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Full text of "Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace"

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THE  J.  PAUL  GETTY  MUSEUM  LIBRARY 


BILLETIN 


SOCIÉTÉ  POUR  LA  CONSERVATION 


MONUMENTS  HISTORIQUES 


DALSACE 


STRASBOURG,  IMPRIMERIE  DE  VEUVE  BEROER-LEVRAULT. 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  POUR  LA  CONSERVATION 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE 


IV  SERIE  —  SEPTIEME  VOLUME 

(1869) 


PBEiniKBE   P.«.KTIE   —   PRO  CK  S- VEBB  AUX. 

AVEC  GRAVURES  ET  PLANCHES 


PARIS 

VEUVE  BERGER -LEVRAULT  ET  FILS,  LIBRAIRES -ÉDITEURS 

RUE  DES  BEAUX-ARTS,  5 
MÊME  MAISON  A  STRASBOURG 

1870 


THE  J  PAUL  GETTY  CENTEft 


s  0  C  I  E  T  E 


CONSERVATION  DES  MONUMENTS  ilISTOUIOLlES 
D  ALS  ACE. 


Séance  du  ùniilé  du  i8  janvier  186!). 

Présidence  de  M.  SPACH. 


La  séance  est  ouverte  à  2  liciires  (rue  des  Veaux,  9). 

Sont  pi'éseiils  :  MM.  Lehr,  Merck,  Opperniann,  Ilodolphe  Picuss  et  Stiaub, 
secrélaiie  en  Functions.  M.  Suljourin  de  Ntuilon  as^i.<le  à  la  séance. 

Le  pi'ocès-vcrbiil  de  la  séance  de  décembre  e^l  lu  et  adojdé. 

Le  présideut  dépose  sui'  le  bureau  les  ouvrages  suivants: 

Documents  rares  ou  inédils  de  l'hisloire  des  Vosges,  rassendjlés  et  publiés  ouviag.'s  dùiM.M-s 
au  nom  du  Comité  d'histoire  vosgiennc,  par  Duhamel.  Tome  1^''.  Épinal, 
18C8.  i  vol.  in-S"; 

Messager  des  sciences  Jiisloriques  de  Belgique.  Année  l(S08,  4°  livraison; 

Bullelin  de  la  Société  des  cndiquaires  de  la  Morinie.  Saint-Ouicr,  1808. 

Le  secrétaire  donne  lecture  des  délibérations  du  sous-comité  de  Colmai", 
au  sujet  des  matières  archéoloi^iques  à  présenter  au  concours  institué  par 
M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique.  Ce  procès-verbal  sera  inséié  dans 
le  Bullelin. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  comité  au  renouvellement  des  mendjres  du    !u,..,uv.!:rM:,ui 
bui'eau.  Le  scrutin  secret  donne  les  résultats  suivants  : 

Vice-président,  M.  le  baron  de  Schauenbuig.  ...  0  voix. 

Secrétaires,  M.  Eissen G    — - 

—  M.  Straub 5    -- 

Secrétaire  adjoint,  M.  Rodolphe  Reuss 5    — 

Bibliothécaire-archiviste,  M.  Merck 5    — 

Sur  la  proposition  de  M.  E.  Lehr,   M.  Ch.  Œsinyei-,   manufacluriei'  à     ,i,'^to,u'>-'." 

W  Stiiiii.  —  T.  vu.  —  (.!•.  V.)  1 


Strasbourg-,  el  M.  Auguste  Lippmann,  percepteur,  sont  inscrits  membres 
de  la  Société. 

On  rappelle  que  M.  Eugène  Miinlz,  homme  de  lettres,  à  Paris,  a  été 
admis  déjà  au  mois  d'octobre  dernier,  et  sans  que  le  procès-verbal  en  ait 
fait  mention.  Celte  omission  involontaire  est  réparée. 
Lpcture  ]\i_  Sabourin  de  Nanton  donne  communication  d'un   Mémoire  sur  la 

a  un   niemoiie 

des  Haü"ta»,    fcünille  dßs  HaltstciU.  Le  comité  vote  l'impression  du  mémoire. 

par  M    Sabourin 

de  IN'antou.  — 


Séance  du  Coniîté  du  iêi  février  1869. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  dans  le  local  de  la  Société. 

Sont  présents:  MM.  Lehr,  Matuszynski,  Merck,  Ringeisen  et  Rodolphe 
Reuss,  secrétaire  adjoint  en  fonctions.  MM.  Lippmann  et  Sabourin  de 
Nanton,  membres  de  la  Société,  assistent  à  la  séance.  M.  Spach,  président, 
s'est  fait  excuser  pour  l'aison  de  santé. 

M.  le  secrétaire  Straub  étant  absent,  il  n'est  point  donné  lecture  du 
procès-verbal  de  la  séance  précédente. 

M.  Lehr  dépose  sur  le  bureau  une  série  d'ouvrages  qui  ont  été  offerts 
à  la  Société  depuis  la  séance  du  18  janvier  : 
Ouvrages  ofTerts       Recuell  dss  Notïces  el  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  la  pro- 
vince de  Constantine.  1808.  1  vol.  in-8°; 

Mémoires  de  la  Commission  des  antiquités  du  département  de  la  Côte- 
d'Or.  Tome  VU,  S*'  livraison.  Dijon,  1868.  1  broch.  in-4°; 

Vierter  und  fünfter  Jahresbericht  des  Vereins  für  Urkunde  zu  Dresden. 
1868.  1  vol.  in-8°; 

Schweizerisches  Urkunden- Reg  ister,  herausgegeben  von  der  allgemeinen 
Geschichtsforschenden  Gesellschaft  der  Schiveiz.  1867. 1  vol.  in-8°; 

Revue  des  sociétés  savantes  des  départements,  Tome  VIII.  Octobre-no- 
vembre 1868.  1  broch.  in-8^ 

Comptes  rendus  de  la  Société  esthonienne.  Dorpat,  1863-1867  ; 

Sabourin  de  Nanton:  les  Nymphes  du  Rhin,  du  Danube  et  des  fleuves 
de  la  Scandinavie.  Mulhouse,  1869.  In-8°.  (Don  de  l'auteur.) 
Don  d'un-jeton       M.  Lchr  communioue  au  comité  une  lettre  de  M.  de  Schauenburgr, 

de  l'Université  '■ 

de  Bologne,     accompaguaut  une  médaille  d'argent  trouvée  par  M,  Kupferlé,  instituteur, 
dans  la  banlieue  de  Liltenheim,  et  qui  lui  paraît  être  un  jeton  de  l'Uni- 
versité de  Roloene.  Remercîmenls  votés. 
'^'''Teîauve ''''■■'      ^I-  L'-l""  «Jonue  ciisuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'instruc- 
sociétùsTvanies.  tlou  publlquc  au  président  de  la  Société,  relative  à  la  réunion  annuelle 


des  soeiélés  savantes  des  départeiiieuls.  Celle  réunion  auia  lieu  à  Ja  Sur- 
bonne,  le  samedi  3  avril  1869,  et  sera  précédée  de  quali-e  journées  de 
lectures  publiques.  La  liste  des  membres  de  la  Société  qui  voudraient 
jouir  des  avantages  accordés,  à  celte  occasion,  par  l'administration  des 
cbemins  de  fer  doit  être  envoyée  à  Paris  avant  le  10  mars. 

Par  lettre  du  30  janvier,  M.  le  Préfet  du  Bas-Rliin  annonce  à  M.  Spach  BiHetsaimxréduiu 

_  .,  ,  .  ip  iiin'i'"  1'  ^^  chemin  de  fer 

que  la  Compagnie  des  chemins  de  ter  de  1  hst  délivrera  dorénavant  aux    rendus  valables 

-,        .        ,  ,  ,  .  ,         .  .  jusqu'au  lendeniaiu 

membres  de  la  Société  des  billets  à  prix  réduits,  valables  jusqu'au  lende-    des  assemblées 

"         '  générales 

main,  lors  des  assemblées  générales  de  la  Société.  M.  le  président  a  Irans-     ^eia  société. 
mis  à  M.  le  Préfet  les  remercîments  de  la  Société. 

Le  comité  prend  ensuite  connaissance  d'une  lettre  de  M.  Véron-Piéville, 
président  du  sous-comité  du  Haut-Rhin,  qui  se  rapporte  à  la  démission 
donnée  par  quelques  sociétaires  lors  des  discussions  du  comilé  relatives 
aux  restaurations  de  Bermont.  M.  Véron-liéville  annonce  que  ces  démis- 
sions sont  retirées,  et  que  les  démissionnaires  entendent  payer  de  nouveau 
leurs  cotisations  annuelles;  il  propose  en  même  temps  de  ne  pas  insister 
sur  le  payement  des  cotisations  arriérées  de  ces  mêmes  sociétaires.  Après 
discussion,  le  comité  est  d'avis  qu'on  ne  saurait  adhérer  à  cette  proposition, 
et  que  les  sommes  dues  doivent  être  payées. 

M.  Véron-Réville  présente,  comme  membre  nouveau,  M.  Commerson,      lusoripuou 
avocat  à  la  Cour  impériale  de  Colmar.  M.  lîingeisen  propose  également 
l'admission  de  MM.  Daniel  Frilsch,  adjoint  au  maire  de  Heiligenslein,  el 
Guillaume  Schweitzer,  instituteur  dans  la  même  locahté.  L'admission  de 
ces  trois  membres  est  votée. 

M.  Lippmann  donne  lecture  d'une  notice  sur  un  manuscrit  musical;,       Lecture 
écrit  de  différentes  mains,  datant  de  la  fin   du  quatorzième  siècle  et  du  d'une noticHuTun 

.        .  ,  . ,  manuscrit  musical 

commencement  du  quinzième  siècle,  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  de     Juxive.xve 

'  siècle. 

la  ville  de  Strasbourg.  Malgré  le  grand  intérêt  qu'il  présente  aux  connais- 
seurs, ce  manuscrit  n'a  point  encore  été  signalé;  il  contient  un  traité  de 
musique  de  Philippe  de  Vitry,  le  Liber  muskalium  de  Henri  de  Lauffen- 
berg,  ainsi  que  d'autres  traités  de  théorie  musicale  allemands  et  latins;  il 
renferme  en  outre  des  compositions  de  vingt  artistes  musiciens  inconnus 
jusqu'ici.  L'insertion  de  celte  notice  dans  les  Mémoires  est  volée  \  M.  Lipp- 
mann  joindra  le  fac-similé  d'une  des  pages  les  plus  curieuses  à  sa  description 
du  manuscrit. 

M.  Lehr  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  de  Schauenburff, 
datée  du  20  janvier  i8G9,  et  relative  à  une  petite  poupée  conservée  au 

1.  Le  Mémoire  sera  inséré  dans  la  prochaine  livraison. 


convL'iiL  d'iMisisiieini,  el  coiimie  sons  le  uomi  popuUiiiu  de  Spoiisele 
(Spoiisif  Chrisli).  En  volant  riiiserlion  de  la  lellre  au  procès-veib;d,  le 
comité  exprime  le  désir  (ja'iin  dessin  de  la  pelite  figurine  puisse  y  ètie 
joint. 

v(CllER  P^,ÉS1DE^T, 

Le'.tie  l'La  lî.  supérieure  de  la  Toussaint  a  eu  la  bonté  de  faii'e  venir  et  de 

de  M.  le  baron  •  i         o  /--;      •  •    i      • 

(le  sciuuieni.iiiö,  «m'cu vovcr,  pour  iiii    our,  la  ouonsa  Utrtsti,  com er\ée  à  Ensisneim  et 

an  sujet 

dune  poupée     ((conuue  encore  dans  les  environs  sous  le  nom  corrompu  de  Sponsde. 

ciiniHie  sous  le  nom  '  ' 

.lespoiuaciiiisti.  (_(  C'est  uuc  poupéc  en  bois  de  noyer,  de  la  taille  de  0'",60,  arlicidée,  la 
(.dète  et  les  mains  peintes,  assise  sur  un  j)etit  lauleuil  garni  en  velours 
«cramoisi,  vêtue  lYuuc  robe  de  même  étolTe  el  de  mémo  couleur,  aux 
«bords  et  sur  les  orfrois  de  laquelle  sont  brodés  en  soutache  d'ai'genl  et 
«en  capitales  romaines,  hautes  et  étroites,  sans  intervalle  entre  eux,  les 
«mots:  ROTllAVSER  WELT  VNDER  VIL  DAVSEN  MEIN  GELIEBTER 
«lESVS  WEIS  VKD. 

«L'étoffe  qui  porte  celte  inscription  ne  présente  aucune  coutuie  qui 
«puisse  faire  supposer  une  transposition  de  mots  ou  de  lettres. 

«La  garde-robe  de  rechange  se  compose  de  six  robes  plus  ou  njoins 
«j'icbes,  en  moire  et  damas,  dont  deux  admirablement  brodées,  et  les 
«(jualre  autres  bordées  de  galons  en  dentelle  d'or  et  d'argent;  d'un  man- 
«telet  en  soie  doublé  de  velours  peluché,  de  quelques  chemises,  de  deux 
«paires  de  bas  de  soie  ti'icotés  et  de  plusieurs  paires  de  souliers  en  soie 
«ou  damas,  à  semelles  en  cuir  et  à  hauts  talons,  avec  la  petite  forme  qui 
«paraît  avoir  servi  à  les  confectionner. 

«Selon  une  légende  traditionnelle  qui  s'est  maintenue  jus(iu'à  pi'ésent, 
«deux  époux,  sans  enfants,  parvenus  ensemble  à  un  âge  très-avancé, 
«auraient  imaginé  de  donner  pour  convive  à  leurs  repas,  sous  le  nom  de 
aSponsa  Christi,  la  poupée  d'Ensisheim,  et  de  faire  distribuer  sa  portion 
«aux  pauvres;  ils  seraient  morts,  selon  leur  vœu,  presque  simultanément, 
«après  avoir  légué  leurs  biens  et  la  poupée  avec  sa  garde-robe  à  un 
«couvent,  à  charge  de  len  vèlii'  selon  les  fêles  et  les  fériés,  de  lui  servir 
«à  perpéliiilé  des  re|)as  sendjlablcs  à  ceux  (ju'ils  faisaient  avec  elle  et  de 
«les  distribuer  ensuili;  à  des  |)auvres. 

«Selon  une  version  de  la  même  li-adition,  moins  répandue,  mais  qui 
«donne  un  sens  au  nom  de  Spoiim  Cliridl ,  les  auteurs  de  la  fondation 
«auiaient  eu  une  fille  qui  auiait  pris  le  voile,  el  qu'ils  auraient  remplacée 
«à  leui'  table  par  la  poiq)ée. 

«La  révolution  a  eiii^louli  les  biens  de  la  fondation,  el  la  poupée  seule, 
«avec  une  paiiie  de  son  liclie  trousseau,  a  suivécu. 


«I!  ne  serait  prol,)al)lement  pns  sans  inîérèt  d'oblonir  quelque?  données 
«plus  précises  et  plus  ceiiaines  sur  celle  singulière  fondalion  et  sur  ses 
«auteurs,  qui  paraissent  avoir  voulu  faire  entrer  leur  nom  (Rollinuser?) 
«dans  rinscriplion  brodée  sur  l'une  des  robes  et  dans  laquelle  il  semble 
«que,  en  dépit  delà  disposition  et  de  l'orthographe,  on  peut  et  (htit  lii'e: 
(.(Mein  geliebter  Jesus,  vjeis  und  roth  ,  auserivcU  muler  vil  dansent 

«Je  regrette  de  n'être  plus  en  situation  de  me  livrer  aux  recherches 
«nécessaires;  mais  j'espère  que,  si  vous  voulez  bien  les  y  engager,  l'un  ou 
«l'autre  de  nos  collègues  du  comité  ou  de  nos  archéologues  du  Haut-Rhin 
«acceptera  cette  tâche  et  la  remplira  do  manière  à  nous  fournir  des  ren- 
«  seignements  intéressants. 

«Agréez,  elc.» 

M   Merck  propose  au  comité  de  faire  continuer  les  travaux  commencés      Propositiûn 

'        '  rie  M.  Merik 

sur  le  plateau  de  Sainte-Odile   par  MM.   Oppermann    et   Gerhard,  afin     <ie  cominner 

r  i  1  1  Jpg  travaux 

d'examiner  si  la  galerie  parlant  du  caircfour  des  Dolmens  et  se  dirigeant  "'sJ'„(';,'.o'fi"p''* 
vers  l'enceinte  du  mur  païen,  se  prolonge  au  delà,  et  si  le  Schafslein  et    v^.edTaonfr 
le  Wachtstein  sont  en  communication  souteiraine  avec  les  Dolmens.  Le 
comité  vole  un  crédit  de  200  fr.  applicable  à  ces  travaux,  qui  devront  être 
exécutés  l'été  prochain  sous  la  direction  de  M.  Merck. 
La  séance  est  levée  à  4  heures. 


à  ce  sujet. 


SOUS-COMITE  DU  HAUT-RHIN. 


Séance  du  samedi  28  février  1869. 


Sont  présents  :  xMM.  L  Chauffour,  Gérard,  Mossmann,  Franiz,  Ingold , 
membres  du  comité,  et  Huot,  secrétaire  du  comité. 

M.  Fleischhauer,  membre  de  la  Société,  assiste  à  la  séance. 

M.  L  Chauffour  préside  la  séance  en  l'absence  de  M.  Véron-Réville.  11 

donne  lecture  d'une  lettre  adressée  par  ce  dernier  à  M.  Ilambei-ger,  et 

(pii  est  ainsi  conçue: 

«  Coimnr,  le  13  févrior  lS(i9. 

«Mon  cher  collègue. 


Départ 


«Au  moment  de  m'éloigner  de  Colmar,  j'ai  l'honneur  de  vous  trans- deM.véron-RcviUe 

,     .  .  vice-président; 

nieîîre  ci-ioints   les  papiers   de   service    concernant  1  admmistralion  du  remise  des  papiers 


de  la  Société. 


I .  Dans  une  lettre  post(^'rieiire,  du  30  janvier,  M.  de  Scliancnbnrg  dit  encore  à  ce  sujet  : 
'I  En  rétablissant  ces  mêmes  mots  dans  leur  ordre  naturel,  ils  forment  la  traduclion  lit_ 
'■  tôrale  du  verset  10  du  chapitre  V  du  Cantique  des  Caùtiqitos  :  <>  Vilrctns  mcvs  can- 
'I  diduset  mincit adus ,  elcctus  ex  millibus.  » 


—     0     — 

comité   du  Haul-Rliin  de  la  Société  des   monuments  historiques  d'Al- 
sace. 

«En  votre  qualité  de  doyen  d'âge,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  convo- 
quer le  comité,  pour  qu'il  procède  à  mon  remplacement  comme  vice-pré- 
sident. 

«Veuillez,  en  même  temps,  exprimer  à  tous  nos  collègues  les  regrets 
que  j'éprouve  à  me  séparer  d'eux  et  ma  reconnaissance  pour  l'utile  et 
aiïectueux  concours  qu'ils  m'ont  prêté  en  toutes  circonstances, 

«Croyez  bien,  mon  cher  collègue,  à  l'expression  de  mes  sentiments  de 
vive  affection  et  de  profond  dévouemenl. 

«  Véron-Réville.  )•> 

Le  comité  manifeste  les  regrets  unanimes  qu'il  éprouve  à  se  séparer 
de  l'excellent  collègue  qui,  depuis  l'organisation  du  comité  du  Haut-Rhin, 
avait  constamment  dirigé  ses  travaux  avec  le  zèle  le  plus  soutenu  et  la 
plus  inaltérable  cordialité. 
xomination         11  cst  procédé  à  Telcctlou  d'un  nouveau  vice-président. 

de   M.    Gérard  m     /-i  r  i  ,     i  >    •  '     •    n  •       -i  ' 

en  qualité  de         M.  Gcrard  est  désigne  a  lunanmiite. 

vice-président  .       ,   ,  ,  i       i       n         •  » .  r  .      f         i  .        i  '     •  '     '     i) 

et  M.  Fleischhauer,  membre  de  la  Société,  est  également  désigne  a  luna- 

de  M.  Fleischhauer  _  i       il     n  \  i 

comme        nimité  comme  membre  du  comité  en  remplacement  de  M.  berard. 

membre  du  comité. 

Château  II  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  Quiquerez,  membre  correspon- 

dant, relative  au  château  de  Blockmont;  des  fouilles  à  pratiquer  dans  les 
angles  des  murailles,  aujourd'hui  rasées  à  fleur  de  terre,  pourraient  ame- 
ner à  découvrir  les  fondations  vraisemblablement  gallo-romaiues  qui  leur 
servent  de  base,  et  peut-être  des  armes,  ustensiles  ou  débris  intéressants. 
Le  travail  proposé  ne  paraît  pas  devoir  dépasser  200  fr.,  et  le  propriétaire 
des  ruines  y  contribuerait  dans  une  large  proportion.  M.  Iiigold  est  invité 
à  conférer  avec  le  propriétaire,  pour  arriver  à  fixer  d'une  manière  pré- 
cise la  somme  à  allouer  i)ar  la  Société. 

Mesures  M.  Iiiguld  informc  le  comité  que  l'on  va  procéder  à  la  reconstruction 

de  conservation  ,..     ,.  ,        ^    .  .     ,  <  ,       i  r,        •,  •  i  •         r"     i 

au  sujet  de      Jc  léalise  dc  Sch  vvcighausen ,  récemment  détruite  par  un  incendie.  Let 

pierres  funéraires  ''  •  r         »        •  i  r         Ml  i 

de  familles  nobles ,  (^(üfice  contcuait  uu  ccitain  nombre  de  pierres  iuneraires  des  tamiilcs  de 

■déposées  b  l'église 

deschweighau^en.  gç|-j^,çlg.|^gyg(,p^  Audlau ,  Walducr,  etc.;  il  serait  facile  de  les  encas- 
trer dans  la  construction  des  murs  latéraux  de  la  nouvelle  église;  les 
réparations  qu'exigent  quelques-unes  de  ces  pierres  n'entraîneraient, 
qu'une  dépense  inférieure  à  50  fr.  Le  comité  s'en  rapporte  à  M.  Iiigold 
pour  les  mesures  propres  à  cmpêchei-  la  destruction  des  vestiges  dont  il 
s'agit. 

M.  Mossmann  signale  au  comité  le  zèle  et  rintelligence  dont  a,  fait 
preuve,  dans  diverses  circonstances,  ])()ur  la  conservation,  l'extraction  ou 


le  transport  de  différents  vestiges,  notamment  delà  stèle  funéraire  déposée 
récemment  aux  Unterlinden,  le  sieur  Bodé,  garde  forestier  au  Roth- 
laîublé,  commune  de  Colmar.  Le  comité  du  IJaut-Rhin  propose  au  co- 
mité central  le  sieur  Rodé  pour  une  médaille  de  bronze. 

M.  I.  Chauffour  dépose  sur  le  bureau  un  Mémoire  sur  les  voies 
romaines  du  Haut-Rhin,  présenté  à  la  Société  par  iM.  Ceslre,  conducteur 
des  ponts  et  chaussées.  M.  Ingold  est  chargé  d'en  rendre  compte. 

M.  I.  Chauffour  présente  au  comité  deux  vases   d'argent   et  vermeil    ^^^  ^rés^^^^ _^ _ 
repoussé,  faisant  partie,  avec  beaucoup  d'autres  objets  d'art,  du  trésor    -—'"11? 
découvert  en  1804  aux  Trois-Épis.  Ces  objets  vont  être  vendus  et  proba-     'f^-ant partie. 
blement  dispersés,  si  les  Sociétés  alsaciennes  n'avisent  pas  au  moyen  de 
les  conserver  dans  le  pays.  La  Société  Schœngauer  est  disposée  à  les 
acquérir  pour  être  déposés  dans  son  musée,  où  figurent  déjà,  d'un  com- 
mun accord,  plusieurs  objets  appartenant  à  la  Société   des  monuments 
historiques.  Le   prix  d'acquisition  serait  de  2,400  fr.;  si  la  Société  des 
monuments  historiques  contribuait  pour  le  tiers  ou  le  quart  de  cette 
somme,  la  Société  Schœngauer  ferait  le  reste  des  fonds. 

Le  comité  émet  un  vœu  conforme,  qui  sera  transmis  au  comité  central. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  Coniilé  du  il)  mars  181)9. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Sont   présents:  MM.  Lehr,  Merck,  Oppermann,   Rodolphe   Reuss    et 
Straub,  secrétaire  en  fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la  séance. 

M.  R.  Reuss  donne  lecture  du  procès-verbal  du  15  février.  Le  procès- 
verbal  est  approuvé. 

Avant  de  rendie  compte  de  la  correspondance  échangée  depuis  février, 
M.  Spach  dépose  sur  le  bui'eau  les  ouvrages  suivants  offerts  à  la  Société: 

Bulletin  de  In  Société  des  sciences  et  arts  de  Vitr)j-le-Frcinçais.  Avril  onviagjsciestmés 
1807-avril  1868.  1  broch.  in-8°;  "dHasS!" 

Matériaux  d'archéologie  et  d'histoire  par  MM.  les  archéologues  de  Saône- 
et-Loire,  7  janvier  18G8; 

Mémoires  de  la  Société  duvherquoise  pour  V encouragement  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts,  1867-1868.  1  vol.  in-8°; 


_     8    — 

Notice  svr  dc^  rmliquités  du  déparlemenl  de  la  Mevrthc  et  des  cimclières 
de  Iff  prriode  gfdJo-romn'mc,  par  M.  Louis  Benoit  ; 

Elisr/hclh  de  Lorraine,  régente  de  Nassim-Sarrehriitk,  et  le  Burgfried  de 
JSiederstinzf/ ,  pai'  M.  Louis  ncnoil..  Nancy,  1!"!07.  1  lii'och.  in-8'^; 

Revue  des  soriélés  savantes  des  déparfoueids,  ilérenihre  1868; 

Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Calmar,  18G7  ri  1808; 

jhnadeii  des  Vereins  für  Nassaîdsehc  AKerthamshunde  und  GeschiclUs- 
forsclntng,  1808.  1  vol.  in-^. 
[•.ciiption  .!e  jM.  Spac!)  ppoposo  (îoiix  nouveaux  niemlires:  M.  le  ])aron  Edouard  de 
Türcidicim,  maîlre  de  fori^jes  à  Niederbronn,  présenté  par  MM.  llod.  de 
Ti^irckhoim  et  Leiir;  M.  Ernest  Zuber,  fabricant  de  papier  à  nie  Napoléon, 
près  Rixheim. 

Il  donne  ensuite  conmuinicalion  d'une  letli-e  de  M.  (léi'ard,  avocat  à 
Cohnar,  nonnné,  en  remplacement  de  M.  Véron-Uéville,  comme  président 
du  sous-comité  de  Colmar. 
s.:bvention  Gcltc  Icltrc  apprcod  (juc  la  Société  Scham^auer,  établie  à  Colmar,  a  fait 

(ieinandéo 

pnr  la  Société    acfîuisition  des  anlinnités  trouvées  aux  Trois-Epis  et  vendues  [lar  la  com- 

SfliCKi)g:a;ier  ^  '  -  ' 

pom-  acci.iis.tiûn  ,^^,,je  (l'A nunerscb wilir.  Lc  sous-connlé  de  Golmai',  par  l'organe  de  M.  Gé- 
rard,  adresse  une  demande  au  comité  centi'al  à  l'efléL  d'obtenir  une  sub- 
vention en  faveur  de  la  Société  Schœngauer. 

Api'ès  sérieuse  discussion,  !e  comité  d(''clare  ne  pouvoir  subventionner 
aucune  société  rjiinnd  il  s'a<^il  d'acfjui'rlr  îles  objets  sur  Icsipujls  elle  n'a 
aucun  droit  de  propriété;  cl  (|ui  écbapnent,  jiar  le  fait,  à  son  action  con- 
servatrice. Sauf  modification,  qui  devra  ctic  sanctionnée  par  un  vote 
de  l'assemblée  générale,  l'ai-ticle-  â  du  règlement  ne  saurait  admettre 
d'auti'c  interprétation,  et  les  objets  acquis  doivent  être  déposés  dans  le 
musée  de  la  Société,  suit  à  Strasbourg,  soit  à  Golmar,  soit  dans  quelque 
autre  locaiité  où  pareil  nuiséc  pourra  être  éîaldi  sous  ses  auspices. 
Lecture  E^  parolc  cst  à  M.  Saboui'in  de  Nanton,  qui  lit  un  rapport  sur  quelques 

d'un  l'apport  „         ,.  ,  ,,  id-i'  lo*         i^'  i       \f  n 

,1e  M.  sahüiirin    momimcnts  lunerau'es  du  cloître  de  l  église  de  Saml-l^icrre-le-Vieux.  Le 

(le  iVaiitûii  .  ,  _  . 

sir ii«siMOfumients  Mémoire,    rcmpli  de  données   intéressantes   sur   plusieurs  personnages 

funéraires  *" 

de  saint-p.eire-   eonuos  del'bistoire  d'Alsace,   tels  (lue  Simmer,  mort  en   I'i92;  Pierre 

le->ieux,  '  1  ' 

d'Epbg,  moitau  commencement  du  quinzième  siècle;  Scbiffmacbcr,  mort 
en  1731,  etc.,  sera  complété  par  Eauleur  et  inséré  ultérieui  ement  dans  le 
Î3ulletin. 

Ea  séance  est  levée  à  -i  beurcs. 


',!      — 


Séance  du  foniité  dii  1!)  avril  I8ft0. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


La  scnnco  est  ouverte  à  2  lieui-es,  niix  Archives  dn  départeiiienl. 

Sont  présenis:  MM.  Merck,  Morin  et  Straub,  secrétaire  en  fonctions, 

M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la  séance.  MM.  V.  Gnerber,  curé  de 
riaguenau,  et  Lehr,  trésorier,  s'excusent  par  lettre  de  ne  pouvoir  venir  à 
la  réunion  pour  raison  de  santé. 

M.  Straub  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  du  15  mars.  Le 
procès-veibal  est  adopté. 

M.  Spach  annonce  au  comité  nue  M.  Decheppe,  conducteur  des  ponts         Don 
et  chaussées,  vient  de  faire  don  à  la  Société  d'une  collection  d'armes  et  7,;;^;^,7,'3f 
de  diflérents  antres  objets  d'anlifiuité  trouvés  dans  les  fouilles  et  draguages     J'^""q"i'é.. 
qui  ont  été  exécutés  à  Strasbourg,  sous  sa  direction,  pour  le  service  des 
ponts  et  chaussées,  depuis  1(S36. 

Cette  collection  se  compose  d'une  cinquantaine  de  poignards  de  formes 
diverses,  avec  et  sans  manches,  la  plupart  assez  bien  conservés;  d'une 
dizaine  de  belles  lames  de  sabre,  dont  plusieurs  garnies  encore  de  leurs 
poignées;  d'im  mors  de  bride  de  rhevnl,  trouvé  dans  le  diaguage  entre  le 
pont  â\\  Corbeau  et  le  pont  Sainte-Madeleine;  d'une  collection  de  dilfé- 
lentcs  batteries  de  fusils  à  roue;  d'une  collection  d'éperons  en  fer  de 
formes  diverses,  et  dont  deux  très-anciens;  de  deux  cuillers  de  forme 
antique,  l'une  en  plomb,  l'antre  en  cuivre;  le  mianche  de  cette  dernière 
iTprésente  la  figure  de  saint  Pieire  et  paraît  indiquer  une  destination  re- 
ligieuse; elles  ont  été  trouvées,  l'une  dans  les  fondations  de  la  maison 
éclusière  derrière  Saint-Etienne,  et  l'autre  le  long  du  mur  du  quai  Kleber; 
d'un  petit  flacon  en  étain,  trouvé  dans  les  fondations  de  la  maison  éclu- 
sière des  Faux-Rem|)arls,  en  1837;  d'une  clef  en  bronze,  très-bien  con- 
servée et  [lai'nissant  romaine;  d'une  petite  lampe  romaine  en  terre  cuite; 
d'un  iinncau  en  bronze,  ouveit,  ressemblant  à  ceiix  qu'on  trouve  dans  les 
timiuli;  de  deux  hallebardes  en  fer  et  plusieurs  lances  en  fer;  de  deux 
faux  de  combat;  de  deux  fingmenls  de  cuirasse;  d'un  cadenas  en  fer 
et  d'une  dizaine  de  clefs  de  formes  diverses;  de  quelques  fragments  de 
[)0trrie. 

Plusieurs  de  ces  olijets  se  trouvent  dans  un  état  de  conservation  par- 


—     lo- 
fait; tous  sont  soigneusement  étiquetés,  indiquant  l'année  et  la  place  où 
ils  ont  été  trouvés. 

Le  comité  vote  des  remercîments  au  donateur  et  décide  qu'une  médaille 
en  vermeil  sera  offerte  à  M.  Decheppe  à  la  prochaine  réunion  générale  de 
la  Société  à  Strasbourg. 
Inscription  Après  avoir  luscrlt  comme  membre  de  la  Société  M.  Percheron,  tréso- 

d'im  membre.  .  nTiinirii  i 

rier  gênerai,  présente  par  M.  Lehr,  .^1.  bpach  expose  sur  le  bureau  quel- 
ques dessins  exécutés  par  M.  Prisse,  et  offerts  à  la  Société  par  ce  membre. 
Tablette  trouvée       Lc  prcuiicr  dounc  la  copie  d'une  inscription  gravée  sur  une  tablette  en 

dans  la  Mossig.  ,        .  ,  ,         i  i       it         •  »        i       ci        i        i         i-i    •  i-iti 

gres  jaunâtre,  trouvée  dans  la  IMossig,  près  de  boultz-les-tJains.  Llle  est 
en  rimes,  comme  beaucoup  d'inscriptions  de  l'époque  à  laquelle  elle 
apppartient,  et  renferme  sans  doute  une  allusion  à  quelque  sculpture  ou 
peinture  comique,  peut-être  à  un  a.  Wahrzeichen))  dans  le  genre  du  Lä//e?i- 
kœnig  de  Bàle  : 

Do  man  zcdt .  i555  .  iar 
yjard  ich  gehue  dis  ist  war 
wie  wol  mich  vil  verlacht  han 
USX  ierem  grose  Unverstand 
denoch  ward  ich  hergesetzt 
das  ich  ein  ganz  land  ergetzt. 

M.  Prisse  pense  que  cette  inscription  décorait  le  pont  de  Soultz-les- 
Bains. 
Sculptures  La  mcmc  planche  donne  quelques  sculptures  de  l'ancienne  église  de 

de'Dorlfsileira.    Dodisheim ,  encastrées  dans  les  murs  de  l'édifice  actuel,  ainsi  que  l'in- 
scription qui  surmonte  la  porte  d'entrée  du  château  de  Dachstein. 

IOA?sNES  ARG.  EPISC.  ALSATLE  LAND. 
EX  FAMILIA  COM.  DE  MANDEHSCIIEIT 
BLA^XKE^^.  REIPVPLIC.E  5135  IIAS 
M  DES.  CONSÏBVEBE  FEGIT.  ANNO 
M.  D.  LXXVIi. 
Le  comité  vote  des  remercîments  à  M.  Prisse,  dont  les  dessins  seront 
déposés  aux  archives  de  la  Société. 

En  l'absence  de  M.  Lehr,  retenu  à  son  domicile  par  une  grave  indispo- 

Comparaison 

laXiltTfaite  sitloii,  M.  Spach  met  sous  les  yeux  du  comité  un  tableau  coniparatil  dressé 


de 

entre 

le  HautlUiin 

et  le  Uas-Iililn 


par  ce  membre,  et  indiquant,  d'une  part,  les  receltes  de  la  Société  prove- 
nant des  départemenis  du  Haut  et  du  Bas-Rhin,  et,  d'autre  part,  les  dé- 
penses effectuées  pour  chacun  des  deux  départements;  le  tout  pour  une 
période  de  dix-ans  (1850-1805). 


—   11    — 

Il  résulte  de  la  comparaison  des  chiffres  que  les  recettes  propres  au 
Haut-Rhin  sont  à  celles  du  Bas-Rhin  dans  la  proportion  de  37  à  100, 
tandis  que  les  dépenses  sont  dans  la  proportion  de  43  à  100.  La  diffé- 
rence soldée  par  le  Bas-Rhin  s'élève  à  la  somme  de  1,770  fr. 

M.  le  président  donne  aussi  communication  d'une  lettre  par  laquelle 
M.  Lehr  expose  qu'il  aurait  désiré  pouvoir,  suivant  l'usage,  présenter  au 
comité,  dans  sa  présente  séance,  le  compte  rendu  des  recettes  et  des  dé- 
penses de  l'exercice  1868;  mais  que  la  maison  Berger-Levrault  n'a  pas 
encore  fourni  le  décompte  des  frais  d'impression  de  la  2^  livraison  du 
Bulletin.  M.  Lehr,  dont  le  compte  est  prêt,  le  soumettra  au  comité  aussitôt 
qu'il  aura  ohtenu  le  document  indispensable. 

M.  Snach  donne  la  parole  à  M.  Straub.  Ce  membre  rend  compte  d'une    communication 

1  '  faite  par 

récente   excursion  faite  dans  le  Palalinat,  et  ayant  pour  but  la  visite  de  "■ ''^",^''/^j^['"'''' 
l'intéressante  église  fortifiée  de  Dœrrenbach,  dont  il  expose  le  plan,  un  ''^e'^f^J^eS'' 
dessin  d'ensemble  et  plusieurs  croquis  détaillés  exécutés  sur  place.  Depuis      (i'^i^""=")- 
les  rapports  faits  à  Colmar,  en  séance  générale,  sur  les  églises  et  cimetières 
fortifiés  de  llunawyhr  et  de  Hartmannswiller,  M.  Slraub  a  eu  l'occasion  de 
visiter  plusieurs  édifices  religieux  portant  encore  la  trace  de  leur  carac- 
tère d'ancienne  défense,  tels  que  Bueswiller,  Châtenois,  Domfessel,  Mun- 
dolsheim,  Oberschœffolsheim,  Schleithnl,  etc.,  dans  le  Bas-Rhin;  Eschentz- 
willer,  Rœdersdorf,  Rixheim ,  etc.,  dans  le  Haut-Rhin.  Parmi  les  églises  et 
cimetières  aulrefuis  fortifiés  et  dont  le  caractère  moitié  militaire  a  disparu, 
il  cite  les  importantes  fortifications  de  Dangolsheim,  celles  des  cimetières 
d'Avolsheim,  de  Dannemarie,  d'Epfig-,  de  Guebwiller,  de  Gueberschwyr, 
de  Guémar,  (rUngersheim,  de  "Winizenheim,  etc.,  etc.  Un  travail  d'en- 
semble sur  celte  matière  seia  prochainement  j)résenlé  par  M.  Straub, 

Ce  membre  expose  sur  le  bureau  une  croix  processionnelle  qu'il  a  ré-         croix 

,  .  ,  piocessioiinelle 

cemment  decouvcile  au  milieu  des  décombres  entasses  au  premier  etnge        trouvée 

ilans  je  cloulier 

du  clocher  d'Eschentzwiller.  La  croix,  en  bois  dur,  plaquée  de  lames  de  dEsti,entz«iiier, 

soumise  au  cümitr 

cuivre,  a  la  forme  ordinaire  des  croix  de  procession  du  quatorzième  au  ^, ,.  J^'     . 

■  r  '  ^î.l  ubLe  btraub. 

seizième  siècle.  Les  trèfles  des  extrémités  portaient  autrefois  l'image  ou 
le  symbole  des  quatre  évangélistes;  ils  sont  aujourd'bui  privés  de  tout 
ornement  et  ont  subi  diverses  mutilations.  A  en  juger  par  le  caractère  des 
rinceaux  qui  décorent  la  croix,  celle-ci  appartient  au  quatorzième  siècle. 
Le  Christ  jiarait  jibis  ancien  et  présente  absolument  le  même  type  que 
celui  qui  oiiie  le  musée  de  M.  Schnœringer  et  ([ui  fut  trouvé  aux  environs 
de  Niedcrbronn.  Il  porte  une  coui'onne  à  trois  fleurons;  ses  cheveux 
tombent  en  longues  tresses  sur  les  épaules,  qui  restent  à  la  hauteur  des 
mains.  Le  perizonium,  retenu  par  une  lai'ge  ceinture,  tombe  jusque  sur 


—     12     — 

les  genoux  en  plis  réguliers  et  d'une  certaine  ampleur.  Les  pieds  ne  sont 
point  superposés  et  ne  reposent  point  sur  un  suppedaneum.  Malgi'é  des 
variations  de  délail,  l'analogie  de  ce  Cliiist  avec  celui  du  musée  de 
M.  Schnœringer  est  tellement  frappante  qu'on  peut  admettre  qu'il  est  sorti 
du  môme  atelier,  du  moins  qu'il  a  été  exécute  d'après'un  lype  commun. 
M.  Straub  pense  qu'il  ne  remonte  pas  au  delà  des  premières  années  du 
treizième  siècle,  parce  que  les  Iradilions  romanes  se  sont  conservées  en 
Alsace  bien  plus  longtemps  (pi'en  France. 
La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance  du  Comilé  dn  2ß  avril  \m. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures. 

Présents  :  MM.  Eissen,  Merck,  Morin,  Straub  et  Rodolphe  Reuss,  secré- 
taire-adjoint en  fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanlou,  membre  de  la  Société, 
assiste  à  la  séance, 
correspondnnce       M.  Spach  donuc  lecturc  au  comité  d'une  lettre  de  M.  le  recteur  de  l'Aca- 
aveeVie'reclpiir,  demie,  qul  communiquc  le  décret  impérial  et  l'arrêté  ministériel  relatifs 
duprrxucaj^niiqnc  OU  pHx  académiquc  à  décerner  en  1860  au  meilleur  travail  d'histoire  po- 
litique ou  littéraire    émanant  de  la  circonsciiption  académique  de  Stras- 
bourg. M.  le  recteiu'  invite  le  président  à  faire  nommer  par  le  comité  trois 
délégués  de  la  Société  en  qualité  de  membres  du  jury  d'examen.  A  la  suite 
d'observations  échangées  entre  M.  le  recteur  et  M.  Spach,  le  nombre  des 
délégués  de  la  Société  a  été  porté  à  quatre,  dont  deux  seront  élus  par  le 
sous-comité  du  Haut-Rhin.  M.  le  président  ayant  invité  le  comité  à  dési- 
gner au  scrutin  les  deux  délégués   du  Bas-Rhin,  on  procède  au  vote. 
MM.  Spach  et  Straub,  ayant  réuni  la  majorité,  feront  partie  du  jury  acadé- 
mique, 
uons  M.  Spach  donne  lecture  de  deux  lettres,  l'une  de  M.  0.  Berger-Levrault 

""'plrM^r'"'  ofTrant  à  la  Société  une  meule  romaine  et  des  queues  d'aronde  du   mur 
Tnouir'''   païen;  l'autre,  de  M.  Rouis,  sous-directeur  de  l'Ëcole  de  santé  militaire, 
faisant  don  d'une  lame  d'épée  franque  trouvée  à  Mutzenhauscn,  près  de 
Hochfelden.  M.  le  président  est  chargé  de  répondre  i)ar  des  remercîmenis 
à  ces  dilTérents  envois,  au  nom  de  la  Société. 

M.  Mei-ck  donne  lecture  de  l'inventaire  des  nombreux  et  précieux  oh- 


—    Î.-J   — 

j'cls  ofi'erîs  an  inuscc  de  la  Sociolé  par  M.  Declieppe,  conducteur  des  ponts 
et  chaussées. 

M.  Eissen  entrelienl  le  comité  des  débris  gaulois  et  romains  (tombeaux,         Débns 

,  .  yauluis  et  ruiiiains 

poteries,  etc.)  mis  récemment  au  jour  en  creusant  les  fondements  de  la     "°"^^s  dans 

la  maison  Kastner  , 

maison  de  feu  M.  Kiistner,  rue  de  la  Nuée-Bleue.  r.deia>-uée-Bieue. 

M.  Merck  donne  lecture  d'une  lettie  de  M.  îliei'ing,  pliarmacien  à  Barr, 
offrant  son  concours  pour  les  fouilles  à  entreprendre  par  le  comité  autour 
des  monumenis  druidiques  de  Sainie-Odile. 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  nouvelle  lettre  adressée  par  lui  à 
M.  Gérard,  président  du  sous-comité  du  Ilaut-Rbin,  pour  moliver  encore 
une  fois  le  refus  du  comité  de  contribuer  au  payement  des  objets  d'orfè- 
vrerie, monnaies,  etc.,  acquis  j^ar  le  musée  d'Unterlinden  à  Colmar.  Le 
comité  donne  son  entière  approbation  à  celle  nouvelle  communicalion. 

M.  Morin  appelle  l'attenlioii  du  comité  sur  riiumidilé  du  local  uù  sont 
déposées  actuellement  les  publications  de  la  Société.  Il  propose  de  les 
transporter  aux  archives  de  la  préfecture  et  de  les  déposer  dans  des  ar- 
moires dont  la  Société  ferait  l'acquisition.  Après  discussion,  celte  proposi- 
tion est  approuvée. 

M.  Spacli  duniie  lecture  d'un  rajtport  sur  différentes  publications  pério-        Kapaun 

de  M.  Spacli 

diques  adressées  récemment  à  la  Société.  Ce  sont  :  1°  le  Bidktin  de  la    ,      f"' 

des  iiublieations 

Société  de  Cunslanline;  3°  le  Bidlelin  de  la  Société  géographique  de  ,^,\lTol\i^è 
Dresde;  3"  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Nassau;  4"  les 
Comptes  rendus  de  lu  Comniission  archéologique  de  Saint-Pétersbourg,  et 
deux  Mémoires  de  M.  Benoit  sur  les  antiquités  gallo-romaines  de  la 
Meurtke  et  sur  Elisabeth  de  Lorraine  et  le  Burgfried  de  Mederstinzel.  — 
L'insertion  du  Mémoire  de  M.  Spach  dans  le  Bulletin  de  la  Société  est  votée. 

La  Société  géographi(|ue  de  Dresde  ayant  oiïerl  réchange  de  ses  publi- 
cations avec  celles  de  la  Société,  cette  offre  est  acceptée,  sur  la  proposition 
du  président. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


SOUS-COMITÉ   DU    HAUT-RHIN. 

Séance  du  24  avril  1869. 


Sont  présenis:  MM.  Gérard,  président;  Liblin,  liigold,  Mossmaiin,  et 
lluot,  secrétaire. 

Le  jjrocès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 


Trésor 
des  Trois-Epis. 


CMtures 


—     14     — 

M.  le  président  donne  lecture  : 

1"  D'une  lettre  de  M.  Spach,  président  de  la  Société,  qui  l'informe  que 
le  comité  du  Bas-Rhin  a  émis  l'avis  que  le  règlement  et  l'état  des  finances 
de  la  Société  ne  lui  permettent  pas  de  coniribuer  à  l'acquisition  du  trésor 
des  Trois-Épis,  projetée  par  la  Société  Schœngauer; 

2°  D'une  lettre  de  M.  RiefF,  propriétaire  du  Schlossherg,  deKaysersherg, 
dt" Kajsersbell.  par  laqucUc  il  se  plaint  que  les  clôtures  qui  devaient  séparer  les  ruines  de 
la  partie  productive  de  la  propriété,  n'ont  pas  été  exécutées. 

Un  membre  rappelle  que  la  commune,   qui   a  pris  ces  travaux  à  sa 

charge,  est  dans  les  meilleures  dispositions.  M.  Hartmann,  architecte,  doit 

aller  prochainement   à   Kaysersberg  et  s'entendre  avec  le  maire   à  ce 

sujet. 

Pierres  sépuicvQies      M.  higold  Infomie  Ic  couiité  que  M.  le  curé  et  M.  le  maire  de  Schweig- 

de  l'église  .  ,  .  -,  , 

de schweighausen.  hausen  out  piis  Ics  mesures  necessan'es  pour  que,  dans  les  travaux  de 

reconstruction  de  l'église,  les  pierres  sépulcrales  dépendant  de  l'édifice 

primitif  soient  encastrées  à  l'intérieur  du  nouveau  sanctuaire. 

Leame  Le  mômc  membre  donne  lecture  du  rapport   dont  il  a  éîé  chargé, 

dt'M.'TngÔid    concernant  un  nouveau  Ménjoire  de  M.  Cestre  sur  les  voies  romaines  du 

sur  un  mémoire      ,  t~i  i   • 

de  M.  Cestre         IJaUt-Hhin. 
au  sujet 

des  voies  romaines.      Qc  rapport  cst  amsi  couçu  : 

((On  peut,  par  une  opération  facile  de  l'esprit,  diviser  en  deux  parties 
le  travail  que  M.  Cestre  a  soumis  à  votre  appréciation  et  dont  vous  m'avez 
chargé  de  faire  une  courte  analyse:  la  partie  des  faits  et  celle  des  conjec- 
tures, la  science  et  ses  aspirations. 

«La  première  partie  est  un  nouvel  hommage  rendu  aux  travaux  de  nos 
devanciers;  elle  confirme,  la  chaîne  à  la  main,  la  plupart  des  stalions  et 
des  routes  reconnues  par  les  pères  de  notre  histoire.  La  seconde  cherche 
à  ouvrir  à  la  science  des  horizons  nouveaux,  noble  et  périlleuse  entreprise 
qui  mérite  tous  nos  encouragements. 

«La  science  a  différents  moyens  d'investigation  pour  constituer  son 
édifice.  A  l'époque  de  la  Renaissance,  les  ruines  et  les  autres  vestiges  de 
l'antiquité  romaine  étaient  plus  apparents  que  maintenant,  la  population 
moindre  et  conséquemmcnt  l'agriculture  moins  active.  Béatus  Rhénanus 
•pouvait  donc  parler  rfe  y«5w,  de  choses  qui  n'existent  plus.  Schœpflin  cultivait 
encore  un  terrain  moins  battu  que  le  nôtre.  Mais,  chose  curieuse,  plus 
le  sol  s'appauvrit,  plus  les  investigations  deviennent  ardentes.  De  notre 
temps,  l'archéologie  a  appelé  à  son  aide  l'étude  des  langues,  et  avec  son 
concours  elle  a  fait  d'importantes  découvertes.  Elle  a  relevé  les  lieux  dits 
de  nos  cantons  ruraux  et  leur  a  demandé  leur  raison  d'être. 


—     15    — 

i(M.  Cosle,  notre  collègue  regretté,  pour  arriver,  à  l'endroit  de  la  géo- 
graphie romaine  de  noire  pays,  à  une  certitude  aussi  absolue  que  possible, 
tirait  un  excellent  parti  de  la  connaissance  des  lieux.  Il  envoyait  un  calque, 
en  ce  qui  concerne  les  chemins  et  les  cours  d'eau,  de  la  carte  de  l'élat- 
niajor,  à  une  personne  intelligente  de  la  localité,  avec  prière  d'y  tracer 
les  noms  de  ces  lieux.  11  se  rendait  ensuite  sur  place,  pour  reconnaître 
l'exactitude  des  renseignements  qu'il  avait  ainsi  obtenus  et  les  coordonner 
avec  ceux  qu'il  avait  recueillis  dans  les  localités  limitrophes.  Puis  il  col- 
lait ces  petites  cai  tes  les  unes  au  bout  des  autres.  C'est  ainsi  qu'il  est  par- 
venu à  faire  ces  belles  cartes  de  Schlestadt  et  deBrisach  qui  seront  toujours 
des  modèles  de  parfaite  exactitude.  Ce  procédé,  il  l'aurait  appliqué  à  tout 
le  déparlement,  si  la  mort  n'était  venue  l'enlever.  Pour  lui,  Fétymologie 
n'était  qu'une  présomption  ;  pour  l'élever  à  la  hauteur  d'une  certitude,  il 
lui  fallait  plus  de  présomptions  graves,  précises  et  concordantes.  Jamais 
il  n'a  perdu  de  vue  que  l'archéologie  est  avant  tout  une  science  de  faits  et 
non  de  spéculations  étymologiques,  que  les  mots  sont  des  mots  et  non 
des  faits.  11  voulait  toujoujs,  autant  que  faire  se  peut,  des  preuves  ma- 
térielles. 

«M.  Cestre  se  laisse  plus  facilement  persuader.  Frappé  des  nombreuses 
lacunes  que  présente  encore  l'histoire  de  notre  département  pendant  la  pé- 
riode romaine,  et  animé  du  désir  de  les  combler,  il  a  dû  se  dire  que  le  même 
mot  ayant  un  sens  historique  certain  dans  un  pays  limitrophe,  devait  avoir 
le  même  sens  chez  nous,  et  qu'après  tout,  les  mots  ne  sont  que  l'expres- 
sion des  choses.  11  a  dû  se  dire  aussi  que  certains  monuments  communs 
chez  nos  voisins,  comme  les  vigies,  les  spéculum,  les  camps,  etc.,  etc.,  ne 
pouvaient  pas  n'avoir  pas  eu  chez  nous  leurs  similaires. 

«Lorsqu'on  est  animé  de  la  foi  naïve  du  néophyte  et  qu'on  est  engagé 
dans  la  voie  glissante  des  conjectures  et  des  présomptions,  on  s'arrête 
difficilement.  Armé  d'un  dictionnaire  polyglotte,  on  a  bien  vite  parcouru 
le  monde  connu  des  anciens;  la  traduction  simple,  naturelle  du  mot  vous 
répugne;  on  lui  préfère  une  acception  héroïque.  On  méconnaît  le  génie 
des  langues;  on  passe  d'une  langue  dans  une  autre  avec  une  facilité  mer- 
veilleuse. Le  mot  que  l'on  a  sous  la  main,  on  le  tire  du  celte,  du  latin, 
du  grec,  de  l'allemand,  selon  les  besoins  de  la  cause. 

«  Mais  assez  de  ces  généralités.  Appliquons-les  à  l'examen  des  questions 
que  soulève  le  travail  de  M.  Cestre.  Étudions  surtout  les  principes  qui 
lui  servent  de  base;  car  les  principes  admis,  leurs  conséquences  s'impose- 
raient à  nous  de  toute  l'importance  d'un  fait  acquis  à  la  science. 

«Comme  prolégomènes,  M.  Cestre  élabht  que  l'archéologie  alsacienne 


n'a  pas  encore  lecoiinu  la  valeui'  liislun'(jiie  d'ini  cerlain  nombre  de  mois 
d'une  grande  portée. 

((  L<'S  mots  Sleinweg ,  Im  Stein,  Steuœrt,  indiqueraient,  une  voie  pavée; 
le  lieu  dit  Stcinberg ,  une  motilagne  desservie  par  une  voie  anliipie.  iMais 
ne  pourrait-on  pas  y  voir  tout  simplement  un  chemin  rocailleux,  une 
montagne  rocheuse? 

((  Vie  iveeg'^  viendrait  de  via  veliere.  Qui  de  nous  n'a  cru  et  ne  croit 
encoi'e  que  ces  deux  mots  Vie  weey  Corment  une  de  ces  duplications  par 
traduction  si  communes  dans  la  province,  comme  Tliur,  T/nirbacli ,  dont 
nous  sommes  môme  parvenus  à  faire  la  liiplicatiou,  la  rivière  de  la 
Thurhach  ? 

(iRiiti,  signifierait  chevauchée  ou  loute  postale;  mais  M.  Moue,  le  savant 
archiviste  du  grand-duché  de  Bade,  qui  lait  autorité  en  matière  pareille, 
enseigne  dans  ses  CeUiscIie  Forscliungen,  pages  126,  127,  que  le  mot  Rilli 
et  ses  congénères  Rudlen,  RuUel,  Padtené,  signifient  montagne,  forêt,  et, 
page  2o7,  que  les  mots  Rid  et  Rcidli  signifient  une  plaine  unie  comme  le 
Rilti  de  WilteL-heim. 

«Selon  M.  Cesire,  Meeren  signifie  maicher;  selon  Moue,  page  \\ï,  ce 
mol  signifie  une  petite  montagne. 

((.Ehren,  seloii  le  premier,  signifie  couine,  page  71,  ou  rivière,  page  18; 
selon  le  second,  ce  mot  signifie  ti'aînei',  de  vehere. 

«M.  Cestre  enseigne  que  weycr  déiive  de  via;  M.  Moue  dit  (jue,  dans  les 
plus  anciens  idiomes  du  ])ays,  le  mot  expriiue  une  rivièi'C,  [lageoj,  ou  une 
montagne,  page  146. 

'iFeVons  viendrait  du  grec  et  signifierait  eudi'oil  rociulleux. 

c(  Pelrosa  via  ne  signifierait  pas  chemin  pierreux,  mais  route  commer- 
ciale, grec  Peruusa  (aller  pour  vendi'c). 

((Les  Eslayes  ne  viendrait  pas  de  Stirtda  via,  mais  ù'cœlraliere,  eniiiuner 
à  l'étranger. 

«/^/i'ei(^W  est  traduit  par  terre  des  géants;  Moue,  page  o2,  enseigne 
que  Pis  signifie  rivière. 

((.Nageliberg,  selon  M.  Cestre,  veut  dire  le  vtont  des  fers  de  ßeche;  Si:\on 
Mono,  page  117,  grande  colline. 

« ///-//toi  signifiei'ait  défuite;  selon  iMone,  page  91,  ce  mot  signifierait, 
au  coiiîi'âire,  petite  montagne. 

aBuck  et  ses  composés  Buekenrein,  Buckslritt,  Buxenberg  signifieraient 
invariablement  une  vigie,  un  spéculum,   un  poste  de  spectdalores  ou   de 

I.  i\e  scrail-ce  puiut  un  clicmiii  pour  les  bestiaux? 


—     d7     — 

buccinatores ;  selon  Mone,  pages  53  et  54,  le  mot  Bug  signifie  tout  sim- 
plement une  montagne. 

«Nous  sommes  reconnaissants  à  M.  Cestre  de  ce  qu'il  appelle  notre 
attention  sur  les  camps  et  les  vigies  qui  jalonnaient  nos  voies  romaines  et 
sur  les  spéculum  qui  couronnaient  nos  hauteurs;  mais  nous  doutons  fort 
qu'on  puisse  les  trouver  sous  le  nom  de  Buch  et  de  ses  dérivés.  C'est  sous 
les  noms  de  Burg  et  de  Schloss  qu'il  faudra  principalement  les  chercher. 

«Ces  étymologies  et  une  foule  d'autres  plus  hardies  encore  émaillent  d'un 
bout  à  l'autre  le  travail  de  M.  Cestre  et  servent  d'échafaudage  à  des  théo- 
ries ingénieuses  et  séduisantes,  qui  ont  le  grand  défaut  de  s'appuyer  sur 
des  bases  trop  peu  certaines. 

«Est-ce  à  dire  pour  cela  qu'il  faille  repousser  le  secours  précieux  de 
l'étymologie  ou  croire  qu'on  peut  lui  faire  dire  ce  que  l'on  veut?  Nous  ne 
le  pensons  pas:  les  étymologies  sont  comme  les  désirs,  en  morale,  que  la 
froide  et  saine  raison  nous  fait  adopter  ou  rejeter  après  mûr  examen. 

«M.  Cestre  paraissant  attribuer  aux  étymologies  une  trop  grande  im- 
portance et  ne  nous  disant  pas  qu'il  en  a  vérifié  lui-même  la  valeur  sur 
les  lieux  mêmes  auxquels  ils  se  rapportent,  il  nous  est  impossible  de  les 
rejeter  ou  de  les  adopter  à  titre  d'indications  de  faits  certains.  Aussi  ne 
pensons-nous  pas  que  vous  puissiez  leur  donner  la  sanction  de  votre  au- 
torité. J'estime  donc  qu'il  y  a  lieu,  tout  en  rendant  hommage  à  M.  Cestre 
du  dévouement  dont  il  a  fait  preuve  dans  la  circonstance,  de  le  prier  de 
séparer  dans  son  travail  les  faits  notoirement  acquis  à  la  science  et  les 
faits  dont  la  certitude  n'est  pas  suffisamment  établie;  si  mieux  vous  n'ai- 
mez ordonner  le  dépôt  de  ce  mémoire  dans  nos  archives,  où  il  pourra 
être  consulté  avec  fruit  par  tous  ceux  qui  voudront  reprendre  en  sous- 
œuvre  le  même  examen.  Certes,  ce  mémoire  renferme  des  aperçus  ingé- 
nieux et  nouveaux.  Sa  Ihéorie  de  la  voie  des  castels,  par  exemple,  nous 
plaît  singulièrement.  Si  l'existence  de  ces  castels,  construits  le  long  du  Rhin 
pour  défendre  nos  frontières  contre  les  incursions  des  barbares,  est  établie 
historiquement,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  leur  topographie  n'est  point 
encore  reconnue.  Il  ne  suffit  pas  de  citer  deux  ou  trois  de  ces  castels, 
d'une  manière  plus  ou  moins  certaine,  pour  en  fixer  la  série  quelque  peu 
complète. 

«Si  M.  Cestre  se  décidait  à  remanier  son  travail,  nous  émettrions  aussi 
le  vœu  qu'il  mît  davantage  à  profit  les  travaux  de  ses  devanciers  :  M.  de 
Golbéry,  la  Revue  d'Alsace,  les  travaux  de  M.  Coste  et  les  bulletins  de 
notre  Société  lui  fourniraient  des  indications  précieuses  qu'il  ne  nous 
semble  pas  avoir  assez  consultées.  Mieux  que  tout  autre,  M.  Cestre  pour- 
II«  SÉRIE.  —  T.  VU.  —  (p.-v.)  2 


—     18    — 

rait  nous  gratifier  d'une  carte  du  Flaut-Rhin  comme  celle  que  nos  collègues 
du  Bas-Rhin  ont  éditée  d'après  Schweighœuser,  et  qui  fait  un  des  plus  beaux 
ornements  de  nos  annales.  Il  la  ferait  sur  la  même  échelle  et  y  i)orterait,  au 
moyen  des  mêmes  lég^endes  et  signes  conventionnels,  tous  les  sites  d'an- 
tiquités romaines  connus;  ce  serait  la  science  mise  à  jour.  Pom"  cet 
excellent  service  qu'il  rendrait  à  tous  les  amis  de  nos  antiquités  nationales, 
il  trouverait  chez  nous  tous  l'appui  le  plus  actif.  » 

Le  comité,  qui  a  entendu  la  lecture  de  ce  rapport  avec  un  vif  intérêt, 
décide  qu'il  sera  transcrit  dans  son  procès-verbal. 

La  séance  est  levée. 


Séance  du  Comité  du  10  mai  1869. 

Présidence  de  M.  SPAGH. 


Présents  :  MM.  Eissen,  Lehr,  Straub  et  Rodolphe  Reuss,  secrétaire-ad- 
joint en  fonctions. 

Le  procès-verbal  des  deux  précédentes  séances  est  lu  et  adopté.  M.  le 
président  dépose  sur  le  bureau  les  pubhcations  suivantes  : 
Ouvrages  déposés      Bulletlfi  de  Ici  Société  nivernaise  des  sciences,  lettres  et  arts.  Tome  111 

sur  le  bureau.  f    •        tvt  a  nnn       *  i      •        nn 

de  la  seconde  série.  Nevers,  iödö.  1  vol.  in-8  ; 

Revue  des  sociétés  savantes  des  départements.  Janvier  1869,  1  broch. 
in-8°; 

Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois.  Tome  IX,  première  livraison, 
1868,  1  vol.  in-8°; 
Anzeiger  für  Kunde  der  deutschen  Vorzeit.  Janvier-décembre  1868, 
Lecture  La  pai'olc  cst  à  M.  Lehr  pour  donner  lecture  d'un  mémoire  historique 

ù^M.Lehv"    et  généalogique  Irès-détaillé  sur  les  Géroldseck  d'Alsace,  faisant  suite  au 


sur 


les  Géroldseck.  travaÜ  inséré  dans  le  Bulletin  sur  les  Géroldseck  de  l'Ortenau.  Le  présent 
mémoire,  composé  principalement  sur  des  documents  inédits,  renfermés 
dans  les  archives  départementales  et  de  la  ville,  et  d'autres  documents, 
est  accompagné  d'une  carte  et  d'une  table  généalogique.  Après  la  lecture, 
l'insertion  au  Bulletin  est  votée. 
Peintures  murales  M.  l'abbé  Straub  entretient  le  comité  des  travaux  de  débadigeonnage 
deWissembourg;  cxécutés  daus  l'égHsc  de  Wissembourg  et  rend  hommage  au  zèle  préve- 

leur 

débadiseomiage.  naut  dc  M.  Ic  curé  Schaffner,  ainsi  que  de  M.  le  professeur  Ohleyer.  Ce 
membre  n'a  pas  seulement  enlevé  avec  le  plus  grand  soin  la  double  ou  triple 


—    19    — 

couche  de  badigeon  qui  voilait  depuis  des  siècles  une  série  de  peintures 
remarquables,  il  s'est  aussi  donné  la  peine  de  reprendre  les  contours  de 
la  gigantesque  figure  de  saint  Christophe,  peinte  sur  un  grand  pilier,  à 
l'entrée  du  chœur;  de  sorte  qu'il  sera  facile  d'en  produire  un  dessin  exact 
ou  une  photographie  qui  conservera  à  la  postérité  ce  souvenir  de  la 
manière  la  plus  exacte.  M.  Straub  a  cru  reconnaître  deux  mains  dans  la 
peinture  de  saint  Christophe  ;  selon  lui,  la  figure  du  saint  remonte  au 
treizième  siècle,  tandis  que  les  accessoires  de  la  base,  figurant  un  er- 
mite au  bord  de  l'eau,  etc.,  rappellent  de  prime  abord  le  xylographe 
connu  du  commencement  du  quinzième  siècle  et  pourraient  bien  être  une 
addition  postérieurement  faite.  Dans  l'intérêt  de  l'histoire  de  notre  pays, 
M.  Ohleyer  n'a  pas  craint  de  repeindre  avec  la  plus  grande  fidélité  une 
figure  peu  correcte,  même  difforme  sous  plus  d'un  rapport,  et  qui  devra 
disparaître  quand  le  souvenir  en  sera  sauvé  moyennant  photographie  ou 
dessin  exact. 


Séance  du  Comité  du  24  mai  1869. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Sont  présents  :  MM.  Guerber,  Lehr,  Merck,  Sieffer,  Straub,  et  Rodolphe 
Reuss,  secrétaire-adjoint  en  fonctions. 

M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la  séance. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures. 

M.  Reuss  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  qui  est 
adopté. 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau  les  pubhcations  suivantes,  envoyées    ouvrag«  reçus 

.1      o        •  ' .  '  par  la  Société. 

a  la  Société  : 

Charles  Doli  :  les  Relations  diplomatiques  de  Vancienne  république  de 
Mulhouse.  Mulhouse,  1869,  broch.  in-8°; 

Revue  des  sociétés  savantes  des  départements.  Janvier-mars  1869, 
2  broch.  in-8''; 

Les  Casques  de  Falaise  et  d'Amfreville-sous-les-Monts  (Normandie), 
par  Charles  de  Linas.  i869,  in-8°; 

Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois.  Tome  IX,  livr.  1.  1868, 
in-8°; 


—    20    — 

Sotiœ  sur  renm  de  ihrli^f4es-BaiMS,  par  le  docleor  Aimé  Robert. 
Sîrasboarg,  1869,  brocfa.  iii-8*; 

H.  Sdioermans:  biseriptioms  hdges  à  rétnmger.  Extraits  do  Ball^iii 
d^  commissioiis  royales.  Mais,  octobre,  décend>re  1868,  arec  plandies, 
o  broch.  iiH^  ; 

Idem:  BtseripäoKs  r&tmmnefirowLz^  •f*»  b^gique.  Extrait  du  Bolletîn  des 
comnn^amis  rovales.  1868,  in-8*. 

n  dq)Ose  égalem^it  nn  jetoo  oXkxi  par  M.  Fochs,  dHIkirfh,  tronré 
dans  la  forêt  de  Sainl-Sabor,  et  qiri  s^ni  f  5f  zizz-^tier  à  noTenlioD  de 
Hmprimefie. 

M.  Ldir  (»opose  an  comité  de  changer  \-.  '-  ''-^el  d'expéAtkm  du 

Bolleiîn  pom!-  économiser  les  frais  de  pc  :  il  le  BoDetia  en 

dépôt  chei  les  prÎDcipaax  libraires  d'Alsace,  : .  .s pourraient 

le  retirer.  Après  discussion,  celle  froç»:  5.  ;  ;  :  ^  t^ 

M.  Gœrter  rappcBe  qa'â  raianl-derr  ie  la  Sodélé, 

fl  a  donné  kctore  d'un  mémoire  sur  .  ffs  Hoben- 

staof^  â  Bbgnenao;  le  manque  de  rfi     .  s  Favait 

(Migé  de  recoorîr,  en  plnâ^irs  endroits  de  îon  travail,  à  des  hypothèses. 
On  Tient  de  décourrir,  il  y  a  qo^qœ  temps,  â  Bafuoian  même,  un  de^n 
de  la  batâhqne  exéeolé  an  commaicemenl  da  dix-sqilième  aède,  qui 
«Mifirme  la  {dopait  des  asserticms  de  Faoteor  et  ^i  rectifie  quelques 
autzes.  M-  Guëiber  prés^itera  bientôt  sur  ce  sujet  nn  trarafl  d^nitif,  en 
même  tenqis  qu'un  autre  mémoire  sur  les  Bnrgmaenner  de  Haguenan. 

M.  Spach  communiqne  à  la  ccMumisaon  une  lettre  de  M.  Sîlbainann, 
en  date  du  14  mai,  pv  laquelle  ce  dam»-  Finfonne  du  désir  qu'auiait 
la  Sociélé  archéologique  de  la  Diôme,  dont  M.  ^bamami  est  monbre, 
à  entrer  en  nqq»ort  avec  la  Société  des  mcmumenls  historique.  Dqiais, 
M.  le  président  de  la  Société  ardiéologîqae  lui  a  écrit  pour  proposer 
réchange  des  puMieations  des  don  sociétés.  Cette  oGfre  est  accqptée. 

La  Société  d'agncultare  du  Haut-Rhin  demande  ^alomoit  Fédhange 
des  denx  Bulletins;  mais  le  comité,  cmiadâant  que  les  deux  sociâés 
ponrsuiTeDt  un  but  absolum^it  différant  tA  que  leurs  travaux  ne  |Hé- 
soitent  aucune  analogie,  est  d*avis  que  cette  prv^dtiou  ne  doit  pas  être 


M.  le  président  est  chargé  de  remerd«',  au  nom  de  la  S:dété, 
M.  Sdiuermans,  conseiller  â  la  Cour  d'appd  de  Uége,  de  FenTùi  de  ses 
brochures  an-  les  inscripticms  romaines  en  Be^ique,  elc 

IL  Spach  &it  ensuite  otnnaître  au  comité  les  nouvelles  qu'A  a  reçues 
de  la  part  de  M.  Hey»-,  banqui^  à  GenèTe,  lebtivement  au  refus  de  F^ 


—     21     — 

trée  du  château  de  Morimont  éprouvé  par  plusieurs  membres  de  la  So- 
ciété. M.  Meyer  proteste  contre  la  réalité  de  ces  faits  relatés  dans  nos 
procès-verbaux  et  en  demande  la  rectification,  M.  le  président  a  écrit  pour 
s'informer;  l'affaire  est  en  suspens. 

M.  Lehr  présente  au  comité,  avec  toutes  les  pièces  à  l'appui,  le  compte     Présentation 

'  '  "^  rr       7  r        j„  compte  de  1868 

détaillé  des  recettes  et  des  dépenses  de  la  Société  pour  l'exercice  1868.     r"  m.  Lehr, 

r  «  tiesorier. 

Après  examen  des  pièces  et  vérification,  le  comité  approuve  ce  compte, 
sous  réserve  de  l'approbation  définitive  qui  devra  y  être  donnée  par  l'as- 
semblée générale  en  sa  séance  ordinaire  de  décembre.  Le  comité  vote, 
en  outre,  des  remercîments  au  trésorier.  M.  l'abbé  Hubert,  membre  de  la 
Société,  ayant  quitté  la  France,  est  déclaré  démissionnaire  el  décharge 
est  donnée  à  M.  Lehr  pour  ses  quittances  en  défaut. 

M.  Gérard,  président  du  sous-comité  de  Colmar,  annonce  que  les  deux       Membres 

,  ,  ,    .  ,  ,  .    ,  „   .  ...  du   Haul-Rliiii 

membres  désignes  par  le  sous-comite  pour  laire  partie  du  jury  acade-     faisant panie 

du  jury  académique. 

mique  sont  MM.  Ignace  Chauffour  et  Xavier  Mossmann. 

M.  Spach  annonce  qu'il  a  écrit  à  M.  Gérard  pour  s'entendre  sur  la  date 
de  l'assemblée  générale  qui  doit  avoir  lieu  à  Colmar. 

M.  Sieffer  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  les  monuments  et  inscrip-        Lecmre 

^  de  M.  SiclTer 

lions  de  Gundershoffen,  conservés  chez  M.  le  docteur  Schnœringer,  et  sur    ,   ^"  sujet 

*^        '  des  monuments 

un  temple  gaulois  près  de  Gundershoffen,  datant  du  commencement  du  ^e Gundersboiren. 
troisième  siècle.  Une  partie  de  ces  inscriptions  ayant  déjà  été  publiée  dans 
le  Bulletin,  le  comité  décide  que  la  partie  du  mémoire  contenant  des  addi- 
tions ou  des  rectifications  aux  données  déjà  connues  paraîtrait  seule  au 
Bulletin. 

M.  Lehr  propose  de  dresser  à  neuf,  pour  l'année  prochaine,  la  liste  gé- 
nérale des  membres  de  la  Société.  Cette  proposition  est  adoptée. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance  du  Comité  du  2i  juin  4869. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Présents:  MM.  Guerber,  Mathieu  de  Faviers, Matuszynski,  Merck,  Morin, 
de  Morlet,  Ringeisen,  Straub  et  Rodolphe  Reuss,  secrétaire-adjoint  en 
fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la  séance. 

M.  Reuss  donne  lecture  du  procès-verbal,  qui  est  adopté,  après  une  rec-     dairiàTr« 
tifîcation  faite  par  M.  Merck  au  sujet  du  jeton  trouvé  dans  la  forêt  d'IIl- 


dlUkiruli. 


—    22    — 

kirch  et  déposé  sur  le  bureau  dans  la  dernière  séance.  C'est  une  médaille 
de  récompense,  autrefois  en  usage  dans  les  écoles  de  Nuremberg,  qui 
n'a  point  de  rapports  avec  l'invention  de  l'imprimerie. 
Ouvrages  reçus       M.  Spach  dcposc  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  : 
par  la  Société.       ffescriptiou  d'uii  ornement  de  bronze  conservé  au  musée  de  Salnt-Omer, 
par  M.  Cil.  de  Linas; 

Catalog  der  Münzen  und  Medaillen.  Sammlung  des  Herrn  von  Klebels- 
berg.  Wien,  1869.  1  brocb.  in-8°; 

Verhandlungen  des  Vereins  für  Kunst  und  Alterthum   in  Ulm   und 
Oherschivahen.  Neue  Reihe.  Erstes  HrO.  Ulm,  1869.  \  brocb.  in-4°; 

Jahrbücher  für  die  Landeskunde  der  Herzogthümer  Schleswig -Holstein 
und  Lauenburg.  Band  X.  Heft  I  und  II.  Kiel.  1869.  1  vol.  in-8°. 
GratiBcation         M.  dc  MoHct  proposc  au  comité  d'accorder  une  gratification  de  20  fr. 
a^u  sieur  BrandeK  au  slcur  Brandcl,  aubcrgistc  à  Mackwiller,  pour  avoir  fait  quelques  répa- 
rations à  la  clôture  des  thermes  de  Mackwiller,  dégradée  par  les  intem- 
péries des  saisons.  — Adopté. 
Inventaire  M.  dc  Morlct  annoucc  en  outre  que  l'inventaire  du  musée  de  Savernc 

desa'verne;     vicnt  d'êtrc  tcrmlué  par  MM.  Dagobert  Fischer  et  H.  Audiguier;  il  pro- 

vote  d'insertion  dp*  •  < 

M  Bulletin,     pose  d'insérer  ce  travail  au  Bulletin  et  d  en  faire  un  tirage  a  part  pour 
les  visiteurs  du  musée.  L'insertion  au  Bulletin  est  votée. 

M.  Spach  attire  encore  une  fois  l'attention  du  comité  sur  la  question, 
soulevée  déjà  dans  une  séance  précédente,  de  savoir  s'il  ne  conviendrait 
point  de  choisir  un  papier  plus  épais  pour  l'impression  du  Bulletin.  Le 
comité  ne  prend  point  de  résolution  définitive  à  ce  sujet. 
Admission  M.  Klcuck  proposc  l'admission  comme  sociétaire  de  M.  Léon  Kœchlin, 

de  Mulhouse;  M.  Straub  propose  l'admission   de  M.   Petit-Gérard   fils, 
peintre  verrier  à   Strasbourg;  M.  Schimpff,  celle  dc  M.  Willmann,  de 
Molsheim,  actuellement  lieutenant-trésorier  de  la  province  de  Constan- 
tine  ;  M.  Guerber,  celle  de  M.  Ch.  Winckler,  inspecteur  des  travaux  publics 
à  Haguenau. 
Puits  de  Kertzfeid.      M.  Ringciscn  rend  compte  en  quelques  mots   de  la  découverte  d'un 
puits  prétendu  romain  à  Kerlzfeld  ;  il  promet  ultérieurement  un  rapport 
sur  la  question.  Il  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  adressée  au  président 
par  M.  le  maire  de  Gerfwiller,  relative  à  l'aiilhenticilé  des  armoiries  de 
cette  localité  sculptées  au-dessus  de  l'école  communale. 
Don  de  médaille.       M.  Matuszyuskl  dépose  sur  le  bureau,  dc  la  part  de  M.  Deharbe,  curé 
par,  .    e  ar  <..   j'^j^jj^^^j^  |^g  çjj-j^^  pièccs  dcmonnaics,  en  or,  en  argent  et  en  billon,  sui- 
vantes: 

1'^  Pièce  de  billon  de  la  république  dc  Berne,  1792. 


—    23    — 

2°  Pièce  de  billon  de  Louis  XV,  1741. 

3°  Pièce  en  billon,  dite  Losnitzer  Pfennig,  ayant  eu  cours  à  Strasbourg 
jusqu'en  1719. 

â°  Pièce  d'argent  d'un  quart  de  pfennig,  telle  qu'on  en  frappa  en  1431, 
1445,  1537,  1546,1585. 

5°  Pièce  d'or  de  la  ville  de  Nœrdlingen,  frappée  sous  Frédéric  III  d'Au- 
triche. —  Remercîments  votés. 

M.  le  Préfet  du  Bas-Rhin  adresse  au  président  ses  remercîments  pour 
l'envoi  du  Bulletin  et  lui  exprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  l'as- 
semblée générale  de  Colmar. 

M.  Sabourin  de  Nanton  dépose  sur  le  bureau  la  photographie  d'une    phoiogro.phie 

,       .      d'une  lète  de  Chi  ist 

tête  de  Christ  due  au  ciseau  de  l'artiste  lorrain  Ligier-Richier,  dont  1  on-  de  ugier-Riciuer. 
ginal  se  trouve  en  ce  moment  entre  les  mains  de  M.  Ducque,  membre  de 
la  Société.  M.  Sabourin  de  Nanton  lit  à  cette  occasion  une  note  sur  les 
origines  de  la  sculpture  en  France  et  sur  Richier  lui-m.ême,  qui,  né  à 
Saint-Mihiel,  à  la  fin  du  quinzième  siècle,  fit  ses  études  artistiques  à  Rome 
et  retourna  plus  tard  dans  son  pays,  qu'il  enrichit  de  nombreux  chefs- 
d'œuvre.  Une  discussion,  à  laquelle  prennent  part  MM.  Guerber,  Matus- 
zynski,  Ringeisen  et  Straub,  s'engage  à  la  suite  de  cette  lecture,  et  cer- 
taines assertions  de  l'auteur,  sur  le  développement  de  l'art  religieux  au 
quinzième  et  au  seizième  siècle,  sont  vivement  contestées. 
M.  Ringeisen  rend  compte  d'une  tournée  d'inspection  qu'il  vient  d'ac-    compte  rendu 

,.         ,,  .    .     ,      ,  ,    ,  1       T  1  I        T-1  I  1  ,       de  JI.  Ringeisen 

comphr.  Il  a  visite  les  châteaux  de  Landsperg  et  de  iM'ankenbourg,  ou    sm- différentes 

.  .  découvertes, 

les  fouilles  avancent.  A  Kientzheim  on  a  découvert  un  curieux  collier  de      entre  autres 

d  un  collier 

bronze,  dont  un  dessin  sera  inséré  au  Bulletin  avec  une  note  explicative  ;  foiné  à  Kientzheim 

'  •  '       dont  un  dessin 

à  Zellwiller,  il  a  vu  deux  tombeaux  en  dalles  avec  des  restes  d'ossements;  danTïe  Bdietin. 
à  Kertzfeld,  le  prétendu  puits  romain;  à  llerstheim  enfin,  des  pierres 
tumulaires  de  la  famille  de  Bœcklin.  M.  Ringeisen  demande  des  fonds  pour 
continuer  les  travaux  au  Landsperg  et  au  Frankenbourg. 

La  discussion  sur  ce  point  est  ajournée  après  l'assemblée  générale  de 
Colmar. 

M.  le  président  donne  lecture  au  comité  de  la  partie  du  rapport  d'en- 
semble qu'il  se  propose  de  faire  à  Colmar,  relative  à  l'entreprise  des 
chroniques  alsaciennes. 

M.  Merck  fait  son  rapport  sur  le  travail  de  M.  Siefïer,  lu  dans  la  séance 
précédente.  Les  matériaux  de  cemémoirese  retrouvant  tous,  soit  dans  ceux 
de  M.  de  Morlet,  publiés  au  Bulletin,  soit  dans  la  iraduction  de  Schœpflin, 
par  Ravenez,  il  n'y  a  pas  lieu  d'insérer  le  mémoire  au  Bulletin.  —  Adopté. 

.  Merck  dépose  sur  le  bureau  deux  médailles  offertes  a  la  Société  par  parM.jDecheppe. 


—   u   — 

M.  Decheppe.  La  première,  fcappée  au  dix -septième  siècle,  se  rattache  au 
culte  de  saint  Ulrich,  principal  patron  d'Augsbourg;  l'autre  date  de  1772 
et  a  été  frappée  en  commémoration  de  l'affreuse  famine  qui  désola  l'Erz- 
gebirg  saxon  en  1771  et  1772.  Cette  dernière  médaille  est  de  forme 
ronde,  en  plomb;  l'avers  porte  les  armes  de  l'électorat  de  Saxe  avec  l'in- 
scription : 

Sachsens  Denckmahl 
1771-1772. 
En  légende  :       Grosse  Tœurung.  —  Schlechte  Nahrung. 
Au  revers  :  Im  Gebürge  galt 

\  Scheffel  Korn      \0  Thaler        (36^50'=) 
1       —      Weizen  U      —  (51  10  ) 

1       —      Gerst       9      —  (32  85  ) 

1       —      Haber      6      —  (21   90  ) 

1  Pfund     Butter      8  Groschen     (  1  28  ) 
1       —      Brodt      2      —  (  0  32  ) 

Remercîmenls  votés  à  M.  Decheppe. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


SOUS-COMITÉ  DU  HAUT-RHIN. 


Séance  du  samedi  26  juin  1869. 
Présidence  de  M.  Ch.  GÉRARD. 


Sont  présents  :  MM.  Ghauffour,   Fleischhauer,  Hamberger,   Liblin   et 
Mossmann,  membres  du  comité;  ce  dernier  faisant  fonctions  de  secrétaire. 

M.  Commerson,  membre  libre,  assiste  à  la  séance. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal,  qui  est  approuvé,  le  président  donne 
communication  des  lettres  que  lui  ont  écrites  Mi\L  Engel-Dollfus,  Huot  et 
Ingold,  pour  s'excuser  de  ne  pouvoir  prendre  part  à  cette  réunion. 
Clôtures  Puis  il  rend  compte  au  comité  des  démarches  qu'il  a   faites  auprès  de 

de" Kljsersberg.  h  municipallté  de  Kaysersberg  pour  obtenir  à  l'ancien  château  l'établis- 
sement d'une  clôture  propre  à  fermer  au  public  l'accès  de  la  propriété  de 
M.  Piieff.  M.  Auguste  Hartmann,  architecte  à  Colmar,  l'intermédiaire  de 
cette  négociation,  informe  le  comité  que  les  travaux,  dirigés  par  lui,  sont 
en  cours  d'exécution  et  qu'ils  seront  terminés  prochainement.  Le  comité 
en  prend  acte  et  prie  son  président  d'en  faire  part  à  M.  Rieff. 


—     iio     — 


teau 

le  Mürimont. 


Sur  la  demande  de  M.  Spach,  le  président  annonce  qu'il  s'est  entendu 
avec  MM.  Sclielbaum  et  Hartmann  sur  les  monuments  du  Haut-Rhin  dont 
il  y  aurait  lieu  de  proposer  la  restauration  à  la  séance  générale  fixée  à 
Colmar,  le  30  juin  prochain.  M.  Schelbaum  s'est  engagé  à  entretenir 
lui-même  l'assemblée  des  travaux  qu'il  jugerait  opportun  d'entreprendre. 
Quant  à  M.  Hartmann,  il  croit  que  les  restes  de  l'église  romane  d'Alspach  ÉgUse .lAispaci 
offrent  assez  d'intérêt  pour  que  la  Société  consacre  quelques  fonds  à  leur 
conservation.  M.  Hamberger  fait  observer  que  les  ruines  d'Alspach  se 
trouvent  dans  un  clos  appartenant  aux  héritiers  Barthélémy,  et  qu'il  serait 
à  craindre  que  ni  le  public  ni  la  Société  n'eussent  le  bénéfice  de  ces 
dépenses,  ainsi  qu'il  est  arrivé  pour  le  château  de  Morimont.  Le  comité 
ajourne  la  proposition  de  M.  Hartmann  jusqu'à  plus  ample  informé. 

M.  Ghauffour  saisit  celte  occasion  pour  rappeler,  encore  une  fois,  les  c 
procédés  du  banquier  Meyer,  de  Genève,  propriétaire  du  château  de 
Morimont,  dont  la  Société  a  fait  déblayer,  à  grands  frais,  les  ruines,  à 
charge,  par  le  sieur  Meyer,  d'en  accorder  l'entrée  à  ses  membres.  Loin  de 
remplir  loyalement  celle  condition,  il  a  profité  des  travaux  pour  clore 
son  château  et  en  utiliser  les  caves.  M.  Ghauffour  croit  que ,  par  application 
de  l'article  1375  du  Code  civil,  la  Société  serait  en  droit  d'actionner  le 
sieur  Meyer  en  remboursement  de  ses  dépenses.  Le  comité  appuie  la  pro- 
position et  charge  MM.  Ghauffour  et  Gérard  de  s'entendre  sur  les  mesures 
à  prendre. 

M.  Gommerson  propose   l'établissement  de  garde-fous  autour  du  puits    Ti-.va»xàfaire 

'  aiiHaut-Landsper, 

ouvert  au  haut  de  l'escarpement  qui  domine  l'intérieur  du  château  du 
Haut-Landsperg.  Adopté. 

Le  président  rend  compte  de  ses  démarches  auprès  de  M.  Schacre,  à  qui, 
sur  la  proposition  de  M.  Auguste  Stœber,  il  avait  écrit  au  sujet  de  la  res- 
tauration du  clocher  el  du  cimetière  anciennement  fortifié  de  Dirlinsdorff. 
Jusqu'ici  sa  lettre  est  restée  sans  réponse. 

M.  Mossmann  propose  de  demander  à  l'assemblée  générale  une  médaille 
en  bronze  pour  le  garde  forestier  Rodé,  à  qui  le  musée  lapidaire  des 
Unterlinden  doit  une  stèle  funéraire  trouvée  dans  les  défrichements  du 
Rolhkeublé,  portant  les  sigles  suivants: 

D  M 
PA.  S{ibi)\{xori)  AVIS. 

Adopté. 

Le  président  entretient  le  comité  du  projet  de  Dictionnaire  bior/raphinue     Dictionnaire 

-^        r        ^  biographique 

de  l  Alsace,  que  M.  Stoffel  doit  publier  sous  les  auspices  de  la  Société,  et       aisa.i.n. 
dont  la  liste  préparatoire  vient  d'être  distribuée;  il   lui  communique  les 


—    20    — 

premières  adhésions  envoyées  à  M.  Stoffel  et  en  tire  le  meilleur  espoir 
pour  l'avenir  de  ce  travail.  Puis  il  parle  de  la  nécessité  de  ne  pas  l'étendre 
jusqu'aux  temps  les  plus  récents;  il  voit  des  inconvénients  à  ne  s'arrêter 
qu'aux  décès  survenus  pendant  l'impression  et  propose  de  se  limiter  à 
l'année  1830;  il  pense  aussi  qu'en  parlant  de  contemporains,  les  collabo- 
rateurs risqueraient  d'éveiller  certaines  susceptibilités  et  de  froisser  le 
sentiment  des  familles.  M.  Cbauffour  appuie  ces  observations.  M.  Mossmann 
objecte  qu'il  y  aurait  plus  d'inconvénients  à  ne  pas  mettre  le  dictionnaire 
absolument  au  courant,  à  y  introduire,  de  parti  pris,  une  lacune  consi- 
dérable; qu'à  sa  connaissance  aucun  ouvrage  de  ce  genre  ne  s'arrête  à  une 
époque  antérieure  à  sa  publication;  qu'un  supplément  de  quelques  pages 
permettrait  de  tenir  la  rédaction  à  jour,  sans  préjudice  pour  aucun  nom 
recommandable,  et,  qu'en  thèse  générale,  les  notices  devant  fournir  plutôt 
des  faits  que  des  appréciations,  personne  n'aurait  le  droit  de  se  plaindre 
d'une  publicité  restreinte  à  ce  qui  est  notoire ,  incontestable  et  incontesté. 
Château  M.  Hamberger  offre  à  la  Société  des  monuments  historiques,  de  la  part 

de  Ilahnack  ;  _ 

ü(r,c  de  copropriété  (jcs  hérlticrs  de  feu  M.  de  Golbéry,  cinq  dix-huitièmes  des  ruines  du  châ- 
teau de  Hohnack.  Le  savant  éminent  qui  a  été  dans  notre  province,  avec 
feu  M.  G.  Schweighseuser,  le  promoteur  des  études  archéologiques,  avait 
eu  l'idée,  en  1822,  d'acquérir  une  partie  du  Hohnack,  pour  le  mettre  à 
l'abri  des  dévastations  qui,  dès  cette  époque,  en  compromettaient  l'exis- 
tence. Aujourd'hui  que  le  vandalisme  des  populations  s'acharne  de  nouveau 
contre  l'un  des  plus  nobles  débris  du  passé,  M.  Hamberger  pense  qu'en 
se  substituant  aux  droits  de  la  famille  de  Golbéry,  la  Société  pourrait 
utilement  intervenir  pour  assurer  sa  conservation ,  peut-être  arriver  à 
acquérir  les  treize  dix-huitièmes  restés  entre  les  mains  des  premiers  dé- 
tenteurs ou  de  leurs  ayants  droit.  Le  comité  fait  à  cette  offre  l'accueil 
qu'elle  mérite  et  décide  qu'elle  sera  reportée  à  la  séance  générale  du 
30  juin. 

La  séance  est  levée. 


Séance  générale  lenne  h  Colmar,  le  30  jnin  1869. 

Présidence  de  M.  le  baron  PONSARD,  Préfet. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  à  l'hôtel  delà  Préfecture. 54  membres, 
venus  des  deux  départements,  assistent  à  la  réunion. 

Le  comité  du  Bas-Rhin  est  représenté  par  son  pi'ésident,  M.  L,  Spach; 


27     

par  l'un  des  secrétaires,  M.  l'abbé  Straub;  par  MM.  Ringeisen,  Levrault  et 
Merck;  celui  du  Haut-Rhin,  par  M.  Gérard,  vice-président;  MM.  Ham- 
berger,  I.  Chauffour,  Liblin,  Dietrich,  Franz,  Ingold,  etc.  M.  le  baron  de 
Mullenheim,  secrétaire  général  de  la  préfecture,  occupe  un  des  fauteuils 
du  bureau. 

Sur  la  table  on  voit  exposés  quelques  objets  offerts  par  divers  mem-  onvrag«  dépo.és 

sur  le  bureau. 

bres  de  la  Société,  entre  autres:  un  ex-voto  romain  en  forme  de  tête, 
donné  par  M.  Mehn  ;  l'inventaire  des  archives  de  Guebwiller,  donné  par 
M.  Jung,  imprimeur,  et  quatre  vues  de  l'église  de  Saint-Pierre-et-Saint- 
Paul,  à  Neuwiller  (Bas-Rhin),  photographiées  par  M.  l'abbé  Straub. 

M.  le  Préfet  donne  la  parole  à  M.  Spach  qui  prononce  le  discours 
suivant  : 

«Messieurs, 

«Le  fait  majeur  de  votre  dernière  réunion  générale  à  Colmar  a  été, 
sans  contredit,  celui  qui  constituait,  grâce  à  la  munificence  de  M.  Engel- 
Dollfus,  un  fonds  pour  la  rédaction  d'un  dictionnaire  biographique  alsacien. 
Confiée  à  la  direction  d'un  homme  érudit  et  zélé,  cette  entreprise  est  en 
voie  d'exécution.  M.  Stoffel,  après  avoir,  de  concert  avec  nos  deux  co- 
mités, fixé  les  bases  de  son  travail,  et  après  avoir  préalablement  rédigé 
la  hste  des  noms  qui  devront  figurer  dans  ce  recueil,  a  fait  un  appel  dans 
les  rangs  des  littérateurs  et  hommes  de  science  alsaciens,  et  je  crois  que 
plus  d'un  collaborateur  bénévole  lui  a  répondu  avec  empressement. 

«Voilà  donc  une  œuvre  d'ensemble  entamée.  Quelques  divergences  d'opi- 
nion se  sont  manifestées  dans  l'origine  sur  l'époque  à  laquelle  il  fallait 
arrêter  la  série  ou  la  liste  des  noms.  Il  est  convenu  maintenant  qu'aucun 
contemporain,  encore  en  cours  d'existence,  ne  figurera  dans  le  diction- 
naire, mais  que  l'on  pousserait  jusqu'à  la  limite  du  tenq:)s  actuel  l'in- 
scription de  tous  les  Alsaciens  défunts,  qui  ont  acquis  quelque  célébrité  ou 
notoriété.  Des  suppléments  postérieurs  maintiendront  le  recueil  au  niveau 
des  incidents,  je  veux  dire  des  décès  prématurés  ou  prévus  par  limite 
d'âge  qui  donneront  droit  d'entrée  dans  ce  Panthéon  local.  Je  suis  à  peu 
près  sûr  que  peu  de  nos  compatriotes  se  hâteront,  de  leur  plein  gré,  de 
participer  à  cette  glorification. 

«Après  ce  projet,  auquel  tout  promet  une  réussite  prochaine,  j'ai  le  vif 
regret  de  vous  annoncer  un  mécompte.  Vous  devinez.  Messieurs,  que  je 
veux  parler  de  la  publication  des  Chroniques  alsaciennes. 

«Je  m'expliquerai  en  toute  franchise  :  nous  sommes  ici  en  quelque  sorte 
en  famille.  Avant  de  mettre  en  train  cette  entreprise,  bien  autrement  con- 


—    28    — 

sidérable  que  celle  du  Dictionnaire  biographique,  le  comité  de  rédaclion 
ou  de  publication,  choisi  au  sein  de  vos  deux  comités,  avait  fixé  le  chilfre 
auquel  devait  atteindre  la  liste  des  souscripteurs.  Ce  chiffre  (250)  n'a 
pas  été  atteint;  à  peine  si  la  moitié,  c'est-à-dire  120  souscripteurs 
de  bonne  volonté  se  sont  présentés  _dans  nos  deux  départements  et  à 
l'étranger.  A  quoi  tient  cette  tiédeur?  Évidemment,  on  reculait  devant 
la  quotité  de  la  souscription  (20  h',  par  an),  sans  que  les  hommes  de 
bonne  volonté  qui  s'étaient  mis  en  avant,  aient  pu  garantir  d'une  manière 
certaine  que,  dans  cet  espace  de  temps,  deux  forts  volumes  paraîtraient 
et  compenseraient  cette  avance. 

«Quant  à  moi,  je  dirai  maintenant  que  250  souscripteurs  me  semblaient 
insuffisants,  et  que  j'eusse  désiré,  dès  le  principe,  fixer  au  moins  à  trois 
et  même  à  quatre  cents  le  minimum  des  contribuables,  en  vue  de  toutes 
les  éventualités  de  décès,  de  rétractations,  de  faux  frais  de  toute  nature 
qu'entraîne  une  semblable  organisation.  Je  me  suis  laissé,  non  pas  con- 
vertir, mais  entraîner  par  quelques-uns  de  mes  honorables  collègues,  et  je 
vous  prie  de  croire.  Messieurs,  que,  pour  avoir  différé,  dans  l'origine,  de 
manière  de  voir  avec  eux,  je  n'aurais  pas  apporté  moins  de  bonne  volonté 
et  de  zèle  à  la  mise  en  œuvre. 

«Ce  qui  se  dressait  devant  moi  comme  un  véritable  épouvantail,  c'était 
l'énorme  dépense  qu'avait  occasionnée,  il  y  a  tout  à  l'heure  trente  ans, 
une  entreprise  toute  pareille,  entamée  sous  les  auspices  et  aux  frais  de 
ma  cité  natale  de  Strasbourg,  par  un  homme  éminent,  par  un  ami  que 
je  ne  cesserai^de  regretter  jusqu'au  dernier  jour  de  ma  vie,  par  feu 
Schiitzenberger,  maire  de  Sti'asbourg. 

«Plus  récemment  vous"  avez  eu  sous  vos  yeux,  à  Colmar  même,  la 
cessation  des  Curiosités  alsaciennes ,  qui  ont,  si  je  suis  bien  informé, 
coûté  à  leur  généreux  entrepreneur  des  sacrifices  d'argent  très-considé- 
rables. Toutes  les  publications  de  ce  genre  écloses  sur  le  sol  de  l'Angle- 
terre ou  de  l'Allemagne  doivent  leur  existence,  soit  à  la  munificence  de 
riches  particuliers,  de  cités  entières,  de  gouvernements  royaux  ou  prin- 
ciers, soit  à  l'intérêt  historique  général,  pas  exclusivement  provincial, 
qu'offre  leur  programme. 

«La  collection  de  documents  de  la  vallée  rhénane  publiée,  depuis  1850, 
sous  les  auspices  de  Mone ,  l'éminent  archiviste  et  historien  badois,  n'a 
dû  le  jirolongement  de  son  existence  qu'à  l'activité  désintéressée  du  fon- 
dateur et  à  l'appui  du  gouvernement  grand-ducal. 

«Dans  un  pays  voisin  du  nôtre,  mais  ayant  une  constitution  toute  dif- 
férente, les  Begestes  ou  les  Codices  diplomaiici  ont  pu  voir  le  jour,  grâce 


—    29     — 

à  l'initiative  de  quelques  savants  qui  se  croyaient  engagés  d'honneur, 
comme  citoyens,  à  faire  des  sacrifices  de  temps  et  d'argent  pour  des 
œuvres  de  pure  érudition ,  lorsqu'elles  touchent  à  un  passé  historique 
glorieux. 

«  Ce  que  nous  avions  conçu  se  fera  aussi  chez  nous,  soyez-en  bien  per- 
suadés, dans  un  temps  plus  ou  moins  rapproché.  On  reprendra  notre 
plan  ;  je  puis  dire  qu'il  était  bien  conçu,  car  il  n'émane  point  de  moi.  Il  ne 
faudra,  dans  le  principe,  que  le  concours  de  deux  fortes  volontés,  celle 
d'un  généreux  donateur,  décidé  à  aller  de  l'avant  quand  même;  puis  celle 
de  quelque  jeune  savant,  décidé  de  même  à  marcher,  je  veux  dire  à  travail- 
ler seul  dans  le  commencement  et  se  déclarant  satisfait  d'une  modeste  com- 
pensation pour  le  temps  matériel  qu'il  vouera  à  l'œuvre  de  reproduction. 
Ce  noyau  trouvé,  la  cristallisation  se  fera ,  c'est-à-dire  que  d'autres  forces 
se  grouperont  autour  de  ce  centre.  Mais,  ce  premier  centre,  il  faut  qu'il 
soit  solide,  inébranlable,  à  l'abri  de  l'indifférence  du  grand  public. 

«Pour  expliquer  la  non-réussile  de  l'appel  du  comité,  il  s'agit  de  rele- 
ver une  autre  circonstance.  La  majeure  partie  des  personnes  qui  s'inté- 
ressent en  Alsace  à  l'histoire  de  notre  province  parlent  de  préférence  la 
langue  française  et  lisent  de  préférence  les  œuvres  écrites  en  français; 
beaucoup  de  ces  lecteurs  sont  même  totalement  étrangers  à  l'usage  de 
l'allemand.  11  est  évident,  il  est  Jialurel  et  pardonnable  que  la  publication 
de  Chroniques,  presque  toutes  composées  en  allemand,  leur  oftVirait 
un  médiocre  intérêt.  Les  souscripteurs  que  nous  aurions  trouvés  peu  à 
peu  en  Allemagne  n'auraient  point  compensé  ce  déchet  ou  cette  abstention 
chez  nous. 

ttJeme  suis  peut-être  trop  longtemps  arrêté  à  une  entreprise,  sinon 
manquée,  du  moins  ajournée.  J'ai  cru  devoir  donner  ces  éclaircissements 
aux  membres  alsaciens,  ainsi  qu'aux  étrangers  qui  ont  bien  voulu  nous 
honorer  de  leur  confiance  anticipée. 

«  Je  dois  vous  entretenir  sommairement  d'un  autre  sujet  qui  louche 
à  nos  deux  comités.  Nous  avons  été  invités,  il  y  a  deux  mois  environ,  par 
M.  le  recteur  de  TAcadémie,  à  concourir  à  la  formation  du  jury  d'examen 
qui  décernera  le  prix  départemental  annuel  de  1,000  fr.,  récemment  fondé 
par  décret  impérial,  sur  l'initiative  prise  par  M.  le  Ministre  de  l'instruction 
publique.  Ce  prix  est  destiné,  vous  ne  l'ignorez  point,  à  récompenser, 
dans  un  tvrnvs  de  trois  années,  l'ouvrage  historique,  archéologi(jue  et 
scientifique  qui  aura  été  jugé  le  meilleur  par  ledit  jury,  dans  le  ressort  de 
chaque  Académie  respective.  Cette  année,  la  joute  paisible  s'engagera  sur 
le  terrain  de  l'histoire  locale.  Nos  deux  comités  ont  désigné  MM.  Ignace 


—     30    — 

ChauffoLir,  Mossmann,  Straub  et  le  membre  qui  a  l'houneur  de  vous 
parler  en  ce  moment  pour  faire  partie  dudit  jury  en  qualité  de  délégués 
ou  de  fondés  de  pouvoir.  La  Société  littéraire  de  Strasbourg  a  délégué 
MM.  Goguel,  Maurial  et  Mury.  M.  le  recteur  de  l'Académie  a,  de  son  côté, 
choisi  dans  le  corps  savant  de  Strasbourg  et  a  présenté  à  l'agrément 
du  Ministre  MM.  Fustel  de  Coulanges,  Campaux  et  Charles  Schmidt.  Le 
jury  ainsi  composé  sera  présidé  par  le  recteur,  mais  ne  se  réunira  qu'après 
le  31  juillet,  terme  fixé  aux  concurrents  pour  l'envoi  de  leurs  œuvres  im- 
primées ou  manuscrites. 

«  Après  ces  excursions  sur  un  terrain  qui,  sans  nous  être  complète- 
ment étranger,  ne  touche  toutefois  qu'indirectement  à  nos  affaires  inté- 
rieures, vous  me  permettrez  de  dire  quelques  mots  sur  ces  dernières.  Je 
pourrai  être  succinct  :  vous  allez  entendre  des  rapports  sur  les  travaux  qui 
sont  spécialement  de  notre  domaine. 

«Je  dois  rappeler  ici  le  don  généreux  que  nous  a  fait  un  habitant  de 
Strasbourg,  attaché  depuis  une  trentaine  d'années  au  service  des  ponts  et 
chaussées.  M.  Decheppe  —  nos  procès-verbaux  vous  l'ont  déjà  annoncé 
—  a  remis  entre  nos  mains  une  collection  considérable  d'armes  anciennes 
découvertes  par  le  draguage  dans  la  rivière  d'ill,  à  Strasbourg,  pendant 
une  longue  série  d'années,  depuis  que  le  donateur  est  en  activité  de  ser- 
vice. Notre  comité  a  décerné  à  M.  Decheppe  une  médaille  en  vermeil,  mais 
en  se  réservant  de  la  lui  remettre  en  séance  générale  de  décembre,  pour 
ne  point  l'obliger  à  un  déplacement. 

«M.  Rouis,  sous-directeur  de  l'Ecole  impériale  de  santé  militaire,  nous 
a  transmis  plus  récemment  quelques  armes  antiques  trouvées  dans  des 
décapements  sur  les  plateaux  près  de  Hochfelden. 

«  A  l'occasion  de  ces  dons,  je  me  sens  entraîné  à  exprimer,  même  chez 
vous,  le  regret  que  nous  éprouvons  de  ne  point  trouver  à  Strasbourg  un 
local  convenable  pour  y  établir  notre  embryon  de  musée.  La  rareté,  la 
cherté  des  édifices,  dans  une  ville  impitoyablement  encerclée  dans  ses 
fortifications,  en  dépit  d'une  population  de  plus  en  plus  nombreuse,  hors 
de  proportion  avec  son  étroite  enceinte,  voilà  la  vraie  cause  d'une  situa- 
tion qui  fait  notre  désespoir.  Colmar  peut,  sous  ce  rapport,  à  bon  droit 
se  glorifier  de  l'installation  de  son  musée  à  Unterhnden.  Nous  vous  por- 
terions envie,  Messieurs,  s'il  était  permis  de  donner  accès  à  un  sentiment 
aussi  condamnable,  lorsqu'il  s'agit  de  simple  émulation  entre  deux  cités 
fraternelles. 

«Vous  avez  dû  remarquer,  Messieurs,  dans  les  procès-verbaux  et  les 
mémoires  de  notre  Bulletin,  les  dons  fréquents  de  volumes  ou  de  brochures 


—    31     — 

pleins  d'intérêt  (jui  nous  arrivent,  soit  des  sociétés  françaises,  soit  de  la 
Belgique,  de  la  Suisse  et  de  rAliemagne,  voire  même  de  la  Livonie  et  de 
Saint-Pétersbourg-.  Dans  ces  envois  se  distinguent  toujours  ceux  de  Con- 
stantine  ;  c'est  que  la  minière ,  sur  ce  sol  labouré  par  les  Romains  et  les 
Arabes,  est  riche;  mais  il  faut  convenir  aussi  qu'elle  est  dignement 
exploitée. 

«Dans  la  livraison  du  Bulletin  dont  nous  allons  réunir  les  matériaux, 
vous  trouverez  les  communications  de  M.  le  professeur  Straub  sur  des 
cimetières  fortifiés  dans  le  Palatinat  et  dans  nos  deux  départements.  Plu- 
sieurs églises  fortifiées  de  votre  département  y  figurent;  je  citerai  celles 
d'Eschentzvviller,  de  RœdersdorfT,  de  Rixheim.Le  même  membre,  toujours 
actif,  malgré  ses  nombreuses  occupations  journalières,  nous  a  montré  et 
décrit  une  croix  processionnelle  provenant  de  l'église  d'Eschentzwiller  et 
qu'il  rapporte  au  quinzième  siècle. 

«  J'appelle  aussi  à  l'avance  votre  attention  sur  un  travail  généalogique 
très-étendu  de  l'un  de  nos  jeunes  membres;  c'est  la  seconde  partie  de 
la  monographie  consacrée  aux  Gero/c/secÂ;;  la  branche  d'Alsace  en  constitue 
le  sujet.  Le  premier  article  traitait  des  Géroldseck  de  la  rive  droite  du 
Rhin.  Celte  monographie  de  M.  E.  Lehr  épuisera  le  sujet. 

«Je  ne  puis  terminer  cette  rapide  esquisse  de  notre  dernier  semestre 
sans  faire  un  appel  réitéré  aux  membres  jeunes  de  nos  comités  et  de  la 
Société  pour  obtenir  d'eux  une  collaboration  active. 

«Nous  avons  fait,  pendant  ces  dernières  années,  des  pertes  sensibles: 
l'âge,  avec  ses  infirmités,  les  deuils  de  famille,  les  déplacements,  écartent 
de  notre  comité  des  membres  naguère  encore  très-actifs.  Et  qu'il  me 
soit  permis  de  dire  ici  les  sentiments  douloureux  que  nous  inspire  le 
départ  de  M.  Véron-Réville,  qui,  depuis  la  constitution  du  comité  du  Haut- 
Rhin,  l'a  présidé  avec  un  tact,  une  bienveillance,  une  urbanité  au-dessus 
de  tout  éloge.  Dans  mes  rapports  personnels  avec  M.  le  conseiller  Véron- 
Réville,  je  n'ai  eu  que  des  grâces  à  rendre  à  sa  bonne  volonté  d'aplanir, 
de  prévenir  toute  difficulté.  Par  ses  œuvres  imprimées,  M.  Véron-Réville 
se  place  d'ailleurs  au  premier  rang  de  nos  écrivains  locaux.  Le  seul  vœu 
que  nous  puissions  émettre,  c'est  que,  dans  sa  nouvelle  résidence,  et  à 
près  de  300  lieues  d'éloignement,  il  consente  à  ne  pas  devenir  tout  à  fait 
infidèle  à  ses  premiers  travaux.  Je  pense  que  son  digne  successeur  dans 
la  présidence  de  votre  comité  s'accordera  avec  moi  en  vous  proposant 
de  transmettre  ofiîciellement  à  M.  Véron-Réville  nos  remercùnents  les  plus 
vifs  pour  le  concours  actif  qu'il  nous  a  prêté  pendant  près  de  dix  ans  et 
de  lui  décerner  le  titre  de  président  honoraire  de  votre  comité. 


—  m  — 

«Je  vous  prie  d'accorder  le  lilre  de  membre  honoraire  du  comité  du 
Bas-Rhin  à  M.  le  baron  Lebel,  juge  au  tribunal  de  première  instance,  qui 
passe  de  la  résidence  de  Strasbourg  à  celle  de  Gorbeil. 

«En  vue  des  lacunes  que  laissent  les  décès  et  les  départs,  c'est  dans 
la  jeune  génération  qu'il  s'agit  de  recruter  des  forces.  Nous  tentons  de  le 
l'aire;  mais  ce  n'est  pas  assez  de  notre  voix;  il  faut  qu'un  écho  nous  ré- 
ponde. Je  ne  me  dissimule  point  que  les  revues  locales  elles  journaux  des 
deux  départements  absorbent  déjà  une  partie  des  loisirs  disponibles  et 
prélèvent  une  contribution  dans  le  domaine  de  l'histoire  et  de  l'archéo- 
logie. Cependant  le  champ  des  recherches  érudites  est  si  vaste  que  les 
sujets  ne  feront  point  défaut,  si  on  veut  bien  se  donner  la  peine  de  les 
chercher,  pour  fournir  de  l'alimentation  à  un  Bulletin,  qui  a,  j'aime  à  le 
croire,  prouvé  par  quatorze  années  d'existence  son  droit  de  cité  dans 
l'Alsace  scientifique  et  littéraire. 

«Je  termine,  Messieurs,  en  vous  proposant  de  voter  des  remercîments 
au  conseil  général  du  Haut-Rhin  pour  l'allocation  qu'il  a  bien  voulu  nous 
accorder  jusqu'ici,  et  à  M.  le  Préfet  de  votre  département,  qui  a  consentie 
provoquer  et  à  maintenir  cette  générosité.» 

M.  véion-Réviiie       L'asscmbléc,  qui   a   écouté   avec   une  vive  synipalhic   les  paroles  de 

nommé  Atoi  i  i  '  d  ^hiit' 

président honorniie  M.  bpach,  partage  hautement  les  regrets  payes  par  1  orateur  a  M.  Veron- 

dii  comité 

du  Haut-Rhin.    Révillc  ct  lul  décemc,  séance  tenante,  le  titre  de  président  honoraire  du 
comité  du  Haut-Rhin. 
Rapport  La  parole  est  à  M.  Hartmann,  architecte,  qui  rend  compte  de  l'état 

de  M.  Hartmann ,  ■      ir  i  ^  ■  i       i>r     i-  i>  i  i  i         i      i 

architecte,      actucl  du  chatcau  de  Kaysersberg,  des  rumes  de  1  église  d  Alspach  et  des 

sur  le  château 

de  Kaysersherp,  aucicnnes  fortificatjons  de  Türckheim. 

Après  avoir  rappelé  divers  travaux  exécutés  au  château  de  Kaysersberg, 
notamment  l'ouverture  d'une  poterne,  M.  Hartmann  annonce  que  M.  Rieff, 
propriétaire  des  ruines,  abandonne  au  public  un  terrain  plus  considérable 
que  l'espace  qu'il  avait  promis  de  concéder.  Une  clôture  en  palissades  de 
bois  injecté  sera  incessamment  établie,  moyennant  une  subvention  votée 
par  le  conseil  municipal  et  le  reliquat  de  la  somme  allouée  pour  les  tra- 
vaux du  château. 

Après  quelques  détails  sur  les  restes  de  l'ancienne  église  d'Alspach, 
dont  on  admire  le  portail  de  la  façade  occidentale,  les  sept  travées  de  la 
nef  centrale  et  du  collatéral  sud,  avec  leurs  restes  de  peintures  murales 
et  quelques  remarquables  chapiteaux  historiés,  M.  Hartmann  entretient 
l'assemblée  des  dispositions  obligeantes  dans  lesquelles  il  a  trouvé 
M.  Barthélémy,  le  propriétaire  de  ces  ruines.  M.  Barthélémy  consent  à 


l'église  d'Alspach 
et  les  anciennes 

forlilications 
de  Türckheim. 


—    33    — 

dégager  l'édifice,  à  faire  soigneusement  nettoyer  les  sculptures  et  à  pré- 
server tout  le  monument  de  l'infiltration  des  eaux  pluviales.  Le  sol  naturel 
sera  rétabli  et  nivelé  dans  toute  l'enceinte  ;  une  palissade  sera  placée  à 
un  mètre  de  distance  des  murs,  en  signe  de  la  protection  que  la  Société 
donnera  au  monument. 

La  construction  des  nouvelles  écoles  de  Türckheim,  sur  le  quai  de  la 
Fecht,  masquera  une  partie  des  anciens  murs  d'enceinte  de  la  ville.  Toute- 
fois deux  bastions  reliés  à  ces  murs  resteront  en  vue.  M.  Hartmann  ré- 
clame l'intervention  de  la  Société  pour  la  conservation  de  ces  restes  de 
l'architecture  militaire  du  quatorzième  siècle,  hauts  de  14  mètres  environ, 
et  divisés  à  l'intérieur  en  trois  étages,  dont  le  second  est  percé  de  trois 
meurtrières  de  forme  spéciale  pour  le  tir  à  l'arbalète. 

M.  le  Préfet  remercie  M,  Hartmann  des  intéressants  détails  qu'il  vient 
de  donner  et  assure  son  concours  pour  la  conservation  des  tours  de 
Türckheim. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Schelbaum,  architecte,  instruit       château 

,  ,  ,  ,  ,  ,  -  .  de  Plixbourg; 

1  assemblée  de  quelques  regrettables  actes  de  vandahsme  commis  au  cha-  actesde  vandalisme 
teau  de  Plixbourg  et  d'un  accident  occasionné  par  l'enlèvement  d'une 
grille,  posée  par  les  soins  et  aux  frais  de  la  Société.  —  La  clôture  sera 
rétablie. 

M.  Hamberger  annonce,  de  la  part  des  héritiers  de  feu  M.  de  Golbéry,        r.httena 
que  la  famille  serait  disposée  à  céder  à  la  Société  archéologique  d'Alsace  i^  l^.Jîi'îe'GMbéry 
une  part  de  propriété  qu'elle  a  dans  les  ruines  du  château  de  Hohnack.    lacöprolfwete. 
En  devenant  copropriétaire,  la  Société  empêcherait  la  dégradation  ulté- 
rieure de  ces  ruines.  L'assemblée  accepte  avec  reconnaissance  la  proposi- 
tion faite  par  l'entremise  de  M.  Hamberger,  qui  voudra  bien  se  charger 
des  détails  d'exécution. 

Sur  la  proposition  de  M.  Gérard,  une  médaille  en  bronze  a  été  décernée  siedaine  de  bro.ue 
au  sieur  Rodé,  garde  forestier  au  Rothlaeuble.  Cet  agent  a  donné  des    au  JemTode, 

i.i.,ii.  ,  1  .  Kl*  •  garde  forestier. 

preuves  de  zèle  intelligent  pour  la  conservation  d  objets  anciens,  notam- 
ment d'une  stèle  funéraire,  gravement  menacée.  La  médaille  sera  remise 
au  destinataire  par  le  comité  de  Colmar. 
M.  Spach  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Nicklès,  de  Benfeld,  em-      Découverte 

Aifj».,,,,.  T  -  .  d'antiquités 

pèche  d  assister  a  la  reunion.  La  note  de  ce  membre  actif  rend  compte    f^^i"'  «  ^^nd. 
de  découvertes  récentes  faites  par  M.  Barthelmé,  propriétaire  à  Sand, 
dans  un  tumulus  des  environs  d'Elil.  —  Des  remercîments  sont  votés  à 
M.  Nicklès. 

Plusieurs  nouveaux  membres  sont  inscrits  :  M.  Krug-Basse,  procureur     ./«"membre" 
impérial  à  Colmar,  présenté  par  M.  Hamberger;  M.  Klemm,  Alphonse, 

II«  SÉttiK.  —  T.  vu.  —  (P.-V.)  3 


Lecture 

d'un  mémoire 

(le  M.  Spach 

sur   les  thermes 

(le   Badenwoiier. 


—     34    — 

sculpteur,  sur  la  proposition  de  M.  Schelbaum  ;  M.  J.  B.  Kubier,  maître 
d'hôtel  à  Altkirch,  sur  la  proposition  de  M.  Stoffel. 

La  séance  est  terminée  par  la  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Spach  sur 
les  thermes  de  Badenweiler.  Ce  mémoire  sera  imprimé  avec  le  plan. 

Avant  de  lever  la  séance  (à  4  heures),  M,  le  baron  Ponsard  prononce 
une  allocution  fort  applaudie  ;  il  donne  à  la  Société  l'assurance  de  son  con- 
cours et  de  son  appui. 


TABLE  DES  MATIÈRES  DE  LA  PREMIÈRE  LIVRAISON. 


PROCES-VERBAUX  DES  SEANCES. 

PAGES. 

Séance  du  Comité  du  18  janvier  1869 1 

Séance  du  Comité  du  15  février  1869 2 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rliin  du  28  février  1869 5 

Séance  du  Comité  du  15^mars  1869 7 

Séance  du  Comité  du  19  avril  1869 9 

Séance  du  Comité  du  26  avril  1869 12 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rhin  du  24  avril  1869 13 

Séance  du  Comité  du  10  mai  1869 18 

Séance  du  Comité  du  24  mai  1869 19 

Séance  du  Comité  du  21  juin  1869 21 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rhin  du  26  juin  1869 24 

Séance  générale  du  30  juin  1869,  à  Colmar 26 


MÉMOIRES. 

Les  Hadstatt  de  Soultzbach,  par  M.  Sabourin  de  Nanton 1 

Les  Tombes  de  Saint-Pierre-le-Vieux,  à  Strasbourg,  par  M.  Sabourin  de  Nanton. .  8 

Rapport  sur  les  ouvrages  donnés  à  la  Société,  par  M.  L.  Spach 13 

Les  Dynastes  de  Geroldseck-ès-Vosges ,  par  M.  E.  Lehr 22 

Les  Thermes  de  Badenweiler,  par  M.  L.  Spach 65 


35    — 


Séance  du  Comité  du  19  juillet  1869. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Présents  :  MM.  Matusczinsky,  Merck,  Ringeisen,  Slraub  et  Rodolphe 
Reuss,  secrétaire  en  fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la 
séance. 

M.  Straub,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  gé- 
nérale de  la  Société,  tenue  à  Colmar  le  30  juin  1869. 

M.  le  président  dépose  sur  le  bureau  les  ouvrages  suivants  :  ourragcs  déposé. 

sur  le  bureau. 

Inventaire  des  Archives  de  la  ville  de  Giiebwiller.  1869.  In-8°; 

Der  Geschichtsfreund  (de  Lucerne,  Uri,  Schwyz,  Unterwaiden,  Zug). 
Tome  XXIV; 

Mémoires  delà  Société  d'émulation  de  Montbéliard.  2®  série,  volume  JI; 
3®  série,  volume  I; 

Revue  des  Sociétés  savantes  des  départements.  4^  série.  Tome  IX.  Avril- 
mai  1869; 

Schweizerisches  Urkundenregister.  S'^""  Band,  1'*^^  Heft.  Berne,  1869, 
in-4°; 

Schriften  der  Universitœt  zu  Kiel,  aus  dem  Jahr  1868.  1  vol.  in-^^; 

Compte  rendu  de  la  Commission  impériale  archéologique  pour  l'année 
1868.  Saint-Pétersbourg,  1868,  1  vol.  in-folio,  avec  un  cahier  de  planches 
grand  in-folio. 

M.  Straub  fait  don  à  la  Société  d'une  série  de  six  belles  vues  photoffra-    ruotogr.-,, lues 

,  ,       .  .  ^  '^  (le  l'église 

phiques  de  1  église  de  Neuwiller,  exécutées  par  lui-même.  '^^  NcuViiicr 

'  données  par 

Remercîments.  "•  ''''''i>é  siraub. 

M.  Merck  fait  part  au  comité  de  la  mort  de  M.  le  docteur  Schnœringer; 
quelques  membres  du  comité  se  rendront  à  Brumath  pour  assister  aux 
funérailles  de  cet  ancien  sociétaire.  Ils  pourront  examiner  à  cette  occasion 
les  collections  archéologiques  du  défunt,  en  vue  d'acquisitions  éventuelles 
à  faire  par  la  Société. 

Le  comité,  sur  la  proposition  de  M.  Merck,  vote  également  l'achat  d'une     ,  ^^^">' 

,  *^  d  une  monnaie 

monnaie  en  or  de  l'empereur  Néron.  «■><"• 

'  (le  Néron. 

II' SÉRIE.  —  T.  VU. —(P.  V.)  4 


M.  Sahourin  de 

NulltOQ 


—    36    — 

Don  La  parole  est  à  M.  Sabourin  de  Nanlon,  qui  ofïre  au  coiuilé  une  cin- 

de  monnaies  ' 

p«''  .   ,     quantaiiic  de  monnaies  en  bronze,  trouvées  à  différentes  reprises  dans  sa 

hourin  de        ^  '  I 

propriété  de  Michelfeld  (Haut-Rhin). 

«J'ai  l'honneur  d'offrir  au  comité  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  historiques  d'Alsace  une  cinquantaine  de  monnaies  de 
toutes  dimensions,  qui  ont  été  trouvées  î\  Michelfeld ,  près  de  Iluningue. 
Plusieurs  de  ces  monnaies  ont  été  trouvées  par  moi,  les  autres  par  des 
ouvriers  occupés  au  creusement  des  fossés  de  cette  propriété. 

«En  1838  déjà,  en  creusant  les  fondements  d'un  mur  de  clôture,  on  a 
trouvé,  outre  des  monnaies  romaines,  des  fragments  d'épées,  à  lames 
larges  à  deux  tranchants. 

«Ces  découvertes  de  monnaies  et  d'armes  anciennes  méritent  notre 
attention  et  nos  études. 

«Il  n'est  fait  mention  jusqu'ici  de  Michelfeld  qu'en  1252,  époque  où  un 
monastère  y  a  été  érigé,  hors  des  murs  de  la  ville  de  Bâle,  par  la  munifi- 
cence et  avec  le  consentement  de  l'évêque  Berthold  II,  fils  de  Frédéric, 
comte  de  Ferretle,  et  de  son  frère  Ulric,  en  faveur  des  religieuses  de 
l'ordre  de  Cîteaux,  qui  venaient  du  val  des  Lys.  Fulco,  chef  du  chapitre 
de  Saint-Bernard  sur  le  mont  Jupiter,  ratifia  et  confirma  par  un  décret  la 
cession  de  ce  monastère,  comme  nous  l'apprend  le  cartulaire  de  Lucelle, 
à  la  date  de  1450. 

«Mais  les  Romains  ont  évidemment  laissé  des  traces  de  leur  passage  sur 
ce  petit  coin  de  terre;  la  question  est  de  savoir  s'ils  y  ont  eu  un  établisse- 
ment. Je  ne  suis  pas  éloigné  de  le  croire,  et  voici  pourquoi  : 

«Michelfeld  est  à  une  distance  moyenne  de  deux  lieues  de  l'ancienne 
Augusta  Rauracorum,  d'une  demi-lieue  de  Basilia,  d'Arialbinnum  et  du 
fort  de  Robur,  construit,  en  374,  par  Valentinien  P*",  auprès  de  Bâle.  Ce 
fort,  situé  où  se  trouve  maintenant  la  cathédrale  de  Bâle,  porte  encore 
aujourd'hui  le  nom  de  l'emplacement  du  fort  (auf  Burg);  les  Barbares  le 
détruisirent  trente -trois  ans  après  sa  construction.  Michelfeld  se  trouve 
aussi  à  deux  lieues  de  Cambes,  le  grand  Kembs,  situé  sur  la  route  du  Rhin. 

«En  face  de  Michelfeld,  et  à  une  dislance  d'un  quart  de  lieue,  sur  le  ter- 
ritoire de  la  commune  de  Blotzheim,  il  existe  sept  tumuli,  dont  j'ai  parlé 
dans  une  monographie  sur  cette  localité,  qui  a  paru  en  18C7.  Je  suis  donc 
porté  à  croire  que  Michelfeld  a  été  bâti  sur  les  fondations  d'une  villa  de 
l'époque  romaine,  et  ce  qui  le  fait  supposer,  c'est  qu'on  y  a  trouvé  et  qu'on 
y  trouve  encore,  dans  les  champs  et  dans  la  forêt  de  la  Ilardt,  de  nombreux 
vestiges  d'armes  des  premiers  siècles  de  notre  ère,  des  monnaies  romaines 
et  divers  objets  de  ces  temps  reculés.  D'un  autre  côté,  Michelfeld  se  trouve 


—     37     — 

placé  sur  le  tracé  de  la  route  romaine  qui  existait  au  quatrième  siècle,  men- 
tionnée dans  X Itinéraire  d'Antonin,  celle  du  Rhin,  (jui  allait  de  l'Italie,  par 
i'Helvétie,  à  Augusia  Rauracorum,  Carabes  et  Argenloratum. 

«Je  crois  qu'il  serait  utile,  en  attendant  que  de  nouvelles  découvertes  se 
produisent,  de  mentionner  sur  la  carte  des  emplacements  du  département 
du  Haut-Rhin  remarquables  par  des  antiquités  romaines,  qu'on  trouve  des 
monnaies  romaines  à  Michelfeld.» 

Voici  rénumération,  faite  par  M.  Merck,  des  médailles  données  par 
M.  Sabourin  de  Nanton  : 

1.  L'empereur  Gallien  (Publius  Licinius  Gallienus). 

Avers:  La  tête  de  l'empereur.  LMP.  G.  P.LIC.  GALLIENVS.  P.  F.  AVG. 
Revers  :  VIRTVS.  AVGG.  Figure  militaire  debout. 

2.  Anlonin  le  Pieux. 

DIVVS.  ANTONINVS,  tête  de  l'empereur. 
Revers:  CONSECPiATlO,  bûcher.  (2  exemplaires.) 

3.  Faustine  mère,  femme  d'Antonin  le  Pieux.  (Inscription  illisible.) 

4.  Marc-Aurèle,  tête  de  l'empereur. 

IMP.  M.  AVREL.  ANTONINVS.  AVG.  P.  M. 

Revers:  Inscription  illisible,  femme  debout  sacrifiant. (?) 

5.  Faustine  jeune,  femme  de  Marc-Aurèle. 

FAVSTINA.  AVGVSTA.  (Revers  illisible.) 

6.  L'empereur  Néron. 

IMP.  NERO.  CAESAR.  AVG.  P.  MAX. 
Revers:  Génie  marchant.  (2  médailles.) 

7.  L'empereur  Titus. 

LMP.  CAES.  VESP.  AVG.  P.  M.  TR.  COSV.  CENS. 
Revers  :  FELICITAS  REIPVBLICAE.  Femme  debout. 

8.  L'empereur  Titus. 

T.  CAESAR.  IMP.  COS  IIL  CENS. 

Revers  :  FELICITAS  REIPVBLICAE.  Femme  debout. 

9.  L'empereur  Vespasien. 

IMP.  CAES.  VESPASIAN.  AVG.  COS... 
Revers:  ...TAS  AVGV...  Femme  debout. 

10.  L'empereur  Marc-Aurèle. 

M.  ANTONINVS  AVG... 
Revers  illisible.  (Femme  debout  sacrifiant.) 
il.  L'empereur  Antonin  le  Pieux. 
ANTONINVS.  AVG.  PIVS... 
Revers  illisible.  (Figure  militaire  debout.) 


—    38    — 

12.  L'empereur  Commode. 

L.  AVREL.  COM... 

Revers  :  P.  M.  TR.  IMP.  IIII.  COS  RI....  Mars  passant. 

13.  L'empereur  Constanlius. 

CONSTANTIVS.  NOR.  CAES. 
Revers  :  GENIO.  POPVLL  ROMANL  (Génie  debout.) 
44.  Claudius  Gothicus. 

IMP.  C.  CLAVDIVS.  AVG. 

Revers  :  VIRTVS.  AVG.  Figure  militaire  debout  tenant  un  rameau 
et  une  lance. 

15.  Le  même. 

LMP.  C.  CLAVDIVS.  AVG. 

Revers  :  Femme  debout  tenant  deux  enseignes  militaires  : 
CONCORD.  EXERCIT. 

16.  Le  même. 

IMP.  CLAVDIVS.  AVG. 

Revers  illisible.  (Figure  debout  tenant  une  haste.) 

17.  Maximianus. 

MAXIMIANVS  AVG. 

Revers:  SEGVRIT.  AVG.  (Femme  debout  appuyée  sur  une  co- 
lonne.) 

18.  Gallienus. 

GALLIENVS.  AVG.  Tète  de  l'empereur. 
Revers  :  DIANAE.  CONSERV.  AVG.  (Chèvre.) 

19.  Gratianus. 

GRATIANVS.  P.  F.  AVG.  Tète  de  l'empereur.  . 
Revers  :  REPARATIO.  REIPVRL.  Figure  militaire  debout  relevant 
une  personne  prosternée  à  ses  pieds. 

20.  Probus. 

IMP.  C.  M.  AVG.  PRORVS.  AVG.  Tête. 
Revers  :  VIRTVS.  L'empereur  debout. 

21.  Constantin. 

IMP.  CONSTANTINVS.  AVG.  Tête. 

Revers  :  SOLI.  INVICTO.  COMITI.  Le  soleil  debout,  la  main  droite 
levée  et  un  globe  sur  la  gauche. 

22.  Gonstantinus. 

CONSTANTINVS.  AVG.  Tête. 
Revers  :  PROVIDENTIA.  AVG.  Porte. 

23.  Constantius  IL 


—    39    -- 

D.  N.  CONSTANTIVS.  P.  F.  AVG. 

Revers  :  FEL.  TEMP.  REPARATIO.  Phénix  (?)  couronné  sur  un 

tertre. 
24..  Le  même. 

D.  N.  CONSTANTIVS.  P.  F.  AVG. 

Revers  :  FEL.  TExMP.  REPARATIO.  L'empereur  debout,  à  ses  pieds 

une  figure  prosternée. 

25.  Le  même. 

Même  inscription. 

Revers  :  GLORIA E.  EXERCIT.  (Deux  figures  militaires  debout,  au 
milieu  d'elles  le  labarum  portant  le  chiffre  X.) 

26.  Magnentius. 

D.  N.  MAGNENTIVS.  P.  F.  AVG. 

Revers  :  SEGVRITAS.  REIPVBLICAE.  L'empereur  debout,  en  habit 
militaire,  portant  sur  la  main  droite  une  petite  victoire  et  tenant 
le  labarum  de  la  gauche. 
Le  donateur  voit  donc  dans  ces  trouvailles,  souvent  répétées  depuis 
1836,  la  preuve  de  l'existence  d'un  établissement  romain  dans  cette  loca- 
lité, située  à  peu  de  distance  d'Augusta  Rauracorum. 

Le  comité  s'engage,  à  cette  occasion,  dans  une  longue  discussion  sur  la     Propositions 

1  '       Ml  '         1        1'  »  1  ^"  sujet 

nécessité  de  dresser  enfin  une  carte  archéologique  détaillée  de  1  Alsace,   de  la  confection 

d'une  carte 

En  attendant  des  mesures  plus  générales,  on  propose  d'acheter  la  grande  "'"Jf^'j'^f^'^^"'' 
carte  d'Alsace  que  vient  de  publier  M.  Weissandt  et  d'y  reporter  doréna-  deiAisace. 
vant  toutes  les  découvertes  nouvelles  qui  viendraient  à  la  connaissance 
du  comité.  Cette  proposition  est  acceptée  et  M.  Merck  est  chargé  de  la 
mettre  à  exécution.  M.  Matusczinsky  offre  de  dresser  lui-même  une  carte 
spéciale  de  ce  genre  pour  l'arrondissement  de  Strasbourg.  Cette  offre  est 
acceptée  avec  reconnaissance. 

M.  le  président  communique  successivement  des  lettres  :  1°  de  M.  Ber- 
ger-Levrault,  relativement  aux  objets  romains  trouvés  dans  les  fondements 
de  l'ancienne  maison  Laquiante;  2°  de  M.  Rathgeber,  de  Sultzern,  sur  un 
nouvel  essai  à  tenter  relativement  à  la  publication  des  chroniques  alsa- 
ciennes, et  3°  de  M.  Nicklès,  de  Benfeld,  au  sujet  du  château  de  Hohen- 
geroldseck.  Cette  dernière  lettre  est  accompagnée  d'une  photographie. 

M.  Spach  donne  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Paul  Ristelhueber  sur  diffé-     ,,  ^e':'"■^^ 

1  d  un  mémoire 

rentes  inscriptions  tumulaires  trouvées  à  Seltz,  ainsi  que  sur  la  série  des  '^'' *''af '.'ijét"''"" 
abbés  de  ce  monastère.  Le  comité,  après  avoir  exprimé  le  désir  de  voir  lumuiaîres'dê'se'ii. 
l'auteur  joindre  à  son  travail  l'indication  détaillée  des  sources  auxquelles 
il  a  puisé,  vote  l'impression  du  mémoire. 


—    40    — 

M.  SifTer  envoie  au  comité  une  lettre  de  M.  le  docteur  Raucli,  d'Ober- 
hronn,  relative  aux  antiquités  gallo-romaines  de  la  localité.  Cet  envoi  est 
accompagné  de  plusieurs  planches  photographiées  et  d'un  mémoire  sup- 
plémentaire à  celui  de  M.  Siffer,  présenté  en  1865. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance  du  Comité  du  20  septembre  1869. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Présents:  MM.  Guerber,  Ringeisen,  Merck,  Siffer,  baron  deFaviers, 
Morin.  M.  Sabourin  de  Nanton,  membre  hbre,  assiste  à  la  séance. 

On  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  tenue  le 
19  juillet;  cette  rédaction  est  adoptée. 

Le  président  s'excuse  d'avoir  convoqué  le  comité  au  mois  de  sep- 
tembre, ordinairement  réservé  aux  vacances;  il  n'a  pas  cru  devoir  s'en 
dispenser,  n'ayant  pas  réuni  ses  collègues  au  mois  d'août  dernier,  à  raison 
de  circonstances  indépendantes  de  sa  volonté. 

En  l'absence  de  MM.  les  secrétaires,  il  s'engage  à  rédiger  le  procès- 
verbal  de  la  présente  séance. 
Ouvrages  reçus       II  déposc  sur  Ic  burcau  une  série  d'ouvrages  qui  ont  été  envoyés  au 

par  la  Sociiité.  •    r     i  •      i       n         i       •     -n  i  • 

comité  depuis  la  un  de  juillet  dernier: 
Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique.  2^  livraison  de  1869, 

1  broch.  in-8°; 

La  Société  populaire  de  Saverne  pendant  les  années  i79i  à  il94,  par 
Dagobert  Fischer.  Mulhouse,  1869,  1  broch.  in-8°; 

Matériaux  d'archéologie  et  d'histoire,  par  MM.  les  archéologues  de 
Saône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes.  Février  1869,  1  broch. 
in-8°; 

Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  et  d'histoire  de  la  Moselle.  1868, 

2  vol.  in-8°  ; 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  antiquaires  de  France.  3®  et  4®  tri- 
mestres de  1868  et  V^  trimestre  de  1869.  2  broch.  in-8''; 

Josias  Glaser  et  son  projet  d'annexer  l'Alsace  à  la  France  en  i639, 
par  Rodolphe  Reuss.  Mulhouse,  1869,  broch.  in-8°; 


—    41     — 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'archéologie,  sciences  et  arts  du 
département  de  l'Oise.  Première  partie  du  tome  VII.  Beauvais,  1868, 
\  vol.  in-8°; 

Smitsonian  Report,  1867.  1  vol.  in-8°; 

Revue  des  Sociétés  savantes  des  départements.  Juin  1869, 1  broch.  in-8°. 

M.  Merck,  obligé  de  s'éloigner  avant  la  fin  de  la  séance,  demande  à  donnfettia'socié.é 
donner  lecture  de  la  liste  complète  des  médailles  dont  M.  Sabourin  de    «. sabourin de 
Nanton  a  fait  don  à  la  Société.  On  décide  que  ce   relevé  sera  joint  au 
procès-verbal  de  la  séance  de  juillet. 

L'admission  des  membres  suivants  est  proposée  et  adoptée  :  /«"nSbr«. 

M.  Rauch,  curé  de  Niederbronn,  et  M.  Rauch,  docteur  en  médecine  à 
Oberbronn,  présentés  par  M.  le  curé  Siffer. 

M.  Félix  Voulot,  professeur  au  collège  de  Guebwiller,  présenté  par  M.  le 
baron  de  Schauenburg  et  M.  Sabourin  de  Nanton. 

M.  Jules  Zinck,  propriétaire  (faubourg  de  Saverne,  25),  à  Strasbourg, 
présenté  par  M.  Merck. 

M.  Jadelot,  garde  général  des  forêts  à  Obernai,  présenté  par  M.  Ring- 
eisen. 

M.  Morin  rend  compte  d'une  visite  qu'il  a  faite  dans  le  château  de  ^^  "^f^^^^^^-^. 
Fleckenstein,  sur  l'extrême  lisière  du  département  du  Bas-Rhin;  il  a  dé-    j^f^^eaiièr. 
bourse  sur  place  une  très-modique  somme  pour  réparation  d'un  esca- 
lier. On  remercie  le  visiteur;  le  remboursement  est  voté. 

M.  le  curé  Guerber  lit  un  rapport  sur  une  promenade  archéologique       Lecture 

do  M.  le  cure 

faite  par  lui  dans  la  vallée  supérieure  du  Rhin,  depuis  Fribourg  en  Bris-       Guerber 

au  sujet 

gau  iusqu'à  Coire.  M.  Guerber  caractérise  les  édifices  religieux  visités  par  d'^e  promena.ie 

o  J         I  CI  1  archeülügifjue 

lui  sur  ce  parcours,  à  Seckingen,  Reichenau,  Constance,  etc.  Dans  l'éghse     faite  par  lui. 
paroissiale  de  l'île  de  Reichenau,  il  examine  en  détail  le  trésor  de  l'éghse, 
et  à  Coire  il  rectifie  des  opinions  erronées  admises  jusqu'ici  sur  le  pré- 
tendu style  roman  de  ce  monument.  La  lecture  de  M.  Guerber  est  écoutée 
avec  intérêt,  —  Impression  votée. 

M.  Ringeisen  annonce  un  rapport  détaillé  qu'il  prépare  sur  les  pierres 
funéraires  des  quinzième  et  seizième  siècles,  récemment  découvertes  dans 
l'éghse  de  Boofzheim. 

Le  président  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  par  M.  le  docteur    oaii«  f.mérai.e 

i  *  trouvée 

Schneider,  de  Quatzenheim,  à  M.  l'abbé  Straub,  sur  une  dalle  funéraire   ^  Quatzenheim. 
récemment  mise  à  découvert  pendant  les  travaux  de  réparation  de  l'église 
de  Quatzenheim.  A  sa  lettre  est  joint  un  croquis  de  la  dalle,  dont  l'in- 
scription, en  langue  allemande,  indique  le  décès  de  Martin  de  Wilsperg, 
mais  sans  millésime.  —  Remercîments. 


42     

To^be  ^^-  Mathis,  agent  voyer  à  Benfeld,  dans  une  note  datée  du  20  juillet 

misTàdé^onlen  demicF,  annonce  la  découverte  d'une  tombe  qu'il  croit  gauloise  dans  la 
graviere  communale  de  Rossfeld.  11  en  donne  les  dimensions  exactes.  Au 
milieu  du  tombeau  se  trouvait  une  urne,  entourée  d'une  vingtaine  d'au- 
tres, mais  qui  ont  été  brisées  à  peu  près  toutes  par  les  ouvriers  qui  fouil- 
laient la  graviere.  M.  Matbis  n'a  réussi  qu'à  trouver  un  seul  vase  entier, 
qu'il  joint  à  son  envoi.  Il  donne  de  plus,  à  titre  d'annexé,  le  plan  détaillé 
des  lieux. 

Le  président  annonce  avoir  déjà  préalablement  remercié  M.  Mathis. 
M.  Ringeisen  s'engage  à  se  rendre  sur  les  lieux  pour  de  plus  amples  infor- 
mations. 
Autel  de  j.,,,iter       M.  Spach  donue  lecture  d'une  lettre  de  M.  Bentz,  de  Lauterbourg,  de  la 

déeoiivei'l 

par  M.  Beniz     teucur  suivautc  : 

à  Lauterbourg.  ,.-,.,  ,  ,.,  .       ,  ,        .        -,. 

«  On  ma  informe,  il  y  a  quelque  temps,  qu  il  se  trouvait  dans  le  jardin 
de  M.  Eckert,  à  Lauterbourg,  une  pierre  ayant  l'apparence  d'un  monument 
antique.  Je  me  suis  rendu  sur  les  lieux  pour  examiner  la  pierre  et  j'ai 
reconnu  que  c'était  un  autel  d'origine  romaine  consacré  à  Jupiter. 

«Le  cippe  est  de  grès,  de  forme  quadrangulaire,  à  base  sculptée  et 
surmontée  d'une  corniche  au-dessus  de  laquelle  on  voit  une  espèce  de 
petit  bassin  rond  avec  embranchements  pour  ornements.  La  base  et  la 
corniche  font  corps  avec  le  monument,  qui  porte  sur  l'une  de  ses  faces 
l'inscription  suivante  : 

lOM 

CEKIA^ 

VSPAC 

A  NI7K". 

aJovi  optimo  maximo  Cdianus  pacator  (ou  pagarcus) ;  pacator,  si  la 
dernière  lettre  de  pac  est  un  c,  pagarcus,  si  cette  lettre  est  un  g,  ainsi 
que  l'on  verra  plus  bas. 

«A  Jupiter  très-bon  et  très-grand,  Celianus,  le  pacificateur  (ou  le  chef, 
sans  doute  du  lieu),  a  érigé  ce  monument. 

«  Je  n'ai  pas  pu  déchiffrer  les  cinq  dernières  lettres  de  la  quatrième 
ligne,  dont  deux  grandes  et  deux  plus  petites  que  les  autres  sont  devenues 
illisibles  par  l'influence  du  temps;  cependant  la  sigle  N  de  ces  cinq  lettres 
existe  en  entier,  la  sigle  suivante  semble  être  un  ï,  et  la  sigle  Iv,  qu'on  re- 
connaît à  peine  à  sa  forme  pour  un  L  romain,  est  à  peu  près  effacée. 

a  M.  Eckert,  garde  du  génie  en  retraite  à  Lauterbourg,  à  qui  l'on  doit 
la  conservation  de  l'autel,  en  a  fait  un  croquis  que  j'ai  l'honneur  de 


—    43    — 

joindre  à  la  présente  notice.  Tout  le  monument  a  une  hauteur  de  0'",75, 
une  largeur  de  0'",34  et  une  épaisseur  de  0"\25.  Il  a  été  trouvé,  en  1860, 
lors  de  la  démolition  de  la  tour  qui  existait  à  l'angle  ouest  du  château 
des  Burgraves  à  Lauterbourg,  devenu  plus  tard  la  résidence  des  princes- 
évêques  de  Spire,  et  était  inséré  dans  le  mur  de  la  tour;  mais  une 
rainure  qu'on  y  remarque  à  gauche  de  l'inscription,  effaçant  en  partie  la 
lettre  N  de  la  seconde  ligne  et  laissant  subsister  quelque  doute  sur  la  lettre 
G  à  la  fin  de  la  troisième  ligne  qui  pourrait  passer  aussi  pour  un  G,  per- 
met de  croire  que  l'autel  avait  d'abord  été  élevé  isolément,  et  que  plus 
lard  seulement  il  fut  encastré  dans  le  mur  de  la  tour  du  château  construit, 
selon  la  tradition,  sur  les  ruines  du  fort  romain  de  Lauterbourg. 

«  11  est  difticile  d'assigner  une  date  certaine  à  ce  monument,  qui  paraît 
remonter  au  deuxième  ou  au  troisième  siècle  de  notre  ère.  C'est  une 
addition  à  faire  au  groupe  de  monuments-épigraphes  décrits  par  M.  le 
colonel  de  Morlct.  L'autel  est  surtout  intéressant  en  ce  qu'il  est  consacré 
à  Jupiter  seul,  qui  ne  compte  jusqu'aujourd'hui,  dans  la  Basse-Alsace, 
qu'une  inscription  en  son  honneur  où  il  est  associé  à  Junon. 

«Cette  découverte  est  d'une  véritable  importance  archéologique  pour 
Lauterbourg,  où  l'on  a  déjà  déterré  des  objets  antiques,  tels  que  des  mé- 
dailles, des  monnaies  romaines,  des  vases,  des  coupes  dont  M.  Samuel 
Auscher,  de  celte  ville,  possède  une  partie  dans  son  cabinet  d'antiquités  ; 
mais  le  monument  que  je  viens  de  mettre  à  jour  est  à  présent  pour  cette 
localité  un  témoignage  irréfutable  de  son  origine  commune  avec  les  éta- 
blissements romains  en  Alsace.  » 

Le  président  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Dagobert  Fischer,  sur  un  ^^^  J;^;^^^^^^^ 
sarcophage   trouvé  à  Wasselonne  et  que  M.  Fischer  croit  appartenir  à    de  wasseionne. 
l'époque  franque.  La  note  de  M.  Fischer  est  de  la  teneur  suivante  : 

«Ce  sarcophage  est  en  grès  bigarré  et  ne  présente  extérieurement  au- 
cune moulure  ni  inscription;  il  a  la  forme  d'un  cotfre  moins  large  vers 
les  pieds  que  vers  la  tête;  il  mesure  en  longueur  1"\96,  en  largeur  vers 
la  tête  0"\74  el  vers  les  pieds  0'",50  et  en  hauteur  0"\40.  L'intérieur  est 
évidé  à  la  profondeur  de  0"\28  et  mesure  en  longueur  r\74.  La  place 
où  reposait  la  tête  forme  un  demi-cercle  et  présente  une  profondeur  un 
peu  moindre  que  celle  réservée  au  corps.  Le  couvercle  ressemble  à  un 
toit  aplati.  Ce  cercueil  renfermait  des  débris  d'un  squelette,  qui  n'était 
accompagné  d'aucun  objet  d'art,  mais  qui  était  orienté  dans  le  sens  du 
sud-ouest  au  nord- est.  L'absence  de  tout  ornement  sur  ce  sarcophage 
indique  qu'il  a  été  destiné  à  être  mis  en  terre.  11  remonte  sans  doute  à 
l'origine  historique  de  Wasselonne,  qui  appartenait,  au  commencement  du 


_    44    — 

liuilième  siècle,  à  ßodale,  comte  d'Alsace,  et  est  sans  contredit  l'une  des 
premières  pages  parlantes  des  annales  de  cette  cité.» 

Le  musée  de  Saverne,  qui  possède  déjà  plusieurs  objets  antiques  trouvés 
à  Wasselonne,  vient  encore  de  s'enrichir  de  ce  sarcophage  que  M.  North, 
maire  de  cette  ville,  lui  a  généreusement  oflert, 
Anaiysî.  M.  Spach  rappcllc  que  M.  de  Schauenburg  a  déposé  sur  le  bureau  de  la 

par  M.  Spach,  .        .       „   , . 

d'un  manuscrit    Soclété,  eu  novcmbrc  dernier,  un  volume  manuscrit,  in-iolio,  contenant 

de  1772 

relatif  à  Strasbourg:  ^^jj  mémoirc  d'cuvirou  400  pa^es,  intitulé:  Etablissements  et  changements 

et  sa  constitution.  I     ö       '  ^  "^ 

à  faire  dans  la  ville  de  Strasbourg  povr  le  bien  de  l'État,  de  la  religion 
et  du  public,  il! 2. 

D'après  son  contenu  et  la  calligrapiiie,  le  mémoire  semble  émaner  de 
l'intendance  et  avoir  été  envoyé  à  Paris,  pour  pousser  le  gouvernement 
du  roi  à  en  finir  avec  l'ombre  d'autonomie  que  conservait  encore  le 
Magistrat  de  la  ville  de  Strasbourg.  Le  titre  P'"  contient  une  introduction 
historique ,  très-faible  et  très-maigre.  La  copie  de  la  capitulation  de 
Strasbourg  se  trouve  à  la  fin  de  ce  titre. 

Le  titre  suivant  contient  des  réflexions  de  cette  teneur  :  «  La  capitula- 
tion ne  peut  être  opposée  aux  réformes  et  établissements  à  faire  dans  la 
ville,  surtout  lorsque  ces  réformes  se  rapportent  au  bien  de  l'Etat,  de  la 
religion  et  du  public.  »  L'auteur  s'applique  à  annuler  la  teneur  de  la  capi- 
tulation par  l'interprétation  un  peu  judaïque  de  quelques  articles  du  traité 
de  Ryswick.  Il  rappelle  la  procédure  contre  le  sieur  Schräg,  qui  avait  osé 
soutenir,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  la  non-valeur  du  traité  de 
Ryswick  dans  ses  rapports  avec  la  capitulation  de  Strasbourg.  Sa  thèse 
est  formelle:  «La  capitulation  confirmée  par  le  gouvernement  du  régent 
ne  peut  infirmer  l'autorité  du  roi.  »  L'auteur  récapitule  ironiquement 
toutes  les  infractions  faites  depuis  près  d'un  siècle  au  traité  de  capitulation 
par  le  gouvernement  du  roi.  Il  recommande  de  protéger  et  favoriser 
les  mariages  mixtes  comme  un  excellent  moyen  de  propagande  reli- 
gieuse. 

Le  titre  III  donne  une  version  du  Schwœrbrief  et  dans  le  titre  sui- 
vant il  développe  les  motifs  pour  lesquels  il  faudrait  supprimer  le  serment 
du  Scliwœrtag.  Son  argument  principal  se  base  sur  ce  que  la  formule 
dudit  serment,  prêté  chaque  année  le  mardi  après  le  jour  des  Rois,  par  les 
tribus  de  la  bourgeoisie,  renferme  des  dispositions  contraires  aux  règles 
introduites  et  établies  par  le  gouvernement  français.  Une  considération 
accessoire  est  empruntée  à  la  température;  il  fait  froid  à  Strasbourg  au 
mois  de  janvier,  et  comme  une  partie  de  la  garnison  est  mise  en  réquisi- 
tion ce  jour-là,  il  en  résulte  de  graves  inconvénients. 


—    45    — 

Lg  volume  contient  une  analyse  complète  de  tous  les  rouages  du  gou- 
vernement municipal  de  Strasbourg.  Cette  récapitulation  ne  contient  que 
des  notions  élémentaires  ;  mais  ce  qui  lui  imprime  un  cachet  particulier, 
c'est  que  l'auteur  cherche  à  démontrer  que  la  plupart  des  charges  sont 
abusives.  L'analyse  de  la  marche  que  suivent  les  procédures,  telles  qu'elles 
se  pratiquent  à  Strasbourg,  offre  aussi  de  l'intérêt. 

A  l'ancien  système  du  gouvernement  municipal,  il  oppose  un  projet  de 
nouvelle  réglementation  que  la  révolution  de  1789  a  rendu  inutile.  Cette 
dernière  partie  du  mémoire  est  d'une  autre  main  que  la  longue  série  des 
titres  précédents. 

M.  le  curé  Siffer  ayant  annoncé  dans  le  cours  de  la  séance  que  M.  le       cawnct 

■J  scnnœrniger; 

docteur  Rauch,  à  Oberbronn,  serait  disposé  à  faire  photographier  à  ses  r''"';;'^'«!"  ' 
frais  les  objets  antiques  concernant  la  localité  d'Oberbronn,  et  faisant 
partie  jusqu'ici  du  cabinet  de  feu  le  docteur  Schnœringer,  à  Brumath,  le 
comité  prie  M.  Merck  de  demander  à  cet  effet  l'agrément  des  héritiers. 
La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance  du  Comité  du  18  octobre  1869. 

Présidence  de  M.  SPACH. 


Présents:  MM.  de  Faviers,  Lehr,  Morin,  Ringeisen  et  Rodolphe  Reuss, 
secrétaire  adjoint  en  fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la 
séance. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures.  M.  Spach  donne  lecture  du  pro- 
cès-verbal de  la  réunion  de  septembre,  procès-verbal  qu'il  a  rédigé.  Il 
communique  également  au  comité  les  procès-verbaux  d'avril  à  juillet 
envoyés  par  le  sous-comité  de  Colmar.  Il  dépose  sur  le  bureau  les 
ouvrages  suivants  : 

Bîdlelin  de  la  Société  nivernaise  des  sciences,  lettres  et  arts.  Seconde    ouvrages  reçus 

.  par  la  Société. 

série,  t.  III,  i  vol.  m-8^  ; 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie.  Janvier-juin  1 869, 
1  broch.  in-S"; 


—    46    — 


Présentation 

d'un 

nouveau  membre. 


Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Marseille. 
Années  1868-1869,  1  vol.  in-8°; 

Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas.  1868,  1  vol.  in-8''. 

M.  Rodolphe  Reuss  présente  M.  A.  Schillinger,  pasteur-vicaire  à  Stras- 
bourg. Le  comité  prononce  l'admission. 
uoh-Kœnigsbourg.     M.  de  Favlcrs  parle  de  l'étal  regrettable  dans  lequel  se  trouvent  les 

najiport  .  .      .  „   . 

de  M.  de  Faviers,  l'ujnes  du  IIoli-Kœnigsbourg  ;  les  réparations  et  appropriations  faites  aux 
frais  de  la  Société  courent  risque  d'avoir  été  entreprises  en  vain  si  on  ne 
veille  à  la  conservation  du  monument.  Il  se  plaint  aussi  de  l'exploitation 
du  château  comme  lieu  de  récréation  public.  Après  une  assez  longue  dis- 
cussion, le  comité  charge  M.  le  président  d'écrire  à  ce  sujet  à  M.  le  Maire 
de  Schlestadt. 

M.  Spach  propose  de  fixer  le  jour  de  l'assemblée  générale  au  9  décembre 
prochain.  Cette  fixation  est  provisoirement  adoptée. 

M.  Spach  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Siffer,  servant  de  supplément 
à  son  travail  sur  le  cimetière  franc  de  Niederbronn.  L'insertion  partielle 
de  cette  note  au  procès-verbal  est  adoptée. 


Cimetière  franc 
de  Niederbronn. 

Note 
supplémentaire 
de  M.  Siffer. 


Note  supplémentaire  sur  le  chnetière  franc  de  Niederhronn. 

«Il  y  a  quelques  semaines,  en  séjour  momentané  à  Niederhronn,  je  me 
suis  informé  de  la  suite  des  découvertes  faites  dans  le  cimetière  franc 
mis  à  jour,  l'année  dernière,  à  peu  de  distance  de  la  source  thermale, 
dans  le  décapement  du  tracé  du  chemin  de  fer  de  Thionville.  Les  sépul- 
tures décrites  dans  le  Bulletin,  2^  série,  t.  VI,  p.  44  (Procès-verbaux),  ne 
sont  pas  les  seules  que  l'on  ait  rencontrées  dans  ce  champ  mortuaire  ;  la 
reprise  des  travaux  pour  la  pose  des  rails  a  amené  la  découverte  de  sept 
autres  corps,  ensevelis  en  ligne  et  sans  caisse  sépulcrale;  ces  squelettes 
étaient  orientés  et  indiquaient  le  même  mode  d'inhumation  que  ceux  que 
l'on  avait  déterrés  d'abord;  d'autres  morts  restent  très-vraisemblablement 
sous  terre  dans  le  même  périmètre.  Je  penche  à  croire  que  ce  sont  des 
tombes  chrétiennes,  sans  oser  l'affirmer,  faute  de  preuves  matérielles; 
le  temps  et  des  découvertes  ultérieures  viendront  peut-être  l'apprendre  à 
la  postérité. 

«  Parmi  les  objets  archéologiques  découverts  dans  les  tombes  déblayées 
en  dernier  lieu,  je  mentionnerai  une  lame  parfaitement  conservée,  un 
glaive  avec  rainure  le  long  de  la  lame,  une  hache  quasi  semblable  à  nos 
haches  actuelles,  avec  douille,  des  anneaux  de  cuivre,  des  boucles  d'ar- 
mure, un  sabre  à  un  seul  tranchant  et  avec  poignée,  un  coutelas,  un  vase 


—    47    — 

brisé  d'une  très-belle  forme  en  poterie  grise,  enfin,  un  fragment  orné 
d'un  vase  en  poterie  rouge.  M.  Pâtissier  destine  ces  antiquités  au  musée 
de  Niederbronn.  » 

M.  Ringeisen  rend  compte  des  travaux  exécutés  au  château  de  Lands- 
berg,  aux  frais  de  la  Société  et  de  M.  de  Türckheim,  pendant  le  courant 
de  l'été  et  de  l'automne;  il  a  trouvé  les  opérations,  tant  de  déblayage que 
de  reconstruction,  en  bonne  voie  et  avançant  assez  rapidement. 

M.  Spach  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  le  château  de  Bernstein.  Il  a 
principalement  utilisé  pour  son  travail  sept  chartes  inédites  relativement 
à  ce  château  et  réintégrées  aux  archives  du  département  par  feu  M.  de 
Dartein.  Il  en  donne  une  analyse  détaillée.  L'insertion  du  mémoire  au 
Bulletin  est  votée. 


Château 

(le  Landsberp. 

Etat  des  travaux 

de  cousolidation. 


Lecture 
de  M.  Spach 

au  sujet 
du  château 
de  Bernslein. 


Séance  du  Comité  du  il)  aoYeuibre  1869. 


Présidence  de  M.  SPACH. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures  (salle  des  Archives  de  la  préfecture). 

Présents  :  MM.  V.  Guerber,  Lehr,  Matusczinsky,  Merck,  Reuss  et  Straub, 
secrétaire  en  fonctions.  M.  Sabourin  de  Nanton  assiste  à  la  séance. 

Après  avoir  fait  inscrire  au  nombre  des  sociétaires  M.  Eugène  Chaix, 
percepteur  surnuméraire  à  Strasbourg,  M.  Spach  entretient  le  comité 
de  la  séance  générale  fixée  au  9  décembre.  Il  est  décidé  que  M.  le  baron 
Ponsard,  qui  vient  d'être  appelé  de  la  préfecture  du  Haut-Rhin  à  celle 
du  Finistère ,  sera  nommé  membre  honoraire  de  la  Société.  M.  le  curé 
Guerber  annonce  qu'il  donnera  lecture  d'un  mémoire  sur  l'ancienne  cha- 
pelle palatine  de  Haguenau,  figurée  sur  un  dessin  qui  lui  a  été  remis  par 
un  de  nos  plus  zélés  collectionneurs,  M.  Nessel,  et  qui  remonte  à  l'année 
1614 

M.  Merck  expose  sur  le  bureau  un  vase  romain  à  anse  et  long-  goulot, 
trouvé  dans  une  glacière  de  Kœnigshoffen  et  donné  à  la  Société  par 
M.  Wolff,  confiseur.  Un  autre  don,  fait  par  M.  Oschmann,  greffier  de  la 
mairie  de  Bischwiller,  et  consistant  en  un  as  de  Strasbourg  en  argent,  est 


rnscription 
d'un  membre. 


M.   Ponsard, 

nommé 

membre  honoraire. 


Don 

l'objels  antiques. 


—    48    — 

enrçgisiré  par  M.  le  conservateur  du  musée.  Des  remercîmenls  sont  votes 
aux  donateurs. 
Restauiaiion         Une   lettre,   datée   du   30  octobre   et  adressée  à  M.  le  président  par 

du  chùleaii  .  .     ,  t  i      • 

de  Birkeufeis.  M.  Louis  Lcvrault,  informe  le  comité  que  des  travaux  de  consolidation 
viennent  d'être  exécutés  au  château  de  Birkenfels,  situé  sur  le  chemin  de 
Sainte-Odile  au  llohwald  et  le  pittoresque  vallon  du  FuUoch.  Ces  travaux, 
faits  avec  beaucoup  de  soin,  ont  mis  à  découvert  les  premiers  degrés  d'un 
escalier  qui  devait  conduire  à  quelque  cave  ou  souterrain.  Les  déblais 
ont  permis  de  pénétrer  sans  le  secours  d'échelle  dans  la  tour  qui 
ferme  au  sud-est  ce  réduit  élevé  du  treizième  au  quatorzième  siècle  et 
remanié  à  la  fin  du  moyen  âge.  Cette  tour,  qui  n'a  aucune  baie  ni  ou- 
verture, a  un  cabinet  ménagé  dans  l'épaisseur  du  mur  et  qui,  d'après 
M.  Levrault,  ne  peut  avoir  sa  raison  d'être  que  parce  que  la  tour  servait 
de  prison. 
Ivoire  M.  l'abbé  Straub  met  sous  les  yeux  du  comité  un  ivoire  historié  dont  le 

du  onzième  siècle  ,..  lo  i  •  i5*i-ri  i" 

communiqué     petit  muscc  du  semiiiaire  de  Strasbourg  vient  de  s  enrichir.  Cet  objet, 

par  M.  Straub. 

presque  carré  de  forme  (IIS"'""  sur  137"'"'),  a  été  trouvé  par  M.  Martin, 
curé  de  Nordhausen,  et  généreusement  offert  par  cet  ecclésiastique  au 
séminaire  diocésain.  L'ivoire  est  partagé  en  trois  zones  et  représente  le 
lavement  des  pieds  au  cénacle,  la  sainte  Cène  et  la  trahison  de  Judas,  qui 
lait  saisir  le  Sauveur  au  jardin  des  Oliviers.  Le  travail  a  peu  de  mérite 
artistique  et  rappelle  de  prime  abord  les  ciselures  de  l'époque  carlovin- 
gienne.  Les  figures  sont  toutes  sans  nimbe.  Dans  la  seconde  scène,  le 
poisson  symbolique  ne  figure  point  sur  la  table  et  le  Sauveur  donne  à 
Judas  une  hostie  ou  une  parcelle  du  pain  consacré. 

M.  Straub  se  demande  quelle  a  été  la  destination  de  cet  ivoire  et  à 
quelle  époque  il  peut  remonter.  «J'ai  pensé  d'abord,  dit-il,  qu'il  a  pu  servir 
de  décoration  à  un  hvre  liturgique,  mais  le  choix  des  sujets  nécessite  un 
complément  en  plusieurs  ivoires.  Il  paraît  dès  lors  plus  probable  que 
cette  plaque  décorait  un  reliquaire  ou  une  cassette  renfermant  des 
objets  précieux  pour  le  service  de  l'église.  Peut-être  était-ce  une  des 
faces  latérales  d'un  altare  viaticum,  qui  avaient  fréquemment  la  forme  d'un 
coffret. 

«En  assignant  à  ce  petit  monument  pour  date  le  miUeu  du  onzième 

siècle,  je  crois  n'être  pas  loin  de  la  vérité.  La  partie  inférieure  du  cadre 

porte  une  ornementation  dont  les  éléments  se  retrouvent  entre  autres  à 

l'un  des  portails  de  Rosheim,  reconnu  pour  être  du  douzième  siècle.» 

.lune'^änesse      Uhc  autrc  communicatiou  est  faite  par  le  secrétaire.  Dans  une  récente 

e'I.^wè.      excursion  en  Suisse,  M.  Straub  a  trouvé  dans  l'église  de  Saint-Nicolas, 


—    49    — 

près  Soleuie,  la  tombe  d'une  chanoinesse  d'Andlau  appartenant  à  une 
famille  noble  d'Alsace  et  morte  en  exil.  Voici  l'épitaphe: 


t 
RRA  NOBILIS 
HIC.  JAGET. 
MARIA  EWA 
A  REINACH 
STEINBRVNN. 
GANONIGA. 
IN.  ANDLAV 
56  ANNOS  NA- 
TA.  DIE.   OVAR- 
IA. APRILIS. 
OBIIT.  REQUI- 
ESGAT.  IN.  PAGE 
1796 


M.  Spach  donne  lecture  d'un  mémoire  historique  sur  une  maison,  sise 
à  Strasbourg-,  quai  Saint-Thomas,  3,  et  appartenant  aujourd'hui  à  M.  E.  de 
Billy,  inspecteur  général  des  mines.  G'est  à  l'aide  d'anciens  titres  de  pro- 
priété remontant  au  quatorzième  siècle  que  le  président  a  raconté  les 
mutations  subies  par  cet  immeuble.  Des  détails  relatifs  à  la  localité  du 
Rhineckel  et  à  divers  personnages  de  l'ancien  Strasbourg-  ressortent  de  ce 
travail. 

Le  mémoire  paraîtra  dans  le  Bulletin. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séauce  générale  du  0  décembre  1869,  à  Strasbourg. 

Présideuce  de  M.  le  baron  PRON,  Préfet  du  Bas-Rhin. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures.  Près  de  cinquante  personnes  assis- 
tent à  cette  réunion  générale,  la  seizième  depuis  la  fondation  de  la 
Société.  Par  les  soins  de  M.  Merck,  plusieurs  objets  d'antiquité  romaine    sJ\e harem' 


—    50    — 

récemment  découverts  et  des  moulages  offerts  à  la  Société  sont  exposés 
sur  une  table  qui  est  dressée  devant  le  bureau.  Une  série  de  photogra- 
phies reproduisant:  1°  un  autel  romain  trouvé  à  Lautcrbourg  et  décrit 
par  M.  Bentz  ;  2°  deux  vues  de  Neuwiller,  une  vue  d'ensemble  de  l'église 
de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  de  cette  localité  et  les  parties  les  plus  inté- 
ressantes de  ce  monument,  vues  données  par  M.  l'abbé  Straub;  3°  des 
photographies  d'objets  antiques  trouvés  à  Niederbronn,  données  par 
M.  Rauch,  etc.,  garnissent  une  table  de  la  première  salle. 

Les  places  du  bureau  sont  occupées  par  M.  le  Préfet,  président  hono- 
raire; M.  Spach,  président;  M.  le  vicaire  général  Rapp,  délégué  par 
Mgr.  l'évêque,  absent;  M.  Lehr,  trésorier,  et  M.  Straub,  secrétaire  en  fonc- 
tions. M.  Chéruel,  recteur  de  l'Académie,  et  M.  Gérard,  vice-président  du 
sous-comité  de  Colmar,  s'excusent  par  lettre  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance. 
Allocution  de        M.  Ic  barou  Pron  prononce  une  allocution  dont  nous  donnons  la  teneur 

M.  le  baron  Pron,     , 

préfetdu  Bas-Rhin,  a  pcu  près  commc  il  suit  : 

Messieurs, 

c(  Je  me  félicite  d'autant  plus  de  pouvoir  vous  donner  l'hospitalité 
dans  les  salons  de  la  préfecture  qu'ils  ont  été  fermés  pendant  quelques 
mois  pour  des  travaux  de  restauration.  Grâce  aux  diligences  de  M.  l'ar- 
chitecte du  département,  ces  travaux  ont  pu  être  terminés  à  point  nommé 
et  je  suis  heureux,  en  continuant  notre  tradition  de  quatre  années,  de 
vous  offrir  ici  un  nouveau  témoignage  de  sympathie  et  d'estime. 

«  Cette  sympathie  reste  acquise  à  votre  Société,  dont  je  suis  les  travaux 
avec  un  intérêt  toujours  croissant.  Aussi  je  dois  vous  exprimer  sincère- 
ment des  regrets  que  j'éprouve  rétrospectivement.  Dans  la  session  de 
1868,  le  Conseil  général  avait  manifesté  le  désir  de  voir  supprimer  les 
allocations  (juc  le  département  fait  aux  sociétés  de  charité  et  aux  sociétés 
savantes;  j'ai  essayé  de  remphr  ces  intentions  du  Conseil. 

«  Mais  soyez  persuadés,  Messieurs,  que  si,  dans  la  suite,  votre  Société 
avait  besoin  de  l'assistance  du  Conseil  général,  celle  assistance  ne  lui  ferait 
point  défaut,  et  vous  trouveriez  en  moi  toute  espèce  d'appui. 

«Je  vais,  au  surplus,  produire  quelques  chiffres  afin  de  vous  prouver  la 
sollicitude  de  l'administration  pour  les  monuments  historiques. 

«Sur  ma  demande,  plusieurs  allocations  importantes  viennent  d'être 
votées  pour  la  restauration  de  quatre  monuments  religieux  du  Bas-Rhin. 
Des  rapports  antérieurs  vous  ont  fait  connaître  la  situation  et  l'état  déses- 


—    51     — 

péré  (Je  l'église  de  SaiiU-Jean-des-Choux.  La  restauration  de  cet  édifice  a 
été  évaluée  à  la  somme  de  31,000  fr.  Sur  cette  somme,  15,000  fr.  seront 
payés  par  l'État. 

«  Le  devis  des  travaux  de  restauration  de  l'église  abbatiale  de  Marmou- 
lier  s'élève  à  20,000  fr.;  10,000  fr.  viennent  d'être  accordés  par  le  gouver- 
nement, 3,000  fr.  ont  été  votés  par  la  commune,  et  j'ai  l'espoir  d'obtenir  du 
ministère  des  cultes  la  somme  complémentaire  de  7,000  fr.  déjà  demandée. 
«  4,100  fr.  doivent  être  dépensés  pour  l'intéressante  église  d'Ober- 
steigen,  perdue  dans  les  Vosges.  L'État  vient  d'accorder  2,000  fr.  à  cet 
effet  ;  j'ai  demandé  le  reste  à  Son  Excellence  M.  le  Ministre  des  cultes. 

«Enfin,  la  restauration  des  verrières  qui  ornent  l'église  de  Haslach  et 
constituent  la  plus  importante  collection  de  vitraux  du  département  après 
ceux  de  la  cathédrale,  vient  d'être  confiée  aux  soins  de  notre  peintre-ver- 
rier strasbourgeois,  M.  Baptiste  Petit-Gérard,  sous  la  direction  de  M.  Bœs- 
willwald,  architecte  du  gouvernement.  Une  somme  de  15,000  fr.  a  été 
accordée  pour  ce  travail. 

«J'allais  vous  entretenir  du  projet  de  restauration  de  l'église  d'Andlau, 
mais  le  dossier  ne  m'est  pas  encore  parvenu.  Vous  saurez  plus  tard  le 
détail  des  travaux  qui  vont  être  exécutés  sous  les  auspices  du  gouverne- 
ment. 

«Avant  de  terminer,  je  dois.  Messieurs,  vous  rappeler  la  distinction 
honorifique  qui  vient  d'être  accordée  à  M.  L.  Spach.  Le  grand  prix  pour  le 
meilleur  travail  sur  l'histoire  d'Alsace  a  été  décerné  à  votre  président,  et 
à  cette  occasion  il  s'est  présenté  un  fait  inouï  dans  nos  annales  littéraires. 
M.  Spach,  ne  pouvant  concourir  comme  président  du  jury  d'examen,  a  du, 
sur  les  instances  unanimes  de  la  commission,  quitter  son  siège  pour  deve- 
nir justiciable  de  juge  qu'il  avait  été  et  subir  une  violence  à  laquelle  sa 
modestie  n'a  pu  échapper.  Lorsque  le  prix  fut  proclamé  à  la  cérémonie 
qui  inaugure  chaque  an  la  rentrée  des  Facultés,  le  lauréat  fut  absent. 
Messieurs,  je  propose  une  salve  d'applaudissements  en  l'honneur  de 
M.  Spach.  » 

M.  Spach  répond  à  peu  près  en  ces  termes  :  «  Sous  l'empire  de  l'émo- 
tion que  me  causent  les  éloges  inattendus  et  non  mérités  dont  M.  le  Préfet 
veut  bien  m'honorer,  je  ne  puis  que  le  remercier  du  fond  de  mon  cœur. 
Le  témoignage  de  votre  bienveillance,  Messieurs,  me  confirme  dans  mon 
désir  de  consacrer  à  la  Société  le  reste  de  mes  forces  et  de  remphr 
fidèlement  mon  devoir  si  Elle  me  conserve  dans  ma  position  actuelle.  » 

Après  ces  paroles,  le  président  commence  la  lecture  de  son  rapport: 

II«  SÉRIE.  —  T.  VII.  —  (P.V.)  5 


—    52 


Di'^»""  «Messieurs, 

de  M.  Spacli,  ' 


préiidenl. 


«  En  reléguant  notre  séance  générale  dans  les  derniers  jours  de  l'année, 
nous  restons  volontairement  aussi  sur  l'arrière-plan  ;  car  dans  l'assemblée 
tenue  à  Colmar,  au  cœur  de  l'été,  les  projets  et  les  travaux  à  faire  ont 
déjà  été  discutés,  et  il  ne  nous  reste  ici  qu'à  glaner  sur  un  terrain  déjà 
moissonné.  Le  dirai-je,  d'ailleurs,  sans  détour?  les  préoccupations  politi- 
ques réagissent  même  sur  nos  paisibles  éludes.  Et  ce  n'est  pas  chez  nous, 
en  Alsace  seulement,  que  ce  symptôme  s'est  produit.  J'ai  eu  l'occasion,  il 
y  a  quelques  mois,  d'entretenir  à  ce  sujet  l'un  des  savants  historiographes 
de  la  Suisse;  il  m'a  confié,  sans  détour  et  sans  fausse  honte,  que,  dans 
toutes  les  sociétés  helvétiques  vouées  au  culte  de  l'histoire  et  de  l'archéo- 
logie, on  a  pu  remarquer  le  même  amoindrissement.  Lorsque  l'avenir  de 
la  grande  société  elle-même  a  pu  sembler  un  instant  compromis,  on  est 
moins  tenté  de  s'occuper  de  son  passé. 

«Quoiqu'il  en  soit,  je  vais  sommairement,  comme  toujours,  vous  entre- 
tenir de  nos  modestes  réunions  pendant  les  cinq  derniers  mois  écoulés 
depuis  celle  de  Colmar,  et  vous  prier  de  nous  conserver  au  miheu  de 
notre  époque  agitée  une  faveur  dont  vous  avez  bien  voulu  nous  honorer 
depuis  quatorze  ans. 

«  Au  mois  de  juillet  dernier,  la  mort  d'un  de  nos  anciens  souscripteurs 
a  été  pour  nous  l'occasion  de  regrets  très-vifs;  vous  allez  juger  vous- 
mêmes  de  la  sincérité  littérale  de  l'expression  dont  je  viens  de  me  servir. 
Le  docteur  Schnœringer,  de  Brumath,  a  été  l'un  des  plus  ardents  collec- 
teurs de  notre  province;  il  a  laissé,  après  sa  mort,  un  cabinet  considérable 
d'antiquités  alsatiques,  qui  a  fixé,  en  septembre  1850  déjà,  l'attention  et 
l'intérêt  de  feu  M.  Edouard  Gerhard,  l'illustre  archéologue  de  Berlin.  Ce 
cabinet  est  composé  d'une  magnifique  collection  de  médailles,  de  mon- 
naies, de  vases  et  de  bas-reliefs,  surtout  gallo-romains,  d'armes  et  d'usten- 
siles; nous  en  aurions  volontiers  fait  l'acquisition  en  bloc;  mais,  avec  nos 
pauvres  ressources,  comment  y  atteindre?  Et  en  supposant  l'acquisition 
faite,  où  placer  le  trésor,  faute  d'un  local?  Nous  étions  cependant  décidés 
à  entrer  en  pourparlers  avec  les  héritiers  Schnœringer,  pour  la  partie 
numismatique  seulement,  lorsque  nous  apprîmes  que  le  tout  était  sous 
clef,  vendu  à  M.  Engel-Dollfus,  de  Dornach,  c'est-à-dire  au  même  citoyen 
généreux  qui  a  déjà  consacré  préalablement  une  somme  de  3,000  fr.  à  la 
rédaction  du  Dictionnaire  des  célébrités  alsaciennes.  De  cette  manière,  le 
trésor  reste  au  moins  conservé  à  notre  province;  mais  j'éprouve  une  véri- 
table alfliction  en  faisant  un  retour  sur  nous-mêmes. 


—    53    — 

«Nous  avons  pu,  toutefois,  par  quelques  achats  et  par  quelques  dons, 
augmenter  notre  petite  collection.  L'un  de  nos  membres  vous  entretiendra 
de  ces  objets  avec  plus  de  détails.  Il  doit  suffire  de  rappeler  ici  que 
l'église  de  Neuwiller,  puis  quelques  objets  antiques  trouvés  à  Niederbronn, 
enfin,  le  IIoh-Geroldseck  badois  ont  été  photographiés  par  des  membres 
de  notre  Société  (MM.  Straub,  Rauch,  Nicklès),  et  que  ces  fidèles  repro- 
ductions ont  été  déposées  dans  nos  cartons;  que  des  monnaies  en  bronze 
trouvées  à  Michelfeld  nous  ont  été  données  par  l'un  de  nos  membres 
actifs,  M.  Sabourin  de  Nanton;  qu'un  beau  vase  en  bronze  de  Kœnigs- 
hoffen  a  été  livré  à  notre  musée  par  M.  Wolff,  et  un  mémoire  manuscrit  du 
dernier  quart  du  dix-huitième  siècle  sur  des  changements  à  faire  dan^ 
l'ancienne  constitution  de  Strasbourg  nous  a  été  remis  par  M.deSchauen- 
burg. 

«  Pour  la  confection  de  la  carte  archéologique  du  Bas-Rhin,  M.  Matus- 
czinsky  a  promis  son  concours  actif;  il  a  choisi  pour  sa  part  l'arrondisse- 
ment du  chef-lieu.  Des  inscriptions  tumulaires  trouvées  à  Scltz  ont  été 
décrites  par  M.  P.  Ristelhueber,  une  pierre  tumulaire  à  Quatzenheim  par 
M.  Schneider,  des  tombes  à  Rossfeld  par  M.  Mathis,  agent  voyer,  un 
cippe  antique  à  Lauterbourg  par  M.  Bentz.  Les  travaux  du  chemin  de  fer 
de  [Niederbronn  à  Bitche  ont  mis  à  jour  toute  une  série  d'objets  anti- 
ques, tels  que  haches,  anneaux,  boucles  d'armure,  fragments  de  vases. 
M.  le  curé  Siffer  en  a  fait  l'objet  d'une  notice. 

«  L'un  des  membres  de  notre  comité  s'est  imposé,  dans  le  courant  de 
l'automne,  le  devoir  de  nous  signaler  l'abandon  où  se  trouvait  alors  le 
château  de  Hoh-Kœnigsbourg,  depuis  qu'il  a  passé  entre  les  mains  de  la 
ville  de  Schlestadt.  Vous  vous  rappelez,  Messieurs,  les  soins  continus  que 
nous  avons  donnés  à  cette  imposante  ruine  et  les  sommes,  écrasantes 
pour  notre  caisse,  que  nous  y  avons  consacrées  à  des  travaux  de  consoli- 
dation et  de  soutènement.  Les  soins  paternels  du  propriétaire  ont  paru 
faire  défaut;  des  promeneurs  stupides  avaient  brisé  les  portes  d'entrée 
et  commis  quelques  dégradations  à  l'intérieur.  J'ai  cru  devoir  entretenir, 
par  écrit,  M.  le  maire  de  Schlestadt  de  cet  état  de  choses  regrettable. 
Je  sais,  par  un  entretien  que  je  viens  d'avoir  avec  notre  collègue, 
M.  Ringeisen,  que  notre  réclamation  a  été  entendue. 

«  Je  passe  à  un  sujet  plus  satisfaisant. 

«Les  travaux  entrepris  dans  le  château  de  Landsberg,  par  son  proprié- 
taire, M.  de  Türckheim,  avec  le  concours  de  la  Société,  sont  en  voie  d'exé- 
cution; ils  entraîneront  le  châtelain  à  plus  de  dépenses  qu'il  n'en  avait 
prévu;  mais  la  satisfaction  qu'il  devra  retirer  de  cette  œuvre  de  piété  bis- 


—    54    — 

torique  conli'G-balanccra,  nous  aimons  à  le  penser,  les  sacrifices  à  faire.  Ce 
ne  sera  pas  un  médiocre  mérite,  aux  yeux  des  archéologues,  d'avoir 
sauvé  d'une  dégradation  ultérieure  les  tours  et  l'enceinte  d'une  demeure 
féodale  où  Ilcrrade,  la  gloire  de  l'Alsace  littéraire  du  moyen  âge,  a  vu  le 
jour.  M.  Ringeisen  vous  entretiendra  en  détail  de  ces  travaux. 

«Notre  confrère,  M.  Louis  Levrault,  nous  a  fait  part  de  quelques  travaux 
de  déblayement  entrepris  dans  le  château  de  Birkenfels  par  M.  Jadelot,  un 
membre  récemment  inscrit  sur  notre  liste  et  dont  le  concours  actif  nous 
est  garanti  par  ces  premiers  essais.  Les  personnes  qui  séjournent  en  été 
dans  le  couvent  de  Sainte-Odile  et  les  nombreux  promeneurs  passagers 
qu'attire  le  sanctuaire  seront  reconnaissants  lorsqu'ils  trouveront  un  facile 
accès  dans  une  pittoresque  ruine  jusqu'ici  perdue  au  fond  des  forêts. 

«  Le  château  cyclopéen  de  Bernstein,  qui  était,  il  y  a  quelques  années 
encore,  la  propriété  de  M.  Félix  de  Dartein ,  a  valu,  de  sa  part,  aux 
Archives  du  Bas-Rhin  la  restitution  d'une  série  de  titres  anciens  d'un  inté- 
rêt historique  assez  considérable  pour  motiver,  en  dernier  lieu,  la  confec- 
tion d'un  mémoire  que  j'ai  soumis  à  mes  collègues  du  comité  historique. 
Je  viens  aussi  de  leur  communiquer,  sous  le  titre  d'Une  Maison  à  Stras- 
bourg, la  description  et  le  narré  des  diverses  destinées  d'un  bâtiment  par- 
ticulier, dont  M.  de  Billy  est  propriétaire,  et  qui  m'a  semblé,  à  raison  des 
titres  anciens  qu'il  conserve,  mériter  une  petite  monographie. 

<i  Maintenant  que  j'ai  fait  la  récapitulation  sommaire  de  nos  acquisitions 
et  de  nos  travaux,  soit  artistiques,  soit  scientifiques,  vous  me  permettrez 
de  passer  à  un  tout  autre  sujet. 

«  Dans  la  dernière  assemblée  générale  du  10  décembre  1868,  l'un  des 
membres  présents  à  la  séance  a  émis  le  désir  qu'un  mode  nouveau  plus 
simple  et  plus  économique  pour  les  lettres  de  convocation  fût  adopté. 
Nous  avons  sur-le-champ  fait  droit  à  sa  demande,  en  ce  sens,  que  nous 
avons  ouvert  des  négociations  avec  l'administration  des  postes  et  celle  du 
chemin  de  fer  de  l'Est;  mais  l'une  et  l'autre  se  sont  vues  dans  la  nécessité 
d'opposer  une  fin  de  non-recevoir  à  notre  réclamation.  Pour  constater 
l'identité  des  membres  munis  de  lettres  d'invitation,  il  est  indispensable 
que  le  nom  de  chaque  porteur  soit  inscrit  à  l'intérieur;  or,  la  poste  n'ac- 
ceptant pas  au  taux  des  simples  imprimés  sous  bande  un  envoi  quelconque 
portant  dans  l'intérieur  le  nom  du  destinataire,  le  mode  qu'on  nous 
recommandait  était  insuffisant.  Nous  pensons  que  c'est  là  une  affaire 
vidée. 

«  Vous  avez  appris  par  les  journaux  la  nouvelle  destination  de  M.  le 
baron  Ponsard,  qui  a  quitté,  dans  la  seconde  moitié  de  novembre,  le  dépar- 


—    55    — 

tement  du  Haut-Rhin  pour  celui  du  Finistère.  Pendant  toute  la  durée  de 
son  administration,  M.  Ponsard  nous  a  donné  des  témoig-nages  de  sa  bien- 
veillance active;  il  a  présidé,  le  30  juin  dernier,  la  réunion  générale  de 
Colmar  et  accueilli  avec  une  aménité  toute  spéciale  ceux  d'entre  nous  qui 
s'étaient  rendus  dans  le  chef-lieu  du  Haut-Rhin.  J'ai  commencé  par  témoi- 
gner au  nouveau  préfet  du  Finistère  la  reconnaissance  du  comité;  j'ai 
l'honneur  maintenant  de  vous  demander  la  confirmation  de  ma  première 
démarche  spontanée  et  de  conférer  à  M.  le  baron  Ponsard  le  titre  de 
membre  honoraire  de  notre  Société. 

«  Je  me  suis  mis  en  rapport  avec  son  successeur  et  l'ai  prié  de  vouloir 
bien  continuer  les  bons  soins  que  nous  avons  rencontrés  depuis  une 
dizaine  d'années  auprès  de  l'administration  départementale  du  Haut-Rhin. 
Voici  la  lettre  que  M.  Salles,  le  nouveau  préfet  du  Haut-Rhin,  me  fait 
l'honneur  de  m'écrire  : 

«  Monsieur  le  Président, 

(c  Je  reçois  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  et  les 
«  documents  qui  l'accompagnent. 

«Je  connaissais,  avant  de  venir  en  Alsace,  les  remarquables  travaux  de 
«votre  Société;  je  savais  aussi  la  légitime  autorité  dont  jouit  son  prési- 
«  dent. 

«  C'est  assez  dire,  Monsieur,  que  mon  concours  le  plus  actif,  le  plus 
«  sympathique  est  acquis  à  votre  œuvre  dont  le  cercle  s'étend  sur  le 
«Haut-Rhin,  si  intéressé  à  la  conservation  de  ses  précieux  monuments 
«  historiques. 

«La  ville  de  Colmar  considère,  à  bon  droit,  comme  un  honneur  d'être, 
«  chaque  année,  le  siège  d'une  séance  générale  de  la  Société,  et  le  préfet 
«  du  Haut-Rhin  revendiquera  le  bénéfice  des  tradilions  en  lui  offrant  l'hos- 
«  pitaUté  de  l'hôtel  de  la  préfecture. 

«  Les  soins  d'une  installation  récente  me  priveront  du  plaisir  d'assister 
«  à  votre  réunion  du  9  décembre.  Veuillez  être  auprès  de  M.  le  président 
«  d'honneur  et  de  vos  honorables  collègues  l'interprète  de  mes  regrets. 

«  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de  mes  sentiments 
«  les  plus  dévoués. 

«J.  Salles, 

«  Préfet  du  Haut-Rliin.  » 

«Vous  aurez,  à  la  fin  de  la  séance,  après  avoir  entendu  les  divers 
rapports,  et  surtout  celui  de  notre  trésorier,  à  vous  prononcer,  comme 


—    56    — 

d'habitude,  sur  les  membres  sortants  qui,  d'après  la  rotation  régulière- 
ment établie  depuis  quatorze  ans ,  se  trouvent  être  cette  fois  MM  de  Fa- 
viers,  Siffer,  Merck  et  Charles  Bœrsch.  Ce  dernier  membre  avait  demandé 
itérativcment  à  être  remplacé,  mais  il  a  bien  voulu  se  rendre  aux  vives 
instances  que  j'ai  faites  pour  le  retenir. 

«La  destinée  du  président  est,  à  la  même  occasion,  remise  entre  vos 
mains.  Par  votre  indulgente  appréciation  de  ses  travaux  et  des  soins  qu'il 
donne,  dans  la  mesure  de  ses  forces  et  de  sa  capacité,  à  la  gestion  géné- 
rale de  vos  affaires,  vous  l'avez,  non  point  endormi  dans  une  illusion 
coupable,  mais  vous  l'avez  fortifié  dans  le  désir  d'être  utile  à  la  Société; 
et  certes,  il  peut  vous  donner  l'assurance  qu'il  ne  se  départirait  en  rien 
de  cette  tendance,  si  vous  jugiez  à  propos  de  confier  à  d'autres  mains  la 
direction  de  nos  destinées  futures. 

«  En  nous  reportant  à  notre  point  de  départ,  c'est-à-dire,  presque  jour 
par  jour,  à  quatorze  ans,  puis  au  développement  acquis  par  l'adjonction 
du  Haut-Rhin;  en  voyant  l'infatigable  persistance  de  quelques  membres 
travailleurs,  j'ose  espérer  que  le  programme  primitif  ne  cessera  point 
d'être  suivi,  et  que  des  adjonctions  nouvelles  viendront  combler  les  iné- 
vitables lacunes  que  laissent  les  décès,  les  absences,  les  défaillances  de 
l'âge.  Honneur  oblige:  notre  Société  a  conquis,  par  ses  doubles  travaux, 
un  rang  parmi  les  sociétés  analogues  qui  couvrent  le  sol  français  ;  de 
jeunes  forces  la  maintiendront  au  niveau  de  son  passé.  Nous  comptons 
sur  vous,  Messieurs,  pour  nous  encourager,  nous  patronner  et  nous  sou- 
tenir. » 
Lecture  La  parolc  est  à  M.  Guerber,  qui  lit  un  mémoire  sur  la  Btirg  et  les  Burg- 

de  M.  le  curé  ^         .        ,  .,  .  .  ,,  .•  i      i»         t«      • 

Guerber       mœmier.  Cet  interessant  travail,  qui  captive  1  attention  de  1  auditoire,  sera 

au  sujet  ,  ^  â  n  Ê  r 

delà  Burg  et  (les  tidbHé  daus  Ic  Bullctin  avec  un  dessin  à  vol  d'oiseau,  exécute  en  1614, 

Burgmaenner 

deHaguenau.     ^|^  jjg^^  (]g  l'église  dc  Salnt-Georgcs  et  figurant  l'ancien  château,  dont 
M.  Guerber  a  fait,  il  y  a  deux  ans,  une  description  exacte,  d'après  de 
vagues  indications. 
Rapport  Suit  le  mémoire  dc  M.  Ringeisen ,  sur  les  travaux  exécutés  sous  les 

de  M.  Ringfisen  ,  _  110        •>     r 

sur  If»  travaux,    auspiccs  dc  la  Socictc. 

Messieurs, 

Les  travaux  de  déblai  et  de  consolidation,  exécutés  cette  année  pour  le 
compte  de  la  Société,  sont  peu  considérables.  Ils  ont  été  limités  par  les 
prévisions  du  budget,  qui  voit  tarir  une  source  vive  de  ses  revenus  et  sur 
lequel  pèsent  encore  des  engagements  antérieurs.  On  a  donc  dû  se  con- 


—    57    — 

tenter  de  vivre  sur  les  crédits  déjà  votés  et  non  encore  épuisés,  sans  se 
permettre  de  nouvelles  allocations  importantes. 

Plixbourg  et  Hohenack  (Haut-Rhin). 

Parmi  les  premiers  nous  comprendrons  les  travaux  du  Haut-Rhin  exé- 
cutés aux  chàleaux  de  Plixbourg-  et  du  Hohenack.  Des  notices  particulières 
devaient  être  fournies  par  M.  Schelbaum,  ingénieur  à  Colmar.  M.  le  vice- 
président  du  sous-comité  de  Colmar  a  informé  M.  le  président  du  retard 
apporté  à  leur  présentation. 

Il  vient  de  m'être  communiqué  deux  mémoires  de  M.  Hartmann,  archi- 
tecte à  Colmar,  l'un  sur  les  deux  anciennes  tours  de  Türckheim,  l'autre 
sur  les  ruines  de  l'église  d'Alspach. 

Je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  en  donner  lecture  : 

Türckheim  (Haut-Rhin). 

«Les  murs  d'enceinte  de  l'ancienne  ville  libre  impériale  de  Türckheim 
existent  encore  dans  tout  leur  pourtour,  avec  les  trois  portes  d'entrée 
surmontées  de  leur  beffroi,  et  un  certain  nombre  de  bastions  ou  tours 
rondes  à  demi  engagées  dans  l'enceinte  et  terminées  par  des  créneaux. 
Ce  sont  deux  de  ces  tours,  adjacentes  à  deux  nouvelles  rues  aboutissant 
au  quai  de  la  Fecht,  que  la  municipalité  se  propose  de  conserver  spécia- 
lement comme  souvenir  historique  de  l'ancienne  cité. 

«J'ai  déjà  fait,  dans  un  rapport  à  la  dernière  réunion  générale  du 
30  juin,  une  description  sommaire  de  ces  spécimens  de  l'architecture  mili- 
taire du  quatorzième  siècle.  Il  serait  facile  de  les  restaurer  en  réparant 
les  créneaux  et  meurtrières  endommagés  par  le  temps,  et  utile  de  les 
préserver  de  plus  graves  détériorations,  en  couvrant  les  voûtes  supérieures 
et  en  faisant  aux  maçonneries  tous  les  rejointoiements  nécessaires.  C'est 
ce  travail  que  la  commune  demande  à  faire  exécuter  sous  le  patronage  de 
la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques,  et  à  cet  effet 
elle  demande  une  légère  allocation,  ne  serait-ce  que  celle  de  cent  francs, 
pour  que  cette  Société  s'intéresse  matériellement  à  l'œuvre  et  en  dirige 
l'exécution  de  la  manière  la  plus  convenable.» 

Alspach  (Haut-Rhin). 

«Les  ruines  de  l'église  d'Alspach  sont  encore  dans  le  même  état  qu'au 
mois  de  juin,  époque  à  laquelle  j'ai  eu  l'honneur  d'en  faire  l'objet  d'un 


—    58    — 

rapport  à  la  réunion  générale  qui  a  eu  lieu  à  Colmar.  Seulement,  elles 
courent  risque  de  se  dégrader  toujours  davantage,  une  partie  des  toitures 
étant  effondrée  déjà  depuis  quelques  années,  et  dès  lors  les  intempéries 
des  saisons,  aussi  bien  que  la  chute  des  matériaux,  tels  que  tuiles  et  char- 
pentes ,  tendent  à  compléter  l'œuvre  de  destruction  dans  une  progression 
accélérée. 

«A  ma  dernière  visite,  le  28  juin  de  cette  année  (1869),  M.  Barthélémy, 
un  des  propriétaires  de  l'enclos  si  intéressant  d'Alspach,  avait  gracieuse- 
ment offert  l'abandon  des  ruines  de  l'éghsc  à  la  Société,  en  proposant  de 
les  dégager  de  toutes  les  constructions  et  appentis  de  date  récente  (1812), 
lorsque  l'on  appropria  l'abbaye  en  bâtiments  industriels.  J'avais  moi-même 
proposé,  sur  cette  donnée,  de  rétablir  les  ruines  dans  leur  ancien  effet 
pittoresque,  sans  toiture,  mais  avec  des  travaux  préservatifs  en  ciment. 
On  avait  décidé,  dans  la  séance  du  30  juin ,  de  s'entendre  à  cet  effet  avec 
M.  Barthélémy. 

«Je  ne  sais  quelle  suite  a  été  donnée  à  cette  affaire,  mais  je  reste  à  la 
disposition  de  la  Société,  tant  pour  relever  le  plan  des  lieux  que  pour 
faire  les  devis  et  estimations  des  travaux  que  l'on  pourrait  entreprendre 
dès  que  l'autorisation  en  aura  été  obtenue.» 

Vous  jugerez  sans  doute  nécessaire,  Messieurs,  d'accepter  les  offres 
désintéressées  de  M.  Hartmann  et  de  l'engager  à  lever  d'abord  les  plans 
et  à  estimer,  au  moins  approximativement,  les  dépenses  qu'elles  sont  sus- 
ceptibles d'occasionner. 

Pour  le  Bas-Rhin,  nous  mentionnerons  : 

Landsberg  (Bas-Rhin),  500  fr. 

Les  travaux  de  consolidation  et  de  déblai,  entrepris  par  la  famille  de 
Ti^irckheim  au  château  de  Landsberg,  ont  été  continués  cette  année.  On 
s'est  principalement  appliqué  à  refaire  les  parties  menaçantes  du  donjon 
que  nous  avions  signalées.  Cette  opération  importante  et  très-urgente 
présente  des  difficultés  d'exécution  de  plusieurs  genres.  Il  s'agit  d'abord 
de  démolir  les  parements  extérieurs  condamnés  et,  pour  cela,  désagré- 
ger, pierre  par  pierre,  chaque  assise,  afin  d'éviter  les  éboulements;  les 
descendre  avec  précaution  pour  ne  pas  les  écorner  et  pouvoir  les  employer 
à  nouveau;  enfin  mettre  à  nu  et  préparer  la  maçonnerie  de  blocage  inter- 
médiaire pour  faciliter  sa  liaison  avec  la  reconstruction  nouvelle. 

Ces  opérations  préliminaires  ont  été  effectuées,  sur  la  face  ouest,  dans 
une  hauteur  de  33  assises,  à  partir  du  sommet  de  la  tour;  de  27  assises 


—    59    — 

sur  la  face  nord.  Elles  devront  comprendre  13  assises  sur  la  face  est,  lors- 
qu'on attaquera  le  côté ,  et  seulement  quelques  pierres  au  sommet  de  la 
face  sud ,  qui  est  bien  conservée. 

Nous  avons  pu  constater  avec  plaisir  que  nos  prévisions  relativement  à 
l'état  de  la  maçonnerie  de  remplissage  intermédiaire  et  du  parement  inté- 
rieur se  sont  réalisées.  Ces  parties  importantes  de  la  tour  sont  en  très- 
bon  état  de  conservation,  et  les  désordres  qui  se  sont  manifestés  à  l'ex- 
térieur ne  proviennent  que  de  l'action  des  eaux  de  pluie  qui,  parle  défaut 
des  revêtements,  ont  trouvé  passage,  se  sont  infiltrées  entre  la  maçonnerie 
de  remplissage  et  le  parement  extérieur,  se  sont  gonflées  par  les  gelées, 
ont  disloqué  peu  à  peu  les  pierres  et  les  ont  repoussées  hors  d'aplomb  à 
l'extérieur. 

Le  travail  de  réparation,  lors  de  notre  visite  du  16  octobre  dernier, 
consistait  en  15  assises  rétablies  sur  la  face  ouest,  et  1 1 ,  sur  celle  du 
nord.  Ces  travaux  sont  faits  avec  intelligence;  les  pierres  à  bossages,  de 
34  à  40  centimètres  d'appareil,  sont  bien  repérées  et  se  raccordent  con- 
venablement avec  la  construction  primitive.  Le  petit  cabestan  employé 
pour  la  manœuvre,  et  le  système  d'échafaudage  adopté,  se  prêtaient  faci- 
lement aux  opérations.  Je  ne  doute  pas  que,  dans  peu  de  temps,  l'atelier, 
composé  des  mêmes  ouvriers  que  l'année  dernière,  n'ait  acquis  assez 
d'expérience  pour  faire  encore  mieux  et  plus  vite. 

Ces  constructions  ont  nécessité  des  travaux  de  déblai  au  pied  du  donjon 
et  dans  ses  alentours,  pour  retrouver  les  pierres  de  parements  qui  s'en 
étaient  détachées.  Ces  déblais  ont  mis  à  jour  une  partie  du  mur  de  sou- 
tènement de  la  plate-forme  à  l'ouest  et  son  retour  jusqu'au  donjon.  Le 
parement  de  ce  mur  est  en  pierre  de  granit  à  bossages  d'un  bel  appareil. 

Parmi  les  décombres  on  a  recueilli  plusieurs  objets  intéressants,  qui 
sont  conservés  dans  la  maison  forestière  située  au  pied  du  château.  J'ai 
remarqué:  un  couvercle  en  terre  noirâtre,  à  bords  relevés,  avec  une 
anse  au  milieu;  un  petit  vase  en  terre  rouge,  à  col  élancé  et  anse,  la 
partie  supérieure  vernissée  en  vert;  des  fers  de  dards  triangulaires  et 
barbelés;  une  clanche;  des  clous  à  tête  à  facettes;  des  garnitures  de 
vitres,  en  plomb;  des  morceaux  de  verres  de  différentes  couleurs,  unis; 
un  petit  vase  en  verre,  irisé,  à  panse  bombée  et  parsemée  de  grosses 
gouttes  saillantes;  un  carreau  de  pavage  en  terre  rouge,  de  12  centi- 
mètres de  côté,  portant  à  chaque  angle  un  quart  de  cercle  formé  de  deux 
rainures  concentriques  en  creux,  et  au  milieu  une  fleur  de  lys  également 
en  creux,  du  même  dessin  que  celui  qu'on  remarque  au  cul-de-lampe  de 
la  petite  loge  en  saillie  sur  la  face  sud;  des  carreaux  de  poêle  à  panneaux, 


—    GO    — 

de  style  renaissance,  et  portant  dans  le  champ  des  rosaces,  des  feuillages 
encadrant  deux  écussons  accouplés,  avec  cimier;  sur  un  autre,  une  arca- 
ture  à  accolade,  avec  crochets  de  choux  frisés  sur  les  rampants,  le  tout 
d'une  fine  facture,  en  terre  rouge  vernissée  en  vert.  Ces  poteries  de  la 
fin  du  quinzième  et  du  commencement  du  seizième  siècle  sont  en  tout 
point  semblables  à  celles  déjà  trouvées  au  Franckenbourg  et  témoignent 
en  faveur  de  l'art  avancé  de  nos  potiers,  déjà  à  cette  époque. 

Ces  déblais  permettent  de  mieux  reconnaître  les  limites  des  bâtiments, 
les  différentes  hauteurs  d'étage  et  les  moyens  de  communication.  Lors- 
qu'ils seront  achevés,  ils  fourniront  sans  doute  les  éléments  nécessaires 
pour  déterminer  exactement  la  position  des  entrées  extérieures.  Déjà  les 
déblais  des  murs  de  la  face  est  ont  révélé  l'accès  à  la  cour  du  sud  au 
moyen  d'une  porte  dont  on  a  retrouvé  le  seuil  et  les  deux  socles.  Mais 
l'escarpement  du  chemin  longeant  le  mur,  son  arrêt  brusque  sur  une 
plate-forme,  les  petites  dimensions  du  seuil,  la  direction  de  l'ébrasement 
d'un  côté,  le  massif  du  rocher  de  l'autre  côté,  dénotent  un  passage  fort 
étroit,  praticable  pour  un  homme  ou  une  bête  de  somme  au  plus.  Évi- 
demment il  a  dû  exister  un  autre  accès  de  plus  grande  dimension,  pro- 
bablement vers  l'autre  cour,  au  nord;  et  cette  cour  elle-même, arrêtée  par 
de  gros  murs  portant  plusieurs  étages  de  fenêtres,  encore  apparentes 
quoique  bouchées;  des  cheminées  à  colonnettes  et  chapiteaux  romans;  des 
baies  engagées  sous  les  décombres;  des  rangées  de  corbeaux  indiquant 
la  place  des  solivages;  les  autres  corbeaux  de  la  face  nord,  à  des  hau- 
teurs différentes;  les  murs  de  ce  côté  accusant  des  traces  évidentes  de 
raccordements  successifs  avec  les  murs  latéraux  et  les  deux  tourelles  cir- 
culaires d'angle;  toutes  ces  indications,  parfaitement  visibles,  ne  décèlent- 
elles  pas  des  modifications  profondes  à  l'état  primitif?  Ce  château  était- 
il  antérieur  à  celui  du  sud  ?  Le  donjon  faisait-il  partie  du  premier  ou  du 
second? 

Toutes  ces  questions,  très-intéressantes  pour  la  monographie  du  châ- 
teau, pourront  être  mieux  élucidées  lorsqu'on  aura  complètement  misa 
découvert  les  parties  de  ces  vastes  constructions  encore  enfouies  sous  les 
décombres,  et  permettront  d'y  rattacher  les  données  éparses  de  l'histoire, 
que  nos  érudits  auront  pu  recueillir  dans  les  chartes  et  les  documents 
épargnés  par  le  temps. 

11  résulte  des  notes  qui  m'ont  été  communiquées  pour  vérification ,  que 
les  dépenses  effectuées  pendant  cette  campagne  par  la  famille  de  Türck- 
heim,  pour  ces  travaux,  s'élèvent  à  1,106  fr.  05  c. 

Déjà  en  1807  et  1868,  des  travaux  préliminaires  avaient  été  entrepris 


—     Gl     — 

par  les  propriétaires  pour  déblai,  échafaudage,  moyens  d'accès  à  l'inté- 
rieur du  donjon;  bouchemenls  de  brèches  aux  murs  d'enceinte  pour  em- 
pêcher les  dévastations,  trop  faciles  au  milieu  de  ruines  ouvertes  de  tous 
côtés. 

Malgré  les  fonds  votés  par  la  Société  des  monuments  historiques  pour 
encourager  ces  travaux,  M.  de  Türckheim  n'avait  pas  cru  devoir  l'associer 
à  ces  prémices.  Le  moment  nous  semble  venu  d'offrir  notre  premier  con- 
cours de  500  fr.  et  de  faciliter,  par  nos  encouragements,  une  entreprise 
importante  dont  le  résultat  sera  la  préservation  d'un  donjon  voué  à 
une  ruine  inévitable,  sans  cette  vaillante  initiative  de  la  famille  de  Türck- 
heim. 

En  dehors  de  ces  travaux  exécutés  au  compte  de  la  Société,  nous  vous 
entretiendrons,  si  vous  le  désirez,  des  travaux  archéologiques  entrepris 
dans  l'arrondissement  de  Schlesladt,  sur  l'initiative  de  quelques-uns  de 
vos  membres. 

Kœnigsbourg. 

Le  lundi  de  Pentecôte,  on  a  dansé  au  Kœnigsbourg.  Je  ne  sais  si  c'est 
la  première  fois;  en  tout  cas,  cela  prouve  combien  sont  populaires  en 
Alsace  ces  ruines  immenses  et  combien  le  souvenir  des  tyrannies  féodales 
est  effacé. 

J'ai  visité  le  château  quelque  temps  après  :  des  tables ,  des  bancs  et 
une  estrade  rustiques  subsistaient  encore  dans  l'avant-cour.  Excepté  quel- 
ques pierres  des  murs  longeant  le  chemin  d'entrée,  qui  avaient  roulé  sur 
la  voie,  je  n'avais  remarqué  aucun  dégât.  C'est  au  moins  un  progrès. 

Les  différents  travaux  entrepris  jusqu'à  ce  jour  se  maintiennent  con- 
venablement. 

De  gros  travaux  de  consolidation  devront  être  effectués  aux  bases  des 
murs  d'enveloppe,  aux  voûtes,  aux  cheminées  des  divers  étages. 

La  petite  tour  d'entrée,  qui  a  été  comblée  de  terre  et  qui,  sous  celte 
charge,  menace  de  s'éventrer,  devrait  être  déblayée.  Les  communications 
entre  le  petit  et  le  grand  château  devraient  être  dégagées  et  rendues  plus 
faciles.  Enfin,  les  quelques  travaux  de  déblai  commencés  dans  l'intérieur 
de  ce  petit  château  devraient  être  continués,  afin  de  mettre  à  jour  les 
traces  de  sa  distribution  intérieure.  Cet  ensemble  de  travaux  fera  l'objet 
d'un  devis  spécial  demandé  par  la  municipalité  de  Schlestadt. 

En  attendant,  il  a  fallu  réparer  le  petit  pont  en  bois  jeté  sur  le  Saut- 
de-Loup,  qui  présentait  quelque  danger  pour  le  visiteur.  M.  le  Maire  m'a 


—    62    — 

assuré  qu'il  serait  pris  des  mesures  pour  le  remplacer  par  des  degrés  en 
pierre. 

Tumuli. 

La  ville  de  Schlesladl  vient  d'exploiter  une  partie  de  forêt  communale 
au  canton  dit  Stœck;  on  y  remarque  plusieurs  tumuli.  M.  Osterberger,  bri- 
gadier forestier,  qui  a  cette  forêt  dans  son  service,  m'a  promis  d'en  lever 
exactement  le  plan.  Je  m'empresserai  de  le  communiquer  à  la  Société, 
dès  qu'il  me  parviendra,  ainsi  que  celui  des  sept  tumuli  du  canton  a  côté, 
qui  ont  été  en  partie  ouverts  au  printemps  de  l'année  1808,  sans  avoir 
rien  produit  d'intéressant. 

Mussig. 

Dernièrement,  MM.  Bosvieux,  de  Ring  et  de  Lacomble  ont  exploré 
quatre  tumuli  du  Rieth  de  Mussig,  près  de  la  Doctormiihl,  sans  avoir  été 
plus  heureux.  On  y  a  découvert  un  bracelet,  des  anneaux  et  quelques 
fibules  à  spirale;  le  tout  en  bronze.  Ils  ont  été  déposés  au  musée  de  Schle- 
sladt.  Ces  derniers  tumuli  sont  indiqués  sur  la  carte  de  M.  Vallois  figu- 
rant au  Bulletin  de  la  Société. 

Eintzheim. 

Dans  le  courant  de  1868,  en  creusant  les  fondations  des  dépendances 
de  l'école  de  Kintzheim,  sur  un  arrière-jardin  élevé,  en  face  du  presby- 
tère, les  terrassiers  ont  rencontré,  à  une  faible  profondeur,  plusieurs  osse- 
ments, quelques  objets  en  bronze,  entre  autres  un  collier  que  M.  le  Maire 
a  bien  voulu  m'oflfrir.  Ce  collier,  identiquement  semblable  à  ceux  que  nous 
avons  trouvés  jusqu'à  ce  jour  dans  les  tumuli  de  la  plaine,  a  15  centi- 
mètres de  diamètre.  On  y  remarque  en  avant  trois  rondelles  concaves  pour 
recevoir  des  boulons  en  pâte  qui  ont  disparu,  ainsi  que  les  petits  rivets 
en  bronze  qui  les  retenaient.  Le  reste  du  collier,  de  forme  cylindrique, 
avec  des  renflements,  diminuant  successivement  de  grosseur,  est  orné 
d'incrustations  de  dessins  courants  qui  sertissaient  autrefois  des  pâtes  qui 
ont  disparu,  ainsi  que  les  boulons.  Ce  collier,  comme  les  autres,  se  fer- 
mait à  ressort  au  moyen  d'un  pivot  qui  s'arrêtait  dans  un  emboîtement. 
Mais  une  particularité  que  l'étal  d'oxydation  m'avait  empêcbé  de  remar- 
quer dans  les  autres  colliers,  c'est  que  la  partie  correspondant  au  pivot, 
du  côté  opposé,  est  pourvue  d'une  douille  dans  laquelle  tourne  à  genouil- 


—    63    — 

1ère  la  partie  antérieure  du  collier.  Celle  disposition  permet  d'adapter  la 
partie  postérieure  au  col  avant  de  faire  prendre  à  la  première  sa  place  et 
de  la  fixer  dans  son  emboîtement  par  sa  force  d'élasticité. 

Cette  observation  explique  un  fait  obscur  et  dénote,  dans  l'exécution 
de  ces  bijoux  que  l'on  regardait  comme  grossiers,  un  degré  de  science 
assez  avancée  pour  impliquer  une  civilisation  qu'on  était  loin  de  soup- 
çonner. 

La  cassure  semble  indiquer  une  composition  plus  nerveuse  et  plus 
tenace  que  celle  du  bronze  ordinaire. 

Benfeld. 

Il  y  a  quelque  temps,  en  creusant  les  fondations  de  la  tour  du  temple 
protestant  de  Benfcld,  on  trouva,  à  une  profondeur  de  5  mètres,  un 
terrain  rapporté  présentant  des  terres  noirâtres,  des  tuileaux,  des  traces 
de  feu,  un  boulet  en  fer  de  10  centimètres  de  diamètre  et  enfin  des 
parements  de  murs  en  pierre  de  taille. 

Celle  partie  de  la  ville  correspondait  à  l'ancien  fossé  extérieur  et  pro- 
bablement à  un  ouvrage  de  défense;  ce  fossé,  de  ce  côté,  a  été  comblé 
depuis  et  est  actuellement  surbâti.  La  même  nature  de  terrain  s'est  pré- 
sentée lors  des  fouilles  nécessitées  par  ces  constructions. 

Quoique  l'on  possède  d'anciens  plans  de  la  ville  indiquant  ces  fortifica- 
tions, il  m'a  paru  intéressant  de  mentionner  la  position  exacte  de  ces 
vestiges. 

Kertzfeld. 

Il  a  été  fait  quelque  bruit  au  sujet  d'un  puils  et  d'une  pompe  aspirante 
et  foulante,  de  construction  romaine,  trouvés  dans  le  jardin  de  l'institu- 
teur de  cette  commune.  M.  Chéruel,  recteur  de  l'Académie  de  Strasbourg, 
se  serait  transporté  sur  les  lieux,  et  après  avoir  reconnu  l'importance  de 
cette  trouvaille,  l'aurait  signalée  en  haut  lieu,  et  bientôt  l'appareil  hydrau- 
lique devrait  prendre  place  au  musée  de  Saint-Germain. 

J'ai  visité,  dans  le  courant  de  l'été  dernier,  le  puits  et  le  corps  de  pompe 
qu'il  contenait. 

Ce  puils,  de  forme  cylindrique ,  de  70  centimètres  de  diamètre  intérieur, 
sur  2'",80  de  profondeur,  est  construit  en  petils  moellons,  assez  réguliers, 
de  7  à  8  centimètres  de  hauteur,  sur  12  centimètres  de  largeur  et  25  cen- 
timètres de  queue,  taillés  sur  le  parement  vu.  Il  repose  sur  un  rouet  en  chêne 
rectangulaire,  de  même  largeur  que  le  diamètre  intérieur  du  puits.  Les 


—     64    — 

quatre  angles  rentrants  de  la  maçonnerie,  portant  directement  sur  ce 
rouet,  sont  raccordés  avec  le  cylindre  du  puits  par  des  espèces  d'encor- 
bellement en  moellons  taillés,  comme  ci-dessus.  Ce  puits  était  comblé 
depuis  longtemps  lorsqu'il  a  été  découvert  accidenlellement  et  vidé  par 
les  soins  de  l'instituteur. 

On  y  a  trouvé  des  fragments  de  tuiles,  poteries,  de  fabrication  romaine, 
et  au  fond  un  corps  de  pompe. 

Ce  corps  de  pompe  se  compose  d'un  bloc  de  chêne  de  50  centimètres 
de  hauteur,  sur  40  centimètres  de  largem-  et  25  centimètres  d'épaisseur; 
au  milieu  de  la  face  postérieure  est  un  évidement  rectangulaire  de  11  cen- 
timètres de  largeur  sur  9  centimètres  de  hauteur  et  9  centimètres  de 
profondeur,  qui  était  hermétiquement  fermé  par  une  planchette  en 
bois  de  chêne  qu'on  y  a  trouvée  adaptée.  Cette  cavité  forme  le  récipient. 
Au-dessus  vient  aboutir  un  évidement  en  tronc  de  cône  renversé,  destiné 
à  recevoir,  à  emboîtement,  le  tuyau  d'ascension  de  la  pompe,  en  bois. 


\ 


Dans  la  paroi  inférieure  du  récipient  sont  pratiqués  deux  tuyaux  de 
forage  verticaux  de  3  centimètres  de  diamètre,  munis  chacun,  à  la  partie 
supérieure,  d'un  clapet,  et  fermés  à  la  partie  inférieure  par  un  bouchon 
en  chêne.  Dans  les  angles  antérieurs  du  bloc  sont  pratiqués  deux  autres 
forages  verticaux  de  9  centimètres  de  diamètre,  dans  chacun  desquels 
sont  adaptés:  dans  la  partie  supérieure,  un  tuyau  en  lame  déplomba 
recouvrement  de  8  centimètres  de  diamètre  intérieur,  avec  bord  rabattu; 
et  dans  la  partie  inférieure,  un  court  tuyau  d'aspiration  en  chêne,  muni 
en  haut  d'un  clapet  en  plomb. 


—    65    — 

Ces  quatre  tuyaux  principaux  sont  mis  en  communication  deux  à  deux 
et  symétriquement  au  moyen  d'un  tuyau  horizontal  de  3  centimètres  de 
diamètre,  foré  de  la  paroi  postérieure  jusqu'au  gros  cylindre,  où  il  abou- 
tit entre  le  tuyau  en  plomb  et  celui  d'aspiration;  ce  tuyau  de  communica- 
tion est  arrêté  du  côté  postérieur  par  un  bouchon  en  chêne. 

En  restituant  les  parties  manquantes  de  l'appareil,  il  en  résulte: 


Que,  par  le  mouvement  ascensionnel  d'un  piston  (A)  dans  le  cylindre 
en  plomb,  la  soupape  correspondante (B)  du  récipient  se  ferme;  celle  (C) 
du  tuyau  d'aspiration  s'ouvre  et  laisse  monter  l'eau. 

Par  le  mouvement  inverse  du  piston,  la  soupape  inférieure  (G)  se 
ferme,  l'eau  refoulée  pénètre  dans  les  deux  petits  tuyaux  de  communi- 
cation, ouvre  la  soupape  supérieure  (B)  et  s'introduit  dans  le  récipient. 

L'opération  inverse  se  produisant  dans  le  deuxième  corps  de  pompe 
par  le  même  mécanisme,  le  récipient  se  trouve  alimenté  par  chacun  des 
mouvements  du  balancier  et  donne  lieu  à  un  jet  continu. 

Ce  système  est  celui  des  pompes  aspirantes  et  foulantes  encore  en  usage 
de  nos  jours  et  ne  diffère  que  par  l'emploi  des  matières  premières  et  dans 
le  mode  d'exécution,  qui  est  d'une  simplicité  primitive. 

Cet  appareil  est-il  romain?  j'en  doute.  Jusqu'à  ce  jour,  je  n'ai  pu 
recueillir  de  données  suffisantes  pour  arrêter  un  avis  motivé. 

Du  reste,  l'appareil,  avant  d'être  classé  à  Saint-Germain,  sera  vérifié 
par  des  personnes  dont  l'opinion  fait  autorité  dans  la  science,  et  alors  toute 
incertitude  à  cet  ésrard  sera  levée. 


Zellwiller. 

L'église  de  Zellwiller  est  une  construction  du  siècle  dernier.  Elle  n'a 
rien  de  remarquable  au  point  de  vue  de  l'art.  Cependant  sa  position  sur 
la  partie  la  plus  élevée  du  village,  son  orientation,  quelques  vestiges  an- 
ciens, parmi  lesquels:  un  charnier  abondamment  garni  de  crânes  et  de 
débris  humains;  un  baptistère  en  pierre  sculptée  du  seizième  siècle;  la 


—     66     — 

cuve  d'un  autre  baptistère  plus  grand  avec  sculptures  romanes,  utilisée 
actuellement  dans  la  cour  du  presbytère  à  un  usage  vulgaire;  tout  semble 
indiquer  que  la  construction  moderne  a  remplacé  un  édifice  d'une  haute 
antiquité. 

Dans  le  commencement  de  1868,  en  creusant  les  fondations  du  bâti- 
ment de  dépendances  de  l'école  des  garçons,  sur  le  petit  jardin  contigu  à 
l'ancien  cimetière  qui  environnait  autrefois  l'église,  les  ouvriers  ont  mis 
à  jour  trois  anciens  sarcophages  en  pierre.  Deux  de  ces  sarcophages  se 
touchaient.  Ils  étaient  placés  à  2  mètres  environ  de  l'angle  sud-ouest  de 
ce  jardinet,  dans  la  direction  du  levant  au  couchant,  à  une  profondeur 
de  l/",30  en  terre.  Le  sol  présentait  une  première  couche  de  terre  végé- 
tale de  30  à  50  centimètres  d'épaisseur,  et  au-dessous,  une  terre  jaune 
très  compacte  avec  fragments  de  calcaire. 

Le  plus  grand  de  ces  sarcophages  avait  2'",05  de  longueur  sur  40  cen- 
timètres de  largeur  et  00  centimètres  de  hauteur,  intérieurement;  il  se 
composait  de  dalles  brutes  de  10  à  15  centimètres  d'épaisseur  très-irré- 
gulières.  Les  côtés  latéraux  étaient  formés  de  deux  dalles  parallèles  abou- 
tissant à  deux  autres  dalles  transversales  à  la  tête  et  au  pied.  Ces  quatre 
dalles  étaient  posées  verticalement  sur  le  sol.  A  chaque  extrémité,  repo- 
sait sur  les  deux  dalles  latérales  une  petite  dalle  de  33  centimètres  de 
largeur  sur  7  centimètres  d'épaisseur.  Le  tout  était  recouvert  d'une  grande 
dalle  de  20  centimètres  d'épaisseur,  formant  couvercle. 

Ce  coffrage  était  en  partie  comblé  par  la  terre  qui  s'y  était  introduite 
par  les  interstices  latéraux.  Dessous,  était  étendu  un  squelette  entier 
d'homme,  la  tête  au  couchant  et  les  pieds  au  levant. 

Le  sarcophage  à  côté  était  étabh  de  la  même  façon.  Il  contenait  les 
ossements  de  deux  squelettes  et  trois  têtes. 

Le  troisième  sarcophage,  un  peu  plus  au  levant,  était  semblable  aux 
précédents,  excepté  que  la  dalle  au-dessus  de  la  tète,  dans  les  autres  sar- 
cophages, était  remplacée  par  une  petite  voûte  en  pierres.  Les  dalles  étaient 
mieux  soignées.  Il  contenait  un  petit  squelette. 

On  n'a  trouvé  ni  inscription,  ni  poterie,  ni  armes,  ni  bijoux.  On  a  re- 
marqué seulement,  sur  l'angle  gauche  d'un  des  couvercles,  du  côté  de 
la  tête,  une  petite  croix  entaillée  à  quatre  branches  égales. 

On  a  encore  rencontré,  lors  des  déblais  des  mêmes  fondations,  des 
traces  de  fosses  et  des  débris  de  tuilcaux. 

Ces  sarcophages,  très-anciens,  sont  semblables  à  ceux  trouvés  dans  les 
cimetières  de  Burgheim  et  d'Obernai,  et  indiquent  un  mode  d'inhumation 
identique. 


67     — 


Burgheim. 


L'église  de  cette  commune  est  une  petite  construction  de  l'époque  ro- 
mane; elle  est  située  à  l'extrémité  orientale  du  village,  sur  un  tertre  élevé 
à  contours  arrondis.  La  plate-forme  sert  de  cimetière. 

Le  fossoyeur  a  souvent  trouvé  sous  sa  pelle  des  substructions  en  ma- 
çonnerie; des  débris  de  tuiles  et  de  poteries  romaines;  des  monnaies  de 
cette  époque.  La  tranchée  que  l'on  vient  récemment  de  faire  sur  la  face 
nord,  pour  établir  un  mur  de  soutènement,  rend  très-sensibles  ces  dispo- 
sitions. De  30  à  50  centimètres  au-dessus  de  la  voie  publique  se  trouve 
le  sol  naturel,  terre  jaune  résistante;  au-dessus,  traces  de  murs,  couches 
de  terre  noire  mélangées  de  charbons;  débris  de  luileaux  à  rebords,  an- 
ciens; débris  de  poterie  fine  en  terre  noire,  rouge  et  grise,  irisée. 

Du  reste,  à  Burgheim,  des  cantons  entiers  sont  parsemés  de  fragments 
romains.  Cette  locaHlé  mérite  une  notice  spéciale. 

Je  ne  veux  cependant  pas  la  quitter  sans  mentionner  une  grande  dalle 
tumulaire  placée  autrefois  à  l'extrémité  de  l'allée  principale  de  la  nef, 
devant  le  chœur.  Elle  porte  au  centre  la  figure  d'un  prêtre  avec  calice  et 
sur  la  bordure  la  date  en  lettres  gothiques  de  MCCC...  VlK.NOVONBe, 
très-visibles.  Les  autres  parties  n'avaient  pas  encore  été  nettoyées  et 
étaient  confuses. 

Cette  dalle,  de  forte  épaisseur,  avait  été  déplacée  et  posée  devant  la 
porte  d'entrée;  elle  courait  le  risque  d'être  usée  par  le  frottement  des 
pieds.  Sur  mes  observations,  elle  a  été  enlevée  et  appliquée  contre  la  face 
extérieure  du  chœur,  dans  l'angle  rentrant  formé  par  la  rencontre  du 
mur  nord  avec  la  nef.  Je  n'avais  pas  craint  d'engager,  au  besoin,  les  tonds 
de  la  Société  pour  ce  travail  et  la  fourniture  d'une  dalle  de  remplacement. 
M.  le  Maire  m'a  gracieusement  informé  que  cette  dépense  avait  été  impu- 
tée sur  les  fonds  d'entretien  du  bâtiment.  Je  ne  doute  pas  que  vous  ne 
joigniez  vos  remercîments  aux  miens  pour  cet  acte  de  convenance  et  de 
conservation  d'un  petit  monument  très-digne  d'intérêt. 

Gerstheim. 

L'ancienne  église  de  cette  commune,  servant  aux  deux  cultes,  était  une 
petite  construction  portant  des  traces  du  quinzième  et  du  seizième  siècle. 
Contre  le  mur  de  la  nef,  vers  le  chœur,  était  dressée  une  pierre  tumulaire 
aux  armes  des  Bock.  Lors  de  la  démobtion  de  cette  église,  il  y  a  trois  mois, 
on  trouva  au  pied  de  cette  pierre,  le  cercueil  de  Louis  de  Bock  qui  intro- 

II«  SÉRIE.  —  T.  VII. —.(p. -V.)  6 


—    68    — 

duisit  la  Réforme  à  Gerstheim  ,  et  celui  de  sa  femme ,  dont  la  chevelure 
dorée  était  d'une  conservation  remarquable.  M.  Huter,  pasteur  de  ce  lieu, 
a  relevé  les  inscriptions  et  a  bien  voulu  me  promettre  tous  les  détails  qu'il 
a  été  à  même  de  recueillir. 

Plusieurs  autres  dalles  armoriées  m'ont  été  signalées  sous  l'ancien 
dallage;  j'ai  prescrit  les  mesures  nécessaires  pour  leur  conservation. 
J'aurai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  de  celles  présentant  un  intérêt 
archéologique. 

Boofzheim. 

La  petite  église  de  cette  commune,  construite  en  1522,  servait  aux  deux 
cultes.  Elle  était  insuffisante  et  malsaine;  elle  vient  d'être  assainie  et  agran- 
die pour  le  service  du  culte  catholique.  On  a  découvert,  sous  le  sol  et  sous 
le  badigeon  des  murs,  sept  dalles  tumulaires  de  '1596  à  1686,  aux  armes 
des  seigneurs  de  Boofzheim.  Elles  ont  été  déposées  autour  du  chœur  de 
nouvelle  construction.  Elles  feront  l'objet  d'une  notice  spéciale. 

En  terminant,  permettez-moi,  Messieurs,  de  faire  un  appel  à  notre 
patriotisme  alsacien.  Fondés  par  l'initiative  bienveillante  de  l'administra- 
tion départementale,  nous  avons  fourni,  jusqu'à  ce  jour,  une  carrière  au 
moins  utile. 

On  nous  croit  assez  forts  pour  voler  de  nos  propres  ailes;  ne  désespé- 
rons pas  de  nous-mêmes.  Réunissons  au  contraire  nos  efforts,  enrôlons 
sous  notre  bannière  de  nouveaux  adhérents  plus  nombreux  et  plus  jeunes. 
Le  terrain  de  l'archéologie  est  vaste  et  attrayant;  tous  les  goûts,  toutes 
les  aptitudes  y  trouvent  leur  place;  sa  culture  produit  les  plus  nobles 
jouissances  de  l'âme;  et,  au  milieu  des  agitations  fiévreuses  de  la  vie,  il 
présente  à  ses  fidèles  une  oasis  où  l'on  se  repose,  calme  et  rafraîchi,  en 
face  des  grands  problèmes  de  l'histoire  et  de  l'art. 

Schlesladt,  le  9  décembre  1869. 

Ringeisen. 

Rapport  M.  le  président  donne  la  parole  à  M.  Merck,  qui  énumère,  dans  son 

«..'ri?«  dlTlions  rapport,  les  dons  faits  à  la  Société  depuis  deux  ans  : 

t(M.  de  Morleta  bien  voulu  nous  gratifier  d'une  petite  statuette  en  bronze 
de  l'époque  romaine,  représentant  la  Fortune,  trouvée  dans  les  fouilles 
de  Saint-Etienne,  en  1860. 

«Un  beau  vase  en  bronze  trouvé  dernièrement  à  Kœnigshoffen,  dans  les 
fondations  d'une  glacière;  don  de  M.  Wolff,  confiseur. 


faits  à  la  Sooiélé. 


—    69    — 

«  Une  pierre  meulière  romaine  trouvée  dans  la  propriété  sise  rue  des 
Juifs,  15;  don  de  M.  Oscar  Berger-LevrauU. 

a  Deux  queues  d'aronde  provenant  du  mur  païen  de  Sainte-Odile;  don 
des  mêmes. 

«  Petit  vase  en  poterie  jaune;  don  de  M.  Mathis,  agent  voyer  à  Benfeld. 

«Une  médaille  romaine,  en  or,  de  l'empereur  Néron,  trouvée  à  Gries; 
acquise  par  la  Société. 

«Un  couteau,  des  pointes  de  flèches, boucles  en  fer,  trouvés  àllolifran- 
kenheim;  don  de  M.  Rouis. 

«Une  médaille  en  argent,  de  Pie  IV,  trouvée  à  Littenheim;  une  lame  de 
sabre  trouvée  à  Mutzenhausen;  don  de  M.  Kupferle. 

«Une  collection  d'armes,  sabres-poignards, couteaux,  batteries  de  fusil, 
mors  de  cheval,  éperons,  deux  cuillers,  l'une  en  plomb,  l'autre  en  bronze, 
ayant  servi  au  culte,  clefs  et  divers  objets  en  fer,  trouvés  dans  les  dra- 
guages  faits  dans  l'IU,  depuis  1837;  don  de  M.  Decheppe,  conducteur  des 
ponts  et  chaussées. 

«El  enfin,  une  collection  de  moulages  d'armes  romaines  et  gauloises 
trouvées  à  Alise-Sainte-Reine  (Côte-d'Or),  donnés  à  la  Société  par  M.  le 
surintendant  des  Beaux-Arts;  ces  moulages  représentent,  avec  une  re- 
marquable exactitude,  les  pièces  originales  déposées  au  musée  de  Saint- 
Germain.» 

M.  Lehr,  trésorier,  présente  l'exposé  des  recettes  et  des  dépenses  de       «apport 
l'exercice  1868  à  l'approbation  de  la  Société.  trésorier, ' 

sur  la  situation 
(iuaucière. 


«Messieurs, 

«  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  et  de  soumettre  à  votre  homo- 
logation définitive  le  compte  financier  de  l'exercice  1868.  Ce  compte, 
rendu  par  moi  au  comité  d'administration,  en  sa  séance  du  24  mai  1869, 
aussitôt  que  la  publication  de  la  seconde  livraison  de  notre  Bulletin  pour 
ladite  année  nous  a  permis  de  clore  l'exercice,  a  reçu  le  même  jour  l'ap- 
probation provisoire  du  comité,  après  examen  des  pièces  justificatives 
produites  à  l'appui  tant  des  recettes  que  des  dépenses. 

«Je  vais  me  borner,  comme  les  années  précédentes,  à  relever  dans  ce 
moment  les  diverses  têtes  de  chapitre  de  ce  compte,  sauf  à  compléter  ces 
indications  sommaires  par  telles  explications  de  détail  que  vous  jugeriez 
nécessaires. 


—    70     — 


RECETTES. 


Recettes  ordinaires 7,066^40*^ 

I.  Intérêts  de  capitaux 246 'ôO*^ 

II.  Cotisations  de  479  sociétaires 4,790     » 

m.  Subvention  de  l'État  et  des  deux  départe- 
ments      2,000     » 

IV.  Recettes  diverses  (vente  de  Bulletins,  etc.)  29  90 


Total 7,060  ^^O'' 

Recettes  extraordinaires  :  reliquat  actif  de  1807  .  .       6,801  50 


Total  des  recettes 13,867  ^'90^ 

DÉPENSES. 

Dépenses  ordinaires 4,915^75^^ 

I,  Frais  de  bureau  et  d'administration  ....     1,514^30*^ 

§  1.  Location  et  entretien  du 

local  des  séances 445^85^ 

§  2.  Frais    d'administration 

(commis,  garçons,  etc.). .      445     » 

§  3.  Frais  de  bureau  (affran- 
chissement, imprimés,  re- 
liures)       498  85 

§  4,  Frais  de  perception..  .  .      124  60 

Total 1,514^30*= 

II.  Fouilles,  recherches,  travaux  de  conser- 

vation         775     » 

§  1 ,  Fouilles  à  Cernay  et  VVit- 

lolsheim 241  ^65^^ 

§  2.  Conservation  ou  restau- 
ration à  Walbourg-,  Bcr- 
mont 533  35 


Total 775^  »" 

m.  Frais  de  publication  du  Bulletin 2,517  95 

IV.  Dépenses  diverses  et  imprévues 108  50 


Total  général 4,915 *'75*^ 


„     71     — 

BALANCE. 

Total  des  recettes 13,867^90*^ 

Total  des  dépenses. 4,915  75 

Reliquat 8,952 '"15'^ 

«En  en  déduisant  le  reliquat  de  1807 6,801  50 

porté  en  recette  extraordinaire,  on  trouve  que 
notre  avoir  s'est  accru  d'un  exercice  à  l'autre  de  la 
somme  de 2,150  65 

«Mais  il  convient  de  faire  observer  tout  de  suite  qu'il  y  aura  à  défalquer 
de  ce  chiffre  une  somme  de  1,000  fr.  que  nous  avions  prévue  au  budget 
pour  solde  des  travaux  de  restauration  de  la  custode  de  Walbourg,  et 
que  nous  n'avons  pas  pu  payer  dans  le  cours  de  l'exercice,  les  travaux 
correspondants  n'ayant  pas  été  exécutés  à  temps.  Notre  boni  effectif  se 
réduit  donc  à  la  somme  de  1,150  fr.  65  c.  provenant  d'une  plus-value 
inespérée  d'environ  100  fr.  sur  les  recettes,  et  d'économies  ou  de  non- 
emploi  en  1868  de  quelques  crédits  habituellement  prévus  au  budget,  tels 
que  frais  de  déplacement,  transports  d'objets  antiques,  produits  de  fouilles 
exécutées  par  la  Société,  etc. 

«Si  j'entre  dans  ces  détails.  Messieurs,  c'est  qu'il  me  paraît  nécessaire 
de  constater,  au  moment  où  le  département  du  Bas-Rhin  nous  retire  sa 
subvention  annuelle,  que  cette  mesure  aura  pour  effet,  non  de  diminuer 
nos  bénéfices,  comme  les  chiffres  du  présent  compte  auraient  pu  vous  le 
faire  penser,  mais  bien  réellement  de  réduire  les  fonds  dont  nous  faisions 
emploi  chaque  année  dans  l'intérêt  de  nos  monuments  et  de  nos  antiquités 
locales.  Nous  serons,  par  conséquent,  obligés  d'apporter  désormais  une 
grande  réserve  dans  la  fixation  de  nos  dépenses. 

«Je  serais  reconnaissant.  Messieurs,  que  vous  voulussiez  bien  donner 
votre  approbation  souveraine  au  compte  que  je  viens  de  vous  soumettre.» 

Les  comptes  sont  approuvés.  —  Sur  la  proposition  de  M.  Spach,  qui  se  M.ieb.ironPonsar,i 


nomme 


fait  l'organe  du  comité,  M.  le  baron  Ponsard,  ancien  préfet  du  Haut-Rhin,  membre honorair 

°  '  '  /  'et  M.  (le  Billy 

est  proclamé  membre  honoraire  de  la  Société.  M.  Edouard  de  Billy,  in-     membre  acui. 
specteur  général  des  mines  à  Paris,  est  admis  comme  membre. 

Suivant  l'article  3,  §  6,  des  statuts,  M.  Spach  dépose  son  mandat  de  pré-  Renomination  de. 
sident  et  proclame  les  noms  des  membres  qui  doivent  être  remplacés.  Ce      drcômTé. 
sont  MM.  Bœrsch  (Charles),  Merck,  baron  de  Faviers,  Siffer. 

M.  le  Préfet  prie  l'assistance  de  vouloir  conserver  à  la  Société  «son 
excellent  président».  —  Cette  motion  est  accueiUie.  —  Tous  les  membres 
sortants  sont  réélus. 


—     72     — 

Médai'i« décernée      Vei's  la  fiii  de  la  séance,  une  médaille  en  vermeil  a  dû  être  remise  par 

ec  eppe.    ^^   j^  Préfet  à  M.  Decheppe ,  pour  avoir  enrichi  le  musée  de  la  Société 

d'une  importante  collection  d'antiquités  locales  recueillies  par  ses  soins. 

—  M.  Decheppe,  par  suite  d'un  regrettahle  malentendu,  n'a  point  assisté 

à  la  réunion. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Séance  du  Comité  du  20  décembre  1869. 

Présidence  de  M.  SPAGH. 


Présents  :  MM.  C.  Bœrsch,  Bissen,  Lehr,  Merck,  Morin,  Reuss,  Ringeisen;, 
Straub.  MM.  Chaix  et  Sabourin  de  Nanton  assistent  à  la  séance. 

Le  président  propose  de  placer  dorénavant  les  séances  du  comité  à  un 
autre  lundi  du  mois.  Le  comité  fixe  son  choix  sur  le  premier  lundi  de 
chaque  mois,  à  deux  heures  après-midi. 

M.  l'abbé  Straub,  secrétaire  en  fonctions,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  séance  générale  tenue  le  9  décembre,  sous  la  présidence  de  M.  le 
Préfet. 

Après  une  courte  discussion ,  le  procès-verbal  est  adopté. 

Sur  la  proposition  de  M.  G.  Bœrsch,  le  comité  décide  que  des  remercî- 
ments  seront  adressés  à  M,  le  Préfet  au  sujet  des  engagements  qu'il  a  bien 
voulu  prendre  de  proposer  au  Conseil  général  de  revenir  au  crédit  ancien- 
nement voté  en  faveur  de  la  Société  et  qu'il  a  mentionnés  dans  son  allocu- 
tion à  la  séance  générale. 

Le  président  donne  communication  d'une  lettre  de  M.  le  Préfet,  accom- 
pagnant l'envoi  de  deux  médailles  romaines,  trouvées  dans  les  fouilles  des 
Archives.  Ces  médailles  sont  soumises  à  l'examen  de  M.  Merck.  —  Lettre 
de  Saint-Pétersbourg,  remerciant  de  l'envoi  du  Bulletin  de  la  Société. 

M.  le  trésorier  présente  le  projet  de  budget  pour  l'année  1870. 

Ce  budget  se  règle  avec  un  déficit  de  900  fr.,  et  le  comité  exprime  ses 
regrets  sur  la  suppression  de  la  subvention  du  Conseil  général ,  circon- 
stance qui  le  met  dans  la  pénible  nécessité  d'arrêter  pour  la  première  fois 
son  budget  en  déficit. 


—     73     — 

Il  invite,  en  conséquence,  le  président  à  présenter  à  une  prochaine 
séance  la  liste  des  membres  honoraires  auxquels,  vu  la  pénurie  de  la  caisse, 
le  Bulletin  ne  pourra  plus  être  adressé  gratuitement. 

M.  Reuss  propose  comme  membre  de  la  Société  M.  Drucker,  archiviste 
de  la  ville  de  Strasbourg,  et  M.  l'abbé  Straub  propose  M.  Paul  Petit-Gé- 
rard, étudiant.  Leur  admission  est  prononcée. 

M.  Chaix  donne  lecture  d'une  note  sur  des  monnaies  gauloises  en  argent, 
trouvées  à  Strasbourg.  Cette  note,  ainsi  que  les  dessins  qui  l'accompagnent, 
seront  publiés,  sur  décision  du  comité,  dans  le  Bulletin  de  la  Société. 

M.  Sabourin  de  Nanton  présente  un  morceau  de  bois  de  chêne,  sur  le- 
quel on  a  brûlé  au  fer  rouge  deux  croix.  Ce  morceau  a  été  trouvé  dans 
une  forêt  du  Haut-Rhin.  M.  Sabourin  de  Nanton  exprime  l'opinion  que 
cela  pourrait  bien  être  une  marque  forestière  d'un  monastère  ou  d'une  cor- 
poration religieuse. 

Le  président  annonce  que  M.  de  Morlet  et  M.  Klotz  lui  ont  signalé  l'état 
de  dégradation  de  quelques-uns  des  objets  d'antiquité  placés  entre  les  con- 
tre-forts de  la  Bibhothèque.  Le  comité  discute  les  moyens  de  parer  à  cet 
inconvénient,  sans  aboutir  à  un  système  définitivement  acceptable. 

Il  donne  lecture  ensuite  d'une  lettre  de  M.  Quiquerez  sur  les  tours  pri- 
mitives de  l'ancien  évêché  de  Bâle  dont  l'insertion  au  Bulletin  est  votée 
par  le  comité. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  YII. 


PAGES. 

Séance  du  Comité  du  18  janvier  1869 1 

Séance  du  Comité  du  15  février  1869 2 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rhin  du  28  février  1869 5 

Séance  du  Comité  du  13  mars  1869 7 

Séance  du  Comité  du  1 9  avril  1 869 9 

Séance  du  Comité  du  26  avril  1869 12 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rhin  du  24  avril  1869  . 13 

Séance  du  Comité  du  10  mai  1869 18 

Séance  du  Comité  du  24  mai  1869 19 

Séance  du  Comité  du  21  juin  1869 21 

Séance  du  Sous-Comité  du  Haut-Rhin  du  26  juin  1869 24 

Séance  générale  du  30  juin  1869,  à  Colmar. 26 

Séance  du  Comité  du  19  juillet  1869 35 

Séance  du  Comité  du  20  septembre  1869 40 

Séance  du  Comité  du  18  octobre  1869 45 

Séance  du  Comité  du  15  novembre  1869 47 

Séance  générale  du  9  décembre  1869,  à  Strasbourg 49 

Séance  du  Comité  du  20  décembre  1869 72 


BILLETIN 


SOCIÉTÉ  POL'R  LA  CONSERVATION 


MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE 


STRASBOURG,  IMPRIMERIE  DE  VBÜVE  BBRGER-LEVRAULT. 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  POUR  LA  CONSERYATIO^ 


DES 


MONUMENTS  HISTORIQUES 

D'ALSACE 


IV  SÉRIE  —  SEPTIÈME  VOLUME 

(1869) 


AVEC  GRAVUBES  ET  PLANCHES 


PARIS 

VEUVE  BERGER- LE  VRAULT  ET  FILS,  LIBRAIRES -ÉDITEURS 

RUE  DES  BEAUX-ARTS,  5 
MÊME  MAISON  A  STRASBOURG 

1870 


LES  HADSTATT  DE  SOULTZBACH 


C'était  un  beau  et  noble  château  que  celui  de  Soullzbach  :  avant  le 
treizième  siècle,  plus  particulièrement  connu  sous  le  nom  de  Hageneck, 
et  placé  sur  le  sommet  d'une  montagne,  il  dominait,  comme  l'aire  d'un 
aigle,  le  val  de  Saint-Grégoire,  qui  était  au  seizième  siècle  un  domaine 
des  ducs  de  Lorraine.  Les  Annales  de  Colmar  disent,  sous  la  date  de 
1275  :  «Z-e  j^etit  château  de  Soultzhach,  dans  le  val  de  Saint- Grégoire, 
a  été  ceint  d'un  mur  et  d'un  fossé  le  jour  de  la  fête  de  sainte  Lucie.  ■»  Telle 
est  l'origine  de  Soultzbach,  que  l'auteur  (\es  Annales  appelle  Castellum, 
parce  que,  en  efîet,  dans  l'intérieur  des  murailles  se  trouvait  ren- 
fermé un  château;  mais  qu'il  avait  fallu  d'années  pour  le  construire,  et 
pour  tailler  dans  le  roc  le  sentier  qui  y  conduisait!  Le  lieu  sauvage  où  il 
était  placé  semblait  avoir  influé  sur  le  caractère  de  ses  possesseurs. 

En  1300,  nous  disent  encore  les  Annales  de  Colmar,  ce  château  a  été 
vendu  par  le  seigneur  de  Hageneck,  qui  le  tenait  de  ses  aïeux.  Cette  vente 
fut  faite  à  la  famille  de  Lobegas,  car,  trois  ans  après,  les  mêmes  Annales 
nous  apprennent  que  les  seigneurs  de  Hnsen  et  de  Hadstalt,  faisant  la 
guerre  à  cette  famille,  y  appliquèrent  des  échelles  pendant  la  nuit,  le 
prirent  et  le  rasèrent  totalement. 

En  1543,  l'abbé  de  Münster  conféra  ce  iief  aux  Hadstatt,  qui  recon- 
struisirent le  château.  Plus  tard  il  appartenait  par  moitié  aux  comtes  de 
Blamont  et  aux  Hadstatt,  sous  le  bénéfice  des  ducs  de  Lorraine.  Les  Bla- 
mont  cédèrent  ensuite  leur  part  aux  Hadstatt  à  titre  de  sous-fief.  Quoique 
les  fiefs  de  Lorraine  fussent  censés  admissibles  aux  femmes,  cependant 
les  Schauenburg,  héritiers  des  Hadstatt  par  une  femme,  n'ont  pu  obtenir 
Soultzbach  qu'après  de  nombreuses  contestations  et  plusieurs  sacrifices 
d'argent  '. 

1.  Schœpflin. 

ll'SÉRiE.  —T.  VU.  -  (M.)  * 


—    2     — 

Les  sires  de  Hadstatt  étaient  renommés,  comme  tous  les  seigneurs  du 
moyen  âge,  par  la  rudesse  de  leurs  formes  et  l'inhospitalité  de  leur  carac- 
tère; ne  descendant  que  rarement  dans  les  vallées  d'alentour,  vivant  seuls, 
ils  étaient  craints  des  autres  châtelains  des  environs,  qui  savaient  qu'il  n'y 
avait  nul  moyen  pour  eux  de  venir  les  forcer  dans  leurs  retraites.  On 
admirait  au  loin  ce  château,  qui  s'élevait  à  l'entrée  d'un  vallon  latéral  de 
la  helle  vallée  de  Münster.  Le  soleil  planait  sur  les  fenêtres  aux  lourds 
barreaux,  il  éclairait  bien  quelquefois  une  scène  de  bonheur,  mais  plus 
souvent  encore  un  lieu  de  désolation;  et  sa  douce  chaleur  ne  pouvait  pé- 
nétrer à  travers  ces  murs  épais  qui  avaient  été  témoins  de  bien  des  in- 
fortunes. Cependant,  l'un  des  représentants  de  cette  vieille  famille,  Conrad 
Wernher  de  Hadstatt,  l'un  des  chevaliers  les  plus  dévoués  à  Rodolphe  de 
Habsbourg,  et,  par  conséquent,  à  la  cause  que  le  futur  empereur  soute- 
nait, avait  pris  une  part  active  et  glorieuse  dans  la  guerre  dite  de  l'Indé- 
pendance. Une  des  preuves  qu'il  n'a  pas  été  étranger  aux  événements  de 
la  bataille  de  Husbergen,  c'est  qu'il  a  été  appelé  à  signer,  comme  garant 
de  son  exécution,  le  traité  de  paix  qui  a  terminé  d'une  manière  si  hono- 
rable pour  la  ville  de  Strasbourg  cette  lutte  intestine.  Cet  acte,  signé  par 
Sigismond  de  Géroldseck,  seigneur  de  Rappolstein,  et  Conrad  Wernher 
de  Hadstatt,  fut  passé  à  Strasbourg  le  6  des  ides  de  mars  1263'. 

Lorsque  Rodolphe  fut  élevé  à  l'empire,  en  1275,  il  voulut  récompenser 
les  services  de  ses  compagnons  d'armes,  de  cette  noblesse  d'Alsace,  qui 
tant  de  fois  l'avaient  soutenu  sur  les  champs  de  bataille  et  dans  tous  ses 
travaux.  Il  éleva  Conrad  Wernher  de  Hadstatt  à  la  dignité  de  landvogt 
impérial  dans  la  haute  Alsace.  Conrad  devenait  ainsi  le  délégué  de 
Rodolphe,  chargé  de  maintenir  la  suprématie  de  l'empire  dans  la  haute 
Alsace,  d'assurer  la  perception  des  subsides  et  la  levée  du  contingent;  il 
devait  aussi  protéger  les  villes,  faire  régner  la  paix  entre  elles,  et,  en  cas 
d'attaque  du  dehors,  joindre  ses  forces  aux  leurs  et  se  mettre  à  leur  tête 
pour  la  défense  commune.  Les  fonctions  qu'il  remplissait  étaient  à  la  fois 
mihtaires  et  judiciaires,  suivant  qu'il  s'agissait  de  défendre  les  droits  des 
villes  par  les  armes  ou  de  prononcer  sur  leurs  contestations.  Il  exerçait 
aussi  la  haute  justice,  et  nulle  condamnation  capitale  ne  pouvait  être  dé- 
finitive que  sur  son  ordre  ^ 

Suivant  la  chronique  de  Colmar,  c'est  en  qualité  de  landvogt  impérial 
de  la  haute  Alsace  que  Conrad  Wernher  de  Hadstatt  aurait  pris  une  part 
glorieuse  à  la  victoire  de  Marckfeld,  remportée  en  1278  contre  Ottokar  II, 

1.  Laguille  et  Boyen 

2.  Schœpflin  et  IJoycr. 


—    3    — 

roi  de  Bohême  et  de  Moravie,  qui  s'était  révolté  contre  Rodolphe  de  Habs- 
bourg. Conrad  avait  amené  cent  chevaliers  alsaciens,  montés  sur  des  che- 
vaux bardés  de  fer,  au  secours  de  Rodolphe,  et,  à  la  tête  de  ce  corps 
d'élite,  il  fit  des  prodiges  de  valeur. 

Conrad  était  entré,  après  cette  campagne,  dans  l'ordre  Teutonique,  cette 
grande  institution  de  la  chevalerie  chrétienne  fondée  à  l'époque  des  croi- 
sades,  et  il  mourut  en  1283,  comme  nous  l'apprennent  les  Annales  de 
Colmar  :  Anno  MCCLXXXIII  obiit  frater  Conradus  Wernheriis  de  Hadi- 
statt,  frater  ordinis  Teulonici.  »En  l'année  1283  décéda  le  frère  Conrad 
Werner  de  Hadstatt,  frère  de  l'ordre  Teutonique.  » 


II. 


La  famille  de  Hadstatt  ne  s'est  pas  éteinte  par  la  mort  de  Conrad,  car 
nous  retrouvons  une  nouvelle  branche  des  Hadstatt  à  Gérardmer,  qui  se 
repeuplait  par  l'émigration  des  étrangers  et  surtout  des  réfugiés  d'Alsace. 

Ces  nouveaux  colons  venaient  chercher  au  milieu  des  sombres  forêts 
de  Charlemagne  un  asile  pour  se  soustraire  aux  malheurs  des  guerres 
continuelles  qui  dévastaient  l'Alsace  et  la  Lorraine.  C'était  après  la  bataille 
de  Mühlberg;  on  commençait  à  craindre  les  vues  ambitieuses  de  Charles  V, 
qui  menaçait  la  liberté  des  Etats  de  l'empire  et  qui  s'avançait  vers  le 
Rhin  avec  une  armée  de  50,000  hommes. 

Sur  la  fin  du  treizième  siècle  déjà,  le  duc  Ferry  III  avait  associé  Conrad 
Wernher  dit  de  Hadstatt  et  Conrad  Wernher  son  fils  à  la  propriété  des 
lacs  et  terres  de  Gérardmer  et  Longemer,  pour  en  faire  une  ville  neuve. 
A  cette  époque,  la  population  de  Gérardmer  avait  à  lutter  contre  les  fléaux 
qui  la  décimaient  si  fréquemment  et  n'avait  d'autres  secours  que  sn  fécon- 
dité naturelle  et  sa  frugalité.  L'industrie  était  bornée  aux  premiers  besoins; 
les  produits  de  la  culture,  toujours  précaires,  suffisaient  rarement  à  la 
consommation;  le  commerce  était  nul.  Que  pouvait  opposer  cette  popula- 
tion aux  ravages  des  invasions,  aux  épidémies  et  aux  rigueurs  d'un  gou- 
vernement arbitraire?  Les  forêts  séculaires  de  Gérardmer  n'avaient  eu 
jusqu'alors  d'autre  prix  aux  yeux  de  tous  ceux  qui  venaient  s'y  réfugier 
que  de  leur  offrir  un  asile  un  peu  plus  sûr  contre  les  invasions.  Les  Had-" 
statt  ne  parvinrent  pas  à  leur  but  sur-le-champ,  et  ce  projet  de  former 
une  ville  neuve  ne  reçut  d'exécution  que  vingt  ans  après  cette  association. 
Alors,  les  habitants  épars  aux  environs  du  lac  commencèrent  à  se  rappro- 
cher. Avant  l'année  I58I,  celle  petite  communauté  n'était  composée  que 


_    4    — 

de  vingt-deux  chefs  de  famille,  qui  s'inquiétaient  peu  de  multiplier  leur 
espèce  sous  un  climat  rigide  et  sur  un  sol  ingrat. 

Les  habitants  de  Gérardmer  étaient  tenus  à  diverses  redevances  envers 
les  seigneurs  de  Hadslatt.  On  voit  dans  un  compte  de  l'année  1594,  époque 
à  laquelle  la  famille  des  sires  de  lladstatt  tenait  en  fief,  de  la  libéralité  des 
ducs  de  Lorraine,  la  seigneurie  de  Gérardmer,  que  les  habitants  devaient 
lui  payer  annuellement  ou  à  ses  officiers,  au  châleau  de  Soullzbach,  où 
elle  faisait  sa  résidence,  le  jour  de  la  fête  de  saint  Martin  d'hiver,  quatre 
lances  de  bois  de  sapin  non  ferrées,  qu'on  pouvait  néanmoins  ne  i-emetlre 
audit  SouUzbach  que  de  trois  ans  à  autres.  Le  même  compte  porte  que 
<iles  mêmes  habitants  doivent  pareiltement  par  jour  de  fête  de  Saint-Mar- 
tin, savoir  :  chacuns  feux  en  travaux  au  dit  Gérardmer  six  blanctz  mo- 
noie  de  Lorraine.  Était  d'heii  par  chacun  an  par  les  mêmes  liabitans  au 
dit  Hattstatt,  au  terme  de  Saint-Martin  d'hiver,  douze  baris  pleins  de  beurre, 
dont  les  trois  tiennent  environ  deux  peintes  mesure  de  Remiremont ,  qui 
reviennent  à  qiiare  pots  même  mesure  (10  litres  et  demi),  lesquels  barils 
étaient  évalués  chacun  à  dix  rjros  (2  fr.  30  c).  Semblablement  étaient 
iceiix  habitants  redevables  au  dit  HcUstatt  oli  à  ses  officiers,  pour  le  jour 
de  Saint  Martin,  deux  pintes  de  poissons  consistant  en  truites  vives  (vi- 
vantes) quils  étaient  obligés  d'apporter  au  château  de  SouUzbach ,  oie  le 
seigneur  promettait  de  déffrayer  les  porteurs  de  ces  différentes  redevancesKy> 

Dans  ces  temps  féodaux,  la  lance  était  une  redevance  honorifique  dont 
on  était  fier,  car  elle  imposait  aux  seigneurs  une  protection  spéciale.  La 
lance  était  une  arme  noble,  qui  ne  pouvait  être  paulmoyée,  comme  on 
disait  alors,  que  par  des  mains  chevahères.  Elle  était  considérée  comme 
un  instrument  de  tournoi,  comme  une  arme  de  poussis  (c'était  le  terme 
consacré);  elle  reposait  sur  un  faucre,  ou  avait  son  point  d'appui  contre 
le  rempart  ou  l'une  des  bottes  de  la  selle  d'armes;  sa  hampe,  en  partie 
creuse,  afin  d'être  plus  légère,  était  fragile.  La  redevance  des  lances,  au 
seizième  siècle,  était  un  tribut  dont  un  seigneur  pouvait  s'honorer,  comme 
il  honorait  aussi  les  vassaux. 

Les  lladstatt  ne  possédaient  le  domaine  de  Gérardmer  que  sous  le  bon 
plaisir  du  duc  de  Lorraine,  à  la  charge  de  lui  rendre  foi  et  hommage  et 
de  déclarer  que  ce  qu'ils  tenaient,  ils  ne  le  tenaient  que  de  lui  et  qu'ils 
étaient  toujours  prêts  à  lever  la  bannière  pour  se  ranger  sous  sa  loi.  Si 
les  Hadslatt  possesseurs  de  ce  fief  refusaient  de  rendre  hommage,  ou 
s'ils  ne  rendaient  qu'un  hommage  incomplet,  le  duc  de  Lorraine  avait  le 

1 .  nicliard. 


droit  de  saisie  féodale:  il  meltait,  comme  on  disait  alors,  le  fief  en  sa 
main. 

Ce  contrat  s'était  passé  régulièrement,  les  Iladstatt  avaient  rempli  toutes 
les  conditions  imposées,  et  pendant  bien  des  années  ils  se  sont  ainsi 
trouvés  être  les  vassaux  des  ducs  de  Lorraine. 


III. 


En  1586  les  sieurs  de  Hadstatt  rendaient  aussi  la  justice  et  tenaient  la 
verge  pour  les  ducs  de  Lorraine  au  val  de  Liepvre,  à  Sainte-Croix  et  à 
Sainte-Marie-aux-Mines.  Ils  étaient  tenus,  sous  la  foi  du  serment,  déjuger 
tous  les  faits  sans  porter  faveur,  et  de  garder  le  secret  de  justice.  Le  tri- 
bunal que  présidaient  les  Hadstatt  était  composé  de  neuf  bommes  jurés. 
C'était  au  duc  Ferry  qu'était  due  cette  nouvelle  organisation  judiciaire, 
qui  établissait  les  communautés  d'habitants  et  leur  accordait  des  jurés 
choisis  parmi  eux.  Combien  de  temps  les  Hadstatt  restèrent-ils  attachés 
en  qualité  de  juge  supérieur  aux  arrondissements  cantoniers  du  val  de 
Liepvre,  de  Sainte-Croix  et  de  Sainte-Marie-aux-Mines?  C'est  ce  qu'il  ne 
nous  a  pas  été  possible  de  vérifier. 

Les  Hadstatt,  ou  Hadistatt,  ou  Ilattsladt,  car  l'orthographe  de  ce  nom 
a  subi  toutes  ces  variations,  étaient  d'une  ancienne  et  illustre  famille  dont 
Schœpflin  fait  le  plus  grand  éloge.  Voici  comment  il  s'exprime:  «Hadstatt 
illustris  AIscfiiœ.  superioris  familia,  cum  dynastis,  si  divitias  et  décora 
ejus  spectas,  facile  comparanda,  in  quâ  pronomen  Gutman,  virum  mobi- 
lem désignons,  obvium,  anno  MDLXXXV  interiit.)^ 

Les  armes  de  cette  maison  étaient  d'or  au  sautoir  de  gueules.  On  peut 
voir  ces  armes  aux  Unterhnden,  à  Colmar,  nous  dit  M.  Boyer,  où  existent 
encore  quelques  tombes  de  cette  famille;  à  l'ancien  château  de  Soultzbacb 
et  sur  quelques  pierres  tumulaires  qui  se  trouvent  à  l'entrée  du  cimetière 
de  celte  commune  ou  fixées  contre  le  mur  extérieur  de  son  église.  On 
voit  aussi  à  Colmar  un  tableau  représentant  un  seigneur  de  Hadstatt  à 
genoux  devant  la  sainte  Vierge  et  ayant  devant  lui  son  écusson. 

Voici  les  inscriptions  que  l'on  trouve  sur  une  pierre  sépulcrale  incrustée 
dans  le  parvis  extérieur  des  murs  de  l'église  de  Soultzbacb  : 

AnnoM.D.X.  F//.  (1517.) 

Starb  der  edel  nul  vest  Juncker  Jacob  von  Holstadl  ujf  sont  Jacob  tag, 
dem  der  seien  got  gnad. 


—     0     — 

f 

M.  D.  X.  MIL  (1518). 

nff  montag  nocJi  jorgentag,  starb  die  edcle  frow  margr.  (Mnrgaretia)  von 
Bolzamhnse,  Junhcr  (damoiseau)  Jacobs  Husfroiv. 

D'un  côté  on  voit  les  armes  des  Hadslatt  :  champ  d'or  au  sautoir  de 
gueules;  de  l'autre  les  armes  des  Ralhsamhausen:  champ  d'argent  à  fasce 
de  sinople. 

D'après  Laguille,  la  famille  de  Hadstatt  s'est  éteinte  sous  le  règne  de 
Ferdinand  III,  empereur  d'Allemagne,  dans  la  première  partie  du  dix-sep- 
tième siècle,  par  la  mort  de  Nicolas  de  Hadstatt.  Ce  seigneur,  qu'on  nom- 
mait communément  le  Petit  Nicolas,  à  cause  de  sa  petite  taille,  avait  long- 
temps servi  en  Espagne  en  qualité  de  général  de  cavalerie  :  lassé  du  ser- 
vice, il  demanda  à  se  retirer;  on  régla  ses  comptes,  et  le  roi  d'Espagne 
lui  resta  devoir  une  grosse  somme  qui  devait  lui  être  payée  dans  un  cer- 
tain délai.  Le  temps  du  payement  étant  échu,  Nicolas  de  Hadstatt  le 
sollicita  longtemps  par  ses  lettres.  Les  réponses  d'Espagne  n'étant  pas 
satisfaisantes,  il  se  mit  à  la  tête  de  40  cavaliers  bien  armés,  entra  dans 
Francfort,  où  il  y  avait  un  envoyé  du  roi  d'Espagne,  il  l'enleva  et  le  mena 
prisonnier  dans  son  château,  situé  dans  les  montagnes  près  de  Rouffach. 
L'empereur,  offensé  de  cet  attentat,  fit  marcher  des  troupes,  assiégea  le 
château,  le  prit  et  fit  prisonnier  Nicolas  de  Hadstatt,  qui  le  défendait.  Il 
eut  pour  prison  la  tour  d'Ensisheim,  où  il  languit  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut 
lieu  vers  1643.  Comme  il  n'avait  pas  d'enfants,  ses  fiefs  furent  donnés  aux 
maisons  de  Ferrette,  de  Montjoie  et  de  Schauenburg.  Ce  fut  sans  doute 
ainsi  que  le  château  de  Soultzhach  parvint  à  la  famille  de  Schauenburg, 
qui  le  gai'da  jusqu'à  la  révolution  de  1789  '. 

Soultzbach  a  bien  changé  de  face  depuis  que  l'auteur  des  Annales  nous 
parle  de  son  origine;  Combien  d'édifices  ont  été  successivement  élevés  et 
détruits  sur  cette  colline,  premier  berceau  de  la  cité!  Les  habitants  du 
moyen  âge  ont  été  remplacés  par  d'autres  générations,  qui  dorment  les 
unes  sur  les  autres.  Les  débris  du  château  des  Hadstatt  sont  confondus, 
dans  le  sein  de  la  terre,  avec  l'armure  du  chevalier;  on  les  trouve  au 
sommet  des  montagnes  qui  séparent  Soultzbach  de  Hadstatt,  à  peu  près  à 
égale  distance  des  deux  villages.  On  y  arrive  depuis  Soultzbach  par  un 
vallon  très-pittoresque,  qui  peut  avoir  trois  quarts  de  lieue  de  profondeur 

1.  I.ag-uille  et  Boycr. 


et  dans  la  direction  du  nord-ouest.  A  l'aulre  extrémité  on  gravit  les  mon- 
tagnes, et  on  arrive  enfin  sur  un  plateau,  élevé,  d'après  la  carte  de  l'état- 
major,  de  plus  de  800  mètres.  Ce  plateau  est  en  partie  boisé,  en  partie 
cultivé;  on  y  trouve  plusieurs  fermes,  mi  couvent  et  une  maison  de  cam- 
pagne. 

La  ruine  est  perchée  au  sommet  d'un  mamelon  rocheux,  haut  d'une 
quarantaine  de  mètres  et  d'une  pente  assez  roide.  Tout  ce  qu'on  voit 
encore,  c'est  une  tour  qui  ne  fut  jamais  bien  grande,  et  dont  une  seule 
face  est  encore  debout  et  quelques  débris  d'une  enceinte  qui  ne  paraît  pas 
avoir  été  très-vaste. 


Sabourin  de  Nanton. 


LES  TOMBES 


DE 


SAINT-PIERRE-LE-VIEUX,  A  STRASBOURG 


Les  travaux  de  construclion  de  la  nouvelle  église  de  Saint-Pierre-le- 
Vieux  ont  nécessité  l'enlèvement  momentané  des  tombes  dont  une  partie 
se  trouvait  sous  les  galeries  du  cloître.  Cette  galerie,  la  partie  la  plus 
intéressante  après  l'église,  sera  sans  doute  rétablie  et  les  tombes  remises 
à  la  place  qu'elles  occupaient;  mais,  en  attendant,  je  vais  rendre  compte 
de  celles  qui  offrent  le  plus  d'intérêt  au  point  de  vue  historique. 

Je  me  laisserais  volontiers  aller  à  raconter  tout  le  plaisir  d'archéologue 
qu'on  éprouve  à  observer  en  détail  ce  vieux  cloître;  mais  ce  monument 
est  digne  d'une  monographie  spéciale. 

A  droite,  en  entrant  par  la  Grand'Rue,  sur  une  plaque  en  marbre  noir 
enchâssée  dans  le  mur,  se  trouve  la  tombe  de  Michel  Oswald  Scheffmacher 
de  Kiensheim,  sur  laquelle  on  lit: 

Hic  jacet,  nobilis  et  spectatissimiis  vir ,  juris  pnidentia  clams,  œquitatis 
amore  conspicuiis,  Seualui  Poptiloque  Argenlinensi  animi  iniegritate , 
Dicendi  facundia ,  laboris  conslanlia  commendatissinms,  D.  Michael 
Oswaldus  Scheffmacher  Kienshemianus  Alsata.  Urbi  Argenlinensi  a  con- 
siliis  et  ejusdem  Advocatus  generalis  nec  non  dicasterii  ut  vacant  Mares- 
calici  Pi'ceses.  Vixit  an.  LXVI.  Utilitati  puhlicœ  servivit  an.  XLIl,  obiit 
9  Decembris  an.  il  Si.  Relicto  tum  apud  Magnâtes,  tum  apud  plebeios 
Magno  sui  desiderio. 

Requiescat  in  pace. 

«  Ci-gît  un  homme  noble  et  très-remarquable,  jurisconsulte  distingué, 
célèbre  par  son  amour  pour  l'équité,  très-cher  au  sénat  et  au  peuple  de 
Strasbourg,  tant  pour  son  intégrité  que  pour  son  éloquence  et  son  assi- 
duité au  travail,  Michel-Oswald  Scheffmacher  de  Kiensheim,  en  Alsace. 


Membre  du  Conseil  de  Strasbourg,  avocat  général  de  la  même  ville  et 
prévôt  de  la  maréchaussée.  Il  vécut  pendant  66  ans,  servit  sa  patrie  pen- 
dant 42  ans,  mourut  le  9  décembre  1734.  Il  laisse  des  regrets  tant  auprès 
des  patriciens  qu'auprès  du  peuple.  )^ 

Scheffmacher  était  un  des  hommes  les  plus  influents  de  son  époque; 
il  servit  les  intérêts  de  Louis  XIV,  et  s'attacha  à  faire  comprendre  aux 
Strasbourgeois  combien  la  réunion  du  pays  avec  la  France  leur  était 
avantageuse. 

On  remarquera  le  litre  de  Président  du  tribunal  des  maréchaux  que 
l'on  donne  à  Schefl'macher  sur  cette  inscription.  Autrefois  il  existait  dans 
toutes  les  provinces  des  prévôts  des  maréchaux,  qui  étaient  des  juges 
établis  par  François  P""  pour  faire  le  procès  à  tous  les  vagabonds  et 
gens  sans  aveu  et  sans  domicile.  Ils  siégeaient,  dans  les  présidiaux,  à  côté 
du  lieutenant  criminel;  ils  avaient  sous  leurs  ordres  une  espèce  de  gen- 
darmerie appelée  maréchaussée  et  n'ont  été  supprimés  qu'à  l'époque  de 
la  Révolution'.  Il  serait  donc  possible  que  Scheffmacher  eût  été  nommé 
à  ces  fonctions  pour  la  province  d'Alsace,  nouvellement  réunie  à  la 
France.  Je  n'oserais  me  prononcer  à  cet  égard  d'une  manière  certaine, 
mais  c'est  du  moins  mon  opinion. 

Ce  Michel-Oswald  Scheffmacher  était  le  frère  de  Jean-Jacques  Scheff- 
macher,  né  en  1668,  mort  en  1733,  jésuite,  nommé  en  1715  à  la  chaire 
de  controverse  fondée  dans  la  cathédrale  de  Strasbourg  par  Louis  XIV, 
et  qui  a  laissé  douze  lettres  contre  les  luthériens,  connues  sous  le  nom 
de  Lettres  du  père  Scheffniacher  (\7 50,  in-4^).  C'était  parmi  les  jésuites 
qui  ont  occupé  des  chaires  à  l'université  épiscopale  de  Strasbourg  un  de 
ceux  qui  se  sont  le  plus  distingués  par  des  connaissances  solides  et  pro- 
fondes. 

Dans  la  sacristie,  nous  trouvons  un  autre  monument  élevé  en  l'honneur 
du  savant  magister  Jean  Symler,  dont  l'inscription  est  ainsi  conçue: 

Mementote  magistri  Johannis  Symler,  hirisconsulti  doctissimi,  scolas- 
t'ici  et  canonici Imj us  collegii.  Is  obiit  II Augusti  anno  Domini  1492.  Cujus 
anima  ad  super  os  scandât.  Bogitateprecor. 

«Souvenez-vous  de  maître  Jean  Symler,  savant  jurisconsulte,  écolàtre  et 
chanoine  de  Saint-Pierre-le- Vieux,  qui  mourut  le  2  août  1492.  » 

Jean  Symler  est  cité  comme  un  des  savants  du  quinzième  siècle;  il  était 

t.  Dictionnaire  historique  det  institutions  de  la  France ,  par  Chéruel. 


—     10     - 

l'ami  de  Wimpheling,  noire  poëte  et  historien.  Il  a  dû  faire  partie  de  cette 
phalange  de  patriciens  courageux  et  jaloux  de  l'indépendance  et  de  la 
liberté  de  la  ville  qui,  en  1482,  révisèrent  la  constitution  et  y  firent  les 
amendements  nécessaires. 

Sur  le  côté  gauche  de  la  sacristie  est  une  plaque  à  la  mémoire  de  Schiff- 
mann, mort  à  Angers,  et  dont  le  cœur  a  été  rapporté  à  Strasbourg. 

Andegavis   corpus  poiriœ  atqiie  parentibus  in  hoc 
Schiffmanus  sacrum  cor  jubet  esse  loco. 
Obiit  A.  C.  iôlO.  Pignns  heic  depositum  est  1678. 

Strobel,  dans  son  Histoire  de  l'Église  Srnnt-Pierre-le-Vieux  (Strasbourg, 
1824),  a  commis  l'insigne  bévue  de  prendre  Andegavis  pour  un  nom 
de  femme,  alors  qu'Andegavi  c'est  i4??^ers'. 

Près  du  jardin,  enclavée  dans  le  mur,  nous  pouvons  encore  citer  la 
tombe  d'un  Müllenheim,  sur  laquelle  on  ht  ces  quelques  mots: 

Memoria  Theobaldi  de  Mülenheim,  canonici  hujus  ecclesiœ. 

«  Monument  de  Théobald  de  Müllenheim,  chanoine  de  Saint-Pierre-le- 
Vieux.  »  Sans  date. 

Ce  Müllenheim  appartenait  à  cette  puissante  famille  de  Strasbourg  qui 
a  joué  un  rôle  important  dans  le  commencement  du  quatorzième  siècle, 
où  éclata  la  révolution  à  la  suite  de  laquelle  la  ville  de  Strasbourg  devint 
une  république  florissante,  placée  sous  la  protection  immédiate  de  l'em- 
pire. Ces  dissentiments,  qui  éclatèrent  en  1321,  entre  les  Zorn  et  les 
Müllenheim,  eurent  pour  résultat  de  faire  construire  une  autre  Pfalz,  où 
siégea  le  sénat. 

Enfin,  à  ces  tombes  il  convient  d'ajouter  celle  de  Pierre  d'Epfig,  enterré 
à  rentrée  du  chœur  de  Saint-Pierre-le-Vieux.  Cette  pierre  tumulaire  se 
trouve,  pour  le  moment,  adossée  au  cloître  de  cette  église,  entre  les  nefs 
nouvellement  construites  et  le  presbytère  catholique.  C'est  la  plus  intéres- 
sante au  point  de  vue  historique. 

On  sait  que  ce  fut  en  1398  que  la  collégiale  de  Rhinau  fut  transférée  à 
Strasbourg  et  reçue,  à  la  prière  de  l'évêque  Guillaume  de  Dietz ,  dans 
l'église  de  Saint-Pierre-le-Vieux.  Dés  1400,  Pierre  d'Epfig,  prévôt  du  cha- 
pitre, eut  à  paraître  devant  le  magistrat  à  cause  de  son  caractère  altier  et 
remuant.  Il  osa,  dans  cette  circonstance,  critiquer  le  gouvernement  de  la 
république  et  insulter  l'évêque  et  le  magistrat,  qui  le  fit  saisir  et  empri- 

1.  Nous  devons  la  communication  de  cette  remarque  à  M.  P.  RistelJiuber. 


—   11   — 

sonner.  Il  ne  fui  rendu  à  la  liberté  qu'après  des  instances  longues  et  réité- 
rées; mais  il  fut  obligé  d'abord  de  promettre  par  serment  de  respecter 
désormais  les  autorités  civiles  et  ses  supérieurs  ecclésiastiques. 

Ces  événements  se  passaient  après  l'époque  où  Guillaume  était  entré 
dans  son  évêché  à  main  armée  pour  obliger  Bourkhard,  qui  avait  été  élu 
évêque  par  le  chapitre,  de  lui  céder  la  place.  Le  pape  ayant  pris  l'évêque 
Guillaume  sous  sa  protection  et  excommunié  Bourkbard,  ce  dernier  re- 
nonça à  ses  droits  et  Guillaume  demeura  possesseur  tranquille  d'une  place 
qui  rapportait  déjà  40,000  écus  d'or. 

L'espace  de  terrain  qui  se  trouve  au  milieu,  entre  l'église  et  le  por- 
tique couvert,  et  qu'on  peut  appeler  le  préau,  était  réservé  au  cimetière 
du  chapitre,  car  les  travaux  ont  fait  découvrir  de  nombreux  ossements 
humains,  qui  semblent  provenir,  pour  la  plupart,  d'hommes  d'un  certain 
âge.  En  creusant  à  2  ou  3  mètres  de  profondeur,  un  ouvrier  a  mis  à  nu 
deux  squelettes  complets,  dont  l'un  avait  le  crâne  encore  tout  garni  de 
longs  cheveux  noirs  et  auquel  il  ne  manquait  pas  une  seule  dent.  Sur  le 
corps  était  couché  un  petit  Christ  en  métal;  autour  des  squelettes  pendaient 
quelques  lambeaux  de  vêlements,  dont  plusieurs  assez  bien  conservés. 
On  reconnut  assez  facilement  un  grand  col  en  soie,  des  fragments  de 
broderies,  une  espèce  de  garniture  en  longs  fds  de  soie.  Ces  débris  étaient 
jaunis,  décolorés,  et  il  était  difficile  de  préciser  l'époque  à  laquelle  pou- 
vait remonter  l'ensevelissement  de  ces  corps.  Ils  étaient  couchés  sans  doute 
dans  des  cercueils  en  bois,  car  on  a  trouvé  à  la  même  place  une  planche 
et  des  débris  de  bois  pourri.  De  tous  côtés,  du  reste,  à  quelque  profondeur 
que  l'on  ait  creusé,  l'on  a  découvert  des  fragments  de  cercueils  et  des 
ossements  humains. 

Dans  tous  les  temps  nous  avons  rencontré  des  hommes  qui  se  préoc- 
cupaient de  leur  sépulture,  qui  aimaient  à  désigner  le  lieu  où,  après  une 
vie  agitée,  ils  pouvaient  dormir  en  paix  du  derniei-  sommeil;  d'autres, 
soucieux  des  vanités  de  ce  monde,  dont  ils  avaient  cependant  vu  de  près 
le  néant,  s'attachaient  à  donner  au  monument  qui  devait  abriter  leurs 
restes  mortels,  un  caractère  de  grandeur.  Dans  tous  les  cas,  ces  tombes 
appartiennent  au  pays;  elles  sont  un  souvenir,  et  il  est  intéressant  de  les 
conserver  à  la  postérité. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  l'emplacement  des  divers  souvenirs  en 

marbre  dont  nous  venons  de   donner  le  détail   seia  respecté;  que  ces 

inscriptions  tombales  seront  remises  en  place,  et  comme  l'administration 

municipale  de  la  ville  de  Strasbourg  prend  toujours  un  soin  remarquable 

"dans  les  restaurations  dirigées  par  elle  d'une  taçon  digne  d'éloges,  nous 


]<2    

croyons  pouvoir  affirmer  qu'après  la  construction  de  l'église,  on  verra 
ces  monuments  occuper  les  places  que  toujours  ils  ont  occupées. 

Sans  rien  altérer  de  rattachement  profond  que  nous  devons  éprouver 
et  que  nous  éprouvons  pour  le  temps  présent,  pour  ses  progrès  incessants 
et  pour  ses  croissantes  lumières,  ilest  convenable,  il  est  juste  de  rendre 
au  passé  le  tribut  dont  il  est  digne  et  de  garder,  respectés  et  intacts,  les 
souvenirs  et  les  monuments  qu'il  nous  a  légués. 


Sabûurin  de  Nanton. 


RAPPORT 


OUVRAGES  DONNES  A  LA   SOCIETE. 


Messieurs, 

Je  tomberais  dans  les  redites  en  vous  confirmant  la  richesse  et  l'abon- 
dance des  matériaux  contenus  dans  le  dernier  volume  que  nous  envoie  la 
Société  archéologique  de  Constantine  (année  1868).  Comme  toujours,  la 
partie  épigraphique  est  la  plus  largement  pourvue.  En  Alsace,  nous  réunis- 
sons péniblement,  et  de  loin  en  loin,  quelques  inscriptions  romaines,  frustes 
ou  peu  intéressantes.  En  Algérie,  dans  la  province  de  Constantine  surtout, 
les  membres  travailleurs  des  sociétés  archéologiques  ont  l'embarras  du 
choix. 

Ainsi  les  inscriptions  recueillies  par  M.  le  capitaine  Dewulf,  dans  le 
cercle  d'Aïn-Beïda,  fixent  une  série  de  points  de  repère  sur  la  grande 
route  de  Carlhage  à  Sétif  (inscription  de  Fedj-Souïoud  sur  une  borne  niil- 
liaire).  Une  autre  inscription  constate  l'existence  d'un  vétéran  africain  (âgé 
de  quatre-vingts  ans)  qui  avait  servi  en  Bretagne  et  revint  mourir  dans  sa 
patrie. 

Dans  le  cercle  de  Tebessa,  M.  Seriziat  a  décrit  les  ruines  et  déchiflVé  les 
inscriptions  de  Morsol.  M.  Bonvalet  a  fourni  une  notice  sur  les  ruines  et 
les  inscriptions  de  Jiklat  (probablement  l'ancien  Tubumptus).  Une  nécro- 
pole au  nord-est  de  celte  localité,  avec  les  allées  parallèles  de  ses  tom- 
bes, appartient  à  deux  époques  différentes.  Une  vaste  enceinte,  avec  les 
ruines  de  divers  édifices,  est  soigneusement  décrite  par  l'auteur,  qui  con- 
clut à  la  reconstruction  de  Tubumptus  vers  la  fin  du  troisième  siècle  de 
notre  ère,  après  la  révolte  de  298. 

M.  Seriziat  a  procédé  à  de  nouvelles  fouilles  dans  la  basilique  de  Tebessa. 
Il  décrit  le  portique  du  monument  et  une  belle  vasque.  Des  tables  litho- 
graphiées  reproduisent  la  superbe  mosaïque  de  fédifice. 


—    u   — 

M.  Vaisselle  continue  le  récit  de  la  domination  turque  à  Gonstantine.  Je 
ne  puis  empiéter  sur  nos  occupations  en  donnant  des  extraits  détaillés  de 
ce  consciencieux  travail  historique,  dont  l'intérêt  est  majeur  pour  les 
Français  qui  habitent  ou  qui  visitent  Constantine.  Je  noterai  seulement  la 
réédification  du  célèbre  pont  d'Elkantara,  sur  le  Roummel,  à  l'entrée  de 
la  ville  de  Constantine.  Ce  fut  un  architecte  espagnol,  don  Bartoloméo,  de 
Mahon,  que  le  bey  Salah  chargea,  en  1792,  de  cette  difTicile  reconstruc- 
tion. En  1725,  le  voyageur  français  Teysonnet  avait  déjà  vu  détériorées 
ou  tombées  deux  arches  supérieures  de  ce  magnifique  pont  romain.  En 
1785,  le  naturahste  français  Desfontaine  a  donné  une  nouvelle  descrip- 
tion détaillée  de  l'état  où  se  trouvait  alors  cette  œuvre  du  peuple-roi.  L'ar- 
chitecte chrétien,  appelé  sept  ans  plus  tard  par  le  bey,  rebâtit  la  partie 
supérieure  du  pont  et  utilisa  à  cet  effet  les  pierres  du  plateau  de  Man- 
sourah  et  d'un  arc  de  triomphe  (le  Ksar  el  Roulaf).  L'œuvre  de  reconstruc- 
tion ne  fut  pas  de  longue  durée.  Sous  notre  domination,  à  la  date  du 
18  mars  1857,  l'une  des  piles  du  pont  s'écroula;  il  fallut  à  coups  de  canon 
renverser  le  reste  du  monument.  Le  pont  actuel,  placé  à  quelque  distance 
en  amont  du  pont  romain,  date  de  180o;  c'est  une  œuvre  grandiose  et 
hardie,  plus  élevée  que  l'ancien  pont  de  20  mètres.  Le  pont  se  compose, 
de  chaque  côté  des  deux  rives,  de  deux  viaducs  formés  de  deux  arcades 
en  maçonnerie,  qui  laissent  entre  eux  une  distance  de  56  mètres.  Au- 
dessus  de  cet  espace  s'élance  une  arche  en  fonte  réunissant  les  deux 
séries  d'arcades  et  jetée  sur  un  gouffre  de  120  mètres  de  profondeur. 

Dans  le  même  volume,  M.  Féraud  donne  l'analyse  d'une  chronique 
arabe  du  Sahara,  de  Constantine  et  de  Tunis.  Cet  ouvrage,  intitulé  Kitab 
el  Adouani,  n'est  qu'un  extrait  composé  de  mémoires  d'un  ouvrage  plus 
considérable  que  nous  ne  possédons  pas  encore.  Dans  son  état  actuel  il  a 
été  découvert  par  M.  Berbrugger,  l'éminent  bibliothécaire  et  conservateur 
du  musée  d'Alger,  pendant  une  de  ses  courses  fatigantes  et  hardies  dans 
le  midi  de  l'Algérie.  A  cette  occasion,  M.  Féraud  nous  apprend  que  beau- 
coup de  documents  arabes  ont  complètement  disparu  à  la  suite  de  notre 
occupation  du  pays.  Les  musulmans  fanatiques,  possesseurs  de  ces  trésors 
littéraires,  les  ont  transportés  en  Tunisie. 

Le  sujet  principal  de  la  chronique  en  question,  c'est  l'entrée  des  Troud, 
horde  guerrière  et  conquérante,  en  Ifrikia  (Tunisie),  et  la  conquête  du 
Souf  par  ces  Troud. 

Les  faits  et  les  traditions  que  renferme  le  Kitah  el  Adouani,  confirment 
ou  complètent,  par  exemple,  la  chronique  d'Ibn  Kbaldoun  du  Kaïrouan. 

M.  Féraud,  dans  son  introduction,  nous  donne  de  curieux  détails  de  . 


—     15    — 

mœurs  sur  les  habitants  du  Sahara,  de  Gonstantine  et  de  Tunis;  il  rap- 
pelle les  merveilles  accomplies  par  nos  ingénieurs  depuis  une  douzaine 
d'années,  en  forant  des  puits  artésiens  et  dotant  d'une  inappréciable 
ressource  les  localités  sises  entre  Biskra  et  Tuggurt.  Ainsi,  les  événements 
contemporains  viennent  ajouter  un  intérêt  de  plus  à  ces  relations  histo- 
riques, mises  à  jour  par  les  infatigables  membres  de  la  Société  de  Gon- 
stantine. Nous  ne  pouvons  que  leur  payer  un  tribut  de  sympathique  respect. 

Ce  sentiment  m'a  été  plus  i)articulièrement  inspiré  par  une  notice  de 
M.  Mercier,  interprète  judiciaire,  sur  une  reine  berbère,  connue  dans  les 
chroniques  sous  le  nom  de  la  Kahéna,  et  assimilée  par  l'interprète  à  notre 
Jeanne  d'Arc.  La  comparaison  est  peut-être  un  peu  hardie,  car  la  Kahéna 
ou  la  Sorcière  n'avait  rien  de  virginal.  Voici  en  quelques  contours  ce  cu- 
rieux épisode  de  l'invasion  arabe  dans  le  nord  de  l'Afrique. 

C'est  vers  646-647  de  notre  ère  qu'eut  lieu,  sous  Okba  Ihn  Nafà,  gou- 
verneur du  Kaïrouan,  la  seconde  invasion  arabe.  Les  conquérants  mnho- 
métans  furent  d'abord  bien  accueillis  par  les  Berbères  indigènes,  car  les 
gouverneurs  byzantins  avaient  réussi  à  se  faire  détester.  Mais  bientôt  les 
Berbères,  en  partie  idolâtres  et  tourmentés  par  le  fanatisme  arabe,  s'aper- 
çurent qu'ils  n'avaient  fait  que  changer  de  maîtres,  et  que  les  Byzantins 
valaient  mieux  que  leurs  successeurs.  Une  révolte  générale  fut  organisée, 
et  Okba,  qui  avait  pénétré  jusqu'aux  bords  de  l'océan  Atlantique,  se  trouve, 
lors  de  son  retour  dans  le  Sahara  algéi'ien,  surpris  à  Tahouda,  près  de 
Biskra;  il  périt  avec  son  escorte  (682).  Le  chef  berbère,  Kocéila,  périt  à 
son  tour  dans  une  rencontre  avec  Zohéir,  chef  arabe,  lequel  fut  écrasé  par 
les  Byzantins  venus  de  Sicile. 

Pendant  ces  luttes  qui  faisaient  passer  du  jour  au  lendemain  le  littoral 
de  l'Afrique  du  nord  sous  les  dominations  des  vainqueurs  éphémères, 
les  montagnes  de  l'Aurès  se  maintenaient  indépendantes.  A  vingt  lieues  de 
Lambessa,  à  Bar  Aïa,  résidait  alors  une  reine  berbère,  d'origine  juive; 
elle  s'appelait  Dihya,  mais  les  Arabes  ne  la  connaissaient  que  sous  le  nom 
de  la  Kahéna  ou  la  sorcière ,  parce  qu'elle  passait  pour  être  adonnée  aux 
sciences  occultes.  En  689  de  notre  ère,  Hassan,  le  gouverneur  de  l'Egypte, 
vint,  au  nom  du  khalife,  reprendre  Kaïrouan,  attaquer  et  prendre  Car- 
Ihage,  puis  fondre  sur  la  montagne  où  la  Kahéna  jusqu'ici  avait  maintenu 
son  autorité.  Une  rencontre  eut  lieu  à  Miskiana;  la  victoire  se  déclara  en 
faveur  de  la  souveraine  juive,  qui  entra  triomphante  à  Kaïrouan  et  à  Gar- 
Ihage.  Hassan,  le  gouverneur  de  l'Egypte,  s'était  dérobé  par  la  fuite  aux 
ressentiments  que  la  reine  était  en  droit  de  nourrir  contre  lui.  Mais  ici  se 
révèle  le  noble  côté  du  caractère  de  la  Kahéna  :  tous  les  prisonniers  arabes 


—     16     — 

furent  traités  avec  humanité;  Klialed ,  un  chef  arabe,  fut  même  adopté 
par  la  reine  comme  son  troisième  fils. 

Pendant  cinq  ans,  la  Kahéna  ne  fut  attaquée  ni  dans  la  plaine  ni  dans 
le  massif  des  montagnes.  En  693,  Hassan,  qui  avait  réuni  de  nouvelles 
forces,  marcha  contre  elle,  et  Khaled,  son  fils  adoptif,  la  trahit.  La  désaf- 
fection, d'ailleurs,  s'était  mise  dans  les  rangs  des  troupes  berbères  et 
de  toute  la  population  indigène.  Pour  enlever  aux  Arabes  les  moyens  de 
subsistance,  la  reine  avait  fait  impitoyablement  ravager  tout  le  littoral 
depuis  Tanger  jusqu'à  Tripoli  et  s'était  enfermée  à  Kiar  el  Ledjem,  puis 
retirée  sur  les  hauteurs  de  l'Aurès.  A  la  trahison  de  Khaled  vintse  joindre  la 
soumission  des  deux  fils  de  la  Kahéna;  celle-ci  mourut  en  combattant.  Le 
brillant,  mais  tragique  épisode  de  son  régne  éphémère  se  termina  par  la 
soumission  totale  des  Berbères  et  leur  conversion  finale  à  l'islamisme. 

La  Société  géographique  de  Dresde  demande  à  faire  un  échange  de 
Bulletins.  Le  numéro  qu'elle  nous  envoie  renferme  une  masse  de  rap- 
ports et  de  mémoires  curieux.  Je  citerai  une  relation  de  M.  Pfund,  sur  un 
hiver  passé  dans  l'État  d'Illinois.  C'est  le  tableau  des  souffrances  endurées 
par  trois  émigrés  enfermés  dans  un  loghonse  pendant  un  hiver  vérita- 
blement arctique,  sans  moyen  de  se  garantir  contre  le  froid  excessif. 

Une  relation  de  M.  Mehwold,  sur  les  glaciers  innombrables  et  les  ma- 
gnifiques cascades  de  la  Norwége,  contient  la  nomenclature,  non  pas  aride, 
mais  animée  de  ces  merveilleux  accidents  de  la  nature  dans  l'un  des  pays 
les  plus  pittoresques  du  monde. 

Une  monographie  savante  de  Woldemar  Schulz,  jeune  savant,  trop  tôt 
enlevé  à  la  science,  offre  des  études  ethnographiques  et  linguistiques  sur 
les  peuplades  indiennes  de  l'Amérique  méridionale,  et  traite  la  question 
de  la  colonisation  dans  ces  contrées  jusqu'ici  imparfaitement  explorées. 
C'est  un  ouvrage  posthume  qui  aura  sans  doute  l'honneur  de  la  traduc- 
tion dans  quelques  revues  anglaises  ou  françaises  plus  spécialement  con- 
sacrées aux  études  géographiques. 

Dans  les  procès-verbaux  des  séances  se  trouve  un  rapport  de  M.  Ger- 
stœcker,  sur  son  voyage  dans  l'État  de  l'Equateur,  et  une  relation  de 
M.  Schubart,  sur  le  tremblement  de  terre  qui  a  détruit,  il  y  a  quelques 
années,  la  ville  de  Mendoza,  dans  la  confédération  Argentine. 

Je  dois  me  borner  à  ces  indications,  parce  que  la  matière  contenue 
dans  le  volume  indiqué  ne  rentre  pas  dans  la  série  ordinaire  de  nos  tra- 
vaux. 

La  Société  archéologique  de  l'ancien  duché  de  Nassau,  siégeant  à  Wies- 


—     17     — 

bade,  nous  envoie  le  9®  volume  de  sa  collection  (année  1868),  très-beau, 
très-substantiel,  orné  de  lithographies,  elc.  Ce  sont  des  ecclésiastiques, 
des  chanoines,  des  professeurs,  des  instituteurs,  qui  fournissent  le  con- 
tingent le  plus  considérable  des  monographies  et  mémoires  sur  les  per- 
sonnalités eminentes  ou  les  antiquités  de  la  vallée  moyenne  du  Rhin. 

M.  le  chapelain  Münz  (de  Francfort-sur-le-Mein)  reproduit  avec  une 
énerg-ique  fidélité  le  tableau  de  la  Germanie,  tel  que  Tacite  l'a  tracé, 
mais  en  y  joignant  des  citations  empruntées  à  Salvien  et  aux  épîtres  de 
saint  Boniface.  C'est  un  parallélisme  fort  ingénieux  entre  les  anciens  Ger- 
mains païens  et  les  Germains  convertis;  en  résumé,  la  comparaison  n'est 
pas  toujours  à  l'avantage  des  nouveaux  convertis.  Dans  une  lettre  adressée 
par  saint  Boniface  à  Elhelbald  d'Anglie  (en  745),  l'apôtre  de  la  Germanie 
reproche  au  souverain  de  n'avoir  point  conservé  les  mœurs  pures  des 
anciens  Germains. 

Nous  rappellerons  ici  que  Salvien,  né  à  Cologne,  plus  tard  moine  à 
Lérins,  flagelle  (en  445),  dans  son  ouvrage  De  Guhernatione  Dei,  les 
chrétiens,  ses  contemporains.  Son  traité  est  une  vraie  satire  sur  les 
mœurs  de  l'empire  romain  du  cinquième  siècle.  M.  Münz  fait  plus  spécia- 
lement ressortir  les  paragraphes  relatifs  à  Trêves  et  à  Cologne.  Dans  la 
première  ville,  à  plusieurs  reprises  saccagée  par  les  peuples  barbares,  les 
survivants  se  livraient  aux  vices  les  plus  effrénés,  comme  s'ils  avaient 
éprouvé  le  besoin  de  s'étourdir  sur  la  ruine  qui  allait  les  frapper  eux- 
mêmes. 

M.  Lupus,  à  Iserlohn,  rapporte  une  série  d'inscriptions  empruntées  sur- 
tout aux  musées  de  Wiesbade  et  de  Darmstadt. 

M.  Becker  (de  Francfort)  recherche  les  traces  les  plus  anciennes  du 
christianisme  dans  les  contrées  du  Rhin  moyen.  C'est  aussi  une  contribu- 
tion à  l'épigraphie.  Cologne,  par  exemple,  fournit  une  touchante  inscrip- 
tion consacrée  au  souvenir  d'un  enfant  de  sept  ans,  nommé  Leontius , 
puer  dulcissimus  patri  pientissimus  ma  tri;  innocens  funer  e  raptus-hea- 
tus-mente  felix  et  in  pace  recessit. 

M.  Schalk  récapitule  les  découvertes  récentes  faites  à  Wiesbade;  il  ap- 
pelle l'attention  sur  un  cadran  solaire  qui  ressemble  à  celui  trouvé  à 
Pompéi,  en  1832,  et  sur  une  pierre  quadrangulaire  dédiée  à  la  déesse 
Sirona. 

Le  même  auteur  fait  le  commentaire  d'une  prière  chantée  ou  prononcée 
par  les  enfants,  dans  les  différents  dialectes  allemands  des  bords  du  Rhin 
et  de  Westphalie,  de  la  Scandinavie,  d'Angleterre,  etc.  L'Alsace  figure 
aussi  parmi  les  contrées  qui  fournissent  leur  contingent  à  cette  formule 

II<-  SÉKIE.  —  T.  VII.  -   (M.)  2 


—     18     — 

ou  à  ce  chant  doublement  remarquable  au  point  de  vue  linguistique  et 
symbolique.  Les  anges  gardiens  dont  il  est  queslion  dans  la  prière,  et  qui 
paraissent  dans  tous  les  échantillons  fournis  par  le  collecteur,  les  anges 
gardiens  varient,  quant  à  leur  nombre,  entre  3  et  14.  M.  Schalk  rapporte 
chaque  fois  le  chiffre  à  un  symbolisme  sacré. 

M.  Keller,  p.isteur  à  Sulzbach,  donne  une  biographie  de  Guillaume- 
Hyacinthe  de  Nassau-Siegen,  l'un  des  prétendants  à  la  succession  de  la 
maison  d'Orange  (IGOß-IV^S). 

Je  m'arrête  involontairement,  car  ce  beau  volume  fournirait  indéfini- 
ment des  matériaux  à  des  communications  intéressantes  et  détaillées. 

M.  Louis  Benoît,  bibliothécaire  à  Nancy,  nous  envoie  deux  petites  bro- 
chures avec  lithographies. 

L'une  porte  le  titre  de:  Notice  sur  les  antiquités  du  département  de  la 
Meurthe  et  des  cimetières  de  la  période  gallo-romaine.  Elle  indique  les 
cimetières  des  forêts  qui  s'étendent  de  Saverne  au  Donon ,  rappelle  les 
recherches  faites  par  l'un  de  nos  membres,  M.  A.  Goldenberg,  au  plateau 
du  Gross-Limmersberg;  les  stèles  cunéiformes  taillées  dans  le  grès  des 
Vosges  à  Dreyheiligen  (canton  Hohwalsch  ou  Walscheid  d'en  haut).  Dans 
les  planches  il  reproduit  entre  autres  la  stèle  de  Magiorix ,  traitée  par 
notre  collègue  M.  de  Morlet,  et  décrit  un  dolium  funéraire  en  grès  vosgien, 
des  environs  de  Millersheim,  type  du  mode  de  sépulture  usité  pour  l'inci- 
nération. 

M.  Benoît  établit  en  principe  que  les  tombeaux  cunéiformes  ne  prove- 
naient point  des  Triboques. 

Un  paragraphe  spécial  est  rempli  par  la  description  d'un  motif  souvent 
reproduit,  à  savoir  du  groupe  du  cavalier  terrassant  un  monstre  anguipède. 

Le  groupe  le  mieux  conservé  et  le  plus  complet  est  celui  que  l'on  a 
trouvé  dans  la  forêt  de  Hommert.  Ces  simulacres  étaient  très-nombreux, 
répandus  sur  les  deux  versants  des  Vosges,  d'Epinal  jusqu'à  Spire.  Est-ce 
le  type  d'un  Hercule  vainqueur  des  géants?  M.  Jules  Simon  en  fait  une 
divinité  topique  inconnue,  un  de  ces  dii  indigetes  adoptés  publiquement 
par  les  conquérants  romains. 

La  seconde  brochure  de  M.  Benoît  porte  le  titre  de:  Elisabeth  de  Lor- 
raine (  Vaudemont),  régente  de  Nassau- Saarbrück  (tl455),  et  le  Burg- 
fried  de  Niederstinzel.  Cette  princesse  était  la  grand'tante  du  vainqueur 
de  Charles  le  Téméraire;  son  mausolée  occupe  la  place  d'honneur  dans  la 
nécropole  d'Arnwald.  Elle  était  l'épouse  de  Philippe  P"",  comte  de  Nassau- 
Saarbrück,  puis  régente  du  comté  et  tutrice  de  son  fils. 


—     19    — 

Pour  une  partie  de  ses  Etals  elle  a  reçu  l'investiture  de  l'empereur 
Sigismond;  de  l'évêque  de  Metz  pour  une  autre  partie. 

On  a  retrouvé  la  correspondance  de  la  régente  avec  son  frère  Antoine 
de  Vaudemont,  pendant  les  années  1436-1441. 

Quant  au  Burgfried  ou  à  la  paix  castrense  de  Niederstinzel,  conclue  en 
1430,  Elisabeth  y  a  pris  part,  dans  l'intention  d'obvier  aux  effets  désas- 
treux de  l'invasion  des  Armagnacs. 

La  Commission  archéologique  de  Saint-Pétersbourg  continue  à  nous 
envoyer  ses  magnifiques  Comptes  rendus,  accompagnés  de  planches.  En 
dernier  lieu,  ce  sont  les  fouilles  faites  pendant  les  années  1865  et  1866 
qui  ont  fourni  la  matière  des  deux  cahiers  que  nous  tenons  en  main.  Les 
rapports  en  tête  des  cahiers  émanent  du  comte  Serge  Stroganoff;  ils  sont 
écrits  dans  notre  langue.  Les  mémoires]  explicatifs  des  planches  sont 
de  M.  Stephani;  composés  par  un  savant  allemand,  ils  sont  saturés 
de  la  science  archéologique  allemande ,  hérissés  de  citations  et  instructifs 
à  un  haut  degré,  même  pour  les  savants  qui  ont  fait  de  l'archéologie  leur 
étude  spéciale. 

Je  ne  puis  qu'indiquer  ici  sommairement  les  localités  où  les  fouilles  ont 
été  continuées  ou  entreprises.  C'est  avant  tout  la  presqu'île  de  Taman, 
où,  pendant  les  années  précédentes  déjà,  des  découvertes  considérables 
ont  répondu  à  l'attente  et  aux  sacrifices  d'argent  que  la  Commission 
s'était  imposés;  puis,  dans  les  steppes  qui  s'étendent  à  l'est  de  la  Russie 
d'Europe,  en  Sibérie,  dans  la  Russie  septentrionale,  sur  les  confins  de 
l'Altaï,  etc.,  etc.  Pour  la  plupart,  ce  sont  des  tumuli  que  l'on  met  à  jour, 
les  uns  appartenant  à  des  époques  faciles  à  déterminer,  d'autres  à  des 
époques  antéhistoriques,  à  des  civilisations  primitives.  Dans  ces  vastes 
champs  ouverts  à  l'exploration  scientifique,  sur  les  confins  de  l'Europe  et 
de  l'Asie  septentrionale,  si  tous  les  objets  découverts  ne  sont  pas  neufs, 
tous  ont  cependant  l'attrait  de  la  nouveauté,  à  raison  même  de  la  distance 
de  ces  localités,  éloignées  du  centre  de  la  culture  antique. 

Les  savants  qui  se  vouent  à  ces  explorations  lointaines  méi'itent,  à 
mon  gré,  un  double  éloge;  il  faut  braver  à  la  fois  un  climat  souvent  très- 
capricieux  et  rude,  même  dans  la  bonne  saison,  et  des  pays  inhospitaliers. 
Cette  remarque  s'applique  moins  aux  travaux  dans  la  presqu'île  de  Taman, 
sous  la  direction  de  M.  Lutzenko,  directeur  du  musée  de  Kertch.  Le  ré- 
sultat de  ces  fouilles,  pratiquées  dans  des  tombes  en  pierre,  consiste  sur^ 
tout  en  équerres  de  bronze,  en  armes  et  armures,  en  bagues,  en  une 
couronne  de  feuilles  d'olivier  en  or.  Dans  un  tumulus  de  l'Ostry  Kourgan^ 


—    20    — 

M.  Lutzenko  a  découvert  des  catacombes  avec  squelettes,  des  couronnes 
funéraires  en  or  menu,  des  médaillons,  des  vases,  des  monnaies  en  cuivre; 
dans  une  autre  tombe,  il  a  trouvé  des  monnaies  byzantines  de  Basile  II 
et  de  Constantin  IX  (tombe  de  la  seconde  moitié  du  onzième  siècle);  à 
Kertch  même,  le  torse  d'une  statue  de  Dionysius  a  été  mis  au  jour. 

A  une  dizaine  de  lieues  du  Dnieper,  les  lumuli,  malheureusement, 
avaient  déjà  été  fouillés  par  des  pillards;  on  a  découvert  entre  autres  une 
tombe  de  onze  chevaux  avec  harnachements,  avec  des  selles  ornées  de 
plaques  en  or.  Ces  sépultures  révèlent  l'existence,  sur  la  rive  gauche  du 
Dnieper,  de  hordes  scythes  ,  probablement  du  quatrième  siècle  avant 
notre  ère. 

M.  ïiesenhausen  a  dirigé  des  fouilles  dans  les  steppes  du  Don,  près 
d'Aksaï.  On  y  a  découvert  des  squelettes,  des  ustensiles,  des  armes. 

Une  partie  de  la  Russie  septentrionale  a  été  explorée  parM,  Lerch.  Dans 
le  gouvernement  d'Olonetz,  ce  sont  des  armes  en  pierre,  à  l'usage  des 
aborigènes  de  cette  contrée,  et  pareilles  à  celles  de  la  Finlande  qui  ont 
été  recueillies  par  ce  chercheur;  dans  le  gouvernement  de  Wologda,  le 
même  a  découvert  un  cimetière  tchoude. 

Aux  environs  de  l'Altaï,  les  recherches  archéologiques  ont  été  faites  par 
M.  Radlof;  dans  un  cimetière  aux  environs  de  Katoudar,  des  armes  et  même 
des  restes  de  vêtements  ont  récompensé  les  soins  de  l'explorateur. 

Dans  le  district  d'Astrakan,  745  monnaies  d'argent,  provenant  de  la 
Horde-d'Or,  et  appartenant  par  conséquent  au  quatorzième  siècle,  ont  pu 
être  collectées. 

D'après  ces  simples  indications,  très -incomplètes ,  on  ne  sera  pas 
étonné  d'apprendre  que,  dans  une  seule  année  (1865),  la  Commission 
archéologique  de  Saint-Pétersbourg  a  dépensé,  pour  fouilles  et  acquisitions 
d'objets  antiques,  au  delà  de  120,000  fr. 

En  1866,  les  explorations  ont  été  l'eprises  dans  la  presqu'île  de  Taman, 
autour  de  la  montagne  dite  de  Milhridate.  Je  ne  puis  m'étendre  davantage 
en  énumérant  les  nombreux  objets  antiques  de  toute  nature  trouvés  par 
M,  Lutzenko,  et  qui  sont  plus  ou  moins  analogues  à  ceux  trouvés  l'année 
précédente.  Je  me  borne  à  citer:  une  couronne  mortuaire,  des  boucles 
d'oreilles,  des  bracelets  en  or,  divers  joyaux,  un  cercueil  en  bois  d'un 
travail  de  fine  menuiserie  orné  de  colonnettes  et  de  moulures;  le  cercueil 
abritait  le  squelette  d'une  femme,  avec  des  boucles  d'oreilles,  une  cou- 
ronne, un  collier,  des  bagues,  des  perles,  un  miroir,  une  corbeille  en 
branches  de  saule.  Dans  une  catacombe,  on'a  découvert  vingt  cercueils  en 
bois  à  demi  vermoulus;  dans  d'autres  tombes,  des  monnaies  de  cuivre, 


—     21     — 

de  Panticapée;  une  statuette  d'Harpocrale  en  terre  cuite;  des  vases  or- 
nés de  peintures  jaunes  sur  fond  noir,  etc. 

La  steppe  des  Kirghises  a  été  explorée  par  iM.Radlof;  celle  des  cosaques 
du  Don,  par  M.  Tiesenhausen,  avec  des  résultats  analogues  à  ceux  des 
années  précédentes. 

Il  a  de  plus  recueilli,  grâce  à  quelques  amateurs  libéraux,  un  groupe 
en  bronze  représentant  des  lutteurs,  un  vase  en  bronze  représentant  des 
jongleurs,  des  perles  en  calcédoine  et  en  cornaline,  des  plaques  en  or 
provenant  de  vêtements.  M.  Radlof  a  trouvé,  dans  la  Sibérie  occidentale, 
près  d'Idugul,  des  tombes  avec  squelettes  recouverts  de  couches  d'écorce 
de  bouleau,  des  armes,  des  ornements;  à  25  verstes  du  lac  d'Oubinsk, 
des  tumuli  avec  des  squelettes  portant  sur  la  tête  une  houe  de  fer;  près 
de  la  rivière  d'Om,  un  vaste  cimetière;  des  restes  d'une  forteresse,  avec 
des  fragments  de  poterie,  des  briques  cuites,  des  pots,  etc.;  sur  les  bords 
de  rirtisch,  des  tumuli  de  formes  particulières;  dans  la  ville  de  Semi- 
palatinsk,  un  squelette  avec  boule  de  jaspe,  un  miroir  en  or. 

Des  dons  de  toute  nature  affluent  au  musée  de  la  Commission  archéo- 
logique de  Saint-Pétersbourg.  Le  compte  rendu  en  fait  l'énumération. 

Quelque  incomplètes  et  fugitives  que  soient  ces  notes,  elles  vousjais- 
sent  entrevoir  quel  intérêt  se  rattache  à  ces  fouilles  de  l'extrême  nord  de 
l'Europe  et  d'une  partie  de  la  Sibérie. 


L.  Spach. 


LES  DYNASTES 


DE 


GEROLDSEGK-ES-VOSGES. 


INTRODUCTION. 

Dans  une  première  monographie,  qui  a  paru  l'an  dernier,  d'abord  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques 
d'Alsace\  puis,  après  une  refonte  partielle,  en  une  brochure  séparée,  nous 
avons  essayé  de  retracer  les  annales  de  la  maison  de  Geroldseck  dont  le 
donjon  patrimonial  couronne  l'une  des  cimes  de  la  Forêt-Noire,  et  nous 
avons  indiqué  qu'elle  ne  doit  pas  être  confondue  avec  une  autre  maison, 
de  même  nom  et  de  même  rang,  dont  les  châteaux  se  trouvent  dans  les 
Vosges,  au-dessus  de  Saverne,  et  qui  était  connue  pour  ce  motif  sous  le 
surnom  de  Geroldseck-ès-Vosges,  in  Vosago,  am  Wasichen^. 

Nous  nous  proposons  aujourd'hui  de  compléter  notre  travail  en  cher- 
chant à  reconstituer  l'histoire  de  cette  aulre  maison  de  Geroldseck,  plus 
spécialement  alsacienne,  et  qui,  pour  avoir  disparu  de  la  scène  du  monde 
bien  avant  celle  de  l'Ortenau,  n'en  a  pas  moins  joué  dans  notre  pro- 
vince un  rôle  dont  de  nombreuses  chartes  attestent  encore  l'importance. 

Nous  n'avons  plus  eu,  cette  fois,  le  privilège  de  trouver  la  voie  frayée 
par  de  consciencieux  et  savants  devanciers:  sauf  Schœpflin,  qui  consacre 
aux  Geroldseck  d'Alsace  une  page  de  son  Alsatia  illustrata,  aucun  histo- 
rien n'a  encore  essayé  de  rassembler  les  éléments  de  leur  généalogie,  et 
c'est  directement  dans  les  archives,  dans  les  recueils  de  titres,  ou  dans 
les  rares  indications  de  nos  chroniqueurs  que  nous  avons  dû  les  chercher. 

1.  La  Seigneurie  de  Hohcnqeroldseck  et  ses  possesseurs  successifs;  Bulletin,  11*^  série, 
t.  VI,  Mcm.,  p.  G2,  et  iri-S»,  Strasbourg-,  Noiriel. 

2.  On  traduit  quelquefois  am  Wasichen  par  avx- Vosges  ;  l'expression  ks-Vosges  [dans 
les  Vosges)  nous  parait  plus  française. 


—    23    ~ 

Aussi  ne  nous  faisons-nous  aucune  illusion  sur  les  imperfections  et  les 
lacunes  que  présente  notre  exposé;  mais  nous  espérons  que,  fondé  ex- 
clusivement sur  des  litres  contemporains,  il  pourra,  malgré  son  insuffi- 
sance, présenter  quelque  intérêt  et  servir  de  point  de  départ  à  ceux  qui, 
plus  habiles  ou  plus  heureux,  seraient  tentés  de  reprendre  après  nous 
l'histoire  de  celte  puissante  et  noble  famille  de  dynasles  alsaciens'. 

CHAPITRE   PREMIER. 

Origine  de  la  famille  de  Geroldseck  ;  sa  parenté  avec  les  Hobengeroldseck.  Les  sires  de  Tbiersberg. 
Le  chanoine  Renault  de  Geroldseck-Soultz. 

Les  anciens  chroniqueurs,  Mathieu  de  Pappenheim,  Hertzgg,  etc., 
admettaient  généralement  que  tous  les  Geroldseck,  tant  ceux  de  la  Forêt- 
Noire  que  ceux  des  Vosges,  avaient  une  commune  origine  et  que  la  simi- 
htude  de  leur  nom  n'était  pas  due  au  hasard  seul. 

Nous  nous  sommes  déjà  expliqué,  dans  les  premières  pages  de  notre 
précédent  travail,  sur  celte  origine,  qui,  en  tant  qu'on  la  chercherait  à 
Rome,  est  manifestement  fabuleuse.  Nous  avons  également  indiqué  nos 
doutes  quant  à  la  parenté  que  l'on  induirait  d'une  simple  analogie  de 
noms  entre  les  Geroldseck  de  la  rive  droite  et  les  Geroldseck  de  la  rive 
gauche  du  Rhin.  Depuis  lors  nul  document  ne  nous  a  démontré  que  nos 
scrupules  manquassent  de  base,  et  nous  ne  retirons  rien  de  nos  obser- 
vations. 

Toutefois,  nous  devons  dire  que  l'un  des  historiens  les  plus  judicieux 
et  les  plus  autorisés  de  l'Alsace,  l'abbé  Grandidier,  n'a  pas  craint  d'ac- 
cepter la  partie  du  récit  de  Mathieu  de  Pappenheim  qui  est  relative  à  la 
communauté  d'origine  des  deux  maisons,  cl  considère  Olhon  l'Ancien, 
avoué  de  Marmoulier  en  1 120,  conmie  l'auteur  de  l'une  et  de  l'autre,  par 
ses  deux  fils,  Bourcard  P''  et  Olhon  IP.  Grandidier  ne  fournit,  à  l'appui  de 
la  Chronique  de  Pappenheim,  aucun  aigument  péremptoire;  mais  le  fait 
seul  de  son  adhésion  nous  détermine  à  indiquer  tout  au  moins  celte 
filiation  en  en  laissant  la  responsabilité  à  sou  auteur^ 

1.  Nous  tenons  à  déclarer  ici  combien  nos  recherches  aux  Archives  du  Bas-Rhin  ont 
été  facilitées  par  l'excellent  Invenluire,  rédigé  par  M.  Louis  Spach,  archiviste  en  chef 
du  département. 

2.  GnAXDiDiER,  Œuvres  historiques  inédites,  éd.  Liblin,  t.  III,  p.  4. 

3.  La  Chroni(|ue  de  Mathieu  de  1'ibd;rbach  et  Pappexheim,  Tractalus  seu  Iiistoria  de 
origine  progressuque...  baronum  de  GeroKzeck,  est  publiée  dans  (REiNHAnn)  Prag- 
matische  Geschic/Ue  des  Hauses  Geroldseck,  Francfort  et  Leipsick,  I7G6;  Urkunden,  u°  I. 


—     24     — 

Il  résulte  de  la  charte  de  fondalion  de  l'abbaye  bénédictine  de  Saint- 
Jean-des-Choux  (1127)'  qu'Othon  l'Ancien  avait  trois  fils:  Diedericus , 
B'iirchardvs  et  Otto.  C'est  du  second,  Bourcard,  que  le  chanoine  de  Pap- 
penheim fait  l'auteur  des  Hohengeroldseck,  tandis  qu'on  considère  gé- 
néralement le  troisième,  Othon,  comme  la  souche  des  Geroldseck-ès- 
Vosges. 

Bourcard  doit  avoir  épousé  une  comtesse  de  Veringen,  et  le  fils  issu  de 
celte  union,  Wolfgang,  marié  à  une  fille  du  comte  Sigebert  II  de  Werde ^, 
serait  le  père  de  Walther  F'',  sire  de  Hohengeroldseck,  à  partir  duquel 
la  généalogie  de  la  famille  se  prouve  par  titres  authentiques. 

Nous  devons  ajouter  que  certains  indices  recueillis  par  M.  le  docteur 
Fridegar  Mone,  dans  les  notes  dont  il  accompagne  la  Chronique  de  l'ab- 
baye de  Schutter n^ ,  permettent  de  supposer  que  de  ce  Bourcard  et  de  la 
comtesse  de  Veringen,  sa  femme,  seraient  également  issus  les  sires  de 
Thiersberg  {Tiersperc,  Tiersberg,  Diersburg) ,  dont  la  présence  dans  l'Or- 
tenau  au  treizième  siècle  et  la  parenté  avec  les  Geroldseck  sont  prouvées 
par  plusieurs  documents  irrécusables. 

Walther  de  Thiersberg  (Tirsperc),  ainsi  nommé  du  château,  voisin  de 
Lahr,  dont  la  famille  de  Rœder  a  ensuite  acquis  la  possession,  est  mentionné 
comme  témoin  dans  une  charte  du  12  (II  Id.)  avril  1197,  par  laquelle 
le  margrave  Hermann  V  de  Bade  et  son  frère  Frédéric  promettent  à 
Helmwich,  abbé  de  Seltz,  moyennant  un  prêt  de  200  marcs  d'argent,  de 
ne  pas  vendre  à  un  autre  que  l'abbé,  l'avouerie  dont  ils  étaient  investis*. 

D'après  M.  Fridegar  Mone,  ce  Walther  serait  le  père  de  Henri  de  Thiers- 
berg et  de  Walther  P"",  sire  de  Hohengeroldseck.  M.  Mone  s'appuie,  non 
pour  établir  la  double  paternité  de  Walther  de  Tiersberc,  —  ce  n'est  évi- 
demment à  ses  yeux  qu'une  probabilité,  —  mais  pour  prouver  que  Henri 
est  frère  de  Walther  P*",  sur  un  passage  de  la  Chronique  (\e  Gobefroi 
d'Ensmingen,  où  Henri,  sire  de  Tiersberg,  est  qualifié  d'oncle  paternel, 
patrîius,  de  l'évèque  Walther,  fils  de  Walther  ^'■^  Or  nous  ne  pensons 
pas  que  palrims  puisse  être  pris,  cette  fois,  dans  son  sens  rigoureux;  en 
effet,  dans  un  passage  de  la  Chronique  de  Schutlern  elle-même,  qui  pa- 
raît avoir  échappé  à  l'éditeur,  du  moins  quant  à  ce  point  spécial,  le  même 

1.  ScHOEPFLiN,  Alsat.  (h'plom.,  n"  253. 

2.  ScHŒPFLiN,  Alsat.  iUust.,  trad.  Ravenez,  t.  V,  p.  483,  note  du  traducteur. 

3.  D.  Fridegar  Mûne,  Citron,  v.  Schuttern,  iu  der  Quellensainmlang  v.  F.  G.  Mone, 
t.  m,  p.  101. 

4.  M.  F.  G.  MoxK  publie  ce  document  { Zeil schrift  für  die  Geschichte  des  Oberrheins , 
VI,  423). 

5.  Chronique  de  Gode/roi  d'Ensmingen,  éd.  Liblin,  p.  43. 


—    25    — 

Henri  est  dit  tout  simplement  episcopo  cognatus,  c'est-à-dire  apparenté  à 
l'évêque';  et,  dans  le  traité  de  paix  conclu  en  1266  entre  les  villes  et  sei- 
gneurs qui  avaient  pris  part  à  la  guerre  de  1262,  Henri  est  expressément 
désigné  par  Walther  P*"  comme  son  cousin  {sin  vetler)'-.  De  la  comparaison 
de  ces  textes  nous  concluons  que  Walther  de  Thiersberg  est  le  frère,  non 
de  Walther  P"",  mais  de  son  père  Wolfgang,  si  tant  est  qu'il  ne  faille  pas 
chercher  plus  haut  encore  le  hen  entre  les  deux  maisons.  Dans  notre 
hypothèse,  Henri  est  effectivement  le  cousin  germain  de  Walther  P'',  ainsi 
que  le  qualifie  le  traité  de  1266,  et  il  est  l'oncle  à  la  mode  de  Bretagne 
de  l'évéque  Wallher,  ce  qui  explique  tout  à  la  fois  les  termes  de  patrmis 
et  de  episcopo  cognatus.  Nous  supposons  que  Henri,  à  défaut  de  Wal- 
lher P  de  Geroldseck,  eut  deux  autres  frères,  dont  nous  trouvons  les 
noms,  à  la  même  époque,  sur  la  liste  des  chanoines  de  Strasbourg :Ber- 
ihold  de  Tiersberc,  chanoine  en  1244,  prévôt  de  1260  à  1268,  et  Hermann 
de  Tierperc  (sic),  chanoine  en  12551 

Les  Thiersberg  succédèrent  en  1213  aux  comtes  de  Neubourg  dans  l'avo- 
catie  de  Schultern;  et,  en  effet,  Henri  agit  en  cette  qualité  en  1235.  Mais, 
après  qu'il  eut  été  tué  à  Hausbergen,  aux  côtés  de  son  parent  le  landvogl 
Hermann  (1262) ,  la  dignité  d'avoué  paraît  être  sortie  de  sa  famille. 

De  son  mariage  avec  Sophie  de  Zollern ,  Henri  eut,  selon  M.  Fridegar 
MoNE,  un  fils,  Hartmann,  qui  mourut  le  9  mars  1264  et  dont  la  Chroni- 
que de  Schuttern  reproduit  l'épitaphe*.  Est-ce  ce  Hartmann  ou  un  autre 
membre  de  la  famille  qui  épousa  Heilicka  de  Lichtenberg,  fille  de  Louis  P'" 
et  sœur  de  l'évoque  Conrad  de  Lichtenberg?  Nous  ne  saurions  l'affirmer. 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que,  le  13  décembre  1279,  l'évéque  Conrad 
écrit  une  charte  faisant  savoir  que  son  parent  (conscniguineiis),  Louis  de 
Thiersberg,  du  consentement  et  de  sa  mère  Heilicka  de  Lichtenberg,  sœur 
dudit  évêque  Conrad,  et  de  sa  propre  sœur,  Heilicka  de  Thiersberg,  à 
ce  dûment  autorisée  par  son  époux,  Guillaume,  sire  de  Schwarzenberg, 
venait  de  donner  au  monastère  de  Sainte-Marie  à  Schuttern  ,  diocèse  de 
Strasbourg,  un  bien  appartenant  à  la  famille  de  Thiersberg  à  Friesen- 
heim, pour  la  fondation  d'une  messe  anniversaire\ 

1.  citron.  V.  SchuUcni,  éd.  Mone,  77. 

2.  Arcllives  de  la  ville  de  Strasbourg,  V.  D.  G.,  lad.  lit,  fasc.  4,  u"  8. 

3.  Ex  Liùro  coquinœ,  sive  Libro  rubro  regulœ  summi  capituli  Argent.,  tianscrit  par 
Grandidier,  Œuvres  hist.  inéd.,  t.  111,  p.  196,  IV,  p.  2.  Cfr.,  ibid.,  t.  111,  p.  198;  et  Moxe, 
Quellensammlung,  t.  111,  p.  G77. 

4.  Chron.  o.  Schutlera,  Quellensammlung,  III,  9G. 

5.  La  charte  se  trouve  aux  arcliives  de  Carlsruhe  et  est  publiée  dans  la  Quellensamm- 
lung de  MoNE,  t.  m,  p.  101,  note  ***. 


—    26    — 

Louis  doit  être  mort  peu  de  temps  après,  sans  laisser  de  postérité. 
Soixante  ans  plus  tard,  Wiric  de  Diersberg,  fait  prisonnier  lors  de  la 
prise  de  la  forteresse  de  Schwnnau  en  1333,  signa  en  1334  des  lettres  de 
réconciliation  avec  la  ville  de  Strasbourg,  les  ducs  d'Autriche  et  Jean  de 
Hallwiler,  préfet  du  Sundgau*.  C'est  la  dernière  fois  que  nous  avons  ren- 
contré le  nom  de  Tiersberg;  encore  ce  Wiric  n'élail-il  peut-être  qu'un 
ministérial  et  non  un  membre  de  la  famille  des  dynastes  de  même  nom. 
Reinhard,  dans  les  pièces  justificatives  de  sa  Pragmatische  Geschichte  des 
Hauses  Geroldseck,  nomme  pendant  la  seconde  moitié  du  quatorzième 
siècle  trois  ou  quatre  ïhiersberg  qui  sont  manifestement  étrangers  à  ceux 
dont  nous  venons  d'esquisser  la  généalogie  ^ 

Indépendamment  de  la  branche  de  Tiersberg,  la  famille  des  Geroldseck 
de  rOrtenau  paraît  avoir  produit  au  treizième  et  au  quatorzième  siècle 
d'autres  branches  encore  que  celles  dont  nous  avons  essayé,  après  Rein- 
hard, de  reconstituer  la  filiation  dans  notre  précédent  mémoire. 

Il  existe  aux  Archives  départementales  du  Bas-Rhin^  toute  une  hasse  de 
certificats  latins  et  allemands,  tendant  à  fournir  les  preuves  de  noblesse 
requises  d'un  certain  Renault  (Reinold)  de  Geroldseck,  chanoine  d'Augs- 
bourg,  pour  être  admis  dans  le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Strasbourg, 
en  1427. 

Voici,  d'après  ces  certificats,  la  filiation  d'une  branche  que  nous  ne 
pouvons,  eu  égard  aux  alliances  indiquées  et  aux  documents  qui  justifient 
la  généalogie  adoptée  par  nous,  considérer  que  comme  spéciale  et  indé- 
pendante des  autres  : 

I.  N.  de  Geroldseck,  marié  avec  une  comtesse  de  Sponheim.  C'est  peut- 
être  Walther  II,  sire  de  Hohengeroldseck-Veldenz,  dont  l'épouse  se  nom- 
mait Imcna  de  Sponheim. 

II.  Jean,  marié  avec  Agnès,  comtesse  de  Fürstenberg. 

III.  WalLher,  marié  avec  Marguerite,  fille  d'un  comte  palatin  de  Tübingen 
et  de  Marguerite,  comtesse  de  Venningen. 

IV.  Conrad  de  Geroldseck,  «en  son  vivant  seigneur  de  Soultz»,  marié 
avec  Anne,  fille  de  Conrad,  duc  d'UrsUngcn,  et  de  Verena,  baronne  de 

1.  ScHCEPFUN,  Als.  illustr.,  II,  p.  594,  g  298,  ou  trad.  Ravenez,  t.  V,  p.  586,  d'après  le 
Cod.  membr.  diplom.  Argent,  de  anno  MGGCLXX,  f"  149. 

2.  En  1336,  Jean  de  Tiersberg  (p.  70);  en  1370,  Robert  (p.  79),  et,  en  1394,  un  autre 
Jean  (p.  98). 

3.  G.  3489.  Voy.  spécialement  la  pièce  dressée,  sur  l'ordre  des  dignitaires  du  chapitre, 
par  Itell  de  Weslernacli,  le  1"^''  jeudi  après  la  Saint-Michel  1427. 


—    27    — 

Krenkingen  (elle-même  fille  de  Luttelmann,  sire  de  Krenkingen,  et  d'une 
baronne  d'Usenberg). 

V.  Enfin,  le  de  ciijus,  Renault  de  Geroldseck,  chanoine  d'Augsbourg. 

Wallher,  l'époux  de  Marguerite  de  Tübingen,  paraît  avoir  eu  trois  fils  : 
Conrad,  ci-dessus  nommé;  Henri,  qui  fut  connu  comme  son  père  sous  le 
nom  de  von  Tubingen ,  et  Walther,  que  l'historien  des  palatins  de  Tü- 
bingen, SciiMiD,  considère  comme  le  Geroldseck  de  ce  prénom  tué  en 
1386  à  la  bataille  de  Sempach'. 

Il  résulte  de  la  filiation  authentique  du  chanoine  Renault,  qu'à  moins 
qu'il  y  ait  eu  dans  la  famille  de  Tübingen  deux  Marguerite  exactement  à 
la  même  époque,  M.  Frid.  Mone  se  trompe  lorsqu'il  fait  de  Walther, 
époux  de  cette  dame,  le  fils  de  Walther  IV  de  Geroldseck-Lahr  et 
d'Anne  de  Fürstenberg,  et  le  petit-fils  de  Walther  III  et  d'Elisabeth  de 
Lichtenberg^ 

Non-seulement  l'époux  de  Marguerite  de  Tübingen  n'était  pas  fils  de 
Wallher  IV,  puisque  son  père  se  nommait  Jean  et  sa  mère  Agnès  de  Für- 
stenberg, mais  encore  Walther  IV,  d'après  des  chartes  publiées  par  Rein- 
hard et  non  contestées  par  M.  Mone,  avait  épousé  Susanne  de  Ribeau- 
pierre  et  non  Anne  de  Fürslenberg,  qui  était  au  contraire,  selon  toutes 
les  probabilités,  l'épouse  de  Walther  III,  de  Geroldseck-Hohen-geroldseck, 
le  vaincu  de  Schwanau  (1333)  \ 

D'autre  part,  la  filiation  de  Renault  permet  de  déterminer,  plus  com- 
plètement que  Reinhard  n'a  été  à  même  de  le  faire,  la  généalogie  de  la 
ligne  de  Geroldseck-Soultz  :  elle  démontre  que  Walther,  dont  il  s'occupe 
dans  son  §  LU,  est  bien  réellement  le  père  de  Conrad  et  par  conséquent 
l'aïeul  de  Jean,  dernier  représentant  mâle  de  cette  ligne. 

Nous  ne  voulons  pas  nous  étendre  sur  celle  question  qui,  quoi  qu'on 
fasse,  est  encore  enveloppée  de  nuages  et  dont  ki  solution  n'a  qu'un  mé- 
diocre intérêt  pour  l'histoire  d'Alsace.  Mais  nous  en  avons  dit  assez  pour 
montrer  combien  ces  vieilles  généalogies  sont  difficiles  à  débrouiller,- 
quelle  confusion  y  apporte  la  répétition  perpétuelle  des  mêmes  prénoms 
et  à  quelles  réfutations  est  exposé  l'auteur  le  plus  scrupuleux  et  le  plus 
compétent;  ce  sera  notre  excuse  en  cas  d'erreur,  à  nous  qui  ne  pouvons 
prétendre  au  second  de  ces  qualificatifs*. 

1.  ScHjiiD,  Gesch.  der  Pja/zg.  v.  Tübingen,  4i7,  cilé  par  Mone,  QueUensammhoig,  III, 
p.  120,  note  *. 

2.  Qiœllenmmnihing ,  \\\,  p.  G77. 

3.  Praginalisclie  Gesch.  des  Hauses  Geroldseck,  f'^  partie,  p.  90-91,  et  35. 

4.  Puisque  nous  avons  ('té  amené  à  revenir  sur  queiqncs-nns  des  points  toucliés  dans 
notre  Seigneurie  de  Hohengeroldseck,  nons  devons  reclilier,  dans  sa  dernière  ligue  con- 


—    ^2S    — 


CHAPITRE  II. 

L'abbaye  de  Marmoutier  et  ses  avoués.  Filiation  des  premiers  Geroldseck  connus. 
Les  évêques  Conrad  et  Henri  de  Geroldseck. 

Les  documenls  les  plus  anciens  dans  lesquels  il  soil  question  des  dy- 
nastes  de  Geroldseck  datent  des  premières  années  du  douzième  siècle  et 
les  désignent  comme  avoués  de  l'abbaye  de  Marmoutier. 

C'est  probablement  à  la  même  époque  que  remonte  la  construction  du 
plus  grand  des  deux  châteaux  dont  ils  prirent  le  nom.  Mais  on  peut  ad- 
mettre que  leur  arrivée  dans  le  pays  est  bien  antérieure  et  qu'au  moment 
où  ils  apparaissent  dans  les  chartes,  ils  jouissaient  déjà  depuis  une  assez 
longue  période  d'années  des  droits  et  prérogatives  attachés  à  la  qualité 
d'avoué. 

On  sait  que  l'abbaye  de  Marmoutier  doit  sa  fondation  à  saint  Léobarde, 
disciple  de  saint  Colomban,  qui  au  sixième  siècle  quitta  le  couvent  de 
Luxeuil  pour  aller  établir  sa  celhile  sur  le  penchant  oriental  des  Vosges, 
dans  l'une  des  riantes  vallées  que  traverse  aujourd'hui  la  route  de  Was- 
selonne  à  Saverne,  Dotée  par  le  roi  Childebert  H  d'un  vaste  domaine 
connu  sous  le  nom  de  Marche  d'Aquilée',  la  cellule  de  Léobarde  ne  prit 
néanmoins  un  accroissement  proportionné  à  l'étendue  de  ses  possessions 
qu'un  siècle  après,  sous  l'abbé  Maur,  que  l'on  considère  comme  le  second 
fondateur  de  la  maison  et  qui  lui  donna  son  nom  (Maurimonasterium , 
Maur moiUier,  Marmoutier).  En  816,  Louis  le  Débonnaire  y  appela,  pour 
y  rétablir  la  discipline,  le  célèbre  saint  Benoît  d'Aniane,  et,  plus  tard, 
l'abbaye  ayant  invoqué  sa  protection,  il  la  plaça,  avec  tous  ses  biens,  sous 
la  juridiction  de  l'évèque  de  Metz^ 

cernant  la  famille  de  la  Leyen,  une  assertion  qui  était  exacte  eu  1855  et  en  1856,  dates 
des  ouvrages  que  nous  avions  consultés  pour  cette  partie  de  notre  travail,  mais  qui,  heu- 
reusement pour  l'avenir  de  cette  antique  et  illustre  maison,  a  cessé  de  Tètre  depuis.  Bien 
loin  de  n'avoir  pas  de  postérité,  le  prince  héréditaire  Erwin  de  la  Leyen  a,  au  contraire, 
de  .«on  mariage  avec  la  princesse  Adélaïde,  fille  de  Charles -Théodore ,  prince  de  la 
Tour  ET  Taxis,  et  de  Juliane,  comtesse  d'Einsiedel,  quatre  lilles  et  un  (ils:  Sophie,  née  en 
1855;  Marie,  née  en  1857;  Julie,  née  en  1860;  Erwin,  né  en  1863,  et  Eugénie,  née  en 
18G7.  [Almumchde  Gotha,  aimée  1869,  p.  19G.)  Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Ed. 
DE  Fehrentheil  ET  GRUPPE^fBERG ,  la  généalogie  de  ses  enfants,  dressée  à  128  quartiers. 

1.  M.  P.  RisTELHUBER  a  publié,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  pour  lu  conservation  des 
monuments  historiques  d'Alsace  (11*  série,  t.  Il,  p.  18ii,  nue  notice  sur  la  Marche  d'Aqui - 
lée ,  son  étendue  et  l'origine  de  cette  expression. 

2.  GoLBÉUY  ET  ScHWEiüH.EUSER,  Antiquités  de  l'Alsace,  2^  section,  p.  105  et  suiv. 


29     

La  marclic  de  Marmoiitier,  ainsi  qu'on  continua  à  l'appeler,  devint,  par 
là  même,  un  fief  mâle  relevant  du  siège  de  Metz  ;  et  c'est  probablement 
peu  de  temps  après  que  les  ancêtres  de  nos  dynastes  en  furent  investis, 
avec  la  mission  de  défendre  la  maison  de  Dieu  contre  tous  ses  ennemis. 

Dans  l'origine  la  Marche  comprenait  un  assez  vaste  territoire;  au  nord, 
elle  s'étendait  jusqu'à  la  Zorn  et  embrassait,  au  midi,  la  région  monta- 
gneuse où  devait  s'élever,  au  douzième  ou  au  treizième  siècle,  la  forteresse 
d'Ochsenstein.  Nous  devons  dire  en  passant,  sauf  à  y  revenir  plus  tard, 
que  de  la  construction  de  cette  forteresse  sur  un  territoire  dont  nos  dy- 
nastes étaient  les  avoués,  on  a  conclu  que  les  Ochsenstein  et  les  Gerolds- 
eck  formaient  deux  branches  issues  d'une  même  souche.  Plusieurs  docu- 
ments corroborent  cette  présomption. 

Peu  à  peu,  la  Marche  perdit  de  son  étendue  primitive.  Dans  la  seconde 
moitié  du  quatorzième  siècle,  à  l'époque  où  on  l'appelait  plus  communé- 
ment la  seigneurie  de  Geroldseck,  elle  comprenait  les  localités  suivantes  : 
les  deux  châteaux  de  Geroldseck,  la  ville  de  Marmoutier,  les  villages 
de  Rittenbiirg  (Reutenbourg),  Schweinheim,  Viller  (Lochwiller),  Gotten- 
hausen,  Synnenhrist  {Signum  Christi,  Singrist),  Sallendal  (Salenthal) , 
Dompcstal  {Dumphilsdcd,  Dimbslhal),  Heigenheim  {Hegeheim,  Hangen, 
Hegenheim),  Dompeter  {Dumpthcter,  Thal),  Swabwiler  {Swewiler,  Schwœb- 
willer),  Wcdltershovcn  (Waldshofen,  Saint-Gall),  Garrberg ,  etc.'  D'autres 
pièces  contemporaines  mentionnent,  en  outre,  Boel  ou  Bohel,  diverses  cours 
dépendant  des  couvents  de  Marmoutier  et  de  Sindelsberg,  et  même 
Oderswiler  (Otterswiller),  ce  qui  pourrait  n'être,  au  surplus,  qu'une 
erreur  de  copiste,  car  il  est  douteux  que,  vers  la  fin  du  quatorzième 
siècle,  cette  localité  dépendît  encore  de  la  seigneurie  de  Geroldseck  ^ 

De  ces  diverses  localités,  la  Marche  ne  comprenait  plus,  avant  la  révolu- 
lion  française,  que  Marmoutier,  avec  les  ruines  des  deux  Geroldseck,  plus 
les  huit  villages  de  Lochwiller,  Reutenbourg,  Singrist,  Salenthal,  Dimbs- 
thal,  Hegenheim,  Thal  et  Goltenhausen  ;  les  autres  avaient  été  aliénés  ou 
détruits. 

En  quoi  consistaient  les  fonctions  d'avoué  dont  la  jouissance  de  la 
Marche  constituait  en  quelque  sorte  la  rémunération?  Un  règlement  fort 
ancien,  puisqu'il  date  de  l'an  1163  et  n'était  très-probablement,  à  ce  mo- 

1.  Cité  d'après  les  lettres  d'investiture  données,  le  29  décembre  1387,  par  Rodolphe, 
évêque  de  Metz,  à  Yolmar,  sire  de  Geroldseck.  (Archives  du  Bas-Rhiii .  E,  2841 ,  2,  copie.) 

2.  Yoy.  aux  mêmes  archives,  E,  2841,  1,  une  copie,  tmi  vidimce,  de  la  convention 
conclue  entre  Volmar  de  Geroldseck  et  l'évèque  de  Metz  en  1381,  au  sujet  du  partage 
éventuel  de  la  seigneurie. 


—  mo- 
ment, que  la  reproduction  textuelle  de  règlements  antérieurs,  fournit, 
quant  à  Marmoutier,  des  renseignements  curieux  et  précis'.  L'avoué  était 
chargé  de  présider  les  trois  plaids  généraux  et  les  assises  du  tribunal  su- 
périeur de  la  Marche,  de  défendre  les  gens  de  justice  contre  les  rancunes 
et  les  vengeances  des  accusés  ou  de  leurs  familles,  de  protéger  les  voya- 
geurs, etc.  En  échange  de  ces  services,  il  jouissait  de  la  châtellenie  de 
Geroldseck,  du  tiers  des  amendes  et  de  diverses  contributions  en  nature; 
lorsqu'il  descendait  de  Geroldseck  pour  tenir  des  plaids  ou  des  diètes,  le 
maréchal  de  l'abbaye  recevait  ses  chevaux  à  l'arrivée  et  leur  donnait  «en 
abondance  »,  et  aux  fiais  de  l'abbé,  le  foin  et  la  paille  nécessaires. 

A  part  ses  fonctions  judiciaires,  l'avoué  était  le  défenseur  et  le  con- 
seiller attitré  de  l'abbaye;  nul  acte  important  ne  pouvait  s'accomplir  sans 
son  assentiment,  et  tout  agi-esseur  s'exposait  à  le  rencontrer  sur  son  che- 
min, au  besoin  la  lance  au  poing.  C'était  là  du  moins,  si  nous  pouvons 
ainsi  dire,  la  théorie  de  cette  institution.  La  pratique  s'en  écartait  beau- 
coup, et  tous  les  auteurs  sont  unanimes  à  dire  que  les  sires  de  Geroldseck 
ont  été  bien  moins  les  patrons  désintéressés  de  l'abbaye  de  Marmoutier 
que  ses  spoliateurs.  Les  abbés  se  plaignent  incessamment  de  leurs  em- 
piétements, et  si,  grâce  à  l'intervention  des  évèques,  grâce  à  la  menace 
des  foudres  spirituelles,  ils  obtiennent  parfois  de  leurs  redoutables  pro- 
tecteurs un  acte  de  contrition,  une  promesse  de  résipiscence,  il  faut  que 
le  repentir  ait  été  de  courte  durée,  car  les  plaintes  se  reproduisent  à 
toutes  les  époques  et,  en  définitive,  l'abbaye  se  trouva  ruinée  de  fond 
en  comble. 

Le  premier  auteur  connu  de  la  maison  de  Geroldseck  est  Olhon  1", 
qui  est  mentionné  en  1120  sous  le  nom  de  Otto,  senior,  advocatus,  dans 
une  charte  relative  à  un  échange  d'immeubles  entre  les  couvents  de  Mar- 
moutier et  de  Sindelsberg^ 

Sept  ans  après,  il  figure  comme  témoin  avec  ses  trois  fils,  Diedcricus , 
Burchardus  et  Otto,  dans  la  charte  de  fondation  de  l'abbaye  bénédictine 
de  Sainl-Jean-des-Choux;  cette  fois  il  y  est  expressément  appelé  Otto  de 
Gerolzeg  {ii^ey. 

1.  Accord  cuire  l'abbé  Conrad  et  Otto  de  Geroltzecke  au  sujet  de  l'avoiœrie  et  de  ses 
reücnus,  ainsi  que  des  droits  de  juridiction  et  privilèges  de  l'abbaye  (M  63),  aux  Archives 
du  Bas-Rliin,  H^  558,  7  (copie);  voir  aussi  Schoepflin,  Als.  dipl.,  n"  275,  et  un  article  de 
M.  l'abbô  Hanauer,  les  Paysans  de  Marmoutier  au  neuvième  et  au  douzième  siècle,  dans 
les  Curiosités  d'Alsace,  t.  11,  p.  354  et  suiv. 

2.  ScHŒPFLiN,  Als.  dipl.,  n»  247. 

3.  Ibid.,  n«  253. 


—    31     — 

L'aîné  des  fils  d'Othon  l^'',  Diedericus ,  Dieder ,  Truther  ou  Didier, 
épousa  une  dame  nommée  Berlhe  et  en  eut  deux  enfants:  un  fils,  Conrad, 
et  une  fille,  Adélaïde,  qui  devint  la  femme  d'un  sire  d'Eschibach  et  la 
mère  d'Ulric  d'Eschibach,  prévôt  de  Lucerne.  L'existence  de  ces  divers 
personnages  est  prouvée  1°  par  la  charte  suivant  laquelle  Conrad,  in  re- 
medium  animarum  pcdris  sui  Tndheri  et  mcdris  suce  Berchfœ,  fonde  en 
1137  le  monastère  des  chanoines  réguliers  d'Ittcnwillei",  près  d'Aiidlau'; 
2"  par  une  mention  du  nécrologe  de  l'abbaye  de  Pairis  portant:  Memoria 
domini  Conradi ,prœpositi  Argentinensis ,  Adelheidis,  sororis  ejus,  et  Udal- 
rici  de  Eschibach,  filii  dictœ  Adelheidis,  prœpositi  Lucernensis,  qui  nobis 
bona  in  Beinwilre,  etc.,  contulere;  Idibus  mail  ii68  (15  mai)^ 

Ce  Conrad,  fils  de  Didier,  est  nommé,  en  1144,  dans  une  charte  du 
prévôt  Adelgot,  parmi  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Strasbourg;  puis, 
dans  des  chartes  de  l'évêque  Bourcard,  archidiacre  en  1153  et  choré- 
vêque  en  1156;  enfin,  dans  une  bulle  de  l'anti-pape  Paul  III,  vers  1166, 
grand-prévôt  (prepositus  majoris  ecclesie  Argentinensisy ;  on  vient  de 
voir  qu'en  1168  on  le  désignait,  à  Pairis,  sous  le  même  titre.  Le  20  dé- 
cembre (m  vigilia  Thomœ  apostoli)  1179*,  il  fut  élu  évêque  de  Stras- 
bourg; mais  il  n'occupa  pas  son  siège  pendant  une  année  entière,  car  il 
mourut  le  17  décembre  {XVI kcd.  jan.)  1180^  Pendant  son  court  épisco- 
pat,  Conrad  de  Geroldseck  n'a  pas  eu  le  temps  de  laisser  dans  l'histoire 
une  trace  bien  profonde;  on  néglige  même  quelquefois  de  le  compter. 
Cependant  il  est  nommé  dans  plusieurs  chartes,  notamment  avec  Louis 
de  Bâle,  Frédéric,  duc  de  Souabe  et  d'Alsace,  les  comtes  Amédée  de 
Montbéliard  et  Louis  de  Ferrette,  à  la  tête  des  seigneurs  qui  signèrent  le 
diplôme  de  l'empereur  Frédéric  P^"  pour  l'abbaye  d'Étival  (11  oct.  1180)®. 
Dans  notre  Seigneurie  de  Holten gcroldseck,  nous  avions  rangé  Conrad,  sur 
la  foi  de  Hertzgg'',  parmi  les  Geroldseck  de  l'Ortenau;  on  voit,  par  la 
filiation  plus  précise  que  nous  indiquons  ici,  qu'il  appartenait  au  moins 
autant  aux  Geroldseck-ès- Vosges,  puisque  son  aïeul  était  avoué  de  Mar- 

1.  WiMPHELiNü,  De  Episc.  Argent.,  p.  50. 

2.  Necrologium  eccl.  Parisiensis  [Gallia  christiana ,  V,  823),  cité  par  Grandiuier, 
Œuvres  hist.  inéd.,  t.  III,  p.  G ,  note  5. 

3.  ÜUANDIDIER,  lOC.  CÜ.  ,  nOtC  2. 

4.  Fragm.  hist.  Urstisii,  p.  95. 

5.  Kécrologe  de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  cité  et  discuté  par  Grandidier,  oj).  cit., 
t.  III,  p.  2,  note  1. 

6.  Cité  par  Grandiüier  (t.  III,  p.  213,  n"  66),  d'après  les  archives  de  cette  abbaye. 

7.  Edels.  Cron.,  liv.  IV,  p.  80. 


—    32    — 

montier  et  que  les  Hohengeroldseck  descendent,  selon  toutes  les  pro- 
babilités, d'un  de  ses  cousins  germains. 

Le  deuxième  fils  d'Olbon  P,  Bourcard,  est,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  l'auteur  présumé  des  sires  de  Hohengeroldseck  et  de 
Thiersberg. 

Le  troisième,  Olhon  II,  continua  la  maison  de  Geroldseck-ès-Vosges. 

Enfin,  on  peut  sans  doute  également  ranger  parmi  les  fils  d'Othon  P"", 
bien  que  la  filiation  ne  soit  plus,  cette  fois,  établie  par  litres,  un  chanoine 
de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  nommé  Berthold,  qui  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  douzième  siècle  et  qui  est  mentionné  1°  dans  un  acte  de  1 160, 
comme  prepositus  S.  Pétri  et  chanoine  de  la  cathédrale;  2°  dans  un  acte 
de  119o  et  dans  le  nécrologe  de  la  cathédrale,  sous  le  titre  de  grand- 
chanlre  :  Bertoldus  cantor,  Bertholdus  cantor  de  GeroUesekke.  Il  mourut 
le  22  août  {XI  cal.  septemh.),  avant  l'année  120V. 

Il  règne  quelque  incertitude  sur  la  personnalité  des  Olhon  et  des  Bour- 
card de  Geroldseck  qui  sont  mentionnés  dans  un  très-grand  nombre  de 
pièces  de  la  seconde  moitié  du  douzième  siècle.  Qu'Othon  F""  ait  eu  un  fils 
nommé  comme  lui  et  un  autre  fils  du  nom  de  Bourcard,  c'est  ce  qui  res- 
sort positivement  de  la  charte  de  1127  que  nous  avons  déjà  citée.  11  ré- 
sulte également  de  l'acte  de  1120,  où  le  même  Othon  P""  est  qLiahfiése»/or, 
qu'il  était  d'un  âge  avancé  à  l'époque  où  on  l'y  mentionnait  et  que,  par 
conséquent,  les  diplômes,  de  20  ou  30  ans  postérieurs,  dans  lesquels  le 
nom  d'Othon  reparaît,  peuvent  être  attribués  sans  scrupule  à  ses  des- 
cendants. 

Mais  l'incertitude  commence  alors  qu'il  s'agit  de  déterminer  si  toutes 
ces  pièces  concernent  un  seul  et  même  personnage,  Othon  II,  ou  si  elles 
se  partagent  entre  lui  et  un  certain  Olhon  III,  que  Schœpflin  suppose 
avoir  été  son  fils  et  dont  Grandidier  paraît  mettre  en  doute  l'existence  ^ 
Après  un  examen  attentif  des  dates,  nous  n'hésitons  pas  à  nous  ranger  à 
l'avis  de  Schœpflin  ;  en  effet,  on  retrouve  les  Olhon  de  Geroldseck  dans 
les  chartes  jusqu'en  1193  :  pour  qu'Othon  I"  fût  qualifié  de  senior  en 
1120,  il  fallait  que  son  homonyme  Othon  II  eût  déjà  atteint  l'âge  d'homme, 

1.  Grandidier,  op.  cit.,  t.  III,  p.  5,  note  3,  et  p.  Il,  noie  1.  Le  nécrologe  porte  textuelle- 
ment :  A7  cal.  scptemb.,  Bertoldus  canto?-  obiit,  qui  dédit  dimidium  mansum  Schaf  tol- 
desheiin,  et  le  Livre  de  la  règle  de  la  catliédrale  porte  :  hi  Schnjtoldcsheim  est  dimidius 
mansiis,  minus  tmo  agro,  quem  dédit  Bertholdus ,  cantor  de  GeroUesekke. 

2.  ScHOKPFLiN,  Als.  ilhistr.,  t.  11,  p.  C21,  g  3C5;  Grandidier,  OEuvres  hisl.  inéd.,  t.  II, 
p.  4,  note  2. 


car  on  n'auruil  pas  iluiiné  l'épilhèle  de  senior  au  pèru  d'un  enfanl;  el  si 
Olhon  II  avait  20  ou  25  ans  en  1120,  il  est  impossible  qu'il  soit  encore 
représenté  comme  agissant  et  guerroyant  soixante-treize  ans  plus  lard.  Les 
dernières  pièces  qui  puissent  lui  être  attribuées  sont  celles  de  1172  et 
1182,  où  il  est  mentionné  avec  son  frère  Boiu'card  1*^'",  et  encore  admet- 
li'ions-nous  sans  peine  qu'elles  s'appliquent  de  préférence  à  Ollion  111  et  à 
Bourcard  II. 

(juant  aux  Bourcard,  le  problème  est  d'autant  moins  aisé  à  résoudre  que 
le  nom  de  ceux  dont  l'identité  est  enveloppée  de  nuages,  reparaît  pendant 
une  période  de  120  ou  loO  ans.  On  est  généralement  d'accord  sur  un 
point,  c'est  que  les  nombreuses  pièces  (jue  nous  aurons  à  analyser  se  rap- 
portent à  trois  personnes  différentes  :  Bourcard  P'',  frère  d'Ollion  H;  Bour- 
card II,  fils  d'Ollion  H,  et  Bourcard  III,  fils  de  Bourcaid  II;  en  effet,  la  filia- 
tion de  Bouicard  III  est  aullicnliquement  établie,  et  les  freies  Othon  el 
Bourcard  sont  mentionnés  ensemble  dans  des  cbartes  trop  récenles  pour 
pouvoir  être  attribuées  aux  deux  dynastcs  de  ce  nom  cités  avec  leur  père 
Ollion  F  dans  la  cbarte  de  1127. 

rSous  tenons  dune  pour  démontrée  l'existence  et  d'Ollion  I!I  et  des  trois 
Bourcard.  Mais,  d'une  pari,  nous  ne  pouvons  affirmer,  en  l'absence  de 
tout  document  exprès,  qu'Otbon  III  et  Bourcard  II,  en  les  supposant  frères, 
soient  les  fils  d'Oihon  II;  et,  d'autre  part,  nous  reconnaissons  volonliers 
que  certaines  pièces  peuvent  être  attribuées  avec  autant  de  vraisemblance 
à  Ollion  III  (jii'à  Olbon  II,  à  Bourcard  II  qu'à  Bourcaid  P'",  à  Bourcard  III 
qu'à  Bourcard  II,  el  vice  versa. 

Sous  la  réserve  de  ces  observations,  voici  les  documents  dans  lesquels 
il  est  question  de  ces  différents  dynastes  : 

En  1  I^/o,  Otlo,  Iinjus  loci  advocatus,  est  mentionné  dans  une  cbarte 
d'Ansbelme,  abbé  de  Marmoulier,  relative  à  une  donation  laite  à  l'abbaye 
d'un  bien  sis  à  Loubacb.  En  1147,  Olto,  mlvocuhis,  est  témoin  d'une  con- 
vention conclue  entre  l'abbé  Anslielme  et  Bourcard,  évé([ue  de  Strasbourg, 
au  sujet  d'une  donation  faite  aux  religieuses  du  Sindelsbcrg'. 

Olio  de  Geroldsechen,  advocatus  cœnobiî  S.  Stephcml  in  ciritalc  Aryot- 
linensi,  Olbon,  avoué  du  couvent  de  Saint-Élienne,  à  Strasbourg,  est 
mentionné,  en  1157,  dans  la  cbarte  de  l'évèque  Bourcard  concernant  ce 
couvent". 

En  1158,  Ollo  de  Geroldiseckkc,  aduocatus  islius  loci  miliaris,  figure, 
avec  Hezelin  de  Wangen,  comme  témoin  d'un  contrat  passé  entre  l'abbé 

1.  ScHüEPi'Lix,  Als.diplom.,  u"*  273  et  279, 

2.  Charle  citée  |)ar  Grandiduou,  op.  cil.,  t.  111,  p.  3,  noie  i>. 

n-  .<ÉuiE.  ^  i.  VII.  —  ^Ji  )  3 


—    31    — 

de  Nenwiller  et  Hugues,  comte  de  Dabo,  au  sujet  de  biens  sis  à  Dossen- 
heim.  A  ses  autres  dignités,  Otbon  joignait  donc,  en  1158,  celle  d'avoué 
de  Neuvviller.  Quatre  ans  après,  en  11C2,  il  est  qualifié  avoué  de  Haslacb, 
dans  un  acte  d'échange  intéressant  l'église  de  Soultz,  près  Molsheim'. 

En  1163,  accord  conclu  entre  Conrad,  abbé  de  Marmoulier,  et  Otto  de 
Geroltzccklie ,  oberster  vogt ,  grand-avoué  de  l'abbaye,  au  sujet  de  leurs 
droits  et  devoirs  respectifs,  et  en  général  au  sujet  des  droits  et  coutumes 
en  vigueur  dans  la  Marche.  Nous  ferons  remarquer,  à  propos  de  cette 
pièce,  dont  il  existe  un  texte  latin  et  un  texte  allemand  à  peu  près  con- 
temporains et  presque  identiques,  que  l'abbé  y  déclare  déjà  expressément 
qu'il  ne  doit  y  avoir  qu'un  seul  avoué,  l'aîné  de  la  famille  de  Geroldseck; 
c'était  entre  les  abbés  et  nos  dynastes  un  sujet  perpétuel  de  discussions 
et  de  récriminalions\ 

En  1170,  Rodolphe,  évêquede  Strasbourg,  acquiert  par  voie  d'échange, 
de  Wernher,  abbé  de  Marmoutier,  le  château  de  Ilaut-ßarr.  Sont  nommés 
dans  l'acte,  Anselme;,  avoué  de  Strasbourg,  et  Olhon,  avoué  de  Mar- 
moutier \ 

En  1172,  dominus  Otto  de  Gcroldesecke ,  ecclesie  S.  Florentii  de  Hase- 
laha,  et  f rater  ejus  Burchardus,  sont  rappelés  dans  une  charte  de  l'évéque 
Rodolphe.  En  1182,  IV  Id.julii  (12  juillet),  on  trouve  Otto  de  Geroltseck 
et  Burchardus  frater  ejus,  mentionnés  comme  témoins  dans  une  charte 
donnée  à  Haguenau  par  l'empereur  Frédéric^ 

En  1187,  Otto  de  Geroltesecke,  selon  toutes  les  probabilités Othon  III,  est 
témoin  de  la  confirmation  du  monastère  de  Kœnigsbruck  par  l'empereur 
Frédéric  1°""^  et,  la  même  année,  Otto  de  Geroldesecke  et  Burckhardus  fraler 
ejus  sont  nommés  dans  la  lettre  de  privilèges  donnée  par  le  même  prince 
à  Wissembourg  *. 

En  1188,  le  même  Othon,  Otto  de  Gerolteseck,  advocatus  ecclesie  Hase- 
lacensis,  figure  dans  une  charte  de  Henri,  évêque  de  Strasbourg,  relative 
à  la  collégiale  de  Haslach^  Peu  après,  il  eut  avec  l'évéque  Conrad  de 

1.  ScHOEPi-'LiN,  Als.  dipL,  no'  298  et  305. 

2.  Copie  de  la  pièce  allemande  aux  Archiver  du  Bas-tthin,  H,  558,  7;  la  pièce  latine 
dans  YAlsatia  diplomatica ,  \\°  275.  M.  l'abbé  Hanauer  les  a  traduites  et  commentées 
dans  les  Curiosités  d'Alsace,  t.  II,  p.  370. 

3.  Als.  dipL,  n»  311. 

4.  Grandidier,  op.  cit.,  t.  111,  p.  4,  note  1  ;  p.  7,  note  6,  d'après  un  fragment  provenant 
des  manuscrits  d'UnsTisius,  à  Bûle. 

5.  ScHOEPFLiN,  Als.  dipl.  j  n"  341. 

6.  ScHOEPFLiN,  Als.  illustr.,  t.  Il,  p.  621,  g  3(J5. 

7.  Grandidier,  op.  cit.,  t.  lit,  p.  4,  note  2. 


—    35    — 

Hunebourg,  successeur  de  Henri  de  Hasenbourg,  de  longs  et  violents  dé- 
mêlés au  sujet  de  la  moitié  de  Saverne,  que  le  sire  de  Geroldseck  récla- 
mait à  titre  de  fief  épiscopal  :  un  traité  mit  fin  à  la  querelle  en  1193*, 
c'est  la  dernière  fois  que  nous  avons  trouvé  mentionné  un  Olhon  de 
Geroldseck. 

Othon  II  paraît  avoir  eu  un  assez  grand  nombre  de  fils  :  à  part  Othon  111, 
dont  il  vient  d'être  question,  et  Bourcard  II,  sur  lequel  nous  reviendrons 
tout  à  l'heure,  Grandidier  lui  donne  pour  fils  deux  chanoines  de  la  cathé- 
drale de  Strasbourg,  Berlbold  et  Etienne^  Nous  n'avons  trouvé  aucun 
document  sur  Etienne.  Quant  à  Berlbold,  Derchtoldus  de  Geroltesecke ,  il 
est  qualifié,  dans  un  diplôme  de  1193,  lu  ccclesia  Argentinensi'portarius ; 
il  réclamait,  en  cette  qualité,  douze  sacs  de  grains  qui  devaient  être  livrés, 
six  par  le  custos,  six  par  le  cellérier,  et  que  lui  disputait  le  chanoine  Hu- 
gues de  Fribourg;  l'aflaire  fut  portée  devant  le  chapitre  et  jugée  contrai- 
rement aux  prétentions  de  Berlbold  l  Plus  tard,  il  AeVmi  mensurnarius, 
réfeclorier  (1202),  puis  camérier  (1208  et  1221)*. 

Bourcard  II,  qui  continua  la  famille,  eut  trois  fils  :  Bourcard  III,  Symon 
et  Henri.  Le  fait  est  prouvé  par  la  comparaison  d'un  diplôme  de  1236  où 
Bourcard  III  et  Symon  sont  expressément  désignés  comme  ses  fils^  et 
d'un  autre  diplôme  de  1256,  duquel  il  résulte  que  Bourcard  III,  et  Henri, 
grand- chantre  et  plus  tard  évêque  de  Strasbourg,  élaient  frères  ^ 

Bourcard  liest  nommé  dans  un  certain  nombre  de  pièces;  il  n'est  pas 
impossible,  toutefois,  que  l'une  ou  l'autre  se  rapporte  à  son  fils. 

En  1217,  Burcardus  de  Geroltesecke  est  témoin  de  l'acte  par  lequel 
Olhon  d'Ochsenstein  et  Evrard,  son  frère  cadet,  partagent  leurs  châteaux 
et  leurs  fiefs  (prîdie  cal.  decemhr.,  c'est-à-dire,  30  novembre)^  ^ 

En  1236,  ^wrcardws  de  Geroltzeckh  ûguve ,  comme  témoin,  dans  un 
traité  entre  l'empereur  Frédéric  II  et  Berthold,  évêque  de  Strasbourg,  et 
dans  un  diplôme  de  Henri,  landgrave  d'Alsace,  relatif  à  Donnenheim*. 

1.  Lehmann,  Vrkundl.  Gesch.  der  Grafschaft  Hanau-Lichtenberg ,  t.  11,  p.  7. 

2.  Loc.  cit. 

3.  WuRDïWEiN,  A'oi'.  sabs.  diplom. ,  t.  X,  p.  165;  Grandidiek,  op.  cit.,  t.  III,  p.  42. 

4.  Diplômes  cités  par  Grandidier,  op.  cit.,  t.  111,  p.  51 ,  note  2. 

5.  Burchardus  de  Geroltesecke,  Burchardus  et  Symon  filii  ejusdein:  diplôme  donné,  à 
Golmar,  en  123G,  par  l'empereur  Frédéric  II  à  la  ville  de  Strasbourg.  (Wencker,  De  Us- 
burg.,  p.  9.) 

G.  Burcardus  de  Geroltseclic,frufer  dicti  cautoris ,  etc.  Mone  (Zeitschrift für  die  Ge- 
schichte des  Oberrheins,  XV,  ICI)  publie  la  pièce  inextenso. 

7.  Archives  de  Darmstadt;  Mone,  Zeitschrift filr  die  Geschichte  des  Oberrheins,  t.  XIV^ 
p.  191. 

8.  ScHOEi'i'LiN,  Als.  dipl.,  u"'  48U  et  48  i. 


ÖO 


Le  26  jiiillel  128t),  il  esl  aibilre  d'une  liaiitsaclioii  entre  l'abbaye  de 
Marmoulier  et  les  chevaliers  Frédéric  Marscliaik  et  Engelhard  de  llague- 
nau  au  sujet  de  biens  sis  à  Weyersheim  '. 

C'est  en  1238  que  nous  rencontrons  ])ùur  la  dernière  l'ois,  dans  les 
chartes,  le  nom  de  Bourcard  II.  Symon ,  jiUus  Burkurdi  advocaii  de  Ge- 
roUesheche ,  est  témoin  de  la  confnrnalion  par  Conrad  IV,  roi  des  Romains, 
de  la  vente  d'un  fief  impérial".  Ce  document,  en  même  temps  qu'il  corro- 
bore celui  de  '12o6,  cité  plus  haut,  quant  à  la  lilialion  de  Symon  P""  de 
Geroldseck,  prouve,  en  outre,  que  son  père  jouissait,  comme  ses  ancêtres, 
de  la  dignité  d'avoué  de  Marmoulier. 

Des  trois  fils  de  Bourcaid  II,  les  deux  aines,  Bourcard  III  et  Symon  P'", 
donnèrent  naissance  à  des  branches  spéciales  auxquelles  nous  consacrons 
les  deux  chapitres  suivants.  Le  troisième,  Henri,  entra  dans  les  ordres  et 
finit  par  monter  sur  le  siège  épiscopal  de  Strasbourg-,  après  la  mort  de 
son  fougueux  cousin,  Walther  de  Hohengeroldseck. 

Les  auteurs  du  siècle  dernier  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  filiation  de 
l'évêque  Henri.  Sciiœpflin,  dans  son  tableau  généalogique  de  la  maison 
de  Geroldseck  %  fait  de  lui  le  fils  d'un  certain  Henri,  frère  d'Olhon  III  et 
de  Bourcard  H.  Graindidier,  après  avoir  rangé  le  prélat  parmi  les  fils  de 
Bourcard  II,  paraît  se  raviser,  car  un  peu  plus  loin  il  adopte  la  version  de 
ScHŒPFLiN,  sans,  du  reste,  fournir  aucune  preuve  à  l'appui  ni  de  sa  pre- 
mière ni  de  sa  seconde  manière  de  voir^  Non-seulement  on  ne  produit 
aucune  pièce  constatant  que  le  père  de  l'évêque  s'appela  Henri,  mais  en- 
core nous  n'en  connaissons  point  qui  autorise  à  attribuer  à  Othon  II  un 
fils  de  ce  nom. 

Une  charte,  découverte  dans  les  Archives  de  Carlsruhe  et  publiée  par 
M.  MOiNE^  tranche  la  question  dans  le  sens  de  la  première  opinion  de 
Grandidier,  c'est-à-dire,  fait  expressément  de  Henri  le  frère  de  Bour- 
card III  et,  par  conséquent,  le  fils  de  Bourcard  II:  En  1256,  yost  festum 
b.  Johannis  Bapl.,  quindccim  dies  (du  24  juin  au  7  juillet),  le  couvent  de 
Saint-Biaise  loue  à  Henri  de  Geroldscck,  chantre  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  pour  sa  vie  durant,  ses  cours  à  Sesselniteim  et  à  Wisentowe. 
L'aulhenlicité  du  contrat  est  attestée  par  l'apposition  des  sceaux  de  Wal- 
ram,  chanoine  de  Strasbourg  (très-probablement,  de  Walram  de  Gerolds- 

1.  Archives  du  Bas-Rliin,  H,  b[d,  l. 

2.  Sghoepflin,  Als.  dipl.,  n»  490. 

3.  ScHOEPFLiN,  Als.  ilhistr.,  t.  II,  p.  G 18. 

4.  Gi!ANDiDii;u,  op.  cit.,  t.  III,  p.  4,  note  2;  t.  IV,  p.  2G. 

5.  ZcilschriJ'tJür  die  Gesch.  des  Oberrheins,  XV,  161. 


eck,  que  le  Liber  ro(j)iliUP  svnut/i  capitvVi  Argentinen^l.^  eile,  en  1255, 
en  tête  des  chanoines  m  expedatione,  et  qui  était  alors  dans  le  chapitre 
le  seul  personnage  (hi  nom  de  Waliam'),  et  de  Bourcard  de  Geroldseck, 
frère  du  chnnlve,  )whilis  vin'  domitti Bvrcnrdi  de  GeroJlscche,frntris  dicii 
cantoris. 

Le  sceau  de  Bourcard,  pour  le  dire  en  passant,  est  un  sceau  équestre 
et  triangulaire;  le  cavalier  tient  un  écu  au  lion  des  Geroldseck,  La  légende 
est  légèrement  écornée,  mais  on  y  lit  encore  :  Sigili.um  Burc...  rol- 

TESECKE, 

Heni'i  de  Geroldseck  élait  déjà  chajioine  de  Slrashourg  en  1242'.  En 
1255,  le  Lilier  regulœ  lui  donne  la  qualification  de  chantre;  on  vient  de 
voir  qu'un  autre  acte  authentique  la  lui  donne  en  juin  1256.  Lorsque  la 
mort  de  Henri  de  Staleck  (IV  des  noues  de  mars  =  4  mars  1260)  appela  le 
chapitre  à  élire  son  successeur,  le  chantre,  soit  qu'il  ambitionnât  pour  lui- 
même  la  mitre  et  la  crosse,  soit  qu'il  se  défiât,  non  sans  raison,  —  la  suite 
le  montra  bien,  —  du  caractère  hautain  et  irascible  de  son  collègue,  Wal- 
Iher  de  Geroldseck,  fut  le  seul  chanoine  qui  s'opposât  à  l'élection  de  ce  der- 
nier. Le  conflit  qu'Henri  redoutait  éclata  dès  la  première  année;  Walther, 
cà  bout  d'arguments,  recourut  à  ses  armes  spirituelles,  enjoignit  à  tout  son 
clergé  de  sortir  de  Strasbourg  et  mit  la  ville  en  interdit  (juin  1261).  Seul 
encore,  le  grand-chantre  refusa  d'obtempérer  à  cet  ordre,  sans  même 
donner  aucun  prétexte  pour  colorer  sa  désobéissancel  Cet  honorable  acte 
d'indépendance  lui  valut  parmi  les  bourgeois  une  popularité  que  justi- 
fiaient, du  reste,  la  bonté  et  la  noblesse  de  son  caractère  et  dont  il  devait, 
trois  ans  après,  recevoir  la  réconipense.  Après  la  défaite  et  la  mort  de 
l'évèque  Walther,  après  une  période  de  guerre  et  de  désordres  qu'un 
choix  impolitique  pouvait  prolonger  indéfiniment,  le  chapitre  comprit 
qu'il  ne  rendrait  la  tranquillité  au  diocèse  qu'à  une  seule  condition  :  c'était 
de  placer  à  sa  tête  un  prélat  dont  le  nom  fût  pour  tout  le  monde  un  gage 
d'apaisement;  l'unanimité  des  suffrages  se  porta  sur  le  grand-chantre  Henri 
de  Geroldseck-ès- Vosges.  Le  VI  des  ides  de  mars  (10  mars)  1263,  Henri, 
sur  ia  demande  du  chapitre,  promit  solennellement  d'observer,  s'il  était 
élu,  le  traité  de  paix  conclu  entre  feu  l'évèque  Walther  et  la  ville  de  Slras- 

l.  Voir  la  liste  des  cliannines  dans  (îrandidier,  op.  cif. .  t.  IV.  p.  2. 

'2.  Grandidier,  op.  cit..  t.  III,  p.  188. 

3.  Cantor  contra  vohintatem  episcopi  remansit ,  qui  se  opposuit  episcopo  et  oppo- 
suerat  se  in  electione  dicli  episcopi.  [Chron.  d'ENSMiNGEN,  éd.  Liblin,  p.  88.)  Le  30  novem- 
bre 12G0,  jour  de  la  Saint-André,  il  avait  résigné  ses  fonctions  de  curé  de  Marnioutier. 
(Archives  du  Bas-Rhin,  H,  558,  7,  copie.) 


bourg  au  sujet  des  droits  et  coutumes  de  la  ville*,  et  le  lendemain  il  mars, 
il  fut  élu  :  «-Ad  preces  civiuni,  dit  le  chroniqueur  Godefroi  d'Ensmin- 
GEN,  canonici  elegemnt  in  episcopnni  concorditer  dominum  Henricum 
de  Geroltzecke  an  den  Wasichen ,  cantorem  ecclesie  Argentinensis ,...  et 
sic  facta  est  concordia  inter  dictos  cives  et  canonicos  usque  in  hodiernum 
diem  ^  » 

Les  premiers  actes  du  nouvel  élu  confirmèrent  tout  le  monde  dans  les 
sentiments  de  respect  et  d'estime  qu'on  avait  déjà  conçus  pour  lui. 

A  peine  eut-il  obtenu  l'épiscopat,  qu'à  la  persuasion  du  Magistrat  de 
Strasbourg-,  il  fit  la  paix  avec  Hugues  de  lîathsamhausen,  qui  l'avait  ou- 
tragé dans  le  temps  qu'il  n'était  que  simple  chanoine^  Dès  le  mois  d'avril 
suivant,  le  21  {an  dem  sameztage  vor  St.  Georgien  tage),  de  concert  avec 
les  chapitres  de  Saint-Thomas  et  de  Saint-Pierre-le-Jeune  de  Strasbourg, 
et' tout  le  clergé  du  diocèse,  il  donna  à  la  ville  des  lettres  réversales  au 
sujet  des  droits  et  coutumes  dont  le  Magistrat  avait  juré  avoir  joui  d'an- 
cienne date.  Ces  lettres  stipulent  notamment  que  les  magistrats  munici- 
paux devront  prêter  devant  lui  serment  de  maintenir  les  droits  respectifs 
de  la  ville  et  de  l'évêquc;  que  le  prévôt  (Schultheis)  de  la  ville  sera  à  la 
nomination  de  l'évècjue,  mais  qu'il  aura  toujours  deux  assesseurs  pris 
dans  la  bourgeoisie,  que  l'évêque  nommera  comme  burgrave  un  de  ceux 
qui  sont  au  service  de  l'Eglise,  et  que  ce  burgrave  désignera  pour  chaque 
tribu  le  Zunftmeister  chargé  de  l'inspecter;  que  la  recelte  des  péages 
{Zollkeller)  et  la  direction  de  la  monnaie  seront  confiées  à  un  bourgeois; 
que  la  ville  aura  le  droit  de  mettre  ses  troupeaux  dans  les  pâturages  (.4/- 
mende)  épiscopaux,  —  on  se  souvient  que  c'était  un  des  principaux  sujets 
de  dissension  entre  la  ville  et  l'évêque  Walther  de  Geroldseck;  —  que  les 
villages  dépendant  de  l'évêché  et  du  chapitre  pourront  se  pourvoir  devant 
le  sénat  comme  devant  un  tribunal  d'appel;  que  la  ville  sera  libre  de  con- 
tracter des  alliances  à  son  gré,  qu'elle  désignera  seule  les  administrateurs 
de  l'hôpital  civil,  enfin  qu'elle  nommera  le  chapelain  chargé  de  desservir 

1.  L'instrument  de  cette  promesse  se  trouve  aux  Archives  de  la  ville  de  Strasbourg,  V. 
D.  6.,  lad.  m,  fasc.  IV,  I.  Symnndus  dominus  de  Geroltsecke,  Ulric,  sire  de  Ribeaupierre,  et 
Conrad-Wernher,  sire  de  Hadstatt,  se  portent  garants  de  la  parole  du  chantre,  et  appo- 
sent leur  sceau  à  côté  du  sien.  Les  quatre  sceaux  sont  assez  bien  conservés;  celui  de 
Symon  1<"'  est  un  sceau  équestre  et  triangulaire,  en  cire  jaune;  le  cavalier  tient  un  écu  aux 
armes  des  Geroldseck  {lion  et  billettes),  et  la  légende,  en  partie  brisée,  porte  :  S.  SI....GE.. 
LTESECKE. 

2.  Chron.  d'ExsMmoEN  (1291),  éd.  Liblin,  p.  54. 

3.  Grandiuier,  op.  cit.,  t.  IV,  p.  28. 


—    39    — 

à  la  cathédrale  l'autel  privilégié  qui,  par  une  concession  spéciale  du  Saint- 
Siège,  ne  pouvait  être  sujet  à  aucun  interdit*. 

Quelques  jours  après,  le  prélat  et  les  mêmes  chapitres  s'engagèrent, 
par  un  acte  particulier,  daté  du  mardi  après  la  Saint-George  (24  avril 
1263)-,  à  ne  rien  réclamer  de  la  ville  pour  les  dommages  qu'ils  avaient 
éprouvés  pendant  la  dernière  guerre,  et  Henri  intervint  manifestement 
auprès  des  divers  memhres  de  son  clergé  pour  obtenir  d'eux  une  renon- 
ciation analogue,  car  nous  avons  sous  les  yeux  une  charte  du  samedi 
après  l'Ascension  (12  mai)  1263^  par  laquelle  l'élu  de  Strasbourg  atteste 
que,  la  paix  se  trouvant  faite  entre  la  ville  et  le  clergé,  Henri,  prêtre  et 
vicaire  de  Saint-Nabor,  se  désiste  de  toute  action  en  réparation  de  dom- 
mage contre  les  Slrasbourgeois.  L'année  suivante,  ainsi  qu'on  le  verra  un 
peu  plus  bas,  tout  le  clergé  régulier  du  diocèse  s'associa  à  ces  mesures 
de  concihation,  et,  plus  tard,  par  acte  du  21  juin  1267,  l'abbé  de  Hohen- 
forst  {Alla  sylva),  au  diocèse  de  Toul,  déclara  également,  au  nom  de  la 
communauté  de  ce  couvent,  qu'il  ne  poursuivrait  pas  la  réparation  des 
pertes  que  lui  avaient  causées  les  Slrasbourgeois,  notamment  en  pillant 
les  vins  de  l'abbaye  à  Dorlisheim,  et  en  brûlant  une  cour  qu'elle  possédait 
à  Achenheim''. 

Tandis  qu'il  travaillait  à  rétablir  la  bonne  harmonie  entre  le  clergé  et 
le  Magistrat  de  la  cité  épiscopale,  le  prélat  s'efforçait  aussi  d'agir  en  paci- 
ficateur auprès  des  dynastes  qui  avaient  pris  parti  pour  l'un  ou  pour  l'au- 
tre. Le  jour  de  la  Sainte-Odile  (13  décembre)  1263,  une  trêve  fut  conclue 
sous  ses  auspices  entre  Wallher  P,  sire  de  Hohengeroldseck,  le  mar- 
grave de  Hochberg,  Henri  de  Geroldseck,  etc.,  d'une  part,  l'élu  de 
Strasbourg,  les  bourgeois  de  la  ville,  les  comtes  Rodolphe  et  Godefroi 
de  Habsbourg,  le  comte  Conrad  et  les  bourgeois  de  Fribourg,  etc.,  de 
l'autre'. 

Le  3  des  noues  de  mars  (5  mars)  1264,  le  frère  Rufin,  premier  chapelain 
du  pape,  écrivit  à  l'évèque  qu'autorisé  par  le  Saint-Siège,  il  le  chargeait 
de  relever  les  bourgeois  de  Strasbourg  de  l'excommunication  qu'ils  avaient 
encourue  en  brisant  plusieurs  cloches  d'église   pendant  la  guerre,  sous 

1.  Archives  de  la  ville  de  Strasbourg,  V.  D.  G.,  lad.  III ,  fasc.  IV,  2  (copie  contemporaine). 
Yoy.,  sur  le  dernier  point,  Wencker,  Collect.  Archiv.,  p.  469,  471  et  472,  et  Grandidier, 
op.  cit.,  t.  IV,  p.  30,  note  I. 

2.  Wencker,  De  Usbicrg.,  p.  21. 

3.  Archives  de  la  ville  de  Strasbourg,  Y.  D.  G.,  lad.  III,  fasc.  IV,  3. 

4.  fôzd.,  lad.  IIl,fasc.lV,  10. 

5.  Ibid.,  lad.  m,  fasc.  III,  8. 


—     40    — 

la  condilion  rpie  In  ville  irulemnisat  les  églises  dont  les  cloches  nvaicnt.  été 
brisées'. 

La  conclusion  d'un  (raité  de  paix  définitif  avec  les  Ilohengeroldseck 
ayant  subi  des  lenteurs,  l'évoque,  dans  le  but  do  contribuer  à  la  pacifica- 
tion du  diocèse,  consentit,  par  acte  du  10  novembre  (sahbalo  proxhno  mite 
fcstum  b.  MarUni)  1204,  à  metirc  à  la  disposition  des  bourgeois  de  Stras- 
bourg ses  places  d'armes  et  ses  soldats,  mvniliones  et  armolos,  et  s'en- 
gagea à  les  aider,  quoi  qu'il  advînt,  de  ses  conseils  et  de  ses  forces". 

Ti'ois  jours  api'ès,  le  mardi  après  la  Saint-Marlin  (13  novembre),  l'évèque 
tint  à  Sirasbourg  un  synode  diocésain,  auquel  assistèrent  les  abbesses  de 
Saint-Klienne,  d'P'rslein,  de  Ilohenbourg,  de  Niedermünster,  de  Kœnigs- 
briuk,  les  supérieures  des  couvents  de  Sindelsberg  et  de  Saint-.Iean-des- 
Choux,  les  abbés  de  Schwarizach,  de  Gengenbach,  de  Schuttern,  d'Elten- 
heimmünster,  d'Ebei'sbeinimünster,  de  Iloncourt  (Hugshofen),  d'Altorf,  de 
Marmoulier,  de  ^ou^viller  et  de  Sainte-Waipurge;  les  prévôts,  doyens  et 
chanoines  de  Surbourg,  de  liaslach,  de  Saint-Léonard  et  de  Ilonau,  les 
prévôts  réguliers  du  couvent  de  Saint-Arbogast,  d'Ilten\viller  et  de  Trut- 
tenhausen,  le  prévôt  de  l'Iiôpilal  de  llaguenau  et  le  prieur  des  frèi'es 
d'ObersIcigen.  L'assemblée,  qui  représentait  tout  le  clergé  régulier  du 
diocèse,  adhéra  solennellement  au  traité  fait  entre  l'évèque  et  !a  ville,  et 
renonça  à  toute  réclamation  pour  les  dommages  éprouvés  pendant  la 
guerre  f)ar  les  diverses  maisons  religieuses^ 

Enfin,  le  vendredi  avant  la  Saint-Jacques  (23  juillet)  1200,  fut  signé, 
entre  les  belligéranis  de  l'année  1262,  le  trailé  de  paix  qui  devait  mellre 
un  terme  à  leur  querelle. 

Le  vénérable  prélat  avait  atteint  le  but  de  ses  eftbrts,  et  l'histoire  pou- 
vait sans  flatterie  lui  faire  honneur  d'une  pacificalion  qui  avait  été  labo- 
rieuse :  «  Hic  ephcopus,  dit  la  Chronique  de  Schuttern,  opéra,  clemenlia 
swgiihtri  et  mansucludine,  gravissimum  bellum  composuU  ex  quo  honore, 
opibvs  et  potentla  mirnm  in  modum  est  auctus  ^  '. 

Ce  n'est  pas  que  le  rosie  de  son  épi.-copat  dût  être  exempt  de  toute  dif- 

1.  Arcliivcs  de  la  ville  de  Strasbourg,  Y.  D.  G.,  lad.  III,  fasc.  III,  9.  Dans  notre  Sei- 
gneurie de  nohengerohheck,  nous  avons  donné  nn  sens  nn  peu  trop  étendu  à  la  lettre  du 
frère  Rufin  (Bnll.,\\,  p.  08,  n.  1;  nouv.  éd.,  p.  13,  n.  2). 

2.  //;iV/.  ,lad.  m,  fuse.  IV.  5. 

3.  La  pièce  originale,  revèliic  do  'lO  hcanx  sceaux  d"abbayes  et  de  couvents,  se  trouve 
aux  Arcliivcs  de  la  ville  do  Strasbourg,  lad.  \\\ ,  fasc.  IV.  Elle  est  reproduite  dans  Wencker, 
De  Ushiirg.,  p.  2G. 

'i.  Citron.  V.  SdiKflcra,  'iH  (Mone,  QnelIpnsdmmL.  t.  III,  p.  97). 


ficullé  Ol  (le,  l(Dnlo  lutli\  Il  osl,  au  conlraire,  roiiini'qnalile  de  voir  que,  par 
l'innuence  des  temps  agiles  où  il  exerçait  son  ministère,  l'un  des  évoques 
assurément  les  plus  aimés  el  les  plus  respectés  du  diocèse  de  Strasbourg 
ait  été  presque  continuellement  aux  prises  avec  des  ennemis  ou  (\e^  re- 
belles. 

A  peine  avait-il  réconcilié  la  ville  avec  les  ïloliengeroldseck,  qu'il  se  vil 
contraint  de  piendre  les  armes  contre  les  bourgeois  de  Sellz.  La  ville  de 
Strasbourg  était  depuis  l'année  1256  en  état  d'hostilité,  tantôt  sourde, 
tantôt  ouverte,  avec  la  ville  de  Sellz,  dont  les  habitants  inquiélnient  ses 
marchands,  et  avec  l'abbaye  de  Seltz,  qui  avait  pris  le  parti  de  la  ville. 
Sirasbourg  avait  envoyé  des  troupes  contre  elles,  et  avait  même  fini  par 
brûler  le  couvent,  dont  les  religieux  donnaient  asile  à  ses  ennemis.  Le 
Saint-Siège  intervint  à  la  requête  de  l'abbé,  lança  contre  les  vainqueurs 
les  foudres  du  Vatican  et  les  obligea  à  réparer  le  dommage.  Mais  les  mômes 
vexations  s'élant  renouvelées  dix  ans  après,  de  la  part  des  habitants  de 
Sellz,  Strasbourg  contracta  une  alliance  avec  l'évoque  Henri  de  Geroldseck, 
avec  Hénoc  de  Linange,  évêque  de  Spire,  avec  les  comtes  Emic  el  Fré- 
déric de  Linange,  Werner  de  Bolanden  el  François  de  Fleckenstein,  pour 
réduire  la  ville  et  la  démanteler*.  Rodolphe,  margrave  de  Bade,  qui  déte- 
nait Seltz  à  titre  d'engagiste,  s'empressa  de  négocier  avec  les  assiégeants; 
néanmoins  la  ville  fut  prise  d'assaut  et  pillée,  ce  qui  donna  naissance 
enire  le  margrave  et  les  alliés  à  un  litige,  dont  Wencker  a  mis  en  lumièie 
les  principales  phases'  et  rpii  ne  fut  a[ilani  qu'en  1274,  grâce  à  la  mé- 
diation de  l'empereur  Kodoljjhe. 

Au  moment  même  où  il  guerroyait  contre  Seltz,  au  nord  de  son  dio- 
cèse, l'évêquc  IJenri  avait  à  suivre  du  côté  du  midi,  à  Mulhouse,  une 
lutte  plus  invétérée  et  plus  sérieuse.  Nous  ne  raconterons  pas  en  détail  la 
querelle  de  la  jeune  cité  de  la  Ilaute-Alsace  avec  les  évèqucs  de  Strasbourg; 
notre  savant  ami.  M,  Louis  Spach,  en  a  donné,  dans  le  Bulletin  même, 
un  récit  fort  détaillé,  fort  captivant,  auquel  nous  ne  pourrions  rien 
ajouter \  Nous  devons  seulement  rappeler  ici  (jue  Mulhouse  pi'ofita  de  la 
levée  de  boucliei'S  provo(piée  en  '1261,  par  l'évêque  Walllier  de  Gerolds- 

1.  Convenlion  du  lendemain  de  l'Invention  de  la  Sainic-Croix ,  \  mai  l'iuS:  Wexckeh, 
Apparat.  Archio.,  p.  170. 

2.  Wexcker,  op.  cit.,  p.  178  et  sniv. 

3.  une  excommunication  de  Mulhouse  au  XI 11^  s.,  Bulletin  de  la  Soc.  pour  la  cons.  des 
maman  hist.  d'Als.,  Il«  sôrie,  t.  II,  p.  55;  Œuvres  choisies,  t.  III,  p.  397.  Les  chartes  re- 
latives au  litige  avec  Mulliouse  forment,  aux  Archives  du  Bas-Rhin,  6,  547,  une  volumi- 
neuse liasse,  dont  M.  Sp\ch  a  pn!)lié.  à  litre  de  pièces  justificatives,  les  pièces  les  plus 
iutéressaiiles. 


—     i2    ~ 

eck,  son  seigneur,  pour  secouer  un  joug  fori  lourd  et  se  jeter  dans  les  bras 
du  comte  Rodolphe  de  Habsbourg,  landvogt  de  la  Haute-Alsace ^  Après 
le  rétablissement  de  la  paix,  en  1265,  le  successeur  de  Wallher,  l'évêque 
Henri,  la  somma  de  rentrer  sous  son  obédience,  rencontra  de  la  part  des 
bourgeois  une  opposition  aussi  persistante  qu'inattendue,  essaya  vainement, 
de  concert  avec  son  collègue  de  Bâie  et  l'archevêque  de  Besançon,  de  les 
ramener  par  les  armes  spirituelles  :  l'excommunication  et  l'interdit;  se  vit 
réduit,  après  sept  ans  de  négociations  infructueuses,  à  recourir  au  bras 
séculier,  mit  le  siège  devant  la  ville,  mais  ne  put  triompher  de  son  éner- 
gique résistance.  Comment  la  lutte  finit-elle?  M,  Spach  ne  le  dit  pas  ex- 
pressément; il  est  probable,  ainsi  qu'il  le  suppose,  que  le  comte  Rodolphe 
de  Habsbourg,  dont  la  protection  n'avait  pas  fait  défaut  un  seul  instant 
à  la  petite  et  héroïque  cité,  eut  assez  de  crédit,  une  fois  empereur  d'Al- 
lemagne, pour  la  réconcilier  avec  son  suzerain  et  avec  l'Eglise  (1273). 
Au  surplus,  trente-cinq  ans  après,  un  traité  d'échange  conclu  entre  l'Em- 
pire et  Jean,  évoque  de  Strasbourg,  fit  définitivement  sortir  Mulhouse  des 
domaines  de  ce  prince  ecclésiastique  (1308). 

Il  n'est  pas  facile  de  se  rendre  un  compte  exact  des  relations  du  comte 
de  Habsbourg  avec  les  évêques  de  Strasbourg,  et  notamment  avec  Henri 
de  Geroldseck.  Il  change  d'attitude  à  leur  égard  d'une  année  à  l'autre  et 
parfois  les  combat  plus  ou  moins  directement  d'un  côlé,  tandis  qu'il  né- 
gocie avec  eux  de  l'autre.  On  a  déjà  vu,  à  propos  de  Walther  de  Hohen- 
geroldseck,  qu'après  avoir  embrassé  son  parti,  Rodolphe  fit,  trois  mois 
après,  une  éclatante  défection  et  accepta  même  la  capitainerie  des  milices 
strasboiirgeoises.  Qu'il  ait  obéi  à  une  conviction  sincère  en  abandonnant 
le  parti  d'un  prélat  oppresseur  et  vindicatif,  ou  qu'il  ait  écouté  ses  rancu- 
nes personnelles  contre  celui  qui  avait  refusé  de  lui  restituer  les  terres 
naguère  données  par  son  oncle,  le  comte  de  Kybourg,  à  l'église  de  Stras- 
bourg, au  mépris  de  ses  droils  héréditaires,  personne  ne  s'étonnera  que 
Rodolphe  n'ait  pas  cru  devoir  soutenir  jusqu'au  bout  l'évêque  Walther 
dans  ses  orgueilleuses  prétentions.  Mais  il  n'avait  aucun  de  ces  griefs 
contre  Henri  de  Geroldseck-ès- Vosges.  En  effet,  l'un  des  premiers  actes  du 
nouvel  évêque  fut  de  renoncer  bénévolement,  en  faveur  de  Rodolphe,  au 
bénéfice  de  la  donation  du  comte  Hartmann  de  Kybourg.  Le  comte  de  Habs- 
bourg, touché  de  cette  générosité,  s'empressa  de  restituer  à  Henri  tout 
ce  qu'il  retenait  des  biens  appartenant  à  l'évêché  de  Strasbourg,  et  refusa 
même  de  recevoir  les  700  marcs  d'argent  que  lui  assurait  le  traité  conclu 
entre  lui  et  l'évêque  Wallher  au  lendemain  de  la  bataille  de  Hausbergen. 

1.  Ckron.  (I'Ensmingen,  éd.  Liblin,  p.  43. 


—    43    — 

Un  peu  plus  tard,  par  acte  du  14  juin  1269,  il  consentit,  pour  prévenir  tout 
démêlé  ultérieur  entre  sa  famille  et  les  évoques  de  Strasbourg,  à  abandonner, 
à  Henri  moyennant  une  compensation  fort  modérée,  l'avouerie  de  la  ville 
et  du  mundat  de  Rouffach  qu'il  tenait  de  l'évêché  à  titre  de  fief  héréditaire'. 

Ces  échanges  de  marques  d'amitié  n'empêchèrent  pas  Rodolphe  de 
soutenir  très-ouvertement  les  habitants  de  Mulhouse  contre  leur  suzerain, 
le  prélat  de  Strasbourg,  et  Henri,  lui-même,  de  joindre  ses  troupes  à  celles 
de  son  ami  Henri  de  Neuchâtel,  évêque  de  Bâle,  afin  de  défendre  contre 
le  comte  de  Habsbourg  la  ville  de  Brisach,  conférée  à  l'église  de  Bâle  par 
Frédéric  II,  à  titre  de  fief  impérial.  Cette  double  campagne  ne  fut  pas 
heureuse  pour  notre  prélat.  Comme  nous  l'avons  dit,  il  ne  parvint  pas  à 
se  rendre  maître  de  Mulhouse,  et  l'évêque  de  Bâle  n'eut  que  le  temps  de 
rentrer  dans  son  diocèse,  où  l'ennemi  avait  porté  le  fer  et  le  feu. 

Henri  de  Geroldseck  mourut  dix-huit  mois  après,  le  12  février  1273^ 
et  fut  enseveli  dans  la  chapelle  Saint-Jean,  à  la  cathédrale.  Du  temps  de 
Grandidier,  toute  trace  de  son  tombeau  et  de  son  épitaphe  avait  déjà 
disparu \  «Il  laissa  à  son  église,  dit  la  Chronique  de  Schuttern,  une  foule 
d'objets  précieux,  de  vases  en  or  et  de  reliquaires  de  prix  que  la  fureur 
des  hérétiques  en  fit  disparaître  en  1526*.»  Il  lui  laissa  surtout  la  mé- 
moire d'un  prélat  dont  une  grande  bonté  native  et  une  inépuisable  charité 
tempéraient  la  fermeté  et  l'énergie,  d'un  prince  qui,  préposé  aux  destinées 
du  diocèse  à  l'une  des  époques  les  plus  critiques  qu'il  ait  traversées,  sut, 
grâce  à  ces  belles  et  nobles  qualités,  reconquérir  toute  son  autorité  et  la 
transmettre  à  ses  successeurs  plus  étendue,  mieux  assise,  plus  respectée 
qu'elle  ne  l'avait  jamais  été. 

Ajoutons,  en  terminant,  qu'il  fit  très-activement  travaillera  l'édifica- 
tion de  la  cathédrale,  et  que  c'est  lui  qui,  le  7  juin  1264,  prescrivit  une 
collecte  dans  tout  le  diocèse  pour  la  reconstruction  de  l'église  de  Saint- 
Thomas,  aquœ  prima  ßlia  nostre  kalhedraUs  ecclesie  dicitur  et  est ,  cujus 
<imurinimia  vetustate  consumptf^....y> 

1.  ScHOEPFLiN,  Aïs.  dipl.,  ïi°  655. 

2.  Le  II  des  ides  de  février,  c'est-à-dire,  le  12,  d'après  le  livre  des  anniversaires  de 
Saint-Thomas;  le  III  des  ides,  ou  le  11,  d'après  celui  du  grand-cliœur  de  la  Cathédrale. 

3.  Grandidier,  op.  cit ,  t.  IV,  p.  37.  Nous  croyons  encore  devoir  mentionner,  à  propos  de 
ce  prélat,  un  acte  de  1267  par  lequel  Adélaïde,  dame  d'Andlau,  et  Rodolphe,  son  flls,  lui 
rétrocèdent  le  val  d'Andlau  et  le  village  de  Mittelberglielm,  qui  leur  avaient  été  engagés 
pour  200  marcs  d'argent  par  les  évêques  Henri  de  Staleck  et  Walther  de  Geroldseck.  (Ar- 
chives du  Bas-Rhin ,  G,  546,  6.) 

4.  Chron.  de  Schuttern,  46  (Mone,  Quellensammlung,  t.  III,  p.  97). 

5.  Datum  Argentine,  1264,  VII  Id.  Junii.  (Schmidt,  Histoire  du  chapitre  de  Saint-Thomas 
de  Strasb.,  pièces  justiflc,  n"  43,  p.  320.) 


CHAPITRE   III. 

Bourcard  III  de  Geroldseok  et  ses  descendants  jusqu'à  leur  extinction  en  1364. 
Le  château  de  Geroldseck  ou  de  Stinzel  dans  la  vallée  de  la  Sarre. 

Bourcard  II  eut,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  Irois  fils  :  Bourcard  III, 
Symon  F"",  et  l'évêque  Ileni'i,  dont  nous  ven">ns  de  parler.  Nous  groupons 
dans  le  présent  chapiire  tous  les  faits  qui  se  rapportent  à  Bourcard  III  et 
à  ses  descendants,  tout  en  faisant  observer  que  les  diverses  branches  de  la 
famille  paraissent  n'avoir  jamais  procédé  à  un  partage  territorial  de  leurs 
possessions  et  .s'èlre  contentées  d'en  répartir  les  revenus  en  proportion 
des  droits  de  chacun,  de  sorte  que  leurs  annales,  comme  leurs  intérêts, 
sont  souvent  confondus. 

En  1255,  Argentine,  sahhato  post  fesivm  h.  Pétri  et  Pauli  apost. 
(o  juillet),  Frédéric,  burgrave  de  Nuremberg,  confie  sa  fille  Alide  à  la 
garde  de  Brocardus  (Bourcard  III)  et  Giùmondnx  (Symon  F""),  frères  de 
Geroldseck,  jusqu'à  ce  que  Jean,  comte  de  Bourgogne,  ait  payé  1,500 
marcs  d'argent,  après  quoi  elle  devra  être  remise  entre  les  mains  dudit 
comte*. 

Nous  rappelons'  qu'en  1256,  Bourcard  figure  comme  témoin  d'un  acte 
par  lequel  le  couvent  de  Saint-Biaise  loue  à  son  frère,  le  chantre  Henri 
de  Geroldseck,  des  cours  situées  à  Sesselnheini  et  à  Wif^enfoive.  Bourcard 
appose  au  bas  de  la  pièce  un  sceau  équestre. 

Il  est  probable  qu'il  mourut  peu  de  temps  après. 

Bourcard  III  avait  eu  trois  fils  :  Bourcard  IV,  \Yalrnm  ou  Waliaf  et 
Robin.  C'est  ce  qui  résulte  1^  d'un  acte  du  27  octobre  1269,  jour  des 
apôtres  Simon  et  Jude,  où  Her  Symond  von  Geroltsecke ,  Biircard  nnd 
Walrave,  syns  brudern  soiie  (fils  de  son  frère),  figui'ent  comme  témoins 
d'une  transaction  conclue  entre  Sigeberg  de  Werde,  landgrave  d'Alsace, 
et  sa  mère  Elisabeth'';  2°  d'une  convention  de  l'année  1200  par  laquelle 
Nos  Symon  ,  et  nos  Bnrcliardus,  Walramns  et  Bobinus  frnlres,  domini  de 
Geroltsecke  (ces  trois  derniers  qualifiés,  un  peu  plus  bas,  par  Symon,  ///// 
Burkardi  frrdris  nostri),  règlent  entre  eux  l'exercice  du  droit  de  présen- 
tation pour  l'église  de  Weyersheim^ 

1.  ScHOEi'i'Lix ,  Als.  dipl. ,  n"  5G0. 

2.  Voy.  ci-dessus,  p.  .36  et  note  5. 

3.  ScHOEPFMx,  AU.  dipl.,  n"  G39.  Cfr.  ilml,  w"  791. 
\    Arrtiivos  dn  Bas-Rliiii,  6',  3'iC,  7. 


ÎJ    — 


lîubin,  le  cadcl  des  Iruis  fils,  ii't'st  plus  uuinnié  (ju'iiiie  seule  fois,  avec 
le  litre  de  co-avuué  de  iMarnioulier,  dans  une  pièce  non  datée  (v.  loOi), 
où  son  frère  Bourcaid,  avec  son  consentement,  ))rcnd  pour  tous  deux  et 
de  concert  avec  plusieurs  autres  membres  de  la  famille  co-inveslis  de  la 
ville  de  Maimoutier  par  l'évéque  de  Metz,  l'engagement  de  respectera 
l'avenir  les  droits  de  l'abbaye  dans  la  Marcbe'. 

Le  puîné,  Walram  ou  Walraf,  Walramus  fralcr  domiiii  Burcliardi  de 
Gerolzecke,  appose,  le  2o  juin  H88,  son  sceau  au  bas  d'un  partage  conclu 
par  ses  cousins  germains,  les  fils  de  Symon  l^'-.  11  est  désigné  de  la  même 
layon,  1°  dans  un  acte  de  la  même  année  où  il  se  reconnaît  «  bomme  lise 
du  duc  Ferry  III  de  Lorraine,  pour  une  somme  de  150  livres  de  messins 
qu'il  a  reçue  de  lui'»;  2°  dans  une  charte  du  o  uctobie  1294,  que  nous 
aurons  à  analyser  plus  loin  et  qui  était  relative  à  l'exeicice  de  l'avouerie  de 
Marmoutier\ 

D'ajirès  Scuœi'KLIN  et  Dom  Calmet',  il  s'était  marié  avec  Alix  de  Lnpy, 
dame  de  Guercy,  et  était  mort  en  1296,  laissant  deux  fils:  Walram  et 
Gobert.  Ce  dernier  point  ressort  de  la  pièce  indiquée  ci-dessus,  note  1,  où 
Walram  et  Gobert,  fils  de  feu  Walram,  fière  de  Bourcard,  s'engagent,  eux 
aussi,  à  ne  plus  méconnaître  les  droits  de  l'abbaye  de  Marmoutier  dans  la 
Marche. 

Le  lils  aîné  de  Bourcard  111,  Bourcaid  IV,  doit  être  arrivé  à  un  âge  fort 
avancé  et  avoir  joué  pendant  sa  longue  carrière  un  rôle  important,  car  de 
i2(jü  à  1322,  on  retrouve  son  nom  dans  un  très-grand  nombre  de  docu- 
ments, le  plus  souvent  accolé  à  celui  de  ses  cousins  ou  neveux. 

En  1265,  le  vendredi  après  la  Chandeleur  (6  février),  Symon  P""  et 
Bourcaid  IV  de  Geroltzecke  sont  témoins  d'une  transaction  par  laquelle 
Sigeberl  de  Werde,  landgrave  d'Alsace,  abandonne  à  sa  mère  ÉUsabeth, 

1.  Arciiivcö  du  Ijuy-Uliin  ,  //,  ülU,  7. 

'.'.  Ibid.,  G,  5i9,  7. 

S.  ÜOM  Calmei',  JSotice  de  la  Lorraine ,  t.  I«',  p.  508. 

■1.  Sghokpflin,  Als.  dipf.,  ii"  79  i. 

5.  ScHOEPFLiN,  A/s  ilh'slr.,  l.  Il,  lablcaii  geuéiil.  des  sires  de  Geruldscclv-.  Dom  Caljjet, 
dans  sa  Notice  de  la  Lorraine,  t.  I",  p.  508,  meulionue,  d'après  des  documents  conserves, 
dit-il,  dans  tes  Arcliives  de  Lorraine,  "Alix  de  Lupy,  dame  de  Guercy,  veuve  de  Yaleran 
deGerolsek«,  comme  faisant,  en  129G,  «ses  reprises  pour  la  somme  de  150  livres  de 
messins  qu'elle  a  reçue  du  duc  Ferry  III  «,  et,  «lui  faisant  Iionmiage  de  ce  qu'elle  tient 
à  Amange  (Insming)».  Plus  loin,  «Gobert  et  Valeran  de  Gerolsck,  lils  de  feu  Valerau  » , 
reconnaissent  avoir  engagé  audit  duc,  «  pour  eux  et  pour  leurs  sœurs,  qui  sont  hors 
de  tutelle,  tout  ce  qu'ils  peuvent  avoir  à  .4mange,  moyennant  150  livres  de  petits  lour- 
nois  qu'ils  en  ont  ci-dcvaut  reçus  >i. 


—     46     — 

alors  remariée  avec  le  wildgrave  Emic,  Nidern  Werde,  Hipfensheim  daz 
torf,  et  plusieurs  autres  biens  ^ 

A  la  même  époque,  les  Geroldseck  et  les  Ochsenstein  étaient  en  discus- 
sion au  sujet  de  fiefs  et  de  vassaux  qu'ils  possédaient  en  commun.  M.  Leh- 
mann en  a  conclu,  avec  raison  selon  nous,  que  ces  deux  familles,  très- 
proches  voisines,  étaient  probablement  unies,  de  plus,  par  les  liens  d'une 
commune  origine';  nous  ajouterons,  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir, 
que,  dans  une  lettre  écrite  m  vigilia  b.  Johannis  Baptiste  (23  juin)  1265, 
l'évêque  Henri  de  Geroldseck  traite  le  doyen  de  la  cathédrale,  Berlhold 
d'Ochsenstein,  de  consanguineus^ .  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  parenté, 
les  deux  familles  étaient  en  discussion;  et,  au  commencement  de  l'année 
1265,  le  vertueux  prélat  qui  occupait  le  siège  épiscopal  de  Strasbourg,  dé- 
termina Conrad  d'Ochsenstein ,  son  frère  Olhon  et  les  fils  de  leur  autre 
frère,  d'une  part,  Symon  de  Geroldseck  et  Bourcard  ßls  de  son  frère, 
d'autre  part,  à  remettre  le  jugement  du  litige  à  quati'e  arbitres  :  Conrad- 
Werner  von  Hattstat ,  l'aîné,  et  le  vidame  Otto  von  Marley ,  pour  les 
Geroldseck,  Ciino  von  Bercheim,  et  Dieter  ich  von  Baldenhurn ,  pour  les 
Ochsenstein  ^ 

En  1269,  le  lundi  après  la  Chandeleur  (3  février),  Symon  et  Bourcard 
de  Geroldseck  règlent  le  droit  de  résidence  de  plusieurs  nobles  dans  le 
château  de  Geroldseck,  ce  qui  prouve  notamment  que  l'oncle  et  le  neveu 
avaient  gardé  la  propriété  indivise  de  ce  château  l 

Au  mois  d'avril  1271,  Symon  de  Geroltsecka  et  Bourcard  appendent 
leur  sceau  à  un  acte  par  lequel  Hugues,  comte  de  La  Petite-Pierre,  sa 
femme  et  ses  enfants  cèdent  à  l'abbaye  de  Herbotsheim  (Herbitzheim)  les 
dîmes  et  le  droit  de  patronage  qui  leur  compétaient  à  Ackhena  (Achen), 
diocèse  de  Metz^ 

Le  25  mars  1272,  Burcardus  de  Gerolzecke,  est  témoin  d'une  trans- 
action conclue  entre  Henri  de  Geroldseck,  évêque  de  Strasbourg,  et  les 

1.  ScHOEPFLiN,  Als.  dipL,  n"  632. 

2.  Lehmann,  Urk.  Gesch.  der  Graf  seh.  Hanau-Lichtenberg,  t.  II,  p.  11. 

3.  Arcliives  lie  la  ville  de  Strasbourg,  lad.  III,  fasc.  IV,  7.  Berthold  est  désigné  dans 
cette  lettre  par  sa  qualité  et  non  par  son  nom,  mais  il  résulte  des  extraits  du  Liber  co- 
(jTîrmœ  de  la  cathédrale  publiés  par  Grandidier,  op.  aï. ^  t.  IV,  p.  2  et  35,  que  Berthold 
était  déjà  doyen  en  1255  et  l'était  encore  en  12G9. 

4.  An  demfrigetage  nach  mitteroasteii,  in  der  bure  zu  Borre  (Haut-Barr,  20  mars)  1265. 
Archives  de  Darmstadt.  Cette  charte  est  publiée  par  Mone  (Zeitschrift  für  die  Gesch.  des 
Oberrheins,  XV,  392). 

5.  ScHOEPFLiiV,  Als.  dipl.,  n"  G49. 

6.  Ibid.,  n"  666. 


—     47     — 

sires  de  Lichtenberg,  au  sujet  d'engagements  fort  onéreux  contractés  en- 
vers eux  par  son  prédécesseur,  Walther,  pour  les  déterminer  à  prendre 
son  parti  dans  la  lutte  avec  sa  ville  de  Strasbourg'. 

Le  27  avril  (V  Kal.  maii)  4281,  Bourcard  et  ses  cousins  Symon  II  et 
Walram  émettent  un  règlement  au  sujet  de  la  ferme  du  Buchberg  :  ils 
conviennent  que  le  magister  inßrmarice  de  Marmoutier  aura  le  droit  de 
nommer  les  fermiers  et  fixent  le  lundi  de  Pâques  (feriam  secundam  post 
diem  Pasquœ)  comme  jour  des  plaids  ou  de  la  tenue  de  la  collonge^ 

Vers  la  même  époque,  Bourcard  paraît  avoir  pris  une  part  active  aux 
querelles  successives  qu'en  sa  qualité  d'allié  de  Tévéque  de  Metz,  Conrad 
de  Lichtenberg,  évèque  de  Strasbourg,  eut  avec  Ferry  III,  duc  de  Lor- 
raine. Dès  la  première  année  de  son  épiscopat  (1273),  Conrad  s'était  mis 
en  campagne  pour  aider  son  collègue  à  reprendre  la  ville  d'Épinal  em- 
portée d'assaut  par  le  duc  de  Lorraine  et  le  comte  de  Bar.  Mais,  avant 
même  d'avoir  pu  opérer  leur  jonction,  les  deux  prélats  avaient  été  battus 
et  faits  prisonniers.  Ils  s'empressèrent  de  réclamer  l'intervention  du  Saint- 
Siège,  et,  effectivement,  lors  du  concile  qui  se  tint  à  Lyon  en  1274,  ils 
reconquirent  leur  liberté  moyennant  une  forte  rançon,  tant  pour  eux  que 
pour  les  nobles  qui  avaient  été  pris  avec  eux^  Mais  quelques  années  après, 
en  1285,  la  lutte  recommença.  Conrad  et  ses  alliés  s'unirent  à  Olhon 
d'Ochsenstein,  sacri  imperii  per  Alsatiam  advocatum  gêneraient,  pour 
enlever  au  duc  Ferry  111  les  châteaux  de  Reichshoffen  et  d'Eschery,  dont  il 
s'était  emparé  \  Bourcard  paraît  avoir  pris  part  à  ces  diverses  campagnes.  En 
1274,  il  fut  obligé  de  se  reconnaître  homme-lige  du  duc  «devant  tous 
hommes  après  Tévêque  de  Metz»,  et  de  s'engager,  lorsqu'il  en  serait  requis 
trois  semaines  auparavant,  d'aller  «  le  servir  en  une  chevauchée  et  80 
hommes  de  fer,  et  poursuivre  ses  ennemis  à  l'encontre  de  tous  hommes, 
excepté  ledit  évèque  de  Metz»,  sauf,  dans  ce  cas,  à  vivre  aux  dépens  du 
duc".  Il  resta  pendant  une  dizaine  d'années  sous  le  coup  de  cette  dure  et 
humiliante  obligation.  Mais,  le  1*^""  février  1286  {sexta  feria  ante  purifica- 
tionem  béate  Virginis),  les  belligérants  conclurent  un  traité  de  paix  suivant 
lequel  Ferry  III  renonçait  à  tous  ses  droits  sur  Reichshoffen,  faisait  remise 

1.  ScHCEPFLiN,  -1^«.  dipl.,  n°  668. 

2.  Archives  du  Bas-Rhin,  H,  558,  7  (copie);  2/^612,  1  (original  de  la  convention). 

3.  Doji  Galmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  III,  iiv.  XXIV,  p.  1 95  et  suiv.  Le  traité  du  VU  des 
ides  de  juin  1274  entre  l'évêque  de  Strasbourg  et  le  duc  de  Lorraine  se  trouve  dans 
ScHŒPFLiN,  Als.  dipl.,  n"  694. 

4.  Grandidier,  Œuvres  hist.  inéd.,  t.  IV,  p.  50. 

5.  DoM  CALiMET,  Notice  de  la  lorraine,  t.  I«',  p.  507. 


—    AS    — 

à  l'évèquL'  el  à  ses  caillions  du  luiiles  les  charges  ([ui  pesaient  encore 
sur  eux  à  laison  de  la  caplivité  du  piélal,  et  en  exonérait noniiiialiveineut 
Lîourcaid  de  Geroldseck'. 

Le  10  août  1298  {cm  dem  cidinjc  iunh  unser  fruwen  tafje  der  erreii), 
Her  Durcliard  von  GeroUzecke  est  témoin  de  l'acte  de  partage  de  la  sei- 
gneurie de  Ribeaupierre  en  Irois  parts'. 

«En  1290,  il  fait  ses  reprises  de  ce  fju'il  tient  à  Amange  (Insming)  du 
duc  de  Lorraine,  moyennant  la  somme  de  300  livres  tournois  noirs  qu'il 
en  a  re(;ue  '\  » 

Le  22  septembre  1â03  {an  S.  Mmirieien  tage),  Frédéric  de  Lichtenberg, 
qui  avait  succédé,  sur  le  siège  épiscopal  de  Strasbourg,  à  son  frère  Conrad, 
autorise  son  neveu  Bourcard,  sire  de  Geroldseck,  à  acheter  de  son  cou- 
sin, Gebhard  de  Geroldscck,  les  droits  de  celui-ci  sur  le  village  de  Ilerd 
qui  relevait  du  grand-chapitre^  Faut-il  considérer  le  litre  de  neveu  donné 
par  l'évèque  à  Bourcard  comme  une  simple  expression  de  courtoisie  cor- 
respondant à  celle  de  Vater  in  Gott  dont  on  se  sert  généralement  à  l'é- 
gard des  prélats,  ou  bien  n'est-il  pas  permis  de  la  prendre  ici  dans  un 
sens  plus  strict  et  de  supposer  que  Bourcard  lil,  père  de  notre  dynaste, 
avait  peut-être  épousé  une  sœui'  de  révê(|ue,  une  fille  de  ce  Louis  P'"  de 
Lichtenberg,  qui  avait  un  grand  nombre  d'enfants,  puisqu'on  en  connaît 
pertinemment  huit^?  Nous  nous  hâtons  de  dire  que  ce  n'estqu'une  hypo- 
thèse, mais  elle  justilierait  l'expression  de  neveu  appliquée  à  Bourcai'd  et 
explitpierait,  de  plus,  comment,  en  1280,  notre  Geroldseck  se  trouvait 
mêlé  à  la  querelle  de  l'évèque  Conrad  avec  le  duc  de  Lorraine.  Il  pouvait 
l'être  comme  vassal  du  siège  de  Metz,  mais  s'il  s'est  porté  personnelle- 
ment garant,  fidejussor,  des  engagements  de  Conrad,  il  avait  sans  doute 
des  motifs  plus  personnels.  Peut-èlre  un  heureux  hasard  permeltra-1-il  un 
jour  d'élucider  cette  question. 

Les  dernières  pièces  dans  lesquelles  nous  rencontrons  le  nom  de  Bour- 
card sont  de  1320  à  1322,  et  nous  font  en  même  temj)S  connaître  ceux 
de  ses  enfants.  Son  (ils  Hugues,  Huyo  de  Gerollzevhe ^  miles,  fdius  Bnr- 
cardi,  do  mini  de  Geroltzeck,  ayant  épousé  Susanne,  fille  de  Walther, 
l'aîné,  sire  de  Hohengeroldseck,  obtint  de  Henri,  évêque  de  Metz,  en  sa 

1.  ScHOiiPiLix,  Ms.dipl.,  u"  701. 
•:>.  Ibid.,  Il"  8U8. 

'■).  Do.\i  Calmet,  Notice  de  lu  Loiruiiic ,  t.  I''',  |t.  jUS. 
■i.  Arcliives  de  Darmsiadt.  Lehmann,  op.  cit. ,  t.  ^^  p.  83. 

5.  ScHOEPFLLN  ct  LEHMANN  CO  Omettent  deux  :  Élisabetli,  uiariôe  à  Waltlicr  III  de  Ge- 
roldscclx-Laiir;  Ileilickc,  manoc,  comme  on  l'a  \u  plus  liaut,  à  un  sire  de  Tliicrsbcrg. 


—    49    — 

qualité  de  suzerain,  l'autorisation  de  constituer  à  sa  femme  un  douaire 
de  500  marcs  d'argent  sur  les  villages  de  Willer  (Lochwiller),  Olters- 
willer,  Allenheim,  Kleingœft,  Bettbure,  etc.  (9  octobre  1320),  et,  le  21 
octobre  1321,  Burchord,  der  alte  Herre  von  Geroldzecke ,  et  son  autre 
fils,  Jean  le  Jeune,  donnèrent  leur  assentiment  à  cette  constitution  de 
douaire  '. 

Enfîn,lel4février  1322,  fête  delà  Saint- Valentin,  peu  de  jours  sans  doute 
avant  sa  mort,  Bourcard  Ibnde  à  Olterswiller  une  rente  de  deux  quarts  de 
seigle  au  profit  des  religieuses  du  Sindelsberg  ", 

On  ne  possède  que  peu  de  renseignements  sur  les  enfants  de  Bour- 
card IV,  dont  un  seul,  Hugues,  continua  la  famille.  Jean,  frère  de  Hugues, 
ne  nous  est  connu  que  par  l'acte  de  1321  cité  plus  haut.  Un  certain  Jean 
de  Geroltzegge  figure  comme  témoin  dans  l'acte  du  7  décembre  1324  {an 
demnehsten  tag  nach  S.  Niclaus  dag)\  par  lequel  les  frères  Walther  et 
Burckhart,  sires  de  Horbourg,  vendent  à  leur  cher  oncle  Ulrich,  comte 
de  Wurtemberg,  la  seigneurie  de  Horburch,  le  comté  de  Witekisowe ,  le 
landgericht  dans  le  Leimental,  an  don  Blauen,  Bihlstein  unser  Burch, 
Richenwilre  die  Stat,  Cellenberg  Burg  und  Stat,  etc.,  moyennant  4,400 
marcs  d'argent,  poids  de  Colmar.  Mais  nous  ne  savons  s'il  s'agit  du  Jean, 
fils  de  Bourcard  IV,  ou  d'un  autre  Jean,  fils  de  Gebhard,  dont  il  sera 
question  plus  loin. 

Selon  ScHŒPFLiN*,  Hugues  et  Jean  auraient  eu  une  sœur,  nommée 
Susanne  et  mariée,  en  1291 ,  à  Henri  de  Ribeaupierre  (j  1313);  nous  ne 
l'avons  trouvée  mentionnée  dans  aucune  des  cliarles  qui  ont  passé  sous 
nos  yeux,  et  les  généalogistes  de  la  maison  de  Ribeaupierre  ne  sont  pas 
tous  d'accord  avec  Sciiœpflin  sur  ce  mariage. 

Hugues  ne  figure  plus  après  1321  que  dans  un  document  de  1346:  le 
VI  des  ides  d'octobre  (10  octobre),  dominus  Hugo  de  Geroltzecke  in  Va- 
sago  et  domicellus  Joliannes,  /ilius  ejus,  vendent  aux  religieuses  du  Sin- 
delsberg l'avouerie  in  villa  Herdt  avec  les  biens  qui  en  dépendent  \ 

1.  Archives  du  Bas-Rliiii,  G ,  554,  2  et  4.  Ces  pièces  démontrent  que  Sghœpflin  fait  à 
tort,  de  ce  Hugues  I^"",  un  fils  de  Symon  II  et  un  frère  d'Égenon  {Als.  illustr.,  \.  II,  tab. 
généal.). 

2.  Ibid.,  H,  595,  6.  Sceau  équestre,  triangulaire,  en  cire  jaune.  La  légende  est  ébré- 
chée,  on  ne  peut  plus  y  lire  que  ces  mots  :  S...  B\R...  GEROLTESECKE. 

3.  ScHCEPFLiN,  Als.  dipl.,  w"  929. 

4.  Als.  illi(str.,i.  II. 

5.  Arcliives  du  Bas-Rbin,  11,  586,  6.  Les  Geroldseck  avaient,  à  cette  époque,  des  posses- 
sions assez  considérables  en  debors  de  la  Marche  :  «  Habent  infeodo  ab  ecclesia  Argen- 
tinensi  villas  Herde  et  Buttlenheim  ci  jurisdictionem  in  eisdem  que  vulgariler  dicilur 

U«  SÉRIE.  —  T.  vu.  —  (M.)  4 


—    50    — 

Nous  supposons  qu'il  mourut  peu  après.  En  effet,  d'un  compromis  signé 
en  1355  entre  ses  héritiers  et  Henri  II  de  Geroldseck-LaAr,  il  résulte 
que  sa  femme,  Susanne,  appartenait  à  cette  ligne;  car  les  Geroldseck-ès- 
Vosges  renoncent  aux  droits  qui  leui'  compétaient  sur  les  biens  de  la  mai- 
son de  Lahr.  Le  Wallher,  l'Aine,  dont  elle  était  fdle,  ne  pouvait  être,  à 
l'époque  du  mariage  (13^0),  que  Wallher  111,  époux  d'Elisabeth  de  Lich- 
tenberg, Or,  il  est  constaté  que  Wallher  III  avait  une  tille  nommée  Su- 
sanne, mais  les  documents  de  1349  et  1350  qui  constatent  tout  à  la  fois 
son  existence  et  sa  hliation,  la  désignent  comme  épouse  de  Frédéric  d'U- 
senberg'  :  c'est  sous  ce  titre  qu'elle  figure  sur  notre  tableau  généalogique 
de  la  maison  de  Hohengeroldseck.  Si,  d'après  toutes  les  probabilités,  c'est 
elle  aussi  qui  fut  la  femme  de  Hugues  P  de  Geroldseck -es -Vosges,  il 
faut  que  ce  dynaste  soit  mort  entre  1346  et  1349. 

Hugues  P'"  de  Geroldseck-ès-Vosges  eut,  de  son  mariage  avec  Su- 
sanne de  Hohengeroldseck-Lahr,  trois  enfants:  Jean,  dit  Stentzlcr  (le  do- 
micellus  Johannes  de  l'année  1346),  une  fille  mariée  à  Eviard  d'Andlau  et 
rnorte  jeune,  enfin  une  seconde  fille  nommée  Cunégonde,  qui,  six  ou  huit 
ans  après  la  mort  de  son  père,  n'était  pas  encore  mariée.  C'est  ce  qui 
ressort  pour  nous,  avec  la  dernière  évidence,  du  compromis  du  21  dé- 
cembre 1355,  lundi  avant  Noël,  auquel  nous  avons  fait  allusion  plus  haut 
et  dans  lequel  figurent  les  parties  suivantes:  1°  Jean,  Henri,  Ulrich  et 
Brunon  de  Ribcaupierrc  (fils  de  Jean  IV  de  Ribeaupierie  et  d'Elisabeth  de 
Hobengeroldscck,  l'ainée  des  filles  de  Wallher  III,  de  Lahr);  2"  Johannes 
von  Gerollzeckh  den  man  spridit  der  Stenliler,  und  Eberharl  von  Andela 
von  nieins  Weibs  wegen,  und  Kunirjunda ,  Herrn  Huges  Tochter  voîi  Ge- 
roltzeckli,  d'une  part;  3°  Henri  (II)  de  Geroldseck,  fils  de  feu  Wallher  (IV) 
sire  de  Lahr,  d'autre  part'.  Pour  qu'Evrard  d'Andlau  soit  nommé,  du 
chef  de  sa  femme,  entre  Jean  Slentzler  et  Cunégonde,  que  nous  savons 
positivement  être  issus  de  Hugues  P"^,  il  faut  que  sa  femme  ait  été  leur 
sœur.  L'acte  en  lui-même  n'offre  qu'un  médiocre  intérêt  :  l'évêque  Jean 

twing-  und  ban;  item...  partem  suam  jurisdiclionis  in  villa  Wihersheim;  item...  hos  va- 
sallos  videlicet  Jiofuines  de  Scharrach,  homines  iii/eodaios  de  curia  in  Bergheim  prope 
Marley...n  {Codex J'eud.  ecct.  Argent.,  conscr.  a°  circiter  133C.  Grandidier,  op.  cit.,  IV,  553, 
pièces  justif.,  n"  487.) 

1.  Voy.  Pragni.  Gesch.  des  Hauses  Geroldseck, 'i  154;  Vrk.,  n»»  Il  et  20.  Il  résulte  de 
la  pièce  n"  i  1 ,  que  Susanne  vivait  déjà  en  1 3 1 1  et  avait  pour  le  moins  une  sœur  cadette, 
peut-être  même  des  frères  cadets ,  l'usage  étant  de  nommer  tous  les  garçons  avant  les 
tilles.  II  n'y  a  donc  rien  d  impossible  à  ce  qu'elle  se  soit  mariée,  en  1320,  à  Hugues  de 
Geroldseck,  et,  après  la  mort  de  son  premier  mari,  vers  1349,  à  Frédéric  d'Usenberg. 

2.  Pragm.  Gesch.  des  Hanses  Geroldseck,  Vrk.,  n''23,  p.  65. 


—    51     — 

de  Strasbourg  est  chargé  d'aplanir  les  difficultés  auxquelles  avait  donné 
lieu  entre  les  parties  le  règlement  de  la  succession  de  leur  auteur  com- 
mun, le  sire  Walther  111  de  Iloliengeroldseck,  et  de  fixer  l'indemnité  qui 
serait  à  payer  par  Henri  II  aux  Hibeaupierre  et  aux  Geroldseck-ès-Vosges, 
afin  de  conserver  pour  lui  seul  la  seigneurie  de  Lahr  avec  ses  dépendances. 
Jean  de  Geroldseck,  fils  de  Hugues,  lirait  son  surnom   de  Stentzler, 
d'un  petit  cliàteau  qu'il  avait  acquis  ou  construit  aux  bords  de  la  Sarre,  à 
un  quart  de  lieue  du  village  de  Niederstinzel,  et  dont  on  voit  encore  les 
ruines ,  consistant  en  une   lourde  construction  carrée,  au  milieu  d'une 
piairie,  dans  un  bas-fond   à  droite   de  la   route  de  Fénétrange  à  Saar- 
Union.  Ce  castel  était  connu  sous  le  nom  de  château  de  Stiinel ,  Sieinsel 
(Pelite-Pierre)  ou  sous  celui  de  son  propriétaire  (Geroldseck-sur-Sarre, 
pour  le  distinguer  des  deux  Geroldseck,  au-dessus  de  Marmoulier);  tout 
insignifiant  qu'il  soit  aujourd'hui,  il  a  eu  à  un  moment  donné,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  quinzième  siècle,  jusqu'à  dix  copossesseurs  qui  se  le  par- 
tageaient par  vingt- quatiièmes.  Jean  étant  mort  sans  postérité  en  lä64, 
son  petit  château  des  bords  de  la  Sarre,  avec  les  localités  qui  en  dé- 
pendaient, c'est-à-dire,  d'après  Hertzgg',  Niederstinzel,  Eckartswiller  et 
Altenheim,  fit  en  partie  retour  à  l'évèché  de  Metz  et  fut  donné  aux  sires 
de  Blamont  et  de  Ribcaupierre;  nous  disons  en  partie,  car  il  est  très-pro- 
bable, bien  que  Schœpflin  mentionne  la  donation  sans  nulle  réserve  % 
que  la  ligne  survivante  des  Geroldseck-ès-Vosges  conserva,  de  son  côté, 
une  fraction  de  ce  domaine.  Gela  résulte,  notamment,  d'une  paix  castrale 
conclue,  en  1366,   entre  Bourcard  de  Fénétrange  et  trois  des  lils  d'É- 
genon  de  Geroldseck,  à  Steinsal;  après  l'extinction  de  la  famille  de  Ge- 
roldseck,  on  trouve  également  ses  héritiers,  soit  les  Ochsenstein,  soit  les 
Hathsamhausen  et  les  Wangen,  mentionnés  en  1394, 1436  et  1437,  parmi 
les  comparsonniers'. 

Jean  de  Geroldseck,  dernier  représentant  de  la  branche  issue  de  Bour- 
card III,  est  au  nombre  des  seigneurs  et  des  villes  qui  contractèrent  une 
alliance,  le  25  mai  1362,  pour  combattre  l'invasion  des  Anglais  en  Alsace*. 
C'est  la  dernière  fois  que  nous  avons  rencontré  son  nom. 

1.  Edels.  Cron.,  liv.  Y,  p.  110.  Seulement  cet  ouvrage  doune  une  date  inexacte  en  men- 
tiounant  Jean  comme  seigneur  de  Stinzel  en  137C.  Jean  dit  Slentzeler  est  moi-t  en  13(34, 
et  tous  ses  tiumonymes ,  dans  la  maison  de  Geroldseck ,  sont  morts  avant  lui. 

2.  Als.  illustr.,  t.  II,  p.  614  et  621. 

3.  Voy.  ci-dessous,  p.  59  et  p.  63.  l'aix  castrales  (hanjfrid  über  burg  and  schloss 
Stcinselle)  de  1436  et  1457,  citées  par  M.  L.  Benoit,  Elisabeth  de  Lorraine  et  le  biiryfrid 
de  Niedersti)izel,  Hancy,  1867,  in-8". 

4.  ScHiLTEU,  Chron.  de  Kœtiigsho/en ,  p.  887;  Lauuille,  Ilist.  d'Alsace,  preuves,  p.  66; 
ScHCEPFLiN,  Als.  dipl,  u"  1114. 


—    52    ~ 

CHAPITRE   IV. 

Symon  I"  de  Geroldseck  et  ses  descendants  jusqu'à  leur  extinction  dans  les  mâles  vers  1390. 

Symon  F'",  tiuisième  fils  de  Bourcardll,  lilius  Burkardl  advocati  de  Ge- 
rolleseche,  ainsi  que  l'appelle  un  diplôme  délivré,  en  1238 ',  par  Conrad IV, 
roi  des  Romains,  a  déjà  paru  plusieurs  fois  dans  le  cours  de  celte  notice 
avec  l'un  ou  Faulre  de  ses  fi"éres.  Nous  nous  bornerons  à  indiquer  ici 
celles  des  pièces  le  concernant  que  nous  n'avons  pas  encore  eu  l'occasion 
d'analyser. 

En  1259,  le  22  septembre,  jour  de  la  Saint-Maurice,  il  fut  désigné  par 
l'évéque  de  Strasbourg,  Henri  de  Staleck,  comme  sur-arbitre,  pour  ré- 
gler, de  concert  avec  quatre  commissaires  désignés  par  les  parties,  un 
litige  pendant  entre  Henri  et  Louis,  sires  de  Lichtenberg,  et  la  ville  de 
Strasbourg,  relativement  à  une  somme  de  200  marcs  d'argent  l 

En  1260,  il  s'engage  à  respecter  les  droits  et  privilèges  de  l'abbaye  et 
de  la  ville  de  Marmoutier,  et  rappelle,  en  outre,  les  obligations  des  bourgeois 
tant  envers  l'abbaye  qu'envers  sa  propre  famille^ 

Le  VI  des  nones  d'octobre  (2  octobre)  1262,  il  est  mentionné  dans  la 
donation  faite  par  Ulric  de  Ribeaupierre  à  l'abbaye  de  Pairis  d'un  bien  sis 
à  Egensheim,  comme  ayant  naguère  concouru,  en  sa  qualité  d'avoué 
de  Marmoutier,  à  la  vente  de  ce  bien  audit  Ulric \ 

Puis,  il  figure  comme  témoin  dans  une  série  d'actes  '  des  années  1263, 
1265,  1266,  1269  et  1271,  que  nous  avons  déjà  cités  plus  baut,  et  mourut 
probablement  à  la  fin  de  cette  dernière  année. 

Schœpflin"  lui  attribue  plusieurs  enfants,  notamment  Symon  II;  nous 
verrons  même  que  Symon  II  avait  d'autres  frères  ou  sœurs  encore  que 
ceux  que  nomme  Schœpflin,  mais  la  paternité  de  Symon  F'"  ne  ressort 
d'aucun  des  documents  que  nous  avons  eus  sous  les  yeux,  et  nous  ne 
pouvons  la  donner  que  comme  généralement  admise  et  conforme  à  la 
vraisemblance. 

1.  ScHOEPFLiN,  Als.  dipL,  n"  490. 

2.  /6i(/.,ii°584. 

3.  Archives  du  Bas-Rliiii ,  //,  öG5,   t.  (Copie  ancienne,  datée  par  une  erreur  manifeste 
1160  au  lieu  de  1260.) 

4.  ScHOEPFLiN,  Als.  dipl.,  n°  609. 

5.  Son  nom  s'y  écrit  Symundus  dominus  de  Gerollseckej,  Symund  von  Gerollzec/ce,  Si- 
nnend von  Gerollsecli,  Symo7i  dominus  de  Gerollsecke,  etc. 

6.  Als.  illush-.,  t.  H,  p.  621,  et  tabl.  généal. 


Voici  quels  sont  ces  enfants  :  1°  Synion  II,  qui  est  l'auteur  de  la  branche 
éteinte  la  dernière  vers  1390;  2°  une  fille,  qui,  d'après  Schœpflin,  épousa 
Walther  de  Ilorbourg  et  qui,  selon  toutes  les  probabilités,  se  remaria 
plus  tard  avec  Gerlach  de  Fénétrange;  3°  Walram,  dont  la  postérité  s'é- 
teignit vers  1378,  en  la  personne  de  ses  petits-fils;  4°  Henri. 

Nous  ne  connaissons  la  sœur  de  Symon  II,  ses  deux  époux,  et  Henri  de 
Geroldseck  que  par  deux  pièces.  Dans  la  première,  du  VI  des  ides  d'avril 
(8  avril)  i260,  Walther-Symon  de  Horhurc,  fils  de  feu  Walther,  sire  de 
.  Horbourg,  déclare  avoir  renoncé,  avec  le  consentement  de  son  curateur 
et  oncle  maternel,  Symon  de  Gerolsekke,  à  l'avouerie  de  Saint-Amarin 
qu'il  tenait  en  fief  des  comtes  Rodolphe  et  Godefroi  de  Habsbourg  '.  Dans 
la  seconde,  du  23  juin  1288  {feria  tertia  ante  nativitatem  h.  Joltannis 
bapt),  nos  Symundtis,  Walramus  et  Henricus,  fratres,  clomini  de  Ge- 
rolzecke,  et  Gerlacus  noster  sororins  de  Vinstingen,  c'est-à-dire,  Symon, 
Walram  et  Henri,  frères,  sires  de  Geroldseck,  et  le  mari  de  leur  sœur, 
Gerlach  de  Fénétrange,  partagent  des  biens  situés  dans  le  ban  de  Weyers- 
heim  {Erkenhotsmcde ,  Kallenmate,  etc.)  l  II  ne  serait,  du  reste,  pas  im- 
possible que  Walther  de  Horbourg  eût  épousé  une  sœur,  non  de  Symon  II, 
mais  de  Symon  \^\  de  Bourcard  III  et  de  l'évèque  Henri,  et  que  la  sœur 
de  Symon  II,  de  Walram  et  de  Henri  n'eût  eu  d'autre  mari  que  Gerlach 
de  Fénétrange.  Nous  ne  possédons  plus  de  document  qui  permette  de 
préciser  ces  points  de  détail,  et,  dans  le  doute,  nous  avons  suivi  le  clas- 
sement qui  a  pour  lui  l'autorité  de  Schœpflin\ 

Walram  doit,  dans  notre  opinion,  avoir  commencé  par  entrer  dans  les 
ordres  et  ne  s'être  marié  que  tard,  grâce  à  une  dispense.  En  effet,  il 
est  constaté  par  un  certain  nombre  de  pièces  que,  de  1255  à  1258*,  il  y 
eut  dans  le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Strasbourg  un  chanoine  nommé 
Walram  de  Geroldseck.  Bourcard  III  et  Symon  T'',  chefs  des  deux  seules 
branches  de  la  famille,  ayant  chacun  un  fils  de  ce  nom,  il  faut  que  ce  cha- 
noine soit  l'un  des  deux;  or  le  fils  de  Bourcard  III  est  plus  souvent  appelé 
Walrave  dans  les  chartes  que  Walram,  et  d'autre  part,  il  doit  s'être  marié 
de  bonne  heure,  car  ses  deux  fils  étaient,  à  la  fin  du  siècle,  des  hommes 
faits;  lui-même,  dans  des  actes  remontant  à  1266  et  1269,  ne  reçoit  au- 

1.  ScHOEPFLiN,  A/s.  dipl.,  n°  588. 

2.  Archives  du  Bas-Rhin,  G,  549,  7. 

3.  Als.  illuslr.,  t.  II,  p.  621  et  fabl.  généal. 

4.  liber  coqinnœ  summi  capit.  Argent.  (Grandidier,  op.  cit.,  t.  IV,  p.  3)  :  Walram  de  Ge- 
roldseck  est  le  premier  des  chanoines  in  expectatione.  En  1258,  le  dimanche  Jubilate  (14 
avril),  il  figure  comme  chanoine  en  titre  dans  une  charte  relative  à  Tavoueriedu  couvent 
d'Allorf.  (ScHüi;pFLi\,  Als.  dipl.,  n°  57G.) 


—    54    — 

cune  qualification  qui  rappelle  une  dignité  ecclésiastique.  Quant  au  fils  de 
Symon  P'',  le  premier  acte  où  il  soit  nommé,  après  ceux  qui  le  qualifient 
de  chanoine,  est  de  1274',  et  ses  enfants  étaient  jeunes  encore  en  1294, 
puisque  leur  mère  est  désignée  comme  leur  tutrice  ou  leur  curatrice. 

En  1281,  Walram  concourt,  avec  les  autres  membres  de  la  famille,  au 
règlement  édicté  au  sujet  de  la  ferme  du  Buchberg ^;  et,  dans  les  années 
suivantes,  son  nom  reparaît  fréquemment  accolé  à  celui  de  son  frère  aîné 
Symon  II;  nous  analyserons,  en  parlant  de  Symon,  celles  de  ces  chartes 
que  nous  n'avons  pas  encore  mentionnées. 

La  pièce  capitale  concernant  Walram  et  ses  descendants  est  de  1294, 
feria  sexUi  ante  fcslum  Dionijsii  (8  octobre) ^  Elle  est  curieuse,  non-seu- 
lement en  ce  qu'elle  nous  fait  connaître  assez  exactement  la  parenté  de 
Walram,  mais  encore  parce  qu'elle  jette  un  jour  utile  sur  les  relations  de 
la  famille  de  Geroldseck  avec  l'abbaye  de  Marmoutier. 

On  a  déjà  pu  voir  dans  le  cours  de  cette  notice  que  les  abbés  de  Mar- 
moutier se  plaignaient  fréquemment  des  empiétements  commis  sur  leurs 
prérogatives  par  les  avoués  du  couvent  :  pour  ainsi  dire  à  chaque  généra- 
tion, les  Geroldseck,  sur  l'intervention  soit  de  l'évêque  de  Strasbourg,  soit 
de  l'évêque  de  Metz,  prennent  l'engagement  de  respecter  à  l'avenir  les 
droits  de  l'abbaye,  ce  qui  prouve  qu'auparavant  ils  ne  s'étaient  pas  fait 
scrupule  de  les  violer.  Et,  d'un  autre  côté,  depuis  la  première  moitié  du 
douzième  siècle,  les  abbés  ne  négligent  aucune  occasion  d'insister  pour 
qu'il  n'y  ait,  en  qualité  d'avoué,  qu'un  seul  membre  de  la  famille  à  la  fois. 
Celte  réclamation  ne  paraît  pas  avoir  été  écoutée  beaucoup  plus  que  l'au- 
tre parles  intéressés;  car,  en  1294,  Conrad  de  Lichtenberg,  évêque  de 
Strasbourg,  leur  rappelle  que  conformément  aux  prescriptions  du  concile 
de  Würtzbourg  et  en  suite  des  plaintes  réitérées  des  abbés,  il  avait  invité 
à  plusieurs  reprises  Walraf,  frère  de  Bourcard  (IV)  de  GeroUsecke ,  et  en 
même  temps  Bourcard,  feu  Symon  (11),  et  Woham,  son  frère,  à  se  con- 
certer pour  designer  entre  eux  un  avoué  unique,  chargé  de  veiller  aux 
intérêts  de  l'abbaye.  Jamais  ils  n'ont  obtempéré  à  cette  invitation  et  l'abbaye 
a  fait  de  nouveau  entendre  des  plaintes  au  sujet  des  inconvénients  croissants 
qu'a  pour  elle  la  multiplicité  des  avoués  {conqueraniur  se,  non  tantmn  in 
rebus  suis  et  dicii  monasterii,  verum  etiam  in  personis  ex  mnltipUcitate 
advocatorum  pergrnvari  omni  die).  En  conséquence,   le  prélat  ordonne 

1.  Il  y  est  seulement  mentionné  avec  son  frère  Symon  et  son  cousin  comme  co-investi 
de  la  ville  de  Marmoutier.  Arcliives  du  Bas-Rhin,  H,  G 10,  G. 

2.  Voy.  ci-dessns,  p.  47  et  note  2. 

3.  ScnoKPi'LiiN,  A/s.  (IJpf. ,  w"  791. 


—    55    — 

aux  vicaires  {vice  plehani)  de  Saverne  et  de  Ilengebure  de  se  rendre  au 
château  de  Geroldseck,  et,  la  veuve  Irmengarde  de  Luppe  (Lüpfen)  ayant, 
depuis  la  mort  de  son  mari  Walram  de  Geroldseck,  transporté  son  do- 
micile à  Luppe  avec  Gebhard  et  Erwin,  ses  fils  et  pupilles,  de  sommer 
lesdits  Gebhard  et  Erwin  de  constituer  dans  le  mois,  de  concert  avec 
Bourcard  IV  et  Walraf,  leurs  cousins  paternels  (patruelihus  sids),  l'un 
d'eux  comme  avoué  unique,  le  tout  sous  peine  d'excommunication. 

Cette  mise  en  demeure  eut-elle  plus  d'efïet  que  les  précédentes?  Il  est 
permis  d'en  douter  '. 

Ce  qui  ressort  pour  nous  de  cette  pièce,  c'est:  1°  que  Symon  II  et  son 
frère  Walram  sont  morts  avant  1294;  2°  que  la  femme  de  Walram  se 
nommait  Irmengarde  de  Lüpfen;  S*'  qu'elle  avait,  en  1294,  deux  fils, 
jeunes  encore,  Gebhard  et  Erwin. 

C'est  même  à  peu  près  la  seule  charte  dans  laquelle  il  soit  question  des 
fils  de  Walram.  Le  nom  d'Erwin  ne  reparaît  plus  dans  les  documents  pos- 
térieurs. Quant  à  Gebhard,  il  est  encore  nommé  deux  fois:  d'abord  dans 
une  charte  du  22  septembre  1303,  par  laquelle  l'évêque  Frédéric  de  Lich- 
tenberg autorise  son  neveu,  Bourcard  IV  de  Geroldseck,  à  acheter,  de 
son  cousin  Gebhard,  les  droits  qui  compétaient  à  ce  dernier  sur  le  village 
de  flerd,  fief  mouvant  du  grand-chapitre'';  puis  dans  une  charte  de  1359, 
secunda  ferla  post  Beminisccre  (18  mars),  par  laquelle,  «Jean  de  Ge- 
roldseck,  chevalier,  fils  de  Gebhard  (Goberlus),  élantmort  sans  postérité», 
Adhémar,  évéque  de  Metz,  confère  à  Ulrich  de  Fénclrange,  au  préjudice 
des  membres  collatéraux  survivants  de  la  maison  de  Gcroldseck,  les  fiefs 
devenus  vacants  par  l'extinclion  du  rameau  issu  de  Waliam,  savoir,  un 
quart  des  châteaux  de  Geroldseck  et  de  la  ville  de  Marmoutier,  un  quart 
de  l'avocatie  de  Marmouliei'  et  de  Sindelslu'rg,  la  part  de  Jean  sur  Ind- 
willer,  etc.^  Cet  acte  de  libéralité  paraît  avoir  été  rapporté  plus  tard  sur 
la  réclamation  des  agnals  de  Jean. 

A  la  même  époque  que  ce  Jean,  vivait  un  abbé  de  Marmoutier  nommé 
Walram  de  Gcroldseck,  qui,  d'après  Schœpflin,  était  son  frère.  Walram 
fut  abbé  de  1340  à  1378;  nous  l'avons  trouvé  mentionné,  nolanmicnl, 
dans  une  charte  de  1364  relative  à  la  fondation  d'une  messe  à   Marmou- 

1.  En  1296,  quartaferia  unie  festiim  b.  Johannis  (20  juin),  l'évètiiiede  Strasbourg  con- 
firme un  statut  émis  par  l'abbé  de  Marmoutier  au  sujet  du  droit  prétendu  des  sires  de 
Geroldseck  d'être  liébergés  dans  la  cour  de  l'abbaye  à  Strasbourg.  (Arcliives  du  Bas-Rliin  , 
H,  568,  2.) 

2.  Archives  de  Darmstadt  (Lehmax.v,  op.  cit.,  f.  I'"'',  p.  83). 

3.  Archives  du  Bas-Rliiu,  H,  57 b,  G  (copie  vidimée). 


—    56    -- 

lier,  et,  en  1368,  dans  un  compromis  ménagé  entre  lui  et  Nicolas  d'En- 
dingen,  vicaire  de  Westhoffen,  par  l'évêque  de  Strasbourg'.  Selon  IIert- 
zoG,  il  mourut  le  XIII  des  calendes  de  novembre  1378  (20  octobre),  et 
fut  enseveli  dans  l'église  de  Marmoutier,  du  côté  gauche  du  chœur l 

Symon  (II)  de  Geroltzecke  apparaît  pour  la  première  fois  vers  1274, 
dans  une  pièce  non  datée,  avec  son  frère  Walram  et  son  cousin  (Bour- 
card  IV),  investis  avec  lui  par  l'évêque  de  Melz  de  la  ville  de  Marmoutier, 
pour  reconnaître  expressément  les  droits  qui  compétent  à  l'abbaye  dans 
la  Marche  et  s'engager  à  les  respecter  à  l'avenir  l 

En  1281,  le  27  avril,  il  concourt,  avec  ses  mêmes  parents,  à  la  promul- 
gation du  règlement  concernant  la  ferme  de  Buchberg*. 

Le  1*^''  mai  1287,  Rodolphe,  roi  des  Romains,  permet  à  Olhon  d'Och- 
senstein  de  racheter  les  villages  de  Romanswiller,  Daun  et  Cosswiller  que 
l'Empire  avait  engagés  à  Symon  et  à  Walram  de  Geroltzecke  pour  200 
marcs  d'argent,  et  à  les  conserver  jusqu'à  ce  que  l'Empire  soit  en  mesure 
de  lui  rembourser  pai'eille  sommet 

Il  est  encore  nommé  dans  un  acte  de  1288,  mentionné  au  commence- 
ment de  ce  chapitre".  Mais  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  il  était  mort  à  la 
date  du  8  octobre  1294".  Schœpflin  suppose  qu'il  est  le  père  d'Égon  ou 
Egenon,  auteur  des  derniers  Geroldseck;  nous  n'avons  trouvé  aucun  do- 
cument qui  contredise  cette  hypothèse,  et  nous  l'admettons  sous  toutes 
réserves,  en  rappelant  que,  d'après  le  même  savant,  Symon  II  aurait 
aussi  été  le  père  de  Hugues  P^,  et  que  cette  assertion  s'est  trouvée  en  op- 
position avec  des  textes  formels  \ 

Egenon  de  Geroldseck  est  nommé  pour  la  première  fois  dans  un  acte 
du  31  juillet  1330  ijeria  tertia  post  Jacobi  apll)  émané  de  Volmar,  sire 
de  La  Petite-Pierre;  d'après  cet  acte,  Egenon  et  Volmar  ont  contracté 
une  alliance  contre  Ludemann  III  et  llanemann  II  de  Lichtenberg,  et 
Volmar  accorde  des  lettres  de  protection  au  village  de  Wimmenowe ,  qui 
appartenait  à  leurs  adversaires  ^ 

1.  ScHOEPFLi.N,  Ah.  illiistr.,  t.  II,  p.  G2I,  et  tabl.  généal.;  Als.  diplom.,  n"  1118,  et 
t.  II,  p.  2i5,  note  r.  Archives  du  Bas-Rhin,  H,  55G,  I;  553,  8. 

2.  Edeh.  Croii.,  llv.  III,  p.  30. 

3.  Archives  du  Bas-Rhin,  //,  GIO,  G. 

4.  Md.,  H,  558,  7  (copie);  G12,  I  (original). 

5.  ScHOEPFLiN,  Als.  dipl.j,  n"  753. 

G.  Voy.  p.  53,  Archives  du  Bas-Rhin,  G,  549,  7. 

7.  Voy.  p.  54,  ScHOEPFLix,  Als.  dipL,  n"  794. 

8.  Voy.  ci-dessus,  p.  49,  note  1. 

9.  Arcliives  de  Darmsiadt  (Lehmann,  op.  cil.,  t.  I",  p.  97). 


—    57    — 

Après  le  rétablissement  de  la  paix  entre  les  trois  familles  de  Geroldseck, 
de  La  Petite-Pierre  et  de  Lichtenberg,  Egenon  fit  avec  son  onde,  Lude- 
maiin  III  de  Lichtenberg,  et  avec  le  neveu  de  Ludemann,  son  pupille,  un 
échange  d'hommes  de  mainmorte  (Leibeigene)  dans  diverses  localités  ',  On 
pourrait  peut-être  déduire  de  ce  document,  si  le  mot  d'oncle  y  a  son  sens 
strict,  que  Symon  II  de  Geroldseck,  dont  la  femme  n'est  pas  connue,  avait 
épousé  une  sœur  de  Ludemann  111,  ou  bien  que  la  mère  d'Égenon  était  la 
sœur  d'IIildegarde  de  Fénétrange,  épouse  de  Ludemann  III. 

L'année  suivante,  le  premier  mardi  après  la  Chandeleur  (3  février 
1332)  Égenon  figure,  en  qualité  d'oncle,  dans  une  chai'te  par  laquelle 
Rodolphe  d'Ochsenstein,  probablement  le  fils  de  Rodolphe  r"",  con- 
tracte une  alliance  offensive  et  défensive  avec  Ilanemann  de  Lichtenberg, 
se  réservant  seulement  à  raison  de  ses  engagements  antérieurs  de  ne  pas 
prendre  les  ai'mes  conire  ledit  oncle,  contre  l'évêque  de  Strasbourg  et 
contre  ses  cousins  Jean  et  Ottmann  V  d'Ochsenstein.  Il  résulterait  de  cette 
charte-ci  ou  bien  qu'Egenon  aurait  épousé  une  sœur  de  Rodolphe  P*"  ou 
que  Rodolphe  P"  aurait  épousé  une  sœur  d'Egenon,  ou  que  leurs  femmes, 
inconnues  l'une  et  l'autre,  étaient  sœurs  ^ 

Ce  qui  confirme  cette  hypothèse,  c'est  que,  dans  une  aulre  charte  pos- 
térieure. Mena  et  Rodolphe  d'Ochsenstein,  fils  de  Rodolphe  F"",  traitent 
également  Egenon  de  Geroldseck  d'oncle,  en  le  dégageant  d'une  caution 
qu'il  avait  consenti  à  donner  pour  une  somme  de  15  livres  pfenningsl 

Egenon  mourut  vers  1346*,  laissant  quatre  fils  et  deux  filles: 

1°  Hugues  II,  sur  lequel  nous  reviendrons  un  peu  plus  bas. 

2"  Symon  III,  qui  était  déjà  majeur  en  1337  et  est  qualifié  chanoine  de 
Strasbourg  dans  un  acte  du  21  février  1343,  par  lequel  il  prête  à  Symon  P"", 
comte  de  Deux-Ponis-Ritche,  une  somme  de  600  livres  pfennings,  sous  la 
caution  de  Jean  et  Ottmann  V  d'Ochsenstein  et  de  Symon  de  Lichten- 
berg ^  On  retrouve  son  nom  dans  plusieurs  chartes  postérieures  que  nous 

1.  An  S.  Mauricien  dag  (22  septembre)  1331.  {Ibid.} 

2.  Arcliives  de  Darmstadt  (Lehmann,  op.  cit.,  t.  II,  p.  39).  D'après  M.  Lehmann,  cette 
cliarte  et  la  suivante  ('maneraient  de  Rodolphe  I"""  lui-même;  nous  pensons  que  c'est  de 
Rodolphe,  son  fds,  car  Jean  et  Otlion  V  seraient  les  neveux  et  non  les  cousins  de  Ro- 
dolphe I«^  et  Rodolphe  I"  serait  le  beau-frère  et  non  pas,  comme  Mena,  le  neveu  d'Eg:enon. 

3.  1337,  an  der  Mittewochen  nach  de/ne  Sonnentage  do  man  vier  Wochen  Fleisch  hatte 
gessen  nach  Ostern.  (Archives  de  Darmstadt;  Lehmann,  op.  cit.,  t.  II,  p.  U.) 

4.  Il  est  désigné  comme  défunt  dans  un  acte  du  15  juillet  13i6.  (Archives  du  Bas-Rhin, 
H,  597,  4.) 

5.  1343,  an  dem  Fritag  vor  der  Pfaflenvahsenacht.  (Archives  de  Darmstadf  ;  Lehmann, 
op.  cit.,  t.  II,  p.  207.) 


—    58    — 

analyserons  en  leur  temps.  Il  figure  encore  sur  les  listes  des  chanoines 
en  1365  et  en  1375  \ 

3°  Jean  (Henselin),  encore  mineur  en  1337,  chanoine  de  Strasbourg 
comme  son  frère,  mentionné  en  cette  qualité  par  le  Copialbuch  de  la  ca- 
thédrale en  1349  et  1354,  et  en  1362,  comme  défunt l 

4°  Frédéric,  qui  continua  la  famille  et  sur  lequel  nous  reviendrons 
également. 

5°  Elisabeth,  qui  épousa  en  1337  Henri  III,  sire  de  Lichtenberg.  La 
convention  conclue  à  ce  propos,  le  7  janvier  1337  (an  dem  cynstage nach 
dem  zivelften  Tage),  entre  Égenon  de  Geroldseck  et  Jean  H  de  Lichten- 
berg, pères  des  deux  futurs  époux,  et  l'acte  de  constitution  de  dot,  du 
14  février  suivant  {an  S.  Valentinstag)  établissent  à  la  fois  la  filiation  d'E- 
lisabeth et  la  composition  de  la  famille  à  cette  époque  \  Par  la  convention 
du  7  janvier,  les  deux  pères  stipulent  que  le  fiancé  recevra  de  Jean  II  une 
somme  de  800  marcs  d'argent,  monnaie  de  Strasbourg,  et  la  fiancée,  de 
son  père  Egenon,  une  somme  de  1,000  marcs;  il  est  décidé,  en  outre, 
que  le  mariage  sera  célébré  avant  les  jours  gras.  Par  l'acte  du  14  février, 
Égenon,  de  concert  avec  ses  deux  grands  fils,  Symund  et  Hugues,  et  ses 
deux  fils  mineurs,  Henselin  et  Frédéric,  assied  la  dot  de  sa  fille  sur  di- 
vers biens  et  rentes  en  argent  ou  en  nature  à  Duntzenheim,  Sehselsheim, 
Marley,  Wasselonne,  Detwilre,  Gunsheim,  Berstetten,  Liitenlieim,  ainsi 
que  sur  le  moulin  d'Olfsheim. 

6°  Si  nous  en  croyons  le  Copialbuch  de  la  cathédrale  de  Strasbourg, 
Cunégonde,  abbesse  cïAndelahe  (Andlau),  tnorte  avant  1349\  Nous  devons 
toutefois  faire  remarquer  que,  d'après  Hertzog,  cette  Cunégonde,  morte 
en  1333  et  dont,  dii-il,  «  on  voit  encore  le  beau  tombeau  dans  le  chœur 
de  l'abbaye  »,  était  de  la  famille  de  Ilohengeroldseck.  Il  y  aurait  eu,  selon 
lui,  une  abbesse  de  celle  de  Geroldseck-ès-Vosges  en  1359,  mais  du 
nom  d'Adélaïde ^ 

Hugues  P^  et  son  jeune  frère  Frédéric,  dominus  Hugo  et  domicellus 
Fridericns  de  Geroltzecke ,  filii  quondam  domini  Egenonis  de  Geroltzecke 

1.  Grandidier,  op.  cit.,  t.  IV,  p.  233  et  252. 

2.  Johannes  de  GeroUsecke  in  Vosago ,  senior,  canonicus  ecclesie  Argentinensis ,  1349 
{Copialbuch,  f°  49;  Mone,  Zeitschrift  für  die  Gesch.  des  Oberrheins,  t.  VI,  p.  434);  Jo- 
hannes de  Geroltseclie  in  Vosago,  canonicus ,  1354  {Copialbuch,  f"  139);  quondam  Hen- 
selinusde  Geroltzecke  in  Vosago,  13G2  {Copialbuch,  f"  lOG;  Mone,  t.  VIII,  p.  393). 

3.  Archives  de  Diirmstadt  (Lehmann,  op.  cit.,  t.  I^^,  p.  68-69). 

4.  MoNE,  Zeitschrift,  t.  VI,  p.  431.  Elle  est  nommée  immédiatement  après  le  cliauoine 
Jean  (f"  49)  cl  qualiliée  soror  ejus  defuncla,  en  1349. 

5.  Edels.  Cron.,  liv.  III,  chap.  viii,  f"  19. 


—    59    — 

in  (km  Wasicheti,  vendent,  par-devant  l'officialité  de  Strasbourg  et  en 
présence  de  leurs  frères  Symon  et  Jean,  aux  religieuses  du  Sindelsberg, 
pour  200  livres,  les  droits  et  privilèges  qu'ils  possèdent  dans  les  bans  de 
Rumersbeim,  Waltenheim,  Millelbausen,  m  superiore  curia  dicta  Bute, 
etc.  (ides  de  juillet,  15  juillet,  134-6)^ 


Fac-similé  des  sceaux  de  Hugues  et  de  Frédéric  de  Geroldseck-ès-Vosges. 

Le  28  novembre  1353,  Hugues  et  Frédéric,  domini  de  Geroitzeck  in 
Vasago,  s'associent  à  la  pétition  adressée  par  les  grands  vassaux  de  l'évê- 
ché  de  Slrasbourg  au  collège  des  cardinaux,  à  l'effet  d'obtenir  que  le 
doyen,  Jean  de  Lichtenberg,  élu  évêque  par  le  chapitre,  soit  connrmé 
en  cette  qualité  par  le  Saint-Siège ^ 

Le  VI  des  nones  de  juillet  (2  juillet)  1364,  Hugues,  fds  de  feu  Égenon, 
seigneur  de  Geroitzeck  in  Vogeso,  fonde,  avec  le  consentement  tant  de 
ses  frères  Sycmundus,  chanoine  de  Strasbourg,  et  Frédéric,  que  de 
Walram  (de  Geroldseck),  abbé  de  Marmoutier,  une  messe  dans  ledit  mo- 
nastère, en  l'honneur  de  Dieu  et  de  la  sainte  Viergel 

Le  31  janvier  1366  {an  dem  nehesten  samestage  vor  unsere  frowe  tage 
der  Lichtmesse),  Bourcard  de  Fènétrange  et  les  frères  Hugues,  Symon  et 
Frédéric  de  Geroldseck,  jurent  une  paix  castrale  {hnrgfrid)  à  Sleinsal 
(Stinzel);  ce  hnrgfrid  fut  renouvelé  en  1404,1e  samedi  avant  la  Saint- 

1.  Arcliives  dii  Bas-Rhin,  //,  597,  4;  à  la  charte  sont  appendus  deux  très-jolis  sceaux 
ronds  en  cire  verte,  portant  Tècn  trianp:iilaire  anx  armes  des  Geroldseck,  avec  les  légendes  : 
S.  HUGOIS:  DE:  GEROLTSEGG:  JUNIORIS,  sur  l'un;  S.  FRICI.  n.E  GEROTSEKE  {sic),  sur  l'autre. 
—  Nous  les  reproduisons  tous  deux  ci-dessus. 

2.  Ibid.,  G,  559,  5. 

3.  Ibid.,  H,  556,  1.  Schoepflin,  Als.  dipL,  n»  1118. 


—     60    — 

George,  par  la  veuve  Marguerite  de  Deux-Ponts-Bitche,  née  de  Féné- 
trange,  sou  frère  Jeau  de  Fénétrange,  et  Frédéric  d'Ochsenstein\ 

Enfin,  Hugues,  Huy  von  GeroUzeghe ,  est  témoin  d'un  accoi'd  entre 
George  de  Hohengeroldseck  de  Tüliingen  et  son  frère  Henri,  le  20  novem- 
bre 1370  {an  dem  miUewocIœn  nach  S.  ElisahethenlagY.  C'est  la  dernière 
fois  que  nous  avons  rencontré  son  nom. 

Hugues  II  fut-il  marié  et  laissa-t-il  des  descendants?  On  ne  saurait  l'af- 
firnier.  Mais  il  est  question  dans  une  charte  du  15  juillet  1370  (dmiresdage 
uf  der  znjclf  hotten  Scheidungen)  d'un  certain  Jungherrn  Symonde  von  Ge- 
rolizecke,  qui,  de  concert  avec  Jean  le  Jeune,  sire  de  Hibeaupierre,  Jean 
d'Escliery,  Olhon  de  Girsberg,  les  villes  de  Strasbourg,  de  Colmar  et  de 
Münster,  fait  la  paix  avec  Marie  de  Chatillon  de  Blois,  duchesse  de  Lor- 
raine, et  les  chanoines  de  Saint-Dié\  En  1370,  la  famille  de  Geroldseck 
élait  fort  réduite;  car  de  ses  nombreuses  branches,  une  seule  avait  en- 
core des  représentants  et,  parmi  ces  représentants,  il  n'y  en  avait  que 
deux  qui  ne  fussent  pas  voués  au  célibat  en  qualité  de  prêtres:  Hugues  II 
et  Frédéric,  son  frère.  Or  les  enfants  deFrédéric  sont  nommés  dans  beau- 
coup de  pièces  et  on  n'y  range  jamais  qu'un  fils,  Volmar.  Il  faut  donc  que 
ce  jeune  Symon  soit  ou  un  fils  de  Hugues  II,  ou  un  fils  de  Frédéric,  mort 
très-peu  de  temps  après  son  père;  la  première  hypothèse  nous  paraît  la  plus 
vraisemblable. 

Frédéric,  qui  est  souvent  nommé  avec  ses  frères,  figure  en  outre  dans 
les  pièces  suivantes  :  le  25  mai  1362,  il  s'allie,  en  même  temps  que  son 
cousin,  le  Slcidzler ,  aux  villes  et  aux  principaux  dynastes  d'Alsace,  pour 
repousser  l'invasion  anglaise*. 

Le  16  janvier  1366,  il  est  mentionné  dans  l'instrument  d'une  paix  pu- 
blique conclue  pour  deux  ans '. 

Sa  mort  suivit  probablement  à  trois  ou  quatre  années  d'intervalle.  De 
son  mariage  avec  Walpurge,  fille  de  Volmar,  comte  de  Lützelstein,  et 
d'Adélaïde  de  Fénétrange,  il  eut  quatre  enfants:  un  fils,  Volmar,  et  trois 
filles,  Adélaïde,  Cunégonde  et  Catherine  (?). 

La  dernière  de  ces  filles,  dont  le  prénom  n'est  pas  exactement  connu, 
vivait  encore  en  1381 ,  mais  elle  mourut  avant  son  frère  et  sans  avoir  été 
mariée. 

1.  Archives  de  Darmstadt  (Lehmann,  op.  cit.,  t.  Il,  p.  92);  voy.  ci-dessiis,  p.  51. 

2.  Pragm.  Gesch.  de.s  Uauses  Gerohiseck,  llrh.,  n°  28,  p.  73. 

3.  ScHöEPFLiN,  Als.  dipl.,  Ti"  lOii. 

4.  Laüuille,  Hut.  (V Alsace,  preuves,  n"  00. 
5  SCHOEPFLIN,  Als.diijf.,  w"    1120. 


—     61     — 

Cunégonde  épuiisa,  en  1879,  Rodolphe  d'Oclisenslein,  qui  avait  perdu 
sa  première  femme,  Sophie  de  Ribeaupierre:  par  acte  du  5  septembre. (fi'H 
deui  nehsten  mendagc  vor  unseren  liehen  froiveii  tage  der  Jüngeren),  Ro- 
dolphe constitua,  au  profit  de  sa  seconde  femme,  un  douaire  de  2,000  flo- 
rins d'or  sur  les  biens  sisà  Hochfelden,  ainsi  (jue  sur  la  sixième  partie  des 
villages  de  Reichshofeu,  Wolfershofen,  Guntershofen,  Griesbach,  Schüre, 
Eberbach  el  Ulenhofen\  Au  même  moment,  Volmar  promit  à  sa  sœur 
une  dot  de  500  vieux  florins,  pour  sûreté  de  la(juelle  il  lui  engagea  une 
rente  de  14  livres  pfennings  sur  la  ville  de  Marmoutier  et  une  autre  de 
24  quarts  de  seigle  sur  le  moulin  de  Weyersheim;  il  racheta  ce  double 
gage  à  Cunégonde  et  à  son  mari,  le  8  septembre  1384  (u/f  unsere  frowen 
dag  der  jungern)'. 

Cette  union,  qui  fut  bénie  par  la  naissance  de  trois  fils,  Frédéric,  Jean 
et  Vdlmar,  et  de  deux  filles.  Glaire  et  Agnès,  dura  plus  de  vingt  ans: Ro- 
dolphe d'Ochsenstein  mourut  en  mars  1400.  Dès  1391,  ayant  cédé  à  l'élec- 
teur palatin  Robert  H  une  fraction  de  ses  châteaux,  il  avait  pris  soin  de 
faire  confirmer  par  ce  prince  la  constitution  du  douaire  de  Cunégonde 
sur  Reichshofeu  et  ïlochfelden  (23  mai  1391,  iiff  den  dinstag  vor  unsers 
herren  Lyehamslage^).  Aussi  sa  veuve  n'éprouva-t-elle,  de  ce  chef,  aucune 
difficulté.  Peu  de  joui's  après  la  mort  de  son  époux,  elle  renonça  solen- 
nellement, dans  la  chapelle  de  l'église  de  Reichshofeu,  à  toute  prétention 
sur  sa  succession,  se  déclarant  satisfaite  de  son  douaire  et  prête  à  par- 
tager avec  ses  enfants  les  vêtements  et  les  bijoux,  suivant  la  coutume,  en 
foi  de  quoi  elle  déposa  son  trousseau  de  clefs  sur  la  table  (27  mars  1400). 
A  la  Saint-Martin  (11  novembre)  de  la  même  année,  elle  renouvela  sa  re- 
nonciation par-devant  le  prévôt  de  Marmoutier  el  consentit  même  à  aban- 
donner à  ses  enfants  pour  six  années  le  revenu  de  son  douaire,  plus  300 
florins  sur  la  rente  de  2,600  qu'elle  avait  à  toucher  annuellement  de  la 
famille  de  Ribeaupierre,  sous  la  seule  condition  qu'on  la  laissât  paisi- 
blement résider  à  Ilaut-Barr  el  dans  quelques  autres  localités,  et  qu'on 
lui  donnât  régulièrement  50  quarts  de  blé  sur  le  revenu  du  bien  de  Hoch- 
felden'. 

En  1402,  le  21  décembre  (jour  de  Saint-Thomas)  Cunégonde  et  sa 
mère  Walpurge  constituèrent,  moyennant  diverses  conditions  onéreuses, 
une  rente  de  10  florins  en  faveur  de  Jean  Heringen,  sur  leur  part  de  la 
marche  de  Marmoutier^  Cunégonde  mourut  peu  de  mois  après. 

1.  Arcliives  de  Darmstadt  (Lehmann,  o/j.  cit.,  1. 11,  p.  84  et  siiiv.). 

2.  Ibid.  —  3.    [Oid.  —  4.  lOid. 
5.  Archives  du  Bas-Rhin,  £,  2814. 


—     62     — 

Adélaïde,  sa  sœur  aînée,  épousa  en  1392  Érard  de  Wangen  et  ap- 
porta ainsi  dans  cette  famille  ses  droits  sur  une  partie  du  patrimoine  des 
Geroldseck. 

En  effet,  Volmar,  fils  unique  de  Frédéric  et  de  Walpurge  de  Lützelstein, 
devait  mourir  sans  postérité  et  laisser  à  ses  sœurs  toutes  les  possessions 
de  la  famille. 

Dès  1381,  il  avait  prévu  cette  éventualité,  et,  comme  la  seigneurie  de 
Geroldseck  était  un  fief  mâle  relevant  de  l'évêque  de  Metz,  il  avait  ouvert 
des  négociations  avec  ce  prélat,  afin  d'éviter  qu'à  sa  mort  ses  sœurs  se 
vissent  complètement  dépouillées.  L'évêque  Thierry  se  montra  favorable  à 
un  arrangement  amiable,  et  il  fut  convenu  que,  si  Volmar  mourait  sans 
laisser  de  fils,  une  moitié  de  la  seigneurie  ferait  retour  à  l'évêque  et 
l'autre  moitié  passerait,  soit  aux  filles  de  Volmar,  s'il  en  laissait,  soit  à 
sa  mère  et  à  ses  sœurs'.  Le  29  décembre  1387  (dimanche  après  Noël), 
le  nouvel  évêque  de  Metz,  Raoul  de  Coucy,  investit  notre  dynaste  de 
toute  la  seigneurie".  Ce  devait  être  pour  deux  ans  à  peine  :  Volmar  mou- 
rut vers  1390,  sans  laisser  ni  fils  ni  filles,  de  sorte  que,  conformément  à 
la  convention  de  1381,  une  moitié  de  la  seigneurie  échut  à  sa  mère  Wal- 
purge, à  Cunégonde  d'Ochsenstein,  à  Adélaïde  et  à  Catherine  de  Gerolds- 
eck. La  seconde  moitié  fut  donnée  par  l'évêque  Raoul  à  Henri,  comte  de 
La  Petite-Pierre,  frère  de  Walpurge  de  Geroldseck,  et  aussitôt  engagée 
parce  seigneur,  une  moitié  à  Frédéric  de  Blankenheim,  évêque  de  Stras- 
bourg, moyennant  4,000  florins  d'or  (14  septembre  1391)%  l'autre  moitié,  * 
à  Evrard,  comte  de  Ramberg*. 

Nous  retrouvons  encore  dans  plusieurs  autres  pièces  les  noms  du  fils 
et  de  la  veuve  de  Frédéric  de  Geroldseck:  En  1385,  le  lundi  après  la 
Sainte-Calheiine  (27  novembre),  Volmar  se  porte  caution  pour  son  cousin 
Bourcard  de  Lützelstein,  cellérier  du  grand-chapitre  de  Strasbourg,  d'un 
engagement  contracté  par  celui-ci  envers  Walpurge,  mère  de  Volmar\ 

En  1391,  Walpiirg,  fraw  zu  Geroltscgkim  Waszgaiv,yQ\x\e,  de  Frédéric, 
assigne,  par  un  acte  passé  devant  l'officialilé  de  Strasbourg,  une  rente  de 
50  florins  à  la  dame  Sturm,  de  Strasbourg,  sur  Iderswiller  et  d'autres  biens 
de  la  marche  de  Marmoutier,  le  tout  rachetable  moyennant  600  florins^ 

1.  Archives  (la Bas-Rhin,  E,  2841,  1  (copie  nou  vidimée). 

2.  Ibid.,  E,  (copie).  Voy.  ci-dessus 29,  p.,  rénumération  des  localités  qu'elle  comprenait. 

3.  Ibid.,  G,  566,  4;  H,  589,8. 

4.  ScHOEPFLiN,  Als.  illiistr.,  t.  11,  g  393. 

5.  Ibid.,  G,  1020. 

6.  Ibid.,  5,  2814,  2. 


—    63    — 

Le  10  juin  1394  (uff  den  mittwochen  vor  S.  Via  und  Modestitag  der 
heiligen  merleler) ,  Walpurge  et  son  gendre  d'Ochsenstein,  assisté  de  sa 
femme  et  de  ses  trois  jeunes  fils,  accordèrent  à  l'électeur  palatin  Robert  II 
entrée  dans  leurs  châteaux  de  Marmoutier,  de  Geroldseck,  de  Stinzel  et 
de  Haut-Barr,  sous  la  seule  réserve  qu'il  ne  s'en  servirait  pas  contre  leur 
suzerain,  l'évêque  de  Metz,  et  qu'il  payerait,  le  cas  échéant,  sa  part  des 
frais  de  garde.  En  échange,  le  palatin  promit  sa  protection  à  Walpurge. 

Quelques  mois  après,  le  3  octobre  {sabbato  proxùno  post  Michahel), 
une  paix  castrale  fut  signée  entre  tous  les  comparsonniers  :  Guillaume  de 
Dielsch,  évêque  de  Strasbourg,  Henri,  comte  de  La  Petite-Pierre,  et  sa 
sœur,  Walpurge  de  Geroldseck,  Rodolphe  d'Ochsenstein  et  sa  femme, 
les  Hohenstein,  les  Wildsperg  et  les  Liitzelbourg^ 

Walpurge  mourut  en  1406,  et  le  23  mars  de  ladite  année  (nechste  zins- 
tag  vor  halbfasten),  ses  héritiers,  Frédéric,  Jean,  le  chanoine  Volmar, 
Agnès  et  Claire  d'Ochsenstein,  tous  enfants  de  Rodolphe  et  de  Cunégonde, 
d'une  part,  Härtung  de  Wangen  et  sa  sœur  Walpurge,  épouse  de  Nicolas 
Zorn  de  Bulach,  enfanta  d'Adélaïde  de  Geroldseck  et  d'Érard  de  Wangen, 
d'autre  part,  procédèrent  au  partage,  par  moitié,  de  la  portion  de  la  sei- 
gneurie de  Geroldseck  qui  appartenait  à  leur  grand'mère'. 

Les  Wangen,  devenus  ainsi  possesseurs  d'un  quart  de  la  seigneurie  de 
Geroldseck,  obtinrent,  le  3  octobre  1414,  de  l'empereur  Sigismond,  la 
permission  de  joindre  à  leur  nom  et  à  leurs  armes  ceux  de  l'antique  et 
illustre  maison  à  laquelle  ils  avaient  succédé.  Ils  s'appellent  depuis  cette 
époque  barons  de  Wangen  de  Geroldseck-ès-Vosges  et  portent  écarlelé  de 
Wangen  et  de  Geroldseck,  c'est-à-dire,  <s  écartelé  de  gueules  et  d'argent, 
à  quatre  lions,  les  queues  fourchues,  aßrontes,  de  l'un  en  l'autre,  cou- 
ronnés d'or,  les  deux  quartiers  d'argent,  semés  de  billettes  d'azur'^)).  Le 
31  mai  1419,  mercredi  avant  la  Pentecôte,  ils  s'engagèrent  vis-à-vis  des 
Ochsenstein,  leurs  cousins,  à  ne  vendre  ni  engager  leur  part  de  Gerolds- 
eck, sans  les  en  avoir  prévenus*.  Cette  promesse  ne  mit  pas  obstacle  à  une 
infinité  de  transactions,  dont  les  diverses  fractions  de  la  seigneurie  furent 
successivement  l'objet  et  dont  on  trouvera  le  détail  dans  Sciiœpflin,  pour 
les  trois  parts  des  Ochsenstein,  des  Wangen  et  des  Liilzelstein  :  il  nous 

1.  Archives  de  Darmstadt  (Lehmann,  op.  cit.,  t.  II,  p.  81). 

2.  Archives  du  Bas-Rhin,  £,  2841  ;  toWea?«  <;?«(''«/.  e^  »je/notVeÄ^  certiliés  te  (J  mai  1755 
par  le  notaire  Schweighseuser  (ibid..  H,  565,  2). 

3.  Armor.  de  la  Gêner.  d'Alsace,  p.  158,  n°  374,  etc. 

4.  Archives  du  Bas-Rhin,  Ê,  2841. 


—     6 


)4 


suffira  d'y  renvoyer  le  lecteur'.  Nous  nous  bornerons  à  dire  ici  que, 
de  la  moitié  de  la  seigneurie  de  Geroldseck  donnée  par  l'évèque  de  Metz 
à  Henri,  comte  de  La  Petite-Pierre,  la  portion  engagée  aux  Ramberg  échut, 
par  suite  de  Texlinction  de  la  maison  de  La  Petite-Pierre  et  après  une  sé- 
rie d'aliénations  et  de  rachats  partiels,  à  Claude  de  la  Palu,  comte  de  la 
Hoche,  seigneur  de  Varambon  et  de  Wilersisse,  qui  tenait  aux  Liitzelstein 
par  la  mère  de  son  père;  par  acte  du  25  avril  1485  (mardi  après  la  Saint- 
Marc),  Claude  céda  tous  ses  droits  à  ses  cousins  Guillaume  et  Smasman, 
sires  de  Ribeaupierre  et  Hohenackl 

Les  sires  de  Ribeaupierre  acquirent  encore,  par  la  suite,  le  reste  de  la 
part  primitive  des  comtes  de  La  Petite-Pierre,  plus  une  fraction  de  la  part 
qui,  à  l'extinction  des  Ochsenslein,  avait  fait  retour  à  l'église  deMetz^  (8  juin 
1487),  et  obtinrent,  le  M  mars  1497,  deMaximihen,  empereur  d'Allema- 
gne, l'autorisation  de  partir  ou  d'écarteler  leurs  armes  de  celles  de  Gerolds- 
eck-ès-Vosges^  Ils  s'intitulèrent  toujours,  depuis  cette  époque,  sires  de 
Ribeaupierre,  Ilohenack  et  Geroldseck-ès-Vosges  et  portèrent  :  écartelé 
aux  i^^  et  4^,  d'argent  à  trois  petits  écussons  de  gueules,  2  et  i,  qui  est 
de  Ribeaupierre;  au  2^,  d'argent  à  trois  têtes  d'aigles  arrachées  et  cou- 
ronnées de  sable,  2  et  i ,  qui  est  de  Hohenack;  au  3^,  d'argent  semé  de 
hillettes  d'azur,  au  lion  de  gueules  couronné  d'or,  qui  est  de  Geroldseck-ès- 
Vosges.  Ces  quartiers  passèrent  plus  tard,  à  titre  héréditaire,  dans  l'écusson 
de  la  maison  de  Deux-Ponts-Birkenfeld  et,  comme  armes  de  prétention, 
dans  celui  de  la  maison  de  Waldeck,  où  ils  figurent  encore  aujourd'hui. 

On  trouverait  difficilement  en  Alsace  un  territoire  qui  ait  été  plus  souvent 
engagé,  vendu,  racheté  et  morcelé  que  la  seigneurie  de  Geroldseck.  Dans 
la  seconde  moitié  du  dix -septième  siècle,  les  comtes  de  Fürstenberg  finirent 
par  en  réunir  successivement  toutes  les  portions  entre  leurs  mains  et  prê- 
tèrent, à  ce  titre,  foi  et  hommage  à  l'évèque  de  Metz,  en  suite  d'un  arrêt 
de  la  chambre  de  réunion  siégeant  en  cette  ville.  Mais,  en  1704,  par  une 
transaction  amiable  avec  cette  maison,  l'abbaye  de  Marmoutier  rentra  en 
possession  de  tout  ce  que  les  Fürstenberg  retenaient  de  son  antique  patri- 
moine. Elle  était  encore  quaUfiée  en  1789  seigneur  de  la  marche  de  Mar- 
moutier. 

E.  Leur. 

1.  Als.  illustr.,  t.  II,  gg393  à  395. 

2.  ScHüEPFLiN,  A/ä.  (/î/»^.,  n"  1409. 

3.  ma.,  nM413. 

4.  Archives  du  Bas-Hhin,  U,  5ü5,  lU. 


TABLEAU  G 


MAISON  DE  GER 


HOHENGEROLDSECK&THIERSBERG. 


avoué  de 


II.  DIDIER  {Truther), 
ép.  Berthe. 


II 


III.  CO.MUD.    III.  ADELAIDE, 

chanoine,  ép.  A^, 

puis  évèque  de  sire  d'Eschibach 
Strasbourg, 
1171), 
t  17  déc.  1180. 


BOURCARD  V 

ép.  N., 

comtesse 

de  Ychrinfiren. 


III.  WOLFGANG, 

auteur  présumé 

de  la  maison 

de  Hohen- 

geroldseck, 

ép.  N.  de  Werde. 

IV.WALTHERP^ 

premier  auteur 

autlieutiquement 

connu 

de  cette  maison, 

t  1277 


III.  WALTHER, 

auteur  présumé 

de  la  maison 

de  Thiersberg. 


IV.  HENRI . 

avoué 

de  Schuttern 

1236, 

f  à  Hausbergen, 

1262, 

ép.  Sophie 

de  Zollern. 


IV.  BERTHOLD, 
chanoine 
et  prévôt 

de  Strasbourg, 
1244-1268. 


IV.  HERMANN, 

chanoine 

de  Strasbourg, 

1255. 


III.  OTHC 

avoui 

de  Haslï 

11 


V.  A'., 

(HARTMANN,  f  1264 

ép.  Heilicke, 

3*  ßle  de  Louis , 

sire  de  Lichtenberg 


?) 


V.  BOURCARD  IV, 

1265,  1294, 

avoué 

de  Marmoutier, 

t  vers  1322. 


J 


VI.  LOUIS, 

t  après  1279, 
non  marié. 


Les  noms  on  grandes  capitales  ou  en  italiques  et 
les  filiations  marquées  en  traits  pleins  sont  ceux  que 
nous  avons  pu  authentiqueinent  établir  d'après  des 
chartes.  Les  autres  noms  et  les  filiations  marquées 
en  traits  pointillés  sont  mentionnés  dans  des  auteurs 
dignes  de  foi,  tels  que  Schœpflin  ou  Grandidier; 
mais  nous  n'avons  eu  sous  les  yeux  aucune  pièce 
contemporaine  qui  corroborât  leurs  assertions. 
Toutes  les  dates  ou  indications  de  fonctions  sont 
données  d'après  des  chartes  dont  notre  notice  ren- 
ferme l'analyse  détaillée  et  indique  la  provenance. 


VI.  HEILICKE, 

é]i.  Guillaume, 

sire  de 
Schwarzenberg. 

VII.  JEAN  STENTZLER, 

1346, 

t  1364. 


VI.  Susanne, 

ép.,  1291, 

Henri 

de  Ribeaupierre 

(t  1313). 


VII.  A  , 

ép. 

Evrard  d'Andlau, 

f  avant  1355. 


VI.  HUGUES  I-,        ^ 
ép., 
1320, 
Susanne 

de  Hohen- r 

qeroldseck.    VII.  I 
— ^ .     13. 


VII.  GUNÉGONDE,  - 

1355.  VIII.  I 


fÉALOGlQUE 


SECK-ÈS-VOSGES. 


I 


GEROLDSECK-ES-VOSGES. 


IL  OTHON  II. 

avoué 

de  Marmoutier  1143,  de  Saint-Étienue  11 

de  Neuwiller  1158,  de  Haslach  1162. 

auteur  présumé  de  la  mai.son  de 

Geroldseck-ès-Vosg-es. 


II.  IJERTHOLD. 

chanoine, 

|)uls  grand-chantre 

de  Strasbourg, 

1193. 


III.  IJOUIICARD  II. 

1187, 

avoué 

de  Marmoutier, 

1238. 


III.  BEllTHOLD. 

portier, 

puis  camérier  de  la  cath. 

de  Strasbourg, 

1193-1221. 


III.  Etienne. 

chanoine 
de  Strasbourg. 


■.  BOURCARD  m 

1255, 
f  avant  1262. 


V.  WALRAM  (Walraf),    V.  ROBIN, 
1266,  1269,  1301. 

t  vers  1296, 
ép.  Alix  de  Liipy^ 
dame  de  Guercy. 


IV.  SYMON  I", 

1255, 

avoué 

de 

Marmoutier, 

t  vers  1272. 


IV.  HENRI. 

chanoine,  1242, 

puis  évêque 

de  Strasbourg 

1263, 

t  1273. 


VI.  W.ALRAM, 
1301. 


VI.  GOBERT, 
1301. 


V.  SYMON  II. 

1274, 
t  avant  1294. 

VI.  ÉGENON, 
1330, 

t  avant  1346. 


V.  N., 

ép.:   1"  Walther 

de  Horbourg  ; 

(t  1260), 

2°  Gerlach 

de  F  en  étrange, 

1288. 


V.  WALRAM, 

chanoine 

de  Strasbourg, 

1255-1258? 

ép.  Irmengardc 

de  Lüpfen, 

t  1294. 


V.  HENRI . 
1 288. 


VII.  SYMON  m,     VII.  JEAN,    VII.  FRÉDÉRIC,  VII.  ELISABETH.  VIL  CLNÉGONDE,  VI.  GEBHARD. 

chanoine           chanoine         1346,  1366,                ép.             abbesse  d'Andlau,  1294.  1303. 

--    de  Strasbourg,  de  ép.  Henri  III  f  avant  1349.        ^ '" 

V,      1343,  1375.       Strasbourg,         Walpurge        de  Lichtenberg. 
1349,  de  Liitzclstein  1337 

t  avant  1362.        (11406). 


VII.  JEAN. 

-i-  1359. 


VIII.  V0LM.4R,     VIII..VDÉLA1DE,    VIIL  GUNÉGONDE.    VIIL (Catherine ?)  iV., 
1381,  1381,  ép.,   1379,  1381. 

t  vers  1390,  ép,.,  1392,  Rodolphe 

ultimus.  Evrard  d' Ochsenstein 

de  Wangen.  (f  1400); 

t  1403. 


VI.  EKWIN. 
1294. 

VIL  WALRAM, 

abbé 
de  Marmoutier, 

1340, 
t  1378. 


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LES  THERMES  DE  BADEN^VEILER 


Les  thermes  de  Badenweiler  constituent  l'un  des  témoignages  les  plus 
imposants  du  séjour  des  Romains  dans  la  vallée  rhénane.  Rien  de  plus 
gracieux  que  le  site  même;  Badenweiler  moderne  est  la  perle  du  Brisgau 
badois.  Il  est  donc  très-naturel  que  les  Romains,  attirés  par  la  fertilité  du 
sol  et  la  douceur  du  climat,  aient  mis  à  profit  les  eaux  thermales  de  cette 
localité  privilégiée.  Les  auteurs  les  plus  compétents,  architectes  et  archéo- 
logues, attribuent  au  siècle  des  Antonins  l'établissement  splendide  de  ces 
bains,  que  nous  admirons  encore  dans  leur  état  de  dégradation  actuelle. 
Je  vais,  pour  la  description  de  ces  restes  remarquables,  suivre  surtout 
les  traces  de  Wever'  qui  a  lui-même  mis  à  profit  ses  nombreux  prédé- 
cesseurs, et  plus  spécialement  le  consciencieux  Preuschen^  Le  plan  joint 
à  la  présente  notice,  et  scrupuleusement  calqué  sur  celui  de  l'ouvrage  de 
Wever,  facilitera  aux  lecteurs  bienveillants  la  vérification  des  données 
qu'ils  trouveront  dans  ce  travail  de  seconde  main.  Je  n'ai  d'autre  but  que 
de  rappeler  des  souvenirs  à  ceux  qui  ont  joui  du  site  pittoresque  des  mon- 
tagnes et  des  bosquets  de  Badenweiler,  et  d'y  convier  ceux  qui  ne  con- 
naissent point  cet  idyllique  séjour. 

La  découverte  des  thermes  remonte  à  1784;  avant  cette  époque,  on 
avait  enlevé  quelques  pierres  dans  des  monceaux  de  ruines,  pour  la  con- 
struction de  la  maison  du  bailli  de  Badenweiler,  lorsqu'à  une  trentaine  de 
centimètres  de  profondeur,  on  se  heurta  contre  des  murs  solides  et  régu- 
liers. Tout  travail  ultérieur  fut  immédiatement  arrêté  par  le  pasteur  de  la 
paroisse,  qui  manda  au  gouvernement  margravial  l'incident  de  la  décou- 
verte. Des  fouilles  furent  pratiquées,  et  l'on  mit  insensiblement  à  jour 
un  vaste  parallélogramme  de  22^  pieds  rhénans  de  long  sur  65  pieds 
de  large  du  côté  des  cours  ou  des  avenues,   de  81   pieds   au   centre. 

1.  Badenweiler  und  seine  Umgebungen^  v.  D"'  Wcvei".  Troisième  ùdilion.  Badenwcilcr, 
1866.111-12. 

2.  Monuments  des  rëvoludons  physiques  et poliliques  en  Alleinagne.  francl'ort,  1787. 

11^  SÉRIE   —  T.  VII.—  i. M.)  5 


—    66    — 

Il  fnt  reconnu  que  cette  agglomération  d'édifices  avait  été  à  un  seul 
étage,  probablement  recouvert  de  voûtes  de  tuf.  Les  appartements 
avaient  été  revêtus  de  plaques  de  marbre,  en  partie  conservées  jus- 
qu'en 1784,  mais  complètement  détruites  en  1796,  époque  à  laquelle 
les  Autrichiens,  qui  occupaient  Badenv^^eiler,  avaient  établi  des  écuries 
sur  l'emplacement  même  des  thermes  romains.  Les  moellons,  de 
pierre  calcaire  ou  de  tuf,  étaient  reliés  par  un  ciment  rougeâtre,  dur 
comme  la  pierre  môme  ;  point  de  particules  de  sable  dans  le  mortier  de 
Badenweiler,  mais  des  fragments  de  tuiles  et  de  briques  concassées,  qui 
lui  donnaient  sa  couleur  rougeâtre.  Des  traces  d'incendie  font  supposer 
qu'à  plusieurs  reprises  ces  thermes  ont  dû  être  restaurés  et  agrandis. 
Une  pierre  votive,  trouvée  à  l'entrée  occidentale  de  l'établissement,  avec 

l'inscription:  Dianœ  ahnob constate  que  les  bains  étaient  consacrés  à 

Diane  Âbnoba*.  En  tout  temps,  les  malades  qui  venaient  chercher  leur 
rétablissement  auprès  de  quelque  source  thermale  ont  été  portés  à  se 
mettre  sous  la  protection  d'un  être  supérieur.  Diane  chasseresse  était  bien 
placée  dans  cette  région  de  forêts  et  de  montagnes;  les  Romains  devaient 
y  invoquer  avec  foi  l'assistance  de  la  divinité  virginale.  A  Badenweiler 
on  avait  érigé  deux  autels  en  son  honneur  :  l'un,  à  l'entrée  occidentale, 
pour  les  hommes;  l'autre,  du  côté  oriental,  pour  les  femmes*.  L'édifice  s'é- 
tendait dans  la  même  direction  de  l'est  à  l'ouest  ;  il  contenait  cinquante 
chambres  et  cinquante-six  pièces  d'attente  symétriquement  placées,  sépa- 
rées au  milieu  par  un  mur.  D'après  la  prescription  de  Vitruve,  la  porte 
principale  était  du  côté  de  l'ouest;  les  sacrifices  étaient  offerts  sur  l'autel 
placé  près  de  cette  porte,  le  prêtre  ayant  la  face  tournée  vers  l'orient.  On 
traverse  d'abord  les  cours,  les  atria,  où  les  Romains  se  réunissaient,  soit 
avant,  soit  après  les  bains,  pour  la  conversation,  les  exercices  gymnasti- 
ques,  les  jeux.  Ces  compartiments  — probalneares  —  se  trouvent,  dans 
les  thermes  de  Badenweiler,  également  à  l'est  et  à  l'ouest.  De  ces  atria 
on  passe  dans  les  vestibules  (B),  ayant  des  compartiments  appelés 
Scholœ  (Q),  c'est-à-dire  des  pièces  d'attente  consacrées  à  Junon  Lucine. 
De  là  on  pénètre  par  des  portes  spéciales  (a)  dans  les  spoliatoria,  apo- 
dyteria,  depositoria  (C),  c'est-à-dire  dans  les  pièces  où  l'on  déposait  les 
costumes  de  ville  ou  de  campagne  pour  prendre  celui  qui  convenait  aux 
bains.  Le  deposilorium  à  l'est  est  long  de  23  pieds  rhénans  sur  17  de 

1.  On  sait,  d'après  le  témoignage  de  Pline  l'Ancien  et  de  Dante,  que  la  montagne 
Abnol)a  s'étendait  des  bords  du  Rhin,  entre  Bàle  et  Fribourg,  jusqu'aux  sources  du 
Danube.  D'autres  antiquaires  appliquent  le  terme  d'Abnoba  à  loule  la  Forèt-Noirc. 

2,  L'un  est  assez  bien  conservé;  l'autre  n'existe  plus. 


—     67 


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—    68    — 

large  ;  celui  de  l'ouest  est  un  peu  plus  considérable  :  il  a  25  pieds  de  long 
sur  20  de  large. 

A  la  suite  de  ces  constructions  extérieures  viennent  les  compartiments 
des  bains. 

Les  bains  froids,  les  frigidaria  (D),  à  l'est  et  à  l'ouest  :  le  frigidarium 
mesure  également  33  pieds  rhénans  de  long  sur  21  pieds  de  large,  et  4 
pieds  7  pouces  (environ  l'",50)  de  profondeur.  Chaque  frigidaire  est  entouré 
d'escaliers  ou  de  degrés  larges  et  assez  élevés  pour  donner  aux  baigneurs 
toute  facilité  de  descendre  au  fond  des  compartiments  ou  bien  de  s'as- 
seoir, de  se  promener,  de  s'ébattre  à  la  nage.  Les  degrés  et  le  fond  du 
frigidaire  étaient  recouverts  de  marbre. 

A  côté  se  trouvent  les  cellules  à  friction  (frictoria,  b).  Le  baigneur, 
avant  de  passer  dans  les  bains  chauds,  se  préparait  à  cette  température, 
ou  bien  il  se  réchauffait  par  ces  frictions  avant  de  retourner  dans  le  depo- 
sitorium,  où  il  reprenait  ses  vêtements  ordinaires. 

Un  canal  peu  profond  conduit  du  frigidarium  vers  le  tepidariiim,  ou 
bain  tiède  (E),  situé  à  quelques  centimètres  plus  bas. 

Au  nord  des  vestibules  se  trouvent  les  laconica  (G)  ou  bains  de  vapeur. 
Ces  compartiments  étaient  de  dimension  moindre  que  les  tépidaires  et  les 
frigidaires  et  destinés  aux  personnes  maladives,  qui  prenaient  les  bains 
de  vapeur  avant  de  se  rendre  dans  les  tépidaires. 

A  côté  du  laconicum  occidental,  on  trouve  une  niche  (R)  à  destination 
incertaine. 

Des  portes  spéciales  (c,  d)  conduisent  des  laconica  vers  les  scholœ  et 
d'autre  part  vers  les  unctoria  ou  eleothesia  (H),  où  le  baigneur  se  faisait 
oindre  d'essences  parfumées  avant  d'entrer  dans  les  tépidaires.  Très-pro- 
bablement ces  pièces  étaient  chauffées.  Une  sortie  spéciale  (d)  conduit 
de  Vundorium  dans  le  tepidarium. 

Derrière  ces  bains  se  trouvaient  des  compartiments  murés  servant  : 
\°  de  dépôt  pour  le  bois  et  les  charbons  (K  et  L);  2°  de  poêles  (I)  à  chauffer 
l'eau  et  à  produire  la  vapeur,  qui  était  dirigée  de  là  vers  le  laconicum  par 
des  conduits  ou  des  tuyaux  d'argile. 

Vers  le  sud,  les  frigidaires  et  les  tépidaires  sont  flanqués  de  cryptother- 
mes (e),  c'est-à-dire  de  bains  isolés,  pour  des  particuliers;  viennent  en- 
suite des  compartiments  et  des  salons  pour  des  personnages  de  distinction 
(M)*.  Wever  suppose  que  l'on  se  trouve  ici  aux  environs  des  bains  à  balan- 
çoire, ou  de  grandes  cuves  à  bain,  ou  près  des  lieux  d'aisances.  Dans  l'in- 

1.  Les  entrées  se  trouvaient  aux  points  marqués  P. 


—    69    — 

térieur,  plusieurs  niches  ou  ouvertures  ovales  (f)  servaient  probablement 
à  placer  les  dieux  pénates,  que  les  Romains  emportaient  toujours  en  s'ab- 
sentant,  même  temporairement,  de  leurs  demeures. 

Les  points  F  et  N  marquent  de  grands  réservoirs,  destinés  à  fournir 
l'eau  des  tépidaires. 

Dans  les  corridors  qui  entourent  les  grands  bains  on  aperçoit  des 
places  d'attente,  pratiquées  au  cœur  même  des  murs.  Ces  compartiments 
sont  revêtus  d'un  mortier  très-poli.  En  général,  les  thermes  de  Baden- 
weiler  ne  le  cèdent  pas  beaucoup  aux  thermes  d'Italie;  partout  on  trouve 
des  traces  de  régularité,  d'ordre,  de  magnificence  même.  Qui  sait  si  des 
architectes  grecs  n'y  ont  pas  mis  la  main? 

Des  côtés  est,  sud  et  ouest,  l'établissement  est  entouré  d'un  corridor 
souterrain  (R^),  à  double  entrée,  occidentale  et  orientale.  Cette  voûte,  large 
d'environ  1  mètre  et  haute  de  S'^jSO,  était  assez  bien  conservée,  il  y  a 
quelques  années,  et  accessible  dans  tout  son  parcours.  Elle  était  formée, 
dans  l'origine,  de  pierres  coniques,  presque  sans  ciment.  Quant  à  sa  des- 
tination, il  est  difficile  de  la  deviner.  Était-ce  un  aqueduc?  un  canal  de 
dérivation  ?  un  ventilateur  pour  prévenir  l'humidité  ? 

Jusqu'ici  on  n'a  point  découvert  l'aqueduc  qui  amenait  du  dehors  les 
eaux  thermales.  Preiischen  prétond  avoir  trouvé  la  source  froide  employée 
à  l'alimentation  des  frigidaires,  et  il  assigne  au  réservoir  la  place  qu'oc- 
cupe maintenant  l'église  de  Badenweiler.  Mais  d'autres  personnes  compé- 
tentes trouvent  que  ladite  source  n'était  pas  assez  considérable  pour  rem- 
plir ce  but  d'approvisionnement.  Il  est  très-probable  que  les  eaux  ther- 
males, refroidies  par  la  distance,  étaient  employées  du  moins  dans  les 
tépidaires.  Wever  pense  que  l'emplacement  du  réservoir  se  trouvait  dans 
la  localité  occupée  aujourd'hui  par  deux  auberges';  on  y  a  découvert  des 
tuyaux  d'argile  et  des  murs  ayant  la  forme  d'un  réservoir. 

Sans  aucun  doute  les  thermes  de  Badenweiler  étaient  des  bains  des- 
tinés à  l'usage  du  public;  la  distribution  de  l'ensemble,  l'étendue  de  ces 
thermes  grandioses  militent  en  faveur  de  cette  opinion.  Plus  de  cent  per- 
sonnes pouvaient  à  la  rigueur  s'y  baigner  journellement.  Sans  doute  elles 
y  affluèrent  des  villas  environnantes  et  des  stations  romaines  plus  ou 
moins  rapprochées,  û'Augusta  Ranraconim  par  exemple,  du  mont  Bri- 
siacus ,  d'Ottmarsheim.  Le  temps  de  leur  fondation  et  de  leur  splendeur 
était,  nous  l'avons  déjà  indiqué,  celui  d'Adrien.  Cet  empereur  n'a-t-il  point 
poursuivi  ses  courses  jusque  dans  les  champs  décumates,  j)rescrivant  par- 

I.  Le  Cerf  el  !a  Couronne. 


~-     70     ~ 

tout  la  construction  de  villas  et  d'établissennents  de  tout  genre  ?  La  loca- 
lité de  Heitersheim',  non  loin  de  Badenweiler,  n'aurait-elle  pas  conservé 
le  souvenir  de  l'empereur,  amoureux  d'art  et  d'architecture?  n'aurait-il 
point  pu,  de  là,  diriger  la  construction  de  Badenweiler?  le  site  admirable 
de  ce  lieu  de  plaisance  n'aurait-il  point  été  destiné  par  lui  à  devenir  une 
espèce  de  Tivoli  gallo-germanique,  rendez -vous,  dans  la  belle  saison, 
des  colons  romains  de  cette  contrée  rhénane?  Sans  prétendre  élever  au 
rang  d'un  fait  cette  hypothèse  de  quelques  savants  allemands,  n'est-il 
point  permis  de  retenir  préalablement  cette  date  jusqu'à  ce  qu'une  dé- 
couverte inespérée  vienne  rectifier  ou  déplacer  ce  jalon  d'attente? 

Après  avoir  fixé  au  siècle  des  Antonius  l'origine  de  ces  thermes  magni- 
fiques, à  quelle  époque  pouvons-nous  raisonnablement  rapporter  leur 
décadence  et  leur  ruine?  Fecht,  dans  son  histoire  du  pays  de  Bade,  établit 
que  les  thermes  ont  été  debout  au  moins  jusqu'au  règne  d'Héliogabale, 
et  qu'ils  ont  été  dévastés  lors  de  l'une  des  premières  invasions  des  hordes 
allémaniques.  Preiischen  pense  que  ce  désastre  a  dû  avoir  lieu  sous  Valen- 
tinien.  A  en  juger  d'après  les  ruines,  la  destruction  a  dû  commencer  par 
en  haut;  les  compartiments  et  les  niches  des  bains  ont  été  remplis  de  dé- 
combres, et  l'ensemble  a  fini  par  être  nivelé  avec  le  sol.  La  destruction 
ne  paraît  pas  avoir  été  accomphe  par  le  feu.  En  même  temps  que  les 
thermes,  les  villas  des  environs  disparurent;  et,  pendant  près  de  mille 
ans,  ces  imposantes  ruines  restèrent  couvertes  et  cachées  sous  les  dé- 
combres. 

Pi^euschen  estime  ainsi  qu'il  suit  les  différentes  phases  de  l'existence  des 
thermes  de  Badenweiler  : 

La  construction,  la  réparation  ou  restauration  des  bains  comprendraient 
l'époque  écoulée  à  peu  près  de  l'an  124  après  Jésus-Christ  jusqu'à  l'an 
277,  c'est-à-dire 153  ans. 

Le  plus  grand  développement  des  bains  se  placerait  sous  Pro- 
bus  et  sous  Constantin,  de  l'an  277  à  337;  ce  qui  nous  donne        60  — 

Sous  les  fils  de  Constantin  les  thermes  déclinent,  de  l'an 
337  à  361 ,  soit 24  — 

Leur  ruine  est  complète  sous  Valentinien,  de  l'an  361  à  368, 
soit.      7  — 

Total 244  — 

1.  Peut-être  le  terme  corrompu  d'Adranshcim? 


—     71     — 

Les   thermes  restent  enfouis  de  l'on  368  jusqu'en  1784, 

c'est-à-dire  pendant 1,4.16  ans. 

Ils  sont  déblayés  de  1784  à  1786 2  — 

Ils  étaient  donc  enfouis  pendant 1,418  — 

Remontons  à  Tan  124,  date  probable  de  leur  construction, 

nous  obtenons  une  durée  de 1,662  — 

Et  de  1786  à  1869 83  — 


Total 1,745  — 


Lors  de  la  première  découverte  des  thermes  enfouis,  on  trouva  sous 
les  décombres  une  masse  d'objets  antiques  :  des  cuillers  en  bois  et  en 
os,  des  agrafes,  des  épingles  à  cheveux,  des  boules,  des  crochets,  des 
boucles  d'oreille,  des  lampes,  des  vases,  des  fers  à  cheval,  des  clous,  des 
pointes  de  flèche,  des  monnaies,  entre  autres  un  Philippe  de  Macédoine 
en  or;  une  lamelle  ou  platine  en  argent,  espèce  d'amulette  à  caractères 
grecs,  portant  que  «Lucius  Gellius  invoque  Thanalba,  le  génie  de  la  loca- 
«lité,  et  Jchovah  pour  qu'ils  conservent  son  fds  Luciolus  ». 

Les  monnaies  découvertes  étaient  à  l'effigie  de  Vespasien,  de  Trajan, 
d'Adrien,  d'Antonin  le  Pieux,  de  Marc-Aurèle  et  de  Commode.  Les  frag- 
ments de  poterie  et  de  vases  sont  tantôt  vernissés,  tantôt  bruts. 

Un  couvercle  vernissé  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  portait  l'inscription 
de  Civit.  V.  F.,  peut-être  Civitas  Villarum,  ce  qui  signifierait  que  les 
villas  des  environs  formaient  une  communauté  et  possédaient  par  indivis 
ces  thermes  provinciaux. 

Au  nord  des  thermes  on  prétend  avoir  reconnu  un  vaste  réservoir 
qui  aurait  servi  à  rassembler  les  eaux  découlant  des  bains.  Le  sol  du  ré- 
servoir aurait  été  recouvert  d'un  gril  de  poutres  de  sapin,  les  interstices 
tapissés  d'une  terre  glaise  grisâtre. 

Au  nord  de  cet  étang,  sur  le  pré  du  presbytère,  existaient  des  murs 
en  ruines,  appartenant  peut-être  à  une  tuilerie  ou  fabrique  de  poterie.  On 
y  découvrit  deux  pierres  meulières,  des  creusets,  une  boule  ovale  en 
marbre,  servant  à  broyer  des  couleurs,  des  échantillons  de  minerai,  d'ar- 
gent et  de  plomb,  pour  vernir  la  vaisselle,  des  fours  à  chaux  et  des  frag- 
ments de  poterie. 

Ainsi  les  environs  mêmes  des  thermes  parlent  en  faveur  de  l'étendue 
de  l'étabhssement.  Cette  localité  de  Badenweiler  et  celle  d'Augusta  Rau- 
racorum  constituent  donc,  pour  les  souvenirs  romains  de  la  vallée  rhé- 
nane, les  points  les  plus  saillants  dignes  d'être  cités  après  Aventicum  et 
Augusta  Trevirorum. 


72    

Nous  ne  pouvons  quitter  le  site  de  Badenweiler  sans  mentionner  au 
moins  les  ruines  témoins  du  moyen  âge  qui  dominent  l'emplacement 
même  des  thermes,  et  ajoutent  un  charme  de  plus  à  cette  contrée  pitto- 
resque. 

Le  château  de  Badenweiler,  fondé  au  commencement  du  douzième 
siècle  par  les  ducs  de  Zcehringen,  couronne  une  éminence  qui,  selon 
toutes  les  probabilités,  avait  déjà  été  occupée  par  un  castel  romain;  du 
moins  la  tour  ronde  qui,  sise  à  l'ouest,  en  face  du  Rhin,  servait  de  poste 
d'observation  aux  seigneurs  du  château,  recouvre  sans  doute  les  fonde- 
ments d'une  construction  romaine. 

Il  est  difficile  de  reconnaître  la  destination  des  divers  compartiments 
intérieurs  du  château.  Les  murs  de  la  construction  primitive  sont  irrégu- 
liers, mais  solides,  massifs,  inébranlables  comme  le  roc  même  qui  la  sou- 
tient. Le  mur  méridional  n'a  pas  moins  de  quatre  mètres  d'épaisseur;  il 
paraît  provenir  de  la  construction  primitive.  Un  examen  attentif  révèle 
plus  d'une  restauration  et  reconstruction  ;  le  tout  est  maintenant  recou- 
vert et  orné  de  la  verdure  éternelle  du  lierre. 

Dans  les  environs  plus  ou  moins  rapprochés  de  Badenvveiler  nous  re- 
trouvons encore,  sous  des  constructions  plus  modernes,  la  trace  du  séjour 
des  Romains;  par  exemple,  à  Niederviler,  à  Sulzburg  (Salisburgum),  avec 
sa  source  saline,  à  Kastelberg,  à  l'entrée  de  la  petite  vallée  do  Sulzburg. 
C'est  ici,  au  pied  de  ces  généreux  vignobles  et  d'un  castel  romain,  que 
Schœpflin,  l'historien  de  la  vallée  rhénane  moyenne,  vit  le  jour.  S'il  est 
permis  de  rattacher,  sans  affectation  superstitieuse,  au  lieu  de  naissance 
même  d'un  homme  distingué,  les  indices  de  sa  carrière  future,  pourquoi  ne 
pas  croire  qu'il  a  instinctivement  puisé  sur  un  sol  jonché  des  débris  du  passé 
ses  premières  inspirations  et  les  pressentiments  de  son  illustration  future? 

Vous  me  permettrez  de  clore  avec  le  souvenir  de  Schœpflin  cette  im- 
parfaite esquisse  des  restes  romains  de  Badenweiler.  Je  me  suis  interdit, 
quoique  à  regret,  d'y  rattacher  une  excursion  sur  le  champ  de  l'histoire  du 
moyen  âge;  encore  moins  me  serais-je,  à  cette  occasion,  permis  la  descrip- 
tion d'un  site  que  vous  connaissez  tous,  et  que  des  poètes,  des  penseurs 
estimés  de  toute  l'Allemagne  ont  célébré  à  l'envi.  Je  n'ai  point  osé  glaner 
les  épis  oubliés  ou  dédaignés  par  le  prélat  M.  de  Wessenberg  ou  par  Jus- 
tinus  Kerner,  le  mystique  solitaire  de  Weinsberg. 

Louis  Spach. 


ESSAI 


MANUSCRIT  DU  QUINZIÈME  SIÈCLE 

DÉCOUVERT    DANS    LA    BIBLIOTHÈQUE    DE    LA  VILLE    DE    STRASBOURG 

PAR 

AUGUSTE  LIPPMANN, 

COMPOSITEUR    DE   MUSIQUE, 
MEMBRE   DE    LA   SOCIÉTÉ   POUR  LA   CONSERVATION   DES   MONUMENTS   HISTORIQUES   D'ALSACE 

Accompagné  d'un  spécimen  fac-similé. 


NTROIT 


Nous  avons  été  amené,  par  nos  relations  avec  M.  de  Coussemaker^  à  faire 
des  recherches  sur  un  précieux  manuscrit  du  quinzième  siècle  que  pos- 
sède notre  ville. 

Le  savant  infatigable,  qui  connaissait  l'existence  de  ce  volume  à  la  Bi- 
bliothèque de  Strasbourg,  s'était  déjà  mis  en  rapport  avec  feu  M.  Jung, 
puis  avec  son  successeur,  M.  Saum,  pour  se  le  faire  adresser  à  Lille,  sa 
résidence.  N'ayant  pu  en  recevoir  la  communication  directe,  il  voulut  bien 
réclamer  notre  concours  pour  lui  donner  des  renseignements  sur  la  partie 
musicale  du  manuscrit. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Saum,  nous  avons  pu  étudier  le  volume  avec 
toute  l'attention  nécessaire,  et  les  documents  que  nous  y  avons  trouvés 
nous  ont  paru  si  importants  au  point  de  vue  de  l'histoire  musicale  de  cette 
époque,  ils  révèlent  des  noms  jusqu'à  présent  si  peu  connus  et  restés  pour 
ainsi  dire  presque  ignorés,  même  en  Alsace,  où  le  manuscrit  a  été  décou- 
vert, que  nous  croyons  devoir  présenter  à  la  Société  le  résultat  de  nos 
investigations. 

Ce  manuscrit  musical  de  la  Bibliothèque  de  Strasbourg  peut  être  classé 
à  bon  droit  parmi  les  monuments  historiques  de  l'Alsace. 

1.  Le  memoire  de  M.  Lippmann  devait  paraître  dans  la  précédente  livraison  du  Bulle- 
tin; Timpression  en  a  été  retardée  par  un  incident  indépendant  de  la  volonté  de  l'auteur. 

11«  SÉRIE.  —  T.  VII.  —  (M.)  6 


—    74 


BIBLIOTHEQUE  DE  STRASBOURG 
M.  222,  C.  22. 

MANUSCRIT  SUR  PAPIER  HAUT  DE  26^ ,  LARGE  DE  21c ,  COMPRENANT  154  FEUILLETS 


DESCRIPTION 

Sur  le  plat  postérieur  de  la  reliure  on  lit  ces  mots: 

Liber  mensum  musicalis.  Sur  la  garde  extérieure,  collée  sur  le  bord  de 
la  reliure  se  trouve  une  sorte  de  séquence  à  une  voix  commençant  par  ces 

mots:  (les  premières  lettres  du  mot  manquent) mus  prédicat  vir ginis 

verbum. 

Le  volume  commence  par  une  table  des  pièces  de  musique  placées  à  la 
suite  du  traité  portant  le  nom  de  Ph.  de  Vitry,  qui  se  trouve  immédiate- 
ment après  la  table:  elle  est  de  trois  mains  différentes  :1a  plus  ancienne  est 
celle  qui  a  écrit  le  traité  de  Ph.  de  Vitry.  M.  Jimg,  l'un  des  prédécesseurs 
de  M.  Saum,  le  bibliothécaire  actuel  de  la  ville  de  Strasbourg,  à  l'obli- 
geance duquel  nous  devons  d'avoir  pu  parcourir  ces  pièces,  paraît  en 
attribuer  l'écriture  à  un  nommé  Henry  de  Lau(fenbourg,  auquel  il  assigne 
aussi  les  morceaux  de  musique  qui  portent  le  mot  Heinrici;  cette  écriture, 
chargée  d'abréviations  régulières,  d'ailleurs  conforme  aux  règles  paléogra- 
phiques, peut  se  rapporter  au  commencement  du  quinzième  siècle;  toutes 
les  pièces  sont  en  notations  noires  du  temps;  une  main  postérieure  a 
ajouté  les  premières  paroles  des  pièces,  qui  ont  été  écrites  aussi  postérieu- 
rement dans  le  corps  du  manuscrit:  elles  sont,  pour  la  plupart,  en  notations 
blanches.  Enfin  la  troisième  main  est,  selon  toute  apparence,  celle  de 
M.  Jung,  qui  a  ajouté  les  premières  paroles  de  quelques  pièces  oubliées  par 
ses  devanciers  et  qui  a  transcrit,  à  côté  de  chaque  pièce,  les  noms  des 
auteurs  qu'il  a  rencontrés  dans  le  corps  du  manuscrit.  Cette  table  prend  les 
feuillets  i  et  2. 

Le  traité  attribué  à  Ph.  de  Vitry  commence  au  folio  3;  on  ht  en  tête  de 
la  page,  en  écriture  rouge:  Phitippus  de  Vitriaco;  une  main  moderne  a 


/Manuscrit  }\.ni.  C.%1. 
( Bihliothi^ucdc  la.  vitXe^  4«  SfratSoura.) 


—     75    — 

tracé  sur  le  folio  2:  Philippi  de  Vitriaco  liber  musicalmm;  ce  traité  jfinit 
au  folio  7. 

M.  Jung  me  paraît  s'être  un  peu  trop  avancé  en  attribuant  à  Pli.  de  VUry 
un  assez  grand  nombre  de  pièces  du  manuscrit.  Il  me  semble  qu'on  ne 
doit  lui  assigner  que  celles  qui  portent  son  nom.  En  revanche,  j'y  ai 
trouvé  des  fragments  très-curieux  d'un  nommé  //.  Hessmann  de  Argento- 
rato  et  de  Heinncus  de  Libero  Castro  N^^  de  Mergs,  etc. 

Avec  le  verso  du  folio  7  commence  un  traité  en  allemand  sur  la  musi- 
que mesurée;  il  est  de  la  même  main  que  le  premier  traité  et  finit  avec  la 
l*"^  colonne  du  feuillet  8.  A  la  2^  colonne  de  ce  même  feuillet  com- 
mence un  petit  traité  de  la  mesure  du  monocorde,  aussi  en  allemand;  il 
va  jusqu'à  la  fin  de  la  ¥^  colonne  du  folio  9.  A  la  2"  colonne  de  ce 
feuillet  commence  un  autre  petit  traité  sur  la  mesure  des  tuyaux  d'orgue, 
en  latin.  A  la  2"  colonne  du  folio  9,  verso,  on  Ht  encore  un  autre  petit  traité 
de  musique  mesurée. 

Enfin,  avec  le  folio  10,  verso,  commence  encore  un  nouveau  petit  traité 
de  musique  mesurée;  mais  celui-ci  est  principalement  relatif  aux  minimes 
et  aux  semi-minimes,  et  est  indiqué  comme  le  complément  des  précédents. 
La  partie  comprenant  les  compositions  musicales  vient  immédiatement 
après  les  traités  dont  il  vient  d'être  parlé;  elle  porte,  comme  je  l'ai  dit, 
une  pagination  spéciale;  le  V"'  feuillet  n'est  pas  paginé;  la  pagination  ne 
commence  qu'avec  le  2^  feuillet,  qui  porte  le  chiffre  1 .  Cette  partie  contient 
242  compositions  harmoniques  à  2,  3,  4  parties;  elles  sont  anonymes,  à 
l'exception  de  43,  dont  les  noms  se  trouvent  à  côté  de  chaque  pièce  dans 
la  liste  qui  la  compose.  Elles  sont  écrites  en  notation  noire  et  rouge,  avec 
notation  blanche,  celle-ci  en  grande  minorité.  Les  pièces  en  notation  noire 
et  en  notation  jioire  et  rouge  sont  du  quatorzième  siècle;  elles  sont  écrites 
par  la  main  qui  a  copié  les  traités  décrits  plus  haut.  On  y  trouve  les  3 
pièces  dont  il  est  fait  mention  dans  le  dernier  fragment  relatif  aux  minimes 
et  aux  semi-minimes.  D'après  M.  Jung,  Henri  de  Lauffenbourg  en  serait  le 
transcripteur. 

Quant  aux  pièces  en  notation  blanche,  elles  sont  postérieures  aux  autres 
et  tracées  par  des  mains  différentes.  La  présence  de  plusieurs  morceaux  de 
Binchoys  (le  n"  1  porte  ce  nom  écrit  de  différentes  manières:  nous  avons 
cru  devoir  adopter  de  préférence  celui  de  la  ville  du  Ilainaut,  qui  a  donné 
le  jour  à  ce  célèbre  musicien),  Mergs,  Dufay  démontre  qu'elles  sont  delà 
fin  du  quatorzième  siècle  ou  du  commencement  du  quinzième;  on  y 
remarque  déjà  plus  de  lucidité  dans  la  notation.  Quoi  qu'il  en  soit,  toutes 
ces  pièces  sont  d'un  intérêt  considérable  pour  l'histoire  musicale  de  cette 


—    70    — 

époque;  on  y  trouve  d'abord  des  compositions  de  plus  de  vingt  artistes 
dont  les  noms  sont  restés  inconnus  jusqu'ici  ;  on  y  rencontre  des  compo- 
sitions canoniques  sous  le  nom  de  Fuga,  où  le  canon  est  employé  à  plu- 
sieurs parties  et  sous  la  forme  rétrograde.  Un  grand  nombre  de  pièces  ne 
portent  que  les  premiers  mots  des  paroles  primitives  et  sont  accompagnées 
de  paroles  latines  religieuses,  ce  qui  prouve  que  les  arrangements  de  ce 
genre  ne  datent  pas  d'aujourd'hui. 

Parmi  les  pièces  qui  offrent  le  plus  d'intérêt,  il  faut  citer  une  Messe  à 
quatre  parties,  une  pièce  sur  les  croisades,  une  aulre  qui  a  pour  sujet  la 
bataille  de  Rosebecke,  dont  l'auteur  nous  paraît  être  un  Brugeois;  une 
autre  sur  un  comte  de  Flandre,  des  canons  et  des  canons  rétrogrades,  etc. 
Tout  ce  qui  précède  est  plein  d'intérêt  pour  l'histoire  de  l'art. 

Il  est  à  remarquer  aussi  qu'à  cette  époque  (quatorzième  siècle)  on  écri- 
vait quelquefois  la  musique  sur  des  portées  de  six  hgnes.Le  folio  78,  verso, 
contient  une  page  des  plus  intéressantes  et  m'a  paru  digne  d'une  mention 
spéciale;  il  a  pour  titre  Rondellus  ami  Conlratenore  rétrograda  (Rondeau 
pour contra-tenore  rétrograde);  ce  sont  deux  rondeaux  avec  le  même  té- 
nor qui  sert  de  contra-tenore  en  rétrogradant,  c'est-à-dire  en  faisant  delà 
dernière  note  la  première,  de  la  pénultième  la  2^  et  ainsi  de  suite;  mais 
ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux,  c'est  que  chacune  des  parties  de  chant  des 
rondeaux  se  renverse  de  la  même  manière  et  se  chante  ensemble;  de  sorte 
que  cela  forme  un  morceau  à  six  parties,  comme  l'indique  une  note  placée 
à  la  fin  de  la  page.  Au  folio  120  commence  un  traité  de  chant  d'église 
dont  voici  les  premiers  mots  :  Qtioniam  ut  dicit  sanctus  Augustinus  in  domo 
Dei,  etc. 

Les  autres  compositions  du  même  manuscrit  sont  moins  complètes:  la 
traduction  nous  en  a  paru  souvent  difficile,  surtout  en  raison  de  certaines 
pratiques  particulières  en  usage  dans  les  pays  auxquels  appartiennent  les 
auteurs. 

Le  traité  finit  ainsi  :  Et  sic  cum  Dei  adjutorio  libellis  ute  musicalium  ad 
honorem  Christi  sponsi  vero  Dei  nec  non  et  Matris  ejus  gloriosissime  vir^ 
ginis  sancte  Marie  ßnitus  est  anno  MCCCCXI feria  tertia post  dedicationem 
palmarum  in  oppido  Zomgen  (?),  etc. 

Nous  croyons  qu'on  ne  verra  pas  sans  intérêt  le  fac-similé  d'une  des 
pages  les  plus  curieuses  du  manuscrit. 

A.  LiPPMANN. 


LES  ABBÉS  DE  SELTZ 


LETTRE  ADRESSÉE  Au  PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ  PAR  M.  RISTELHÜBER 


Strasbourg,  8  juillet  1869. 
Monsieur  le  Président, 

Je  m'empresse  de  répondre  à  l'appel  que  vous  avez  adressé  aux  mem- 
bres de  la  Société  qui  ne  font  pas  encore  partie  du  comité,  en  vous 
envoyant  le  résultat  d'une  visite  faite  récemment  à  Seltz. 

A  part  votre  article  sur  le  péage  de  Seltz,  le  Bulletin  ne  contient  jusqu'ici, 
sur  cette  localité,  que  des  renseignements  relatifs  à  l'époque  romaine;  il 
mentionne  une  inscription  lapidaire  (F®  série,  t.  II,  p.  314),  la  découverte  de 
diverses  antiquités  (2«  série,  Procès-Verbaux,  t.  I,  p.  24),  et  il  contient  un 
mémoire  sur  la  voie  romaine  de  Brumath  à  Seltz  (2'  série,  t.  11,  p.  14). 

C'est  au  moyen  âge  que  se  rapportent  les  données  que  j'ai  l'honneur  de 
vous  soumettre. 

En  déplaçant  les  bancs  de  l'église,  on  a  rencontré  une  pierre  tumulaire 
sur  laquelle  on  lit,  en  grandes  lettres  onciales  bien  conservées,  l'inscription 
suivante: 

Pavsat  in  hoc  humili  pivs  ahhas  Otto  cvbili. 
Ergo  dicatis  qvicvnqve  pivm  sapiatis. 
Vterejam  letis  et  sit  tibi  svmma  qvietis. 

Amen. 

On  voit  que  celte  inscription  est  en  vers  léonins  et  qu'elle  s'applique  à 
un  abbé  du  nom  d'Otto.  Dans  la  série,  difficile  à  établir,  des  abbés  de  Seltz, 
on  ne  rencontre  qu'un  Otto,  auquel  le  roi  des  Romains  Conrad  III  confirme, 
en  1139,  les  droits  et  les  libertés  de  l'abbaye.  Il  paraît  que  l'abbaye  se 


—    78    — 

trouvait  alors  dans  une  position  lamentable,  à  en  juger  par  les  termes  de 
la  charte  de  Conrad  lll. 

La  charte  est  signée  par  un  grand  nombre  de  personnages  importants: 
l'archevêque  de  Trêves,  les  évêques  de  Liège,  de  Würzbourg,  de  Worms, 
de  Metz,  de  Münster,  de  Bàle,  de  Hamelberg,  de  Brandebourg,  etc.,  ainsi 
que  par  Hermann,  margrave  de  Bade  et  avoué  de  l'abbaye.  A  cette  occa- 
sion nous  essayerons  de  dresser  la  liste  des  abbés  de  Seltz;  bien  que  for- 
cément approximatif,  ce  catalogue  pourra  servir  au  Dictionnaire  biogra- 
phique dirigé  par  M.  Stoffel. 

Ezzemannus,  988-1002  (homme  de  vertu  et  de  savoir  «  que  l'impératrice 
Adélaïde  avait  continuellement  auprès  d'elle  pour  apprendre  de  lui  les 
divines  Écritures  et  pour  être  exercée  dans  la  pratique  de  la  sagesse  chré- 
tienne». S.  Odilon). 

Gerbertus,  1047  (appelé  par  S.  Odilon  piœ  memoriœ  vir). 
N.  (Sous  cet  abbé,  l'empereur  Henri  111  accorda,  à  la  prière  d'Agnès,  son 
épouse,  la  dîme  de  Minfeld  et  la  chapelle  de  Freckenfeld,  dans  le  Spirgau, 
à  l'abbaye  de  Seltz.  Les  lettres  de  donation  furent  expédiées  à  Spire  le 
15  mars  1051) 

Libo,  1084.  (L'antipape  Guibert,  connu  sous  le  nom  de  Clément  III,  lui 
confirma,  le  8  juin  de  cette  année,  les  biens  de  son  abbaye  situés  à  Ober 
et  Nideroterbach,  à  Wintzenbach  et  à  Rœderen.) 

Rupert,  1100  (envoyé  par  Gebhard,  abbé  de  Hirsau,  avec  quelques  reli- 
gieux, pour  rétablir  l'abbaye  et  la  régularité.) 

Etienne,  1102  (conseiller  de  l'empereur  Henri  V,  il  réunissait  dans  sa 
personne,  au  commencement  du  douzième  siècle,  les  quatre  abbayes  de 
Seltz,  de  Wissembourg,  de  CUngenmünster  et  de  Lintbourg). 
Otto,  1139  (voyez  plus  haut). 

Walther.  (11  souscrivit  en  1150,  dans  le  nombre  des  princes,  le  diplôme 
de  Conrad  III  pour  l'abbaye  de  Corbie.  En  1151  il  abandonne  la  dîme  du 
bien  de  Lobach  à  l'abbé  de  Neubourg.  En  1162  il  signe  deux  diplômes  de 
l'empereur  Frédéric  pour  l'église  de  Genève.  En  1209  il  assiste  à  l'assem- 
blée qu'Olhon  IV  tient  à  Augsbourg.  Dans  une  charte  de  11 63  il  est  appelé 
Walter  deuxième  du  nom.) 

Reginold.  (En  1163  il  donne  en  emphytéose  à  l'abbaye  de  Kœnigsbruck 
un  alleu  situé  à  Eberbach.) 

Johannes.  (L'empereur  Henri  VII  lui  donne  le  titre  de  prince,  30  octobre 
1309.  En  1316  Jean,  étant  obéré,  vend  à  l'évêque  de  Strasbourg  une  cour 
à  Sermersheim.) 

Hugo,  135G  (est  en  lutte  avec  la  ville  de  Seltz). 


—    79    — 

Ulric  de  Magenheim.  (En  1382  Wenceslas  confirme  une  transaction  sur- 
venue entre  l'abbé  et  la  ville.  En  1389  il  concède  à  l'abbaye  une  part  du 
péage.  Cf.  les  chartes  publiées  par  M.  Spach  dans  le  Bulletin  de  1868.) 

Jean  de  Fleckenstein.  (Le  18  avril  1418  il  prête,  avec  le  couvent,  serment 
d'obéissance  entre  les  mains  de  Robert,  abbé  de  Gluny.  Evèque  de  Bâle  en 
1423.  fie  2  décembre  1436.) 

Henri  de  Dugesheim,  tué  par  Henri  de  Kibourg,  en  1434. 

Jean  Gros.  (En  1441  Odon,  abbé  de  Gluny,  exerce  sur  lui  sa  juridiction. 
En  1469  Robert,  évoque  de  Strasbourg,  lui  permet  d'abattre  le  monas- 
tère de  Murmelberg,  situé  au  bord  du  Rhin,  hors  la  ville.  En  1470  Fré- 
déric III  confirme  les  privilèges  de  son  abbaye.) 

Walter  de  Gemmingen,  dernier  abbé  et  premier  prévôt.  (Sécularisation 
de  l'abbaye  le  26  mai  1481.  En  1497  Walter  assiste  à  la  fulmination  de  la 
bulle  qui  sécularise  Neuwiller,  f  1501.) 

Hubert  de  Wilsperg,  f  le  15  mai  1505. 

Jean  de  Weitersheim,  f  le  3  février  1523. 

Diether  de  Fleckenstein,  f  le  26  octobre  1548. 

George  de  Weickersheim,  fie  21  mai  1566. 

François  de  Gaalen,  f  le  24  février  1576.  (Il  abolit  le  culte  catholique 
dans  la  collégiale  et  y  introduisit  le  zwinglianisme.) 

André  de  Weickersheim,  nommé  prévôt  le  3  mai  1576  par  l'électeur 
Frédéric. 

Jean-George  Pœblisheim,  1623. 

L'archiduc  Leopold,   évêque  de  Strasbourg,  1624. 

Jean-George  Dietrich,  1624. 

Nicolas  Dez  (frère  du  jésuite),  1684-1691. 

Le  décret  d'extinction  de  la  prévôté  et  du  chapitre  de  Seltz,  donné  par  le 
grand-vicaire  de  l'évêché  le  7  février  1692,  fut  confirmé  par  Louis  XIV  au 
mois  d'août  de  la  même  année. 

Agréez,  etc. 

P.  RlSTELIIUBER. 


LA 

VALLÉE  SUPÉRIEURE  DU  RHIN 


EXCURSION  ARCHÉOLOGIQUE 


Les  monuments  religieux  du  Rhin  inférieur,  depuis  Strasbourg  jusqu'à 
Cologne,  sont  nombreux  et  connus.  L'étude  de  l'histoire  de  l'art  religieux 
les  a  embrassés  dans  leur  ensemble,  examinés  et  classés  selon  leur  mérite. 
Ceux  de  la  vallée  supérieure  du  Rhin,  depuis  Bâle  jusqu'à  Coire,  compara- 
tivement bien  moins  nombreux,  sont  moins  connus.  Comment  expliquer 
ce  que  j'appelle  un  petit  phénomène  dans  l'histoire  de  l'art?  Dans  cette 
belle  vallée  supérieure  du  grand  fleuve,  objet  de  tant  de  convoitises  po- 
litiques, le  touriste  est  fasciné  par  les  écrasantes  beautés  de  la  nature  alpestre 
et  oublie  quelque  peu  l'œuvre  des  hommes,  si  petite,  si  mesquine  quand 
on  la  compare  à  la  grande  œuvre  de  Dieu.  Et  quant  au  nombre  compara- 
tivement fort  restreint  de  monuments  marquants  qu'offre  la  région  du 
Rhin  supérieur,  on  se  l'explique  par  l'envahissement  et  la  généralisa- 
tion du  style  de  la  Renaissance  à  une  certaine  époque.  Sorti  de  l'Itahe, 
ce  style,  que  nous  sommes  loin  de  condamner  et  qui  produisit  une  foule 
de  monuments  très-remarquables,  se  répandit  dans  les  provinces  en  deçà 
des  Alpes,  le  Tyrol,  la  Suisse,  la  Bavière;  le  style  roman  et  ogival  se  vit 
abandonné  ou  au  moins  négligé,  et  un  nombre  très-considérable  d'églises 
portant  le  cachet  des  siècles  du  moyen  âge  furent  renversées  et  remplacées 
par  des  édifices  de  la  Renaissance. 

Ce  fut  en  particulier  le  sort  des  monuments  de  la  vallée  supérieure  du 
Rhin. 

Toutefois,  les  monuments  de  la  bonne  période  architectonique  n'ont 
pas  tous  disparu.  Fribourg,  Bâle,  Reichenau,  Constance  et  Coire  offrent  au 
touriste  des  édifices  rehgieux  dignes  de  remarque;  nous  allons  en  dire 
quelques  mots  pour  en  préciser  le  mérite  et  pour  apprécier  les  restaura- 
lions  partielles  que  nos  amis  allemands  ont  essayé  d'entreprendre.  Je  ne 


—    81     — 

dirai  rien  du  dôme  de  Bàle;  il  est  connu  de  tout  le  monde,  et  son  état 
d'entretien,  depuis  nombre  d'années  déjà,  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Le  Münster  de  Fribourg  en  Brisgau  est,  selon  le  dire  de  nos  voisins,  le  ri- 
val de  celui  de  Strasbourg;  hâtons-nous  d'ajouter  que  cette  rivalité  n'a  surgi 
que  depuis  que  l'Alsace  a  cessé  d'être  une  province  de  l'empire  germani- 
que. Jadis ,  personne  n'eût  osé  mettre  en  ligne  de  comparaison  les  deux 
monuments.  Nous  ne  médisons  pas  de  Fribourg;  son  Münster,  qui  n'a  été 
élevé  au  rang  d'église  cathédrale  qu'en  1827,  et  qui  ne  fut  pas  fondé 
pour  une  métropole  épiscopale,  est  grand  et  beau.  J'y  admire  toujours 
l'ameublement  des  chapelles  du  chevet ,  les  beaux  autels  sculptés  à 
panneaux  et  les  délicieux  tableaux  de  la  bonne  école  allemande  qui  les 
décorent.  J'y  admire  plus  encore  un  grand  Christ  en  croix ,  style  roman , 
plaqué  d'or  massif,  un  des  plus  précieux  spécimens  de  l'orfèvrerie  du 
douzième  siècle.  Les  premières  églises  du  monde  chrétien  pourraient  envier 
à  Fribourg  une  œuvre  sacrée  de  cette  importance.  Il  n'est  guère  d'égh'se 
considérable  en  Allemagne  dont  le  trésor  ne  renferme  quelque  objet 
de  cette  nature.  Cela  nous  fait  faire  de  pénibles  retours  sur  la  pauvreté 
relative  de  nos  églises,  privées  de  leurs  anciennes  richesses  en  vases  sa- 
crés et  en  orfèvrerie,  au  point  de  manquer  des  modèles  nécessaires  pour 
revenir  aux  vénérables  formes  des  vases  hturgiques  anciens. 

Le  dôme  de  Fribourg  n'est  pas  débadigeonné  encore,  et  une  assez  vi- 
laine couleur  grise,  qui  forme  contraste  avec  la  belle  pierre  de  grès 
rouge  du  même  monument,  en  recouvre  les  parois.  On  a  essayé  d'en  dé- 
gager une  des  chapelles  de  l'abside  et  de  rendre  aux  nervures  de  voûtes 
leur  nuance  native.  L'ouvrier  chargé  du  travail  n'a  pas  réussi,  et  l'essai  de 
débadigeonnage  tenté  a  été  malheureux.  C'est  ainsi  que  parfois  les  bonnes 
causes  ne  trouvent  pas  l'interprète  nécessaire  pour  bien  les  mettre  en 
pratique.  Espérons  qu'à  Fribourg  on  ne  s'en  tiendra  pas  à  cette  première 
tentative  de  restauration  intérieure. 

Nos  remarques  sur  l'envahissement  de  la  Renaissance  trouvent  leur  ap- 
plication à  Steckingen,  l'une  des  villes  forestières  des  bords  du  Rhin,  entre 
Bâle  et  Schaffhouse.  L'antique  basilique  de  saint  Fridolin,  l'apôtre  de  ces 
contrées,  à  dû  faire  place,  au  dix-septième  siècle,  à  l'église  actuelle,  grande, 
curieuse  à  plus  d'un  titre  et  recouverte  dans  toute  son  étendue  de  fres- 
ques qui  ne  sont  pas  sans  mérite.  La  belle  et  riche  châsse,  qui  renferme 
les  ossements  de  saint  Fridolin  est  également  style  de  Renaissance,  et  l'on 
montre  dans  le  trésor  plusieurs  reliquaires  fort  précieux  et  anciens,  et 
quelques  objets  ayant  appartenu  jadis  au  patron  de  l'église. 

Un  petit  coin,  une  île  dans  l'Untersée ,  ou  lac  inférieur  de  Constance , 


—    82    — 

celle  de  Reichenau,  sera  toujours  pour  le  voyageur  intelligent  un  but  de 
pieux  pèlerinage.  La  monographie  de  la  célèbre  abbaye  de  Saint-Pirmin 
a  paru  dans  un  de  nos  derniers  Bulletins  et  nous  la  devons  à  notre  vénéré 
président.  Je  n'y  reviendrai  pas;  il  serait  difficile  d'y  ajouter  rien  d'inté- 
ressant. Mais  comme  son  travail  a  été  pour  moi  un  stimulant  d'aller  visiter 
les  lieux  illustrés  par  des  hommes  tels  que  Walafried  Strabon ,  il  me  per- 
mettra de  faire  un  instant  l'office  de  glaneur  et  de  recueillir  quelques  épis 
épars  qui  ont  échappé  à  son  œil  sagace. 

Je  quittai  le  chemin  de  fer  à  l'une  des  haltes  les  plus  rapprochées  de 
l'île,  au  point  où  jadis  saint  Pirmin,  avec  son  ami  Sintlas,  traversèrent  le  lac 
pour  aborder  dans  la  Reichenau,  et  j'y  abordai  à  mon  tour  en  modeste 
pèlerin.  Une  bonne  fortune,  dans  ces  sortes  de  pérégrinations,  c'est  un  bon 
guide.  J'espérai  le  trouver  dans  le  respectable  curé  de  la  paroisse  princi- 
pale de  l'île,  et  je  ne  me  trompai  point.  Le  titulaire  de  la  cure  du  Münster, 
M.  Népomucène  Neff,  habite  dans  les  dépendances  de  la  célèbre  abbaye;  il 
accueillit  très-cordialement  le  voyageur  et  mit  à  sa  disposition  le  trésor  de 
notes  et  de  documents  qu'il  a  réussi  à  recueillir  durant  la  série  d'années 
qu'il  vit  à  l'ombre  de  la  vénérable  basilique.  Il  tient  registre  de  tout.  Il 
a  entre  les  mains  une  monographie  manuscrite  de  l'abbaye,  que  je  re- 
grettai vivement  de  ne  pouvoir  parcourir  comme  je  l'eusse  désiré;  il  m'eût 
fallu  pour  cela  un  temps  considérable  que  je  n'avais  pas  à  ma  disposition. 
M.  Neff  voulut  bien  me  conduire  dans  toutes  les  parties  de  la  vieille  basilique. 

On  sait  qu'il  en  existe  encore  trois  dans  l'ile,  chacune  groupant  autour 
d'elle  un  certain  nombre  de  fidèles  et  formant  paroisse.  Les  deux  plus  an- 
ciennes sont  Mittelzell  ou  le  Münster,  l'église  proprement  dite  de  l'abbaye, 
et  Oberzell,  à  l'extrémité  sud  de  l'île;  la  troisième,  Unterzell,  se  trouve  à 
l'extrémité  opposée,  et  sa  construction  est  moins  ancienne.  Les  deux  pre- 
mières basiliques,  et  surtout  la  principale,  font  époque  dans  l'histoire  de  l'art 
religieux  de  la  Germanie.  Cette  dernière,  objectif  principal  de  ma  visite,  re- 
monte à  816,  forme  liaison  entre  l'architecture  chrétienne  primordiale  et  le 
style  romano-byzantin  du  moyen  âge.  C'est  la  basilique  type  de  toutes  celles 
qui  furent  élevées  depuis  la  période  de  Charlemagne  jusqu'à  la  fin  du  dou- 
zième siècle,  et  comme  telle,  sa  structure,  son  ordonnance  architectonique, 
ses  détails  d'ornementation  sont  d'une  importance  majeure.  Ce  n'est  pas 
l'architecture  proprement  dite  de  Charlemagne,  quoique  contemporaine  du 
grand  monarque;  c'est  celle  qui  prit  place  et  se  développa  côte  à  côte  avec 
l'architecture  en  quelque  sorte  personnelle  du  chef  de  la  seconde  race  de 
la  monarchie  française,  et  à  laquelle  on  peut  attribuer  le  nom  d'architec- 
ture palatine.  Cette  dernière  était  une  importation  itahenne,  qui  ne  dura 


—    83    — 

qu'autant  que  le  règne  de  Gharlemagne.  L'autre,  celle  des  basiliques  de 
Reichenau,  sortait  également  de  l'Italie,  mais  arrivait  de  ce  côté  des  Alpes 
avec  des  traditions  byzantines  et  fut  définitivement  adoptée  comme  modèle 
des  basiliques  romano-byzantines  qui  se  trouvent  en  si  grand  nombre  dans 
la  vallée  du  Rhin. 

La  grande  basilique  de  Reichenau  n'est  plus  dans  toute  sa  teneur  primi- 
tive. Remaniée  à  plusieurs  reprises,  elle  n'offre  plus  de  sa  structure  origi- 
naire que  les  trois  nefs,  le  transept  et  une  partie  de  la  façade  occidentale. 
Le  reste  est  d'une  époque  plus  récente;  le  chœur  est  du  seizième  siècle, 
non  du  quatorzième,  comme  cela  se  répète  dans  les  manuels.  Elle  n'a 
jamais  été  voûtée;  deux  rangées  de  piliers,  non  de  colonnes,  séparent  les 
nefs;  les  piliers  sont  couronnés  de  corniches  à  ornementation  sculptée  très- 
belle,  très-caractéristique.  Le  plan  de  l'ensemble  est  bien  conçu  ;  mais  l'archi- 
tecture ne  brille  pas  par  une  exécution  magistrale;  les  murs  d'enceinte  ne 
sont  pas  parfaitement  parallèles,  mais  se  rapprochent  vers  le  transept;  l'appa- 
reil n'est  ni  distingué,  ni  soigné;  la  belle  pierre  y  fait  absolument  défaut. 

Au  chœur,  à  l'entrée  de  la  sacristie,  on  indique  le  lieu  de  repos  de  l'em- 
pereur Charles  le  Gros;  le  maître-autel,  à  triptyques,  est  de  l'année  1495 
et  se  fait  remarquer  par  la  beauté  de  ses  peintures.  Divers  tableaux,  fixés 
aux  murs,  mentionnent  des  traits  historiques  concernant  l'abbaye  et  n'ont 
du  reste  rien  de  remarquable.  Il  y  avait  dans  l'église  un  certain  nombre  de 
pierres  tombales  d'anciens  abbés;  un  architecte,  que  nous  ne  nommons 
pas,  chargé  d'une  restauration  sommaire,  il  y  a  quelque  vingt  ans,  se  servit 
de  ces  pierres  en  guise  de  dalles,  en  prenant  la  précaution  de  tourner  les 
figures  en  relief  du  côté  du  sol.  Le  curé  actuel  les  fil  relever  et  fixer  aux 
murs  de  la  basilique. 

Le  trésor  de  l'église  est  riche;  sa  bibliothèque  et  ses  manuscrits  sont 
dispersés;  mais  bon  nombre  de  ses  richesses  en  orfèvrerie  sacrée  sont 
conservées.  Nous  mentionnons  surtout  deux  châsses  d'une  grande  valeur 
artistique,  celle  des  saints  Jean  et  Paul  du  neuvième  siècle,  et  une  autre  de 
l'apôtre  saint  Marc  du  onzième  siècle.  Elles  renferment  desrehques  insignes 
des  saints  dont  elles  portent  le  nom;  la  première  surtout,  donation  pré- 
cieuse du  Saint-Siège,  marque  le  degré  de  dignité  auquel  était  arrivée 
la  Reichenau  dès  le  neuvième  siècle.  Une  pyxide  fort  ancienne,  au  moins 
de  la  période  carlovingienne,  d'un  travail  remarquable  en  ivoire,  attire 
l'attention.  Un  grand  vase,  selon  la  tradition  l'un  de  ceux  qui  servaient  à  la 
noce  de  Cana  et  à  la  perpétration  du  premier  miracle  du  Sauveur,  fait  éga- 
lement partie  de  ce  trésor.  Enfin,  une  relique  précieuse  entre  toutes,  le 
palladium  de  l'antique  sanctuaire,  est  celle  du  précieux  sang;  elle  est  for- 


—    84    — 

tement  scellée  dans  le  massif  de  l'autel,  et  on  l'expose  chaque  année,  dans 
l'octave  de  la  Trinité,  à  la  vénération  des  nombreux  pèlerins  qui  n'ont  pas 
oublié  le  chemin  de  l'île  et  de  son  principal  sanctuaire.  Notons  pour  mé- 
moire un  riche  ostensoir  du  dix -septième  siècle.  Tous  ces  objets  réu- 
nissent à  la  valeur  historique  et  artistique  celle  du  métal;  ils  sont  tous  en 
argent  ou  en  vermeil,  quelquefois  en  or.  Jusqu'ici  on  les  a  laissés  au 
sanctuaire  pour  lequel  ils  ont  été  donnés.  La  Reichenau,  séparée  de  la 
Suisse  par  un  bras  de  l'Untersée,  fait  partie  du  grand-duché  de  Bade,  et 
grâce  à  cette  circonstance,  ces  richesses  n'ont  point  été  enlevées  encore. 
En  Suisse,  sur  la  terre  classique  de  la  liberté,  on  est  moins  scrupu- 
leux, A  peu  de  distance  de  Reichenau,  sur  le  territoire  du  canton  de  Zu- 
rich s'élevait  le  célèbre  monastère  de  Rheinau.  Décrétée  de  suppression  par 
le  grand  conseil  du  canton  ,  la  vénérable  abbaye  a  cessé  d'exister  depuis 
quatre  ans.  Elle  avait  pourtant  pour  elle  tous  les  titres  qui  obligent  au 
respect  de  la  propriété  et  des  choses  saintes,  l'antiquité,  la  science,  la  ré- 
gularité de  ses  membres.  Mais  elle  avait  contre  elle  ses  riches  fondations, 
bien  faites  pour  exciter  les  convoitises  de  certains  gouvernements  qui 
semblent  avoir  oublié  certain  précepte  du  décalogue.  Elle  devait  succomber; 
ses  richesses  artistiques,  inventoriées  par  l'autorité  cantonale,  furent  dé- 
clarées de  bonne  prise,  et  aujourd'hui  elles  sont  vendues  et  dispersées.  Ce 
n'est  pas  tout:  cette  exécution  sommaire  ne  laissa  pas  dormir  un  canton 
voisin,  la  Thurgovie.  Ce  canton  renfermait  un  seul  monastère  encore, 
Catharinenthal,  précieux  reste  des  nombreuses  communautés  qui  cou- 
vraient jadis  le  pays.  Les  religieuses  étaient  connues  pour  leur  bienfai- 
sance et  leur  régularité;  elles  invoquaient  en  leur  faveur  le  texte  des 
traités,  les  engagements  formels  du  gouvernement  cantonal;  elles  exhi- 
baient encore  un  autre  titre,  cher  à  tous  les  bons  Suisses.  Au  quinzième 
siècle,  dans  la  guerre  du  duc  de  Bourgogne,  Catharinenthal  allait  être  in- 
cendié, quand  le  célèbre  frère  Nicolas  de  Flüe,  qui  portait  alors  les  armes 
pour  sa  patrie,  interposa  son  autorité  et  réussit  à  sauver  cet  asile  de 
paix  et  de  prière.  Toutes  ces  considérations  n'arrêtèrent  point  le  conseil  de 
Thurgovie  ;  les  religieuses  avaient  le  tort  irrémissible  de  posséder  de  grands 
biens.  La  cause  de  l'équité  naturelle  devait  succomber  en  présence  d'un 
pareil  argument  et  un  décret  des  souverains  de  Thurgovie  lui  donna  le 
coup  de  grâce.  Les  pauvres  religieuses  sont  obligées  de  quitter  leur  soli- 
tude; les  richesses  artistiques  deviennent  ce  que  devinrent  celles  de  Rhi- 
nau:  elles  sont  perdues  pour  la  science. 

Il  n'en  est  point  ainsi  encore  de  celles  de  Reichenau,  mais  on  craint 
pour  l'avenir;  le  grand -duché  de  Bade,  très-avancé  en  civih'sation,  se 


—    85    — 

prépare,  assure-t-on,  à  étendre  la  main  sur  les  biens  des  églises  et  à  imi- 
ter l'exemple  contagieux  de  sa  voisine  la  Suisse,  Jusqu'à  ce  jour,  le  gou- 
vernement grand-ducal  avait  suivi  une  autre  ligne,  celle  du  respect  de  la 
propriété  sacrée.  Mais  on  annonce,  et  la  nouvelle  sinistre  semble  exacte, 
qu'une  loi  s'élabore  dans  le  sens  de  celles  de  plusieurs  cantons  suisses  \ 
Alors  le  trésor  de  Reichenau  tombera  sous  le  séquestre,  l'antique  basilique 
y  perdra  les  dernières  pierres  de  son  riche  diadème  artistique,  et  nous 
avons  la  douleur  d'être  les  témoins  impuissants  de  semblables  énormités! 

Ces  réflexions  me  préoccupèrent  quand  je  quittai  l'île,  si  belle,  si  fertile 
de  la  Reichenau,  pour  regagner  la  terre  ferme  et  me  rendre  à  Constance. 

Constance  est  l'ancien  siège  épiscopal  transféré  de  Vindonissa,  Win- 
disch.  C'était  de  toute  la  chrétienté  l'évêché  le  plus  étendu  et  portait  pour 
cette  raison  le  nom  de  Sedes  ctmplissima.  La  ville  a  bien  perdu  de  son  impor- 
tance, malgré  sa  position  avantageuse  sur  le  plus  grand  lac  de  la  Germanie,  le 
Boden-Sée.  Sa  cathédrale  n'est  pas  sans  mérite;  je  vais  indiquer  ce  qui  la 
caractérise.  Ses  dimensions  sont  modestes;  elle  est  romane  dans  sa  grande 
nef  et  dans  son  abside;  mais  celle-ci,  ainsi  que  l'avant-chœur,  ont  subi  les 
transformations  de  la  Renaissance.  La  façade  est  ogivale  et  les  deux  petites 
nefs  portent  le  même  cachet.  Dans  la  sacristie  on  voit  avec  plaisir  une  che- 
minée ogivale  du  quatorzième  siècle,  crénelée  et  très-artistement  sculptée, 
ainsi  qu'un  lavabo  ogival,  mais  plus  récent.  Les  stalles  du  chœur  sont 
d'une  grande  beauté,  ogivales,  mais  recouvertes  d'une  couleur  blanche  à 
l'huile  qui  leur  fait  grand  tort.  Le  sculpteur  est  probablement  celui  des 
panneaux  de  la  grande  porte,  qui  sont  un  vrai  chef-d'œuvre  et  présentent 
dans  vingt  compartiments  les  sujets  principaux  du  Nouveau  Testament. 
Une  inscription  porte  :  Anno  X  millesimo  CCCCLXX  Symon  Haider  ar- 
tifex  me  fecü;etce  Simon  Haider  était  un  artiste  de  l'école  de  Strasbourg,  à 
ce  qu'on  nous  affirme. 

Une  reste  plus  d'ancien  autel.  Dans  le  transept  nord,  un  escaher  tournant 
magnifique  conduit  aux  combles  de  la  petite  nef;  une  sculpture  magistrale, 
la  mort  de  la  sainte  Vierge,  est  encastrée  dans  le  mur.  Une  petite  crypte 
fort  ancienne,  du  dixième  siècle,  renferme  le  tombeau  et  les  reliques  de 
l'évêque  saint  Conrad.  L'éghse  est  surtout  riche  en  grilles  de  fer  de  toutes  les 
formes  et  des  dessins  les  plus  variés;  la  plupart  sont  style  de  Renaissance. 

On  a  élevé  au  milieu  de  la  façade  occidentale  une  tour  ogivale,  qui  doit 
rappeler  en  quelque  sorte  celle  de  Fribourg.  C'est  une  œuvre  imparfaite 
en  elle-même ,  et  surtout  mal  combinée.  La  raison  en  est  que  la  façade 

1.  Depuis,  cette  loi  de  spoliation  a  été  présentée  et  votée  par  les  chambres  badoises. 


—  So- 
est faite  pour  deux  tours  ;  l'ensemble  de  la  construclion  le  prouve  jusqu'à 
l'évidence.  Au  lieu  d'entrer  dans  le  plan  de  l'architecte  de  la  façade,  le  mo- 
derne artiste,  fori  peu  au  fait  des  principes  de  sa  science,  se  permit  d'éle- 
ver une  tour  sur  la  partie  médiane  de  la  façade,  ce  qui  forme  un  contraste 
infiniment  désagréable.  Et  afin  de  ne  pas  laisser  dégarnie  la  place  des  tours 
proprement  dites,  il  y  campa  aux  angles  des  clochetons  sans  raison  d'être 
et  imitant  des  sentinelles  perdues  d'une  armée.  Toute  la  silhouette  du  mo- 
nument est  faussée  par  cette  capitale  erreur,  et  malheureusement  l'erreur 
n'est  pas  facilement  réparable. 

De  Constance  à  Goire  on  ne  rencontre  aucun  monument  ancien  de  mar- 
que. L'église  abbatiale  de  Saint-Gall  est  de  la  bonne  Renaissance,  mais 
l'ancien  et  célèbre  sanctuaire  a  complètement  disparu.  A  l'extrémité  su- 
périeure du  lac  de  Constance,  non  loin  de  l'antique  Briyantium,  aujour- 
d'hui Brégenz,  on  aperçoit  les  vastes  constructions  de  l'ancienne  abbaye 
de  ilMrcrati, l'une  des  fondations  de  saint  Colomban.  Mais  l'ancienne  église 
a  également  disparu,  et  les  moines  cisterciens,  chassés  de  Wettingen  en 
Suisse,  qui  ont  pris  possession  du  monastère,  viennent  de  faire  construire 
une  grande  et  belle  église  de  style  roman.  Nous  entrons  donc  dans  la 
vallée  du  Rhin  supérieur,  et  nous  ne  nous  arrêtons  qu'à  Coire. 

Coire,  le  Curia  Rhœtorum  des  Romains,  est  le  siège  épiscopal  le  plus 
ancien  des  bords  du  Rhin,  et  il  porte  dans  la  nomenclature  des  évêchés  du 
Rhin  le  titre  de  Sedes  antiquùsima;  l'on  sait  que  les  sièges  épiscopaux  des 
bords  du  grand  fleuve  étaient  au  nombre  de  sept,  dont  chacun  avait  reçu 
un  nom  caractéristique.  Coire  s'appelait  le  siège  le  plus  ancien,  Sedes  an- 
tiquissima;  Constance,  Sedes  amplissima ,  à  cause  de  son  étendue;  Bàle 
était  le  Sedes  jucundissima,  son  agréable  situation  lui  valut  ce  titre.  Stras- 
bourg, par  la  noblesse  des  titulaires  du  grand  chapitre,  se  nommait  Sedes 
nobilissima  ;  Spire,  qui  se  distinguait  par  la  régularité  de  son  chapitre, 
avait  reçu  le  nom  fort  enviable  de  Sedes  piissima ;  Worms,  le  moins  bien 
partagé  de  ces  diocèses  sous  le  rapport  temporel,  était  le  Sedes pauperrima; 
Mayence,  sans  doute  à  cause  de  la  dignité  de  ses  archevêques,  qui  étaient 
archichanceliers-nés  du  Saint-Empire,  était  désigné  comme  Sedes  dignis- 
sima,  et  Cologne  enfin,  la  métropole  la  plus  opulente,  se  nommait  Sedes  ditis- 
sima.  Tous  ces  dignitaires  ecclésiastiques  étaient  en  même  temps  seigneurs 
territoriaux  et  investis  de  droits  souverains.  C'était  un  des  plus  beaux 
fleurons  de  l'Eglise;  on  avait  donné  à  ce  magnifique  ruban  vert  des  ondes 
du  Rhin,  le  nom  peu  esthétique  de  Pfa/fengasse;  objet  de  convoitise  pour 
plus  d'un  soldat  conquérant.  Quand,  dans  la  guerre  de  Trente  ans,  les  régi- 
ments  bigarrés  de  Gustave-Adolphe  étaient  en  train  de  démembrer  la 


—    87    — 

monarchie  des  Habsbourg,  le  roi-soldat,  pour  stimuler  l'ardeur  de  ses 
troupes,  leur  montra  en  perspective  l'occupation  de  \a  Pfaffengasse,  où  ils 
allaient  se  reposer  de  leurs  luttes  dans  les  délices  de  cette  Capoue  rhénane. 

L'évêché  de  Coire,  fondé  par  saint  Luce,  Tan  170  de  notre  ère,  est  le  plus 
ancien  des  régions  rhénanes  et  mérite  par  conséquent  le  titre  de  Sedes 
antiquissima.  Le  titulaire  conserve  encore  certaines  immunités  temporelles 
qu'on  ne  connaît  plus  ailleurs.  On  m'avait  parlé  avec  éloges  de  la  cathédrale, 
dont  on  vantait  l'antiquité  et  les  curieux  détails.  Tous  les  manuels  de 
voyage  s'accordent  du  reste  à  perpétuer  une  erreur  que  je  regarde 
comme  préjudiciable  et  que  je  tâche  de  rectifier  ici.  J'ai  donc  examiné  l'é- 
difice avec  un  soin  particulier,  sans  égards  aux  protestations  d'un  sacris- 
tain loquace,  qui  commet  quotidiennement  de  nombreux  péchés  d'inexac- 
titude, en  débitant  devant  les  visiteurs  ce  qu'il  a  le  malheur  de  ne  point 
connaître  comme  il  le  faudi'ait. 

La  cathédrale  n'est  pas  grande;  la  nef  ne  compte  que  trois  travées  jus- 
qu'au chœur;  il  est  vrai  qu'elles  sont  étendues  et  appartiennent  au  style 
qui  s'est  développé  dans  la  Suisse  et  dans  la  Savoie.  L'architecture  n'est 
point  correcte  dans  son  ensemble.  Les  clés  de  voûte  ne  correspondent 
point  entre  elles,  et  l'abside,  moins  élevée  que  la  grande  nef,  présente  une 
déviation  d'axe  trop  forte  pour  ne  pas  être  une  faute.  Tout  ce  que  l'on  dit 
du  style  roman  de  ce  dôme  est  tout  simplement  mal  fondé.  L'édifice  dans 
sa  totalité,  l'espèce  de  petite  crypte  sous  l'avant-chœur  exceptée,  est  du 
milieu  du  treizième  siècle;  tous  les  arceaux,  sans  exception  aucune,  sont 
à  ogive.  Les  chapiteaux  présentent  une  particularité  notable  :  les  motifs 
de  style  roman,  les  rinceaux,  les  animaux  fantastiques,  rivalisent  avec  les 
détails  du  premier  style  ogival,  le  crochet  par  exemple.  Nulle  part  je  n'ai 
trouvé  en  plein  style  ogival  une  aussi  grande  fidélité  à  reproduire  l'orne- 
mentation du  style  roman-terliaire,  et  c'est  la  cause  sans  doute  de  toutes 
les  fables  qui  se  répètent  sur  l'origine  reculée  de  cet  édifice.  Mais  l'erreur 
n'est  pas  possible  pour  qui  sait  regarder  et  examiner,  et  la  juxtaposi- 
tion des  ornements  de  style  ogival  et  de  style  roman  nous  oblige  à  attri- 
buer à  l'époque  susdite ,  au  miheu  du  treizième  siècle,  la  construction  du 
monument.  Telle  est  la  vérité. 

On  y  remarque  une  autre  particularité:  tous  les  arceaux  des  petites 
nefs  sont  rentrants,  c'est-à-dire  à  anse  de  corbeille.  Là-dessus  on  a  basé 
des  hypothèses  à  perte  de  vue;  c'était  notamment  un  architecte  de  l'école 
mauresque  qui  a  dû  composer  ce  plan  et  en  diriger  l'exécution.  La  raison 
réelle  est  bien  plus  facile  à  trouver.  L'édifice  n'a  pas  de  contre-forts  à  l'ex- 
térieur; la  retombée  des  voûtes  devait  donc  être  paralysée  par  un  autre 


moyen,  et  elle  le  fut  par  les  colossales  dimensions  des  piliers  de  la  grande 
nef,  ensuite  par  les  arceaux  des  petites  nefs  qui,  par  leur  forme,  font  l'ofTice 
de  contre-foris  intérieurs.  Le  problème  de  cette  forme  inusitée  est  résolu 
d'une  manière  fort  naturelle,  et  toute  autre  hypothèse  manque  de  fondement. 

La  cathédrale  de  Coire  n'est  pas  bien  entretenue  et  contraste  avec  la 
propreté  des  égUses  allemandes  en  général.  En  partie  bariolée  d'une 
affreuse  peinture,  en  partie  recouverte  d'un  vilain  badigeon,  elle  produit 
un  effet  fâcheux.  L'ameublement  est  à  l'avenant.  H  y  a  une  mensa  romane 
du  douzième  siècle  dans  l'abside,  et  sur  elle  s'élève  un  autel  en  bois  du 
seizième  siècle  ;  une  custode  assez  remarquable  porte  la  même  date,  et 
les  stalles  appartiennent  également  à  cette  époque.  Sur  deux  autels  laté- 
raux on  expose  deux  châsses  remarquables,  l'une  romane,  l'autre  ogivale. 
En  les  examinant  de  près,  on  remarque  qu'elles  ne  sont  chacune  que  la 
moitié  d'une  châsse  partagée  en  long!  Que  sont  devenues  les  deux  autres 
moitiés  ?  Nous  l'ignorons. 

Le  trésor  de  la  sacristie  renferme  des  objets  dignes  de  toute  atten- 
tion: des  morceaux  d'anciennes  étoffes,  une  chasuble  dont  le  tissu  appar- 
tient au  onzième  siècle,  de  belles  châsses  remplies  de  reliques  et  surtout  un 
ostensoir  ogival  de  la  fin  du  quatorzième  siècle,  d'une  forme  et  d'une 
exécution  magistrales.  C'est  le  plus  beau  que  j'aie  vu.  En  France  on  est  à 
la  recherche  d'une  forme  d'ostensoir  en  accord  avec  les  siècles  de  nos  égli- 
ses ogivales;  on  en  produit  qui,  à  part  les  détails  d'ornementation,  ne  sont 
que  la  copie  de  nos  soleils  modernes.  La  vraie  forme  ogivale  n'a  pas  pu 
être  trouvée.  Nous  croyons  sincèrement  qu'une  copie  parfaite  de  l'osten- 
soir de  Coire  mettrait  fin  aux  difficultés  et  réunirait  tous  les  suffrages  des 
archéologues.  Il  est  peut-être  trop  grand,  et  surtout  trop  lourd;  il  est  tout 
en  argent  et  pèse  26  livres.  Réduit  à  des  proportions  plus  modestes,  il  de- 
viendrait le  vrai  bijou  d'un  grand  nombre  de  sanctuaires. 

J'ai  dû  me  borner  à  ces  quelques  détails  sur  ma  dernière  pérégrination 
dans  les  régions  supérieures  du  Rhin.  Au  delà  de  Coire,  il  n'y  a  plus  rien 
jusqu'au  passage  du  Spliigen  et  du  Saint-Bernardin.  Dans  l'une  des  vallées 
qui  aboutissent  aux  sources  du  Rhin  se  trouve  l'ancienne  abbaye  de  Dis- 
sentis, autrefois  très-renommée,  aujourd'hui  veuve  de  ses  cénobites.  Mais 
la  basilique  originaire  a  disparu,  et  les  bâtiments  actuels,  fort  grandioses 
en  effet,  servent  à  d'autres  usages. 

V.  GUERBER, 
Cure  de  Haguenuu. 


LE  CHATEAU  DE  BERNSTEIN 


NOTE  PRÉLIMINAIRE 

En  1862,  feu  M.  Félix  de  Dartein ,  alors  propriétaire  du  château  de  Bern- 
stein, réintégra,  de  son  propre  mouvement,  aux  Archives  du  Bas-Rhin, 
une  série  de  documents  relatifs  à  cette  imposante  ruine.  Il  paraît  que, 
vers  1814  ou  1815,  ces  pièces  avaient  été  confiées,  par  les  Archives,  à  la 
famille  qui  possédait  ledit  château.  La  réintégration,  après  plus  d'un  demi- 
siècle,  était  un  acte  de  bonne  foi;  mais  l'administration  a  dû  en  savoir  gré 
au  citoyen  loyal  qui  rendait  des  chartes  que  lui  n'avait  point  empruntées 
et  dont  l'existence  était  ignorée  aux  Archives. 

Ces  documents  sont  au  nombre  de  sept;  il  nie  semble  qu'ils  offrent 
assez  d'intérêt  pour  mériter  une  analyse  et  une  reproduction  partielle. 
J'ai  fait  choix  de  deux  titres,  que  je  vous  soumets  textuellement,  et  avec 
une  traduction;  pour  les  autres,  je  me  bornerai  à  l'indication  succincte 
de  leur  contenu.  Quelques  mots  sur  le  château  de  Bernstein  même  devrons 
tenir  lieu  d'introduction. 

Vous  savez  que  le  Bernstein  s'élève,  à  6  kilomètres  au  nord  de  celui 
d'Ortenberg,  au-dessus  de  la  petite  ville  de  Dambach.  «Le  plein-cintre 
domine  dans  cet  édifice  cyclopéen,  qui  remonte  au  dixième,  peut-être  au 
neuvième  siècle.  11  est  assis  sur  un  rocher  de  granit,  auquel  il  emprunte 
ses  matériaux.  11  est  à  trois  enceintes  flanquées  d'autant  de  tours  ^)) 

Au  commencement  du  treizième  siècle,  il  appartenait  aux  comtes  de 
Dabo;  il  passa,  par  mariage,  un  instant  à  un  cadet  des  ducs  de  Lorraine, 
puis  à  la  famille  de  Linange,  puis  à  l'Église  de  Strasbourg.  L'évêque  Ber- 
thold  l'avait  attaqué  et  pris  en  1227;  en  1236,  l'Église  en  avait  obtenu  la 
possession  de  la  part  de  l'empereur. 

Ici  nous  sommes  au  beau  miUeu  des  titres  livrés  par  M.  de  Dartein. 

l.  Voy.  les  Châteaux  forts  d' Alsace ,  par  l'arcliiviste  du  Bas-Rhin,  p.  31.  1860. 
11«  Sbrik.  —  T.  Vil.  —  (M.)  7 


—     1)0     — 

Le  pieuiier  constate  qu'en  novembre  l^IW,  Herrmann  et  Hem'i,  mar- 
graves de  Bade,  donnent  à  Berthold,  évêque  de  Strasbourg,  les  châteaux 
de  Guirbaden,  Bernstein,  Êguisheim  ,  Dagsbourg  ,  et  d'autres  biens  sis 
dans  les  diocèses  de  Bâle,  Metz  et  Strasbourg,  le  tout  provenant  de  la  suc- 
cession de  Gertrude,  comtesse  de  Dagsbourg,  fille  de  feu  comte  Albert 
de  Dagsbourg  et  mère  des  margraves  donateurs.  Laguille  ayant  publié 
ce  document  latin  dans  les  pièces  justificatives  de  son  Histoire  d'Alsaee 
(p.  33),  je  m'abstiens  de  donner  ici  une  édition  de  seconde  main. 

De  la  même  année  1226  (décembre,  sans  indication  de  date  plus  pré- 
cise) est  un  second  document,  édité  par  Laguille  (Pièces  justificatives,  p.  34) 
et  par  Schœpflin,  Historia  Zaringo-Badensis  (V.  p.  173).  Nous  appre- 
nons par  cette  charte  latine  que  Sigebert  de  Werde  et  son  fils,  comtes 
{comités)  d'Alsace,  adjugent  la  succession  de  la  comtesse  Gertrude  de 
Dagsbourg  aux  margraves  Henri  et  Herrmann  de  Bade,  à  l'exclusion  du 
duc  de  Brabant. 

Le  jugement  est  rendu  près  de  la  villa  de  Holtzheim,  en  présence  de 
plusieurs  chanoines  du  Grand-Chapitre,  des  frères  Henri  et  Louis  de  Lich- 
tenberg, de  Burkard  de  Geroldseck,  d'Otton  d'Ochsenstein,  d'Albert  et 
Burchard  Beyer. 

Nous  sautons  deux  siècles,  pour  arriver  au  troisième  document,  qui  est 
daté  du  4  mars  1 437,  et  constate  que  l'usufruit  du  château  de  Bernstein 
est  accordé  à  Conrad  de  Bussnang,  cellérier  et  portier  du  Grand-Chapitre 
(plus  tard  évêque  de  Strasbourg).  L'acte  est  émis  par  le  doyen  du  Chapitre, 
Jean  de  Helfenstein.  Nous  donnons  en  entier  le  texte  et  la  traduction  de 
celte  charte. 

Le  Grand- Chapitre,  représenté  par  son  doyen,  Jean  de  Helfenstein,  con- 
firme V usufruit  viager  du  château  de  Bernstein,  accordé  par  V évêque 
Guillaume  deUiestà  Conrad  de  Bussnang,  cellérier  et  portier  du  Grand- 
Chapitre.  (14'37,  jeudi,  après  Saint-Mathias,  4  mars.) 

Wir  Johans  von  Helfenstein  dechan  und  das  cappitel  der  meren  Stifft 
zu  Straszburg  bekennent  offenbar  und  tugent  kunt  aller  menglich  so 
disen  brieff  ansenhent  oder  horent  lesen  Als  der  Erwurdig  In  got  Vatter 
und  herre  herrn  Wilhelm  Byschoff  zu  Straszburg  unser  gnediger  herre 
dem  Edeln  herrn  Conraten  herre  von  Busznang  unserm  mitlhumherren 
Keller  und  portener  der  egenanten  unser  stifft  das  slosz  Bernstein  ob 
Tanbach  gelegen  demselben  stiffte  zu  Straszburg  in  egenschafft  zugeho- 
rende  mit  ettlichen  sinen  zugehorden  und  ouch  mit  eltlichen  Zinsen  gulten 
renten  und  gefellen  sine  leplage  und  die  wile  und  er  in  lib  und  leben  ist 


—    91     — 

fur  sich  und  sin  nachkomen  in  demselben  stifTt  das  ze  nutzen  und  ze 
niessen  geben  iiat  In  wysz  und  masze  und  das  derselbe  siner  gnaden 
gifTte  brief  Im  hierinn  übergeben  eygenllich  u-z  Aviset  Da  bekennent  wir 
dechan  und  Cappitel  obgenant  in  disem  gegenwertigen  brief  das  solich 
gnade  der  gäbe  und  der  gifftc  des  egemelten  slosz  der  zinse  rente  zuge- 
hœrden  und  gefelle  in  obgemelt  masse  und  denne  die  egenanten  briefe 
so  der  vorbenant  herr  Conrat  von  dem  egenanten  unserm  gnedigen 
herren  von  Siraszburg  von  solicher  gäbe  und  nyessung  innhat  luter  wiset 
mit  unser  dechan  und  Cappitels  gunst  wissen  willen  und  gehelle  zu- 
gangen und  beschenken  ist.  Und  harumb  so  haben  wir  solich  gnad  und 
gäbe  obgemelt  mit  rechtem  unserm  wissen  besteliget  vergunst  und  kreff- 
tiget  und  bestetigenl  und  vergunstent  und  verwillent  sie  Im  ouch  mit 
disem  unserm  briefe  für  uns  und  unser  nachkomen  in  demselben  un- 
serm Cappitel  ze  ende  sins  lebens  ze  haben  und  zeniessen  und  dawider 
nütz  ze  sinde.  Und  des  zu  rechter  warer  Urkunde  so  haben  wir  an  disen 
solichenunsern  gunst  und  bestettnuszbrief  unsers  Cappitels  grosz  Ingesigel 
tun  hencken  und  demselben  herrn  Conrat  disem  brieflf  übergeben.  Der 
geben  ist  uff  den  nehsten  Dunrsztag  nach  sant  Matthias  den  heiligen  zwoelf 
botten  tag  des  Jars  do  man  zalt  von  gottes  gehurt  tusent  vierhundert 
Tryssig  und  sieben  Jar  (4  mars  14-37). 

(1437,  t  mars.) 

JNous,  Jean  de  lielfenstein,  doyen,  et  le  Grand-Chapitre  de  Strasbourg, 
certifions  et  annonçons  à  tous  ceux  qui  la  présente  lettre  liront  ou  en- 
tendront lire  : 

Puisque  le  vénérable  père  et  seigneur,  sieur  Guillaume,  évêque  de 
Strasbourg,  notre  vénéré  seigneur,  a  daigné  conférer  au  noble  seigneur 
Conrad  de  Busznang,  notre  co-chanoine,  cellérier  et  portier  dudit  Chapitre, 
le  château  de  Bernslein,  sis  au-dessus  de  Dambach,  appartenant  en  toute 
propriété  audit  Chapitre,  avec  quelques-unes  de  ses  dépendances,  ainsi 
qu'avec  quelques  rentes,  redevances  et  revenus,  à  titre  d'usufruit,  toute 
sa  vie  durant,  lui,  et  après  lui  ses  successeurs  en  lesdites  fonctions,  ainsi 
(ju'il  est  dit  dans  la  lettre  de  donation  de  notre  seigneur  évêque,  à  lui 
remise, 

Nous,  doyen  et  Giand-Chapitre,  certifions  par  les  présentes  que  le  don 
gracieux  dudit  château,  ainsi  que  des  rentes,  revenus  et  redevances  et  dé- 
pendances spécifiés  dans  la  lettre  que  lient  en  main  le  sieur  Conrad,  de 
la  part  de  notre  gracieux  seigneur  l'évêque,  au  sujet  du  don  et  de  l'usufruit, 
a  été  fait  en  vue  et  avec  le  consentement  libre  et  volontaire  de  nous,  le 


—    92    — 

doyen  et  les  membres  du  Grand-Chapitre.  Et  nous  avons  confirmé,  cer- 
lioré,  affirmé,  confirmons,  certiorons  et  affirmons,  de  notre  plein  gré,  par 
les  présentes,  en  notre  nom  et  en  celui  de  nos  successeurs  dans  le  Grand- 
Chapitre,  que  le  don  gracieux  ainsi  défini  devra  lui  rester,  sa  vie  durant, 
à  titre  d'usufruit,  et  que  nous  n'essayerons  point  de  l'en  empêcher. 

Et,  en  foi  de  quoi,  avons  appendu  à  la  présente  lettre  de  confirmation 
le  grand  sigillé  de  notre  Chapitre  et  l'avons  remise  en  mains  dudit  sieur 
Conrad. 

Fait  le  jeudi  après  le  jour  de  Saint-Malhias  l'apôtrC;,  l'an  quatorze  cent 
trente-sept. 

Avec  le  sceau  du  Grand-Chapitre  (la  sainte  "Vierge  —  cire  jaune). 

Suit  un  acte  allemand  passé  en  1453,  7  février,  devant  Günther  Reimer, 
le  schultheiss  ou  prévôt  de  la  ville  de  Dambach,  et  portant  que  Golzeman 
•et  Jean  Gœtzeman,  résidant  à  Stotzheim,  reconnaissent  avoir  acquis  par 
héritage  une  maison  sise  à  Dambach,  et  devoir,  sur  ledit  immeuble,  une 
rente  de  1  schelling  à  Conrad  de  Bussnang,  chanoine  du  Grand-Chapitre, 
ou  plutôt  à  son  représentant  Jean-Guillaume  Gürtler. 

La  rente  fait  partie  de  celles  qui  relèvent  du  château  de  Bernslein; 
après  la  mort  de  l'usufruitier  Conrad  de  Bussnang,  elle  fera  retour  à 
l'évêché  de  Strasbourg.  Les  comparants  s'engagent  à  tenh'  l'immeuble  en 
bon  état. 

En  1455,  la  veille  de  Saint-Martin  (10  novembre),  un  acte  passé  devant  le 
même  prévôt  de  Dambach  porte  que  Pierre  Erbe  et  sa  femme  reconnais- 
sent avoir  acheté  une  maison  sise  à  Dambach  des  mains  de  Bernard  de 
Trêves,  receveur  du  sieur  Guillaume  Bœcklé.  La  maison  doit  une  rente 
annuelle  de  4  livre  à  l'évêque  de  Strasbourg,  c'est-à-dire  à  la  chapelle  de 
Bernstein. 

Les  acquéreurs  s'engagent  à  la  servir. 

Un  jugement  arbitral  du  i6  août  1460  est  rendu  après  l'abornement 
d'une  forêt  en  litige  entre  Conrad  de  Bussnang  et  l'abbesse  d'Andlau.  Je 
reproduis  en  entier  cet  acte  curieux  qui  indique  la  manière  dont  on  pro- 
cédait alors  au  renouvellement  du  bornage. 

(1460,  16  août.) 

Jugement  arbitral  concernant  l'abornement  de  forêts  en  litige  entre 
le  propriétaire  du  château  de  Bernstein  et  l'abbesse  d'Andlau. 

Zu  wissen  von  solicher  Spenne  und  miszhellungen  wegen  so  do  untz 
her  zwuschen  dem  Edeln  wolgebornen  hcrrcn  herre  Gunrat  von  Busz- 


—    93    — 

nangk  Ihumherre  der  hohen  Stifft  zuo  Straszburg-  und  herrc  h\  der  obern 
Montât  uff  ein  Und  der  würdigen  geistlichen  frowen  frow  Susannen  von 
Epptingen  epptissin  zu  Andelo  am  andernteile  gewesen  etlicher  h^re  weide 
und  undergenge  hii  Blieszbach  und  am  Langensteine.  Do  nu  beide  Parlhen 
Irre  spennen  komen  sindt  uff  vier  manne  und  uff  einen  funffteman  nem- 
lich  myn  herre  von  Busznangk  uff  hugshugel  und  Zeisenhensel  beide  von 
Epphich  Item  myn  frowe  Susanna  von  Epptingen  uff  botpeter  und  Bonen- 
bensel  Beide  von  Kestenholtz  und  beide  parthen  uff  meister  hanns  Rap- 
penkapph  stetmeister  zu  Sletstatt  als  einen  funffteman  So  nu  die  obge- 
schriben  viere  und  der  funffteman  beider  parlh  Spenn  verhört  handt 
babent  sy  erkant  mit  dem  merteil  das  die  obgeschriben  beide  parlhen  \n 
gegenwertigkeyt  Ir  einen  undergang  thun  soltenl  und  nach  solichem  un- 
dergange  das  underlachen*.  Das  also  von  beiden  Parthen  undergangen 
und  underlachet  ist  uff  Samstag  nach  frowentag  der  eren  zu  Latin  genant 
assumptio  Im  sehtzigesten  Jore  Item  zum  ersten,  so  haut  sy  angefangen 
zu  lachen  am  Langenstein  oben  uff  dem  Berge  und  ist  ein  crutze  In  einen 
stein  gehowen  und  ein  eichbomet  statt  uff  demselben  steine  ist  auch  ein 
crutze  Ingehawen.  Item  undersich  in  den  Blieszbach  abe  uff  einen  stein- 
worff  ist  ein  crutze  in  einen  eichbom  gehawen.  Item  furebasz  under  sich 
kurz  gegen  dem  bliezbach  stat  ein  velsz  sind  zveey  crutze  Ingehowen  und 
ein  eychbomel  stat  uff  dem  velsz  und  eins  under  dem  velsz  sindt  auch 
gelachet  Item  under  demselben  velsz  In  den  bliszbach  abe  sindt  auch 
sehs  eichboume  gelachet  mit  crutzen  und  dryg  Linden  und  ist  der  nyderste 
Lachbaum  ein  grosser  eichboum.  Und  sindt  by  sohchem  undergange  ge- 
wesen von  mys  herren  von  Busznangke  wegen  nemlich  der  veste  Juncher 
Bastiangurtler  vogt  zu  Bernstein  der  from  wise  friderich  von  Cuppenheim 
altschaffner  In  der  pflege  Bernstein  Kabaltesclaus  von  Blensvvir  Meiger- 
claus  von  Sant  Petersholtz  Meigertnützen  sun.  Item  uff  myner  frawen  der 
epptissin  siten  Marlin  Ir  Schaffner  diezyt  Mychel  Rymperlin  Schullheiss 
zu  scherwir.  Ulrich  appt  von  Scherwir  In  meyger  hanman  wolftliart 
heymburger  Peter  hanmann  Kabele,  Schallentenge  bans  metzger  henselin 
frischinger,  Rufelmetzger  bans  weidehch  Claus  Wolff'hart  und  Claus  Küffer 
alle  von  Scherwir  Und  des  zu  einem  offenen  steten  waren  Urkunde  und 
gezugnisse  so  habe  ich  hanns  Rappenkopph  stetmeister  zu  Sletstadt  myn 
eygen  Ingesigel  von  bette  wegen  der  obgeschriben  beider  Parlhen  gehenckt 


1.  Le  terme  à'unterlachen  s'applique  plus  spécialemeut,  d'après  le  glossaire  de  Scherz, 
à  la  pratique  de  marquer  d'un  signe  distinctif  les  arbres  ou  les  pierres  servant  à  l'abor- 
nement. 


—    94    — 

an  disen  brieff  der  do  Zwene  glich  gemäht  sindt  und  yetweder  parlh  einer 
überleben  ist  sv  und  Ire  nachkomen  domit  zu  besagende  aller  ab^e- 
schriben  dinge  doch  mir  und  mynen  erben  unschadelich  Der  do  geben 
wart  uff  den  vorgeschriben  tag  und  Tore, 

Avec  sigillé  en  cire  verte  de  l'arbitre  Jean  Rappenkopph. 

(1460,  l(i  août.) 

A  savoir  au  sujet  de  certain  htige  et  désaccord,  intervenu  jusqu'ici 
entre  le  noble  et  illustre  seigneur  Conrad  de  Bussnang,  chanoine  du  Grand- 
Chapitre  de  Strasbourg  et  seigneur  du  Mundat  supérieur,  d'une  part,  et  la 
révérende  dame,  dame  Suzanne  d'Eptingen,  abbesse  d'Andlau,  d'autre 
part,  à  propos  de  quelques-unes  de  leurs  forêts  et  de  l'abornement  dans 
le  Bliesbach  et  au  Langenslein. 

Or,  les  deux  parties  étant  convenues  de  s'en  remettre  pour  la  décision  de 
leur  litige  à  quatre  prud'hommes  et  à  un  cinquième  arbitre,  savoir  Mgr.  de 
Bussnang,  à  Hngshugel*  et  à  ZeisenhenseP,  tous  deux  d'Epfig,  et  M""*^  Su- 
zanne d'Eptingen  à  Botpeter"  et  Bonenhensel*,  tous  deux  de  Châtenois,  et 
les  deux  parties  à  maître  Jean  Rappenkapf,  stettmeistre  à  Schlestadl,  en  qua- 
lité d'arbitre,  et  les  quatre  susdits  prud'hommes,  ainsi  que  l'arbitre  ayant 
entendu  les  griefs  des  deux  parties,  ont  décidé  à  la  majorité  des  voix 
que  les  deux  parties  auraient  présentement  à  procéder  à  un  abornement, 
et  après  cet  abornement  à  la  démarcation. 

Et  ont  les  deux  parties  procédé  à  l'abornement  et  à  la  démarcation  le 
samedi  après  la  principale  fête  de  Notre-Dame,  appelée  Assumptio  en 
latin,  l'an  (14)60. 

Et  en  premier  lieu  ils  ont  commencé  la  démarcation  au  Langenstein,  au 
haut  de  la  montagne,  et  une  croix  a  été  sculptée  dans  une  pierre-borne, 
et  un  poteau  de  chêne,  avec  l'incision  d'une  ci'oix,  a  été  placé  sur  ladite 
pierre. 

Puis,  en  descendant  vers  le  Bliesbach,  à  une  jetée  de  pierre,  une  croix 
est  incisée  dans  un  chêne. 

Puis,  toujours  en  aval,  à  peu  de  distance,  vis-à-vis  du  Bliesbach,  se 
lève  un  roc,  ayant  deux  croix  incisées,  et  un  chêne  se  dresse  sur  le  roc, 
un  antre  chêne  au-dessous;  chaque  arbre  est  marqué  d'une  croix, 

1.  Hugues  Hugel. 

2.  Jean  Zeis. 

3.  Pierre  Bot. 

4.  Jean  lînne. 


—    95    — 

De  plus,  en  aval  dudit  roc,  en  descendant  le  Bliesbach,  se  ironvenl  six 
chênes  marqués  de  croix  et  trois  tilleuls;  le  dernier  arbre  marqué  est  un 
grand  cliéne. 

Et  ont  assisté  à  cet  abornement,  de  la  part  de  Mgr.  de  Bussnang,  le 
sieur  ßastien  Gurtler,  avoué,  résidant  au  Bernstein;  le  très-pieux  et  sage 
Frédéric  de  Kuppenheim,  ancien  receveur  du  bailliage  de  Bernstein;  Ka- 
baltenclaus  de  Blens^vir^  Meigerclaus' de  Saint-Pierrebois,  fds  de  Meiofert- 
nütze.  Et  de  la  part  de  M""®  l'abbesse  Martin,  son  receveur  actuel,  Michel 
Rymperhn,  prévôt  de  Scherwiller;  Ulric  Apt  de  Scherwiller,  fermier  de 
l'abbesse;  Hanman  Wolfart,  adjoint  au  prévôt;  Pierre  Hanmann  Kabele, 
Schallentenge,  Jean  Metzger,  Jean  Frischinger,  Rufelmetzger,  J.  Weidelich, 
Nicolas  Wolfhart  et  Nicolas  Kuffer,  tous  de  Scherwiller.  En  foi  de  quoi,  à 
titre  d'irrécusable  et  durable  témoignage,  moi,  Jean  Rappenkopf,  stelt- 
meistre  de  Schlestadt,  ai,  sur  la  demande  des  deux  parties  susdites,  ap- 
pendu  mon  sigillé  à  cette  lettre,  transcrite  en  double  exemplaire,  et 
chaque  partie  en  a  reçu  un  à  l'effet  de  cerliorer,  eux  et  leurs  descendants, 
des  articles  y  contenus,  sans  que  toutefois  il  puisse  en  résulter  préjudice 
pour  moi  ou  mes  héritiers.  Fait  le  jour  et  an  que  dessus  avec  sigillé  en 
cire  verte  de  l'arbitre  J,  Rappenkopf\ 

Le  dernier  document  réintégré  consiste  en  un  acte  latin  passé  devant 
l'officialité  de  Strasbourg,  le  14  des  kalendes  de  décembre  1491  (13  no- 
vembre). Dans  ce  texte,  Kunlin  Kunz  Amann,  de  Dambach,  reconnaît  avoir 
acquis,  des  mains  de  Henri,  comte  de  Werdenberg,  chanoine  du  Grand- 
Chapitre  de  Strasbourg,  une  maison  sise  sur  le  marché  à  Dambach,  el 
devra  servir  à  l'avenir  une  rente  de  1  liv.  15  sch.,  affectée  à  cette  maison. 
De  cette  somme,  1  livre  de  rente  est  due  au  château  de  Bernstein,  15  schel- 
lings  sont  dus  à  la  chapelle  de  Sainte-Marguerite  dans  le  château. 

Je  termine  en  émettant  le  vœu  que  les  détenteurs  de  bonne  foi  de 
litres  enlevés  lors  de  la  Révolution,  soit  aux  archives  de  l'évêché,  soit  à 
celles  des  diverses  abbayes  et  communautés  religieuses  d'Alsace,  veuillent 
bien  imiter  l'exemple  de  M.  de  Dartein  et  compléter  nos  collections  dé- 
pareillées. 

Louis  Spach, 

Archiviste,  (in  Uus-nitin. 

1.  JNicolas  Kabalt,  demeurant  à  Blieaschwiller. 

2.  Nicolas  Meiger. 

3.  Le  nom  dn  stetlmeMre.  est  tantôt  écrit  Uappenliapph ,  tantôt  Rappenkopph. 


UNE  MAISON  A  STRASBOURG 


AVEC    CINQ    ANNEXES 


L'historien  ou  le  chroniqueur  spécial  d'une  ville  devrait ,  si  c'était  pos- 
sible, descendre  aux  éléments  primitifs  de  son  récit ,  en  faisant  la  descrip- 
tion et  en  donnant  les  mutations  successives  non-seulement  des  grands 
édifices,  des  monuments  publics,  mais  des  principales  demeures  particu- 
lières, des  maisons  nobiliaires  ou  bourgeoises,  qui  posséderaient  dans 
leurs  archives  une  série  de  titres  de  propriété.  —  On  comprendra  de  suite 
dans  quel  but  j'émets  cette  idée  qui,  au  surplus,  a  été  exécutée  en  partie 
dans  le  Strasbourg  'pittoresque  de  M.  Piton.  Je  sais  parfaitement  que  l'exé- 
cution littérale  du  programme  que  j'indique  n'est  point  réalisable.  On 
tomberait  dans  des  détails  infinis,  inadmissibles  même  dans  une  mono- 
graphie ;  il  s'agit  de  se  mettre  en  garde  contre  ce  fractionnement  infini- 
tésimal ,  vers  lequel  sont  entraînés  les  travailleurs  dans  le  champ  limité 
des  chroniques  spéciales.  Mais  ce  qui  est  possible,  je  vais  essayer  de  le 
faire,  en  mettant  en  relief  les  titres  d'une  seule  et  même  maison,  à  la- 
quelle aucun  souvenir  historique  majeur  n'est  attaché.  Je  vais  essayer  de 
montrer  comment  de  simples  actes  de  vente  ou  de  mutation  de  propriété 
peuvent,  à  raison  de  quelques  circonstances  accessoires,  de  quelques 
noms  propres,  de  quelques  détails  de  construction,  ouvrir  une  perspec- 
tive sur  les  habitudes,  les  mœurs  des  citoyens  qui  s'abritaient  dans  ces 
murs,  ou  confirmer  par  le  témoignage  écrit,  les  traditions  orales  que  les 
grands-pères  transmettent  quelquefois  à  leurs  enfants. 

Ce  n'est  point  au  hasard  que  j'ai  abandonné  le  choix  de  l'immeuble  ou 
de  la  maison  dont  je  vais  mettre  en  relief  les  métamorphoses  successives. 
11  y  a  plus  d'un  quart  de  siècle  déjà,  M.  Edouard  de  Billy,  alors  ingénieur 
en  chef  des  mines,  en  résidence  à  Strasbourg,  me  fit  voir  toute  une  série 
de  titres  de  propriété,  concernant  une  demeure  patrimoniale  qui  venait 
de  lui  échoir  en  partage.  J'en  fus  frappé,  et  je  me  dis  que,  si  les  princi- 
paux immeubles  d'une  cité  se  trouvaient  tous  nantis  d'une  suite  de  par- 


—     97     — 

chemins  ou  de  papiers  de  cette  nature,  et  si  chaque  propriétaire  s'appli- 
quait à  les  copier  et  à  les  analyser,  ne  serait-ce  que  pour  son  usage 
particulier,  on  aboutirait  à  des  résultats  peut-être  inespérés,  à  des  induc- 
tions imprévues.  Mais  qui  donc  aurait  la  patience  ou  les  loisirs  pour  se 
livrer  à  de  semblables  études  atomistiques?  Le  chimiste  peut  s'y  appliquer 
dans  un  but  pratique;  l'historien,  incessamment  attiré  par  le  spectacle 
des  grandes  catastrophes  et  par  le  jeu  des  passions  humaines,  se  fourvoi- 
rait  ou  se  perdrait  dans  cet  éparpillement  de  sa  force  d'application. 

M.  de  Billy,  dans  le  cours  de  sa  carrière  officielle,  quitta  Strasbourg; 
je  perdis  de  vue  les  archives  privées  qu'il  avait  un  instant  fait  passer  sous 
mes  yeux.  Il  y  a  quelques  mois  il  vint  à  m'en  reparler,  et  je  repris  un  plan 
depuis  si  longtemps  abandonné  et  oublié. 

Il  s'agit  de  la  maison  qui  porte  maintenant  le  n*'  3  sur  le  quai  Saint- 
Thomas.  Elle  se  distingue  de  ses  deux  voisines  de  droite  et  de  gauche  par 
deux  avances  (Erker),  qui  montent  jusqu'à  la  hauteur  du  second  étage  et 
encadrent  au  premier  un  balcon  oblong,  tandis  qu'au  second  elles  servent 
chacune  de  support  ou  de  console  à  un  balconet.  Cette  particularité  donne 
un  caractère  un  peu  monumental  à  l'immeuble  en  question.  Ce  n'est  point 
un  palais  de  Florence;  mais  ce  n'est  pas  non  plus  une  simple  caserne  con- 
temporaine ,  où  viennent  s'entasser,  derrière  une  façade  monotone,  une 
douzaine  de  familles. 

De  plus,  cet  immeuble  exceptionnel  à  Strasbourg  ne  tient  pas  seule- 
ment au  quai;  il  se  prolonge  intérieurement  jusqu'à  la  rue  de  l'Ail,  der- 
rière l'église  de  Saint-Thomas.  Cet  espace  oblong,  assez  considérable,  est 
rempli  par  deux  cours  un  peu  sombres,  coupées  par  un  corps  de  logis 
transversal  et  terminées  par  un  troisième  corps  de  logis  ouvrant  sur  ladite 
rue.  Et,  circonstance  particulière,  à  la  gauche  de  ce  troisième  corps  de 
logis,  une  porte  à  plein-cintre  donne  accès  dans  une  cave,  qui  n'est  point 
creusée  sous  l'immeuble  même  dont  elle  fait  partie,  mais  se  trouve  éta- 
blie sous  l'immeuble  du  voisin.  Cette  maison  voisine,  de  la  rue  de  l'Ail, 
de  chétive  apparence ,  offre  aussi  une  circonstance  particulière:  elle  a  trois 
copropriétaires;  la  cave  est,  comme  nous  venons  de  le  voir,  du  domaine 
direct  de  M.  de  Billy,  propriétaire  du  n°  3  du  quai  Saint-Thomas;  la  porte 
cochère  appartient  au  propriétaire  du  n°  2  du  quai  Saint-Thomas;  enfin, 
l'unique  étage  qui  se  trouve  au-dessus  de  celte  porte  et  le  rez-de-chaussée 
sont  entre  les  mains  d'un  troisième  propriétaire.  C'est  un  système  de  com- 
munisme légal.  On  pourrait  aussi  comparer  cet  état  de  choses  à  celui  qui 
faisait  de  certains  de  nos  châteaux  du  moyen  âge  la  copropriété  de  plu- 
sieurs châtelains. 


—    08    — 

En  face  du  Iroisièmp.  corps  i]e  bâliments  soudé  au  n°  3  du  quai,  se 
Irouve  une  masure  oblongue  à  un  seul  étage;  c'est  l'une  des  maisons 
curialos  de  l'église  de  Saint-Nicolas;  elle  porte,  dans  les  litres  de  pro- 
priété, le  nom  zur  Winierture. 

Retournons  au  corps  de  logis  principal,  à  la  façade  du  quai.  La  vue 
dont  on  jouit  de  ces  appartements,  est  fort  étendue;  elle  embrasse  deux 
ponts  (celui  de  l'Esprit  et  celui  de  Saint-Thomas)  ;  deux  églises  (Saint- 
Nicolas  et  Saint-Louis);  une  longue  enfilade  de  quais;  elle  plonge,  au  delà 
de  la  rivière,  dans  la  rue  de  l'Écarlate  et  sur  l'hôtel  du  Gouvernement, 
où  Louis  XIV  vint  loger  en  octobre  1681;  du  haut  du  troisième  étage,  on 
reconnaît  le  clocher  de  l'hôpital  civil  et  les  arbres  des  remparts. 

Autrefois,  dans  un  passé  qu'il  serait  peut-être  difficile  de  préciser  d'une 
manière  absolue,  un  bras  du  Rhin  se  déversait,  non  loin  d'ici,  dans  la 
rivière  d'ill,  ou  dans  la  Brusche,  comme  elle  est  appelée  dans,  les  titres  du 
n**  3.  Le  quai  Saint-Thomas  d'aujourd'hui  portait  le  nom  significatif  du 
EhineckeV...  ufm  Rineche  dans  les  titres.  Je  me  souviens  parftiitement 
que,  dans  mon  enfance,  le  quai,  formé  par  une  lisière  passablement  étroite, 
et  peu  élevée  au-dessus  du  niveau  des  eaux,  n'était  connu  que  sous  la 
dénomination  appropriée  à  l'état  des  heux  du  temps  jadis. 

Les  titres  existants  qui  concernent  celte  maison  importante  au  point  de 
vue  lopographique,  commencent  avec  le  quatorzième  siècle  et  finissent 
avec  le  dix-neuvième.  J'en  donnerai  une  analyse  succincte,  et  je  joindrai, 
à  litre  de  preuves,  cinq  documents,  l'un  emprunté  au  quatorzième,  un 
autre  au  quinzième,  deux  au  seizième  et  un  au  dix-septième  siècle. 

Le  plus  ancien,  sur  parchemin,  en  allemand,  est  de  l'an  1306;  il  est 
émis  par  Burkard  Reinboldelin,  le  stetlmeistre,  et  le  Sénat  ou  Conseil  de 
Strasbourg;  il  constate  qu'Agnès,  fille  de  Gozzo  de  Geispolsheim,  et  veuve 
de  Walther  de  Pfettisheim ,  citoyenne  de  Strasbourg,  a  vendu  à  Jean 
Klobeloch,  gendre  de  Pierre  de  Schonneck,  les  deux  tiers  d'une  maison 
avec  cour  et  dépendances,  sise  dans  la  Speltergasse ,  aboutissant  d'une 
part  à  la  maison  Wenser,  d'autre  part  à  celle  du  même  Jean  Klobeloch  ; 
et  ce,  au  prix  de  31  marcs  d'argent,  valeur  de  Strasbourg.  La  venderesse 
garantit  l'acheteur  contre  toute  éventualité;  elle  énumère  les  citoyens  qui 
se  portent  cautions;  ce  sont  :  messire  liesse  Gope  ,  Hugues  le  chevalier, 
fils  du  prévôt  de  Butenheim;  Burkard  Gope,  frère  du  susdit  liesse. 

1.  Au  coin  du  Rhin. 

L'oriftine  du  mot  Rhineckel  n'était,  au  surplus,  pas  due  seulement  au  voisinage  du  Rhin, 
niais  à  nu  angle  rentrant  (Kein  formé  par  la  maison  voisine,  en  amoiit  de  la  maison  de 
Rillv. 


—    99    — 

Suivent,  après  l'indicalion  de  la  dale  déjà  mentionnée,  les  noms  de 
quatre  stettmeistres  :  Burkard  Reinboldelin,  Conrad  Rylin,  Jean  Stuben- 
weg,  Sigfrid  de  Fegersheim  ;  puis  les  témoins  : 

Sigismond  Hetzel,  Henri  de  Wolfgangesheim,  Jean  Schilt,  Pierre  de 
Schonnecke,  Götze  de  Grostein,  Albert  Ruolenderlin,  Reinbolt  de  Lieben- 
zeller,  Nicolas  de  Reimuntheim,  Hetzel  Marx,  Jean  le  jeune,  Nicolas  Ott- 
friedrich,  Nicolas  de  Kageneck,  Guillaume  Nape,  Burkard  Pfiler,  Burkard 
Pamphilin,  Hugues  Richter,  chevalier,  Eberhard  Sickc,  Jean  de  Winter- 
thur,  à  l'enseigne  de  l'Ange,  Jean  Lenzelin  et  Conrad  Broger,  le  conseil- 
ler; avec  sigillé  en  cire  verte  de  la  ville  (la  sainte  Vierge  sous  baldaquin). 

On  a  pu  relever,  dans  cette  longue  liste,  quelques  noms  historiques, 
par  exemple  celui  de  Liebenzeller,  descendant  (peut-être  fils  ou  petit-fils) 
de  celui  qui  joue  un  rôle  dans  la  bataille  de  Hausbergen.  On  remarquera 
de  même  que  la  rue  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  rue  de  l'Ail,  mais 
qui  devrait  s'appeler  rue  Klobeloch,  était,  au  commencement  du  quator- 
zième siècle,  la  Spettergasse  (rue  aux  Haillons?);  et  vers  1439,  la  Knoh- 
lochsgasse. 

En  1439,  la  même  maison  passe  des  mains  de  Catherine  Kelca,  veuve 
de  Jean  Betcholt,  et  des  mains  de  Valentin  Betcholt,  à  Jacques  Hapmacher 
et  à  sa  femme  Hedwige.  Les  voisins,  du  côté  de  l'eau,  sont  d'une  part  les 
héritiers  du  sire  de  Heiligenstein  et  ceux  d'Antoine  Voltz  ;  dans  la  rue  de 
l'Ail,  les  héritiers  du  même  sire  de  Heiligenstein  et  ceux  de  Wallher  de 
Müllenheim. 

A  la  date  des  28  et  30  septembre  1469,  trente  ans  après  l'acquisition  de 
la  maison  par  Hapmacher,  nous  sommes  devant  l'Ofificialité  de  Strasbourg. 
L'immeuble  en  queslion  passe  de  Jacques  Hapmacher  et  de  sa  femme  Mar- 
guerite Voltz  entre  les  mains  de  Frantz  Hagen  et  de  sa  femme  Odile,  fille 
légitime  de  Jean  Berlin.  Voici  la  description  de  l'immeuble  vendu  : 

Une  cour  avec  deux  maisons,  l'une  de  devant,  l'autre  postérieure,  avec 
une  écurie  latérale,  et  la  maison  au-dessus  de  cette  écurie,  sise  im  Win- 
teriitre,  et  avec  leurs  dépendances  quelconques,  et  tous  les  droits  y  atta- 
chés, le  tout  situé  dans  la  ville  de  Strasbourg,  uff  Bynecke,  tenant  d'une 
part  à  Jean  de  Rosheim,  d'autre  part  à  Jean  Winterture,  chevalier  stras- 
bourgeois,  et  par  derrière  tenant  d'une  part  à  Philippe  de  Müllenheim, 
chevalier,  et  d'autre  part  à  Jean  Meerswin. 

Sont  ensuite  énumérées  les  charges  dont  est  grevée  la  maison  :  elle 
doit  d'abord  6  livres  de  rente  annuelle,  rachelables  à  120  livres,  aux 
vicaires  du  Grand-Chœur  de  la  cathédrale;  5  florins  de  rente  rachetables 
à  100  florins,  à  Agallie  Flapmacher,  veuve  de  fou  Bechtold,  Wcchlelin,  ii 


—    100    — 

Oiïenbourg ;  2  livres  de  rente,  rachetables  avec  40  livres,  à  Nicolas 
Kuysebosz,  chaudronnier,  bourgeois  de  Strasbourg;  une  rente  viagère 
de  10  florins  à  Jean  Immeler  et  Dorothée,  sa  femme. 

Le  prix  de  la  vente  totale  est  de  125  florins  d'or  2  sous  6  deniers. 

Suivent  les  longues  et  minutieuses  formules  dont  l'acheteur  exigeait 
que  le  vendeur  se  portât  fort  devant  l'Oflîcialité,  et  celles  de  la  renon- 
ciation au  recours  en  droit  qui  pouvait  compéter  à  la  femme  du  vendeur. 

En  moins  d'un  demi-siècle  la  maison  va  de  nouveau  subir  une  muta- 
tion ;  nous  tenons  en  main  un  autre  acte  passé  en  1517  devant  l'Oflîcialité, 
et  constatant  que  Philippe  Hagen  vend  à  son  frère  Frantzon  Hagen  deux 
parties  possédées  par  indivis  de  la  maison  sise  uff  Rynecke.  Il  est  dit  ex- 
pressément dans  l'acte  que  le  tiers  de  ladite  maison  appartenait  déjà  par 
indivis  à  l'acheteur. 

Cette  cession  entre  frères  a  lieu  à  raison  de  533  florins.  Le  vendeur 
garantit  libres  de  toute  charge  féodale  les  deux  tiers  vendus.  Une  tierce 
personne  intervient  dans  l'acte;  c'est  Philippe  Bœckel,  curateur  d'une  fille 
mineure  de  Philippe  Hagen  et  de  sa  première  femme  feu  Julienne  Gryflîn; 
il  s'engage,  au  nom  de  sa  pupille,  à  ne  point  attaquer  la  vente.  Le  ven- 
deur se  réserve  le  droit  de  réméré  pour  lui-même  ou  ses  héritiers  mâles. 

Une  autre  condition  reste  imposée  à  l'acheteur.  Dans  le  cas  où  Marx, 
fils  de  Philippe  Hagen,  fréquenterait  un  jour  l'Université  ou  entrerait 
quelque  part  en  apprentissage,  l'acheteur  ou  ses  héritiers  auraient  à  lui 
payer,  en  deux  annuités,  la  somme  de  50  florins,  à  titre  de  don  gracieux. 
Suivent  les  formules  notariées. 

Dans  la  même  année  (1517)  Frantzon  Hagen  constitue  à  son  frère  Phi- 
lippe une  rente  de  8  florins  sur  ce  double  immeuble,  et  en  1521  le  cha- 
pitre de  Saint-Michel  et  de  Saint-Pierre-le-Vieux  déclare  que  Frantzon 
Hagen  a  racheté  cette  rente. 

Nous  touchons  maintenant  à  un  acte  important;  c'est  un  arbitrage, 
prononcé  dans  une  affaire  de  mur  mitoyen,  à  la  date  du  9  avril  1541, 
par  Bernard  de  Heydelberg,  architecte  de  l'œuvre  Notre-Dame,  et  par 
quatre  architectes  jurés  de  la  ville  de  Strasbourg ,  savoir  :  Bastien  d'El- 
mendingen*,  Jean  Spiegel,  Nicolas  d'Andlau  et  Conrad  de  Schweinfurt. 

Un  litige  s'était  élevé  entre  Hildebrand  de  Müllenheim,  altstettmeistre 
de  Strasbourg,  et  Diebold  Arge,  tuteur  de  Marc  Hagen,  fils  de  feu  Phi- 
lippe Hagen. 

Les  deux  parties  avaient  reconnu  que  le  mur  entre  les  deux  propriétés 

1.  Probablement  Emmendingen,  localité  du  grand-chicliè  actuel  de  Bade. 


—     101     — 

menaçait  ruine;  qu'il  penchait  du  côté  de  la  cour  de  Müllenheim,  mais 
que  la  chute  pourrait  être  prévenue  par  une  démolition  pratiquée  à  une 
certaine  hauteur.  C'est  pour  déterminer  l'opération  à  faire  que  l'on  a  voulu 
recueillir  l'avis  des  hommes  de  l'art.  En  même  temps  on  a  voulu  les  con- 
sulter sur  la  propriété  des  deux  pignons  de  la  maison  de  devant,  et  de  celle 
du  milieu,  pignons  contre  lesquels  s'appuyait  le  mur  mitoyen. 

Celte  propriété  est-elle  indivise,  ou  revient-elle  exclusivement  à  l'une 
des  deux  parties?  Les  architectes  ont  fait  une  descente  sur  les  lieux,  et 
après  avoir  recueilli  de  la  part  des  parties  intéressées  l'assurance  (mit 
hand  und  halmen  wie  sitte  ist^)  qu'ils  accepteront  le  jugement  arbitral,  ils 
ont  procédé  à  une  enquête  et  prononcé  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Vu  que  le  mur  en  litige  qui  sépare  les  cours  des  deux  parties  a  été , 
selon  toute  apparence,  autrefois  beaucoup  moins  élevé  (à  peu  près  de  l'é- 
lévation d'une  clôture  de  jardin),  mais  exhaussé  par  la  suite;  que  les  fon- 
dements primitifs  ne  peuvent  supporter  cette  surcharge;  que  le  mur,  en 
conséquence,  menace  ruine  à  tout  instant;  qu'il  n'y  a  de  fenêtres  feintes 
(Blindfenster)  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre;  considérant  toutes  ces  circon- 
stances, la  copropriété  du  mur  demeure  reconnue;  il  devra  être  déraoH 
jusqu'aux  fondements  et  reconstruit  à  frais  communs  à  une  hauteur,  épais- 
seur et  solidité  telles  que  les  deux  voisins  en  tomberont  d'accord.» 

Les  arbitres  ne  se  bornent  pas  à  ce  premier  énoncé.  Une  fontaine  à 
usage  commun  est  encastrée  dans  le  mur  mitoyen;  or,  l'orifice  de  ladite 
fontaine  (der  Brmmenboltz)  se  trouvant  du  côté  de  Hagen ,  ce  dernier 
sera  tenu  de  la  mettre  en  état  de  servir  aux  deux  parties. 

«Si,  par  la  suite,  l'une  des  deux  parties  voulait  appuyer  des  constructions 
contre  ledit  mur,  cela  se  pourra,  en  se  conformant  toutefois  aux  articles 
de  l'arbitrage,  et  de  manière  à  ne  point  charger  le  mur. 

«Quant  aux  pignons  de  devant  et  du  milieu,  l'expertise  et  l'état  des  lieux 
(les  fenêtres  feintes  pratiquées  des  deux  côtés)  ont  prouvé  qu'ils  étaient 
par  indivis  et  devaient  être  entretenus  à  frais  communs.  » 

Les  sigillés  des  arbitres  sont  appendus  à  l'acte. 

En  moins  de  quinze  ans  l'immeuble  a  passé  en  d'autres  mains;  car  en 
1554.  Hildebrand  de  Müllenheim  et  sa  femme  vendent  à  Louis  Voltz  d'Al- 
tenau  une  cave  (c'est  celle  dont  il  a  été  question  dans  l'introduction),  avec 
ses  dépendances,  située  sous  la  maison  qui  appartient  à  Jean  Schmalz,  et 
sous  le  corridor  qui  conduit  de  la  rue  de  l'Ail  dans  la  maison  du  vendeur. 

En  1577,  l'immeuble  a  passé  aux  Bœckhn  de  Bœcklinsau,  comme  le 
prouvent  une  constitution  de  rente  et  un  nouveau  litige,  élevé  en  1585. 

1.  l'ai  la  inain  douuùc,  et  la  tranöiuission  d'un  tuyau  de  paille. 


—    102    — 

En  celte  année,  Nicolas-Hugues  Kniebis,  de  la  Cliambi'e  des  XIII,  cura- 
leur  de  Jacobée  Knobloch,  et  Jean-Conrad  Bœcklin  de  Bœcklinsau,  de  la 
Cbambre  des  XV,  se  présentent  devant  le  Sénat  de  Strasbourg,  pour  ob- 
tenir un  jugement.  Kniebis  soutenait  que  le  pignon  appartenait  à  la  maison 
Knobloch  ;  que  le  sieur  Bœcklin,  en  dépit  des  preuves  établissant  les  droits 
de  cette  dernière,  avait  regardé  ledit  pignon  comme  propriété  commune, 
et  y  avait  introduit  des  constructions;  le  plaignant  demandait  le  rétablis- 
sement de  l'ancien  état  de  choses. 

Il  soutenait  de  plus  que  depuis  des  années  les  eaux  de  la  gouttière  de 
la  maison  Knobloch  tombaient  librement  dans  la  cour  de  Bœcklin;  que  ce 
dernier  avait  essayé  de  mettre  obstacle  à  ce  stillicide  par  une  construction 
en  voie  d'être  exécutée.  Le  demandeur  réclamait  contre  ces  tentatives. 

De  son  côté,  Bœcklin  soutenait  que  le  pignon  n'était  nullement  pro- 
piiété  exclusive  de  la  maison  Knobloch;  qu'une  expertise  démontrerait  ce 
dire;  qu'une  fenêtre  feinte  existait  d'ailleurs  du  côté  de  sa  maison;  qu'il 
s'était,  par  conséquent,  cru  en  droit  de  construire,  pourvu  que  le  mur 
ne  fût  point  détérioré  ou  affaibli. 

Uuant  au  stillicide ,  Bœcklin  disait  que  les  eaux  de  la  gouttière  conti- 
nueraient à  tomber  sur  la  construction,  entreprise  par  lui  trois  années 
auparavant;  que  le  demandeur  devait  donc  être  renvoyé  de  la  plainte. 

Après  avoir  entendu  la  commission  d'expertise  nommée  à  cet  effet,  le 
Sénat  de  la  ville  de  Strasbourg  décide  ce  qui  suit  : 

1°  Dans  le  litige  élevé  entre  Jacobée  Knobloch,  épouse  de  Jean  Stemm- 
1er,  et  le  sieur  Bœcklin  de  Bœcklinsau,  au  sujet  de  la  propriété  du  pignon, 
les  constructions  élevées  par  Bœcklin  seront  maintenues,  vu  que  ledit 
pignon  n'appartient  pas  exclusivement  à  la  maison  Knobloch; 

2°  Dans  le  litige  relatif  au  droit  du  stillicide,  les  eaux  de  la  gouttière 
devront,  comme  par  le  passé,  tomber  dans  la  propriété  de  Bœcklin,  et 
ce  dernier  sera  tenu  de  la  faire  écouler  par  un  conduit  spécial  dans  la  rue. 

A  peine  deux  années  se  sont-elles  écoulées,  et  l'on  a  recours  à  un  nou- 
veau jugement  du  Sénat,  au  sujet  des  gouttières  et  de  quelques  autres 
points  litigieux.  Cette  fois  la  discussion  a  lieu  entre  Bœcklin  de  Bœck- 
linsau et  son  voisin  J.  Schmalz.  Ce  dernier  se  plaignait  d'une  nouvelle 
construction  élevée  par  le  sieur  Bœcklin.  Le  Sénat  décide  que  celte  con- 
struction serait  abaissée  de  quelques  pouces;  que  Bœcklin  établirait  à  ses 
frais  et- sur  son  terrain  ,  de  manière  à  garantir  la  propriété  Schmalz,  un 
canal  particulier  pour  l'eau  d'une  double  gouttière,  savoir ,  celle  qui  tom- 
bait du  haut  de  la  nouvelle  construction,  et  celle  du  toit,  plus  élevé,  de  la 
maison  Knobloch. 


—    103    — 

Ouaiil  à  la  porte  d'une  cave,  et  quant  à  trois  abat-jours  que  Boickliii 
avait  ouverts  dans  le  pignon  entre  les  deux  maisons,  le  tout  restera  dans 
l'état  actuel,  sans  préjudice  des  anciens  droits  des  deux  propriétaires 
conligus. 

(juant  à  trois  grosses  pierres  posées  par  le  sieur  Bœcklin  dans  le  canal 
d'écoulement  pratiqué  au-dessus  du  mur  mitoyen,  elles  seront  placées  de 
manière  à  ne  pas  causer  de  dommage  à  Schmalz  ;  ce  dernier  pourra  y 
laisser  tomber  les  eaux  de  sa  gouttière,  en  l'entretenant  à  ses  frais. 

Nous  touchons  au  dix-septième  siècle.  En  1605,  Bœcklin  de  Bœcklinsau 
vend  à  Sigismond  Flach  la  cave  située  dans  la  rue  de  l'Ail,  au-dessous  de 
la  maison  Flach,  tenant  d'un  côté  à  la  cour  postérieure  du  vendeur,  de 
l'autre  à  la  maison  de  l'acheteur;  par  derrière  à  la  cour  du  sieur  de  Mül- 
lenheim, par  devant  à  la  rue  de  l'Ail;  mais  comme  l'entrée  de  la  cave  se 
trouvait  jusqu'alors  dans  la  cour  postérieure  du  vendeur,  on  décide  que 
celle  porte  serait  murée ,  et  qu'on  établirait  en  son  lieu  et  place  un  abat- 
jour  de  la  grandeur  des  trois  autres  déjà  existants;  enfin  que  ces  quatre 
abat-jours  ne  pourraient  être  murés  ni  par  le  vendeur  ni  par  ses  héritiers. 

En  1611,  Louis  Bœcklin  de  Bœ-cklinsau  se  défait  de  la  propriété  qui  a 
valu  à  sa  famille  plusieurs  contestations;  il  la  vend  à  Sigismond  Flach. 
Dans  l'acte  de  vente,  les  tenants  de  cet  immeuble,  sis  en  amont  du  pont 
Saint-Nicolas,  sur  le  nRheinecke))  sont  relatés  comme  d'habitude;  c'est  d'un 
côté  (sur  le  quai)  la  maison  de  Bernard-Frédéric  de  Müllenheim;  de  l'autre 
celle  des  héritiers  de  Frédéric  de  Müllenheim.  Dans  la  rue  de  l'Ail,  c'est 
d'un  côté  la  maison  de  Slœmmler,  de  l'autre  celle  de  l'acquéreur  Flach. 

L'un  des  actes  les  plus  importants  de  celte  série  de  titres  est  celui  du 
13  février  1617,  passé  devant  Nicolas-Jacques  Wormser,  slettmeistre,  et 
devant  le  Sénat  de  la  ville  libre  de  Strasbourg.  En  ce  jour,  ont  comparu  : 
François-Rodolphe  Ingoldt,  de  la  Chambre  des  Xlll,  en  qualité  de  tuteur 
de  Paul-Sigismond,  Marie  et  Anne-Ursule,  enfants  de  feu  Sigismond  Blach, 
et  de  sa  première  femme,  Maiie  Hochfelder; 

Jacques  Schilling,  de  la  Chambre  des  XXI,  tuteur  de  Jean-George  et 
Antoine,  enfants  issus  du  second  mariage  de  feu  Sigismond  Flach,  avec 
dame  Marguerite  Fettich; 

George  Fettich,  père  de  la  veuve  Marguerite  Flach,  et  curateur  de  ladite 
veuve,  héritière  pour  un  septième,  en  lieu  et  place  de  son  fils  Jean-Fré- 
déric, décédé; 

Lesquels  ont  affirmé,  en  présence  de  Daniel  Ringler  et  de  Christophe 
Staedel,  allammeislre,  avoir  vendu,  au  profit  et  dans  l'intérêt  de  leurs  pu- 
pilles, audit  Daniel  Ringler,  les  deux  maisons  de  devant  et  de  derrière. 


—     lOi     — 

l'une  sise  siu'  le  (juai  en  deçà  de  la  Brusclie,  sur  le  Kheineck,  en  face  de 
ladite  rivière,  d'un  côté  louchant  aux  héritiers  de  feu  Bernard-Frédéric 
de  Muhlheym  (sic),  et  de  l'autre  aux  héritiers  de  feu  Frédéric  de  Müllen- 
heim; avec  la  demeure  du  fond,  donnant  sur  la  rue  de  l'Ail,  louchant 
d'un  côté  aux  héritiers  Stsemler  {sic),  et  de  l'autre  à  la  maison  de  Jean 
Heller. 

Suit  rénumération  de  certains  droits  de  la  cuve  à  lessive  (Bauchkessel), 
d'une  broche  tournante ,  d'un  dressoir  dans  la  chambre  d'habitation  com- 
mune du  rez-de-chaussée,  et  de  tous  les  tonneaux  dans  la  cave  sous  la 
maison  de  J.  Heller. 

Le  prix  de  la  vente  est  de  o,000  livres  pfenning,  payables  à  la  Saint- 
Jean.  Le  reste  du  contrat  est  rempli  par  les  formules  de  droit. 

Cent  vingt  ans  plus  lard  (1737)  l'immeuble  sort  des  mains  de  la  famille 
Spielmann,  à  laquelle  il  appartenait  alors,  pour  entrer  dans  celles  du  sieur 
Weitz.  Ici  la  description  de  l'immeuble  constate  l'existence  d'un  triple  corps 
de  bâtiments,  l'un  du  devant,  l'autre  du  miheu,  un  troisième  au  fond;  de 
plus  celle  d'une  écurie,  de  deux  cours  et  de  quelques  dépendances.  Sur 
le  devant,  en  face  de  la  Brusche,  l'immeuble  tient  d'un  côté  à  la  maison  de 
feu  M.  Bernard,  de  l'autre  à  celle  du  sieur  Sauer;  dans  la  rue  de  l'Ail,  elle 
tient,  d'un  côté,  en  partie  aux  mêmes  voisins  que  dessus,  en  partie  à  la 
maison  Bernouilli;  de  l'autre  côté  à  la  maison  Riechel;  est  désignée  en 
dernier  lieu  une  porte  cochère  donnant  dans  ladite  rue. 

Dans  la  même  année  (1737)  le  nouveau  propriétaire  obtient  une  con- 
cession pour  l'établissement  de  deux  avances  (Erker),  sur  la  façade  prin- 
cipale de  la  maison,  et,  en  1738,  la  permission  d'établir  le  balcon  entre 
les  deux  Erker  ou  avances'. 

En  1771,  la  maison  est  vendue  par  les  créanciers  de  la  faillite  Weitz  et 
Stijedel  au  sieur  Jean-Daniel  Saum.  L'acquéreur  a  pour  voisins,  sur  le 
devant,  le  sieur  Debayer,  banquier,  et  le  sieur  Bernard,  banquier;  dans 
la  rue  de  l'Ail,  le  sieur  Fettig,  courtier,  et  le  sieur  Robert,  négociant.  En 
1807,  l'immeuble  passe  au  sieur  Jacques  Saum,  fils  de  Jean-Daniel;  en 
1824,  à  M'"®  veuve  de  Billy,  née  Saum;  enlin,  en  1842,  par  cession,  à 
M.  Edouard  de  Billy. 

L.  Spacii. 

1.  Le  sieur  Weitz,  après  avoir  acquis  l'inuiieublc  eu  1737,  l'avait  reconstruit  de  fond 
en  comble,  du  quai  jusqu'à  la  rue  de  l'Ail. 


105    — 


ANNEXES 


Annexe  n"  i. 


(Samedi  après  Sainte-Marguerite  130G. 


Wir  Burckarl  Reinboldelin  der  Meister 
und  der  Rat  von  Strazburg  tunt  kunt 
allen  den  die  disen  Brief  gesetient  oder 
geliorent  lesen,  das  vro  Agnes  herrn  hessen 
seligen  Tohter  des  Gopen  von  Geisbolz- 
heim Walthers  seligen  Wittwe  von  Pfet- 
tensheim  unser  Bürgerin  het  gegeben  ze 
kofenne  Johannese  Klobeloch herrn  Peters 
Tohtermann  von  Schonnecke  die  zweiteil 
eines  huses  und  hovestete  mit  allem 
Rehte  die  gelegen  ist  in  Spettergassen 
gegen  deme  Klobeloch  über,  einsit  nebent 
dem  Wenser  und  andernt  sit  het  der  selbe 
Johans  ein  hus,  umbe  eins  und  drizi^ 
marke  silbers  luters  und  Icetiges  des  ge- 
weges  von  Strazburg  mit  allem  rehte 
als  die  hovestat  daher  gelegen  ist.  Des  Sil- 
bers ist  die  vorgenante  vro  Agnes  von  Jo- 
hanse  gar  und  ganz  gewert  und  het  ouch 
gelopt  und  ist  des  schuldig  worden  der 
zweier  Teil  huses  und  hovestette  als  da 
vor  bescheiden  ist,  Reht  were  ze  sinde 
gegen  menlichen  als  reht  ist,  und  het  ime 
ouch  vor  uns  uf  gegeben  alles  das  reht 
das  sie  bette  em  den  vorgenannten  Zwein- 
teiln  huses  und  hovestette  und  sich  ver- 
zigen  alles  des  Rehtes  es  si  geistlich  oder 
weltlich  da  mitte  sie  mochte  komen  wi- 
der disen  Kouf  und  diesen  brief,  want 
danne  hesse,  heiige,  Ellekint,  Ennelinund 
Agnes ir  Kinder  noch  under  Iren  Jaren  sint, 
da  von  so  sint  her  hesse  Gope,  her  hug  des 


schultheiszen  sun  von  buotenheim  Ritter 
und  Burekart  Cope,  herrn  hessen  des  vor- 
genanntenBruderunverscheidenlich  schul- 
dig worden  daz  sie  schaffen  soient  wenne 
die  kint  ze  Iren  Tagen  kumerit  daz  si 
disen  kouf  stete  habent  und  sichverzihent 
alles  des  rehtes  das  sie  hettent  an  den 
vorgenanten  zweinteiln  huses  und  hove- 
stette. Das  dis  war  und  stete  si  dar  umbe 
ist  unserer  stelle  Ingesigel  gehenket  an 
disen  brief.  der  wart  gegeben  an  dem  sa- 
mestage  nach  sant  margarelen  tage  de 
man  von  gotz  geburte  zalte  drizehen 
hundert  jar  und  sehs  jar.  Her  an  warent 
wir  Burekart  Reinboldelin,  her  Conrat  Ri- 
plin,  her  Johannes  Stubenweg,  her  syfrid 
von  vegersheim,  Die  vier  meistere,  her 
Symunt  Hetzel,  her  Heinrich  von  Wolf- 
gangesheim, her  Johannes  Schilt ,  her 
Peter  von  Schonnecke ,  her  Götze  von 
Grostein,her  Albreht  Ruolenderlin,  her 
Reinbolt  der  Liebenzeller,  her  Nyclawes 
von  Rimuntheim,  her  hetzel  Marckes,  her 
Johannes  der  Junge,  her  Nyclawes  Otte- 
friderich,  her  Nyclawes  von  kagenecke, 
her  Willehelm  Nape,  her  Burckarf,  der 
Pliler,  her  Burekart  Panphilin,  her  hug 
Rihter  Ritter,  Eberhart  Sicke,  Johannes 
von  Wintertur  zem  Engele,  Johannes 
Lenzelin  und  Conrad  Broger  der  Rat. 
Avec  sigillé  brisé  de  la  ville,  en  cire 
verte. 


II«  SÉRIE.  —  T.  VII  —  (M.) 


106 


Annexe  n»  2. 


(  29  août  et  30  septembre  1469.  ) 


Coram  nobis  judice  curie  Argentinensis 
constitutus  Adam  dictus  hapmacher  civis 
Argentinensis  subjiciens  se  nostrejurisdic- 
lioni  in  hac  parte.  Pro  se  et  ejus  heredibus 
universis  de  consensu  et  voluntate  Mar- 
garethe  dicte  Voltzin  ejus  uxoris  legittime 
{sic)  coram  nobis  presentibus  vendidit  et  li- 
bère resignavit  frantzoni  dicto  hagen  civi 
Argentinensi  et  Odilieejusuxori  legittime 
fllie  Johannis  dicti  Berlin.  Ipsis  et  eorum 
heredibus  Ementibus.  Curlam  cum  dua- 
bus  domibus,  anteriore  videlicet  et  pos- 
teriore und  mit  dem  nebentstalle  und 
gehuse  darüber,  an  Wlntertur  gelegen, 
earumque  areis  edificiis  attinentiis  com- 
prehensionibus  et  juribus  universis  sitis 
in  clvitale  Argentinensi  Vff  Rynecke. 

Juxta  Johannen!  de  Roszheim  ex  una  et 
ex  parte  altera  juxta  Johannem  Wintertur 
Armigeros  Argentinenses  stossent  hiinden 
an  usz,  nebent  hern  Philipps  von  Muln- 
heim  Ritter  ein  site,  und  andersite  nebent 
hanns  Merswin. 

De  quibus  quidem  Curia  domibus  sta- 
bulis  et  areis  cedunt  redditus  annui  sex  li- 
brarum  denariorum  Argentinensium  re- 
vendibiles  cum  centum  et  viginti  libris 
denariorum  Argentinensium  vicariis  chori 
ecclesie  majoris  Argentinensis  et  redditus 
annui  quinque  florenorum  Renensium  Re- 
vendibiles  cum  centum  florenis  renensibus 
Agathe  hapmacherin  Relicte  quondam 
Berchtoldi  Wehtelin  in  Otfenburg.  Ac 
redditus  annui  duarum  librarum  dena- 
riorum Argentinensium  Revendibiles  cum 
quadraginta  libris  denariorum  Argentinen- 
sium Nicolao  Kuyebosz  caldarifici  civi 
Argentinensi.  Necnon  pensio  annua  decem 
florenorum  renensium  Johanni  Ymeler  civi 
Argentinensi  et  Dorothée  ejus  uxori  legit- 
time ad  vitara  ipsorum  conjugum  amborum 
tantum  et  non  ultra,  ut  dicitur  annuatim. 


Et  omne  Jus  Venditore  predicfo  compe- 
fens  in  curia  domibus  stabulis  et  areis 
prescriptis  modum  in  quemcunque.  Se 
vendidisse  et  libère  resignasse  venditor 
supradictus,  de  consensu  et  voluntate 
Margarelhe  ejus  uxoris  prenominate  pre- 
sentibus publice  est  confessuspro  pretio 
centum  et  viginti  quinque  florenorum  re- 
nensium bonorum  et  legalium  in  auro.  ac 
duorum  solidorum  et  sex  denariorum 
argentinensium  usuaüum.  Quos  florenos 
seu  pecuniam  ipse  venditor  confessus 
fuit  se  ab  Emptoribus  supradictis  plene 
et  integraliter  récépissé,  sibique  nu- 
meratos  traditos  et  solutos  fore  ac  in 
usus  suos  totaliter  convertisse.  Consti- 
tuens,  se  et  ejus  heredes  universos  ven- 
ditor prenominatus  Warandos  et  princi- 
pales debitores  hujusmodi  venditionis  in 
modum  pretactum  fade.  Necnon  curie 
domorum  stabulorum  et  arearum  pretac- 
tarum  in  modum  supradictumvenditarum. 
Et  quod  eedem  curia  domus  et  stabula  et 
aree  non  sint  dotales  nullique  alias  ob- 
noxie  vendite  vel  aliqualiter  obligate  pre- 
terquara  superius  continetur.  Quod  ipse 
venditor  sic  esse  asseruit  per  fidem  no- 
mine  juramenti  ab  ipso  coram  nobis  cor- 
poraliter  prestitam. 

Erga  supradictos  Emptores  et  eorum 
heredes  universos.  Adversus  omnem  ho- 
minem  ut  est  juris  Transtulit  quoque  ven- 
ditor supradictus  pro  se  et  ejus  heredibus 
universis  per  calami  porreclionem  ut  mû- 
ris est  In  prefatum  frantzonera  hagen 
Emptorem  coram  nobis  presentem  et  suo 
ac  predicte  Odilie  ejus  uxoris  nomine 
Recipientem  omne  jus  possessionem  pro- 
prietatem  et  dominium  vel  quasi  que  sibi  in 
curia  domibus  stabulis  et  areis  prescriptis 
competebant  aut  competere  poterant  rao- 
doquovis.  Promittens  nihilominus  vendi- 


—     107    — 


tor  ante  ilictus  pro  se  et  ejus  heredibus 
universis  hujusraodi  venditionem  in  nio- 
dum  pretactuni  factam  Ratani  gratam 
tenere  perpetuo  atque  firniam  nec  contra 
eam  facere  vel  venire.  Dictosque  Emptores 
et  eorum  heredes  In  curia  doniibus  sta- 
bulis  et  areis  prescriptis  et  earum  posses- 
sione  numquara  iuipetere  vel  Inipedire 
Authoc  fieri  procurare  per  se  vel  per  alios 
publice  vel  occulte  quocumque  modo  in 
judicio  vel  extra  In  posterum  vel  ad  pre- 
sens.  Renunciavit  insuper  quoadpreraissa 
venditor  sepedictus  pro  se  et  ejus  heredi- 
bus universis  Exceptioni  florenorum  seu 
peccunie  pretactorum  non  numeratorum 
non  traditoruni  non  solutorum  nec  recep- 
torum  et  in  usus  suos  non  conversorura 
doli  raali  actioni  infactuni  Beneficio  resti- 
tutionis  in  Integrum  Et  quo  deceptis  ul- 
tra dimidium  justi  pretii  subvenitur.  Om- 
nique   juris    auxilio    canonici    et  civilis 


consuetudinibus  et  statutis  tani  publicis 
quam  privatis.  Exceptionibus  et  defensio- 
nibus  aliis  quibuscunique  quibus  juvari 
possent  ad  veniendum  et  faciendum  contra 
premissavelpremissorumaliquodquorum- 
que  modo  in  judicio  vel  extra  ad  presens 
vel  in  futurum.  Et  signanter  prefata  Mar- 
garetha  Yollzin  uxor  légitima  venditoris 
renunciavit  Beneficio  Senatusconsulti  Vel- 
lejani  de  hoc  per  nos  certiorata.  Fraude 
et  dolo  penitiis  exclusis.  Et  in  premisso- 
rum  testimonium  Sigillum  curie  Argenti- 
nensis  ad  peticioneni  partium  presentibus 
est  appensum.  Actum  quoad  Adam  hap- 
macher  venditorem  ac  frantzonem  hagen 
Eraptorem  supradictos  IIII  kalendas  sep- 
tembris.  Actum  autem  quoad  Margaretham 
Voltzin  uxorem  ipsius  Venditoris  similiter 
prenominatam  II  kalendas  octobris  anno 
domini  millesimo  quadringentesimo  sexa- 
gesimo  nono. 


Annexe  n»  3. 


(13  juillet  1517.  } 


Coram  nobis  Judice  curie  Argentinensis 
constitutus  validus  Philippus  Hagen  pro 
se  et  ejus  heredibus  universis  Vendidit  et 
libère  resignavit  valido  Frantzoni  Hagen 
ejus  fratri  presenti  coram  nobis  et  sibi  ac 
suis  heredibus  ementi  duas  partes  ipsum 
Philippuni  Hagen  pro  Indivise  concernen- 
tes  In  duabus  domibus  anteriore  videlicet 
et  posteriore  cum  earum  areis  et  curia 
Intermedia  edificiisque  attenentiis  compre- 
hensionibus  et  Jurib'is  suis  universis  sitis 
in  civitate  Argentinensi  iiffRynecke  Juxta 
validum  Liidovicum  de  Miilnheim  ex  una 
et  ex  parte  altera  juxta  heredes  quondam 
providi  Andrée  Ilapmacher  olim  magistri 
scabinorum  civitatis  Argentinensis  pro 
propriis  etliberis,  In  quibus  quidein  do- 
mibus areis  et  curia  residua  tertia  pars , 
antea  ad  ipsum  frantzonem  Hagen  Emp- 
torem  pro  Indiviso  spectare  dicitur  et  per- 
tinerfi  Et  omne  Jus  Venditori  predicto 


competensduabuspartibusdoraorumarea- 
rum  et  curie  prescripte  modum  in  quem- 
cunque  se  vendidisse  et  libère  resignasse 
Venditor  supradictus  presentibus  publice 
est  confessus  pro  pretio  qningentorum  et 
triginta  triiim  florenorum  renensium  bo- 
norum et  legalium  in  pondère  et  auro  quos 
florenos  ipse  venditor  confessus  fuit  se 
a  dicto  Emptore  plene  et  integraliter 
récépissé,  sibique  niimeratos  traditos  et 
solutos  fore  ac  in  usus  suos  totalitcr  con- 
vertisse. Constituens  se  et  ejus  heredes 
universos  prefatus  venditor  warandos  et 
principales  debitores  hujusmodi  vcnditio- 
nis  In  modum  pretactuni  facte  necnon 
duarum  partium  domorum  arearum  et  cu- 
rie prescriptarum  In  modum  supradictum 
venditarum.  Et  quod  eedein  due  partes 
prescriptarum  domorum  arearum  et  curie 
non  sint  féodales  nullique  alias  obnoxie  vel 
aliqualiter  obligate  sed  quod  sint  proprie 


108 


et  libère  Erga  Emptoreni  predictum  et 
ejus  lieredes  universos  Adversus  omneni 
honiinem  ut  est  juris.  Transtulit  quoque 
venditor  supradictus  pro  se  et  ejus  heredi- 
bus  universis  per  calami  porrectionem  ut 
moris  est  In  prefatuni  frantzoneni  Matten 
Emptoreni  presentem  coram  nobis  et  Re- 
cipienteni  onine  jus  possessionem  pro- 
prietatem  et  dominium  vel  quasi,  que  sibi 
in  prescriptis  duabus  partibus  prescripta- 
rum  domorum  arearum  et  curie  prenota- 
lis  competebant  aut  competere  poteranl 
modoquovis  Promittens  nibilouiinus  ven- 
ditor prenominatus  pro  se  et  ejus  heredi- 
bus  universis  hujusmodi  vendicionem  In 
raodum  prelactum  factam,  Ratam  et  gra- 
tam  perpetuo  teuere  atque  firmam,  nec 
contra  eam  facere  dicere  vel  venire  dic- 
turaque  Emptoreni  et  ejus  heredes  In 
duabus  partibus  prescriptarum  domorum 
arearum  et  curie  et  earum  possessione 
nunquam  Impeterevel  Impedire  autld  fieri 
procurare  per  se  vel  alios  publice  vel  oc- 
culte quocumque  modo  In  Judicio  vel  extra 
In  posterum  vel  ad  presens.  Ad  hec  con- 
stitutus  coram  nobis  Judice  prediclo  Va- 
lidus  vir  Pbilippus  Rœckel  curator  Otilie 
Ilagin  adhuc  minoris  fliie  prefati  Philippi 
Ilagen  ab  ipso  Philippe  Ilagen  et  quondam 
Juliana  Gryffin  priore  ejus  dum  viveret 
uxore  légitima  utdicitur  procreate,  eidem 
Otilie  Hagin,  minori,  coram  providis  et 
prudentibus  viris  magistro  et  consulatu 
civitatis  Argentinensis  In  curatorem  ut 
dicitur  datus ,  nomine  curatorio  ipsius 
Otilie  Ilagin  minoris  In  vendicionem  et 
omnia  et  singula  premissa  suos  consen- 
sum  et  voluntatem  adhibuit  atque  adhibel 
publice  per  présentes.  Ilac  vulgari  condi- 
cione  adjecta   obgenanter  Frantz  Ilagen 


der  Kouffer  oder  sine  erben  obbestimpte 
hotf  husen  und  hoffstet  yemerliarnoch  über 
kurtz  oder  lang  wollent  verkoufTen  ,  wo 
dan  benanter  Philips  Hagen  oder  sine  Er- 
ben allein  mansnamen  oder  manspersonen 
so  vil  darumb  wollen  geben  als  ein  ande- 
rer So  sollent  sie  das  fiirgcbotte  daruff 
haben,  vor  eim  andern.  Dargegen  soi 
Frantz  Hagen  oder  sine  Erben  des  genan- 
tenn  Philips  Ilagen  Sun  Marxen  ob  der  Zu 
zyten  zu  hohenschule  oder  zu  der  1ère  ge- 
schickt sin  würde,  geben  zu  einer  vere- 
rungfunfftzigguldin  In  zweyen  .laren  nach- 
einander yedes  Jars  zwantzig  und  fünff 
guldin,  alles  ungeverlichen.  Renunciavit 
insuper  quo  ad  premissa  venditor  sepe- 
dictus  pro  se  et  ejus  heredibus  universis 
Exceptioni  florenorum  pretactorum  non 
numeratorum  non  traditorum  non  soluto- 
rum  ac  in  usus  suos  non  conversorum  doli 
niali  actioni  In  factum  ,  bencficio  restitu- 
tionis  in  Integrum,  et  quo  deceptis  ultra 
dimidium  Justi  precii  subvenitur.  Omnique 
Juris  auxilio  canonici  et  civilis  consuetu- 
dinibus  et  statutis  tani  publicis  quam  pri- 
vatis  Exceptionibus  et  defensionibusaliis, 
literis  quoque  privilegiis  gratiis  et  liber- 
tatibus  Impetratis  et  Impetrandis  quibus- 
cumque  quibus  Juvari  possint  ad  venien- 
dum  seu  faciendum  contra  premissa  vel 
eorum  aliquod  publice  vel  occulte  quocum- 
que modo  In  judicio  vel  extra  ad  presens 
vel  In  futurum  Et  in  premissorum  testi- 
monium  sigillum  curie  Argentinensis  ad 
peticionem  dictarum  partium  presentibus 
est  appensum.  Actum  III  Idus  Julii,  Anno 
domini  millesimo  Quingentesimo  Decimo 
septimo. 
Avec  sigillé  de  l'officialité,  en  cire  rouge. 


109    — 


Annexe  n«  4. 

(U  avril  1541.) 


Wir  hienach  benannten  mit  nanien 
Bernhart  von  Ileydelberg  werckmeister  an 
unser  Frauwen  Münster  zu  Straszburg 
Bastian  von  Elmendingen  Hanns  Spiegel 
Claus  von  Andelowe  und  Conradt  von 
Schweynfurt ,  die  gesohwornen  Werck- 
leute  gemelter  Statt  Straszburg  thun  kundl 
mit  disem  Brieff  Das  vor  unns  erschynen 
sinndt  der  Edel  Erenveste  herr  Hyltbrandt 
von  Mülnheym  alt  Slettmeistere  eins  ,  so 
dan  der  fürsichtig  wolgeacht  herr  Diebolt 
arge,  als  geschworner  Vogt  Marx  Hagen, 
wylant  Jungiiers  Philips  Hagen  seligen 
Sune  vœgtlicher  wysze,  anndertheyls,  für- 
tragende, Demnach  sie  beydersits  durch 
tegliche  Warnemung  betrachtet  das  die 
hohe  Mure,  so  Irer  beyder  mittele  Hœffe 
unnderscheydet  ganz  und  gar  buwfellig, 
darzu  auch  teglichen  Innfalle  trauwen 
thüe.  Inn  dem  da  sie  so  gar  hynueber  uff 
gemells  herrn  stettmeisters  eigenlhumb 
hange  Und  wiewol  sie  beyde  nach  Irem 
gutt  bedunckhen  selbs  bedacht  wo  die- 
selbige  hangend  scheydmure  oben  herab 
etwas  namhafftigs  abgehebt  das  sie  nach 
sollicher  Erleuchterung  noch  ein  zeytlang 
wol ,  one  sonders  buwen ,  bliben  und 
besten  mœchte,  uff  das  dannocht  besor- 
gender schade  Infallens,  auch  allerhand 
uncosten  buwens  halben  beydersits  fur- 
komen  und  erspart  wurde,  habent  sie 
dannocht  solliches  für  sich  seibs  nit  für- 
nemen,  sonder  Unnserer  erkandnus  und 
entscheyds  darüber  erwarten  wœllen.  Ob 
auch  die  zwen  Gebet  des  vordem  und  mit- 
telhuses,  an  welchen  beyden  Enden  sich 
die  obgenannt  Scheydmure  anfahet  und 
endet,  gemein  oder  eigen  sijent  Damit  sie 
sich  hincfüt'ter  buwens  halben  wyszten 
darnach  haben  zu  berichten.  Als  wir  nun 
uff  beyder  parthieen  gerichtlichs  begeren 
uff  den  Augenscheyn  komen,  und  doselbs 


Ire  spennige  handlung  beydersits  eigent- 
lichen besichtiget  sie  auch  unns  dieselben 
mit  hande  und  bahnen  (wie  sitte  ist)  über- 
gaben Disser  gestallt  was  wir  sie  bar  Inne 
rechtlich  wysen  würden  Das  sie  darbey 
bliben  darwyder  nit  thun ,  noch  ze  thun 
schaffen  woUen,  sonder  dasselbig  alles  für 
sich  alle  Ire  erben  unnd  nachkommen  stete 
und  veste  zu  halten  gelobten  und  verspra- 
chen ungeverlichen.  Habent  wir  nach  ver- 
heerter Clag  und  Antwort  auch  besichti- 
gung  des  Augenscheins,  Hingelegter  und 
anderer  ferrers  habenden  verzigener  kunt- 
schafften  und  nach  aller  nothwendigen 
Furtragen  zurecht  gesprochen. 

Dieweyl  die  beclagl  Mure  so  beyde  des 
Clegers  unnd  Antworters  vordere  Hoffe 
Unnderscheydet ,  nach  Anzeigung  Irer 
absaetze  und  augenscheins,  erstmalen  gar 
vil  nyderer  wie  ein  gartenmure  geweszen 
Und  aber  nach  derselben  zeyt  so  vil  hœ- 
her  und  Inn  mossen  sie  jetzundt  stoeht 
uffgefüret,  welchen  laste  die  alt  Scheyd- 
mure nit  ertragen  mœgen.  Inn  dem  das 
sie  erstlichen  Imefundament  zu  jetziger 
hohe  nit  angelegt  worden.  Dernhalben  sie 
jetzmalen  tegliche  falle  trauwen  tut.  Zu- 
dem auch  durch  beyde  Parthieen  weder 
mit  brieff  noch  leuten  dargelhon  Usz  was 
gerechtigkeit  und  Ursachen,  oder  durch 
wene  dieselbig  Mure  nach  der  hande  also 
hohe  uffgefüret  worden  sige.  Desz  halben 
erkandt.  Das  solliche  beclagte  Mure ,  one 
angesehen,  das  beydersits  keyne  blynd 
fenster  dar  Inne  stont  ein  gemeyne 
Scheydmure  sige  Unnd  demnach  sie  jetz- 
mals  schedlichen  falle  trauwet ,  uff  das 
niemans  davon  schaden  widerfare  Disser 
zeyte  von  oben  herab  untz  uff' den  gründe 
Inn  gemeynem  costen  abgehebt ,  darnach 
so  hohe  dicke  und  starck  Inen  beyden  Par- 
thijen  gelegen  sein  will  widerumb  gemein- 


—    110    — 


lieh  uffgebuwen  werden  solle.  Dlewyl  auch 
der  ßrunnboltz  uff  des  Antworters  syten 
obedemselben  Brunnen  gantz  und  gar  Inn 
der  gemeinen  Scheydnuiren  stoeth  Solle 
der  beclagt  Inn  namen  seines  vogtsuns 
denselben  Boltz  Ouch  genannten  Brunnen 
selbs  nach  uffnrung  der  neuwen  und  ge- 
nieynen  Muren  uff  seynem  eygenthumb 
dermassen  versorgen,  das  der  gemein- 
schafft darvon  nit  schaden  widerfare.  Als 
auch  bysz  hare  Inn  benannte  Muren  ann- 
ders  nichts  gebuwenn  und  aber  Clegere 
oder  Antworter  künfftigerzey te  doselbsbu- 
wen  wollten  das  mögent  sie  thun  Doch  nit 
wythers  dar  Ine  oder  daruff  buwen  dann 
so  vil  dieselbig  mure  ertragen  unnd  die 
gemeinschafft,  nach  besag  unserer  herren 
Artickel  erlyden  mag.  Des  vorderen  und 


milteln  gebeis  halben  ist  auch  erkant 
das  dieselben  beyde  noch  anzeigung  des 
augenscheins  unnd  Irer  blyndfenster  ge- 
meyn  sigent  unnd  jetzundt  oder  künfftiger 
zeyt  so  offt  dieselben  besserens  oder  bu- 
wens  notturftig  sein  werden,  Inn  gemeinen 
costen  gemacht  und  erhalten  werden  sel- 
lent. Alles  nach  uszwysung  Unnser  herren 
Ordnung  und  Artickel. 

Zu  urkhundt  aller  hievorgeschribner 
Dinge  habent  wir  obgenannte  geschworne 
werckleute  unnsere  Innsigel  thun  henn- 
cken  an  disen  brieff  Der  Geben  warde  uff 
sambstag  den  neunden  Aprilis  Als  man 
zaKe  von  der  geburte  Christi  Llnnsers  lie- 
ben herren  dusent  funffhunderl  viertzigk 
unnd  ein  Jare. 


Annese  n»  s. 


(  12  févri 

Wir  Claus  Jacob  Wormbser  der  Meister 
und  der  Ilhat  des  heyligen  Reichs,  freyen 
Statt  Straszburg  thun  kundt  aller  maen- 
niglichen  hiemit  das  heut  dato  vor  uns  bey 
offenem  sitzendem  Rath  erschinen  seind, 
unsere  liebe  geheymen,  unt  Rhatsfreund 
frantz  Rudolph  Ingoldt  Treyzehner  als 
von  uns  geordenterVogtPauliSigismundi) 
Mariœ  und  Annœ  Ursulœ  weyland  unsers 
gewesenen  Burgers  Sigismund  flachen  mit 
frawen  Maria  hochfeldernbedernhunmehre 
seligen  und  Jacob  SchillingEin  une  Zwent- 
ziger.  Als  von  uns  geordenter  vogt  Johann 
Georgen  und  Anthonii  obermelts  Sig- 
mund Flachen  mit  Frawen  Margaretha 
Fettichin  in  letster  Ehe  erzeugter  Kinder 
und  Erben,  Und  unser  Burger  Georg  Fet- 
tich Jetzgedachter  Margarethse  der  Witt- 
wen  cheleyblicher  Vatter  und  von  uns 
geordenter  Vogt,  mehrgcdachts  Sigmund 
Flaciien  seligen  hinderlassener  Wittwen 
vertorbenen  Sohnlins  seligen,  für  einen 
und  ane  statt  Johann  friderichen  Ihres 


r  1617. ) 

sibenden  Theyl  Erbin,  Und  in  gegenwer- 
ligheyt  auch  unsers  Burgers  Daniel  Ring- 
lers mit  Beystand  unsers  alten  Ammeysters 
des  fürsichtigen  und  weysen  herrn  Chris- 
toff Stœdels  frey  offenlichen  bekant  und 
verjœhen  haben,  Das  sie  allesampt  und 
ohnverscheydenlichen  vogtlicher  Weysz 
umb  jetzermelter  Ihrer  Vogt  und  Pflaeg- 
personen  besseren  Nutzen  frommen  und 
vorstandts  willen,  grœssern  derselben 
Schaden  und  Abgang  zu  verhueten  und 
abzuwenden  eines  Auffrechten  redlichen 
bestaendigen  Immerv/ehrenden  ohnwider- 
rueflichen  Kauffs,  wieder  vermœg  der 
Rechten  geyst  und  weltlicher  und  nach 
geprauch,  herkommen  und  gewohnheit 
diser  unserer  Statt  Straszburg  vor  allen 
Richtern  und  Gerichten  am  krafftigsten 
beschehen  soll  kau  oder  mag  verkaufft 
und  zu  kauffen  geben  haben,  obermeltem 
Danielen  Ringlern,welcher  zugegen,  solche 
bekanntnuss  angenommen,  und  für  sich, 
seine  Erben  und  nachkommen  vhestigli- 


—   111 


chen  kaufft  halt  zwo  Behausungen  anei- 
nander ein  vordere  und  ein  hindere,  in 
diser  unserer  Statt  alhie  ane  dem  Staden 
oberhalb  Sanct  Claus  Brücken  diser  seyts 
der  Preuschen,  ane  dem  Rheyneckh  ge- 
nant, vornen  gegen  gemelter  Preuschen, 
einseyt  neben  weyland  Bernhardt  fride- 
rich  von  ]\]ühlheym  und  anderseyt  neben 
Friderichen  von  Mühlenheim  seligen  Erben 
mit  der  hindern  Behausung  auffder  Knob- 
lochs Gassen  einseyt  neben  hans  heinrich 
Staemmlers  seligen  Erben  und  anderseyt 
neben  Johan  heilers  Behausung  stossend 
gelegen,  mit  derselben    hoffstsetten  ge- 
baüwen  begriff weythen  zugehœrden  Recht 
und  gerechtigkeiten,  sampt  einem  Bauch- 
kessel einem  umblauffenden  Spiss  oder 
Brœther,  einer  angeschraubten  Ahnrichtin 
der  underen  gemeinen  taeglichen  Whon- 
stuben  und  allen  Fassen  so  in  dem  hindern 
Keller  under  Jetzgedachts  Johan  hellers 
Behausung  zu  disemmahl  zu  befinden,  so 
alles  frey,  ledig  und  eygen.  Und  were  diser 
kauff  zugangen  und  beschehen  für  und  umb 
Treytausendt  Pfund  Pfenning,  welche  Ihnen 
den  verka;uffern  In  namen  Ihrer  Pflegper- 
sonen aufi"  Johannis  Baplistœ  vonime  dem 
Kauffern  nachdem  und  sobald  Ihme  mehr- 
gedachte   seine   jetzerkauffte  Behausung 
mit  aller  vor  und  obgedachter  derselben 
zubehœrde,  Recht  und  gerechtigkeit  zu- 
vor umhsendig  gemacht  und  eingeraumpt 
würdt  ohnfehlbarlichen  alsobald  und  bahr 
erlegt  und  bezalt  werden  sollen.  —  Darauff 
auch  sie  die  verkauffere  in  namen  oftge- 
dachter Iher  Vogt  Persohnen,   Ihne  den 
Kauffern  alsdann  auf  beschehene  Bezah- 
lung hiemit  bester  Rechtens  quittirt,  und 
Ime  alles  Recht  eygenthumb  und  gerech- 
tigkeyt  so  Ihrem  vogt  Persohnen  ane  vil 
angeregter  Jelz  verkaufl'ter  Behausung  und 
derselben  Zugehœrden  biszanhero  gehabt, 
oder  noch   fürbasz,   da  diser  kauff   nit 
beschehen  were,  gehaben  mcegen.  würckli- 
chen  eingeräumt,  Zugesteil  und  also  über- 
geben, das  er  derselben  schun  hinführe  fur 


sich,  seine  Erben  und  nachkommen  eygen- 
thumblichen  Innhaben,  besitzen,  nutzen, 
geprauchen,  versetzen,  verkauffen,verthau- 
schen,  und  damit  wie  mit  allen  andern  sei- 
nen eygenthumblichen  Guetern,  handeln, 
schalten,  walten,  thun  und  lassen  soll  und 
mœge,  ohne   Verhinderung,  Irrung  und 
Eintrag  Ihr  der  Verkauffern,  Ihrer  Vogt 
Persohnen  derselben  erben  und  aller  msen- 
niglichen  und  Ihme  dem   Kœuflern  über 
disen  Kauff  und  das  dise  jetz  verkauffte 
Behausungen   und  derselben  Zugehœrde 
nitseyen  Widern,  Lehen,  Morgengab  noch 
jemand  versetzet,   hafft  oder  verpunden, 
sondern  allerdings    ohnbeschwerdt   frey 
ledig  und  eygen.  Jederzeyt  und  gegen  aller 
mœnniglichen  so  oft  noth  sein  würdt  gute 
aufrechte  erbar  und  redliche  Wehrschafft 
zu  thun  und  zu  tragen  wie  Bebt  ist.  Und 
darauff  bederseyts  disen  verkauff  und  kauff 
stehet,  vhest  und  ohnverprüchlichen  zu 
halten,  dartwider  nit  zu  thun,  schaffen 
noch  gestatten  gethan  zu  werden,  weder 
durch  sich  selbs  noch  jemand  andern  von 
Ihrentwegen,  weder  heymlichnoch  öffent- 
lichen in  keinen  weg  bey  handgegebenen 
Trewen  une  rechten  eydes  statt,  gelobt, 
zugesagt,  versprochen,  und  darüber  sich 
aller  und  jeder  freyheyten,  Genaden  Ausz- 
zug  und  gutthaten  der  Rechten,  Geyst 
und  weltlichen,  so  jetzo  seind  oder  in 
künfftigem  von  welchem  das  were  erlangt 
auszgepracht  oder  ausz  eygner  bewegnus 
gegeben  werden.  Des  Rechten  gemeiner 
Verzeyhung  ein  sondere  gange  dann  ehe 
vor  widersprechende,  Insonderheyt    sie 
die  Verkœuffere  der  einreden  und  ausz- 
zugs  das  sie  nit  fürfvenden   oder  sagen 
sollen  noch    wollen    (wie  sie  auch    nit 
kœndten)  sie  weren  hierzu  beredt  mit  lis- 
ten  und  gefashrden    hindergangen    oder 
Ihnen  weren  obgemelte  Trey  Thausend 
Pfundt  Kauff.  summa  nit  bahr  dargezalt, 
vergolten,  noch  in  Ihren  oder  Ihrer  Pfleg- 
personen nutzen  kommen,  angelegt  oder 
bewendet,  oder  sie  weren  umb  den  halben 


—     112 


wehrt  eines  rechtmaessigen  kauffs  erfahret 
und  betrogen  man  sollte  sie  wider  in  ge- 
walt  und  gewher  setzen  und  sonst  in 
gemein  und  sonderheyt  aller  anderer  ein- 
reden auszzüg  und  behelfs  deren  sich  ei- 
nicher  Theyl  hierwider  und  disen  kauft' 
zu  hindertreyben ,  gebrauchen  wollen  , 
kondten  oder  mœchten ,  wissend  und 
wohlbedifchtlichen,  verzigen  und  begeben, 
getrewlich,  redlich  ohne  alle  gefaehrde. 
Baten  und  begerten  darauff,  dieweil  diser 
kaufif  minderige  Kinder  berüeren  thsete, 
wir  als  die  obervœgt,  weiten  denselben 
mit  unserm  Richterlich  Spruch  confirmi- 
ren  und  bestsetigen.  Als  nhun  Wir  Meyster 
und  Rhat  obgemeldt  die  Partheyen  selbs 
hierüber  befragt,  verhœrdt  und  sie  dessen 
einander    also  bekantlich  gewesen,   die 


vœgt  das  diser  verkauft" Ihren  Vogtkindern 
besser  gethan  dann  unterlassen  bey  Ihren 
vcegllichen  pflichten  betheürt,  behalten 
und  nochmalen  allerseyts  disen  kaulf  ste- 
het zu  halten  versprochen.  So  haben  wir 
durch  gehapte  ordenliche  umbfrag  disen 
kauff  mit  unserm  richterlichen  Spruch  ra- 
tificiert  confirmiert  bestaetiget  und  erkant 
das  es  dabey  verbleiben  und  demselben 
vhestiglichen  gelebt  werden  solle.  Und 
dessen  zu  wharemurkhundt  haben  wir  un- 
serer Statt  kleiner  Secret  Insigl  thun 
hengken  ane  disen  Brieft"  Der  geben  ist  auff 
Mittwoch  den  zwœlfften  Tag  Monats 
februarii  Als  man  nach  Christi  gepurt  zah- 
lete  Ein  thausend  sechshundert  und  siben- 
zehen  Jar. 
Avec  sigillé  en  cire  rouge,  en  boîte. 


LES 

BURGMÄNNER  DE  HAGUENAU 


ET 


LA  BURG  DES  HOHENSTAUFEN 


Messieurs, 

En  parcourant  les  Annales  de  la  cité  impériale  de  Haguenau,  on  ren- 
contre souvent  sur  son  chemin  le  nom  de  Burgmänner,  Burgenses.  Quels 
sont  ces  hommes?  quelle  est  leur  origine,  quelles  sont  les  fonctions  dont 
ils  étaient  investis,  quel  est  enfin  le  rôle  qu'ils  jouaient  dans  la  ville  qui 
leur  donnait  asile  et  qui  prenait  un  si  rapide  développement  au  douzième 
siècle?  Ces  questions  offrent  un  intérêt  local  considérable,  et  nous  avons 
pensé  qu'il  y  aurait  quelque  utilité  à  faire  les  recherches  nécessaires  pour 
élucider  ce  point  de  l'histoire  de  notre  province,  et  en  particulier  des 
villes  où  l'empereur  avait  établi  ces  fonctionnaires. 

Le  résultat  de  nos  investigations,  nous  nous  permettons  de  le  soumettre 
à  l'appréciation  des  membres  de  la  Société  pour  la  conservation  des  mo- 
numents historiques. 

I. 

Les  Burgmänner  n'étaient  pas  particuliers  à  la  ville  de  Haguenau;  on 
en  trouve  dans  d'autres  villes,  dans  d'autres  châteaux  impériaux  élevés 
par  les  princes  des  maisons  de  Franconie  et  de  Hohenstaufen ,  et  leur  ser- 
vant de  résidence  temporaire.  En  Alsace,  à  Obernai,  par  exemple',  où  il 
y  avait  une  Burg  impériale,  nous  rencontrons,  comme  à  Haguenau,  à 
Nuremberg  et  ailleurs ,  des  Burgmänner ,  revêtus  du  titre  d'officiers  de 

1.  Voy.  Histoire  de  la  ville  d' Obernai .  de  M.  l'abbé  Gyss. 


—    114    — 

l'empereur,  et  remplissant  des  fonctions  dans  l'ordre  civil  et  judiciaire*. 
Mais  il  paraît  qu'il  s'en  trouvait  surtout  dans  les  castels  palatins,  choisis 
par  les  empereurs  pour  y  faire  résidence.  Ces  princes  n'avaient  point  de 
capitale;  ils  partageaient  la  faveur  de  leur  résidence  entre  divers  châteaux 
palatins,  qu'ils  visitaient  à  tour  de  rôle ,  où  ils  réunissaient  les  diètes  de 
l'empire  et  d'où  ils  dataient  leurs  diplômes.  Les  Burgmclnner  formaient 
alors  l'entourage  du  prince,  la  garde  d'honneur  du  palais,  et  ils  étaient 
chargés,  en  l'absence  du  maître,  de  pourvoir  à  la  défense  de  la  résidence 
impériale. 

Telle  serait  donc  la  définition  de  ce  corps  d'élite:  c'étaient  des  officiers 
de  l'empereur,  fonctionnaires  sédentaires  dans  le  palais  impérial,  jouissant 
de  certains  privilèges  octroyés  par  les  princes  et  possédant  des  fiefs  cas- 
Irensiens  (Burglehen) ,  qui  leur  permettaient  d'habiter  dans  les  dépen- 
dances de  la  Bîirg.  Ils  vivaient  des  revenus  des  terres  affectées  à  leur  fief 
et  jouissaient,  à  titre  de  récompense  pour  leurs  services,  des  immunités 
attachées  à  leur  charge. 

L'origine  des  Burgmänner  de  Haguenau  remonte  à  la  fondation  du 
castel  impérial  de  la  ville.  Dans  la  charte-privilège  de  1164,  qui  est  la 
base  de  l'organisation  civile  et  des  immunités  de  la  jeune  cité,  Frédéric  P*" 
Barberousse  fait  deux  fois  mention  des  Burgenses  comme  fonctionnaires 
de  Haguenau  au  heu  et  place  de  l'empereur  —  vice  nostrâ  ibidem  locati^. 
—  Il  est  probable  même  que  déjà  son  père,  le  duc  Frédéric  de  Souabe, 
surnommé  le  Borgne,  les  y  avait  établis.  Celui-ci  avait  élevé,  dans  l'île  de 
la  Moder,  le  premier  castel  ducal,  qui  devint  impérial  sous  son  fils^,  et 
s'y  était  défendu  dans  la  guerre  qu'il  soutenait  contre  l'empereur  Lothaire, 
compétiteur  des  Hohen staufen*.  On  dit  de  lui  qu'en  choisissant  pour  sa 
résidence  ordinaire  le  château  de  Haguenau,  il  avait  amené  une  noblesse 
nombreuse,  les  chefs  et  les  officiers  de  son  armée,  qui  le  suivaient  dans 
ses  expéditions  guerrières  et  dans  les  rangs  desquels  il  trouvait  les  gardes 
du  castel,  les  Burgmänner. 

Leur  présence  est  donc  constatée,  au  moins  depuis  le  milieu  du  dou- 
zième siècle,  à  la  Burg  de  Haguenau.  Leur  chef  était  le  Vogt  ou  aussi  le 

1.  A  Obernai,  ils  formaient  le  tribunal  des  nobles.  Il  parait  bors  de  doute  qu'il  en  fut 
ainsi  à  Haguenau  et  que  la  juridiction  sur  les  nobles  leur  fut  laissée  après  la  création  du 
tribunal  des  Arcades  ou  des  Bourgeois.  Au  moyen  âge,  c'était  un  adage  général  qu'on  ne 
pouvait  être  jugé  que  par  ses  pairs. 

2.  Voy.  au  CarliUaire  de  Haguenau  la  cliarle  de  tIG4. 

3.  Scbœpflin,  Alsatia  illuslrata,  t.  IF. 

4.  Manuscrit  du  presbytère  de  Haguenau. 


—    115     — 

Burggrave,  et  ce  titre  est  porté,  en  1276,  par  Louis  d'Arnsperg,  dans  un 
document  de  litige  entre  le  couvent  de  Kœnigsbruck  et  le  village  de  Forst- 
felden*.  Dans  les  chartes  émises  bientôt  après,  on  trouve,  au  nombre  des 
Burgmänner,  les  dynastes  de  Lichtenberg  et  de  Fleckenstein,  les  nobles  de 
Dürckheim,  Berstett,  Wittersheim,  Volz,  Niedheimer,  Gottesheim  et  Wangen, 
de  l'ordre  des  chevaliers;  plusieurs  habitaient  dans  l'enceinte  du  château, 
d'autres  dans  ses  dépendances  immédiates.  Bien  plus  tard,  et  tout  en  se 
réservant  le  domaine  suprême  du  château,  l'empereur  en  confia  la  garde 
au  magistrat  de  la  ville ^ 

Ils  étaient  chevaliers-nobles  du  sixième  boucher  ou  étendard,  comme 
on  disait,  et  ce  détail  confirme  leur  origine  militaire^  Ce  fut,  à  la  lettre, 
une  charge  publique  due  au  mérite  qu'on  avait  acquis  sur  les  champs  de 
bataille.  Les  titulaires  devenaient  possesseurs  de  fiefs  castrensiens  fondés 
par  l'empereur  en  cette  intention.  Le  fief,  d'abord  personnel,  devenait 
bientôt  héréditaire,  et  se  perpétuait  durant  des  siècles  dans  certaines 
familles.  Les  immunités  que  les  princes  attachèrent  à  la  charge  étaient 
considérables. 

Leur  service,  comme  gardiens  et  défenseurs  du  castel,  fut  bientôt  aug- 
menté. Il  fallait  aux  habitants  de  la  Btirg  et  de  la  ville  naissante  une 
organisation  administrative  et  judiciaire;  les  titulaires  naturels  pour  ces 
fonctions ,  l'empereur  les  trouva  dans  les  rangs  des  nobles  implantés  à 
Haguenau  et  en  particuher  dans  les  Burgmänner.  L'échevinage  n'était  pas 
établi  encore,  et  les  gardes-nobles  du  château  durent  former  le  premier 
jury  du  tribunal  de  la  Burg,  le  Gräthengericht.  Le  chef  de  l'administration 
des  domaines  impériaux  et  de  la  ville,  l'avoué  impérial  —  advocatus  ou 
Vogt,  et  bientôt  Landvogt  —  présidait  également  le  plus  ancien  tribunal 
de  la  ville,  celui  du  perron  de  la  chapelle  palatine,  ainsi  appelé  puisqu'il 
siégeait  en  plein  air  à  l'entrée  de  la  basilique.  Son  premier  président  fut 
l'empereur  lui-même;  quand  il  faisait  sa  résidence  au  château,  il  n'était 
pas  rare  de  le  voir  présider  les  séances  et  décider  des  questions  d'une 
importance  exceptionnelle*.  En  l'absence  du  prince,  c'était,  nous  l'avons 
dit,  Vavoué  ou  Vogt,  jusqu'au  moment,  qui  ne  tarda  pas  d'arriver,  où  cette 
charge  fut  dévolue  au  Schullheiss  —  scultctus  —  entre  les  mains  duquel 

1.  Schœpflin,  Alsatia  illustrala,  t.  II,  article  Haguexau  :  «  ludovicus  miles  de  Arens- 
l'perg,  Burgravius  seren.  Rudolphi,  roman.  Régis.»  C'est  le  seul  document  où  soit  nommé 
le  Burgraf,  encore  n'est-il  pas  très-certain  qu'il  s'agit  du  castel  de  Haguenau. 

2.  Schœpflin,  ibidem. 

3.  Eichhorn,  Datsche  Staats-  und  Rechtgeschichte. 

4.  Voy.  la  charte  de  Rodolphe  de  Habsbourg,  1275;  archives  communales. 


—    116    — 

furent  réunies  les  attributions  judiciaires '.  C'était  à  l'époque  où  Hague- 
nau,  élevé  au  rang  de  ville  impériale,  reçut  une  organisation  judiciaire  à 
part  dans  l'établissement  de  douze  échevins  nobles. 

Les  fonctions  des  Burgmänner  étaient  donc  de  nature  diverse.  Comme 
officiers  du  prince,  la  garde  du  castel  leur  était  confiée  ;  c'était  là  un  ser- 
vice tout  militaire.  Gomme  conseillers  du  Fo^/ impérial,  ils  prenaient  part 
aux  décisions  administratives  pour  la  Burg  et  la  ville  naissante.  Enfin, 
comme  assesseurs  du  Gräthengericht ,  ils  remplissaient  de  réelles  fonctions 
judiciaires  et  les  gardèrent  même  après  que  le  tribunal  de  la  Lauhe  eût  été 
établi  comme  juridiction  propre  à  la  bourgeoisie  urbaine.  Ces  fonctions 
importantes  se  trouvent  en  germe  dans  la  charte  de  11G4,  où  Frédéric  P'' 
réserve  certains  privilèges  à  sa  personne  et  aux  Burgenses,  Burgmänner, 
ses  lieutenants  —  vice  nostrâ  ibidem  locati  '.  —  Ce  terme  est  significatif; 
ceux  qui  tenaient  la  place  du  prince  en  son  absence  étaient  investis  d'at- 
tributions administratives  et  judiciaires  qui,  dans  l'origine,  n'étaient 
point  séparées  les  unes  des  autres. 

Ils  étaient  au  nombre  de  douze.  Quand  on  nomma  les  échevins,  on 
s'arrêta  également  à  ce  nombre.  Mais  les  Burgmänner  continuèrent  à  sié- 
ger au  Grätliengericht  et  à  former  le  conseil  administratif  du  Landvogt. 
Ils  étaient,  avec  les  échevins,  les  représentants  de  la  noblesse,  entre  les 
mains  desquels  se  trouvaient  les  charges  publiques.  C'est  parmi  eux  que 
l'empereur  choisissait  assez  fréquemment  le  Landvogt  et  VUnterland- 
vogt,  l'avoué  et  le  sous-avoué  de  la  province,  preuve  de  la  considération 
dont  jouissait  ce  collège  noble  privilégié  et  de  l'éclat  qu'il  répandait  au- 
tour de  lui,  durant  la  première  période  de  l'histoire  de  Haguenau. 

IL 

Haguenau  grandit  vite,  grâce  aux  nombreuses  immunités  qui  lui  furent 
octroyées,  et  il  fallut  établir  un  corps  municipal,  celui  des  échevins,  à  la 
tête  duquel  se  trouvait  le  Schultheiss,  désigné  par  l'empereur^  Les  éche- 

1.  Le  premier  avoué  impérial  est  nonmié  dès  I  123,  sous  Henri  V.  Le  nom  de  Schultheiss 
paraît  pour  la  première  fois  dans  la  charte  de  11G4,  pas  encore  en  qualité  de  juge,  mais 
comme  administrateur  des  afTaires  de  tribus.  Le  Schultheiss,  juge,  semble  marquer  la  pé- 
riode de  l'échevinage,  c'est-à-dire  le  commencement  du  treizième  siècle. 

2.  Voy.  Archives  communales,  liasse  AA,  1,  ladite  charte. 

3.  Je  trouve  les  échevins  mentionnes  pour  la  première  fois  dans  un  document  de  1215, 
concernant  l'abbaye  de  Neubourg.  On  y  lit  les  noms  de  Scultetus  et  de  Minor  Scultetus, 
Untcrschultheiss.  (Schœpllin,  Alsatia  diploinatica,  t.  H,  1215.) 


—     117     — 

vins  étaient  nobles  et  se  partageaient  les  fonctions  administratives  et  ju- 
diciaires. Ce  n'est  que  plus  tard  que  la  jalousie  croissante  des  bourgeois 
réussit  à  éliminer  le  SchuUJieiss  ou  prévôt  de  sa  charge  municipale  pro- 
prement dite,  en  ne  lui  laissant  que  celle  de  juge  du  tribunal  impérial  et  du 
tribunal  criminel.  Dès  lors,  l'administration  de  la  cité  devint  distincte  de 
celle  du  château ,  et  les  Burgmänner  perdaient  de  leur  importance. 

Jusque-là  les  dignités  et  les  charges  publiques  se  trouvaient  entre  les 
mains  de  la  noblesse,  et  le  régime  était  pleinement  aristocratique.  Mais 
les  corporations  de  métiers  avaient  eu  le  temps  de  s'organiser  et  de  gran- 
dir. Les  privilèges  nombreux  accordés  par  les  princes  de  la  famille  de 
Hohenslaufen  aux  bourgeois  de  la  ville  avaient  attiré  un  nombre  très- 
considérable  de  colons,  désireux  de  se  soustraire  à  la  juridiction  de  leurs 
seigneurs'  et  de  jouir  des  avantages  attachés  à  la  dignité  de  bourgeois  de 
Haguenau.  Ces  tribus,  fortement  constituées,  jalouses  de  leurs  droits,  se 
voyaient  avec  peine  exclues  des  fonctions  publiques  au  profit  des  membres 
de  la  noblesse.  Elles  se  mirent  à  creuser  le  terrain  sous  les  pieds  des  no- 
bles, dans  le  but  de  partager  avec  eux  l'administration  urbaine  d'abord, 
et  de  les  éliminer  ensuite  des  charges  publiques. 

Dès  1255,  les  bourgeois  obtinrent  un  premier  avantage  signalé  sur  la 
noblesse.  L'empereur  Guillaume  de  Hollande,  par  un  diplôme  daté  de 
Wissembourg,  les  déclara  aptes  à  recevoir  toute  espèce  de  fiefs,  à  l'égal 
des  nobles,  et  à  ne  reconnaître  le  Sclmltheiss  qu'aulant  que  ce  dernier 
s'obligerait  par  serment  d'observer  les  privilèges  de  la  citèl  Cet  avantage 
fut  bientôt  suivi  d'un  second.  L'empereur  Richard,  en  1257  et  en  1262, 
augmenta  ces  immunités  comme  il  suit  :  le  Sclmltheiss  est  obligé  d'exé- 
cuter fidèlement  les  sentences  des  échevins,  et  on  reconnaît  aux  bour- 
geois d'une  probité  reconnue  la  capacité  de  siéger  comme  juges  au  tribunal 
urbain,  à  l'égal  des  officiers  de  l'empereur  et  des  chevaliers,  c'est-à-dire 
•des  Burgmänner  et  des  échevins  nobles^  Voilà  donc  les  bourgeois  devenus 
les  égaux  des  échevins.  C'était  un  grand  pas  de  fait  de  la  part  du  tiers-état, 
et  par  la  porte  du  Grälhengericht,  du  tribunal  de  la  Burg,  la  bourgeoisie 
opéra  son  entrée  dans  le  corps  municipal  et  judiciaire. 

1.  Néanmoins,,la  Charte  de  1164  garantissait  formellement  aux  seigneurs  respectifs 
leurs  droits  sur  ces  colons.  Quicunque  paitper  aut  clives,  peregrinns  vel  incola,  qui 
eamdem  civitatem  inhabitai'e  decreverit ,  domino  cid  pertinet  respondeat  de  persona 
proprio  et  de  rebus  suisfixis.  (Voy.  le  document.) 

2.  Cartulaire  de  Haguenau,  année  1255.  Schœpflin,  Alsaiia  diplomatica,  t.  I. 

3.  Cartulaire  de  Haguenau.  Le  diplôme  de  1257  est  daté  de  Wissembourg,  celui  de 
1262  de  Haguenau. 


—     118    — 

Depuis  ce  moment,  l'autorité  des  Burgmänner  nobles  était  en  baisse. 
Quarante  ans  après,  la  victoire  des  bourgeois  était  complète.  Ils  s'étaient 
affranchis  de  la  juridiction  civile  du  Schullheiss,  dévolue  depuis  aux  Stett- 
meister  élus  dans  leur  sein;  ils  faisaient  entrer  dans  le  corps  municipal 
vingt-quatre  membres  choisis  dans  les  tribus  de  métiers,  et  ce  nombre 
était  plus  que  suffisant  pour  contre-balancer  l'aclion  des  douze  échevins 
nobles.  On  établit,  en  1311 ,  le  tribunal  des  Arcades  %  Laub  eng  ericlit,  sé- 
paré complètement  de  celui  de  la  Burg,  et  chargé  du  contentieux  de  la 
bourgeoisie.  Le  Gräthengericht  végéta  plus  qu'il  ne  fonctionnait  pendant  un 
certain  temps  encore,  en  qualité  de  tribunal  des  nobles  ou  de  cour  d'appel, 
et  finit  par  cesserl  En  1332,  Louis  de  Bavière  définit  les  attributions  du 
Laubengericht  et  organisa  la  nomination  régulière  des  vingt-quatre  conseil- 
lers plébéiens  pris  dans  les  corporations.  La  prépondérance  des  bourgeois 
était  entière,  l'aristocratie  vaincue.  On  continuait,  il  est  vrai,  à  reconnaître 
aux  Burgmänner  leur  juridiction  castrale;  on  laissait  aux  douze  échevins 
nobles  leur  siège  au  nouveau  palais  de  justice,  sous  les  Arcades,  et  on 
désignait  parmi  eux  les  Stettmeister.  Mais  les  tribus  bourgeoises  avaient 
voix  prépondérante,  et  néanmoins  elles  ne  se  contentaient  pas  des  grands 
avantages  remportés  sur  les  nobles,  leurs  rivaux.  De  nouvelles  démarches 
furent  tentées  auprès  des  princes;  en  1391,  parut  un  mandat  de  l'empe- 
reur Wenceslas^  selon  lequel  les  échevins  nobles  chargés  de  rendre 
justice  étant  souvent  incapables  ou  trop  jeunes,  le  Landvogt  de  l'Alsace, 
l'abbé  Rodolphe  de  Murbach,  fut  chargé  de  faire  élire  des  échevins  parmi 
les  bourgeois,  quand  il  ne  s'en  trouverait  pas  de  capables  dans  les  rangs 
des  nobles.  Pareil  certificat  d'incapacité  n'était  pas  de  nature  à  donner  du 
relief  à  l'aristocratie,  et  la  bourgeoisie  ne  se  fit  pas  faute  de  profiter  de 
l'autorisation  pour  envahir  l'échevinage  et  s'emparer  des  sièges  judiciaires 
occupés  par  la  noblesse*. 

Il  en  résulta  que  le  corps  municipal,  choisi  dans  les  rangs  plébéiens, 

1.  Annales  j'ralrum  minorum  Hagenoviœ. 

2.  Il  n'est  pas  facile  de  fixer  le  moment  où  s'opéra  cette  séparation  devenue  nécessaire. 
Il  est  également  difficile  d'indiquer  l'année  de  la  nomination  des  premiers  échevins  nobles, 
distincts  des  Burymcinner.  Le  Urillhengeridd  continuait  de  fonctionner  pour  les  affai- 
res de  la  cité,  et  son  jury,  qui  dans  l'origine  se  composait  des  seuls  BurgTuänner^  semble 
avoir  admis,  au  moins  pour  les  questions  urbaines,  le  concours  des  douze  échevins  no- 
bles, et  finalement  celu  des  notables  de  la  ville,  selon  les  termes  du  diplôme  de  Richard, 
de  1262.  Mais  la  nécessité  o])ligea  de  séparer  les  juridictions,  et  la  création  du  Lauben- 
gericht ou  tribunal  civil  fut  décrétée  d'urgence. 

3.  Carhdaire  de  Haguenau;  Archives  communales,  AA,  liasse  235. 

4.  Archives  communales  de  Haguenau,  AA,  liasse  235. 


—    119    — 

finit  par  concentrer  en  lui  tous  les  pouvoirs,  sans  équilibre  aucun.  Les 
échevins  nobles,  aussi  bien  que  les  Burgmcïnncr,  avaient  perdu  le  prestige 
de  leur  influence  ancienne.  La  noblesse  quitta  en  partie  la  ville  et  se  re- 
tira dans  ses  manoirs,  outrée  de  la  façon  dégagée  avec  laquelle  elle  avait 
été  évincée  de  ses  positions  séculaires.  Elle  saisit  tous  les  moyens  de  sus- 
citer à  la  fière  bourgeoisie  des  querelles,  et  bien  des  guerres  entre  les 
seigneurs  et  les  villes  libres  ont  eu  leur  origine  dans  la  dépossession  vio- 
lente de  la  noblesse,  qui  primitivement  avait  été  introduite  par  les  princes 
dans  les  cités,  pour  rempbr  les  charges  publiques. 

Cette  victoire  de  l'élément  démocratique  sur  l'aristocratie  fut-elle  un 
bien  ou  un  mal?  En  tout  état  de  cause,  on  ne  peut  la  prendre  pour  un 
bien  absolu,  puisqu'elle  lésait  des  droits  légitimement  acquis  et  en  pri- 
vait un  corps  respectable,  contrairement  aux  principes  de  la  justice.  Elle 
ne  fut  pas  bonne  à  un  autre  point  de  vue.  S'il  était  équitable  d'appeler  la 
bourgeoisie  à  participer  aux  fonctions  publiques  et  de  partager  avec  elle 
les  soins  de  l'administration,  il  était  tout  aussi  important  d'établir  une 
sage  pondération  entre  la  noblesse  et  le  tiers-état.  On  n'eut  pas  égard  à 
ce  principe  élémentaire  de  politique  administrative,  et  il  faut  dire  que  les 
empereurs  prêtèrent  la  main  aux  envahissements  peu  mesurés  des  tribus 
urbaines.  L'équihbre  fut  rompu  au  profit  de  la  démocratie  bourgeoise, 
qui  produisit  bientôt  dans  son  sein  une  aristocratie  nouvelle,  plus  difficile 
à  manier  peut-être  que  l'ancienne  noblesse.  En  admettant  que,  dans  sa 
forme  primordiale,  le  corps  municipal  était  trop  exclusivement  aristocratique, 
et  devait,  dans  la  république  haguenauienne,  appeler  une  réaction,  il  est 
bon  de  ne  pas  oublier  que  la  bourgeoisie,  en  prenant  sa  revanche,  ne  sut 
pas  observer  les  lois  de  l'équité  et  tomba  dans  un  autre  extrême.  La  sta- 
bilité de  l'ordre  pubhc  eût  été  la  résultante  d'un  sage  équilibre  entre  les 
deux  états,  l'aristocratie  et  la  démocratie.  Mais  ce  principe,  que  les  princes 
ne  voulurent  pas  suivre,  puisqu'ils  trouvaient  dans  la  bourgeoisie  un  appoint 
contre  l'action  trop  puissante  des  seigneurs,  n'eut  pas  d'écho  dans  les  masses, 
de  leur  nature  envahissantes  et  despotiques,  et  dès  lors  le  pouvoir  se  con- 
centra aux  mains  des  bourgeois  devenus  les  plus  forts.  De  là  résultaient 
les  conflits  incessants,  les  tiraillements  et  les  guerres  presque  interminables 
entre  les  deux  états,  guerres  peu  sanglantes,  mais  qui  paralysaient  l'essor 
de  la  prospérité  publique,  fort  respectable,  malgré  ces  éléments  de  troubles. 

Ces  réflexions  s'appliquent  à  l'histoire  de  Haguenau,  et  en  particulier 
à  la  situation  respective  de  la  noblesse,  représentée  par  les  Burgmänner 
et  les  échevins  nobles  d'une  part,  et  de  l'autre  à  la  démocratie,  qui  avait 
son  levier  dans  la  forte  organisation  des  tribus  ouvrières. 


—    120    — 

La  déchéance  du  corps  respectable  des  Burgmânner  fut  entière.  Quand, 
au  commencement  du  quatorzième  siècle  (1332),  les  bourgeois  furent 
régulièrement  admis  au  conseil  de  la  ville,  l'empereur  Louis  de  Bavière 
venait  d'enjoindre,  en  1331,  aux  Burgmânner  de  s'accommoder  en  tout  au 
magistrat  de  la  ville.  On  avait  pris  l'habitude  de  les  molester  dans  leurs 
privilèges,  parmi  lesquels  on  comptait  l'exemption  des  péages  et  certains 
droits  usagers  dans  la  forêt.  Ils  réclamèrent  contre  cette  spoliation.  Les 
nobles  de  Wickersheim,  Crantz  de  Geispolsheim,  de  Weitersheim,  de 
Gottesheim,  de  Dürckheim,  de  Kœnigsbach,  Niedheimer  de  Wasenbourg 
et  Streitt  d'Immendingen,  ensemble  huit  Burgmânner \  élevèrent  des  ré- 
clamations, qui,  paraît-il,  ne  furent  pas  beaucoup  écoutées.  Des  contes- 
tations surgirent  entre  €ux  et  le  magistrat.  Le  Burgmann  Eckbrecht  de 
Dürckheim  intenta  une  action  à  la  ville  au  sujet  des  exemptions  attachées 
à  son  fief  castraP.  C'était  au  quinzième  siècle.  Au  seizième,  Henri  de  Fle- 
ckenstein et  le  comte  de  Hanau-Lichtenberg  réclamèrent  aussi  la  jouissance 
d'anciens  privilèges  attachés  à  leur  titre  de  Burgmânner^.  Semblable  dif- 
férend eut  encore  lieu  au  dix-septième  siècle,  entre  le  sénat  et  le  Burg- 
mann  Philippe  de  Gottesheim*.  Ce  furent  les  dernières  manifestations 
d'une  institution  qui,  depuis  longtemps,  avait  perdu  son  prestige  et  qui 
ne  constatait  son  existence  que  par  la  réclamation  de  quelques  droits  an- 
ciens, sauvés  du  naufrage  des  évolutions  politiques.  Sous  le  régime  français, 
le  marquis  de  Ruzé,  Landvogt  d'Alsace,  se  fit  une  dernière  fois  l'avocat 
des  droits  de  juridiction  attachés  à  la  dignité  de  châtelain  de  la  Burg  de 
Haguenau^ 

Ainsi,  la  noblesse  d'Alsace,  que  les  empereurs  avaient  implantée  à 
Haguenau  et  investie  de  hautes  fonctions  administratives  et  judiciaires,  fut 
dépossédée  de  ses  dignités  et  privilèges,  et  si  elle  continuait  à  vivre,  elle 
n'exerça  plus  d'action  influente  sur  la  chose  publique.  Cette  institution 
féodale  des  Burgmânner  de  Haguenau,  qui  avait  si  fièrement  marqué  aux 
origines  de  la  ville  impériale  et  rendu  des  services  qu'il  serait  injuste  de 
méconnaître,  succomba  sous  la  puissance  réunie  des  princes  jaloux  de  son 
influence  et  de  la  bourgeoisie  désireuse  de  s'administrer  elle-même. 


1.  Archives  communales,  BB,  liasse  182. 

2.  Ibidem,  liasse  184. 

3.  Ibidem,  liasse  183. 

4.  Ibidem. 

5.  Ibidem,  BB,  liasse  183. 


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121 


ÏII. 


Après  les  Burgmänner ,  c'est  la  Burg  elle-même,  le  célèbre  castel  des 
Hohenstaufen,  à  Haguenau,  qui  réclame  pour  quelques  instants  la  bien- 
veillante attention  de  l'assemblée.  Les  Burgmänner ,  chargés  de  la  garde 
du  château,  demeuraient  dans  son  enceinte  ou  dans  ses  dépendances  im- 
médiates ,  comme  des  poussins  que  la  mère  couvre  de  ses  ailes.  Les 
demeures  de  ces  nobles  gardiens  sont  en  partie  connues  et  peuvent  être 
déterminées  avec  assez  de  précision*. 

La  Burg  elle-même  les  abritait  de  sa  masse  imposante.  Nous  avons  fait 
de  consciencieuses  recherches  sur  les  formes  et  le  plan  de  ce  curieux 
monument,  qui  fut  le  réel  berceau  de  la  cité  de  Haguenau  et  l'un  des  der- 
niers modèles  de  cette  architecture  palatine,  célèbre  depuis  Charlemagne, 
et  assez  peu  étudiée  encore.  Détruits  au  dix-septième  siècle  par  la  mine 
et  l'incendie  jusque  dans  leurs  fondements,  le  palais  impérial  et  la  belle 
basilique  qui  en  ornait  le  centre  semblaient  perdus  pour  l'histoire  du 
pays,  et  aucun  dessin  authentique  n'en  constatait  les  formes  réelles.  Nous 
basant  sur  l'empreinte  de  l'ancien  sigillé  de  la  ville,  sur  la  topographie 
des  lieux  qui  indiquait  l'emplacement  de  trois  tours  sur  quatre,  et  surtout 
sur  la  description  de  nos  anciens  historiens^  nous  essayâmes,  il  y  a  deux 
ans,  de  déterminer  la  physionomie  générale  et  les  formes  probables  du 
castel.  Les  détails  où  nous  entrions  semblaient  intéresser  notre  Société, 
et  aujourd'hui  nous  avons  hâte  d'annoncer  que  la  question,  quia  du  prix  à 
nos  yeux,  vient  de  faire  un  grand  pas  vers  sa  solution  définitive.  Nous 
pensons  que  le  moment  est  venu  d'arrêter  avec  une  entière  assurance  le 
plan  et  de  préciser  la  structure  du  palais  impérial. 

Nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  nos  doctes  collègues  trois  dessins, 
tous  dus  au  crayon  habile  et  heureux  de  M.  Ch.  Winkler,  architecte  à 
Haguenau.  Le  premier  présente  une  vue  à  vol  d'oiseau  de  Haguenau  avant 
sa  destruction,  en  1678;  il  donne  aussi  exactement  que  possible  la  sil- 
houette des  principaux  édifices  religieux  et  civils.  Le  second  est  le  plan 
général  de  l'ancien  castel  avec  ses  appartenances,  comparé  au  plan  du 
collège  des  Jésuites,  élevé  en  1728  sur  une  portion  de  son  emplacement. 
Le  troisième  est  une  vue  authentique  du  castel  lui-même.  Une  bonne 

1 .  M.  Nessel,  archiviste,  fait  de  louables  efforts  pour  élucider  cette  question  topograpliique. 

2.  Schœpfliu ,  Alsatia  illuslrata,  t.  I;  Mérian,  Topographia;  Annales  fralnnn  mino- 
rum  Hagenoviœ. 

Ile  SÉRIE.  —  T.  vu.  —  (M.)  9 


—    122     — 

fortune,  un  accident  providentiel,  permit  à  un  amateur  de  Haguenau, 
M.  Nessel,  archiviste  de  la  ville,  de  faire  l'acquisition  de  ce  dessin  si 
précieux  pour  l'histoire  de  l'art  de  notre  province.  Au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  en  1614,  quand  la  ville  de  Haguenau  était  encore 
dans  toute  sa  richesse  monumentale  du  moyen  âge,  un  artiste  monta  à 
la  tour  de  Saint-Georges,  y  prit  pour  objectif  le  castel  impérial  avec  son 
entourage  et  en  crayonna  les  formes  avec  inteHigence  et  fidélilé  '.  C'est  ce 
dessin,  en  copie  agrandie,  et  sauvé  comme  par  miracle,  que  nous  avons  le 
bonheur  de  communiquer  à  la  Société.  Il  nous  permet  de  couper  court  à 
la  plupart  des  difficultés  que  soulève  la  question  et  à  nous  assurer  si  nos 
affirmations  d'il  y  a  deux  ans  étaient  fondées. 

Ce  dessin  nous  met  à  même  de  dire  le  dernier  mot,  à  peu  près,  sur 
l'étendue  et  les  formes  architectoniques  du  château,  et  son  authenticité 
manifeste  le  fera  désormais  admettre  parmi  les  spécimens  les  plus  curieux 
de  l'architecture  palatine  du  moyen  âge. 

Par  l'étude  comparée  de  ce  dessin  et  des  conclusions  émises  dans  notre 
premier  mémoire^  nous  arrivons  aux  points  suivants,  désormais  hors  de 
conteste. 

1^  Les  dessins  insérés  au  Bulletin  de  la  Société,  en  1868,  sur  les  don- 
nées documentaires  et  topographiques  alors  connues,  sont  en  général 
exacts;  il  n'y  a  presque  rien  à  changer  à  la  physionomie  de  l'ensemble  du 
château  et  de  la  basilique  romane.  La  Burg,  représentée  sur  les  anciens 
sceaux  de  la  ville,  est  rendue  aussi  bien  que  le  permet  la  nature  d'un 
sigillé.  On  avait  émis  des  doutes  sur  la  véracité  de  cette  empreinte  sigil- 
laire;  ce  doute,  aujourd'hui,  n'a  plus  sa  raison  d'être. 

^°  La  basilique  palatine,  qui  occupait  le  centre  de  l'édifice,  est  égale- 
ment bien  rendue  sur  notre  premier  dessin.  Comme  nous  l'avons  présumé, 
elle  était  de  forme  octogonale  et  avait,  outre  le  rez-de-chaussée,  deux 
étages,  selon  la  remarque  expresse  des  historiens  locaux ^  La  triple  en- 

1.  Le  dessin  porte  dans  un  cartouche  les  mots  suivants  :  Genauer  Abrizz  vtin 
Üohenstauffer  Burgschloss  zu  Eagenau ,  wie  soliches  vun  Sankt-Georgskirchthurm  zu 
schalten  ist. 

2.  Voy.  le  Bulletin  de  la  Société,  18G8. 

3.  Nous  donnons  ici  la  courte  description  de  Jérôme  de  Guebwiller,  citée  par  Schœpflin: 
Quo  décore  Fridericus  JEnobarbahageiioviensemquoque  arcem,  tuncjoris  oppidum,  nunc 
vero  in  medio  ejus  sitam,  affecerit,  paucis  absoloamus.  Hune  enim  Romani  regni  fasci- 
bus  adornatum,  mox  ad  regit  sacelli  prœfatœ  arcis  extruc  tionem  proper asse  inveni- 
mus;  quod  vivo  marmore  a  fundamento  erectum,  et  tribus  capellis  sibi  invicem  uno 
tecto  subjeclis,  ac  coctili  lapide  cameratis,  distinctum,  intra  paucos  annos  magnißco 
sumptu  prius  cioitali  perfici  curavit.  In  superiori  ejusdem  regiœ  œdis  saceUulo ,  clau- 


—    123    — 

ceinte  superposée  était  formée  par  une  double  rangée  circulaire  de  co- 
lonnes, s'élevant  sur  les  huit  piliers  du  rez-de-chaussée,  et  produisant 
deux  pourtours  supérieurs  ornés  d'autels,  de  reliques,  etc.  C'était  la  copie 
exacte  des  chapelles  palatines,  dont  l'usage  avait  été  introduit  en  Alle- 
magne, surtout  depuis  le  grand  monarque  du  huitième  siècle,  qui,  lui- 
même,  les  avait  copiées  sur  les  basiliques  rondes  ou  polygonales  d'Itahe. 
Ciiarlemagne  leur  avait  donné  partout  la  même  ordonnance,  la  plus  natu- 
relle du  reste,  un  rez-de-chaussée  avec  pihers  et  deux  étages  avec  co- 
lonnes. La  chapelle  de  Haguenau  avait,  au  dire  des  historiens,  la  même 
ordonnance  et  nous  l'avons  décrite  dans  notre  premier  mémoire. 

3°  L'entrée  principale  du  castel  était  à  l'ouest,  non  pas  au  nord  comme 
celle  du  collège  des  Jésuites  qui  l'a  remplacé.  Le  corps  central  du  palais 
était  à  l'est;  la  chapelle  palatine  était  régulièrement  orientée.  Cette  orien- 
tation n'était  qu'une  hypothèse  il  y  a  deux  ans;  aujourd'hui,  d'après  le 
dessin  si  heureusement  retrouvé,  c'est  une  certitude.  Nous  avions,  pour 
adopter  l'hypothèse  de  cette  orientation,  deux  raisons  principales.  La  pre- 
mière était  tirée  de  la  basilique  elle-même.  Au  douzième  siècle,  on  ne  se 
serait  pas  départi  du  principe  liturgique  de  l'orientation  sans  de  très- 
graves  motifs.  A  moins  de  connaître  ces  motifs,  il  fallait  supposer  que  les 
règles  avaient  été  observées  et  admettre  que  la  basilique,  qui  formait  le 
centre  des  trois  ailes  en  fer  à  cheval,  était  tournée  vers  l'est.  Le  second 
motif  ressortait  de  la  topographie  des  heux.  L'entrée  du  castel  devait 
regarder  la  route  principale  venant  d'Allemagne.  Or,  cette  voie  se  trouvait 
dans  la  direction  de  la  porte  des  chevaliers  élevée  plus  tard,  et  où  pas- 
saient les  princes  quand  ils  venaient  résider  à  Haguenau.  L'hypothèse  s'est 
trouvée  fondée;  on  s'en  assure  en  comparant  notre  dessin  de  1868  avec 
le  dessin  n°  3. 

4^  Ce  dernier  dessin  met  donc  fin  aux  difficultés  de  tout  genre  dont 
cette  question  est  hérissée;  il  a  une  valeur  historique  et  artistique  incon- 
testable. II  détermine  l'emplacement  exact  du  castel  et  de  sa  basilique, 
ses  formes  générales,  ses  dimensions,  et  désormais  le  doute  n'infirmera 
en  rien  les  conclusions  déjà  posées.  Nous  possédons  l'image  exacte  de  la 
Durg  des  Hohenslaufen  et  de  ses  dépendances.  Ces  dernières  comprenaient 
l'hôtel  du  Landvogt,  marqué  sur  la  planche;  diverses  maisons  occupées 

suris  et  structura  contra  fures  et  conflagrationes  tutissimo,  regalia  îasigniu,  coronain 
scilicet,  gladium  etc.  deposuit ,  haud  parum  iiominis ,  venerationis  et  ulilitatis  arci, 
templo  ac  demum  hagenoviensi  civitati  ea  re  pariens,  frequenti  hominum  cœtu  hoc 
augustiiis  sacelhim  devotionis  gratia  cum  oblutionibus  adeunte,  etc. 

(Épitre  de  Jérôme  de  Guebwiller  au  sénat  de  Haguenau.) 


-    124 


par  les  Burgmänner ,  avec  cours,  jardins  et  appartenances,  le  tout  limité 
par  les  deux  bras  de  la  Moder,  qui  formaient,  dès  le  douzième  siècle, 
l'île  devenue  illustre  par  le  séjour  des  puissants  monarques,  depuis 
Henri  V  jusqu'à  Charles-Quint,  et  qui  n'a  pas  sensiblement  changé. 


IV. 

Tels  sont,  en  toute  simplicité,  les  résultats  de  nos  études  sur  la 
Durg  des  Hohenstaufen  de  Haguenau.  Nous  n'espérions  pas  de  pouvoir 
les  formuler  aussi  promptement,  ni  d'une  manière  définitive,  quand  l'heu- 
reuse trouvaille  du  dessin  de  1614  vint  fixer  toutes  les  incertitudes.  Le 
château,  renversé  en  1678  et  détruit  jusqu'aux  fondements  par  le  mar- 
teau démolisseur,  avait  disparu  du  sol  sans  laisser  d'autres  traces  que  les 
fondements  de  trois  tours.  Les  descriptions  des  chroniqueurs,  trop  rudi- 
menlaires  pour  y  asseoir  le  plan  et  les  proportions  du  monument,  don- 
naient néanmoins  des  indications  précieuses  qui  guidaient  nos  recherches. 
Les  fondements  de  trois  tours  sur  quatre  permettaient  de  fixer  la  qua- 
trième, et  par  elle  on  réussissait  à  tracer  les  limites  du  castel  et  à  asseoir 
son  plan.  Sur  ces  données,  nous  hasardâmes  de  composer  notre  dessin  et 
nos  hypothèses,  qui  heureusement  se  trouvent  justifiées  par  le  dessin  de 
1614^ 

Si  le  dernier  mot  n'est  pas  encore  dit  sur  le  castel  impérial  et  notam- 
ment sur  les  détails  intérieurs  du  château  et  de  la  basilique,  la  contro- 
verse est  finie  sur  les  proportions  du  monument  et  ses  formes  architec- 
loniques  générales.  Nous  l'avons  dit,  c'est  un  des  derniers  et  des  plus 
curieux  exemples  de  l'architecture  palatine,  mise  en  usage  par  le  chef  de 
la  race  carlovingienne,  le  grand  monarque,  qui,  tour  à  tour  ou  plutôt  en 
même  temps,  fut  conquérant,  législateur  et  artiste. 

Charlemagne  alla  prendre  en  Itahe  ses  modèles  pour  les  chapelles  qu'il 
élevait  dans  ses  résidences  d'Aix-la-Chapelle,  de  Nimègue,  d'Ingelheim,  etc. 

1.  Il  est  curieux  de  comparer  la  Burg  de  Haguenau  avec  une  autre  de  la  même  époque 
et  élevée  par  le  môme  prince  :  nous  voulons  parler  du  château  de  Gelnliausen,  près  de 
Francfort-sur-le-Mcin.  Elles  otTrent  des  analogies  de  structure  et  de  topographie  très- 
remarquables.  Mais  la  chapelle,  au  centre  de  l'édilice,  était  oblonguc.  L'établissement  des 
Burrjmanner  était  le  même  que  celui  de  Haguenau.  Les  princes  de  la  maison  de  Hohen- 
staufen y  venaient  assez  souvent  et  plusieurs  cours  plénières  y  furent  tenues. 

(\oy.  IIuNDESHAGEN,  Kaùer  Friedrich  Barbarossas  Palast  in  der  Burg  zu  Gelnhausen. 
Mainz,  1819.) 


LA  BÜRG  DES  HOHENSTAUFEN. 


État  des  lieux,  d'après  im  ancien  dessin  datant  de  16 14. 


Plan  de  l'étal  actuel. 


in  III  un 


19      <a       O  10  £0  30  «"  so  mètres 

Echelle  de  0m,00025  par  mètre  (1  '4000). 


—     126     — 

Il  s'arrêta  à  la  forme  des  basiliques  rondes,  si  nombreuses  au  delà 
des  Alpes,  et  qu'il  sut  artistement  enclaver  dans  le  principal  corps  de 
bâtiment  de  ses  palais.  Les  basiliques  de  la  péninsule,  de  forme  oblongue, 
furent  surtout  réservées  pour  les  églises  paroissiales  et  conventuelles.  Les 
basiliques  rondes  sont  toujours  à  un  rez-de-chaussée  et  deux  étages 
supérieurs;  dans  ces  derniers  se  tenaient  le  prince  et  la  maison  impériale, 
et  l'on  y  conservait  les  reliques  précieuses  et  les  joyaux  du  Saint-Empire. 
Ce  genre  de  structure  basilicale  fut  continué  sous  les  successeurs  du  grand 
prince,  et  nous  voyons  que  les  Hohenstaufen  en  firent  usage  dans  le  castel 
de  Haguenau ,  qui  devint  fréquemment  leur  résidence  prolongée.  La  cha- 
pelle palatine  de  la  Durg  était  une  copie  exacte  de  ses  devancières;  les 
descriptions  des  chroniqueurs  en  font  foi.  Quant  à  ses  détails  architecto- 
niques,  nous  savons  seulement  que  le  rnarbre  y  entrait  en  quantité;  la 
forme  était  octogonale  et  les  chapiteaux  de  colonnes  qui  portaient  les 
galeries  supérieures  devaient  être  couverts  de  rincenux  romans. 

Il  nous  sera  permis  de  donner  un  nom  à  cette  architecture  des  palais 
princiers,  depuis  le  septième  jusqu'au  douzième  siècle,  et  de  l'appeler 
'palatine.  L'appellation  nous  semble  exacte  et  méritée,  d'autant  plus,  qu'à 
peu  d'exceptions  près,  elle  était  propre  aux  résidences  des  princes  du 
Saint-Empire. 

Haguenau  eut  donc  la  chance  de  posséder  un  des  derniers  spécimens  de 
l'architecture  palatine  et  en  même  temps  un  curieux  échantillon  de  l'ar- 
chitecture civile  et  militaire  du  douzième  siècle.  Nous  avons  eu  le  regret 
de  faire  son  oraison  funèbre,  il  y  a  deux  ans;  qu'on  nous  permette  aujour- 
d'hui d'affirmer  qu'il  est  ressuscité  pour  l'histoire  de  l'art.  Il  fallait  ar- 
racher au  linceul  qui  le  recouvrait  une  pierre  après  l'autre  et  refaire 
l'ensemble  de  ses  belles  formes  de  structure.  Nous  présentons  avec  con- 
fiance ce  résultat  à  nos  doctes  collègues,  les  priant  de  soumettre  à  leur 
critique  éclairée  nos  assertions  et  de  décider  de  la  valeur  de  nos  conclu- 
sions. Je  les  crois  légitimes  et  fondées  et  me  permets  de  dire ,  en  termi- 
nant, que  l'ancienne  Bury  de  Haguenau  est  sortie  de  la  région  vaporeuse 
des  légendes  pour  rentrer  dans  le  domaine  de  l'histoire.  Quoique  n'exis- 
tant plus  que  sur  le  papier,  sa  figure  magistrale  a  reconquis  son  honorable 
place  dans  les  manuels  d'histoire  de  l'art  et  marquera  parmi  les  monu- 
ments de  notre  province  les  plus  intéressants  à  étudier. 

V.    GUERBER, 
Curé  de  Ilaguenuu. 


MÉDAILLES  GAULOISES 

TROUVÉES  A  STRASBOURG 


J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  pour  la  conservation  des  mo- 
numents historiques  d'Alsace  quelques  monnaies  gauloises  trouvées  à 
Strasbourg  et  faisant  partie  de  ma  collection.  Les  quatre  premières,  en 
argent ,  sont  des  variétés  bien  connues  du  groupe  Calète  ou  plutôt  Éduen, 
dont  voici  les  principaux  caractères:  Tête  de  Pallas  casquée,  plus  ou 
moins  bien  imitée  des  deniers  romains  de  la  famille  Tadia;  au  revers,  un 
cheval  trottant  ou  galopant  à  gauche,  avec  les  lettres  grecques  KM,  KAA 
ou  KYA  au-dessus;  parfois  un  symbole  en  forme  de  Y  couché  devant  le 
cheval,  et  sous  lui  un  A,  accompagné  d'un  arc  bandé,  d'une  rondelle, 
d'un  s  ou  d'un  croissant  lunaire. 

La  cinquième  médaille,  également  en  argent,  est,  je  crois, 
inédite.  Malheureusement  elle  est  bien  fruste  et  peut  donner 
lieu  à  quelque  erreur  de  détermination.  Elle  présente  plu- 
sieurs attributs  symbohques,  dont  la  réunion  se  trouve  fré- 
quemment sur  les  monnaies  de  la  Gaule  et  particulièrement 
de  la  Belgique  :  un  grand  vase,  dont  on  ne  voit,  dans  l'état  ac- 
tuel de  la  médaille,  que  le  col,  l'anse  gauche  et  la  partie  supé- 
rieure gauche,  avec  le  signe  S,  placé  au  bas  de  l'évidement 
Tormé  par  l'anse,  et  une  rondelle  renfermant  un  point,  le  tout  dans  un 
grènetis.  Au  revers  (légèrement  concave),  un  cheval  galopant  à  gauche 
et  posé  sur  deux  lignes  parallèles;  derrière  lui,  une  ligne  perpendiculaire, 
qui  formait  peut-être  avec  la  double  hgne  du  bas  et  deux  autres  proba- 
blement effacées,  placées  devant  le  cheval  et  au-dessus  de  lui,  un  carré 
qui  le  renfermait.  Grènetis  au  pourtour. 

Ce  qui  excite  parlicuhèrement  la  curiosité,  à  la  vue  de  cette  médaille, 
c'est  la  manière  dont  est  placé  le  signe  S-  On  n'ignore  pas  que  ce  signe 
se  retrouve  sur  presque  toutes  les  monnaies  gauloises,  où  il  est  le  sym- 
bole de  la  course  du  soleil.  Dans  les  monnaies  armoricaines  surtout,  on 


~     128     — 

le  voit,  tantôt  disposé  parmi  les  enroulements  de  la  chevelure  d'Apollon- 
Bélénus,  tantôt  couché  et  servant  de  sourcil  au  dieu;  plus  souvent  il  figure 
parmi  les  emblèmes  du  revers.  L'emploi  de  ce  symbole  comme  ornement 
de  l'anse  d'un  vase  n'eût  pas  manqué  d'atlirer  l'attention  des  numisma- 
tistes,  qui  auraient  décrit,  s'ils  l'avaient  connue,  la  médaille  que  j'ai  l'hon- 
neur de  présenter. 

D'après  l'avis  de  M.  A.  Fillioux,  conservateur  du  musée  de  Guéret, 
auquel  j'ai  communiqué  l'empreinte  de  cette  monnaie,  elle  doit  se  rap- 
porter en  efTet  au  groupe  gallo-belge  de  Duchalais,  Lambert  et  Hermant. 
M.  Fillioux  y  retrouve  plusieurs  caractères  propres  à  ces  médailles:  4"  le 
style  du  cheval,  posé  sur  une  espèce  d'exergue;  2°  le  grènetis  spécial  à 
ce  groupe;  3°  la  nature  des  symboles  de  l'avers.  Il  est  à  regretter  que 
nous  n'ayons  pas  un  meilleur  exemplaire.  Celui-ci  a  traîné  pendant  plu- 
sieurs années  dans  la  sébille  d'une  marchande  de  bric-à-brac,  pêle-mêle 
avec  de  gros  sous  et  de  la  menue  ferraille,  ce  qui  est  certainement  cause, 
en  grande  partie,  de  sa  mauvaise  conservation.  Toutefois,  on  ne  reconnaît 
pas  là  les  types  tectosages,  auxquels  on  aurait  pu  penser  tout  d'abord. 

Les  deux  dernières  monnaies,  découvertes  récemment  rue 
des  Charpentiers,  sont  en  bronze  et  coulées.  Par  leur  fabrique 
comme  par  les  types  grossiers  qu'elles  représentent,  on  peut 
les  attribuer  avec  certitude  à  la  première  période  de  l'art 
gaulois.  L'une,  qui  est  du  module  3  Va,  offre  une  tête  barbare 
tournée  à  gauche  et  d'un  très-grand  relief.  Cette  tête  est  nue, 
le  front  est  très-déprimé  ou  plutôt  il  n'y  a  pas  de  front;  d'oreille 
et  de  cheveux  nulle  trace;  le  cou  est  fort  mince;  le  revers,  éga- 
lement en  saillie,  représente  un  cheval  accroupi  à  gauche,  les  jambes  rephées 
sous  lui;  celles  de  devant  sont  courtes,  celles  de  derrière  démesurément 
longues.  La  queue,  relevée  et  contournée,  forme  une  S  au-dessus  du  cheval. 
Cette  pièce,  dont  toutes  les  variétés  sont  d'ailleurs  assez  communes,  doit 
nous  présenter  un  intérêt  particulier,  En  effet,  plusieurs  numismatistesonf 
attribué  ces  médailles  aux  Santons.  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  les  donner 
à  ce  petit  peuple,  alors  qu'on  les  trouve  en  grandes  quantités  sur  toutes 
les  parties  du  territoire  français.  A  mon  avis,  cette  médaille  serait  une  de 
ces  monnaies  muettes  que  les  druides,  par  esprit  religieux,  ont  dû  oppo- 
ser à  celles  des  chefs  militaires,  qui,  principalement  pendant  les  dernières 
guerres,  avaient  acquis  un  pouvoir  très-grand,  pouvoir  que  jadis  l'ordre" 
sacerdotal  possédait  seul.  Si  mes  conjectures  sont  fondées,  elles  dévoile- 
raient l'existence  d'une  monnaie  hiératique  et  vraiment  nationale,  ayant 
cours  en  même  temps  que  les  imitations  grecques,  et  plus  tard  romaines, 


—    129    — 

émises  par  les  rois  et  portant  leurs  noms  ou  celui  de  la  nation,  contrai- 
rement aux  prescriptions  religieuses.  On  pourrait  rapporter  à  la  série 
druidique  tous  ces  types  barbares  sur  lesquels  on  ne  reconnaît  aucune 
influence  étrangère.  Telle  est  aussi  l'interprétation  que  je  crois  devoir 
donner  à  la  monnaie  suivante,  qui  est  inédite  et  qui,  dans  le  cas  où  mon 
attribution  ne  serait  point  admise,  sera  peut-être  donnée  aux  anciens 
peuples  de  l'Alsace,  par  le  fait  de  sa  découverte  à  Strasbourg. 

Cette  monnaie,  du  module  5,  est  mince  et  plate. 

Un  côté,  assez  indistinct,  présente  une  enseigne  militaire 
gauloise:  c'est  un  sanglier  d'une  exécution  tout  à  fait  bar-  l-fr"*'^ 
bare,  tourné  à  droite  et  posé  sur  un  cippe  ;  au-dessus  de  ^%f^^j 
lui,  une  boucle,  terminée  par  un  ruban  formant  le  signe 
S.  Le  sanglier  était  l'emblème  des  Gaulois,  et  particuliè- 
rement des  Séquanais,  dont  une  fraction  peuplait  l'Alsace 
supérieure.  Sur  le  revers,  bien  mieux  conservé,  on  voil(.  ,^ 
un  personnage  hideux,  courant  à  droite,  tenant  de  la  main 
droite  un  disque,  de  la  gauche,  un  objet  impossible  à  dé- 
terminer, arc  ou  massue,  et  tournant  la  tête  en  arrière.  Cette  tête  semble 
terminée  par  un  long  bec  d'oiseau.  Nous  ignorons  le  sens  de  cette  al- 
légorie. Il  existe  des  médailles  du  même  genre,  représentant  un  per- 
sonnage semblable,  à  cheval  et  galopant  à  droite.  Ces  monnaies,  qui 
sont  très-rares  et  que  je  ne  connais  que  par  la  gravure,  paraissent  avoir 
des  affinités  très-grandes  avec  celle  qui  nous  occupe,  et  qui  était  encore 
inconnue. 

Une  autre  monnaie  gauloise,  aussi  trouvée  à  Strasbourg,  ne  peut  être 
ni  décrite,  ni  dessinée.  Par  son  aspect,  elle  se  rapproche  beaucoup  de 
celle  qui  vient  d'être  étudiée,  mais  elle  est  tellement  rongée,  qu'il  est 
impossible  d'en  reconnaître  le  type.  Détail  curieux  à  noter,  une  petite 
pierre  est  fortement  soudée  dans  le  vert-de-gris  qui  couvre  entièrement 
la  médaille. 


Eugène  Chaix. 


NOTICE 
SUR  LES  TOURS  PRIMITIVES 

DANS 

L'ANCIEN  ÉVÊCHÉ  DE  BALE 


En  étudiant  les  plans,  les  profils,  et  l'histoire  des  châteaux  de  l'ancien 
évêché  de  Baie  et  des  contrées  limitrophes,  nous  avons  remarqué  deux 
espèces  de  tours,  dont  l'origine  est  ordinairement  romaine  et  qui  ont 
ensuite  constitué  l'édifice  primitif  des  châteaux  du  moyen  âge.  Les  unes 
sont  à  plan  quadrangulaire  et  les  autres  à  plan  circulaire.  Les  tours  à  forme 
polygonale  irréguhère  sont  postérieures,  et  leur  dernière  construction 
arrive  tout  au  plus  tard  au  douzième  siècle.  Nous  ne  faisons  point  men- 
tion des  autres  formes  généralement  plus  récentes. 

Les  tours  carrées  sont  pour  la  plupart  d'origine  romaine,  ou  leur  em- 
placement a  été  choisi  par  les  Romains.  Le  plus  grand  nombre  n'offre  plus 
que  des  fondations,  et  sur  12  on  n'en  trouve  que  4  qui  aient  été  réoccu- 
pées au  moyen  âge.  Elles  sont  en  général  situées  sur  des  points  culmi- 
nants, sur  des  positions  militaires,  avec  ou  sans  camp  voisin.  Plusieurs 
laissent  encore  apercevoir  la  petite  esplanade  fortifiée  qui  les  entourait  et 
que  Végèce  appelle  interturrium  (V.  25)  ;  puis  les  fossés  et  le  vallum  exté- 
rieur. La  plupart  ont  un  de  leurs  côtés  bordé  par  un  précipice.  Les  plans 
et  les  coupes  ci-joints  donneront  une  idée  précise  de  ce  genre  d'édifices. 

Les  tours  rondes,  le  plus  souvent  de  très-petites  dimensions ,  sont  bâties 
dans  des  sites  analogues  à  ceux  qui  ont  motivé  la  position  des  tours  car- 
rées. Mais  toutes  ont  ensuite  servi  de  noyau  à  des  châteaux  du  moyen  âge 
qui  ont  commencé  par  cette  tour  unique.  Quelques-unes,  comme  à  Rei- 
chenstein ,  au  Nouveau-Falkenstein  et  ailleurs ,  existaient  avant  qu'on  ne 
bâtît  en  ces  heux  des  tours  ou  châteaux  de  forme  polygonale,  avant  le 
douzième  siècle.  Ces  tours  rondes  offrent  des  murs  d'environ  2  mètres 
d'épaisseur,  en  sorte  qu'il  ne  reste  guère  qu'un  vide  de  2  à  3  mètres  tout 
au  plus.  Toutes  avaient  leurs  portes  de  0  à  8  mètres  au-dessus  du  sol  et 


-    131     — 

l'on  n'y  arrivait  qu'avec  une  échelle.  Une  seule  des  tours  carrées  est  en- 
core debout  et  permet  de  reconnaître  que  sa  porte  était  pareillement 
élevée  de  7'",05.  Quelquefois  l'interturrium  n'exislait  que  du  côté  de  la 
porte,  afin  d'offrir  un  moyen  de  défense  et  une  place  suffisante  pour  poser 
le  pied  de  l'échelle.  Un  léger  pont  de  bois  jeté  sur  le  fossé  pouvait  être 
facilement  relire  ou  détruit,  au  moment  du  danger. 


-      ■.#:-*?   ^^^^_ 
-J^.^^ 


"W^  'feïF— •^»*ar 


-^^  ,.^ 


Plans  el  coupes  des  tours  primilives  des  plus  anciens  chdleaux  dans  l'évcclté  de  Baie- 

A  ,  grandes  tours  carrées.  B  ,  petites  tours  rouiles.  1  ,  tours  ;  2  ,  iuterturriiim  ;  3  ,  fossés  ;  4,  vallum  ; 

5 ,  portes. 

Toutes  ces  tours  si  étroites  et,  en  général,  à  peine  éclairées,  ont  cepen- 
dant été  habitées  avant  la  bâtisse  des  édifices  plus  spacieux  qu'on  y  a 
adossés  plus  ou  moins  tardivement.  Quelques-unes  offrent  des  restes  de 
cheminée.  Plusieurs  avaient  une  voûte  sur  le  rez-de-chaussée,  mais  d'au- 


-    132    — 

très  seulement  des  empoutrages,  et  il  est  probable  qu'elles  étaient  cou- 
ronnées par  des  plates-formes  comme  celle  de  la  Tour-Réfouse  {Refuglum) 
à  Porrentruy,  comme  celle  de  Milandre,  où  l'on  allumait  encore  des 
signaux  au  dix-septième  siècle. 

Quelques-unes  de  ces  tours  carrées  ou  rondes  sont  restées  isolées, 
comme  à  l'époque  de  leur  construction  primitive.  Mais  d'autres  ont  servi 
de  noyau  à  des  édifices  d'âges  divers  qu'on  y  a  adossés  plus  tard.  L'étude 
des  murailles  ne  permet  pas  de  se  tromper.  I.cs  murs  de  ces  petites  tours 
sont  toujours  d'une  construction  différenle  et  chaque  localité  présente  des 
variations  dues  aux  matériaux  qu'on  avait  sous  la  main  et  qu'on  puisait  en 
creusant  les  fossés  dans  le  roc.  Quelques-unes  rappellent  le  mode  de 
bâtisse  des  Romains  dans  les  derniers  temps  de  leur  occupation  de  la 
contrée. 

Nous  ne  donnons  dans  le  tableau  ci-contre  qu'une  partie  des  tours  que 
nous  avons  étudiées,  mais  il  y  en  a  assez  pour  éveiller  l'attention  et  en- 
gager à  les  étudier  également  ailleurs;  car  nous  n'avons  pas  la  certitude 
de  leur  âge  précis.  Elles  occupent  bien  des  positions  romaines,  mais  on  a 
pu  les  réédifier  plus  tard  isolément,  comme  tout  l'indique,  et  bien  avant 
la  bâtisse  des  châteaux  dont  elles  sont  alors  devenues  parfois  le  donjon, 
mais  pas  toujours,  tant  s'en  faut. 

Lors  même  que  les  n°M  à  4  et  8  à  12  des  tours  carrées  de  notre  ta- 
bleau seraient  des  positions  romaines  non  réoccupées  au  moyen  âge, 
leur  analogie  avec  les  autres  monuments  de  cette  classe  et  avec  les  tours 
rondes  est  trop  frappante  pour  ne  pas  y  reconnaître  une  origine  commune, 
que  confirment  le  site  et  les  antiquités  du  voisinage. 

On  peut,  d'ailleurs,  consulter  pour  des  faits  analogues  ce  que  dit  M.  de 
Golbéry  au  sujet  de  la  petite  tour  ronde  d'Éguisheim,  à  côté  des  grandes 
tours  carrées  du  onzième  siècle;  le  Bullelln  de  la  Société  pour  la  conser- 
vation des  monuments  historiques  d'Alsace,  18G8,  page  79,  pour  la  tour 
de  Kaisersberg ,  le  château  de  Martigny,  en  Valais,  et  beaucoup  d'autres 
en  Suisse  et  en  Alsace;  notre  notice  sur  le  château  et  la  Tour-Réfouse  à 
Porrentruy,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  jurassienne  d'émulation,  en 
1866;  nos  publications  sur  les  monuments  de  l'ancien  évéché  de  Râle, 
Mont-Terrible,  planches  II,  IX,  XI;  Topographie,  planches  I  et  II.  —  Dans 
notre  Histoire  manuscrite  des  châteaux  de  l'ancien  évêcJié  de  Baie ,  nous 
avons  décrit  chacune  des  tours  mentionnées  au  tableau  ci-joint ,  avec  les 
plans  et  autres  détails  que  nous  ne  pouvons  donner  ici  que  sommairement. 

QUIQUEREZ. 


133 


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TABLE  DES  MATIÈEES  DU  TOME  VII. 


PAGES. 


LesHadstalt  de  Soultzbach,  par  M.  Sabourin  de  Nanton 1 

Les  Tombes  de  Saint-Pierre-le-\ieux,  à  Strasbourg,  par  M.  Sabourin  de  Nanton. .  8 

Rapport  sur  les  ouvrages  donnés  à  la  Société ,  par  M.  L.  Spach 13 

Les  Dynastes  de  Geroldseck-ès-Vosges ,  par  M.  E.  Lehr 22 

Les  Thermes  de  Badenweiler,  par  M.  L.  Spach 65 

Essai  sur  un  manuscrit  du  quinzième  siècle  découvert  dans  la  Bibliothèque  de  la 

ville  de  Strasbourg,  par  M.  Auguste  Lippmann 73 

Les  Abbés  de  Seltz,  par  M.  Ristelhuber 77 

La  Vallée  supérieure  du  Rhin,  excursion  archéologique,  par  M.  V.  Guerber  ....  80 

Le  Château  de  Bernstein,  par  M.  L.  Spach 89 

Une  maison  à  Strasbourg,  par  M.  L.  Spach 96 

Les  Burgmänner  de  Haguenau  et  la  Burg  des  Hohenstaufen ,  par  M.  V.  Guerber.  .  143 

Médailles  gauloises  trouvées  à  Strasbourg,  par  M.  Eugène  Chaix 127 

Notice  sur  les  tours  primitives  dans  l'ancien  évêché  de  Bâle,  par  M.  Quiquerez  .  .  130 


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