ackere vnd gülten die in denselben briefen geschriben slont
die er vmbe die geistlichen herren den prior vnd den Convenle des Clu-
sters zu den Aiiguslinern zu Hagenowe l<oult hat Alse daz eigentliche
— 278 -
vsswiset der kouffbriefl den er von ynen darüber liat versigelt mit iren
vnd des Erbern Cüntzel Reissers scliofTen zu Ilagenowe Ingesigeln den er
mit den briefcn die in demselben koufbriefe gerürt vnd benanl sint der
mit namen fünfe sint der drie wisent über dirtehalb pfiint gcllz vnd ein
zugbriefT vnd ein iissspriicbbrieff die dartzu geborent dem egenanten
koiiïer mit allen Hebten nacli irc vsswisunge oucli Inhendes geben bat zu
disem briefe vmbe Sehtzig Rinschcr güldin genger guter vnd geber an
golde vnd an gewihte die er bar von dem egenanten koifTer empfangen
vnd in sinen bessern nutz gekert bat gar vnd gcntzlicbe als der vorg.
Johans von Albe vor vns voricbent bat u. s. w. Geben vff
den andern tag nach sanle Erharlztag des Bischofs do man zalte von
goltes gebürte viertzehen hundert vnd EilffJare. » —
Pergament-Urkunde mit 3 kleinen runden Siegeln in grünem Wachs.
Das des Johann Schotte gen. Weldel, wie bei Herzog, IX, 163. Das Siegel
des als Dichter bekannten Conrad von Dankratzheim ist beschrieben in
der Zeitschrift für Geschichte des Oberrheins IF, 324. Die von Mone nicht
entzifferte Umschrift lautet :
S • CÔRADI • SCIIEAN • D • DÄKRAZEM •
Der Schild zeigt die schräggeslellte Pfeilspitze ebenso wie im Siegel
des Johans von Tankcrtzheim, Edelknechts, Schullheissen zu Ilagenau
1369 und wie sie auch die den von Dankratzheim stammverwandten
Geschlechter Blenckel, Knobloch, Sick und Spiegel in Strassbuig führten.
Conrad ist jedenfalls der Letzte des nach dem Dürfe Dengeisheim bei Dru-
senheim benannten Adelsgeschlechts, das zu den Burgmannen in Brumat
und Ungenau zählte und letzerer Stadt zwei Schultheissen gab. Schean ist
wahrscheinlich eine Verunstaltung von Jean, denn die Vornamen Johann
und Conrad kommen bei den Männern des Geschlechts fast ausnahms-
los vor.
Das Siegel des Johann von Albe ist sehr zerbröckelt und zeigt nur noch
(aber ganz deutlich) ein Stück des Helms und einen schräggestellten drei-
eckigen Schild mit drei hei-aldischen Lilien, zwei oben und eine unten.—
Die von Albe führten ihren Namen wohl nach der Stadt Saaralben. Dass
die in nachfolgenden Notizen genannten Personen sämmthch einem und
demselben Geschlechte angehùren, ist kaum anzunehmen.
1251 Ilesso von Alben (Specklin, Aedificm sacra, I, 134, nach einer hand-
schrJAlichcn Notiz).
— 270 —
1255 Fridericus dictiis de Alpa, civis oryeiitincnsis, et Julianncs, liliiis
ejus, Zeugen einer Urkunde des Deulscliordenshauses in I);iii,
12. März 1255 (Mone, Zeilschrift fär die Gesch. des Obevrheins,
XV, 1G1).
120-4 in craslino Lcale Agnetis virg^inis: Egidius de AVarncsherg, rnilos,
Gotfridus de Küchingen filius avunculi neinricicümilisGeminiponlis
et Wernherus de Werd caslro Warnesberg, Albeilns de Dolloclien,
Johannes de Mörledingen, Lamperlus de Gyrspcrg, Heimbüldus (K;
Alba, nepoles Ileinrici et Waldicri j)r£C(hc(orum et Malliiceus pater
proedictorum Ileinrici et Wallheii etc. (Stadtarchiv Sirassburg,
Briefbuch A, foh'o CO").
1267 im Januar. Johannes natus Friderici hone memorie dicti de Alba
domum suam in platea S. Crucis Arg. in anime sui palris rcmediuin
donavit monasterio S. Stcphani Argent. (Dezirksarchiv Strass-
burg, II 2683, \f 3).
1273 Johannes de Albe, cellerarius majoris ceci. arg. (Grandidier, Œaur.
hist. inédites, IV, 39).
1353 Nicolaus de Alba, Conventualis monasterii in Lixhcim (Zeitschr. für
die Gesch. des Oberrheins, Vi, 426 und XIV, 409).
Einen weiteren Aufschluss über die Familie des Johannes von Albe
ebl eine im Grossherzogl. Genei'al
Variis Alsalicis befindliche Urkunde
giebl eine im Grossherzogl. Genei'al-Landesarchiv in Carlsruhe unter ilen
«Ich Anne Johanses von Albe seligen willewe eines cdelen knehlcs vnd
Ich Johans vnd Obrecht gebrüdere der selben frowe Annen süne vnd ich
Anne Euffrides von Burne elich gemechede der Egen. frowe Annen
dochter » verzichten auf alle Ansprüche an das Gut zu Kinlweiler, das
Johans schere von Lampertheim, Edelknecht, an bern heinrich Abeslag,
Leutpriester zu swcichnsen anno 1367 verkauft hatte. Es siegeln Volinar
von Wickersheim, Schultheiss in Ilagenau (Schild mit Gänsefiiss); Här-
tung König, Schöffe in Hagenau (Siegel ab); die Wiltwe Anna (nach der
Umschrift des Siegels eine von Kirrweiler: in dem mit gczackicm Schild-
rande umgebenen Schilde ein gekrönter Löwe). Die Siegel ihrer Söhne
Johans und Albrecht und des Euffrid von Burn, dessen Gallin Anna noch
kein eigenes Siegel hat, sind abgefallen. Gegeben an Saiil Tlinmans
Tag 1374.
Die beiden nachfolgenden Notizen aus Herzogs Chronik beziehen sich
— 280 —
wohl auf lien in den 2 Urkunden von -I405 und '14-I1 envähnlen Ilnns
von Albe.
1447 Hans von Alben sagte in der Fehde des Hans Brcchter von Un-
genau wider Herrn Ludwig von Lichtenberg dem Letzteren ah
(IIb. V, p. 17)
1462 «Burckel Ballram hat 1462 von Johansen von Alben gelöst
12 Viertel Roggen, so er Pfandweise von Bürkels Schweher,
Jühansen von Monbron, inne hatte (lib. VI, p. 156).
Stammtafel der von Albe.
Joliaiuies von Albe, Edelknecht, todt 1374, starb wold 13C8.
Uxor : Anna von Kirrweiler, 1374.
Johannes von Albe, Edelknecht, Albrecht von Albe, Anna, 1374, Gattin
1374, wurde wegen Stegreifs Edelknecht, 1374. des Edelknechts Euffrid
enthauptet. von Burn.
Thomas von Bcrris, Hans von Albe 1405
Burggraf in Saargemünd, minorenn, 1411 Edelknecht,
1 i05, Edelknecht. lebte wohl noch 1462.
IL DIE VON JUNGHOLZ.
Im Protokoll vom 10. Juli 1877 wurden mehrere in der ehemaligen
Abtei Trutlenhausen aufgefundene Grabmäler besprochen, darunter auch
das des am 1. Juli 1348 verstorbenen Egenolfus miles de Landesberg,
dessen gleichnamiger Vater Vitzthum des Bisthum Sirassburg war. In
Bucelini Germania sacra et profana,. Slammlafcl der Landsberg, ist als
Gemahlin Egelolfs Galharina Jungoltzin, sein Todesjahr aber fälschlich
1310 genannt. Grandidier, Œuvr. hist. inédites, IV, 562 erwähnt seiner
ohne Angabe der Zeit unter i\(in Vasallen des Bislhums; Egenolfus de
Landesberg, filius quond. vicedomini, habet in feodo partent suam in opido
Ebenheim infcriori, item parlem suam in villa Dutteinheim etc.
Die voi'genannte, im Jahre 1338 verstorbene Galharina von Jungholz
war vermuthlich der letzte Sprössling des ritterlichen Geschlechts, das
sich nach der gleichnamigen Burg bei Sulz im Oberelsass nannte. Die
Klingenberger Chronik (ed. Henne) und Slumpff, Chron. hdi'., lib. IV,
iX'chnen die von Jungholz zu (\cn Adelsgeschlechtcrn im Thurgau. Das
V. ^LBE. — V. JUNGHOLZ. — TWINGE%
ErÎLlarung der Siegeltafel.
1. Siegel in grünem Wachs an einer Urkunde vom i6. Apnl 1405: Johannes Kittcr, Schöffe in Hagenau (Bezirksarchiv Ui.tcr.
Elsass, E , 2325, Nr. 2).
2. Siegel in grünem Wachs an einer Urkunde vom Mittwoch nach St. Lucien Tag, 1412, Conrad von Dankratzheim, Schöffe
in Hagenau (Bezirksarchiv Unter-Elsass , H, 953)-
3. Siegel in grünem Wachs an einer Urkunde vom 9. Januar 141 1 : Hans von Albe, Edelknecht (Bezirksarchiv Umer-
Elsass, E, 2325, Nr. 2).
4. Siegel in braunem Wachs an einer Urkunde vom Donnerstag nach St. Marcus Tag, 1278 : Cuno von Jungholz (Hczirks-
archiv Unter-Elsass, H, 1475. Nr. 4).
5. Siegel in grünem Wachs am Schwörbriefe vom ersten Tage nach St. Gallen Tag, 1534 : Burkart Twinger, AmmciMcr
(Stadtarchiv Strassburg).
6. Siegel in grünem Wachs an einem Statut des St. Thomas Kapitels vom 26. April 1408 : Jacob Twinger von Königs-
hofen, canonicus ecclesiae S. Thomae (St. Thomasarchiv Strassburg).
7. Siegel in grauem Wachs an einer Urkunde vom 9. Juni 1303 : Johannes de KüngeShofen , miles (Spitalarchiv Str.-»ssburg ,
2. Gewölbe, L.nd. 48).
liA.R Sckuia.it C£er^frJ,mrcuiMj-Jia^i/'J>^a.Jfé?
— 281 —
Wappen war nach Siebmacher, III, 175: von Uolh und Gold sechsmal
pfahhveise gelhcilt (pale de gueules el d'or de six pièces); auf dem llelni«
ein rolhes und ein goldenes Büflelhorn, auswendig mit je dr-'i ITaulcdcin
hcsteckl. Ilelmdeckcn roihgolden. Giamlidici, IV, 501 ei\\iilinl nach einem
um 1336 verfasslcn Lehen-Codex desBislIium Süassburg:
« Ilarlman von Junghollz, ein Riller, hat zu Lehen die Liirg zu
Junghollz also die graben begriffen hanl.
Wcrnher und Wilhelm Runlscban von Jungliollz hnnl zu Leben
die Burg zu Junghollz elc.
Cuno et Egelolfus de Junghollz mililes habent in feodo ab ecclesia
Argent, caslrum Junghollz cum omnibus suis perlinentiis.
Wilhelmus diclus Runlschan miles et Egenolfus armiger fdius
fralris sui de Junghollz.
Wernherus de Junghollz miles et Wilhelmus frater ejus habent
in feodo medietatem castri in Junghollz. » —
Der Code hlst. el dipl. de la ville de Strasbourg, II, p. 31, nennt unter
den Lehensleuten des Biscbofs von Sirassburg in der obern Mundat (ex
chron. Malerni Berler):
«tlanneman von Junghollz, Ritter, hat die Burg zu Jungbollz
« als die graben begriffen haut die her Gune selge von Junghollz
synen Kynden verliess die lehensgenoss sint. » — Wernher und
Wilhelm Runtschan von Junghollz haben die halbe Burg zu leben
in Gundollzheim. Gunn und Egenolf von Junghollz haben die Burg
zu Junghollz und das Wasser, die Rintbacb. Wilhelm genaunt
Runtschan, Ritter, und EgenolfT, Ritter, seines Bruders Sohn, liaben
Güter in Gundollzheim. Wernher von Junghollz, Ritler, und Wd-
helm, sein Bruder, haben das Schloss zu Junghollz, Lehen in Iluflach
und Gundollzheim. — Da der Runtschan und her Egenolf selge von
Junghollz, Ritler, ohne Leibeserben starben, zog Bischof Berlhold
(1328 — 53) ihre Lehen an das Bislhum zuri;ick. » —
Die von Junghollz waren auch Lehensmannen der Abtei Murbach
(Luenig, Reichsarchiv, XIX, p. 94-9).
— 28^2 —
Regesien,
1233 Ulricli, Graf von Pfirt, giebt der Kirclie in Basel Güter in Dirlins-
doriï und Wolscliwiller, 25. Januar 12o3. Unter den Zeugen, de
ministerialibus: Gonradus de Juiicliolz (Herrgott, Genal. dipl.
Habsb., II, 244; Trouiilat, Monuments de l'liisloire de l'ancien évêché
de Bäle, I, 528).
1247 Gertrud von Juniihollz als eine berühmte Kloslerfrau des Prediger
Ordens genannt (Mone, Quellensarnml. zur Bad. LandesgescJächte,
IV, p. 16).
1249 Ulrich, Graf von Pfirt, bestätigt der Abtei Lien-croissant die von
seinem Vater Friederich als Ersatz für (]en ihr zugefügten Scha-
den gemachte Schenkung eines Lehens in Olwiller, «de quo feodo
partem habet Cuonradus de Jungholtz, Junca de Basilea et Bela,
sue sorores racione rnatris, filie Burchardi militis de Trubelherg»
(Trévilliers). (Trouiilat, I, 582. Schœpflin, Als. dlpl.,l, p. 402).
1250 Cuno de Jungholz (Stoffel, Topojr. Wörterbicch.dcs Ober-Elsasses,
P-277).
1260 Certum feochim in banno Sulce, Basiliensis diocesis, rpiod Cunradus
de Trubelberc et frater ejus dominus Erchenboldus de Sancta Mar-
gareta a dominis de Juncholz habuerunt; 28. Januar 1260
(Trouiilat, II, 96).
1263 Conrardus de Joncoz, miles, bekennt mit der Abtei Lieu-croissant
wegen einigci' Zehnten im Bann von Sulz verglichen zu sein, die er
von Graf Ulrich von Pfirt zu Lehen erhalten iialtc. Vermittler waren :
T. de Bercoz (Dergholz), canonicus et custos ecclesie Lutenbacensis,
dominus V. de Sulce, dorn. W. de Lovbegassen, milites, et Johannes
Robarius, civis Basiliensis. Actum apud Sulce 1203, mens, octobri
(Trouiilat, II, 136).
1268 Fridericus comes Ferrelensis et Budcgcrus prcposilus S. Amurini,
Rudolfus de Lulcnbach, Guno, Cunradus de Jungholz et Ilodolfus
de Alswiler stiften Fiiedcn zwischen Berchtold Abt von Murbach
und Dominus Ilarlmannus de S. Amarino (Schœpflin, Als. dipl.,
1,400).
1270 Bischof Heinrich von Basel beauftragt eil prcpositus Golpaciicensis
et fraler peregrinus comendator d(jmus theotonice et G. dictus
Waldenarius et Jo. de Juncholz, nobiles viri, milites » darüber zu
wachen, dass der Kircljc St. Leonhard in Basel eine Weinrente \n
- 283 —
Sulz nicht cnltVcmdel werde. Dalum l'elill; um lins Jahr 1-J70
(Trouillat, II, 106).
1276 In SiiUz prope Rubeacum decoclus fiiil rnunelarius, sorvus domiiii
Joannis de Junghollz {Annales Colniaricnscs ad annuni itilG;
Bœhmer, Fontes renim Germ., II, p. 10).
1278 Cuno von Juncholtz verkauft mit ^VilIGn seiner «AVirlin ELsa hcm
hartmannes tohter von Racenhusen d um 00 Mark Silheis dem
Johanniter Ordenshause in Duilisheim 140 Vierlei und Sesler, halli
Gersten und Roggen, von seinem Gute zu Innenheim, das er und
seine Schwester von lohegassen aus der Erbschaft ihrer Muller
hatten. Cuno und sein Schwiegervater siegeln. Zeugen: Ulrich,
Bruder Gunos und Hesse von Hittenheim. Donnerstag nach Sanct
Marcus Tag 1278 (Orig. Urk. mit anhangenden Siegeln im Bezirks-
archiv Unter-Elsass, II, 1473).
1280 Graf Thiebald von Phirrete erweitert ein Lehen der Gebrüder
Waldner «for vil vnsere mannen» : Johannes, Conrad und Egiluff
gebrüder und Cuno von Junghollz, Heinrich Walther von Shini-
brunne, Conrad von Heilewilr, AVernher von Lobegasse, Wilhelm
von Hungerstein, Johannes Nortwint, Heinrich der Bcchiler, der
Wurand und Hug von Wunnenberg, rittere, Albrech von Ilorburg,
und Bartholome Schaüerel. Die genannten siegeln. De dato Sullz
2. Juli 1280 (Schœpflin, i/5. cbpL, II, 20).
1280 Urkunde des Theobaldus comes Phirrelarum: c Noveril universilas
vestra (?) quod Wallherus de Vellkilch, miles, jus palronalus
ecclesie de Vellkilch, quod a nobis in feodum habebat, in mnnus
nostras non coactus sed liberoarbitrio libère resignavit, quodquidcm
jus patronatus ecclesie de Veltkilch Cunoni de Junghollz milili in
rectum feodum duximus concedendum. — De dato Tanne 21. No-
vember 1280 (Schœpfîin, Als. clipL, II, 22).
1284 Urkunde des Raths der Stadt Sulz vom 18. Febr. Als erster Zeuge:
Dom. Jo. de Juncholz miles (Trouillat, II, 300).
1287 « Vrouwe Anne von Juncholtz hern Wernhers seligen des Roden von
lovbegazzen Wirtin » verkauft dc^} Johannitern in Dorlisheim 25 Vier-
tel Roggen und Gersten Gelds in Innenheim um 34 Mark. Her Wern-
her, her heinrich, Cuno und Rudolf von lovbegazzen, die Söhne
Annas, willigen ein. Zeugen: her Johannes von Juncholtz, her kune
von lovbegazzen, her buch der Baseler, her Wernher von lovbe-
gazzen, Bertolt der alte Kunich, Bertolt des Kunges sun, Bertolt der
Gezzcler, Bertolt Billunges sun und Otte von MVlienshcim (Mer-
— 28/i. —
chensheim). Siegel der Sladt Ruffach. Datum in Uufacli in der
niinre brüdor liof Si)nnlag- iiacli vnser frowen Licht messe 1287
(Orig. Ulk. im IJcziiksarcIiiv Üiilcr-Elsnss, 11, 1473).
1287, 22. Februar. Do quibusdam bonis in Ijanno Sulzc danlur annualim
qualuor solidi denariorum monclc Basiliensis domino Choiioni
militi de Jungholz nomine ccnsus, in festo beati Martini (Trouillat,
II, 441).
1288 Cuonradus dictus de Monceneheim (Muntzenheim) vermacht in
seinem Testament domino Cuononi de Juncholz 2 solidos, domino
Egelolfo 2 solidos. 9. Januar 1288 (Trouillat, II, 452).
1289,28 Mai. Duo scadi in banno Sülze prope vincas domini Cunonis de
Junchültz militis (Trouillat, II, 409).
1291,24 Juli. Der Abt von Lieu-croissant und der Johanniter Contbur in
Sulz tauschen einige Güter, unter deren Inhabern genannt ist:
Dominus Egelolfus de Junkholz apud Sigelbrunne fruslum unum
quod fuit domini C. mililis de Ludre (Trouillat, II, 510).
1295 Pelrus, Episcopus Basiliensis, eandem concessionem jin-is palronatus
in Veltkilch ficlam Cunoni de Junghollz in feodum per virum
nobilem dominum Theobaldum comitem Ferretensem confirmavit
(Schœpflin, Als. dipl, II, 22, Notiz).
1297 Cuno miles de Juncholtz im Burgfrieden der Waldner erwähnt
^Schœpflin, Als. dipl, II, 07; Als. ilL, II, 052).
1312 Graf Ulrich von Pfiil entscheidet einen Streit zwischen der Abtei
Lützel einerseils und den Rittern Conrad und Burkard Münch von
Basel, Gebrüder, und Conrad von Iltzich. Rathleute der letzteren
Partei waren her Wernhcr von Junghollz und her Wernher von
Trothofen, 21. April 1312 (Trouillat, 111, 177).
1314,31. M.ii. Her Cimrat von Ansoltzbeim, Riitcr, lier Fiidrich von
Ansolzhcim, Ritter, her Cune von Junghollz, Ritter, her Hartmann
von Baldccken, Ritter, und her Oswald von llliiziclie, Riller von
Colmar, haben von der Heri'schaft Rappoltstcin, das Dorf Ileiterheim
ZI] Lehen (Bezirksarcliiv Obcr-Elsass, E, 882. Schœpflin, Als. dipl.,
II, 108;i/6-. ///., II, 117).
1323 Reinwardus de Stralenberg bekennt sich als caslrensis in Scba-
weiiburg. Datum in opido Ileiligenstad, 1323 in vigilia beati
Laurcntii maityris, teslibiis Coiiiado Riidcn et Wernbero de jiink-
hollz (auch jiiiicliolcz) miliiihiis (Wunltwein , h'ora subsiditf dipl.,
111,121).
— 285 —
132i Herzog Leopold von Oeslorreicli bclehiil Williclin Jungholz, ge-
nannt Hnnbchi, mil 18 Plünd Lields ünf der llcrhsisicuer zu Ilolir-
dorf, 1) Anglist (Archiv für Schweiz. Geschichte, II, ;;i).
1338 starb Catharina von Jungliullz, Oemalilin des Hithji- Egenolf von
Landesberg.
IIL JACOB TWlNÜEfl VON KŒNIGSIIOVEN.
Die Herkunft des Chronisten Jacob Tvvinger von Kœnigshofcn war
bisher trolz vielseitiger Nachforschungen in geheimnissvolies Hunkcl
gehüllt geblieben. Man hat sich ebenso vergeblich i)cmühl seine Ellern
« Pritsche de Kiiii-eshoffen et Meiza ejus uxor» unter denadlichen Fami-
lien, die sich nach dem Dorfe Koenigshofen bei Sirassburg nannten,
aufzufinden, als sie mit dem Stiassburger Geschlecht der Twmger in Ver-
bindung zu bringen.
Eine Ui künde im strassburger Spitalarchiv (2tes Gewölbe, Lad. 33)
giebl uns endlich insoweit Aufschluss als sie den leiblichen Bruder und
einen Neffen nennt und durch des Ersteren Gewerbe die bürgerliche
Herkunft der ganzen Familie darthut. Die Urkunde lautet :
« Coiam nobis judice curie argentinensis conslitutus Nicolaus
filius quondam Henselini dictiFritschenhenselinpistoris de Kuniges-
lioven Argentinensis, fratris carnalis et legitimi utdicitur viridiscreli
Domini Jacobi de Kûnigeshoven canonici ecclesie sancli Thome
Argentinensis sanus mente et corpore et compos ratione non vi nee
metu nee coactus seu aüqua sagacilate circumductus sed sponle ex
certa scientia et animo bene deliberato pro se et heredibus suis
universis in presentia dicli domini Jacobi expresse in hec consensit
liberaliter et pure (juod dictus dominus .lacobus de omnibus et
singulis rebus et bonis suis mobilibus aul immobilibus per eum
habitis et acquisitis ad presens vel in futurum habendis aul derelin-
quendis sui obitus tempore sanus vel infirmus ad placitum suum
disponere, donare, depulare, legare et ordinäre valeat personis,
locis, ecclesiis, domibus, monasteriis et prebendis quibuscunque
prout eidem domino Jacobo pro sainte anime sue visum fuci'it expe-
dire promisit eciam diclus Nicolaus pro se et herebidus suis se
ratum et gralum alque firmum perpeluo habiturum quidquid per
ipsum dominum Jacobum de bonis et rebus suis hujusmodi disposi-
tum donatum deputalum legatum et ordinnlum fuerit modum in
— 286 —
quemciinquc et eciam hujusmodi disposicioncs, donationcs, dcputa-
ciones, legata et ordinaliones iiunquam ïmpedire aut infringere aiU
eoriim occasione personas, loca, ecclesias, domos, monasteria et
prebendas, quibus dictus dominus Jacobus donaverit, depulaverit,
legaverit aut ordinaverit de bonis et rebus suis hujusmodi nunquam
impetere, impedire, vexare, moleslare aut perturbare quovismodo
seu hoc fieri procurare per se vel alium seu alios mediante judicio
vel sine judicio absque fraude et dolo. Renunciavit insuper predictus
Nicolaus pro se et berebidus suis universis et singulis exceptionibus
et defensionibus cxceplione doli mali actioni in futurum beneficio
reslitutionis in integrum et quo deceptioni seu circumvenlioni sub-
vcnitur omnique juris auxilio canonici et civilis consuetudinibus et
statutis publicis et privatis sibi et heredibus suis adveniendis contra
premissa quomodolibet valituris et in premissorum lestimonium
sigillum curie argentinensis ad diclarum partium pelilionem presen-
tibus est appensum. Actum XVI Kai. februarii anno Domini raille-
simo irecentesimo nonogesimo sexto. »
Das Siegel des Richters in rothem Wachs hängt an einem Pergament-
streifen.
Aufzuklären bliebe nun noch immer wie Jacob von Kœnigshofen zu
dem -Beinamen Twinger gekommen ist. Dass seine Mutter eine Twinger
gewesen sei, lässt sich kaum annehmen, da sie sonst wohl in den
zahlreichen Anniversarienstiftungen des Geschlechts einmal genannt
worden wäre. Verdankte er etwa seine Erziehung dem Stättmeister
Johannes Twinger, der schon den Priester Pritsche Klosener zur Nieder-
schreibung seiner Chronik veranlasst hatle? Jedenfalls bewogen den
Chronisten Jacob Twinger Gefühle der aufrichtigsten Verehrung und
Dankbarkeit gegen den vorerwähnten Johannes Twinger ihn « dominus
meus generosus » zu nennen und ausnahmsweise sein (f 1376) und seiner
Gattin Nesa Gürtlerin (f 1395) Todesjahre in die Chronik aufzunehmen.
Der ältere Johannes Twinger, dessen Gatlin auch Nesa hiess, kann hiermit
nicht gemeint sein, denn er wird schon 1366 als todt genannt. Mit seinen
Töchtern tritt der Chronist in Beziehungen auf, die auf Verwandtschaft zu
deuten scheinen, z. B. 29. Juli 1395 JacobusTwinger,presbyter argentin.,
rector ecclesie in Trusenhcim et Dina Twingcrin filia quond. Johannis
dct. Twinger, executores lestamenli quond. Nese dct. Gürtlerin, olim uxoris
Dieterici dicti Burggrave, armigeri argentinensis.
Jacob Twinger wurde nacii seiner eigenen Angabe im Jahre 1346
— 287 —
geboren, tritt 1379 zuerst als clericus argenlincnsis auf und wurde 1382
zum Piiesler geweiht. 1384 und noch 1305 kommt er cils Kircliheir in
Drusenheim vor und wurde im letzleren .Uihre Canonicus ccclesiaj
S. Thomao Argentinensis; als solcher slaih er (laut Inschrifl in dieser
Kirche) 27. Dezember 1420. Von seiner sonstigen Amislhiitigkeit sei noch
erwähnt, dass er I39i publicus apostolica et imperiali aucturilale tiula-
rius, 1396 Administrator des Phynenspilals und lilO gubernalur ca|)ella}
S. Galli in Kungeslioven genannt wird. Eine Urkunde des Spitalarcliivs
vom 7. October 1408 nennt «magistrum dilectum Jacohum Twinger,
Canonicum eccl. S. Thomœ, Arg. olim ut dicitur perpetuum vicarium eccl.
S. Martini Arg. »
Die letztere Stelle mag er inne gehabt haben, ehe er als Kirchherr
nach Drusenheim ging, wenigstens finden sich Conradus de Düringheim
1385 perpetuus vicarius, Johannes Hudolfli de Endingen 1390 plebanus,
Iiudolffus de Endingen 1408 perpetuus vicarius ecclesiaî S. Martini.
Zur Begründung der nachfolgenden Stammtafel der Twinger ist es
nöthig einige Regesten anzuführen.
1290 Burkart Twinger, ein Fischer in Strassburg, Gertrul seine Gattin.
Hans Twingerlin, der junge Twinger, gleichfalls Fischer, wohl Sohn
der Vorigen {Slrassburgs Gassen- und Häusernamen, p, 166).
1313 Domus Burcardi dicli Twinger juxta domum zu der Gruben retro
Sanct. Martinum (Archiv in Oslhausen, Collect, geneal., II, 347).
1320 Johannes Twinger, civis arg., curator Johannis et Anne, liberorum
Pauli dct. Mosung, civis arg., ex priori malrimonio (Bezirksarchiv
Unter-Elsass, H, 1616).
1324 Erbo dct. Weldelin, miles arg. et uxor ejus Agnes Tanlz vendiderunl
Burcardo dct. Twinger, civi arg., et Grede, ejus uxori, ac Anne,
sorori Grede, 3 Gartenäcker bei Strassburg (Bezirksarchiv Unler-
Elsass, II, 3122).
1331 Die vorigen 3 Käufer kaufen von Hans Kelbclin 4 Pfund Gelds auf
der Badstube zu dem Eber (Spitalarchiv Strassburg, S. Marci
Briefbuch Nr. 183, fol. 462).
1333 Burkart Twinger der Jüngere {Bibliothek Heitz, Nr. 14, Collect.
geneal.).
1337 Burcardus dictus Twinger, Magister scabinorum civitatis argent, et
Johannes ejus frater stiften mit 2 Pfund Gelds auf dem Spital in
Molsheim Anniversarien für: Gerlrudis dct. Twingerin quarta die
post festum benti Andrée; quond. Ebelinus dct. fürn., piscalor arg.,
— 288 —
in die beali florenlii; quondam lliisa dicia Twingerin etBcrclitoldus
dct. Twinger terlia die ante exalhuionis S. Crucis; zu begehen bei
den Barfüssern. 28 November 1337 (St. Thomas-Archiv, ßarfüss.
Registr., I, fol. 115).
13GG Johannes, Nesa, Clara, Dina et Anna,libei'i qiioiid. Johnnnis Twinger,
civis arg. (Bilil. Ilcilz, Nr. {A, Coli. gen.).
1401 Rudolf Twinger im Ralh von der Rilterschnft (Archiv in Osthausen,
Collect, genealogica, II, 3-47); wird aber im Ralhsbuche nicht genannt.
1450 VI. Kai. Martii hat Margaretha Twinger, Witlwe des Petrus Voltz,
dem grossen Spital in Strassburg um ihr Seelenheil willen 3 Pfund
Heller Gelds übergeben {Bibl. Ikilz, Nr. 14, Coli, geneal.).
Unter dem 12. August wurde im Spital in Strassburg das Gedächlniss
folgender Personen gefeiert: Wilhelmi Twinger, Eugelin uxoris ejus, ac
domiui Wilhelmi ßöckel et Margarelhe Twingerin, ejus uxoris, cum tribus
sacerdotibus.
Dieser Rudolf und die 2 Margarethen sind in der Stammtafel nicht auf-
geführt.
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— 290 —
Nachstellend seien noch einige Personen angefüinl, die un 1er dem
Namen von Kœnigshofen vorkommen:
113:^ Adelgotus, pra:'positus argenlinensis, Burgardo ^le Kiinigshoven
miiili niansum in Ilugeshergen locavil.
1215 Benzelinus de K.
1220 Johannes de Kunegeshoven, Ministerial des Bischofs, im lîalh der
Stadt Strashurg-.
1230 Burcardus de cuiia regis, Zeuge einer iîisciiulh'chcn Urkunde.
1231 33, 37, 39, 44, 40, 7i Johannes de Küngeshoven.
1244,49 Ilelfericus de K. miles.
1246 Oiïemia de Kunigeshoven uxor Ilugonis de Mitlellius, mililis.
1278 Gertrudis relicla quond. Johannis de Kuncgcshofen dicli Joler et
liberi eorum.
1292 1305 Joannes, nobilis vir diclus Kœfelin de Königshofen, civis argen-
linensis. 1303 erscheint er als patronus ecclesiœ S. Andrea) arg.
Er führte dem Siegel nach das von Luck angeführte Wappen, in
Blau 2 silberne Querbalken, von denen der obere mit 3, der
untere mit 2 rothen Kugeln belegt ist.
1304 Ileinricus scultetus de Kunegeshofen empfängt vom Kloster S.Clara
auf dem Rossmarkt eine Ilofslalt in Königshofen in Eibpacht.
1340^ Gertrudis relicta qu. Ulrici dct. de Kunigeshoven, mililis arg.
1350 Dietscho de Kunigeshoven armiger arg.
1358 Ileinricus dct. Kempff de Königshofen et uxor ejus Lucardis.
1359 Johannes fdius Philippi de K., civis arg., procurator monasterii
S. Nicolai.
1400 Ottemannus dictus Schullheisse filius qu. Ileinrici dct. Seh., pani-
ficis de K.
1403, 12 Frater Rudolfus de K. convcntualis domus fratrum minorumargcnt.
Ein fraler Kudolfiis de K. auch 1303 Guardian desselben Hauses.
1422 starb Catharina von K. (nach Luck Schwester des Chronisten).
1431 Katharina de Künigeshofen, mercatrix argenlinensis.
1450 Catharina von K., gemeinsame oberste Regclmeisterin der Beginen
vnu der drillen Regel in Sirassburg.
Kindler von Knoüloch.
NOTIGE
SLR UN
CADMN SOLAIRE ANTIQUE
DÉCOUVERT A BETTWILLER (CANTON DE DRULINGEN).
-.î«<c
Je crois qu'il importe de signaler à la Société pour la conservation des
monuments historiques d'Alsace une découverte archéologique assez inté-
ressante qui, au mois de janvier dernier, a été faite à Bettwiller, com-
mune du canton de Drulingen.
Un habitant de ce village, en décapant un petit verger attenant à sa
maison, a trouvé dans le sol, à une profondeur de 30 à AO centimètres,
un cadran solaire qui date de l'époque romaine et dont la hase est ornée
sur ses quatre faces verticales de quatre figures sculptées en rehef. Auprès
de cette pierre, le propriétaire du terrain a en outre mis à jour un cani-
veau en grès bigarré, des moellons calcaires, des débris de tuiles à rebords,
des tessons de poteries rouges et noires, enfin quantité de charbons épars
dans le sol à un même niveau. Mais les travaux exécutés jusqu'à ce jour
n'ont pas encore amené la découverte d'un dé ou d'un pilier ayant pu
servir de piédestal au cadran solaire, lequel d'ailleurs ne présente pas à sa
surface inférieure un trou de scellement indiquant qu'il ait été fixé quel-
que part à perpétuelle demeure.
Ce petit monument, dont je me suis rendu acquéreur, est loin d'être
intact. Les mutilations qu'il a subies lui ont été infligées pour la plupart
au moment de son extraction du sol, ainsi que le prouve la fraîcheur de
presque toutes les cassures; pourtant quelques-unes de ces lésions
remontent à une époque bien plus éloignée, au temps sans doute où ce
cadran a été enseveli pour quatorze ou quinze siècles sous un amas de
décombres.
T. X. — (M.) 19
292 —
Le solarium découvert à Dcltwiller csl taillé dans un l)loc de grès
bigarré très-micacé et d'un blanc grisâtre; il a 53 centimèlres de baut;
chacune des faces veilicales, prise à mi-hauteur, a 20 centimètres de
large.
Je me propose de décrire tout d'abord riiui-loge solaire d puis ensuite
les bas-reliefs qui en décorent la base.
I.
Dans l'niiliipiilé, les cadrans solaires présentaient des formes très-
variées. Vitruve* en nomme jusqu'à treize espèces différentes et encore
fait-il remarquer que cette énumération est loin d'être complète. Cepen-
dant les divers cadrans que mentionne l'arcbilecle romain, peuvent être
subdivisés on trois groupes principaux: ils sont, en effet, sphériques,
coniques ou plans, suivant que les lignes qu'ils portent sont tracées sur
une surface oflrant l'un ou l'autre de ces trois caractères.
Les cadrans sphériques sont ceux dont les lignes horaires sont gravées
sur une surface concave ayant la forme d'une demi-sphère ou d'un quart
de sphère. Ils se ramènent à deux espèces, savoir : Vheinispliacrium,
dont l'invention est attribuée à Aristarque de Samos, et Mimnicyclium,
dont l'auteur est, dit-on, le Chaldéen Bérosc l
Ce dernier cadran — le seul dont Vitruve nous donne en passant une
description, très-incomplète d'ailleurs — est le plus simple et peut-être
le plus ancien de tous\ Il paraît avoir été le plus communément en usage
chez les Grecs et les llomains. Il consiste en un quart de sphère concave
qui est creusé à la surface supérieure d'une pierre et dont les bords ho-
1. De architeclura , Jib. IX, cap. 8. Dans ce neuvième livre de son ouvrage, Vitruve
traite spécialement de la gnomonique [de gnomonicis rationibus) ou plutôt de l'art de
construire les cadrans solaires et les clepsydres. Mais il ne décrit pas les diverses espèces
de cadrans connues de son temps: quas res praetermisi, dit-il (IX, 7), ne milita scri-
bendo offcndain; a quibus inventa simt gênera horologiorum exponam.
2. Vitruve, IX, 8 : Hemicyclium excavatum ex quadrato ad enclimaque succisum Be-
rosus Chuldœus dicilur invenisse. Scaphen sive hemisphœriiim Aristarchus Samius
3. G. Rayet, Des cadrans sol. coniq., p. 3—5. Cependant Hérodote, qui vivait au milieu
du cinquième siècle avant notre ère, disait déjà (H, lO'Ji : « La géométrie fut inventée
par les Égyptiens; quant au cadran solaire, au gnomon et aux douze divisions du jour,
les Grecs les ont reçus des Babyloniens. » L'invention des cadrans solaires est attribuée
par Diogène LaC-rce an philosophe Aiiaximandre (mort en 5 16 av. J.-Ch.), par l'Iine, à
Aaaximènc, disciple d'Ânaximandrc.
- 293 -
rizoïilaux décrivent un demi-cercle (/tcmicyclus). Vitiiive se conlenle de
dire que Yhemicyclium est creusé dans un carré ou — suivant certains
traducteurs — dajis un bloc carré (excavation ex (jnadralo) et (jue sa
face antérieure est inclinée parallèlement au plan de requateur {ad en-
clima succisvm). Mais il est probable que ces deux caractères n'étaient
pas essentiels. Le cadran de IJérosc, à en juger par des sjjécimens qui
nous ont été conservés, ne portait d'autres lig-nes que celles des heures'.
L'horloge solaire qui a été trouvée à Bettwillcr a aussi la forme dis-
tinclive de Vhemicyclium; mais elle présente de plus le perfectionnement
apporté, selon toute apparence, à cet insliument par l'astronome grec
Eudoxe de Gnide (vers 370 avant Jésus-Christ). En d'autres termes, c'est
un hémicycle où au tracé des lignes horaires est joint celui des lignes
des saisons, de telle sorte que l'intersection de ces deux espèces de traits
produit un dessin qui rappelle la structure d'une toile d'araignée : d'où le
nom d'arachné que l'on a donné aux cadrans du système de Bérosc qui
offrent cette remarquable combinaison \
En elTet, la surface supérieure de cette pierre, qui constitue un carré de
20 centimètres de côté, présente une cavité, considérablement dégradée,
qui à l'origine avait sans doute approximativement la forme d'un quart de
sphère (hemicydmm excavatum ex quadrato). L'intersection des parois
de cette cavité avec le plan horizontal supérieur du bloc de grès engen-
drait primitivement des arêtes vives qui étaient disposées à peu près en
demi-cercle autour de l'excavation; mais par suite des mutilations qu'a
essuyées le cadran, ces bords de l'hémicycle sont aujourd'hui tellement
émoussés sur tout leur pourtour que la ligne courbe qu'ils formaient
autrefois a presque entièrement disparu.
Par son ouverture inférieure, la cavité du cadran vient entailler la
face antérieure de la pierre, qui, lorsque cette horloge était utilisée,
devait nécessairement être tournée vers le Sud (face sud). Les plus grandes
1. RicL, Dict. des antiq., v° Ilemicyclium.
2. Vitruve, loc. cit. : Arachnen Eudoxus astrologus {dicitur invcnisse) , nonnulli di-
citnt Apollonium Dioaysodorus conum aliaque gênera, et qui supra scripli sunt,
et alii plures inventa reliquerunt, uti conaracJmen Le célèbre géomètre Apollonius
(lePerga (vers 250 avant notre ère), dont il est ici question, parait être riuventeur non
pas de Varachné simple ou sphériqae, mais bien de \a conarach?ié ou toile d'araignée
coiiique, dont Vitruve ne nous fait pas connaître l'auteur. Il aurait ainsi api)liqu6 au
cadran conique inventé par Dionysodore de Milo le même perfectionnement qu'Eudoxe
de Gnide avait déjà apporté au cadran sphériquc de Bérose, c'est-à-dire le tracé des
lignes des saisons. G.Rayet. Des cadrans sol. coniq.. p. 8.
— 294 —
dimensions de cette échancrure presque semi-circulaire étaient sans doute
8 centimètres dans le sens de la profondeur et 17 centimcli'cs environ
dans le sens de la largeur. Sur les cadrans solaires coniques, celte échan-
crure de la face sud est, à diamètre égal, généralement bien j)lus pro-
fonde, parce que l'axe du cône dont la surface concave poite alors les
lignes horaires, devait, pour chaque lieu en particulier et eu égard à sa
latitude, être incliné parallèlement à l'axe du monde ou, ce qui revient
au même, à la ligne des pôles. Au contraire, l'axe d'un hémicycle du
système de Bérose, quoique se trouvant aussi dans le plan méridien, est
toujours dirigé parallèlement à l'horizon.
L'axe de la cavilé qui nous occupe avait, à la surface supérieure de la
pierre, une longueur d'environ 12 centimètres. Ce chiffre pourrait fort
bien n'être pas tout à fait exact, car, étant donné l'état actuel du cadran,
il est Irès-diflicile de mesurer cette ligne médiane sud-nord.
Derrière l'hémicycle et sur le prolongement de son axe, est creusé un
trou de scellement, de forme rectangulaire, où était fixé le style ou
gnomon du cadran solaire. Cette tige métallique, qui n'a pas été retrou-
vée, avait la même direction que l'axe de la cavité, c'est-à-dire qu'au ni-
veau de la surface supérieure de la pierre, elle s'avançait horizontalement
et dans le plan méridien, vers la face sud du cadran que probablement
elle dépassait un peu. Grâce à cette disposition, le gnomon projetait né-
cessairement son ombre sur une partie quelconque de l'hémicycle, dès et
aussi longtemps que le soleil se montrait au-dessus de l'horizon.
Le trou de scellement du style, qui primitivement avait une profondeur
de 6 centimètres, présente aujourd'hui des parois en partie ébréchées. Il
paraît, en effet, qu'à une époque quelconque — peut-être au moment
de son enfouissement — ce cadran a été violemment précipité sur sa
surface supérieure, de telle sorte que le gnomon a fait éclater la pierr.e
tout autour de lui et principalement vers la face nord ou postérieure du
monument.
Bien que la cavité du solarium soit très-endommagée, on peut cepen-
dant distinguer encore à la surface de ce qui en reste, un certain
nombre de lignes qui répondent aux principales divisions de l'année et
du jour.
Et d'abord, on y remarque deux arcs de cercle CD, EF, qui, lorsque
leurs extrémités n'avaient pas encore disparu, traversaient tout l'hémicycle
de la face est vers la face ouest; ils sont tracés parallèlement au bord
inférieur ou méridional de la cavité, l'un à 4 Va centimètres, l'autre à
8 7ï centimèties en arrière de ce bord. Ces deux lignes circulaires et celle
— 295 —
AB, formée par le bord même du cadran', iiidi(|uciil sans doule les che-
mins que l'ondjie de l'exlrémilé du slyle parcourait en un seul jour, de
l'Ouest vers l'Est, à l'épurpie dus é(juinoxes (CD) et des solstices d'été (AB)
et d'hiver (EF). Ces trois courbes reproduisent ainsi sur la concavité de
l'hémicycle les aies de cercle (pi'en ces divers temps le soleil déci-it île
l'Est vers l'Ouest sur la moitié méiidionale de la voûte céleste. Ces lif^nes
d'ombre sont connues sous les noms de: ligne des équinoxes, lij-iie du
solstice d'été, ligne du solstice d'hiver. Chez les Uomains, elles étaient
très-probablement appelées linca aeqidnocUalis , Linea acaiiud , linea hi-
berna, suivant qu'elles correspondaient au dies aequinociialis , au dies
solstilialis (solstice d'été) et au dies brurnalis (solstice d'hiver) l Comme
à ces différentes époques de l'année, le soleil, dans son mouvement appa-
rent, traverse l'équateur ou s'arrête à l'un des tropiques, on dit aussi
quelquefois que ces trois courbes, réellement tracées ou noji, consliluejit
sur les horloges solaires, l'une, celle du milieu, le cercle de réfjuateiu-,
et les deux autres les cercles des tropiques ^ Quoi (pi'il en soit de ces
dénominations, ce sont là sur le cadran qui nous occupe, des lignes
d'ombre qui répondent à la division de l'année en quatre (juarls ou en
quatre saisons dont elles marquent le commencement ou la fin. En un
mot, ce sont les lignes des saisons qui par leur combinaison avec les
lignes horaires font de cet Jiemicyclium une véritable aracimc. Ces trois
arcs de cercle correspondant aux équinoxes et aux solstices se rencontrent
sur quelques-uns des cadrans sphériques du système de Bérose que l'an-
tiquité nous a légués; mais on les retrouve bien plus fréquemment sur
les cadrans coniques datant de cette époque; le tracé de ces lignes donne
alors à ceux-ci le caractère de conarachnésK
Si nous revenons à l'horloge solaire découverte à Bettwiller, nous y
remarquerons ensuite un certain nombre de lignes qui, partant du bord
1. Yoy. G. Rayet, p. 23 et 2i, description du cadran conique de l'Acropole d'Athènes.
2. Vltruve, IX, 7: Quum hoc ita sit expUcatum, sive per hibernas lineas, sive per
aestivas, sive per aequinoctiales aut etiam per menstruas , in subjectionibus rationes
horarum erunt ex a7ialemmatis describendae Vitruve emploie dans un sens ana-
logue les expressions : solis radius hlbernus, radius aeslivus.
3. Ricli , Biet, des ayitiq., Y" Arachnë.
4. G. Rayet, p. 6. Certaines arachnés coniqiies portent entre les trois lignes correspon-
dant aux équinoxes et aux solstices quatre autres lignes parallèles à celles-ci et groupées
deux par deux. Ces sept lignes, qui laissent entre elles six intervalles inégaux, mar-
quaient l'entrée du soleil dans les douze signes du zodiaque et indiquaient par consé-
quent la division de l'année en douze mois [Hneae menstriiae).
— 296 -
inférieur de la cavité du cadran (ligne du solstice d'été), coupent la ligne
des équinoxes et celle du solstice d'hiver et semblent avoir convergé vers
le pied du style, sans toutefois l'avoir atteint. Ce sont V la ligne mé-
ridienne et 2° les lignes tri horaires.
La ligne méridienne, qui est tracée au milieu de l'hémicycle et qui
devait se trouver dans le plan méridien, marque le midi vrai. Elle indi-
quait ainsi le milieu du jour naturel' (dies naturalis, cl. vcrus, Inx),
c'est-à-dire de l'espace de temps compris entre le lever et le coucher du
soleil, et séparait, pour ce joui', h's horœ anlemeridianœ des horœ pome-
ridianœ. Cette division du jour naturel en deux moitiés, le iempus ante-
meridiamim et le tempns postmeridianum, est la plus ancienne de toutes;
elle fut même la seule en usage à Rome pendant j)lus de quatre siècles et
demi, alors qu'on n'y connaissait encore ni les cadrans solaires'-, ni, par
suite, la division du jour en heures^ Comme le cadran dont il est ici
question, a sans doute servi à une ou plusieurs exploitations agricoles, il
n'est peut-être pas sans intérêt de rappeler que chez les Romains le tem-
pus meridiamim était, d'après la coutume ou la loi, l'heure du repos
pour les ouvriers qui n'étaient pas de condition servile. Ainsi le droit
de faire la méridienne {meridiari) appartenait, du moins pendant la
belle saison, aux hommes libres qui travaillaient pour autrui moyennant
un salaire et aux affranchis lorsqu'ils rendaient gratuitement à leur ancien
maître les services qu'ils lui devaient en vertu de l'acte de manumission*.
1. Celte Jig-iie marquait aussi le milieu du joui' civil des Homains (dies civilis, dies
Romnnus) rjui, comme celui des Éj^yptiens, se comptait de minuit à minuit. Cet espace de
temps comprenait ainsi more romuno duas diinidiatas noctes et biceni mcdUnn et renfer-
mait en toute saison douze heures de jour et douze heures de nuit. Loi 8, IHg., dej'eriis,
[W, 12). Aulu-Gelle, N. A., III, 2. Censoriaus, De die natali, cap. 23.
2. Le premier cadran solaire que l'on vit à Rome lut, d'après Pline {lîisl. nul., Vil, GO),
celui que L. l'apirius Cursor y érigea Fan 293 avant J.-Ch.; suivant d'autres auteurs, ce
fut celui que M. Valerius Mcs.sala y apporta de Catane, lors de la première guerre punique,
vers l'an 2G3. Ceusorinu.s, qui écrivait au troisième siècle de notre ère, dit peut-être avec
plus de raison (De die nat, cap. 23): (Solarium) antiquissimum qnod J'uerit (Romœ) ,
invenlu difficile est Illud salis conslat, nulluni in Foro prias fuisse, qnnm id
qxod M. Valerius ex Sicilia advcctum ad Rosira in columna posiiit.
3. Censorinus, loc. cit.: Scd hoc (la diyision du jour en heures) credo Romœ posl
reperla sola?-ia obseroalum.... llorarum nomen non minus annos 300 Romœ ignoratum
esse , credibile est. Nam in Xfl Tabulis nusquam nominatas horas inoenias, ut in aliis
poslea legibus, sed « ante mei-idiem » , eô videlicet qxod partes dici bifariam Inm divisi
mcridies discerncbat. — l'iaute dans Aulu-Gelle, III, 3.
•i. Loi 20, pr. Dig., de operis liberlorum, 38, I : dummodo [patronus) liberales opéras
- 597 —
Sur les cadrans solaires des anciens, la ligne méridienne indiijuait,
üLitre le nn'di, la sixième heure du juur; car, à l'exemple des Babyloniens,
les Grecs et les Romains partageaient le joui- naluicl en douze li, iMcs(jui
se comptaienl à partir du lever du soleil et dont la sixième finissait tou-
jours à n)idi. Comme la durée des jours varie suivant les saisons, il en
résulte que dans l'antiquité celle des heures diurnes variait en même
temps et dans la môme proportion'. Dans notre |)ays, pai- exemple, nne
heure du jour était au solstice de juin {Itora süls/illalis) deux (bis plus
longue (ju'au solstice de décembre {hora brumaUs). Comme la division
duodécimale, appliquée d'abord au jour, fut plus tard étendue à la nuit,
la même diversité existait aussi à l'époque romaine dans la durée des
heures nocturnes qui, elles, se comptaient à partir du coucher du soleil.
Ainsi les heures du jour et celles de la nuit, qui étaient égales entre elles
au temps des équinoxes {horae aequinodialcs), ne cessaient ensuite les
unes de s'allonger, les autres de se raccourcir pendant tout le reste de
l'année, si bien qu'à l'époque des solstices d'été et d'hiver, les unes étaient
dans notre région deux fois plus longues ou deux fois plus courtes que
les autres l Cette étrange manière de régler la dui'ée des heures fut chez
les anciens une conséquence naturelle de l'emploi à peu près exclusif des
horloges solaires pour la mesure du temps. En effet, les diverses espèces
de cadrans qui étaient alors en usage avaient, comme le dit Vitruve, cela
de commun, qu'elles divisaient en douze heures tous les jours de l'année,
les plus courts comme les plus longs, celui du solstice d'hiver aussi bien
que ceux des équinoxes et du solstice d'été \ Ainsi, pour construire une
arachné sphérique ou conique, on avait généralement soin de partager
en douze parties égales chacune des trois lignes d'ombre correspondant
aux équinoxes et aux solstices; cela fait, il suffisait de joindre par un trait
continu les points de division de même ordre pour obtenir un instrument
partageant en douze heures tous les jours de l'année indistinctement. Une
horloge solaire devait donc nécessairement marquer des heures variables
ab eis [liberlis] exUjeret, hoc est ut meridiano tempore acquiescerc.... sineret. Kotc de
Jacq. Godcfi'oi : eodeiii modo qui opéras alicui conduxerunt invito locutore mcridiari
possiint. — Martial, IV, 8: Se.r.ta (hora) quies lassis.
1. Vitruve, IX, 8 : Sol per siderum spatia vadens, dilatai contrahilque dies et haras.
2. Vie de César, par KapoJôon III. Appendice B, table de concordance des Leurcs ro-
maines et modernes sous la latitude de Paris, par Lcverricr.
3. Vitruve, IX, 7: Subjicientur muUae varietates et gênera horologiorum Omnium
autem figurarum descriptionumque earum effectus unus, ut dies aequinoctiulis bruma-
lisque itemque solstitialis iti duodecim partes aeqïialiter sit divisus.
— 298 —
de longueur suivant les saisons, en lui niul, des heures temporaires. La
clepsydre, au contraire, j)ouvait donnei- toute l'année des heures d'une
durée constante, semblahles aux nùlres (heures éiiuinoxiales); mais il en
était rarement ainsi et le plus souvent les hoiloges à eaU; qui servaient
prhicipalemcnt en hiver {huroloyla hiberna), étaient, elles aussi, disposées
de manière à marquer des heures temporaiies soit pour le jour, soit poui-
la nuit'.
Certains peuples de l'antiquité ne se contentaient pas de diviser ainsi et
le jour et la nuit en douze pai'ties égales; ils partageaient en outre l'un et
l'autre de ces deux espaces de temps en fjactions i)lus considérables, c'est-
à-dire en quatre quarts dont chacun comprenait trois heures temporaires.
Cette division, qui est peut-être plus ancienne que celle du jour en heures,
était usitée notamment chez les Chaldéens et les Phéniciens'; elle s'intro-
duisit également à Rome, sans doute en même temps que la division
horaire, et s'y maintint jusqu'à la fin de l'Empire. Ainsi les Romains parta-
geaient le jour en quatre parties égales, que l'on appelait sans doute exm-
biœ et la nuit en quatre quarts que l'on nommait vigiliœ. Ces subdivi-
sions du jour et de la nuit étaient appelées selon leur ordre, première,
seconde, troisième et quatrième excnhia ou vigilia\ A l'époque de la
domination romaine, cette division du temps avait surtout une grande im-
portance au point de vue militaire {divisio militaris) pour le service des
factions de jour (excubiœ) et des factions de nuit {viyiliœY. D'autre part,
1. Ou arrivait à ce résultat soit en augmentant ou en diminuant de diverses manières
r écoulement de l'eau, soit en employant pour chaque mois une échelle horaire diffé-
rente, de telle sorte que les intervalles correspondant aux heures y étaient tantôt un
peu plus grands, tantôt un peu plus petits, secundinn horunnn cresccntias aul correp-
tiones. Vitruve, IX, 8, éd. Panckoucke, notes lOG, Il 1 et figures.
2. Revue archéologique, mars 1877, p. 179, note 1.
3. Gensorinus, c. 23: Alii diem quadripartito , sed et noctem simililer, dioidcbant,
idque divisio testatur militaris, ubi dicitur vifjilia prima, item sccunda , et lerlia et
quarta. La quadripartitio du jour ne paraît pas avoir eu chez les Homains la même im-
portance que celle de la nuit. Aucun auteur latin ne nous a transmis, que je sache, le
nom que l'on donnait à Rome aux quatre quarts du jour. J'ai suivi sur ce point l'opinion
de Nieupoort qui dit {Rit. Rom. explic., IV, 4, 3) : Sed alias dies, nt et nox , in quatuor
partes, excubias , sive vigilias dictas, erat divisa. — Liltré, biet.. Vis Tierce, Sexte,
Aonc.
4. Forcellini (Lexic, v» Excubiae) : VigiHue sunt tantum nocturnae, cxcubiae noc-
lurnae et diurnae. — Dans les camps romains, le commencement de chaque veille
était annoncé au son de la trompette, buccina. De là les expressions de buccina prima,
secioida, lerlia, etc. — A celte division militaire et civile de la nuit chez les Romains se
rattache l'origine des quatre veilles chrétiennes que Ton observait dans la ininiilive Église
— 209 —
il est probable aussi (juu clic/ les anciens, coniine de nos juins, les sa-
laires des ouvriei's étaient souvent réglés par (piails de journée {tiuadrans
operœ,VierteUa(/). Ainsi, dans l'apologue du vigneron (Êvang. saint Mallb.,
G. 20, V. 1—8), on voit le propriétaire du vignoble engager successive-
ment des journaliers au lever du soleil, à la troisième, à la sixième et à
la neuvième heure du jour, enfin, par exccplion, à la onzième. Celle dis-
tribution du jour et de la nuit survécut à la cliule de l'Empire romain et
persista, en même tcmi)s que l'emploi général des cadrans solaires, jus(jue
vers la fin du moyen uge. Pendant cette période de l'bistoire, en efl'el, le
jour notamment était encore divisé en France en quatre parties égales,
que l'on appelait la prime, la lierce, la sexlc et la noue, parce qu'elles
commençaient respectivement à la première, à la troisième, à la sixième
et à la neuvième heure du jour, ou, comme on disait alors, aux lieures
de prime, de tierce, de sexte et de none'. Cette ancienne division du
jour en quatre quarts semble aussi avoir laissé des traces dans ces mois
de la langue allemande : Morgens, VormiUags, Nachmillags et Abends.
Cette seconde distribution du jour naturel, rarement indiquée sur les
cadrans solaires de l'antiquité, est marquée sur celui qui nous occupe par
les lignes trihoraires que j'ai déjà mentionnées plus haut. De ce nombre
est tout d'abord la ligne méridienne qui, par cela même qu'elle répond à
la sixième heure du jour, détermine le commencement de la sexte et la
fin de la tierce. Deux autres lignes trihoraires se voient encore sur ce
cadran, l'une à gauche, l'autre à droite de la ligne méridienne; elles cor-
respondent l'une à la troisième, l'autre à la neuvième lieure du jour et
indiquent par conséquent, la première le commencement de la tierce, la
seconde celui de la none. Il ne reste pour ainsi dire aucun vestige des
lignes trihoraires extrêmes qui marquaient le commencement et la fin du
jour (inane et vespere) et par suite aussi le commencement de la prime et
la fin de la none; celles-ci n'étaient pas réellement tracées sur la pierre
et à la fm desquelles on chantait successivement le premier, le second et le troisième
nocturne, enfin les matines {laudes). A partir du cinquième siècle s'introduisit pou à peu
l'usage de réciter à la (in de la quatrième veille et les trois nocturnes (matines) et l'office
de laudes. {DicL des aniiq. chréf., par l'abbé Martigny, v Office).
1. Au quinzième siècle encore, Froissart dit par exemple, 1, I : i7 estait heure de haute
tierce (près de midi) ; — III, 8 : l'usage du comte de Foix estait qu'il se descouchait à
haute nonne; — 1,1: Environ petite nonne (vers quatre heures) un lièvre seti vint tres-
passant parmi les champs. Ducange (v» tertia) cite un texte du quatorzième siècle ainsi
conçu: comme il feu si tierce de nuit ou environ. En vieux français, noner signifiait
goûter, allemand vespem (Scheler, Dict. d'c'tym./r., v» i\one.}
— 300 -
mais elles se confondaient avec les arêtes vives qui terminaient autrefois
l'hémicycle encore intact vers l'Est et vers rOucsl ou, si l'on veut, à gauche
et à di'oile du style*.
Sur la plupart des aracJinés sphériques ou coniques de Tanlifjuite, les
lignes horaires s'étendent toutes indistinclenienl depuis le bord inférieur
de la cavité qui les porte jusqu'au pied du gnomon ou tout au moins jus-
qu'à la ligne du solstice d'hiver. Sur le cadran trouvé à Bettvviller, au con-
traire, les lignes trihoraires seules ont une pareille longueur, puisque,
connue je l'ai déjà dit, celles qui sont réellement gravées sur la pierre
dépassent la ligne du solstice d'hiver. Mais il n'en est pas de même en ce
qui ccjncerne les lignes horaires simples qui sur cette horloge mar-
quaient ce que l'on pourrait en quelque sorte appeler les petites heures
du jour, c'est-à-dire les heures autres que manc, tierce, scxte, none et
vêpres. Ces lignes lioraires de moindre importance ne sont tracées que
sur la partie de la cavité qui se trouve comprise entre le bord inférieur
de l'hémicycle (ligne du solstice d'été) et le premier arc de cercle paral-
lèle à ce bord (ligne des équinoxes). Il semble donc que ce cadran n'a
jamais dû servir beaucoup pendant le temps compris entre l'équinoxe d'au-
tomne et celui du printemps où dans notre pays le ciel est souvent couvert;
pendant cette moitié de l'année, en effet, l'horloge solaire n'indiquait plus
toutes les heures du jour. Des huit lignes horaires simples que portait
autrefois ce cadran, il n'en reste plus que cinq; ce sont, en les désignant,
comme le faisaient les anciens, d'après les heures du jour dont elles
marquent la fin, la linea quarta, la quinla, la septima, Yoctava et la décima'^.
1. Cette division du jour en quatre périodes, de trois heures chacune, parait avoir eu une
certaine importance, même au point de vue religieux, cliez les Juifs qui avaient l'hal)!-
tude de prier dans le temple ou chez eux aux heures de tierce, de sexte, de none et de
vôprcs (Actes des Apôtres: II, 15; X, D; III, I). L'Éf^lisc chrétienne tint également compte
de cette distribution civile du jour, lorsqu'elle régla la célébration de rollice. Preca-
tiones facite, dit une Constitution apostolique (VIII, 34) de la fin du quatrième siècle,
viane, et tertia hora, et sexta, et nona, et vespere. Les prières ainsi prescrites ne sont
autre chose que les heures canoniques de matines, de tierce, de sexte, de 7ione et de
vêpres, qui, dans les premiers siècles du moyen âge, furent ainsi appelées du nom des
heures du jour auxquelles on les récitait alors. C'est, comme on sait, depuis le neuvième
siècle que dans l'Église romaine on chante l'heure de vêpres immédiatement après celle
de none. (Dict. des Anliq. chrétiennes , par l'abhé Martigny, V Office.)
2. Ausone {Ephenieris\ presse en ces termes son cuisinier Sosie de préparer le dé-
jeuner :
Sosia, prandendum est : quartamjam lohis in horam
Sol cald; ail quinlam flcdilur lanbra noUun.
- 301 —
Les trois espèces de lignes duiil j'ai successivenieiit parlé — lignes des
saisons, lignes trihoraires, lignes horaires simples —, sont assez grossière-
ment Iracécs; aussi la posilion de quehpies-uiics d'enlre elles n'est-elle
peut-être pas rigoureusement exacte. Il est proliahlc (pic priinilivemcnl
elles étaient toutes j)einles en rouge.
Le cadran solaire découvert à Bcttwiller ne présente pas d'ailleurs un
des caractères habituels des hémicycles du système de Bérose; il n'est
pas, comme dit Vilruve, succisiim ad encUma\ En d'autres termes, la l'ace
antérieure de la |)ierre n'est pas inclinée parallèlement au plan de ré(pia-
teur, de manière à former avec la verticale un angle égal à la latitude
(clima) du lieu où l'horloge devait être placée. Si ce cadran eût été taillé
d'après la latitude de Bettwiller qui est d'environ 48° 50', sa face sud
serait inclinée, sinon sur toute sa hauteur, du moins au niveau de la
cavité, de telle façon qu'elle ferait un angle de près de 41" (90°— 48" 50')
avec le plan horizontal supérieur de la pierre. Il est possible que le con-
structeur de ce solarium ait ignoré la latitude de Bettwiller; peut-être aussi
a-t-il négligé de l'indiquer de la sorte, parce qu'il avait l'intention de
décorer la base du cadran des sculptures dont il me reste à parler main-
tenant.
II.
J'aborde ainsi la description des bas-reliefs que ce petit monument
présente sur ses quatre faces verticales et qui, sous ce rapport, le font
ressembler à certains autels de l'antiquité païenne {ViergüUeraUärey.
Ces sculptures sont d'une exécution plus que médiocre. Les proportions
du corps ne sont pas bien observées; les attitudes violentes de certaines
figures sont mal rendues. Toutes les têtes féminines se ressemblent,
On sait que les Romains avaient g-énéralement l'Iiahitude de déjeuner {prandere) vers
la sixième lieure du jour et de diner {cœnare) vers la neuvième. Martial, IV, 8: hiiperat
excelsos frangere 7iona toros.
1. Ce caractère n'est pas propre aux hémicycles de Bérose, comme on pourrait le
croire d'après la description que nous en donne Vitruve. On le retrouve, en cfTet, sur
tous les cadrans coniques de l'antiquité qui, au nombre de onze, sont parvenus jusqu'à
nous. (G. Rayet, ouvrage cité, p. 8 et 15.)
2. La décoration des cadrans spliériques et coniques consiste presque toujours en
deux pattes de lion qui sont placées aux deux angles de la face sud et qui géiiératement
suivent les inflexions de celle-ci, lorsqu'elle est succisa ad enclima.
- 302 —
comme si le sculpteur n'avait eu ù cet égard (ju'un seul type à sa dispo-
sition. Cet ouvrier semble d'ailleurs avoir eu une prédilection marquée
pour les nudités. Les anaglypljes en question ne |trésentent plus aucune
Irace de peinture, si tant est qu'ils aient jamais été coloriés. Enfin, ils ne
sont accompagnés d'aucune inscription.
Les quatre figures représentées sur ce monument ne sont pas placées
dans de véritables niches. Le sculpteur s'est contenté de laisser aux pieds
de chacune d'elles une petite base, sans moulures, de 3 centimètres de
haut et de creuser ensuite chaque face en taillant la pierre obliquement
tout autour de chacune de ces quatre images. La hauteur de ces figurines
vaiie de 0,40 à 0,47 centimètres suivant les côtés.
Face sud. Je décrirai tout d'abord le bas-relief qui, sur la face antérieure
de la pierre, est placé au-dessous de l'échancrure produite par la cavité
du cadran solaire. Cet anaglyphe, le plus petit, mais aussi le plus soigné
de tous, a été assez habilement rattaché à cet instrument horaire'. Il repré-
sente, en effet, une femme complètement nue, qui lève les bras pour sou-
tenir le cadran qu'elle porte sur la tête à la manière d'une canéphore, et
qui pourtant, malgré ce fardeau, semble passer rapidement devant le
spectateur en dansant ou en courant. Rien ne s'oppose, il me semble, à
ce qu'on voie dans cette figure la représentation de l'une des Heures,
veloces Horae, comme les appelle Ovide, bien qu'on ne retrouve pas ici
les attributs, d'aillein^s fort peu constants, de ces divinités. La déesse a des
cheveux très-abondants qui, partagés sur le miUeu de la tète, encadrent
la face et se relèvent en arrière en couvrant entièrement les oreilles. Le
visage, un peu large et épais, n'a rien de beau ni même de juvénile. Le
front est très-haut; le nez, légèrement mutilé. Les seins sont à peine
indiqués; par contre, d'autres caractères sexuels le sont trop et, sous ce
rapport, le sculpteur (si c'est bien lui) a quelque peu «bravé l'honnêteté».
Le torse, d'un relief assez vigoureux, se présente presque de face et ne
participe pas suffisamment au mouvement des membres inférieurs qui, à
paitir du genou, sont entièrement retournés et ne se voient plus que de
|irofii. La déesse s'appuie sur la jambe droite qui, dressée verticalement,
ne repose que sur la pointe du pied. La jambe gauche, d'une longueur
1. S'il faut cil croire certains vers attribués à Ausoiic [De mensibus tctrasticha), le
cadran solaire aurait, du moins eu peinture et particulièrement dans les illustrations des
calendriers, servi à caractériser le mois de Juin personnilié :
Nudus viembra dehinc solares respicit liorus
Junius, uc l'Iiocbiini ßcctere monslral Her.
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disproportionnée , est rejetce en arrière et inflécliie de telle sorte
(jue la plante du pied est perpendiculaire au sol et paraît ne pas y tou-
cher. C'est, comme on voit, l'attitude assez mal rendue, il est viai,
d'une femme qui court ou qui danse; c'est aussi , si je ne me liompe,
une image symb()li(iue du cours ou de la fuite rapide des heures, cursus
horarum.
Face est. Lorsque, après avoir considéré ce premier has-relicf, on v^'ut
ensuite faire le tour de la pierre pour examiner les autres, on est naturel-
lement porté à prendre à droite et à se placer tout d'abord devant la face
est de ce petit monument. — L'anaglyphe qui décore ce côté du cadran ,
représente également une femme qui n'a pour tout vêtement qu'une sorte
d'écharpe nouée autour des reins. C'est une autre Heure sans doute. Celle-ci
est bien certainement occupée à danser; elle tourne sur elle-même, de
droite à gauche, en déployant au-dessus de sa tête un voile dans les plis
duquel ses bras relevés disparaissent à partir du coude. La diva saltatrix
présente le dos au spectateur et pourtant, grâce à l'inhabileté du sculpteur,
elle parvient à nous montrer son visage de trois quarts. Cette seconde
Heure a la môme physionomie que la première; elle a aussi la même coif-
fure, à cette différence près toutefois que deux longues boucles descendent
derrière ses oreilles et vont tomber au milieu du dos. La déesse s'appuie
légèrement sur la pointe du pied gauche. La jambe droite est très-muti-
lée; elle est rejetée en arrière sans être ployée et ne porte que sur les
extrémités des orteils. Il me semble donc que, sans avoir l'imagination
trop complaisante, on peut voir dans cette sculpture une personnification
des heures qui tournent et reviennent sans cesse sur elles-mêmes. Com-
ment d'ailleurs admettre qu'une vulgaire danseuse puisse figurer ici à
côté des grandes divinités qui vont suivre ou même avoir le pas sur
elles?
Face nord. En effet, sur la paroi postérieure du monument, Mercure
nous apparaît de face et debout; dans la main gauche abaissée, le dieu du
commerce porte un grand caducée; il tient la bourse de la main droite,
qui est appuyée sur le milieu du corps. Cette divinité est aussi dans un
état de complète nudité. La tête du dieu, qui était placée derrière le Irou
de scellement du gnomon, a presque totalement disparu. Cette cassure est
ancienne, comme l'indique une concrétion terreuse qui dans le sol s'est
formée peu à peu à la surface de la partie endommagée de la pierre.
Si, même après la conquête romaine. Mercure est resté le principal
dieu de notre pays, melior deonim, comme dit une inscription, on
comprend toutefois que sur un cadran solaire il ait dû céder le premier
- 304 —
rang à dos divinilcs plus spécialement cliargées de présider aux iieures
du jour.
Face ouest. Enfin, sur le culé ouest de la jjierre, le (|uatrième ctdcnn'cr
l»as-rclicf nous présente debout et de face une délié entièrement nue qui
lient dans la main j^auclie et le long- du flanc gauche un arc de forme
ordinaiie. La main droite, ramenée sur le milieu du corps, désigne au
moyen de l'index allongé, un être quelconque, homme ou animal, que la
divinité vient de jiercer de ses traits. Des pieds de la figure partent en tous
sens de minces rainures reclilignes qui sans doute représentent des rayons
lumineux et (jui, comme les layons divergents d'une gloire, entoiu'ent
riinagc de toutes parts. Assurément nous avons devant nous Tiui des
enfants de Latone; mais est-ce Diane, est-ce Apollon? Le sexe de la figure
n'est pas facilement reconnaissaltle. Les piidenda sont mutilés et le bas-
relief est d'un travail tellement grossier que les saillies de la poitrine
peuvent tout aussi bien être considérées comme des seins ipie comme de
simples pectoraux. Ce (jui me semble trancher la question en faveui- de
Diane, c'est la tête môme de la divinité qui est bien celle d'une femme;
même physionomie, même coifl'ure que celles des llorœ; deux longues
boucles ou tresses tombent sur la poitrine et vont finir en pointe à la par-
tie supérieure des bras. Je suis donc porlé à croire que sur cette face du
monument, le sculpt<'ur a voulu représenter Diane à la fois comme déesse
de la chasse et comme déesse de la lune. Et pourtant il peut sembler
étrange que celle chaste divinité que l'art anti(jue nous présente toujours
vêtue d'une tunique longue ou courte, se montre ici à nous dans un état
de nudité qui conviendrait bien mieux à son frère Apollon. Un détail de
la sculpture qui nous occupe, pourrait aussi à la rigueur être invoqué en
faveur de ce dernier dieu. On pourrait soutenir, en elîet, que la figure ne
dirige pas l'index de la main droite vers l'horizon pour nous faire com-
prendre la puissance de ses coups, mais qu'elle lève ce doigt jiour mon-
trer le cadran solaire qui se trouve sur la face voisine, la face sud de la
pierre, et que par consécpient la déité ici représentée doit être Apollon, le
dieu du soleil, celui-ci ayant naturellement plus de rapports avec une
horloge solaire que la déesse de la lune. Cependant ces considérations
plus ou moins plausibles ne sauraient, à mon avis, prévaloir contre les
caractèies neltemenl féminins qu'offrent le visage et la coiffure de la divi-
nité qui nous aj»j)araîl sur ce bas-relief. — Il est bon de rcmar(p]er que
Diane ne porte pas ici à la iiinin uufi torche ou nu llaïubeau, bien (pi'elle
soit représentée comme déesse de la lune. D'autre part, les rayons lumi-
neux qui la caractérisent en tant que dca lucifcra, parlent des pieds de
- 305 -
la divinité cl ne jaillissent pas de la lèlc, comme cela se voit frétincm-
ment sur les images d'Apollon ou de Milliras.
Des qualie bas-reliels qui ont successivement passé sous nos yeux, les
deux premiers, ceux qui, à mon sens, lepiésenlcnt des Heures, ont sans
nul doute une relation très-étroite avec l'hoiloge solaire proprement
dite. Mais y a-t-il une conncxité quelconcpie entre cet instrument horaire
et les anaglyphcs de Mercure et de Diane? Je ne le |»ensc [)as. Les anciens
croyaient, il est vrai, que les douze grands dieux de l'Olympe présidaient
chacun à l'un des mois solaires de l'année, Mercure et Diane, jtar exemple,
aux mois |)lacés sous les signes zodiacaux du Cancer et du Sagittaire. Vers
la lin de réj)0(pie romaine, on s'imaginait de plus <pie la déesse de la lune
et Mercure, en tant (jiie divinités planétaires, avaient dans leiii' lutcllc
deux des jours civils de la semaine (le lundi et le mercredi) et même
ceitaines heures de chaque jour. Mais il est probable que ces croyances
ne sont jamais devenues bien populaires dans les régions un peu recu-
lées de l'empire romain. D'ailleurs, lorstpie dans l'antiquité on voidait
faire allusion à ces idées sur un cadran solaire ou sur tout autre monu-
ment, on avait soin d'y représenter la série complète des douze grands
dieux (cadran solaire de Gabies au Musée du Louvre) ou tout au moins
celle des sept divinités planétaires (autel d'Ilavange au Musée de Metz).
Il y a donc tout lieu de croire que, bien qu'ils servent à la décoration
d'une horloge solaire, les anaglyphes de Mercure et de Diane n'ont pas
ici une signification autre que celle qu'on leur attribue d'oi'dinaire.
Aucun indice ne permet d'assigner au petit monumeni que je viens de
décrire une date précise; il est probable qu'il remonte aux derniers temjis
de la période romaine.
L'ornementation si variée dont il est revêtu autorise à croire qu'à l'époque
que je viens d'indiquer, cette horloge solaire était consacrée à un usage
public et qu'elle servait à un groupe d'habitations plus ou moins considé-
rable. Ce cadran, en effet, a été découvert à 50 mètres à l'Est de l'église
(orientée) de Betlwiller; or, il y a nombre d'années déjà, le propriétaire
de la première maison située à l'Ouest du môme édifice, a également ren-
contré des substructions antiques en faisant des fouilles dans son fonds.
Sur plusieurs autres points du village, on a aussi déjà trouvé des fragments
de tuiles à rebords. Enfin, tout près de cette localité, dans les vignes qui
bordent là forêt dite Buchwald, on a mis à jour, il y a six ou sept ans, les
restes d'une petite construction romaine en pierre, d'où l'on pouvait jouir
d'une vue très-étendue sur tout le revers occidental des Vosges, depuis
les hauteurs de Rohrbach jusqu'au delà du Donon. Il est donc Irès-pro-
- 306 -
bablc que sur l'emplacement actuel de Bettwiller, il existait au temps de
la (luminaiion romaine un petit viens qui, s'il possédait des terres d'une
fertilité médiocre, avait au moins l'avantage d'être situé à une faible
distance de la voie (jui conduisait alors de Saverne à Trôves\
II. Schlosser.
1. JSodce sur les voies romaines du dcparlemcid du Bas lihi/i, par M. de Murlet,
p. 3Ü, 3i, 35 et carte.
LE SATTELFELSEN.
LimTE DES COMMUNES DE DABO, D'ENGENTHAL ET DE REINIIARDMÜNSTER.
Avec deux gravures.
Un heureux hasard m'a fait rencontrer le menhir vosgien qu'a décou-
vert en 1836 M. de Beauheu et qu'il a décrit dans son histoire du Comté
de Bagsbourg (Dabo), 2^ édition , imge 219, et que feu M. le professeur
Küss, de Strasbourg, avait vainement cherché en 1858, malgré qu'il eût
questionné le maire d'Obersteigen-Engenthal, et qu'il eût parcouru le
canton dit Grâdelrcdh (Credaithal de Beaulieu), qui est aborné par la
pierre levée de M. de Beaulieu'.
Les instituteurs de Wangenbourg et d'Engenthal ont de suite reconnu
cette borne à la description que je leur en avais faite, et le plan cadastral
de cette dernière commune, dressé en 1832 par le géomètre J. B. Heim-
burger, la marque et l'indique sous le nom de Sattelsfels, nom sous lequel
elle est très-connue dans le pays et qui lui vient de la forme singulière de
sa partie supérieure, qui, en effet, ressemble à une selle de cavalier.
J'ai donc pu la trouver, grâce au guide Buffenach d'Obersleigen (le
professeur Küss ayant parfaitement raison, quand il dit de prendre des
guides, la carte d'état-major étant d'un médiocre secours dans un pays
1. Feu M. Jung m'avait indiqué à la Bibliotlièque de Strasbourg les notes manus-
crites du docteur Küss ajoutées à la première édition de l'ouvrage de M. de Beau-
lieu. J'ai inséré ces notes curieuses dans la Bibliographie alsacienne, 1871, p. 175,
et mon frère les a également insérées dans les Mémoires de la Société d'archéologie
lorraine, 1868, p. 361.
T. X. - (M.) 20
— 308 —
très-boisc). Celte pierre levée, placée sur le versant oriental de la mon-
tagne, sépare les deux départements de la Lorraine et de la Basse-Alsace,
les arrondissements de Saverne, Molslieim (Strasbourg) et Sarrebourg, et
les communes d'Engenlbal, de Reinhardmünster et de Dabo. Elle se Irouve
NORD
l^aî^^iV^
SUD
complètement en Alsace, le comté de Dabo étant de cette province, et le
village se trouvant, avant le Concordat, du diocèse de Strasbourg, archi-
prêtré de Dettbur. C'est donc une pierre Iriboque.
Elle est quadrangulaire, ayant près de 1 mètre de largeur de chaque
côté et peut-être un peu moins à la partie supérieure. Sa hauteur serait
de S'^jOO à 2"\60. Elle est en grès vosgien, recouvert d'une patine blan-
châtre, qui la fait reconnaître de loin au milieu de la verdure fores-
tière qui l'entoure. Elle est très-fortement penchée vers le couchant.
Sur le côté Nord on a gravé la marque de l'abbaye des bénédictins de
Marmoutier, la crosse abbatiale tournée à droite, coupant verticalement
une M, puis le n^ 179, bien plus bas; sur le côté Ouest, le millésime de
1747 ayant une petite croix au milieu; puis au-dessous le n" 1883 et vers
la gauche la même marque de Marmoutier, mais la crosse tournée à
gauche; une petite croix sépare ce signe des trois alérions gravés en
creux, posés 2 et 1, des comtes de Linange, seigneurs du comté de Dabo.
Comme l'on voit, le menhir de Beaulicu séparait les forêts des moines et
du comté, bans de Dabo et de Reinhardmünster.
Sur le côté Est de la borne il y a une croix gravée en creux, et au Sud
deux autres croix, placées l'une au-dessus de l'autre. Ces deux côtés
seraient situés ban d'Engenthal et sépareraient les cantons forestiers dits
— 309 —
Abtsiiph^ et Satlelfcisen, triage du Wcycrmatt, ancionncs forêls du
chapitre de Saverne, successeur des religieux de l'ancien couvent d'Ubcr-
steigen.
Je n'ai pu recueillir aucun renseignement local sur ce singulier monu-
ment. Personne n'en a plus parlé depuis M. de Beaulieu. Notre érudit con-
frère, M. Dagobert Fischer, de Saverne, dans sa notice sur Obersteigen*,
mentionne la visite judiciaire faite en 1720 par M. de Fontaine, conseiller
à la Cour souveraine de Golmar :
«Etant passé, dit-il, à la borne Sattelstein, nous aurions trouvé ladite
«borne être de la hauteur de deux hommes, marquée d'une croix, sur
« chacune de ses faces qui sont au nombre de 4 et qui séparent les biens
«de Dabo, de la Marck et d'Obersteigen et le canton dit Ablshueb. »
Pour se rendre d'Obersteigen au Sattelfelsen, on parcourt des sites
bien peu connus. On prend dans la forêt dite Blottkopf und Rippdhcrg,
la vieille route de Dabo à Wasselonne, dite Y Alte Steige, encore pavée
presque partout d'énormes blocs de grès vosgien; on gravit assez péni-
1. Abbaye d'Andlau??
2. 1875, Las Kloster und das Dorf Obersleigen. Colmar, p. 38. M. D. Fischer donne
une description très-exacte dn mnnnmrnt.
— 310 —
blement cette voie, qui doit remonter à l'origine du couvent et qui longe
le HoUcnlocIt , au fond duquel les religieux avaient construit l'aqueduc qui
mène l'eau au couvent. (Le conduit en pierres de taille longues de deux
mètres sert encore). Puis on parvient aux deux tiers de la montée à la
limite des départements, où l'on trouve des bornes au millésime 1825.
On suit ces dernières, et dans la direction Nord-E.-E., à une demi-heure
de marche, les pierres dites Breitlenstcin (ainsi marquées sur le plan
cadastral) se présentent couvertes de mousse. Ce sont d'énormes blocs de
grès vosgien de 4 à 5 mètres de longueur sur 1 ou 2 de largeur,
ayant aussi des cuvettes dites des sorcières (?). Sonl-ce des menhirs ou
des dolmens? Elles sont manitenant à plat sur le sol el occupent bien une
étendue de près de 50 mètres de long. Une borne départementale
est au milieu de ces blocs. On voit, depuis leur emplacement, poindre au
milieu des arbres, le sommet blanchâtre du Sattelfelsen, que l'on atteint
après quelques minutes de marche el dont la vue fait oublier les fatigues
du voyage.
A quelques pas plus bas, on a une vue magnifique sur le Gaisfels, un
des plus beaux rochers de celte partie des Vosges. On rejoint la char-
manie route de Reinhardmijnster par un sentier très-raide. On trouve un
peu plus loin la borne kilométrique n° 5, près d'une source agréablement
située.
Telle est, étant à Wangenbourg, la description de ma petite excur-
sion au Sattelfelsen. Puisse-t-elle attirer les regards vers ce petit coin
ignoré des Vosges!
A. Benoit.
ENCORE UN MOT
LES ORIGINES ALSATIQUES.
Naguère encore les annales de l'Alsace débutaient par une page bien
intéressante. Le septième siècle représentait pour notre province l'inau-
guration d'une ère nouvelle. Jusqu'alors territoire sans nom, habité par
des races différentes et faisant partie, sous l'administration romaine, de
circonscriptions diverses, la contrée située entre le Rhin et les Vosges ne
nous est guère connue que par les débris de la civihsation romaine en-
fouis dans son sol et par les batailles que les Romains y livrèrent pour
repousser les invasions d'outre Rhin. Puis, pendant la longue période
des invasions des Barbares, notre histoire s'enveloppe d'un linceuil épais,
et ce n'est qu'à partir du septième siècle que le chaos commence à
se débrouiller. Déjà le nom d'Alsace figure dans l'histoire, et nous appre-
nons à connaître les foyers domestiques des nouveaux habitants de la
province. Aux villas romaines à noms celtiques latinisés se sont substituées
des villas à noms germaniques, lesquels indiquent l'origine de ces nou-
veaux habitants, et, sous l'orthographe barbare de cette époque, se dé-
voilent successivement la plupart deslocahtés alsaciennes encore actuelle-
ment existantes. Ces noms nous sont révélés par les chartes de fondation et
de dotation de nos anciennes abbayes, et ces abbayes, qui furent pour les
habitants, encore semi-barbares, de l'Alsace autant de foyers de culture à
la fois matérielle et intellectuelle, elles durent la plupart leur origine à
une dynastie célèbre, qui a laissé des traces ineffaçables dans nos annales.
C'est la dynastie ducale de l'Alsace mérovingienne, dynastie dotée de
riches possessions territoriales, et qui, dans ses descendants, les comtes
- 312 —
des deux Pogi ou Gau alsaciens, continua encore bien longtemps à prési-
der aux destinées de notre j)rovince. Au berceau même de cette dynastie
apparaît un nom radieux, qui domine tous les autres par sa pojjularité et
qui s'est irrévocablement attaché à une montagne célèbre, laquelle, en-
tourée de débris d'une antiquité préhistorique, réveille en môme temps la
plupart des souvenirs de l'Alsace mérovingienne. Aussi les historiographes
des derniers siècles ont-ils traité avec une sorte de prédilection cette
partie de nos annales, en soumettant les nombreux renseignements four-
nis par les documents et par les traditions du moyen âge à une critique
consciencieuse, en élucidant les uns par les autres et en éliminant tout ce
qui s'était glissé d'erronné ou d'apocryphe dans ces récits.
De nos jours tout cela est remis en question. Le nom radieux d'Odile
a perdu son prestige, et, si l'on veut bien encore consentir à accorder à
celle-ci le bénéfice d'une existence problématique, par contre, le chef de
la dynastie, préconisé depuis tant de siècles, passe décidément pour un
personnage fabuleux. La fdiation rpii rattachait ensemble les divers
membres de cette dynastie est lacérée, et les annales de l'Alsace mérovin-
gienne, qui brillaient d'un si vif éclat, se recouvrent d'épaisses ténèbres.
C'est que, il y a une vingtaine d'années, une élude critique, qui a paru
dans YAlsaUa, s'est chargée de faire table rase de nos origines, et de-
puis lors les convictions sont ébranlées, le pyrrhonisme a remplacé la cer-
titude et continue à trouver son expression dans les diveises i)ublications
qui paraissent sur ce sujet. Pourtant le procès n'est pas perdu et la cause
est loin d'être définitivement jugée. En tout cas, l'Alsace, qui s'est vouée
à la conservation des monumenls de son histoire, ne consentira pas à ce
que la première page de cette histoire passe pour être déchirée.
Voici l'argumentation de ladite étude critique. Ni les monumenls du
couvent de Sainte-Odile, ni les documents que l'on prétend attester la
fondation de cette maison religieuse, ne remontent au septième siècle.
L'existence de l'abbaye de Ilohenbourg n'est historiquement constatée
qu'à partir du temps de Gharlemagne, et l'abbaye de Niedermünster ne
date (jue de l'époque de l'abbesse Ilerrade, c'est-à-dire de la fin du
douzième siècle. Pour ce qui concerne la prétendue fondatrice de ces
deux abbayes, ce n'est qu'à partir du onzième siècle qu'on voit le nom
« Odile D rattaché à Ilohenbourg. La légende de cette sainte est d'origine
lorraine; mais au commencement dudit onzième siècle elle avait déjà
franchi les Vosges, pour se fixer à Ilohenbourg. C'est qu'à cette époque
un aura découvert là-haut, dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, un tom-
beau, et c'est à ce tombeau (pi'on auia rattaché la légende lorraine. Le
- 313 -
pape alsacien Léon IX qui, comme évè(iuu de Tuul, aviiiliw-slünre l'abbaye
■ de Hohenboui'g, dans laquelle plusieurs de ses parentes avaieiil vécu cuinine
religieuses, accrédita cette légende par l'autorité pontilicale de sa bulle de
1050. Puis cette même légende reçut ses derniers dévcloj)pemeiits (.-t sa
forme définitive des moines d'Ebersmiinster, (pii étaient k-s dirrctours
spirituels des religieuses de Hohenbourg et qui sont bien connus d'ailbnus
par leur métier de fabricants de pièces apocryphes. C'est (laii< leur chro-
nique qu'ils ont consigné leurs inventions, et c'est à eux aussi (|u'il faut
attribuer la biographie de sainte Odile de l'auteur anonyme, telle (jue nous
la connaissons. Gonséquemment tout ce que la légende a groupé autour
du nom de sainte Odile est chimérique et croule par sa base. Le |)rétendu
père de la sainte, le duc Adalrich ou Eltichon, est un personnage fabuleux,
et l'existence de la dynastie, dont il est supposé le chef, et dont Schojpflin,
ainsi que d'autres, ont si laborieusement construit la généalogie, n'est pas
historiquement constatée. L'histoire de l'Alsace primitive est à refaire.
Nous n'avons pas l'intention de combattre en détail les prétendus lésul-
tats obtenus par l'érudit auteur de l'étude critique, ni les hypothèses qu'il
a artistement combinées pour étayer ses conclusions. D'autres se sont
acquittés de cette tâche. La nôtre est de reprendre la question là où ledit
auteur l'a laissée, afin de revendiquer l'existence historique de celte dynas-
tie adalricienne à laquelle se rattachent nos souvenirs alsatiques du sep-
tième siècle, et de la maintenir dans toute son intégrité. Car nous croyons
pouvoir admettre avec le savant éditeur de la chronique de Kœnigshofen,
le D^ Hegel, que «l'existence de la famille adalricienne, entourée d'un
vaste cercle de traditions, est basée sur un fond historique bien solide».
(Introd. p. 11.) Si ce que les récits traditionnels du moyen âge nous ont
appris sur le compte de cette dynastie trouve son appui dans des titres
contemporains, dont jusqu'à présent l'authenticité n'a pas été contestée,
alors ces récits seront également justifiés du côté où les documents indu-
bitablement contemporains semblent leur faire défaut, et à son tour la
légende sera réhabihtée par les titres qui garantissent l'existence de la
dynastie. En essayant pour notre compte de remettre au jour des pièces
justificatives qui semblent aujourd'hui vouées à l'oubli, et en prenant pour
guides nos historiographes d'Alsace, nous n'avons pas à nous occuper
avec eux des recherches sur l'origine du chef de cette dynastie, laquelle
a fourni matière à bien des controverses superflues, ni à apprécier la
valeur des systèmes généalogiques qui ont été établis pour rattacher à
cette dynastie l'origine des maisons souveraines d'Europe. Ce sont là,
comme on sait, des travaux exclusivement scientifiques, auxquels la Iradi-
— 314 —
lion historique n'a pos eu de part, et d'ailleurs l'intérêt, qui s'attachait
jadis à l'origine de ces maisons, a grandement baissé de nos jours. Tout
ce qu'il y a de constaté à ce sujet, c'est qu'il existe des affinités évidentes
entre la race de nos anciens comtes d'Alsace et les ancêtres desdites mai-
sons, mais que, en raison de la rareté des renseignements historiques de
cette époque intermédiaire, les divers anneaux de la chaîne ne pourront
plus être retrouvés, et que conséquemment ces systèmes présentent des
lacunes qu'il sera à jamais impossible de combler.
Reportons-nous à l'époque des rois carlovingiens, des successeurs de
Charlemagne, connus par leurs dissensions domestiques et par leur inap-
titude à conserver l'héritage du grand empereur. C'est à leur cour et active-
ment mêlés aux intrigues politiques du temps, que nous retrouvons nos
comtes d'Alsace, qui avaient succédé aux ducs de l'époque mérovingienne.
Dans les graves conflits qui éclatèrent entre le faible Louis le Débonnaire
et son fils aîné Lothaire, déjà associé à l'empire, un comte Hugues em-
brasse le parti de ce dernier et devient dès lors l'un des acteurs de la scène
de trahison qui s'accomplit en Alsace au lieu dit Champ-du-Mensonge. Le
malheureux empereur, qui pardonna à son fds rebelle, accorda aussi sa
grâce au comte Hugues et le rétabht dans la possession de ses terres d'Al-
sace. A son tour, le fils de ce dernier, le comte Luitfrid, se signale par
une condescendance coupable envers le fils de l'empereur Lothaire, Lo-
thaire II, roi de Lorraine; il est l'intime confident de ce prince et l'un des
complices qui favorisèrent la liaison adultère de Lothaire avec la fameuse
Waltrade, scandale dont l'Alsace fut témoin lors du séjour du roi dans son
palais de Marlegia ou Marlenheim. Un autre membre de la famille, le
comte Eberhard, se rend coupable de la même complicité. Le fils de Luit-
frid, un autre comte Hugues, hérite aussi du crédit dont son père avait
joui auprès du roi Lothaire II et exerce par là une grande influence sur
les affaires. Aussi quand, après la mort de ce dernier, Charles le Chauve
fut sur le point de se faire couronner roi de Lorraine à Metz, au détri-
ment de son frère Louis le Germanique, et du fils de Lothaire, Louis le
Jeune, il s'empressa de se rendre en Alsace pour mettre dans ses intérêts
le comte Hugues. D'un autre côté, quelques années plus tard, un oncle de
ce même Hugues, le comte Adalard, se fait remarquer à la cour de Louis
le Germanique, lequel le charge de négocier avec Charles le Chauve le
partage de l'héritage de leur neveu, l'empereur Louis le Jeune. Que ces
relations si intimes ne nous surprennent point. Nos comtes d'Alsace étaient
liés par les liens du sang aux princes carlovingiens. L'épouse de l'empe-
reur Lothaije, l'impératrice Ermengarde, (jui perpétua sa mémoire en
— 315 —
Alsace par la fondation de l'abbaye de Ilerinstein ou Ersiciii, élail hi lillo
du premier de ces comtes Hugues que nous venons de mentionner. C'est
un annaliste contemporain, le biograplie de Louis le Débonnaire, qui nous
l'apprend, en disant que Lotbaire, déjà associé à l'empire, épuusa en 821
Ermengarde, lîlle du comte Hugues, de la race du duc Éditb. iNous aurons
à revenir sur ce dernier nom, qui est ici évidemment tronqué, mais pas
moins reconnaissable pour cela. L'origine d'Ermengarde nous est révélée
d'une manière plus explicite encore par l'empereur Lotbaire lui-même.
Dans le diplôme qu'il accorda en SAbîx l'abbaye de Saint-Élienne à Stras-
bourg, il donne à l'aïeul du comte Hugues, au duc Adelbert, fondateur de
l'abbaye de Saint-Etienne, la qualification de progéniteur de son épouse
{illustris parentelœ nostrœ progenitoris , ducis Adalherli, (jni fundavil jam
dictum locum) et à l'abbesseBasille, qui était la tante d'Ermengarde, celle
de parente (cognata nostra). Puis vient à son tour le fds de Lotbaire et
d'Ermengarde, Lotbaire II, roi de Lorraine, lequel, dans un diplôme
accordé en 866 au monastère de Grandval, appelle le comte Luitfrid, frère
d'Ermengarde, son oncle. D'autres cbartes nous apprennent que le comte
Hugues, père de l'impératrice Ermengarde, fut le petit-fds du duc Luit-
frid, fils lui-même du duc Adelbert, et dès lors nous touchons aux descen-
dants immédiats de ce dernier. Ces descendants immédiats ou fils du duc
Adelbert sont le duc Luitfrid et le comte Eberbard, qui figurent tous deux
dans de nombreuses cbartes de l'époque. Quand vers l'année 725 le roi
Thierry IV confirma l'élection d'un nouvel abbé du monastère de Ilonau,
il adressa le brevet d'investiture au duc Luitfrid (Luitfrido duci) et à son
frère Eberhard. Dès l'année 722, par une charte datée de Honau même,
les deux frères avaient fait don à ce monastère de la partie de l'île que
leur père , le duc Adelbert, leur avait délaissée à sa mort (quantum cun-
que genitor noster Adelbertus dux nobis morieus dereUquit). A côté des
signatures, que Luitfrid et Eberhard apposèrent à ce titre, figuie aussi
celle d'une abbesse Eugénie {ego Eugenia, ac si indigna abbatissa, que
consensï). Comme la tradition nous fait connaître une Eugénie , seconde
abbesse de Hohcnbourg, dont le tombeau se trouvait vis-à-vis de celui de
sainte Odile, et que la même tradition nous apprend que celte Eugénie fut
la nièce de sainte Odile, fille de son frère Adcibert, et par conséquent sœur
de Luitfrid et d'Eberhard, il est bien permis, malgré ce qu'en dit l'auteur
de l'étude critique, de reconnaître dans l'abbesse Eugénie de la charte
celle que nous connaissons déjà par la tradition. Plusieurs chartes, trans-
crites dans l'ancien cartulaire de l'abbaye de Wissembourg, nous apprennent
en outre que, dans les années 733— 7o9, le duc Luitfiid céda, du conscn-
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tenient de son épouse llillrude, à cette abbaye divers domaines qu'il avait
eus en héritage de son père Adelbert, en équivalent de ce qui était échu
à sou frère Eberhard. Ces dernières chartes sont toutes datées de la ville
de Strasbouig (in civitale Argcntoracinse), ce qui fait supi)oser que le duc
Luilfrid résidait habituellement dans cette ville, à l'exemple de son père
Adelbcrt. Luilfrid, qui administra l'Alsace sous les derniers rois mérovin-
giens, fut aussi le dciiiicr duc d'Alsace de la période franijuc, les rois car-
lovingiens ayant supprimé les ducs pour ne laisser subsister que les deux
comtes, tout en conservant le titre du duché. Le comte Eberhard, dont
nous avons déjà vu le nom associé à celui de son frère Luilfrid, illustra sa
mémoire par la fondation de l'abbaye de Murbach, fondation qui lut con-
firmée en 727 par le roi Thierry IV. Les nombreuses chartes relatives à la
dotation de cetle abbaye, et dans lesquelles le duc Luitfrid figure aussi
comme cofondateur, sont connues. A la même époque cul aussi lieu la
fondation de l'abbaye de Massevaux, attribuée par la tradition à un autre
lils du ducAdclbert, au comte Mason, et, en effet, un diplôme confirmatif,
que celte abbaye reçut en 823 de l'empereur Louis le Débonnaire, qualifie
le comte Mason de frère du duc Luitfrid et d'Eberhard, fondateur de Mur-
bach. Des fils passons au père, au duc Adelbert, si célèbre dans les annales
de la ville de Strasbourg par la fondation de l'abbaye de Saint-Etienne.
Gomme nous venons de voir, il est mentionné dans les chartes comme
père du duc Luilfrid et du comte Eberhard, et c'est aussi lui que l'empe-
reur Lothaire désigne comme le progéniteur de son épouse. Cette dernière
charte nous apprend que le duc Adelbert érigea la susdite abbaye sur un
terrain solitaire, situé au milieu des ruines de l'ancien Argentorat et fai-
sant partie des domaines qui lui étaient échus de son héritage paternel.
Les chroniques aussi bien que les chartes allribuent aussi au duc Adelbert
la fondation de l'abbaye de Honau, dans l'île du Rhin de ce nom, qui était
propriété de sa famille. Le fragment du diplôme de 721 , par lequel Adel-
bert céda à l'abbaye l'emplacement même sur lequel elle fut construite,
est connu. La pièce est datée du palais des rois mérovingiens à Strasbourg,
et il y est dit que le duc Adelbert avait fait construire ce palais à neuf.
Dans les diplômes confirmalifs accordés à l'abbaye de Honau par Pépin
le Bref, en 750, et par Garloman, en 770, le duc Adelbert est également
désigné comme fondateur de cette maison religieuse. D'autres chartes de
celte époque ont pour objet les donations faites successivement par les
divers membres de la famille de leurs parts respectives de l'île et nous
font connaître les noms des descendants du duc Adelbert. — Nous en
sommes mainleiiaiit au chef de la dynastie. Le nom de ce chef nous est
- 317 —
bien connu par les traditions du moyen âge, consii^nées dans une multi-
tude de clironi(|ues, liagiograiiliies et auln.'s docuineiils. Il s';igil du duc,
Adalricli, nommé aussi par contraction Atticli, Kllidi et l^tlicliiin, et oi'di-
nairement désigné par deux de ces noms à la fois (Adalricus sivcAlliicus
(jui cliam alio nomhw Edich — vcl allô nonùnc llcUicho). P^'^\ importe
cette diversité d'ortliograplie et de prononciation; elle n'autorise pas à
attribuer ces noms à des personnages divers, car on ne trouvera guère un
nom de l'époque mérovingienne à orthogiaplie idenli(|ue. C'est ce duc
Adaliicb ou Elticlion que non-seulement la tradition des abbayes do Ilobcn-
bourg et de Niedermünster, mais aussi les annales des diverses autres
maisons religieuses fondées par la dynastie ducale sont unanimes à recon-
naître pour duc d'Alsace, gratifié de cette dignité par le roi Ciiildéiic, et
pour cbef de ladite dynastie. Or, comme ces récits traditionnels sont [dei-
nement confirmés par les documents contemporains dans tout ce qui con-
cerne les fondations faites par les fils et les petits-fils du duc, elles ne
méritent pas moins de créance, quand elles proclament le nom de l'aïeul
et du père de ces derniers, cette attestation ne fût-elle même garantie par
aucun document contemporain. Car, que la valeur bistorique d'un récit
dépende exclusivement d'une circonstance fortuite, à savoir s'il existe
encore de nos jours un document contemporain qui confirme ce récit,
c'est ce qui ne saurait jamais être admis comme principe absolu en fait de
critique historique. Si ce principe trouve son application là où les sources
historiques coulent à plein bord, évidemment il n'en saurait être de même
pour l'histoire de l'Alsace au septième siècle. Que si néanmoins les rares
titres de cette époque mentionnent formellement un duc du nom d'Attich
ou Ettich, administrant notre Alsace à cette même époque, la critique la
plus sévère ne pourra se refuser d'admettre aussi en ce point la véra-
cité de la tradition. Ce chef de notre dynastie ducale nous a déjà été signalé
par un document du neuvième siècle. Le biographe contemporain de Louis
le Débonnaire, en racontant le mariage du fils amé de l'empereur avec
Ermengarde, fille du comte alsacien Hugues, ajoute que ce comte était
issu de la race d'un certain duc du nom d'Edith {filiam Hugonis comitis
qui erat de stirpe cujusdam duels nomine Edith. Theganus, de geslls Lu-
dovicipii). Ce n'est pas exactement notre nom; mais d'après les termes
même dans lesquels s'exprime le biographe, on voit qu'il ne connaissait
ce nom que vaguement. Peut-être aussi qu'il faut voir ici la faute d'un
copiste, qui aurait pris un ch pour un th et aurait écrit Edith au lieu de
Edich. Mais tout tronqué qu'il soit, le nom n'en est pas moins reconnais-
sable. Il y a cependant encore mieux que cela; nous pouvons en appeler à
— 318 —
des documents rigoureusement contemporains. Parmi les rares titres alsa-
ciens du septième siècle qui ont échappé à l'injure du temps et qui sont
reconnus comme aulhenliques (il y en a quatre en tout), deux de ces titres,
qui sont même des pièces oflîcielles, signalent le duc Alhic comme haut
administrateur de la province. Le plus ancien diplôme autographe de l'Al-
sace, celui que le roi Ghildéric II accorda en 673 à l'ahhaye de Münster,
alors récemment fondée, porte que l'acte fut expédié sous l'administration
du duc Chadich et du comte Rodebert {Chadicho duce, Rodeherto comité).
Onze ans plus tard, en 684, le roi Thierry III accorda à l'abbaye d'Ebers-
münster, aussi récemment fondée, un privilège d'exemption, qui, tout en
n'existant qu'en copie aux archives del'évêché, est considéré comme bien
réellement authentique. Le rescrit royal est adressé au duc Attic, au comte
Adelbert et aux autres receveurs du fisc royal (Altico duci, Adelberto co-
mili céleri sque fisci noslri exactorihns). Le comte Adelbert mentionné ici
n'est sans doute pas autre que le fils môme du duc Attic, qui lui succéda
dans la dignité ducale. Comme on voit, les deux diplômes attestent que
l'Alsace était administrée à celte époque par un duc qui est appelé Attich
dans la seconde de ces pièces et Chadich dans la première. L'aspiration
gutturale de celle-ci s'explique naturellement par l'idiome alémannique,
qui est encore maintenant celui du sud de l'Alsace. C'est aussi sous le nom
de Chatich que le duc figure dans la biographie d'un saint contemporain,
de saint Germain, abbé de Grandval. Il est vrai que le biographe accuse le
duc d'avoir occasionné le meurtre de ce saint; mais ce trait de barbarie
n'est pas étranger au caractère du leude franc, tel qu'il nous est aussi
dépeint ailleurs. Le nom est évidemment le même, comme aussi il y a
concordance pour l'époque. On pourrait faire observer que la contrée, dans
laquelle était situé le monastère de Grandval, ne fait pas partie de l'Alsace
et que conséquemment il ne s'agirait pas d'un duc d'Alsace; mais il est
constaté par divers documents, que cette contrée du Jura, connue autrefois
sous le nom d'Elsgau, faisait alors réellement partie de ce duché. Encore en
849, dans un diplôme accordé par l'empereur Lothaire à cette môme
abbaye de Grandval, celle-ci est dite située dans le duché d'Alsace.
De toutes ces données si positives il nous est bien permis de conclure
que l'existence de notre duc Athic ou Eltichon, loin d'être fabuleuse, est
non-seulement historiquement constatée, mais aussi incontestablement
liée à la dynastie ducale, dont il est proclamé le chef par la tradition. Nous
en concluons encore que les récils traditionnels du moyen âge étant de ce
côté pleinement confirmés par les documents, le père du fondateur de
Saint-Élietme et de Ilonau, l'aïeul des fondateurs de Murbach et de Mas-
— 319 —
sevaux, après avoir fondé lui-mùmc Tahbayc d'Ehersmünster, fonda aussi
celle de Holienbourg en faveur de la fille avcugle-née que nous connais-
sons sous le nom de sainte Odile, et que celte même abbaye de Holien-
bourg, dont l'existence du temps de Cbarlemagne est iiistoriquement
constatée, existait déjà à l'époque mérovingienne. Que si à lout prix
l'existence de sainte Odile devait dépendre d'un document indubilablemenl
contemporain, nous demanderions à notre tour, quel est le document con-
temporain qui porte les noms de saint Arbogaste et de saint Florent,
également fondateurs d'abbayes et en outre évoques de Strasbourg? El
cependant dans le catalogue si embrouillé de nos premiers évèques, les
noms de ces deux saints avec les circonstances de leur vie forment à peu près
le point de départ pour l'bistoire de l'évêché. D'un aulre côté il ne faut
pas oublier que la tradition s'est déjà vengée à mainte reprise de l'injuste
dédain dont elle avait été l'objet, par la découverte de documents bisto-
riques qui ont reparu au grand jour. Un exemple pris dans notre sujet
même en fournit la preuve. Le judicieux Scbœpflin, dérogeant à sa cir-
conspection ordinaire, a rayé de son tableau généalogique du duc Atbic
le nom d'un Batlacbon ou Battichon, que la tradition comptait parmi les
frères de sainte Odile, en alléguant pour motif que ce nom ne figure dans
aucun ancien document. Or, ce nom a reparu depuis, comme celui d'un
ßls du duc Atbic, non-seulement dans la notice généalogique de Ilonau
mise au jour par Grandidier, mais aussi dans un document paifaitement
contemporain, inséré dans le précieux carlulaire des Tradiliones posses-
sionesque Wizzenhurgenses , découvert presque de nos jours. Un certain
Boronus, que la tradition a constamment relié à la famille de sainte Odile
et duquel émanent aussi plusieurs chartes, entre autres une de 723, par
laquelle il fit don à l'abbaye de Honau delà partie de l'île ({u'il avait héritée
de son père, mentionne ledit Battachon et le nomme son père dans une
autre charte de 739, par laquelle il fit don à l'abbaye de Wissembourg
d'un certain nombre de domaines situés dans diverses villas du pagus
d'Alsace, qu'il dit avoir hérités de son père Battachon {de gcnitorc meo
hadocuné). Pour revenir à notre sainte Odile, si l'auteur de l'élude cri-
tique est surpris de ne pas retrouver son nom dans les anciens martyro-
loges, c'est qu'il oublie qu'à cette époque encore le culte d'un saint ou
d'une sainte était essentiellement local et ne se répandait que successive-
ment dans d'autres diocèses. D'ailleurs on cite des calendriers ecclésias-
tiques du neuvième et du dixième siècle qui portent ce nom. De même il
figure, avec des détails biographiques plus ou moins explicites, dans les
suppléments de tous les anciens martyrologes connus, et c'est ce qui a
— 320 —
déterminé le savant cardinal Baronius à l'insérer également dans le mar-
tyrologe romain, lors de la révision de ce livre liturgique. Enfin le culte
même de notre sainte Odile, lequel au douzième siècle se trouvait déjà
établi non-seulement en Alsace, mais aussi dans les contrées voisines,
prouve suffisamment que l'existence de cette sainte n'est pas une inven-
tion de quelques moines alsaciens de celte époque.
Notre tâche serait terminée, si nous n'avions encore à présenter cer-
taines observations sur les récits traditionnels qui nous ont transmis les
renseignements que nous possédons sur l'Alsace mérovingienne, observa-
lions qui sont de nature à confirmer en tout point la véracité de ces ren-
seignements. Il y a une tradition que l'on pourrait appeler littéraire, en
ce sens qu'elle se forme successivement par la transcription multipliée d'un
seul et même récit. Dans ce cas il est clair que, quelque nombreux que
soient les auteurs qui la reproduisent, cette tradition artificielle n'ajuste
de valeur qu'autant que la source même dont elle provient. Tel n'est pas
le caractère des traditions dont nous nous occupons. Ici, en effet, il s'agit,
non d'une tradition isolée, mais de toute une série de traditions indépen-
dantes l'une de l'autre et essentiellement locales dans leur principe, en ce
sens qu'elles ont leur racine dans des faits locaux par lesquels notre dynastie
ducale a marqué son passage, traditions par cela même divergentes dans
bien des détails accessoires ou même dans des détails essentiels, mais qui
ne se rattachent pas directement à la localité de laquelle la tradition
émane. A cet effet nous faisons abstraction des récits de notre vieux chro-
niqueur Kœnigshofen, qui lui-même a utilisé des récits préexistants, et nous
ne mentionnons aussi que pour mémoire Jérôme Gebwiler, qui, au com-
mencement du seizième siècle, a publié le premier travail historique sur
ce sujet. Notre but est de passer sommairement en revue les diverses tra-
ditions locales elles-mêmes, telles qu'elles avaient cours dans la seconde
moitié du moyen âge, afin de constater le caractère propre de chacune de
ces traditions ou plutôt versions de la tradition générale.
En commençant par les traditions alsaciennes, nous rencontrons en
premier lieu celle des abbayes de Hohenbourg et de Niedermünster. A
défaut d'annales, ces deux abbayes en appelaient à leurs monuments. A
Hohenbourg, l'église abbatiale, telle qu'elle existait encore avant l'incen-
die de 154-0, montrait le tombeau des parents de la sainte fondatrice, le
sarcophage du duc Adalrich et de son épouse Berswinde, et ce père de la
sainte, les religieuses le qualifiaient aussi de saint et célébraient son anni-
versaire. Dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste le tombeau de sainte Odile
était le but dos pèleiiiiagcs des fidèles. Ce tombeau, (juc le pape alsacien
— 321 —
Léon IX avait visité en 1049 et qu'il mentionne dans sa bulle pontificale,
l'empereur Charles IV le lit ouvrir en 1354, pour en extraire une reli(|ue
dont il gratifia sa chère cathédrale de Prague. Vis-à-vis de ce tombeau se
trouvait celui de sainte Eugénie, que l'abbaye de Ilolienbourg reven-
diquait pour sa seconde abbesse et comme nièce de sainte Odile. L'his-
toire de sa fondation, ou la donation du château de Ilolienbourg faite
par le duc Ettichon à sa fille, l'abbaye l'inscrivit figurativement sur le der-
nier feuillet du Hortus deliciarum, comme aussi elle la fit sculpter en
pierre sur le célèbre bas-relief. De son côté le Moûticr inférieur, l'abbaye
de Niedermünster, qui vénérait également sainte Odile comme la fonda-
trice commune, honorait particuhèrement, comme sa première abbesse
après sainte Odile, sainte Gundelinde, sœur de sainte Eugénie et de sainte
x\ltale et autre nièce de sainte Odile, et conservait ses reliques dans un
riche reliquaire exposé sur le maître-autel de l'église abbatiale. C'est aussi
à sainte Gundelinde qu'était dédiée cette éghse, comme nous l'apprend le
diplôme accordé en 1017 par l'empereur Henri II à l'abbaye de Nieder-
münster. L'auteur de l'étude critique suppose que le texte de cette charte
n'existe pas et croit pouvoir l'attribuer à un autre monastère de ce nom.
Il se trompe; la charte a été pubUée par W'^ürdtwein et par Grandidier et
elle se rapporte bien réellement à notre abbaye alsacienne. Leur origine
commune, ainsi que celle des domaines dont elles avaient été dotées par
la munificence du père de sainte Odile, les deux abbayes la consignèrent
aussi dans leurs titres de propriété et jusque dans les rotules des cours
colongères qu'elles possédaient dans diverses locaHtés de l'Alsace; elles la
consignèrent surtout dans leurs chartes apocryphes que nous possédons
encore. Gardons-nous cependant de confondre ces pièces avec nos faux
actuels en écriture pubhque ou privée; le moyen âge ne connaissait guère
ce genre d'industrie. A cette époque où l'état civil, tel qu'il fonctionne de
nos jours, n'existait pas encore, et où, en dehors du fait de la possession
d'un domaine (laquelle elle-même pour les riches abbayes n'était que trop
souvent compromise par la cupidité de leurs vassaux, qui tenaient d'elles
ces domaines en fief), il n'y avait d'autres titres de propriété que les par-
chemins de leurs archives abbatiales, et que ces titres n'étaient que trop
fréquemment emportés par des incendies ou parles ravages de la guerre,
il importait alors de remplacer les titres originaux perdus par d'autres
équivalents. On s'y prenait tant bien que mal, soit en copiant les cartu-
laires encore existants, soit, à défaut de ceux-ci, en rédigeant de nouveaux
titres à l'aide des anciennes traditions et réminiscences. Souvent aussi,
quand le titre original présentait des lacunes, on crut devoir y suppléer
— 322 —
par une nouvelle rédaction, dans laquelle on accentuait particulièrement'
ou développait même dans le sens de ces traditions les points qui étaient
devenus litigieux. Là-haut aussi, entre les deux abbayes du mont Saint-
Odile, il y avait des litiges et des rivalités, et ce sont ces litiges qui ont
donné naissance aux deux pièces apocryphes que nous connaissons, à
savoir le faux diplôme de Louis le Débonnaire et le testament de sainte
Odile, si toutefois cette dernière charte doit décidément êlre rangée dans
cette catégorie. L'auteur de l'étude critique, qui attribue aux moines
d'Ebersmiinster l'invention des détails relatifs à la fondation de llohen-
bourg, est aussi tenté de leur attribuer la rédaction de ces pièces apo-
cryphes. Ce n'est guère admissible, à moins qu'ils aient servi à la fois les
deux parties. La vérité est que ces pièces ont été rédigées d'après les tra-
ditions existantes et également admises par les deux abbayes. C'est par
ces pièces même que nous connaissons aussi l'objet principal du litige. Gel
objet est la haute Cour sahque que les deux abbayes possédaient en com-
mun à Ehenheim, et à laquelle était aussi attaché le droit de patronage de
l'église paroissiale renfermée dans cette même cour, et par suite la per-
ception des dîmes de la banlieue, toutes choses que les deux abbayes
attribuaient d'un commun accord aux dispositions prises par sainte Odile
et par son père, le duc Adalrich. L'importance des revenus en question
nous est révélée par les nombreuses usurpations qu'ils subirent. C'est en
effet ce droit de patronage qui, usurpé par les ducs et les empereurs de
la maison de Ilohenstaufen, fut restitué après leur chute aux deux abbayes
par l'empereur Guillaume, puis accordé par le même empereur, en récom-
pense de services rendus, au chapitre de Mayence, et partagé alors pen-
dant au delà d'un siècle entre ce chapitre et les deux abbayes, jusqu'à ce
qu'enfin, vers la fin du quatorzième siècle, celles-ci rentrèrent exclusive-
ment dans leur ancienne possession, mais non sans qu'elle fut déjà nota-
blement amoindrie. Nous apprenons aussi par les documents de cette
époque, que l'abbaye de Niedermünster ne touchait qu'un tiers de ces
revenus et par conséquent se trouvait dans un état d'infériorité vis-à-vis
de celle de Ilohenbourg. Ce fut là, sans aucun doute, déjà antérieurement
aux usurpations, le motif du conflit, lequel se révèle aussi dans les pièces
en question. A l'aide de la charte de fondation des deux abbayes, connue
sous le nom de testament de sainte Odile et rédigée soit simplement d'après
les anciennes tiaditions des deux maisons religieuses, soit sur un ancien
document qui était peut-être la lettre de fondation originale, l'abbaye de
Niedermünster atteste l'égahté parfaite qui, d'après la volonté de leur fon-
datrice, doit exister entre elles, égalité dont la jouissance commune delà
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cour d'Ehenhcim, qui élait la ci-devant cour judiciaire du duc, devait cire
le symbole malériel. De son côté l'abbaye de llolicubourg- clierclia à établir
sa supériorité, eu attestant que le duc Adalrich, père de sainte Odile, avait
cboisi pour séjour le mont et non la vallée et avait fojulc lui-même l'ab-
baye supérieure, tandis que ce ne fut que longtemps après sa mort (pie
sainte Odile érigea le monastère inférieur. Dans ce but on copia, en l'am-
plifiant, un diplôme authentique que l'abbaye avait obtenu en 837 de l'em-
pereur Louis le Débonnaire, et on y inséra lesdits détails, comme aussi
on eut soin d'ajouter, que le duc gratifia sa fille sainte Odile, en faveur de
l'abbaye supérieure , de la juridiction de la Cour seigneuriale d'Ehcnlicim
supérieur, conjointement avec l'église située dans cette cour et le druit de
patronage de ladite église avec tout ce qui en dépend. De l'autre côté,
encore dans les années 1351 et 1358, l'abbaye de Niedermünster fit ouvrir
une enquête, pour faire constater ses droits par les ducs d'Autriche Albert
et Rodolphe, qui étaient ses vassaux pour les fiefs qu'ils tenaient des deux
abbayes de temps immémorial, et obtinrent d'eux deux attestations, l'une
datée d'Ensisheim, l'autre de Rheinfelden, par lesquelles il fut déclaré que,
en vertu de la charte que l'abbaye tenait de sainte Odile, la cour d'Ehcn-
heim, appelée autrefois la cour ducale, conjointement avec le droit de
haute justice et du patronage de l'église et avec toutes ses autres dépen-
dances, devait appartenir en commun au monastère inférieur et au mo-
nastère supérieur de Hohenbourg.
A la tradition des deux abbayes fondées par sainte Odile, lesquelles
attestaient hautement lem^ foi en leur origine commune, viennent s'asso-
cier les traditions des autres maisons religieuses de l'Alsace fondées par
les divers membres de la famille adalricienne. C'est d'abord l'abbaye
d'Ebersmünster, qui attribue aux parents même de la sainte, au duc Adal-
rich ou Attic et à son épouse Berswinde, sa dotation et l'origine de ses
domaines. Cette tradition, les moines d'Ebersmünster la consignèrent non-
seulement dans leurs chartes apocryphes, mais ils la firent aussi insérer
dans les diplômes authentiques qu'ils obtinrent en 770 du roi Carloman,
et en 810 de l'empereur Charlemagne. Le chroniqueur d'Ebersmünster du
douzième siècle l'inséra également dans les annales de cette abbaye, se
bornant toutefois strictement aux détails qui concernent son monastère,
comme nous verrons plus loin. — Vient ensuite la tradition de l'abbaye
de Saint-Etienne de Strasbourg, qui reconnaît pour fondateur le ducAdel-
bert, fils du duc Adalrich et frère de sainte Odile, attribue l'éducation
religieuse de sainte Altale, sa première abbesse, à sa tante sainte Odile,
et associe les abbayes de Saint-Etienne et de Hohenbourg dans une sainte
T. X. - (M.) 21
— 324 —
allinnce de famille. Les témoins de cette tradition sont, outre les diplômes
confirmatifs obtenus par l'abbaye, les leçons des anciens bréviaii'es ma-
nuscrits de l'église de Strasbourg, dont l'une a été publiée par Schiller
dans son édition de Kœnigshofen, une ancienne biographie allemande de
sainte Attale, annexée à la légende d'or et également publiée par Schilter,
comme aussi la représentation des divers épisodes de la vie de sainte Odile
et de sainte Attale sur les anciennes tapisseries de l'abbaye de Saint-
Etienne. — L'abbaye de Honau, qui reconnaissait également pour fonda-
teur le duc Adelberl et tous les membres de sa famille pour ses bienfai-
teurs, attribuait même en principe ces donations au chef de la famille, au
duc Adahicli ou Ettichon, lequel aurait recommandé à ces derniers les moines
irlandais qui s'étaient établis dans cette île. Outre les nombreuses chartes qui
attestent ces donations et qui se trouvent transcrites dans l'ancien cartu-
laire de l'éghse collégiale de Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg et aussi
en partie dans un autre cartulaire conservé aux archives de l'évèché, la
tradition de l'abbaye de Honau est consignée dans les annales de cette
abbaye publiées par Schiller, comme aussi dans la précieuse notice généalo-
gique de la famille adalricienne, découverte par Grandidier, laquelle, en
enregistrant les noms des premiers bienfaiteurs de l'abbaye, a en même
temps fixé la filiation des descendants immédiats du duc Athic et servi à
rectifier cette généalogie dans ce qu'elle présentait encore de défectueux.
— Des traditions analogues existaient dans les abbayes de Murbach et de
Massevaux, qui reconnaissaient pour leurs fondateurs les neveux de sainte
Odile, petits-fils du duc Athic et frères du duc Adelbert, traditions qui trou-
vèrent leur expression dans les livres liturgiques de ces maisons reli-
gieuses.
Si des traditions alsaciennes nous passons à celles des contrées voisines,
la tradition lorraine se présente en première ligne. C'est celle de l'abbaye
de Moyen-Moùticr, laquelle revendiquait pour saint Ilidulphe, son fonda-
teur, l'honneur d'avoir, conjointement avec son frère saint Erhard, lequel
était venu le visiter dans sa solitude des Vosges, conféré le baptême à
sainte Odile et d'avoir rendu la vue à l'enfant aveugle-née. Cette tradition
est consignée dans la biographie de saint Ilidulphe, écrite au dixième
siècle, et dans l'ancienne chronique de Moyen-Moûtier, qui date du onzième
siècle. Dans la première, le père de l'enfant est simplement qualifié de
duc (Heticonis ducis filia); la seconde ajoute qu'il était duc d'Alsace {Eli-
conis ducis Elisalii fdia). La chronique de l'abbaye 'voisine de Senones,
composée au treizième siècle, en racontant également le baptême et la
guérison miraculeuse d'Odile par les deux saints, passe même sous silence
- 325 -
la dignité du père de sainte Oi\\\e(c^jusdam nohilix fdiam. ... quam palcr
ejus Ethico nomine), mais njoulc d'aulrcs détails connus, entre autres la
conversion du château de Hocmhorch en couvent et la fondation du mo-
nastère inférieur. C'est conformément à cette tradition que Ir l)a|itêuic de
sainte Odile était représenté autrefois sur les plaques d'argent de l'antique
reliquaire de saint Ilidulplic, exposé dans l'église abbatiale de Moyeu-
Moûtier et que Schœpflin a reproduit en partie dans son Alsace illustrée.
Vers le milieu du onzième siècle le monastère de Moyen-Moûtier avait pour
abbé Humbert, plus tard cardinal, qui était l'ami de notre pape alsacien
Léon IX, alors évoque de Toul. C'est de cet abbé Ilumbert que la chro-
nique de Senones, ainsi que celle deMoycn-Moûlier de Jean de Bayon,du
quatorzième siècle, rapportent qu'il composa en 1044 des hymnes ou des
antiennes en l'honneur des saints Cyriaque, Hidulphe, Déodat, Odile, Gré-
goire et Colomban, et qu'il les dédia à son ami, l'évoque Brunon de Toul,
lequel les mit en musique. L'auteur de l'élude critique prétend qu'on ne
connaît pas le contenu de ces antiennes, et que Icsdits saints étant honorés
en Lorraine, la vierge Odile devait aussi être une sainte lorraine. Il se
trompe; la chronique, ainsi que les antiennes, dont le texte existe encore,
parlent de la sainte Odile baptisée et miraculeusement guérie par saint
Hidulphe et son frère saint Erhard. Quant aux autres saints, ils étaient
également bien connus en Alsace et leurs louanges pouvaient fort Inen
être adressées à l'évêque alsacien de Toul. Notamment le martyr saint
Cyriaque était le patron de l'abbaye d'Allorf, fondée par les ancêtres de
Léon IX, lequel la gratifia plus tard d'une relique de ce saint. Quant à ce
que ledit auteur fait observer au sujet de l'épiscopat de Trêves, que saint
Hidulphe doit avoir occupé avant de se retirer dans la solitude des Vosges,
à savoir que l'existence d'un saint Hidulphe, évêque de Trêves au septième
siècle, ne serait pas historique, cela ne touche en rien notre sujet. Dans
sa préoccupation de faire passer notre Odile pour une sainte d'origine lor-
raine, il raconte aussi l'histoire de sainte Salaberge, laquelle, aveugle dans
son enfance, recouvra la vue par les prières de saint Eustase, abbé de
Luxeuil, et fonda alors à Laon un monastère en l'honneur de saint Jean-
Baptiste, dans lequel elle se retira, comme aussi son frère Bodon se fit
moine et mourut en odeur de sainteté comme évêque de Toul, Parmi les
religieuses qui vécurent sous la direction de sainte Salaberge, se distin-
guait par sa ferveur sa belle-sœur, Odila, jadis l'épouse de Bodon. Notre
auteur voit ici le germe de la légende alsacienne de sainte Odile; il serait
superflu de le contredire. — Parallèlement à la tradition lorraine de l'ab-
baye de Moyen-Moûtier marche la tradition bourguignonne de l'antique
— 326 —
abbaye de Beaume-les-Dames, qui place dans ce monastère le baptême de
sainte Odile par saint Erhard, comme aussi l'éducation rclii^icuse de la
sainte. Cette tradition n'est consignée dans aucun document local, car il
n'existe pas d'annales de ladite abbaye; mais elle a trouvé son expression
dans la liturgie du diocèse de Besançon, comme aussi on conservait jadis
dans l'abbaye de Beaume, à titre de monument, un voile précieux, que
l'on prétendait provenir de la sainte, et qui, dans les temps de grande
calamité, était exposé à la vénération des fidèles. — Enfin il y a aussi une
tradition bavaroise. Celle-ci s'identifie avec les biographies de saint Erhard,
dont la plus ancienne date du onzième siècle et appelle le père de sainte
Odile le duc Etlichen {eo lemporc duci EUichonl filia cœca nascehatiir).
Cette tradition a aussi trouvé son expression dans la liturgie de ce pays,
laquelle associe les louanges de sainte Odile à celles de saint Erhard. Au
sujet de saint Erhard, qui dans certains documents est qualifié «évêque de
Ratisbonne», l'auteur de l'étude critique fait observer également, ce qui
d'ailleurs est bien connu, qu'un tel évêque n'est pas historique. Il ne s'agit
en effet que d'un évêque régionnaire ou missionnaire. Aussi la biographie
de sainte Odile, ainsi que celles de saint Hidulphe et de saint Erhard,
disent simplement que ce dernier vint du pays des Bavarois {de parlibus
Bcnvarorum... in partibus Bcnvariœ). — Nous ne mentionnons que pour
mémoire une tradition badoise du Brisgau, relative à un épisode bien
connu de la vie de sainte Odile. Celle-ci n'a d'autre base qu'une légende
populaire, qui se rattache à une ancienne chapelle située dans les environs
de Fribourg-.
Nous terminons notre article par la biographie anonyme de sainte Odile ,
qui a été publiée pour la première fois par Mabillon dans ses Actes des
saints de l'ordre de saint Benoît, et qui, au milieu des diverses traditions
que nous venons de passer en revue, occupe un rang tout exceptionnel.
L'auteur de l'étude critique, qui gratifie les moines d'Ebersmünster de la
fabrication de la légende de sainte Odile, attribue à ces mêmes religieux
ladite biographie. Mais un simple coup d'œil sur cette biographie-, com-
parée à la chronique d'Ehersmiinster, suffît pour faire voir que ces deux
écrits, qu'il prétend provenir de la môme souice, n'ont rien de commun
entre eux. Puur établir une prétendue affinité entre les deux documents ,
il cite, outre les noms des principaux personnages, lesquels sont naturel-
lement à peu près les mêmes dans les deux écrits, divers détails qui,
d'après lui, se trouvent à la fois dans les deux documents. Ainsi, par
exemple, il dit qu'on trouve à la fois dans la chronique et dans la biogra-
piiie le num celto-romain d'Altitona du château de lïohenbourg et celui
— 327 —
d'un roi Marcelliii , cüiisliucUnir de cello forteresse. Or, cela n'est pas.
Le nom d'Altilona se trouve dans la chronique, mais non dans la biogra-
phie, et celui du roi Marccllin (ou plulùl Maxiinien, tel (pi'il figiu-e dans
une version allemande) se trouve dans la bioijraphie et non dans la
chronique. Mais ce qui est plus saillant, ce sont les dinéiences (|ui existent
entre les deux documents. D'un côté le chroniqueur d'Ehersmünsler ra-
conte fort en détail la part que prirent le duc Athic et son éponse Bers-
winde à la fondation et à la dotation de son abbaye, ainsi (pu; la coinnm-
nauté spiriluelle que, d'après lui, sainte Odile établit entre les monastères
de Hohenbourg et d'Ebersmiinster; mais il ne fait pas môme mention du
baptême de sainte Odile et de sa guérison miraculeuse, tout aussi peu que
de la fondation des abbayes de Hohenbourg et de Niedermünsler et d'autres
détails sur la sainte. D'un autre côté le biographe de sainte Odile ne dit
pas un mot de l'abbaye d'Ebersmiinster, ce que certes un reli,^icux de
cette abbaye n'eût pas négligé de faire. Pour ce qui concerne la rédaction,
ainsi que le fait observer judicieusement l'auteur de l'étude critique , le
chroniqueur d'Ebersmûnster sait se parer d'une teinte« d'érudition univer-
selle, en rattachant à l'histoire générale les divers détails de l'origine de
son couvent et en faisant l'histoire ancienne de l'île dans laquelle ce mo-
nastère était situé; il établit aussi la fdiation des ancêtres du duc Athic,
en le faisant descendre du célèbre maire du palais Erchinoald. L'auteur
de la biographie au contraire ne présente pas la moindre trace d'érudi-
tion; c'est un simple religieux qui, dans un latin peu châtié, raconte naïve-
ment ce qu'il a appris par ouï-dire. Aussi ne connaît-il que très-vaguement
les noms des divers membres de la famille ducale, sur laquelle cependant
les traditions alsaciennes fournissent des indications si précises. De l'avis
de tous les critiques, il ne connaissait pas même de vue la localité qu'il
décrit, et conséquemment il ne séjournait pas en Alsace. Une expression
dont il se sert pour désigner un certain objet, trahit ouvertement sa na-
fionahté française. C'est en raison de cette dernière circonstance que Gran-
didier a cru devoir attribuer cette œuvre aux religieux prémontrés d'Elival,
que l'abbesse Herrade appela à Hohenbourg vers la fin du douzième siècle;
mais sa conjecture est inadmissible précisément à cause de l'ignorance des
traditions locales et du peu de connaissance des lieux, que Grandidier
lui-même reproche à l'auteur. D'ailleurs ce document paraît être plus an-
cien. La bibliothèque de l'Université d'Erlangen possède un manuscrit de
cette biographie qui remonte déjà au douzième siècle. Mabillon et dom
Rivet dans son Histoire littéraire de France la placent au onzième siècle,
et Laguille la rapportait même au neuvième. On ne serait pas mieux fondé
— 328 -
d'atlribuer celle biographie à un religieux d'une nuire abbaye lorraine,
puiscjue sa version sur le baplênie de sainte Odile difiere totalement de la
version lorraine de Moyen-xMoûticr, tandis qu'elle est tout à fait en accord
avec la biographie de sahit Erhard, qu'elle semble aussi avoir utilisée. S'il
était permis d'élablir une nouvelle hypothèse, on pourrait atlribuer notre
biographie de sainte Odile à quelque religieux d'une abbaye bourguignonne
en rapport avec celle de Bcaume-les-Danies, et qui aurait été chargé delà
rédiger pour ce dernier monastère. Le développement qu'elle donne au
récit du baptême de sainte Odile et du séjour de la sainte dans le monas-
tère de Palma pourrait autoriser cette hypothèse. Quoi qu'il en soit, cette
biographie paraît avoir été peu connue en Alsace. Parmi les manuscrits
assez nombreux qui en existaient autrefois dans les bibliothèques abba-
tiales de différents pays, il n'y en a qu'un seul qui appartienne à l'Alsace,
celui de l'abbaye de Murbach. Au quatorzième siècle cette biographie trouva
place comme appendice dans la célèbre légende d'or dite Lampartica
iiistoria, comme aussi elle fut insérée, conjointement avec la vie de sainte
Attale, dans la version allemande de cette légende. Ces deux pièces ont
été publiées par Schiller dans son édition de Kœnigshofen.
C'est ainsi que les diverses traditions alsaciennes et autres attestent par
leur divergence même la réalité historique du fond de leurs récits, et la
biographie de sainte Odile même proteste hautement contre l'origine fan-
tastique qu'on a voulu lui atlribuer. Ces témoignages traditionnels, à la
fois si multiples et d'origine si diverse, conjointement avec les documents
qui leur servent d'appui, l'auteur de cet article les a réunis dans un seul
et même cadre et cités textuellement dans un livre allemand qui a paru
sous le litre der Odilienherg. Dans une récente publication archéologique
l'article qui traite cette même matière et mentionne les controverses sou-
levées à ce sujet, déclare l'argumentation dudil livre insuffisante. Ce juge-
ment est sans doute une inadvertance, puisque, sauf qucl(|ues lignes d'al-
lusion à ces débals, le livre ne renferme pas d'argumentation. L'auteur
s'en est abstenu à dessein el s'est contenté de mettre sous les yeux du
public les pièces du procès. Pour son compte il croit que la critique, que
l'un dit être le flambeau de l'histoire, a pour mission d'éclairer et non de
répandre des ténèbres, et conséquemment que, pour les temps si reculés
dont il s'agit, la tradition el les documents doivent se tendre mutuelle-
ment la main, que là même où les documents rigoureusement contempo-
rains font défaut, les récils traditionnels ont néamnoins droit à nos égards,
et enfin que même la légende, avec tout le merveilleux par lequel elle se
caractérise d'ordinaire dans ses détails, n'est autre chose (jue la poésie de
- 329 —
l'histoire. — Au conimeiicemciil du siècle dciiiiui-, un s.nanl, fort connu
j)ar lu singulaiité de ses opiniuns, dépensa une portion considérahle de
sa vaste érudition à soutenir que toutes les chartes de l'épociue mérovin-
gienne, ainsi que les écrits des Pères de l'Église el des anciens auteurs
profanes, même les Odes d'Horace et V Enéide de Virgile, ont été fabri-
qués par les moines du moyen âge. Il réussit aussi à se créer des disci-
ples qui propagèrent les opinions de leur maître. Le temps a fait justice
de ces paradoxes. 11 en sera de môme de la thèse qui soulii'iit que nus
traditions alsaciennes du septième siècle et les monuments (pii h.'s con-
firment sont l'œuvre des moines d'Ebersmiinster.
J. GySS, cliuiioine lionorairc.
RAPPORT
SUR LES
ANTIQUITÉS ROMAINES DÉCOUVERTES A KŒNIGSIIOFEN
PRÈS STRASBOUllG,
notamment en mars et avril 1878.
Avec gravures dans le texte et une carte.
Messieurs ,
Découverte Lb 30 tTiars demiei', des ouvriers occupés à creuser une cave pour la
monumen" funèbre nouvcUc coiistrucliou dc MM. Vcilli et Robin, presqu'à l'entrée de Kœnigs-
soidaîromain hofcn, à gauchc dc la route de Paris, entre les n°' 27 et 29, décou-
, .''^'", . vrircnl une pierre rectangulaire de l"\oO de lonii' sur 0"\65 de laro-e.
deuxième légion. ' '-' ' o / o
Elle était couchée à plat, à 1"\65 de profondeur, dans la direction nord-
ouest, à 10 mètres environ de la route. Quand les ouvriers l'eurent dres-
sée pour la retirer de l'excavation et que la face inférieure mise au jour
fut nettoyée, les sculptures et l'inscription qui la décorent firent recon-
naître le monument funéraire d'un guerrier romain. Le buste de celui-ci
est sculpté en demi-relief, dans une niche au cintre surbaissé, sous un
fronton décoré de palmettes aux angles et reposant sur des colonneltes
nettement indiquées dans la pierre. Cinq rosettes avec feuillage, dont
l'une au centre du fronton, les autres en dehors, complètent la décora-
lion architectonique. Le soldat est représenté imberbe. Par-dessus la
tunique à manches courtes, il porte la pœmtla, une casaque de laine, qui
lui tombe à larges plis sur le dos et que sa main droite retient sur la poi-
trine, tandis que de la gauche il porte mi objet (peut-être un rouleau)
dont on n'aperçoit plus qu'un leslc très-fruste. Au flanc droit l'épée, au
SOCIETE
peur la Conservation des Monuments h
D ALSACE
tWK
rniwzr-T^
WMMi'm
lH:^Zs ,
■x:-
i^
MONUMENT FUNERAIRE
irc'jvé à Koeniéshofen [ Strasbourg]
— 331 —
côté gauche le poignard, sont suspendus ;i deux ceinturons distincts, re-
couverts d'ujie série de plaques cnri'ées en métal. L'exlréniilé (jni pusse
par la boucle, s'amincit cji élroile lanière. A juger par les plis de la tunitjue
retroussée, la taille est serrée par une troisième ceinture, (jui n'est pas
apparente. Elle relient sans doute l'espèce de plastron carré, en cuir ou
en métal, qui protège l'abdomen, et auquel paraissent appailenir les huit
lanières, garnies chacune d'une série de grosses tètes de clous et orjiécs
aux extrémités d'objets en métal, sous forme de pendelocpies '.
Voici l'inscription tracée en beaux caractères majuscules :
C- LARGENNIVs
C- FAB LVC- MIL
LEG II > SCAEVAE
AN XXXVII STIP
XVIII H S E •
G . LARGENNIVS
G(aii niius) FABia(lribu) LVG(a) MIL(es)
LEG(ionis) II ) (centuriœ) SGAEVAE
AN(norum) XXXVH • STIP(endiorum).
XVIII . H(ic) . S(itus) . E(st).
«Caius Largennius, fds de Gains, originaire de Lucques, de la tiibu
de Fabia, soldat de la deuxième légion, de la centurie de Scaiva, âgé
de trente-sept ans, ayant dix-huit ans de service, repose ici.»
Sans être une œuvre d'art, l'image est sortie d'un bon atelier. Plusieurs
détails ont été traités avec un soin minutieux ; les caractères surtout sont
tracés avec une sûreté remarquable. Pour ne pas risquer un éclat, à
cause d'une défectuosité de la pierre, le sculpteui' a, dans la troisième
ligne, laissé un intervalle entre les lettres S et G, au risque de dérouter
un moment les lecteurs d'un autre âge.
La sculpture n'a pas beaucoup souffert; toutefois la figure du soldat est
un peu mutilée, le poignard pendu à la ceinture du soldat a été écorné
dans celte dernière opération, et la trace des leviers est visible sur plu-
sieurs parties de la pierre. Au point de vue archéologique, celle trouvaille
a une haute importance, la deuxième légion, dite Angusta, n'ayant laissé
que très-peu de traces de son séjour dans la Germanie supérieure, où elle
a stationné depuis l'an 9 à l'an 43 de notre ère. On n'en connaissait jus-
qu'ici que deux pierres tombales dans nos régions.
1. Pour plus amples détails sur ce curieux ornement des soldats romains, voy. Lin-
dcuschmit, Die Alterthilmer unserer heidnischen Vorzeit, vol. I, livr. IX, pi. 4, n" I;
livr. X, pi. 5, u" I ; vol. II, livr. X, pi. 4, n" 2. — Cf. Hill^ner, Relief eines römischen
Kriegers im Museum zu Berlin, in-4°. Berlin 1866, p. 8. — Maller, Programm des Gym-
nasiunis zu Plön, 1873 : Das Cingitlum mililiœ, iii-4"', p. 12.
— 332 --
Averti rie cette découverte par les soins officieux du commissaire cen-
tral, M. le D'" Mans, qui eut l'obligeance de m'adresser un rapport à la date
du 4 avril, je me rendis à Kœnigsliofen avec mes collègues MM. Peliti
et Milschcr, afin de prendie les mesui-es jugées nécessaires jjour la con-
servation du monument. Déjà deux jours auparavant, M. Mitsclier l'avait
examiné sur ma prière, et avait obtenu de M. Vcilli (pi'il fût transféré en
lieu sùi' et sousirait à l'action d'une jeunesse luibulente, malheureusement
Iroj) disposée à commettre des mulilatious.
Le meilleur, peut-être le seul moyeu de le conserver, était d'en l'aii'e
l'acquisition au profit de notre musée. Après d'assez longs pourparlers,
dont il est inutile de rappeler ici les incidents, la pierre fut acquise le
8 avril, et le même jour provisoirement placée dans le modeste local, où
vous venez de l'examiner.
J'ai omis de dire, Messieurs, que par suite d'une erreur les travaux d'ex-
cavation avaient été enlrcj)ris dans la partie du terrain qui appartient en-
core à la première zone des fortifications, et (jue le monument était à peine
extrait du sol, quand le génie militaire ordonna de combler la cave. Il y
avait toute apparence qu'en continuant les fouilles, oh rencontrerait d'autres
objets, peut-être une voûte, ou du moins un cippe, renfermant l'urne
cinéraire. Les ouvriers me parlaient d'un mur qu'ils venaient de décou-
vj'ir ;iu mumcnt où l'on donna l'ordre de combler la cave. Des rensei-
gnements que je pris sur place me donnèrent la certitude que le monu-
ment du vétéran de la deuxième légion, L. AYTliONIVS, dont feu M. le
bibliothécaire Jung- a donné une description dans le Courrier cht Bas-
Rhin, en 1851, a été trouvé à la distance de 6 ou 7 mètres au plus
de l'emplacement où gisait notre pierre. Je résolus dès lors de poursuivre
les recherches, et je posai à l'achat de la pierre la condition qu'il nous
serait permis d'explorer ce terrain. Les démarches auprès de l'adminis-
tration supérieure pour obtenir l'autorisation d'opérer des fouilles dans
un but scientifique eurent le résultat désiré. Je fus secondé dans cette
entreprise avec un empressement et une bienveillance que je me fais un
devoir de reconnaître publiquement. Le 9 avril, à 3 heures de l'après-
midi, j'eus l'honneur de remettre à S. Exe. M. le général gouverneur de
Schkopp un rapport sur la trouvaille, accompagné d'une demande moti-
vée et d'une esquisse des lieux; deux heures plus tard l'aulorisalion
écrite fut entre mes mains.
Le lendemain, à G heures du matin, je me dirigeai sur Kœnigshofen
avec deux ouvriers, poin- commencer les travaux.
— 333
I.
Jo ne vous faliguerai pas, Messieurs, j)ai- la lecture «lu juurual , dans «••<)"'"".
lequel j'ai consigné minulieusemenl la marche des travaux, le {^iscuieut
des objets trouvés et les divers incidents de toute nature arrivés durant
les 12, 13, -15, 10, 17 cl 20 avril. Je m'étais installé à Kœnigshofen, el
je restais avec les ouvriers du matin au soir, liornn"s (juclques raies
interruptions pour aflaiics survenues. Pendant mes heures d'absence,
M. le l*^"" lieutenant de Pœllnitz, dont le zèle pour tout ce qui louche
aux intérêts de notre Société vous est connu, voulut bien me rempla-
cer à deux reprises. Un utile concours me fut également prêté avec le
plus louable empressement par un jeune étudiant en droit, M. Oscar
Kahle, de Berlin, qui logeait à proximité.
Le terrain fouillé jusqu'à des profondeurs diverses, variant entre 3"\2ri
el 2™,30, sur une longueur de 18 mètres et une largeur de 2"\40 à 3'",50,
renfei-mait un nombre considérable de tessons de poterie romaine, de lui-
leaux à rebords, de vases el de coupes ayant dû servir aux usages les plus
divers et qui paraissaient avoir été brisés avec violence. C'est particu-
lièrement en deux endroits, distants l'un de l'autre de près de 4 mètres,
el sur toute la largeur de la tranchée, que les débris se trouvaient amassés.
Les spectateurs, attirés par la curiosité, se perdaient en conjectures sur
ces nombreux débris, dont la présence dans une ancienne nécropole n'a
rien qui doive étonner. Les uns y voyaient un entrepôt de produits céra-
miques, brisés par quelque accident; d'autres, l'appendice d'un atelier de
poterie où l'on jetait les produits manques et qui devait, selon eux, se
prolonger vers l'ouest. Je ne parle pas de ceux — c'étaient pendant deux
ou trois jours les plus réguliers au poste — qui s'attendaient à la décou-
verte d'un trésor et dont les yeux suivaient chaque coup de pioche avec
une dévorante impatience.
Toutes les pièces ont été retirées avec les précautions qu'exige une
semblable opération, où il n'est pas toujours facile de modérer la trop
grande ardeur de l'ouvrier. J'ai recueilli soigneusement ce qui semblait
avoir la moindre importance; — les morceaux les plus curieux sont expo-
sés et soumis à votre examen.
Les vases appartiennent à plusieurs espèces. Quelques-uns, les plus
simples, sont en terre grise ou en argile commune. Un seul pourra être
reconstitué dans son ensemble. C'est de la poterie tout ordinaire, telle
qu'on la trouve en Alsace dans les sépultures gallo-romaines. Près de ce
Résultai
>lct fouilles.
- 334 —
vase sc trouvaient des débris d'amphores, dont quelques-uns en grès, mais
réduits au plus déplorable état de mutilation.
Plusieurs morceaux présentent l'emploi de la terre noire, enduite des
deux côtés d'une légère couche de terre rouge. Il n'a été trouvé que deux
morceaux de vases en terre noire très-fine, avec striures.
Par contre les débris de poterie en terre rouge vernissée, ou en terre
de Samos, sont très-nombreux. Ceux que nous avons ramassés proviennent
de plus de soixante-dix vases, difîérents de forme et de dimensions, presque
tous d'une pâte très-fine et recouverts d'un vernis auquel dix-sept ou
dix-huit siècles de séjour dans la terre n'ont rien enlevé de son brillant.
Je signalerai les restes suivants, qui appartiennent la plupart à ce que
nous appellerions la vaisselle de luxe, et qui oflrent une étonnante variété
de gracieux motifs d'ornementation.
1) Un grand vase à bords relevés qui pouvait avoir 0™,35 de diamètre.
Trois fragments considérables permettent de le reconstituer par le dessin.
Il présente sous une bordure, simulant des draperies, un cep de vigne, un
animal fantastique, etc. Soit dit en passant, la bordure que je viens d'indi-
quer est un ornement traditionnel et très-souvent employé dans les ateliers
des céramistes romains. Notre collection en possède déjà des échantillons
trouvés dans la propriété de MM. Gruber et Reeb.
2) Un vase analogue, mais plus petit. Sous la bordure, des médaillons,
renfermant une corbeille chargée de fruits, alternent avec un animal posé
sur une sorte de meuble, qui rappelle assez la forme de nos guéridons
modernes. Le vase complet pouvait avoir eu 0"V17 de diamètre.
3) De faibles restes de cinq ou six autres vases historiés. Sur l'un on
voit encore la partie inférieure de plusieurs personnages engagés dans
une danse; sur un autre, une femme vêtue d'une ample robe et traînant
à grands efforts une bête de somme chargée de paniers de fruits, etc.
4) Restes d'une grande poterie avec large rebord plat de près de 0"\05,
presque verticalement incliné vers le bas et passant tout autour du haut
du vase. Une poterie analogue a été trouvée en 1859 à Montans. Le dessin
en a été publié dans le Bulletin monumental de M. de Caumont (vol. XXVII ,
p. 401).
5) Cin(| fonds de vases, portant la signature des potiers :
NIVALIS F
PROPIVS F
IVIPCI
OMVF
BITVNVS
— 335 —
Ce dernier nom figure sur un vase découvert à Ladenbourg en Bavière
rhénane'; je n'ai trouvé les autres dans aucun des ouvrages (jue j'ai sous
la main. L'estampille servant à imprimer la maïque NIVALIS F était j)ro-
bablement en métal, car l'empreinte est d'une remarquable netteté.
6) Ajoutons à ces trouvailles celle d'une petite fiole lacrymatoire, muti-
lée à la base et ébrécliée à la partie supérieure; une pierre à aiguisai', ipii
pourrait être un objet d'un usage tout moderne, si je ne l'avais vu letirer
de terre, à 1 V2 mètre de profondeur.
Vous croirez sans peine. Messieurs, que notre attention fut jjarticuliè-
rement stimulée quand nous arrivâmes à l'endroit d'où l'on a extrait le
monument du soldat de la deuxième légion. A l'",80 sous le sol panuL'iit
les restes d'une maçonnerie construite, en partie du moins, en pierres
calcaires et posées sur des moellons dressés verticalement. Les murs, qui
n'avaient plus quede0'",50 à 0'",80 d'élévation, mesuraient 0"ViO d'épais-
seur et enveloppaient un espace rectangulaire de l'",63 de long sur l"',50
de large. Les petits murs étaient parallèles à la route. A l'intérieur et tout
à l'entour on voyait les restes d'un rebord, sur lequel peut-être posait
autrefois un dallage. Évidemment, la maçonnerie, de hauteur très-iné-
gale, était primitivement plus élevée. Le tout formait-il l'enveloppe de
l'urne cinéraire, et celte tombe aurait-elle été fouillée après l'une des
destructions de Kœnigsliofen? Je ne hasarderai pour le moment aucune
supposition. Il se peut que la continuation des fouilles vers la route nous
fournisse quelque donnée à cet égard. J'ajouterai seulement, pour n'o-
mettre aucun détail qui pourrait aider à éclaircir cette question, que tout
à côté de cette maçonnerie, à 1 mètre environ au-dessus d'elle, la
pioche a rencontré une couche horizontale de gravier de 12 à 15 centi-
mètres d'épaisseur, sur une largeur de près de '1"\20. Cette couche de
gravier, très-régulièrement étendue dans le lehm qui l'encastre, se con-
tinue vers le couchant, parallèlement à la route, comme il a été facile de
le constater dans les caves fraîchement creusées à 20 mètres de distance.
Nous avons cru y reconnaître les restes d'un sentier qui menait autrefois
à la place où le monument a été découvert.
Tout prés de ces restes de construction et à la même profondeur
gisaient deux dalles très-épaisses longues de 1™ 70 l'une, de l mètre l'autre,
qui paraît n'être plus complète. Les deux sont très-grossièrement appa-
reillées. La partie supérieure se rapproche de la forme semi-cylindrique
I. Juhrbiicher des Vereins von AUeHhumsfreundcn im Rheinlande, XMV ii. XLV, p. 23.
- 33ß —
et peut faire croire que ces dalles ont primitivement servi de couvercle
à deux sarcophages.
J'avoue, Messieurs, que j'ai éprouvé une sensible déception en ne trou-
vant nul vestige d'urne cinéraire, ni débris d'armes, ni ornement quel-
conque, aucune de ces révélations sépulcrales qui font le bonheur de
l'archéologue. Pas même une monnaie n'a paru sous la pioche des travail-
leurs. Par contre, l'exploration modeste et commencée sur une humble
échelle m'a mis sur la trace d'autres découvertes, complètement inatten-
dues, dont j'ai hâte de vous entretenir.
Déconvenc Pour rcstcr à proximité de mon poste d'observation, je pris la pen-
en ""'"''" sion chez M"'" veuve Heidmann, dont les soins délicats pour ses hôtes et
inarijre blanc. i» il« •• f • ha • t , ^
1 excellente cuisine mentent detre signales. La maison (n° 51) est dis-
tante de la propriété Veith-Robin de 80 à 100 mètres au plus. Le troisième
jour de mon stationnement, voyant l'intérêt que je mettais à recueillir des
renseignements sur les découvertes antérieurement faites à Kœnigshofen,
M"^ Heidmann me parla de grands vases en grès, de plusieurs urnes en
verre remplis d'ossements calcinés, que les ouvriers trouvèrent dans sa
propriété en 1867 lors de la construction de quelques bâtiments écono-
miques et du creusement de la cave qui existe sous le salon du rez-de-
chaussée. J'appris que de tous ces objets, trouvés à une profondeur d'en-
viron 1 '/a mètre sous terre, il ne restait plus qu'une tête déposée dans la
petite cour de service. J'étais impatient de la voir. C'était la belle tète
en marbre blanc que j'ai l'honneur d'exposer sous vos yeux, et qui est
aujourd'hui une des plus remarquables pièces de notre musée, car
M""^ Heidmann a eu la générosité d'en faire hommage à la Société pour la
conservation des monuments historiques d'Alsace. Je me suis empressé
d'accepter celte offre patriotique et de faire en votre nom les plus chaleu-
reux reraercîments. Malgré les mutilations du nez, malgré l'état poudreux
dans lequel se trouvait la figure, je me suis senti fasciné par ce marbre,
où tout respire la vie, et qui, sous l'apparente simplicité de ses lignes har-
monieuses, révèle d'admirables délicatesses de ciseau. C'est un monument
de sculpture magistrale qui remonte probablement au premier siècle, un
éloquent témoin d'une civilisation éteinte que les légions romaines ont
propagée jus(ju'aux extrémités du monde. Sa découverte est pour nous
une nouvelle preuve de l'importance qu'avait la station de Kœnigshofen
sous la domination romaine.
Déplorons qu'aucune recherche ultérieure, qui serait aujourd'hui plus
que difficile, puisqu'une partie du terrain a été surbâtie, n'ait été opé-
soc lETÉ
pour iaCoRservailcr.: ces McTLuments historiques
D'ALSACE
MARBRE ANTIQUE ■
trouvé dans Is propriété Heiâmaiin 3 Koenlêshcfm (Strasbourg
SOCIETE
pour la Ccnservaîion des Me :
D' ALS ACE
MARBRE ANTIQ!
trouvé danslaproririéié Heidn:....
- 3rî7 —
rée à l'époque de la découverte; on eût pcul-clre trouvé le reste de
la statue à peu de distance, et nous reconnaîtrions plus fhcilcnienl quel
personnage l'artiste a voulu représenter. Est-ce l'image (rnne diviuilé, de
Junon par exemple, comme je l'ai cru un moment, ou plulni celle d'une
noble romaine, d'un membre de la famille impéi'iale? Des voi\ plus auto-
risées nous l'apprcndrojit quelque jour.
Presqu'à la même heure de précieux renseignements me furent Irans- s/^pnims
iIccoiivPrlK (Iniiii l:i
mis par M. Fuchs sur la découverte de deux urnes fiuiéraires, faite loi's propri/iiéi-ii<iif.
' c-nlST.I.
■o,3B---
■ C.4.C-
du creusement d'une fosse près du « Schlôssel » (n^o) en 1873. Ces urnes
en verre, placées dans des réceptacles en pierre grossièrement sculptés, et
renfermant encore des cendres et des ossements calcinés, furent trouvées
l'une à côté de l'autre et retirées intactes, à 15 ou 20 mètres environ de
la route et à une profondeur d'environ 1"\60 sous le sol.
Le fait de celte découverte a passé inaperçu; du moins les journaux, que
je sache, n'en ont point parlé, et aucune nouvelle n'en a été transmise à
notre Société. Ayant appris par M. Fuchs que ces objets ont été cédés à
M.Arnold fds, entrepreneur à Strasbourg, j'ai profité du premier jour
libre pour lui demander la permission de les examiner et d'en faire un
dessin. Les ossuaires ou enveloppes des urnes sont des blocs en grès rouge
creusés à l'intérieur, à peine dégrossis au dehors. L'un ^ffecte la forme
cubique, l'autre est coupé à huit faces, sans la moindre trace de moulure.
Les couvercles sont plus rudimentaires encore. Un seul est évidé, l'autre
n'est qu'une dalle s'adaplant au bloc. La plus grande des urnes cinéraires
est encore intacte. Au toucher il s'en détache des pellicules d'un aspect
métalhque légèrement irisé. Elle mesure 0"\1 6 de haut; le diamètre de
l'orifice est deO'",14, celui de la panse de 0"\23. Le pied n'en a que 0"',08.
— 338 —
La seconde est aujourd'Iiui brisée; mais toutes les parties tiennent encore
ensemble, ou du moins occupent leur place primitive, parce que le vase
n'a pas été dérangé. Le couvercle en pierre, qui est cassé en deux, ayant
une assez profonde excavation, on peut supposer que l'urne était encore
couverte à l'intérieur d'un autre vase ou d'un tuilot qui a disparu de-
puis. Une pierre sé])ulcrale, entièrement analogue, a été trouvée à Pasly,
en 18Cr.
M. Fuchs €st persuadé de l'existence d'un souterrain (|ui avait autrefois
entrée dans sa cave. Quelques fouilles pourraient éclaircir ce point; sans
aucun doute elles auraient des résultats importants.
A la distance de 25 à 30 mètres de ces sépulcres, vers l'ouest (propriété
n° 5), on tiouva, lors des dernières constructions élevées après le siège.
un nombre considérable de vases antiques, tous brisés. La plupart étaient
en terre rouge très-fine, comme ceux que nous déterrions chaque jour.
Par malheur rien n'a été conservé,
A la veille d'arrêter provisoirement les travaux, parce que MM, Veith et
Robin se trouvaient gênés dans leurs constructions, j'appris qu'en creu-
sant la cave d'une maison nouvellement élevée au bord de la roule qui
mène à Eckbolsheim, ettout à l'extrémité de Kœnigshofen, on avait trouvé
un objet antique en terre cuite, dont on ne s'expliquait pas la destination.
M'élanl rendu dans la demeure indiquée ^ j'y vis l'objet que je dépose
sur le bureau — probablement un tuyau de conduite d'eau — , avec deux
autres restes de poterie romaine, qui me furent cédés pour notre musée.
En perquisition#de cette nature, les plus petits éléments peuvent avoir leur
importance et devenir le point de départ pour de nouvelles recherches.
1. Jiullctin monumoital , vol. XXXIV, p. 151. — Les deux ossuaires ont été donnés
à la Société par M. Arnold fils et se trouvent depuis le mois de juillet 1879 dans
notre petit musée.
2. La maison w porlo p:i.s eneoro de numéro. Elle est Iinbitée par la famille Millier.
3fî9 —
Permettez, Messieurs, qu'à l'exposé des trouvailles (raiitiquilés romninos
faites à Kœnigshofen pendant celte dernière campagne, j'ajonlc mir ('nu-
mération succincte de celles qui ont eu lieu anli'rieuremcnt sur celle ligin',
depuis le faubourg Blanc, qui n'a été compris dans l'onccintc de la ville
que vers la fin du quatorzième siècle, et dont la rue principale coïncidait
avec l'ancienne voie romaine. Je me bornerai dans cette énuméralion ;iu\
détails indispensables, en indiquant les ouvrages dans lesquels il en est
question, ou, s'il est possible, les personnes auxquelles je dois des com-
munications orales; mon but n'est que de vous faire embrasser d'un seul
coup d'œil une matière dont les éléments se trouvent dispersés dans
divers ouvrages et qu'il me semble utile de réunir pour un sujet d'études.
La carte ci-jointe indique, aussi exactement qu'il m'a été possible de le
faire à petite échelle, la place où les monuments ont été trouvés. Nous
suivons l'ordre topographique de l'est à l'ouest, en indi(|uant chaque fois
l'occasion qui a amené la découverte.
1. Nivellement de la bulle de Saint-Michel (Michelsbühl), dans le fav-
hourg Blanc, en i767. — Après la démolition de la chapelle de Saint-
Michel , qui s'élevait à l'entrée de Sainte-Barbe, on vérifia que le tertre,
qui, d'après la légende de Saint-Arbogast, aurait sous les Francs servi de
lieu d'exécution, était un antique tumulus. On déterra une quantité prodi-
gieuse d'urnes, de verres, de lampes, de briques portant la marque de la
huitième légion, des médailles d'Antonia Augusta et de Domitien, et un
monument funèbre d'une haute importance, dont voici l'inscription,
d'après le dessin qu'en a pubhé Ravenez :
T • FLAVIVS • T • F •
OFFNTINA
PEREGRINVS
MEDIOLANNI_
MIL • LEG VIII
AVG ^VP
Ml GELERINI %
VIX • AN XXV •
STIPENDIO lin
FHFC^
1. Miisœum Schœpflinianum , p. 30, 105, 113, 150. — Ravenez, t. III, p. 53, planclie
compl. III, n" IV. — Silbermann, Localgeschichle, p. 35. — Scliweighfcuser, Memoire si'r
les antiquités roinaines de la ville de Strosb., p. 42. — Granilidier, Uist. d'Alsace, p. IGO.
T. X. — (M.) 22
— 340 —
Les religieuses de Noire-Dame, alors établies dans l'enclos de Sainte-
Barbe, oiïnrent ce müniimenl à l'historiographe Schœpflin. Peut-être le
retrouverons-nous parmi les objets anciens provenant du musée de l'an-
cienne bibliothèque de la ville et déposés dans les souterrains du château.
En creusant une cave derrière le tertre on rencontra encore, outre
une grande quantité de poteries en tciro do Samos, trois cercueils de
pierre, et tout auprès trois monnaies cji bronze des empereurs Adi'ien,
Maximien et Dioclétien.
En 1817 M. Hindermayer, alors propiiétaire de l'emplacement du
Michelsbühl, continua les travaux de nivellement. Des urnes nombreuses,
des vases en poterie moins fine, une coupe de verre couverte à l'inlérieur
d'un dépôt rougcâtrc, le squelette d'une jeune femme portant encore les
bracelets en cuivre jaune, et une médaille de Diadumeniamis, grand
module, furent déterrés à cette occasion '.
En 1873, des travaux entrepris à l'est de Sainte-Barbe, à In suite du
bündjai'denicnt, amenèrent la découverte de [dusieurs tombes antiques,
construites en dalles posées de champ. Lu communication m'a été faite
par des ouvriers.
2. KtvcUciiicnl de la lunileur vers le cimeliére de Sainl-Gall, en juillet
iô6S, hors la porte Blanche. — Silbermann nous a conservé le passage
de Speckie, d'aiirùs lecpicl ces travaux onl mis au jour plus de cent ui'ues
cinéraires en grès et au delà de vingt sarcophages en pierre. Au plus inté-
ressant élail jointe une tablette avec l'inscrijjtion suivante :
L • LICINIVS • L • F
CLAVD • MAXIM
VS • AEQUO
F • CV • ^
Eeprise de ces travaux en iOOS et en 1627, vers le même point. — La
première année, découverte d'tm sépulcre fait de tuiles épaisses, juxta-
posées de manière à former un angle dièdre et porlant chacune l'estam-
pille de la huitième légion Augusta. La seconde, découverte d'une réunion
de sarcopliages, d'urnes et de vases .sans inscriptions". Silbormann signale
t. Sctnvpiçliseiiser, p. 4G. — Ravcncz, t. Ill, p. 57.
2. Silbcrmann , Localgcxchichte, p. 39. — Grandidior, Histoire d'Alsace , t. I, p. 15G.
Scliœplliri, Als. ill., t. I, j). .008.
3. Scliœplliii, Als. m., t. I, p. 508. — GralididiLT, Uistoint d'Alsace, p. 157.
— 341 —
des découvertes analogues faites aux emiroiis de la luurlJlajiclie eu lOOi,
1G09, 1634, 1671 et 1674 '.
3. Construction de In noctuelle porte Blanche, en iSll-iSlS. — Ujic
partie des objcis trouves dans ce rayon a été cxiMJsét' dans la grande salle
de la Mairie, lors de notre assemblée générale; du l^"" mars 1877. Les
trouvailles consistaient en poterie romaine de diiïérentes espèces, en mé-
dailles, en fibules, en quelques restes de sculptures anciennes et surtout
en un bronze historié, d'une imporlance de premier ordre coiiMiie exé-
cution artistique. Le manche figure en relief Bacchus, Diane et Mercure;
la poignée représentait la lutte d'une divinité avec les géants. L'usage
de l'objet n'est pas encore connu "-.
4. Travaux de fortifications élevés avant le blocns de i8i5 antonr de
la 7naison de M. Thicss. — La maison qui servit quehjue temps de corps
de garde est aujourd'hui le «Schlössel», dont j'ai parlé plus haut. En
1815 on déterra dans le jardin un grand nombre d'urnes cinéraires, un
beau vase en terre de Samos, des fragments d'urnes en verre et un
sépulcre en pierre pareil à ceux que j'ai décrits et qui furent trouvés dans
la même propriété. Il a été donné à M. Schnœringer et se tj'ouve aujour-
d'hui sans doute dans la collection de M. Engel-Dollfus , à Dornnch. Les
autres objets ont été offerts à M. Schweighœuser, pour le musée de la
ville. Ce savant fait observer qu'on n'a fouillé à cette occasion (ju'ime
très-petite partie de terrain ^
5. Pendant l'hiver de 1815 à 1816, quelques travaux dansi nn cliamp
voisin des n°^ i5 et iO (propriété Ruhlmann), où il s'était subitement
produit un affaissement du sol, mirent à jour plusieurs urnes en verre
remplies d'ossements et un nombre considérable de vases en terre
rouge. Les objets trouvés furent transportés à Sti-asbourg. (Communica-
tion orale d'un vieillard qui a été témoin oculaire de la découverte,
M. Kiïtzel, domicilié à Kœnigshofen *.)
6. Creîisement des caves de la maison Broly, ?i° 21 , en mars 1851. — iinumrraiion
des ilt-euiiverli-s
faites
~ h Kœnigsliorcn
avant ISTO.
1. Silbci-mann, p. 4 ot 5.
2. F. X. Kraus, Kunst und Altcrfltuni im Ünter-Elsoss , B. I, \^. üSi. — Bulletin, {. X
(P.-V.), p. 54.
3. Schweigliseusor, p. 48, etc.
4. Cf. Schweiglia'user, p. 50. Les fouilles, conimenc^'es par le propriélaire, furent con-
tinuées par ordre de M. de Kentzinger, maire de Strasbourg.
— 342 —
Découverte du monument l'unèbre en marbre blanc d'un vétéran de la
deuxième légion, avec l'inscription :
L • AVTRONIVS
L • F • SERGIA NOR"
SILO • VETERAN • EX
LEG • Il • HEREDES
EX • TESTAMENTO •
Le vétéran Autrünius, placé an quatrième siècle dans la notice cilée
plus liant, peut fort bien avoir été le contemporain de Largennius, (|ni a
trouvé sa sépulture à côté de ce monument. Les deux tombes sont à
une distance d'environ 10 mètres de la routée
La pierre tumulaire d'Autronius fut donnée par M. Broly à la biblio-
thèque de la ville de Strasbourg, où elle paraît avoir péri dans le bom-
bardement de 1870. 11 ne m'a pas été possible de la retrouver parmi les
restes de notre ancien musée delà bibliothèque publique, disposés aujour-
d'hui provisoirement dans les caves du château.
Une esquisse du monument que je retrouve parmi mes papiers, me
permet d'ajouter la note descriptive qui suit: La pierre forme un rectangle
de l'",85 de haut sur 0"\60 de large; l'épaisseur n'est que de O'^jSö. L'in-
scription se trouve dans un cadre surmonté d'un fronton triangulaire
dunt le sommet touche au bord du monument. Des palmettes s'élèvent
aux angles du fronton, orné au milieu d'une rose ou d'une fleur de lotus.
Deux fleurs semblables se trouvent entre les rampes extérieures et les
palmettes acrotères. La partie historiée de la pierre occupe environ les
75 de la surface. — Le dessous est vide-.
7 et 8. Je ne rappelle que pour souvenir le résultat de nos fouilles et
les trouvailles faites dans la maison ?Ieidmann.
La découverte de deux pierres tombales, de nombreux débris gallo-
romains, et, à une petite distance, celle d'urnes en verre et d'un marbre
antique, donne à ce quartier une importance peu commune.
9. Creusement des caves du n" 98, i862-67. Statuette de Mercure en
bronze. Nombreux débris de vases en terre sigillée.
1. Voy. l'article de M. Jullf,^ publié dans le Courrier du Bas-Rhin on 1851 et repro-
duit par Havenoz dans sa traduction de VAlsace illxsfrre , t. III, p. C88. — De Morlet,
Notice sur les voies romaines du déparfcmonl du Bns-RliiUf p. W. — Tiranibacli, Corpus
inscript ionum Wienanarum. 1892.
2. Notr- />eritf en juillet 18C2.
- 343 -
10. Creusement des caves de M. RotUenhach en i85i (n" 55).— Décou-
verte d'un pelil aulel njmtiin un grès vos^^ieii, de (l"',9() de li;nil sur ()"',.iO
de large. L'inscriplioii porluil :
IN H DD
(GE) NID VICI CA
(NA) ABAR ET VI
(CA) NOR CAN
(A) BENSIVM
MARTIVS
OPTATVS
QVI • COLVMNAM
ET STATVAM
D D*^
M. Rolhenbacli fit don de cet autel à la bibliolliècme de lu ville.
11. Creusement des caves de
MM. Gruber et Reeb en i805-i86G
{n° i25). — Sur un emplacement de
40 mètres environ sur 12 de large,
à la distance de 30 à 50 mètres de
la route, furent trouvés :
a) Un petit autel en grès Ligarié
et presque intact, de 0'",54 de haut,
portant l'inscription :
l(ovi) • O(ptimo) • M(aximo) •
lASSV
S EX VO
TO • P(usuit) • L(ubens) • L(ibero)
M (un ère) ^
1. Voy. Courrier du Bas-Rhin, 11 juin 1851. — De Moriot, ouvrage cité, p. 45. —
Brambacli, ouvrage cité, 1891.
2. Voy. Bulletin, série IV, t. II, l'.-V., p. 8. — Cf. BrauiLacli,, ouvrage cité. 2074.
- 344
b) Un autel vulif tiédie à Mercure,
en grès rouge, de 0'",G7 de hau-
teur sur O-^^SS de largeur et 0"\19
de profondeur, dont voici la lé-
gende :
DEO- M
ERCVRIQ
AVGVSTVS
TOCISSE FIL
EX VOTO
V-S-L- L- M'
c) Le torse d'une statuette en
grès, peut-être d'une image de
Mercure, très-bien exécutée \
d) La partie inférieure d'un bas-
relief, qui a été attribuée à Bacchus.
Ce monument est en grès rouge et
mesure encore 0'",55 de haut. On a
reconnu une panthère dans l'ani-
mal couchéaux pieds de laslatue^
e) Une stèle funéraire sans in-
scription, haute de 0"\Gü, sur
0'",27 de large \
f) Une grande quantité de frag-
ments de vases en terre de Sa-
mos, des restes de tuyaux d'aque-
duc, de glandes amphores en
grès, etc. Plusieurs fragments de
poterie en terre rouge se dis-
tinguent par des ornements en
relief d'une remarquable pureté
de dessin.
1. Voy. Ihilictiu, [). 133. — BuUelin
de la Soriélc des (uitUjKuircs de France.
180G, [). 71. — Braiiihacli, ouvrage
cité. 2073.
2. Bulletin, p. 9.
3. Ibid., série il, t. IV, P.-V., p. I3i.
1. Ibid.
— 345 -
g) Uijc liiile |iüil;iiil r('iii|in'iiili; dr l;i (|ii;iliiùiii' li'i^ioii, dilc Miirrdo-
nienne'. Celle légion a siiccc'dc d;iiis nus cuiiliccs à l;i dcuxiùmt' h'-gidii
Augusla, Uaiisplanléc en Biclagne, quand Claude alla :"i la coiMiurh' de ce
Tous ces objets oui élé olTerls en don au musée de nuire Soeiélé par
MM. Giuber et Reeb cl décrils dans le Bulletin jiar M. .Mcick.
Citons pour méniuire une giande collection d'objets gallo ruinains,
comme statuettes en bronze, boucles, colliers d'and)re, etc., (jui ont élé
tiouvcs à Kœnigsboicn à différentes é])0(iues et que M. Jung lit voir au
Comité dans sa séance du 2 février 18C3'. Le regretté bibliothécaire est
mort avant d'avoir i)U rédiger le travail (pi'ilnous proniità cette occasion;
il nous eût indiipie sans doute en quels endroits ces objets fui(;nl décou-
verts. Il est inutile de dire (juils ont péri avec notre bibliotlièijue.
Sans compter le rayon de l'ancienne Cbarlrcuse, où l'on délcrie
souvent des tuiles marquées du coin de la huitième légion, voilà
une douzaine de groupes de monuments gallo-romains (pii i)ronvent
mieux que ne le feraient des chartes l'antiquité et rinq)Oitance (pi'avail
autrefois Kœnigshofen, ressuscité seulement depuis la construction île
lionedu chemin de fer de Strasbourg h Bâle.
Une remarque que vous avez faite avec moi, Messieurs, cest (juc
toutes ces découvertes, sans en excepter une seule, (pii ont été cons-
tatées hors ville, ont eu lieu sur le bord de la route actuelle. Aussi je
n'hésite pas à en conclure que l'ancienne voie romaine d'Ai-gentoiat à
Tres-Tabernœ ne coïncidait pas seulement avec la rue du faubourg Blanc,
mais qu'elle suivait encore la route actuelle de Kœnigshofen et non
l'Altweg, situé à 300 mètres plus au noid. J'invoque pour toute preuve la
série de tombes échelonnées sur le bord de la route, dei)uis la ville jus-
qu'à la ligne du chemin de fer ^
;i
1. Bulletin, série II, t. V, p. 57. - Braml^acli, ouvrage cité. 1894.
2. Ibid., série II, t. II, p. 6.
3. Depuis la lecture de ce mémoire, uue série de découvertes ont eu lieu te long de
la route et fournisseut de nouvelles preuves à ma thèse. La plus importante est celle
d'une notable partie de l'ancien cimetière gallo-romain, prés de la porte lîianclie. Un
rapport détaillé avec planches en rendra compte dans la prochaine livraison du Bulletin.
Il a paru bon toutefois de noter sur notre carte ces découvertes récentes, ainsi que
d'autres dont je n'ai eu connaissance que depuis peu de temps. Elles y flgurent sans
numéro d'ordre.
— 346 —
On sait le respect que les Romains professaient partout pour les morts
et le soin avec lequel ils cherchaient à en perpétuer la mémoii'e el à
signaler les services à la reconnaissance puhlique. Au lieu de reléguer
leurs cimetières à l'écart et loin de la circulation , comme on tend à le
l'aire généralement de nos jours, ils les établissaient le long des routes
les plus fréquentées et exposaient aux regards des passants les cippes funé-
raires, ornés quelquefois de l'image du défunt, dont l'inscription faisait
coimaître le nom, le rang et les états de service. Les abords de Pompeï
nous ont conservé un exemple frappant de cet usage que les Romains ont
établi dans toutes les stations importantes.
Je ne ferai pas valoir la circonstance que dans presque tout son parcours
l'Altweg est de 2 mètres en contre-bas de la route et des terrains où ont
été trouvées la plupart iks antiquités énumérées ci-dessus; mais à la suite
des renseignements qui m'ont été donnés et que je suis autorisé à cioire
exacts, j'ajouterai qu'aucune trouvaille d'antiquité n'a encore été constatée
le long de l'ARweg, dont le nom, invoqué comme preuve, a pu induire
en erreur les savants qui se sont occupés de cette question. Dans la
bouche du peuple un chemin, pratiqué au moyen âge et abandonné plus
tard, prenait le nom d'Altweg dès qu'on revenait à la voie primitive.
Je pense ne rien hasarder en disant que les cartes des voies romaines
en Alsace, parues jusqu'à ce jour, sont à rectifier sur ce point.
DÉCOUVERTES D'ANTIQUITÉS ROMAINES
FAITES
ä KŒNIOSHOFEN (Strasbourg).
:éciioiio 1 . 10 0(10.
-\, Ancienne butte de S'-MIchel, 1767-1817.
- i -MonuiiiPnt d'un soldat de U II« légion Augiulu
d" Bièclo), d(';couvert on l«78.
^/ ——■<. L ^ Tombe renfermant troi» vaaes romainn, décuu-
verte eu mai 1879
~\v5yl2Sik^_r^TB jT^ î Découvertes nombreuRes do monuments romains.
faites en 1568, 1603, ie04, 1609, 1(;27 , ir.34,
1663, 1671 et 1674, dans la direction iudi'juée.
CARTE
_3 Nombreuses poteries romaines, médailles, fibules,
bronze historié, etc. 1877 et 1878.
i Urnes cinéraires. 1815 , 1873.
Nombreux débris de poterie. 1873.
_Cf^ 5 Urnes en verre. 1815, 18ie.
\X ^ Monument du vétéran Autronius. 1851.
' Monument de Largennius, poterie. 1878.
8 Tête antique on marbre blanc, urnes funéraires,
grand nombre de débris de vases ancien»!
1867.
y Statuette en bronze. — Nombreux (lébris de v.ibpb
.»;':'-»^*;.J^Vi• ■*<'?•,. ^^ ,,u terre sigillée. 18(i2-lS<>7.
-■~jt 10 Autel romain en grès vosgien, débris de pote-
rie, etc. 1851.
Plusieurs tombes antiques, nombreuses poteries,
monnaies romaines des deux premiers siècles,
grand chapiteau historié, 16'3-1C79.
,1- 11 Stèle funéraire, deux autels, torse d'une statuette,
' bas-relief; nombreux fragments do vases,
tuiles, etc. 1865, 1866.
JtiA Sdailltte"^ .Strtiluirt AStm/71
NÉCROLOGUES.
M. L. LEVIUULT, f ISTî
Corrospoudaul du miuistùre do l'iustructiou publitiue pour les travaux Uisturiques.
Séance du 12 juin 1870.
Messieurs,
La tombe vient de se fermer sur un homme de bien dont le souvenir
nous est cher et qui a laissé des traces de l'intérêt qu'il portait à notre
Société, non-seulernent dans nos bulletins, mais encore et surtout dans le
cœur de ses collègues.
Rappelons un instant les titres de M. Louis Levrault à nos souvenirs et
à notre fraternelle gratitude. M. Levrault était un enfant de la bonne ville
de Strasbourg, membre d'une famille justement estimée dans nos annales
littéraires et administratives. Voué d'abord à l'étude de la jurisprudence,
le jeune Levrault entra bientôt dans l'administration de la Monnaie et
remplit onze ans durant les fonctions de contrôleur de notre élabhsse-
raent monétaire. Il prit ensuite, par piété fdiale, la succession de son véné-
rable père comme receveur municipal d'Obernai et conserva cette position
jusqu'en 1870.
Un attrait singulier l'avait porté de bonne heure vers le domaine de nos
traditions provinciales alsatiques; il en étudia l'histoire, et nos monuments
historiques eurent le privilège d'éveiller en lui toutes les sollicitudes d'un
amateur éclairé et sympathique. Son mérite littéraire fut bientôt connu et
apprécié; plusieurs publications contemporaines se disputaient sa collabo-
ration, et il était toujours heureux de transformer en sanctuaire littéraire
son bureau de perception. On dira, sans crainte d'être démenti, que la
plume de M. Levrault fut une des plus pures et des plus charmantes, et
nous le mettons volontiers au nombre de nos meilleurs littéraleurs con-
temporains d'Alsace. Ses travaux lui valurent bientôt le litre de membre
- 348 —
cori'es|)üiiti;iiit du iiiiiiislère ilc rinlérieur püiir les monumonls liistorif|nes,
lilre (jii'il yarda jusqu'à la lin, et qui, dans les prcniièics années surluul,
ne lut nullement slérile.
Quand nuire Société piit naissance, M. Leviault eut, dès le principe,
sa place manjuée dans la commission permanente, et le public ratifia ce
choix. Comme tel, il utilisait ses loisirs pour traiter diverses (jueslions
d'ai'cliéologie qui se lattachaient particulièrement au sol qu'il habitait. 11
aimait de jiassion les belles montagnes de sa province natale, ne se lassait
point de les parcourir, de les étudier, en rêvant sur les ruines qui en cou-
ronnent les mamelons élevés. Sainte-Odile avait naturellement ses [iréfé-
rences, et un des Iruits de ses explorations fut son beau travail sur le mur
[laïen, travail qui témoignera longtemps encore de son esprit sagace et
diligent.
Nous eimies assez souvent l'avantage de l'accompagner dans ces courses
iécondes; d'autres eurent la même jouissance et se rappelleront toujours
la généreuse hospitalité de sa maison et les grâces de son connnerce pei'-
sonncl. L'automne dernier encore, malgré ses 70 ans bien comptés,
M. Levrault, en vaillant marcheur, gravissait avec moi les lianes de llohen-
hourg, et dilatait son cœur dans l'atmosphère pure et embaumée des
belles forets. On peut affirmer que ces moments furent de ceux qu'il appré-
ciait le plus dans sa vie.
Depuis quelques années il avait renoncé au litre de membre de notre
cummission, sans cesser de faire partie de la Société. Nous tous, nous avons
connu et apprécié les rares (jualités de son intelligence, son cœur ouvert
à toutes les aspirations généreuses. Il aimait l'Alsace autant qu'un eidant
du noble pays peutl'aimei' et cet amour il l'euiportadans un monde meil-
leur. 11 avait bravement traversé le lujig hiver et se disposait à aller
planter sa tente auprès de son hls, quand il fut pris d'une hillammation
londjaire qui, dans l'espace de peu de jours, le ravit à l'alfeclion de sa
famille et de ses amis. 11 vit la mort venii- sans la redouter et en brave
chrétien il s'y prépara et la reçut comme le messager d'un monde réniu-
néiateur. Qu'il nous soit permis de déposer dans les annales de notre
Société toute l'expression de nos regrets et le vœu sincèie de voir con-
I inner dans noire sein raniuur de nos monuments et le zèle de contribuer
à les bien faii e connaître. V. G.
- 340
M. du MOULI'T, t i lùvricr KSnS.
M. Gljai'Ies-Cjabricl-BeuudcL de Muiiel (.'sl iiû à Paris, le <S ociulur IT'.Ki.
Il avait à peine alleiiil l'âge de dix-sept ans, luisqn'il lut reçu coiuinc élève
de l'Ecole polytcehniijue, où ses connaissances lin' assnrèienl nn lanj;
honorable. Le 1^"^ oclobr(j '1(S|5, api'ès deux caniiiaj^iies, il fui admis
comme sous-lieiUenant dans l'Kcolc d'aiiplicalioii (]<■ Melz. Liciil(_'n;ml en -J*^
au l^*" régiment du génie le <1 lévrier 1818, lieutenant en 1*"" le 14 mai
1819, il entra connue lieulenaiit dans l'état-major le 12 janvier I82'i. Six
ans plus tard il lui capilaine en l*^"" de sapeurs. iNonmié capihiine de
V^ classe de Tétat-major le 11) janvier 1833, chcl'de bataillon à llagucnaii
le I.j mars 1841, lieulenanl-colonel à Strasbourg le 14 juillet l.SiiS, il lut
promu au grade de colonel directeui' des fortifications, d'abord de Be-
sançon (14 novembre 1851), puis de Strasbourg (13 septenibie 1804), où
il fit valoir ses droits à la retraite deux ans plus lard.
Le 30 mai 1837, M. de Morlet, dont les services importants avaient été
plusieurs fois signalés au ministère, fut inscrit dans la Légion d'honneur.
Il reçut la croix d'ofïîcicr le 22 août 18.50, et enfin celle de commandeur
le 12 juhi 1856. S'étant allié deux fois à des familles alsaciennes, il se fixa
à Strasbourg et consacra ses loisirs à l'étude de nos aiiti(piilés mililaiics.
La Société pour la conservation des monuments historitpies d'Alsace venait
alors de se constituer; M. de Morlet fut reçu membre du Comilé à l'une
des premières vacances et se signala par un zèle éclairé, autant (pie par
une activité dont ses anciens collègues garderont le meilleiu' souvenir et
qui est attestée par une longue série de rcmaripiables Mémoires, parus
dans le Bulletin de la Société.
Nous citerons son Mémoire sur les anciens aqueducs de Slrasboury, les
JSotices sur l'enceinte d' Arg entor aluni , sur les voies romaines du déparle-
ment du Bas- Rhin, siir quelques monuments de l'époque gallo-romaine
trouvés sur les sommités des Vosges, etc. Les nombreuses noies ipi'il lit
insérer dans les procès-verbaux des séances mensuelles prouvent avec
quel soin il suivait le mouvement archéologique en Alsace et l'intérêt qu'il
prenait aux découvertes à l'occasion des fouilles opérées sur plusieurs
points du pays, notamment aux environs de Lorentzen, Mackwiilei-, Bru-
math, Odratzheim et Saverne. L'organisation du Musée d'antiquités établi
à Saverne est l'œuvre de M. de Morlet, qui passait régulièrenienl ses
vacances dans celle ville. Ajoutons que jus(iu'à la guerre de 1870 il sié-
- 350 —
seail au Conseil des bâtiments communaux et lui prêtait un concours
actif, doublement utile (juand il s'agissait d'aplanir les dillicultés opposées
par le génie militaire. Peu d'anciens officiers en retraite ont dû être dans
le cas de rendre des services aussi nombreux et de mener une vie aussi
active à un âge où le repos est bien légitime.
Quand les événements de 1871 forcèrent M. de Morlet de se retirer en
France, il emporta les regrets de tous ceux qui ont eu l'occasion d'appi'écier
son dévouement cl sa Irancliise d'allures, reliaussés par le cbarme de
la j)lus affectueuse aménité de cœur cl par les formes exquises de la
noblesse d'origine.
Il y a deux ans, la Société pour la conservation des monuments liisto-
riques d'Alsace a voulu lui rendre un hommage de reconnaissance et
d'estime, en lui adressant un diplôme de membre d'honneur. La nouvelle
de sa mort, portée au Comité pendant la séance de ce mois, a causé une
vive émotion de douleur à ses anciens collègues. A. S.
G. WILMANNS, f 6. März 1878.
Silzmi"- vom tl. März 1878.
Piol'. JJ'". F. X. Kraus widmet dem Andenken eines heimgegangeneu'
Mitgliedes der Gesellschaft, Prof. G. Wilmanns (f 6. März zu Baden-Baden)
einige Worte. Gustav Wilmanns, dessen sterbliche Reste am 10. März
seinem Wunsche gemäss aul' dem Kirchhof zu Illenau beigesetzt wurden,
war 1845 zu Jüterbogk in der Mark Brandenburg geboren, unter Haupt
und Mommsen in Berlin gebildet, vorübergehend akademischer Lehrer
in Dorpat, dann 1872 an die Universität Strassburg berufen. Seine wissen-
schaftliche Thäligkeit lag wesentlich auf dem Gebiet der Epigraphik, in
welcher Richtung zunächst seine Exempla Inscripüonmii latinarum,
Berol. 1873, 2 vol., ein glänzendes Zeugniss für seine Beherrschung des
Gegenstandes geben, hi wie hohem Grade er geschickt war, seine epigra-
phischen Studien lür die römischen Staatsalterlhümer u. s. f. zu ver-
werthen, legen mehrere Abhandlungen, besonders seine Betheiligung an
dei' von Henzen, Mommsen und de Rossi herausgegebenen Ephemcris
- 851 -
cpigraphica nn don Tng-. Sein Ilnuphvork i.slnhor.lio Snmmlimfr dov nord-
afrikanischen Tmchriflen, clic er im Aurtrng ,lcr kr,„i;^lirl,Pn .\k:.,|..,...V
(1er Wissenschaften in llerlin vorbercilete, v.n Nvel.lieni Zweck.; er /uvinial
längere Zeit in Tunis und Algerien zuhiaclile. Diese Ledentendc Arbeit H
zur grossem Hälfte g:edruckt, und es steht zu hoflen, dnss der Zustand
des hinlcrlassenen lAhaterials es seinen Freunden gestalten werde , .las h.j.h-
vvichtige Werk zu Ende zu führen.
Wilmanns war, trotz seiner Jugend, bereits anerkainit als einer dei-
ersten Epigraphiker der Gegenwart. Wenn seine vor Allem auf Ahika
gerichtete Beschäftigung ihm auch wenige Zeil für die IJestrebungen
unseres Vereins übrig Hess, so verfolgte er dieselben doch mil Interesse
und würde ohne Zweifel einst Ihätigen Anlhcil an denselben g.'nomm.-n
haben. Die Gesellschaft kann somit nicht umhin, den schweren Verlust, d.'n
die Wissenschaft, den die Slrassburger Universität dur.li dm liüh.-n' T...!
dieses ausgezeichneten Gelehrten erlilten, auch ihierseils aufs lebhafteste
zu beklagen.
M. le baron de SCHAUENBURG, f 28 juin 1878.
L'une des pertes les plus regrettables faites par la Société des monu-
ments historiques d'Alsace dans le courant de 1(S78 est sans contredit celle
de M. le baron Pierre-Reille de Schauenburg, né le 18 mars 170o et
décédé le 28 juin 1878 dans son château de Geudertheim. L'oiigine cer-
taine de sa famille remonte à 1330; elle se partagea en plusieursbranches;
celle de notre vénéré collègue, et qui doit seule nous occuper ici, est la
branche alsacienne de Jungholtz^ — Le nom lui vient du château de
Schauenburg, situé au-dessus de la petite ville d'Oberkirch dans le grand-
duché de Bade. Quant au château de Junghollz, résidence de la branche
alsacienne et conservé jusqu'en 1793, il était situé dans l'ancien départe-
ment du Haut-Rhin. M. de Schauenburg lui a consacré une notice,
insérée dans notre Bulletin, et il en a reproduit la vue pittoresque.
Parmi les ancêtres de M. de Schauenburg, l'arbre généalogique pré-
sente toute une série d'illustrations et d'affiliations h des familles nobles
de la province d'Alsace , de la France et de l'Empire germanique. Le père
1. Pour tons les détails généalogiques , nons renvoyons à l'article ScHAUENnuRO .lanf5
le Toinmc ITT de V AJsoc.p, noble, de M. Ernest Lehr.
— 352 -
(le notre collègue se trouvait colonel du régiment de Nassau-Infanterie à
l'époque de la Révolution de 1789 et prit une part active à la bataille de
Valmy (1792) comme chef d'état-major du général Kellermann. En 1790
il concourut, avec plein succès, à la défense improvisée de Strasbourg et
de Kehl; en 1799 il livra, près de Berne, comme général républicain, le
combat de Grauholz et prit d'assaut le canton d'Unterwalden, levé en
masse contre l'invasion française. Les derniers faits d'armes ont été repro-
duits dans les dessins de l'artiste strasbourgeois Zix, auquel notre collègue
a consacré une curieuse notice insérée dans notre Bulletin.
M.Pierre de Schauenburg a fourni, comme officier d'abord, et puis
comme chef d'escadron, une belle carrière dans les armées du |)remier
Empire, et sous le gouvernement de Louis-Philippe, comme député, enfin
comme pair de France. Nous devons signaler comme l'un de ses actes les
plus méritoires et les plus honorables de s'être mis à la disposition du
général Gavaignac, pendant les terribh^s journées de juin 1848.
Dans ces fonctions inqtrovisées et temporaires d'adjudant, il a eu la
satisfaction de contribuer au rétablissement de l'ordre public.
Pendant presque toute la durée du second Empire il a siégé au Conseil
général du Bas-lîhin, et n'a cessé de donner, pendant celle époque de
sa verte vieillesse, des preuves de sa persistante activité.
En 1841, encore sous le régime de Juillet, il avait présidé une com-
mission, convoquée par M. Sers, alors préfet du Bas-Khin, pour décider
et hâter la construction d'un chemin de fer direct de Paris à Strasbourg.
Le décret de juin 1842 consacra le vœu formulé par le département;
riionueur de cette décision, prise contre les prétentions d'une absurde
concurrence, revient en bonne partie à notre collègue, qui était alors
dans toute la force de l'âge et des bonnes traditions parlementaires.
Dès le premier moment où notre Société fut créée sous les auspices de
M. Mignerel, préfet du Bas-Rhin (décembre 1855), M. le baron de Schauen-
burg j)ril un vif intérêt à la jeune institution. Il ne siégea point, de i)rime
abord, dans notre Comité; mais presque dès son origine, il y assistait
comme membre libre, ainsi que M. de Morlet. A partir de 1857 à 187:3 il
remplit assidûment son mandat de membre définitif, quoique non résidant
à Strasbourg pendant l'été. Il n'est presque point de séance durant ce long
espace de temps, où il n'apportât son concours, soit par des communica-
tions verbales, soit par des mémoires instructifs; nos procès-verbaux
l'attestent.
Dans les discussions quelquefois tiès-vives, el en face de contradicteurs
— 853 -
moins habitués quo lui au langage parlementaire, il se nioiitia tdujours
homme du monde accompli cl modèle du parfait gentilhonum'.
11 discutait le plus volontiers les (jucslious l'clativus à l'ail Mulilairo des
Romains et au décor des églises du moyen âge.
Rappelons ici (pi'il s'était îidouné liii-nième, avec une passion juvénile
et nne intelligence [jai-faitc de l'art liiér;ili(pi(.', à la pi'inlnic .sur verre. Une
monographie histori((ue à ce sujet a été commuiH'(pi(''e par lui, en 1<S(!5,
dans l'une des séances publiques de la Société littéi'aire. Le tirage de cette
lectuie a été distribué libéralement par lui à ses nombreux amis. Plusieurs
chapelles de notre |)ays conservent les produits de ses |)eiiiturcs; sa rési-
dence de Geudertlieim en est décorée. Il s'inspirait des peintures des cala-
combes de Rome, dont il avait spécialement étudié les repi'oductions dans
les ouvrages érudits, disponibles il y a quinze et vingt ans. Avec (piel
enthousiasme n'a-t-il pas salué les travaux contemporains, plus étendus
et plus complets de M. Rossi, dont il a pu fêter le passage à Stia.-liuiu'g,
pendant le congrès archéologique de 1859 !
Mais retournons à ses travaux personnels. Indépendamment (ks notices
déjà mentionnées, il a fait un rapport détaillé sur les ti'avaux exécutés
dans l'église collégiale de Saint-Martin de Golmar par feu M. le curé
Meyer; il les a mis en parallèle avec les restaurations plus considérables de
l'église d'AndIau par feu M. le curé Deharbe. Les lecteurs de notre llidielin
se rappelleront sans doute que deux médailles en vermeil ont été décer-
nées, en séance générale, à ces dignes ecclésiastiques.
Un travail complet sur les antiquités de Stephansfeld, avec planches, a
été présenté en 1864 par M. de Schauenbuig, (jui a pu constater (pie la
plus grande partie de ces objets appartenaient à l'époque romaine.
Une pierre aux armes de Jean llammcrer, ammeister de Strasbourg
(de 1554 à 1568), fut dessinée par lui avec son exactitude habituelle; puis
une note sur le camp romain (présumé) près de Leutenheim, et sur une
sépulture romaine près de Bernolsheim (communications de 1864 à 1805).
Nous ajouterons à titre de renseignements biographiques qiuj notre
vénéré confrère, vice-président de la Société pendant une longue séi'ic
d'années, était officier de la Légion d'honneur. Tous nous avons consci'vé
le souvenir de son caractère serviable, qui étendait ses effets sur les
opinions différentes des siennes, au point de vue politique ou religieux,
quoique lui-même demeurât fermement attaché à ses convictions per-
sonnelles.
Ses funérailles ont été célébrées le l'^'' juillet 1878 dans l'église mixte
de Geuderlheim, et solenniséesparun concours nombreux d'amis accourus
— Sor-
tie près et de loin pour honorer celte chère mémoire. Sa dcpouillc mor-
telle a été déposée dans la chapelle mortuaire attenant à son domaine. Des
discours éloquents, inspirés par le souvenir de l'homme de bien et parles
circonslances émouvantes, ont été prononcées par M. le chanoine Straub,
M. le chanoine Joseph Guerbcr (de Ilaguennu) et M. le baron Zorn de
Bulach, père.
Nous consignerons ici, comme détails de famille, que notre confrère
avait eu la douleur de perdre, avant la guerre, l'un de ses fds, officier de
cavalerie; qu'un autre de ses fils, M. le baron Alexis de Schauenburg-, a
siégé pendant quelques années comme député du «centre» au Heichs-
rath, et (jue sa fille unique, la baronne Isaurc de Schauenburg, a été,
durant la maladie de notre vénéré collègue, l'ange de charité et de filial
dévouement. L. S.
TABLE DES MATIÈRES J)l^ TOMK X.
MEMOIRES.
L. Spach. Lettres écrites à la cour, par M. d'Aiii^ervillicrs, intendant d'Alsace de
ITie à 1724 I
Dag. FisciiKii. Notice historique sur l'ancienne Église collégiale, aujotird Imi
paroissiale, de Saverne. (Avec deux planches lithograpliiées.) 103
J. Bernhard. Saint-Marc et ses alentours à Strasbourg. (Avec un i)lan iillio-
graphié et deux planches photolithographiées.' 193
E. Salomon. Notice sur une ancienne maison de Strasbourg. (Avec une iilanche
lithographiée.) 202
VicT. GuERBER. Lcs Églises fortifiées 207
D'' IliicKEL. Notices sur l'ancien llatigau :
I. Le comté de Hattgau (treizième siècle) 215
II. Trois villages oubliés de l'ancien Ilattgau (quatorzième siècle) 224
Ch. Schmidt. Notice sur l'Église rouge et la Léproserie de Strasbourg:
I. L'Église rouge 23G
IL La Léproserie :
1. Histoire jusqu'au commencement du seizième siècle 242
2. Administration et régime intérieur :
4. Les bâtiments, les administrateurs, le receveur, le chapelain .... 248
2. Les malades 252
3. L^ Léproserie jusqu'à sa suppression 266
4. Lépreux étrangers 267
X. Kraus. Urkundliches zur elsässischen Kunst- und Culturgeschichle 270
Kindler de Knobloch. Beitr.äge zur Geschichte des elsässischen Adels (hierzu
eine lithographirte Tafel) :
I. Johann von Albe 271
IL Die von Jungholz 280
IIL Jacob Twinger von Kœnigshoveu 281
II. Schlosser. Notice sur un cadran solaire antique, découvert ;\ Beltwiller (can-
ton de Drulingen) 291
A.Benoît. Le Sattelfelsen, limite des communes de Dabo, d'Engenthal et de
Reinhardmünster (avec deux gravures) 307
T. X. - (M.) 23
TABLE DES MATIÈRES.
PAGES
J. Gyss. Encore un mot sur les origines alsaliques 3i1
A. Straub. Rapport sur les antiquités romaines découvertes à Kœnigshofen , près
Strasbourg (avec gravures et une cartei 330
Nécrologies :
M. L. LEVR.4tLT, t 1876 347
M. de MoKLET, t 4 février 1878 349
M. G. AViLMANNs. t 6 mars 1878 350
M. le baron de Schaticnbcrc , f 20 juin -1878 351
GETTY RESEARCH INSTITUTE
3 3125 01050 2025